UNIVERSITE D'ANTANAND'ANTANANARIVOARIVO ------ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES AGRONOMIQUAGRONOMIQUESESESES ------DEPARTEMENT AGRO---MANMANAGEMENTAGEMENT ------MEMOIRE DE FIN D'ETUD'ETUDEDEDEDE

ANALYSE DES INTERACTIONS ENTRE LES SYSTEMES DE PRODUCTION ET LES ESPACES RESSOURCES AUTOUR DE LA STATION FORESTIERE DE

Présenté par: TSIVAHINISOLO Fanjanirina Bhanckie

PROMOTION RAITRA 1999 –2004

UNIVERSITE D'ANTANANARIVO ------ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES AGRONOMIQUES ------DEPARTEMENT AGRO-MANAGEMENT ------MEMOIRE DE FIN D'ETUDES

ANALYSE DES INTERACTIONS ENTRE LES SYSTEMES DE PRODUCTION ET LES ESPACES RESSOURCES AUTOUR DE LA STATION FORESTIERE DE MANJAKATOMPO

Présenté par: TSIVAHINISOLO Fanjanirina Bhanckie

PROMOTION RAITRA 1999 –2004

REMERCIEMENTS

Ce travail n’aurait pu être arrivé à son terme sans la collaboration et la coopération de différents responsables. Aussi tenons-nous à exprimer notre profonde reconnaissance, en particulier à :

- Madame Romaine RAMANANARIVO, Chef du Département Agro-Management à l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques ou ESSA, qui nous a fait l’honneur de présider le jury de ce mémoire,

- Madame Lucie RAHARINIRINA RABAOVOLOLONA, Enseignant-Chercheur à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Responsable du Volet 2 du projet Jeune Equipe Associée à l’IRD ou JEAI d’avoir accepté de siéger parmi les membres du jury,

- Monsieur Sylvain RAMANANARIVO, Enseignant-Chercheur à l’ESSA, d’avoir accepté d’examiner ce travail et siéger parmi les membres du jury,

- Monsieur Vestalys HERIMANDIMBY, Enseignant-Chercheur et assistant à l’ESSA, notre tuteur, pour ses conseils et orientations et pour avoir suivi de près notre travail.

Que soient remerciés également :

- Monsieur Philippe MERAL, Chargé de recherche à l’Institut de Recherche pour le Développement ou IRD, et Responsable scientifique du Centre d’Economie et d’Ethique pour l’Environnement et le Développement à ou C3EDM, de nous avoir accueillie au sein de ce laboratoire,

- Monsieur Daniel Jules RANDRIAMANALINA, Vice-Doyen de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Responsable Coordonnateur du Volet 3 du projet JEAI, pour ses précieux conseils lors des descentes sur terrain,

- Monsieur Bède RATSIMBAZAFY, Enseignant à l’ESSA, dont le dévouement nous a été très utile,

- Tout le personnel de l'ESSA, particulièrement du Département Agro-Management pour leur collaboration à la réalisation de ce travail,

- Tout le personnel de l’IRD et du C3EDM qui nous a fournie soutiens matériels et financiers,

- Tous les membres de la JEAI, en particulier le Volet 3 pour leur appui technique,

- Tout le personnel de l'Union Forestière d’ ou UFA et du Projet de Développement Forestier Intégré du ou PDFIV qui a porté à notre connaissance les informations sollicitées.

Que soient enfin remerciés toutes et tous ceux qui ont contribué d’une manière ou d’une autre à la conception et à la réalisation de ce document, notamment :

- Tout le personnel de la Mairie de la Commune rurale de ,

- La population de la Commune de Tsiafajavona Ankaratra.

Veuillez trouvez, ici, l’expression de notre profonde gratitude.

« Mais il faut que la patience accomplisse parfaitement son œuvre,

afin que vous soyez parfaits et accomplis, sans faillir en rien ». Jacques I 1 :4

RESUME

La dégradation des ressources naturelles constitue le principal problème écologique des pays en voie de développement. Cette dégradation résulte en fait de deux causes principales dont l’une relevant des considérations anthropohistoriques et culturelles et l’autre dérivant des systèmes de production et d’exploitation pratiqués par les populations. Concernant Madagascar, le transfert de gestion des ressources naturelles renouvelables aux communautés locales est une politique adoptée par l’Etat afin de promouvoir la préservation de l’environnement dans le cadre du développement rural. Pour que cette politique porte ses fruits, l’étude des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources est nécessaire. La Station forestière de Manjakatompo étant l’objet de la présente étude, la méthodologie de travail est orientée vers une analyse du degré de dépendance des populations aux ressources forestières. Cette analyse a été faite afin d’établir une typologie des exploitations de la région, d’évaluer leur situation économique et d’étudier la gestion locale des ressources par rapport aux systèmes de production. Les résultats obtenus démontrent l’importance de la station forestière pour les systèmes d’exploitation. Cependant, il convient de noter que le transfert de gestion ne serait assuré que si la population y participe activement.

Mots-clés : Manjakatompo, Système de production, Espaces ressources, Typologie, Interactions, Gestion locale des ressources naturelles Collation : Corps 33 pages, Annexe 35 pages

ABSTRACT

The deterioration of the natural resources constitutes the main ecological problem of the developing countries. This deterioration results by way of two main reasons of which one being a matter for the anthropological and cultural considerations and the other drifting of the systems of production and exploitation practiced by the populations. Concerning Madagascar, the transfer of management of the renewable natural resources to the local communities is a politics adopted by the state in order to promote the preservation of the environment in the setting of the farming development. So that this politics carries its fruits, the survey of the interactions between the systems of production and spaces resources are necessary. The forest Station of Manjakatompo being the object of the present survey, the methodology of work is oriented toward an analysis of the degree of dependence of the populations to the forest resources. This analysis has been made in order to establish a typology of the exploitations of the region, to value their economic situation and to study the local management of resources in relation to the systems of production. The gotten results demonstrate the importance of the forest station for the operating systems. However, he/it agrees to note that the transfer of management would only be assured if the population actively participates of it.

Keywords: Manjakatompo, System of production, Spaces resources, Typology, Interactions, local Management of the natural resources

Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

SOMMAIRE

Remerciements Résumé Sommaire ...... i Liste des tableaux et figures ...... iii Liste des abréviations...... iv Introduction...... 1 1- Contexte de l’étude...... 1 2- Intérêt de l’étude...... 1 3- Problématique et objectifs ...... 2 I - Méthodologie ...... 3 1- Orientations méthodologiques...... 3 2- Quelques concepts...... 3 2.1 Concept d’espace ressource...... 3 2.2 Concept de développement durable ...... 4 2.3 Concept de gestion locale des ressources naturelles renouvelables ...... 4 3- Démarche méthodologique ...... 5 3.1 Phase préliminaire ...... 5 3.2 Phase d’enquêtes et collecte de données ...... 6 3.3 Traitement et analyse des données...... 7 3.4 Synthèse des acquis...... 7 4- Méthodes d’analyse...... 8 4.1 Analyse statistique ...... 8 4.2 Analyse de groupes ...... 9 II - Résultats et interprétations ...... 13 1- Résultats de l’analyse statistique ...... 13 2- Typologie des exploitations ...... 14 2.1 Type A...... 14 2.2 Type F...... 15 2.3 Synthèse de la typologie...... 16 3- Résultats de l’analyse de groupes...... 17 3.1 Structure des exploitations...... 17 3.2 Force de travail ...... 19

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

3.3 Revenus...... 20 3.4 Budget familial ...... 24 III- Discussions et recommandations ...... 27 1- Sur le plan économique...... 27 2- Sur le plan social ...... 28 3- Sur le plan organisationnel...... 29 4- Recommandations pour un avenir meilleur du transfert de gestion ...... 29 4.1 Amélioration des productions locales et des réseaux commerciaux...... 30 4.2 Renforcement des mécanismes de gestion...... 30 5- Conclusion...... 31 Bibliographie...... 32 Annexes

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LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Caractéristiques de la zone d’étude ...... 6 Tableau 2 : Moyenne par variable par groupe ...... 13 Tableau 3 : Variables discriminantes ...... 14 Tableau 4 : Tableau synoptique de la typologie...... 17 Tableau 5 : Comparaison des revenus agricoles et forestiers ...... 23 Tableau 6 : Bilan économique des groupes ...... 25 Tableau 7 : Evolution des résultats des activités forestières...... 28

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Résumé de la démarche méthodologique ...... 8 Figure 2 : Structure des exploitations à travers les ratios ...... 18 Figure 3 : Forces de travail à travers les ratios ...... 19 Figure 4 : Revenus agricoles à travers les ratios ...... 21 Figure 5 : Revenus forestiers à travers les ratios...... 22 Figure 6 : Comparaison des ratios économiques...... 25 Figure 7 : Evolution de l’utilisation de la main d’œuvre au sein de la station ...... 28

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

LISTE DES ABREVIATIONS

ACRONYMES

A.C.M Analyse des Correspondances Multiples A.F.D Analyse Factorielle Discriminante C.A. Conseil d’Administration C.O.S. Conseil d’Orientation et de Suivi D.E.F. Direction des Eaux et Forêts D.I.R.E.F. Direction Inter-Régionale des Eaux et Forêts GELOSE GEstion LOcale SEcurisée G.F.E. Gestion des Forêts d’Etat M.E.F. Ministère des Eaux et Forêts M.O. Main d’œuvre M.O.F. Main d’œuvre Familiale O.N.G. Organisation Non Gouvernementale P Production P.C.D. Plan Communal de Développement P.D.F.I.V. Projet de Développement Forestier Intégré de Vakinankaratra RAC Revenu des Autres Cultures RRZ Revenu rizicole SAC Surface des autres champs de culture SAT Surface Agricole Totale SR Seuil de Renouvellement SRZ Surface des rizières SS Seuil de Survie U.F.A. Union Forestière d’Ambatolampy V.M.M.A. Vondron’ny Mponina Manajary ny Ala

VARIABLES D’ANALYSE

ACT Nombre d’actifs AXAF Autres activités extra-agricoles et forestières BOV Pratique d’élevage bovin CHT Possession de charrette CUL Autres champs de culture EQP Niveau d’équipement FOR Pratique d’activité liée à la station forestière MEN Taille du ménage RIZ Rizières iv

Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

SAT Surface Agricole Totale VLG Village

UNITES UTILISEES

°C Degré Celsius act actifs Fmg Francs malagasy ha Hectare hab habitants Hj Homme-jour Km Kilomètres m Mètres mm millimètres

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INTRODUCTION

1- CONTEXTE DE L’ETUDE

Actuellement, le thème « gestion locale des ressources naturelles » a pris une place importante dans la politique environnementale malgache. Selon l’énoncé du principe 22 de la déclaration de RIO lors du Sommet Planète Terre en 1992 et la confirmation par le Sommet de Johannesburg en 2003 sur l’environnement et le développement, « les populations et communautés locales ainsi que les collectivités locales ont un rôle vital à jouer dans la gestion de l’environnement et le développement du fait de leur connaissance du milieu et notamment de leurs pratiques traditionnelles. Les Etats doivent reconnaître leur identité, leur culture et leurs intérêts, leur accorder tout l’appui nécessaire et leur permettre de participer efficacement à la réalisation d’un développement durable ».

La politique de transfert de gestion des ressources aux communautés locales est, depuis peu, appliquée dans beaucoup de régions de Madagascar. Tel est le cas de la région d’Ambatolampy avec l’intervention de l’UFA, une ONG agissant dans la gestion de la Station Forestière de Manjakatompo et dans les zones d’Ampahibato.

Dans le cadre de la gestion communautaire des ressources naturelles, la présente étude essaie de faire une « analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources autour de la Station Forestière de Manjakatompo ».

2- INTERET DE L’ETUDE

Faisant référence au Plan d’Action Environnemental dont l’objectif global est de « promouvoir le développement à travers l’utilisation durable des ressources naturelles et en particulier de conserver la biodiversité biologique de Madagascar pour les bénéfices des générations futures » (in Rapport National du Ministère de l’Environnement, 1999), il s’avère intéressant de faire une étude dans le cadre du développement local.

Etant donné l’existence de la Station forestière de Manjakatompo, celle-ci constitue une ressource naturelle importante dont l’utilisation se traduit par la diversité des systèmes d’exploitation dans la région. En effet, tout programme de développement est basé sur la connaissance du milieu et de ses potentialités. Les populations locales sont donc les

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

principaux acteurs du développement et l’étude devrait être focalisée sur ces premières et leur pratique vis-à-vis de cette station.

3- PROBLEMATIQUE ET OBJECTIFS

Dans la région de Manjakatompo, zone de la présente étude (cf. Annexe 2), la dégradation des ressources naturelles est la conséquence d’une part, de l’état de pauvreté des populations locales et d’autre part, de la forte croissance démographique disproportionnée à l’étendu de surfaces cultivées. En outre, c’est l’effet d’un manque de coordination au niveau sectoriel et de la situation conflictuelle entre les structures traditionnelles et coutumières, les pouvoirs publics et autres organismes d’intervention.

La problématique de l’étude repose d’une certaine manière sur les rapports entre système social, système économique et système écologique afin de mettre en place une co-viabilité entre ces derniers et à laquelle la gestion de l’environnement doit être mise en œuvre. L’étude a ainsi pour objectifs d’établir une typologie des exploitations par rapport à l’utilisation des espaces ressources et d’analyser le degré de dépendance des populations à la station forestière afin de donner des appréciations sur l’avenir du transfert de gestion de la station forestière par rapport aux systèmes de production et d’économie des exploitations agricoles.

Ce travail comprend trois grandes parties consacrées :

• A la méthodologie de travail adoptée ; • Aux différents résultats d’analyses et leurs interprétations mettant en exergue la typologie des exploitations et les différents indicateurs d’analyse des systèmes de production et d’utilisation des espaces ressources ; • Aux discussions sur la gestion de la station par rapport aux systèmes d’exploitation et aux recommandations pour son amélioration, orientées principalement vers le degré de dépendance des exploitations aux espaces ressources et l’avenir du transfert de gestion.

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

I - METHODOLOGIE

1- ORIENTATIONS METHODOLOGIQUES

L’hypothèse de recherche repose sur le fait que le processus de la mise en œuvre de la gestion locale ne correspond pas aux logiques socio-économiques des populations locales. Le cas de la gestion communautaire de la station forestière de Manjakatompo illustre cette problématique des politiques environnementales, de gestion locale des ressources et de la participation des communautés de base pour le développement durable au niveau régional.

Pour atteindre les objectifs de l’étude, les orientations concernant l’étude des espaces ressources et de leur utilisation, l’établissement d’une typologie des exploitations agricoles et l’évaluation économique des systèmes de production à partir de cette typologie ont été adoptées.

2- QUELQUES CONCEPTS

Les concepts suivants méritent d’être exposés à savoir le concept d’ « espace ressource », le concept de « développement durable » et le concept de « gestion locale des ressources naturelles renouvelables ».

2.1 CONCEPT D’ESPACE RESSOURCE

Le concept d’espace ressource essaie de définir le sol lié à l’environnement (Razafiarijaona J., 2002). En effet, le sol constitue un support pour les ressources naturelles renouvelables que l’on qualifie d’écosystèmes contenant des éléments abiotiques et biotiques. Le sol ne peut être défini de façon isolé ni séparé de ces dernières du fait qu’il en constitue le principal et se trouve fortement lié aux ressources formant les accessoires.

De cette approche holistique est issu le concept d’espace ressource ou sol-environnement car effectivement, la ressource naturelle en elle-même n’est autre que l’accessoire d’un support qui soit le sol avec lequel elle forme un tout, une universalité. En outre, l’espace ressource se caractérise et se définit par le fait qu’il est transmissible naturellement entre générations se trouvant dans un lignage ou un groupe communautaire. Chaque espace ressource implique la distinction des modes d’accès, d’exploitation, de gestion des ressources qui en sont liées.

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

La Station forestière de Manjakatompo qui constitue un espace ressource important du point de vue gestion fera l’objet de notre étude.

2.2 CONCEPT DE DEVELOPPEMENT DURABLE

Le développement durable est une « stratégie de développement social et économique destinée à concilier progrès économique et social sans mettre en péril l’équilibre naturel de la planète pour un développement répondant aux besoins actuels sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » (Wikipédia, 2004).

Les objectifs du développement durable visent l’intégrité écologique, l’équité entre les nations, les individus et les générations et l’efficacité économique.

Le concept de développement durable reconnaît l’importance des facteurs culturels et anthropologiques (Razafiarijaona J., 2002). En effet, aucune population n’accepte une rupture avec son histoire, elle cherche une durabilité dans les actions entreprises.

La base physique de ce concept est que la connaissance du milieu est détenue par la population locale et l’adhésion de celle-ci au processus de développement serait motivée par sa participation à ces actions. A cet égard, les populations de la région de Manjakatompo font partie de celles qui voudraient participer au développement de leur région.

2.3 CONCEPT DE GESTION LOCALE DES RESSOURCES NATURELLES RENOUVELABLES

La gestion locale des ressources se définit par le transfert de gestion ou la responsabilisation des communautés locales sur les activités spécifiques de gestion des ressources dont les motifs sont énumérés à travers la loi 96.025, loi relative à la gestion locale des ressources renouvelables (Assemblée Nationale,1996). L’extension du transfert de gestion des ressources vers une autonomie économique de la communauté de base doit être mise en considération.

Dans le processus de la mise en place du transfert de gestion, on distingue deux outils principaux à savoir le plan d’aménagement et le plan de gestion (Equipe MIRAY et al., 1998). Le premier constitue un document réglementaire, soumis au visa de l’administration, qui précise l’objectif assigné à la forêt et prévoit les mesures nécessaires pour atteindre cet objectif. Il s’appuie sur un ensemble de considérations et d’analyses : état de la forêt, potentialités économiques, besoins locaux, régionaux d’ordre économique, social, d’utilité

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

générale. La période de validité du plan d’aménagement est un compromis entre la fiabilité des données de base et le besoin d’une durée suffisante pour asseoir les résultats. Généralement, il oscille entre 15 et 30 ans et dans le cas de Manjakatompo, cette période est comprise entre 1995 et 2004.

Compte tenu des moyens disponibles, le plan de gestion, par contre, prévoit la mise en œuvre des mesures proposées par le plan d’aménagement, programme d’exploitation des ressources concernées et programme des travaux, en précisant leur nature, leur période et durée, leur quotité, les revenus et les coûts. Le plan de gestion se clôture par un bilan financier sur base des dépenses prévues et des recettes escomptées. Sa durée est comprise entre 1 et 5 ans.

3- DEMARCHE METHODOLOGIQUE

D’une manière générale, la démarche méthodologique comprend 4 étapes à savoir l’étape préliminaire, la phase d’enquêtes et collectes de données, la phase d’analyse et de traitement et la phase de synthèse des acquis.

3.1 PHASE PRELIMINAIRE

3.1.1 Etapes suivies

La première phase de cette étape consiste à l’élaboration de la fiche de recherche permettant de cerner le sujet, de définir la problématique, les objectifs et les résultats attendus.

Cette phase est suivie par des études bibliographiques, inventaire et analyse des publications portant sur la région de Manjakatompo et d’Ambatolampy. Le paragraphe suivant résume la zone d’étude en général.

3.1.2 Synthèse bibliographique

La synthèse des études bibliographies permet de décrire brièvement le milieu d’étude. Le tableau ci-dessous résume les caractéristiques générales de la région ainsi que de la Station forestière de Manjakatompo.

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Tableau 1 : Caractéristiques de la zone d’étude

Caractéristiques Région de Manjakatompo Station forestière - A une quinzaine de kilomètres à l’Ouest A 17 km à l’Ouest d’Ambatolampy Localisation (cf. d’Ambatolampy, 80 km au Sud de la Capitale Annexe 1 - Carte 1) - Sur le flanc oriental du massif de l’Ankaratra - Entre les latitudes 19°19’ et 19°24’ Sud et les longitudes 47°14’ et 47°22’ Est - Entre les altitudes 1600 m et 2640 m Formée par les trois Communes Tsiafajavona Ankaratra, Une partie se trouve dans la Cadre administratif et Andravola Vohipeno Commune de Tsiafajavona Ankaratra et une autre partie dans celle de Sabotsy Namatoana Superficie 230 km2 7800 ha dont 2603 ha boisées - Effectif total de la population : 29 857 habitants Démographie - Taille moyenne des ménages : 6 - Taux de participation aux activités rurales moyen1 : 59,5% - Agriculture : Riziculture irriguée, culture de - Exploitation directe2 : Activités des pomme de terre d’altitude, culture de maïs, équarrissage, enstérage… populations haricot, patate douce, manioc - Soins et aménagements - Elevage : bovin, porcin et avicole forestiers3 avec exploitation - Autres : activités forestières, commerce, des produits connexes : menuiserie, salariat journalier fabrication de manches à balai, carbonisation… Sources : Sous-préfecture, PCD, plan d’aménagement et auteur

3.2 PHASE D’ENQUETES ET COLLECTE DE DONNEES

3.2.1 Choix des enquêtés

Les Communes de Tsiafajavona Ankaratra et de Sabotsy Namatoana ont été choisies pour les travaux d’enquête en raison de la proximité de la forêt et de la forte participation des populations de ces deux communes aux activités liées à la station forestière. Ainsi, l’approche a consisté à faire des enquêtes aléatoires dans plusieurs hameaux autour de la station (cf. Annexe 1- Carte 2). Cependant, on a veillé à ce que chaque type d’exploitation liée à la station soit représentée au moins par un individu.

1 Pourcentage des populations entre 11 et 60 ans 2 Opération sylvicole qui consiste à abattre les arbres à l’âge d’exploitabilité afin de récolter le bois en vue de son utilisation ultérieure. Elle permet au rejet de se développer pour ainsi devenir à son tour un arbre. 3 Tous les traitements et aménagements effectués au bénéfice d’un peuplement forestier à tout stade de sa vie (dégagement, dépressage, nettoiement, élagage, éclaircie…).

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

Remarques : Il est à préciser que les activités forestières concernent les exploitations au niveau de la plantation constituée par le peuplement exotique, le peuplement mélangé et les autres peuplements (cf. Annexe 2 : 4).

Il convient également de noter que faute d’insuffisance d’informations, parmi 43 ménages enquêtés, 38 ménages ont été retenus. Ces 38 ménages sont composés d’une part de ménages participant aux activités forestières et d’autre part de ménages qui n’y participent pas.

3.2.2 Etapes suivies

Pendant l’intervention auprès des ménages, des fiches d’enquêtes ont été utilisées. Elles ont été élaborées de façon à ordonner la collecte d’informations et contiennent quatre thèmes à savoir les activités agricoles, d’élevage, les activités d’exploitations forestières ainsi que les autres activités extra-agricoles.

Il faut noter que le fondement de certains résultats nécessitait d’être vérifié sur terrain et auprès des personnes concernées. Cette étape constitue la phase de recoupement.

3.3 TRAITEMENT ET ANALYSE DES DONNEES

Cette étape consiste dans un premier temps, à un pré-traitement ou la saisie des données recueillies lors des enquêtes sous EXCEL afin de les uniformiser et de les apurer de façon à obtenir des informations exploitables pour les analyses ultérieures.

L’étape d’analyse et de traitement proprement dite fait suite à ce pré-traitement. Elle est conduite de deux manières dont l’une correspondant à une analyse statistique descriptive et l’autre à une analyse de groupes. Ces deux analyses permettront d’aboutir à des recommandations pour un meilleur avenir du transfert de gestion des ressources naturelles.

3.4 SYNTHESE DES ACQUIS

La synthèse des acquis est la dernière étape suivie pour de l’étude. Cette étape consiste à l’élaboration du présent document à partir de la synthèse et la capitalisation des acquis. Les différents analyses, résultats et interprétations seront dans la deuxième partie du document.

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

La figure ci-après résume le démarche méthodologique adoptée.

Démarches Travaux à faire Résultats

Elaboration de la fiche de recherche Définition de la problématique et des Etape préliminaire objectifs de l’étude Etude bibliographique

Elaboration de la fiche d’enquêtes

Phase d’enquêtes et Choix des enquêtés Un échantillon de 38 collecte des données individus

Enquêtes proprement dites

Saisie des données

Pré-traitement des Variables et individus Uniformisation des données à étudier données

Choix des variables

Traitements statistiques (ACM et AFD) Typologie Analyse et traitement des informations

Analyse de groupes Degré de dépendance

Figure 1 :: RésuméRésumé dede lala démarchedémarche méthodologiqueméthodologique

4- METHODES D’ANALYSE

4.1 ANALYSE STATISTIQUE

Le logiciel STAT-ITCF a été employé pour les différentes analyses statistiques afin de connaître les liens entre les variables et définir les facteurs communs à un ensemble de variables ayant entre elles des relations assez élevées afin de les regrouper.

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

4.1.1 Procédures

Tout d’abord, une analyse des correspondances multiples ou ACM a été effectuée pour le regroupement des variables et des individus du fait que les variables utilisées sont des variables mélangées, qualitatives et quantitatives. Elle consiste à mettre en évidence les liens entre les variables et à définir les facteurs communs à un ensemble de variables ayant entre elles des relations élevées.

Cette étape a été suivie par une analyse factorielle discriminante ou AFD pour le regroupement des individus selon les variables descriptives.

4.1.2 Choix des variables pour l’analyse statistique

Suite à l’analyse statistique, les variables choisies sont groupées en :

• structure des exploitations, renseignant sur la taille des ménages MEN, le nombre d’actifs agricoles ACT, la superficie des différentes cultures RIZ pour la rizière, CUL pour les autres champs de culture et SAT pour la superficie totale, la pratique des cultures de contre-saison ou CTS, • technique de production, renseignant sur le niveau d’équipement EQP, les matériels, charrette en particulier ou CHT et le bétail surtout les bovins BOV, • activités extra-agricoles AXAF non liées à la station forestière et la participation aux activités forestières FOR, • lieu d’habitation VLG.

4.1.3 Typologie

La typologie vise à classifier les individus enquêtés d’une manière homogène. Elle a été faite afin de faciliter l’analyse de groupes et est obtenue en traitant les 11 variables par analyse des correspondances multiples ou ACM et par analyse factorielle discriminante ou AFD.

4.2 ANALYSE DE GROUPES

Les systèmes d’exploitation sont extrêmement différents et leur étude nécessite une grande attention. Le but de l’analyse de groupes est de pouvoir faire des analyses et des comparaisons suivant une méthode homogène à travers différents indicateurs tels que la structure des exploitations, la force de travail, les revenus et le budget de ménages (in Mémento de l’agronome).

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

Cette analyse aboutira à l’évaluation du degré de dépendance des systèmes de production aux espaces ressources. Les indicateurs d’analyse seront étudiés successivement.

4.2.1 Structure des exploitations

Cet indicateur est défini à partir des ratios suivants :

• La superficie rizicole par actif ou SRZ/act ; • La superficie des autres champs par actif ou SAC/act ; • La superficie agricole totale par actif ou SAT/act.

Ces ratios permettent de montrer la surface sur laquelle un actif travaille au sein de l’exploitation. C’est donc la superficie disponible par actif.

La connaissance de cette structure de l’exploitation montre l’importance des terrains à la disposition du ménage. Une grande valeur des ratios SAT/act, surtout avec un ratio SRZ/act élevé, indique que la famille est aisée tandis qu’une faible valeur correspond à la famille démunie ou sans terre.

4.2.2 Force de travail

L’analyse de la force de travail détermine l’utilisation des mains d’œuvre au sein de l’exploitation. Elle est faite par rapport à l’opération culturale et au calendrier des travaux agricoles. Les informations concernant le calendrier cultural et les besoins en mains d’œuvre pour 1ha de chaque principal système de culture seront dans le tableau 13 en annexe 2.

Pour cet indicateur, les ratios utilisés sont :

• Le nombre d’hommes-jours4 consacré à l’agriculture par actif ou Hj/act ; • Le nombre d’hommes-jours par hectare ou Hj/ha.

L’utilisation des forces de travail domestiques peut être établie à partir du nombre d’actifs agricoles et le nombre d’Hj utilisé en supposant que la disponibilité d’un actif agricole est de 264 Hj par an5.

4 Ou Hj : unité de travail la plus utilisée en milieu rural, ex : travail de 3Hj=travail de 3 hommes pendant une journée ou travail d’un homme pendant trois jours. 5 Un actif agricole est supposé travailler 22jours par mois donc (22 x 12)jours par an, soit 264Hj.

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

Une valeur élevée pour ces deux ratios indique qu’un actif dépense beaucoup plus de temps et de force de travail à l’agriculture. Cela signifie que l’exploitant a moins d’opportunité pour d’autres activités plus occupantes.

Une faible valeur peut être traduite par le fait que l’exploitation dispose d’une force de travail extra-agricoles lui permettant de s’adonner à d’autres occupations telles les travaux forestiers, les autres spéculations…

4.2.3 Revenus

L’étude des revenus est importante pour connaître la situation économique des exploitations. Pour cela, différents types de revenu peuvent être considérés.

Etant donné que cette dernière intéresse l’utilisation des espaces ressources autour de la station forestière de Manjakatompo, la terre ainsi que la forêt sont donc les espaces ressources mis en exergue. L’étude concerne ainsi le revenu agricole et le revenu forestier.

Il convient de noter que les revenus utilisés sont des revenus bruts ou marges brutes d’exploitation. Les comptes d’exploitation pour les principales activités agricoles et forestières sont montrés par les tableaux 27 et 32 en annexe 5.

L’indicateur des revenus est obtenu par les ratios suivants :

• Revenu agricole total par actif ou RAT/act donné par la formule :

Revenu rizicole + Revenu agricole hors riz ______

Actif agricole

Il mesure l’importance du revenu agricole perçu par actif et ainsi de l’efficacité des techniques adoptées.

• Revenu forestier par actif ou RFT/act. Celui-ci indique l’importance du revenu forestier perçu par actif.

Pour la comparaison des deux types de revenus, l’indicateur de comparaison est calculé par la formule suivante :

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

Revenu forestier ______Revenu agricole

L’importance de ce ratio signifie que l’agriculture est moins importante que l’activité forestière et elle constitue une activité accessoire pour suppléer au revenu du ménage. Ainsi, cet indicateur est utilisé pour distinguer la place de chaque source de revenu, soit agricole soit forestier.

Il convient de noter que les revenus agricoles et forestiers font l’objet des études économiques. Les autres types de revenus ne sont pas considérés afin de bien voir l’importance de ces deux premiers types et de mieux les comparer.

3.2.4 Budget familial

Pour l’analyse du budget, il est nécessaire de voir les différentes consommations et les productions pour pouvoir déduire le bilan économique du ménage sans les autres activités extra-agricoles.

Les ratios utilisés sont :

• Le revenu total par actif P/act qui est donné par la formule suivante :

Revenu agricole + Revenu forestier ______Actif

• Le seuil de survie6 par actif SS/act ou la somme des besoins vitaux à satisfaire pour pouvoir survivre ; • Le seuil de renouvellement7 par actif SR/act ou la somme des besoins vitaux et les amortissements des investissements matériels.

La connaissance de ces ratios permettra de faire un bilan économique pour chaque groupe. Ceci se traduit par la capacité du ménage de disposer ou non d’un investissement supplémentaire ou encore le risque auquel il est soumis.

6 Minimum de besoins pour survivre (aliments et habillement). 7 Appelé également seuil de reproduction, c’est le minimum de besoins permettant de renouveler les investissements matériels.

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II - RESULTATS ET INTERPRETATIONS

1- RESULTATS DE L’ANALYSE STATISTIQUE

Les analyses statistiques, analyse des correspondances multiples et analyse factorielle discriminante ont permis de déterminer la contribution des variables sur les individus regroupés et de caractériser chaque groupe formé selon les variables qui les décrivent.

Sur la base des 12 variables, les 38 individus sont classifiés en 7 groupes. Le tableau suivant montre les moyennes par variable de chaque groupe.

Tableau 2 : Moyenne par variable par groupe

Groupe 1 2 3 4 5 6 7 Moyenne générale Nombre 7 8 4 4 4 6 5 38 d’observations Pourcentage (%) 18,5 21 10,5 10,5 10,5 15,8 13,2 100

MEN 4,5 7,5 5 6,5 3,5 6 5 6

ACT 2,5 5,25 3 3,25 2 3 2,5 3

SRZ (ha) 0,10 0,99 0,85 0,34 0,17 0,30 0,30 0,27

SAC (ha) 0,32 0,98 0,60 0,31 0,35 0,53 0,47 0,45

SAT (ha) 0,42 1,97 1,45 0,65 0,52 0,83 0,77 0,76

EQP 0 0,15 0,85 0 0,12 0 0,20 0

CHT 0 0,90 1 0,35 0,10 0 0 0

BOV 0 0,85 1 0,65 0 0 0 1

CTS 0 0,65 0,85 0,20 0,10 0 0,06 0,26

AXAF 0,95 0,25 0,30 0,85 0,80 0,60 0,15 0,75

FOR 0 0 0 1,25 2,10 1,85 2,45 0,5

VLG 5,5 4 5 3 7,5 8,5 10 6

Source : Auteur

On peut en déduire les variables discriminantes. En effet, la variable ayant la valeur la plus élevée constitue celle qui est discriminante. Elle constitue ainsi une caractéristique du groupe auquel cette valeur correspond.

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

Le tableau ci-après montre ces variables discriminantes.

Tableau 3 : Variables discriminantes

Groupe 1 2 3 4 5 6 7

MEN _ D _ _ _ _ _ ACT _ D _ _ _ _ _ SRZ (ha) _ D _ _ _ _ _ SAC (ha) _ D _ _ _ _ _ SAT (ha) _ D _ _ _ _ _ EQP _ _ D _ _ _ _ CHT _ _ D _ _ _ _ BOV _ _ D _ _ _ _ CTS _ _ D _ _ _ _ AXAF D ______FOR ______D VLG ______D Source : Auteur

D’après ce tableau, les groupes 2 et 3 ont beaucoup de qualités, caractérisées par la structure des exploitations et le niveau d’équipement tandis que le groupe 1 est caractérisé par les pratiques d’activités extra-agricoles autres que les activités forestières.

Le groupe 7 possède des qualités caractérisées par la pratique importante d’activités forestières et le lieu d’habitation. Quant aux groupes 4, 5 et 6, ils ont très peu de qualité.

2- TYPOLOGIE DES EXPLOITATIONS

Eu égard à ces résultats, les 7 groupes formés peuvent être regroupés en deux types, soient type A et type F dont voici les caractéristiques.

2.1 TYPE A

Ce type est constitué par les trois premiers groupes 1, 2 et 3 dont les exploitants ne participent pas aux activités forestières. On peut les classer respectivement en groupes A1, A2 et A3 dont voici les caractéristiques.

2.1.1 Groupe A1

Ce groupe est caractérisé par une taille de ménage de 4,5 personnes constitué par 2,5 actifs agricoles. Il dispose d’une SAT de 0,42ha dont 0,10ha de rizière et 0,32ha de champs de

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

culture vivrière. Il adopte la technique de production traditionnelle avec une culture manuelle et ne pratique que l’aviculture. Comme activité accessoire, il s’adonne plutôt au salariat agricole.

2.1.2 Groupe A2

Ce groupe est composé de 7,5 personnes avec 5,25 actifs agricoles. La SAT est importante de l’ordre de 1,97ha dont 0,99ha de rizière et 0,98ha de champs de culture vivrière. Sa technique de production est du type traditionnel mais il dispose d’une charrette pour les différents transports. Il s’adonnent à l’élevage bovin, porcin et avicole.

2.1.3 Groupe A3

Ce groupe est constitué par 5 personnes dont 3 actifs agricoles. La disponibilité en surfaces agricoles est aussi importante atteignant 1,45ha avec 0,85ha de rizière et 0,60ha de champs. Il adopte la technique de production mixte et pratique l’élevage porcin et l’aviculture à part l’élevage bovin. La location de charrette ainsi que le commerce sont les types d’activités accessoires qui l’intéresse.

2.2 TYPE F

Ce type est composé des exploitations qui font à la fois de l’agriculture et de l’activité forestière. On peut distinguer deux sous-types F1 et F2 dont le premier ne fait que des soins et aménagements forestiers tandis que le deuxième exerce l’exploitation directe ou salariat et l’aménagement. Ces sous-types sont constitués par les quatre derniers groupes 4, 5, 6 et 7 désignés respectivement par F11, F12, F21 et F22 dont les caractéristiques sont les suivantes.

2.2.1 Groupe F11

Ce groupe est formé par 6,5 personnes de 3,25 actifs. Il dispose d’une rizière de 0,34ha et d’un champ de culture de 0,31ha , soit une SAT de 0,65ha travaillée avec une technique traditionnelle. Il possède en outre une charrette et des bœufs pour les différents transports et dont la location pourrait générer un certain revenu.

A part cela, le soin sylvicole est sa principale activité forestière et il exploite les sous-produits pour la fabrication de manches à balai.

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

2.2.2 Groupe F12

Ce groupe est constitué par 3,5 personnes dont 2 actifs travaillent sur une parcelle de 0,52ha. La rizière est de 0,17ha tandis que le champ de culture de 0,35ha. Les bœufs constituent une forme d’investissement et sont principalement utiles dans les cultures en raison de leur production en fumier. Il fait également des soins sylvicoles ; les produits connexes sont utilisés pour la carbonisation.

2.2.3 Groupe F21

Ce groupe est caractérisé par une taille de ménage de 6 personnes dont 3 actifs. Il dispose d’une parcelle de 0,83ha constituée par 0,30ha de rizière et 0,53ha de champs. Il s’intéresse plutôt aux différents types d’activités salariales telles que le salariat forestier et le salariat agricole. L’élevage porcin et l’aviculture sont les plus courants.

2.2.4 Groupe F22

Ce groupe est formé de 5 personnes et 2,5 actifs, pratique la technique de production traditionnelle sur ses parcelles. Celles-ci sont d’une taille de 0,77ha dont 0,30ha de rizière et 0,47ha de champs. Il pratique principalement l’exploitation directe des produits de l’UFA et en revanche, il exploite les sous-produits pour la carbonisation. La station forestière est sa principale centre d’intérêt. L’élevage à cycle court tel la porciculture et l’aviculture est le plus adopté.

2.3 SYNTHESE DE LA TYPOLOGIE

En résumé, les exploitations peuvent être classifiées en 7 groupes distincts par rapport à l’utilisation des espaces ressources et par rapport aux systèmes de production.

Ce paragraphe va montrer les traits caractéristiques des groupes, c’est-à-dire les critères de ressemblance et les critères de différenciation entre les groupes à travers le tableau suivant résumant la typologie.

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

Tableau 4 : Tableau synoptique de la typologie

Critèr A1 A2 A3 F11 F12 F21 F22 es - Participent aux activités forestières - Ne participant pas aux activités forestières

- Pratiques agricoles identiques - Pratiques agricoles identiques - Surface agricole moyenne

Ressemblance - Pratique de technique de production traditionnelle

- SA petite - SA large - SA large - Fabrication - Fabrication - Pratique - Pratique de manches à de charbons d’activité d’activité - Technique de - Technique - Technique balai de bois salariale salariale production de production de production forestière, forestière traditionnelle traditionnelle mixte avec - Possession - Pratique équarrissa – associée à la association de de charrette d’élevage ge en fabrication de - Pratique - Effectif de culture porcin particulier charbons de

d’élevage bovins assez manuelle et - Elevage bois aviculture seule élevé attelage bovin - Vivant près - Pratique ou non de la station de salariat - Vivant aux - Possession - Effectif de - Location de agricole environs

Différenciation - Utilisation de charrette bovins élevé charrette immédiats de abondante de - Vivant la station MOF - Recours aux - Recours - Vivant à une loin de la MO externes aux MO distance station - Autres externes moyenne par sources de - Location de rapport à la revenus : charrette - Commerce station salariat agricole Source : Auteur

3- RESULTATS DE L’ANALYSE DE GROUPES

L’analyse de groupes vise à étudier le degré de dépendance des exploitations aux ressources forestières à partir de la typologie et des différents indicateurs énumérés auparavant tels que la structure des exploitations, la force de travail…

3.1 STRUCTURE DES EXPLOITATIONS

Cette fonction permet d’apprécier l’importance des terres agricoles disposées par le ménage.

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

La figure suivante montre la disponibilité en surface agricole pour chaque groupe.

0,60

0,50

0,40 SRZ/act 0,30 SAC/act SAT/act 0,20 Ratio ha/actif 0,10

0,00 A1 A2 A3 F11 F12 F21 F22 Ménages-types

Figure 2 :: StructureStructure desdes exploitationsexploitations àà traverstravers lesles ratiosratios

SRZ : Surface des rizières SAC : Surface des autres champs de culture SAT : Surface agricole totale act : actif

Eu égard à cette figure, on observe que :

• La surface agricole exploitée, en général, par le type A est plus grande par rapport à celle exploitée par le type F sauf pour le cas de A1 dont la disponibilité n’est que de 0,04 ha de rizière et 0,13 ha de champs de culture. Ceci est dû au fait que la surface agricole totale de ce groupe est restreinte. Ce sont presque des ménages sans terre qui se salarient en offrant des forces de travail à l’extérieur de leur exploitation. • Chez les groupes A2 et A3, la surface disponible par actif est plus grande, respectivement 0,19 ha et 0,28 ha de rizières et 0,19 ha et 0,20 ha de champs de culture. Ce sont de moyennes et grandes exploitations dont le commerce, la location de charrette et l’intensification de l’élevage bovin constituent les activités secondaires. • Quant au type F, les champs de culture sont beaucoup plus grands que les rizières. En fait, un actif ne dispose en moyenne que de 0,09 ha à 0,12 ha de rizière et 0,10 ha à 0,19 ha de champs. Ce sont des exploitations ayant une surface agricole moyenne dominée par les champs de culture. Cette disponibilité en terre limitée, surtout en rizière, est une raison pour laquelle les exploitations recourent aux activités forestières.

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

On peut en déduire qu’il y a des exploitations qui s’adonnent principalement à l’agriculture, cas de ceux qui ont une parcelle plus grande; il y en a qui en sont moins dépendantes, cas de ceux qui ont moins de terre. De ce fait, la superficie agricole utilisée est un des facteurs qui pourra expliquer la dépendance aux espaces ressources.

3.2 FORCE DE TRAVAIL

L’utilisation des forces de travail permet d’évaluer la disponibilité de l’exploitant en main d’œuvre. Elle pourra renseigner sur sa possibilité à pratiquer d’autres activités à part l’agriculture.

La synthèse des forces de travail agricoles à travers les différents ratios est présentée par la figure qui suit.

250,00

200,00

150,00 Ratios Hj/act 100,00 Hj/ha

50,00

0,00 A1 A2 A3 F11 F12 F21 F22 Ménages-types

Figure 3 :: ForcesForces dede travailtravail àà traverstravers lesles ratiosratios

Hj/act : nombre d’hommes-jour par actif Hj/ha : nombre d’hommes-jour par hectare

Le diagramme des forces de travail précédent permet de déduire qu’en matière de Hj/act:

• Le groupe A3 présente un ratio élevé : ceci s’explique par le fait que, dans son cas, un actif consacre beaucoup plus de temps et de force de travail à l’agriculture. Il dépense près de 109Hj. Etant donné que A3 possède une grande surface agricole et malgré l’adoption des techniques de production mixtes, le nombre d’actifs est assez limité. Chaque

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

actif devrait ainsi fournir beaucoup plus de forces de travail. Cela ne va pas lui permettre de s’adonner pleinement à d’autres activités. • Pour les groupes A2, F21 et F22, la mise en œuvre de la force de travail effectuée à l’intérieur de l’exploitation est moyenne par rapport à celle de A3. Elle se situe autour de 60Hj. Ceci découle du fait que le nombre d’actifs est assez élevé, pouvant atteindre 5,25 actifs. • Quant aux groupes A1, F11 et F12, la force de travail utilisée par actif est faible, environ 23Hj. En effet, le nombre d’actifs est moyen et les surfaces à travailler sont petites. Il pourrait ainsi y avoir une sous-utilisation de la main d’œuvre familiale dans les activités agricoles d’où une possibilité de se consacrer à d’autres activités extra-agricoles.

Concernant le ratio Hj/ha, on déduit que :

• La dépense en force de travail consacrée à 1ha est variable. Pour le cas de A3, F21 et F22, elle est importante dépassant 203Hj. Cela se traduit d’une manière générale par l’importance de l’agriculture pour ces groupes. Les autres activités sont donc secondaires mais ne sont pas obligatoires. • Quant aux groupes A1, A2, F11 et F12, la force de travail consacrée à 1ha de surface est moyenne par rapport au premier cas. Elle se situe autour de 100Hj/ha. Cette situation peut être expliquée par l’importance des différents types d’activités engagées par les exploitations à part l’agriculture.

Eu égard à ces points énumérés, la force de travail s’avère un facteur permettant de justifier la dépendance des exploitations à l’espace ressource. La quantité de force de travail qu’un actif devra offrir au cours de l’exploitation permettra de retenir s’il peut ou non disposer d’un certain temps pour d’autres activités sortant de l’agriculture.

Malgré la disponibilité en actifs agricoles, son importance diminue au fur et à mesure que la superficie s’élève. Pourtant, pour 1ha de superficie, les différentes exploitations ne dépensent pas la même quantité de force de travail.

3.3 REVENUS

L’étude des revenus est importante pour connaître la situation économique et financière des exploitations. Pour cela, différents types de revenu peuvent être considérés. Il convient de noter que les revenus utilisés sont des revenus bruts ou marges brutes d’exploitation.

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

Il est à rappeler que les revenus agricoles et forestiers sont considérés au cours de l’analyse du fait que la terre et la forêt sont les espaces ressources étudiés.

3.3.1 Revenu agricole

L’étude du revenu agricole permet d’évaluer l’importance de l’activité agricole dans la vie économique des populations.

Les ratios d’analyse sont tels que le montre la figure suivante.

1 800 000 1 600 000 1 400 000 1 200 000 RRZ/act 1 000 000 RAC/act 800 000 RAT/act 600 000

Revenus en Fmg 400 000 200 000 0 A1 A2 A3 F11 F12 F21 F22 Ménages-types

Figure 4 :: RevenusRevenus agricolesagricoles àà traverstravers lesles ratiosratios

RRZ : Revenu issu de la riziculture RAC : Revenu issu des autres cultures hors riz RAT : Revenu agricole total

On peut déduire de cette figure que :

• Pour le cas de A2 et A3, un actif peut percevoir beaucoup plus de revenu agricole que celui des autres groupes. Les revenus monétaires totaux ou la somme des revenus monétaires sur produits vivriers et sur riz par actifs sont importants, respectivement 7.576.950 Fmg/act et 4.849.925 Fmg/act. Cela se justifie par la taille des parcelles exploitées.

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

• Pour les cas des groupes F, le revenu monétaire sur produits vivriers par actif est plus important par rapport à celui sur riz. En effet, les champs de culture sont, en général, plus grands que les rizières et les revenus se situent entre 1.059.738 Fmg et 2.599.650 Fmg. • C’est au niveau du type A que l’on peut rencontrer à la fois le cas de l’actif pouvant percevoir un revenu important, de l’ordre de 1 616 642Fmg, et celui le plus faible avec un résultat de 267 865Fmg. Ceci témoigne de la superficie que les exploitations disposent. Le type F, quant à lui, constitue une performance moyenne par rapport à ces deux cas ; le revenu par actif oscille entre 496 369Fmg et 866 550Fmg.

3.3.2 Revenu forestier

Trois types d’activités forestières génératrices de revenus peuvent être observés à savoir la fabrication de manches à balai, la fabrication de charbons de bois et l’équarrissage, type de salariat forestier le plus courant. Pour l’étude du revenu forestier, nous n’allons pas voir le cas du type A étant donné qu’il ne participe pas aux activités liées à cette station.

Le ratio considéré est celui du revenu forestier par actif ou RFT/act tel que le montre la figure suivante.

900 000 800 000 700 000 600 000 Ratio 500 000 Fmg/act 400 000 300 000 RFT/act 200 000 100 000 0 F11 F12 F21 F22 Ménages-types

Figure 5 : Revenus forestiers à travers les ratios

Parmi les trois types d’exploitations qui sont la fabrication de manches à balai, cas de F11, la carbonisation, cas de F12 et le salariat forestier, cas de F21, la première et la troisième semblent être beaucoup moins rentables que la deuxième. La carbonisation est beaucoup

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

plus bénéfique avec un résultat de 735 000Fmg/act soit environ 6 fois celui de la fabrication de manches à balai et 1,6 fois celui du salariat forestier.

L’association de deux activités, carbonisation et salariat forestier, cas de F22, par contre, peut dégager une performance plus importante de 862 400Fmg/act. Comparée à cette association, la fabrication de manches à balai constitue une faible rentabilité de 118.462 Fmg, le salariat forestier seul 448.000 Fmg et la carbonisation pourra atteindre jusqu’à 735.000 Fmg.

3.3.3 Comparaison des deux types de revenus

Sachant que les espaces ressources considérés sont la terre et la forêt, il convient de noter que les deux types de revenu issus de ces ressources font l’objet de la comparaison.

Le tableau suivant met en évidence les revenus agricoles ou RAT et les revenus forestiers ou RFT perçus par actif pour chaque type d’exploitation ainsi que leur importance respective.

Tableau 5 : Comparaison des revenus agricoles etrestiers fo (en FMG) Ménage-type RAT/act RFT/act A1 267 865 0 A2 1 443 229 0 A3 1 616 642 0 F11 496 369 118 462 F12 529 869 735 000 F21 866 550 448 000 F22 864 450 862 400 Source : Auteur RAT : Revenu agricole total RFT : Revenu forestier total

On peut déduire de ce tableau que :

• Pour le type A, la terre est le seul espace ressource utilisé. Ainsi, le revenu généré par celle-ci constitue la totalité des revenus issus de l’utilisation des espaces ressources. Ce type de revenu est beaucoup plus important avec un maximum pouvant atteindre jusqu’à 1 616 642Fmg, cas de A3 par rapport à celui du groupe F, dont le maximum est seulement de 866 550Fmg, cas de F21. • Pour le type F, la terre et la forêt sont les espaces ressources mis en exergue. On peut avoir différentes proportions pour les ménages-types. Par exemple, pour F11,

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

l’agriculture est dominante avec une contribution monétaire de 496 369Fmg contre 118 462Fmg pour la forêt.

L’agriculture prime alors les activités sources de revenu et la fabrication de manches à balai est une activité secondaire. Ceci montre qu’il y a une complémentarité entre les deux types d’activités. C’est aussi le cas pour F21 mais dont la contribution monétaire de l’agriculture est de 2 fois celle de la forêt.

• Cependant, pour F12, l’activité forestière est plus importante que l’agriculture. Toutefois, on observe une concurrence entre les deux types d’activité, 529 869Fmg contre 735 000Fmg. Quant à F22, c’est l’inverse du cas de F12.

L’agriculture est importante mais elle est quand même en concurrence avec l’activité forestière, 864 450Fmg contre 862 400Fmg.

3.4 BUDGET FAMILIAL

Pour l’analyse du budget, la connaissance des différents besoins ainsi que les productions est nécessaire. Elle permettra, par la suite, d’en faire une comparaison pour pouvoir aboutir à un bilan économique du ménage.

3.4.1 Seuil de survie et seuil de reproduction

Par définition, le seuil de survie est le minimum de besoins à satisfaire pour pouvoir survivre tandis que le seuil de reproduction est le minimum de besoins permettant de renouveler les investissements matériels.

D’après les calculs, en annexe 5 : 7 , on peut estimer le seuil de survie par actif à une valeur SS/act égale à 717 800Fmg et le seuil de renouvellement par actif à une valeur SR/act égale à 797 800Fmg.

3.4.2 Bilan économique des groupes

Etant donné que l’étude concerne l’utilisation de la terre et la forêt, la production totale, pour notre cas, est constituée par les valeurs monétaires des productions agricoles et forestières.

Pour les analyses, les ratios seuil de reproduction par actif ou SR/act et la production totale par actif ou P/act ont été retenus comme le montre le tableau suivant.

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

Tableau 6 : Bilan économique des groupes

(en FMG) Types SR/act P/act Bilan/act A1 797 800 267 865 -529 935 A2 797 800 1 443 229 645 429 A3 797 800 1 616 642 818 842 F11 797 800 614 831 -182 969 F12 797 800 1 264 869 467 069 F21 797 800 1 314 550 516 750 F22 797 800 1 726 850 929 050 Source : Auteur

D’après ce tableau, certains groupes présentent un bilan négatif. Ceci peut se traduire par un manque au niveau de la trésorerie car les productions agricoles et forestières ne suffisent pas. En fait, pour combler ce manque, il est évident que les exploitants concernés font recours à des activités extra-agricoles.

La figure suivante permet de comparer les différents ratios d’analyse du budget.

820 000 2 000 000 800 000 1 800 000 1 600 000 780 000 1 400 000 760 000 1 200 000 SS/act 740 000 1 000 000 SR/act 720 000 800 000 P/act 600 000 700 000

400 000 Productions (P/actif) 680 000

Consommations(Fmg/actif) 200 000 660 000 0 A1 A2 A3 F11 F12 F21 F22 Groupes

Figure 6 :: ComparaisonComparaison desdes ratiosratios économiqueséconomiques

SS/act : Seuil de survie par actif SR/act : Seuil de renouvellement par actif P/act : Production par actif

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

D’après ces bilans, on observe que les groupes A1 et F11 présentent une trésorerie par actif négative tandis que les autres groupes ont des bilans positifs. En effet, pour le cas de A1, le revenu agricole seul ne peut satisfaire le besoin de reproduction ni celui de la survie. Le ménage ne peut pas investir, et elle ne peut pas survivre qu’avec des sacrifices d’où le seuil de survie minimum égal à 717 800 Fmg. Pour son cas, les autres activités extra-agricoles sont nécessaires pour combler les manques sinon le ménage risque de disparaître. C’est pour cela que le ménage de ce groupe s’intéresse plutôt au salariat agricole.

A propos de F11, les deux types de revenus sont complémentaires mais ne sont pas suffisants pour satisfaire les besoins. Le ménage de ce type ne peut pas également renouveler ses investissements et ne peut survivre qu’avec un sacrifice. Si on considère que l’agriculture est la seule activité pratiquée, celle-ci n’est pas suffisante d’où le recours à l’activité de fabrication de manches à balai. Toutefois, ces deux types d’activités devraient être intensifiées afin d’améliorer la trésorerie.

Par ailleurs, pour les groupes A2 et A3, le revenu agricole est assez élevé pour couvrir les besoins de renouvellement. Ces ménages disposent d’une capacité d’investissement supplémentaire I ayant respectivement les valeurs 645 429Fmg et 818 842Fmg par actif pour accroître leur capacité de production. Ceci pourra justifier leur préférence à ne pratiquer que des activités accessoires telles le commerce ou la location de charrette…

Quant aux groupes F12, F21 et F22, la figure montre que les ménages disposent d’une capacité d’investissement supplémentaire I dont les valeurs sont respectivement de 467.069Fmg, 516 750Fmg et 929 050Fmg. Ceci s’explique par le fait que l’agriculture seule est insuffisante pour satisfaire les besoins de reproduction. Ainsi, le recours aux activités forestières est fort intéressant et peut bien contribuer à l’amélioration de la situation financière.

Remarque : Il est à noter que la capacité d’investissement supplémentaire I correspond à la différence entre la production et les consommations pour les différents besoins.

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

III- DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS

Cette partie concerne les discussions sur le degré de dépendance des systèmes de production aux espaces ressources. Ces discussions reposent sur trois plans successifs à savoir le plan économique, le plan social et le plan organisationnel. Elles aboutiront à des recommandations pour l’amélioration de la gestion locale des ressources naturelles.

1- SUR LE PLAN ECONOMIQUE

D’une manière générale, l’existence de la station forestière de Manjakatompo contribue bel et bien dans l’économie des paysans par l’augmentation de leurs revenus et ainsi dans l’auto-subvention de leurs besoins quotidiens et même de leurs investissements.

Cependant, la situation économique est un des problèmes majeurs du monde rural. Ceci s’explique par l’insuffisance liée à la production et par le faible revenu des paysans. En effet, les paysans se rattachent à la pratique traditionnelle et sont indifférents vis-à-vis de toutes innovations. En plus, les surfaces agricoles sont limitées et les intrants agricoles sont loin du pouvoir d’achat des paysans alors que la population ne cesse d’accroître. Cette insuffisance au niveau de la production peut entraîner une insatisfaction des besoins des populations et ainsi aggraver la pression sur la forêt soit en une exploitation excessive et inappropriée des ressources soit en une réticence envers la gestion et une recherche d’autres activités plus bénéfiques.

Concernant les activités de gestion, les productions forestières sont confrontées à des limites telles que l’absence de débouchés, cas des produits stères et des manches à balai, les problèmes de rémunérations qui, selon les exploitants directs, sont très faibles par rapport aux efforts fournis. Il se trouve également que les paysans sont de moins en moins intéressés vis-à-vis de l’adhésion à l’association suite à ces problèmes.

Le tableau suivant montre l’évolution des résultats de quelques activités d’exploitation au sein de la station pendant la période 1999-2002.

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Analyse des interactions entre les systèmes de production et les espaces ressources

Tableau 7 : Evolution des résultats des activitésorestières f

Année 1999-2000 2001 2002 Dépressage 34 000 000 Fmg 23 275 000 Fmg 10 164 000 Fmg Carbonisation 127 000 000 Fmg 92 775 000 Fmg 45 255 000 Fmg Rémunérations issues des coupes 71 500 000 Fmg 39 250 000 Fmg de régénération Sources : Rapports d’activités UFA

D’après ce tableau, il est à signaler que les résultats monétaires des activités forestières ont connu une baisse progressive au cours de la période 1999-2002. Cette baisse a été les conséquences des différents évènements qui s’étaient produits au sein du pays tels que les feux de brousse pour l’année 2001 et les crises de l’année 2002. Elle a également été la conséquence d’un non respect du plan d’aménagement.

2- SUR LE PLAN SOCIAL

D’une part, la station contribue d’une manière générale à l’amélioration des conditions de vie sociales des populations par la procuration d’emploi pour les paysans locaux. La figure suivante montre l’évolution de l’utilisation de la main d’œuvre au sein de la station au cours de la période 1998 à 2002.

Sources : Andriamanalina R. L., 2002 et Auteur

Figure 7 :: EvolutionEvolution dede l’utilisationl’utilisation dede lala mainmain d’œuvred’œuvre sein seinauau dede lala stationstation

Eu égard à cette figure, l’utilisation de la main d’œuvre a également connu une instabilité. Ceci est dû au fait que les paysans ne s’intéressent pas réellement aux activités de gestion.

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D’autre part, les populations n’accordent pas trop d’importance à l’existence de l’UFA du fait que la mise en oeuvre du transfert de gestion leur est floue et les objectifs sont mal compris par les paysans. En plus, les résultats des activités entreprises auparavant ne sont pas concrets à leurs yeux. Cela peut être justifié par le recours des populations vers d’autres activités à part.

Ainsi, les paysans sont réticents envers l’UFA et ne montrent aucun intérêt pour l’association. Leur priorité réside sur la recherche de centres d’intérêt immédiat : activités génératrices de revenus. L’adhésion des populations à l’association est ainsi faible, ce qui pourrait mener à la non-exécution du plan d’aménagement.

3- SUR LE PLAN ORGANISATIONNEL

D’une manière générale, la station forestière tient une place plus ou moins importante pour la communauté de base. Cela est traduit par le fait que la gestion a été transféré à cette dernière. Cependant, l’organisation locale ne promet aucun avenir meilleur à la gestion des ressources. En effet, cette organisation est caractérisée par une faible capacité de gestion des membres de l’association liée à une insuffisance de communications et d’informations entre les différents acteurs de gestion et au sein de l’association. Les paysans sont ainsi inconscients des responsabilités qui leur sont attribuées et agissent sans considérer la structure mise en place.

En outre, le contrôle est insuffisant. Cela se traduit par la non application du « Dina », voie qui règle les rapports entre les membres de la communautés de base. Tout ceci pourrait mener vers des conflits, mésententes entre les membres de l’association et même vers la non-exécution des programmes.

Aussi, quelle stratégie peut-on adopter pour améliorer les conditions de vie des paysans dans le cadre du développement durable ?

4- RECOMMANDATIONS POUR UN AVENIR MEILLEUR DU TRANSFERT DE GESTION

Pour promouvoir un développement durable, concilier le « développement » et la « conservation » est nécessaire. Ainsi, pour ce faire, on peut adopter différentes stratégies en orientant les activités de gestion au profit des communautés de base.

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4.1 AMELIORATION DES PRODUCTIONS LOCALES ET DES RESEAUX COMMERCIAUX

Sur le plan économique, l’amélioration des productions agricoles et ainsi des revenus des paysans serait primordiale. En effet, satisfaire les besoins vitaux est une des préoccupations des paysans. Vu que ce type de besoin constitue la capacité du ménage à produire et que cette capacité dépend surtout de la production, il est important de mettre l’accent sur cette dernière.

Si les revenus seuls ne suffisent pas à constituer un critère de pauvreté, l'accroissement des revenus est un facteur qui influe manifestement sur la viabilité économique du ménage. L’amélioration du revenu pourra inciter les gens, dans le cadre de la gestion forestière, à respecter les ressources naturelles renouvelables. Pour ce faire, on pourrait envisager un financement des programmes de vulgarisation agricole, une mise en place d’un système de fourniture d’intrants, une réhabilitation des infrastructures telles que systèmes d’irrigation, pistes rurales…, un développement du crédit rural.

Il serait également intéressant d’élaborer des stratégies pour améliorer la productivité des activités d’exploitation et d’aménagement forestières en se concentrant sur les avantages sociaux et économiques de la population et en favorisant la réflexion collective sur le long terme. Pour cela, on pourrait procéder à la révision des systèmes de rémunération des exploitations, l’amélioration des réseaux commerciaux, stratégie qui s’avère bénéfique que ce soit pour les productions agricoles que forestières.

En effet, l’écoulement des produits forestiers dépendent de la proximité d’une voie de communication. L’ouverture ou l’aménagement des routes pourrait engendrer des conséquences positives : constitution d’une voie pour l’évacuation des productions et ainsi une ouverture vers le marché régional et/ou national. On pourrait également penser à la création de nouvelles conditions encourageant la participation des opérateurs économiques. Tout cela pourra bien inciter les populations à participer davantage dans la gestion de la station et intensifier les activités d’exploitation.

4.2 RENFORCEMENT DES MECANISMES DE GESTION

Ce renforcement concerne la capacité de gestion des membres et la communication au niveau de l’organisation. Il faudrait l’information des paysans sur le processus de mise en place du transfert de gestion tout en clarifiant les rôles et responsabilités de tous les acteurs

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intervenant dans ce processus. La sensibilisation des populations à participer davantage dans la gestion des ressources naturelles serait nécessaire tout en développant des outils pour renforcer les capacités de gestion des différents intervenants notamment les communautés.

On pourrait envisager la révision des mécanismes de gestion communautaire intégrant les traditions, les intérêts des populations locales, et conformément à la législation relative à la gestion locale des ressources naturelles renouvelables avec la participation effective des communautés de base. La promotion de réglementations et de normes régissant les exploitations et aménagements forestiers sur la base du principe de gestion environnementale et la promotion de la conclusion de chartes « Dina » serait intéressant. Ceci se ferait tout en impliquant les communautés locales, les opérateurs économiques, les autorités locales, régionales. On pourrait également penser au renforcement des relations de collaboration entre l’UFA et la communauté de base faute de quoi un conflit pourrait se créer.

5- CONCLUSION

Bref, les analyses ont montré que des individus sont réticents vis à vis des activités de gestion de la station, cas du type A. Ceci s’explique par leur tendance à recourir à d’autres activités secondaires ou accessoires n’ayant aucune liaison avec la forêt. Toutefois, cela ne veut pas dire que ces individus sont mis à l’écart car ils interviennent quand même dans la protection de celle-ci en cas de force majeur tel que les feux…

Par ailleurs, il est constaté que les individus qui participent aux activités forestières, type F, ne s’y engagent qu’en une faible partie. Cette tendance est traduite par la pratique d’activités agricoles qui constituent, soit des activités complémentaires soit des activités concurrentes aux activités forestières. Tout ceci dérive de différents facteurs économique, social, organisationnel.

Ce n’est qu’en considérant les aspects sociaux et économiques que le transfert de gestion aux communautés locales pourra se présenter comme une solution concrète pour la conciliation du « développement » et de la « conservation ».

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