Du 7 au ISRAEL GALVÁN/ 10 octobre NIÑO DE ELCHE Pavillon Mellizo doble Danse/Musique (Jumeau double) Durée : 90 min environ Première partie : Recitando de Eugenio Noel 45 min (écrivain espagnol 1885-1936) Deuxième partie : Cubista 45 min Bulerías de la máquina Pas d’entracte del Reloj mais une courte Alegrías del cuerno pause avec public del Gallina en salle entre les deux parties Seguiriyas carbónicas Martinetes de law verdad de Marchena Pregón del oro Granainas del agua sentadas ... Conception, direction artistique Israel Galván Niño de Elche Chorégraphie et danse Israel Galván Musique et chant Niño de Elche Régisseur lumière Benito Jiménez David Perez ▼ Régisseur son Pedro León Charlotte Constant ▼ Régisseur plateau Balbi Parra Christian Mayor ▼ Xavier de Marcellis ▼ Management Rosario Gallardo Productrice déléguée Carole Fierz

Production Israel Galván Company Coproduction Teatro Conde Duque Avec le soutien de INAEM

Présentation à Lausanne avec le soutien exceptionnel de la Ville de Lausanne Se laisser toucher Besoin de rien de plus. Deux personnes. Un espace – cela peut être une scène déjà chargée d’histoire, mais cela pourrait aussi être un bar voire même une cuisine. En réalité, le public ne serait même pas nécessaire.

Il s’agit simplement d’une rencontre, pas seulement du chant et de la danse, mais de bien d’autres choses. De fait si nous nous référons à la sainte trinité du flamenco, aux côtés des deux concepts évoqués – ou mieux dit : des deux forces –, devrait figurer la guitare. On se s’ennuiera pas sans elle. Non seulement parce qu’on peut affirmer, en toute tranquillité, qu’Israel Galván et Niño de Elche sont avant tout des musiciens (leurs corps et leurs voix jouent en une polyphonie de guitares, de castagnettes, de cajones). Mais aussi parce que ce qu’ils font sur scène, parfois, quand le miracle a lieu, touchent ceux qui sont disposés à être touchés… et même ceux qui ne le sont pas.

Il est important de ne pas se laisser tromper par les apparences : le flamenco est un art pauvre (mais pas du tout humble comme nous le verrons). C’est l’art d’un pays qui ne parvient pas – ou ne veut pas ? – échapper à une pauvreté séculaire, qui charrie dans ses cris et ses contorsions une faim accumulée par le peuple durant des siècles. Ou si l’on veut voir les choses d’une autre façon, l’important, qui sait, est peut-être de se laisser gagner par la fantaisie, l’envoûtement et la séduction. Le flamenco est – aussi – un art de l’excès, de la dilapidation : le baroquisme qui traverse tout l’art espagnol de ces cinq derniers siècles est ici hautement présent. Il n’y a pas de moyen terme : il n’y a que nous qui sachions passer directement du rien au miracle (ou, plus gé- néralement, mourir heureux à la veille de ce saut, convaincus que nous avons été sur le point de le voir se produire.

Sur la scène habitée par ces deux thaumaturges – et par tous les fantômes qui les accompagnent – les contradictions entre la richesse d’un empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais et la pauvreté des siècles postérieurs résonnent continuelle- ment. Entre la Séville du XVIe siècle (quand, grâce à l’argent de l’Amérique, elle était l’une des métropoles les plus fortunées au monde) et celle qu’ont habitée Israel Galván et Niño de Elche (une ville en crise depuis l’Exposition Universelle de 1992… sans parler des trois siècles précédents, qui imprégnèrent tout le pays d’une corruption politique et ecclésiastique endémique, de guerres inciviles et d’un certain appétit populaire pour les tyrans et les dictateurs). « L’esprit occulte de l’Espagne endolorie » – ce sont les mots de Lorca – danse, chante et touche (nous touche) depuis la scène.

Le flamenco de ces deux artistes – à savoir, celui d’aujourd’hui, celui qui écoute et dialogue avec notre temps, le flamenco de la contemporanéité la plus stricte et la plus compromise – est, comme toujours, un art moderne. Moderne parce qu’il a surgi au XIXe siècle, mais moderne aussi par son caractère contradic- toire, quelque chose qui a également caractérisé toutes les avant- gardes dans leur confrontation essentielle avec le futurisme et le primitivisme, le visionnaire et l’ancestral, la promotion de l’avenir et la mémoire de l’ancien.

Parmis ses divers projets, Israel Galván a récemment travaillé avec des ingénieurs japonais du YCAM (Yamaguchi Center for Arts and Media) pour Israel & Israel, un spectacle dans lequel le danseur s’affrontait à une re-création de lui-même élaborée par des algorithmes générés par l’intelligence artificielle. Niño de Elche a présenté, au Museo Reina Sofía de Madrid, une recréa- tion de « Auto Sacramental Invisible » de José Val del Omar (né en 1904, pionnier de l’art sonore et électronique) : l’installation sonore diffuse sa voix, transformée électroniquement, par un système de seize haut-parleurs. Ensemble, Galván et Niño de Elche ont partagé la scène du festival SONAR, à Barcelone, autre foyer de l’expérimentation artistique et technologique.

Mais ce qu’ils présentent aujourd’hui, à nouveau réunis, c’est autre chose. Ici la seule technologie — extrêmement avancée — est celle de leurs corps et de leurs voix. La promesse du cyborg s’est déjà consumée. Avec eux nous habitons le domaine du post-humain. Avant que les robots n’aient appris à danser comme Galván, lui bouge déjà comme les androïdes du futur. Niño de Elche, pour sa part, projette dans sa voix les ambitions humides timidement rêvées par les circuits du vocodeur, et dans les algorithmes de la synthèse granulaire. Si tout acte flamenco implique nécessairement l’invocation de fantômes, ceux que ces deux artistes rassemblent ici proviennent du futur.

Niño de Elche et Israel Galván deviennent eux-mêmes des spectres sur scène : ils dansent, chantent et fêtent autour de leurs congénères de l’au-delà, dissolvent les frontières du temps et de l’espace. « Le duende ne se manifeste pas s’il ne voit pas la possibilité de la mort » écrivit aussi Lorca, et si l’obscurité est toujours proche du chant de Niño de Elche et du geste de Galván, c’est parce que leurs vies sont déjà blessées, parce que leurs corps sont déjà mutilés. Ils connaissent la douleur parce que ce sont des monstres. Leur physicité, leur voix, leur façon d’être en scène ne s’adaptent guère au concept de beauté que la tradition la plus myope nous a laissé en héritage. Ils sont ailleurs, dans un lieu plus obscur, et leur art nous rapproche de cet autre côté. Mais nous ne savons pas si ces émissaires de la mort vont ou viennent de là-bas. Tout comme cela s’est passé dans le flamenco le plus ancien, nous ne savons pas non plus si ces deux freaks – ce couple d’attractions de foire – dansent et chantent pour nous divertir... ou pour nous effrayer, nous rappelant notre constante proximité avec la mort.

Comme dans ces vieilles casetas du passé, ces artistes réalisent leurs prodiges devant nous (à présent le contexte semble différent, mais qui sait, cela n’a peut-être pas tant changé – il y eut aussi un temps où seuls les nobles comptaient des bouffons dans leur cour). Ils nous émerveillent, ils nous ensorcellent, mais si ça se trouve, ils se moquent aussi de nous. Non pas avec nous, mais de nous. Parce qu’ils sont déjà allés là-bas. Et ils en sont revenus. Ils connaissent la fin du spectacle, de tout spectacle. Ils savent ce qui nous attend, ils comprennent ce que nous ignorons. Le risque de toucher l’autre, l’exotique, ce qui ne nous appartient pas (ou tout au moins pas encore), c’est que cet autre peut tout aussi bien nous toucher.

Miguel Álvarez-Fernández Artiste sonore, compositeur, musicologue, commissaire de projets d’art sonore, producteur radiophonique © Kana Kondo

Fils des danseurs José Galván et Eugenia de los Reyes, Israel Galván, né en 1973 à Séville, grandit dans l’atmosphère des tablaos, des académies de danse flamenco et des fêtes. En 1994, il intègre la Compañía Andaluza de Danza de Mario Maya. Suivent notamment La Metamorfosis (2000), Arena (2004), La Edad de oro (2005), El Final de este estado de cosas (2009), La Fiesta où Niño de Elche était présent (2017). Ses créa- tions audacieuses, nées d’une parfaite maîtrise de la culture chorégraphique flamen- ca et composées à partir de ses états intérieurs, lui valent une renommée internatio- nale. Ouvert à toutes les expérimentations stylistiques, le chorégraphe alterne formes intimistes, grands spectacles et collaborations. Il a créé à Vidy La Edad de oro en 2009, La Curva (Tabula rasa) en 2010 et, avec Sylvie Courvoisier, La Consagracíon de la primavera en 2019. Il présente Lo Real à l’Opéra de Lausanne en 2013 et crée Cast-a- net avec Sylvie Courvoisier en 2018 au Théâtre du Jorat. Originaire d’Elche dans la région d’Alicante, Niño de Elche commence à jouer de la guitare à huit ans, à chanter à neuf et gagne ses premiers concours de chant dans la foulée. Enfant prodige du flamenco, il se sent très tôt à l’étroit dans cet acadé- misme. Il y intègre alors de multiples influences, punks, électroniques, new wave, et en fait exploser les limites. Il expérimente sans cesse, se permettant toutes les folies vocales, et ouvre sa musique à d’autres disciplines artistiques, comme la per- formance, la danse, la poésie ou le théâtre. Il a collaboré avec de grands noms du flamenco tels que Miguel Poveda ou Belén Maya, avec des musiciens comme Raül Refree ou Los Planetas, et avec des chorégraphes comme Rocío Molina ou Israel Galván qui participait à la performance Coplas Mecánicas présentée au festival Sonar 2018. À Vidy, il joue dans Una costilla sobre la mesa : Madre d’Angélica Liddell en 2019. En 2020, il donne un concert au Festival Antigel à Genève. ABONNEMENT GÉNÉRAL VIDY NE MANQUEZ PAS À VIDY L’Abonnement Général Vidy vous ouvre un accès illimi- NACERA BELAZA té à la programmation du L’Onde Théâtre. Découvrez les avantages et tarifs de l’AG

Du 4 au 7 novembre Danse ANNE TERESA DE KEERSMAEKER Mitten wir im Leben sind/ Bach6Cellosuiten Réservez vos places sur vidy.ch

Du 20 au 22 novembre Danse/Musique • pour les spectacles programmés jusqu’au 19 WILLIAM FORSYTHE décembre A Quiet Evening of Dance • Dès le 10 novembre pour les spectacles programmés jusqu’au 19 février 2021 TOUT VIDY EN LIGNE

@THEATREDEVIDY #VIDY2021 Du 17 au 18 février Danse