EN HAUTE-CERDAGNE · FONT-ROMEU (Pyr.-Or.)

Le Site pyrénéen ; le jardin montagnard

par

ANDHÉ CLÉMENT-l\IAHOT

A Cerdag11c ou B assin supérieur Lor

sources incluses dans ce quadrilatère gard e, mais à partir de cette date · à peu près isolé en Pyrénées espa­ nous po ssédons depuis Perpignan jus­ gnoles et qui n'a qu'un seul écoule­ qu'à Puigcerda la grand'route qui ment vers le Nord, vers l'Atlantique mène de France en Espagne, le grand français - les sources du Sègre, né en axe du monde catalan français et que territoi re fra nç a is dans le Val ro­ barre depuis Louis XIV, Montlouis, mantique de Llo, sur le versant nord la forteresse de Vauban. de l'arête frontière, s'écoulent vers La facilité relative des communi­ l'I::bre, la Ca talogne, Barcelone , pour cations a peuplé d'une même race le mourir en terre espagnole. au Nord. la Catalogne au La destinée de ces deux fleuves est Sud, mais c'est surtout à l'extrémité oppos ée et celle des hommes qui les Est par le col du Perthus (290 mè- FuNT-HOi\IEU 263

trcs) 1p1t.: St! :-;out fai Les les invasions petite province, perdue au milieu

O/ichi Baudclul. Font-Homeu. - "Cne vue sur la Cerdagne. chissanl Vt'rs le Su

Cliché rial. I.e Jardin p)·rénéen. - Plantes pyrénéennes montagnardes.

Au milieu: Erodium macradenum (exemplaire superbe). \ p) us b 118 : c ous�me · ts d e A/sine Thevenii. ? Galimn pyrenaicum. que l'on eût appelé à la grande vie de 1. 700 mètres où s'enlèvent douce­ Font-Romeu. ment des massifs usés jusqu'à 2.900 Deux rives de montagnes bordent mètres. L'impression est étrange: la donc ce Haut-Sègre: au Sud la chaîne­ lumière, le ciel , l'air sont si légers, frontière franco-espagnole avec le la cou leur générale si estompée ; le Puigmal (2.908 mètres), contrefort sens de l'altitude ( 1) absolue est aussi principal, massif sans harmonie qui désorienté sur ce vaste territoire dont termine la ligne des sommets de le soubassement paraît uniforme, mais 2.900 mètres. Au Nord, surmontant dont il faut avoir parcouru les pentes 1.le très grands et larges pl a teaux aux étagées avec des retraits pour en devi­ reliefs adoucis par une usure gla­ ner l'ampleur. ciaire intense et prolongée, le bombe­ Font-Romeu - Font-Roméou, la ment du �Iassif du Carlit avec le Pic Fontaine des Romains - connu sans ou Puig du même nom (2.915 mètres) doute du temps de nos ancêtres guer­ el son féal le puig (pron. puich en riers et colonisateurs qui appréciaient catalan) de Péric ou de Prigue déjà les sources thermales jaillissant (2.810 mi•trcs). autour du Mont Canigou, Font-Ro­ C'rst sur les pentes Sud de ces méou, ermitage perdÜ, au milieu de largrs plateaux étalés , au pi ed du ses prés rocheux et de ses bois, s'il Carlit cl de son pain de sucre <1ue se n'était pas célèbre, était aimé de ses troun Font- Romeu . Catalans qui viennent toujours cha- i\"ous voici donc dans un autre monde, à 75 kilomètres seulement de (1) L'on reeonnait à peine des l'ois aux pas· la mer et sur cette table granitique sages de lu Quillune et de la Perd1e. FONT-ROl\lEU 265

que a n n ée ù son graud pt'.�lerinage rieure descendue coloniser des pentes annuel, à son pieux Calvaire, où Sud des Cévennes. l'on pe u t entendre les cc goitgs » (pr. Je ne sais si Font-Romeu est un goitchs) ou. rudes cantiques cata ­ ermitage célèbre à l'égal de celui de lans. Galamus, dans les go1;ges si peu con­ La race est rude, proche des réali­ nues de l'Agly et. rivales de celles de tés, mais pieuse cependant, témoin l', Galamus où l'on va guérir la le joyau du plus pur des musiciens, stérilité, mais l'on trouve dans l'éven­ Déodat de Séverac, témoin ses «Mu­ taire pieux, quelques objets semi­ letiers au Christ de Llivia» qu'il a licencieux, que l'on pounait faire re­ surpris et dépeint dans sa suite pit­ monter à une tradition des Fêles toresque « En Cerdagne ». La mu­ d'Eleu3is ou à ces petits pains noués sique populaire catalane est. des plus que l'on mange encore dans certaines originales et « le ténor )) catalan, ou fêtes provençales. Le folklore ne perd Hautbois t

ClicM l'i-il. Font-Homeu. -- Le .Jardin pyrénéen ; Plantes pyrénéennes montagnar'1es.

Au milieu : Ery11giltm Buurgati (très typique pour la région et abondant.). En bas et devant: Dia11tl1us pyrenaicus (vrai). 266 L\ TERHE ET L.\ \'IE

d'avions, eL qui dans son avancée esL c·L ch� Sapins d\·1·.i111t•1•s par l'exploita­ insolé pendant de longues heures, tion df•s For�cs " à la Ca tala ne �" les architectes bâtirent un grand JI est. le seul arbre qui résiste à la Hôtel modèle et luxueux. dent des ouailles, moutons et chèvres, La nature n'est pas oubliée et les les seuls an imaux rentables dans cc dépendances contiennent un petit pays de maigre agriculture, où les parc zoologique avec ours. isards, fermes sont très peu nombreuses et cerfs, daims, renards, etc. Une créa­ tn's dispersées. La tête des arbres en tion autonome, personnelle, est celle souffre parfois et, en cas de disette du Jardin Montagnard pyrénéen créé intense, les bêtes s'attaquent aussi par le jardinier-chef M. Vial et dont aux Aconits, aux Vératres, aux Rho­ nous parlons plus _loin. dodendrons secs et. goudronneux. Grâce à la propagande intensive de La race bovine est chétive, à toutes la Compagnie du Midi, le nom de fins, trait, boucherie. Les chevaux Font-Romeu est connu dans le monde peu nom breux, réservés pour la mu­ entier et se trouve être le plus célèbre lasserie. tics trente-trois villages français qui Les gens sont rudes envers 'les ani­ forment la Cerdagne - une seule maux, co rn me les Ariégeois autour de exception étant l'enclave de Llivia Puység-ur, l'une des dernirres re­ (30 kilomètres carrés), qui étant. ré­ lraitc"s du .\[anichéisnw a lbigeois, ado­ , putée ville fut exceptée de la cession _rateur cles esprits sombres. Il en est en 1659 et reliée à l'Espagne par un qui s'étonnent de voir les étrangers chemin neutre de 2 kilomètres de nourrir leurs animaux domestiques. lon g. Apres thésaurisateurs aussi , raréfiant Le pays est ru de avec un été court., tout le billon pendant une saison. mais l'hiver long et p!ut.ôt ensol<'illé. pour le reverser aux Caisses d'épar­ Le sol très maigre et très peu épais gne. 1 ls furent défiants au début, vis­ (atteignant par places 5 centimè tres à-vis des étrangers et de la petite d'épaisseur) est doué d'une réverbé­ encl ave des nouveaux arrivants. ration intense. Paradoxe, au pied de Quelque peu braconniers , d'aucuns c·e château d'eau qu'est le Carlit pour utilisent. les Verbascum, ssp. le Ver­ la Têt, l'Aude , avec son plateau im­ bascum floccosum dont ils pilent les ­ bibé de lacs et de taquets très nom fcuilks et les graines narcotiques, breux et qui sont les reliques d'une dont la mixture tue le poisson. C'est glaciation intense, sur ce granrl do­ le u Torp" ou cc Torpe »(nom catalan). maine granitique, Font-Romeu sur Un nom analogue est celui de 1< Herba ses avancées à 1.800 mètres d'alti­ de las Tores » qui désigne un autre tude, n'a pour ainsi dir� pas d'eau. poison violent, !'Aconit Napel. Le Les oiseaux y sont assez rares, les grand Hôtel t.ire cependant des res­ iusectes aussi et. cependant cette na­ sources pour sa table de l'affermage ture n'est pas triste. Le Pin à cro­ du gibier et des truites abondantes chets ( Pi1111s monlana var. 11ncinala) dans les lacs. est le seul qui puisse prospérer :rnr le D'ailleurs la vraie zone de colonisa­ sol ingrat. Cependant de beaux exem­ tion humaine est heaucoun plus bas plaires d 'Abies concolor introduits, r1uc 1.800 mètres, dans une zone plus :'i i abritée Pxislent Font-Romeu. Le P n à et est jalonnée par la ligne des ­ erocheh a remplacé partout en Cata vill a ges de Bolquère, Odeillo-Via, logne les forêts primitives de Hêtres Egal, Targasonne au pied du Belvé- FUNT-HOMEU 267

tlère Je Fu11L-Ho11wu 1·L plus Las eu­ nuages au col de Nuria. Le veut du core, en fa c e, par la ligue d'Eync­ Sud chaud et pesant . La lramonla11e, Llo et Err. vent du Nord, trbs violent., redouté Sur ce dernier veri;ant, l'eau est des marins, et pour le Capçir, le Cur­ plus abondante, mais les prés impor­ canel, qui est aussi un vent du Nord . tants situés au débouché des vallées, Le dernier printemps de 1931, jus­ sur le grand bassin, doivent être irri­ qu'à la mi-été, a été des plus secs à gués tout l'été. Les 229.000 habitants Font-Romeu. La neige ne tombe pas

Clirhé Baudelut. Font-Homeu. - L'Ermitage.

tics Pyrérn'�cs-Orientales correspon­ toujours, ou ne se mai nt.ien t pas sur dent à un peu plus de 51 individus par le sol à grande réverbt'�ration, et cela kilomètre carré - Superficie (P. O. entrave parfois beaucoup les sports

= 414.000 hectares) -- 21 de moins d'hiver. En j anvier 19:32, Font-Ho­ que la moyenne de la France. La plus meu n'avait pas encore de neige el le grande parti e du sol est montagnes, sol était gelé jusr1u'à 50 cenlimdres bois et forêts, vaines pâtures, le sol de profondeur. et l'air sont très secs. Les vents sont Tandis que le Pic de Cudil se d'ailleurs inconstants et les princi­ dresse au-dessus d'un pl a te a u ùlevt'�. paux sont: formant une large assise, et co11lc111pl1� La J\/arinada ou vent de mer du ses propres ruines comme le << Calo­ Sud-Sud-Est, qui apporte l'humidité blepas » de la Tentation de Saint-An­ ' et qui nous a assailli d'une mer de toine, qui se ronge les pieds sans s cu 268 LA TERRE ET LA Vl E

erc r ap evoir, la chaine-froutit'.·rc fo me bola11isLP 1·;üala11, 11� Frt'.•rf' Sennen,est r vis-à-vis, un mur somb e ; haut, régu­ allé c herc h er sous un orage diluvien lier, entailk seulement de longues un Vib11r1111111 qu'il dédia à l'auteur valli'es finissant en cul-de-sac, avec de ces lignes (Viburnum Maroli). des cols très (�levés - Col de Nuria Enfin Err où git Valcebollère. (2.700 mètres) - un mur dominé L'une des (( pyles » du Val d'Eync, plus en arrière par la Sierra del Cadi au sens grec du mot, est le Cambre (2.600 mètres) encore plus massive, d'Aze, ou dos d'âne dont le relief plus sèche, plus âpre, plus arago­ terminal est étrange : le sommet est naise dans l'éblouissante blancheur échancré par un vaste éboulement qui ription est toujours tlll a :,; de rideaux d'une g h1"111i1·yde t pis (· vrai<', la maigre, mais pittoresque échine mon­ ''"�t'.·lalion pendante dont l'effet est tagneuse se dressant au-dessus des hauteurs bmsécs. une val CeUP île peu connue renft>rme étrange. C'est dans re natal que le Conifère spéciale. FONT-ROMEU

Cliché V inl.

Font-Romeu. - Le Jardin pyrénéen (grand Hôtel) (moitié Nord, Exposition Nord-Ouest). Les plantes pyrénéennes montagnardes. reprises au moins, domine un plateau maine du Carlit, dans un rirque do­ Lrt\s élevé, d'une altitude moyenne de miné par le Puig de Prigue 011 dl' 2.000 mMres, que les glaciers ont ra­ Péric (2.810 mi\tres) , sur un plal.<•au boté et creusé d'une infinité de lacs. lacustre et tourb rux . Ses prPmii•n•s Crntre de dis persion fluviale impor- eaux provienn ent de laquds df• 1.ant d'où rayonnent : l'Oriège, af­ haute altitude, qu'elle romblP 011 fluent de l'Ariège, Andorrane, l'A11 de même vide par rupturr, comnw f'llf• "t la Tél. le fit au 1xe sif.,cle du lac dPs BatTPs, L'Aude naît au lac d'Aude, qui qui ravagea la vall(·e des monls i'1 la n'est ni tiède, ni gai, sous le Roc mer. fi' Aude (2.377 mètres), séparé de la Elle se déverse ensuite pnr mw Têt par une très faible dénivellation, série de plans marécageux - lils qui permettrait de réunir fac\lement d'anciens lacs, et dont IPs plus él,('TJ­ le8 deux rivières. L'Aude s'écoule dus sont les cùlèbres U1111i/1011.�1·11, ln

ces Leau Des échelons séparent plans; du Carlit, sont l'A11go11sfrine, de l'un d'eux, la Têt des c f'nd par un qui descend Vf'rs le val de Carol et le hond de 25 mi·t . res, d'un autre clic Si•gre. Dans le Val d'Angoustrine cfrsccnd dans le plan de la Bouil­ croît (;m/iana Ma11r1ini (dédiée à Jow;c, marais de plus de 100 hectares, notre Présidf'nt, le Professeur Man­ que l'on a barri\ arnénag/> en un ré­ �in) et qui se mble n'êt.rc qu'une sous­ sf'n·oir c ontenant 13 millions de m1�­ esp(•f'e de Grnlinna P11r11111onnnfhr à lrPs n1b es qui sont la r(·serve d'été de feuilles bien plus f>troites , - et la la Tèl. pour les C<'nt jours les plus Font-Vive, branc h e mère de I'Aravo, rh:iurb df' l'ann{�c. La d1�nivellation ou Sègre de Carol. La Foni-Vivr clu cours dr la Tt�l, apri·s J\fontlouis, sort du Lanoux ou Lac Noir, le plus f'st lri·s forte, ntt<'ignant 100 mi-trcs g-rand lac des Pyr(•nécs (110 hectares) par kilomi•tr<'. (3.000 mètres de long, largeur 500 à L1�s Bouillousf's sont tl'aillrurs l'ha­ ôOO mètres, a U,itu de 2.154 mètrps). hitat d'un rare Jsorh•s et d'une rare J ,c lac est du reste gelé de septembre ''l'11riri•rf' aqua tique it drmi-submer­ à juin et juillet. Ce réservoir n'attend

g1'•p - S11/J11/nria aquafim. q11<' l'on rP­ qu'un dl-versoir pour arroser toute lrouvf' seulement. dans deux lacs Vos­ la Cerdagne . gi1•ns, plante qu'étudir en cc mo­ Une autrP annexe importante de la ment mon ami M orq ucr de la Facullt'! Haute-Cerdagne f'st le Capcir, avec n{•islP q ui étudie la géographie côtô du Roussi lion PL no n vers Je holaniqw• pyr{•néennf', la vif' f'l la Nord, vers l'aval. mort rlf's )aC'S py r{·nfrns 1·ornnw )ps Pendant longtemps les deux gorges pozzines dt' Corse. ou défilés de l'Aude dont le plus con­

Apri·s ks Ilouillousrf', la Têt s'l-cou- nu est celui df' Pierrf' - Lys ont Hé un 11• par la cascade du Trou dt> la Chr­ obstadc prrmanrnt. n minèr (en c atala Forat de la Ximi­ Le Capeir Pst l ' un cfrs lieux d'ha­ rn •ll a ) puis par If' Plan des �oiscliPrs biUit ion le plus 1'·lcYr de France nwc (Pn catalan Pla cl1•s Avl'llan s) oil l'on trPs d'altitude, où même sur l r1•,; f',;, l'll h les rout .es jalonnées la r·irculation Plu,; ha,;, apri·s IP Plan df's BaiTf'S pPul. Hre dangereuse en hiver. 1111 ( Pla d1· H arn-.s ) , t'f' lac tif' râ 1·hpusP Le sol plus épais a été n ourri clr 1111"111o i rt> qui �'pffondrn sur le ni! dt'·bris apportrs par deux grossps a a pri·,; Yoi r bri ,;1" ,;a mora inr df' sfirC'tl•. branches du glacier principal du Car­ 1·01111111·n1·1·11I. à l .liOO mi'·l rP:', IPs prP� lit. Lf's pasquiers tant convoités el m 1•r:-; 1:1m i d p ,; 1·u l l Ï Yt'·,; Plllnur{•s dP la splendide rt unique Foré/ de la 110111 rf't1X b 111111'" dl' pÎPITf',;, ba:-;, qui .\/a/fr sont là pour t.émoig-ner de !'ex­ rappPllPtll IP:-; 11111r,; dp,; f'!iamps brP- l'PllPtH'P de CP sol dans unP région 11111,;. p:iu \Te. n•:-; l.1·,; :111! ri,·ii·n•s. is,;111•:-; dt' 1'1• pla- ( :·l'�I 1111P f'orM df' Pins sylvrstres, FONT-ROMEU 271 dont les fûts rouges régulièrement dégringolades, de mousses et d'eaux. alignés s'élèvent à plus de 12 mètres Telle ligne de peupliers à 1.200 mètres et dont les cim es s'Plalent comme d'altitude, en face lt>s sommets, un celles des Pins parasols. Les bois de pur miracle. rf>gion sont une source de grande la . Les prés y sont d'un vert-jamu• richesse pour les habitants et éomme très curieux. L'air f'st U•ger, candid<', certaines communes du M orvan , pau­ ailé vraiment. J'aime ers plalraux, vre lui aussi, les affouages et la char­ ils sont une suspension pour I<' corps pente leur procurent des revenus no­ et l'esprit. ; un autrf' Ha�e cle ln t.ahle'l. Le grain et les fibres de cc terre. n bois sont beaux et de bonne qualité et ce bois a l�U· utilisé pour l'embel­ Font-Romeu, le jardin pyrénéen. lissement d'un hôtel de luxe comme Je Grand Hôtel de Font-Romeu. Les La nature présente donc b<'aw·oup poutres ciu Montlouis de Vauban té­ d'attraits en Haule-Cerdag1w. F-i lt•s moignent aussi de cette excellence, et plaisirs du chasseur sont limill•s, c1•11x les flottes royales en ont tiré de nom­ du pêcheur sont assurés, mais le �éo­ breux mâts et pavillons qui ont par­ logiste el le botaniste ont un c1'11tr1• couru toutes les mers. d'études incomparable. L'abbl� J>our­ Sous le couvert de cette forêt pousse ret, protégé de Lom énie de Brie11111-, la Genliana Bursrri, employée comme a été avec son ouvrage, lli11rrair1• succédané de la Gentiane jaune apéri­ pour les Pyrénées (ManusC"rit. 1781) un tive. De nombreux sacs avaient été initiateur suivi par Ramond Pt Pirol ramassés l'année précédente et les de Lapeyrouse. De nombreux émulPs souches ont un peu souffert de f'.ette ont suivi leurs pas et si la réputation rér,olte intensive. botanique du Val d'Eyne n'est plui;; Dans le Capsir se trouve aussi une à faire . personnf' n'avait t <'nté s, cascades, f:'rst un f'hiffre ri·s 272 LA TERRE ET LA VIE tant il reste encore à découvrir : c'est sont plus belles que dans leur site ainsi qu'au bout de sa vingt- n eu­ natal. Transplantées ou bien semées vième course, M. Vial a trouvé pour dans leur habitat de 1.800 mètres, la première fois l' Arabis alpina en ces plantes ont pu fournir un certain juillet dernier, et en octobre passé nombre d'observations qui , recou­ il m'apportait une plante trouvée pées avec celles que je pratique en pour la première foi<;;, e'était la Sm­ plaine dans mon jardin d'Essai de ll' llaria alpina. Rueil- Malmaison, et d'autres prati­ Ceci montre la prudence qu'il faut quées à une altitude moyenne de 700

Cliché Raud.lot. Les Petites Bouillouses. twoir pour exclure une plante d'une à 800 mètres dans le Jardin de Hat­ Clore. Le Liyularia Sibirica, dans le zendorf, en Styrie, fourniront la ma­ Capcir , en avait déjà été un exemple tii•re d'un rapport. intitulé: LPs plan­ iles plus frappants. En sortant un tes pyrénéennes dans la na/rire el dans jour par mois, en circulant dans la la wll11r<'. Non seulement l'état de zone d'altitude de 1.200 à 2.200 mè­ ces plantes qui soulèvent de nom­ trP;;, rt dans 11n rayon de 20 à 30 kilo­ breux problèmes est splendide, mais rndres, Vial a donc rfoni un ensem­ la flisposition en est esthétique. hle uniq1w d'espi·ces dispersées, diffi­ Les plant es ont été réunies sur un eiles il troun•r ou birn de culture talus de rocailles dirigé vers l'Ouest, difficile. surmonté par des arbustes et des En quittant lr11r patriP, rrs plantes plnntes vivaces. L'on ne peut tout n'ont rirn prrd11 au dinngr: C'rrtainrs t>numl•rer, mais des csp1\ces très diffi- FONT-ROMEU 273 ciles comme l'Erysunum pumilum s'y tante pour les Monocotylédones aux ressème tout seul, Gt'n/iana pyre­ pièces fragiles, éphémères. naica, Alsinr Thn"'nii y prospèrent. fléco/le dPs plan/es. - Le climat A ce sujet, je dois signaler la paru­ entrave parfois la récoll�; ainsi la tion prochaine dans iYrw Flora and fonte· des neiges, trl>s fortes en 1929, 81/vn, la revue� anglaise des collec­ a été très retardée en 1930 et la végé­ tionneurs de r.lasse, d'un grand ar- tation aussi: ainsi le 29 octobre lmO, 1.icle en deux parties sur les Gentianes en montagne, le Daphne Mn1•r111111 d'Europe, sujet qui n'est pas des qui fleurit en plaine, en mars, fleuris-

ClirM fln11tltlol

Les Bouillouses. - l\lassif du Carlitte et le Pic de La Grave.

plus clairs et dont l'auteur, le doc­ sait seulement et Draba Aizoid1·.� 1•t. teur Fr. Lrmperg-, cultivateur émé­ Rhododendron ft'rf'll!JÎll<'lllll en ho11- rite, contrrdira certaines données des tons. Dans le jardin, le IO mars J�l:IO, botanistes. D'ailleurs il y a aussi des il y avait encore 1 m. 50 111' 1wii:r1'. 1.1' divergenœs pour la Flore coloniale, manteau de neige proli•ge 11•1-; plantl's, entre les forestiers locaux et les mu­ mais en janvier 1932, sans neigl', sres. D'où l'utilité des Jardins bota­ avec un sol gel{� à 50 ccntirni•tn·s 111• niques, drs collections, des botanistes profondeur, l'insolation viw, 1·rrlai­ cultivateurs. Dans le Liban aussi, nes espi�ces souffrent. Il s'agit 1:'1 111' un corrrsponrlant prépare des addi­ plantes étahlies. tions, fruit dr ses trouvailles, et des Cu/111rl'. - Lorsqu'il s'agit dr trans­ description;; rectificatrices. L'étmle planter des sujrts :-irraeh{·s en pleinr uniqun sur IP vif est surtout impor- Y•�gétat.ion, lri·s di•licales co111nw Cri- 274 L\ TEHRE ET LA VIE lium pyrenaiwm, Saxifraga Bryoidrs, pyrt'•111·�en des Scnceio i nf'anus, des S. nH'dia, les Gentianes, le mieux est Alpes f't S. l'ersonii des Alpes-Mari­ cle les mouiller le moins possiblf', df' times <'St un<' rt'ussit.<' Honnante. lf's planter en plates-bandf's, sous Tous ees S(•neçons d'nltitudl', comme f'layons trf>s bas, ou en pots étroits, les Artr·mises �lacial rs, les Andro­ sous châssis fermé un ou deux jours saces sont flifficilrs il

('/ich 1 R111u/tlot.

I.es Bouillouses. - L'Etllng long. rinq factPurs concomitants (pour res­ tons, de cendres, de molles ri<' ga­ ter dans f!ps limites raisonnables). zons, de débris végétaux prf>pm·l·s "" Cela est du reste plus facile à cons­ fermentés longtemps à l'avan<'<'. De.:; tat.cr dans la race humaine dans l'es­ agronom es ont du reste Hudi!� l'a1111'•­ pace de pru de générations et même lioration des landes et bruyi:rcs p:ir pour la n; gre ssion atavique. les parquets à volnille mobilPs, ln Mais la rf>ussite la plus étonnante modification df' la réaction P11• '"' de Font-Homcu est la culture des sol est notable au bout de deux :ms. plantes annuelles et potagères à cette cela permet l'emploi d'a utres plantC's altitude. Une culture étudiée n'exis­ qui modifient le sol à leur tour. Dans tait pas av ant l'arrivée de Vial. le Tyrol, en 1929, j'ai pu f'onstaln Sol granitique, donc maigre, sol l'emploi abondant d'engrais humain lrt'·s pr11 {·pais, n'ayant sounmt que sur dP:;; prairi<':;; cnilloutt'usPs au sol 276 LA TERRE ET LA VIE

maigre. Ce sont les engrais les plus pour lrs SPmences de pommes de terre azotés qui sont indiqués pour Cf'S sols anglaises rt il serait intéressant de pauvres trop minéralisés. voir )ps expfrirncc s se poursuivre à Il fallait ensuite semer et sélection­ Font- Romeu . Notre conclusion géné­ nPr les esprccs les plus résistantPs : rale est qu'il y a peu de terrains vrai­ le premier fonds fut fourni par les ment ingrats qur l'on nf: puisse amé­ graines plus ou moins fraiches four­ liorer. nies par les marchands g-rainiers. En­ (( CulliYons notre jardinn, n dit suite, apn\s avoir eu un été propice Candide ... à la maturation des graines, à cette altitude élevée, semer des graines ré­ Liste des Plantes coltées pour l'Acclimatation. Voici les les plus intéressantes cultivées plantes annuelles dont l'on peut obte­ à Font-Romeu. nir des graines : Acrorlini11m, Anw­ ra11/11s ca11da/11s, Gypsophila, J-lrli­ Adonis Pyrrnaica. - Androsace rhrys11m, Lnbrlia, A11lirrhi1111m, Œil­ carllf'a, A. imbricafa. - Alyss11m lets de Chine et d'Inde, Pétunias, mnnla1111111. - Anrmon<' s11lf11rra, A. Phlox annuels. Salpiglnssis, Sca­ l'l'rlW. - Campa1111la J!llSilla, c. sre­ bieuses, Thlaspi divers. ciosa (vraie). - Cl'rasli11m yrenai­ Cnrf'nfJsis, Cnsnws, Reine-Margue­ p Clltn. - Crrpis pygmra. - Diant/ms r ites, Zinnias ne donnent pas de résul­ tats suivis et intéressants. Les Agera­ pyrrneus. - Doronicum viscosum. - J<:rysim11m pumilwn. - Erylhroni11m l11111s et les Verveines ont leurs fleurs Dens Canis. -- Gali11m Pyrmaic11m. _:_ desséchées en un jour par le vent et Grnliana alpina, G. pyrl'naica, G. ver IP soleil . Les GlaïPuls et lrs variétés ­ hâtives de Dahlias réussissent assez na, etc. - Glolmlaria nana. - Gre­ hif'n. goria vilaliana. - Jasione l111milis. - y e aicum . - Linari Parmi lf's annuelles, il fau t. citer Lili11m p r n a alpi­ na. - Loiselmria prommbens. - Slalice S11wnrn1•i, du Turkestan, re­ J lyn of is fl!Jrcnaica. - Oxylro iscam­ marquablP par son infloresrenre ag­ � p glomérée, raudée, comme Amaranlus peslr1 s, O. Halll'ri. - Pedicu/aris ra11da/11s et non en panicule, parmi les Grane/li, P. pyrenaica. - Phyfeuma plantes vivaces le Delphinillm cardi- Charmf'/i1, P. lwmispharric11m. - Po­ 11al1', un C:alifornir-n pourtant. leni il la f rigida, P. 11ivali11. -:- Prinwln i\lais une trou vaille est If' Pl'/1111ia inlrgrifnlia, P. lalifnlia. - na111111ru­ rmw, obtenu depuis trois ans et lrouù• l11s a11!111slifoli11s, n. glarialis. - Sa­ par hasard dans un Sf'mis en mélancrp xifraga Androsac<'a, S. hrynides, S. me­ cle toutes les variétt;s à tons rosPs d;s dia, S. n11posilifnlia, etc. - Senrcio meilleurs catalogues. C:e Pétunia rose /l'11cnphull11s. - Sibbaldia procumhens. de Font- Romeu est le seul bon teint, - Snldanella alpina. - Swrrlia pe­ tous les autre!' étant décolorés au rf'llnis. - Thymus lan119inos11s, T. hout d'urw demi-journée. rnnferf11s. - Veronica 111111111111/aria. - . La c ulture en nllitude est des plus Viola pyrrnaica, etc., etc .. 11nportant.es pour la pn�cocité des graines; en France l'altitu

ClicM Baruhloit. Font-Romeu. - Le Grand Hôtel et du Golf.

A. CAMPAG:"iE: Les Forêts pyrénéennes C11.-L. FnEESTON : Tite llighways oj (HH2). Pyrenees (/,es hautes roules des Pyrénées), IL GAl'SSE:"i : Fégétaiion de la moitié 191�1. Trad. allemande. Ou 1111;111e auteur orientale des Pyrénées (Paris 192ô, Le /.es Il antes routes des illpes, pour les auto­ Chevalier) , le,.plus complet. mohi 1 istf's. GAUTIER : Catalogue de la Flore des /.a Promenade cerdane, par Ci.A 11 1 1 r. Pyrénées Orientales (1898). AVELINE. Nov. 19:11, n° 45. Revue heb­ Fr.A 11 A UT : Carte botanique et fores­ domadaire. tière de la France. Feuilles de Perpignan. DÉODAT nE Sf:vEllAC, En Cerdagne. Annales de Géographie, t. VI, 1897. Suite pour piano. PIERRE C11ouARU : L'étang tourbeux Au pays de l'infante, Lo1;1s lh111"11A:'ill.