COMMUNE DE

ELABORATION DE LA CARTE COMMUNALE

Vu pour être annexé à la délibération du conseil municipal en date du 8 Novembre 2011 approuvant la carte communale. Le Maire,

Espac’urba Etudes et Conseils en Urbanisme 11 rue Pasteur - B.P.4 - 76 340 BLANGY SUR BRESLE Tél : 02 32 97 11 91 / Fax : 02 32 97 12 54 / Email : [email protected] SOMMAIRE

1ère partie CONTEXTE COMMUNAL

I.1 Généralités

I.2 Démographie ’

I.3 Données économiques et sociales

I.4 Habitat ’

I.5 Emploi

I.6 Les équipements publics

I.7 Les services et moyens de transports

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1ère PARTIE CONTEXTE COMMUNAL

I.1 Généralités

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EspaÄ’urba - SITUATION GEOGRAPHIQUE

I.2 Démographie

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MENAGES SELON LA Nombre de ménages STRUCTURE FAMILIALE 2006 % 1999 % Ensemble Ménages d'une personne - hommes seuls - femmes seules Autres ménages sans famille Ménages avec famille(s) dont la famille principale est : - un couple sans enfant - un couple avec enfant(s) - une famille monoparentale

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2006 % 1999 % Ensemble Salle de bain avec baignoire ou douche Chauffage central collectif Chauffage central individuel Chauffage individuel "tout électrique" ’’

2006 % 1999 % Ensemble Au moins un emplacement réservé au stationnement Au moins une voiture - 1 voiture - 2 voitures ou plus

SOMMEREUX et le canton de GRANDVILLIERS ’

Année 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 Nombre de permis de construire

I.5 Emploi

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’ ’ ’ ’ POPULATION ACTIVE (sauf militaires du contingent) - ANNEE 2006 ENSEMBLE HOMMES FEMMES Dont 15 à 24 ans Dont 25 à 54 ans Dont 55 à 64 ans TOTAL 258 132 125

Population de 15 ans ou plus ayant un emploi selon le statut en 2006 dont % temps Nombre % dont % femmes partiel Ensemble Salariés Non salariés

’’EspaÄURBA

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LOCALISATION DES EXPLOITATIONS AGRICOLES

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I.6 Les équipements publics

 Eau Potable ’ ’

Source : PAC / DDASS

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 Assainissement ’  ’ ’ ’’  ’ ’’  ’ ’  ’ ’’

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 Voirie ’

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I.7 Les services et moyens de transport

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SYNTHESE

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Ainsi, Des hypothèses de croissance pour les dix ans à venir ont été définies :

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Le plateau agricole permet de découvrir de vastes espaces ouverts - Une ceinture végétale signale la présence du centre bourg.

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Entrée du centre bourg depuis la RD 124 en venant de Grandvilliers

Entrée du centre bourg depuis la RD 124 en venant de Beaudéduit ’ ’ ’

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Entrée du centre bourg depuis la RD 56 en venant de ’ ’’ ’

Entrée du centre bourg depuis la RD 56 en venant de

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Les masses végétales

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Les voies de communication et le site ’

RESEAU VIAIRE

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Rue végétale Rue minérale

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Le bâti ancien

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Le patrimoine historique ’ ’ ’

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Le bâti récent ’ ’ ’œ

Les interventions malheureuses sur le bâti ’

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Le patrimoine archéologique

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Recommandations architecturales ’ ’ ’’

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II.2 La faune et la flore

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un enjeu de préservation.

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 ZNIEFF de type I : Larris et bois de la vallée du Multru de Cempuis à

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 ZNIEFF de type I : Vallées sèches du Puits et du Loup Pendu, côte de Laverrière

EspaÄ’urba -

 ZNIEFF de type II : Haute vallée de la Celle en amont de Conty

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EspaÄ’urba -

 ZNIEFF de type II : Vallée des Evoissons et de ses affluents en amont de Conty

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EspaÄ’urba - COMMUNE DE SOMMEREUX Carte Communale - Approbation du 8 Novembre 2011 DOCUMENTS SYNTHETIQUES ZNIEFF COMMUNE DE SOMMEREUX - Source : PAC / Application Cartélie

EspaÄ’urba - Etudes et conseils en urbanisme 36

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EspaÄ’urba -

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Réseaux de coteaux et vallée du bassin de la Selle

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 Description du site

Caractère général du site

 Autres caractéristiques du site

EspaÄ’urba - COMMUNE DE SOMMEREUX Carte Communale - Approbation du 8 Novembre 2011

Le réseau fluviatile de ruisseaux à cours vif (bassin des Evoissons) constitue un rare réservoir hydrobiologique sur le plateau picard (après l'Authie et la Bresle), notamment par la qualité biologique des cours d'eau (1ère catégorie) et son insertion dans un lit majeur bocager et prairial. Les potentialités phytocoenotiques aquatiques, d'invertébrés aquatiques et ichtyologiques sont représentatives et exemplaires des petits cours d'eau du plateau picard, dont il s'agit de l'un des derniers représentants susceptibles de figurer au réseau Natura 2000. En outre, la continuité et la solidarité fonctionnelle entre lit majeur et versants des vallées entretiennent un potentiel faunistique remarquable notamment sur le plan batracho/herpétologique.

 Qualité et importance : La diversité d'habitats propose globalement une bonne représentation spécifique des vallées et versants des craies picardes, en particulier les cortèges liés aux pelouses calcicoles et formations dynamiques associées :  flore supérieure :  cortège caractéristique des pelouses du Mesobromion,  diversité orchidologique (22 espèces au moins),  limites d'aires et isolat d'espèces subméditerranéennes et continentales,  6 plantes protégées,  nombreuses plantes menacées régionalement  bryophytes avec une méridionale en limite d'aire (Southbya nigrella)

 entomologique : nombreux lépidoptères et coléoptères dont plusieurs espèces sont menacées régionalement. Trois espèces sont à l'annexe II dont Euphydrias aurinia (Damier de la Succise) et Lucanus cervus.

 avifaune nicheuse : surtout rapaces et passereaux.

En outre, le site propose divers biotopes rocheux (anciennes carrières de craie indurée) riches en bryophytes. La richesse chiroptérologique, récemment inventoriée, est également remarquable avec 4 chauves-souris de l'annexe II dont le Vespertilion de Bechstein et la Barbastelle.

 Vulnérabilité : L'état de conservation du réseau de coteaux calcaires est variable d'un noyau à l'autre mais les pressions sont nombreuses (carrières, décharges, boisements artificiels en particulier pinèdes à Pin noir d'Autriche et taillis de Cytise faux-ébénier, eutrophisation agricole de contact, mitage, etc...). D'une façon globale, il reste acceptable, compte tenu du degré général de dégradation et de disparition des systèmes pelousaires identiques. A l'état d'abandon, le réseau pelousaire se densifie et s'embroussaille suite aux abandons d'exploitation traditionelle et à la chute des effectifs des populations de lapins. Protection vis-à-vis des cultures avoisinantes, notamment des descentes de nutriments et des eutrophisations de contact par préservation (ou installation) de bandes enherbées, haies, prairies, boisements, notamment en haut de versant. Restauration d'un pastoralisme sur les coteaux non pâturés. Arrêt des extensions de carrières et restauration écologique des anciens fronts favorisant les groupements pionniers. Arrêt des boisements artificiels sur les pelouses calcaires. Le lit majeur du réseau aquatique des Evoissons est soumis à de très nombreuses pressions (populiculture, gravières, tourisme, abandon des prairies,...) dont les effets additionnés constituent une menace sensible à l'échelle de la vallée. Une meilleure harmonisation et une bonne répartition des activités devront être recherchées dans le futur.

EspaÄ’urba - Etudes et conseils en urbanisme 40 COMMUNE DE SOMMEREUX Carte Communale - Approbation du 8 Novembre 2011

 Habitats identifiés :

% SUP. STAT. EVAL. CODE REPRESENT. COUV. REL. CONS GLOB.

5130-Formations à Juniperus communis sur landes 5 A C A A ou pelouses calcaires

6210-Pelouses sèches semi-naturelles et faciès d'embuissonnement sur calcaires (Festuco- 10 A C B A Brometalia) (* sites d'orchidées remarquables)

6430-Mégaphorbiaies hygrophiles d'ourlets 1 C C B C planitiaires et des étages montagnard à alpin

9130-Hêtraies de l'Asperulo-Fagetum 15 B C C B

91E0-Forêts alluviales à Alnus glutinosa et Fraxinus excelsior (Alno-Padion, Alnion incanae, Salicion 1 C C C C albae)

3260-Rivières des étages planitiaire à montagnard avec végétation du Ranunculion fluitantis et du 1 A C B A Callitricho-Batrachion

 Espèces identifiés

ESPÄCES MENTIONNÅES Ç L'ARTICLE 4 DE LA DIRECTIVE 79/409/CEE ET FIGURANT Ç L'ANNEXE II DE LA DIRECTIVE 92/43/CEE ET ÅVALUATION DU SITE POUR CELLES-CI

MAMMIFÄRES visÄs Å l'Annexe II de la directive 92/43/CEE du Conseil

POPULATION éVALUATION DU SITE CODE NOM Migr. Migr. Migr. Résidente Population Conservation Isolement Globale Nidific. Hivern. Etape

C B C B 1324 Myotis myotis 1/5 ≥

C B C B 1323 Myotis bechsteinii 1/5 ≥

Rhinolophus C B C B 1304 1/5 ferrumequinum ≥

C B C B 1321 Myotis emarginatus 1/5 ≥

EspaÄ’urba - Etudes et conseils en urbanisme 41 COMMUNE DE SOMMEREUX Carte Communale - Approbation du 8 Novembre 2011

AMPHIBIENS et REPTILES visÄs Å l'Annexe II de la directive 92/43/CEE du Conseil

POPULATION ÅVALUATION DU SITE CODE NOM Migr. Migr. Migr. RÅsidente Population Conservation Isolement Globale Nidific. Hivern. Etape

POISSONS visÄs Å l'Annexe II de la directive 92/43/CEE du Conseil

POPULATION ÅVALUATION DU SITE CODE NOM Migr. Migr. Migr. RÅsidente Population Conservation Isolement Globale Nidific. Hivern. Etape

Lampetra C C C C 1096 PrÄsente planeri ≥

C C C C 1163 Cottus gobio PrÄsente ≥

INVERTEBRES visÄs Å l'Annexe II de la directive 92/43/CEE du Conseil

POPULATION ÅVALUATION DU SITE CODE NOM Migr. Migr. Migr. RÅsidente Population Conservation Isolement Globale Nidific. Hivern. Etape

Euphydryas C B B C 1065 PrÄsente aurinia ≥

Callimorpha C C C C 1078 PrÄsente quadripunctaria ≥

C C C C 1083 Lucanus cervus PrÄsente ≥

PLANTES visÄes Å l'Annexe II de la directive 92/43/CEE du Conseil

POPULATION ÅVALUATION DU SITE CODE NOM Migr. Migr. Migr. RÅsidente Populatio Conservation Isolement Globale Nidific. Hivern. Etape

EspaÄ’urba - Etudes et conseils en urbanisme 42 COMMUNE DE SOMMEREUX Carte Communale - Approbation du 8 Novembre 2011

AUTRES ESPÄCES IMPORTANTES DE FLORE ET DE FAUNE (B=Oiseaux, M=MammifÉres, A=Amphibiens, R=Reptiles, F=Poissons, I=Invert ÅbrÅs, P=Plantes)

GROUPE NOM POPULATION MOTIVATION

Dactylorhiza praetermissa (Druce) Plantes Autres raisons SoÄ

Plantes Epipactis palustris (L.) Crantz Autres raisons

Plantes Ophrys aranifera Huds. Autres raisons

Plantes Teucrium montanum L. Autres raisons

Plantes Polygala comosa Schkuhr Autres raisons

Plantes Digitalis lutea L. Autres raisons

Rhytidium rugosum (Hedw.) Plantes Autres raisons Kindb.

Epipactis leptochila (Godfery) Plantes Autres raisons Godfery

Plantes Orchis simia Lam. Autres raisons

Plantes Orchis anthropophora (L.) All. Autres raisons

Plantes Pulsatilla vulgaris Mill. Autres raisons

Plantes Globularia bisnagarica L. Autres raisons

Plantes Daphne mezereum L. Autres raisons

Southbya nigrella (De Not.) Plantes Autres raisons Henriquez

Plantes Filipendula vulgaris Moench Autres raisons

Cephalanthera longifolia (L.) Plantes Autres raisons Fritsch

 Protections

Type de protection aux niveaux national et rÅgional

CODE DESCRIPTION % COUVERT.

FR00 AUCUN STATUT DE PROTECTION 100

EspaÄ’urba - Etudes et conseils en urbanisme 43

 Impacts

Impacts et activitÅs gÅnÅraux et proportion de la superficie du site affectÅ

IMPACTS ET ACTIVITÑS SUR LE SITE

% CODE LIBELLÑ INTENSITÑ DU INFLUENCE SITE

IMPACTS ET ACTIVITÑS AUX ALENTOURS DU SITE

% CODE LIBELLÑ INTENSITÑ DU INFLUENCE SITE

 Localisation du site NATURA 2000 par rapport au territoire de Sommereux ’’ ’ ’ ’ ’

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II.3 Les risques

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 Inondation ’ ’ ’ ’ ’ ’

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 Mouvement de terrain ’ ’ ’

 Remontée de nappe   ’

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 Coulée de boue   ’

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SYNTHESE

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’ « Le territoire français est le patrimoine commun de la nation. Chaque collectivité publique en est le gestionnaire et le garant dans le cadre de ses compétences. Afin d'aménager le cadre de vie, d'assurer sans discrimination aux populations résidentes et futures des conditions d'habitat, d'emploi, de services et de transports répondant à la diversité de ses besoins et de ses ressources, de gérer le sol de façon économe, de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de réduire les consommations d'énergie, d'économiser les ressources fossiles d'assurer la protection des milieux naturels et des paysages, la préservation de la biodiversité notamment par la conservation, la restauration et la création de continuités écologiques, ainsi que la sécurité et la salubrité publiques et de promouvoir l'équilibre entre les populations résidant dans les zones urbaines et rurales et de rationaliser la demande de déplacements, les collectivités publiques harmonisent, dans le respect réciproque de leur autonomie, leurs prévisions et leurs décisions d'utilisation de l'espace. Leur action en matière d'urbanisme contribue à la lutte contre le changement climatique et à l'adaptation à ce changement».

’ ’ « Les schémas de cohérence territoriale, les plans locaux d'urbanisme et les cartes communales déterminent les conditions permettant d'assurer, dans le respect des objectifs du développement durable :

1° L'équilibre entre : a) Le renouvellement urbain, le développement urbain maîtrisé, la restructuration des espaces urbanisés, la revitalisation des centres urbains et ruraux, la mise en valeur des entrées de ville et le développement rural ; b) L'utilisation économe des espaces naturels, la préservation des espaces affectés aux activités agricoles et forestières, et la protection des sites, des milieux et paysages naturels ; c) La sauvegarde des ensembles urbains et du patrimoine bâti remarquables ;

2° La diversité des fonctions urbaines et rurales et la mixité sociale dans l'habitat, en prévoyant des capacités de construction et de réhabilitation suffisantes pour la satisfaction, sans discrimination, des besoins présents et futurs en matière d'habitat, d'activités économiques, touristiques, sportives, culturelles et d'intérêt général ainsi que d'équipements

EspaÄ’urba - publics et d'équipement commercial, en tenant compte en particulier des objectifs de répartition géographiquement équilibrée entre emploi, habitat, commerces et services, d'amélioration des performances énergétiques, de développement des communications électroniques, de diminution des obligations de déplacements et de développement des transports collectifs ;

3° La réduction des émissions de gaz à effet de serre, la maîtrise de l'énergie et la production énergétique à partir de sources renouvelables, la préservation de la qualité de l'air, de l'eau, du sol et du sous-sol, des ressources naturelles, de la biodiversité, des écosystèmes, des espaces verts, la préservation et la remise en bon état des continuités écologiques, et la prévention des risques naturels prévisibles, des risques technologiques, des pollutions et des nuisances de toute nature.»

III.2 Les objectifs communaux

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 La coopérative agricole : ’

 Le Monument Historique : ’ ’

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EspaÄ’urba - Etudes et conseils en urbanisme 53

III.4 Les principes de développement

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’ … à l'exception de l'adaptation, du changement de destination, de la réfection ou de l'extension des constructions existantes

 Des constructions existantes ’

 La zone agricole

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 La zone de protection naturelle ’ ’

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’ ’ ’ Extrait cartographie DDAF - Source PAC ’ ’

EspaÄ’urba - Extrait cartographie DDAF - Source PAC ’

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 Réseaux de coteaux et vallée du bassin de la Selle » ’ ’’’

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MAMMIFÈRES visés à l'Annexe II de la directive 92/43/CEE du Conseil :

 Myotis myotis : plus connu sous le nom de grand murin. Le grand murin fait partie des plus grands chiroptères français.

Caractères écologiques : Les terrains de chasse de cette espèce sont généralement situés dans des zones où le sol est très accessible comme les forêts présentant peu de sous-bois (hêtraie, chênaie, pinède, forêt mixte...) et la végétation herbacée rase (prairies fraîchement fauchées, voire pelouses). Les futaies feuillues ou mixtes, où la végétation herbacée ou buissonnante est rare, sont les milieux les plus fréquentés en Europe continentale, car probablement seuls ces milieux fournissent encore une entomofaune épigée tant accessible qu'abondante. En Europe méridionale, les terrains de chasse seraient plus situés en milieu ouvert. Même si les Grands murins témoignent d'une assez grande fidélité à leur gîte, certains individus peuvent changer de gîte en rejoignant d'autres colonies dans les environs jusqu'à plusieurs dizaines de kilomètres. Gîtes d'hibernation : cavités souterraines (grottes, anciennes carrières, galeries de mines, caves de température voisine de (3) 7- 12°C et d'hygrométrie élevée) dispersées sur un vaste territoire d'hivernage. Gîtes d'estivage : principalement dans les sites épigés dans des sites assez secs et chauds, où la température peut atteindre plus de 35°C : sous les toitures, dans les combles d'églises, les greniers ; mais aussi dans des grottes, anciennes mines, caves de maisons, carrières souterraines, souterrains en région méridionale. Les prédateurs de l'espèce sont essentiellement l'Effraie des clochers (Tyto alba) et la Fouine (Martes foina), rarement la Chouette hulotte (Strix aluco), voire le Blaireau (Meles meles). La présence de Chat domestique (Felis catus), de Fouine ou de l'Effraie des clochers dans un grenier ou une toiture peut être particulièrement néfaste pour les colonies de mise bas.

Evolution et état des populations : En , un recensement partiel en 1995 a comptabilisé 13 035 individus répartis dans 681 gîtes d'hibernation et 37 126 dans 252 gîtes d'été. Les départements du nord-est du pays hébergent des populations importantes, notamment en période estivale. Si en période hivernale, le Centre de la France paraît accueillir de bonnes populations dans les anciennes carrières, c'est le sud de la France (Aquitaine et Midi-Pyrénées) qui accueille en période estivale les populations les plus importantes (plusieurs milliers d'individus en association avec Minioptère de Schreibers) dans les cavités souterraines.

Menaces potentielles : - Dérangements et destructions, intentionnels ou non, des gîtes d'été, consécutifs à la restauration des toitures ou à des travaux d'isolation ; et des gîtes d'hiver, par un dérangement dû à la sur-fréquentation humaine, l'aménagement touristique du monde souterrain et l'extension de carrières. - Pose de grillages « anti-pigeons » dans les clochers ou réfection des bâtiments, responsables de la disparition de nombreuses colonies. - Développement des éclairages sur les édifices publics (perturbation de la sortie des individus des colonies de mise bas). - Modifications ou destructions de milieux propices à la chasse et/ou au développement de ses proies (lisières forestières feuillues, prairies de fauche, futaies feuillues...) : labourage pour le réensemencement des prairies, conversion de prairies de fauche en

EspaÄ’urba - Etudes et conseils en urbanisme 69

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 Myotis bechsteinii ’ ’

Caractères écologiques

Evolution et état des populations

Menaces potentielles :

Propositions de gestion

EspaÄ’urba - COMMUNE DE SOMMEREUX Carte Communale - Approbation du 8 Novembre 2011

non autochtones à croissance rapide, à une proportion ne pouvant dépasser 30% de la surface boisée totale, et prévoyant pour les repeuplements touchant une surface supérieure à 15 ha d'un seul tenant, l'obligation de conserver ou créer des doubles alignements arborés d'essences autochtones de part et d'autres des pistes d'exploitation et des cours d'eau, et des alignements simples le long des lisières extérieures, ou intérieures (clairières, étangs). Encourager autour des colonies de mise bas sur une superficie totale minimale de 250 hectares, le maintien de plusieurs îlots, suffisamment vastes (au moins 25 à 30 hectares), de parcelles âgées de feuillus (au moins 100 ans) traitées en taillis-sous- futaies, en futaie régulière ou irrégulière, sur l'ensemble d'un massif forestier. Le maintien de milieux ouverts en forêt (clairières) et à proximité (prairies) est également à préconiser. - Considérations générales : Éviter tous traitements chimiques non sélectifs et à rémanence importante. Favoriser la lutte intégrée et les méthodes biologiques. Limiter l'emploi des éclairages publics dans les zones rurales aux deux premières et à la dernière heure de la nuit (le pic d'activité de nombreux lépidoptères nocturnes se situe en milieu de nuit). Inscrire dans la réglementation nationale l'obligation de conserver des accès adaptés à la circulation des espèces de chiroptères concernés, lors de toute opération de mise en sécurité d'anciennes mines ou carrières souterraines (à l'exception des mines présentant un danger pour les animaux (uranium)).

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 Rhinolophus ferrumequinum : plus connu sous le nom de Grand rhinolophe. Le Grand rhinolophe est le plus grand des Rhinolophes européens avec une taille augmentant de l'ouest vers l'est de l'Europe.

: Le Grand rhinolophe fréquente en moyenne les régions chaudes jusqu'à 1 480 m d'altitude (voire 2 000 m), les zones karstiques, le bocage, les agglomérations, parcs et jardins... Il recherche les paysages semi-ouverts, à forte diversité d'habitats, formés de boisements de feuillus (30 à 40%), d'herbages en lisière de bois ou bordés de haies, pâturés par des bovins, voire des ovins (30 à 40%) et de ripisylves, landes, friches, vergers pâturés, jardins... (30 à 40%). Il fréquente peu ou pas du tout les plantations de résineux, les cultures (maïs) et les milieux ouverts sans arbres. La fréquentation des habitats semble varier selon les saisons et les régions. Dans les prairies intensives, l'entomofaune est peu diversifiée mais la production de tipules, proie-clé, est forte. Le pâturage par les bovins est très positif par diversification de structure de la végétation et apport de fèces, qui favorisent le développement d'insectes coprophages. La présence de nombreux Aphodius autour des gîtes offre une nourriture facile pour les jeunes de l'année. Fidélité aux gîtes : l'espèce est très fidèle aux gîtes de reproduction et d'hivernage, en particulier les femelles, les mâles ayant un comportement plus erratique.

EspaÄ’urba - Etudes et conseils en urbanisme 72

(Falco tinnunculus), (Accipiter nisus) Tyto (Strix aluco), (Asio otus). (Felis catus), (Martes foina)

Evolution et état des populations

Menaces potentielles : Melolontha

Propositions de gestion œ

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EspaÄ’urba - COMMUNE DE SOMMEREUX Carte Communale - Approbation du 8 Novembre 2011

 Myotis emarginatus : plus connu sous le nom de Vespertilion à oreilles échancrées ou Murin à oreilles échancrées. Le Vespertilion à oreilles échancrées est une chauve- souris de taille moyenne.

Caractères écologiques : Le Vespertilion à oreilles échancrées fréquente préférentiellement les zones de faible altitude (jusqu'à 1 300 m en Corse). Il s'installe près des vallées alluviales, des massifs forestiers, principalement avec des feuillus entrecoupés de zones humides. Il est présent aussi dans des milieux de bocage, près des vergers mais aussi dans les milieux péri- urbains possédant des jardins. Les exigences écologiques de cette espèce paraissent plus plastiques qu'il n'était suspecté. Ses terrains de chasse sont relativement diversifiés : forêts (lisières et intérieurs des massifs), principalement de feuillus mais aussi de résineux, bocage, milieux péri-urbains avec jardins et parcs. Il chasse aussi au-dessus des rivières et l'eau semble constituer un élément essentiel à sa survie. Les bâtiments sont régulièrement prospectés, des murs extérieurs aux pièces accessibles, c'est le cas de l'intérieur des chèvreries. Les gîtes d'hibernation sont des cavités naturelles (grottes) ou artificielles (galeries et puits de mines, caves, tunnels, viaducs), de vastes dimensions répondant aux caractéristiques suivantes : obscurité totale, température jusqu'à 12°C, hygrométrie proche de la saturation et ventilation très faible à nulle. Gîtes de reproduction variés en été. Une des spécificités de l'espèce est qu'elle est peu lucifuge. En estivage, des individus isolés, principalement des mâles se fixent sous les chevrons des maisons modernes, parfois en pleine lumière. Les colonies de mise bas acceptent également une lumière faible dans leur gîte. Compte tenu de l'extrême fidélité de ce Vespertilion à son gîte, certains sites sont connus pour abriter l'espèce en reproduction depuis plus d'un siècle. Au nord de son aire de distribution, les colonies de mise bas s'installent généralement dans des sites épigés comme les combles chauds ou les greniers de maisons, églises ou forts militaires. Au sud, elles occupent aussi les cavités souterraines. Le bruit, comme la lumière, ne semble pas affecter une partie des colonies qui s'installent parfois sous des préaux d'écoles ou dans des ateliers d'usines en activité...

Evolution et état des populations : En France, dans quelques zones géographiques localisées comme les vallées du Cher ou de la Loire et en Charente Maritime, l'espèce peut être localement abondante, voire représenter l'espèce majeure parmi les chiroptères présents. Les comptages, menés depuis plus de 10 ans sur cette espèce essentiellement cavernicole en période hivernale, montrent une lente mais constante progression des effectifs depuis 1990. Mais cette dynamique des populations reste localement très variable en fonction de la richesse biologique des milieux. Des colonies distantes de quelques kilomètres ont la même année un nombre de jeunes qui varie de 12% à 40%. Le Vespertilion à oreilles échancrées semble être un très bon indicateur de la dégradation des milieux.

Menaces potentielles : En France, comme pour la majorité des chiroptères, les menaces proviennent de quatre facteurs essentiels : - fermeture des sites souterrains (carrières, mines...) ; - disparition de gîtes de reproduction épigés pour cause de rénovation des combles, traitement de charpente, ou perturbations à l'époque de la mise bas ; - disparition des milieux de chasse ou des proies par l'extension de la monoculture qu'elle soit céréalière ou forestière, ainsi que par la disparition de l'élevage extensif. La proportion

EspaÄ’urba - Etudes et conseils en urbanisme 75 COMMUNE DE SOMMEREUX Carte Communale - Approbation du 8 Novembre 2011 importante de diptères dans le régime alimentaire suggère une incidence possible forte liée à la raréfaction de cette pratique ; - les chocs avec les voitures peuvent représenter localement une cause non négligeable de mortalité.

: Les gîtes de reproduction, d'hibernation ou de transition les plus importants doivent bénéficier d'une protection réglementaire, voire physique (grille, enclos...). Lors de fermetures de mines ou de carrières pour raison de sécurité, utiliser des grilles adaptées aux chiroptères en concertation avec les naturalistes. La pose de « chiroptières » dans les toitures (églises, châteaux) peut permettre d'offrir de nouveaux accès. Les mesures de protection devront prendre en compte en même temps et, avec la même rigueur, les sites d'hibernation, de reproduction et de chasse. Les exigences écologiques pour les deux premiers sont suffisamment connues pour que des mesures de gestion puissent être proposées dès à présent. La conservation d'un accès minimum pour les chiroptères à tous les sites abritant cette espèce. L'aide au maintien de l'élevage extensif en périphérie des colonies de reproduction connues est à promouvoir. Des expériences menées en Hollande ont démontré en quinze ans, que le retour à une agriculture intégrée, 1 kilomètre autour du gîte, augmentait rapidement le taux de reproduction au sein de la colonie. L'arrêt de l'usage des pesticides et des herbicides, la plantation d'essences de feuillus comme les chênes ou les noyers, la reconstitution du bocage et la mise en place de points d'eau dans cette zone périphérique proche semble concourir à la restauration de colonies même fragilisées. La poursuite de la sensibilisation et de l'information du public, au niveau des communes et des propriétaires hébergeant l'espèce, qu'ils soient publics ou privés, est également indispensable pour que la démarche de protection puisse être collectivement comprise et acceptée.

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POISSONS visés à l'Annexe II de la directive 92/43/CEE du Conseil :

 Lampetra planeri : plus connu sous le nom de Lamproie de Planer.

: La Lamproie de Planer, contrairement à la Lamproie de rivière et à la Lamproie marine (Petromyzon marinus), est une espèce non parasite, vivant exclusivement en eau douce, dans les têtes de bassin et les ruisseaux. Les larves « ammocètes », aveugles, vivent dans les sédiments pendant toute la durée de leur vie larvaire.

: L'espèce est relativement abondante en tête de bassin dans de nombreux ruisseaux, mais avec des fluctuations marquées. Elle est sensible de la même façon que les autres Lamproies aux activités anthropiques. Cette espèce est considérée comme rare au Portugal, mal évaluée et insuffisamment documentée en France.

EspaÄ’urba - Etudes et conseils en urbanisme 76 COMMUNE DE SOMMEREUX Carte Communale - Approbation du 8 Novembre 2011

L'importance de la durée de la phase larvaire rend cette espèce très sensible à la pollution des milieux continentaux qui s'accumule dans les sédiments et dans les micro-organismes dont se nourrissent les larves. Cette espèce, déjà peu féconde et qui meurt après son unique reproduction, a par ailleurs de plus en plus de difficultés à accéder à des zones de frayères en raison de la prolifération des ouvrages sur les cours d'eau.

: - Lutte contre la pollution, en particulier des sédiments. - Éviter le boisement en résineux des rives des cours d'eau situés en têtes de bassins ; cette pratique provoque une érosion des berges et un ensablement des frayères traditionnelles. - Libre circulation dans les têtes de bassins pour permettre à l'espèce de parvenir sur ses aires de reproduction. - Protection des zones de reproduction traditionnelles. - Arrêt total des interventions lourdes du genre recalibrage ou fossés d'assainissement sur les têtes de bassins.

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 Cottus gobio : plus connu sous le nom de Chabot.

: Le Chabot affectionne les rivières et fleuves à fond rocailleux, bien que plus commun dans les petits cours d'eau, il peut également être présent sur les fonds caillouteux des lacs. L'espèce est très sensible à la qualité des eaux. Un substrat grossier et ouvert, offrant un maximum de caches pour les individus de toutes tailles, est indispensable au bon développement de ses populations. Les cours d'eau à forte dynamique lui sont très propices du fait de la diversité des profils en long (radier-mouilles) et du renouvellement actif des fonds en période de forts débits. C'est une espèce qui colonise souvent les ruisseaux en compagnie des Truites.

L'espèce n'est pas globalement menacée, mais ses populations locales le sont souvent par la pollution, les recalibrages ou les pompages. Ainsi, il est à craindre que certaines variantes méridionales n'aient déjà été éradiquées des sources qui constituent leur dernier retranchement en climat méditerranéen.

L'espèce est très sensible à la modification des paramètres du milieu, notamment au ralentissement des vitesses du courant consécutif à l'augmentation de la lame d'eau (barrages, embâcles), aux apports de sédiments fins provoquant le colmatage des fonds, à l'eutrophisation et aux vidanges de plans d'eau.

EspaÄ’urba - Etudes et conseils en urbanisme 77 COMMUNE DE SOMMEREUX Carte Communale - Approbation du 8 Novembre 2011

La pollution de l'eau : les divers polluants chimiques, d'origine agricole (herbicides, pesticides et engrais) ou industrielle, entraînent des accumulations de résidus qui provoquent baisse de fécondité, stérilité ou mort d'individus. En lac, le Chabot est la proie d'un autre prédateur nocturne, la Lote (Lota lota).

: - Réhabilitation du milieu (habitats, pollution), éviter la canalisation des cours d'eau... - Lutte contre l'implantation d'étangs en dérivation, ou en barrage sur les cours d'eau de tête de bassin.

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INVERTEBRES visés à l'Annexe II de la directive 92/43/CEE du Conseil :

 Eurodryas aurinia : plus connu sous le nom de Damier de la Succise.

: Relations interspécifiques : Parasitisme : les chenilles sont parasitées en particulier par deux hyménoptères, Cotesia melitaearum (Wilkinson, 1937) et Cotesia bignelii Marshall, 1885. Ces espèces semblent responsables des fluctuations des populations observées sur le terrain d'une année sur l'autre.

Habitats fréquentés L'écotype E. aurinia aurinia se rencontre dans des biotopes humides où se développe la plante hôte. Les milieux sont divers : prairies humides, tourbières (Cor. 37.31 : prairies à Molinie et communautés associées ; 51.1 : tourbières hautes). L'écotype peut se rencontrer jusqu'à 1 850 m. Un effectif important de Succise semble être un élément important pour l'établisement d'une colonie. L'écotype E. aurinia aurinia forme xeraurinia fréquente les pelouses calcicoles sèches, les prés maigres (Cor. 34.32 : pelouses calcaires subatlantiques semi-arides (Mesobromion) ; Cor. 34.33 : prairies calcaires subatlantiques très sèches (Xerobromion)). L'espèce peut se rencontrer dans des bas-fonds humides de faible surface, sur les bordures de route ou de chemin. À l'échelle d'une région, l'habitat est généralement très fragmenté. Les populations ont une dynamique de type métapopulation avec des processus d'extinction et de recolonisation locale. En Alsace, FELDRAUER a observé ce fonctionnement en métapopulation sur un site où l'espèce semblait se développer indifféremment dans des biotopes humides ou des biotopes plus xériques.

Jusqu'à présent les documents tentant de faire un état des populations en France ou en Europe tenaient compte de l'ensemble des sous-espèces d'Eurodryas aurinia. Cependant, l'état des populations et les degrés de menace sont très différents selon les sous-espèces (cf. fiche sur les autres sous-espèces d'E. aurinia). En ce qui

EspaÄ’urba - Etudes et conseils en urbanisme 78

E. aurinia aurinia,

Succisa pratensis.

… aurinia aurinia.

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 Euplagia quadripunctaria : ’

Callimorpha quadripunctaria

Callimorpha quadri- punctaria rhodonensis

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 Lucanus cervus :

Lucanus cervus

Lucanus cervus.

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« Les schémas de cohérence territoriale, les plans locaux d'urbanisme et les cartes communales déterminent les conditions permettant d'assurer, dans le respect des objectifs du développement durable : 1° L'équilibre entre : a) Le renouvellement urbain, le développement urbain maîtrisé, la restructuration des espaces urbanisés, la revitalisation des centres urbains et ruraux, la mise en valeur des entrées de ville et le développement rural ; b) L'utilisation économe des espaces naturels, la préservation des espaces affectés aux activités agricoles et forestières, et la protection des sites, des milieux et paysages naturels ; c) La sauvegarde des ensembles urbains et du patrimoine bâti remarquables ;

2° La diversité des fonctions urbaines et rurales et la mixité sociale dans l'habitat, en prévoyant des capacités de construction et de réhabilitation suffisantes pour la satisfaction, sans discrimination, des besoins présents et futurs en matière d'habitat, d'activités économiques, touristiques, sportives, culturelles et d'intérêt général ainsi que d'équipements publics et d'équipement commercial, en tenant compte en particulier des objectifs de

EspaÄ’urba - répartition géographiquement équilibrée entre emploi, habitat, commerces et services, d'amélioration des performances énergétiques, de développement des communications électroniques, de diminution des obligations de déplacements et de développement des transports collectifs ;

3° La réduction des émissions de gaz à effet de serre, la maîtrise de l'énergie et la production énergétique à partir de sources renouvelables, la préservation de la qualité de l'air, de l'eau, du sol et du sous-sol, des ressources naturelles, de la biodiversité, des écosystèmes, des espaces verts, la préservation et la remise en bon état des continuités écologiques, et la prévention des risques naturels prévisibles, des risques technologiques, des pollutions et des nuisances de toute nature.»

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Dans le site bâti: ’’ ’’ ’’

Dans le site naturel :

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’’ « En dehors des espaces urbanisés des communes, les constructions ou installations sont interdites dans une bande de cent mètres de part et d'autre de l'axe des autoroutes, des routes express et des déviations au sens du code de la voirie routière et de soixante-quinze mètres de part et d'autre de l'axe des autres routes classées à grande circulation. Cette interdiction ne s'applique pas : aux constructions ou installations liées ou nécessaires aux infrastructures routières ; aux services publics exigeant la proximité immédiate des infrastructures routières ; aux bâtiments d'exploitation agricole ; aux réseaux d'intérêt public.

Elle ne s'applique pas non plus à l'adaptation, au changement de destination, à la réfection ou à l'extension de constructions existantes.

Le plan local d'urbanisme, ou un document d'urbanisme en tenant lieu, peut fixer des règles d'implantation différentes de celles prévues par le présent article lorsqu'il comporte une étude justifiant, en fonction des spécificités locales, que ces règles sont compatibles avec la prise en compte des nuisances, de la sécurité, de la qualité architecturale, ainsi que de la qualité de l'urbanisme et des paysages.

Dans les communes dotées d'une carte communale, le conseil municipal peut, avec l'accord du préfet et après avis de la commission départementale des sites, fixer des règles d'implantation différentes de celles prévues par le présent article au vu d'une étude justifiant, en fonction des spécificités locales, que ces règles sont compatibles avec la prise en compte des nuisances, de la sécurité, de la qualité architecturale, ainsi que de la qualité de l'urbanisme et des paysages. Il peut être dérogé aux dispositions du présent article, avec l'accord du préfet, lorsque les contraintes géographiques ne permettent pas d'implanter les installations ou les constructions au-delà de la marge de recul prévue au premier alinéa, dès lors que l'intérêt que représente pour la commune l'installation ou la construction projetée motive la dérogation. »

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EspaÄ’urba - CONCLUSION

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ANNEXES

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BROCHURE « ARBRES ET HAIES DE PICARDIE »

es paysages de Picardie sont riches d’une diversité modelée par l’homme et ses activités. Ils sont en perpétuelle mutation, évolution, soumis d’un côté aux pressions foncières liées aux exten- LLESES ARBRES ARBRES ET ET LES LES HAIES HAIES EN ENPPICARDIEICARDIE,, Lsions urbaines et aux infrastructures, modelés de l’autre par l’agriculture et son économie. A l’échelle d’une cinquantaine d’années par exemple, on peut énoncer les évolutions chronologiques suivantes : UNUN PATRIMOINE PATRIMOINE RICHE RICHE ET ET VIVANT VIVANT • Création et développement des “châteaux d’eau”; • Agrandissement des parcelles agricoles avec pour corollaire l’arrachage des haies, des vergers et une forte réduction du réseau des chemins; • Forte réduction des surfaces de prairies permanentes liées à la concentration de l’élevage ; Patrimoine : “Bien commun Dans les villages, le patrimoine arbo- sage. Il n’y a pas de page blanche pos- • Développement et modernisation des infrastructures routières avec la suppression de linéaires d’une collectivité, d’un groupe ré traditionnel constitue souvent un sible. Nul désert, nul vide en Picardie : ensemble en harmonie avec le bâti. l’environnement et le paysage sont d’arbres d’alignement ; humain, considéré comme un • Extension et développement des villages par la création de lotissements ou de pavillons individuels ; riches et porteurs d’identité. Tout pro- • Installations de relais téléphoniques, premières éoliennes en Picardie... héritage transmis par les jet, communal ou privé, doit s’insérer ancêtres”. Petit Larousse dans son site. S’insérer, ne signifie pas gommer, se Malgré ces bouleversements parfois profonds, l’identité paysagère demeure et les inventaires réalisés faire oublier. C’est aussi et surtout ou en cours dans chacun des trois départements picards le prouvent. Le végétal comme enrichir ce cadre commun, cette iden- Cette brochure présente de manière très simplifiée les grandes entités paysagères pour rappeler marqueur d’identité tité partagée. combien il est essentiel de tenir compte de leurs spécificités pour s’y insérer. Le projet d’aménagement Par le choix des végétaux, de leur paysager public ou privé est une étape essentielle qui accompagne éventuellement un projet bâti dont Les plantations, qu’il s’agisse de association et de leur gestion, les arb- haies, d’arbres alignés ou isolés, res et les haies peuvent permettre une il assure l’insertion. Les opérations d’entretien conditionnent le devenir des plantations, leur réussite constituent souvent un patrimoine à meilleure intégration de la construc- et leur pérennité ; la réglementation encadre les relations entre public et privé, oriente les projets. part entière, héritage des temps pas- Mais il faut aussi compter avec les tion dans son environnement. Il faut sés. Depuis des millénaires, l’arbre apports récents. Ils façonnent et enri- concevoir avant tout un projet végétal anime le quotidien, témoin du chan- chissent le patrimoine à transmettre, comme on conçoit un projet architec- gement des saisons et de la succession par les nouvelles plantations sur les tural. Le végétal est une clé de la réus- des générations. Au fil du temps, qu’il espaces publics, dans les jardins au site, le garant d’une cohésion préser- SOMMAIRE soit arbre ou arbuste, le végétal a reçu cœur des villages comme dans les vée, d’un lien entre la structure exis- diverses fonctions : cultuelle par les nouvelles extensions urbaines. De tante et celle que le projet de cons- Les arbres et les haies en Picardie, pouvoirs qu’on lui attribuait avant l’a- l’héritage ancien et des apports truction propose. un patrimoine riche et vivant vènement du christianisme, puis sup- contemporains dépendent la conser- port symbolique ou marque d’un pou- vation de l’identité. Le patrimoine voir politique (tilleuls formant des arboré est porteur, dans la relation p4 IDENTIFIER – Végétaux et identités des territoires chapelles de verdures autour des cal- qu’il façonne entre le village et son vaires, arbres de la Liberté sur les pla- grand paysage, d’une forte part de Les plaines agricoles ces) et toujours, simple matériau une l’identité communale. La valorisation fois exploité : bois de chauffage ou de de ce patrimoine doit avant tout pas- Les vallées construction. ser par la redécouverte des spécifici- Aujourd’hui élément qualificatif du tés des différents types de paysages de Les espaces forestiers cadre de vie, il agrémente les espaces Picardie et de leurs structures végéta- Les bocages publics. Les usages anciens comme les. C’est ce que propose la première les nouvelles attentes se combinent partie de ce document. Le littoral pour donner sa valeur patrimoniale au végétal : il est un élément culturel, Le végétal comme une référence collective. Un patrimoine vivant p24 INSCRIRE – Le végétal dans les projets élément d’intégration paysagère Le végétal doit bénéficier de condi- tions de vie acceptables. C’est la lon- p28 GÉRER – Des pratiques adaptées et durables Le végétal est un indicateur gévité de certains arbres qui leur a dans le paysage : il témoi- donné leur valeur patrimoniale, leur Le choix et la plantation des végétaux gne de la nature du climat droit à être protégés, devenus des La gestion et l’entretien d’un patrimoine vivant et du sol, conditionne les monuments naturels, marquant l’his- La taille dans les règles de l’art perspectives, les grandes toire locale. Haies variées, champêtres ouvertures, ponctue les pan- ou taillées, arbres alignés, disposés en oramas des grandes plaines. groupe ou isolés, tous méritent d’être p34 PROTÉGER – Des mesures pour le patrimoine végétal Par sa présence, il adoucit et considérés comme un potentiel patri- réduit l’importance de bâtiments moine dès la plantation. Parce qu’ils Le droit de l’urbanisme volumineux, il forme le filtre d’une sont vivants, il faut accompagner leur Les mesures de protection intégration de tous les projets de développement continu et envisager La Picardie, bâti ou d’infrastructures dans le pay- une gestion adaptée. Gérer ce patri- des paysages diversifiés moine, c’est prendre en considération cette durée, passer outre les modes et les pressions de l’éphémère, de la décoration. 2 3 LLESES PLAINES PLAINES AGRICOLES AGRICOLES,, VASTESVASTES PAYSAGES PAYSAGES OUVERTS OUVERTS

Les espaces de grandes cultures aussi appelés openfields* sont issus de défrichements très anciens et Les mouvements plus récents puisque les derniers, importants en surface, datent de la fin du XIXème dans notre région du relief soulignés avec notamment le développement de la culture de la betterave sucrière. Plus récemment, des défri- par les rideaux. chements ponctuels se sont poursuivis jusque dans les années 1970. Les espaces de grandes cultures sont ponc- Édifiés avec les premiers défriche- tués de bois, bosquets, villages en proportion très variable selon les secteurs, la dominante agricole et l’histoire ments, les rideaux* ou talus ont per- mis la mise en culture de pentes d'im- qui les caractérisent. On trouve ainsi des plateaux où l’arbre, quelle que soit sa forme, est assez peu présent portance variable et sont devenus des comme dans le Santerre ou le Soissonnais et des plateaux où sa présence reste assez forte malgré les éléments paysagers emblématiques défrichements et arasements de haies opérés dans ces secteurs lors de remembrements succes- de Picardie dans la mesure où ils sifs (cas du Vimeu). Les espaces de grandes cultures sont principalement hébergent une végétation arbustive ou arborée qui structure le paysage caractérisés par une horizontalité du paysage que l’alternance et la suc- des vastes plateaux. Talus ou rideaux cession des cultures animent. Les problèmes d'érosion démont- rent leur utilité et incitent à leur Les grandes plaines (Soissonnais, Valois…) BD CARTO®/©/IGN replantation. Paris - 2002 ponctuées de grandes fermes Il s'agit souvent de fermes importan- L’impact visuel de l'important volume tes, tournées vers la culture céréaliè- des nouvelles constructions est sou- Les plaines agricoles re, betteravière et légumière. La struc- vent accentué par des matériaux de (en ocre) dominent le paysage picard ture carrée du bâti est rarement pro- couleur claire. tégée par des plantations. L'utilisation de couleurs plus som- bres et la plantation de haies ou de Les espaces ponctués bosquets autour du bâti facilite- par les bois et bosquets raient leur insertion paysagère.

La fréquente fertilité des sols de Picardie a souvent relégué les bois, bosquets et forêts sur les terrains les moins favorables à l'agriculture. Généralement, seuls les grands mas- sifs domaniaux de la couronne pari- sienne ont échappé aux défriche- Lexique ments pour des raisons historiques. Bosquets isolés en plaine Plus ces espaces sont dénudés et plus - Openfield : terme d'origine anglaise la présence de l'arbre est sensible : les qui évoque les paysages de plaine bois et bosquets sont d'anciennes Ceux-ci assuraient en outre la délimi- ouverte par opposition aux bocages. “remises” à gibier, garennes qui se tation des voies qu'ils bordaient et sont boisées naturellement. leur repérage par mauvaise condi- - Le rideau : talus créé par la succes- Ils occupent une place prépondé- tion (brouillard...).Les dernières sion des labours réalisés dans le rante dans le fonctionnement grandes plantations d'aligne- même sens et destiné à la fois à limi- hydrologique d’un bassin versant. ments ont été réalisées après ter la pente et les phénomènes d'éro- guerre avec le recours fréquent sion, puis à délimiter les parcelles. Le réseau routier et au peuplier dans les zones Planté naturellement ou artificielle- détruites. ses courbes surlignées ment, il joue aussi un rôle paysager Aujourd’hui, la replan- capital. par les alignements tation, possible par en- droits, est dépendante Les alignements témoignent d'une des problèmes de sécuri- Références histoire qui remonte à François Ier où té et de largeur d’accote- les besoins en bois nécessitaient la ments. • Gestion de Territoires®, plantation d'arbres le long des routes. Alignement RD 917 Le Cahier Conseil - Chambre Régionale d'Agriculture 2004. IDENTIFIER : Végétaux et identités des territoires 4 5 LLEE VILLAGE VILLAGE BOSQUET BOSQUET

Les villages des plateaux et des plaines agricoles se sont souvent organisés en fonction du réseau viaire (routes, chemins et autres voies de circulation routière ou plus rarement maritime) et du Palette végétale indicative Enjeu relief. L'absence de cours d'eau proche ou de sources a généré une économie de l'eau et développé Courtil Des espèces souvent frugales Réussir la greffe urbaine : tout un ensemble d'aménagements destinés à la collecter et en gérer la ressource. Les mares, les Les courtils, transition Sur le plateau, les arbres sont dépen- Les extensions de village doivent pren- puits, les citernes, les fossés et noues ont été créés et gérés pour que l'eau soit disponible en permanence pour la dants de la pluviométrie sauf si le sol dre en compte les éléments paysagers entre bâti et chemin Enjeu consommation humaine et pour abreuver les animaux. Parallèlement, la fréquente exposition des villages aux est profond. existants (courtils, mares, calvaires...) de tour de ville Réussiret les poursuivre la greffe lors de nouvelles vents dominants favorisait les structures groupées autour desquelles une ceinture verte protectrice était - Arbres de grande taille constructions et lotissements pour implantée. Sans contrainte d'implantation, les villages se sont développés le long des axes de communication, Extension rurale de chaque maison Chêne sessile (Quercus petraea), Lesfavoriser extensions l'insertion des paysagère villages dedoivent ces et ce dès l'époque romaine. On rencontre donc très fréquemment des structures de villages linéaires, en croix ou de chaque ferme, le courtil* abri- Châtaignier*(Castanea sativa), Frêne prendrederniers. en compte les éléments pay- tait la basse-cour, le potager puis le sagers existants décrits (courtils, et plus rarement en étoile, lorsque plusieurs voies se croisent. (Fraxinus excelsior), Érable plane et verger où pâturaient moutons, sycomore (Acer platanoides et pseudo- mares, calvaires...) et les étendre au cochons et vaches. La concentration platanus), Hêtre (Fagus sylvatica), niveau des nouvelles constructions et de l'économie agricole et l'important Tilleul à petites feuilles (Tilia cordata), Lexiquelotissements pour favoriser l'inser- exode des populations rurales, après Peuplier tremble (Populus tremula), tion paysagère de ces derniers. Le “tour de ville”, la seconde guerre mondiale, ont - Animisme : considérablement réduit cette micro- - Arbres de seconde grandeur attitude consistant à ceinture verte attribuer aux choses une âme analo- activité rurale proche de l'autarcie. Houx (Ilex aquifolium), Charme protectrice gue à l'âme humaine. Les vergers ont décliné et les prairies (Carpinus betulus), Pommiers et Chemin périphérique, le tour de ville ont parfois été retournées pour être Poiriers à fruits ou à fleurs, Érable - Courtil : désigne à l'origine un jar- fut créé pour assurer la circulation du mises en cultures ou encore divisées champêtre (Acer campestre), Noyer din. L'arrière des maisons était entou- bétail d'une prairie à l'autre. Le pour des constructions pavillonnai- commun (Juglans regia), Cerisier de ré de courtils plantés de vergers cein- réseau de haies entoure le chemin, res. L'homogénéité de l'ensemble Sainte Lucie (Prunus mahaleb) sur turés par un tour de ville. Cet ensem- délimite les propriétés et assure ainsi de cette ceinture verte tend à être sols calcaires secs ; une protection aux animaux contre affectée. ble très planté donnait au village une les vents froids et l'humidité, inci- - Arbustes silhouette de bosquet duquel émer- geait parfois le clocher de l'église. demment aussi celle du village. Cornouiller sanguin (Cornus sangui- nea), Cornouiller mâle (Cornus mas), - Mail : vient du mot maillet, jeu pro- Prunellier (Prunus spinosa), Fusain che du croquet. Par extension, le mail d'europe, (Euonymus europaeus), désigne un espace, souvent une place Noisetier commun (Corylus avelana), où l'on joue ou jouait à la balle au Troène vulgaire (Ligustrum vulgare), Les mares, éléments poing, balle à la main, balle au tamis Viorne lantane (Viburnum lantana)… et longue paume. Cela peut aussi être utilitaires devenus * Sous réserve d’être planté sur les sols une rue, une avenue. Cet espace est où le calcaire actif est absent. identitaires du bourg délimité d'alignements d'arbres par- Abreuvoirs, collecte des eaux pluvia- fois taillés et palissés qui sont, en les, réserve d'eau en cas d'incendie, Les calvaires, témoigna- Picardie, souvent des tilleuls. les mares jouaient un rôle prépondé- rant dans l'économie en eau du villa- ges de l'héritage chrétien Chemin encadré de haies ge : on trouvait au moins une ou Historiquement, ils symbolisent l'as- plusieurs mares publiques dans sociation entre les croyances animis- Références Dans les villages rasés après la pre- chaque village de plateau en plus des tes* et l'évangélisation et associent mière guerre mondiale, le tour de mares privées. donc des arbres à une croix. À ce titre, • “Les mares dans le département de ville a souvent disparu. L'adduction d'eau a provoqué leur ils deviennent un élément paysager la Somme” - Regards et conseils pour Ailleurs, il subsiste souvent de abandon ou leur comblement. Bassin d’ornement remarquable qui ponctue les plaines. Calvaire typique et ses tilleuls leur valorisation - C.A.U.E. de la façon partielle, amputé par les Toutefois, le rôle paysager, esthé- Le tilleul est souvent planté par Somme 1996. remembrements et la concentra- tique et environnemental (gestion tiques en voie de disparition) n'est ensemble de trois arbres, symbole • “Les croix et les calvaires, Restaurer tion de l'élevage ou encore, englo- locale des eaux pluviales, milieu plus à démontrer et doit donc être religieux de la Trinité. Par sa posi- De nombreux calvaires et les et mettre en valeur”, Fiche d'informa- bé dans les extensions du bourg. refuge pour des espèces aqua- développé ou réhabilité. tion, il marque parfois les limites arbres qui les accompagnent méri- tion - C.A.U.E. de la Somme 2003. anciennes du bourg. tent d'être entretenus et valorisés.

IDENTIFIER : Végétaux et identités des territoires 6 7 LLESES VALLÉES VALLÉES,, DESPAYSAGESÉTAGÉSDESPAYSAGESÉTAGÉS

Les parcs et jardins, Les paysages de vallées contrastent nettement avec ceux des plaines agricoles. Les vallées peuvent témoins et repères de Enjeu être humides ou sèches. Les grandes vallées (Aisne, Authie, Bresle, Marne, Somme, ,) sont l’histoire caractéristiques du premier cas. Elles ont été aménagées et exploitées depuis des millénaires : la Un étagement à l’image des Repères géographiques, ils sont liés à milieux naturels chasse, la pêche, la populiculture, l’activité économique ou l’extraction de matériaux (tourbe comme combusti- un château construit sur les versants ble, graviers) ont parfois influencé leur aspect actuel. Axes majeurs et anciens de communication (canaux, doux d’une vallée pour bénéficier du Le relief est déterminant pour la com- panorama, aux abords ou au centre voies ferrées...), elles ont permis l’implantation d’importantes agglomérations urbaines. Les vallées sèches position des paysages de vallée, les d’un village de coteau ou de vallée. Les parcs et jardins sont souvent situés le long essences d’arbres et d’arbustes contri- constituent un réseau ramifié et relié aux vallées humides, plus profondes. Elles entaillent les vastes plaines Par leur composition ou leur taille, les des cours d’eau buant à révéler cet état. La disponibili- jardins offrent le témoignage de l’his- agricoles et sont parfois encaissées ou étroites. Les alignements et la té en eau dans le sol en fonction du La végétation amplifie ce relief, les fonds boisés, riches ou humides se distinguent des versants, toire de l’art au niveau local et dont relief induit des variations des milieux l’eau est une composante essentielle. ripisylve, révélateurs qu’ils soient doux (cultivé ou boisé) ou plus raide (sec où la craie mise à nu naturels : les essences forment un éta- Entretenus, dénaturés de leur des voies d’eau gement le long de la pente. Ainsi, les est couverte de végétation rase). aspect initial ou en friche, leur deve- essences de milieux humides telles nir est lié à l’intérêt porté aux bâti- Les vallées ont constitué depuis des que l’aulne ou les différents saules, ments dont ils sont les extensions millénaires les axes de circulation révélatrices des espaces gorgés d’eau, BD CARTO®/©/IGN d’apparat. privilégiés. Parfois difficilement navi- Paris - 2002 laissent la place au fil de la pente à gables, la création de canaux s'est d’autres espèces sensibles à cet état : Les larris sont des milieux développée, accompagnée de planta- chênes, charmes, érables ou cor- qui présentent une tions en alignement le long des che- nouillers occupent les pentes douces. diversité florale rare. Les vallées sèches mins de halage (maintien des berges, Ces différents ensembles d’essences ou humides entaillent les ombrage du chemin de halage et limi- plaines. végétales forment la physionomie éta- tation de l’évaporation…). L'Orme gée parfois peu visible mais importan- champêtre, le Tilleul d'Europe ou le te pour tout projet de plantation. Les larris, un milieu Tremble composaient ces aligne- naturel particulier en ments, parfois remplacés par des éra- Dans les bles, des peupliers ou le Platane Lexique Picardie villages de vallées, hybride. Sur les versants abrupts, en trait la végétation La ripisylve forme aussi de longues et maintient le talus Affluent : cours d’eau (rivière, ruis- d’union entre la vallée et le plateau, larges bandes arborées parfois den- seau) qui se jette dans un autre. là où la craie du sous-sol affleure par- ses et difficilement pénétrables le fois, se développent des pelouses long des cours d’eau. Biotope : ensemble d’éléments carac- rases et sèches, appelées larris en Le renouvellement des plantations térisant un milieu physico-chimique Picardie. Ils constituent des biotopes* le long des canaux conditionne la déterminé et uniforme qui héberge une particuliers et accueillent une flore et préservation de ces grandes lignes flore et une faune spécifiques. une faune rares : des orchidées et le dans le paysage de fond de vallée. genévrier en sont les espèces emblé- Palplanche : ensemble de poutrelles matiques. qui s’emboîtent pour former une cloi- Souvent protégés, ils forment un son, un mur destiné à maintenir et patrimoine naturel et paysager Dans le fond de vallée, Aux abords des zones urbaines, c'est protéger les berges. fragile. le maraîchage (hortillonnages) et les entre marais et graviè- cressonnières (cultures du cresson) Ripisylve : boisements naturels res, une végétation qui occupaient l'espace. La densifica- situés le long des cours d’eau, dans dizaine, la nécessité de stabiliser le envahissante. tion de la ripisylve* et la disparition du les milieux humides. Les talus plantés, terrain en fait des éléments L’entretien et la maraîchage, faute d’entretien, et les espaces essentiels incontournables du paysage (talus réalisation de plantations avec Si l'eau et la végétation dominent, la plantations de peupleraies (pour la d’infrastructures), jusqu’au cœur des des essences locales seront tou- part du travail de l’homme et de la production de bois) ont contribué à la Références L’implantation des villages, des rou- villages. Souvent couverts d’une jours plus adaptés que des solu- nature est aujourd’hui difficile à fermeture des paysages des vallées. tes et de tous les types de construc- pelouse, parfois de petits boisements tions sophistiquées et coûteuses : séparer. Autrefois, les fonds de val- C'est le développement de nouveaux • “Milieux humides et populiculture tion sur les versants ont occasionné (naturels ou plantés), les talus font murs de soutènement en bacs lées étaient structurés par des prai- usages (notamment les loisirs) qui en Picardie”, C.R.P.F. Nord Pas de la création de talus. Qu’ils soient partie de l’identité de ces territoires. béton, en palplanches*, etc.… ries, des marais envahis de roseaux permettra leur reconquête et leur Calais – Picardie, 2005 hauts de moins d’un mètre ou d’une ou des étangs. entretien. • “Les hortillonnages, conseil d'entretien et de sauvegarde”, Association pour la protection et la IDENTIFIER : Végétaux et identités des territoires sauvegarde du site et de l'environne- ment des hortillonnages, 2003 8 9 LLESES VILLAGES VILLAGES:: ENTREENTRE LINÉARITÉ LINÉARITÉ ET ET ÉTAGEMENT ÉTAGEMENT

L ’implantation et la morphologie des villages sont fortement contraintes par le relief et par l’eau. Aussi selon le profil de la vallée, les villages se sont développés soit sur un versant ou à la conver- gence de plusieurs vallons affluents, soit au plus près de l’eau. Néanmoins, dans tous les cas, les centres anciens sont toujours établis hors de la zone inondable. Seules les activités directement liées à l’eau telles que les moulins, scieries ou piscicultures sont au contact direct de l’eau. L’aménagement nécessaire de la pente se fait au moyen de talus, de murs et de soutènements importants dans la physionomie du village. Dans Les talus de dénivelé variable sont souvent végétalisés la masse groupée de maisons, fermes et granges, les points forts comme l’église, la mairie ou la place s’inscri- vent le plus souvent sur les points hauts. Les talus dans les rues, tes en particulier pour les entrées de Aujourd’hui, les villages offrent de plus en plus de grands contrastes entre les cœurs anciens denses et les quar- village. Ces espaces font partie inté- Palette végétale Indicative éléments identitaires grante de l’identité du village. tiers de pavillons ou d’habitats légers (caravanes, mobilhomes...) parfois implantés dans les zones inondables Les rues et les places sont parfois for- Les talus, plantés ou simplement Essences favorables au maintien ou montant à l’assaut des plateaux. tement marquées par le relief : le trai- engazonnés, marquent le lien avec le des sols : tement de la pente nécessite la créa- paysage environnant. Leur entretien * : essences à réserver aux fonds tion de talus. Selon l’espace disponi- est souvent simple (tonte ou taille) de vallées. Les talus plantés, composante de l'ambiance villageoise. ble, les talus sont avant tout des élé- mais nécessaire. # : essences adaptées aux sols ments techniques qui assurent le Le charme du village réside dans plus secs, sur les versants. maintien du sol et dont l’aspect esthé- la qualité, l’entretien et la sauve- adapter. La façon d’aménager le tique en constitue l’attrait : surfaces garde des talus, éléments tech- Arbres pour la plantation en seuil ou la clôture fermant la proprié- enherbées et parfois masses d’arbus- niques et paysagers. isolé, alignement ou groupe : té est donc primordiale. La qualité #Érable champêtre (Acer campes- des ouvrages, qu’ils soient murets, tre),*Aulne glutineux (Alnus glutino- murs, emmarchements…, par le soin sa), *Frêne commun (Fraxinus excel- apporté à leur réalisation et leur sior), *Chêne pédonculé (Quercus aspect (brique jointée, enduit, bois, Enjeu robur), Charme (Carpinus betulus), pierre calcaire…), est essentielle à Érable sycomore (Acer pseudoplata- Les talus de dénivelé variable sont souvent l’identité du village. nus), Érable plane (Acer platanoides), végétalisés et caractérisent l’espace public. L’entretien de plantations le cas Intégrer harmonieusement les Orme résitant (Ulmus x resista), échéant en pied de façade ou sous extensions urbaines *Peuplier tremble (Populus tremula), Le cœur des villages anciens est com- forme de clôture doit être à L’extension récente des villages, sous *Saule blanc (Salix alba), #Alisier posé de maisons, corps de fermes et l’échelle de la rue. forme de pavillons ou de lotissements, torminal (Sorbus torminalis), Tilleul granges s’organisant sous forme d’un entraîne de profonds changements. d’Europe (Tilia x vulgaris). continuum bâti le long des rues. La Réalisés dans des espaces inondables Le relief amplifie l'impact pente souligne le volume des bâti- des constructions et des ou sur les hauts de versants voire au Arbustes de base pour haies : ments et les aménagements qu’il a plantations formant le seuil bord du plateau, l’impact paysager Bourdaine (Frangula alnus), été nécessaire de réaliser pour s’y de la propriété. est important en particulier sur les #Cornouiller mâle (Cornus mas), hauteurs. Les terrassements nécessai- Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), res à la construction amplifient l’im- Fusain d’Europe (Euonymus euro- pact paysager : talus raides, motte, paeus), #Nerprun purgatif (Rhamnus arasement des talus et versants. catharticus), Noisetier (Corylus avella- Il faut privilégier la réalisation de na), Prunellier (Prunus spinosa), profils de pentes raisonnables adap- *Saule cendré (Salix cinerea), *Saule tées aux plantations. Grâce aux mas- Marsault (Salix caprea), *Saule fragi- ses arbustives ainsi créées, l’intégra- le (Salix fragilis), Troène commun tion des nouveaux bâtis sera plus (Ligustrum vulgare), Viorne obier naturelle que la réalisation de murets (Viburnum opulus). ou de soutènement surmontés de clôtures. Références

• Milieux humides et populiculture en Picardie - C.R.P.F. Nord Pas de IDENTIFIER : Végétaux et identités des territoires Calais - Picardie 2001 10 11 LLESES ESPACES ESPACES FORESTIERS FORESTIERS,, ENTREOUVERTUREETFERMETUREDUPAYSAGEENTREOUVERTUREETFERMETUREDUPAYSAGE

Les forêts, des paysages ture mais nécessaires aux besoins Les variations locales Souvent vue comme une “terre fertile et de grandes cultures”, la Picardie dispose d'un patrimoine fermés domestiques (bois de chauffage, forestier non négligeable dont les massifs les plus conséquents sont essentiellement regroupés autour cueillette, gibier). Elles sont deve- Les variations locales des grands Par leur effet de masse et de densité, nues le refuge d'une faune chassée types de boisement résultent de la de la vallée de l’Oise et ses affluents (Aisne, Ailette, Nonette…). Ils constituent un ensemble les forêts créent des paysages fermés des plaines cultivées : le cas du cerf nature des sols, du climat et de l'in- forestier de dimension nationale : Forêts de Chantilly, d’Halatte et d’, Forêts de Compiègne et et cloisonnés. est significatif de cette évolution. fluence humaine puisque ces forêts de Laigue, Forêts de Saint-Gobain et de Coucy-Basse, Forêt de Retz…en continuité avec les régions voisines, Les forêts domaniales : Halatte, Dans certains secteurs, la forte sont gérées depuis longtemps. Laigue, Retz, Saint-Gobain…), vastes fréquentation de public et l'aug- Forêt de Chantilly : futaie* peu Ile de France et Champagne Ardennes. domaines seigneuriaux et royaux mentation du gibier (cerfs, san- importante : plus pauvre en grands Un continuum forestier important (bois, forêts, bosquets…) relie entre eux les différents massifs : Bois du Roi initialement destinés à l’exercice de gliers, chevreuils…) fragilisent arbres à cause des sols sablonneux dans le Valois entre les forêts d’Ermenonville et de Retz, le Clermontois ou encore les collines du Laonnois la chasse sont devenues des forêts l'équilibre forestier. mais densité végétative plus impor- depuis les forêts de Saint-Gobain et Coucy-Basse à celle de Vauclair. Seule la forêt de Crécy- publiques gérées par l’ONF (Office Après une stabilisation et malgré le tante du sous-bois. National des Forêts) où sylviculture et développement des espaces bâtis et Forêt d’Ermenonville : constituée en-Ponthieu, unique massif forestier domanial de la Somme, est isolée de chasse cohabitent avec les activités agricoles, les espaces forestiers se d’importantes surfaces de rési- l’ensemble forestier picard. de loisirs et de détente. développent dans les vallées et les neux*(pins sylvestres), suite à la Cultivées par leurs propriétaires, les coteaux peu adaptés pour l’agricultu- replantation sur sols sablonneux. forêts privées occupent une place re actuelle. Par leur masse, ces nou- Forêt de Saint-Michel : importance

BD CARTO®/©/IGN importante par leur superficie bien veaux espaces forestiers ferment le de la variété des essences : chênes, Paris - 2002 qu’elles puissent être parfois très paysage et les vues. Merisier, érables, Hêtre commun, due éparses… Les forêts qui ont sub- à la diversité des influences clima- sisté aux défrichements massifs tiques et des sols qui lui confèrent un Le continuum forestier étaient souvent situées sur des degré d’humidité propice au dévelop- (en vert plus clair) relie les sols pauvres, difficile- pement parfois exubérant de la végé- espaces forestiers entre eux. ment aptes à la cul- tation et la constitution d’écosystè- mes caractéristiques des zones mon- Le continuum forestier, tagnardes des Ardennes voisines. lien entre les espaces forestiers

C’est une zone mixte qui mêle, dans Forêt d’Halatte Lexique des proportions différentes selon les secteurs : forêts, bois, bosquets, acti- Perspectives et ouvertu- La futaie : de façon simplifiée, vités agricoles et les espaces bâtis. Il res créées par l’homme ensemble d'arbres de même âge issus y a donc une forte interpénétration de semis ou de plantation. entre les espaces forestiers (fermés), Par l’Histoire et les aménagements les espaces urbanisés et les espaces humains, des ouvertures visuelles et La lisière : limite entre deux forma- cultivés (ouverts). Dans le continuum, des perspectives ont été créées et peu- tions végétales. les éléments arborés prédominent et vent être importantes : perspectives organisent perceptions et perspecti- de châteaux, allées royales et de chas- Les feuillus (ou angiospermes) : ves sur le milieu environnant. se, carrefours, voiries automobiles ils rassemblent les espèces dont les (départementales et nationales) graines sont enfermées dans des essentiellement en ligne droite, par fruits. Majoritaires, ils comprennent exemple : allée royale à Villers- de nombreuses familles dont les Cotterêts, Les Beaux Monts et allées feuilles sont caduques, c’est-à-dire de vénerie en forêt de Compiègne… tombent à l’automne. En prolongement des espaces fores- Lisière de forêt,transition cueillette, cette mosaïque de milieux Les résineux, conifères (ou gymo- tiers et dans le continuum forestier, avait aussi un rôle dans la résorption avec les autres milieux spermes) : ils regroupent les espèces les voiries sont souvent accompa- des eaux de pluie et de ruissellement. à graines nues. Les pinacées (sapins, gnées par des alignements d’arbres. Autrefois, il existait une transition Les lisières régressent souvent, pins, épicéas, mélèzes, cèdres…) et les L'élargissement et les déviations progressive entre les espaces bâtis et confrontant directement et de cupressacées (thuya, cyprès…) sont des voies déstructurent ces espaces forestiers, transition essentiellement façon plus brutale la forêt aux aut- les 2 familles qui regroupent l’essen- Continuum forestier entre les forêts de Coucy et remettent en cause les perspecti- Lisière de forêt constituée de vergers, de pâtures, de res espaces (openfields et zones tiel des résineux plantés en Picardie. Basse et de Saint Gobain ves et les alignements d'arbres. haies et de champs. Vouée à la bâties). Le taillis : ensemble d'arbres ou d'ar- bustes situés sous la futaie ; ou ensem- ble d'arbres et d'arbustes coupés à IDENTIFIER : Végétaux et identités des territoires rotation assez courte. 12 13 LLESES VILLAGES VILLAGES:: ESPACESESPACES BÂTIS BÂTIS AU AU SEIN SEIN DES DES MILIEUX MILIEUX FORESTIERS FORESTIERS

Le bâti, enfoui en forêt, Avec la prédominance de l'espace boisé, les silhouettes du bâti émergent parfois de l’écrin végétal. dans les clairières Enjeu Les espaces bâtis, “imprégnés” par l’espace végétal, sont souvent semi-cachés et leur présence est La silhouette des bourgs n'apparaît marquée par un ou plusieurs édifices (église, château…), ou par une ouverture visuelle (allée, S'insérer dans l'écrin forestier qu'une fois franchie l'entrée de la clai- Le développement et l’impact des lotis- villes. Mais elle y est aussi plus pau- route…). L'implantation géographique du bâti par rapport aux espaces forestiers diffère d'un village à l'aut- rière ; elle reste donc peu visible. Les sements et autres extensions urbaines vre qualitativement avec la présence re, ce qui influe sur l’organisation des structures végétales. espaces publics sont dominés par un dépendent de la situation de la com- d’essences non locales et banalisées bâti minéral, agrémenté d'un mail mune dans la forêt. (thuyas, cyprès, lauriers…). d’un ou deux alignements d'arbres La plupart ne prennent pas en compte Le choix de végétaux se rapprochant sur la place principale. l’aspect général du bâti et l’insertion plus des essences forestières permet Au cœur des espaces bâtis, Le bâti est souvent encadré par des dans le milieu naturel (végétation de restituer la transition entre les diffé- prairies, des vergers, des jardins et des jardins arborés existante, type de végétation, relief…). rents milieux (haies, bosquets, arbres potagers arborés complétés par des La présence de la végétation est plus fruitiers…) et la continuité avec l’exis- champs qui assurent ou assuraient la marquée visuellement dans la périphé- tant. Cela participe à la diversité et à transition avec l'espace forestier. rie que dans les parties anciennes des la qualité du milieu forestier. Ces espaces de transition sont

Bosquets, aujourd'hui convoités et remplacés Haie Espace forestier jardin arboré, Rue arbustive par les extensions urbaines, essen- vergers tiellement pavillonnaires, dont le La lisière, décor à Palette végétale Indicative développement varie selon les dimensions de la clairière et des l'arrière-plan des Les essences dites de “lumière” sont Le Clermontois espaces libres. villages identiques à celles des espaces agri- Depuis la rue, le caractère minéral du La visibilité du bâti varie selon son coles (page 7). Celles qui supportent bâti prédomine, composé essentielle- implantation en lisière. Sa présence des conditions de relatif ombrage sont : ment de longères*, de granges, ou de et sa silhouette sont généralement Arbres de grande taille : Hêtre com- clôtures érigées dans les mêmes marquées par un élément bâti de la mun (Fagus sylvatica), Érable syco- matériaux que la bâtisse (maisons commune : une église, un château, un more (Acer pseudoplatanus), Tilleul bourgeoises, maisons ouvrières…). château d'eau… à petites feuilles (Tilia cordata) et à grandes feuilles (Tilia platyphyllos) Dans les parcelles, les jardins sont Village de clairière masqués par des murs ou à l’arrière en forêt de Retz C'est un espace de transition entre Arbres de seconde grandeur : de la bâtisse principale. Ils se compo- forêt et espaces agricoles formés de Charme commun (Carpinus betulus), sent généralement d’un espace pota- pâtures et de vergers, composé de Érable champêtre (Acer campestris) ger et d’un autre arboré avec des haies arbustives et de bosquets. Les Arbustes : essences fruitières. extensions urbaines constituent donc Houx commun (Ilex aquifolium), Le terrain ou le jardin peuvent être une zone sensible et de conflit. Noisetier commun (Corylus avelana), aussi entourés de haies arbustives Les entrées sont souvent matériali- Néflier (Mespilus germanica), d’une seule essence, ou mixtes com- sées et soulignées par des plantations Cornouiller mâle (Cornus mas), posées d’essences locales qui se rap- telles que des alignements d'arbres. Cornouiller sanguin (Cornus sangui- prochent essentiellement des essen- La lisière est un milieu riche et nea), Troène vulgaire (Ligustrum vul- ces d’arbres des forêts. diversifié, qu’il convient de préser- gare), Cassis (Ribes nigrum) et Le choix d’essences forestières Village de lisière ver. Groseillier commun (Ribes rubrum). facilite l’insertion de nouveaux en forêt d’Halatte Espèces tapissantes : pavillons. pement, au port taillé ou libre. encadrés par des haies et des aligne- Lierre (Hedera helix) D'autres espaces publics (une placet- ments d’arbres. Dans le continuum, espèces frui- Des espaces te, un cheminement piéton…), ponc- Il est important de conserver le tières : pommiers, poiriers, pruniers, tuent et structurent le village sans caractère simple et paysager de noyers en variétés. publics réduits être véritablement mis en valeur ces espaces en s'inspirant de la Les espaces publics (la place de la comme ils l’étaient autrefois avec un nature et en jouant sur des effets mairie ou de l’église) ont souvent un arbre isolé, un alignement. de masse : bosquets, haies, grami- Références traitement végétal simple, mais de Quelques espaces caractéristiques nées… faciles à entretenir et sou- grande qualité (mail* ou arbre isolé) existent aussi comme les jeux d’arc vent peu onéreux. et composé d’arbres à grand dévelop- dont les pas de tir et les allées étaient • “Comment gérer mon bois”, C.R.P.F. Nord Pas de Calais – Picardie, 2001 • “Gestion forestière et diversité biolo- IDENTIFIER : Végétaux et identités des territoires gique”, ENGREF, ONF, éd. IDF, 2000 14 15 LLESES BOCAGES BOCAGES,, UNUN PAYSAGE PAYSAGE MAILLÉ MAILLÉ

Des prairies L’origine du bocage est très ancienne. Des documents datant du XVème et XVIème siècle révèlent que omniprésentes les haies servaient déjà de limites aux domaines seigneuriaux et monastiques. Durant tout le La structure parcellaire est induite par le mode d’occupation du sol. Moyen Âge, les hommes ont entrepris de défricher les forêts pour s’installer sur ces terres mises à Ainsi, la prédominance de l’activité nu et pratiquer de l’élevage. Aujourd’hui, le maillage des haies, présent en Thiérache et dans le d’élevage explique-t-elle l’omnipré- Pays de Bray, est le reflet de cet héritage. Les zones de bocage reposent sur sence des prairies découpées par les Aquarelle extraite de l’inventaire Les rôles de la haie haies de clôture. Entretenu jusqu’à des Paysages de l’Aisne, CAUE 02 un relief vallonné, ponctué de massifs forestiers de toutes tailles, qui maintenant par les agriculteurs, le Selon son implantation, sa structu- offrent des paysages plus ou moins fermés et un effet de mosaïque. bocage répond à une fonctionnalité re et les essences qui la composent,

BD CARTO®/©/IGN - Paris - 2002 de l’espace, qui malgré l’évolution la haie joue un rôle bien défini : Un paysage en voie de des besoins actuels (intensification des élevages, quotas laitiers…), a •L’effet brise-vent simplification : entre encore une utilité avérée. C‘est l’un des rôles majeurs de la boisement et disparition haie. L’efficacité de ce dispositif dépend à la fois du degré de « porosi- La Thiérache et le Pays des haies de Bray constituent les deux té » (suivant l’essence) de la haie, grandes zones bocagères de Picardie Dans la boutonnière du Pays de Bray, mais aussi de sa hauteur. La zone les coteaux abrupts se reboisent pro- protégée peut atteindre 20 fois la Les haies, éléments gressivement (hêtre et chêne), fer- hauteur de la haie. identitaires du bocage mant les vues et brouillant les per- spectives sur le fond de vallée. Dans •Un abri pour la faune Le bocage est caractérisé par le la Thiérache bocagère et la Picardie Les haies exercent un rôle capital réseau de haies qui borde les parcel- verte, les phénomènes d’arrachage pour la faune et tout particulièrement les, les routes et les chemins. Dans le des haies et des vergers, le vis-à-vis de l’avifaune : la haie fournit paysage de bocage, le maillage des labour des prairies ten- à la fois un abri pour la nidification haies joue un rôle structurant. En évo- dent au contraire à et une source de nourriture (insectes, luant dans ce paysage, on a le senti- ouvrir le paysa- graines). Une corrélation a été établie ment d’une organisation rigoureuse. ge. Le boca- entre les essences qui composent la La disposition des haies, ainsi que ge vieillit, haie et la diversité des espèces obser- leurs modes d’entretien (taille certaines vées. annuelle ou pluriannuelle) créent un haies se maillage plus ou moins dense. Il exis- dégarnis- •Un rôle économique te plusieurs types de haies : basses, sent ou Jadis, la haie faisait partie de la hautes, mixtes… qui n’ont pas toutes disparaissent. microéconomie agricole (bois pour Bocage de Haute Thiérache la même utilité en fonction de leur L’agrandissement des par- les bâtiments, le mobilier, pour se implantation et des essences qui les celles, un entretien inadapté et chauffer…). Aujourd’hui, même si l’uti- composent. coûteux sont les principaux facteurs lisation du bois est moindre, la haie Le manque d'entretien de certai- de cette régression. En limite des Un bocage permet des économies d’eau et d’irri- nes haies tend à en estomper les zones de bocage, le maillage de haies gation car l’effet brise-vent limite différentes structures et leur orga- se fait de plus en plus lâche et dis- ponctué de vergers l’évapotranspiration des plantes cul- nisation. Les perspectives de continu, pour progressivement céder Associés à la trame de haies, les arb- tivées. débouchés en bois pour la produc- la place à l’openfield des grandes cul- res fruitiers, en vergers ou isolés, font tion d’énergie pourraient cepen- tures. partie de ces caractères forts qui mar- L’intérêt des haies pour l’agriculture dant dynamiser leur entretien. Le bocage subit aussi la pression quent le bocage, en particulier en et l’élevage est reconnu (effet brise- Références foncière, le vieillissement des ver- Thiérache. Ils ponctuent les herbages vent, drainant, anti-érosif, abri pour gers, la plantation de peupleraies entre les haies en périphérie des fer- le bétail). • “Gestions de territoire”, Chambre dans les fonds de vallée… Cette mes et des villages et ils assurent la Le bocage constitue aussi l’image Régionale d’Agriculture de Picardie, évolution entame peu à peu l’iden- transition avec l’espace bâti. de marque du terroir, pour valori- 2004. tité du bocage. Préserver et entre- En forte régression à partir des ser les productions agricoles loca- tenir le bocage suppose de maîtri- années 60, des initiatives récentes les et plus largement, pour déve- • “Les haies en Picardie”, CRPF Nord ser son évolution sans le figer tendent à relancer l’activité cidri- lopper le tourisme et dynamiser Pas de Calais-Picardie, 2005. Paysage modulé par les haies pour autant. cole. l’économie locale. et les boisements • “Schéma de recomposition du bocage de la Thiérache de l’Aisne”, Communauté de Communes IDENTIFIER : Végétaux et identités des territoires de la région de Guise 16 17 LLESES VILLAGES VILLAGES:: INSÉRÉSINSÉRÉS DANS DANS UN UN ÉCRIN ÉCRIN DE DE VERDURE VERDURE

Palette végétale Indicative

En fonction des types de haies Haies et pratiques laire. Ce changement d’occupation Le tissu végétal du bocage picard La Thiérache bocagère est une zone qui se dépeuple progressivement et son bocage tend à disparaître agricoles actuelles du sol (de la prairie au champ culti- relève de quatre typologies : au sud de la région au profit des grandes cultures. À l’inverse, le pays de Bray et la vallée de la vé), s'accompagne d'un arrachage de La haie basse : L’adaptation des exploitations agri- haies, ce qui modifie radicalement la Bresle accueillent de plus en plus de nouveaux habitants, en raison notamment de la proximité de Hauteur de 1,5 m selon la taille sur coles aux besoins et aux techniques perception du paysage : le paysage 3 faces, le plessage* renforce l'effet . Cela se traduit par un recul du bocage, principalement le long des grands axes. Ainsi, l’urbanisation, actuelles nécessite des surfaces de cloisonné devient rapidement un pay- clôture. Elle occupe généralement les tout comme l’évolution des pratiques agricoles, vont-elles être des facteurs de mutations rapides des zones boca- terrain plus importantes, occasion- sage ouvert. bords de route. nant une nouvelle découpe du parcel- En Picardie, des exemples récents gères de Picardie. Certains arbres et arbustes supportent montrent qu’il est possible de la taille régulière, parmi lesquels : reconstituer une trame végétale Aubépine épineuse (Crataegus mono- en ceinture de ces parcelles, gyna et laevigata), Prunellier (Prunus Une harmonie Ces apparitions ponctuelles sont alliant économie, écologie, spinosa), et aussi Charme (Carpinus entre bâti et végétation autant de points de repère qui captent modernité et respect de l’identité betulus), Houx (Ilex aquifolium), le regard. Les combinaisons variées du bocage. Chêne rouvre (Quercus petraea), Le bocage se caractérise par un bâti entre le végétal et le bâti créent un Troène vulgaire (Ligustrum vulgare). dispersé. Les villages sont implantés paysage harmonieux à l’échelle La haie mixte : le long des voies de circulation tandis humaine. Composée d’un alignement régulier La haie de conifères occulte que de nombreux hameaux et exploi- Les nouvelles implantations du de grands arbres (têtards ou non) liai- tations agricoles sont disséminés bâti reproduisent les plantations la vue sur la maison et altère la composition de la rue sonnés par une haie basse (taillée ou dans la trame bocagère, en fond de banales de lotissement et impor- non), elle se positionne le plus souvent vallée ou dans les talwegs. tent des structures de haies perpendiculairement à la voie. Proportionnellement, le bâti est peu (thuya, cyprès…) sans rapport La haie moyenne : présent dans le paysage. Marqué par avec la végétation locale. Elle témoigne de l’abandon de l’entre- une végétation dense, il se lit par tien de la haie basse ou de la recher- fragments au gré des transparences. che de production de bois de chauffa- des haies. ge. On trouve, en plus des espèces de la haie basse : Cornouiller mâle et sanguin (Cornus mas et sanguinea), Fusain d'Europe (Euonymus europaeus), Viorne lanta- ne et obier (Viburnum lantane et opu- Une ceinture végétale Dans le bocage, la perception de l’espace urbain se résume souvent à la traversée lus), Noisetier (Corylus avelana), autour du bâti des villages-rues Sureau noir (Sambucus nigra) et Érable champêtre (Acer campestre). Autour des villages, les vergers, bos- Enjeu Les arbres têtards : quets, haies, constituent une ceinture Ils résultent d’un étêtage régulier végétale plus ou moins opaque selon (7 à 10 ans) de la ramure. Intégration des nouveaux bâti- les saisons, filtrant les vues sur les La végétation filtre le regard et permet de dimi- Charme (Carpinus betulus), Frêne nuer l’impact de constructions disgracieuses ments agricoles maisons ou les corps de ferme. (Fraxinus excelsior), Saule (Salix alba) La mise aux normes des bâtiments L’église et son clocher émergent sou- et plus rarement Chêne sessile ou d’élevage implique parfois leur dépla- vent de l’alignement linéaire des toits pédonculé (Quercus petraea et cement à l’extérieur de l’aggloméra- et constituent un point de repère pour Quercus robur). localiser le bourg. L’importance en briques sont un fil reliant les habi- tion afin de répondre aux distances La disparition progressive de cette des haies de clôtures tations les unes aux autres. Les accote- d'implantation réglementaires. Au respect des caractéristiques archi- ceinture végétale est dommageable dans les villages ments sont étroits et enherbés. pour des raisons écologiques (protec- L’espace privatif entre les construc- tecturales locales, s’ajoute très sou- lexique tion faune, diversité floristique, pro- La traversée des villages-rues semble tions et l’espace public est de petite vent la nécessité de procéder à de nou- tection des vents, facteur limitatif des souvent longue : les maisons et bâti- dimension, voire inexistant. velles plantations pour réussir l’inté- Arbre têtard : arbre taillé de manière coulées de boue…) mais aussi esthé- ments d’exploitation agricole s’égrè- Ici, plus qu’ailleurs, l’introduction gration paysagère de ces nouvelles à former une touffe au sommet du tique. nent le long de la chaussée consti- de la haie de conifères (monotone, constructions. La plantation de haies tronc. La haie permet, bien souvent, d’in- tuant un tissu urbain peu dense. Les ennuyeuse et fragile), est une champêtres à l’aide de plantes locales Haie : alignement continu de plantes tégrer les constructions récentes haies taillées ou les murs de clôture atteinte à l’identité du pays. est la réponse idéale. ligneuses initialement destinées à clore au tissu urbain ancien. Les haies constituent un fil conducteur du réseau de routes, de chemins et de sentiers. une parcelle. Plessage : croisement des branches des plantes à la manière d’un tressage IDENTIFIER : Végétaux et identités des territoires afin de rendre la haie infranchissable. 18 19 LLELITTORALELITTORAL,, UNIVERSUNIVERS SINGULIER SINGULIER CONQUIS CONQUIS SUR SUR LA LA MER MER

Les marais, de riches Enjeu espaces ouverts Lieu d’imbrication entre les terres et la mer, le littoral picard a la particularité de rassembler sur S’adapter aux conditions climatiques Éléments importants de l’identité de quelques dizaines de kilomètres une grande diversité de formes de côte: falaises, plages de sable ou Les zones humides des marais s’éten- dent entre les foraines* de galets et la ces paysages, les essences d’arbres de galets, dunes, basses plaines, estuaires sous forme de baies: Baies de Somme et d’Authie. Cette falaise morte* et sont alimentées par et arbustes sont les révélateurs de la diversité géographique créée des paysages variés et fortement imbriqués: dunes plantées en partie de pins; l’eau descendant des plateaux. Ce caractéristique majeure de ce terri- plaines plus ou moins humides appelées Bas-champs; marais ou zones humides avec des roselières; baies sont de vastes espaces ouverts par- toire : un climat rude. Ces paysages courus par un réseau de canaux et de Les fermes isolées sont souvent protégées par restent dominés par les différentes ouvrant de larges panoramas sur la mer et peu à peu colonisées par les mollières*. L’eau est omnipré- mares à huttes. une haie brise-vent. espèces de saules : de la silhouette sente dans ces paysages. Les contrastes sont néanmoins saisissants et alternent entre une D’apparence sauvage, les marais puissante d’un Saule blanc isolé au grande ouverture visuelle ponctuée à l’horizon par les lignes boisées autour sont en fait des espaces extrême- Autour des villages, foisonnement d’une haie, taillée ou non, mariant des saules roux ou pour- de fermes ou de villages et des prairies fermées aux vues cadrées entre les ment entretenus dont le devenir des plantations variées est lié à l’évolution des pratiques pres. Des essences telles que le peu- haies. (chasse, pâturage des chevaux...). Les plantations, dans et autour des plier ou le pin, introduites, elles aussi, villages se rencontrent principale- ne dérogent pas à la règle d’adapta- tion : l’eau omniprésente, les vents BD CARTO®/©/IGN ment sous deux formes : les reliquats Paris - 2002 Les boisements de d’anciens vergers (pommiers) et les violents, les embruns salés. production, des masses jardins. Les plantations des jardins Les haies de renclôture*, artificielles imposantes forment l’écrin du village et sa protec- Lexique Le littoral picard se identités des paysages de tion contre les violences climatiques. développe au-delà du Boisements aux formes très géomé- Le maintien de l’identité des villa- trait de côte. bas-champs triques, ils sont le plus souvent cons- ges dépendra du traitement des Falaises mortes : ancien trait de titués de peupliers. Implantés aléatoi- limites des jardins et du choix des côte, elles marquent la limite avec les Élément majeur de composition du rement à la place de prairies ou de végétaux. plateaux à l’est du littoral (Vimeu et paysage, elles sont souvent liées champs, ils ferment par leur masse Ponthieu). Erodées par la mer durant des millénaires, elles ont aujourd'hui au système de drainage : compacte le paysage et les vues en Les haies brise-vent, une pente douce le plus souvent cultivée. fossés et canaux. particulier à la belle saison. écrin protecteur Composées d’aubépi- La suppression ou le dévelop- Elles forment des masses compactes nes, de Prunellier, pement de ces boisements à Foraine : Accumulation sous forme à l’image de celle des boisements de d'Orme champêtre vocation économique aura de bancs successifs le long de la côte production. Elles sont l’écrin protec- (décimés par la gra- un impact fort sur le de silex arrachés par l’érosion marine teur du bâti : fermes, hameaux ou phiose*), de Frêne, de paysage. aux falaises. Aujourd’hui, recouvertes villages. Les rideaux des haies brise- Troène ou de diverses par les terres cultivées, les foraines vent freinent et filtrent les violences variétés de saules (blanc, forment des élévations plus sèches. du vent. Ces haies peuvent prendre la des vanniers, cendré), les forme de véritables boisements com- haies de renclôture alternent avec Mollières : mélange de sédiments for- posés d’aubépines, d’ormes, de frê- les alignements de saules tradition- L'eau est omniprésente dans les Bas-Champs mant des surfaces peu à peu coloni- nes et surtout de saules parfois com- nellement entretenus en têtard*. et les marais du littoral sées par la végétation du fait de leur plétés ou remplacés par un aligne- Le maintien d’une activité agrico- fertilité. Endiguées et cultivées, les ment de peupliers.. le soucieuse de leur intérêt assure- La forêt dunaire,une mollières deviennent des renclôtures. Elles sont essentielles et doivent ra la pérennité des digues et talus végétation particulière continuer à être respectées et nécessaires au drainage de l’eau et Renclôture : espaces gagnés par la entretenues. au refuge pour la faune et la flore. La forêt de pins (Pin Laricio de Corse) création de digues et d’un important est une pinède de production et de système de drainage (fossés, canaux) fixation du massif dunaire. Ce paysa- sur la mer par assèchement de marais ge boisé tranche avec les Bas-Champs et terres partiellement émergées. C’est du Marquenterre par son aspect com- une forme de poldérisation réalisée au Des haies particulières pact, continu et fermé. fil des siècles, de l’époque médiévale e et identitaires Le devenir de cette structure végé- au XIX siècle. tale constituée par l’homme est lié aux choix d’exploitation pour le Graphiose : maladie apparue en renouvellement de ces boise- 1917, due à un champignon qui pro- Peupliers Saules argentés Haies saules variés, Saules têtards Roseaux voque le dessèchement de l’arbre. Populus nigra L “italica” salix alba Haie bocagère Salix alba Phragmites sp. ments. Elle a provoqué la quasi-disparition de l’orme en France. De nouvelles espèces sélectionnées réputées résis- IDENTIFIER : Végétaux et identités des territoires tantes sont aujourd'hui testées ou 20 commercialisées. 21 LLESES VILLAGES VILLAGES:: LALA MER MER,, LL’’EAUEAU ET ET LE LE VENT VENT

Haies arrières volumineuses

Arbres uniquement Trottoir sur la place en herbe Fossé

La variété des situations et la complexité de ce territoire entraînent une grande Enjeu diversité de formes de villages : de la station balnéaire (Fort-Mahon, Quend-Plage), aux ports de baie (Saint-Valery, Le Tréport) jusqu’aux villages sur des points Les jardins autour des nouvelles hauts, au milieu des renclôtures ou situés au pied de la falaise morte. Mais cette même diversi- constructions, s’insèrent dans un paysage particulier té s’accompagne de points communs : les villages sont groupés et les bâtiments s’organisent le Souvent réalisées à la périphérie de long des voies, formant une silhouette massive. Cet effet est renforcé par la présence de jardins Arbres de grandes villages, les nouvelles implantations dimensions ou d’anciennes prairies, fortement arborés en ceinture. La place communale, centrale ou en du bâti sont fréquemment des aligne- ments de pavillons. Pour reprendre la bord d’eau dans le cas de port ou de station, peut faire l’objet d’une plantation d’arbres en Végétation participant Vergers à l’image de la rue composition traditionnelle, la limite mail. Plus rarement les entrées du village ou un monument avec la rue doit être franche avec une tel qu’un calvaire peuvent être plantés. Des rues verdoyantes… clôture (haie, mur ou claustra), les sans arbres dans grands arbres se situant en arrière. La végétation sera choisie dans les l’espace public volumes et le respect d’une palette d’essences locales adaptée aux condi- Masse boisée Bâti renfermé Les arbres se situent dans les jardins, brise-vent sur une cour parfois visibles depuis la rue. Dans tions climatiques autant que pour la Fossé Prairie les rues, c'est l’herbe couvrant sou- préservation de l’identité des lieux. périphérique vent les bas-côtés qui fait office de Saules têtards végétation. Parfois, des fossés s’insè- rent le long des voies. Seule la place principale est plantée d’un ou plu- Alignement de sieurs alignements, le plus souvent peupliers de tilleuls. Les clôtures (murets de Canal de drainage silex, clôtures ou haies...) participent Palette végétale Indicative Fossé colonisé au caractère des rues. par les roseaux Le maintien des murs et murets, Un système des haies taillées ou naturelles est Arbres pour plantation en isolé hiérarchisé par l’eau le facteur principal de l’évolution ou alignement : Les points hauts naturels des plaines de ces espaces publics peu arborés. Aulne glutineux(Alnus glutinosa), littorales ont souvent été utilisés pour Frêne commun (Fraxinus excelsior), les cultures réclamant des sols plus Charme (Carpinus betulus), Chêne secs (céréales). Les fermes sont sou- Au cœur pédonculé (Quercus robur), Érable vent implantées au milieu des surfa- sycomore (Acer pseudoplatanus), ces endiguées : les renclôtures. des villages, Orme résistant (Ulmus x resista), pom- Des fossés entourent une surface sur- des jardins arborés mier, Peuplier tremble (Populus tremu- élevée sur laquelle des bâtiments la), Saule blanc (Salix alba), Tilleul protecteurs Arbre de grandes dimensions compacts sont rassemblés autour en retrait de la limite d’Europe (Tilia x vulgaris). d’une cour. Pour maintenir les talus Les maisons et les dépendances des et protéger l’ensemble, une masse fermes forment des continuités le Arbustes pour haies : boisée (plus importante du côté des long des rues. Les jardins sont situés Haie arrière Argousier (Hippophae rhamnoïdes), arborée vents dominants) englobe la ferme, en arrière, et parfois dépassent entre Érable champêtre (Acer campestre), parfois complétée d’une plantation deux bâtiments. Ils forment la transi- La rue présente un équilibre Noisetier (Corylus avellana), Fusain entre bâti et végétal. de production (peupliers). tion avec les prairies, les haies sont d’Europe (Euonymus europaeus), Ces masses boisées participent au plus volumineuses et plus variées. L'eau et sa maîtrise en réseau Prunellier épine noire (Prunus spino- est une composante importante paysage du littoral et doivent, Par la présence de grands arbres sa), Saule cendré (Salix cinerea), Bâti en retrait dans certains cas, être renouve- (pins, peupliers, tilleuls) ou de haies, C’est en fonction de l’équilibre de la rue Saule marsault (Salix caprea), Saule lées dans la durée pour maintenir les jardins participent à l’image des entre ces essences locales et les des vanniers (Salix viminalis), Saule Clôture Haie taillée des arbres âgés dont les fonctions villages. Traditionnellement les horticoles que l’intégration au franche d’essence locales pourpre (Salix purpurea), Troène écologiques sont importantes. mêmes espèces se retrouvent au paysage des villages sera sauve- (Ligustrum vulgare), Viorne lantane niveau des haies de renclôture*. gardée. (Viburnum lantana).

IDENTIFIER : Végétaux et identités des territoires 22 23 LE PROJET PAYSAGER DE LA COMMUNE

Promouvoir et adopter Mettre en œuvre une ges- Promouvoir les outils Le projet paysager de la commune porte directement sur l’espace public et les équipements publics, indirecte- les démarches contrac- tion durable et une pro- réglementaires ou ment sur l’ensemble du domaine privé. C’est au travers du cadre réglementaire et de l’information des admi- tuelles pour mieux pro- grammation cohérente contractuels à disposi- nistrés que la commune agit sur ce domaine privé. Une programmation des interventions d'entretien les plus téger et entretenir tion des professionnels appropriées confortera une gestion à long terme, nécessaire à la pérennité du patrimoine végétal de la commune. Le Plan de paysage et la Charte de Le contrat « Natura 2000 » paysage Différents outils sont proposés aux C’est un outil proposé pour les Il s’agit de démarches volontaires propriétaires forestiers privés : le Aménager l’espace public milieux identifiés qui présentent des issues de collectivités privilégiant Plan Simple de Gestion, le Règlement Prendre en compte le espèces végétales ou animales de la l’engagement des partenaires autour type de Gestion et le Code de Bonnes Rue, place, chemin, square, parc, patrimoine paysager Directive Européenne. Dans les péri- d’un projet partagé de mise en valeur Pratiques Sylvicoles concernent diffé- terrain de sports et de loisirs sont et arboré dans le Plan mètres des sites Natura 2000, le du paysage. Ces démarches visent à rentes catégories de propriétaires aménagés et plantés pour répond- contrat finance le surcoût ou le réguler les évolutions à venir et réin- selon l’importance de leur surface. re aux ambiances recherchées et à Local d’Urbanisme manque à gagner par rapport à la troduire une qualité paysagère dans Ces outils engagent le propriétaire à des besoins fonctionnels actuels Le diagnostic, préalable à tout pro- gestion courante, une fois établi le des paysages quotidiens en péril ou gérer véritablement et durablement ou futurs : stationnement, circula- jet, recense les structures végétales Document d’Objectifs. Sur les larris déstructurés. son bois tout en respectant la biodi- tion, sport… qui forment l’identité et le patrimoi- calcaires superficiels par exemple, le Ces démarches définissent, sur la versité. La dimension paysagère est Penser simultanément l’aménage- ne paysager de la commune. pâturage ou pacage des moutons est base d’une analyse de l’identité pay- rarement prioritaire pour les proprié- ment des réseaux (souterrains et Réalisation d’un projet de traverse financé pour favoriser le maintien sagère du territoire et d’un projet à taires forestiers privés sauf à proximi- aériens) de la voirie et la ges- d’agglomération d’une flore et d’une faune rares. Les long terme, un programme d’actions té des sites et monuments classés où tion à long terme des planta- contrats Natura 2000 sont établis et des règles d’interventions cohéren- des règles de gestion s’imposent à tions. pour une durée de 5 années. tes, réglementaires et opérationnel- eux. La réussite et la pérennité des les. Le Contrat d’Agriculture Durable plantations dans l’espace Le Projet d’Aménagement et (CAD) s’adresse aux agriculteurs. Il public dépendent des paramèt- de Développement Durable Le guide de gestion du patrimoine favorise la mise en place ou le main- res suivants : (P.A.D.D.) fixe les orientations arboré tien de mesures en faveur de l’envi- • la nature du sol et la présence générales en matière de pro- C’est un outil adapté à toutes les ronnement telles que : la plantation de réseaux enterrés ; tection, de valorisation, de échelles comme à tous les acteurs. Il et l’entretien de haies, la création de • le relief avant travaux et après développement et de gestion comporte : mares, la réduction d’intrants travaux (déblais, remblais…) ; du territoire communal. Ainsi, •un diagnostic qui analyse l'état de (engrais…) dans les parcelles. • la présence de l’eau (fossé, la préservation, la valorisa- chaque arbre, état sanitaire (mal- mare…), l’ensoleillement, les tion ou la création de certai- adies, dépérissements...) et l’état vents dominants, l’écoulement nes structures végétales de la mécanique (présence éventuelle de des eaux pluviales ; commune (tour de ville, haies, cavités, nécroses, localisation et • la présence des bâtiments qui bocage, bosquets...), la protec- importance...). Références bordent l’espace public (mai- tion des vues et perspectives •un programme opérationnel établi sons, commerces, bâtiments peuvent être prioritaires. Le Reconstitution d’un “tour de ville” sur une période limitée (10 à 20 ans) publics…) et les édicules pré- zonage et le règlement spé- et pour chaque arbre ou ensembles sents sur l’espace public (abri- cifique doivent être adaptés d'arbres, les interventions nécessai- De nombreuses compétences profes- bus, transformateur…) ; aux caractéristiques urbaines, La convention de gestion res pour conserver une unité à l'en- sionnelles et de nombreux métiers • la taille des végétaux à l’âge agricoles et naturelles de la Elle est adaptée aux milieux qui pré- semble arboré. Ces interventions peu- interviennent dans un projet paysager, adulte et la présence de réseaux commune. Le règlement du sentent une richesse potentielle ou vent être par exemple une taille adap- soit au stade du recensement, du dia- aériens ; P.L.U. précise, tant sur réelle sur les plans floristiques et/ou tée (enlèvements de bois morts, taille gnostic, du conseil, de la conception et • la situation dans la commu- PROJET D'AMÉNAGEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT DURABLE DU P.L.U. le domaine privé que faunistiques. La commune ou le par- d'éclaircie de houppier...) ou l'abat- de la réalisation (écologue, paysagis- ne : en périphérie, choisir des Limiter l'extension de la commune public, les conditions ticulier soucieux de maintenir ou de tage suivi de replantation. te, horticulteur, pépiniériste…). essences et des types de planta- Entretenir et valoriser les structures végétales d’aménagement, de restaurer un patrimoine remarqua- Pour s’y retrouver et savoir à qui tions assurant la transition avec qui caractérisent la commune plantations, de terrasse- ble, par exemple les larris ou les s’adresser, les CAUE, le CRPF, et les Préserver les pénétrations du paysage en cœur de bourg sites Internet spécialisés fournissent l'espace agricole ouvert (protection Entretenir et valoriser les référents architecturaux qui ment des sols, d’arra- milieux humides, peuvent signer une aux vents, écran visuel) ou le milieu caractérisent la commune chage d’arbres, d’arbus- convention avec une association de les renseignements demandés. naturel et en cœur de bourg, une Entretenir et valoriser les milieux naturels sensibles tes ou de haies (cf pages protection de la nature qui se charge (cf adresses en dernière de couverture). palette végétale éventuellement plus Impact fort dans le paysage, protection du paysage 34-35). de l’entretien et le cas échéant, de la ornementale. Limiter l'impact de l'urbanisation sur les entrées de ville restauration du site avec des finance- ments publics.

INSCRIRE : le végétal dans les projets 24 25 LLEPROJETPAYSAGERDUPARTICULIEREPROJETPAYSAGERDUPARTICULIER

et arboré) pour tout projet afin d’en sent mais seul le propriétaire réalise - la pose de nichoirs adaptés à diffé- Dans les villes et villages, le bâti domine associé aux jardins, parcs et espaces verts des particuliers. Pour cer- faciliter l’insertion et assurer une les travaux nécessaires. En revanche, rentes espèces, densifie les sites de tains quartiers récents ou lotissements, les jardins et les clôtures forment une des principales caractéristiques de continuité paysagère. les racines envahissantes peuvent nidifications potentiels, être coupées par le riverain. - le maintien du lierre sur le tronc des l’identité communale contemporaine. Les plantations de haies ou d’aména- vieux arbres nourrit la faune en Chaque propriétaire peut aménager son terrain comme il le veut à condition de respecter les contraintes régle- gement, ainsi que l’abattage de plan- A couper par période hivernale grâce aux baies mentaires. Il a aussi intérêt à offrir les meilleures conditions de vie à ses plantations et favoriser la biodiversité. tations existantes peuvent être sou- le propriétaire produites par l'espèce et augmente mis à autorisation. Il faut étudier les les potentialités de nidification, éventuelles servitudes d’urbanisme - le stockage de branches issues des appliquées à la parcelle, liées soit produits de taille ou d'élagage servi- aux réseaux aériens (électricité et ra de refuge à des espèces comme le Concevoir simultané- S’insérer dans le paysa- téléphone), souterrains (cavités, hérisson, ment l’aménagement de Pour garantir les conditions de vie et ge en respectant le code réseaux, gaz…) soit à une protection - le compostage des déchets végétaux la parcelle, l’implanta- de développement à long terme des civil et le réglement particulière : une zone de protection produira un compost riche avec une plantations, il faut tenir compte de spécifique (ZPPAUP), aux abords de faune du sol abondante (vers de tion des bâtiments et la l’ensemble des paramètres : d’urbanisme monuments historiques ou dans un terre...) qui nourrira la faune verté- 2 m gestion à long terme - la nature du sol et du sous-sol, La plantation d'arbres ou de haies site classé (se renseigner en Mairie). brée (oiseaux et mammifères). - le relief avant travaux et après tra- obéit à des règles générales décrites Le Code Civil s’attache au respect du L’aménagement d’une parcelle vaux (déblais, remblais…), dans le Code Civil (articles 667 à voisinage : éviter par exemple d’oc- répond aux ambiances de vie recher- - la présence de l’eau, l’ensoleille- 673) et dans le Règlement National culter totalement le terrain riverain chées par le propriétaire : jardin, bos- ment, les vents dominants, d’Urbanisme (RNU) ou, si la commu- de l’ensoleillement par des planta- 0,50 m 2 m quet, potager… et à des besoins fonc- - la présence de bâtiments à proximi- ne en possède un, dans le Plan Local tions de grande hauteur. tionnels : stationnement, desserte té soit sur la parcelle soit sur les par- d’urbanisme (P.L.U.). Ces règles Les règles du Code Civil sont différen- automobile, stockage, espace de celles voisines ou l’espace public, imposent la prise en compte de l’en- tes pour les végétaux âgés de plus de jeux… - la taille des végétaux à l’âge adulte. vironnement existant (paysager, bâti 30 ans ou si la faible distance résulte Le “volet paysager” du d'une division de parcelle postérieure permis de construire aux arbres. Pour les arbres, on aura intérêt à prévoir le développement Dans le cadre du permis de construi- Pour le choix des végétaux, tenir compte de l’exposition au soleil, aux vents... adulte et donc une distance de plan- re, la description des plantations Ouvrir des vues Attention tation de l'ordre de 6 m vis-à-vis de la existantes avant travaux (abattues ou sur les paysages au volume adulte limite de la propriété. conservées) et des plantations futures environnants des arbres plantés est obligatoire. Elle est mentionnée La pose de nichoirs adaptés aux différentes Les végétaux plantés sur la limite dans le «volet paysager» qui com- espèces renforcera la biodiversité séparative sont considérés comme prend : la note écrite, le plan de mitoyens et les frais d'entretien sont à masse, sur les photographies et les partager. On peut contraindre un voi- perspectives avant/après travaux. Références sin à couper les branches qui dépas- • “Pour ceux qui veulent construire Favoriser le maintien une maison – Étudier avant de déci- d’une faune diversifiée der”, C.A.U.E. de la Somme, 2003 et variée • "Plantons dans l'Oise", CAUE de l'Oise Se protéger Adapter S’intégrer en respectant Préférer les feuillus qui Un paysage vivant dépend aussi de la du vent les végétaux au sol l’harmonie de la rue évoluent avec les saisons diversité et de l'importance de la • Site internet juridique Légifrance : faune naturelle. Certains gestes sim- http://www.legifrance.gouv.fr ples favorisent la biodiversité à l’é- Domaine agricole Domaine Domaine Domaine chelle de la parcelle individuelle : ou naturel public • Cultiver son espace de vie”, CAUE privé privé - la plantation de haies mixtes plus de l’Aisne, 2003. favorables à la biodiversité qu’une Veiller aux transitions entre les différents domaines haie mono spécifique. L’aménagement de la parcelle • “Nichoirs & Cie” - B. Bertrand ne doit pas porter préjudice aux parcelles voisines et à l’espace public et T. Laversin, Editions de Terran.

INSCRIRE : le végétal dans les projets 26 27 LLEE CHOIX CHOIX ET ET LA LA PLANTATION PLANTATION DES DES VÉGÉTAUX VÉGÉTAUX

Nommer les espèces Des problèmes généralement moins graves peuvent survenir avec certai- Réussir sa plantation avec précision nes espèces épineuses, problèmes Le stress de la plantation doit être Pour éviter les confusions entre les d'allergies également avec principa- Un bon choix de plantation, nécessite avant tout l’analyse des références locales que le projet viendra prolon- réduit par un soin particulier apporté espèces, un code international dési- lement le pollen de certaines espè- ger, conforter ou réinterpréter (voir pages 3 à 24). Il évitera ainsi l’emploi de végétaux et la constitution de aux opérations de préparation du ter- gne chacune des espèces qui possède ces… rain et de plantation : ainsi un nom botanique ou scienti- structures végétales en totale opposition avec les caractéristiques identitaires du paysage. Pour constituer un • ameublir le sol en profondeur en fique. Il se Eviter d’introduire des cadre végétalisé pérenne et facile à entretenir, le choix des végétaux est donc primordial. Les essences doivent créant une fosse de plantation consé- compose d'un être choisies en fonction de différents critères, sinon le végétal risquerait de mal se développer ou de subir des quente adaptée à la taille du plant et à nom de genre plantes invasives : ses dimensions à l'âge adulte. D'une suivi d'un L'introduction, volontaire ou non, de tailles inadaptées entraînant des mutilations. façon générale, ouvrir un volume au nom d'espè- plantes non autochtones issues d'aut- moins équivalent à 3-4 fois le volume ce. D'autres res pays ou continents a provoqué des Alignement simple racinaire du plant : prévoir une fosse informations dégâts dans les écosystèmes car cer- 5 à 8 m minimum 3 Des essences adaptées et de plantation de 9 à 15 m pour les peuvent s'y Le nom scientifique identifie taines de ces plantes Alignement 8 à 10 m arbres et 1 à 3 m3 pour les arbustes. ajouter : nom l’espèce avec certitude sont vite devenues bien associées entre elles double minimum 8 à 10 m minimum L'apport de terre végétale se justifie de variété envahissantes au Quelle forme ? surtout lorsque la nature de la terre est entre guillemets et nom d'hybride point d'être quali- 5 à 6 m La forme est avant tout un choix Alignement minimum peu favorable aux végétaux arborés précédé d'un X. À vocation scienti- fiées de pestes végé- 8 à 10 m esthétique : double minimum (sol calcaire superficiel). fique, le nom botanique évite les tales. Outre la modi- • Les formes naturelles des végétaux • travailler le sol en conditions sèches erreurs lors de la commande auprès fication des écosystè- 8 à 10 m minimum sont issues de leurs caractéristiques, 1,50 m à 8 m 1,50 m à 8 m ou ressuyées et pour les sols argileux, du pépiniériste : par exemple, planter mes, la présence de de leur adaptation au milieu (sol, Haie clôture de haut selon les de haut selon les la préparation doit être commencée du chêne peut conduire à un échec ces plantes entraîne taillée espèces et l’entretienespèces et l’entretien Des plantes introdui- lumière, climat). Les silhouettes des 0,5 à 0,75 m l'été qui précède la plantation pour que avec le Chêne rouge d'Amérique d'autres risques pour tes envahissent nos 1,50 m à 8 m 1,50 m à 8 m de haut selon les végétaux adultes peuvent être très Haie arbusive de haut selon les les intempéries (gel, pluies…) ameu- (Quercus rubra) en présence de cal- l'homme tels que milieux naturels ici la espèces utilisées espèces utilisées libre Renoué du Japon spectaculaires ou particulières 1,50 m minimum blissent les parois de la fosse. caire alors que le Chêne sessile allergies, brûlures comme dans le cas de formes pleu- • apporter du compost en surface et le (Quercus petraea) s'épanouirait par contact avec la Arbre ou grand 8 m à 15 m 8 m à 15 m reuses ou colonnaires. Haie à 2 strates arbustes de haut selon les de haut selon les cas échéant, sable et graviers si l'argile mieux sur ce même sol. sève, coûts d'entretien… Les cas les espèces utilisées espèces utilisées • Les formes architecturées résultent de végétation domine. À l'achat, préciser le nom scienti- plus problématiques concernent 1 m à 1,50 m d’un choix de taille qui est aujour- Arbustes fique. Pour s'y retrouver dans la notamment les jussies pour les zones d'hui principalement d'ordre esthé- Choisir des plants de nomenclature, des ouvrages spéciali- humides, les renouées du Japon et de tique : arbres têtards, alignements Les dimensions des essences sont (homogènes, champêtres, fleuries, sés décrivent et identifient les diffé- Sakhaline, le Buddléa pour les zones taillés en marquise, topiaires, etc.… classées selon la taille adulte : brise-vent…). Une composition peut qualité rentes espèces. La visite d'un arbore- remblayées le Cerisier tardif en • Les arbres dits de première gran- associer des arbres, arbustes, rosiers, Les plants sont aujourd’hui vendus tum (collection d'arbres) permet de milieu boisé et l'Ailanthe du Japon en Quelle place prévoir ? deur (20 à 35 m de haut) comme le plantes vivaces et sa réussite dépend sous différents modes de conditionne- visualiser les espèces et de découvrir milieu dunaire et sableux. Certaines réflexions préalables sont peuplier ou le hêtre… de quelques principes : pour les viva- ment : racines nues, mottes ou contai- l'étendue de la palette végétale. nécessaires • Les arbres dits de seconde gran- ces et petits arbustes, planter ensem- ners (pot). Les racines nues, moins chè- • Apprécier les exigences clima- deur (15 à 25 m de haut) avec l’éra- ble plusieurs pieds de la même espè- res, réduisent la période de plantation Etre vigilant avec les tiques et techniques : type de sol, ble champêtre… ce ; utiliser des essences locales par rapport à une motte ou un pot. Lors Références ensoleillement, vent, humidité… cf • Les arbres dits de troisième gran- comme base de composition, éviter de l’achat, il faut : plantes toxiques : espèces de la palette végétale indica- deur (8 à 15 m de haut) pour lesquels les essences trop horticoles…). Le • Vérifier que le tronc et les branches Bien que la très grande majorité des •"Petit guide de quelques plantes tive. la différence avec les grands arbustes choix des essences pourra être aussi du plant ne présentent pas de grosses végétaux ne soit pas toxique, il est invasives aquatiques et autres du nord • Imaginer le développement adulte est faible : pommiers et poiriers ; fonction de l’aspect des feuillages, blessures. Les plaies de taille doivent conseillé de s'assurer de sa non-toxi- de la France", Conservatoire des plantations (densité des feuilla- • Les grands arbustes (7 à 12 m de des couleurs (feuilles et fleurs), des être bien cicatrisées ; cité auprès de votre pharmacien Botanique National de Bailleul ; ges, ombre portée) évitera les fré- haut) avec le houx, le cornouiller variations au fil des saisons et de la • Contrôler l’absence de parasites et avant de consommer tout ou partie •"Espèces invasives : infrastructures quentes erreurs vis-à-vis de l'environ- mâle, le noisetier ou le lilas commun. vitesse de croissance… maladies (larves, champignons…) ; d'un végétal. Les cas d'intoxication et urbanisme", DIREN Picardie, 2005 nement bâti ; • Les petits arbustes : moins de 7 m Pour des raisons sanitaires (ma- • Pour les arbres, veiller à ce que la mortelle les plus •"Le Grand livre des haies", Denis • Évaluer les contraintes du site : de haut où l'on trouve les fusains, ladies, insectes), planter plusieurs tige soit droite (éviter les sujets visible- fréquents résultent Pépin, Ed Larousse, 2005 réseaux aériens ou enterrés, servitu- hortensias, spirées… espèces quel que soit le projet. ment étêtés) et la ramification présente de la consomma- •"Cultiver son espace de vie - planter des… ; Tenir compte du tempérament de cha- bien équilibrée ; tion de branches un arbre, planter une haie, fleurir son • Définir l’espace disponible : proxi- Quelles associations ? cune des espèces notamment vis-à-vis • Les racines nues doivent être mainte- d'if ou de laurier lieu de vie, son lieu de travail", CAUE mité des façades, stationnements, Suivant l’ambiance et l'aspect recher- des besoins en lumière : le Houx nues fraîches entre l'arrachage et la récemment de l'Aisne 2003 distances réglementaires. chés, différentes associations sont à demande ombre et humidité pour se plantation du plant ; taillées, déposées •Le jardin, une source inépuisable envisager pour former des aligne- développer, le Fusain d'Europe exige • Éliminer les plants dont le système dans des pâturages d'inspiration - T. Conran et D. Pearson ments (homogène ou diversifié), des beaucoup de lumière par exemple. racinaire s'enroule dans le pot ou où se trouvent des Le laurier (Prunus lau- - Gründ 1998 bosquets, des massifs, des haies godet. bovins et équidés. rocerasus) fait partie •Jardins à visiter en Picardie, des plantes toxiques Association des Parcs et jardins de Picardie - Manoir des Fontaines, 60300 Baron - Tél. : 03 23 82 62 53 GÉRER : Des pratiques adaptées et durables e.mail : [email protected] 28 29 LLAA GESTION GESTION ET ET’’ENTRETIEN LENTRETIEN L D’ D’UNUN PATRIMOINE PATRIMOINE VIVANT VIVANT

La taille de formation des jeunes sujets, pour obtenir la forme souhaitée La plantation réalisée, un travail constant et régulier de surveillance, d’accompagnement du développement du et éliminer les défauts, de 3 à 15 ans après la plantation végétal s’impose sur une durée minimale de 3 à 5 années : il est toujours préférable d’anticiper les opérations de C'est essentiellement les tailles taille par exemple. Une intervention tardive pour tenter de modifier la forme ou d’éliminer des branches trop de formation qui vont être développées risquerait alors de provoquer des désordres susceptibles de contrarier la pérennité de l’arbre ou de le mises en œuvre pour donner rendre dangereux à moyen ou long terme. D’une façon générale, les arbres supportent mal les interventions aux jeunes arbres plantés la brutales ou excessives et s’accommodent beaucoup mieux, si besoin, de soins réguliers et raisonnables. silhouette prévue. Ces tailles de formation seront régulières et réfléchies. Les schémas ci- Les 3 premières années : assurer la réussite de la plantation dessous illustrent les recommandations de Les entretiens des 2-3 premières années visent à assurer la reprise et la croissance des végétaux. Il est donc recommandé de tailles pour les suivre les conseils suivants : principales formes. • Les apports de fertilisants de ge limite l'évaporation de l'eau du sol • Les tailles ne sont généralement type engrais sont inutiles : et réduit les entretiens. Limiter les pas nécessaires la première année désherbages chimiques car le dosage sur les arbres. Sur les autres plants correct des produits est difficile et les (arbustes, haies…) on pourra rabatt- plants absorbent les émanations. re les pousses les plus vigoureuses dans une proportion de 1/3 à 50% de • Raisonner l'arrosage la hauteur. car un excès est aussi néfaste au végétal qu'un manque d'eau : les tech- niques décrites ci-dessous (binage, paillage) seront souvent plus effica- ces en complément aux arrosages.

ils perturbent la reprise des plants. L'apport de matière organique en sur- face sera beaucoup plus efficace et limitera l'évaporation de l'eau du sol.

• Mettre en place un paillage sur Pourquoi tailler ? 1m2 autour de chaque plant Si la taille n'est pas pour limiter la concurrence herbacée nécessaire au dévelop- principalement graminée. Le pailla- pement de l'arbre, elle est parfois sou- Utiliser une technique adaptée Pour les arbres têtards en revanche, haitable pour répondre à des objectifs Sur les jeunes plantations, les scies à l'objectif de faciliter la production de précis tels que : double denture et les sécateurs sont nombreux et vigoureux rejets, suppose • Préparer une forme, une silhouette préférables à la tronçonneuse qui sera de tailler plutôt de janvier à fin mars. architecturée (arbre têtard, topiaire, utilisée pour les coupes plus importan- rideau…) ; tes. (voir page 32 et 33). • Éliminer des défauts tels que les écor- Références ces incluses qui pourraient rendre l'ar- Quand tailler ? bre dangereux ; Si l'hiver est la période la plus propice • Surveiller les tuteurs et colliers • Favoriser la floraison des arbres ou à l'élagage parce que l'absence de qui risquent d'étrangler, frotter et fra- arbustes à fruits et à fleurs ; feuilles facilite ces interventions, il est • Guide des bonnes pratiques d'em- giliser la pousse du jeune arbre. Les • Sous certaines conditions, la taille biologiquement préférable de tailler ploi des produits phytosanitaires - tuteurs seront enlevés généralement permet de rajeunir un végétal ; pendant la période de végétation en Groupe Régional Eaux et Produits après trois années et cinq au maxi- • Supprimer le bois mort, entretenir dehors de la montée de sève, soit de Phytosanitaires Picardie 2004 mum. une forme, limiter le développement de mars à fin juin : la présence de la sève la tête (houppier de l'arbre)… favorise la cicatrisation de la plaie. • Des formations sont proposées aux personnels des communes par le Centre National de la Fonction GÉRER : Des pratiques adaptées et durables Publique Territoriale. 30 31 LLAA TAILLE TAILLE DANS DANS LES LES REGLES REGLES DE DE’’ARTART L L

Quel type de taille ? Choisir une entreprise La taille ne peut être improvisée: la connaissance du fonctionnement biologique est indispensable pour éviter Selon les objectifs de taille définis ci-dessus, on choisira la taille appropriée qualifiée pour les tra- de traumatiser l'arbre et le rendre dangereux à moyen terme. Il n'est pas question ici de présenter toutes les Les principales tailles d'entretien des arbres adultes : vaux à réaliser techniques de taille, mais de rappeler simplement celles qui sont recommandées pour les arbres: chaque espèce, Taille d'éclaircie Taille de mise Planter, abattre et tailler un arbre chaque forme font appel à une ou des tailles spécifiques. de houppier en sécurité : sont des opérations distinctes qui requièrent des compétences différen- Cette pratique est peu connue dans Il s'agit essentiellement, dans les tes. C'est la raison pour laquelle des la mesure où elle requiert des com- lieux fréquentés par le public, d'éli- qualifications ont été créées depuis pétences particulières, en particulier miner le bois mort et toutes branches 1970. Qualipaysage est une associa- L'ensemble des feuilles constituent, avec les charpentières, le houppier de l'arbre. Il assure le développement la technique du grimper. Elle permet susceptibles de présenter un danger tion qui définit et octroie les qualifi- de l'arbre. Toute intervention qui vise à supprimer des branches affaiblira l'arbre si le volume de branches éli- de visiter et d'intervenir sur l'ensem- potentiel en raison de la dégradation cations correspondantes aux diffé- minées est trop important. Tailler ou élaguer un arbre impose le respect de règles simples au mépris desquel- ble du houppier de l'arbre qui sera de son bois . rents travaux auxquels ces entrepri- les on fragilise l'arbre et on le rend dangereux. allégé du bois mort, les branches ses sont confrontées. Pour l'élagage, dangereuses peuvent être allégées, les qualifications sont référencées haubanées et l'éclaircie peut amélio- E140 et E141, la qualification E141 Règles de taille et d’élagage Comment intervenir rer l'éclairement d'une façade occul- concerne les grimpeurs élagueurs. Le à bon escient sur les tée par le houppier de l'arbre. choix d'entreprises qualifiées ne doit •Tailler modé- •Intervenir sur pas être exclusif car de nombreuses rément et régu- des branches de arbres adultes : entreprises non qualifiées possèdent lièrement en faible diamètre Trop souvent, les arbres adultes sont un savoir-faire et une expérience qui enlevant 20% sachant que la mutilés en raison de la méconnais- valent qualification. du volume vitesse de cica- sance des règles biologiques qui pré- foliaire à cha- trisation d'une sident au fonctionnement de l'arbre : Tous travaux de taille et d'élagages que passage et plaie se situe les coupes sont réalisées sans discer- peuvent faire référence au Cahier des jamais plus de autour de 1 cm nement, pour répondre à un besoin. Clauses Techniques Générales, fasci- 40 % ; par an sur le La taille et l'entretien d'un arbre adul- cule 35 qui définit les règles des pro- rayon ; te réclament des précautions élémen- fessionnels de l'arboriculture, il est taires. toujours possible pour une commune, de compléter cette référence par un Diagnostiquer Cahier des Clauses Techniques •Respecter le •Ne jamais cou- La technique du grim- Particulières (CCTP) qui précisera les bourrelet de per de branche précisément les raisons per, préférable à l'utili- règles spécifiques auxquelles l'entre- cicatrisation de diamètre pro- de l'élagage ou de la prise devra se soumettre pour la situé à la base che de celui du sation de la nacelle bonne conduite du chantier. de chaque bran- tronc ; taille : che ; • Évaluer le volume des branches à Taille de maintien des couper et la façon dont ce volume Références pourra être éliminé en une ou plu- formes architecturées sieurs fois pour préserver l'arbre et ne Ces tailles, régulières, veillent au • La taille des arbres d'ornement, du pas le rendre dangereux ; maintien de la forme réalisée lors des pourquoi au comment - Christophe • Éviter tous travaux susceptibles de tailles de formation (arbre têtard, Drénou - IDF Éditions 1999 •Lorsque les •Éliminer prio- perturber le fonctionnement racinai- arbres palissés…). branches sont ritairement les re et le bon ancrage de l'arbre : creu- • "L'arboriculture urbaine", L. Maillet, partiellement écorces incluses sement de tranchées, enterrement du C. Bourgery, IDF Éditions coupées, main- dont les bran- collet, dérasement de la couche végé- tenir un tire-sève ches s'effond- tale ou tassement excessif des hori- Dans les arbres adultes, la technique • La taille et le palissage - David qui irriguera la rent très facile- zons superficiels par le piétinement. du grimper est particulièrement Joyce - Éditions Nathan plaie et évitera ment lorsqu'el- recommandée car on intervient sur la dégradation les se dévelop- l'ensemble du houppier à la différen- • Taille et entretien des arbres du du bois mis à pent. ce de la nacelle qui accède unique- patrimoine - guide des bonnes pra- nu ; ment à la périphérie et génère sou- tiques, CRPF/ Conseil Général de la vent des tailles sévères. Somme 2001 GÉRER : Des pratiques adaptées et durables 32 33 LLECADRERÉGLEMENTAIREDELAPROTECTIONECADRERÉGLEMENTAIREDELAPROTECTION

Forestiers) ou A (Agricole) propices au Les inventaires maintien du caractère agricole ou du patrimoine végétal Parmi les différents documents qui naturel du territoire. constituent le P.L.U., certains enca- L’Atlas des paysages départementaux La prise en compte du végétal dans les projets d'aménagement et de planification est obligatoire, qu'ils soient drent plus particulièrement le projet Ce document de connaissance décrit menés à l'échelle communale ou celle de la parcelle privée. Le type et le niveau de la protection choisie seront paysager et arboré : l'état des lieux des réalités géogra- phiques, sociales et culturelles du ter- différents selon la nature et le degré d’intérêt du patrimoine arboré. Le Projet d'Aménagement et de ritoire. Il identifie également les dyna- Développement Durable miques d’évolutions des paysages de (voir page 24) notre quotidien et recense les paysa- Les outils de protection du patrimoine arboré ges les plus emblématiques de nos ter- Les orientations d'aménagement ritoires. Chaque département picard La protection au titre des sites et La protection au titre du patrimoi- La protection dans le cadre de la Elles précisent les dispositions néces- est doté d'un Atlas de paysage. monuments naturels ne architectural urbain et paysa- planification urbaine saires à l'évolution d'un secteur ou à ger (ZPPAU) un aménagement particulier (création L’Inventaire des arbres remarquables La loi définit deux niveaux de protec- Selon sa taille et les enjeux de protec- d'un tour de ville, d'un espace Ce recensement des arbres remarqua- tion basés sur l'intérêt artistique, his- Couvrant un espace plus vaste que le tion, ou de développement, une com- public…). bles de chaque département donne torique, scientifique, légendaire ou périmètre de 500m autour des monu- mune, ou un regroupement de com- Dans ce cadre, elles peuvent identifier une lecture de la richesse du patrimoi- pittoresque des sites : l'inscription et ments historiques, la ZPPAUP affirme munes, peut se doter d’un document les structures végétales à conserver, à ne végétal. Les arbres recensés sont le classement. Peu fréquente, la pro- une vocation paysagère et un intérêt d’urbanisme sous forme soit d’une renforcer, voire à créer pour recompo- décrits sous l’angle de leurs dimen- tection de sujet ou ensemble de sujets particulier pour les structures végéta- carte communale, soit d’un P.L.U. . ser la trame végétale du secteur sions, de leur spécificité et de la valeur végétaux remarquables peut être les, composant l’espace. Dans le concerné. historique ou légendaire qui leur sont envisagée. Leur destruction et les cadre des dispositions réglementai- •La carte communale est un docu- associés. modalités de gestion ou d’interven- res ou du cahier de recommanda- ment d’urbanisme simple qui organi- tion, hors entretien courant, sont tions, des préconisations relatives à se le développement de la commune Les Zones Naturelles d'Intérêt encadrées par un régime d’autorisa- la mise en valeur des structures végé- et indique le périmètre de constructi- À l'intérieur des périmètres U (espace Ecologique, Faunistique et Floris- tion spéciale ministérielle ou préfec- tales peuvent être édictées. La bilité. Les éléments paysagers à pro- Urbain) et AU (A Urbaniser), le règle- tique (ZNIEFF) torale. La protection des sites peut ZPPAUP est une servitude d’utilité téger ou à mettre en valeur peuvent y ment définit les règles de plantations C’est un inventaire des espaces natu- être assortie d’un document de ges- publique annexée au PLU. Elle est être mentionnés. Il ne comporte pas notamment en terme de clôtures végé- rels dont l'intérêt repose soit sur l'é- tion spécifique. instituée par la commune en accord de règlement spécifique, le tales. L'édification de clôture (haie) quilibre et la richesse des écosystè- L’inscription concerne des sites dont avec l’Etat (Service Départemental de Règlement National d’Urbanisme est soumise à autorisation sauf pour mes, soit sur la présence d'espèces flo- l’intérêt est suffisant pour mériter l’Architecture et du Patrimoine). s’applique dans toute la commune. les clôtures nécessaires à l'activité ristiques ou faunistiques rares et une maîtrise raisonnée de son évolu- Une palette végétale pour les planta- agricole et forestière. menacées. Une ZNIEFF n'est pas en soi tion. tions peut être indiquée en référence Les structures végétales caractéris- une mesure de protection mais un élé- Le classement est réservé aux sites sous forme de recommandations. tiques de l'identité communale (bois, ment d'expertise qui signale, le cas plus exceptionnels dont l’intérêt justi- alignements, réseau de haies, arbre échéant, la présence d'habitats natu- fie une politique rigoureuse de pré- La protection dans le cadre de •Le Plan Local d’Urbanisme est un remarquable isolé…) pourront être rels ou d'espèces remarquables proté- servation. l'aménagement foncier et du droit document de planification urbaine protégées au titre des “éléments pay- gées par la loi. rural spécifique à la commune, établi dans sagers remarquables” ou, quand le respect des principes de développe- l'intérêt est majeur, au titre des La protection du végétal est prise en ment durable sur l’intégralité du ter- Espace Boisés Classés. La destruc- Références La protection au titre de la riches- compte dans le cadre d'opération d'a- ritoire communal. tion de ces éléments est alors soumise se écologique ménagement foncier. Boisements, Il comprend un rapport de présenta- à un régime d'autorisation et les • "Les droits de l'arbre", aide-mémoire haies ou alignements peuvent ainsi tion, un Projet d'Aménagement et de modalités de leur gestion sont défi- des textes juridiques, Ministère de Reconnus pour leurs qualités écolo- être identifiés lors d'un remembre- Développement Durable (P.A.D.D), nies dans le règlement et dans les l'Écologie et du Développement giques exceptionnelles ou pour la pré- ment comme structures végétales à un règlement et des documents gra- orientations d'aménagement. Durable - juin 2003. Accessible sur sence d'une espèce animale ou végé- conserver, voire à reconstituer ou phiques qui définissent le zonage et Cette disposition ne concerne pas les http://www.environnement.gouv.fr tale patrimoniale identifiée dans un constituer. Leur destruction est alors les conditions qui s’y rapportent ; des bois soumis au Régime Forestier, ceux • "Pour un urbanisme attentif aux périmètre défini, les Réserves soumise à autorisation du Préfet. Une annexes mentionnent l’ensemble des dont les coupes entrent dans le cadre patrimoines de la commune - étudier avant de décider", Naturelles, Arrêtés de Biotope ou Site disposition du Code Rural prévoit en servitudes s’appliquant dans la com- d'une autorisation par catégories défi- CAUE de la Somme, 2005 du réseau « Natura 2000 » s'accompa- outre la protection de ces mêmes mune. nies par arrêté préfectoral après avis Tracés urbains • Site internet juridique Légifrance : gnent de documents de gestion défi- structures en dehors d'une démarche Le P.L.U. est opposable à toute du Centre Régional de la Propriété http://www.legifrance.gouv.fr nissant les modalités d'entretien et de d'aménagement foncier (article personne publique ou privée pour Le zonage et le règlement Forestière et ceux qui sont dotés d'un • Arbres remarquables de l’Aisne gestion à long terme de ces milieux. L.123-8 du Code Rural). l'exécution de travaux d’aménage- Le zonage délimite notamment des Plan Simple de Gestion agréé du Cpie Merlieux: 2005 ment, de constructions comme de périmètres N (espaces Naturels et même CRPF. • Paysages de l’Aisne plantations. CAUE de l’Aisne, 2002 • Atlas des paysages de l’Oise, DIREN de Picardie/Atelier 15, 2005 • Atlas des paysages de la Somme, PROTÉGER : Des mesures pour le patrimoine végétal DIREN de Picardie/ 34 Atelier Traverses, 2006 35 Adresses utiles

• Conseil Régional de Picardie - 3424 03 22 80 50 20 11 Mail Albert Ier 80026 AMIENS Cedex 1 Tél : 03 22 97 37 37 Courriel : [email protected] groupe oz’iris groupe • Direction Régionale de l’Environnement – Picardie (DIREN) 56 rue Jules Barni 80040 AMIENS Cedex Tél : 03 22 82 90 40 Fax : 03 22 97 97 89

• Centre Régional de la Propriété Forestière Nord Pas de Calais – Picardie (CRPF) 96 rue Jean Moulin 80000 AMIENS Tél : 03 22 33 52 00 Fax : 03 22 95 01 63 Courriel : [email protected]

• Conservatoire des Sites Naturels de Picardie 1 place Ginkgo, Village Oasis 80044 AMIENS Cedex 1 Tél : 03 22 89 63 96 Fax : 03 22 45 35 55 mél : [email protected]

• Conseil d’Architecture d’Urbanisme et d’Environnement (CAUE) de la Somme 5 rue Vincent Auriol 80000 AMIENS Tél : 03 22 91 11 65 Fax : 03 22 92 29 11 Courriel : [email protected] et Site internet : caue80.com

• Conseil d’Architecture d’Urbanisme et d’Environnement (CAUE) de l’Aisne 34 rue Serurier 02000 LAON Tél : 03 23 79 00 03 Fax : 03 23 23 47 25 Courriel : [email protected] et Site internet : caue02.com

• Conseil d’Architecture d’Urbanisme et d’Environnement (CAUE) de l’Oise La Cabotière – Parc du Château – BP 439 – 60635 CHANTILLY Cedex Tél : 03 44 58 00 58 Fax : 03 44 57 76 46 Courriel : [email protected] et Site internet : caue60.com

Crédit photos : CAUE de l’Aisne, de l’Oise et de la Somme ; Conservatoire des Sites Naturels de Picardie (photo p.8), CRPF

Crédits illustrations : CAUE de l’Aisne, de l’Oise et de la Somme , CRPF et Grand Nørd

Ont contribué à la rédaction de cette brochure : Jacques Barret, Bertrand Bès, Joël Byé, Claire Coulbeaut, Thérèze Rauwel, Gérald Reman, Bruno Stoop, F-X Valengin

Avec le soutien financier du Conseil Régional de Picardie et de la DIREN - Picardie PLAQUETTE DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES

PLAN LOCALISANT LES EXPLOITATIONS AGRICOLES

FICHES DETAILLEES DES SITES BASIAS

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Cottus gobio (L., 1758) 1163 Le Chabot Poissons, Scorpaéniformes, Cottidés

Description de l’espèce

Petit poisson de 10-15 cm à silhouette typique de la famille, au corps en forme de massue, épais en avant avec une tête large et aplatie (le tiers de la longueur totale du corps), fendue d’une large bouche terminale supère entourée de lèvres épaisses, por- tant deux petits yeux haut placés. Il pèse environ 12 g. Le dos et les flancs sont gris-brun avec des barres transversales foncées. Les écaillures sont minuscules et peu apparentes. La ligne latérale est bien marquée (elle atteint le début de la caudale), soutenue par deux rangées de pièces dures qui la rendent mimétisme au milieu rocheux des eaux courantes, fraîches et sensible au toucher. bien oxygénées. Les nageoires pectorales sont très grandes, étalées en éventail ; Médiocre nageur, il ne parcourt que de courtes distances à la la première dorsale, petite, est suivie d’une seconde beaucoup fois ; il se déplace en expulsant violemment par les ouïes l’eau plus développée. contenue dans sa bouche. Coloration brune tachetée ou marbrée, avec souvent trois ou quatre larges bandes transversales. Régime alimentaire En période de frai, le mâle est plus sombre que la femelle et sa première dorsale, également plus sombre, est ourlée de crème. Très vorace, le Chabot est carnassier et se nourrit de larves et de petits invertébrés benthiques (chironomides, simuliidés, pléco- Le Chabot ne possède pas de vessie natatoire. L’opercule est ptères, trichoptères...). Il peut également consommer œufs, frai armé d’un gros aiguillon courbé. et alevins de poissons, notamment ceux de la Truite de rivière Diagnose : D1 6-8 ; D2 (15)16-18 ; Pt 13-14 ; Pv I/4 ; A (10) (Salmo trutta), et même s’attaquer à ses propres œufs en cas de 11-13 ; C 13-14. disette.

Confusions possibles Caractères écologiques

Le genre Cottus est représenté en eau douce par une vingtaine Le Chabot affectionne les rivières et fleuves à fond rocailleux, d’espèces et de nombreuses sous-espèces. La fiabilité de la déter- bien que plus commun dans les petits cours d’eau, il peut égale- mination sur le plan taxonomique et phylogénétique repose sur ment être présent sur les fonds caillouteux des lacs. L’espèce est une description précise du système des canaux muqueux. très sensible à la qualité des eaux. Un substrat grossier et ouvert, offrant un maximum de caches pour les individus de toutes tailles, est indispensable au bon développement de ses popula- tions. Les cours d’eau à forte dynamique lui sont très propices Caractères biologiques du fait de la diversité des profils en long (radier-mouilles) et du renouvellement actif des fonds en période de forts débits. Reproduction C’est une espèce qui colonise souvent les ruisseaux en compa- Pour le Chabot, on observe normalement une seule ponte, en gnie des Truites. mars-avril, mais jusqu’à quatre chez certaines populations britanniques. Le mâle invite les femelles à coller 100 à 500 œufs de 2,5 mm en grappe au plafond de son abri. Il les nettoie et les protège durant toute l’incubation (un mois à 11°C). L’alevin Quelques habitats de l’annexe I mesure 7,2 mm à l’éclosion. L’espérance de vie est de 4 à 6 ans. susceptibles d’être concernés

Activité 3260 - Rivières des étages planitiaire à montagnard avec végé- tation du Ranunculion fluitantis et du Callitricho-Batrachion Espèce territoriale sédentaire, le Chabot a plutôt des mœurs noc- (Cor. 24.4) turnes. Actif très tôt le matin ou en soirée à la recherche de nour- riture, il chasse à l’affût en aspirant les proies passant à sa portée. 3140 - Eaux oligo-mésotrophes calcaires avec végétation Pendant la journée, il reste plutôt discret, se cachant parmi les benthique à Chara spp. (Cor. 22.12 x 22.44) pierres ou les plantes. Il reste disséminé suivant les abris. C’est 3150 - Lacs eutrophes naturels avec végétation du Magno- une espèce pétricole, ce qui lui permet de se confondre par potamion ou de l’Hydrocharition (Cor. 22.13 x (22.41 et 22.421))

216 Poissons

Répartition géographique Menaces potentielles L’espèce est très sensible à la modification des paramètres du milieu, notamment au ralentissement des vitesses du courant consécutif à l’augmentation de la lame d’eau (barrages, embâcles), aux apports de sédiments fins provoquant le colma- tage des fonds, à l’eutrophisation et aux vidanges de plans d’eau. La pollution de l’eau : les divers polluants chimiques, d’origine agricole (herbicides, pesticides et engrais) ou industrielle, entraî- nent des accumulations de résidus qui provoquent baisse de fécondité, stérilité ou mort d’individus. En lac, le Chabot est la proie d’un autre prédateur nocturne, la Lote (Lota lota).

Propositions de gestion

Propositions relatives à l’habitat Réhabilitation du milieu (habitats, pollution), éviter la canalisa- tion des cours d’eau… Lutte contre l’implantation d’étangs en dérivation, ou en barrage L’espèce est répandue dans toute l’Europe (surtout au nord des sur les cours d’eau de tête de bassin. Alpes), jusqu’au fleuve Amour, en Sibérie, vers l’est. Elle est par contre absente en Irlande, en Écosse et dans le sud de l’Italie Propositions relatives à l’espèce et n’existe en Espagne que dans le val d’Aran, aux sources de la Garonne. Suivi de l’espèce et des populations. Le Chabot présente une très vaste répartition en France (y com- pris dans le Finistère). On le trouve dans les rivières près du niveau de la mer jusqu’à des altitudes de 900 m dans le Massif central, dans le Cantal à 1 200 m et dans les Alpes à 2 380 m (lac Expérimentations et axes Léantier). Sa distribution est néanmoins très discontinue, notam- de recherche à développer ment dans le Midi où se différencient des populations locales pouvant atteindre le statut de sous-espèce ou d’espèce (cf. le Peu d’études sur la protection et la conservation des poissons ont Chabot du Lez, Cottus petiti, p. 214). Il manque en Corse, dans le été menées en France. Pour cela, il faut engager des recherches Roussillon, l’Orb, l’Argens, le Gapeau, la Nivelle et la Bidassoa. spécifiques sur la biologie, l’écologie et la génétique de chaque espèce.

Statuts de l’espèce Bibliographie

Directive « Habitats-Faune-Flore » : annexe II - ALLARDI J. & KEITH P., 1991.- Atlas préliminaire des poissons d’eau douce de France. Coll. Patrimoines naturels, vol. 4, série patri- moine génétique. Muséum national d’histoire naturelle, Paris, 232 p. Présence de l’espèce - DOWNHOWER J.F., LEJEUNE P., GAUDIN P. & BROWN L., 1990.- Movements of the chabot (Cottus gobio) in a small stream. dans des espaces protégés Polskie Archiwum Hydrobiologii, 37 (1-2) : 119-126. Le Chabot est présent dans certaines réserves naturelles : marais - FOX P.J., 1976.- Preliminary observations on different reproduction de Lavour (Ain), val de Loir (Cher et Nièvre), vallée de strategies in the bullhead (Cottus gobio) in northern and southern Chaudefour (Puy-de-Dôme)… England. Journal of Fish Biology, 12 : 5-11. - GAUDIN P., 1981.- Éco-éthologie d’un poisson benthique, le Chabot, L’espèce est également présente dans deux réserves naturelles Cottus gobio L. (Cottidae): distribution, alimentation et rapports avec la volontaires : RNV de Lostebarne et du Woohay (Pas-de-Calais) truite, Salmo trutta L. Thèse université Lyon 1, 178 p. et RNV du Ried de Sélestat l’Ill Wald (Bas-Rhin). - KOLI L., 1969.- Geographical variation of Cottus gobio L. (Pisces, Cottidae) in Northern Europe. Annales Zoologici Fennici, 6 : 353-390. - MAITLAND P.S., 1976.- Les poissons des lacs et rivières d’Europe en Évolution et état des populations, couleurs. Un multiguide nature. Elsevier Séquoia, Paris-Bruxelles, 255 p. menaces potentielles - MAITLAND P.S., 1995.- Freshwater fish of annexes II and IV of the EC habitats directive (92/43/Eec). 179 p. Évolution et état des populations - PERSAT H., EPPE R., BERREBI P. & BEAUDOU D., 1996.- Étude du complexe populationnel de la marge méridionale de Cottus gobio en L’espèce n’est pas globalement menacée, mais ses populations relation avec l’endémique du Lez Cottus petiti. Détermination des entités locales le sont souvent par la pollution, les recalibrages ou géographiques et génétiques. Rapport au ministère de l’Environnement, les pompages. Ainsi, il est à craindre que certaines variantes université Lyon 1, 22 p. méridionales n’aient déjà été éradiquées des sources qui consti- - SPILLMANN C.-J., 1961.- Faune de France. Vol. 65. Poissons d’eau tuent leur dernier retranchement en climat méditerranéen. douce. Lechevalier, Paris, 303 p.

217 Insectes - Lépidoptères

Eurodryas aurinia Rottemburg, 1775 1065 Le Damier de la Succise Syn. : Euphydryas aurinia Rottemburg, 1775 Insectes, Lépidoptères, Nymphalides

Remarques sur Eurodryas aurinia Rottemburg, 1775 - E. aurinia debilis observée dans les Alpes ; - E. aurinia pyrenes-debilis observée dans l’est des Pyrénées. Dans l’état actuel de nos connaissances, la majorité des spécialistes français sont d’accord pour scinder le complexe Eurodryas auri- Cependant, certains auteurs européens ont scindé le complexe nia en cinq sous-espèces. Leur biologie est très différente et les Eurodryas aurinia en trois espèces distinctes, Eurodryas aurinia conséquences en terme de gestion conservatoire varient forte- (majeure partie de l’Europe), E. beckeri (péninsule Ibérique) et ment selon la sous-espèce ciblée. Nous avons partagé la fiche E. debilis (montagnes des Alpes et des Pyrénées) (HIGGINS & pour cette espèce en deux parties. Une partie concerne HARGREAVES, 1983). Une étude génétique est actuellement Eurodryas aurinia aurinia, la sous-espèce la plus représentée en Europe, l’autre partie concerne les sous-espèces suivantes : en cours au laboratoire de systématique évolutive (UPRES - E. aurinia provincialis observée dans le sud-est de la France et biodiversité, université de Provence) dirigé par le Pr. H. l’Italie ; DESCIMON. Ces études plus fines permettront d’apporter des - E. aurinia beckeri observée dans les Pyrénées-Orientales et en éléments nouveaux sur les positions systématiques des Espagne ; différentes sous-espèces.

263 Insectes - Lépidoptères

Eurodryas aurinia Rottemburg, 1775 1065 Sous-espèce E. aurinia aurinia Rottemburg, 1775 Insectes, Lépidoptères, Nymphalides

Description de la sous-espèce

Envergure de l’aile antérieure : 15 à 21 mm.

Papillon mâle Ailes antérieures : le dessus des ailes est de couleur fauve pâle avec deux taches brun-orange dans la cellule. On observe une bande postmédiane de même couleur avec des taches plus claires au centre de chaque espace. Ailes postérieures : on observe, sur le dessus des ailes, un point noir dans chaque espace de la bande postmédiane brun-orange. Pour le dessous des ailes, chaque point noir de la bande post- médiane est fortement auréolé de jaune clair. ponte, est généralement important et peut atteindre 300. Ce Papillon femelle nombre diminue fortement pour les actes de ponte suivants. Elle est de même couleur et généralement plus grande que le mâle. Chenilles : on observe six stades larvaires. Les trois premiers stades se déroulent à l’intérieur d’un nid de soie communautaire édifié par les chenilles sur la plante hôte et déplacé au fur et à Œuf mesure de la consommation des feuilles. Elles entrent en dia- Il est jaune brillant. Les œufs fécondés brunissent rapidement. pause à la fin de l’été, au quatrième stade larvaire. La levée de la diapause intervient généralement au printemps et dépend des conditions climatiques ; elle peut intervenir dès mi-décembre Chenille dans le sud de la France. Les chenilles sortent du nid, s’exposent Le corps est noir avec de nombreuses spicules très ramifiées. une grande partie de la journée au soleil et s’alimentent en fin de On observe une bande dorsale formée d’un semis abondant de journée et durant une partie de la nuit. Très vite, elles se dispersent. taches blanches et une bande latérale, au niveau des stigmates, Elles s’alimentent « en solitaire » au sixième stade larvaire. formée de grandes macules blanches peu nombreuses. Les Chrysalides : la nymphose a lieu non loin du sol, souvent sur les pattes thoraciques sont noires. Sa taille est en moyenne de feuilles de la plante hôte. Elle dure d’une quinzaine de jours à 27 mm au dernier stade larvaire. trois semaines et se produit de fin mars au mois de juin ou juillet, en fonction de l’altitude, de la latitude et du type de milieu. Chrysalide Adultes : la période de vol des adultes s’étale sur trois ou quatre semaines d’avril à juillet (en fonction de l’altitude, de la Elle est blanche avec des taches noires et oranges. latitude et du type de milieu).

Confusions possibles Activité Vol des adultes : ils ne volent que si le temps est ensoleillé. Dès L’espèce Eurodryas aurinia est facilement reconnaissable par le passage d’un nuage, l’adulte s’immobilise, ailes relevées. Dès un non spécialiste avec un minimum de formation. Elle peut être que le soleil réapparaît le papillon étale ses ailes, reste exposé confondue dans les Pyrénées-Orientales avec Euphydryas ainsi quelques instants et s’envole vivement. desfontainii. Les adultes se différencient par la présence de taches noires contiguës au niveau de l’aire postdiscale sur le Reproduction et ponte : l’accouplement dure au minimum 4 à 6 dessous des ailes antérieures. Ces taches sont absentes chez heures. Les femelles ne s’accouplent qu’une seule fois et la Eurodryas aurinia. Les chenilles d’Euphydryas desfontainii ponte principale s’effectue dans un délai de un à quelques jours diffèrent par l’absence de bande dorsale blanche. Les ornemen- après l’accouplement. tations dorsales sont réduites à quelques taches au bord postérieur de chaque segment. Régime alimentaire

La sous-espèce nominale E. aurinia aurinia est liée à des Caractères biologiques milieux humides. Un écotype de milieux plus xériques E. auri- nia aurinia forme xeraurinia a été distingué par MAZEL (1982). Cycle de développement Chenilles d’E. aurinia aurinia : la plante hôte est la Succise des prés (Succisa pratensis). Cette espèce est monovoltine. Chenilles d’E. aurinia aurinia forme xeraurinia : les plantes Œufs : ils sont pondus en paquets successifs sur le dessous des hôtes sont la Scabieuse colombaire (Scabiosa columbaria) et la feuilles de la plante hôte. Le nombre d’œufs lors de la première Knautie des champs (Knautia arvensis).

264 Insectes - Lépidoptères

Adultes : floricoles, ils ont été observés sur un grand nombre d’espèces appartenant aux genres Anthemis, Carduus, Centaurea, Cirsium, Globularia, Hieracium, Ranunculus, Trigonella et sur la Renouée bistorte (Polygonum bistorta), la Potentille dressée (Potentilla erecta), la Bétoine officinale (Stachys officinalis). ? ? ? Caractères écologiques ? ? Relations interspécifiques ? Parasitisme : les chenilles sont parasitées en particulier par deux hyménoptères, Cotesia melitaearum (Wilkinson, 1937) et Cotesia bignelii Marshall, 1885. Ces espèces semblent respon- sables des fluctuations des populations observées sur le terrain d’une année sur l’autre. Très présent Peu présent Très rare ou localisé Considéré comme disparu Habitats fréquentés ? Données anciennes à confirmer L’écotype E. aurinia aurinia se rencontre dans des biotopes humides où se développe la plante hôte. Les milieux sont divers : prairies humides, tourbières (Cor. 37.31 : prairies à Statuts de l’espèce Molinie et communautés associées ; 51.1 : tourbières hautes). L’écotype peut se rencontrer jusqu’à 1 850 m. Un effectif impor- Directive « Habitats-Faune-Flore » : annexes II tant de Succise semble être un élément important pour l’établis- Convention de Berne : annexe II sement d’une colonie. Espèce d’insecte protégée au niveau national en France (art. 1er) L’écotype E. aurinia aurinia forme xeraurinia fréquente les pelouses calcicoles sèches, les prés maigres (Cor. 34.32 : pelouses Cotation UICN : France : en danger calcaires subatlantiques semi-arides (Mesobromion); Cor. 34.33 : prairies calcaires subatlantiques très sèches (Xerobromion)). L’espèce peut se rencontrer dans des bas-fonds humides de faible Présence de l’espèce surface, sur les bordures de route ou de chemin. À l’échelle dans des espaces protégés d’une région, l’habitat est généralement très fragmenté. Les populations ont une dynamique de type métapopulation avec des L’espèce Eurodryas aurinia est présente dans 16 réserves naturelles processus d’extinction et de recolonisation locale. En Alsace, et 4 réserves naturelles volontaires en France. Elle est présente dans FELDRAUER a observé ce fonctionnement en métapopulation sur 24 sites gérés par le réseau des conservatoires régionaux d’Espaces un site où l’espèce semblait se développer indifféremment dans naturels de France. Cinq de ces sites sont en arrêté de protection de des biotopes humides ou des biotopes plus xériques. biotope.

Quelques habitats de l’annexe I Évolution et état des populations, susceptibles d’être concernés menaces potentielles

6210 - Pelouses sèches semi-naturelles et faciès d’embuisson- nement sur calcaires (Festuco-Brometalia) (Cor. 34.31 à 34.34) Évolution et état des populations 6410 - Prairies à Molinia sur sols calcaires, tourbeux ou argilo- Jusqu’à présent les documents tentant de faire un état des popu- limoneux (Molinion caeruleae) (Cor. 37.31) lations en France ou en Europe tenaient compte de l’ensemble 7110 - * Tourbières hautes actives (Cor. 51.1) : habitat prioritaire des sous-espèces d’Eurodryas aurinia. Cependant, l’état des populations et les degrés de menace sont très différents selon les 7120 - Tourbières hautes dégradées encore susceptibles de régé- sous-espèces (cf. fiche sur les autres sous-espèces d’E. aurinia). nération naturelle (Cor. 51.2) En ce qui concerne E. aurinia aurinia, les populations liées aux milieux humides ont fortement décliné dans toute l’Europe.

Répartition géographique Menaces potentielles La sous-espèce E. aurinia aurinia est la sous-espèce la plus L’assèchement des zones humides dans le cadre d’une urbanisa- représentée en Europe. Elle est présente de la Grande-Bretagne, tion non maîtrisée et de certaines pratiques agricoles est un des du sud de la Suède et de la Finlande jusqu’en Sibérie. Cette facteurs de menace les plus importants. Ceci provoque une frag- sous-espèce est présente dans presque toute la France hors de la mentation importante des habitats potentiels et une isolation des zone de l’Olivier (Olea europaea). populations. L’écotype E. aurinia forme xeraurinia est présent dans le sud-ouest L’amendement des prairies en nitrates est néfaste aux popula- de la France. Il existe aussi dans le quart nord-est. Il existe un éco- tions de cette espèce par la raréfaction de sa plante hôte. type lié aux mêmes milieux xériques dans le sud de l’Angleterre et La gestion des milieux par un pâturage ovin est déconseillée, qui se développe aux dépens des mêmes plantes hôtes. car celui-ci exerce une pression très importante sur Succisa La carte présentée ci-après correspond à la répartition de toutes pratensis. les sous-espèces. La fauche pendant la période de développement larvaire.

265 Insectes - Lépidoptères

Propositions de gestion membre de l’association parcourt à allure régulière ce trajet en comptabilisant les espèces visées par le suivi dans une bande de 5 m autour de lui. L’identification d’Eurodryas aurinia ne Propositions relatives à l’habitat de l’espèce nécessite pas de mise en collection mais une simple capture Pour l’écotype des milieux humides, faire la cartographie des pour vérification des critères d’identification. Les comptages stations où la Succise est abondante. s’effectuent dans des conditions pré-définies de température (>13°C avec ensoleillement de plus 60% ou >17°C avec ou Enrayer la fermeture des milieux à l’aide d’un pâturage extensif sans soleil, entre 10 h 45 et 15 h 45). Pour le suivi réalisé dans la avec des bovins. Des expériences en Grande-Bretagne sur des tourbière des Dauges, en prenant en compte le trajet domicile- prairies humides à Molinie montrent qu’une pression de pâturage Dauges, l’association consacre 3 heures par semaine (déplacement de 0,4 à 0,7 UGB à l’hectare semble satisfaisante. Les pontes compris domicile-tourbière soit 70 km aller-retour) auxquelles il sont plus importantes si la hauteur de la végétation se situe entre faut rajouter le temps de saisie et d’analyse informatique. 8 et 20 cm. Pour ce même type d’habitat, la mise en place d’une rotation de la fauche semble moins profitable à l’espèce (WARREN, 1993 ; 1994). Cependant, en France, l’espèce est souvent présente dans des prairies de fauche humides et il nous Expérimentations et axes paraît important de rechercher des systèmes de fauche compa- de recherche à développer tibles avec le maintien de cette activité agricole et le maintien des colonies d’E. aurinia aurinia. Compléter l’inventaire national pour : En ce qui concerne les pelouses sèches calcaires, les expériences - identifier les sites-clés pour la préservation d’Eurodryas menées en Angleterre (BUTT, 1986), montrent que le pâturage aurinia aurinia en France ; extensif permet le maintien des populations. On a pu montrer - augmenter nos connaissances sur la répartition des deux que les populations étaient très importantes sur les sites où la écotypes de cette sous-espèce en France. densité des plantes hôtes est importante et la hauteur du gazon Développer des axes de recherche pour déterminer les actions située entre 5 et 10 cm. de gestion les plus pertinentes pour cette sous-espèce. Proposer localement que les périodes de fauche des bords des Élaborer une méthode d’échantillonnage standardisée afin de routes et de curage des fossés soient fonction du cycle de déve- réaliser un suivi national des populations. loppement de l’espèce.

Propositions concernant l’espèce Bibliographie Cartographier sur le site et à sa périphérie, l’ensemble des stations où l’espèce est présente. Rechercher les stations où les -BUTTERFLIES UNDER THREAT TEAM (BUTT), 1986.- The management effectifs sont les plus importants. of Chalk Grassland for Butterflies. Nature Conservancy Council, Suivi des effectifs des populations. Il est important de suivre les Peterborough, 79 p. adultes au printemps et la méthode du transect d’observation - DELMAS S. & SIBERT J.-M., 1996.- Surveillance des populations (POLLARD, 1982) est une méthode satisfaisante pour avoir un de rhopalocères de la tourbière des Dauges. In MAURIN H., GUILBOT indice annuel d’abondance. Le comptage des nids de chenilles R., LHONORÉ J., CHABROL L. & SIBERT J.-M. (éds), « Inventaire en juillet et en août donne des renseignements complémentaires et cartographie des invertébrés comme contribution à la gestion des milieux naturels français ». Actes du séminaire tenu à Limoges les 17- qui sont indispensables (LEWIS & HURFORD, 1997). 19 novembre 1995. Collection Patrimoine naturels, volume 25. Service du patrimoine naturel (IEGB/MNHN), Paris, 252 p. Conséquences éventuelles de cette gestion - FIERS V. & al., 1998.- Observatoire du patrimoine naturel des sur d’autres espèces réserves naturelles de France. Analyse et bilan de l’enquête 1996, Ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, Nous ne possédons pas de données sur l’impact des mesures de Réserves naturelles de France. gestion proposées pour l’écotype lié aux pelouses calcaires, sur - FOUILLET P., 1996.- Les insectes de la directive « Habitats » en la flore caractéristique de ce type de milieu, notamment les Bretagne. Bilan des connaissances sur les espèces dans la région / biolo- orchidées. gie, écologie, répartition et niveau de vulnérabilité. Rapport DIREN, 34 p. - HIGGINS L.G., 1950.- A descriptive catalogue of the palearctic Euphydryas. Trans. royal ent. Soc. Lond., 101 (12) : 435-499. Exemples de sites avec gestion conservatoire menée - HIGGINS L.G. & HARGREAVES B., 1983.- The butterflies of Britain and Europe. Collins, London. Des opérations de suivi des effectifs d’adultes d’Eurodryas aurinia sont réalisées par la Société entomologique du Limousin * LEWIS O.T. & HURFORD C., 1997.- Assessing the status of the marsh fritillary butterfly (Eurodryas aurinia): an example fom glamor- sur la réserve naturelle de la tourbière des Dauges ; ce site est gan, UK. Journal of Insect Conservation, 1 : 159-166. géré par Espaces naturels du Limousin. Sur ce site, l’ensemble des populations de lépidoptères rhopalocères sont suivis -LIGUE SUISSE POUR LA PROTECTION DE LA NATURE (LSPN), 1987.- Les papillons de jour et leurs biotopes. Espèces - Dangers qui les mena- (DELMAS & SIBERT, 1996). Ce suivi vise à évaluer les variations cent - Protection. LSPN, Bâle, 512 p. des effectifs des populations. Les éventuelles variations des effectifs seront analysées par rapport aux activités de gestion ou - MAZEL R., 1982.- Seconde contribution expérimentale à la connais- sance taxinomique et phylétique de quelques formes d’Eurodryas aurinia de non-gestion des milieux. Rott. Alexanor, 12 (7) : 303-316. La méthode employée est celle de POLLARD (1982). Après avoir * MAZEL R., 1984.- Tropisme, hybridation et spéciation chez recensé les différents milieux de la tourbière, les entomologistes Eurodryas aurinia Rottemburg (Lepidoptera - Nymphalidae). Thèse de la Société entomologique du Limousin ont défini un parcours docteur ingénieur, université de Perpignan, 321 p. d’environ 3 km. Ce circuit est découpé en 15 secteurs, un - POLLARD E., 1982.- Monitoring butterfly abundance in relation to the secteur correspondant à un type de milieu. Chaque semaine, un management of a nature reserve. Biological Conservation, 24 : 317-328.

266 Insectes - Lépidoptères

- PORTER K., 1983.- Multivoltinism in Apenteles bignelli and the -WARREN M.S., 1994.- The UK status and suspected metapopulation influence of weather on synchronization with its host Euphydryas auri- structure of a threatened European butterfly, Eurodryas aurinia (the marsh nia. Entomologia experimentalis et applicata, 35 : 155-162. fritillary). Biological Conservation, 67 : 239-249. - SHENEFELT R.D., 1972.- Hymenopterorum Catalogus, Uitgeverij *WARREN M.S., 1997.- Euphydryas aurinia Rottemburg, 1775 ; p. : Dr. W. Junk N.V., Gravenhage. 121-126. In VAN HELSDINGEN P.J., WILLEMSE L. & SPEIGHT M.C.D. (eds), Background information on invertebrates of the Habitats -WARREN M.S., 1993.- A review of butterfly conservation in central Directive and the Bern Convention. Part I - Crustacea, Coleoptera and southern Britain. II. Site management and habitat selection of key Lepidoptera. Coll. Nature et Environnement, n°79, Conseil de l’Europe, species. Biological Conservation, 64 : 37-49. Strasbourg, 217 p.

267 Insectes - Lépidoptères

Eurodryas aurinia Rottemburg, 1775 1065 Autres sous-espèces : E. a. beckeri Lederer, 1853 ; E. a. provincialis Boisduval, 1829 ; E. a. pyrenes-debilis Verity, 1928 ; E. a. debilis Oberthür, 1909 (= glaciegenita Verity, 1928) Insectes, Lépidoptères, Nymphalides

Description des sous-espèces

Envergure de l’aile antérieure : - E. aurinia beckeri : 15 à 22 mm ; - E. aurinia provincialis : 18,5 à 23 mm ; - E. aurinia pyrenes-debilis : 12 à 17 mm ; - E. aurinia debilis : 15 à 18,5 mm.

Papillons mâle et femelle

Les sous-espèces méridionales Eurodryas aurinia beckeri et E. aurinia provincialis sont en moyenne plus grandes que le type. E. a. beckeri présente une dominance rouge, souvent accusée et un vol très vif. E. a. provincialis est beaucoup plus homochrome, La période de vol des adultes pour E. aurinia beckeri et E. auri- typiquement chamois clair, assez terne. Les deux autres sous- nia provincialis se situe habituellement en mai, certaines années espèces sont orophiles, nettement plus petites et le dessus des dès avril, et se prolonge rarement en juin. ailes est beaucoup plus chargé de noir. Régime alimentaire

Œuf Chenilles d’E. aurinia beckeri : les plantes hôtes sont le Il est identique chez toutes les sous-espèces d’E. aurinia. Chèvrefeuille de Toscane (Lonicera etrusca) et le Chèvrefeuille des jardins (Lonicera implexa). Chenilles d’E. aurinia provincialis : la plante hôte est la Chenille Céphalaire à fleurs blanches (Cephalaria leucantha). Dans de rares cas, les chenilles sont trouvées au printemps sur quelques Pour plus de renseignements, se référer à MAZEL (1986). autres plantes telle que le Centranthe rouge (Centranthus ruber). E. aurinia beckeri : les bandes dorsales et latérales comportent Chenilles d’E. aurinia pyrenes-debilis : les plantes hôtes sont la d’abondants petits points blancs, circulaires qui donnent un Gentiane des Alpes (Gentiana alpina), la Gentiane de Koch aspect noir-gris à la chenille. Les pattes thoraciques sont noires. (Gentiana acaulis = G. kochiana) et la Succise des prés (Succisa E. aurinia provincialis : les stigmates sont moins cerclés de pratensis). blanc, ce qui est l’inverse pour les autres sous-espèces. Les Chenilles d’E. aurinia debilis : les plantes hôtes sont la Gentiane pattes thoraciques sont jaunâtres. Les bandes dorsales et laté- de Clusius (Gentiana clusii), Gentiana alpina, Gentiana acaulis rales sont moins visibles que chez E. aurinia aurinia. et Succisa pratensis. E. aurinia pyrenes-debilis : on observe le même type d’orne- Pour les formes orophiles, les observations sur Succisa pratensis mentation que chez E. aurinia aurinia. Le semis dorsal est se font au-dessous de 2 000 m, dans des zones de contact avec moins abondant et les macules latérales plus réduites. E. a. aurinia. GERBER émet l’hypothèse que les sous-espèces E. aurinia debilis : les points blancs sont moins marqués au orophiles sont des formes d’altitude d’E. aurinia aurinia. En niveau des bandes latérales qui sont moins distinctes que chez revanche MAZEL établit l’existence d’une hybridation entre E. a. E. aurinia aurinia. pyrenes debilis et E. a. aurinia et admet une origine différente pour les deux peuplements. Chrysalide

Il n’existe pas de variation morphologique importante entre les différentes sous-espèces d’E. aurinia en dehors des différences Caractères écologiques de taille. Les chrysalides sont plus petites chez les formes oro- philes. Habitats fréquentés

E. aurinia beckeri se rencontre dans les buissons et fruticées sclérophylles sempervirents méditerranéens et subméditerra- Caractères biologiques néens (maquis et garrigue) (Cor. 32 : fruticées sclérophylles). La plante hôte d’E. aurinia provincialis est répandue principa- Cycle de développement et activité lement dans le sud-sud-est de la France. On la rencontre en des- Les cycles de développement des sous-espèces d’E. aurinia sont sous de 800 m, dans beaucoup de milieux sur substrat calcaire similaires mais les périodes de vol des adultes varient. Pour E. (bords des chemins, pelouses, garrigues, friches, éboulis, etc.). aurinia pyrenes-debilis et E. aurinia debilis, les adultes s’obser- Les sous-espèces orophiles fréquentent principalement les vent de juin à fin août en fonction de l’altitude et des années. pelouses alpines et subalpines (Cor. 36).

268 Insectes - Lépidoptères

Quelques habitats de l’annexe I Statuts des sous-espèces susceptibles d’être concernés Toutes les sous-espèces d’E. aurinia ont le même statut de Pour les sous-espèces orophiles : protection que la forme nominale. 6170 - Pelouses calcaires alpines et subalpines (Cor. 36.41 à 36.45) 6230 - * Formations herbeuses à Nardus, riches en espèces, sur substrats siliceux des zones montagnardes (et des zones submonta- Évolution et état des populations, gnardes de l’Europe continentale) (Cor. 35.1) : habitat prioritaire menaces potentielles

Répartition géographique Évolution et état des populations Actuellement, les populations d’E. aurinia provincialis et d’E. aurinia debilis ne sont pas menacées. Ces deux sous- espèces sont communes voire très communes. Les populations d’E. aurinia beckeri ne semblent pas actuelle- ment menacées. Cette sous-espèce est en limite d’aire dans notre pays où elle demeure toujours assez rare et peut, à ce titre, être prise en compte localement dans le cadre d’une gestion conser- vatoire. E. aurinia pyrenes-debilis constitue une sous-espèce strictement endémique de l’est des Pyrénées dont le statut phylétique est discuté. Ses populations sont disséminées mais souvent abon- dantes en individus.

Menaces potentielles Très présent Peu présent Le pâturage intensif peut être néfaste aux populations d’E. aurinia Très rare ou localisé pyrenes-debilis. Considéré comme disparu

E. aurinia pyrenes-debilis est une sous-espèce endémique de Propositions de gestion l’est des Pyrénées. E. aurinia debilis est une sous-espèce des Alpes orientales et Propositions relatives à l’habitat des sous-espèces centrales. Dans les Hautes-Alpes, au sud du col du Lautaret, il existe une forme assez différente frigescens, dont l’origine reste Mise en place d’un pâturage extensif en rotation dans les à déterminer. stations où sont observées des populations d’ E. aurinia pyrenes- debilis. Cependant, nous manquons de données sur le long terme et des expérimentations doivent être mises en place afin de mieux cadrer l’intensité de pâturage avec le type d’habitat et la dynamique des populations de cette sous-espèce. En ce qui concerne le biotope d’E. aurinia beckeri, celui-ci est bien répandu dans les Pyrénées-Orientales et ne semble pas menacé.

Propositions concernant les sous-espèces Cela concerne seulement E. aurinia beckeri et E. aurinia pyrenes-debilis. Cartographier sur le site et à sa périphérie l’ensemble des stations où la sous-espèce est présente. Rechercher les stations où les effectifs sont les plus importants. Très présent Suivi des effectifs des populations. Nous ne possédons pas Peu présent d’expérience sur le suivi des adultes de ces deux sous-espèces. Très rare ou localisé Considéré comme disparu La méthode de POLLARD (1982) pourrait être satisfaisante. Le comptage des nids de chenilles sur les plantes hôtes est aussi possible, notamment pour E. aurinia beckeri. E. aurinia beckeri est une sous-espèce présente dans la péninsule Ibérique. Elle est en limite d’aire en France où on ne la rencontre que dans le département des Pyrénées-Orientales. E. aurinia provincialis se rencontre en Yougouslavie, en Italie Expérimentations et axes et dans le sud-est de la France. Dans le sud du Massif central, on de recherche à développer rencontre la forme salvayrei qui paraît issue d’un croisement entre E. aurinia provincialis et E. aurinia aurinia forme xerau- Développer des axes de recherche pour déterminer les actions de rinia (écotype xérique d’E. a. aurinia). gestion les plus pertinentes pour E. aurinia pyrenes-debilis.

269 Insectes - Lépidoptères

Élaborer une méthode d’échantillonnage standardisée afin de - JUTZELER D., 1994.- Quelques observations de terrain sur l’écolo- réaliser un suivi des populations d’E. aurinia pyrenes-debilis et gie d’Eurodryas aurinia ssp. provincialis (Boisduval, 1829) en d’E. aurinia beckeri. Ligurie (Italie) et dans les Alpes-Maritimes (France) (Lépidoptères : Nymphalidae). Bulletin de la Société entomologique de Mulhouse. Mettre en place un programme de recherche pluridisciplinaire (biologie des populations, biogéographie, génétique) pour -LIGUE SUISSE POUR LA PROTECTION DE LA NATURE (LSPN), 1987.- Les comprendre la répartition actuelle des différentes sous-espèces papillons de jour et leurs biotopes. Espèces - Dangers qui les menacent d’E. aurinia. Actuellement des études fines de génétique - Protection. LSPN, Bâle, 512 p. moléculaire sont en cours. * MAZEL R., 1984.- Tropisme, hybridation et spéciation chez Eurodryas aurinia Rottemburg (Lepidoptera - Nymphalidae). Thèse de doctorat d’État, université de Perpignan, 321 p. * MAZEL R., 1986.- Structure et évolution du peuplement Bibliographie d’Euphydryas aurinia Rott. dans le sud-ouest européen. Vie et Milieu, 36 (3) : 205-225. * GERBER H., 1972.- Speziation und biologie van Euphydryas auri- - POLLARD E., 1982.- Monitoring butterfly abundance in relation nia aurinia, E. aurinia debilis und E. aurinia debilis F. to the management of a nature reserve. Biological Conservation, 24 : glaciegenita. Mitt. Ent. Gesell. Basel.,NF, 22 : 73-87. 317-328.

270 Insectes - Lépidoptères * Euplagia quadripunctaria Poda, 1761 L’Écaille chiné 1078* Syn. : Panaxia quadripunctaria Poda, 1761 ; Callimorpha quadripunctaria Poda, 1761 ; Callimorpha hera L., 1767 Insectes, Lépidoptères, Arctiides * Espèce prioritaire

Description de l’espèce

Envergure de l’aile antérieure : 23 à 29 mm.

Papillon mâle Ailes antérieures : elles sont noires zébrées de jaune pâle. Ailes postérieures : elles sont rouges avec quatre gros points noirs. Il existe une forme particulière aux ailes postérieures jaunes (forme lutescens). Celle-ci se rencontre principalement dans l’ouest de la France et est souvent plus commune que la forme nominale. (Lamium spp.), Orties (Urtica spp.), Épilobes (Epilobium spp.), Corps : le thorax est noir rayé de jaune. L’abdomen est orangé et et sur des ligneux (arbres, arbustes, lianes) : Noisetier (Corylus orné d’une rangée médiane de points noirs. avellana), Genêts, Hêtre (Fagus sylvatica), Chênes (Quercus spp.), Chèvrefeuille (Lonicera spp.). Papillon femelle Adultes : ils sont floricoles et butinent diverses espèces : Même coloration que le mâle. Eupatoire chanvrine, Ronces (Rubus spp.), Angélique sauvage (Angelica sylvestris), Cirses (Cirsium spp.), Chardons (Carduus Chenille spp.), Centaurées (Centaurea spp.). Elle atteint 50 mm au dernier stade larvaire. Le tégument est noi- râtre ou brun foncé. Sur les segments, des verrues brun orangé Caractères écologiques portent des soies courtes grisâtres ou brun jaunâtre. On observe une bande médio-dorsale jaunâtre et deux bandes latérales de Habitats fréquentés macules blanc jaunâtre. La tête est d’un noir luisant. Callimorpha quadripunctaria fréquente un grand nombre de milieux humides ou xériques ainsi que des milieux anthropisés. Confusions possibles Aucune confusion n’est possible. Quelques habitats de l’annexe I susceptibles d’être concernés Caractères biologiques Cette espèce peut se rencontrer dans de nombreux habitats de Cycle de développement l’annexe I. C’est une espèce monovoltine. Œufs : la ponte se déroule de juillet à août. Les œufs sont Répartition géographique déposés sur les feuilles de la plante hôte. Chenilles : elles éclosent 10 à 15 jours après la ponte. Les chenilles rentrent rapidement en diapause dans un cocon à la base des plantes. L’activité reprend au printemps. Chrysalides : la nymphose se déroule en juin et dure quatre à six semaines. Adultes : les adultes s’observent de fin juin à fin août.

Activité Les adultes ont une activité diurne et nocturne. Ils sont plus visibles en fin d’après-midi. Les chenilles se nourrissent princi- palement la nuit et se cachent sous les feuilles pendant la jour- née. Les chenilles du dernier stade larvaire peuvent s’alimenter au cours de la journée.

Régime alimentaire Très présent Chenilles : elles sont polyphages et se nourrissent sur diverses Peu présent espèces herbacées : Eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabi- Très rare ou localisé num), Cirses (Cirsium spp.), Chardons (Carduus spp.), Lamiers Considéré comme disparu

280 Insectes - Lépidoptères

L’Écaille chinée est une espèce du paléarctique occidental. Elle Propositions de gestion est répandue dans toute l’Europe moyenne et méridionale. L’espèce est présente partout en France. Elle semble très com- mune dans une grande partie de la France et moins fréquente En France, cette espèce ne nécessite pas la mise en œuvre de dans le nord-est. mesures de gestion.

Statuts de l’espèce Bibliographie

Directive « Habitats-Faune-Flore » : annexe II (espèce prioritaire) - CARTER D.J., HARGREAVES B. & MINET J., 1988.- Guide des chenilles d’Europe. Delachaux et Niestlé, Neuchatel-Paris, 311 p. * LEGAKIS A., 1997.- Callimorpha quadripunctaria Poda, 1761. p. : 90-92. In VAN HELSDINGEN P.J., WILLEMSE L. & SPEIGHT Évolution et état des populations, M.C.D. (eds), Background information on invertebrates of the Habitats menaces potentielles Directive and the Bern Convention. Part I - Crustacea, Coleoptera and Lepidoptera. Coll. Nature et Environnement, n°79, Conseil de l’Europe, Strasbourg, 217 p. Le groupe d’experts sur les invertébrés de la convention de Berne considère que seule la sous-espèce Callimorpha quadri- punctaria rhodonensis (endémique de l’île de Rhodes) est menacée en Europe.

281 Mammifères

Myotis myotis (Borkhausen, 1797) 1324 Le Grand murin Mammifères, Chiroptères, Vespertilionidés

Description de l’espèce

Le Grand murin fait partie des plus grands chiroptères français. Tête + corps : 6,5-8 cm ; avant-bras : 5,3-6,6 cm ; envergure : 35-43 cm ; poids : 20-40 g. Oreilles longues, 2,44-2,78 cm, et larges, 0,99-1,3 cm. Museau, oreilles et patagium brun-gris. Les mensurations crâniennes, la longueur condylobasale (CB) et la rangée dentaire supérieure (CM3) fournissent également de bons critères pour distinguer les deux espèces. Pour le Grand murin, les valeurs extrêmes de ces deux mensurations sont : CB : 19,5-20,7 mm, CM3 : 8,3-9,4 mm. Longévité : 20 ans mais l’espérance de vie ne dépasse probable- ment pas en moyenne 4-5 ans. Pelage épais et court, de couleur gris-brun sur tout le corps à l’exception du ventre et de la gorge qui sont blanc-gris. Cas d’albinisme partiel (pointe des ailes blanches). Activité Le Grand murin entre en hibernation d’octobre à avril en fonc- tion des conditions climatiques locales. Durant cette période, Confusions possibles cette espèce peut former des essaims importants ou être isolée dans des fissures. Le Petit murin (Myotis blythii), espèce jumelle du Grand murin, À la fin de l’hiver, les sites d’hibernation sont abandonnés au pro- est très proche morphologiquement. Il peut malgré tout se fit des sites d’estivage où aura lieu la reproduction. Les colonies reconnaître par la présence d’une tâche blanche sur le pelage de reproduction comportent quelques dizaines à quelques cen- entre les deux oreilles (en Suisse, 95% des individus de Petit taines voire quelques milliers d’individus, essentiellement des murin possèdent cette tâche). femelles. Elles s’établissent dès le début du mois d’avril jusqu’à Une formule proposée par R. ARLETTAZ, testée sur les popula- fin septembre. Les colonies d’une même région forment souvent tions européennes, permet de distinguer les deux espèces : un réseau au sein duquel les échanges d’individus sont possibles. Z = (0,433 x AB) + (3,709 x LOr) - 114,887 Le Grand murin est considéré comme une espèce plutôt séden- taire malgré des déplacements de l’ordre de 200 km entre les → → Si Z > 0 Grand murin ; si Z < 0 Petit murin. gîtes hivernaux et estivaux. Enfin, l’électrophorèse de protéines GOT-1 et ADA permet aussi Le Grand murin quitte généralement son gîte environ 30 minutes de discriminer les deux espèces. après le coucher du soleil pour le regagner environ 30 minutes avant le lever de soleil. Cet horaire, très général, varie en fonction des conditions météorologiques. Lors de l’allaitement, Caractères biologiques les femelles rentrent exceptionnellement au gîte durant la nuit. Il utilise régulièrement des reposoirs nocturnes. Reproduction La majorité des terrains de chasse autour d’une colonie se situe Maturité sexuelle : à 3 mois pour les femelles, 15 mois pour les dans un rayon de 10 km. Cette distance est bien sûr à moduler en mâles. fonction de la disponibilité en milieux adéquats et de leurs Accouplement dès le mois d’août et jusqu’au début de l’hiber- densités en proies. Certains individus effectuent quotidiennement nation. jusqu’à 25 km pour rejoindre leurs terrains de chasse. Les femelles donnent naissance à un seul jeune par an excep- Le glanage au sol des proies est le comportement de chasse tionnellement deux. Elles forment des colonies importantes caractéristique du Grand murin. pouvant regrouper plusieurs milliers d’individus, en partageant Le Grand murin repère ses proies essentiellement par audition l’espace avec le Petit murin, le Minioptère de Schreibers passive. Il n’est bien sûr pas exclu que l’écholocalisation (Miniopterus schreibersi), le Rhinolophe euryale (Rhinolophus intervienne pour la capture des proies, mais son rôle principal euryale), le Vespertilion à oreilles échancrées (Myotis emargi- pourrait n’être que d’éviter les obstacles en vol. natus) ou le Vespertilion de Capaccini (Myotis capaccinii). Le vol de chasse, révélé récemment grâce au suivi d’individus Les jeunes naissent généralement durant le mois de juin (des cas équipés d’émetteurs radio, se compose d’un vol de recherche à de naissances ont été observés au mois de mai en Picardie). Les environ 30-70 cm du sol, prolongé d’un léger vol surplace lors- jeunes pèsent généralement 6 g à la naissance, commencent à qu’une proie potentielle est repérée. La suite est alors constituée voler à un mois et sont sevrés vers six semaines. soit de la capture suivie d’un vol circulaire au-dessus du lieu de

74 Mammifères capture durant lequel la proie est mâchouillée et ingérée, soit de Quelques habitats de l’annexe I la poursuite du vol de recherche. susceptibles d’être concernés Les proies volantes peuvent aussi être capturées par un compor- tement de poursuite aérienne qui implique le repérage des proies 6220 - * Parcours substeppiques de graminées et annuelles des par écholocalisation, voire aussi par audition passive. Thero-Brachypodietea (Cor. 34.5) : habitat prioritaire 6510 - Prairies maigres de fauche de basse altitude Régime alimentaire (Alopecurus pratensis, Sanguisorba officinalis) (Cor. 38.2) Le Grand murin est, comme les autres chiroptères européens, un 8310 - Grottes non exploitées par le tourisme (Cor. 65) insectivore strict. 9110 - Hêtraies du Luzulo-Fagetum (Cor. 41.11) Son régime alimentaire est principalement constitué de 9130 - Hêtraies de l’Asperulo-Fagetum (Cor. 41.13) coléoptères carabidés (> 10 mm), auxquels s’ajoutent aussi des coléoptères scarabéoïdes dont les mélolonthidés (hannetons), 9150 - Hêtraies calcicoles médio-européennes du Cephalantero- des orthoptères, des dermaptères (perce-oreilles), des diptères Fagion (Cor. 41.16) tipulidés, des lépidoptères, des araignées, des opilions et des 9160 - Chênaies pédonculées ou chênaies-charmaies sub-atlan- myriapodes. tiques et médio-européennes du Carpinion betuli (Cor. 41.24) La présence de nombreux arthropodes non-volants ou aptères suggère que le Grand murin est une espèce glaneuse de la faune du sol. Répartition géographique En région méridionale (Portugal, Corse, Malte, Maroc), des proies des milieux ouverts sont exploitées : gryllotalpidés (Courtilière), gryllidés (grillons), cicadidés (cigales ; stades jeunes) et tettigoniidés (sauterelles). Le Grand murin a donc un comportement alimentaire que l’on peut qualifier de généraliste de la faune épigée. Il semble aussi opportuniste, comme en témoigne la capture massive d’insectes volants à certaines périodes de l’année (hannetons, tipules, tordeuses, fourmis).

Caractères écologiques Les terrains de chasse de cette espèce sont généralement situés dans des zones où le sol est très accessible comme les forêts pré- sentant peu de sous-bois (hêtraie, chênaie, pinède, forêt mixte…) et la végétation herbacée rase (prairies fraîchement Observé entre 1970 et 1999 fauchées, voire pelouses). Les futaies feuillues ou mixtes, où la végétation herbacée ou En Europe, le Grand murin se rencontre de la péninsule Ibérique buissonnante est rare, sont les milieux les plus fréquentés en jusqu’en Turquie. Il est absent au nord des îles Britanniques et Europe continentale, car probablement seuls ces milieux four- en Scandinavie. Il convient également de signaler la présence de nissent encore une entomofaune épigée tant accessible qu’abon- l’espèce en Afrique du Nord. dante. En Europe méridionale, les terrains de chasse seraient En France, l’espèce est présente dans pratiquement tous les plus situés en milieu ouvert. départements métropolitains, hormis certains départements de la Même si les Grands murins témoignent d’une assez grande fidé- région parisienne. lité à leur gîte, certains individus peuvent changer de gîte en rejoignant d’autres colonies dans les environs jusqu’à plusieurs dizaines de kilomètres. Statuts de l’espèce Gîtes d’hibernation : cavités souterraines (grottes, anciennes car- rières, galeries de mines, caves de température voisine de (3) 7- Directive « Habitats-Faune-Flore » : annexes II et IV 12°C et d’hygrométrie élevée) dispersées sur un vaste territoire Convention de Bonn : annexe II d’hivernage. Convention de Berne : annexe II Gîtes d’estivage : principalement dans les sites épigés dans des Espèce de mammifère protégée au niveau national en France sites assez secs et chauds, où la température peut atteindre plus de (article 1er modifié) 35°C : sous les toitures, dans les combles d’églises, les greniers ; mais aussi dans des grottes, anciennes mines, caves de maisons, Cotation UICN : Monde : faible risque (quasi menacé) ; France : carrières souterraines, souterrains en région méridionale. vulnérable Les prédateurs de l’espèce sont essentiellement l’Effraie des clochers (Tyto alba) et la Fouine (Martes foina), rarement la Chouette hulotte (Strix aluco), voire le Blaireau (Meles meles). Présence de l’espèce La présence de Chat domestique (Felis catus), de Fouine ou de dans des espaces protégés l’Effraie des clochers dans un grenier ou une toiture peut être particulièrement néfaste pour les colonies de mise bas. En France, les arrêtés préfectoraux de protection de biotope, réserves naturelles, réserves naturelles volontaires et conventions

75 Mammifères

entre propriétaires et associations protègent de nombreux gîtes Les gîtes de reproduction, d’hibernation ou de transition, de reproduction (grottes, églises, châteaux) et d’hivernage accueillant des populations significatives, doivent être protégés (grottes, souterrains, mines). par voie réglementaire voire physique (grille, enclos...). La fer- Ces réglementations ont permis des réalisations concrètes garan- meture de mines pour raison de sécurité se fera impérativement, tissant la protection (pose de grilles...) ou améliorant les poten- en concertation avec les naturalistes, au moyen de grilles types tialités du site (pose de « chiroptières » et de niches, création ou chiroptères. La pose de « chiroptières » dans les toitures (églises, fermeture de passages...). châteaux) peut permettre d’offrir de nouveaux accès. La conservation ou la création de gîtes potentiels sont à instau- rer autour des sites de mise bas dans un rayon de quelques kilo- Évolution et état des populations, mètres : ouvertures adéquates dans les combles et clochers menaces potentielles d’églises. Le maintien ou la reconstitution de terrains de chasse favorables Évolution et état des populations au Grand murin semblent importants pour la conservation de l’espèce. En Europe, l’espèce semble encore bien présente dans le sud avec de grosses populations dans des cavités. Dans le nord de Afin de maintenir la capacité d’accueil pour les proies de Grand l’Europe, l’espèce est éteinte en Angleterre et au seuil de murin : l’extinction aux Pays-Bas. En Belgique, la régression continue. - éviter de labourer ou de pulvériser d’insecticides les prairies La reproduction de cette espèce n’est plus observée qu’au sud du où les larves de tipules et de hannetons se développent ; sillon Sambre et Meuse. En Allemagne, l’espèce semble être - interdire l’utilisation d’insecticides en forêt ; présente jusqu’à l’île de Rugen au Nord. Enfin, en Pologne, elle - maintenir les futaies feuillues présentant peu de sous-bois et remonte jusqu’au côtes baltiques. de végétation herbacée et leurs lisières, ce qui n’est pas incom- En France, un recensement partiel en 1995 a comptabilisé patible avec un objectif de production ligneuse. 13 035 individus répartis dans 681 gîtes d’hibernation et 37 126 La poursuite de l’information et de la sensibilisation du public, dans 252 gîtes d’été. Les départements du nord-est du pays particulièrement au niveau des communes hébergeant des colo- hébergent des populations importantes, notamment en période nies, paraît indispensable de manière à ce que la démarche de estivale. Si en période hivernale, le Centre de la France paraît protection soit bien comprise et collectivement acceptée. Cette accueillir de bonnes populations dans les anciennes carrières, sensibilisation doit être basée sur la découverte de ces animaux, c’est le sud de la France (Aquitaine et Midi-Pyrénées) qui accueille en période estivale les populations les plus importantes en vol crépusculaire par exemple. Elle cherchera aussi à souli- (plusieurs milliers d’individus en association avec Minioptère de gner l’importance de ces espèces rares et menacées comme Schreibers) dans les cavités souterraines. patrimoine commun. Le but ultime de cette sensibilisation serait que les collectivités locales se sentent responsables de « leurs » chauves-souris et établissent une convention de gestion afin de Menaces potentielles préserver cette colonie. Dérangements et destructions, intentionnels ou non, des gîtes d’été, consécutifs à la restauration des toitures ou à des travaux d’isolation ; et des gîtes d’hiver, par un dérangement dû à la sur- fréquentation humaine, l’aménagement touristique du monde Expérimentations et axes souterrain et l’extension de carrières. de recherche à développer Pose de grillages « anti-pigeons » dans les clochers ou réfection des bâtiments, responsables de la disparition de nombreuses Développer les études de régime alimentaire des colonies exis- colonies. tantes pour mieux identifier les proies et les milieux exploités Développement des éclairages sur les édifices publics (perturba- dans les différentes régions où l’espèce est présente. tion de la sortie des individus des colonies de mise bas). Identifier les milieux de chasse en zone méditerranéenne (par Modifications ou destructions de milieux propices à la chasse radiopistage ou par recensement au détecteur d’ultrasons). et/ou au développement de ses proies (lisières forestières Étudier la structure génétique des colonies de Grand murin de feuillues, prairies de fauche, futaies feuillues...) : labourage pour le réensemencement des prairies, conversion de prairies de fauche manière à mieux cerner les échanges d’individus entre colonies. en cultures de maïs d’ensilage, enrésinement des prairies margi- Réalisation, application et suivi de plans d’aménagement adaptés nales, épandage d’insecticides sur des prairies ou en forêt... encourageant le maintien de l’espèce, surtout en limite de Fermeture des milieux de chasse par développement des ligneux. son aire de répartition en Europe occidentale, en appliquant, si nécessaire, des indemnisations notamment sur la base des Intoxication par des pesticides. mesures agri-environnementales. Mise en sécurité des anciennes mines par effondrement ou com- blement des entrées. Compétition pour les gîtes d’été avec d’autres animaux : Pigeon Bibliographie domestique (Columba palumbus), Effraie des clochers. * ARLETTAZ R., 1995.- Ecology of the sibling species Myotis myotis and Myotis blythii. PhD Thesis, Univ. Lausanne, 194 p. Propositions de gestion * ARLETTAZ R., 1996.- Feeding behaviour and foraging strategy of free-living Mouse-eared bats (Myotis myotis and Myotis blythii). Animal Le maintien et la reconstitution des populations de Grand murin Behavior, 51: 1-11. impliquent la mise en œuvre de mesures concomitantes de * ARLETTAZ R., 1999.- Habitat selection as a major resource partitio- protection au niveau des gîtes, des terrains de chasse et des cor- ning mechanism between the two sympatric sibling bat species Myotis ridors boisés de déplacement. myotis and Myotis blythii. Journal of Animal Ecology, 68 : 460-471.

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* ARLETTAZ R., PERRIN N. & HAUSSER J., 1997.- Trophic resource (Borkhausen, 1774). p. : 69-98. In ROUÉ S.Y. & BARATAUD M. partitioning and competition between the two sibling bat species Myotis (coord. SFEPM), 1999.- Habitats et activité de chasse des chiroptères myotis and Myotis blythii. Journal of Animal Ecology, 66 : 897-911. menacés en Europe : synthèse des connaissances actuelles en vue d’une - ARLETTAZ R., RUEDI M. & HAUSSER J., 1991.- Field morpholo- gestion conservatrice. Le Rhinolophe, numéro spécial, 2 : 136 p. gical identification of Myotis myotis and M. blythii : a multivariate - PONT B. & MOULIN J., 1986.- Étude du régime alimentaire de approach. Myotis, 29 : 7-16. Myotis myotis. Méthodologie - premiers résultats. IX e Colloque franco- phone de mammalogie - « Les Chiroptères ». Rouen, 19-20 octobre * AUDET D., 1990.- Foraging behaviour and habitat use by a gleaning 1985, SFEPM, Paris : 23-33. bat, Myotis myotis (Chiroptera, Vespertilionidae). Journal of Mamm., 71 (3) : 420-427. - ROUÉ S.Y. & GROUPE CHIROPTÈRES SFEPM, 1997.- Les chauves- souris disparaissent-elles ? Vingt ans après. Arvicola, 9 (1) : 19-24. * BAUEROVA Z., 1978.- Contribution to the trophic ecology of Myotis myotis. Folia zoologica, 27 (4) : 305-316. - RUEDI M., ARLETTAZ R. & MADDALENA T., 1990.- Distinction morphologique et biochimique de deux espèces jumelles de chauves- * GÜTTINGER R., 1997.- Jagdhabitat des Grossen Mausohrs (Myotis souris : Myotis myotis (Bork.) et Myotis blythi (Tomes) (Mammalia : myotis) in der modernen Kulturlandschaft. Schriftenreihe Umwelt nr. Vespertilionidae). Mammalia, 54 (3) : 415-429. 288 - Natur und Landschaft, Bundesamt für Umwelt, Wald und - SCHIERER A.J., MAST C. & HESS R., 1972.- Contribution à Landschaft, Bern, 138 p. l’étude écoéthologique du Grand murin (Myotis myotis). Terre Vie, 26 : * KERVYN T., 1996.- Le régime alimentaire du Grand murin Myotis 38-53. myotis (Chiroptera : Vespertilionidae) dans le sud de la Belgique. - SCHOBER W. & GRIMMBERGER E., 1991.- Guide des chauves- Cahiers d’éthologie, 16 (1) : 23-46. souris d’Europe : biologie, identification, protection. Delachaux & - KERVYN T. & coll., 1999.- Le Grand Murin Myotis myotis Niestlé, Neuchâtel-Paris, 225 p.

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Rhinolophus ferrumequinum (Schreber, 1774) 1304 Le Grand rhinolophe Mammifères, Chiroptères, Rhinolophidés

Description de l’espèce

Le Grand rhinolophe est le plus grand des Rhinolophes euro- péens avec une taille augmentant de l’ouest vers l’est de l’Europe. Tête + corps : (5) 5,7-7,1 cm ; avant-bras : (5) 5,4-6,1 cm ; envergure : 35-40 cm ; poids : 17-34 g. Oreille : 2-2,6 cm, large se terminant en pointe, dépourvue de tragus. Appendice nasal caractéristique en fer à cheval, appendice supé- rieur de la selle court et arrondi, appendice inférieur pointu, Activité lancette triangulaire. Au repos dans la journée et en hibernation, le Grand rhinolophe, Le Grand rhinolophe entre en hibernation de septembre-octobre suspendu à la paroi et enveloppé dans ses ailes, a un aspect à avril en fonction des conditions climatiques locales. Cette caractéristique de cocon. léthargie peut être spontanément interrompue si les températures se radoucissent et permettent la chasse des insectes. En cas de Pelage souple, lâche : face dorsale gris-brun ou gris fumé, plus refroidissement, il peut aussi en pleine journée changer de gîte. ou moins teintée de roux (gris cendré chez les jeunes), face ven- trale gris-blanc à blanc-jaunâtre. Patagium et oreilles gris-brun L’activité est saisonnière et dépend de la présence des insectes clair (cas d’albinisme total ou partiel). proies, donc des conditions météorologiques : le Grand Rhinolophe vole peu par temps froid, venteux ou pluvieux. Deux faux tétons dès la 3e année (accrochage du jeune par succion). L’espèce est sédentaire (déplacement maximum connu : 180 km). Aucun dimorphisme sexuel. Généralement, 20 à 30 km peuvent séparer les gîtes d’été de ceux d’hiver. Il s’accroche à découvert, au plafond, isolément, en alignement Confusions possibles ou en groupes plus ou moins denses selon la cavité. Dès la tombée de la nuit, le Grand rhinolophe s’envole directe- Du fait de ses mensurations et de l’arrondi de l’appendice supé- ment du gîte diurne vers les zones de chasse en suivant préféren- rieur de la selle, il existe peu de risques de confusion avec tiellement des corridors boisés. Plus la colonie est importante, d’autres Rhinolophes, à l’exception d’individus suspendus à plus ces zones sont éloignées du gîte (dans un rayon de 2-4 km, grande hauteur loin de l’observateur et avec le Rhinolophe rarement 10 km). La première phase de chasse est suivie d’une euryale (Rhinolophus euryale) et le Rhinolophe de Méhély phase de repos dans un gîte nocturne, puis alternent de courtes (Rhinolophus mehelyi) dans les régions accueillant les deux phases de chasse et des phases de repos. Chez les jeunes, la espèces. survie dépend de la richesse en insectes dans un rayon de 1 km. En août, émancipés, ils chassent dans un rayon de 2-3 km autour du gîte. Caractères biologiques Le vol est lent, papillonnant, avec de brèves glissades, générale- ment à faible hauteur (0,3 m à 6 m). L’espèce évite généralement les espaces ouverts et suit les alignements d’arbres, les haies Reproduction voûtées et les lisières boisées pour se déplacer ou chasser. Le Grand rhinolophe repère obstacles et proies par écholocation. Maturité sexuelle : femelles, 2 à 3 ans ; mâles : au plus tôt à la Il n’utilise pas l’écholocation pour discriminer les divers fin de la 2e année. insectes mais pour augmenter l’efficacité de la détection des Rut : copulation de l’automne au printemps. En été, la ségréga- proies dans les milieux encombrés où il est capable d’évoluer tion sexuelle semble totale. (vol circulaire ou en « huit »). Le vol lent et la faible portée de l’écholocation l’obligent, pour des raisons énergétiques, Les femelles forment des colonies de reproduction de taille à chasser dans des sites riches en insectes. variable (de 20 à près d’un millier d’adultes), parfois associées au Rhinolophe euryale ou au Vespertilion à oreilles échancrées La chasse est une activité solitaire. Aucun comportement de (Myotis emarginatus). De mi-juin à fin juillet, les femelles donnent défense territoriale : zones de chasse de 4 ha environ, exploitées naissance à un seul jeune qui ouvre les yeux vers le 7e jour. Avec par 1 à 4 individus. Le choix de la technique de chasse dépend de leur petit, elles sont accrochées isolément ou en groupes serrés. la structure paysagère, de la température et de la densité d’in-

e e sectes. Il chasse en vol linéaire (va et vient le long des écotones, Dès le 28 -30 jour, les jeunes apprennent à chasser seuls près du entre 0,30 m et 2 m, voire 5 m au-dessus du sol) en ne s’éloignant gîte. Mais leur capacité de vol et d’écholocation est réduite. Ils e que rarement d’un écotone boisé. La chasse en vol est pratiquée au sont sevrés vers 45 jours. Le squelette se développe jusqu’au 60 crépuscule (période de densité maximale de proies), puis en cours jour. de nuit, l’activité de chasse à l’affût, depuis une branche morte Longévité : 30 ans. sous le couvert d’une haie, devient plus fréquente. Rentable en

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cas de faible densité de proies (milieu de nuit et température basse Les gîtes d’hibernation sont des cavités naturelles (grottes) ou proche du seuil d’activité des insectes), l’affût améliore le bilan artificielles (galeries et puits de mines, caves, tunnels, viaducs), énergétique de la chasse. Les séquences durent 4 à 16 min entre- souvent souterraines, aux caractéristiques définies : obscurité coupées de vols en poursuites de 1 à 4 minutes. totale, température comprise entre 5°C et 12°C, rarement moins, Les insectes repérés par écholocation sont ingérés en vol ou hygrométrie supérieure à 96%, ventilation légère, tranquillité perché. garantie et sous un couvert végétal. Lors d’un refroidissement, les bois conservent une température Gîtes de reproduction variés : les colonies occupent greniers, supérieure à celle des milieux ouverts. La chasse se concentre en bâtiments agricoles, vieux moulins, toitures d’églises ou de sous-bois au printemps et en milieu semi-ouvert à l’automne, châteaux, à l’abandon ou entretenus, mais aussi galeries de mine seuls milieux où le seuil d’abondance des insectes est atteint. et caves suffisamment chaudes. Des bâtiments près des lieux de chasse servent régulièrement de repos nocturne voire de gîtes complémentaires. Régime alimentaire La prédation représente 11% des causes connues de mortalité. À la sortie du gîte et sur les parcours entre gîte et terrains Le régime alimentaire varie en fonction des saisons et des pays de chasse, le Grand rhinolophe craint les rapaces diurnes : (aucune étude menée en France). Les femelles et les jeunes ont Faucon crécerelle (Falco tinnunculus), Épervier d’Europe des régimes alimentaires différents. (Accipiter nisus) et nocturnes : Effraie des clochers (Tyto alba), Les proies consommées sont de taille moyenne à grande Chouette hulotte (Strix aluco), Hibou moyen-duc (Asio otus). (≥ 1,5 cm), voire très grandes (Herse convolvulli). La présence de Chat domestique (Felis catus), de Fouine Selon la région, les lépidoptères représentent 30 à 45% (volume (Martes foina) ou de l’Effraie des clochers dans un grenier ou relatif), les coléoptères 25 à 40%, les hyménoptères (ichneumo- une toiture peut être particulièrement néfaste pour les colonies nidés) 5 à 20%, les diptères (tipulidés et muscoïdés) 10 à 20%, de mise bas. les trichoptères 5 à 10% du régime alimentaire. En Suisse, l’essentiel de la biomasse est constituée de lépidoptères d’avril à septembre, puis de trichoptères de la mi-septembre au début octobre. Les coléoptères sont capturés Quelques habitats de l’annexe I surtout en juillet, les tipules en septembre, les hyménoptères régulièrement en toutes saisons. Les chenilles de lépidoptères, susceptibles d’être concernés ainsi que les syrphidés, arachnidés et opilions sont glanés au sol ou sur la végétation. Parmi les coléoptères, les Geotrupes sont Les paysages semi-ouverts, à forte diversité d’habitats, formés consommés jusqu’à la mi-mai (90% à la mi-avril), les de boisements de feuillus, d’herbages en lisière de bois ou Melolontha de la mi-avril à la mi-juin, puis les Aphodius de la bordés de haies (pâturés par des bovins, voire des ovins) ainsi mi-juin à l’automne. que des ripisylves, landes, friches, vergers pâturés et jardins. En Grande-Bretagne, ils chassent les hyménoptères (Netelia, 8310 - Grottes non exploitées par le tourisme (Cor. 65) Ophion luteus), les tipules et les Geotrupes d’avril (40%) à mi-juin, et les Melolontha de fin avril à mi-juin (24 à 65%), les lépidoptères (40 à 90% des proies) de fin mai à fin août : les femelles gestantes chassent les proies faciles (90% lépido- Répartition géographique ptères), les jeunes les Aphodius rufipes (90%). Puis ils se nour- rissent essentiellement d’Aphodius rufipes (40 à 70%), tipules, Geotrupes, Ophion luteus jusqu’à l’automne.

Caractères écologiques Le Grand rhinolophe fréquente en moyenne les régions chaudes jusqu’à 1 480 m d’altitude (voire 2 000 m), les zones karstiques, le bocage, les agglomérations, parcs et jardins... Il recherche les paysages semi-ouverts, à forte diversité d’habitats, formés de boisements de feuillus (30 à 40%), d’herbages en lisière de bois ou bordés de haies, pâturés par des bovins, voire des ovins (30 à 40%) et de ripisylves, landes, friches, vergers pâturés, jardins... (30 à 40%). Il fréquente peu ou pas du tout les plantations de résineux, les cultures (maïs) et les milieux ouverts sans arbres. La fréquentation des habitats semble varier selon les saisons et les régions. Observé entre 1970 et 1999 Dans les prairies intensives, l’entomofaune est peu diversifiée Disparu ou non revu depuis 1980 mais la production de tipules, proie-clé, est forte. Le pâturage par les bovins est très positif par diversification de structure de la végétation et apport de fèces, qui favorisent le développement Espèce présente en Europe occidentale, méridionale et centrale, d’insectes coprophages. La présence de nombreux Aphodius du sud du pays de Galles et de la Pologne à la Crète et au autour des gîtes offre une nourriture facile pour les jeunes de Maghreb, de la façade atlantique au delta du Danube et aux îles l’année. de l’Égée. Fidélité aux gîtes : l’espèce est très fidèle aux gîtes de reproduc- Connue dans toutes les régions de France, Corse comprise, et dans tion et d’hivernage, en particulier les femelles, les mâles ayant les pays limitrophes (Bénélux, Suisse, ouest de l’Allemagne, un comportement plus erratique. Espagne, Italie).

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Statuts de l’espèce La mise en sécurité des anciennes mines par effondrement ou comblement des entrées, la pose de grillages « anti-pigeons » Directive « Habitats-Faune-Flore » : annexes II et IV dans les clochers ou la réfection des bâtiments sont responsables de la disparition de nombreuses colonies. Convention de Bonn : annexe II Le développement des éclairages sur les édifices publics perturbe Convention de Berne : annexe II la sortie des individus des colonies de mise bas. Espèce de mammifère protégée au niveau national en France (article 1er modifié) Cotation UICN : Monde : faible risque (dépendant de mesures de conservation) ; France : vulnérable Propositions de gestion Le maintien et la reconstitution des populations de Grand rhino- lophe impliquent la mise en œuvre de mesures concomitantes de Présence de l’espèce protection au niveau des gîtes, des terrains de chasse et des dans des espaces protégés corridors boisés de déplacement. Les gîtes de reproduction, d’hibernation ou de transition, En France, les arrêtés préfectoraux de protection de biotope, accueillant des populations significatives, bénéficieront d’une réserves naturelles, réserves naturelles volontaires et conven- protection réglementaire voire physique (grille, enclos...). Lors de tions entre propriétaires et associations protègent de nombreux fermetures de mines pour raison de sécurité, les grilles adaptées gîtes de reproduction (églises, châteaux) et d’hivernage (grottes, aux chiroptères doivent être utilisées en concertation avec les souterrains, mines). naturalistes. La pose de « chiroptières » dans les toitures (églises, châteaux) peut permettre d’offrir de nouveaux accès. Les abords Ces réglementations ont permis des réalisations concrètes des gîtes seront ombragés par des arbres et dépourvus garantissant la protection (pose de grilles...) ou améliorant les d’éclairages. Tout couvert végétal près du gîte augmente potentialités du site (pose de « chiroptières » et de niches, l’obscurité, minimise le risque de prédation par les rapaces et, création ou fermeture de passages...). permettant un envol précoce, augmente de 20 à 30 minutes la durée de chasse, capitale lors de l’allaitement. Au niveau des terrains de chasse, une gestion du paysage favo- Évolution et état des populations, rable à l’espèce sera mise en œuvre dans un rayon de 4 à 5 km autour des colonies de mise bas (en priorité dans un rayon menaces potentielles de 1 km, zone vitale pour les jeunes qui doivent trouver une biomasse suffisante d’insectes - par exemple, insectes copro- phages sur des prairies pâturées), par des conventions avec les Évolution et état des populations exploitants agricoles ou forestiers, sur les bases suivantes : - maintien (ou création) des pâtures permanentes et des prés- L’espèce est rare et en fort déclin dans le nord-ouest de vergers pâturés (30 à 40% du paysage) et limitation du retourne- l’Europe : Grande-Bretagne, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, ment des herbages et de la maïsiculture, limitation des cultures Allemagne, Suisse. de céréales ; En France, un recensement partiel en 1997 comptabilise 25 760 - maintien du pâturage par des bovins adultes (plus particuliè- individus répartis dans 1 230 gîtes d’hibernation et environ rement en août-septembre) à proximité des gîtes ; 8 000 dans 196 gîtes d’été. De petites populations subsistent en - interdiction de vermifuger le bétail à l’ivermectine qui doit Picardie, dans le Nord, en Haute-Normandie, en Île-de-France... être remplacée par des préparations à base de moxidectine, L’espèce a atteint en Alsace le seuil d’extinction. La situation de fenbendazole ou oxibendazole. La sensibilisation des éleveurs l’espèce est plus favorable dans le Centre, dans les Ardennes, en et des vétérinaires doit être assurée afin de faire prendre Lorraine, Franche-Comté et Bourgogne. Même si l’ouest de la conscience du risque pour les populations de Grand rhinolophe ; France (Bretagne, Pays-de-Loire et Poitou-Charentes) regroupe - maintien des ripisylves et des boisements de feuillus (30 à encore près de 50% des effectifs hivernaux et 30% des effectifs 40% du paysage) et limitation des plantations de résineux ; estivaux, un déclin semble perceptible. - diversification des essences forestières caducifoliées et de la structure des boisements (maintien de parcelles d’âges variés et Menaces potentielles développement de la gestion en futaie jardinée), développement des écotones par la création d’allées ou de clairières ; En France, le dérangement fut la première cause de régression - forte limitation des traitements chimiques. (fréquentation accrue du milieu souterrain) dès les années 50. Les corridors boisés, voies de déplacement entre gîtes et zones Puis vinrent l’intoxication des chaînes alimentaires par les de chasse, pourront être entretenus mécaniquement (pesticides pesticides et la modification drastique des paysages dues au exclus) voire rétablis, sur la base d’une haie large de 2 à 3 m, développement de l’agriculture intensive. Il en résulte une dimi- haute de 3 à 4 m, d’où émergent des arbres de grande taille, et nution ou une disparition de la biomasse disponible d’insectes. taillée en voûte par des bovins. Le retournement des herbages interrompant le cycle pluriannuel d’insectes-clés (Melolontha...) ou l’utilisation de vermifuges à La protection du paysage (classement des boisements ou des base d’ivermectine (forte rémanence et toxicité pour les insectes haies) peut être obtenue par l’article L. 126-6, du nouveau Code coprophages) ont un impact prépondérant sur la disparition des rural et dans le cadre des plans d’occupation des sols par ressources alimentaires du Grand rhinolophe. l’article L. 130-1, du Code de l’urbanisme. Espèce de contact, le Grand rhinolophe suit les éléments du pay- La poursuite de l’information et de la sensibilisation du public, sage. Il pâtit donc du démantèlement de la structure paysagère particulièrement au niveau des communes hébergeant des et de la banalisation du paysage : arasement des talus et colonies, paraît indispensable de manière à ce que la démarche des haies, disparition des pâtures bocagères, extension de la de protection soit bien comprise et collectivement acceptée. maïsiculture, déboisement des berges, rectification, recalibrage Cette sensibilisation doit être basée sur la découverte de ces et canalisation des cours d’eau, endiguement. animaux, en vol crépusculaire par exemple. Elle cherchera aussi

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à souligner l’importance de ces espèces rares et menacées Bibliographie comme patrimoine commun. Le but ultime de cette sensibilisa- tion serait que les collectivités locales se sentent responsables de « leurs » chauves-souris et établissent une convention de gestion *GROUPE CHIROPTÈRES CORSE, 1997.- Chauves-souris de la directive « Habitats ». Rapport Agence pour la gestion des espaces naturels de afin de préserver cette colonie. Corse (AGENC), Bastia, 27 p. * GRÉMILLET X. & coll., 1999.- Le Grand Rhinolophe Rhinolophus ferrumequinum (Schreber, 1774). p. : 18-43. In ROUÉ S.Y. & BARA- TAUD M. (coord. SFEPM), 1999.- Habitats et activité de chasse des Expérimentations et axes chiroptères menacés en Europe : synthèse des connaissances actuelles en de recherche à développer vue d’une gestion conservatrice. Le Rhinolophe, numéro spécial, 2 : 136 p. * DUVERGÉ P.L. & JONES G., 1994.- Greater horseshoe bats activi- En France, il est nécessaire de mener des études sur l’utilisation ty, foraging and habitat use. Bristish Wildlife, 6 : 69-77. des habitats et sur le régime alimentaire dans des populations * JONES G., DUVERGÉ P.L. & RANSOME R.D., 1995.- Conservation denses (ouest de la France), dans le centre et en zone méditerra- biology of an endangered species: field studies of Greater horsehoe bat néenne, en association avec la mise en œuvre de plans de gestion (Rhinolophus ferrumequinum). Symposia of the Zoological Society of des paysages. London, 67 : 309-324. * MITCHELL-JONES A.M., 1998.- Landscapes for Greather horse- shoe bats. ENACT, 6 (4) : 11-13. * RANSOME R.D., 1996.- The management of feeding areas for Greater horseshoe bats. English Nature Research Reports, 174 : 1-74. * RANSOME R.D., 1997.- The management of Greater horseshoe bat feeding areas to enhance population levels. English Nature Research Reports, 241 : 1-63. * ROS J., 1999.- Le Grand rhinolophe, Rhinolophus ferrumequinum, en France. Bulletin de la SFEPM, 38 : 29.

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Lampetra planeri (Bloch, 1784) 1096 La Lamproie de Planer Poissons, Pétromyzoniformes, Petromyzontidés

Description de l’espèce

Le corps nu anguilliforme est recouvert d’une peau lisse dépour- vue d’écailles, sécrétant un abondant mucus. Le dos est bleuâtre ou verdâtre avec le flanc blanc-jaunâtre et la face ventrale blanche. Les deux nageoires dorsales sont plus ou moins contiguës chez les adultes matures. Les yeux sont bien développés ; la bouche infère et circulaire est située au centre d’un disque oral étroit bordé de larges papilles rectangulaires finement dentelées. Le pore nasal ouvert sur la tête communique avec un sac olfacto- hypophysaire ; en arrière apparaît une plage claire, marquant l’emplacement de l’organe pinéal. atrésie. La phase larvaire est similaire à celle de la Lamproie fluviatile, avec une vie longue des larves enfouies dans les Sept paires de sacs branchiaux ; la plaque maxillaire est large et sédiments qui restent en moyenne plus longtemps dans leur garnie d’une dent robuste de chaque côté. terrier (5,5 à 6,5 ans). La plaque mandibulaire porte 5 à 9 dents arrondies et de même taille ; le disque buccal ne porte des dents labiales que dans sa Activité partie supérieure et au bord. La taille moyenne est de 9-15 cm (pour 2-5 g), mais peut De légères migrations amont vers les sites propices sont atteindre 19 cm, les femelles ayant une taille plus grande que les observées chez la Lamproie de Planer qui peut effectuer des mâles. Les subadultes de couleur brun-jaunâtre ont une nageoire déplacements de quelques centaines de mètres avant la repro- caudale non pigmentée. duction en mars-avril (février-juin), pour rechercher des zones favorables dans des eaux à 8-11°C.

Confusions possibles Régime alimentaire La larve enfouie dans la vase filtre les micro-organismes (diato- Assez proche morphologiquement des sujets de moins de 20 cm mées, algues bleues) ; après la métamorphose, qui s’accom- de Lamproie de rivière (Lampetra fluviatilis), elle s’en distingue pagne d’une atrophie de l’appareil digestif, l’adulte qui en résulte par un plus petit nombre de dents marginales sur le disque ne se nourrit plus. buccal ; des dents sur le champ antérieur plus nombreuses et ordonnées, les trois paires de dents circum-orales endolatérales émoussées et les lames infra et supra-orales plus larges. Au stade adulte, tandis que Lampetra planeri ne dépasse pas 20 cm, Lampetra fluviatilis peut atteindre 45 cm. Caractères écologiques

La Lamproie de Planer, contrairement à la Lamproie de rivière et à la Lamproie marine (Petromyzon marinus), est une espèce Caractères biologiques non parasite, vivant exclusivement en eau douce, dans les têtes de bassin et les ruisseaux. Les larves « ammocètes », aveugles, Reproduction vivent dans les sédiments pendant toute la durée de leur vie lar- vaire. La maturité sexuelle est atteinte à partir d’une taille de 90- 150 mm, sans alimentation, après la métamorphose (septembre- novembre) et se poursuit jusqu’au printemps suivant. La repro- duction se déroule en avril-mai sur un substrat de gravier et de Quelques habitats de l’annexe I sable, comme pour la Lamproie de rivière. Le nid, ovale et plus petit (20 cm de large et 10 cm de profondeur), est élaboré avec susceptibles d’être concernés des graviers et du sable par les deux sexes. Les modalités de reproduction sont semblables à celles de Lampetra fluviatilis et 3260 - Rivières des étages planitiaire à montagnard avec végé- plus de 30 individus des deux sexes peuvent s’accoupler tation du Ranunculion fluitantis et du Callitricho-Batrachion ensemble, jusqu’à cent fois par jour. Il n’y a pas de survie des (Cor. 24.4) géniteurs après la reproduction. 3290 - Rivières intermittentes méditerranéennes du Paspalo- La fécondité est élevée (440 000 ovules/kg) malgré une forte Agrostidion (Cor. 24.16 et 24.53)

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Répartition géographique Menaces potentielles L’importance de la durée de la phase larvaire rend cette espèce très sensible à la pollution des milieux continentaux qui s’accu- mule dans les sédiments et dans les micro-organismes dont se nourrissent les larves. Cette espèce, déjà peu féconde et qui meurt après son unique reproduction, a par ailleurs de plus en plus de difficultés à accé- der à des zones de frayères en raison de la prolifération des ouvrages sur les cours d’eau.

Propositions de gestion

Propositions relatives à l’habitat de l’espèce Lutte contre la pollution, en particulier des sédiments. Éviter le boisement en résineux des rives des cours d’eau situés en têtes de bassins ; cette pratique provoque une érosion des berges et un ensablement des frayères traditionnelles. Libre circulation dans les têtes de bassins pour permettre à Comme la Lamproie de rivière, sa distribution actuelle s’étend l’espèce de parvenir sur ses aires de reproduction. des rivières de l’Europe de l’Est et du Nord (Danube, golfe de Protection des zones de reproduction traditionnelles. Bosnie, côtes britanniques, irlandaises et du sud de la Norvège) jusqu’aux côtes portugaises et italiennes. Arrêt total des interventions lourdes du genre recalibrage ou fossés d’assainissement sur les têtes de bassins. L’espèce est présente dans les rivières du nord et de l’est de la France, en Normandie, en Bretagne, en Loire, en Charente, en Dordogne, Garonne, dans l’Adour et certains affluents du Conséquences éventuelles de cette gestion Rhône. sur d’autres espèces

Espèce sans intérêt économique notable mais dont la préserva- tion de l’habitat est favorable à la biodiversité des milieux aqua- Statuts de l’espèce tiques concernés. Les zones de reproduction de la Lamproie de Planer correspon- Directive « Habitats-Faune-Flore » : annexe II dent à celles exploitées par les Truites fario (Salmo trutta fario) Convention de Berne : annexe III qui fraient en début d’hiver. La Lamproie de Planer occupe ainsi des aires de reproduction, dans les ruisseaux et petites rivières, er Espèce de poisson protégée au niveau national en France (art. 1 ) en commun avec la Truite fario, mais à une époque différente. Cotation UICN : Monde : faible risque (quasi menacé) Comme pour les salmonidés, c’est la qualité de la percolation dans la frayère qui est ainsi recherchée pour assurer le bon déve- Son utilisation comme appât pour la pêche à la ligne et aux loppement des œufs et larves. Ainsi, toute mesure d’améliora- engins est interdite par l’article R. 236-49 du Code rural. tion des frayères à lamproies profite également aux salmonidés.

Présence de l’espèce Expérimentations et axes dans des espaces protégés de recherche à développer

Cette espèce est susceptible de bénéficier de mesures de protec- Étudier les conséquences que peut avoir le cloisonnement des tion prises dans le cadre d’un arrêté de biotope. cours d’eau par les barrages sur l’isolement de sous-unités de populations et rechercher à partir de quelle taille une population résiduelle a des chances de se maintenir. Études sur les relations habitats-populations. Évolution et état des populations, menaces potentielles Bibliographie Évolution et état des populations - BAILEY R.M., 1980.- Comments on the classification and nomen- L’espèce est relativement abondante en tête de bassin dans de clature of lampreys - an alternative view. Canadian Journal Fish. nombreux ruisseaux, mais avec des fluctuations marquées. Elle Aquat. Sci., 37 (11) : 1626-1629. est sensible de la même façon que les autres Lamproies aux acti- - BARDACK D. & ZANGERL R., 1971.- Lampreys in the fossil vités anthropiques. Cette espèce est considérée comme rare au record. p. 67-86. In HARDISTY M.W. & POTTER I.C. (ed.), The Portugal, mal évaluée et insuffisamment documentée en France. Biology of Lampreys. Academic. Press, London.

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176 Insectes - Coléoptères

Lucanus cervus (L., 1758) 1083 Le Lucane Cerf-volant Insectes, Coléoptères, Lucanides

Description de l’espèce

Adultes La taille des adultes varie de 20 à 50 mm pour les femelles et de 35 à 85 mm pour les mâles. C’est le plus grand coléoptère d’Europe. Le corps est de couleur brun-noir ou noir, les élytres parfois bruns. Le pronotum est muni d’une ligne discale longitudinale lisse. Chez le mâle, la tête est plus large que le pronotum et pourvue de mandibules brun-rougeâtre de taille variable (pou- vant atteindre le tiers de la longueur du corps) rappelant des bois de cerf. Elles sont généralement bifides à l’extrémité et dotées d’une dent sur le bord interne médian ou post-médian. Le dimorphisme sexuel est très important. Les femelles ont un constituée simplement de terre. Elle se nymphose à l’automne et pronotum plus large que la tête et des mandibules courtes. l’adulte passe l’hiver dans cette coque nymphale. Adultes : la période de vol des adultes mâles est relativement Larves courte, aux alentours d’un mois. Dans le sud de l’aire de répar- Il existe trois stades larvaires (des stades surnuméraires ne sont tition, les adultes mâles de Lucanus cervus sont observés de mai pas exclus compte tenu du polymorphisme de l’espèce). La à juillet. Les femelles erratiques, à la recherche de souches, sont larve est de type mélolonthoïde. Sa taille peut atteindre 100 mm encore visibles jusqu’en août. Dans le nord, les observations pour 20-30 g au maximum de sa croissance. s’échelonnent d’août à septembre.

Activité Confusions possibles Dans le nord de son aire de répartition, les adultes ont une acti- vité crépusculaire et nocturne. Dans le Midi méditerranéen, les Les mâles peuvent être confondus en Provence avec ceux de adultes ont aussi une activité diurne. Le Lucane vole en position Lucanus tetraodon Thunb. Ce dernier, très localisé, se distingue presque verticale. Le vol est lourd et bruyant. Il utilise ses mandi- par l’absence de ligne lisse sur le pronotum et des mandibules bules pour combattre ses rivaux ou pour immobiliser la femelle plus courtes avec une dent interne plus proche de la base que de lors des accouplements. l’extrémité apicale. Les deux espèces ne semblent jamais se Des migrations en masse de Lucanus cervus sont observées de trouver ensemble sur un même site. temps en temps. Celles-ci pourraient faire suite à des périodes Des confusions sont également possibles entre des petits indivi- de sécheresse. dus foncés de femelles de Lucanus cervus et de grands spéci- mens de Dorcus parallelipipedus L. L’œil de ces derniers est presque totalement divisé par un canthus alors que chez Régime alimentaire Lucanus cervus cette division n’est que partielle. Les larves de Lucanus cervus sont saproxylophages. Elles consomment le bois mort, se développant dans le système raci- naire des arbres. Essentiellement liées aux Chênes (Quercus spp.), on peut les rencontrer sur un grand nombre de feuillus, Caractères biologiques Châtaignier (Castanea sativa), Cerisier (Prunus spp.), Frêne (Fraxinus spp.), Peuplier (Populus spp.), Aulne (Alnus spp.), Cycle de développement Tilleul (Tilia spp.), Saule (Salix spp.), rarement sur des conifères (observations sur Pins, Pinus spp., et Thuyas, Thuja spp.). La durée du cycle de développement de cette espèce est de cinq à six ans, voire plus. Œufs : ils sont déposés à proximité des racines au niveau de souches ou de vieux arbres. Caractères écologiques Larves : la biologie larvaire est peu connue. Il semble que les larves progressent de la souche vers le système racinaire et il est L’habitat larvaire de Lucanus cervus est le système racinaire de difficile d’observer des larves de dernier stade. souche ou d’arbres dépérissant. Cette espèce a une place impor- Nymphes : à la fin du dernier stade, la larve construit dans le tante dans les écosystèmes forestiers de par son implication sol, à proximité du système racinaire, une coque nymphale majeure dans la décomposition de la partie hypogée des arbres constituée de fragments de bois agglomérés avec de la terre ou feuillus.

234 Insectes - Coléoptères

Quelques habitats de l’annexe I Évolution et état des populations, susceptibles d’être concernés menaces potentielles

Habitats (forestiers ou non) présentant des souches et de vieux Évolution et état des populations arbres feuillus dépérissant. Actuellement cette espèce n’est pas menacée en France. Cependant, elle semble en déclin au nord de son aire de répartition, Répartition géographique particulièrement aux Pays-Bas, au Danemark et en Suède. Menaces potentielles En zone agricole peu forestière, l’élimination des haies arborées pourrait favoriser le déclin local de populations de Lucanus cervus.

Propositions de gestion

Il est difficile de proposer des actions de gestion pour cette espèce dont la biologie et la dynamique des populations sont encore peu connues. Le maintien de haies arborées avec des arbres sénescents est favorable à son maintien dans les espaces agricoles.

Très présent Peu présent Expérimentations et axes Très rare ou localisé de recherche à développer Considéré comme disparu Mettre en place un programme d’inventaire afin d’augmenter L’espèce se rencontre dans toute l’Europe jusqu’à la Caspienne nos connaissances sur la répartition de cette espèce en France. et au Proche-Orient. Lucanus cervus est une espèce présente dans toute la France. Bibliographie

Statuts de l’espèce - CARRIÈRE J., 1967.- Un rassemblement de Lucanus cervus (L.) dans la garrigue Minervoise (Coleoptera, Lucanioidea). Bulletin de la Directive « Habitats-Faune-Flore » : annexe II Société de sciences naturelles de Béziers, 67 : 19-20. Convention de Berne : annexe III - FIERS V. & al., 1998.- Observatoire du patrimoine naturel des réserves naturelles de France. Analyse et bilan de l’enquête 1996. Ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, Présence de l’espèce Réserves naturelles de France, 200 p. * LUCE J.-M., 1997.- Lucanus cervus (Linné, 1735). p. : 53-58. In dans des espaces protégés VAN HELSDINGEN P.J., WILLEMSE L. & SPEIGHT M.C.D. (eds), Background information on invertebrates of the Habitats Directive and Lucanus cervus est présent dans 19 réserves naturelles en France the Bern Convention. Part I - Crustacea, Coleoptera and Lepidoptera. et deux réserves naturelles volontaires. L’espèce est présente Coll. Nature et Environnement, n°79, Conseil de l’Europe, Strasbourg, dans 11 sites gérés par le réseau des conservatoires régionaux 217 p. d’Espaces naturels de France, dont deux en arrêté de protection -PAULIAN R. & BARAUD J., 1982.- Faune des Coléoptères de de biotope. France. II. Lucanoidea et Scarabaeoidea. Lechevalier, Paris, 477 p.

235 Mammifères

Myotis emarginatus (Geoffroy, 1806) 1321 Le Vespertilion à oreilles échancrées, le Murin à oreilles échancrées Mammifères, Chiroptères, Vespertilionidés

Description de l’espèce

Le Vespertilion à oreilles échancrées est une chauve-souris de taille moyenne. Tête + corps : 4,1-5,3 cm de long ; avant-bras : 3,6-4,2 cm ; envergure : 22-24,5 cm ; poids : 7-15 g. Oreille : de taille moyenne de 1,4 à 1,7 cm, elle possède une échancrure aux 2/3 du bord externe du pavillon. Le tragus effilé atteint presque le niveau de l’échancrure. Museau : marron clair assez velu. Pelage : épais et laineux, gris-brun ou gris fumé, plus ou moins teinté de roux sur le dos, gris-blanc à blanc-jaunâtre sur le ventre. La nuance peu marquée entre les faces dorsale et ventrale est ferrumequinum) et quelquefois au Rhinolophe euryale caractéristique de l’espèce. Les jeunes ont un pelage grisâtre. (Rhinolophus euryale), Grand murin (Myotis myotis) ou Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersi). Patagium : marron foncé, poils très souples apparents sur la bordure libre de l’uropatagium. Éperon droit. Taux de reproduction : 1 petit par femelle adulte et par an. Les femelles sont semblables aux mâles, un peu plus grosses. Les jeunes sont capables de voler à environ quatre semaines. Le guano (fèces) de cette espèce, en dépôt important, est carac- Longévité : 16 ans mais l’espérance de vie se situe autour de térisé par son aspect de galette collante, recouverte de particules 3 à 4 ans. de débris végétaux qui tombent du pelage de l’animal lors de l’épouillage au gîte. Activité Cette espèce n’est active que du printemps à la fin de l’automne, soit six mois de l’année. Confusions possibles En période hivernale, cette espèce est essentiellement caverni- cole. Elle est grégaire et se trouve régulièrement par petits Une confusion est possible avec les vespertilions de même groupes ou essaims. L’espèce est généralement suspendue à la taille : Vespertilion des marais (Myotis dasycneme) et Vespertilion paroi et s’enfonce rarement dans des fissures profondes. de Capaccini (Myotis capaccinii), mais surtout avec le Vespertilion de Natterer (Myotis nattereri). Cette dernière C’est l’espèce la plus tardive quant à la reprise de l’activité prin- espèce possède un ventre blanc pur contrastant avec son dos, un tanière, une majorité des individus sont encore en léthargie à la museau rose glabre et surtout un tragus long et effilé dépassant fin du mois d’avril. largement la moitié de l’oreille. Le Vespertilion à oreilles échan- L’espèce est relativement sédentaire. Les déplacements habi- crées est de couleur nettement rousse et son museau est plus velu. tuels mis en évidence se situent autour de 40 km entre les gîtes L’échancrure de l’oreille qui lui vaut son nom permet aussi de les d’été et d’hiver mais très peu de données de reprise existent différencier. De plus en léthargie, contrairement au Vespertilion actuellement. de Natterer, il n’adopte que très rarement un comportement Son émergence crépusculaire est également tardive. Elle ne fissural et s’accroche régulièrement en petits essaims. s’envole habituellement qu’à la nuit complète et, le plus sou- vent, une heure après le coucher du soleil. Durant ces périodes de chasse, elle traverse rarement des espaces ouverts. En estivage, Caractères biologiques les individus isolés peuvent rentrer au gîte très tôt, près d’une heure avant le lever du soleil. Les femelles ayant mis bas ren- trent à la colonie une fois en milieu de nuit pour allaiter leur Reproduction petit puis regagnent le gîte juste avant le lever du soleil. Pendant Les femelles sont fécondables au cours du second automne de presque tout le reste de la nuit, le Vespertilion à oreilles échan- leur vie. crées vole, chasse et prospecte en ne s’accordant que de rares moments de repos. En période estivale, il peut s’éloigner Rut : copulation en automne et peut-être jusqu’au printemps. jusqu’à 10 km de son gîte. Gestation : 50 à 60 jours. Ses techniques de chasse sont diversifiées. Il prospecte réguliè- Mise bas de la mi-juin à la fin juillet en France. L’espèce semble rement les arbres aux branchages ouverts comme les noyers, les tributaire des conditions climatiques. Les femelles forment des chênes, les tilleuls ou les saules, comme l’attestent les résidus de colonies de reproduction de taille variable (de 20 à 200 individus végétation trouvés à la surface des tas de guano. Dans ce type de en moyenne et exceptionnellement jusqu’à 2 000 adultes), milieu, il plonge au sein du feuillage puis évolue rapidement régulièrement associées au Grand rhinolophe (Rhinolophus avec aisance entre les branches. Il peut également capturer des

68 Mammifères proies posées dans, ou autour des bâtiments, sur les plafonds Répartition géographique comme les murs, ou poursuivre activement des insectes en déplacement lors de ses vols de transit. La morphologie de ses ailes lui confère une surface portante importante, idéale pour les vols de précisions permettant ainsi d’exploiter localement des émergences d’insectes sur de petites surfaces, au-dessus de l’eau ou de tas de fumier.

Régime alimentaire Le régime alimentaire est unique parmi les chiroptères d’Europe et démontre une spécialisation importante de l’espèce. Il est constitué essentiellement de diptères (Musca sp.) et d’arachnides (argiopidés). Ces deux taxa dominent à tour de rôle en fonction des milieux ou des régions d’étude. Les autres proies (coléoptères, névroptères et hémiptères) sont occasionnelles et révèlent surtout un comportement opportuniste en cas d’abondance locale.

Caractères écologiques Observé entre 1970 et 1999 L’espèce est présente du Maghreb jusqu’au sud de la Hollande. Le Vespertilion à oreilles échancrées fréquente préférentielle- Vers l’est, sa limite de répartition s’arrête au sud de la Pologne ment les zones de faible altitude (jusqu’à 1 300 m en Corse). Il et va de la Roumanie jusqu’au sud de la Grèce, la Crête et la s’installe près des vallées alluviales, des massifs forestiers, limite sud de la Turquie. principalement avec des feuillus entrecoupés de zones humides. Il est présent aussi dans des milieux de bocage, près des vergers Connue dans toutes les régions de France, Corse comprise, et dans les régions limitrophes (Bénélux, Suisse, Allemagne et mais aussi dans les milieux péri-urbains possédant des jardins. Espagne), l’espèce est presque partout présente. Les exigences écologiques de cette espèce paraissent plus plas- tiques qu’il n’était suspecté. Ses terrains de chasse sont relativement diversifiés : forêts (lisières et intérieurs des massifs), principalement de feuillus Statuts de l’espèce mais aussi de résineux, bocage, milieux péri-urbains avec jar- dins et parcs. Il chasse aussi au-dessus des rivières et l’eau Directive « Habitats-Faune-Flore » : annexes II et IV semble constituer un élément essentiel à sa survie. Les bâtiments Convention de Bonn : annexe II sont régulièrement prospectés, des murs extérieurs aux pièces accessibles, c’est le cas de l’intérieur des chèvreries. Convention de Berne : annexe II Espèce de mammifère protégée au niveau national en France Les gîtes d’hibernation sont des cavités naturelles (grottes) ou (article 1er modifié) artificielles (galeries et puits de mines, caves, tunnels, viaducs), de vastes dimensions répondant aux caractéristiques suivantes : Cotation UICN : Monde : vulnérable ; France : vulnérable obscurité totale, température jusqu’à 12°C, hygrométrie proche de la saturation et ventilation très faible à nulle. Gîtes de reproduction variés en été. Une des spécificités de Présence de l’espèce l’espèce est qu’elle est peu lucifuge. En estivage, des individus dans des espaces protégés isolés, principalement des mâles se fixent sous les chevrons des maisons modernes, parfois en pleine lumière. Les colonies de En France, quelques sites d’hibernation et de reproduction sont mise bas acceptent également une lumière faible dans leur gîte. actuellement protégés par des mesures réglementaires comme Compte tenu de l’extrême fidélité de ce Vespertilion à son gîte, les arrêtés préfectoraux de protection de biotope ou bénéficient certains sites sont connus pour abriter l’espèce en reproduction de mesures plus souples comme des conventions. depuis plus d’un siècle. Au nord de son aire de distribution, les colonies de mise bas s’installent généralement dans des sites épigés comme les combles chauds ou les greniers de maisons, églises ou forts militaires. Au sud, elles occupent aussi les cavi- Évolution et état des populations, tés souterraines. Le bruit, comme la lumière, ne semble pas menaces potentielles affecter une partie des colonies qui s’installent parfois sous des préaux d’écoles ou dans des ateliers d’usines en activité... Évolution et état des populations

En Europe, l’espèce est peu abondante dans la majeure partie de Quelques habitats de l’annexe I son aire de distribution et les densités sont extrêmement variables en fonction des régions. De grandes disparités appa- susceptibles d’être concernés raissent entre les effectifs connus en hiver et en été. En limite de répartition, son statut peut être préoccupant et les effectifs sont 8310 - Grottes non exploitées par le tourisme (Cor. 65) même parfois en régression nette. Au sud de la Pologne par Compte tenu de la souplesse de ses exigences écologiques, exemple, les populations disparaissent lentement. l’espèce est susceptible de chasser sur une grande partie des En France, dans quelques zones géographiques localisées habitats de l’annexe I de la directive « Habitats ». comme les vallées du Cher ou de la Loire et en Charente-

69 Mammifères

Maritime, l’espèce peut être localement abondante, voire repré- intensification des prospections dans les zones où l’espèce est peu senter l’espèce majeure parmi les chiroptères présents. Les connue est indispensable afin de prendre des mesures conserva- comptages, menés depuis plus de 10 ans sur cette espèce essen- toires pour les gîtes hivernaux et estivaux de cette espèce. tiellement cavernicole en période hivernale, montrent une lente Il est nécessaire de mener des études sur l’utilisation des habitats mais constante progression des effectifs depuis 1990. Mais cette par cette espèce associée à des études de régime alimentaire afin dynamique des populations reste localement très variable en fonc- de confirmer les travaux menés dans l’est et le nord de l’Europe. tion de la richesse biologique des milieux. Des colonies distantes Le comportement nuptial de cette espèce semble original et de quelques kilomètres ont la même année un nombre de jeunes mériterait une étude approfondie. Des sites précis, qui servent qui varie de 12% à 40%. Le Vespertilion à oreilles échancrées peut-être de places de chant, sont occupés chaque automne par semble être un très bon indicateur de la dégradation des milieux. une succession de mâles et de femelles. Enfin, il conviendrait de mieux cerner les déplacements saison- Menaces potentielles niers entre gîtes d’hiver et d’été. En France, comme pour la majorité des chiroptères, les menaces proviennent de quatre facteurs essentiels : - fermeture des sites souterrains (carrières, mines...) ; - disparition de gîtes de reproduction épigés pour cause de Bibliographie rénovation des combles, traitement de charpente, ou perturba- tions à l’époque de la mise bas ; -ARTHUR L., 1999.- Le Murin à oreilles échancrées Myotis emargi- - disparition des milieux de chasse ou des proies par l’extension natus (Geoffroy, 1806). p. : 56-61. In ROUÉ S.Y. & BARATAUD M. de la monoculture qu’elle soit céréalière ou forestière, ainsi que (coord. SFEPM), 1999.- Habitats et activité de chasse des chiroptères par la disparition de l’élevage extensif. La proportion importante menacés en Europe : synthèse des connaissances actuelles en vue d’une gestion conservatrice. Le Rhinolophe, numéro spécial, 2 : 136 p. de diptères dans le régime alimentaire suggère une incidence possible forte liée à la raréfaction de cette pratique ; - BARATAUD M., 1992.- L’activité crépusculaire et nocturne de 18 - les chocs avec les voitures peuvent représenter localement une espèces de chiroptères, révélée par marquage luminescent et suivi acoustique. Le Rhinolophe, 9 : 23-58. cause non négligeable de mortalité. - BARATAUD M., 1996.- Ballades dans l’inaudible. Identification acoustique des chauves-souris de France. Sittelle, Mens, 2 CD + livret de 48 p. Propositions de gestion - BAUEROVA Z., 1986.- Contribution to the trophic biomics of M. emarginatus. Folia zoologica, 35 (4) : 305-310. Les gîtes de reproduction, d’hibernation ou de transition les plus - BECK A., 1994-1995.- Fecal analyses of european bat species. importants doivent bénéficier d’une protection réglementaire, Myotis, 32-33 : 109-119. voire physique (grille, enclos...). Lors de fermetures de mines ou - BENDA P., 1996.- Distribution of Geoffroy’s bat, M. emarginatus in de carrières pour raison de sécurité, utiliser des grilles adaptées the levant region. Folia zoologica, 45 (3) : 193-199. aux chiroptères en concertation avec les naturalistes. La pose - BRAULT J.P., 1994.- Les populations de M. emarginatus en région de «chiroptières » dans les toitures (églises, châteaux) peut per- Centre. In : Actes des 5es Rencontres nationales « chauves-souris », 11-12 mettre d’offrir de nouveaux accès. décembre 1993, Bourges, SFEPM : 112-117. Les mesures de protection devront prendre en compte en même - GAISLER J., 1971.- Zur Ökologie von M. emarginatus in temps et, avec la même rigueur, les sites d’hibernation, de repro- Mitteleuropa. Decheniana-Beihefte, 18 : 71-82. duction et de chasse. Les exigences écologiques pour les deux - GAUCHER P., 1995.- First record of Geoffroy’s bat, M. emarginatus, premiers sont suffisamment connues pour que des mesures de in Saudi Arabia. Mammalia, 59 (1) : 149-151. gestion puissent être proposées dès à présent. -GROUPE CHIROPTÈRES CORSE, 1997.- Chauves-souris de la directive « Habitats ». Rapport Agence pour la gestion des espaces naturels de La conservation d’un accès minimum pour les chiroptères à tous Corse (AGENC), Bastia, 27 p. les sites abritant cette espèce. - KRULL D., 1988.- Untersuchung zu Quartieransprüchen und L’aide au maintien de l’élevage extensif en périphérie des colo- Jagdeverhalten von M. emarginatus im Rosenheim Becken. Dipl. nies de reproduction connues est à promouvoir. Des expériences arbeit. Univ. München. menées en Hollande ont démontré en quinze ans, que le retour à - KRULL D., SCHUMM A., METZENER W. & NEUWEILER G., une agriculture intégrée, 1 kilomètre autour du gîte, augmentait 1991.- Foraging areas and foraging behavior in the notch-eared bat, M. rapidement le taux de reproduction au sein de la colonie. L’arrêt emarginatus. Behavioral ecology and sociobiology, 28 : 247-253. de l’usage des pesticides et des herbicides, la plantation d’es- - RICHARZ K., KRULL D. & SCHUMM A., 1989.- Quartieransprüche sences de feuillus comme les chênes ou les noyers, la reconsti- und quartierverhalten einer mitteleuropäischen wochenstubenkolonie tution du bocage et la mise en place de points d’eau dans cette von M. emarginatus im Rosenheimer Becken. Myotis, 27 : 111-130. zone périphérique proche semble concourir à la restauration de - SCHUMM A., KRULL D. & NEUWEILER G., 1991.- Echolocation colonies même fragilisées. in the notch-ear bat, M. emarginatus. Behavioral ecology and sociobio- logy, 28 : 255-261. La poursuite de la sensibilisation et de l’information du public, au - SPITZENBERGER F. & BAUER K., 1987.- Die Wimperfledermaus, niveau des communes et des propriétaires hébergeant l’espèce, M. emarginatus in Österreich. Mitteilungen der Abteilung für Zoologie am qu’ils soient publics ou privés, est également indispensable pour Landesmuseum Joanneum, 40 : 41-64. que la démarche de protection puisse être collectivement com- - VERGOOSSEN W.H., 1992.- Een Kraamkamer van de ingekorven prise et acceptée. vleermuis in midden-Limburg. Natuurhistorisch Maandblad. : 66-74. - ZAHN A. & HENATSCH R., 1998.- Bevorzugt M. emarginatus kühlere Wochenstubenquatiere als M. myotis ? Z. Saugetierek., 63 : Expérimentations et axes 26-31. de recherche à développer

L’étude de ses comportements de chasse et social demande à être complétée ou confirmée pour le territoire français et une

70 Mammifères

Myotis bechsteini (Kuhl, 1818) 1323 Le Vespertilion de Bechstein, le Murin de Bechstein Mammifères, Chiroptères, Vespertilionidés

Description de l’espèce

Le Vespertilion de Bechstein est un chiroptère de taille moyenne. Tête + corps : 4,5-5,5 cm ; avant-bras : 3,9-4,7 cm ; envergure : 25-30 cm ; poids : 7-12 g. Oreilles caractéristiques : très longues et assez larges, non sou- dées à la base, dépassant largement le museau sur un animal au repos. Pelage relativement long, brun clair à brun roussâtre sur le dos, blanc sur le ventre, museau rose. Cas d’albinisme partiel (pointe des ailes blanches). L’espèce semble relativement sédentaire (déplacement maximal connu : 35 km). Il s’accroche, généralement isolé, aussi bien à découvert au Confusions possibles plafond que profondément dans des fissures des parois des grottes, carrières ou anciennes mines. Le Vespertilion de Bechstein peut être confondu avec les deux Oreillards (Plecotus auritus et Plecotus austriacus), mais aussi Il sort à la nuit tombée, le vol est lent, papillonnant, très manœu- dans des conditions d’observations difficiles avec le Grand vrable et généralement à faible hauteur (30 cm à 5 m). L’espèce murin (Myotis myotis). paraît très agile dans les espaces restreints et se déplace aisément dans des milieux encombrés. Chez les Oreillards, les oreilles sont encore plus longues et sou- dées à la base. En période hivernale, les Oreillards replient Le Vespertilion de Bechstein chasse dans l’environnement généralement leurs oreilles sous leurs ailes permettant de les dif- immédiat ou à proximité de son gîte diurne (200 m à 2 km) férencier du Vespertilion de Bechstein avec ses oreilles dressées essentiellement par glanage et d’un vol papillonnant, depuis le (un cas d’individu hibernant en limousin dans un trou avec les sol à la canopée, parfois à l’affût. La superficie du territoire de oreilles repliées). chasse (forêts et habitats humides) est comprise entre 15 ha et 30 ha par individu. La relative « grande taille » du Vespertilion de Bechstein peut être à l’origine, notamment en période hivernale, d’une confu- sion possible avec le Grand murin, lorsque les individus sont Régime alimentaire répartis très en hauteur ou dans une faille. Le régime alimentaire est constitué par un large spectre d’arthropodes, essentiellement forestiers, d’une taille moyenne de 10,9 mm (de 3 à 26 mm). Les diptères (76,5-87% d’occur- Caractères biologiques rence) et les lépidoptères (52,9-89,3% d’occurrence), et dans une moindre mesure les névroptères (46% d’occurrence), repré- Les caractéristiques biologiques du Vespertilion de Bechstein sentent une part prépondérante de l’alimentation. Seuls ces sont mal connues (notamment reproduction, régime alimentaire, ordres sont composés majoritairement d’insectes volants. Les territoire de chasse…). proies secondaires les plus notées sont capturées au sol ou sur le feuillage des arbres : coléoptères, opilions, araignées, chilo- podes, dermaptères, chenilles... Reproduction Âge de la maturité sexuelle inconnue. Parade et rut : octobre-novembre et printemps, accouplements Caractères écologiques observés en hibernation. Mise bas : fin juin-début juillet. Les colonies sont composées Le Vespertilion de Bechstein semble marquer une préférence de 10 à 40 femelles changeant régulièrement de gîtes diurnes. pour les forêts de feuillus âgées (100 à 120 ans) à sous-bois À cette époque, les mâles sont généralement solitaires. denses, en présence de ruisseaux, mares ou étangs dans lesquelles il exploite l’ensemble des proies disponibles sur ou Taux de reproduction : un jeune par an, volant dans la première au-dessus du feuillage. Cette espèce peut également exploiter la quinzaine d’août. strate herbacée des milieux forestiers ouverts tels que les Espérance de vie : inconnue. Longévité maximale : 21 ans. clairières, les parcelles en début de régénération et les allées forestières, voire les prairies à proximité des forêts. Activité Les terrains de chasse exploités par le Vespertilion de Bechstein semblent être conditionnés par la présence de cavités naturelles Le Vespertilion de Bechstein entre en hibernation de septembre- dans les arbres (trous, fissures...) dans lesquelles il se repose au octobre à avril en fonction des conditions climatiques locales. cours de la nuit. La présence d’un nombre relativement important

71 Mammifères de telles cavités en forêt est également indispensable à l’espèce Statuts de l’espèce pour gîter. Le Vespertilion de Bechstein semble hiberner dans les arbres. Il Directive « Habitats-Faune-Flore » : annexes II et IV est rarement observé en milieux souterrains (galeries et puits de Convention de Bonn : annexe II mines, caves, tunnels, viaducs) en période hivernale : le plus souvent isolé, dans des fissures et interstices, expliquant la diffi- Convention de Berne : annexe II culté d’observation, dans des sites à température comprise entre Espèce de mammifère protégée au niveau national en France 3°C et 12°C et ayant une hygrométrie supérieure à 98%. (article 1er modifié) Les gîtes de reproduction sont variés : les colonies occupent des Cotation UICN : Monde : vulnérable ; France : vulnérable arbres creux, des nichoirs plats, plus rarement les bâtiments. Des individus isolés peuvent se rencontrer dans des falaises ou trous de rochers. Cette espèce utilise plusieurs gîtes diurnes situés à Présence de l’espèce moins d’un kilomètre les uns des autres. Ces changements de gîtes diurnes s’accompagnent d’une recomposition des colonies. dans des espaces protégés En France, les arrêtés préfectoraux de protection de biotope, réserves naturelles, réserves naturelles volontaires et conven- Quelques habitats de l’annexe I tions de gestion protègent de nombreux gîtes d’hivernage susceptibles d’être concernés (grottes, souterrains, mines), tout comme les acquisitions et locations par différentes associations (notamment le programme Life de l’Association de protection transfrontalière des chauves- 8310 - Grottes non exploitées par le tourisme (Cor. 65) souris, concernant le nord-est de la France). Tous les habitats compris dans la catégorie « Forêts de l’Europe Cependant, du fait du caractère forestier de l’espèce, ces tempérée » du Manuel Eur 15. mesures réglementaires ne protègent qu’un faible nombre d’in- 9260 - Forêts de Castanea sativa (Cor. 41.9) dividus en rapport aux populations probables présentes en France. Aucun site de mise bas ne semble préservé. 92A0 - Forêts-galeries à Salix alba et Populus alba (Cor. 44.17) 6410 - Prairies à Molinia sur sols calcaires, tourbeux ou argilo- limoneux (Molinion caerulae) (Cor. 37.31) Évolution et état des populations, 6440 - Prairies alluviales inondables du Cnidion dubii (Cor. 37.23) menaces potentielles 6510 - Pelouses maigres de fauche de basse altitude (Alopecurus pratensis, Sanguisorba officinalis) (Cor. 38.2) Évolution et état des populations 6520 - Prairies de fauche de montagne (Cor. 38.3) L’état et l’importance des populations du Vespertilion de Bechstein sont mal connus en raison des mœurs forestières de l’espèce. Répartition géographique ● En Europe L’espèce semble bien présente, mais nulle part abondante, en Allemagne, Autriche, France (excepté le sud), République tchèque et Slovaquie. Les populations semblent, par contre, faibles ou cantonnées dans le sud de l’Angleterre, en déclin aux Pays-Bas, dans le sud de la Pologne. L’espèce est très rare en Italie, Espagne, Hongrie, Roumanie et dans les pays balkaniques sans qu’une tendance évolutive ne soit connue.

● En France Le Vespertilion de Bechstein est observé majoritairement en période hivernale avec en moyenne de 1 à 5 individus par site dans un grand nombre de sites. Les régions Bretagne et Pays-de- Loire hébergent des populations plus importantes. La découverte de rassemblements hivernaux de plus de 40 individus dans des Observé entre 1970 et 1999 Disparu ou non revu depuis 1960 sources captées en Champagne-Ardenne ou dans des carrières de la région Centre permet d’envisager une meilleure connais- Le Vespertilion de Bechstein est présent dans l’Europe de sance de l’espèce en France dans les années futures. l’Ouest des régions chaudes à tempérées : du sud de l’Angleterre et de la Suède jusqu’en Espagne et en Italie, limite orientale de En période estivale, les connaissances sont encore plus faibles et son aire de répartition en Roumanie. partielles. Dans beaucoup de régions, aucune colonie de mise bas n’est connue. En France, cette espèce est rencontrée dans la plupart des dépar- tements. Elle semble très rare en bordure méditerranéenne et en Corse. Des effectifs plus importants se rencontrent dans l’Ouest Menaces potentielles de la France (Bretagne, Pays-de-Loire et région Centre). Conversion à grande échelle des peuplements forestiers autoch- Le Vespertilion de Bechstein est présent jusqu’à 1 400 m d’altitude. tones, gérés de façon traditionnelle, vers des monocultures

72 Mammifères intensives d’essences importées (ex.: Morvan, Limousin…) et Expérimentations et axes aussi exploitation intensive du sous-bois ainsi que réduction du cycle de production/récolte. de recherche à développer Traitements phytosanitaires touchant les microlépidoptères (forêts, vergers, céréales, cultures maraîchères…) Parmi les priorités, un effort de prospection est à mener dans les Circulation routière (destruction de plusieurs milliers de tonnes milieux forestiers pour préciser la répartition de l’espèce en d’insectes par an en France). France et surtout évaluer les densités de population. Développement des éclairages publics (destruction et perturba- Les études portant sur le comportement alimentaire et l’utilisation tion du cycle de reproduction des lépidoptères nocturnes). de l’espace en milieux forestiers par l’ensemble des chiroptères réputés forestiers sont rares en Europe. Un programme en France Mise en sécurité des anciennes mines par effondrement ou mené dans plusieurs régions, visant à mieux connaître les para- comblement des entrées. mètres environnementaux (réseau de gîtes, habitats de chasse, régime alimentaire, disponibilité en proies) conditionnant la bonne santé d’une colonie de mise bas (par radiopistage, analyse de Propositions de gestion crottes, piégeages d’insectes…) serait très utile à l’élaboration de plans de gestion précis, adaptés aux spécificités des grands types de paysages habités par le Vespertilion de Bechstein. Gestion sylvicole Un second axe de recherche pourrait être développé afin d’appréhender les éventuelles concurrences interspécifiques Création de plans de gestion forestière à l’échelle locale entre les différentes espèces forestières de chiroptères ainsi que (communale ou intercommunale) sur l’ensemble de l’aire de l’impact des pratiques sylvicoles. répartition nationale de l’espèce, limitant la surface dévolue à la monoculture en futaie régulière d’essences non autochtones à croissance rapide, à une proportion ne pouvant dépasser 30% de la surface boisée totale, et prévoyant pour les repeuplements touchant une surface supérieure à 15 ha d’un seul tenant, Bibliographie l’obligation de conserver ou créer des doubles alignements arborés d’essences autochtones de part et d’autres des pistes d’exploitation et des cours d’eau, et des alignements simples - BARATAUD M., CHAMARAT N. & MALAFOSSE J.-P., 1997.- Les chauves-souris en Limousin. Biologie et répartition - Bilan de 12 le long des lisières extérieures, ou intérieures (clairières, années d’étude. Flepna, Limoges, 56 p. étangs). * HUET R. & coll., 1999.- Le Murin de Bechstein Myotis bechsteinii Encourager autour des colonies de mise bas sur une superficie (Kuhl, 1817). p. 62-68. In ROUÉ S.Y. & BARATAUD M. (coord. totale minimale de 250 hectares, le maintien de plusieurs îlots, SFEPM), 1999.- Habitats et activité de chasse des chiroptères menacés en suffisamment vastes (au moins 25 à 30 hectares), de parcelles Europe : synthèse des connaissances actuelles en vue d’une âgées de feuillus (au moins 100 ans) traitées en taillis-sous- gestion conservatrice. Le Rhinolophe, numéro spécial, 2 : 136 p. futaies, en futaie régulière ou irrégulière, sur l’ensemble - SCHOBER W. & GRIMMBERGER E., 1991.- Guide des chauves- d’un massif forestier. Le maintien de milieux ouverts en forêt souris d’Europe : biologie, identification, protection. Delachaux & (clairières) et à proximité (prairies) est également à préconiser. Niestlé, Neuchâtel-Paris, 225 p. * SCHOFIELD H.W., GREENAWAY F. & MORRIS C.J., 1997.- Considérations générales Preliminary studies on Bechstein’s bat. Vincent Wildlife Trust Rev. of 1996 : 71-73. Éviter tous traitements chimiques non sélectifs et à rémanence *TAAKE K.H., 1992.- Strategien der Ressourcennutzung an importante. Favoriser la lutte intégrée et les méthodes Waldgewässern jagender Fledermäuse (Chiroptera : Vespertilionidae). biologiques. Myotis, 30 : 7-74. Limiter l’emploi des éclairages publics dans les zones rurales aux * TRÉMAUVILLE Y., 1990.- Capture de criquets par un Vespertilion de deux premières et à la dernière heure de la nuit (le pic d’activité Bechstein (Myotis bechsteini). Petit Lérot, 33 : 8. de nombreux lépidoptères nocturnes se situe en milieu de nuit). * WOLZ I., 1986.- Wochenstuben-Quartierwechsel bei der Bechstein- Inscrire dans la réglementation nationale l’obligation de fledermaus. Z. Saugetierk., 51 : 65-74. conserver des accès adaptés à la circulation des espèces de * WOLZ I., 1993.- Untersuchungen zur Nachweisbarkeit von chiroptères concernés, lors de toute opération de mise en Beutetierfragmenten im Kot von Myotis beichsteini (Kuhl, 1818). sécurité d’anciennes mines ou carrières souterraines (à l’excep- Myotis, 31 : 5-25. tion des mines présentant un danger pour les animaux (ura- * WOLZ I., 1993.- Das Beutespektrum der bechsteinfledermaus Myotis nium)). bechsteini (Kuhl, 1818), ermittelt aus Kotanalysen. Myotis, 31 : 27-68.

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