#116

Edition du 15 Mai 2015

Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence Avengers : L’ère d’Ultron

Cogan : Killing Them Softly La Chienne Week-end à Zuydcoote

Le Roi en jaune

The Flying Club Cup Mellow Gold

Night Call Drones [3D] Le Septième Fils [3D] X-Men : Days of Future Past Edition du 15 Mai 2015 Numéro 116

REDAC' CHEF Fabi REDACTEURS Clode Djee Igor Le Loup Céleste Guyness Pphf Saint-John Poivrot d’Arvor Ze Big Nowhere

MISE EN PAGE Laric

CORRECTIONS Fabi SOUTIEN ET PUBLICATION Laric - Syntaxeror

Edité par l’association HomeCinema FRancophone (HCFR) association loi 1901 (JO 13/04/2002) siège social : 21, rue de Fécamp 75012 PARIS SIREN : 444 601 892 00029 www.homecinema-fr.com SOMMAIRE

A L’AFFICHE

Clode - Roy Andersson Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence 4 Le Loup Celeste - Joss Whedon - Avengers : L’ère d’Ultron 6

SORTIES CINEMA

Naruto the Last - Le film, Une Femme Iranienne, Refugiado 8 Particulier à Particulier, D’amour et de dettes, Mad Max: Fury Road 9 La Loi du Marché, Goodnight Mommy, Girls Only 10

7ème ART

Djee - Andrew Dominik - Cogan : Killing Them Softly (2012) 12 Pphf - - La Chienne (1931) 14 Guyness - Henri Verneuil - Week-end à Zuydcoote (1964) 18

A A LIRE

Igor - Robert W. Chambers - Le Roi en jaune (1895) 20

MUSIQUE

Saint-John Poivrot d’Arvor - Beirut - The Flying Club Cup (2007) 21 Ze Big Nowhere - Beck - Mellow Gold (1994) 22

BLU-RAY

Le Loup céleste - Dan Gilroy - Night Call 24 Le Loup céleste - Rick Rosenthal - Drones 26 Le Loup céleste - Sergey Bodrov - [3D] Le Septième Fils 28 Le Loup céleste - Bryan Singer - [3D] X-Men : Days of Future Past 30

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am et Jonathan, deux marchands ambulants de farces et attrapes, nous entraînent dans une pro- Smenade kaléidoscopique à travers la destinée humaine. C’est un voyage qui révèle l’humour et la tragédie cachés en nous, la grandeur de la vie, ainsi que l’extrême fragilité de l’humanité…

Date de sortie : 29 avril 2015 (1h40min) Réalisé par : Roy Andersson Avec : Holger Andersson, Nils Westblom, Charlotta Larsson Genre : Comédie dramatique Nationalité : Suédois , norvégien , français , allemand

4 www.homecinema-fr.com - Mai 2015 Joyeusement dépressif sonnages ne cessent de répéter ce résolument comiques. Emouvant. refrain d’une humanité aliénée, re- 39 scènes indépendantes mais Je suis content de savoir que vous croquevillé sur elle-même, qui veut complémentaires où l’on retrouve allez bien. s’efforcer de croire que tout va bien. le goût prononcé du réalisateur Je suis content de savoir que vous suédois pour les vendeurs. Après allez bien. Pour son cinquième film en 45 ans, un vendeur de réfrigérateurs et un Je suis content de savoir que vous qui clôt sa trilogie des vivants, Roy vendeur de Crucifix, «Un pigeon...» allez bien. Anderson revient avec sa vision met en scène deux vendeurs de dépressive d’une humanité qui se farces et attrapes dépressifs. Deux Un pistolet dans la main, seul dans dirige droit vers l’apocalypse. Suc- vendeurs qui veulent aider les gens un bureau, en pleurs sur le sol car- cession de 39 scènes, de 39 plans à s’amuser, mais qui semblent por- relé d’un couloir, en pyjama rose séquences, de 39 plans fixes oni- ter toute la tristesse du monde sur dans la cuisine d’un appartement riques, à la recherche du plan par- leurs épaules. 39 scènes qui au- d’une grande tour de béton, je suis fait. raient pu être moins nombreuses. content de savoir que vous allez 39 scènes complètement figées, Le propos finit par s’épuiser, les bien. dans des lieux pâles, grisâtres, scènes par se répéter, le film par mornes, morts, dans lesquels évo- s’essouffler. Les personnages ne cessent de luent des personnages pâles, gri- répéter ce refrain au téléphone sâtres, mornes, morts. Des morts-vi- 38 scènes aux personnages fon- comme des robots préprogram- vant dans un monde mortuaire. 39 damentalement tristes pour une més. Les personnages ne cessent scènes sur la banalité et la trivialité scène spontanément joyeuse. Deux de répéter ce refrain alors qu’ils de la vie quotidienne, entrecou- jeunes filles font des bulles sur un font tout sauf aller bien. Les per- pées de quelques scènes plus sur- balcon, souriantes, rayonnantes prenantes, plus abstraites, plus ex- de joie. Pures. L’innocence juvénile trêmes où l’exceptionnel surgit de comme révélateur de la médiocrité manière inattendue de l’absurdité des adultes. Encore. 45 ans après «A de la vie de tous les jours. 39 scènes Swedish Love Story». drôles, 39 scènes tristes aussi. Les scènes comiques sont résolument Drôle à en pleurer de désespoir. tragiques et les scènes tragiques

Numèro 116 - HCFR l’Hebdo 5 A l’affiche Le Loup Celeste Avengers : L’ère d’Ultron Joss Whedon

lors que Tony Stark tente de relancer un programme de maintien de la paix jusque-là Asuspendu, les choses tournent mal et les super-héros Iron Man, Captain America, Thor, Hulk, Black Widow et Hawkeye vont devoir à nouveau unir leurs forces pour combattre le plus puissant de leurs adversaires : le terrible Ultron, un être technologique terrifiant qui s’est juré d’éradiquer l’espèce humaine...

Titre original : «The Avengers : Age of Ultron» Nationalité : Américain Genre : Science-fiction, Action Durée : 142 min Réalisateur : Joss Whedon Acteurs : Robert Downey Jr., Chris Evans, Mark Ruffalo, Scarlett Johansson, Jeremy Renner, Chris Hemsworth, Elizabeth Olsen, Aaron Taylor-Johnson, James Spader Date de sortie : 22 avril 2015

6 www.homecinema-fr.com - Mai 2015 Objectivement meilleure que le premier «Avengers» même si moins efficace (fun en fait), cette suite plus sé- rieuse et plus profonde (l’exploration des peurs et de la part d’ombre des personnages) toujours orchestrée par Joss Whedon ne déçoit pas, et réserve son lot de punchlines bien senties, de séquences d’action surpuissantes (hulkbuster vs hulk) aux effets spéciaux étourdissants (en-dehors des toutes premières minutes aux CGI visibles) et de super-vilains charismatiques (Ultron, La Sorcière Rouge et Vif-Argent). Grisant !

Numèro 116 - HCFR l’Hebdo 7 Naruto the Last - Le film

Date de sortie :Mercredi 13 Mai 2015 (1h 52mn ) Réalisé par Tsuneo Kobayashi Avec Junko Takeuchi, Nana Mizuki, Jun Fukuyama, Nakamura Chie Film japonais Genre Animation

Dans le village de Konoha, deux années après la 4ème grande guerre des ninjas, Naruto s’apprête à célébrer la fête de l’hiver entouré d’Hinata et de ses amis. Soudain, une météorite déchire la nuit de son intense lumière et voilà que la lune se rapproche anormalement de la Terre. Le Conseil des Kage se réunit en urgence face à cette menace de destruction de la planète ! Pour Naruto, Sakura, Shikamaru, Saï et Hinata le compte à rebours pour sauver la planète a commencé.

Une Femme Iranienne

Date de sortie : Mercredi 13 Mai 2015 (1h 42mn ) Réalisé par Negar Azarbayjani Avec Ghazal Shakeri, Shayesteh Irani, Homayoun Ershadi, Maryam Boubani, Nima Shahrokh Shahi Film iranien Genre Drame

Bien que Rana soit une femme traditionnelle, elle est forcée de conduire un taxi à l’insu de sa famille pour rembourser la dette qui empêche son mari de sortir de prison. Par chance, elle rencontre la riche et rebelle Adineh, désespérément en attente d’un passeport pour quitter le pays et ainsi échapper à un mariage forcé. Les deux femmes vont s’aider mutuellement, mais Rana ignore qu’Adineh cache un lourd secret…

Refugiado Date de sortie : Mercredi 13 Mai 2015 (1h 33mn ) Réalisé par Diego Lerman Avec Julieta Diaz, Sebastián Molinaro, Marta Lubos, Valentina Garcia Guer- rero, Carlos Weber Film argentin Genre Drame

Laura et son fils de 7 ans quittent précipitamment leur appartement de Buenos Aires pour échapper à l’emprise d’un père menaçant. Les deux fugi- tifs s’engagent alors dans une course contre la montre à la recherche d’un refuge et d’une nouvelle vie.

8 www.homecinema-fr.com - Mai 2015 Particulier à Particulier

Date de sortie : Mercredi 13 Mai 2015 (1h 13mn ) Réalisé par George Varsimashvili Avec Madeleine Pougatch, Camille Coqueugniot, Gabriel Mireté, Elsa de Belilovsky, Rudolph Sumac Film français Genre Comédie

Constance Mercier, une jeune fille de campagne se prépare à commencer ses études à Paris. Elle se lance à la recherche d’appartements dans Paris pendant un mois et croisera sur sa route des logements insalubres, des escrocs, de la concur- rence déloyale et des propriétaires mal avisés.

D’amour et de dettes

Date de sortie : Mercredi 13 Mai 2015 (1h 35mn ) Réalisé par Francisco Avizanda Avec Ariadna Cabrol, Alfonso Torregrosa, Mikel Losada, Jon Ariño, Julio Velez Film espagnol Genre Drame

Le monde insouciant de la jeune Rebeca s’écroule après le désastre financier et la mort soudaine de son père. Cependant, avant de mourir celui-ci lui laisse un possible butin fruit de ses exactions, et que veut également récupérer la banque qu’il a escroquée. C’est le jeune Tino, une sorte de journaliste à tout faire dans une télévision locale, qui s’en charge. Il se présente à Rebeca comme ce qu’il n’est pas, pour la séduire, mais il ne peut éviter d’en tomber amoureux. Rebeca est seule et essaie de récupérer son ancienne condition de classe...

Mad Max: Fury Road

Date de sortie : Jeudi 14 Mai 2015 (2h 0mn ) Réalisé par George Miller Avec Tom Hardy, Charlize Theron, Zoë Kravitz, Nicholas Hoult, Rosie Hunting- ton-Whiteley Action Australien

Le film est présenté hors-compétition au Festival de Cannes 2015 Hanté par un lourd passé, Mad Max estime que le meilleur moyen de survivre est de rester seul. Cependant, il se retrouve embarqué par une bande qui parcourt le désert à bord d’un véhicule militaire piloté par l’Impératrice Furiosa. Ils fuient la Citadelle où sévit le terrible Immortan Joe qui s’est fait voler un objet irremplaçable. Enragé, ce Seigneur de guerre envoie ses hommes pour traquer les rebelles impitoyable- ment…

Numèro 116 - HCFR l’Hebdo 9 La Loi du Marché Date de sortie : Mardi 19 Mai 2015 (1h 33mn ) Réalisé par Stéphane Brizé Avec Vincent Lindon, Yves Ory, Karine De Mirbeck, Matthieu Schaller, Xavier Mathieu Film français Genre Drame

Le film est présenté en Compétition au Festival de Cannes 2015 À 51 ans, après 20 mois de chômage, Thierry commence un nouveau travail qui le met bientôt face à un dilemme moral. Pour garder son emploi, peut-il tout accepter ?

Goodnight Mommy Date de sortie : Mercredi 13 Mai 2015 (1h 40mn ) Réalisé par Veronika Franz, Severin Fiala Avec Susanne Wuest, Lukas Schwarz, Elias Schwarz, Hans Escher, Elfriede Schatz Film autrichien Genre Epouvante-horreur

En plein été, dans une maison de campagne perdue au milieu des champs de maïs et des bois, des jumeaux de dix ans attendent le retour de leur mère. Lorsqu’elle revient à la maison, le visage entièrement bandé suite à une opération de chirurgie esthétique, les enfants mettent en doute son identité…

Girls Only Date de sortie : Mercredi 13 Mai 2015 (1h 41mn ) Réalisé par Lynn Shelton Avec Keira Knightley, Chloë Grace Moretz, Sam Rockwell, Mark Webber, Ellie Kem- per Film américain Genre Comédie

A l’aube de ses 30 ans, on ne peut pas dire que Megan soit fixée sur son avenir. Avec son groupe d’amies déjà bien installées dans la vie, le décalage se creuse de jour en jour. Et ce n’est pas le comportement des hommes qui va l’apaiser ! Au point qu’elle se réfugie chez Annika, une nouvelle amie... de 16 ans. Fuyant avec joie ses responsabilités, elle préfère partager le quotidien insouciant de l’adoles- cente et ses copines. Jusqu’à croiser le père d’Annika au petit-déjeuner...

10 www.homecinema-fr.com - Mai 2015 Les podcasts HCFR, A écouter !

Depuis octobre 2013, HCFR vous propose des émissions podcastées sur les thèmes du cinéma, du jeu-vidéo & des technologies du Home-cinéma et de la HiFi. C’est avec une grande joie que nous abordons cette seconde saison de podcasts, avec un beau programme à la clef.

Si vous ne connaissiez pas l’existence de ces émissions audio web-diffusées, alors il faut ab- solument que vous y jetiez une oreille. Lancées il y a un an, nous cumulons plus de 21h de programmes et 10 000 écoutes.

Avec Xavier, nous lançons donc la saison 2 d’HCFR le Podcast Cinéma, émission dédiée, comme son nom l’indique, au 7ème Art. Après six pre- miers épisodes, nous souhaitons vous proposer toujours plus de contenu avec cette année de nouveaux thèmes et plein d’invités. Le premier épi- sode de cette seconde saison était l’occasion de faire le bilan des films sortis au cinéma cet été. Nous vous proposerons en novembre prochain une émission spéciale films comics.

Pour ce qui est du Podcast Jeux-vidéo, après deux premiers épisodes d’actualité dédiés à l’E3 et la gamescom, nous avons travaillé avec BennJ et JulianF le concept de l’émission et nous vous proposerons désormais un épisode tous les mois. Actualité, tests de matériels divers et de jeux, dossiers et débats seront de la partie.

Enfin, dans la continuité du Podcast Tech, nous allons avec Patrice (Laric) vous proposer une émission sur les installations dédiées fin-novembre. Nous enchaînerons avec un épisode sur la HiFi avec Stéphane (Steph- Hifi) où nous débattrons d’un sujet déterminé avec différents invités.

Pour conclure cette fin d’année, nous vous proposerons une émission spéciale, hors-série, entièrement dédiée au dématérialisé, qui conclura l’année 2014 des Podcasts d’HCFR.

Bref, un beau programme en perspective, que nous tenions à vous présenter. Merci pour votre fidélité et à très vite !

Pour écouter nos émissions, flashez le QR Code ci-dessus ou rendez-vous sur http://www. homecinema-fr.com/podcast/ SnipizZ 7eme Art Djee Cogan : Killing Them Softly (2012) Andrew Dominik

orsqu’une partie de poker illégale est braquée, c’est tout le monde des bas-fonds de la Lpègre qui est menacé. Les caïds de la Mafia font appel à Jackie Cogan pour trouver les coupables. Mais entre des commanditaires indécis, des escrocs à la petite semaine, des as- sassins fatigués et ceux qui ont fomenté le coup, Cogan va avoir du mal à garder le contrôle d’une situation qui dégénère…

Date de sortie : 5 décembre 2012 (1h37min) Réalisé par : Andrew Dominik Avec : Brad Pitt, Scoot McNairy, James Gandolfini Genre : Thriller , Policier Nationalité : Américain

12 www.homecinema-fr.com - Mai 2015 Snake Pitt Que c’est mort. Faut dire la vérité, il y a des endroits Faut pas se leurrer, lorsque tu em- où, même le jour, t’as l’impression pruntes le tunnel Cogan, tu sais que c’est la nuit. d’emblée et malgré les détours que Et inversement. le futur proche sera plus dégueu- Comme si le soleil le sentait pas de lasse qu’une fin de saison de Mar- traverser, comme s’il préservait ses seillais. rayons. Même si, au bout, tu crois aperce- Pourtant, tu vois bien qu’il y a crochent à la même mascarade de voir la lumière, tu sais qu’il n’y aura quelqu’un, ça bouge. poudre et de sang. pas d’embellie. Toujours les mêmes cafards qui s’ac- C’est pas comme si tu savais pas où tu mettais les pieds. Toujours les mêmes carcasses qui flottent dans l’atmosphère viciée pour finir abîmées, trouées, concas- sées sur le macadam.

Une série B noire, maquillée à gros traits, travelo parabole de l’Amé- rique d’aujourd’hui. Parfois malhabile, boursouflé mais pas trop, le film est sauvé par des ac- teurs bien disposés et une faconde visuelle aux saillies fulgurantes.

Numèro 116 - HCFR l’Hebdo 13 7eme Art Pphf La Chienne (1931) Jean Renoir

arié à une veuve acariâtre, M. Legrand a un violon d’Ingres : la peinture. Il tombe sous le Mcharme de Lulu, une jeune femme exploitée par un souteneur. Celle-ci va abuser de sa crédulité et provoquer sa déchéance.

Date de sortie : 19 novembre 1931 (1h40min) Réalisé par : Jean Renoir Avec : , Janie Mareze, Georges Flamant Genre : Drame Nationalité : Français

14 www.homecinema-fr.com - Mai 2015 Re-noir de noir. Et on évitera le spoiler in- de Pyrrhus, Pyrrhus est amoureux tégral, même s’il est impossible de d’Andromaque, mais Andromaque Ou l’idée d’une critique qui s’ap- résister au plaisir de citer les ultimes est amoureuse d’un mort. Ici Mau- puierait sur une imposture – un dialogues entre les deux clochards, rice est amoureux de Lulu qui ne «à la manière de» Lacan postulant d’abord dépressifs, puis vindicatifs, l’aime pas (et le méprise), Lulu est que l’identité d’un individu, et plus enfin enthousiastes et s’achevant amoureuse de Dédé qui ne l’aime modestement l’œuvre d’un artiste dans un double éclat de rire toni- pas (mais la bat allègrement), et est totalement déterminée par son truant : Dédé n’aime personne. On se doute nom. «J’ai tout fait, c’est bien simple. J’ai que tout cela ne finira pas très bien. Ainsi de René CLAIR dont tous les été marchand d’habits, trimardeur, «La Chienne» est une tragédie, mais films sont lumineux, enjoués, posi- ivrogne, voleur et même pour com- avec une bonne part de bouffonne- tifs – CLAIRS. mencer – assassin … rie. Ben mon vieux, qu’est-ce tu veux, Dès l’ouverture du film, le specta- Chez Jean Renoir, au contraire, l’uni- faut d’tout pour faire un monde!» teur est averti – et dans le plus dé- vers est, souvent, très sombre. C’est Une seconde couche de noir. RE- concertant des cadres, un castelet particulièrement évident avec «la NOIR. Outre-noir. où surgissent des marionnettes, et Chienne» : après un premier en- Guignol en personne : chaînement d’événements, pro- La Chienne tient aussi de la tragédie «La pièce que nous allons vous gressant vers le noir le plus noir, vol, antique, en jouant sur l’égarement montrer n’est ni un drame ni une déchéance, meurtre, Renoir n’hé- des personnages (et sur leur bêtise comédie. Elle ne comporte aucune site pas à passer par-dessus une aussi), un peu à la façon d’Andro- intention morale et elle ne vous nouvelle couche, assez horrible, maque : Hermione est amoureuse prouvera rien du tout».

Numèro 116 - HCFR l’Hebdo 15 Tous les mots sont importants : «défense» suicidaire lors du procès), mensonges sociaux et des masques, l’histoire va se dérouler dans un es- l’adjudant trompe tout le monde, trouvera sa véritable identité … pace insolite, entre drame et vaude- la société, sa femme, en changeant ville, et il ne faudra en tirer aucune d’identité La scène, assez remarquable du leçon. C’est l’anarchisme de Jean meurtre de «la chienne», filmée Renoir, celui qui explosera bientôt Ainsi va le monde dans cet entre dans un magistral hors champ, per- dans «Boudu», qui s’installe avec «la deux guerres, incertain, assez mi- met d’éviter à la fois tout pathos, Chienne». Il n’y a pas de morale à sérable, où des grandes crises s’an- toute perspective moralisante et attendre du film puisque tout y est noncent, où la France ne sait plus tout naturalisme sanglant et voyant mensonges, faux-semblants, dissi- se situer entre optimisme béat qui qui passerait à côté de l’essentiel mulation comme dans la vie, entre commence à s’effondrer, angoisse : son rire à elle, bien au-delà de la des pantins qui s’agitent en vain. liée à la crise, peur des extrémismes moquerie ou du mépris, un gros La présentation de Lulu, toujours qui montent ou refuge dans des plan sur le coupe-papier sur le lit, un dans le prologue est d’ailleurs aussi rêves utopiques ... C’est sur ce ter- changement de plan vers l’extérieur joliment paradoxale qu’explicite : « reau que s’exprime l’anarchisme de de l’immeuble, sur les chanteurs de elle est toujours sincère, elle ment Jean Renoir – avec par ailleurs une rue et la foule très populaire massée tout le temps. » Et tous mentent symbolisation très étrange, portée autour d’eux, un travelling sur la fa- effectivement aux autres et à eux- par les intellectuels de l’époque, çade lépreuse de l’immeuble et sur mêmes, Maurice (Michel Simon), en un étrange éloge de la clochardisa- ses fenêtres, un passage au noir, un trompant sa femme, en trompant tion (que l’on retrouvera dans des gros plan sur un chat de gouttière son employeur, en se trompant lui- termes très voisins dans des films avant de revenir dans la chambre … même quand il se perd dans ses importants et exactement contem- identités (comptable ou peintre ?), porains, A nous la liberté ou Boudu Tout est dit sur l’état du monde en Lulu (Janie Marèse) trompe Maurice : par delà les identités sociales men- 1931. Legrand, avec Dédé évidemment, songères, l’expression sans limites mais aussi en lui volant ses tableaux de la «liberté» dans les errances du La réalisation est ainsi aussi sobre et sa signature, Dédé (Georges clochard ; c’est là que le comptable que signifiante. Peu avant la scène Flamant) trompe tout le monde «modèle» ou l’artiste méconnu (de du meurtre, une autre scène es- (jusqu’à lui-même au moment de sa lui-même) et méprisé, au-delà des sentielle, celle où Maurice Legrand 16 www.homecinema-fr.com - Mai 2015 entrant inopinément dans l’appar- mois auparavant) : la prise di- tement y surprend les amants est recte du son en extérieur, inédite à tout aussi remarquablement réali- l’époque, avec tous les bruits de la sée. Après la découverte et la sidé- ville, particulièrement forte lors de ration qui en résulte, la caméra est la scène du meurtre en hors champ placée à l’extérieur de l’immeuble, à (musique et chanson des chanteurs hauteur de la fenêtre de la chambre, de rue, bruit des voitures, des pièces avec le bruissement de la ,pluie en qui frappent le sol …), tout cela son direct – et pour la première fois, contribue à créer une atmosphère la seule fois du film, le spectateur enveloppante, à la fois réaliste et est objectivement confronté à la poétique. réalité et ne peut plus se dissimuler tante (elle avait déjà eu quelques derrière le regard des protagonistes Dans un contexte aussi puissant, mois auparavant un rôle important ni derrière leurs mensonges dans Michel Simon, encore peu connu, dans «Mam’zelle Nitouche»), dans le les successions de champ/contre- était à l’évidence l’interprète idéal rôle de la Chienne, elle ne joue sans champ. C’est évidemment l’instant – tour à tour timide, effacé, passion- doute pas très juste, mais dégage clé du film. né, abattu, violent, indigné, malin, une vulgarité très physique et assez cynique, vindicatif et finalement eu- fascinante. Elle devait mourir peu On soulignera également une uti- phorique, il parvient à donner à son après le tournage dans un accident lisation très intéressante du son personnage pathétique une dimen- de voiture (le véhicule étant d’ail- – alors que Renoir vient tout juste sion à la fois humaine et paradoxale- leurs piloté par Georges Flamant, de découvrir le cinéma parlant (il a ment emblématique. Quant à Janie son amant du film). Outre-noir. tourné «On purge bébé» quelques Marèse, jeune actrice quasi débu-

Numèro 115 - HCFR l’Hebdo 17 7eme Art Guyness Week-end à Zuydcoote (1964) Henri Verneuil

Dunkerque, en juin 1940, ses camarades et lui ayant raté l’embarquement pour l’An- Agleterre au plus fort de la Débâcle, le sergent Julien Maillat, dégoûté et las, rencontre Jeanne, une jeune femme qui refuse de quitter sa maison en ruines. Julien persuade Jeanne de fuir avec lui et dit adieu à ses amis. Une improbable idylle se noue bientôt entre eux.

Date de sortie : 12 décembre 1964 (1h59min) Réalisé par : Henri Verneuil Avec : Jean-Paul Belmondo, Catherine Spaak, Georges Géret Genre : Guerre Nationalité : Français

18 www.homecinema-fr.com - Mai 2015 C’est la mort à la plage succession de vagues de plaisirs qui vinrent lécher ma plage cinéphilique, Autant dire que j’attaquais ce Ver- avec un plaisir en forme de sable fin ve- neuil-Belmondo sans appétit particu- nant se coller entre mes doigts de pied. lier. Cible floue passée sous les radars Par sa fameuse troupe d’interprètes, de la cinéphilie hexagonale, camouflée avant tout: autour de Jean-Paul, le pa- par un manque de réputation assez nard simple de retrouver Jean-Pierre étrange, le film du cinéaste franco-ar- Marielle (en curé) François Perrier, ménien est parfaitement dissimulé Pierre Mondy, Georges Géret ou même rien ne compte tant qu’un café entre dans sa filmographie entre «Un singe Paul Préboist. copains, ou une clope autour du feu. en hiver», «Mélodie en sous-sol», «Cent Et, à titre bien plus personnel, au mo- Pourtant, aucun ennui ne transpire de mille dollars au soleil» (avant lui), «La ment où je m’aperçois que le film ne cette tranche de vie (et de mort) de 48 vingt-cinquième heure», «Le clan des date pas du tout de l’année que j’avais heures, et autour de ces tronches de siciliens» et «Le Casse» (après). distraitement cru lire sur la jaquette du vie, les épisodes et les rencontres se Comme tant d’œuvres ambitieuses DVD, le petit plaisir de pouvoir le dater succédant avec toute l’absurdité dont et parfaitement tendues par une vo- dans une fourchette de cinq ans, grâce la vie est capable, comme si elle pouvait lonté de renoncer au spectaculaire, à une analyse rapide de l’image, sa cou- avoir besoin que la guerre s’en mêle. ce «Week-end à Zuydcoote» s’est sans leur, son format, son ambiance. On y croise donc une jeune résidente doute bâti sur un grand malentendu. inconsciente du danger qui l’entoure, Plage arrière des nonnes en goguette qui parlent allemand en se rasant, un adepte du L’œuvre s’inscrit dans cette longue fusil mitrailleur originaire de Voiron, un tradition de films français décrivant le couple mixte qui éprouve (déjà !) des quotidien d’appelés lambda au contact difficultés à traverser les frontières, ou de l’horreur la plus abjecte (tradition encore un officier britannique pas fa- elle-même largement inspirée de la rouche du tampon. littérature), allant au moins des «Croix de bois» de Raymond Bernard jusqu’au «Capitaine Conan» de Tavernier, dont la réussite ne tient pas tant dans sa re- constitution spectaculaire des scènes Verneuil pour œil de combats (au demeurant impec- cables) mais dans le portrait attachant Parce que les fausses pistes abondent : du type sans qualité particulière face à Verneuil s’appuie sur un livre goncouré la violence de l’histoire. (de Robert Merle qui assure aussi ici les dialogues), Bébel ne fait pas encore du Un condensé de tendre irrationnel et Bébel, Maurice Jarre ne compose pas de saugrenu chaleureux, un week-end ici une de ses mélodies les plus inou- suspendu pendant lequel Maillat et ses bliables (mais elle reste néanmoins su- potes, abandonnés à eux-mêmes, n’ou- perbe) , et Pinoteau n’est encore qu’as- blient jamais qui ils sont, et continuent sistant réalisateur. de développer leurs petits commerces Pourtant, dès la scène introductive et le et d’essayer à exercer leurs passe-droits, générique qui le suit, ce ne fut qu’une de se demander où est la place de Dieu dans tout ça, de relativiser la portée d’un double meurtre mais surtout, sur- La plage de Zuydcoote est le théâtre du tout, de faire en sorte de pouvoir boire regroupement des armées françaises et et manger à heure fixe. anglaises, en pleine débâcle de Juin 40, évènement que Robert Merle a connu. Un portrait sans mépris ni glorification. Et pour le coup, la troupe, regroupée Un regard juste, au fond, porté sur au tour de la popote, respire un vécu quelques Français échoués en pleine brillamment observé, à travers un film débâcle, sur une plage du nord. sobre, grâce surtout à une absence Une justesse qui peut, sans doute, d’emphase, par la sobriété de ses dia- constituer un indice de son manque de logues, et au travers de personnages succès. mi-désabusés mi-résignés pour qui

Numèro 116 - HCFR l’Hebdo 19 A LIRE Igor Le Roi en jaune (1895) Robert W. Chambers

CLAP de fin ?

En plein cœur du drôle de recueil, déséquilibré, tarabiscoté, du Roi en Jaune, il y a un tableau obscur, inquiétant, cousin du surréalisme, de la réalité exacerbée. Il y a cette nouvelle à rallonge et Paris sous les obus prussiens. Il y a un récit immersif et finement ciselé, jeté là pêle-mêle comme un vulgaire rien- du-tout. Pourtant ses traits sont maniaques, ses psychés brossées et tendues loin au-delà du cadre. Même s’il conclut hâtivement, d’une vaine morale, une épopée aussi mi- nuscule qu’entraînante, il ne ternit qu’un peu l’éclat de ses formes trou- blantes, dignes du fantastique le et des plus sérieuses. Les bons mo- Sans autre forme de procès, sujet plus vil alors qu’il ancre son temps ments côtoient les traversées en- semble-t-il épuisé, le Roi quitte la dans un réalisme absolu. nuyeuses et alanguissements sans scène vite foulée, cède la place au fin, les frétillements intenses et les Paris réaliste d’un rêve habité des A ses côtés font pâles figures les bâillements de défaille. L’étincelle fantasmes de son auteur pour un tentatives éparses et égarements cependant tarde à se manifester. second acte coloré. mal dirigés. Nulle vautre absolue, Elle qui, pourtant, est le propre de loin s’en faut, l’œuvre est honnête la nouvelle. Elle qui sera la marque, Le sens y est, une belle et inatten- l’aura des glorieux successeurs de due cohérence et une certaine force Chambers. L’ouvreur presque ano- de caractère. Une douce émotion nyme d’une génération de conteurs retenue. Mais de caractère point. foldingues aux univers alambiqués Chambers n’ose encore une fois li- peine à imposer une vision person- vrer pleinement son âme à l’œuvre, nelle du monde du non-dit et de la planque son Lui derrière un forma- suggestion. lisme facile. Qu’eut-été cette œuvre nimbée de Il y a un temps ce Roi, son petit être la belle authenticité artistique, du théâtral aux multiples mystères. A cœur ouvert d’un artiste visible- peine esquissé, tout juste aperçu. ment dissimulé ? De cette pièce maudite nous n’au- Qu’eut-été le Roi en Jaune habité rons que quelques tragiques consé- du supplément de vie qu’insuffle quences, funestes célébrations d’un l’homme aux mots ? quelque chose dont on ne sait pas grand-chose. Vite oublié, balayé.

20 www.homecinema-fr.com - Mai 2015 MUSIQUE Saint-John Poivrot d’Arvor The Flying Club Cup (2007) Beirut

L’invitation au voyage

Le visage poupon de Zach Condon, la tête pensante du collectif Beirut, fait son apparition dans le paysage musical en 2006, date de la sortie de son premier effort artistique, «Gulag Orkestar», alors qu’il est tout juste âgé de vingt ans. Et déjà, le musicien y faisait parler son talent précoce, mais néanmoins éclatant, au travers d’une kyrielle de vignettes envoûtantes aux charmes exotiques, complètement à contre courant de la norme musicale du moment.

Car très tôt, il se révèle en effet être un voyageur insatiable. Amoureux des cultures, de géographie et d’espaces inspirations et formeront bientôt le des accordéons mêlés d’éléctronica infinis, celui-ci déserte les bancs de son si particulier de sa musique. Fort qui viennent cette fois ci déluger sur l’école et son Nouveau-Mexique natal de ses multiples influences, le petit ces treize titres aux résonances très à seulement dix sept ans, âge ou l’on prodige de Santa Fe ne met pas long- francophones (Nantes, Cherbourg, est pas sérieux parait il, pour aller vivre temps à se trouver un style très per- Cliquot, Un dernier Verre, La Fête), sa bohème en Europe, suivant ainsi sonnel et audacieux, reconnaissable en ajout d’instruments plus com- les traces laissées par l’homme aux entre tous, et dans lequel il fait rentrer muns tels que la guitare ou le piano. semelles de vent et par les poètes du tous ses fantasmes et tout son univers. Le tout formant un cadre parfait et 19éme siècle qu’il admire tant. Un univers charriant des cuivres Balk- somptueux pour que s’exprime cette anisants omniprésents, donnant tour voix franche et profonde, immédia- De ces pérégrinations, le juvénile trou- à tour une couleur festive ou bien mé- tement identifiable, propulsant ses badour ramène alors deux amours : la lancolique à ces chansons semblant arabesques élégiaques d’un air déta- culture française (et la France en géné- avoir été imaginées dans le tumulte ché et rêveur, comme un écho sanglo- ral), ainsi que la musique d’Europe de d’un jour de foire, totalement hors tant ou rigolant dans le lointain. l’Est, qui deviendront ses principales du temps, ou dans l’ivresse d’une fête sans fin, durant laquelle l’euphorie fe- C’est qu’il est beau cet album, il vous rait rapidement place à la langueur, invite au voyage, intérieur comme qui ferait rapidement place à l’eupho- extérieur. Il navigue délicieusement rie de nouveau. Et ainsi de suite. entre la modernité et le rétro et pro- pose probablement ce que Beirut Très francophile donc, son deuxième a fait de mieux depuis sa création ouvrage se nomme «The Flying Club (avec le génial single «Elephant Gun», Cup», et fait la part belle à notre dont je vous conseille chaudement belle contrée, comme en hommage l’écoute). Un disque entre spleen à Jacques Brel ou encore Serge et idéal comme aurait dit le grand Gainsbourg, autant d’idoles qu’affec- Charles. tionne tout particulièrement Zach. Et ce sont des fanfares déjantées et

21 www.homecinema-fr.com - Mai 2015 MUSIQUE Ze Big Nowhere Mellow Gold (1994) Beck

De l’or sous la poussière

Je me rappelle la première fois que j’ai entendu Loser de Beck sur mon petit radio-réveil planté sur une étagère branlante au dessus de mon plumard. Une étagère poussiéreuse où trônait une merveilleuse collection de n’im- porte quoi. Une collec’ étrange, un merveilleux melting-pot de broutilles inutiles, comprenant notamment un vieux jack usé trouvé dans un quel- conque concert de Punk régional, un coquillage bizarre qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à Maître Capello ou même un prospectus de literie dont la gonzesse aux attributs mammaires hypertrophiés avait per- turbé mon regard encore moyenne- (Genre auquel Beck sera rattaché à offre moins d’argent mais une liber- ment innocent. ses débuts) que tombe lourdement té totale et un contrôle absolu sur la C’est au milieu de ce fatras, sortant de le premier album du Californien sur le production de ses albums) que l’ex- ce poste grésillant et cabossé, que je monde de la musique. plosion aura lieu. Et cette explosion, pris ce Loser en pleine poire. c’est la mèche Loser qui viendra la Ce morceau, à l’image de cette éta- Beck n’est pas un débutant quand déclencher. Blues dissonant et tordu gère, de cette chambre d’ado pria- sort Mellow Gold. dont le style parlé et sa Fuck Attitude pique qui était la mienne avait ce A dix-huit ans , il quitte l’école et assumée en font le fer de lance du charme bordélique, ce côté bringue- part rejoindre son grand père en Al- mouvement «slacker». balant qui sauta immédiatement à lemagne ( Al Hansen personnage Mellow Gold vient de naître. mon oreille ouverte aux quatre vents. important et complètement déjanté Album foutraque, skeud fourre-tout du mouvement artistique Fluxus ) où où Beck balance à l’intérieur et à C’est en 1994 que Loser déferle sur les il touche à des formes d’art insolites grands coups de pelle sa créativité ondes du monde entier. et avant-gardistes ( Comme le lâ- qui semble sans limite. C’est en pleine époque Grunge cher de piano du haut d’un pont par Le Californien investit les genres, s’im- exemple). misce dans les différents styles musi- En rentrant au pays, Beck traîne les caux de son pays, les ronge de l’inté- bars de la *Big Apple*et se fait la rieur et les détruit à grands coups de main sur différents groupes du mou- masse. vement anti-Folk et autres mouve- Beck encore inspiré par le mouve- ments alternatifs. ment Fluxus auquel appartient son Au début des années 90, il rentre à grand père, influencé par cet anti-Art Los Angeles vivant de petits boulots, faisant de la destruction, de la remise continuant à grattouiller sa guitare en cause et de l’abolition des fron- baladeuse et finit par enregistrer ses tières artistiques une nouvelle forme morceaux étranges sur différents la- d’Art, transpose les grandes lignes du bels indépendants. dogme Fluxien dans ce premier al- bum insaisissable. C’est avec Geffen Records ( qui lui Son court passage dans le mouve- 22 www.homecinema-fr.com - Mai 2015 ment underground de l’Anti-Folk ser- La folk des ancêtres est enfournée blond dans les lavoirs du bord du vira également à peaufiner ce mer- dans la machine à laver Beckienne, Mississippi où l’eau lave plus Black veilleux bordel qu’est Mellow Gold. programme «Délavage» comme pour que Black. La guitare électrique, l’har- la merveilleuse Pay No Mind (Snoo- monica, les oripeaux ancestraux du Beck pénètre les styles, les déforme, zer) ou la malicieuse Nitemare Hippy Blues aplatis, écrasés, désincrustés à les déstructure avec l’assurance du Girl, d’où elles ressortent vidées, esso- coups de battoir. Ressortant, malgré gamin génial qu’il est. rées jusqu’à la dernière goutte mais le big bang mélodique improbable, Tout est malaxé, passé au robot d’une d’un blanc immaculé renouvelé. aussi pur qu’aux premiers temps (Le prod’ brillante et innovante. Le Blues du Delta est lavé par l’ange bien nommé Fuckin With My Head ou ou le bancal Truckdrivin Neighbors Downstairs).

Mellow Gold est l’album magique d’un môme sûr de son talent et de sa modernité ( et une influence flagrante pour les néo-Folkeux des 00’s tels Sufjan Stevens et autres). Un moment précis dans ces nineties «Nirvanaïsées», une bouffée d’air frais Rock hors de ce Grunge cannibale. Une galette comme cette étagère branlante au dessus de mon pieu: bordélique, tordue, grinçante et un peu cradingue mais diablement vin- tage et foutrement solide.

Numèro 116 - HCFR l’Hebdo 23 Blu-ray Le Loup Celeste Night Call Dan Gilroy

ranché sur les fréquences radio de la police, Lou parcourt Los Angeles la nuit à la recherche d’images choc qu’il Bvend à prix d’or aux chaînes de TV locales. La course au spectaculaire n’aura aucune limite... Titre original : “Nightcrawler” Nationalité : Américain Genre : Thriller, Drame Année : 2014 Durée : 117 min Réalisateur : Dan Gilroy Acteurs : Jake Gyllenhaal, Rene Russo, Riz Ahmed, Bill Paxton

24 www.homecinema-fr.com - Mai 2015 Inspiré par les polars urbains de Mi- tateur dans l’atmosphère sordide de la en scène magnétique et de courses- chael Mann, ce thriller cynique et dé- vie nocturne à Los Angeles et pointe poursuites intenses. Engagée, cette rangeant porté par la performance du doigt les dérives de la course à œuvre sans concession est aussi désta- impériale de Jake Gyllenhaal dresse l’audience. Original car s’intéressant bilisante que grisante ! le portrait d’un fascinant anti-héros à au métier des «stringer» (reporters l’amoralité glaçante (un modèle de ré- freelance), “Night Call” dispose aussi ussite à l’américaine !), plonge le spec- d’un récit plein d’audace, d’une mise

Le Blu-ray Fiche technique

Image Format vidéo Un master immaculé, une définition rutilante, une précision au cordeau, des 1080p24 (VC-1) / [2.40] scènes diurnes lumineuses, des séquences nocturnes ténébreuses, des couleurs très contrastées, des contrastes stylisés et des noirs superbes, mais de fugaces Pistes sonores plans granuleux empêchent ce master HD d’atteindre la perfection. Anglais DTS-HD Master Audio 5.1 Anglais DTS-HD Master Audio 2.0 Français (VFF) DTS-HD Master Audio 5.1 Audio Français (VFF) DTS-HD Master Audio 2.0 Des pistes sonores peu démonstratives mais pointilleuses et parfaitement équi- Sous-titres librées. La spatialisation est enveloppante, les dialogues sont loin d’être timides, Français la balance frontale est précise, les ambiances foisonnent à l’arrière, la musique Français pour malentendants est admirablement restituée et les basses se rappellent à notre bon souvenir lors des passages agités. Région : B (France) Éditeur : Orange Studio Date de sortie : 7 avril 2015

Numèro 116 - HCFR l’Hebdo 25 Blu-ray Le Loup Celeste Drones Rick Rosenthal

u sein d’une base militaire du Nevada, Jack, pilote de drones expérimenté, et Sue, fille d’un général Arespecté, ont pour mission de tuer un terroriste avec leur drone. Mais plus le temps avance, plus ils s’interrogent sur les motivations cachées de cette mission et leurs conséquences...

Nationalité : Américain Genre : Guerre, Thriller Année : 2013 Durée : 80 min Réalisateur : Rick Rosenthal Acteurs : Eloise Mumford, Matt O’Leary, Whip Hubley, William Russ

26 www.homecinema-fr.com - Mai 2015 Peut-on au nom de la défense nation- Voilà les questions que soulèvent ce thriller la présomption d’innocence). Ce huis clos ale commettre des actes répréhensibles de guerre sous haute tension, reposant prenant n’est donc rien de moins qu’un ? Les dommages collatéraux sont-ils ac- moins sur l’action (aucun assaut guerrier réquisitoire contre la guerre des drones ceptables pour supprimer une menace ? ici) que sur la lutte psychologique et mo- n’hésitant pas à critiquer ouvertement la Où se trouve notre humanité lorsque l’on rale de deux pilotes de drones aux idées politique interventionniste des États-Unis déclenche la mort en pressant un bouton plus ou moins opposées (l’un est pour le sous l’administration Bush Jr. à des milliers de kilomètres de la cible ? principe de sûreté lorsque l’autre est pour

Le Blu-ray Fiche technique

Image Format vidéo De la définition aux contrastes en passant par la palette colorimétrique et les noirs, 1080p24 (AVC) / [2.35] tous les voyants sont au vert malgré quelques fourmillements sur les arrière-plans. Pistes sonores Audio Anglais DTS-HD Master Audio 5.1 C’est par le mixage sonore que l’impression d’être au sein d’une base militaire se Français (VFF) DTS-HD MA 5.1 fait. Les voix sont solidement cramponnées à la centrale, la scène avant est dyna- mique, la spatialisation est précise (les nombreux survols des avions de chasse), les Sous-titres ambiances de la salle de pilotage sont bien captées (les ventilateurs et les bruits de Français imposés sur la VO la console de commande), la scène arrière est active, la musique emplie comme il Région : B (France) se doit la pièce d’écoute et les basses sont très imposantes. Éditeur : Marco Polo Production Date de sortie : 29 avril 2015

Numèro 116 - HCFR l’Hebdo 27 Blu-ray Le Loup Celeste [3D] Le Septième Fils Sergey Bodrov

l y a bien longtemps, une force maléfique menaçait de se déchaîner et de raviver la guerre entre les Ipuissances surnaturelles et l’humanité. Depuis plusieurs décennies, le chevalier Maître Gregory retenait prisonnière la redoutable et maléfique sorcière Mère Malkin. Mais elle s’est désormais échappée et cherche à se venger. Seul Maître Gregory peut encore s’y opposer mais il ne peut être seul pour le faire. Il doit initier un nouvel apprenti...

Titre original : “Seventh Son” Nationalité : Américain, Britannique, Canadien, Chinois Genre : Fantastique, Aventure Année : 2014 Durée : 102 min Réalisateur : Sergey Bodrov Acteurs : Jeff Bridges, Ben Barnes, Julianne Moore, Alicia Vikander, Olivia Williams, Kit Harington

28 www.homecinema-fr.com - Mai 2015 Cette adaptation peu fidèle mais pleine sonnages trop peu dégrossis) ou même iques, les effets spéciaux impressionnants d’énergie de “L’apprenti épouvanteur” se démarquer de la concurrence. La mise et le cabotinage des aînés (Jeff Bridges signé Joseph Delaney est une épopée en scène pêchue, l’univers peuplé de créa- et Julianne Moore semblent beaucoup d’héroic fantasy à grand spectacle, où tous tures fantastiques en tout genre (sorcières, s’amuser) en font néanmoins un efficace les ingrédients du genre prennent vie sans spectres, fantômes, gobelin, dragons...), les divertissement d’aventure. toutefois passionner (la faute à des per- décors massifs, les scènes d’action homér-

Image Très voire trop brillante parfois, l’image voit son piqué et ses contrastes variés en fonction de la Fiche technique surexposition des séquences. Il ne s’agit pas d’un défaut lié au transfert mais de l’aspect propre à la photographie qui n’est pas sans évoquer celle de «Willow». Le rendu reste de toute façon assez féerique avec une précision positive, des couleurs chimériques et des noirs appréciables. Format vidéo Audio 1080p24 (MVC) / [2.40] Des pistes sonores généreuses qui ne laissent aucun répit aux différentes enceintes. La spatia- lisation est immersive à souhait avec des ambiances et effets bien ciblés, les voix sont claires, la Pistes sonores scène frontale est dynamique, les canaux surrounds sont très sollicités, les airs épiques du score Anglais DTS-HD Master Audio 7.1 de Marco Beltrami s’invitent avec fougue au sein de l’espace acoustique et les basses rugissent Français (VFF) DTS 5.1 abondamment. 3D Sous-titres Malgré quelques contours (moins de cinq plans) moyennement détourés, voici une conversion Français de qualité à la profondeur souvent très bonne et aux sorties d’écran frappantes. La fenêtre de Anglais pour malentendants profondeur impressionne dans 80% des cas (plusieurs plans rapprochés avec des arrière-plans flous) avec des plans aériens vertigineux, les détachements sont globalement saisissants mais Région : B (France) faiblissent un peu lors des passages nocturnes, les débordements de personnages et/ou décors Éditeur : Universal Pictures sont permanents, les jaillissements de longue durée qu’ils soient météorologiques (pluie et fu- Date de sortie : 28 avril 2015 mée) ou non (des spectres et des dragons) sont réalistes, et les projections lors des scènes d’ac- tion (magie, armes de jet et débris) sont nombreuses et poussées même s’il existe des problèmes de windows conflict. Numèro 116 - HCFR l’Hebdo 29 Blu-ray Le Loup Celeste [3D] X-Men : Days of Future Past Bryan Singer

es X-Men envoient Wolverine dans le passé pour changer un événement historique majeur, qui pourrait Limpacter mondialement humains et mutants...

Nationalité : Américain, Britannique Genre : Science-fiction, Action Année : 2014 Durée : 132 min Réalisateur : Bryan Singer Acteurs : Hugh Jackman, James McAvoy, Michael Fassbender, Jennifer Lawrence, Patrick Stewart, Ian McKellen

30 www.homecinema-fr.com - Mai 2015 D’une profondeur étonnante, ce septième d’humour), où le scénario assez com- passage avec Quicksilver), en font l’un des épisode de la franchise “X-Men” parvi- plexe (il y est question de voyages dans meilleurs films de la série avec “X-Men : Le ent à rebooter la saga avec beaucoup le temps) mais bien construit, les acteurs Commencement”. d’intelligence grâce à l’ingéniosité de son impliqués, la mise en scène savamment cinéaste qui nous livre un opus bien plus orchestrée, le montage fluide, les SFX épa- sombre que ses ainés (mais pas dénué tants et les scènes d’action virtuoses (le

Image L’utilisation de plusieurs types de pellicules (35mm, 16mm et 8mm pour marquer le mélange des Fiche technique époques) lors du tournage n’est en rien masqué (et heureusement) par ce transfert HD sublime. Le piqué est proprement sidérant, les textures sont d’une belle finesse, les couleurs flashy (le futur post-apocalyptique) ou vintage (les années 70) sont magnifiques, les contrastes sont impeccables, les noirs sont impénétrables et le grain argentique des scènes se déroulant dans le passé est très Format vidéo séduisant. Un sans-faute ! 1080p24 (MVC) / [2.40] Audio Des pistes sonores à la spatialisation redoutable dont le mixage est d’une subtilité bienvenue. La Pistes sonores dynamique est délectable, les dialogues sont équilibrés, les détails acoustiques remplissent l’es- Anglais DTS-HD Master Audio 7.1 pace avec précision, la scène avant délivre une grande ouverture, les ambiances et autres effets Français (VFF) DTS 5.1 diffusés sur les enceintes arrières sont agiles, le score de John Ottman est bien orchestré et les basses se montrent généreuses. Sous-titres 3D Anglais et Français Très satisfaisante sans être inoubliable à cause de l’intensité variable de la fenêtre de profondeur, tantôt très bonne tantôt moyenne avec du flou sur les arrière-plans lors des vues rapprochées. De Région : B (France) nombreux plans comme les aériens ou ceux au ralenti sont néanmoins marquants et les sorties Éditeur : 20th Century Fox d’écran sont souvent très réussies. Les débordements d’objets de décors, de personnages (essen- Date de sortie : 08 octobre 2014 tiellement des bustes) et d’armes saillantes sont bien dosés, les effets météorologiques (la neige dans le futur et l’eau du système anti-incendie lors de la fuite du Pentagone) sont ultra-réalistes et les effets projetés (morceaux de verre, débris multiples et pouvoirs de certains mutants) ne sont pas en reste. Numèro 116 - HCFR l’Hebdo 31 La Semaine Prochaine

L’Hebdo

L’actualité des sorties cinéma ...

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Mais aussi des surprises, des coups de coeur et encore plus d’articles divers.

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L’HEBDO 117

32 www.homecinema-fr.com - Mai 2015 En plus du site web et surtout de ses forums, HCFR s’est diversi é grâce au travail de Fabi et son équipe avec la mise en place du magazine HCFR l’Hebdo Depuis 2013, SnipizZ, avec la participation de nombreux invités, vous propose des émissions audio podcastées sur les thèmes du cinéma, du jeu-vidéo & des technologies du Home-cinéma et de la HiFi.