UN PROJET DE VERGER FORESTIER « Le Garde-manger des cervidés » Compte rendu de la réunion de travail du lundi 28/10/2013, Mairie de Saint-Rémy.

Personnes présentes :

M. COLETTE Christophe, ONF M. DELAITRE Michel, FDC 70 M. FERTEY Thibaud, mairie Saint-Rémy M. GIBAUD Roland, ONF M. GOLZNE Thibaud, mairie Saint-Rémy M. HUSSON Yves, ONF M. LAIR Sébastien, ONF M. LAMY Maxime, mairie Saint-Rémy, Syndicat vallée de la Superbe M. MANCASSOLA Didier, ACCA Saint-Rémy M. METTELLET Christian, Maire de Saint-Rémy M. MICHALLET Jacques, ONCFS - CNERA Mlle PENELON-LAROCHE Lison, mairie Saint-Rémy M. PUGIN Jean-Paul, Conseiller Général, canton d’Amance M. ROCH Olivier, ONCFS SID 70/90 M. SŒUR Gaston, retraité ONCFS

Personnes absentes:

M. CHEVRIER Thierry, ONCFS- CNERA M. JOLY Bernard, COFOR 70 M. KLEIN François, ONCFS – CNERA (excusé) Mme NOIRET Sophie, CETE de Metz (excusée) M. ORY Didier, ONEMA (excusé) Mme PARA Virginie, ONEMA (excusée) M. PREVOT Pierre-Jean, association « aux sources du parc » M. VAUTHIER Raphaël, CEN FC (excusé) M. WEBER Thierry, association des croqueurs de pommes (excusé)

Ordre du jour : LA FAISABILITE DU PROJET ?

LES CONDITIONS DE SA MISE EN ŒUVRE…

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Présentation de l’opportunité :

Après une présentation de la commune, de sa situation, de ses réalisations et de ses projets, M. le maire a exposé à l’assemblée l’idée de mettre en place un verger conservatoire d’arbres fruitiers sauvages forestiers, au beau milieu d’une forêt communale, et d’associer ce verger à la présence de grands cervidés. Cette idée de verger a germé lorsque la parcelle 12 a été coupée à blanc en 2010. Au lieu de la plantation conventionnelle, il a été évoqué la plantation d’un tel verger. Après un bref état des lieux et de la présence des cervidés sur la commune, la parcelle en question a été décrite (voir documents en annexe), le Maire lance la discussion.

La discussion en salle:

La discussion a débuté par une intervention de M. COLETTE, qui annonce que « l’étude du sujet cerf » est en cours depuis 3 ans, en collaboration avec la Fédération Départementale des Chasseurs 70. La crainte majeure étant l’apparition d’un déséquilibre cerf/forêt, dû à une forte population en Haute-Saône. M. COLETTE précise que l’Office National des Forêts n’est pas contre le cerf, mais qu’il faut bien définir le seuil de population maximal acceptable par le territoire.

M. MICHALLET demande alors comment se situe Saint-Rémy par rapport à la population de cerfs du massif forestier environnant. Il lui est répondu que la commune est en bordure de deux noyaux de population, un situé à l’Ouest, sur les communes de Magny-les et Ormoy, l’autre étant au Nord, sur les communes de Vauvillers et Mailleroncourt-Saint-Pancras. De plus, la forêt communale est un site de colonisation car une quinzaine d’individus sont présents, sur les 2500 ha du secteur.

M. DELAITRE intervient en disant que le cerf ne se gère pas à l’échelle d’une commune mais plutôt d’un massif forestier intercommunal. De plus un « comptage au phare » est organisé par la DDT. Il est réalisé par la FDC 70 conjointement avec l’ONF et l’ONCFS qui effectuent entre 3 et 4 passages par an tous les 2 ans. Le dernier comptage, qui a eu lieu en 2013, constate une augmentation de la population. Un autre est donc prévu en 2014 pour confirmer cette évolution et réaliser un suivi plus approfondi. Il annonce en outre qu’une augmentation du plan de chasse de 51 individus a été décidé en Haute-Saône. La Fédération souhaitant connaitre l’impact de ces prélèvements sur la population du cerf, le comptage de 2014 a également pour but la réaction de la population de cerfs face à ce prélèvement. Les données chiffrées actuelles font état d’un noyau de 250-300 individus sur un territoire de 12 000 ha. Les agents ONF soulignent qu’un brame a été entendu à Clairefontaine (village voisin de Saint-Rémy) et que 4 individus ont été identifiés.

M. SŒUR présente alors la situation du noyau et des colonisations, et fait un bref historique du cerf en Haute-Saône :

1945 : un chasseur de Cuve abat une « chevrette » de 120 Kg. Le garde Fédéral de l’époque (l’ONC n’existant pas) est venu de constater que c’était une biche : la première tuée en Haute- Saône. Puis, plus de nouvelles, pas d’indice de présence sur le département …

Le Cerf élaphe a été introduit dans le département par M. DEMOUJIN Stanislas en 1955 puis en 1957. En effet, M.DEMOUJIN était alors Président de la Fédération Des Chasseurs de Haute Saône (FDC 70). Il était très ami avec M. VIDON François : conservateur des Eaux et Forêt au parc de CHAMBORD.

1955 : 10 cerfs et biches arrivent de Chambord par le train à . Ils ont été lâchés à Noroy-le-Bourg.

1957 : 12 cerfs et biches de même provenance sont lâchés à Neurey-en-Vaux. Les animaux disparaissent dans la nature, à cette époque, le cerf n’était pas chassé. Page 2 sur 5

1960 à 1970 : Un petit noyau s’installe sur Fontenois-la-Ville.

Le 18 novembre 1975 : (1er jour d’ouverture de la chasse aux Cerf sans restriction en nombre et en qualité) 30 cerfs et biches sont tués dans le secteur de Vauvillers. Scandale dans les journaux, le journal Le Monde titre «Massacre à Vauvillers ». Le Préfet suspend la chasse du cerf, M. DEMOUJIN démissionne de la présidence de la F.D.C. 70, M. DEVALICOURT lui succède.

1977 : Instauration du plan de chasse cerfs et chevreuils.

1978 : 4 animaux sont prélevés.

Années 1980 : Apparition du Cerf sur le massif de Magny-les-Jussey et Ormoy mais également sur Gy et Fretigney. Ces derniers n’ont pas la même corpulence. Ils sembleraient venir de la Forêt de Chaux.

Depuis, le cerf Elaphe progresse petit à petit :

1985 : 24 animaux sont prélevés,

1990 : 72 animaux sont prélevés,

1993 : 85 animaux sont prélevés,

1998 : 140 animaux sont prélevés, pour une attribution de 191

2005 : 198 animaux sont prélevés, pour une attribution de 253

2010 : 155 animaux sont prélevés, pour une attribution de 219

2012 : 175 animaux sont prélevés, pour une attribution de 208

2013 : 288 animaux sont attribués

M. METTELET détaille un peu plus les objectifs du verger : le premier est la protection d’espèces rares (verger conservatoire) de fruitiers sauvages de forêt. Le deuxième est la mise en place d’un verger d’alimentation pour soulager la pression des grands cervidés sur le milieu forestier. Le troisième est la pédagogie et le tourisme, via des observatoires, des photos, etc. (exemple : les réalisations dans la forêt de Darney). M. MICHALLET déclare que la réflexion est juste sur le principe, mais que les 2 ha prévus, comparés aux 12 000 ha du massif, ne suffiront pas à soulager la pression pouvant être exercée par les cerfs. Les agents de l’ONF soulignent que la forêt de Saint-Rémy ne subit actuellement aucune pression notable de la part des cervidés car aucun dégât n’est noté. M. COLETTE conclut que le verger, au vu de sa taille, n’augmentera pas ou très peu la population des cerfs sur Saint-Rémy, mais qu’en revanche le caractère à la fois expérimental et pédagogique de ce verger sera très intéressant, autant pour l’ONF que pour la FDC 70 et la commune. Il propose donc de développer ce projet expérimental dans l’optique de créer une « vitrine ». M. GIBAUD souligne que l’ONF est déjà engagé pour la préservation d’essences rares de forêt et que l’aspect vitrine pédagogique serait un très bon moyen de communiquer sur ce sujet. M. METTELET fait part de son souci quand à la pédagogie qui devra être employée.

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M. COLETTE déclare qu’il peut y avoir différents moyens. Par exemple, si l’on cherche à améliorer l’équilibre du milieu forestier, il faut un travail local pour dynamiser les communes voisines et que la pédagogie serait la sensibilisation via cette vitrine. Il annonce également que le projet verger remplit un rôle d’éducation et de biodiversité, car mettre des fruits en forêt communale est une action rare de nos jours. M. METTELET rebondit sur les propos de M. COLETTE en déclarant que le Parc Naturel Régional1, en cours de réalisation (dont Saint-Rémy ferait partie), est justement axé sur la biodiversité « ordinaire » et sur la qualité du paysage. Il présente le PNR comme une démarche d’entreprise collective, soumise aux aléas des politiques. Les élections municipales de mars 2014 vont peut-être constituer un frein à cette réalisation car avec 100 communes adhérentes actuellement, un changement d’élu peut bloquer ou accélérer la démarche. M. DELAITRE fait part des soutiens de la fédération de chasse sur les projets forestiers, surtout si le but est l’expérimentation via la collaboration entre plusieurs partenaires. Il fait part d’un outil en cours de réalisation par la Fédération Nationale de Chasse et l’ONF nommé « sylvafaune » (même principe qu’agrifaune) qui a pour but de rassembler autour de la table les forestiers et les chasseurs. M. MICHALLET indique que l’ONCFS ne peut pas être opposé à ce type de projet expérimental, et se félicite de voir se rassembler autant de partenaires. MM. GIBAUD et METTELET conviennent qu’il faudra faire une priorisation du milieu, entre tourisme, sylviculture, chasse... et qu’une telle décision devra être prise après concertation des différents acteurs concernés. M. SŒUR indique également qu’une convention devra être établie pour pouvoir encadrer le milieu au niveau de la chasse et du tourisme. M. COLETTE propose deux options de travail : soit un verger de 2 ha, à but conservatoire, avec peu d’augmentation de la population totale des cerfs. Soit des îlots en forêt pouvant être plus positifs tant au niveau alimentaire que sécuritaire pour la population de cerfs. Il signale qu’une réflexion devra être faite pour déterminer quelle protection à mettre en place pour les plants en forêt et sur le verger. MM. LAIR et HUSSON proposent une méthode individuelle qu’ils connaissent et utilisent, à savoir 4 piquets d’acacia séparés d’1,5m, autour du plant, cerclés par 2 hauteurs de grillage à mouton. Cette méthode est validée par l’ensemble des participants. M. SŒUR enchaîne et déclare que pour concilier sylviculture et cynégétique, il faut un verger de 2 ha minimum pour limiter l’effet lisière, et des îlots répartis en forêt. Il souligne les adaptations en matière de sylviculture dont a fait preuve l’ONF. Ces dernières ont permis de diminuer les dégâts du cerf sur la forêt au fil des années. M. ROCH précise que le verger ne sera pas seulement bénéfique pour les cerfs, mais qu’il sera aussi visité et utile pour les chevreuils, les oiseaux... Il propose un verger mis en place sur une prairie artificielle. M. MICHALLET explique qu’une telle pratique est utile pour une prairie à gibier, mais que ce n’est peut- être pas le but recherché ici. Il propose plutôt de laisser un état naturel de type friche, mais émet un doute quant à la capacité des fruitiers à se développer sur un tel milieu. M. SŒUR affirme que cela ne posera pas de soucis avec une plantation de fruits forestiers (pommiers et poires sauvages, etc.) qui supportent très bien l’ombre, mais qu’il faudra solliciter M. WEBER (Association

1 PNR regroupant trois régions (Franche-Comté, Champagne-Ardenne et Alsace-Lorraine), dont le but est de valoriser la biodiversité locale et la richesse des paysages. Ce PNR devrait également redynamiser cette partie des régions en déshérence sociale (20 habitants / Km2) et stopper le phénomène de mort lente que subit cette zone. Page 4 sur 5

« Les croqueurs de pommes ») pour le choix des essences. Il propose également un espacement de 10 mètres entre les fruitiers et des espaces de 10 ares pour les zones de gagnage dans le massif forestier. Le but étant de maintenir le cerf dans les bois pour éviter les dégâts sur les cultures et limiter ceux en forêt. M. DELAITRE pose alors la question du coût et de la gestion d’un tel verger. M. COLETTE lui répond que le verger ainsi que les zones de puits de lumière en forêt (zones de gagnage) seront entretenues à l’aide d’un gyrobroyeur. Le but étant de produire de la forêt sans mettre une clôture de 3m autour des plantations avec les coûts faramineux qui s’ensuivent : «il faut faire de l’accueillant bénéfique à la sylviculture et à moindre coût ». Les coûts seront à charge du propriétaire de la forêt, c’est-à- dire la commune M. METTELET propose de constituer un groupe permanent de travail, constitué d’un représentant de chaque structure, et de faire des réunions de compte rendu d’avancement avec l’ensemble des personnes sollicitées pour la réunion du 28 octobre. La discussion sur le terrain :

Il est convenu que l’espace de la parcelle proche du ruisseau est un bon point de départ pour la zone de gagnage, qu’une bande enherbée doit longer le ru des deux côtés de la ripisylve. Le terrain devra être travaillé pour garder un cône de vue sur la zone humide et devra casser la ligne de lisière avec des plantations en vague, afin de limiter la zone de transition trop forte entre forêt et verger mais également pour limiter l’effet lisière. Les fruitiers seront plantés selon un maillage en oblique, pour garder une bonne visibilité sur le verger depuis le sentier. Différentes options du couvert végétal herbacé sont envisagées : prairie a graminées (type ray-grass, ou mélange de prairie), laisser la ronce et les herbes « au naturel » en gyrobroyant deux fois par ans, laisser le ligneux pousser pendant deux ans sur les abords puis le gyrobroyer afin de favoriser une repousse. Il est convenu que les souches seront éclatées et que le sol sera travaillé superficiellement avec un broyeur lourd avant de décider du couvert végétal, dans le but de favoriser toutes les interventions futures avec gyrobroyeurs légers et autres machines. Un éventuel observatoire pourra être mis en place à l’entrée de la parcelle (quelques mètres en contre bas du sentier de randonnée pour éviter un stationnement trop important des voitures et inciter les gens à marcher pour découvrir le terrain. Les différentes options seront étudiées à la prochaine réunion. Cette réunion sera programmée prochainement, à la demande générale du groupe, très motivé par ce projet. FIN

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