ADLFI. Archéologie de la - Informations une revue Gallia

Nouvelle-Aquitaine | 2006

Édition électronique URL : https://journals.openedition.org/adlf/245 ISSN : 2114-0502

Éditeur Ministère de la Culture

Référence électronique Nouvelle-Aquitaine, 2006, ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], consulté le 12 juin 2021. URL : https://journals.openedition.org/adlf/245

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© ministère de la Culture et de la Communication, CNRS 1

SOMMAIRE

19 – Corrèze

Argentat – Le Longour Le Longour Wandel Migeon

Aubazines – Place de l'église Stéphane Lévêque

Aubazines – Canal des Moines Pierrick Stéphant

Bort-les Orgues – Le Ruisseau Perdu David Colonge

Brive-la-Gaillarde – Rue Roger Nayrac Luc Detrain

Brive-la-Gaillarde – Lacombe Christophe Maniquet

Bugeat – Champ du Palais Hélène Mavéraud-Tardiveau

Lissac-sur-Couze – Le Moulin de Laguenay Romain Pigeaud

Malemort-sur-Corrèze – Cazaudet Alexandra Besombes

Malemort-sur-Corrèze – La Rivière David Colonge

Moustier-Ventadour – Château de Ventadour Laurent D’Agostino

Rosiers-d'Égletons – Rocade sud d'Égletons Christophe Maniquet

Soudaine-Lavinadière – Prieuré et église de la Lavinadière Patrice Conte

St-Cirgues-la-Loutre – Le Bourg Henri Pigeyre

St-Cirgues-la-Loutre, St-Julien-aux-Bois – Le Puy de l'église Henri Pigeyre

St-Merd-les-Oussines, Pérols-sur-Vézère – Les Cars Dominique Tardy et Jean-Louis Paillet

Saint-Pantaléon-de- – La Vielle Église Patrick Bouvart

Tulle – Place Monseigneur Berteaud, Place Gambetta Adrien Montigny

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Servières-le-Château, , St-Geniez-ô-Merle Henri Pigeyre

Soursac, , Saint-Pantaléon-de-Lapleau, Saint-Hilaire-Luc, Lamazière-Basse Françoise Daymard

Orliac-de-Bar, Bar Bernard Simonnot

Naves et communes limitrophes Fabien Loubignac

Sérandon Olivier Meunier

Saint-Angel, Jean-Pierre Colombain

Gorges de la Haute-Dordogne n°2709 Angélique Marty

23 – Creuse

Basville – Place de l’église Christophe Maniquet

Crozant – Le château (porte III) Julien Denis

Évaux-les-Bains Jardin public Jacques Roger

Gouzon – Le Plaid Emmanuel Moizan

Lupersat – Église Saint-Oradoux Christophe Maniquet

Moutier-Rozelle – Le Pauquet, Larbre Vincent Ard

Pontarion – Place de l’église Christophe Maniquet

La Souterraine – Bridiers Julien Denis

Saint-Étienne-de-Fursac – Église Saint-Jean-de-Paulhac Christophe Maniquet

Aubusson, Néoux, Moutier-Rozelle, Saint-Alpinien, Saint-Pardoux-le-Neuf Gilles Le Hello

Bonnat, Linard, Le Bourg-d'Hem Christine Serre

Sous-Parsat Jean Lelache

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87 – Haute-Vienne

Flavignac – Abords de l’église Jean-François Boyer

Flavignac – Busseroles Boris Hollemaert et Patrice Conte

Folles – Dolmen des Goudours Roger Joussaume

Limoges – 2 place Saint-Étienne Christophe Maniquet

Limoges – Rue de Maupas Christophe Maniquet

Limoges – Crypte Saint-Martial Julien Denis

Limoges – Villa de Brachaud Jean-Pierre Loustaud

Magnac-Laval – Les Tourettes Christophe Maniquet

Peyrat-de-Bellac – Les Epanours Jean-Michel Beausoleil

Saint-Brice-sur-Vienne – Forêt de la Malaise Sauvetage urgent (2006) Assumpció Toledo i Mur

Saint-Gence – La Gagnerie Guy Lintz

Saint-Gence – Le Patureau Benoît Oliveau

Saint-Jean-Ligoure – Châlucet Patrice Conte

Saint-Junien – Site Corot Franck Bernard

Saint-Junien – Château-Morand Jérôme Hénique

Saint-Just-le-Martel – Le Petit Christophe Maniquet

Saint-Maurice-les-Brousses – Le Vieux Saint-Maurice Cyrille Pironnet

Aixe-sur-Vienne, Saint-Priest-sous-Aixe, Verneuil-sur-Vienne – RD2000 (phase 3) Cyrille Pironnet

Oradour-sur-Glane, Saint-Brice-sur-Vienne, Saint-Junien, Saint-Victurnien – Déviation de la RN141 entre Les Séguines et La Barre Sylvie Perrin

Dournazac Colette Puyhardy

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Ambazac Thomas Creissen

Cantons de Chalus, Nexon et Saint-Yrieix-la-Perche Manon Durier

Travaux miniers anciens pour l’étain Mélanie Mairecolas

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19 – Corrèze

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Argentat – Le Longour Le Longour

Wandel Migeon

Identifiant de l'opération archéologique : 2404

Date de l'opération : 2006 (EX)

1 L'opération s'inscrit dans le cadre d'un projet de lotissement. Le diagnostic des parcelles du Longour était destiné à évaluer le potentiel archéologique du terrain, objet des travaux. Les vestiges découverts font l'objet d'une caractérisation stratigraphique et d'une approche chronologique. Le secteur est implanté au nord-est d'Argentat, sur la rive droite de la Dordogne à peu de distance du site gallo-romain connu sous la désignation de « villa de Longour ».

2 Les stratigraphies de dix tranchées ont livré des séquences témoignant d'une double dynamique : fluviatile et de versant. Aucun indice d'occupation antique n'a été identifié dans les sondages. L'interprétation des faciès dans les fenêtres d'observation tant en développement vertical qu'horizontal a été contrainte par la nappe phréatique proche de la surface. L'interprétation des modalités de mise en place de ces dépôts avec la présence de sols holocènes anciens évoque l'intervention de mécanismes de forte énergie (flots de débris), mis en place au sein d'un chenal d'écoulement issu du versant. Sur ces berges, un sol brun lessivé pourrait être apporté aux phases ancienne et moyenne de l'Holocène. Il s'est développé aux dépens d'une couverture limono- argileuse d'origine fluviatile, piégée en rebord de chenal. Il cède latéralement sa place à la terrasse pléistocène sur laquelle se développe un sol tronqué de culture. C'est dans ce dernier contexte qu'ont été mises au jour deux structures de forme ovoïdale de chronologie indéterminée.

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AUTEURS

WANDEL MIGEON Inrap

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Aubazines – Place de l'église

Stéphane Lévêque

Identifiant de l'opération archéologique : 2638

Date de l'opération : 2006 (EX)

1 Le diagnostic effectué sur la place de l'église avait pour fonction de vérifier si les fondations de la partie occidentale de l'église détruite en 1757 avaient été conservées.

2 Les sondages ont montré que ces fondations étaient bien encore présentes. Le mur gouttereau sud-est, ainsi que le mur de façade de l'ancienne église abbatiale devenue paroissiale à la Révolution, ont été positionnés avec précision. Le dallage d'origine de la nef, disparu pour l'essentiel, est cependant ponctuellement conservé en bordure du mur gouttereau.

3 Il semble que lors de la démolition de 1757, des sépultures présentes dans la nef ont été déposées pour être de nouveau inhumées ailleurs. Sur le côté méridional de la partie de l'église non détruite, un sondage a fait apparaître la fondation d'un mur servant de soutènement à une galerie, expliquant ainsi la présence de corbeau sur le mur gouttereau.

4 Lévêque Stéphane

AUTEURS

STÉPHANE LÉVÊQUE INRAP

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Aubazines – Canal des Moines

Pierrick Stéphant

Identifiant de l'opération archéologique : 2696

Date de l'opération : 2006 (SD)

1 Le suivi de la restauration du canal a été engagé conjointement aux travaux en mars 2006. L'objectif était de guider les travaux et de compléter les informations déjà acquises lors de l'étude préalable en s'attachant à documenter les phases anciennes de cette construction, tant pour le mur de soutènement aval que pour les murs de rives du canal. Une méthodologie du suivi archéologique a donc été établie en concertation avec l'entreprise chargée des travaux et l'architecte en chef des Monuments historiques. Elle a pris effet au commencement des travaux et continue à ce jour suivant l'avancement de la restauration. Elle consiste principalement dans l'enregistrement des données relevées par la reprise des maçonneries (photographie, relevés).

2 Un des premiers apports du suivi a été de vérifier une hypothèse émise lors de l'étude préalable : les maçonneries originelles du canal visible en élévation (10 % de l'ouvrage environ) ne sont pas les seuls vestiges de l'édifice originel car des maçonneries parfois récentes occultent effectivement des phases antérieures.

3 Second constat, les murs de soutènement de forte hauteur ne sont pas fondés systématiquement sur le rocher, même dans les secteurs de forte pente ou de falaise. Un des premiers murs restaurés présentait des assises basses disjointes et non parementées. L'observation attentive de l'ensemble de la base de ce mur a permis de constater que le niveau de circulation actuel correspondait au niveau de chantier médiéval. Le mur avait donc été fondé suivant le principe mis en œuvre dans les secteurs de forte pente du versant, posé directement sur le substrat géologique après un nivellement sommaire (ici un éboulis de falaise très aéré mais présentant des gros blocs, d'où un aspect lâche et inquiétant du point du vue de la stabilité). Cette observation a permis de réorienter le décaissement engagé qui aurait pu déstabiliser le mur sus-jacent.

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4 La restauration s'est attachée ensuite à des portions de murs plus récents qui ont révélé des matériaux différents (petit appareil, utilisation d'argile dans les parties basses en amont du secteur dit « Baignoires des Moines »).

5 Toutefois, la mise en œuvre diffère peu et indique qu'un soin particulier a été apporté au remblaiement associé au parement. L'observation de cette disposition sur de grandes hauteurs a permis de définir une technique appropriée de restauration, respectant la densité du remblaiement pour éviter des désordres ultérieurs liés au colluvionnement.

6 Ces résultats montrent assez l'intérêt de la démarche de suivi de la restauration sollicité par la DRAC. Cette procédure permet d'établir un lien étroit avec l'avancement des travaux et d'établir une concertation permanente entre les restaurateurs et l'archéologue. Elle constitue ici un parfait exemple qu'il convient de souligner et qui se poursuivra durant les travaux de restauration du « Canal des Moines ».

7 Stéphant Pierrick

AUTEURS

PIERRICK STÉPHANT HADÈS

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Bort-les Orgues – Le Ruisseau Perdu

David Colonge

Identifiant de l'opération archéologique : 2641

Date de l'opération : 2006 (EX)

1 Le diagnostic mené au lieu-dit Le Ruisseau Perdu, sur le site d’un futur centre de transit d’ordures ménagères, se trouve sur une parcelle plusieurs fois remaniée par des apports et des extractions de remblais, en liaison notamment avec la plate-forme de la zone d’activité adjacente.

2 Les quatre tranchées que nous avons réalisées sur cette parcelle de 4 000 m2 (6,5 % de taux de reconnaissance) n’ont livré aucune indication archéologique, ni aucune donnée géomorphologique d’un quelconque intérêt. Ce diagnostic est entièrement négatif.

3 Colonge David

AUTEURS

DAVID COLONGE INRAP

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Brive-la-Gaillarde – Rue Roger Nayrac

Luc Detrain

Identifiant de l'opération archéologique : 2529

Date de l'opération : 2006 (EX)

1 Une occupation stratifiée datant du Paléolithique supérieur a été mise en évidence sur la parcelle DY 191 de la rue Roger-Nayrac. Le diagnostic a permis de mettre en évidence deux grands secteurs qui ont livré chacun une séquence archéologique. Il s'agit d'une part du porche d'une grotte creusée dans les grès du Permien et, d'autre part, d'une terrasse se développant en avant de la cavité.

2 Le porche de la grotte a livré au moins trois niveaux archéologiques datant du Paléolithique supérieur (Fig. n°1 : Coupe est, séquence chronostratigraphique). Le plus significatif de cet ensemble correspond à une couche charbonneuse très riche en vestiges lithiques. L'industrie lithique n'a pas livré d'éléments typologiques caractéristiques. La présence significative de lamelles à dos, de nombreux burins (dièdres et sur troncature), ainsi que d'un débitage laminaire assez rectiligne confèrent à cet ensemble une affinité avec le Gravettien, le Solutréen ou le Magdalénien moyen. La présence d'une perle en roche verte (de type serpentine) doit être notée par son caractère exceptionnel et, semble-t-il, son extrême rareté.

3 Le niveau sous-jacent a permis de mettre au jour un bloc de grès portant des traits d'origine anthropique dont le caractère artistique ne fait aucun doute, même si le registre représenté n'est pas identifiable. Un fragment de pièce à cran a été trouvé associé. Cette pièce peut être soit un fragment de pointe à cran solutréenne (auquel cas le niveau sus-jacent peut être solutréen ou magdalénien), soit un accident de façonnage de pointe de la Gravette (hypothèse moins probable).

4 Le talus dominant la terrasse a, quant à lui, révélé une séquence stratigraphique où Gravettien ancien et Gravettien à burins de Noailles se succèdent sur au moins quatre niveaux, renfermés dans des paléosols. Un étirement des couches a pu être noté. Ce

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phénomène, même s'il a perturbé l'organisation originelle des dépôts, n'a pas bouleversé l'ensemble de façon trop importante. Les couches sont en effet subhorizontales et des lentilles charbonneuses ont pu être observées. La présence de foyer est très probable. Les niveaux de Gravettien ancien se caractérisent par l'abondance de matériel lithique et, dans celui-ci, par celle de lamelles Font-Yves et Dufour (par ordre de fréquence). Ces microlithes présentent une population étonnante de pièces hyperpygmées dont les supports sont à rechercher parmi les lamelles de « grattoirs » carénés ou à museau. La terrasse se développant à l'avant du site n'a livré que du Gravettien ancien, les dépôts renfermant le Gravettien ayant été détruits par l'aménagement de la plate-forme.

5 Le site de la Rue Roger-Nayrac constitue un jalon exceptionnel pour la connaissance et la compréhension des occupations préhistoriques du Bassin de Brive, mais également pour celles du développement du Gravettien.

6 Detrain Luc

ANNEXES

Fig. n°1 : Coupe est, séquence chronostratigraphique

INRAP (2006)

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AUTEURS

LUC DETRAIN INRAP

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Brive-la-Gaillarde – Lacombe

Christophe Maniquet

Identifiant de l'opération archéologique : 2672

Date de l'opération : 2006 (EX)

1 La communauté d'agglomération de Brive envisage la construction d'un vaste centre nautique, d'une superficie de 39 050 m2, au sud-ouest de la ville de Brive. La présence de vestiges archéologiques, principalement préhistoriques, à proximité des futurs travaux a entraîné une prescription archéologique de la part du service régional de l'archéologie. Un diagnostic archéologique préalable était nécessaire. Il a été mené par deux agents de l'Inrap du 11 au 15 septembre 2006. Les sondages (longs en moyenne de 25 m et espacés de 25 m) ont été réalisés parallèlement et en quinconce.

2 Les parcelles ER 347 et 349 étaient jusqu'alors des terrains cultivés. Elles se situent au contrebas et au nord-est du village de Lacombe et en bordure de l'autoroute A 20. La topographie de la zone concernée par le projet se présente sous la forme d'un terrain légèrement incliné vers le nord.

3 Quarante et un sondages ont été réalisés sur l'emprise du projet. Ils représentent une superficie totale de 2 215 m2, soit 6 % de la totalité. Au total, 23 structures ont été enregistrées dans 15 sondages : 1 puits, 2 murs ou solins de pierres, 1 caniveau, 5 trous de poteaux, 11 fossés et 6 fosses. Quinze autres tranchées ont livré uniquement du mobilier archéologique (fragments de tuiles ou tessons de céramique). Onze sondages seulement se sont donc révélés négatifs.

4 L'orientation des divers fossés permet de visualiser le parcellaire antique orienté sud- ouest - nord-est sur lequel se calquent quasiment toutes les structures. À l'extrémité occidentale du sondage 3, un puits a été mis au jour en limite d'emprise des futurs travaux. Son parement était constitué de grosses pierres de granite, de grès et de brasier. Le sondage 3 a été élargi vers le nord pour savoir si ce puits était associé à d'autres structures. Etant donné son isolement dans l'emprise des futurs travaux, il a été décidé de le couper en deux aussi profondément que le permettait l'engin mécanique. Malgré la solidité apparente du substrat, le puits St 3-01 était parementé

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sur près de 4 m de profondeur. Son fond n'a pas été atteint. Il était comblé sur les 4 m supérieurs par un sédiment sablo-limoneux brun foncé, relativement charbonneux, très riche en gros fragments de tegulae.

5 Un caniveau de pierres, orienté nord-sud, a été dégagé dans les sondages 24 et 29, sur près de 32 m de longueur. Il était constitué de deux piédroits montés à l'aide de grosses pierres de gneiss. Des dalles de gneiss reposant sur les piédroits servaient de couvercle. L'intérieur de ce caniveau était comblé de sédiment limoneux brun stérile en mobilier archéologique. Cette structure n'a donc pas pu être datée ni associée à aucun autre creusement.

6 À l'ouest du sondage 35, plusieurs fosses semblaient se recouper. Leur observation a été insuffisante pour bien les distinguer les unes des autres. Elles n'ont en outre pas été fouillées à cause des intempéries.

7 L'angle de la fondation de deux murs de pierres d'un édifice a été mis au jour à 0,40 m de profondeur, dans le même sondage 35. Cette fondation, large de 0,65 m environ, était orientée respectivement nord-ouest - sud-est et nord-est - sud-ouest. Elle était conservée sous la forme d'une assise (haute de 0,25 m à 0,30 m) de grosses pierres de grès en parement, avec un blocage de granite, sans mortier apparent. La pierre d'angle était percée d'un trou et d'une rigole qui pourraient correspondre aux implantations du poteau cornier et

8 d'une sablière basse. Ces maçonneries s'apparentent davantage à des solins destinés à recevoir des superstructures de bois qu'à de véritables maçonneries. À l'ouest, la fondation semblait s'interrompre brutalement, peut-être sur une amorce de retour. Au- delà, à l'ouest, un niveau de grosses pierres pourrait être interprété comme un niveau de circulation. Dans l'espace délimité par cet empierrement et les deux solins, un niveau plan et recelant quelques tessons de céramique commune gallo-romaine correspond peut-être au niveau d'occupation interne. En revanche, à l'est de l'édifice, un niveau riche en pierres interprété comme de la destruction a été aperçu lors du creusement du sondage, à moins qu'il ne s'agisse d'un fossé longeant l'édifice.

9 Ce bâtiment a vraisemblablement fonctionné à l'époque gallo-romaine. Sa fonction n'a pas été appréhendée. S'agit-il d'une habitation, d'un bâtiment agricole ou artisanal ? On rappellera en effet la présence de fosses riches en charbons de bois à l'ouest associées à un trou de poteau.

10 Le sondage 35 a été prolongé aussi loin que possible vers l'ouest sans recouper d'autres solins. Il est donc fort possible que l'édifice se terminait à l'extrémité ouest du solin méridional, ce qui confèrerait à l'édifice une dimension de 7,50 m extramuros dans le sens est-ouest pour au moins 6,90 m selon l'orientation nord-sud.

11 Le mobilier archéologique est principalement représenté par des fragments plus ou moins importants de tuiles d'apparence gallo-romaine. On ajoutera la découverte de quelques tessons de céramique fine à pâte rouge brique et surface noire, de céramique commune grise ou rose-orangé et de céramique grossière à pâte brune d'aspect protohistorique. Un fragment de meule en roche volcanique a été découvert dans le sondage 3 ainsi qu'une scorie lourde dans le sondage 18. Le mobilier mis au jour, associé à la nature des vestiges, laisse imaginer une occupation relativement précoce et probablement du Ier siècle de notre ère.

12 Quatre silex ont également été mis au jour, en général à la surface du terrain géologique, au niveau duquel s'ouvrent les fosses gallo-romaines. Ces silex, d'après leur

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nature et la méthode de débitage, sont issus, selon Thierry Bismuth (SRA Limousin) d'outils du Paléolithique supérieur (Fig. n°1 : Les silex mis au jour dans les sondages 33, 35 et 39 ). Ils étaient relativement isolés les uns des autres mais se situaient tous dans la partie nord de l'emprise. En outre, ils ne paraissent pas très usés, ce qui pourrait laisser envisager la présence d'une petite occupation ponctuelle préhistorique à proximité de ces sondages. On connaît en effet la forte densité d'occupations préhistoriques en grottes ou sous abris de cette période dans cette région. L'existence d'un petit site en plein air est tout à fait concevable.

13 Les 41 sondages réalisés sur l'emprise du projet de construction du centre nautique de « Lacombe » ont permis de découvrir un site archéologique intéressant. En fait, un bruit de fond gallo-romain a été perçu sur l'ensemble de l'emprise des futurs travaux. Il se manifeste le plus souvent par des fragments de tuiles gallo-romaines en dispersion dans la couche recouvrant le substrat. Ces éléments proviennent soit d'un colluvionnement qui aurait déposé le mobilier issu d'un site gallo-romain en contre- haut (sous le village actuel de Lacombe), soit du remaniement important du terrain ayant entraîné la destruction progressive d'un site à cet emplacement. Ce remaniement important pourrait résulter d'un colluvionnement important vers le nord associé à des labours intenses et de plus en plus profonds. Plusieurs structures isolées permettent d'imaginer que l'occupation gallo-romaine se trouvait bien ici : puits, nombreux tronçons de fossés (souvent conservés sur une faible profondeur) et quelques trous de poteaux repérés ça et là.

14 Une fouille approfondie paraît intéressante sur plusieurs zones. Tout d'abord un petit décapage pourrait être envisagé entre les sondages 19 et 20 qui ont fait apparaître trois trous de poteaux. Il serait intéressant de dégager le plan complet d'un bâtiment sur poteaux. La deuxième zone sur laquelle une intervention archéologique plus importante paraît nécessaire se trouve au nord de l'emprise là où les solins de pierres d'un édifice assez vaste ont été partiellement mis au jour. Les niveaux de circulation qui lui sont liés étaient en partie conservés. En outre, des fosses au remplissage charbonneux, mises au jour immédiatement à l'ouest du bâtiment, pourraient lui être contemporaines. Il semble intéressant d'étendre cette zone vers le sud jusqu'au sondage 31 dans lequel des niveaux d'occupation charbonneux ont été entrevus. Vers le nord, des trous de poteaux et fosses éparses pourraient témoigner du développement de l'occupation dans cette zone. À l'ouest, ce sont les fossés repérés dans le sondage 34 qui pourraient limiter la zone de fouille. Le bâtiment identifié pourrait en effet s'intégrer dans un espace enclos qui mériterait d'être appréhendé. Quelques outils en silex taillé ont été découverts, on l'a vu, dans la partie nord de l'emprise sans pour autant découvrir de zone d'occupation préhistorique. Ces silex pourraient avoir été déposés par le colluvionnement. Ils étaient cependant très peu émoussés, ce qui pourrait indiquer la présence d'une petite occupation de plein air du Paléolithique supérieur à proximité des tranchées d'expertise. Bien sûr, ces outils ont également pu être réutilisés par les Gallo-Romains. Il paraît néanmoins nécessaire d'être particulièrement vigilant en dégageant des structures antiques lors des recherches archéologiques complémentaires.

15 Maniquet Christophe

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ANNEXES

Fig. n°1 : Les silex mis au jour dans les sondages 33, 35 et 39

Auteur(s) : Jamois, Marie-Hélène. Crédits : Jamois, Marie-Hélène (2006)

AUTEURS

CHRISTOPHE MANIQUET INRAP

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Bugeat – Champ du Palais

Hélène Mavéraud-Tardiveau

Date de l'opération : 2006 (SD)

1 Au mois d’août 2006, un sondage a été effectué sur les vestiges d’une villagallo-romaine, pars urbanad’un domaine agricole, connus de longue date. L’opération avait pour objectif d’une part de compléter un corpusde données anciennes, et d’autre part d’évaluer l’intérêt scientifique et l’état de conservation des vestiges. La villaoccupe l’extrémité nord-ouest d’un plateau. Le site est connu depuis le XIXe s.

2 Un sondage conduit en 1962 avait notamment permis de découvrir une galerie dallée, un système de caniveau (Fig. n°1 : Secteur I, caniveau, bordure et dallage de la galerie) et des éléments de décor architectural (chapiteaux, fûts de colonnes). Le sondage de 2006 a consisté à étudier deux zones distinctes (secteurs I et II). Chaque secteur a bénéficié de l’aménagement de bandes témoins.

3 Le secteur I a conduit à un élargissement de l’aire sondée en 1962. La fouille a permis de confirmer l’existence d’une galerie dallée, vraisemblablement limitée à l’est par un système de colonnade prenant place sur une bordure construite au moyen de blocs parallélépipédiques en granit. Cette structure est bordée à l’est par un caniveau également réalisé en granit. L’accès occidental de la galerie est matérialisé par un escalier. Le secteur I a également permis de mettre au jour la partie nord-est d’une salle munie d’un hypocauste (salle 4). La particularité de cette structure tient au fait que les pilettes sont en granit, de même que les dalles de la suspensura.

4 Le secteur II a permis d’étudier une partie encore inconnue de la villa. Trois salles distinctes ont été identifiées : salles 1, 2 et 3. La salle 1 bénéficiait d’un système de chauffage par hypocauste classique, construit à partir de matériaux en céramique. L’extrémité est de cette structure est encore en place. La salle 3 se distingue par la présence d’un dallage de type polygonal en granit rose. La fouille a révélé l’existence de deux états successifs : les salles 2 et 3 ont été mises en place lors d’une première phase de construction, au même titre qu’un caniveau en granit encore présent au sud de la salle 2 (Fig. n°2 : Secteur II, dallage en granit de la salle 2) ; la salle 1 correspond à une seconde phase de construction. Le seuil SEU 023 qui permettait au départ un accès au

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 20

bâtiment a été réaménagé de façon à constituer une structure de communication entre les salles 1 et 3.

5 Entre les secteurs I et II, hors de l’emprise spatiale de l’opération, l’angle d’un mur matérialisant le côté sud de la salle 1 est visible en surface, au même titre qu’une portion en place de caniveau en granit le bordant. Une seconde portion de ce caniveau, déplacée, gît également à découvert et à proximité immédiate de ces structures.

6 Le mobilier mis au jour lors du sondage est relativement varié : tegulae, imbrices, plaque de parement en céramique. Les éléments de décoration comptent un chapiteau, des plaques en grès rouge, des fragments d’enduits peints. Les structures ont livré de nombreux éléments métalliques (clous, crampons, etc.) dont la fonction reste parfois indéterminée. La céramique se limite à un nombre réduit de tessons qui sont, dans la majorité des cas, peu exploitables. En revanche, le site se révèle riche en verrerie : les fragments de verre à vitre sont abondants et les fragments de plusieurs récipients datables ont été mis au jour (verre soufflé et mosaïqué).

7 À ce jour, les différentes structures archéologiques et le mobilier découvert sur le site permettent d’attester une occupation du site du Ier s. au IIIe s. de notre ère. L’opération de sondage 2006 a permis de confirmer que nous sommes en présence de l’imposante pars urbanad’un domaine agricole gallo-romain de grande importance, établi dans un environnement topographique classique. Il a également donné lieu à la collecte d’informations parfaitement inédites qui prouvent que nous sommes en présence d’un site tout à fait exceptionnel, aussi bien du fait de l’excellent état de conservation de ses vestiges, de l’emprise spatiale de l’établissement, que de l’intérêt architectural sans précédent dans ce secteur rural lémovice.

8 La fouille a permis de comprendre que plusieurs phases de construction et d’occupation ont existé. L’évolution architecturale globale décelable à ce jour s’est faite en vue d’un développement spatial de l’établissement ainsi que de l’amélioration de son confort (salle 1 chauffée par hypocaustepar exemple). En outre, le mobilier mis au jour confirme de façon assurée la richesse de cet ensemble. Il permet de déduire par exemple que le décor intérieur était particulièrement soigné et luxueux (parement de grès rouge, enduits peints, etc.).

9 Le sondage de 2006 a révélé que l’état de conservation des vestiges reste exceptionnel, que les structures sont facilement accessibles, et que la majeure partie de celles-ci ne demande que des mesures de conservation relativement réduites.

10 Le site du Champ du Palais apparaît donc comme un site au potentiel scientifique notable en matière de connaissance du monde rural lémovice, d’une part par la richesse de ses structures archéologiques, d’autre part par l’excellence de leur état de conservation sur ce plateau peu propice aux cultures. Cependant, de nombreux points restent encore à étudier : l’emprise spatiale globale de la villaet de ses annexes, la possibilité de l’existence d’un étang sur le domaine, un affinage des datations relatives et absolues.

11 Mavéraud Hélène

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ANNEXES

Fig. n°1 : Secteur I, caniveau, bordure et dallage de la galerie

Auteur(s) : Mavéraud, Hélène (BEN). Crédits : Mavéraud, Hélène (2006)

Fig. n°2 : Secteur II, dallage en granit de la salle 2

Auteur(s) : Mavéraud, Hélène (BEN). Crédits : Mavéraud, Hélène (2006)

AUTEURS

HÉLÈNE MAVÉRAUD-TARDIVEAU BEN

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Lissac-sur-Couze – Le Moulin de Laguenay

Romain Pigeaud

Identifiant de l'opération archéologique : 2679

Date de l'opération : 2006 (RE)

1 Les objectifs que nous nous étions fixés pour la campagne 2006 étaient les suivants :

2 - effectuer des prélèvements en vue de datations au carbone 14, les analyses effectuées par Eric Laval (C2RMF, musée du Louvre) ayant, en effet, démontré que les pigments noirs des mains négatives étaient à base de charbon ;

3 - évaluer le travail de prospection restant concernant les vestiges de représentations paléolithiques. Nous avions démontré, au cours des campagnes 2004 et 2005, l’existence de vestiges de représentations paléolithiques sur les espaces plafonnants. Ceux-ci sont pour le moment, sauf la représentation d’un animal indéterminé, inaccessibles.

4 Le 3 novembre 2006, Hélène Valladas, du laboratoire des sciences du Climat et de l’Environnement de Gif-sur-Yvette, est venue dans la cavité. Trois prélèvements ont été effectués sur les mains négatives 1 et 2. Ils feront l’objet d’un traitement particulier, suivi de datations par AMS. Par ailleurs, H. Valladas a prélevé un peu de calcite en chou-fleur, afin de la dater et de quantifier ainsi le degré de pollution de la paroi à cet endroit.

5 En ce qui nous concerne, nous avons, le même jour, observé attentivement les parois. Nous nous sommes aperçus que l’analyse et le relevé éventuel des vestiges noirs déjà signalés sur les parois nécessiteraient la mise en place d’un pont métallique, afin d’enjamber

6 l’étendue boueuse qui occupe actuellement le centre de la cavité. Seul ce pont permettrait d’atteindre la paroi et de procéder à une étude convenable, qui nécessite, rappelons-le, un examen rapproché. Tout ceci implique que du matériel volumineux doive passer à travers l’étroite chatière qui défend l’entrée de la grotte. Si une telle opération était décidée, il faudrait donc sans doute prendre la décision d’élargir cette

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entrée, avec tous les risques que cela comporte en termes de changement d’hygrométrie et donc, de protection des représentations déjà répertoriées. Le coût financier et le risque conservatoire me semblent pour le moment exagérés, vu l’état actuel de la cavité.

7 Par ailleurs, nous avions confié au Centre de datation par le carbone 14 de l’université Claude-Bernard Lyon 1, des prélèvements issus de la campagne 2004.

8 D’abord, un fragment de charbon ramassé en subsurface, dans un ensemble épars identifié par Isabelle Théry-Parisot comme étant du chêne ; puis un morceau de charbon provenant du premier foyer découvert, et que Jérôme Primault, sur la base d’une analyse précédente d’Isabelle Théry-Parisot, a identifié comme étant du saule. Nous avons obtenu deux résultats : 190 +/- 30 BP pour le morceau de chêne et 26 770 +/- 380 BP pour le fragment du premier foyer. Ce dernier résultat est en adéquation avec l’âge estimé des peintures (panneau de points rouges, mains négatives, etc.), qui correspond au début de la phase moyenne du Gravettien. L’autre analyse démontre l’intégrité du niveau paléolithique, mais aussi la relative ancienneté des piétinements du sol actuel de la grotte.

9 Différentes opérations sont encore en cours :

10 - datation du deuxième foyer par le Centre de datation par le carbone 14 ;

11 - datation des pigments des mains négatives par le laboratoire des sciences du Climat et de l’Environnement ;

12 - étude des fistuleuses par Nicolas Mélard (USM 103-UMR 5198 du CNRS, département de Préhistoire du MNHN) ;

13 - étude des morceaux de parois décorés récoltés dans le sondage par Romain Pigeaud ;

14 - finalisation de la reconstitution numérique 3D par Matthieu Deveau (IGN) et Daniel Schelstraete (ENSG) ;

15 - finalisation de l’étude karstologique par Joël Rodet (UMR 6143 du CNRS, université de Rouen).

16 Lorsque ces travaux seront achevés, nous espérons publier une monographie synthétique, qui complètera la première synthèse publiée en 2006 dans la revue Préhistoire du Sud-Ouest.

17 En ce qui concerne l’étude de la cavité en elle-même, nous la considérons comme achevée, du moins tant qu’une décision ne sera pas prise, en concertation avec toutes les parties, sur l’aménagement alors nécessaire de la cavité.

18 Pigeaud Romain

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AUTEURS

ROMAIN PIGEAUD BEN

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Malemort-sur-Corrèze – Cazaudet

Alexandra Besombes

Identifiant de l'opération archéologique : 2399

Date de l'opération : 2006 (MH)

1 Dans le cadre de l’aménagement du contournement nord de Brive reliant l’autoroute A 20 (commune d’) à la route nationale 89 au niveau de la ZAC du Moulin, sur la commune de Malemort-sur-Corrèze, une opération de diagnostic archéologique a été réalisée du 17/11/2004 au 27/01/2005. Le caractère positif de plusieurs sondages réalisés lors de l’évaluation, à l’extrémité sud du tracé, a suscité la mise en œuvre d’une opération de fouille préventive sur une surface de 6 818m2 .

2 L’intervention archéologique s’est déroulée du 5 juin au 1er septembre au lieu-dit « Cazaudet » (ancienne appellation cadastrale « Roumegoux »). L’étude de ce site apporte des données importantes pour la connaissance du second âge du Fer corrézien et l’appréhension de l’occupation gallo-romaine du Bas-Limousin. En effet, le caractère bipolaire de l’occupation s’exprime dans le regroupement des structures laténiennes dans la partie sud de l’emprise de fouille (Zone II, au sud de la RN 89) tandis qu’au nord (Zone I, 250 m au nord du secteur II) se concentre l’occupation gallo-romaine du Haut- Empire. De rares structures de cette période ont sporadiquement été mises en évidence dans la partie méridionale de la zone d’investigation : un puits, quelques fosses, des fossés et un four très arasé sont attestés dans la Zone II.

3 Les faits marquants de l’occupation du second âge du Fer ont été observés dans la partie septentrionale de la Zone II. L’espace fouillé a révélé des fosses renfermant des artefacts laténiens, un pavage naturel aménagé et surtout un four de potier (Fig. n°1 : Vue d’ensemble du four de potier) de La Tène finale. Il s’agit d’un four à alandier et tirage vertical. Son caractère isolé ne doit pas faire oublier que les officines de potiers du second âge du Fer regroupent généralement plusieurs unités de production, isolées de l’habitat. En outre, la dispersion des vestiges au nord de la RN 89 et à l’est de la zone II tend à démontrer que l’occupation à laquelle ces découvertes se rapportent pourrait correspondre à des habitats groupés, installés à la confluence de la Couze et de

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la Corrèze. Il ne faut cependant pas exclure la possibilité d’un habitat isolé, possédant sa propre structure de production. En l’état actuel des données, il paraît difficile d’aller plus loin dans l’interprétation de l’occupation au sol, ce secteur étant partiellement fouillé. L’analyse typo-chronologique du mobilier tend à situer l’occupation du second âge du Fer entre la fin du IIIe s. et le début du Ier s. av. J.-C. De précieuses indications nous sont apportées par le mobilier céramique collecté. En effet, si les traditions stylistiques du IIIe s. av. J.-C. se maintiennent dans la période de transition La Tène B/C, le mobilier céramique de la seconde moitié du IIe s. avant notre ère montre en revanche l’adoption des caractères typologiques attestés à la même époque en Aquitaine septentrionale. De plus, la découverte d’une monnaie d’argent du IIe s. av. J.-C. et attribuée aux Lémovices, est à signaler car connue à seulement quatre exemplaires, celui-ci inclus. Cette monnaie découverte à Malemort est d’un grand intérêt numismatique puisqu’elle constitue à ce jour la seule découverte connue sur site et recueillie en contexte archéologique.

4 Les structures en creux de la Zone I semblent indiquer une fréquentation de la zone au cours des Ier s. - IIe s., voire début du IIIe s. de notre ère. Des fosses et une canalisation correspondent aux structures abandonnées à la fin du Ier s. ou au début du IIe s. apr. J.- C. Des fragments de figurines en terre cuite, issues vraisemblablement des ateliers de Brive, ont été retrouvés dans le comblement de certaines de ces structures. Le musée Labenche de Brive conserve une collection de plus de 850 figurines gallo-romaines en terre cuite qui proviennent pour la plupart de deux sites découverts au centre de Brive, rue Charles-Teyssier et au lieu dit Puy-Saint-Pierre, respectivement datés des Ier s. et IIe s. apr. J.-C. Quatre puits et un niveau de circulation ont fourni du mobilier de la seconde moitié du IIe s. et du début du IIIe s. de notre ère, fixant à cette période l’abandon de ce secteur de l’occupation antique. Le mobilier céramique provenant du remplissage des puits pose la question d’un groupe de production locale, notamment à travers les pichets (Fig. n°2 : Pichets issus du puits F90) et les gobelets à paroi semi-fine à engobe « rouge ». De nécessaires investigations devront être réalisées dans la région afin de confirmer ou infirmer cette hypothèse. Le niveau inférieur d’un puits a permis la découverte de mobilier en métal et en bois, d’un intérêt tout à fait remarquable. Parmi les objets façonnés dans le premier matériau, signalons la présence d’une entrave en fer et d’une anse de vase en bronze. Un batteur ou fouet, des fragments de seaux ou de baquets, deux tablettes à écrire en bois, un peigne, un jeton, un jouet (glaive ?), un entonnoir et un fuseau montrent la variété des objets en bois issus de ce contexte. Des éléments fragmentaires d’un objet en cuir, une épingle en os, des fragments d’enduit peint et de béton de tuileau, des morceaux de dalles de suspensura proviennent également du comblement de ce même puits. Ces éléments induisent vraisemblablement la présence d’un habitat fortement romanisé mais en cours d’abandon à proximité de ce puits. La conservation du milieu humide au fond de plusieurs de ces puits a fourni de nombreux restes végétaux contribuant à l’amélioration des connaissances de l’alimentation végétale, des pratiques agricoles et arboricoles des populations de ce secteur à la fin du Haut-Empire. Les résultats de l’étude du couvert sylvicole (P. Mille), les spectres polliniques (P. Guenet) et les conclusions de l’étude carpologique (A. Bouchette) s’intègrent dans une étude globale paléoenvironnementale du paysage de Malemort à la fin du IIe s. - début du III e s. de notre ère.

5 Les données recueillies sur le site de Malemort-Cazaudet s’avèrent donc particulièrement importantes, notamment au regard du mobilier recueilli et des

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analyses paléoenvironnementales réalisées. Ce site, bien qu’incomplètement fouillé, apporte des informations essentielles pour la connaissance du second âge du Fer de ce secteur en bordure occidentale du Massif central. Par ailleurs, la compréhension de l’occupation du Haut-Empire du Bas-limousin s’enrichit de nouvelles données. Les projets d’extension de la ZAC du Moulin vers le nord, dans le secteur où l’habitat gallo- romain est probablement implanté, devront être particulièrement surveillés afin de permettre l’appréhension de l’occupation antique dans sa globalité.

ANNEXES

Fig. n°1 : Vue d’ensemble du four de potier

Auteur(s) : Ernaux, P. (INRAP). Crédits : Ernaux, P., iNRAP (2006)

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Fig. n°2 : Pichets issus du puits F90

Auteur(s) : Ernaux, P. (INRAP). Crédits : Ernaux, P., INRAP (2006)

AUTEURS

ALEXANDRA BESOMBES INRAP

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Malemort-sur-Corrèze – La Rivière

David Colonge

Identifiant de l'opération archéologique : 2419

Date de l'opération : 2006 (EX)

1 L’opération de diagnostic archéologique sur l’emprise de la zone industrielle de « La Rivière » a été scindée en deux parties : près de la moitié de son emprise est occupée par des espaces boisés denses encombrés de taillis. Seuls les espaces ouverts, à l’est près de la déchetterie et à l’ouest entre le terrain de Caces et la cimenterie, ont été traités. Cette suspension de l’opération maintient sa poursuite et la rédaction du rapport en attente.

2 Les résultats sont dans l’état actuel plutôt maigres : quelques fragments de céramiques et artefacts lithiques sont présents dans les limons colluviés qui couvrent les formations alluviales. Deux structures ont été également mises au jour : un dispositif de drainage mixte, tubulure céramique mécanique et canalisation en pierre sèche du début du XXe s. et un important fossé de 5 m d’ouverture pour 2,5 m à 3 m de profondeur environ. Ils se trouvent sur la basse plaine de la Rivière, dans la zone inondable.

3 La stagnation des eaux de surface et la présence de la nappe phréatique au niveau des graves et sables alluviaux gênent considérablement nos recherches car elles provoquent une importante instabilité des coupes dans les sondages et un état boueux généralisé des sédiments.

4 Cette opération de diagnostic reste à l’heure actuelle en suspens.

5 Colonge David

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AUTEURS

DAVID COLONGE INRAP

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Moustier-Ventadour – Château de Ventadour

Laurent D’Agostino

Identifiant de l'opération archéologique : 2651 et 2694

Date de l'opération : 2006 (SD)

1 Les campagnes d'études menées chaque année au château de Ventadour depuis 2002 ont pour mission de compléter les connaissances du site et de guider la restauration du bâti pour sa mise en valeur. En 2002, la cour du château était encombrée de déblais de destruction qui recouvraient l'ensemble des constructions localisées au nord et nord- ouest de la fortification.

2 À la suite des sondages d'évaluation réalisés en 2005 sur le secteur de la plate-forme sud-est, l'ensemble du secteur a fait l'objet d'un suivi des travaux de terrassement et de restauration engagées par l'architecte en chef des Monuments historiques, Stefan Manciulescu. Ces travaux ont permis de compléter les observations relatives à la chronologie de l'occupation de ce secteur et à la construction des courtines et aménagements de terrasses. Parmi les apports majeurs de ce suivi de travaux, on notera l'identification d'une citerne maçonnée dans la partie nord-est de la plate- forme, où un caniveau avait été observé en 2005 à proximité de la poterne sud-est de la cour centrale. Les eaux de ruissellement de la cour centrale sont recueillies à proximité de la poterne et canalisées jusque dans la citerne, dont la capacité atteint 50 m3 environ. Les observations ont en outre montré que la courtine de la plate-forme sud-est était construite de manière homogène sur toute sa longueur ; le mobilier recueilli tend à démontrer que l'ensemble de ce secteur avait été aménagé à la fin du XVe s. ou au XVIe s.

3 Les campagnes de fouilles programmées des années précédentes se sont attachées à dégager le logis seigneurial qui occupe une partie du pan ouest de la courtine de la cour centrale. Ce bâtiment est daté par les textes et par l'étude archéologique du XVe s. Une série de sondages ouverts dans les pièces en enfilade du rez-de-chaussée démontrait

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que ce corps de logis a été bâti sur des espaces vierges de construction sur sa moitié nord. En revanche, il est venu remplacer au moins un bâtiment plus ancien sur la moitié sud de son emprise. La campagne de fouille de septembre 2006 avait pour objet de reconnaître les niveaux d'occupation antérieurs à la fin du Moyen Âge, entrevus par les sondages les années précédentes, ainsi que le secteur de la tour carrée, au sud-est de la cour centrale. La pièce sud du logis et les espaces qui l'environnent au sud-est ont fait l'objet d'un dégagement mécanique des remblais de destruction qui les encombraient et d'une fouille partielle en aires ouvertes ou en sondages. L'étude des élévations, ainsi dégagées sur 3 m de hauteur, a été réalisée.

4 La tour carrée montre deux phases de construction. En premier lieu, une tour à trois contreforts par face (dont des contreforts englobant les angles de la tour) (Fig. n°1 : Vue de l’angle intérieur est de la tour carrée) appartient à la première phase de construction identifiée sur le site, dans le courant du XIIe s. ou au début du XIIIe s. Elle montre un premier niveau marqué à l'intérieur par des pilastres en milieu de murs, qui permettent de restituer un voûtement sur arcs doubleaux retombant sur un probable pilier central, dont aucune trace n'est conservée. Des prélèvements de charbons dans les mortiers de la tour ont été réalisés et devraient faire l'objet de datations par radiocarbone. Le bâtiment a été arasé et ses parties hautes reconstruites dans une seconde phase, datable du XVe s. d'après les modénatures des cheminées et des baies conservées dans les étages. Une tour d'escalier polygonale desservant les étages de la tour a en outre été documentée et peut être datée de la seconde moitié du XVe s. au plus tôt.

5 Parallèlement, la courtine de la cour centrale a été construite en appui sur la tour à contreforts, dans ses angles nord et sud, à la fin du XIIIe s. en même temps que le logis et la tour carrée. Concernant les structures antérieures au logis du XVe s., le plan que l'on obtient après dégagement des maçonneries antérieures arasées est celui d'un logis de plan rectangulaire s'accolant d'une part à l'angle nord-ouest de la tour carrée à contreforts, d'autre part à la courtine ouest de la cour centrale. Le plan qui se dessine au sol est partiel car les murs ont été entièrement détruits parfois jusqu'au substrat. Ce logis est donc mal documenté (hauteur ? ouvertures ?), les travaux de la fin du Moyen Âge ayant fait « table rase » du bâtiment.

6 Les sondages pratiqués dans l'emprise de ce logis disparu n'ont révélé qu'un lambeau de sol : un cailloutis damé isolé des murs arasés, mais calé par un mobilier céramique homogène dans un large Moyen Âge central (XIIe s. - XIIIe s.). En revanche, le remblai de terrasse qui le reçoit est conservé sur l'emprise de l'ancien logis.

7 Les couches archéologiques conservées sous le sol du logis du XVe s. sont pour l'essentiel relatives au chantier de destruction de l'ancien bâtiment et de reconstruction du nouveau : bac à gâcher le mortier, stockage de matériaux de construction, épandage de chaux liquide, trou de poteau peut-être pour l'échafaudage, remblai de nivellement de la nouvelle terrasse. Les sols de circulation du XVe s. ont eux disparu, probablement lors de la dernière destruction organisée du château qui a servi de carrière de pierres.

8 D'Agostino Laurent, Campech Sylvie

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ANNEXES

Fig. n°1 : Vue de l’angle intérieur est de la tour carrée

Auteur(s) : D'Agostino, Laurent (HADÈS). Crédits : D'Agostino, Laurent, HADÈS (2006)

AUTEURS

LAURENT D’AGOSTINO HADÈS

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Rosiers-d'Égletons – Rocade sud d'Égletons

Christophe Maniquet

Identifiant de l'opération archéologique : 2232

Date de l'opération : 2006 (EX)

1 Le contournement de la ville d'Égletons située au cœur du département de la Corrèze a débuté avec la construction de l'autoroute A 89 qui passe à proximité depuis quelques années. Une prospection archéologique systématique avait été menée sur le tronçon Ussel-Naves en 1997 et n'avait permis la découverte d'aucun site sur la commune d'Égletons. La future rocade se raccorde à l'autoroute à l'ouest de la ville et se dirige vers le sud où elle recoupe la RD 142 puis, après un coude vers l'est, la RN 89 reliant Égletons à Rosiers-d'Égletons. Cette portion de la rocade a déjà été construite mais n'a vraisemblablement pas fait l'objet de diagnostic archéologique préalable. Le tronçon de rocade qui concerne la présente intervention archéologique débute à l'ouest au niveau d'un rond-point construit sur la RN 89 au lieu-dit « La Grésouillère » et se poursuivait vers l'est, sur une longueur de 2 300 m, jusqu'à la RD 16, menant d'Égletons, au nord, à Argentat, au sud. Toute la rocade sud d'Égletons se situe pour le moment sur la commune de Rosiers-d'Égletons. À l'est de la RD 16, le projet n'est pas encore défini.

2 C'est « la richesse en vestiges protohistoriques et gallo-romains» de cette zone, démontrée par « les diagnostics réalisés de part et d'autre du projet actuel », qui a entraîné une prescription archéologique de la part du service régional de l'Archéologie sur les 92 318 m2 du projet routier. Une convention établie entre l'Inrap et le conseil général de la Corrèze a défini le mode d'intervention. Cette dernière a été menée du 22 mai au 9 juin 2006.

3 Cette intervention s'est déroulée dans des conditions particulièrement difficiles. En effet, les arbres des zones boisées avaient bien été tronçonnés et les grumes rangées le long des routes, mais tous les branchages avaient été laissés en vrac et non rassemblés sous la forme d'andains. Ceci a fortement compliqué la progression pédestre ainsi que

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celle de l'engin mécanique. Le nettoyage nécessaire avant le creusement des sondages a pris un temps considérable. Ce déboisement a très souvent arraché, déplacé, ou fait disparaître les piquets d'implantation d'axe ou de limites d'emprise, ce qui a, par endroits, rendu le repérage du tracé complexe. En outre, la présence de branchages éparpillés ou d'arbustes dans les taillis ont compliqué les relevés topographiques des tranchées et structures archéologiques. On notera en outre que certaines petites parcelles n'avaient pas du tout été déboisées. Le tracé de cette future rocade traverse des zones humides tourbeuses dans lesquelles la pelle mécanique a failli rester enlisée à plusieurs reprises. Les sondages y ont donc été limités en nombre et en longueur. Ces zones humides se sont systématiquement révélées stériles en vestiges archéologiques.

4 Quatre-vingt-huit sondages ont été réalisés sur l'emprise du projet. Ils représentent une superficie totale de 4 071 m2 , soit 4 % de la totalité (de 92 318 m 2 ). Ce faible pourcentage est dû en particulier aux nombreuses zones, boisées ou humides, non accessibles. Les sondages (longs en moyenne de 20 m à 25 m) ont été réalisés parallèlement à l'axe routier et en quinconce, dans la mesure du possible.

5 Au total, 36 structures (dont 16 fossés, 1 fosse et 19 rous de poteaux) ont été enregistrées dans 19 sondages et 5 tranchées seulement ont livré du mobilier archéologique (fragments de tuiles ou tessons de céramique).

6 Un seul site a été mis au jour, au lieu-dit « La Jonchère », à l'extrémité orientale du tronçon de rocade à diagnostiquer. Les sondages 8 à 13 réalisés à l'extrémité est du tracé à sonder ont permis la mise au jour d'un site matérialisé par des creusements dans le substrat arénisé dont certains ont livré un mobilier archéologique peu abondant. Ce site est représenté sur l'emprise de la future route par dix-huit trous de poteaux disséminés, peu denses, d'une fosse à la fonction indéterminée et de trois fossés de parcellaire ou de drainage. Aucune organisation particulière n'a pu être saisie. On peut simplement imaginer que les trous de poteaux appartiennent à des édifices de bois répartis sur un vaste espace délimité par les fossés. Les bâtiments principaux sont peut-être en dehors de l'emprise du projet. Les fossés assuraient sans doute un rôle de drainage ou de limite parcellaire. Une grande fosse circulaire peu profonde n'a en revanche pas reçu d'interprétation satisfaisante. Les structures recreusaient de façon peu dense le substrat géologique. Le mobilier issu des diverses structures, associant fragments de tuiles gallo-romaines et tessons de céramique commune modelée à gros dégraissant pourrait dater cette occupation du début de notre ère. Malheureusement, ceci a été impossible à démontrer dans le cadre du diagnostic. En effet, sur ce secteur, la largeur de l'emprise est de seulement 17 m à 18 m. Seules quelques extensions de sondages ont pu être réalisées mais l'étendue du site reste inconnue vers le nord et le sud.

7 Outre ce site, plusieurs tronçons de fossés ont été observés au sein des différents sondages. Cependant, ils n'ont pu être rattachés entre eux et n'ont pas livré de mobilier archéologique. Le terrain étant imbibé d'eau, on peut imaginer que la plupart de ces fossés avaient un rôle de drainage. Au niveau du sondage 83, deux frettes en fer ont été mises au jour dans un fossé, ce qui confirme la présence initiale d'une conduite de bois, disparue dans la zone où l'eau n'est pas présente en permanence. Au sud, cette conduite de bois, conservée, ne paraît pas percée au cœur pour l'écoulement de l'eau. Est-ce que la simple présence de morceaux de bois placés bout à bout suffisait à drainer l'eau stagnant dans le terrain ? Ce n'est pas sûr. Hormis les frettes en fer, ce fossé n'a pas livré de mobilier archéologique. Les frettes elles-mêmes ne sont pas suffisamment

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caractéristiques pour être datées. Aussi, aucun argument chronologique ne peut être avancé ici. De nombreuses empreintes de chablis sont apparues dans les diverses tranchées réalisées. De formes demi-circulaires ou irrégulières, ces dépressions peu profondes entamant le substrat n'ont pas livré de mobilier. Aucun mobilier archéologique n'a été découvert dans les sondages réalisés en dehors du site de La Jonchère, hormis les quelques fragments de tuiles du trou de poteau St 331.

8 Au sud d'Égletons, la RN 89 reprend approximativement l'emplacement d'un itinéraire antique (voie Clermont-Ferrand - Périgueux), ce qu'indiquent son tracé rectiligne, les nombreux sites ainsi que divers toponymes répertoriés le long de cet axe. On peut imaginer qu'un autre itinéraire gallo-romain (ou antérieur) provenait du sud-est, repris dans sa partie nord par la RD 16. Le bourg actuel d'Égletons se situait donc au carrefour de ces deux routes et a pu dès lors constituer une petite agglomération secondaire durant l'Antiquité, cernée par des occupations dispersées aux alentours dont celle de la Jonchère. Malheureusement aucune recherche archéologique plus complète ne peut être menée au centre du bourg occupé aujourd'hui par les vestiges médiévaux.

9 La future portion de la rocade d'Égletons, à l'est de celle concernée par le présent diagnostic archéologique, devra faire l'objet d'une attention particulière. En effet, elle pourrait recouper l'itinéraire repris par la RD 16 et devrait passer à peu de distance du site gallo-romain du Puy Romain.

10 Maniquet Christophe

AUTEURS

CHRISTOPHE MANIQUET INRAP

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Soudaine-Lavinadière – Prieuré et église de la Lavinadière

Patrice Conte

Identifiant de l'opération archéologique : 2680

Date de l'opération : 2006 (FP)

1 La campagne 2006 marque la première année d’une fouille triennale sur le site de l’église et du prieuré de Lavinadière (Fig. n°1 : Vue aérienne du site) . On ne reviendra donc pas ici sur les phases d’aménagement et d’occupation les plus récentes de la commanderie des hospitaliers matérialisées par le corps de logis des deux bâtiments 1 et 2 qui ont fait l’objet des comptes-rendus des trois années de fouille programmée précédentes (voir BSR 2000, 2003 à 2005). L’année 2006 a été orientée suivant deux principales directions : l’extension de la fouille sur le terrain et la mise en œuvre de collaborations grâce à la constitution d’une équipe élargie.

2 La partie ouest du site (secteur 3), correspond à une cour ouverte, délimitée, au nord et à l’est par les bâtiments 1 et 2 et, au sud, par le gouttereau nord de l’église. Parmi les découvertes les plus précoces faites en 2006 dans ce secteur on mentionnera : une nouvelle fosse-silo, un drain bâti et un segment supplémentaire du fossé ancien se développant au nord de l’église. Malgré les superpositions et mutilations occasionnées par les constructions plus récentes, ces témoins, encore mal datés dans l’absolu, sont toutefois indéniablement d’origine médiévale. Le fossé Fs.04 semble bien se prolonger au delà de ses limites actuelles et son tracé permet de plus en plus de l’associer à l’église, même si sa fonction reste encore très incertaine. L’hypothèse d’une limite d’enclos ecclésial, pour séduisante qu’elle soit, ne paraît pas encore totalement assurée et méritera d’être discutée. Dans le même secteur, la découverte d’un aménagement maçonné périphérique au puits en partie fouillé lors des campagnes précédentes complète l’étude des aménagements hydrauliques déjà découverts et associés aux deux lavabos fouillés l’an dernier. La position stratigraphique de ce sol pavé confirme ici l’origine médiévale du puits. Enfin, l’étude des fondations des principaux murs périphériques appartenant aux bâtiments tardifs semble démontrer qu’ils ont pu

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initialement correspondre à des édifices ou aménagements plus anciens appartenant au premier état bâti, celui du prieuré de l’ordre du Saint-Sépulcre.

3 Au nord de la fouille (nord du bâtiment 2) les deux murs 23 et 31 mis au jour en 2005 ne sont conservés qu’au contact du bâtiment 2, vers le nord ils ont été démantelés jusqu’aux fondations à une période qu’une monnaie permettrait de situer dès le milieu du XIVe s. L’espace qu’ils délimitent étant rapidement abandonné et servant de dépotoir avant d’être remblayé. Toutefois, l’angle ouest du secteur a révélé la présence d’un sol en place, médiéval, qui pourrait appartenir à un bâtiment ou une structure non encore identifiée. Le mobilier recueilli dans ce secteur, en particulier céramique, complète celui mis au jour en 2005 dans le dépotoir 511.

4 Egalement situé au nord du bâtiment 2, mais cette fois-ci vers l’est, la zone révélée par la prospection géophysique de 1999 (M. Martinaud et F. Madani) s’avère correspondre à un atelier de forgeron attesté par la présence de plusieurs aménagements ou couches directement associables au travail de forge. Si les limites de cet atelier ne sont pas conservées, en partie du fait de l’activité de récupération et d’épierrement qu’a connu le site après son abandon, l’analyse de la répartition des structures, des zones de battitures et de charbons de bois permet toutefois de proposer un schéma d’organisation de l’atelier (Fig. n°2 : Plan du secteur 20 : état 2006 de l’atelier de forge) . La question de la chronologie de cette aire de travail reste en revanche posée. Faute de matériel suffisamment datant, on ne peut que constater une position stratigraphique comprise, dans l’état actuel de la fouille, entre la fin de la phase médiévale (fin XVe s. ou début XVIe s.) et le terme de l’occupation du site (milieu XVII e s. ?). Par ailleurs, la découverte de très nombreuses calottes/scories de métal dans le comblement du fossé Fs.04 témoigne de la proximité d’un autre atelier plus ancien, non encore repéré dans le cadre de la fouille mais dont l’analyse paléométallurgique permet toutefois de confirmer la présence.

5 Enfin, la poursuite de la fouille dans la partie orientale du site, à l’extérieur du bâtiment 1, a confirmé l’hypothèse émise l’an dernier de l’existence d’un second fossé. Si son emprise en largeur n’est pas encore connue, une partie de son tracé ainsi que son architecture et ses comblements ont été documentés cette année : large, mais peu profond et à fond plat, ce fossé est équipé, après une première phase d’utilisation, par une escarpe maçonnée reposant sur un premier niveau de comblement. Le creusement de ce fossé, réalisé lors d’une phase récente de l’occupation, a largement amputé un bâtiment initial médiéval (S.17) ainsi qu’une structure excavée identifiable comme fosse-silo (Fs.09). Malgré donc une conservation partielle et une extension en partie masquée sous des parties maçonnées du deuxième état architectural du bâtiment 1 et du four associé, le bâtiment du secteur 17 comprend plusieurs aménagements internes encore en place : zones foyères, maçonneries accolées aux parements internes des murs, nombreux trous de piquets et trous de poteaux qui permettent de restituer l’emplacement d’une porte intérieure et de deux cloisons de refend. Une partition de l’espace intérieur du bâtiment commence donc à se dessiner. Quant au fossé oriental, il correspond de toute évidence à celui que mentionne la visite de Foucaud de Saint Audaire en 1654.

6 La campagne 2006 marque également le lancement d’un certain nombre de travaux d’analyses et de collaborations appuyés sur les résultats de terrain acquis lors des précédentes opérations. L’étude paléométallurgique préliminaire (N. Dieudonné-Glad) a ainsi permis de caractériser les activités particulières à l’atelier de forge. Si les données

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paléocarpologiques (A. Bouchette) restent encore peu nombreuses et ne concernent qu’un seul niveau archéologique, la poursuite des prélèvements et de leur analyse devrait permettre d’abonder nos connaissances sur les modes de consommation végétale sur le site et, plus largement du milieu contemporain de son occupation.

7 L’analyse anthracologique (P. Poirier) livre déjà une série d’informations qu’il convient désormais de mettre en regard des données de fouille. Elle témoignerait en outre du rôle important que prend le châtaignier au début de l’époque moderne par le biais de son utilisation massive comme combustible dans l’atelier de forge. Se dessine également une modification des approvisionnements au cours de l’occupation et par conséquent une probable évolution du milieu environnant le site à un moment où semble se manifester, parallèlement, un changement notable dans l’organisation et l’architecture du prieuré.

8 Parmi les sources documentaires mises en œuvre pour restituer l’emprise du prieuré- commanderie sur son environnement, proche ou plus lointain, figure sans nul doute l’exploitation du fonds d’archives de l’Ordre de Malte concernant Lavinadière qui a été amorcée cette année (A. Marty) et devra se poursuivre tout au long du programme 2006-2008. De manière plus large, cette partie de l’enquête permettra également de préciser l’histoire même de ce prieuré-commanderie de son origine jusqu’au XVIIIe s.

9 Conte Patrice

ANNEXES

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Fig. n°1 : Vue aérienne du site

Auteur(s) : Conte, Patrice (SDA). Crédits : Conte, Patrice, SDA (2006)

Fig. n°2 : Plan du secteur 20 : état 2006 de l’atelier de forge

Auteur(s) : Hollemaert, B. ; Conte, Patrice (SDA). Crédits : Conte, Patrice ; Hollemaert, B. (2006)

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AUTEURS

PATRICE CONTE SDA

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St-Cirgues-la-Loutre – Le Bourg

Henri Pigeyre

Identifiant de l'opération archéologique : 2642

Date de l'opération : 2006 (SD)

1 Le souterrain est situé dans le centre du bourg sous la place de l'église. Il a été découvert en 1932 lors de l'électrification du village (trou de poteau). Il a été inventorié lors de la prospection inventaire de 2004 de cette commune. Une demande de sondage a été accordée du 15 janvier au 30 juin 2006 sur une partie de la structure.

2 Le souterrain est creusé dans le granite et l'accès se fait par une échelle métallique scellée à l'emplacement du trou de poteau de découverte. Il se compose de deux parties distinctes :

3 - la première : rectiligne, d'une vingtaine de mètres de long et de gros diamètre (2,2 m). Cette partie du souterrain possède une banquette de chaque côté qui devait servir de support à un plancher pour isoler les denrées alimentaires du sol très humide. L'extrémité sud-ouest est fermée par des remblais contre lesquels s'accumule temporairement l'eau de ruissellement de la galerie.

4 - la seconde : une galerie de faible section très tortueuse remonte vers la surface. Cette petite galerie partiellement remblayée a fait l'objet de ces travaux de sondage archéologique. D'après les habitants du bourg, cette galerie débouche dans l'église actuelle, dans une des deux chapelles adjacentes. Les conditions de fouille sont difficiles à cause de la section très petite de la galerie (1 m de haut par 0,6 m de large). La méthode de travail est par tranche d'environ cinquante centimètres de long sur toute la largeur de la galerie avec étayage du front ainsi créé (pour des raisons de sécurité). Toutes les terres ont été tamisées à sec au fur et à mesure du chargement des seaux pour évacuer les remblais vers la grande galerie (ce qui a permis de localiser le matériel découvert avec une grande précision). La fouille s'est poursuivie sur une dizaine de mètres de long avant de déboucher en surface sur la place de l'église. Cette place, qui était l'ancien cimetière du village jusque vers les années 1900, avait été décaissée pour en faire la place actuelle. Sur le cadastre « napoléonien » (1841) on trouve à l'intérieur

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du cimetière une très petite parcelle (6 m x 6 m) dans laquelle sort le souterrain. Un sondage sur un des angles de cette parcelle n'a pas permis de trouver des restes de construction ni de trou de poteau. Par contre, une tombe taillée directement dans le granite a été mise au jour. Elle possède une loge céphalique et il faudrait étendre la fouille pour comprendre la zone.

5 La sortie du souterrain s'effectue par des marches taillées dans le granite, quasiment intactes et à peine usées. Une construction en bois a été immédiatement réalisée pour protéger temporairement cette structure.

6 La stratigraphie montre quatre couches successives (de I à IV). La couche I (la plus ancienne) et la couche II sont quasiment stériles. La couche III, très charbonneuse, contient tout le matériel découvert. De très nombreux ossements ont été trouvés et une étude par Christian Vallet (INRAP) montre la présence de restes d'os d'animaux (64 %) et de restes humains (36 % avec une très forte proportion d'os de fœtus et de nourrissons). Ce fait est très curieux, le clergé ne permettait pas d'inhumer les enfants non baptisés (les fœtus en particulier) en terre consacrée.

7 Des centaines de tessons de verre ont été récoltés avec quelques morceaux de cols et de fonds de vase en verre soufflé très fins. Leur origine demeure inconnue et semble très nettement antérieure aux premières verreries de la vallée de La Cère (toute proche).

8 Vingt et une pièces de monnaie (cuivre et argent) ont été découvertes et identifiées par D. Dussot (SRA). Elles ont été frappées entre 1208 et 1355 et proviennent d'un peu toute la France.

9 Quelques tessons classiques de types « oules » en poterie grossière ont été récoltés et une cruche exceptionnelle (Fig. n°1 : Cruche anthropomorphe) , vernissée à l'extérieur, faisant partie probablement des poteries très décorées du XIVe s. Elle est décorée de chevrons bicolores sur la panse et une tête (humaine ?) au col. Il reste de cette partie une oreille, un œil, le nez et la bouche démesurée avec ses lèvres ligaturées. Cette poterie anthropomorphe a fait l'objet de nombreuses recherches pour trouver son origine mais sans résultat pour l'instant (Angleterre, Saintonge, Rouennais, Sud-Ouest, Nord, etc.).

10 Un tamisage-flottation sur un échantillon de la couche III a été étudié par Anne Bouchette dans le cadre du PCR. Il a permis de mettre en évidence des restes de blé nu et de rachis de seigle et d'orge.

11 La couche IV est quasiment stérile et contient dans une argile marron de nombreux morceaux de chaux qui correspondent probablement à la construction de l'église actuelle vers 1550. Les sédiments de la couche III semblent provenir de l'incendie d'une construction située dans le cimetière du village et qui masquait l'entrée du souterrain. Cet édifice contenait un matériel exceptionnel des environs du XIVe s. et postérieur à la période d'utilisation du souterrain. Ce bâtiment devait être en bois (très peu de pierre trouvée en sondage) et couvert en lauze (nombreux fragments et une lauze entière découverts).

12 Cet édifice pourrait être une chapelle ou une ancienne église de Saint-Cirgues-la- Loutre. Les textes décrivent une église antérieure à l'église actuelle, construite à cheval sur un chemin, en bordure du cimetière et détruite vers 1720 pour la construction du clocher actuel. Il est à noter que ces écrits ne correspondent pas tout à fait à ce qui a été découvert dans ce sondage.

13 Pigeyre Henri

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ANNEXES

Fig. n°1 : Cruche anthropomorphe

Auteur(s) : Pigeyre, Henri (BEN). Crédits : Pigeyre, Henri (2006)

AUTEURS

HENRI PIGEYRE BEN

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St-Cirgues-la-Loutre, St-Julien-aux- Bois – Le Puy de l'église

Henri Pigeyre

Identifiant de l'opération archéologique : 2689

Date de l'opération : 2006 (SD)

1 Un sondage a été ouvert sur une des anciennes tranchées creusées en 2004 sur la villa gallo-romaine du Puy de l'église. Ces travaux avaient mis en évidence une quantité importante de céréales carbonisées. La création d'un projet de recherche collectif par Anne Bouchette « Alimentation végétale et systèmes de production du Néolithique à la Renaissance en Limousin » en 2006 a permis de rouvrir la zone pour une étude plus approfondie. Les travaux anciens montraient l'existence d'un amas de paléosemences reposant sur une planche carbonisée à proximité de deux demi-poteries datées de la Tène finale.

2 L'extension de la zone d'étude et le déplacement de deux gros blocs de granite a permis de mieux comprendre la répartition de ces graines. Les céréales se répartissent en différents amas reposant toujours sur une planche de chêne de trois centimètres d'épaisseur sur un rectangle de 1,50 m de long sur 0,75 m de large. Le silo (interprétation de 2004) correspond en fait en un grand coffre de bois servant de grenier. Il est probablement en partie enterré dans la couche de l'âge du Fer et était utilisé pendant la période gallo-romaine. Ce mode de stockage est relativement rare mais il est connu à cette époque (Ferdière A., 1988).

3 Deux petits tessons de poterie étaient associés aux graines et semblent de facture gallo- romaine. Vingt sept prélèvements ont été traités en vue d'une étude carpologique contenant de nombreux charbons de bois et de paléosemences. Ils permettront de mieux comprendre cette structure. Cette dernière semble être en position primaire et ne pas résulter d'un rejet. L'étude de ces prélèvements sera faite en 2007 et une datation au 14C est en cours. L'étude des différentes plantes cultivées et sauvages permettra d'obtenir des informations concernant les systèmes agraires utilisés, les

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modes de récolte et le traitement des céréales selon la richesse taxonomique des différents prélèvements ainsi que leur répartition spatiale.

4 Pigeyre Henri

AUTEURS

HENRI PIGEYRE BEN

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St-Merd-les-Oussines, Pérols-sur- Vézère – Les Cars

Dominique Tardy et Jean-Louis Paillet

Identifiant de l'opération archéologique : 2678

Date de l'opération : 2006 (FP)

1 L'examen complémentaire de tous les vestiges en place et effondrés a été l'occasion d'une fructueuse collecte d'informations nouvelles que nous confrontons aux hypothèses de restitution formulées à l'issue de notre première série de campagne de relevés et de fouille. Cela nous permet de les affiner voire de les corriger.

2 Ainsi, nous avons acquis la conviction que le niveau de la base de l'ordre mineur qui décorait les élévations du monument sud commençait relativement haut et non pas près de la base de l'ordre majeur. Ce détail a une importance considérable dans la composition décorative de élévations du monument.

3 Il en est de même pour les lauzes du fronton postérieur occidental du mausolée nord qui ont une longueur étonnamment importante. Ce petit détail implique que le mur qui les portait était très épais et, qu'en conséquence, il devait comporter dans son épaisseur, une niche ou une exèdre dont il ne reste pas la moindre trace, ni dans les vestiges des fondations ni dans les éléments effondrés en grand appareil.

4 La découverte de la base de l'autel du mausolée nord a été l'un des moments forts de nos campagnes de 2006. Ce bloc présente exactement la même morphologie que son homologue situé devant la façade du monument sud mais il est homothétiquement plus petit. Selon toute vraisemblance, cette base a été transportée sur environ 700 m, puis abandonnée en bordure d'un champ. Ce n'est que par la suite qu'une cavité décentrée a été maladroitement creusée à l'intérieur afin de la transformer en abreuvoir pour que le gibier local puisse venir se désaltérer.

5 Au-delà de ces trois exemples significatifs, il faut préciser qu'en réalité, nous avons récolté une foule de petits détails sur la taille des blocs, leurs dimensions et les traces de leur mise en œuvre. Leurs différences dans une même série sont révélatrices de leur

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fonction, des retailles contemporaines de leur mise en œuvre et parfois des hésitations, voire des repentirs du tailleur de pierre ou de l'appareilleur.

6 Malgré de sévères intempéries survenues pendant les deux missions effectuées en 2006, nous avons réussi à étendre notre inventaire systématique sur plus de 800 blocs. Pour le compléter, nous devons réexaminer les 200 derniers blocs du monument nord. Si le climat le permet, nous devrions terminer ce corpus en trois semaines (maximum) placées à la fin du printemps ou au début de l'été 2007.

7 Dès l'achèvement du nouvel inventaire, nous actualiserons nos cartes de répartition typologique, mais comme le réexamen de tous les blocs du monument sud est terminé, nous pouvons, d'ores et déjà, commencer la rédaction et la description de la partie du manuscrit relative à ce monument. Le projet de publication d'une monographie sur ces deux monuments a été accepté dans un supplément à la revue Aquitania et nous espérons tenir notre engagement de déposer le manuscrit à la fin de l'année 2007.

8 Paillet Jean-Louis, Tardy Dominique

AUTEURS

DOMINIQUE TARDY CNRS

JEAN-LOUIS PAILLET CNRS

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Saint-Pantaléon-de-Lapleau – La Vielle Église

Patrick Bouvart

Identifiant de l'opération archéologique : 2667

Date de l'opération : 2006 (SD)

1 Le site de le « Vieille église » où est implanté le prieuré casadéen de Saint-Pantaléon- de-Lapleau est un petit éperon rocheux aux versants très abrupts dominant à l'ouest le cours de la Luzège et, à l'est, un petit ruisseau ou torrent appelé des Berles. L'accès est seulement possible par l'amont de l'éperon, au nord. Celui-ci était autrefois barré par un fossé, lequel est aujourd'hui en partie comblé. Dans ce secteur, un bâtiment édifié à la fin du XIXe s. ou au début du XXe s. a récemment été détruit. Au delà du fossé, le site conserve d'importants vestiges : une église prieurale établie en travers de l'éperon et des bâtiments attenants à l'ouest, ainsi qu'au sud de celle-ci, au-delà d'une vaste plateforme aujourd'hui dépourvue de toute construction (Fig. n°1 : Hypothèse de restitution du plan de l’église primitive (fin XIIes.) et de la « maison Mauriac ») .

2 L'étude archéologique de ce prieuré casadéen résulte d'un projet de valorisation des vestiges classés au titre des Monuments historiques depuis 1963. Elle bénéficie d'une recherche historique réalisée par Angélique Marty dans le cadre de ses travaux de repérage et d'évaluation du patrimoine dans l'aire des communautés de communes de Ventadour, du Doustre, de la Luzège et des Gorges de Haute-Dordogne.

3 La problématique définie préalablement à l'intervention interrogeait sur la chronologie et les modalités de l'implantation du prieuré : quelles en sont les dates et les conditions d'installation ; quelle est la nature et l'organisation des bâtiments en relation avec cette occupation ; quelle relation le prieuré a-t-il entretenu avec le petit bourg situé à proximité correspondant à l'ancien chef-lieu de la paroisse ? Enfin, l'existence d'un fossé et des mentions tardives de château ont posé la question de la chronologie de cet aménagement et des raisons de cette appellation. Sont-ils liés à un site castral antérieur ?

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4 Concernant l'église, cinq phases ont été déterminées. Les vestiges de la construction primitive se caractérisent par l'emploi d'un appareil régulier de pierres de taille en granite. Ils se résument à un chœur pentagonal, une absidiole nord et l'arrachement d'une absidiole sud.

5 Aucune hypothèse de plan de la partie occidentale ne peut être étayée. La typologie des chapiteaux et des comparaisons avec des églises présentant des similitudes inciteraient à situer cette construction dans la seconde moitié du XIIe s. L'analyse de l'organisation des communications conduit à considérer cet édifice comme une église destinée à accueillir des reliques pour devenir un lieu de pèlerinage. La deuxième phase est une destruction massive dont la datation au XVe s. est en partie suggérée par les sources, mais peut être sujet à controverse. En effet, l'église aurait été ravagée par un incendie en 1462. Or, cet événement ne justifie pas à lui seul la disparition d'une grande partie des maçonneries et une reconstruction intégrale de la nef ainsi que des couvrements de l'absidiole et du collatéral nord dans une troisième phase. Ces espaces reçoivent alors des voûtes d'ogives. Cette reconstruction aurait été ordonnée par l'évêque lors d'une visite pastorale en 1495. En revanche, l'absidiole sud a alors été complètement supprimée. Les deux phases suivantes sont assez confuses et se distinguent mal. La première est succinctement évoquée par des sources et se situerait vers 1625. Ces travaux comprendraient la construction d'un arc entre le collatéral nord et la nef, et le remplacement éventuel des voûtes d'ogives effondrées par une simple charpente en appentis. La seconde pourrait dater du XIXe s. Elle comprendrait notamment la construction d'un portail nord remployant intégralement celui de la façade occidentale établi à la fin du XVe s. Les niveaux de sols auraient été abaissés. Enfin, une sacristie est reconstruite sur l'emplacement de l'ancienne absidiole sud.

6 Le délabrement est l'une des raisons de la désaffection de cet édifice à la fin du XIXe s., mais sa ruine serait surtout imputable à l'incendie de 1920 et la récupération des matériaux, notamment pour la construction du bâtiment édifié en amont du fossé.

7 La maison située à l'ouest de l'église était la propriété de la famille Mauriac au XIXe s. Elle présente encore des élévations dont la hauteur avoisine 4m. Le niveau d'arasement correspondrait au départ de voûtes d'arêtes. La documentation n'a pas permis de connaître la date d'abandon exacte. Le bâtiment est dans un état de délabrement déjà très avancé vers 1920 ainsi qu'en témoignent des cartes postales anciennes. Il apparaît lié à une sorte de porterie aujourd'hui ruinée. Aucune datation n'a pu être suggérée pour ces deux éléments car l'étude n'a consisté qu'en une simple observation.

8 Un autre édifice se trouvait à l'extrémité sud de la plateforme. Il s'agissait d'un presbytère. Aujourd'hui, il n'est plus repérable sur le terrain hormis une partie identifiée comme « cave » par des documents d'archives. Une ouverture a pu être localisée dans le mur sud. L'intérieur de la pièce est comblée de gravats. Aucune datation ne peut encore être avancée pour cette construction.

9 La cour du presbytère correspond à une grande plateforme plus ou moins plane. Approximativement au centre de celle-ci, se trouve une citerne creusée dans le rocher et divers aménagements - dont deux sépultures - ont pu être étudiés mais sans qu'il soit possible de tirer de véritables conclusions.

10 En bref, les vestiges conservés sur le site de la « Vieille église » de Saint-Pantaléon-de- Lapleau sont relativement importants, mais ils se caractérisent par une accessibilité difficile, une grande fragilité et un état de ruine très avancé. Les diverses phases

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d'occupation et d'aménagement n'ont pas pu être clairement définies. Les prochaines études auront finalement encore toutes les problématiques citées à prendre en considération.

11 Bouvart Patrick

ANNEXES

Fig. n°1 : Hypothèse de restitution du plan de l’église primitive (fin XIIes.) et de la « maison Mauriac »

Auteur(s) : Bouvart, Patrick (HADÈS). Crédits : Bouvart, Patrick (2006)

AUTEURS

PATRICK BOUVART HADÈS

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Tulle – Place Monseigneur Berteaud, Place Gambetta

Adrien Montigny

Identifiant de l'opération archéologique : 2632

Date de l'opération : 2006 (MH)

1 Dans le cadre du projet d’aménagement des places Monseigneur Berteaud et Gambetta situées à l’ouest et au nord de la cathédrale de Tulle, un diagnostic archéologique a été réalisé en 2004 sous la responsabilité de D. Jouneau (BSR, 2004, p. 32). Les tranchées de sondages réalisées sur la place Berteaud ont montré des vestiges de bâtiments et de niveau de voierie à faible profondeur. La même année, des travaux d’assainissement ont entraîné la mise au jour de maçonneries à l’extrémité est de la place Gambetta. Une fouille de sauvetage, réalisée sous la responsabilité de Julien Denis, a permis d’étudier des latrines appartenant au palais épiscopal démoli peu après la Révolution (BSR, 2004, p. 32). Au regard de ces découvertes, les deux places ont fait l’objet d’interventions archéologiques de nature différente menées de façon simultanée du 20 février au 31 mars sur une emprise d’environ 1 360 m2 .

2 Sur la place Berteaud, c’est une place ceinte de bâtiments et pourvue en son centre d’une fontaine qui a été mise au jour. L’intervention archéologique n’a concerné que les niveaux détruits par les terrassements nécessaires au nouvel aménagement de la place. Ainsi, les bâtiments identifiés ont souvent été observés sur une faible profondeur et de nombreux vestiges restent préservés (Fig. n°1 : Vue aérienne de la fouille) .

3 Certaines de ces constructions, se trouvant devant l’actuel musée du Cloître, appartenaient à l’ensemble cathédral et avaient entre autres les fonctions de chantrerie, aumônerie, trésorerie et prévôté.

4 Au nord de la place, les vestiges de plusieurs maisons civiles ont été dégagés et les sols de certaines pièces ont été mis au jour. Entre ces maisons, divers niveaux de sols correspondant à des réaménagements de la place centrale ont été relevés. Ces aménagements montrent un constant souci de rehaussement des niveaux d’occupation

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 53

et d’évacuation des eaux pluviales afin de mieux lutter contre des inondations récurrentes dans ce secteur de confluence entre la Solane et la Corrèze. Les transformations observées sur la fontaine centrale, mentionnée dès le XVIe s., sont dues aux rehaussements successifs des sols mais aussi à une volonté de monumentalisation de cet aménagement.

5 Sur la place Gambetta, située le long de la nef de la cathédrale, l’opération archéologique a consisté en la réalisation de tranchées de sondages et en un suivi de travaux liés à la réfection des réseaux d’assainissements. Les observations ont donc été effectuées dans des conditions parfois difficiles, sur des surfaces restreintes ou dans des tranchées étroites. Malgré ces contraintes, de nombreux éléments ont pu être mis au jour. Si certains aménagements étaient déjà connus grâce à des sources documentaires, ils ont été localisés de façon plus précise. C’est ainsi que différents vestiges de l’église Saint-Julien et du cimetière attenant ont été ponctuellement étudiés, à parfois moins de 0,20 m de profondeur. Ces observations ont permis de mieux comprendre l’organisation spatiale de ce secteur de la ville durant le Moyen Âge et l’époque Moderne.

6 Plusieurs sépultures en coffres de briques ont été localisées sur la place Gambetta. Deux de ces coffres étaient aménagés dans le mur nord de l’église Saint-Julien. Un seul d’entre eux (menacé par les travaux) a été fouillé. Ce coffre a fait l’objet de nombreuses inhumations à un rythme soutenu. Parfois même, les corps n'étaient pas complètement décomposés lorsqu’un autre cadavre y était descendu ; les morceaux de corps non décharnés étaient alors repoussés vers le côté.

7 Cette structure a probablement servi d'ossuaire en fin d’utilisation. Bien que nous n’ayons aucune information concernant le système de fermeture du coffre, son ouverture fréquente semble avoir détérioré le sommet des murets qui le constituent. De nombreux fragments de mortier, de briques ou de granit ont été trouvés, mêlés aux ossements. Divers petits objets provenant de ce coffre (épingles de linceuls, clous de cercueils, anneau, chapelet et monnaies) permettent de dater l’utilisation de cette structure funéraire de l’époque moderne. Au final ce sont les corps d’au moins vingt individus, de tous âges (adultes, enfants et fœtus) et de tous sexes, qui ont été inhumés dans ce coffre.

8 L’un des principaux apports de l’intervention archéologique sur cette place correspond sans aucun doute à la mise au jour de trois sarcophages en granit installés dans l’angle d’une construction dont le plan n’a pu être déterminé. Dans deux de ces sarcophages, orientés sud-ouest - nord-est, les corps reposaient sur le dos, la tête au sud-ouest. Les membres supérieurs étaient légèrement fléchis, les mains en avant du bassin et les membres inférieurs en extension. Nous ne savons rien de l’individu du troisième sarcophage

9 dont il ne restait que les pieds. Le mauvais état de conservation des ossements a fortement limité les observations concernant les individus inhumés. Il est juste possible de dire qu’il s’agit d’adultes : une femme d’âge indéterminé et une personne de plus de trente ans, de sexe indéterminé. Les sarcophages, taillés dans du granit, sont de forme trapézoïdale, plus larges aux épaules qu’aux pieds. La hauteur des cuves est d’une vingtaine de centimètres et les couvercles sont plats. Le chevet est composé de trois pans, une logette céphalique est aménagée pour deux d’entre eux. Elle est complète pour l’un et partielle pour l’autre.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 54

10 Le seul objet découvert à l’intérieur de ces sépultures, un couteau, n’apporte malheureusement aucune information chronologique. La datation de ces sépultures reste encore incertaine. Elles pourraient être antérieures au IXe s. comme l’atteste un sarcophage similaire découvert à Glénic dans la Creuse.

11 Montigny Adrien

ANNEXES

Fig. n°1 : Vue aérienne de la fouille

Auteur(s) : Montigny, Adrien (INRAP). Crédits : Montigny, Adrien (2006)

AUTEURS

ADRIEN MONTIGNY INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 55

Servières-le-Château, Hautefage, St- Geniez-ô-Merle

Henri Pigeyre

Identifiant de l'opération archéologique : 2652

Date de l'opération : 2006 (PR)

1 La prospection-inventaire a porté cette année sur les trois dernières communes du canton de Saint-Privat en Corrèze. Les communes de Servières-le-Château, Hautefage et Saint-Geniez-ô-Merle ont été visitées. L'inventaire des nombreuses inscriptions gravées généralement sur les linteaux des constructions des différents hameaux de ces trois communes a été fait. Une discussion avec les propriétaires m'a permis de connaître les différentes particularités locales, qui ont ensuite été prospectées, couplée à une prospection sur les terres labourées. Un tableau informatique résume tout ce qui a été observé sur chaque commune ainsi qu'un catalogue photographique. Cet inventaire pourra être complété au fur et à mesure des nouvelles découvertes.

2 Comme sur toutes les autres communes prospectées du canton, le nombre d'édifices avec des dates gravées est très important (326 sur ces 3 communes). La plus ancienne maison datée du canton est de 1453 dans le hameau de Meilhac sur la commune de Hautefage.

3 La découverte d'une dizaine de croix gravées sur les pierres d'angle dans ces trois communes montre que cette coutume originale est représentée sur la grande majorité du canton de Saint-Privat. Quatre croix d'angle m'ont été signalées sur le canton de Mercoeur. Une étude sera entreprise sur ces croix d'angle dès l'année prochaine. Aucune confirmation sur la validité de la bénédiction de la pose de la première pierre n'a pu être trouvée.

4 Un site à proximité du Château de La Veyrie, sur la commune de Hautefage, est très intrigant. C'est un édifice souterrain (le toit est au niveau du sol) construit en pierre avec grand soin et dont l'entrée en chicane débouche sur une petite pièce couverte à l'origine par des lauzes. Une deuxième pièce attenante à la première est voûtée et

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possède des meurtrières. Cette construction est interprétée comme un poste de garde pour le château.

5 Un certain nombre de souterrains a été inventorié (neuf au total sur ces trois communes), avec en particulier les souterrains de Meilhac et de Patira qui ont put être dessinés. La plupart d'entre eux sont remblayés et inaccessibles mais certains se remarquent très bien sur la surface topographique (La Broue, et Le Cros) et ne demandent que très peu de travaux pour confirmation.

6 Les mottes castrales sont au nombre de trois avec Fleyt, Le Chastel et Meilhac. La motte de Meilhac présente un intérêt tout particulier : c'est un ensemble remarquable avec tour en pierre, souterrain et maison du XVe s. et possibilité d'une enceinte.

7 Un silo a été signalé lors de travaux agricoles à proximité du hameau de Valeins et un sarcophage en granite sans loge céphalique a été trouvé au XIXe s. avec des ossements humains à proximité du village de La Maison Neuve. Il est visible sur le bord de la route départementale.

8 Les sites de l'époque gallo-romaine sont très peu nombreux, une villa existe près de La Maison Neuve mais la végétation actuelle ne permet pas d'en juger l'importance. Une urne cinéraire est réutilisée comme socle de la croix de chemin au lieu-dit « Le Tilleuil ». Cette urne est exceptionnelle car elle possède deux têtes gravées de part et d'autre d'une hache en relief.

9 Quelques sites de la préhistoire ont été découverts ou redécouverts avec la possibilité d'un tumulus au puy des Taules et les sites de Saigne Grande et Dhumbert qui ont livré un matériel lithique très important (plus de 250 pièces) dans des champs labourés. Ces silex appartiennent pour la plupart au Mésolithique. Un grand nombre de tessons de poterie sont associés avec plusieurs faciès qui s'étalent du Mésolithique à l'âge du Fer. Ces sites seront à surveiller en fonction des labours. Un autre ensemble semble être important avec la zone de Sermus découverte au XIXe s. L'enceinte, avec des restes de murs vitrifiés, a été sondée vers 1970 par G. Lintz. Un éperon barré, dans un méandre de la rivière Maronne, proche de l'enceinte précédente, est fermé par un tas de pierres (mur détruit ?) d'une cinquantaine de mètres de long sur quelques mètres de hauteur. Ce site est à étudier car il présente la possibilité de plate-forme d'occupation ancienne à l'intérieur de cette enceinte.

10 Pigeyre Henri

AUTEURS

HENRI PIGEYRE BEN

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Soursac, Latronche, Saint- Pantaléon-de-Lapleau, Saint-Hilaire- Luc, Lamazière-Basse

Françoise Daymard

Identifiant de l'opération archéologique : 2653

Date de l'opération : 2006 (PR)

1 Une étude sur la mise en place du cadre paroissial a occupé une grande partie de l'année avec l'élaboration d'un document de synthèse. Les résultats des recherches déjà effectuées sur les différentes communes ont pu être intégrées à cette étude et permis ainsi une meilleure compréhension globale.

2 Le dépouillement du cadastre napoléonien sur la commune de Lamazière-Basse est en voie d'achèvement et l'étude des micro-toponymes est en cours.

3 Le travail de terrain a permis l'élaboration de huit nouvelles fiches. Des tertres inédits et, pour l'époque gallo-romaine, de nouveaux indices confirment l'importante occupation à cette époque sur la commune de Saint-Hilaire-Luc. L'inventaire sur Soursac est porté à cinquante-cinq fiches d'entités archéologiques.

4 Daymard Françoise

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AUTEURS

FRANÇOISE DAYMARD BEN

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Orliac-de-Bar, Bar

Bernard Simonnot

Identifiant de l'opération archéologique : 2654

Date de l'opération : 2006 (PR)

1 Les sites archéologiques miniers, sur les communes de Bar et d'Orliac-de-Bar, connus et répertoriés à ce jour, sont pratiquement inexistants, d'où un intérêt particulier à exécuter ce genre de travail.

2 Il est à noter que toutes les recherches ont porté sur la zone dite de la faille d'Argentat, ainsi que sur les failles secondaires, là où la minéralisation a été la plus probable en délaissant la zone du bassin d'effondrement qui, elle, est totalement vierge de tous vestiges anthropiques miniers. Dès le départ, ces hypothèses se révélèrent exactes.

3 Les recherches effectuées depuis plusieurs années, sur un autre mode d'exploitation du minerai que celui connu jusqu'alors, ont permis de repérer une vingtaine de sites sur différentes communes. En effet, l'extraction à ciel ouvert, par minières de pentes, en suivant les filons de quartz, nous a permis d'identifier nombres de sites totalement inconnus jusqu'à ce jour. Deux sites majeurs ont été étudiés cette année : celui du pont de l'Hospital sur la commune de Bar, et celui du pont du Passadour sur la commune d'Orliac-de-Bar. Ce sont deux sites remarquables quant à leur surface. Les minières du pont de l'Hospital sont les plus nombreuses puisqu'il a été recensé une trentaine de tranchées d'exploitations dont certaines atteignent une longueur de plus de 60 m, ce qui tend à supposer qu'il y eut ici une grosse exploitation du minerai. Sur d'autres communes, certaines mines mesurent jusqu'à plus de 100 m, pour une largeur de plus de 20 m et une profondeur de 6 m à 8 m ; elles seront étudiées postérieurement.

4 Les prospections futures porteront toujours sur l'environnement de la zone fracturée de la faille d'Argentat qui est très prometteuse. Plusieurs sondages s'avèreraient très utiles pour confirmer ou infirmer ces hypothèses.

5 Outre mon secteur opérationnel, une autre prospection ponctuelle effectuée en haute Corrèze, notamment à l'ouest d'Ussel, a démontré qu'ici aussi l'exploitation minière a

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laissé de nombreuses traces. La prospection en haute Corrèze devrait être envisagée dans les années à venir.

6 Après trois années de prospections, il est évident qu'en de nombreux endroits de la Corrèze les sites miniers sont très nombreux. On en dénombre pour ce qui concerne les communes de Bar et Orliac-de-Bar : Boussac, 4 ; Ceaux, 4 ; Lachaud, 6 ; Le Bessou, 5 ; Le Deveix, 7 ; L'Hospital, 4 ; Passadour, 3 ; Orliac-de-Bar, 4.

7 Simonnot Bernard

AUTEURS

BERNARD SIMONNOT BEN

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Naves et communes limitrophes

Fabien Loubignac

Identifiant de l'opération archéologique : 2655

Date de l'opération : 2006 (PR)

1 Cette première année de prospection entre dans le cadre d’un sujet de Master II d’archéologie ayant pour but d’étudier l’occupation du sol autour du site archéologique de Tintignac. Le territoire associé au site peut être appréhendé à différents niveaux. Un premier concernant l’étude de l’environnement immédiat du site nous permet d’avoir une première estimation quant à l’emprise de l’agglomération secondaire de Tintignac. Un deuxième niveau d’étude vise à échantillonner le territoire communal afin de détecter d’autres zones à fort potentiel archéologique. Enfin, un dernier et troisième niveau fera l’objet d’une étude ultérieure consacrée au territoire associé à l’agglomération de Tintignac en prenant en compte les entités archéologiques connues dans un rayon arbitraire de 20 km.

2 Tout d’abord, afin de réactualiser les données de la carte archéologique de Naves, nous avons vérifié 47 entités archéologiques sur 70 répertoriées par le SRA. Ces vérifications nous ont permis d’apporter de nouveaux éléments aux enregistrements et d’apprécier le potentiel archéologique de la commune.

3 Dans un second temps, les recherches de terrain se sont poursuivies par un « échantillonnage » du territoire communal afin de détecter des secteurs propices à la présence de sites archéologiques. Malheureusement, le couvert végétal actuel ne permet pas une prospection au sol des plus aisées ; aussi, avons-nous eu recours au croisement des données résultant d’enquêtes orales, de consultations des cadastres et des photographies aériennes. La multiplication de la même information quelles qu’en soient les sources, nous a permis de suspecter la présence d’entités archéologiques à vérifier par la suite sur le terrain. Les zones qui se sont révélées stériles en vestiges archéologiques ont elles aussi été répertoriées. En effet, le principe de négativité nous guide dans le choix des secteurs à prospecter.

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4 Concernant les résultats, nous avons pu recenser 51 entités archéologiques sur la commune de Naves durant l’année 2006 dont :

5 - 5 entités datées de l’époque préhistorique ou protohistorique signalées par la présence d’outillage lithique ;

6 - 2 entités correspondantes à la période protohistorique ;

7 - 1 entité qui pourrait être datée de la période protohistorique (deuxième âge du Fer) et qui correspondrait à un probable oppidum(attente de sondages) ;

8 - 4 entités datées de la fin de la Protohistoire ou/et gallo-romain précoce ;

9 - 19 entités datées de la période gallo-romaine ;

10 - 10 entités qui pourraient correspondre à la période gallo-romaine (datation indéterminée) ;

11 - 1 entité qui pourrait être datée de la période médiévale, sans certitude ;

12 - 1 entité datée de la période moderne ;

13 - 8 entités qui n’ont pu être datées, faute de la présence d’éléments datables.

14 A l’échelle de la commune, trois fortes concentrations en vestiges mobiliers ou immobiliers appartenant à la même période, ont pu être remarquées. La première concerne l’environnement immédiat du site archéologique de Tintignac correspondant au premier niveau d’étude. Ainsi, nous avons pu avoir une première estimation des limites de l’agglomération secondaire de Tintignac englobant environ 90 ha. La présence d’un lieu de culte gaulois sous les niveaux gallo-romains du sanctuaire de Tintignac nous a orienté vers la recherche aux alentours de traces d’occupations protohistoriques. Il se pourrait qu’à la fin de la Protohistoire, il y ait eu une occupation gauloise sur une superficie de 30 ha environ qui aurait été matérialisée par la présence d’un oppidum(cette hypothèse ne pourra être validée que par des sondages archéologiques). À l’échelle du territoire communal (deuxième niveau d’étude), deux autres concentrations densément occupées ont pu être appréhendées. Le troisième niveau d’étude tentera une première approche du peuplement sur cette micro-région liée aux interprétations récentes sur l’occupation du sol autour des agglomérations secondaires (vérification des modèles d’occupation du sol : relation habitat dispersé avec l’habitat groupé).

15 Nous espérons appréhender l’influence des sanctuaires gaulois et gallo-romain sur la campagne alentour et en apprécier les dynamiques chronologiques et spatiales qui le lient à l’habitat (formes d’habitats, réseaux, etc.).

16 Loubignac Fabien

AUTEURS

FABIEN LOUBIGNAC BEN

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Sérandon

Olivier Meunier

Identifiant de l'opération archéologique : 2656

Date de l'opération : 2006 (PR)

1 L’essentiel des connaissances sur la commune de Sérandon s’appuie sur les découvertes, suivies d’articles dans les bulletins de sociétés savantes, de Marius Vazeilles et de Jean Borde. Ce dernier, qui en était originaire, avait rassemblé de nombreux objets prélevés sur le terrain, légués à sa mort, en 1969, au musée de Tulle. Une partie a été intégrée aux collections, l’autre restant dans le grenier de la maison de famille. C’est sur cette partie de la collection, gentiment prêtée par le petit-fils de Jean Borde, que nos efforts se sont concentrés pour l’année 2006. La plupart des objets était accompagnée de notices brèves rédigées de la main de Jean Borde, indiquant a minima la provenance de chacun, et au mieux la période de fabrication supposée et le nom du découvreur de l’objet ou du propriétaire de la parcelle concernée.

2 Les objets et fragments d’objets sont de trois natures : matériel lithique, céramiques et poteries, et objets métalliques. Ils concernent a priori plusieurs périodes de la Préhistoire et de la Protohistoire, ainsi que l’époque gallo-romaine.

3 Les objets préhistoriques ont été identifiés par Frédéric Surmely (CNRS) ; ils comprennent :

4 - un talon de hache cassée en jadéitite des Alpes italiennes, du Néolithique final, provenant de Douniol ;

5 - un fragment distal de poignard en silex du Grand-Pressigny du Néolithique final, une hache bipenne cassée en serpentinite, du Néolithique final ou du début de l’âge du Bronze, provenant de la station néolithique de l’Arbre du Renard ;

6 - deux haches polies entières du Néolithique final provenant des Ages : une en silex tertiaire beige du bassin d’Aurillac et l’autre en métadolérite du Limousin ;

7 - deux éclats de silex non localisés.

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8 Le dernier objet est bien plus ancien : il s’agit d’un « chopping-tool », aménagé dans une roche dure, taillé sur les deux faces, daté par Frédéric Surmely de l’Acheuléen (entre 500 000 ans et 300 000 ans BP). Le lieu de découverte précis n’est pas signalé par Jean Borde, mais il se trouvait bien dans une caisse, marquée du nom de la commune.

9 Le travail de prospection et d’enquête auprès des habitants du hameau de Bellegarde a permis de retrouver deux des trois coffres funéraires en granite découverts dans la nécropole de la période gallo-romaine : un, de forme carrée, a été réemployé dans la construction d’un appentis adossé à une maison du hameau ; l’autre, cylindrique, est conservé avec son urne en céramique, contenant des os, dans le parc de la maison Borde de Sézanges : ces deux éléments mobiliers sont en excellent état. Le troisième n’a pas été retrouvé. Un des propriétaires des parcelles concernées par la nécropole nous a signalé que des tuiles à rebord remontent régulièrement à la surface du sol, sur une zone relativement étendue.

10 Des objets en fer de la collection Jean Borde proviennent de la nécropole de Bellegarde : deux clés, dont l’une en forme d’ancre, un clou, une hache et une bague à chaton. Un certain nombre de tessons de céramiques de la collection proviennent également de ce site.

11 La collection Jean Borde a enfin dévoilé de nombreux morceaux de céramiques et de poteries découverts sur le site fortifié de la Moutte (dont les traces matérielles semblent attester l’occupation continue du Néolithique au Bas-Empire). Il a été très précisément localisé par Bertrand Dousteyssier en 2001 et ces morceaux ont été identifiés et datés par Jérôme Trescarte, tous deux chercheurs à la maison de la recherche, à Clermont-Ferrand. Une présence marquée d’objets du Haut-Empire est à noter :

12 - trois fonds d’amphores italiques à vin (type Dressel 1), probablement en provenance du sud de la Gaule, du 1er s. av. J.-C. - 1er s. apr. J.-C. ;

13 - une anse d’amphore du Latium ou de Campanie (type Dressel 1A), avec des morceaux noirs de pierres volcaniques, du 1er s. av. J.-C. ;

14 - un pot à cuire pratiquement entier (reconstitué par J. Borde), des environs du 1er s. apr. J.-C. ;

15 - trois tessons de céramique sigillée mortier et deux autres d’un fond de céramique sigillée brûlée de Gaule centrale (peut-être la production de Lezoux ?), des 2e s. et 3e s. apr. J.-C. ;

16 - une meule domestique tripode cassée, probablement en basalte local, ayant servi à broyer des graines, du Haut-Empire ou antérieure (Fig. n°1 : Meule domestique en basalte) .

17 Quelques morceaux de céramiques identifiées comme gauloises, de marmite tripode et de fusaïoles (ultérieures) avaient été trouvées par J. Borde sur ce site.

18 Ces deux sites, funéraire de Bellegarde et fortifié de La Moutte (associés aux traces proches d’habitations domestiques gallo-romaines des Boisses et de Sandère) semblent nécessiter plus particulièrement, au vu de leur densité, un sérieux travail de prospection.

19 Meunier Olivier

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ANNEXES

Fig. n°1 : Meule domestique en basalte

Auteur(s) : Meunier, Olivier (BEN). Crédits : Meunier, Olivier (2006)

AUTEURS

OLIVIER MEUNIER BEN

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Saint-Angel, Maussac

Jean-Pierre Colombain

Identifiant de l'opération archéologique : 2657

Date de l'opération : 2006 - 2007 (PR)

1 Maussac s'appuie dans sa frange occidentale sur une voie antique déjà partiellement mise en évidence depuis Argentat, et dont un tronçon fossilisé a été localisé en limite de commune de . Deux nouveaux tertres protohistoriques ont été inventoriés, mais la quasi absence de labours a rendu très difficile toute recherche concernant les temps préhistoriques. La localisation précise d'une nécropole gallo-romaine a pu être effectuée ; les zones susceptibles de posséder des lieux de culte médiévaux (La Pleau, Saint-Pardoux près du bourg), actuellement urbanisées ou boisées, sont fermées à toute prospection.

2 Dans la commune de Saint-Angel, les recherches ont porté plus spécialement sur la voirie antique et sur les exploitations minières. Plusieurs nouvelles sections de voies antiques sont identifiées, appartenant a priori à des itinéraires différents évoquant un réseau plus dense et plus complexe que traditionnellement envisagé. De même, les vestiges d'excavations minières, parfois spectaculaires, s'avèrent nombreux (six secteurs identifiés). La chronologie de ces exploitations ainsi que la nature des minerais exploités restent à établir, de même que d'éventuelles installations annexes associées. Deux nouveaux sites gallo-romains et deux tertres funéraires protohistoriques ont été enregistrés. Concernant la préhistoire, une très intéressante découverte : un outil à forte patine taillé au Paléolithique moyen dans un silex provenant d'Auvergne (zone de Mauriac) puis retouché en grattoir au Néolithique.

3 Diverses informations concernant des découvertes ponctuelles ont permis d'ouvrir l'inventaire à de nouvelles communes : Saint-Etienne-aux-Clos (tuiles et céramiques gallo-romaines, coffre cinéraire), Saint-Sétiers (zone tumulaire protohistorique perturbée d'environ 25 tertres), (important tertre funéraire, graffite sur fond de vase gallo-romain, fragment de grès lacustre figurant une colombe, motte féodale à

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double fossé, probablement incluse dans le fief de la seigneurie des Bonefont de Sornac attestée dès le XIIe s.).

4 Colombain Jean-Pierre

AUTEURS

JEAN-PIERRE COLOMBAIN BEN

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Gorges de la Haute-Dordogne n°2709

Angélique Marty

1 Une étude historique et documentaire a été réalisée sur le territoire de la communauté de communes des Gorges de la Haute-Dordogne. Deux problématiques ont été soulevées : les origines et l'histoire des établissements casadéens et le réseau des châteaux liés aux vicomtes de Ventadour et de Turenne. Cette étude réalisée en 2005-2006 a débuté par une recherche documentaire approfondie, de nombreux fonds d'archives publiques ont été dépouillés ainsi que des fonds privés (documents de la famille d'Ussel et de la famille de Bélinay). Le fonds dit « de Marèges » appartenant à cette dernière est inédit et aujourd'hui détruit. Toutefois, Madame Guély, présidente de la société historique et archéologique de Brive a pu transcrire l'intégralité des actes contenus dans ce fonds avant destruction. Ce fonds contient d'importants documents médiévaux (XIIIe s.-XV e s.). Outre les recherches documentaires, une prospection de terrain a été menée parallèlement pour repérer édifices, vestiges architecturaux et archéologiques.

2 La première partie de l'étude est consacrée aux édifices religieux et s'étend au-delà de l'histoire des deux prieurés casadéens de Saint-Pantaléon-de-Lapleau et de , elle a également porté sur tous les autres lieux de culte (églises paroissiales, chapelles, prieurés, commanderie hospitalière de Sérandon) des dix communes concernées. La question des origines des paroisses a également été abordée, axée sur la paroisse-mère de Neuvic et sur l'étude des enclos paroissiaux dont certains ont été cartographiés.

3 L'autre volet de l'enquête a consisté à étudier le réseau des châteaux et fortifications situés en vicomté de Ventadour. Les paroisses étudiées se répartissent sur deux châtellenies : Egletons-Ventadour et Neuvic-Peyroux. D'après la documentation et les recherches sur le terrain, huit seigneuries (Anglards, Marèges, La Charlane, Unsac, la Maureille, Pèzeranges, Labrousse), implantées dans la châtellenie de Neuvic-Peyroux, ont été étudiées. La châtellenie d'Egletons-Ventadour ne contrôle que la petite paroisse de Saint-Pantaléon-de-Lapleau dans laquelle aucun site castral n'a été repéré pour l'instant. Parmi ces édifices, sept sont en ruine mais conservent quelques vestiges hors- sol, deux sont en partie conservés et encore habités, un est remanié de telle sorte que

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les éléments médiévaux ont disparu, trois sites sont détruits et non repérés, un édifice est en partie conservé et non habité.

4 La dernière partie de l'enquête a porté sur l'agglomération de Neuvic (Fig. n°1 : Neuvic, XIIIe s.-XVIe s. : la ville fortifiée) , bourgade aux origines et au développement obscurs en raison du manque de sources écrites à l'époque médiévale : seule une transcription de la charte de la ville et quelques résumés d'actes épars constituent le corpus. En revanche davantage de documents apparaissent pour l'époque moderne. Aussi, l'interprétation de ces sources associée à l'étude du parcellaire et à une prospection de terrain permettent de soulever quelques hypothèses quant à l'étendue des fortifications de la ville et de ses faubourgs et de repérer les vestiges médiévaux visibles à l'extérieur et à l'intérieur des habitations.

ANNEXES

Fig. n°1 : Neuvic, XIIIe s.-XVIe s. : la ville fortifiée

Auteur(s) : Marty, Angélique (HADÈS). Crédits : Marty, Angélique (2006)

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AUTEURS

ANGÉLIQUE MARTY HADÈS

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23 – Creuse

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Basville – Place de l’église

Christophe Maniquet

Identifiant de l'opération archéologique : 2341

Date de l'opération : 2006 (SU)

1 Un projet d'installation de gouttières et d'un réseau enterré de canalisations pour les eaux pluviales autour de l'église Sainte-Anne a entraîné la mise en place d'un diagnostic archéologique, prescrit par le service régional de l'Archéologie. En effet, les travaux envisagés risquaient de mettre au jour l'ancien cimetière paroissial ainsi que d'éventuels vestiges liés au prieuré qui, selon les textes, était associé à l'église.

2 L'église datée du XIVes. et inscrite à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques par arrêté du 15 juin 1926, comprend une nef terminée par une abside à trois pans et des chapelles modernes.

3 L'opération archéologique s'est déroulée du 13 au 15 février. Quatre sondages ont été creusés à l'aide d'une pelle mécanique équipée d'un godet lisse. Trois d'entre eux ont été réalisés dans le parterre d'herbe le long des murs sud et ouest de l'église et au sud- est de l'édifice, à l'emplacement des futures tranchées du réseau d'évacuation des eaux pluviales. Ce terrain correspond à l'emplacement de l'ancien cimetière qui a été déplacé au début du XXes. La dernière tranchée a été effectuée dans un terrain privé contigu à l'église au nord.

4 Les premiers vestiges archéologiques ont généralement été découverts à faible profondeur, sous des niveaux stériles en mobilier. Le diagnostic mené ici étant non destructif, le substrat géologique n'a pas été atteint partout. Le fond des sondages correspond au niveau d'apparition des structures.

5 Au total, quatorze sarcophages ont été mis au jour. Ils sont apparus entre 0,45 m et 0,95 m de profondeur. Ils étaient disposés selon une orientation est-ouest ou nord- sud et à une même profondeur de sorte que leurs bords se trouvaient au même niveau et affleuraient la surface du terrain géologique. Cette disposition particulière indique très nettement que même si ces sarcophages ont été réutilisés, ils n'ont sans aucun doute pas été déplacés. Monolithiques, ils sont tous taillés dans du trachyte, domite

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provenant du Massif central et présentent tous sensiblement les mêmes dimensions. De forme trapézoïdale, ils mesurent 0,65 m de large au sommet, 0,40 m de largeur à la base et près de 2 m de longueur. Seuls deux sarcophages conservaient leur couvercle. Celui découvert sur les sarcophages S 106 et S 107 s'apparentait plus à un « bricolage » à base de gros fragments de couvercle en trachyte remployés. On peut imaginer que ces couvercles étaient à l'origine visibles à la surface du sol. Ils n'auraient été enfouis que plus tard, lors d'une reconstruction de l'église, etc. Les délais impartis n'ont permis de fouiller qu'un seul de ces sarcophages (S 107). Aucune loge céphalique n'était aménagée dans le sarcophage et aucun trou d'évacuation des liquides viscéraux n'existait au fond de la cuve. En ce qui concerne l'individu inhumé, ses ossements étaient en très mauvais état de conservation. Aucun objet ne l'accompagnait.

6 Pour ce qui est des relations entre les sarcophages et l'église actuelle, l'extrémité orientale du sondage 1 s'est révélée particulièrement intéressante. En effet, le sarcophage S 103 était très nettement recoupé par la tranchée de fondation d'un contrefort, ce qui confirme l'antériorité des sépultures, ce qui ne surprend guère si l'on se réfère à la datation mérovingienne ou carolingienne généralement attribuée à ces sarcophages de pierre monolithes trapézoïdaux.

7 Une seule sépulture se différenciait des autres dont les individus ont été découverts en pleine terre mais très probablement enterrés en cercueils ou dans des linceuls. La sépulture St 208, orientée est-ouest, est apparue partiellement dans la paroi orientale du sondage pratiqué devant la façade de l'église. Ses parements étaient construits à l'aide de deux assises de grosses pierres de granite taillées posées sur une fondation de blocs bruts liés à l'argile. Cette sépulture semble être peu ancienne, du moins postérieure au XIVes. et contemporaine de l'église actuelle, car elle a dû fonctionner avec le niveau de circulation contemporain. On peut supposer à sa surface une pierre tombale affleurant le sol. Il est possible que les pierres utilisées pour la construction de la tombe proviennent du démontage d'une maçonnerie plus ancienne.

8 Les sépultures en pleine terre, toutes orientées est-ouest, creusées dans le substrat géologique, se recoupaient fortement, ce qui n'a pas permis, en raison des délais limités, de toujours bien les individualiser. La sépulture St 306 ne subsistait que très ponctuellement; l'extrémité distale d'un avant-bras et une main gauche ont été fouillées. La main renfermait vraisemblablement une petite bourse de cuir, très mal conservée, dans laquelle se trouvait un chapelet complet. Ce dernier était constitué d'une chaînette en alliage cuivreux associée à des médaillons et à une petite croix dans le même matériau et de quarante-neuf perles, vraisemblablement en buis.

9 La tradition de déposer le chapelet dans la sépulture avec le défunt semble être assez récente, du moins postérieure au Moyen Âge.

10 Cette datation pourrait correspondre à celle de la mise au point d'une méthode uniforme de récitation du chapelet, vers le milieu du XVIes. C'est la corrosion du métal qui a favorisé la conservation de ces perles et des os de la main.

11 En bordure est du sondage devant le porche occidental, deux perles en verre ont été découvertes. L'une des deux perles est côtelée, translucide, de couleur jaune à vert bouteille. Ces perles ont une origine gallo-romaine mais elles sont généralement opaques durant l'Antiquité. L'autre perle annulaire de couleur noire possède un décor ondé opaque de couleur jaune. Plusieurs perles de ces deux types ont été mises au jour

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dans l'Oise ou le Val d'Oise, les Yvelines, dans des sépultures du VIes. ou du début du VIIes.

12 Le diagnostic réalisé autour de l'église de Basville apporte des résultats archéologiques intéressants.

13 Cinq grandes phases d'occupation successives peuvent être déterminées depuis la période mérovingienne jusqu'à aujourd'hui. La découverte de quatorze sarcophages autour de cette église était tout à fait inattendue. Ces sarcophages indiquent la présence d'un édifice religieux ancien remontant au haut Moyen Âge, du moins à une période comprise entre le VIIes. et le IXes. La réserve céphalique apparaît quant à elle, plus tard, vers la fin du Xes. Par la suite, les sépultures construites seront souvent maçonnées à l'aide de pierres, de dalles de schiste ou encore d'éléments de terre cuite. On a vu que ces sarcophages sont orientés nord-sud ou est-ouest, collés les uns aux autres par groupes répartis au sud, à l'ouest et au nord de l'église actuelle. Ils devaient à l'origine cerner l'édifice religieux initial. Il est courant en effet, à l'époque mérovingienne, que les sarcophages dans lesquels se font inhumer des personnages de prestige soient placés à l'intérieur de l'église, sous son sol, ou alors en périphérie, contre ses murs, au plus près du lieu saint.

14 La question essentielle consiste en la nature et la raison d'être de l'édifice cultuel initial. Il semble qu'une première chapelle ait existé à cet emplacement, suffisamment importante pour que l'on vienne s'y faire inhumer dans des sarcophages de pierre. S'agissait-il d'un lieu de culte construit sur la tombe d'un saint, d'une église paroissiale dès l'origine ?

15 Les niveaux de circulation scellent en effet les sarcophages (dépourvus de couvercles) et sont recouverts par des niveaux de destruction qui ont livré un mobilier céramique datable des XIVes.et XVes. Les murs mis au jour séparent un niveau empierré pouvant correspondre à un sol de cour, d'un niveau de terre battue probablement à l'intérieur d'un édifice.

16 L'organisation de ces bâtiments au nord et à l'ouest de l'église, en l'état actuel de la recherche sous forme de sondages limités, ne peut être appréhendée. Ces murs et ces sols pourraient appartenir à des constructions accolées contre l'église au cours du Moyen Âge

17 classique et pourraient constituer les vestiges du prieuré. L'ensemble semble avoir été détruit par un incendie qui pourrait être la cause de la destruction de la première (?) église et de sa reconstruction totale au XIVes. ou XVes. Ils ont ensuite de nouveau été perturbés lors de la construction du bas-côté nord aux Temps Modernes.

18 Lors de la construction de l'église actuelle, il semble que l'édifice primitif a été totalement arasé et une tranchée de fondation recoupant tous les niveaux antérieurs accueille la base de ses murs. Cette tranchée recoupe en particulier certains sarcophages au sud. Aucun niveau d'occupation contemporain de l'église n'a pu être observé en stratigraphie, hormis le sol actuel. Il semble qu'un exhaussement des niveaux environnants par apport de remblai ait été nécessaire à sa mise en place. La sépulture bâtie St 208 située devant le porche de l'église, dans l'axe de l'église pourrait appartenir à cette période.

19 À une date indéterminée, pendant les Temps Modernes, les chapelles nord et sud ont été ajoutées contre l'édifice. Au nord, la tranchée de fondation de cet agrandissement recoupe les maçonneries et niveaux de circulation mentionnés ci-dessus.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 75

20 Le cimetière au sud et au sud-ouest de l'église a existé au moins jusqu'à la fin du XIXes. et peut-être jusqu'au début du XXes. comme en témoignent certaines cartes postales de cette époque. D'après les habitants du bourg, après son abandon, le cimetière a été purgé et la terre évacuée.

21 Cette terre aurait en particulier servi à remblayer le terrain au sud du château situé de l'autre côté de la route, au sud-est de l'église. Ce remaniement important expliquerait la présence de remblais homogènes, très pauvres en ossements humains, au dessus du

22 terrain naturel et l'apparition des niveaux d'ouverture des sépultures seulement dans ce dernier.

23 Maniquet Christophe

AUTEURS

CHRISTOPHE MANIQUET INRAP

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Crozant – Le château (porte III)

Julien Denis

Identifiant de l'opération archéologique : 2674

Date de l'opération : 2006 (SU)

1 Dégagée en grande partie lors d'un sondage réalisé en 2005 par Guillaume Demeure (BSR 2005 : 26-27), la porte III est la dernière des trois portes principales jalonnant l'accès à la partie septentrionale du site de Crozant. Il s'agit d'une tour-porte quadrangulaire de 8,70 m sur 5,60 m, composée à l'ouest d'un passage de 2,50 m de large, et à l'ouest d'une chambre de tir équipée de trois archères à embrasures triangulaires.

2 Le complément de fouille réalisé en 2006 a permis de dégager le passage jusqu'aux anciens niveaux de circulation, où deux états successifs ont été identifiés. Le sol le plus ancien, composé en grande partie d'un empierrement, a par la suite été rechargé, en même temps que les crapaudines de la porte étaient surhaussées. L'extension du sondage en avant et en arrière de la porte a également permis de mettre en évidence de nouvelles maçonneries, au sud, à l'extérieur de la porte, un mur a été dégagé sur un seul de ses parements. Établi selon un axe nord-sud, il est bâti en moellons agencés avec soin, mais n'est conservé que sur trois assises. Bâti sans fondations et reposant directement sur un dépôt d'occupation, il apparaît en fait assez tardif.

3 Au nord, deux bâtiments apparaissent accolés à la tour-porte. Le premier n'est connu que par son mur ouest, dégagé sur une longueur de 2 m, et percé d'une baie étroite. C'est probablement dans cette pièce que débouchait l'escalier permettant d'accéder à la chambre de tir de la tour-porte. Construit juste au-devant, dans le prolongement du passage de la porte, un deuxième espace bâti a été identifié : il est composé de deux murs chaînés perçus chacun sur un seul parement (leur épaisseur n'est pas connue) et conservés sur une hauteur de 1,60 m. Ces murs délimitent un espace somme toute assez réduit (les dimensions intérieures supposées sont de 3 m sur 1,80 m) dont on ignore la nature exacte.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 77

4 Si ce complément de fouille a permis d'observer la tour-porte dans son intégralité, il a également mis en évidence une assez grande densité de structures bâtie jusqu'alors insoupçonnées sur le site.

5 (Fig. n°1 : Partie est de la tour porte: une chambre de tir )

6 DENIS Julien

ANNEXES

Fig. n°1 : Partie est de la tour porte: une chambre de tir

Auteur(s) : Denis, Julien (INRAP). Crédits : INRAP (2006)

AUTEURS

JULIEN DENIS INRAP

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Évaux-les-Bains Jardin public

Jacques Roger

Identifiant de l'opération archéologique : 2394

Date de l'opération : 2006 (EX)

1 L'enterrement des réseaux d'éclairage extérieur de l'église d'Évaux-les-Bains a nécessité au préalable une évaluation archéologique dans public attenant. Durant une semaine, au mois de janvier 2006, quatre sondages ont été réalisés : deux au nord de l'église dans le jardin public, un au sud du chœur, un dernier au pied du chevet.

2 Les résultats obtenus lors de cette campagne archéologique sont remarquables, la puissance stratigraphique rencontrée (3 m d'épaisseur dans tous les sondages) étant à souligner.

3 Les vestiges les plus anciens concernent la période gallo-romaine, avec la présence de murs de belle facture dans les sondages 1 et 2 (au nord de l'église).

4 Leur position, la qualité de la maçonnerie ainsi que les niveaux associés évoquent la galerie d'accès aux thermes fouillée dans la parcelle voisine (en contrebas) par G. Lintz en 1973. Ces sondages permettent donc de la prolonger d'une centaine de mètres plus au nord, cette dernière se perdant au contact de l'église actuelle. Au sud de l'édifice, des niveaux antiques ont aussi été relevés, correspondant à une zone de chauffe se rapportant vraisemblablement à la confection de la chaux.

5 Les périodes suivantes, mérovingienne et carolingienne, sont les moins bien représentées, avec seulement un élément de sarcophage en calcaire réemployé dans le sondage 3 et quelques niveaux de sol en terre battue dans le premier sondage.

6 La période médiévale est mieux pourvue, avec notamment la mise en évidence de maçonneries correspondant au chevet roman disparu au XVIIes. En effet, une absidiole bien conservée sur plus de1,40 m de haut a été mise au jour au sud du chevet (sondage 3), ainsi qu'un mur en abside situé à 5 m du chevet actuel (sondage 4). Au pied de ces vestiges, le cimetière paroissial est encore marqué par plus de 2,50 m d'épaisseur

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 79

de tombes, la plupart découvertes en pleine terre. On notera toutefois la présence de deux tombes en coffre de pierres, architecture funéraire caractéristique des XIIes. au XIVes. (sondage 3).

7 Enfin, le sondage situé au nord de l'église et placé au niveau de la galerie orientale du cloître a relevé plusieurs états de constructions et de modifications de ce passage externe, avec notamment la présence d'une pierre tombale armoriée représentant un écusson et une épée.

8 (Fig. n°1 : Vases découverts dans le sondage n° 3)

9 (Fig. n°2 : Vases découverts dans le sondage n° 3 )

10 ROGER Jacques

ANNEXES

Fig. n°1 : Vases découverts dans le sondage n° 3

Auteur(s) : Jamois, M.-H. (INRAP). Crédits : INRAP (2006)

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Fig. n°2 : Vases découverts dans le sondage n° 3

Auteur(s) : Jamois, M.-H. (INRAP). Crédits : INRAP (2006)

AUTEURS

JACQUES ROGER INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 81

Gouzon – Le Plaid

Emmanuel Moizan

Identifiant de l'opération archéologique : 2646

Date de l'opération : 2006 (EX)

1 Dans le cadre des travaux d’aménagement de la RN 145, sur la section comprise entre Gouzon (Creuse) et Montluçon (Allier), des prospections d’évaluations archéologiques réalisées sous la responsabilité de Marie-Christine Gineste (INRAP) ont permis de reconnaître en 2004, au lieu-dit Le Plaid, des indices d’occupation motivant la mise en place d’une opération de fouille préventive en septembre 2005 sur une surface de près de 4 000 m².

2 Les résultats de cette opération confirment ceux déjà obtenus lors du diagnostic archéologique. La voie antique – axe Autun Limoges – attestée lors de précédentes opérations est matérialisée ici par l’existence de deux fossés distants d’une vingtaine de mètres, parallèles et orientés sud-ouest – nord-est. Le mobilier céramique retrouvé dans les sédiments de comblement de ces deux structures appartient à un horizon chronologique compris entre le Iers.et le IIes. apr. J.-C. Cette voie semble pérenniser un axe plus ancien reconnu par la présence de fossés antérieurs, plus profonds et caractérisés par des surcreusements réguliers. L’emplacement et l’orientation de ces structures sont conservés à l’époque gallo-romaine.

3 Les urnes retrouvées lors du diagnostic, datées de la seconde moitié du Iers. ou du IIes. apr. J.-C. sont l’objet d’une étude complémentaire (F. Leroy). Aucune autre structure funéraire antique n’a été mise au jour lors de la fouille.

4 Enfin, cinq fosses ont livré du mobilier céramique protohistorique, actuellement en cours d’étude (J.‑M. Beausoleil).Cette opération de fouille permet donc de reconnaître une nouvelle portion de l’axe routier reliant Autun à Limoges et enrichi le corpus des données archéologiques pour la période protohistorique dans cette région.

5 MOIZAN Emmanuel

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 82

AUTEURS

EMMANUEL MOIZAN INRAP

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Lupersat – Église Saint-Oradoux

Christophe Maniquet

Identifiant de l'opération archéologique : 2665

Date de l'opération : 2006 (EX)

1 Un projet de restauration de plusieurs murs de l'église Saint-Oradoux à l'est du département de la Creuse, a entraîné la mise en place d'un diagnostic archéologique, prescrit par le service régional de l'Archéologie. En effet, les travaux envisagés risquaient de mettre au jour l'ancien cimetière ainsi que d'éventuels vestiges antérieurs à l'église actuelle. Ce diagnostic avait pour but de repérer de potentiels vestiges archéologiques, de reconnaître leur densité, leur profondeur et leur état de conservation et, si possible, d'estimer leur datation. En fonction des découvertes, le projet pouvait être accepté ou modifié, voire donner lieu à une fouille préventive de plus grande ampleur.

2 Le projet de travaux élaboré par l'architecte en chef des Monuments historiques, comprend deux interventions au niveau de la façade occidentale dans un premier temps, puis du chevet à plus long terme. L'opération archéologique a été menée du 6 au 8 septembre. Les sondages ont été creusés au pied des murs ouest après démontage de l'escalier existant et à l'est et au sud du chevet, à l'aide d'une pelle dotée d'un godet lisse.

3 L'église Saint-Oradoux de Lupersat, (classée au titre des Monuments historiques le 13 novembre 1974), possède un plan constitué d'une nef de quatre travées, flanquée de bas-côtés. La croisée du transept est voûtée sur croisée d'ogives percée en son centre d'un oculus pour le passage des cloches. Le chœur, de plan carré, est également voûté en berceau. II est éclairé à l'est par un triplet surmonté d'une baie. Au sud, sont percées deux baies plein cintre, et au nord deux baies identiques s'ouvrent sur les combles de la sacristie qui est bâtie entre le croisillon nord et le chœur.

4 La façade occidentale tend à basculer vers l'ouest. De même, la voûte en briques de la nef est fissurée sur sa longueur. L'humidité est importante au sol. Le portail roman de cette façade est un autre point qu'il conviendrait de traiter. La surélévation du pavé de

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la nef a provoqué l'enfouissement des parties basses du portail, altérant particulièrement ses proportions par la construction d'un perron extérieur de cinq marches masquant notamment les bases des colonnes des ébrasements.

5 La proposition de travaux de restauration définit les opérations par programmes, mais aussi par tranches fonctionnelles. En première phase, la restauration de la façade occidentale doit s'accompagner de la restitution du portail roman et de la construction de l'escalier intérieur. Ces travaux constituent de plus la première urgence dictée par les problèmes structurels. La deuxième campagne de travaux devrait être consacrée à la restauration de la nef et des bas-côtés. La troisième conduira à restaurer la croisée et les deux bras du transept, ainsi que le chœur. Seront également traités les contreforts d'angle.

6 Deux sondages ont été creusés à l'aide d'une pelle mécanique équipée d'un godet sans dents. L'un à été réalisé à l'est et au sud du chevet (sondage 1) et l'autre le long de la façade occidentale (sondage 2), aux emplacements où les fondations de l'édifice doivent être consolidées. Le terrain était simplement pourvu de bitume, hormis à l'ouest où une épaisse couche de béton a dû être cassée. De ce côté, l'escalier de pierres de granite taillé a dû être démonté en début d'intervention archéologique. Les deux sondages réalisés donnent un bon aperçu du potentiel archéologique du secteur concerné par les futurs travaux. Des structures appartenant à diverses périodes sont apparues.

7 Les vestiges connus à ce jour dans le bourg (coffres funéraires et lion en granite) laissent imaginer l'existence d'une importante nécropole antique. On pourrait, au vu des blocs remployés dans les soubassements de l'église actuelle, imaginer la présence d'un mausolée monumental semblable à ceux des Cars (commune de Saint-Merd-les- Oussines, Corrèze), construits uniquement à l'aide de blocs de granite de grand appareil bien équarris. C'est peut-être cet édifice primitif qui a été remplacé par l'église actuelle. La présence de fragments de coffres dans certains murs ou de meule en remploi confirme cette antériorité gallo-romaine. Les fragments de trachyte retrouvés dans les soubassements de l'église ou au sein des fondations antérieures pourraient également provenir d'un édifice gallo-romain. En effet, on sait que le trachyte a été exploité durant la période gallo-romaine et le haut Moyen Âge dans le Massif central, au pied du volcan appelé « Le Sarcouy » pour en faire essentiellement des sarcophages (le nom Sarcouy est issu du terme sarcophage) comme ceux découverts à Basville (Creuse), mais peut-être aussi des matériaux de construction. À l'ouest de l'édifice, le mur M 208 semble délimiter un espace excavé au fond duquel un lit de mortier et un niveau de destruction ont été identifiés. Cet aménagement pourrait tout à fait appartenir à la période gallo-romaine. Cette interprétation, issue uniquement de l'aspect et de la nature des vestiges, mériterait d'être confirmée.

8 Le haut Moyen Âge pourrait être matérialisé par un petit fossé découvert à l'ouest de l'église et dont l'orientation ne correspond à aucune des maçonneries mises au jour. Sa chronologie relative pourrait cependant le situer à une époque assez ancienne. Il pourrait avoir servi de drain pour évacuer les eaux de pluie. Là encore, la mise au jour de mobilier archéologique dans son remplissage pourrait aider à sa datation.

9 Plus difficiles à dater sont les fondations débordant de celles de l'église actuelle. Ainsi, les maçonneries M 106, M 102 (sondage 1) et M 206 (sondage 2) pourraient avoir appartenu à un édifice antérieur. Il est cependant impossible pour le moment de certifier que ces fondations sont bien contemporaines entre elles.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 85

10 Leur orientation diffère de celle de l'église mais des blocs semblent avoir servi d'assise à des contreforts primitifs décalés par rapport aux contreforts existants. On notera que ces fondations intégraient des blocs de trachyte en remploi.

11 Le Moyen Âge classique voit l'établissement de l'église actuelle, vraisemblablement au XIes. C'est à cette époque que l'édifice précédent est peut-être complètement démantelé pour être reconstruit avec une orientation un peu différente. Les blocs antiques ont été réutilisés en particulier pour le soubassement à l'ouest. En revanche, à l'est, le chevet a subi des remaniements importants. Il semble qu'au départ ce dernier n'était pas plat mais pouvait, tout comme les bas-côtés, être muni d'une abside. Les « murs » non maçonnés M 207 et M 209 appuyés perpendiculairement contre les fondations de l'église actuelle pourraient appartenir à cette période.

12 C'est à la fin du Moyen Âge que l'église prend son aspect actuel. Le chevet semble totalement remanié au XIVes. Quasiment toutes les sépultures mises au jour, bâties à l'aide de murets de pierres de granite, pourraient appartenir à une période comprise entre le XIIes. et le XIVes. Aucune sépulture ne paraît très ancienne ni antérieure aux diverses maçonneries mises au jour. Il faut donc imaginer que le cimetière primitif, attenant à la première église, se développait seulement au nord de l'édifice.

13 Étant donné l'altitude des couvercles des tombes bâties à l'est (Sp 105) comme à l'ouest (Sp 201), le niveau de circulation devait se trouver plus haut qu'actuellement.

14 À l'ouest, il pouvait se situer au niveau du rebord de fondation longeant toute la façade occidentale. Aucun emmarchement n'était alors nécessaire pour pénétrer dans l'église de ce côté-là.

15 Au XVIIes., un nouveau portail est ouvert dans le mur nord de l'église et le sol intérieur de l'édifice a peut-être été surélevé. À l'ouest, le niveau de sol externe a peut-être également été rehaussé. La surélévation du niveau de circulation à l'ouest explique pourquoi les sépultures contemporaines mises au jour sont si hautes (donc enterrées à si faible profondeur).

16 En 1875, pour une raison inconnue, le terrain est à nouveau décaissé. Les sépultures les plus récentes se retrouvent à fleur de terre et on construit un escalier important de six marches pour pénétrer dans l'église. La mise en place de cet escalier a fortement perturbé les sépultures contemporaines. Vers 1895, le cimetière est déplacé et les terres autour de l'église (et sans doute plutôt au nord) contenant les sépultures sont évacuées.

17 Les sondages d'expertise archéologique ne permettent qu'un premier aperçu de l'évolution du site et de l'église de Lupersat. Seule une fouille de plus grande envergure, et en particulier à l'emplacement des futurs travaux de consolidation des fondations, permettra de vérifier les hypothèses, de mieux visualiser les diverses structures, et donc de mieux les comprendre. Le projet des Monuments historiques est de noyer les fondations actuelles dans du béton armé afin de constituer des semelles larges empêchant le basculement des murs de l'église. Les vestiges seront donc définitivement détruits. Des solutions techniques de réalisation seront à préciser pour garantir conservation et restauration du patrimoine visible et l'étude des vestiges enfouis.

18 (Fig. n°1 : Localisation des sondages)

19 MANIQUET Christophe

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ANNEXES

Fig. n°1 : Localisation des sondages

INRAP (2006)

AUTEURS

CHRISTOPHE MANIQUET INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 87

Moutier-Rozelle – Le Pauquet, Larbre

Vincent Ard

Identifiant de l'opération archéologique : 2695

Date de l'opération : 2006 (SD)

1 Découvert fortuitement à la suite de la tempête de décembre 1999 par Gilles Le Hello, le site du Pauquet a livré, entre 2000 et 2006, un abondant mobilier, lithique et céramique, piégé dans les souches des arbres déracinés. Un premier examen du matériel recueilli par G. Le Hello nous a permis de proposer une attribution au Néolithique moyen, culture chasséenne, d’au moins une partie du corpus céramique grâce à la présence d’éléments diagnostics comme des fragments de « plats à pain », un fragment de vase caréné et de nombreux mamelons à perforation sous cutanée.

2 Culminant à 540 m d’altitude, l’éperon du Pauquet est barré par les gorges de la Rozeille, au nord, et par deux petits ruisseaux, sur ses abrupts est et ouest. Particulièrement étroit au sud, l’éperon, d’une longueur de près de 400 m, s’élargit en direction du nord-ouest pour atteindre 80 m à 100 m de large à son extrémité nord. La surface ainsi délimitée est de 2 ha environ. Les ramassages de surface de G. Le Hello se répartissent sur près d'un hectare, de la souche n° 1, située sur l’abrupt nord de l’éperon, à la souche n° 5, distante de 130 m environ vers le sud.

3 Une exploration scientifique plus approfondie du site du Pauquet s’est très vite avérée pertinente au vu de l’importance de cette découverte pour la connaissance du Néolithique limousin. Quasi terra incognita pour les spécialistes du Néolithique, le sud de la Creuse n’est connu que par ses monuments mégalithiques, essentiellement occupés au Néolithique final, fouillés anciennement. La présence de témoins du Néolithique moyen sur ce site nous a semblé être une bonne opportunité de documenter cette période, particulièrement méconnue en Limousin, en dehors de rares dolmens dans le nord de la région (Joussaume, 2001), et de deux sites d’habitat, l’éperon de Crozant,

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 88

dans la Creuse (Kayser et al., 1985), au nord-ouest du Pauquet, et celui du Puy-du- Fournet à Saint-Cernin-de-Larche, en Corrèze (Burnez et al., 2001), plus au sud.

4 Une campagne de sondage a donc été menée, entre le 26 août et le 9 septembre 2006. Elle avait pour objectifs majeurs :

5 - d’accroître le corpus, notamment céramique, afin de confirmer l’appartenance chronoculturelle du site et de documenter la période du Néolithique moyen limousin ;

6 - de rechercher l’existence de structures ou de couches archéologiques conservées susceptibles d’appartenir à cette période. Il s’agissait notamment de s’assurer que le matériel recueilli dans les souches ne correspondait pas uniquement à du mobilier résiduel ;

7 - d'apprécier l’appartenance à un même ensemble chronoculturel des artefacts recueillis à différents endroits du site.

8 Nous avons procédé à quatre sondages de surface limitée (4 m² à 6 m²), représentant une surface totale de 20 m², implantés selon plusieurs critères. Les deux premiers sondages, I et II, ont été pratiqués à proximité des deux souches les plus riches en mobilier, souches n° 1 et n° 5, afin de replacer stratigraphiquement le mobilier recueilli dans celles-ci. Les sondages III et IV ont, quant à eux, été implantés dans des secteurs plus éloignés des ramassages de surface afin de vérifier si l’ensemble de l’éperon présentait une même occupation. Deux éventuels dolmens repérés par G. Le Hello, appelés « structures » 1 et 2, ont fait l’objet d’un décapage de surface afin de vérifier s’il s’agissait de structures construites ou bien de blocs de granite affleurants. Un amas de bloc granitique sondé dans le cadre du sondage III a été nommé « structure » 3.

9 Le matériel recueilli lors de ces sondages est analogue à celui des ramassages de surface, d’une grande homogénéité et attribuable dans son ensemble au Néolithique moyen. Ce mobilier, essentiellement des céramiques et du matériel de mouture et de percussion, témoigne d’une occupation domestique de l’éperon sur une surface importante. L’abondance du mobilier mis au jour dans certaines souches (n° 1 et 5) et sondages (I et II), malgré la surface restreinte explorée, indique qu’il s’agit d’une implantation anthropique relativement pérenne.

10 L’exploitation des blocs en granite « bleu de Guéret »,issus de l’altération du substratum du site, pour la fabrication de meules, molettes et percuteurs, utilisés ensuite sur le site, semble avoir joué un rôle prépondérant dans l’activité de ce groupe.

11 Malheureusement, l’érosion importante de la crête de l’éperon, liée notamment à l’absence de couvert forestier jusqu’au milieu du XXes., a entraîné un lessivage important des couches archéologiques, les artefacts se retrouvant aujourd’hui de manière résiduelle au sein d’une unique couche d’arène granitique, piégée dans des anfractuosités du socle granitique, essentiellement sur les pentes de l’éperon. Aucune structure anthropique attribuable au Néolithique n’a été reconnue, les « structures » 1, 2 et 3 n’étant que des affleurements et des accumulations de blocs de granite en place.

12 En l’absence de structures anthropiques et d’échantillon datable, l’attribution chronoculturelle du site repose uniquement sur l’étude du mobilier et particulièrement sur la céramique. Le corpus céramique du Pauquet offre en effet des parentés culturelles indéniables, aussi bien du point de vue des techniques que des formes, avec les assemblages de Crozant, que nous avons pu réexaminer, et du Puy-du-Fournet, attribués au Chasséen. Pour le façonnage des vases, on observe une utilisation

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 89

préférentielle de dégraissants micacés, de la technique du colombin et d’une finition des surfaces à consistance cuir. Quant aux formes, elles sont dominées par des coupes ou écuelles, rarement carénées, plus souvent ouvertes que fermées, des vases à col haut et des « plats à pain » au Pauquet comme à Crozant. Le répertoire des préhensions est assez monotone et comprend essentiellement des mamelons à perforation sous cutanée ou non, plus souvent horizontale que verticale. Ces céramiques apparaissent, en général, moins soignées et plus épaisses que celles des faciès caractéristiques du Chasséen septentrional et méridional. Les vases décorés, absents au Pauquet, sont rares sur les autres sites du Néolithique moyen de la région, aussi bien domestiques que funéraires.

13 Certaines formes céramiques, notamment les « plats à pain » et les vases à col haut, ainsi que l’origine des silex employés au Pauquet (vallées du Cher et de la Vienne) tendent à privilégier des influences et des contacts plutôt septentrionaux que méridionaux, contrairement à ce que l’on considérait jusqu’alors pour le Néolithique moyen de la région. Les comparaisons typologiques avec l’Auvergne permettent de rapprocher la série du Pauquet des phases récentes du Chasséen. Il faudrait donc situer l’occupation de l’éperon au début du IVemillénaire (Néolithique moyen II), ce qui correspond d’ailleurs aux dates obtenues pour le Puy-du-Fournet (5135 BP± 50 BP soit 4029 à 3804 av. J. C.) et le dolmen de Bagnol à Fromental, en Haute-Vienne (4870 BP ± 70 BP soit 3788 à 3389).

14 Bien que les résultats de ce sondage soient particulièrement concluants, il nous semble prématuré de poursuivre l’exploration du Pauquet dès 2007. En effet, cette entreprise nécessiterait la mise en place de fouilles programmées de plus grande ampleur, ce qui paraît difficile à l’heure actuelle compte tenu de la répartition aléatoire du mobilier archéologique sur le site et des difficultés actuelles d’accès à l’éperon.

15 L’aménagement d’un chemin menant jusqu’à l’extrémité sud de l’éperon, d’ici deux ou trois ans, dans le cadre du remembrement, et la mise en place d’un programme de prospection systématique des souches, faisant appel éventuellement à une prospection géophysique, destinée à rechercher les secteurs les plus favorables à l’implantation de sondages et d’éventuelles structures en creux, pourraient permettre de poursuivre l’exploration du site dans l’avenir.

16 (Fig. n°1 : Topographie de l’éperon et localisation des souches, sondages et structures)

17 (Fig. n°2 : Sondages 1 (n° 1 à 4), II (n° 5), IV (n° 6 à 10) : céramique)

18 ARD Vincent

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 90

Fig. n°1 : Topographie de l’éperon et localisation des souches, sondages et structures

(2006)

Fig. n°2 : Sondages 1 (n° 1 à 4), II (n° 5), IV (n° 6 à 10) : céramique

(2006)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 91

AUTEURS

VINCENT ARD Bénévole

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 92

Pontarion – Place de l’église

Christophe Maniquet

Identifiant de l'opération archéologique : 2343

Date de l'opération : 2006 (EX)

1 Un projet d'installation de gouttières et d'un réseau enterré de canalisations, pour les eaux pluviales autour de l'église Saint-Blaise de Pontarion, a entraîné la mise en place d'un diagnostic archéologique préalable, prescrit par le service régional de l'Archéologie. En effet, les travaux envisagés risquaient de mettre au jour l'ancien cimetière paroissial ainsi que d'éventuels vestiges liés au prieuré qui était associé à l'église. L'existence de l'église semble être étroitement liée à l'apparition du château de Pontarion autour des XIes. ou XIIes. Le prieuré attenant à l'église était dépendant du chapitre d'Eymoutiers. Les adjonctions tardives sont des chapelles basses formant faux transept.

2 L'intervention archéologique a été menée du 8 au 10 février 2006. Six sondages ont été creusés au pied des murs gouttereaux nord et sud, à l'aide d'une pelle ou d'une mini- pelle dotée d'un godet lisse. Trois tranchées d'expertise ont été réalisées dans le parterre d'herbe le long du mur sud de l'église. Trois autres ont été effectuées dans la ruelle exiguë longeant l'église au nord et desservant les jardins et les garages pour automobiles situés de ce côté.

3 Le sondage 1 a été creusé au sud de l'église, près de son angle sud-est, au pied des murs méridionaux de la sacristie et de la chapelle. Trois structures en creux y ont été observées. Elles perçaient toutes trois le substrat géologique et n'ont pas trouvé d'interprétation convaincante. Une tranchée, large de 0,60 m et profonde de 0,22 m, entaillait le substrat. Orientée est-ouest, elle ne paraissait pas parallèle à l'église. La présence d'ossements humains en vrac pourrait indiquer qu'elle a perturbé des sépultures et qu'elle a pu fonctionner en même temps que le cimetière ou après son abandon. Elle appartiendrait donc à une période assez récente.

4 Au nord de la tranchée précédente et à l'extrémité orientale du sondage, ont été mis au jour respectivement une petite fosse ovale et une portion d'une fosse quadrangulaire

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aux parois verticales. S'agit-il de creusements destinés à recevoir des plantations ? En l'état actuel des recherches, leur fonction exacte ne peut être définie avec précision. Leur intérêt semble cependant limité dans la mesure où ils n'ont pas livré de mobilier et qu'ils pourraient appartenir à une période assez récente, peut-être postérieure à la construction de la sacristie au XIXes.

5 Le sondage 2 à l'angle sud-ouest de la chapelle méridionale, parallèlement au mur sud de l'église, a permis de mettre en évidence de nombreuses structures s'apparentant pour certaines clairement à des sépultures se recoupant entre elles, et pour d'autres à des petits trous de piquets. La sépulture St 204, orientée est-ouest, entaillait légèrement le substrat géologique.

6 Elle est apparue à une profondeur de 0,50 m environ. Un alignement de pierre prenait appui sur le bord septentrional de la fosse. Des clous à l'ouest pourraient témoigner de la présence initiale d'un cercueil de bois.

7 Dans la sépulture St 209, le squelette de l'individu a été observé malgré son mauvais état de conservation. Deux petits trous de piquets perçaient le substrat. Leur fonction et leur datation n'ont pu être évaluées. Ont-ils été creusés lors de la construction de l'église ? Sont-ils contemporains du cimetière ? Une fosse circulaire est apparue dans le sondage 2, ainsi que deux tranchées orientées est-ouest. Aucune n'était exactement parallèle à l'église actuelle.

8 Le sondage 3 a été implanté au sud-est de la nef de l'église, à l'emplacement d'un futur regard et d'une canalisation de récupération des eaux pluviales. Deux sépultures orientées est-ouest ont été mises au jour. La sépulture St 301 a été mise au jour en partie à l'extrémité nord du sondage 3. L'individu était en decubitus dorsal, les bras croisés, les mains reposant sur les côtes. Sa position contractée témoigne d'une décomposition en espace colmaté. Des perles de chapelet ont été découvertes dans sa main droite et entre les côtes gauches. Au total, cinquante-deux perles noires probablement en lignite et quatre perles en verre translucide ont été retrouvées. Cinq épingles de linceul en argent ont également été extraites de cette sépulture.

9 La moitié occidentale de la sépulture St 302 entamait le substrat de près de 0,25 m. Tout autour du squelette, une ligne de sédiment plus noir associé à du sable grossier de ruissellement indiquait les limites d'un cercueil de bois disparu dont l'existence a été confirmée par la présence de plusieurs clous. L'individu mis au jour s'est vraisemblablement décomposé en espace ouvert. En decubitus dorsal, il avait le bras droit le long du corps et le bras gauche légèrement replié, avec la main sur le pubis. La main droite renfermait là encore des perles de chapelet en verre. Vingt-quatre ont été retrouvées. Très différentes de celles de la sépulture St 301, elles étaient très régulières, rondes et de couleur verte, sauf une de teinte bleue.

10 Ces deux sépultures sont vraisemblablement postérieures à la construction de l'église. Aucun creusement ne permet d'ailleurs d'envisager la présence de structures antérieures à l'édifice religieux. La tradition d'enterrer les squelettes avec des chapelets remonte aux Temps Modernes et s'est perpétuée jusqu'au XXes. Le cimetière semble donc encore exister au sud de l'église au moins jusqu'à la Révolution.

11 Le sondage 4, le long du mur nord de la nef de l'église, dans une ruelle étroite au pendage assez important vers l'ouest, a permis d'observer la stratigraphie et la fondation des contreforts. L'objectif de cette tranchée était en particulier le repérage de niveaux, de structures ou de murs appartenant au prieuré initialement attenant à

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l'édifice religieux. Un niveau de circulation empierré, observé sous une recharge contemporaine, semble suivre la pente actuelle et pourrait correspondre à l'empierrement primitif de la venelle. Un niveau limono-sableux brun clair couvrant le substrat semble précéder la construction de l'église. Aucun mur ni aucune structure n'a été mis au jour dans le sondage 4.

12 Le sondage 5 creusé au nord-est de l'église, à l'est de la chapelle septentrionale, devait permettre de retrouver les soubassements du prieuré. Après observation de la stratigraphie, plusieurs interprétations s'imposent. Tout d'abord, le niveau limono- sableux brun reposant sur le substrat pourrait être considéré comme un paléosol, antérieur à l'installation humaine. Sur ce dernier repose un niveau de circulation composé de fragments de tuiles ou de petites pierres. À l'ouest, un remblai sablo- limoneux brun semblait avoir pour but de compenser la pente naturelle. Le niveau de circulation pourrait appartenir à la phase de construction de l'église ou à la première occupation liée à l'édifice religieux. Ce niveau de circulation a alors été recouvert d'un nouveau remblai limono-sableux à sableux brun sur lequel repose le niveau empierré repéré dans le sondage 4. Aucune maçonnerie ayant pu appartenir au prieuré n'a été mise au jour dans le sondage 5, ni aucune cavée de récupération.

13 Seuls un trou de poteau et le fond d'une fosse à chaux ont été aperçus dans cette tranchée d'expertise. Ces structures pourraient être liées à la construction de l'église. Malheureusement, l'absence totale de mobilier empêche toute datation précise de cette phase.

14 Le sondage 6, pratiqué au nord-ouest de la chapelle septentrionale accolée à l'église, avait pour but de vérifier si la chapelle n'était pas en partie fondée sur une maçonnerie plus ancienne ayant pu appartenir au prieuré. Aucune maçonnerie n'a été découverte dans ce sondage.

15 Les six sondages réalisés au nord et au sud de l'église de Pontarion ont permis de répondre à certaines questions quant à l'environnement immédiat de l'édifice religieux lors de sa mise en place et après sa construction. Cependant des perturbations et remaniements récents, ainsi que l'exiguïté des sondages empêchent toute affirmation.

16 En ce qui concerne les tranchées d'expertise effectuées au sud, des creusements récents semblent perturber la nécropole qui se trouvait de ce côté-là. La densité des sépultures paraît plus importante au sud-ouest. La présence de deux individus tenant un chapelet dans leur main droite, tradition relativement récente, indique que des inhumations ont été faites au moins jusqu'à la Révolution et peut-être même plus tard.

17 Au nord de l'église, la recherche des bâtiments conventuels du prieuré s'est soldée par un échec. Aucune maçonnerie accolée à l'église n'a été mise au jour. Il est possible cependant qu'une venelle séparait dès l'origine ces bâtiments de l'église. Au nord-est de l'église, sous ces niveaux de circulation, plusieurs structures pourraient avoir appartenu à la phase de construction de l'église. Un niveau charbonneux contenant de petites scories de bronze pourrait en outre témoigner de la proximité d'un four à cloche.

18 On peut donc en conclure que l'église s'établit dans une zone vierge de toute occupation antérieure, sur un terrain peut-être nouvellement défriché pour son installation. L'absence de mobilier archéologique ne permet pas de préciser sa date de construction. Les futures tranchées de réseau ne détruiront vraisemblablement pas de

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vestiges archéologiques d'un intérêt primordial hors de l'emprise des sondages archéologiques d'expertise réalisés ici.

19 (Fig. n°1 : Localisation des sondages archéologiques)

20 Maniquet Christophe

ANNEXES

Fig. n°1 : Localisation des sondages archéologiques

Auteur(s) : D'Agostino (INRAP). Crédits : INRAP (2006)

AUTEURS

CHRISTOPHE MANIQUET INRAP

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La Souterraine – Bridiers

Julien Denis

Date de l'opération : 2006 (EX)

1 Situé à deux kilomètres à l'est de la ville de La Souterraine, le château de Bridiers se compose d'une imposante tour maîtresse et d'une enceinte polygonale flanquée aux angles de petites tours circulaires. Cependant, si la vicomté de Bridiers est attestée dès le XIes., le château lui-même n'est pas antérieur à la fin du XIVes. ou au début du XVes. Il s'agit apparemment d'un château « neuf », construit ex nihilo à 800 m à l'ouest de l'ancien site castral. Cet ancien site est un ensemble de mottes castrales et de remparts construits eux-mêmes en périphérie d'un vicus d'origine antique. La tour maîtresse ayant été récemment restaurée sous la maîtrise d'œuvre de Ph. Villeneuve, architecte en chef des Monuments historiques, la mairie de La Souterraine envisage maintenant une mise en valeur du site. Une étude préliminaire réalisée en 2006 à la demande de la municipalité de La Souterraine et du service régional de l'Archéologie a permis de dégager les lignes directrices des recherches qu'il conviendrait de réaliser avant tout projet de mise en valeur. En effet, malgré les différents travaux menés depuis les années 1960, le château de Bridiers reste encore trop mal connu pour que l'on puisse d'ores et déjà planifier une mise en valeur du site.

2 Le grand donjon circulaire du XVes. - un exemple rare de tour résidentielle du bas Moyen Âge en Limousin -, le tracé de l'enceinte principale et les pans de murs des logis mis au jour lors d'anciennes fouilles sont les seuls vestiges d'un château des XIVes. et XVes. assez mal connu. La partie la plus visible du site est évidemment la tour- résidence circulaire. Elle n'est pas datée, mais a probablement été construite entre la fin du XIVes. et le début du XVes., par des membres de la famille de Naillac. Récemment restaurée, elle donne au château toute son importance. Autour, les courtines, trois tours et un corps de logis ont été dégagés depuis une quinzaine d'années et remaçonnés sous la direction de J.-Ph. Béguin, renforçant a priori l'attrait de l'ensemble, mais l'arrêt de ces travaux, sans mise en valeur planifiée, donne aujourd'hui une impression d'abandon.

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3 L'état du site de Bridiers s'avère donc énormément contrasté : d'un côté une tour restaurée, en bon état de conservation, et de l'autre des vestiges partiellement dégagés, mais consolidés ou même remontés, sans que l'on comprenne pour autant de manière aisée l'organisation du site.

4 Par ailleurs, il n'existe à ce jour aucun plan fiable du château de Bridiers. Certes, on dispose des plans réalisés au XIXes., mais ils sont loin d'être exacts, d'autant plus que l'on a du mal à y discerner les parties imaginées par ces auteurs. Si le plan fourni par J.‑Ph. Béguin dans ses rapports de fouille apparaît nettement plus juste, il est loin d'être complet et ne couvre pas, hélas, la totalité du site.

5 Avant toute valorisation, il apparaît donc nécessaire de procéder à l'acquisition de données supplémentaires. Il conviendrait ainsi de réaliser en préliminaire différentes recherches afin de lever une grande part des incertitudes. Ces recherches à mener devraient idéalement comprendre :

6 - une étude historique de la vicomté de Bridiers ;

7 - la réalisation d'un plan topographique complet du site et de ses abords ;

8 - des sondages archéologiques complémentaires ;

9 - une étude archéologique du bâti.

10 Chacune de ses étapes devrait également s'attacher à fournir des éléments et des matériaux directement utilisables dans le cadre d'une mise en valeur.

11 DENIS Julien

AUTEURS

JULIEN DENIS HADES

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Saint-Étienne-de-Fursac – Église Saint-Jean-de-Paulhac

Christophe Maniquet

Identifiant de l'opération archéologique : 2644

Date de l'opération : 2006 (EX)

1 L'église Saint-Jean-Baptiste de Paulhac est construite sur une hauteur, dans un contexte géographique vallonné. Classée Monument historique depuis 1938, elle fait l'objet depuis plusieurs années d'un programme de restauration. C'est dans ce cadre qu'en mars 2000 une opération de diagnostic archéologique avait été réalisée sur les flancs nord et sud du bâtiment. Les neuf sondages pratiqués alors avaient permis de vérifier l'état des fondations des murs de l'église et de mettre en lumière l'homogénéité de la construction.

2 La CRMH du Limousin envisageait alors de réaliser un assainissement le long du mur gouttereau nord de l'église, avec une évacuation des eaux pluviales bordant le mur oriental du chevet et la chapelle Saint-Fiacre, vers le sud. En effet, le mur nord de l'église semble souffrir de façon importante de l'humidité. La moisissure verte qui le recouvre intérieurement favorise en outre la dégradation des exceptionnelles fresques templières encore en place sur les murs gouttereaux, le chevet et les voûtes. Dans le cadre de ce projet et suite aux données obtenues en 2000, il a semblé nécessaire de pratiquer une nouvelle expertise archéologique afin de déterminer la présence ou l'absence des fondations des bâtiments de la commanderie accolés à l'église et, le cas échéant, de déterminer leur profondeur d'apparition. En effet, les tranchées du futur drain, bien que d'ampleur réduite, risquaient d'endommager les vestiges enfouis peu profondément et de rompre définitivement les relations entre les niveaux archéologiques encore en place et les fondations de l'église. Le lieu de Paulhac semble avoir abrité dès le VIIes. un atelier monétaire. Il est ensuite attesté comme siège de commanderie templière depuis 1248 au moins. De l'ensemble des bâtiments de la

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commanderie, qui formaient une sorte de « périmètre monastique », seules subsistent l'église, construction datée du XIIIes., et la chapelle Saint-Fiacre.

3 La commanderie en elle-même se développait en plusieurs corps de bâtiments, au nord de l'église, et peut-être vers l'est. Les descriptions du XVIIes. évoquent le « château » de la commanderie, constitué de bâtiments disposés autour d'une cour, avec grosse tour et tour ronde, doublés vers l'extérieur d'une seconde « grande basse-cour » sur laquelle s'ouvraient les bâtiments destinés au stockage des redevances.

4 L'ensemble était entouré de « murailles » et accessible par un porche monumental. Les parcelles autour de l'église sont actuellement utilisées en jardin et recèlent les substructions des bâtiments hospitaliers, voire templiers. Achetés comme biens nationaux, les bâtiments de la commanderie furent pour les trois ailes de service, démolies dans les années 1825-1830. L'église aussi fut condamnée à la démolition.

5 Sous la terrasse du terrain privé jouxtant l'église au nord, un petit escalier permet de descendre dans une petite cave pourvue d'une voûte romane reposant sur un pilier central. Cette salle souterraine a très vraisemblablement servi de cave ou de crypte sous les bâtiments de la commanderie et est restée en usage jusqu'à aujourd'hui.

6 Du 18 au 20 janvier, cinq sondages ont été réalisés à l'aide d'une mini-pelle dans le jardin de la propriété privée. Trois d'entre eux ont été creusés en limite sud de la parcelle BI 119, le long du mur nord de l'église et les deux autres en bordure occidentale de la parcelle BI 126, longeant les chevets de l'église et de la chapelle. Les cinq sondages ont été répartis entre ceux réalisés en 2000 qui avaient perforé tous les niveaux archéologiques.

7 Les sondages au nord de l'église ont permis la découverte de trois maçonneries appartenant sans doute aux bâtiments de la commanderie. Un petit caniveau constitué de pierres taillées traversait en outre, de part en part, un mur mis au jour près de l'angle nord-est de l'édifice religieux. Les sondages réalisés à l'est ont principalement autorisé l'observation des fondations de l'église et de la chapelle Saint-Fiacre et la stratigraphie environnante. Enfin, divers creusements n'ont pas pu être correctement interprétés… Ainsi, plusieurs maçonneries ont été dégagées dans les sondages septentrionaux. L'une d'entre elles mesure 1,60 m de large, ce qui témoigne d'une superstructure initiale conséquente. Les murs du sondage nord-ouest pourraient correspondre à deux édifices accolés, le premier s'ouvrant vers la rue et l'extérieur et le second donnant sur la cour interne. Le cas échéant, d'autres fondations sont à rechercher à l'ouest et à l'est.

8 Si l'on s'attarde sur l'architecture de l'église, on constate la présence de corbeaux échancrés en hauteur, un peu en dessous de la toiture. Ce type de corbeaux se retrouve en général dans les galeries de cloître, à l'endroit où la toiture en appentis prend appui contre l'édifice religieux. Deux autres « étages » de corbeaux (non échancrés ceux-là) semblent correspondre aux différents niveaux de la galerie ouverte sur la cour interne. Ceci aurait tendance à indiquer que l'édifice occidental de la commanderie prenait appui contre la première travée de l'édifice et qu'une haute galerie pouvait courir le long du mur nord de l'église et permettre d'accéder à l'intérieur de celle-ci par une porte existant encore au deuxième étage ou aux bâtiments de la commanderie situés à l'est. Une porte bouchée voûtée en plein cintre, visible sur le mur nord de l'église en dessous du clocher, permettait sans doute la communication avec le deuxième étage du bâtiment occidental.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 100

9 Au nord-est de l'église, l'un des sondages a révélé la présence de deux autres murs et d'un caniveau constitué de dalles de granite et de pierres taillées. Ces murs ont pu appartenir aux bâtiments orientaux de la commanderie. Deux départs d'arcs appartenant chacun à une porte disparue sont visibles sur le contrefort d'angle. L'une permettait l'entrée dans la commanderie depuis l'est, l'autre de pénétrer directement dans l'église. On peut imaginer qu'à l'ouest, le caniveau récupérait les eaux de pluie provenant des toitures des différents bâtiments, peut-être en périphérie de la cour interne, et les rejetait vers l'est, au point topographiquement le plus bas, après avoir traversé le bâtiment ou les murs orientaux de l'ensemble religieux.

10 En ce qui concerne les différentes phases d'occupation au nord de l'église, elles semblent être au nombre de trois mais vraisemblablement toutes contemporaines ou postérieures à l'édification de l'église. Le premier niveau de circulation repose directement sur le substrat décapé. Il est percé de trous de poteaux au remplissage charbonneux et porte ponctuellement des traces de rubéfaction. Il reste très difficile à dater en l'absence de mobilier archéologique, mais scelle nettement la fondation débordante d'un contrefort. La deuxième occupation intervient après un remblaiement partiel du terrain au nord. Elle est matérialisée par des niveaux de terre battue. Il n'est pas certain que tous les bâtiments de la commanderie soient édifiés à ce moment-là. On peut imaginer qu'une galerie de circulation pouvait longer l'église sur toute sa longueur.

11 Enfin, la dernière occupation était constituée d'un niveau empierré, dégagé à faible profondeur, interprété comme le sol d'une cour récente. Le cas échéant, il est probable que ce niveau reposant sur l'empattement de fondation de l'église a pris la place des niveaux antérieurs qui ont pu fonctionner avec les fondations mises au jour.

12 Pour ce qui est de l'espace se développant à l'est de l'église et de la chapelle, aucune maçonnerie n'a été mise en évidence. Cet espace était susceptible de renfermer une partie du cimetière (quelques sépultures avaient été aperçues en 2000 au sud de l'église). Or, la fonction des creusements observés n'a pu être établie. On notera cependant la rareté extrême des ossements dans les divers remblais et l'absence complète de squelette en connexion. L'utilisation de la parcelle 126 comme cimetière peut dès lors être mise en doute mais pas totalement exclue. Seules des recherches complémentaires permettraient de vérifier cette hypothèse.

13 On se rend compte que de telles opérations archéologiques, bien que restreintes, apportent une quantité de données assez inattendue. Il serait utile qu'elles soient suivies d'interventions plus importantes qui ne réduisent pas le champ de vision et la compréhension des vestiges archéologiques à de simples fenêtres ouvertes dans le sol mais qui permettent au contraire une perception d'ensemble plus cohérente.

14 (Fig. n°1 : Localisation)

15 MANIQUET Christophe

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 101

ANNEXES

Fig. n°1 : Localisation

INRAP (2006)

AUTEURS

CHRISTOPHE MANIQUET INRAP

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Aubusson, Néoux, Moutier-Rozelle, Saint-Alpinien, Saint-Pardoux-le- Neuf

Gilles Le Hello

Identifiant de l'opération archéologique : 2662

Date de l'opération : 2006 (PI)

1 Le temps fort de l'année 2006 aura été le sondage sur le site du Pauquet à Moutier- Rozeille, site daté du Néolithique moyen et d'une grande homogénéité.

2 Deux autres thèmes déjà traités au coup par coup lors des années précédentes ont fait l'objet de recherches plus étendues : les mottes castrales et la frontière naturelle gauloise présumée entre Arvernes et Lémovices sur notre secteur de prospection, prolongée vers le sud-est.

3 Les mottes castrales

4 Deux nouveaux emplacements ont pu être repérés : le premier au hameau du Martineix dans la commune de Moutier-Rozeille où la motte constitue la sœur jumelle de celle signalée en 2005. Elle encadre un itinéraire ancien nord-sud et verrouille, avec trois autres déjà signalées, deux passages dans les gorges de la rivière Rozeille, rive droite et rive gauche. Le second se situe sur un cheminement antique également nord-sud de Felletin à Bellegarde-en-Marche, à l'est du village du Quioudeneix, dans la commune de Néoux.

5 Le manque d'archives ne nous permet malheureusement pas d'en savoir plus à leur sujet.

6 La frontière gauloise

7 Nous avons repris les recherches effectuées en 2005 sur les quatre communes de Saint- Avit-de-Tardes, Néoux, Saint-Pardoux-le-Neuf et Saint-Alpinien en les étendant

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de 20 km vers le sud-est, aux sources des rivières Rozeille et Tardes, sur la ligne de partage des eaux.

8 Enfin, nous avons terminé la reconnaissance de la voie gallo-romaine secondaire de Néoux à Aubusson dans les communes de Saint-Pardoux-le-Neuf et Aubusson.

9 Le Hello Gilles

AUTEURS

GILLES LE HELLO Bénévole

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Bonnat, Linard, Le Bourg-d'Hem

Christine Serre

Identifiant de l'opération archéologique : 2663

Date de l'opération : 2006 (PR)

1 Au cours de l'année 2005, le village de Nioux, qui se trouve sur la commune de Linard, avait dévoilé des indices d'habitat gallo-romain et médiéval. Une villa a été à peu près localisée et prospectée. De nombreux tessons de poteries médiévales ont été découverts, ainsi que quelques poterie antiques. Le site a donc clairement été réutilisé au Moyen Âge. À l'emplacement d'une parcelle appelée « les Fours » ont été découverts des morceaux de métal fondu. Au niveau d'une parcelle appelée « le Soudrin », la découverte d'un souterrain est signalée au XIXes., contenant des poteries. Ce terrain a été minutieusement prospecté après les labours. Seul un petit morceau de poterie décoré avec des plumes d'oiseau a été retrouvé. Les habitants de Nioux parlent encore de la route pavée qui traversait leur village et la légende veut que Nioux ait été un véritable bourg. Toujours sur Linard, deux fiches inédites ont été établies dont l'une concerne un silex taillé trouvé au cours de la prospection.

2 Concernant la commune de Bonnat, il n'a pas été possible de retrouver l'emplacement exact de la nécropole gallo-romaine de Coussa : aux dires du propriétaire du terrain, celle-ci a été détruite lors de l'extraction d'uranium sur le site. Un coffre a cependant été sauvegardé et se trouve dans le bourg. Dans ce même village, des murs d'une villa ont nettement été repérés dans une pâture. Cette dernière est longée par une voie empierrée où des maçonneries sont visibles. Seules des observations effectuées au moment d'une nouvelle mise en pâture permettraient de compléter le plan de cet habitat.

3 SERRE Christine

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AUTEURS

CHRISTINE SERRE Bénévole

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Sous-Parsat

Jean Lelache

Identifiant de l'opération archéologique : 2664

Date de l'opération : 2006 (PR)

1 Pour la première année de prospection, nous nous sommes fixé trois axes de travail :

2 - analyser les fiches précédemment établies et éventuellement les améliorer ;

3 - définir une méthodologie de travail (enquête orale, étude des éléments de toponymie disponibles, analyse des photos aériennes de l'IGN, aborder la géomorphologie de la commune et de ses environs immédiats et constituer une base de données, etc.) ;

4 - commencer la prospection de terrain – en profitant des travaux agricoles donnant très temporairementune vision du mobilier de surface – en relation avec les personnes représentant la « mémoire » locale.

5 Cela nous a permis d'apprécier la richesse historique que nous apporté la présence de la voie romaine et, l'un étant sans doute relié à l'autre, la présence de la forêt de Pognat.

6 Cela nous a aussi permis de constater que si « Château Bourcy » faisait autrefois partie de la paroisse de Sous-Parsat, il était maintenant sur la commune d'Ahun et qu'il était utile de s'informer sur les zones de voisinage immédiat.

7 Pour cette année, quatre fiches peuvent être proposées sur des points qui sortent, par leur fiabilité, de l'ensemble des observations ponctuelles faites : cippe funéraire de la Gardanèche, hache et outils en silex (du Grand-Pressigny ?) de Pognat, cloche du XVIes. de l'église de Mareilles, moulin de Sous-Parsat.

8 Pour l'année prochaine, outre la forêt de Pognat, nous continuerons également à étudier les microtoponymes qui posent parfois question : les Palisses, Blaudeix, Vivier, Ramerouge, Le Pré Rouge, Les Bussières, Château Milan, Château Mory...

9 LELACHE Jean

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AUTEURS

JEAN LELACHE Bénévole

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87 – Haute-Vienne

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Flavignac – Abords de l’église

Jean-François Boyer

Identifiant de l'opération archéologique : 2690

Date de l'opération : 2006 (SD)

1 Dans le cadre de la mise en valeur de l'église, il a été nécessaire de mettre en place des drains au droit du clocher, du mur pignon ouest et du mur nord de la première travée de la nef. En préalable à l'établissement des tranchées, ont été réalisés deux sondages de 1 m x 2 m au pied du pignon ouest, au devant d'une porte armoriée murée datable de la fin du XVes.,d'une part, et au pied du mur nord de la première travée, d'autre part. La confrontation des informations et éléments recueillis en 2006 avec les résultats des fouilles réalisées en 2001 à l'intérieur du clocher tour datable du XVIes. (BSR 2001 : 49-50) a permis de préciser les interprétations de 2001 et d'améliorer la connaissance de l'occupation ancienne aux abords de cette église, en particulier avant sa reconstruction sous une forme considérablement agrandie au XVes.

Une aire artisanale de l'Antiquité ou du début du Moyen Âge

2 Dans le sondage situé au pied du mur nord a été découverte une fosse d'environ 0,70 m de diamètre et 0,50 m de profondeur, creusée dans le substrat géologique. Ses parois sont rubéfiées sur une épaisseur de deux à trois centimètres. Elle était soigneusement bouchée avec des pierres assez usées. Une deuxième fosse du même type semblait également apparaître à proximité dans la stratigraphie. Cette ou ces fosses rubéfiée(s) de faible profondeur peuvent correspondre à une activité artisanale. L'engagement de ces structures sous le mur nord de l'église et la rareté du mobilier, paraissant cependant de tradition antique, conduisent à être réservé sur leur datation et leur destination, mais ces fosses pourraient cependant être mises en relation avec la structure interprétée comme une structure de chauffe dans la fouille du clocher de 2001 : ces structures distantes d'environ 8 m se trouvent en effet sensiblement à la

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même profondeur. En chronologie relative, la zone rubéfiée découverte en 2001 avait été placée après le creusement de silos datables des IXes. et Xes. La relecture des relevés en plan et en coupe des fouilles de 2001 conduit à corriger une erreur d'interprétation : il semble en fait que les silos avaient entamé la couche rubéfiée qui lui serait donc antérieure. Ces structures rubéfiées, correspondant sans doute à une activité artisanale, pourraient donc être antérieures aux IXes. et Xes.

Une aire d'ensilage des environs de l'an mil

3 Dans le sondage situé au pied du pignon ouest, ont été dégagés deux silos ovoïdes comblés par un remblai argilosableux grisâtre incluant quelques lentilles d'argile jaune. Le silo du nord contenait en outre des dalles de micaschiste ayant pu servir à son obturation. Ces comblements ne contenaient pas de tesson. Ces silos n'ont pas pu être entièrement vidés, car ils sont tous les deux pris dans la coupe. Ils ont été creusés dans le sol géologique formé d'une roche cristalline en voie d'arénisation sur laquelle repose directement une couche assez tassée d'une quinzaine de centimètres formée de pierres, généralement de petits moellons de granit ou gneiss plus ou moins cubiques, de briques et tuiles dont de nombreuses tuiles à rebord. Elle contenait un mobilier peu abondant, mais assez homogène de céramiques à pâte orangée ou grise à engobe brune et décor de guillochis. Ce mobilier est datable des IIes. et IIIes. À titre d'hypothèse, on peut envisager qu'il s'agit de gravats gallo-romains qui semblent avoir été épandus sur un espace préalablement décaissé et aplani dans le but d'établir un niveau de circulation. En effet, ces éléments totalement déstructurés peuvent provenir de la démolition d'un bâtiment proche. Cette couche, relativement tassée, a été nettement percée pour réaliser des silos. Avec les fouilles de 2001, ce sont donc quatre silos au moins qui ont été retrouvés sur une surface très réduite. Un silo entièrement fouillé en 2001 a livré des céramiques à décors à la molette datables des IXes. aux XIes., datation que l'on peut proposer à titre d'hypothèse pour ces deux nouveaux silos. De petits lambeaux de cette couche de gravats avaient été repérés en 2001 dans le clocher mais diverses fosses et les tombes du cimetière ultérieur avaient rendu leur interprétation malaisée. On pourrait donc se trouver en présence d'une aire d'ensilage établie sur une sorte de plate-forme assez soigneusement aménagée à l'aide de gravats provenant peut-être d'une ruine gallo-romaine proche.

Un fossé, indice d'un ancien enclos ecclésial ?

4 L'essentiel de l'emprise du sondage au pied du mur nord de la nef est occupé par un fossé de direction est-ouest, donc sensiblement parallèle à l'édifice actuel. Ce fossé a pu être fouillé sur environ 1 m de profondeur : il est probable qu'il manque sa partie supérieure, détruite par l'abaissement des niveaux des terrains adjacents à l'église à la fin du XIXes. ; il est certain que le fond n'a pas été atteint en raison de l'exiguïté du sondage. Le comblement de ce fossé est très hétérogène ; il inclut dans une terre noire peu tassée de nombreux moellons de tailles variables (micaschistes, gneiss et granits) y compris une pierre de taille parallélépipédique très bien taillée sur cinq faces correspondant aux modules employés pour les parements des contreforts de l'église. Il est très net que le contrefort séparant la première et la deuxième travée s'est établi en partie sur ce fossé comblé après établissement d'une fondation particulière faite en

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moellons grossiers et couronnée par une épaisse et grande dalle de micaschiste. Le fossé n'était donc plus en activité au moment de l'établissement de ce contrefort, soit au plus tard au milieu du XVes. (datation proposée pour le voûtement de la nef). La présence de ce fossé est totalement inattendue, d'autant plusqu'il est extrêmement proche de l'édifice. Il paraît avoir été comblé en une fois aux XIIes.-XIVes. (d'après les céramiques trouvées dans le comblement), donc avant les travaux de reconstruction et agrandissement de l'église du XVes. De plus, il n'était manifestement plus visible lors de la construction de la travée occidentale de la nef que l'on peut situer vers 1500. Compte tenu de l'étroitesse du sondage (impossible à agrandir vers le nord en raison de la présence de gaines électriques enterrées), il est difficile de préciser la profondeur, la largeur de ce fossé, son profil et sa direction exacte. L'hypothèse d'un ancien enclos ecclésial reste tout de même plausible dans la mesure où l'église était sans doute avant les agrandissements du XVes. beaucoup plus réduite (deux travées et un chœur en abside ?).

5 Il convient de remarquer qu'il n'a été trouvé aucune tombe et aucun ossement humain dans ces deux sondages, contrairement aux découvertes abondantes faites lors des fouilles du clocher en 2001 à quelques mètres seulement et contrairement aux observations faites lors de l'abaissement de la place au sud de l'église à la fin du XIXes. Il apparaît donc que ce cimetière, dont on a proposé qu'il a pu fonctionner entre les XIes. et XIIes. et le début du XVes. (rapport 2001), ne s'étendait pas vers le nord-ouest au-delà de l'axe médian actuel de l'église. Il se pourrait en fait qu'un alignement de pierres repéré dans la fouille de 2001 en ait constitué la limite (reste d'un muret de clôture ?). Il convient de noter également que l'atelier métallurgique qui a succédé pour un temps limité, au XVes., à ce cimetière, butait également contre cette limite. On peut donc se demander si celle-ci n'est pas celle de l'ancienne place publique utilisée, au moins partiellement, comme cimetière et formellement attestée au XIIIes. (platea burgi de Flavinhaco). L'hypothèse d'un atelier métallurgique lié au chantier de reconstruction de l'église au XVes. serait alors recevable, puisqu'il serait ainsi installé sur l'espace public.

6 BOYER Jean-François

AUTEURS

JEAN-FRANÇOIS BOYER Bénévole

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Flavignac – Busseroles

Boris Hollemaert et Patrice Conte

Identifiant de l'opération archéologique : 2760

Date de l'opération : 2006 (DF)

1 Informée par la municipalité de Flavignac d'un effondrement dans une parcelle labourée immédiatement aux abords du hameau de Busseroles, une équipe, en collaboration avec l'association Archéa, a mené une brève intervention de prospection et d'exploration sur la parcelle concernée. Cette opération a permis d'identifier une cavité, très largement remblayée, que certaines caractéristiques architecturales (morphologie des volumes souterrains, techniques de creusement, présence de certains éléments architecturaux, etc.) permettent d'associer à la catégorie des « souterrains ruraux médiévaux ». La cavité, en l'état actuel, se compose d'une salle associée à un segment incomplet de galerie équipée d'un négatif de chambranle de porte en bois. Une amorce de creusement repérée dans la salle laisse supposer une extension de la cavité, aujourd'hui inaccessible. Si le développement actuel du monument n'excède pas plus de quelques mètres, le souterrain originel devait être singulièrement plus vaste. Quelques tessons de poterie de l'époque moderne et médiévale ont été recueillis en prospection à vue dans le labour au-dessus de la cavité. Ces quelques éléments matériels constituent des indices d'une origine au moins médiévale pour le hameau de Busseroles, que renforce également la découverte du souterrain.

2 Grâce à la collaboration des habitants, une autre cavité, située également à proximité du village, mais certainement distincte de la précédente, a également pu être positionnée lors de cette opération de reconnaissance.

3 Hollemaert Boris, Conte Patrice

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AUTEURS

PATRICE CONTE SDA

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Folles – Dolmen des Goudours

Roger Joussaume

Identifiant de l'opération archéologique : 2657

Date de l'opération : 2006 (FP)

1 La campagne de 2006 fut consacrée à la restauration du monument. La fouille complète de toute la surface occupée par le dolmen et son tumulus nous a permis de retrouver les fosses des orthostates enlevés, sauf dans l'entrée du côté est où le substrat granitique avait été attaqué. Il n'était donc pas difficile de restituer la forme et la hauteur sous dalle du monument.

2 Grâce à l'accord de quelques cultivateurs de Lavaud et Montjourde que nous tenons à remercier ici, il fut possible de réunir les dalles nécessaires, transportées ensuite près du dolmen où elles furent mises en forme par Jean-Philippe Béguin, spécialiste en la matière, puis dressées à l'aide d'une grue.

3 Chaque pierre nouvelle dans la construction de la chambre a été marquée par une pastille de laiton, scellée dans la masse et estampillée de la date 2006. Conjointement à cette édification, un cairn circulaire fut construit, suivant les indications de la partie est du tumulus retrouvée, qui maintenait les piliers en place bloqués par l'épais dallage interne. Au-dessus des piliers cassés, dont nous avons conservé les bases (IV à l'ouest et V au nord), nous avons enlevé des murets de pierre sèche. Un espace a été laissé ouvert dans le haut de ce muret au-dessus du pilier V et la dalle de couverture afin de laisser pénétrer la lumière à l'intérieur de l'édifice. Les deux fragments de la dalle de couverture ont alors été posés sur la chambre funéraire.

4 (Fig. n°1 : Le dolmen après restauration)

5 JOUSSAUME Roger

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 115

ANNEXES

Fig. n°1 : Le dolmen après restauration

Auteur(s) : JOUSSAUME, Roger (BEN). Crédits : Joussaume Roger (2006)

AUTEURS

ROGER JOUSSAUME BEN

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Limoges – 2 place Saint-Étienne

Christophe Maniquet

Identifiant de l'opération archéologique : 2630

Date de l'opération : 2006 (EX)

1 Dans le cadre du réaménagement complet de la place Saint-Étienne située au pied et au nord de la cathédrale de Limoges, et afin de mieux définir le projet dans sa partie orientale, deux espaces non bâtis appartenant à la ville de Limoges, au numéro 2 (parcelles AO 71 et 72), ont fait l'objet d'une intervention de diagnostic.

2 Six sondages mécaniques ont donc été effectués sur cette zone, pour permettre d'évaluer au plus tôt les besoins nécessaires à une éventuelle opération de fouille en amont des travaux. L'emprise de la présente intervention se situe immédiatement à l'est et au nord-est du baptistère du haut Moyen Âge, fouillé en 2005 et recouvert momentanément pour sa protection. Les six sondages d'expertise archéologiques réalisés permettent de compléter de façon cohérente les recherches menées dans la cour du musée de l'Évêché en 2004 et sur le baptistère Saint-Jean en 2005.

3 Cinq phases d'occupation distinctes ont pu être individualisées.

Phase 1- période gallo-romaine : IIe s.- IVe s. - une première voie ?

4 La toute première occupation est matérialisée par un ou deux lits de petites pierres reposant directement sur le paléosol. S'agit-il d'une première voie précoce ?

5 Le cas échéant, son orientation reste impossible à définir à partir de simples sondages ponctuels. Le mobilier découvert permettrait de la dater au plus tôt du IIes. et plus vraisemblablement du IIIesiècle de notre ère. Il pourrait également s'agir d'une cour cernant un bâtiment dont un mur et sa tranchée de récupération, ainsi qu'un niveau de sol ont été mis au jour dans le sondage 2B. On notera cependant que ce mur ne suit pas l'orientation du parcellaire romain connu plus à l'ouest. En revanche, le fossé St 102

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semble davantage calqué sur ce parcellaire (bien que son orientation, observée au sein d'un seul sondage, reste à vérifier sur une plus grande longueur). Il pourrait d'ailleurs constituer le fossé latéral oriental de la voie primitive.

Phase 2 - haut Moyen Âge : Ve s.- VIIIe s. - une nouvelle voie

6 Les vestiges précédents ont été recouverts de remblais supportant une nouvelle voie dont l'orientation diffère légèrement de la précédente. Elle est en partie pourvue de grandes dalles de granite de tailles différentes provenant de récupération de bâtiments démantelés (sondages 2B et 3). Elle fera l'objet de recharges successives (4 ou 5) composées de petites pierres jointives usées en surface.

7 Sa datation la rend contemporaine du baptistère qu'elle devait desservir. L'édifice ne s'aligne cependant ni sur le parcellaire antique précoce ni sur celui de la nouvelle voie. Ceci est-il dû à la volonté de l'orienter à l'est ? On peut imaginer que la voie n'était pourvue de grandes dalles qu'à l'approche du baptistère. De même orientation, le mur M 604 pourrait l'avoir limitée à l'ouest. Le cas échéant, et si le dallage constitue une bande médiane de la rue, celle-ci devait mesurer entre 19 m et 20 m de large, ce qui concorde avec les dimensions connues à Augustoritum pour le Haut-Empire.

8 Le fossé St 104 pourrait également posséder la même orientation. En ce qui concerne le rempart du Bas-Empire attendu dans ce secteur, il n'a pas été retrouvé dans les sondages d'expertise. On peut cependant supposer qu'il pouvait longer à l'est la voie mise au jour ici. Si c'est le cas, le rempart du castrum peut être repoussé vers l'est et passer au niveau de la parcelle AO 75. Il pourrait peut-être être atteint en limite orientale de l'emprise concernée par cette intervention archéologique. Nous verrons cependant que l'emplacement de ce rempart présumé a pu laisser la place à un fossé aux alentours du Xes.

Phase 3 : IXe s.-Xe s. - une aire d'ensilage

9 À partir du IXes., l'espace est occupé par des silos à grains, généralement assez riches en mobilier céramique. La voie de la phase précédente est abandonnée et le terrain surélevé par apport de remblais. Certains silos percent le dallage, d'autres les bas-côtés de la voie. Ils fonctionnent avec des niveaux d'occupation qui ont été mis en évidence dans les différents sondages. Ces silos témoignent de l'absence de constructions à cette époque dans cette zone.

Phase 4 : XIe s.-XIVe s. - un fossé défensif ?

10 C'est vraisemblablement au cours de cette phase, ou bien juste après, qu'un vaste fossé est creusé et cerne la partie sommitale du Puy Saint-Étienne (en reprenant partiellement ou intégralement le tracé du rempart du Bas-Empire ?). C'est probablement dans le comblement de ce fossé profond de plus de 3 m (par rapport au sol actuel) qu'ont été creusés le sondage d'expertise 2B et celui réalisé par Jean‑Pierre Loustaud dans les années 1980.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 118

11 L'occupation de la fin du Moyen Âge est difficile à cerner. Seules quelques structures ponctuelles semblent représenter cette période. Il s'agit tout d'abord d'une fosse dégagée dans le sondage 5, qui a livré un abondant mobilier céramique du XIIIe s. ou du début du XIVes. Toujours dans ce même sondage, les structures St 502 et 503 dégagées au fond d'une vaste excavation superficielle (St 505, profonde de seulement 1,40 m) ont livré un mobilier céramique attribuable à une période comprise entre le XIIIes.et le XVes.

12 La vision trop exiguë des grandes structures St 502, 503 et 505 au sein du sondage 5 rend la compréhension ardue. On pourrait supposer que l'on se trouve ici au niveau du fossé médiéval, mais il serait dans ce cas-là moins profond que dans le sondage 2B. Ne peut-on dès lors penser à une sorte de plateforme, moins profonde au niveau de St 505, traversant le fossé et au niveau des structures St 501 et St 503, des structures destinées à supporter un ponton de bois.

13 Ceci ressemblerait dès lors à ce qui a été mis au jour en 2004 le long de la rue de la Cathédrale. Le mobilier découvert correspondrait à l'abandon de ce fossé, au plus tôt dans le courant du XIIIes. On sait, en effet, que c'est à cette période que l'enceinte cernant la Cité va être agrandie.

14 Dans le sondage 1, on a pu observer l'aménagement d'un espace excavé peu profondément dans les niveaux antérieurs, et pourvu d'un sol d'arène rapportée associé à un petit foyer (St 103) construit à l'aide de fragments de tuiles. Le niveau de destruction associé à cette occupation s'est révélé très riche en mobilier; la céramique apporte une datation du XIIIes. et du XIVes., voire du XVes.

Phase 5 : XVe s.- XIXe s. - les maisons canoniales

15 Il semble que les bâtiments qui constituent la « Maison de Foucaud » aient à l'origine été des maisons canoniales. Ces dernières semblent avoir été bâties à partir du XVes. et détruites en 1853. Elles ont alors laissé place à deux nouveaux bâtiments (visibles sur le cadastre récent) qui ont été détruits depuis peu.

16 Plusieurs maçonneries mises au jour dans les sondages peuvent être rattachées à ces divers édifices bien qu'ils n'apparaissent pas tous sur les plans anciens.

17 Comme on peut le constater, ce diagnostic a permis de mieux replacer le baptistère dans son contexte et de mieux comprendre l'évolution du quartier de la Cité. On se rend compte en effet que les phases d'occupation identifiées lors de cette intervention sont très similaires à celles déduites de la fouille menée dans la cour du musée municipal de l'Évêché, de l'autre côté de la cathédrale. Une fouille extensive de la surface sondée paraît nécessaire pour vérifier les diverses hypothèses et interprétations.

18 MANIQUET Christophe

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 119

AUTEURS

CHRISTOPHE MANIQUET INRAP

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Limoges – Rue de Maupas

Christophe Maniquet

Identifiant de l'opération archéologique : 2398

Date de l'opération : 2006 (EX)

1 La volonté de construire un nouvel immeuble d'habitation à l'emplacement de deux espaces non bâtis appartenant à la ville de Limoges, aux numéros 4 à 8 de la rue du Maupas (parcelles EN 117, 119, 195), a donné lieu à une intervention de reconnaissance archéologique préalable. Sept sondages archéologiques ont donc été effectués sur l'emprise du projet, pour permettre d'évaluer au plus tôt la nature des vestiges éventuels.

2 Le projet de construction était bien défini au moment de l'intervention archéologique. Les parcelles concernées étaient composées en fait de deux terrains contigus. Le terrain au nord, de forme trapézoïdale, enherbe, était à 1,20 m en contre-haut du terrain situé au sud, de forme rectangulaire, qui, lui, était goudronné et servait de parking de surface. Un immeuble d'habitation sera implanté à cet emplacement. Il sera composé de deux corps de bâtiment, l'un donnant à l'ouest sur la rue du Maupas, l'autre au sud sur la future allée Yves Montand le séparant du CNASEA.

3 La zone d'intervention se situe hors des deux pôles urbains médiévaux, au nord de la cité intégrant le palais épiscopal primitif, et à l'est du Château, à équidistance des deux, vraisemblablement près d'un itinéraire (qui menait à la cité et permettait d'y pénétrer par le nord) installé sur l'interfluve entre le ruisseau d'Enjoumar à l'ouest et le ruisseau d'Aigueperse à l'est.

4 Trois opérations de fouille archéologique ont porté sur le quartier du Maupas en 1995, 2000 et 2001. Elles ont permis de mieux comprendre l'évolution de ce secteur au cours de temps. La fouille de 1995, bien que d'emprise réduite (500 m²), s'est révélée beaucoup plus riche en vestiges, médiévaux en particulier, que les deux suivantes. La première grande période attestée est le haut Moyen Age matérialisé par une quarantaine de structures, dont au moins quinze silos, des trous de piquets, et un puits. Le secteur semble peu densément occupé par la suite, durant le bas Moyen Âge.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 121

En 2000, la première occupation reconnue se matérialise par de vastes creusements dans le substrat interprétés comme des carrières d'extraction. La deuxième phase se concrétise par un chemin orienté nord-sud inconnu sur les plans anciens du secteur. Au sud de cet axe, creusée dans une remontée du substrat, une batterie de silos (?), ainsi que deux autres zones composées de structures analogues, au centre et au nord-est du chantier. Le mobilier archéologique permet de proposer une fourchette chronologique entre le IXes. et le XIes., confirmée par une datation au 14C. L'opération de 2001 concernait l'emprise du siège administratif du CNASEA.

5 Le décapage a mis en évidence un arasement très important des structures et une absence totale de niveaux de circulation. L'occupation s'étale depuis le Ves. jusqu'au XIXes., avec des structures excavées (carrières, fosses, silos (?), fossés) pour les périodes datées de la fin de l'Antiquité et de l'époque médiévale, voire celle des Temps Modernes, et des fondations de bâtis très arasés pour les périodes moderne et contemporaine. On notera la présence d'un ensemble sépulcral de treize sépultures, hors de toute zone funéraire connue et attestée. Un four de porcelaine a également été mis au jour.

6 Le choix a été fait de pratiquer sept sondages sur l'ensemble de la zone d'intervention (parcelles EN 117, 119 et 195). Étant donné la superposition de plusieurs épais remblais de diverses périodes dans cette zone, tous ces sondages ont dû être creusés très profondément pour atteindre le substrat, entre 3,40 m et 4,20 m. Au total, sur les 954 m² à sonder, trois maçonneries et une structure de brique ont pu être mises en évidence, appartenant vraisemblablement aux périodes des Temps Modernes et/ou contemporaine. Les sept sondages réalisés n'ont laissé apparaître que des aménagements contemporains en surface accompagnés d'un remblai épais de 0,60 m à 1 m riche en déchets de porcelainier observé sur toute l'emprise. Ce remblai semblait reposer ponctuellement sur des niveaux de circulation rubéfiés qui pourraient avoir fonctionné avec un atelier de porcelainier. La grande usine Tharaud se trouvait à peu de distance vers l'est. Les déchets importants de cette industrie ont pu, comme en de nombreux endroits à Limoges, être épandus sur les terrains environnants afin de les niveler. Ceci permettait sans doute le recyclage de ces rebuts. La période d'épandage de cette couche reste difficile à déterminer. Correspond-elle à l'abandon de l'usine elle- même, après 1851 ? Ceci paraît peu vraisemblable car les maçonneries des bâtiments visibles sur le plan Grignard semblent postérieures à la couche de remblai. L'espace de fabrication de porcelaine s'est peut-être déplacé vers l'est avant 1851. On notera cependant qu'aucun four n'a été découvert sur la zone de diagnostic mais la présence de niveaux de cendre ou de circulation fortement rubéfiés pourrait indiquer leur présence entre les sondages archéologiques. Seul un décapage de l'ensemble de l'emprise sur 1 m de profondeur permettrait de mieux étudier cette activité porcelainière.

7 Les trois maçonneries mises au jour semblent dater de la période contemporaine. Les plans de 1785 et 1680 montrent en effet une parcelle vierge de construction. Il est difficile cependant en l'état actuel des découvertes, de savoir à quels types de construction ces murs appartenaient. Seul le mur mis au jour dans le sondage 5 témoigne de l'existence de bâtiments sur caves le long de la rue du Maupas, détruits récemment.

8 Les périodes médiévale et antique ne sont représentées par aucune structure. Seuls des remblais ou niveaux pourraient être rattachés à ces périodes. Cependant, ces derniers,

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quasiment stériles en mobilier, sont demeurés indatables. Seuls des fragments usés de tuiles de tradition gallo-romaine sont issus des niveaux inférieurs des sondages 1, 2, 3, 5 et 6. Ils ont été découverts soit à la base de la couche de « terre noire », soit dans le niveau situé sous celle-ci et reposant sur le substrat. Ce dernier niveau mêlant sédiment brun et arène paraissait ponctuellement déposé ou remanié par l'eau, en particulier dans les sondages 2 et 5 les plus au sud-ouest.

9 Nous avons vu que le substrat a été atteint sur l'ensemble de la parcelle à une profondeur comprise entre 3,40 m et 4,20 m. Ceci a permis de percevoir la topographie du substrat en l'associant aux données recueillies sur l'opération de fouille de 2001. On s'aperçoit que la surface du substrat ne suit pas la pente homogène vers le sud du terrain actuel. Vers l'est, le pendage est compensé aujourd'hui par l'aménagement de terrasses. Une dépression linéaire du substrat, large de plus de 15 m et profonde de 1 m à 2 m, semble prendre une orientation est-ouest et s'évaser vers l'est. Son fond possède un pendage vers l'est. Cette dépression avait déjà été repérée lors de l'intervention de 2001 et l'extrémité d'une mare ou d'un étang avait été identifiée à l'ouest de la fouille de 2000.Ces dépressions pourraient n'en former qu'une seule. Cette énorme structure est-elle naturelle ou anthropique ? La seconde hypothèse paraît la plus vraisemblable. Cependant, difficile d'y voir une structure défensive. On remarquera que la zone d'ensilage fouillée en 1995 se tient sur la partie sommitale du substrat au sud- ouest de cette dépression et ne s'étend vraisemblablement pas au-delà vers l'est. Or, Patrick Massan n'indique pas que les silos sont recoupés par la dépression. On peut donc imaginer qu'au moment du creusement des silos, cette dépression existe déjà, ce que confirmerait la présence de tessons de tuiles gallo-romaines. Elle a donc pu être creusée soit pendant l'Antiquité, en bordure de la ville antique pour extraire l'arène nécessaire aux sols de terre battue ou à la fabrication du mortier. On peut également remarquer que cette dépression semble se développer vers l'ouest, de l'autre côté de la rue du Maupas et au nord de la rue des Tanneries, parallèlement à cette dernière. Or, les ateliers de tannerie, généralement rejetés en dehors des centres urbains, ont besoin d'eau courante à proximité immédiate. Cette eau est nécessaire en particulier pour le rinçage des peaux. Or, les tanneries, dont la trace est conservée dans le nom de la ruelle, sont situées entre le ruisseau d'Enjoumar et d'Aigueperse, mais pas le long de ces cours d'eau. On pourrait dès lors imaginer qu'une sorte de dérivation a été creusée depuis le ruisseau d'Enjoumar pour conduire l'eau dans ce secteur. Cette eau se déversait peut-être ensuite dans l'étang repéré en 2000. Si cette hypothèse devait être retenue, un trop-plein devait exister au niveau de cet étang.

10 On constate ainsi que bien que cette intervention reste limitée dans l'espace, elle apporte des hypothèses quant à l'occupation de ce quartier et complète les informations des fouilles menées depuis 1995. Les hypothèses proposées ici demandent bien sûr à être vérifiées par d'autres interventions archéologiques, en particulier à proximité de la rue des Tanneries.

11 MANIQUET Christophe

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 123

AUTEURS

CHRISTOPHE MANIQUET INRAP

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Limoges – Crypte Saint-Martial

Julien Denis

Identifiant de l'opération archéologique : 2710

Date de l'opération : 2006 (PI)

1 La crypte archéologique de la place de la République abrite les vestiges d'une partie de l'ancienne abbaye Saint-Martial. Ces vestiges (sépulcre de saint Martial, Saint-Pierre- du-Sépulcre et la chapelle Saint-Benoît) sont le résultat de plusieurs campagnes de fouilles menées de 1960 à 1974 dans des conditions très diverses. Plus de quarante ans après la découverte du sépulcre et des édifices attenants, il est apparu opportun à la direction régionale des Affaires culturelles (service régional de l'Archéologie) de procéder à une relecture archéologique et stratigraphique de l'ensemble des données disponibles.

2 La première tranche de travaux, menée en 2006, a consisté en la réalisation d'un nouveau plan masse des vestiges de la crypte et en un inventaire des documents et archives des anciennes campagnes de fouilles réalisées de 1960 à 1974. Durant cette période, une quantité importante de documents a, en effet, été générée pour l'enregistrement des données issues de la fouille. Cette documentation est cependant inégale selon les campagnes de fouilles : en 1960, l'enregistrement des données se fait essentiellement sous la forme de longues descriptions, de quelques croquis et de photographies. À partir de 1963, et surtout en 1966 et 1967, le système d'enregistrement évolue, en intégrant une numérotation des structures (murs, sépultures), et en mettant en place un carroyage pour localiser les différents éléments observés. Enfin, à partir de 1972, avec la reprise en main du chantier par la direction des Antiquités historiques du Limousin, on assiste à la mise en place d'un véritable système d'enregistrement stratigraphique.

3 Le travail d'inventaire a permis de reconnaître plus d'un millier de documents (1 028), parmi lesquels on trouve neuf cent cinq documents distincts. On trouve une grande part de photographies, mais également des plans, des cahiers de fouille ou des fiches d'enregistrement. Les collections sont soit des collections publiques (service régional

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 125

de l'Archéologie, archives municipales de Limoges, musée municipal de l'Évêché), soit des collections privées (essentiellement d'anciens fouilleurs).

4 La documentation recueillie et le plan archéologique n'apportent certes aucun élément réellement nouveau sur l'interprétation des vestiges, mais il s'agissait cependant là d'une étape indispensable à la reprise des études de ce site majeur.

5 (Fig. n°1 : Fouilles de la crypte de Saint-Martial de Limoges. Vue générale de la fouille en décembre 1961 )

6 DENIS Julien HADES

ANNEXES

Fig. n°1 : Fouilles de la crypte de Saint-Martial de Limoges. Vue générale de la fouille en décembre 1961

Auteur(s) : Neyrens, M. (1961)

AUTEURS

JULIEN DENIS HADES

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Limoges – Villa de Brachaud

Jean-Pierre Loustaud

Identifiant de l'opération archéologique : 2712

Date de l'opération : 2006 (SD)

1 De 1974 à 1986, les vestiges gallo-romains de la villa de Brachaud ont fait l'objet d'une fouille programmée qui a abouti au dégagement complet de l'aile thermale, d'une superficie de 500 m² – aujourd'hui présentée au public – et d'une partie du corps de bâtiment réservé à l'habitation. L'effondrement d'un puits avait alors révélé l'existence d'un aqueduc, à une quinzaine de mètres de la façade ouest de la villa, qui pouvait peut- être constituer l'alimentation en eau des bains. Il n'avait, à l'époque, pas pu être exploré, en raison de la densité des arbres.

2 La tempête de 1999 ayant très clairsemé le bois, des sondages ont pu être pratiqués en novembre 2006 pour tenter de retrouver le tracé de cet aqueduc et vérifier s'il avait un lien avec les thermes.

3 Dix sondages ont été réalisés en tenant compte des arbres subsistants. L'aqueduc a été intercepté dans cinq d'entre eux, à une profondeur moyenne de 3,80 m. Il est creusé à 12 m de la façade ouest de la villa et son tracé est sensiblement parallèle à elle. Il a une forme ovoïde et sa hauteur est de 1,70 m pour une largeur de 0,50 m. À l'exception du premier sondage, il est apparu partout entièrement comblé de sédiments argileux de couleur gris-noir où l'eau sourdait en permanence. Dans ce premier sondage, il présentait des traces de consolidations liées à la très grande friabilité de l'altérite de gneiss arénisé. Deux piédroits en pierres sèches soutenaient deux pièces de bois horizontales étayant la voûte. L'étroitesse du passage subsistant condamnait toute circulation dans l'aqueduc après ces travaux de consolidation. Les possibilités limitées des sondages en bordure du replat, en raison des arbres, n'ont pas permis de retrouver un éventuel raccord en direction des bains.

4 Les sondages 7 et 8 ont démontré que l'aqueduc ne se poursuivait pas dans le talweg sud, mais cependant qu'il était prolongé par un fossé en V profond de 2,60 m, où des sédiments sableux indiquaient une circulation d'eau en direction de l'Aurence.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 127

5 Les sondages complémentaires au nord des vestiges ont permis de circonscrire le développement septentrional de la villa qui se composerait d'un seul corps de bâtiment rectiligne de près de 150 m de longueur.

6 L'alimentation en eau des bains de la villa n'est toujours pas résolue, mais il est cependant probable que l'aqueduc découvert en était la pièce maîtresse et qu'il acheminait les eaux d'une source abondante et toujours active. Il manque la galerie souterraine de raccord permettant l'acheminement de l'eau jusqu'aux abords de l'aile thermale.

7 LOUSTAUD Jean-Pierre

AUTEURS

JEAN-PIERRE LOUSTAUD Bénévole

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Magnac-Laval – Les Tourettes

Christophe Maniquet

Identifiant de l'opération archéologique : 2633

Date de l'opération : 2006 (SD)

1 Le projet de lotissement présenté par la mairie de Magnac-Laval se situe dans une zone où a été partiellement explorée, au XIXes., une structure gallo-romaine identifiée à une villa. C'est la raison pour laquelle une intervention archéologique préalable a été préconisée par le service régional de l'Archéologie et a été menée du 6 au 10 juillet 2006.

2 L'emprise du projet est cernée par l'avenue Victor-Hugo à l'est, la rue Alexandre- Vialatte au sud, la rue de la Croix-Billard à l'ouest et le chemin des Tourettes au nord. Le terrain est occupé par une prairie relativement plane (légèrement inclinée vers le sud-est), sur laquelle les haies parcellaires ont disparu, hormis au sud-ouest, autour de la parcelle E 1880 exclue du projet. Le long de l'avenue Victor-Hugo, une autre parcelle (E 111), toute en longueur, occupée par une maison et son jardin, ne faisait pas non plus partie du projet.

3 La période antique est matérialisée par de nombreuses découvertes sur la commune témoignant d'une occupation conséquente. On signalera en particulier une villa au lieu- dit « Les Tourettes », au nord du bourg, fouillée en 1876 pour en exploiter la pierre. L'abbé Rougerie en a relevé un plan partiel et mentionne un béton de dallage et une grande quantité de tuiles plates. Il est très probable que Magnac-Laval ait constitué à l'époque gallo-romaine une agglomération secondaire de type vicus au croisement d'axes routiers importants, avec des activités artisanales liées à la fabrication de tuiles ou à la métallurgie. Ce vicus semble entouré de plusieurs exploitations agricoles importantes (villæ). D'après l'abbé Rougerie, il pourrait s'agir de l'antique Augustomagus située sur l'itinéraire d'Antonin.

4 Au haut Moyen Âge, ce petit centre urbain sera l'emplacement choisi pour la construction d'un prieuré. Ce dernier est probablement à l'origine de la formation du

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bourg médiéval qui s'enferme dans un rempart et se dote d'un château. L'un comme l'autre ont été détruits.

5 Dix-sept sondages ont été réalisés sur l'emprise du projet. Ils représentent une superficie totale de 736 m², soit 5 % de la totalité (13 506 m²). Ces sondages, parallèles et longs en moyenne de 20 m à 25 m, ont été creusés dans le sens est-ouest et en quinconce. Au total, quarante-six structures ont été enregistrées dans dix sondages et toutes ont livré du mobilier archéologique (fragments de tuiles ou tessons de céramique). Deux zones d'occupation antique ont été mises au jour, respectivement au nord et au sud-est de la zone à diagnostiquer. Elles rassemblent d'assez nombreuses structures en creux et appartiennent à la période gallo-romaine. La zone au sud-est, le long de la rue Alexandre-Vialatte, regroupe des structures en creux associées à quelques scories et à quelques tessons de céramique datables du IIesiècle de notre ère. Malheureusement cette occupation semble se développer principalement, hors emprise, vers le sud. La nature des structures, leur forme et leur remplissage ne renseignent pas sur l'activité menée ici si ce n'est, éventuellement, l'extraction d'arène. Plusieurs fosses pourraient cependant s'apparenter à de gros trous de poteau dont l'organisation n'a pas été perçue faute de temps.

6 L'autre zone d'occupation se concentre dans la partie nord de la zone à sonder, le long du chemin des Tourettes. Elle est là encore représentée par des structures en creux mais également par une vaste excavation dans le substrat dont la fonction n'a pas été définie. Cette excavation semble être creusée et abandonnée à l'époque gallo-romaine et comblée par un remblai riche en matériaux de construction et en tessons de céramique. La fonction de cette excavation n'a pas été clairement établie lors de ce diagnostic. L'hypothèse d'un atelier artisanal semble cependant la plus probable.

7 Dans un premier temps, le substrat paraît percé de nombreuses fosses circulaires de 1 m à 2,50 m de diamètre. Là encore, la raison d'être de ces creusements n'a pas été établie. S'agit-il d'extraction d'arène ? Ceci est possible, mais pourquoi dans ce cas les creusements sont-ils si réguliers ? C'est visiblement postérieurement au comblement de ces fosses à l'aide de sédiment intégrant de l'arène remaniée peu riche en mobilier que la vaste excavation semble être ouverte dans le terrain géologique, entaillant dans le même temps la partie supérieure des fosses circulaires. Les limites de cette excavation n’ont pu être observées par manque de temps. Ses dimensions pourraient néanmoins dépasser 12 m sur 8 m. Au fond de cette excavation, deux niveaux de circulation successifs à base d'arène rapportée et damée ont été aménagés supportant chacun un niveau d'occupation rubéfié ou charbonneux. Les parois de cette excavation étaient-elles simplement taillées dans l'arène ou bien doublées de murets qui auraient été récupérés ? À l'extrémité sud du sondage 5, plusieurs blocs de « terre cuite » s'apparentaient à de l'adobe. Au final, cette excavation sera abandonnée puis remblayée à l'aide de matériaux de construction issus de la destruction de bâtiments en pierre comme en témoignent les nombreuses pierres rubéfiées qui en proviennent, accompagnées de nombreux fragments de tuiles et tessons de céramique. En ce qui concerne la datation, elle est difficile à établir. Le mobilier issu du remblai supérieur apporte une datation comprise entre la fin du Iersiècle et le IIIesiècle de notre ère. Or, comme ce remblai semble être rapporté, il ne permet que d'apporter un terminus post- quem quant au comblement de l'excavation, dans le courant du IIIes., tout en signalant la présence d'occupations de la fin du Iers. et du IIes. à proximité.

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8 Pour ce qui est de l'activité pratiquée ici à l'époque gallo-romaine, plusieurs hypothèses peuvent être proposées. Tout d'abord la présence de fragments de tuiles abondants dans tous les sondages pourrait laisser imaginer un atelier proche tourné vers la fabrication des tuiles comme pourrait en témoigner un raté découvert dans le sondage 3. On rappellera la présence d'un lieu-dit « La Tuilerie » au nord, indiquant soit la présence de tuiles dans le terrain, soit celle d'une activité tuilière peu ancienne sur la commune.

9 On rappellera la découverte dans plusieurs des sondages de scories s'apparentant à la réduction de minerai de fer. Or, aucun four ou bas fourneau, ni aucune zone de rubéfaction intense n'a été mise en évidence. Ces scories sont en général associées à du mobilier céramique plutôt précoce (à pâte grossière modelée de tradition protohistorique). Des lieux-dits au nord-est du bourg sont aujourd'hui dénommés « les Grandes Forges » et « les Petites Forges », sans qu'il soit possible d'établir un lien quelconque avec nos découvertes. On s'orienterait donc vraisemblablement vers un lieu d'activité artisanale.

10 Dans le cadre d'une recherche archéologique approfondie sur cette zone, il paraît important d'étendre la zone de fouille afin d'avoir une bonne compréhension de l'organisation des diverses structures et de comprendre la fonction des fossés mis au jour dans les tranchées d'expertises et de voir s'ils ont un lien direct avec l'excavation du sondage 5 ou bien s'ils cernent la zone d'occupation artisanale… Un décapage mécanique sur une profondeur de 0,60 m à 0,70 m sera nécessaire afin de retirer la terre végétale et le niveau intermédiaire riche en fragment de tuiles et de se poser à la surface du substrat. Cela fera apparaître les structures qui le percent ainsi que les limites de la vaste excavation du sondage 5. Le niveau riche en mobilier qui comble la partie supérieure de l'excavation pourra alors être étudié plus minutieusement, avant d'atteindre, en dessous, les niveaux d'occupation, puis, encore plus bas, les fosses circulaires. Ceci permettra de mieux cerner les datations des différentes phases d'occupation et d'abandon.

11 MANIQUET Christophe

AUTEURS

CHRISTOPHE MANIQUET INRAP

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Peyrat-de-Bellac – Les Epanours

Jean-Michel Beausoleil

Identifiant de l'opération archéologique : 2645

Date de l'opération : 2006 (SU)

1 La création de la déviation au nord et en limite de l'agglomération de Bellac a motivé un important décapage d'environ 3 ha et une fouille sur un site d'habitat du Vesiècle avant notre ère. Implanté au nord, sur le sommet du versant de la vallée de la Gartempe, le site des Epanours est caractérisé par un réseau de fossés perpendiculaires, à profil en V ou en U.

2 L'un d'entre eux (fossé 1), peu profond et rectiligne, a été reconnu sur plus de 280 m de long. Il présente quatre interruptions ménageant des passages ou des entrées. L'étude des différents relevés stratigraphiques et la fouille de cette structure excavée linéaire permettent d'interpréter cette tranchée comme fondation de palissade. De part et d'autre de cette longue tranchée de fondation, qui coupe l'emprise en diagonale et qui délimite l'espace d'un vaste établissement rural, trente-huit structures fossoyées (fosses et trous de poteau) ont été reconnues.

3 Plusieurs zones spécialisées (silos, structure de combustion à vocation artisanale (four), et fosse de stockage d'argile), sont réparties dans les environs immédiats d'un bâtiment sur poteaux de bois (grange ?), de 9,50 m de long sur 5,50 m de large, disposé dans la partie centrale de la fouille et à proximité du fossé 1. Deux grandes fosses-silos ont également livré un important lot céramique attribuable à La Tène A ancienne (480-430 av. J.-C.). Il se caractérise par de la vaisselle non tournée de tradition hallstatienne (céramique d'usage courant) et par la présence de formes céramiques nouvelles de La Tène ancienne.

4 Bien que l'extension totale du site ne soit pas connue, la nature de l'occupation s'apparente aux habitats ruraux ouverts de la période gauloise déjà connus en Centre- Ouest. Les découvertes récentes d'établissements ruraux isolés, enclos de palissades ou par des fossés, en Limousin, sont de nature à faire évoluer nos connaissances sur l'organisation et la structuration des terroirs à l'âge du Fer. Ici, comme dans le milieu

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nord-alpin ou dans le sud-ouest de la France, les établissements de type ferme indigène constituent le mode d'habitat le plus caractéristique de l'âge du Fer.

5 Beausoleil Jean-Michel

AUTEURS

JEAN-MICHEL BEAUSOLEIL INRAP

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Saint-Brice-sur-Vienne – Forêt de la Malaise Sauvetage urgent (2006)

Assumpció Toledo i Mur

1 L’opération archéologique mise en place fin août 2006 sur la déviation et aménagement en 2 x 2 voies de la RN 141, entre Les Séguines et La Barre, a permis d’exhumer une incinération d’époque gallo-romaine.

2 En effet, un vase, en céramique tournée fine, avait été déposé dans une petite fosse dont les dimensions dépassaient de peu les siennes. Il contenait 48 g de débris d’os brûlés, a priori humains. Par comparaison, le vase peut être daté du Ier s. de notre ère. La situation de cette incinération est à mettre en rapport avec la voie antique dont le tracé entre Saint-Junien et Limoges passe un peu plus au nord de la découverte, à la limite communale entre Saint- Brice et Oradour-sur-Glane.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 134

Fig. 1 – Relevé de terrain et prise de vue

Relevé et cliché : J. Antenni-Teillon ; DAO : A. Toledo i Mur (Inrap).

INDEX lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ crtzlfS4gXnfB, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtHv5W3Uex7D, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtlw0vmavSko nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtcJxzOpgs7T chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtxT02uJOogm, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtof7EHNsS2e, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtZTmusVUU24 Année de l’opération : 2006

AUTEURS

ASSUMPCIÓ TOLEDO I MUR Inrap

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Saint-Gence – La Gagnerie

Guy Lintz

Identifiant de l'opération archéologique : 2676

Date de l'opération : 2006 (FP)

1 Depuis le siècle dernier, divers auteurs ont décrit la petite enceinte gauloise de Saint- Gence située à l’ouest du bourg et ont mentionné régulièrement la découverte d’amphores italiques et de céramiques gauloises. En 1998 et 1999, la fouille au lieu-dit le Pâtureau a permis de reconnaître la partie occidentale d’une agglomération gauloise située entre l’enceinte et le bourg. De 2000 à 2002, l'exploration de la parcelle située à l'est du cimetière a mis en évidence la limite est de l'agglomération gauloise. Elle a également attesté la présence de constructions gallo-romaines sur la parcelle. La fouille a aussi révélé plusieurs batteries de silos du haut Moyen Âge avec une occupation qui s'est poursuivie jusqu'au XVIes. ou XVIIes. (voir bilans scientifiques du SRA Limousin des années 1998 à 2002). Depuis 2003, la fouille se poursuit dans la parcelle de la Gagnerie, à l'ouest du cimetière.

Les trous de poteau

2 Les grands trous de poteau bien structurés qui conservent souvent le négatif du poteau appartiennent à des structures laténiennes. Souvent, ils ne sont pas antérieurs à la période augustéenne. En plus de ces structures parfaitement identifiables, de petits creusements mal caractérisés, de petites ou moyennes dimensions, sont également à considérer comme des trous de poteau. Certains, souvent recoupés par divers creusements, datent de phases anciennes. D'autres, qui recoupent généralement d'autres structures, sont indiscutablement plus récents. Beaucoup d'entre eux ne possèdent aucun objet pour les dater, si ce n'est de menus tessons résiduels non tournés. Quelques-uns incluent des fragments de tegulæ, de la céramique romaine ou même une monnaie de Nerva, ce qui date leur obturation, au plus tôt de la période romaine.

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3 (Fig. n°1 : Trous de poteau aux angles du puits 489)

Les puits

4 Comme sur le site du Pâtureau, le nombre de puits est important : dix-neuf actuellement identifiés à la Gagnerie. Treize ont été fouillés intégralement cette année. Certains, commencés les années précédentes, ont pu être vidés en totalité. La datation des comblements a permis de voir que les puits se répartissent sur une longue période et n'ont pas tous fonctionné simultanément. Le comblement des trois plus anciens peut se situer vers la fin du IIes. av. J.-C. Trois autres sont comblés plus tardivement, quelques années avant la Conquête, peut-être lors de la première phase d'abandon de l'agglomération. Le mobilier inclut des amphores Dr. IA tardives et de rares lèvres qui appartiennent plutôt à des formes Dr. IB. Quatre puits (141, 481, 489 et 973) incluent du mobilier augustéen en quantité sans aucun élément plus récent. Leur comblement peut coïncider avec l'abandon de l'agglomération.

5 Les deux derniers datent de l'époque romaine. L'un a probablement fonctionné durant le Haut-Empire puis a été comblé dans le courant du IIIes. L'autre a été creusé après le comblement du précédent et son comblement n'est pas intervenu avant le milieu du IVes. Ces observations permettent une approche typochronologique de ces structures. L'ouverture des plus anciens, de plan carré, possède des dimensions de l'ordre du mètre, sans évasement des parois vers le haut. On ne dispose d'aucune indication sur la margelle qui pouvait être en matériaux périssables.

6 Plus tard, certains puits possèdent un sommet en entonnoir. La partie évasée peut mesurer 3 m de diamètre à l'ouverture sur une profondeur supérieure à 1 m mais qui peut atteindre le double. Un coffrage en bois, probablement prolongé par la margelle, retient la terre utilisée pour combler la partie évasée. Cette technique se retrouve à l'époque augustéenne. Dans le puits 141 par exemple, le cuvelage repose sur un cadre horizontal de poutres encastrées dans la paroi à 1,60 m de profondeur.

7 D'autres fois, seul un décaissement aux parois verticales, peu profond et à fond plat, permet d'asseoir la margelle. Elle est parfois en bois, maintenue par des poteaux d'angle ou en pierres.

8 Le puits du Haut-Empire possède également un plan carré avec une partie supérieure en entonnoir. La fouille n'a fourni aucune information sur le coffrage et la margelle. Le puits du Bas-Empire, de plan circulaire, était bâti sur la plus grande partie de sa hauteur avec des pierres plates incluant des moellons de petit appareil récupérés sur le site. Ce nombre élevé pourrait laisser croire qu'ils avaient une autre utilisation que l'approvisionnement en eau mais la fouille montre que les puits fouillés au Pâtureau comme ceux fouillés intégralement à la Gagnerie ne semblent pas avoir eu d'autre usage.

Les fosses

9 La fouille de nombreuses fosses permet de distinguer deux grandes catégories : de grandes fosses aux parois généralement verticales et des fosses aux dimensions plus modestes. Beaucoup de grandes fosses ne contenaient pas ou peu de mobilier à l'exception de l'une d'elle qui a livré une quinzaine d'amphores plus ou moins

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 137

complètes ainsi que de nombreuses lèvres. Ce dépôt ressemble à celui de la grande fosse fouillée l'an dernier qui en renfermait une quarantaine dont certaines étaient intactes. Le comblement de ces deux fosses date du dernier quart du IIes. av. J.-C. Une autre fosse située en limite sud de l'agglomération diffère de toutes celles étudiées jusqu'à présent, à la fois par sa forme et par son comblement. Presque carrée (longue de 4,72 m ; large de 4,40 m) et peu profonde, elle possède une partie centrale surélevée. Le mobilier recueilli, amphores et gobelets, semble lié au banquet, les gobelets, de grande contenance, étant destinés à un usage collectif.

La voirie

10 Un nouveau sondage ouvert sur la voie nord-sud confirme l'organisation et la chronologie observées les années précédentes. Deux fossés bordaient la chaussée encaissée, large de 5 m. Peu de temps avant son abandon, elle avait fait l'objet d'une recharge de grosses pierres directement déposées sur la chape initiale constituée de petites pierres. Cette année, deux éléments appartenant à la voirie secondaire sont apparus, l'un à l'est de la voie principale, l'autre à l'ouest. Le premier, large seulement de 2,50 m, n'est pas perpendiculaire à la route. Son orientation ne correspond pas aux axes des principales structures. Il n'apparaît que sur 8 m au point de raccordement car, à cet endroit, la chaussée est légèrement encaissée pour rattraper le niveau de circulation de la voie principale. Un aménagement en bois permettait de franchir le fossé est de la voie nord-sud. L'autre, à l'ouest, correspond mieux à une voie. Il est parfaitement perpendiculaire à la route nord-sud, bordé de fossés et d'une largeur de 4 m à 5 m mais, pour l'instant, il est impossible d'affirmer qu'il communiquait avec la voie principale.

L'organisation spatiale

11 La surface actuellement fouillée révèle une structuration de l’espace qui s'exprime par la présence de groupements de structures (îlots) et une orientation privilégiée des structures. Deux îlots se dessinent, l'un au nord, l'autre au sud de la fouille, séparés par une bande de 7 m à 8 m, vierge de structures.

12 Dans chaque îlot, l'orientation des structures change en fonction des époques. Les lignes directrices s'observent sur les structures allongées, souvent de grandes fosses, et sur les côtés des puits quadrangulaires. Durant les phases anciennes, chaque îlot possédait son orientation distincte. En revanche, après la Conquête, toutes les structures s'organisent en suivant les mêmes lignes directrices.

Le mobilier

13 Le mobilier recueilli cette année comprend plus de 60 000 tessons d'amphore et de céramique. Certains puits renfermaient des céramiques et des amphores complètes. Parmi les petits objets, une monnaie en electrum, parfaitement conservée, est à attribuer aux Lemovices. Bracelets et perles de verre, fragments de moules à alvéoles, fibules et bracelets en bronze se retrouvent toujours en faible quantité.

14 (Fig. n°2 : Monnaie lemovice en electrum )

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 138

Les activités

15 De nombreux fragments de creusets mis au jour l'an dernier sur une surface réduite évoquaient un atelier de bronzier qui a été identifié cette année. Un sol d'occupation rectangulaire aux parois peu évasées avec un fond plat (longue de 3,60 m ; large de 2,80 m ; profondeur : 0,15 m) appartient à une structure du dernier quart du IIes. av. J.-C. ainsi qu’un foyer, fouillé en 2005. Il est probable que cinq gros trous de poteau délimitent un bâtiment dont l'atelier n'occuperait que la moitié de la superficie. Le sixième pouvait se situer à l'emplacement d'une fosse manifestement beaucoup plus récente. Après la découverte de nombreux moules à alvéoles au sud, les creusets confirment l'activité métallurgique de cette partie de l'agglomération. La partie nord‑ouest du chantier comporte de nombreux fossés, tous orientés nord-ouest– sud- est, qui présentent une pente régulière vers le sud-est. Leur comblement évoque une utilisation d'eau et la présence de quelques débris de tegulæ indique qu'ils ne sont pas antérieurs à la période romaine. De nombreux fragments de meules rotatives proviennent de deux puits. L'un d'eux contenait les fragments de dix-sept meules dont 11 meta et 6 catillus. Certaines présentent une forte usure, d’autres pas, mais leur point commun est d’avoir été systématiquement brisées. Les meules sont généralement taillées dans un grès souvent grossier et doivent avoir la même provenance. Des gisements sont connus en Charente, en limite des terrains granitiques. Quelques fragments en granite peuvent avoir une origine locale.

16 (Fig. n°3 : atelier de bronzier)

La chronologie

17 Les données relatives à la chronologie ont peu évolué cette année. Une fosse inclut de la céramique antérieure à la première moitié du IIes. Quelques fosses qui peuvent dater du troisième quart du IIes. av. J.-C. appartiennent également à la première phase d'occupation. Par la suite, d'autres fosses incluent de nombreuses céramiques datées de la fin du IIes. av. J.-C.ou du début du Iers. av. J.-C. Cette phase paraît correspondre à une activité importante. Ensuite, quelques structures appartiennent à une troisième phase, antérieure à la Conquête.

18 Cette période qui semble se terminer par la mise hors service de puits et de fosses permet d'envisager l'hypothèse d'un abandon temporaire du site, probablement intervenu avant la Conquête.

19 Toutefois une importante réoccupation du site est attestée à l'époque augustéenne : plusieurs puits recoupant nombre de structures et deux grandes fosses ont été creusés et la voie a été réalisée.

20 La fouille a également mis en évidence une occupation gallo-romaine, peut-être dès le IIes., qui se poursuit au Bas-Empire. Des trous de poteau appartiennent à des structures probablement postérieures à l'époque romaine mais toujours difficiles à dater.

21 LINTZ Guy

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 139

ANNEXES

Fig. n°1 : Trous de poteau aux angles du puits 489

(2006)

Fig. n°2 : Monnaie lemovice en electrum

(2006)

Fig. n°3 : atelier de bronzier

(2006)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 140

AUTEURS

GUY LINTZ Bénévole

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 141

Saint-Gence – Le Patureau

Benoît Oliveau

Date de l'opération : 2006 (EX)

1 Le diagnostic archéologique réalisé à Saint-Gence,dans le cadre du projet de construction d'immeuble à usage d'habitation « la résidence du Patureau » a permis la mise au jour de près de quatre-vingts structures archéologiques principalement situées dans la partie haute de l'emprise du projet.

2 Les parcelles concernées se situent entre la petite enceinte fortifiée protohistorique du « camp de César » et la limite occidentale de l'agglomération laténienne de Saint-Gence, à proximité du passage supposé d'une voie antique majeure.

3 Il s'agit pour la plupart de fosses d'environ 0,82 m de diamètre et de petits fossés de moins d'un mètre de large. Le fait remarquable est que toutes ces structures présentent le même type de comblement, caractérisé par un sable brun, très charbonneux par endroits ainsi que de nombreux blocs de quartz et granit, dont certains ont subit le feu. À quatre reprises, deux fosses et deux fossés, des esquilles d'os brûlé ont été observées et prélevées, réparties sur l'ensemble du site. D'autres structures n'ont pu être identifiées, telles que des fosses quadrangulaires, bien qu'il ne me semble pas s'agir d'éléments d'habitat. Tous les indices mobiliers permettent une datation entre le IIes. av. J.-C. et la période augustéenne, soit la période principale d'occupation de l'agglomération antique de Saint-Gence.

4 Oliveau Benoît

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 142

AUTEURS

BENOÎT OLIVEAU INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 143

Saint-Jean-Ligoure – Châlucet

Patrice Conte

Identifiant de l'opération archéologique : 2713

Date de l'opération : 2006 (SD)

1 La réalisation d’une ultime campagne de sondages, fin 2006, dans le cadre des recherches programmées sur ce site castral depuis 1999 était motivée par la nécessité d’obtenir quelques compléments d’informations archéologiques destinées à l’élaboration finale du projet architectural (Acmh : P. Villeneuve) de mise en valeur de cette partie du site. Il importait également, dans le même état d’esprit, d’achever la fouille de plusieurs zones jusqu’ici incomplètement explorées, du fait de la présence de plusieurs arbres.

2 Les sondages de 2006 ont permis de faire progresser de manière notable la connaissance de l’organisation du site (Fig. n°1 : Castrum du Bas-Châlucet - Plan de masse simplifié - Zone nord-ouest) et plus particulièrement pour toute la zone située autour du bâtiment à contreforts IV qui structure la partie nord de l’assiette du castrumjusqu’à l’enceinte nord.

3 Dans la partie sud-est de cette zone, la fouille a permis de retrouver plusieurs segments de murs appartenant à des états précoces de l’aménagement du site. Le mur 107 paraît correspondre à la limite initiale de la cour entourant le bâtiment IV : son orientation parallèle à celle du bâtiment IV s’inscrit dans la trame orthonormée des autres constructions entourant le bâtiment : Bât VI, VII et murs situés au sud. L’ensemble définit l’emprise initiale de la zone d’habitat centrée sur la maison-tour IV ; on peut considérer ici que l’on a désormais l’emprise de « l’ostal » originel. La mise en évidence d’une telle organisation de la maison médiévale constitue ici une information inédite pour la région limousine. Le mur 108 et l’aménagement situé sous l‘Op.14 relèvent vraisemblablement d’une construction antérieure. Leur orientation particulière, comparable à aucune autre, et leur faible degré de conservation empêchent de les identifier précisément.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 144

4 Toujours dans le même secteur, les travaux de 2006 ont permis de dégager sur plus de 10 m de longueur un nouveau mur (Mr.40) associé au massif de la porte Op.14. Sa position indique clairement qu’il prend la suite de Mr.107, ce dernier étant démantelé. Ce nouveau mur matérialise le tracé et la limite du nouvel enclos enserrant le bâtiment IV, son orientation n’est d’ailleurs plus conforme à celle des autres murs du secteur. Cette création s’explique par le creusement de la cave 2 et l’aménagement de son accès (Op.19) dans une zone initialement dévolue à la circulation : ces nouvelles constructions ont donc provoqué le déplacement vers l’est de la limite de l’enclos afin de ménager un espace suffisamment large pour la circulation le long du bâtiment IV.

5 Au nord du bâtiment IV, l’achèvement de la fouille du bâtiment VI permet de constater que les vestiges étudiés correspondent à un édifice rectangulaire dont l’extrémité orientale a été tronquée, faisant disparaître son mur pignon et une bonne partie de la structure 1031 que l’on interprète comme étant la base d’un four. La stratigraphie montre que le mur 92 est postérieur au bâtiment VI. Le mur accolé 93 ne constituant vraisemblablement qu’un soutènement destiné à maintenir le mur 92.

6 L’ensemble des constats effectués à l’est du bâtiment IV suggère donc qu’initialement le tracé de l’enclos et donc de la terrasse qu’il limitait était largement différent de l’état final attesté par la fouille.

7 A l’ouest, le dégagement de nouveaux murs situés dans le prolongement de ceux découverts les années précédentes (voir plan, BSR 2005, p. 57) permet de circonscrire en partie l’extension du bâtiment VII dont la limite sud reste toutefois incertaine. L’image restituée est celle d’un bâti presque systématiquement enterré enveloppant, à faible distance, l’angle nord-ouest du bâtiment IV (Fig. n°2 : La zone occidentale : au premier plan, vestiges du bâtiment VII, demantelé au cours de l’occupation ; au second plan, le bâtiment à contreforts IV ; au fond, à gauche, l’enceinte nord (dernier état)) . Malgré les modifications internes perceptibles à la fouille en 2005, il semblerait que les bâtiments VI et VII ne forment qu’un seul corps de bâtiment initial au plan en « L ».

8 La destruction des élévations et leur arasement au cours de l’occupation nous prive toutefois de nombreuses données sur les fonctions de ces bâtiments.

9 L’examen des zones les mieux conservées (partie est du bâtiment VII et bâtiment VI) suggère cependant des fonctions domestiques (cuisines, four et fournil, écurie ?) annexes du bâtiment principal IV.

10 Hormis la zone entourant le bâtiment IV, objet de l’essentiel des travaux de 2006, un sondage plus limité a porté sur les abords d’une autre maison médiévale mitoyenne de la voie principale traversant le castrum(Bât. IX). La fouille a ainsi permis de dégager un mur bordant la voirie et servant de soutènement à une ruelle distribuant, en contre- haut, le groupe formé par les édifices II, III et IV.

11 Le matériel archéologique découvert lors de cette campagne s’est avéré beaucoup plus rare que lors des fouilles précédentes. La céramique est comparable aux pièces antérieurement découvertes et se situe dans une fourchette comprise entre le début du XIVe s. et le début du XV e s. Les niveaux les plus anciens (XIII e s.), ne livrent malheureusement pas de témoins dignes d’intérêt. On notera également la découverte de quelques nouveaux objets en fer qui, après traitement, pourront être identifiés et compléteront les séries actuellement en cours d’étude.

12 Il en est de même des quelques vestiges lapidaires recueillis lors de cette phase de fouille (fragment de chapiteau à corbeille lisse (S.14), piédroit à chanfrein et congé (S.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 145

35). Précisons enfin que la découverte de plusieurs foyers et couches cendreuses associées par exemple à la structure 1031 du bâtiment VI feront l’objet d’analyses anthracologiques afin d’apporter des informations complémentaires sur les modes de fonctionnement des structures de combustion identifiées sur le site.

13 Conte Patrice

ANNEXES

Fig. n°1 : Castrum du Bas-Châlucet - Plan de masse simplifié - Zone nord-ouest

Auteur(s) : Conte, Patrice (SDA). Crédits : Conte, Patrice (2006)

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Fig. n°2 : La zone occidentale : au premier plan, vestiges du bâtiment VII, demantelé au cours de l’occupation ; au second plan, le bâtiment à contreforts IV ; au fond, à gauche, l’enceinte nord (dernier état)

Auteur(s) : Conte, Patrice (SDA). Crédits : Conte, Patrice (2006)

AUTEURS

PATRICE CONTE SDA

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 147

Saint-Junien – Site Corot

Franck Bernard

Identifiant de l'opération archéologique : 2699

Date de l'opération : 2006 (SD)

1 L'exploration du site désigné comme « Le Chalet Corot » par la tradition locale avait pour but de vérifier l'hypothèse selon laquelle le peintre Jean-Baptiste Corot aurait utilisé ce lieu pour travailler durant ses séjours à Saint-Junien entre 1852 et 1862.

2 Le site se présentait comme une terrasse adossée au versant pentu de la vallée de la Glane. Mais la fouille a montré qu'il s'agissait en fait (au moins partiellement) de la partie basse d'un petit bâtiment (4 m x 4 m) comblée par l'écroulement des parties supérieures. Le déblaiement de cet espace jusqu'au rocher a mis à jour divers objets du début du XXe s., mais aucun indice de la présence d'un peintre n'a été révélé !

3 En 1904, dans Limoges Illustré, Camille Leymarie indique que le « Chalet Corot » a déjà disparu ; l'identification du site fouillé avec le « Chalet Corot » n'est donc peut-être pas la bonne et le dossier reste ouvert.

4 Bernard Franck

AUTEURS

FRANCK BERNARD BEN

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Saint-Junien – Château-Morand

Jérôme Hénique

Identifiant de l'opération archéologique : 2708

Date de l'opération : 2006 (SD)

1 Entre 1980 et 1984, J. Caillaut avait mené des fouilles archéologiques au lieu-dit « La Basse Garde » identifié comme le site de l’ancien « Château-Morand ». Les ruines reconnues par l’archéologue occupent un promontoire dominant la rive droite de la petite vallée de la Glane. Un vaste bâtiment quadrangulaire s’élève sur le replat sommital. Il domine, au sud, un plateau délimité par un mur de clôture. Ces premières campagnes archéologiques ont permis de récolter un mobilier conséquent (céramique et métal) s’échelonnant sur deux siècles : entre le XIIe s. et le XIVe s. Cette dimension chronologique proposée par J. Caillaut corrobore, selon ses dires, plusieurs sources ecclésiastiques. Ainsi, dans le registre O Domina, trois textes, mis en évidence par Bernadette Barrière et pouvant être datés du XIIIe s., témoigneraient de l’existence du Château-Morand.

2 L’importance des vestiges archéologiques de « Château-Morand » semble donc correspondre à une réalité historique. Mais l’étude menée dans les années 80 fut limitée à quelques sondages et n’a pu répondre à toutes les questions posées.

3 La campagne réalisée en septembre 2006 se présente comme une étude complémentaire. Trois sondages en tranchées devaient répondre à des questionnements bien précis :

4 • actualiser nos connaissances sur l’environnement du site : topographie, secteur d’occupation, agencement de l’espace, etc. ;

5 • actualiser les données anciennes sur le bâti (mode de construction) et la nature du tertre : site artificiel (motte), site naturel aménagé (tour emmottée : apport de sédiments, mise en terrasse, affleurement rocheux décaissé etc.) ;

6 • repérer et qualifier les éventuels éléments de défense (clôture du plateau sud, fossés, etc.) ;

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7 • actualiser la chronologie relative et absolue de l’occupation.

8 Au bilan, l’ensemble de la problématique de départ a été traité, mais plusieurs questions restent soulevées et plusieurs réponses restent encore empreintes d’incertitudes.

9 Sur la nature et l’aménagement de l’éperon de Château-Morand, l’exploration en tranchées a permis d’établir avec certitude que le relief naturel a subi, sur le versant nord, un important remodelage avec l’apport de puissants remblais constitués avec des matériaux concassés et damés. La plateforme sommitale recevant le noyau bâti actuel a été également aplanie par décaissement du pointement rocheux naturel. Puis elle a été rehaussée et nivelée, au sud, grâce à un apport de matériaux fournis en partie par les déchets de taille provenant du remodelage de la plate-forme. L’édification du bâtiment sommital entraîne le percement de ces remblais au sud afin de s’ancrer dans le substrat rocheux. Château-Morand est donc identifié à un aménagement artificiel dans la mesure où le profil naturel du promontoire rocheux a été remodelé.

10 Concernant les structures défensives, un fossé ceinture vraisemblablement la plateforme et sépare le noyau bâti sommital du plateau. Il est excavé dans le substrat sans qu’il soit possible de déterminer s’il est contemporain ou non du bâtiment sommital. La seule certitude étant que l’abandon des fossés précède la destruction de l’édifice.

11 Sur l’occupation du plateau sud, les données sont rares en raison notamment de la faible dynamique de sédimentation. Le substrat rocheux affleure sur une grande partie du périmètre interne du plateau. Néanmoins, plusieurs indices révèlent une possible occupation du terrain : des traces régulières de décaissement du sol, des éléments de maçonnerie arasée. De plus, la mise en évidence d’une maçonnerie antérieure aux remblais d’exhaussement de la plateforme sommitale va également dans le sens de l’existence d’un noyau bâti primitif sur le plateau.

12 La question des dimensions chronologiques de l’occupation reste empreinte d’incertitudes. Sur la base des divers éléments permettant d’aborder la chronologie – mobilier céramique, éléments et mise en œuvre des maçonneries, chronologie relative avec les structures d’aménagement et de fortification (enceinte fossoyée) – la période d’occupation du site médiéval de l’éperon de Château-Morand semble s’échelonner entre le XIe s. et le courant du XVe s.

13 D’après les relations stratigraphiques entre les divers éléments mis en évidence par la fouille, la chronologie relative phasée pourrait se présenter comme suit, tout en ne constituant qu’une hypothèse et une amorce de réflexion :

14 • une première phase d’occupation du site avant aménagement du tertre se distingue par un ensemble d’indices : aménagements en creux, maçonneries.

15 • la seconde phase, celle de l’aménagement de la plateforme sommitale, serait à placer entre le XIe s. et le XIV e s. Elle est également illustrée, d’une part par le creusement de l’enceinte et d’autre part par la construction de l’édifice sommital qui perce les remblais de rehaussement de la plateforme. Ces deux actions interviennent probablement dans le même intervalle. C’est également dans ce dernier qu’il faut placer les phases d’occupation du bâtiment. Les éléments céramiques exhumés à l’intérieur par J. Caillaut sont attribuables à un horizon des XIIe s. et XVe s.

16 • la troisième phase de l’occupation se traduit par l’abandon et le comblement des fossés, dont au moins celui du fossé sud apparaît volontaire. L’occupation du bâtiment

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sommital, ou du moins son intégrité structurelle, semble se maintenir quelques temps après la condamnation des fossés.

17 • la dernière phase de l’occupation correspond à l’abandon définitif de l’éperon et à la destruction de l’édifice qu’il est difficile de dater précisément mais qui pourrait intervenir autour de la fin du XVe s.

18 Hénique Jérôme

AUTEURS

JÉRÔME HÉNIQUE HADÈS

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Saint-Just-le-Martel – Le Petit Bonnefond

Christophe Maniquet

Identifiant de l'opération archéologique : 2405

Date de l'opération : 2006 (EX)

1 La communauté d'agglomération de Limoges Métropole envisage la construction d'un vaste parc d'activités économiques à l'est de la ville de Limoges, sur la commune de Saint-Just-le-Martel. Ce parc accueillera des entreprises commerciales et artisanales. La société d'équipement du Limousin (SELI) est chargée de son aménagement et de sa commercialisation. La zone d'intervention se situe en bordure nord de la RN 141 reliant Limoges à Clermont-Ferrand, entre les bourgs de Panazol et de Royères, sur la commune de Saint-Just-le-Martel, au lieu-dit « le Petit Bonnefont ». Sa superficie totale atteint 166 360 m2 , mais seul le terrain en bordure de la Nationale sera effectivement bâti, soit 78 650 m2 .

2 La présence de toponymes intéressants à proximité immédiate des futurs travaux a entraîné une prescription archéologique de la part du service régional de l'Archéologie. Un diagnostic archéologique préalable a été mené du 27 février au 24 mars 2006. En ce qui concerne l'occupation du sol, les parcelles C806, C768 et C769 étaient jusqu'alors des terrains cultivés. La parcelle C751 était quant à elle en pré. Les parcelles C762, 763, 764, 765, 766, 767, C90 et 91 étaient pour leur part boisées. L'extrémité sud des parcelles C763, 764, 765, 766 et 767 avait été déboisée sur la portion destinée à être construite, en amont de notre intervention.

3 La topographie de la zone concernée par le projet se présente sous la forme d'un terrain relativement plat en bordure de la route nationale, avec un pendage s'accentuant vers le nord. Dans les zones boisées et en bordure de celles-ci, de vastes excavations ont été reconnues, principalement dans les parcelles C763, 764, 765 et 766. De forme circulaire ou irrégulière, elles présentent des dimensions et des profondeurs plus ou moins importantes. Certaines pouvaient a prioriêtre interprétées comme des

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aurières. On connaît, en effet, la richesse de notre région en mines d'or gauloises. Les haldes ou cavaliers constituant le déblai stérile occupant généralement les bordures des excavations minières manquaient ici mais ces monticules avaient pu être arasés, étalés, comme cela arrive parfois. Les creusements accessibles ont donc tous été sondés. Ils se sont révélés être soit de grosses empreintes de chablis (arbres déracinés), soit des carrières. Ces interprétations ne peuvent cependant pas être généralisées à l'ensemble des perturbations visibles dans la zone boisée, dans la parcelle C763 en particulier.

4 Cent trente-trois sondages ont été réalisés sur l'emprise du projet. Ils représentent une superficie totale de 5 535 m2 , soit 3 % de la totalité. Au total, 34 structures (dont 1 mur, un caniveau, des carrières, des fossés et des fosses) ont été enregistrées dans 30 sondages et 13 tranchées seulement ont livré du mobilier archéologique. Les sondages (longs en moyenne de 20 m et espacés de 20 m) ont été réalisés parallèlement et en quinconce sur la zone plane le long de la Nationale. Une orientation nord-sud a été privilégiée afin de recouper une éventuelle voie romaine parallèle à la route actuelle. Dans les autres parcelles au nord, le terrain étant plus vallonné, les tranchées ont été creusées dans le sens de la pente, ce qui permettait de mieux percevoir la topographie du terrain naturel et l'épaisseur des colluvionnements dans les vallons.

5 Le sondage 73 a été réalisé au fond d'une vaste excavation visible en surface, longue de près de 35 m, large de 15 m et profonde, au point le plus bas, de près de 3,50 m. Des détritus contemporains et des grumes avaient été rejetés dans ce trou. La portion nord- est a néanmoins pu être sondée. La forme plutôt irrégulière de surface avait tendance à devenir plus rectiligne en partie inférieure. Une tranchée, orientée sud-ouest - nord- est, large de 0,60 m, avait été creusée dans la roche en place jusqu'à une profondeur de 4,30 m. Au fond de cette tranchée un petit caniveau avait été aménagé. Ses piédroits étaient constitués de petites pierres de gneiss équarries disposées en deux assises. Sur les piédroits avaient été déposées de grandes dalles de gneiss faisant office de couverture. L'ensemble ne paraissait pas lié ou bien le liant avait disparu. Ce caniveau haut de 0,40 m, encore en fonctionnement, laissait ainsi s'écouler l'eau dans un conduit large et haut de seulement 0,25 m. Au-dessus des dalles de couverture, la tranchée a été remblayée par de l'arène remaniée brun-jaune intégrant des petits blocs de roche calibrés sous forme de litages successifs. La forme irrégulière du creusement dans la partie supérieure et le trou béant encore visible aujourd'hui pourrait indiquer que les parois de la tranchée du caniveau primitif ont été entaillées afin d'en extraire de la pierre. Cette zone a donc pu servir plus récemment de carrière. La datation du caniveau, en l'absence de mobilier, reste difficile à cerner. Cependant d'autres aménagements semblables dans la campagne environnante pourraient rattacher cette structure à la période moderne. Elle était sans doute destinée au départ à capter une source et à conduire l'eau en un point bien déterminé. Dans le bois de la parcelle C766, une dépression linéaire a pu être suivie vers le nord. Elle débouchait à l'angle sud de la parcelle C751 où un regard récent avait été aménagé. Le « drain » observé dans les sondages 85 et 89 pourrait être lié à cette structure pour amener l'eau jusqu'à la mare située au nord de la parcelle C90.

6 Une vaste excavation longue de près de 30 m, large de 23 m et profonde de 5 m à l'est, était visible à l'angle sud-ouest de la parcelle C766. Le sondage 79 a permis de vérifier que les parois et le fond de ce creusement étaient recouverts seulement d'une couche de 0,20 m à 0,30 m d'épaisseur de terre végétale. À l'est, la paroi très abrupte s'était en partie effondrée et en bordure sud, un remblai épais d'environ 1 m, renfermait des

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déchets contemporains. Cette structure s'apparente très clairement à une carrière. L'accès se faisait par l'ouest et le front de taille se trouvait à l'est. Le terrain exploité est ici de l'arène de granite porphyrique se présentant sous la forme de sable rose grossier intégrant des « boules » plus ou moins importantes de granite. C'est très probablement le sable qui était prélevé ici afin d'en faire du remblai de cour ou pour l'intégrer dans la fabrication du mortier. Cette carrière, abandonnée mais non remblayée, ne paraît pas très ancienne.

7 La fondation d'un petit mur a été dégagée sur une longueur de 2,50 m dans le sondage 91 où il est apparu à 0,20 m de profondeur seulement. Orienté nord-ouest - sud-est, il s'interrompait brusquement au nord-ouest mais se prolongeait vers le sud- est au-delà de notre tranchée dans la parcelle C766. Relativement bien construit, il ne conservait qu'une assise de pierres locales de gneiss et de « boules » de granite visiblement non liées ou liées à l'argile, conservée sur 0,15 m ; sa largeur oscillait entre 0,50 m et 0,55 m. Aucun niveau de circulation n'a été reconnu de part et d'autre de ce muret et aucun indice mobilier pouvant aider à le dater n'a été découvert à proximité.

8 Le mobilier archéologique s'est révélé très rare dans l'ensemble des sondages ouverts au cours de cette intervention si l'on exclut le mobilier contemporain (constitué essentiellement de détritus). À l'extrémité nord du sondage 93, près du vallon oriental, des petits fragments de tuiles roulés ont été découverts ainsi que quelques tessons usés de céramique grossière sans qu'il soit possible de leur attribuer une datation. On remarquera que la quasi-totalité du mobilier archéologique mis au jour a été découvert dans l'axe du vallon occidental, intégré de façon éparse dans le sédiment le colmatant. L'aspect roulé des fragments de tuiles et des tessons confirme un colluvionnement important provenant de l'ouest ou du sud-ouest. C'est donc hors de l'emprise du projet, peut-être de l'autre côté de la route nationale actuelle que le site protohistorique puis gallo-romain est vraisemblablement à rechercher. Ceci témoigne très probablement d'une action importante de l'homme dans ce secteur à la fin de la Protohistoire ou au tout début de la période gallo-romaine, avec une probable mise en culture des terrains et l'établissement de voies de communication desservant le nouveau chef-lieu qu'est Augustoritum. Des fermes, villae, auberges, artisanats devaient exister le long de cette voie, à l'approche de la cité.

9 Malgré les indices apportés par la toponymie, aucune trace de voie ancienne n'a été mise en évidence sur l'emprise du projet. Peut-être se trouve-t-elle sous la route nationale actuelle ou bien décalée vers le sud. Le mobilier découvert pourrait en revanche indiquer l'existence de constructions gauloises ou gallo-romaines sous les fermes actuelles situées au lieu-dit « L'Estrade ».

10 Maniquet Christophe

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 154

AUTEURS

CHRISTOPHE MANIQUET INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 155

Saint-Maurice-les-Brousses – Le Vieux Saint-Maurice

Cyrille Pironnet

Identifiant de l'opération archéologique : 2691

Date de l'opération : 2006 (EX)

1 La campagne de diagnostic archéologique sur l'emprise du futur lotissement au lieu-dit « le Vieux-Saint-Maurice » s'est déroulée en octobre 2006.

2 Le futur lotissement est situé à proximité du l'ancienne église et de son cimetière, vendus comme biens nationaux puis détruits après acquisition. Seul subsiste aujourd'hui le presbytère. Cette situation est à l'origine de la prescription établie par le service régional de l'Archéologie. La surface concernée est de 16 254 m2. Les parcelles cadastrales concernées par ce diagnostic sont : section A, parcelles 1439, 1441, 1442, 1444, 746 pour partie.

3 Cinq tranchées ont été réalisées sur une surface totale de 762,11 m2. Tous les sondages sont négatifs. Aucune structure, ni en creux, ni construite, n'a été décelée. L'emprise du lotissement est dépourvue de toute trace anthropique.

4 Pironnet Cyrille

AUTEURS

CYRILLE PIRONNET INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 156

Aixe-sur-Vienne, Saint-Priest-sous- Aixe, Verneuil-sur-Vienne – RD2000 (phase 3)

Cyrille Pironnet

Identifiant de l'opération archéologique : 2687

Date de l'opération : 2006 (EX)

1 La troisième et dernière campagne de diagnostic réalisée sur le projet de prolongement de la RD 2000 concerne le tronçon situé à proximité du lieu-dit « Le Grand Rieu », au sud-ouest d'Aixe-sur-Vienne, qui relie la RD 10 à la RN 21. Hormis un réseau drainant daté de la seconde moitié du XXes., les trente-cinq tranchées et sondages n'ont révélé aucun site, ni indice de site sur les parcelles concernées.

2 Pironnet Cyrille

AUTEURS

CYRILLE PIRONNET INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 157

Oradour-sur-Glane, Saint-Brice-sur- Vienne, Saint-Junien, Saint- Victurnien – Déviation de la RN141 entre Les Séguines et La Barre

Sylvie Perrin

Identifiant de l'opération archéologique : 1700 et 2688

Date de l'opération : 2006 (EX)

1 L'opération de diagnostic qui a eu lieu sur le futur tracé en deux fois deux voies de la route nationale 141, entre Saint-Junien « Les Séguines » et Saint-Victurnien « La Barre » a nécessité trois phases d'intervention. Ce sont en tout 717 sondages qui ont été réalisés. Ils ont livré de nombreux chablis dans les zones boisées, des fossés de parcellaire dans les grandes parcelles, et des fossés de drainage.

2 Les restes d'un chemin rural peu ancien étaient présents au niveau du lieu-dit « Le Loubie » à l'extrémité est du tracé (commune de Saint-Victurnien). La plupart des tessons isolés ou restes de tuiles récentes n'étaient pas en relation avec des structures archéologiques.

3 Seul le sondage 559 a livré des indices probants quant à la présence d'une occupation humaine, découverts durant la deuxième phase de l'opération. Un fond de vase probablement protohistorique était en place dans un petit creusement de type trou de poteau. Un fragment de meule en grès a été retrouvé dans une grande fosse ovale dans la partie centrale du sondage. Nous avons pu observer deux segments de fossé aux extrémités du sondage et quelques structures indéterminées. Ces indices sont d'ores et déjà à l'origine de la prescription d'une fouille préventive qui se tiendra durant l'été 2006. Le décapage extensif devrait permettre de visualiser l'organisation globale des structures et dater plus précisément le site.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 158

4 La troisième phase de l'opération de diagnostic n'a pas livré d'indices archéologiques mais a permis de réaliser une tranchée dans le chemin de Manot, dont le passage au niveau du lieu-dit « Les Séguines » sur la commune de Saint-Junien était déjà connu. Le profil obtenu est tout à fait similaire à la coupe réalisée un peu plus à l'est sur la commune de Saint-Brice, par Jean-Pierre Clapham en 1988 (Clapham, J.-P. et Desbordes, J.-M., 1989 : « Les itinéraires antiques de Limoges à Saintes : état des recherches », Travaux d'Archéologie Limousine, 9, 35-44). Cette voie serait l'une des routes antiques reliant Limoges à Saintes. Amenée à être détruite par la construction de la route nationale, elle n'a pas été observée sur le reste du tracé.

5 Perrin Sylvie

AUTEURS

SYLVIE PERRIN INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 159

Dournazac

Colette Puyhardy

Identifiant de l'opération archéologique : 2658

Date de l'opération : 2006 (PR)

1 La campagne de prospection inventaire de 2006 a été en grande partie consacrée à repositionner les sites signalés sur les fiches. J'ai cependant pu m'intéresser à quelques sites.

2 Le prieuré de Thavaud (ou Altavaud) a été vendu comme bien national à la Révolution française. Il ne subsiste qu'une partie des bâtiments conventuels et une partie de la chapelle qui a été en partie démolie pour élargir la route. Il subsiste également un porche, à entrée charretière, sur le linteau duquel un blason est encore visible mais indéchiffrable à l'oeil nu et en contre bas. La visite de l'intérieur de l'édifice devrait apporter un complément de documentation non négligeable. Le site étant privé et en cours d'aménagement par les propriétaires qui n'y résident pas, la visite est envisageable durant la prochaine campagne de prospection.

3 La maison noble située au Mas du Loup (Merdalou sur la carte de Cassini) a fait l'objet d'un article dans le rapport de prospection 2006. Ce site est une propriété privée dont seul le porche d'entrée-pigeonnier est visible de la voie publique. Il est décoré d'un blason au dessus de la porte charretière. Ce site ne révèlera probablement que peu de nouvelles informations.

4 La campagne 2007 sera consacrée en partie à affiner et augmenter la documentation sur les sites de Mappa et Thavaud ainsi qu'à la recherche de localisation des sites se trouvant dans ou à proximité des hameaux de Latterie, La Bussière Montbrun, Les Congeries et Bort en priorité. Un inventaire plus complet des souterrains est également prévu afin de vérifier une éventuelle corrélation entre leur position et la proximité du château de Montbrun.

5 Puyhardy Colette

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 160

AUTEURS

COLETTE PUYHARDY BEN

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 161

Ambazac

Thomas Creissen

Identifiant de l'opération archéologique : 2659

Date de l'opération : 2006 (PR)

1 La prospection engagée en 2005 s'est timidement poursuivie cette année. Les investigations sont restées superficielles, faute de temps. Seul un nouveau site a été identifié. Il s'agit d'une carrière située dans la parcelle A1 778, c'est à dire dans les bois qui couvrent le mont surmontant la propriété de Trasforêt. Cette carrière ne paraît guère ancienne et était connue des habitants.

2 Les prospections après labours n'ont pas révélée l'existence du moindre site. Concentrée dans le secteur des Courrières, elles ont toutefois permis d'attester une présence, certes discrète mais toutefois récurrente, de pièces en silex que l'on peut rattacher à la période néolithique. Une pointe de flèche quasi complète a été récoltée sur la parcelle J1 173. Dans ce même secteur, un peu de matériel antique a pu être repéré. Pour la toute fin du Moyen Âge et période moderne, les trouvailles sont un peu plus nombreuses, mais l'essentiel reste constitué par le matériel contemporain.

3 Au-dessus de l'étang du Goulet, la parcelle A3 475 a elle aussi livré quelques éléments préhistoriques (dont trois microlithes qui pourraient être mésolithiques ?). Il faut y ajouter de rares témoignages antiques, ainsi qu'un peu de matériel moderne et contemporain. D'une manière générale, cette parcelle s'est avérée pauvre en matériel.

4 La surveillance des travaux engagés dans le bourg n'a révélé l'existence d'aucun site. La prospection devrait se poursuivre l'an prochain.

5 Creissen Thomas

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AUTEURS

THOMAS CREISSEN BEN

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Nouvelle-Aquitaine 163

Cantons de Chalus, Nexon et Saint- Yrieix-la-Perche

Manon Durier

Identifiant de l'opération archéologique : 2660

Date de l'opération : 2006 (PR)

1 Cet inventaire concerne les pierres tombales médiévales et modernes (XIes.-XVIIes.) dans une zone inscrite entre les communes de Séreilhac-Solignac au nord et de Dournazac-Le Chalard au sud. Les prospections, menées avec la collaboration de l'association Archéa, ont permis de documenter plus de 230 monuments funéraires conservés dans les édifices cultuels ainsi que dans les cimetières actuels ou anciens. Une telle quantité est surprenante pour une quinzaine de communes seulement. Si elle provient pour partie de quelques sites préservés, comme celui bien connu du Chalard, elle résulte également d'une habitude fortement ancrée en Haute-Vienne de remployer les monuments funéraires anciens. Dalles funéraires et pierres tombales en bâtière forment un ensemble qui apparaît de prime abord hétérogène, mais dont la cohérence est assurée par la permanence de certains motifs iconographiques. On constate en effet l'omniprésence de la représentation de la croix, le plus souvent pattée, trilobée ou fleurdelisée.

2 Dans un contexte de continuité iconographique au fil des siècles, la présence marginale de gisants et de pierres tombales épigraphiques renforce les difficultés de datation. Il semble bien cependant que la majorité des pierres tombales étudiées dans ce corpus datent de la fin du Moyen Âge et de l'époque moderne.

3 En étendant les recherches ponctuelles précédemment menées en Limousin, tant par certains érudits que par des archéologues, l'inventaire réalisé ici rend accessible une documentation qui rend compte de la diversité et de l'importance quantitative des pierres tombales conservées. S'il est encore trop tôt pour proposer une typo- chronologie faisant référence pour l'ensemble de la région, une analyse typologique et iconographique a été esquissée avec l'appui d'une base de données spécialement

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développée. Cette étude prenait place dans un mémoire de Master 1 archéologie. Elle sera prolongée et étendue dans le cadre du mémoire de Master 2, dont les problématiques s'attacheront à établir des critères de datation ainsi qu'à appréhender les phénomènes de répartition spatiale.

4 Durier Manon

AUTEURS

MANON DURIER BEN

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Travaux miniers anciens pour l’étain

Mélanie Mairecolas

Identifiant de l'opération archéologique : 2682

Date de l'opération : 2006 (PT)

1 Cette année, les prospections de terrain se sont poursuivies dans les monts d'Ambazac, sur les communes de Razès, Saint-Léger-la-Montagne et Saint-Sylvestre.

2 Cette zone est bien connue des géologues et des prospecteurs miniers pour ses ressources en uranium, kaolin, béryl et, dans une moindre mesure, pour l'étain. Pourtant, un échantillonnage géochimique pour l'étain, réalisé sur les leucogranites de Saint-Sylvestre incluant les communes étudiées, montre des secteurs à teneur entre 25 g/t et 50 g/t d'étain, avec des zones potentiellement plus riches à plus de 50 g/ t.

3 Avant ces prospections, seul un site minier pour étain était connu, il s'agit de Sauvagnac sur la commune de Saint-Léger-la-Montagne, découvert dans les années 1960 par P. Fitte et S. Sarcia. Les recherches aux archives départementales et à la DRIRE tendent à montrer l'absence de sources médiévales et modernes sur les mines d'étain.

4 Les stannières anciennes se localisent entre 410 m et 611 m d'altitude, dans des bois de feuillus de châtaigniers principalement, de hêtres et des forêts de résineux.

5 Dans l'état actuel de cette recherche, la majorité des sites découverts sont des exploitations en roche, seules les stannières de la Croix Maraubert à Saint-Léger-la- Montagne sont des exploitations d'étain alluvionnaire.

6 Les sites, modestes par leurs dimensions, se composent d'une à cinq fosses. Les orientations des stannières se divisent en trois directions principales : N 20° à N 40°, N 140° à N 180°, N 310° à N 330°.Le site de Larmont, exemple de mine en roche, comprend cinq fosses d'environ 10 m de longueur disposées parallèlement.

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7 Zones de prospection sites connus sites nouveaux

8 Saint-Sylvestre 0 4

9 Saint-Léger-la-Montagne 1 4

10 Razès 0 4

11 Total sites recensés 1 12

12 Pour conclure, ces prospections de terrain constituent une étape importante pour les recherches sur les mines d'étain anciennes. Les résultats dans l'ensemble sont assez positifs. Par ailleurs, nous souhaitons améliorer le relevé topographique des sites recensés par l'utilisation d'un tachéomètre en prospection. En effet, par des relevés microtopographiques, les sites miniers pourraient être présentés dans le développement complet de leur topographie accidentée. Ce travail long et complexe à mener en contexte de bois non éclaircis et souvent inaccessible ne pourra être tenté que sur les sites les plus dégagés.

13 (Fig. n°1 : Larmont, Saint-Sylvestre (87). Plan des stannières)

14 MAIRECOLAS Mélanie

ANNEXES

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Fig. n°1 : Larmont, Saint-Sylvestre (87). Plan des stannières

Auteur(s) : Mairecolas, Mélanie (Bénévole). Crédits : Mairecolas Mélanie (2006)

AUTEURS

MÉLANIE MAIRECOLAS Bénévole

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