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58e ANNÉE – N 17953 – 1,20 ¤ – MÉTROPOLITAINE --- MARDI 15OCTOBRE 2002 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Terreur à Bali, craintes en Europe AU LENDEMAIN de l’attentat de f Bali, le plus meurtrier depuis les Au moins 190 morts  / attaques du 11 septembre 2001 aux et 300 blessés Etats-Unis, nombre de gouverne- ments disaient voir leurs craintes dans l’explosion L’Etat italien prêt confirmées d’un regain d’activisme d’une voiture piégée à venir au secours islamiste dans cette partie de l’Asie. Si le gouvernement indonésien ne f des p.20pouvait encore, lundi 14 octobre, L’Indonésie, mettre une signature sur le carnage refuge de groupes EUROPE perpétré, samedi soir, dans l’île de Bali, l’hypothèse islamiste parais- radicaux islamistes Quel président sait la plus probable. Plusieurs gouvernements voisins f pour l’Union ? p.6– à Singapour, aux Philippines, en Selon les Etats-Unis,  Malaise, en Australie – pointaient ces mouvements dès dimanche une organisation isla- sont proches 0123 miste locale, la Jemaah Islamiyah. Celle-ci aurait des liens avec la mou- d’Al-Qaida éCONOMIE vance Al-Qaida du dissident saou- dien Oussama Ben Laden. C’est aus- f Amérique latine : si dans cette direction que se tour- En Europe, naient les Etats-Unis. Depuis plu- l’attentat renforce les revers sieurs mois déjà, ils considèrent l’In- donésie et les Philippines comme le les craintes du libéralisme champ d’affrontement le plus pro- bable avec Al-Qaida. sur l’île de Bali, a fait, selon un bilan traliens. L’attentat n’a pas été reven- té de la menace terroriste. Les servi- des services EMPLOI L’explosion de la voiture piégée, encore provisoire, 190 morts, quel- diqué. Venant après l’attaque con- ces antiterroristes européens sont antiterroristes samedi 12 octobre, vers 23 heures, que 300 blessés et des dizaines de tre un pétrolier français au large du sur leurs gardes. Ils redoutent près d’une boîte de nuit très fré- disparus. Nombre des victimes Yémen et la mort d’ un soldat améri- notamment des attentats en Fran- Lire pages 2 à 4, notre éditorial DE GAULLE quentée, dans la localité de Kuta, sont des touristes, notamment aus- cain au Koweït, il confirme la réali- ce, en Belgique et en Allemagne. page 19 et Pierre Georges page 36 Une taupe de l’OAS  à l’Elysée ? p.9Chirac revient sur la scène intérieure ÉTUDIANTS JACQUES CHIRAC devait se ren- dénoncée par le Conseil d’Etat, f dre, lundi 14 octobre, à Troyes M. Chirac devait déclarer : « Nous A Troyes, il défend Napoléon Bonaparte, La crise (Aube) pour une visite d’une jour- devons nous engager sur cette voie la décentralisation empereur à grands spectacles du logement p.12née. Ce déplacement constitue, sans crainte, sans redouter qu’elle pour le chef de l’Etat, un retour sur puisse se traduire par l’affaiblisse- la scène intérieure, là où, en 1997, ment de notre unité nationale. » Et f L’école « modèle ENQUÊTE il avait commencé sa lente recon- lancer un appel « auxprofesseurs quête de l’opinion après la dissolu- de France » afin de refaire de l’éco- d’ascension sociale » Les chrétiens cachés tion de l’Assemblée nationale. A le « le modèle de l’ascension socia- du Japon, ces drôles cette occasion, le président devait le ». Cet appel intervient à quaran- f Entretien : « DSK » intervenir sur le thème de la te-huit heures d’un mouvement de de paroissiens p.16« cohésion nationale ». Défendant grève dans l’éducation nationa- répond à Francis Mer le projet de loi de décentralisation le. Enfin, le chef de l’Etat devait se PRESSE présenté par M. Raffarin et dont déclarer le gardien « des valeurs Lire page 8, le budget page 10 une partie du texte vient d’être communes de la République ». et un point de vue page 18 Ces mensuels qui s’arrachent papies et mamies p.22 L’opération de charme d’un chef rebelle ivoirien

BOUAKÉ Debout face à la foule, en quelques minutes, il a de notre envoyé spécial retourné l’assistance et changé une foule impatiente en HÉROS ROMANTIQUE, dictateur, incarnation prométhéenne : à Non, ils ne pouvaient pas franchir le barrage militai- autant de sympathisants à sa cause. En français, avec l’écran comme à l’écrit, la popularité de Napoléon Bonaparte, qu’on re à la sortie de la ville pour rejoindre leur famille à des mots simples, il leur a dit qu’il ne devait plus y avoir l’encense ou le diabolise, ne se dément pas en France et hors de nos proximité de Bouaké ou tenter de descendre jusqu’à d’Ivoiriens du Nord et d’Ivoiriens du Sud, de bons Ivoi- frontières. Son mythe n’en finit pas de se réincarner, comme en Yamoussoukro ou Abidjan. Les militaires rebelles qui riens et de mauvais Ivoiriens ; que les soldats mutins témoignent la série de France 2 avec Christian Clavier, le nouveau contrôlent Bouaké, la seconde ville de Côte d’Ivoire, n’étaient pas venus pour « casser ce qui appartient à la spectacle de Robert Hossein à et une abondante production avaient des consignes : ne pas laisser passer les habi- population » ; que les rebelles recherchaient le dialo- littéraire, en attendant le film d’Antoine de Caunes, dont la sortie en tants, même si la nourriture manque dans l’agglo- gue, mais que le pouvoir mettait à profit les ébauches salles est prévue pour début 2003. Retour sur une figure incroyable- mération, coupée du reste du monde depuis trois de négociations pour renforcer ses positions militaires. ment féconde pour le show-business. Lire page 31 . /’ semaines. Raison invoquée : des « éléments incontrô- « Dieu vous bénisse », a lancé en guise d’au revoir le   PORTRAIT lés » – en clair des soldats loyalistes – rôdent. chef rebelle. Samedi 12 octobre, une foule de civils s’est regrou- Les heures suivantes, sous un soleil de plomb, des Franco La Cecla, pée de bon matin au poste de contrôle : trois cents centaines de civils cheminaient sur des kilomètres vers ou quatre cents candidats à l’exode qui ne voulaient Brobo, ville carrefour avant le sud du pays. Certains anthropologue pas quitter les lieux. Ils ont eu raison de patienter. étaient arrêtés en bordure de la route, attendant des du monde vécu p.34Alerté, l’un des chefs rebelles, Chérif Ousmane, est autobus qui ne viendraient pas. D’autres s’étaient venu leur parler et leur a donné raison. Ils étaient enfoncés dans la brousse pour rentrer « au village ». L’ar- International...... 2 Entreprises...... 20 libres de quitter Bouaké, eux et tous ceux qui le sou- mée française est positionnée à l’entrée de Brobo, dont Union européenne ... 6 Communication ...... 22 haiteraient à l’avenir. L’homme, une belle gueule de elle surveille la traversée. C’est au rythme quotidien de France...... 8 Marchés...... 23 combattant malgré quelques dents cassées naguère 1 500 à 2 000 personnes que les gens fuient la région. Société...... 12 Aujourd’hui...... 25 sous la torture et un bras en écharpe, souvenir de la Carnet ...... 14 Météorologie...... 29 Jean-Pierre Tuquoi Abonnements ...... 14 Jeux...... 29 « bataille de Bouaké », la semaine passée, a transfor- Régions...... 15 Culture...... 31 mé un geste humanitaire en opération de relations Horizons ...... 16 Radio-Télévision...... 35 publiques. Lire notre entretien avec le président Gbagbo, page 5  a    Le plaisir Détruisons la langue française des Bleus par Christophe Bataille

C’EST UNE ÉVIDENCE : il faut savait écrire, alors ! Et on croyait même jusqu’à Aragon manière détruire la langue française. La bri- aux mots ! Sur ce canevas funè- « monde réel », est bien morte et ser. La tordre comme une fiche bre, de charmantes Pénélope tis- pourrissante. Quand elle réappa- d’eau et de sang. Nettoyer l’ortho- sent une littérature qui plaît aux raît, c’est par une étrange ruse de graphe, la grammaire. Vider les ministères, aux académies, aux la raison, une réaction, je ne vois temps et les structures. Oublier rombières. Mais qui ne voit que pas d’autre mot. Les grognards de l’éternelle leçon faite aux écoliers. ces phrases sont déjà mortes à pei- la langue font de la noirceur de Ouvrir grand aux autres langues. ne écrites ? Se faire le perroquet Versailles une vasque fantasmée : Pour commencer, je hais le de l’ancien temps, inquiet de tout, l’écrivain épuisé y trouverait la vieux discours du « grand français tricotant de petits livres pour l’hi- clarté. Un soleil d’écriture classi- d’autrefois », bardé de majuscules, ver… est-ce vraiment le destin de que, revigorant – pour tout dire, indépassable, toujours trahi par la littérature ? Est-ce ainsi qu’on propre. Or cette langue théorique L’ÉQUIPE DE FRANCE a les temps modernes. donne vie ? baigne dans le vrai Versailles où se retrouvé le plaisir du jeu, same- C’est la rengaine des morts- Car cette langue « grand siè- mêlent les poisons et le sperme. di au , à l’image vivants. Ah, le beau français classi- cle », cette langue lumineuse, apol- de Steve Marlet (photo), auteur que ! Les alexandrins ! Les décasyl- linienne, si juste, si proche de nos Lire la suite page 18 de deux des cinq buts contre la labes ! Merci Boileau et Cor- pensées, cette écriture qui court Slovénie. Tous les sports du neille… Cette époque de grâce, de de Boileau à Morand, de Corneille week-end. Lire pages 25 à 28 soleil… Et d’ordre, bien sûr. On à Drieu – tiens donc… –, et par là   est écrivain. . / Afrique CFA 1000 F CFA, Algérie 40 DA, Allemagne 1,50 ¤, Antilles-Guyane 1,50 ¤, Autriche 1,50 ¤, Belgique 1,20 ¤, Canada 2,50 $, Danemark 15 KRD, Espagne 1,50 ¤, Finlande 2,00 ¤, Grande-Bretagne 1 £, Grèce 1,50 ¤, Irlande 1,50 ¤, Italie 1,50 ¤,Luxembourg 1,20 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 16 KRN, Pays-Bas 1,50 ¤, Portugal cont. 1,50 ¤, Réunion 1,50 ¤, Suède 16 KRS, Suisse 2,40 FS, Tunisie 1,5 DT, USA (NY) 2 $, USA (others) 2,50 $. 2/LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002 INTERNATIONAL l’après-11 septembre

« Horreur absolue », « carnage total » : c’est en ces ter- re. L’acte terroriste n’a pas été revendiqué, mais un qui survient après des actes terroristes au   le sénateur américain Richard Shelby. L’Indonésie fait mes que des rescapés ont décrit l’attentat à la - groupe islamiste indonésien, la Jemaah Islamiyah, est  , fait craindre à plusieurs spécialistes occi- depuis des mois figure de   de la lut-   qui a fait sur l’île de Bali, samedi 12 octo-  . Ce groupe entretient des dentaux une nouvelle offensive d’Al-Qaida. « C’est le te antiterroriste. Washington presse le régime indoné- bre, près de deux cents morts, selon un bilan provisoi- liens avec les réseaux d’Al-Qaida. L’attentat de Bali, début, et nous allons en avoir beaucoup plus », a averti sien de prendre de nouvelles mesures. L’attentat de Bali fait craindre une vaste offensive d’Al-Qaida L’explosion d’une voiture piégée a fait, samedi 12 octobre, près de deux cents morts. Cet acte succède à l’attaque d’un pétrolier français au Yémen et au meurtre d’un marine au Koweït. Les Etats-Unis considèrent l’Indonésie comme un deuxième front pour la lutte antiterroriste

WASHINGTON déclaré le président américain. Il « trafic » observé par les services commission du renseignement du Timor-Oriental, les fournitures tions sur l’aide militaire, était de notre correspondant a indiqué que les Etats-Unis de renseignement une source indi- Sénat. d’armements américains sont « très exagérée ». Elles ajoutaient L’attentat de Bali justifie les avaient proposé à l’Indonésie de quant même que la voix d’Oussa- La présidente indonésienne, contingentées, et l’entraînement que les organisations terroristes craintes exprimées depuis plu- « l’aider à livrer ces meurtriers à la ma Ben Laden avait peut-être été Megawati Sukarnoputri, était des unités de Djakarta par des locales bénéficiaient de complici- sieurs mois par les dirigeants amé- justice ». identifiée dans une conversation venue à Washington, le 19 septem- cadres américains est interdit. tés au sein de l’armée. ricains, qui considéraient l’Indoné- Survenant exactement deux ans interceptée qui a entraîné l’alerte bre 2001, sa visite, prévue avant A plusieurs reprises, Donald sie, avec les Philippines voisines, après l’attentat contre le navire de diffusée par le département d’Etat. les attentats du 11 septembre,   Rumsfeld, le secrétaire à la défen- comme le plus probable champ guerre Cole, dans le port d’Aden, ayant été maintenue. Son entre- Début octobre, encore, le se, a plaidé publiquement pour d’affrontement avec Al-Qaida au Yémen, l’opération menée à « Je crois vue avec M. Bush avait été courte, Congrès ayant à voter sur des attri- une coopération pleine et entière après que l’organisation terroriste Bali est un message adressé parti- que c’est le début mais un long communiqué avait butions de crédits à la défense, les avec le régime indonésien. Le a été mise en déroute en Afghanis- culièrement aux Etats-Unis. Le et que nous allons été publié, et le président améri- sénateurs et les députés ont reçu secrétaire d’Etat, Colin Powell, tan. département d’Etat avait lancé, le en voir [des attentats] cain s’était engagé à faire tout son une lettre d’organisations indoné- s’est rendu à Djakarta au prin- George Bush a exprimé, diman- 9 octobre, une nouvelle alerte à beaucoup plus » possible pour obtenir du Congrès siennes de défense des droits de temps. Les services américains che 13 octobre, sa condamnation tous les postes diplomatiques amé-   une augmentation de l’aide à l’In- l’homme, affirmant que l’armée ne chargés du renseignement et du

de « cet acte haineux », preuve, à ricains dans le monde, en insistant  donésie. L’exécutif a multiplié les remplit toujours pas les critères contre-terrorisme ont développé ses yeux, du caractère « global » sur le danger existant en Indoné- pressions sur le Congrès pour que requis par les législateurs améri- des relations avec leurs homolo- de la menace terroriste. « Nous sie. L’ambassade à Djakarta avait « Je crois que c’est le début et que les barrières mises à la coopéra- cains pour que la coopération soit gues indonésiens, qui sont étroite- devons, ensemble, combattre et déjà été fermée pendant six jours nous allons en voir beaucoup plus, tion des forces armées américai- autorisée. ment liés à l’armée. Robert Muel- vaincre l’idée que le massacre d’in- autour du 11 septembre, premier peut-être même aux Etats-Unis »,a nes avec celles de l’Indonésie Ces organisations assuraient ler, le directeur du FBI (Bureau nocents choisis au hasard fait avan- anniversaire des attaques sur New déclaré, dimanche, sur la chaîne soient levées. Depuis 1992, en que la menace terroriste, mise en fédéral d’investigation), est allé cer quelque cause ou aide quel- York et Washington. Un mois plus de télévision ABC, Richard Shelby, effet, à la suite d’un massacre com- avant par l’administration Bush sur place en avril. Des agents amé- ques aspirations que ce soient »,a tard, c’est une augmentation du chef de file des républicains à la mis par des forces indonésiennes à pour demander la levée des restric- ricains, vraisemblablement du FBI, ont été dépêchés à Bali dès dimanche. Numéro deux du Pentagone, Les services antiterroristes redoutent maintenant « un gros coup » en Europe Paul Wolfowitz, qui fut ambassa- deur à Djakarta dans les années LUXEMBOURG res ont été explicitement citées dans des Soucieux de ne pas créer un état de psy- est présente, à des degrés divers, dans la plu- 1980, plaide avec constance pour de notre envoyé spécial messages attribués au bras droit d’Oussama chose, les responsables politiques des Quin- part des pays européens. Et il faut rappeler une aide accrue à l’Indonésie. En L’Europe sera-t-elle la prochaine cible Ben Laden, la troisième abrite des institu- ze préfèrent ne pas évoquer publiquement que toutes les opérations du 11 septembre ont raison, d’abord, de sa population d’Al-Qaida ? Planant depuis plusieurs mois, tions internationales qui offriraient des de telles analyses. Ils se rappellent toutefois été étudiées, montées et coordonnées en Euro- musulmane, la plus nombreuse envisagée par tous les spécialistes, la mena- cibles de choix. Une autre source évoque qu’en juin dernier plusieurs officiers supé- pe », souligne un officier. du monde, l’Indonésie est un pays ce était jugée « plus forte » depuis quelques une menace sur le Royaume-Uni. rieurs de sécurité avaient jugé « presque iné- Présentée par ses voisins comme le pays « critique » pour la lutte contre le semaines. L’attentat de Bali n’a fait que ren- vitable » une attaque en Europe. Le direc- le plus répressif à l’égard des islamistes radi- terrorisme islamiste, expliquait forcer des craintes qui seront évoquées par «   » teur d’Europol, l’Allemand Jürgen Storbeck caux, la France serait du même coup deve- M. Wolfowitz, en juin, à l’occa- les ministres de la justice et de l’intérieur « Nous sommes confrontés à une série d’évé- avait déclaré que la question n’était pas de nue, selon ce spécialiste, la cible privilégiée sion d’une visite à Singapour. des Quinze, réunis lundi 14 et mardi 15 octo- nements qui ressemblent à des avertisse- savoir s’il y aurait un attentat, mais quand… de certains groupes relégués dans les pays Sans reprendre l’expression du bre à Luxembourg. La task-force « antiterro- ments », explique ce responsable, pour Plus aucun responsable ne tiendra de tels voisins. Membres du Groupe salafiste pour président de Singapour, Lee Kuan riste » constituée au sein d’Europol, l’Office lequel les attentats contre les ingénieurs propos en public, mais quelques-uns pen- la prédication et le combat, ou du Groupe Yew, qui avait parlé de « maillon de police criminelle intergouvernemental, français de Karachi, l’explosion à la synago- sent que M. Storbeck avait raison. islamique armé algérien, jeunes Occiden- faible », M. Wolfowitz estimait se réunira dans quelques jours pour tenter gue de Djerba, l’attaque contre le Limburg Certains soulignent par ailleurs la difficul- taux engagés dans le Djihad, réseaux de sou- que les capacités de pénétration de cerner avec plus de précision le risque. au Yémen et, enfin, l’explosion survenue à té, pour les pays de l’Union, d’affronter ce tien aux opposants islamistes des régimes du terrorisme en Indonésie Les rapports reçus de différentes capitales Bali font partie d’une même chaîne. « Com- risque. Ils redoutent que la structure d’Al- en place dans le Maghreb : ces groupes long- étaient importantes et que la semblent, en tout cas, le juger élevé. me si on voulait nous démontrer que des grou- Qaida, nébuleuse de cellules autonomes, de temps épars forment l’ossature d’un réseau tendance dominante de l’islam Dans les différents Etats membres les ser- pes peuvent frapper où ils veulent quand ils petits groupes développant des activités cri- qu’Al-Qaida serait parvenu à fédérer et qui indonésien, modérée et tolérante, vices antiterroristes redoutent ce qu’un offi- veulent », poursuit notre interlocuteur, qui minelles et d'« agents dormants » rende avait déjà envisagé de faire sauter l’ambassa- devait être soutenue face à l’extré- cier appelle « un gros coup » dont ils soup- souligne que des « messages » du même encore plus difficile le travail de prévention de des Etats-Unis à Paris. misme. çonnent qu’ils pourraient viser la France, type avaient été envoyés aux Etats-Unis et de renseignement des services de police. l’Allemagne ou la Belgique. Les deux premiè- avant le 11 septembre 2001. « Nous sommes tous persuadés qu’Al-Qaida Jean-Pierre Stroobants Patrick Jarreau Un « carnage total » transforme en cauchemar des vacances de rêve sur l’île des Dieux La présidente Megawati Sukarnoputri, se rendant sur place, estime que la sécurité nationale de l’archipel est menacée

BANGKOK taurant-bar attenant se sont embra- qui a creusé un cratère de “Je n’y vois rien !” Il y avait des person- de notre correspondant sés vers 23 heures, samedi 12 octo- 1,50 mètre de profondeur et provo- LE PREMIER PAYS MUSULMAN AU MONDE nes dépouillées de leurs vêtements qui en Asie du Sud-Est bre, au moment où l'affluence était qué un incendie de plusieurs heures, MALAISIE BRUNEÏBRUNEBRUNEÏ avaient brûlé. » Une douzaine d’équi- La voiture piégée qui a explosé le plus forte. L'incendie a gagné les est d'au moins 190 morts et plus de Manado : piers de McGrath sont portés dispa- explosion le 12/10 devant le Club Sari a provoqué un constructions voisines, alors que des 300 blessés. Des survivants, selon SINGAPOURSINGAPOUR rus. Angela Graham, 28 ans, a sauvé AucuneHalmahera victime carnage et des scènes de panique à corps calcinés gisaient sur la chaus- l'Agence France-Presse (AFP), ont son amie d’enfance, Sophie Kara- RIAURIARIAU (Born(Bornéo)éo)o) proximité de Kuta, l'une des plages sée et que des gens s'enfuyaient décrit des scènes d'horreur : corps JayapuraJayapura giannis, des décombres en feu après KalimantanKalimantan Sulawesi MMoluquesoluques favorites des surfeurs de Bali. «Un leurs vêtements brûlés collés à la carbonisés, déchiquetés, touristes Ł SumatrSumatra Moluques avoir poussé de côté un cadavre car- Banda Sumatra (Célèbes)(Célèbes) IrianJaIrian JayaJaya carnage total », a résumé à la BBC peau. tentant de fuir l'enfer de feu et de Atjeh DJAKARTA Amboine bonisé. un témoin. La boîte de nuit et un res- Le bilan provisoire de l'explosion, fumée à l'intérieur du night-club. Un Surabaya Kuta était une plage fréquentée I témoin a rapporté avoir vu des Flores en particulier par de jeunes Austra- N Bali corps sans tête, sans jambes ou sans JavaJava liens, mais aussi par d'autres Occi- D Pasuruan bras. L'explosion – qui a été si violen- O Timor dentaux, qui se retrouvaient le soir Caractéristiques N É S I E te que les plafonds d'un hôtel situé à dans les bistrots et boîtes de nuit du 500 km 1 kilomètre de distance se sont Nature du régime présidentiel coin. L'attentat a aussi fait de effondrés et que toutes les vitres ont Superficie 1 919 000 km2 Bali nombreuses victimes parmi le per- été brisées dans un rayon de Population 212,2 millions sonnel indonésien de ces établisse- 500 mètres – avait été précédée, de ments ou celui d'échoppes situées à quelques minutes, par une autre Langues indonésien (off.), proximité. 200 langues ou dialectes explosion de faible intensité dans une discothèque voisine, le Paddys. Chef d'Etat 2002 Megawati Sukarnoputri Denpasar  «  » Capitale DJAKARTA Kuta La présidente Megawati Sukarno-     putri s'est rendue sur les lieux diman- Les secours ont commencé à Monnaie roupie indonésienne Kuta : explosion le 12/10 che après avoir « fermement condam- s'organiser avec les moyens limités devant le « Club Sari » né » l'attentat le plus grave depuis Espérance de vie 68 ans vers 23 heures, 190 morts d'un centre touristique resté ces der- les attaques du 11 septembre 2001 et 300 blessés (bilan provisoire) nières années, pour l'essentiel, à Tauxde fécondité 2,6 enfants/femme et exprimé ses condoléances aux l'écart de la tourmente indonésien- Religions musulmans (88%), protestants (5%), catholiques familles des victimes. Elle a jugé qu'il ne. Malgré des mises en garde récen- (3%), hindous (2%), bouddhistes (1 %), autres (1%) s'agissait d'un « danger réel et d'une tes de plusieurs missions diplomati- menace potentielle pour la sécurité Ethnies ques, le tourisme demeurait très Javanais (45%), Sundanais (14%), Madurais (7,5%), nationale ». Le ministre de la sécuri- Malais (7,5%), autres (26 %) populaire à Bali, où la majorité de la Source : Bilan Le Monde té, Susilo Bambang Yudhoyono, qui population est hindouiste. l’accompagnait, a déclaré qu'il s'agis- Des dizaines de corps ont été ali- Quelques heures plus tôt, une autre plages ou autour des piscines sait « clairement » de « terrorisme » gnés à la morgue de Denpasar, chef- bombe avait déjà explosé, mais éga- d'hôtel jusqu'à l'aube de dimanche. et d'un « tournant », en ajoutant lieu de l'île, et leur identification est lement sans faire de victimes, La plupart des touristes étrangers que, « désormais, le gouvernement ne d'autant plus difficile qu'ils sont car- devant le consulat philippin à Mana- présents à Kuta ont alors pris le che- pourra plus entretenir de doutes sur bonisés. Une autre explosion, à do, le port de l'extrême nord des min de l'aéroport, où des vols sup- une action sévère ». proximité d'un bâtiment consulaire Célèbes. plémentaires ont été progressive- Bali, l'île des Dieux, était une oasis américain, n'a pas fait de victimes. Les gens se sont réfugiés sur les ment mis à leur disposition. de paix situé au milieu d'un vaste Des survivants australiens de pays rudement secoué par la crise retour à Sydney ont, lundi 14 octo- financière de 1997 et par les violen- Bilan provisoire : cent quatre-vingt-dix morts bre, raconté à l’AFP comment leurs ces qui ont accompagné, en mai Cent quatre-vingt-dix personnes ont été tuées, plus de trois cents autres vacances à Bali se sont transformées 1998, la chute de Suharto et mis fin à ont été blessées et des dizaines sont portées disparues, selon un bilan non en cauchemar. Parmi les victimes trente-deux ans de dictature. Plus de définitif rendu public, lundi 14 octobre. La majorité des victimes sont de figurent de nombreux footballeurs 2 millions d’étrangers s’étaient ren- nationalité australienne : 14 identifiées parmi les morts, plus de 200 portées d’Australie, dont plusieurs équipes dus, en 2001, dans cette île où les disparues et plus de 200 blessés. Un Français aurait été tué, cinq autres ont avaient offert à leurs joueurs une musulmans sont largement minori- été blessés. Deux Britanniques auraient été tués, 40 ont été blessés, 22 « virée » à Bali pour fêter la fin de la taires. Mais Bali a désormais perdu autres et 3 Irlandais sont portés disparus. Les autres victimes sont de diffé- saison sportive. « C’était l’horreur », toute innocence. Comme d'habitu- rentes nationalités : allemande (une femme tuée, 8 blessés et 10 disparus), a témoigné Tim McGrath, joueur de de, en Indonésie, personne n'a reven- suisse (une femme tuée et 5 blessés), grecque (un blessé, un disparu), japo- l’équipe de Geelong (ouest de Mel- diqué la paternité d'un attentat con- naise (4 blessés), sud-coréenne (2disparus), sud-africaine (un blessé, 2dispa- bourne), qui a utilisé des draps de çu et exécuté par des professionnels. rus), singapourienne (un mort), néerlandaise (un mort), équatorienne (un son lit d’hôtel pour confectionner mort), américaine (un mort et 3 blessés) et suédoise (8 portés disparus). des bandages. « Les gens hurlaient : Jean-Claude Pomonti LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002/3 INTERNATIONAL l’après-11 septembre

Une série d’attentats anti-occidentaux L’attentat de Bali est le plus grave des actes terroristes contre des cibles occidentales depuis les attentats du 11 septembre 2001. b 11 avril 2002 : 19 personnes sont tuées dans l’explosion d’un camion citerne contre le mur d’enceinte de la synagogue de la Ghriba, sur l’île de Djerba, en Tunisie. L’attentat est attribué au réseau Al-Qaida. b 8 mai 2002 : un attentat-suicide à la voiture piégée contre un autobus fait 14 morts, dont 11 Français, à Karachi, au Pakistan. Il est attribué à un groupe islamiste. b 14 juin : un attentat au véhicule piégé devant le consulat américain à Karachi fait 12 morts. b 6 octobre : une explosion à bord d’un pétrolier français au large du Yémen fait un mort parmi les membres d’équipage.

 -/ Les premiers résultats de l’enquête imputent l’explosion à un attentat. Kuta Beach, le quartier des boîtes de nuit b 8 octobre : un militaire américain a été tué dans une LE PARADIS des vacanciers de Bali, Kuta Beach, a de 300 blessés, dont une centaine dans un état criti- attaque conduite par deux été dévasté par l’attentat du samedi 12 octobre en fin que. Les plus nombreuses victimes sont de nationalité islamistes koweïtiens, sur une île de soirée, à l’heure d’affluence dans les boîtes de nuit australienne. Samedi également, une bombe a explo- au large de Koweït-City où et restaurants de la station. L’explosion a causéla sé, sans faire de victime, près du consulat américain avaient lieu des manœuvres mort d’au moins 190 personnes et on comptait plus de Denpasar, la principale ville de la région. américano-koweïtiennes. Des menaces L’Australie se découvre en cible du terrorisme récentes d’Al-Qaida SYDNEY que stratégique. « Plusieurs rai- atteindre des objectifs améri- de notre correspondant sons peuvent être avancées afin de cains. » ont été diffusées « Le terrorisme frappe à la mai- comprendre pourquoi les Austra- Le premier ministre fédéral, son » : les gros titres à la une des liens auraient pu être visés. Le pays John Howard, refuse d’admettre sur Al-Jazira principaux journaux nationaux est tout d’abord la plus grande puis- que la politique de son gouverne- disent tous la même chose. Pour la sance occidentale de la région. Le ment ait pu influencer les terroris- PRIS au sérieux par les services première fois depuis les attentats rôle de l’Australie au Timor-Orien- tes. Cette idée « est complètement de renseignement occidentaux, du 11 septembre, les Australiens tal a également créé un ressenti- fausse, a réagi dimanche le chef du deux messages récents d’Al-Qaida ont l’impression d’avoir été directe- ment profond parmi la population parti libéral. Ce qui l’a rend erronée avaient menacéd’attaquer les inté- ment visés par le terrorisme inter- indonésienne. Cette rancœur, aussi est que des citoyens d’autres pays rêts des Etats-Unis et de leurs national. étonnant que cela puisse paraître, qui ont choisi de prendre une posi- alliés. Ces enregistrements sono- Le lieu des explosions à Bali n’est ne diminue pas avec le temps et elle tion (…) neutre ou différente de cel- res, attribués respectivement à pas étranger à ce sentiment popu- est ressentie par des gens qui le de l’Australie ont été tués dans Oussama Ben Laden et à son laire. Les deux boîtes de nuit détrui- n’étaient pas forcément opposés à des attaques terroristes, et je pense adjoint, l’Egyptien Aymar Al-Zawa- tes sont depuis de nombreuses l’indépendance de cette île. Ce fac- tout particulièrement aux Alle- hri, ont été diffusés par la télévi- années des endroits très appréciés teur, bien plus que la position de mands et aux Français ». sion qatarie Al-Jazira. Ils ont précé- de la jeunesse australienne qui Canberra envers une possible inter- La possible intervention des déde peu la séried’attentats com- vient à Kuta Beach pour nocer et mis, depuis une semaine, contre boire toute la nuit. Bali est l’une des ressortissants occidentaux au des principales destinations touris- Appels à la mobilisation Koweït, au Yémen et en Indonésie. tiques des Australiens. Chaque Dans la multitude de réactions ayant suivi les attentats de Bali, dimanche Le 8 octobre, une voix diffusée année, plus de 200 000 « Aussies », 13 octobre, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan a déclaré que pendant que s’affichait un cliché sur une population de 19 millions « de tels événements tragiques soulignent l’importance de la coopération de de l’Egyptien, s’adressant à d’habitants, se rendent sur l’île. A tous les Etats dans la lutte contre le terrorisme et la défense des droits de « l’Amérique et ses alliés », décla- cette période de l’année, la propor- l’homme ». Le premier ministre australien, John Howard, a pressé « le gou- rait : « Nous leur conseillons de quit- tion d’Australiens à Kuta est enco- vernement indonésien d’agir en faveur d’un effort de coopération ter rapidement la Palestine, la pénin- re plus importante qu’à l’accoutu- [antiterroriste] dans la région ». sule arabique, l’Afghanistan et tous mée. La plupart des Etats de la Le président russe, Vladimir Poutine, a indiqué que la vague d’attentats à les pays musulmans avant qu’ils ne fédération sont en vacances scolai- Bali « confirme que la communauté internationale doit coordonner de façon perdent tout. » A Washington, un res et, comme tous les ans, de nom- plus étroite encore sa lutte contre le terrorisme international ». Le président responsable américain a déclaré, breux sportifs viennent fêter la fin français, Jacques Chirac, a assuré la présidente indonésienne de sa disposi- sous couvert d’anonymat, que les de leur saison sportive à Bali. tion à lui « apporter toute l’aide possible pour identifier les auteurs et les com- services spécialisés « pensent que manditaires de ces actes ignobles ». c’est sa voix ». L’enregistrement   ajoutait : « Nous avons adressé quel- Les attentats de samedi soir ques messages aux alliés de l’Améri- visaient-ils toutefois spécifique- vention en Irak, pourrait expliquer troupes australiennes au Moyen- que (…), notamment un message à ment les Australiens ou plus large- en partie cet attentat », considère Orient pourrait toutefois changer l’Allemagne et un autre à la France. ment les touristes occidentaux ? l’analyste. cette donne. « Si l’Australie venait Mais si ces doses ne sont pas suffi- C’est la question que tout le mon- D’autres experts ne partagent à s’impliquer lourdement dans une santes, nous sommes prêts à les aug- de se pose en Australie, surtout pas cet avis. « Ce sont pas les Aus- campagne armée contre l’Irak, les menter. » La voix dénonçait la depuis les déclarations ces derniè- traliens en particulier mais plutôt menaces concernant la sécurité des « campagne contre l’Irak », esti- res semaines du gouvernement les Occidentaux qui étaient visés, Australiens seraient nettement plus mant que « son premier objectif est fédéral en faveur de la politique de juge Clive Williams, un spécialiste sérieuses, estime Clive Williams. En de détruire toute force militaire effi- répression prônée par le président du terrorisme international à l’Uni- Australie même, les terroristes pour- cace autour d’Israël ». américain George W. Bush. versiténationale australienne raient recevoir le soutien de sympa- Le 6 octobre, une bande audio « La cible a pu être choisie pour (ANU) de Canberra. Ces deux bom- thisants vivant sur place. » avait énoncé : « Au nom d’Allah, les viser la culture occidentale, mais bes ont dû être placées par des mem- En l’absence de revendication, enfants d’Allah sont en train de pré- c’est aussi un endroit bien connu bres du Jemaah Islamiyah. Cette le ministre australien des affaires parer pour vous [les Américains] qui symbolise la présence austra- organisation extrémiste qui est pré- étrangères, Alexander Downer, a des choses qui rempliront vos cœurs lienne en Indonésie », estime Hugh sente dans toute l’Asie du Sud-Est estiméque « Jemaah Islamiyah pos- de terreur et frapperont vos organes White, le directeur de l’Institut de mais qui est surtout très bien implan- sède des liens avec Al-Qaida, et il économiques jusqu’à ce que vous politique stratégique australienne tée en Indonésie avait déjà prévu de est vraisemblable qu’une organisa- arrêtiez votre oppression et votre (ASPI), une organisation mise en faire exploser des voitures piégées à tion comme celle-ci se trouve à l’ori- agression » contre les musulmans. place par le gouvernement pour Singapour et elle a toujours visé l’Oc- gine des attentats » de Bali. Al-Jazira puis la CIA ont attribuéla lui apporter des idées nouvelles cident au sens large, alors que voix à Ben Laden. en matière de défense et de politi- Al-Qaida cherche davantage à Frédéric Therin L’ensemble de l’économie indonésienne devrait être affecté

BANGKOK 1997 et les violences qui l’ont suivie. Ils pour- d’œuvre et à la corruption. En outre, la con- de notre correspondant en Asie du Sud-Est raient également avoir une incidence négati- sommation intérieure, devenue le principal Le tourisme ne sera pas le seul secteur à ve sur l’ensemble d’une région aux prises moteur de la croissance à la suite d’une sta- pâtir du sanglant attentat de Bali. Dans la avec des réseaux terroristes. gnation des exportations, montre de pre- matinée du 14 octobre, la Bourse de Djakarta a L’économie indonésienne, quant à elle, se miers signes de faiblesse. chuté de plus de 9 %. Entre-temps, une invita- redressait lentement, avec un taux de crois- La priorité économique, pour le gouverne- tion pressante de Washington à l’évacuation sance de 3,2 % en 2001 et, selon les prévisions, ment indonésien, est donc d’enrayer la des familles américaines présentes en Indoné- proche de 3,5 % cette année. Mais cette légère méfiance des opérateurs étrangers. Des mesu- sie pourrait encourager des décisions analo- expansion ne permettait déjà pas de résorber res de sécurité ont été déjà annoncées en ce gues d’autres capitales. La roupiah indonésien- le chômage – lequel, sous ses formes dégui- qui concerne la protection des sites miniers, ne a également faibli : elle s’échangeait à sées, affecte au moins un tiers de la force de des ambassades et des centrales électriques. 9 230 pour 1 dollar, contre 9 000 lors de la clô- travail –, ni, surtout, d’absorber les 1,2 million D’autres doivent suivre. ture vendredi. A l’ouverture de la Bourse de de jeunes qui se présentent sur le marché de Depuis l’accession à la présidence de Paris, lundi, le Club Méditerranée, qui possède l’emploi chaque année. Selon un récent sonda- Megawati Sukarnoputri, en juillet 2001, la sta- sur l’île un centre de vacances, perdait 11 %. ge, 60 % des chômeurs appartiennent à la bilité politique avait de nouveau prévalu, en L’Indonésie accueille environ 4 millions de classe d’âge des 15-24 ans, parmi laquelle les dépit de la poursuite de conflits parfois bru- visiteurs par an, dont 1,7 million se rendent islamistes recrutent leurs militants. taux mais localisés. La coopération entre le directement à Bali, alors que d’autres font le L’attentat de Bali pourrait également accen- FMI et Djakarta avait repris et s’était relative- détour, notamment par Yogyakarta, centre tuer la chute des investissements étrangers, ment bien déroulée. La roupiah s’était stabili- culturel de Java, avant de gagner l’île des déjà en baisse de près de 50 % pendant le pre- sée et la Bourse était en hausse. L’attentat de Dieux. Les images de l’attentat à Kuta et les mier semestre de 2002. Il intervient à une Bali a remis en cause ce calme relatif. Il fau- rapatriements de nombreux Occidentaux époque de désinvestissements dans les sec- dra toutefois attendre quelque temps pour devraient ébranler une industrie qui commen- teurs de la chaussure et du textile, liés à la mesurer l’ampleur du nouveau plongeon. çait à peine, en dehors de Bali, à retrouver peur de l’insécurité, à un environnement syn- une clientèle depuis la crise financière de dical jugé défavorable, au coût de la main- J.-C. P. 4/LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002 INTERNATIONAL l’après-11 septembre L’Indonésie est accusée d’être En Irak, les journalistes ont été conviés le maillon faible de la lutte antiterroriste à visiter l’ancien site nucléaire d’Al-Furat « Nous n’avons rien à cacher, les portes sont ouvertes à tous », Le chef présumé de la Jemaah Islamiyah nie toute responsabilité dans l’attentat affirment les Irakiens en dénonçant les « mensonges » du président Bush

BANGKOK Œuvre de professionnels dont Dans ce pays qui abrite près de AL-FURAT (Irak) de notre correspondant l’objectif était de faire un maxi- deux cents millions de musulmans, de notre envoyé spécial en Asie du Sud-Est mum de victimes occidentales et soit plus de 85 % de sa population, Des hangars désaffectés, deux Depuis des mois, Washington un minimum de dégâts parmi les des combattants de la guerre sain- chars aux chenilles rouillées, une car- Une nuée de fait pression sur le gouvernement musulmans, l’attentat de Bali pla- te ont pris le parti de leurs coreli- casse de camion, du sable, des par- journalistes cerne indonésien pour que ce dernier ce, cette fois-ci, l’Indonésie le dos gionnaires dans les affrontements paings, des monceaux de ferraille, les officiels irakiens prenne des mesures contre un au mur. Pour les autorités, politi- avec les chrétiens aux Moluques et  lors de la visite, réseau terroriste, le Jemaah Isla- ques et militaires, il ne peut plus aux Célèbes. La police ne fait que samedi 12 octobre, miyah, dont l’ambition est de créer être question d’émettre des « dou- commencer de réprimer un autre de l’ancien site un vaste Etat islamique regroupant tes », ainsi que l’a reconnu le minis- mouvement à vocation de police L’inspection, orchestrée nucléaire Al-Furat les populations musulmanes de tre de la sécurité, ancien général religieuse qui saccage régulière- à une trentaine l’Asie du Sud-Est. Les Américains de l’armée de terre. La stabilité du ment débits d’alcool et discothè- par le ministère de de kilomètres de ajoutent que le Jemaah Islamiyah, gouvernement et, peut-être, la pré- ques à Djakarta. Bagdad. dont des dizaines d’agents ont été sidence de Megawati Sukarnopu- La nébuleuse islamiste a beau l’information, n’a guère Cent cinquante arrêtés à Singapour, en Malaisie et tri, fille aînée du fondateur de l’In- être réduite, elle a néanmoins réus- journalistes avaient aux Philippines, est lié à Al-Qaida. donésie, sont en cause. si à interdire, sur le petit écran, des fait avancer le débat été emmenés sur Lors du premier anniversaire du Comme d’habitude, Abou Bakar campagnes de prévention de l’en- place pour visiter 11 septembre 2001, plusieurs chan- Baashir nie toute responsabilité démie de sida, jugeant les images les installations qui, celleries occidentales dans la dans ce sanglant attentat. «Au « pornographiques ». Elle empêche des radars d’un autre âge, des officiellement, sont région ont fermé leurs portes à la regard de la forte puissance des également tout débat sur le com- locaux administratifs, une poignée devenues un centre suite de l’interrogatoire d’Omar explosifs utilisés, ce doit être l’œuvre munisme, interdit depuis 1966, et de soldats et quelques dizaines d’em- de recherche Al-Farouq, un individu apparem- d’étrangers, probablement des Etats- les événements qui, à l’époque, ont ployés, secrétaires, balayeurs, jardi- électronique pour ment d’origine koweïtienne, arrêté niers, étonnés mais plutôt fiers de l’armée. Cette visite en Indonésie le 5 juin et remis aux voir débarquer les médias du mon- était une réplique autorités américaines. Al-Farouq Abou Bakar Baashir, ouléma de combat de entier…Est-ce là, comme l’annon- aux accusations aurait avoué, début septembre, Pommettes saillantes, barbichette soignée, vêtu d’une écharpe et d’une cent les Etats-Unis, un lieu stratégi- du président Bush avoir été le principal opérateur d’Al- blouse blanche et d’un simple sarong, Abou Bakar Baashir, 64 ans, d’origine que susceptible de mettre en danger concernant Qaida en Asie du Sud-Est. yéménite, appartenait à la petite nébuleuse de prédicateurs islamistes qui la sécurité de la planète ? Les Ira- cette usine. Il aurait également déclaré s’être ont joué une dure partie de cache-cache avec les autorités indonésiennes à kiens, en tout cas, s’en défendent. A appuyé sur le Jemaah Islamiyah l’époque de Suharto. Ses campagnes en faveur d’un Etat islamique lui ont défaut d’inspecteurs de l’ONU, c'est / dont l’inspirateur, a-t-il confirmé, valu quatre années de prison. Pour ne pas y retourner, il s’est enfui en Malai- aux journalistes étrangers qu’ils ont est Abou Bakar Baashir, un direc- sie en 1985 et y a attendu la chute de Suharto, en 1998, pour regagner son cherché à prouver leur bonne foi, tenir des propos contradictoires sur Selon le général Abbas, le site d’Al- teur d’école coranique du centre pays et y retrouver son école. A son retour d’exil, Abou Bakar Baashir a fon- samedi matin 12 octobre, en les con- l’histoire et les fonctions de ces ins- Furat a été maintes fois inspecté par de Java, sur le compte duquel il a dé, à Yogyakarta, le MMI ou Conseil indonésien des moudjahidins, dont il duisant jusqu’au site militaire d’Al- tallations, qualifiées tour à tour de l’ONU jusqu'en 1998 et se consacre- mis des attentats antichrétiens ain- est toujours le président. En 1996, Abou Bakar Baashir aurait conçu, en com- Furat, à une trentaine de kilomètres « civiles » et de « militaires ». «Ce rait aujourd’hui à la « recherche et si que l’explosion d’une bombe à pagnie de Riduan Isamuddin, alias Hambali, l’idée de créer un vaste Etat isla- au sud de Bagdad. site n’a strictement rien à voir avec au développement du matériel électro- la grande mosquée de Djakarta. mique incorporant la Malaisie péninsulaire, l’Indonésie et le sud islamisé Cette opération de communica- des activités nucléaires », a cepen- nique de l’armée ». D’où la présence La semaine dernière encore, les des Philippines, et qui regrouperait donc quelque 250 millions de personnes tion, orchestrée par le ministère de dant assuré l’un des hôtes, le briga- de radars mobiles, et la surveillance Etats-Unis ont invité leurs ressor- et les territoires qui étaient sous l’emprise de sultanats islamisés en place l’information, visait à contrer ce que dier Samir Ibrahim. du complexe par quelques soldats tissants à prendre de sérieuses pré- avant l’arrivée des Espagnols et des Hollandais. – (Corresp.) le régime appelle les « mensonges » Son supérieur, le général Saadi en armes. L’officier a toutefois refu- cautions quand ils sont contraints du président américain George Abbas, a précisé que l’un des édifi- sé de préciser le nombre de person- de se déplacer en Indonésie et W. Bush. Photos-satellites à l’appui, ces mis en cause par les Américains nes employées sur place. Interrogé annoncé que, pour des raisons de Unis », a-t-il déclaré dimanche à précédé une répression qui aurait celui-ci avait en effet assuré, lundi – une sorte d’immense blockhaus au sujet d’éventuelles d’installations sécurité, ils allaient réduire le nom- Solo (Java centre), avant d’ajou- fait un demi-million de victimes. 7 octobre, que les installations d’Al- de briques brunes et de béton laissé souterraines, donc secrètes, le briga- bre de leurs diplomates sur place. ter : « Les Etats-Unis font des choses Bête noire des islamistes, la prési- Furat étaient utilisées pour la mise à l’abandon – était bien destiné, dier Ibrahim a répondu, tout souri- Le dossier établi par Washing- pour justifier leur position selon dente Megawati a donc besoin au point de l’arme nucléaire (Le autrefois, à accueillir des travaux re : « Creusez si vous le souhaitez et ton semble conséquent. Les Améri- laquelle l’Indonésie est un refuge d’un retournement d’opinion pour Monde du 9 octobre). liés au nucléaire, mais que la cons- regardez s’il y a quelque chose en sous- cains affirment que, profitant de la pour les terroristes et j’espère que pouvoir passer à la contre-offensi- Cinq jours plus tard, l’Irak a donc truction, interrompue par la guerre sol ! » dilution du pouvoir après la chute notre gouvernement ne tombera pas ve contre des mouvements qui, tel répliqué en organisant une visite gui- de 1991, n’avait jamais repris. Personne n’a creusé, et la visite de Suharto en mai 1998, des centai- dans ce piège. » le Jemaah Islamiyah, sèment proba- dée. Des cars avaient été affrétés, s’est poursuivie, au pas de charge, nes de moujahidines venus du Baashir dément l’existence du blement le chaos sur lequel ils espè- ainsi que des voitures officielles dans un bâtiment plus moderne – Pakistan, d’Afghanistan ou du Pro- Jemaah Islamiyah, affirme qu’il est rent pouvoir bâtir les fondations pour leur ouvrir la route. Le convoi Une deuxième lettre occupé, celui-là –, également consi- che-Orient, ont été entraînés dans lui-même hostile au terrorisme et d’un Etat musulman. Que les parle- était d’importance : environ cent cin- déré comme suspect par les Améri- des zones indonésiennes de con- qu’il n’entretient aucun lien avec mentaires oublient leurs petits cal- quante journalistes européens, asia- irakienne à Hans Blix cains. D’un couloir à l’autre, passant flits religieux, comme les archipels Al-Qaida, même s’il admire Oussa- culs et ne rechignent pas à la soute- tiques et même nord-américains, Le négociateur irakien, le général devant les bureaux et les toilettes des Célèbes et des Moluques, ainsi ma Ben Laden. nir, notamment en votant une légis- venus à Bagdad en prévision du réfé- Amir Al-Saadi, a envoyé, samedi des dames, micros et caméras ont qu’à Mindanao, dans le sud des lation antiterroriste qui ne remette rendum présidentiel du 15 octobre, 12 octobre, une nouvelle lettre au chef fureté quelques minutes, sans Philippines. pas en cause les libertés acquises un scrutin destiné à confirmer au de la commission de désarmement davantage de résultat. Ils ont collaboré avec des radi- Bête noire des depuis quatre ans. Que militaires pouvoir le candidat unique et « lea- Hans Blix, ainsi qu’au directeur de Avant d’inciter tout le monde à caux islamistes locaux peu nom- et policiers, abandonnant leurs der adoré » Saddam Hussein. l’Agence internationale pour l’énergie remonter dans les cars, Udai breux, mais bénéficiant de compli- islamistes, la présidente clients respectifs, acceptent de coo- Une fois sur place, dans une zone atomique (AIEA), Mohammed Al-Bara- Al-Taie, le directeur général du cités et relativement bien organi- pérer dans une lutte qui s’annonce semi-désertique, la visite a duré une deï, afin de rectifier l’effet négatif pro- ministère de l’information, a con- sés. Le terrain s’y prête. Les frontiè- Megawati a besoin d’un pleine d’embûches. Que l’opinion petite heure. Pour voir quoi ? voqué par celle qu’il leur avait adres- clu : « Nous n’avons rien à cacher ; res maritimes de ce pays aux publique se réveille et accepte la D’abord, des murs d’enceinte héris- sée deux jours plus tôt. Cette nouvel- les portes sont ouvertes à tous, même 17 000 îles sont de véritables pas- retournement d’opinion ligne de partage entre la revitalisa- sés de barbelés, puis l’inévitable por- le tentative a de nouveau été jugée aux inspecteurs américains et britan- soires et sont la proie de bouca- tion de l’islam – en cours depuis trait du chef de l’Etat, à droite de insuffisante par Washington. niques pour vérifier si oui ou non nous niers et de contrebandiers. pour pouvoir passer près de vingt ans –, et le terrorisme l’entrée. Au-delà, le long de l’allée Le général irakien invite les inspec- sommes en train de refabriquer des Pendant longtemps, les Indoné- islamiste. principale, se dressaient divers bâti- teurs à venir à Bagdad dès le 19 octo- armes de destruction massive. » siens, qui pratiquent un islam fort à la contre-offensive Les conséquences du carnage ments, les uns occupés, les autres à bre mais se borne à « prendre note » Cette inspection médiatique, si modéré dans leur immense majori- dont Bali vient d’être le théâtre l’abandon. Tous n’ont pas été de la demande de l’ONU de pouvoir elle n’a guère fait avancer le débat té, ont douté des arguments améri- pourraient être le déclic d’un tel ouverts aux reporters, discrètement visiter sans restriction les huit « palais – dans un sens comme dans l’autre cains. Même au sein du Parlement Face aux radicaux indonésiens, revirement, même si les images de canalisés. Ceux-ci ont tout de même présidentiels ». Sur l’autre point possi- –, a au moins permis aux journalis- et du gouvernement, des voix se dont certains ont été entraînés en la répression en Palestine et l’hosti- pu jouer les inspecteurs de l’ONU, ble de frictions, les interrogatoires de tes de mesurer l’immensité de la sont élevées pour exprimer l’incré- Afghanistan et au Pakistan, Djakar- lité évidente à l’égard d’une atta- filmant, photographiant, cherchant scientifiques irakiens, il indique que tâche éventuellement confiée aux dulité ou, pis, dénoncer un exerci- ta dispose de moyens limités. que américaine contre l’Irak plai- ici ou là les constructions, anciennes Bagdad les « facilitera », mais « d’une spécialistes de l’ONU. Sur le che- ce de propagande américain. Mais Depuis que les forces armées ont dent contre. Mais il faudra attendre ou récentes, mentionnées sur les manière susceptible de garantir les min du retour, le long de l’autorou- des informations fournies en privé perdu, en 1999, le contrôle de la encore quelque temps pour en voir, photos de M. Bush, prises en décem- droits légaux des citoyens irakiens ». te, les visiteurs d’Al-Furat ont pu par Washington ont commencé à police, les relations entre les deux le cas échéant, les effets. En Indoné- bre 1998 et septembre 2002. L’inté- L’ONU et l’Irak s’étaient mis d’ac- remarquer, comme dans n’importe ébranler les autorités, notamment corps sont devenues parfois exé- sie, la politique est à double déten- rêt essentiel de l’affaire résidant cord, le 2 octobre à Vienne, sur les quelle métropole, des centaines de concernant la préparation d’atten- crables, ainsi que l’a encore souli- te, et les autorités n’interviennent dans la stratégie médiatique des modalités pratiques d’inspection. hangars, garages, usines, proprié- tats, à l’aide de camions bourrés gné, début octobre, une fusillade à que lorsqu’elles ont assuré leurs autorités de Bagdad, les équipes de Depuis, Hans Blix a demandé aux Ira- tés privées et bâtisses en tous gen- d’explosifs, contre des missions Sumatra qui a fait au moins huit arrières, ce qui devrait requérir, cet- télévision ont surtout filmé les kiens de confirmer par écrit leur res. Faudra-t-il tout fouiller, tout diplomatiques étrangères et d’un morts et 28 blessés. En outre, les te fois-ci, un sérieux ménage. autres équipes de télévision. accord, tout en ajoutant des éléments suspecter ? projet d’assassinat de la présiden- islamistes ont beau être très mino- Les officiels irakiens se sont vou- qui n’avaient pas fait l’objet d’accord te Megawati Sukarnoputri. ritaires, ils font peur. Jean-Claude Pomonti lus rassurants, au risque, parfois, de à Vienne. – (Corresp.) Philippe Broussard France : premières manifestations contre la guerre

À SON TOUR, la France a connu, samedi 12octo- Besancenot (LCR) avaient pris la tête du cortège pari- bre, ses premières « manifs » contre la guerre en sien, réclamant l’utilisation par la France de son droit Irak. Non sans un léger retard par rapport à leurs de veto au Conseil de sécurité de l’organisation des homologues britanniques, italiens, espagnols et Nations unies. « Je suis venu dire non à cette guerre même américains, les pacifistes français se sont que veut Bushen Irak » a indiqué M. Hue, souhaitant retrouvés dans la capitale et dans une dizaine de vil- que « le gouvernement français aille plus loin » dans les de province pour dénoncer, entre autres, le con- ses réserves face à la position américaine. « La Fran- cept de « guerre préventive » avancé par les Etats- ce a une position ambiguë, a déclaré pour sa part Unis. M. Mamère, opposé à toute intervention « y compris A Paris, ils étaient ainsi plusieurs milliers – 6 000 si elle bénéficie du feu vert de l’ONU ». « Ce sont les selon la police, 15 000 selon les organisateurs – à opinions qui peuvent arrêter l’engrenage » assurait défiler à l’appel d’une quarantaine d’associations, M. Besancenot, qui ne « fait pas confiance » au gou- syndicats, partis de gauche et d’extrême gauche. Ces vernement pour empêcher la guerre. formations, si elles sont parvenues à faire descendre Aucun responsable socialiste n’était visible dans le dans la rue leurs cadres et militants, n’ont pas réussi, cortège, seul le Mouvement des Jeunesses socialis- pour ce premier test, à élargir au-delà. « C’est une pre- tes était venu en nombre. La porte-parole de Lutte mière étape, il s’agissait de donner le signal de départ ouvrière, Arlette Laguiller était également présente, d’un mouvement qui va aller crescendo », ont expli- mais avait choisi de défiler avec son organisation. qué les organisateurs, en ajoutant : « La difficulté, en Dans les rangs des manifestants, les slogans ont pris France, c’est que le gouvernement a une position un à partie le président américain – « pas touche à l’Irak, peu ambivalente. Il n’est pas engagé de manière tran- stoppons Bush», « pas de sang pour du pétrole », chée derrière Bush comme peuvent l’être Tony Blair « non au diktat guerrier de George Doubleyou » —, ou Silvio Berlusconi, ce qui nourrit l’importance des beaucoup réclamant la fin de l’embargo. Les associa- mobilisations en Grande-Bretagne ou en Italie. » tions de soutien aux Palestiniens scandaient pour Rangés derrière une large banderole proclamant leur part « Bush-Sharon assassins », brandissant le « non à la guerre contre l’Irak, justice et paix au Pro- drapeau national. che-Orient », trois anciens candidats à la présidentiel- le, Robert Hue (PCF), Noël Mamère (Verts) et Olivier Caroline Monnot LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002/5 INTERNATIONAL

Laurent Gbagbo, président de la Côte d’Ivoire « Je me sens trahi. Ce coup d’Etat est injustifiable. Le Fatah accuse Israël Depuis deux ans, j’ai tout fait pour l’éviter » d’avoir rompu un accord JÉRUSALEM. Mohammed Abayat, activiste du Fatah, le principal parti Le ministre de la défense a été limogé. Les rebelles ont pris la ville de Daloa, dans l’Ouest palestinien, est mort dimanche soir 13 octobre, à Bethléem, après l’ex- plosion d’une cabine téléphonique piégée. Selon des sources palestinien- ABIDJAN nous. C’est d’ailleurs un problème Vous pensez que M. Ouattara nes qui ont mis en cause Israël, l’engin qui l’a tué visait en fait son frère de notre envoyé spécial de culture qui dépasse la Côte est mêlé au coup d’Etat ? Nasser, considéré comme l’un des responsables des activistes du Fatah Ce dimanche 13 octobre, malgré d’Ivoire. Regardez le Zimbabwe : Non, je dis que si le coup d’Etat à Bethléem. Cette explosion est intervenue alors que le calme prévalait la prise par les rebelles de Daloa, une l’Occident tout entier est ligué était un moyen pour régler le pro- dans cette ancienne zone autonome depuis un accord conclu en août grande ville de l’Ouest dont il est ori- contre le président Mugabe, alors blème Ouattara, c’est un mauvais entre Israéliens et Palestiniens intitulé « Gaza-Bethléem d’abord ». ginaire, le président Laurent Gbagbo que l’ensemble de l’opinion publi- calcul. Même si je quitte le pou- Par ailleurs, la presse israélienne a fait état dimanche de vives critiques se veut serein. Dans sa résidence à que africaine le soutient. voir, quel que soit mon successeur, américaines vis-à-vis des autorités israéliennes à propos de la dégra- Abidjan, en compagnie de son épou- Au fil des coups d’Etat, la Côte Ouattara sera confronté à une poli- dation des conditions de vie des Palestiniens consécutive aux réoccu- se et d’une demi-douzaine de minis- d’Ivoire s’enfonce-t-elle dans tique pire. pations et aux couvre-feux imposés depuis la mi-juin, ainsi qu’à la multi- tres, il déjeune, discute, répond au une crise sans fin ? Le général Robert Gueï, tué le plication des « bavures » de l’armée israélienne. Dimanche, outre téléphone aux chefs d’Etat africains Je ne suis pas aussi pessimiste. 19 septembre, a été désigné com- l’activiste du Fatah, cinq Palestiniens ont été tués dans les territoires, qui l’assaillent de questions. Il accor- Nous étions en train de remettre me l’instigateur du putsch. Main- dont un enfant de 4 ans et une femme de 40 ans. – (Corresp.) de aussi, au Monde, son premier sur pied l’économie. La croissance tenez-vous cette accusation ? entretien depuis le début de la rébel- s’approchait de 3 % l’an. Et puis est Le gouvernement n’est pas un tri- lion, le 19 septembre. venue cette attaque. Je me sens tra- bunal. Avant le déclenchement du Un étudiant est à l’origine

Vous venez de limoger votre  / hi. Depuis deux ans, tout ce qui pou- coup d’Etat, nous savions que quel- ministre de la défense. Est-ce vait être tenté pour que de tels évé- que chose se tramait. Une trentaine de l’explosion d’Helsinki une sanction ? coup se préparait à l’étranger, nements ne se répètent plus a été de personnes avaient été interpel- Pas du tout ! Je n’ai rien à repro- mais que Paris n’a pas réagi ? fait. Je ne crois pas qu’un seul chef lées. Sur la base des interrogatoires, STOCKHOLM. La bombe qui a explosé vendredi 11 octobre dans un cher à mon ministre d’Etat, qui res- Les Français sont nos alliés. Je d’Etat en Afrique ait œuvré autant nous avons des soupçons sur la parti- centre commercial de la banlieue d’Helsinki, faisant sept morts et envi- te d’ailleurs à mes côtés à la prési- leur avais simplement dit que le que moi pour la réconciliation natio- cipation du général Gueï. Mais c’est ron 80 blessés, a été fabriquée et transportée sur place par l’une des victi- dence. Mais je dois compter avec Burkina Faso accueillait sur son nale. J’ai discuté avec tout le mon- à la justice de nous dire la vérité. mes, un étudiant finlandais en chimie âgé de 19 ans, selon la police. Une mon opinion publique. Les Ivoi- territoire des soldats en rupture de. Je venais de former un gouverne- A Abidjan, des bidonvilles ont perquisition au domicile des parents du jeune homme, chez qui il vivait, riens pensaient que la crise serait avec l’armée ivoirienne, et qu’ils ment d’union nationale. Ce coup été rasés. L’opinion publique a permis de confirmer les soupçons qui pesaient contre lui. Il n’était pas brève. Elle ne l’est pas. Il y a de la préparaient un mauvais coup. Les d’Etat est injustifiable. C’est étrangère a été choquée… connu des services de police et ne semblait pas avoir milité dans une grogne parmi la population. Il fal- Français m’ont jugé trop alarmis- d’ailleurs pour ça que les assaillants Alors que, chez nous, la popula- quelconque organisation politique. Les enquêteurs s’interrogent encore lait sacrifier quelqu’un. Il sert de te. Je ne l’étais pas. n’ont aucun mot d’ordre. tion applaudissait… Toujours ce sur les motivations de leur seul et unique suspect : est-il mort à cause bouc émissaire. La France vous soutient-elle Depuis des années, la vie poli- décalage de culture entre l’Occident d’une fausse manipulation de l’engin explosif qu’il transportait ou bien Une médiation se poursuit au comme elle le devrait ? tique se cristallise sur l’ex-pre- et nous. Les armes qui ont servi à avait-il l’intention de se suicider au milieu de la foule ? nom de la Communauté écono- La France est maîtresse de sa mier ministre, Alassane Ouatta- l’attaque du 19 septembre étaient L’examen de l’ordinateur personnel du jeune homme pourrait permet- mique des Etats de l’Afrique de politique. Je lui ai demandé, dans ra, empêché d’être candidat aux cachées pour partie, depuis un an, tre à la police d’éclaircir les causes de l’explosion, qui a choqué la Finlan- l’Ouest (Cedeao). Y croyez-vous ? le cadre des accords existants, des élections. Comment sortir du cer- dans ces quartiers. Lorsque les gen- de entière. Selon la presse locale, l’étudiant, décrit par un camarade La Cedeao demande à l’agresseur, munitions et du matériel. Ça a été cle vicieux ? darmes l’ont appris, ils sont allés les d’université comme « triste et solitaire », aurait trouvé sur Internet les qui a été clairement désigné, de fait. Je sais que l’on me critique à Demandez-le lui. J’ai discuté raser. Ce n’était pas une chasse à informations nécessaires pour fabriquer l’engin explosif. Il aurait partici- déposer les armes. Elle m’a deman- Paris dans certains cercles. Moi avec lui. Nous avons formé ensem- l’homme, mais la volonté que ce pé à un forum de discussion sur Internet rassemblant des passionnés de dé si, dans un deuxième temps, aussi, je critique leurs analyses. On ble ce gouvernement d’union. type d’événements ne se reproduise chimie et terminé chacun de ses messages par cette phrase : « Je ne suis j’étais disposé à discuter avec les n’a pas pris mes avertissements au C’est un cadre pour discuter et pas. J’ai stoppé l’opération, mais, à pas un meurtrier mais ne me provoquez pas. » – (Corresp.) rebelles. J’ai répondu que oui. sérieux. Nous, nous sommes des pour continuer à avancer. Qu’il l’avenir, il faut que les périmètres  Etes-vous prêt à réintégrer des Ivoiriens. Nous gérons les affaires comprenne qu’on n’obtient rien autour des camps militaires soient rebelles dans l’armée ? du pays. Nous connaissons mieux par la force. Même mon assassinat sécurisés, qu’on éloigne les habita- a INDE : le vice-premier ministre, Lal Krishan Advani, a déclaré On ne me l’a pas encore deman- que quiconque nos problèmes. ne réglerait pas son problème. tions précaires de ces camps. dimanche 13 octobre que l’Inde est prête à parler à des représentants dé… Tant qu’on se refusera à admettre Ouattara n’a jamais été aussi libre des Cachemiris après les récentes élections régionales au Cachemire Est-il vrai que vous avez préve- cette évidence, il y aura des problè- que depuis que je suis à la tête du Propos recueillis par indien, dans le cadre de discussions sur l’avenir du territoire. « Je suis sûr nu les autorités françaises qu’un mes de compréhension entre pays. Jean-Pierre Tuquoi que ces élections vont se révéler un tournant dans nos efforts visant à trou- ver une solution durable à la question du Cachemire », a-t-il dit au sujet d’un scrutin qui a vu le parti pro-indien au pouvoir depuis des décennies subir un rude échec, au bénéfice du Congrès et du PDP, favorables à un La Serbie devra revoter pour élire son président dialogue avec les séparatistes. – (AFP.) L’invalidation du scrutin pour cause de participation inférieure à 50 % est un succès pour l’extrême droite

BELGRADE ble qu’un consensus rassemble les la pilule des réformes économiques. droite au premier tour, ont même de notre envoyé spécial mouvements politiques en faveur La crise va d’ores et déjà freiner rappelé qu’ils contestaient radicale- Les deux vainqueurs de l’élection d’une modification de la loi électora- certains projets cruciaux pour le ment certains aspects de la nouvelle présidentielle en Serbie ne sont ni le, afin qu’un président soit la pro- pays, dont l’adoption de la Charte ère qui s’est ouverte dans le pays, Vojislav Kostunica, le juriste natio- chaine fois élu à coup sûr. constitutionnelle du futur Etat Ser- notamment la coopération avec la naliste, ni Miroljub Labus, l’écono- L’autre perdant est le premier bie-Monténégro, précondition à une justice internationale. La population miste libéral, les deux candidats ministre Zoran Djindjic, l’impopu- procédure d’adhésion au Conseil de de Serbie, qui avait largement soute- démocrates qui se sont affrontés, laire chef de file des réformateurs, l’Europe, ou le transfert vers le Tribu- nu les guerres de M. Milosevic avant dimanche 13 octobre, dans les qui soutenait Miroljub Labus. Sa nal pénal international pour l’ex- de se détourner de lui pour des rai- urnes. Le scrutin étant invalidé pour politique, souvent saluée par la Yougoslavie (TPIY) de La Haye de cri- sons intérieures, n’a pas soudaine- cause de participation inférieure à communauté internationale, est minels de guerre réclamés par la jus- ment changé d’idées ce 5 octobre, il 50 % (45,9 %), les vrais gagnants très critiquée en Serbie. Le faible tice. L’invalidation du scrutin offre y a deux ans, parce qu’elle se félici- sont l’extrémiste nationaliste Vojis- taux de participation et le score de notamment un répit à Miluti- tait de la chute d’un homme alors lav Seselj, arrivé en troisième posi- M. Labus sont pour lui aussi des novic, le discret président serbe dont détesté pour sa gestion totalitaire et tion au premier tour et qui avait échecs, la population n’ayant pas le mandat expire fin décembre, et mafieuse de la vie du pays. appelé à boycotter le duel final, et été convaincue par les deux premiè- qui est le dernier lieutenant de Slobo- « Je suis triste pour la Serbie. Que son parrain, Slobodan Milosevic, res années de réformes. Certes, dan Milosevic encore à son poste. va-t-on penser de nous dans le mon- qui doit savourer, de sa cellule de la M. Djindjic va de facto être seul aux de ? Ce scrutin est un peu l’anti-5 octo- prison de l’ONU à La Haye, l’échec commandes du pays ces prochains «     » bre, un jour de honte pour mon de ses successeurs réformateurs. mois, mais la crise politique ne Accusé de « génocide » et de « cri- pays », confie une journaliste serbe. Une élection présidentielle devrait devrait pas lui profiter. mes contre l’humanité », le dictateur « Cela va peser sur notre image de ne donc être organisée en Serbie d’ici Vojislav Kostunica a annoncé emprisonné prend un peu, à distan- pas avoir de président à la tête de la deux à trois mois. L’actuel président dimanche qu’il comptait « poursui- ce, sa revanche sur le 5 octobre 2000, Serbie. Aucun pays ne s’en enorgueilli- yougoslave, Vojislav Kostunica, qui vre [son] combat contre le gouverne- jour de sa chute. Les relations entre rait d’ailleurs », reconnaît Miroljub a obtenu 66,7 % des votes, devrait ment Djindjic ». Certains des alliés les deux hommes qui ont provoqué Labus, affirmant toutefois, à destina- être de nouveau candidat, tandis du premier ministre envisageraient son départ du pouvoir, MM. Kostuni- tion des institutions et gouverne- que Miroljub Labus, qui n’a recueilli déjà de former un front anti-extrê- ca et Djindjic, sont exécrables, et la ments occidentaux, que « le proces- que 31,3 % des suffrages, n’a pas indi- me droite autour de M. Kostunica, Serbie vient d’exprimer, au mieux, sus de transition va se poursuivre, car qué l’attitude qu’il comptait adop- convaincus que la Serbie a encore un sérieux doute envers les réformes il n’y a pas d’autre choix ». ter. Vojislav Seselj devrait lui aussi se besoin d’un discours conservateur, engagées. Les électeurs, en portant porter candidat. D’ici là, il est proba- voire nationaliste, pour faire avaler un tiers des suffrages sur l’extrême Rémy Ourdan Le difficile redémarrage de Zastava, ancien fleuron de l’économie serbe

KRAGUJEVAC sable et trouver des solutions aux chômeurs », cés dans les affaires en profitant de crédits de notre envoyé spécial raconte Prvoslav Radosljajevic, secrétaire géné- subventionnés de l’Etat, mais très peu ont Une plaque métallique de 1950 orne encore ral de l’Union des syndicats indépendants de la réussi. « La concurrence est rude et les sommes un mur du siège de l’usine automobile Zastava, région de Sumadija. « Un an après cette signatu- allouées trop petites », témoigne Milorad Jev- à Kragujevac (Centre). Dessus, une étoile rouge re, je suis déçu. On ne m’avait pas dit que l’appli- tovic, qui comptait vingt ans de maison avant et un slogan pas si démodé qu’il n’y paraît à cation de ce plan dépendrait au plan local de la de se reconvertir dans la photographie et de l’heure de la privatisation et de l’économie de carte du parti que l’on a en poche, comme au s’inscrire au centre de travail alternatif, où les marché : « Sous le drapeau de la révolution et temps de Milosevic », confie-t-il. licenciés de Zastava sont censés bénéficier en de l’autogestion. » Car cinquante ans plus tard, Sur les décombres du régime de Slobodan priorité des créations d’emploi dans l’usine Zastava est à nouveau appelé à servir d’exem- Milosevic, le nouveau pouvoir s’est forgé des quand l’activité le permettra. ple, celui, cette fois, de la reconversion d’un baronnies et a réparti les postes en fonction du Ce qui n’est sans doute pas pour demain. Zas- monstre industriel socialiste en une entreprise poids de chacun des 18 partis de l’Opposition tava ne produit que 1 200 voitures par mois, compétitive. démocratique serbe (DOS). Le petit Parti démo- soit quinze fois moins qu’à sa période de gloire « Zastava est une opération pilote », nous crate-chrétien de Serbie (DHSS), du ministre de des années 1980. L’avenir repose sur l’arrivée confirme Bozidar Djelic, ministre serbe des la justice, Vladan Batic, a mis la main sur la d’un repreneur étranger. « Zastava ne peut pas finances, qui, pour donner l’exemple, roule direction de Zastava. « Ils n’avaient pas les survivre seule », reconnaît Snezana Andjelkovic, désormais dans un modèle décapotable de la cadres, donc ils ont récupéré les socialistes de responsable des relations extérieures. Un appel firme yougoslave. Le gouvernement réforma- Milosevic. Le nouveau directeur général n’est d’offres est en préparation et Peugeot fournit teur a pris le taureau par les cornes. Le groupe a autre que l’ancien directeur de la Genex [société déjà des moteurs. Mais les grands construc- été démantelé. Zastava, créé en 1850 autour d’import-export contrôlée par la famille teurs mondiaux se sont installés dans les pays d’une fonderie, était devenu un obèse fabricant Milosevic], Milorad Savicevic. C’est un jeu de en transition d’Europe centrale et orientale de camions, d’automobiles, de canons et de pro- chaises musicales », dénonce un cadre. épargnés, eux, par les guerres, l’embargo et les duits chimiques. Comme les 46 autres usines sanctions. Le « client » à la reprise le plus moti- du groupe, qui employait 36 000 personnes au «     » vé n’est d’ailleurs pas un constructeur mais Zas- total, Zastava automobiles est maintenant juri- Dans une économie serbe déprimée, les tava Motor Works, société américaine importa- diquement indépendante. Les dégraissages ont 30 000 chômeurs officiels de Kragujevac – trice de voitures yougoslaves aux Etats-Unis, été massifs. Les effectifs de la branche automo- « 50 000 en fait, soit 50 % de la population avec laquelle une lettre d’intention a été signée bile ont été divisés par trois pour ne conserver active », selon le syndicaliste — ont du mal à début octobre. Il faudra bien une foi de révolu- que 8 000 salariés. « Syndicats, patronat, gou- partager l’enthousiasme des réformateurs de tionnaire pour gagner le pari du redémarrage. vernement et autorités locales ont signé un Belgrade et à croire en leur avenir hors de Zas- accord pour mener une restructuration indispen- tava. Une poignée de courageux se sont lan- Christophe Châtelot 6/LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002 UNION EUROPÉENNE

L’Europe est à la recherche d’un véritable président

Comment abandonner l’actuelle présidence tournante, jugée inefficace ? Paris veut rallier Berlin à la proposition franco-britannique de nommer une personnalité qui serait la voix et le visage de l’Union, dotée de vrais pouvoirs, et ce malgré l’opposition des petits pays

TOUT LE MONDE ou presque en doté d’une légitimité démocratique. conventionnels français, dont la est d’accord. Pour se faire entendre Le chancelier Schröder et son minis- socialiste Pervenche Beres, et Pierre dans les affaires internationales, il tre des affaires étrangères, Joschka Lequillier, président (UMP) de la manque à l’Europe un visage et une Gerhardt Schröder, Fischer, seraient-ils prêts à se rallier délégation pour l’Union européenne voix. Les divergences commencent le 9 octobre, à l’idée franco-britannique ? C’est ce de l’Assemblée nationale, militent quand il s’agit de savoir qui doit jus- à La Truffe noire, que laisse entendre le Financial pour que le président de l’Europe tement incarner l’Europe. C’est une à Bruxelles, Times, en se fondant sur des échos chapote en même temps le Conseil des tâches de la Convention que d’y où il a dîné de la rencontre qu’ont eue le chance- et la Commission. Une proposition répondre. avec le président lier allemand et le président de la que pourrait défendre le représen- L’Assemblée que préside Valéry de la Commission Commission, Romano Prodi, le tant de l’exécutif allemand, l’universi- Giscard d’Estaing vient d’entrer européenne, 9 octobre à Bruxelles. Le porte-paro- taire social-démocrate Peter Glotz, à dans une phase concrète. Il s’agit Romano Prodi. le du gouvernement allemand, Bela condition, dit-il, qu’il s’agisse d’un maintenant de mettre en forme le Le chancellier Anda, a cependant déclaré que si président plutôt représentatif com- contenu de la Constitution, ou du allemand Berlin n’écartait pas l’hypothèse me en Allemagne. traité constitutionnel, dont les ne serait pas hostile d’un président du Conseil européen, Les groupes de travail mis en pla- Quinze, assistés des pays candidats, à la proposition dont le fonctionnement, admet-il, ce à Paris et à Berlin au sein des deux entendent se doter pour définir ce franco-britannique est à revoir, cela ne devait pas se fai- ministères des affaires étrangères que les Européens veulent faire de créer un poste re au prix d’un affaiblissement de la ont reçu pour instruction de tra- ensemble. Même si, selon le vœu de de président Commission. vailler étroitement de concert, de ValéryGiscard d’Estaing, elle ne de l’Union. pair avec les représentants des deux   doit être réglée qu’à la fin, le débat   /  gouvernements – celui de la France sur cette question est reparti de « Sur fond d’élargissement, [il est] est l’ancien ministre socialiste des plus belle. ment de l’Union. Celle-ci présiderait extérieures (Chris Patten). Dans un de voir les grands pays se tailler la important que la Commission euro- affaires européennes Pierre Moscovi- Qui exercera le pouvoir ? En pour plusieurs années le Conseil autre discours, Jacques Chirac avait part du lion. Ils estiment qu’un tel péenne et son président soient ren- ci, secrétaire national du PS pour les février, au début de la Convention, européen. également évoqué un projet de coo- système aboutirait de facto à réduire forcés », a-t-il dit, en réaffirmant questions européennes. On est le ministre britannique des affaires pération renforcée entre les pays les pouvoirs de la Commission euro- que le président de la Commission conscient à Paris qu’il faudra bien étrangères, Jack Straw, suivi quel-    volontaires pour « faire un effort par- péenne, garante jusqu’ici de l’intérêt pourrait être élu directement par trouver avec Berlin une position de ques jours plus tard de Jacques Chi- En août, le président de la Républi- ticulier en matière de défense », sem- communautaire, et qui deviendrait le Parlement. compromis qui pourrait ensuite ser- rac, lançait l’idée d’un président de que, à la réunion des ambassadeurs, blant se rallier à l’idée caressée par ainsi une sorte d’appendice adminis- De nombreuses formules intermé- vir de pivot à la discussion au sein de l’Europe pour mettre fin aux prési- précisait qu’il souhaitait voir ce prési- Londres d’une sorte de conseil de tratif. diaires ont été suggérées. Il sera inté- la Convention. Il faudra ensuite dences tournantes actuelles de dent flanqué d’un ministre des affai- sécurité européen. Traditionnellement favorables à ressant à cet égard d’observer les tra- imposer ces idées, qui ne concernent l’Union, assumées à tour de rôle res étrangères de l’Union, qui exerce- Ces propositions, auxquelles l’Es- un modèle fédéral avec un exécutif vaux du Parti populaire européen pas la seule présidence, à l’ensemble pour six mois par les Etats membres rait les fonctions aujourd’hui assu- pagnol José Maria Aznar s’est rallié, contrôlé par un Parlement fort et (PPE), qui réunit les partis de la droi- des Etats membres face aux concep- et jugées de moins en moins effica- mées par le haut responsable de la au moins en partie, ont provoqué une Chambre des Etats, les Alle- te traditionnelle des pays membres, tions plus libérales de Londres. ces. Dans leur esprit, ce rôle devait politique étrangère et de sécurité, une levée de boucliers à Bruxelles et mands considéraient que, s’il fallait dont le congrès se réunit à la fin de la revenir à une personnalité choisie « M. PESC » (Javier Solana), et par dans les petits pays de l’Union. Le un président de l’Europe, celui-ci semaine pour adopter son projet de Henri de Bresson et par les chefs d’Etat et de gouverne- le commissaire chargé des relations soupçon est fort parmi ces derniers devait être celui de la Commission, Constitution européenne. Plusieurs Daniel Vernet Une ambition encore secrète de José Maria Aznar ? Les petits pays préfèrent renforcer la Commission

MADRID les du 25 mai, pour éviter un plus de conviction et de pédago- VOICI comment une présidence piliers institutionnels de l’Euro- soit entre les mains des grands. Le de notre correspondante réveil socialiste et convaincre, gie, un profil de citoyen parfait de l’Europe est actuellement envi- pe. Il souhaite que le président de chancelier autrichien et le premier José Maria Aznar serait-il un selon sa formule, « qu’il n’y a pas (catholique pratiquant, sportif, sagée. la Commission soit également ren- ministre finlandais se sont pronon- bon « présidentiable » pour l’Euro- d’alternative, parce qu’il n’y en a heureux en ménage et bon père f France : le président français, forcé en étant élu à la majorité par cés, par exemple, pour le renforce- pe ? On dit beaucoup que c’est là pas ». de famille, sobre, frugal même) et Jacques Chirac, veut un président le Parlement européen. ment du président de la Commis- une de ses ambitions. José Maria On lui reproche souvent un un parcours de dirigeant tenace, du Conseil européen pour rempla- f Commission : l’Italien Roma- sion élu par le Parlement euro- Aznar a dit et répété qu’il ne se manque de charisme – dont il se réaliste et efficace font qu’il susci- cer le système actuel de présiden- no Prodi, président de la Commis- péen. Les pays du Benelux, dans représenterait ni à la présidence vante – et qui lui a, en fait, parfai- te peu de réactions passionnelles. ce tournante tous les six mois sion, s’est dit favorable en juillet à un mémorandum avant l’été, parta- du gouvernement espagnol, en Mais des critiques, des reproches, entre les pays membres. Il serait Milan à un président de l’Union geaient également le souci de 2004, ni à celle de son parti, en des antagonismes, car il peut se désigné par les chefs d’Etat et de choisi par les gouvernements et maintenir les équilibres actuels. 2005 (où il a été réélu lors du Il a dit et répété montrer hautain, obstiné, intransi- gouvernement « pour une durée confirmé par le vote du Parlement f Convention : le sujet de la pré- 14e congrès du Parti populaire, en geant. Tout comme il sait lâcher suffisamment longue ». Il propose européen pour un mandat de cinq sidence de l’Union ne devrait être janvier 2002, avec plus de 99 % qu’il ne se du lest lorsque la raison le con- que l’Europe dispose auprès du ans. Il estime que cette présidence abordé officiellement qu’à la fin des suffrages). seille. président d’un ministre des affai- devrait coïncider avec celle de la des travaux, au printemps 2003. Le On le voit mal rester inactif et représenterait Proche de TonyBlair et de plus res étrangères. Commission. président Giscard d’Estaing a paru ce n’est sans doute pas la Fonda- en plus de Silvio Berlusconi, pro- f Grande-Bretagne/Espagne : En mai, dans son projet pour favorable aux idées de renforce- tion pour l’analyse et les études ni à la présidence che également du président améri- Londres est en principe hostile à l’Union européenne, Bruxelles esti- ment du Conseil européen, et il est sociales (FAES), sorte de vivier cain George W. Bush, M. Aznar a l’élection du président de la Com- mait elle aussi nécessaire de favorable à un ministre des affai- idéologique du parti dont il doit du gouvernement, toujours veillé à la place de l’Espa- mission par le Parlement euro- regrouper les fonctions du haut res étrangères de l’Union. s’occuper, qui suffira à meubler gne dans les instances internatio- péen. Le ministre des affaires représentant pour la politique Au sein de la Convention, les opi- ses loisirs. M. Aznar aime tra- en 2004, nales. étrangères, Jack Straw, vient de étrangère et de sécurité (M. Pesc) nions sont naturellement multiples vailler beaucoup et rapidement : il Vice-président du Parti populai- réaffirmer dans une interview et celles du commissaire pour les selon les pays. Une majorité semble ne lui a fallu que quelques heures ni à celle de son re européen (PPE), il s’est forte- parue dans The Economist son relations extérieures, mais au sein favorable au moins à ne pas remet- pour procéder au remaniement ment investi dans les travaux prati- appui à une Constitution euro- de la Commission. tre en cause l’équilibre ministériel du 10 juillet (cinq sor- parti, en 2005 ques et politiques de l’Union euro- péenne et à la proposition du prési- f Petits pays : la réforme du Commission/Conseil. Mais plusieurs tants, trois changements, cinq péenne, défendant la place de l’Es- dent français sur l’élection d’un fonctionnement du Conseil euro- propositions de compromis ont été entrants). Et il aime rappeler qu’il pagne comme « cinquième grand président du Conseil européen. péen et du conseil des ministres émises, notamment pour que les peut courir « 10 kilomètres en tement réussi. Une économie de pays ». La présidence espagnole Cette proposition a également est reconnue par tous, et le dernier deux institutions soient coiffées par 5 min 20 s ». gestes (des froncements de sour- de l’Union européenne, de janvier l’aval de José Maria Aznar. sommet de Séville, en juin, a une seule présidence. Robert Badin- D’ailleurs, il se propose de par- cils, des mouvements de main), à juin 2002 a été un des temps f Allemagne : le chancelier d’ailleurs entériné des modifica- ter souhaite notamment un gouver- courir toute l’Espagne « village une panoplie vestimentaire d’une forts de sa carrière. Il a de nom- Gerhard Schröder n’est pas hostile tions dans leur fonctionnement. nement placé sous l’autorité d’un par village » et d’assister à toutes banalité confondante, un discours breux atouts pour en vouloir plus. à un président du Conseil euro- Mais les petits pays se méfient premier ministre qui préside les tra- les conventions régionales de son rarement passionné mais tou- péen, mais ne veut pas remettre en d’un président de l’Europe à la tête vaux du Conseil des ministres et diri- parti avant les élections municipa- jours ferme, sobre, répétitif pour Martine Silber cause l’équilibre entre les trois du Conseil dont ils craignent qu’il ge l’action de la Commission. Les désaccords franco-allemands au menu de l’Elysée Les déboires de Pernod Ricard en Pologne

Jacques Chirac et Gerhard Schröder tentent de reprendre l’initiative BRUXELLES président de la République, Alexandre Kwas- de notre bureau européen niewski. En 2000, M. Kwasniewski soumet la loi au COMMENT éviter un nouvel pliqués, qui jusque-là ont conduit pour donner crédit à leur volonté Jean Rodesch, le directeur des affaires européen- tribunal constitutionnel polonais, qui la déclare affrontement entre Paris et Berlin à des frictions graves. L’Allemagne de « refonder », selon les vœux de nes de Pernod Ricard, est aujourd’hui serein : la inconstitutionnelle. lorsque le Conseil européen se réu- redoute que l’élargissement ne lui Jacques Chirac, la relation franco- société française a fini par s’implanter en Pologne, « Nous n’étions, hélas, pas au bout de nos pei- nira les 24 et 25 octobre sur la ques- coûte trop cher. Elle veut des allemande. où elle produit et commercialise la vodka Wyboro- nes ! », soupire M. Rodesch. En 2002, Pernod Ricard, tion du financement de l’élargisse- garanties que la politique agricole Cette refondation, qui a voca- wa, dont il montre une bouteille, dans une belle qui veut s’assurer le contrôle de l’outil de produc- ment ? Comment relancer une commune (PAC) ne devienne à ter- tion à retrouver à deux une faculté vitrine illuminée qui présente les cognacs, gins, tion, achète la distillerie qui fabrique la vodka dynamique franco-allemande au me un gouffre financier, et com- d’impulsion pour réussir l’élargis- tequilas, rhums et autres portos acquis par Pernod Wyborowa. « Le Parlement a alors tenté de faire de sein de la Convention sur l’avenir prend mal le refus de Jacques Chi- sement, doit conduire à un toiletta- Ricard. « Mais il y a deux semaines, l’atmosphère la vodka Wyborowa un produit générique, et non de l’Europe ? Ces deux questions rac de discuter d’une réforme ge du traité franco-allemand de était électrique, ici ! », affirme ce lobbyiste, installé plus une marque ! », s’indigne M. Rodesch. Dans le étaient au menu du dîner réunis- avant l’échéance prévue pour l’Elysée, dont on célébrera en jan- au rond-point Schuman, en plein cœur du quartier cadre de la transposition en droit polonais de la loi sant, lundi 14 octobre à Paris, le 2006. vier les quarante ans. « La volonté européen de Bruxelles, avant de relater les « deux communautaire qui définit les spiritueux, les dépu- président Chirac, le chancelier alle- d’un avenir commun doit mainte- tentatives de renationalisation dont Pernod Ricard a tés du Parti paysan ont introduit un amendement mand Gerhard Schröder et leurs «    » nant être une force motrice créatri- fait l’objet » en Pologne. Une histoire exemplaire au qui précise la définition de la vodka Wyborowa, et deux ministres des affaires étrangè- Le compromis pourrait consis- ce d’identité », écrit l’ancien dépu- moment où ce pays se prépare à l’élargissement. non seulement de la vodka. « S’il était passé, tout le res, Dominique de Villepin et Jos- ter à s’entendre au moins sur des té CDU (Union chrétienne-démo- En 1994, dans le cadre de la privatisation des com- monde pouvait en fabriquer ! », s’exclame-t-il. chka Fischer. principes. La France pourrait s’en- crate) Karl Lamers, père de l’idée merces d’Etat, le gouvernement polonais introduit Le financement de l’Union pose gager à accepter à terme une du noyau dur européen, qui vient en Bourse Agros, l’ancienne centrale de commerce   .  aux deux pays des problèmes com- réforme en profondeur qui rédui- de quitter le Bundestag après beau- extérieur, qui s’était vu confier l’exportation exclu- Pernod Ricard sollicite alors le soutien du rait les aides de la PAC, à condi- coup d’années à œuvrer, auprès sive des vodkas polonaises. En 1999, Pernod Ricard commissaire Franz Fischler, chargé de l’agriculture. tion qu’il yait accord avec Berlin du chancelier Kohl, pour une Alle- achète Agros, « pour commercialiser la vodka A Varsovie, le 12 septembre, M. Fischler rappelle à pour qu’elle ne soit pas la seule à magne européenne. Wyborowa ». Grâce à son réseau international de l’ordre le Parlement polonais, en citant l’exemple de Jacques Gautier subir les conséquences financiè- Dans une sorte de testament Bijoux d’art distribution, Pernod Ricard exporte cette vodka en la Wyborowa, et en formulant le vœu que cette mar- res de l’élargissement. Paris politique, M. Lamers estime que le plus grandes quantités, ses filiales acceptant de l’in- que continuera d'« être protégée selon les règles de demande que les fonds structurels renforcement du traité de l’Elysée clure dans leur portefeuille et de l’offrir aux cafés la Communauté ». Le président de la Diète demande et de cohésion, mais aussi le doit être le signal d’un « nouveau ou aux hypermarchés. à son service juridique d’étudier l’amendement, qui rabais consenti aux Britanniques départ ». Il suggère de redonner « C’est alors que le gouvernement polonais a vou- est déclaré contraire au droit polonais, au droit com- sur le montant de leur contribu- une visibilité plus politique aux lu nous confisquer la marque, en faisant voter une munautaire et au droit international. « Nous avons tion, soient revus. deux coordinateurs chargés au loi qui nous imposait de la “transférer” aux entrepri- gagné, mais que d’argent dépensé en frais d’avocats, Cette question de la PAC est sein de leur gouvernement respec- ses qui fabriquent la vodka, c’est-à-dire aux distille- que de temps perdu en recours et en tracasseries ! », depuis le sommet européen de Ber- tif de veiller à cette relation franco- ries ! », raconte M. Rodesch. « En fait, il essayait ain- constate M. Rodesch. Il espère que « cette tendance lin de 1999 au cœur du conten- allemande, mais aussi d’accroître si de valoriser ces “fermes d’Etat” qu’il entendait pri- à renationaliser les biens publics après leur cession à tieux franco-allemand. Le chance- les échanges entre les Parlements vatiser », explique-t-il. Pernod Ricard fait alors des investisseurs étrangers » ne persistera pas après 36, rue Jacob 75006 Paris lier comme le président de la Répu- et les fonctionnaires. appel au bureau polonais du cabinet Gide-Loyette- l’entrée de la Pologne dans l’Union européenne. blique devront commencer à sur- Tél/fax 01 42 60 84 33 Nouel, qui saisit le commissaire Günter Verheugen, monter cette méfiance réciproque H. de B. chargé de l’élargissement, et adresse un dossier au Rafaële Rivais 8/LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002 FRANCE politique

Jacques Chirac s’est rendu, lundi 14 octobre, à Troyes sation, après les critiques émises par le Conseil ment de notre unité nationale. » A 48 heures de la de l’ascension sociale ». Le chef de l’Etat devait invo- (Aube) pour une  d’une journée. A cette occa- d’Etat sur le projet de loi de M. Raffarin. « Il faut nous grève annoncée dans l’ ,il quer le « message » que les électeurs lui ont adressé sion, le chef de l’Etat devait prononcer un discours engager sur cette voie  , a-t-il dit, sans devait lancer un appel à la mobilisation « des profes-  5  en se déclarant le gardien des « valeurs consacré à la « cohésion nationale » et à la décentrali- redouter qu’elle puisse se traduire par l’affaiblisse- seurs de France » afin de refaire de l’école « le modèle communes de la République ». M. Chirac défend son gouvernement et la « cohésion nationale » En visite à Troyes, lundi 14 octobre, le chef de l’Etat devait apporter son soutien à l’action de Jean-Pierre Raffarin en insistant sur la nécessité de « renforcer le pacte républicain ». Evoquant la décentralisation, il souhaite que le premier ministre « s’engage sur cette voie sans crainte »

POUR sa première rentrée sans quer les contours de son rôle et encore ajouter le chefde l’Etat. jours d’une grève annoncée dans cohabitation sur la scène intérieure fixer les priorités du gouvernement. « Mais elle a en revanche besoin de l’éducation nationale et quelques depuis cinq ans, Jacques Chirac Elu par 82 % des Français, M. Chi- fortifier sa cohésion : pour cela, nous semaines après les polémiques qui s’est rendu à Troyes (Aube), lundi rac entend toujours se présenter devons remettre les valeurs républi- ont agité le ministère de Luc Ferry 14 octobre, afin de « faire le point comme le garant de la cohésion caines au cœur de notre pacte sur les suppressions de postes envi- sur les réformes engagées par le gou- nationale et le porteur des valeurs social. » Voilà la grande affaire : sagées, le président devait tenter de vernement et tracer les perspectives communes de la République. « Renforcer le pacte républicain lancer, en ces termes, un appel aux pour les mois qui viennent », a offi- En bonne logique, il soutiendra pour que les Français soient unis enseignants : « Pour faire à nouveau ciellement indiqué l’Elysée. Le chef l’action du gouvernement. Son dis- autour des mêmes objectifs et des [de l’école] le modèle de l’ascension de l’Etat devait, à cette occasion, cours a même été communiqué au mêmes valeurs. » sociale, il faut rendre l’école à sa mis- apporter un soutien affirmé à Jean- premier ministre durant le week- Pierre Raffarin dans son projet de end. « Les réformes dont notre pays a décentralisation. besoin exigent une volonté politique Le président visite une ZEP avec M. Ferry En se posant en protecteur du forte. Le gouvernement n’en manque Au programme de la visite de Jacques Chirac à Troyes, lundi 14 octobre, gouvernement, le chefde l’Etat pou- pas », devait notamment déclarer le figure la visite d’une école élémentaire en zone d’éducation prioritaire vait ainsi savourer, en ce lieu sym- chefde l’Etat, selon les indications (ZEP) qui a adopté la méthode de « la main à la pâte », défendue par le Prix bolique, le contraste des situations : livrées par avance par la présiden- Nobel Georges Charpak, qui sera du voyage. Luc Ferry, le ministre de l’édu- c’est à Troyes, en 1997, qu’il avait ce. Alors que le projet de décentrali- cation nationale, omniprésent dans les médias pour ses ouvrages philo- repris ses voyages en province, sation de Jean-Pierre Raffarin vient sophiques, a été convié par la président de la République à se joindre à ce après une dissolution qui l’avait d’être dénoncé par le Conseil d’Etat déplacement. privé de majorité. Là aussi que le (Le Monde daté 13-14 octobre), De son côté, Jack Lang dénonce, dans le Journal du dimanche du 13 octo- jeune maire, François Baroin, fami- M. Chirac devait trancher en ces ter- bre, le « saccage attristant » de l’éducation nationale en raison des suppres- lier du chefde l’Etat – aujourd’hui mes : « Il faut nous engager sur cette sions de postes. Pour le prédécesseur de M. Ferry, « le gouvernement Raffa- vice-président (UMP) de l’Assem- voie sans crainte, sans redouter qu’el- rin tourne le dos à la priorité à l’éducation ». blée nationale –, lui avait lancé, le puisse se traduire par l’affaiblisse- comme une consolation : « La Cons- ment de notre unité nationale. » titution fait de vous le maître du Au premier rang d’entre elles, sion. Ce n’est pas seulement une ques- temps et des échéances ». «    » l’égalité des chances. Afin de la res- tion de moyens. Je suis certain que les La phrase n’a pas si mal tenu le Mais il ne devait souffler mot taurer, M. Chirac devait fixer une professeurs de France sont prêts à se choc des années, mais les temps est tout acquis. Il ne retourne pas vers la politique extérieure depuis d’un éventuel référendum sur ce direction assez précise à M. Raffa- mobiliser. » ont changé. Cette fois, le chef de non plus à Troyes pour préparer sa réélection, M. Chirac n’a pas été sujet, qu’il avait promis durant sa rin. Deux questions « mobiliseront Enfin, il devait aussi s’impli- l’Etat ne revient pas sur ses pas des lendemains difficiles : le ciel tout à fait absent de la scène françai- campagne : l’Elysée estime qu’il est tout particulièrement l’énergie du quer personnellement, en décla- pour disputer au gouvernement électoral est dégagé, au moins jus- se. Le discours de Troyes devait trop tôt pour l’évoquer. La France gouvernement dans les mois à venir : rant partager « avec le gouverne- une prérogative (en 1997, c’était la qu’en 2004. néanmoins constituer sa première « n’a nul besoin du corset du centra- l’école et la politique de la ville », ment » trois priorités : la sécurité et modernisation du pays) ; celui-ci lui S’il s’est ostensiblement tourné intervention importante pour mar- lisme pour se tenir debout », devait devait indiquer son discours. A trois le droit dans les cités, la politique de la ville et l’intégration. Retrou- vant ses accents de candidat, M. Chirac devait assurer que « la Deux spécialistes de la présidence A l’Elysée, une équipe à coloration très « sociale » République ne peut pas accepter de voir des quartiers entiers s’enfoncer racontent en détail le septennat veille à ne pas s’immiscer dans le travail de Matignon dans la violence, le non-droit et le désespoir ». Elle se renierait, esti-  tion de pouvoirs avec François Mit- LA CONSIGNE a été officielle- « Cela a été bien nécessaire, car attention aux questions sociales. me-t-il, si elle acceptait « qu’un terrand, il dit : « On a parlé un ment passée : les conseillers du un certain nombre de ministres Son arbitrage sur l’harmonisation nombre grandissant de ses habitants L’Incroyable Septennat, moment des essais nucléaires. Je lui palais n’ont pas à imposer leurs étaient inexpérimentés. D’autres ont des smics a été, paraît-il, détermi- soient abandonnés à eux-mêmes et de M.-B. Allaire ai dit que je les reprendrai probable- vues. « En réunion interministérielle, débarqué dans une administration nant. Il n’y a guère que la réunion finissent par ne plus adhérer aux et Ph. Goulliaud ment. Il m’a dit que j’avais tort. » c’est Matignon qui parle. Quitte à dis- extrêmement hostile », analyse l’un du mardi, réunissant les chefs de valeurs qui la fondent ». Tolérer la Ed. Fayard, 746 p., 24 ¤. Les relations du président avec cuter après avec ceux qui s’occupent des experts du palais présidentiel. file de l’opposition de l’époque, qui discrimination, devait-il ajouter, Alain Juppé sont assez finement des mêmes affaires que nous », Petit à petit, à mesure que le gou- a été supprimée. Désormais, les « c’est faire le lit de la révolte, de l’in- « SEULS les commencements analysées. Revenant sur l’histoire témoigne un conseiller. Même ins- vernement prend sa vitesse de croi- poids lourds de la majorité se réu- compréhension, du rejet de la socié- sont beaux. » Cette épigraphe due de son appartement, dont il n’a truction pour les ministres : ce qui sière, ce rôle devrait encore évo- nissent à Matignon autour du pre- té ». Une manière, sans doute, d’ap- à Heidegger, placée en exergue de pas mesuré tout de suite la portée, leur a été refusé rue de Varenne, luer. Il est un cap, cependant, que mier ministre. prouver la politique menée par L’Incroyable Septennat, vient l’ancien premier ministre a ce qu’ils n’espèrent pas l’obtenir à l’équipe présidentielle devrait gar- On est loin de la conception du Nicolas Sarkozy, très actifministre signer les débuts du premier man- regret : « Le président m’a épaulé, l’Elysée. Voilà pour la doctrine. der : veiller à ce que les engage- rôle du président de la République de l’intérieur. dat de Jacques Chirac. Marie-Béné- mais pour me soutenir, il a peut-être Mais les choses sont un peu plus ments soient tenus. qui était celle de Valéry Giscard En guise de conclusion, le prési- dicte Allaire et Philippe Goulliaud été trop indulgent. Il aurait dû me compliquées. Après cinq ans de d’Estaing : « J’avais une conception dent de la République devait rappe- se font ici les chroniqueurs minu- dire : “Vous avez fait une connerie cohabitation, une nouvelle ère    active du rôle du chef de l’Etat. Le ler qu’il s’est « engagé, voilà cinq tieux des « années Juppé », avant (…), il faut déménager”. » s’ouvre, qui voit un renouvellement Le profil des conseillers, premier ministre ayant un rôle du mois, à rendre toute sa force à notre que le premier ministre ne s’abîme Berezina de la dissolution, des hommes et des femmes qui con- aussi, est différent. Avec le passage type chef d’état-major. » Ce « chef pacte national ». Se posant en dans le mouvement social qu’il a cohabitation de velours, puis coha- seillent M. Chirac. « Il est mainte- de Philippe Bas au poste de secrétai- d’état-major » n’était autre, de 1974 garant des libertés et en vigie de la suscité. Puis des années consa- bitation en armes, le récit se lit nant entouré de gens plus jeunes, qui re général de l’Elysée, à la place de à 1976, que M. Chirac. Cette confi- République, il devait avertir que la crées à la reconquête de l’opinion plaisamment. Le chapitre consacré n’ont pas d’histoire commune avec Dominique de Villepin, c’est une dence de l’ancien chefde l’Etat cohésion d’une nation « n’est après l’échec de la dissolution. à Bernadette Chirac, intitulé « Un lui, explique un ancien. Il est tou- équipe à la coloration très « socia- dans le documentaire de France 2 jamais acquise une fois pour tou- Familiers du palais – Philippe agent électoral », est particulière- jours ouvert aux observations, mais le » qui s’est mise en place. M. Bas (VGE ou le théâtre du pouvoir, de tes ». A chaque génération de la Goulliaud, pour l’AFP, y a son ment réussi. Ou comment, en sept ce n’est pas la même chose. Ils ne peu- est un ancien collaborateur de Jac- William Karel et Jean-Marie Colom- « préserver et de l’enrichir », devait- bureau comme tous les « agen- ans, l’épouse du président a mené vent pas tout exprimer comme le font ques Barrot, comme ses deux bani), qui sera diffusé les 29 et 30 il ajouter. ciers » –, les deux journalistes ont « la course de la tortue », animal Monod et Ulrich, les deux vieux amis adjoints – Frédéric Lemoine et Fré- octobre sur France 3, éclaire le Parlant d’une « exigence essentiel- cherché à se tenir au plus près des fétiche qu’elle collectionne avec du président. » déric Salat-Baroux – de sensibilité malentendu entre les deux hom- le », M. Chirac devait conclure en faits, sans dégager la dimension « la lente détermination qui permet Le rôle des conseillers a aussi démocrate-chrétienne. Marie-Clai- mes. Un proche de l’actuel prési- invoquant « le message que nos romanesque du personnage Chi- de coiffer au poteau le lièvre incons- changé. S’ils gardent leur capacité re Carrère-Gée, auteur d’un livre dent l’assure : « Cela a structuré Chi- concitoyens ont exprimé avec force rac. Mais ceux qui voudront retrou- tant ». On lit aussi avec intérêt le d’expertise, leur fonction d’« anten- sur les retraites, proche de la revue rac. C’est entre autres pour cela qu’il quand ils ont su se retrouver pour ver une exacte chronologie de l’his- récit du dîner que les Tiberi firent ne » à l’écoute de la société, de tête Esprit, complète cette équipe. a soutenu si longtemps Juppé. C’est défendre les valeurs de la Républi- toire ont là un document précieux. à l’Elysée, le soir où Mme Chirac de pont de réseaux, ce n’est évidem- Respecter le travail du gouverne- pour cela qu’il ne veut pas gêner Raf- que », dans une allusion explicite Il vaut aussi par le regard que était allée soutenir Philippe Séguin ment plus pour « monter des ment n’interdit pas les réunions de farin. » Pour ne pas infliger aux au vote massifdes électeurs de gau- porte le président lui-même sur dans sa lutte désespérée pour coups », mais avant tout pour infor- travail à l’Elysée. François Fillon y a autres ce qu’il n’a pas supporté che en sa faveur, le 5 mai, pour cette histoire récente, car il a beau- gagner Paris. mer le président et aider, le cas passé de longues heures avant le qu’on lui fît. repousser le Front national. coup parlé aux auteurs, qui le échéant, les ministres ou la Rue de débat sur les 35 heures, Jacques Chi- citent abondamment. De sa passa- B. G. Varenne. rac portant lui-même une grande B. G. Béatrice Gurrey Le chef de l’Etat plaide pour un débat politique « pacifié »

POURQUOI récuser des méthodes éprou- a poursuivi le président à l’intention de avance une collaboratrice de longue date du vées ? Jacques Chirac reprend ses voyages en M. Gaudin, vice-président du Sénat et vice- président. Aussi étrange que cela puisse paraî- province, il n’allait pas non plus se priver de président de l’UMP. Ce n’est certainement tre, lui qui a donné et reçu tant de coups ses fameux déjeuners. Au rythme de deux ou pas ces jours-là que l’on parle des affaires qui durant sa vie politique, « le conflit lui répu- trois par mois – comme avant sa réélection –, fâchent. M. Chirac a offert au maire de Mar- gne ». Il pense que les comportements bru- le président a entrepris de rencontrer les par- seille une montre achetée chez un bijoutier taux, y compris au Palais-Bourbon, ne sont lementaires du cru 2002. Dénicher de nou- parisien et un livre « magnifique » sur la plus de saison. Parce que les Français n’en ont, veaux talents, voire d’autres têtes, rester en sculpture en Afrique, Asie et Océanie. « C’est selon lui, plus envie. « Pas de polémique ! » :ce contact avec la base de la représentation dommage que cela n’ait pas été notre anniver- fut même le « gimmick » des Guignols dans la démocratique, telle est la nécessité qu’il sait saire », a commenté avec un peu d’ironie un bouche du candidat. souvent transformer en plaisir. sénateur de l’opposition. Logiquement, M. Chirac est préoccupé par Cela tombe bien, ce plaisir est généralement la manière dont les Français perçoivent la poli- partagé. Et quand, parfois, des parlementaires «     » tique : « Il insiste sur le fait que le débat politi- de l’opposition sont conviés à l’Elysée, ils ne Néanmoins, quand il s’est agi de passer au que doit être pacifié, qu’il faut éviter l’invecti- boudent pas l’invitation. « Arrêtez de dire que fond, c’est-à-dire à la position française sur les ve, respecter l’autre », témoigne un visiteur. Chirac est sympa ! », avait lancé un Lionel Jos- Etats-Unis et l’Irak, personne n’a fait état de la Alors qu’il a lui-même échappé à un attentat pin passablement agacé à des parlementaires moindre déception. « Il n’y a pas eu de banali- lors du défilé du 14-Juillet, il s’est profondé- socialistes séduits par M. Chirac. Maintenant, tés. C’était un dialogue très libre, mais avec une ment indigné, devant ses hôtes, de l’agression ils ne se gênent plus pour l’affirmer. « Il est com- intervention très structurée de la part de Chi- contre Bertrand Delanoë. Soucieux tout me ça, il écoute tout le monde. On ne va quand rac », reconnaît un élu de gauche, qui ajoute : d’abord de la santé du maire de Paris, dont il a même pas dire le contraire », rigole l’un d’eux. « C’est quand même normal qu’il nous invite, régulièrement pris des nouvelles, M. Chirac a Dernier exemple, le déjeuner du 8 octobre c’est le président de tous les Français. » fait part à ses invités de son inquiétude avec le bureau du Sénat, le jour du débat sur Voilà qui ne devrait pas déplaire à celui qui devant le désamour suscité par les hommes l’Irak à l’Assemblée nationale et la veille de ce vient de renouveler son bail à l’Elysée en peau- politiques. Pour l’instant, ce n’est pas ce qui débat au Palais du Luxembourg. Un jour spé- finant sa stature d’homme d’Etat au-dessus de semble le guetter. Jusqu’à ce que la réalité du cial. « J’ai quelque chose à vous dire, a lancé, la mêlée, garant des institutions, héraut de la combat politique ne le rattrape ? guilleret, M. Chirac. Je vous ai réunis pour… cohésion nationale. « Je crois que cela corres- souhaiter un bon anniversaire à Jean-Claude », pond profondément à son tempérament », B. G. LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002/9 FRANCE

Mme Royal au « Grand Jury RTL-“Le Monde”-LCI » Un ancien membre de l’OAS met en cause un policier « Le PS doit être à gauche proche de De Gaulle dans l’attentat du Petit-Clamart et, en même temps, capable Dans un livre, Lajos Marton, un des membre du commando qui a voulu assassiner le chef de l’Etat d’incarner l’alternance » en 1962, accuse de complicité le commissaire Jacques Cantelaube, chargé de la sécurité du Général

Deux offensives ont été déclen- sin. Il faut sortir de cela pour ILY AVAIT une taupe de l’OAS « taupe » de l’Elysée. L’apparente c’était parce qu’il avait deux filles avait alors été en contact avec un chées contre la direction du PS, reconstruire autour de ce qui nous dans l’entourage du général de connaissance par l’OASdes itiné- handicapées,et qu’il n’avait pas le journal, qui avait finalement renon- l’une par le duo Emmanuelli- rassemble. Gaulle. Telle est la principale révé- raires empruntés par le Général courage de passer à l’acte. Il a fait cé à la publication. Mélenchon, l’autre par le trio C’est-à-dire ? lation du livre de Lajos Marton, avait éveillé les soupçons. Mais le de moi et de trois autres personnes Mêlé aux activités clandestines Dray-Montebourg-Peillon. Les Il faut être à gauche, c’est le intitulé Il faut tuer de Gaulle (Edi- mystérieux personnage n’avait pas les dépositaires de sa volonté d’être de l’OAS, M. Marton n’a jamais uns et les autres critiquent son mouvement de l’histoire, et en tions du Rocher), à paraître mer- été identifié. reconnu après son décès. Je ne l’ai mis les pieds en Algérie. Né en immobilisme. Est-ce fondé ? même temps, il faut être capable, credi 16 octobre, et dont Le Figaro M. Marton donne le nom du con- jamais revu. » 1931 dans un village hongrois situé Nous sommes en phase de un jour, de réincarner une alter- daté 12-13 octobre a dévoilé le con- trôleur général Jacques Cante- De son vivant, M. Cantelaube ne près de la frontière autrichienne, il reconstruction : il n’est donc pas nance. Sinon il y aura une désespé- tenu. L’auteur, d’origine hongroi- laube. En 1962, il était l’un des res- s’est jamais publiquement exprimé explique son engagement par son anormal que les uns et les autres rance dans ce pays. se, fut l’un des artisans des soubre- ponsables de la protection rappro- sur son appartenance passée à « anticommunisme ». Nostalgique prennent la parole. Mais en même Vous critiquez le projet de sauts qui marquèrent la fin de la chée du général de Gaulle. Selon l’OAS. Décédé en 1993, il aurait du régime du régent Horthy, allié temps, il faut nous laisser tra- décentralisation du gouverne- présence française en Algérie. Il M. Marton, il aurait fourni à l’OAS de l’Allemagne nazie, il raconte vailler. Au-delà de la refondation ment. Pourquoi ? participa au commando de neuf la liste des numéros d’immatricula- dans son livre sa participation à du parti, c’est sur la refondation Il faut relancer la décentralisa- hommes qui tenta en vain d’assas- tion de la vingtaine de véhicules « Cantelaube m’a dit l’insurrection de 1956 contre le de notre projet que l’on nous tion. Simplement, il faut une vraie siner le président de la République utilisés par le président, facilitant régime prosoviétique. Officier de attend. Que chacun se demande ce décentralisation. Peut-on dire Charles de Gaulle, le 22 août 1962 ainsi les préparatifs d’attentat. qu’il se considérait l’armée, il avait fourni dès le début qu’il peut faire pour le PSavant de qu’une expérimentation à la carte, au Petit-Clamart. Arrêté le 10 sep- Dans un récit digne des meilleurs des années1950 des renseigne- se demander ce que le PSpeut fai- qu’un vague principe de subsidiari- tembre 1963 au terme de plusieurs romans d’espionnage, M. Marton comme un membre ments confidentiels au consul des re pour lui. té, qu’une péréquation dont on ne mois de vie dans la clandestinité, a raconté au Monde les circonstan- Etats-Unis à Budapest. Trouvez-vous injuste le procès connaît pas le contenu répondent M. Marton fut libéré près de cinq ces dans lesquelles il avait rencon- de l’OAS » Après l’écrasement des insurgés, fait à François Hollande ? à la crise politique du 21 avril et ans plus tard, le 22 mars 1968. tré le policier, et la mission que ce il parvient à s’enfuir jusqu’en Fran- Mais ça prouve qu’on attend rapproche le citoyen du pouvoir Les ultras de l’Algérie française dernier lui avait confiée.   ce. Il y fréquente le milieu des beaucoup de lui ! politique ? Je ne le crois pas. regroupés dans l’OASont, selon « C’était en juillet 1963, a-t-il exilés hongrois. Ceux-ci voient der- Doit-il prendre la tête d’un Cette réforme doit-elle être lui, bénéficié des informations expliqué. Avec mon groupe,j’avais rière le FLN algérien « la main de courant central au sein du PS ? soumise à un référendum ? fournies par un membre de l’entou- la charge de protéger un rendez- pourtant pu le faire sans danger. Moscou ». Un officier de l’OAS Ce n’est pas la question essen- La solution du congrès me rage de De Gaulle, pour mener à vous entre l’écrivain Jacques Perret Selon des sources policières, il entre en contact avec lui. Il s’agrè- tielle. La seule question qui vaille paraît plus adaptée au sujet. bien leurs tentatives d’assassinat et un commissaire de police en acti- avait déjà été cité, comme la proba- ge aux commandos en charge de est de savoir comment le parti et Vous vouliez supprimer le contre le chef de l’Etat. Cette hypo- vité. C’était Jacques Cantelaube. Il ble « taupe » de l’Elysée, sans que préparer l’assassinat de De Gaulle. sa direction parviennent à refon- divorce pour faute. Le gouverne- thèse avait déjà été évoquée, m’a dit ce jour-là qu’il se considé- cette hypothèse ne parût invrai- « On m’a parlé d’une mission impor- der le projet du PS. ment ne veut plus en entendre notamment dans le livre de Jac- rait comme un membre de l’OAS, semblable. tante et dangereuse, se souvient-il. parler. A vos yeux, pourquoi ? ques Delarue L’OAS contre de Gaul- et qu’il voulait que ses activités En 1996, M. Marton avait une Et j’ai tout de suite dit OK. » « Projeter des images C’est tout à fait dommage. C’est le (Editions Fayard) paru en 1981, soient connues après sa mort. S’il première fois voulu révéler son pornographiques à de un regard très archaïque sur la dont un chapitre était intitulé : la ne tuait pas lui-même de Gaulle, nom. Selon ses déclarations, il Pascal Ceaux jeunes enfants, c’est une réalité des familles aujourd’hui. Je forme insupportable pense qu’ils n’ont pas d’idées, pas de violence » de convictions, pas de vision, si ce   n’est de détruire ce qui a été fait

 avant. Faut-il interdire les films Parler de refondation suppose pornographiques à la télévision, que le PS n’a pas connu plus comme le demande le président qu’un simple échec électoral au du CSA et une bonne partie de la printemps dernier… droite ? Oui. La crise politique est beau- Il y a une légitimité de l’Etat, des coup plus profonde. Un certain pouvoirs publics et des chaînes de nombre d’électeurs ne se sentent télévision à s’interroger sur l’effet plus représentés. Comment redon- de la violence et de la porno- ner confiance dans la responsabili- graphie. Je crois que projeter des té des politiques et dans la gauche images pornographiques à des jeu- en particulier, comment redéfinir nes enfants, c’est une forme insup- les règles du progrès social pour portable de violence. La télévision tous, comment redéfinir les condi- doit faire des progrès pour lutter tions de l’égalité des possibles, en contre cette violence. particulier à l’école, dans les Il faut donc interdire ? quartiers, dans les cités. Voilà les Tant qu’il n’y a pas de double questions essentielles. cryptage – à l’émission et à la Entre une aile « gauche » réception –, suspendons la diffu- autour d’Emmanuelli et une aile sion des films d’extrême violence. « droite » autour de Fabius ou Il ne s’agit pas de censure, mais de Strauss-Kahn, quelle peut être protection de l’enfance et de l’ado- la place de François Hollande ? lescence. Il ne se situe ni à droite, ni à gau- che, mais en avant. Aujourd’hui, Propos recueillis par personne n’a la légitimité au PSde Patrick Cohen, s’attribuer l’étiquette de gauche Gérard Courtois ou de plus à gauche que son voi- et Pierre-Luc Séguillon A Vitrolles, le MNR boycotte l’élection de GuyObino (PS)

VITROLLES (Bouches-du-Rhône) la commission spéciale qui avait de notre correspondant régional pris les rênes de la ville depuis l’an- Le socialiste Guy Obino a été nulation du scrutin de mars 2002. élu, dimanche 13 octobre dans la Le public, acquis à la cause de la matinée, maire de Vitrolles (Bou- nouvelle équipe, filtré par un ches-du-Rhône) à l’unanimité des important dispositif policier, n’a 30 membres du conseil municipal cessé de manifester bruyamment présents. Bruno Mégret et les sa joie. Le premier adjoint, socialis- 9 élus du MNR, en l’absence de te, le deuxième, communiste, le Catherine Mégret, avaient en effet troisième, Vert, ainsi que les sui- tenu une conférence de presse peu vants ont tous été élus avec les avant pour expliquer les raisons de 30 voix prévues, chaque proclama- leur boycott du premier conseil tion des résultats étant saluée par tenu depuis le vote du 6 octobre. une salve d’applaudissements. Pour le dirigeant du MNR, « le pro- cessus électoral a été fondé sur une « ’  » annulation partisane et arbitraire Après avoir reçu les clés du du précédent scrutin,puis sur une bureau du coffre-fort du maire, campagne basée sur une espèce de M. Obino, costume gris anthracite référendum pour ou contre l’extrê- impeccable, assez impressionné, a me droite,alors que nous ne som- lu son premier discours de maire. mes pas l’extrême droite,et qu’il « Aujourd’hui,Vitrolles est libre. La s’agissait avant tout de parler de la République revient dans sa maison gestion de la ville ». avec ses valeurs », a-t-il commencé, Interrogé sur son avenir, puis- avant d’évoquer « l’ampleur des qu’il doit désormais choisir entre le dégâts occasionnés par les cinq conseil municipal de Marseille, où années de la gestion précédente », il est élu, et celui de Vitrolles, où il annonçant avoir découvert qu’il y vient d’entrer, M. Mégret a décla- avait « 1 600 fiches de paie,alors ré : « J’étais sur la liste pour appor- que le nombre de titulaires ne s’élè- ter mon soutien à une équipe munici- ve qu’à 833 personnes ». pale. Dès lors qu’on ne gère pas la vil- Le nouveau maire a pour- le,mon soutien sera différent. » Ce tant confirmé son engagement, qui, malgré ses dénégations, laisse malgré « la situation financière supposer qu’il va abandonner catastrophique », de ne pas aug- Vitrolles. La désignation du vitrol- menter les impôts. Ses conseillers, lais Alain Césari, l’un des plus dont certains avaient la larme à anciens militants d’extrême droite l’œil, l’ont applaudi debout avant de la ville, à la tête du groupe d’op- de sortir avec lui. Sur le parvis de position au conseil municipal con- la mairie, une petite foule de forte cette hypothèse. 200 supporteurs les ont accueillis Solennellement réunis dans la avant une cérémonie protocolaire grande salle du conseil municipal, au monument aux morts. les nouveaux élus, tous sur leur trente et un, ont été accueillis par Michel Samson 10/LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002 FRANCE

Dominique Strauss-Kahn (PS), ancien ministre de l’économie et des finances Le PCF gagne deux cantons, « Francis Mer a commencé à parler de plan de rigueur, le PS en perd un

il n’y a rien de tel pour casser la confiance » L’UDF, qui remporte un succès dans la Marne, « C’est peut-être la plus grave crise financière de l’après-guerre », estime le député socialiste est battue dans une primaire à droite à Lyon

CET ENTRETIEN a été relu et LE PARTI COMMUNISTE a con- droite paie au second tour le prix amendé par Dominique Strauss- firmé au second tour, dimanche de sa division au premier, puisque Kahn. 13 octobre, les bons résultats qu’il l’épouse du conseiller sortant, Le gouvernement a construit le Dominique avait obtenus une semaine plus tôt Danièle Samitier, briguait égale- budget 2003sur une hypothèse Strauss-Kahn à l’occasion des élections cantona- ment sa succession. D’un tour à de croissance de 2,5 %. Qu’en pen- (ici en août 2000, les partielles. Le PCF parvient, en l’autre, M. Saint-Amaux accroît sez-vous ? lors de l’université effet, à enlever deux cantons à la légèrement son avance sur son La prévision de 2,5 % de croissan- d’été du Parti droite. A Dieppe-Ouest (Seine- adversaire, pour le devancer au ce pour 2003 n’est pas raisonnable socialiste) Maritime), Sébastien Jumel met en final de 117 voix. et le gouvernement le sait. Nous reproche échec Annick Leveau (UMP), épou- traversons une crise financière qui au gouvernement se du conseiller sortant, Edouard   est peut-être la plus grave de sa politique Leveau, qui avait dû démissionner Si le PCF enregistre deux succès, l’après-guerre. Le gouvernement budgétaire pour cause de cumul (Le Monde le PS, en revanche, laisse filer à droi- ne me semble pas en prendre la qui, affirme-t-il, daté 13-14 octobre). Alors que la te le canton de Fismes (Marne). mesure. rend la France participation a progressé de près de Son candidat, Jean-Pierre Pinon, Mais le rôle d’un gouverne- « aphone dans 9 points entre les deux tours, l’an- n’aura pas réussi à inverser une ment n’est-il pas d’afficher un le débat européen ». cien attaché parlementaire de Chris- situation qui, à l’issue du premier objectif volontariste ? tian Cuvilliez, battu aux élections tour, paraissait bien compromise Si, évidemment. Mais il faut qu’il législatives de juin par M. Leveau, a pour la gauche. Son échec profite soit réaliste et crédibilisé par une su rassembler sur son nom les voix au représentant de l’UDF, François politique qui justifie ce volontaris- qui s’étaient portées au premier Mourra, qui avait déjà pris le pas au me. Or le budget que présente Jean- tour sur le candidat socialiste. premier tour sur la candidate de

Pierre Raffarin ne permet pas une  / Beaucoup plus aléatoire était la l’UMP. Les partisans de François croissance de 2,5 % en 2003. victoire du candidat communiste à Bayrou confortent ainsi leurs posi- C’est-à-dire ? Vous voulez dire que la France mesures fiscales, elles ne contribue- gouvernement pour régler le pro- Limay (Yvelines). Jacques Saint- tions dans ce département, présidé Au niveau macroéconomique, la devrait réduire ses déficits en ront pas à la croissance. Avec la blème des smic multiples, né de la Amaux était certes arrivé en tête du par Albert Vecten (UDF), où ils crai- politique du gouvernement est 2003malgré la conjoncture baisse de l’impôt sur le revenu, on mise en place des 35 heures. premier tour, mais il ne devançait gnent de devoir essuyer une offensi- dénuée de ligne claire, à cause des morose ? distribue du pouvoir d’épargne aux Mais il fallait le faire ?... son adversaire de droite, Samuel ve de l’UMP lors du prochain renou- promesses électorales contradictoi- Non. Je ne suis pas rigide en plus favorisés, pas du pouvoir Harmoniser les smic ? Certaine- Boureille, que de 56 voix, et le total vellement cantonal, en 2004. res de Jacques Chirac. D’abord, à matière de déficits et, conjoncturel- d’achat aux plus modestes. Or les ment, et c’était prévu. Mais, pour des voix recueillies par la gauche ne A Lyon-8, c’est Lionel Lassagne l’heure de l’euro, le gouvernement lement, il peut y avoir des raisons achats de sicav n’ont jamais contri- le reste, les dépenses affectées au lui était guère favorable. Bien que (UMP), soutenu par le président de n’a aucune stratégie européenne. de retarder l’ajustement budgétai- bué à la croissance. Qui plus est, le soutien de l’emploi sont les gran- n’étant pas investi officiellement la Droite libérale et chrétienne, La France fait cavalier seul. Cela re. Ce que je veux dire, c’est que la programme pluriannuel de finan- des perdantes du budget 2003. A par l’UMP, M. Boureille avait obte- Charles Millon, qui s’est imposé au peut sembler courageux à certains, France aurait dû entraîner ses par- ces publiques pour la période peine 80 000 contrats emploi-soli- nu le soutien des principaux repré- premier tour dans la primaire à droi- mais c’est totalement inefficace. tenaires européens pour définir 2004-2006 envoyé à Bruxelles mon- darité sont budgétés, alors que sentants de la majorité, à commen- te face au candidat de l’UDF. Tous Aujourd’hui, la menace principale une politique de soutien à la crois- tre bien que M. Chirac ne pourra M. Fillon en promet 20 000 par cer par celui de Pierre Bédier, le les résultats et les commentaires de est une asphyxie financière de l’in- sance associant, comme nous pas baisser de 30 milliards d’euros mois. Les emplois-jeunes vont dis- secrétaire d’Etat aux programmes ces élections cantonales partielles vestissement des entreprises. Pour l’avons fait en 1998 pendant la crise les impôts sur la législature, com- paraître. Avec, en plus, le coup d’ar- immobiliers de la justice, dont le peuvent être consultés sur lemon- parer ce risque, il faut une politique asiatique, une politique budgétaire me il l’avait promis en campagne. rêt donné aux 35 heures, je crains suppléant à l’Assemblée nationale, de.fr. monétaire qui baisse les taux. Un responsable à une politique moné- Entre les baisses de charges (6 mil- que ce ne soit la fin d’une croissan- André Samitier, avait dû renoncer à demi-point en moins sur les taux taire expansionniste. Ce n’est liards d’euros) et la baisse du taux ce riche en emplois. Enfin, en 2003, son siège de conseiller général. La Patrick Roger d’intérêt européens aurait un effet qu’ainsi qu’elle aurait pu obtenir de TVA sur la restauration (3 mil- les efforts consacrés à l’éducation sur notre croissance deux fois supé- un soutien de la BCE. Au lieu de liards) sur la législature, il ne reste et à la recherche vont baisser. Pas rieur à la baisse prévue de l’impôt cela, elle s’est affranchie seule des plus d’argent au gouvernement, au un euro n’est prévu pour abonder sur le revenu. Or, en particulier à règles communautaires sans propo- dire même de M. Raffarin, pour le Fonds de réserve des retraites. cause de la France, la Banque cen- ser à ses partenaires une stratégie poursuivre la baisse de l’impôt sur Le budget 2003 réussit à la fois à François Hollande postule trale européenne n’a pas confiance cohérente et concertée de politi- le revenu, qui devait être de 15 mil- aggraver le présent et à sacrifier et risque de ne pas baisser ses taux. que économique. J’ajoute que la liards d’euros de 2002 à 2007. Il l’avenir. à sa propre succession Depuis début 2001, les taux d’inté- France, en se rangeant parmi les manque 12 milliards. Cet ensemble Lionel Jospin a laissé à ses suc- rêt américains ont baissé de plus mauvais élèves de la classe de promesses est contradictoire. Je cesseurs des comptes dégradés. FRANÇOIS HOLLANDE sera candidat à sa propre succession à la tête 5 points, alors que la BCE les a européenne, se rend aphone dans n’ai rien dit d’autre pendant la cam- Qu’auriez-vous fait à leur place ? du Parti socialiste lors du congrès prévu à Dijon en mai 2003. « J'ai la maintenus stables sur les douze der- le débat européen, notamment sur pagne. Pour les entreprises, le bud- Il n’y a pas de solution miracle. volonté de faire de mon parti un parti plus fort et d'en prendre, bien sûr si niers mois après les avoir réduits l’élargissement. Elle perd sa crédibi- get se limite à la poursuite de la sup- Nous aurions poursuivi l’augmenta- les militants le souhaitent, la responsabilité dans ce moment très particu- d’un peu plus d’un point. De plus, lité et donc son autorité. pression de la part salariale de la tion de la prime pour l’emploi plu- lier », a déclaré, dimanche 13 octobre, le premier secrétaire du PS au le déficit public, annoncé à 2,6 % du Au-delà du point de vue eu- taxe professionnelle que j’ai moi- tôt que d’alléger l’impôt sur le reve- « Grand Rendez-vous » d'Europe 1. Très critiqué ces dernières semai- PIB, risque de frôler la barre des ropéen, vous pensez donc que le même initiée il y a cinq ans. Elle ne nu ou de couper dans les dépenses nes à l’intérieur du parti, M. Hollande s’est dit « attentif à ce qu'est la 3%[fixée dans le pacte de stabilité], gouvernement a raison de ne pas constitue pas un soutien supplé- consacrées au soutien de l’emploi. démocratie dans mon propre parti », ajoutant avoir « souhaité un ce qui conduit le gouvernement à réduire ses déficits dans la mentaire. Cela en obtenant la mise en œuvre débat » et ne pas vouloir « le trancher avant qu'il ait été conclu ». parler de plan de rigueur. Francis conjoncture actuelle ? M. Raffarin dit qu’il a mis le d’une politique européenne concer- « Lorsqu'un congrès est prévu en mai, il n'y a pas urgence à créer de nou- Mer a commencé. Il n’y a rien de tel Il aurait raison s’il mettait vrai- budget 2003au service de l’em- tée de soutien à la croissance. veauxcourants, à mettre en cause des personnes », a-t-il relevé, tout en pour casser la confiance. La politi- ment la politique budgétaire au ser- ploi. Qu’en pensez-vous ? précisant qu’il n’y a pas besoin « d'un nouveau Parti socialiste », mais que budgétaire n’est pas une politi- vice de la croissance. Là encore, c’est faux. La baisse Propos recueillis seulement de « refonder, de réformer profondément, de rénover, de que de croissance car ce n’est pas C’est ce qu’il prétend faire. des charges ne fait que compenser par Virginie Malingre changer un certain nombre de pratiques ». Il a dit vouloir « créer un axe une politique de confiance. Oui, mais c’est faux ! Prenez les la hausse du smic décidée par le et Michel Noblecourt majoritaire » au PS. Invité, dimanche, de « France-Europe-Express » sur France 3, Laurent Fabius s'est pour sa part dit prêt à « fondre la sensibilité » qu'il repré- sente au sein du PS « dans quelque chose de beaucoup plus vaste qui a Le gouvernement exclut de modifier le budget 2003 à l’Assemblée vocation à être la majorité réformiste du parti socialiste. » L'ancien pre- mier ministre socialiste a souligné que le PS allait devoir « avancer, L’EXAMEN à l’Assemblée natio- sance de 2,5 % retenue pour cons- faire cet effort dès 2003, il a donné d’achat des Français et de se bagar- renouveler ses méthodes, ses équipes, avoir plus de représentants des jeu- nale du projet de loi de finances truire le budget 2003. Les écono- à la gauche des arguments pour cri- rer pour préserver l’emploi. » nes, des femmes, des immigrés ». pour 2003, qui doit débuter mardi mistes sont, dans leur grande majo- tiquer les choix du gouverne- Mardi soir, lors de la discussion 15 octobre, s’annonce calme. Les rité, plus pessimistes que M. Raffa- ment. Les propos de M. Mer ont générale, M. Mer cherchera sans députés de la majorité se sont ran- rin et misent plus souvent sur un également agacé à Matignon et, doute à rectifier le tir, en mettant Chirac « meilleur candidat » de la gés aux recommandations gouver- chiffre de 2 %. L’opposition devrait plus encore, à l’Elysée. Jacques Chi- plus l’accent sur les réductions fis- nementales et, malgré le désir de également dénoncer la « rigueur » rac ne veut pas entendre parler cales inscrites dans le budget que droite pour 2007, selon M. Pasqua quelques élus d’animer le débat promise pour 2004 par Francis d’une réédition de 1995 où, pour sur les engagements européens de sur certains sujets, ils devraient res- Mer, mercredi 9 octobre, lors mettre la France en conformité la France. La baisse de l’impôt sur CHARLES PASQUA, invité du « Forum Radio J » dimanche 13 octo- ter discrets. La commission des d’une intervention devant les dépu- avec le traité de Maastricht, il avait le revenu de 1 % en 2003, après une bre, a estimé que Jacques Chirac est actuellement « le meilleur candi- finances n’a d’ailleurs adopté que tés. Le ministre de l’économie et dû annoncer près de 100 milliards première baisse de 5 % en 2002, dat » de la droite pour la présidentielle de 2007. Aux yeux du président très peu d’amendements au tex- des finances s’était alors contenté de francs de hausses d’impôts. sera mise en avant. Tout comme la du Rassemblement pour la France (RPF), le chef de l'Etat serait « trop te. Hormis une amélioration du dis- de traduire les engagements qu’il réforme de la prime pour l’emploi, jeune pour se retirer ». M. Pasqua pense même que l’actuel locataire positif Besson pour le logement et venait de prendre devant ses homo-    qui devrait désormais être plus de l’Elysée « se représentera » dans cinq ans, ce qui le conduit à quali- la mise en place d’une surtaxe sur logues européens à Luxembourg, « La rigueur n’est pas le mot que favorable aux salariés à temps par- fier de « ridicule [...] tout ce que l'on dit sur la constitution d'écuries pré- les activités liées à la pornogra- les 7 et 8 octobre : la réduction de nous utilisons aujourd’hui pour tiel. M. Mer fera aussi valoir que le sidentielles au sein de l'UMP ». phie, elle n’a pas cherché à modi- 0,5 point de PIB par an du déficit caractériser la politique économique gouvernement soutient l’emploi M. Pasqua s'est par ailleurs prononcé pour la tenue d'un référendum fier le projet de budget gouverne- structurel (hors effets de conjonc- que nous voulons conduire, a corri- en allégeant de près de 1 milliard sur la décentralisation, l'un des grands chantiers du gouvernement mental. ture) français à compter de 2004. gé Jean-François Copé, porte-paro- d’euros les charges sociales : il ser- Raffarin : « ce genre de réforme (...) ne peut être conclu, tranché que La gauche, toutefois, ne devrait Après avoir ainsi provoqué l’exas- le du gouvernement, vendredi, sur vira à compenser le surcoût, pour par la voie du référendum. Les forces qui vont s'opposer à la modernisa- pas se priver de porter le débat sur pération des partenaires euro- Europe 1. Le gouvernement est obsé- les entreprises, de l’harmonisation tion du pays sont tellement importantes qu'on ne pourra pas les briser. » la crédibilté de l’hypothèse de crois- péens de la France qui, eux, vont dé par l’idée de stimuler le pouvoir du smic devenu multiple avec la Il a également assuré qu’il n’est « pas fermé » sur la question du droit mise en place des 35 heures. L’op- de vote des étrangers, débat relancé la semaine dernière par le député position, elle, fustigera le choix de UMP Yves Jego. « S'ils viennent chez nous pour y rester, on doit prendre M. Raffarin de réduire le coût des des mesures pour favoriser leur intégration. C'est dans ce cadre (...) Jacques Delors : le « mauvais effet » de la France heures supplémentaires ainsi que qu'on peut envisager qu'on va d'abord leur donner le droit de vote aux le nombre de contrats emploi-soli- élections locales, en attendant qu'ils soient intégrés complètement »,a Il s’étonne de la « maladresse » du ministre des finances darité et d’emplois-jeunes à l’heu- assuré M. Pasqua. re où le chômage remonte.  ET DE QUATRE ! Les « cartons et des finances, Francis Mer, qui, la les déficits quand la croissance ralen- Mais il est une chose que M. Mer jaunes » distribués au gouverne- semaine passée, lors d’une réunion tit », a déploré M. Delors. « Est-ce ne pourra pas faire mardi, c’est a ÉLECTIONS : Vincent Peillon, porte-parole du PS, a souligné, ment français s’accumulent. Après avec ses homologues européens à que la France, qui s’affirme européen- revenir sur le programme plurian- lundi 14 octobre sur LCI, que le droit de vote des étrangers pour les Pedro Solbes, commissaire euro- Luxembourg, a assuré avoir ne, se donne les moyens d’être à nou- nuel de finances publiques trans- élections locales figurait dans le programme de Lionel Jospin. « Mais péen aux affaires économiques, « d’autres priorités » que la réduc- veau à la tête de la construction euro- mis à Bruxelles et qui fixe les gran- en situation de cohabitation, il ne pouvait pas le faire », a-t-il argué. Ce Wim Duisenberg, président de la tion du déficit, M. Delors a considé- péenne ? », s’est-il interrogé, notant des orientations de la France en ce droit est « tout à fait lié à nos valeurs. J'espère que cela fera », a-t-il Banque centrale européenne, puis ré que cela « n’accroît pas les atouts qu’« à l’étranger, une interrogation domaine pour la période conclu. Jean-Claude Trichet, gouverneur de la France dans les négociations revient régulièrement : “Où est la 2004-2006. Car celui-ci est rigou- a SYNDICATS : la CFDT compte faire « la démonstration de sa for- de la Banque de France, c’est Jac- futures sur l’élargissement et sur les France, que veut la France” ? ». reux, : il prévoit que les dépenses ce » à deux mois des élections prud'homales, en rassemblant ques Delors, ancien président de la institutions ». Basé sur une croissan- L’ancien président de la Commis- des administrations (Etat, Sécurité 20 000 militants mardi 15 octobre au Palais omnisports de Paris-Ber- Commission européenne, qui, ce ce de 2,5 %, le budget français 2003 sion européenne propose « d’adop- sociale, collectivités locales) pro- cy. Le but est de mobiliser pour atteindre 1,2 million d'adhérents en week-end, a tancé l’exécutif fran- anticipe un déficit maintenu à 44 mil- ter un pacte de coordination des poli- gressent de 1,4 % par an en volu- 2007 (865 000 actuellement) et « en finir avec cette exception française çais à propos de son projet de bud- liards d’euros, soit 2,6 % du PIB. Des tiques économiques » qui « permet- me, contre 2 % environ ces derniè- qu'est le syndicalisme minoritaire en adhérents ». A la veille de ce ren- get 2003 et plus particulièrement chiffres qui placent la France en trait à la Commission de proposer res années. Les crédits de l’Etat, dez-vous, François Chérèque, le secrétaire général de la centrale syndi- de son refus de réduire le déficit queue du peloton européen, avec auxministres, en temps utile, les mesu- notamment, devraient progresser cale, s’est déclaré satisfait d’avoir été « entendu » par le gouverne- public. « Cela fait mauvais effet ! », l’Allemagne, l’Italie et le Portugal. res capables de renforcer la conver- de 0,3 % par an, contre 1,2 % en ment sur le smic. A propos des 35 heures, il a, en revanche, indiqué a-t-il estimé dans un entretien au « On est passé à côté d’un peu plus gence des économies, pour plus de 2003. Il s’agit bien d’un tour de vis que « nous continuerons à nous battre contre ce marché de dupes pour Journal du dimanche. de croissance durant la période des croissance et d’emploi ». budgétaire. les salariés, dont les petites entreprises subiront un effet boomerang avec S’étonnant de la « maladresse » vaches grasses et l’on se retrouve dans des difficultés de recrutement accrues ». du ministre français de l’économie la situation absurde de devoir réduire Ph. L. C. V. Ma. 12/LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002 SOCIÉTÉ enseignement supérieur

La rentrée universitaire 2002 est marquée par une grave leurs parents. La    dans le privé et re de changer de cursus. Les grandes villes de province raît comme l’une des pistes pour sortir de l’impasse.  pénurie de logements. On compte seulement l’afflux d’étudiants étrangers compliquent encore la ont elles aussi des difficultés à satisfaire les besoins. Le  (Hauts-de-Seine), la cité universitaire, construi- 150 000 lits dans les cités universitaires pour  donne. A Paris, la crise du logement est aiguë. Certains     te en 1952 et jamais rénovée depuis, accueille des étu-  ’ – dont 41 % vivent chez jeunes se voient contraints de différer leurs études, voi- de compétences en matière de logement étudiant appa- diants parmi les pauvres, qui n’ont pas d’autre choix. Les étudiants sont confrontés à une grave pénurie de logements Listes d’attente démesurées, inflation des prix, conditions d’études dégradées : les conséquences de la crise sont lourdes pour les candidats au logement. La rareté des locations privées et l’afflux d’étudiants étrangers pèsent sur cette situation. Le financement des régions est sollicité

DURE RENTRÉE pour les étu- sier, il squatte chez des amis à Noi- salariés se sont précipités sur les petits Pour sa part, l’UNEF demande diants en quête de logement : la sy-le-Grand (Seine-St-Denis). logements traditionnellement occupés une accélération du rythme de la pénurie atteint cette année des som- « Mes moyens ne me permettent pas par les étudiants », souligne Michel réhabilitation et, pour faciliter les mets. « L’augmentation des loyers de louer un studio, explique-t-il. Noctulle, directeur du Crous de Nan- locations privées, l’extension à tous dans le privé et l’accroissement du Alors nous nous sommes mis à quatre tes, qui se plaint de ne pouvoir loger les étudiants du dispositif Locapass nombre d’étudiants étrangers entraî- pour chercher. Nous avions trouvé que 6,42 % des étudiants de l’agglo- qui offre une avance gratuite pour nent un afflux supplémentaire dans un F5 pour 8 000 francs, mais le pro- mération. Des situations qui peu- le dépôt de garantie et assure la cau- les Crous des grandes villes », com- priétaire s’est désisté au motif qu’il vent contraindre certains à différer, tion. Actuellement, seuls les étu- mente Jean-Francis Dauriac, prési- avait trouvé un locataire mieux voire modifier leurs études. Caroli- diants salariés ou boursiers d’Etat dent de l’association des directeurs disant à 10 000 francs. » La crise ne, 21 ans, qui voulait étudier l’his- peuvent y prétendre. de Crous (Centres régionaux des s’étend sur l’ensemble de l’Ile-de- toire à Lyon a dû attendre un an fau- œuvres universitaires et scolaires), France. Dans l’académie de Créteil te de logement. « J’estime avoir eu    lui-même en poste à Versailles. On (Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne de la chance, déclare-t-elle. J’ai plu- Confronté à la crise, le ministère a recensé, en 2001, 360 000 deman- et Seine-et-Marne), avec 3 600 lits sieurs copains qui, eux, n’ont pas pu de l’éducation nationale a décidé de deurs dans les Crous, sans compter pour 105 000 étudiants dont plus faire les études qu’ils souhaitaient. » passer d’un rythme annuel de réha- ceux qui se présentent au dernier de 20 % de boursiers, le Crous gère Cette pénurie est aiguisée par l’af- bilitation des chambres de cités U moment. Les chiffres parlent d’eux- la pénurie. Dans celle de Versailles flux d’étudiants étrangers, organisé de 2 200 à 7 000, à partir de 2003. mêmes : on compte plus de deux (Essonne, Val-d’Oise, Hauts-de-Sei- par le biais par exemple de conven- Des financements de l’éducation millions d’étudiants – dont environ ne, Yvelines), mieux lotie avec un tions interuniversitaires ou bien à nationale et des œuvres universitai- 40 % vivent chez leurs parents – parc de 10 000 lits, quasiment tou- titre individuel. L’an dernier, cer- res vont s’ajouter aux crédits consa- pour 150 000 lits dans les cités U. tes les places étaient attribuées dès tains ont fait le siège du Crous de crés à la réhabilitation (228 millions Dans la capitale, c’est le cauche- la fin août, contrairement aux Bordeaux pour obtenir un loge- d’euros) et à la construction mar pour se loger. Les locations se années précédentes. ment. « Cette année, nous avons (151 millions d’euros) dans le cadre font de plus en plus rares et de plus beaucoup travaillé avec les universités des contrats de plan Etat-région pré- en plus chères. Avec plus de   pour faire une information systémati- vus pour la période 2000-2006. 300 000 étudiants, le Crous de Paris En France, on compte que des étudiants, explique-t-on au Mais au total, les besoins financiers compte quelque 2 200 logements 100 000 chambres de résidences uni- Crous. Dans tous les dossiers de pré- nécessaires à la réhabilitation s’élè- sociaux intra-muros, soit une cham- versitaires traditionnelles d’une inscription était inséré un document vent à près de 1 milliard d’euros. bre pour 140. Et les 5 000 lits de la superficie de 9 m2 datant pour l’es- besoins des plus défavorisés. Alors té et éviter un isolement qui peut con- concernant l’offre de logement. » Donner aux collectivités territo- Cité universitaire ne suffisent pas à sentiel des années 1960, dont 75 % qu’il en coûte moins de 80 euros duire à des drames », déplore Patri- Encouragée par les pouvoirs riales des compétences en matière combler le manque. Face à cette auraient besoin d’être réhabilitées. par mois pour une chambre en cité ce Serniclay, directeur du Crous de publics depuis 1998, cette politique de logement étudiant apparaît pénurie, la Mairie de Paris travaille Entre 1975 et la fin des années 1980, U, les prix dépassent 100 euros l’académie de Lille, qui comptabili- d’ouverture internationale pèse sur aujourd’hui comme une des pistes sur deux fronts : elle a d’une part rien n’a été construit pour accompa- pour les studios, aides déduites. sait, début octobre, 22 000 deman- les Crous. Entre 1997 et 2001, la pro- pour sortir de l’impasse. Les impulsé un programme de construc- gner l’explosion démographique. Il « On a probablement trop axé l’offre des de logement pour 9 500 lits. portion d’étrangers dans la popula- régions, mais aussi les aggloméra- tion de 3 000 logements étudiants a fallu attendre une loi de 1985, qui de logement sur la résidence type D’autant que les logements HLM se tion étudiante est passée de 8,5 % à tions, se sentent très concernées d’ici à 2007 avec la participation de fait rentrer le logement étudiant HLM, alors que le logement tradition- louent sur douze mois, ce qui n’ar- 11,4 %. « En trois ans, la part de nos par la question de la vie étudiante l’Etat et de la Région et tente, avec dans le cadre juridique des HLM, nel fait encore l’objet d’une demande range pas forcément les étudiants. logements occupés par des étudiants et connaissent bien les besoins. l’aide d’une société immobilière pour que soient construits, ces dix très forte, surtout dans notre acadé- En province, les grandes villes étrangers a doublé pour passer à Mais les premières l’ont déjà fait d’économie mixte, de convaincre dernières années, près de 50 000 stu- mie », insiste Denis Guillaumin, ont, elles aussi, des difficultés à satis- 20 %, souligne Jacques Soulas, direc- savoir : tout transfert de charges les propriétaires réticents de mettre dios (18 m2) gérés par les Crous. directeur du Crous de Créteil. faire les besoins. « Avec la reprise de teur du Crous. Il faut, pour répondre doit s’accompagner de moyens en location leur appartement. Mais les nouvelles résidences « Avec le logement type HLM, on a l’activité économique sur le bassin à cet enjeu d’ouverture, trouver des financiers à la hauteur des enjeux. Emir, qui arrive de Metz, vient construites par les offices HLM ne perdu l’esprit du logement étudiant, d’emploi, et plus particulièrement des mécanismes de solvabilisation et d’être admis à Sciences-Po. Bour- correspondent pas forcément aux il faut recréer des lieux de conviviali- Chantiers navals de Saint-Nazaire, les améliorer l’accueil. » Martine Laronche 41 % vivent Pour sortir de l’impasse, la région Rhône-Alpes revendique des compétences accrues chez leurs parents b Mode de logement. Selon LYON Denis Lambert. En août, le Crous a enregis- Bron, pourtant spacieux et moderne, ni les Face à cette évolution, le président du l’Observatoire national de la vie de notre correspondante tré une hausse de 11 % de la demande par universités du centre-ville ne disposent de la Crous reconnaît la nécessité « d’accroître étudiante (enquête 2000), 17 % Chaque semaine, lorsque paraît «Le69», rapport à août 2001. En septembre, elle s’est moindre chambre. Les résidences étudiantes l’offre de logements, mais de manière fine ». des étudiants sont logés en une longue file se forme sur le trottoir stabilisée autour de 3 %. « Souvent, les étu- privées existent, mais elles sont plus chères « Saint-Etienne ne présente pas de besoins résidence collective, le plus devant les locaux de cet hebdomadaire gra- diants s’inscrivent dans plusieurs villes et dépo- que celles du Crous. car le marché se régule bien, explique-t-il. En souvent en cité universitaire, tuit de petites annonces. Dans la foule, des sent des demandes de logements par précau- Par ailleurs, la proportion d’étudiants revanche, le centre de Lyon et le campus de 34 % louent un logement – seul, étudiants, prêts à réserver un appartement tion. Mais l’offre reste de toute façon inférieure étrangers croît d’année en année. Ils repré- Bron devront être prioritaires. » en couple ou avec des amis – et sans même le visiter. Les agences immobiliè- à la demande », explique M. Lambert. sentent désormais 9,5 % des étudiants lyon- Le contexte pourrait également évoluer 41 % vivent exclusivement chez res ont été prises d’assaut. Dans le hall d’ac- nais et 20 % des étudiants logés par le Crous. puisque la présidente du conseil régional de leurs parents ( de 59 % à 18 ans à cueil du Crous, à Lyon, les panneaux réservés     Parallèlement, le mode de vie des jeunes de Rhône-Alpes, Anne-Marie Comparini 30 % à 26 ans). aux annonces de propriétaires privés sont Cette tension s’explique tout d’abord par la région a changé. « Les étudiants qui pou- (UDF), a annoncé, le 1er octobre, qu’elle b Conditions de vie. Le montant presque vides. Les quelques offres qui n’ont l’attractivité de la région lyonnaise, deuxiè- vaient rester chez leurs parents sont de plus en demandait au premier ministre, Jean-Pierre moyen que les étudiants pas encore trouvé preneur se situent dans la me ville étudiante de France, avec quatre uni- plus demandeurs d’autonomie », constate Raffarin, le transfert complet du bloc éduca- consacrent chaque mois à leur banlieue est de Lyon, à Vénissieux et à Pierre- versités et dix-sept grandes écoles. La ville M. Lambert. tif, afin de « promouvoir, dès la rentrée 2003, loyer est de 450 euros à Paris, de Bénite, le long du couloir de la chimie. compte plus de 110 000 étudiants alors que Enfin et surtout, le marché immobilier lyon- un véritable espace régional d’éducation et de 350 euros en région parisienne, La file d’attente pour obtenir un logement le parc ne représente que 10 000 logements nais est en pleine explosion. Hausse démogra- formation tout au long de la vie ». Concer- de 300 euros dans les villes de du Crous – une chambre de 9 m2 ou un stu- (Crous et résidences étudiantes HLM). Si les phique, rénovation des quartiers anciens, la nant l’enseignement supérieur, la Région plus de 200 000 habitants et de dio de 18 m2 équipé d’une kitchenette – ne grandes écoles comme l’Ecole normale supé- chambre d’étudiant devient un bien de plus prendrait alors sous sa responsabilité la car- 240 euros dans les communes de diminue pas, alors même que le parc est déjà rieure ou l’Institut national de sciences appli- en plus rare, le studio ou le petit apparte- te des formations, le patrimoine et le loge- moins de 100 000 habitants. saturé. « Nous avons actuellement trois quées disposent sur leur campus de loge- ment, un luxe. Lyon est devenue la troisième ment étudiant. b Budget. Les ressources demandes pour une chambre », estime le ments, souvent luxueux, les universités en ville la plus chère de France. Entre juillet 2001 financières dont disposent les directeur du Crous Lyon-Saint-Etienne, sont souvent dépourvues. Ni le campus de et juillet 2002, les loyers ont augmenté de 8 %. Sophie Landrin étudiants croissent avec l’âge, de 295 euros mensuels en moyenne à 18 ans à 704 euros à 25 ans. A 18 ans, elles proviennent à 48 % Les résidents de la cité U d’Antony doivent supporter le délabrement et la saleté de versements parentaux tandis qu’à 25 ans, elles sont issues pour Jamais rénové depuis son ouverture, en 1952, l’ensemble accueille les étudiants les plus pauvres, ceux qui n’ont pas le choix plus de la moitié (51 %) d’activités rémunérées. « C’EST INSUPPORTABLE. Mais plus grosses de France. Mais, plus ne se bat donc pour elle », analyse l’endroit où il loge. « Jamais je n’y chambres retenus pour certains b Les aides. L’étudiant peut on n’a pas le choix. » Tout est dit. En que par la taille, elle se distingue sur- M. Dogga, qui estime que 45 mil- emmènerais une fille », lâche-t-il pays africains, étudiants ne répon- bénéficier, sous conditions de quelques mots, Arezki, 25 ans, résu- tout par sa profonde vétusté. lions d’euros seraient nécessaires comme une évidence. « Ceux qui le dant pas aux critères sociaux mais ressources, d’aides financières me l’état d’esprit des étudiants qui Depuis son ouverture en 1952, le pour repenser intégralement la peuvent vont ailleurs. Ne restent ici en rupture familiale, etc. pour son loyer : l’aide logent dans la cité universitaire décor n’a quasiment pas varié. Les cité. que les plus pauvres », constate le Louisa, 21 ans, et Sophia, 20 ans, personnalisée au logement (APL)  étudiants de 2002 vivent donc, à Au-delà des actions récurrentes jeune homme, qui s’investit dans la sont là depuis deux semaines, mais, pour les logements HLM ou peu de choses près, dans un univers – campagne anti-cafards tous les vie de la cité U en participant au déjà, n’ont qu’une obsession : par- conventionnés et l’allocation hérité tout droit des années 1950 trois mois, grattage des douches conseil de résidence. D’origine al- tir. « J’ai été choquée en arrivant logement à caractère social (ALS) Arezki, en licence de – période glorieuse de cette cité U quand la moisissure devient trop gérienne, Djamel étudie en France ici », raconte la première, qui est pour les autres logements dont sise aux portes sud de Paris et qui présente… –, des rénovations par- depuis deux ans. La première an- partie de chez ses parents pour rac- les chambres universitaires. Le maths : « Je ne rentre abrita des étudiants qui allaient cellaires ont lieu. Dans le bâti- née, il l’a passée « chez son oncle, à courcir son temps de trajet. Elle en Locapass, un dispositif qui offre devenir célèbres, comme Lionel Jos- ment C, les toilettes ont été repein- Bastille, dans 18 mètres carrés ».On sort à peine gagnante : en BTS dans l’avance gratuite du dépôt de ici que pour dormir » pin, Claude Allègre, l’ancien préfet tes cette année, des portes coupe- comprend à demi-mot que la situa- le 17e arrondissement de Paris, elle caution et garantit au de Corse Claude Erignac ou le pré- feu installées. Un peu plus loin, les tion ne pouvait plus durer. Mais ses met une heure pour se rendre en propriétaire le paiement du loyer, sident camerounais Paul Biya. fenêtres ont été équipées de double faibles ressources ne lui laissaient cours, contre une heure trente aupa- ne s’applique qu’aux étudiants d’Antony (Hauts-de-Seine). Avec Couloirs sans fin au lino troué, vitrage – indispensable pour amor- guère de possibilités : avec un loyer ravant. « Moi, je voulais partir de salariés ou boursiers. ses 2 400 places, elle est l’une des murs fissurés, peintures écaillées, tir le bruit de l’A 86 toute proche. de 124 euros, dont 47 euros pris en chez moi, parce que ma petite sœur escaliers en béton vieilli, sanitaires Ailleurs encore, des sanitaires flam- charge au titre de l’allocation loge- m’empêche de travailler. Mais, fran- fatigués, vitres cassées, système bant neufs détonnent dans un uni- ment social (ALS), la chambre uni- chement, c’est dur de passer d’un électrique défectueux, boîtes aux vers très décrépit. Autant d’emplâ- versitaire était la seule accessible. cadre confortable à cet état de sa- lettres hors d’usage… la liste des tres coûteux qui ne changent pas, Sa demande l’a conduit à Antony. leté », témoigne Sophia, qui s’est réparations à faire est interminable. au final, la triste physionomie des Malgré le caractère inhospitalier du armée désormais de lingettes jeta- « On ne sait plus par quel bout pren- lieux. lieu, il a accepté. Par obligation. bles et d’eau de Javel. « On va cher- dre les travaux », résume sans fard « Seulement un tiers des étudiants cher des chambres de bonne », Fouad Dogga, chargé de mission au   qui posent une réservation prennent disent les deux copines. En aparté, Crous de Versailles, qui gère ce « Je ne rentre ici que pour dormir, finalement la chambre », rapporte Djamel murmure : « Avec leur bud- patrimoine immobilier propriété de vers 23 heures », raconte Arezki, qui Fouad Dogga. Paradoxe dans un get, elles ne trouveront pas. » Ou l’office départemental d’HLM des prépare une licence de mathéma- marché locatif étudiant en pleine alors elles feront comme beaucoup Hauts-de-Seine. Depuis sa création, tiques à Paris-V, dans le centre de pénurie, la cité d’Antony ne fait pas d’autres, précise M. Dogga : tra- la cité d’Antony n’a fait l’objet la capitale. Comme lui, Djamel, le plein avec les dossiers ordinaires vailler pour améliorer ses ressour- d’aucune réhabilitation d’ensem- 23 ans, passe le plus de temps possi- d’accès sur critères sociaux. Seuls ces, avec le risque majeur que les ble. « Elle fait les frais d’une impéri- ble hors de la cité U, « travaille dans 1 000 des 2 400 lits sont attribués études passent au second plan. tie bureaucratique, car elle n’est rat- les bibliothèques, Beaubourg ou Sain- par ce biais. Le reste est dévolu aux tachée à aucune université. Personne te-Geneviève ». Il n’est pas fier de « cas particuliers » – quotas de Marie-Laure Phélippeau LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002/13 SOCIÉTÉ Une filière pakistanaise de recrutement islamiste découverte en France dans l’enquête sur Richard Reid Lyon : six demandeurs d’asile toujours en grève de la faim Deux Français de Mantes-la-Jolie et un Pakistanais auraient été en contact en 2001 avec SIX DEMANDEURS le Britannique qui avait embarqué sur le vol Paris-Miami avec des chaussures bourrées d’explosifs D’ASILE poursui- vaient leur grève de la L’HYPOTHÈSE d’une filière clé joué par le troisième homme, ce. Selon leurs dires, les deux visi- avocat, Pierre Gonzalez de Gas- faim, lundi 14 octo- pakistanaise de recrutement de Ghulam Mustafa Rama. Ce Pakista- teurs se sont alors aperçus que les pard. Rama est un sergent recruteur. bre, dans le troisième militants islamistes en France est nais de 64 ans, qui a également un cours étaient dispensés en ourdou, Avec sa sympathie et son argent pré- arrondissement de en train de se préciser dans l’enquê- passeport britannique, est le prési- et non en arabe, dont ils ont des vu pour payer leurs études corani- Lyon (photo). Samedi te sur le soutien logistique dont dent d’une association caritative notions. « Etant déçu des écoles, j’ai ques, il a annihilé leur volonté. » 12 octobre, trois d’en- aurait bénéficié Richard Reid. Le basée à Saint-Denis (Seine-Saint- voulu voir ce que c’était un Concernant Richard Reid, les tre eux avaient été 22 décembre 2001, ce Britannique Denis), appelée Le Chemin droit, camp [...]. En fait, nous étions partis policiers de la Brigade criminelle hospitalisés de force, de 28 ans avait embarqué sur un financée par une organisation saou- pour les études, ensuite cela s’est fait ne sont pas encore parvenus à mais ont retrouvé vol Paris-Miami avec des chaussu- dienne, El-Haramein, qui fait du au feeling », a expliqué Hassan déterminer les aides dont il a béné- l’église Saint-André res bourrées d’explosifs. En juin, prosélytisme wahhabite. Ghulam Al-Cheguer aux policiers en juin. ficié lors de son séjour parisien, dès dimanche. La pré- trois personnes – deux Français et Mustafa Rama est soupçonné par Ghulam Mustapha Rama a donc avant d’embarquer sur le Paris-Mia- fecture du Rhône met un Pakistanais – soupçonnées la brigade criminelle d’être à la tête conduit – simplement déposé, mi. Aucune trace d’enregistrement en doute la date du d’avoir été en contact avec Richard d’une véritable filière de recrute- selon lui – les deux Français dans le hôtelier n’a été trouvée. Les trois début de leur jeûne,

Reid entre septembre et décembre ment, par laquelle seraient passés local de recrutement du Lash- mis en examen nient avoir aidé le que les grévistes   /  2001avaient été mises en examen d’autres jeunes militants islamistes kar-e-Taiba, un mouvement radi- Britannique, qui a plaidé coupable fixent au 24 août, jour et écrouées pour « association de avides d’action, dont le nombre et cal pakistanais prônant la guerre devant la justice américaine le de l’anniversaire du collectif lyonnais pour la régularisation des sans- malfaiteurs en vue de préparer un l’identité ne sont pas connus. sainte et l’indépendance du Cache- 4 octobre. papiers. acte terroriste » par le juge d’ins- mire, interdit en janvier par le prési- En avril, avant de se rétracter par truction Jean-Louis Bruguière (Le    dent pakistanais, Pervez Mouchar- la suite, Ghulam Mustapha Rama a Monde du 18 juin). Leurs interroga- C’est le responsable européen de raf. Puis direction le camp d’entraî- reconnu avoir rencontré Richard Près d’un tiers des peines de prison toires ont ouvert des horizons nou- la fondation El-Haramein, le nement, situé dans la montagne Reid fin septembre 2001par l’inter- veaux aux enquêteurs, plus rom- cheikh Chenketti, qui aurait présen- près de Muzaffarabad, la capitale médiaire des deux Français. Evo- ferme ne seraient pas exécutées pus aux filières algériennes en té les deux Français à M. Rama. de la zone pakistanaise du Cache- quant Ricahrd Reid, il se disait matière de terrorisme. Officiellement, les deux hommes mire. « très étonné de sa tenue négligée et SELON UN RAPPORT de l’Inspection générale des services judiciai- Les Français Hakim Mokhfi et souhaitaient partir étudier le Coran Au programme : beaucoup de sa puanteur. Il faisait penser à un res, dont Le Figaro daté 12-13 octobre publie des extraits, 28,5 % des Hassen Al-Cheguer, dont la deman- à la prestigieuse université de Médi- d’exercices physiques, de manie- sans-domicile-fixe. » L’avocat du peines de prison ferme ne sont pas exécutées par les tribunaux. Ces de de remise en liberté a été rejetée ne, en Arabie saoudite. M. Rama ment d’armes, de prière. Ils y sont Pakistanais, Me Didier Macketo, statistiques sont proches de celles publiées en avril par le ministère vendredi 11 octobre par la juge des les a conduits dans un premier restés jusqu’au 11 septembre. Ce assure que les problèmes cardia- de la justice, qui évaluait à 32 % les peines d’emprisonnement non libertés et de la détention Elisabeth temps à Birmingham, haut lieu de soir-là, « ça criait de joie » dans le ques de son client au moment de exécutées. A l’origine commandé par l’ancienne ministre de la jus- Gayet, habitent tous deux à Man- recrutement de la mouvance isla- camp, selon Al-Cheguer, qui assure son interrogatoire l’auraient fra- tice, Marylise Lebranchu, le rapport d’inspection confirme les raisons tes-la-Jolie (Yvelines). Ils ont expli- miste en Angleterre, où ils n’ont que, dès le lendemain, il aurait gilisé. Ce même jour d’avril, interro- de l’inexécution des peines : une bonne part des jugements sont qué aux policiers de la brigade cri- pas répondu aux critères de sélec- demandé à partir, avec Hakim gé sur les attentats du 11 septem- atteints par le décret de grâce présidentielle du 14 juillet, d’autres minelle comment ils s’étaient tion. Hassan Al-Cheguer et Hakim Mokhfi. bre, Ghulam Mustapha Rama avait font l’objet d’un aménagement de peine décidé par le juge d’applica- retrouvés, en septembre 2001, dans Mokhfi se sont alors envolés pour Aujourd’hui, Hassan Al-Cheguer expliqué que « seuls les juifs israé- tion des peines, tandis que les derniers ne sont pas exécutés en raison un camp d’entraînement terroriste le Pakistan, à la fin du mois d’août se dit trahi et manipulé par Ghu- liens et américains [avaient la] capa- de « l’absence de domicile connu » des condamnés. au Pakistan. Ce récit, dont France 2001, pour suivre des cours. Ghu- lam Mustapha Rama. « Mon client cité » de les organiser.  Soir a publié des extraits dans son lam Mustafa Rama, organisateur a été d’une ingénuité, presque d’une édition du 11 octobre, révèle le rôle- du voyage, les a accueillis sur pla- niaiserie incroyable, explique son Piotr Smolar a CHASSE : un chasseur a été tué, cinq personnes légèrement bles- sées, dimanche après-midi, à Vertheuil (Gironde), à la suite d’une altercation. Estimant que l’on s’approchait trop près de sa maison, un propriétaire, bien connu de la justice pour ses querelles de voisinage, Hani Ramadan, le directeur du Centre islamique de Genève, suspendu a ouvert le feu sur un groupe de quatre chasseurs parmi lesquels se trouvait un enfant. L’échange de coups de feu a été interrompu par la d’enseignement après avoir justifié la lapidation des femmes adultères gendarmerie qui a placé une dizaine de personnes en garde à vue. a LECTURE : le ministre de l’éducation nationale, Luc Ferry, a pré- LE DIRECTEUR du Centre isla- dissuasive. (…) Elle constitue une du maître, au point qu’on l’appelait Mag’, l’orateur vedette des jeunes senté, lundi 14 octobre, un livret, intitulé Lire au CP, qui sera distri- mique de Genève, Hani Ramadan, punition, mais aussi une forme de en Egypte « le petit Hassan Al-Ban- musulmans français a indiqué qu’il bué dans les écoles primaires. Parents, enseignants et professionnels a été suspendu d’enseignement par purification ». Il écrivait : « Qui a na ». Contrainte à l’exil par Nasser, avait interdit désormais que ses sont invités à émettre, d’ici fin décembre, des critiques et des proposi- les autorités du canton de Genève, créé le virus du sida ? Observez que la famille s’est établie en Suisse en articles soient reproduits dans la tions d’amélioration de ce livret consultable sur Internet (www.edus- à la suite de la parution d’une tribu- la personne qui respecte strictement 1954. revue du Centre islamique de Genè- col.education.fr). ne dans Le Monde dans laquelle il les commandements divins est à Hani Ramadan est aussi le frère ve, dirigée par Hani Ramadan (Le a JUSTICE : la nomination d’Yves Bot à la tête du parquet de justifiait la lapidation contre les l’abri de cette infection, qui ne peut de Tariq Ramadan, intellectuel et Monde du 28 septembre). Paris devrait être retardée d’une dizaine de jours, le décret de nomi- femmes adultères (Le Monde du atteindre, à moins d’une erreur de prédicateur très populaire auprès Tariq Ramadan a également été nation de l’ancien procureur de Nanterre ayant omis de le nommer 10 septembre). Outre ses activités transfusion sanguine, un individu des jeunes musulmans de France. mis à l’écart par l’UOIF, fédération simultanément avocat général à la Cour de cassation, conformément de militant musulman, M. Rama- qui n’entretient aucun rapport extra- Contrairement à celui-ci, Hani est proche des Frères musulmans : au nouveau statut des magistrats, ainsi que l’a indiqué le Journal du dan est en effet professeur de fran- conjugal, qui n’a pas de pratique resté lié au réseau international depuis 2000, il n’est plus invité à Dimanche du 13 octobre. la Chancellerie, en rédigeant le décret, avait çais dans l’enseignement secondai- homosexuelle et qui évite la consom- des Frères musulmans. Portant bar- intervenir comme conférencier au utilisé « un formulaire ancien ». re public en Suisse. Le départe- mation de drogue. (…) La mort lente be longue et de larges lunettes de cours du grand rassemblement a Une amende de 37 500 euros a été requise, vendredi 11 octobre, ment de l’instruction publique d’un malade atteint du sida est-elle myope, il est l’un des orateurs atti- annuel organisé par l’UOIF, qui se contre deux responsables de la Sodexho, qui comparaissaient pour (DIP) de Genève a estimé qu’il moins significative que celle d’une trés de l’Union des organisations tient au printemps au Bourget (Sei- « tromperie et publicité mensongère » devant le tribunal correctionnel avait outrepassé son obligation de personne lapidée ? » Et il concluait : islamiques de France (UOIF). Les ne-Saint-Denis). Son frère Hani de Marseille. Ils sont accusés d’avoir menti sur la nature de la viande réserve et de neutralité en publiant « Les musulmans sont convaincus de cassettes reproduisant ses prédica- continue d’y intervenir. bovine servie dans 209 cantines lors de la crise de la vache folle de ce point de vue. la nécessité, en tout temps et tout tions sont en vente dans de nom- l’automne 2000, et de ne pas avoir servi de la viande de bovins âgés Hani Ramadan avait déjà été lieu, de revenir à la loi divine. » breuses librairies islamiques de Xavier Ternisien (avec AFP) de moins de 4 ans. jugement le 20 décembre. l’objet de deux avertissements. France, au même titre que celles de Vendredi 11 octobre, une interdic- «   ’   » son frère. tion d’enseigner lui a été signifiée. La publication de cette tribune Dans un entretien au journal suis- Selon Martine Brunschwig Graf, avait entraîné de vives réactions, se Le Temps, Hani Ramadan affir- responsable du DPI, une enquête particulièrement dans les associa- mait, il y a de cela quelques années, interne a été ouverte, elle pourrait tions de défense des homosexuels. cette phrase souvent citée : « Mon entraîner son licenciement de la Victoire Patouillard, présidente frère et moi, nous sommes comme fonction publique genevoise sur d’Act Up-Paris, s’était insurgée con- les deux faces d’une même pièce. » une décision du Conseil d’Etat (le tre ces propos. Hani Ramadan est Aujourd’hui, Tariq Ramadan affir- gouvernement genevois). le petit-fils d’Hassan Al-Banna, fon- me, pour sa part, être « en désac- Dans son point de vue publié par dateur de l’organisation des Frères cord » avec les positions de son frè- Le Monde, Hani Ramadan expli- musulmans en Egypte en 1928. Sa re. Au cours du procès en diffama- quait que la lapidation des femmes mère, Wafa Al-Banna, avait épousé tion qui l’a opposé, à Lyon, le adultères avait « surtout une valeur Saïd Ramadan, le disciple préféré 26 septembre au mensuel Lyon

Conte de Noël en octobre pour deux Guinéens courageux

LAON (Aisne) re bientôt pour accueillir les deux Guinéens, qui de notre correspondant apprécient le repas servi après trois jours passés sans Des façades de maisons en brique rouge entou- pouvoir se nourrir. rées de terres mangées par la betterave ou les céréa- Depuis cette date, les deux sauveteurs sont héber- les. Tel est le décor d’une belle histoire d’amitié et de gés dans une chambre vacante. « J’étais loin d’imagi- courage, une rencontre impromptue entre l’Afrique ner que je pourrais être reçu comme un fils dans la et un petit coin de France, rural et besogneux. Elle maison d’un Blanc », a déclaré M. Bangoura. Joël commence le 12 juin à Saint-Quentin (Aisne), près du Lenoir, lui, n’oublie pas l’attitude des deux Gui- canal, vers 17 h 30. Cyril Lenoir, un handicapé mental néens : « Ils ont sauvé mon fils. C’est mieuxque de 22 ans, se promène tranquillement quand il est d’avoir sauvé ma vie », juge-t-il. Têtu et volontaire, il attaqué par un molosse. Le jeune homme tombe à se bat alors afin d’obtenir le statut de réfugié pour l’eau. Des cris retentissent. ceux qu’il considère comme ses enfants. Deux sans-abri guinéens ont choisi un pont pour passer la nuit. N’Famara Bangoura, 25 ans, séjourne «    ’ » en France depuis un an et demi, et son ami, Musta- Avec succès : la préfecture de l’Aisne a annoncé, pha Keita, 26 ans, comme lui en situation irrégulière, jeudi 10 octobre, que les deux Africains venaient depuis neuf mois. Les deux jeunes gens se sont d’obtenir des titres de séjour. Moustapha Keita s’est retrouvés à Lille en avril et ont choisi de demeurer vu reconnaître la qualité de réfugié par l’Office fran- ensemble. Les appels au secours qu’ils entendent ne çais de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), les laissent pas sans réaction. C’est N’Famara qui sau- décision qui ouvre droit à la délivrance d’une carte te à l’eau le premier. « J’étais sûr que j’allais mourir », de résident de dix ans. Quant à N’Famara Bangoura, raconte-t-il. Mustapha plonge à son tour pour l’aider qui s’était vu refuser ce statut par l’Ofpra, il va rece- à se dégager de l’emprise du jeune handicapé qui voir une autorisation de séjour et de travail d’un an. s’agrippe à sa bouée humaine pour ne pas couler. Le préfet de l’Aisne a pris cette décision exceptionnel- Les deux amis africains parviennent enfin à conduire le « en considération de l’attitude courageuse dont il Cyril sur la berge. a fait preuve et eu égard auxgaranties de bonne inser- Choqué par ce qu’il vient d’endurer, celui-ci indi- tion en France que comporte son accueil dans la que juste le nom de son village, Nauroy, une bourga- famille de la personne à qui il a porté secours ». Same- de située à une dizaine de kilomètres de Saint-Quen- di 12 octobre, à Nauroy, les deux sauveteurs afri- tin. Les trois jeunes gens y parviennent dans la voitu- cains, très émus, ont reçu, au cours d’une fête, des re difficilement conduite par Cyril. Son père, Joël mains du conseiller général, Raymond Froment Lenoir, un chauffeur de car de 44 ans est le seul à (PCF), la médaille du conseil général de l’Aisne récom- subvenir aux besoins de la famille. Cinq personnes pensant les actes de courage et de dévouement. vivent déjà sous le même toit dont un beau-frère depuis l’âge de 14 ans. Dans la maison, chacun se ser- Thierry de Lestang-Parade 14/LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002 CARNET

 AU CARNET DU « MONDE » Ð Yvette Salomon-Bernard, Ð Ses enfants, Séminaires a LE GÉNÉRAL JEAN-LOUIS a STEPHEN AMBROSE, historien sa sÏur, Ses petits-enfants, Et ses arrière-petits-enfants, DELAYEN, spécialiste des com- américain, est mort dans un hôpital Naissances Claudine Hanau, COLLéGE INTERNATIONAL sa belle-sÏur, ont la douleur de faire part du décès de DE PHILOSOPHIE mandos en Indochine, puis en Algé- du Mississippi (Etats-Unis), diman- Anne Gompel, Marc-Emmanuel me rie, est mort, jeudi 3 octobre, aux che 13 octobre, d’un cancer du pou- David et Emmanuelle, M Elisa Extrait du programme 2002-2003 Etats-Unis où il s’était retiré, à l’âge mon. Né dans le Wisconsin le ROSSIGNOL-MANNÉ, est né le 11 octobre 2002, pour la plus Danielle Salomon et Olivier Borraz de 81 ans. Né le 16 mars 1921 à 10 janvier 1936, cet universitaire grande joie de et Samuel, Séminaires survenu le 10 octobre 2002, à Suresnes Judith Balso : Ç Actualité de Dante È. Saint-Raphaël (Var), Jean-Louis qui avait milité contre la guerre du Anne-Emmanuelle Thierry Hanau, (Hauts-de-Seine). Delayen, qui a participé à la secon- Vietnam et écrit la biographie de et de Mathilde, Juliette et Arthur, 22 octobre et 12 novembre : 18 heures- 20 heures ; 26 novembre : 20 heures- de guerre mondiale, avait créé en Nixon et d’Eisenhower, est devenu Jean-François. Cécile et Christopher D'Amelio La cérémonie religieuse aura lieu le et Chloé, mardi 15 octobre, à 10 h 30, en l'église 22 heures; 3 décembre et 7 janvier : Indochine, au sein de l’armée fran- célèbre sur le tard avec ses livres 18 heures-20 heures ; 28 janvier : e Tout Le Monde te souhaite la ses neveux et nièces, petits-neveux et Notre-Dame-de-la-Salette, 67, rue des çaise engagée par la IV Républi- sur la seconde guerre mondiale, bienvenue. petites-nièces, 18 h 30-20 h 30 ; amphi B, Carré des Raguidelles, à Suresnes, et l'inhumation e que pour lutter contre l’indépen- dont Band of Brothers (Frères d’ar- Michèle Colombier, dans l'intimité familiale, à Montreux- sciences, 1, rue Descartes, Paris-5 . dance, le « Commando 13 » qui mes, Albin Michel, 2002) qui a con- Famille Vieira-Périé, ont la tristesse d'annoncer le décès du Jeune (Haut-Rhin). regroupait d’anciens partisans du nu un grand succès avant d’être 22, rue du Général-Sarrail, Béatrice Han Kia-Ki : Ç Suivre l'erre. 82000 Montauban. docteur Jacqueline HANAU, 24, avenue de La Criolla, Voir et écrire à travers des lignes, des Vietminh ralliés. A la tête de cette sérialisé à la télévision. Son but cartes et des tableaux È. née BERNARD, 92150 Suresnes. unité, il menait, de nuit, à bord de était d’intéresser à l’histoire la gran- 19 octobre : 10 heures-12 heures, salle jonques ou de sampans, des opéra- de masse des lecteurs, et il reçut Anniversaires de naissance Delacommune, USIC, 18, rue de le 24 septembre 2002, après de longues tions derrière les lignes adverses. pour cela le soutien de nombreux ÐMme Sarah Rozenbaum, Varenne, Paris-7e. 16 novembre, Ð Heureux anniversaire et beau souffrances supportées courageusement. son épouse, En Algérie, il réédita la méthode, vétérans du Débarquement en Nor- chemin à 7 décembre, 11 janvier : 15 heures - Henri et Gisèle Rozenbaum, 17 heures, amphi Stourdzé, Carré des en prenant le commandement du mandie. Selon Douglas Brinkley, Elle repose au côté de son mari Evelyne et Joseph Gdak, sciences, 1, rue Descartes, Paris-5e. commando de chasse « Yatagan », directeur du Centre Eisenhower de Céline, ses enfants, créatrice de Parfums de villes. composé de fellaghas ralliés, qui l’université de La Nouvelle- Julien HANAU, Marc, Alain, Fabrice et Vincent, Hidetaka Ishida : Ç Comment poser ses petits-enfants, combattit contre le FLN. En 1972, il Orléans, Stephen Ambrose « était Tendrement, de la part de la question de la philosophie en décédé le 13 août 2001. ont la tristesse d'annoncer le décès, le Extrême-Orient ? Penser les servit au Tchad, durant sept ans, un grand historien populiste. Il n’écri- Th., A. et C. 10 octobre 2002, à l'âge de quatre-vingt- comme conseiller auprès de la Gar- vait pas pour les intellectuels, mais conditions historiques de l'universel È. Les obsèques ont eu lieu dans la six ans, à Grenoble, de 19 octobre, 14 décembre : 15 heures- de nationale nomade et, en 1979, il pour les gens ordinaires ». Il avait stricte intimité familiale. Décès Lucien ROZENBAUM, 18 heures, Maison franco-japonaise quitta le service actif avec le grade été accusé de plagiat pour avoir (salle 601), 3-9-25 Ebisu, Shibuya-Ku, Ð Sa famille, croix de guerre, de général de brigade. Titulaire de cité sans guillemets des passages 16, rue de la Glacière, Luc Rivière dans la Résistance (FFI), Tokyo, Japon. Ses amis, 75013 Paris. la croix de guerre 1939-1945, de la d’autres ouvrages. ont la tristesse de faire part de la croix des théâtres d’opérations a RAY CONNIFF, tromboniste le seul survivant d'une famille décimée Anca Vasiliu : Ç Regard, image et disparition, dans sa soixante-dix- réflexivité dans la philosophie antique extérieurs (TOE) et de la croix de la américain, compositeur et arran- neuvième année, de par les nazis. Ð On nous prie d'annoncer le décès, à et médiévale È. 21 octobre, valeur militaire, le général Jean- geur de pop orchestrale, est mort l'âge de quatre-vingt-huit ans, de Eric BLOCH. 18 novembre, 16 décembre, 20 janvier : Louis Delayen était grand-croix de samedi 12 octobre à Escondido Remerciements 18 heures - 20 heures, amphi A, Carré la Légion d’honneur. (Californie) à l’âge de 85 ans. Sa M. Jean MAUDET, des sciences, 1, rue Descartes, Paris-5e. Les obsèques auront lieu le mardi Ð Thonon-les-Bains. Paris. a GARFIELD TODD, qui fut carrière est jalonnée d’une centai- 15 octobre 2002, à 16 h 30, au cimetière survenu le 11 octobre 2002, à Paris. entre 1953 et 1958premier minis- ne d’enregistrements qui connu- de Dennemont (Yvelines). me François-David Sebbah : Ç Atelier de M Manon Novarina, lecture de textes philosophiques tre de Rhodésie du Sud, l’actuel rent le succès dans les années 1950 De la part de Ses enfants et petits-enfants, (VII) È. 18 octobre, 22 novembre, 13 Cet avis tient lieu de faire-part. Ainsi que leurs familles, Zimbabwe, alors colonie britanni- (il a vendu environ 50 millions d’al- Bertrand Maudet (†), décembre, 17 janvier : 10 h 30-12 h 30, que, est mort dimanche 13 octobre bums) grâce à ses versions de clas- Pierre Maudet (†), très sensibles aux nombreux Tél. : 01-43-20-00-90. témoignages de sympathie et d'amitié salle K230, département TSH, centre à l’âge de 94 ans dans un hôpital de siques comme Besame Mucho, New Marie Maudet, reçus lors du décès de Pierre Guillaumat, université de Mme Jean Maudet, née Paulette technologie de Compiègne. Bulawayo, deuxième ville du Zim- York, NewYork ou S’Wonderful.Né Ð Sa famille, babwe. Né le 13 juillet 1908en le 6 novembre 1916 à Attleboro Carnot. M. Maurice NOVARINA, Ses amis, Alain David : Ç La solution finale È. Nouvelle-Zélande, Garfield Todd (Massachusetts), Ray Conniff avait ont la douleur d'annoncer le décès de La levée du corps se fera le mardi remercient de tout cÏur les personnes 21 octobre : 9 heures - 14 heures ; 22 avait été évincé du pouvoir parce reçu son éducation musicale de ses 15 octobre, à 8 h 45, à son domicile. qui se sont associées à leur peine. et 23 octobre : 9 heures - 12 h 30 ; que les Blancs le jugeaient trop parents, son père étant lui-même Suzanne BONNET, 24 octobre : 9 heures - 16 heures ; née LIEBERS, 25 octobre : 9 heures - 12 heures ; salle favorable à la reconnaissance de tromboniste et sa mère pianiste. Il ancienne élève L'inhumation aura lieu le même jour, l’égalité politique et sociale aux débute comme tromboniste de big de l'Ecole normale supérieure, à Javerlhac (Dordogne). Anniversaires de décès SRI-515, Universität Klagenfurt, Noirs. Il était devenu un opposant band, accompagnant Bunny Beri- agrégée de l'Université, Fakultät für Kulturwissenschaften, Ð Il y a douze ans, disparaissait Universitätstrasse 65-67, Klagenfurt, implacable au gouvernement blanc gan, Bing Crosby et Artie Shaw Ni fleurs ni couronnes. survenu le 3 octobre 2002, dans sa Autriche. de Ian Smith, qui proclama unilaté- avant de devenir arrangeur pour la Delphine SEYRIG. quatre-vingt-cinquième année. 99, rue de Sèvres, Philippe-Joseph Salazar : Ç Rhétorique ralement l’indépendance de la Rho- firme Columbia à partir de 1954. 75006 Paris. Pasquale Gerico garde toujours désie en 1965. Le gouvernement Avec son orchestre, The Ray Con- Les obsèques ont eu lieu dans la plus présent son doux et cher souvenir. et démocratie : parler pontifical (IV) È. Smith l’avait alors assigné à rési- niff Orchestra and Singers, il popu- stricte intimité. 18 octobre : 14 heures - 19 heures, me Grand Salon, American University of dence pendant cinq ans à compter larise une pop légère à base de ÐM Catherine Peska, Ç Elle était le lys de cette vallée M. Jean-René Peska, où elle croissait pour le ciel, en la Paris, 31, avenue Bosquet, Paris-7e. de 1965. Lors de l’accession au pou- chœurs sans paroles. L’explosion Ð M. Régis Dahuron, ses enfants, remplissant du parfum de ses vertus. È son époux, voir de la majorité noire, en 1980, du rock allait marginaliser cette Pierre et Claire, Honoré de Balzac. Michael Groneberg et Alexandrine le président Robert Mugabe avait génération de musiciens d’easy lis- Odile et Jean Lacoste, Schniewind : Ç Etudes et transitions Geneviève Dahuron, Justine et Benoît, Ç Et maintenant, vous êtes là (II) : l'intersubjectivité È. nommé Garfield Todd au Sénat, tening. Ray Conniff devait pour- Philippe et Michèle Dahuron, ses petits-enfants, de nouveau... 19 octobre, 16 novembre et 14 décembre : mais ce dernier avait rapidement tant encore faire un tube en Pierre Dahuron, ont la tristesse de faire part du décès de Vivante comme vous l'avez été. È 10 heures - 13 heures, salle Jean-XXIII, dénoncé un gouvernement qu’il 1966 avec sa version du thème de ses enfants, USIC, 18, rue de Varenne, Paris-7e. Clémence, Anne-Laure, Matthieu et M. Vladimir PESKA, Marienbad, d'Alain Resnais. jugeait de plus en plus corrompu. Docteur Jivago. 25 janvier : 10 heures - 15 heures, amphi Pascale, Guillaume, Charlotte, Antoine, Olivier, Alice, Mathilde, survenu le 9 octobre 2002, à Paris, à l'âge Stourdzé, Carré des sciences, 1, rue À LIRE EN LIGNE Colloques Descartes, Paris-5e. ses petits-enfants, de quatre-vingt-deux ans. Ses arrière-petits-enfants, Les 11es Entretiens ont la douleur de faire part du décès de de droit comparé auront pour thème : Jocelyne Sfez : Ç Perutz et la Retrouvez sur le site Internet du NOMINATIONS La cérémonie religieuse sera célébrée romantisation de l'histoire : subversion Monde (www.lemonde.fr/carnet) le Anne Boquet a été nommée direc- le mardi 15 octobre, à 9 h 20, dans la Ç Droit, mensonge et politique È, Mme Laurence DAHURON, et auront lieu le dimanche 20 octobre fantastique et construction psychique È. détail des nominations, l’essentiel trice des affaires politiques, admi- salle Landowski, au crématorium du 23 octobre, 6 novembre : 20 heures - née LUCQUET, Père-Lachaise, 71, rue des Rondeaux, 2002, de 9 h 30 à 17 heures, des lois, décrets et décorations parus nistratives et financières de l’outre- au Sénat, salle Médicis. 22 heures, amphi B ; 20 novembre et Paris (20e), où l'on se réunira, suivie de au Journal officiel, ainsi que les mer lors du conseil des ministres survenu le 11 octobre 2002, à l'âge de Deux tables rondes : 4 décembre : 20 h 30 - 22 h 30, amphi B; la crémation. adresses des sites publiant des docu- réuni mercredi 9 octobre. quatre-vingt-neuf ans. Ç Le fondamentalisme 17 décembre : 20 heures - 22 heures, amphi B, Carré des sciences,1, rue ments significatifs. Jean-François Hebert, conseiller éthico-juridique est-il dangereux Une messe sera célébrée le mardi Mme Catherine Peska, pour la démocratie ? È Descartes, Paris-5e. maître à la Cour des comptes, a été 15 octobre, à 15 heures, en l'église Saint- 23, rue des Lyanes, et Ç Le discours politique JOURNAL OFFICIEL nommé président de la Cité des Martin de Dornecy (Nièvre). 75020 Paris. peut-il être vérité ? È. Annick Nay en collaboration avec Au Journal officiel du samedi 12 oc- sciences et de l’industrie lors du M. Jean-René Peska, Avec les interventions Bernard Benattar et Gunther Gorhan : tobre sont publiés : conseil des ministres réuni Prière de n'apporter ni fleurs ni 10, rue de l'Eglise, d'André Benayoun, Ç Management : valeurs du quotidien, couronnes. Marie-Dominique Bedou Cabau, b Election présidentielle : seize mercredi 9 octobre. 28310 Toury. un art de l'entre-deux È. Charles Moscara, Henri Plagnol, Daniel- 16 octobre : 18 h 30 - 20 h 30, salle décisions du Conseil constitution- Condoléances sur registres. Julien Noël, Jean-Paul Durand, Raphaël Delacommune, USIC, 18, rue de nel relatives aux comptes de cam- DOCUMENTS OFFICIELS Ð La famille, Draï, Ghaouthy Hadj Eddine Sari, Eric Varenne, Paris-7e. 13 novembre, pagne des candidats à l’élection L’Assemblée nationale publie une 62, rue du Ranelagh, Et les amis du Halphen, Marc Lambron, Jacques 11 décembre, 8 janvier : 18 h 30 - présidentielle des 21 avril et 5 mai propositon de loi de François Scel- 75016 Paris. Séguéla, Françoise Atlan, 20 h 30 ; amphi Stourdzé, Carré des 80, rue du Nord, docteur Christian PY Michel Guenaire, sciences, 1, rue Descartes, Paris-5e. 2002. lier visant à n’autoriser que les deux 58530 Dornecy. Anne et Martine Rambach, b Viticulture : un décret fixant les seuls candidats arrivés en tête au ont la tristesse de faire part de sa Jacques Darcanges. L'accès à toutes les activités du Collège conditions de production du vin de premier tour des élections législati- disparition. Inscriptions obligatoires auprès de : est libre et gratuit (dans la limite des pays des côtes catalanes. ves à se présenter au second tour. Nora. Tél. : 01-45-17-06-14. places disponibles). Renseignements Vous pouvez Fax : 01-42-07-04-18. b Une cérémonie religieuse aura lieu le sur salles, Equipement : un décret relatif www.assemblee-nationale.fr/12 nous transmettre aux équipements routiers et modi- /propositions/pion0109.asp mardi 15 octobre 2002, à 16 heures, en répondeur : 01-44-41-46-85. fiant le code de la voirie routière. La Documentation française pu- vos annonces la veille l'église de la collégiale Notre-Dame, à Cours Autres renseignements : Vernon (Eure), suivie de l'inhumation au 01-44-41-46-80. b Santé : un décret relatif à l’or- blie le rapport du médiateur, Ber- pour le lendemain cimetière de Vernon. Besoin d'aide en informatique ? Consultation du site : ganisation des épreuves de véri- nard Stasi, remis au président de la jusqu’à 16 h 30 Appelez Aldisa www.ci-philo.asso.fr fication des connaissances des République et au Parlement. Permanence le samedi Christine et Pascal Leduc, au 01-56-79-70-70. personnels aides-opératoires et www.ladocumentationfrancaise.fr jusqu’à 16 heures 41, lotissement Les Cadenas, Formations sur site à Paris ou à domicile. Soutenances de thèse aides-instrumentistes. /bpr/notices/024000509.shtml 95510 Aincourt. Dépannage, maintenance. Installation, réseaux. Ð Nathalie Donio-Journo a soutenu, le jeudi 3 octobre 2002, à l'université par Panthéon-Assas - Paris-II, sa thèse sur CARNET DU MONDE € Ç Le redressement et la liquidation TARIFS année 2001 - 2002 Abonnez-vous au pour 27,70 (181,70 F) mois Chaque vendredi judiciaires des personnes morales TARIF à la ligne Bulletin à compléter et renvoyer accompagné de votre relevé d’identité bancaire ou postal à : civiles È. Elle a été admise au grade de docteur en droit. DÉCÈS, REMERCIEMENTS, LE MONDE, Service Abonnements - 60646 Chantilly Cedex LE MONDE TELEVISION je souhaite recevoir Le Monde pour € (181,70 F) par mois par prélèvement automatique. Le jury, composé des professeurs AVIS DE MESSE, Oui, 27,70 Michel Germain, université Paris-II, ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS ❑ M. ❑ Mme Prénom : Nom : Xavier Linant de Bellefond, université Adresse : 0123 Paris-II et Paris-XII, et Jean-Pierre 22 € - 144,31 F TTC avec Legros, université de Franche-Comté, lui TARIF ABONNÉS Code postal : Localité : DATÉ SAMEDI a décerné à l'unanimité la mention Très Offre valable jusqu’au 31/12/2002 en France métropolitaine pour un abonnement postal. 201MQPAN 18,50 € - 121,35 F TTC Honorable. NAISSANCES , ANNI. DE NAISS., Autorisation de prélèvements N° NATIONAL D'ÉMETTEUR Organisme créancier : Société Editrice du Monde N° 134031 21 bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05 MARIAGES, FIANÇAILLES, PACS J'autorise l'établissement teneur de mon compte à effectuer sur ce dernier TITULAIRE DU COMPTE A DÉBITER FORFAIT 10 LIGNES les prélèvements pour mon abonnement Nom ...... 120 € - 787,15 F TTC au journal Le Monde. Prénom ...... Ligne suppl. : 12 € - 78,71 F TTC N¡ ...... rue ...... Je resterai libre de suspendre provisoire- Code postal Ville...... …...... TARIF ABONNÉS 100 € - 655,96 F TTC ment ou d’interrompre mon abonnement à La ligne suppl. : 10 €- 65,60 F TTC tout moment. NOM ET ADRESSE DE L’ÉTABLISSEMENT DU COMPTE A DÉBITER (votre banque, CCP ou Caisse d’épargne) THÈSES - ÉTUDIANTS : Date :...... 13,35 € - 87,55 F TTC Signature : ...... COLLOQUES - N¡ ...... rue ...... Code postal Ville...... 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Faut-il décentraliser la gestion des forêts publiques ?

Dans le cadre de l’« expérimentation » annoncée par Jean-Pierre Raffarin, plusieurs régions veulent tester la régionalisation dans ce domaine. Cette perspective suscite des interrogations à l’ONF et chez les acteurs de la filière, qui souhaitent le maintien d’une politique forestière nationale

TEMPÊTES de décembre 1999, tègent les dunes, tandis que l’entre- régime forestier ». L’Office est en pointe.Elle a émis l’idée de la « forêt » et « bois » indique que les tive ou absolue dans les approvision- crise financière et chute du cours tien des forêts en montagne partici- conscient qu’il doit être plus ouvert création d’un office régional des demandes de ces régions soulèvent, nements n’aidera pas à développer du bois sur fond de restructuration pe à la prévention des avalanches. aux préoccupations des régions forêts lors de son assemblée pléniè- déjà, de nombreuses interroga- des entreprises déjà exposées ni à en profondeur menée tambour bat- Tous les acteurs de la filière fores- dans la gestion des massifs dont il a re du 26 juillet.« Nous sommes plus tions, en particulier la crainte qu’el- encourager le secteur bancaire à tant, l’Office national des forêts tière – communes (2,6 millions la charge et accorder une meilleure près du terrain et mieux à même de les puissent mettre à mal la politi- investir ». (ONF) vit des heures troublées. d’hectares), propriétaires privés écoute aux besoins des collectivi- gérer les espaces naturels sensibles » que forestière nationale, dont l’im- Yann Gaillard, sénateur D’autant qu’une autre crainte appa- (10 millions d’hectares), Fédération tés : l’ONF « a la capacité d’élaborer assure-t-on à Montpellier.Mais portance est réaffirmée. (appar.UMP) de l’Aube et vice-pré- raît à l’horizon, suscitée par l’inté- nationale du bois (la filière bois des offres de services et des montages l’Aquitaine, dont l’assise forestière sident de la Fédération nationale rêt nouveau de certaines régions à emploie 500 000 personnes) – appa- financiers complexes » correspon- est l’une des plus importantes de «     » des communes forestières (FNCO- gérer, elles-mêmes, leur patrimoine raissent sensibilisés, à des degrés dant aux attentes des collectivités, l’Hexagone, et l’Ile-de-France, avec Ainsi la Fédération nationale du FOR), rappelle que face à cette nou- forestier public, dans le cadre du divers, par cette nouvelle approche, mais aussi à celles de l’Etat et de ses forêts entourant les villes, lieux bois (FNB) souligne qu’« il faut y velle donne les élus des communes droit à l’expérimentation inclus par encore à ses prémices, de gestion l’Europe.« Savoir s’ouvrir et être de détente de millions de prome- regarder à deux fois avant de dépe- forestières ont une « attitude pru- Jean-Pierre Raffarin dans sa réfor- des forêts domaniales.L’ONF est actif » pourrait être, en quelque sor- neurs, sont aussi sur les rangs. cer un outil reconnu et apprécié par dente ». « Mais nous tenons, dit-il, à me de la décentralisation. intéressé au premier chef par ce te, son nouveau slogan. Avec, bien sûr, une vision propre à la communauté internationale ». Si ce que l’Etat continue sa mission réga- Au sein du personnel de l’Office, débat. Plusieurs régions ont fait savoir la spécificité de leur patrimoine : régionalisation il y a, explique Pier- lienne et donc que nous ayons un en arrière-fond des propos des uns au ministère de l’agriculture qu’el- plus environnementale et écologi- re Verneret, directeur à la FNB, elle interlocuteur national. » Une mis- et des autres, plane donc le danger, « ’    » les aimeraient bénéficier d’un trans- que pour les Franciliens, nettement « entraînera au niveau des entrepri- sion d’information va, d’ailleurs, encore perçu confusément, que Il faut, dit-on à la direction, que fert de compétences pour la gestion plus économique pour les Aqui- ses [du bois] des différences néfastes être confiée au président délégué pourrait faire courir pour l’établisse- les évolutions envisagées dans le de leurs massifs forestiers doma- tains.D’autres régions seraient éga- sur leur économie en fonction du lieu de la FNCOFOR, Jean-Claude ment une régionalisation plus ou secteur forestier « contribuent à pré- niaux.La région Languedoc-Rous- lement intéressées, mais affirment de leur implantation. Pour les entre- Monin, et un rapport sera remis au moins poussée.Encore que celle-ci server l’unité de l’établissement, sillon, qui possède environ 250 000 en être encore au stade des hypo- prises leaders ou moyennes, l’approvi- ministère de l’agriculture.Les élus ne puisse s’effectuer qu’au cas par maintiennent la propriété des forêts hectares de forêts publiques (doma- thèses…Un rapide tour de table des sionnement a, aujourd’hui, un carac- redoutent surtout qu’une décentra- cas, les disparités étant très impor- domaniales à l’Etat et confirment le niales et communales), semble être principaux acteurs des filières tère plurirégional : une rétention rela- lisation dans la précipitation ne por- tantes d’une région à une autre – te atteinte au principe du verse- entre les forêts de l’Est et celles du ment compensateur, une manne Sud, par exemple, ou entre les que l’Etat apporte aux communes forêts essentiellement productives La réforme de l’ONF entraînera une diminution de 6,5 % des emplois forestières les plus défavorisées et celles à vocation de loisirs. pour équilibrer leurs revenus du Si l’ONF n’arrive pas à surmonter LE PLAN de restructuration et de réformes en essences.Mais les divergences sont vite appa- che d’une nouvelle stratégie. « On va attaquer la bois, face à celles qui en vivent très ses difficultés financières à l’hori- profondeur de l’Office national des forêts rues sur le plan lui-même et sur la manière de réforme sur son financement », dit Bernard Fran- largement. zon 2006, échéance du contrat de (ONF), lancé il y a un peu plus d’un an par Ber- l’appliquer.Une intersyndicale a mené le quin, secrétaire général de la CFDT-ONF, qui Les propriétaires privés ne sont plan signé en 2001 avec l’Etat, ce nard Goury, l’actuel directeur général, est effec- combat contre la direction, qui a fait descendre précise : « On laisse donc tomber la lutte contre le pas en reste et se disent très favora- dernier sera-t-il tenté, alors, com- tif depuis le 1er septembre.Les échéances déci- les agents dans la rue pour de nombreuses mani- patron, que l’on attend, par ailleurs, sur son bilan bles au maintien d’une politique me il se dit dans les milieux fores- dées au siège de l’ONF, avenue de Saint-Mandé, festations régionales.Un moratoire et une inter- financier de fin d’année, qui sera catastrophi- nationale.Les questions liées à la tiers, de confier aux régions qui le à Paris, ont été respectées malgré le tumulte que vention des pouvoirs publics ont même été récla- que. » Les cégétistes évoquent le « climat d’anar- gestion des forêts ne peuvent pas, désirent la gestion des quelque la mise en place de ce plan pour l’office (PPO) a més par une partie des personnels. chie » et la « grande incertitude » dans lesquels, selon eux, se traiter au niveau régio- 1,8 million d’hectares du parc fores- suscité au sein de l’organisme (Le Monde du selon eux, la réforme a plongé le personnel.Un nal : la responsabilité de l’Etat doit tier public ? C’est déjà le cas en 25 mai).Cette restructuration est supposée «  ’ » travail de terrain est également envisagé par la rester entière dans ce domaine, Corse, depuis l’entrée en vigueur engendrer des gains de productivité : l’obliga- En vain : le plan n’était pas à discuter mais à CGT-ONF pour tenter de renégocier des aména- explique en substance Henri Plauge- du nouveau statut de l’île. tion découle du contrat de plan Etat-ONF signé expliquer.La date de son application, le 1 er sep- gements du PPO. Gillon, le président de la Fédération La crainte est qu’une généralisa- en octobre 2001.La réforme entraînera une dimi- tembre 2002, a été maintenue.Un mois et demi Cependant, au Syndicat national des ingé- nationale des syndicats de proprié- tion de ces transferts ne débouche nution des emplois de 6,5 %, soit 450 postes, par plus tard, la direction peut s’estimer satisfaite, nieurs et cadres de l’environnement et de la taires forestiers sylviculteurs.Ces sur le démantèlement déguisé d’un des départs à la retraite non remplacés. même si l’on y adopte une attitude conciliante, forêt (Snicef-CGC), qui a suivi avec attention les derniers assurent qu’une décentrali- organisme qui assure, dans son Tout le monde – direction, personnel et syndi- en se gardant de pavoiser : « Nous avons mainte- péripéties de la mise en application du plan, on sation posera rapidement le problè- domaine, la fonction régalienne de cats – s’accordait sur l’urgence d’une grande nant la possibilité de relever tous ensemble les estime que celui-ci représente « une ouverture » me des inégalités de revenus des l’Etat.Cette fonction s’exerce y réforme pour sortir l’office de la crise financière défis qui se posent à notre organisme, en tra- et un outil permettant à l’ONF de s’adapter à la régions forestières, et donc de la compris pour la prévention des ris- durable – 450 millions d’euros de déficit cette vaillant sur des objectifs concrets dans le cadre de gestion durable et globale de la forêt qui lui est péréquation entre les plus pauvres ques naturels majeurs : dans les année – que les tempêtes de décembre 1999 la gestion durable de nos forêts. » désormais demandée. et les plus riches. massifs forestiers qui bordent le avaient révélée, et qui s’accentue actuellement Du côté des syndicats, qui laissent percer leur littoral aquitain, les plantations pro- avec la chute du cours du bois, pour certaines amertume, l’heure est au profil bas et à la recher- A. H. Ali Habib Week-end du bon goût à Beaufort, en Savoie

BEAUFORT (Savoie) produit de qualité – souvent classé de notre correspondant en appellation d'origine contrôlée La crème de cassis de Nuits- (AOC) ou pourvu d'un label rou- Saint-Georges (Côte-d'Or) côtoie ge – fruit d'un terroir, d'un savoir- le poiré de Domfront (Orne), faire et d'une histoire. « Visites, l'andouille du Val d'Ajol (Vosges), dégustations, classes du goût et le piment d'Espelette (Pyrénées- séjours à thème font partie du cahier Atlantiques), l'huile de noix de Mar- des charges », précise Murielle tel en Quercy (Lot) ou le sel de Gué- Bousquet, permanente de l'associa- rande (Loire-Atlantique).Tous ces tion chargée à la fois de l'anima- produits ont la particularité de pro- tion du réseau et de l'expertise des venir d'un site remarquable du candidatures à l'association. goût, distinction délivrée par les ministères de l'agriculture, de la    culture, du tourisme et de l'environ- A Beaufort, le visiteur pouvait nement.Chaque automne depuis choisir la facilité en dégustant un 1996, les producteurs de retrou- vin d'Alsace ou de Champagne, vent à Beaufort (Savoie), commu- une huître de Bouzigues ou de ne d’origine d'un fromage réputé Marennes, ou encore un foie gras « prince des gruyères ». du Périgord.Mais il était aussi inci- Il y a six ans, ils n'étaient qu'une té à prendre des chemins de traver- poignée à participer cette manifes- se en direction de la fouace, brio- tation conviviale organisée en che parfumée de Najac (Aveyron), dehors de la saison touristique.Les ou de la soupe de cresson de Méré- samedi 12 et dimanche 13 octobre, ville (Essonne). « Notre village a cet- les représentants de 44 sites fran- te particularité de compter encore çais s'étaient déplacés au 6e Salon une dizaine de producteurs de cres- de Beaufort, qui a accueilli environ son, et le département trente-trois », 10 000 visiteurs, dont le ministre expliquait Christian Barberot, prési- de l'agriculture, Hervé Gaymard, dent de la fédération française des venu l’inaugurer dans le cadre de cressiculteurs et inlassable défen- la semaine nationale du goût, du seur d'une salade trop oubliée. 14 au 20 octobre. Le curieux pouvait également « A Paris, on m'avait ri au nez lors- découvrir que l'histoire du Dom- que j'avais émis l'idée de créer un tel frontais normand est liée non à la Salon ici », se rappelle Jean-Pierre pomme mais à la poire, utilisée Jérôme, bénévole de l'office de tou- pour le Calvados (Le Monde du risme de Beaufort et membre du 20 août), que la fleur de sel, cueillie conseil d'administration de l'Asso- délicatement à la surface de l'eau ciation nationale des sites du goût. est un condiment « qui ne se cuit L’association regroupe près de pas mais se chauffe », ou encore 80 adhérents, sélectionnés pour que les secrets de la fabrication de des productions emblématiques l'andouille du Val d'Ajol ne se associées à une tradition et à un transmettent qu'« oralement »... sens de l'accueil.Les responsables insistent sur l’« accessibilité » d'un Philippe Revil

 a OGM : plusieurs dizaines de militants de Greenpeace se sont ren- dus, samedi 12 octobre, au rayon boucherie de quinze hypermarchés Auchan de treize villes pour dénoncer la présence d’OGM dans l’ali- mentation animale.Selon Greenpeace, Auchan n’a pas pris de mesu- res pour s’approvisionner en animaux nourris sans OGM. a PARIS : le lancement de la concertation pour l’extension du tramway à l’est, jusqu’à la porte de Charenton, en complément de la ligne Pont de Garigliano-Porte d’Ivry, prévue dans le contrat de plan Etat-région, a été autorisée, jeudi 10 octobre, par le Syndicat des trans- ports d’Ile-de-France.La Mairie de Paris souhaitait un prolongement jusqu’à la porte de Bagnolet. 16/LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002 HORIZONS

E DIEU auquel vous dieu nous aurions tous été massacrés. » On croyez est-il le même retrouve ce chevauchement des cultes que celui qui est hono- dans les funérailles : après qu’un moine ré dans la petite église bouddhiste fut venu réciter des soutras sui- catholique voisine ? CES DRÔLES vant la coutume japonaise, la famille du – Je ne sais pas. Mais défunt procède à des rites de purification ce que je sais, c’est que shinto, puis le oji, seul avec le mort, récite L là-bas, c’est une autre un oratio et place dans sa bouche une peti- religion », répond Tomeichi Ooka. Encore e te croix en papier… vert en dépit de ses quatre-vingt-quatre Convertis à la fin du XV siècle, longtemps Les chrétiens cachés ont hérité de leur ans, le vieil homme emmitouflé dans sa longue clandestinité le goût du secret : ils canadienne fut jusqu’au milieu des années sont organisés en petites communautés 1990 le « vieux père » (oji), c’est-à-dire le (kakiuchi), refermées sur elles-mêmes, chef spirituel qui administre le baptême persécutés, quelques milliers de « chrétiens sans contacts avec leurs homologues des d’une communauté de « chrétiens autres îles. Les lieux de culte sont une mai- cachés » de la petite île d’Ikitsuki, dans le son où un officiant (oyaji) dit la prière. Il y département de Nagasaki, l’une des cachés » pratiquent encore dans les petites îles a quatre communautés à Ikitsuki, réunis- régions les plus évangélisées du Japon. sant 269 familles. Avant la guerre, les fem- Non reconnus par Rome, ces chrétiens mes ne devaient pas participer aux cérémo- cachés qui ne comptent plus aujourd’hui nies, mais, au cours du conflit, les hommes que quelques milliers d’âmes disséminées du Japon un culte archaïque mêlé de shintoïsme étant absents, c’est elles qui maintinrent à travers le chapelet d’îles de la côte occi- les rites. dentale du Kyushu, sont les héritiers de Si le culte a résisté aux persécutions et à l’Eglise fondée à la fin du XVIe siècle par la guerre, il est en train de capituler devant saint François Xavier. Ils sont en train de les mutations sociales et économiques. disparaître : leurs enfants se désintéressent Auparavant, travaux agraires et pratique d’un culte autrefois secret, exigeant, et qui religieuse allaient de pair, et la prospérité ne peut vivre que s’il est fervent. Long- due à la chasse à la baleine avait permis de temps ramenées à un folklore local, une maintenir des structures communautaires note en bas de l’histoire de l’évangélisation étroites. Mais au cours des dix dernières du Japon, les traditions des « crypto-chré- années, la crise économique a fait éclater tiens » recèlent pourtant de précieuses indi- les communautés : les enfants sont partis cations sur la foi que diffusèrent les mis- et le culte n’est plus pratiqué que par leurs sions il y a quatre siècles et sur les efforts vieux parents. «Le temps a changé. Nos d’« inculturation » (l’adaptation du messa- enfants ne veulent plus apprendre les prières. ge chrétien à un contexte culturel) ébau- On ne peut rien faire contre cela. Autrefois, chés alors par les jésuites. Aujourd’hui, l’appel de Dieu était plus fort », dit M. Ooka. anthropologues japonais et étrangers s’em- «Il y avait une force dans la clandestinité pressent de recueillir ces traditions orales qui a disparu aujourd’hui, commente le pro- avant que ne s’évanouisse cette mémoire fesseur Kentaro Miyazaki qui étudie les vivante d’un christianisme d’autrefois. Ils chrétiens cachés de Nagasaki. Aujourd’hui, en décryptent l’iconographie et étudient aux yeux des jeunes, il ne reste que des rites, ses rites, tandis que les musicologues enre- des tabous et une doctrine amorphe. Le culte gistrent les cantiques de ces chrétiens ana- a perdu son mystère. » Ce mystère se trouve chroniques, dont certains sont des versions encore dans l’oratio : il ne faut pas moins de chants grégoriens aujourd’hui disparus. de sept ans pour apprendre ces prières Après l’interdiction de la foi et les persé- transmises oralement qui mêlent dans un cutions au tournant du XVIe et du XVIIe siè- sabir difficilement compréhensible latin, cle, beaucoup de Japonais croyants se portugais et japonais et sont psalmodiées replièrent sur un culte clandestin, sans pas- comme un soutra, sans égard à leur signifi- teur ni sacrement, vénérant secrètement cation. des images saintes et psalmodiant des priè- C’est l’oubli, par les petits-enfants, des res dont, peu à peu, le sens fut perdu. Cette ancêtres morts pour leur foi qui meurtrit le foi secrète survécut pendant deux siècles et plus profondément les vieux chrétiens demi. Avec le retour des missions au milieu Une femme dépose des fleurs sur une tombe à l’«église » d’Amakusa, dans le département de Nagasaki, sur l’île de Kyushu. d’Ikitsuki, estime Keiji Watanabe, de l’uni- DE PAROISSIENS du XIXe siècle, qui sera suivie de la levée de versité Columbia (Etats-Unis), qui tourne l’interdiction du christianisme en 1873, les un film sur eux. «Certains se replient dans chrétiens sortirent de la clandestinité : le secret espérant y retrouver une flamme. c’est ainsi qu’un beau jour de 1865, le Père D’autres enfin se résignent à la disparition Bernard Petitjean, des missions étrangères de leur culte et se préparent à dissoudre leur de Paris, qui avait rouvert une petite église communauté », dit-il. Dans ce cas, ils se sen- à Nagasaki, vit arriver vers lui trois femmes tent coupables vis-à-vis de leurs ancêtres qui lui dirent à voix basse en regardant et se donnent un ou deux ans pour les l’autel qu’elles «croyaient dans le même « prévenir » de leur décision… dieu » que lui. D’autres les rejoignirent, si bien qu’on décompta près de 50 000 des- ANS l’île Narushima, chaque cendants des 700 000 convertis de la fin du village honore un kimono XVe siècle. Une partie rejoignit l’Eglise offi- qu’aurait porté un martyr. cielle, les autres restèrent fidèles au culte Lors des funérailles, on en de leurs ancêtres persécutés. C’est le cas de coupe une pièce qui est pla- la famille de M. Ooka qui vit à Ikitsuki céeD dans les mains jointes du défunt. «Si depuis sept générations. l’on réunissait tous ces petits morceaux de Cette petite île située au large de celle de tissu, on pourrait reconstituer le kimono. Hirado fut une sorte de « Rome » nippone. Mais bien que ce rituel rappelle la concep- En 1945, sur ses 12 000 habitants, pour la tion chrétienne du corps du Christ composé plupart baleiniers et paysans, la majorité des membres de l’Eglise, il s‘agit ici d’une étaient des crypto-chrétiens. Aujourd’hui, communauté non pas universelle mais loca- Ikitsuki ne compte plus que 8 000 habi- le », dit l’anthropologue Christal Whelan, tants, dont un millier de chrétiens cachés auteur d’un documentaire. et à peine 300 catholiques réguliers. Avec Avec la disparition de ces drôles de chré- ses rizières en terrasses et ses criques tiens, c’est une page de l’action des mis- rocheuses battues par les vagues, c’est une sions qui est en train de se tourner. «Il est petite bande de terre paisible et accueillan- erroné de comparer leur culte avec le chris- te, dont on fait le tour en voiture en moins tianisme contemporain. Ce qu’il éclaire, d’une heure. Comme les îles Goto, plus au c’est le passé », estime Shigeo Nakazono, sud, autres terres de chrétiens secrets, on y conservateur du Musée d’Ikitsuki et retrouve des paysages d’un Japon des auteur d’un livre, richement illustré par   . / estampes, étrangement piqués par les clo- Hommes et femmes sont assis séparément durant l’office de la veillée pascale. les images pieuses du culte. Celles-ci sont chers de ses petites églises, sans banc ni significatives du processus d’inculturation prie-dieu, au sol en tatamis (nattes), où ébauché par les successeurs de François l’on se déchausse en entrant. Xavier tels qu’Alessandro Valignano Cette poussière d’îles fut aussi une terre (1539-1606). Visiteur des Indes, responsa- de supplices, que signalent des tombes de ble de la mission au Japon, il prônait une martyrs aux noms chrétiens dont l’histoire conversion douce, et s’attacha à « acclima- tend à se confondre avec celles de grandes ter » les images pieuses. Un atelier de figures bibliques. Ikitsuki fut évangélisée beaux-arts fut ouvert à la fin du XVIe siè- très tôt : le missionnaire Luis de Almeida, NIPPONS cle à Arima, puis à Nagasaki, sous la direc- qui s’y rendit en 1561, écrit qu’il y avait une té de Nakaeshima, qui devint par la suite le De même que les reliques devinrent des homme à la coiffure en chignon comme un tion du jésuite Giovanni Nicolo : en sorti- grande croix au sommet d’une colline et lieu saint des chrétiens d’Ikitsuki, lesquels objets sacrés détachés de toute doctrine et samouraï, vêtu d’un kimono et dont le rent des peintures à l’huile et des aquarel- que l’église pouvait contenir 600 person- vont y recueillir l’eau sacrée des baptêmes. que les figures de l’Ecriture tendirent à se front est surmonté d’une croix qui, selon les qui se mâtinèrent peu à peu d’influen- nes. La conversion des seigneurs de la Certains abjurèrent en foulant au pied des confondre avec celles de la cosmologie les experts, serait un Saint-Jean. Il se signe ce locale. Rares sont les œuvres qui ont guerre – et quelque peu pirates –, de Hira- images pieuses. D’autres firent semblant bouddhique, les rites se mâtinèrent de pra- du pouce droit sur le front et la poitrine à survécu au bannissement du christianis- do, soucieux de développer le commerce et, tout en observant les rituels bouddhi- tiques religieuses locales liées aux rites la manière des missionnaires de jadis. me dans l’archipel. L’iconographie de ces avec les Portugais, favorisèrent les conver- ques ou shinto (religion autochtone, sorte agraires du culte shinto. C’est ainsi que les Ensuite, il va se recueillir devant le petit « dieux du débarras » (parce qu’ils étaient sions. d’animisme), ils continuèrent à vénérer en chrétiens cachés célèbrent Noël, non le autel shinto suspendu en haut du mur de la dissimulés au fond des maison)s est l’ex- Lorsque le christianisme fut interdit – secret des reliques (images jaunies et écor- 25 décembre, mais au moment du solstice pièce principale où sont placées des offran- pression, encore mal connue, d’un art reli- par crainte des ambitions colonisatrices nées de Marie arrachées à des missels, d’hiver et que le riz et le saké remplacent le des, puis il va faire ses dévotions à la « divi- gieux qui n’a pas atteint des sommets qui se profilaient derrière les missions, médaillons aux figures presque effacées) pain et le vin. Délibéré pour les premières nité du foyer » (divinité populaire du culte esthétiques mais témoigne d’une époque. mais aussi de l’influence de cette nouvelle ou des divinités du panthéon bouddhiques générations, ce métissage finit par ne plus shinto qui protège la maison) et enfin Ainsi, remarque Shigeo Nakazono, le foi sur les révoltes paysannes –, des sur l’envers desquelles était représenté un être ressenti comme tel par les suivantes devant l’autel bouddhique où est honorée kimono que porte le Saint-Jean vénéré croyants se réfugièrent à Ikitsuki. Beau- saint chrétien : telle la déesse de la miséri- et, lentement, s’opéra un syncrétisme des la mémoire de ses ancêtres. «Tous les dieux par M. Ooka est-il décoré de motifs de coup périrent dans la destruction de l’égli- corde, Kannon, muée en « Maria Kan- croyances chrétiennes et locales aujour- sont bons et aucun ne doit être discriminé », camélia, dont la fleur tombe d’un seul se et le massacre des fidèles. Certains non ». La clandestinité décuple les imagina- d’hui indissolublement confondues. explique M. Ooka qui s’incline toujours en coup avant d’être fanée, telle la tête déca- furent brûlés vifs sur ce qui s’appelle tions : des miroirs de cuivre poli placés M. Ooka commence sa journée par une passant devant l’Eglise, où il n’entre cepen- pitée d’un martyr… aujourd’hui la « Montagne enflammée ». sous un certain angle de lumière font appa- prière devant une peinture sur soie repré- dant que pour les funérailles d’un ami : «Si D’autres furent suppliciés sur l’îlot inhabi- raître la croix. sentant celui qu’il nomme Gozensama : un nos ancêtres n’avaient honoré qu’un seul Philippe Pons LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002/17 HORIZONS KIOSQUE

DANS LA PRESSE FRANÇAISE La vie terne d’un bureaucrate gris, Erich Honecker a LCI Pierre-Luc Séguillon Le terrible attentat de Bali démon- Arrivé au pouvoir grâce à la construction du mur de Berlin, renversé par sa chute, tre la réalité de la menace planétaire qu'est aujourd'hui le terrorisme, l’ancien dictateur est-allemand n’a jamais compris, selon « Focus », les raisons de l’effondrement du communisme très justement dénoncée par Geor- ge Bush. Mais cet effrayant carnage LA DÉCOUVERTE ne boulever- Inventaire fait, ce sont quelque rentré chez lui, il redevenait le ra, causera sa chute. Débarqué souligne aussi la vanité des répon- sera ni la connaissance historique 400 photos, des documents offi- petit homme conventionnel que par la perestroïka et ses pairs, en ses que l'Amérique oppose de l’ancienne RDA ni celle de ses ciels mineurs, des manuscrits le système avait façonné. octobre 1989, il atterrit finale- aujourd'hui à ce danger. Se focali- dirigeants. Elle permettra tout politiques, des lettres personnel- ment à Santiago du Chili, après ser sur Bagdad quand ce terroris- juste de confirmer ce que l’on les qui sont livrés au public. Pho-    «  » un passage par Moscou, d’où il me ne connaît ni frontières ni pressentait en observant Erich tos de famille où l’on voit le Les photos le montrent élève à est quasiment expulsé par Boris nationalités, mais frappe aussi Honecker, dirigeant de l’Allema- tre que Honecker aurait mis à jeune couple s’amuser avec sa l’Ecole des cadres de Moscou Eltsine, puis par la prison de bien à New York qu'à Bali, au gne communiste, dont la chute l’abri au lieu de les restituer à fille, puis, plus tard, avec sa peti- dans les années 1930, puis chef Berlin, qu’il quitte à cause de son Yémen qu'à Djerba, à Karachi ou à du Mur causa la perte : l’homme l’Etat allemand réunifié. Mais te-fille. Photos de vacances des Jeunesses communistes d’une état de santé. Kaboul paraît une aberration. Le avait la grandeur d’un bureaucra- c’est sur deux modestes valises, modestes au bord de l’eau, puis, RDA qui naît sur les ruines du Les lettres de cette époque, détestable attentat de Bali devrait te gris, soucieux de respectabilité. une rouge en faux cuir et une en moins modestes, dans une île de nazisme. Le regard est droit et la échangées avec ses proches res- faire réfléchir les dirigeants occi- Jusqu’à sa mort, en 1994, il n’a tissu noir avec serrures dorées, la Baltique exclusivement réser- posture décidée, l’avenir du socia- tés au pays, témoignent d’un dentaux. Plutôt que de s'interroger rien compris de ce qui avait pro- qu’elle est tombée. Elles ne conte- vée à la nomenklatura est-alle- lisme s’annonce radieux et l’en- Honecker malade et aigri qui n’a sur la pertinence d'une guerre voqué l’écroulement de son régi- naient que des effets et des docu- mande, ou encore à Cuba, où thousiasme du jeune Erich, com- toujours rien compris. Chef d’un éclair contre l'Irak, avec ou sans la me. Etalés dans le magazine alle- ments personnels. Honecker (costume, chemise, cra- me réchauffé au souffle de la Etat dont la moitié des citoyens bénédiction des Nations unies, il mand Focus, photos et docu- A la demande de Margot, la vate, chaussures et chapeau révolution à venir, semble intact surveillait l’autre moitié, il ne leur revient de se préparer à une ments privés inédits retracent la famille demeurée à Berlin avait blancs) examine avec un Fidel malgré les épreuves subies ; il a pouvait vivre les événements guerre longue et inédite avec un vie familiale de l’ancien dirigeant reçu mission de les faire parvenir Castro empâté dans son battle- passé dix ans dans les prisons hit- qu’à travers le prisme policier. terrorisme qui n'a pour seule moti- est-allemand, ex- tout-puissant au Chili. Un camarade, ancien dress vert olive une curiosité tro- lériennes. En 1961, l’homme por- Sans, au choix, ces « cochons », vation que sa haine brute de l'Occi- chef du parti et de l’Etat, mort en homme de confiance du couple picale. Margot Honecker, en te feutre et manteau gris, et se cette « racaille » qui ont poussé à dent. exil au Chili, où survit toujours sa du temps de sa splendeur, les a robe longue, gravit le grand fait un nom en organisant la cons- « la chasse aux sorcières anticom- veuve, Margot, elle-même ancien- finalement réceptionnées. Désar- escalier de l’Opéra de Paris. truction du mur de Berlin. muniste », écrit-il, le pouvoir a LE FIGARO ne ministre de la culture et de genté et peu scrupuleux, il les a Plus qu’un dictateur, Honecker Construit sans états d’âme, ce rouge régnerait toujours à Berlin- Michel Schifres l’éducation de RDA. confiés à Focus moyennant était ce que l’historien berlinois Mur lui ouvre la voie du pouvoir Est. Pour qui a accepté l’idée d’une Focus raconte l’histoire de ces « honoraires ». La rédaction du Michael Lemke appelle un suprême, qu’il atteint en 1971, guerre sans fin et sans scrupules documents : depuis trois ans, sa magazine refuse d’en révéler le « administrateur de la dictatu- en remplaçant Walter Ulbricht à Georges Marion menée par le terrorisme, le carnage journaliste, Katrin Sachse, était à montant, mais assure qu’il n’est re ». L’administrateur en chef. la tête du PC. Mais c’est ce de Bali n’est pas une surprise. Ce la recherche de tableaux de maî- « pas exorbitant ». Mais, une fois quitté le bureau et même Mur qui, lorsqu’il tombe- e www.focus.msn.de n’est évidemment pas une raison pour baisser les bras. Au contraire. SUR LE NET LA SÉLECTION DE COURRIER INTERNATIONAL Le problème est que les questions touchant au terrorisme sont volon- Les documents cités sont accessibles tairement emmêlées par les princi- à l’adresse www.lemonde.fr/surlenet paux acteurs afin de renforcer leur démonstration. Ainsi le terrorisme Numérique hertzien Les « rouges-verts » vus par la presse allemande a-t-il tout intérêt à sataniser l’Occi- a Le 15 octobre, Michel Boyon doit dent pour trouver de nouveaux rendre son rapport sur la télévision La tâche du chancelier Schröder sera rude face aux exigences de ses partenaires adeptes. Et aussi détestable que numérique terrestre (financement, soit le parallèle, l’administration coûts, service public, développe- RUDE sera la tâche du gouverne- Selon Die Welt (droite), le chan- nelles d’une société libérale, notam- faveur des autres, écrit le Spiegel. Bush va puiser dans la tuerie indo- ment des chaînes locales). ment « rouge-vert » de Gerhard celier indique ainsi « qu’il veut reve- ment la famille au sens classique ». Schröder avait joué sur cette corde nésienne de nouveaux arguments www.premier-ministre.gouv.fr Schröder, réélu de justesse le nir au centre après deux années gas- Ils insistent en effet « sur la réduc- pendant la campagne, accusant les pour justifier sa croisade et tenter /fr/p.cfm?ref=34958 22 septembre. Les mauvaises nou- pillées à la tête du pays et une cam- tion des avantages fiscaux consentis patrons d’avidité et critiquant l’ex- d’obtenir la pleine adhésion de ses a Le 31 octobre, le Conseil supé- velles économiques s’accumulent pagne électorale plutôt gauchiste ». aux couples mariés afin de financer ploitation des petites gens. On parle alliés dans son combat contre le ter- rieur de l’audiovisuel rendra public alors que le chancelier est en plei- La preuve : « Clement est un moder- de nouvelles crèches pour enfants ». de nouveau en Allemagne de solida- rorisme, donc, suivant sa logique, la liste des candidats retenus. On ne négociation avec ses partenai- nisateur opposé aux sociaux-démo- C’est que la coalition de gauche rité et le besoin s’accroît d’être rassu- contre l’Irak. Il y a là une spirale où peut d’ores et déjà consulter la trans- res sur un « contrat de coalition ». crates traditionnels et aux syndi- « souhaite de plus en plus lancer un ré face à une économie plus rude ». les règles et les principes des rela- cription des auditions publiques. « L’économie au bord de la réces- cats. » Ces derniers sont d’ailleurs vaste débat sur la justice sociale Or, demande Die Welt, « ses recet- tions internationales risquent www.csa.fr/infos/publications sion », titre le quotidien économi- « ouvertement critiques » alors que avec, pour mots d’ordre, l’égalité tes suffiront-elles pour appliquer à d’être emportés. Et où les réserves /publications_television.php?cat=1 que Handelsblatt. « Pas de lu- le patronat « se félicite de cette des chances, la richesse excessive l’Allemagne le traitement de choc de certains, comme la France, a La direction du développement mière au bout du tunnel : pour le nomination ». Mais Die Zeit croit des nantis et le rééquilibrage en dont elle a besoin ? ». seront plus délicates à exprimer. des médias présente « les princi- quatrième mois consécutif, la con- voir derrière ce choix un enjeu plus pales étapes de l’arrivée de la TNT joncture allemande s’est aggravée. politicien : « Le très bon résultat dans les foyers ». La situation est particulièrement électoral des Verts risquait de don- www.ddm.gouv.fr/television morose en ex-RDA. » L'évolution ner un peu trop de poids au ministre /dossiers_thematiques/tnt2.html est surtout inquiétante sur le front des affaires étrangères, Joschka a L’Institut national de l’audiovi- du chômage : « Presque 4 millions Fischer. Avec la forte tête Wolfgang suel publie une réflexion sur les de chômeurs, le chiffre le plus élevé Clement, l’équilibre est rétabli. » enjeux de la diffusion numérique depuis 1999, 200 000 de plus en un hertzienne du point de vue du télé- an. Et les économistes pensent que  «  »   spectateur. la reprise n’est pas pour demain. Les Verts peuvent cependant se www.ina.fr/produits/publications/da Une hausse à 4,5 millions n’est pas prévaloir d’avoir « fait bouger le /98/articles/telespectateur.fr.html exclue l’an prochain », renchérit la SPD dans le domaine de la politique a Le directeur général de la concur- Süddeutsche Zeitung, qui rap- étrangère et de sécurité. Sûrs d’eux- rence, de la consommation et de la pelle que « la lutte contre le chô- mêmes et forts de leurs convictions, répression des fraudes a étudié les mage de masse constitue le princi- ils ont arraché deux concessions au « enjeux et modalités de mise en pal défi pour la coalition ». Un petit chancelier (…) : la réforme de la Bun- œuvre [de la TNT] au regard des « air de déjà vu règne à Berlin » : deswehr est relancée et la réduction règles de la concurrence ». selon le journal de Munich, les par- de ses effectifs est à l’ordre du jour ; www.minefi.gouv.fr/minefi tenaires de la coalition « donnent de plus, la conscription n’est plus un /pratique/tvnum/index.htm l’impression de vouloir continuer là dogme intouchable. Un débat aura a Le CSA a commandé une étude où ils s’étaient enlisés en 1999 ». lieu à la fin de la législature pour sur la distribution commerciale de Pour l’hebdomadaire Die Zeit savoir si elle correspond encore aux cette technologie. (centre gauche), M. Schröder a exigences de la politique de sécurité. www.csa.fr/pdf/etudeADL.pdf réussi un premier coup « en créant C’est plus qu’un succès d’estime a Le ministère de la culture fait le un super-ministère de l’économie et pour les Verts », estime la Süd- point sur la mise en place de cette du travail, à la tête duquel il a deutsche Zeitung. technologie dans le monde. nommé Wolfgang Clement, le chef La Frankfurter Allgemeine www.culture.gouv.fr/culture du gouvernement de Rhénanie- Zeitung critique les Verts, accusés /actualites/forum/dossier.htm Westphalie du Nord ». Avec ce puis- de « mener une attaque idéologique sant baron social-démocrate, il en règle contre tout ce que l’on peut [email protected] pourra imposer ses réformes. considérer comme valeurs tradition- AU COURRIER Rose bonbon baccalauréat scientifique. Puis, le DES LECTEURS et la création artistique relais a été pris par la faculté de La fiction a bon dos et la créa- Caen. Je lui renvoyais des devoirs Histoire et politique tion n’excuse rien car dans ce cas de sciences physiques corrigés et Au cours de la séance de l’As- l’on pourrait fort bien tenir des je dois dire que j’ai rarement eu semblée nationale du mercredi propos racistes voire négationnis- un élève si motivé, si persévérant 2 octobre, M. François Fillon tes en se cachant derrière d’éven- et si appliqué. J’ai un peu débor- s’est permis de reprocher aux tuels personnages. Mais la loi, en dé vers mon collègue de lettres socialistes « la responsabilité du France, empêche cette hypocri- en lui conseillant des lectures Front populaire dans l’effondre- sie. Il est paradoxal de porter aux pour se cultiver. Notamment, Bal- ment de la nation française en nues la création artistique tout en zac, Stendhal, Hugo et surtout 1940 » (Le Monde du 4 octobre). expliquant que son contenu est Flaubert car j’ai considéré qu’il La phrase de M. Fillon est sans conséquences « ce n’est que était une réplique moderne d’Em- indécente, d’abord parce qu’elle de la fiction » (Le Monde daté ma Bovary. Puis, pour la langue, reprend des arguments dignes 6-7 octobre), comme si seul le dis- je lui ai proposé Anatole France des poubelles du gouvernement cours scientifique, religieux, poli- et André Gide. Il m’en a rendu de Vichy, ensuite parce que l’ar- tique, avait un contenu, tandis compte et en semblait heureux. gument de l’impréparation mili- que le discours artistique n’aurait Chaque année, il m’envoyait taire imputée au gouvernement pas de sens ou les aurait tous, une carte de vœux et, dès sa sor- du Front populaire n’a pas tenu annihilant ainsi tout lien entre tie, il m’a téléphoné et je l’ai historiquement. esthétique et thétique. Si la censu- même reçu chez moi. Je n’ai pas Par contre, ainsi que l’a écrit le re ne résout rien, le relativisme reçu que des félicitations pour général de Gaulle : « L’armée se non plus et la provocation nihilis- cela ni de mes amis ni de ma figeait dans les conceptions qui te qui tient lieu aujourd’hui de lit- famille. avaient été en vigueur avant la fin térature, voire de pensée pour cer- A 87 ans, je pense encore que de la dernière guerre. Elle y était tains, non plus. Degré zéro du dans la pire des fanges on peut d’autant plus portée que ses chefs sens, à force de non-sens. trouver la graine qui donnera vieillissaient à leur poste, attachés Lucien-Samir Oulahbib naissance à une fleur et, dans le à des errements qui avaient, jadis, Paris pire des hommes, faire jaillir fait leur gloire. » (Mémoires de l’étincelle d’où pourra sortir le guerre- l’Appel.) Patrick Henry : meilleur. L’histoire devait juger – pas espoir déçu Aujourd’hui, j’avoue que je suis M. Fillon. J’ai été, avec quelques autres, très déçu. André Luguet l’un de ceux qui ont aidé Patrick Henri Montias Bry-sur-Marne (Val-de-Marne) Henry à passer du primaire au Paris 18/LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002 HORIZONS DÉBATS 2003 sera une année terrible par Nicolas Baverez

UATRE facteurs naturel de l’économie française toucher à nouveau 10 % de la 1990) ; la montée du risque systémi- autour de deux volets : le renforce- tère pervers et inapplicable du pac- contribuent à don- s’élève à 3 % et qu’il ne sera que population active. que sur le secteur bancaire au ment de l’offre productive par une te de stabilité. La France, mais aus- ner à l’exercice bud- légèrement affecté à la baisse par Le constat est clair : en guise de Japon (créances douteuses équiva- forte baisse des impôts (notam- si l’Allemagne et l’Italie (sauf mani- gétaire de la Fran- la configuration redoutable d’un déficit zéro pour 2004, la France va lentes au PIB de l’Australie) mais ment les plus antiéconomiques tels pulation de leurs comptes) dépas- ce pour 2003 une krach boursier mondial, des scan- droit à la croissance zéro pour aussi en Europe et aux Etats-Unis, l’impôt sur le revenu et l’ISF) et des seront, sans doute largement, les Q exceptionnelle dales comptables et financiers, du 2003. Ce qui, en termes de finan- ce qui se traduit par un début de charges, incitant à la mobilisation 3 % de déficit en 2003 et ne seront importance. En pre- blocage du processus de mondiali- ces publiques, se traduira par un credit crunch ; la conversion de l’ad- du travail et du capital ; la réorien- nullement en situation d’équilibre mier lieu, l’économie mondialisée sation et de la perspective d’un déficit compris entre 3,5 % et 3,8 % ministration Bush au protectionnis- tation des dépenses publiques vers en 2006. Cette mise en échec d’un affronte sa première crise généra- conflit en Irak. du PIB, très comparable à celui qui me et la dévaluation du dollar. les investissements structurants mécanisme absurde sur le plan le, qui touche tous les continents L’erreur est complète. Du attend l’Allemagne et qui peut être Dans ces conditions, une politi- générant de fortes externalités et se traduit par un krach boursier point de vue des structures, le estimé à 3,7 % du PIB contre 2,7 % que budgétaire de retour à l’équili- (transports, énergie, télécommuni-   est avocat, d’une intensité comparable à celui potentiel de croissance de l’éco- officiellement. bre, par ses effets déflationnistes, cations…) et vers les secteurs d’ave- économiste et historien. de 1929 (dix-huit mois de baisse nomie française est limité à Compte tenu des mécanismes serait totalement contre-producti- nir, au premier rang desquels la continue des marchés depuis 1,5 %, ce qui correspond à un cumulatifs des dépenses liées à la ve, y compris sur le plan des finan- recherche. mars 2000, avec un recul de 60 % taux de chômage incompressible fonction publique (115 milliards ces publiques puisqu’elle détruirait Les Etats-Unis mènent actuelle- théorique (car ajoutant la défla- des cours des actions). qui se situe entre 8,5 % et 9 % de d’euros), à la dette (38 milliards plus de recettes fiscales qu’elle ne ment ce type de politique, à travers tion à la déflation) comme sur le Par là même, l’illusion d’une la population active. d’intérêts pour 880 milliards d’en- réduirait les dépenses. 50 milliards de dollars de baisse plan pratique (la norme de 3 % est autorégulation des systèmes Ces performances ne peuvent cours) et à la protection sociale Il est par ailleurs juste de rappe- d’impôts qui ont jusqu’à présent laxiste en période de haute crois- d’échanges et de paiements s’est être significativement améliorées (déficit de 6 à 7 milliards pour la ler que le gouvernement agit sous permis d’éviter la récession et des sance comme lors de la seconde dissipée, entraînant un retour en que par une conjoncture excep- seule assurance-maladie), comme la contrainte d’une situation finan- programmes massifs de soutien moitié des années 1990 et dange- force des Etats dans le soutien de tionnellement favorable (ce qui de la chute des recettes fiscales cière très dégradée du fait du laxis- public à la recherche (38 milliards reuse en période de crise) n’aurait la conjoncture comme dans la con- me de la gauche plurielle (15 mil- de dollars pour la défense, 27 pour rien que de très satisfaisant si elle duite des politiques structurelles, liards d’euros de prélèvements sup- la médecine…). ne laissait entier le problème de la ramenant le pouvoir du côté de la plémentaires de 1997 à 2002 inté- Or le budget 2003 a choisi de ne conduite de la politique économi- politique économique et non plus Le constat est clair : en guise gralement affectés à la fonction pas choisir en se privant de toute que de l’Euroland. de celui des marchés (Etats-Unis publique). marge de manœuvre du fait de la Si le pacte de stabilité est absur- en tête avec une action coordon- de déficit zéro pour 2004, Pour autant, il est permis de s’in- non-réforme de l’Etat et en prati- de, il reste vrai qu’une discipline née de la politique monétaire et terroger sur le contenu du déficit, quant le saupoudrage. budgétaire est indispensable entre budgétaire, le recours au protec- la France va droit à la croissance zéro qui reflète l’absence d’une politi- Les baisses d’impôts et de charges les onze membres, sauf à provo- tionnisme et à la dévaluation du que économique cohérente. Le défi- sont en définitive limitées et écla- quer l’implosion à terme de la dollar, le soutien direct des sec- pour 2003 cit peut en effet être consacré à la tées entre les ménages et les entre- zone monétaire. Mais cette disci- teurs les plus touchés par les atten- modernisation des structures éco- prises. Le caractère symbolique des pline ne peut être que politique, tats du 11 septembre 2001). nomiques ou sociales, ou aller à suppressions d’emplois civils (1 089 fondée autour d’un gouverne- Après la mise en place effective fut le cas de 1997 à 2000) ou par liées à la baisse de l’activité, la des dépenses improductives. C’est sur 58 000 départs en retraite) entraî- ment économique de l’Euroland de l’euro en 2002, l’actuelle procé- des réformes fondamentales du France se trouve sur une tendance à ce second choix que s’est rangé le ne une hausse des charges de la et non pas sur de pseudo-critères dure budgétaire constitue ensuite, fonctionnement de l’Etat, des pré- de déficit de 4 % à 5 % du PIB pour gouvernement, dans la continuité fonction publique de 2,5 milliards dont le degré de sérieux est équiva- sur le plan européen, le premier lèvements fiscaux et sociaux, du 2004. de ses prédécesseurs. d’euros (dont 1,3 milliard pour les lent à la défunte norme du retour test grandeur nature des institu- marché et du droit du travail, de la Cela apparaît au reste parfaite- Le déclin économique de la Fran- retraites, ce qui n’empêche pas un sur investissement de 15 % du capi- tions de l’Euroland, et notamment protection sociale, réformes que ment logique compte tenu de l’ab- ce ne cesse de s’accélérer, avec un prélèvement de 830 millions sur le tal investi. de la mécanique du pacte de stabi- l’ensemble de la classe politique sence de changements fondamen- PIB désormais inférieur de 9 % à régime général de la CNAV, extraor- Deux conclusions en découlent. lité destinée à coordonner les s’accorde pour exclure. taux dans la régulation de l’écono- celui du Royaume-Uni (alors qu’il dinaire exemple de solidarité à L’Euroland, confrontée à une crise finances publiques des onze Etats A l’inverse, elles ont vocation à mie et dans la sphère publique était de 25 % supérieur dans les rebours des salariés travaillant jus- majeure du capitalisme, ne peut membres. être très inférieures en cas de réces- (sinon la hausse de 10 % des effec- années 1970), un PIB par tête qui la qu’à 65 ans vers les fonctionnaires rester davantage dénuée de toute Enfin, en l’absence de débat éco- sion mondiale, ainsi qu’il fut obser- tifs de la fonction publique) depuis place au 12e rang en Europe et au retraités à partir de 60). capacité à définir et conduire une nomique lors des élections prési- vé en 1993 après la guerre du Gol- le début des années 1990. politique économique, et s’instal- dentielle et législatives, la loi de fe (croissance négative de – 1 %, Ce spectaculaire dérapage des ler durablement dans le pire des finances pour 2003 fournit la pre- chômage repassant de 9 % à finances publiques françaises ne compromis, expérimenté dans les mière occasion de prendre connais- 11,5 %, déficits publics dérapant constitue pas pour autant une fau- L’argent public reste affecté en priorité années 1990, fondé sur une politi- sance et d’évaluer les priorités éco- entre 4 % et 5 % du PIB). te de politique économique. Il est que monétaire déflationniste et nomiques et sociales du nouveau Or 2003 se présente comme une paradoxalement justifié par la gra- à un certain nombre de clientèles une politique budgétaire hors de gouvernement. nouvelle année terrible. Avec une vité de la situation de l’économie tout contrôle. D’où l’absolue Le budget pour 2003 doit donc croissance de l’ordre de 1 %, hors mondiale que masquent des hypo- et de corporations, et non pas orienté nécessité de réformer le statut de être évalué au regard de trois critè- l’hypothèse d’une guerre avec thèses de croissance irréalistes. la BCE et de lui donner un contre- res : la crédibilité des hypothèses l’Irak qui, via la hausse du pétrole La crise des années 1930 montre vers la restauration de la base pouvoir politique, chargé notam- économiques et des comptes qui au-delà de 30 dollars le baril (con- que trois conditions doivent être ment de la coordination des politi- en résultent ; la cohérence de la tre une hypothèse de 25 dollars réunies pour transformer le dégon- productive de la nation ques budgétaires. politique économique dont il est la dans la loi de finances), ferait bas- flement d’une bulle spéculative en Seconde conclusion : la France, traduction ; l’impact sur le systè- culer l’économie mondiale et la déflation mondiale : une politique au-delà du choix de court terme me de l’Euroland et, plus large- France dans la récession. monétaire restrictive ; une faillite 18e au sein de l’OCDE, un taux L’investissement civil, laminé de qui consiste à laisser filer les défi- ment, sur les engagements euro- Du côté de l’offre, le nombre en chaîne des banques ; une course d’emploi de 58 % et un investisse- 4,7 milliards en 2002, ne progresse cits et une fois le risque de défla- péens de la France. des faillites est en train de doubler aux barrières protectionnistes et ment stagnant depuis le début des que de 650 millions d’euros en tion conjuré, va se trouver inélucta- « Le mensonge n’est pas haïssable sous l’effet des contraintes de tré- aux dévaluations compétitives qui années 1990. 2003. Dans le même temps, le bud- blement confrontée d’ici à 2005, en lui-même, mais parce qu’on finit sorerie liées aux 35 heures et à la détruit le système des échanges et Le problème français est donc get de la recherche est soumis à comme dans les années 1980, à un par y croire », soulignait Marcel suspension des crédits bancaires des paiements internationaux. d’abord un problème d’offre, lié d’importantes coupes. nouveau choix cardinal entre la Arland. Ainsi la bulle spéculative aux entreprises, tandis que les pro- Aujourd’hui, ces trois conditions aux politiques malthusiennes pour- L’argent public reste donc affec- poursuite de ses engagements s’est-elle nourrie de la pseudo-nor- fits et les investissements régres- ne sont heureusement pas rem- suivies par les différents gouverne- té en priorité à un certain nombre européens – au premier rang des- me du retour sur investissement sent. plies dans leur totalité, mais les ments depuis la fin des années de clientèles et de corporations, et quels sa participation à l’Euroland de 15 %, érigée en loi d’airain du Du côté de la demande, les signaux d’alerte localisés ne man- 1980, faites de déflation monétaire non pas orienté vers la restaura- – et l’immobilisme de ses structu- capitalisme dérégulé avant de dis- exportations sont en très fort recul quent pas : le maintien d’une politi- et fiscale, d’une part, d’éviction du tion de la base productive de la res corporatistes. paraître avec le krach. (– 10 %) et la consommation est en que monétaire déflationniste par la travail par le jeu des préretraites et nation. Sous 2003 pointent non seule- De même, le gouvernement fran- passe de s’enrayer, sous l’effet de BCE (qui n’a rien compris ni rien des 35 heures, d’autre part. D’un point de vue européen, le ment le spectre de 1993 – avec la çais s’obstine contre toute raison à l’arrêt des créations d’emplois et appris de la stag-déflation euro- Une utilisation dynamique du budget de la France pour 2003 récession – mais celui de 1983 – soutenir que le taux de croissance de la hausse du chômage qui va péenne du début des années déficit devrait donc s’articuler apporte la démonstration du carac- avec le tournant de la rigueur.

gue, écrivons dans le délit, avec le Détruisons la langue française désir affiché de briser la grammai- re, de balayer l’orthographe, d’utili- Requiem pour une salle Suite de la première page Mais sans aucun doute le jeune ser tout Babel, les langues étrangè- Gide, le jeune Proust, le jeune res, la musique, le cinéma, les ima- Apollinaire songe à ce paradoxe, Apollinaire, sans parler des dadas, ges subliminales, bref, avec le désir sans doute, en ouvrant Zone sur ou de Faulkner ivre devant sa de chercher la pure émotion, hors de cinéma par Jean-Pierre Mocky A la fin tu es las du monde ancien vieille machine, savaient travailler des formes, hors du temps. et en l’achevant par… après Racine, Dostoïevski, Zola : Loin de moi l’idée du revival Soleil cou coupé était-ce moins angoissant ? (horreur ! un mot anglais, sans itali- E Brady est mort Soignée par les médecins du Kinopanorama va devenir un res- Il faut décapiter l’hydre des La liberté d’écrire impose la que, sans guillemets). Et loin de au combat des Malade imaginaire (le ministère de taurant. Louis, ce français toujours re- reprise de l’ancien monde – Pi- moi l’idée de simplifier la langue, artistes et artisans la culture, la Mairie de Paris et le La Scala est devenue le siège naissant qui, essoufflé dans son casso détricotant à l’infini les Méni- au motif que la société spectaculai- perdus. Centre national de la cinématogra- d’une secte. jabot de soie, note au jour dernier nes de Vélasquez. Cette liberté re triompherait, et son cortège de La salle mythi- Bientôt, le cimetière des ciné- sur son calepin : « Aujourd’hui ? impose ensuite de briser l’héritage, laideurs… L que du boulevard -  mas défunts comptera d’autres rien. » de tuer en soi le livre des «âmes Car je n’ai qu’un credo, or- de Strasbourg à Paris, la salle culte tombes. est cinéaste mortes ». gueilleux, implacable : malheureu- des années 1950, après un pneumo- Exsangue, incompris, oublié, le Aujourd’hui, c’est la passion des sement, il faut croire à la lit- thorax opéré par Jean-Pierre Moc- Brady, rend son dernier soupir. icônes qui me frappe : Rimbaud, térature. ky de 1994 à 2002, a rendu son phie), la malade a reçu des médica- Soupirent avec lui : Jean-Pierre Ecrivons Joyce, Kafka, Céline sont cités jus- âme de cinéphile le 15 octobre tions qui n’ont pas fait de miracle. Mocky, qui a sué sang et eau pour qu’à la nausée, par pur goût de la Christophe Bataille 2002. Ces médecins (de droite ou de prolonger son existence, ses fidè- dans le délit, liquidation. Car nous vivons cet gauche) ont laissé à leurs « subor- les employés, ses fidèles specta- étrange paradoxe : les anciens donnés » le choix des remèdes. teurs. avec le désir brandissent Flaubert comme l’ulti- Jamais un grand patron, un puis- Requiescat in pace ! me conservateur de la langue ; et sant, n’a daigné recevoir le porte- Vive les puissants ! affiché de briser les faux modernes se branlent sur parole de la malade. Des occupa- Vive les ministères ! un Flaubert de révolution formel- tions plus importantes les accapa- Vive le Centre national de la la grammaire, le. C’est aux tuniques partagées raient (dîner par-ci, gala par-là, cinématographie ! qu’on décèle les hivers… etc.). Et vive Paris ! de balayer Or la pornographie de la littéra- Pas une minute pour recevoir le Amen. ture française d’aujourd’hui, ce messager du Brady. l’orthographe n’est pas le sexe. Ni son usage, ses Je vais épargner au lecteur la fas- Les textes proposés détournements, sa répétition, com- tidieuse liste des demandes, tergi- à la page Débats me le crient les anciens. La porno- versations, promesses faites et du Monde peuvent être transmis : Pour autant, écrire à la suite de graphie, c’est la platitude de l’écri- non tenues, des retards dans les - par voie postale : ceux qui ont bouleversé les formes ture. réponses, des courriers énigmati- Le Monde, page Débats, n’est pas chose facile. Qu’écrire La pornographie, c’est la langue ques et vains. 21 bis, rue Claude-Bernard, 75242, Paris après Finnegans Wake ? Cette des sourds, pourtant si fiers de Sans doute les puissants se justi- - par télécopie : 01 42 17 21 22 angoisse postmoderne, la crainte leurs gueuloirs. Pauvre Flaubert, fieront en contre-attaquant, expli- - par courriel : [email protected] d’écrire le déjà-dit, le déjà-rêvé, cité mais trahi, Flaubert humilié, quant qu’ils ont tout fait pour sau- Dans tous les cas, c’est d’abord la peur de penser ce lessivé… ver la mourante. Ce qui est faux. Je nom, adresse qu’on ne sait pas encore. Nul ne Je ne vois qu’un chemin : citons pourrais le prouver. et numéro de téléphone connaît la forme du nouveau Sanc- moins et lisons davantage… Le Brady va devenir un super- des auteurs doivent tuaire, pas même son auteur. Oublions la paralysie face à la lan- marché de cosmétiques. Le accompagner ces envois. LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002/19 HORIZONS ANALYSES 0123 L’Europe, lieu vide de la souveraineté 

Telle qu’elle s’est construite, l’Union européen- Il reste une dernière hypothèse qui me semble grille de lecture des institutions européennes. ne présente un paradoxe : elle a certes nécessité la plus vraisemblable. Les gouvernements d’Euro- C’est que, dans la théorie pure de l’économie de Leçons de Bali de notables abandons de souveraineté de la part pe recherchent sincèrement le bien-être de leur marché, l’usage de la souveraineté conduit à une des Etats qui la composent, mais elle n’y a encore population, mais leur poids dans les négociations moindre efficacité économique. En juillet 1998, au BIEN SÛR, la prudence s’im- une cellule dirigeante ou déci- substitué aucun équivalent à l’échelle communau- dépend de leur réputation. Or la convention cours d’une conversation avec Kenneth Arrow, le pose. Le gouvernement indoné- dés de manière informelle par taire. Privilégiant un mode d’intégration qui con- « sociale » qui semble s’être établie en Europe est concepteur de cette théorie, je lui parlais du thème sien n’a pas encore le début des réseaux flottants, ces atten- siste surtout à contenir les prérogatives des Etats à que les critères de la réputation sont évalués de mes recherches en cours : le marché était-il d’une piste sur l’attentat de tats manifestent une réalité : la l’intérieur de normes toujours plus contraignan- davantage sur la base d’objectifs intermédiaires compatible avec la démocratie ? N’y avait-il pas Bali, le plus terrible commis permanence du danger de l’is- tes, elle a peu à peu vidé le siège de la souveraine- – naguère la parité de la monnaie, aujourd’hui la dans les évolutions récentes le risque d’une régres- dans le monde depuis le 11 sep- lamisme radical ; la permanen- té nationale sans pour autant investir celui de la stabilité des prix, l’importance des privatisations sion de la démocratie ? Sa réponse, même si elle tembre 2001. L’Indonésie est un ce de la bataille que ce dernier souveraineté européenne. De fait, le gouverne- et l’équilibre budgétaire – plutôt que sur celle d’ob- m’apparut a posteriori évidente, fut comme tou- archipel de 212 millions d’habi- est décidé à livrer aux Occiden- ment de l’Europe ressemble plus souvent à un jectifs finaux tels que le plein-emploi ou l’augmen- jours lumineuse. Le marché, me dit-il, n’est, en tants, dont certaines parties taux ou à des gouvernements gouvernement par des règles qu’à un gouverne- tation des niveaux de vie. Or il est possible de mon- théorie, compatible avec aucun régime politique, échappent très largement aux qui leur sont proches. Le renver- ment par des choix. Ce faisant, il alimente le trer que, lorsqu’il en est ainsi, l’équilibre qui pré- aucune forme de gouvernement, ni la démocratie, autorités centrales. Mais, dans sement des talibans, en Afgha- malentendu entre ceux qui ne veulent entendre vaut est le plus fréquemment celui d’une croissan- ni l’oligarchie, ni la dictature. Bien sûr : n’ensei- le carnage perpétré samedi nistan, a peut-être réduit la que la nostalgie de l’ordre ancien – celui des ce molle. C’est à la fois la raison de la déception gne-t-on pas dans la théorie élémentaire des mar- 12octobre, nombre d’éléments menace islamiste ; elle ne l’a nations – et ceux qui sont pressés d’atteindre un des électeurs, les objectifs finaux n’étant pas chés parfaits que toute intervention de l’Etat ne désignent la piste islamiste. aucunement éliminée. Le résul- ordre communautaire et fédéral politiquement atteints, et celle de l’apparence doctrinaire de la peut que réduire l’efficacité de l’économie ? Je con- Le fait même qu’il n’y ait tat des élections qui viennent déterminé. conduite des politiques économiques en Europe. naissais donc la réponse pour l’avoir moi-même pas de « signature », pas de d’avoir lieu dans un pays aussi (…) Pourquoi les responsables nationaux ont-ils enseignée. Mais jusqu’à ma conversation avec revendication, est la marque sensible que le Pakistan est un consenti à une telle évolution, alors même qu’elle     Arrow, je n’en avais jamais vraiment compris les des réseaux terroristes infor- nouvel avertissement : jamais contribuait à la déception de leurs électeurs ? En Il est urgent, en procédant à des réformes prag- conséquences politiques. C’est une chose que de mels qui opèrent dans la mou- les partis islamistes n’y ont réa- France, par exemple, depuis 1978 aucun gouverne- matiques et progressives, de revenir à un gouver- raisonner en termes économiques et une autre vance d’Al-Qaida. La cible choi- lisé meilleur score… ment n’a gagné d’élections générales, et la période nement où les choix dominent les règles. C’est que de le faire en termes politiques. Le cloisonne- sie par ceux qui ont planifié cet D’où la deuxième leçon à a été dans d’autres pays européens caractérisée dans la démocratie que l’Europe est notre avenir. ment des savoirs, l’hypothèse implicite qui préside attentat à la voiture piégée : tirer du drame de Bali : les par de fréquentes alternances. Certes, c’est l’hon- Or, entre marché et démocratie, l’architecture pré- à tous les débats économiques, selon laquelle la des civils, des touristes, en gran- Etats-Unis se trompent de prio- neur des gouvernements d’Europe d’avoir fait pas- sente des institutions européennes privilégie le démocratie en tant que régime politique est indé- de partie étrangers, fréquen- rité avec leur obsession irakien- ser les exigences de la construction européenne marché. Le déficit démocratique qui en résulte, pendante des politiques économiques effective- tant une boîte de nuit. Les aver- ne. Celle-ci paraît relever de avant leurs propres intérêts électoraux. Mais on a tant à l’échelle de l’Europe qu’à l’échelle des ment mises en œuvre, nous empêchent fréquem- tissements répétés des derniè- considérations étrangères à la vu cependant que le système qui en résultait repré- nations qui la composent, est supposé servir l’effi- ment de percevoir les enjeux de ce que nous pro- res semaines, venus des Etats- lutte contre le terrorisme isla- sentait une régression relativement à la capacité cacité. Mais cette relation suppose l’acceptation fessons. Une autre façon d’appréhender les choses Unis ou d’Australie, signalaient miste : préoccupations pétroliè- de la politique macroéconomique de fournir l’as- d’une doctrine économique particulière, qui est de souligner que le marché n’a besoin pour la menace de l’islamisme radi- res ; ambitions stratégiques au surance collective d’activité si essentielle au bien- depuis les prémisses de son élaboration au fonctionner que d’individus, d’électrons libres, et cal en Indonésie – et, plus large- Proche-Orient ; positionne- être de nos sociétés. Une autre hypothèse est que XVIIIe siècle, a toujours été controversée. Et sur- que toute intrusion du collectif ne peut que condui- ment, en Asie du Sud-Est. ment sur la scène politique inté- les gouvernements d’Europe se sont convertis à la tout elle est fondée sur une hiérarchie des valeurs re à une affectation non optimale des ressources. Dès dimanche, le gouverne- rieure américaine. théorie des anticipations rationnelles et ont fait – le primat de l’économique sur le politique, des (…) Bien sûr, ces considérations peuvent paraî- ment australien et d’autres Point n’est besoin d’être leur résultat le plus spectaculaire : le « théorème » libertés économiques sur les libertés politiques – tre excessives, au regard de la volonté politique dans la région pointaient une grand politologue pour prédire, de l’inefficacité de la politique macroéconomique. dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle est con- obstinée qui a présidé à la construction européen- organisation présente en Indo- sans grand risque, l’impact que Tout se passe, en effet, comme si les Etats-Unis testable. « Le doux commerce » n’a jamais été suf- ne. Mais à mi-parcours, et en l’absence pour l’ins- nésie, la Jemaah Islamiyah. Elle pourrait avoir une campagne représentaient le plus gros producteur de doctrine fisant ni pour apaiser les relations sociales ni pour tant d’un projet politique cohérent, l’Europe appa- aurait des liens avec le réseau de bombardements sur l’Irak : au monde – mais à usage externe seulement – et occuper pleinement l’espace du politique. Pour- raît comme un lieu vide de la souveraineté, un gou- d’Oussama Ben Laden. Même des recrues par milliers pour l’Europe la plus grande consommatrice de ces doc- tant, l’un des enseignements de cette doctrine, vernement par des règles, plutôt qu’un gouverne- en se méfiant des amalgames, Al-Qaida et un regain de terro- trines. Mais le scepticisme européen est peu com- qu’il faut privilégier la règle au choix dans le gou- ment par des choix. Le pouvoir monétaire a été de la psychose et des juge- risme dans le monde. patible avec l’hypothèse de la conversion massive. vernement des sociétés, constitue la meilleure confié à une institution indépendante – la seule ments hâtifs, la piste islamiste Il ne faudra pas, alors, jouer les qui dans le monde moderne n’est pas vraiment paraît la plus crédible. innocents. contrainte de rendre des comptes à la démocratie L’attentat de Bali est alors à Le secrétaire à la défense,   (même si elle le fait effectivement) – et le pouvoir mettre en relation avec les évé- Donald Rumsfeld, appelait ses Fumer ou conduire budgétaire des Etats a été soigneusement encadré nements des dernières semai- forces armées, dimanche, à opé- par des règles. Or il apparaît qu’un tel système nes : un pétrolier français atta- rer avec plus de munitions n’est pas efficace au regard même des critères éco- qué au large du Yémen le 6 octo- « intelligentes ». On voudrait nomiques qui en constituent le fondement. Trop bre ; un militaire américain humblement lui suggérer d’opé- rigide, il ne permet pas de tirer pleinement profit assassiné quelques jours plus rer non pas avec des bombes, de la libre interaction des individus. tôt au Koweït, notamment. Cen- mais avec une politique « intelli- Le dogmatisme n’a jamais été de bonne métho- tralisés ou non, planifiés par gente ». de pour atteindre les objectifs finaux, au premier rangdesquels le plein-emploi, auxquels les socié- tés aspirent légitimement. Les piètres performan- 0123 ces de l’Europe dans les années 1990 – croissance Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani molle, chômage de masse – auraient dû au moins Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; susciter le doute. Heureusement, il se trouve que Noël-Jean Bergeroux. Directeur général délégué des rédactions : Edwy Plenel la démocratie, au-delà de sa désirabilité intrinsè- Directeur général délégué des opérations : Fabrice Nora que, permet aussi une meilleure adaptation aux cir- Directeur général adjoint : René Gabriel constances, une plus grande flexibilité. Elle procè- Secrétaire général du directoire : Pierre-Yves Romain de de choix explicites, que le débat et la persuasion Directeur de la rédaction : Edwy Plenel éclairent, et qui ont pour effet tantôt de remettre Directeurs adjoints : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau en cause ce qui semble acquis, tantôt de le confor- Secrétaire général : Olivier Biffaud ; déléguée générale : Claire Blandin ter. Une certaine dose de discrétion démocratique Directeur artistique : François Lolichon Chef d’édition : Christian Massol ; chef de production : Jean-Marc Houssard est indispensable au traitement de l’imprévu, qui Rédacteur en chef technique : Eric Azan ; directeur informatique : José Bolufer ne se laisse pas aisément circonscrire par des Rédaction en chef centrale : règles préétablies. En bref, la « gouvernance » Alain Debove, Eric Fottorino, Alain Frachon, Laurent Greilsamer, Michel Kajman, d’un espace a vraiment besoin de souveraineté. Eric Le Boucher, Bertrand Le Gendre Rédaction en chef : 0123 François Bonnet (International) ; Anne-Line Roccati (France) ; Jean-Paul Fitoussi pour Anne Chemin (Société) ; Jean-Louis Andréani (Régions) ; Laurent Mauduit (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Franck Nouchi (Culture) ; e Extraits de La Règle et le Choix, De la souveraineté Josyane Savigneau (Le Monde des Livres) ; Serge Marti (Le Monde Economie) économique en Europe, au Seuil, 93p. 10,5 ¤ Médiateur : Robert Solé Directrice des projets éditoriaux : Dominique Roynette Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directrice de la coordination des publications : Anne Chaussebourg Directeur des relations internationales : Daniel Vernet Le « non » des Eglises à la guerre en Irak Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), AVANT et pendant la guerre du Aujourd’hui, elles estiment que – qui réunit une cinquantaine de Une intervention en Irak provoque- André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) Golfe, les Eglises avaient déjà expri- les critères de la « guerre juste » ne dénominations, méthodiste, presby- rait, selon elles, la « déstabilisation » Le Monde est édité par la Société Editrice du Monde (SAS) mé leur répugnance pour ce conflit sont pas réunis, que le concept de térienne, luthérienne, baptiste, de toute une région soumise depuis Durée de la société : quatre-vingt-dix-neuf ans à compter du 15 décembre 2000. Capital social : 145 473 550 ¤. Actionnaires directs et indirects : Le Monde SA, Le Monde et Partenaires Asso- armé, en multipliant les déclara- guerre préventive développé par etc. – a écrit à plusieurs reprises à longtemps aux pires convulsions. Il ciés, Société des Rédacteurs du Monde, Société des Cadres du Monde, Société des Employés du tions, les veillées de prière, les jours George W. Bush est un coup porté M. Bush pour dire que « l’usage pré- s’ensuivrait, vient de déclarer le Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, de jeûne, les messages à George au droit international et que les ventif et unilatéral de la force mili- Conseil national des Eglises améri- Société des Lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Bush père et à Saddam Hussein. Du pertes qui suivraient une interven- taire n’a aucune légitimité morale ». caines, une aggravation du senti- Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations, Société des Personnels du Monde. premier jour de l’invasion irakienne tion américaine préluderaient à une Et qu’une intervention militaire en ment antiaméricain et antiocciden- www.lemonde.fr édité par Le Monde Interactif. du Koweït, en août 1990, jusqu’aux déflagration, aux conséquences Irak, même sous le couvert de tal dans tout le Proche-Orient et le Président du conseil d’administration : Jean-Marie Colombani. Directeur général : Bruno Patino attaques de missiles sur Bagdad, en imprévisibles, entre le monde occi- l’ONU, offrirait au monde «un golfe Arabo-Persique. janvier 1991, le pape s’était pronon- dental, à large majorité chrétienne, modèle d’agression susceptible d’en- Le désarroi des minorités chré- cé à une cinquantaine de reprises et toute l’aire arabo-musulmane. courager d’autres nations à attaquer tiennes dans les pays d’islam n’a contre l’usage de la force militaire. Depuis le XIIIe siècle, notamment des voisins qui les menacent ». jamais été aussi grand, au Pakistan, A la surprise des dirigeants améri- depuis Thomas d’Aquin, qui l’a for- où des ONG d’obédience chré- cains et européens, il s’était désoli- malisé, le concept de « guerre    tienne sont prises pour cibles par darisé de la coalition occidentale juste » est défendu par toute la tra- Le Conseil œcuménique des des groupes terroristes, aussi bien contre Bagdad. dition chrétienne. Le recours aux Eglises (Genève), la Communion que dans les territoires occupés de Les Eglises protestantes des Etats- armes n’est légitime que s’il est une anglicane (Londres), le Vatican Palestine. Le cycle des attentats sui- Unis avaient fait pression sur leur réponse à une agression, un moyen déclinent les mêmes arguments. cides et des représailles n’a fait administration pour qu’elle use de de rétablir un ordre international Pasquale Borgomeo, l’une des voix qu’aggraver la montée des fonda- tous les moyens disponibles – sanc- violé, et s’il y a « proportionnalité » les plus autorisées dans l’entourage mentalismes et des fanatismes reli- tions économiques, pressions diplo- entre les forces engagées, les dom- du pape, a déclaré le 1er octobre que gieux dans toute la région. Dans les matiques – afin de faire céder l’Irak mages prévisibles et les injustices à « la doctrine de l’attaque préven- minorités chrétiennes les plus expo- et d’éviter le recours aux armes. réparer. La guerre en Afghanistan, tive » est « non seulement une bles- sées comme dans les Eglises occi- Onze ans après, presque toutes suivant les attentats du 11 sep- sure portée au droit international, un dentales, monte la conviction que les Eglises des Etats-Unis, de Gran- tembre sur le sol américain, avait coup donné à la crédibilité des Etats- la guerre n’est pas la réponse la de-Bretagne, d’Europe et du Proche- soulevé des oppositions, mais, pour Unis, mais aussi, si elle est mise en mieux adaptée au terrorisme. Orient, toutes confessions confon- le Vatican comme pour la grande application, un antécédent périlleux Il ne s’agit pas de transformer dues, font à nouveau bloc contre la majorité des Eglises protestantes, pour de futurs imitateurs ». Autre- les Eglises en une « agence politique de Washington. Elles mul- anglicane et orthodoxes à travers le ment dit, renchérissent les diri- d’éthique internationale qui délivre- tiplient les avertissements quant monde, elle répondait largement geants religieux américains, des rela- rait des brevets à tel ou tel gouverne- aux conséquences matérielles et aux critères de la « guerre juste ». tions pacifiques entre les peuples ment », disait pendant la guerre en humaines, par avance jugées catas- L’actuelle menace de guerre en ne peuvent se construire que par Afghanistan le cardinal Carlo- trophiques, d’une intervention mili- Irak n’obéit pas du tout aux mêmes des prises de décision « multilaté- Maria Martini, alors archevêque 0123 est édité par la Société Editrice du Monde (SAS). La reproduction de tout article est interdite sans taire en Irak. Si elles n’ont jamais eu critères. La guerre contre l’« axe du rales », jamais par « les actions unila- de Milan. La mission de l’Eglise est l’accord de l’administration. Commission paritaire des publications et agences de presse n° 0707 C 81975 le moindre élan de sympathie pour mal » est loin d’avoir convaincu des térales d’une seule nation ». de se placer sur un plan plus élevé, ISSN 0395-2037 le régime de Saddam Hussein (à l’ex- Eglises qui fondent la sécurité inter- Si les Eglises campent sur cette d’« aller aux sources des misères et Imprimerie du Monde ception de minorités chrétiennes nationale d’abord sur le respect des position, c’est aussi parce que, un des injustices internationales, qui 12, rue Maurice-Gunsbourg Président-directeur général : Dominique Alduy contrôlées et manipulées au Proche- procédures, de la justice écono- an après le 11 septembre, la crainte constituent toujours les racines de la 94852 Ivry cedex Directeur général : Stéphane Corre Orient), elles ont lutté avec cons- mique, des droits des populations, d’un affrontement planétaire entre violence terroriste ». 21 bis, rue Claude-Bernard - BP218 75226 PARIS CEDEX 05 tance contre l’embargo qui isole et de la dignité humaine. Le Conseil l’Occident et les pays d’islam ne leur PRINTED IN FRANCE Tél : 01-42-17-39-00 - Fax : 01-42-17-39-26 martyrise des populations civiles. national des Eglises aux Etats-Unis est jamais apparue aussi manifeste. Henri Tincq 20/LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002 ENTREPRISES automobile

Silvio Berlusconi a reçu, dimanche 13 octobre, les diri- Auto, le gouvernement italien se dit prêt à intervenir détient déjà 20 %. L’hypothèse d’une entrée de l’Etat querait la fin du règne de la   sur geants de Fiat, pour examiner avec eux les condi- directement pour éviter des  ’- dans le capital de Fiat, à l’image de ce qui existe chez l’économie du pays. La Commission européenne sur- tions du  du groupe automobile. Après . Fiat Auto est susceptible d’être vendu, d’ici à Renault et Volkswagen, serait une véritable - veille de près le dossier, pour éviter que l’interven- l’annonce de 8100 suppressions d’emplois par Fiat 2004, à l’américain  , qui en   pour le capitalisme italien et mar- tionnisme ne fausse les règles de la concurrence. Silvio Berlusconi se pose en garant de l’avenir de Fiat Le gouvernement italien veut tout mettre en œuvre pour limiter la casse sociale et industrielle au sein du groupe automobile. Parmi les hypothèses évoquées : une entrée de l’Etat dans le capital du groupe, pour équilibrer le poids de l’américain

MILAN tenaires concernés, pour aboutir à 20 % dans la filiale automobile du trer inflexible à l’égard de Fiat et correspondance une solution avant la fin du mois. groupe de , Fiat disposant LES AGNELLI ISOLÉS du gouvernement italien. Le gouvernement italien est en L’objectif est donc de sauver les d’une option pour lui vendre ses Répartition du capital du groupe Fiat Mais au-delà des éventulles limi- train d’explorer plusieurs « hypo- usines et les emplois – alors même parts restantes à partir de 2004. tations imposées par Bruxelles thèses stratégiques de renforcement que l’usine de Termini Imerese, Le projet prévoirait une augmen- Public une prise de participation publi- du secteur automobile », peut-on près de Palerme en Sicile, est tation de capital pour Fiat Auto de Famille Agnelli que dans Fiat représenterait un lire dans le communiqué diffusé vouée à la fermeture par le plan de l’ordre de 4 à 5 milliards d’euros, 49,13 bouleversement majeur dans le par Palazzo Chigi, le Matignon ita- restructuration présenté par l’en- souscrite pour une part de 40 % à capitalisme italien. La famille lien, après quatre heures de réu- treprise la semaine dernière, et 50 % par General Motors, et pour 34,07 Agnelli, qui demeure l’une des nion au sommet, dimanche 13octo- que les ouvriers de ce site ont pro- le reste par les banques et par grandes dynasties mondiales de bre. Le président du conseil, Silvio clamé douze heures de grève cette l’Etat. Celui-ci deviendrait action- l’automobile et qui a régné en maî- Berlusconi, entouré de son minis- semaine. naire par le biais d’une société tre sur l’économie du pays pen- tre des finances, Giulio Tremonti, publique, qui pourrait être Svilup- dant tout le XXe siècle, subirait une et du directeur du Trésor italien, po Italia, créée pour aider le déve- défaite symbolique d’importance, Domenico Siniscalco, a reçu dans « Il faut avoir loppement du Mezzogiorno, croit 3,00 & Cox en reconnaissant la suprématie de sa résidence d’Arcore, près de savoir La Repubblica. La famille 2,75 Generali Rome sur son empire de Turin. Milan, les dirigeants de Fiat : son confiance, Agnelli, principale actionnaire de 2,43 Deutsche Bank Certes l’augmentation de capital président Paolo Fresco, l’adminis- Fiat, ne mettrait donc pas un euro Lafico (Etat libyen) 2,00 2,26 San Paolo Imi envisagée permettrait à la famille trateur délégué, Gabriele Galateri ensemble de plus dans Fiat Auto. Après cette 2,23 de ne pas solder ses parts dans Fiat di Genola, et le numéro un de Fiat augmentation de capital, Fiat des- 2,13 Southeastern Asset Management Auto à General Motors. Umberto Auto, Giancarlo Boschetti. nous dépasserons cendrait de 80 % à environ 33 % Source : Fiat Agnelli, président de la holding de « Toutes les options considérées des parts de Fiat Auto, tandis que la famille, l’Ifil, avait déclaré mer- sont des solutions de marché, desti- cette crise aussi » General Motors monterait à un ricain s’apprête à très fortement missaire européen à la concur- credi qu’il lui semblait difficile d’ac- nées à valoriser et à développer le tiers et que le dernier tiers serait dévaluer dans son bilan la valeur rence, Mario Monti, a déjà fait célérer les délais pour la vente de patrimoine technologique, humain   divisé entre les institutions finan- de sa participation dans Fiat. Lun- savoir que l’Italie ne devra pas ver- l’automobile à l’américain. La et d’expérience de l’industrie italien- cières et le secteur public. di, La Repubblica lançait une autre ser d’argent à Fiat avant que l’opé- famille apparaît elle-même divisée ne de l’automobile.Le plan indus- Bref, l’Italie imiterait le modèle hypothèse : la cession, pour ration ne soit autorisée par ses ser- quant aux solutions pour sortir de triel et financier devra permettre de Mais même le terme « solutions de Renault ou de Volkswagen – 1 euro, de Fiat Auto à une nouvel- vices. La visite à Turin, lundi la crise. , sœur d’Um- tracer un nouveau chemin d’innova- de marché » n’a pas dissipé les deux modèles qui auraient été le société, constituée par les ban- 14 octobre, du président de la berto et de Giovanni, a tenu à assu- tion et de développement et d’amé- rumeurs, toujours plus insistantes, cités en privé par M. Berlusconi, ques, General Motors et l’Etat ita- Commission européenne, Roma- rer aux travailleurs de Fiat qu’«il liorer le plan de restructuration ac- d’une prise de participation de selon La Repubblica. La solution lien. Pour l’heure, l’actionnaire no Prodi, montre à quel point l’exé- faut avoir confiance.Ensemble nous tuellement à l’étude, en sauvegar- l’Etat dans Fiat, directe ou via des présenterait certains avantages américain demeure silencieux cutif européen se montre préoccu- dépasserons cette crise aussi ». Plus dant les centres de production », organismes publics. Dimanche, La financiers : elle permettrait d’injec- quant à ses intentions. pé par le sort de Fiat – d’autant que jamais se fait sentir l’absence poursuit le communiqué officiel. Repubblica évoquait un projet pré- ter de l’argent frais dans Fiat Auto, L’hypothèse d’une entrée de plus que les deux hommes forts de de l’Avvocato Gianni Agnelli, le Une « table ronde technique » va cis, que le quotidien attribuait aux éviterait une anticipation de la ven- l’Etat au capital de ce qui est, Bruxelles sont italiens. A l’heure patriarche de la famille, que sa san- être mise en place auprès du minis- dirigeants de Fiat avec l’appui des te de Fiat Auto à General Motors depuis plus d’un siècle, la premiè- où M. Monti s’apprête à ouvrir té fragile retient loin de la scène tère de l’économie, avec la partici- grandes banques créancières du (la branche automobile, dans les re entreprise privée du pays reste une enquête à l’encontre d’EDF, publique depuis plusieurs mois pation de la présidence du conseil, groupe, et qui concernerait Fiat conditions actuelles, ne pourrait une solution extrême, qui appa- qui abuserait de son statut d’entre- déjà. des ministres de l’industrie et des Auto. Aujourd’hui, le groupe amé- qu’être bradée) et tiendrait comp- raîtrait à contre-courant dans le prise publique, le gardien de la affaires sociales et de tous les par- ricain General Motors détient te du fait que le constructeur amé- contexte européen actuel. Le com- concurrence ne peut que se mon- Marie-Noëlle Terrisse Une possible nationalisation partielle de la firme divise politiques et syndicats Bruxelles autorise la participation

ROME mission industrie de la Chambre des députés, pour 2003. A l’inverse, d’autres personnalités des Etats dans les entreprises de notre correspondante qui avait pris l’initiative au printemps de lancer de Forza Italia, le parti de M. Berlusconi, et d’Al- Fiat nationalisé ? L’idée fait son chemin en une enquête parlementaire sur la crise de Fiat. liance nationale, celui de Gianfranco Fini, le S’ILS se comportent comme des A l’opposé, l’Etat français a dû Italie, même si elle divise le monde politique et Si l’Etat descend dans l’arène, précise un numéro deux du gouvernement, se rallient à la investisseurs privés, la législation renoncer, le 5 octobre, à son action syndical. Le ministre de l’économie italien, Giu- communiqué du gouvernement lundi, c’est position de ce dernier, qui a déclaré s’opposer à communautaire n’interdit pas aux dans TotalFinaElf. La France a été lio Tremonti, pourtant peu suspect de socialis- « pour sauvegarder les centres de production, la fermeture du site sicilien de Termini Imerese, pouvoirs publics d’entrer dans le capi- condamnée en juin par la Cour de jus- me, a lancé vendredi, lors d’un congrès sur les (…) pour renforcer à plus long terme le patrimoi- au nom du développement du Mezzogiorno, le tal d’entreprises privées ou d’augmen- tice de Luxembourg, qui a estimé que privatisations, le slogan « privé si possible, ne technologique d’hommes et d’expériences de Sud italien. Dans ce dernier camp, on retrouve ter leur participation. Les Etats doi- ce dispositif lui donnait un droit de public si nécessaire » (sans citer Fiat néan- l’industrie italienne de l’automobile ; mais toutes la plupart des élus siciliens – qui avaient voté à vent être guidés par une logique de regard injustifié dans l’évolution du moins). L’ancien président de la République, les options envisagées sont des solutions confor- l’unanimité en faveur de M. Berlusconi aux élec- profit, et non investir à fonds perdus. capital du pétrolier. Cette golden sha- , qui joue volontiers les pro- mes aux lois du marché ». Avant même de se tions législatives de mai 2001. En outre, ces injections de capital ne re (action préférentielle détenue par vocateurs, a même déposé une proposition de préciser, l’hypothèse d’une nationalisation par- Les dirigeants syndicaux ont, eux aussi, fait doivent pas permettre aux sociétés l’Etat, qui empêche toute prise de loi prévoyant une nationalisation de Fiat pour tielle, à la mode Renault ou Volkswagen a fait connaître leurs préférences. Le nouveau secré- de produire dans des conditions faus- contrôle inamicale) avait été créée en 1 euro symbolique. l’objet de prises de positions politiques et syn- taire général de la CGIL (gauche), Guglielmo sant la concurrence et constituant 1993lors de la privatisation d’Elf, Dimanche 13octobre au soir, à la sortie de la dicales fort marquées. Elle plaît au parti Refon- Epifani, se dit « favorable au contrôle par l’Etat des obstacles au fonctionnement du groupe racheté depuis par TotalFina. villa d’Arcore, où Silvio Berlusconi a reçu les dation communiste mais est rejetée par les qui donne des garanties », tandis que son grand marché intérieur. Le principe de l’action privilégiée ne dirigeants de Fiat, rien n’a filtré sur une éven- réformistes libéraux de gauche de la coalition collègue de l’UIL (modéré), Luigi Angeletti, L’Etat peut même fournir des aides tuelle entrée de l’Etat dans le capital de Fiat. Le de l’Olivier, même si son leader, Francesco « s’oppose à la vente de Fiat » à General Motors destinées à sauver une entreprise en gouvernement italien, qui a souvent affiché Rutelli, s’en dit partisan. et se prononce en faveur de « l’Etat action- difficulté, s’il démontre à la Commis- Les interventions son libéralisme, doit compter avec sa majorité, naire ». sion qu’il n’essaie pas seulement de dont certains membres n’hésitent pas à stigma-       En revanche, la CSIL (catholique) « refuse les préserver des emplois mais qu’il peut publiques tiser les erreurs du management de Fiat ces der- Dans les rangs même de la majorité gouver- interventions publiques et réclame le renforce- rétablir la viabilité de la société. Il nières années, et les aides directes ou indirec- nementale, le débat est ouvert. La Ligue du ment des discussions avec General Motors ». doit présenter un plan de restructura- pour aider tes perçues depuis des décennies par le groupe Nord et les centristes de l’ex-Démocratie chré- Dans une interview au quotidien Corriere della tion prévoyant l’abandon des activi- de Turin. « Au cours des dix dernières années, le tienne, comme certains « libéraux » d’Alliance Sera, lundi, le leader de la CSIL, Savino tés structurellement déficitaires et les entreprises pays a versé 5,68 milliards d’euros à Fiat.L’idée nationale, verraient d’un mauvais œil une prise Pezzotta, déclare « vouloir savoir où le gouverne- permettant de rétablir la compéti- qu’à travers une opération de financement de participation de l’Etat dans la première ment va prendre l’argent pour entrer dans le capi- tivité de l’entreprise « dans un délai pourraient augmenter public on puisse relancer l’entreprise risque de se entreprise privée d’Italie. Tous se disent tal de Fiat et quel est le projet industriel ». raisonnable ». En attendant la présen- heurter à la logique de notre temps », a déclaré inquiets des répercussions qu’une aide directe tation de ces mesures, un pays peut le centriste Bruno Tabacci, président de la com- aurait sur une loi de finances, déjà très serrée Danielle Rouard aussi verser des aides au sauvetage, serait pas remis en question par les de manière exceptionnelle et limitée Européens, mais elle doit être instau- dans le temps. rée pour des motifs spécifiques. Etant donné la conjoncture, les Actuellement, Bruxelles examine Renault et Volkswagen, deux modèles en débat interventions publiques pour aider les une dizaine de cas qui pourraient être entreprises pourraient augmenter. Si des entraves au marché intérieur. Par- Les deux constructeurs sont cités en Italie comme un exemple de présence de l’Etat l’Italie veut sauver Fiat, la Grande-Bre- mi ces dossiers figurent des entrepri- tagne, elle, a repris le 3octobre le ses néerlandaises, comme l’opérateur LA PRÉSENCE de L’Etat dans le d’eux dispose d’une participation conseil de surveillance de Volkswa- en effet décidé de s’effacer à l’occa- contrôle de son réseau ferré en failli- de télécommunications KPN et le capital de Fiat ne constituerait pas majoritaire. Une sorte d’arme anti- gen, Ferdinand Piëch. Les familles sion de l’entrée du constructeur te. Le nouvel opérateur, Network groupe de messagerie, logistique et une première dans l’industrie auto- OPA, qui a permis jusque-là au Peugeot ou Ford bénéficient effecti- japonais au capital de Renault. En Rail, remplace Railtrack, l’une des transport rapide TNT Post. L’Alle- mobile européenne. Deux construc- constructeur de Wolfsburg de res- vement de droits de vote double octobre 2001, alors que le français vingt compagnies privées nées de la magne est aussi concernée en raison teurs européens ont actuellement ter indépendant. leur permettant d’exercer un con- montait à 44 % dans Nissan, ce der- privatisation de British Rail en 1996. Il de sa législation interdisant à qui- pour actionnaire principal la puis- Cette « loi Volkswagen » irrite la trôle de leur société sans détenir la nier prenait 15 % de Renault, tandis s’agit d’une renationalisation ina- conque de détenir plus de 20 % des sance publique : Renault, détenu à Commission européenne, qui soup- majorité du capital. Un bras de fer que l’Etat faisait passer sa participa- vouée : l’entreprise bénéficie d’un droits de vote de Volkswagen. Des 25 % par l’Etat français, et Volkswa- çonne cette disposition de re- s’est engagé entre Bruxelles et l’Al- tion de 44 % à 25 %. Si Renault a lar- prêt de son régulateur, la Strategic décisions sont attendues avant la fin gen, dont le Land de Basse-Saxe mettre en cause la liberté de mou- lemagne à propos de cette « loi gement profité de la présence de Rail Authority (SRA), et pourra comp- de l’année. possède 20 %. Le président du con- vement des capitaux au sein de Volkswagen », le constructeur alle- l’Etat à son capital, cette époque ter sur 21 milliards de livres (33,2 mil- seil italien, Silvio Berlusconi, s’est l’Union européenne. Pour se justi- mand trouvant son meilleur allié est aujourd’hui révolue. liards d’euros) de subvention du gou- Dominique Gallois d’ailleurs empressé de s’appuyer fier, les Allemands invoquent le en la personne du chancelier On se souvient de la période de vernement jusqu’en 2010. et Rafaële Rivais (à Bruxelles) sur ces deux cas pour justifier la danger de passer sous pavillon Schröder, qui fut, il n’y a pas si long- la nationalisation où, régulière- perspective d’une intervention étranger. La faiblesse de la capitali- temps, président du Land de Basse- ment, la puissance publique remet- publique chez Fiat. On comprend sation boursière de Volkswagen Saxe. tait la main à la poche pour éviter à que M. Berlusconi cherche à légiti- plaide en sa faveur. Le premier Renault la faillite. De la même mer une décision qui mettrait à mal constructeur européen ne pèse     façon, il semble évident que ses convictions libérales. Mais cette actuellement que 13,3 milliards Si Volkswagen s’arc-boute sur la Renault ne se serait peut-être Chaussures de Luxe hypothèse intervient alors que jus- d’euros en Bourse. Une misère face présence de la puissance publique jamais lancé à l’assaut du japonais tement, chez Volkswagen comme à DaimlerChrysler, qui, bien que de dans son capital, Renault est au Nissan sans l’Etat derrière lui, tant OFFRE EXCEPTIONNELLE chez Renault, la présence de l’Etat taille identique, vaut 35,4 milliards contraire en train de prendre ses l’opération paraissait risquée. Valable du 14-10 au 16-11-2002 est remise en question. d’euros, ou face à BMW, cinq fois distances avec l’Etat. Nationalisé Reste que désormais une page a Dans le cas de Volkswagen, la plus petit que Volkswagen mais en 1945, le constructeur français bel et bien été tournée. Car aujour- € minorité détenue par le Land de évalué à 21,8 milliards. est retombé dans le privé en 1994, d’hui, l’Etat est devenu clairement 2 paires = 285 Basse-Saxe remonte à 1946 et fait « La plupart des constructeurs dis- mais l’Etat conservait jusque-là un actionnaire comme les autres et ◆ 22, avenue de l’Opéra, 75001 Paris l’objet d’une loi allemande qui posent aussi de statuts qui les protè- une minorité de blocage d’un peu il n’est pas exclu qu’à l’avenir il puis- ◆ 17, rue des Petits-Champs, 75001 Paris ◆ interdit aux autres actionnaires de gent, il faut que les règles restent plus de 44 %. L’alliance nouée en se baisser encore sa participation. 3, rue de Rivoli, 75004 Paris ◆ 112 bis, rue de Rennes, 75006 Paris détenir plus de 20 % des droits de équitables pour tous », se justifiait 1999 avec Nissan est cependant en ◆ 14, rue de Sèze, 75008 Paris vote de l’entreprise, même si l’un encore récemment le président du train de changer la donne. L’Etat a Stéphane Lauer www.finsbury-shoes.com LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002/21 ENTREPRISES Le Fonds pour le capital investissement régional doit Délaissant Boeing, soutenir le financement des PME, menacé de se tarir la compagnie aérienne easyJet commande 120 Airbus A319 Les professionnels émettent des réserves sur un dispositif complémentaire, les fonds d’investissement de proximité, dotés d’un avantage fiscal et ouverts au grand public 120 autres appareils font l’objet d’une option

LE MINISTRE de l’économie et total, près de 1,1 milliard d’euros mes locaux de capital-investisse- autorisées à détenir jusqu’à 49 % EASYJET, la compagnie aérien- Au prix du catalogue, le mon- des finances, Francis Mer, a présen- de participations dans 2 056 PME ment : collectivités locales, ban- de leur capital. Ils pourront aussi ne britannique à bas prix a annon- tant de cette commande atteint té, vendredi 11 octobre, le nou- régionales à fort potentiel. ques mutualistes et privées, cham- faire appel public à l’épargne. cé, lundi 14 octobre, avoir finale- six milliards de dollars. Airbus veau Fonds pour le capital investis- Le FCIR vise à soutenir les initia- bres de commerce, sociétés pri- Pour rendre ce produit attrayant ment choisi Airbus pour compléter n’annonce jamais le montant réel sement régional (FCIR). Ce disposi- tives locales de financement des vées, fonds d’investissement, etc. pour le grand public, un avantage sa flotte au détriment de Boeing de la transaction mais affirme que tif est destiné à relancer l’investis- PME, au moment où ceux qui les Les collectivités locales souhai- fiscal est prévu : un quart des som- qui était jusqu’à aujourd’hui son celle-ci constitue « une bonne affai- sement direct dans le capital des gèrent subissent de plein fouet la tent disposer d’un instrument mes investies pourra être déduit seul fournisseur. Selon l’annonce re » pour l’entreprise. Celle-ci a dû PME en création ou en développe- crise du capital-investissement. En d’intervention économique au de l’impôt sur le revenu, dans la faite par la compagnie, ce choix a prendre à sa charge le coût de ment sur tout le territoire. Le FCIR 2002, la situation a continué de se moment où l’activité ralentit, limite de 10 000 euros pour une été motivé par les prix proposés mise en ligne de l’A319 qui inclut sera doté de 70 millions d’euros, dégrader à une vitesse accélérée, alors que certains investisseurs personne seule et de 20 000 euros par Airbus et les intérêts « à long la formation du personnel navi- en provenance de trois organis- financiers souhaitent réduire la pour un couple. Il s’agit d’encoura- terme » des actionnaires d’EasyJet. gant d’EasyJet. mes : la filiale spécialisée de la Cais- voilure dans un secteur qui n’est ger les particuliers à mobiliser leur Airbus devra fournir 120 appa- se des dépôts et consignations En 2002, plus jugé porteur. épargne pour des projets et des reils de type A319 dont la livraison   (CDC), CDC PME (40 millions Comme l’explique un capital-ris- entreprises locales. Pourtant, mal- commencerait à partir de septem- Selon des professionnels, Air- d’euros), le Fonds européen d’in- la situation queur, « on pourrait faire un tour gré cette « carotte fiscale », les pro- bre 2003 et s’échelonnerait jusqu’à bus a dû consentir pour cette com- vestissement (20 millions d’euros) de France des organismes régionaux fessionnels du capital-risque, qui 2008. Une option portant sur 120 mande un rabais important et le et la banque italienne San Paolo a continué en crise. Certains n’ont pas la taille seront pourtant appelés à gérer les- autres appareils a également été prix moyen de l’appareil pourrait IMI (10 millions d’euros). Sa ges- critique. D’autres n’arrivent plus à FIP, restent sceptiques. « Il faut fai- prise. La livraison pour les 120 avoisiner 25 millions de dollars. tion sera assurée par CDC PME. Il de se dégrader à lever de fonds et devraient fusionner re très attention et prendre beau- avions suppplémentaires courrait Cette nouvelle commande redon- devrait sélectionner une douzaine ou voir leur portefeuille racheté par coup de précautions dès lors qu’on jusqu’en 2012. L’Airbus 319 n’a ne l’avantage à Airbus en terme de de fonds régionaux spécialisés sur une vitesse accélérée des plus grands ». Selon les spécia- s’adresse aux particuliers par le jamais été utilisé par les compa- commande. Selon la lettre profes- le financement des petites et listes du secteur, une poignée de biais d’appel publics à l’épargne, gnies à bas prix qui préféraient le sionnelle Aéronautique Business, moyennes entreprises et leur sociétés régionales de capital-ris- car l’investissement en capital est un Boeing 737 pour des raisons de les commandes fermes arrêtées au apporter des fonds. après que les organismes régio- que connaîtraient actuellement placement très risqué », explique capacités ; mais pour cette com- 31 août donnaient l’avantage à CDC PME n’aura pas de mal à naux ont récolté seulement 76 mil- des dissensions plus ou moins gra- René Maury, président de la com- mande, Airbus aurait accepté de Boeing avec 181 machines contre trouver des partenaires pour son lions d’euros de souscriptions nou- ves entre leurs actionnaires. mission action régionale de l’Asso- porter le nombre de sièges à 156 143 pour Airbus. Un avantage FCIR, puisqu’elle est d’ores et déjà velles en 2001, soit une chute de Le FCIR complétera un autre ciation française des investisseurs contre 145 initialement. d’autant plus important que ce actionnaire de 50 sociétés de capi- 72 %. La rentabilité moyenne de levier de relance de l’investisse- en capital (AFIC). Les FIP « S’en tenir à de vieux dictons tels contrat – qui représente un tiers tal-risque régionales et de leurs fonds propres est tombée en ment local annoncé dans le cadre devraient d’abord voir le jour sous que “les compagnies à bas prix utili- des livraisons annuelles du consor- 13 fonds communs de placements 2001 à 5,48 %, son plus bas niveau du plan de création d’entreprises, la forme d’expérimentations régio- sent seulement Boeing” ne permet tium européen – pourrait être sui- à risques régionaux, pour un mon- depuis 1996. les fonds d’investissement de nales appuyées par la Caisse des pas de réduire les coûts », a déclaré vi par un leasing d’une vingtaine tant total de 160 millions d’euros, Ce contexte difficile a fait naî- proximité (FIP). Ces derniers dépôts et consignations. Stelios Haji-Ioannou, le milliardai- d’appareils pour l’Aeroflot. soit 14,4 % des actifs de ces tre des divergences entre les diffé- seront « sponsorisés » par les collec- re d’origine chypriote qui dirige 63 organismes, qui gèrent, au rents actionnaires des organis- tivités locales, qui devraient être Adrien de Tricornot EasyJet. François Bostnavaron Les salariés d’un centre d’appels d’Euro CRM, licenciés en bonne et due forme, mettent fin à trente-sept jours d’occupation Fréquentation record au Mondial de l’automobile ILSN’ÉTAIENT plus guère qu’une poignée appels téléphoniques (Le Monde du 16 juillet). Le 26 septembre, la société a, en fin de compte, pour ce pot de départ et cette ultime soirée au Dans le même courrier, ils invitaient chacun des été déclarée en liquidation judiciaire. Depuis, le LESCONSTRUCTEURS automobiles PARIS DOMINE milieu des matelas, des tracts et des installations 216 employés à se présenter au guichet des deux siège d’Euro CRM France, à Ivry (Val-de-Marne), ont tiré, dimanche 13 octobre, un bilan de fortune. Après trente-sept jours d’occupation sociétés retenues pour la reprise du contrat, Mul- a été lui aussi « vidé », et les dirigeants se positif du Mondial de l’automobile de En milliers de visiteurs s continue des bureaux de leur entreprise au tilignes à Paris et Intracall à Amiens. seraient repliés sur leur seule unité restante, un Paris, qui a accueilli plus de 1,4 million de Pari Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), les 186 salariés Durant les deux premiers mois, les salariés se autre centre d’appels à Troyes (Aube). Quant aux visiteurs en seize jours, gardant son titre restants d’Euro CRM, un centre d’appels télépho- sont surtout mobilisés pour espérer être payés. salariés, ils se retrouvent au centre d’une bataille de salon automobile le plus fréquenté au Francfort Tokyo Barcelone GenèveDetroit niques auparavant sous-traitant du câblo-opéra- Avec l’aide des syndicats CFDT et CGT, ils ont juridique qu’ils maîtrisent mal. monde. teur Noos (groupe Suez), se sont séparés, samedi Certes, le juge des référés du tribunal de Cré- « Le record de fréquentation a été battu, 1 400

12 octobre, avant de rendre les clés au liquida- teil a pratiquement déclaré légitime leur mouve- avec 1,447 million de visiteurs comparé à 1 288,9 teur désigné par le tribunal de commerce de Cré- «C’est un semblant de gain ment d’occupation en refusant la demande d’ex- 1,436 million lors du précédent Mondial, il

teil. Depuis quelques jours, ils ont reçu leur lettre pulsion déposée par M. Casanova. De son côté, y a deux ans », a indiqué le commissaire 876,2 812,4 759,9 de licenciement et pourront donc s’inscrire aux de cause. Les gens vont le liquidateur a engagé une procédure pour obli- général du salon, Thierry Hesse. «Le 723,1 Assedic et bénéficier des allocations de ger Noos à participer au plan de sauvegarde de Mondial est resté le premier salon automo- chômage. percevoir le solde de leur l’emploi et au reclassement des salariés au titre bile du monde en termes de visiteurs », a « C’est un semblant de gain de cause. Les gens d’une « sous-traitance déguisée ». En tout état de souligné devant la presse le président du 2001 2002 vont percevoir le solde de leur salaire et les indemni- salaire et les indemnités », cause, les décisions ne sont pas attendues avant comité d’organisation, Pierre Peugeot. Source : Comité des constructeurs tés. Mais dans le fond c’est toujours l’employeur qui plusieurs mois. Les constructeurs sont au diapason. français d'automobiles gagne », lâche Neddy, plutôt « dégoûté » par «le lâche Neddy « Les boîtes qui ferment, il y en a partout. Mais Renault fait ainsi état de « plus de mépris » avec lequel les salariés ont été traités. pas dans ces conditions, avec un manque total de 40 000 contacts qualifiés, plus de 10 000 essais et plus de 1 000 comman- « Nous avons le sentiment d’avoir été floués et respect et d’égard envers les salariés », relève Ange- des ». Peugeot chiffre à 12 000 le nombre de « contacts formalisés » et manipulés. Mais cela reste une bonne expérience tenté de faire respecter les procédures de licencie- la, venue ce soir-là présenter Théo, son bébé de à 9 000 le nombre d’essais. Citroën a signalé 10 000 prises d’adresses d’entraide et de solidarité entre nous », renchérit ment garantissant au moins une partie de leurs cinq jours, né au plus fort du conflit. « Le patron et 2 500 essais. Ford recense « 10 600 prises d’adresse et plus de Guislaine Faloppe, déléguée CFDT. droits. était si fier d’avoir créé une société employant des 2 000 bons de réservations ». Tous en veulent à leurs « patrons », Jean- L’occupation fut décidée au début du mois de jeunes black-blanc-beur à l’image de la banlieue », Claude Casanova et sa femme, Pia, directrice septembre, à l’issue d’une réunion particulière- souligne Mme Faloppe en évoquant le sort de ces générale, qui les ont congédiés, sur-le-champ, le ment houleuse du comité d’entreprise, au cours nouveaux « OS de la nouvelle économie », pour la Conforama : un directeur mis 1er juillet. Par une simple lettre affichée dans les de laquelle les salariés, tous présents, ont tenté plupart issus de la seconde génération de l’immi- locaux, ils ont appris la fin de l’activité de cette d’arracher les salaires dus face à une direction gration et, malgré des études supérieures, guère à pied pour avoir brandi une arme entreprise à qui son client principal, la société récalcitrante, comme ils durent s’opposer à une mieux protégés que leurs parents. Noos, venait de retirer le contrat de sous- intervention de vigiles appelés, durant une nuit, LE DIRECTEUR d’un magasin d’ameublement Conforama à Echirol- traitance de télémarketing et de gestion des pour l’enlèvement du matériel informatique. Michel Delberghe les (Isère), près de Grenoble, a été mis à pied par la direction nationale du groupe pour avoir sorti une arme lors d’un entretien avec deux délégués syndicaux, a-t-on appris auprès de la CGT et de la direction. Le responsable, âgé de 45 ans, qui avait pris la direction du Confora- Concurrence : la législation européenne se précise ma d’Echirolles il y a un mois, s’entretenait avec deux élus du person- nel CGT à propos d’un salarié qui demandait le paiement de ses heu- La Cour de justice de Luxembourg publie son rapport annuel res supplémentaires, a rapporté samedi à l’Agence France Presse l’un de ces deux délégués syndicaux.  Parmi les 434 affaires réglées par la distorsion de concurrence, le de la défense dans les procédures Lorsque les élus se sont plaints du déroulement du récent comité d’en- la Cour en 2001 (contre 463 en droit national peut lui refuser de de concurrence, qu’une entreprise treprise, le directeur a sorti une arme de son cartable en déclarant : Droit 2000), nombreuses sont celles qui se fonder sur ses propres actions destinataire d’une demande de ren- « voilà ce qu’est une réunion de CE chaude », avant de le replacer dans communautaire présentent un intérêt direct pour (illicites) pour obtenir des domma- seignements, prise par la Commis- son cartable, sans menace directe à l’encontre des élus du personnel, les entreprises. Ainsi, dans l’arrêt ges-intérêts. Justifiée au fond, cet- sion sur le fondement du règle- a déclaré le délégué CGT. L’incident remonte au 1er octobre. Metallgesellschaft du 8 mars, la te décision a en particulier pour ment 17, du 6 février 1962 (pre-  LA NOUVELLE édition du rap- Cour a jugé contraire à l’article 43 objet de décourager les pratiques, mier règlement d’application des port de la Cour de justice des Com- du traité de Rome une législation souvent dissimulées, susceptibles dispositions antitrust), a le droit a CHIMIE : le prince héritier d’Arabie saoudite, Abdallah ben munautés européennes, qui retra- du Royaume-Uni. Cette loi permet d’entraver la concurrence dans le de refuser de fournir des réponses Abdel Aziz, a inauguré, dimanche 13 octobre plusieurs complexes ce pour l’année 2001 l’activité de en effet aux sociétés résidant sur le marché commun. par lesquelles elle serait conduite à pétrochimiques et industriels géants dans la ville de Jubail, sur le Gol- l’institution et celle du Tribunal de territoire britannique de verser des admettre l’existence de l’infraction fe, a annoncé l’agence officielle saoudienne SPA. Les projets, qui première instance, est parue. Il dividendes à leur société mère   (affaire Mannesmannröhren, arrêt représentent un investissement de plus de 7 milliards de dollars contient les habituelles statisti- sans être assujetties au paiement De même que la Cour de justice, du 20 février). (7,09 milliards d’euros), ont été lancés par les entreprises Saudi Basic ques judiciaires (sur l’objet des anticipé de l’impôt sur les sociétés, le Tribunal de première instance a On citera enfin diverses décisions Industries Corp (Sabic) et National Industrialization Co, et l’Autorité recours, la nature des procédures lorsque la société mère réside aussi rendu, en 2001, de nombreuses en matière d’aides d’Etat, de mesu- royale de Jubail et Yanbu. ou encore leur durée) et des infor- au Royaume-Uni, alors que cette décisions dont l’importance est res de défense commerciale (anti- a HENKEL : le chimiste allemand, qui fabrique la lessive Persil mais mations sur la Cour et le Tribunal possibilité leur est refusée quand déterminante en droit des entrepri- dumping) ou encore de droit des aussi les soins capillaires Schwartzkopf, a fait une offre de 4,5 mil- (composition, publications…). Il cette dernière a son siège dans un ses et, plus particulièrement, en marques, domaine qui s’est enrichi liards d’euros, sur son compatriote Wella, spécialisé dans les soins expose aussi, sommairement, les autre Etat membre. droit de la concurrence. Dans un d’un grand nombre d’arrêts. capillaires, a indiqué le Wall Street Journal Europe paru lundi. L’acquisi- principaux développements de la De même, diverses décisions ren- arrêt très remarqué du 18 septem- On le mesure, la connaissance tion de Wella permettrait à Henkel de talonner le français L’Oréal, jurisprudence. dues en matière de droit de la bre, M. 6e. a. c. Commission, le Tri- de la jurisprudence de la Cour et numéro un mondial des parfums et cosmétiques. concurrence ont une importance bunal a rejeté l’application d’une du Tribunal est indispensable pour a ACT MANUFACTURING : la direction de la société spécialisée REPRODUCTION INTERDITE significative. Il en est ainsi de l’ar- « règle de raison » (du droit améri- comprendre le droit communau- dans les cartes électroniques, qui emploie 680 salariés et est située à rêt Courage, du 20 septembre, aux cain « rule of reason ») pour la taire. Le rapport annuel en fournit Angers (Maine-et-Loire), engagera le 16 octobre une procédure de termes duquel tout particulier mise en œuvre de l’article 81-1 un résumé précieux, même si l’on dépôt de bilan et de cessation de paiement devant le tribunal d’Angers, EMPLOI (donc toute entreprise) est en interdisant les ententes. Cela signi- peut regretter, outre une présenta- a-t-on appris, vendredi, de source syndicale (Le Monde du 9 octobre). droit de se prévaloir en justice de fie qu’il ne peut être procédé, pour tion un peu aride, notamment de  IMDEMANDES la violation de l’article 81-1 du trai- déterminer si un accord tombe l’activité de la Cour, le manque té, qui interdit les ententes, même sous le coup de cette disposition, à d’informations précises sur des a AIR LITTORAL : Air Littoral et Air Algérie ont annoncé, samedi lorsqu’il « est partie à un contrat une mise en balance des effets pro questions d’actualité, dont celle, 12 octobre, lors d’une conférence de presse commune à Alger, leur F.45 ans, recherche CDI susceptible de restreindre ou de faus- et anticoncurrentiels. Une telle cruciale, de la traduction des volonté de gérer des lignes en commun. Selon le directeur général d’Air chef du personnel, ser le jeu de la concurrence, au sens mise en balance est réservée à l’ap- arrêts et conclusions (faisabilité, Littoral, Jean Durand, les deux compagnies pourraient aboutir « à court 18 ans d’expérience. de cette disposition ». Il est possi- plication du paragraphe 3 du délai), dans la perspective de l’élar- terme » à un accord de partage de codes de vols ou code share. a Contact : Brigitte HONIGMAN ble, en conséquence, de demander même article, relevant d’interdic- gissement. TXU : le courtier en énergie texan TXU a annoncé, lundi, que sa réparation du préjudice subi. Tou- tion les ententes qui ont un effet filiale européenne va « mettre en vente tout ou partie de ses activités ». 10, rue de la Cour-des-Noues, tefois, précise la Cour, si la partie bénéfique pour le marché. Isabelle Pingel-Lenuzza, TXU Europe, qui opère principalement en Grande-Bretagne, est victi- 75020 Paris. qui invoque la violation de l’arti- Le Tribunal a aussi précisé, ren- professeur à l’université me, comme British Energy, de la chute du prix de l’électricité. Tél. : 01-43-66-58-96 cle 81 a une part significative dans forçant une nouvelle fois les droits Paris-XII 22/LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002 COMMUNICATION

Le papy-boom accentue la concurrence Les groupes Granada et entre les titres de la presse des «seniors » Carlton pourraient fusionner Pour capter un lectorat croissant, les deux principaux mensuels, Le mariage donnerait naissance à l’un des plus « Notre Temps » et « Pleine vie », ont décidé de lancer une formule rénovée grands ensembles européens de télévision privée

DANS UN CONTEXTE écono- culture. Tous deux misent aussi LONDRES Selon l’accord préliminaire, les mique morose pour les médias, les sur l’actualité. de notre correspondant à la City actionnaires de Granada détien- magazines de presse senior s’en sor- Les deux titres sont en concur- Les discussions avancées pour dront 68 % de la nouvelle société tent plutôt bien. Les deux leaders, rence frontale, en termes de diffu- une possible fusion des deux grou- alors que ceux de Carlton auront Notre Temps (Bayard Presse) et Plei- sion et de lectorat – celui-ci étant pes de médias Granada et Carlton, 32 %. La fusion, qui devrait être ne vie (propriété du groupe Emap majoritairement féminin. Né en qui devrait donner naissance àITV annoncée au cours de la semaine, depuis 1999), appartiennent tous 1981, le magazine Pleine vie s’appe- plc, bouleversent le paysage audio- donne naissance àl’un des plus deux au club très fermé des men- lait alors Le Temps retrouvé.Ila visuel britannique. Mais, même grands groupes de télévision privé suels qui dépassent le million changé de nom en avril 1997. A cet- applaudi dans la City, l’accord préli- européen, fort de 8 000 employés. d’exemplaires. Notre Temps a lancé te date, il était loin derrière Notre minaire entre ces deux firmes, qui Sur le papier, la future ITV plc est à une nouvelle formule, qui sera dans Temps, qu’il a dépassé en 1998. possèdent conjointement le plus même de rivaliser avec le géant BBC les kiosques àpartir du 18 octobre, Notre Temps a vu sa position domi- important réseau terrestre de télévi- sur le créneau très rémunérateur de tandis que son concurrent Pleine vie nante ébranlée : il était au sion commerciale de Grande-Breta- la vente de programmes àl’étran- propose une formule rénovée moment du lancement de Pleine gne, laisse sceptiques les politi- ger. Par ailleurs, cette alliance met depuis son numéro d’octobre. vie à1,065 million d’exemplaires, ques. fin, de facto, àce que la City souhai- Les éditeurs de presse convoitent puis est descendu à970 000 en « Ce mariage doit créer des syner- tait : l’ingérable organisation fédéra- ce marché colossal, avec l’arrivée 1999, 914 000 en 2000. Il a depuis gies provenant de la mise en commun le du réseau ITV divisé en quinze des baby-boomers àl’âge de la redressé la barre, même s’il reste des moyens et de la suppression des régions, en fait des baronnies totale- retraite. La France comptait derrière Pleine vie en ventes, mais doublons, ce qui devrait aider à rédui- ment autonomes du « centre ». 19,2 millions de seniors (plus de devant en audience. Les deux re les coûts. Les choses vont enfin pou- En outre, la division des rôles au Deux titres de la presse senior font l’objet, en octobre, d’une nouvelle formule 50 ans) en 1999 et en comptera titres sont aujourd’hui au coude à voir bouger » : ce commentaire d’un sommet du nouvel ensemble – la pour s’adapter à un lectorat de plus en plus jeune, dont le pouvoir d’achat 20,6 millions en 2005, en raison de coude. Un nouveau mensuel sur ce éminent banquier d’affaires londo- présidence àMichael Green, la est plus élevé que la moyenne. l’allongement de la durée de la vie. secteur, Vivre plus, a été lancé le nien est une douce musique aux direction générale àCharles Allen – « En 2006, il y aura 200 000 départs 18 avril 2002, par le groupe Medias oreilles des deux patrons de Grana- devrait mettre un terme aux querel- en retraite de plus par an, et cela pen- « Les seniors représentent un pour enfants. 48 % d’entre eux ont Participations, une holding familia- da et de Carlton, Charles Allen et les de personnes. dant trente ans », constate Jean- potentiel énorme de consomma- un téléphone mobile. le qui détient les éditions Fleurus Michael Green. L’un et l’autre ont, Paul Bury, rédacteur en chef de teurs », observe Pascale Lévêque, Les éditeurs se sont adaptés à et les BD Dargaud, et qui se définit en effet, passé un semestre difficile   Notre Temps. Les deux mastodon- directrice des études du pôle ces évolutions sociologiques. «Il lui-même comme « le plus jeune après l’échec de leur fusion, en Cette joie n’est, toutefois, pas tes de la presse senior expliquent le famille chez Interdéco Expert. Chif- n’y a pas de questions taboues. On des magazines seniors ». Il revendi- février, dû àdes divergences sur la sans mélange. Deux acteurs essen- changement de formule par la fres àl’appui : leur revenu moyen aborde aujourd’hui, par exemple, que entre 80 000 et 100 000 exem- valorisation des deux entités. La tiels du jeu médiatique font preuve nécessité de s’adapter àl’évolution annuel (31 650 euros, selon l’Insee) des sujets comme les psys ou les mas- plaires. faillite de la chaîne numérique hert- d’un enthousiasme plus que modé- de leur lectorat. est supérieur de 19 % àcelui des sages, ce qui n’aurait pas été envisa- Notre Temps comme Pleine vie zienne ITV Digital, conséquence du ré. Les milieux publicitaires qui moins de 50 ans. Ils sont extrême- geable il y a trois ou quatre ans », restent des « pépites », tant pour succès du bouquet satellitaire redoutent le poids de l’unification ment dépensiers, note Interdéco, la explique Patricia Cadorel, directri- Bayard Presse, pour qui le magazi- BSkyB de Rupert Murdoch, a fait des deux départements de ventes Les deux magazines régie publicitaire d’Hachette Filipac- ce de la rédaction de Notre Temps. ne est, de loin, la première source plonger les deux titres en bourse. d’espaces de Granada et de Carlton. chi Médias, qui gère aussi la publici- « Nous sommes un très grand géné- de profit du groupe, que pour Contrecoup de la plus grave réces- Le duo contrôlerait plus de la moi- au coude à coude té de Notre Temps : les dépenses des raliste à centre d’intérêt très fort, le Emap France, pour qui Pleine vie sion publicitaire depuis une décen- tié du marché britannique. Ensuite, b Pleine vie (Emap France) : seniors en voyage sont supérieures senior », résume Agnès Rochefort- est le deuxième centre de profit, nie, les coupes claires opérées dans les autorités, en l’occurrence la com- 1,09 million d’exemplaires vendus de 27 % àcelles des moins de Turquin, directrice du départe- derrière Télé Star. les programmes et l’absence de mission de la concurrence, voient en moyenne mensuelle au cours 50 ans, et de 14 % en automobile. ment générations seniors et Pour autant, le marché publici- renouvellement de la grille ont d’un mauvais œil une fusion qui du premier semestre 2002, dont « On vise des adultes, qui ont de plus modes de vie de Notre Temps. Preu- taire de la presse senior a fléchi de accentué la défiance boursière. For- contrevient àla loi limitant à15 % 150 000 vendus en kiosque. En en plus de temps, en refusant le ter- ve de cette évolution, le mensuel 6 % cette année. De plus, la publici- te des 2,5 milliards de livres la part d’audience nationale pou- 2001 : 1,06 million d’exemplaires me de vieux », explique Nadine adopte comme sous-titre dans sa té reste toujours àdes niveaux (3,95 milliards d’euros) par an prove- vant être contrôlée par un groupe. (diffusion payée en France, selon Vitu, directrice générale de Pleine formule rénovée la mention : «La bien moindres que ceux de la pres- nant de la redevance, la BBC (servi- La nouvelle loi sur la communica- Diffusion Contrôle). En 2000 : vie. liberté àplein temps ». Il avait se féminine, d’autant que les tarifs ce public) n’a cessé, de plus, de com- tion, qui doit être soumise au Parle- 1,021 million. Lectorat (source déjàgommé « Le magazine de la y sont moins élevés. Notre Temps pliquer la tâche de son réseau com- ment l’an prochain, devrait cepen- AEPM) : 3,269 millions de lecteurs     retraite » en 1998. On est loin du prévoit une stabilisation, voire une mercial. L’association entre la BBC dant lever cet obstacle. en 2001. « Les seniors, qui ont du temps… journal militant sur les droits de la légère baisse, en 2002, Pleine vie et BSkyB dans le numérique, tout Les analystes considèrent déjàcet- b Notre Temps (Bayard Presse) : et de l’argent, sont consommateurs retraite qu’était Notre Temps lors étant en légère progression. «Le comme l’effritement du taux te ITV plc musclée comme « opéa- 1,066 million d’exemplaires de produits haut de gamme, à forte de sa création en 1968. média dominant pour les plus de d’audience d’ITV à25 %, prouvent ble ». Avant même la fusion, des vendus en moyenne mensuelle valeur ajoutée, sur l’assurance, Pour les deux titres, aux sujets 60 ans est la télévision », tempère ces difficultés. groupes américains de médias, com- au premier semestre 2002, dont l’automobile ou les produits alimen- traditionnels, et fondateurs, le Luciano Bosio, directeur général Enfin, la pression croissante des me Viacom ou Disney, àla recher- 110 375 en kiosque. En 2001, taires », souligne Mme Lévêque. De droit et la santé, s’ajoutent désor- adjoint de Carat Expert, centrale investisseurs institutionnels, in- che d’acquisitions en Europe, se 1,049 million d’exemplaires. En quoi faire rêver les annonceurs. mais le tourisme, les loisirs, le d’achat d’espaces. quiets de voir leur placement fon- montrent intéressés. 2000 : 912 269. Lectorat : Les plus de 50 ans achètent un sport, sans oublier l’art de vivre, le dre, ont incité les deux groupes àse 4,492 millions en 2001. tiers des produits alimentaires bricolage, la décoration… et la Pascale Santi marier. Marc Roche Le journaliste Alvaro Vargas Llosa continue à vivre caché Les droits de retransmission Sa condamnation à la prison pour diffamation témoigne de la pression exercée sur les médias au Pérou du football aux enchères LIMA dans son pays et àl’étranger. Il y a d’autant plus sensible que, pen- Pendant ce temps, le président de notre envoyé spécial deux ans, dans un Pérou en lutte dant les années de gouvernement Toledo a vendu six avions Tucano LA LIGUE DE FOOTBALL PROFESSIONNEL (LFP) devait dévoiler, L’écrivain et journaliste Alvaro contre Alberto Fujimori, il avait d’Alberto Fujimori (1990-2000), àl’Angola par l’intermédiaire lundi 14 octobre, la composition d’un nouvel appel d’offres pour l’at- Vargas Llosa, fils du romancier rejoint Alejandro Toledo qui incar- une grande partie de la corruption d’une société fantôme basée aux tribution des droits de diffusion du championnat de France de foot- péruvien Mario Vargas Llosa, se nait alors le « renouveau démocra- était liée aux achats d’armes. îles Vierges (Caraïbes), sans que le ball portant sur les saisons 2004 à2007. Selon le quotidien sportif cache depuis près de huit mois, tique », devenant l’un de ses pro- conseil des ministres ou le Parle- L’Equipe du samedi 12 octobre, ces nouvelles enchères du football quelque part au Pérou. Condam- ches collaborateurs. Il devait être « J’ai simplement ment soient informés. Làencore, français seront divisées en 7 lots qui répartissent les diffusions des né par contumace le 25 juillet, il le ministre des affaires étrangères révélé l’existence Alvaro Vargas Llosa publie l’infor- matchs et des magazines de résultats. Pour maintenir la concurrence fait l’objet d’un mandat d’arrêt, à du nouveau gouvernement démo- de cette négociation mation et déplore que, malgré « le entre TPS et Canal+ et répondre aux vœux de la Commission euro- la suite d’une plainte déposée con- cratique, mais il a rompu avec l’an- et dénoncé l’absence changement démocratique interve- péenne qui recommande de « ne pas réserver tous les droits de télévi- tre lui pour « diffamation »et cien candidat quelques semaines de contrôle de l’Etat » nu, les pratiques héritées des noires sion importants à un seul radiodiffuseur », la LFP a conçu des lots qui « atteinte à l’honneur » par Adam avant la fin du premier tour en    années perdurent ». ne reprennent pas l’actuel partage des droits de retransmission entre

Pollack, un homme d’affaires pro- 2001, et s’est converti en l’un de  Le journaliste fait alors l’objet les deux offres de télévision àpéage. Avec cette mise àl’encan, la LFP che du président Alejandro Tole- ses plus féroces critiques. de plaintes en diffamation ; il con- souhaite obtenir 450 millions d’euros, par an, des diffuseurs en clair et do. Alvaro Vargas Llosa parle avec Quelques semaines plus tard, le teste la forme et la légitimité des en crypté. Pour la dernière saison (2003-2004) du contrat négocié en Le journaliste encourt une pei- animation ; sa voix laisse ressentir journaliste obtient de nouvelles procédures engagées contre lui, 1999, la LFP recevra 380 millions d’euros des chaînes. En moyenne, les ne de trois ans de prison et une une véritable fatigue au moins informations, relatives àune négo- lorsqu’en décembre un juge pro- droits versés par les télévisions représentent 51 % des recettes des amende de 1 million de dollars. Il égale àsa volonté de convaincre. ciation avec le consortium aéro- nonce son interdiction de sortie clubs professionnels de (l’ex-première division). vit aujourd’hui comme un pros- Il juge insensé que l’on puisse nautique européen EADS portant du territoire. En février, la justice  crit, séparé de sa femme et de ses « envoyer un journaliste en prison sur la modernisation et l’entretien délivre un mandat d’amener àson deux enfants, âgés de six et trois pour diffamation ». Après la victoi- de la flotte de Mig-29 des forces encontre, mais il refuse de répon- a TÉLÉVISION : cinq des six pays du Conseil de coopération du ans, qu’il n’a vus qu’àdeux repri- re de M. Toledo, il publie, en aériennes péruviennes. « J’ai sim- dre aux convocations du juge et Golfe (CCG) ont menacé de boycotter la télévision Al-Jazira, a fait ses ces derniers mois. Aussi provo- novembre 2001, des informations plement révélé l’existence de cette décide de se cacher. savoir, vendredi 11 octobre, la chaîne d’information en continu par cateur que bien informé, Alvaro sur des négociations secrètes por- négociation et dénoncé l’absence Il se dit certain que ses ennuis satellite du Qatar. Les ministres de l’information d’Arabie saoudite, du Vargas Llosa, trente-six ans, s’est tant sur l’achat de deux hélicoptè- de contrôle de l’Etat », explique le ne sont « que le résultat de la ven- Koweït, des mirats arabes unis, de Bahrein et d’Oman ont reproché à fait depuis longtemps un prénom res pour le président. Le thème est journaliste. geance du président Toledo », qui Al-Jazira « d’insulter et de diffamer » leur pays. Ils ont recommandé à n’a pas accepté sa défection lors leurs dirigeants « de cesser de coopérer avec les bureaux, les journalistes de l’électionde de 2001 ni ses criti- et les fonctionnaires d’Al-Jazira, si celle-ci continue sur la même voie ». ques. Les dirigeants de l’opposi- a ÉCONOMIES : la chaîne de télévision publique allemande ZDF a tion péruvienne, Alan Garcia et annoncé, vendredi, un programme d’économies de 50 millions Rafael Rey, ont dénoncé « la persé- d’euros par an pour écarter la menace d’un déficit de 200 millions cution politique inacceptable » d’euros jusqu’àla fin de 2004. dont fait l’objet Alvaro Vargas a PORNOGRAPHIE : l’ancien premier ministre socialiste, Laurent Llosa. Fabius, s’est déclaré, samedi sur Canal +, « contre l’interdiction des Dans une lettre adressée, fin films porno » àla télévision, réclamée par le Conseil supérieur de juillet, aux autorités judiciaires de l’audiovisuel (CSA). Selon M. Fabius : « Il ne faut pas mettre des films Lima, le secrétaire général de pornos par hasard à 20 h 30 sur la généralité des chaînes, mais qu’il y ait Reporters sans frontières (RSF), des chaînes qui diffusent ça, ça ne fait de mal à personne ». Robert Ménard, écrit que « l’arres- a PRESSE : le PDG du quotidien régional La Voix du Nord, Jean- tation d’Alvaro Vargas Llosa crée- Louis Prévost, a été condamné vendredi 11 octobre àun an d’empri- rait un dangereux précédent pour sonnement avec sursis et 30 000 euros d’amende pour « complicité de la liberté de la presse au Pérou ».Il favoritisme » par le tribunal de grande instance de Lille. Trois autres leur demande « de tout mettre en dirigeants ont été condamnés dans la même affaire d’infraction au œuvre pour que le mandat d’arrêt code des marchés publics mettant en cause des responsables du con- soit annulé et que le journaliste ne seil général du Nord et la société de communication « Ageconseil », soit condamné à aucune peine de filiale à100 % de la Voix de Nord. La direction du quotidien régional a prison ». déclaré avoir fait appel de ce jugement. – (AFP.) De son côté, le journaliste a fait a PRIX : les trophées du 9 e Prix Bayeux des correspondants de appel de sa condamnation et dépo- guerre ont été décernés, samedi 12 octobre, àGilles Jacquier, de Fran- sé un recours auprès de la Com- ce 2, dans la catégorie télévision, pour son reportage « Naplouse : mission interaméricaine de défen- mort dans la Casbah » ; àPierre Barbancey, du quotidien L’Humanité, se des droits de l’homme, qui dans la catégorie presse écrite ; àArnaud Zajtman, de la BBC, dans la devrait statuer prochainement. catégorie radio, et àLuc Delahaye, de Magnum Photo, dans la catégo- rie photo. Alain Abellard LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002/23 LA TENDANCE FINANCIÈRE

La chute du Nikkei déstabilise Sureffectifs chez les courtiers de Wall Street les banques nippones CHRONIQUE DES MARCHÉS TOKYO en deçà des exigences de capitalisa- correspondance tion nécessaires pour opérer à Fermée lundi 14 octobre pour l’international. Mizuho Corp et UFJ LE TEMPS où les banques d’affaires et les celui de l’indice boursier Standard & Poor’s. cause de jour férié (c’est le jour des Holdings, qui ont perdu le tiers de courtiers recrutaient à prix d’or les vedettes de ACTION CHARLES SCHWAB Dans 92 % des cas, les deux paramètres évo- Sports au Japon), la Bourse de leur valeur en un mois, sont particu- l’analyse financière, de la stratégie et de la ven- En dollars, à New York luent de la même façon. Tokyo pourrait connaître une se- lièrement fragilisées. te d’actions, pour améliorer leur notoriété, est 18 Des compressions de personnel de cette maine mouvementée. Après avoir Pour parer au plus pressé, la Ban- bel et bien révolu. Le NewYork Times relate, importance « sont peut-être draconiennes en atteint jeudi un nouveau seuil histo- que du Japon (BoJ) a exposé ven- dans son édition du samedi 12 octobre, que la 14 Le 11 octobre 8,85 valeur absolue, mais appropriées en ce qui concer- rique à la baisse, l’indice Nikkei a dredi les détails d’un programme banque d’affaires américaine Goldman Sachs ne la direction à suivre », écrit M. Freudenstein terminé la semaine à 8 529 points. de rachat d’actions détenues par avait tenté pendant plusieurs mois en 1998 de 10 dans une note d’analyse. Depuis le début de Selon l’Institut de recherche les banques portant sur un total de débaucher à prix d’or Jack Grubman, l’analyste l’an 2000, 61 000 emplois ont été supprimés Daiwa, les pertes latentes des sept 16 milliards d’euros d’ici à septem- vedette de sa concurrente Salomon Smith Bar- 6 dans le secteur américain du courtage financier, grandes banques sur leurs porte- bre 2004 – sa participation dans ney, qui a finalement été forcé de démissionner JFMMA JJA S O dont les effectifs totaux ont été réduits à 2002 feuilles boursiers atteignent chaque entreprise dont elle repren- cet été après le scandale WorldCom. Le quoti- Source : Bloomberg 722 000 personnes, d’après les chiffres de la 5 000 milliards de yens (40,85 mil- drait des titres serait au maximum dien américain précisait que la banque américai- Securities Industry Association. liards d’euros). Un chiffre multiplié de 5 %. Notant que les banques ne était prête à verser à cet analyste un salaire par quatre depuis le 31 mars, date ont apuré l’équivalent de 720 mil- de 8 millions de dollars la première année, com-    de la clôture de leur dernier exercice liards d’euros de mauvaises créan- plété par 29 millions de dollars en actions. financière américaine est encore sur les niveaux Parmi les annonces de réductions d’effectifs fiscal. Les banques risquent de voir ces en dix ans, la BoJ souligne Maintenant, l’heure est à la rationalisation. de 1999 ». En septembre, les volumes d’affaires les plus récentes, figure celle du leader améri- leur ratio de solvabilité se rappro- qu’« une quantité substantielle de Avec la chute des marchés d’actions, la baisse dans les activités de fusion et acquisition cain des firmes de courtage sur les actions, Char- cher des 8 %. Toujours selon Daiwa, nouvelles mauvaises créances est des volumes d’activité des investisseurs tétani- étaient en recul de 29 % sur un mois et de 37 % les Schwab, qui avait annoncé, à la mi-septem- un Nikkei à 7 500 points pousserait générée à mesure que les change- sés par les scandales financiers, les courtiers en sur l’année. Le montant des opérations annon- bre, la suppression de 1 800 postes, représen- le ratio Cook de plusieurs banques ments structurels progressent. Les Bourse, qui avaient massivement recruté lors cées totalisait, en septembre, 82 milliards de dol- tant 10 % de sa force de travail, en raison de la gains latents sur portefeuilles bour- de la formation de la bulle Internet, n’ont plus lars et celui des opérations effectivement finali- baisse des transactions des investisseurs particu- siers ne jouent plus le rôle tampon besoin d’autant de personnel. Malgré des sées 59 milliards de dollars. Dans ces condi- liers. Le courtier avait déjà licencié INDICE NIKKEI qu’ils avaient auparavant. » annonces déjà effectuées de plans de licencie- tions, les grandes banques d’investissement qui 7 200 employés en 2001, à l’occasion d’un plan En points, à Tokyo Les analystes doutent que la me- ments massifs, il resterait encore trop d’effec- possèdent un pied dans chacune de ces activités de réduction de ses coûts. Le 11 oct. 8529,61 sure ait un effet sur le Nikkei cette tifs dans l’industrie financière américaine, selon (émissions, fusions-acquisitions, intermédia- A la fin de l’année, Schwab aura réduit ses 9 600 semaine. Seul un plan d’action une étude de la banque américaine JP Morgan. tion financière…) ont vu leur revenu considéra- effectifs de 37 % par rapport au point culminant convaincant de la part du ministre Pour Michael Freudenstein, l’analyste financier blement décliner. de l’année 2000 (l’entreprise comptabilisait envi- 9 400 chargé de la politique économique auteur de l’étude, il y a encore 17 % de person- ron 26 800 personnes à la fin de cette année). et budgétaire, dont les premiers nel en trop à Wall Street.    La désaffection vis-à-vis de la Bourse de la part 9 200 éléments devraient être dévoilés Durement touchées par la diminution du des investisseurs particuliers, échaudés par la 9 000 d’ici le démarrage de la session     nombre des introductions en Bourse et des chute des cours, a fortement frappé les intermé- extraordinaire de la Diète, vendre- M. Freudenstein souligne dans son rapport fusions-acquisitions, les sociétés de courtage de diaires financiers. Au mois d’août, le nombre de 8800 di, pourra redonner confiance aux sur l’industrie du courtage aux Etats-Unis que Wall Street présentent actuellement des suref- transactions quotidiennes des clients de investisseurs. Le spectre d’une cri- « les activités de fusion et acquisition sont reve- fectifs de 17 %, malgré les milliers de suppres- Schwab avait chuté de 25 %, la plus forte baisse 8600 se systémique dans le secteur ban- nues à leurs niveaux de 1996-1997, les émissions sions d’emplois déjà effectuées, souligne l’étu- depuis le mois de mai 2000, juste après l’éclate- 8400 caire nippon est réapparu. d’actions à leurs niveaux de 1998, et l’indice bour- de de JP Morgan. L’analyste explique qu’il exis- ment de la bulle Internet. 11 17 20 26 1 4 9 sier Standard & Poor’s sur ses cotations de 1996, te une forte corrélation entre le niveau de l’em- Sept. Octobre 2002 Source : Bloomberg Brice Pedroletti alors que le nombre d’employés dans l’industrie ploi dans l’industrie financière américaine et Cécile Prudhomme

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER LES BOURSES DANS LE MONDE 14/10, 9h49 cours 2002 2002 cours 2002 2002 Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER ROYAUME UNI FTSE 100 index 3968,50 14/10 0,38 5362,29 4/1 3609,89 24/9 14,20 cours 2002 2002 ASIE-OCÉANIE FTSE techMark 100 index 618,80 14/10 -0,06 1569,61 4/1 590,02 10/10 AUSTRALIE All ordinaries 2915,60 14/10 1,13 3443,89 14/2 2842,60 10/10 15,30 SUÈDE OMX 468,28 14/10 1,29 878,88 4/1 413,98 10/10 19,60 UNION EUROPÉENNE CHINE Shangaï B 138,61 11/10 -0,29 172,33 31/12 121,08 23/1 68,30 ALLEMAGNE DAX Index 2858,96 14/10 -2,45 5467,31 19/3 2519,30 9/10 15,90 EUROPE Shenzen B 216,37 11/10 -0,39 267,75 31/12 182,42 23/1 45,80 Euro Neu Markt Price IX 389,04 14/10 -0,07 1212,43 4/1 349,01 8/10 HONGRIE Bux 6873,23 11/10 2,24 9019,42 7/5 6546,35 26/7 9,30 CORÉE DU SUD Composite 587,51 11/10 0,59 943,53 22/4 576,48 11/10 AUTRICHE Austria traded 1017,33 14/10 0,32 1368,18 2/5 991,22 10/10 12,10 ISLANDE ICEX 15 1313,85 11/10 0,29 1413,85 21/3 1141,82 28/12 HONG KONG Hang Seng 8965,73 11/10 1,21 12020,45 17/5 8779,33 10/10 12,90 BELGIQUE Bel 20 1911,90 14/10 0,45 2906,75 24/4 1752,31 9/10 10,60 POLOGNE WSE Wig 20 1087,55 11/10 1,61 1486,22 28/1 1026,65 26/7 All ordinaries 3925,17 11/10 1,06 5277,35 17/5 3857,01 10/10 DANEMARK Horsens Bnex 196,52 14/10 0,06 280,92 26/3 180,39 11/10 12,40 TCHÉQUIE Exchange PX 50 417,60 14/10 -0,62 479,39 10/5 384,60 2/1 INDE Bombay SE 30 362,10 11/10 0,06 415,77 5/4 333,54 31/12 ESPAGNE Ibex 35 5674,80 14/10 0,24 8608,50 4/1 5266,89 10/10 15,30 RUSSIE RTS 342,53 11/10 -2,02 425,42 20/5 256,75 28/12 ISRAËL Tel Aviv 100 329,88 13/10 -0,61 468,92 7/1 325,89 9/10 FINLANDE Hex General 5445,65 14/10 0,30 9224,38 4/1 4711,08 24/7 14,80 SUISSE Swiss market 4758,80 14/10 -0,22 6740,60 17/5 4333,10 10/10 326,90 JAPON Nikkei 225 8529,61 11/10 1,07 12081,42 27/5 8197,21 10/10 21,60 FRANCE CAC 40 2911,04 14/10 0,30 4720,04 4/1 2612,03 10/10 15,90 TURQUIE National 100 9175,30 14/10 -1,42 15071,83 8/1 8514,03 3/7 15,40 Topix index 848,43 11/10 1,53 1144,02 27/5 814,70 10/10 3,40 Mid CAC 1259,73 11/10 1,55 2176,89 2/4 1233,19 10/10 15,20 AMÉRIQUES MALAISIE KL composite 629,92 14/10 -1,23 816,94 23/4 630,65 25/9 13,60 SBF 120 2040,84 14/10 0,21 3263,90 28/3 1847,00 10/10 5,90 ARGENTINE Merval 419,12 11/10 1,07 471,33 6/2 267,73 14/6 21,20 NOUVELLE-ZÉLANDE All ordinar. 731,80 14/10 0,60 SBF 250 1941,31 11/10 4,83 3081,89 28/3 1767,51 10/10 15,10 BRÉSIL Bovespa 8854,85 11/10 -0,13 14495,28 18/3 8352,29 30/9 7,60 SINGAPOUR Straits Time 1382,91 14/10 0,67 1848,98 5/3 1326,35 25/9 Indice second marché 1677,27 11/10 1,09 2567,01 15/5 1646,41 10/10 13,70 CANADA TSE 300 5978,66 11/10 2,85 7992,70 7/3 5678,27 10/10 121,70 TAÏWAN Weighted 3850,04 11/10 -0,42 6484,93 22/4 3845,76 11/10 119,80 Indice nouveau marché 456,97 14/10 0,66 1175,41 7/1 433,89 10/10 CHILI Ipsa 76,94 12/10 0,81 109,73 28/12 75,51 10/10 13,90 THAILANDE Thaï SE 328,65 14/10 -0,53 430,67 14/6 301,17 28/12 GRÈCE ASE General 1807,09 14/10 0,00 2655,07 3/1 1704,70 9/10 13,50 ETATS-UNIS Dow Jones ind. 7850,29 11/10 4,20 10673,09 19/3 7197,49 10/10 17,50 AFRIQUE IRLANDE Irish Overall 3772,77 14/10 -1,29 6085,02 18/1 3616,98 10/10 9,40 Nasdaq composite 1210,47 11/10 4,05 2098,87 9/1 1108,48 10/10 35,60 AFRIQUE DU SUD All share 9445,60 14/10 0,50 9991,25 11/9 9082,12 10/10 9,30 ITALIE Milan Mib 30 22180,00 14/10 -0,09 33548,00 17/4 20542,00 10/10 16,90 Nasdaq 100 890,61 11/10 4,83 1710,22 9/1 795,25 8/10 35,60 COTE D'IVOIRE BRVM 67,07 10/10 0,00 77,45 31/12 66,51 16/9 LUXEMBOURG Lux Index 655,41 11/10 1,24 1169,47 14/1 642,66 10/10 11,40 Wilshire 5000 7873,03 11/10 3,71 10983,40 19/3 7273,39 10/10 PAYS BAS Amster. Exc. Index 317,95 14/10 0,06 531,45 18/4 282,79 24/9 13,20 Standards & Poors 500 835,32 11/10 3,91 1176,96 7/1 768,63 10/10 22,90 PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercice courant. PER : Jacques Chahine Finances ; données : la Cote Bleue. PORTUGAL PSI 20 5302,55 14/10 -0,58 7998,50 4/1 4937,16 30/9 12,80 MEXIQUE IPC 5845,33 11/10 1,44 7611,12 11/4 5500,75 5/8 11,00 n/d : valeur non disponible.

EUROPE Lundi 14 octobre 9h49 FRANCFORT TOKYO NEW YORK INDICES DANONE ...... FR...... 119,40 .....-0,17 11/10 : 201 millions d'euros échangés 11/10 : 894 millions d'euros échangés Séance du 11/10 PROCTER AND GAMBLE ...... 90,24...... 1,40 SECTEURS EURO STOXX DEUTSCHE BANK AG...... AL...... 42,26 .....-3,95 Valeur Cours de clôture (¤) % var. Valeur Cours de clôture (¥) % var. NYSE SBC COMMUNICATIONS...... 22,45...... 5,65 Indice % var. DEUTSCHE TELEKOM...... AL...... 10,01 .....-4,58 TEXAS INSTRUMENTS...... 16,11 ...... 13,45 Meilleures performances Meilleures performances 1848 millions de titres échangés EURO STOXX 50 ...... 2343,38 .....-0,36 E.ON ...... AL...... 44,68 .....-2,87 ADVANCED PHOTONICS ...... 2,00 ...... 70,94 DYNIC CORP...... 90,00 ...... 28,57 Valeur Cours de clôture ($) % var. UNITED TECHNOLOGIE ...... 55,06...... 5,58 AUTOMOBILE ...... 162,03 .....-1,29 ENDESA...... ES ...... 9,81...... 1,03 VERIZON COMM ...... 35,19...... 6,80 KNORR CAPITAL PART...... 0,16 ...... 60,00 TENSHO ELECTRIC IN...... 173,00 ...... 19,31 3 M...... 120,60...... 3,47 BANQUES...... 179,71 .....-0,09 ENEL ...... IT ...... 4,88...... 0,83 WAL-MART STORES ...... 53,83...... 4,24 SZ TESTSYSTEME ...... 0,35 ...... 59,09 KAWADA CONSTRUCTIO...... 630,00 ...... 18,87 AM INTL GRP...... 59,73...... 7,14 PRODUIT DE BASE ...... 138,04...... 0,20 ENI SPA ...... IT...... 14,44...... 0,00 WALT DISNEY COMPAN...... 16,00...... 4,92 MOBILCOM AG ...... 2,10 ...... 47,89 OKAMOTO MACHINE ...... 82,00 ...... 18,84 ALCOA ...... 20,34...... 9,06 CHIMIE...... 252,07 .....-0,89 FORTIS...... BE...... 16,06...... 0,06 BRAINPOWER...... 1,80 ...... 45,16 NIPPON GEAR...... 130,00 ...... 18,18 AOL TIME WARNER...... 11,79...... 2,97 NASDAQ TÉLÉCOMMUNICATIONS ...... 282,07 .....-0,96 FRANCE TELECOM...... FR ...... 9,95 .....-1,58 AUGUSTA TECHNO ...... 1,50 ...... 42,86 DESIGNEXCHANGE ...... 118000,00 ...... 18,00 AMERICAN EXPRESS ...... 30,87...... 5,36 1919 millions de titres échangés CONSTRUCTION...... 164,09 .....-0,06 GENERALI ASS...... IT...... 16,21 .....-0,06 AECO...... 0,17 ...... 41,67 COLUMBIA MUSIC ENT...... 111,00 ...... 16,84 AT & T...... 11,97...... 5,74 Valeur Cours de clôture ($) % var. CONSOMMATION CYCLIQUE...... 74,58 .....-1,15 ING GROEP CVA...... NL...... 16,00...... 1,98 Plus mauvaises performances Plus mauvaises performances BANK OF AMERICA ...... 59,40...... 4,84 ALTERA CORP...... 10,12...... 4,63 PHARMACIE...... 350,15...... 2,99 KONINKLIJKE AHOLD ...... NL...... 13,00...... 1,17 HERZOG TELECOM ...... 0,01...... -92,86 KOJIMA IRON WORKS...... 57,00...... -14,93 BOEING CO...... 32,00...... 2,07 AMAZON.COM...... 18,46...... 2,78 ÉNERGIE ...... 275,16 .....-0,25 L'OREAL...... FR...... 73,85 .....-0,61 GFN...... 0,07...... -53,33 NIHON SEIMA...... 35,00...... -12,50 BRISTOL MYERS SQUI...... 21,64...... 2,80 AMGEN INC...... 48,09 ...... -0,31 SERVICES FINANCIERS...... 154,83...... 0,09 LVMH...... FR...... 37,20...... 0,27 EBOOKERS ...... 4,51...... -53,02 SANSUI ELECTRIC...... 7,00...... -12,50 CATERPILLAR ...... 36,58...... 4,31 APPLIED MATERIALS ...... 12,07...... 8,63 ALIMENTATION ET BOISSON ...... 206,76 .....-0,22 MUENCHENER RUECKV ...AL...... 124,40 .....-0,02 LETSBUYIT.COM...... 0,01...... -50,00 BANK OF AMERICA...... 6950,00...... -11,58 CITIGROUP...... 30,42...... 6,48 BED BATH& BEYOND ...... 32,03...... 6,20 BIENS D'ÉQUIPEMENT ...... 219,48 .....-0,18 NOKIA OYJ...... FI...... 14,65...... 0,00 CYBERNET INTERNET ...... 0,06...... -40,00 TOYO SHUTTER...... 24,00...... -11,11 COCA-COLA ...... 51,45 ...... -0,02 CISCO SYSTEMS...... 10,32...... 5,86 ASSURANCES...... 156,66 .....-0,24 PINAULT PRINTEMPS...... FR...... 59,35 .....-1,49 INFOGENIE EUROPE ...... 0,17...... -32,00 OHKI CORP...... 179,00...... -10,50 COLGATE PALMOLIVE...... 56,40...... 1,90 COMCAST A SPECIAL ...... 20,02...... 8,26 MÉDIAS ...... 141,23 .....-0,48 REPSOL YPF ...... ES...... 11,51...... 0,09 BRAIN INTL SOFT...... 0,17...... -15,00 HAMAKYOREX...... 2000,00...... -10,11 DOW CHEMICAL...... 26,77...... 6,44 CONCORD EFS ...... 14,94...... 6,26 BIENS DE CONSOMMATION...... 269,40 .....-0,26 ROY.PHILIPS ELECTR ...... NL...... 15,64 .....-1,76 DUPONT DE NEMOURS...... 39,64...... 3,26 DELL COMPUTER ...... 26,41...... 2,73 COMMERCE ET DISTRIBUTION.....213,39 .....-0,65 ROYAL DUTCHPETROL ....NL...... 43,18 .....-0,16 EASTMAN KODAK...... 28,46...... 3,15 EBAY...... 56,30...... 5,59 HAUTE TECHNOLOGIE ...... 220,37 .....-0,90 RWE...... AL...... 29,55 .....-2,41 EXXON MOBIL ...... 34,54...... 2,22 FLEXTRONICS INTL ...... 7,06...... 6,33 SERVICES COLLECTIFS ...... 203,26 .....-0,78 SAINT GOBAIN...... FR...... 24,30...... 1,67 LONDRES PARIS FORD MOTOR...... 8,32...... 9,47 GEMSTAR TV GUIDE ...... 3,54...... 4,42 SANOFI-SYNTHELABO ...... FR...... 61,60...... 3,70 LES 50 VALEURS DE L'EURO STOXX 11/10 : 1930 millions d'euros échangés 11/10 : 183 millions d'euros échangés GENERAL ELECTRIC ...... 24,21...... 7,12 GENZYME ...... 23,57...... 4,48 SANPAOLO IMI ...... IT ...... 6,08 .....-0,98 Code Cours % var. Valeur Cours de clôture (£) % var. Valeur Cours de clôture (¤) % var. GENERAL MOTORS...... 34,82...... 5,13 INTEL CORP ...... 15,22...... 7,33 SIEMENS ...... AL...... 36,67 .....-2,29 pays /préc. Meilleures performances Meilleures performances GILLETTE CO...... 30,87...... 1,88 INTUIT ...... 47,35...... 5,06 SOCIETE GENERALE A ...... FR...... 46,60...... 1,81 ABN AMRO HOLDING ...... NL...... 13,19 .....-0,08 SPIRENT...... 0,10 ...... 73,91 DASSAULT SYSTEMES...... 20,35 ...... 18,73 HEWLETT PACKARD...... 12,02...... 1,78 JDS UNIPHASE...... 1,84...... 0,00 SUEZ...... FR...... 15,74...... 0,19 AEGON NV...... NL...... 11,88 .....-1,33 MATALAN ...... 1,53 ...... 22,98 ALSTOM ...... 4,26 ...... 17,36 HOME DEPOT INC...... 26,21...... 6,54 LINEAR TECHNOLOGY ...... 23,44...... 7,87 TELECOM ITALIA...... IT ...... 7,64 .....-0,26 AIR LIQUIDE...... FR...... 131,30 .....-0,68 TIMELOAD...... 1,50 ...... 18,52 BUSINESS OBJECTS ...... 13,10 ...... 15,42 HONEYWELL INTL...... 21,48...... 9,20 MAXIM INTEGR PROD...... 24,83 ...... 10,36 TELEFONICA...... ES ...... 8,36...... 0,36 ALCATEL A ...... FR ...... 3,01 .....-1,31 CARLTON COMMUNICAT...... 1,29 ...... 13,72 ALCATEL A...... 3,05 ...... 14,66 IBM ...... 63,92 ...... 11,01 MICROSOFT...... 48,87...... 5,37 TIM ...... IT ...... 4,48 .....-0,67 ALLIANZ N ...... AL...... 93,00 .....-3,02 SCHRODERS NON VTG ...... 4,50 ...... 13,07 ALTEN ...... 5,10 ...... 13,33 INTL PAPER...... 34,49...... 4,86 ORACLE CORP...... 9,05...... 6,35 TOTAL FINA ELF ...... FR...... 141,40 .....-0,42 AVENTIS...... FR...... 60,50...... 2,89 INVENSYS PLC ...... 0,58 ...... 12,75 ROY.PHILIPS ELECTR...... 16,15 ...... 13,02 JOHNSON & JOHNSON...... 56,70 ...... -0,18 PAYCHEX ...... 26,34...... 5,44 UNICREDITO ITALIAN ...... IT ...... 3,43 .....-1,15 AXA...... FR...... 12,07...... 0,17 SCHRODERS LTD...... 5,00 ...... 12,74 AMADEUS GLOBAL A...... 3,75 ...... 12,95 J.P.MORGAN CHASE ...... 17,19...... 7,77 PEOPLESOFT INC...... 15,96...... 5,35 UNILEVER CVA ...... NL...... 61,10 .....-0,16 BASF AG...... AL...... 36,07 .....-2,43 Plus mauvaises performances Plus mauvaises performances LUCENT TECHNOLOGIE ...... 0,58...... -17,14 QUALCOMM INC...... 31,37...... 4,85 VIVENDI UNIVERSAL...... FR...... 12,35 .....-0,32 BAYER...... AL...... 19,05 .....-2,71 BTG PLC...... 1,00 ...... -6,54 ELIOR ...... 3,18 ...... -7,83 MC DONALD'S CORP...... 17,97...... 4,66 SIEBEL SYSTEMS...... 6,81...... 9,49 VOLKSWAGEN ...... AL...... 37,53 .....-0,71 BAYR.HYP.U.VERBK...... AL...... 14,76 .....-0,20 SCOT.&SOUTH.ENERGY...... 6,31 ...... -2,47 REXEL...... 27,00 ...... -6,90 MERCK AND CO...... 47,30...... 2,80 STARBUCKS CORP ...... 22,65...... 2,03 BBVA ...... ES ...... 8,18...... 0,74 ZONE EURO : FR (France), AL (Allemagne), ES (Espa- BRITISHBIOTECH...... 0,03 ...... -2,44 OBERTHUR CARD SYST...... 1,28 ...... -3,76 MOTOROLA ...... 9,97...... 9,68 SUN MICROSYSTEMS...... 2,77...... 0,36 BNP PARIBAS ...... FR...... 34,75...... 2,27 gne), IT (Italie), PT (Portugal), IR (Irlande), LU (Luxem- INTL POWER ...... 0,92 ...... -1,87 VALLOUREC ...... 47,20 ...... -3,10 NORTEL NETWORKS...... 0,75...... 8,70 VERITAS SOFTWARE ...... 14,13...... 7,86 bourg), NL (Pays-Bas), AT (Autriche), FI (Finlande), BE BSCH...... ES ...... 5,43...... 0,18 (Belgique), GR (Grèce). MARCONI...... 0,01 ...... -1,33 TRACKS MSCI UTIL...... 35,36 ...... -2,94 PEPSICO ...... 42,67...... 2,65 WORLDCOM...... 0,08...... 5,00 CARREFOUR...... FR...... 41,94 .....-1,06 HORS ZONE EURO : CH (Suisse), NO (Norvège), SE NATIONAL EXP GRP ...... 3,80 ...... -1,30 AVENIR TELECOM...... 0,33 ...... -2,94 PFIZER INC...... 30,15...... 0,57 XILINX INC...... 16,25...... 6,77 DAIMLERCHRYSLER N...... AL...... 33,96 .....-2,89 (Suède), RU (Royaume-Uni), DK (Danemark). SECURICOR ...... 0,99 ...... -1,25 NEXANS...... 9,76 ...... -2,40 PHILIP MORRIS COS ...... 37,01...... 2,32 YAHOO INC ...... 13,36...... 8,88

MARCHÉ DES CHANGES 14/10, 9h49 TAUX TAUX COURANTS OR MÉTAUX Cours % var. Dollar 100 Yens Euro Livre Franc S. TAUX D'INTÉRÊTS LE 14/10 Taux de base bancaire...... 6,60 % LUNDI 14 OCTOBRE 9h49 LUNDI 14 OCTOBRE 9h49 Cours Taux Taux Taux Taux Taux des oblig. des sociétés privées ...... 5,40 % % var. LONDRES j.le j. 3 mois 10 ans 30 ans NEW YORK Taux d'intérêt légal...... 4,26 % OR FIN KILO BARRE ...... 10280,00...... -0,19 ALUMINIUM COMPTANT ($).....1303,00...... 1,48 ($) 0,80658 0,98800 1,56180 0,67558  TOKYO 3,29 3,26 4,62 5,02 OR FIN LINGOT...... 10430,00...... 0,10 ALUMINIUM À 3 MOIS ($)...... 1311,52...... 1,44 (¥) 123,98000 122,48000 193,60000 83,76963 - 4,50 3,96 4,64 4,52 Crédit immobilier à taux fixe ONCE D'OR EN DOLLAR...... 316,85...... -0,66 CUIVRE COMPTANT ($)...... 1464,50...... 1,00  PARIS ¤ 3,29 3,26 4,71 5,14 taux effectif moyen ...... 6,04 % PIÈCE 20 FR. FRANCAIS...... 59,20...... -2,63 CUIVRE À 3 MOIS ($)...... 1486,00...... 1,04 ( ) 1,01250 0,81670 1,58065 0,68400  usure ...... 8,05 % LONDRES 3,29 3,26 4,39 4,96 PIÈCE 20 FR. SUISSE ...... 59,20...... -1,33 ETAIN COMPTANT ($) ...... 4360,00...... 1,16 (£) 0,64029 0,51653 0,63255 0,43269  0,05 0,07 1,10 1,81 Crédit immobilier à taux variable PIÈCE UNION LAT. 20...... 58,10...... -3,17 ETAIN À 3 MOIS ($) ...... 4384,90...... 2,52 - taux effectif moyen ...... 5,99 % ZURICH (FR. S.) 1,48020 1,19375 1,46235 2,31110 1,78 1,77 3,84 5,02 PIÈCE 10 US$...... 186,00...... 0,54 NICKEL COMPTANT ($)...... 6550,00...... 0,54  0,75 0,78 2,77 3,37 usure ...... 7,99 % PIÈCE 20 US$...... 370,25...... -2,57 NICKEL À 3 MOIS ($)...... 6449,90...... 0,52 Crédit consommation (- de 1 524 euros) PIÈCE 50 PESOS MEXICAINS...... 383,00...... -0,07 PLOMB COMPTANT ($)...... 423,00...... 1,68 taux effectif moyen ...... 16,47 % PLOMB À 3 MOIS ($)...... 434,97...... 2,07 COURS DE L'EURO EURO à 6 mois EURO à 5 jours usure...... 21,96 % ZINC COMPTANT ($)...... 750,00...... 0,00 MARCHÉS A TERME LE 14/10, 9h49 Crédit renouvelable, découverts Achat Vente Echéance Premier Dernier Contrats ZINC À 3 MOIS ($)...... 763,90...... 0,42 taux effectif moyen ...... 13,10 % 0.9902 0.9874 prix prix ouverts DENRÉES NEWYORK  ...... 7,4291...... 7,4296  usure...... 17,47 % 0.99 LUNDI 14 OCTOBRE 9h49 Cours % var. ARGENT À TERME ($) ...... 4,32...... 0,70  ...... 7,2750...... 7,2830  40 . 10/2 2913,00 2912,00 565455 Crédit consommation (+ de 1 524 euros) 0.9879 PLATINE À TERME ($)...... 578,00...... 1,31  ...... 9,1030...... 9,1150 0.97  . 12/2 92,98 0 taux effectif moyen ...... 8,48 % BLE ($ CHICAGO) ...... 366,00...... 0,07    . 50 ...... 30,4761...... 30,9855 0.95 0.9856 9/2 2344,00 2031 usure...... 11,31 % CACAO ($ NEW YORK) ...... 2322,00...... -2,19  ...... 1,8063...... 1,8103  CAFE (£ LONDRES)...... 644,00...... -0,77 0.92 0.9834 Crédit aux entreprises (+ de 2ans)  ...... 1,5663...... 1,5670  10  12/2 111,30 111,33 730894 COLZA (¤ PARIS) ...... 261,00...... 0,87    moyenne taux variable ...... 5,65 % PÉTROLE ...... 7,7007...... 7,7107 0.90 0.9811 MAÏS ($ CHICAGO)...... 247,00...... -1,79 usure taux variable ...... 7,53 % Cours % var.  -...... 2,0605...... 2,0637  3. 12/2 96,92 96,92 516003 ORGE (£ LONDRES)...... 60,00...... 0,25 LUNDI 14 OCTOBRE 9h49 0.88 0.9788 moyenne taux fixe ...... 6,19 %   ...... 244,7172 ...... 245,5821   JUS D'ORANGE ($ NEW YORK) ...... 0,95...... 2,25 BRENT (LONDRES) ...... 27,64...... -1,78 usure taux fixe...... 8,25 %  ...... 32677,0000..32743,0000 AM J J A S 711  12/2 7575,00 7869,00 33684 SUCRE BLANC (£ LONDRES)...... 199,00...... -0,70 WTI (NEW YORK)...... 29,34...... 1,42 ...... 31,2956...... 31,3214 2002 Octobre .   12/2 817,50 838,00 559145 (Taux de l’usure : taux maximum légal) SOJA TOURT. ($ CHICAGO)...... 166,60...... 0,54 LIGHT SWEET CRUDE ...... 29,34...... 1,28 24/LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002 MARCHÉS FRANÇAIS

Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code PREMIER MARCHÉ cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam F.F.P. (NY)...... ◗...... 91,80...... 93,00...... -1,29...... -5,40...... 132,50...... 82,00 .....2,20...... 6478 SELECTIBAIL(EXSEL) ...... 16,50...... 16,50...... n/d ...... 3,64 ...... 18,50...... 15,33 .....1,48 ...12599 VALEURS FRANCAISES FIMALAC...... ◗...... 25,00...... 25,19...... -0,75....-37,96 ...... 50,50...... 23,66 .....1,40...... 3794 SIDEL...... 32,50...... 33,00...... -1,52....-35,00 ...... 53,00...... 27,01...... n/d ...13060 Lundi 14 octobre 9h30 FINAXA...... 45,00...... 46,20...... -2,60....-43,14...... 107,50...... 33,50 .....2,24...... 3313 SILIC ...... 151,40.....151,50...... -0,07...... -3,44...... 189,00 ....150,00 .....7,10...... 5091 Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code FONC.LYON.# ...... 25,74...... 25,65 ...... 0,35...... -3,59 ...... 32,60...... 25,00 .....1,00...... 3340 SIMCO...... ◗...... 82,40...... 82,55...... -0,18 ...... 6,32 ...... 90,00...... 76,10 .....2,80 ...12180 cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam FRANCE TELECOM...... ◗...... 10,17...... 10,11 ...... 0,59....-77,34 ...... 48,16...... 6,75 .....1,00 ...13330 SKIS ROSSIGNOL...... 8,90 ...... 8,94...... -0,45....-38,53 ...... 15,90...... 8,40 .....0,28 ...12041 ACCOR...... ◗ ...... 28,80...... 29,06...... -0,89....-29,46 ...... 49,00...... 26,75 .....1,05 ...12040 FROMAGERIES BEL...... n/d.....115,00...... n/d .....15,05...... 120,00...... 91,80 .....2,22 ...12185 SOCIETE GENERALE...... ◗...... 47,05...... 45,77 ...... 2,80....-25,13 ...... 81,40...... 36,71 .....2,10 ...13080 AFFINE ...... 40,00...... 40,00...... n/d ...... 8,40 ...... 40,05...... 30,34 .....1,40...... 3610 GALERIES LAFAYETTE ...... ◗ ....107,00.....108,50...... -1,38....-30,01...... 168,90...... 96,00 .....0,90 ...12124 SODEXHO ALLIANCE ...... ◗...... 20,23...... 19,97 ...... 1,30....-57,86 ...... 49,70...... 18,11 .....0,56 ...12122 AGF...... ◗...... 28,19...... 28,22...... -0,11....-47,69 ...... 58,50...... 22,75 .....2,00 ...12592 GAUMONT # ...... 40,01...... 40,00 ...... 0,03...... -2,88 ...... 53,70...... 39,00 .....0,57...... 3489 SOMFY (EX DAMART) ...... 100,90.....100,10 ...... 0,80 .....50,68...... 107,50...... 66,04 .....3,80 ...12049 AIR FRANCE GPE NOM...... ◗...... 8,00 ...... 8,19...... -2,32....-51,33 ...... 21,19...... 7,09 .....0,10...... 3112 GECINA...... ◗...... 87,90...... 87,95...... -0,06...... -3,93...... 104,00...... 85,60 .....3,60 ...13151 SOPHIA ...... ◗...... 28,50...... 28,30 ...... 0,71...... -5,56 ...... 32,98...... 27,66 .....1,52 ...12077 AIR LIQUIDE ...... ◗ ....133,00.....132,20 ...... 0,61...... -4,93...... 160,00 ....111,60 .....3,20 ...12007 GENERALE DE SANTE ...... n/d...... 10,00...... n/d....-30,36 ...... 17,85...... 8,50...... n/d...... 4447 SOPRA GROUP CA# ...... ◗...... 12,01...... 11,80 ...... 1,78....-69,01 ...... 59,20...... 10,01 .....0,80...... 5080 ALCATEL A...... ◗...... 3,08 ...... 3,05 ...... 0,98....-83,95 ...... 21,62...... 2,05 .....0,16 ...13000 GEOPHYSIQUE...... ◗...... 15,52...... 15,52...... n/d....-55,97 ...... 50,05...... 13,35 .....1,22 ...12016 SPIR COMMUNIC. #...... ◗...... 78,75...... 78,65 ...... 0,13 ...... 0,96 ...... 91,00...... 66,80 .....3,00 ...13173 ALCATEL O ...... 2,05 ...... 2,08...... -1,44....-73,44 ...... 9,62...... 1,61 .....0,10 ...13015 GFI INFORMATIQUE ...... ◗...... 2,64 ...... 2,63 ...... 0,38....-78,09 ...... 13,34...... 2,14 .....0,15...... 6337 SR TELEPERFORMANCE .....◗...... 16,00...... 16,60...... -3,61....-31,91 ...... 29,68...... 12,96 .....0,18...... 5180 ALSTOM...... ◗...... 4,35 ...... 4,26 ...... 2,11....-62,75 ...... 15,24...... 3,25 .....0,55 ...12019 GRANDVISION CA# ...... ◗...... 17,50...... 17,75...... -1,41 .....14,75 ...... 20,10...... 15,05 .....0,30...... 5297 STERIA GROUPE #...... 7,25 ...... 7,30...... -0,68....-75,67 ...... 38,80...... 4,80 .....0,18...... 7291 ALTRAN TECHNO. #...... ◗...... 3,02 ...... 2,76 ...... 9,42....-94,04 ...... 66,40...... 2,53 .....0,20...... 3463 GROUPE GASCOGNE...... 70,00...... 69,60 ...... 0,57...... -5,66 ...... 86,00...... 66,80 .....2,70 ...12441 SUCR.PITHIVIERS...... 368,00.....366,00 ...... 0,55...... -4,46...... 445,00 ....360,00...13,00...... 3331 ARBEL# ...... 2,12 ...... 2,14...... -0,93....-31,61 ...... 7,50...... 2,12 .....0,53...... 3588 GROUPE PARTOUCHE #...... 59,50...... 61,40...... -3,09....-19,86 ...... 84,20...... 57,35 .....0,80...... 5354 SUEZ...... ◗...... 16,43...... 15,71 ...... 4,58....-51,67 ...... 34,90...... 13,18 .....0,71 ...12052 AREVA CIP...... 126,00.....124,00 ...... 1,61....-21,00...... 201,00 ....116,00 .....6,20...... 4524 GUYENNE GASCOGNE ...... ◗...... 78,35...... 79,00...... -0,82...... -7,82 ...... 92,95...... 74,00 .....1,70 ...12028 TAITTINGER ...... n/d.....114,50...... n/d....-11,85...... 159,50 ....106,60 .....2,45...... 3720 ASF...... ◗...... 24,44...... 24,95...... -2,04...... n/d ...... 28,20...... 22,51...... n/d ...18415 HAVAS ...... ◗...... 3,60 ...... 3,55 ...... 1,41....-55,71 ...... 11,00...... 2,80 .....0,17 ...12188 TECHNIP-COFLEXIP...... ◗...... 54,00...... 55,00...... -1,82....-64,00...... 162,90...... 49,00 .....3,30 ...13170 ATOS ORIGIN...... ◗...... 25,30...... 25,82...... -2,01....-65,60 ...... 94,40...... 21,50...... n/d...... 5173 IMERYS ...... ◗ ....114,70.....113,50 ...... 1,06 ...... 6,40...... 139,00...... 98,00 .....3,70 ...12085 TF1...... ◗...... 23,50...... 23,45 ...... 0,21....-17,22 ...... 36,88...... 19,57 .....0,65...... 5490 AVENTIS ...... ◗...... 60,95...... 58,80 ...... 3,66....-23,57 ...... 85,95...... 47,60 .....0,58 ...13046 IMMEUBLES DE FCE...... n/d...... 20,98...... n/d...... -4,63 ...... 25,00...... 19,80 .....0,30 ...12037 THALES ...... ◗...... 27,65...... 26,91 ...... 2,75....-28,64 ...... 46,20...... 24,50 .....0,70 ...12132 AXA...... ◗...... 12,28...... 12,05 ...... 1,91....-47,67 ...... 26,09...... 8,80 .....0,56 ...12062 IMMOBANQUE NOM...... 126,50.....126,50...... n/d...... n/d...... 132,50 ....118,00 .....7,92...... 5793 THOMSON MULTIMEDIA..◗...... 14,54...... 14,58...... -0,27....-57,85 ...... 37,15...... 12,05...... n/d ...18453 BACOU DALLOZ ...... 77,20...... 77,00 ...... 0,26....-12,27...... 138,00...... 68,00 .....0,90...... 6089 INFOGRAMES ENTER...... ◗...... 2,09 ...... 2,10...... -0,48....-83,86 ...... 15,98...... 1,06...... n/d...... 5257 TOTAL FINA ELF...... ◗ ....143,30.....142,00 ...... 0,92....-10,66...... 179,40 ....121,20 .....3,80 ...12027 BAIL INVESTIS.CA...... 125,00.....125,10...... -0,08 ...... 3,22...... 147,00 ....121,00 .....7,58 ...12018 INGENICO...... ◗...... 6,22 ...... 6,30...... -1,27....-69,71 ...... 25,90...... 5,13 .....0,15 ...12534 TRANSICIEL # ...... ◗...... 3,01 ...... 3,00 ...... 0,33....-91,32 ...... 40,56...... 2,80 .....0,55...... 6271 BEGHIN SAY...... ◗...... 36,86...... 37,00...... -0,38...... -9,65 ...... 45,90...... 36,00 .....1,70...... 4455 JC DECAUX...... ◗...... 10,90...... 11,10...... -1,80....-13,14 ...... 15,40...... 9,06...... n/d...... 7791 UBI SOFT ENTERTAIN...... ◗...... 8,48 ...... 8,52...... -0,47....-77,38 ...... 39,97...... 7,12...... n/d...... 5447 BIC...... ◗...... 33,59...... 34,34...... -2,18....-12,43 ...... 44,66...... 31,00 .....0,36 ...12096 KAUFMAN ET BROAD ...... 16,00...... 15,80 ...... 1,27...... -3,03 ...... 23,63...... 15,27 .....0,92 ...12105 UNIBAIL (CA)...... ◗...... 57,95...... 57,80 ...... 0,26 ...... 1,57 ...... 70,90...... 54,00 .....1,70 ...12471 BNP PARIBAS...... ◗...... 35,11...... 33,98 ...... 3,33....-30,12 ...... 61,85...... 27,50 .....1,20 ...13110 KLEPIERRE...... ◗ ....110,30.....111,40...... -0,99 ...... 2,79...... 134,60 ....108,20 .....3,10 ...12196 UNILOG...... ◗...... 23,45...... 22,50 ...... 4,22....-65,69 ...... 90,00...... 14,08 .....0,45...... 3466 BOLLORE...... ◗ ....243,00.....241,00 ...... 0,83 ...... 1,16...... 262,00 ....225,50 .....3,50 ...12585 LAFARGE...... ◗...... 75,45...... 74,50 ...... 1,28....-28,07...... 111,20...... 67,00 .....2,30 ...12053 VALEO...... ◗...... 27,00...... 27,00...... n/d....-39,73 ...... 53,00...... 23,00 .....0,70 ...13033 BOLLORE INV...... 38,50...... 38,00 ...... 1,32....-25,02 ...... 55,00...... 35,23 .....0,25...... 3929 LAGARDERE...... ◗...... 36,91...... 36,95...... -0,11....-21,46 ...... 54,85...... 35,50 .....0,82 ...13021 VALLOUREC...... ◗...... 47,00...... 47,20...... -0,42....-11,73 ...... 71,40...... 43,80 .....2,10 ...12035 BONGRAIN...... 37,39...... 36,97 ...... 1,14....-16,91 ...... 59,80...... 35,96 .....1,45 ...12010 LEBON (CIE) ...... 50,70...... 54,85...... -7,57 ...... 0,99 ...... 59,00...... 48,75 .....2,30 ...12129 VINCI...... ◗...... 58,35...... 58,80...... -0,77....-11,37 ...... 74,90...... 55,35 .....1,70 ...12548 BOUYGUES...... ◗...... 25,58...... 25,47 ...... 0,43....-30,48 ...... 38,95...... 20,40 .....0,36 ...12050 LEGRAND ORD...... 126,10.....131,80...... -4,32....-12,43...... 180,00 ....118,00 .....0,93 ...12061 VIVARTE ...... 30,50...... 31,35...... -2,71...... -5,04 ...... 36,00...... 29,30 .....1,98 ...13041 BOUYGUES OFFS...... n/d...... 60,08...... n/d .....50,01 ...... 62,00...... 38,60 .....1,10 ...13070 LEGRAND ADP...... n/d.....109,80...... n/d....-11,45...... 143,20 ....101,10 .....1,49 ...12528 VIVENDI ENVIRON...... ◗...... 21,40...... 21,50...... -0,47....-42,22 ...... 38,76...... 17,18 .....0,55 ...12414 BULL#...... ◗...... 0,40 ...... 0,39 ...... 2,56....-67,47 ...... 1,36...... 0,34...... n/d...... 5260 LEGRIS INDUST...... ◗...... 18,20...... 19,05...... -4,46....-17,27 ...... 25,39...... 18,01 .....0,70 ...12590 VIVENDI UNIVERSAL ...... ◗...... 12,45...... 12,39 ...... 0,48....-79,75 ...... 64,40...... 8,62 .....1,00 ...12777 BURELLE (LY)...... n/d...... 58,10...... n/d .....17,06 ...... 68,00...... 49,63 .....0,60...... 6113 LIBERTY SURF...... 2,22 ...... 2,26...... -1,77....-22,10 ...... 3,80...... 2,17...... n/d...... 7508 WANADOO ...... ◗...... 3,52 ...... 3,50 ...... 0,57....-37,47 ...... 6,70...... 2,94...... n/d ...12415 BUSINESS OBJECTS...... ◗...... 13,20...... 13,10 ...... 0,76....-64,84 ...... 51,00...... 9,06...... n/d ...12074 LOCINDUS...... 27,00...... 26,50 ...... 1,89....-14,28 ...... 35,97...... 25,81 .....8,76 ...12135 WENDEL INVEST...... ◗...... 18,49...... 18,16 ...... 1,82...... n/d ...... 36,40...... 16,57 .....2,20 ...12120 CANAL + ...... ◗...... 4,09 ...... 4,09...... n/d .....14,24 ...... 4,79...... 3,43 .....0,18 ...12546 L'OREAL ...... ◗...... 74,65...... 74,30 ...... 0,47...... -7,72 ...... 88,30...... 60,55 .....0,54 ...12032 WORMS & CIE NOM...... 15,00...... 15,10...... -0,66....-23,07 ...... 21,02...... 14,50 .....0,56...... 6336 CAP GEMINI...... ◗...... 16,60...... 16,50 ...... 0,61....-79,53 ...... 90,70...... 12,85 .....0,40 ...12533 LOUVRE #...... 50,75...... 52,00...... -2,40....-19,18 ...... 83,40...... 50,00 .....1,30...... 3311 ZODIAC...... ◗...... 17,52...... 17,80...... -1,57....-14,07 ...... 28,85...... 16,82 .....5,20 ...12568 CARBONE-LORRAINE ...... ◗...... 23,99...... 23,99...... n/d....-20,03 ...... 39,48...... 20,10 .....0,80...... 3962 LUCIA...... 10,20...... 11,00...... -7,27....-21,53 ...... 14,13...... 9,10 .....1,83...... 3630 ...... CARREFOUR ...... ◗...... 42,60...... 42,39 ...... 0,50....-27,05 ...... 58,80...... 36,33 .....0,56 ...12017 LVMH MOET HEN...... ◗...... 37,75...... 37,10 ...... 1,75....-17,39 ...... 61,60...... 31,61 .....0,53 ...12101 ...... CASINO GUICH.ADP...... 43,55...... 45,50...... -4,29....-30,32 ...... 67,30...... 42,50 .....1,58 ...12113 MARIONNAUD PARFUM...◗...... 34,80...... 34,50 ...... 0,87....-36,02 ...... 57,60...... 34,01...... n/d...... 6494 ...... CASINO GUICHARD ...... ◗...... 64,15...... 63,90 ...... 0,39....-25,96 ...... 89,90...... 58,55 .....1,54 ...12558 MATUSSIERE FOREST...... 4,98 ...... 5,05...... -1,39....-43,98 ...... 9,85...... 4,77 .....0,22...... 6057 ...... CASTORAMA DUB.OPA...... 67,00...... 66,80 ...... 0,30...... n/d ...... 67,00...... 67,00...... n/d ...18559 MAUREL ET PROM...... 19,40...... 19,40...... n/d .....25,16 ...... 24,99...... 15,10 .....0,91...... 5107 ...... CEGID (LY)...... 36,80...... 34,51 ...... 6,64....-53,03 ...... 90,50...... 34,01 .....2,30 ...12470 METALEUROP ...... 1,79 ...... 1,80...... -0,56....-41,88 ...... 4,90...... 1,59 .....0,61 ...12038 ...... CEREOL ...... ◗...... 32,30...... 32,35...... -0,15 .....13,53 ...... 36,40...... 28,00 .....0,65...... 4456 MICHELIN ...... ◗...... 28,48...... 28,66...... -0,63....-23,13 ...... 45,05...... 24,50 .....0,85 ...12126 ...... CFF.RECYCLING ...... n/d...... 37,90...... n/d...... -5,25 ...... 49,88...... 35,00 .....2,08...... 3905 MONTUPET SA ...... 11,75...... 11,40 ...... 3,07 .....12,65 ...... 16,40...... 9,12 .....0,17...... 3704 ...... CHARGEURS ...... 22,55...... 22,95...... -1,74...... -9,76 ...... 30,66...... 22,00 .....3,00 ...13069 NATEXIS BQ POP...... ◗...... 70,50...... 71,85...... -1,88....-27,24 ...... 97,50...... 70,00 .....2,50 ...12068 ◗ ◗ CHRISTIAN DIOR ...... 29,24...... 28,45 ...... 2,78....-15,17 ...... 47,63...... 24,21 .....0,50 ...13040 NEOPOST...... 34,45...... 34,45...... n/d ...... 5,28 ...... 44,50...... 31,40...... n/d ...12056 VALEURS INTERNATIONALES◗ ZONE EURO ◗ ALTADIS...... 23,15...... 22,81 ...... 1,49 .....21,33 ...... 24,63...... 17,55 .....0,28 ...12975 CIC -ACTIONS A ...... 118,60.....119,90...... -1,08...... -1,57...... 135,00 ....118,10 .....2,36 ...12005 NEXANS...... 9,80 ...... 9,76 ...... 0,41....-39,54 ...... 24,90...... 9,70 .....0,43...... 4444 ◗ CIMENTS FRANCAIS...... ◗...... 46,90...... 47,05...... -0,32...... -2,29 ...... 53,50...... 46,02 .....1,40 ...12098 NORBERT DENTRES...... 19,11...... 18,50 ...... 3,30....-14,49 ...... 29,69...... 16,80 .....0,60...... 5287 AMADEUS PRIV. A ...... 3,81 ...... 3,75 ...... 1,60....-42,00 ...... 8,44...... 3,26 .....0,05 ...12823 ◗ ARCELOR...... ◗...... 10,07...... 10,05 ...... 0,20...... n/d ...... 16,69...... 8,40...... n/d...... 5786 CLARINS...... 30,50...... 29,50 ...... 3,39....-51,89 ...... 72,50...... 26,11 .....0,65 ...13029 NORD-EST ...... 16,00...... 16,50...... -3,03....-40,93 ...... 27,90...... 15,11 .....0,40 ...12055 ◗ CLUB MEDITERRANEE ...... ◗...... 17,80...... 20,00....-11,00....-56,58 ...... 56,40...... 17,42 .....1,00 ...12156 NRJ GROUP...... ◗...... 13,99...... 13,97 ...... 0,14....-33,19 ...... 26,00...... 12,60 .....0,28 ...12169 B.A.S.F. # ...... 31,61...... 35,12...... -9,99....-25,25 ...... 49,90...... 30,12 .....1,03 ...12807 ◗ ◗ BAYER #...... ◗...... 19,34...... 18,97 ...... 1,95....-44,91 ...... 40,52...... 17,05 .....0,71 ...12806 CNP ASSURANCES ...... 35,20...... 35,10 ...... 0,28...... -1,40 ...... 43,98...... 31,50 .....1,39 ...12022 OBERTHUR CARD SYS...... 1,26 ...... 1,28...... -1,56....-85,92 ...... 9,40...... 1,19...... n/d ...12413 ◗ COFACE SVN CA...... ◗...... 45,90...... 45,90...... n/d...... -3,16 ...... 64,00...... 43,00 .....1,47 ...12099 ORANGE ...... ◗...... 5,37 ...... 5,49...... -2,19....-47,24 ...... 10,74...... 4,19...... n/d...... 7919 DEUTSCHE BANK #...... 42,99...... 42,23 ...... 1,80....-45,82 ...... 82,60...... 35,67 .....1,03 ...12804 DEXIA...... ◗...... 10,10 ...... 9,92 ...... 1,81....-37,65 ...... 18,95...... 8,22 .....0,36 ...12822 COFLEXIP...... n/d...... 86,45...... n/d....-45,62...... 172,00...... 77,00 .....0,31 ...13064 OXYG.EXT-ORIENT...... 71,00...... 69,60 ...... 2,01 ...... 0,28 ...... 85,20...... 66,50...15,50...... 3117 ◗ COLAS...... 67,20...... 68,00...... -1,18 ...... 6,07 ...... 75,95...... 62,00 .....2,80 ...12163 PECHINEY ACT ORD A...... ◗...... 28,51...... 29,20...... -2,36....-50,75 ...... 63,80...... 24,50 .....1,00 ...13290 EADS(EX-AERO.MAT.) ...... 10,57...... 10,15 ...... 4,14....-22,50 ...... 18,45...... 8,67 .....0,38...... 5730 EQUANT N.V...... ◗...... 2,73 ...... 2,76...... -1,09....-79,71 ...... 14,95...... 2,26...... n/d ...12701 CONTIN.ENTREPR...... n/d...... 33,00...... n/d....-26,17 ...... 46,90...... 31,00 .....0,70...... 3664 PECHINEY B PRIV...... 28,55...... 28,90...... -1,21....-47,51 ...... 59,60...... 26,40 .....1,79...... 3640 ◗ CREDIT AGRICOLE ...... ◗...... 16,45...... 16,35 ...... 0,61...... -7,53 ...... 24,70...... 13,46 .....0,55...... 4507 PENAUILLE POLY.#...... ◗...... 3,57 ...... 3,50 ...... 2,00....-90,96 ...... 45,59...... 3,23 .....0,28...... 5338 EURONEXT N.V ...... 19,39...... 19,40...... -0,05...... -8,75 ...... 25,00...... 17,78 .....0,26...... 5777 ◗ GEMPLUS INTL ...... ◗...... 0,52 ...... 0,54...... -3,70....-81,69 ...... 3,08...... 0,37...... n/d...... 5768 CRED.FON.FRANCE ...... 16,02...... 16,50...... -2,91 .....10,17 ...... 16,80...... 13,05 .....0,40 ...12081 PERNOD-RICARD...... 101,90.....102,60...... -0,68 .....17,12...... 106,50...... 81,30 .....1,00 ...12069 ◗ CREDIT LYONNAIS ...... ◗...... 30,55...... 30,29 ...... 0,86....-18,53 ...... 48,80...... 27,65 .....0,75 ...18420 PEUGEOT...... ◗...... 40,18...... 39,69 ...... 1,23....-15,85 ...... 60,80...... 32,20 .....1,15 ...12150 NOKIA A ...... 14,76...... 14,45 ...... 2,15....-48,57 ...... 30,32...... 10,55 .....0,27...... 5838 ◗ ROYAL DUTCH # ...... ◗...... 43,80...... 43,12 ...... 1,58....-22,68 ...... 63,15...... 39,38 .....0,54 ...13950 CS COM.ET SYSTEMES ...... 6,00 ...... 6,10...... -1,64....-27,71 ...... 12,25...... 5,76...... n/d...... 7896 PINAULT-PRINT.RED...... 60,05...... 60,25...... -0,33....-58,47...... 154,69...... 53,90 .....2,30 ...12148 ◗ DANONE...... ◗ ....120,20.....119,60 ...... 0,50....-12,26...... 150,40 ....109,40 .....2,06 ...12064 PLASTIC OMN.(LY) ...... 61,80...... 62,00...... -0,32 ...... 4,74 ...... 96,00...... 59,05 .....1,20 ...12457 ROYAL PHILIPS 0.20...... 15,91...... 16,15...... -1,49....-51,90 ...... 36,07...... 12,51 .....0,27 ...13955 ◗ SIEMENS # ...... ◗...... 36,96...... 36,74 ...... 0,60....-50,12 ...... 79,75...... 30,50 .....0,74 ...12805 DASSAULT-AVIATION...... 305,00.....310,00...... -1,61...... -3,78...... 425,00 ....284,90 .....6,50 ...12172 PROVIMI...... 14,40...... 14,39 ...... 0,07....-32,45 ...... 24,70...... 14,10 .....0,20...... 4458 ◗ DASSAULT SYSTEMES ...... ◗...... 19,72...... 20,28...... -2,76....-63,48 ...... 59,40...... 15,19 .....0,33 ...13065 PSB INDUSTRIES LY ...... 70,80...... 72,00...... -1,67....-20,89 ...... 92,70...... 70,80 .....3,80...... 6032 STMICROELECTRONICS ...... 14,42...... 14,23 ...... 1,34....-60,00 ...... 39,70...... 11,10 .....0,03 ...12970 ◗ TELEFONICA #...... ◗...... 8,44 ...... 8,26 ...... 2,18....-42,11 ...... 15,32...... 7,31 .....0,28 ...12811 DEV.R.N-P.CAL LI # ...... 14,00...... 14,40...... -2,78...... -2,77 ...... 16,90...... 13,00 .....0,55 ...12423 PUBLICIS GR. SA #...... 19,74...... 19,63 ...... 0,56....-33,64 ...... 39,90...... 16,70 .....0,22 ...13057 ◗ DEVEAUX(LY)# ...... 54,85...... 56,00...... -2,05....-31,86 ...... 78,00...... 54,85 .....3,00...... 6100 REMY COINTREAU ...... ◗...... 27,87...... 28,40...... -1,87 .....12,06 ...... 35,00...... 24,87 .....0,90 ...13039 UNILEVER NV # ...... 61,40...... 61,15 ...... 0,41...... -6,82 ...... 72,40...... 48,85 .....0,80 ...13953 DIDOT-BOTTIN ...... n/d...... 84,75...... n/d .....38,93 ...... 88,00...... 61,10 .....2,74...... 3747 RENAULT ...... ◗...... 40,42...... 40,49...... -0,17 ...... 2,04 ...... 57,45...... 34,60 .....0,92 ...13190 ...... DMC (DOLLFUS MI) ...... 3,85 ...... 3,83 ...... 0,52....-48,59 ...... 11,48...... 3,43 .....0,61 ...12133 REXEL ...... ◗...... 26,54...... 27,00...... -1,70....-59,75 ...... 75,40...... 26,00 .....2,22 ...12595 ◗ VALEURS INTERNATIONALES HORS ZONE EURO DYNACTION...... 18,00...... 19,49...... -7,64....-33,08 ...... 32,40...... 17,50 .....0,50 ...13035 RHODIA ...... 6,20 ...... 6,05 ...... 2,48....-30,95 ...... 12,40...... 5,75 .....0,12 ...12013 ERICSSON #...... ◗...... 0,48 ...... 0,48...... n/d....-88,94 ...... 4,79...... 0,36 .....0,04 ...12905 ◗ EIFFAGE ...... 70,10...... 72,85...... -3,77 ...... 2,48 ...... 97,40...... 67,00 .....2,10 ...13045 ROUGIER #...... 51,30...... 50,30 ...... 1,99....-10,07 ...... 66,50...... 48,60 .....3,00...... 3764 GENERAL ELECT. # ...... ◗...... 24,49...... 23,68 ...... 3,42....-46,92 ...... 47,80...... 21,53 .....0,16 ...12943 ELECT.MADAGASCAR...... 20,00...... 20,40...... -1,96....-11,11 ...... 24,95...... 17,51 .....1,50...... 3571 ROYAL CANIN...... n/d ...... n/d...... n/d .-100,00...... 145,90 ....130,50 .....1,10...... 3153 HSBC HOLDINGS...... ◗...... 10,90...... 10,90...... n/d....-18,16 ...... 14,10...... 10,10 .....0,21 ...12976 ◗ ELIOR SVN SCA...... 3,16 ...... 3,18...... -0,63....-60,79 ...... 9,88...... 3,13 .....0,07 ...12127 RUE IMPERIALE (LY)...... 129,00.....129,00...... n/d....-16,77...... 182,00 ....117,20...21,19 ...12400 I.B.M # ...... ◗...... 63,90...... 63,65 ...... 0,39....-54,29...... 141,90...... 54,65 .....0,13 ...12964 ENTENIAL(EX CDE)...... 26,90...... 28,00...... -3,93 ...... 6,11 ...... 35,89...... 25,35 .....0,54 ...12093 SADE (NY) ...... n/d...... 48,00...... n/d ...... 4,34 ...... 57,50...... 45,20 .....2,80 ...12431 KINGFISHER SICO...... ◗...... 3,45 ...... 3,39 ...... 1,77....-28,86 ...... 5,27...... 2,51 .....0,05 ...22046 ◗ ERAMET...... 18,00...... 18,50...... -2,70....-47,97 ...... 39,80...... 16,90 .....0,60 ...13175 SAGEM S.A...... 65,50...... 64,95 ...... 0,85...... -4,72 ...... 75,50...... 50,30 .....0,60...... 7327 MERCK AND CO #...... ◗...... 48,33...... 46,00 ...... 5,07....-28,71 ...... 73,20...... 38,00 .....0,31 ...12909 ◗ ◗ ESSILOR INTL ...... 40,12...... 39,87 ...... 0,63 .....18,17 ...... 45,57...... 31,20 .....0,41 ...12166 SAINT-GOBAIN...... 24,58...... 23,90 ...... 2,85....-41,98 ...... 49,05...... 21,00 .....4,50 ...12500 NESTLE SA NOM. #...... ◗ ....220,90.....218,30 ...... 1,19...... -7,57...... 272,90 ....186,50 .....2,84 ...13911 ESSO...... 83,50...... 85,00...... -1,76 ...... 4,11 ...... 96,80...... 78,00 .....3,25 ...12066 SALVEPAR (NY)...... n/d...... 48,00...... n/d...... -4,47 ...... 58,10...... 44,55 .....1,50 ...12435 PHILIP MORRIS #...... ◗...... 37,10...... 37,29...... -0,51....-29,33 ...... 62,25...... 36,00 .....0,56 ...12928 ◗ ◗ EULER ET HERMES ...... 18,00...... 17,10 ...... 5,26....-56,47 ...... 46,13...... 16,00 .....1,40 ...12130 SANOFI SYNTHELABO ...... 61,75...... 59,40 ...... 3,96....-26,31 ...... 84,30...... 49,78 .....0,66 ...12057 SCHLUMBERGER #...... ◗...... 36,55...... 36,71...... -0,44....-42,80 ...... 70,95...... 33,87 .....0,19 ...12936 ◗ ◗ EURAZEO...... 41,03...... 41,03...... n/d....-32,62 ...... 60,80...... 38,03 .....1,00 ...12112 SCHNEIDER ELECTRIC ...... 42,50...... 42,70...... -0,47....-21,29 ...... 59,85...... 37,16 .....1,60 ...12197 SONY CORP. # ...... ◗...... 40,82...... 42,80...... -4,63....-20,89 ...... 65,45...... 40,11 .....0,09 ...12903 EURO DISNEY SCA ...... ◗...... 0,44 ...... 0,45...... -2,22....-50,00 ...... 1,21...... 0,40...... n/d ...12587 SCOR SVN ...... ◗...... 6,85 ...... 7,20...... -4,86....-80,65 ...... 46,80...... 6,50 .....0,30 ...13030 ◗ ◗ Cours en euros. VALEURS INTERNATIONALES ZONE EURO et HORS ZONE EURO : une sélection. EUROTUNNEL ...... 0,72 ...... 0,69 ...... 4,35....-36,28 ...... 1,18...... 0,67...... n/d ...12537 S.E.B...... 83,00...... 82,65 ...... 0,42 .....32,48 ...... 96,05...... 61,00 .....2,00 ...12170 ◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). En gras : CAC40. # : valeur faisant l'objet FAURECIA ...... ◗...... 37,10...... 37,10...... n/d....-37,11 ...... 61,40...... 33,00 .....0,91 ...12114 SEITA...... 63,85...... 63,00 ...... 1,35 .....32,46 ...... 64,80...... 45,10 .....0,10 ...13230 d'un contrat d'animation. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2002. n/d : valeur non disponible.

MEDIDEP # ...... 12,55...... -10,36 CLAYEUX (LY) ...... 7,84...... -10,81 NOUVEAU MARCHÉ ABEL GUILLEMOT # ...... 5,41 ...... -9,83 SECOND MARCHÉ CIBOX INTER. NOM...... 0,09...... -10,00 PROL.SOFT.BSAR02 A...... 0,56 ...... -9,68 FLO (GROUPE) # ...... 11,10 ...... -9,39 11/10 : 6,73 millions d'euros échangés METROLOGIC GROUP #...... 12,86 ...... -9,44 11/10 : 48,61 millions d'euros échangés DANE-ELEC MEMORY # ...... 0,68 ...... -8,11 Valeur Cours de clôture (¤) % var. PROLOGUE SOFTWARE# ...... 0,60 ...... -9,09 Valeur Cours de clôture (¤) % var. MONEYLINE # ...... 4,28 ...... -7,96 Meilleures performances PRISMAFLEX INTER.# ...... 7,20 ...... -8,98 Meilleures performances BILLON # ...... 2,40 ...... -7,69 SODITECH ING...... 0,65 ...... 32,65 MICROPOLE UNIVERS ...... 0,70 ...... -7,89 TEAM PARTNERS GRP#...... 1,27 ...... 27,00 S.T. DUPONT #...... 4,55 ...... -7,14 D.A.B BANK #...... 2,60 ...... 30,00 Plus forts volumes d'échange DIGIGRAM ...... 3,00 ...... 20,00 Plus forts volumes d'échange LYCOS EUROPE...... 0,25 ...... 25,00 AVENIR TELECOM #...... 0,33 ...... -2,94 JET MULTIMEDIA...... 10,00 ...... 17,51 AES LABO. GROUPE #...... 116,50 ...... 12,13 CONSORS FRANCE # ...... 0,70 ...... 20,69 BRIME TECHNO. # ...... 7,02...... 8,00 INTER PARFUMS #...... 34,05 ...... 15,42 ALTEN (SVN) # ...... 5,10 ...... 13,33 ORCHESTRA KAZIBAO...... 0,78 ...... 20,00 CEREP # ...... 7,45...... 0,81 ALTEN (SVN) # ...... 5,10 ...... 13,33 APRIL S.A.#(LY)...... 15,78...... 5,20 ITESOFT ...... 1,08 ...... 20,00 ESI GROUP ...... 7,25...... 0,00 ALTEDIA ...... 13,34 ...... 13,05 ASSYSTEM #...... 12,99 ...... 12,96 FIMATEX # ...... 2,34 ...... 17,00 FIMATEX # ...... 2,34 ...... 17,00 ASSYSTEM #...... 12,99 ...... 12,96 BENETEAU #...... 35,90...... 4,06 REGINA RUBENS #...... 0,16 ...... 14,29 GAUDRIOT # ...... 19,70...... 3,14 AES LABO. GROUPE #...... 116,50 ...... 12,13 BONDUELLE...... 63,55 ...... -2,61 OPTIMS # ...... 0,96 ...... 14,29 GL TRADE # ...... 33,00...... 6,45 CAMAIEU ...... 34,30 ...... 10,82 CAMAIEU ...... 34,30 ...... 10,82 CHEMUNEX ...... 0,26 ...... 13,04 HIGH CO.#...... 14,20...... 3,65 LVL MEDICAL GPE...... 4,85 ...... 10,23 DELACHAUX S.A...... 50,30 ...... -1,37 REPONSE #...... 3,80 ...... 12,76 HIGHWAVE OPTICAL...... 0,44 ...... -2,22 UNION TECH.INFOR...... 0,44 ...... 10,00 FONCIA GROUPE ...... 53,00...... 0,76 EGIDE # ...... 10,84 ...... 12,33 IPSOS #...... 53,25...... 7,58 BRICE ...... 3,44...... 9,90 GROUPE CRIT ...... 9,60...... 6,67 ACCESS COMMERCE # ...... 1,37 ...... 11,38 LINEDATA SERVICES# ...... 13,59 ...... 10,04 THARREAU INDUST...... 13,70...... 9,60 HERMES INTL...... 133,10...... 5,47 HIGH BS02...... 0,49 ...... 11,36 MEDIDEP # ...... 12,55...... -10,36 AUBAY...... 0,94...... 9,30 M6-METR.TV ACT.DIV ...... 20,96...... 5,70 Plus mauvaises performances MEMSCAP...... 0,34...... -15,00 Plus mauvaises performances MANITOU #...... 45,50...... 4,60 NETGEM...... 0,74...... -18,68 NATUREX #...... 13,09...... 4,72 APS # ...... 7,05...... -30,88 PIERRE VACANCES # ...... 51,50...... 0,39 BRIME TECHN.BON 02...... 0,36...... -18,18 NETVALUE # ...... 2,00...... 0,00 SOGECLAIR...... 6,00...... -20,00 RALLYE...... 32,21...... 3,40 MEMSCAP...... 0,34...... -15,00 SAVEURS DE FRANCE# ...... 23,80...... 2,94 AB GROUPE ...... 7,21...... -18,99 RODRIGUEZ GROUP # ...... 44,00...... 5,01 SQLI...... 0,31...... -13,89 SOI TEC SILICON #...... 4,02...... 8,94 COLETICA...... 12,80...... -18,99 RUBIS # ...... 25,35 ...... -0,39 UNIVERSAL MULTIM...... 11,00...... -11,86 TISCALI SPA ...... 4,07...... 3,30 WALTER # ...... 4,37...... -17,08 SECHE ENVIRONNEM.# ...... 25,39 ...... -0,04 FI SYSTEM #...... 0,32...... -11,11 VALTECH ...... 0,40...... 0,00 MANUTAN INTER...... 20,01...... -15,21 VILMOR.CLAUSE CIE# ...... 77,80...... 3,53 EFFIK #...... 8,02...... -10,89 WAVECOM #...... 35,35...... 3,51 PETIT BATEAU ...... 15,02...... -11,12 VIRBAC...... 27,00...... 1,69 (Publicité) ECUR.INVEST.D/PEA 33,00 13/10 -40,53 CA AM MASTER ACT. 23,93 9/10 -41,90 CIC OBLI C T.D 141,26 11/10 -90,12 DEDIALYS TELECOM 25,82 13/10 -46,92 SICAV ET FCP ECUR.MONETAIRE C 228,90 13/10 1,90 CA AM MASTER DUO 10,76 9/10 -22,69 CIC OBLI LONG T.C 16,29 11/10 5,68 OBLITYS INSTIT.C 103,62 13/10 5,02 ECUR.MONETAIRE D 187,71 13/10 0,32 CA AM MASTER OBL. 30,43 9/10 -1,36 CIC OBLI LONG T.D 15,27 11/10 -0,06 POSTE EURO CREDIT 103,94 13/10 0,00 SÉLECTION publiée sous la ECUR.OBLIG.INTER.C 178,68 13/10 1,53 CA AM MASTER PEA 7,13 9/10 -40,54 CIC OBLI M T.C 37,22 11/10 3,67 POSTE EUROPE C 98,55 13/10 6,05 responsabilité de l'émetteur ECUR.TECHNOLOGIESC 20,36 13/10 -50,12 CAPITOP MONETAIREC 196,39 15/10 1,86 CIC OBLI M T.D 26,73 11/10 0,30 ADDILYS C 109,93 13/10 2,22 POSTE EUROPE D 93,30 13/10 5,28 ECUR.TECHONOLGIESD 20,30 13/10 -49,70 CAPITOP MONETAIRED 186,18 15/10 1,86 CIC OBLI MONDE 134,81 11/10 -1,25 ADDILYS D 106,67 13/10 -0,01 POSTE PREM.8ANS C 213,50 13/10 7,71 ECUR.TRIMESTR.D 278,08 13/10 2,04 CAPITOP REVENUS 174,47 11/10 0,00 CIC ORIENT 120,10 11/10 -24,09 AMPLITUDE AMERIQ.C 17,10 13/10 -36,84 POSTE PREM.8ANS D 192,48 13/10 7,71 EPARCOURT-SICAV D 28,41 13/10 0,45 OPTALIS DYNAMIQUEC 12,93 10/10 -30,52 Fonds communs de placements AMPLITUDE AMERIQ.D 16,34 13/10 -37,72 REMUNYS PLUS 105,41 13/10 1,88 Dernier cours connu le 14/10 à 9h GEOPTIM C 2472,86 13/10 5,78 OPTALIS DYNAMIQUED 11,96 10/10 -31,46 CIC AMERIQUELATINE 91,56 11/10 0,00 AMPLITUDE EUROPE C 20,69 13/10 -36,02 Fonds communs de placements OPTALIS EQUILIBREC 15,41 10/10 -18,07 CIC DOLLAR CASH 1439,70 11/10 0,00 AMPLITUDE EUROPE D 19,44 13/10 -37,24 Valeur Cours date % var. en euro valeur 31/12 ECUR.EQUILIBRE C 34,27 13/10 -9,65 OPTALIS EQUILIBRED 13,82 10/10 -19,27 CIC ECOCIC 317,40 11/10 0,00 AMPLITUDE FRANCE C 52,59 13/10 -36,83 ECUR.VITALITE C 30,93 13/10 -25,84 OPTALIS EXPANSIONC 9,01 10/10 -39,40 CIC EURO OPPORT. 14,84 11/10 -53,02 AMPLITUDE FRANCE D 51,75 13/10 -37,83 ECUREUIL PRUDENCEC 35,02 13/10 1,24 OPTALIS EXPANSIOND 8,64 10/10 -40,45 CIC FRANCEVALOR C 20,77 10/10 -44,62 AMPLITUDE MONDE C 150,77 13/10 -35,51 CADENCE 1 D 156,20 11/10 -0,29 ECUREUIL PRUDENCED 34,17 13/10 1,09 OPTALIS SERENITE C 17,18 10/10 -4,28 CIC FRANCEVALOR D 21,66 9/10 -41,74 AMPLITUDE MONDE D 133,87 13/10 -36,16 CADENCE 2 D 155,73 11/10 0,77 AGIPI ACTIONS 17,34 11/10 -38,01 NECTRA 2 C 957,21 13/10 -5,86 OPTALIS SERENITE D 14,95 10/10 -5,19 CIC GLOBAL C 190,71 11/10 -22,88 AMPLITUDE PACIFI.C 11,99 13/10 -20,70 CADENCE 3 D 153,97 11/10 0,73 AGIPI AMBITION 19,95 11/10 -21,91 NECTRA 2 D 957,21 13/10 -5,86 PACTE SOLIDAR.LOG. 80,04 8/10 3,98 CIC GLOBAL D 190,71 11/10 -23,83 AMPLITUDE PACIFI.D 11,30 13/10 -21,79 CONVERTIS C 191,74 11/10 -16,03 NECTRA 5 C 837,26 13/10 -17,47 PACTE VERT TIERS-M 85,25 8/10 3,98 CIC HIGH YIELD 363,35 11/10 -10,40 ELANCIEL EUROD PEA 59,02 13/10 -43,79 INTEROBLIG C 61,33 11/10 3,33 NECTRA 5 D 837,26 13/10 -17,47 CIC JAPON 5,71 10/10 -27,07 ELANCIEL FR.D PEA 24,19 13/10 -43,69 INTERSELECTION F.D 49,70 11/10 -33,60 3615 BNPPARIBAS NECTRA 8 C 711,59 13/10 -29,40 CIC MARCHES EMERG. 75,57 11/10 -28,48 EM.EUROPOSTE D PEA 18,28 13/10 -43,01 SELECT.DEFENSIF C 183,75 11/10 -4,62 ¤ (0,34 /min) NECTRA 8 D 711,59 13/10 -29,40 CIC NOUVEAU MARCHE 2,39 11/10 -55,81 ETHICIEL C 73,30 13/10 -29,20 SELECT.DYNAMIQUE C 171,76 11/10 -28,04 BNP ASSOC.PREMIERE 10019,51 13/10 2,41 CIC OR ET MAT 117,86 11/10 0,00 GEOBILYS C 129,57 13/10 6,29 SELECT.EQUILIBRE 2 138,96 11/10 -17,34 BNP EURIBOR ASSOC. 53297,49 13/10 2,56 EURCO SOLIDARITE 236,20 10/10 4,78 CIC PEA SERENITE 174,52 11/10 2,66 GEOBILYS D 116,93 13/10 5,20 SELECT.PEA 1 140,36 11/10 -31,52 BNP MONE C.TERME 2568,50 13/10 2,41 MONELION JOUR C 502,34 11/10 2,00 CIC PIERRE 31,71 11/10 0,00 INTENSYS C 21,22 13/10 2,36 SELECT.PEA DYNAM. 88,49 11/10 -37,59 BNP MONE EURIBOR 19035,34 13/10 2,55 MONELION JOUR D 423,05 11/10 2,00 CIC PROF.DYNAMIQUE 15,91 10/10 -32,24 INTENSYS D 17,50 13/10 -0,67 SG FRANCE OPPORT.C 261,10 11/10 -38,32 BNP MONE PLACEM.C 2811,06 13/10 -79,55 Multi-promoteurs SICAV 5000 99,82 11/10 -37,91 CIC PROF.EQUILIB.D 13,70 10/10 -24,45 KALEIS DYNAM.FCE C 58,47 13/10 -27,30 SG FRANCE OPPORT.D 244,47 11/10 -38,33 BNP MONE TRESORE. 11481,39 13/10 -85,35 LIV.BOURSE INV.D 118,25 3/10 -34,76 SLIVAFRANCE 149,92 10/10 -45,61 CIC PROF.TEMPERE C 132,33 10/10 -1,83 KALEIS DYNAM.FCE D 57,83 13/10 -27,29 SOGEFAVOR 56,32 11/10 -43,70 Fonds communs de placements NORD SUD DEVELOP.C 533,07 3/10 2,88 SLIVARENTE 38,85 10/10 -1,64 CIC TAUX VARIABLE 203,33 11/10 2,92 KALEIS DYNAMISME C 169,30 13/10 -25,08 SOGENFRANCE C 260,51 11/10 -44,06 BNP MONE ASSOCIAT. 1877,72 13/10 2,21 NORD SUD DEVELOP.D 392,28 3/10 -1,89 SLIVINTER 99,09 11/10 -36,36 CIC TECHNO.COM 28,70 11/10 -65,13 KALEIS DYNAMISME D 163,58 13/10 -25,08 SOGENFRANCE D 233,65 11/10 -44,32 TRILION 726,05 11/10 -2,90 CIC USA 11,59 11/10 -39,98 KALEIS EQUILIBRE C 180,90 13/10 -12,09 SOGEOBLIG C 119,84 11/10 5,66 Fonds communs de placements CIC VAL.NOUVELLES 170,42 11/10 -40,04 KALEIS EQUILIBRE D 174,07 13/10 -12,09 SOGEPARGNE D 46,21 11/10 4,07 ACTILION DYNAMI.C 121,92 11/10 -32,94 KALEIS SERENITE C 183,65 13/10 -5,06 SOGEPEA EUROPE 134,18 11/10 -39,84 ATOUT CROISSANCE 251,84 11/10 -26,39 ACTILION DYNAMI.D 112,34 11/10 -34,40 KALEIS SERENITE D 176,35 13/10 -5,06 SOGINTER C 29,58 11/10 -44,08 FRUCTI CAPI 117,65 13/10 4,79 ATOUT EUROPE 343,59 11/10 -33,28 ACTILION EQUIL.C 143,12 11/10 -17,83 KALEIS TONUS C 44,73 13/10 -35,86 Fonds communs de placements FRUCTI EURO PEA 137,35 10/10 -43,85 ATOUT FCE ASIE 50,59 11/10 -34,42 ACTILION EQUIL.D 130,89 11/10 -19,63 KALEIS TONUS D 44,18 13/10 -35,86 SOGESTION C 36,03 10/10 -24,82 FRUCTI FCE ACTS.C 92,85 13/10 -37,95 ATOUT FRANCE C 120,29 11/10 -38,91 ACTILION PEA DYNAM 43,57 11/10 -32,44 CM EUR.TECHNOLOG. 1,71 9/10 -61,03 LIBERT.ET SOLIDAR. 96,35 13/10 -5,07 SOGINDEX FRANCE 300,78 10/10 -42,33 FRUCTIDOR 38,55 13/10 0,94 ATOUT FRANCE D 106,97 11/10 -38,91 ACTILION PEA EQUI. 125,04 11/10 -24,64 CM EURO PEA C 12,62 10/10 -42,32 OBLITYS C 118,92 13/10 4,64 FRUCTIFRANCE C 48,48 13/10 -41,04 ATOUT FRANCE EUR. 107,51 11/10 -39,59 ACTILION PRUDENCEC 171,19 11/10 -1,24 CM FRANCE ACTIONSC 19,50 10/10 -43,88 OBLITYS D 115,26 13/10 2,96 PLANINTER 266,30 10/10 -37,48 ATOUT FRANCE MONDE 28,60 11/10 -36,37 ACTILION PRUDENCED 157,22 11/10 -2,67 CM MID-ACT.FRA 20,82 10/10 -31,73 PLENITUDE D 30,73 13/10 -30,16 Fonds communs de placements ATOUT MONDE 33,27 11/10 -37,29 INTERLION 250,13 11/10 6,36 CM MONDE ACTIONS C 193,28 10/10 -39,36 POSTE GESTION C 2691,98 13/10 2,41 Fonds communs de placements FRUCTI EURO 50 52,32 10/10 -46,84 ATOUT SELECTION 63,50 11/10 -39,42 LION ACTION EURO 57,70 11/10 -36,17 CM OBLIG.CT C 171,62 10/10 3,72 POSTE GESTION D 2287,96 13/10 -1,80 F&C EURO HI.YLD.BD 11,17 11/10 0,00 FRUCTI PROFIL 3 175,60 10/10 -5,78 CA AM ACT. FRA. C 205,50 11/10 -39,00 LION PEA EURO 55,25 10/10 -39,61 CM OBLIG.LONG T. 111,74 10/10 7,46 POSTE PREM. C 7308,61 13/10 2,33 F&C EUROPEAN EQTY 10,16 11/10 0,00 FRUCTI PROFIL 6 173,92 10/10 -15,72 CA AM ACT. FRA. D 166,52 11/10 -39,86 CM OBLIG.MOYEN T.C 362,56 10/10 6,15 POSTE PREM.1AN C 43746,76 13/10 2,59 F&C GLOBAL EQTY 9,99 11/10 0,00 FRUCTI PROFIL 9 155,78 10/10 -28,00 CA AM ACTIONS ASIE 13,37 11/10 -24,50 CM OBLIG.QUATRE 169,14 10/10 3,09 POSTE PREM.2-3ANSC 9647,90 13/10 4,71 F&C STERLING DISTN 5,65 11/10 0,00 FRUCTI VAL. EURO. 67,07 13/10 -31,55 CA AM ACTIONS USA 26,79 11/10 -35,21 CM OPTION DYNAM.C 20,46 10/10 -34,14 PRIMIEL EURO C 41,57 13/10 -22,48 F&C US SMALL CAP 37,51 11/10 0,00 CA AM CONVERT.EURO 384,64 11/10 -12,83 CIC CONVERTIBLES 4,72 11/10 -13,86 CM OPTION EQUIL.C 46,10 10/10 -14,36 PRIMIEL EURO D 40,86 13/10 -22,49 ...... CA AM INDICIA EURO 61,26 10/10 -45,81 CIC COURT TERME C 34,89 11/10 1,66 Fonds communs de placements REVENUS TRIMESTR.D 791,36 13/10 0,43 ...... CA AM INDICIA FRA. 211,71 10/10 -43,32 CIC COURT TERME D 26,77 11/10 -1,36 CM OPTION MODER. 19,09 10/10 -1,54 SOLSTICE D 363,79 13/10 0,45 ...... ECU.EXPANSIONPLUSC 43,24 8/10 2,00 CA AM OBLIG.INTER. 205,45 11/10 9,47 CIC ELITE EUROPE 81,70 11/10 -38,09 THESORA C 196,67 13/10 3,82 ...... ECUR.1,2,3..FUTURD 31,59 13/10 -40,91 CAPITOP EUROBLIG C 107,05 11/10 5,55 CIC EPARG.DYNAM.C 2108,18 11/10 1,55 THESORA D 162,05 13/10 2,48 ...... ECUR.ACT.EUROP.C 11,93 13/10 -34,45 CAPITOP EUROBLIG D 84,95 11/10 1,51 CIC EPARG.DYNAM.D 1575,56 11/10 -3,77 TRESORYS C 48926,96 13/10 2,58 ...... ECUR.ACT.FUT.D/PEA 38,10 13/10 -43,70 CAPITOP MONDOBLIG 49,67 11/10 10,08 CIC EUROLEADERS 215,94 10/10 -45,14 Fonds communs de placements ...... ECUR.CAPITAL.C 46,64 13/10 5,85 Fonds communs de placements CIC FINUNION 183,79 11/10 3,56 STRATEG.IND.EUROPE 121,98 10/10 -40,35 DEDIALYS FINANCE 52,79 13/10 -37,08 ...... ECUR.DYNAMIQUE + D 27,53 13/10 -38,37 ATOUT VALEUR 47,72 10/10 -39,71 CIC FRANCE C 21,00 9/10 -40,45 Fonds communs de placements DEDIALYS MULTI SEC 43,49 13/10 -31,26 ...... ECUR.ENERGIE D 30,80 13/10 -32,21 CA AM ACT. RESTR. 166,07 10/10 -37,69 CIC FRANCE D 19,89 10/10 -44,08 STRATEGIE CAC 3542,01 10/10 -40,54 DEDIALYS SANTE 72,47 13/10 -20,64 ...... ECUR.EXPANSION C 15219,11 13/10 2,58 CA AM ACT.FONC.EUR 85,21 11/10 -8,52 CIC MONDE PEA 14,53 10/10 -48,14 STRATEGIE IND.USA 5903,98 10/10 -37,62 DEDIALYS TECHNO. 14,97 13/10 -60,05 ...... LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002/25 AUJOURD’HUI sports

’   a effectué un grand pas vers de de France. Avec 6 points et avant son déplace- par ,  , auteur d’un dou- le composée de et de Williams Gallas l’Euro 2004, qui doit se tenir au Portugal, en battant ment à Malte, ce mercredi, la France occupe  - blé, et . Le retour de ont été deux des faits marquants de cette rencontre. la Slovénie (5-0), son principal adversaire dans le   du groupe, avec 3 points d’avance sur au meilleur de sa forme ainsi que Mais la     empê- groupe 1des éliminatoires, samedi 12octobre au Sta- la Slovénie et Israël. Les buts français ont été inscrits les débuts réussis à ce niveau de la charnière centra- che d’en tirer des conclusions trop définitives. Face à la Slovénie, les Bleus ont retrouvé leur superbe Football b L’équipe de France a très nettement battu (5-0) la Slovénie, samedi au Stade de France, et a pris la tête de son groupe des éliminatoires de l’Euro 2004. Après ce « match parfait », dixit Patrick Vieira, elle se rend à Malte, où l’attend mercredi un match à sa portée MARIO MUSCAT est le gardien des meilleurs joueurs du match. En de l’équipe nationale de football de marquant deux fois (35e, 65e), Malte. Mercredi 16 octobre, à La l’avant-centre de Fuhlam a fait tai- Valette, il tentera l’impossible : pré- Patrick Vieira re les critiques qui estimaient que server la virginité de son but contre (à gauche) est félicité (Manchester City) les attaquants de l’équipe de Fran- par aurait dû être sélectionné à sa pla- ce. Si les Bleus reproduisent la et Zinedine Zidane ce. même prestation qu’ils ont livrée après avoir ouvert Mais la grande satisfaction des samedi 12 octobre contre la Slové- le score footballeurs français aura été, éga- nie (5-0), au Stade de France de de la rencontre Saint-Denis, Mario Muscat aura France-Slovénie, besoin de beaucoup de courage, et samedi 12 octobre Les jaillissements d’autant de réussite. La pelouse du au Stade de France. Stade national Ta’Qali sera peut- L’équipe de France de Patrick Vieira, être d’un grand secours pour le gar- a retrouvé dien maltais et ses coéquipiers : ses automatismes les zigzags de Sylvain outre son état, médiocre, ses et une cohésion dimensions (102 × 67 m), très en qui lui faisait défaut Wiltord ou les ruades deçà de celles du Stade de France depuis le début (119 × 75 m), favoriseront la straté- de la Coupe du de gie ultradéfensive que les footbal- monde. La voie leurs du petit archipel méditerra- de la qualification ont été les symboles néen ne manqueront pas de mettre pour l’Euro 2004, en place. qui se déroulera de la supériorité Malte, qui est la 120e nation du au Portugal, monde au classement de la Fédéra- lui semble désormais athlétique des Bleus tion internationale (FIFA), n’a vrai- grande ouverte. ment pas de chance : l’équipe qu’el- le s’apprête à rencontrer, mercredi, lement, d’avoir reconquis leur dans le cadre des éliminatoires de public. En fin de match, le Stade de l’Euro 2004, ressemble davantage à France a entonné l’hymne des

celle qui étincelait dans la foulée de  / années de gloire, l’inoxydable I will sa victoire à l’Euro 2000 qu’à celle survive. De quoi proclamer le qui a sombré à la récente Coupe du Chypre (1-2) ces deux derniers ments de Patrick Vieira, les zigzags entraîneur de club aux recettes pleine reconstruction, cela aide « grand retour » des Bleus ? La monde. Samedi, les Bleus ont mois, doit-on pour autant crier à la de Sylvain Wiltord ou encore les éprouvées qu’en sélectionneur avi- d’avoir des repères », a souligné Jac- Fédération française de football offert au public du Stade de France résurrection des Bleus ? Après la ruades de Lilian Thuram ont été les de d’expérimentations. Face à la ques Santini. (FFF) semble y croire, si l’on se réfè- un festival offensif digne de leur rencontre, aucun des intéressés ne symboles de la supériorité athléti- Slovénie, n’a-t-il pas remis au goût Ces emprunts à ce qui se fait de re à la nouvelle campagne publici- splendeur d’avant-Mondial, lors- s’est aventuré dans cette voie. que des Bleus. Quant à Zinedine du jour ce bon vieux 4-4-2 des mieux dans les grands clubs euro- taire qu’elle vient de lancer. Dans qu’ils écrasaient, sur ce même sco- Patrick Vieira a parlé d’un « match Zidane, que l’on avait quitté excédé familles, système auquel il a tou- péens, le nouveau patron des Bleus un document appelé « Bleu généra- re de 5-0, le Japon (mars 2001), la parfait » et Marcel Desailly d'« une à Nicosie, le voilà revenu à son jours été fidèle lorsqu’il entraînait les assume d’autant plus facile- tion, le manifeste », on peut lire ces Corée du Sud (mai 2001) ou encore victoire, point final ». « Quelque cho- meilleur niveau. Et la chose est con- l’ ? Ne le vit-on ment qu’ils vont à l’encontre de phrases : « [L’équipe de France], l’Ecosse (mars 2002). se est en train de naître », a timide- nue : quand « Zizou » joue bien, pas également bâtir une équipe sur son tropisme pour les joueurs de véritable icône nationale, est porteu- Si la démonstration faite aux Slo- ment osé le sélectionneur Jacques l’équipe de France joue bien. la base d’associations de joueurs l’Olympique lyonnais ou pour ceux se d’un nouveau style de vie. [Elle] vènes n’a rien à voir avec les pâles Santini. Après tout, il ne s’agissait, Menés 2-0 à la mi-temps, les hom- telles qu’elles existent en club ? La qui sont passés par ce club. Samedi provoque un véritable sentiment copies rendues en Tunisie (1-1) et à samedi, « que » de la Slovénie. mes de Bojan Prasnikar ont rapide- charnière centrale composée des soir, son équipe de départ ne com- d’appartenance intergénérationnel- Autrement dit d’une équipe qui, si ment abandonné tout espoir de défenseurs de Chelsea, Marcel portait aucun joueur du champion- le, des plus jeunes aux plus âgées, qui elle a participé aux phases finales revenir au score. Les Bleus ont Desailly, dont c’était la centième nat de France, et donc aucun de transcende les clivages sociaux. » L’Espagne s’envole, de l’Euro 2000 et de la Coupe du alors pu dérouler le jeu de passes et sélection, et , dont l’OL. Eric Carrière et Grégory Cou- Rien de moins. monde 2002, n’y a pas gagné le d’accélérations qu’ils affection- c’était la première, est la nouvelle pet sont restés sur le banc de tou- l’Italie piétine moindre match. nent. illustration de cette tendance. Le che, Jérémie Bréchet a suivi la ren- Frédéric Potet L’Espagne, qui a signé sa deuxiè- Avant la rencontre, Jacques Santi- Oter à une part duo du Real Madrid, Zinedine contre des tribunes et Sidney me victoire face à l’Irlande du Nord ni avait évoqué ce « mois d’octobre de responsabilité dans la victoire Zidane - Claude Makelele, et la pai- Govou a inscrit un but sept minu- (3-0), s’est confortablement installé, où les joueurs sont généralement au de mercredi serait injuste. A l’évi- re d’Arsenal, Thierry Henry - Syl- tes après être entré sur la pelouse FRANCE-SLOVÉNIE : 5-0 e grâce notamment à deux buts de top sur le plan physique ». Le terrain dence, le Franc-Comtois se compor- vain Wiltord, participent de la (87 ) à la place du seul ancien Lyon- Euro 2004 - Eliminatoires e Ruben Baraja (19e et 89e) et José lui a donné raison. Les jaillisse- te davantage comme un ancien même logique. « Quand on est en nais, Steve Marlet, lequel a été l’un (2 journée, groupe 1) Maria Gutierrez (59e) « Guti » en Stade de France, à Saint-Denis ; tête du groupe 6. Le seul grand d’Eu- bon terrain ; temps doux ; 77 619 spectateurs ; arbitre : M. Nielsen (Dan) rope qui a connu des difficultés au L’éclatante réussite du discret Steve Marlet cours de cette deuxième journée a BUTS été l’Italie. A Naples, privés de Fran- FRANCE : Vieira (10e), Marlet (35e,64e), cesco Totti et Christian Vieri, les Ita- DANS LA SEMAINE qui a précédé la rencon- autant que la persévérance du joueur de Ful- mi les Bleus ? Et sans la cascade de blessures Wiltord (79e), Govou (86e). liens n’ont dû leur salut qu’à un tre contre la Slovénie, il fut beaucoup question ham. Il ne compte que dix sélections en équipe sur le front de l’attaque tricolore (Cissé, Treze- coup franc détourné d’Alessandro des attaquants de l’équipe de France, mais pra- de France, alors que sa première apparition guet, Kapo), aurait-il été lancé d’entrée de jeu, AVERTISSEMENTS Del Piero (1-1). L’Angleterre, pour tiquement pas de Steve Marlet. La blessure au remonte à deux ans déjà. comme il le fut déjà, le 7 septembre, à Chypre ? SLOVÉNIE : Gasjer (68e). son entrée dans le groupe 7, a domi- mollet d’ et celle au genou de son « Ce n’est pas une revanche sur quoi que ce soit. EXPULSION né la Slovaquie (1-2), grâce à un dou- remplaçant trop vite désigné, , «   » Je pense simplement que, pour l’avenir, il fallait blé de son attaquant Michael Owen. alimentèrent la chronique, tout autant que la Ce 15 novembre 2000 à Istanbul, Steve Mar- être dans cette équipe hier soir », a indiqué SLOVÉNIE : Gasjer (91e). De nombreux incidents ont émaillé convocation inattendue de Daniel Moreira et la let était entré à dix minutes de la fin du match dimanche le natif de Pithiviers (Loiret). la rencontre, d’autres ont impliqué non-sélection de celui dont tout le monde pen- contre la Turquie (4-0 pour les Bleus). Titulaire Lui, dont le transfert record du club de Lyon LES ÉQUIPES les supporteurs anglais à l’extérieur sait qu’il effectuerait son retour sous le maillot lors de la Coupe des confédérations 2001, l’atta- à Fulham (18 millions d’euros au mois bleu à cette occasion : Nicolas Anelka. quant fut ensuite promis à un rôle de « rempla- d’août 2001) avait suscité bien des commentai- FRANCE (sélectionneur : Santini) : du stade. L’Allemagne exempte, Barthez • Thuram (Sagnol, 84e), Gallas, c’est l’Ecosse, victorieuse en Islande Steve Marlet ? On avait presque fini par çant idéal » pendant la préparation à la Coupe res étonnés, a montré au public du Stade de Desailly (cap.), Silvestre • Vieira, (0-2), qui a pris la tête du groupe 5. oublier qu’il faudrait un second attaquant pour du monde, avant d’être écarté de la liste des France qu’il était aussi un buteur efficient – Makelele, Marlet (Govou, 80e), Zidane • L’Autriche, victorieuse au Bélarus épauler Thierry Henry, qui, lui aussi, faisait l’ac- 23 joueurs retenus par le sélectionneur Roger une fine gachette : ce qui est la moindre des Wiltord (Br. Cheyrou, 87e), Henry. (0-2), s’est portée aux avant-postes tualité puisqu’il s’apprêtait à évoluer enfin à Lemerre, qui préféra emmener Djibril Cissé en choses quand votre maman vous donne votre son poste de prédilection, avant-centre. Asie. prénom en référence à Steve McQueen, l’ac- SLOVÉNIE (sélec. : Prasnikar) : du groupe 3, pendant que les Pays- Simeunovic • Cipot, Vugdalic, Radosavl- Bas étaient au repos. La rencontre Samedi soir au Stade de France, Thierry Hen- Sans la nomination à la tête de l’équipe de teur révélé par son rôle de pistolero dans Au jevic (Zlogar, 68e) • Gajser, Sukalo, Géorgie-Russie (groupe 10) a été ry n’a pas trouvé le chemin des filets. Sans crier France de Jacques Santini, qui le côtoya pen- nom de la loi. Pavlin (cap.), Karic (Filekovic, 89e), e arrêtée après une panne de cou- gare, Steve Marlet a, lui, marqué deux fois (35 , dant une saison à l’Olympique lyonnais, Steve Zahovic • Cimirotic (Ceh, 46e), Siljak. e rant. Elle a été reportée. 65 ). Un doublé qui récompense la discrétion Marlet aurait-il eu l’opportunité de revenir par- F. P. A l’heure du bilan, l’équipe de France se découvre de nouvelles ambitions Volley-ball b La France, qui a battu la Yougoslavie (3-0), a pris la troisième place d’un Mondial gagné par le Brésil

BUENOS AIRES mémoire de la bande, capable de bagages, joyeux mélange de fier- cue. En neuf rencontres, ils n’ont n’ont plus de crainte à le regarder depuis une saison ou deux. Leur de notre envoyé spécial réciter sans erreur, dans un sens té du travail accompli et de con- trébuché que deux fois, contre le droit dans les yeux. « Cette équipe marge de progression est énorme. Loïc De Kergret, un faux air de comme dans l’autre, l’histoire fiance en l’avenir. Autour de leur Brésil, sacré dimanche 13 octobre possède un véritable esprit, expli- Sur le plan collectif, on peut encore Jésus-Christ enfoui sous une récente de sa discipline, avoue cou brille une médaille de bronze, champion du monde, et face à la que Philippe Blain, l’entraîneur. beaucoup évoluer. Mais ce groupe improbable tignasse de rasta, a hésiter encore. « L’équipe de Fran- la première du volley-ball fran- Russie, l’autre finaliste. On a beaucoup insisté là-dessus, a acquis au cours des derniers mois plié, dimanche 13 octobre, dans ce, c’est une belle vie de célibatai- çais dans une compétition plané- « Rien n’a été facile, reconnaît pendant les cinq mois de prépara- une grande maturité émotionnelle. la chambre de son hôtel de Bue- re, raconte-t-il. Moi, j’ai une taire, arrachée à la Yougoslavie Michel Cogne, le DTN. Pour mon- tion au Mondial. Chacun joue pour Et il possède la meilleure défense nos Aires, son dernier maillot de famille.» dans le match pour la troisième ter sur le podium, ils ont dû se frot- le groupe. Plusieurs joueurs vont du monde.» l’équipe de France de volley-ball. En d’autres temps, le départ à place. ter aux meilleurs. Leur performan- s’en aller, d’autres nous rejoin- Sa médaille en poche, l’équipe « A 32 ans, je n’ai plus l’âge de la retraite de ces trois piliers du ce n’en est que plus estimable.»A dront sans doute. Mais l’esprit de France n’a plus peur d’afficher passer quatre ou cinq mois par an volley-ball français n’aurait ému «  ’   » en croire Jacques Shaw, le prési- d’équipe devrait rester solide.» tout haut ses envies et ses rêves. loin de chez moi, explique-t-il. J’ai que leurs proches. Il se serait fait Leur parcours au Mondial méri- dent de la Fédération française de Glenn Hoag, son adjoint, un Cana- De nouveaux objectifs se dessi- deux filles, je veux les voir gran- dans l’indifférence. Et aurait sûre- te un long refrain de louanges. volley-ball, elle aurait même ravi dien détaché jusqu’au début de nent. Très vite viendra le cham- dir. » Luc Marquet, le bateleur du ment eu pour décor un tournoi Pour leur retour parmi l’élite, l’institution suprême de la discipli- l’été prochain par son université pionnat d’Europe, l’été prochain groupe, toujours en avance d’un sans éclat, terminé par les Bleus à après douze années d’absence, ne, la richissime FIVB, et son indé- du Québec, ne prend pas même le en Finlande. Et puis, surtout, les bon mot ou d’une farce, a une place de mauvais élève, toute les Français ont accompli des boulonnable président, le Mexi- temps de la réflexion pour imagi- Jeux d’Athènes, en 2004. « La qua- emprunté lui aussi la sortie, après proche du fond de la classe. Mais miracles. Ils ont poussé vers le cain Ruben Acosta. « Il se félicite ner la suite. « Patin, Frangolacci, lification olympique n’est jamais treize années passées chez les deux semaines de championnat bas-côté, en trois sets et sans de notre médaille de bronze, Kieffer, Montmeat, Barca-Cysique, chose facile en volley-ball », pré- Bleus, et plus de 300 sélections du monde sur le sol argentin ont ménagement, les deux derniers confesse le dirigeant français. A tous ses joueurs ignoraient presque vient Philippe Blain. « Mais elle internationales. « Je ne crois pas transformé les choses. Rien ne champions olympiques, les Pays- ses yeux, le jeu pratiqué par la Fran- tout du haut niveau avant de venir est dans nos cordes, veut jurer avoir la patience d’attendre quatre sera plus jamais comme avant. Bas et la Yougoslavie. Ils ont stop- ce préfigure le volley-ball de en Argentine, explique-t-il, en Hubert Henno. On peut même années pour changer le bronze en Partis dans la discrétion, les pé net, dans une ambiance survol- demain.» appuyant ses propos de longs sou- déjà penser au titre.» or », plaisante-t-il dans un étroit Bleus en reviennent en traînant tée, l’élan de l’équipe d’Argenti- L’avenir, justement, les joueurs rires d’impatience. Ils n’ont décou- sourire. Laurent Capet, 30 ans, la derrière eux un lourd excédent de ne, le pays hôte, jusque-là invain- français et leur encadrement vert le volley-ball international que Alain Mercier 26/LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002 AUJOURD’HUI sports

Le Défi Areva a perdu les huit régates Mario Cipollini obtient son premier titre mondial du premier round robin au terme d’une course cadenassée par les Italiens de la Coupe Louis-Vuitton Cyclisme b Agé de 35 ans, le Toscan, vainqueur au sprint d’un championnat dont il était Voile b Les Français ont déclaré forfait lundi le grand favori, a pu compter sur une équipe nationale qui lui était entièrement dévouée

SYDNEY leur principal sponsor, les Français ZOLDER (Belgique) de notre corrrespondant n'ont pas eu le temps de bien pré- de notre envoyé spécial Le bilan est cruel, sans appel. parer leurs marins, pour la plupart A ceux qui croyaient que les équi- Huit régates, huit défaites. Les embauchés au mois de mars. pes nationales n'avaient plus leur Leader désigné Français du Défi Areva finissent le Depuis le 1er octobre, l'équipage à place dans le sport cycliste, le cham- de l’équipe d’Italie, premier tour des éliminatoires de bord de FRA 69 a multiplié les bour- pionnat du monde sur route couru Mario Cipollini la Coupe de l'America avec un zéro des. Lors de l’échauffement avant dimanche 13 octobre sur le circuit s’est imposé, pointé. Lundi 14 octobre à de rencontrer Alinghi, « nous avons de Zolder (Belgique)a apporté un dimanche Auckland, le syndicat basé à manqué de vigilance en plaçant sur désaveu sans appel. Certes, le vain- 13 octobre, a dû déclarer forfait contre son support la böme qui est tombée queur, Mario Cipollini, était le prin- sur le circuit les Américains de Stars & Stripes. sur le pont », reconnaît le skipper cipal favori de la course. Mais aurait- de Zolder, Après avoir cassé un étai et un Luc Pillot. Dès le premier bord de il pu l'emporter aussi évidemment en Belgique, winch avant l'annulation de leur près, le Défi semblait réagir à retar- sans l'appui d'une squadra azzurra devant l’Australien régate en raison de bourrasques de dement aux bascules de vent alors entièrement à son service? La Robbie McEwen plus de 23 nœuds, les coéquipiers que les Suisses, barrés par Russel manière – intelligence, force et (à droite) de Luc Pillot n'ont pas eu le temps Coutts, le vainqueur néo-zélandais cohésion – dont les coéquipiers et l’Allemand de réparer avant le second départ des deux dernières Cup, profitaient d'un jour du beau Mario ont mené Erik Zabel. donné en début d'après-midi dans de la moindre variation de brise cette bataille des Flandres restera la baie de Hauraki. pour relancer leur bateau. Un pro- comme un chef-d'œuvre du genre. Le Défi et Stars & Stripes sont blème qui s'est répété tout au long Le but était d'emmener Cipollini deux des plus « pauvres » équipes du premier round robin. jusqu'aux150 derniers mètres et de de cette compétition mais si les « A la fin de cette première régate, le laisser alors porter sa dernière marins dirigés par Dennis Conner, Luc Gellusseau, le directeur techni- accélération. En général décisive. quadruple vainqueur de la Coupe que des Français, a résumé la course Cette stratégie d'un simplisme abso- en disant : ‘‘Nous avons pris une lu, efficace lors des classiques d'un

leçon de voile‘‘, se souvient Chris- jour ou des étapes de plaine des  / « OneWorld » tian Karcher, un des wincheurs du grands Tours nationaux, pouvait- syndicat helvète qui fit partie de elle s'appliquer à un championnat Sans tenir le moins du monde comp- ses terres et qui, désabusé, confiera cela faisait sacrément mal aux jam- invaincu et en tête l'équipe tricolore lors des trois der- du monde ? « Non, répondait par te de leur identité ou de leurs états à l'issue de la course : « Aujourd'hui, bes. » Laurent (34 ans), qui s'en va, Sur la base française, l’ambiance nières éditions de la Coupe. Com- exemple le Belge Tom Steels, un des de service. Le long du canal Albert, il fallait une moto pour sortir du pelo- et Mario (35 ans), qui reste. Cette est un peu à la soupe à la grimace. ment une équipe qui a navigué ici autres grands sprinteurs du pelo- du nom du grand-père de l'actuel ton. » Un autre enfant du pays, journée avait décidément un par- Plus loin dans la rue Halsey, des pendant seulement trois semaines ton, la course pour le maillot arc-en- roi des Belges, qui assistait à la cour- Ludo Dierckxsens, fut aussi rattrapé fum nostalgique de fête des marins affichent un grand sourire. aurait pu mettre au point les mille et ciel n'a rien à voir avec les autres com- se, on vit ainsi, successivement, sans autre forme de procès. Nicolas anciens. Quelques minutes après Les Américains de OneWorld Challen- un détails sur lesquels nous tra- pétitions. » ramenés à la raison les baroudeurs Jalabert, le frère de l'autre héros de son succès, Mario Cipollini, plus ge ont remporté leurs huit premiè- vaillons depuis dix mois. » « L'enjeu d'un titre mondial est tel français et Christo- la journée, tenta aussi de s'enfuir. lion que jamais avec son sourire car- res régates.En guise de cerise sur le Contre les Suédois, le Défi a que tout le monde va canarder du phe Moreau (qui fit un beau cava- Echec. Mais l'honneur du nom était nassier, n'hésitait pas à dire qu'il gâteau, les coéquipiers des Austra- explosé un spinnaker. Le lende- sauf. A part une chute collective qui avait couru toute la journée «dans liens Peter Gilmour et James Spithill main face à Prada, les Français ont mit à terre une cinquantaine de cou- un état proche de la transe ». ont battu, lundi 14 octobre, leurs raté la manœuvre d'affalement de Un Français couronné chez les juniors reurs, le scénario se déroula donc « J'étais concentré comme jamais, grands rivaux américains de Oracle leur spi qui est tombé à l'eau. Trop Arnaud Gérard, Breton de 18 ans, est devenu le premier Français sacré sans anicroche. Au terme du Mon- ajoutait-il, sachant que je portais sur BMW Racing.Ce dernier défi, finan- lourde pour être remontée à bord, champion du monde junior sur route, samedi 12 octobre sur le circuit bel- dial le plus rapide de l'histoire (46,5 mes épaules toute la responsabilité de cé par le milliardaire Larry Ellison, a la voile a été abandonnée en mer, ge de Zolder.Il a provoqué l’échappée décisive à l’entrée du dernier des km/h de moyenne), les Italiens l'équipe. J'ai eu l'impression de voler battu tous les outsiders mais a dû non sans avoir touché au préalable dix tours du circuit de 12,8 km et a réglé pour finir ses cinq compagnons lâchèrent leur sprinteur à toute la journée. Les heures passaient s’incliner par deux fois, contre les une bouée condamnant le Défi à au sprint.Quasiment inconnu en début de saison, le jeune homme de 150 mètres de l'arrivée, là exacte- aussi vite que les minutes, et les tours poids lourds OneWorld et Alinghi. effectuer une pénalité. Dans la Brusvily (Côtes-d’Armor) avait enlevé en août le titre national de sa caté- ment où ils avaient décidé de le fai- de circuit aussi vite que des tours de Les Suisses d’Alinghi n’ont concédé panique, les marins de FRA 69 ont gorie d’âge à Ussel (Corrèze). « Quand l’échappée a été lancée dans le der- re. Mario Cipollini triompha alors piste. Quand j'ai gagné, je ne savais qu’une seule défaite, contre oublié de franchir la ligne d'arri- nier tour, nous nous sommes retrouvés à trois. Puis trois autres coureurs sont dans un fauteuil. plus si j'étais dans un rêve ou dans la OneWorld, et occupent la deuxième vée. La conséquence de cette grave revenus, a-t-il raconté. Je ne pensais pas gagner, seulement faire une bonne Luttant pour la deuxième place, réalité. A tel point que je me suis place.Les Italiens de Prada, dernier erreur : Philippe Presti, le barreur, place. » Arnaud Gérard est venu au cyclisme dès l’âge de six ans.Son père la première étant réservée, l'Alle- demandé s'il fallait que je lève le bras vainqueur de la Louis-Vuitton en a été remplacé, dimanche 6 octo- est un ancien coureur amateur de niveau national et son cousin, Cédric mand Erik Zabel et l'Australien Rob- ou non. » Mario a levé le bras, et la 2000, qui n’ont pas arrêté de s’en- bre, par Luc Pillot. Hervé, court pour l’équipe professionnelle du Crédit agricole.Depuis bie McEwen s'accrochèrent un ins- foule lui a fait une ovation. Ici, il traîner depuis cette date, ont déjà 1980, année de la victoire de à Sallanches (Haute-Savoie), tant. « C'est du cyclisme, pas de la n'était pas totalement étranger, perdu quatre régates.Comme quoi   … aucun Breton n’avait enfilé de maillot arc-en-ciel. « C’est dur de réaliser », boxe », devait déclarer l'Allemand, tant d’ouvriers italiens, venus tra- l’argent ne fait pas tout… même Le skipper a confié son poste de a commenté le jeune champion. dépassé sur le fil par l'Australien. vailler dans les charbonnages, ayant dans la Coupe de l’America. tacticien à Luc Gellusseau. Une val- Les deux dauphins se trouvèrent fait souche dans ce Limbourg fla- se de sièges inquiétante si l'on en d'accord sur un point : l'Italien et les mand. croît Pierre Mas, le directeur spor- début à la fin de la course et que, tôt lier seul durant plusieurs tours Italiens étaient trop forts. En ce jour de 700e anniversaire de de l'America, arrivent à faire, com- tif, qui disait moins d'une semaine ou tard, cela finira par casser le pelo- avant d'abandonner), le kamikaze Premier Français et sixième de la la bataille des Eperons d'or, qui vit me lors de chaque édition, des mer- plus tôt qu'il n'était pas question ton et éviter ainsi une arrivée grou- kazakh Dimitri Muraviev et un trio course, le sympathique Jimmy Cas- les paysans flamands vaincre les che- veilles avec leur budget limité – ils de changer les hommes aux postes pée », ajoutaient d'autres commen- comportant pourtant deux des très per était content de sa performan- valiers français, il était bon, pour rai- ont gagné quatre de leurs huit cour- de barreur, navigateur et tacticien tateurs. La course de dimanche leur bons rouleurs du peloton : le Suisse ce : « Cela me donne confiance. » sons d'équilibre européen, qu'un Ita- ses cette année – , les Français boi- car « il n'est pas bon de déstabiliser a donné partiellement raison. Oui, Oscar Camenzind et l'Ecossais Quant à , il comprit lien l'ait emporté et qu'il se soit vent la tasse à chaque nouvelle la cellule arrière ». L'arrivée de Luc cela a « canardé » ! Mais les gardes- David Millar. A la niche aussi, le vite que cette dernière course, trop appelé Mario Cipollini. régate. Perdu tout en bas du classe- Gellusseau n'a toutefois pas empê- chasse au maillot bleu et blanc ont « Lion des Flandres », Johan roulante, n'était pas faite pour lui : ment, le Défi est le seul syndicat à ché le Défi de perdre toutes ses eu raison de tous les braconniers. Museeuw, qui chassait pourtant sur « Dès que l'on tentait d'accélérer, José-Alain Fralon n'avoir remporté aucune course régates suivantes. depuis le coup d'envoi de la Coupe D'autres « petites » équipes sem- Louis-Vuitton donné le 1er octobre. blent s'être bien mieux préparées Les équipes les plus fortunées sem- que les Français. Les Britanniques Les pudiques adieux de Laurent Jalabert, champion qui sait d’où il vient blent être les mieux parées à la vic- de GBR Challenge, ont créé la sur- toire finale. Mais parmi les outsi- prise en remportant quatre courses ZOLDER Une réponse orgueilleuse, de l’or- boire un coup au bistrot. » On en laissé mener, jusqu’au jour où j’en ai ders, certains ont déjà montré leur dont une contre Oracle BMW de notre envoyé spécial gueil des humbles, de ceux qui ne oublierait l’essentiel : l’homme qui eu vraiment ras le bol et que ça a sérieux potentiel alors que d'autres Racing et les discrets Suédois de « Ouf ! » : interrogé en badinent pas avec la souffrance. quitte le peloton aura tout simple- pété », explique Laurent Jalabert à se sont contentés d'afficher leurs Victory Challenge ont gagné trois juillet 1997 à l’issue d’un Tour de On ne cherche pas midi à 14 heures ment été un des meilleurs coureurs Vélo Magazine. Il ne supporte plus limites. régates. Les coéquipiers de Dennis France calamiteux, Laurent Jala- quand on est natif de Mazamet, cet- de sa génération. Entre l’étape de les diktats de l’Espagnol, notam- Deux syndicats semblent navi- Conner semblent aussi prêts à bou- bert trouvait ce simple mot de con- te cité ouvrière longtemps domi- Landerneau du Tour d’Armorique, ment le refus de le faire courir en guer quelques nœuds moins vite leverser les plans de syndicats plus clusion. Trois lettres pour rendre née par une bourgeoisie protestan- en 1989, et la Coppa Agostini, dans France après le Tour 1998. que leurs adversaires. Les Italiens fortunés. Pour tenter de se quali- compte d’un calvaire de trois semai- te et qu’on est le fils de Georges, la banlieue de Milan, en 2002, Lau- Son plus mauvais souvenir : de Mascalzone Latino, qui à une fier pour les quarts de finale, le  grutier, et d’Arlette, ancienne rent Jalabert a ainsi remporté après l’affaire Festina, poussé par exception près, n'ont jamais partici- Défi doit grignoter quelques points ouvrière dans la maroquinerie, qui 138 victoires. une majorité de coureurs qui en pé à cette compétition, ont rempor- dans les huit courses qu'il lui reste a longtemps connu le chômage. Les années Toshiba, de 1989 à font leur porte-parole, Laurent té une seule de leurs huit régates à disputer lors du second round L’orgueil des « Je sais d’où je viens », dit-il sou- 1991, seront les années de doute. veut organiser une grève de la cour- contre le Défi. Ce dernier accumule robin qui débutera le mardi 22 octo- vent, et cela suffit. Laurent Jalabert collectionne treize se à Tarascon-sur-Ariège. Echec. les problèmes depuis le début de bre. Le temps presse… humbles, de ceux Les années et les succès aidant, places de second en 1991. En août, « Je me suis retrouvé comme un cette Coupe. l’homme s’est légèrement, très légè- lorsque l’équipe Toshiba est dissou- couillon sur la ligne de départ. » Le En trouvant au dernier moment Frédéric Therin qui ne badinent pas rement, civilisé. Vendredi, à Zol- te, aucune formation française ne taiseux trouve une seule manière der, pour sa dernière rencontre offi- veut de lui. Il en gardera longtemps de laisser exploser sa colère : avec avec la souffrance cielle avec la presse en tant que cou- une secrète amertume. En 1992, son frère Nicolas, il se lance dans reur professionnel, on le vit même commencent pourtant les années une échappée suicidaire de plu- s’attarder quelques instants pour les plus fastes, sinon les plus heu- sieurs dizaines de kilomètres. nes, pendant lesquelles on l’avait poursuivre la conversation enta- reuses, de sa carrière. Les années En 2000, il signe chez CSC-Tisca- notamment vu au bord de l’éva- mée sur sa future carrière. Mais Once, qui dureront jusqu’en 2000. li. L’équipe danoise va lui permet- nouissement, dans les derniers pas question, même en ces circons- tre de mettre fin à son exil. Comme Allemagne : lacets de la montée vers Andorre- tances extraordinaires, de laisser    s’il voulait pleinement jouir de ses Arcalis, ou encore éviter l’élimina- percer une trop grande émotion. Il a été repéré par Manolo Saiz, dernières courses dans le peloton, comment rebondir ? tion dans l’étape menant à Cour- « Ce qui l’emporte, c’est la satisfac- le responsable de l’équipe espagno- Laurent Jalabert, débarrassé de la Après sa courte victoire, la coalition chevel. Trois lettres, là où d’autres tion. J’arrive bien fatigué au bout de le. Ce diplômé de l’Institut national chape de béton imposée par Mano- auraient tenté d’expliquer, d’émou- la saison, et je suis content d’arrêter. d’éducation physique de Madrid lo Saiz, vit une véritable mue. Voilà de gauche devra engager des réformes voir, de convaincre. Je n’ai pas de regret. » impose au Français une discipline qu’il commence à parler. Voilà aus- 1 « Ce que je ressens ? D’abord une Il avoue, pourtant, avoir « pres- de fer. Comme de débuter toute si que, grâce à ses performances grande fatigue » : cinq ans et quel- que versé la larme » en écoutant, à séance de travail par une heure de dans le , dont il enlè- République : renouer ques mois plus tard, alors qu’il l’issue du critérium de Lisieux, les marche. A jeun, cela va de soi, pour ve le classement du meilleur grim- vient de donner son dernier coup enfants de la ville entonner le forger le caractère. Les résultats peur en 2001 et 2002, il devient aus- le lien démocratique de pédale sur le circuit de Zolder, chant qu’ils avaient composé en sont là : succès dans le champion- si, sinon plus, populaire que La Constitution de 1958 doit-elle être dimanche 13 octobre, Laurent Jala- son honneur. Comment voit-il son nat du monde contre la montre, lui-même. bert répond de nouveau avec un avenir ? « J’ai la volonté d’appren- dans le championnat de France, Les deux hommes sont mainte- changée ou aménagée ? laconisme et un bon sens désar- dre la vie d’entreprise. Je souhaite dans Milan - San Remo, au Tour nant amis. Laurent Jalabert ne por- 2 mants. Cette même pudeur qui lui aussi travailler dans la communica- d’Espagne, à Paris-Nice (trois fois) tait pourtant pas dans son cœur ce ... et faisait rétorquer à ceux qui vatici- tion, radio ou télé. Mais aussi servir au Grand Prix Midi libre (deux garçon bravache et extraverti. En Les clés naient sur les bienfaits pour sa car- d’ambassadeur pour mon sport. » fois), maillot vert du Tour de Fran- mars 2001, il sera un des rares à lui rière de sa dramatique chute d’Ar- ce, dont il gagne cinq étapes. Le tendre la main et à l’aider à se de l’info mentières, le 3 juillet 1994, où il 138  Français remporte également sept reconstruire. « Quand on peut aider Notre dossier : les raisons de avait été gravement blessé après « Je vais avoir la joie de faire des étapes de la Vuelta en 1994. Il est quelqu’un, il faut le faire », expli- l’échec du Sommet de la Terre avoir percuté un gendarme impru- choses différentes, ajoute-t-il, pou- numéro un mondial en 1995, 1996, que-t-il. La dernière leçon de l’en- 3 dent à l’arrivée d’une étape du voir jouir des vacances scolaires de 1997 et 1999. Les relations avec fant de Mazamet, fils de Georges Tour : « C’est une connerie de dire mes enfants, ou, tout simplement, fai- Manolo Saiz vont pourtant se ten- et d’Arlette. Numéro d’octobre - 16 pages - 2,10 € que l’accident m’a rendu plus fort. re du vélo avec les copains sans crain- dre, jusqu’à casser. Cela m’a fait mal, surtout ! » dre d’attraper la crève si on s’arrête « J’étais docile… Oui, je me suis J.-A. F. LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002/27 AUJOURD’HUI sports

Après sa deuxième victoire en une semaine,  a ATHLÉTISME : la Britannique Paula Radcliffe s’est adjugé le 25e marathon de Chicago, en établissant la meilleure performance Paul-Henri Mathieu rêve d’une finale de Coupe Davis mondiale sur la distance (2 h 17 min 18 s), dimanche 13 octobre, sur le parcours très rapide de la cité de l'Illinois, alors que l’Américain d’ori- Tennis b Déjà vainqueur à Moscou, le jeune Français a gagné le tournoi de Lyon, gine marocaine Khalid Khannouchi s'est imposé chez les hommes pour la quatrième fois. Six mois après ses débuts sur 42,195 km, au battant en finale le Brésilien Gustavo Kuerten (4-6, 6-3, 6-1) marathon de Londres, course qu'elle avait remportée en signant ce qui constituait alors la deuxième meilleure performance de tous les PAUL-HENRI MATHIEU a nait, a-t-il poursuivi. Aux change- te vissée à l’envers, le champion de expliqué. J’ai beaucoup travaillé et temps (2 h 18 min 56 s), Paula Radcliffe a donc confirmé en faisant gagné le tournoi de Lyon en bat- ments de côté, je voyais les noms Roland-Garros junior en 2000 qui cela commence à payer. Ca devait chuter de 1 min 29 s la précédente marque établie en 2001 sur ce tant en finale le Brésilien Gustavo [des vainqueurs] affichés dans les avait inquiété André Agassi à arriver même si deux victoires de sui- même parcours de Chicago par la Kényane Catherine Ndereba. Kuerten (4-6, 6-3, 6-1), dimanche tribunes et ça m’a motivé encore Roland-Garros, puis éliminé Pete te, c’est surprenant . C’est surtout a FOOTBALL : le Bosniaque Vahid Halilhodzic a été nommé entraî- 13 septembre. Le Français âgé de plus. Quand je vais me voir en photo Sampras à Long Island la semaine mon match contre Agassi à Roland- neur de Rennes en remplacement de , limogé en rai- 20 ans s’est ainsi adjugé son avec le trophée, je vais me dire : “Ce précédant la victoire de l’Améri- Garros [il avait disposé d’un break son des mauvais résultats du club breton, de L1. Vahid deuxième titre successif après n’est pas possible, c’est moi !” ». cain à l’US Open, a parlé sobre- dans la 5e manche avant de Halilhodzic, 49 ans, avait quitté Lille à son initiative en fin de saison avoir remporté la semaine passée Retenu comme partenaire d’en- ment de son éclosion. Mathieu, jus- s’incliner] qui m’a fait comprendre 2001-2002. Auparavant, il avait entraîné le club bosniaque de Velez le tournoi de Moscou où il avait dû traînement lors de la demi-finale que-là souvent submergé par ses que je pouvais battre n’importe qui, Mostar (1990-1992), l'AS Beauvais-Oise (1993-1994) et le RAJA de s’extraire des qualifications. Si ces et puis ma victoire sur Albert Costa Casablanca, au Maroc (1997-1998). Philippe Bergeroo (48 ans), ancien treize matches gagnés d’affilée ont [en juillet sur terre battue à adjoint du sélectionneur Aimé Jacquet, avait déjà été limogé du Paris- laissé quelques traces sur le jeune Essais de double en vue de la Coupe Davis Gstaadt} après qu’il eût gagné Saint-Germain (L1) le 2 décembre 2000. Sans club depuis, il avait été Alsacien peu accoutumé à de tels Deux doubles français tenteront leur chance cette semaine au tournoi de Roland-Garros». officiellement nommé entraîneur du Stade rennais le 7 mai, en rempla- enchaînements – une cuisse droite Madrid, en vue de la finale de la Coupe Davis organisée à Paris du 29 novem- L’élève de Thierry Champion ne cement de Christian Gourcuff. douloureuse a bien failli le con- bre au 1er décembre contre la Russie. Nicolas Escudé, éliminé en qualifica- s’émeut pas de son accession au a TENNIS : la Suissesse Martina Hingis, ex-numéro 1 mondiale, a e traindre à déclarer forfait avant la tions du simple, s’est associé pour la première fois de sa carrière à Fabrice 2 rang du classement français der- mis fin à sa saison en raison d'une douleur persistante au pied gauche demi-finale –, la qualité de son jeu Santoro, grâce à une wild-card concédée par la direction du tournoi. Julien rière Sébastien Grosjean. Il n’ose et s'est retirée du tournoi de Zurich, auquel elle devait participer et de son mental n’a pas échappé à Boutter et Mickaël Llodra formeront la deuxième paire tricolore. Les Russes rêver à une sélection pour la finale devant son public à partir du lundi 14 octobre. La Suissesse, opérée le Guy Forget. Evgueni Kafelnikov et Marat Safin, eux, ne profiteront pas de l’occasion de la Coupe Davis qui constitue- 20 mai des ligaments de la cheville gauche, avait fait son retour à la Le capitaine de l’équipe de Fran- pour parfaire leurs automatismes puisqu’ils font respectivement équipe rait une entrée un peu brutale au compétition courant août à Montréal (Canada), après près de trois ce de Coupe Davis, présent à Lyon avec le Tchèque Pavel Vizner et le Yougoslave Nenad Zimonjic. stade suprême d’une épreuve très mois et demi d'absence. Agée de 22 ans, la championne a annoncé une partie de la semaine, dispose exigeante. « C’est dans deux mois, qu'après deux ou trois semaines d'arrêt complet elle déciderait de la désormais d’un sélectionnable de a-t-il tempéré raisonnablement, et suite à donner à sa carrière. plus pour la finale contre la Rus- France-Etats Unis disputée sur la émotions, l’attendait depuis long- le capitaine tranchera. Si je joue, je a LOTO : résultat des tirages n˚ 82 effectués samedi 12 octobre. sie, prévue du 29 novembre au 1er terre battue de Roland-Garros, temps alors que ses principaux serai très content, sinon je serai de Premier tirage : 15, 24, 31, 42, 43, 47 ; complémentaire : 30. Rapports décembre sur terre battue au Paul-Henri Mathieu avait déjà fait rivaux chez les juniors, l’Américain toute façon derrière l’équipe, et je pour 6 numéros : 1 044 384 ¤ ; 5 numéros et complémentaire : Palais Omnisport de Paris-Bercy. bonne impression. Ces deux der- Andy Roddick ou l’Espagnol Tom- suis désolé pour le problème que je 15 598,40 ¤ ; 5 numéros : 1 184,10 ¤ ; 4 numéros et complémentaire : « Physiquement, ça allait mieux nières semaines, il a bluffé les my Robredo, semblaient avoir lui pose ». 50,60 ¤ ; 4 numéros : 25,30 ¤ ; 3 numéros et complémentaire : 5,20 ¤ ; que samedi, a expliqué Mathieu observateurs en raflant la Coupe franchi le pas plus aisément. Le Pour l’heure Mathieu estime 3 numéros : 2,60 ł. Second tirage : 15, 20, 23, 29, 35, 39 ; complémen- après sa finale. Je me disais que je du Kremlin à Marat Safin et Evgue- jeune Français n’avait même pas avoir « mérité un peu de repos », taire : 12. Rapports pour 6 numéros : 2 254 747 ¤ ; 5 numéros et com- n’avais plus qu’un match à tenir ni Kafelnikov, les deux piliers de encore absorbé son succès de Mos- avant de jouer à Bâle puis à Bercy. plémentaire : 21 517,60 ¤ ; 5 numéros : 1 061,40 ¤ ; 4 numéros et com- donc j’étais prêt à donner tout ce l’équipe russe de Coupe Davis, et cou. « Depuis deux semaines, je n’ai plémentaire : 57,20 ¤ ; 4 numéros : 28,60 ¤ ; 3 numéros et complémen- qui me restait. J’ai connu un début en battant Arnaud Clément, Gusta- pas eu le temps de souffler , a-t-il Patricia Jolly taire : 5,40 ¤ ; 3 numéros : 2,70 ¤. de match difficile. Ces deux derniè- vo Kuerten, Jiri Novak, Sjeng Schal- res semaines, j’ai eu du mal à ren- ken et Thomas Johansson. trer dans mes matches, je suis un peu lourd. Mais avec le temps, je me   relâche, tout va mieux. » Désormais situé aux environs du « J’ai surtout senti dans le troisiè- 35e rang mondial, il a gagné une me set que Kuerten (opéré de la quarantaine de places au classe- hanche en début de saison) décli- ment en quinze jours. Sa casquet- L’Allemand Alex Cejka remporte le Lancôme sans l’aide du public Golf b Les joueurs français se sont illustrés

DEPUIS 1995 où il avait gagné 21e ; Thomas Levet effectuait une trois tournois du circuit européen remontée fantastique avec quatre et terminé la saison à la sixième pla- birdies sur les sept premiers trous ce du classement continental, Alex mais ne pouvait aller plus loin et Cejka avait connu plus de bas que finissait 5e ex-aequo ; Jean-Fran- de hauts sans jamais parvenir à çois Lucquin, invité en tant que franchir d’autres cols que de secon- meilleur golfeur du Challenge tour, de catégorie, avec deux victoires menait son petit bonhomme de sur le Challenge tour en 1997 et chemin, sans à-coups, mais prenait 1998. la 3e place ex-aequo. A 23 ans, ce Né à Marienbad en 1970, le petit jeune Valencien réalise la meilleure Alex, digne Bohémien des temps performance française de toute modernes, prend la route dès l’âge l’histoire du Lancôme. Habitué à de neuf ans ; sa famille émigre suc- jouer sans public, il était l’un des cessivement en Yougoslavie, en Ita- rares joueurs à se féliciter cette lie et en Suisse. Les Cejka s’installe- semaine du concours des specta- ront finalement en Allemagne, teurs qui avaient décidé de suivre pays dont le champion revendique le nouveau venu. la nationalité bien qu’il soit aujour- d’hui domicilié à Prague.   Passé professionnel en 1989, Le gros des spectateurs était Alex Cejka est un sentimental et ailleurs, attaché aux basques des voue une affection particulière au meilleurs joueurs. Souvent prati- Trophée Lancôme. D’ailleurs, celui- quant avisé, le public parisien sait ci le lui rend bien puisqu’il lui accor- reconnaître un mauvais coup tapé dait la onzième place en 1998, la par un professionnel et il applaudit dixième l’année suivante, et la qua- peu. Mais il est aussi pédagogue. trième en 2000. Malgré un rendez- Ainsi, lorsque quelques béotiens vous manqué l’an dernier, le par- s’aventurèrent à battre des mains cours de Saint-Nom-la–Bretèche lorsque leur compatriote Christian s’offrait donc à lui cette année, à sa Cévaër réussit un trou en un, le plus grande surprise. Dimanche en seul du tournoi, il est resté de mar- fin d’après-midi, une bonne heure bre, soulignant par son mutisme après avoir gagné, Cejka peinait communicatif le caractère hasar- toujours à y croire. Assis à la table deux du coup. L’événement n’a de la salle de presse où il était venu d’ailleurs pas échappé au corres- livrer ses impressions, le vainqueur pondant du Times, qui s’étonnait n’avait de cesse de caresser et pal- dans l’édition de samedi de si peu per l’imposant trophée posé à sa d’entrain. Il faut savoir que le droite : ce buste de saint Sébastien public britannique, encore mal transpercé d’une balle de golf et dégrossi, exultant dès que la moin- d’un tee en guise de flèches, d’un dre balle atteint le green, ne peut profond marron, était-il réellement saisir la finesse de ce jeu. de bronze ou n’était-il qu’une énor- Le public parisien, qui n’a donc me médaille en chocolat ? rien à voir avec son homologue bri- L’attitude du public, glaciale à tannique, n’a pas non plus le même son égard tout au long du tournoi, comportement face aux intempé- a pu le faire douter. Car le public ries. Lorsque quelques gouttes de parisien, du moins ses représen- pluie viennent à tomber, il recourt tants les plus en vue, est très exi- à l’usage du parapluie dans le but geant. Grand amateur de suspens, de protéger les attributs qui font de il ne supporte pas la monotonie. Il lui un spectateur modèle : un ciga- est vrai que la victoire de l’Alle- re, une étoffe tissée dans une matiè- mand était possible dès le premier re précieuse, un téléphone porta- tour, puisqu’il a terminé en tête ble, car, tout à sa passion, il se doit avec 64 coups, soit 7 sous le de faire part à ses amis empêchés par. Elle était envisagée à l’issue des derniers rebondissements du du deuxième tour, probable à la fin tournoi. L’inconvénient de cette du troisième, et quasiment irrémé- coutume est que, lorsqu’un coup diable tout au long du dernier tour, sublime vient à se produire, il malgré les assauts répétés et succes- devient délicat d’applaudir ; cela ne sifs d’une dizaine de concurrents. se fait pas les mains pleines. Cer- Trois Français jouaient les pre- tains spectateurs, des plus conscien- miers rôles et laissaient penser, cieux, suggéraient d’engager doré- tour à tour , à une victoire tricolo- navant des gens chargés de faire la re. Jean-François Remesy parta- claque. geait la tête au 11e trou, mais s’ef- fondrait à partir du 15e et terminait Jean-Louis Aragon 28/LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002 AUJOURD’HUI sports Vladimir Kramnik gaffe et perd la cinquième partie MOTO Vainqueur de son match contre la machine du Grand Prix de Malaisie Echecs b Le champion du monde a négligé d’appliquer la recette qui avait fait ses preuves dimanche, le Français lors des précédentes rencontres. Il mène toujours au score par 3 points à 2 Arnaud Vincent conforte sa place L’ERREUR est le propre de l’hom- tes dames pour réduire les possibili- à aplanir le jeu et contenir son La suite se résume en peu de de leader du me lorsque, aux échecs, on le con- tés tactiques, ces combinaisons que adversaire. Le champion du monde mots. Pressé au temps, malmené championnat fronte à une machine. Dimanche l’ordinateur excelle à calculer, le disposait d’ailleurs d’une majorité par le couple dame-cavalier de son 125 cc.

13 octobre à Manama (Bahreïn), champion du monde a cette fois de pions à l’aile dame qui aurait pu adversaire, le Russe commit une  / dans la cinquième rencontre du décidé de garder les souveraines en lui conférer, en fin de partie, un erreur qui peut arriver à tout défi en huit parties qui l’oppose au jeu. Cette décision s’avère d’autant intéressant contre-jeu. joueur d’échecs. Au 34e coup, il logiciel Deep Fritz, le champion du plus surprenante que Vladimir commença son analyse en élimi- monde Vladimir Kramnik, un des Kramnik a eu, au 14e coup, une nant le coup Dc4, qui perdait le hommes les plus difficiles à battre occasion en or pour les faire dispa- 5e PARTIE cavalier sans compensation, pour- ATHLÉTISME de la planète, a gaffé comme il n’a raître : il lui suffisait de mettre sa Blancs : Deep Fritz suivit ses calculs puis joua... Dc4, Victorieuse du marathon sûrement jamais gaffé. Peut-être dame en b4, faisant échec au roi ayant simplement oublié son analy- Noirs : Vladimir Kramnik de Chicago en 2 h 17 min surpris par l’ouverture choisie par tout en attaquant la dame adverse. se originelle. Une occultation psy- Variante Lasker du gambit dame 18 s, par une température le programme – un gambit dame chologique que ne connaît pas ne dépassant alors que tout le monde attendait «     » 1 d4 Cf6 19 Tac1 cxd4 Deep Fritz. La machine joua le pas les 6 degrés, que Deep Fritz, avec les pièces blan- Après la partie, le joueur russe a 2 c4 e6 20 Cxd4 Txc3 coup gagnant et empocha sa pre- ches, pousse de nouveau le pion du justifié sa décision en assurant que 3 Cf3 d5 21 Txc3 Tc8 mière victoire. Paula Radcliffe devient la roi –, sans doute fatigué par le sur- le coup qu’il avait joué – b6 – était 4 Cc3 Fe7 22 Txc8+ Fxc8 Après la partie, toujours pourvu femme la plus rapide sur 5 Fg5 h6 23 h3 g6 la distance. Il s’agissait de croît d’attention qu’il s’impose à meilleur, probablement parce qu’il 6 Fh4 0-0 24 Ff3 Fd7 de son calme habituel, Vladimir chaque coup face à un adversaire poursuivait le développement de Kramnik déclara qu’il s’attendait la seconde sortie sur la 7 e3 Ce4 25 Dc2 Dc5 distance pour la qui voit tout, le Russe a joué un ses pièces. Parfaitement valable 8 Fxe7 Dxe7 26 De4 Dc1+ « à perdre à un moment ou à un cran en dessous par rapport à ses contre un être humain, ce juge- 9 cxd5 Cxc3 27 Rh2 Dc7+ autre » et qu’il allait simplement Britannique, spécialiste de précédentes prestations. ment ne l’est pas à tout coup face à 10 bxc3 exd5 28 g3 Cc4 « rentrer à son hôtel et reconsidérer cross et des épreuves de Surtout, Vladimir Kramnik a légè- un logiciel. Comme le fit remarquer 11 Db3 Td8 29 Fe2 Ce5 son approche » du match. Il mène demi-fond « long » sur la rement péché par orgueil en négli- le grand maître britannique Julian 12 c4 dxc4 30 Fb5 Fxb5 par 3 points à 2 et peut après tout piste. L’épreuve masculine 13 Fxc4 Cc6 31 Cxb5 Dc5 geant de suivre à la lettre la recette Hodgson après la rencontre : se contenter de jouer pour la nulle a été emportée dans 14 Fe2 b6 32 Cxa7 Da5 qui lui avait si bien réussi jusque-là « Avec les dames sur l’échiquier, au cours des trois dernières parties. l’excellent temps de 2 h 15 0-0 Fb7 Dxa2 puisqu’elle lui avait apporté deux Fritz est un animal différent. C’est un 33 Rg2 Sixième rencontre mardi 15 octo- 5 min 56 s par l’Américain 16 Tfc1 Tac8 34 Cc8 Dc4 victoires et deux nulles faciles. Tan- monstre ! » Sans les dames, en bre. d’origine marocaine 17 Da4 Ca5 35 Ce7+ Mohamed Khannouchi, dis qu’il s’était toujours appliqué à revanche, il y a fort à parier que 18 Tc3 c5 Abandon des Noirs échanger rapidement les puissan- Kramnik aurait eu peu de difficulté Pierre Barthélémy dont c’était la quatrième victoire à Chicago. RÉSULTATS BASKET-BALL Course élite AUTOMOBILISME PRO A (2e journée) Classement : 1. Mario Cipollini (Ita), les 256 km GRAND PRIX DU JAPON (17e et dernier) Hyères-Toulon-Chalon-sur-Saône 71-84 en 5 h 30min 03s (moyenne : 46,538 km/h) ; Classement : 1. Michael Schumacher  / Strasbourg-Vichy 79-83 a.p. 2. McEwen (Aus) ; 3. Zabel (All) ; 4. Hauptman (All/), les 308,317 km en 1 h 26 min 59 s FOOTBALL Bourg-en-Bresse-Paris Basket Racing 72-67 (Slo) ; 5. Klemencic (Slo) ; 6. (Fra), 698 (moyenne : 212,644 km/h) ; 2. Barrichello QUALIFICATIONS POUR L’EURO 2004 Dijon-Cholet 79-85 m.t. ;… 43. (Fra), à 56 s ;… (Bré/Ferrari), à 0s 506; 3. Raikkonen e (2 journée) Roanne-Limoges 89-83 47. Jacky Durand (Fra), à 59 s ;… 53. Cédric (Fin/McLaren-Mercedes), à 23 s 292 ; SAMEDI Le Havre-Gravelines 80-82 Vasseur (Fra), à 1 min 12 s ;… 108. Richard 4. Montoya (Col/Williams-BMW), à 36 s 275 ; Groupe 1 Villeurbanne-Nancy 79-75 Virenque (Fra), à 1 min 59 s ;… 130. Laurent 5. Sato (Jap/Jordan-Honda), à 1 min 22 s 694 ; Malte-Israël 0-2 Pau-Orthez-Le Mans 108-104 a.p. Jalabert (Fra), à 2 min 40s ; 131. Franck Renier 6. Button (Gbr/Renault), à 1 tour ; 7. Heidfeld RUGBY France-Slovénie 5-0 Classement : 1. Villeurbanne, Cholet, Pau- (Fra) ; 132. (Fra), m.t. (All/Sauber-Petronas), à 1 tour ; 8. Salo Groupe 2 Orthez, Gravelines, Vichy, 4 pts ; 6. (Fin/Toyota), à 1 tour ; 9. Irvine (Gbr/Jaguar), à Le Stade 1 tour ; 10. Weber (Aus/Minardi-Asiatech), à Roumanie-Norvège 0-1 Chalon-sur-Saône, Le Havre, Limoges, Roanne, TENNIS 2 tours ; 11. R. Schumacher (All/Williams- Toulousain Danemark-Luxembourg 2-0 Le Mans, Bourg-en-Bresse, 3 ; 12. Paris Basket TOURNOI MASCULIN DE LYON Racing, Hyères-Toulon, Strasbourg, Nancy, BMW), classé bien que n’ayant pas terminé la vainqueur Groupe 3 Demi-finales : Moldavie-République tchèque 0-2 Dijon, 2. course. e Paul-Henri Mathieu (Fra) b. Kristian Pless (Dan) (28-23) face PRO B (2 journée) Classement final pilotes : 1. M. Schumacher Biélorussie-Autriche 0-2 6-7 (5/7), 7-6 (7/5), 6-4 ; Gustavo Kuerten (Bré) SAMEDI (All), 144 pts (Champion) ; 2. R. Barrichello (Bré), aux London Groupe 4 b. Arnaud Clément (Fra) 6-4, 6-7 (1/7), 6-3 Orléans-Châlons-en-Champagne 91-88 a.p. 77 ; 3. J.P. Montoya (Col), 50; 4. R. Schumacher Irish. Les six Suède-Hongrie 1-1 Finale : Mathieu b. Kuerten 4-6, 6-3, 6-1. Pologne-Lettonie 0-1 Reims-Maurienne 96-68 (All), 42 ; 5. D. Coulthard (GBR), 41 ; clubs français Beauvais-Stade Clermontois 71-76 a.p. TOURNOI FÉMININ DE FILDERSTADT (All) 6. K. Raikkonen (Fin), 24 ; 7. J. Button (GBR), 14 ; Groupe 5 Demi-finales : Kim Clijsters (Bel) b. Amélie Mau- engagés en Islande-Ecosse 0-2 Besançon-Saint-Etienne 75-67 8. J. Trulli (Ita), 10; 9. E. Irvine (GBR), 8 ; Saint-Quentin-Antibes 79-67 resmo (Fra) 3-6, 6-3, 7-5 ; Daniela Hantuchova 10. N. Heidfeld (All), G. Fisichella (Ita), 7 ; Coupe d’Euro- Lituanie-îles Féroé 2-0 (Svq) b. Elena Dementieva (Rus) 6-3, 6-2. Groupe 6 Nantes-Evreux 89-90 12. F. Massa (Bré), J. Villeneuve (Can), 4 ; pe se sont Finale : Clijsters b. Hantuchova 4-6, 6-3, 6-4. 14. O. Panis (Fra), 3 ; 15. M. Webber (Aus), Ukraine-Grèce 2-0 Golbey Epinal-Mulhouse 86-71 M. Salo (Fin), HH. Frentzen (All), T. Sato (Jap), 2. Espagne-Irlande du Nord 3-0 Rueil-Brest 96-86 imposés. Classement : 1. Reims, Rueil, Stade Clermontois, Classement final constructeurs : 1. Ferrari, Groupe 7 GOLF  /.. 221 pts (Champion) ; 2. Williams-BMW, 92 ; 3. Macédoine-Turquie 1-2 Besançon 4 pts ; 5. Mulhouse, Golbey Epinal, TROPHÉE LANCÔME, À SAINT-NOM- McLaren-Mercedes, 65 ; 4. Renault, 23 ; 5. Slovaquie-Angleterre 1-2 Châlons-en-Champagne, Orléans, Evreux, LA-BRETÈCHE Saint-Etienne, Saint-Quentin, Brest, 3 ; 13. Sauber, 11 ; 6. Jordan-Honda, 9 ; 7. Jaguar, 8 ; Groupe 8 Classement final : 1. Alex Cejka (All), 272 8. BAR-Honda, 7 ; 9. Minardi-Asiatech, Toyota, Beauvais, Nantes, Antibes, Maurienne, 2. (64 + 68 + 72 + 68) ; 2. Rodiles (Esp), 274 Bulgarie-Croatie 2-0 Arrows, 2. Andorre-Belgique 0-1 (67 + 69 + 72 + 66) ; 3. Jean-François Lucquin Groupe 9 VOLLEY-BALL (Fra), 275 (69 + 72 + 68 + 66), Cabrera (Arg), 275 Finlande-Azerbaïdjan 3-0 CHAMPIONNAT DU MONDE, BUENOS AIRES (69 + 68 + 71 + 67) ; 5. Thomas Levet (Fra), 276 VOILE FORMULE 1 e Italie-Yougoslavie 1-1 (ARG) (67 + 69 + 73 + 67) ;… 21. Jean-François Remésy COUPE LOUIS-VUITTON (9 journée), éliminatoi- Le quintuple Groupe 10 Finale : Brésil-Russie 3-2 (23-25, 27-25, 25-20, (Fra), 278 ;… 33. Marc-Antoine Farry (Fra), res de la Coupe de l’America, dans la baie d’Hau- Géorgie-Russie arrêté et reporté (panne de 23-25, 15-13) 281 ; : 58. Grégory Havret (Fra), 287 ; raki à Auckland (Nzl) : champion du courant) Demi-finales : 64. François Illouz (Fra, am) 288 ;… 70. Philippe GBR Challenge (Gbr) b. Oracle Racing (USA) de monde allemand Albanie-Suisse 1-1 Russie-France 3-2 (25-19, 15-25, 25-20, 21-25, Lima (Fra, am), 291 ;… 75. Christian Cévaër 36 s ; Alinghi Challenge (Sui) b. Victory Michael 15-9) Challenge (Suè) de 25 s ; OneWorld Challenge , PREMIER TOUR (Fra), 294. Schumacher VENDREDI Brésil-Yougoslavie 3-1 (26-24, 22-25, 27-25, (USA) b. Prada Challenge (Ita) de 1 min 11 s ; Martigues (N)-Reims (L2) 3-2 a.p. 25-23) Mascalzone Latino (Ita) b. Le Defi Areva (Fra) de termine la saison e ÉQUITATION Créteil (L2)-Clermont (L2) 1-0 Match pour la 3 place : 5 min 19 s. CHAMPIONNAT DE FRANCE SENIORS DE SAUT 2002 en gagnant le Amiens (L2)-Gueugnon (L2) 0-1 a.p. France-Yougoslavie 3-0(25-23, 25-23, 25-16) Classement : 1. One World Challenge (USA), D'OBSTACLES, À FONTAINEBLEAU 7 pts ; 2. Alinghi Challenge (Sui), 7 ; 3. Oracle Grand Prix Wasquehal (L2)-Laval (L2) 3-1 Classement : 1. Eric Levallois (Diamant de BMW Racing (USA), 4 ; 4. Victory Challenge Metz (L2)-Niort (L2) 0-0 a.p. du Japon, imposant HANDBALL Semilly), 4,22 pts (0) ; 2. Olivier Guillon (Suè), 3 ; 5. Prada Challenge (Ita), 3 ; 6. Team Metz vainqueur aux tirs au but (4 à 2) e DIVISION 1 (5 journée) (Baladine du Mesnil), 5,35 (4) ; 3. Bruno Dennis Conner (USA), 3 ; 7. GBR Challenge sa Ferrari pour Istres (L2)-Lorient (L2) 2-1 a.p. Chambéry-Ajaccio 28-23 e Broucqsault (Dilème de Cèphe), 11,10(9) ; (G-B), 3 ; 8. Mascalzone Latino (Ita), 1 ; 9. Le la 11 fois cette Nîmes (N)-Angers (N) 2-0 Sélestat-Nîmes 24-28 4. Christian Hermon (Ephèbe for Ever), 12,77 Defi Areva (Fra), 0. (NDLR : à l’issue des deux Beauvais (L2)-Caen (L2) 2-1 a.p. Istres-Créteil 19-19 saison. Il aura été (4) ; 5. Florian Angot (First de Launay), 16 (8). premiers round robin, One World Challenge se Saint-Etienne (L2)-Toulouse (L2) 3-2 Angers-Montpellier 15-17 présent sur les (NB : entre parenthèses, les points de pénalité verra infliger une pénalité de 1 point pour Le Mans (L2)-Valence (L2) 3-0 Classement : 1. Montpellier, 18 pts ; 2. Chambé- tricherie). podiums de tous Grenoble (L2)-Cannes (N) 2-0 ry, 14 ; 3. Créteil, 13 ; 4. Toulouse, 11 ; 5. des deux manches de l'épreuve de dimanche). Nancy (L2)-Châteauroux (L2) reporté à une date Sélestat, 11 ; 6. Nîmes, 10; 7. Angers, 9 ; 8. les Grand Prix. Pour à déterminer Villeurbanne, 9 ; 9. Dunkerque, 7 ; 10. Istres, 7 ; MOTOCYCLISME ATHLÉTISME son retour à la (Les vingt clubs de l'élite entreront en lice en 11. Paris Handball, 6 ; 12. Ivry, 5 ; 13. Ajaccio, GRAND PRIX DE MALAISIE MARATHON DE CHICAGO compétition, e MESSIEURS 16 de finale le 7 décembre) 4 ; 14. ACBB, 4. MOTOGP l’écurie Renault 1. Max Biaggi (Ita/Yamaha M1-Yamaha Team), Classement : 1. Khalid Khannouchi (USA), les 116,508 km en 44 min 01 s 592 (moyenne : 2 h 05 min 56 s ; 2. Njenga (Ken), prend une RUGBY CYCLISME 2 h 06 min 16 s ; 3. Takaoka (Jap), re 158,778 km/h) ; 2. Rossi (Ita/Honda prometteuse COUPE D’EUROPE (1 journée) CHAMPIONNATS DU MONDE DE CYCLISME SUR 2 h 06 min 16 s ; 4. Tergat (Ken), RCV-Repsol), à 0s 542 ; 3. Barros (Bré/Honda Poule 1 ROUTE, À ZOLDER (BEL) 2 h 06 min 18 s ; 5. El Mouaziz (Mar) quatrième place RCV-Pons), à 1 s 572 ; 4. Ukawa (Jap/Honda Neath (PdG)-Leicester (Eng) 16-16 Contre-la-montre juniors garçons 2 h 06 min 46 s ;… 8. Driss El Himer (Fra), RCV-Repsol), à 2 s 238 ; 5. Katon (Jap/Honda au classement Calvisano (Ita)-Béziers (Fra) 16-32 Classement : 1. Mikhail Ignatiev (Rus), les 23,2 2h11min51s. RCV-Gresini), à 8 s 475 ;… 17. Régis Laconi des constructeurs. Classement : 1. Béziers, 2 pts ; 2. Leicester, km en 28 min 30s (moyenne : 48,831 km/h) ; DAMES Neath, 1 ; 4. Calvisano, 0. 2. Jamieson (Aus), à 10s ; 3. Nibali (Ita), à (Fra/Aprilia RS3-MS Aprilia Racing) 1 mn 21 s Classement : 1. Paula Radcliffe (Gbr), Poule 2 25 s ;… 14. Guillaume Ledinahet (Fra), à 1 min 513. 2 h 17 min 18 s ; 2. Ndereba (Ken), Gloucester (Eng)-Munster (Irl) 35-16 03 s ;… 18. Thierry Hupond (Fra), à 1 min 24 s Principal abandon : Olivier Jacque (Fra/Yamaha e 2 h 19 min 26 s ; 3. Shibui (Jap), Perpignan (Fra)-Viadana (Ita) 46-27 Contre-la-montre dames M1-Tech 3) chute au 4 des 21 tours 2 h 21 min 22 s ; 4. Zakahrova (Rus), Classement : 1. Perpignan, 2 pts ; 2. Gloucester, Classement : 1. Zoulfia Zabirova (Rus) les 23,2 Classement du championnat du monde : 1. Ros- 2 h 21 min 31 s ; 5. Biktagirova (Rus),

2 ; 3. Viadana, 0; 4. Munster, 0. km en 30min 02s (moyenne : 46,332 km/h) ; si (Ita), 310pts ; 2. Biaggi (Ita) 189 ; 3. Ukawa 2 h 25 min 20s.  / Poule 3 2. Braendli (Sui), à 14 s ; 3. Thurig (Sui), à (Jap), 182 ; 4. Barros (Bre), 159 ; 5. Checa (Esp), Sale (Eng)-Bourgoin (Fra) 18-24 15 s ;… 7. Jeannie Longo (Fra), à 42 s ;… 12. 136 ; 6. Abe (Jap), 129 ; 10. Jacque (Fra), 66… ; Llanelli (PdG)-Glasgow (Eco) 45-15 Catherine Marsal (Fra), à 1 min 07 s ;… 31. 19. Laconi (Fra), 33… ; 24. Bayle (Fra), 5… CALENDRIER  Classement : 1. Llanelli, 2 pts ; 2. Bourgoin, 2 ; 3. Edwige Pitel (Fra), à 2 min 01 s. 125 cc Yougoslavie-Finlande (gr.9) ; Eire-Suisse, Sale, 0; 4. Glasgow, 0. Contre-la-montre élite Classement : 1. Arnaud Vincent (Fra/Aprilia), les Russie-Albanie (gr.10). Assemblée générale de la Fédération française Poule 4 Classement : 1. Santiago Botero (Col) les 99,864 km en 40min 32 s 656 (moyenne :  à Annecy Leinster (Irl)-Bristol (Eng) 29-23 40,4 km en 48 min 08 s (moyenne : 147,785 kmh) ; 2. Cecchinello (Ita/Aprilia), à 0s LUNDI 14 OCTOBRE 50,352 km/h) ; 2. Rich (All), à 08 s ; 3. de Championnat de France D1 messieurs (fin de la Montferrand (Fra)-Swansea (PdG) 47-12 278 ; 3. Pedrosa (Esp/Honda), à 0s 345 ; 4.  e Galdeano (Esp), à 17 s ;… 16. Christophe 5 journée) : Dunkerque-ACBB, Paris SAMEDI 19 OCTOBRE Classement : 1. Montferrand, 2 pts ; 2. Leinster, Poggiali (SMR/Gilera), à 0s 813 ; 5. Nieto e 2 ; 3. Bristol, 0; 4. Swansea, 0. Moreau (Fra), à 1 min 38 s ;… 50. Jacky Durand (Esp/Aprilia), à 3 s 647. Fin des Jeux asiatiques à Pusan (CdS) Handball-Ivry. (11 journée, match avancé) : - (Fra), à 4 min 02 s. Créteil-Montpellier. Poule 5 250 cc  e Course Espoirs (moins de 23 ans) Championnat de France ProA (3 journée). Edimbourg (Eco) -Newport (PdG) 27-17 Classement : 1. Fonsi Nieto (Esp/Aprilia), les Classement : 1. Francesco Chicchi (Ita), les Tournoi masculin de Madrid (Esp), jusqu’au Toulouse (Fra)-London Irish (Eng) 28-23 110,960 km en 43 min 28 s 624 (moyenne :  166,4 km en 3 h 36 min 28 s (moyenne : 20octobre ; tournoi féminin de Zurich (Sui), JEUDI 17 OCTOBRE Classement : 1. Edimbourg, 2 pts ; 2. Toulouse, 153,129 km/h) ; 2. Elias (Esp/Aprilia), à 0s 412 46,123 km/h) ; 2. Gutierrez (Esp) ; 3. Loosli jusqu’au 20octobre - Coupe du monde : Tour de Lombardie. 2 ; 3. London Irish, 0; 4. Newport, 0. 3. Rolfo (Ita/Honda), à 2 s 947 ; 4. Porto (Sui) ;… 5. Geoffroy Lequatre (Fra) ;… 7. e Poule 6 Euroligue messieurs (fin de la 2 journée) :  Sébastien Chavanel (Fra) ;… 10. Eric Berthou (Arg/Yamaha), à 7 s 910; 5. Battaini Cardiff (PdG)-Biarritz (Fra) 15-26 Villeurbanne-Wroclaw (Pol) (Pathé Sport, e (Fra) ;… 40. Arnaud Coyot (Fra) ;… 80. Benoît (Ita/Aprilia), à 8 s 581. MARDI 15 OCTOBRE Ligue 1 (11 journée), dont Lyon-Auxerre Northampton (Eng)-Ulster (Irl) 32-9 Vaugrenard (Fra), m.t. - 20 h 30). (Canal+, 17 h 15) Classement : 1. Northampton, 2 pts ;2. Biarritz,  e Course en ligne juniors filles re Ligue 2 (12 journée). 2 ; 3. Cardiff, 0; 4. Ulster, 0. Classement : 1. Suzanne De Goede (Pbs), les ULEB Cup (1 journée) : Mondial 2003 dames (barrage aller) :  QUALIFICATIONS 76,8 km en 1 h 59 min 0s (moyenne : Chaque vendredi avec Gravelines-Bonn (All) ; Estudiantes Madrid POUR LA COUPE DU MONDE 2003 Angleterre-France, à Londres. 38,723 km/h) ; 2. Stumpf (All) ; 3. Holer (Suè) ; (Esp) - Chalon-sur-Saône ; Charleroi Internationaux de France à Paris, jusqu’au Géorgie-Russie 17-13 4. Nathalie Tirard (Fra) ;… 12. Clothilde Giraudo (Bel - Cholet.  20octobre (France 3, 15 h 30). (la Géorgie est qualifiée) (Fra) ;… 16. Vicky Fournial (Fra) ;… 28. Sandrine Tournoi PGA de Buena Vista (Usa), jusqu’au  Namibie-Tunisie (match retour) 17-24 Le Berre (Fra) m.t. (Sur les 2 matchs, la Namibie est qualifiée) MERCREDI 16 OCTOBRE 20octobre. e Course juniors garçons Championnat de France D1 messieurs 0123 e PRO D2 (6 journée) Classement : 1. Arnaud Gérard (Fra), les 128 km - (6 journée), jusqu’au 20octobre. Tarbes-Lyon OU 22-20 en 2 h 50min 17 s (moyenne : 45,101km/h) ; 2. DATÉ SAMEDI e VENDREDI 18 OCTOBRE  La Rochelle-Aurillac 31-3 Vastaranta (Fin) ; 3. Sanderson (Aus), m.t ;… 48. Euroligue messieurs (2 journée) : - Dax-Auch 26-13 Pau-Orthez-Cibona Zagreb (Cro) (Pathé Sport, Vincent Jérôme (Fra), à 9 s ;… 87. Jordane Coupe d’Europe (2 S, e] journée) : Brive-Marmande 34-10 20 h 30). e Chazal (Fra), m.t. ;… 125. Alexandre Cabrera Championnat de France ProA (3 journée, Biarritz-Northampton (France 2, 14 h 50). Toulon-Métro-Racing 16-16 (Fra) à 1 min 46 s. retrouvez  match avancé) : Paris Basket Racing-Roanne. Montpellier-Bayonne 35-30 Course dames  Albi-Tyrosse 28-21 Classement : 1. Susanne Ljungskog (Suè), Euro 2004 (qualifications) : Malte-France (gr.1) DIMANCHE 20 OCTOBRE e Aubenas-Périgueux 18-19 les 128 km en 2 h 59 min 15 s (TF1, 20 h 35) ; Norvège-Bosnie, Luxembourg- Ligue 2 (12 journée, match avancé) :  Classement : 1. Brive, 17 pts ; 2. Montpellier, (moyenne : 42,845 km/h) ; 2. Braendli (Sui) ; 3. Roumanie (gr.2) ; Rép. tchèque - Biélorussie, Valence-Metz (, 20 heures). e 17 ; 3. Tarbes, 15 ; 4. Bayonne, 14 ; 5. La Somarriba (Esp), m.t. ;… 7. Magali Le Floc'h LE MONDE Autriche-Pays-Bas (gr.3) ; Hongrie - Saint-Marin  Ligue 1 (11 journée, match décalé) : Rochelle, 14 ; 6. Dax, 12 ; 7. Auch, 12 ; 8. (gr.4) ; Allemagne-îles Féroé, Islande-Lituanie Marseille-Strasbourg (Canal+, 20 h 30). (Fra), à 18 s. e Aurillac, 12 ; 9. Toulon, 11 ; 10. Lyon OU, 10 ; 24. Sophie Creux (Fra), à 23 s ;… 38. Sandrine (gr.5) ; Grèce-Arménie, Irlande du Nord-Ukraine Coupe d’Europe (2 journée), jusqu’au  11. Tyrosse, 10; 12. Périgueux, 10; 13. Marcuz (Fra), à 27 s ;… 59. Jeannie Longo (Fra), TELEVISION (gr.6) ; Turquie-Liechtenstein, 20octobre. Marmande, 10; 14. Albi, 10; 15. Métro-Racing, à 1 min 04 s ;… 77. Virginie Moinard (Fra), à Angleterre-Macédoine (gr.7) ; Estonie-Belgique, Challenge européen (1er tour retour), jusqu’au Vitesse : Grand Prix d’Australie, à Phillip Island 9 ; 16. Aubenas, 9 . 5 min 16 s. Bulgarie-Andorre (gr.8) ; pays de Galles-Italie, 20octobre. (France 3, 6h 55). LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002/29 AUJOURD’HUI

Oslo Stockholm 15 OCT. 2002 PRÉVISIONS 15 octobre 15 octobre prévisions vers 12h prévisions vers 12h Moscou Vents Ville par ville, les minima/maxima de Riga température et l’état du ciel. S : ensoleillé; Lille très forts N : nuageux; C : couvert; P : pluie; * : neige. Le Havre Minsk FRANCE  Madrid...... 12/18 P Belfast Copenhague Reims Ajaccio ...... 11/23 S Milan ...... 15/18 P Dublin Liverpool à l'ouest Brest Paris Varsovie Kiev ...... 17/23 C ...... -5/2 S Biarritz Moscou Strasbourg 14/20 P ...... 8/18 C Berlin  15  Bordeaux ...... Munich Rennes Troyes Amsterdam 9/17 C ...... 12/21 S Londres Bourges ...... Naples Orléans Lever du soleil à Paris : 8 h 12 7/15 P ...... 0/2 P Bruxelles Brest ...... Oslo Nantes Tours Prague Coucher du soleil à Paris : 19 h 00 Caen ...... 9/18 N Palma de M. .... 15/24 S Mulhouse 4/17 C 7/17 C Odessa Une dépression se creusera en cours de Cherbourg ...... Prague ...... Bourges Strasbourg Dijon Paris Vienne journée au large de la Bretagne. Le vent .... 12/19 C ...... 14/22 C Clermont-F. Rome Munich Budapest 10/17 P ...... 14/23 C soufflera très fort sur les régions de Dijon...... Séville Poitiers Nantes Clermont- 17/22 C ...... 8/16 S l'Ouest. Sur le reste du pays, le temps Grenoble ...... Sofia Limoges Ferrand Berne 7/14 P -4/1 C Bucarest sera souvent pluvieux. Seules les régions Lille ...... St-Pétersb...... Chamonix Lyon Lyon Milan les plus méridionales bénéficieront de bel- ...... 11/15 P 3/6 P Belgrade Limoges Stockholm ...... Grenoble Sofia 12/19 C 20/26 S les périodes ensoleillées. Lyon ...... Ténérife ...... Bordeaux Toulouse Istanbul Bretagne, pays de la Loire, Basse- Marseille...... 15/24 N Varsovie ...... 5/12 C Aurillac ...... 7/15 C 14/18 C Le temps sera bien pertur- ...... Montélimar Normandie. Nancy Venise Rome bé avec un ciel couvert et pluvieux et des Nantes...... 9/18 P Vienne...... 8/13 C Barcelone Naples ...... 14/22 N Madrid vents très forts. Les rafales atteindront Nice Nice 6/17 C AMÉRIQUES Biarritz Montpellier 110 ou 120 km/h près des côtes et Paris...... Toulouse Marseille Lisbonne ...... 20/32 S Athènes 100 km/h dans l'intérieur. Les températu- Pau ...... 10/22 C Brasilia 16/21 P Tarbes res seront comprises entre 16 et 19 Perpignan...... 12/22 N Buenos Aires Perpignan 27/33 S Séville degrés. Rennes...... 8/19 N Caracas ...... 5/13 S ...... 11/20 C Chicago Tunis Nord-Picardie, Ile-de-France, Cen- St-Etienne Alger 8/16 C ...... 16/20 S Ajaccio tre, Haute-Normandie, Ardennes. Strasbourg...... Lima 11/22 C .... 13/18 S Rabat Malgré quelques trouées, les nuages Toulouse...... Los Angeles ...... 8/24 S Tours ...... 8/18 C Mexico seront présents tout au long de la jour- -3/11 S née. Les nuages seront parfois accompa- Montréal...... 6/15 C Soleil Peu nuageux Couvert gnés de pluies faibles. Le vent de sud-sud- FRANCE - New York ...... 22/32 P 11/16 S ouest se renforcera en soirée. Les tempé- Cayenne ...... San Francisco Brèves éclaircies Averses Pluie 23/30 P . 12/16 P ratures atteindront 15 à 18 degrés. Fort-de-Fr...... Santiago Ch. 18/24 S ...... 5/14 C Orage Neige Brouillard Vent fort Champagne, Lorraine, Alsace, Bour- Nouméa...... Toronto 24/29 S 9/15 P gogne, Franche-Comté. Sur ces Papeete...... Washingt. DC 23/30 P régions, le temps sera maussade avec un Pointe-à-P...... AFRIQUE St Denis Réu.. 19/24 P ciel couvert et pluvieux toute la journée. Alger...... 14/27 S 27/29 S Les températures de l'après-midi seront EUROPE Dakar...... 20/31 S comprises entre 15 et 17 degrés. Kinshasa...... 9/13 P Amsterdam ...... 21/28 S Poitou-Charentes, Aquitaine, Midi- 19/22 P Le Caire Athènes...... 15/28 S Pyrénées. Le matin, il pleuvra sur Poitou- 17/24 C Nairobi ...... Barcelone ...... 16/31 S Charentes. Au fil des heures, ces pluies 6/11 P Pretoria...... Belfast...... 16/21 S gagneront les autres régions. Le vent de 9/18 S Rabat ...... Belgrade ...... 14/26 S sud-ouest atteindra 90 km/h le long des Tunis ...... 8/13 P côtes charentaises. Les températures Berlin ...... 11/18 C ASIE-OCÉANIE Le 6 octobre seront comprises entre 18 et 24 degrés. Berne 10/16 P ...... 27/31 P Le vent, encore Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes. Bruxelles ...... Bangkok assez fort Bucarest ...... 5/13 S Beyrouth...... 24/28 S Les nuages, parfois accompagnés de le matin sur Budapest...... 4/15 C Bombay ...... 26/35 S pluie, seront présents toute la journée. l'extrême nord, Copenhague.. 6/11 P Djakarta ...... 24/33 C s'affaiblira Les pluies seront plus marquées sur le ...... 6/11 P ...... 26/36 S progressivement. nord des Alpes. Les températures attein- Dublin Dubaï Francfort ...... 11/18 C Hanoï...... 25/31 S Au cours de cette dront 16 à 20 degrés. 15/19 P ...... 24/28 S journée, les Genève ...... Hongkong passages nuageux Languedoc-Roussillon, Provence- ...... -1/3 P 17/24 P Helsinki Jérusalem ...... seront nombreux, Alpes-Côte d'Azur, Corse. Malgré un ...... 17/19 P 20/32 S Istanbul New Delhi ...... mais les pluies se ciel parfois voilé et quelques nuages bas Kiev ...... 1/5 P Pékin ...... 7/19 S limiteront au Nord- près des côtes, le temps sera assez bien Lisbonne...... 18/20 P Séoul ...... 12/19 P Pas-de-Calais. ensoleillé. Les températures seront agréa- 6/11 P 27/30 P Liverpool ...... Singapour...... bles, comprises entre 22 et 25 degrés. Londres...... 7/12 P Sydney ...... 14/23 S PRÉVISIONS POUR LE 16 OCTOBRE SITUATION LE 14OCTOBRE À 0 HEURE TU PRÉVISIONS POUR LE 16 OCTOBRE À 0 HEURE TU Luxembourg . 10/16 P Tokyo ...... 19/23 P Comment fonctionne la machine Soleil qui nous fait vivre ?  que sans Soleil la vie fragile s’étein- réaction de fusion. Il serait demeu- étapes impliquant des protons, qui sent ainsi en lumière. » Le chiffre centaines de milliers d’années ! » Le drait comme une chandelle que ré une naine brune, un avorton ne sont ni plus ni moins que les paraît gigantesque. On pourrait s’af- photon produit au cœur du Soleil a Tous les lundis l’on mouche. Cependant, qui maîtri- d’étoile destiné à ne jamais briller. noyaux des atomes d’hydrogène. foler et croire qu’à ce rythme fou, ainsi été comparé à un ivrogne qui, datés mardi, se ces mécanismes, qui sait répon- Lorsque feu thermonucléaire il y a, Au cours de ces fusions successi- notre étoile va se consumer rapi- effectuant cent trajets d’un mètre, la vie des astres dre à la question que le physicien la contraction s’arrête : la pression ves, on passe de l’hydrogène au dement. Pourtant, étant donné la se retrouverait au final, épuisé, à Alain Bouquet pose en titre de son interne des protons, animés d’une deutérium, du deutérium au noyau masse prodigieuse du Soleil, un une dizaine de mètres seulement DE CENTRE de l’Univers et de récent ouvrage, Pourquoi le Soleil grande vitesse, va contrebalancer d’hélium 3 (constitué de deux pro- rapide calcul montre que, depuis sa de son point de départ… divinité, le Soleil est devenu, grâce brille-t-il ? (éditions Le Pommier, l’effondrement gravitationnel de tons et d’un neutron) et enfin de formation il y a environ 4,6 mil- L’énergie dégagée lors de la aux avancées de la connaissance collection « Les petites pommes du l’astre qui finira par trouver un l’hélium 3 à l’hélium 4, dont le liards d’années, il n’a perdu que fusion suit ce laborieux mode de astronomique, une simple, une savoir », 60 p., 3,90 ¤). équilibre. noyau compte deux protons et quelques centièmes de pour cent transport, dit radiatif, jusqu’à en- banale étoile parmi les centaines de Etoile d’un type commun, le deux neutrons. de sa masse initiale… viron 500 000 kilomètres du centre 2 milliards qu’abrite la Voie lactée. Soleil constitue un astre énorme à ’  =  Or, fait remarquer Alain Bou- Une fois émise, l’énergie ne sort de notre étoile. Là, des mouve- S’agit-il pour autant d’une déchéan- l’échelle de la Terre : un rayon de Mais que se passe-t-il donc dans quet, « le noyau résultant est plus pas instantanément du Soleil, ments de convection prennent le ce ? Si la découverte progressive 696 000 kilomètres pour une masse les entrailles du Soleil ? Quel est le léger que la somme des masses de ses contrairement à l’ampoule qui relais et montent le gaz chaud vers par les chercheurs des mécanismes de 2 milliards de milliards de mil- combustible du foyer ? Alain Bou- constituants : il lui manque l’énergie s’allume dès que l’on presse l’inter- la surface, dont la température intimes de l’astre du jour lui a fait liards de tonnes, soit 333 000 fois quet résume très simplement le libérée dans la fusion. C’est ainsi que rupteur. Ainsi que l’explique Alain n’est plus que de 5 500º C. La lumiè- perdre progressivement tout mys- plus que notre petite planète. A lui mécanisme en écrivant que « le So- la fusion de l’hydrogène en hélium Bouquet, le plasma de gaz ionisés re qui sort alors de notre étoile est tère aux yeux des hommes, ceux-ci tout seul, Phoebus représente leil brille parce qu’il est chaud, il est libère une énergie égale à 0,7 % de la présent dans le four solaire « est essentiellement émise dans le spec- n’ont pour autant pas perdu de vue 99,8 % de la masse du système so- chaud parce qu’il convertit une frac- masse initiale. Cela semble peu, mais opaque au rayonnement : celui-ci est tre visible. Les jolis rayons que laire… Et c’est précisément grâce à tion de sa masse en énergie, et il effec- cela signifie quand même que cha- absorbé en quelques fractions de mil- représentent tous les enfants sur LUNE DE LA SEMAINE cela que le Soleil a pu allumer en tue cette conversion grâce à la fusion que transformation de 1 ilogramme limètre. Les photons, les particules leurs dessins du Soleil mettent son sein le feu nucléaire. Sous l’ef- en hélium de l’hydrogène dont il est d’hydrogène en hélium libère l’équi- qui composent le rayonnement, sont ensuite 8 minutes à nous arriver, vendredi 18 octobre (à Paris) fet de sa propre masse, l’étoile se constitué ». La fameuse équation valent en énergie de 7 grammes de absorbés sitôt émis au cœur du mais il faut garder présent à l’esprit contracte et la température en son d’Albert Einstein E = mc2 prend matière, soit 180 millions de kilowatt- Soleil, puis réémis, réabsorbés, réé- que l’énergie qu’ils transportent a cœur monte. Si le Soleil avait été toute sa lumière, qui ne fait que heures, cinq jours de production mis des milliards de milliards de fois, été fabriquée bien avant l’appari- dix fois moins gros, cette tempéra- traduire en termes mathématiques d’une centrale nucléaire. Le Soleil et leur forte énergie initiale finit par tion d’Homo sapiens sapiens sur la ture n’aurait jamais pu atteindre les l’équivalence entre énergie et convertit en hélium 600 millions de être peu à peu transférée à des mil- Terre… 18h27Lever Coucher 6h00 quelques millions de degrés in- masse. tonnes d’hydrogène par seconde, et lions de photons de plus basse éner- le 19/10 dispensables pour que démarre la La fusion s’effectue en plusieurs 4 millions de ces tonnes disparais- gie (…). Et ce processus prend des Pierre Barthélémy

Retrouvez nos grilles MOTS CROISÉS o AFFAIRE DE LOGIQUE o PROBLÈME N 02 - 245 sur www.lemonde.fr N 295 0123 123456789101112 A LA TELEVISION ET A LA RADIO I Quiévrain. - 4. Plus haut. S’ex- Open space primer à coups de bombes. - 5. LE SIÈGE de cette multinatio- ment un employé) dont chaque II Espéra tirer profit un jour ou nale occupe sur un niveau un côté correspond à une cloison. On Le Monde des idées l’autre. Article retourné. - 6. vaste espace en forme d’hexagone a utilisé 1 488 cloisons. Combien LCI III Romains. Possessif. Grave quand régulier entouré de hauts murs. Il le siège compte-t-il d’employés ? elle est forte. - 7. Présent au pre- Le samedi à 12 h 10 et à 17 h 10 n’y a pas de bureaux fermés à pro- Le dimanche à 12 h 10, 15 h 10 et à 0 h 10 IV mier appel. - 8. Du passé qui ne prement parler, mais, pour sépa- Elisabeth Busser Le lundi à 16 h 10 vieillit pas. Pris dans la tourmen- rer les employés, on a installé des et Gilles Cohen V te. - 9. Pour comparer les éner- cloisons basses de même longueur © POLE 2002 gies. Sans aucune énergie. - 10. (munies d’une porte) qui forment VI Beau au-dessus des vagues, dan- ainsi un maillage de losanges iden- Solution dans Le Monde du Le Grand Jury gereux dans les airs - 11. Sur la tiques (chacun accueillant exacte- 22 octobre. RTL-LCI VII rive. Manque de bon sens. - 12. Le dimanche à 18 h 30 Vous attendent au passage. VIII Solution du jeu no 294 paru dans Le Monde du 8 octobre. Philippe Dupuis Nous avons dénombré les 23 pentagones ci-dessous, classés par aires La rumeur du monde IX décroissantes. FRANCE-CULTURE SOLUTION DU N° 02 - 244 Si des lecteurs en trouvent d’autres, nous les remercions de nous en Le samedi à 12 heures X tenir informés. Horizontalement I. Impondérable. - II. Néocor- HORIZONTALEMENT Pousse au rouge. Article. - VIII. tex. Il. - III. VRP. Tue. Orne. - IV. A la « une » du Monde S’enroulent au toucher. Exami- Evolue. Une. - V. Net. Prévôt. - RFI I. Un homme d’action qui tra- nes. - IX. Donne du caractère. VI. Tiédeur. Sour. - VII. Al. Os. Et. Du lundi au vendredi vaille dans le secret. - II. Difficile Apporte de la chaleur au foyer. - VIII. Ilot. Statues. - IX. Relevée. à 12 h 45 et 0 h 10 (heures de Paris) de passer à l’action avec elle. Points en opposition. - X. Expul- Rêve. - X. Ester. Emises. Ceux d’avant. - III. Pour les ama- sions brutales. teurs de forêt au salon. Gros Verticalement La « une » du Monde amateur de truffes. - IV. Mouve- VERTICALEMENT 1. Inventaire. - 2. Merveilles. - BFM ment dans les tribunes. Interjec- 3. Popote. Olt. - 4. Oc. Dotée. - 5. Du lundi au vendredi tion. Seigneur des anneaux. - V. 1. La preuve que l’acteur fait un Notules. Vr. - 6. Drue. Se. - 7. Eté. à 13 h 06, 15 h 03, 17 h 40 Méfiez-vous de ses belles propo- métier de chien. - 2. Petite parti- Prêtée. - 8. Ré. Ur. Ta. - 9. Axones. sitions. - VI. Possessif. Vaut le cipation financière. Fait la Tri. - 10. Révolues. - 11. Lin. Ou. Le samedi double. - VII. Liquide en réserve. liaison. - 3. Le bel âge outre- Eve. - 12. Electrisés. 13 h 07, 15 h 04, 17 h 35 LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002/31 CULTURE histoire

Le mythe de l’empereur, icône nationale et archétype du héros romantique, n’en finit pas de se réincarner, comme en témoignent la série de France 2 – avec Christian Clavier dans le rôle-titre –, le spectacle de Robert Hossein au Palais des sports et une abondante production littéraire Napoléon Bonaparte, l’éternel retour d’une passion française

C’EST une drôle de photo de relatif de la France dans le concert Le souvenir napoléonien tient autres ouvrages qu’il serait fasti- famille que devrait permettre la pre- mondial. d’abord à sa fécondité éditoriale. dieux d’énumérer ici. mière édition du Festival du film de « Lui, toujours lui », clame déjà le Tous les genres s’y côtoient. Des On aurait tort toutefois de pen- Compiègne, le dimanche 10 novem- jeune Hugo en 1829, quand Cha- romans historiques (dernier en ser que la « napoléomania » ne tou- bre, lorsque seront réunis au Théâ- teaubriand ne finit pas d’en décou- date, La Furia, de Philippe Bornet che que les Français. Mythe très tôt tre impérial de la ville, sous la prési- dre avec la légende que le dernier (éd. France-Empire) aux essais éru- universel, l’image du petit caporal, dence d’Alain Decaux, engagé dans exil contribue à mythifier, et que dits (mention spéciale à la reprise relayée par celles de l’irrésistible l’aventure théâtrale de Robert Hos- Stendhal hésite, interdit, presque par Mémoire du livre des Bonapar- conquérant, puis du martyr exilé, sein au Palais de sports de Paris, la recueilli : « J’éprouve une sorte de te et Napoléon, de Pierre Larousse, nourrit abondamment l’imaginaire plupart des acteurs encore en acti- sentiment religieux en osant écrire tandis que Fayard sort une Histoire littéraire de nos voisins européens. vité qui ont incarné à l’écran, grand la première phrase de l’histoire de politique de l’Empire, de Thierry Citons, pêle-mêle, L’Apiculteur de ou petit, le rôle de Napoléon Bona- Napoléon. Il s’agit du plus grand parte. De Raymond Pellegrin à homme qui ait paru dans le monde Gérard Oury, de Patrice Chéreau à depuis César. » Devenu pour toute Les convulsions d’une époque en peinture Jean-François Stévenin, jusqu’à une génération « dieu sans [l’]avoir Pour faire connaître ses exploits, Napoléon disposait de son verbe – ses Christian Clavier, héros de la pro- eu pour maître » (Hugo encore), bulletins et ses proclamations – et de l’image. Les artistes seront vite incités duction « événement » de France 2 Napoléon a fait mieux que résister à immortaliser ses campagnes. Les plus célèbres, de David à Gros, ne rechi- qui s’achève les 14 et 15 octobre, au passage du temps : il a conquis gnent pas à la tâche. D’autres, moins connus, s’y attellent. Ainsi, Giuseppe ou Philippe Torreton, dernier élu, jusqu’à l’imaginaire des peuples Pietro Bagetti (1764-1831), « dessinateur de vues et de paysages » du roi Victor- pour le Monsieur N., d’Antoine de qui l’ont combattu. Et ce succès Amédée III de Sardaigne et, à partir de 1800, « capitaine géographe artiste » Caunes, dont la sortie en salles est posthume n’a rien de fortuit. «Je dans l’armée d’Italie. Deux ans plus tard, le premier consul le charge de prévue pour le début 2003. Et enco- voudrais être ma postérité et assister retracer ses principales batailles. Le Piémontais exécute scrupuleusement la re y manquera- t-il un représentant à ce qu’un poète me ferait penser, commande qui sera gravée et publiée en 1835. Puis oubliée. Or ces œuvres, du film d’animation de Francis Niel- sentir et dire », confiait l’empereur loin d’être ennuyeusement anecdotiques, expriment un véritable propos sen, Le Général et Bonapart’. déchu. artistique et les convulsions de l’époque. L’idée, de Jean-Pierre Mattei, pré- sident de la Cinémathèque de Cor-    Napoléon en Italie, à travers les aquarelles de Giuseppe Pietro Bagetti et se, n’avait pu être menée à bien Métamorphosé par sa fin cruelle, les chroniques de Stendhal et d’Adolphe Thiers, présenté par Xavier Salmon, lorsqu’il avait livré en 1998 une for- expiation suffisante pour dédoua- Franco Maria Ricci éd. ; 288 p., 251 ¤. midable somme sur Napoléon et le ner l’« ogre corse » de sa légende cinéma (coéd. Alain Piazzola / Casa noire, Napoléon devient avant di Lumei). Et gageons qu’elle sera même sa disparition l’archétype du Lentz et l’essai de Jacques-Olivier Bonaparte, de l’Espagnol José Luis l’une des attractions les plus sen- héros romantique, incarnation pro- Bourdon sur Napoléon et les cultes). de Juan (1999), ou encore L’Armée sibles du festival Témoin de l’his- méthéenne dont le succès ne se Repris en poche vu le large suc- de Sainte-Hélène (2000) et N. toire, qui a choisi l’ombre de dément pas grâce au retour des cès des éditions originales, deux (2002), des Italiens Davide Pinardi l’Empereur comme figure tutélaire Cendres (1840) et à l’apothéose de « poids lourds » : le Napoléon de et Ernesto Ferrero. (du 7 au 11 novembre, rens. : 03- l’inhumation aux Invalides. De Jean Tulard (Hachette « Pluriel ») « Quel roman que ma vie ! » La 44-40-73-41, ou festival@mairie- Max Ernst à Abel Gance, qu’on l’en- et Les Cent-Jours de Dominique de formule de Napoléon reste juste. compiegne.fr). cense ou la diabolise, la mémoire Villepin (Perrin, « Tempus »). Sans Et c’est sans doute pour cela que, Il est vrai que la popularité de de Napoléon est un enjeu idéologi- oublier l’édition critique de la malgré les retours plus ou moins la silhouette du bouillant général que que le regard sur les totalitaris- Correspondance de Napoléon lui- propagandistes du mythe, la di- corse comme de l’exilé de Sainte- mes du XXe siècle convoque à coup même (version « officielle » de mension universelle de ce destin . . Hélène reste un des plus sûrs argu- sûr. Ce qui ne l’empêche pas de 1869 chez Tchou, en attendant une d’exception semble inoxydable. ments de mobilisation médiatique. figurer la France sur les billets de Marlon Brando en Napoléon ténébreux dans le film « Désirée » (du nom de édition critique monumentale à Et le temps n’y fait rien, ni le retrait banque ou les timbres-poste… Désirée Clary, un temps maîtresse de Bonaparte), de Henry Koster (1954). paraître chez Fayard) et mille Philippe-Jean Catinchi   ...    Des images d’Epinal en série sur France 2 Vous êtes ingénieur de recher- d’un dictateur universel, qui prend Son succès persistant n’est-il pas 1 che à l’Ecole pratique des hautes un sens particulier dans un monde 3 paradoxal à l’heure où nombre STENDHAL, au gré de ses Prome- rait baptiser, pour aller vite, « Napo- du chef-d’œuvre d’Abel Gance, ou études et vous travaillez sur les vivant dans l’obsession d’une des créations, réformes et refontes nades dans Rome, compare Napo- léon, un homme comme les autres » de comparer Christian Clavier à idées politiques. Comment expli- forme d’universalisme implacable, qu’on lui associe, toutes nationales, léon et les Romains de l’Antiquité et « Napoléon, l’homme qui fit trem- Marlon Brando dans Désirée Clary. quer l’inentamable fortune de la sorte de préfiguration de la mon- sont remises en cause ou aban- en une formule lapidaire : « Ils bler l’Europe » – sont deux films Tout cela se regarde sans déplaisir, figure de Napoléon ? dialisation. C’est l’une des rares données ? furent criminels quelquefois, mais simplistes et sans grand intérêt. et le troisième épisode, notam- La diminution progressive de la icônes nationales, avec de Gaulle Le recul de ces créations n’est jamais l’homme n’a été plus Dans le premier, Napoléon est ment, est plus réussi que les autres mémoire savante en fait l’une et Jeanne d’Arc, que le show-busi- pas si sûr, et la perception patrimo- grand. » Jamais Napoléon n’a été un petit homme à la coupe de – l’effondrement du mariage avec des dernières figures mythiques ness puisse aujourd’hui exploiter. niale qu’en ont les Français pré- plus petit, se dit bien souvent le cheveux désastreuse, porté sur les Joséphine, les campagnes impé- compréhensibles par le plus grand serve leur actualité. L’exemple du spectateur, d’humeur fort peu femmes et attentif à sa famille. Le riales donnent lieu à quelques nombre. De plus, à l’opposé de Au-delà de ces raisons natio- droit est significatif : face à la stendhalienne, au long des quatre gros plan en est la figure de style scènes conventionnelles mais cré- l’actuelle tentation de rassemble- 2 nales, qu’est-ce qui en lui concurrence du droit anglo-saxon, épisodes de la mini-série que lui privilégiée, sans doute pour mieux dibles. Mais, en fin de compte, si ment, qui s’écarte de tout excès, séduit, à l’étranger ? le modèle napoléonien joue à consacre France 2. Pourtant, les capter, dans le regard d’Isabella l’on veut voir Napoléon réduit à Napoléon incarne l’épopée et son Sainte-Hélène et la fin de l’aven- plein dans les enjeux de l’Europe moyens déployés sont assurément Rossellini ou de Christian Clavier, l’image légendaire d’un petit immédiate séduction. Sans doute ture. Un producteur américain actuelle, alternative pour la restruc- à la mesure du personnage : stars cette étincelle de passion qu’évo- homme à tricorne, mieux vaut se est-ce aussi une figure de compen- réfléchit à un long métrage sur le turation de l’Europe orientale. Et de cinéma, spectaculaires scènes que le dialogue dès que possible. faire plaisir en revoyant Guerre et sation, l’homme aujourd’hui célé- dernier exil ; Arte a récemment dif- ses éléments sont âprement défen- de bataille, reconstitution soi- La musique légèrement sentimen- amour et l’attentat contre la per- bré étant moins le pacificateur de fusé un film polonais sur le même dus par la France. La remise en gnée… rien ne manque. Sauf, sans tale y est constante. Lorsque, dans sonne impériale commis, en pleine 1802 ou celui qui a réuni les deux moment, légendaire dès la mort avant et l’amplification indirecte doute, un regard qui accepterait de le premier épisode, Joséphine campagne de Russie, par Woody France que le conquérant, le vain- de Napoléon grâce au Mémorial de l’héritage sont peut-être l’in- se mesurer au mythe. s’exclame, au beau milieu d’une Allen et Diane Keaton. queur d’Arcole et d’Austerlitz. de Las Cases. Le revirement s’opère dice d’une perception nostalgique, Didier Decoin, adaptant Max étreinte : « Je crois en toi, Napo- Il y a de plus une dimension sur- dans la société aristocratique libé- un moyen de propagande, mais Gallo, et le réalisateur Yves Simo- léon ! », on peine à se convaincre Florence Colombani naturelle du poids du personnage, rale anglaise dès les années 1820, aussi une sorte de défense et d’il- neau montrent en abondance, qu’après tout elle n’a pas tort, et liée à la profonde fascination qu’il quand Napoléon devient l’arché- lustration du bon usage de l’héri- mais ne regardent pas. Ils montrent que derrière le regard fixe de Cla- , d’. Avec suscite. Elle est dangereuse, même type de l’apatride suprême, élec- tage historique. Napoléon à Sainte-Hélène, Bona- vier il y a un futur empereur. Christian Clavier, Isabella Rosselli- si elle est symptomatique de notre tron libre romantique échappant parte sur le pont d’Arcole, le géné- ni, Gérard Depardieu, John Malko- époque. Napoléon peut à l’ex- aux limites nationales. Propos recueillis par Ph.-J. C. ral amoureux, le premier consul    vich. (4 épisodes de 90 minutes.) trême être identifié à la figure mégalomane, l’empereur sangui- Dans le second film que recèle la naire. Oui, elles sont toutes là, les mini-série, Clavier a cette même images d’Epinal de l’épopée qui impassibilité, destinée à faire inspira les peintres et les cinéastes, oublier les rôles de surexcités chro- Abel Gance et David. Mais cette niques qu’il a tenus par le passé. illustration scrupuleuse n’exprime Gérard Depardieu, en Fouché, est aucun point de vue sur le person- lui aussi impassible, mais par nage. De six longues heures de film ennui plus que par stratégie. Ici, la n’émerge pas la moindre impres- musique est emphatique, les sion de l’homme d’Etat ou de ralentis nombreux, et les phrases l’homme privé. historiques abondent. Toutes les La construction dramatique re- réussites du personnage sont pose sur une alternance rigoureuse mises sur le compte de sa force iné- entre ces deux pôles : pour chaque branlable. Jusqu’à ce que la chance scène de bataille ou de décision his- tourne, il suffisait donc à Napo- torique, une scène de ménage ou léon Ier de dire « Nous vaincrons » un baiser passionné. Une certaine pour vaincre : voilà pour l’analyse lassitude naît rapidement de ce sys- historique. L’ouverture et l’épi- tématisme, et, plus grave, les deux logue, qui montrent l’empereur aspects se nuisent l’un à l’autre. On déchu à Sainte-Hélène, tentent de jurerait que deux scénarios ont été fondre les deux aspects en une écrits de façon distincte, puis réu- seule vision synthétique du person- nis par une habile manœuvre de nage, mais sans succès. copier-coller. Au bout du compte, Bien sûr, il serait injuste de mesu- ces deux histoires – que l’on pour- rer cette plate illustration à l’aune 32/LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002 CULTURE

La municipalité a décidé de se désengager totalement du Festival du film Le 45e Festival de Dublin, qui s’est achevé le 12 octobre, a été marqué de Paris, jugé peu lisible et trop tourné vers la promotion de ses sponsors par le discours politique de Peter Sellars et par « Ariel », de Marina Carr La Ville de Paris veut créer Le théâtre, apôtre de la diversité culturelle son propre festival de cinéma en Irlande

LE DIFFÉREND est bel et bien tout en ayant une sélection plus poin- possible renouvellement du festival, DUBLIN consommé. La Ville de Paris a dé- tue, qui s’appuie sur les salles d’art pour lui donner une crédibilité ciné- de notre envoyé spécial cidé de se désengager totalement et essai. Ce projet se veut le plus matographique, davantage médiati- Le 45e Festival de théâtre de du Festival du film de Paris – une large possible, ce qui n’empêchera ser les films primés et les découver- Dublin s’est conclu le 12 octobre, manifestation créée en 1986 et pas non plus des réflexions plus pro- tes cinématographiques ». L’actrice huit jours avant un référendum, dont Isabelle Adjani est présidente fessionnelles, notamment sur l’Eu- confirme que la date choisie décisif pour l’Irlande et l’Europe, d’honneur – pour lancer un festi- rope et le cinéma, les coproductions – avril – pour le Festival du film de qui ponctue les rives de la Liffey en val concurrent. « Il ne s’agit pas et la circulation des œuvres », ex- Paris n’est effectivement pas la une alternance colorée de « oui » et d’un clivage politique », affirme plique Mme Hatchondo. « Il existe meilleure et a suggéré qu’il soit de « non » au traité de Nice, fort Régine Hatchondo, déléguée à la deux scénarios possibles, un l’été, décalé en juillet. Dans une lettre équilibrée. Le Festival, lui, a dit oui, mission cinéma de la Mairie de l’autre en hiver. Bertrand Delanoë adressée le 5 septembre au maire depuis longtemps, à la diversité Paris. « Les raisons de notre désen- et Christophe Girard n’ont pas en- de Paris, Bertrand Delanoë, et européenne, et au-delà. Plus de la gagement sont simples : il tient essen- core tranché », ajoute-t-elle. publiée dans le Journal du diman- moitié de ses quinze créations, mon- tiellement aux dates du festival, che du 6 octobre, Isabelle Adjani diales ou irlandaises, viennent de organisé début avril, juste un mois dénonçait également « la tentative l’étranger, ouvrant très large, des avant le Festival de Cannes, sa ligne d’appropriation » du festival par Etats-Unis (la Steppenwolf Theatre éditoriale est peu claire et il manque Isabelle Adjani, des professionnels « n’ayant d’au- Company de Chicago, avec Glen-

une vraie personnalité pour incar- tres ambitions que d’assurer leur garry Glen Ross, de David Mamet), D. R. ner cette manifestation », dit-elle. présidente d’honneur, propre promotion ». au Japon (Tokyo Notes, d’Oriza Irata Les personnages d’« Ariel », de l’Irlandaise Marina Carr. « J’ai également exprimé à Louisa Louisa Maurin précise que la – avant la Maison de la culture du Maurin, déléguée générale du Festi- déplore la suppression Ville de Paris a retiré sa subven- Japon à Paris, du 22 au 26 octobre). L’Abbey Theatre, le théâtre natio- tique et sociale de l’Irlande : dis- val du film de Paris, mes réserves sur tion – d’un montant de 760 000 eu- Le festival utilise l’essentiel des nal, et sa petite salle du Peacock solution de la famille, décrépitude la gestion de la communication qui de la subvention de ros, soit un tiers du budget total espaces théâtraux de la ville, en une étaient dévolus aux créations irlan- de l’Eglise, corruption du pouvoir. donne l’impression de soutenir da- du festival. « Ce qui nous a obligés distribution savante et éclairante daises. Au Peacock, c’était Done Up Marina Carr rend crédible le sacri- vantage les sponsors que le cinéma la mairie « au moment à faire des économies et à ne gar- des genres et des communautés LIke a Kipper, de Ken Harmon, fice de sa fille par un moderne Aga- lui-même. » Ces propos cinglants der que deux espaces pour le festi- culturelles. La petite salle du Bec- un drame social-familial, dont le memnon, patron d’une entreprise font écho à ceux tenus en juillet où s’effectuait une val l’an prochain, le Gaumont kett Theatre, au cœur du Trinity second degré n’était pas toujours de ciment, prêt à tout pour favo- par Christophe Girard, l’adjoint au Marignan et l’Espace Pierre Cardin, College, est réservée aux créations perceptible, avec père victime d’un riser son ascension politique. Situé maire chargé de la culture : « Lors amorce des réformes mais ne remettra pas en cause la internationales les plus exigeantes hold-up à la seringue ; fils obsédé dans les Midlands irlandais, dans de l’inauguration de la dernière 18e manifestation, qui comptera la (éventuellement en langue origi- de jeux de rôles, incendiaire du véhi- une langue difficile à transcrire, la édition, il y avait trop de limousines entamées l’an dernier Grande-Bretagne comme invité nale) comme Tokyo Notes. Y ont été cule paternel ; happy-end à pleurer. rencontre des dieux antiques, d’un et de petits fours. » d’honneur », dit-elle. Mme Maurin donnés Le Grand Cahier et La Preu- L’Abbey accueillait la nouvelle vague paganisme celtique et des cul- La Ville de Paris a auditionné et qui nécessitaient se félicite du succès du festival qui ve, d’après Agota Kristof, par les pièce de Marina Carr, Ariel. A l’ex- tes médiatiques devient évidence, depuis juin et juillet de nombreux a accueilli « 140 000 personnes », Anversois de De Onderneming ; et ception d’une mise en scène de La et la promenade dans des enfers professionnels, « tous très critiques du temps pour satisfaites de « voir un film pré- Jimmy, la créature de rêve, de la Qué- Mai, il y a quatre ans, par Garance, protégés par Dante n’est plus vrai- contre la manifestation », selon senté par deux ou trois membres bécoise Marie Brassard (en anglais). l’œuvre de Marina Carr (38 ans) ment métaphore, pour témoigner Mme Hatchondo. Ont notamment prendre effet » de l’équipe de tournage ». Les blagues de Tom Conti, dans le n’est guère connue en France. Ariel d’une horreur en tous points con- été entendus Daniel Toscan du Hormis les jeux des profession- rôle de John Barrymore, fin saoul, manifeste une puissance et une temporaine. Plantier, le président d’Unifrance, nels qui cherchent en coulisse à aux prises avec Richard III (Shakes- intuition tout à fait rares, et mêle la Patrick Brouiller, président de l’As- Isabelle Adjani a précisé au Mon- avoir le plus d’influence sur la nou- peare), dans One Helluva Life, de tragédie grecque à la situation poli- Jean-Louis Perrier sociation française des cinémas de qu’elle déplorait la suppression velle manifestation organisée par William Luce, sont dévolues aux soi- d’art et essai, Pascal Rogard, délé- de la subvention de la mairie «au la mairie, toute la question – mani- rées populaires du Tivoli. Le faiseur   ...   gué général de la société civile moment où s’effectuait une amorce festement oubliée dans le débat – de succès local, le Gate Theatre, pré- Auteurs Réalisateurs Producteurs des réformes entamées l’an dernier est de savoir si la création d’un sentait avant son transfert au West (ARP), Claude-Eric Poiroux, direc- et qui nécessitaient du temps pour nouveau festival à Paris, qui en End londonien, See You Next Tues- Vous dirigez le Festival de théâ- nous invitons le Japonais Oriza teur d’Europa Cinémas… Les trois prendre effet ». Tout en rappelant compte déjà une kyrielle – pour day (« A mardi prochain »), traduc- 1 tre de Dublin. Quelle place Hirata, avec Tokyo Notes, il nous premiers affirment qu’ils ne sont que Bertrand Delanoë avait per- cinéphiles avertis, professionnels tion prudente du Dîner de cons, de prend le nouveau théâtre irlandais révèle sa fascination pour Gens de en rien les pilotes de ce nouveau mis « de sauver notamment le jume- ou grand public – a encore vrai- Francis Veber. dans votre programmation ? Dublin, de Joyce ; comme Irina projet qui relèvera uniquement de lage Paris-Madrid », elle affirme ment un sens. En Irlande, quand les gens par- Brook a pu nous renvoyer une la mairie. « La volonté du maire est avoir accepté la présidence d’hon-    ’ lent de nouveau théâtre, ils par- autre image de Danser à Lughnasa de créer un événement populaire neur pour deux ans, « eu égard au Nicole Vulser Tout autre était l’Europe initiée lent de nouveaux auteurs, parce de Brian Friel. La littérature irlan- par Peter Sellars, venu conter l’iti- que l’aspect littéraire joue un rôle daise est toujours partie d’élé- néraire de ses Enfants d’Héraclès, central chez nous, plus important ments locaux, d’où se dégagent d’après Euripide, donnés à la Trien- que celui de la mise en scène. Le des résonances universelles. Un divorce « à l’amiable » entre associés nale de la Ruhr, avant l’Italie festival est le meilleur moment (Romaeuropa) et la France (MC 93, pour créer des pièces, parce que le Quels sont les thèmes des nou- Bobigny, du 20 novembre au 1er dé- public est plus jeune, plus ouvert. 3 veaux auteurs irlandais ? LE PRÉSIDENT d’Unifrance, Daniel Toscan du salarié choisi par M. Toscan du Plantier. Il résume : cembre). Abordant la question Brian Friel y a donné sa première En dehors de Marina Carr, plus Plantier, qui a précédé Isabelle Adjani à la prési- «Mme Maurin ne voulait pas de mon équipe, elle a mondiale des réfugiés et la place de pièce importante, Philadelphia, proche de la génération précé- dence d’honneur du Festival du film de Paris, était repris le Festival de Paris et moi Marrakech. » Depuis, l’Europe, le metteur en scène améri- Here I Come. Cette année, il y a dente, il y a une nouvelle généra- associé à Louisa Maurin, la déléguée générale de la le roi du Maroc a créé une fondation, présidée par le cain s’est livré à un vibrant éloge du notamment Marina Carr, Donal tion d’hommes, âgés d’à peine manifestation, dans deux sociétés : OFF et LDO. prince Moulay Rachid et dont le vice-président dé- théâtre, « lieu de démocratie par O’Kelly, Ken Harmon. Depuis les plus de 30 ans, comme Connor Leur activité était, selon le registre du commerce, la légué est André Azoulay. M. Toscan du Plantier est excellence », à la différence du ciné- débuts du Festival, l’Irlande a beau- McPherson, Anda Welsh, Mark promotion et l’organisation de festivals cinématogra- resté président de la manifestation marocaine. ma, et s’est interrogé sur la manière coup changé. En 1958, l’Eglise pou- O’Owe. Ils sont citadins, écrivent phiques ou audiovisuels ainsi que la production Après un échange de courriers avec la gérante de de dénouer l’engrenage de la vio- vait encore s’opposer aux représen- en même temps des scénarios audiovisuelle ou musicale. OFF pour des factures non payées, le ministère maro- lence, concluant : « Le seul moyen tations d’une adaptation d’Ulysse pour le cinéma. Ils ont un sens Ces deux entreprises étaient, dès leur création, cain de la culture et de la communication a épongé de lutte est culturel. » de Joyce. Elle n’a plus ce pouvoir. aigu de la narration, écrivent vite gérées par Mme Maurin ; M. Toscan du Plantier n’en une grande partie du déficit du premier festival. Son témoignage s’inscrivait juste- des pièces courtes, astucieuses, détenait qu’une participation minoritaire et recevait Mme Maurin a ensuite repris la totalité des parts de ment dans un nouveau lieu, le Liber- Comment concevez-vous le pro- passionnées. Ils abordent avec des honoraires. Selon l’avocat de M. Toscan du Plan- OFF et de LDO, moyennant une rétribution – restée ty Hall Festival, empreint des luttes 2 gramme international ? optimisme la brutalité du monde, tier, Me Paul Haennig, le divorce « à l’amiable » confidentielle – au président d’Unifrance. Avec un syndicales irlandaises, où Donal Nous cherchons la différence, son environnement sans pitié. entre les deux associés s’est effectué après la tenue résultat déficitaire de 123 986 euros fin décembre O’Kelly donnait The Hand, beau en ouvrant de nouvelles perspec- Leur grande référence est David du premier Festival international du film de Marra- 2001 pour un chiffre d’affaires de 773 155 euros, récit-poème sur le Dublin des an- tives. L’an dernier, le Woyzeck de Mamet, et Beckett aussi, bien sûr. kech en septembre 2001. Le président d’Unifrance OFF a été déclarée en cessation de paiements le nées 1920, vu à travers les yeux de Bob Wilson a été un choc. Jamais Beaucoup se sont exilés à Londres, avait intégré le projet du roi du Maroc dans la struc- 25 septembre 2002, et une procédure de liquidation deux enfants, dans une langue si nous n’avions vu cela. Tout d’un parce que Dublin ne leur offre pas ture OFF. judiciaire a été engagée le 7 octobre. profondément musicale que la coup nous découvrions un univers assez d’échos critiques. La mésentente des partenaires s’est focalisée musique (flûte et percussions) plastique, chorégraphié. Mais il y a quand Mme Maurin a licencié pour faute lourde un N. V. devait s’imposer doublement. des retours inattendus : lorsque Propos recueillis par J.-L. P. LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002/33 CULTURE AGENDA

 b Avec « Sea Change », au folk lumineux, Danse Un Kirov cent pour cent patrimoine à Paris l’Américain semble dépasser l’exercice de style  Le Kirov de Saint-Pétersbourg à Paris. plus que de Casse-Noisette – remis en forme par L’affaire va faire couler de l’encre. Enfin, le le sculpteur Mikhaïl Chemiakin et le chorégra- Kirov, disons plutôt le Théâtre Mariinski puis- phe Kiril Simonov – on attend beaucoup de la Beck, brillant transformiste, que c’est sous le nom qui fut le sien au temps reconstitution de la production d’origine de du régime tsariste que la célèbre compagnie se La Bayadère. Effectuée par Sergueï Vikhariev, présente – Kirov, nom d’un héros de la Révo- elle attirera plus d’un amateur, habitué que l’on enfin en eaux profondes lution bolchevique, assassiné en 1935, n’étant est à l’Opéra de Paris à voir la version Noureev. plus du tout dans le sens de l’histoire. Pour cer- Il serait trop long ici de rendre au Kirov ce qui MUSICIEN multiple, Beck fasci- fornien s’en tire en faisant son tains spécialistes, le Kirov représente l’exquise est au Kirov et aux Ballets russes ce qui leur nait plus par ses jongleries que par malin. Au lieu de jouer les fantaisis- harmonie du style russe pur sucre. Un must du appartient. Disons que le programme Nijinski- sa profondeur. Brassant les genres tes dilettantes, il a cette fois assumé patrimoine. A ne toucher sous aucun prétexte. Fokine va de 1909 à 1911, que Casse-Noisette a avec une brillante immaturité, cet sa pâleur pour y puiser de l’humi- Pour d’autres, cette manière de danser a pris un été créé en 1892 et La Bayadère en 1877. Que le Américain exceptionnellement pro- lité, une touchante mélancolie et vilain coup de vieux comparé à la haute techni- Kirov a donné au monde de la danse Noureev, lifique, petit-fils d’un artiste concep- un brin d’élégance. Accompagne- cité des danseurs de l’Opéra de Paris. A celle Baryshnikov et Makarova… Qu’en est-il aujour- tuel (le sculpteur Al Hansen)spé- ment privilégié du format folk, la d’une Sylvie Guillem. On jugera sur pièces. d’hui de la troupe et de son enseignement de cialiste du détournement, s’était guitare sèche est omniprésente. Il est vrai que pour éviter de faire « cheap », le légende ? Makhar Vaziev, directeur de la troupe constitué un répertoire en forme de Elle aurait pu égarer le disque vers répertoire doit être montré avec faste. Quand depuis 1995, est issu du sérail. Pour avoir décou- mosaïque baroque. Rappeur grun- l’écueil de l’austérité. Beck et on sait les énormes difficultés tant financières vert un détachement léger de sa compagnie, ge le temps d’un single triomphal Godrich ont accentué la luminosité qu’esthétiques qu’ont rencontrées les institu- venu fêter le 14 juillet 2001 au Théâtre royal du (Loser), il devenait ensuite baladin à de la six-cordes en l’entourant de tions artistiques russes depuis l’effondrement château de Versailles, on conserve en mémoire la Woodie Guthrie, héritier blanc- mille trouvailles en clair-obscur. du communisme, on est curieux de voir la le souvenir très frais de quelques danseurs hors- bec de James Brown et de Prince, troupe au grand complet et en tenue de gala. pair (Janna Aioupova et Ilia Kouznetsov), et disciple pop de Burt Bacharach,   Bref : du passé faisons table rase et exami- notamment d’une remarquable Svetlana Zakha- bluesman primitif ou tropicaliste Conçus avec minutie et une in- nons le programme du Châtelet. En parlant des rova, à qui sera attribué à Paris les rôles-titres distingué. On admirait la malice du finie délicatesse, les arrangements « Ballets russes », ce programme entretient de La Bayadère et de Shéhérazade. En jouant à transformiste, l’originalité de ses habitent les chansons plus qu’ils ne habilement l’ambiguïté avec la fameuse troupe Autant d’occasions de vérifier la force des fond le patrimoine, le Kirov ne prend pas le ris- fusions, jamais son émotion ou sa les décorent. Ce peut être l’écho à de Diaghilev qui, au début du siècle, avait élu décors et des costumes de Leon Bakst, d’Alexan- que de surprendre. On aurait aimé. sincérité. Sea Change, son nouvel peine perceptible d’un frottement, domicile au Châtelet, à Paris, avec en tête Nijin- dre Benois, de Nicolas Rœrich. album, semble changer la donne. la lente montée d’une étrangeté ski, scandaleusement divin, ivre de danse à en Ces cinq œuvres représentent parfaitement Dominique Frétard Ces chansons folk d’une lumineuse synthétique, le glissement d’une devenir fou. Mais après tout, Nijinski ne sortait- l’esprit orientalisant et poétique des Ballets rus- gravité mettent-elles enfin au jour pedal steel, deux touches d’accor- il pas, lui aussi, du Mariinski ? La saison présen- ses de Diaghilev, esprit que Nijinski, devenu cho- Du 16 au 19 octobre, programme Nijinski-Fokine, avec l’épaisseur d’une vraie personnalité déon ou de vibraphone, mais aussi tée au Châtelet est copieuse. Elle commence régraphe, démodera d’un coup de génie en l’Orchestre du Théâtre Mariinski (direction : Valery Ger- ou prolongent-elles le jeu des exer- de capiteux tourbillons de cordes, par cinq ballets dans lesquels Nijinski exacerba créant Le Sacre du printemps sur la musique giev et Mikhaïl Agrest). Du 22 au 26, Casse-Noisette (direc- cices de styles ? hommage direct à ceux écrits par les passions, des œuvres signées par le choré- homonyme de Stravinski. On pourra également tion musicale : Mikhaïl Agrest). Du 28 au 31 octobre, Dans la discographie de Beck, Jean-Claude Vanier pour Serge graphe préféré de Diaghilev : Michel Fokine. A voir deux ballets roboratifs du répertoire du La Bayadère (direction musicale : Boris Grouzin). Théâtre Mutations, enregistré en 1998, est Gainsbourg (un Paper Tiger sous e savoir Petrouchka, L’Oiseau de Feu, Le Spectre de XIX siècle russe que l’on doit au Français du Châtelet, 1, place du Châtelet, Paris-1er. Tél. : 01-40- sans doute l’album qui se rappro- haute influence Melody Nelson). la rose, Shéhérazade et Danses polovtsiennes. Marius Petipa, chef incontesté du Mariinski : 28-28-40. Photo : La Bayadère. © M. N. Robert. che le plus de la teinte mordorée de Ce mélange de nostalgie boisée ce nouvel opus. Avec une sobriété et de sophistication en apesanteur inédite, le chanteur se concentrait convoque aussi d’autres figures. Ircam, 1, place Igor-Stravinsky, Paris-4e. habitants endimanchés du comté sur la construction mélodique de Celles d’une country et d’un folk Musique Mo Châtelet - Les Halles. rural de Dalarna, puis Karl Werner Théâtre titres au tempo apaisé. Il n’avait américains dans ce qu’ils avaient de Tél. : 01-44-78-48-16. Du 13 au 20. Gullers (1916-1998), archétype du pu pourtant résister à la tentation plus rêveur : Gram Parsons (Guess  des clins d’œil et de la dispersion, I’m Doing Fine), le Tom Rush de The  De la gratuitéà 8 ¤ pour les concerts photographe prolifique, multipliant s’amusant à glisser du blues à la Circle Game, et surtout les déclinai- des 15 et 17. les sujets les plus divers pour Résonances la presse et l’édition, de la vie After Sun country, de la bossa-nova au sons de troubadours britanniques Depuis décembre 2001, l’Ircam a un quotidienne à Stockholm au Rodrigo Garcia a retenu des années refrain pop. Un an plus tard, il se qui, à l’orée des années 1970, se par- nouveau directeur, Bernard Stiegler. portrait d’Ingrid Bergman à où il a travaillé dans la publicité un défoulait tout à fait dans le feu d’ar- tageaient entre enracinement tradi- La marque de ce philosophe, qui a Photographie Hollywood. Mais on mettra l’accent remarquable sens de la concision. tifices funky de Midnite Vultures, tionnel et vapeurs psychédéliques. succédé à Laurent Bayle, apparaît sur quatre auteurs qui cerneraient Une des forces de son théâtre tient album roulé dans le strass et les Lost Cause évoque les audacieuses  au détournement cinglant de d’emblée avec un nouveau festival une improbable identité esthétique paillettes. noirceurs de John Martyn, Sunday l’esprit prospectus. Il ne se révolte conçu comme une ouverture en Suède, mélange de Comme à l’époque de Mutations, Sun, une douceur hindouisante de pas contre la société de pluridisciplinaire de la saison de La photographie documentaire charnel, d’esprit Beck a fait appel à Nigel Godrich Donovan, quand le merveilleux consommation, mais contre un l’institut fondé par Pierre Boulez. suédoise pour mettre en son Sea Change. Round the Bend semble interprété surréalisant et caustique, de monde de la déjection. Celle des Ces « rencontres internationales des Alors que l’on peut découvrir proximité poétique. D’abord Complice fidèle de Radiohead, ce par le fantôme de Nick Drake. images de la télévision, celle de la jeune producteur est sans doute Une fois encore, la précision de technologies pour la musique » ont à la galerie VU à Paris, jusqu’au Christer Stömholm (1918-2002), reproduction sans fin des schémas aujourd’hui, avec Dave Fridmann ces références, la maîtrise de leur pour nom Résonances et proposent 26 octobre, une grande exposition père de la photo suédoise moderne, qui nous gouvernent. Dans After (Mercury Rev, Sparklehorse), l’un utilisation sèmeront le doute. Le des conférences, des ateliers, des Anders Petersen (Le Monde puis Petersen, Lars Tunbjörk Sun, les protagonistes de la pièce de ceux les plus aptes à saisir la caméléon se livre-t-il enfin ou visites des labos de recherche et, du 4 octobre), le Septembre de ensuite, et le petit dernier, fort (Patricia Lamas et Juan Loriente) magie d’une ambiance, l’intensité glisse-t-il dans un nouveau costu- bien sûr, des concerts (les 15 et 17, la photo de Nice, un festival qui prometteur, J. H. Engström (né en jouent à réussir ou à mourir à 20 h 30) où seront créées les explore chaque année les images 1969), qui présente des paysages et « à la manière de ». d’une vibration. me ? Le mystère demeure. Pas une œuvres des étudiants du cursus fixes d’une nation, fait découvrir des portraits, attractifs et fragiles, Théâtre de la cité internationale, La belle cohérence de ce nouvel raison pour bouder son plaisir d’informatique musicale. A noter onze photographes suédois – dont d’une facture étrange, sans 21, boulevard Jourdan, Paris-14e. album prend peut-être sa source devant ce disque d’exception. aussi une collaboration inédite Petersen – dans neuf lieux de pourtant plonger dans le regret RER Cité-Universitaire. Tél. : dans la façon dont le chant a cette avec la Comédie-Française pour la ville. On découvre le portraitiste de la peinture. 01-43-13-50-50. Lundi, mardi, jeudi, fois été appréhendé. Assez neutre, Stéphane Davet une lecture (le 20, de 12 heures L. O. Akerman (1861-1935), qui, Nice (Alpes-Maritimes), divers endroits, vendredi et samedi, à 20 h 30 ; vaguement traînante et nasillarde, e e à 14 heures) de Victor Hugo avec au tournant des XIX et XX siècles, horaires selon les lieux. Tél. : dimanche, à 15 heures. Jusqu’au 29. la voix de Beck n’est pas un maté- Beck, Sea Change, 1 CD (Geffen/ traitement de la voix en temps réel. dans son studio, a fait défiler les 04-92-04-99-70. Jusqu’au 20. Gratuit. De 9,50 ¤ à18¤. riau flatteur. Généralement, le Cali- Polydor/Universal). Sélection revues   ’ En 1921, Schoenberg annonce tillants, convertit chaque état avec fierté avoir fait, avec la tech- expressif en amorce de lyrisme. vocante, choquante même, mais trant que « des pamphlets aux nique sérielle, « une découverte L’Orchestre philharmonique de Ligne de risque Penser/rêver. juste. De plus, ultime paradoxe, tout romans, Céline passe en mineur, qui assurera la suprématie de la Radio France, dirigé avec autorité Pour fêter ses cinq ans et sa rentrée cela n’est pas fatalement noir et mais en aucun cas ne pose de musique allemande pour les cent par Jukka-Pekka Saraste, excella Le fait de l’analyse bémol ». – Jo. S. d’automne, la revue animée par Yan- triste ! – P. K. ans à venir ». C’est pourtant sur le dans la signalisation locale (effets ¤ Gallimard, 14 ¤. nick Haenel, François Meyronnis et Le deuxième numéro de cette revue Mercure de France, 17,50 . sol américain – qu’il aborde en de musique de chambre) comme Frédéric Badré se place sous le signe pluridisciplinaire et pluridimension- octobre 1933 pour ne plus le quit- dans la perspective d’ensemble d'« Eros contre le nihilisme ». Ce nelle – les auteurs « viennent de la ter jusqu’à sa mort en 1951 – que (forme fragmentée mais nulle- psychanalyse, de diverses disciplines L’Infini La Voix du regard le maître viennois consacrera le ment discontinue). Ovationné, le n˚ 17 s’ouvre sur un long entretien Au moment d’un possible retour à avec Gérard Guest, un heideggérien des sciences humaines, et de la créa- « La sculpture en mouvement » est plus d’années à développer cette soliste revint jouer avec une exqui- tion littéraire où Freud reconnaissait à l’honneur dans cette livraison une conception restrictive de l’ordre méthode de composition avec se pureté la Sarabande de la Parti- « qui fournit ici un travail sur la pen- moral, cette excellente revue consa- ses précurseurs » – propose « Douze d’automne, avec un retour sur l’ex- douze sons. Deux concertos, très ta en ré mineur de Bach. Point de sée heideggérienne du Tournant, cre sa quinzième livraison aux arts remèdes à la douleur ». Ce n’est pas position qui a réuni ce printemps à rarement joués, éclairent cette bis le lendemain, en dépit d’un pensée dont il semble qu’elle prenne de l’image – mais qui ne néglige pas trop… « Nous savons très peu de cho- Valenciennes des sculptures de Car- période paradoxale de déracine- égal succès avec Gerhard Oppitz, seule la mesure du nihilisme plané- pour autant l’écrit –, consacre un se de la douleur », soulignait le peaux et d’Alain Kirili, en un dialo- ment affectif (loin des fidèles, à l’issue du Concerto pour piano taire », précise l’éditorial. 23 pages à riche numéro à « L’Obscène, acte ou même Freud en 1926. « On est frap- gue voulu par le conservateur du propos de Heidegger : voilà de quoi image ? » De ses « emblèmes et féti- compositeurs et interprètes). Con- (1942) qui s’apparente à une casca- faire grincer beaucoup de dents… ce pé, est-il justement écrit dans le tex- Musée de Valenciennes, Patrick ches » à sa banalisation (toujours çu entre 1934 et 1936, le Concerto de d’événements autobiographi- que ne déteste pas Ligne de risque, te de présentation du numéro, par Ramade. Dans un entretien avec ce menaçante) et à ses parodies, en pour violon est l’œuvre de tous les ques. Interprétée comme si elle comme on le verra en lisant « Le nou- le contraste [entre ce “peu”] et l’ex- dernier, Alain Kirili s’explique sur passant par les rapports avec l’éro- défis. Technique (avec la panoplie coulait de source, cette musique vel amour », fragments de François tension quasi illimitée de ses [la son rapport à Carpeaux, « la moder- tisme et la pornographie, avec ses du parfait virtuose paganinien), bénéficie encore de l’excellent tra- Meyronnis : « L’affaissement… L’ef- douleur] usages, c’est-à-dire son nité de Carpeaux, son extraordinaire classiques, ses acteurs et ses artis- esthétique (par l’adaptation de la vail accompli par le chef finlan- froi… La puérilité… Toute la vie dési- emprise. » Toute la question est en contribution à la vitesse dans l’exécu- tes. De fait, c’est un domaine d’étu- nouvelle écriture à un genre tradi- dais à la tête du « Philhar ». Plus rante de l’humanoïde nihiliste se effet d’établir et de penser le lien tion ». Ce n˚ 80 propose aussi, outre des vaste et qui ne laisse pas indif- tionnel) et philosophique (dans la souple qu’à l’accoutumée dans sa résume à ces trois mots. » Enfin, entre ce quasi-non-savoir – et princi- des contributions des collaborateurs férents, même si, comme dans le possible volonté de se mesurer à gestique, ce dernier rendit aussi outre des entretiens avec Catherine palement lorsqu’il s’agit des dou- habituels, une étonnante et inquié- désir, la répétition menace… Quant Berg, le disciple mort en 1935, mémorables ces deux concerts Millot – « S’établir dans un libre leurs de l’âme – et l’expérience très tante nouvelle de Patrick Besson à la question de savoir si « le seul juste après avoir achevé le Concer- par la qualité des compléments rien » – et Philippe Sollers – « Na- étendue que chacun est apte à faire « Le marché des Enfants-Rouges », véritable pornographe, c’est le specta- to « à la mémoire d’un ange »).La de programme : la majestueuse ture d’Eros » –, on lira avec plaisir un de cette réalité. Hors de tout maso- un texte d’Alain Jouffroy sur Bacon teur », comme l’affirme le réalisa- présentation de ce Schoenberg 9˚Symphonie de Bruckner (le 11), extrait du livre sur lequel travaille chisme, et aussi de l’hypothèse déce- et une réflexion de Michaël Ferrier teur du film récent (tout à fait pas- désireux de gagner sur tous les et le féerique Oiseau de feu de Yannick Haenel, Evoluer parmi les vante du dolorisme, ne conviendrait- – indispensable pour ceux que « le sionnant) Le Pornographe, elle reste tableaux fut, le 11 octobre à la Cité Stravinsky (le 12), autre exilé célè- avalanches. – Jo. S. il pas de prendre soin de « ne pas cas Céline » intéresse –, « Les ouverte. – P. K. de la musique, en tous points bre en Amérique. dénaturer la douleur en la traitant romans de Céline sont-ils racis- 11, rue Henri-Martin, Ivry-sur-Seine exceptionnelle. Le violon de Chris- 10, rue Charles-Nodier, Paris-18e, 7,50 ¤. par ses “remèdes” » ? Question pro- tes ? », très riche d’exemples mon- (Val-de-Marne), 15 ¤. tian Tetzlaff, paré d’aigus scin- Pierre Gervasoni 34/LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002 CULTURE PORTRAIT

LES GENS DU MONDE

a La Biennale de Venise a annoncé la vie mode vendredi 11 octobre le nom des Franco La Cecla, artistes appelés à diriger les sec- tions danse, musique et théâtre au cours des prochaines années. En danse, le choix du conseil d’admi- nistration s’est porté sur Frédéric Flamand (Belgique) pour 2003 et d’emploi Mikhail Baryshnikov (Lettonie/ USA) pour 2004. En musique, l’Américain Uri Caine a été retenu Aux antipodes de l’Italie de Berlusconi, cet pour conduire la manifestation en 2003 et l’Italien Giorgio Battistelli ancien urbaniste converti aux sciences sociales en 2004. Pour le théâtre, le conseil a fait son choix jusqu’en 2005. Il apparaît comme une des figures les plus s’agit du metteur en scène britanni- que Peter Sellars, qui passera la singulières de l’anthropologie contemporaine main à ses collègues italiens Mas- simo Castri en 2004 puis Romeo Castellucci en 2005. En ce qui con- QUAND on cherche à joindre Franco  cerne le cinéma, la Biennale a l’in- La Cecla et qu’on vous répond qu’il est en tention de prolonger Moritz de Patagonie tandis que vient de paraître en f 1950 Hadeln dans ses fonctions. France Ce qui fait un homme, on croit d’abord a Le premier roman de l’écrivain à une plaisanterie. Pas du tout : « En Sicile, Naissance à Palerme hongrois Imre Kertész, Prix Nobel impossible de travailler, j’étais sans cesse dé- (Italie). de littérature 2002, Sorstalansag rangé par le téléphone », vous explique le plus (Etre sans destin, publié en 1975), sérieusement du monde cet anthropologue f 1978 sera adapté au cinéma, a annoncé qui partage sa vie entre Palerme l’été et Paris Doctorat vendredi à Berlin le lecteur en chef l’hiver. Entre les deux, on le trouvera tantôt en urbanisme. de la maison d’édition Suhrkamp, en Amazonie, tantôt en Ouzbékistan, en Inde Rainer Weiss. Le scénario, rédigé ou au Vietnam. On comprend mieux pour- f 1982-1984 par l’écrivain lui-même, devrait quoi son dernier livre, qui s’inscrit, comme les être publié aussi vite que possible, précédents, dans le sillage d’une anthropo- Professeur invité vraisemblablement au cours des logie du monde vécu, porte sur le jet lag.Et à l’université de deux à trois prochaines semaines, surtout pourquoi, dans le milieu intellectuel Berkeley (Californie). a précisé Rainer Weiss en ajoutant et artistique italien, Franco La Cecla fait figure que des négociations sur la vente de mythe. Il est celui, vous dira-t-on, que f 2002 des droits du film étaient en cours. « tout le monde rêve de rencontrer ». Mais voi- Le chef opérateur hongrois Lajos là : il est insaisissable. En France, où deux de Parution en français Koltai devrait le réaliser. ses essais récents ont été traduits cette année, de deuxessais : a La Hongrie envisage d’amender on commence enfin à découvrir ce chercheur « Le Malentendu » sa législation fiscale pour permet- de 52 ans, qui, avec son regard pétillant, son (Balland) tre à Imre Kertész de ne pas être visage un peu rond, son énergie bouillon- imposé, a annoncé vendredi le pre- nante et son collier ras du cou, en paraîtrait et « Ce qui fait un mier ministre Peter Medgyessy facilement quinze de moins. homme » (Liana Levi). après avoir appris que le Prix No- Sa patte spécifique : une prédilection cer- bel aurait à payer 411 000 euros   / ’ taine pour les objets bizarres pourvu qu’ils d’impôts à l’Etat hongrois. Une loi touchent à quelque douloureuse constante de de 1995 exempte déjà d’impôts les notre condition. Car La Cecla est à l’évidence Hongrois ayant remporté des plus tourmenté qu’il ne le laisse voir. Ainsi, le et tapis amassés au fil de ses voyages, et où le L’ouvrage paraît en 1988 avec une préface du S’en étonnera-t-on ? Pas après cette anec- médailles olympiques ainsi que les premier de ces deux livres, une charge cruelle plus authentique voisine avec le plus kitsch, philosophe heideggérien Gianni Vattimo. dote, racontée par le sociologue Michel Wie- prix Szechenyi et Kossuth, les plus et drôle contre l’illusoire idéologie de la on comprend vite qu’on n’est pas face à un Le voilà donc lancé, non sans quelque viorka : « La première fois que j’ai vu Franco importants du pays. Mais le législa- « transparence », est-il tout entier consacré à « professeur » ordinaire. « malentendu ». Car si cet inclassable pos- passer la porte de mon bureau, c’était pour me teur n’avait pas prévu le cas d’un l’art du « malentendu » qui, à ses yeux, pour- Tout son parcours en témoigne, à commen- sède une solide culture philosophique, il n’en proposer de participer à un colloque sur l’émi- prix Nobel. rait bien constituer le meilleur gage d’une har- cer par le fait d’être venu à l’anthropologie tient pas moins à son identité d’anthropolo- gration qu’il organisait, dans l’enceinte même a L’Ombre de l’échafaud de Mas- monieuse cohabitation entre les cultures. Le après une première carrière d’architecte et gue : « Ce que j’aime le plus dans l’anthropolo- du Vatican, avec, entre autres invités d’honneur bou et Serqueira (éditions Del- deuxième, non moins provocateur, porte sur d’urbaniste. « C’est à cette époque, au début gie, dit-il après une pause, c’est son honnêteté : prévus… le pape et Madonna ! » C’est à se court), a été consacré meilleur la difficulté d’être un homme. Long et pénible des années 1970, après le tremblement de terre c’est elle qui donne sa chair à la philosophie. » demander quand Franco La Cecla trouve le album de l’année lors du 26e Fes- parcours souvent ignoré par les sciences en Sicile, que j’ai rencontré mon premier maî- Mais d’où vient à ce subversif né une énergie temps d’écrire. Sa réponse – « entre deux his- tival international de la bande des- humaines, ici magnifiquement retracé sous tre, un vieil anarchiste. Il m’a fait comprendre aussi phénoménale ? Car quand il ne milite toires d’amour » – fournit pour ainsi dire la sinée de Chambéry (Savoie). Le un angle qui n’est pas seulement celui de la que pour aider à rebâtir, il fallait travailler avec pas – La Cecla a été l’un des fondateurs des matière de Quitte-moi, auquel il met ces jours- Prix espoir a été décerné à Frédé- domination masculine. Il fallait oser. les habitants. » La Cecla s’immerge donc dans Verts italiens dans les années 1980 – et quand ci la dernière main, une anthropologie de la ric Peynet pour Toran II (éditions En Italie comme en France, toutefois, une un petit village de Calabre, à 2 000 mètres d’al- il ne tourne pas quelque documentaire, le voi- rupture cette fois. Comment les couples se Nucléa). Le Prix dessin a été attri- constante : le milieu académique officiel le titude. C’est là que lui vient la très socratique là qui œuvre aussi pour la mode et le design. séparent-ils et pourquoi se séparent-ils si bué à Alberto Varanda pour Para- boude encore, même si La Cecla a enseigné intuition qu’il ne sait rien. « Ma formation ne mal ? « Pris dans nos clichés romantiques, et dis perdu (éditions Soleil) et le Prix un peu partout ces vingt dernières années, y m’aidait pas à comprendre quels types de «    ’ » pour ainsi dire coincés par l’impossible concilia- du scénario revient à Des lende- compris à l’Ecole des hautes études en scien- constructions mentales amènent les gens à bâtir « Après un travail sur les enfants des rues à tion de la passion et du mariage, cette violence mains sans nuage de Fabien Vehl- ces sociales (EHESS) à Paris, à l’invitation de ou à habiter de telle ou telle manière. » Calcutta, j’ai été contacté par des gens tra- de la fin, où la cruauté la plus inouïe est comme mann (éditions Le Lombard). Marc Augé pour qui sa lecture « s’impose à D’où son départ pour les Etats-Unis, où il vaillant dans la mode pour enfant. Ils voulaient acceptée et justifiée, serait-elle une manière a Umani, le dernier album du quiconque prétend comprendre quelque chose travaille au côté d’Ivan Illich. La relation est des idées. Je leur ai demandé un budget énor- de nous démontrer à nous-mêmes que l’amour groupe corse I Muvrini, paru à des contradictions du siècle où nous venons fructueuse, passionnelle, orageuse. Il y reste me, que j’ai obtenu à ma grande stupéfaction, est resté douloureux, donc passionné ? », se la fin de l’été, a obtenu un disque d’entrer ». Rien de très surprenant dans cette trois ans. Le temps, précise-t-il, « de renoncer et qui a servi à financer une exposition mettant demande La Cecla. d’or (100 000 exemplaires vendus), reconnaissance paradoxale, l’institution étant définitivement à la profession d’intellectuel, ces en évidence les effets pervers de la “benet- annonce sa maison de disques. souvent frileuse et Franco La Cecla sans êtres sans émotions et qui vieillissent mal », de tonisation” des images de l’enfance : d’un côté, Alexandra Laignel-Lavastine Umani est également le nom du doute une des figures les plus originales de suivre les séminaires de Foucault et de se met- de faux enfants parfaits ; de l’autre, des enfants recueil de textes publié par l’un l’anthropologie contemporaine. Le fait est tre à la pratique intensive du skate-board. réels qu’on peut dès lors tuer sans scrupules, au Ce qui fait un homme, Liana Levi (trad. de des deux chanteurs des Muvrini, qu’en entrant dans son ahurissant deux- Moyennant quoi il entame un beau jour, dans Brésil ou ailleurs. Ils étaient furieux, mais l’ex- l’italien par Joëlle Mnouchkine), 214 p., 18 ¤ ; son porte-parole Jean-François e pièces du 18 arrondissement, véritable caver- un café, son premier livre : une anthropologie position s’est tenue en 1996 à Florence : un Le Malentendu, Balland (trad. de l’italien par Bernardini, qui vient de paraître ne d’Ali Baba où s’accumulent objets, photos de l’espace qui s’intitulera Se perdre (Perdersi). succès ! » Anne-Marie Sauzeau), 162 p., 14,50 ¤. au Seuil.   TÉLÉVISION

 15  la sous-alimentation dans l’Etat Globalisation indien de l’Andrah Pradesh, Une femme d’exception f Dans ma boîte la soirée s’aventure ensuite IL Y A des sourires tristes qui en Mais la caméra ne montre pas 7 h 25, France 5 au Sénégal (Le Sénégal piégé disent long. Celui d’Elie Barnavi, les armes qui sont peut-être dis- Sous l’Occupation, elle gravait à l’acide des grands « V » de victoire enser- Nouvelle émission de France 5, par la cacahuète) et au Brésil qui n’est plus, depuis quelques posées derrière le jeune homme. rant une croix de Lorraine sur les vitres de son lycée. Beaux débuts d’une présentée par Thierry Dugeon, (Brésil : la faim des sans-terre). jours, ambassadeur d’Israël en La presse écrite mérite-t-elle éga- carrière d’insoumise. Trois ans plus tard, Elisabeth Friang devient Brigitte, ex-présentateur de NPA (Canal+), f Tuer est mon métier France, était particulièrement élo- lement ce reproche ? On peut au prénom de résistante qu’elle conservera. Elle a alors tout juste 19 ans et tra- « Dans ma boîte » recueille les 23 h 05, France 3 quent, samedi soir chez Ardisson. moins rappeler ici cette évidence vaille pour le bureau des opérations aériennes, qui organise les parachuta- témoignages de salariés autour Un documentaire de Paul Mitchell « J’ai servi pendant deux ans dans que l’écrit charrie moins d’émo- ges d’armes, les infiltrations et les évasions. Aujourd’hui, elle possède tou- de thèmes propres à l’entreprise. et Vanessa Vasic-Janekovic un pays difficile, dans une période tions primaires que l’image. Tou- jours le foulard que lui a offert Pierre Brossolette pour ses 20 ans ; peu de En plateau, des spécialistes sur la formation à la guerre et horrible, mais, tout compte fait, jours chez Ardisson, on pouvait temps avant que l’un et l’autre soient arrêtés, et elle déportée à Ravens- (juristes, psychologues…) au meurtre de jeunes, dans dans un pays ami », disait-il. Il y a voir samedi soir Edwy Plenel. Le brück. Enfer absolu raconté dans Regarde-toi qui meurs (réédité aux éditions réagissent aux témoignages. les commandos de marines ou comme une histoire d’amour déçu directeur des rédactions du Mon- du Félin), point de départ des « A voix nue » menés par François Georges et f L’intolérable famine des forces spéciales. Comment dans la longue relation, depuis de défendait, sur le plateau, la thè- diffusés cette semaine sur France-Culture. A 78 ans, Brigitte Friang n’a rien 20 h 45, Arte un être humain peut-il supporter 1948, entre la France et Israël. Il y se suivante : la découverte de perdu de ce franc-parler ni de cette prodigieuse gaieté qui ont signé le par- 800 millions d’êtres humains la folie meurtrière d’une bataille ? a le sentiment d’un échec person- l’Amérique par Colomb, en 1492, cours valeureux de ce petit bout de femme fonceuse et frondeuse. Aussi souffrent de la faim. Introduit par Comment se mue-t-il en machine nel, pour Elie Barnavi, érudit, his- est l’acte fondateur de l’unifica- bien vis-à-vis de son « patron », André Malraux, dont elle devient l’attachée un documentaire, Les Fauteurs à tuer ? Comment ensuite se fait e torien, spécialiste du XVI siècle tion de la planète. Mais c’est aussi de presse à partir de 1947, que sur le terrain de la guerre d’Indochine, qu’elle de famine, d’Ashwin Ramab le retour au civil ? Dans la case français, et à ce titre bon observa- le début de l’ère des colonies et couvre pour l’ORTF (cette gaulliste dans l’âme en sera du reste chassée en et Manfred Ladwig, sur « Sujet tabou ». teur de nos guerres de religion des terribles violences imposées 1968 pour avoir revendiqué l’indépendance de la rédaction). Le rire contre d’antan, entre catholiques et pro- aux autres peuples par ceux de l’effroi. Une superbe leçon de vie. – Val. C. testants. Barnavi n’a pas embrassé l’Occident. La période qui s’achè- « A voix nue : Brigitte Friang ». Du lundi 14 au vendredi 18 octobre, la carrière diplomatique. Il a voulu ve a consisté en une occidentalisa- 17 heures, France-Culture. être ambassadeur à Paris, nuance. tion du monde. Nous assistons C’était le pays, la France, qui l’inté- désormais, et depuis le 11 septem- RADIO ressait, pas la carrière. bre 2001 c’est encore plus évi- f La tuerie de Nanterre Pourquoi la France est-elle dent, à un choc en retour venu 15 heures, France-Culture désormais vue, en Israël, comme des anciens colonisés méprisés  15  Le 27 mars, Richard Durr, 33 ans, un pays difficile, voire hostile, pour leur différence. Il ne faut tirait sur des élus du conseil alors que cette perception ne cor- pas se laisser tétaniser par les ima- f Tire ta langue municipal de Nanterre, faisant respond pas à la réalité ? C’est ici ges en boucle des tours jumelles 14 heures, France-Culture huit morts et quatorze blessés. qu’il faut évoquer cette « guerre de Manhattan. Il faut accepter En marge du Sommet de Cette tuerie fit l’objet d’une des images » qui est décisive dans que l’autre existe. Et, au fait, pour- la francophonie, un entretien polémique politique et d’une les conflits modernes. Israël l’a quoi les Français sont-ils les seuls d’Antoine Perraud avec Albert couverture médiatique perdue, dit Barnavi. Quand on à employer le mot de « mondiali- Salon, coauteur de La Planète exceptionnelle, à quelques voit un tank face un adolescent, sation » ? Le terme utilisé partout francophone (Le Cherche Midi semaines de l’élection on est évidemment du côté de ailleurs est bien meilleur : la « glo- éditeur), et un documentaire de présidentielle. Benoît Artaud l’adolescent. balisation ». Catherine Pont-Humbert, intitulé revient sur ces meurtres et leur La Langue française au Liban. traitement par les médias. LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002/35 radio-télévision LUNDI 14 OCTOBRE TF1 FRANCE 2 FRANCE 3 CANAL+ FRANCE 5 / ARTE M6

16.25 17.30 18.15 f 18.30 15.40 d 16.35 17.55 & Providence Feuilleton (saison 2) Indé- Age sensible Série. L’épreuve du feu Un livre, un jour Exhibition, de Michka En clair jusqu'à 21.00 Hyper Show Invités : Sciences et coïncidences [2/6] Stargate SG-1 Série (S2) Le faux pas pendance d 17.15 Melrose Place (saison 7) d 18.00 Brigade des mers Série & 18.55 Assayas 18.20 Questions pour un champion Stéphane Bern, Patrick Eudeline. & 19.30 Le Momies du peuple des nuages 17.30 100 % 18.55 Charmed Série (S2) Examen de La fin d’une époque 18.10 Star Academy En On a tout essayé 19.45 C’est pas banal 19.50 18.50 Le 19-20 de l’information, Météo 20.15 Journal des bonnes nouvelles & 19.55 Les Gui- Question 18.05 C dans l’air 19.00 Flash info conscience & 19.45  20.40 Caméra café direct 18.55 Le Bigdil Jeu 19.50 Métiers de Un gars, une fille A l’île Maurice d 19.55 Loto foot 20.25  2.15 Le Fabuleux Destin gnols de l’info 20.05 H Série & 20.35 Le Jour- 19.01 Nature Besoins de calme 19.45 Arte 19.54 Le Six Minutes, Météo 20.05 Une nou- campagne 19.55 Météo, Journal, Météo. Objectif Terre 20.00 Journal, Météo d. de... Avec Gilbert Montagné, Michèle Bernier. nal du sport 20.45 Le Journal du cinéma. info 20.15 Reportage Peur sur les toits. nou d’enfer Série. Quelle guigne &d.

20.55 J,   20.55 N 20.55 C’   21.00 L’E (V - 20.40 M    a 20.50 T aa Téléfilm. Yves Simo- CE SOIR, DÉCI- ) a Film. James LA PLUS HAUTE MARCHE Série. David neau. Avec Christian Clavier, Isabella Rossel- DEZ QUI IRA AU BOUT DE SA CHANSON... ET Film. William Friedkin. Avec Film. Jean Delannoy. Avec Jean Gabin, Annie Cameron. Avec ArnoldSchwarzenegger, Delrieux. Avec Mimie Mathy, Laura Granier, lini, GérardDepardieu,John Malkovich, DE SON RÊVE Magazine présenté par Ellen Burstyn, Linda Blair, Max von Sydow, Girardot, Olivier Hussenot, Jean Desailly, Michael Biehn, Linda Hamilton, Paul Winfield, Babsie Steger, Vincent Winterhalter, Anouk Aimée [3/4] (2002 d). 5223172 Evelyne Thomas. 26800191 Lee J. Cobb, Jason Miller, Jack MacGowran AlfredAdam(1957, Fr. - It., N., d) & 662627 Lance Henriksen (1984, EU, d ) % 864714 Margaux Caput (2002, France, d ). 5225530 Espérant instaurer une paix durable, Linda Blair (2001, Etats-Unis, d ) ? 3482714 Le commissaire Maigret traque un Un androïde venu du futur cherche à Joséphine vole au secours d’une Napoléon signe un traité avec le tsar Une adolescente présente tous les symp- tueur en série. Le mariage de Georges tuer une femme pour changer le cours petite gymnaste accusée à tort de à Tilsit. L’empereur réalise bientôt la tômes d’une possession diabolique. Simenon et du pessimisme sur des événements. Un film de science- tricherie peu de temps avant une nécessité de fonder une dynastie. Cette version contient des séquences qui commande du cinéma français des fiction qui inventait un corps de importante compétition. 22.40 D’art d’art Yves Klein, monochrome. 23.35 Météo, Soir 3. avaient été coupées lors de sa sortie. années 1950. cinéma : le robot de Schwarzenegger. 22.40 Y’     22.45 C ’ 0.05 L’A  a 23.05 L  22.35 G  22.50 T S  Film. 1962 : LA CRISE Film. TedKotcheff. Magazine présenté par Pascal CLANDESTINS : LA GRANDE HYPOCRISIE Andrzej Zulawski. Avec Francis Huster, L’INCROYABLE VOYAGE DE MONSIEUR GEOR- DE CUBA Documentaire. Günther Klein et Avec Dolph Lundgren, Maruschka Detmers, Bataille et Laurent Fontaine. 315998 Invités : Catherine Wihtol de Wenden, Sophie Marceau, Tcheky Karyo, Michel Alber- GE. Documentaire. A. Pelosi % 5693733 Stefan Brauburger (All., 2002). 6374375 John Ashton, Assumpta Serna, Gavan O’Herl- Daniel Cohn-Bendit, Marc Gentilini ; tini, Jacques Gallo, Jean-Marc Bory, Roland Portrait du candidat texan George Bush Le 14 octobre 1962, un avion espion ihy (1995, EU - Fr. - Esp., d ) % 6036795 0.10 F1 Magazine Magazine. 3999757 André Segard ; Nicolas Sarkozy. 8128207 Dubillard(1985, France, d ) ? 1496221 avant son élection à la présidence. découvre des missiles sur l’île de Cuba. Improbable et banal.

0.45 Star Academy 1469738 1.25 Mode in 0.25 Journal, Météo 0.50 Bruce Springsteen 1.50 Libre court Afrique fantôme. 2.40 Soir 3 0.30 Souvenirs mortels Film. A. Fernández 0.10 Court-circuit (le magazine) La Mémé et 0.25 Los Angeles Heat Nuit blanche pour un France Prêt-à-porter printemps-été 2003. & the E Street Band En 2000 8789979 2.20 3.00 France Europe Express Etes-vous person- Armero (2000, Esp., v.o., d ). 7872844 ? 2.10 le Bébé ; DVD et courts métrages ; Les vampire & 1.15 Jazz 6 Sexy blondes ! Diana 2.30 Sept à huit 7706844 3.20 Reportages Mezzo 2.45 J’ai rendez-vous avec vous 3.05 nellement inquiet ou pas pour votre emploi ? Le Journal du hard # 2.25 Ally Film. John Eléphants de la planète Mars ; Philippe Baras- Krall, Liza Ekdhal et la saxophoniste et chan- Quand passe la Garde républicaine 2515318 Une nouvelle vie Court métrage & 3.20 Haïti 4.10 Passésous silence Témoin X1 : silence on B. Root (2002, Fr., d ). 52645776 # 4.00 Dans sat. 3304318. 1.05 Saint-Cyr aaFilm. Patricia teuse néerlandaise Candy Dulfer. 9429486 d 3.45 Histoires naturelles (25 min)3636478 . [1/2]. Les fruits (10 min) 8052573. tue des enfants ! ?d (65 min). la nature avec Stéphane Peyron (50 min) & Mazuy (France, 2000, 110 min). 3965283 &. 2.20 M6 Music / Les Nuits de M6 (280 mn). CÂBLE ET SATELLITE RADIO FRANCE-CULTURE FILMS DÉBATS 20.00 Vivre sa vie. Karen Davies. National Geographic MUSIQUE 13.30 Je suis un évadé aaMervyn LeRoy. Avec Paul 16.10 Le Monde des idées. Thème : L’Irak de Saddam 20.00 Jean Tulard. [1/4]. Le bon élève. Histoire 19.15 Ravel. Quatuor à cordes. En 1999. Avec Cécile Brey 20.30 Décibels. Invité : Hervé Roten. Muni, Glenda Farr, Helen Vinson, Preston Foster Hussein. Invité : Pierre-Jean Luizard. TV520.15 Voyages aux Hébrides. La mer du Nord. Odyssée (violon), Marc-André Corny (violon), Marie Poulanges 22.00 Journal, Multipistes. (1932, Etats-Unis, N., v.o., 90 min). TCM 18.30 Paroles d’Europe. Les partis socialistes 20.45 Algérie, les crampons de la liberté... Planète (alto), Frédéric Desfossez (violoncelle). Mezzo 22.30 Surpris par la nuit. 14.00 Une chambre en ville aaJacques Demy (1982, européens. Public Sénat 20.45 Biographie. Jeanne d’Arc. La Chaîne Histoire 19.45 Haydn. Quatuor n˚4, opus 76. En 1999. Avec Cécile 0.00 Du jour au lendemain. Nicole Caligaris. % 22.10 20.47 France, 95 min) CC Succès Forum public. La prison, et après ? Invités : Laurent Le Singe coquin. Odyssée Brey (violon), Marc-André Conry (violon), Marie Poulanges FRANCE-MUSIQUES 15.35 Le Beau Brummel a Curtis Bernhardt (1954, Béteille ; Paul Loridant ; Joël Troussier. Public Sénat 21.30 Téhéran, dix secondes plus tard. Planète (alto), Frédéric Defossez (violoncelle). Mezzo Grande-Bretagne, v.m., 110 min) & CC Succès 22.30 Arrêt sur images. Un Napoléon tous publics ? Avec 21.55 Jean Nouvel. L’esthétique du miracle. Histoire 22.55 Couperin. La Piémontaise. En 2000. Avec Gildas 20.00 Nuits romantiques du lac du Bourget. 16.10 Généalogies d’un crime aaRaoul Ruiz (1996, Max Gallo ; J.-P. Guérin ; Laurent Joffrin. France 5 Sat. 22.20 Shaolin. Planète Prado (hautbois), Nora Cismondi (hautbois), Marc Trenel Par la Sinfonia Varsovia : œuvres de France, 115 min) & TPS Star MAGAZINES 22.25 Une Suissesse rebelle. Anne Marie Schwarzenbach, (fagott), Isabelle Sauveur (clavecin). Mezzo Mendelssohn, Paganini, R. Schumann. 17.25 Les Sept Samouraïs aaAkira Kurosawa (1954, 1908-1942. La Chaîne Histoire 23.15 The Manhattan Transfer. Tokyo 1986. Mezzo 22.00 En attendant la nuit. Donné au Japon, N., v.o., 200 min) % CC Succès 19.10  20.10 L’Invitéde PLS. Elizabeth Roudinesco. LCI 23.00 Pilot Guides. Le sud-ouest de l’Australie. Voyage THÉÂTRE Théâtre des Bouffes du Nord. 18.50 L’Appât aaBertrand Tavernier (1995, France, 23.00 Explorer. Insectes en gros plan. Guerriers du 0.15 L’Invincible Armada espagnole. La Chaîne Histoire 23.00 Jazz poursuite. Il pleut des cordes [1/4]. 120 min) ? Cinéfaz Golden Gate. Nager avec les requins. National Geographic 0.55 Voyages, voyages. Liban. TV522.05 Les Suites d’un premier lit. Pièce de Labiche. Festival 0.00 Le Cabinet de curiosités. 19.05 aa 1.00 23.05 Main basse sur la ville Francesco Rosi Howard Stern. Robert Schimmel et Tom Arnold, SPORTS EN DIRECT Permettez madame ! Pièce de Labiche. Festival RADIO CLASSIQUE (1963, Fr. - It., N., v.o., 100 min) & CC Classic Shelby Lynn. Paris Première er TÉLÉFILMS 20.40 Cette sacrée gamine a Michel Boisrond (1956, DOCUMENTAIRES 18.30 Tennis. Tournoi féminin de Zurich (1 jour). Eurosport 20.00 Les Rendez-Vous du soir. Œuvres de France, 85 min) % Festival 20.00 Tennis. Masters Series. Tournoi messieurs 22.15 Les Rois de Las Vegas. RobCohen & Canal Jimmy Schubert, Weber, Liszt. 21.00 Manipulations a Rod Lurie (2000, Etats-Unis, 18.20 Boy, l’enfant singe. Odyssée de Madrid (1er jour). Pathé Sport 23.00 Une petite ville bien tranquille. R. T. Heffron % Téva 20.40 Matisse, Picasso et leurs amis v.o., 121 min) & Cinéstar 2 18.50 Bruce Lee, la légende du dragon. Planète 20.00 Handball. D 1 masculine (5e journée) : Toulouse - SÉRIES musiciens. Œuvres de Poulenc, Milhaud, 22.50 Quelle joie de vivre ! aaRené Clément (1961, 19.30 Journal de l’Okavango. National Geographic Villeurbanne. Eurosport Satie, Gershwin, Granados, Ravel, Fr. - It., N., 110 min) & Cinétoile 19.40 Police poursuites. 13ème RUE DANSE 19.55 Beverly Hills. Week-end à Palm Springs (S1). TF6Stravinsky. 23.25 Homicide aaDavid Mamet (1991, Etats-Unis, 19.45 Tranches d’ados à Los Angeles. [13/14]. Planète 20.45 New York Police Blues. Bon vent, Fancy %.Un 22.50 Les Rendez-Vous du soir (suite). v.o., 95 min) & Cinéfaz 19.50 Femmes de l’ombre. [1/2]. La Chaîne Histoire 20.45 Don Quichotte. Chorégraphie de Rudolf Noureev. suspect trop parfait (Saison 8, v.m.) % Canal Jimmy Œuvres de Couperin, De Brossard, Rameau, 0.20 The Invisible Menace a John Farrow (1938, 19.55 Hollywood Stories. Joe Di Maggio et Marilyn Musique de Ludwig Minkus. Par Les Premiers danseurs et 22.05 3e planète après le Soleil. Dick’s Big Giant Headache Balbastre. Etats-Unis, N., v.o., 60 min). TCM Monroe. Paris Première le Corps de Ballet de l’Opéra national de Paris. Mezzo [2/2] (Saison 4) - [24/24]. Série Club 0.00 Les Nuits de Radio Classique. MARDI 15 OCTOBRE TF1 FRANCE 2 FRANCE 3 CANAL+ FRANCE 5 / ARTE M6

12.50 A vrai dire Comment choisir sa 12.20 Pyramide 12.55 Météo, Journal, Météo 14.50 Le Magazine du Sénat 15.00 Questions 14.00 Comment j’ai tuémon père a Film. 14.10 Science en conscience [2/6]. Euthana- 13.35 Affaires de femmes. Alliance profane perçeuse ? 13.00 Journal 13.45 Les Jardins de 13.53 Expression directe FSU 13.55 Inspecteur au Gouvernement d 16.05 Outremers 16.35 Anne Fontaine & 15.30 Minutes en + 15.45 Le sie, a-t-on le droit de donner la mort ? 14.40 d. Les trois sœurs d 15.50 Les Anges du bon- Laurent 13.50 Météo 13.55 Les Feux de Derrick Série & 15.00 Le Renard Série % TO3 17.30 Mon Kanar 17.45 C’est pas sorcier Vrai Journal % 16.40 Mauvais genres Film. Dieux et démons [3/3]. Tant qu’il y aura des heur Série (S3) Les prisonniers du silence % d 14.45 16.05 & 16.50 d 18.15 ? f 18.30 15.35 16.40 17.05 l’amour Feuilleton Kaléidoscope Rex Passion fatale Un livre Les barrages, de l’eau à l’électricité Francis Girod En clair jusqu'à 20.59 crocodiles Impôts locaux Que fait-on de M6 Music 80 à l’heure Magazine Téléfilm. Jud Taylor. Avec Jaclyn Smith Pierre Isaac Mendès - France, de Jean-Denis Un livre, un jour La Nuit blanche, d’Arlette Hyper Show Invités : Patrick Timsit ; Marian- notre argent ? d 16.35 Voyage au cœur de 17.55 Stargate SG-1 Série (S2) L’ennemi invisi- (EU, 1990, d) 16.25 Providence Deux pour Bredin 17.00 Des chiffres et des lettres & Farge 18.20 Questions pour un champion ne Denicourt & 19.30 Le Journal des bonnes l’iboga Documentaire 17.30 100 % Question ble & 18.55 Charmed Série (S2) Médecine le prix d’un d 17.15 Melrose Place Le choix 17.30 Age sensible Série d 18.00 Brigade des 18.50 Le 19-20 de l’info, Météo 20.10 Tout le nouvelles & 19.55 Les Guignols 20.05 H Série 18.05 C dans l’air 19.00 Flash info 19.01 Archi- occulte & 19.45  20.40 Caméra café Série de Ryan 18.10 Star Academy 18.55 Le Bigdil mers Série & 18.55 On a tout essayé 19.50 Un sport 20.20 Le Fabuleux Destin de... Invités : Une histoire d’humanitaire & 20.35 Le Jour- mède Chauve-souris. 19.45 Arte info, Météo 19.54 Le Six Minutes, Météo 20.05 Une nou- Jeu 19.55 Météo, Journal, Météo. gars, une fille d 20.00 Journal, Météo d. Gilbert Montagné et Michèle Bernier. nal du sport 20.45 Le Journal du cinéma & 20.15 Reportage Turquie. L’or empoisonné. nou d’enfer Série (S2) Une vie de rêve &d.

20.55 R H a 20.55 D    20.55 F ’ : U 21.00 H  20.40 T - L’ 20.50 D, ... Film. Brett Ratner. Film.     Film. Andrzej Bar-  VIVRE AVEC Avec Jackie Chan, Chris Tucker, Tzi Ma, Kevin Costner. Avec Kevin Costner, Mary Téléfilm. Daniel tkowiak. Avec Steven Seagal, DMX, Isaiah LES FAUTEURS DE FAMINE Docu- UN PHYSIQUE HORS NORME Débat présenté K. Leung. Action (EU, 1998, d) %. 5292202 McDonnell, Graham Green, Rodney A. Grant, Janneau. Avec Virginie Lemoine, Stanislas Washington, Anthony Anderson, Michael Jai mentaire. Ashwin Raman et ManfredLadwig par Marielle Fournier. Un petit dans la Deux policiers, un Chinois de Hong- Tantoo Cardinal (EU, 1990, d ) &. 26858738 Crevillen, Christian Charmetant, Ginette White, Bill Duke (2001, EU, d) ? 8610931 (Allemagne, 2002). 1244931 famille ; Mon enfant sera hors norme ; J’ai kong et un Noir de Los Angeles, font John Dunbar, officier de l’armée Garcin, Lucie Barret (2001, Fr., d). 5286641 Un policier doit affronter quelques- 21.35 Thema - Le Sénégal piégé par la décidé de grandir ; La maladie de la grande équipe pour retrouver un enfant nordiste, est muté dans un avant- Depuis son abandon, Camille ne cesse uns de ses collègues corrompus. cacahuète Documentaire. Tilman Achtnich taille ; Trop grandes pour tout. 307776 kidnappé. Un mélange de burlesque poste isolé à la frontière de l’Ouest de passer de famille en famille. Mélange confus de coups de pieds et (Allemagne, 2002). 365399 et d’action qui repose sur un tandem sauvage. Un jour, il arrive chez les Ferrière. de coups de poing. 22.20 Thema - Brésil La faim des sans-terre. disparate. 0.00 Journal de la nuit, Météo. 22.35 Météo, Soir 3. Documentaire. Peter Puhlmann. 6492757 22.40 V   0.25 V aa 23.05 S  - T   22.40 V L 23.00 M P 2N 22.50 P  Magazine présenté Film. Jean-Pierre  Film. Martin Téléfilm. par Laurence Ferrari. 2009757 Mocky. Avec Marianne Basler, J.-P. Mocky, Documentaire. Paul Mitchell Campbell. Avec Chris O’Donnell, Robin Tun- NERD ET LES NUBIANS Documentaire. Larry Elikann. Avec Doug Savant, Nia Pee- 0.30 Vol de nuit Hôpital, silence on parle. Laurent Labasse, Michel Bertay, J. Legras. et Vanessa Vasi-Janekovic %d. 3208931 ney, Scott Glenn, Izabella Scorupco, Bill Pax- RichardValverde(France, 2002). 73844 ples, Michael Ironside, Roy Thinnes, Gregg Magazine. Invités : Martin Winckler, Sylvie Comédie (Fr., 1998, d ) % . 5649535 Comment l’armée moderne trans- ton, Nicholas Lea (2000, EU, d) % 4474689 Gros plan sur l’univers de la black Henry, Barbara Glover, Francesca Jarvis, Char- Caster, Franck Maubert, Patrice Delbourg, Mireille Bertillet est une jeune juge forme de très jeunes hommes, parfois Un drame en montagne restitué avec music en compagnie de NERD - les Kahlenberg (1996, EU, d) % 6012115 Paul Moreira, Françoise Glorion, Douglas d’instruction de province. Elle mène à l’encontre de leurs convictions, en réalisme grâce au dernier cri en No One Ever Really Dies - et des Une sombre machination se trame au Kennedy. 3387513 1.30 Star Academy 5263719 une vie routinière jusqu’au jour de sa de véritables machines de guerre. matière d’effets spéciaux. Nubians. centre médical à Phoenix et un jeune 2.12 Du côtéde chez vous 247797852 2.15 mutation à Paris où elle va se heurter 0.00 La Case de l’oncle Doc - Dans les coulis- 0.40 Cinéma de quartier : Cycle « French 23.55 La nuit s’anime Magazine. Who is biologiste venu pour y faire un stage Météo 2.20 Reportages Vous avez dit à la corruption de notables qu’elle va ses de... Dans l’air du temps : le salon Touch » - Marie-Chantal contre le docteur who ; Je me souviens ; Planète du monde. se retrouve malgré lui au cœur de râleur ? Magazine d 9042177. combattre. du prêt-à-porter. Jacques Abecassis. 98332 d Kha a Film. Claude Chabrol (1965, Fr., d). 0.25 Bob et Magaret. Tirage au sort. l’affaire.

2.45 Très chasse Armes, sécurité et dressage. 2.00 Chanter la vie Magazine. 7783993 0.55 Ombre et lumière Invité : Philippe 2.30 Un bruit qui rend fou a Film. Alain 0.45 Iqbal, non à l’esclavage des enfants. 0.35 Zone interdite Echec et violence à Documentaire 3.35 Aventures asiatiques 2.50 24 heures d’info, Météo 3.10 Yaun Noiret. 9210158 1.25 Le Fabuleux Destin de... Robbe-Grillet et Dimitri de Clercq (1995, Téléfilm. Cinzia T. Torrini. Avec Roshan Seth l’école : des enfants sacrifiés. 7170603 2.20 Aventures asiatiques en Inde. 1863264 début à tout Divertissement. Invités : 1.50 Soir 3 2.10 On ne peut pas plaire à tout Fr. - Bel. - Sui., d). 3423968 % 4.10 Football (Italie, 1998). 2.30 Vive le Tour ! Film. Louis Culture pub Laissez venir à nous les petits 4.30 Histoires naturelles Les fouines... le Franck Lebœuf, Linda Lemay, Laurent le monde Gérard Jugnot, Jean-Louis Aubert. NFL 5686622 5.05 Lundi investigation. Jus- Malle (France, 1962, N.) 2.50 Why Are You collectionneurs. 9210784 2.40 M6 Music / Cambodge. Documentaire (30 min) d 8979210. Ruquier (10 min) 64831603 . 48478993 4.25 Explore Supercroco (60 min). qu’ici tout va bien. Documentaire (60 min). Creative ? Liv Ullmann (5 min). Les Nuits de M6 (260 min). 42260968 CÂBLE ET SATELLITE RADIO FRANCE-CULTURE FILMS DÉBATS 19.45 Tranches d’ados à Los Angeles. [14/14]. Planète 20.45 Récital Andrés Segovia. Mezzo 13.05 Marie, légende hongroise aaPaul Fejos (1932, 18.30 Studio ouvert. La fin du pacte de stabilité ? Invités : 19.50 L’Invincible Armada espagnole. La Chaîne Histoire 21.30 Albéniz. Sous le palmier et En el Alhambra. Avec 20.30 Perspectives contemporaines. Dernier France - Hongrie, N., 70 min) & CC Classic Bernard Angels, Philippe Marini. Public Sénat 20.00 Jean Tulard. [2/4]. Le général. Histoire Alexandre Lagoya (guitare). Mezzo vol, de Jean-Christophe Valtat. 14.55 No Smoking aaAlain Resnais (1993, France, 22.30 Forum public. Les jeunes et l’emploi. Public Sénat 20.00 Les Aventuriers. [1/5]. Richard Byrd. Nat. Geographic 21.45 Pradal. Llanto por Ignacio Sánchez Mejías. Toulouse, 22.00 Journal, Multipistes. 145 min) & CC Premier MAGAZINES 20.15 Fous d’animaux. [1/6]. Les yeux de la mer. Planète mars 2000. Par Franck Monbaylet (piano), Luis Rigou 22.30 Surpris par la nuit. 15.25 Comme elle respire aaPierre Salvadori (1998, 20.45 Les Secrets de Dame Touti. Planète (flûte et percussions), Emmanuel Joussemet (violoncelle), 0.00 Du jour au lendemain. Yves Charnet, France, 100 min) & Cinéfaz 17.15 Les Lumières du music-hall. Claude François. Céline 21.00 Le Mystérieux Tombeau d’Abousir. Nat. Geographic Avec Raquel Villar, Vicente Pradal... Mezzo pour Proses du fils. 16.10 Heimat aaCarl Froelich (1938, Allemagne, N., Dion. Paris Première 21.00 La Route des vins. L’Italie, de la Toscane 0.30 Dr Bobby Jones. Jazz à Vienne 2000. Mezzo 0.40 En écho. Sonotech « se la joue » [2/4]. & 18.50 v.o., 100 min) CC Classic J’y étais. Invités : Billy Crawford ; Jean-Pierre à l’Adriatique. Voyage THÉÂTRE FRANCE-MUSIQUES 17.55 Chat noir, chat blanc aaaEmir Kusturica Luminet. Match TV 21.30 L’Ami perroquet. National Geographic (1998, Fr. - All., 125 min) & TPS Star 20.45 Un jour deux stars. Invitées : Corinne Touzet ; 21.55 Ieoh Ming Pei, un architecte singulier. Histoire 20.40 Deux hommes dans une valise. Pièce de Donald 20.00 Un mardi idéal. Au studio Charles 19.00 Peter Pan aaHamilton Luske (1953, Inès de la Fressange. Match TV 22.35 Les Coureurs fous de la Sierra Madre. Planète Churchill et Peter Yeldham. Festival Trenet de la Maison de Radio France. Etats-Unis, 90 min) & Disney Channel 22.45 Les Dossiers de Téva. L’infidélité est-elle une 22.35 Le Singe coquin. Odyssée TÉLÉFILMS 22.00 En attendant la nuit. Rediffusion. 19.25 L’Anglaise et le Duc aaaEric Rohmer (2001, nouvelle façon d’aimer ? Téva 23.00 Pilot Guides. New York. Voyage 23.00 Jazz poursuite. Il pleut des cordes [2/4]. France, 125 min) & Canal + Vert 23.00 Explorer. Le trésor perdu de Cuba. Créatures de la 23.55 Rostock, quand les néonazis se déchaînent. TSR 19.40 Cap Random. John N. Smith. [2/8] & Festival 0.00 Le Cabinet de curiosités. 20.45 aa 0.00 20.50 Convoi de femmes William A. Wellman mer. L’aigle et le serpent. National Geographic Le Souffle de l’Histoire. Les Indiens Anasazi. Voyage Vietnam, un adroit mensonge. Terry RADIO CLASSIQUE (1950, Etats-Unis, N., v.m., 115 min) & CC Classic DOCUMENTAIRES 0.15 Apartheid. [2/2]. La Chaîne Histoire George. Paris Première 21.00 Pas un de moins aaZhang Yimou (1998, SPORTS EN DIRECT 21.00 La Confiance des chevaux. Duwayne 20.00 Les Rendez-Vous du soir. 5 Piezas Chine, v.m., 105 min) & CC Auteur 17.05 Les Mystères de l’Histoire. L’art de la guerre chez Dunham & Disney Channel Infantiles, de Rodrigo, dir. Maximiano 22.25 Boom aaJoseph Losey (Grande-Bretagne, les Romains. La Chaîne Histoire 13.00  20.00 Tennis. Masters Series. Tournoi messieurs 23.20 Napoléon et Marie Walewska. S. Lorenzi. Histoire Valdés ; Œuvres de Granados, Albeniz et 1968, v.m., 115 min) % CC Succès 17.30 Voyage pratique. Ibiza. Voyage de Madrid (2e jour). Pathé Sport 0.55 Entre ces mains-là. Arnaud Sélignac & TMCGray. 20.40 XVIe Festival international de 22.45 Racket a John Cromwell et Nicholas Ray (1951, 17.30 Mémoire de l’Europe. [2/10]. Religion. Histoire 15.00 Tennis. Tournoi féminin de Zurich (2e jour). Eurosport SÉRIES Colmar. Par les Virtuoses de Moscou : Etats-Unis, N., v.o., 90 min) & Paris Première 18.00 Civilisations anciennes. L’Inde. La Chaîne Histoire 21.00 Boxe. Championnat de France des poids moyens : œuvre de Mozart, Bach, Mozart. 23.00 La Jument verte a Claude Autant-Lara (1959, 18.30 Paradis de la faune. Cieux rouges. Nat. Geographic Christophe Tendil - Hacine Cherifi. Eurosport 20.45 That 70’s Show. L’amour ou l’argent. La cousine 21.55 Les Rendez-Vous du soir (suite). Une France, 95 min) ? Cinétoile 18.30 Ecouter l’univers, entendre E.T. ? Odyssée MUSIQUE d’Eric (saison 4, v.m.) & Canal Jimmy nuit sur le mont-chauve, de Moussorgski, 23.50 Petits meurtres entre amis aaDanny Boyle 19.00 Pompidou, l’école du pouvoir. La Chaîne Histoire 20.50 Deuxième chance. Médiation. Hypocrisies (S1). Téva dir. Claudio Abbado ; Œuvres de (1994, Grande-Bretagne, 90 min) ? TPS Star 19.00 Pisteurs de dinosaures. National Geographic 18.35 Karajan dirige... Symphonie n˚8 en fa majeur op. 98, 21.35 Soirée Friends. (saison 2) [7 à 12/23] & Canal Jimmy Rachmaninov, Stravinsky, Prokofiev, 0.10 Série noire aaaAlain Corneau (1979, France, 19.00 Pilot Guides. Le sud du Mexique. Voyage de Beethoven. En 1972. Par l’Orchestre philharmonique 23.40 Sex and the City. Cœur brisé (S4, v.o.) % Téva Chostakovitch. 115 min) ? Cinéfaz 19.20 Boy, l’enfant singe. Odyssée de Berlin, dir. Herbert von Karajan. Mezzo 0.15 Les Chroniques de San Francisco. [6/16]. Téva 0.00 Les Nuits de Radio Classique.

Les codes du CSA & Tous publics % Accord parental souhaitable ? Accord parental indispensable ou interdit aux moins de 12 ans ! Public adulte. Interdit aux moins de 16 ans # Interdit aux moins de 18 ans. Les cotes des films a On peut voir aaA ne pas manquer aaaChef-d’œuvre ou classique. Les symboles spéciaux de Canal + DD Dernière diffusion d Sous-titrage spécial pour les sourds et malentendants. 36/LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002

     La carte du monde

UN AN, un mois, un jour. Que nos sociétés occidentales A Moscou, le « refuge » classé mais délaissé de la Maison rouge 11 septembre, 12 octobre. On étaient entrées dans une période prend les mêmes, ou leurs ému- de tous les dangers, puisque, aus- les. Et voici qu’elles recommen- si bien, autant que les Twin cent, ces images atroces, et atro- Towers, un tabou était tombé fai- MOSCOU enfants, de leurs gendres, de cement banales désormais, de sant que des porteurs de bombes de notre correspondante leurs petits-enfants et arrière- terreur, de mort, de feu et de fanatisés, obéissant à des projets C’est une grande bâtisse de petits-enfants, et même des sang. mortifères et à des chefs insaisis- briques rouges, cachée derrière aïeux des pièces « rapportées », Bombes volantes, bombe flot- sables, pouvaient pratiquer ce les immenses arbres d’un jardin issues elles aussi de l’intelligent- tante, bombes roulantes ici, bom- que l’on a scrupule et comme anarchique. Aujourd’hui, ses sia du XIXe siècle. Des tableaux bes humaines là, nous ne som- honte à appeler le terrorisme de habitants ne puisent plus l’eau qui appartenaient à la princesse mes pas au bout de nos peurs. masse. Frapper. Frapper très au puits et ils ont l’électricité, Cheremetiéva – une grande Pas plus qu’au bout de nos pei- fort. Frapper indistinctement, des immeubles de banlieue ont famille de l’époque tsariste dont nes. Pas au bout non plus de ce dans sa chair, son quotidien, ses poussé tout autour et le métro certains descendants vivent à la formidable déchaînement de vio- symboles et ses intérêts, le présu- n’est pas loin. Ce n’est plus une Maison rouge – aux créations lence où le terrorisme se fait fort mé empire du Mal. maison à la campagne, et pour- des plus jeunes habitants, la de frapper où il veut, quand il Le frapper à l’économie, dans tant le temps s’est arrêté là, qualité est inégale. Mais l’en- veut. Et pas de manière aveugle la symbolique de son temple du entre ces murs lézardés qui ont semble témoigne de la vitalité comme le supposerait une World Trade Center. Le frapper à abrité des générations d’artistes des milieux artistiques dans le expression de convention. l’énergie, dans la symbolique et abritent toujours leurs descen- Moscou du XXe siècle. Cette fois, ce fut Bali, l’île des d’un pétrolier. Le frapper à la dants. « Il ne s’agit pas seulement Dieux. Une charge énorme, sans « mécréance » triomphante et La Maison rouge pourrait être d’un capital plastique, mais aussi aucun doute placée dans une voi- insouciante, dans la symbolique un musée, dans cette Russie qui . . d’un capital moral », affirme ture, une charge pour faire d’un d’un tourisme de masse et de les aime tant, et où tout est pré- Les murs sont couverts des œuvres de Favorski, d’Efimov... Valentina Alexeïevna, qui vient samedi soir dans un night-club et fête occidental dansant sur une texte à en créer. Mais la volonté d’organiser une exposition sur un restaurant indonésiens, le île des Dieux. Alors qu’il n’est, de l’un de ses deux fondateurs a été respec- cette Maison rouge la Maison rouge dans la ville de Podolsk, à samedi d’enfer de centaines de dans l’esprit des terroristes fanati- tée : elle est restée maison d’habitation. qui leur a permis de une vingtaine de kilomètres de Moscou. touristes devenus cibles et objec- sés, qu’un seul Dieu, et que Ben Au-dessus des trois ateliers du rez-de-chaus- rassembler leur « C’est un endroit unique, dit-elle, parce qu’il tifs. On ignore encore, mais on le Laden en est le fléau.. sée vivent plusieurs familles, générations famille. Vladimir Fa- puise à des racines très profondes, les aïeux saura demain sans doute, car il Ici, nous revient l’image de ce mêlées, comme il est toujours d’usage dans vorski vivait jusque- faisaient partie de la vieille intelligentsia est peu douteux que les gens qui tueur fou, ce sniper prenant des le pays. De Dimitri, 74 ans, à Dimitri, son là dans un appar- éclairée, la belle-mère de Favorski avait créé ont voulu cela ne s’en fassent vies au gré de son délire, ces arrière-petit-fils, 3 ans, dix-huit personnes tement communau- le premier jardin d’enfants qui ait existé à titre de gloire et déjà victoire, on jours-ci dans la région de Wash- l’habitent. taire dans le centre, Saint-Petersbourg, son mari, médecin, soi- ignore donc encore quels sont les ington. Rien à voir évidemment, Dix-huit personnes et un siècle d’histoire, tandis que femme Moscou gnait les pauvres et recueillait les orphelins. » auteurs de cet attentat mons- la folie d’un seul homme, tuant dont les murs sont chargés. A la fin des et enfants, chassés Deux patriarches ont succédé à Vladimir trueux. Mais comme on ne prête pour tuer, au hasard et comme années 1930, une grande exposition agricole par la famine, Favorski et Ivan Efimov : les époux de leurs qu’aux fous de Dieu et à leurs dans un défi à la police. Simple- est organisée à Moscou. Certains des artis- avaient quitté la vil- petites-filles, Dimitri Chakhovskoï et Illarion riches sponsors, déjà se répan- ment, il se trouve que cet homme tes qui mettent la main à la pâte reçoivent le. La demeure est Golitsine. Le premier, sculpteur, aujourd’hui dent l’idée et la conviction que si a signé son délire d’une carte à pour paiement… un terrain. Sur le leur, à une vaste, elle sert de âgé de 74 ans, gagnait sa vie en travaillant ce n’est Al-Quaida, cela lui res- jouer symbolisant la Mort et por- quinzaine de kilomètres du centre de la capi- refuge aux amis, qui investissent jusqu’au notamment pour des théâtres. Il est l’auteur semble fort dans la manière et la tant cette mention « Cher poli- tale, Vladimir Favorski (1886-1964) et Ivan grenier. Dans les années 1960, Dimitri Jilins- de l’immense horloge apposée sur la façade folie furieuses. Que si ce n’est cier, je suis Dieu ! » Efimov (1878-1959) construisent, en 1939, ce ki, aujourd’hui l’un des plus célèbres pein- du grand théâtre de marionnettes de Mos- Ben Laden, derrière tout cela, Non, rien à voir. Sauf que qui restera pendant des décennies une des tres russes, y verra naître ses deux enfants. cou, et certaines de ses œuvres figurent alors, pour le moins, c’est un de l’idée nous obsède depuis ce rares propriétés privées de Moscou. Tous Des amis musiciens viennent répéter. dans les plus grands musées de Russie. Ce ses frères ou un de ses émules en matin d’une entreprise globale deux sont issus de familles de la vieille Tout est prétexte à spectacles, bals mas- qui ne l’empêche pas de vivre dans la plus fanatisme et barbarie. de tueurs fous, déposant sur l’at- noblesse. Le premier est connu surtout com- qués, soirées théâtrales dans ce lieu qu’à grande simplicité, et de désespérer de trou- Du 11 septembre dernier, de las du monde et sur les ruines me illustrateur de livres, le second comme l’époque on atteint, l’hiver, après une lon- ver les fonds qui permettraient de rénover la cette symbolique entrée en mas- ensanglantées d’un night-club de sculpteur animalier. Mais ils touchent à gue marche dans la neige, et qui ébahit le Maison rouge, classée au patrimoine mais sacre dans le siècle, nous avions Bali, cette carte à jouer : « Cher tout. visiteur venu bien souvent d’un apparte- délaissée. « On a grandi dans un tel milieu, tous conclu, dans un constat aus- Bush, nous sommes Dieu. » Et Au début du siècle, Ivan Efimov et sa fem- ment communautaire. Aujourd’hui, dans les dit-il, qu’on ne peut pas voir l’art comme un si vain que banal, que rien ne que, hélas ! bien d’autres cartes me ont arpenté la Russie avec un théâtre de ateliers, dans les pièces d’habitation, les commerce. » serait sans doute comme avant. restent à venir. marionnettes et un théâtre d’ombres ambu- murs sont couverts des œuvres de Favorski, lants. Ils peignent, sculptent, gravent, dans de Efimov, de leurs femmes, de leurs Marie-Pierre Subtil CONTACTS IL Y A 50 ANS, DANS 0123 EN LIGNE SUR lemonde.fr f RÉDACTION Guide culturel : http://aden.lemonde.fr a Météo. Les 21 bis, rue Claude-Bernard, 75242 Paris Marché de l'emploi : La passion du théâtre prévisions per- Cedex 05. Tél : 01-42-17-20-00 ; http://emploi.lemonde.fr Site éducation : http://educ.lemonde.fr télécopieur : 01-42-17-21-21 ; sonnalisées Marché de l'immobilier : GASTON BATY vient de mou- c’est qu’il ne jouait pas la comé- nant dans sa robe neuve et se mises à jour télex : 202 806 F http://immo.lemonde.fr f ABONNEMENTS rir. J’entends encore sa voix, fra- die. Il fut à l’aise au Théâtre Mont- regardant au miroir, devant les deux fois par f TÉLÉMATIQUE gile, voilée, essoufflée, articulant parnasse. Baty « illustrait » les rideaux blancs des fenêtres de la jour. Par téléphone : 01-44-97-54-54 3615 lemonde f DOCUMENTATION des paroles énergiques… Son pièces avec l’audace d’un Gus- maison d’Yonville. Jamais Ma- a Chaîne Sur Internet : http://abo.lemonde.fr Par courrier : bulletin p. 14 Sur Internet : http://archives.lemonde.fr grand chapeau, son manteau – tave Doré. Dans ses mises en rianne et son grand chapeau, Interactif. Tiré f COLLECTION Changement d'adresse et suspension : époque Willette ou Bruant. Un scène, le visuel dominait toujours. coquetant avec Octave ; ni Coelio du film de John Carpenter, sorti en 1982, 0-825-022-021 (0,15 euro TTC/min) Le Monde sur CD-ROM : visage jeune, des yeux clairs, une Gaston Baty avait lancé l’anathè- marchant vers la mort à travers un The Thing transporte le joueur dans le froid f INTERNET 01-44-09-43-21 Le Monde sur microfilms : silhouette de vieil artiste mont- me contre le texte. Il avait voulu feuillage de nuit ; ni Jacqueline à de l’Antarctique pour une aventure où la Site d'information : www.lemonde.fr 03-88-71-42-30 martrois. Il était bizarre. Il sédui- détrôner « Sire le Mot ». On lui par- son métier montrant du doigt la peur est le principal ennemi à combattre. Site finances : http://finances.lemonde.fr f LE MONDE 2 a sait. Baty a travaillé autant que donnait cet attentat contre la lit- bourse qu’elle confie à Fortunio… Thématiques. Sélections d’articles par Site nouvelles technologies : Abonnements : 01-44-97-54-54 Jouvet, Dullin et Pitoëff pour térature, qui, pour lui, sauvait le thèmes, extraits des archives du Monde http ://interactif.lemonde.fr En vente : « A Bagdad, chez Saddam ». l’éclat du théâtre, de 1920 à la théâtre Chimère. Jamais nous Robert Kemp autour de sujets d’actualité. En édition guerre. S’il était moins populaire, n’oublierons Emma Bovary, tour- (15 octobre 1952.) abonnés. a Tirage du Monde daté dimanche 13-lundi 14 octobre 2002 : 567 094 exemplaires. 1-3 ECONOMIEMARDI 15 OCTOBRE 2002 BOUSSOLE FOCUS TRIBUNESEMPLOI OFFRES D’EMPLOI Les pays du Golfe L’élargissement Le prix Nobel b Gestion et administration p. IX craignent de l’Union européenne d’économie 2002 b Les premiers emploi-jeunes vont sortir du b Ingénieurs p. X une éventuelle attaque dépend-il d’un « non » couronne les travaux dispositif mis en place par Martine Aubry. b Marketing p. XI américaine sur l’Irak, irlandais ? Les solutions de Daniel Kahneman Le gouvernement maintient quelques aides b Collectivités qui saperait un peu plus de contournement et Vernon L. Smith. transitoires aux associations et prépare territoriales p. XII et XIII leur croissance. A un juridique existent, Il consacre l’économie d’autres projets encore flous p.VIIb International p. XV moment où les capitaux mais leur coût politique comme une science b La fonction publique va devoir passer des b Banques p. XVI étrangers font défaut p. IV serait exorbitant p.Vexpérimentale p.VIexpériences à la réforme p. VIII

au brésil, la percée de lula à la présidentielle reflète les espoirs Amérique latine : les revers décus d’une région, après quinze ans de réformes d’une libéralisation précipitée

(FMI) de s’engager à respecter la tions à l’égard des réformes libéra- un peu plus ce tableau, les crises se politique budgétaire de son prédé- les engagées depuis plus d’une sont multipliées au fur et à mesure UN MODÈLE QUI PREND L'EAU cesseur. C’est à ce prix que Brasi- décennie, la Banque interaméricai- que ces pays liaient leur survie lia, en pleine tempête monétaire, a ne de développement (BID), qui a financière aux marchés internatio- pu se voir promettre 30 milliards réuni, le 10 octobre à Madrid, une naux des capitaux. «Onpeutse de dollars, le plus gros prêt jamais cinquantaine d’économistes spé- demander comment des pays qui consenti par l’institution. cialistes de la région, s’est montrée ont suivi si longtemps les recomman- Au Venezuela, c’est un président préoccupée par la montée de ce dations du FMI et de la Banque populiste de gauche qui se bat avec une partie de la rue, témoin les violents incidents entre adver- Les crises se sont multipliées au fur DESDE CRISES À RÉPÉTITION saires et partisans d’Hugo Chavez qui se sont soldés, le 10 octobre, et à mesure que les pays de la région liaient Taux de croissance du PIB, en % par un mort et six blessés dans le 6 centre de Caracas. Au Pérou, le pré- leur survie financière aux marchés 5 sident d’origine indienne Ale- 4 3,8 jandro Toledo a toutes les peines à internationaux des capitaux 3 justifier l’action de son nouveau 2 gouvernement. L’instabilité politi- sentiment anti-réformes portant mondiale ont pu se retrouver dans que règne aussi en Equateur, qui en germe la tentation d’un retour la situation actuelle », constate 1 avait pourtant cru trouver un remè- au populisme et du repli sur soi. Il Guillermo Calvo, l’économiste en 0 de imparable à ses déboires en se y a pourtant dans ce rejet une chef de la BID, sans aller au-delà -1 tournant vers la dollarisation, et explication très rationnelle que la de ce constat d’échec. L’heure est 1991 92 93 94 95 96 97 98 99 20000 01 02 * - 0,8 au Paraguay, tandis que la Colom- plupart des économistes ont admi- aux questions, mais, comme le bie continue à affronter enlève- se : la libéralisation n’a pas, à quel- remarquait un des participants de Source : Cepal * provisoire ments et conflits armés. Sur le ques exceptions près, tenu ses pro- la rencontre de Madrid : « Ce n’est front économique, le président messes. La croissance n’est pas au pas en pleine tempête qu’il est le mexicain, Vicente Fox, aux affaires rendez-vous : l’Amérique latine, plus facile de changer de cap. » L’ur- depuis un an et demi seulement, a érigée en modèle de la transition gence, à savoir pas de retour en été contraint d’annoncer un bud- vers l’économie de marché, fait arrière à chaud, devrait donc l’em- get d’austérité destiné à faire face aujourd’hui moins bien qu’au porter, en attendant des jours à une croissance très fortement cours de la décennie 1970, pen- meilleurs. ralentie. dant laquelle la croissance progres- Quelle que soit l’issue du scrutin sait en moyenne au rythme de Laurence Caramel et au Brésil, le risque d’une grave cri- 5,6 % par an. Pour noircir encore Serge Marti se financière demeure. Les pays de la région sont a priori peut dépen- dants de leur voisin, commerciale- ment parlant, mais tous risquent de pâtir d’un éventuel défaut sur le paiement de la lourde dette du LE FARDEAU S'EST ALOURDI pays (226 milliards de dollars, fin exté e totale, en milliards de dollars 2001), qui ne manquerait pas de précipiter un peu plus le retrait 800 général des investisseurs étran- 700 787 gers, échaudés par les déboires 600 492 répétés des pays émergents. En 500 2001, et la tendance s’est aggravée 400 depuis, les financements étrangers 300 sous forme de prêts bancaires, 200 d’achats d’actions ou d’obligations 100 ont chuté de 17 %, à 75 milliards 0 de dollars, par rapport à l’année précédente, en Amérique latine et aux Caraïbes. Les investissements directs étrangers (IDE) ont, de leur côté, reculé de 11 %, à 85 milliards de dollars, selon les chiffres de la Conférence des Nations unies e numéro 13, celui du non réélégible, quittera alors la fond du trou qui justifiera, peut- pour le commerce et le développe- candidat Lula sur l’urne présidence en janvier 2003 après être, le verdict de « nouvelle décen- ment (Cnuced). électrique, lui a porté deux mandats successifs. Elle mar- nie perdue »appliquée à une L’ajustement peut paraître mini- chance. Lancé, pour la que bien sûr un tournant majeur région qui, au sortir cahotant de la me. Il est tragique pour des pays quatrième fois, dans la dans la vie politique, sociale et éco- dictature militaire, avait déjà « per- qui comptent sur cette manne course à l’élection prési- nomique des 170 millions de Brési- du »les années 1980. pour compenser un financement dentielle, Luiz Ignacio « Lula »da liens, mais, compte tenu du poids Le marasme général et tout parti- domestique défaillant. D’ores et LSilva, ancien métallo et ex-syndica- exercé par ce pays – le Brésil assu- culièrement la débâcle argentine déjà, l’Amérique latine est entrée liste d’extrême gauche, a toutes les re à lui seul 30 % du produit inté- dont on a trop longtemps affirmé, en récession en 2002, avec une con- chances d’accéder à la fonction rieur brut (PIB) régional –, c’est à tort, qu’elle n’impliquait pas de traction de l’activité de 0,6 %, suprême, le 27 octobre, après tout le bloc sud-américain qui est risque de contagion, explique en selon les dernières prévisions du avoir largement remporté le pre- interpellé. A un moment où l’en- partie la « vague rouge »qui, au FMI, et, si l’institution financière mier tour, le 6 octobre, avec près semble des pays de la région, Brésil, devrait porter au pouvoir annonce la reprise pour l’an pro- de 47 % des voix. La victoire de exception faite, peut-être, du petit un Lula soucieux mais aussi con- chain, il y a encore, pour gagner ce Lula et de son Parti des travailleurs Chili, se débat dans d’angoissantes traint d’adoucir son image gauchis- pari, beaucoup d’incertitudes à (PT) ne signifierait pas seulement difficultés économiques et doit fai- te autrement que par le port de la lever. Alors même que les gouver- la fin de l’ère de Fernando Henri- re face à une forte augmentation cravate. Le candidat du PT a, en nements de la région – et pas seule- que Cardoso, président social- des inégalités liée à une libéralisa- effet, été chaudement prié par le ment au Brésil – doivent affronter démocrate, tendance libérale, qui, tion trop brutale. Une descente au Fonds monétaire international une hostilité croissante des popula- II/LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002 DOSSIER

QUESTIONS-RÉPONSES Les désillusions au bout des réformes

après des années récession que traversent plusieurs 80 % en Amérique latine pour seu- majorité portent un regard criti- Marasme pays peuvent conduire à une nouvel- lement 30 % environ en Asie. que sur les réformes engagées d’efforts, le crise de la dette et peut-être à une Le pari de l’ouverture n’a en depuis quinze ans. Selon une Quelles sont gentine, qui en moyenne ont autre décennie perdue pour le déve- effet pas permis – à quelques enquête réalisée par Latinobaro- reçu, entre 1990 et 2000, respecti- la croissance n’est loppement ». Moins pessimiste, exceptions près comme le Mexi- metro, au début de l’année, dans les prévisions Georges Couffignal, professeur à que ou le Chili – de ramener la dix-sept pays de la région, deux de croissance vement 30 %, 28,3 % et 15,6 % des 1 capitaux étrangers. Cette source pas au rendez-vous l’Ecole des hautes études sur l’Amé- croissance à des niveaux compara- tiers des personnes interrogées de la région ? de financement, bien que plus rique latine, à Paris, met en avant bles à ceux des années 1970. Au envisageaient l’avenir avec pessi- modeste en volume, est compara- et les crises l’importante capacité de rebond cours de cette décennie, le PIB de misme et 63 % d’entre elles consi- L’Amérique latine a basculé dans tivement plus importante pour des pays de la région, tout en la région avait en moyenne aug- déraient que les privatisations la récession en 2002. Le Fonds les pays les plus pauvres de la plus fréquentes admettant « que les réformes n’ont menté au rythme de 5,6 % par an. n’avaient pas profité à leur pays. monétaire international (FMI), région. Elle représente l’équiva- pas tenu leurs promesses ». Depuis 1991, la croissance a été en Fait nouveau, c’est que ce dans son rapport sur les perspecti- lent de 14 % du PIB des pays les Quoi qu’il advienne, pour les moyenne deux fois moins rapide mécontentement ne concerne ves économiques mondiales plus pauvres, selon les statisti- Latino-Américains, le souvenir des et surtout de plus en plus dépen- plus seulement les catégories les publiées en septembre, évalue à ques de la Cepal, contre seule- années 1980 résonne comme un dante des flux et reflux des capi- plus pauvres mais s’étend aux clas- – 0,6 % la contraction du produit ment 4,8 % pour les pays les plus ’est un peu l’histoire cauchemar. Après la crise financiè- taux étrangers. Car la stratégie ses moyennes, à leur tour très intérieur brut (PIB) cette année. riches. d’un rendez-vous re de 1982, il fallut douze ans aux d’insertion dans le commerce affectées par les aléas de la crois- L’effondrement de l’Argentine à A la différence de l’Asie, les inves- raté. Pour la troisiè- Argentins et aux Brésiliens mais mondial n’a pas été à la hauteur sance. Championne des inégali- la fin de l’année 2001 – contrain- tisseurs étrangers se sont surtout me fois en moins de près de quinze aux Mexicains, de ce qui était attendu. Les inves- tés, l’Amérique latine l’est restée te de suspendre le rembourse- tournés au cours de la dernière dix ans (Mexique en pour retrouver leur niveau de vie tissements directs étrangers – au terme de ces années de boule- ment de sa dette – et la crise décennie sur le secteur des servi- 1994, Brésil en 1999, précédent. « La conversion du conti- concentrés sur le Mexique, le Bré- versements. financière qui a emporté le Brésil ces, ouvert dans le cadre de vas- Argentine et Brésil aujourd’hui), nent au consensus de Washington sil et l’Argentine –, se sont surtout Si le Mexique a rejoint le « pre- Cl’Amérique latine se trouve con- reposait sur l’idée force que seule dirigés vers le secteur des services, mier monde » en devenant mem- àquelques semaines de l’élection tes programmes de privatisa- présidentielle d’octobre, ont tions. L’Union européenne, frontée à une crise majeure. Labo- cette libéralisation permettrait de moins générateurs de devises. bre en 1994 de l’OCDE, le club des aggravé les perspectives de la devant les Etats-Unis, est deve- ratoire, à partir du milieu des s’affranchir de la contrainte de la pays industrialisés, il a été aussi zone, par ailleurs affectée par le nue le premier investisseur de la années 1980, des politiques de libé- dette et de trouver des sources de «   » promu en laboratoire de la Ban- ralentissement économique à zone, en particulier dans le domai- ralisation prônées par les institu- financement viables », rappelle Car- Si les exportations ont progressé que mondiale pour l’expérimenta- l’œuvre aux Etats-Unis et en Euro- ne de l’énergie, des télécommuni- tions financières internationales, los Quenan, maître de conférences à des rythmes « à l’asiatique », les tion de ses politiques de lutte con- pe. La croissance en Argentine cations et, plus récemment, des ce continent, un temps érigé en à l’université de la Sorbonne-Nou- importations ont souvent augmen- tre la pauvreté. devrait reculer de 16 %, selon le services financiers. modèle au point d’exporter ses velle. Les graves difficultés actuel- té plus vite, générant des déficits Quelles leçons tirer de ce bilan ? FMI. L’Uruguay, très dépendant « thérapies de choc » dans une les de l’Argentine et du Brésil mon- quasi permanents. Bien sûr, ce Aller plus loin, disent les écono- de ses voisins, enregistrerait la La libéralisation Europe de l’Est débarrassée du trent, pour deux des plus grands tableau doit être nuancé. Entre le mistes libéraux qui expliquent les deuxième plus mauvaise perfor- communisme après la chute du pays de la zone, les limites de cette Mexique et les petits pays d’Améri- dérapages de leur modèle par le a-t-elle permis mur de Berlin, se révèle aujour- stratégie lorsqu’à l’inverse de que centrale, happés par le marché caractère inachevé des réformes. mance (– 11,1 %), alors que le Bré- de faire reculer sil et le Mexique garderaient la 3 d’hui, plus que tout autre, vulnéra- l’Asie, elle ne s’appuie pas sur des nord-américain, où se sont déve- Faire une pause, réclament les tête hors de l’eau (+ 1,5 %). Le FMI le niveau de la pauvreté ? ble aux humeurs aléatoires de la efforts d’investissement des entre- loppées des industries d’assembla- autres, réellement inquiets de la reconnaît avoir écarté trop vite conjoncture et des flux de capi- preneurs locaux et de réserves ge, et les pays andins, dont les tournure qu’a prise l’aventure. Le les risques de contagion que fai- Selon une évaluation de la Ban- taux internationaux. d’épargne importantes. échanges sont dominés à plus de débat est ouvert et les « Chicago sait peser sur le reste de la région que mondiale, publiée en septem- « Au terme de près de vingt ans de Au cours des années 1990, la det- 80 % par les matières premières, les boys » – ces économistes sud- le problème argentin. La défiance bre, la population vivant au-des- réformes pro-marché qui ont permis te extérieure de la région a aug- itinéraires sont peu comparables. américains formés à l’université des investisseurs étrangers, la ner- sous du seuil absolu de pauvreté de lutter avec succès contre l’hype- menté de près de 50 % et reste une Mais globalement, résume Yil- de Chicago, chantres des théories vosité sur les marchés étrangers, — c’est-à-dire moins de 1 dollar rinflation et d’attirer des capitaux source d’extrême vulnérabilité. maz Akyuz, pour expliquer les cri- néolibérales – ne règnent plus en où les primes ont rejoint leurs par jour — est passée de 16,8 % étrangers, la région se trouve dans Un rapport, publié en avril dernier ses à répétition « l’Amérique lati- maître aujourd’hui. L’idéologie sommets des crises passées, font de la population totale à12,1 % en une situation aussi préoccupante par la Commission économique ne est allée trop vite et trop loin sur du « moins d’Etat » et du « tout partie des éléments-clés des pos- 1999. Cependant, ajoute l’institu- qu’au début des années 1980 », affir- des Nations unies pour l’Améri- la voie de la libéralisation tant marché » a pris quelques bosses sibles scénarios pour les mois à tion financière multilatérale, la me l’économiste Yilmaz Akyuz, res- que latine et les Caraïbes (Cepal), financière que commerciale. Des au fil des crises. Même les institu- venir. Le FMI, qui table sur une crise que traverse la région ponsable de la division Mondialisa- installée à Santiago du Chili, souli- pans entiers de son appareil pro- tions financières internationales reprise en 2003, avec une crois- depuis 2001 a en partie effacé ces tion et stratégies de développe- gnait que si, en moyenne, les ductif – et le meilleur exemple reste (FMI, Banque mondiale) recon- sance moyenne de 3 % pour le progrès. Le revenu par habitant a ment à la Conférence des Nations créances à court terme représen- l’Argentine – ont été sacrifiés dans naissent qu’elles sont allées trop continent, a fait le pari d’un commencé àbaisser en 2001 en unies pour le commerce et le déve- tent la moitié des réserves en devi- une ouverture précipitée ». Il est loin. retour de la confiance. La Com- Amérique centrale et dans la loppement (Cnuced), « le brutal ses des pays en développement, peu surprenant dès lors que les mission économique des Nations zone des Caraïbes en raison de la ralentissement de la croissance ou la cette proportion atteint plus de Latino-Américains dans leur Laurence Caramel unies pour l’Amérique latine et sécheresse, de la chute des cours les Caraïbes, la Cepal, prévoit de du café et des recettes touristi- son côté une contraction du PIB ques après les attentats du 11 sep- de 0,8 % en 2002. tembre aux Etats-Unis. La popula- Une longue pratique de la contestation tion argentine, durement affec- tée par la récession et l’envolée Quels sont les pays «     . » latinos qui du chômage (plus de la moitié a Plus L’histoire continue aujourd’hui avec la mobilisa- renationalisation de ce service. Avec la crise, c’est ont le plus attiré basculé dans la pauvreté), a vu qu’ailleurs, ce slogan, qui à travers le monde bat le tion contre le grand marché des Amériques. Du aussi en Argentine que se sont le plus développées 2 également fondre ses revenus. rappel de ceux qui veulent résister aux politiques Mexique à la Terre de Feu, organisations non gou- les pratiques d’échange alternatives comme le d’investissements directs La région demeure par ailleurs économiques néolibérales, résonne en Amérique vernementales (ONG) et mouvements sociaux, au troc, que pratiqueraient aujourd’hui plus de six étrangers ? marquée par de grandes dispari- latine. Depuis l’apparition, en 1994, du mouvement nom d’un « no al ALCA ! » (la zone de libre-échan- millions de personnes. Mais, avant que le pays ne tés. Si, en moyenne, en 2000, le du sous-commandant Marcos dans les montagnes ge des Amériques voulue par Washington), se sont s’effondre et ne se déclare en cessation de paie- Les investissements directs étran- revenu par habitant s’élevait à mexicaines du Chiapas, jusqu’au lancement en regroupés en réseaux dans lesquels les mouve- ment, les mouvements argentins avaient réclamé gers (IDE) n’ont cessé d’augmen- 3 670 dollars par an pour l’ensem- 2001 du premier Forum social mondial à Porto Ale- ments nord-américains ont aussi trouvé leur pla- une annulation de la dette extérieure de leur pays ter depuis le début des années ble du continent, aux deux extrê- gre (Brésil), les « latinos » occupent les avant-gar- ce. A la fin de ce mois, ils devraient une nouvelle en convoquant de manière symbolique un tribu- 1990 avant de fléchir àpartir de mes, un Argentin pouvait espérer des de la contestation antimondialisation. Avec ses fois manifester leur détermination à l’occasion nal populaire, chargé de condamner tant les politi- 2001. Ils restent inférieurs àceux recevoir 5 460 dollars et un Nica- héros et son histoire, dans laquelle la nostalgie des d’une rencontre officielle des gouvernements du ques financières aventureuses de leurs gouverne- reçus par l’Asie : 102 milliards de raguayen seulement 400. Entre révolutions n’est jamais très loin. Leurs combats continent à Quito (Equateur). ments que l’attitude, selon eux coupable, des dollars pour cette dernière année les deux se situe le revenu moyen menés contre le Nafta, la zone de libre-échange bailleurs de fonds. de référence, contre 85 milliards, d’un Mexicain, 5 070 dollars, d’un créée entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique,  Une mise en scène qui, avec les référendums, selon le dernier rapport de la Cnu- Brésilien, 3 580, d’un Equatorien, ont souvent servi d’exemple à leurs compagnons Les vastes programmes de privatisation tou- est désormais rodée en Amérique latine pour sensi- ced (Conférence des Nations 1 210. Le Honduras, la Bolivie et le européens décidés à en découdre avec l’Organisa- chant les services publics ont également déclen- biliser les opinions à un des problèmes majeurs de unies sur le commerce et le déve- Nicaragua font partie du groupe tion mondiale du commerce (OMC) ou avec l’Orga- ché dans plusieurs pays des campagnes de protes- la région. A la veille du premier tour de l’élection loppement), mais l’écart s’est des 49 pays les moins avancés de nisation de coopération et de développement éco- tation. En Bolivie, au Mexique, au Brésil, en Argen- présidentielle du 6 octobre, les Brésiliens ont été considérablement resserré. Les la planète, qui, àce titre, bénéfi- nomiques (OCDE) qui, en 1998, avait tenté d’accou- tine et au Costa Rica, par exemple, les gouverne- plusieurs millions à réclamer qu’on les débarrasse flux demeurent concentrés sur cient d’un programme de réduc- cher très discrètement d’un projet sur l’investisse- ments nationaux ou locaux doivent affronter des une fois pour toutes de ce fardeau. les trois grandes économies de la tion de la dette pour les pays pau- ment favorisant les entreprises étrangères – une milliers d’usagers ulcérés par l’envolée des prix de zone, le Brésil, le Mexique et l’Ar- vres très endettés (PPTE). disposition déjà imaginée par le Nafta. l’eau. Certains, comme les Argentins, réclament la L. C. Entre l’ouverture commerciale et la tentation du repli

le brésil freine fortes réticences, serait pour les rait une division profonde du conti- rapport contient, en filigrane, une des Amériques de Québec en nient à ce que s’engage dès la fin du Etats-Unis une coquille à moitié nent qui obérerait les gains escomp- analyse de la difficulté de nombreu- avril 2001, les diplomates brésiliens mois à Quito (Equateur) le proces- la création vide et un échec. tés par l’ouverture des marchés à ses économies latino-américaines à ont fait valoir leurs objections : pas sus d’intégration décidé à Quebec. En effet, outre son gigantesque toute la région. Cette question se constituer de véritables unions de « moisson précoce », c’est-à-dire « A partir du 1er novembre, com- d’un grand marché, le Brésil est le pays le plus pose d’autant plus qu’outre le Mexi- douanières, ce dont témoignent les des accords partiels qui pourraient mencera une période cruciale pour la industrialisé de toute l’Amérique que un mouvement regroupant la crises récurrentes des dernières entrer en application dès 2003, et suite du processus », a déclaré la marché latine, la onzième puissance mon- majorité des pays centro-américains années entre le Brésil et l’Argentine, refus d’adhésions individuelles, au semaine dernière Peter Allgeier, l’un diale, en termes de produit intérieur et andins, dont certains ont dollarisé où, pour régler des problèmes spéci- profit d’une ratification par blocs des responsables du bureau du des amériques brut (PIB). Plus important, peut- leurs économies et qui pour beau- fiques, l’un ou l’autre décidait de régionaux, une manière pour eux représentant américain au commer- être, l’opposition du Brésil créerait coup réalisent une part importante relever ses tarifs. de renforcer leur marché régional ce international, Robert Zoellick. une dynamique de refus autrement de leur commerce avec les Etats- Quant à la cohérence des politi- du Sud (Mercosur). Par ailleurs, ils Image symbolique de la réunion de plus redoutable que celle provo- Unis, plaide pour cette issue. ques macroéconomiques, elle n’a ont fermement annoncé que le Bré- Quito, les Etats-Unis et le Brésil assu- quée par l’opposition clairement jamais été qu’une fiction, illustrée sil ne signerait pas l’ALCA tant que meront ensemble la présidence. a création d’une zone de affichée du Venezuela d’Hugo Cha-   en 1999 par la décision de l’Argenti- les Etats-Unis ne seraient pas dispo- Le résultat de l’élection présiden- libre-échange de la Terre vez et de Cuba, qui n’est pas associé Le problème des pays du refus est ne de garder la parité fixe (d’un sés à ouvrir complètement leur mar- tielle brésilienne ne devrait avoir de Feu à l’Alaska (ALCA), à ce projet. qu’ils revendiquent l’approfondisse- pour un) entre sa monnaie, le peso, ché et à éliminer leurs subventions aucune incidence sur le cours des lancée par Bill Clinton à L’évolution politique de l’Argenti- ment des blocs régionaux dont ils et le dollar, alors que Brasilia pre- (agricoles, par exemple) approu- négociations. Juste avant le premier Miami en 1994, est-elle ne pourrait aussi renforcer cet effet sont issus (Mercosur, le Caricom, le nait la décision de laisser filer la sien- vées par le Congrès américain. tour des élections, l’ambassadeur une chance et une voie si le populiste Adolfo Rodriguez Marché commun centro-américain ne, le real. Washington ne nie pas qu’il existe du Brésil à Washington, Rubens Bar- qui permettrait aux pays latino-amé- Saa est élu en mars prochain à la et la Communauté des pays andins) Depuis l’accélération des négocia- des différends avec le Brésil sur l’AL- bosa, avait déclaré que les deux can- Lricains de sortir de la récession et de présidence du pays comme l’indi- pour éventuellement adhérer à tions sur l’ALCA, lors du sommet CA, mais ne voit aucun inconvé- didats Luiz Inacio « Lula » da Silva s’installer, enfin, dans un développe- quent les enquêtes d’opinion. Elu d’autres, alors que ces associations et José Serra avaient souscrit «un ment durable ? Un tel projet multi- par le Congrès le 23 décembre, à la régionales sont « imparfaites » com- engagement » constituant à suivre plierait par deux les membres de suite du départ de Fernando de la me le relève pudiquement la Ban- POUR EN SAVOIR PLUS les grandes lignes de la politique du l’Accord de libre-échange nord-amé- Rua, il est celui qui a décidé – et que interaméricaine de développe- > Amérique latine 2002, Institut d’Olivier Dabène (Armand Colin, Brésil sur le projet de l’ALCA, telles ricain (Alena), qui unit depuis le annoncé avec le sourire – le moratoi- ment (BID) dans son rapport « Plus des hautes études de l’Amérique 2002, 192 p., 12,30 ¤). que le président Cardoso les avaient er 1 janvier 1994, les Etats-Unis, le re sur la dette publique argentine, au-delà des frontières », publié latine (Iheal), dir. : Georges > « La dollarisation, une fausse définies. Cela étant, une variable ris- Canada et le Mexique, soit un espa- alors d’un montant de 140 milliards début octobre. Couffignal (La Documentation solution », revue L’économie politique que de biaiser ces négociations : l’as- ce peuplé de 800 millions de person- de dollars, et précipité la chute du La BID recommande vivement française, 2002, 224 p., 25 ¤). (no5, 1er trimestre 2000, 112 p., 10 ¤). sistance financière internationale nes. Parmi ces 400 millions de nou- pays dans la plus grave crise de son aux blocs régionaux latino-améri- > Alena et Mercosur : enjeux et > Commission économique des dont a besoin le Brésil – pour éviter veaux membres, 170 millions sont histoire. cains de baisser leurs tarifs doua- limites de l’intégration américaine, Nations unies pour l’Amérique latine un scénario argentin –, et donc de brésiliens. C’est dire que l’ALCA Ce clivage entre deux Amériques, niers, de libéraliser les services et de d’Alain Musset et Victor M. Soria et les Caraïbes : www.cepal.org l’accord de Washington. sans le Brésil, qui depuis le début l’une ouverte et l’autre repliée sur s’entendre pour coordonner leurs (Ed. Iheal, 2001, 229 p., 12 ¤). >Banque interaméricaine de des négociations a fait connaître ses des positions nationalistes, consacre- politiques macroéconomiques. Ce > L’Amérique latine au XXe siècle, développement : www.iadb.org Alain Abellard LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002/III DOSSIER

Guillermo A. Calvo, de la Banque interaméricaine de développement (BID) CHRONIQUE « L’“effet Enron” est en partie à l’origine par Serge Marti des difficultés de la région »

même temps, la prime de risque banques sont très nerveuses sur la blement de surprise. La crise s’est appliquée aux marchés émergents valeur réelle de leurs actifs dans étendue régionalement mais cette a augmenté considérablement, ce des sociétés qui font la « une » contagion est-elle due à l’Argenti- qui a renchéri leur recours au finan- des journaux. Pour ces investis- ne ou à l’« effet Enron » précédem- cement extérieurs. Tout cela a con- seurs, ce n’est pas le moment d’al- ment évoqué ? J’ai plutôt tendan- tribué au ralentissement de la crois- ler se risquer en Amérique latine. ce à penser que c’est ce dernier fac- sance en Amérique latine. Même Mieux vaut parier sur des place- teur qui a joué à travers l’assèche- des économies qui affichaient ments plus sûrs. C’est ce qu’on ment des investissements. alors de bons résultats, par exem- appelle la fuite vers la qualité. La contagion peut aussi venir de ple le Chili, ont subi une forte C’est pourquoi je ne crois pas à un considérations politiques. A cet réduction des investissements grand changement en 2003 dans égard, on peut se demander com- L’Europe d’en bas étrangers dans le pays. Du coup, la la région, à l’exception peut-être ment des pays qui ont suivi si long- croissance a été ramenée de 7 % à du Mexique, qui bénéficie de l’ef- temps les recommandations du  ’ 3 %. Naturellement, chaque Etat fet Alena (l’accord conclu entre Fonds monétaire international de ce qui s’était passé invités, par référendum, à ratifier latino-américain a réagi en fonc- les Etats-Unis, le Canada et ce (FMI) et de la Banque mondiale GUILLERMO CALVO en 1991, avant que ne soit déclen- ou à rejeter une nouvelle fois (le tion de sa propre situation, surtout pays) même s’il souffre du ralen- ont pu se retrouver dans la situa- chée la guerre du Golfe, un débat premier « non » avait été prononcé f 2000 Guillermo Calvo est financière. Le Chili, qui était en tissement de l’économie américai- tion actuelle. s’est déroulé, le 8 octobre, à l’As- en juin 2001) le traité de Nice, ce économiste en chef de la Banque bonne santé, a moins souffert. Sa ne et de l’« effet Enron ». La ques- Est-ce àdire que le fameux semblée nationale. Un échange qui qui aurait pour effet de faire tan- interaméricaine de développement (BID). croissance a fortement diminué tion de l’Argentine est très particu- consensus de Washington est a débouché sur une position relati- guer dangereusement la future mais l’économie ne s’est pas effon- lière, car elle est devenue un pro- menacé ? f 1994 Spécialiste des questions vement consensuelle, tant à l’égard Europe des 25. Posée également drée. blème politique avant tout. L’ef- Il a effectivement manqué quel- macroéconomiques ainsi que des pays de Washington qu’à l’encontre de par Günter Verheugen, le commis- Est-ce dû également au fait fondrement du système financier que chose dans le consensus de Bagdad. Les représentants du peu- saire européen chargé de l’élargisse- émergents et en transition, il a été que le Chili avait mis en place un est un élément particulièrement Washington : la prise en compte ple se sont exprimés sur un sujet ment qui n’en finit pas de tirer la entendu à plusieurs reprises par contrôle des capitaux ? préoccupant. des imperfections apparues dans délicat de politique étrangère qui sonnette d’alarme sur l’« hostilité le Congrès américain sur les sujets Encore aujourd’hui, la question Certains assurent qu’il est dû le fonctionnement des marchés de engage la France et ses partenaires. de l’opinion publique », notamment de dollarisation et sur la crise mexicaine fait débat. Entre-temps, le gouver- àla privatisation de la quasi- capitaux. On a également négligé Ce processus démocratique qui française, ainsi qu’il l’a redit dans de fin 1994. nement a supprimé ce contrôle totalité des banques argentines l’importance d’une information vaut pour l’Irak aura-il droit de cité un entretien accordé au quotidien f 1974 Docteur en économie provisoire sur les capitaux entrant Effectivement, il ne reste plus quasi parfaite, de façon à ne pas pour le big bang est-européen ? En Les Echos. de l’université américaine de Yale, dans le pays. A mon avis, la résis- que deux ou trois banques nationa- déclencher les rumeurs et la crise clair, les élus de la nation – la Reprenant ce thème qu’il avait enseignant à Columbia et à l’université de tance à la crise du Chili provient les et, compte tenu de la situation de confiance comme en a souffert, « France d’en haut » – pourront-ils développé à Salzbourg, à l’occasion Pennsylvanie, il a été conseiller principal plutôt du fait que ce pays n’avait actuelle, il peut y avoir un retour sans raison apparente, l’Uruguay, ou devront-ils faire entendre leur de la version européenne du Forum au département des recherches du FMI. pas de déficit fiscal, très peu de det- vers la nationalisation de certains une nation jusque-là bien cotée et voix à l’attention d’une « Europe économique mondial (dit « de te publique, un bon système de établissements. Mais je ne crois subitement reléguée parmi les d’en bas » désormais élargie à vingt- Davos »), en présence de représen- supervision bancaire. Par compa- pas pour autant que la présence pays à risques. Jusqu’à mainte- cinq pays après le feu vert donné le tants de pays adhérents mais aussi raison, le Brésil et l’Argentine sont 9 octobre par la Commission de de candidats « spontanés » venus Quelles sont, selon vous, les apparus très endettés. A cela, il Bruxelles à l’adhésion, dès 2004, de des Balkans ou d’Ukraine (« Le Mon- raisons de la débâcle économi- faut ajouter le climat politique « La contagion peut aussi venir huit pays de l’ex-bloc soviétique, de Economie » du 24 septembre), le que du continent latino-améri- actuel, notamment au Brésil, qui plus Chypre et Malte ? commissaire invite les « hommes cain ? rend l’investissement étranger de considérations politiques. A cet égard, Allons plus loin ; pour que la Fran- politiques français » à « réfléchir, dès Quand vous regardez la situa- plus risqué en raison du manque ce – et les Quinze – sortent du défi- à présent, à la façon dont ils pour- tion de la région depuis 1998-1999, de clarté sur la situation future. on peut se demander comment des pays qui cit démocratique qui, plus particu- raient expliquer l’enjeu d’un tel pro- vous constatez une crise en 1999, Ce sont làles causes principa- lièrement depuis le traité de Maas- jet.Un sujet qui, dans six mois, sera une reprise l’année suivante et les de la crise actuelle ? ont suivi si longtemps les recommandations tricht, taraude les étapes de la cons- au cœur de la politique française ». ensuite un clair ralentissement de Il faut en ajouter une autre qui truction européenne ainsi que le Pour l’heure, majorité et opposi- la croissance. Je pense que cette m’apparaît déterminante et dont du FMI et de la Banque mondiale ont pu confirment les poussées populistes tion restent la tête dans le sable évolution a un rapport avec la on parle peu : les scandales finan- d’électorats fragilisés, ira-t-on jus- sur le dossier européen qu’elles situation des marchés de capitaux ciers, à Wall Street ou ailleurs. se retrouver dans la situation actuelle » qu’à organiser un référendum pour avaient déjà occulté à l’approche et notamment avec la crise russe Ceux-ci ont débouché sur une exi- que s’exprime la volonté populaire de l’élection présidentielle. Espé- de 1998. Celle-ci provenait initiale- gence légitime de transparence étrangère, très forte dans le systè- nant, les marchés émergents ne sur un élargissement qui dépasse rant que le passage de l’Union de ment du problème rencontré sur dans les comptes et les activités me bancaire argentin, soit un fac- peuvent pas se prévaloir d’une de très loin l’enjeu des derniers ral- 380 à 455 millions d’habitants, sur les titres obligataires domestiques. financières. Or, il est vite apparu teur structurel de faiblesse, même information parfaite, d’où la sanc- liements en date, à savoir l’Espagne fond de crise économique et de La crise qui en est résultée, éten- qu’il était plus facile, pour respec- si le système peut apparaître passa- tion qu’ils subissent actuellement. et le Portugal en 1986, l’Autriche, la coût financier pour les Quinze, au due aux pays émergents, a consti- ter les nouvelles règles, d’investir gèrement vulnérable. Ils ont pourtant besoin de soutien, Finlande et la Suède en 1995 ? prix de marchandages – comme en tué, pour beaucoup d’investis- dans les pays du Nord qu’en Améri- Comment a-t-on pu, si long- y compris, peut-être à titre provi- La question, qui sent le soufre, témoignent les travaux de la Con- seurs, un signal d’alarme. Ils se que latine, où elles laissent encore temps, occulter l’effet de conta- soire, de barrières à l’entrée de sera certainement écartée lors du vention sur l’avenir de l’Europe – sont dit qu’ils prenaient désormais à désirer. Dans les faits, les scanda- mination régionale ? capitaux spéculatifs pour contrô- sommet européen de Copenhague, pourra s’effectuer en catimini. Le plus de risques qu’ils ne le pen- les de Wall Street ont également Le risque de contagion existe ler la volatilité de l’argent, comme les 12 et 13 décembre, chargé d’offi- retour de bâton risque d’être dou- saient en se plaçant sur les pays contribué à réduire les investisse- quand les marchés de capitaux l’ont fait le Chili et, ce qu’on sait cialiser l’élargissement à l’Est. Elle loureux. Les électeurs ont appris à émergents ou en transition. Jus- ments directs vers la région. sont pris par surprise. La crise moins, la Colombie. C’est là un des n’en demeure pas moins posée. Par manier l’expression de leur mécon- que-là, il était possible d’arbitrer, Etes-vous plus optimiste sur le mexicaine a eu un effet contami- aspects manquants de l’architectu- les Irlandais qui, le 19 octobre, sont tentement. par exemple, entre l’Asie et l’Amé- moyen terme ? nant car elle s’est produite par sur- re financière internationale mais rique latine. Désormais, ces passe- Pas vraiment, ne fût-ce qu’en prise, de même que la crise russe. je ne suis pas sûr que tout le mon- relles ne fonctionnaient plus. raison du dernier point que j’évo- En revanche, les difficultés du Bré- de soit prêt à pallier ce manque. Leur revirement a entraîné quasi- quais, les scandales financiers sil en 1998 n’ont pas entraîné de ment un assèchement des flux de dont personne ne se hasarde à contamination. Pour ce qui est de Propos recueillis par capitaux vers ces pays. Dans le pronostiquer la fin. Les grandes l’Argentine, il n’y a pas eu vérita- Serge Marti L’exception chilienne

très ouverte, ne, mais en a subi des effets comme sion exercée actuellement sur le Bré- une politique orthodoxe » pour ne la baisse du volume des investisse- sil. A la différence d’un Brésil qui, pas sombrer dans un état ou une l’économie ments directs étrangers (IDE). Si les chaque année doit trouver 40 mil- situation ingérable. C’est pourquoi, perspectives de croissance (5 %) liards de dollars pour rouler sa det- au détriment d’investissements de ce petit pays viennent d’être revues à la baisse, la te, le Chili possède une faible industriels ou sociaux, le pays s’obli- hausse du produit intérieur brut demande de financement extérieur. ge à maintenir des réserves interna- fait preuve d’une (PIB) pour l’année devrait atteindre Le deuxième facteur de l’excep- tionales élevées et sa dette publique 2 % à 2,5 %. tion chilienne est sa politique fiscale à un faible niveau pour ne pas être rare stabilité Le Chili résiste mieux, progresse rigoureuse et anticyclique qui consis- attaqué par les marchés. et se modernise depuis plus de vingt te à épargner quand la conjoncture Le troisième facteur de l’excep- ans, à l’inverse des autres pays est favorable et à utiliser ses réser- tion chilienne est sa diplomatie mul- latino-américains, avant tout parce ves quand elle l’est moins. tipolaire, qui ne le fait dépendre que son économie est très ouverte. Entre 1986 et 1997, le pays a connu d’aucun bloc, comme le Mexique ’Amérique latine présen- Les exportations représentent les un taux de croissance important du qui réalise 90 % de son commerce te tous les stigmates d’un deux tiers de son produit interne et PIB, de l’ordre de 7 %. Dans le avec les Etats-Unis et s’enrhume dès grand malade : crise sont diversifiées entre l’Europe, les même temps, le prix du cuivre – la que son voisin tousse. Santiago a financière sans précédent Etats-Unis, l’Asie et le reste du conti- principale exportation du pays et conclu, fin avril, un accord avec en Argentine, graves nent américain. une source importante de revenus l’Union européenne qui prévoit l’ins- incertitudes au Brésil, ins- pour le secteur public – a été élevé, tauration d’une zone de libre-échan- tabilité politique au Venezuela, en   ce qui a permis aux différents gou- ge portant sur tous les secteurs, LEquateur, au Paraguay, contesta- Son développement contraste vernements de dégager des revenus notamment l’industrie, la pêche et tion du gouvernement péruvien, avec ce qui existe en Argentine et au importants qui sont utilisés aujour- l’agriculture. S’il appartient au conflit armé en Colombie. Un seul Brésil, plus fermés, et dont le déve- d’hui. Le respect d’une politique fis- regroupement régional de Coopéra- pays fait figure d’exception : le Chili. loppement repose davantage sur cale anticyclique a permis au Chili tion économique Asie-Pacifique Même si la situation est « moins bon- l’économie interne. Paradoxale- de stabiliser son risque pays, alors (APEC) et est membre associé du ne que les années précédentes », com- ment, ces deux pays dépendent que ceux de l’Argentine, du Brésil et Mercosur (le marché régional du me le reconnaissait le ministre des beaucoup plus du monde extérieur, de l’Uruguay ont explosé, alourdis- cône Sud), le Chili devrait, après finances chilien, Nicolas Eyzaguirre, ne serait-ce que par l’importation sant le service de la dette. avoir conclu des accords identiques lors de son passage à Paris en sep- de ce qu’ils ne produisent pas et en Le Chili ne se veut pas pour avec le Canada et le Mexique en fina- tembre, le Chili s’affirme « pour la second lieu pour le financement autant un héraut de la globalisation liser un avec les Etats-Unis. Il sera communauté internationale comme international. Les deux sont con- et déplore, selon M. Eyzaguirre, que ainsi l’unique pays sud-américain à un partenaire dont la stabilité est ras- damnés à exporter davantage et à « les règles de l’économie mondiale disposer d’un accord de libre-échan- surante », selon le commentaire importer moins pour se financer, ce n’aident pas à ce que la vie soit facile ge avec les Etats-Unis. d’un responsable d’une grande qui n’est pas possible, comme pour les économies de la région ». Cri- entreprise française, « furieux de l’at- actuellement, dans des périodes tiques par rapport au Fonds moné- AA. titude irresponsable des autorités poli- déprimées et de chute de l’activité. taire international (FMI) auquel ils tiques en Argentine ». Et les marchés des capitaux sont reprochent « de ne pas assez jouer e Lire aussi, sur l’Amériquie latine, Petite économie de 15 millions beaucoup plus volatils que celui des son rôle de prévention des crises », les p. VI, une tribune de Pierre Salama, d’habitants, le Chili n’a pas été affec- biens et des services, ce qui explique Chiliens considèrent qu’il n’y a pas professeur à l’université Paris-XIII, et té directement par la crise argenti- les déboires de l’Argentine et la pres- « d’autre possibilité que d’appliquer la chronique « livres » d’Anne Proenza IV/LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002 BOUSSOLE europe LES INDICATEURS ÉCONOMIQUES INTERNATIONAUX « LE MONDE »/EUROSTAT UE 15 EURO 12 ALL. BELG. ESPAGNE FRANCE ITALIE PAYS-BAS ROY.-UNI E.U. JAPON

DES MARIAGES DE PLUS EN PLUS TARDIFS Production industrielle (juillet 2002, en %) : sur un an – 0,7 – 0,5 – 1,4 3,8 0,1 – 1,9 – 1,7** – 0,6 – 2,0n. d. n. d. Age moyen au premier mariage* sur un mois – 0,2 – 0,9 – 1,11,4 0,7 – 1,0 – 1,0** – 2,7 3,4n. d. n. d. Pays Hommes Femmes Prix à la consommation 1980 1999 1980 1999 (août 2002, en %) : sur un an 1,9* 2,1* 1,0 1,3 3,7 1,8* 2,6* 3,8* 1,0 1,8 – 0,8 UE15 26,0 30,3 23,3 28,1 Belgique 24,3 28,9 22,3 26,6 sur un mois 0,1* 0,1* – 0,2 1,5 0,3 0,2* – 0,2* 0,3* 0,3 0,3 – 0,4 Danemark 27,2 32,5 24,6 30,1 Allemagne 25,7 30,9 22,9 28,2 PIB en volume Grèce 28,7 30,3 24,7 26,5 (2e trimestre 2002, en %) : sur un an 0,7 0,6 0,1 0,3 2,0 1,0 0,2 0,1 1,2 2,1 – 0,9 Espagne 25,9 29,5 23,5 27,6 sur trois mois 0,4 0,3 0,3 0,2 0,4 0,5 0,2 0,1 0,6 0,3 0,5 France 25,1 31,2 23,0 29,1 Italie 27,1 30,0 23,9 27,1 (2000) (2000) Pays-Bas 25,5 30,7 23,2 28,3 Déficit public/PIB (en %) Suède 28,6 32,9 26,0 30,4 2001 – 0,8 – 1,4 – 2,8 0,4 – 0,1 – 1,4 – 2,2 0,1 0,8 1 – 7,6 Roy.-Uni 28,5 29,6 25,4 27,5 Source : Eurostat * Belgique, Espagne, France, Italie : 1980 et 97, Grèce : 1990 et 98, Roy.-Uni : 1982 et 98 Dette publique/PIB (en %) (2000) (2000) a L’ÂGE AUQUEL LES HOMMES ET LES FEMMES se marient pour la première fois 2001 63,1 69,2 59,5 107,6 57,1 57,3 109,8 52,8 39,1 59,3*** 105,4*** a augmenté ces vingt dernières années dans tous les Etats membres de l’Union européenne. La hausse a été la plus sensible en France, plus de six ans aussi bien pour les hommes que pour les femmes, et la plus faible Solde commercial (03/02) (03/02) au Royaume-Uni, en Grèce et au Portugal, environ deux ans dans les extracommunautaire trois pays. (en milliards d'euros, juillet 2002) 4,2 12,0 10,8** 1,8 – 3,3** 1,3** 1,0** 2,5** – 5,7 – 37,3 3,6 a TANT EN 1980 QU’EN 1999, les hommes étaient plus âgés que les femmes lors du premier mariage dans tous les Etats membres. C’est en Suède et Investissement (FBCF) e au Danemark que les hommes et les femmes étaient les plus vieux lors (2 trimestre 2002, en % ) : du mariage, et au Portugal qu’ils étaient les plus jeunes. En France, l’âge sur trois mois – 0,5 – 0,8 – 2,5 1,0 **** 0,6**** 0,1 – 2,4**** – 1,8 0 0,6**** – 0,6 moyen du premier mariage était légèrement inférieur à la moyenne en

1980, et légèrement supérieur en 1999, pour les hommes comme pour les * provisoire, ** juin 2002, *** estimations, ****1er trimestre 2002 femmes. pays émergents LES INDICATEURS FRANÇAIS innovation Dernier mois Variation connu sur un an MAUVAISE PASSE POUR LA POLOGNE L'EUROPE TIRE LE MARCHÉ DES ROBOTS Consommation des ménages + 0,5 % (T2/02) + 1,4 % Inflation, en % Taux interbancaire à 3 mois, en % Ventes annuelles de robots industriels (en nombre d'unités) Taux d'épargne 16,5 % (T1/02) + 4,43 120 000 30 104 400 Total Pouvoir d'achat des ménages + 0,5 % – 0,2 *** 25 (2000-2001)

20 80 000 Commerce extérieur + 2 375 (juillet 2002) + 2,21 15 8,46 (en millions d'euros) 41 800 U.E. 10 40 000 36 100 Japon 5 1,2 Enquête mensuelle sur le moral 14 200 Etats-Unis des ménages * – 17 (juillet) – 7** 0 0 5 100 France 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2000 2001 2002 2005* + 8** Sources : CDC IXIS et Banque nationale de Pologne Enquête mensuelle dans l'industrie * (entre Source : UNECE, IFR et associations nationales de robotique. *estimation opinion des chefs d'entreprise – 7 (juillet) fév.02 et sur les perspectives générales de production juil. 02) a A QUELQUES SEMAINES du Conseil de Copenhague qui doit décider des a EN FRANCE, la vente de robots industriels a diminué de 8 % en 2001, adhésions à l’Union européenne, la Pologne accumule les mauvais indica- selon l’étude annuelle publiée par la Commission économique des teurs. La croissance devrait être proche de 1 % en 2002. La production Nations unies pour l’Europe. Cette baisse intervient après une année de Créations d'entreprises 21 291 (08/02) – 1,6 %*** industrielle, malgré le rebond du début de l’été, reste mal orientée. Le forte croissance (+ 23 % en 2000), due au secteur automobile. chômage stagne à des niveaux élevés (17 % de la population active). Défaillances d'entreprises a AU JAPON, les ventes de robots se sont effondrées en 2001. Elles ont éga- a LE RALENTISSEMENT se traduit par une telle diminution de l’inflation que, par date de jugement 3 473 (03/02) + 12,2 %** lement régressé aux Etat-Unis. malgré les quelques baisses de taux, le coût de l’argent reste très élevé, plus de 7 % aujourd’hui. En conséquence, les entreprises locales s’endet- * solde de réponses, CVS, en % ** solde net douze mois auparavant *** en glissement a EN ALLEMAGNE, le nombre de robots est de 127 pour 10 000 habitants, tent de plus en plus en devises étrangères. (CDC-Ixis) Source : Insee, Douanes alors que la moyenne européenne est de 81, et celle des Etats-Unis de 52. UN CHIFFRE Les pays du Golfe face à la crise irakienne

des réformes ni, les 100 dollars le baril ; en effet, LE POIDS ÉCRASANT DE L'ARABIE SAOUDITE du prince héritier et du ministre des 4,2 les productions saoudienne et affaires étrangères. Plutôt que de s’imposent koweïtienne pourraient être arrê- PIB en 2001 en milliards de dollars IDE en 2001 (investissements privatiser, certains préconisent le endettement des ménages tées en raison de la destruction par directs étrangers) rapatriement des avoirs privés à l’Irak des installations pétrolières de en millions de dollars l’étranger des pays du CCG. Ils s’élè- américains en milliards pour attirer Qatar de dollars (août 2002) ces pays dans le cas ultime où Sad- Arabie veraient, selon la Saudi American les investisseurs dam Hussein se sentirait acculé. saoudite Bank, à 1 300 milliards de dollars Ce scénario catastrophe n’est évi- 237 (dont 700 milliards pour Riyad). Quand les Américains s’inquiè- Arabie demment pas le plus plausible, 173 Mais les pays du CCG ne font pas étrangers saoudite Oman tent de la situation de leur pays, mais, au-delà de cet aspect conjonc- Bahreïn face aux mêmes situations. ils empruntent moins que d’habi- et accélérer turel, la question centrale des écono- Le chômage atteint des propor- tude. Tel est le constat de la mies de la région demeure celle de 92 tions inquiétantes en Arabie saoudi- 20 Réserve fédérale (Fed), qui, se la croissance leur dépendance à l’égard du pétro- 49 te : il est compris entre 15 % et 20 % penchant sur la dette des ména- le et donc de leur nécessaire diversi- de la population active. Elle reste le ges, a remarqué que sa progres- fication. En dépit de nombreux Emirats arabes unis -40 seul pays du CCG à n’avoir pas enco- sion avait diminué au mois effets d’annonce, les hydrocarbures Koweït Oman Qatar Bahreïn re adhéré à l’Organisation mondiale

d’août. Alors que la banque cen- contribuent en moyenne à la forma- 66,2 du commerce (OMC), elle devra trale tablait sur une hausse de 18,9 tion de la moitié des produits intéri- -156 donc relever ce défi en menant des 16,2 36,8 11,1 milliards de dollars en août, ombien de temps eurs bruts (PIB). Les revenus pétro- 8 réformes. Le Koweït et les Emirats celle-ci n’a été que de 4,2 mil- durerait une attaque liers constituent l’essentiel des recet- peuvent compenser la faible diversi- EAU liards. Le montant total de la det- militaire américaine tes budgétaires et représentent Source : CNUCED, Standard & Poor's Koweït fication en jouant sur les avoirs te des ménages américains se contre l’Irak ? C’est la 70 % à 95 % des exportations. considérables dont ils disposent à situe ainsi à 1 730 milliards de dol- question qui préoccu- Les législations ont commencé à qui sera achevée, en principe, début industriel en poste dans la région, l’étranger. lars. « Les consommateurs ont pe les responsables évoluer afin d’attirer les investisse- 2003, et de constituer une Union combattre la notion d’« emplois Le Qatar a réussi son développe- ralenti le rythme de leurs emprunts des pays du Golfe car de cette ments étrangers, mais ceux-ci res- monétaire qui pourrait voir le jour à subalternes » et sortir la population ment en réalisant de forts investisse- parce qu’il leur a semblé que le Créponse dépend leur avenir politi- tent minimes. Si l’on prend le rap- l’horizon 2010. d’un état « contemplatif ». ments dans le domaine gazier et mois d’août cumulait trop d’incerti- que et économique. La forte opposi- port 2002 de la Conférence des Autre moyen de soutenir la crois- connaît la plus forte progression de tudes : les cours de Bourse, le ris- tion exprimée par les populations Nations unies sur le commerce et le «   » sance, les privatisations. Là encore, son PIB par habitant. Sa croissance que de guerre et la crise de confian- contre une nouvelle intervention de développement (Cnuced), on s’aper- Pour accélérer la croissance, qui elles ont du mal à être effectives. devrait se poursuivre encore pen- ce dans les comptes des entrepri- Washington dans la région fait crain- çoit que l’ensemble des pays arabes reste insuffisante au regard de la Dernier exemple en date, le projet dant quelques années. Bahreïn, lar- ses », a déclaré Richard Yamaro- dre des manifestations de protesta- attire moins d’investissements que pression démographique, l’urgence d’ouverture du secteur gazier saou- gement dépendant de Riyad, ne, économiste à l’Argus tion, d’autant que Riyad (Arabie Singapour. Dans le classement des des réformes se fait sentir. L’Etat dien. Les autorités de Riyad vien- entend renforcer la place financière ResearchCorp., un organisme saoudite), Doha (Qatar) ou Koweït, pays selon l’index de performance fonctionne toujours sur le même nent de refuser les propositions fai- qu’il occupe dans la région. Il dispo- d’études indépendant. pourront difficilement se soustraire des investissements directs étran- schéma : il perçoit une rente pétro- tes par des compagnies comme se de 30 % des actifs des banques du Bien qu’ils se soient souciés de aux exigences américaines. Les gers (IDE), le premier pays arabe, lière et la redistribue sous une for- ExxonMobil, Royal Dutsch/Shell ou Golfe avec une forte composante ne pas accroître leur endette- conséquences sur la politique pétro- Bahreïn, n’arrive qu’en 40e position. me non productive, souvent en encore BP et TotalFinaElf pour offshore, mais le pays craint la ment, les ménages américains lière risquent d’être lourdes. Les investisseurs, en dehors du emplois fictifs, exagérément rému- développer trois champs gaziers. En concurrence de Dubaï. Oman tente continuent de consommer. Des Actuellement, un consensus exis- domaine pétrolier, sont frileux en nérés. A titre d’exemple, 95 % des revanche, elles ont décidé de céder de se diversifier, mais dispose de taux d’intérêt très bas, une valori- te au sein de l’Organisation des raison de politiques protectionnis- nationaux travaillent dans le sec- 30 % de leurs parts dans la Saudi peu d’argent et de peu de pétrole. sation continue de l’immobilier pays exportateurs de pétrole tes, d’un secteur privé quasi inexis- teur public à Koweït et 80 % des Telecom avant fin 2002. Les systè- Les fragilités de ces économies ris- et un boom du refinancement (OPEP) sur le maintien d’un prix tant et d’une faible intégration expatriés dans le secteur privé. Seu- mes politiques vieillissants, principa- quent enfin d’être accentuées par ont dégagé des liquidités qui ont compris dans une fourchette de 26 régionale. Les importations entre le la remise en question de ce con- lement dans les cas de l’Arabie et du des tensions régionales, lesquelles pu être investies dans l’écono- à 28 dollars le baril, ce qui convient les pays du Conseil de coopération trat social, et donc d’un change- Koweït, gênent les évolutions retarderont encore la mise en mie. Mais dès juillet l’endette- aux pays du Golfe. Mais, dans l’hy- du Golfe (CCG) ne représentent ment de mentalité, pourrait permet- devant conduire aux réformes. L’im- œuvre des réformes structurelles. ment des ménages avait com- pothèse d’un conflit de grande que de 7 % à 9 % des importations tre de sortir de l’impasse actuelle. pulsion doit venir du sommet de mencé à se réduire par rapport intensité, les prix pourraient attein- totales. Conscientes de cette faibles- Le vrai défi est celui de reposition- l’Etat, lequel est, à Koweït, handica- Agnès Levallois aux prévisions. dre, selon l’ancien ministre saou- se, les pétromonarchies ont l’objec- ner le travail comme valeur sociale pé par le mauvais état de santé non Nord-Sud Export, dien du pétrole, Ahmed Zaki Yama- tif de réaliser une Union douanière et, pour reprendre l’expression d’un seulement de l’émir mais également groupe « Le Monde » LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002/V FOCUS

L’élargissement de l’Union est-il HISTOIRE DE L’ÉCONOMIE à la merci d’un « non » irlandais ? par Jacques-Marie Vaslin

les solutions de noncer par référendum sur le trai- journaux irlandais afin d’expli- tefois, le calendrier très serré de té de Nice. Lors d’une première quer l’enjeu majeur que représen- l’élargissement risque d’en pâtir, Le travail de longue contournement consultation, le 7 juin 2001, ils te pour eux le scrutin du 19 octo- et la date d’entrée au 1er janvier avaient, à la surprise générale, bre, tout en soulignant leur pro- 2004 ne pourra pas être tenue, ce juridique dit non par 54 % des suffrages et fond respect du choix démocrati- qui rendra en pratique impossi- 68 % d’abstention. que que les électeurs irlandais ble la participation des dix « nou- date des enfants existent, Depuis, quatorze des quinze feront. veaux » au renouvellement du Parlements des Etats membres En cas de deuxième refus irlan- Parlement de Strasbourg, en mais leur coût de l’UE ont ratifié ce traité qui dais, l’élargissement de l’UE aux juin 2004. ’   contient les réformes institution- nouveaux Etats ne disposera plus Sans remettre en cause la logi- aux manufactures pieds nus,par la politique serait nelles nécessaires à l’adhésion de base juridique. Rejeté par un que de l’élargissement, un “non” dans le monde fait rarement la Une pluie et la boue,pâles,énervés, des dix postulants. « Un “non” des Quinze, le traité de Nice irlandais entraînera un retard des journaux. Ils sont pourtant offrant un extérieur de misère,de exorbitant irlandais ouvrirait une crise politi- devient en effet caduc et est ipso d’un an – voire plus vraisembla- 211 millions à travailler, âgés entre 5 souffrance et d’abattement ». que de première grandeur, dont facto remisé aux oubliettes. blement de deux ans – pour l’en- et 14 ans. Le 12 juin 2002, à Genève, Karl Marx exige l’interdiction du les conséquences demeurent diffici- Après, comme le précise Olivier trée des pays candidats. Le l’Organisation internationale du tra- travail des enfants en 1848 dans les à prévoir, mais qui ne pour- Duhamel, député européen (PS), “non” porterait un coup très dur vail (OIT) a décrété une Journée son Manifeste du Parti communiste raient en tout cas être réglées membre de la convention pour à l’Europe et ouvrirait une crise mondiale contre le travail des mais, libéralisme oblige, ses reven- er u1janvier 2004, qu’au niveau des chefs d’Etat et de l’avenir de l’Europe et professeur institutionnelle. A droite comme enfants dans le but de nous éclairer dications resteront lettre morte. l’élargissement de gouvernement », poursuit M. de de droit constitutionnel, dans les à gauche, on s’accorde en effet sur un phénomène qui n’est pas cir- L’Angleterre a pourtant montré la l’Union européenne Silguy. faits, il existe des solutions. pour considérer que les solutions conscrit au seul XIXe siècle et qui a voie avec le Factory Act de 1833. Cet- (UE) à huit pays d’Eu- La question du “non” irlandais Le droit présente plusieurs scé- de rechange ne sont pas du toujours existé. Dans le monde agri- te loi interdit le travail des enfants rope centrale et demeure en effet taboue… jus- narios de rechange et deux sont meilleur niveau. Pour Pierre Mos- cole, il permettait de réduire la de moins de 9 ans et réduit celui orientale (PECO) qu’au 20 octobre ! Noëlle Lenoir, notamment envisageables. Le covici, représentant de la France tâche des parents ainsi que l’ap- des enfants de 9 à 13 ans à huit heu- – Estonie, Hongrie, Lettonie, ministre des affaires européen- premier prévoit de renvoyer la à la Convention sur l’avenir de prentissage d’un métier. Avec la res par jour, six jours par semaine. ALituanie, Pologne, République nes, est bien placée pour le solution institutionnelle de l’élar- l’Europe, elles sont à la fois révolution industrielle, les ateliers Toutefois ce texte ne concerne que tchèque, Slovaquie, Slovénie – et savoir. Pour avoir déclaré en sep- gissement au futur texte qui doit « techniquement difficiles et politi- disparaissent progressivement au l’industrie textile, réduisant de ce deux îles du bassin méditerra- tembre que, « si l’Irlande disait sortir des travaux de la Conven- quement insatisfaisantes », tandis profit des usines. L’industrie multi- fait sa portée. néen – Chypre et Malte – devrait “non”, on continuerait et que cela tion présidée par Valéry Giscard qu’Alain Lamassoure, député plie les postes de manœuvre ne conduire à la création d’un n’entamerait pas la procédure » d’Estaing, qui sera ensuite sou- européen et membre de la Con- requérant aucune qualification par-    « grand espace de paix et de pros- d’élargissement, elle s’est faite ticulière. Les travaux répétitifs, En France le Parlement, compo- périté, de 455 millions d’habi- vertement tancer par le commis- abrutissants, sont alors réservés sé de notables, défend exclusive- tants ». C’est la conviction pro- saire européen pour l’élargisse- Les dix futurs Etats entrants se sont offert aux enfants, avec un salaire de ment les intérêts des capitalistes. fonde d’Yves-Thibaut de Silguy, ment, Günter Verheugen, qui a trois à quatre fois inférieur à celui Le premier débat n’intervient directeur général de Suez, ancien rappelé qu’il n’y avait « d’alterna- une pleine page de publicité dans plusieurs d’un adulte. qu’en 1840, à la suite des travaux commissaire européen et actuel tive ni juridique ni politique au L’habileté des enfants, leur peti- de Villermé, autour d’un projet sou- président du comité de politique traité de Nice ». Depuis, le cabi- journaux irlandais afin d’expliquer l’enjeu tesse et leur faible coût feront la tenu par le sénateur Charles européenne du Medef, envoyé à net de la ministre demeure coi richesse du capitalisme naissant. Dupin. Les opposants s’interrogent Bruxelles, mardi 8 octobre, pour sur la question, au motif de ne majeur que représente pour eux C’est ainsi que les enfants arpente- durant d’interminables séances exprimer le soutien de l’organisa- pas vouloir interférer dans le ront les galeries étroites des mines, sur les conséquences économiques tion patronale française au pro- débat irlandais. Pourtant, au le scrutin du 19 octobre, tout en soulignant connaissant dès leur plus jeune âge d’une pareille résolution. On se cessus d’adhésion. A condition rang des gaffeurs, c’est le prési- les conditions de travail épouvanta- demande alors quels seraient les toutefois de s’assurer de la repri- dent de la Commission, Romano leur profond respect du choix démocratique bles de leurs aînés. Les maladies et coûts de la limitation de la semai- se intégrale de l’acquis commu- Prodi, qui avait ouvert le feu le les accidents professionnels ne les ne de travail à 48 heures pour les nautaire par les nouveaux adhé- premier, déclarant en juin 2001, que les électeurs irlandais feront épargnent pas. Dans les usines de enfants… Seul l’intérêt des entrepri- rents, et que tout soit mis en quatre jours après le premier filature, pour éviter qu’ils ne s’en- ses est pris en compte. œuvre pour garantir leur intégra- “non” irlandais, que « l’élargisse- mis au Conseil des Quinze. Le vention les juge « juridiquement dorment à la tâche, les enfants Les discussions débouchent fina- tion économique, puis à terme ment était possible, sans Nice ». second consiste à procéder com- possibles, mais délicates à mettre sont placés sur des tabourets trop lement sur un compromis. La loi monétaire. Pour M. de Silguy, Depuis, les autorités européen- me il a été fait jusqu’à présent en œuvre sur le plan politique ». hauts. votée le 22 mars 1841 interdit l’em- l’ouverture de l’UE à dix nou- nes se sont ressaisies et oscillent lors de tous les précédents élar- Pour Jean Nestor, président de Pour l’ethnologue strasbourgeoi- bauche des enfants de moins de veaux membres est donc « immi- entre mutisme et dramatisation gissements, en intégrant dans l’association Notre Europe, «on se Marie-Noëlle Denis, « la durée de 8 ans et le travail de nuit avant nente, sauf imprévu ». de la situation. « Un nouveau chacun des dix traités d’adhésion a eu tendance jusqu’alors à mini- vie probable des enfants des 13 ans. Mais la portée de ce texte Or l’imprévu, le grain de sable “non” créera une crise sans précé- les conditions d’accueil de cha- miser les conséquences d’un ouvriers de fabrique est inférieure de reste modeste, il se limite aux susceptible de gripper la machi- dent », a averti le premier minis- que pays, c’est-à-dire essentielle- “non” irlandais, mais cela ferait 24 à 32 ans à celle des enfants des entreprises de plus de ne, pourrait bien venir d’Irlande. tre danois, Anders Fogh Rasmus- ment le nombre de députés au rentrer l’Europe dans une zone manufacturiers ». Le textile sera le 20 employés. Qui plus est, le con- Le samedi 19 octobre, trois mil- sen, actuel président de l’UE. De Parlement européen, la pondéra- d’incertitude de laquelle on n’est secteur qui exploitera le plus les trôle de son application demeure lions d’électeurs irlandais sont leur côté, les dix futurs Etats tion des voix au Conseil et la pré- pas sûr de sortir ». enfants. On estime le nombre de entre les mains des notables : le appelés, pour la deuxième fois en entrants se sont offert une pleine sence d’un commissaire. jeunes employés dans l’industrie corps des inspecteurs du travail moins de dix-huit mois, à se pro- page de publicité dans plusieurs Dans les deux cas de figure tou- Alain Beuve-Méry française en 1840 à 144 000, dont ne verra le jour qu’en 1892. L’ex- les deux tiers dans des usines texti- ploitation perdure dans les petites les… Les patrons profitent large- entreprises. ment de cette main-d’œuvre docile Une enquête de 1868 compta- et bon marché, de plus l’emploi bilise plus de 5 000 enfants de Kamran Elahian, un capital-risqueur qui a la foi d’enfants tire les salaires vers le moins de 10 ans dans les usines bas. Mais ils ne sont pas les seuls. françaises. Il faudra attendre le Les parents encouragent aussi 19 mai 1874 pour que l’âge mini- ce milliardaire bués ou investis dans des œuvres été tué par le régime stalinien. Sa leurs enfants à travailler, l’argent mal d’embauche soit relevé à caritatives. famille, de religion bahaie, fut alors gagné à l’usine correspondant 12 ans. La dépression économique en dollars Quand on le rencontre, on ensuite persécutée par les mol- à un complément de revenu pour de la fin du XIXe siècle et l’enseigne- repart avec une multitude de car- lahs iraniens. Et si lui dit ne pas la famille. ment obligatoire vont progressive- réinvestit tes de visite. Celle de Global Cata- être un adepte de cette croyance, Le pouvoir s’accommode de cet- ment mettre fin à cette exploita- lyst Partners, la société de capital- connue pour lutter contre toutes te exploitation. Les romans de Char- tion. Aujourd’hui, consommateurs la quasi-totalité risque qui investit dans des entre- les discriminations et pour la paix les Dickens ou de Victor Hugo ne et actionnaires exigent des pro- prises de haute technologie et dans le monde, on est frappé par trouvent que peu d’écho dans la duits bon marché et des entrepri- des gains de dont il est le président fondateur ; la similitude de ses objectifs classe politique. L’auteur des Misé- ses plus rentables à la recherche celle de Global Catalyst Founda- personnels et de ceux de cette rables se révolte alors contre le « tra- d’une main-d’œuvre peu onéreuse ses sociétés dans tion, dont il est également prési- minorité religieuse. vail mauvais qui prend l’âge tendre et docile. Et personne n’a remplacé dent fondateur et qui investit La composition de l’équipe d’En- en sa serre,qui produit l’argent en Dickens, Villermé, Hugo ou Marx des entreprises – ou finance – différents projets topia le ravit. Cette firme créée en créant la misère ». Le médecin Louis- pour dénoncer cette forme moder- philanthropiques, grâce aux béné- Israël par un Français, Lionel Bara- René Villermé évoque lors de sa ne d’exploitation. caritatives fices de la première. ban, a pour directeur général un KAMRAN ELAHIAN fameuse enquête de 1840 « cette La plus célèbre de ces réalisa- immigré roumain. La société est multitude d’enfants,dont certains Jacques-Marie Vaslin est maître f Né en Iran en 1954, Kamran Elahian tions est Schools Online (troisiè- majoritairement américaine de ont à peine sept ans,maigres,hâves, de conférences à l’IAE d’Amiens a fait ses études aux Etats-Unis, me carte de visite), une initiative couverts de haillons,qui se rendent et chercheur au Criisea. qu’il a eue en 1998 et qui vise à où il réside depuis. our être un bon entrepre- donner des ordinateurs à des éco- « Les enfants f Après trois ans passés chez Hewlett neur, il faut faire le con- les de communautés défavorisées traire de tout le monde. Packard , il fonde de multiples sociétés, et à les connecter à Internet. Il deviennent amis Si on est suiviste, on est dont CAE Systems, Cirrus Logic, affirme avoir fourni du matériel à sûr d’échouer. Le Momenta, Neomagic, Planetweb, 6 200 établissements, répartis et suivent moins meilleur moment pour Centillium, Entopia, etc. dans 34 pays. « Cela représente f investir, c’est quand les gens ont Il crée parallèlement plusieurs des millions de dollars par an. Je ne facilement les leaders Ppeur et ne veulent plus rien faire. » fondations sans but lucratif pour venir compte pas », répond-il quand on Kamran Elahian, créateur d’entre- en aide aux régions défavorisées, camps lui demande l’ampleur de l’inves- xénophobes, racistes, prise multirécidiviste, est ainsi de réfugiés, etc. tissement : « 35 000 professeurs l’un des rares capital-risqueurs à sont concernés par l’opération. Ils intolérants » ne pas être trop mécontent de la travaillent ensemble. Les enfants situation actuelle. Il n’a pas souf- nentes pour les entreprises. Non deviennent amis ; et suivent ainsi par son capital (bien que Vivendi fert de l’éclatement de la bulle seulement il estime que le marché moins facilement les leaders xéno- Universal en détienne 25 %). Internet : « Entre 1997 et 1999, il potentiel de ce type de produits phobes, racistes, intolérants. » Des L’équipe de développement, fallait être fou pour investir. Des mil- est « énorme », mais, en outre, jeunes Palestiniens et Israéliens basée en Israël, est dirigée et entiè- lions de dollars étaient donnés à des Entopia sert ce qu’il affirme être dialogueraient ainsi régulière- rement composée de Russes immi- enfants qui ne connaissaient rien à son principal objectif dans la vie : ment sur le réseau. La Fondation grés. Le service de marketing, éta- rien. Je n’ai pas joué à ce jeu. » En œuvrer à la paix dans le monde finance aussi la construction bli aux Etats-Unis, a à sa tête une revanche, aujourd’hui, il avance. par une meilleure communication d’écoles en Afghanistan et dans Hollandaise. Cet Américain d’origine iranien- entre les êtres. des camps de réfugiés ; des ordi- Reste que le premier client d’En- ne était ainsi à Paris début octo- Ce multimillionnaire en dollars nateurs y sont installés, des servi- topia en France est la direction bre pour lancer la filiale européen- est en effet mû par un appât du ces développés avec pour objectif générale de l’Armement. A la ques- ne d’Entopia. « Si on croit, il faut gain bien particulier. De ce qu’il de devenir financièrement auto- tion de savoir si une activité de cet- prendre des risques », poursuit-il. gagne, il ne garde qu’une petite suffisants. te nature n’est pas contradictoire Et Kamran Elahian croit à beau- partie. Propriétaire de sa maison Né en 1954 en Iran et immigré avec son discours pacifiste, il coup de choses. Au dernier de ces californienne, ni lui ni sa femme en 1972 aux Etats-Unis, Kamran répond que mieux vaut gagner de bébés tout d’abord, cette entrepri- n’ont le goût du luxe, affirme-t-il, Elahian est issu d’une famille qui l’argent pour en prodiguer ensuite se de logiciels de knowledge mana- hormis une passion pour les Fer- a particulièrement souffert des à des œuvres charitables que de gement, des logiciels qui permet- rari. Il en possède donc une, qu’il dictateurs en tout genre. Sa mère, ne rien donner du tout… tent de repérer, stocker et faire change régulièrement. La quasi- originaire du Turkménistan, avait partager des informations perti- totalité de ses revenus sont distri- fui son pays après que son père a Annie Kahn VI/LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002 TRIBUNES

Le Nobel 2002 consacre l’économie LIVRES par Anne Proenza expérimentale par Jean-Louis Rullière

a décision de l’Acadé- le professeur Chamberlin à Har- considère que l’économie expéri- la productivité. Ainsi l’économie Le cercle des amis mie royale des sciences vard en 1948, Vernon L. Smiths’est mentale est à la théorie économi- expérimentale permet de spécifier de Suède d’attribuer, le consacré durant toute sa carrière que ce qu’une soufflerie est à la et d’offrir des tests de mesures de 9 octobre, le Prix de la non seulement à reproduire en physique des fluides ou à la recher- politique économique ; pratique Banque de Suède en laboratoire le fonctionnement de che de l’écoulement en aéronauti- encore peu répandue en France de l’Amérique sciences économiques, différents types de marché, mais que (« laboratory as a wind tun- actuellement. pour l’année 2002, à Daniel Kahne- plus généralement à construire une nel »). Le succès réel d’une théorie Alors que Daniel Kahneman et Lman et à Vernon L. Smithne consis- nouvelle méthode d’investigation économique ne peut pas se résu- Vernon L. Smithn’ont jamais tra- te pas simplement à distinguer des phénomènes économiques : mer par une meilleure appréhen- vaillé ensemble, leur association > LA MONDIALISATION DES GUERRES DE PALAIS : LA RESTRUCTURATION deux chercheurs éminents. La l’économie expérimentale. L’étude sion des mécanismes économiques par l’Académie royale des sciences DU POUVOIR D’ÉTAT EN AMÉRIQUE LATINE, ENTRE NOTABLES reconnaissance conjointe de leurs directe du fonctionnement d’un généraux, comme ceux qui régis- de Suède n’en demeure pas moins DU DROIT ET « CHICAGO BOYS », par Yves Dezalay et Bryant G. Garp ; travaux consacre l’économie com- marché se fait en recueillant des sent la confrontation d’offres et de judicieuse. De nombreux résultats traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Laurence Devillairs et Sara Dezalay me une science expérimentale. données naturelles. Celles-ci con- demandes. L’économiste doit être expérimentaux montrent en effet (Seuil, coll. « Liber », octobre 2002, 504 p., 27 ¤). Daniel Kahneman, professeur à tiennent en général des éléments en mesure d’offrir un véritable engi- que les mobiles du comportement ’  Princeton et à l’université hébraï- inobservables dont il est difficile neering microéconomique au déci- économique ne se réduisent pas offre un ter- fois de l’orthodoxie économique et que de Jérusalem qui a souvent col- d’apprécier la pertinence et le deur, qu’il soit politique, privé ou tous au simple argument pécuniai- rain tout à fait exceptionnel pour du respect des droits de l’homme. laboré avec Amos Tversky (décédé caractère déterminant : comment public. Rothconstate par exemple re ; bien d’autres ressorts psycholo- observer concrètement les modali- La comparaison des dirigeants de en 1996), est reconnu « pour avoir considérer par exemple l’hypothè- en 1992 que le marché des méde- giques sont à l’œuvre, comme la tés et les enjeux de la mondialisa- ces quatre pays n’est pas forcé- introduit en sciences économiques se selon laquelle, sur un marché cins hospitaliers aux Etats-Unis pression des groupes sociaux aux- tion. Ce vaste territoire passionnant ment aisée – les élites argentines et des acquis de la recherche en psycho- particulier de l’emploi, des considé- souffre d’un effet « de départ quels notre comportement fait réfé- longtemps délaissé par l’Europe et mexicaines sont par exemple nette- logie, en particulier concernant les rations de bienveillance, ou d’équi- volé » dans la mesure où, face à la rence. L’économie expérimentale souvent injustement réduit à n’être ment moins homogènes que ne le jugements et les décisions en incerti- té sont déterminantes dans la for- pénurie de médecins, les directeurs contribue à l’enrichissement psy- que le domaine réservé des Améri- sont leurs homologues brésiliennes tude ». mation du salaire ? d’hôpitaux offrent des contrats de chologique de l’Homo œconomicus cains peut se révéler être un vérita- et chiliennes – mais, mise en pers- En 1953, le Français Maurice Partant de ce constat, l’idée con- travail de plus en plus tôt dans leur en restituant la complexité de son ble laboratoire de « modernité poli- pective, elle met au jour de nouvel- Allais, dans une expérience deve- siste à inverser la démarche scienti- cursus de formation universitaire comportement et en particulier sa tique ». Et notamment si l’on se les facettes de la mondialisation. nue célèbre, remettait en cause la fique : on reproduit artificielle- sans attendre la fin de leurs études capacité d’adaptation dans la socié- penche comme l’ont fait Yves Deza- Cette comparaison dévoile notam- représentation habituelle des éco- ment un contexte économique et donc sans une indication claire té. La contrepartie de cet enrichisse- lay et Bryant G. Garp – respective- ment, sur une longue période, les nomistes de la prise de la décision dans un laboratoire avec de vrais de leur niveau de compétence. ment montre que l’économiste n’a ment directeur de recherche au stratégies nord-américaines pour en situation d’incertitude. Le com- pas vocation à prévoir (comme si CNRS et directeur de l’American Bar « fabriquer des amis de l’Amérique » portement humain ne serait pas l’économie était un objet inerte), Foundation qui regroupe les avo- dans chacun de ces pays. Elle per- seulement dicté par un calcul sim- « De nombreux résultats expérimentaux mais bien davantage à éclairer et à cats – sur l’histoire de la formation met d’analyser aussi comment les ple entre des probabilités et des conseiller le décideur, l’économie des cercles de pouvoirs et la place mouvements de respect des droits niveaux de satisfaction face à diffé- montrent que les mobiles du comportement expérimentale étant dans ce cas un des nouveaux experts qui les com- de l’homme qui ont contribué dans rents événements alternatifs. Par la outil précieux. posent sur le marché international. le passé à la chute des dictatures suite, Kahneman et Tversky ont économique ne se réduisent pas militaires sont devenus aujourd’hui proposé en 1979 dans un article Jean-Louis Rullière est professeur   — de par leur professionnalisation, fondateur une approche de la déci- tous au simple argument pécuniaire » d’économie et directeur du Groupe Au Mexique, en Argentine, au Chi- leur institutionnalisation et leur sion en univers incertain (prospect d’analyse et de théorie économique li et au Brésil, quatre pays piliers de médiatisation – les acteurs à part theory) qui ne se fonde plus sur des participants et des transactions Alors que les théories du marché CNRS (université Lyon-II), Ecole l’Amérique du Sud, les deux cher- entière de l’establishment et con- principes (ou axiomes) de calcul monétaires réelles. Cette méthode du travail ne peuvent fournir que normale supérieure LSH. cheurs ont, au terme d’une longue courent à imposer un certain mais sur une construction mentale a le mérite d’isoler l’objet d’étude des explications très générales, la enquête, disséqué les réseaux et les « impérialisme de la vertu » très par l’individu de son environne- et par conséquent d’en considérer reproduction de ce phénomène Ouvrages à consulter sur l’économie expé- formations des nouveaux diri- américain. ment qui tient compte de sa percep- la pertinence. Les travaux de Ver- réel en laboratoire permet de tes- rimentale : Experimental Economics, Princeton, geants latino-américains. Car la res- Les nouveaux dirigeants latino- tion, de sa posture psychologique, non L. Smithet par la suite notam- ter différents mécanismes de mar- par Davis, Douglas D., and Charles A. Holt tructuration étatique de ces pays américains sont aujourd’hui des de ses émotions et de ses motiva- ment ceux de Charles Plott ont per- ché qui donnent des recommanda- ( Press, 1993). Handbook qui ont connu des moments d’his- économistes respectueux des droits tions intrinsèques. Vernon mis de mettre en évidence le rôle tions aux décideurs publics dans of Experimental Economics, Princeton, par toire tragiques et complexes s’est humains, plus distants des militai- L. Smith, de l’université George- crucial des institutions qui définis- l’organisation du marché des méde- Kagel, John H. et Alvin E. Roth (Eds.) (Prince- accompagnée d’une transforma- res. Mais ce ne sont pas non plus Mason en Virginie, a été distingué sent un marché dans la recherche cins hospitaliers. Cette illustration ton University Press, 1995). tion profonde et relativement rapi- des militants. Ils sont le reflet de l’in- « pour avoir fait de l’expérience en de l’efficacité économique. Cette n’est pas isolée. Le développement Les expérimentalistes se retrouvent au sein de du profil de leurs dirigeants. ternationalisation et de la mondiali- laboratoire un instrument d’analyse conclusion a eu un impact impor- de l’engineering microéconomique de la Economic Science Association : Il y eut les grands notables du sation des savoirs, voire de ce que économique empirique, en particu- tant sur le choix par exemple des concerne tout à la fois l’aide à la http://www.econ.nyu.edu/dept/esa/index.html droit, façonnés dans les universités les auteurs appellent symbolique- lier dans l’étude de différentes struc- mécanismes marchands de privati- négociation, à la décision, à la réso- Sites personnels de Rothet de Holt : européennes. Puis sont arrivées les ment « la dollarisation des savoirs ». tures de marché ». sation de services collectifs comme lution de conflit ainsi que l’impact http://www.economics.harvard.edu/~aroth/alroth. premières générations de ceux Car, soulignent Yves Dezalay et A la suite d’une première expé- l’électricité ou l’eau. de la conception des schémas de html#exservers et http://www.people.virgi- qu’on a appelés les Chicago Boys – Bryant G. Garp, en Amérique latine rience menée en salle de classe par De manière plus générale, Smith rémunération et de leur impact sur nia.edu/~cah2k/y2k. htm ces économistes chiliens formés à la valeur de certains savoirs et l’université de Chicago, qui mirent expertises d’Etat, comme l’écono- en œuvre pendant la dictature de mie, « reflète leur position sur le mar- Pinochet les théories économiques ché savant et idéologique nord-amé- néoclassiques apprises aux Etats- ricain ». A l’heure où les économies Amérique latine : la décennie piégée Unis et qui devinrent très vite les latino-américaines menacent de chantres de l’économie néolibérale dégringoler les unes après les dans toute l’Amérique latine. Les autres, l’analyse ne manque pas de par Pierre Salama voilà maintenant remplacés par les pertinence. Même si, pour des lec- par le libéralisme « technopols », formés aussi aux teurs néophytes, l’enquête, touffue, Etats-Unis mais qui se veulent plus et sa théorisation peuvent paraître consensuels en se réclamant à la ardues. a libéralisation des balance des services enfle à mesure national brut (PNB) de l’ensemble lorsqu’il n’empire pas. Ce para- années 1990 devait ren- que l’internationalisation du capi- des économies latino-américaines doxe s’explique par l’accentuation forcer les économies tal augmente et que croît la dette alors que, dans les années 1980, ce des inégalités observée pendant la latino-américaines. Elle externe, les évolutions étant beau- chiffre s’élevait à 20 %. Ainsi, sans crise et à la sortie de celle-ci. a éradiqué l’inflation, coup plus marquées en Argentine pour autant négliger d’autres cau- La logique aurait voulu que, lors parutions permis un certain qu’au Mexique ou au Brésil. Avec ses à la crise, la logique financière de ces phases dépressives, dont retour à la croissance. Elle a été sur- l’internationalisation croissante du introduite par le fonctionnement souffrent plus particulièrement les Ltout extrêmement volatile et s’est capital, d’autres sources de déficits d’une « économie casino » ainsi pauvres, les dépenses sociales aug- a LES POLITIQUES DE DÉVELOPPEMENT LOCAL, caractérisée par une dépendance massifs sont apparues : paiement que la nommait Keynes tend à mentent afin d’amortir ces effets de Pierre Teisserenc financière et technologique crois- de royalties au titre des brevets ; imposer une grande instabilité et négatifs. Tel n’est généralement A la différence d’autres pays européens, la France n’a pas redéfini les péri- sante, des inégalités impression- sorties de capitaux au titre des divi- donc des fluctuations importantes pas le cas. La recherche d’une cré- mètres de ces collectivités locales, laissant aux élus locaux le soin de demeu- nantes en augmentation, un dendes et profits rapatriés ; mon- de l’activité économique. La logi- dibilité auprès des bailleurs de rer ou non dans des syndicats intercommunaux classiques pour gérer leurs niveau de pauvreté très élevé et tée en puissance de l’endettement que financière de ces régimes d’ac- fonds internationaux conduit à équipements. Les plus dynamiques ont choisi de jouer la carte des pays et une extrême vulnérabilité des pau- externe privé et de son service. cumulation fortement ouverts sur équilibrer le budget au détriment des Etablissements publics de coopération intercommunale (EPCI). L’ouvra- vres à des perturbations macroéco- Les besoins de financement, l’extérieur sans y être préparés de ces coûts. La réduction des ge analyse huit de ces collectivités (le Valenciennois, Le Creusot, Belfort, le nomiques particulièrement fortes. accrus par l’amortissement de la imprime à la croissance un profil dépenses sociales conduit à une Minervois, Saint-Chinian, Gaillac, Parthenay, Thiers), afin d’y détecter les A première vue, tout n’est pas dette, sont de plus en plus soumis de montagnes russes qui n’est pas baisse de la qualité de l’enseigne- nouveaux acteurs qui s’y mobilisent et les organisations qui s’y construisent négatif dans ce bilan. L’hyperinfla- aux aléas du marché international sans effet sur l’incapacité de rédui- ment public, une baisse des dépen- (éd. Economica, coll.« Collectivités territoriales », 2002, 232 p., 25 ¤). A.F. tion a été jugulée et ses effets cor- des capitaux et de la venue des re la pauvreté. ses de santé, et les capacités à sor- rosifs sur le revenu des plus pau- investissements directs étrangers tir de la pauvreté une fois la repri- a LES TECHNIQUES DE LA VIE QUOTIDIENNE, vres supprimés. Une certaine (IDE). L’essor des IDE dans les    ’ se économique venue sont rédui- ÂGES ET USAGES , ouvrage collectif modernisation de l’appareil de pro- années 1990 a été considérable, Un des faits saillants de l’histoi- tes d’autant. Ce constat d’échec Les personnes âgées sont-elles aussi des « êtres techniques » ? C’est à cet- duction est en cours, ce qui se tra- mais il fléchit fortement aujour- re récente de la pauvreté en Améri- est patent. te question que les auteurs ont tenté de répondre en pilotant un program- duit par un essor conséquent des d’hui. Lorsque le besoin de finance- que latine, depuis le début des Presque toutes les économies me pluriannuel de recherche sur « Evolutions technologiques, dynamique exportations. En quinze ans, la ment excède les capacités de finan- années 1990, est en effet la difficul- latino-américaines sont soit en cri- des âges et vieillissement de la population ». Ces travaux, qui ont mobilisé valeur des exportations est multi- cement, ce qui a été le cas en 1995, té à réduire de manière significati- se ouverte (Argentine), soit en cri- des dizaines de chercheurs, ont donné lieu à un colloque et à ce livre, lequel pliée par cinq au Mexique, par trois en 1998-1999 et aujourd’hui, les ve son ampleur et les inégalités se latente, avec un ralentissement met en évidence deux registres d’interaction entre citoyens âgés et produits en Argentine et par deux au Brésil. taux d’intérêt s’élèvent à des parmi les pauvres. La fin des impressionnant de leur croissance. techniques : le premier se situe du côté de l’offre et souligne « l’insuffisante Cette modernisation est différente niveaux astronomiques avec l’aug- hyperinflations a certes provoqué La dépendance technologique prise en compte des usagers, en particulier les plus âgés dans la chaîne de pro- selon les pays : l’Argentine revient mentation de la prime de risque, dans un premier temps une réduc- s’est accrue, la dépendance finan- duction et de mise à disposition d’un produit ». Le deuxième insiste sur «la aux secteurs primaires (énergie et parfois vertigineuse. Cette hausse tion sensible de cette pauvreté cière devient une caractéristique diversité des stratégies d’usage ou de non-usage dont font preuve les personnes agroalimentaire) et nombre d’en- alourdit le service de la dette inter- mais, avec la libéralisation des mar- majeure du fonctionnement de ces âgées » envers les produits innovants. Une chose est sûre : les « vieux » ne treprises industrielles ferment, le ne des Etats et de l’Etat central, chés, les inégalités entre le capital économies. Le rêve d’une intégra- sont pas des laissés-pour-compte naturels de la technologie (ministère des Mexique développe une industrie creuse le déficit budgétaire, suscite et le travail tendent à s’accentuer, tion latino-américaine s’étiole affaires sociales, CNAV, 2002, 198 p., sur demande au ministère). Y.M. d’assemblage à très faible valeur une réduction des dépenses publi- et celles entre travail qualifié et sous les coups de boutoir des per- ajoutée, de telle sorte que la crois- ques, renforce les aspects antiso- non qualifié augmentent, ce qui turbations macroéconomiques et a LES CHANTIERS FISCAUX À ENGAGER, ouvrage collectif sous sance de ce secteur est fortement ciaux du développement et précipi- rend difficile la réduction de la pau- de la volonté des Etats-Unis d’im- la direction de Thierry Lambert. dépendante de la conjoncture des te la récession, elle-même source vreté. poser une vaste zone de libre- La réforme fiscale est un serpent de mer bien français. Les contributions Etats-Unis. Avec la récession nord- d’autres déficits. La dépendance A moins d’avoir un taux de crois- échange. A l’inverse, l’échec de la rassemblées ici par Thierry Lambert partent du principe qu’aucune réforme américaine, la chute de ce secteur financière tend de ce fait à faire lier sance très élevé – ce qui n’a pas été libéralisation nourrit aujourd’hui ne peut être engagée sur un dossier aussi sensible si elle n’est précédée entraîne la suppression de 25 % la croissance et sa régularité aux le cas –, la croissance a été particu- des projets alternatifs, ainsi qu’on d’une large discussion. Car c’est du consentement à l’impôt dont il est sur- des emplois dans les usines d’as- comportements des marchés finan- lièrement volatile. Or le cycle du peut le voir au Brésil et en Argenti- tout question. Modestement, l’ouvrage se présente donc comme « n’ayant semblage en l’espace d’un an. Le ciers. Le besoin de financement produit intérieur brut (PIB) ne s’ac- ne. Une nouvelle période semble d’autre vocation que d’ouvrir le débat » (L’Harmattan, 2002, 255 p., 20 ¤). Brésil résiste mieux, mais connaît appelle des entrées de capitaux à la compagne pas d’un cycle inversé s’ouvrir, plus soucieuse d’équité Y.M. une substitution partielle de sa pro- mesure de ce besoin grandissant. de la pauvreté : lorsque la croissan- que celle d’hier. duction nationale par des importa- Selon des travaux récents de ce baisse, les pauvres sont affectés a LES ÉTATS-UNIS FACE À L’IMMIGRATION, tions. l’économiste Dani Rodrik, la volati- d’une manière plus que propor- Pierre Salama est professeur d’Annie Mariage Strauss Les nuages s’accumulent cepen- lité des flux bruts de capitaux pri- tionnelle par cette baisse et, lors- d’économie à l’université Paris-XIII L’expérience des Etats-Unis en matière d’immigration étant sans égal, il dant très vite et obscurcissent forte- vés expliquerait un peu plus de la que celle-ci repart à la hausse, le et directeur scientifique de la revue n’est pas inutile d’en faire l’histoire. Court et intéressant (Ellipse, 2002, ment l’horizon : le déficit de la moitié de la volatilité du produit niveau de pauvreté reste stable, Tiers-Monde. 117 p., 9 ¤). Y.M. EMPLOI

à l’approche de la fin des premiers Emplois-jeunes : l’inquiétude contrats du dispositif mis en place par martine face au vide aubry, peu de e ne sera pas leur suite vous avez eu un vrai travail, des emploi pérennisé. Pour les autres, rer la sortie des jeunes, par exem- nomie d’une vraie réflexion sur un première grève, mais vraies missions, une utilité sociale, et la mairie a mis en place un disposi- ple une « troisième voie » de con- financement pérenne d’activités postes devraient celle organisée ce que finalement, au bout de cinq ans , tif d’accompagnement, avec un cours dans la fonction publique ter- non solvables socialement utiles. 15 octobre sur un cela ne donne rien, c’est dramati- budget formation de 230 000 euros ritoriale et dans l’éducation natio- A l’éducation nationale, 11 000 être pérennisés. plan national, devrait que », dénonce Amel Dahmani, pour 2003. Certaines missions nale. D’autres dispositions, amor- assistants d’éducation devraient prendre une tour- coorganisatrice du réseau national seront donc abandonnées – une cées par le précédent gouverne- arriver dès la rentrée 2003, qui ne le gouvernement nure « festive et spectaculaire », du des collectifs d’emplois-jeunes. Les grande partie de la médiation, ment, sont maintenues, telle la pro- remplaceront que partiellement les Cmoins à Paris où le collectif employeurs aussi s’inquiètent. notamment, dont Roubaix avait longation, pour les associations et 5 600 postes de surveillants et les maintient emplois-jeunes d’Ile-de-France a « Ces emplois-jeunes ont apporté des pourtant été l’un des fers de lance. au cas par cas, des aides sur trois 20 000 d’aides-éducateurs qui sont prévu d’occuper une agence compétences, un moyen de conforter supprimés. Les ex-emplois-jeunes quelques aides ANPE. Une manière d’alerter le le projet associatif et de développer ne devraient pas y accéder, car ces public sur le fait que l’échéance des activités. Il ne faudrait pas per- « Quand vous avez connu la précarité postes seraient destinés à des transitoires prochaine des premiers contrats dre tout cela », craint Edith Arnoult- mères de famille et des personnes de cinq ans risque de renvoyer au Brill, présidente du Conseil natio- et qu’ensuite vous avez eu un vrai travail, retraitées. Le gouvernement présen- aux associations chômage des bataillons de jeunes. nal de la vie associative. tera par ailleurs en janvier son con- Organisée par le réseau national Le manque sera particulière- des vraies missions, une utilité sociale, trat d’insertion dans la vie sociale et prépare des collectifs d’emplois-jeunes, cet- ment criant dans certains domai- (Civis), destiné aux jeunes sans qua- te grève a lieu deux jours avant cel- nes. « La fin du programme est et que finalement, au bout de cinq ans, lification ayant un projet dans le d’autres projets le prévue le 17 octobre par les syn- vécue par nos associations comme domaine social, humanitaire ou dicats de l’enseignement. une régression, d’autant que notre cela ne donne rien, c’est dramatique » citoyen, ces jeunes pouvant être encore flous Sur les 224 200 emplois-jeunes secteur connaît une crise de recru- salariés. Le Civis concernera les en poste au 31 août 2002, plus de tement », indique Daniel  ,     ’ associations et « sans doute l’éduca- 73 500 auront achevé leur contrat Druesne, directeur de la commu- tion nationale », précise le ministè- en 2003, dont 20 000 à l’éducation nication de l’Union nationale « Ce n’est pas un gâchis », estime ans, avec une participation dégressi- re délégué à la ville. Mais sur ce nationale. Les collectivités territo- interfédérale des œuvres et orga- Catherine Dorpe, chargée de mis- ve de l’Etat. De même que l’« épar- point des informations contradic- riales et les associations en per- nismes privés sanitaires et sion emploi. « La médiation a par gne consolidée », en fait un report toires circulent. Au total, impossi- dront environ 22 000. A l’évidence, sociaux (Uniopss), qui regroupe exemple apporté à la police munici- de l’aide sur deux ou trois ans en ble de chiffrer combien d’emplois- des employeurs devront renoncer à 7 500 associations employant pale une autre vision. » En revan- fin de programme. En outre, 10 mil- jeunes pourraient être conservés certaines activités développées par environ 10 000 emplois- jeunes. che, à Besançon, les 44 emplois-jeu- lions d’euros sont prévus pour 2003 ou pérennisés. Ce qui, dans un con- les jeunes, faute de moyens. Les col- Dans les collectivités territoria- nes ont ou seront tous intégrés, pour soutenir les associations con- texte de croissance continue du lectifs revendiquent non pas la pro- les, les situations sont contrastées. une perspective « prévue dès le frontées « à des difficultés pour chômage, ne peut qu’alimenter l’in- longation du programme lancé par A Roubaix, sur les 146 emplois-jeu- départ ainsi que son financement », maintenir leur emploi-jeune », indi- quiétude des jeunes et des Martine Aubry mais l’intégration nes en poste en septembre, 24 sont indique-t-on à la mairie. que le ministère du travail. Ces employeurs. de tous dans leur emploi. « Quand intégrés sur des postes vacants et Au plan national, des mesures mesures transitoires ne permet- vous avez connu la précarité et qu’en- 52 autres devraient voir leur ont été mises en place pour prépa- tront cependant pas de faire l’éco- Francine Aizicovici

PLUS LES JEUNES RESTENT DANS LE DISPOSITIF, PLUS ILS ONT ACCÈS À LA FORMATION Des bénéfices cachés, mais réels Durée de présence dans le programme Répartition des emplois-jeunes par secteur au 31/12/01 (hors éducation nationale, en mois) (en pourcentage) Plusieurs formations Pas de formation si le dispositif a pas parler d’intégration, mais plutôt emplois-jeunes et n’a rien d’un Une seule formation NSP Associations et Education de mise à niveau. » Auparavant, la expert sur l’aspect technique du dis- fondations (71 050) nationale servi de tremplin plupart se situaient encore dans le positif. Néanmoins, la disparition (60 430) monde étudiant, et n’avaient pour programmée d’un mécanisme qui à la future seul rapport au travail que le circuit touche une tranche d’âge aussi criti- 100 Moins de 6De 6 à 11 De 12 à 23De 24 à 3536 et plus des « petits boulots » qui permet- que lui apparaît devoir être maniée 31,7 27 carrière de tent surtout de financer l’argent de avec prudence. « Pourquoi suppri- 80 poche. mer les emplois-jeunes alors que la certains, il a aussi Les emplois-jeunes ont donc catégorie dite des “jeunes adultes” 60 représenté, pour bon nombre d’en- est inscrite dans la politique familia- 0,8 2,4 21,8 tre eux, un accélérateur profession- le ? », indique-t-il. Selon François Justice été un facteur 40 (1 700) 7 nel. Même si les difficultés n’ont de Singly, les 23-26 ans vivent une 9,3 pas manqué – absence de réelle époque charnière particulièrement Autres (5 350) Collectivités d’indépendance 20 reconnaissance professionnelle et difficile : ils sentent qu’il ne con- territoriales institutionnelle par exemple –, le vient pas de rester trop longtemps (48 740) 0 Police (15 800) Etablissements dispositif a joué un rôle de tremplin chez les parents, qu’ils vont devoir publics (20 950) vers l’âge adulte en général, lequel partir à la recherche d’un emploi et Sources: DARES: Enquête auprés des employeurs 2002 et CNASEA/DARES: données France entière. es emplois-jeunes ont passe par un emploi certes, mais que cette période risque d’être péni- une face cachée. Conçu aussi la possibilité de louer un loge- ble. Du coup, les emplois-jeunes comme un système de ment autonome – avec la caution peuvent représenter une forme lutte contre le chômage des parents –, la possibilité de fon- d’accompagnement plus efficace des moins de 25 ans, ce der une famille et d’acheter une voi- que la hausse des allocations fami- Une expérience mal reconnue dispositif a eu en réalité liales. Celles-ci vont directement une fonction symbolique qui, pour dans la poche des parents, ce qui Lêtre restée discrète, n’en a pas Auparavant, renforce la sujétion du jeune par des aides-éducateurs, les carrières cadre d’accords signés entre le le retard moins été fondamentale : des jeu- rapport à sa famille. « Bref, les sanitaires et sociales (19 %), le ministère de l’éducation nationale nes adultes en transition affective, la plupart n’avaient emplois-jeunes peuvent être vus com- de la mise en place sport, l’animation ou la culture et les secteurs privé et public, les intellectuelle et professionnelle se me un soutien explicite à l’individuali- (14 %) ou l’informatique (11 %). jeunes ayant souvent jugé les sont vu faciliter le passage du stade pour seul rapport au sation des jeunes adultes en contre- de la validation Plus de la moitié des sortants qui offres « décalées par rapport à leur de l’autonomie à celui de l’indépen- partie d’un réel travail. » Le bénéfi- souhaitaient devenir enseignants activité », constate Jean-Paul dance. Et « l’indépendance, c’est travail que le circuit ce collectif est d’autant plus grand, des acquis ou avoir un emploi en lien avec l’in- Cadet, chercheur au Cereq et coau- pouvoir quitter le domicile des estime François de Singly, qu’il favo- formatique en 1999 ont d’ailleurs teur de cette étude. parents, vivre en couple et même par- des « petits boulots » rise la natalité : « Tout retard dans professionnels réalisé leur projet depuis lors. Le dis- Reste qu’il est encore difficile de fois avoir des enfants », indique Jean- la vie conjugale retarde aussi l’entrée positif joue donc bien, dans ces cas- mesurer les effets propres du dis- Paul Cadet, chercheur au Centre ture qui, pour être d’occasion, n’en dans la parentalité. Or la plupart des risque de là, le rôle de « transition profession- positif sur la qualité de l’insertion. d’études et de recherches sur les demeure pas moins un « gage jeunes ne deviennent parents qu’avec nalisante », observe le Cereq. La Près des deux tiers des aides-édu- qualifications (Céreq). d’autonomie », selon le terme de un travail salarié. En ce sens, ils ont pénaliser nombre situation face à l’avenir reste en cateurs recrutés en 1997-1998 Corinne Léchevin, directrice de Céline Bercion. Une bonne moitié repris à leur compte les normes classi- revanche préoccupante pour deux n’ont pas encore achevé leur con- centre social à Saint-Brice-sous- des aides éducateurs d’Aquitaine a ques de la responsabilité parentale. » d’aides-éducateurs catégories d’aides-éducateurs : trat. Quant aux sortants, ils for- Forêt (Val-d’Oise), cite précisément ainsi pris un logement indépendant. L’efficacité du dispositif remplit ceux dont le projet n’a pas de lien ment un public globalement plus le cas d’un jeune d’origine congolai- Parmi ceux-ci, un tiers a pu réaliser également une autre fonction, liée direct avec les activités exercées ain- diplômé que ceux qui sont encore se qui, grâce à l’emploi-jeune qu’il a son désir de vivre en couple tandis àla« massification de l’enseigne- si que les moins diplômés. en poste. La détérioration conti- occupé au sein de l’association, a que 15 % environ demeuraient ment supérieur », estime François nue du marché du travail risque de « pu s’installer avec sa copine. Ils ont seuls. Les femmes (30 %) ont plongé de Singly : « Soit on sélectionne à ’expérience acquise par   rendre plus difficiles les futures même fait un enfant, qui a aujour- davantage que les hommes (20 %) l’entrée pour recréer une élite univer- les aides-éducateurs Les aides-éducateurs qui ont sorties du dispositif. D’autant que d’hui 2 ans. Il était très volontaire, dans la vie de couple. Les aides-édu- sitaire, soit on continue à fabriquer va-t-elle leur permettre quitté le programme avant terme la reconnaissance de l’expérience très motivé. “Je vis un rêve”, nous catrices ont également été plus nom- de nombreux diplômés qu’il faut une insertion profession- (37 % en octobre 2001) semblent constitue le maillon faible du systè- disait-il. On n’a jamais regretté de lui breuses que leurs homologues mas- alors accompagner pour réduire nelle durable ? C’est le tirer leur épingle du jeu. Il s’agit me. La validation des acquis de avoir fait confiance », indique-t-elle culins à fonder une famille en se lan- leurs délais d’insertion dans la vie thème de l’enquête du pour les trois quarts d’entre eux l’expérience (VAE) s’est mise en aujourd’hui. çant dans la maternité. Reste active. » Centre d’études et de recherches sur d’une sortie « vers le haut » (nou- place avec retard. Quant aux con- Céline Bercion, doctorante en qu’une bonne moitié a continué de La construction de véritables Lles qualifications (Cereq) « Aides- vel emploi, réussite à un concours, cours dits de « troisième voie », sociologie, rattachée au Centre vivre chez ses parents. « Peur du len- outils d’évaluation des dépenses éducateurs : à l’approche de reprise d’études, etc.). Plus le récemment ouverts au sein de d’analyse et d’intervention sociolo- demain ? Peut-être, dit Céline Ber- publiques n’étant toujours pas une l’échéance des premiers contrats, où départ du dispositif est tardif, l’éducation nationale à l’intention giques (Cadis), un laboratoire du cion, mais aussi et sans doute parce priorité, les emplois-jeunes finiront en est la fonction ? Où en sont les meilleures sont les conditions d’in- des aides-éducateurs de niveau CNRS, a particulièrement étudié le qu’ils entretiennent d’excellentes rela- vraisemblablement à la trappe. jeunes ? », à paraître en novembre. sertion, avec moins de contrats bac + 2 avec quatre ans d’expérien- cas des aides-éducateurs d’Aquitai- tions avec leurs parents et que le Avec le risque que leur coût appa- Soixante-seize pour cent des précaires et plus d’emplois de ce, ils continuent d’évaluer des ne (2 200 personnes). « Les emplois- domicile familial ne leur paraît pas rent n’ait définitivement masqué aides-éducateurs interrogés en octo- cadres. Près de la moitié des connaissances générales et théori- jeunes ont été conçus à l’origine com- peser sur leur autonomie. » un gain réel, non seulement pour bre 2001 considèrent que l’expérien- emplois obtenus mobilisent les ques plutôt que des savoirs profes- me une aide à l’emploi, mais ils se François de Singly, professeur de les bénéficiaires de la mesure, mais ce leur sera utile dans l’avenir, et compétences acquises à l’éduca- sionnels élaborés en situation de sont révélés être un formidable instru- sociologie à la Sorbonne, est un spé- aussi pour la collectivité. 86 % affichent, longtemps avant tion nationale. Toutefois, seuls travail, regrette le Cereq. ment d’insertion d’une population cialiste du lien social et familial. Il l’échéance, un projet profession- 7 % des sortants ont été recrutés jeune dans la vie adulte. On ne peut n’a jamais étudié précisément les Yves Mamou nel : l’enseignement, cités par 29 % sur des postes proposés dans le F.A. VIII/LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002 MANAGEMENT

LIVRES Fonction publique : comment passer par Alain Faujas des expériences à la réforme ?

Dans la profondeur si elle veut De façon désordonnée et souvent finances du 1er août 2001 (la LOLF), de réformer, ses processus de gestion expérimentale, des tentatives de qui sera entièrement appliquée à des ressources humaines, il le fait pouvoir recruter modernisation du management partir de 2006, va entraîner une encore trop souvent dans une perspec- sont également mises en place. A la révolution culturelle au sein des tive d’administration des personnels, des placards les agents dont direction générale des impôts, administrations. Pour la première voire d’administration des dossiers 5 000 cadres ont déjà des contrats fois, on passera d’une logique de des personnels ». Ce biais se reflète elle a besoin, d’objectifs individuels. Au ministère moyens à une logique de résultats : d’ailleurs dans l’orientation des pro- de la culture, un système de nota- chaque ministère devra afficher ses jets analysés par François Frilley, > PLACARDISÉS, DES EXCLUS DANS L’ENTREPRISE, l’administration tion basée sur le mérite fonctionne objectifs et rendre compte de ses plus souvent axés sur la modernisa- de Dominique Lhuilier (Seuil, 238 p.,15 ¤). depuis quatre ans. Mais comme le résultats, ce qui suppose la mise en tion des outils de gestion adminis- devra opérer soulignait Jean-Marc Fenet, chef du place d’indicateurs de performance. trative que sur la question du mana-    que les « pla- – les placardisés – tend à préserver service ressources à la direction Mais mettre en place de tels indica- gement des ressources humaines, cards », qui existent dans toutes l’harmonie, à renforcer l’unité une révolution générale des impôts lors d’une con- teurs aboutira à mesurer la perfor- souvent remis à plus tard. Question les entreprises et dans toutes les sociale. » Ce sontdes boucs émis- férence organisée la semaine derniè- mance collective, et par ricochet de culture. « Les fonctionnaires que administrations, accueillent exclu- saires. culturelle re par le journal Les Echos et Euro- individuelle, des agents. Cette nous rencontrons sont loin d’ignorer sivementles alcooliques invété- Commentsurvivre dans un group, la fonction publique ignore notion encore taboue dans l’admi- les évolutions en matière de gestion rés, les perdants de la lutte pour le « placard » ? Commentne pas y encore des leviers importants de pouvoir, voire de redoutables syn- succomber à la dépression età gestion des carrières. « Nous som- dicalistes. Dominique Lhuilier, maî- l’autodestruction ? Le réflexe de mes mauvais en mobilité interministé- « Si l’on reste dans une logique descendante tre de conférences en psychologie Pierre qui lance une pierre dans la epuis dix ans, la rielle, qui concerne encore aujour- sociale à Paris-VII, démontre qu’il vitre du nouveau maire qui l’a con- contractualisation d’hui une dose homéopathique de de directive, c’est l’échec assuré. existe un peuple des « placardi- finé dans un bâtiment désaffecté entre établisse- nos agents. » Et que dire des perspec- sés », ces condamnés au non-tra- ne servira qu’à confirmer le dia- ments publics et tives d’évolution des carrières, de la Seule une politique de concertation vail forcé. gnostic d’un dérangement men- ministères, ou entre formation continue, exceptionnelle- Il y a Jacques, responsable d’un tal. Le recours aux syndicats n’est ministères et leurs ment prise en compte comme un avec les syndicats et les agents eux-mêmes service d’urbanisme, affecté à la pas la meilleure solution, tant ils services déconcentrés dans les élément de gestion des agents ? Drégions, se développe au sein de Pourtant, les fonctions publiques peut donner des résultats » garde d’un terrain vague ; Marc, sontmal à l’aise avec ces cas dou- l’appareil administratif. Selon le der- devront vite faire tomber les obsta- agenthospitalierqui connaîtde loureux où la psychologie compte - ,   lourds problèmes de santé, instal- plus que le droitdu travail. nier bilan annuel de la délégation cles auxquels se heurtent encore les lé dans une guérite devant une interministérielle à la réforme de innovations déjà engagées, faute de porte condamnée d’un immeuble    l’Etat (DIRE), 38 % des établisse- quoi elles peineront à recruter le nistration vient d’ailleurs d’être de compétences et de carrières. Leur désaffecté ; Carole, directrice de la Pour se reconstruire, pour sortir ments publics avaient en 2001 négo- nombre, même revu à la baisse, des ébranlée par un décret du 29 avril problème est de passer ensuite à l’ac- communication, placée à l’occa- du déni etde la honte,Gilbertrédi- cié un contrat d’objectifs avec leurs agents dont elles ont besoin. 2002, qui introduit le principe de tion », ajoute Jean Bourdariat, direc- sion d’une réorganisation dans un ge un « Petit traité de survie à l’usa- ministères de tutelle. Par ailleurs Les perspectives démographiques mérite individuel dans le dispositif teur associé chez OrgaConsultants. service où il n’y a ni téléphone, ni ge des placardisés » plein d’hu- cinq ministères avaient engagé fin vont l’y contraindre : la moitié des de notation des fonctionnaires. Il faut dire que le cadre n’est pas inci- ordinateur, ni bureau. mour ; Paul pratique intensive- 2001 avec 129 de leurs services agents des trois fonctions publiques Ces différents éléments ouvrent tatif. La sanction des savoirs par con- La caractéristique du placard mentla course à pied ; Irène part déconcentrés des démarches de con- (d’Etat, territoriale et hospitalière) de véritables brèches dans le mode cours, la gestion par corps et par gra- estque l’on y perd son emploi, continuellement en formation tractualisation. vont partir à la retraite dans les quin- très uniforme de gestion de carrière des, l’avancement basé sur l’ancien- mais pas sa rémunération. Le silen- « pour ne pas être larguée » ; Eric Si, par rapport au bilan précé- ze ans à venir. Il faudra bien décider des fonctionnaires. Mais peut-on neté, ne favorisent guère les expé- ce engloutit ces fantômes qui renouvelle la pratique syndicale dent, beaucoup de ces contrats se comment on va – ou non – les rem- véritablement parler de « gestion », riences novatrices. viventune dévalorisationdoublée en écoutant la souffrance des sont améliorés en matière de dialo- placer. C’est-à-dire poser la ques- aujourd’hui ? Pour François Frilley, L’échéance du choc démographi- de la culpabilité de voler leur salai- autres ; Francis crée un site Web gue de gestion, de diagnostic, d’en- tion des emplois, des qualifications consultant au sein du cabinet Euro- que et la mise en place d’un cadre re. Ils fontles frais d’un procès kaf- baptisé « placards, incubateurs de gagement et d’accompagnement et des missions. group, « si le secteur public a souvent législatif suffiront-il à modifier les kaïen dontils ne connaissentni la cyberadministration ». Comme entre directions des différents parte- Surtout, la mise en œuvre de la engagé des réflexions de grande fonctionnements internes de l’admi- l’acte d’accusation ni le tribunal en matière de harcèlement moral, naires, un des points faibles réside loi organique relative aux lois de ampleur en vue de faire évoluer, voire nistration française et à faire émer- qui les a condamnés. Dominique Lhuilier croità l’effica- dans le management interne et ger un véritable management pre- Dominique Lhuilier désigne cité thérapeutique de la parole et externe du contrat. « Très peu de res- nant en compte les spécificités du deux raisons à cette maltraitance. de l’action dans le cadre d’associa- ponsables profitent de la préparation LE STATUT, UNE CONTRAINTE RELATIVE secteur public ? Il est trop tôt pour Elle incrimine d’abord le système tions de victimes. du contrat pour susciter une adhé- Pour Marie-Hélène Lechevallier, directeur du projet « Renouvellement et le savoir. Seule certitude selon qui exige toujours plus de souples- Etpourquoi pas la prévention? sion de l’ensemble du personnel aux développement des compétences » à La Poste, l'exemple de ce qui s'est pas- Marie-Hélène Lechevallier, direc- se etd’efficacitéetqui methors Puisque les « placardisés » sontle objectifs qui vont pourtant engager le sé dans les entreprises publiques montre que le statut de la fonction publi- teur du projet « Renouvellement et jeu ceux qui ne peuventpas ou plus souventdes hyperactifsqui service ou l’établissement auquel il que n'est pas véritablement un frein au changement. « Présenté souvent développement des compétences » semblentne pas pouvoir partici- ontsurinvestileur vie profession- appartient pendant plusieurs exerci- comme un carcan, le corpus du droit de la fonction publique est suffisamment à La Poste, « si l’on reste dans une per à cette course effrénée à la nelle, il fautconseiller à tousles ces », souligne Richard Oswald, souple pour pouvoir proposer de façon tout à fait légale des modes de mana- logique descendante de directive, réussite. Mais elle pointe tout « jeunes loups » qui croientque ce chargé de mission « contractualisa- gement plus modernes ». c’est l’échec assuré. Seule une politi- autant le refus des différences et genre d’accidents n’arrive qu’aux tion » à la DIRE et auteur du rap- De même, en matière de marge de manœuvre dans le domaine des rému- que de concertation avec les syndi- des différends : « La polarisation autres d’avoir une vie après le bou- port. De même, la prise en compte nérations, le service public est déjà assez bien pourvu. En moyenne, le mon- cats et les agents eux-mêmes peut des germes de dissension sur les lotpour ne pas se retrouver,un d’objectifs de qualité du service tant de la partie variable peut atteindre 17 %, mais pour l'instant ce pourcen- donner des résultats ». exclus de l’extérieur – les chô- jour, sans futur parce que « placar- vis-à-vis des usagers n’apparaît que tage est très mal réparti selon les ministères, et surtout selon les niveaux meurs – ou les exclus de l’intérieur disés ». rarement. hiérarchiques. Catherine Rollot parutions Les collectivités territoriales a L’APPRÉCIATION DU PERSONNEL, MIRAGE OU OASIS ? de Georges Trépo, Nathalie Estrellat et Ewan Oiry sous le feu de l’autocritique L’évaluation de la performance des hommes au travail a ceci de particu- lier que chacun en éprouve la nécessité – la hiérarchie pour gérer les res- sources humaines, le personnel pour voir reconnues ses compétences une enquête née 2001 auprès de directeurs mode de décision plus collégial et de leurs besoins quantitatifs, 36 % selon d’autres modes que l’arbitraire hiérarchique –, mais que tout le généraux de services de quarante- moins solitaire que par le passé, seulement savent ce qu’ils veulent monde y est également hostile – la hiérarchie ne parvient jamais à savoir révèle que six villes, communautés urbaines, ou encore déclarent disposer d’un en termes d’évolution qualitative réellement qui vaut quoi, le personnel raille l’utilisation absurde d’usines conseils généraux et régionaux. Et service de contrôle de gestion de leur personnel. 79 % ont mis en à gaz pourtant minutieusement mises au point. La « mission impossible » les directeurs le résultat de ces investigations (54 %)… mais elles ne sont que place des entretiens individuels de l’appréciation est fort bien décortiquée et décrite par cet ouvrage, qui montre que les dirigeants territo- 38 % à avoir des tableaux de bord d’évaluation et 86 % disposent trace à la fois l’intérêt et les limites de cet exercice, expression fondamen- généraux riaux ne se cachent pas qu’ils ont dans ce domaine ! d’un plan de formation, mais celui- tale de la dialectique du pouvoir dans les entreprises (Ed. d’Organisation, encore beaucoup de réformes à En revanche, la plupart recon- ci est le plus souvent l’addition Coll. « Institut Manpower », 304 p., 25 ¤). A.R.de service sont mener à bien s’ils veulent surmon- naissent que la gestion des res- des demandes individuelles. ter les difficultés à venir… sources humaines « n’apparaît Enfin, 52 % seulement des collecti- conscients qu’ils Certes l’échelon local est natu- pas à la hauteur des enjeux stratégi- vités utilisent les technologies de rellement attentif aux besoins de ques ». Selon Bernard Lorreyte, l’information et de la communica- doivent réformer la population du territoire : 79 % directeur du pôle Collectivités et tion pour optimiser les compéten- des réponses font état de démar- politiques territoriales chez Ber- ces du personnel… leur pratiques ches d’écoute ou de consultation. En revanche, il l’est moins en managériales matière d’évaluation des politi- MALHEUREUX DRH ? ques menées (59 %), bien que Les directeurs des ressources humaines ont « un rôle moteur dans la prise 70 % des collectivités déclarent en compte de l’enjeu considérable de mise à niveau des compétences managé- avoir élaboré un plan stratégique. riales de l’encadrement, y compris intermédiaire », affirme Jean-Bernard Bal- Les élus supporteraient-ils mal con, directeur général des services du département du Val-d’Oise. Mais ils es agents des collectivi- l’analyse de l’échec des actions doivent faire avec « la désespérance du statut » qui interdit toute forme de tés territoriales sont-ils engagées ? récompense, s’inquiète Patrick Jouin, directeur général des services du suffisamment armés département de l’Essonne. pour affronter les boule-   Son collègue de la région Centre, Philippe Mahé, est toutefois moins pessi- versements qu’annonce Questionnés sur le choix d’un miste : « J’ai toujours réussi à trouver des collaborateurs qui géraient intelli- la nouvelle phase de la mode de gestion des fonctions gemment le statut, qui ont su analyser les profils de postes pour les mettre en décentralisation lancée par le gou- dont ils ont la responsabilité – ges- adéquation avec les missions de la collectivité à l’horizon de trois-cinq ans. » Lvernement Raffarin ? Les rela- tion directe par la collectivité ou Reste que la demande d’une gestion des ressources humaines adaptée à la tions entre les différents niveaux délégation à un prestataire pour fonction publique territoriale est toujours au sommet de l’agenda. des administrations locales et cen- les cantines, l’entretien des bâti- trales vont être profondément ments publics, les espaces verts, modifiées. Les budgets vont deve- etc. –, 40 % des directeurs géné- nard Bruhnes Consultants, tous « La culture d’origine des collecti- nir de plus en plus contraignants, raux interrogés répondent que ce les dirigeants savent que « d’ici à vités territoriales, c’est la culture obligeant à faire des choix et à choix repose sur des « options poli- 2012 un fonctionnaire sur deux par- administrative, d’ailleurs large- gérer au plus près des ressources tiques » et 60 % « sur la base d’une tira en retraite et qu’ils affronteront ment héritée de celle de l’Etat, financières et humaines rares. analyse coût-avantages », celle-ci une concurrence accrue du secteur conclut Bernard Lorreyte. Ces der- Pour répondre à cette question débouchant dans la plupart des privé sur le marché du travail ».En nières années ont été marquées par de l’Association des administra- cas sur une gestion déléguée. dépit de ce pronostic peu rassu- une évolution vers une culture de teurs territoriaux de France a Les directions des collectivités rant, la mobilité interne demeure gestion. Les tendances récentes lais- demandé au cabinet Bernard Bru- se veulent résolument modernes. faible malgré l’existence de dispo- sent augurer un nouveau saut quali- nhes Consultants de faire le point 75 % disent développer le manage- sitifs incitatifs dans 61 % des col- tatif : le passage vers une culture de sur les pratiques managériales ment par projet. 68 % ont même lectivités. développement et de projet. » dans les collectivités locales. L’en- défini une fonction de chef de pro- Si 70 % des directeurs disent quête a été menée à la fin de l’an- jet. Elles affirment appliquer un avoir une vision à moyen terme Al. F. ECONOMIEMARDI 15 OCTOBRE 2002 BOUSSOLE FOCUS TRIBUNESEMPLOI OFFRES D’EMPLOI Les pays du Golfe L’élargissement Le prix Nobel b Gestion et administration p. IX craignent de l’Union européenne d’économie 2002 b Les premiers emploi-jeunes vont sortir du b Ingénieurs p. X une éventuelle attaque dépend-il d’un « non » couronne les travaux dispositif mis en place par Martine Aubry. b Marketing p. XI américaine sur l’Irak, irlandais ? Les solutions de Daniel Kahneman Le gouvernement maintient quelques aides b Collectivités qui saperait un peu plus de contournement et Vernon L. Smith. transitoires aux associations et prépare territoriales p. XII et XIII leur croissance. A un juridique existent, Il consacre l’économie d’autres projets encore flous p.VIIb International p. XV moment où les capitaux mais leur coût politique comme une science b La fonction publique va devoir passer des b Banques p. XVI étrangers font défaut p. IV serait exorbitant p.Vexpérimentale p.VIexpériences à la réforme p. VIII

au brésil, la percée de lula à la présidentielle reflète les espoirs Amérique latine : les revers décus d’une région, après quinze ans de réformes d’une libéralisation précipitée

(FMI) de s’engager à respecter la tions à l’égard des réformes libéra- un peu plus ce tableau, les crises se politique budgétaire de son prédé- les engagées depuis plus d’une sont multipliées au fur et à mesure UN MODÈLE QUI PREND L'EAU cesseur. C’est à ce prix que Brasi- décennie, la Banque interaméricai- que ces pays liaient leur survie lia, en pleine tempête monétaire, a ne de développement (BID), qui a financière aux marchés internatio- pu se voir promettre 30 milliards réuni, le 10 octobre à Madrid, une naux des capitaux. «Onpeutse de dollars, le plus gros prêt jamais cinquantaine d’économistes spé- demander comment des pays qui consenti par l’institution. cialistes de la région, s’est montrée ont suivi si longtemps les recomman- Au Venezuela, c’est un président préoccupée par la montée de ce dations du FMI et de la Banque populiste de gauche qui se bat avec une partie de la rue, témoin les violents incidents entre adver- Les crises se sont multipliées au fur DESDE CRISES À RÉPÉTITION saires et partisans d’Hugo Chavez qui se sont soldés, le 10 octobre, et à mesure que les pays de la région liaient Taux de croissance du PIB, en % par un mort et six blessés dans le 6 centre de Caracas. Au Pérou, le pré- leur survie financière aux marchés 5 sident d’origine indienne Ale- 4 3,8 jandro Toledo a toutes les peines à internationaux des capitaux 3 justifier l’action de son nouveau 2 gouvernement. L’instabilité politi- sentiment anti-réformes portant mondiale ont pu se retrouver dans que règne aussi en Equateur, qui en germe la tentation d’un retour la situation actuelle », constate 1 avait pourtant cru trouver un remè- au populisme et du repli sur soi. Il Guillermo Calvo, l’économiste en 0 de imparable à ses déboires en se y a pourtant dans ce rejet une chef de la BID, sans aller au-delà -1 tournant vers la dollarisation, et explication très rationnelle que la de ce constat d’échec. L’heure est 1991 92 93 94 95 96 97 98 99 20000 01 02 * - 0,8 au Paraguay, tandis que la Colom- plupart des économistes ont admi- aux questions, mais, comme le bie continue à affronter enlève- se : la libéralisation n’a pas, à quel- remarquait un des participants de Source : Cepal * provisoire ments et conflits armés. Sur le ques exceptions près, tenu ses pro- la rencontre de Madrid : « Ce n’est front économique, le président messes. La croissance n’est pas au pas en pleine tempête qu’il est le mexicain, Vicente Fox, aux affaires rendez-vous : l’Amérique latine, plus facile de changer de cap. » L’ur- depuis un an et demi seulement, a érigée en modèle de la transition gence, à savoir pas de retour en été contraint d’annoncer un bud- vers l’économie de marché, fait arrière à chaud, devrait donc l’em- get d’austérité destiné à faire face aujourd’hui moins bien qu’au porter, en attendant des jours à une croissance très fortement cours de la décennie 1970, pen- meilleurs. ralentie. dant laquelle la croissance progres- Quelle que soit l’issue du scrutin sait en moyenne au rythme de Laurence Caramel et au Brésil, le risque d’une grave cri- 5,6 % par an. Pour noircir encore Serge Marti se financière demeure. Les pays de la région sont a priori peut dépen- dants de leur voisin, commerciale- ment parlant, mais tous risquent de pâtir d’un éventuel défaut sur le paiement de la lourde dette du LE FARDEAU S'EST ALOURDI pays (226 milliards de dollars, fin exté e totale, en milliards de dollars 2001), qui ne manquerait pas de précipiter un peu plus le retrait 800 général des investisseurs étran- 700 787 gers, échaudés par les déboires 600 492 répétés des pays émergents. En 500 2001, et la tendance s’est aggravée 400 depuis, les financements étrangers 300 sous forme de prêts bancaires, 200 d’achats d’actions ou d’obligations 100 ont chuté de 17 %, à 75 milliards 0 de dollars, par rapport à l’année précédente, en Amérique latine et aux Caraïbes. Les investissements directs étrangers (IDE) ont, de leur côté, reculé de 11 %, à 85 milliards de dollars, selon les chiffres de la Conférence des Nations unies e numéro 13, celui du non réélégible, quittera alors la fond du trou qui justifiera, peut- pour le commerce et le développe- candidat Lula sur l’urne présidence en janvier 2003 après être, le verdict de « nouvelle décen- ment (Cnuced). électrique, lui a porté deux mandats successifs. Elle mar- nie perdue »appliquée à une L’ajustement peut paraître mini- chance. Lancé, pour la que bien sûr un tournant majeur région qui, au sortir cahotant de la me. Il est tragique pour des pays quatrième fois, dans la dans la vie politique, sociale et éco- dictature militaire, avait déjà « per- qui comptent sur cette manne course à l’élection prési- nomique des 170 millions de Brési- du »les années 1980. pour compenser un financement dentielle, Luiz Ignacio « Lula »da liens, mais, compte tenu du poids Le marasme général et tout parti- domestique défaillant. D’ores et LSilva, ancien métallo et ex-syndica- exercé par ce pays – le Brésil assu- culièrement la débâcle argentine déjà, l’Amérique latine est entrée liste d’extrême gauche, a toutes les re à lui seul 30 % du produit inté- dont on a trop longtemps affirmé, en récession en 2002, avec une con- chances d’accéder à la fonction rieur brut (PIB) régional –, c’est à tort, qu’elle n’impliquait pas de traction de l’activité de 0,6 %, suprême, le 27 octobre, après tout le bloc sud-américain qui est risque de contagion, explique en selon les dernières prévisions du avoir largement remporté le pre- interpellé. A un moment où l’en- partie la « vague rouge »qui, au FMI, et, si l’institution financière mier tour, le 6 octobre, avec près semble des pays de la région, Brésil, devrait porter au pouvoir annonce la reprise pour l’an pro- de 47 % des voix. La victoire de exception faite, peut-être, du petit un Lula soucieux mais aussi con- chain, il y a encore, pour gagner ce Lula et de son Parti des travailleurs Chili, se débat dans d’angoissantes traint d’adoucir son image gauchis- pari, beaucoup d’incertitudes à (PT) ne signifierait pas seulement difficultés économiques et doit fai- te autrement que par le port de la lever. Alors même que les gouver- la fin de l’ère de Fernando Henri- re face à une forte augmentation cravate. Le candidat du PT a, en nements de la région – et pas seule- que Cardoso, président social- des inégalités liée à une libéralisa- effet, été chaudement prié par le ment au Brésil – doivent affronter démocrate, tendance libérale, qui, tion trop brutale. Une descente au Fonds monétaire international une hostilité croissante des popula- II/LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002 DOSSIER

QUESTIONS-RÉPONSES Les désillusions au bout des réformes

après des années récession que traversent plusieurs 80 % en Amérique latine pour seu- majorité portent un regard criti- Marasme pays peuvent conduire à une nouvel- lement 30 % environ en Asie. que sur les réformes engagées d’efforts, le crise de la dette et peut-être à une Le pari de l’ouverture n’a en depuis quinze ans. Selon une Quelles sont gentine, qui en moyenne ont autre décennie perdue pour le déve- effet pas permis – à quelques enquête réalisée par Latinobaro- reçu, entre 1990 et 2000, respecti- la croissance n’est loppement ». Moins pessimiste, exceptions près comme le Mexi- metro, au début de l’année, dans les prévisions Georges Couffignal, professeur à que ou le Chili – de ramener la dix-sept pays de la région, deux de croissance vement 30 %, 28,3 % et 15,6 % des 1 capitaux étrangers. Cette source pas au rendez-vous l’Ecole des hautes études sur l’Amé- croissance à des niveaux compara- tiers des personnes interrogées de la région ? de financement, bien que plus rique latine, à Paris, met en avant bles à ceux des années 1970. Au envisageaient l’avenir avec pessi- modeste en volume, est compara- et les crises l’importante capacité de rebond cours de cette décennie, le PIB de misme et 63 % d’entre elles consi- L’Amérique latine a basculé dans tivement plus importante pour des pays de la région, tout en la région avait en moyenne aug- déraient que les privatisations la récession en 2002. Le Fonds les pays les plus pauvres de la plus fréquentes admettant « que les réformes n’ont menté au rythme de 5,6 % par an. n’avaient pas profité à leur pays. monétaire international (FMI), région. Elle représente l’équiva- pas tenu leurs promesses ». Depuis 1991, la croissance a été en Fait nouveau, c’est que ce dans son rapport sur les perspecti- lent de 14 % du PIB des pays les Quoi qu’il advienne, pour les moyenne deux fois moins rapide mécontentement ne concerne ves économiques mondiales plus pauvres, selon les statisti- Latino-Américains, le souvenir des et surtout de plus en plus dépen- plus seulement les catégories les publiées en septembre, évalue à ques de la Cepal, contre seule- années 1980 résonne comme un dante des flux et reflux des capi- plus pauvres mais s’étend aux clas- – 0,6 % la contraction du produit ment 4,8 % pour les pays les plus ’est un peu l’histoire cauchemar. Après la crise financiè- taux étrangers. Car la stratégie ses moyennes, à leur tour très intérieur brut (PIB) cette année. riches. d’un rendez-vous re de 1982, il fallut douze ans aux d’insertion dans le commerce affectées par les aléas de la crois- L’effondrement de l’Argentine à A la différence de l’Asie, les inves- raté. Pour la troisiè- Argentins et aux Brésiliens mais mondial n’a pas été à la hauteur sance. Championne des inégali- la fin de l’année 2001 – contrain- tisseurs étrangers se sont surtout me fois en moins de près de quinze aux Mexicains, de ce qui était attendu. Les inves- tés, l’Amérique latine l’est restée te de suspendre le rembourse- tournés au cours de la dernière dix ans (Mexique en pour retrouver leur niveau de vie tissements directs étrangers – au terme de ces années de boule- ment de sa dette – et la crise décennie sur le secteur des servi- 1994, Brésil en 1999, précédent. « La conversion du conti- concentrés sur le Mexique, le Bré- versements. financière qui a emporté le Brésil ces, ouvert dans le cadre de vas- Argentine et Brésil aujourd’hui), nent au consensus de Washington sil et l’Argentine –, se sont surtout Si le Mexique a rejoint le « pre- Cl’Amérique latine se trouve con- reposait sur l’idée force que seule dirigés vers le secteur des services, mier monde » en devenant mem- àquelques semaines de l’élection tes programmes de privatisa- présidentielle d’octobre, ont tions. L’Union européenne, frontée à une crise majeure. Labo- cette libéralisation permettrait de moins générateurs de devises. bre en 1994 de l’OCDE, le club des aggravé les perspectives de la devant les Etats-Unis, est deve- ratoire, à partir du milieu des s’affranchir de la contrainte de la pays industrialisés, il a été aussi zone, par ailleurs affectée par le nue le premier investisseur de la années 1980, des politiques de libé- dette et de trouver des sources de «   » promu en laboratoire de la Ban- ralentissement économique à zone, en particulier dans le domai- ralisation prônées par les institu- financement viables », rappelle Car- Si les exportations ont progressé que mondiale pour l’expérimenta- l’œuvre aux Etats-Unis et en Euro- ne de l’énergie, des télécommuni- tions financières internationales, los Quenan, maître de conférences à des rythmes « à l’asiatique », les tion de ses politiques de lutte con- pe. La croissance en Argentine cations et, plus récemment, des ce continent, un temps érigé en à l’université de la Sorbonne-Nou- importations ont souvent augmen- tre la pauvreté. devrait reculer de 16 %, selon le services financiers. modèle au point d’exporter ses velle. Les graves difficultés actuel- té plus vite, générant des déficits Quelles leçons tirer de ce bilan ? FMI. L’Uruguay, très dépendant « thérapies de choc » dans une les de l’Argentine et du Brésil mon- quasi permanents. Bien sûr, ce Aller plus loin, disent les écono- de ses voisins, enregistrerait la La libéralisation Europe de l’Est débarrassée du trent, pour deux des plus grands tableau doit être nuancé. Entre le mistes libéraux qui expliquent les deuxième plus mauvaise perfor- communisme après la chute du pays de la zone, les limites de cette Mexique et les petits pays d’Améri- dérapages de leur modèle par le a-t-elle permis mur de Berlin, se révèle aujour- stratégie lorsqu’à l’inverse de que centrale, happés par le marché caractère inachevé des réformes. mance (– 11,1 %), alors que le Bré- de faire reculer sil et le Mexique garderaient la 3 d’hui, plus que tout autre, vulnéra- l’Asie, elle ne s’appuie pas sur des nord-américain, où se sont déve- Faire une pause, réclament les tête hors de l’eau (+ 1,5 %). Le FMI le niveau de la pauvreté ? ble aux humeurs aléatoires de la efforts d’investissement des entre- loppées des industries d’assembla- autres, réellement inquiets de la reconnaît avoir écarté trop vite conjoncture et des flux de capi- preneurs locaux et de réserves ge, et les pays andins, dont les tournure qu’a prise l’aventure. Le les risques de contagion que fai- Selon une évaluation de la Ban- taux internationaux. d’épargne importantes. échanges sont dominés à plus de débat est ouvert et les « Chicago sait peser sur le reste de la région que mondiale, publiée en septem- « Au terme de près de vingt ans de Au cours des années 1990, la det- 80 % par les matières premières, les boys » – ces économistes sud- le problème argentin. La défiance bre, la population vivant au-des- réformes pro-marché qui ont permis te extérieure de la région a aug- itinéraires sont peu comparables. américains formés à l’université des investisseurs étrangers, la ner- sous du seuil absolu de pauvreté de lutter avec succès contre l’hype- menté de près de 50 % et reste une Mais globalement, résume Yil- de Chicago, chantres des théories vosité sur les marchés étrangers, — c’est-à-dire moins de 1 dollar rinflation et d’attirer des capitaux source d’extrême vulnérabilité. maz Akyuz, pour expliquer les cri- néolibérales – ne règnent plus en où les primes ont rejoint leurs par jour — est passée de 16,8 % étrangers, la région se trouve dans Un rapport, publié en avril dernier ses à répétition « l’Amérique lati- maître aujourd’hui. L’idéologie sommets des crises passées, font de la population totale à12,1 % en une situation aussi préoccupante par la Commission économique ne est allée trop vite et trop loin sur du « moins d’Etat » et du « tout partie des éléments-clés des pos- 1999. Cependant, ajoute l’institu- qu’au début des années 1980 », affir- des Nations unies pour l’Améri- la voie de la libéralisation tant marché » a pris quelques bosses sibles scénarios pour les mois à tion financière multilatérale, la me l’économiste Yilmaz Akyuz, res- que latine et les Caraïbes (Cepal), financière que commerciale. Des au fil des crises. Même les institu- venir. Le FMI, qui table sur une crise que traverse la région ponsable de la division Mondialisa- installée à Santiago du Chili, souli- pans entiers de son appareil pro- tions financières internationales reprise en 2003, avec une crois- depuis 2001 a en partie effacé ces tion et stratégies de développe- gnait que si, en moyenne, les ductif – et le meilleur exemple reste (FMI, Banque mondiale) recon- sance moyenne de 3 % pour le progrès. Le revenu par habitant a ment à la Conférence des Nations créances à court terme représen- l’Argentine – ont été sacrifiés dans naissent qu’elles sont allées trop continent, a fait le pari d’un commencé àbaisser en 2001 en unies pour le commerce et le déve- tent la moitié des réserves en devi- une ouverture précipitée ». Il est loin. retour de la confiance. La Com- Amérique centrale et dans la loppement (Cnuced), « le brutal ses des pays en développement, peu surprenant dès lors que les mission économique des Nations zone des Caraïbes en raison de la ralentissement de la croissance ou la cette proportion atteint plus de Latino-Américains dans leur Laurence Caramel unies pour l’Amérique latine et sécheresse, de la chute des cours les Caraïbes, la Cepal, prévoit de du café et des recettes touristi- son côté une contraction du PIB ques après les attentats du 11 sep- de 0,8 % en 2002. tembre aux Etats-Unis. La popula- Une longue pratique de la contestation tion argentine, durement affec- tée par la récession et l’envolée Quels sont les pays «     . » latinos qui du chômage (plus de la moitié a Plus L’histoire continue aujourd’hui avec la mobilisa- renationalisation de ce service. Avec la crise, c’est ont le plus attiré basculé dans la pauvreté), a vu qu’ailleurs, ce slogan, qui à travers le monde bat le tion contre le grand marché des Amériques. Du aussi en Argentine que se sont le plus développées 2 également fondre ses revenus. rappel de ceux qui veulent résister aux politiques Mexique à la Terre de Feu, organisations non gou- les pratiques d’échange alternatives comme le d’investissements directs La région demeure par ailleurs économiques néolibérales, résonne en Amérique vernementales (ONG) et mouvements sociaux, au troc, que pratiqueraient aujourd’hui plus de six étrangers ? marquée par de grandes dispari- latine. Depuis l’apparition, en 1994, du mouvement nom d’un « no al ALCA ! » (la zone de libre-échan- millions de personnes. Mais, avant que le pays ne tés. Si, en moyenne, en 2000, le du sous-commandant Marcos dans les montagnes ge des Amériques voulue par Washington), se sont s’effondre et ne se déclare en cessation de paie- Les investissements directs étran- revenu par habitant s’élevait à mexicaines du Chiapas, jusqu’au lancement en regroupés en réseaux dans lesquels les mouve- ment, les mouvements argentins avaient réclamé gers (IDE) n’ont cessé d’augmen- 3 670 dollars par an pour l’ensem- 2001 du premier Forum social mondial à Porto Ale- ments nord-américains ont aussi trouvé leur pla- une annulation de la dette extérieure de leur pays ter depuis le début des années ble du continent, aux deux extrê- gre (Brésil), les « latinos » occupent les avant-gar- ce. A la fin de ce mois, ils devraient une nouvelle en convoquant de manière symbolique un tribu- 1990 avant de fléchir àpartir de mes, un Argentin pouvait espérer des de la contestation antimondialisation. Avec ses fois manifester leur détermination à l’occasion nal populaire, chargé de condamner tant les politi- 2001. Ils restent inférieurs àceux recevoir 5 460 dollars et un Nica- héros et son histoire, dans laquelle la nostalgie des d’une rencontre officielle des gouvernements du ques financières aventureuses de leurs gouverne- reçus par l’Asie : 102 milliards de raguayen seulement 400. Entre révolutions n’est jamais très loin. Leurs combats continent à Quito (Equateur). ments que l’attitude, selon eux coupable, des dollars pour cette dernière année les deux se situe le revenu moyen menés contre le Nafta, la zone de libre-échange bailleurs de fonds. de référence, contre 85 milliards, d’un Mexicain, 5 070 dollars, d’un créée entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique,  Une mise en scène qui, avec les référendums, selon le dernier rapport de la Cnu- Brésilien, 3 580, d’un Equatorien, ont souvent servi d’exemple à leurs compagnons Les vastes programmes de privatisation tou- est désormais rodée en Amérique latine pour sensi- ced (Conférence des Nations 1 210. Le Honduras, la Bolivie et le européens décidés à en découdre avec l’Organisa- chant les services publics ont également déclen- biliser les opinions à un des problèmes majeurs de unies sur le commerce et le déve- Nicaragua font partie du groupe tion mondiale du commerce (OMC) ou avec l’Orga- ché dans plusieurs pays des campagnes de protes- la région. A la veille du premier tour de l’élection loppement), mais l’écart s’est des 49 pays les moins avancés de nisation de coopération et de développement éco- tation. En Bolivie, au Mexique, au Brésil, en Argen- présidentielle du 6 octobre, les Brésiliens ont été considérablement resserré. Les la planète, qui, àce titre, bénéfi- nomiques (OCDE) qui, en 1998, avait tenté d’accou- tine et au Costa Rica, par exemple, les gouverne- plusieurs millions à réclamer qu’on les débarrasse flux demeurent concentrés sur cient d’un programme de réduc- cher très discrètement d’un projet sur l’investisse- ments nationaux ou locaux doivent affronter des une fois pour toutes de ce fardeau. les trois grandes économies de la tion de la dette pour les pays pau- ment favorisant les entreprises étrangères – une milliers d’usagers ulcérés par l’envolée des prix de zone, le Brésil, le Mexique et l’Ar- vres très endettés (PPTE). disposition déjà imaginée par le Nafta. l’eau. Certains, comme les Argentins, réclament la L. C. Entre l’ouverture commerciale et la tentation du repli

le brésil freine fortes réticences, serait pour les rait une division profonde du conti- rapport contient, en filigrane, une des Amériques de Québec en nient à ce que s’engage dès la fin du Etats-Unis une coquille à moitié nent qui obérerait les gains escomp- analyse de la difficulté de nombreu- avril 2001, les diplomates brésiliens mois à Quito (Equateur) le proces- la création vide et un échec. tés par l’ouverture des marchés à ses économies latino-américaines à ont fait valoir leurs objections : pas sus d’intégration décidé à Quebec. En effet, outre son gigantesque toute la région. Cette question se constituer de véritables unions de « moisson précoce », c’est-à-dire « A partir du 1er novembre, com- d’un grand marché, le Brésil est le pays le plus pose d’autant plus qu’outre le Mexi- douanières, ce dont témoignent les des accords partiels qui pourraient mencera une période cruciale pour la industrialisé de toute l’Amérique que un mouvement regroupant la crises récurrentes des dernières entrer en application dès 2003, et suite du processus », a déclaré la marché latine, la onzième puissance mon- majorité des pays centro-américains années entre le Brésil et l’Argentine, refus d’adhésions individuelles, au semaine dernière Peter Allgeier, l’un diale, en termes de produit intérieur et andins, dont certains ont dollarisé où, pour régler des problèmes spéci- profit d’une ratification par blocs des responsables du bureau du des amériques brut (PIB). Plus important, peut- leurs économies et qui pour beau- fiques, l’un ou l’autre décidait de régionaux, une manière pour eux représentant américain au commer- être, l’opposition du Brésil créerait coup réalisent une part importante relever ses tarifs. de renforcer leur marché régional ce international, Robert Zoellick. une dynamique de refus autrement de leur commerce avec les Etats- Quant à la cohérence des politi- du Sud (Mercosur). Par ailleurs, ils Image symbolique de la réunion de plus redoutable que celle provo- Unis, plaide pour cette issue. ques macroéconomiques, elle n’a ont fermement annoncé que le Bré- Quito, les Etats-Unis et le Brésil assu- quée par l’opposition clairement jamais été qu’une fiction, illustrée sil ne signerait pas l’ALCA tant que meront ensemble la présidence. a création d’une zone de affichée du Venezuela d’Hugo Cha-   en 1999 par la décision de l’Argenti- les Etats-Unis ne seraient pas dispo- Le résultat de l’élection présiden- libre-échange de la Terre vez et de Cuba, qui n’est pas associé Le problème des pays du refus est ne de garder la parité fixe (d’un sés à ouvrir complètement leur mar- tielle brésilienne ne devrait avoir de Feu à l’Alaska (ALCA), à ce projet. qu’ils revendiquent l’approfondisse- pour un) entre sa monnaie, le peso, ché et à éliminer leurs subventions aucune incidence sur le cours des lancée par Bill Clinton à L’évolution politique de l’Argenti- ment des blocs régionaux dont ils et le dollar, alors que Brasilia pre- (agricoles, par exemple) approu- négociations. Juste avant le premier Miami en 1994, est-elle ne pourrait aussi renforcer cet effet sont issus (Mercosur, le Caricom, le nait la décision de laisser filer la sien- vées par le Congrès américain. tour des élections, l’ambassadeur une chance et une voie si le populiste Adolfo Rodriguez Marché commun centro-américain ne, le real. Washington ne nie pas qu’il existe du Brésil à Washington, Rubens Bar- qui permettrait aux pays latino-amé- Saa est élu en mars prochain à la et la Communauté des pays andins) Depuis l’accélération des négocia- des différends avec le Brésil sur l’AL- bosa, avait déclaré que les deux can- Lricains de sortir de la récession et de présidence du pays comme l’indi- pour éventuellement adhérer à tions sur l’ALCA, lors du sommet CA, mais ne voit aucun inconvé- didats Luiz Inacio « Lula » da Silva s’installer, enfin, dans un développe- quent les enquêtes d’opinion. Elu d’autres, alors que ces associations et José Serra avaient souscrit «un ment durable ? Un tel projet multi- par le Congrès le 23 décembre, à la régionales sont « imparfaites » com- engagement » constituant à suivre plierait par deux les membres de suite du départ de Fernando de la me le relève pudiquement la Ban- POUR EN SAVOIR PLUS les grandes lignes de la politique du l’Accord de libre-échange nord-amé- Rua, il est celui qui a décidé – et que interaméricaine de développe- > Amérique latine 2002, Institut d’Olivier Dabène (Armand Colin, Brésil sur le projet de l’ALCA, telles ricain (Alena), qui unit depuis le annoncé avec le sourire – le moratoi- ment (BID) dans son rapport « Plus des hautes études de l’Amérique 2002, 192 p., 12,30 ¤). que le président Cardoso les avaient er 1 janvier 1994, les Etats-Unis, le re sur la dette publique argentine, au-delà des frontières », publié latine (Iheal), dir. : Georges > « La dollarisation, une fausse définies. Cela étant, une variable ris- Canada et le Mexique, soit un espa- alors d’un montant de 140 milliards début octobre. Couffignal (La Documentation solution », revue L’économie politique que de biaiser ces négociations : l’as- ce peuplé de 800 millions de person- de dollars, et précipité la chute du La BID recommande vivement française, 2002, 224 p., 25 ¤). (no5, 1er trimestre 2000, 112 p., 10 ¤). sistance financière internationale nes. Parmi ces 400 millions de nou- pays dans la plus grave crise de son aux blocs régionaux latino-améri- > Alena et Mercosur : enjeux et > Commission économique des dont a besoin le Brésil – pour éviter veaux membres, 170 millions sont histoire. cains de baisser leurs tarifs doua- limites de l’intégration américaine, Nations unies pour l’Amérique latine un scénario argentin –, et donc de brésiliens. C’est dire que l’ALCA Ce clivage entre deux Amériques, niers, de libéraliser les services et de d’Alain Musset et Victor M. Soria et les Caraïbes : www.cepal.org l’accord de Washington. sans le Brésil, qui depuis le début l’une ouverte et l’autre repliée sur s’entendre pour coordonner leurs (Ed. Iheal, 2001, 229 p., 12 ¤). >Banque interaméricaine de des négociations a fait connaître ses des positions nationalistes, consacre- politiques macroéconomiques. Ce > L’Amérique latine au XXe siècle, développement : www.iadb.org Alain Abellard LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002/III DOSSIER

Guillermo A. Calvo, de la Banque interaméricaine de développement (BID) CHRONIQUE « L’“effet Enron” est en partie à l’origine par Serge Marti des difficultés de la région »

même temps, la prime de risque banques sont très nerveuses sur la blement de surprise. La crise s’est appliquée aux marchés émergents valeur réelle de leurs actifs dans étendue régionalement mais cette a augmenté considérablement, ce des sociétés qui font la « une » contagion est-elle due à l’Argenti- qui a renchéri leur recours au finan- des journaux. Pour ces investis- ne ou à l’« effet Enron » précédem- cement extérieurs. Tout cela a con- seurs, ce n’est pas le moment d’al- ment évoqué ? J’ai plutôt tendan- tribué au ralentissement de la crois- ler se risquer en Amérique latine. ce à penser que c’est ce dernier fac- sance en Amérique latine. Même Mieux vaut parier sur des place- teur qui a joué à travers l’assèche- des économies qui affichaient ments plus sûrs. C’est ce qu’on ment des investissements. alors de bons résultats, par exem- appelle la fuite vers la qualité. La contagion peut aussi venir de ple le Chili, ont subi une forte C’est pourquoi je ne crois pas à un considérations politiques. A cet réduction des investissements grand changement en 2003 dans égard, on peut se demander com- L’Europe d’en bas étrangers dans le pays. Du coup, la la région, à l’exception peut-être ment des pays qui ont suivi si long- croissance a été ramenée de 7 % à du Mexique, qui bénéficie de l’ef- temps les recommandations du  ’ 3 %. Naturellement, chaque Etat fet Alena (l’accord conclu entre Fonds monétaire international de ce qui s’était passé invités, par référendum, à ratifier latino-américain a réagi en fonc- les Etats-Unis, le Canada et ce (FMI) et de la Banque mondiale GUILLERMO CALVO en 1991, avant que ne soit déclen- ou à rejeter une nouvelle fois (le tion de sa propre situation, surtout pays) même s’il souffre du ralen- ont pu se retrouver dans la situa- chée la guerre du Golfe, un débat premier « non » avait été prononcé f 2000 Guillermo Calvo est financière. Le Chili, qui était en tissement de l’économie américai- tion actuelle. s’est déroulé, le 8 octobre, à l’As- en juin 2001) le traité de Nice, ce économiste en chef de la Banque bonne santé, a moins souffert. Sa ne et de l’« effet Enron ». La ques- Est-ce àdire que le fameux semblée nationale. Un échange qui qui aurait pour effet de faire tan- interaméricaine de développement (BID). croissance a fortement diminué tion de l’Argentine est très particu- consensus de Washington est a débouché sur une position relati- guer dangereusement la future mais l’économie ne s’est pas effon- lière, car elle est devenue un pro- menacé ? f 1994 Spécialiste des questions vement consensuelle, tant à l’égard Europe des 25. Posée également drée. blème politique avant tout. L’ef- Il a effectivement manqué quel- macroéconomiques ainsi que des pays de Washington qu’à l’encontre de par Günter Verheugen, le commis- Est-ce dû également au fait fondrement du système financier que chose dans le consensus de Bagdad. Les représentants du peu- saire européen chargé de l’élargisse- émergents et en transition, il a été que le Chili avait mis en place un est un élément particulièrement Washington : la prise en compte ple se sont exprimés sur un sujet ment qui n’en finit pas de tirer la entendu à plusieurs reprises par contrôle des capitaux ? préoccupant. des imperfections apparues dans délicat de politique étrangère qui sonnette d’alarme sur l’« hostilité le Congrès américain sur les sujets Encore aujourd’hui, la question Certains assurent qu’il est dû le fonctionnement des marchés de engage la France et ses partenaires. de l’opinion publique », notamment de dollarisation et sur la crise mexicaine fait débat. Entre-temps, le gouver- àla privatisation de la quasi- capitaux. On a également négligé Ce processus démocratique qui française, ainsi qu’il l’a redit dans de fin 1994. nement a supprimé ce contrôle totalité des banques argentines l’importance d’une information vaut pour l’Irak aura-il droit de cité un entretien accordé au quotidien f 1974 Docteur en économie provisoire sur les capitaux entrant Effectivement, il ne reste plus quasi parfaite, de façon à ne pas pour le big bang est-européen ? En Les Echos. de l’université américaine de Yale, dans le pays. A mon avis, la résis- que deux ou trois banques nationa- déclencher les rumeurs et la crise clair, les élus de la nation – la Reprenant ce thème qu’il avait enseignant à Columbia et à l’université de tance à la crise du Chili provient les et, compte tenu de la situation de confiance comme en a souffert, « France d’en haut » – pourront-ils développé à Salzbourg, à l’occasion Pennsylvanie, il a été conseiller principal plutôt du fait que ce pays n’avait actuelle, il peut y avoir un retour sans raison apparente, l’Uruguay, ou devront-ils faire entendre leur de la version européenne du Forum au département des recherches du FMI. pas de déficit fiscal, très peu de det- vers la nationalisation de certains une nation jusque-là bien cotée et voix à l’attention d’une « Europe économique mondial (dit « de te publique, un bon système de établissements. Mais je ne crois subitement reléguée parmi les d’en bas » désormais élargie à vingt- Davos »), en présence de représen- supervision bancaire. Par compa- pas pour autant que la présence pays à risques. Jusqu’à mainte- cinq pays après le feu vert donné le tants de pays adhérents mais aussi raison, le Brésil et l’Argentine sont 9 octobre par la Commission de de candidats « spontanés » venus Quelles sont, selon vous, les apparus très endettés. A cela, il Bruxelles à l’adhésion, dès 2004, de des Balkans ou d’Ukraine (« Le Mon- raisons de la débâcle économi- faut ajouter le climat politique « La contagion peut aussi venir huit pays de l’ex-bloc soviétique, de Economie » du 24 septembre), le que du continent latino-améri- actuel, notamment au Brésil, qui plus Chypre et Malte ? commissaire invite les « hommes cain ? rend l’investissement étranger de considérations politiques. A cet égard, Allons plus loin ; pour que la Fran- politiques français » à « réfléchir, dès Quand vous regardez la situa- plus risqué en raison du manque ce – et les Quinze – sortent du défi- à présent, à la façon dont ils pour- tion de la région depuis 1998-1999, de clarté sur la situation future. on peut se demander comment des pays qui cit démocratique qui, plus particu- raient expliquer l’enjeu d’un tel pro- vous constatez une crise en 1999, Ce sont làles causes principa- lièrement depuis le traité de Maas- jet.Un sujet qui, dans six mois, sera une reprise l’année suivante et les de la crise actuelle ? ont suivi si longtemps les recommandations tricht, taraude les étapes de la cons- au cœur de la politique française ». ensuite un clair ralentissement de Il faut en ajouter une autre qui truction européenne ainsi que le Pour l’heure, majorité et opposi- la croissance. Je pense que cette m’apparaît déterminante et dont du FMI et de la Banque mondiale ont pu confirment les poussées populistes tion restent la tête dans le sable évolution a un rapport avec la on parle peu : les scandales finan- d’électorats fragilisés, ira-t-on jus- sur le dossier européen qu’elles situation des marchés de capitaux ciers, à Wall Street ou ailleurs. se retrouver dans la situation actuelle » qu’à organiser un référendum pour avaient déjà occulté à l’approche et notamment avec la crise russe Ceux-ci ont débouché sur une exi- que s’exprime la volonté populaire de l’élection présidentielle. Espé- de 1998. Celle-ci provenait initiale- gence légitime de transparence étrangère, très forte dans le systè- nant, les marchés émergents ne sur un élargissement qui dépasse rant que le passage de l’Union de ment du problème rencontré sur dans les comptes et les activités me bancaire argentin, soit un fac- peuvent pas se prévaloir d’une de très loin l’enjeu des derniers ral- 380 à 455 millions d’habitants, sur les titres obligataires domestiques. financières. Or, il est vite apparu teur structurel de faiblesse, même information parfaite, d’où la sanc- liements en date, à savoir l’Espagne fond de crise économique et de La crise qui en est résultée, éten- qu’il était plus facile, pour respec- si le système peut apparaître passa- tion qu’ils subissent actuellement. et le Portugal en 1986, l’Autriche, la coût financier pour les Quinze, au due aux pays émergents, a consti- ter les nouvelles règles, d’investir gèrement vulnérable. Ils ont pourtant besoin de soutien, Finlande et la Suède en 1995 ? prix de marchandages – comme en tué, pour beaucoup d’investis- dans les pays du Nord qu’en Améri- Comment a-t-on pu, si long- y compris, peut-être à titre provi- La question, qui sent le soufre, témoignent les travaux de la Con- seurs, un signal d’alarme. Ils se que latine, où elles laissent encore temps, occulter l’effet de conta- soire, de barrières à l’entrée de sera certainement écartée lors du vention sur l’avenir de l’Europe – sont dit qu’ils prenaient désormais à désirer. Dans les faits, les scanda- mination régionale ? capitaux spéculatifs pour contrô- sommet européen de Copenhague, pourra s’effectuer en catimini. Le plus de risques qu’ils ne le pen- les de Wall Street ont également Le risque de contagion existe ler la volatilité de l’argent, comme les 12 et 13 décembre, chargé d’offi- retour de bâton risque d’être dou- saient en se plaçant sur les pays contribué à réduire les investisse- quand les marchés de capitaux l’ont fait le Chili et, ce qu’on sait cialiser l’élargissement à l’Est. Elle loureux. Les électeurs ont appris à émergents ou en transition. Jus- ments directs vers la région. sont pris par surprise. La crise moins, la Colombie. C’est là un des n’en demeure pas moins posée. Par manier l’expression de leur mécon- que-là, il était possible d’arbitrer, Etes-vous plus optimiste sur le mexicaine a eu un effet contami- aspects manquants de l’architectu- les Irlandais qui, le 19 octobre, sont tentement. par exemple, entre l’Asie et l’Amé- moyen terme ? nant car elle s’est produite par sur- re financière internationale mais rique latine. Désormais, ces passe- Pas vraiment, ne fût-ce qu’en prise, de même que la crise russe. je ne suis pas sûr que tout le mon- relles ne fonctionnaient plus. raison du dernier point que j’évo- En revanche, les difficultés du Bré- de soit prêt à pallier ce manque. Leur revirement a entraîné quasi- quais, les scandales financiers sil en 1998 n’ont pas entraîné de ment un assèchement des flux de dont personne ne se hasarde à contamination. Pour ce qui est de Propos recueillis par capitaux vers ces pays. Dans le pronostiquer la fin. Les grandes l’Argentine, il n’y a pas eu vérita- Serge Marti L’exception chilienne

très ouverte, ne, mais en a subi des effets comme sion exercée actuellement sur le Bré- une politique orthodoxe » pour ne la baisse du volume des investisse- sil. A la différence d’un Brésil qui, pas sombrer dans un état ou une l’économie ments directs étrangers (IDE). Si les chaque année doit trouver 40 mil- situation ingérable. C’est pourquoi, perspectives de croissance (5 %) liards de dollars pour rouler sa det- au détriment d’investissements de ce petit pays viennent d’être revues à la baisse, la te, le Chili possède une faible industriels ou sociaux, le pays s’obli- hausse du produit intérieur brut demande de financement extérieur. ge à maintenir des réserves interna- fait preuve d’une (PIB) pour l’année devrait atteindre Le deuxième facteur de l’excep- tionales élevées et sa dette publique 2 % à 2,5 %. tion chilienne est sa politique fiscale à un faible niveau pour ne pas être rare stabilité Le Chili résiste mieux, progresse rigoureuse et anticyclique qui consis- attaqué par les marchés. et se modernise depuis plus de vingt te à épargner quand la conjoncture Le troisième facteur de l’excep- ans, à l’inverse des autres pays est favorable et à utiliser ses réser- tion chilienne est sa diplomatie mul- latino-américains, avant tout parce ves quand elle l’est moins. tipolaire, qui ne le fait dépendre que son économie est très ouverte. Entre 1986 et 1997, le pays a connu d’aucun bloc, comme le Mexique ’Amérique latine présen- Les exportations représentent les un taux de croissance important du qui réalise 90 % de son commerce te tous les stigmates d’un deux tiers de son produit interne et PIB, de l’ordre de 7 %. Dans le avec les Etats-Unis et s’enrhume dès grand malade : crise sont diversifiées entre l’Europe, les même temps, le prix du cuivre – la que son voisin tousse. Santiago a financière sans précédent Etats-Unis, l’Asie et le reste du conti- principale exportation du pays et conclu, fin avril, un accord avec en Argentine, graves nent américain. une source importante de revenus l’Union européenne qui prévoit l’ins- incertitudes au Brésil, ins- pour le secteur public – a été élevé, tauration d’une zone de libre-échan- tabilité politique au Venezuela, en   ce qui a permis aux différents gou- ge portant sur tous les secteurs, LEquateur, au Paraguay, contesta- Son développement contraste vernements de dégager des revenus notamment l’industrie, la pêche et tion du gouvernement péruvien, avec ce qui existe en Argentine et au importants qui sont utilisés aujour- l’agriculture. S’il appartient au conflit armé en Colombie. Un seul Brésil, plus fermés, et dont le déve- d’hui. Le respect d’une politique fis- regroupement régional de Coopéra- pays fait figure d’exception : le Chili. loppement repose davantage sur cale anticyclique a permis au Chili tion économique Asie-Pacifique Même si la situation est « moins bon- l’économie interne. Paradoxale- de stabiliser son risque pays, alors (APEC) et est membre associé du ne que les années précédentes », com- ment, ces deux pays dépendent que ceux de l’Argentine, du Brésil et Mercosur (le marché régional du me le reconnaissait le ministre des beaucoup plus du monde extérieur, de l’Uruguay ont explosé, alourdis- cône Sud), le Chili devrait, après finances chilien, Nicolas Eyzaguirre, ne serait-ce que par l’importation sant le service de la dette. avoir conclu des accords identiques lors de son passage à Paris en sep- de ce qu’ils ne produisent pas et en Le Chili ne se veut pas pour avec le Canada et le Mexique en fina- tembre, le Chili s’affirme « pour la second lieu pour le financement autant un héraut de la globalisation liser un avec les Etats-Unis. Il sera communauté internationale comme international. Les deux sont con- et déplore, selon M. Eyzaguirre, que ainsi l’unique pays sud-américain à un partenaire dont la stabilité est ras- damnés à exporter davantage et à « les règles de l’économie mondiale disposer d’un accord de libre-échan- surante », selon le commentaire importer moins pour se financer, ce n’aident pas à ce que la vie soit facile ge avec les Etats-Unis. d’un responsable d’une grande qui n’est pas possible, comme pour les économies de la région ». Cri- entreprise française, « furieux de l’at- actuellement, dans des périodes tiques par rapport au Fonds moné- AA. titude irresponsable des autorités poli- déprimées et de chute de l’activité. taire international (FMI) auquel ils tiques en Argentine ». Et les marchés des capitaux sont reprochent « de ne pas assez jouer e Lire aussi, sur l’Amériquie latine, Petite économie de 15 millions beaucoup plus volatils que celui des son rôle de prévention des crises », les p. VI, une tribune de Pierre Salama, d’habitants, le Chili n’a pas été affec- biens et des services, ce qui explique Chiliens considèrent qu’il n’y a pas professeur à l’université Paris-XIII, et té directement par la crise argenti- les déboires de l’Argentine et la pres- « d’autre possibilité que d’appliquer la chronique « livres » d’Anne Proenza IV/LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002 BOUSSOLE europe LES INDICATEURS ÉCONOMIQUES INTERNATIONAUX « LE MONDE »/EUROSTAT UE 15 EURO 12 ALL. BELG. ESPAGNE FRANCE ITALIE PAYS-BAS ROY.-UNI E.U. JAPON

DES MARIAGES DE PLUS EN PLUS TARDIFS Production industrielle (juillet 2002, en %) : sur un an – 0,7 – 0,5 – 1,4 3,8 0,1 – 1,9 – 1,7** – 0,6 – 2,0n. d. n. d. Age moyen au premier mariage* sur un mois – 0,2 – 0,9 – 1,11,4 0,7 – 1,0 – 1,0** – 2,7 3,4n. d. n. d. Pays Hommes Femmes Prix à la consommation 1980 1999 1980 1999 (août 2002, en %) : sur un an 1,9* 2,1* 1,0 1,3 3,7 1,8* 2,6* 3,8* 1,0 1,8 – 0,8 UE15 26,0 30,3 23,3 28,1 Belgique 24,3 28,9 22,3 26,6 sur un mois 0,1* 0,1* – 0,2 1,5 0,3 0,2* – 0,2* 0,3* 0,3 0,3 – 0,4 Danemark 27,2 32,5 24,6 30,1 Allemagne 25,7 30,9 22,9 28,2 PIB en volume Grèce 28,7 30,3 24,7 26,5 (2e trimestre 2002, en %) : sur un an 0,7 0,6 0,1 0,3 2,0 1,0 0,2 0,1 1,2 2,1 – 0,9 Espagne 25,9 29,5 23,5 27,6 sur trois mois 0,4 0,3 0,3 0,2 0,4 0,5 0,2 0,1 0,6 0,3 0,5 France 25,1 31,2 23,0 29,1 Italie 27,1 30,0 23,9 27,1 (2000) (2000) Pays-Bas 25,5 30,7 23,2 28,3 Déficit public/PIB (en %) Suède 28,6 32,9 26,0 30,4 2001 – 0,8 – 1,4 – 2,8 0,4 – 0,1 – 1,4 – 2,2 0,1 0,8 1 – 7,6 Roy.-Uni 28,5 29,6 25,4 27,5 Source : Eurostat * Belgique, Espagne, France, Italie : 1980 et 97, Grèce : 1990 et 98, Roy.-Uni : 1982 et 98 Dette publique/PIB (en %) (2000) (2000) a L’ÂGE AUQUEL LES HOMMES ET LES FEMMES se marient pour la première fois 2001 63,1 69,2 59,5 107,6 57,1 57,3 109,8 52,8 39,1 59,3*** 105,4*** a augmenté ces vingt dernières années dans tous les Etats membres de l’Union européenne. La hausse a été la plus sensible en France, plus de six ans aussi bien pour les hommes que pour les femmes, et la plus faible Solde commercial (03/02) (03/02) au Royaume-Uni, en Grèce et au Portugal, environ deux ans dans les extracommunautaire trois pays. (en milliards d'euros, juillet 2002) 4,2 12,0 10,8** 1,8 – 3,3** 1,3** 1,0** 2,5** – 5,7 – 37,3 3,6 a TANT EN 1980 QU’EN 1999, les hommes étaient plus âgés que les femmes lors du premier mariage dans tous les Etats membres. C’est en Suède et Investissement (FBCF) e au Danemark que les hommes et les femmes étaient les plus vieux lors (2 trimestre 2002, en % ) : du mariage, et au Portugal qu’ils étaient les plus jeunes. En France, l’âge sur trois mois – 0,5 – 0,8 – 2,5 1,0 **** 0,6**** 0,1 – 2,4**** – 1,8 0 0,6**** – 0,6 moyen du premier mariage était légèrement inférieur à la moyenne en

1980, et légèrement supérieur en 1999, pour les hommes comme pour les * provisoire, ** juin 2002, *** estimations, ****1er trimestre 2002 femmes. pays émergents LES INDICATEURS FRANÇAIS innovation Dernier mois Variation connu sur un an MAUVAISE PASSE POUR LA POLOGNE L'EUROPE TIRE LE MARCHÉ DES ROBOTS Consommation des ménages + 0,5 % (T2/02) + 1,4 % Inflation, en % Taux interbancaire à 3 mois, en % Ventes annuelles de robots industriels (en nombre d'unités) Taux d'épargne 16,5 % (T1/02) + 4,43 120 000 30 104 400 Total Pouvoir d'achat des ménages + 0,5 % – 0,2 *** 25 (2000-2001)

20 80 000 Commerce extérieur + 2 375 (juillet 2002) + 2,21 15 8,46 (en millions d'euros) 41 800 U.E. 10 40 000 36 100 Japon 5 1,2 Enquête mensuelle sur le moral 14 200 Etats-Unis des ménages * – 17 (juillet) – 7** 0 0 5 100 France 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2000 2001 2002 2005* + 8** Sources : CDC IXIS et Banque nationale de Pologne Enquête mensuelle dans l'industrie * (entre Source : UNECE, IFR et associations nationales de robotique. *estimation opinion des chefs d'entreprise – 7 (juillet) fév.02 et sur les perspectives générales de production juil. 02) a A QUELQUES SEMAINES du Conseil de Copenhague qui doit décider des a EN FRANCE, la vente de robots industriels a diminué de 8 % en 2001, adhésions à l’Union européenne, la Pologne accumule les mauvais indica- selon l’étude annuelle publiée par la Commission économique des teurs. La croissance devrait être proche de 1 % en 2002. La production Nations unies pour l’Europe. Cette baisse intervient après une année de Créations d'entreprises 21 291 (08/02) – 1,6 %*** industrielle, malgré le rebond du début de l’été, reste mal orientée. Le forte croissance (+ 23 % en 2000), due au secteur automobile. chômage stagne à des niveaux élevés (17 % de la population active). Défaillances d'entreprises a AU JAPON, les ventes de robots se sont effondrées en 2001. Elles ont éga- a LE RALENTISSEMENT se traduit par une telle diminution de l’inflation que, par date de jugement 3 473 (03/02) + 12,2 %** lement régressé aux Etat-Unis. malgré les quelques baisses de taux, le coût de l’argent reste très élevé, plus de 7 % aujourd’hui. En conséquence, les entreprises locales s’endet- * solde de réponses, CVS, en % ** solde net douze mois auparavant *** en glissement a EN ALLEMAGNE, le nombre de robots est de 127 pour 10 000 habitants, tent de plus en plus en devises étrangères. (CDC-Ixis) Source : Insee, Douanes alors que la moyenne européenne est de 81, et celle des Etats-Unis de 52. UN CHIFFRE Les pays du Golfe face à la crise irakienne

des réformes ni, les 100 dollars le baril ; en effet, LE POIDS ÉCRASANT DE L'ARABIE SAOUDITE du prince héritier et du ministre des 4,2 les productions saoudienne et affaires étrangères. Plutôt que de s’imposent koweïtienne pourraient être arrê- PIB en 2001 en milliards de dollars IDE en 2001 (investissements privatiser, certains préconisent le endettement des ménages tées en raison de la destruction par directs étrangers) rapatriement des avoirs privés à l’Irak des installations pétrolières de en millions de dollars l’étranger des pays du CCG. Ils s’élè- américains en milliards pour attirer Qatar de dollars (août 2002) ces pays dans le cas ultime où Sad- Arabie veraient, selon la Saudi American les investisseurs dam Hussein se sentirait acculé. saoudite Bank, à 1 300 milliards de dollars Ce scénario catastrophe n’est évi- 237 (dont 700 milliards pour Riyad). Quand les Américains s’inquiè- Arabie demment pas le plus plausible, 173 Mais les pays du CCG ne font pas étrangers saoudite Oman tent de la situation de leur pays, mais, au-delà de cet aspect conjonc- Bahreïn face aux mêmes situations. ils empruntent moins que d’habi- et accélérer turel, la question centrale des écono- Le chômage atteint des propor- tude. Tel est le constat de la mies de la région demeure celle de 92 tions inquiétantes en Arabie saoudi- 20 Réserve fédérale (Fed), qui, se la croissance leur dépendance à l’égard du pétro- 49 te : il est compris entre 15 % et 20 % penchant sur la dette des ména- le et donc de leur nécessaire diversi- de la population active. Elle reste le ges, a remarqué que sa progres- fication. En dépit de nombreux Emirats arabes unis -40 seul pays du CCG à n’avoir pas enco- sion avait diminué au mois effets d’annonce, les hydrocarbures Koweït Oman Qatar Bahreïn re adhéré à l’Organisation mondiale

d’août. Alors que la banque cen- contribuent en moyenne à la forma- 66,2 du commerce (OMC), elle devra trale tablait sur une hausse de 18,9 tion de la moitié des produits intéri- -156 donc relever ce défi en menant des 16,2 36,8 11,1 milliards de dollars en août, ombien de temps eurs bruts (PIB). Les revenus pétro- 8 réformes. Le Koweït et les Emirats celle-ci n’a été que de 4,2 mil- durerait une attaque liers constituent l’essentiel des recet- peuvent compenser la faible diversi- EAU liards. Le montant total de la det- militaire américaine tes budgétaires et représentent Source : CNUCED, Standard & Poor's Koweït fication en jouant sur les avoirs te des ménages américains se contre l’Irak ? C’est la 70 % à 95 % des exportations. considérables dont ils disposent à situe ainsi à 1 730 milliards de dol- question qui préoccu- Les législations ont commencé à qui sera achevée, en principe, début industriel en poste dans la région, l’étranger. lars. « Les consommateurs ont pe les responsables évoluer afin d’attirer les investisse- 2003, et de constituer une Union combattre la notion d’« emplois Le Qatar a réussi son développe- ralenti le rythme de leurs emprunts des pays du Golfe car de cette ments étrangers, mais ceux-ci res- monétaire qui pourrait voir le jour à subalternes » et sortir la population ment en réalisant de forts investisse- parce qu’il leur a semblé que le Créponse dépend leur avenir politi- tent minimes. Si l’on prend le rap- l’horizon 2010. d’un état « contemplatif ». ments dans le domaine gazier et mois d’août cumulait trop d’incerti- que et économique. La forte opposi- port 2002 de la Conférence des Autre moyen de soutenir la crois- connaît la plus forte progression de tudes : les cours de Bourse, le ris- tion exprimée par les populations Nations unies sur le commerce et le «   » sance, les privatisations. Là encore, son PIB par habitant. Sa croissance que de guerre et la crise de confian- contre une nouvelle intervention de développement (Cnuced), on s’aper- Pour accélérer la croissance, qui elles ont du mal à être effectives. devrait se poursuivre encore pen- ce dans les comptes des entrepri- Washington dans la région fait crain- çoit que l’ensemble des pays arabes reste insuffisante au regard de la Dernier exemple en date, le projet dant quelques années. Bahreïn, lar- ses », a déclaré Richard Yamaro- dre des manifestations de protesta- attire moins d’investissements que pression démographique, l’urgence d’ouverture du secteur gazier saou- gement dépendant de Riyad, ne, économiste à l’Argus tion, d’autant que Riyad (Arabie Singapour. Dans le classement des des réformes se fait sentir. L’Etat dien. Les autorités de Riyad vien- entend renforcer la place financière ResearchCorp., un organisme saoudite), Doha (Qatar) ou Koweït, pays selon l’index de performance fonctionne toujours sur le même nent de refuser les propositions fai- qu’il occupe dans la région. Il dispo- d’études indépendant. pourront difficilement se soustraire des investissements directs étran- schéma : il perçoit une rente pétro- tes par des compagnies comme se de 30 % des actifs des banques du Bien qu’ils se soient souciés de aux exigences américaines. Les gers (IDE), le premier pays arabe, lière et la redistribue sous une for- ExxonMobil, Royal Dutsch/Shell ou Golfe avec une forte composante ne pas accroître leur endette- conséquences sur la politique pétro- Bahreïn, n’arrive qu’en 40e position. me non productive, souvent en encore BP et TotalFinaElf pour offshore, mais le pays craint la ment, les ménages américains lière risquent d’être lourdes. Les investisseurs, en dehors du emplois fictifs, exagérément rému- développer trois champs gaziers. En concurrence de Dubaï. Oman tente continuent de consommer. Des Actuellement, un consensus exis- domaine pétrolier, sont frileux en nérés. A titre d’exemple, 95 % des revanche, elles ont décidé de céder de se diversifier, mais dispose de taux d’intérêt très bas, une valori- te au sein de l’Organisation des raison de politiques protectionnis- nationaux travaillent dans le sec- 30 % de leurs parts dans la Saudi peu d’argent et de peu de pétrole. sation continue de l’immobilier pays exportateurs de pétrole tes, d’un secteur privé quasi inexis- teur public à Koweït et 80 % des Telecom avant fin 2002. Les systè- Les fragilités de ces économies ris- et un boom du refinancement (OPEP) sur le maintien d’un prix tant et d’une faible intégration expatriés dans le secteur privé. Seu- mes politiques vieillissants, principa- quent enfin d’être accentuées par ont dégagé des liquidités qui ont compris dans une fourchette de 26 régionale. Les importations entre le la remise en question de ce con- lement dans les cas de l’Arabie et du des tensions régionales, lesquelles pu être investies dans l’écono- à 28 dollars le baril, ce qui convient les pays du Conseil de coopération trat social, et donc d’un change- Koweït, gênent les évolutions retarderont encore la mise en mie. Mais dès juillet l’endette- aux pays du Golfe. Mais, dans l’hy- du Golfe (CCG) ne représentent ment de mentalité, pourrait permet- devant conduire aux réformes. L’im- œuvre des réformes structurelles. ment des ménages avait com- pothèse d’un conflit de grande que de 7 % à 9 % des importations tre de sortir de l’impasse actuelle. pulsion doit venir du sommet de mencé à se réduire par rapport intensité, les prix pourraient attein- totales. Conscientes de cette faibles- Le vrai défi est celui de reposition- l’Etat, lequel est, à Koweït, handica- Agnès Levallois aux prévisions. dre, selon l’ancien ministre saou- se, les pétromonarchies ont l’objec- ner le travail comme valeur sociale pé par le mauvais état de santé non Nord-Sud Export, dien du pétrole, Ahmed Zaki Yama- tif de réaliser une Union douanière et, pour reprendre l’expression d’un seulement de l’émir mais également groupe « Le Monde » LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002/V FOCUS

L’élargissement de l’Union est-il HISTOIRE DE L’ÉCONOMIE à la merci d’un « non » irlandais ? par Jacques-Marie Vaslin

les solutions de noncer par référendum sur le trai- journaux irlandais afin d’expli- tefois, le calendrier très serré de té de Nice. Lors d’une première quer l’enjeu majeur que représen- l’élargissement risque d’en pâtir, Le travail de longue contournement consultation, le 7 juin 2001, ils te pour eux le scrutin du 19 octo- et la date d’entrée au 1er janvier avaient, à la surprise générale, bre, tout en soulignant leur pro- 2004 ne pourra pas être tenue, ce juridique dit non par 54 % des suffrages et fond respect du choix démocrati- qui rendra en pratique impossi- 68 % d’abstention. que que les électeurs irlandais ble la participation des dix « nou- date des enfants existent, Depuis, quatorze des quinze feront. veaux » au renouvellement du Parlements des Etats membres En cas de deuxième refus irlan- Parlement de Strasbourg, en mais leur coût de l’UE ont ratifié ce traité qui dais, l’élargissement de l’UE aux juin 2004. ’   contient les réformes institution- nouveaux Etats ne disposera plus Sans remettre en cause la logi- aux manufactures pieds nus,par la politique serait nelles nécessaires à l’adhésion de base juridique. Rejeté par un que de l’élargissement, un “non” dans le monde fait rarement la Une pluie et la boue,pâles,énervés, des dix postulants. « Un “non” des Quinze, le traité de Nice irlandais entraînera un retard des journaux. Ils sont pourtant offrant un extérieur de misère,de exorbitant irlandais ouvrirait une crise politi- devient en effet caduc et est ipso d’un an – voire plus vraisembla- 211 millions à travailler, âgés entre 5 souffrance et d’abattement ». que de première grandeur, dont facto remisé aux oubliettes. blement de deux ans – pour l’en- et 14 ans. Le 12 juin 2002, à Genève, Karl Marx exige l’interdiction du les conséquences demeurent diffici- Après, comme le précise Olivier trée des pays candidats. Le l’Organisation internationale du tra- travail des enfants en 1848 dans les à prévoir, mais qui ne pour- Duhamel, député européen (PS), “non” porterait un coup très dur vail (OIT) a décrété une Journée son Manifeste du Parti communiste raient en tout cas être réglées membre de la convention pour à l’Europe et ouvrirait une crise mondiale contre le travail des mais, libéralisme oblige, ses reven- er u1janvier 2004, qu’au niveau des chefs d’Etat et de l’avenir de l’Europe et professeur institutionnelle. A droite comme enfants dans le but de nous éclairer dications resteront lettre morte. l’élargissement de gouvernement », poursuit M. de de droit constitutionnel, dans les à gauche, on s’accorde en effet sur un phénomène qui n’est pas cir- L’Angleterre a pourtant montré la l’Union européenne Silguy. faits, il existe des solutions. pour considérer que les solutions conscrit au seul XIXe siècle et qui a voie avec le Factory Act de 1833. Cet- (UE) à huit pays d’Eu- La question du “non” irlandais Le droit présente plusieurs scé- de rechange ne sont pas du toujours existé. Dans le monde agri- te loi interdit le travail des enfants rope centrale et demeure en effet taboue… jus- narios de rechange et deux sont meilleur niveau. Pour Pierre Mos- cole, il permettait de réduire la de moins de 9 ans et réduit celui orientale (PECO) qu’au 20 octobre ! Noëlle Lenoir, notamment envisageables. Le covici, représentant de la France tâche des parents ainsi que l’ap- des enfants de 9 à 13 ans à huit heu- – Estonie, Hongrie, Lettonie, ministre des affaires européen- premier prévoit de renvoyer la à la Convention sur l’avenir de prentissage d’un métier. Avec la res par jour, six jours par semaine. ALituanie, Pologne, République nes, est bien placée pour le solution institutionnelle de l’élar- l’Europe, elles sont à la fois révolution industrielle, les ateliers Toutefois ce texte ne concerne que tchèque, Slovaquie, Slovénie – et savoir. Pour avoir déclaré en sep- gissement au futur texte qui doit « techniquement difficiles et politi- disparaissent progressivement au l’industrie textile, réduisant de ce deux îles du bassin méditerra- tembre que, « si l’Irlande disait sortir des travaux de la Conven- quement insatisfaisantes », tandis profit des usines. L’industrie multi- fait sa portée. néen – Chypre et Malte – devrait “non”, on continuerait et que cela tion présidée par Valéry Giscard qu’Alain Lamassoure, député plie les postes de manœuvre ne conduire à la création d’un n’entamerait pas la procédure » d’Estaing, qui sera ensuite sou- européen et membre de la Con- requérant aucune qualification par-    « grand espace de paix et de pros- d’élargissement, elle s’est faite ticulière. Les travaux répétitifs, En France le Parlement, compo- périté, de 455 millions d’habi- vertement tancer par le commis- abrutissants, sont alors réservés sé de notables, défend exclusive- tants ». C’est la conviction pro- saire européen pour l’élargisse- Les dix futurs Etats entrants se sont offert aux enfants, avec un salaire de ment les intérêts des capitalistes. fonde d’Yves-Thibaut de Silguy, ment, Günter Verheugen, qui a trois à quatre fois inférieur à celui Le premier débat n’intervient directeur général de Suez, ancien rappelé qu’il n’y avait « d’alterna- une pleine page de publicité dans plusieurs d’un adulte. qu’en 1840, à la suite des travaux commissaire européen et actuel tive ni juridique ni politique au L’habileté des enfants, leur peti- de Villermé, autour d’un projet sou- président du comité de politique traité de Nice ». Depuis, le cabi- journaux irlandais afin d’expliquer l’enjeu tesse et leur faible coût feront la tenu par le sénateur Charles européenne du Medef, envoyé à net de la ministre demeure coi richesse du capitalisme naissant. Dupin. Les opposants s’interrogent Bruxelles, mardi 8 octobre, pour sur la question, au motif de ne majeur que représente pour eux C’est ainsi que les enfants arpente- durant d’interminables séances exprimer le soutien de l’organisa- pas vouloir interférer dans le ront les galeries étroites des mines, sur les conséquences économiques tion patronale française au pro- débat irlandais. Pourtant, au le scrutin du 19 octobre, tout en soulignant connaissant dès leur plus jeune âge d’une pareille résolution. On se cessus d’adhésion. A condition rang des gaffeurs, c’est le prési- les conditions de travail épouvanta- demande alors quels seraient les toutefois de s’assurer de la repri- dent de la Commission, Romano leur profond respect du choix démocratique bles de leurs aînés. Les maladies et coûts de la limitation de la semai- se intégrale de l’acquis commu- Prodi, qui avait ouvert le feu le les accidents professionnels ne les ne de travail à 48 heures pour les nautaire par les nouveaux adhé- premier, déclarant en juin 2001, que les électeurs irlandais feront épargnent pas. Dans les usines de enfants… Seul l’intérêt des entrepri- rents, et que tout soit mis en quatre jours après le premier filature, pour éviter qu’ils ne s’en- ses est pris en compte. œuvre pour garantir leur intégra- “non” irlandais, que « l’élargisse- mis au Conseil des Quinze. Le vention les juge « juridiquement dorment à la tâche, les enfants Les discussions débouchent fina- tion économique, puis à terme ment était possible, sans Nice ». second consiste à procéder com- possibles, mais délicates à mettre sont placés sur des tabourets trop lement sur un compromis. La loi monétaire. Pour M. de Silguy, Depuis, les autorités européen- me il a été fait jusqu’à présent en œuvre sur le plan politique ». hauts. votée le 22 mars 1841 interdit l’em- l’ouverture de l’UE à dix nou- nes se sont ressaisies et oscillent lors de tous les précédents élar- Pour Jean Nestor, président de Pour l’ethnologue strasbourgeoi- bauche des enfants de moins de veaux membres est donc « immi- entre mutisme et dramatisation gissements, en intégrant dans l’association Notre Europe, «on se Marie-Noëlle Denis, « la durée de 8 ans et le travail de nuit avant nente, sauf imprévu ». de la situation. « Un nouveau chacun des dix traités d’adhésion a eu tendance jusqu’alors à mini- vie probable des enfants des 13 ans. Mais la portée de ce texte Or l’imprévu, le grain de sable “non” créera une crise sans précé- les conditions d’accueil de cha- miser les conséquences d’un ouvriers de fabrique est inférieure de reste modeste, il se limite aux susceptible de gripper la machi- dent », a averti le premier minis- que pays, c’est-à-dire essentielle- “non” irlandais, mais cela ferait 24 à 32 ans à celle des enfants des entreprises de plus de ne, pourrait bien venir d’Irlande. tre danois, Anders Fogh Rasmus- ment le nombre de députés au rentrer l’Europe dans une zone manufacturiers ». Le textile sera le 20 employés. Qui plus est, le con- Le samedi 19 octobre, trois mil- sen, actuel président de l’UE. De Parlement européen, la pondéra- d’incertitude de laquelle on n’est secteur qui exploitera le plus les trôle de son application demeure lions d’électeurs irlandais sont leur côté, les dix futurs Etats tion des voix au Conseil et la pré- pas sûr de sortir ». enfants. On estime le nombre de entre les mains des notables : le appelés, pour la deuxième fois en entrants se sont offert une pleine sence d’un commissaire. jeunes employés dans l’industrie corps des inspecteurs du travail moins de dix-huit mois, à se pro- page de publicité dans plusieurs Dans les deux cas de figure tou- Alain Beuve-Méry française en 1840 à 144 000, dont ne verra le jour qu’en 1892. L’ex- les deux tiers dans des usines texti- ploitation perdure dans les petites les… Les patrons profitent large- entreprises. ment de cette main-d’œuvre docile Une enquête de 1868 compta- et bon marché, de plus l’emploi bilise plus de 5 000 enfants de Kamran Elahian, un capital-risqueur qui a la foi d’enfants tire les salaires vers le moins de 10 ans dans les usines bas. Mais ils ne sont pas les seuls. françaises. Il faudra attendre le Les parents encouragent aussi 19 mai 1874 pour que l’âge mini- ce milliardaire bués ou investis dans des œuvres été tué par le régime stalinien. Sa leurs enfants à travailler, l’argent mal d’embauche soit relevé à caritatives. famille, de religion bahaie, fut alors gagné à l’usine correspondant 12 ans. La dépression économique en dollars Quand on le rencontre, on ensuite persécutée par les mol- à un complément de revenu pour de la fin du XIXe siècle et l’enseigne- repart avec une multitude de car- lahs iraniens. Et si lui dit ne pas la famille. ment obligatoire vont progressive- réinvestit tes de visite. Celle de Global Cata- être un adepte de cette croyance, Le pouvoir s’accommode de cet- ment mettre fin à cette exploita- lyst Partners, la société de capital- connue pour lutter contre toutes te exploitation. Les romans de Char- tion. Aujourd’hui, consommateurs la quasi-totalité risque qui investit dans des entre- les discriminations et pour la paix les Dickens ou de Victor Hugo ne et actionnaires exigent des pro- prises de haute technologie et dans le monde, on est frappé par trouvent que peu d’écho dans la duits bon marché et des entrepri- des gains de dont il est le président fondateur ; la similitude de ses objectifs classe politique. L’auteur des Misé- ses plus rentables à la recherche celle de Global Catalyst Founda- personnels et de ceux de cette rables se révolte alors contre le « tra- d’une main-d’œuvre peu onéreuse ses sociétés dans tion, dont il est également prési- minorité religieuse. vail mauvais qui prend l’âge tendre et docile. Et personne n’a remplacé dent fondateur et qui investit La composition de l’équipe d’En- en sa serre,qui produit l’argent en Dickens, Villermé, Hugo ou Marx des entreprises – ou finance – différents projets topia le ravit. Cette firme créée en créant la misère ». Le médecin Louis- pour dénoncer cette forme moder- philanthropiques, grâce aux béné- Israël par un Français, Lionel Bara- René Villermé évoque lors de sa ne d’exploitation. caritatives fices de la première. ban, a pour directeur général un KAMRAN ELAHIAN fameuse enquête de 1840 « cette La plus célèbre de ces réalisa- immigré roumain. La société est multitude d’enfants,dont certains Jacques-Marie Vaslin est maître f Né en Iran en 1954, Kamran Elahian tions est Schools Online (troisiè- majoritairement américaine de ont à peine sept ans,maigres,hâves, de conférences à l’IAE d’Amiens a fait ses études aux Etats-Unis, me carte de visite), une initiative couverts de haillons,qui se rendent et chercheur au Criisea. qu’il a eue en 1998 et qui vise à où il réside depuis. our être un bon entrepre- donner des ordinateurs à des éco- « Les enfants f Après trois ans passés chez Hewlett neur, il faut faire le con- les de communautés défavorisées traire de tout le monde. Packard , il fonde de multiples sociétés, et à les connecter à Internet. Il deviennent amis Si on est suiviste, on est dont CAE Systems, Cirrus Logic, affirme avoir fourni du matériel à sûr d’échouer. Le Momenta, Neomagic, Planetweb, 6 200 établissements, répartis et suivent moins meilleur moment pour Centillium, Entopia, etc. dans 34 pays. « Cela représente f investir, c’est quand les gens ont Il crée parallèlement plusieurs des millions de dollars par an. Je ne facilement les leaders Ppeur et ne veulent plus rien faire. » fondations sans but lucratif pour venir compte pas », répond-il quand on Kamran Elahian, créateur d’entre- en aide aux régions défavorisées, camps lui demande l’ampleur de l’inves- xénophobes, racistes, prise multirécidiviste, est ainsi de réfugiés, etc. tissement : « 35 000 professeurs l’un des rares capital-risqueurs à sont concernés par l’opération. Ils intolérants » ne pas être trop mécontent de la travaillent ensemble. Les enfants situation actuelle. Il n’a pas souf- nentes pour les entreprises. Non deviennent amis ; et suivent ainsi par son capital (bien que Vivendi fert de l’éclatement de la bulle seulement il estime que le marché moins facilement les leaders xéno- Universal en détienne 25 %). Internet : « Entre 1997 et 1999, il potentiel de ce type de produits phobes, racistes, intolérants. » Des L’équipe de développement, fallait être fou pour investir. Des mil- est « énorme », mais, en outre, jeunes Palestiniens et Israéliens basée en Israël, est dirigée et entiè- lions de dollars étaient donnés à des Entopia sert ce qu’il affirme être dialogueraient ainsi régulière- rement composée de Russes immi- enfants qui ne connaissaient rien à son principal objectif dans la vie : ment sur le réseau. La Fondation grés. Le service de marketing, éta- rien. Je n’ai pas joué à ce jeu. » En œuvrer à la paix dans le monde finance aussi la construction bli aux Etats-Unis, a à sa tête une revanche, aujourd’hui, il avance. par une meilleure communication d’écoles en Afghanistan et dans Hollandaise. Cet Américain d’origine iranien- entre les êtres. des camps de réfugiés ; des ordi- Reste que le premier client d’En- ne était ainsi à Paris début octo- Ce multimillionnaire en dollars nateurs y sont installés, des servi- topia en France est la direction bre pour lancer la filiale européen- est en effet mû par un appât du ces développés avec pour objectif générale de l’Armement. A la ques- ne d’Entopia. « Si on croit, il faut gain bien particulier. De ce qu’il de devenir financièrement auto- tion de savoir si une activité de cet- prendre des risques », poursuit-il. gagne, il ne garde qu’une petite suffisants. te nature n’est pas contradictoire Et Kamran Elahian croit à beau- partie. Propriétaire de sa maison Né en 1954 en Iran et immigré avec son discours pacifiste, il coup de choses. Au dernier de ces californienne, ni lui ni sa femme en 1972 aux Etats-Unis, Kamran répond que mieux vaut gagner de bébés tout d’abord, cette entrepri- n’ont le goût du luxe, affirme-t-il, Elahian est issu d’une famille qui l’argent pour en prodiguer ensuite se de logiciels de knowledge mana- hormis une passion pour les Fer- a particulièrement souffert des à des œuvres charitables que de gement, des logiciels qui permet- rari. Il en possède donc une, qu’il dictateurs en tout genre. Sa mère, ne rien donner du tout… tent de repérer, stocker et faire change régulièrement. La quasi- originaire du Turkménistan, avait partager des informations perti- totalité de ses revenus sont distri- fui son pays après que son père a Annie Kahn VI/LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002 TRIBUNES

Le Nobel 2002 consacre l’économie LIVRES par Anne Proenza expérimentale par Jean-Louis Rullière

a décision de l’Acadé- le professeur Chamberlin à Har- considère que l’économie expéri- la productivité. Ainsi l’économie Le cercle des amis mie royale des sciences vard en 1948, Vernon L. Smiths’est mentale est à la théorie économi- expérimentale permet de spécifier de Suède d’attribuer, le consacré durant toute sa carrière que ce qu’une soufflerie est à la et d’offrir des tests de mesures de 9 octobre, le Prix de la non seulement à reproduire en physique des fluides ou à la recher- politique économique ; pratique Banque de Suède en laboratoire le fonctionnement de che de l’écoulement en aéronauti- encore peu répandue en France de l’Amérique sciences économiques, différents types de marché, mais que (« laboratory as a wind tun- actuellement. pour l’année 2002, à Daniel Kahne- plus généralement à construire une nel »). Le succès réel d’une théorie Alors que Daniel Kahneman et Lman et à Vernon L. Smithne consis- nouvelle méthode d’investigation économique ne peut pas se résu- Vernon L. Smithn’ont jamais tra- te pas simplement à distinguer des phénomènes économiques : mer par une meilleure appréhen- vaillé ensemble, leur association > LA MONDIALISATION DES GUERRES DE PALAIS : LA RESTRUCTURATION deux chercheurs éminents. La l’économie expérimentale. L’étude sion des mécanismes économiques par l’Académie royale des sciences DU POUVOIR D’ÉTAT EN AMÉRIQUE LATINE, ENTRE NOTABLES reconnaissance conjointe de leurs directe du fonctionnement d’un généraux, comme ceux qui régis- de Suède n’en demeure pas moins DU DROIT ET « CHICAGO BOYS », par Yves Dezalay et Bryant G. Garp ; travaux consacre l’économie com- marché se fait en recueillant des sent la confrontation d’offres et de judicieuse. De nombreux résultats traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Laurence Devillairs et Sara Dezalay me une science expérimentale. données naturelles. Celles-ci con- demandes. L’économiste doit être expérimentaux montrent en effet (Seuil, coll. « Liber », octobre 2002, 504 p., 27 ¤). Daniel Kahneman, professeur à tiennent en général des éléments en mesure d’offrir un véritable engi- que les mobiles du comportement ’  Princeton et à l’université hébraï- inobservables dont il est difficile neering microéconomique au déci- économique ne se réduisent pas offre un ter- fois de l’orthodoxie économique et que de Jérusalem qui a souvent col- d’apprécier la pertinence et le deur, qu’il soit politique, privé ou tous au simple argument pécuniai- rain tout à fait exceptionnel pour du respect des droits de l’homme. laboré avec Amos Tversky (décédé caractère déterminant : comment public. Rothconstate par exemple re ; bien d’autres ressorts psycholo- observer concrètement les modali- La comparaison des dirigeants de en 1996), est reconnu « pour avoir considérer par exemple l’hypothè- en 1992 que le marché des méde- giques sont à l’œuvre, comme la tés et les enjeux de la mondialisa- ces quatre pays n’est pas forcé- introduit en sciences économiques se selon laquelle, sur un marché cins hospitaliers aux Etats-Unis pression des groupes sociaux aux- tion. Ce vaste territoire passionnant ment aisée – les élites argentines et des acquis de la recherche en psycho- particulier de l’emploi, des considé- souffre d’un effet « de départ quels notre comportement fait réfé- longtemps délaissé par l’Europe et mexicaines sont par exemple nette- logie, en particulier concernant les rations de bienveillance, ou d’équi- volé » dans la mesure où, face à la rence. L’économie expérimentale souvent injustement réduit à n’être ment moins homogènes que ne le jugements et les décisions en incerti- té sont déterminantes dans la for- pénurie de médecins, les directeurs contribue à l’enrichissement psy- que le domaine réservé des Améri- sont leurs homologues brésiliennes tude ». mation du salaire ? d’hôpitaux offrent des contrats de chologique de l’Homo œconomicus cains peut se révéler être un vérita- et chiliennes – mais, mise en pers- En 1953, le Français Maurice Partant de ce constat, l’idée con- travail de plus en plus tôt dans leur en restituant la complexité de son ble laboratoire de « modernité poli- pective, elle met au jour de nouvel- Allais, dans une expérience deve- siste à inverser la démarche scienti- cursus de formation universitaire comportement et en particulier sa tique ». Et notamment si l’on se les facettes de la mondialisation. nue célèbre, remettait en cause la fique : on reproduit artificielle- sans attendre la fin de leurs études capacité d’adaptation dans la socié- penche comme l’ont fait Yves Deza- Cette comparaison dévoile notam- représentation habituelle des éco- ment un contexte économique et donc sans une indication claire té. La contrepartie de cet enrichisse- lay et Bryant G. Garp – respective- ment, sur une longue période, les nomistes de la prise de la décision dans un laboratoire avec de vrais de leur niveau de compétence. ment montre que l’économiste n’a ment directeur de recherche au stratégies nord-américaines pour en situation d’incertitude. Le com- pas vocation à prévoir (comme si CNRS et directeur de l’American Bar « fabriquer des amis de l’Amérique » portement humain ne serait pas l’économie était un objet inerte), Foundation qui regroupe les avo- dans chacun de ces pays. Elle per- seulement dicté par un calcul sim- « De nombreux résultats expérimentaux mais bien davantage à éclairer et à cats – sur l’histoire de la formation met d’analyser aussi comment les ple entre des probabilités et des conseiller le décideur, l’économie des cercles de pouvoirs et la place mouvements de respect des droits niveaux de satisfaction face à diffé- montrent que les mobiles du comportement expérimentale étant dans ce cas un des nouveaux experts qui les com- de l’homme qui ont contribué dans rents événements alternatifs. Par la outil précieux. posent sur le marché international. le passé à la chute des dictatures suite, Kahneman et Tversky ont économique ne se réduisent pas militaires sont devenus aujourd’hui proposé en 1979 dans un article Jean-Louis Rullière est professeur   — de par leur professionnalisation, fondateur une approche de la déci- tous au simple argument pécuniaire » d’économie et directeur du Groupe Au Mexique, en Argentine, au Chi- leur institutionnalisation et leur sion en univers incertain (prospect d’analyse et de théorie économique li et au Brésil, quatre pays piliers de médiatisation – les acteurs à part theory) qui ne se fonde plus sur des participants et des transactions Alors que les théories du marché CNRS (université Lyon-II), Ecole l’Amérique du Sud, les deux cher- entière de l’establishment et con- principes (ou axiomes) de calcul monétaires réelles. Cette méthode du travail ne peuvent fournir que normale supérieure LSH. cheurs ont, au terme d’une longue courent à imposer un certain mais sur une construction mentale a le mérite d’isoler l’objet d’étude des explications très générales, la enquête, disséqué les réseaux et les « impérialisme de la vertu » très par l’individu de son environne- et par conséquent d’en considérer reproduction de ce phénomène Ouvrages à consulter sur l’économie expé- formations des nouveaux diri- américain. ment qui tient compte de sa percep- la pertinence. Les travaux de Ver- réel en laboratoire permet de tes- rimentale : Experimental Economics, Princeton, geants latino-américains. Car la res- Les nouveaux dirigeants latino- tion, de sa posture psychologique, non L. Smithet par la suite notam- ter différents mécanismes de mar- par Davis, Douglas D., and Charles A. Holt tructuration étatique de ces pays américains sont aujourd’hui des de ses émotions et de ses motiva- ment ceux de Charles Plott ont per- ché qui donnent des recommanda- (Princeton University Press, 1993). Handbook qui ont connu des moments d’his- économistes respectueux des droits tions intrinsèques. Vernon mis de mettre en évidence le rôle tions aux décideurs publics dans of Experimental Economics, Princeton, par toire tragiques et complexes s’est humains, plus distants des militai- L. Smith, de l’université George- crucial des institutions qui définis- l’organisation du marché des méde- Kagel, John H. et Alvin E. Roth (Eds.) (Prince- accompagnée d’une transforma- res. Mais ce ne sont pas non plus Mason en Virginie, a été distingué sent un marché dans la recherche cins hospitaliers. Cette illustration ton University Press, 1995). tion profonde et relativement rapi- des militants. Ils sont le reflet de l’in- « pour avoir fait de l’expérience en de l’efficacité économique. Cette n’est pas isolée. Le développement Les expérimentalistes se retrouvent au sein de du profil de leurs dirigeants. ternationalisation et de la mondiali- laboratoire un instrument d’analyse conclusion a eu un impact impor- de l’engineering microéconomique de la Economic Science Association : Il y eut les grands notables du sation des savoirs, voire de ce que économique empirique, en particu- tant sur le choix par exemple des concerne tout à la fois l’aide à la http://www.econ.nyu.edu/dept/esa/index.html droit, façonnés dans les universités les auteurs appellent symbolique- lier dans l’étude de différentes struc- mécanismes marchands de privati- négociation, à la décision, à la réso- Sites personnels de Rothet de Holt : européennes. Puis sont arrivées les ment « la dollarisation des savoirs ». tures de marché ». sation de services collectifs comme lution de conflit ainsi que l’impact http://www.economics.harvard.edu/~aroth/alroth. premières générations de ceux Car, soulignent Yves Dezalay et A la suite d’une première expé- l’électricité ou l’eau. de la conception des schémas de html#exservers et http://www.people.virgi- qu’on a appelés les Chicago Boys – Bryant G. Garp, en Amérique latine rience menée en salle de classe par De manière plus générale, Smith rémunération et de leur impact sur nia.edu/~cah2k/y2k. htm ces économistes chiliens formés à la valeur de certains savoirs et l’université de Chicago, qui mirent expertises d’Etat, comme l’écono- en œuvre pendant la dictature de mie, « reflète leur position sur le mar- Pinochet les théories économiques ché savant et idéologique nord-amé- néoclassiques apprises aux Etats- ricain ». A l’heure où les économies Amérique latine : la décennie piégée Unis et qui devinrent très vite les latino-américaines menacent de chantres de l’économie néolibérale dégringoler les unes après les dans toute l’Amérique latine. Les autres, l’analyse ne manque pas de par Pierre Salama voilà maintenant remplacés par les pertinence. Même si, pour des lec- par le libéralisme « technopols », formés aussi aux teurs néophytes, l’enquête, touffue, Etats-Unis mais qui se veulent plus et sa théorisation peuvent paraître consensuels en se réclamant à la ardues. a libéralisation des balance des services enfle à mesure national brut (PNB) de l’ensemble lorsqu’il n’empire pas. Ce para- années 1990 devait ren- que l’internationalisation du capi- des économies latino-américaines doxe s’explique par l’accentuation forcer les économies tal augmente et que croît la dette alors que, dans les années 1980, ce des inégalités observée pendant la latino-américaines. Elle externe, les évolutions étant beau- chiffre s’élevait à 20 %. Ainsi, sans crise et à la sortie de celle-ci. a éradiqué l’inflation, coup plus marquées en Argentine pour autant négliger d’autres cau- La logique aurait voulu que, lors parutions permis un certain qu’au Mexique ou au Brésil. Avec ses à la crise, la logique financière de ces phases dépressives, dont retour à la croissance. Elle a été sur- l’internationalisation croissante du introduite par le fonctionnement souffrent plus particulièrement les Ltout extrêmement volatile et s’est capital, d’autres sources de déficits d’une « économie casino » ainsi pauvres, les dépenses sociales aug- a LES POLITIQUES DE DÉVELOPPEMENT LOCAL, caractérisée par une dépendance massifs sont apparues : paiement que la nommait Keynes tend à mentent afin d’amortir ces effets de Pierre Teisserenc financière et technologique crois- de royalties au titre des brevets ; imposer une grande instabilité et négatifs. Tel n’est généralement A la différence d’autres pays européens, la France n’a pas redéfini les péri- sante, des inégalités impression- sorties de capitaux au titre des divi- donc des fluctuations importantes pas le cas. La recherche d’une cré- mètres de ces collectivités locales, laissant aux élus locaux le soin de demeu- nantes en augmentation, un dendes et profits rapatriés ; mon- de l’activité économique. La logi- dibilité auprès des bailleurs de rer ou non dans des syndicats intercommunaux classiques pour gérer leurs niveau de pauvreté très élevé et tée en puissance de l’endettement que financière de ces régimes d’ac- fonds internationaux conduit à équipements. Les plus dynamiques ont choisi de jouer la carte des pays et une extrême vulnérabilité des pau- externe privé et de son service. cumulation fortement ouverts sur équilibrer le budget au détriment des Etablissements publics de coopération intercommunale (EPCI). L’ouvra- vres à des perturbations macroéco- Les besoins de financement, l’extérieur sans y être préparés de ces coûts. La réduction des ge analyse huit de ces collectivités (le Valenciennois, Le Creusot, Belfort, le nomiques particulièrement fortes. accrus par l’amortissement de la imprime à la croissance un profil dépenses sociales conduit à une Minervois, Saint-Chinian, Gaillac, Parthenay, Thiers), afin d’y détecter les A première vue, tout n’est pas dette, sont de plus en plus soumis de montagnes russes qui n’est pas baisse de la qualité de l’enseigne- nouveaux acteurs qui s’y mobilisent et les organisations qui s’y construisent négatif dans ce bilan. L’hyperinfla- aux aléas du marché international sans effet sur l’incapacité de rédui- ment public, une baisse des dépen- (éd. Economica, coll.« Collectivités territoriales », 2002, 232 p., 25 ¤). A.F. tion a été jugulée et ses effets cor- des capitaux et de la venue des re la pauvreté. ses de santé, et les capacités à sor- rosifs sur le revenu des plus pau- investissements directs étrangers tir de la pauvreté une fois la repri- a LES TECHNIQUES DE LA VIE QUOTIDIENNE, vres supprimés. Une certaine (IDE). L’essor des IDE dans les    ’ se économique venue sont rédui- ÂGES ET USAGES , ouvrage collectif modernisation de l’appareil de pro- années 1990 a été considérable, Un des faits saillants de l’histoi- tes d’autant. Ce constat d’échec Les personnes âgées sont-elles aussi des « êtres techniques » ? C’est à cet- duction est en cours, ce qui se tra- mais il fléchit fortement aujour- re récente de la pauvreté en Améri- est patent. te question que les auteurs ont tenté de répondre en pilotant un program- duit par un essor conséquent des d’hui. Lorsque le besoin de finance- que latine, depuis le début des Presque toutes les économies me pluriannuel de recherche sur « Evolutions technologiques, dynamique exportations. En quinze ans, la ment excède les capacités de finan- années 1990, est en effet la difficul- latino-américaines sont soit en cri- des âges et vieillissement de la population ». Ces travaux, qui ont mobilisé valeur des exportations est multi- cement, ce qui a été le cas en 1995, té à réduire de manière significati- se ouverte (Argentine), soit en cri- des dizaines de chercheurs, ont donné lieu à un colloque et à ce livre, lequel pliée par cinq au Mexique, par trois en 1998-1999 et aujourd’hui, les ve son ampleur et les inégalités se latente, avec un ralentissement met en évidence deux registres d’interaction entre citoyens âgés et produits en Argentine et par deux au Brésil. taux d’intérêt s’élèvent à des parmi les pauvres. La fin des impressionnant de leur croissance. techniques : le premier se situe du côté de l’offre et souligne « l’insuffisante Cette modernisation est différente niveaux astronomiques avec l’aug- hyperinflations a certes provoqué La dépendance technologique prise en compte des usagers, en particulier les plus âgés dans la chaîne de pro- selon les pays : l’Argentine revient mentation de la prime de risque, dans un premier temps une réduc- s’est accrue, la dépendance finan- duction et de mise à disposition d’un produit ». Le deuxième insiste sur «la aux secteurs primaires (énergie et parfois vertigineuse. Cette hausse tion sensible de cette pauvreté cière devient une caractéristique diversité des stratégies d’usage ou de non-usage dont font preuve les personnes agroalimentaire) et nombre d’en- alourdit le service de la dette inter- mais, avec la libéralisation des mar- majeure du fonctionnement de ces âgées » envers les produits innovants. Une chose est sûre : les « vieux » ne treprises industrielles ferment, le ne des Etats et de l’Etat central, chés, les inégalités entre le capital économies. Le rêve d’une intégra- sont pas des laissés-pour-compte naturels de la technologie (ministère des Mexique développe une industrie creuse le déficit budgétaire, suscite et le travail tendent à s’accentuer, tion latino-américaine s’étiole affaires sociales, CNAV, 2002, 198 p., sur demande au ministère). Y.M. d’assemblage à très faible valeur une réduction des dépenses publi- et celles entre travail qualifié et sous les coups de boutoir des per- ajoutée, de telle sorte que la crois- ques, renforce les aspects antiso- non qualifié augmentent, ce qui turbations macroéconomiques et a LES CHANTIERS FISCAUX À ENGAGER, ouvrage collectif sous sance de ce secteur est fortement ciaux du développement et précipi- rend difficile la réduction de la pau- de la volonté des Etats-Unis d’im- la direction de Thierry Lambert. dépendante de la conjoncture des te la récession, elle-même source vreté. poser une vaste zone de libre- La réforme fiscale est un serpent de mer bien français. Les contributions Etats-Unis. Avec la récession nord- d’autres déficits. La dépendance A moins d’avoir un taux de crois- échange. A l’inverse, l’échec de la rassemblées ici par Thierry Lambert partent du principe qu’aucune réforme américaine, la chute de ce secteur financière tend de ce fait à faire lier sance très élevé – ce qui n’a pas été libéralisation nourrit aujourd’hui ne peut être engagée sur un dossier aussi sensible si elle n’est précédée entraîne la suppression de 25 % la croissance et sa régularité aux le cas –, la croissance a été particu- des projets alternatifs, ainsi qu’on d’une large discussion. Car c’est du consentement à l’impôt dont il est sur- des emplois dans les usines d’as- comportements des marchés finan- lièrement volatile. Or le cycle du peut le voir au Brésil et en Argenti- tout question. Modestement, l’ouvrage se présente donc comme « n’ayant semblage en l’espace d’un an. Le ciers. Le besoin de financement produit intérieur brut (PIB) ne s’ac- ne. Une nouvelle période semble d’autre vocation que d’ouvrir le débat » (L’Harmattan, 2002, 255 p., 20 ¤). Brésil résiste mieux, mais connaît appelle des entrées de capitaux à la compagne pas d’un cycle inversé s’ouvrir, plus soucieuse d’équité Y.M. une substitution partielle de sa pro- mesure de ce besoin grandissant. de la pauvreté : lorsque la croissan- que celle d’hier. duction nationale par des importa- Selon des travaux récents de ce baisse, les pauvres sont affectés a LES ÉTATS-UNIS FACE À L’IMMIGRATION, tions. l’économiste Dani Rodrik, la volati- d’une manière plus que propor- Pierre Salama est professeur d’Annie Mariage Strauss Les nuages s’accumulent cepen- lité des flux bruts de capitaux pri- tionnelle par cette baisse et, lors- d’économie à l’université Paris-XIII L’expérience des Etats-Unis en matière d’immigration étant sans égal, il dant très vite et obscurcissent forte- vés expliquerait un peu plus de la que celle-ci repart à la hausse, le et directeur scientifique de la revue n’est pas inutile d’en faire l’histoire. Court et intéressant (Ellipse, 2002, ment l’horizon : le déficit de la moitié de la volatilité du produit niveau de pauvreté reste stable, Tiers-Monde. 117 p., 9 ¤). Y.M. EMPLOI

à l’approche de la fin des premiers Emplois-jeunes : l’inquiétude contrats du dispositif mis en place par martine face au vide aubry, peu de e ne sera pas leur suite vous avez eu un vrai travail, des emploi pérennisé. Pour les autres, rer la sortie des jeunes, par exem- nomie d’une vraie réflexion sur un première grève, mais vraies missions, une utilité sociale, et la mairie a mis en place un disposi- ple une « troisième voie » de con- financement pérenne d’activités postes devraient celle organisée ce que finalement, au bout de cinq ans , tif d’accompagnement, avec un cours dans la fonction publique ter- non solvables socialement utiles. 15 octobre sur un cela ne donne rien, c’est dramati- budget formation de 230 000 euros ritoriale et dans l’éducation natio- A l’éducation nationale, 11 000 être pérennisés. plan national, devrait que », dénonce Amel Dahmani, pour 2003. Certaines missions nale. D’autres dispositions, amor- assistants d’éducation devraient prendre une tour- coorganisatrice du réseau national seront donc abandonnées – une cées par le précédent gouverne- arriver dès la rentrée 2003, qui ne le gouvernement nure « festive et spectaculaire », du des collectifs d’emplois-jeunes. Les grande partie de la médiation, ment, sont maintenues, telle la pro- remplaceront que partiellement les Cmoins à Paris où le collectif employeurs aussi s’inquiètent. notamment, dont Roubaix avait longation, pour les associations et 5 600 postes de surveillants et les maintient emplois-jeunes d’Ile-de-France a « Ces emplois-jeunes ont apporté des pourtant été l’un des fers de lance. au cas par cas, des aides sur trois 20 000 d’aides-éducateurs qui sont prévu d’occuper une agence compétences, un moyen de conforter supprimés. Les ex-emplois-jeunes quelques aides ANPE. Une manière d’alerter le le projet associatif et de développer ne devraient pas y accéder, car ces public sur le fait que l’échéance des activités. Il ne faudrait pas per- « Quand vous avez connu la précarité postes seraient destinés à des transitoires prochaine des premiers contrats dre tout cela », craint Edith Arnoult- mères de famille et des personnes de cinq ans risque de renvoyer au Brill, présidente du Conseil natio- et qu’ensuite vous avez eu un vrai travail, retraitées. Le gouvernement présen- aux associations chômage des bataillons de jeunes. nal de la vie associative. tera par ailleurs en janvier son con- Organisée par le réseau national Le manque sera particulière- des vraies missions, une utilité sociale, trat d’insertion dans la vie sociale et prépare des collectifs d’emplois-jeunes, cet- ment criant dans certains domai- (Civis), destiné aux jeunes sans qua- te grève a lieu deux jours avant cel- nes. « La fin du programme est et que finalement, au bout de cinq ans, lification ayant un projet dans le d’autres projets le prévue le 17 octobre par les syn- vécue par nos associations comme domaine social, humanitaire ou dicats de l’enseignement. une régression, d’autant que notre cela ne donne rien, c’est dramatique » citoyen, ces jeunes pouvant être encore flous Sur les 224 200 emplois-jeunes secteur connaît une crise de recru- salariés. Le Civis concernera les en poste au 31 août 2002, plus de tement », indique Daniel  ,     ’ associations et « sans doute l’éduca- 73 500 auront achevé leur contrat Druesne, directeur de la commu- tion nationale », précise le ministè- en 2003, dont 20 000 à l’éducation nication de l’Union nationale « Ce n’est pas un gâchis », estime ans, avec une participation dégressi- re délégué à la ville. Mais sur ce nationale. Les collectivités territo- interfédérale des œuvres et orga- Catherine Dorpe, chargée de mis- ve de l’Etat. De même que l’« épar- point des informations contradic- riales et les associations en per- nismes privés sanitaires et sion emploi. « La médiation a par gne consolidée », en fait un report toires circulent. Au total, impossi- dront environ 22 000. A l’évidence, sociaux (Uniopss), qui regroupe exemple apporté à la police munici- de l’aide sur deux ou trois ans en ble de chiffrer combien d’emplois- des employeurs devront renoncer à 7 500 associations employant pale une autre vision. » En revan- fin de programme. En outre, 10 mil- jeunes pourraient être conservés certaines activités développées par environ 10 000 emplois- jeunes. che, à Besançon, les 44 emplois-jeu- lions d’euros sont prévus pour 2003 ou pérennisés. Ce qui, dans un con- les jeunes, faute de moyens. Les col- Dans les collectivités territoria- nes ont ou seront tous intégrés, pour soutenir les associations con- texte de croissance continue du lectifs revendiquent non pas la pro- les, les situations sont contrastées. une perspective « prévue dès le frontées « à des difficultés pour chômage, ne peut qu’alimenter l’in- longation du programme lancé par A Roubaix, sur les 146 emplois-jeu- départ ainsi que son financement », maintenir leur emploi-jeune », indi- quiétude des jeunes et des Martine Aubry mais l’intégration nes en poste en septembre, 24 sont indique-t-on à la mairie. que le ministère du travail. Ces employeurs. de tous dans leur emploi. « Quand intégrés sur des postes vacants et Au plan national, des mesures mesures transitoires ne permet- vous avez connu la précarité et qu’en- 52 autres devraient voir leur ont été mises en place pour prépa- tront cependant pas de faire l’éco- Francine Aizicovici

PLUS LES JEUNES RESTENT DANS LE DISPOSITIF, PLUS ILS ONT ACCÈS À LA FORMATION Des bénéfices cachés, mais réels Durée de présence dans le programme Répartition des emplois-jeunes par secteur au 31/12/01 (hors éducation nationale, en mois) (en pourcentage) Plusieurs formations Pas de formation si le dispositif a pas parler d’intégration, mais plutôt emplois-jeunes et n’a rien d’un Une seule formation NSP Associations et Education de mise à niveau. » Auparavant, la expert sur l’aspect technique du dis- fondations (71 050) nationale servi de tremplin plupart se situaient encore dans le positif. Néanmoins, la disparition (60 430) monde étudiant, et n’avaient pour programmée d’un mécanisme qui à la future seul rapport au travail que le circuit touche une tranche d’âge aussi criti- 100 Moins de 6De 6 à 11 De 12 à 23De 24 à 3536 et plus des « petits boulots » qui permet- que lui apparaît devoir être maniée 31,7 27 carrière de tent surtout de financer l’argent de avec prudence. « Pourquoi suppri- 80 poche. mer les emplois-jeunes alors que la certains, il a aussi Les emplois-jeunes ont donc catégorie dite des “jeunes adultes” 60 représenté, pour bon nombre d’en- est inscrite dans la politique familia- 0,8 2,4 21,8 tre eux, un accélérateur profession- le ? », indique-t-il. Selon François Justice été un facteur 40 (1 700) 7 nel. Même si les difficultés n’ont de Singly, les 23-26 ans vivent une 9,3 pas manqué – absence de réelle époque charnière particulièrement Autres (5 350) Collectivités d’indépendance 20 reconnaissance professionnelle et difficile : ils sentent qu’il ne con- territoriales institutionnelle par exemple –, le vient pas de rester trop longtemps (48 740) 0 Police (15 800) Etablissements dispositif a joué un rôle de tremplin chez les parents, qu’ils vont devoir publics (20 950) vers l’âge adulte en général, lequel partir à la recherche d’un emploi et Sources: DARES: Enquête auprés des employeurs 2002 et CNASEA/DARES: données France entière. es emplois-jeunes ont passe par un emploi certes, mais que cette période risque d’être péni- une face cachée. Conçu aussi la possibilité de louer un loge- ble. Du coup, les emplois-jeunes comme un système de ment autonome – avec la caution peuvent représenter une forme lutte contre le chômage des parents –, la possibilité de fon- d’accompagnement plus efficace des moins de 25 ans, ce der une famille et d’acheter une voi- que la hausse des allocations fami- Une expérience mal reconnue dispositif a eu en réalité liales. Celles-ci vont directement une fonction symbolique qui, pour dans la poche des parents, ce qui Lêtre restée discrète, n’en a pas Auparavant, renforce la sujétion du jeune par des aides-éducateurs, les carrières cadre d’accords signés entre le le retard moins été fondamentale : des jeu- rapport à sa famille. « Bref, les sanitaires et sociales (19 %), le ministère de l’éducation nationale nes adultes en transition affective, la plupart n’avaient emplois-jeunes peuvent être vus com- de la mise en place sport, l’animation ou la culture et les secteurs privé et public, les intellectuelle et professionnelle se me un soutien explicite à l’individuali- (14 %) ou l’informatique (11 %). jeunes ayant souvent jugé les sont vu faciliter le passage du stade pour seul rapport au sation des jeunes adultes en contre- de la validation Plus de la moitié des sortants qui offres « décalées par rapport à leur de l’autonomie à celui de l’indépen- partie d’un réel travail. » Le bénéfi- souhaitaient devenir enseignants activité », constate Jean-Paul dance. Et « l’indépendance, c’est travail que le circuit ce collectif est d’autant plus grand, des acquis ou avoir un emploi en lien avec l’in- Cadet, chercheur au Cereq et coau- pouvoir quitter le domicile des estime François de Singly, qu’il favo- formatique en 1999 ont d’ailleurs teur de cette étude. parents, vivre en couple et même par- des « petits boulots » rise la natalité : « Tout retard dans professionnels réalisé leur projet depuis lors. Le dis- Reste qu’il est encore difficile de fois avoir des enfants », indique Jean- la vie conjugale retarde aussi l’entrée positif joue donc bien, dans ces cas- mesurer les effets propres du dis- Paul Cadet, chercheur au Centre ture qui, pour être d’occasion, n’en dans la parentalité. Or la plupart des risque de là, le rôle de « transition profession- positif sur la qualité de l’insertion. d’études et de recherches sur les demeure pas moins un « gage jeunes ne deviennent parents qu’avec nalisante », observe le Cereq. La Près des deux tiers des aides-édu- qualifications (Céreq). d’autonomie », selon le terme de un travail salarié. En ce sens, ils ont pénaliser nombre situation face à l’avenir reste en cateurs recrutés en 1997-1998 Corinne Léchevin, directrice de Céline Bercion. Une bonne moitié repris à leur compte les normes classi- revanche préoccupante pour deux n’ont pas encore achevé leur con- centre social à Saint-Brice-sous- des aides éducateurs d’Aquitaine a ques de la responsabilité parentale. » d’aides-éducateurs catégories d’aides-éducateurs : trat. Quant aux sortants, ils for- Forêt (Val-d’Oise), cite précisément ainsi pris un logement indépendant. L’efficacité du dispositif remplit ceux dont le projet n’a pas de lien ment un public globalement plus le cas d’un jeune d’origine congolai- Parmi ceux-ci, un tiers a pu réaliser également une autre fonction, liée direct avec les activités exercées ain- diplômé que ceux qui sont encore se qui, grâce à l’emploi-jeune qu’il a son désir de vivre en couple tandis àla« massification de l’enseigne- si que les moins diplômés. en poste. La détérioration conti- occupé au sein de l’association, a que 15 % environ demeuraient ment supérieur », estime François nue du marché du travail risque de « pu s’installer avec sa copine. Ils ont seuls. Les femmes (30 %) ont plongé de Singly : « Soit on sélectionne à ’expérience acquise par   rendre plus difficiles les futures même fait un enfant, qui a aujour- davantage que les hommes (20 %) l’entrée pour recréer une élite univer- les aides-éducateurs Les aides-éducateurs qui ont sorties du dispositif. D’autant que d’hui 2 ans. Il était très volontaire, dans la vie de couple. Les aides-édu- sitaire, soit on continue à fabriquer va-t-elle leur permettre quitté le programme avant terme la reconnaissance de l’expérience très motivé. “Je vis un rêve”, nous catrices ont également été plus nom- de nombreux diplômés qu’il faut une insertion profession- (37 % en octobre 2001) semblent constitue le maillon faible du systè- disait-il. On n’a jamais regretté de lui breuses que leurs homologues mas- alors accompagner pour réduire nelle durable ? C’est le tirer leur épingle du jeu. Il s’agit me. La validation des acquis de avoir fait confiance », indique-t-elle culins à fonder une famille en se lan- leurs délais d’insertion dans la vie thème de l’enquête du pour les trois quarts d’entre eux l’expérience (VAE) s’est mise en aujourd’hui. çant dans la maternité. Reste active. » Centre d’études et de recherches sur d’une sortie « vers le haut » (nou- place avec retard. Quant aux con- Céline Bercion, doctorante en qu’une bonne moitié a continué de La construction de véritables Lles qualifications (Cereq) « Aides- vel emploi, réussite à un concours, cours dits de « troisième voie », sociologie, rattachée au Centre vivre chez ses parents. « Peur du len- outils d’évaluation des dépenses éducateurs : à l’approche de reprise d’études, etc.). Plus le récemment ouverts au sein de d’analyse et d’intervention sociolo- demain ? Peut-être, dit Céline Ber- publiques n’étant toujours pas une l’échéance des premiers contrats, où départ du dispositif est tardif, l’éducation nationale à l’intention giques (Cadis), un laboratoire du cion, mais aussi et sans doute parce priorité, les emplois-jeunes finiront en est la fonction ? Où en sont les meilleures sont les conditions d’in- des aides-éducateurs de niveau CNRS, a particulièrement étudié le qu’ils entretiennent d’excellentes rela- vraisemblablement à la trappe. jeunes ? », à paraître en novembre. sertion, avec moins de contrats bac + 2 avec quatre ans d’expérien- cas des aides-éducateurs d’Aquitai- tions avec leurs parents et que le Avec le risque que leur coût appa- Soixante-seize pour cent des précaires et plus d’emplois de ce, ils continuent d’évaluer des ne (2 200 personnes). « Les emplois- domicile familial ne leur paraît pas rent n’ait définitivement masqué aides-éducateurs interrogés en octo- cadres. Près de la moitié des connaissances générales et théori- jeunes ont été conçus à l’origine com- peser sur leur autonomie. » un gain réel, non seulement pour bre 2001 considèrent que l’expérien- emplois obtenus mobilisent les ques plutôt que des savoirs profes- me une aide à l’emploi, mais ils se François de Singly, professeur de les bénéficiaires de la mesure, mais ce leur sera utile dans l’avenir, et compétences acquises à l’éduca- sionnels élaborés en situation de sont révélés être un formidable instru- sociologie à la Sorbonne, est un spé- aussi pour la collectivité. 86 % affichent, longtemps avant tion nationale. Toutefois, seuls travail, regrette le Cereq. ment d’insertion d’une population cialiste du lien social et familial. Il l’échéance, un projet profession- 7 % des sortants ont été recrutés jeune dans la vie adulte. On ne peut n’a jamais étudié précisément les Yves Mamou nel : l’enseignement, cités par 29 % sur des postes proposés dans le F.A. VIII/LE MONDE/MARDI 15 OCTOBRE 2002 MANAGEMENT

LIVRES Fonction publique : comment passer par Alain Faujas des expériences à la réforme ?

Dans la profondeur si elle veut De façon désordonnée et souvent finances du 1er août 2001 (la LOLF), de réformer, ses processus de gestion expérimentale, des tentatives de qui sera entièrement appliquée à des ressources humaines, il le fait pouvoir recruter modernisation du management partir de 2006, va entraîner une encore trop souvent dans une perspec- sont également mises en place. A la révolution culturelle au sein des tive d’administration des personnels, des placards les agents dont direction générale des impôts, administrations. Pour la première voire d’administration des dossiers 5 000 cadres ont déjà des contrats fois, on passera d’une logique de des personnels ». Ce biais se reflète elle a besoin, d’objectifs individuels. Au ministère moyens à une logique de résultats : d’ailleurs dans l’orientation des pro- de la culture, un système de nota- chaque ministère devra afficher ses jets analysés par François Frilley, > PLACARDISÉS, DES EXCLUS DANS L’ENTREPRISE, l’administration tion basée sur le mérite fonctionne objectifs et rendre compte de ses plus souvent axés sur la modernisa- de Dominique Lhuilier (Seuil, 238 p.,15 ¤). depuis quatre ans. Mais comme le résultats, ce qui suppose la mise en tion des outils de gestion adminis- devra opérer soulignait Jean-Marc Fenet, chef du place d’indicateurs de performance. trative que sur la question du mana-    que les « pla- – les placardisés – tend à préserver service ressources à la direction Mais mettre en place de tels indica- gement des ressources humaines, cards », qui existent dans toutes l’harmonie, à renforcer l’unité une révolution générale des impôts lors d’une con- teurs aboutira à mesurer la perfor- souvent remis à plus tard. Question les entreprises et dans toutes les sociale. » Ce sontdes boucs émis- férence organisée la semaine derniè- mance collective, et par ricochet de culture. « Les fonctionnaires que administrations, accueillent exclu- saires. culturelle re par le journal Les Echos et Euro- individuelle, des agents. Cette nous rencontrons sont loin d’ignorer sivementles alcooliques invété- Commentsurvivre dans un group, la fonction publique ignore notion encore taboue dans l’admi- les évolutions en matière de gestion rés, les perdants de la lutte pour le « placard » ? Commentne pas y encore des leviers importants de pouvoir, voire de redoutables syn- succomber à la dépression età gestion des carrières. « Nous som- dicalistes. Dominique Lhuilier, maî- l’autodestruction ? Le réflexe de mes mauvais en mobilité interministé- « Si l’on reste dans une logique descendante tre de conférences en psychologie Pierre qui lance une pierre dans la epuis dix ans, la rielle, qui concerne encore aujour- sociale à Paris-VII, démontre qu’il vitre du nouveau maire qui l’a con- contractualisation d’hui une dose homéopathique de de directive, c’est l’échec assuré. existe un peuple des « placardi- finé dans un bâtiment désaffecté entre établisse- nos agents. » Et que dire des perspec- sés », ces condamnés au non-tra- ne servira qu’à confirmer le dia- ments publics et tives d’évolution des carrières, de la Seule une politique de concertation vail forcé. gnostic d’un dérangement men- ministères, ou entre formation continue, exceptionnelle- Il y a Jacques, responsable d’un tal. Le recours aux syndicats n’est ministères et leurs ment prise en compte comme un avec les syndicats et les agents eux-mêmes service d’urbanisme, affecté à la pas la meilleure solution, tant ils services déconcentrés dans les élément de gestion des agents ? Drégions, se développe au sein de Pourtant, les fonctions publiques peut donner des résultats » garde d’un terrain vague ; Marc, sontmal à l’aise avec ces cas dou- l’appareil administratif. Selon le der- devront vite faire tomber les obsta- agenthospitalierqui connaîtde loureux où la psychologie compte - ,   lourds problèmes de santé, instal- plus que le droitdu travail. nier bilan annuel de la délégation cles auxquels se heurtent encore les lé dans une guérite devant une interministérielle à la réforme de innovations déjà engagées, faute de porte condamnée d’un immeuble    l’Etat (DIRE), 38 % des établisse- quoi elles peineront à recruter le nistration vient d’ailleurs d’être de compétences et de carrières. Leur désaffecté ; Carole, directrice de la Pour se reconstruire, pour sortir ments publics avaient en 2001 négo- nombre, même revu à la baisse, des ébranlée par un décret du 29 avril problème est de passer ensuite à l’ac- communication, placée à l’occa- du déni etde la honte,Gilbertrédi- cié un contrat d’objectifs avec leurs agents dont elles ont besoin. 2002, qui introduit le principe de tion », ajoute Jean Bourdariat, direc- sion d’une réorganisation dans un ge un « Petit traité de survie à l’usa- ministères de tutelle. Par ailleurs Les perspectives démographiques mérite individuel dans le dispositif teur associé chez OrgaConsultants. service où il n’y a ni téléphone, ni ge des placardisés » plein d’hu- cinq ministères avaient engagé fin vont l’y contraindre : la moitié des de notation des fonctionnaires. Il faut dire que le cadre n’est pas inci- ordinateur, ni bureau. mour ; Paul pratique intensive- 2001 avec 129 de leurs services agents des trois fonctions publiques Ces différents éléments ouvrent tatif. La sanction des savoirs par con- La caractéristique du placard mentla course à pied ; Irène part déconcentrés des démarches de con- (d’Etat, territoriale et hospitalière) de véritables brèches dans le mode cours, la gestion par corps et par gra- estque l’on y perd son emploi, continuellement en formation tractualisation. vont partir à la retraite dans les quin- très uniforme de gestion de carrière des, l’avancement basé sur l’ancien- mais pas sa rémunération. Le silen- « pour ne pas être larguée » ; Eric Si, par rapport au bilan précé- ze ans à venir. Il faudra bien décider des fonctionnaires. Mais peut-on neté, ne favorisent guère les expé- ce engloutit ces fantômes qui renouvelle la pratique syndicale dent, beaucoup de ces contrats se comment on va – ou non – les rem- véritablement parler de « gestion », riences novatrices. viventune dévalorisationdoublée en écoutant la souffrance des sont améliorés en matière de dialo- placer. C’est-à-dire poser la ques- aujourd’hui ? Pour François Frilley, L’échéance du choc démographi- de la culpabilité de voler leur salai- autres ; Francis crée un site Web gue de gestion, de diagnostic, d’en- tion des emplois, des qualifications consultant au sein du cabinet Euro- que et la mise en place d’un cadre re. Ils fontles frais d’un procès kaf- baptisé « placards, incubateurs de gagement et d’accompagnement et des missions. group, « si le secteur public a souvent législatif suffiront-il à modifier les kaïen dontils ne connaissentni la cyberadministration ». Comme entre directions des différents parte- Surtout, la mise en œuvre de la engagé des réflexions de grande fonctionnements internes de l’admi- l’acte d’accusation ni le tribunal en matière de harcèlement moral, naires, un des points faibles réside loi organique relative aux lois de ampleur en vue de faire évoluer, voire nistration française et à faire émer- qui les a condamnés. Dominique Lhuilier croità l’effica- dans le management interne et ger un véritable management pre- Dominique Lhuilier désigne cité thérapeutique de la parole et externe du contrat. « Très peu de res- nant en compte les spécificités du deux raisons à cette maltraitance. de l’action dans le cadre d’associa- ponsables profitent de la préparation LE STATUT, UNE CONTRAINTE RELATIVE secteur public ? Il est trop tôt pour Elle incrimine d’abord le système tions de victimes. du contrat pour susciter une adhé- Pour Marie-Hélène Lechevallier, directeur du projet « Renouvellement et le savoir. Seule certitude selon qui exige toujours plus de souples- Etpourquoi pas la prévention? sion de l’ensemble du personnel aux développement des compétences » à La Poste, l'exemple de ce qui s'est pas- Marie-Hélène Lechevallier, direc- se etd’efficacitéetqui methors Puisque les « placardisés » sontle objectifs qui vont pourtant engager le sé dans les entreprises publiques montre que le statut de la fonction publi- teur du projet « Renouvellement et jeu ceux qui ne peuventpas ou plus souventdes hyperactifsqui service ou l’établissement auquel il que n'est pas véritablement un frein au changement. « Présenté souvent développement des compétences » semblentne pas pouvoir partici- ontsurinvestileur vie profession- appartient pendant plusieurs exerci- comme un carcan, le corpus du droit de la fonction publique est suffisamment à La Poste, « si l’on reste dans une per à cette course effrénée à la nelle, il fautconseiller à tousles ces », souligne Richard Oswald, souple pour pouvoir proposer de façon tout à fait légale des modes de mana- logique descendante de directive, réussite. Mais elle pointe tout « jeunes loups » qui croientque ce chargé de mission « contractualisa- gement plus modernes ». c’est l’échec assuré. Seule une politi- autant le refus des différences et genre d’accidents n’arrive qu’aux tion » à la DIRE et auteur du rap- De même, en matière de marge de manœuvre dans le domaine des rému- que de concertation avec les syndi- des différends : « La polarisation autres d’avoir une vie après le bou- port. De même, la prise en compte nérations, le service public est déjà assez bien pourvu. En moyenne, le mon- cats et les agents eux-mêmes peut des germes de dissension sur les lotpour ne pas se retrouver,un d’objectifs de qualité du service tant de la partie variable peut atteindre 17 %, mais pour l'instant ce pourcen- donner des résultats ». exclus de l’extérieur – les chô- jour, sans futur parce que « placar- vis-à-vis des usagers n’apparaît que tage est très mal réparti selon les ministères, et surtout selon les niveaux meurs – ou les exclus de l’intérieur disés ». rarement. hiérarchiques. Catherine Rollot parutions Les collectivités territoriales a L’APPRÉCIATION DU PERSONNEL, MIRAGE OU OASIS ? de Georges Trépo, Nathalie Estrellat et Ewan Oiry sous le feu de l’autocritique L’évaluation de la performance des hommes au travail a ceci de particu- lier que chacun en éprouve la nécessité – la hiérarchie pour gérer les res- sources humaines, le personnel pour voir reconnues ses compétences une enquête née 2001 auprès de directeurs mode de décision plus collégial et de leurs besoins quantitatifs, 36 % selon d’autres modes que l’arbitraire hiérarchique –, mais que tout le généraux de services de quarante- moins solitaire que par le passé, seulement savent ce qu’ils veulent monde y est également hostile – la hiérarchie ne parvient jamais à savoir révèle que six villes, communautés urbaines, ou encore déclarent disposer d’un en termes d’évolution qualitative réellement qui vaut quoi, le personnel raille l’utilisation absurde d’usines conseils généraux et régionaux. Et service de contrôle de gestion de leur personnel. 79 % ont mis en à gaz pourtant minutieusement mises au point. La « mission impossible » les directeurs le résultat de ces investigations (54 %)… mais elles ne sont que place des entretiens individuels de l’appréciation est fort bien décortiquée et décrite par cet ouvrage, qui montre que les dirigeants territo- 38 % à avoir des tableaux de bord d’évaluation et 86 % disposent trace à la fois l’intérêt et les limites de cet exercice, expression fondamen- généraux riaux ne se cachent pas qu’ils ont dans ce domaine ! d’un plan de formation, mais celui- tale de la dialectique du pouvoir dans les entreprises (Ed. d’Organisation, encore beaucoup de réformes à En revanche, la plupart recon- ci est le plus souvent l’addition Coll. « Institut Manpower », 304 p., 25 ¤). A.R.de service sont mener à bien s’ils veulent surmon- naissent que la gestion des res- des demandes individuelles. ter les difficultés à venir… sources humaines « n’apparaît Enfin, 52 % seulement des collecti- conscients qu’ils Certes l’échelon local est natu- pas à la hauteur des enjeux stratégi- vités utilisent les technologies de rellement attentif aux besoins de ques ». Selon Bernard Lorreyte, l’information et de la communica- doivent réformer la population du territoire : 79 % directeur du pôle Collectivités et tion pour optimiser les compéten- des réponses font état de démar- politiques territoriales chez Ber- ces du personnel… leur pratiques ches d’écoute ou de consultation. En revanche, il l’est moins en managériales matière d’évaluation des politi- MALHEUREUX DRH ? ques menées (59 %), bien que Les directeurs des ressources humaines ont « un rôle moteur dans la prise 70 % des collectivités déclarent en compte de l’enjeu considérable de mise à niveau des compétences managé- avoir élaboré un plan stratégique. riales de l’encadrement, y compris intermédiaire », affirme Jean-Bernard Bal- Les élus supporteraient-ils mal con, directeur général des services du département du Val-d’Oise. Mais ils es agents des collectivi- l’analyse de l’échec des actions doivent faire avec « la désespérance du statut » qui interdit toute forme de tés territoriales sont-ils engagées ? récompense, s’inquiète Patrick Jouin, directeur général des services du suffisamment armés département de l’Essonne. pour affronter les boule-   Son collègue de la région Centre, Philippe Mahé, est toutefois moins pessi- versements qu’annonce Questionnés sur le choix d’un miste : « J’ai toujours réussi à trouver des collaborateurs qui géraient intelli- la nouvelle phase de la mode de gestion des fonctions gemment le statut, qui ont su analyser les profils de postes pour les mettre en décentralisation lancée par le gou- dont ils ont la responsabilité – ges- adéquation avec les missions de la collectivité à l’horizon de trois-cinq ans. » Lvernement Raffarin ? Les rela- tion directe par la collectivité ou Reste que la demande d’une gestion des ressources humaines adaptée à la tions entre les différents niveaux délégation à un prestataire pour fonction publique territoriale est toujours au sommet de l’agenda. des administrations locales et cen- les cantines, l’entretien des bâti- trales vont être profondément ments publics, les espaces verts, modifiées. Les budgets vont deve- etc. –, 40 % des directeurs géné- nard Bruhnes Consultants, tous « La culture d’origine des collecti- nir de plus en plus contraignants, raux interrogés répondent que ce les dirigeants savent que « d’ici à vités territoriales, c’est la culture obligeant à faire des choix et à choix repose sur des « options poli- 2012 un fonctionnaire sur deux par- administrative, d’ailleurs large- gérer au plus près des ressources tiques » et 60 % « sur la base d’une tira en retraite et qu’ils affronteront ment héritée de celle de l’Etat, financières et humaines rares. analyse coût-avantages », celle-ci une concurrence accrue du secteur conclut Bernard Lorreyte. Ces der- Pour répondre à cette question débouchant dans la plupart des privé sur le marché du travail ».En nières années ont été marquées par de l’Association des administra- cas sur une gestion déléguée. dépit de ce pronostic peu rassu- une évolution vers une culture de teurs territoriaux de France a Les directions des collectivités rant, la mobilité interne demeure gestion. Les tendances récentes lais- demandé au cabinet Bernard Bru- se veulent résolument modernes. faible malgré l’existence de dispo- sent augurer un nouveau saut quali- nhes Consultants de faire le point 75 % disent développer le manage- sitifs incitatifs dans 61 % des col- tatif : le passage vers une culture de sur les pratiques managériales ment par projet. 68 % ont même lectivités. développement et de projet. » dans les collectivités locales. L’en- défini une fonction de chef de pro- Si 70 % des directeurs disent quête a été menée à la fin de l’an- jet. Elles affirment appliquer un avoir une vision à moyen terme Al. F.