© René REYMOND, 1996 Tous droits de reproduction réservés. René REYMOND

LA MURE ET LA MATHEYSINE Pages inédites du 12au 20 siècle

René REYMOND, 1996 38119 PIERRE-CHATEL

Ouvrages du même auteur

LE CHANOINE AUGUSTE DUSSERT (1872-1958), HISTORIEN DE ET DES ETATS DU DAUPHINE, avec un sonnet de Jules Bourron. Imprimerie Cusin, Bourgoin, 1959 (en collaboration avec V. Miard). PIERRE-CHATEL, HIER ET AUJOURD'HUI. Préface de Robert Avezou, directeur des services d'archives de l'Isère. Imprimerie Louis-Jean, Gap, 1968. 360 pages, 85 illustrations, une carte dépliante et un tableau généalogique de la noble famille ALLEMAND DE MONTRIGAUD, du Mas- Briançon. In MEMORIAN (1893-1971) VICTOR MIARD, historien de La Mure et de la Matheysine. Imprimerie Eymond, , 1971. PETITE HISTOIRE DU CHEMIN DE FER DE MONTAGNE DE SAINT-GEORGES-DE-COMMIERS A LA MURE (ISERE), premier train électrifié de , merveille du Dauphiné. Préface de Jean Haudour, ingénieur géologue aux H.B.D. Imprimerie Léostic, Seyssinet, 1978. 160 pages, 220 illustrations. In LA MURE ET SON PAYS. S.A.E.P., Colmar, 1979 : DE LA COTTE-ROUGE AU VOL DE L'AIGLE (ouvrage collectif). HISTOIRE MEMORABLE DU SIEGE DE LA MURE EN L'AN 1580. Préface du général Jacques Humbert. Imprimerie Léostic, Seyssinet, 1979. 146 pages, 68 illustrations et deux plans d'époque inédits du siège de La Mure, reproduits dans leur format d'origine (50 x 62 cm et 54 x 88 cm) joints à l'ouvrage. (en collaboration avec Victor Bettega) : LA GRANDE AVENTURE DU PELERINAGE DE LA SALETTE, DE 1846 A NOS JOURS. Préface de Monseigneur Gabriel Matagrin, évêque de Grenoble. Avant-propos de Paul Hamon, conservateur de la Bibliothèque municipale d'étude de Grenoble. Imprimerie Dardelet, Grenoble, 1984, 232 pages, 425 illustrations en noir et en couleurs. LA ROUTE NAPOLEON, DE L'ILE D'ELBE AUX TUILERIES, 1815, 204 pages, 135 documents et gravures d'époque inédits. Lyon, Editions de La Manufacture, 1985. GUIDE BLEU PROVENCE, ALPES, COTE D'AZUR (Route Napoléon). Paris, Editions Hachette, 1987 et 1991. In LE PAYS DE LA MURE, CŒUR DU DAUPHINE : LES GRANDES HEURES DE L'HISTOIRE DE LA MURE. Grenoble, Editions Didier-Richard, 1987 (ouvrage collectif). ENIGMES, CURIOSITES, SINGULARITES ; L'INSOLITE ET LE FANTASTIQUE DANS LES COMMUNES DES CANTONS DE LA MURE, CORPS, VALBONNAIS, , , MENS, VIF. 402 pages, 123 illustrations. Imprimerie Louis-Jean, Gap, 1987. In HISTOIRE DES COMMUNES DE L'ISERE. Sous la direction du professeur André Pelletier, directeur de l'U.E.R. des sciences historiques et géographiques, arts et environnement à l'Université de Lyon II : NOTICES CANTONALES ET COMMUNALES SUR LES CANTONS DE LA MURE, CORPS, VALBONNAIS ET PARTIE DE VIZILLE. Editions-Diffusion Horvath, Le Côteau, 1988. L'INSOLITE ET IMAGES FORTES DU PASSE, DANS LES COMMUNES DES CANTONS DE LA MURE, CORPS, VALBONNAIS, MENS, CLELLES, MONESTIER-DE-CLERMONT, VIF, VIZILLE, LA GRAVE, BOURG-D'OISANS. 528 pages, 144 illustrations. Imprimerie Louis-Jean, Gap, 1989. MYSTERES ET CURIOSITES DE L'HISTOIRE DANS LES COMMUNES DES CANTONS DE LA MURE, CORPS, VALBONNAIS, MENS, CLELLES, MONESTIER-DE-CLERMONT, VIF, VIZILLE, BOURG- D'OISANS. 504 pages, 163 illustrations. Imprimerie Louis-Jean, Gap, 1991. LES CAPUCINS A LA MURE (1642/43 -1791). 112 pages, 60 illustrations. Imprimerie Léostic, Seyssinet, 1993. MEMOIRE DE SAINT-THEOFFREY, 224 pages, 121 illustrations. Imprimerie Coquand, Grenoble, 1995. LA MURE ET LA MATHEYSINE. PAGES D'HISTOIRE INEDITES DU XII AU XX SIECLE. 151 pages, 62 illustrations. Imprimerie Coquand, Grenoble, 1996.

Divers

Armoiries ARMOIRIES DE PIERRE-CHATEL (ISERE). Dessinées par Victor Miard.

Gravures -PERCEE, L'UNE DES MERVEILLES DU DAUPHINE. Site naturel classé attribué par les Beaux-arts à la commune de Pierre-Châtel (Isère). Tirée sur le cuivre original du XVIIIe siècle, par le maître-imprimeur Georges Leblanc à Paris. Seule gravure ancienne connue. UNE FORGE DE CLOUTIERS A LA MURE EN 1868. Reproduction du seul document d'époque connu évoquant cet ancien artisanat local.

Enregistrements sonores NAUFRAGE DU TITANIC (14 avril 1912). Récit par la dernière rescapée, Mlle Rose-Amélie Icard, alors âgée de 83 ans (septembre 1955). Cet enregistrement sonore a obtenu en 1955, à Paris, le 3e prix international du meilleur enregistrement sonore. LECTURE PAR LE CHANOINE AUGUSTE DUSSERT (1872-1958) d'une partie de l'avant-propos de son Essai historique sur La Mure et son mandement (1903). Enregistrement réalisé à , le 24 novembre 1955 (un disque 33 tours ou cassette).

Télévision LA ROUTE NAPOLEON, HISTORIQUE ET TOURISTIQUE. Réalisation de la partie historique pour la Société Japonaise de télévision Takion, de Tokyo, juin 1987.

L'auteur : René Reymond, 30119 Pierre-Châtel. Tél. 76 83 07 90 Avant-propos

Ce nouvel ouvrage sur La Mure et La Matheysine est en quelque sorte un complément aux divers livres d'histoire locale publiés jusqu'ici. Certains documents, et non des moindres, étaient restés ignorés des auteurs de ces ouvrages et en raison du grand intérêt qu'ils présentent il fallait en tirer partie et les publier. Par ailleurs, d'autres docu- ments bien connus n'ont pas été exploités et nous avons donc effectué un très important travail de dépouillement d'archives les plus diverses pour en extraire d'intéressants éléments inédits. D'autre part, quelques textes d'anciens auteurs restés ignorés du grand public et qui méritaient d'être republiés y figurent. Nous avons, dans la mesure du possible, adopté l'ordre chronologique.

LE PRIEURÉ DE LA MURE

Le prieuré de La Mure, primitivement dédié à Notre-Dame, à saint Jean-Baptiste, à saint Maurice et aux Martyrs de la Légion Thébaine, était déjà, au milieu du XIe siècle, une dépendance de l'abbaye bénédictine de Saint-Pierre de Vienne. L'historien dauphinois Nicolas Chorier nous a conservé le texte d'une donation (1) faite par Guigues- le-Vieux, prince de Graisivaudan, à Guitger, abbé de Saint-Pierre de Vienne, qu'il avait extrait du car- tulaire de cette abbaye et dans lequel il est fait mention du prieuré de La Mure. Ce titre surtout précieux pour la généalogie des Dauphins ne nous est malheureusement parvenu que dans un état fort défec- tueux ; M. de Terrebasse, qui l'a commenté avec beaucoup de sens dans sa notice sur les dauphins de Viennois (2), pense avec raison qu'il se compose de deux parties distinctes réunies ensemble. La première reproduit le texte d'une charte par laquelle Guigues, qui prend le titre de prince de Graisivaudan, donne avec son fils Guigues, à l'église de Saint-Pierre de Vienne et à celle de La Mure son annexe, un mans, consistant en terres, prairies, vernais et dépendances, qui lui appartenait en propre, puisqu'il le donne en alleu, c'est-à-dire en toute propriété, à charge par les religieux qui des- servaient ces églises de messes et de prières. La seconde qui ne se lie en aucune façon à la premiè- re, est évidemment une annotation postérieure de l'abbé Guitger lui-même, qui aurait tenu à constater que la donation n'avait point été faite uniquement à titre gratuit. L'abbé ajouta donc les lignes sui- vantes : « Mais à Guigues l'ancien qui est nommé plus haut et qui par la suite se fit moine, j'ai donné cent sous, et à la comtesse Adélaïde cinquante, et à l'autre Guigues, fils de ce Guigues ci-dessus nom- mé, cinquante sous et autant à sa femme Pétronille. » On sait que dans un grand nombre de donations de cette époque il est expressément rappelé que les donateurs avaient reçu des donataires, soit des sommes d'argent, soit des armes, des mules ou des chevaux harnachés, qui représentaient des valeurs considérables. Il n'y a pas moyen d'expliquer autrement ce texte confus ; Guigues, ainsi que le remarque Fontanieu, qui a reproduit le même acte dans son cartulaire du Dauphiné, ne pouvait prévoir qu'il se ferait moine vingt-cinq ans plus tard ; et par conséquent ce n'est point lui qui continue de par- ler à la première personne. Nous trouvons, au surplus, dans un autre acte du cartulaire de Saint-Pierre, où sont énumérées les terres et possessions que le même abbé Guitger avait recouvrées ou rachetées au profit de son abbaye, de l'année 1055, un article qui vient à l'appui de cette interprétation (3) : « Dans cette partie de l'évêché de Grenoble qui est appelée Mateysine, au lieu qui est nommé La Mure, il racheta et acheta certaines choses au prix de vingt-deux livres. » L'acte de donation de Guigues por- te la date suivante qui précède au lieu de suivre les imprécations ordinaires : « Ceci a été fait à Grenoble, au mois d'avril, férie sixième, lune vingt-neuvième, l'an de l'Incarnation du Seigneur 1050. » D'après un dénombrement, fourni le 17 juin 1393 par Pierre d'Aspres, mistral du prieuré de La Mure, les biens de ce monastère consistaient alors en 300 sétérées de terres labourables, 43 sétérées de prés, 240 fosserées de vigne et 100 sétérées de bois ; les censes ou rentes dues atteignaient 53 setiers de froment, 30 de seigle, 22 d'avoine et 16 de vin, 40 poules et 24 livres en argent estimées 480 florins (4). Le 17 juin 1407, noble Artaude Bertrand, de La Mure, fit une donation importante de censes et de rentes au prieuré de cette localité pour la célébration de trois messes chaque semaine qui devaient être dites au grand autel de l'église prieurale. Ces messes devaient être célébrées, l'une le lundi en souve- nir des morts, la seconde le mardi en l'honneur de la Sainte-Trinité, la troisième le samedi en l'honneur de la Vierge (5).

(1) L'Estat politique de la province de Dauphiné, t. Il ; p. 362. Cet acte a été reproduit dans le Gallia christiana, t. XVI ; Instrumenta Vienne, XXVIII, c. 22. (2) Œuvres posthumes. Vienne, Savigné, 1875, p. 48. (3) Cartul. de l'abbaye de Saint-André-le-Bas de Vienne, publié par C.-U.-J. Chevalier ; Appendix, ch. 54, p. 264. (4) Bibl. de Grenoble ; T, 64, n° 1572 (Factum). (5) Arch. de l'Isère : B, 2946, f. Vie XXXII. Le prieuré fondé au XIe siècle par les bénédictins et dont les biens furent vendus en 1791 comme biens natio- naux, s'étendait à peu près dans l'emplacement compris entre les deux églises actuelles de La Mure. Ce précieux document iconographique - le plus ancien que l'on connaisse de La Mure - est une reproduction d'un détail du plan-relief dessiné en 1580 par Ercole Negro, ingénieur de Lesdiguières, pendant les opérations militaires du siège de La Mure (1). A droite, ruines, de l'église Notre-Dame (XIe siècle) - façade à l'occident et abside à l'orient. A gauche, ruines du prieuré de bénédictins fondé en 1079. Eglise, clocher, prieuré, etc. avaient été partiellement ou entièrement démolis par Lesdiguières pour édifier la gran- de citadelle sur le Ser voisin.

(1) Plan que nous avons découvert à Turin en 1961 et publié seulement en 1979, dans notre ouvrage "Histoire mémorable du siège de La Mure en 1580". Le procès-verbal d'une visite pastorale faite au prieuré de La Mure, le 31 octobre 1455, par Siboud Alleman de Séchilienne, évêque de Grenoble, nous donne l'énumération des différentes chapelles qui existaient alors dans l'église de cette localité. En voici la nomenclature : chapelle de Saint-Pierre, à gauche de l'autel et dont était patron le prieur du lieu ; chapelle de Sainte-Marguerite, située à gauche de l'église, dont était patronne la famille Bollioud, de La Mure ; chapelle de Sainte-Croix, fondée par Alise, épouse de Jacques Empereur, de La Mure, et Jean Empereur ; chapelle de Saint-Jean-Baptiste à droite de l'autel, dont étaient patrons Jean Sorrel et Humbert Borrel, son neveu, et qui était unie à la cure de ; chapelle de Saint-Michel-Archange, fondée par Jean Sonnier, de La Mure ; chapelle de Saint-Georges, fondée par Pierre Empereur, dit Perrot, et dont le patron était le prieur du lieu ; chapelle de Sainte-Catherine, à gauche du chœur, qui contenait les sépultures de la famille Borrel ; enfin, la chapelle de Sainte-Marthe, fondée sur la tribune, à droite, par la famille Alleman et qui était unie à la cure de La Mure (6). Le pouillé du diocèse de Grenoble de 1497 relate que le prieuré de La Mure, alors sous le seul vocable de la Vierge, avait un revenu de deux cents écus et que son église, tout à la fois prieurale et paroissia- le, renfermait les huit chapelles citées précédemment (7). En 1790, outre la plupart des chapelles que nous avons énumérées et qui existaient encore, l'église de La Mure contenait en plus : une chapelle dite des Beaumont ou de Notre-Dame-de-Pitié, dans laquel- le fut enterré, en 1757, Charles de Beaumont-Comboursier, seigneur de Saint-Eusèbe ; une chapelle dédiée à Notre-Dame-des-Chandelles ; et, enfin, des chapelles ou autels sous les vocables de Saint- Joseph, de Saint-Antoine, de Saint-Eloi, de Sainte-Luce, érigé par les tailleurs, et des Saints Crépin et Crépinien, qu'avait fondé en 1751 la confrérie des cordonniers (8). Un procès-verbal de visite faite au prieuré de La Mure, le 30 septembre 1602 par Gaspard du Laurent, abbé de Saint-Pierre de Vienne en personne, relate que le prieuré contenait alors un sacristain, deux religieux et un novice, outre le curé de la paroisse. Le même procès-verbal contient diverses prescrip- tions qui nous ont paru devoir être produites (9) : « Les dimanches et fêtes, les sept heures canoniales seront chantées tout haut à l'église aux heures accoutumées et pour tous les autres jours il suffira qu'elles soient chantées tout haut depuis prime jusqu'à complies exclusivement. « Les pauvres pélerins passants seront, suivant la coutume ancienne, reçus selon leur qualité, comme aussi les pauvres religieux passants, lesquels seront défrayés d'un repas, dîner ou souper, suivant l'heure. « Fera l'aumône aux pauvres lépreux les jours de dimanche et de jeudi, à la manière accoutumée, à ceux du lieu ; pour les autres, leur devra la passade qui est picote de vin et une livre de pain. « Fera l'aumône aux pauvres de la ville, paroisse et passants, depuis le jour de la Toussaint jusqu'au jour de Saint Jean-Baptiste, les dits deux jours inclus, de la qualité et quantité portées par la fondation et coutume anciennes, savoir moitié orge et moitié seigle. « Le Jeudi-Saint, fera l'aumône à tous pauvres venants d'une écuellée de pois et une pièce de pain pesant une livre, le dit pain fait de seigle pur. « Le dit jour baillera treize pains blancs pesant deux livres pour bailler à treize pauvres. »

(6) Arch. de l'Evêché : Procès-verbaux de visites de Siboud Alleman, f. 137. (7) Cart. de l'égl. cath. de Grenoble ; Chart. suppl., XIII, p. 313. (8) Arch. de l'Isère : Titres de la cure de La Mure. (9) Auguste Fayolle : La Mure et la Matésine, p. 50. Durant le cours du XVIIIe siècle, le prieuré de La Mure qui était en commande depuis de longues années, n'était plus habité que par un sacristain et un cloîtrier. Une ordonnance du cardinal Le Camus, évêque de Grenoble, datée de cette dernière ville le 1er septembre 1705, supprima même cette cloî- trerie qui était alors vacante par suite de la démission qu'en avait faite l'abbé de , et en unit les biens et les revenus au vicariat ou seconderie amovible établie depuis peu dans la paroisse de La Mure pour aider le curé (10). Soixante et quatorze ans plus tard, en 1779, le titre de prieur lui-même fut éteint et supprimé et les biens qui y étaient attachés unis à la mense conventuelle des religieux de l'abbaye de Saint-Pierre (11). Il fut décidé en même temps que l'office de sacristain (12) cesserait également d'exister et serait réuni à la même mense après le décès du titulaire, qui était pour lors Antoine de Roussillon de Chanterel ; mais cette dernière clause ne reçut point son exécution, car ce sacristain vivait encore lorsque l'Assemblée nationale prononça la suppression des communautés religieuses. Le prieur exerçait un droit de patronage sur la cure de Notre-Dame de La Mure et sur celle de Saint- Laurent de Cognet. Ajoutons, pour terminer, que les divers immeubles du prieuré, vendus comme biens nationaux, furent adjugés, les 29 mars et 5 mai 1791, à MM. Froment et de Botte, pour la somme de 21,050 livres (13). GILET ALLEMAN, fils d'Odon Alleman et de Sibille d'Aix, dame de Sainte-Jalle, est mentionné comme prieur de La Mure dans le testament de son père, en date du 5 juillet 1292 ; il y reçoit un legs de cent sous viennois de rente ou une somme une fois payée de cent livres viennoises (14). GUILLAUME ALLEMAN est témoin avec Guigues Alleman, seigneur de Valbonnais, Jean Alleman, prieur de Saint-Barthélémy et Didier de , à la donation du château de La Motte-Saint-Martin, faite en 1297, par Raimond Ainard, seigneur de La Motte, à son fils Péronnet, qui devait épouser Annette, fille de feu Gilet Alleman (15). Le même prieur obtint du dauphin Jean II des lettres données à Vienne, le 24 septembre 1310, qui l'autorisaient à reconstruire le moulin appelé dels Lateres et qui per- mettaient à tout habitant de La Mure de faire moudre son blé au moulin du cloître du prieuré, situé entre le pont de La Roche et la maison des Fauchiés, dels Foachieos (16). Enfin, en 1323, il fut, avec Jean Alleman, prieur de Saint-Michel-de-Connexe, et Berlion Alleman, sacristain du Chapître de l'église cathédrale de Grenoble, l'un des exécuteurs testamentaires de Jean Alleman, prévôt de la collégiale de Saint-André de Grenoble, décédé le 14 août 1319 (17).

(10) Auguste Fayolle : La Mure et la Matésine, p. 99. (11) Arch. de l'Isère : Titres du prieuré. (12) Voici les noms de quelques sacristains : François Turel, en 1455. Humbert Alleman, prieur de Saint-Ange, sacristain de Risset, curé d'Entraigues, de et de Saint- Eusèbe, en 1524 et 1540. Guigues Chavannes, en 1573. *** Collizieux, en 1631. Jean Pommier, en 1632 et 1694. Louis Pommier-Duvillard, en 1735, décédé le 25 juin 1743. Antoine de Roussillon de Chanterel, en 1750 et 1791. (13) Arch. de l'Isère : Ventes des biens du clergé ; District de Grenoble, t. 7, n° 181 et t. 12, n° 368. (14) Valbonnais : Hist. de Dauphiné, t. II, ch. LXIII, p. 65. (15) Arch. de l'Isère : Cartons du Valentinois. (16) Idem : B, 2961, f. LXXXIII. (17) Arch. de l'Isère : Titres du chapitre de Saint-André de Grenoble. GUILLAUME GALON passa une transaction, en 1341, avec le camérier de l'abbaye de Saint-Pierre de Vienne (18) et obtint, le 5 février 1345, des lettres du dauphin Humbert II, données à Grenoble, confir- mant celles que le dauphin Jean II avait accordées, en 1310 à Guillaume Alleman, précédent prieur (19). AMEDEE COPPIER, en 1370, prit l'adjudication de la ferme des moulins delphinaux de La Mure, mise à l'encan par le vichâtelain de ce lieu, pour une durée de trois ans et moyennant une pension annuel- le de soixante setiers de blé (20). PIERRE CASSARD fut choisi avec Etienne du Pont, prieur de Commiers et vicaire général de l'évêque de Grenoble, par lettres de François de Consie, évêque de Grenoble, datées du Pont-de-Sorgues, le 14 août 1382 pour mettre à exécution la bulle du pape Clément VII, qui ordonnait la démolition de l'égli- se Saint-Jean de Grenoble, qui menaçait ruine (21). Le même prieur figure le 28 juin 1388, dans une procédure dressée par Jean de Ruine, contre divers habitants du mandement de La Mure qui devaient des censes au dauphin (22). Le 11 mai 1407, enfin, à la demande d'Antoine Cassard, notaire et procu- reur fondé du prieur Pierre Cassard, Etienne Guillon, licencié en lois, conseiller delphinal et juge mage du Graisivaudan, tenant des assises à La Mure, dans la demeure du châtelain François Comboursier, donna des vidimus des lettres que les dauphins Jean II et Humbert II avait accordées au prieuré de La Mure (23). CLAUDE RICHARD DE SAINT-PRIEST, fils de Gilet Richard, chevalier, seigneur de Saint-Priest et de Marguerite de Luyrieu, qualifié d'administrateur du prieuré de La Mure et religieux de l'abbaye de Saint- Pierre de Vienne, fonde, le 26 mai 1458, dans l'église de l'abbaye de Saint-Pierre de Vienne, une mes- se journalière pour la dotation de laquelle il fait présent à ce monastère de la somme de 500 francs de monnaie royale (24). JEAN DE POISIEU était prieur de La Mure, durant les dernières années du XVe siècle (25). PIERRE ARZELLIER, protonotaire apostolique et prieur de La Mure, le 26 février 1524, passe avec Humbert Alleman, sacristain, François Sigaud, Claude Girard et Claude Richard, religieux du même prieuré, une procuration à François Dorgès, également moine au même prieuré, l'autorisant à faire reconnaître certains censes, rentes et droits seigneuriaux qui leur appartenaient par indivis et qui étaient dus à raison d'une fondation faite en l'église du prieuré (26). GUILLAUME DE LAVAL, chanoine de l'église cathédrale de Vienne et vicaire général de l'abbé de Saint-Pierre de la même ville, fournit, le 19 mars 1540, au vibailli du Graisivaudan, un dénombrement où il déclara tenir et posséder cinquante setiers de froment mesure de La Mure, quarante setiers et trois quartaux d'avoine, vingt-neuf florins en argent, quarante-cinq poules ou poulets, quatre charges et huit pots de vin, enfin un moulin situé à La Mure, rendant annellement trente setiers de froment, autant de seigle et trente-cinq setiers d'orge (27).

(18) Idem : Invent. des titres de l'abbaye de Saint-Pierre de Vienne, f° 107. (19) Idem : B, 2961, f. LXXIIII. (20) Idem : Comptes du bailliage de Graisivaudan, pour l'année 1371. (21) Idem : Titres du chapitre de Saint-André de Grenoble. (22) Idem : XIe liber copiarum Graisivodani, cah. 27. (23) Arch. de l'Isère : B, 2961, f. LXXIII. (24) Idem : Titres de l'abbaye de Saint-Pierre de Vienne. (25) Decisiones Franc. Marchi ; Quœstio MCCXXXI. (26) Mémoire pour Mesire Jean Blanc, prêtre chanoine séculier en l'église collégiale du prieuré de Notre-Dame de la Mure Mathésine, contre Messire Sylvain Léonard de Chabannes-Nozerolles, chanoine du noble chapitre de Saint-Pierre de Vienne, en qualité de prieur de la même église de Notre-Dame de la Mure. (Bibl. de Grenoble, T, 64, n° 1572). (27) Arch. de l'Isère : Invent. des titres de la Chambre des comptes : Graisivaudan, t. V, f° 332. Le même jour, les religieux du prieuré, Claude Girard, Claude Richard, Jean et Hugues Fagot, tant en leur nom qu'en celui de religieux absents, fournirent également le dénombrement des censes, rentes et droits seigneuriaux dus au prieuré : ils déclarèrent notamment posséder la troisième partie de la ley- de de La Mure ; diverses censes qu'avait léguées Artaude Bertrand ; cinq florins qu'avait légués Pierre Chabert pour la fondation de trois aumônes ; et un pré qu'avait donné, en la paroisse de Festigny, Pierre Moine, curé de La Mure, pour la célébration hebdomadaire d'une messe en la chapelle de Sainte-Marthe, au prieuré de La Mure. Le 19 mai 1564, le même prieur Guillaume de Laval passa une reconnaissance aux religieux de l'abbaye de Saint-Pierre de Vienne (28). Il mourut en 1573. CLAUDE DE LAVAL fut pourvu du prieuré, sur la résignation du précédent, par des lettres de la Vice- Légation d'Avignon, en date du 10 octobre 1572 (29). Il mourut en 1576. ANTOINE BARTHELEMY par arrêt du Parlement de Grenoble, du 23 juin 1578, fut condamné à payer annuellement au monastère de Saint-Pierre de Vienne, les droits de paisse et de paste accoutumés, ainsi que les arrérages de ces mêmes droits depuis 1575. HERCULE SIBUET, du lieu de Saint-Ferréol, au territoire de Menglon, diocèse de Die, fut pourvu par lettres de la Vice-Légation d'Avignon, du 9 octobre 1576 (30). JACQUES GUERIPEL fut pourvu en remplacement du précédent, par lettres de la Vice-Légation d'Avignon, du 26 juin 1579 (31). Après sa mort, arrivée en 1587, trois compétiteurs, Jean Passéat, Claude Sibuet dit de Saint-Ferréol et Benoît Bernard, recteur de l'église paroissiale de Saint-Vincent du Périer, se disputèrent le prieuré jusqu'à la nomination du suivant (32). GUILLAUME MONDY, vicaire perpétuel de l'église paroissiale de Saint-Pierre-d'Aveillans, prit posses- sion du prieuré de La Mure, le 9 décembre 1589 (33). CLAUDE GUERIMAND, le 28 juin 1611, donna en ferme les biens de son prieuré à Pierre Faure pour le prix de 1,100 livres et à charge en outre de payer les décimes et le droit de paisse dû à l'abbaye de Saint-Pïerre-de-Vienne, de nourrir le prédicateur durant le carême, de subvenir aux dépenses de nour- riture des six prêtres qui desservaient le prieuré et enfin de leur compter annuellement, en nature, 36 setiers de blé, 36 de vin et 54 livres tournois en argent. PHILIPPE DE VIGNON, sacristain, puis prieur de Saint-Pierre-d', paraît comme prieur de La Mure, dans un acte de l'année 1620, concernant les intérêts de ce dernier prieuré. HENRI FERRAND DE MAUBEC, docteur en droits civil et canon, chanoine de l'église cathédrale de Grenoble et prieur de La Mure, fils d'Henri Ferrand, conseiller au Parlement de Grenoble et d'Eléonore Emé de Saint-Julien, fut pourvu du prieuré par bulles du 21 mars 1628 (34). Il testa le 15 septembre 1630 et figure dans un arrêt du parlement de 1645.

(28) Idem : Invent. des titres de l'abbaye de Saint-Pierre de Vienne, f° 88, V. (29) Arch. de l'Evêché : Provisions, n° 26, f. 521. (30) Arch. de l'Evêché : Provisions, n° 28, f° 37. (31) Idem, n° 28, f. 170. (32) Idem, n° 42, f. 42 et 154. (33) Idem, n° 42, f. 211. (34) Arch. de l'Evêché : Provisions, n° 33, f. 15. ALPHONSE FERRAND, sieur de Saint-Ferjus, frère et successeur du précédent, fut pourvu par bulles du 7 mai 1650 (35). Le 13 octobre 1652, il chargea le fermier de son prieuré de payer annuellement à chacun des quatre prêtres qui desservaient ce prieuré neuf setiers de froment, autant de seigle, dix- huit barraux de vin et une somme de vingt-quatre livres. Le 14 avril 1659, il conféra l'une des pré- bendes de son bénéfice à Pierre Cros, de Valbonnais et vivait encore en 1671. ENNEMOND FERRAND, fils d'Octavien Ferrand, conseiller au Parlement de Grenoble, et d'Olympe de Gilibert, qui succéda au précédent prieur, son oncle, apparaît dans un acte de l'année 1685 ; il résigna son prieuré, en 1687, en faveur du suivant (36). FRANÇOIS DE LA COMBE DE MALOT, chanoine de l'église cathédrale de Grenoble, qui succéda au précédent prieur, présenta à l'évêque de Grenoble, en 1693 pour être pourvu d'une cloîtrerie dans son prieuré, Jean de Varces, prêtre du diocèse d'Embrun. Le 30 avril 1708, le même prieur reconnut devoir un droit de paisse à l'abbé de Saint-Pierre de Vienne. *** PHILIPPE était prieur en 1725, année durant laquelle il soutenait conjointement, avec les consuls et les habitants de La Mure, un procès contre Jean Miard, qui s'était fait pourvoir d'une prébende du prieuré, laquelle avait été précédemment supprimée et unie au vicariat de la paroisse de La Mure. Le prieur Philippe mourut en 1737. SYLVAIN-LEONARD DE CHABANNES DE NOZEROLLES, chanoine et comte du chapitre de Saint- Jean de Lyon, chanoine du chapitre de Saint-Pierre de Vienne, abbé commendataire des abbayes de Notre-Dame de la Creste, au diocèse de Langres et de Saint-Barthélémy de Benévent, au diocèse de Limoges, prit possession du prieuré de La Mure, le 1er septembre 1737. Le 28 mai 1779, il donna son consentement à la suppression de son prieuré et à la réunion des biens qui en dépendaient au chapitre de Saint-Pierre de Vienne, sous la réserve toutefois d'une pension annuelle et viagère de 1,200 livres.

E. Pilot de Thorey

(35) Idem, n° 35, f. 126. (36) Idem : Provisions.

© René REYMOND, 1996 Tous droits de reproduction réservés Imprimerie Coquand - Grenoble Dépôt légal 4665 - 3 trimestre 1996 Indicatif éditeur 2-9510106 ISBN : 2-9510106-0-5

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