- Gérard GUIT/\RD -

Note sur la prospection le mdtiux non ferreux d^ns les Pyrénées Orientales

15 Mai 1954

A BUREAU DE RECHIiIlCHLS GEOLOGIQUES

GEOPHYSIQUES ET MINIERES

B.R.G.G.M.

69, rue de la Victoire - PARIS (92)

NOTE SUR LA PROSPECTION DE MET^-.UX NON FERREUX

DANS LES -ORIENTALES

par

Gérard GUITARD

15 Mai 1954 Cette note résume quelques données géologiques suscepti¬ bles d'orienter la prospection dans les Pyrénées-Orientales

et départements limitrophes. Elle intéresse plus spécialement

la recherche des gîtes le scheelite.

I - LE CADRE GEOLOGIQUE

Une connaissance aussi complète que possible de la géo¬

logie régionale permet d'orienter efficacement la prospection :

il est à peine besoin de souligner la nécessité de aiener pa¬

rallèlement le levé de la carte et la recherche des gisements.

Seul le Paléozoïque et les formations sous-j acentos

intéressent ici le géologue. La stratigraphie du Paléozoïque

est actuellement bien connue dans la région qui nous occupe.

L'étude en a été poursuivie dans le domaine des nigaatiques.

On reconnaît schémat iquement la succession suivante le haut

en bas :

a) dévono-carbonifère essentiellement calcaire

b) silurien, il comprend au sommet le Caradoc fossilifère

(schistes et grauv/acice à Orthis) puis la formation très

fi) monotone des schistes de ^ \

(1) Schistes de Jujols et série de sont azoîques. - 2 -

c) siluro-cambrien : c'est la série de Canaveilles remar¬ quable par des intercalations Je calcaires et de dolomies souvent puissantes (jusqu'à I50 m.) et très continues. Elle est, de plus, affectée par un métamorphisme de caractère épi- zonal et sa base est envahie par la migmatisation.

d) gneiss oeillés du Canigou : à caractère mignatitique,ils font suite vers le bas à la série le Canaveilles.

e) série de Balatg métamorphique et ¡nigmatitique.

f) gneiss du Cady, mlgmatitiques, constituent la forma¬ tion la plus profonde accessible a l'observation.

Nous remarquerons ; li)la série est entièrement comprehensive de la base au sojimet.

La puissance de l'enseaible de l'ordre le 10.000 mètres dont

^.500 la. de Paléozoïque peu ou non métamorphique. Il s'agit

d'une vaste fosse de subs^fidence ou la sédimentation s'est

poursuivie de l'Infracambrien au Dinantien : nous sommes

dans le domaine du géosynclinal mésogéen.

23) les niveaux calcaires largement développés. Trois hori¬

zons sont bien représentés :

a) calcaires et dolomies dévoniens pas ou peu méta morphiques,

b) calcaires et doloinies de la série le Canaveilles toujours recristallisés et métamorphiques,

c) calcaires et dolomdes le la s 'rie le Balatg très met amo rphique s . - 3 -

L'histoire géologique It la région mojitre la succession

de quatre phases majeures :

12) diastrophisme fondamental : il est hercynien et con¬

duit à la formation des migmatites syncin^atiques,

2i) phase de granitisation tardicinématique,

33) phase de granitisation post-cinématique,

43) phas^ pyrénéo-alpine. Une tectonique de style plis de

fond compartimente l'édifice hercynien au cours de

phases multiples.

0 0

o

II - CLASSIFICATION des GITES iáET/iLLIFERES

li) gîtes ùiigiûatitiques : ils sont exceptionnels. Près

Belesta dans lea gneiss de l'/\gly les oipolins et parâamphi-

bolite passent latéralement à des lentilles stratoldes de ma¬

gnetite. Dans les migmatites du Canigou de faibles concentrations de sche^ftlite et ie sulfures existent dans les skarns.

2°) gîtes de contact des granites circonscrits postcinc- matiques. Leur découverte est récente. Ce sont des gîtes pyro- - 4 -

métasomatiques de tungstène dans les calcaires de la série de

Canaveilles (Costabona, Roca Jalera). Le minerai dominant est

1^ scheelite localisée dans des tactites (ou skarns) qui for¬ ment soit des amas, soit des formations stratoldes. Dans les skarns prédominent les silicates non hydroxylés : grenat andra¬ dite et pyroxenes hedenbergitiques. A la scheelite sont associés des sulfures et des oxydes qui sont dans l'ordre d'importance : blende sombre, pyrrhotine, magnetite, pyrite, mispickel, bismu¬ thinite, molybdenite, chaloopyrite, lollingite et exceptionnel¬ lement galène. La fluorine peut être localement abondante.

32) gîtes dits "filoniens hydrothermaux" - on peut les clas¬ ser dans l'un des trois groupes de GRaTON hypo-meso-leptotherma'ux.

a) gîtes hypothermaux - Une phase hydrothermale est individua¬ lisée dans les gîtes pyromátasomatiques avec prédominance do sulfures (pyrrhotine ou mispickel) l:xns une gangue de quartz à silicates non hydroxylés résiduels - (Can Carbonell, )

b) gîtes mésothermaux profonds - Tentilles ou filons de mispickel aurifère bien d 'veloppés sur les deux versants des

Pyrénées catalanes (, Serrabona, Setcasas) gangue de quart?, ou de sidérose avec mispickel aurifère, pyrite, pyrrhotine, wolframite, chaloopyrite, boulang'írite, bisthmuth, galène.

Gîtes de chaloopyrite ivec bismuthinite, pyrite, pyrrhotine

( Peyrafeu), - 5 -

c) gîtes mésothermaux : gangue esyentiellement sid critique,

mais parfois le quart- est dominant. Ils forment soit des gise¬ ments cuprifères f Canaveilles, La Preste, 0ms) soit des gîtes plombo-zincifères (La :.ianera. Can Pey, , Puig Cabrera,

Gaixas ) : la paragénèse comprend blende, galène, pyrite, chal¬

oopyrite, ullmanite, tétraédrite, chalcosine.

d) gîtes leptpthermaux - soit gîtes zincifères à gangue de

barytine grenue avec fluorine cryptocristalline : blende claire,

pyrite, galène, chaloopyrite, carbonates rares, allure Trabanée

typique (Velmanya, La Fo) - soit gîtes cuprifères à gangue de

barytine en grands clivages avec tétraédrite, chaloopyrite,

bournonite (Rocabruna, Can Pubill),

On peut rattacher a ces derniers:

- lentilles et imprégnations de stibine (Oms)

- filons de fluorine et de barytine (Vernet, )

- enfin des gîtes de chaloopyrite dans une gangue concrétionnée

de calcite et de quartz qui remplissent des failles tardives

( Carança, Osseja).

4S) gîtes de substitution de si loro se. Ils constituent les

célèbres gisements ferrifères du Canigou mis en place dans les

dolomies le la série de Canaveilles et qui y forment les corps

puissants (grand gîte de , puissance moyenne 15 m« de

longueur en direction de l'ordre de 600 m.; réserves estimées

à 17.000.000 de tonnes). Leur extension est quasi-régi nale : une

quarantaine de kilomètres . Ce sont les gîtes épimétamorphiqueso - ó -

5=) gîtes de substitution d'hématite dans les calcaires liasiques - Il s'agit le gîtes hyircthermaux secondaires avec remise e.i mouvement d'une minéralisation hercynienne de socle au contact du Trias gypsifère (Lesquerdes, Rasiguères).

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III - CARACTERES de la PROVINCE MET/d-LOGENIQUE CATALANE

Le bref aperçu dans l'espace et dans le temps de la géolo¬ gie régionale ainsi que l'inventaire des gisements nous permet¬ tent de dégager les traits principaux de la province raétallo- génique catalane.

La mét^ est hercynienne comme le métamorphisme régional compris 1 \ns un sens large incluant migmatisation et granitisa¬ tion. Replacée dans le cadre des événements hercyniens la métal¬ logénie des Pyrénées-Orientales montre trois phases :

a) la migmatisation syncinématique engendre une métallogénie

embryonnaire, et les granites tardi«:aigmatiques ont un comporte¬ ment analogue; - 7 -

b) la granitisation postcinématique concentre par contre vm. un cortège ie métaux divers (*, Fe, Bi, I.io, Pb, Zn, Ni);

c) une concentration ferrifère à grande échelle clôture tar¬

divement le métamorphisme régional : gîtes épimétamorphiques de

sidérose;

d) 1' orogénie pyrénéoalpine, à l'inverse ie la précédente

n'est accompagnée dans la région d'aucune manifestation méta¬

morphique ou plutonique. Aucune métallogénie propre ne lui est

non plus liée. Exceptionnellement 1'héra.atite a été concentrée

dans les calcaires liasiques par remaniement hydrothermal se¬

condaire (gîtes de fer des Corbières).

Conclusions -

En ce qui nous concerne nous retiendrons l'inefficacité

métallogénique du stade nigmatitiquG dans les Pyrénées catalanes

contrairement à ce qui a pu être observé en Scandinavie. Par

contre les j^isements susceptibles d'offrir un intérêt économique

sont en relation avec les granites circonscrits qui sont les

;;ranites efficaces.

B - Caractères 2Íí^i2«^-^í'^l}í-

L'influence le certaines formations ou structures sur la locali¬

sation des gisements métallifères e^t reconaue lepuis longtemps. - 6 -

Soixante quinze points ou zones minéralisés, visités à ce jour dans les Pyrénées-Orientales, sont ainsi répartis :

gisements dans les migmatites

" de cassures dans les migmatites ou les granites circonscrits

" au contact des calcaires et do¬ lomies de la série de Cana¬ veilles

" dans les micaschistes de Cana¬ veilles ou les schistes le Jujols

" ' dans les calcaires liasiques

gisements concordants ou sub concordant s 62

" de cassures non concordantes 11

gisements au contact des calcaires ou les remplaçant 51

Nous constatons que :

- l'essentiel de la minéralisation est presque entièrement

confiné dans les niveaux silxaxo-cambriens,

- Les calcaires et dolomies jouent un rSle de premier o^^^^

dana la localisation des gîtes. Plus de la moitié, affectent - 9 -

en effet les cipolins de la série de Canaveilles. Par contre

il est intéressant de souligner que nous ne connaissons aucun

gisement primaire dans les calcaires dévoniens ( quelques gîtes

de remaniement d'oxydes de manganèse seulement). Les cipolins

de la série de Canaveilles sont donc véritablement les "cal¬

caires métallifères".

- Les gîtes sont souvent installés dans des plans de décollement,

d'où, leur allure interstratifiée. Ces zones de décollement peu¬

vent être très étendues ou seulement locales. Il faut successi¬

vement envisager les décollements au contact des calcaires et

les décollements dans les schistes.

a) Dans les cipolins de la série de Canaveilles la disharmo¬ nie calcaire-micaschiste, fait du contact un lieu privilégié oè. s'accumulent des gisements très divers. La localisation du front des migmatites au contact de certains niveaux calcaires, ailleurs la présence d'horizons carbures favorisent l'hétérogénéité méca¬ nique. Mais le seul facteur mécanique n'est pas entièrement res¬ ponsable de la localisation des gîtes. Le contact schiste calcaire peut jouer par seule hétérogénéité chimique/ circonstance réalisée dans lès gîtes pyrométasomatiques).

Dans tous les cas, à partir du contact, la minéralisation remplace plus x)u moins largement le calcaire et la dolomie qui se comportent comme de véritables horizons pièges. La métasoma- iose utilise parfois des structures tectoniques préexistantes : -lo

en effet le comportement plastique des niveaux calcareodolomiti- que est évident lors de la ph^se hercynienne majeure, d'où com¬ plexités locales (boudinage, étirement, écoulement parfois ex- traordinairement capricieux). L'inclusion de septa schisteux dans la masse des calcaires peut avoir une importance localisatrice locale. Dans le cas des gîtes pyrométasomatiques le remplacement iritéresse à, la fois la dolomie et le calcaire (gîte de Costabona où le contact granitique tranche obliquement une succession, plu¬ sieurs fois répétée, de calcaires et de dolomies). Par contre on rencontre les gîtes épimétamorphiques de sidérose plus volontiers dans les dolomies. Le contact calcaire n» rmoréen-dolomie est par¬

fois utilisé par les corps de remplacement. Le rempl; cement mé- tasomatique des calcaires peut être très important dans le cas des gîtes pyrométasomatiques (Costabona) et des gîtes épiméta¬ morphiques (Sahorre-Vernet) . Il faut aussi souligner la plus grande régularité .es gîtes liés aux calcaires.

b) Dans les schistes les décollements sont habituellement plus limités, voire très locaux ( fréquence 4-es "lentilles" de mispickel sur les i eux versants de 1 ' anticlinorium du Canigou).

Néanmoins certains sont assez étendus (région de Glorianes - Es¬

toher - Serrabona ). Les accidents principaux sont toujours accom¬ pagnés d'accidents secondaires plus ou moins parallèles à leur direction. L'impossibilité d'une métasomatose importante confère

à ces gîtes une allure filonienne apparente (filons couches). - 11 -

En fait ces filons ont souvent une allure moniliforme. Le décol¬ lement explique l'éventualité souvent signalée dans les rapports miniers, d'im"coincement" en profondeur sans que la disparition soit liée à une fracturation postérieure.

- Généralement les gîtes ne sont donc pas liés à des réseaux de

fracture comrae cela est la règle dana plusieurs districts mi¬

niers voisins (Salsigne,Villardonel). Il n'existe pas de champs

filoniens.

- Les grandes zones mylonitigues Pyrénéo-alpines (ou plus ancien¬

nes) sont presque toujours complètement stériles. On ne connaît

pas de gisements installés dans l'accident de Merens, dans l'ac¬

cident d'Amélie, dans la grande dislocation du Canigou): éven¬

tuellement de tels gisements existent, s'il y a eu des lambeaux

pinces dans la zone de broyage (gîte de Sidérose de St Vincent

à Vernet). Néammoins la minéralisation de cassures tardives

est possible dans les gneiss et les granites, il s'agit tou¬

jours de gîtes très restreints (cuivre principalement). Cette

même tectonique est responsable de décollements secondaires

non .ainéralisés. Leur influence peut être néfaste sur les gîtes

préexistants qu'ils oblitèrent ou "recouvrent". Ces décollements

qui peuvent exister à grande échelle( région NW Amélie) sont ex¬

plicables par la tectonique en grand du socle mlgmatitique.

- Il n'a pas été possible d'obsejrver jusqu'à prisent l'influence

d'une structure antiolinale ou synclinale sur la localisation

des gîtes, circonstance souvent citée. Les gîtes affectent &

l'échelle locale de grands panneaux monoclinaux de l'anticlino-

ri\im du Canigou. - 12 -

Les minéralisations qui nous intéressent sont liées à la mise en place des granites circonscrits. Si nous considérons un dis¬ trict t eetoniquement homogène, les gîtes exhibent autour du granite une zonalité remarquable. Elle se traduit par des mo¬ difications de la minéralisation et des gangues en fonction de la distance au granite. Exemple de zonalité : les minéralisa¬ tions du massif des Aspres autour du granite de Bâtera,

Gangue ' ' !

ROC/^ JALERA Tactite, fluori¬ Scheelite, blende, j ne, quartz mispickel j

CAN CARBONELL Tactite, quartz Pyrrhotine, mispic-; , kel, scheelite ;

GLORlANES-SERRyVBONA Sidérose, Mispickel aurifère,; quartz wolframmite ;

OMS (mas Massinas) Sidérose, Chaloopyrite ; quartz

OMS (mas Guillemot) Sidérose, Blende, chalcopy- ; quartz rite,ullmannite j

LLAURO Quartz , sidé¬ Blende, galène ; rose

FONTCOVERTA Quartz, sidé¬ Blende, galène, ; rose , chaloopyrite ;

CAiYiEL^iS Sidérose Blende, tétraédrite^

OMS (Cnn Borello) Quartz , Stibine ¡

tl) Seules les espèces les plus i mp créantes sont mentionnées - 13 -

ZONALITE de la MINERALIS/^TION -

Au contact du granite et des calcaires ou à faible distance on observe des concentrations de W, Fe, Zn, Bi, Mo. A distance du granite Fe, As, S, Au, W sont déposés dans les schistes, en¬ fin les concentrations exploitables de Cu, Pb, Zn sont nettement excentriques. Au contact du granite des tungstates et des oxydes dominent avec sulfures subordonnés, puis les arsénio-sulfures acquièrent un grand développem.ent avec sulfures ou tungstates subordonnés, enfin les sulfures sont prépondérants ivec sulfosels

( suifoantimoniures et plus rarement sulfoarséniures).

ZONALITE des GANGUES -

Au contact du granite ou à faible distance, form.ïtion de gangues silicatées (skams) avec quartz et fluorine subordonnés.

Dans les schistes le quartz est d'abord dominant, mais il cède vite la place en importance aux carbonates (sidérose). Enfin gangues barytiques avec fluorine subordonnée.

r Dans tous les cas la formation de la giuigue précède celle de la minéralisation. La scheelite remplace les silicates des tactites; les sulfures remplacent toujours la sidérose.

Si nous examinons les types principatix de minéralis-^tion nous constatons :

12) le tungstène , est principalement fixé d.ns des gîtes

pyrométasomatiques sous forme de scheelite. Plus rarement - 14 -

ce qui est exceptionnel dans les Pyrénées - il passe dans

des formations hydrothermales sous forme de wolframite.

2g) Le bismuth et le molybdène accompagnent le tungs¬

tène. Le bismuth sous forme de bismuthinite n'est pas rare

h. Costabona. Il a été trouvé dans la région de la Preste.

Les archives minières font mention d'une"mine" de bismuth

à Arles sur Tech,

Le molybdène est exceptionnel à l'état de molybdenite

(beau développement au Turun, près Costabona) mais le

métal accompagne presque toujours la scheelite. La molybdo*

scheelite est fréquente h Costabona,

35) Par contre l'absence complète jusqu'à, ce jour de 1' étain

(cassitérite ou stannite) mérite dêtre soulignée ,( il en

est de même de l'uranium).

4?) L'or est constamment lié au mispickel (solution solide

vraisemblablement). Plusieurs gîtes de mispickel aurifère

sont bien représentés sur les deux versants des Pyrénées

Cat.ilanes ( Glorianes, Estoher, Serrabona, Set Casas,

San Lliguel de Culera), On peut penser trouver l'or dans

les gîtes pyrométasomatiques comae cela ©stconnu ailleurs

(gîtes aurifères de Corée).

5°) Le cuivre : il apparaît très tSt avec les ¿jî'tes pyrométa¬

somatiques où. il est très accessoire; pratiquement le cui¬

vre est concentré dans les filons à gangue sidéritique : - 15 -

chaloopyrite parfois associée a la blende. Ces filons (La

Preste, massif des Aspres) présentent une grande ¿malogie

avec les filons cuprifères des Pyrénées Basques. Los fi¬

lons de cuivre gris (tétraédrite et ttuiantite) à gangue

barytique sont, dans l'ensemble, peu développés et sont

apparentés aux filons cuprifères du Monthoumet.

6i) Le plomb et le Zinc : ces deux métaux ont un comportement

assez différent. La blende est fixée précocement d.ans les

" gîtes pyrométasomatiques où elle constitue le sulfure le

plus abondant - très particulier aux Pyrénées Catalanes -

Le plomb, par contre, est exceptionnel dans ces conditions.

Le zinc est pratiquement absent des filons de mispickel

aurifère alors que le plomb y forme de curieuses concen¬

trations (boulangérite). Nous retrouvons le plomb et le

zinc associés dans des filons de B.P. G, classiques, mais

non raremsnt la blende est exclusive ou très dominante.

Enfin, le zinc occupe à peu près seul certains gisements

barytiques (blende claire). Dans l'ensemble on retrouve

tous les types Pb-Zn qui prennent une belle extension

dans les Pyrénées Centrales. L'association blende-pyrrho¬

tine, cette dernière macroscopique ou en inclusions, est

com.iune aux deux régions. A signaler, le caractère souvent

très cadmifères des blendes, éventualité fréquente d:ms

les Pyrénées. Nous ne sommes pas renseignés sur les te¬

neurs en métaux plus rares : e ^.germanium. - 16 -

7°) Le nickel : il convient de citer l'ullmannite reconnue

dans plusieurs filons Cu, Pb, Zn des Aspres, Ce sulfo-

antimoniure prend un beau développ émeut à Oms. Des gîtes

cobalto-nickelifères hydrothermaux sont connus en divers

points de la chaîne pyrénéenne sur les deux versants.

S=) 1^6 ^Qr : Les gîtes métasomatiques de sidérose ont une ex¬

tension véritablement régionale dans les Pyrénées-Orien¬

tales (gîtes épimétamorphiques). Ils leur sont propres.

En résiimé, la province métallogénique catalane est caracté¬ risée par : a) 2 phases métallogéniques essentielles : phase des grrmites

circonscrits, phase épimét amorphi que, toutes deux en rela¬

tion avec le cycle hercynien; b) importance des minéralisations liées aux calcaires et dolomies

donc de gîtes métasomatiques; c) la minéralisation n'affecte pratiquement que les horizons

silurocambrien. d) les gîtes sont le plus souvent interstratifiés dans des plans

de décollement. e) les gîtes de tungstène pyrométasomatiques peuvent prendre un

grand développement, circonstance propre aux Pyrénées catalanes

De même les gîtes de sidérose. - 17 -

f) la fréquence des gîtes mispickelifères doit être soulignée. g) la sidérose acquiert une grande importance dans la constitu¬

tion des gangues filoniennes.

Par comp avec les régions voisines, l'importance prise par les minéralisations de haute température avec gîtes de tungstène et de mispickel rapproche incontestablement les

Pyrénées Catalanes de la Montagne Noire. De même l'importance des gangues sidéritiques : province occitano-catalane dont la métallogénie est, dans l'ensemble, différente de celle du Mas¬ sif Central.

Les filons cuprifères et plombozincifères sont par contre typiquement des types pyrénéens (fréquence de la pyrrhotine).

Les gîtes de sidérose épimétamorphiques n'ont de comparai- son qu'avec ceux des Alpes Orientales.

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IV - REtlARQUES sur la PROSPECTION de la SCHEELITE

Ces remarques ne sont valables que pour la région étudiée.

12) L'examen de noaabreux contacts à la lampe Ü V a montre la fréquence de la scheelite (wO Ca) dans toute la zone métamor- - 18 -

phique des Pyrénées Cat al ânes, riche en niveaux cipoliniques.

Les occurrences reconnues peuvent être rangées en deux groupes î

a) cipolins de la série de Balatg, dans la zone mlgmatitique.

La scheelite existe constamment dans des tactites au con¬

tact des cipolins avec :

les granites tardimigmatique

les migmatites

la formation dite "gneiss de Quazemi".

Quelque soit le niveau ou le lieu, l'examen de l'éponte

calcaire découvre de la scheelite. Mais il s'agit ici de

concentrations le plus souvent pétrographiques , pouvant

prendre localement une extension non négligeable, sans

jamais constituer toutefois de véritables gisements.

Ex. tactites dans 3e s cipolins du Sait (centre Canigou).

Cette tendance générale à la mobilisation du t\mgstène

dans les contacts calcaires est, selon nous, l'indice le

plus précieux pour décider d'une prospection pour schee¬

lite è. l'échelle régionale,

b) cipolins de la série de Canaveilles, ils sont en contact

avw c le front de migmatites et les granites circonscrits.

La répartition de la scheelite n'y est pas diffuse comme

d ns le cas précédent, mais ce minéral forme au contraire

des ocneoitratlons locales susceptibles de présenter un in¬

térêt économique.

Ces gisements sont toujours au contact des granit es, cir-

op nscrits. Certains d'entre eux ont été cartographies et leur

géologie précisée dans les rapports B.R.G.G. suivants : Aciq Acq¿ - 19 -

nous concluerons que la scheelite doit être recherchée dans les contacts des granites circonscrits avec les caloaires et dolomies siluro-cambrien^ . Nous remarquerons néammoins que le terme contact doit être pris dans un sens large : des tactites sont formées au contact de calcaires à distance du granite ou au contact de petits granites filoniens qui ne sont générale¬ ment pas figurés sur les cartes géologiques usuelles. Ex. : région de roca Jalera-la Balma très typique h ce point de vue.

Il faut donc prospecter largement les bordures granitiques et

S' voir que les tactites à scheelite ont tendance à former des

"gîtes de dépacrt",

2S) Il semble illusoire de prévoir le caractère scheell- tifère d'un contact en fonction du type pétrographique du gianite.

Dans les Pyrénées orientales les granites circonscrits sont du type calco-alcalin et offrent une grande variété de faciès non seulement d'un massif à l'autre mais au sein du même massif.

Les types habituels sont des granites à biotite ou des grano- diorites. On observe aussi des diorites, des monzonites, et à l'opposé des granites leucocrates du type "alaskite". Dans tous les es les contacts sont scheelitifères.

32) Pour un massif granitique donné, seuls les horizons calcaires ayant une continuité suffisante seront retenus, mais

tl) cependant certaines formations puissantes de cipolins dans la zone mlgmatitique ne doivent ï>as être négligées. - 20 -

ils doivent être prospectés dans leur totalité et sans "hiatus"

(la prospection en voittire - comme la géologie - n'est pas

payante). Il n'existe p^^s de règle pour préjuger de la locali¬

sation éventuelle d'un gisement.

42) La scheelite est concentrée dans des gîtes bien par¬

ticuliers et présentant des caractères très constants d'im point

à l'autre ; les gîtes pyrométasomatiques. Il n'existe pas de.

cmeoilr'ation scheelitifère intéressante sans tactites. Ces der¬

nières sont constituées par des silicates divers, où dominent

les silicates non hydroxylés, et la présence de pyroxenes heden¬

bergitiques est tme condition indispensable a la formation de

gîtes de scheelite intéressants. Au contact direct du granite les tactites sont seulement enrichies en scheelite, souvent con¬ sidérablement, alors qu'à distance apparaissent des sulfures ,

spécialement de la blende, La p: ésence de sulfure dans les tacti¬ tes est toujours tm indice intéressant mais il n'est pas nécessai¬ res que les tactites soient sulfurées pour qu'elles renferment de la scheelite.

Tout autre type ie gisement que les tactites s'est toujours révélé sans intérêt pour la scheelite. Ainsi les gîtes hypother¬ maux de pyrrhotine ou de mispickel à gangue non silicatáe sont toujours stériles. Le développement dans certains cas de silicates

à hydroxyle (phyllites ou trémollte) n'est pas un élément de pré¬

somption. Nous ne connaissons pas lans les Pyrénées Catalanes de - 21 .

scheelite filonienne (filons de quartz ou pegmatites) comme cela est décrit ailleurs à grande échelle (Californie, Caucase) -

(Rappelons que le seul indice sérieux de scheelite dans les

Pyrenees centrales est du type filonien : St Larry). De même au contact des tactites les diaclases granitiques ou calcaires sont toujours stériles. Donc spécificité rigoureuse de la scheelite pour les tactites. r

52) En fait, dans un district à contact calcaires, il importe de savoir si..l^on est ou non dans une "zone h tungstène". Deux régions voisines peuvent avoir de ce point de vue un comportement entièrement différent. A.insi dans la zone "Canigou" il n'est p ' s de calcaire au contact des migmatites ou des granites qui ne montre de la scheelite. Dans la -^.one "Agly", séparée de la précédente par le grand accident Nord -Pyrénéen, des contacts calcaires avec développement inportant de skaams prometteurs sont tout-à-fait exempts de scheelite. D'où la nécessité d'explorer rapidement les contacts calcaires afin de recueillir des indices. On pourra , aussi s'aider d'une campagne de bâtée.

Bref, l'exploration ;âu contact des granites circonscrits

pyrénéens et de leur bordure est un travail de longue haleine.

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0 ' 22 '

V - ORIENTATION de la CAMPAGNE 1954

La prospection à l'échelle régionale comporte trois degrés :

a) prospection générale qui consiste dans les Pyrénées à examiner les bordures des granites po s tcinéma tiques et leur

zone d'influence.

b) Prospection circonscrite : il s'agit de "serrer" la

proepection autour de certains points ou zones que l'on a choisis .

c) Etude géologique du gisement au 1/5000 ou lAOOO : elle

peut éventuellement conduire à des travaux de recherche minière

En 1952-53 nous avons fait une prospection générale des pourtours du granite de Batere et du granite de Costabona et des zones qui s'y rattachent. Ceci nous a amené à visiter d'anciens travaux ou à découvrir de nouveaux affleurements minéralisés. Nous avons donc pu réunir des matériaux pour une esquisse métallogénique dans cette partie des Pyrínées rrais

également étudier 2 gîtes nouveaux pour tungstène : Hoca -

Jalera et Costabona. Ces deux derniers points sont actuelleaent

l'objet de travaux de recherche, de ce seul point de vue, nous

pouvons apporter un bilan positif.

A partir de ces résultats nous orienterons nos recher¬ ches en 1954 suivant trois directions . - 23 -

A) Etude géologique détaillée de certains gisements,

B) Prospection circonscrite de certaines zones miné ralisées

C) Extension de la prospection à de nouvelles aires granitiques ,

À) Etude géologique détaillée de certains gisements -

On peut a priori proposer :

1* pour tungstène

a) l'horizon calcaire du Turun entre le col de Siern et la Preste comme nous l'avons indiqué dans un précédent rapport.

On pourra soulever la question d'une éventuelle prospection géophysique si le recouvrement est trop intense et si des points intéressants sont découverts ,

b) les affleurements minéralisés de Serrabona au Sud de

Bouleternère , Il s'agit d'un filon de mispickel aurifère sur lequel on a entrepris plusieurs décapages par tranchée (Rapport

Pagezy 1922) et amorcé 2 galeries. Nous avons visité ces affleu¬ rements en 1952 et nous avions été frappé par la constance de la wolframite dans les matériaux des haldes , Mr. PAGEZY signale que des analyses ont donné 0,5 à 2 ^ de WOZ >

De plus, il se pose le problème de l'extension de ces filons vers l'Est. - 24 -

2" pour zinc

a) un gîte de blende dans la barytine a été découvert au cours de ces dernières années dans la région de Velmariya à

Grillères, et des travaux de recherche y ont été entrepris par

L! , LUASS, * exploitant minier, demeurant à . (2 galeries et 1 décapage) , La découverte de divers indices d'une minérali¬

sation identique en plusieurs points de l'horizon calcaire de

Grillères - points échelonnés à plusieurs kilomètres de distance- nous incite à reconnaître d'une manière plus détaillée cet horizon.

b) nous avons visité en 1950 le gîte de zinc et plomb de

la M^era, au SE de Prats de Mollo, Il mérite une étude dé¬

taillée. Il sera nécessaire de connaître exactement la nature

des travaux dont il a été l'objet au siècle dernier,

B) Sones devant faire l'objet d'une prospection circonscrite

1" pour tungstène

2 indices nouveaux ont été découverts cette année sur

échantillon :

a) un échantillon a'amphibolite minéralisé en pyrrhotine

et chaloopyrite provenant de Leca près renferme des

(1) échantillon trouvé dans la collection des gîtes minéraux du laboratoire de Géologie Appliquée de la Sorbonne. - 25 -

plages de scheelite après examen à la lampe Ü.V.

Il faudra préciser l'extension de ce nouveau point minéralisé ,

b) un échantillon (2) de mispickel provenant du filon de la

Norette près Estoher renferme de grosses plages d'andradite .

Il s'agit certainement du passage d'une minéralisation hypother¬ male à des tactites. Ce type de minéralisation est bien connu à

Roca Jalera. Etant donné qu'il existe des horizons calcaires tout proche il faudra ; réexaminer soigneusement les anciens travaux de la Norette du point de vue "scheelite"; prospecter en détail les horizons oalcaires voisins. La présence de sills granitiques non figurés sur la carte géologique nous y incite fortement .

2® pour cuivre

a) Dans la région de Oms - , massif des Aspres, il existe plusieixrs affleurements de filons cuprifères ou cuprozin- cifères à la traversée des ravins. Le problème de l'extension de ces filons se pose. Certains travaux de recherche (galerie ou dé* capage) ont été entrepris pendant la dernière guerre et dans les années qui ont suivi la Libération, Une étude détaillée

(2) échantillon trouvé dans la collection GUITARD à St GENIS des FONTAINES (Pyrénées Orientales) , - 26 -

et. synthétique de ce district pourrait apporter d'utiles rensei¬

gnements ,

b) on connaît plusieurs indices de chaloopyrite et cuivre

gris dans la barytine, échelonnés suivant une zone ouest-est

sur une dizaine de kilomètres, entre Prats de '^ollo et .

Cet ensemble devra atre reconnu en détail,

C) Extension de la prospection à de nouvelles aires granitiques

! - Les bordures des granites de St Laurent qui s'é¬

tendent à l'Est du Tech (feuille Prades 257) devront être pros¬

pectées; plusieurs recherches pour Plomb et Cuivre y sont connues,

2« - Les contacts du granite de Quérigut dans la région

de îîadrès méritent d'etre examinés en détail, ainsi que les an¬

ciens gisements de cuivre d'EscouIoubrejja "pf^^JICi il existe une

grande analogie entre la géologie de cette région et celle de

la région Costa bona-La Preste {scheelite u Costabona - chaloopy¬

rite à La Preste) et Roca Jalera - Taillet {scheelite à Roca

Jalera - chaloopyrite à Taillet) ,

S* - Des affleurements minéralisés en Plomb - Sine sont

connus au voisinage du Pic de l'Ours, près de la frontière andoran-

ne, en haute altitude (2400 m). Nous pensons qu'il est utile de

les visiter.

Tel est le programme que nous proposons pour la campagne

1954 .

G. GUITARD

15 Mai 1954 BIBLIOGRAPHIE REGIÜN/iLE

L.BERTRAND & 0,:^IENGËL - 1925 - Carte géologique de Prédes 257

P, CaVET - 1951 - Sva la stratigraphie du Paléozoïque de la zone axiale des Pyrénées Orientales. C.R, AC. Se. T. 232, 1951.

G. GUIT/iRD - 1953 - La série métamorphique du Canigou C.R. AC. Se. T. 237, 1953.

" " - La structure du ma^ssif du Canigou - Aperçu sur le métamorphisme régional dans la zone axiale des Pyrénées-Orientales. B.S.G.F. (6) Tome III, I953.

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