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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

FACULTE DE DROIT, D’ECONOMIE, DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE

DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE

MEMOIRE DE FIN D’ETUDES POUR L’OBTENTION DE DIPLOME DE

MAITRISE EN SOCIOLOGIE

CONTRIBUTION A L’ETUDE DE LA CIRCULATION MONETAIRE D’UNE COMMUNAUTE VILLAGEOISE D’, DISTRICT DE FANDRIANAFANDRIANA

18 Février 2010

Présenté par : FANILONIAINA Hantarisoa Juliana

Encadré par: Monsieur RASOLOMANANA Denis

Les jurys formés par :

Président du Jury: Monsieur RAJAOSON François

Examinateur : Monsieur RAPANOEL SOLOFOMIHARANA Bruno Alain CONTRIBUTION A L’ETUDE DE LA CIRCULATION MONETAIRE DANS UNE COMMUNAUTE VILLAGEOISE D’IMITO DANS LE DISTRICT DE REMERCIEMENTS

Nous n’aurions pas pu accomplir ce travail seul et c’est dans un esprit de reconnaissance que nous nous adressons à tous ceux qui m’ont permis de le réaliser.

Mes remerciements s’adressent tout particulièrement au chef du Département de

Sociologie, Monsieur SOLOFOMIARANA Rapanoël Bruno Alain, au corps enseignant et au personnel administratif de l’établissement.

Nous tenons aussi à exprimer notre gratitude envers monsieur RASOLOMANANA

Denis notre directeur de recherche qui malgré ses lourdes occupations a quand même accepté de nous encadrer. Nous ne saurions pas à oublier Monsieur SOLOFOMIARANA Rapanoël

Bruno Alain et Monsieur RAJAOSON François, qui comporte le jury.

Nos remerciements s’adressent également à toutes les personnes enquêtées, les personnalités, les institutions publiques et privées dont la contribution a été plus que primordiale.

Un grand merci à ma famille, mes amis qui n’ont jamais cessé de me soutenir.

Merci infiniment ! SOMMAIRE INTRODUCTION GENERALE - PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE - OBJECTIF DE LA RECHERCHE -HYPOTHESES - METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE Partie I : CADRE THEORIQUE Chapitre 1 : Justification sociologique de cette étude Chapitre 2: Caractérisation du contexte dû aux rapports avec l’extérieur Chapitre 3: Histoire de la monnaie malgache Chapitre 4: La circulation monétaire dans la communauté villageoise malgache PARTIE II : RESULTATS DE L’ENQUETE Chapitre 1 :Monographie de la commune rurale d’« Imito » Chapitre 2 : La circulation monétaire dans chaque famille Chapitre 3 : L’argent comme signe de rapport social ou de la communauté servile PARTIE III : Analyses et Propositions Chapitre 1 : Propositions d’analyses et Essai d’interprétation Section 1 : Analyse quantitative Section 2-Analyse qualitative Chapitre 2 : L’argent et la dynamique villageoise Chapitre 3 :L’argent un des agents de la déstabilisation des rapports internes de l’organisation villageoise Chapitre 4 : Suggestions CONCLUSION GENERALE Bibliographie TABLEAU DES MATIERES LISTE DES ACRONYMES

CSP : Catégorie Socio – Professionnel CECAM : Caisse d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuels CSB II : Centre de Santé de base Niveau II EPM : Enquête Permanente auprès des Ménages INSTAT : Institut National de la Statistique ONN : Organisation des Nations pour la Nutrition SEECALINE : Surveillance et Educations des Ecoles et LISTES DES TABLEAUX

Tableau N° 01 : Tableau de l’échantillon Tableau N° 02 : Rapport de l’état civil de la commune d’Imito Tableau N°03: Répartition de la population par classe d’age Tableau N°04 : Répartition de la population par sexe Tableau N° 05 :Evaluation des Dépenses d’une famille paysanne Tableau N° 06 : Source de revenu Tableau N° 07 : Tableau croisé Usage /sexe Tableau N° 08 : Tableau de fréquence qui croise les variables Usage -argent et Niveau _instruction Tableau N°09 : Tableau qui croise le sexe et le fait d’être un membre de micro finance. Tableau N°10 : Tableau qui croise les variables BUT_CULTURE ET SOURCE-REVENU Tableau N°11 : tableau qui croise les variables Obligation _Impact et Niveau _instruction Tableau N °12 : Tableau à plat : variable « BUT_UTILISATION ARGENT Tableau N° 13 : Analyse de l’impact de l’argent chez l’individu. INTRODUCTION GENERALE 1

GENERALITES

Omniprésente dans les relations sociales, la monnaie n’en demeure pas moins l’inconnu de tout être humain : la monnaie qui est partout dans les relations sociales, n’est nulle part dans la pensée humaine. Toutefois, il est rare de retrouver, dans l’écriture d’un grand nombre de sociologue des réflexions concernant l’étude de la monnaie. La pensée sociologique n’aurait pas d’intérêt à proposer un cadre d’intelligibilité permettant de construire une approche systématique du fait monétaire.1 Ce diagnostic conduit Geoffrey Ingham (1998) à parler d’un « sous développement de la sociologie de la monnaie ».

En effet, les problèmes que pose l’utilisation du médiat monétaire dans les sociétés, surtout dans les non industriels sont à la charnière de l’économie et de l’ethnosociologie ; mais c’est par l’ethnologie, à partir des décryptages ethnologiques, que l’on peut espérer comprendre la problématique des circuits monétaires, qualifiés de complexes, dans les sociétés primitives2.

Aussi, ce travail intitulé « la circulation monétaire dans les communautés villageoises traditionnelles » appelle-t-il quelques considérations préliminaires dans l’utilité de la sociologie pour l’analyse de la monnaie. Il met en évidence quelques réflexions sur la circulation monétaire dans une société primitive. Il convient néanmoins de rappeler que dans les sociétés primitives, on ne peut pas véritablement parler de monnaie pour désigner les échanges effectués dans les relations de transactions individuelles ou collectives. Etudier la monnaie archaïque relève donc de quelques démarches. Cela renvoie, d’une part à étudier les aspects socio-économiques existant dans ces sociétés. En effet, malgré les pensées qui avancent le caractère économique de l’étude de la monnaie, personne ne conteste l’existence de la perspective sociologique en matière monétaire. Et d’autre part, il convient d’interpréter les différents usages actuels de la monnaie fiduciaire3 qui circule partout dans les sociétés non industrielles. Enfin, il importe de signaler au passage l’enjeu pratique du débat sur la confrontation entre le système capitaliste et le système villageois.

1 André ORLEAN, Traité de sociologie économique, sous la direction de François Vatin et Philippe Steiner, ED. PUF-2008 2 ALTHABE (G.), « Monnaie et para monnaie dans les sociétés traditionnelles » in Revue Européenne des Sciences Sociales 3 Se dit des valeurs en matière de monnaie fondées sur la confiance qui est accordé à celui qui les émet. 2

Pour appréhender notre étude, nous avons choisi comme terrain la commune rurale d’Imito dans le District de Fandriana. En effet, on ne voit pas d’exemple plus marquant que de contribuer au développement de la région par la réalisation de quelques études en matière de développement rural d’un premier point de vue. Et du second point de vue étant originaire de cette région, il nous importe de valoriser notre culture et de déterminer la problématique des conditions de vie des habitants.

- PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE - Comment se situe l’usage de l’argent dans les rapports sociaux d’une communauté villageoise ? -L’argent ne se présente- il pas comme un des agents de la déstabilisation des rapports internes de l’organisation villageoise ?

- OBJECTIF DE LA RECHERCHE Objectifs globaux - Contribuer à l’étude de la circulation monétaire malgache. - Contribuer à une approche de la lutte contre la pauvreté - Inciter un autre comportement à travers l’usage et la valorisation de notre monnaie malgache. - Evaluer la force de la reproduction du système traditionnel.

Objectifs spécifiques -Analyser les aspects culturels et sociaux des pratiques monétaires malgaches. -Déterminer les effets créés par l’usage de l’argent dans la communauté villageoise d’Imito. -Soulever les différents aspects du processus du système capitaliste d’exploitation commerciale et sa rencontre avec le système communautaire villageoise.

-HYPOTHESES - L’argent demeure un agent qui pousse l’individu à se préoccuper de la conquête du bien – être – appât de gain - L’argent se présente comme un moyen de renforcer la cohésion sociale dans le sens où celui- ci devient un aspect manifeste de la pratique des mœurs. - Le poids de la contrainte sociale peut engendrer l’exode rural. - La circulation monétaire peut aboutir à une perception nouvelle de la vie communautaire, de la relation sociale. 3

- METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE Cette partie doit pouvoir répondre à la question COMMENT la recherche s’est déroulée. Plusieurs points sont à considérer : 1. Etude documentaire : documents généraux et spécifiques 2. Elaboration des questionnaires 3. Techniques d’échantillonnage :  suivant les variables sexe, age, CSP  considère la représentativité  personnes cibles : ménages, Maire de la commune d’Imito, Représentant du village (Anarandray), 4. Descente sur terrain  Lieu : Commune rurale d’Imito – District de Fandriana  Domaine : Communauté villageoise  Durée : 2 mois 5. Techniques et Méthodes utilisées  Méthode qualitative : analyses des données  Méthode quantitative : analyses des données statistiques à partir du logiciel Sphinx

1- Les populations cibles Notre objet de recherche se base essentiellement sur la communauté villageoise betsileo, plus précisément la population de la commune rurale d’Imito de la région de Fisakana. Pour ce faire, nous avons eu recours à une technique d’échantillonnage pour assurer la représentativité de notre enquête. Notre principale cible est les ménages ou la famille. Comme choix de technique d’échantillonnage, nous avons procédé par les méthodes d’échantillonnage non probabilistes par quotas. Pour y procéder, nous devions avoir la liste et les informations de la population mère. Nous devions choisir les indicateurs pouvant caractériser cette population tels que l’age, le sexe, Catégorie Socio – professionnel. Nous n’avons pas pu avoir l’échantillon suivant le niveau d’instruction bien que ce soit important pour notre enquête mais nous avons quand même introduire le variable niveau d’instruction dans nos questionnaires. 4

En se référant à la liste de la population obtenue à partir du registre de la commune, (Nous avons eu recours à la liste établie en cette année 2009 nous avons pu établir la liste d’échantillonnage de 50 individus enquêtés. Tableau N° 01 : Caractéristique de l’échantillonnage Caractéristique Population mère Proportion de la population Quotas de l’Echantillon Suivant le sexe M 8788 49,53 12 F 8953 50,46 13 Suivant l’âge [0-5[ 2817 15,87 3 [6-17[ 3791 21,36 5 [18-60[ 10549 59,46 15 60 et plus 584 3,29 2 Suivant le CSP Paysan 8906 80 20 Fonctionnaire 2000 17,96 5 Secteur privé 227 0.2 0

Pour mener le travail sur terrain, nous avons tout d’abord considéré préalablement les postulats suivants :

- L’observation : Elle vise à définir la circulation monétaire dans la dynamique rurale. Elle consiste à analyser tout ce qui se passe. Tout ce qui se fait et tout ce qui se dit sur terrain. Nous avons pu percevoir les réalités de la communauté villageoise face au contexte socio-économique et culturelle de l’extérieure. Dans cette perspective, nous avons pu observer les modes et les conditions de vie des habitants de la commune d’Imito. Nous avons également eu l’opportunité d’assister à quelques rituels comme le « lagnonana » pour voir de près les échanges monétaires existants dans la culture Betsileo. - L’entretien : L’entretien se présente comme l’interprétation cohérente et acceptable de la situation sociale. Dans ce cadre, l’enquêteur doit tenir compte de l’objectivité de la recherche pour 5

éviter de copier verbalement la version entière de l’enquête c'est-à-dire veillé à la détermination de vraies informations concernant le terrain. Comme entretien, nous avons effectué une approche individuelle auprès des enquêtés cibles et auprès de quelques responsables du site afin de répondre aux thèmes de notre recherche. Lors de l’entretien, nous avons pu explorer les thèmes suivants :  Enquête auprès des ménages o Usage quotidien de l’argent au niveau de la consommation individuelle et familiale o La description de la circulation monétaire dans chaque famille o L’argent se présente comme signe de rapport social de la communauté servile o Les conséquences psychologiques o Les problèmes résiduels  Et les thèmes abordés sont : o L’exploitation de système de production capitaliste o Le rapport de production o Les conditions de vie des habitants o Les pratiques coutumières

- Les apports et limites de la recherche 1-Les apports de la recherche Cette étude contribue à l’étude de la circulation monétaire malgache et en même temps à la lutte contre la pauvreté. Elle permet de connaître la situation socio-économique et culturelle de la région Fisakana, plus précisément de la commune d’Imito. En effet, durant la recherche, des apports non seulement intéressants et enrichissants ont été émis.

2-Les limites et les problèmes rencontrés lors de la recherche Malgré les apports conçus lors de la recherche, il convient de signaler quelques problèmes que nous avons rencontrés lors de notre étude. Vient en premier lieu la question des moyens matériels et financiers en vue d’effectuer notre recherche comme les appuis photographiques et sonores. Nous avons dû nous limiter aux informations qui nous paraissaient les plus utiles. 6

Par ailleurs, il nous a été est difficile de rencontrer les enquêtés bien que nous avions eu recours à plusieurs descentes sur terrain. En effet, la réalisation de notre enquête est tombée en période de Famadihana (Août - Septembre) et en période de travaux de champs (mi-octobre- Novembre).

Toutefois, afin de mieux cadrer notre étude, des éléments d’analyses seront proposés au cours de ce travail. D’abord dans la première partie, il convient d’apporter quelques données historiques de l’origine et l’histoire de la monnaie malgache. La deuxième partie sera consacrée à la présentation des résultats de l’enquête. Et afin d’entreprendre une réflexion sociologique de la monnaie, il convient, au moins à titre de programme dans la troisième partie de briser les conceptions actuelles de la monnaie en prenant compte de la conception sociologique dans l’interprétation des résultats de l’enquête. PARTIE I : CADRE THEORIQUE 7

PARTIE I : CADRE THEORIQUE

A travers l'étude des formes contemporaines de l'argent, c'est le rapport de notre société à la matière qu'il s'agit de comprendre, car le lien social créé par la monnaie n'est pas un lien entre des humains qui seraient hors du monde ou hors de la nature. C'est ce que nous révèlent les transformations actuelles de l'argent. Dans cette partie, des considérations seront émises sur « LA CIRCULATION MONETAIRE» dont l’étude sera basée sur la communauté rurale. Elle va traiter successivement la justification sociologique de cette étude, la caractérisation du contexte dû aux rapports avec l’extérieur, suivi d’un bref historique de la monnaie malgache. Pour valoriser notre étude, une analyse sur la circulation monétaire dans une communauté villageoise sera introduite. 8

Chapitre 1 : Justification sociologique de cette étude

Ce chapitre traite la justification sociologique de l’étude. En effet, la monnaie ou l’étude de la monnaie est considérée comme une branche de l’économie. C’est pourquoi, beaucoup de penseurs s’orientent sur le caractère économique de l’argent plutôt que d’en chercher sa véritable caractéristique. A travers l’étude des formes contemporaines de l’argent, n’est- t- il pas évident de préciser que c’est le rapport de notre société à la matière qu’il s’agit de comprendre, car le lien social créé par la monnaie n’est pas un lien entre les humains qui seraient hors du monde ou hors de la nature. C’est ce que nous révèlent les transformations actuelles de l’argent4. Marcel MAUSS affirme dans « Les origines de la notion de monnaie » (1914) : « La monnaie n’est nullement un fait matériel et physique, c’est essentiellement un fait social ; sa valeur est celle de sa force d’achat, et la mesure de la confiance qu’on a en elle. »5 La thèse sociologique de Nigel Dodd (1994) n’est pas moins percutante dans la préface de son ouvrage: « Une approche sociologique de la monnaie cohérente serait quelque chose de nouveau. La négligence persistante des sociologues à l’égard de la monnaie trouve en partie son origine dans leur incapacité à reconnaître son importance en tant qu’institution sociale. »6 Aussi convient-il de commencer notre présentation par une réflexion conduisant à une démarche socio-économique. La démarche consistera à partir de la définition d’une économie marchande et ses caractéristiques de montrer en quoi cette économie appelle nécessairement la présence de la monnaie pour parvenir à l’existence. Ensuite, de mener une étude sociologique, étant l’objet de l’étude, il s’agira dès lors de déterminer les aspects de la problématique de la circulation monétaire traditionnelle malgache

1-1-De l’économie marchande vers le pouvoir de croyance Par définition, une économie marchande est « une économie dans laquelle la production de biens se trouve distribuée dans les mains d’une multitude de producteurs,

4 André Orléans, « La sociologie économique de la monnaie », Traité de sociologie économique, PUF-2008 5Marcel MAUSS dans « Les origines de la notion de monnaie » (1914) Codington, The Melanesians, p.103 6 DODD Nigel, 1994. The sociology of Money. Economics Reason &Contemporary Society, New York : The Continuum Publishing Company 9

échangistes souverains, prenant leur décision de manière indépendante et entrant en relation les uns avec les autres sur la base exclusive de l’échange volontaire »7. En d’autres termes, dans une société marchande développée, chacun dépend potentiellement de tous, soit comme fournisseur, soit comme client, bien qu’étant séparé de tous. La question que l’on se pose est donc : Sur quelle base des individus séparés peuvent- ils se coordonner durablement ? Comment s’y construit le rapport à autrui ? L’énoncé suivant de Durkheim soulève un point fort à cette problématique : «… car l’intérêt rapproche les hommes, ce n’est jamais que pour quelques instants ; il ne peut créer entre eux qu’un lien extérieur. Dans le fait de l’échange, les divers agents restent en dehors les uns des autres, et l’opération terminée, chacun se retrouve et se reprend tout entier. Les conséquences ne sont que superficielles en contact. »8 On en déduit que l’individu marchand ne se trouve en relation avec autrui que par l’intermédiaire de la valeur. Il s’agit, dans ce cas pour le producteur échangiste de se procurer la quantité de valeur qu’il produit et d’en tirer profit. Par ailleurs, la thèse de François SIMIAND (1934) démontre que la société se fait connaître comme tiers anonyme de toutes les interactions économiques en spéculant que : « [la création de la valeur économique] procède du pouvoir supérieure aux individus qui créent aussi les autres valeurs ; elle procède de la société. »9 Toutefois, on aimerait signaler au passage la théorie de Adam Smith sur « La richesse des Nations » concernant cette problématique de valeur économique : « Tout homme prudent, après le premier établissement de la division de travail, a dû naturellement s’efforcer de gérer ses affaires de façon à avoir par devers lui […] une quantité d’une certaine denrée ou d’une autre, susceptible d’après lui d’être acceptée par pratiquement tout le monde en échange du produit industriel. »10 Il s’agit dans ce contexte de prévoir la forme d’expression de la valeur majoritairement reconnue par le groupe. Plus explicitement, il convient de découvrir sous quelle forme la valeur se fait désormais connaître. C’est à travers cette notion, de désir que l’on aboutit à la notion de monnaie ou de richesse. Cependant, il faut bien admettre que dans une relation

7 André Orléan, « La sociologie économique de la monnaie », Traité de sociologie économique, Ed PUF, Paris, 2008, p.5 8 Emile Durkheim, De la division de travail, 1893 (180/1) 9 François SIMMIAND, 2006[1934]. « La monnaie, réalité sociale », in SIMIAND François, Critique sociologique de l’économie, Paris : PUF, p. 221 10 SMITH, Adam, 1995 [1776]. Enquête sur la nature et les causes de la richesse des nations, PUF, Paris, coll. « Pratiques Théoriques » 10 marchande ou de transaction selon Schumpeter : « la monnaie n’entre qu’en y jouant le modeste rôle d’un expédient technique adopté en vue de faciliter les transactions. »11 La monnaie génère un comportement psychologique au niveau de l’individu, il ne peut y avoir de vraie valeur de la monnaie sans un désir qui le respecte. En résumé, on peut dire que la dépendance de tous les acteurs marchands à l’égard de la monnaie est un fait théoriquement essentiel. Autrement dit, la monnaie a exercé un pouvoir sur tous les esprits et les corps : la monnaie ne laisse pas les individus indifférents. Nous allons mobiliser notre analyse, dans la section qui suit, pour penser théoriquement à cette puissance et en proposer un cadre d’analyse.

1-2-Les aspects de la problématique de la circulation monétaire malgache. Dans les communautés villageoises comme celles qui constituent les sociétés rurales de , la situation monétaire est perçue comme le signe d’un processus de transformation produit par leur confrontation avec l’économie capitaliste, essentiellement commerciale, qui s’est constitué et développé dans le cadre de la domination coloniale et qui se perpétue de manière quasi inchangée dans la période contemporaine. Ce processus comporte le déséquilibre des rapports internes au centre desquels sont placées les relations de parenté et la reconstitution d’une organisation nouvelle au cœur de laquelle on trouve la famille conjugale. L’argent qui, pour certains, est le signe de la transformation, est promu par d’autres au rôle d’agent principal de celle-ci, il est présenté alors comme possédant une puissance singulièrement corrosive. Il est aussi considéré comme le grand destructeur ou bienfaiteur de lignages, des solidarités constitutives du village. Néanmoins, l’argent, vu comme un agent destructeur a aussi un rôle très important dans la construction de la trajectoire de la vie individuelle. C’est une puissante créatrice de libération des individus c'est-à-dire, c’est elle qui permet à la famille conjugale de se dégager du mariage des liens généalogiques, des charges qui y sont attachées. Dans la dynamique villageoise, les pratiques monétaires véhiculent dans les pratiques ancestrales comme la période frappée de mort, d’une nostalgie esthétique, folklorique. La remise en question de ces pratiques, conduit l’agent du développement économique, à les

11 SCHUMPETER joseph, 1983 [1954]. Histoire de l’analyse économique. Tom I : L’âge des fondateurs (Des origines à 1790), Paris : Gallimard, p. 389 11 considérer comme un facteur de freins et de blocage. Les praticiens- surtout en milieu rural, remettent la question de « survivance » à l’existence de ces pratiques. Dans ce cadre, l’argent se présente comme l’agent principal du processus des rapports internes de la communauté et du progrès économique. 12

Chapitre 2: Caractérisation du contexte dû aux rapports avec l’extérieur L’argent est depuis toujours un objet d’échange entre les hommes. Non seulement, il est employé à l'acquisition des biens de consommation, mais également à l'acquisition de choses de luxe, et à celle de l'autorité sur les hommes.

Ce chapitre va étudier l’histoire de l’échange entre les hommes depuis l’époque le plus primitive. Dans la section qui suit, nous allons avancer le concept de monnaie

2-1: Histoire de l’échange On considère, dans la lignée des économistes que la monnaie dérive logiquement du troc. La notion de monnaie se différencie selon le type de société. Dans l’économie des peuples civilisés, elle se caractérise par la notion de profit que ce soit dans la production ou dans les échanges. Cette perception est différente dans les sociétés archaïques dites primitives, le troc caractérisait l’échange primitif. Pour rendre compte de l’évolution de l’échange de la circulation monétaire dans une perspective dynamique, la théorie adopte une approche totalisante ou holistique c'est-à-dire, où l’on considère la réalité sociale comme une totalité. Historiquement c’est à partir du troc que les hommes d’autrefois effectuaient les échanges. Le troc consiste en l’échange de valeur d’usage, à savoir l’individu A qui possède une table et veut une chaise rencontre l’individu B qui possède une chaise et veut une table. On voit d’ailleurs mal comment sur la base de telle transaction pourrait s’organiser la production de masse de marchandise. Dans cette vision, ce qui préoccupe essentiellement est de savoir quelle est sa définition « en quelle unité se mesure cette valeur ? ». C’est d’ailleurs ici que l’on a choisi d’adopter une forme d’expression de la valeur majoritairement reconnue par le groupe, à savoir la monnaie et le non le troc. A quel moment apparaît la monnaie ? L’étude historique des crises confrontant le troc peut répondre à cette question. Le troc par définition est un échange direct d’objets sans l’intermédiaire de monnaie. Pour bien gérer l’échange, chaque producteur est emmené à établir des conditions pour représenter la valeur. Il est forcé de penser à son profit parce que c’est sa survie qui se trouve mise en jeu. Il lui faut trouver des médiations qui lui ouvrent l’accès le plus large à la circulation des biens 13 c'est-à-dire celle qui sont plus massivement reconnues par autrui comme exprimant la valeur : signe, objet, quel qu’il soit. Mais dans les cas des sociétés primitives, qui est notre principal sujet, cette théorie n’est pas pratiquement vérifiée puisque c’est la valeur exprimée par cet échange qui demeure importante que le profit qui en tiré. En effet, d’autres sociétés pratiquent encore le troc dans les commerces. On peut illustrer l’exemple au Cameroun et dans d’autre pays africain. Peut - être que les primitifs veulent rester fidèles à leurs mœurs archaïques et considérer avec méfiance les méthodes nouvelles, tout en s’estimant capables d’adopter des principes nouveaux et plus évoluées d’économie commerciale.

2-2: Concept de monnaie 2-2-1-La numismatique La numismatique, est un nom féminin dérivé du latin numisma qui se traduit pièce de monnaie, la science des monnaies et des médailles. La numismatique est un auxiliaire indispensable de l’histoire pour connaître l’histoire de l’Antiquité. L’encyclopédie QUINNET, nous montre une description complète de la nomenclature de chaque forme et chaque partie de toute monnaie ou médaille. On distingue alors :  le flan qui est le fragment même de métal qui compose la pièce, la tranche ou le bord extérieur,  l’avers, ou le côté destiné à recevoir l’effigie du souverain ou de la divinité12, ou les figures principales : l’avers est aussi appelé face,  le revers appelé aussi obvers, qui est le côté opposé à l’avers.  Le type, désigne tout sujet représenté sur la pièce, il est quelque fois entouré d’une série de points concentriques qui portent le nom de grénetis.  le champ, c’est la partie de la pièce qui est occupée par le type, et exergue la partie inférieure du champ.  On appelle millésime, la date de la fabrication inscrite sur la monnaie. Il convient de noter qu’un grand nombre de monnaies ou de médailles portent des dénominations particulières qu’elles tirent, soit des princes, soit des Grands hommes d’Etat, soit d’un évènement particulier. Ils reflètent aussi la caractéristique du régime d’un pays. Cependant, force est de préciser que les formes de la monnaie ont fortement varié selon les lieux et les époques. Au début du XIX ème Siècle, le système monétaire est marqué par la

12 Dans les civilisations grecques de l’Antiquité 14 domination métallique : les pièces d’or et d’argent circulaient effectivement et valaient leur « pesant » d’or. Au fil du temps, cette utilisation de monnaie métallique a évolué et a contribué à l’emploi et à la création du papier monnaie ou billet de banque.

2-2-2- Les billets de banque ou papier-monnaie Dans son sens libéral, le papier – monnaie ou billet de banque est un papier crée par un gouvernement comme instrument de paiement à vue. Néanmoins, il convient de rappeler que l’ancêtre du billet moderne fut le certificat de dépôt13 : émis en contrepartie d’un dépôt d’or ou d’argent dans une banque. Ce certificat représentait une certaine quantité de métal précieux. Force est de signaler la place importante qu’a le système bancaire dans l’émission de la monnaie. En effet, les banques participent activement à la création de monnaie par le crédit : dans l’opération de crédit, les banques créditent le compte du bénéficiaire et mettent ainsi à sa disposition de la monnaie scripturale ; les crédits font ainsi les dépôts.

13 Titre court émis par les institutions financières et négociables sur le marché monétaire. 15

Chapitre 3: Histoire de la monnaie malgache

Afin de mieux préparer une analyse historique de l’avènement de la monnaie à Madagascar, il convient tout d’abord de caractériser le moyen d’échange existant dans les sociétés malgaches d’alors. Se basant sur le troc comme toute société primitive, l’échange transactionnel repose sur les normes culturelles et ancestrales.

3-1- Histoire de la numismatique malgache A l’instar des autres pays, Madagascar a aussi sa propre histoire de la monnaie. L’histoire de la numismatique malgache remonte bien loin avant la date de création de la Banque Centrale Malgache qui se situe en 1972. Historiquement, nos ancêtres, les vazimba pratiquaient le troc comme unique système d’échange. L’introduction de la monnaie ne se situe que vers le Xème Siècle. Ce sont les Arabes commerçants qui introduisent l’utilisation des pièces d’or pour le commerce sur les côtés Nord-Est et Nord-Ouest, contre des dinars d’or fatimites. Ces dinars peuvent être encore trouvés dans des sculptures à Vohémar14. Ce fût le commerce d’esclave sur les Hautes Terres qui a obligé la population à s’organiser pour la résistance à l’utilisation des « razzias » qui deviennent de plus en plus pesant. Et par la suite, d’en décider de fabriquer une autre forme de monnaie. Grandidier, un auteur qui a surtout étudié le cas malgache sur l’histoire des sociétés primitives énonce dans « Histoire politique et coloniale »15, l’utilisation des pièces d’argent dites « taraiky » pour rendre hommage à l’idole Ikelimalaza au temps d’Andriambelomasina. Le « taraiky » peut être considéré comme la première unité monétaire authentiquement malgache. On l’appelait aussi « volan-drazana » ou « tsangan’olona » pour sa forme. Les pièces étaient faites en Imerina par quelques Blancs qui y résidant, probablement des Arabes venus de la côte Nord-Est. A cette époque, ces dinars étaient utilisés au début comme parures entre bijoux en verroteries et perles. Mais c’est l’avènement des Européens qui a surtout catalysées l’utilisation de la monnaie dans l’échange transactionnelle à Madagascar. Ce furent les Portugais et les

14 Extrait de l’article de Mahetsaka, La monnaie et l’émission monétaire à Madagascar, des origines à nos jours, Midi Madagascar 15 Histoire des populations autres que les Merina, (en collaboration avec G. Grandidier), fasc. I, in : "Histoire politique et coloniale de Madagascar", Tananarive, Imprimerie officielle, 1958. 16

Espagnols qui allaient vers l’Inde faisant escale à Madagascar pour le commerce qui introduisirent leurs marchandises et leur monnaie nationale. Les commerçants Portugais introduisirent la piastre, devenue « parato » et les Espagnols le real, devenu « ariary ». C’est par l’intermédiaire des Arabes que ces derniers ont été connus à Madagascar. Le « real » est une expression espagnole reprise par les Arabes qui y ont ajouté l’article défini Al ou Ar, c’est donc devenu « Al ou Ar ou real ». Cependant, il est à signaler que la monnaie qui a été principalement introduite dans le pays était les pièces d’argent de 8 reales provenant de l’atelier monétaire de Mexico. L’adoption progressive de la monnaie a par la suite entraînée une inflation. En effet, en 1613, le Père jésuite portugais, Luis Mariano, remarquait que les « indigènes » vendaient leurs articles de commerce très cher à cette époque16. La monnaie coupée ou fiduciaire dans le terme économique a par la suite fait son apparition.  Monnaie coupée Les premières tentatives de création de monnaie authentiquement malgache vinrent avec l’avènement du « Royaume de Madagascar » ; c'est-à-dire avec la venue de Radama I au Royaume. En 182617, Le Jeune Roi a fait une tentative de fabrication de monnaie avec son effigie. Cette monnaie pèse 13 g. c’était sous la règne de Radama II (1861-1863), avec l’application de la charte Lambert stipulant la fabrication de monnaie avec le portrait du Roi. Les projets resteront en veille jusqu’à l’avènement de Ranavalona II au trône en 1883 qui envisageait d’échanger le trésor accumulé dans les caves du palais par la Reine Rasoherina, lequel serait de 800 000 francs en piastres mexicains. A cette époque, Ranavalona III avait le dessein de mettre fin à la circulation de la monnaie d’argent coupé afin de la remplacer par une monnaie divisionnaire. La population fût alors amenée à couper la piastre en morceaux afin de remédier au manque de petite monnaie. Les principales divisions de l’ariary sont :  ½ : Loso  1 /3 : Sasanangy  1/4 : Kirobo  1/5 : Iraimbilanja  1/6 : Venty  1/7 : Lasitelo

16 Extrait de « Les hauts et les bas de l’ariary à travers l’histoire, Randy Donny ; Les Nouvelles du 3/01/2005, 17 Op cit. 17

 1/8 : Sikajy  1/9 : Sikajy (moins eranambatry)  1/10 : Lasiroa  1/12 : Roavoamena  1/16 : Lasiray  1/18 : Efatrambatry  1/24 : Voamena  1/48 : Ilavoamena Le projet de Ranavalona III fût arrêté à cause de la conquête coloniale française qui acheva d’instituer l’unité monétaire de l’île. L’évolution du système d’échange pendant la période coloniale Pendant la période coloniale, toutes institutions et accords politiques monétaires et commerciales ont été pratiquement dominés par les liens existants entre Madagascar et la France L’évolution économique de Madagascar était entre les mains de la métropole. Des aides et subventions sont entreprises jusqu'à maintenant pour ces anciens territoires. A partir de cette époque, la monnaie qui circule dans le territoire malgache est la monnaie française

3-2-Histoire du papier monnaie malgache  Durant la période coloniale : 1896-1860 La période qui suit la proclamation de la loi d’annexion du 26 Août 1896 fût marquée par l’introduction à Madagascar de la monnaie française.  De 1925 à 1950 : la Banque de Madagascar La loi du 26 Décembre 1925 fût promulguée stipulant la création d’une banque d’émission « La Banque de Madagascar ». En 1926, fût instituée pour la première fois une monnaie spécifiquement malgache, « le franc », ayant plusieurs formes. Jusqu’ en 1945, le franc utilisé à Madagascar avait une valeur identique au franc français. Les billets de 5, 10, 20, 50,100 et 1000 francs furent crées.  De 1950-1960 : La banque de Madagascar et des Comores Le 29 Mars 1950, la Banque de Madagascar devient la Banque de Madagascar et des Comores. De nouveaux billets de50, 100, 500,1000 et 5000 francs qui furent émis. 18

 De l’indépendance jusqu’à la sortie de la zone Franc18: 1970-1973 L’accession de Madagascar à l’indépendance le 26 Juin 1960 a catalysé la décision d’émettre une monnaie propre à l’île. C’est ainsi qu’en 1962, l’Institut d’émission malgache fût crée. A compter de 1963, le franc malgache ou FMG est devenu la seule monnaie légale sur le territoire malgache. Les premiers billets portant sur le « Famoaham-bolan’i Madagasikara » furent les billets de 50, 100,500 fmg.  Après la sortie de la zone Franc de 1973 à 1994 Lorsque Madagascar quitta la zone franc en 1972, le franc malgache fut déclaré inconvertible c'est-à-dire que le franc malgache n’est pas changeable en or ou zen métallique, etc. Un système de réglementation des changes concernant la monnaie malgache fût mis en place. A cette époque, l’Institut d’émission malgache fût remplacé par la Banque Centrale de la République Malgache (BCRM) dans le domaine de l’émission de billets et des pièces. Le FMG reste toujours l’unité monétaire.  De juin 1994 jusqu’à nos jours: La Banque Centrale de Madagascar Le 10 Juin 1994 fût promulguée la loi 94-004 portant nouveaux statuts de la Banque Centrale. Celle-ci porte désormais le nom de BCM ou Banque Centrale de Madagascar.  Les changements de billets de 1994 jusqu’à nos jours Des changements de billets se succèdent au cours de quelques années. On remarque l’émission de nouveaux billets représentant chaque République. A titre d’exemple lors du régime de Ravalomanana, l’ariary est la monnaie utilisée officiellement : des billets de 500, 1000, 2000, 5000,10 000 sont émis et utilisés à ce jour.

En outre, à Madagascar, on utilise deux unités monétaires : le Franc Malgache et l’ariary. Avec un rapport fixe entre les deux : 1 AR = 5 FMG. L'ariary (ISO 4217 MGA) est l'unité monétaire de la république de Madagascar, en usage depuis l'époque du royaume de Madagascar au XIXe siècle.

Jusqu’au 31 décembre 2004, la monnaie officielle était le FMG. Depuis le 1er janvier 2005, c’est l’Ariary. Toutefois, Il convient de constater que les malgaches comptent les petites sommes en Ariary et en malgache. Mais pour les plus grosses sommes, ils comptent en FMG et en français. On retrouve cette particularité au niveau de la monnaie.

18 Zone FRANC : La Zone franc regroupe 14 pays d'Afrique sub-saharienne, les Comores et la France. Elle est issue de l'évolution de l'ancien empire colonial français et de la volonté commune de ces pays de maintenir un cadre institutionnel qui a contribué à la stabilité du cadre macroéconomique 19

Le billet de 25.000 FMG (=5.000 Ar) Le billet de 10.000 FMG (=2.000 Ar) Le billet de 5.000 FMG (=1.000 Ar)

Recto 25.000 FMG Recto 10.000 FMG Recto 5.000 FMG

Verso 25.000 FMG Verso 10.000 FMG Verso 5.000 FMG Le billet de 500 FMG (=2.000 Ar) Le billet de 1.000 FMG (=200 Ar) Le billet de 2.500 FMG (=500 Ar) Rare propre à la banque

Recto 2.500 FMG Recto 1.000 FMG Recto 500 FMG

Verso 2.500 FMG Verso 1.000 FMG Verso 500 FMG Les pièces de 20 Ar (=100 FMG) La pièce de 10 Ar (=50 FMG) La pièce de 50 Ar (=250 FMG)

Pièce de 50 Ar Pièces de 20 Ar Pièce de 10 Ar Les petites pièces en dessous de 10 Ar qu’on obtient à la banque quand on fait du change et qui ne servent à rien

Liasse de 10 billets de 25.000 FMG

Petite pièce 20

Quand on manipule beaucoup de billets, on les réunit en liasse de 10. On prend un billet sur le paquet de 10, on le plie en deux et on s’en sert pour tenir les neuf autres, accompagné d’une agrafe. 19

Depuis le mois de mai 2003, l'appellation d'ariary est redevenue la seule officielle pour désigner la monnaie de Madagascar.

Le franc malgache, pour le comptage, se basait sur l'ariary, qui équivalait à 5 fmg. Donc 1 ariary = 5 francs malgaches. Le franc malgache se comptait sur une base de 5. Soit par exemple pour dire 2500 fmg, on dirait à Madagascar, 500 ariary (dimy an'jato)

Le 31 juillet 2003, de nouveaux billets libellés en Ariary ont été introduits :

Le billet de 10.000 Ar Le billet de 5.000 Ar Le billet de 2.000 Ar (=10.000 (=50.000 FMG) (=25.000 FMG) FMG)

Recto 10.000 Ar Recto 5.000 Ar Recto 2.000 Ar

Verso 10.000 Ar Verso 5.000 Ar Verso 2.000 Ar Le billet de 1.000 Ar (=5.000 Le billet de 500 Ar FMG) (=2.500 FMG)

Recto 1.000 Ar Recto 500 Ar

19 Une arnaque, quand on fait du change au noir, consiste à replier deux fois le billet du bout. Si on ne fait pas attention, on constate que chaque liasse contient bien 9 billets quand on regarde d’un côté. Mais quand on regarde de l’autre côté, on compte les liasses d’après les billets repliés et on ne se rend pas compte qu’il en manque.

Une autre petite arnaque avec le passage officiel à l’Ariary consiste à annoncer au touriste un prix sous-entendu en FMG et à la fin à réclamer la somme en Ariary. 21

Verso 1.000 Ar Verso 500 Ar Le billet de 200 Ar (=1.000 Le billet de 100 Ar FMG) (=500 FMG)

Recto 200 Ar Recto 100 Ar

Verso 200 Ar Verso 100 Ar

Ceux-ci remplacent progressivement les coupures équivalentes en FMG et à terme, toute la gamme de billet devait être renouvelée.

Une Mise à jour de devises a été effectuée en 2006 : Maintenant, l’Ariary est la monnaie officielle avec les billets correspondant. Le cours était de 2750 Ar pour 1 euro en juillet-août 2006, soit 13750 FMG.

Les billets de 500 FMG et 1000 FMG circulent encore, surtout dans les coins reculés Cependant, dans la pratique, les malgaches comptent toujours en franc malgache. Ceci perturbe un peu les touristes alors dans les zones touristiques, ils annoncent les prix en Ariary. Sauf que là, ce sont les vazaha habitués à l’ancien système qui se mélange les pinceaux, 22

Chapitre 4: La circulation monétaire dans la communauté villageoise malgache L'argent est considéré par certains penseurs comme un « instrument » des évolutions sociales et par conséquent pris comme l’un des facteurs de la généralisation et isolement croissant des relations, croissance de la liberté individuelle, de l’exclusion sociale. Le concept de la circulation monétaire mérite ainsi d’être pris en compte face à ce changement relatif à la monopolisation de l’argent dans la société humaine. Dans notre étude au cours de ce chapitre, nous allons analyser le cas typique malgache traditionnel sur ce concept de circulation monétaire à travers les rapports internes de la société traditionnelle malgache. Le cœur de notre étude sera focalisé sur l’aspect culturel.

4-1- La circulation monétaire traditionnelle Au cours de la période coloniale simultanément aux affrontements entre le système capitaliste et l’échange primitif est apparue la première circulation monétaire dans le village malgache. D’après l’analyse faite par G. ALTHABE20, « L’argent doit être situé au niveau de l’articulation entre le domaine des relations avec le pouvoir extérieure et le domaine de la communication interne. L’origine de l’argent est localisée dans la relation de domaine sous la forme de fiscalité et des redevances variées. » L’argent puise dans le rapport de domination du mode d’existence qui est conservé dans son utilisation dans les rapports internes. Tout de même, la société malgache, autrefois ne considérait pas l’argent comme signe de richesse, en témoigne l’expression : « Aleo very tsikalakam-bola toy izay very tsikalakalam-pihavanana ». Ce qui signifie que, pour les ancêtres, l’argent n’était qu’un objet d’usage en commerce, la survie et l’existence de soi ne dépendaient pas de celui - ci. Mais cette pensée a changé avec le système capitaliste, où l’usage de l’argent envahit les rapports sociaux. D’où l’expression « Ny vola no maha-rangahy » littéralement c’est l’argent qui fait l’Homme. La circulation monétaire dans le village malgache révélait ainsi un certain aspect économique, sociologique et culturel. En effet, à part l’aspect économique de l’argent, l’usage de l’argent se manifeste dans les relations sociales notamment au niveau culturel, Particulièrement dans les régions Betsileo où les cultes des ancêtres sont d’une importance

20 ALTHAB (G), « Circulation monétaire et communauté villageoise malgaches, CAHIER VILFREDO PARETO, Librairie Droz, Paris 1970 23 majeure. A titre d’exemple, l’ « atero ka alao »21 véhicule une notion d’argent vis-à-vis des participants. Notre investigation s’est orientée vers la culture Betsileo plus précisément la commune rurale d’Imito situé dans le District de Fandriana. Dans ce cas, il est opportun d’étudier les caractéristiques de ce dit district et de dégager les réalités socio-économiques et culturelles.

4-2 : Caractéristiques de la région. 4-2-1-La démographie

La région de Fisakana figure parmi les régions de la Province de Fianarantsoa touchées par la pauvreté. Elle a un faible taux de densité de la population. La densité moyenne de la population pour l’ensemble de la région Fisakana est de 42,9 habitants/km² en 2005. Le district de Fandriana qui couvre 18% de la superficie totale de la région et comprend 35% de la population totale est la plus densément peuplée avec 78 habitants/ km2. Pour le district de Fandriana le taux de natalité est de 32 ‰.

4-2-2-Réalités organisationnelles, économiques.

La région de Fisakana figure parmi les régions les plus démunies de Madagascar malgré des efforts entrepris au niveau de la structure régionale concernant le dynamisme en matière d’intégration paysanne à savoir les groupements paysannes, aux projets /programmes de développement rural existants dans la région comme l’ ADRA22. Ces structures régionales ou ces projets sont arrivés afin de dynamiser les Communautés dans les communes rurales pour l’intégration des paysans. Des communes rurales sont parvenues à bénéficier des projets PSDR et à réaliser des résultats concrets grâce à la qualité d’intervention des leaders paysans locaux et régionaux dans les procédures de soumission des sous – projet et dans la dynamisation des bénéficiaires dans les phases de réalisation.

Contraintes

21 L’ « atero ka alao » est une forme d’entraide sociale qui consiste à contribuer en nature ou en argent lors d’un événement social c'est-à-dire lorsque quelqu’un vous a apporté 1 000 ariary par exemple, au cours de votre cérémonie, vous lui devez un peu plus que ce qu’il a donné. 22 Une Organisation Internationale Non Gouvernementale travaillant dans le développement communautaire. 24

Des initiatives économiques des autorités locales soumises au Projet de Soutien au Développement Rural (PSDR) ont échoué n’ayant reçu aucune réponse de la part des administrateurs provinciaux de ce projet ou faute d’encadrement adéquat correspondant aux besoins réels des bénéficiaires. Force est de souligner que l’inflation galopante des derniers mois de l’année de 2009 a engendré des difficultés socio-économiques en milieu paysan avec l’effritement du pouvoir d’achat sur les besoins primaires en consommation quotidienne des familles paysannes.

4-2-3-Réalités socioculturelle et politiques. Le problème du développement en milieu rural se résume principalement par l’enclavement de la zone. Les zones isolées n’ont pas eu accès aux informations concernant les processus de mise en place des structures organisationnelles comme elles sont marginalisées de toute action participative à l’élaboration des politiques du développement rural au niveau de leurs communes. Des manœuvres d’exclusion ont été constatées dans les travaux préparatoires de mise en place de ces structures par les responsables organisateurs des processus23. L’enclavement des zones rurales favorise les abus politico politiciens dans les services administratifs pour l’autopromotion paysanne. Quant à la situation socio culturelle, une grande majorité de la population vivant dans la région est constituée par les Betsileo, suivis des Merina. Parmi les festivités culturelles Betsileo celles qui occupent une grande place sont le « famadihana », le « savika », l’« atero ka alao »,». La valeur cardinale de la culture Malagasy se fonde particulièrement sur l’entraide et la solidarité qui est le « Fihavanana ». Plus explicitement, le « Fihavanana » s’adresse d’abord à toutes les personnes qui peuvent invoquer la même ascendance ancestrale. Parce que le même sang coule dans leurs veines, les « mpihavana » sont soumis à la même éthique d’assistance mutuelle (en malgache : « adidy »). Ceci est très visible dans les travaux des champs et dans les moments de malheur ou d’allégresse tel que le « lagnonana » rehaussé par des chants ancestraux comme le « zafindraona », le « jejy », et par le « toaka gasy » 24qui interviennent pratiquement dans ces diverses festivités culturelles. Les valeurs culturelles sont un atout

23 Rapport sur la Résolution finale de la deuxième assemblée générale de la coalition paysanne de Madagascar FTM/CPM Antananarivo, du 26 au 30 octobre 2004. p.02 24 On a même l’expression : « Tsy ny Betsileo no mamo fa ny toaka no mahery » littéralement ce ne sont pas Les Betsileo qui sont ivrognes mais c’est l’alcool qui est fort. 25 pour la région parce qu’elles attirent les touristes et pourraient en procurer une devise pour le développement de la commune.

Education Concernant le niveau d’instruction de la population, en général, dans la région de Fisakana, le taux de scolarisation est relativement élevé pour le niveau primaire : 90 % pour les enfants de 6 ans, 88,9% pour l’ensemble du primaire. Ce taux baisse très fortement pour le niveau II ou CEG (14,3 %), et surtout pour le niveau III ou Lycée (5.7 %). Le Ratio Elèves par Enseignant, au niveau du primaire, se chiffre à 44 en 2001/2002, et à 41 en 2003/2004. Le Ratio Nombre d’Enseignants par EPP fonctionnelle, est de 3,11 au niveau de la région.

Catégories socio- professionnelles Au premier rang des groupes d’activité professionnelle occupant la majorité des familles se trouve l’agriculture. Ensuite, en second, troisième, quatrième et cinquième rang se placent respectivement l’artisanat et les œuvres des métiers de type artisanal de marché, les professions intellectuelles et scientifiques, la main d’œuvre et l’emploi non qualifiés d’entreprise, et le personnel des services et la vente en magasin et au marché. Déplacement de la population Cette Région est un des plus anciens foyers d’émigration notamment du fait des facteurs suivants: le morcellement des terres, l’exiguïté des parcelles, l’insuffisance des rizières et l’accroissement démographique qui se font ressentir au niveau de chaque famille, de chaque exploitation. Les zones du Moyen Ouest de la Région (Soavina, ) figurent comme des zones attrayantes pour la population. La migration peut être saisonnière ou définitive. Dans chaque district, on remarque l’existence d’un certain nombre de personnes qui ont quitté leurs régions d’origine pour se diriger soit vers d’autres régions limitrophes, soit vers d’autres zones productives comme dans les régions de l’Alaotra ou Marovoay. Il est difficile de chiffrer les effectifs. Cependant, il importe de noter que ces déplacements sont dus soit à cause de contextes économiques (recherche de sources monétaires et de revenus), soit à cause de contextes d’ordre social (insécurité, etc.). 26

Les contraintes L’attachement excessif aux traditions semble un facteur de blocage pour le développement de la région, surtout en zone rurale où la modernité n’atteint pas la masse populaire. Vu d’un autre angle, le phénomène de l’exode rural donne lieu à une migration temporaire ou définitive de la population, principalement les jeunes qui tendent à quitter le milieu rural et à s’installer en ville pour trouver des emplois plus rémunérateurs. En outre, le développement économique et l’accès aux technologies modernes favorisent l’abandon progressif des traditions et même jusqu’au déracinement complète de sa propre culture.

4-2-4- Réalités technologique et de communication En matière de communication, l’action de publication du journal n’atteint pas la région. Toutefois, on peut souligner que la multiplication d’émissions radiophoniques dans la région ne fait que renforcer les efforts de communication déjà menés par les structures régionales en partenariat avec les radios rurales pour les communautés rurales. En effet, depuis la progression de Madagascar vers la mondialisation, un changement remarquable s’est opéré concernant l’évolution technologique. Le NTIC se présente bien dans les activités quotidiennes de la population. La curiosité des malgaches quant à elle a conduit à l’utilisation de la téléphonie mobile pratiquement dans toute la commune malgré elle. Dans le cadre des coopérations avec des pays étrangers, l’Etat malgache envisage d’augmenter la capacité des citoyens sur les recherches scientifiques par l’intermédiaire de projets et de bourses d’études.

4-2-5-Les problématiques foncières en milieu rural La quasi-totalité des propriétés foncières procède du titre traditionnel25. De ce fait, la plupart des familles paysannes n’ont pas accès à la sécurisation foncière, ne possédant ni cadastre ni titre foncier. Selon la loi 60 004 du 15 Février 1960, tout terrain privé de cadastre et de borne est un terrain domanial. Depuis la promulgation du décret du 28 Septembre 2003 portant procédures de cadastre collectif des terrains domaniaux, des guichets fonciers sont institués au niveau de chaque commune pour sécuriser les propriétés foncières dans les communes rurales. Ce guichet foncier est constitué par une commission dirigée par le Maire, il délivre un certificat

25 Les propriétés foncières s’obtiennent par héritage 27 foncier à titre provisoire, puis une commission communale fait une constatation et confirmation des propriétés pour permettre d’obtenir un cadastre et un titre communal définitif. Le MCA ou le Millenium challenge Account est un organisme international donnant des formations sur le développement rural en se focalisant sur les propriétés foncières dans les ruraux malgaches. Il appuie ce programme foncier. Cette passivité dans ce secteur s’explique d’une part par l’insuffisance d’ agents spécialisés au service du cadastre tant du secteur privé que public pour assurer les demandes de plus en plus croissantes, et d’autre part, par l’insuffisance de la mobilisation des paysans au titrage foncier par rapport aux autres types de projets tels que campagnes de vaccination ou de lutte contre le VIH /SIDA, malgré des émissions radiophoniques périodiques qui n’ont pas du tout des impacts percutants dans le milieu paysan. Cependant des opportunités existent tels que la réalisation du cadastrage et du titrage foncier suivant des procédures moins onéreuses par le biais du « Tribunal Terrier Ambulant » assurant les services de proximité, le cadastrage collectif suivant les procédures conformément à la loi 60. 004 du 15 Septembre 1960. Il existe des domaines privés nationaux qui sont cessibles et mutables dont par exemple les propriétés foncières communales. Par ailleurs, la multiplication des paysans sans terre s’intensifie. Le caractère traditionnel de la propriété foncière rend la difficulté de l’appropriation de la terre. En effet, un paysan peut avoir 7 enfants, par exemple et la terre doit être divisée par 7. Chaque héritier doit diviser à leur tour leur terre à leurs enfants respectifs. Par conséquents, il ne reste plus de terrain à cultiver d’où l’exode rural.

4-2-6- Réalités physique et géographique

La région Betsileo Nord présente un relief montagneux, de massifs vigoureux isolés et sillonnés par des dépressions étroites. On distingue deux systèmes : - le système de Vohibory très important dans la région; ce système s’allonge et se rétrécit du nord vers le sud ; - le système du Graphite, dans la partie Est et parallèle à la côte. Entre ces deux systèmes sont plaquées : - des roches granitiques et migmatites de Tamboketsa, sous forme de minces filets allongés du Nord au Sud (Ambatofinandrahana, dans l’Est d’ et de Fandriana) ; - une série schisto-quartzo-calcaire, très importante en superficie, mais couvrant seulement la région dans sa partie centrale, et dans laquelle est noyée un îlot de gabbros ; 28

- une couche allongée parallèle à la côte de roches granitiques ; - le système Androyen : dans le sud d’Ambatofinandrahana. Si les roches décrites ci-dessus sont des roches essentiellement cristallines, les terrains sédimentaires sont importants dans les parties centrales et orientales de la Région.

Les sous-sols qui contiennent du graphite sont dans les sous-préfectures d’Ambositra et de Fandriana : - du Quartz piézoélectrique et de dolomie à Fandriana - du Nickel (estimé à 60 000 t en 1977) à Ambositra. Le Climat Concernant le climat de la région Fisakana, il semble excellent pour la culture des plantes aromatiques et médicinales. Il est du type tropical d’altitude à 2 saisons bien distinctes : une saison sèche et fraîche et une autre chaude et humide. La saison pluvieuse débute vers le mois d’octobre pour se terminer vers le mois d’avril, et la période sèche de mai à fin septembre. Du point de vue température, la plus basse enregistrée dans la Région est de 16°C

Les contraintes Parmi les facteurs de blocage de la région, notons les exploitations illicites et informelles des ressources minières. La corruption règne dans le monde de l’exploitation minière. Les acheteurs étrangers possédant des connaissances plus larges et de devises de haut niveau en tirent plus d’avantages que les petits exploitants. En l’occurrence, il convient de signaler qu’il n’existe pas encore, dans la région une politique précise de gestion et conforme à ces ressources. Par ailleurs, le faible niveau de l’ariary par rapport aux autres devises ne permet pas de valoriser les produits.

4-2-6- Mondialisation et sécurité alimentaire L’agriculture est principalement destinée à la consommation familiale. Des faits peuvent être signalés pour justifier ce type d’agriculture de subsistance à savoir le caractère traditionnel des systèmes d’exploitation, l’exiguïté des parcelles, la micro parcellisation des terres acquises par héritage. Toutefois, quelques proportions de ces récoltes agricoles se vendent sur le marché si le rendement est satisfaisant, pour des besoins financiers souvent énormes. 29

Seules 30% des familles producteurs de riz sont autosuffisantes en consommation de riz qui est la base de l’alimentation du malgache.3 millions de tonnes de paddy ont été produits en 200326 alors que les besoins de consommation locale sont estimés à 3,2 millions de tonnes obligeant Madagascar à importer ce produit de l’extérieur. Force est de noter que depuis quelques années, le cours du riz sur le marché local a flambé portant atteinte à la survie des 70 % des paysans27 qui n’arrivent pas à assurer l’autosuffisance alimentaire en riz. Ce basculement est à la suite du cours mondial du riz qui a flambé avec le prix du carburant alors que la valeur de la monnaie malgache a chuté par rapport aux devises pivots. La production agricole paysanne est généralement destinée à l’autoconsommation par tradition et habitude au lieu de se tourner vers le marché, faisant en sorte que les paysans rencontrent presque toujours des difficultés dans l’écoulement de leurs produits à des prix / qualités compétitifs et porteurs. En outre, la fiscalité agricole est encore confuse chez les paysans producteurs de la région et nécessite urgemment une concertation publique- privée- paysan. L’opération « engrais » menée par les opérateurs privés comme le GUANNOMAD est une bonne initiative, mais la défaillance dans la mobilisation paysanne et le passage des violentes catastrophes naturelles n’ont pas permis d’atteindre des résultats percutants .

-Enjeux du commerce des produits agricoles et mouvement coopératif Les caractéristiques de la région Fisakana permettent d’offrir un avantage florissant sur son économie. Se basant sur le secteur agricole la région pourra être l’une des régions les plus productrices de produits agricoles car elle présente une dynamique notable. D’autant plus que grâce à l’artisanat, le tourisme a une place importante dans la région. La vannerie, le tissage de la soie, ainsi les variétés de faunes et flores se trouvant dans la région attirent de nombreux touristes. Dans ce cadre, la coopérative est un outil privilégié de lutte contre la pauvreté et à la fois une voie appropriée pour le désengagement de l’Etat des secteurs productifs et pour la valorisation du secteur privé tout en renforçant le Partenariat Public Privé (3P). La loi 99.004 du 21 Avril 1999 avec le décret d’application 266/2000 du 03 Août 2000 facilite les procédures d’enregistrement des coopératives et favorise un environnement d’expansion.

26 Rapport sur la Résolution finale de la deuxième assemblée générale de la coalition paysanne de Madagascar FTM/CPM Antananarivo, du 26 au 30 octobre 2004. p.03 27 Op.cit p.03. 30

Dans le District de Fandriana, pratiquement dans toutes ces communes rurales, on compte des coopératives paysannes se spécialisant dans la vannerie, dans la pisciculture, dans le tissage de la soie et tant d’autre. Par le biais de la coopérative, les paysans ont une opportunité de s’intégrer dans l’économie, car elle est présente dans tous les secteurs productifs dont l’exploitation agricole, commerce, services production artisanale et épargne/crédit. Dans cette perspective, les objectifs de la coopérative coïncident avec les besoins des paysans : l’amélioration des productions, la réduction des charges et des coûts d’exploitation, l’assurance de l’approvisionnement des moyens de production, la promotion de l’entraide et la solidarité entre les membres, et l’éducation et la formation des membres. 31

CONCLUSION PARTIELLE

Dès qu’on parle d’étude monétaire, on a l’habitude de mettre l’accent sur l’aspect économie de la monnaie. Pourtant quelques approches tiennent plus de la sociologie que de l'économie, ce qui pourrait donner une éclairage nouvelle et intéressante sur la question de la monnaie. Dans ces approches, la monnaie est un "fait social total" créatrice de lien social. En ce qui concerne l'apparition de la monnaie, dans le cas malgache, elle remonte à l’avènement des arabes commerçants venus de la côte Nord - Est. Mais ce sont surtout les Européens qui ont introduit le concept de monnaie à Madagascar. Dès lors, on a connu une évolution de la monnaie malgache jusqu'à nos jours. S’agissant de la circulation monétaire de la communauté villageoise, l’argent est au centre des rapports internes dans les pratiques ancestrales. Il est également, pour certain un signe de la transformation et pour d’autres, il est promu au rôle d’agent principal de celle-ci. PARTIE II : RESULTATS DE L’ENQUETE 32

PARTIE II : RESULTAS DE L’ENQUETE

Dans la deuxième partie où l’on traitera les résultats de l’enquête à propos de la « circulation monétaire traditionnelle malgache», nous allons prendre pour objet la monnaie, ou plus précisément les usages sociaux de la monnaie dans la communauté villageoise d’Imito. Pour bien cerner notre analyse, nous allons introduire un chapitre sur la monographie de la dite commune, pour bien comprendre les faits et les réalités sociales. Ainsi, nous allons présenter les caractéristiques historiques, géographiques, économiques et socioculturelles de cette commune. Ensuite, nous mettrons en valeur la circulation monétaire dans chaque famille et celle dans le dynamisme villageois. 33

Chapitre 1 : Monographie de la commune rurale d’«Imito »

Dans toute étude d’investigation, il est constamment indispensable de bien connaître la zone d’étude afin d’apporter une vision d’analyse objective et bien fondée. C’est pourquoi, nous avons proposé dans ce chapitre une présentation générale de notre zone d’étude, qui est la commune rurale d’Imito. Nous présenterons dans cette perspective : la situation géographique, la structure démographique, l’historique et les réalités économiques, socio- organisationnelles et culturelles de la dite commune.

1-1-Présentation générale La commune rurale d’Imito28 figure parmi les communes rurales de la région de Fisakana. Elle est de ce fait une zone rurale dont la majorité de la population est constitué d’agriculteurs. La population totale est estimée à 17 741habitants se répartissant en 14 fokontany qui sont : Imito Chef-lieu Andriampeno Vohitraivo Soamahantamana Ambohibary Ampandriambositra Ankerambe Iharanandraony Ampanangana Ampasina Ambohimila Raimanombo Tsararivotra Mandimbisoa

1-2-Historique de la commune rurale d’Imito La commune rurale d’Imito a une histoire assez intéressante. Attachée à ses cultes et ses valeurs ancestrales la population vit jusqu'à ce jour cette histoire remarquable de l’origine de cette petite commune. En effet, cet attachement figure à travers non seulement l’organisation interne de la communauté villageoise mais aussi dans les réalités sociales. Dès l’arrivée dans la commune, des phrases chaleureuses et accueillantes gravitent dans un cadre bien taillé et bien fait pour dire que l’on est la bienvenue. Et à quelques mètres se trouve un grand stade de « savika » qui demeure une activité sportive caractéristique du pays betsileo. Sur les murs de ce grand stade est inscrit : « Hijery ny fidi-dromito na ho kisanga na ho kelimena…. » Qui peut se traduit étymologiquement par : on va voir l’entrée des Imito

28 Elle est élue comme une « commune Mendrika » l’année 2008 34

(habitants venant d’Imito) s’ils apportent des patates douces rouges ou des patates douces blancs. Mais dans le sens figuré qu’est ce que ces habitants venant d’Imito vont nous montrer ? Sion revient dans l’histoire, les habitants d’Imito sont très solidaires. Jadis, ils étaient producteurs de patates douces (et même aujourd’hui) de plusieurs variétés. Durant les jours de marché à Sandradahy, ils vont ensemble, nombreux pour vendre leurs produits et c’est pourquoi les acheteurs attendent leur arrivée pour voir quel type de patate ils apportent. Concernant l’origine de la population de la communauté villageoise d’Imito, On distingue 2 vagues de population considérées comme l’origine de la population actuelle.  On a d’une part les Zafindramanato qui sont les 1ere vague  Et vinrent ensuite les Zafindraratsara, la deuxième vague Cette distinction se perpétue toujours actuellement. On a ensuite les « Teraky ny dimy lahy » ou les descendants des 5 frères. Pour la culture Betsileo, le sexe masculin a un rôle très important. C’est pour cette raison que les lignées venant de l’homme sont plus valorisées par rapport à celle de la femme. Pourtant, la femme a une place considérable, les femmes d’alors sont très dynamiques dans la valorisation de chaque clan, ce sont les femmes qui sont les plus motivées à combattre les ennemies, d’où l’existence du terme : « Imito, iray reny, ou Imito roa reny ». C’est-à-dire qu’Imito est à l’origine de la même femme combative. Le « toaka gasy » ou le rhum traditionnel exprime cette puissance et cette reconnaissance aux ancêtres. L’histoire d’antant a une philosophie basée sur la complémentarité c'est-à-dire que pour diviser équitablement chaque groupe, plus explicitement on doit soustraire ceux du groupe nombreux pour gonfler celui qui l’est moins.

1-3-Structure de la population 1-3-1-Etat civil Tableau N° 02 : Rapport de l’état civil de la commune d’Imito Nombre Naissance 57 Décès 16 Mariages 06 Adoption 0 Source : commune rurale d’Imito Mai 2009 35

1-3-2- Répartition de la population par classe d’âge Tableau N°03 : Répartition de la population par classe d’âge Classe d’âge 0-5 6-17 18-60 60 et plus TOTAL Effectifs 2817 3791 10549 584 17 741 Fréquences (%) 15,88 21,37 59,46 3,29 100 Source : commune rurale d’Imito Novembre 2009

1-3-3- Répartition de la population par sexe Tableau N°04 : Répartition de la population par sexe 0-5 6-17 18-60 60 et plus TOTAL Homme 1447 1895 5172 274 8788 Femme 1370 1896 5377 310 1008953 Total 2817 3791 10549 584 17 741 Source : commune rurale d’Imito Novembre 2009

1-4-Organisation des rapports internes L’organisation des rapports internes de la communauté villageoise d’Imito est basée sur cette valeur de solidarité qui est le Fihavanana. La notion « Fihavanana » dont la racine est « Havana » ou parent, ne se traduit pas uniquement en terme de « Famille élargie » mais en une vision du monde. Dans un monde où tout le monde est parent, personne n’est au dessus des autres. C’est de tout cela que sont dérivées les valeurs accordées par la culture malgache aux concepts de solidarité et de dialogue qui se traduisent sur le plan du comportement social par l’entraide et la concertation. C’est dans cette perspective que les autorités de cette communauté villageoise organisent les rapports internes. L’autoritarisme est une hérésie « Manao didikofe lehibe » -« imposer parce que l’on se croit important et le plus fort » nous révèlent le Maire adjoint de la commune. Ils tiennent compte de la valeur culturelle de ce territoire à tel point qu’ils prennent toujours l’opinion de chaque citoyen. « C’est pour cette raison que nous avons eu la triomphe pour la « Commune Mendrika » Dans ce cadre, force est de souligner que le village est plus qu’un lieu géographique, il est la forme concrète du « fokonolona ». Le terme rend compte d’un ensemble d’individus qui vivent sur un même espace, en l’occurrence un village ou des villages voisins, mais il est fortement canoté des valeurs du travail mené en commun, des objectifs communs et surtout de la cohésion. 36

Le « Anaran-dray » raisonne en termes d’un territoire commun. La distinction que nous avons évoquée précédemment nous montre que chaque groupe de communauté a leur territoire respectif hérité des ancêtres. On peut définir aussi les « Anarandray » en tant que corps de personnes qui sont les garants des coutumes. Les mêmes territoires se classifient par le « Miray Anarandray ». Ils peuvent avoir un tombeau commun et de ce fait un ancêtre commun. Chaque membre du territoire ou chaque « Mpiray Anarandray » doit se respecter et s’entraider dans les moments de joie, de tristesse ou dans tant d’autre. Les devoirs et les droits se manifestent dans ce rapport organisationnel. L’individu raisonne, agit et décide en référence constante à son voisin d’abord et à la communauté enfin. L’exclusion sociale de la communauté équivaut dans ce cas à une sanction grave de la société traditionnelle.

1-5-Caractérisation de la vie socio-économique 1-5-1-Environnement économique Malgré le rang de cette commune au niveau national, la population demeure dans une situation de paupérisation. Les sources de revenu des habitants ne permettent pas à une condition de vie satisfaisante pour chaque individu. On ne peut pas définir précisément le secteur d’activité recevable pour cette commune. Des faits sont à considérer pour expliquer cette réalité : l’insuffisance de terrains agricoles et l’infertilité du sol. C’est pourquoi, le rendement n’atteint pas l’autosuffisance alimentaire. En moyenne, la récolte ne recouvre que 3 mois de consommation. Il est donc difficile, pour les paysans, de couvrir les 9 qui restent. Après l’agriculture, l’artisanat constitue également une source de revenu rentable pour les habitants de la commune d’Imito. La vannerie domine dans ce secteur. Presque la majorité des familles se penchent dans ce domaine d’activité. Concernant le taux de croissance économique de la commune, il a connu une augmentation de 10 % durant ces deux dernières années. Les capitaux détenus par la commune proviennent de :  L’Etat : La commune bénéficie de 60 millions de fmg chaque année par l’Etat.  ONG privés (SAHA, Taninketsa, CECAM, et récemment, Land O’Lac 37

Jour du marché, les marchands de « tsihilava » en attente des acheteurs. Le village d’Imito est réputé pour le tsihy (natte) dont il est l’un des plus grands producteurs.

Photo : aute

 Impôts : ticket (marché), pour la construction. Force est de noter que la distribution des impôts ne pose pas de difficulté. Les autorités communales savent responsabilisées la communauté et par ailleurs cette dernière est consciente de ses devoirs pour dynamiser et concrétiser le Firaisankina. Selon le responsable de la commune, 80 % des habitants paient leurs impôts.

A cela s’ajoute la participation massive des habitants dans la construction d’infrastructure sociale comme le Lycée, la route qui est maintenant praticable, le marché, le CEG et CSB. La solidarité et la participation des habitants se présentent bien au cœur du développement de leur économique. Le « adidy » ou le devoir vis-à-vis de la communauté se manifeste à travers ces actions collectives.

Le terrassement du lycée réalisé par l’entraide du fokonolona.

Photo : auteur

Il est cependant à souligner que le développement de la commune est encore au stade départ. La Commune doit faire face à De nombreux challenges comme la construction du barrage qui constitue un atout pour l’amélioration du secteur agricole, les routes reliant les fokontany qui sont encore impraticables. L’approvisionnement en électricité et la multiplication des bornes fontaines sont encore des objectifs à atteindre. 38

1-5-2-L’éducation. Les principaux facteurs déterminants de la pauvreté extrême des ménages sont liés aux problématiques de l’accès et la qualité de l’éducation ainsi qu’aux us et coutumes. La situation concernant ces différents facteurs et le rôle joué par chacun d’entre eux sont esquissés ci-dessous.  Taux de pauvreté élevé En dépit des efforts consentis par l’Etat malgache en matière de lutte contre la pauvreté et l’achèvement des multiples reformes macro-économiques, l’indicateur de développement humain à Madagascar demeure faible. La situation s’est encore détériorée à la suite des deux crises politiques de 2002 et de 2009, qui ont accentué la situation de précarité des groupes les plus vulnérables. En 2003, on enregistre un taux de 80.7% de la population qui vivaient en dessous de la pauvreté29. Cette paupérisation s’accentue jusqu'à aujourd’hui. Le monde rural est plus touché par la pauvreté (86.4 %) que les agglomérations urbaines (61.6%).30 Pour cette raison, de nombreux parents n’ont pas la possibilité de scolariser leurs enfants ou encore ces derniers n’ont plus envie d’aller à l’école pour pouvoir déjà subvenir à leurs besoins, pour faire face au courant de la modernité comme la possession de la téléphone portable, se mettre au nouveau style de vêtement.

 Education et travail des enfants L’article 23 de la Constitution stipule que « tout enfant a droit à l’instruction et à l’éducation sous la responsabilité des parents dans le respect de leur liberté de choix. Les dispositions réglementaires prises par les responsables de l’éducation tendent vers l’obligation de scolarisation des enfants en âge d’être scolarisé, quoiqu’aucune disposition réglementaire n’ait été prise à cet égard. En ce qui concerne la commune d’Imito, le taux de scolarisation est relativement élevé. L’association « VOZAMA » ou Vonjeo ny Zaza Malagasy est une association fondée à Imito qui a contribué à la lutte de travail des enfants et de les scolariser gratuitement ensuite. Cette association s’est étendue dans toute la région aujourd’hui. On connaît un meilleur rendement scolaire dans tous les niveaux primaires, secondaires. La construction d’un lycée

29 Basée sur la définition du niveau de pauvreté comme l’état de privatisation matérielle caractérisé par l’indisponibilité de ressources nécessaires pour obtenir un minimum de besoins journaliers de 2133 calories (EPM 2002) 30 EPM,/INSTAT, 2005 39 en est une preuve flagrante. La dite commune est parmi les quelques communes rurales bénéficiaires d’établissement secondaire. Actuellement, la Commune compte un lycée, deux CEG publics et privés, et plus de cinq écoles primaires publiques qui se repartissent suivant les fokontany. La motivation des parents dans la scolarisation de leurs enfants est très remarquable par la participation au niveau du FRAM (association des parents des élèves) et par la contribution au niveau des activités concernant l’école. On peut citer comme l’exemple la contribution des parents et des fokonolona pour le terrassement collective lors de la construction du Lycée. La solidarité de cette communauté l’incite à travailler ensemble pour l’intérêt de tous et de leurs enfants. Quant à la réussite scolaire, si on prend l’exemple du lycée:  En 2006, la première promotion: 15/ 35 élèves bacheliers  En 2007, 17/54 bacheliers  En 2008, 40/56 bacheliers  En 2009, 77 candidats et 47 bacheliers. Les contraintes En dépit de leur motivation à éduquer leurs enfants, le revenu des habitants de la commune d’Imito est relativement faible, le rendement de la production agricole qui demeure leurs principales activités ne parvient pas à leur subsistance et à couvrir les dépenses scolaires. En effet, les dépenses liées à la scolarisation semblent être un facteur majeur influençant la capacité des parents à envoyer leurs enfants à l’école ce qui les conduit à les faire travailler. Pour subvenir à leurs besoins, les habitants de la commune sont très nomades (temporaires ou définitives). Souvent ils se déplacent vers le Ouest Tsiroanimandidy ou Ambatondrazaka pour chercher des travaux journaliers. Il y aussi plusieurs familles qui envoient leurs enfants dans les communautés religieuses, on compte plusieurs religieux et religieuses dans cette commune. Le phénomène de travail des enfants Les enfants travailleurs qui vont à l’école ont beaucoup de difficulté à suivre leur scolarité à cause de fatigue et du manque de temps à consacrer à l’école31. Les résultats d’une étude montrent que dans les milieux ruraux, des enfants scolarisés travaillent en moyenne

31 PLAN NATIONAL D’ACTION DE LUTTE CONTRE LE TRAVAIL DES ENFANTS A MADAGASCAR, BIT ET MINISTERE DE LA FONCTION PUBLIQUE DU TRAVAIL ET DES LOIS SOCIALES, JUILLET 2004 40 pendant une heure et 45 minutes par jour32.Ces moyennes concernent aussi bien les enfants au travail et qui accomplissent d’autres activités en dehors des tâches ménagères que les enfants qui ne travaillent pas. Concernant la commune rurale d’Imito, la majorité des enfants entre 12 ans et 17 ans travaillent en dehors de l’école, ils gagnent au moyenne 1 500 ariary par jour. Ils se concentrent sur les activités agricoles comme le repiquage du riz, le transport des fumiers et dans les activités de construction comme le batelage de briques ou de pierres de construction. L’argent obtenu contribue dans les dépenses de la famille et /ou constitue une épargne pour leur propre besoins.

D’autres contraintes majeures du système éducatif dans cette commune s’y ajoutent, selon le Proviseur du Lycée, ils peuvent être résumés comme suit :  l’insuffisance de personnels administratifs et enseignants.  L’insuffisance de motivation des enseignants. Les enseignants ne sont pas motivés de s’installer dans les communes rurales.  Le manque des tables bancs et équipements scolaires est incontestable.  La multiplication de classes et la taille des écoles (trop nombreux ou proportionnellement trop peu d’élèves dans une classe)  La multiplication de classes multigrades pour un seul enseignant sans formation adaptée pour les enfants  L’incapacité des parents à payer les fournitures scolaires  L’absence, l’éloignement et l’insuffisance des écoles (beaucoup de jeunes venant de Sandradahy, de Mahazoarivo, de Ilaka Ambomahazo et de et Vinaninoro font leurs études au lycée d’Imito Cette inadéquation entre ressources et besoins qui caractérise le plus humblement les pays pauvres.

1-5-3-Environnement sanitaire Le problème sanitaire touche particulièrement le milieu rural. Cette problématique concerne beaucoup plus les femmes et les enfants que les hommes. Chaque année, près de 11 millions d’enfants meurent de causes évitables avant leur cinquième anniversaire. Beaucoup d’entre eux sont emportés avant d’avoir un an. Des millions d’autres survivent mais ils sont diminués et resteront incapables de réaliser tout leur potentiel.33

32 Sur les tâches liées au travail domestique incluant la production pour la consommation de la Famille. Programme des Nations Unies pour le Développement, 2002 33 « Savoir pour Sauver », Fonds des Nations Unies pour l’enfance, 2002 41

La commune d’Imito est relativement touchée par cet état de fait. La malnutrition des enfants est très flagrante. En effet, la calorie absorbée par l’enfant avant d’aller à l’école ne permet pas à subvenir à ces efforts physiques et mentales ce qui conduit à une manque d’attention et de compréhension. La commune est dépourvue d’aliments calorifiques tels que les légumes et les fruits. La qualité du sol ne permet pas de rendre une meilleure production de ces catégories d’aliments. L’équilibre nutritionnel est loin d’être satisfait malgré l’implantation du projet SEECALINE ou le projet ONN. Concernant la fréquence hospitalière, on constate une forme de prédominance de la médecine traditionnelle par rapport à la médecine moderne. Il demeure encore difficile d’instituer une interface entre ces deux formes de médecine. L’attachement aux valeurs culturelles fait que l’espace rural est en position de faiblesse en matière de santé, particulièrement en matière de santé publique. Selon notre enquête, le taux de fréquentation du CSB II dans la commune d’Imito est relativement faible en raison des actes informels. Même les visites médicales des femmes enceintes sont quasiment nulles. Les matrones au niveau des fokontany sont plus fréquentées que le CSB II. Des indicateurs peuvent être a l’origine de cette non fréquentation : le niveau d’instruction et niveau de perception de la valeur sociale d’une forme de médecine a une relation très significative ; la synthétisation dans l’amalgame entre mythes, croyances et efficacité des pratiques des tradi – praticiens ; le budget de ménage n’arrive pas à payer les produits pharmaceutiques. Dans ce cas, le responsable du CSB II est forcé de travailler avec ces tradi -praticiens et ces matrones par le biais de formation pour assurer un meilleur soin et traitement médical. Ce sont la diarrhée et la peste qui sont les plus fréquentes dans cette commune. Ces maladies sont à l’origine du manque d’hygiène. En effet, la commune d’Imito est une zone pesteuse bien qu’il n’y ait eu encore de peste déclarée. Le CSB II a collaboré avec l’association Ami De Wash pour lutter contre la diarrhée. Si on soulève la problématique de la santé maternelle, le planning familial constituera une méthode par excellence en matière de limitation de naissance. En dépit de toutes les contraintes que soit religieuses ou culturelles, les femmes sont très motivées à pratiquer les méthodes contraceptives. On constate une forte croissance en matière d’utilisation du planning familiale. Ces femmes sont aussi motivées à vacciner leurs enfants. Toutefois, il convient de souligner que de nombreuses contraintes se posent qui empêchent le développement de ce secteur dans cette dite commune : l’insuffisance des personnels sanitaires, l’éloignement des fokontany, l’absence d’électricité qui empêchent la 42 réalisation efficace du travail pendant la nuit, le personnel a dû utiliser des bougies, le manque de confiance des habitants et du personnel de la santé

1-5-4-La puissance des organismes privés

1-5-4-1-LA Caisse d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuels (CECAM) La contribution des organismes privés est d’une importance cardinale pour le développement d’un Etat, d’une région ou d’une commune. La CECAM est un organisme œuvrant dans le micro crédit et visant le monde rural. Ses activités consistent à octroyer des crédits aux paysans pour un objectif précis d’une part, et d’autre part servir comme une épargne de capitaux. La CECAM dispose d’une antenne dans la commune d’Imito. Institué depuis 1996, elle connaît une augmentation considérable de ses membres, sur 530 bénéficiaires en 2009, la majorité sont des femmes (173) et les autres des personnes morales34. Les conditions d’entrée ne sont d’ailleurs exigeantes bien qu’une consultation est nécessaire. Les données qui précédent sont utiles pour permettre de rendre compte la motivation des habitants à l’octroi des crédits. L’utilisation de ce crédit concerne principalement le secteur primaire comme l’agriculture et l’élevage. C’est en deuxième option que viennent le domaine de la construction au stade de finition et de réparation et en dernier option se regroupent les autres secteurs comme l’artisanat (la vannerie). Il est rare de trouver des cas où les gens investissent des crédits dans les festivités culturels. Par contre le remboursement se fait à temps et cela recouvre les 90 % des crédits. En moyenne, le montant du crédit est évalué à 400 000 ariary. Selon le conseiller de la caisse, les membres savent investir, cela est constaté au niveau de leur vie quotidienne. Par ailleurs, ils ont un sens de responsabilités et de persévérance aigu. Cette qualité est dominante chez les nouveaux venus que chez les natifs. Le graphe suivant montre l’évolution des membres de la commune de 2004 jusqu'à juillet 2009 :

34 Sources : CECAM Imito juillet 2009 43

effectifs des m em bres

6 0 0

5 0 0

4 0 0 effectifs des 3 0 0 m e m b r e s 2 0 0

1 0 0

0 1 2 3 4 5 6

Source : CECAM IMITO juillet 2009

1-5-4-2-LA COMMUNAUTE CHRETIENNE La communauté chrétienne a une place cardinale au sein d’une communauté villageoise. En effet, depuis toujours, la religion demeure un outil efficace dans la sensibilisation et la dynamisation des villages malgaches. On retrouve deux communautés religieuses dans cette commune : d’un côté il y a les jésuites et de l’autre les Filles de cœur de Marie dont les objectifs se résument à l’amélioration de la vie des paysans. Les principales activités de sensibilisation et de dynamisation comprennent:  La transmission des messages divins dans le domaine de christianisation des paysans  La diffusion des informations fiables sur les causes et conséquences des mauvaises habitudes empêchant le développement et l’épanouissement personnel  La promotion de l’éducation et de la formation des jeunes et des femmes par l’artisanat.  L’implication intensive des femmes dans la réalisation des projets de développement.

1-6-Les réformes agraires. Dans ce cadre, il faut prendre en comptes 3 variables essentiels : . le paysage agraire . la structure agraire . le système de production

1-6-1-Le paysage agraire Le paysage agraire est constitué de quelques signes fondamentaux. Si l‘on veut considérer ce dimension pour le cas de la commune d’Imito, on doit mettre en valeur les points suivants : 44

1-L’habitat : les maisons des villageois sont construites sur les collines. Chaque hameau est séparé des autres par des champs de riz. L’architecture est quasi traditionnelle, construite avec des briques de terres, et d’un étage de 2 chambres, des toitures en pailles. Elles se regroupent par hameaux sur une distance variant de 4km à 25 km. Chaque hameau représente un village regroupant 5 toits en moyenne 2-Le parcellaire : la parcelle prend plusieurs formes sous une surface de 5 ares en moyenne pour les rizières, et pour le « tanety » cela varie de 20 ares à 1ha en cascade. Ce parcellaire peut avoir une surface de 40 ares au début, mais la division de l’héritage diminue sa surface à 5 ou 6 ares par héritier. Mais la plupart de ces parcellaires ne sont pas clôturées. 3-Le réseau du chemin : les chemins sont tracés de façons irrégulières en suivant les caractéristiques de la parcelle. 4-L’utilisation du sol : les sols sont utilisées de manière progressive ; les cultures s’accentuent. La riziculture se fait entre le Mois d’Octobre et Janvier pour permettre de récolter en fin Mars et la mois d’Avril. Pour attendre la prochaine culture, les paysans adoptent les cultures de contre saison tels les légumes, les pommes de terres, arachide, etc.

1-6-2- Les structures agraires Il convient ici d’étudier la propriété, l’exploitation et les modes de faire-valoir qui entretiennent des rapports entre eux et forment une structure. Dans ce cas, toute modification de l’un des évènements peut avoir des répercussions immédiates sur les autres. . La propriété La commune d’Imito est pauvre en surface exploitée. Chaque famille est propriétaire de ses terres par héritage. Chaque héritier masculin a droit de disposer d’une proportion de parcelle équitable avec ses frères et les autres héritiers. L’accès à la propriété foncière signifie qu’on doit assumer le « Anarandray » ou la patrimoine et par conséquent doit assumer toutes les obligations sociales dans la communauté. Cette détention du sol signifie que les villageois ont un pouvoir économique mais aussi un prestige social. La terre est à la fois un outil de travail indispensable du paysan et un patrimoine. . Les réformes agraires Malgré le manque d’espace cultivée, aucune reforme agraire n’a été prise. Les caractéristiques physiques de la commune empêchent toute tentative de réforme. Malgré la grande superficie, la zone est structurée par des pentes et collines alors la nécessité d’une réforme est primordiale. 45

. L’exploitation agricole En ce qui concerne la situation à Imito, l’exploitation reste au niveau familial et l’autosuffisance. La grande exploitation n’existe guère. Les paysans tirent essentiellement leurs revenus de l’agriculture. Le chef d’exploitation, son épouse et certains enfants se consacrent exclusivement à la mise en valeur des terres dont ils sont propriétaires.

L’appel aux salariés est très limité. L’entraide entre famille proche ou « indrana »35 par contre, est très coutume.

. Les modes de faire valoir Par définition, faire – valoir est la manière d’exploiter la terre, une exploitation considérée sur le plan des rapports entre le propriétaire foncier et l’exploitant. S’agissant du cas de la commune d’Imito, les villageois sont propriétaires de la terre après la légation de l’héritage. Le propriétaire est donc le chef de l’exploitation. Presque la totalité des villageois ont leur propre exploitation sans employé des salariés pour les travaux.

. Les systèmes de production Il convient ici de comprendre les formes d’utilisation du sol et la manière d’assurer cette utilisation. Le but est de distinguer les parcelles au front des cultures pérennes et d’identifier l’utilisation des champs labourés. . Les caractéristiques principales des systèmes de production. Les systèmes de production varient en fonction du milieu naturel. On peut constater que les systèmes agricoles dépendent des choix personnels de chaque type d’exploitation si on se réfère à notre étude. Dans le cadre des pratiques communautaires, le grenier a une place importante dans la gestion de la production. S’agissant de la commune rurale d’Imito, le grenier communautaire n’existe pas encore ; chaque famille a son propre grenier dans leur maison. Traditionnellement, les familles stockent leurs récoltes dans un trou à l’extérieur de la maison. Mais aujourd’hui, vu l’insécurité qui persiste dans le monde rural malgache, la pratique se perd.

35 Le « indrana » est une coutume chez le Betsileo ou pendant la période de riziculture ou d’autre culture, chaque famille proche (le frère de la mère « Anadahindreny » ou les enfants de la sœur « zanak’anabavy ») s’entraident entre eux, pour récompenser l’effort perdue, le repas est très satisfaisant accompagné par du « toaka gasy » 46

Le rendement à l’hectare Pour le cas de la commune rurale d’Imito, il s’agit d’un système extensif à faible rendement. Les densités agricoles sont toujours basses. Selon notre enquête, le rendement à l’hectare varie de 200 kg à 2 tonnes. Toutefois, on a remarqué une augmentation progressive de la productivité dans des proportions considérables grâce à l’intervention des techniques modernes et le suivie des formations par les vulgarisateurs agricoles travaillant dans les projets ruraux. 47

Chapitre 2 : La circulation monétaire dans chaque famille

Il y a de grandes différences régionales concernant la circulation monétaire au niveau de chaque foyer tant rural qu’urbain. L’argent demeure la raison d’être de chaque famille. La différence entre familles riches, familles moyennes et familles démunies ou encore vulnérables s’explique par l’apport en argent. Un dicton malgache dit « Ny vola no maha rangahy » littéralement c’est l’argent qui fait l’Homme. Dans un sens large, c’est l’argent qui caractérise l’individu. Comment les familles de la Commune d’Imito gagnent – elle de l’argent ? Dans quel but l’utilisent –elles ? Telles sont les questions que nous allons essayer de répondre dans ce chapitre.

2-1-Ressources financières familiales L’argent domestique qui circule à l’intérieur du foyer familial, se différencie et constitue d’une certaine façon un vecteur des inégalités en termes de sexe et d’âge. A ce propos, Viviane Zelizer 36en étudiant les usages sociaux de la monnaie dans « La signification sociale de l’argent », met en relief la différenciation sexuelle de la perception et de l’usage de l’argent. Ainsi, l’argent éventuellement égagne par les femmes n’a pas la même valeur que celui gagné par son mari, et surtout, le partage du revenu au sein du foyer est naturellement inégalitaire. Concernant la communauté villageoise d’Imito, l’argent et la recherche d’argent demeurent encore une source de problèmes. Gagner de l’argent implique les deux sexes. Hommes et femmes participent activement aux tâches au sein du foyer. La division du travail dans la famille règle le partage de propriété entre l’homme et la femme. Les rapports domestiques antérieurs ont encore cours aujourd’hui. En effet, la suprématie effective de l’homme à la maison démontre que l’émancipation de la femme serait difficile à réaliser sauf dans le cas où la femme participe à la production sur une large échelle sociale et que le travail domestique ne l’occupe plus que dans une mesure insignifiante. Vu sur cet angle, il convient de noter que ce sont les hommes qui sont à la charge de la subsistance et donc de gagner le plus d’argent. La subsistance avait toujours été l’affaire de l’homme ; c’est lui qui produit les moyens nécessaires, tandis que la femme fournit les utilités quotidiennes (sels, sucres, savons) à travers le « sara-katsaha » ou les petits travaux journaliers

36 Viviane Zelizer 36en étudiant les usages sociaux de la monnaie dans « La signification sociale de l’argent », [édition du Seuil, Collection Liber, 2005 (1ère édition en anglais 1994)] 48

L’argent dans le foyer provient généralement des travaux journaliers accomplis par l’homme et /ou la femme d’une part, et d’autre part des fruits de travail de long haleine réalisé par l’homme par une migration temporaire dans d’autres régions comme la ville d’Ambatondrazaka, Tsiroanimandidy, Mandoto et Ankazobe. Dans cette situation, le déplacement s’étale sur trois mois au minimum pour couvrir les frais de voyages. Les sommes perçues par les émigrés varient de 1300 ariary à 2000 ariary la journée. Les déjeuners et l’hébergement sont à la charge de l’employeur. Les jeunes sont très actifs dans ce type de migration. Ils participent fortement dans les activités pour faire vivre la famille. A chaque saison sèche, au moins deux camions chargés de riz et/ou de manioc arrivent par jour à Imito pour ravitailler les familles. Les femmes avec les vieux et les enfants s’occupent durant cette saison des travaux domestiques et des petits travaux de champs. L’élevage bovin et porcin figure parmi les sources de revenu des ménages d’imito. Mais économiquement, cela n’apporte pas beaucoup de bénéfice vu l’état d’esprit des gens : il s’agit plutôt d’un élevage contemplatif ou de prestige social. L’engraissement d’un bœuf ou d’un porc s’étend sur plusieurs mois : « Lava tandrokomby ianareo, ho ody ny henatra» traduction libre : possédez des boeugs à longue corne pour échapper à la honte social). Il y a également l’élevage traditionnel de volailles et de lapins. Mais c’est une activité supplémentaire, l’élevage de poules n’arrivent pas à faire vivre une famille surtout que le coût des produits de nécessité augmente rapidement. Le développement de culture de contre saison (pomme de terre, choux) grâce à la coopération avec les différents ONG apporte aussi une certaine somme pour les familles. Le marché noir de tabac et de « Toaka gasy » (alcool malagasy traditionnel) est aussi une source financière non négligeable

2-2- Usage quotidien de l’argent L’argent est utilisé pour les besoins primaires et secondaires, les obligations monétaires familiales et les obligations communautaires. 49

2-2-1-L’argent pour les besoins primaires et secondaires L’argent est utilisé pour développer les activités agricoles : achat des nouvelles semences et engrais ; paiement des salaires des journaliers, ’achat des nourritures telles que la viande dans le cas de « Indrana » ou entraide. Les vêtements comptent aussi parmi les dépenses. Il convient de mentionner qu’un changement s’est opéré au cours des cinq dernières années sur ce sujet à Imito. Finis les vêtements de trois couches le port des vêtements sales en dessous du vêtement propre, on peut dire que les habitants commencent à avoir un certain goût en matière de vêtement tant sur la qualité que sur l’apparence. L’entrée massive des friperies y est pour quelque chose. Elles offrent un avantage pour les paysans d’acquérir des habits à bon marché et une large gamme de choix. L’usage de l’argent se différencie selon le sexe et l’âge et le niveau d’instruction. La femme a tendance à faire plus d’économie que les hommes. C’est en effet la mère de famille qui compte et prend charge toutes les dépenses quotidiennes à travers le « Sara-katsaha ». Il est étonnant de voir son habilité à gérer la maison. Mais les décisions sont toutefois prises conjointement entre le père et la mère de famille.

2-2-2- L’argent pour les autres besoins Le courant altermondialiste et les progrès technologique conduisent les gens à prendre en compte leur épanouissement et le relationnel. L’utilisation croissante de la téléphonie mobile la commune rurale en est une preuve flagrante. Les gens ont pris conscience de la nécessité de la communication pour rester en contact avec les familles et les proches vivants loin. Mais la tendance actuelle dans la Commune est que ce sont les hommes et les jeunes qui s’intéressent le plus Mais ces dépenses n’arrivent qu’après les redevances administratives (impôts) et les cotisations sociales versées au groupement ou le « Fonenana », pour la Famille (Miray Anarandray) qui ont un patrimoine commun.

2-2-3-La construction des maisons familiales La construction des maisons familiales est une notion qu’on doit affirmer dans la circulation monétaire villageoise. La maison familiale tient une place importante, symbole du statut et du prestige de la famille. Chaque famille a sa maison. C’est généralement le fils cadet qui hérite la maison de leurs parents. Les jeunes mariés ont leur propre maison. Lors de la construction d’une maison, les familles proches tel que le « Zanak’anabavy » (enfants de la soeur) ou le Anadahin-dreny (le frère de la mère), le « tany nangalana » ou le « tany 50 namoahana » (lieu d’origine) et le Tompon’Anarandray doivent être présents et participent activement dans la construction du fondement de la maison, « l’adi-fototra » est célébré. Les dépenses varient de 5 000 000 Ar à 20 000 000 Ar et sont à la charge de la famille.

2-2-4-La construction de tombeaux Les villageois sont regroupés en collectif appelé « Mpiray Anarandray » (étymologiquement qui ont le même patrimoine foncier commun). Chacun possède un tombeau collectif ou familial37. Les tombeaux sont construits avec des pierres pour la culture Betsileo, les descendants d’un même ancêtre participent à sa construction. Sauf dans le cas où un descendant veut construire son propre tombeau. Dans ce cas il doit discuter avec le « Tompon’Anarandray 38», pour demander le « Tso-drano » ou la bénédiction. La construction de tombeau pour les Betsileo suit une forme hiérarchique à l’intérieur : les ancêtres communs ont une place importante en haut, viennent ensuite les Ray aman - dReny, les petits enfants doivent êtres enveloppés avec leur grands-parents paternels. Ces édifices mortuaires voient leur coût varier de 10 millions d’ariary et de 50 millions d’ariary. Les Betsileo, si l’on se réfère aux villageois d’Imito ont tendance à dépenser beaucoup pour la construction des tombeaux. Le respect des morts et des ancêtres est manifeste dans leurs modes de vie. Si un descendant vient de loin après une longue année de travail acharné, il doit accomplir un rite, le « Lagnonana » (renouvellement de linceuls) ou un autre pour gratifier les ancêtres d’avoir veillé sur lui et lui donner ses fortunes39. L’inauguration de tombeaux avec le transfert de corps donne lieu à des cérémonies où toute la population participe. Et cela constitue une autre dépense. A ce stade, on parlera de « Lanonana », durant lequel les descendants de la famille se réunissent. Le « lanonana »est aussi l’occasion pour réunir les membres de la grande famille . Les dépenses sont à la charge des « Mpiray Tampo » s’il s’agit d’un tombeau familial, mais pour le cas de tombeau collectif, les dépenses sont à la charge de tous les participants (Mpiray Anarandray). Si on relève le côté sociologique de ce fait social, « la construction de ces tombeaux et la compétition dont ces tombeaux ont été l’objet et qui a entraîné des dépenses considérables, ne peut être séparés de la transformation révolutionnaire qui est signalé par la nouvelle ordonnance intérieur du sépulcre. »40

37 Aujourd’hui, certaines familles veulent avoir leurs propres tombeaux 38 Garant des valeurs et traditions au niveau de la lignée 39 On voit ce pratique dans le Nord Betsileo A « Imerin’Imady » ou certains descendants dépensent des fortunes et des fortunes pour gratifier leurs ancêtres de lui avoir donné la bénédiction. 40 ALTHABE (G.) : « Monnaie et para monnaie dans les sociétés traditionnelles » in revue européenne des sciences sociales.1970, Librairie Doz 51

2-2-5-Dépense mensuelle d’une famille malgache Le tableau suivant nous montre les dépenses d’une famille malgache à la campagne (en moyenne pour 6 personnes dans la famille):

Tableau N°05 : Dépenses familiales d’une famille Unité : Ariary Besoins Dépenses Dépenses dépenses annuelles journaliers (Ar) mensuelles 5 Ar Primaires : - Nourriture 500 15 000 180 000 - Vêtements

Secondaires : 120 000 Activités agricoles Elevage : 300 000 Achat d’un bœuf

Autres besoins : 100 000 au niveau de la communauté et la commune rurale (Adidy) La construction * 5 000 0000 Festivité culturelle* 6 000 0000

Total dépense 11 700 0000

En réalité donc, les besoins primaires couvrent principalement les dépenses journalières de chaque famille, les activités agricoles et l’élevage ne se trouvent que dans une période déterminée de l’année. Et concernant les dépenses vis-à-vis de la communauté, elles font parties d’obligations que chaque famille doit assurer à part les besoins familiales. La construction des maisons et l’organisation d’un évènement familiale dépend de la possibilité de chaque famille mais ne reste pas comme une obligation.

 Non définis selon la possibilité de chaque famille 52

Chapitre 3 : L’argent comme signe de rapport social ou de la communauté servile

La communauté et l’argent constituent un « parfait couple ». L’un ne va sans l’autre. La question essentielle qui se pose, c'est de savoir comment l'individu peut retrouver son autonomie. C’est l’argent qui le relie à l'ensemble de sa communauté. C’est par ce contact culturel qu’il peut développer sa propre culture. Au cours de ce chapitre, nous allons présenter le dynamisme de l’échange monétaire qui se trouve à l’intérieur d’une communauté obligeante et où chaque individu est perçu comme l’acteur de cette obligation.

3-1- Les circuits monétaires dans la dynamique villageoise de la commune rurale d’Imito Il s’agit ici de décrire comment se présente le mouvement de la monnaie dans une communauté villageoise en tenant compte du dynamisme des rapports sociaux. Rappelons que chaque famille cherche tous les moyens possibles pour trouver de l’argent. Cet argent, une fois obtenu est utilisé à assumer les obligations sociales outre les dépenses familiales et personnelles. L’objectif est de renforcer les rapports sociaux en tenant compte des évènements sociaux. La notion de : « atero ka alao » dicte cette circulation monétaire. Ainsi donc l’argent dans une communauté villageoise est obtenu individuellement soit par la vente de produit des cultures familiales ou des produits venants de la petite ferme, soit des rémunérations obtenus à partir des activités journalières des autres rizières environnantes. Il convient ici de signaler que ce sont surtout les jeunes qui effectuent les travaux, les personnes âgées restent à la maison et s’occupent des travaux domestiques (s’occupant du potager, des bétails) avec les petits enfants. Les contraintes majeures du système villageois dans la région d’Imito sont les cérémonies et les règlements des amendes. Par ailleurs, l’argent sert également comme un vecteur de relation sociale par la pratique des festivités culturelles comme dans les cérémonies d’allégresse que de détresse. En effet, l’argent constitue un vecteur de lien social. Les rites et coutumes se manifestent à partir d’échanges de biens ou de personnes. En cas de mariage par exemple, le « Vodiondry » est une somme d’argent qui se réfère à la somme d’argent donnée à la famille de la jeune femme par le jeune garçon en guise de reconnaissance et de respect, le «ro-patsa », en cas d’accouchement, le « fao-dranomaso » en cas de funérailles et les « solon-tambavy » en cas de maladie. 53

3-1-1-Les cérémonies Les cérémonies font partie du dynamisme villageois. Les cérémonies se manifestent par un échange de dons monétaires et de consommation d’une grande quantité de nourriture et de besoins. L’abattage des bœufs et des porcs sont très coutumes durant ces cérémonies. Les sommes reçues assurent les dépenses en nourritures et en boissons qui pendant l’événement. Les acteurs qui participent à la cérémonie à l’exemple de « Lagnonana » sont presque la moitié du village participant soit en argent soit en apport en nature de riz selon les liens de parentés avec les concernés. En retour, les participants ou les invités reçoivent des morceaux de bœufs. En général, les cérémonies, particulièrement le « lanonana » dans la région Betsileo donnent lieu à une très vive compétition entre les différents acteurs et à un jeu complexe d’échange d’argent. En effet, en moyenne, les dépenses sont estimées à 600. 000 ariary. Mais cette somme peut aller jusqu'à 10 millions d’ariary pour les riches héritiers.

3-1-2- Les « adidy : Le « adidy » est une forme d’obligation morale vis-à-vis des communautés villageoises. Plus que le « didy » ou la loi qui peut être un frein, l’«adidy» est un devoir, absolument indispensable (pour ne pas dire obligatoire) (Anarandray tsy afify, ny vady tsy am-pangatahana » Il faut veiller à la fois au devoir communautaire que vis-à-vis de sa famille. Typologie des « adidy » On distingue divers types de « adidy » : - « Adidy » envers l’héritage culturel Il s’agit du devoir de transmettre aux descendants l’héritage culturel. C’est le devoir des parents d’éduquer et de transmettre les valeurs culturelles à ces enfants.

- « Adidy » envers l’héritage foncier Aménagement ou exploitation de la terre. Il est au devoir des héritiers de cultiver et d’exploiter leurs terres.

- « Adidy » envers les ancêtres Il se manifeste par la construction des tombeaux familiales et l’exhumation. « Adidy » envers le Ray Aman-dReny 54

Les Ray aman-dReny sont les parents ou les vieux parents. Les enfants ont le devoir de montrer du respect et de la reconnaissance envers leurs parents. C’est aux enfants de veiller à leurs parents lorsqu’ils deviennent vieux. « Adidy » envers les communautés civiles ou religieuses Ce type de « adidy » se manifeste à travers l’ « atero ka alao » pour la communauté civile et le Denier de culte pour la communauté religieuse.

Tous ces types de « adidy » relèvent une obligation morale et monétaire.

3-1-3-Le règlement des amendes au niveau du « Fonenana » ou associations des hameaux Pour cerner les circuits monétaires dans le dynamisme villageois, il convient d’admettre qu’un phénomène important intervient également dans les dépenses d’argent dans cette communauté villageoise : la damnation à une amende ou le paiement des impôts. Regroupés dans une collectivité dénommée le « Fonenana », les villageois doivent verser une cotisation chaque année. Le « Fonenana » est une association des hameaux en vue d’un travail commun lors d’évènements social. Presque toutes ces associations n’ont pas de statut officiel mais elles sont régies par des règlements intérieurs scrupuleusement respectés. Le « Fonenana » se cotise. Son rôle consiste à appuyer les membres lors d’une cérémonie ou de funérailles. Chaque membre marié d’une famille doit être intégré dans le « Fonenana » pour en jouir les avantages. Pour le couple qui ne réside pas sur place, il doit payer le « solon’asa » (somme d’argent pour compenser son absence dans les activités). Le « solon’asa » varie de Fonenana en Fonenana : 24 kg de paddy /an et plus de 600 ariary /an. Ce « solon’asa » est revendu pour subvenir aux besoins matérielles (cuillères, assiettes, grandes marmites) des membres ou « Mpiray fonenana ». En plus, lors des festivités c’est le « Fonenana » qui assure la cuisson de riz, l’abattage des bœufs, et la distribution des nourritures. C’est pourquoi, la cotisation est obligatoire. Dans le cas contraire, où le groupement n’intervient en aucun cas dans le déroulement des activités.

3-2- Les conséquences psychologiques sur l’individu face à l’obligation morale et monétaire Cette obligation morale et monétaire a un impact psychologique chez chaque individu. Auparavant, abandonner son pays natal était une honte très grave dans la communauté mais aujourd’hui, vu le surpeuplement, le « filan-dravinahitra » (migration dans une zone plus productive) est à la mode. Presque la majorité des jeunes paysans d’Imito sont partis dans 55 les régions productives de Madagascar pour pouvoir assurer leurs devoirs familiaux et sociaux. Mais durant la saison sèche, ils essaient de ravitailler leur parent en riz et en manioc et reviennent pour assister aux « famadihana » ou « adidy » dans la communauté. Une famille qui n’a pas de « Ampielezana » se sent misérable aujourd’hui parce qu’elle ne trouve pas quelqu’un pour venir à ce sorte d’assemblée familiale pendant laquelle tous les membres de la famille se rencontre et partage la joie. Les pratiques monétaires débouchent également à un certain attitude ou comportement au niveau de l’individu. L’obligation monétaire à travers les rites et valeurs culturelles conduit les habitants à évoluer et à moderniser les célébrations. L’individualisme se repère progressivement. Par ailleurs, le souffle du capitalisme favorise la soif de bien être et de l’épanouissement personnel. Le pouvoir de l’argent avec le souffle du capitaliste au niveau de l’individu lui fait sentir un sentiment de prospérité et de s’installer dans les autres régions. Pourtant, le « lagnonana » constitue également un bon moyen d’investissement pour certain. En effet, si une famille envisage de réaliser un « lagnonana » l’année prochaine, elle va assister activement aux différents rites culturels relevant une notion d’ « atero ka alao » pour pouvoir obtenu en retour un bénéfice considérable.

3-3-Caractérisation du poids des obligations « adidy » 3-3-1- Evaluation Les villageois restent fidèles à l’accomplissement de l’ « adidy ». Ils croient que l’inachèvement de cet « adidy » est une honte vis-à-vis de la société, et peut engendrer la colère des ancêtres à travers le « Tsiny » ou la malédiction. La génération actuelle partage cet avis mais en ce qui concerne les dépenses, elle montre une certaine politique d’austérité, en raison du coût de vie actuelle. Par exemple : si auparavant, on distribuait des portions de viande crue aux invités du Famadihana aujourd’hui, cette coutume se pratique de moins en moins, à la place on partage du repas. Il en est de même pour le nombre des invités, si auparavant un événement familial signifie une grande fête communautaire, aujourd’hui celui - ci se limite aux seuls membres de la famille. 56

3-3-2-Impacts sur le monde rural Le « adidy » qui est une forme d’obligation, n’est pas ressenti comme une contrainte par les villageois. En effet, les villageois d’Imito ne semblent pas affectés par le poids de cet « adidy ». Au contraire ce dernier favorise la cohésion villageoise et accentue la solidarité. Ni l’exode rural, ni l’abandon du village ancestrale n’annule cette responsabilité pour les descendants d’Imito malgré les déplacements temporaires pour certains pour la survie de leur famille. 57

CONCLUSION PARTIELLE

Le village d’Imito a une histoire assez intéressante qui est conservée par ses habitants jusqu’ à ce jour. Malgré, la situation précaire des villageois, ils ont une notion de solidarité bien ancrée régie par une organisation sociale puissante conduisant à l’essor de la commune. Dans ce cadre, la monnaie se présente comme vecteur d’uniformisation et de déshumanisation. Cette partie nous a montré un double usage de la monnaie : l’argent domestique et l’argent vecteur du social.

L’argent qui circule dans le foyer se différencie suivant le sexe et l’âge. Il est constaté une différenciation sexuelle de la perception et de l’usage de l’argent. Ainsi, l’argent éventuellement gagné par les femmes n’a pas la même valeur que celui gagné par leur conjoint.

L’argent est également utilisé pour assumer les obligations sociales dictées par la notion de « atero ka alao ».

L’argent est bien présent dans les rapports familiaux et sociaux. Il se transforme, se personnalise, se différencie suivant son utilité et son utilisation. PARTIE III : PROPOSITIONS D’ANALYSES ET RECOMMANDATIONS 58

PARTIE III : ANALYSES ET PROPOSITIONS

Il s’agit ici d’apporter une réflexion et une analyse sur les résultats obtenus lors de l’enquête. Ces analyses se basent sur les problématiques exposées depuis le début du travail ainsi qu’aux objectifs de la recherche.

Notre analyse va s’orienter sur ces questions. Cette partie comprend une analyse qualitative se rapportant aux données acquises. A la fin de cette partie nous proposerons des suggestions pour fournir les orientations stratégiques visant à contribuer à un usage efficace et effective de l’argent et de créer un environnement favorable aux épanouissements des âmes d’Imito pour les libérer de toutes contraintes économiques de survie 59

Chapitre 1 : Propositions d’analyses et Essai d’interprétation

Dans ce chapitre, nous allons essayer d’analyser la circulation monétaire villageoise malgache en prenant l’exemple de la commune rurale d’Imito. Nous focaliserons notre interprétation sur la vision sociologique et anthropologique du contexte. Dans un premier cas, nous ferons une analyse quantitative et par la suite expliquerons ce terme par une analyse qualitative.

Section 1 : Analyse quantitative

-S’agissant de la méthode quantitative, elle permet à l’étude des ensembles, la comparaison des unités vis-à-vis des tendances générales. La précaution à prendre au préalable est de définir des unités comparables et les indicateurs, ainsi que de savoir précisément ce que le chercheur veut comparer. Les statistiques et les sondages sont les outils principaux de l’étude quantitative. Nous avons aussi utilisé un logiciel de traitement de base de données à savoir le Sphinx (version d'évaluation) pour enrichir notre analyse, rendre plus concret notre travail et tenir compte de la logique et de la cohérence des résultats.

Tableau N° 06 : Source de revenus

Nb. cit. Fréq. SOURCE_REVENU

FONCTIONAIRE 7 28,0% AGRICULTURE 11 44,0% ELEVAGE 2 8,0% OUVRIER 5 20,0% TOTAL OBS. 25 100% Source : Enquête de l’auteur, Juillet 2009

Sur les 25 chefs de ménage enquêtés, 11 ont comme source de revenus l’agriculture, destinée la plupart du temps à la consommation familiale. 7 personnes exercent la profession de fonctionnaire pour gagner de l’argent mais cela ne les empêche pas d’avoir une plantation pour soutenir leurs revenus. Viennent ensuite les ouvriers, au nombre de 5, ils sont pour la plupart dans la construction. Mais ils possèdent également des cultures pour assurer l’approvisionnement en nourriture de leur famille. Seuls 8% des chefs de ménage enquêtés 60 exercent le métier d’élevage comme principal source de revenu. Les bêtes sont destinées à la vente.

Tableau N°06 : Tableau croisé Usage /sexe

USAGE_ARGENT Assumer les Assumer les Achat de Epargne TOTAL SEXE besoins obligations bétail familiaux sociales FEMININ 46,16 30,77 11,54 11,54 100 MASCULIN 50 22,73 13,64 13,64 100 TOTAL 47,92 27,08 12,50 12,50 100 Source : Enquête de l’auteur, Juillet 2009

Si on analyse ce tableau qui croise les variables usage _argent et sexe, on peut dire que :

- Femmes et hommes utilisent l’argent qu’ils obtiennent pour assurer en premier lieu les besoins familiaux. Vient en second plan les obligations sociales qui demeurent importants à leurs yeux. L’achat de bétail et l’épargne se trouvent en troisième position pour les deux sexes. - Les femmes sont plus responsables que les hommes concernant le paiement des obligations monétaire, du fait peut être qu’elles restent à la maison et veillent aux différents devoirs au sein de la communauté et/ou que les hommes travaillent dans une autre région pour gagner de l’argent. - Quant à l’achat de bétail, c’est l’homme qui semble être le plus intéressé, mais la différence entre les deux sexes n’est pas très significative, 11,54 % pour les femmes contre 13,64 % pour les hommes. C’est parce que les décisions pour l’achat de bétail sont prises par le couple. - De ce fait, nous pouvons conclure que la survie de la famille et l’obligation au niveau de la communauté constituent les principaux usages de l’argent dans cette communauté villageoise. Nous pouvons y voir l’attachement des villageois aux rites ancestraux comme un élément majeur à côté de la vie familiale. - L’épargne semble un élément insignifiant pour la plupart des villageois. Les économies sont surplus d’argent est destinés à l’achat de zébus nécessaire pour l’agriculture ou à l’achat de porcs destinés à la vente durant la période de Famadihana. En plus, d’après nos analyses, nous pouvons dire que ce sont surout les 61

femmes qui sont les plus motivées à faire de l’épargne et /ou à faire un crédit auprès des micros finances comme le CECAM

Tableau N°07 : Tableau de fréquence qui croise les variables Usage _argent et Niveau _instruction unité : % USAGE_ARGENT Assumer Assumer les Achat Epargne TOTAL les obligations de besoins sociales bétail NIVEAU_INSTRUCTION familiaux PRIMAIRE INACHEVE 50 50 0 0 100 PRIMAIRE ACHEVE 53,33 40 6,66 0 100 SECONDAIRE INACHEVE 46,15 30,76 15,38 7,69 100 SECONDAIRE ACHEVE 41,66 16,66 16,66 25 100 SUPERIEUR ACHEVE 50 0 16,66 33,33 100 SUPERIEUR INACHEVE 0 0 0 0 0 TOTAL 47,91 27,08 12,5 12,5 100 Source : Enquête de l’auteur, Juillet 2009

L’usage de l’argent se différencie par le niveau d’instruction : - Au premier rang pour chaque catégorie se trouve la satisfaction des besoins de la famille. Tout homme qui travaille et gagne de l’argent veut satisfaire ses besoins personnels et ceux de sa famille. C’est une caractéristique naturelle de l’être humain. - Concernant les obligations financières (obligations et droits sociaux), leur satisfaction diminue à mesure que la personne gagne de l’instruction, elle atteigne le niveau 0 pour ceux qui ont atteint le niveau supérieur. Par contre cette situation semble se renverser lorsqu’on parle d’épargne. En effet, ce sont ceux qui ont un niveau d’instruction un peu élevé qui envisage de faire de l’épargne. - D’une manière plus explicite, nous pouvons dire que l’usage monétaire est fonction du niveau d’instruction, il y a une interdépendance entre le fait d’être instruit et l’utilisation de l’argent. 62

Tableau N°08 : Tableau qui croise le sexe et le fait d’être membre d’une institution de micro finance. . Unité : % MEMBRE_MICRO OUI NON TOTAL SEXE FEMININ 23,07 76,92 100 MASCULIN 33,33 66,66 100 TOTAL 28 72 100 Source : Enquête de l’auteur, Juillet 2009

En moyenne, 28% des villageois sont membres d’un micro finance et qui ont signé un crédit auprès de cette institution financière. Cette proportion est celle de deux sexes. Il n’y a pas de différence significative et cette absence de différence signifie qu’il n’y a pas d’attraction ni opposition entre le phénomène étudié et le sexe. On dit qu’il y a dans ce cas indépendance entre les deux variables. Cependant si on regarde de près, on voit que les femmes sont moins enclines à une demande de crédit auprès des micros finances, 23,07 % contre 33,33 % chez les hommes. Cet écart est positif. Pour répondre à la question « Qui est le plus motivé à demander du crédit ? »On doit supposer une l’interdépendance stricte de l’égalité des rapports des pourcentages de ligne (pour se mettre à l’écart des pourcentages moyens) Si la section moyenne est de 28 % d’être membre dans un micro finance s’appliquant strictement aux 13 femmes combien serait-t-il à être membre d’un micro finance. ) 28 % =0,28 = 7/25 ) 7/25 x 13=3, 64 EFFECTIF THEORIQUE ) L’écart entre l’effectif observé et l’effectif théorique 3 - 3,64 =- 0,64 individu Cet écart est faible, négligeable car une différence de 0,64 individu sur 3 individus est négligeable. Par conséquent dans notre cas, être membre de micro finance n’est pas une activité marquée par le sexe. C’est une activité aussi bien pour les hommes que par les femmes. 63

Tableau N°09 : Tableau qui croise les variables BUT_CULTURE ET SOURCE- REVENU Si on dresse le tableau de pourcentage :

BUT_ CULTURE Non Culture de Vente Vente et Total réponse subsistance culture de SOURCE_REVENU subsistance FONCTIONNAIRE 14,28 42,85 0 42,85 100 AGRICULTURE 0 45,45 0 54,54 100 ELEVAGE 0 100 0 0 100 OUVRIER 0 40 0 60 100 TOTAL 4 48 0 48 25

Source : Enquête de l’auteur, Juillet 2009

D’après ce tableau, en dehors de son travail, le fonctionnaire gagne de l’argent de l’agriculture, 42,85 % d’eux parviennent à gagner de l’argent supplémentaire pour assurer les besoins de leur famille et d’avoir un excédent. 42,85 % exploitent la terre pour éviter l’achat des biens primaires comme le riz, le manioc ou le mais. Presque la majorité des fonctionnaires exercent une double activité et même jusqu'à une troisième pour subvenir aux besoins familiales. Bon nombre de fonctionnaires veulent être transférer ou s’installer dans leur village natale pour qu’ils puissent utiliser leurs terres. Quant à l’agriculture, bien que ce soit une source de revenu, seulement 54,54 % sont destinés à la vente, une part significative est destinée à la subsistance. Toutefois cette ressource ne tient pas jusqu'à la fin du mois puisque la récolte n’est jamais satisfaisante. Les paysans sont obligés de chercher un travail de « sara-katsaha » ou journalier pour combler le vide. Malgré cette deuxième activité, faire un épargne est encore difficile.45, 45 % des agriculteurs ne vendent pas leurs produits agricoles. Ces derniers sont destinés strictement à la subsistance de la famille, la famille, qui doit en outre avoir un autre travail pour assurer ses autres besoins. Dans cette situation, c’est la femme qui, la plupart du temps, est la responsable de cette fonction par l’intermédiaire de travail journalier. Elles gagnent en moyenne 1 500 ariary la journée, leurs filles les aident également. Pour les deux derniers cas, l’élevage et le travail d’ouvrier, l’agriculture est comme un travail pour soutenir la principale source de revenu. L’élevage professionnel est plus rentable que l’agriculture, mais cela n’empêche pas certains éleveurs d’exercer l’agriculture dans le but de compléter les besoins de la famille et pour la nourriture des bêtes (porc, zébus, etc.) 64

Tableau N°10 : tableau qui croise les variables Obligation _Impact et Niveau _instruction

OBLIGA_IMPACT OUI NON TOTAL

NIVEAU _INSTRUCTION PRIMAIRE INACHEVE 100 0 100 PRIMAIRE ACHEVE 50 50 100 SECONDAIRE INACHEVE 42,85 57,14 100 SECONDAIRE ACHEVE 66,66 33,33 100 SUPERIEUR ACHEVE 100 0 100 SUPERIEUR INACHEVE 0 0 0 TOTAL 60 40 100 Source : Enquête de l’auteur, Juillet 2009

L’obligation sociale et monétaire demeure une contrainte majeure pour le développement individuel dans une communauté villageoise. Les villageois de la commune d’Imito ne semblent être affectés par cette contrainte. En effet, Nous avons poser la question : « Est-ce que l’obligation monétaire est une contrainte pour vous ? » - En moyenne 60 % des enquêtés disent OUI contre 40 % de NON :les villageois d’Imito vivent dans une guerre perpétuelle de la survie quotidienne, avec les obligations financières au sein de la société. En effet, nous avons eu l’occasion de constater un phénomène où une mère de famille va au marché pour vendre son canard dans le but de gagner de l’argent pour assurer son adidy lors d’un décès survenue dans le même clan de sa famille. - Mais si on fait une profonde analyse, il convient de signaler que ce sont surtout les individus qui ont achevé le secondaire qui trouvent une contrainte pour cette obligation, ils représentent 66 % des enquêtés. En effet, ils ont une autre perception de la situation, ayant un niveau d’instruction assez mâture, ils peuvent distinguer ceux qui sont rentable pour la communauté, le goût de l’investissement dans un domaine quelconque les caractérise des autres couches sociales. Contrairement à eux, les autres catégories de personnes qui sont très attachés à la tradition ne savent comment utiliser leurs argents, ils aiment les dépenser dans le « Famadihana » ou l’élevage. 65

Tableau N°11 : Tableau à plat : variable « BUT_UTILISATION ARGENT Valeurs Fréquences (%) CONSTRUCTION MAISON 21,73 EDUCATION DES ENFANTS 13,04 ACHAT DE BETAIL 30,43 AGRICULTURE 17,39 EPARGNE 6,52 LANONANA 4,34 ACHAT DE VETEMENT 2,17 INVESTISSEMENT DANS D’AUTRE SECTEUR 4,34 Source : Enquête de l’auteur, Juillet 2009

Si on essaie d’analyser ce tableau, on peut dire que l’usage de la monnaie s’oriente plus généralement dans la construction de maison et l’achat de bétail. En effet, aux yeux des villageois, la possession de maison et de bétail est un prestige social. Nous avons eu l’occasion d’apprecier cette situation au cours de notre descente sur terrain. Chaque famille possède sa propre maison à côté de la maison ancestrale. En plus, la construction de maison se multiplie considérablement dans la commune rurale d’Imito. L’éducation des enfants et l’agriculture tiennent une place toute aussi importante dans l’usage de la monnaie. En effet, les parents sont très motivés à l’idée d’éduquer les enfants malgré leur faible niveau d’instruction. Mais ce sont plutôt les enfants qui se désintéressent de plus en plus à l’étude, dès qu’ils atteignent un niveau plus supérieur, ils veulent arrêter l’école pour trouver de l’argent. L’agriculture, par contre constitue leur source de revenu et leur survie c’est pourquoi ils veulent investir beaucoup plus sur ce domaine pour une récolte plus satisfaisante. Faire une épargne est, dans ce cas, un projet rare, ainsi que le fait de faire des investissements dans d’autre secteur. Ils représentent un faible pourcentage. Investir dans un « Famadihana » semble moins important, bien qu’ils soient très attachés aux valeurs culturelles. Non par faute d’intérêt et d’intention mais faute de moyen et à cause de la difficulté de la vie. Néanmoins, pour des familles le « famadihana » est devenu une forme d’investissement. 66

Tableau N°12 : Analyse de l’impact de l’argent chez l’individu. SELON VOUS, QUEL EST L'IMPACT DE L'ARGENT CHEZ L'INDIVIDU? VALEURS FREQUENCES REUSSITE SOCIALE 41,93 BIEN ETRE PERSONNEL, EPANOUISSEMENT 41,93 EGOISME 9,67 INDIVIDUALISTE 3,22 EXODE RURAL 3,22 Total 100

Source : Enquête de l’auteur, Juillet 2009

La question que nous avons posée a pour but de connaître l’impact de l’argent chez l’individu. En effet, la possession ou la non possession d’argents peut avoir un impact sur le comportement de l’individu. Selon notre enquête, le fait de posséder de l’argent est : conduit à la réussite sociale et le bien être personnelle, si cela le permet. 41,93 % des réponses. Seuls 3,22 % pensent que l’argent entraîne l’égoïsme et l’individualisme.

Section 2-Analyse qualitative

Les villageois construisent la totalité de leurs rapports dans de servile condition de subordination qu’ils déterminent. Les villageois ont ainsi imposé une situation de pouvoir à deux termes : d’une manière générale, le pouvoir villageois est subordonné au pouvoir administratif. Cette subordination est acceptée à la condition minimale que le pouvoir villageois soit le maître de la réalisation de l’obéissance (le paiement des cotisations, la participation aux cérémonies). L’important réside dans l’entreprise même de ce pouvoir villageois, la subordination à l’autorité (Tompon’Anarandray) est un élément second. Il s’agit donc d’une organisation dans laquelle est impliqué tout le village, il est le lieu où se constituent les acteurs individuels et collectifs, elle est localisée dans le double domaine des rapports internes et du rapport avec le pouvoir administro - politique. Dans ce contexte, la « circulation monétaire », est impliquée dans le processus général, celui de l’utilisation dans la communication interne d’objets de style de maisons, de matériaux, de nourriture et c’est l’argent qui rend possible cette utilisation. Dans cette 67 perspective, l’argent est la base de l’échange entre les acteurs villageois dans le cadre de leur participation partagée à ce même rapport avec le monde étranger. L’argent peut avoir une utilisation culturelle : lors du « tso-drano », il intervient dans la constitution de l’alliance matrimoniale, et se présente sous sa forme de billets de banques amenés par la famille du futur époux avec une petite calebasse remplie d’eau pure pour bénir les futurs époux. En dehors de ces interventions culturels significatives, l’argent, les objets dont il rend possible l’acquisition, irriguant en permanente compétition entre les acteurs collectifs qui sont, les « Tompon’Anarandray », les villageois, définissent dans l’unité de la vallée et la compétition qui a pour objet la construction des maisons, des tombeaux, l’organisation des cérémonies.

2-1-La circulation monétaire face à l’autorité, au pouvoir et obéissance dans la société traditionnelle malgache Le propos de cette partie, est de cerner la question de l’autorité, de pouvoir et de l’obéissance sous l’angle sociologique et anthropologique. Il convient, toutefois de dire que le domaine sur lequel portera l’analyse est celui des sociétés traditionnelles malgaches. Des faits sont à considérer pour permettre une analyse bien fondée: le système de parenté, l’organisation sociale et le type de communication qui s’établit entre les membres de la société. Néanmoins, il est important de préciser aussi le but de notre démarche. Il s’agit de se démarquer de l’approche sociologique de Max Weber et de l’anthropologie classique pour essayer de comprendre le type d’organisation sociale auquel nous renvoient les concepts d’autorité, de pouvoir et d’obéissance dans la société malgache. Dans cette perspective, Weber interprète l’autorité en tant qu’expression d’une domination et d’un pouvoir légitime. La démarche anthropologique que nous allons appréhender va valoriser le système de parenté, l’organisation sociale, le mode de communication dans la société traditionnelle au détriment de la circulation monétaire qui est notre objet d’étude. L’autorité au niveau du système villageois fait référence à l’autorité de la famille étendue d’un côté et de l’autre de l’autorité parentale et autorité politique dans le système social traditionnel. 68

2-1-1-L’autorité de la famille Nous nous referons ici à la famille étendue ou le « fianakaviam-be » qui est dans la plupart des cas constituée par le lignage. Le lignage regroupe toutes les personnes qui descendent d’un ancêtre (razana) commun connu. Au niveau du lignage, la question et la reconnaissance d’autorité se pose en permanence. Aussi, faut-il signaler que l’emprise absolue de la famille étendue à la famille nucléaire peut être permanente et périodique. Elle est très présente au cours des évènements marquants la vie du groupe. Il convient quand même de noter que « l’autorité est exercée de deux manières. Il y a d’une part une dimension verticale qui nous renvoie aux liens unissant les grands-parents aux petits –enfants ainsi que les parents à leurs enfants. D’autre part, on retrouve une autre statue de fihavanana, où l’autorité parentale est délégué à l’aînée (lahimatoa) : C’est la dimension horizontale de l’autorité ».41 C’est à travers cette autorité que la famille nucléaire doit manifester une obéissance envers la parenté. Dans ce cadre, une obligation se présente. Cette obligation est imposée au Lahimatoa. En tant que détenteur de l’autorité, non seulement il doit assumer une grande responsabilité au niveau de sa famille étendue mais aussi de veiller à la gestion du patrimoine. Pour la communauté Betsileo, le lahimatoa a une part de responsabilité dans les affaires familiales et dans l’obligation de paiement des devoirs au sein de la communauté. En effet, c’est lui qui se charge des paiements des cotisations du « fonenana » avec ses frères42 s’ils le veulent. Mais dans le cas contraire, il est le seul à se charger des dépenses. Ce cas est pratiquement semblable dans la réalisation des festivités culturelles comme le « Lagnonana ». C’est lui qui doit prendre en main, toutes les décisions dominantes. Ces cadets ne font que le suivre. Les bénéfices obtenus sont divisés au nombre des participants. Dans un certain cas comme les fils uniques, toutes les dépenses sont à leur charge. La fille ne prend aucun engagement au niveau des dépenses ; par contre, son époux et sa belle famille doivent apporter une somme assez importante. Relative à une forme de respect des beaux parents. Le beau fils contribue également à une charge assez lourde lors des festivités culturelles. Il y a toutefois des circonstances où c’est la fille aînée ou Vavimatoa qui contribue à la réalisation des adidy ou les obligations sociales. Dans ce cas, elle se caractérise par « vehivavy miherina » c'est-à-dire qu’elle ne doit pas prendre en charge des adidy mais en tant

41Groupe de Réflexion Théologique (G.R.T) In extrait de texte « AUTORITE, POUVOIR et OBEISSANCE DANS LA SOCIETE MALGASCHE », tiré à partir de la Conférence prononcée à la Session interdisciplinaire sur l’autorité et le pouvoir organisée par le Grand Séminaire de Manantenasoa- Antsirabe le 22 Février 2001 42 Pour ce qui réalise le payement de l’obligation monétaire, il a droit au parcelle de terrain. 69 que aînée, elle a une part de responsabilité. Dans cette situation, la fille aînée en question a droit à une part de l’héritage, ce qui n’est pas le cas des autres filles qui se sont mariées. Par ailleurs, l’obligation monétaire à la charge du fils aîné ou de la fille aînée, renvoie également à l’obligation de s’occuper de leur parent. En effet, pour la communauté villageoise Betsileo, les parents dont la dénomination est le « Ray aman-dreny » constitue une hiérarchie dont on doit montrer du respect. Le « adidy » envers les parents est donc inévitable. Ils reçoivent des cadeaux offerts par leurs enfants qui sont loin. Et parfois, le « lahimatoa » verse une somme d’argent mensuel pour les besoins de ses parents et des autres « adidy » dans la communauté.

2-1-2-Autorité parentale et autorité politique dans le système social traditionnel Au niveau du système social traditionnel, on distingue deux autorités : L’autorité parentale et l’autorité politique. L’autorité parentale au sein de la famille est toujours respectée. L’autorité politique est ici considérée comme le prolongement de l’autorité parentale et de ce fait, elle est également respectée. Dans le cas du système villageois d’Imito, nous avons les « Anaran-dray » qui constituent l’autorité consultative. En tant que « ray aman-dreny » (litt : Père et mère), ils doivent assumer le rôle du père de famille et par conséquent ils doivent se comporter comme tels à l’égard de leurs sujets. Dans ce cadre, les sujets doivent respecter toutes les décisions de ces « Anarandray ». Mais aussi, on peut leur demander des conseils. Dans le cas de l’exhumation, par exemple, il est au devoir des familles de constituer le programme et le déroulement de toutes les activités, y compris la somme d’argent à dépenser comme le nombre d’invités, le nombre de zébus et de porcs à abattre pendant les cérémonies, mais on doit tout de même consulter les « Anarandray ». Il y a aussi la soumission aux « lois » ou interdits « fady » imposées par la société. Selon la conception malgache, l’idée d’obéissance suppose une soumission (manoa) à une loi43. Il ne s’agit pas d’une loi objective au sens où les juristes l’entendent ; il s’agit d’un système d’obligations (adidy) et d’un code d’interdits (fady) auxquels chacun est astreint. Tout le monde connaît l’importance de ces interdits dans la Société malgache. Tout le monde sait que la moindre transgression en la matière peut provoquer non seulement le blâme (tsiny) mais aussi la mort. Pour y éviter chaque membre doit être en observance constante des coutumes et des tabous. Il paraît très difficile de se débarrasser à coup de tête des rites

43 Groupe de Réflexion Théologique (G.R.T) Op cit. p 43 70 culturels bien que cela exige une somme d’argent inestimable. Les villageois ont peur du « tsiny ». Ils préfèrent vendre tous leurs biens plutôt que d’ignorer les « adidy » dans la société. C’est pourquoi, ces villageois doivent toujours supporter des obligations monétaires envers la communauté villageoise, en plus de leurs obligations envers leurs familles. Cependant cette obligation est différente à celle en droit privé.

2-2- L’acquittement de l’obligation monétaire. L’acquittement des obligations en somme d’argent se présente comme une réalité complexe, mouvante et paradoxale. Néanmoins, il relève une distinction des obligations selon leur objet. L’analyse de cette obligation monétaire en droit privé démontre une classification construite autour de la présence de monnaie à l’intérieur de l’obligation : si l’obligation met en œuvre une monnaie, elle est considérée comme monétaire, si ce n’est pas le cas, elle est considérée comme une obligation en nature44. Pour s’intéresser au jeu de la monnaie dans les obligations, il convient au préalable d’étudier l’organisation monétaire. Essentiellement dans le cadre de la circulation des richesses au sein des sociétés, la monnaie intervient toujours par le biais d’obligation monétaire. Pour obtenir une circulation efficace, la monnaie est d’abord due et ensuite transférée45. En effet, il importe d’évoquer une obligation sans peine, qui ne serait que la mise en jeu de cette monnaie dans les relations entre individus46. L’obligation de monnaie est ici différente de celle en droit stipulant que l’obligation monétaire est libellée en monnaie et se paie en monnaie47. Cette obligation au niveau de la société conduit à un exode rural massif de la population. Le poids de la contrainte sociale à travers le « adidy ».

44 In Recherches sur la monnaie en Droit Privé, Remy Libchaber, Préface de Pierre Mayer, Paris, Librairie Générale de Droit et de jurisprudence; 1992. Page 175 45 In Démarche de Mme Bruneau, La distinction entre les obligations monétaires et en nature, op. Cit. 46 J.FLOUR et J, L AUBERT, Obligation tome-1, L’acte juridique n 46 p.32. G. FARJAT, Droit Privé de l’économie, pp 40 et 41 47 C.LARROUMET, Droit Civil, tome III, les obligations, Le contrat, Economica 2eme édition, 1990, n 63, p.60 71

Chapitre 2 : L’argent et la dynamique villageoise

Dans ce chapitre, nous cherchons à établir un lien logique entre l'usage de l'argent et la dynamique villageoise. Nous avons introduit la place de l’argent dans la communauté villageoise dans le dynamisme rurale. Ce dynamisme est quasi-différent dans les sociétés contemporaines.

2-1-Place et rôle de l’argent sous des aspects divers Le sens d’appartenance et d’intégrité dans une société est profondément enraciné dans l’esprit des habitants d’Imito. La question qui se pose lors d’une nouvelle rencontre est : « Qui es-tu ?- De quel clan appartiens-tu ? » Delà, se déduit la relation. Les « Anaran-dray » et les « Anadahin-dreny » (oncle) ont leur grande importance dans la vie sociale. Ils ont leurs propres avantages dans le maintien de la relation sociale. Mais quelques suggestions sont à faire dans le chapitre suivant. La monnaie joue un rôle primordial dans la vie quotidienne, l’accomplissement des « adidy » et de l’épanouissement personnel. On cherche de l’argent pour subvenir à ses besoins personnels, se divertir et répondre aux invitations cérémoniales. La notion d’épargne est loin d’être concevable car les caractéristiques du sol de la région, le manque du goût du risque dû au bas niveau d’instruction, et l’insuffisance d’infrastructure sociale surtout l’électricité restent des problèmes majeurs.

2-2- Schéma spécifique de la dynamique villageoise Etant donné que la population rurale vit de l’agriculture, des petits artisanats familiaux (tissage, filature, vannerie) tous les membres de la famille sont mobilisés pour subvenir aux besoins. Les enfants dès leurs bas âges sont éduqués à apprendre le métier. Les petits garçons doivent accompagner leurs pères à labourer les champs et rizières ou s’occuper du bétail. Les petites filles quant à elles doivent aider leurs mères dans toutes les activités. Ceci dit pour la communauté villageoise, les enfants sont des moyens de production. Plus on a d’enfants, moins on embauche `des mains d’œuvre. Par ailleurs, les villageois prennent part aux réalisations d’évènements. Donc la communauté villageoise est vraiment dynamique. Ce dynamisme se traduit par l’entraide sociale. Ils sont faciles à mobiliser et à sensibiliser pour n’importe quelle activité. Par exemple : la 72 construction du CEG d’Imito était entièrement assurée par le fokonolona pas seulement par parents d’élèves. Il en est de même pour le terrassement du terrain en vue de la construction du Lycée communale. En plus, la célébration du 1er Mai, est récemment devenue une tradition pour une campagne de travail communautaire. Tous les gens du Fokontany, 18 ans et plus sont sensibilisés à prendre part bénévolement à la réhabilitation des Routes principales qui vont vers les chefs lieux des communes. Un bœuf accompagné de Toaka gasy est abattu pour maintenir la cohésion villageoise. 73

Chapitre 3 :L’argent un des agents de la déstabilisation des rapports internes de l’organisation villageoise

Dans la communauté villageoise d’Imito, l’argent prend deux rôles : il est perçu comme un agent de renforcement de la cohésion sociale vu d’un angle et vu d’un autre angle, il peut être conçu comme un agent de la déstabilisation des rapports internes. Cette déstabilisation constitue les dangers liés à la monétarisation croissante de la société

3-1-La problématique relative aux pouvoirs de l'argent

Si l'argent est un facteur essentiel de la cohésion sociale, il n'empêche qu'il autorise également de nouvelles formes de comportement de pouvoir et de supériorité.

De plus, l’argent est un vecteur d’exclusion sociale, si on prend l’exemple de prêt ou de système de crédit, on ne prête qu'aux riches et ceux qui ont une garantie valuable ce qui est vrai économiquement et socialement : cette catégorie de personne obtiendra plus de considérations et d’avantages inaccessibles aux pauvres qui ne pourront se permettre de profiter d’un tel « luxe ». Ces éléments permettent de rappeler que l'argent n'est pas seulement un phénomène économique mais c’est aussi également un phénomène social.

S'il permet aux minorités (y compris les paysans) de vivre, l'argent favorise aussi leur oppression d’une autre manière : en effet, bien qu’ils sont pauvres et cherchent leurs vivres au jour le jour, ils sont obligés d’assumer les obligations monétaires auprès de la communauté. Le « famadihana » est pour un grand nombre un grand investissement.

3-2-La déstabilisation de liens sociaux

L’argent participe à la déstabilisation des relations sociales. Les relations monétaires vont également être un élément de la liberté humaine dans les relations sociales. Il faut voir que dans les relations, on peut trouver une idée "d'humiliation" ou "d'indignité". C’est la possession d’argent qui caractérise cette idée. Les relations monétarisées comme celles qui existent entre les communautés villageoises de la commune d’imito- ont un caractère dédaigneux et unissent en réalité des groupes sociaux et non des individus. Cette caractéristique des rapports sociaux favorise la liberté des individus, la naissance d’un sentiment d’incapacité et d’impuissance face aux obligations financières. Les villageois 74 veulent se détacher des dépenses colossales pour les pratiques culturels et les exigences y afférents.

Un exemple assez significatif pour illustrer l’idée d’humiliation ou d’exclusion dans les relations sociales provoquée par l’argent c’est le simple fait de s'adresser à un vendeur qui est debout et qui peut vous regarder en face. Les paysans sont surtout touchés par cette exclusion. 75

Chapitre 4 : Suggestions

Ce chapitre donne quelques recommandations pour apporter une amélioration de la gestion monétaire dans les communautés villageoises et pour contribuer à la réduction de la pauvreté à Madagascar. En effet, l’étude sur terrain nous a permis de déterminer la problématique de la circulation monétaire dans le dynamisme villageois dans la commune d’Imito. En dépit du niveau de conscience accrue de la problématique de la pauvreté et des avancées indéniables dans certains domaines d’interventions, la situation du monde rural et de pauvreté extrême reste préoccupante. Cet état de fait justifie amplement la mise en place de différents projets de vulgarisation rurale assortie de délai de lutte pour en avoir un impact direct vis-à-vis des bénéficiaires et pour la réduction de la pauvreté. La présente proposition de recommandation fournit les orientations stratégiques pour : - apporter une contribution à l’autosuffisance alimentaire des communautés villageoises; - définir une stratégie pour la mise en œuvre d’une politique de bonne gestion financière au sein de chaque famille rurale - et enfin, de fournir une proposition de solution pour valoriser l’épanouissement individuelle face à la pratique culturelle. Il est donc recommandable de mettre en valeur les postulats ci-après :  Tout d’abord, on doit se concentrer sur la valorisation de la culture malgache pour permettre à une autosuffisance alimentaire. La politique de décentralisation fera un objet d’exécution de ce point stratégique. En effet, « (…) l’expression nouvelle de la décentralisation, est parfaitement adaptée à l’esprit des concepts culturels malgaches de l’entraide et de la solidarité, du souci de la communauté de la concertation préalable sur le discours autoritaire »48. Les structures décentralisées ont été mises en place pour que les décisions touchant des populations soient prises le plus proche d’elles possible, pour être en adéquation avec leurs priorités. L’autosuffisance alimentaire doit avant tout être prise en compte. Les groupements villageois à travers le « fonenana » doivent être dynamisés à priori pour atteindre une suffisance alimentaire, qui à son tour va conduire à l’amélioration du niveau de vie des habitants. Ceci débouchera à une épargne pour chaque famille. Dans ce cas, une compagne de

48« Culture Malgache et Décentralisation », Capricorne - N °16- 2eme trimestre 2001, p.14 76

sensibilisation et de formation de chaque paysan est à recommander afin de permettre d’obtenir un rendement agricole rentable.  L’élaboration du plan du projet, les méthodes d’élaboration et d’exécution doivent s’adapter aux conditions de chaque groupe cible. Ici, ce sont les paysans et groupement villageois. Chaque groupe doit découvrir sa voie vers la planification, respectant les communautés naturelles les droits de la personne ; l’aide extérieure soit sous forme de capitaux, soit sous forme de techniciens, est indispensable mais doit être un complément destiné à valoriser l’effort interne. C’est dans cette condition qu’elle sera efficace.  Ensuite, il serait recommandé de créer une stratégie de mise en œuvre d’une politique de bonne gestion financière au sein de chaque famille rurale. Dans cette perspective, le rôle des organismes prives est fondamental. A l’exemple du micro crédit, c’est un organisme capital pour encourager les paysans à prendre des crédits et de faire une épargne. Toutefois, on doit faciliter les procédures des membres dans ce genre de micro finance, parce que les paysans ont peurs d’entrer dans les bureaux. En plus, le taux d’intérêt doit inciter les paysans à demander du crédit. Et surtout, un assistanat concernant la bonne gestion de ces crédits doit être mis en œuvre afin d’améliorer la vie des paysans.  Il faut également fournir une proposition de solution pour valoriser l’épanouissement individuelle face à la pratique culturelle. La solution proposée se résume comme suit : on ne doit pas forcer les paysans à une obligation monétaire. Il faut faire évoluer cette situation. La simple présence du corps et de l’assistance lors des cérémonies pourrait être une bonne solution pour améliorer le rapport entre membres. En effet, nous pensons que ce n’est pas le paiement de ces « adidy » qui demeure primordiale mais c’est surtout la solidarité et la cohésion du groupe. 77

CONCLUSION PARTIELLE

La circulation monétaire villageoise est bel et bien une étude intéressante à prendre en compte. Le dynamisme intra villageois accentue cette circulation monétaire. L’argent est un fait social qui se manifeste à travers les relations de parenté et les pratiques culturelles. Le village constitue, de ce fait, non seulement le pays natal mais aussi l’autorité dont on doit montrer une obéissance à travers le « anarandray ». Ce sont ces derniers qui sont les organes consultatifs, garant des mœurs et coutumes. Tout villageois est régis par des règlements et condamné à payer des obligations monétaires, différant du droit prive régis par une loi républicaine. Cette obligation au niveau de la société conduit à un exode rural massif de la population. Le poids de la contrainte sociale à travers le « adidy ». Il est évident d’apporter quelques solutions visant à améliorer cet usage monétaire dans une communauté villageoise. Elle nécessite une politique de gestion de foyer par : la valorisation de la culture malgache pour permettre à une autosuffisance alimentaire. La politique de décentralisation fera partie ce point stratégique, l’élaboration du plan de projets adaptés aux conditions de chaque groupe cible, la création d’une stratégie de mise en œuvre d’une politique de bonne gestion financière au sein de chaque famille rurale par les micro- finances. 78

CONCLUSION GENERALE

Ce travail nous a montré la place de la circulation monétaire dans la communauté villageoise. La problématique se situe dans l’usage de l’argent dans les consommations individuelles ainsi que de trouver la circulation monétaire dans le processus du dynamisme villageoise. Notre expérience durant les descentes sur terrain nous a permis de mesurer l’importance de la circulation monétaire intra villageoise au service du développement communautaire malgré leur précarité et leur état d’esprit que l’on réduit souvent à une dimension insignifiante. L’analyse qui vient d’être proposée s’écarte de l’approche économique traditionnelle en ce qu’elle récuse l’idée d’une valeur, antérieure à l’échange monétaire, qui serait au principe de la commensurabilité des marchandises. En se focalisant sur l’usage de la monnaie au sein de la communauté villageoise dont fait partie de notre objectif, l’analyse des aspects culturels et sociaux des pratiques monétaires malgaches demeure encore difficile à cerner. En effet, la monnaie présente à la fois un aspect social et culturel. C’est à travers la monnaie que l’ « adidy » se justifie. L’échange intra villageoise se manifeste par l’ « atero ka alao ».C’est également un moyen pour assurer les besoins personnelles et familiales. Les relations sociales fondées sur d’autres valeurs que la valeur économique peuvent également enrayer l’expansion monétaire. Dans cette relation, on peut dire que l’argent est libre de toute entrave et semble tout-puissant. Les structures culturelles et sociales délimitent les usages monétaires. Nous récusons l’idée d’une tendance sans limite du rapport monétaire à structurer les relations sociales. Dès lors qu’on cesse d’essentialiser la valeur économique en la présentant comme un principe surpuissant, naturel, il devient possible d’analyser avec plus de finesse les interactions sociales. C’est tout le sens de notre analyse de la monnaie comme représentation collective selon un modèle qui vaut pour toutes les valeurs. Toutefois, il convient de signaler l’importance de l’autorité familiale et communautaire qui dicte cette circulation monétaire à travers la communauté villageoise d’Imito. L’ « adidy » est un exemple marquant pour montrer cette circulation monétaire. Pourtant, cette obligation monétaire entrave les comportements individuels et pourrait déboucher à une migration temporaire. 79

La croyance monétaire y apparaît comme dépassant largement la seule sphère économique pour intégrer des facteurs politiques, sociaux et culturels, par quoi l’encastrement de l’économie marchande se trouve affirmé et explicité. Une fois cette continuité conceptuelle démontrée, il nous a semblé important de montrer que cela ne conduisait pas nécessairement à rejeter la validité de l’approche instrumentale. Celle-ci apparaît plutôt comme un cas particulier de notre analyse, valide lorsque la question de la valeur de la monnaie cesse d’entrer en débat. En effet, une fois la monnaie perçue comme pleinement légitime par l’ensemble des acteurs économiques, elle se trouve réduite à ses fonctions instrumentales. TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE ...... 3 - PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE ...... 2 - OBJECTIF DE LA RECHERCHE...... 2 -HYPOTHESES ...... 2 - METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE ...... 3 PARTIE I : CADRE THEORIQUE ...... 6 PARTIE I : CADRE THEORIQUE ...... 7 Chapitre 1 : Justification sociologique de cette étude ...... 8 1-1-De l’économie marchande vers le pouvoir de croyance...... 8 1-2-Les aspects de la problématique de la circulation monétaire malgache...... 10 Chapitre 2: Caractérisation du contexte dû aux rapports avec l’extérieur ...... 12 2-1: Histoire de l’échange ...... 12 2-2: Concept de monnaie...... 13 Chapitre 3: Histoire de la monnaie malgache ...... 15 3-1- Histoire de la numismatique malgache...... 15 3-2-Histoire du papier monnaie malgache ...... 17 Chapitre 4: La circulation monétaire dans la communauté villageoise malgache ...... 22 4-1- La circulation monétaire traditionnelle...... 22 4-2 : Caractéristiques de la région...... 23 CONCLUSION PARTIELLE...... 31 PARTIE II : ...... 31 RESULTATS DE L’ENQUETE...... 31 PARTIE II : RESULTAS DE L’ENQUETE ...... 32 Chapitre 1 : Monographie de la commune rurale d’«Imito »...... 33 1-1-Présentation générale ...... 33 1-2-Historique de la commune rurale d’Imito...... 33 1-3-Structure de la population...... 34 1-4-Organisation des rapports internes...... 35 1-5-Caractérisation de la vie socio-économique ...... 36 1-6-Les réformes agraires...... 43 Chapitre 2 : La circulation monétaire dans chaque famille...... 47 2-1-Ressources financières familiales ...... 47 2-2- Usage quotidien de l’argent ...... 48 Chapitre 3 : L’argent comme signe de rapport social ou de la communauté servile ...... 52 3-1- Les circuits monétaires dans la dynamique villageoise de la commune rurale d’Imito 52 3-2- Les conséquences psychologiques sur l’individu face à l’obligation morale et monétaire...... 54 3-3-Caractérisation du poids des obligations « adidy » ...... 55 CONCLUSION PARTIELLE...... 57 PARTIE III :...... 57 PROPOSITIONS D’ANALYSES ET RECOMMANDATIONS...... 57 PARTIE III : ANALYSES ET PROPOSITIONS...... 58 Chapitre 1 : Propositions d’analyses et Essai d’interprétation ...... 59 Section 1 : Analyse quantitative...... 59 Section 2-Analyse qualitative...... 66 2-1-La circulation monétaire face à l’autorité, au pouvoir et obéissance dans la société traditionnelle malgache ...... 67 2-2- L’acquittement de l’obligation monétaire...... 70 Chapitre 2 : L’argent et la dynamique villageoise ...... 71 2-1-Place et rôle de l’argent sous des aspects divers...... 71 2-2- Schéma spécifique de la dynamique villageoise ...... 71 Chapitre 3 :L’argent un des agents de la déstabilisation des rapports internes de l’organisation villageoise...... 73 3-1-La problématique relative aux pouvoirs de l'argent...... 73 3-2-La déstabilisation de liens sociaux ...... 73 Chapitre 4 : Suggestions...... 75 CONCLUSION PARTIELLE...... 77 CONCLUSION GENERALE ...... 78 TABLE DES MATIERES...... 81 Bibliographie...... 83 Bibliographie Ouvrages globaux

. AUBERT (J, L) et FLOUR (J), Obligations tome 1, L’acte juridique, n° 46 . FARJAT (G.), Droit privé de l’économie . LARROUMET (C.), Droit Civil, tome III. Les obligations, Le contrat, Economica 2eme édition, 1990, n °63 . « Culture Malgache et décentralisation », Capricorne n °16 2eme trimestre . Groupe de Réflexion Théologique « Autorité, pouvoir et Obéissance dans la Société malgache »,

Ouvrages spécifiques  ALTHABE (G.): « Monnaie et para monnaie dans les sociétés traditionnelles » in Revue européenne des sciences sociales et Cahiers Vilfredo Pareto ( 1970).  Georges BALANDIER. « Comptes rendus des séances », II, tome I, supplément a l’anthropologie, 1914.  MARCEL MAUSS, « Les origines de la notion de monnaie » Paris : Les éditions de minuit, 1969, 740 pages. Collections : le sens commun  DODD Nigel, The sociology of Money. Economics Reason &Contemporary Society, 1994New York : The Continuum Publishing Company  DURKHEIM Emile, De la division de travail social, Paris. 1978 [1893] : PUF  GRANDIDIER, « Histoire politique et coloniale », Paris 1958  Libchaber, Remy : Recherches sur la monnaie en Droit prive, Préface de Pierre Mayer, Paris, Librairie générale de Droit et de jurisprudence, 1992  Marcel MAUSS, « Les origines de la notion de monnaie » (1914) Codington, The Melanesians, p.103  ORLEANS, André, « La sociologie économique de la monnaie », pour le Traité de sociologie économique  "Simmel et les normes sociales" - sous la direction de J.M. Baldner et L. Gillard (L'Harmattan - 1996), notamment : "La norme monétaire dans la philosophie de l'argent" (Ph. Adair)  SIMMIAND, François. « La monnaie, réalité sociale », in SIMIAND François, Critique sociologique de l’économie, Paris : PUF, 2006[1934]  SMITH, Adam, 1995 [1776]. Enquête sur la nature et les causes de la richesse des nations, PUF, Paris, coll. « Pratiques Théoriques »  SCHUMPETER joseph, 1983 [1954]. Histoire de l’analyse économique. Tom I : L’âge des fondateurs (Des origines à 1790), Paris : Gallimard  .ZELIZER, Viviane A, « La signification sociale de l’argent », Editions du seuil, Collection Liber, 2005 (1er édition en anglais 1994) Revues et autres documents  Articles sur « Résolution finales de la deuxième assemblée de la coalition paysanne de Madagascar »/ FTM CPM, Antananarivo, du 26 au 30 Octobre 2004  Document sur les résultats des enquêtes INSTAT /EPM/2005  Articles de Donny Randy Extrait de « Les hauts et les bas de l’ariary à travers l’histoire, Les Nouvelles du 3/01/2005  L’encyclopédie QUINNET,  Articles de Mahetsaka : « La monnaie et l’émission monétaire à Madagascar, des origines à nos jours », Midi Madagascar  Documents sur « Plan National d’Action de lutte contre le Travail des enfants à Madagascar », BIT et le Ministère de la Fonction Publique du Travail et des Lois Sociales, Juillet 2004  Document sur « Savoir pour sauver », fonds des Nations Unies pour l’enfance RESUME Nom: FANILONIAINA Hantarisoa Juliana Date de Naissance : 25 Avril 1983 à Ambositra Titre : Contribution à l’étude de la circulation monétaire dans la communauté villageoise d’Imito, dans le District de Fandriana Pagination : 84 Tableaux : 13 Rubrique : SOCIOLOGIE CULTURELLE ET DU MONDE RURALE RESUME Dans le but d’acquérir un diplôme de maîtrise en sociologie, il nous est indispensable de réaliser une étude sociologique sur un phénomène social qui mérite d’être prise en compte. En effet, en tant qu’acteur de développement, il est le rôle des futurs sociologues de comprendre la société. En ce qui nous concerne, nous avons analysé les problématiques fondées sur la société malgache traditionnelle, caractérisée pour certains penseurs comme encore primitive. Les relations sociales sont en général trop complexes pour être étudiées. Pourtant des phénomènes sont accessibles et restent importants pour comprendre les problèmes actuels. L’argent est un objet intéressant pour pouvoir donner une vision plus compréhensive de la réalité sociale. La "philosophie de l'argent" permet notamment de comprendre quels ont pu être les effets de la monétarisation sur les sociétés humaines, effets économiques mais surtout culturels. Cela peut constituer une aide pour comprendre la "Mondialisation et spécificités socio - culturelles" ; c'est sur ce dernier point que nous allons insister. Nous ne présentons pas une description totale de cette problématique de la monnaie mais seulement la circulation monétaire villageoise ainsi que ses conséquences. Notre optique étant celle de la sociologie du monde rurale basée sur l’usage de la monnaie dans les rapports sociaux. Nous avons également ajouté des commentaires anthropologiques avec des exemples qui permettent de situer notre propos. Le plan comprend trois parties : dans la première, nous avons montré en la généralité sur notre étude. Dans la deuxième, nous passons aux résultats de l’enquête sur terrain. Enfin, nous avons proposé une analyse du phénomène tant qualitative que quantitative et d’en suggérer quelques recommandations pour résoudre le problème.

Mots clés : -Circulation monétaire, rapports sociaux, cohésion sociale, obligation monétaire,

Directeur de recherche: Monsieur RASOLOMANANA Denis

Adresse de l’auteur : Porte 561 CU ANKATSO I, ANTANANARVO