PARLEMENT EUROPÉEN

««« « « « « 1999 « « 2004 «««

Document de séance

FINAL A5-0020/2000

31 janvier 2000

* RAPPORT

sur le projet de décision-cadre du Conseil visant à renforcer le cadre pénal pour la protection contre le faux-monnayage en vue de la mise en circulation de l'euro (SN 5116/1999 - C5-0332/1999 - 1999/0821(CNS))

Commission des libertés et des droits des citoyens, de la justice et des affaires intérieures

Rapporteur: Charlotte Cederschiöld

RR\403244FR.doc PE 232.794

FR FR

Légende des signes utilisés Signification des abréviations des commissions

* Procédure de consultation I. AFET commission des affaires étrangères, des droits majorité des suffrages exprimés de l’homme, de la sécurité commune et de la **I Procédure de coopération (première lecture) politique de défense majorité des suffrages exprimés II. BUDG commission des budgets **II Procédure de coopération (deuxième lecture) III. CONT commission du contrôle budgétaire majorité des suffrages exprimés pour IV. LIBE commission des libertés et des droits des approuver la position commune citoyens, de la justice et des affaires intérieures majorité des membres qui composent le V. ECON commission économique et monétaire Parlement pour rejeter ou amender la position VI. JURI commission juridique et du marché intérieur commune VII. INDU commission de l’industrie, du commerce *** Avis conforme extérieur, de la recherche et de l’énergie majorité des membres qui composent le VIII. EMPL commission de l’emploi et des affaires sociales Parlement sauf dans les cas visés aux art. 105, IX. ENVI commission de l’environnement, de la santé 107, 161 et 300 du traité CE et à l’art. 7 du publique et de la politique des consommateurs traité UE X. AGRI commission de l’agriculture et du ***I Procédure de codécision (première lecture) développement rural majorité des suffrages exprimés XI. PECH commission de la pêche ***II Procédure de codécision (deuxième lecture) XII. REGI commission de la politique régionale, des majorité des suffrages exprimés pour transports et du tourisme approuver la position commune XIII. CULT commission de la culture, de la jeunesse, de majorité des membres qui composent le l’éducation, des médias et des sports Parlement pour rejeter ou amender la position XIV. DEVE commission du développement et de la commune coopération ***III Procédure de codécision (troisième lecture) XV. AFCO commission des affaires constitutionnelles majorité des suffrages exprimés pour XVI. FEMM commission des droits de la femme et de approuver le projet commun l’égalité des chances XVII. PETI commission des pétitions (La procédure indiquée est fondée sur la base juridique proposée par la Commission.)

PE 232.794 2/20 RR\403244FR.doc

FR SOMMAIRE

Page

PAGE RÉGLEMENTAIRE ...... 4

PROPOSITION LÉGISLATIVE...... 5

PROJET DE RÉSOLUTION LÉGISLATIVE ...... 9

EXPOSÉ DES MOTIFS ...... 10

Avis de la commission économique et monétaire ...... 15

RR\403244FR.doc 3/20 PE 232.794

FR PAGE RÉGLEMENTAIRE

Par lettre du 15 novembre 1999, le Conseil de l'Union européenne a consulté le Parlement européen, conformément à l'article 39, paragraphe 1, du traité UE, sur l'initiative de la République fédérale d'Allemagne en vue de l'adoption d'une décision-cadre du Conseil visant à renforcer le cadre pénal pour la protection contre le faux-monnayage en vue de la mise en circulation de l'euro (11302/1999 - 1999/0821(CNS)).

Par lettre du 9 décembre 1999, le Conseil a transmis au Parlement un texte révisé (SN 5116/1999 – 1999/0821(CNS)).

Au cours des séances du 19 novembre 1999 et du 17 janvier 2000, la Présidente du Parlement européen a annoncé qu'elle avait renvoyé ces projets, pour examen au fond, à la commission des libertés et des droits des citoyens, de la justice et des affaires intérieures et, pour avis, à la commission économique et monétaire (C5-0244/1999 et C5-0332/1999).

Au cours de sa réunion du 23 novembre 1999, la commission des libertés et des droits des citoyens, de la justice et des affaires intérieures a nommé Mme Cederschiöld rapporteur.

Au cours de ses réunions du 7 décembre 1999, du 17 janvier 2000 et du 27 janvier 2000, elle a examiné le projet.

Au cours de la dernière de ces réunions, elle a adopté le projet de résolution législative par 31 voix contre 2 et 2 abstentions.

Étaient présents au moment du vote les députés Graham R. Watson, président; Robert J.E. Evans, vice-président; Enrico Ferri, vice-président; Charlotte Cederschiöld, rapporteur; Jan Andersson (suppléant M. Olivier Duhamel), Maria Berger (suppléant M. Sérgio Sousa Pinto), Christian von Boetticher, Marco Cappato, Michael Cashman, Ozan Ceyhun, Carlos Coelho, Thierry Cornillet, Gérard M.J. Deprez, Giuseppe Di Lello Finuoli, Carlo Fatuzzo (suppléant M. Rocco Buttiglione, conformément à l'article 153, paragraphe 2, du règlement), Pernille Frahm, (suppléant M. Gianni Vattimo), Adeline Hazan (suppléant Mme Anna Terrón i Cusí), Jorge Salvador Hernandez Mollar, Anna Karamanou, Margot Keßler, , Alain Krivine (suppléant M. Fodé Sylla), Klaus-Heiner Lehne (suppléant M. ), Baroness Sarah Ludford, , Arie M. Oostlander (suppléant M. Daniel J. Hannan), Elena Ornella Paciotti, Hubert Pirker, Gerhard Schmid, (suppléant M. Timothy Kirkhope), , Joke Swiebel, Maurizio Turco (suppléant M. Johan Van Hecke) et Jan-Kees Wiebenga.

L'avis de la commission économique et monétaire est joint au présent rapport.

Le rapport a été déposé le 31 janvier 2000.

Le délai de dépôt des amendements sera indiqué dans le projet d'ordre du jour de la période de session au cours de laquelle le rapport sera examiné.

PE 232.794 4/20 RR\403244FR.doc

FR PROPOSITION LÉGISLATIVE

Projet de décision-cadre du Conseil visant à renforcer le cadre pénal pour la protection contre le faux-monnayage en vue de la mise en circulation de l'euro (SN 5116/1999 - C5-0332/1999 - 1999/0821(CNS))

Ce projet est modifié comme suit :

Projet du Conseil1 Amendements du Parlement

(Amendement 1) Titre

Projet de décision-cadre visant à renforcer le Projet de décision-cadre visant à renforcer cadre pénal pour la protection contre le les cadres pénal et autres pour la protection faux-monnayage en vue de la mise en contre le faux-monnayage en vue de la mise circulation de l'euro en circulation de l'euro

Justification La protection assurée par la décision-cadre est plus large que celle que garantit le droit pénal. Certaines des mesures prévues relèvent de la responsabilité administrative des personnes morales: dissolution judiciaire, interdiction temporaire ou permanente d'exercer une activité commerciale et exclusion du bénéfice d'un avantage ou d'une aide publique (article 9 de la décision-cadre).

(Amendement 2) Neuvième considérant

considérant qu'il convient de s'assurer que considérant qu'il convient de s'assurer que l'euro soit protégé de façon appropriée dans l'euro soit protégé de façon appropriée dans l'ensemble des États membres par des l'ensemble des États membres par des mesures pénales efficaces, même avant le mesures pénales efficaces, même avant le début de la mise en circulation des pièces et début de la mise en circulation des pièces et des billets fixé à la date du 1er janvier 2002; des billets fixé à la date du 1er janvier 2002, de façon à préserver la nécessaire crédibilité de la nouvelle monnaie et à éviter, par conséquent, des conséquences économiques dommageables;

1 Non encore publié au JO.

RR\403244FR.doc 5/20 PE 232.794

FR Justification: Le succès de l'introduction de l'euro, et de sa performance économique, dépend dans une large mesure de la crédibilité de la nouvelle monnaie – surtout au stade de son introduction. Cette crédibilité serait gravement mise à mal si l'euro venait à être falsifié ou contrefait.

(Amendement 3) Article 3, paragraphe 2

2. Chaque État membre prend les mesures 2. Chaque État membre prend les mesures nécessaires pour s'assurer que la nécessaires pour s'assurer que la participation ou l'incitation aux infractions participation ou l'incitation aux infractions visées au paragraphe 1 et la tentative des visées au paragraphe 1 ainsi que la infractions visées au paragraphe 1, points tentative des infractions visées au a) à c), sont punies. paragraphe 1 sont punies.

Justification: Si la tentative n'était punissable que dans les cas où elle se rapporte aux infractions visées aux points a) à c), la fabrication d'équipements destinés à contrefaire l'euro (point d) ne serait pas punissable. En d'autres termes, si l'on découvrait un atelier de faux monnayeurs où les planches ne sont pas encore prêtes, on ne serait pas tenu d'appliquer des sanctions pénales. Cet état de choses serait contraire à l'objectif d'une protection pénale efficace de l'euro.

(Amendement 4) Article 5 bis (nouveau)

Article 5 bis Anciens moyens de paiement légaux

Chaque État membre prend les mesures nécessaires pour s'assurer que soient également passibles de sanctions les comportements visés aux articles 3 et 4 à l'égard des billets de banque et pièces de monnaie qui, à la suite de l'introduction de l'euro, n'ont plus cours légal.

Justification: La décision-cadre garantit la protection pénale de la seule monnaie qui a cours en vertu d'une loi (définition figurant à l'article premier) ou qui, bien que destinée à être mise en circulation, n'a pas encore été émise (article 5). L'euro est donc, certes, protégé, mais pas les monnaies nationales actuelles dont il prendra le relais. Étant donné qu'elles pourront encore être échangées pendant vingt ans, ces monnaies doivent bénéficier d'une protection pénale

PE 232.794 6/20 RR\403244FR.doc

FR contre la falsification, même si elles ne sont plus en circulation.

(Amendement 5) Article 7, paragraphe 3

3. Lorsqu'une infraction relève de la 3. Lorsqu'une infraction relève de la compétence de plus d'un État membre et compétence de plus d'un État membre et que chacun d'eux peut valablement engager que chacun d'eux peut valablement engager des poursuites sur la base des mêmes faits, des poursuites sur la base des mêmes faits, les États membres concernés coopèrent les États membres concernés coopèrent pour décider lequel d'entre eux poursuivra pour décider lequel d'entre eux poursuivra le ou les auteurs de l'infraction avec pour le ou les auteurs de l'infraction avec pour objectif de centraliser les poursuites dans objectif de centraliser les poursuites dans un seul État membre, si possible. un seul État membre, si possible. Une personne qui a été définitivement jugée dans un État membre ne peut être poursuivie pour les mêmes faits dans un autre État membre.

Justification: Lorsque plusieurs États membres sont compétents, il faut veiller à ce que nulle personne qui a été définitivement jugée dans un État membre ne soit poursuivie pour les mêmes faits dans un autre État membre. L'obligation de coopération n'offre aucune garantie quant au respect du principe pénal "Ne bis in idem". Cet impératif a été pris en compte à l'article 10, paragraphe 1, de la convention relative à la lutte contre la corruption (JO C 195 du 25.6.1997, p. 2). Il convient d'ajouter, à l'article 7, paragraphe 3, du projet, une disposition de même teneur.

(Amendement 6) Article 7, paragraphe 4 (nouveau) 4. La responsabilité des poursuites incombe en priorité à l'État membre sur le territoire duquel l'infraction a été commise. Si ce critère n'est pas applicable, la responsabilité incombe à l'État membre dont le contrevenant est ressortissant ou, si ce second critère n'est pas applicable, à celui sur le territoire duquel le contrevenant a été appréhendé.

RR\403244FR.doc 7/20 PE 232.794

FR

Justification Une disposition de l'article 7 se fonde sur les articles 8 et 9 de la Convention de Genève du 20 avril 1929 pour la répression de la contrefaction. Cette convention adopte le principe de la compétence universelle, en vertu duquel, indépendamment du lieu de commission de l'infraction, la responsabilité des poursuites incombe, en raison de l'importance du bien juridique à protéger – en l'occurrence, l'euro – à chacun des États membres qui ont adopté celui-ci en tant que monnaie nationale. Le paragraphe 3 de l'article 7 pèche par imprécision, dès lors qu'il ne mentionne pas le mode de coopération entre États membres. La prise en compte des critères mentionnés dans le texte du nouveau paragraphe proposé revêtira une importance déterminante pour le règlement d'un conflit de responsabilités positif, c'est-à-dire lorsque la responsabilité des poursuites judiciaires et du jugement de l'auteur de l'une des infractions décrites à l'article 3 incombe à plusieurs États membres.

PE 232.794 8/20 RR\403244FR.doc

FR

PROJET DE RÉSOLUTION LÉGISLATIVE

Résolution législative du Parlement européen sur le projet de décision-cadre du Conseil visant à renforcer le cadre pénal pour la protection contre le faux-monnayage en vue de la mise en circulation de l'euro (SN 5116/1999-C5-0332/1999 - 1999/0821(CNS))

(Procédure de consultation)

Le Parlement européen,

– vu le projet du Conseil (SN 5116/1999),

– consulté par le Conseil conformément à l'article 39, paragraphe 1, du traité UE (C5-0332/1999),

– vu l'article 67 de son règlement,

– vu le rapport de la commission des libertés et des droits des citoyens, de la justice et des affaires intérieures et l'avis de la commission économique et monétaire (A5-0020/2000),

1. approuve le projet du Conseil ainsi modifié;

2. invite le Conseil à modifier en conséquence son projet;

3. au cas où le Conseil entendrait s'écarter du texte approuvé par le Parlement, invite celui-ci à l'en informer;

4. demande à être à nouveau consulté au cas où le Conseil entendrait modifier le projet;

5. charge sa Présidente de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission.

RR\403244FR.doc 9/20 PE 232.794

FR EXPOSÉ DES MOTIFS

Introduction

Le 1er janvier 2002, l'euro sera mis en circulation à titre de moyen de paiement en espèces. Étant donné que, avec le yen et le dollar, il sera une des monnaies pilotes et qu'il sera utilisé comme moyen de paiement dans le monde entier, et pas seulement en Europe, il faut en redouter tout particulièrement la falsification. Aussi l'Union doit-elle mettre en œuvre tous les moyens dont elle dispose pour garantir, à l'euro, une protection efficace à l'échelon européen.

Il faut donc agir vite. La phase de lancement apparaît comme particulièrement critique. Ni les consommateurs ni les commerçants ne sont familiarisés avec le nouveau moyen de paiement que sera l'euro. De la fausse monnaie pourra donc assez facilement être mise en circulation dans les grandes surfaces, dans les bureaux de change et dans les banques, sans qu'en l'on s'en aperçoive tout de suite. Quant aux pièces de monnaie, le fait qu'elles pourront avoir une face nationale les rendra encore plus difficiles à identifier.

Il faut donc prendre aussi rapidement que possible des mesures propres à garantir d'entrée de jeu la protection de l'euro.

1. L'approche retenue par la Commission

Dès juillet 1998, la Commission a présenté la communication "Protection de l'euro: lutte anti- contrefaçon"2, où elle expose une stratégie globale de protection de l'euro et souligne la nécessité de prendre non seulement des dispositions pénales, mais aussi des dispositions préventives et répressives. Ainsi, il faut informer les citoyens européens sur l'euro et sur ses caractéristiques de sécurité et organiser des séminaires de recyclage à l'intention des fonctionnaires et d'autres catégories professionnelles, pour pouvoir garantir dans ce domaine un même niveau d'information à l'échelon européen. En outre, il convient de garantir la coopération entre institutions communautaires et institutions nationales et de mettre sur pied un système d'information permettant la collecte et l'échange de données concernant le faux monnayage.

2. La nécessité de prendre des mesures communes

Dans l'intérêt de l'Union, il semble souhaitable que tous les États membres participent à la protection de l'euro, notamment la Suède, le Danemark, le Royaume-Uni et la Grèce, pays qui, le 1er janvier 2002, n'introduiront pas encore l'euro. Même si ces pays ne seront pas directement affectés par les pertes financières dues à la contrefaçon de l'euro, celle-ci pourra néanmoins avoir des incidences indirectes négatives sur l'économie de pays qui entretiennent avec l'Union des relations économiques et politiques étroites. Les pays en question ne

2 COM(1998)474 final.

PE 232.794 10/20 RR\403244FR.doc

FR sauraient donc être exclus de la mise en œuvre des mesures de protection de l'euro. Ceci est, par ailleurs, conforme à l'idée de solidarité entre États membres et tient compte du fait qu'au moins certains de ces pays introduiront l'euro tôt ou tard, de sorte qu'il semble opportun qu'ils participent au financement des coûts de la phase initiale.

3. Le projet de décision-cadre

3.1. Une simple harmonisation pénale

Le projet de décision-cadre ne couvre que certaines des mesures que la Commission prévoyait dans sa communication. On se borne à renforcer la protection pénale: en fait, on cherche à harmoniser le droit pénal matériel en fixant des normes minimales. Il n'existe donc toujours pas de disposition pénale uniforme concernant le faux-monnayage, mais quinze régimes nationaux différents. Or, ces régimes doivent être harmonisés, dans la mesure où les comportements qui visent à la falsification et à la contrefaçon de l'euro sont punissables dans tous les États.

À cet égard, on déplorera que l'harmonisation pénale ne soit, elle-même, que ponctuelle. Comme le soulignent les conclusions du Conseil européen de Tampere, il convient de trouver un accord sur des définitions, des incriminations et des sanctions communes portant sur un certain nombre de secteurs "revêtant une importance particulière", tels que la criminalité financière, le trafic de drogue, la traite des êtres humains, l'exploitation sexuelle des enfants, la criminalité utilisant les technologies avancées et la criminalité au détriment de l'environnement. Il serait souhaitable de discuter et d'élaborer en commun ces définitions, incriminations et sanctions, afin de dégager un système pénal cohérent pour ces délits, qui revêtent une importance particulière pour l'Union européenne. Espérons que les travaux en la matière pourront débuter dans les plus brefs délais.

Si l'occasion qui s'offrait n'a pas été mise à profit et si le délit de faux monnayage est discuté séparément des autres délits, c'est uniquement parce que, dans ce domaine, l'Union européenne, à l'instar des États membres, est pressée par le temps.

3.2. La nécessité d'un régime pénal communautaire

Un nouveau régime pénal communautaire est indispensable et doit être mis en place dans les plus brefs délais. Voilà longtemps que le faux monnayage a cessé d'être un délit imputable surtout aux organisations criminelles. Dans les dernières années, la proportion des "amateurs" a augmenté considérablement. À l'heure actuelle, en effet, les techniques les plus modernes sont à la disposition de tous. À l'aide d'ordinateurs qui "lisent" les billets de banque et à l'aide d'imprimantes et de photocopieuses couleur de qualité, on peut produire des contrefaçons impeccables. Il faut mettre en œuvre, d'urgence, l'effet dissuasif du droit pénal pour mettre un frein à la falsification. De plus, il faut impérativement éviter que des "ateliers de faux monnayeurs" s'installent en priorité dans des États membres où les poursuites pénales apparaissent comme moins probables ou moins dangereuses.

Conscient de cette nécessité, le Conseil a adopté, le 28 mai 1999, une résolution visant à

RR\403244FR.doc 11/20 PE 232.794

FR renforcer le cadre pénal pour la protection contre le faux monnayage en vue de la mise en circulation de l'euro3. Quant au projet de décision-cadre à l'examen, il fait suite à une initiative de l'Allemagne4 qui a été présentée au Conseil en juillet 1999.

C'est aussi dans la perspective du prochain élargissement qu'un niveau de protection pénale uniforme à l'échelle européenne s'impose. On peut considérer que, dès sa mise en circulation dans les onze États membres, l'euro se répandra largement dans les pays candidats. Même s'il faudra peut-être encore des années pour qu'il y devienne monnaie officielle, il y sera certainement, avant cela, utilisé comme moyen de paiement, comme c'est d'ores et déjà le cas du mark allemand. La protection pénale sera donc tout aussi nécessaire dans ces pays que dans les États membres. Un éventuel régime européen minimal devra être adopté par les pays candidats, au plus tard au moment de l'adhésion, à titre d'acquis. Mais on est fondé à espérer que ces pays prendront anticipativement des mesures en ce sens.

Cela est d'autant plus souhaitable que, en cas de contrefaçon, les législations nationales limitent souvent les faits constitutifs de délit à la monnaie qui est déjà en circulation. Il en résulte que la production actuelle de faux euros n'est pas un fait constitutif de faux monnayage. Bien sûr, elle peut constituer un autre fait constitutif de délit, par exemple un fait constitutif de falsification de document ou de fraude dès lors que quelqu'un tenterait d'ores et déjà de mettre en circulation de faux euros. La question mérite d'être examinée. En tout état de cause, pour la période qui nous sépare de sa mise en circulation, l'euro n'est pas suffisamment protégé. Il est donc à redouter que l'on procède d'ores et déjà à certains préparatifs qui seraient punissables s'ils concernaient une monnaie en circulation, mais qui, dans le cas de l'euro, ne le sont pas encore. Il faut empêcher que des criminels puissent fabriquer impunément de faux euros qu'ils pourraient mettre en circulation dès le 1er janvier 2002. Il faut donc que la décision-cadre assure la protection pénale de l'euro dès avant cette date.

3.3. La base juridique de la décision-cadre

Le titre VI "Dispositions relatives à la coopération policière et judiciaire en matière pénale" du traité UE permet l'harmonisation des dispositions pénales. L'article 31, point e), permet d'"adopter progressivement des mesures instaurant des règles minimales relatives aux éléments constitutifs des infractions pénales et aux sanctions (…)".

Dans le cas de l'initiative à l'examen, c'est la forme juridique de la décision-cadre (article 34, paragraphe 2, point b), du traité UE) qui a été retenue. La décision-cadre est expressément prévue aux fins du rapprochement des dispositions législatives. Comme la directive, elle est contraignante quant au résultat à atteindre, tout en laissant aux instances nationales la compétence quant à la forme et aux moyens. On dispose ainsi d'une souplesse relativement grande, qui permet de tenir compte des disparités entre les ordres juridiques; mais on ne crée pas de droit uniforme. Seul un objectif étant fixé, la réglementation ne doit pas non plus être

3 JO C 171 du 18.6.1999. 4 Initiative de la République fédérale d'Allemagne en vue de l'adoption d'une décision-cadre du Conseil visant à renforcer le cadre pénal pour la protection contre le faux monnayage en vue de la mise en circulation de l'euro (JO C 322 du 10.11.1999, p. 6.).

PE 232.794 12/20 RR\403244FR.doc

FR aussi précise. Ce qui répond à la nécessité d'un règlement rapide, puisqu'un consensus politique est plus facile à réaliser et que l'on peut escompter une mise en œuvre rapide.

3.4. Le contenu de la décision-cadre: évaluation

Le projet de décision-cadre à l'examen ne contient pas de notion nouvelle en matière de répression pénale du faux monnayage. Il se borne à compléter la convention internationale du 20 avril 1929 pour la répression du faux monnayage ainsi que son protocole. Il n'affecte pas les obligations que la convention impose aux États membres; il les élargit. La convention, qui avait été conclue dans le cadre de la Société des nations (devancière de l'organisation des Nations unies), a été ratifiée par tous les États membres, à l'exception du Luxembourg et de la Suède. En vertu de l'article 2, paragraphe 2, de la décision-cadre, ces États membres seraient tenus d'adhérer à la convention. Il est à espérer que celle-ci sera rapidement ratifiée.

On se félicitera que, en ses articles 3 et 4, la décision-cadre donne une définition complète des comportements punissables à titre de faux monnayage. La convention de 1929 prévoit les infractions suivantes: "les faits d'importer, de recevoir et de se procurer de la fausse monnaie dans le but de la mettre en circulation". La décision-cadre y ajoute "le transport, l'exportation et l'acquisition". De plus, elle tient compte des progrès techniques dans le domaine de la sécurisation de la monnaie par certaines caractéristiques de sécurité, en criminalisant les faits de fabriquer, de recevoir, de se procurer ou de posséder des hologrammes ou autres éléments de sécurité. De plus, sont assimilés aux instruments et objets dont la possession est punissable les programmes d'ordinateur et autres procédés destinés à la falsification et à la contrefaçon de la monnaie. Cette réglementation d'ensemble est claire et constitue une amélioration par rapport à l'initiative allemande, laquelle, pour ce qui est de la liste des infractions, renvoyait encore à la convention.

Toutefois, on notera que le régime prévu à l'article 3, paragraphe 2, qui criminalise les tentatives de faux monnayage, n'est pas suffisamment complet. En effet, il se rapporte uniquement aux infractions énumérées aux points a) à c), et non aux infractions visées au point d). La tentative de fabriquer des hologrammes destinés à la falsification ne serait donc pas punissable. En d'autres termes, si, par exemple, on découvrait un atelier de faux monnayeurs où les planches ne sont pas encore achevées, on ne serait pas tenu d'infliger des sanctions. Ceci est manifestement contraire à l'objectif d'une protection pénale efficace de l'euro. L'article 2 doit donc obliger les États membres à poursuivre toute tentative de falsification de monnaie (amendement 3)

Par ailleurs, on se félicitera que la décision-cadre englobe la protection de l'euro avant la mise en circulation de celui-ci. Comme on l'a dit plus haut, il est indispensable que la protection pénale de l'euro soit assurée dès avant le 1er janvier 2002. La lacune légale qui existe à cet égard dans certains États membres est donc ainsi comblée. En revanche, on déplorera que la décision-cadre couvre uniquement la protection légale de la monnaie qui a cours en vertu d'une loi (définition figurant à l'article premier) ou la protection d'une monnaie qui, bien que destinée à être mise en circulation, n'a pas encore été émise (article 5). Ainsi, l'euro est certes protégé, mais pas les monnaies nationales actuelles dont l'euro prendra le relais. N'oublions pas que ces monnaies pourront encore être échangées pendant vingt ans. Même quand elles ne

RR\403244FR.doc 13/20 PE 232.794

FR seront plus en circulation, elles devront donc être protégées pénalement contre la falsification. Il y a donc lieu d'insérer un article 5 bis nouveau étendant la protection pénale aux monnaies qui ne sont plus en circulation (amendement 4).

Quant aux dispositions relatives aux sanctions (article 6), elles ne semblent pas satisfaisantes. La formulation du paragraphe 1 est trop générale pour pouvoir déterminer un progrès réel. Le paragraphe 2 prévoit une peine minimale pour les infractions visées à l'article 3, paragraphe 1, point a) (faits frauduleux de fabrication ou d'altération de monnaie). Même s'il s'agit là de l'infraction principale, il semble étrange de ne prévoir de sanction que pour un type de délit. Par ailleurs, rien n'est prévu pour ce qui est du choix de la peine. À cet égard, espérons que le Conseil s'occupera de l'harmonisation des sanctions pénales et des questions connexes relatives au choix des peines: peines pécuniaires ou peines privatives de liberté (dans le cas de ces dernières, qu'elles soient prononcées avec ou sans conditions), et qu'il examinera la question de l'accomplissement des peines et les possibilités de libération anticipée.

En ce qui concerne la compétence judiciaire, on se félicitera de l'approche retenue: compétence universelle pour la répression pénale de la contrefaçon de l'euro (article 7, paragraphe 2). En revanche, on ne saurait se satisfaire de ce qui est prévu pour le cas où une infraction relève de la compétence de plus d'un État membre (article 7, paragraphe 3). Dans ce cas, il faut veiller à ce qu'une personne qui a été définitivement jugée dans un État membre ne puisse pas être poursuivie pour les mêmes faits dans un autre État membre. L'obligation de coopération n'offre aucune garantie quant au respect du principe pénal "Ne bis in idem". Ce principe a été pris en compte à l'article 10, paragraphe 1, de la "convention relative à la lutte contre la corruption impliquant des fonctionnaires des Communautés européennes"5. Il y a lieu d'ajouter à l'article 7, paragraphe 3, du projet une disposition en ce sens (amendement 5).

De plus, remarquons que, allant plus loin que l'initiative allemande, le projet à l'examen prévoit, en ses articles 8 et 9, la responsabilité des personnes morales. Il s'agit de dissuader les personnes morales de tirer profit du faux monnayage. On se félicitera de la souplesse du régime de sanctions prévu et de la possibilité d'infliger non seulement des sanctions pénales, mais aussi des sanctions civiles et administratives.

En résumé, on se félicitera du projet de décision-cadre, que, sous réserve des amendements déposés, il y a lieu d'approuver.

5 JO C 195 du 25.6.1997, page 2.

PE 232.794 14/20 RR\403244FR.doc

FR 25 janvier 2000

AVIS

de la commission économique et monétaire

à l'intention de la commission des libertés et des droits des citoyens, de la justice et des affaires intérieures

sur l'initiative de la République fédérale d'Allemagne en vue de l'adoption d'une décision-cadre du Conseil visant à renforcer le cadre pénal pour la protection contre le faux-monnayage en vue de la mise en circulation de l'euro (SN 5116/1999 – C5-0332/1999 – 1999/0821(CNS)) (rapport de Charlotte Cederschiöld)

Rapporteur pour avis: Gasoliba I Böhm

PROCÉDURE

Au cours de sa réunion du 30 novembre 1999, la commission économique et monétaire a nommé Gasoliba I Böhm rapporteur pour avis.

Au cours de ses réunions du 10 janvier 2000 et du 25 janvier 2000, elle a examiné le projet d'avis.

Au cours de la dernière de ces réunions, elle a adopté les conclusions ci-après par 34 voix contre 2 et 2 abstentions.

Étaient présents au moment du vote les députés Christa Randzio-Plath, présidente; William Abitbol, vice-président; José Manuel García-Margallo y Marfil, vice-président; Ioannis Theonas, vice-président; Carles-Alfred Gasòliba i Böhm, rapporteur pour avis; Alejandro Agag Longo, Richard A. Balfe, Luis Berenguer Fuster, Billiers, Hans , Martin Callanan (suppléant M. Staffan Burenstam Linder), Richard Graham Corbett, Den Dover (suppléant M. Jonathan Evans, conformément à l'article 153, paragraphe 2, du règlement), Göran Färm (suppléant Mme Helena Torres Marques), , Robert Goebbels, Christopher Huhne, Othmar Karas, Giorgos Katiforis, Piia-Noora Kauppi, Gorka Knörr Borràs, (suppléant M. Christoph Werner Konrad), Alain Lipietz, Astrid Lulling, Thomas Mann (suppléant M. José Javier Pomés Ruiz), Mario Mantovani (suppléant Mme Amalia Sartori, conformément à l'article 153, paragraphe 2, du règlement), Ioannis Marinos, Reino Kalervo Paasilinna (suppléant Mme Pervenche Berès, conformément à l'article 153, paragraphe 2, du règlement), Karla M.H. Peijs (suppléant M. Alain Madelin), Fernando Pérez Royo, , , Karin Riis-Jørgensen, Olle Schmidt, Charles Tannock, Marianne L.P. Thyssen, Bruno Trentin et .

RR\403244FR.doc 15/20 PE 232.794

FR JUSTIFICATION SUCCINCTE

Le 1er janvier 2002, les premiers billets et pièces de monnaie en euros seront mis en circulation, comme le prévoit le règlement du Conseil n° 974/98 du 3 mai 1998 concernant l'introduction de l'euro6. Le même règlement oblige les États membres participants à prévoir des sanctions appropriées contre la contrefaçon et la falsification des billets et pièces en euros. Aux termes de l'article 106 du traité sur l'Union européenne, la Banque centrale européenne détient le droit exclusif d'autoriser l'émission de billets, ces derniers ne pouvant être émis que par la BCE et les banques centrales nationales. Les États membres ont compétence pour l'émission des pièces, sous réserve de l'approbation, par la BCE, des quantités émises.

Conformément aux articles 31 (e) et 34, paragraphe 2 (b), du traité sur l'Union européenne, l'Allemagne a déposé, au mois de juillet, une proposition de décision-cadre du Conseil visant à renforcer le cadre pénal pour la protection contre le faux monnayage en vue de la mise en circulation de l'euro. La décision-cadre est un nouvel instrument juridique mis en place par le traité d'Amsterdam. Elle lie les États membres quant au résultat à atteindre mais laisse aux autorités nationales le choix de la forme et des moyens. Le recours à une décision-cadre permet au texte d'être adopté beaucoup plus rapidement que ce ne serait le cas avec une convention qui, pour entrer en vigueur, doit être adoptée par 8 États membres au moins. L'article 39 du traité sur l'Union européenne stipule que le Conseil n'adopte cette mesure qu'après consultation du Parlement européen.

La proposition allemande s'inspire des travaux entamés sous la présidence autrichienne, à l'automne 1998, et sur la résolution du Conseil du 28 mai 1999 visant à renforcer le cadre pénal pour la protection contre le faux monnayage en vue de la mise en circulation de l'euro7. Cette résolution "invite les États membres et la Commission a examiner s'il est nécessaire de renforcer les mesures existantes afin de coopérer de manière efficace avec le soutien de la Banque centrale européenne et d'Europol en ce qui concerne la répression des infractions de contrefaçon de l'euro". Cette résolution réclame également la mise en place d'un instrument juridique pour compléter la protection assurée par la Convention internationale du 20 avril 1929 pour la répression du faux monnayage et de son protocole (dite "Convention de Genève"), et faciliter l'application de cette convention. Tous les États membres sont parties à cette convention, sauf deux (mais qui envisagent leur adhésion), celle-ci constituant un standard minimal commun de protection pénale contre le faux monnayage.

Dès 1997, la Commission a institué un groupe d'experts sur la "contrefaçon de l'euro". Ce groupe rassemble des fonctionnaires de police des quinze États membres de l'UE et des représentants de la BCE, d'Europol et d'Interpol. Il a publié son premier rapport en avril 1998. Au mois de juillet de la même année, la Commission rendait publique sa communication "Protection de l'euro – lutte anti-contrefaçon" (COM(98) 474)8, suite à une demande de la commission du contrôle budgétaire du Parlement européen qui réclamait des initiatives communautaires pour renforcer la protection de l'euro. Ce document précise qu'il faudra nécessairement parvenir à une situation dans laquelle l'euro bénéficiera, dès le

6 JO L 139 du 11.5.1998, p. 1. 7 JO C 171 du 18.6.1999, p. 1. 8 JO C 379 du 7.12.1998, p. 39.

PE 232.794 16/20 RR\403244FR.doc

FR 1er janvier 2002, d'une protection égale contre le faux monnayage. À cet effet, la Commission propose de définir des initiatives en matière de formation, de systèmes d'information, de coopération et d'application du droit pénal.

En novembre 1998, le Parlement européen adoptait une résolution sur la communication de la Commission "Protection de l'euro – lutte anti-contrefaçon", basée sur le rapport de M. Schmid au nom de la commission des libertés civiles et des affaires intérieures9. Le rapport Schmid recommandait un échange d'informations entre la Banque centrale européenne et les banques centrales nationales et la mise en place d'une banque de données comportant des détails techniques sur la contrefaçon des billets et des pièces de l'euro. Il appelait la Commission à présenter une proposition concernant un programme de formation pluridisciplinaire des fonctionnaires responsables de la lutte contre la contrefaçon des moyens de paiement, ainsi que des secteurs bancaire et commercial. Il préconisait enfin une extension des compétences d'Europol à la lutte contre la contrefaçon des moyens de paiement.

La Banque centrale européenne, à l'évidence étroitement concernée par la question, adoptait, le 7 juillet 1998, une recommandation concernant l'adoption de certaines mesures de renforcement de la protection juridique des billets et pièces en euros (BCE/1998/7)10 ainsi qu'une orientation concernant certaines dispositions relatives aux billets (BCE/1999/3)11. La recommandation invite le Conseil, les États membres, Europol et la Commission à prendre les mesures nécessaires. En novembre 1999, la BCE adoptait un "rapport sur la protection juridique des billets dans les États membres de l'Union européenne" couvrant différents aspects du régime juridique de la protection des billets en euros, dont la contrefaçon. La BCE conclut que dans tous les États membres, la situation juridique en matière de contrefaçon est satisfaisante et que la recherche d'une convergence accrue dans ce domaine devrait s'inscrire dans le cadre du titre VI du traité sur l'Union européenne (justice et affaires intérieures). La BCE annonce la création d'une banque de données techniques et statistiques sur la contrefaçon des billets et pièces en euros (Banque de données sur la contrefaçon monétaire ou Counterfeit Currency Database), ainsi que d'un centre d'analyse de la contrefaçon (CAC) pour les billets et d'un centre technique et scientifique européen (CTSE) pour les pièces.

Au départ, le Parlement européen avait été consulté sur la proposition allemande initiale, dont le texte a été modifié dans le courant des travaux internes au Conseil. Le Conseil Justice et affaires intérieures, réuni le 2 décembre 1999, est parvenu à un large consensus sur le projet de décision-cadre sauf en ce qui concerne la responsabilité des personnes morales. Suite à cette réunion, un texte était établi par le secrétariat général du Conseil.

9 JO C 379 du 7.12.1998, p. 39. 10 JO C 11 du 15.1.1999, p. 13. 11 JO L 258 du 5.10.1999, p. 32.

RR\403244FR.doc 17/20 PE 232.794

FR

ENJEUX

L'initiative allemande visant à l'adoption d'une décision-cadre complète la Convention de Genève de 1929 dont elle facilite l'application. Elle expose les nouveaux délits que les États membres doivent rendre passibles de sanctions effectives, proportionnées et dissuasives. En particulier, le délit général de fraude ou de falsification monétaire est passible d'un emprisonnement pouvant aller jusqu'à 8 ans. En revanche, une harmonisation complète n'est pas prévue. Les États membres sont également invités à faire en sorte que la contrefaçon soit également passible de sanctions lorsqu'elle porte sur les futurs billets et pièces de l'euro et est commise avant le 1er janvier 2002 sur des pièces et billets non encore émis mais devant être mis en circulation pour une monnaie ayant cours légal. La proposition prévoit également des règles de compétence afin que la contrefaçon soit toujours poursuivie, quelle que soit la nationalité de son auteur et le lieu où le délit a été commis. Elle institue également la responsabilité des personnes morales et dresse un catalogue de sanctions, pouvant aller de la suspension du droit à bénéficier d'aides publiques à des mesures judiciaires de dissolution. Dans une déclaration annexée au texte, le Conseil indique enfin que la nécessité de mesures complémentaires devra être examinée, notamment en ce qui concerne la coopération entre les États membres, la Banque centrale européenne et les banques centrales nationales dans le domaine de la contrefaçon de l'euro.

Dans la mesure où les citoyens ne seront pas habitués à la nouvelle monnaie, et où l'euro aura une importance mondiale, sa mise en place donnera lieu à des risques sérieux de contrefaçon. Mais d'autres facteurs poseront des problèmes spécifiques: la multitude des lieux de frappe de la monnaie libellée en euros (pièces et billets), le fait que les pièces auront une face "nationale", le très grand nombre de transactions prévisibles qui auront lieu pendant la phase transitoire de "double circulation", ou encore l'existence de techniques modernes de reproduction. En sorte que pour préserver la crédibilité de la nouvelle monnaie et éviter de graves difficultés économiques, il est crucial que l'euro soit protégé de manière appropriée et équivalente dans toute l'Union européenne, mais également dans la perspective de l'adhésion de nouveaux pays ainsi qu'au plan international. Cela doit être fait avant que l'euro ne soit mis en circulation le 1er janvier 2002. Outre les questions régies par l'initiative allemande, il faut absolument que tous les problèmes liés à la mise en place d'un cadre de coopération entre la Commission, la BCE et les banques centrales nationales, les autorités nationales et Europol et Interpol, fassent l'objet d'une décision aussi rapide que possible. À cet égard, les compétences respectives de ces multiples acteurs vont être clairement délimitées, et le contenu et les moyens de la coopération envisagée clairement identifiés.

PROPOSITIONS D'ACTIONS FUTURES

Le rapporteur appuie la proposition allemande, premier pas vers une protection égale de l'euro contre la contrefaçon dans toute l'Union européenne, pour ce qui concerne un certain nombre de points relatifs à la protection pénale. Cette première décision-cadre devra toutefois être complétée par d'autres actions pour garantir la protection la plus élevée possible de l'euro contre la contrefaçon d'ici la fin de l'an 2000.

PE 232.794 18/20 RR\403244FR.doc

FR Afin de mettre en place un cadre efficace de coopération dans la mise au point de procédures d'identification rapide des contrefaçons, des poursuites policières et judiciaires contre la contrefaçon ainsi que des mécanismes de retrait de la circulation, les problèmes suivants devront être résolus le plus tôt possible:

1. la création d'un organisme européen chargé de l'ensemble de la coopération en matière de contrefaçon de l'euro; 2. la définition de compétences précises de la BCE, des banques centrales nationales, de la Commission et d'Europol, pour tout ce qui touche à la contrefaçon ou à la falsification de l'euro; 3. la mise en place d'un "système d'alerte précoce", fonctionnant 24 heures sur 24 et garantissant la confidentialité; 4. l'introduction, au niveau européen, d'une obligation légale de notification des contrefaçons à un stade précoce et d'envoyer des spécimens à la BCE et/ou Interpol; 5. la poursuite des travaux sur la détection et l'analyse des contrefaçons; 6. la conclusion d'un accord sur le formatage commun de l'information et sur un système d'échange rapide de données entre les autorités compétentes en matière de contrefaçon; 7. l'introduction de procédures détaillées pour la diffusion des données relatives à la contrefaçon, ainsi que pour l'accès à ces données; 8. la nécessité de s'assurer que le système d'information sur la contrefaçon soit compatible avec les systèmes existants dans et entre les États membres et les institutions communautaires, ainsi qu'avec ceux d'Interpol; 9. tous les problèmes concernant la formation des citoyens et fonctionnaires en charge de l'euro. AMENDEMENTS La commission économique et monétaire invite la commission des libertés et des droits des citoyens, de la justice et des affaires intérieures, compétente au fond, à incorporer dans la proposition de résolution qu'elle adoptera les éléments suivants:

Texte proposé par le Conseil12 Amendements du Parlement

(Amendement 1) Neuvième considérant

considérant qu'il convient de s'assurer que considérant qu'il convient de s'assurer que l'euro soit protégé de façon appropriée dans l'euro soit protégé de façon appropriée dans l'ensemble des États membres par des l'ensemble des États membres par des mesures pénales efficaces, même avant le mesures pénales efficaces, même avant le début de la mise en circulation des pièces et début de la mise en circulation des pièces et des billets fixé à la date du 1er janvier 2002; des billets fixé à la date du 1er janvier 2002, de façon à préserver la nécessaire crédibilité de la nouvelle monnaie et à éviter, par conséquent, des conséquences économiques dommageables;

12 JO C

RR\403244FR.doc 19/20 PE 232.794

FR Justification: Le succès de l'introduction de l'euro, et de sa performance économique, dépend dans une large mesure de la crédibilité de la nouvelle monnaie – surtout au stade de son introduction. Cette crédibilité serait gravement mise à mal si l'euro venait à être falsifié ou contrefait.

(Amendement 2) Dixième considérant bis (nouveau)

considérant que la présente décision-cadre doit être complétée dans un avenir proche par un instrument additionnel comportant des dispositions pour la désignation, au niveau communautaire, d'un organisme chargé de l'ensemble des activités de coopération nécessaires pour lutter contre le faux monnayage de l'euro et répartir de façon précise les compétences entre la BCE, les BCN, la Commission et Europol pour toutes les questions ayant trait à la contrefaçon de l'euro;

Justification: La présente décision-cadre est un premier pas vers une protection égale de l'euro contre la contrefaçon dans l'Union européenne pour un certain nombre de questions relatives à l'établissement d'un cadre pénal. Cependant, ce premier pas doit être complété, dans un proche avenir, par d'autres initiatives afin de garantir la protection la plus sûre possible de l'euro d'ici la fin de l'an 2000. En conséquence, il convient de résoudre le plus tôt possible les problèmes relatifs à la mise en place d'un cadre efficace de coopération, de procédures d'identification rapide des contrefaçons, d'interventions policières et judiciaires contre la contrefaçon et de mécanismes de retrait des pièces ou billets contrefaits.

PE 232.794 20/20 RR\403244FR.doc

FR