UNIVERSITE D’ANTANANARIVO FACULTE DES SCIENCES DEPARTEMENT DE BIOLOGIE ANIMALE

DEPARTEMENT DE BIOLOGIE ANIMALE

Latimeria chalumnae

THESE POUR L’OBTENTION DU Diplôme de DOCTORAT

Formation Doctorale : Sciences de la vie Option : Biologie, Ecologie et Conservation Animales

CONSERVATION DE L’AIGLE PECHEUR DE

Haliaeetus vociferoides DESMURS, 1845 : ETUDE BIO-ECOLOGIQUE

ET IMPACTS DE L’APPLICATION DE LA «GELOSE»

Présenté par :

Mr Gilbert RAZAFIMANJATO

Devant le JURY composé de :

Président : Mr Sylvère Lalao RAKOTOFIRINGA (Professeur Titulaire Emérite) Directeur de thèse : Mme Noromalala RASOAMAMPIONONA RAMINOSOA (Professeur) Rapporteur interne : Mr Hajanirina RAKOTOMANANA (Professeur) Rapporteur externe : Mr Lily Arison RENE DE ROLAND (Professeur) Examinateur : Mme Lydia RABETAFIKA (Professeur)

Soutenue publiquement le : 08 décembre 2011 Conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar : étude bio-écologique et impacts de l’application de la GELOSE

REMERCIEMENTS

Ce travail a été mené à terme grâce à la collaboration étroite entre le Projet The Peregrine Fund, le Département de Biologie Animale et le Ministère de l’Environnement et des Forêts. Qu’ils trouvent tous ici nos sincères gratitudes.

- Nous avons été enclins de formuler nos profondes gratitudes à Monsieur Sylvère Lalao RAKOTOFIRINGA, Professeur Titulaire Emérite au sein du Département de Biologie Animale de l’Université d’Antananarivo, pour son accord quant à la tenue de cette soutenance et la considération qu’il nous a fait. Même si ses occupations socio- professionnelles sont multiples, il a pu trouver du temps pour nous apporter quelques corrections, retouches en vue d’améliorer la qualité de ce travail. Ce qui nous a facilité la conception rédactionnelle de cet ouvrage. Son acceptation de diriger les membres du jury nous a fait un grand honneur.

- Il nous semble aussi honnête d’exprimer nos vifs remerciements à Madame Noromalala RASOAMAMPIONONA RAMINOSOA, Professeur d’ESR et responsable de la formation doctorale dans ce même Département, Directeur de cette thèse. Ses conseils et ses directives ainsi que le temps qu’elle nous a consacré nous ont à la fois facilité l’élaboration de cet ouvrage et allégé la lourdeur de notre travail.

- Nous dédions nos hautes et sincères considérations à Monsieur Hajanirina RAKOTOMANANA, Professeur HDR dans ce même Département et est Rapporteur interne du contenu de cet ouvrage. Sa clairvoyance et ses expériences professionnelles nous ont servi de fer de lance pour mener à terme cette thèse.

- Nous exprimons nos sincères reconnaissances à Monsieur Lily Arison RENE DE ROLAND, Professeur HDR et est rapporteur externe du présent travail. En plus de son poste de Directeur du The Peregrine Fund, ses soutiens, appuis moral, méthodologique et suivi, avec des aides matérielles et financières nous resteront indélébiles.

- Nous formulons nos aimables considérations à Madame Lydia RABETAFIKA, Professeur d’ESR et est Examinateur de la forme et du fond de cet ouvrage. Malgré ses multiples attributions, elle a accepté de siéger parmi les membres du jury de cette thèse. Nous sommes particulièrement reconnaissants de sa compréhension et son abnégation.

i Conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar : étude bio-écologique et impacts de l’application de la GELOSE

Remerciements subsidiaires

- A Monsieur Russell K. THORSTROM : Directeur du Programme en Afrique et en Asie au sein du The Peregrine Fund, qui nous a fait bénéficier ses soutiens moral, matériels et financier. Qu’il soit assuré de nos sincères gratitudes.

- A Madame Jeannette RAJESY et Monsieur Marius Paul Hubert RAKOTONDRATSIMA, pour leurs apports correctifs, appuis techniques et précieux conseils dans l’orientation de l’analyse de nos données. Nous leurs adressons nos vifs remerciements.

- A Monsieur Edmond ROGER, Maître de conférences et Chef de laboratoire d’Ecologie Végétale au sein du Département de Biologie et Ecologie Végétale, qui a contribué largement à la correction du présent travail. Qu’il soit profondément remercié.

- A l’équipe de REBIOMA, entre autres, Andriamandimbisoa RAZAFIMPAHANANA (Project Coordinator) et Andry Jean Marc RAKOTOMANJAKA (Technical Manager), qui nous ont beaucoup aidé lors de l’analyse sur MaxEnt. Qu’ils trouvent ici l’expression de notre sincère reconnaissance.

- Au personnel du Projet The Peregrine Fund, en particulier Loukman KALAVAH, Batou ADRIEN, Jules MAMPIANDRA, Eloi FANAMEHA, Gaston RAOELISON et Gilbert TOHAKY qui ont vécu avec nous des moments difficiles pendant la collecte des données. Sans leurs bonnes volontés et leurs appuis, cette étude n’aurait été menée à terme.

- A nos proches, grandes familles et convive qui ont apporté des incalculables aides de toutes sortes lors de l’élaboration de cet ouvrage. Qu’ils trouvent respectivement ici nos souhaits de bonheur et d’une longue vie.

- A notre promotion de classe, en particulier, Messieurs Bertrand RAZAFIMAHATRATRA et Rado Barimanjaka RABENIALA, par leur aide respective en statistique et cartographie, qui nous a facilité le perfectionnement du contenu de cet ouvrage. Qu’il trouve ici nos précieuses gratitudes.

Enfin, à toutes ces personnes de bonne volonté, nous réitérons, une fois de plus nos vifs remerciements.

Merci

ii Conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar : étude bio-écologique et impacts de l’application de la GELOSE

RESUME

La présente étude se focalise sur la conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar Haliaeetus vociferoides en tenant compte de la bio-écologie et des impacts de l’application de la GELOSE (GEstion LOcale SEcurisée) dans le complexe des trois lacs à l’Ouest de Madagascar . Le dimorphisme sexuel se manifeste au niveau de neuf différents caractères chez cette espèce. La période de la ponte se situe entre la dernière semaine du mois de mai et la troisième semaine du mois de juillet. Le nombre d’œufs par nichée varie de 1 à 3. La durée d’incubation est comprise entre 41 et 44 jours. La période d’éclosion est incluse entre la deuxième semaine des mois de juillet et septembre. Le lac Ankerika enregistre un taux élevé d’éclosion par rapport aux deux autres lacs. Il en est de même pour le succès d’envol. L’effort de conservation est témoigné par le succès de la reproduction (près de 58,6 %) et l’augmentation de l’effectif de la population (de l’ordre de 29,3 %) pour l’ensemble de Madagascar. L’analyse sur Vortex a confirmé la viabilité et la pérennisation de cette population à Antsalova pour les cent ans à venir avec les conditions actuelles. Les impacts de la mise en œuvre de la GELOSE s’évaluent sur la stabilité de la population d’aigle pêcheur de Madagascar, du stock de poissons et le maintien de la qualité de l’habitat naturel. Des retombées positives existent également au niveau socio- économie. Néanmoins, les impacts négatifs existent car la GELOSE n’est pas une fin en soi. Ce moyen a ses limites. Toutefois, sa synergie avec d’autres systèmes pourrait engendrer des résultats fructueux.

Mots clés : aigle pêcheur de Madagascar, Haliaeetus vociferoides , conservation, biologie, écologie, GELOSE, impacts, cahier de charges.

ABSTRACT

The current study focuses on Madagascar Fish Eagle Haliaeetus vociferoides conservation for considering biology, ecology and GELOSE impacts application in western Madagascar three lakes complex. Sexual dimorphism occurs at nine different characters. Egg laying period takes place between the end of May and the third week of July. Clutch size varies from 1 to 3 eggs per nest. Incubation is approximately 41 to 44 days. Hatching period includes between the second weeks of July and September. Ankerika lake records the high hatching and fledgling success in relation to the two others lakes. Conservation effort is showed by the high reproductive success rate (about 58.6 %) and the population number increases (around 29.3 %) throughout Madagascar. Vortex analysis is confirmed by Antsalova population viability and sustainability for hundred years in the future with the current conditions. The impacts of GELOSE implementation is assessed through Madagascar Fish Eagle population stability, fish stock and natural habitat maintaining. Positive effects are also observed in socio-economic aspect. However, negative impacts occur because the GELOSE is not the end on itself. This system has its limits. Meanwhile, its synergy with other systems would produce fruitful results.

Key words : Madagascar Fish Eagle, Haliaeetus vociferoides , conservation, biology, ecology, GELOSE, impacts, cahier de charges.

iii Conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar : étude bio-écologique et impacts de l’application de la GELOSE

SOMMAIRE

REMERCIEMENTS ...... i RESUME ...... iii ACRONYMES ...... xi GLOSSAIRE ...... xii INTRODUCTION GENERALE ...... ………………………………………………………………...1 PREMIER CHAPITRE : ETUDE BIO-ECOLOGIQUE ...... …………………………………….4 INTRODUCTION ...... ………………………………………………………………………………..5 I- DESCRIPTION DES SITES D’ETUDES ET DE L’ESPECE ETUDIEE ………… ...... ……...8 1- Choix des sites d’études …… …………………………………………………………………..8 1-1- District d’Antsalova ...... …………………………………………………………...8 1-1-1- Situation géographique..… ...... …………………………………………….8 1-1-2- Caractères physico-chimiques des lacs ..... ……………………………….10 a- Profondeur ...... …………………………………………………………..10 b- Température de l’eau ...... ………………………………………………11 c- Turbidité, pH, composition chimique ...... ……………………………...11 1-1-3- Climat..……… ...... ………………………………………………………..12 1-1-4- Hydrologie ...... …………………………………………………………..12 1-1-5- Caractéristiques du sol ...... ………………………………………………13 1-1-6- Diversité biologique du site ...... …………………………………………13 a- Végétation ...... …………………………………………………………13 b- Faune ...... ………………………………………………………………14 1-2- Zones hors du district d’Antsalova ...... …………………………………………..17 1-2-1- Zones humides continentales ...... ………………………………………..17 a- District de Maintirano ...... ……………………………………………..17 b- District de Besalampy ...... ……………………………………………..18 c- District de ...... ………………………………………………19 d- District de Belo-sur-Tsiribihina ...... …………………………………...19 e- District de Miandrivazo ……… ...... ……………………………………20 1-2-2- Zones littorales ...... ………………………………………………………20 a- Zone humide de la baie de Sahamalaza ..... ……………………………21 b- Zone humide de la baie de Loza ...... …………………………………...22 c- Zone humide de la baie de Mahajamba ...... ……………………………22 d- Zone humide du delta de Mahavavy ...... ………………………………22 e- Zone humide de la baie de Baly ...... …………………………………...23 1-2-3- Iles et îlots ...... …………………………………………………………...23

iv Conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar : étude bio-écologique et impacts de l’application de la GELOSE

a- Nosy-be et îles satellites ...... …………………………………………...24 b- Archipel de Mitsio ...... …………………………………………………24 2- Espèce étudiée ...... ………………………………………………………………………..25 2-1- Position systématique ...... ………………………………………………………..25 2-2- Description morphologique ...... ………………………………………………….26 II- MATERIELS ET METHODES ...... ………………………………………………………….27 1- Technique de recensement ...... …………………………………27 1-1- Observation directe ...... …………………………………27 1-2- Méthode de perturbation ...... …………………………………28 1-3- Enquête ...... …………………………………28 2- Estimation de la densité ...... ………………………………………………………….28 3- Modes de capture et de marquage …………………………………………………………..28 3-1- Capture ...... ……………………………………………………………...28 3-2- Marquage ...... ……………………………………………………………...30 4- Etude biologique de l’espèce ...... …………………………………………………………33 4-1- Suivi systématique des nids existants ………………………………………………..33 4-2- Suivi du changement de place de nids ...... ……………………………….33 4-3- Succès de la reproduction ...... ………………………………………………………34 4-4- Mortalité des juvéniles ...... ………………………….34 5- Estimation de la longévité …………………………………………………………………….34 6- Etude écologique ...... ……………………………………………………………………….34 6-1- Caractéristiques de l’arbre de nidification . ………………………………………….34 6-2- Caractères physico-chimiques des lacs .... ………………………………………….35 6-3- Evaluation des menaces ………………………………………………………………35 6-4- Observation du régime alimentaire .. …………………………………………………35 7- Analyses statistiques ...... ………………………………………………………………….35 7-1- Test de Mann-Whitney ...... ………………………….36 7-2- Test de Chi-deux ( χ2) ………………………………………………………………….37 7-3- Modèle de simulation de la tendance de la population ...... ………………………38 7-4- Modèle de niche écologique à l’aide de MaxEnt ...... …………………………….39 7-5- Analyse en Composantes Principales (ACP) sous SPSS 17 ..... ………………….40 III- RESULTATS ET INTERPRETATIONS ...... ………………………………………………..43 1- Effectif de la population ...... ………………….43 1-1- Zones littorales ...... ………………………………………………………….45 1-2- Ecosystème lacustre ...... ……………………………………………………………..54 1-3- Ecosystème fluvial ...... ……………………………………………………………...58 2- Densité ...... …………………………………………………………60

v Conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar : étude bio-écologique et impacts de l’application de la GELOSE

3- Efficacité des techniques de capture ………………………………………………………...62 3-1- Capture ...... ………62 3-2- Marquage ...... ………………………………………..62 3-3- Taille et poids des individus ...... …………………………..….63 4- Biologie de la reproduction et de développement .... ………………………………………66 4-1- Paramètres concernant les nids ………………………………………………………66 4-1-1- Zones littorales ...... ……...66 4-1-2- Complexe des trois lacs (Ankerika, Soamalipo et Befotaka) ...... ……...67 4-1-3- Lacs satellites environnants ...... ………………………………………..67 4-2- Ponte ...... …………………………….67 4-3- Incubation ...... ……………………………………………………………….69 4-4- Eclosion …………………… ...... …………………………………69 4-5- Envol des poussins ...... ……………………………………………….70 4-6- Changement de place de nids ...... ………………………………………………..71 4-7- Succès de la reproduction ...... ………………………………………………….73 4-7-1- Complexe des trois lacs (Ankerika, Soamalipo et Befotaka) …………….73 4-7-2- Lacs satellites environnants ………………………………………………….75 4-8- Mortalité des juvéniles ...... …………………………………………………76 5- Longévité ...... ………………………………………………………………….76 6- Ecologie ...... ………………………………………………………………….77 6-1- Paramètres de l’arbre de nidification ...... ………………………………………….77 6-2- Paramètres physico-chimiques des lacs ... ………………………………………….78 6-2-1- Profondeur ...... ………………………………….78 6-2-2- Température de l’eau ...... ………………………………………….78 6-2-3- Turbidité et pH ...... ………………………………………….78 6-3- Menaces et pressions ...... ……………………………………………….79 6-4- Régime alimentaire ...... ……………………………………………….81 7- Analyses statistiques ...... ………………………………………………………………….82 7-1- Modèle de simulation de la tendance de la population ...... ………………………82 7-2- Modélisation de niche écologique ...... …………………………………………...83 7-3- Analyse en Composantes Principales ...... ………………………………………90 VI- DISCUSSIONS ...... 94 1- Taille de la population ...... ………………………………………………………………..….94 2- Identification des individus .... ………………………………………………………………...95 3- Mensuration et pesage des individus ………………………………………………………..96 4-Biologie de la reproduction et de développement .. ………………………………………...96 4-1- Localisation des nids ...... 98 4-2- Succès de la reproduction ...... …………………………………………………99

vi Conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar : étude bio-écologique et impacts de l’application de la GELOSE

4-3- Echec des juvéniles ...... ………………………………………………………100 5- Durée de vie de l’espèce ...... 101 6- Habitat ...... ………………………………………………………………………..101 7- Base du régime alimentaire ...... ………………………………………...102 V- CONCLUSION ...... ……………………………………………………………..103 DEUXIEME CHAPITRE : IMPACTS DE L’APPLICATION DE LA GELOSE ... ……………….105 INTRODUCTION ...... ……………………………………………………………………………..106 I- PRESENTATION DES PROMOTEURS, DESCRIPTIONS DU PROJET ET DU MILIEU RECEPTEUR...... 109 1- Présentation des promoteurs ...... 109 1-1- Communautés locales de bases (FIZAMI et FIFAMA) ...... 109 1-2- The Peregrine Fund ...... 110 2- Description du projet de gestion ...... 111 2-1- Description des composantes et leurs caractéristiques ...... 112 2-1-1- Forêt dense sèche de Manambolomaty ...... 112 2-1-2- Lacs ou ressources limnologiques ...... 113 2-1-3- Population d’aigle pêcheur de Madagascar ...... 113 2-1-4- Population riveraine et ses traditions ...... 113 2-2- Justification du choix de la variante retenue et son emplacement sur les plans social, économique et environnemental ...... 114 2-3- Cadre légal et institutionnel du projet de gestion ...... 115 3- Description du milieu récepteur...... 116 3-1- Cadre biophysique ...... 116 3-1-1- Localisation du projet de gestion ...... 116 3-1-2- Lacs ...... 119 3-1-3- Diversité biologique en relation avec la conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar ...... 120 3-2- Situation administrative ...... 120 3-3- Economie et tradition au sein des deux communes ...... 121 3-3-1- Agriculture ...... 121 3-3-2- Pêche ...... 122 3-3-3- Us et coutumes ...... 126 II- METHODE D’EVALUATION DES IMPACTS ...... 127 1- Enquête ...... 127 1-1- Entretien directif ou enquête fermée ...... 127 1-2- Entretien semi-directif ou enquête ouverte ...... 127 1-2-1- Pêcheurs ...... 128 1-2-2- Membres des associations ...... 128

vii Conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar : étude bio-écologique et impacts de l’application de la GELOSE

2- Observation directe ...... 128 2-1- Méthodes d’analyse et évaluation des impacts ...... 128 III- RESULTATS ET INTERPRETATIONS ...... 131 1- Impacts sur l’habitat ...... 131 1-1- Impacts au niveau de l’écosystème lacustre ...... 131 1-1-1- Impacts au niveau du peuplement des poissons ...... 131 1-1-2- Impacts au niveau de l’eau ...... 134 a- Profondeur ...... 134 b- Température de l’eau ...... 134 c- Turbidité et pH ...... 135 1-1-3- Impacts au niveau du milieu environnant les lacs ...... 135 1-2- Impacts au niveau de l’écosystème forestier ...... 135 2- Impacts au niveau de la population d’aigle pêcheur de Madagascar ...... 140 3- Impacts socio-économiques de la conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar ..... 141 3-1- Impacts en matière de revenus des pêcheurs ...... 141 3-2- Impacts en matière financière des associations ...... 142 3-3- Impacts en matière de redevance ...... 142 IV- ANALYSE DES IMPACTS IDENTIFIES ...... 143 V- PLAN DE GESTION ENVIRONNEMENTAL PROPREMENT DIT ...... 151 VI- DISCUSSIONS ...... 157 1- Impacts négatifs de forte importance ...... 157 2- Impacts négatifs de moyenne importance ...... 159 VII- CONCLUSION ...... 162 DISCUSSIONS GENERALES ...... 164 1- Distribution ...... 164 2- Domaine vital ...... …..……………………………………………………………………165 3- Biologie de la reproduction …..………………………………………………………………166 4- Modèle de niche écologique ...... ………………………………………...... 166 5- Régime alimentaire ...... ………………………………………...... 167 6- Menaces et pressions sur l’habitat ...... ………………………………….....167 7- Statut et stratégie de conservation ...... …………………...... 169 7-1- Statut de conservation ...... 169 7-2- Stratégie de conservation ...... 169 CONCLUSION GENERALE ...... 171 PERSPECTIVES ...... 174 RECOMMANDATIONS ...... 175 BIBLIOGRAPHIE ...... 177 ANNEXES ...... I - XIX

viii Conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar : étude bio-écologique et impacts de l’application de la GELOSE

Liste des figures

Figure 1 : Carte de localisation du complexe des trois lacs . ………………………………………10 Figure 2 : Diagramme ombrothermique du complexe des trois lacs .. ……………………………12 Figure 3 : Podocnémide Erymnochelys madagascariensis ... …………………………………….15 Figure 4 : Femelle adulte de l’aigle pêcheur de Madagascar .. …………………………………...16 Figure 5 : Ardea humbloti adulte ...... ………………………………………………………...16 Figure 6 : Râle d’olivier Amaurornis olivieri au lac Mandrozo ...... ………………………18 Figure 7 : Femelle adulte de l’aigle pêcheur de Madagascar .. …………………………………...26 Figure 8 : Mâle adulte de l’aigle pêcheur de Madagascar ... ………………………………………26 Figure 9 : Piège «bal chatri» modifié ...... …………………………………………………………..29 Figure 10 : Piège «lacet veste» ...... …………………………………………………………………30 Figure 11 : Bagues métalliques à fente pour l’aigle pêcheur de Madagascar ...………………...31 Figure 12 : Bagues métalliques à rivet pour les individus femelles ... …………………………….31 Figure 13 : Zone touchée par le dernier recensement (2005 et 2006) .…………………………..43 Figure 14 : Nombre d’individus observés suivant les classes d’altitude ………………………….45 Figure 15 : Zones à forte concentration d’aigle pêcheur de Madagascar ……………………….59 Figure 16 : Aire de distribution de l’aigle pêcheur de Madagascar .. ……………………………..61 Figure 17 : Baguage d’un juvénile par le personnel du projet ...... ……………………….63 Figure 18 : Poussin au nid avec de reste des proies .. ……………………………………………..70 Figure 19 : Aire de nidification de chaque couple au complexe des trois lacs (1991 – 2007) .. .72 Figure 20 : Reste de poussin victime de l’attaque des insectes nécrophages .. ………………...76 Figure 21 : Degré de menace sur l’habitat à l’aide de l’échelle à 8 points . ……………………...79 Figure 22 : Destruction du site de nidification de l’aigle pêcheur de Madagascar à Ankazomena Miandrivazo par les feux de brousse…………………………………………………… 81 Figure 23 : Tendance de la population au cours des cent ans à venir……………………………82 Figure 24 : Modèle de distribution actuelle de l’aigle pêcheur de Madagascar . ………………...84 Figure 25 : Aire de distribution de l’aigle pêcheur de Madagascar après analyse ……………...86 Figure 26 : Prédiction de l’aire de distribution de l’aigle pêcheur de Madagascar ……………..88 Figure 27 : Projection vers 2050 de l’aire de distribution de l’aigle pêcheur de Madagascar .. ..89 Figure 28 : Nuages des points des trois catégories des sites (PB, PBS et RS) ...... ……………93 Figure 29 : Carte de localisation du complexe Manambolomaty .. ……………………………...117 Figure 30 : Carte de zonage et des unités de gestion du complexe Manambolomaty .. ……...118 Figure 31 : Carte de délimitation de la zone à GELOSE du complexe Manambolomaty …….119 Figure 32 : Ressources piscicoles à Andranobe ... ……………………………………………….122 Figure 33 : Campement des pêcheurs à Soavala . ……………………………………………….124 Figure 34 : Pesage des produits effectué par le chef campement ……………………………...125 Figure 35 : Courbe de la tendance des activités de pêcheurs à Andranobe ... …………………126

ix Conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar : étude bio-écologique et impacts de l’application de la GELOSE

Figure 36 : Consommation de bois à Andranobe (2003 – 2004) ...... ……………………….137 Figure 37 : Consommation de bois à Ankerika (2003 – 2004) ...... …………………………138 Figure 38 : Mise en pot des graines par les techniciens de terrain . …………………………….139 Figure 39 : Pépinières des espèces autochtones ...... …………………………….139 Figure 40 : Evolution des couples de l’aigle pêcheur de Madagascar entre 1997 et 2007 ….140 Liste des tableaux

Tableau 1 : Caractères morphométriques entre les deux sexes ...... ……………………………..64 Tableau 2 : Caractères morphométriques de quelques juvéniles et d’un sub-adulte …………..65 Tableau 3 : Différents paramètres concernant les nids pour l’année biologique 2005 ……...... 66 Tableau 4 : Différents paramètres biologiques enregistrés à Antsalova entre 1992 et 2007 .. . 68 Tableau 5 : Changement des nids effectué par chaque couple entre 1991 et 2007 ………..71 Tableau 6 : Superficie occupée par chaque couple pour la nidification . ………………………...73 Tableau 7 : Succès de la reproduction au complexe des trois lacs entre 1992 et 2007 ……….74 Tableau 8 : Succès de la reproduction aux lacs satellites environnants entre 1992 et 2007 ..... 75 Tableau 9 : Liste des espèces d’arbres enregistrés dans le district d’Antsalova ...... ……….77 Tableau 10 : Liste des espèces piscicoles capturées par l’aigle pêcheur de Madagascar …….81 Tableau 11 : Pourcentage de contribution de chaque paramètre ..... …………………………….85 Tableau 12 : Pourcentage de contribution de chaque paramètre après test ………………….87 Tableau 13 : Matrice de corrélation . ………………………………………………………………….90 Tableau 14 : Valeurs de Eigenvalues .... …………………………………………………………….91 Tableau 15 : Valeurs de chaque variable dans les composantes retenues ……………………..92 Tableau 16 : Cumulatif des pêcheurs à Andranobe pendant la phase probante de la GELOSE (2001 – 2004) ...... ……………………………………………………………….123 Tableau 17 : Cumulatif des pêcheurs à Ankerika pendant la phase probante de la GELOSE (2002 – 2004) ...... ……………………………………………………………….125 Tableau 18 : Evolution de tonnage des produits piscicoles pendant et après la mise en œuvre de la GELOSE à Andranobe …………………………………………………..132 Tableau 19 : Evolution de tonnage des produits piscicoles pendant et après l’opérationnalisation de la GELOSE à Ankerika………………………………………133 Tableau 20 : Arbres les plus utilisés par les pêcheurs dans le complexe des trois lacs ...... 136 Tableau 21 : Succès de la reproduction enregistré avant, pendant et après la mise en œuvre de la GELOSE au complexe des trois lacs …………………………………………..141 Tableau 22 : Principaux impacts négatifs et positifs de la mise en place de la GELOSE …..143 Tableau 23 : Evaluation des impacts négatifs de la mise en œuvre de la GELOSE …………146 Tableau 24 : Plan d’action environnementale et mesures d’atténuations du complexe des trois lacs...... ………………152

x Conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar : étude bio-écologique et impacts de l’application de la GELOSE

ACRONYMES

ACP : Analyse en Composantes Principales ANGAP : Association Nationale pour la Gestion des Aires Protégées ANK : Ankerika AOU : American Ornithologists' Union AQUALMA : Aquaculture de la Mahajamba AQUAMAS : Aquaculture des Mascareignes ASITY : Ligue Malgache pour la protection des oiseaux BEFO : Befotaka BIO : Bioclimatique BS : Breeding Site ou Site de reproduction CISCO : Circonscription Scolaire CNRE : Centre National de Recherches sur l'Environnement COBA : Communauté de Base CONARAMS : Comité National sur la convention de Ramsar CR : Commune Rurale CR : Critique DHP : Diamètre à la Hauteur de la Poitrine DMH : Direction de la Météorologie et de L'hydrologie EN : En danger FIFAMA : Fikambanana Fampandrosoana Mamokatra Ankerika FIZAMI : Fikambanan’ny Zanatany Andranobe Miray FTM : Foibe Taon-tsaritanin’i Madagaikara GCF : Gestion Contractualisée des Forêts GELOSE : Gestion Locale Sécurisée HIMO : Haute Intensité des Mains D’œuvres IEC : Information, Education et Communication IUCN : International Union for Conservation of Nature MAEP : Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche MAP : Madagascar Action Plan ou Plan d’Action Madagascar MaxEnt : Maximum Entropie MEEF : Ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts NAP : Nouvelle Aire Protégée ONG : Organisation Non-Gouvernementale OPCI : Organisation Publique de Coopération Intercommunale ORSTOM : Institut Français de Recherche Scientifique pour le Développement en Coopération xi Conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar : étude bio-écologique et impacts de l’application de la GELOSE

PAE : Plan d’Action Environnemental PBS : Potential Breeding Site ou Site potentiel de la reproduction PCD : Plan Communal de Développement PGE : Plan de Gestion Environnemental PN : Parc National PRD : Plan Régional de Développement RS : Random Site ou Site sélectionné au hasard SAPM : Système des Aires Protégées de Madagascar SEP : Suivi-Ecologique Participative SIBE : Site d’Intérêt Biologique et Ecologique SOAM : Soamalipo SRA : Système de Riziculture Amélioré SRI : Système de Riziculture Intensive TPF : The Peregrine Fund VU : Vulnérable WWF : World Wide Fund ZICOMA : Zones d’Importance pour la Conservation des Oiseaux à Madagascar

GLOSSAIRE

Dina : Convention collective présentée sous forme écrite, librement adoptée par la majorité des Fokonolona âgés de dix huit ans révolus ou selon le cas, des représentants d’un hameau, d’un village ou d’un Fokontany. Droit d’usage : Droit qui donne à quelqu’un la faculté de se servir d’une chose appartenant à autrui ou d’en percevoir les fruits. Il comprend trois éléments, (a) les droits d’usage réservés à l’autoconsommation du titulaire et des membres de sa famille ou de sa communauté ; (b) Ils sont gratuits et libres ; (c) ils sont limités par la législation. Fady : Ce qui est sacré, défendu, prohibé, abominable, incestueux, ce dont on s’abstient ou dont on doit s’abstenir, maudit. Hotspots : Zone géographique représentative de la biodiversité, présentant une grande richesse en espèce. On dénombre actuellement 35 hotspots dans le monde. Niche écologique : c’est une place occupée par une espèce dans un écosystème. Le terme concerne aussi bien l’habitat de cette espèce que le rôle qu’elle joue sur le plan trophique (régime alimentaire). Mégadiversité : Un « pays de mégadiversité » est un pays qui contient au moins 3000 espèces de plantes vasculaires endémiques (soit au moins 1% du total mondial). Métapopulation : Une métapopulation est un ensemble de sous- populations interconnectées d'un même voisinage dont certaines sont en déclin, voire s'éteignent localement et temporairement tandis que d'autres sont démographiquement excédentaires et réalimentent les premières.

xii ConservationPremier chapitre de l’aigle : Etude pêcheur bio-écologique de Madagascar : étude bio-écologique et impacts de l’application de la GELOSE

INTRODUCTION GENERALE

Madagascar est réputée au monde comme une des zones rouges ou «Hotspots» de la conservation. C’est l’un des pays de «mégadiversité» grâce au grand nombre de familles et genres endémiques et à cause de la rapidité de la destruction des habitats naturels (Mittermeier et al. , 2004 ; Primack et Ratsirarson, 2005). La grande île compte 1 845 422 ha d’Aires Protégées (ANGAP, 2001) et dispose d’une superficie estimative de 500 000 ha de zones humides (Davies & Burgis, 1987). Ces dernières ont subi une menace très poussée due aux pressions anthropiques : transformation en riziculture et surpêche. Pour palier cette destruction, le Gouvernement malgache a ratifié des conventions internationales visant à préserver et protéger l’environnement naturel et à fournir un moyen d’utilisation durable des ressources. L’implication des populations humaines vivant aux dépens de ces aires protégées devient incontournable et préoccupe même le pouvoir étatique autant que l’adhésion à diverses conventions internationales (Andrianarimisa, 1998).

La convention de «Ramsar» a été élaborée en 1971 pour arrêter la dégradation continue des écosystèmes aquatiques, particulièrement ceux qui abritent les oiseaux d’eau et pour reconnaître leurs valeurs écologiques, scientifiques, économiques, culturelles et récréatives (Hails, 1996). Cette convention a été mise en vigueur à Madagascar depuis le 25 Janvier 1999. Elle a aidé le Gouvernement malgache dans la gestion de zones humides et au développement durable de la nation. Madagascar dispose de sept sites Ramsar à l’heure actuelle. Il s’agit du lac Tsimanampetsotsa, au sud, le complexe Manambolomaty et le lac Bedo, à l’ouest, le lac Alaotra, le marais de Torotorofotsy, la rivière Nosivolo à Marolambo, à l’est, et le lac privé de Tsarasaotra à Antananarivo. L’acceptation du complexe lacustre de Manambolomaty d’être parmi les «Site Ramsar» a lieu le 25 septembre 1998 (Peck, 1998).

Les zones humides sont des habitats indispensables pour les poissons, les invertébrés aquatiques et les oiseaux. Elles occupent plusieurs rôles essentiels dans le fonctionnement des écosystèmes naturels du pays et constituent également une ressource pour le contrôle de l’inondation, pour l’eau potable et la production d’énergie (Mitchell, 1992 ; Dugan, 1993). Certaines zones humides malgaches sont des patrimoines culturels et des supports cultuels. Bon nombre d’entre elles sont effectivement, soient des zones où des tabous sont encore très en vigueur, soient des sites qui sont traditionnellement encore utilisés pour des activités cultuelles selon les régions (CONARAMS, 2004). Cette situation a fait l’objet de notre observation au complexe des trois lacs dans le district d’Antsalova.

Page 1 ConservationPremier chapitre de l’aigle : Etude pêcheur bio-écologique de Madagascar : étude bio-écologique et impacts de l’application de la GELOSE

La GELOSE ou GEstion LOcale SEcurisée, est régie par la loi 96/025 du 30 septembre 1996. Ce mode de gestion est appliqué pour la conservation d’une telle zone humide et ses différentes ressources depuis 2001 dans ce complexe.

Théoriquement, ce type de gestion consiste à déléguer le pouvoir de gérer les ressources naturelles aux communautés locales de base. Son principal objectif dans ce site est de mobiliser la population riveraine à la préservation, protection et conservation de la biodiversité, particulièrement l’aigle pêcheur de Madagascar Haliaeetus vociferoides , par le transfert de la gestion de ressources naturelles. Le contrat se fait entre l’Etat, les collectivités territoriales décentralisées et décontractées et le secteur privé.

En pratique, l’aigle pêcheur de Madagascar, connu localement sous le nom d’« Ankoay » est l’unique espèce de rapace diurne en danger critique (CR) du continent Africain (Birdlife International, 2010). Il est considéré comme principal cible de conservation dans notre zone d’étude.

Dans le cadre de sa biologie de reproduction, un couple pond généralement un à deux œufs. La durée d’incubation est d’environ 36 à 42 jours. Cette espèce pratique le phénomène de fratricide ou caïnisme après éclosion des œufs. L’envol des poussins débute au 75 ème jour d’âge. Elle présente un dimorphisme sexuel notable au niveau de la taille selon lequel un mâle pèse en moyenne 2 215 g contre 2 915 g pour la femelle (Razafindramanana, 1995, Tingay, 2000).

Ces multiples raisons nous ont conduit de choisir comme thème : «Conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar Haliaeetus vociferoides : étude bio-écologique et impacts de l’application de la GELOSE».

La problématique se formule comme suit : «Quel type de gestion pérenne doit-on mettre en place en vue de conserver l’aigle pêcheur de Madagascar et d’évaluer ses impacts ?».

L’importance de notre recherche repose sur les critères suivants : il s’agit en premier lieu, d’un sujet d’actualité, à l’heure où l’on procède à la conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar. La présente étude tient largement compte, en outre, des aspects morphologique et biologique comprenant quelques stades de la reproduction. A cela s’ajoute l’aspect écologique relatif à l’habitat et le régime alimentaire. De cette étude, deux types de modèle sur la population et l’habitat sont élaborés. L’avantage de la GELOSE au niveau de la gestion des ressources naturelles est aussi mis en relief.

En un mot, les résultats obtenus de cette étude renforcent les informations disponibles sur la biologie et l’écologie de cette espèce et mettent en valeur le système GELOSE.

Page 2 ConservationPremier chapitre de l’aigle : Etude pêcheur bio-écologique de Madagascar : étude bio-écologique et impacts de l’application de la GELOSE

Pour ce faire, la réalisation de ce projet nécessite une collaboration effective avec les communautés locales par le biais des associations gestionnaires du site telles que les FIZAMI (Fikambanan’ny Zanatany Andranobe Miray) et FIFAMA (Fikambanana Fampandrosoana Ankerika Mamokatra).

L’objectif global est de mesurer la dynamique de la conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar dans un cadre bio-écologique et l’application de la GELOSE.

Les objectifs spécifiques sont (1) d’étudier la biologie et l’écologie de l’aigle pêcheur de Madagascar par suite des résultats de suivis (2) d’élaborer des modèles de simulation axés sur la population et leur distribution. L’évaluation des impacts environnementaux et socio- économiques de la mise en œuvre du système adaptable pour la conservation des zones humides fait également partie de la présente étude.

Dans le cadre de cette étude, quelques hypothèses sont élaborées et s’énoncent comme suit :

H1 : Les couples existants se reproduisent normalement dans le complexe des trois lacs. H2 : L’habitat est épargné des pressions anthropiques. H3 : La GELOSE contribue à la conservation de la biodiversité, particulièrement l’aigle pêcheur de Madagascar, et à l’amélioration du niveau de vie de la population riveraine.

La présente étude est subdivisée en deux chapitres interdépendants, à savoir :

- le premier chapitre traite la bio-écologie de l’aigle pêcheur de Madagascar ; - le second et dernier chapitre analyse les impacts de l’application de la GELOSE dans le complexe des trois lacs.

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PREMIER CHAPITRE : ETUDE BIO-ECOLOGIQUE

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INTRODUCTION

Au 19 ème siècle, l’aigle pêcheur de Madagascar n’était pas rare. Elle est souvent observée dans la partie nord-ouest (Schlegel & Pollen, 1868) et est restée bien commune dans ces zones vers 1930 (Delacour, 1932 ; Rand, 1936). Pourtant, elle est considérée comme rare vers 1940 (van Someren, 1947). Cette espèce est ensuite classée comme espèce en danger (King, 1978 ; Collar et Stuart, 1985 ; Collar and Tattersall, 1987) et est considérée comme l’une des sept rares espèces d’oiseaux de proies diurnes du monde (Meyburg, 1986). Par conséquent, depuis 1988, elle est devenue l’une des espèces protégées par la loi (Nicoll et Langrand, 1989). Pourtant, son statut a changé d’en danger à critique (CR) (Collar et al. , 1994 ; Stattersfield and Capper, 2000 ; IUCN, 2002) par suite de la chute drastique de l’effectif de la population due aux pressions anthropiques que subissent l’habitat naturel et l’espèce en question. Cette espèce endémique de la grande île est classée dans la famille des Accipitridae représentant 60 espèces représentatives dans le monde entier (Newton, 1990), est l’une des 11 espèces d’aigle du genre Haliaeetus (Murphy, 1979 ; Jobling, 1991 ; del Hoyo et al ., 1994).

La survie de cette espèce est entièrement dépendante des zones humides étant donné que son régime alimentaire se base sur des poissons. L’aigle pêcheur de Madagascar fréquente exclusivement les milieux aquatiques à proximité de zones boisées et les littoraux rocheux. Ses biotopes de prédilection sont les petites îles et îlots rocheux proches de la côte, les mangroves, les grands fleuves et les lacs (Langrand, 1995). Il réside le long de la côte ouest depuis la région de Menabe jusqu’à Nosy Hara d’Antsiranana, respectivement comme limite sud et nord. Cette distribution s’étend jusqu’à Morombe en 1997 (Rabarisoa et al. , 1997). La dégradation de l’habitat et la persécution humaine directe (chasse, piégeage et dénichage) sont l’origine de la diminution de l’effectif de la population (Langrand, 1987 ; Langrand & Goodman, 1995). Ainsi, Langrand (1987) n’a recensé que 40 couples reproducteurs dans tout Madagascar.

Des efforts ont été déployés pour la sauvegarde de cette espèce, allant des études biologique, écologique et socio-économique, en passant par l’élevage en semi-captivité, baptisé «Hacking» (Cade and Temple, 1977 ; Sherrod and Cade, 1978 ; Barclay, 1980) ou «Sauvegarde du second poussin». L’implication de la population locale au contrôle des ressources naturelles à travers d’un système de conservation adaptable aux zones humides en fait partie. Le but du «Hacking» est d’augmenter d’une manière semi-artificielle la taille de la population de l’aigle pêcheur de Madagascar d’autant plus que les habitats potentiels non occupés existent. Le complexe des trois lacs a été choisi comme site d’expérimentation, du fait

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qu’il abrite une forte concentration de la population d’aigle pêcheur de Madagascar, 10 % de l’effectif global (Rabarisoa, 1994). Cette espèce est considérée comme outil et indicateur naturel en matière de conservation des zones humides (Watson et al ., 1993).

Quelques activités de recherche y afférentes ont été menées depuis 1993. Nous pouvons citer entre autres les suivantes :

- En 1995, RAZAFINDRAMANANA Suzanne a fait une étude intitulée : «Contribution à l’étude de la Biologie de Haliaeetus vociferoides (Pygargue de Madagascar) : Reproduction et domaine vital».

- En 1997, l’étude de BERKELMAN James s’est focalisée sur les exigences en habitat et le comportement de chasse de l’aigle pêcheur de Madagascar.

- En 1998, RAFANOMEZANTSOA Simon André a entrepris l’étude sur les comportements et la dispersion des jeunes Pygargue de Madagascar dans le complexe des trois lacs d’Antsalova.

- En 2000, TINGAY Ruth a mené une étude sur le sexe et la dominance en tenant compte de la paternité et le comportement du troisième individu de l’aigle pêcheur de Madagascar (Haliaeetus vociferoides ).

- En 2005, ce même auteur a repris ses études sur la distribution, le statut de conservation et le troisième individu ainsi que leurs implications dans la conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar.

Malgré l’étude effectuée par Razafindramanana (1995) sur la biologie de la reproduction, nous avons constaté que la taille de son échantillon, la durée de sa période d’étude et ses sites d’études semblent être insuffisants. La raison pour laquelle, nous avons insisté sur la continuation de son étude par l’élargissement de ces points.

Au niveau de l’habitat, notre approche est plutôt comparative entre l’espèce d’arbre et leur DHP (Diamètre à la Hauteur de la Poitrine) ainsi que de tester statistiquement s’ils présentent une différence significative ou non. La distinction de trois catégories de sites (sites de reproduction, sites potentiel de reproduction et sites sélectionnés au hasard) est aussi entreprise.

La présente étude apporte également de nouvelles informations relatives à l’état actuel de la population et à la distribution à travers le recensement. Elle met en exergue le type d’écosystème riche en aigle pêcheur de Madagascar et identifie les zones à forte concentration.

Enfin, l’originalité de cette recherche, par rapport à celles précédemment citées, est l’élaboration de deux différents modèles de simulation de la population et de niche écologique.

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Les estimations de la densité et de la longévité de cette espèce ainsi que le seuil de tolérance pour sa viabilité par suite de l’évaluation des menaces sur l’habitat constituent aussi des points saillants.

Cette partie est consacrée essentiellement à l’étude bio-écologique de l’aigle pêcheur de Madagascar et elle comprend les parties suivantes :

- la première partie relate à la description des sites d’études et de l’espèce étudiée ;

- la deuxième partie décrit l’approche méthodologique ;

- la troisième partie se rapporte aux résultats et interprétations ;

- la quatrième et dernière partie traite les discussions et la conclusion partielle.

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I- DESCRIPTION DES SITES D’ETUDES ET DE L’ESPECE ETUDIEE

Le complexe des trois lacs : Ankerika, Soamalipo et Befotaka du district d’Antsalova, région Melaky et l’aigle pêcheur de Madagascar font l’objet de la présente étude. Le projet The Peregrine Fund a choisi ce site comme centre d’expérimentation pour initier un projet de conservation des zones humides et de l’espèce en question depuis 1992.

1- Choix des sites d’études

Le choix des sites repose sur deux critères fondamentaux : la forte concentration de la population d’aigle pêcheur de Madagascar et le type d’habitat qui reste toujours à l’état naturel.

Les habitats potentiels au sein du district d’Antsalova ont été suivis annuellement. Par contre, les sites éparpillés de la façade ouest de la grande île allant du district de Manja jusqu’à Nosy Hara d’Antsiranana, délimités au centre par les districts de Miandrivazo et Marovoay, ont fait l’objet d’un projet de recensement tous les cinq ans.

Les habitats cibles sont constitués principalement par des lacs, des mangroves, des embouchures, des estuaires et des fleuves. A signaler que, Madagascar dispose plus de 3 000 km de fleuves et rivières. Le réseau hydrographique est naturellement divisé en cinq ensembles d’importance très inégale (ORSTOM, DMH et CNRE, 1993).

La circonscription d’Antsalova possède une richesse importante du point de vue biodiversité, particulièrement en avifaune aquatique. Six espèces sont potentiellement menacées dans cette zone, à savoir : l’aigle pêcheur de Madagascar, le héron de Madagascar Ardea humbloti (Birdlife International, 2010), la sarcelle de Bernier Anas bernieri (Young, 1995) , l’ibis sacré Threskiornis bernieri , le gravelot de Madagascar Charadrius thoracicus et le héron à crabier blanc Ardeola idae . La menace pourrait être due à la modification, voire même, la destruction de l’habitat naturel, causée par la pression anthropique excessive telle que la pêche, la chasse (Watson & Lewis, 1994).

1-1- District d’Antsalova

1-1-1- Situation géographique

Le district d’Antsalova se localise dans la région Melaky et se trouve entre les coordonnées géographiques 18°40’S et 44°37’E. Le pl ateau de Bemaraha, le canal de

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Mozambique, la rivière Manambolo et la commune de Soahany constituent respectivement les limites est, ouest, sud et nord. Sa superficie totale est administrativement de 697 119,01 ha. Cette zone est l’un des endroits de Madagascar ayant obtenu différentes qualifications aussi bien nationales qu’internationales. Le Site d’Intérêt Biologique et Ecologique (SIBE) national pour le complexe lacustre/forêt de Manambolomaty en 1988, le patrimoine mondial pour le Tsingy en 1990, le statut Ramsar pour le complexe Manambolomaty en 1999, en sont des exemples concrets (Andrianarimisa, 1998). Le district possède aussi un Parc National (PN), une Réserve de chasse (lacs Bemamba et Masama) dont on ignore le statut de protection et la Forêt classée de Tsimembo (Programme Bemaraha, 1997). La présence des mangroves et des espaces savanicoles lui sert aussi d’atouts majeurs. La diversité floristique et faunistique qu’on y découvre, constitue un patrimoine biologique et écologique exceptionnel au monde. Nicoll et Langrand (1989) ont classé les écosystèmes lacustres et forestiers, par leurs importances en biodiversité, d’être parmi les sites nécessitant une protection et un aménagement immédiats.

Le complexe des trois lacs (Ankerika, Befotaka et Soamalipo) avec le lac Antsamaka et une bande de forêt adjacente constituent le site Ramsar Manambolomaty dont l’altitude varie de 7 à 280 m. Les lacs Ankerika, Befotaka et Soamalipo se situent dans les Communes Rurales de Masoarivo et de Trangahy, district d’Antsalova (figure 1). Ils s’étendent sur une superficie avoisinante de 1 181 ha. De toute évidence, les lacs Befotaka et Soamalipo sont liés par un chenal d’une vingtaine de mètres et l’ensemble forme un grand lac dénommé « Andranobe » tandis qu’Ankerika est un lac indépendant. Ce complexe avec quelques lacs satellites et une partie de la forêt de Tsimembo, est actuellement sous le contrôle de deux associations locales (FIZAMI et FIFAMA).

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Figure 1 : Carte de localisation du complexe des trois lacs (Soamalipo, Befotaka et Ankerika) (Source : The Peregrine Fund, 2005)

1-1-2- Caractères physico-chimiques des lacs

Le site Ramsar Manambolomaty se trouve sur la partie sud du lambeau forestier de Tsimembo et a comme position géographique 18°59’ - 19°03’ Sud et 44°24’ - 44°29’ Est. La superficie totale du site (forêt et lacs) est de 9 471 ha.

a- Profondeur

Les lacs Ankerika, Befotaka et Soamalipo sont constitués par d’eau douce permanente de profondeur variable suivant les saisons : sèche et pluvieuse (Rasamoelina, 2000).

- Soamalipo : son étendue reste autour de 486 ha avec une profondeur variant de 0,80 à 3,60 m. Ce lac culmine sur une altitude de 7 m ;

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- Befotaka : s’étale sur une superficie de 386 ha et se trouve sur une altitude de 7 m aussi. Sa profondeur varie entre 0,70 et 3,30 m ou même davantage ;

- Ankerika : ce lac est plus petit par rapport aux deux autres. Il n’a que 309 ha seulement. En revanche, il présente un léger avantage en termes de profondeur et d’altitude. Sa profondeur va jusqu’à 4,40 m pendant la saison pluvieuse et son élévation reste autour de 8 m.

Le fond des lacs est constitué par des vases comme type de substrat. Au début de la saison de pluie, ces lacs sont alimentés par la rivière Manambolo.

b- Température de l’eau

En moyenne, la température de l’eau des trois lacs reste suffisamment stable au cours de l’année, autour de 26°C mais remonte jusqu’à 34° C entre les mois de novembre et décembre. L’écart thermique entre la surface et le fond de l’eau varie de 0,5 à 1°C et on ne constate pas une variation significative entre les trois lacs (Rasamoelina, 2000).

c- Turbidité, pH, composition chimique

Pour le cas d’Andranobe, la turbidité varie de 0,50 à 1 m, respectivement en saison pluvieuse et sèche. L’eau y paraît légèrement limpide que celle d’Ankerika dont la valeur de la turbidité varie de 0,45 à 0,90 m. En général, l’eau s’avère plus trouble durant la saison sèche qu’en saison de pluie. Le lac Befotaka présente une couleur plus sombre que celle de Soamalipo et d’Ankerika.

Quant au pH, la valeur se trouve plus élevée en saison sèche, autour de 8 et plus acide en temps pluvieux : 6,8. Ces valeurs plus basiques demeurent conformes aux eaux douces de l’Ouest malgache où se localisent les trois lacs, qui ne descendent pas la valeur 7 (Keiner, 1963). Les nitrites et ammoniums, pouvant indiquer le niveau de pollution, restent encore très faibles, largement au-dessous des taux alarmants. Les eaux des trois lacs ne sont pas encore polluées.

A part ces éléments, le taux d’oxygène dissous se trouve non moins de 5 mg/l (Rasamoelina, 2000). Tous ces caractères physico-chimiques et le pH exigé par la vie piscicole, entre 5 et 9, font que les trois lacs abritent une faune ichtyologique abondante .

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1-1-3- Climat

Le climat de la région est du type tropical sec avec un contraste marqué entre une saison sèche fraîche à tiède (hiver austral) et une saison pluvieuse très chaude. Les mois dits «secs» s’étendant entre avril et octobre, connaissent quelques précipitations, en particulier, sur le plateau de Bemaraha (Bosquet et Rabetaliana, 1992). En revanche, la saison pluvieuse s’étale sur cinq mois (novembre à mars) avec une moyenne annuelle de précipitation variant de 498,5 à 1 105,5 mm entre 2002 et 2005 (figure 2). Les extrêmes de la température se situent en juillet (18,8°C) et en décembre (32°C) (annexe 1). Parfois, la température va jusqu’à 40°C ou même davantage (Preston-Mafham, 1991). L’hiver austral est marqué par un alizé dominant qui prend l’allure d’un foehn sur le versant occidental de l’île et conduit une action desséchante sur la végétation (Köechlin et Guillaumet, 1974) .

Figure 2 : Diagramme ombrothermique du complexe des trois lacs (Source : The Peregrine Fund, 2002 – 2005)

1-1-4- Hydrologie

Le réseau hydrographique du district est composé de grands fleuves à long cours qui, tous, rejoignent le canal de Mozambique et des lacs permanents. Ce sont principalement les

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fleuves Manambolo et Soahany dont les cours inférieurs forment un système fluvio-lacustres comme celui formé par le fleuve Tsiribihina, situé plus au Sud. Ce district compte une trentaine de lacs et quelques zones marécageuses, dont la plus importante est celle de Bemamba (Bosquet et Rabetaliana, 1992). Ces fleuves sont irrigués d’une manière permanente par de nombreuses sources procédant du plateau de Bemaraha. La composante géologique de ce plateau est constituée par des massifs calcaires, karstiques, à lapiez. Ces constituants avec leurs inclinaisons vers l’Ouest, jouent un rôle de château d’eau au plateau pour le district d’Antsalova (Bosquet et Rabetaliana, 1992).

1-1-5- Caractéristiques du sol

Le sol est du type argilo-sableux. Il contient 60 à 67,9 % de matières organiques, 27,2 à 42,8 % d’argile, 9,1 à 27,4 % de limons et 21,1 à 35,1 % de sables (Rasamoelina, 2000) .

1-1-6- Diversité biologique du site

a- Végétation

La couverture végétale autour des lacs est constituée par une forêt dense sèche faisant partie du lambeau forestier de Tsimembo. Cette forêt s’étale sur une superficie de 32 800 ha (Programme Bemaraha, 2002) et constitue une source indispensable des produits ligneux pour les villages riverains : bois de construction, bois de chauffe, pirogue. Sur le plan culturel, la forêt de Tsimembo est la seule source d’espèces d’arbres utilisées pour la confection de cercueil. En effet, l’enterrement avec un cercueil construit en « Hazomalany » ( Hazomalania voyronii ; Hernandiaceae) , une espèce endémique, est une grande fierté pour les Sakalava, l’ethnie majoritaire de la région (Programme Bemaraha, 2002).

Quant aux plantes aquatiques, la plupart de la végétation demeurent des plantes immergées appartenant à 26 espèces dont 6 sont flottantes. Le type biologique dominant s’avère les plantes palustres. Le lac Befotaka est exceptionnellement envahi par la végétation flottante Eicchornia crassipes dont le taux de recouvrement n’a pas beaucoup varié ces dernières années. En effet, le taux de couverture de la surface des trois lacs reste stagnant à la classe 1 sur une échelle à 8 points (Rasamoelina, 2000).

A part la végétation aquatique, la riziculture existe sur la partie sud des lacs. Malgré que l’étendue de ces rizières reste encore minime par rapport à la surface des lacs, elles commencent à s’étendre. Ceci nécessite des mesures adéquates pour ne pas léser la valeur et les fonctions écologiques des lacs.

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Le lac Ankerika abrite une importante couverture de végétation aquatique comme Nymphea stellata (connue localement sous l’appellation de «Hetrevo » dont le tubercule constitue une source d’alimentation des Sakalava). Il présente aussi d’autres espèces comme Phragmites (Bararata ), Cyperus rodontus , Jonchus sp.

b- Faune

Invertébrés

Cinq familles d’insectes dominent le groupe d’invertébrés dans les trois lacs. Il s’agit pour la plupart des individus au stade larvaire, à l’exception, de quelques Coléoptères. Ce qui signifie que les trois lacs jouent un rôle non négligeable dans le cycle biologique de ces groupes dans le maillon de la chaîne alimentaire.

Trois familles de Mollusques et une famille de Crustacés y sont aussi identifiées. Cinq Ordres d’Invertébrés (Coléoptères, Diptères, Ephémères, Hémiptères, et Odonates) ont été aussi identifiés dans les environs de ce site.

Il est à signaler que l’absence des espèces de mollusques connues comme vecteur de la Bilharziose à Madagascar lors du recensement semble assez étonnant dans ce site. Cela pourrait être dû au caractère suffisamment naturel de ces lacs. Les crustacés comestibles ne constituent pas une ressource exploitable à cause de leur rareté et l’habitude alimentaire.

Poissons

En termes de biodiversité, les poissons des trois lacs ne paraissent pas divers et endémiques mais ils constituent une ressource naturelle exploitable importante grâce à leur abondance relative. Parmi les 16 espèces recensées, une seule, Arius madagascariensis (Ariidae), connue localement sous l’appellation « Gogo », est endémique de Madagascar. Ce chiffre correspond à la diversité ichtyologique caractéristique de l’Ouest de Madagascar (De Rham, 1996).

Les espèces de poissons Tilapia spp introduites vers les années 60 (Razafindramanana, 1995) sont actuellement en pleine prolifération dans ces étendues lacustres. En outre, un poisson récemment introduit, Ophiocephalus striatus ou « Fibata » (Ophiocephalidae) se rencontre seulement au lac Befotaka et ne s’abonde pas au même niveau que les trois précédents.

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La plupart des espèces ichtyofaunes du site sont planctophages, excepté deux espèces étant carnivores. En termes de stock disponible, Oreochromis macrochir ou «Voaloboky » domine largement toutes les autres espèces, avec non moins de 40 % de la totale suivant les lacs et la saison et il peut aller jusqu’à 90 % à Ankerika. On peut estimer la possibilité de capturer un minimum de 30 000 individus de cette espèce durant les six mois d’ouverture de la pêche pour l’ensemble des trois lacs. Une population formée d’un minimum de 8 000 à 9 000 individus de cette espèce persiste assez facilement dans ces lacs. Ce qui fait que ces derniers peuvent fournir un minimum de 40 000 individus de cette espèce la plus recherchée par les usagers chaque année.

Reptiles et Amphibiens

Peu d’informations sont connues sur la composante herpétofaunique de ces nappes d’eau fermées. Toutefois, la présence importante de tortue d’eau douce endémique: Podocnémide ou « Rere » ( Erymnochelys madagascariensis ) (figure 3) et le «Kapika » (Pelomedusa subrufa ) a été signalée. Cette année 2011, un total de 69 espèces d’herpétofaune a été enregistré lors de l’inventaire rapide mené dans le complexe Tsimembo-Manambolomaty. Parmi eux, 56 et 13 sont respectivement des reptiles et des amphibiens (Razafimahatratra, 2011). La présence de Pelusios castanoides et Pelomedusa subrufa est confirmée à Antsamaka. La forêt qui l’entoure abrite de nombreuses espèces d’Ophidiens, Lézards et Caméléons .

Figure 3 : Podocnémide Erymnochelys madagascariensis (Photo par Velosoa Juliette, 2008)

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Oiseaux

La zone d’Antsalova constitue un important refuge pour au moins six espèces d’oiseaux menacées d’extinction, à savoir, l’aigle pêcheur de Madagascar (figure 4), la sarcelle de Bernier Anas bernieri , le héron de Madagascar ( Ardea humbloti ) (Birdlife International, 2010) (figure 5), le héron à crabier blanc Ardeola idae, le gravelot de Madagascar Charadrius thoracicus et l’Ibis sacré (Threskiornis bernieri ) (Razafimanjato et al ., 2007). Pour l’aigle pêcheur de Madagascar, le site Manambolomaty abrite 10 % de la population restante (Rabarisoa, 1994). En effet, la région d’Antsalova fait partie des quelques dizaines de zones humides à Madagascar qui assurent la survie de nombreuses espèces d’oiseaux d’eau.

Figure 4 : Femelle adulte de l’aigle pêcheur de Madagascar (Photo par Rene de Roland, 2005)

Figure 5 : Ardea humbloti adulte (Photo par Rene de Roland, 2005)

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Le lambeau forestier bordant le site Ramsar abrite 80 espèces d’oiseaux (Ramanitra, 1993). Deux familles de rapaces existent dans la forêt de Tsimembo : celle des Accipitridae avec six espèces représentatives et celle des Falconidae avec trois espèces (Rafanomezantsoa, 1998). Ceci réitère l’importance de la zone en termes de biodiversité.

Mammifères

Dix espèces de lémuriens existent dans la forêt de Tsimembo (Ausilio & Raveloarinoro, 1993 ; Razanantsoa, 2000 ; Mittermeier et al ., 2010). Il s’agit de Eulemur rufus, Propithecus deckenii , Hapalemur occidentalis , Microcebus murinus , Cheirogaleus medius , Phaner pallescens , Lepilemur randrianasoloi , Daubentonia madagascariensis , Mirza coquereli et Avahi occidentalis . Pour les autres groupes de mammifères, un peuplement important de Chauve-souris ( Pteropus rufus ) trouve refuge à Anosindambo, grand îlot apparaissant au lac Befotaka. En fait, la composante faunistique que ce soit micro ou macromammifères reste encore inconnue .

1-2- Zones hors du district d’Antsalova

1-2-1- Zones humides continentales

Les zones humides sur terre continentale sont composées des écosystèmes lacustres, marécageux et fluviaux. Les sites visités se sont concentrés sur cinq districts, à savoir, Maintirano, Besalampy, Marovoay, Belo-sur-Tsiribihina et Miandrivazo .

a- District de Maintirano

Le district de Maintirano se situe géographiquement dans le moyen ouest de l’île, région Melaky. Il détient une surface de 45 825,95 ha. Le climat est du type sub-humide chaud avec des précipitations moyennes annuelles de 1 373 mm et une température moyenne annuelle dépassant 25°C dans la région climatique (ZICOMA, 1 999). Deux grands fleuves à long cours, essentiellement Manambaho et Ranobe, en plus des lacs permanents, constituent une source incessante en eau pour les zones destinées à la riziculture pendant la saison sèche, à Tambohorano. Ils présentent des crues pendant la saison des pluies. Les crues amènent des alluvions qui permettent des cultures de décrues (Oberlé, 1981).

Classé cinquième grand lac par son étendue de 1 800 ha, le lac Mandrozo fait partie intégrante des zones humides de Tambohorano, du district de Maintirano. Le renom du site

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repose sur sa richesse en biodiversité. Mandrozo est connu pour au moins deux espèces aviaires menacées d’extinction dont l’aigle pêcheur de Madagascar et le râle d’Olivier Amaurornis olivieri (Figure 6).

Les mangroves de Tambohorano ont abrité 10 % de la population restante de sarcelle de Berrnier (ZICOMA, 1999) .

Figure 6 : Râle d’Olivier Amaurornis olivieri au lac Mandrozo (Photo par Rene de Roland, 2010)

b- District de Besalampy

C’est le district le plus spacieux de la région Melaky avec une superficie de 1 129 200 ha. Cette étendue représente 9,76 % de celle de l’ensemble de la région. La densité de la population reste toutefois autour de 29,06 hab/km 2.

Le climat est du type tropical chaud et sec caractérisé par deux saisons bien distinctes : saison sèche, d’avril en octobre et saison des pluies, de novembre à mars. Cette dernière est donc concentrée sur environ cinq mois dans les meilleures conditions.

Les températures les plus élevées correspondent à la période pluvieuse la plus intense. C’est la période active des cultures pluviales annuelles.

Cette zone appartient au domaine tropical sub-semi-humide chaud de basse et moyenne altitude dont les précipitations annuelles varient entre 600 mm exclus et 1 200 mm inclus.

Sept grands fleuves à long cours, essentiellement Maningoza, Berongony, Begoga, Bedodoka, Sambao, Kalonja et Tsarafahay, en plus des lacs permanents, constituent la source

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incessante d’eau pour les zones destinées à la riziculture pendant la saison sèche. La disposition en eau permanente est susceptible de dynamiser de nombreuses activités économiques telles que le transport fluvial et maritime, l’alimentation en eau, la pêche et l’agriculture.

c- District de Marovoay

Le district de Marovoay se localise dans la partie nord-ouest de la grande l’île, région . Une partie de sa surface, dont exactement 130 026 ha est réservée pour la conservation. Autrement dit, ce district possède un Parc National qui est le Parc National d’Ankarafantsika (PNA). Ce Parc est caractérisé par un climat chaud avec une longue période sèche, s’étalant entre mai et octobre, et une saison verte marquée par des averses locales de fortes intensités et par ses perturbations cycloniques qui entraînent de fortes précipitations (PNM-ANGAP et PNA, 2008).

Les variations pluviométriques au parc sont prononcées (entre 2 228 mm en 2004 et 785 mm en 2005, soit 1 305 mm en moyenne), les précipitations mensuelles au fil des ans sont très variées (PNM-ANGAP et PNA, 2008).

La température varie entre 24 et 29°C avec une ampl itude thermique pouvant atteindre 15°C durant les trois derniers mois de la saison sè che (de juillet à septembre). Le mois d’octobre est le plus chaud avec une température maximale moyenne de 37,5°C. Les mois secs présentent les températures les plus basses au lever du jour (en moyenne 17°C en juillet et août) (PNM-ANGAP et PNA, 2008).

Le plateau d’Ankarafantsika, tout comme les zones environnantes, est arrosé par plusieurs cours d’eau coulant pour la plupart du Sud-Est vers le Nord-Ouest. Les principaux fleuves sont Betsiboka et Mahajamba. Il y a également quelques rivières : Androtra, Ambodimanga, Vavan’Ampijoroa, Vavan’i Marovoay, Karambo et Andranomiditra qui constituent une source incessante en eau pour les zones destinées à la riziculture pendant la saison sèche. Le parc comporte aussi bon nombre de lacs, parmi lesquels : Ravelobe, Antsilamba, Antsiloky, Tsimaloto, Ankomakoma et Komandria et de nombreuses zones marécageuses aux extrémités Est et Ouest (PNM-ANGAP et PNA, 2008).

d- District de Belo-sur-Tsiribihina

Le district de Belo-sur-Tsiribihina appartient administrativement à la région de Menabe. La surface de son terroir est fixée à 801 699,13 ha. La zone humide de la haute Tsiribihina,

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dont l’altitude n’excède pas 200 m, englobe le fleuve Tsiribihina, quelques lacs et rivières, ainsi que des lacs entre le district de Miandrivazo et la Commune Rurale de Malaimbandy. Dans la vallée de la Tsiribihina, entre Miandrivazo et Malaimbandy, il existe certains lacs dont l’incursion de Jacinthe d’eau Eichhornia crassipes est remarquable et une grande étendue de marécages à dominance de Cyperus sp. et Phragmites sp. Ces lacs, de profondeur assez faible, se relient les uns aux autres pendant la saison des pluies, principalement le lac Kimanomby, situé à l’ouest du village d’Ambohibary. La forêt dense sèche d’Ambovondambo l’entoure, à l’ouest, et celle de Marotapia, à l’est. Ces forêts servent de dortoir et de site de nidification pour certaines espèces d’oiseaux d’eau.

Le climat est du type sub-humide chaud avec une température moyenne mensuelle entre 19°C et 36°C. La pluviosité est faible et var ie beaucoup d’une année à l’autre avec des moyennes annuelles de 700 à 1 000 mm. La saison de pluies s’étend de janvier à mars (ZICOMA, 1999).

Le fleuve de Tsiribihina, se déversant dans le canal de Mozambique, joue un rôle important dans le système hydrique de la zone. Il alimente, pendant la saison pluvieuse, les lacs et les zones destinées à la culture. Il se caractérise par son ensablement et sa sédimentation qui incite la couleur rouge de l’eau. Par conséquent, les crues qui se présentent pendant la saison humide, amènent des alluvions permettant des cultures d’amoindrissements .

e- District de Miandrivazo

La zone humide du district de Miandrivazo, en liaison avec celle de Malaimbandy, fait partie intégrante de la haute Tsiribihina. Ce district est en amont et à l’est de Belo-sur- Tsiribihina. A ce titre, le fleuve Tsiribihina entretoise à travers le district, en passant par le district de Belo-sur-Tsiribihina et se déverse dans le canal de Mozambique .

1-2-2- Zones littorales

Les sites d’études longent le long du littoral sud-ouest, ouest et nord-ouest de l’île, depuis le district de Manja jusqu’à la baie d’Ampasindava, au nord. Les habitats cibles sont formés de mangroves, d’embouchures et d’estuaires.

La forêt de mangroves est l’une des plus importantes communautés des zones humides des régions tropicales. Elle occupe les zones côtières avec de l’eau saline ou saumâtre, particulièrement dans des régions à fonds boueux (Primack et Ratsirarson, 2005). Les espèces de mangroves comptent parmi les rares plantes qui tolèrent l’eau salée. Quelques espèces sont

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typiques de la partie submergée dont Sonneratia alba , Avicennia marina , Rhizophora mucronata , Bruguiera gymnorhiza , Carapa obovata et Ceriops candollena (Ward and Bunyard, 1992).

A Madagascar, les mangroves les plus développées se trouvent sur la côte ouest. La plupart des blocs les plus vastes sont localisés dans le Nord-Ouest et le Nord, mais des étendues importantes se trouvent également dans l’Ouest et le Sud-Ouest (ANGAP, 2001). Ceci s’explique par l’existence de grandes embouchures et d’alluvionnement conséquent de la région occidentale. Elles possèdent un grand pouvoir de régénération et constituent, de ce fait, un moyen de protection très efficace pour le littoral des pays qui en sont bordés.

Du nord au sud, les mangroves les plus larges s’aperçoivent entre Ambilobe et Ambanja ainsi que dans les estuaires des fleuves Loza, Mahajamba, Betsiboka, Mahavavy, Manambolo, Tsiribihina et Mangoky. Elles s’étalent sur une surface totale de 330 000 ha, permettant ainsi à la grande île de devancer les pays d’Afrique orientale comme Tanzanie (100 000 ha) (CEC, 1987) ; Mozambique (90 000 ha) (CEC, 1987) ; Angola (60 700 ha) (Spalding et al ., 1997) et Kenya (50 000 ha) (FAO, 1993) en termes de richesse en mangrove. Selon quelques auteurs, Perrier de la Bathie (1921), Keiner (1972) et Lebigre (1990), Madagascar compte 300 000 à 400 000 ha de mangroves. Les nouvelles estimations tiennent compte de l’ensemble des mangroves et tannes (Lebigre, 1990) : 425 000 ha pour l’ensemble des marais maritimes dispersés sur 6 597 km de littoraux et dont 99 % sont cantonnés à l’Ouest de l’île.

a- Zone humide de la baie de Sahamalaza

Elle se situe entre 14°01’ à 14°25’ de latitude Sud et 47°54’ à 48°04’ de longitude Est et est à 10 km à l’ouest de Maromandia. Elle possède une superficie de 59 080 ha et se repose sur une altitude variant du niveau de la mer à 355 m. Le site comprend la presqu’île de Sahamalaza, la baie, la mangrove (8 400 ha) ainsi que les récifs coralliens (10 000 ha), à l’ouest, de cette dernière (ZICOMA, 1999). Il fait partie intégrante du biome de l’ouest et a obtenu récemment un statut de protection d’aire protégée selon le décret n°247-2007 du 19 mars 2007 ( http://www.parcs-madagascar.com/fiche-aire-protegee.php?Ap=42 ).

Le climat est du type sub-humide chaud. La pluviométrie moyenne annuelle est de 1 600 mm et la température moyenne annuelle de 26 à 27°C. On y rencontre des pluies toute l’année surtout d’octobre à avril, avec un maximum en janvier (ZICOMA, 1999).

Trois grandes rivières : Andranomalaza, Manamboro et Samonta déterminent le système hydrique de la zone.

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b- Zone humide de la baie de Loza

La baie de Loza se trouve entre Analalava et Antsohihy (14°31’ à 14°58’S – 47°44’ à 48°03’E), avec une surface de 60 700 ha et une vari ation altitudinale du niveau de la mer à 34 m. Elle est également formée d’estuaire étroit et allongé. Sa dimension varie entre 700 et 1 500 m sur environ 10 km.

La climatologie est du type sub-humide chaud avec des précipitations moyennes annuelles de 1 763 mm à Analalava et de 1 507 mm à Antsohihy. La température moyenne annuelle de cette région climatique excède toujours 25°C .

c- Zone humide de la baie de Mahajamba

Elle est pointée à 95 km au nord-ouest de ville, exactement, entre 15°12’ à 15°45’S et 46°30’ à 47°20’E. L’altitude varie entre le niveau de la mer et 40 m. Les mangroves couvrent 47 500 ha de la surface totale et se trouvent à l’embouchure des quatre rivières. Elles sont dominées par Rhizophora mucronata et Avicennia sp. La grande baie de Mahajamba présente des rives rocailleuses avec des collines plus ou moins boisées et une embouchure sous la forme d’un canal d’une profondeur variant de 20 à 90 m à marée basse (ZICOMA, 1999).

Tropical sub-humide chaud, avec une pluviosité moyenne annuelle de 1 500 mm et une température moyenne annuelle de 26°C, telles sont l es caractéristiques du climat dans cette zone.

Cinq fleuves se jettent dans la baie : le Sofia et le Tsiribihina dans la partie Nord-Ouest, le Mahajamba au centre, puis l’ et Masokoenja dans la partie Sud-Est (ZICOMA, 1999).

d- Zone humide du delta de Mahavavy

La zone humide du delta de Mahavavy se localise entre 15°46’ à 16°12’S – 45°28’ à 45°56’E et tient une altitude variant du niveau de la mer à 8 m. Ce site est composé du lac Kinkony au sud de la ville de , du delta de Mahavavy au nord, de la baie de Marambitsy et de l’espace maritime à l’ouest, ainsi que de la forêt de Tsiombikibo au centre (ZICOMA, 1999) . Le lac est peu profond (1 à 4 m) et est relié, pendant la saison des pluies, à d’autres lacs satellites. Son envergure (10 000 ha) avec les biotopes, qui l’entoure, le permet d’être un site d’hébergement d’innombrables espèces endémiques.

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Sub-humide chaude avec une pluviométrie moyenne annuelle de 1 847 mm, à Namakia, et une baisse effective, à Kinkony, 1 550 mm et une température moyenne annuelle de 26°C, telles sont les spécificités climatologiques de la zone. La saison dite «humide» s’étale entre le mois de janvier et le mois de février (ZICOMA, 1999).

Le fleuve permanent mais souvent irrégulier de Mahavavy alimente le lac et le delta. Des petites rivières non dénommées se déversent dans la baie. Plusieurs cours d’eau procédant de la forêt de Tsiombikibo sustentent la baie de Marambitsy .

e- Zone humide de la baie de Baly

La baie de Baly a été classée Parc National par le décret n°97-1 452 du 18 décembre 1997 (ZICOMA, 1999). La superficie se délimite à 69 350 ha et la variation altitudinale se fixe entre le niveau de la mer et 100 m. La baie se découvre dans le district de , région de Boeny, précisément, entre 15°57’ à 16°08’S – 45°17’ à 45°22’E. Ce district constitue l’aire de répartition d’une tortue endémique à Madagascar, l’«Angonoka » Geochelone yniphora , qui est une espèce menacée (ZICOMA, 1999).

Le climat est du type sub-humide chaud avec des précipitations moyennes annuelles d’environ 1 200 mm et une moyenne annuelle de 25°C à Soalala (ZICOMA, 1999).

Le réseau hydrographique comprend de nombreux ruisseaux saisonniers et deux grandes rivières permanentes, l’ et le Kapiloza. Le site contient plusieurs lacs permanents dont le lac Sariaka (environ 300 ha) est le plus dominant .

1-2-3- Iles et îlots

Madagascar compte plus de 250 petites îles et îlots. Plus de la moitié se trouvent dans le nord-ouest. Leurs origines géographiques sont diverses. Les îles et îlots prospectés disposent une superficie avoisinante de 31 258 ha (Nosy-be, îles satellites et Archipel de Mitsio) (ZICOMA, 1999). Ces îles sont importantes pour leurs récifs coralliens et lagons qui y sont associés et fournissent un lieu de pondoir aux espèces, telles les tortues marines et les poissons. Certaines d’entre elles sont réellement inaccessibles comme les Quatre Frères dans l’Archipel de Nosy Mitsio, d’autres ont subi de sévères pressions. A titre de l’isolation des îles et îlots, certains oiseaux marins fréquentent ces endroits pour nicher et pour servir de refuge. Une population considérable d’aigle pêcheur de Madagascar se localise dans les îles et les îlots entre la baie de Moramba et le Nosy Hara, en passant par l’Archipel de Mitsio.

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a- Nosy-be et îles satellites

Nosy-be reste désormais la plus grande île de Madagascar. Il se situe au nord-ouest, entre 13°09’ à 13°30’S – 47°58’ à 48°27’E et est d’ origine volcanique (ANGAP, 2001). Cette île montagneuse, qui culmine sur une altitude de 329 m de haut, est à vocation touristique dont dépend le développement de la région grâce à ses différents écosystèmes. Plusieurs petites îles et îlots l’entourent, à savoir :

- Nosy Komba (2 200 ha), distant de 3 km environ, localisée au sud-est de Nosy-be. Sa forme pyramidale l’a donné un pic pouvant aller jusqu’à 579 m de haut ;

- Nosy Sakatia (500 ha), positionnée à l’ouest de Nosy-be. Son sommet va jusqu’à 137 m ;

- Nosy Tanikely, un îlot d’environ 30 ha avec des falaises dans ses parties nord et ouest et des plages sableuses dans ses parties sud et est. Il s’agit aussi d’une réserve marine entourée de beaux récifs coralliens ;

- Nosy Raty, également un petit îlot de composant basaltique, large d’environ 3 ha et couvert d’une savane aux éléments ligneux ;

- Nosy Fanihy (25 ha), îlot se localisant au nord de Nosy-be et une altitude variant de 10 à 15 m, se développe sur un récif atteignant quelques dizaines de mètres de hauteur.

Le climat est du type tropical humide avec une pluviométrie moyenne annuelle de 2 250 mm et une température moyenne annuelle de 25°C ou davantage à Nosy-be. La saison sèche s’étale sur trois mois (juin à août) et est assez marquée (ZICOMA, 1999).

b- Archipel de Mitsio

Le Nosy Mitsio est la plus grande île au centre de l’archipel. Cette île se localise à 50 km au Nord-Ouest de Nosy-be et à 30 km à partir de la côte ouest de Madagascar, précisément, entre les coordonnées géographiques 12°43’ à 13°02’ S – 48°27’ à 48°42’E. De plus, elle mesure environ 12 km de long et sa largeur varie de quelques centaines de mètres à 3 km. Un sommet de 206 m s’élève dans sa partie nord et un autre de 130 m en son centre. Elle est entourée par des îlots satellites : Nosy Ankarea et Nosy Lava au nord, Nosy Antaly, Nosy Tsitampevina, Nosy Tsarabanjina, Nosy Toloho et les îlots de quatre Frères au sud.

Le climat est du type sub-humide chaud avec des précipitations moyennes annuelles de 1 858 mm et une température moyenne annuelle de 26 à 27°C à Ambilobe.

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2- Espèce étudiée

2-1- Position systématique

L’aigle pêcheur de Madagascar fait l’objet de la présente étude. Cette espèce occupe la position systématique récente suivante (AOU, 2010) :

Règne : Animal Embranchement : Vertébrés Classe : Oiseaux Ordre : Accipitriformes Famille : Accipitridae Genre : Haliaeetus Espèce : vociferoides Nom vernaculaire : Ankoay, Vorobe, Vorohôlo

Les Accipitriformes regroupent les oiseaux de proie diurnes tels que les aigles, les vautours, les buses et les éperviers. Pendant longtemps, ces espèces d'oiseaux ont été placées avec les faucons dans l'ordre des Falconiformes. Mais des récentes études ont poussé les ornithologues à les séparer en deux ordres bien distincts. Ces espèces se caractérisent par leur court bec crochu et leurs pattes puissantes et griffues appelées serres. Ce sont le plus souvent d'excellents chasseurs diurnes à vue perçante. Certains, comme les vautours, se nourrissent de charognes. Ils nichent sur les arbres ou sur les rochers et falaises. Les grandes espèces n'élèvent, en général, qu'un à deux poussins par an. Les jeunes sont nidicoles ( http://fr- fr.facebook.com/pages/Accipitriformes/183076951706676 ).

Les Accipitridae, étant une famille cosmopolite, regroupent la majorité des rapaces diurnes. Ils varient considérablement au niveau de la taille, de la forme, du plumage, des habitudes et du milieu fréquenté. A Madagascar, la famille est représentée par 12 espèces nicheuses, parmi lesquelles sept espèces sont endémiques et deux présentant une distribution limitée (Langrand, 1995).

Comme statut de conservation, l’aigle pêcheur de Madagascar est classé en danger critique (Birdlife international, 2010) par suite de la chute drastique de sa population due aux pressions anthropiques.

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2-2- Description morphologique

L’aigle pêcheur de Madagascar est le plus grand rapace de la grande île avec environ 2 m d’envergure et une longueur du corps de 0,70 à 0,80 m (Langrand, 1995). Le mâle adulte pèse entre 2 150 et 2 350 g, soit 2 215 g en moyenne (n = 3 individus) (figure 8), contre 2 750 à 3 000 g (2 915 g en moyenne, n = 3 individus) pour la femelle (figure 7) (Razafindramanana, 1995). Comme les autres espèces de rapaces, cette espèce présente donc un dimorphisme sexuel qui se manifeste au niveau de la taille dont la femelle est la plus grande (Newton, 1979 ; Razafindramanana, 1995 ; Langrand, 1995 ; Tingay, 2000). Les adultes sont caractérisés par le plumage brun sauf la queue, les faces de la tête et les côtes de la nuque qui sont blanches. Leurs pattes sont blanches jaunâtres. Pour les juvéniles, la partie inférieure du corps et les ailes sont marquées de chamois à l’apex avec une poitrine brune fauve (Morris & Hawkins, 1998).

Figure 7 : Femelle adulte de l’aigle pêcheur de Madagascar (Photo par Sam The Seing, 2005)

Figure 8 : Mâle adulte de l’aigle pêcheur de Madagascar (Photo par Rene de Roland, 2005)

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II- MATERIELS ET METHODES

Cette partie comprend le recensement, l’estimation de la densité, le suivi de la population à travers la capture et le marquage, et l’étude bio-écologique de l’espèce. A cela s’ajoute l’estimation de la longévité et les analyses statistiques.

1- Technique de recensement

Dans l’optique de conserver l’aigle pêcheur de Madagascar et d’avoir des données sur l’état de la population, un projet de recensement a été lancé dans tous les habitats potentiels possibles entre deux années biologiques consécutives (2005 - 2006), allant du district de Manja, région Menabe, jusqu’au Nosy Hara, région Diana. Les zones littorales (mangroves, embouchures et estuaires), les écosystèmes lacustre et fluvial constituent les zones cibles.

L’observation directe, la perturbation et l’enquête auprès des autochtones ont été adoptées comme méthode d’étude. Par ailleurs, les résultats issus du dernier recensement sont considérés comme des données de base. Le processus de comptage est toujours devancé par un exercice de simulation sur carte. L’objectif est de relever tous les sites susceptibles d’être site d’hébergement dans les parties sud-ouest, ouest et nord-ouest. La descente sur le terrain est un moyen de vérification des hypothèses fixées au préalable.

1-1- Observation directe

L’observation directe s’effectue à l’aide d’une paire de jumelles et un télescope. Quelques paramètres sont pris en considération pendant la visite (annexe 2).

Le dénombrement dans les zones littorales (sud-ouest, ouest et nord-ouest) a été mené à bord d’une vedette ARGOS 520, équipée de quelques matériels adéquats pour ce genre d’activités (boussole, carte, altimètre, GPS, paire de jumelles et télescope). A noter que, le dernier recensement effectué dans ces axes s’est déroulé en 2000. Une vitesse avoisinante de 10 à 20 km/h et une distance maximale de 100 m entre l’observateur et la bordure de la côte, est à respecter pendant la réalisation du travail. Le comptage a débuté vers 6 h du matin en cas de marée haute et s’est arrêté en cas de marée basse puis relancé à nouveau en cas de marée haute (Razafimanjato et al ., in press ). Le coucher du soleil détermine la fin de l’activité pour l’après-midi. Les mangroves, les rivières, les embouchures, les estuaires, les petites îles et îlots font état des habitats cibles.

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1-2- Méthode de perturbation

Une méthode supplémentaire dénommée «perturbation» est adoptée pour la localisation du site de nidification et/ou du couple. Cette technique est appliquée en cas d’observation d’un individu suspecté loin de son territoire. Le principe est de perturber l’individu sur son perchoir pour qu’il s’enfuit et rejoint son propre territoire et/ou son partenaire. Cette méthode est un peu aléatoire mais paraît efficace pendant la période de reproduction.

1-3- Enquête

Cette méthode a permis de découvrir d’autres nouveaux sites et de fournir des informations supplémentaires au niveau des menaces pesant sur l’habitat de l’aigle pêcheur de Madagascar. Une série de questionnaire, axée principalement sur l’espèce et la manière dont les autochtones utilisent les ressources naturelles, est posée auprès des riverains et/ou des pêcheurs. Parfois, le système d’attribution de récompense (Borge, 1992) est adopté pour la localisation rapide des nids. Une certaine somme est octroyée en échange de la découverte du nid ou d’individus .

2- Estimation de la densité

La densité de la population est logiquement le rapport entre le nombre total d’individus et la surface totale occupée. Cette dernière est calculée à partir de logiciel ArcGIS 10 en projetant sur la carte tous les points d’observation et en tenant compte de quelques paramètres tels que type d’habitat, résultats antérieurs et altitude. La superficie des îles et îlots est prise en considération afin d’avoir un résultat fiable .

3- Modes de capture et de marquage

L’objectif est de capturer l’individu afin d’avoir des données morphométriques. Chaque individu capturé a été bagué, avant d’être relâché, pour son identification.

3-1- Capture

Deux types de pièges ont été employés pour la capture des individus. Le premier type est dénommé «bal chatri» ou piège à cage cordeau (Bloom, 1987). Ce type de piège est fréquemment utilisé en milieu terrestre qu’aquatique. Comme l’aigle pêcheur de Madagascar fréquente les zones humides et est un grand amateur de poissons, nous avons apporté une

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petite modification afin que ce piège puisse s’adapter en milieu aquatique. Sa forme a subi une légère transformation. En effet, le piège a pris une nouvelle forme, étant arrondie, mais il est toujours muni de nombreuses cordes dont chaque bout présente un nœud servant à coincer les serres du prédateur. L’utilisation des matières en caoutchouc ou en polystyrène est indispensable pour que le piège flotte facilement sur la surface de l’eau. Des poissons frais sont posés sous les nœuds pour servir d’appâts. Comme dispositif de sécurité, le piège est lié à la rive par une longue corde élastique afin d’éviter les éventuelles pertes et choc (figure 9).

Grillage

Polystyrène

Poisson frais

Nœuds

Figure 9 : Piège «bal chatri» modifié (Photo par Randrianjafiniasa Donatien, 2010)

La deuxième technique est baptisée «lacet veste» (Hollamby et al ., 2004). L’objectif est de capturer le prédateur aux alentours de son territoire en utilisant sa propre proie comme appât. A cet insu, un poisson ayant un poids variant de 0,30 à 0,40 kg est choisi. Une incision ventrale à partir de l’orifice génital et suivant la ligne médiane est faite afin d’enlever les viscères. Des cordes en nylon au nombre de 8 à 12 sont utilisées en transperçant le corps du poisson. Puis, des petits cailloux sont mis dans sa cavité cœlomique et sa bouche pour que le poisson puisse flotter latéralement sur la surface de l’eau. Ces cailloux sont placés juste après la mise en place des cordes et leur nombre s’arrête jusqu’à ce qu’on atteigne la position convenable. L’étape suivante consiste à fermer la cavité sur le corps à l’aide d’une ficelle. Le bout terminal de chaque corde est noué et les autres bouts se rattachent les uns aux autres pour former un ensemble attaché se reliant à l’aide d’une longue corde élastique de diamètre plus grand par rapport à celui enfoncé dans le corps. Cette corde est attachée à son tour sur un arbre de la rive. Ce piège est installé entre 6 et 30 m à partir de la bordure du lac (Hollamby et al. , 2004) (figure 10).

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Nœuds

Incision

Corde

Figure 10 : Piège «lacet veste» (schéma par Razafimanjato)

Le piégeage ne se pratique qu’à partir de l’éclosion des œufs afin de minimiser toute éventuelle perturbation pendant la période critique d’incubation. L’élevage des poussins est convenable pour la capture en vue d’avoir une forte probabilité de réussite (Tingay, 2000). C’est à cette période que le mâle accroît son activité pour répondre au besoin d’approvisionnement des poussins (Newton, 1979). Par contre, l’individu femelle reprend effectivement son activité après l’envol des juvéniles.

3-2- Marquage

Une fois que l’individu est capturé, le processus de marquage est tout de suite entamé, en utilisant une ou des bagues. Le baguage constitue un outil de marquage et une étape indispensable pour le suivi des rapaces. Il demande beaucoup d’attention pendant la combinaison de la couleur. Les bagues ou anneaux conventionnelles, utilisées en matière d’étude des rapaces, existent en trois différentes formes : bague à fente (butt-end) (figure 11), bague à rivet (rivet band) (figure 12) et bague à blocage (lock-on) (Bloom, 1987). La différence apparaît au niveau de la taille et du dispositif de sécurité assurant la performance des bagues dans leur maintien au niveau du tarse de l’individu. Dans le cadre de cette étude, nous n’avons utilisé que les deux premiers modèles seulement.

Huit différentes couleurs : bleue (B), rouge (R), verte (V), bronze (Br), gris métal (G), grenat (Gr), jaune (J) et noire (N), de bagues en métal et apparaissant en fente et en rivet, sont employées afin d’avoir la bonne combinaison suivant le principe décrit par Zack (1994). Cette

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fois-ci, la bague à fente apparaît sous une forme un peu plus grande que celle définit par Berger & Mueller (1960).

Figure 11 : Bagues métalliques à fente pour l’aigle pêcheur de Madagascar (Photo par Razafimanjato, 2010)

Figure 12 : Bagues métalliques à rivet pour les individus femelles (Photo par Razafimanjato, 2010)

La zone d’étude au sein du district d’Antsalova est subdivisée en deux différents sites : le complexe des trois lacs et les lacs satellites environnants. Le principe de base de la combinaison de la couleur se ressemble dans ces sites. L’objectif est de gérer les couleurs existantes pour que chaque site et nid se diffère l’un de l’autre. En effet, les dispositifs suivants ont été pris afin d’atteindre cet objectif :

Page 31 Premier chapitre : Etude bio-écologique

- le regroupement des sites en sous sites est capital. Ceci étant à cause de l’insuffisance du nombre de couleurs disponible par rapport au nombre de sites et des nids existants ;

- la patte droite est réservée uniquement pour l’identification des sites tandis que l’autre patte sert pour la distinction des nids ;

- l’âge et le sexe sont pris en considération pour la distinction facile de l’individu rencontré. Tous les individus femelles portent chacune une bague colorée sur chaque patte alors que les adultes mâles se caractérisent chacun par la présence d’une deuxième bague sur sa patte gauche. Les juvéniles portent respectivement deux bagues sur le tarse. Le baguage des juvéniles est réalisé quelques jours avant la date du premier envol. Bref, le nombre des bagues est fixé à deux, trois et quatre respectivement pour les individus femelle, mâle et juvénile. La combinaison des bagues du mâle et du juvénile du même nid dépend énormément de celle de la femelle .

Complexe des lacs Ankerika, Soamalipo et Befotaka:

Chaque site est subdivisé en sous sites car il renferme respectivement quelques nids actifs. Un nid est dit actif s’il renferme un ou des œufs pour une année biologique donnée . Pour l’identification de ces sous sites, trois différentes couleurs sont utilisées : rouge (R), bleue (B) et verte (V) pour Soamalipo, Befotaka et Ankerika. Tous les nids au sein d’un même sous site sont codifiés :

- SOAM 1, SOAM 2 et SOAM 3 pour les nids existant au lac Soamalipo ; - BEFO1, BEFO 2, BEFO 3 et BEFO 4 pour les nids identifiés au lac Befotaka ; - ANK1, ANK 2, ANK 3 et ANK 4 pour les nids observés au lac Ankerika.

Ensuite, une couleur spécifique est attribuée à chaque nid pour qu’il se distingue l’un de l’autre.

Lacs satellites environnants

Les lacs satellites sont groupés géographiquement dans les parties sud et nord du district d’Antsalova. Tous les individus, se localisant dans la partie sud, portent chacun une bague noire (N) sur le tarse droite et grise (G) pour ceux qui sont situés dans la partie nord. Pour la distinction des nids, le principe utilisé dans le complexe des trois lacs a été adopté .

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4- Etude biologique de l’espèce

Cette partie considère surtout la visite et suivi des nids, et le succès de la reproduction ainsi que la mortalité des juvéniles.

4-1- Suivi systématique des nids existants

Cette tâche est effectuée systématiquement trois fois par an pour les nids localisés dans le district d’Antsalova et tous les cinq ans dans les zones hors de cette contrée, entre 1992 et 2007. Ceci dans le but d’avoir des informations sur les couples et de savoir le succès de la reproduction et de mortalité des poussins.

Pour le cas d’Antsalova, la première visite est surtout faite pendant la période de la ponte. L’objectif est de compter les œufs par nichée et de déterminer autant que possible la date et la saison de ponte. La deuxième visite est effectuée au cours de l’éclosion. Pendant ce temps, le nombre des poussins et la période d’éclosion sont enregistrés. Il en est de même pour l’estimation de leur âge. La dernière visite a pour but de compter le nombre de juvéniles qui sont aptes à s’envoler (Razafimanjato, 2005). L’observation à l’intérieur du nid est rendu facile grâce à des matériels adéquats (grimpette, cordes, bâton à miroir). A chaque visite, le comportement des adultes a été noté.

4-2- Suivi du changement de place de nids

Le but du suivi de changement de place des nids est de procéder à leur comptage entre 1991 et 2007. Les paramètres à considérer sont la durée d’utilisation d’un nid et l’aire occupée par son ensemble.

Pendant la première visite, le travail entrepris est de voir l’état du nid s’il est ancien ou nouveau. S’il s’agit d’un nouveau nid, quelques paramètres sont pris en compte : coordonnées géographiques du site de nidification, DHP (Diamètre à la Hauteur de la Poitrine) de l’arbre de nidification et son nom vernaculaire, hauteur du nid par rapport au niveau du sol ainsi que la distance entre nouveau et ancien nid. Au fil des années, la surface occupée par chaque couple est obtenue à partir de calcul effectué à l’aide de logiciel ArcView 3.3 en y projetant les différentes coordonnées géographiques enregistrées.

La technique suivante nous permet de suivre systématiquement ce changement.

On note :

- Lettre A : le premier nid construit ;

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- Lettres B, C, … : indiquent les nouveaux nids construits faisant l’objet de changement de place du couple d’aigle pêcheur de Madagascar ;

Chaque lettre porte un chiffre soit (1) ou (2). Le chiffre 1 désigne les nids avec des œufs ou nids actifs. Le chiffre 2 indique les nids sans œufs ou nids inactifs.

Exemple : pour le couple de SOAM 1, on note respectivement A1, B1 et B2 dans les feuilles de données pour les années 1992, 1993 et 1994. Ce qui signifie que le couple propriétaire est actif en 1992, puis il poursuit sa reproduction dans un autre nid au cours de l’année suivante. En 1994, ce couple est devenu inactif car aucun œuf n’est enregistré dans ce même nid.

4-3- Succès de la reproduction

Pour cette étude, le succès de la reproduction est défini largement comme l’envol des poussins. Le succès de la reproduction est calculé à partir du rapport entre le nombre de nids qui a un succès d’envol et le nombre total de nids actifs. A noter qu’un nid est dit actif s’il renferme un ou des œufs pour une année biologique donnée .

4-4- Mortalité des juvéniles

C’est l’un des paramètres clés à collecter dans le cadre de cette étude. L’objectif est de connaître les causes et le taux de mortalité, en vue de prendre des mesures d’atténuation.

5- Estimation de la longévité

Il s’agit ici d’une estimation. Cette dernière est effectuée par le biais des ouvrages, à titre de référence, et des acquis sur le terrain .

6- Etude écologique

Cette partie comprend les caractéristiques de l’arbre de nidification et physico-chimiques des lacs, l’évaluation des menaces et le régime alimentaire.

6-1- Caractéristiques de l’arbre de nidification

Quelques paramètres (DHP, nom vernaculaire, hauteur de l’arbre, distance par rapport à l’ancien nid) relatifs à l’arbre de nidification sont enregistrés pour les nouveaux nids pendant la première visite .

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6-2- Caractères physico-chimiques des lacs

La qualité de l’eau a été suivie à travers la collecte des paramètres, à savoir : la profondeur, la température de l’eau, le pH et la turbidité. Ils sont enregistrés pendant la visite des nids.

6-3- Evaluation des menaces

L’évaluation des menaces est effectuée par le biais de l’échelle à 8 points (0 = 0 % ; 1 = 1-10 % ; 2 = 11-25 % ; 3 = 26-50 % ; 4 = 51-75 % ; 5 = 76-90 % ; 6 = 91-99 % ; 7 = 100 %). Le chiffre 0 indique que l’habitat reste toujours intact. Dans ce cas, aucun signe de menace n’est détecté. En revanche, le chiffre 7 désigne le cas contraire, c’est-à-dire le cas où le degré de menace est au maximum. Cette méthode est appliquée dans le complexe des trois lacs depuis 1992. L’objectif est de quantifier d’une manière estimative toutes les menaces observées dans un rayon de 50 m aux alentours de l’endroit de nidification afin d’obtenir le seuil de tolérance de l’espèce en matière de menace. Les densités de la végétation flottante et plante émergente, la surface transformée en rizière et les parties dégradées font l’objet de cet exercice. Ce seuil est obtenu à partir de l’intersection de deux courbes (présence et absence).

6-4- Observation du régime alimentaire

L’aigle pêcheur de Madagascar est une espèce piscivore. Cette étude permet d’établir une liste des espèces de poissons constituant la base du régime de l’espèce en question en adoptant l’observation directe comme méthode appropriée. Les informations additionnelles relatives à son régime alimentaire sont recueillies à travers les études antérieures, à partir des ouvrages, des enquêtes et de l’observation directe pendant la visite des nids.

7- Analyses statistiques

Après tant d’années de suivi, il est temps de prédire la chance de survie de cette espèce avec les conditions qu’elle vit actuellement, d’une part, et de créer une carte de l’habitat adaptée pour l’aigle pêcheur de Madagascar, d’autre part. Les logiciels Vortex et MaxEnt nous ont aidé d’y parvenir. L’analyse sur ACP permet de distinguer trois groupes de sites favorables pour cette espèce. Le test de Mann-Whitney permet d’analyser quelques paramètres morphométriques afin de déterminer le sexe des juvéniles et d’identifier les caractères distinctifs entre les adultes mâle et femelle. Celui de Chi-deux sert à voir s’il y a une différence significative ou non entre l’espèce d’arbre et l’intervalle de DHP au fil des années .

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7-1- Test de Mann-Whitney

Le test de Mann-Whitney (Whitney et Mann, 1947) est un test non paramétrique alternatif du test t pour comparer les moyennes de deux échantillons indépendantes issues d’une même population (Fowler et Cohen, 1985 ; Jonhson, 1992). Ce test a été utilisé pour les variables à distribution loin de la normalité.

La taille de la femelle est généralement plus grande que celle du mâle chez les oiseaux de proies (Newton, 1979 ; Ferguson-Lees and Christie, 2001). Ce test permet de découvrir les différences éventuelles sur la taille entre mâle et femelle à travers quelques paramètres. L’objectif est de savoir si la mensuration sert un outil efficace sur la détermination du sexe chez cette espèce. L’hypothèse nulle «H o1» se formule comme suit :

- Ho1 : Il n’y a pas de différence significative entre la taille du mâle et de la femelle.

La valeur de U est obtenue par la formule suivante (Fowler et Cohen, 1985) :

[1]

[2 ]

U : Test de Mann-Whitney

n1 : nombre d’individus mâles ou adultes mesurés ;

n2 : nombre d’individus femelles ou juvéniles mesurés ;

R1, R 2 : somme des rangs des individus mâles et femelles.

Pour les échantillons n > 20, il est nécessaire de convertir la valeur de U en Z. Cette dernière est calculée à partir de la formule ci-après :

[3 ]

- Si |Z| dépasse 2,58, H o1 est rejetée avec la probabilité P = 0,01.

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7-2- Test de Chi-deux ( χχχ2)

Le test du Chi-deux sert à vérifier l’homogénéité des faits observés avec ceux à espérer pour deux ou plus d’échantillons (Johnson, 1992). Le choix de ce test est basé sur sa capacité de comparer même deux échantillons avec un seul variable. Ce test est le plus utilisé et recommandé pour les ornithologues (Fowler & Cohen, 1985).

Procédé

La valeur de Chi-deux est obtenue par la formule suivante :

O = Valeur observée C = Valeur calculée (théorique)

La valeur observée représente le DHP La valeur calculée est obtenue en divisant le produit du total de la ligne et du total de la colonne par le total général. Le degré de liberté (d.d.l) = (nombre de ligne – 1) (nombre de colonne – 1)

Dans le cas où le d.d.l = 1, il faudrait passer à la corrélation de Yate (Fowler & Cohen, 1985) pour chaque variable considérée dont :

La valeur de χ2 finale sera 2 x .

Pour évaluer le test de Chi-deux, la valeur calculée ( ) est comparée à celle donnée par la table ( ). La probabilité de risque est de 5 % avec hypothèse nulle H o : «il n’y a pas de différence significative entre les espèces d’arbre et l’intervalle de DHP au fil des années».

- Si , la différence est significative, donc l’hypothèse nulle H o est rejetée.

Si la différence est non significative et H o est acceptée - ,

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7-3- Modèle de simulation de la tendance de la population

L’évolution de la tendance de la population au cours d’un siècle est simulée grâce au logiciel Vortex (« A Stochastic Simulation of the Extinction Process. Version 9.50 » (Miller and Lacy, 2005). Ce logiciel permet d’établir un modèle et une simulation mathématique (modèle logistique) sur le devenir d’une population suivant la formule de base : dN/dt = rm x N [1]

N = effectif de la population rm = taux d’accroissement intrinsèque de la population. t = temps

Le taux réel d’accroissement est alors :

r = 1/m x dN/dt x rm [2]

Si l’effectif de la population (N) augmente, le taux réel d’accroissement (r) diminue. Cette équation devient nulle si la capacité de charge est atteinte. En d’autres termes, la taille de la population est suffisante pour saturer le milieu où elle vit. La capacité de charge est abrégée en lettre K. De ce fait, l’équation logistique a comme formule :

dN/dt = 1/m x N (1 – N/K) [3]

Les analyses de tables de survie produisent des projections moyennes à long terme de la croissance ou de déclin des populations, mais ne révèlent pas les fluctuations de la taille qui pourraient résulter de la variabilité dans le processus démographique. Lorsqu’une population est petite et isolée des autres de la même espèce, ces fluctuations au hasard peuvent conduire à l’extinction, même des populations qui ont en moyenne une croissance positive. Le programme Vortex est une simulation des événements démographiques dans l’histoire d’une population. Il permet de faire une analyse de viabilité d’une population. Chaque simulation débute par un nombre spécifié de mâles et de femelles de chaque classe d’âge pré- reproducteur et un nombre précis de mâles et de femelles producteurs.

L’ordinateur simule et trace le sort de chaque population et produit des résumés statistiques de la probabilité d’extinction des populations à des intervalles de temps déterminés

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après intégration des données dans le logiciel. L’extinction d’une population ou d’une métapopulation est définie dans Vortex comme l’absence de l’un de deux sexes.

Ce logiciel a été conçu pour évaluer la dynamique des espèces à basse fécondité et à longue durée de vie, telles que les mammifères (Lacy, 1993). Il permet de voir les effets des catastrophes, variations environnementales, épidémies et des impacts humains sur une population.

Les informations collectées sur le terrain concernant la taille de la population, la pression, les taux de mortalité des jeunes et des adultes et la taille moyenne des portées, ont été incluses dans la viabilité de la population. D’autres informations requises par le logiciel ont été tirées des ouvrages.

Cent itérations et les situations étudiées pour 100 ans sont utilisées. Les paramètres de Vortex sont fixés pour indiquer les tailles de la population et les probabilités d’extinction sur des intervalles de dix ans. La variation environnementale est fixée par les écart-types à 10 % des valeurs moyennes.

7-4- Modèle de niche écologique à l’aide de MaxEnt

L’objectif est de créer une carte de l’habitat adaptée pour l’aigle pêcheur de Madagascar à partir des données géoréférencées issues des suivis et de prédire sa distribution en 2050, à travers une projection. Ce modèle permet de définir la niche écologique de l’espèce, la géographie possible ou la discontinuité écologique et l’importance relative aux différentes variables bioclimatiques, et d’établir un présage algorithmique sur le devenir de la distribution.

La méthode de MaxEnt (Maximum Entropie) recourt au mécanisme général de processus automatique, adapté pour l’analyse des données (Phillips et al ., 2006). Quelques variables environnementales continues, dont exactement au nombre de 20 sont utilisés. Il s’agit de la pourcentage de la couverture forestière (pfc) avec dix neuf variables bioclimatiques (WORLDCLIM version 1.4: http://biogeo.berkeley.edu/worldclim/ ; Hijmans et al ., 2005). Ces derniers reflètent la maximale, la minimale et la moyenne, ainsi que la variation saisonnière de la température et des précipitations :

 BIO1 = Température moyenne annuelle ;  BIO2 = Amplitude quotidienne moyenne ;  BIO3 = Isothermalité ;  BIO4 = Saisonnalité de la température ;  BIO5 = Température maximale de la période la plus chaude ;

Page 39 Premier chapitre : Etude bio-écologique

 BIO6 = Température minimale de la période la plus froide ;  BIO7 = Amplitude annuelle de la température ;  BIO8 = Température moyenne du trimestre le plus humide ;  BIO9 = Température moyenne du trimestre le plus sec ;  BIO10 = Température moyenne du trimestre le plus chaud ;  BIO11 = Température moyenne du trimestre le plus froid ;  BIO12 = Précipitations annuelles ;  BIO13 = Précipitations de la période la plus humide ;  BIO14 = Précipitation de la période la plus sèche ;  BIO15 = Saisonnalité des précipitations ;  BIO16 = Précipitations du trimestre le plus humide ;  BIO17 = Précipitations du trimestre le plus sec ;  BIO18 = Précipitations du trimestre le plus chaud ;  BIO19 = Précipitations du trimestre le plus sec. Les données environnementales sont mises dans une résolution de quadrillage spatial de 30 secondes. Le modèle MaxEnt a testé 30 % des données, le multiplicateur de régulation est fixé à 1.0, l’itération maximale à 500, le seuil de convergence à 1 x 10 -5 et les caractéristiques automatiques «auto-features» sont sélectionnés avec l’ajustement du format de sortie à la logique. La performance du modèle est évaluée avec la proportion des présences correctement classées (sensibilité), la proportion des absences correctement classées (spécificité) et la capacité d’établir des distinctions (régions sous la courbe [AUC] d’une caractéristique qui fait marcher un récepteur [ROC] «plot of sensitivity versus 1-specificity». Comme MaxEnt produit une probabilité continue (0 à 1,0), le résultat du modèle continu en une carte représente les probabilités transformées. La contribution de chaque variable explicative à la performance du modèle est mesurée à partir d’une procédure «jack-knife» installée dans MaxEnt, où les variables sont successivement omises et utilisées séparément par la suite pour mesurer leurs contributions relative et absolue au modèle .

7-5- Analyse en Composantes Principales (ACP) sous SPSS 17 (Townend, 2002)

L’Analyse en Composantes Principales (ACP) fait partie des analyses descriptives multivariées. Le but de cette analyse est de résumer le maximum d’informations possibles en perdant le moins possibles pour :

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- Faciliter l’interprétation d’un grand nombre de données initiales ;

- Donner plus de sens aux données réduites.

L’ACP permet donc de réduire des tableaux de grandes tailles en un petit nombre de variables (2 ou 3 généralement) tout en conservant un maximum d’informations. Les variables de départ sont dites «métriques».

Dans cette méthode, il n’est pas nécessaire d’avoir ni une hypothèse ni un seuil de probabilité ni une règle de décision pour signifier les résultats. Cette méthode nous permet de distinguer facilement trois catégories des sites : site de reproduction (Breeding Site ou BS), site potentiel de la reproduction (Potential Breeding Site ou PBS) et site sélectionné au hasard (Random Site ou RS). Les paramètres physico-chimiques des lacs et de l’habitat sont pris en compte. Il s’agit de la température, le pH, la profondeur, la plage, la turbidité, l’habitat, le DHP (Diamètre à la Hauteur de la Poitrine) des arbres aux alentours de l’arbre de nidification avec leurs noms vernaculaires et la distance des uns des aux autres ainsi que leurs hauteurs.

Il faut noter qu’un BS est un site dans lequel se localise un nid actif. Un PBS est un site où il y a un nid abandonné par le couple propriétaire ou une trace de nid ou tout au moins un site où se localise un individu seulement. Un RS est un site sélectionné au hasard mais pas loin de BS et PBS. Dans ce site, aucun signe d’individus ni trace de nid n’est détectée.

Analyse des résultats

Trois questions se posent afin d’analyser les résultats :

- Les données sont-elles factorisables ?

- Combien de facteurs à retenir ?

- Comment interpréter les résultats ?

Les données sont-elles factorisables ?

Pour répondre à cette question, dans un premier temps, il convient d’observer la matrice des corrélations (Corrélation Matrix). Si plusieurs variables sont corrélées (> 0.5 et > |0,5|), la factorisation est possible. Si non, la factorisation n’a pas de sens et n’est donc pas conseillée.

Dans un deuxième temps, il faut observer l’indice de KMO (Kaiser-Meyer-Olkin) qui doit tendre vers 1. Si ce n’est pas le cas, la factorisation est déconseillée.

Enfin, on utilise le test de sphéricité de Bartlett : si la signification tend vers 0.000, c’est très significatif, inférieur à 0.05 significatif, entre 0.05 et 0.10 acceptable et au dessus de 0.10, on rejette .

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Combien de facteurs à retenir ?

Trois règles sont applicables :

- la règle de Kaiser qui veut qu’on ne retienne que les facteurs aux valeurs propres supérieures à 1.

- on choisit le nombre d’axe en fonction de la restitution minimale d’informations que l’on souhaite.

- le «Scree-test» ou test du coude : on observe le graphique des valeurs propres et on ne retient que les valeurs qui se trouvent à gauche du point d’inflexion. On part graphiquement des composants qui apportent le moins d’informations (qui se trouvent à droite), on relie par une droite les points presque alignés et on ne retient que les axes qui sont au dessus de cette ligne.

Interprétation des résultats

C’est la phase la plus délicate de l’analyse. Il s’agit de donner un sens à un axe grâce à une recherche lexicale (ou recherche de mots) à partir des coordonnées des variables et des individus. Ce sont les éléments extrêmes qui concourent à l’élaboration des axes. Si la recherche lexicale à partir des variables ne donne rien, il faut alors donner un sens à l’axe en s’appuyant là aussi aux individus qui ont les coordonnées extrêmes.

Si la variance expliquée est trop faible, on peut choisir d’exclure certaines variables. Pour choisir les variables à éliminer, on observe leur qualité de représentation : plus la valeur associée à la ligne «extraction» est faible, moins la variable explique la variance.

Il faut également tenir compte du positionnement de chaque variable sur chaque axe : les variables à éliminer sont celles qui sont :

- Soit proches du centre sur l’ensemble des axes retenus ;

- Soit au milieu d’un quart du cercle sur les axes retenus ;

- Soit les variables qui forment un axe à elles toutes seules.

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III- RESULTATS ET INTERPRETATIONS

La présente étude vise à continuer les études antérieures, en tenant compte de certains points. Il s’agit du dénombrement, de la densité, du capture et marquage, de la longévité et de l’élaboration de deux modèles. On a aussi insisté sur le point relatif à la bio-écologie mais cette fois-ci dans un cadre élargi de la taille de l’échantillon et des sites et période d’études.

1- Effectif de la population

Le dernier recensement national est effectué entre deux saisons de reproduction successives, 2005 et 2006 dans la façade ouest de la grande île, allant du district de Manja jusqu’à Nosy Hara d’Antsiranana et à environ 120 km de la côte à l’intérieur de la terre ferme. Il couvre une superficie totale avoisinante de 161 210,34 km 2 d’après le logiciel ArcGIS 10 (figure 13).

Figure 13 : Zone touchée par le dernier recensement (2005 et 2006) (Source : The Peregrine Fund, 2009)

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Les mangroves, les embouchures, les estuaires, les îles et îlots marins, les lacs, les fleuves et les rivières constituent l’habitat cible. Un total de 158 sites éparpillés le long des côtes sud-ouest, ouest et nord-ouest sont prospectés. En effet, bon nombre d’individus, dont l’effectif s’élève à 287, est enregistré. Parmi eux, 280, quatre et trois sont respectivement des adultes, sub-adultes et juvéniles. Ces individus se répartissent en 98 couples normaux reproducteurs (n = 196 individus) (mâle – femelle), 23 couples à trois individus, c’est-à-dire deux mâles et une femelle (n = 69 individus), 15 individus adultes solitaires et sept individus immatures. Ils se répartissent dans 143 sites différents et un total de 15 nids abandonnés est enregistré. Parmi les couples trios, 16, six et un sont respectivement localisés dans le district d’Antsalova, les zones côtières depuis la baie de Mahajamba jusqu’à Nosy Mitsio, y compris les îles et îlots marins et le district de Belo-sur-Tsiribihina.

L’écosystème lacustre et les forêts environnantes abritent 44,6 % (n = 128 individus) de l’effectif total et 40,4 % (n = 116 individus) sont localisés dans les zones littorales ouest et nord- ouest. Dans ce dernier type d’écosystème, 35,9 % (n = 103 individus) fréquentent les baies (mangroves et îlots) et 13 individus (4,5 %) préfèrent les estuaires. Les îles et îlots marins hébergent 11,2 % (n = 32 individus) de l’effectif global et 3,8 % (n = 11 individus) sont enregistrés dans l’écosystème fluvial.

A part le terme « Ankoay », étant très commun dans les parties sud-ouest, ouest et nord- ouest, deux autres noms vernaculaires : « Vorobe » et « Vorohôlo », tirés de sa taille et ses comportements sensibles à de perturbation, sont enregistrés à Miandrivazo en 2006 (Razafimanjato et al ., in press ).

Tous les individus se rencontrent en basse altitude dont le maximum n’excède pas 120 m. Le graphe ci-après donne les détails à ce propos.

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Figure 14 : Nombre d’individus observés suivant les classes d’altitude.

La courbe présente une diminution quand on monte en altitude et montre qu’aucun individu n’est recensé dans l’altitude au-dessus de 120 m (figure 14).

1-1- Zones littorales

Baies et estuaires

Le dénombrement à bord d’une vedette rapide est effectué entre juin et juillet 2005 et entre août et septembre 2006. Les zones littorales nord-ouest, allant de la baie de Baly jusqu’à la baie de Befotaka, ouest et sud-ouest sont respectivement visitées. Le nombre de ces sites est arrêté à 62. Ainsi, 116 individus, dont 103 et 13 localisés chacun dans les baies et estuaires, sont recensés. Ces individus se répartissent en 49 couples normaux reproducteurs (n = 98 individus), deux trios reproducteurs (n = 6 individus), neuf adultes errants, un sub-adulte et deux juvéniles. Quatre parmi les couples normaux n’ont pas de nid. Tous les nids observés sont construits sur deux espèces de palétuvier, connue sous le nom vernaculaire de « Tanga ». Ce dernier apparaît en « Tangandahy » ( Rhizophora mucronata ) et « Tangambavy » ( Ceriops candollena ). La taille et la hauteur de ces arbres sont remarquables par rapport aux autres. Le tableau résumant les résultats est consigné en annexe (annexe 3).

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o Baie de Befotaka (12°24’S – 48°46’ à 48°51’E)

C’est la baie la plus au nord sur la côte nord-ouest de la grande île. Cette aire est trop exposée au vent, surtout, le vent saisonnier du secteur nord-ouest dit «Mousson» et les mangroves semblent être dégradées dues aux activités humaines. Malgré tout, deux couples d’aigles normaux, dont l’un est retrouvé sans nid, sont enregistrés. L’observation est effectuée entre 30 juin et 01 juillet 2005 .

o Baie d’Ankazomalemy

L’habitat est principalement peuplé de mangroves apparemment en parfait état grâce aux récifs coralliens qui rendent l’accès difficile. Un couple normal actif est observé dans un petit îlot, connu sous le nom de Nosy ny Andriana (12°40’09.1’’S – 48°51’14.2’’E). Ce couple paraît être en train de passer la phase d’incubation car la femelle est restée assise dans le nid et son partenaire s’est trouvé débout à quelques mètres du nid. La visite est faite le 02 juillet 2005.

o Baie d’Ambaro (13°42’50.9’’S – 48°18’54.8’’E)

Comme la précédente, la baie d’Ambaro n’est pas épargnée de la rafale de la «Mousson». Les mangroves sont apparemment intactes malgré quelques pressions humaines dues à l’activité de pêche. Le campement des pêcheurs est dispersé le long de la bordure de la côte. Par conséquent, seul un couple normal est observé dans un estuaire. Pendant la visite, la femelle a incubé ses œufs. Le comptage est effectué le 04 juillet 2005 .

o Baie entre Ambaro et Ampasindava (13°30’12.1’’S et 48°30’32.3’’E)

Une petite baie se localisant entre les baies d’Ambaro et d’Ampasindava, un nid actif occupé par un couple à deux individus y est observé. L’un des éléments du couple s’est occupé de la couvaison tandis que l’autre s’est perché à une quinzaine de mètres du nid. Cette zone est fréquentée par les touristes du fait de la présence de quelques infrastructures hôtelières à Ankify. Néanmoins, la qualité de l’habitat y est apparemment favorable pour la survie de cette espèce. La visite est faite le 06 juillet 2005 .

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o Baie d’Ampasindava (13°30’ à 14°14’S – 47°51’ à 48°16’E)

C’est la baie la plus proche de l’île de Nosy-Be, une ville de renom international en matière du tourisme. L’effectif élevé des pêcheurs constitue une menace sur l’habitat. Cinq nids actifs occupés chacun par un couple normal sont observés. Deux d’entre eux sont localisés à Nosy Mamoko et à la presqu’île de Kismamy. Les nids sont distants de 10,1 ± 5,4 km (n = 5 nids) en moyenne. L’observation est réalisée entre 07 et 08 juillet 2005 .

o Baie des Russes (13°33’19.2’’S – 48°01’25.6’’E)

L’ouverture de cette petite baie se trouve entre Ampohana et la pointe d’Angadoka, précisément à l’extrême sud de la baie d’Ampasindava. Cette baie est probablement à l’abri de la «Mousson». Cependant, les mangroves sont victimes de coupes illicites. Seul un couple normal est localisé avec son nid dans un petit îlot où l’habitat est constitué par de forêt dense sèche. Le dénombrement est effectué le 09 juillet 2005.

o Site Ambatofotsy (13°48’37.0’’S – 47°52’40.9’’E)

Ce site intermédiaire se situe entre la baie des Russes et la baie de Rafaralahy. Un couple d’aigle pêcheur de Madagascar reproducteur est observé dans un estuaire. Pendant la visite, la femelle s’est occupée de la couvaison tandis que son partenaire s’est perché à 0,2 km du nid pour la recherche de nourriture. Le degré de menace sur l’habitat paraît être faible grâce à la difficulté d’accès au site. Le passage dans ce site s’est déroulé le 22 juin 2005 .

o Baie de Rafaralahy (13°56’ à 13°59’S – 47°56’ à 47°57’E)

Son emplacement se situe au nord de la baie de Sahamalaza. La pression humaine s’avère faible grâce aux récifs coralliens qui rendent l’accès difficile surtout au moment de l’influence de la Mousson. Un estuaire a abrité un couple normal reproducteur et un nid abandonné. La femelle s’est occupée de l’incubation des œufs. Le dénombrement est exécuté le même jour qu’à Ambatofotsy, c’est-à-dire le 22 juin 2005.

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o Baie de Sahamalaza (14°01’ à 14°25’S – 47°54’ à 48°04’E)

Cette baie fait partie intégrante du Parc National Marin de Sahamalaza. Le site jouit déjà le statut d’une Aire Protégée. C’est la raison pour laquelle on peut y voir un habitat moins dégradé malgré la présence humaine. Cet habitat est jalonné de mangroves, s’étendant dans une superficie de 8 400 ha (ZICOMA, 1999). Ces dernières fournissent un endroit de refuge et de nidification pour une importante population d’aigle pêcheur de Madagascar.

Elle a abrité 26 individus se répartissant en 13 couples normaux reproducteurs et deux nids abandonnés. Parmi ces couples, deux sont repérés dans deux estuaires différents. Trois d’entre eux sont localisés aux trois petits îlots de palétuviers, dont Ambariomborona (14°20’56.7’’S – 47°59’03.3’’E), Vario Betsimipoka (14°19’41.6’’S – 47°58’20.0’’E) et un petit îlot (14°04’00.9’’S – 47°58’42.5’’E) qui se trouve à l’e ntrée et du côté nord de la baie. Andrianarimisa (com. pers.) a communiqué deux de ces couples. Les nids les plus voisins sont distants de 4,1 ± 2,4 km (n = 13 nids) en moyenne. Le recensement est fait entre 20 et 21 juin 2005.

o Baie de Ramanetaka (14°06’ à 14°14’S – 47°47’ à 47°56’E)

Cette petite baie se localise au sud de la baie de Sahamalaza. Dix individus, composés de trois couples normaux (n = 6 individus), un trio (n = 3 individus) et un individu adulte solitaire, sont observés. Ce dernier est localisé à 1,1 km du couple à trois individus et à 7,3 km du couple normal. Les nids existants sont plus distants par rapport aux autres sites car la distance moyenne entre deux nids voisins est de 9,8 ± 2 km (n = 4 nids). La visite est effectuée le 18 juin 2005 .

o Pointe d’Ambatomena (14°18’18.2’’S – 47°45’46.1’’E)

Ce site se trouve entre les baies de Ramanetaka et de Loza. Aucune menace remarquable n’est enregistrée vue la faible étendue de mangroves. Un couple normal actif y est observé. La femelle est restée assise au nid et son partenaire est localisé à 0,01 km du nid. La visite est effectuée le même jour que celui de la baie de Ramanetaka (18 juin 2005).

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o Baie de Loza (14°31’ à 14°58’S – 47°44’ à 48°03’E)

Cette baie, ayant une longueur près de 60 km, relie deux districts : Analalava et Antsohihy. L’entrée y afférente est étroite, sa largeur varie de 0,70 km à 1,50 km sur environ 10 km de long. La mangrove s’étale dans une superficie de 18 000 ha (ZICOMA, 1999). De part et d’autre de la rive pousse une forêt sèche caducifoliée souvent dénaturée. Les collines environnantes sont presque dénudées, souvent couvertes de savanes arbustives.

Les riverains ont beaucoup voyagé dans cette baie à l’aide des pirogues et des bateaux. De plus, l’effectif des pêcheurs s’avère élevé. La perturbation est effective mais la mangrove est apparemment intacte.

Cinq individus, se répartissant dans deux couples normaux et un adulte solitaire, sont observés. En outre, un nid abandonné est localisé à quelques kilomètres de deux nids actifs. Le premier couple est repéré à l’entrée sud de la baie, précisément dans un lieu sacré ou « Doany » de l’ethnie Sakalava. Selon la source d’information, les tabous sont encore en vigueur dans ce lieu, de ce fait, l’accès y est interdit. Par conséquent, la visite du nid est impossible. Malgré tout, le dénombrement est rendu possible grâce à l’aide d’une paire de jumelles. L’autre couple est trouvé à 3,5 km du côté opposé du « Doany » et l’individu solitaire à 13,9 km du même lieu. Le comptage est fait le 17 juin 2005.

o Baie de Narindra (14°50’16.2’’S – 47°36’45.8’’E)

Elle se trouve dans la partie sud du district d’Analalava. Pour la plupart du temps, la mer est agitée à cause de la Mousson qui frappe parfois fort, d’autant plus que l’endroit est très ouvert. L’habitat, constitué par des mangroves, est dégradé dues aux pressions anthropiques. Les palétuviers sont utilisés pour différentes constructions locales (cabanes, clôtures). Seul un couple en incubation y est observé. La femelle s’est chargée de la couvaison des œufs tandis que son partenaire s’est perché à une dizaine de mètre du nid. La visite est effectuée le 15 juillet 2005.

o Baie de Moramba (14°51’ à 14°59’ – 47°12’ à 47°18’E )

Les mangroves sont victimes du développement de l’écotourisme, étant donné la fréquentation humaine dans les zones de périple à dominance de « Tanga », surtout celle destinée à la pratique de ski nautique. Les besoins locaux en bois pour diverses constructions s’accroissent et portent atteinte sur l’état naturel de ce précieux habitat. L’existence des

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infrastructures hôtelières le long de la bordure a diminué l’endroit favorable pour la nidification. L’importance économique du site se voit par l’existence d’une ferme d’aquaculture d’AQUALMA. Les activités de cette société engendrent parfois des impacts négatifs sur la survie de la population aviaire aquatique. Un couple normal, un adulte errant et un juvénile sont localisés dans la mangrove. Les dômes rocheux contigus d’une vingtaine de mètre de haut, voire plus, surplombant dans la baie de Moramba, fournissent aux cinq couples normaux (n = 10 individus) d’aigle pêcheur de Madagascar un endroit de nidification et de refuge. Ces couples sont épargnés de la pression en choisissant les escarpements rocheux. La visite du site est effectuée en deux temps (15 juin et 16 juillet 2005).

o Baie de Mahajamba (15°12’ à 15°45’S – 46°30’ à 47°20’E)

La visite de cette baie est faite en deux temps. La première est pratiquée entre 13 et 14 juin 2005 et la deuxième est entreprise le 17 juillet 2005. Durant ces périodes, un total de 18 individus, se répartissant dans six couples normaux (n = 12 individus), un trio reproducteur (n = 3 individus), deux adultes solitaires et un juvénile, est enregistré. Deux des couples normaux se sont trouvés sans nid. Un nid abandonné est également localisé à 7,8 km du nid actif le plus voisin. La distance moyenne entre deux nids voisins est de 3,2 ± 1,6 km (n = 5 nids).

L’un des couples normaux est observé à Nosy Doany ou Doanimanja (15°18’22.7’’S – 47°04’50.2’’E). Comme son nom l’indique, c’est un l ieu sacré de l’ethnie Sakalava. Le couple est au moins épargné des pressions anthropiques car l’accès y est interdit.

Comme menace, cette baie est devenue un champ d’exploitation des palétuviers et de la collecte des crabes. Les gens provenant de Mahajanga ville y viennent pour se faire de l’argent à travers l’exploitation des ressources naturelles moyennant des boutres. L’existence de la ferme de l’AQUALMA, groupe UNIMA, prouve également la potentialité du site aussi bien en termes de biodiversité qu’économie. Ce qui indique également qu’il est loin d’être calme d’autant plus que les campements des pêcheurs se propagent tout au long de la rive. Selon nos informateurs, les villageois issus des ethnies autres que Sakalava ont tendance à dénicher les œufs ou les aiglons pour l’art culinaire. En 2004, deux quidams ont tiré à coup de fusil un couple à Ambariotelo juste pour goûter la chair d’un aigle. Les Sakalava ont du respect envers l’aigle pêcheur de Madagascar. Pour eux, seul le criminel est capable de la tuer.

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o Baie de Bombetoka (15°48’ à 15°58’S – 46°18’ à 46°24’E)

C’est la baie la plus proche de la ville de Mahajanga, dans la direction Sud. Deux jours d’affilés (25 et 26 juillet 2005) sont consacrés pour l’observation de l’aigle. Le fleuve Betsiboka se déverse dans cette baie ainsi que de nombreux affluents. L’exploitation des palétuviers, la collecte des crabes et la dispersion des campements des pêcheurs et des villages le long de la rive sont identifiés comme principale menace du site. Ainsi, seul un couple normal actif et un nid abandonné distant de 22,4 km du premier, est observé dans une importante aire comme la baie de Bombetoka .

o Baie de Boina (15°46’54.2’’S – 46°05’27.3’’E)

L’observation est tenue le 21 juillet 2005. Un couple à deux individus dépourvus de nid et un nid abandonné, sont localisés dans ce site. Les menaces semblent être similaires à celles observées dans la baie de Bombetoka .

o Site Antsohery (15°48’46.5’’S – 45°48’49.4’’E)

Un petit village localisé entre le Cap Tanjona et la baie de Boina, Antsohery possède une large surface de mangroves. Une importante population de sarcelle de Bernier, l’une des espèces aviaires aquatiques menacées d’extinction, y est observée. La taille de la population d’aigle pêcheur de Madagascar paraît être faible car seul un individu adulte est enregistré. L’effectif des pêcheurs est élevé dans ce site.

o Baie de Marambitsy (15°01’ à 16°02’S – 45°34’ à 45°36’E)

Ce site est géré principalement par deux associations locales sous le principe GELOSE dont le BIMP (Birdlife International Madagascar Programme), étant devenu ASITY Madagascar est l’organisme d’appui. L’état des mangroves se voit intact. Durant l’observation, le 22 juillet 2005, un adulte solitaire est localisé dans un estuaire et un nid abandonné est repéré près du village de Marambitsy. Un guide local a rapporté qu’un couple a occupé le territoire auparavant.

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o Baie de Baly (15°57’ à 16°08’S – 45°17’ à 45°22’E)

Cette baie est classée Parc National par le décret n°97-152 du 18 décembre 1997 (ZICOMA, 1999). Ce parc, parsemé de différents types d’habitat, s’allonge dans une superficie de 69 350 ha. La mangrove occupant la majeure partie du Parc, a abrité au moins cinq individus d’aigle pêcheur de Madagascar. Ces individus sont composés de deux couples normaux et un sub-adulte. La paire de jumelles nous a permis de découvrir que les femelles se sont chacune incubées des œufs. L’un des couples est localisé au cap Amparafaka, précisément dans l’ouverture de cette baie, du côté nord, tandis que l’autre est observé dans un estuaire, dans le côté opposé. Les deux nids sont distants d’une vingtaine de kilomètre. Le sub- adulte est estimé comme poussin de deux ans passés du couple d’Amparafaka car il est repéré à une quarantaine de mètre du couple seulement.

Malgré son statut, la perturbation y semble être élevée car la baie offre une porte d’entrée et de sortie du district de Soalala pour se communiquer avec d’autres districts par voie maritime. Elle surgit également de l’effectif élevé des pêcheurs locaux et l’existence de la ferme d’AQUAMAS, société aquaculture basée à Soalala. La coupe illicite des palétuviers pour diverses constructions locales y est aussi constatée.

o Zones littorales ouest et sud-ouest

Le comptage s’est déroulé dans les zones littorales depuis Belo-sur-Tsiribihina jusqu’à Manja (21°16’ à 21°52’S – 43°47’ à 44°05’E) en pass ant par Belo-sur-Mer et le Parc National Kirindy Mitea (20°46’ à 20°51’S – 43°55’ à 43°58’E) entre 02 septembre et 07 octobre 2006. Seul un nid qui paraît en parfait état est localisé dans le delta de Belo-sur-Tsiribihina. Malheureusement, nous n’avons pas trouvé le couple propriétaire. A Belo-sur-Mer, la mangrove est dégradée dues aux activités humaines. Il n’y a que des jeunes palétuviers à Manja par suite d’une forte exploitation, vingt ans passés, selon nos informateurs .

Iles et îlots marins

Madagascar compte plus de 250 petits îles et îlots (ZICOMA, 1999). Plus de la moitié se trouvent dans la partie nord-ouest. Nosy Hara se place à la limite nord de cette contrée. L’effectif recensé dans ces types d’écosystème est de l’ordre de 11,8 % (n = 34 individus) de la population restante. Ces individus se sont répartis dans 19 sites différents. Ils sont composés de neuf couples normaux reproducteurs (n = 18 individus), trois couples à trois individus (n = 9

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individus), trois adultes errants, trois sub-adultes et un juvénile. Sept couples ont choisi les escarpements rocheux pour se nidifier. La prospection est effectuée en même temps avec celle des zones littorales nord-ouest, précisément entre 12 juin et 16 juillet 2005. Les détails des résultats sont consignés en annexe (annexe 3).

o Archipel Mitsio (12°43’ à 13°02’S – 48°27’ à 48°27’ E)

Mitsio est un archipel situé à environ 50 km au nord-est de Nosy-Be. Il est formé de plusieurs îlots disposés comme satellites autour du plus grand (Nosy Mitsio) : Nosy Antaly, Nosy Tsitamperina, Nosy Tsarabanjina, Nosy Ankarea, les îlots des Quatre Frères, Nosy Toloho, Nosy Mangiho, Nosy Kajohy, Nosy Vazoana et plus au nord, Nosy Lava (Rabarisoa, 1997). Le trajet est bouclé en deux jours (28, 29 juin 2005).

L’archipel Mitsio a abrité 12 individus composés de trois couples normaux actifs (n = 6 individus), un trio (n = 3 individus), un adulte solitaire et deux sub-adultes. Les trois couples et le trio sont respectivement localisés à Nosy Mitsio et à Nosy Tsarabanjina. L’adulte solitaire est repéré au Nosy Kajohy et les deux sub-adultes au Nosy Vazoana et au Nosy Antaly. Les habitats de prédilection sont uniquement constitués par des forêts denses sèches.

Comme ce site est loin de la ville de Nosy-Be, la pression humaine est plutôt faible malgré la présence d’une infrastructure hôtelière au Nosy Mitsio.

o Ile de Nosy-Be et les îles satellites (13°09’ à 13° 30’S – 47°58’ à 48°27’E)

Aucun individu n’est détecté dans l’île de Nosy-be. Les îles satellites ont abrité huit individus qui sont dispersés au Nosy Ambariotrandraka (n = 1 couple), au Nosy Antsaibory (n = 1 couple), au Nosy Fanihy (n = 1 adulte) et au Nosy Sakatia (n = 1 couple et 1 juvénile). La visite des sites est effectuée entre 23 et 25 juin 2005 .

o Nosy Iranja (13°35’50.2’’S – 47°48’28.0’’E)

La visite du site s’est déroulée le 22 juin 2005. Cet îlot se localise entre la baie de Rafaralahy et la baie des Russes. Trois individus dont un couple normal reproducteur et un sub- adulte y sont trouvés. Le nid est construit sur un arbre fané, dont on ignore son nom vernaculaire .

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o Nosy Ankazoberavina (13°29’14.0’’S – 47°58’41.0’’E)

Ce petit îlot se situe à quelques kilomètres au nord-ouest de l’ouverture de la baie des Russes. Un trio reproducteur est repéré avec son nid. Le comportement de ces individus est observé. Le deuxième mâle, qui joue parfois le rôle d’aide en matière de sécurité, de construction du nid et d’approvisionnement en nourriture, s’est occupé d’une autre activité. Il s’est chargé de la copulation avec la femelle pendant l’absence du mâle titulaire. Dès que ce dernier est arrivé au site avec une proie, il a pourchassé le deuxième mâle, débout à côté de la femelle puis il s’est accouplé avec sa partenaire après la livraison de nourriture. Le deuxième mâle a pris fuite et a quitté le site de nidification. L’observation dans ce site est effectuée le même jour que celle de Nosy Iranja, c’est-à-dire le 22 juin 2005.

o Nosy Manonaka, Nosy Tsiankazo et Nosy Valiha (12°22’ à 12°27’S – 48°40’ à 48°42’’E)

Ces îlots sont repérés au cap S t Sébastien, précisément au nord-ouest de la presqu’île Anorontany de la baie de Befotaka. Un individu adulte solitaire est localisé dans l’îlot forestier de Nosy Manonaka, contre un couple actif dans l’îlot à palétuvier de Nosy Valiha et un trio reproducteur dans l’escarpement rocheux de Nosy Tsiankazo. Soit un total de six individus est enregistré dans ces îlots. Le jour du 30 juin 2005 est consacré à la visite de ces sites.

Aucun signe de pression n’est enregistré dans ces sites étant donné la difficulté d’accès due aux récifs coralliens.

o Nosy Hara (12°13’32.3’’S – 49°01’17.4’’E)

C’est le dernier site visité dans la partie nord. Notre passage s’est tenu le 01 juillet 2005. La mer y est agitée dans la plupart de temps. Les récifs coralliens ont rendu la visite plus difficile d’autant plus que l’arbre susceptible d’être nidifié semble être rare dans ce site. Aucun individu n’y est repéré .

1-2- Ecosystème lacustre

La visite d’un total de 56 lacs est effectuée entre les mois d’août et septembre 2006 dans les parties sud-ouest, ouest et nord-ouest de Madagascar. Ces sites se répartissent dans différents districts délimités au nord par le district d’Analalava et au sud par le district de Manja.

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Les limites centrales sont formées du district de Miandrivazo, du Parc National d’Ankarafantsika, des zones humides de Tambohorano et du district d’Antsalova.

Les écosystèmes lacustres ont hébergé 128 individus se répartissant dans 36 couples normaux actifs (n = 72 individus), 18 couples à trois individus (n = 54 individus) et deux adultes solitaires. Parmi eux, sept couples sont enregistrés sans nid. Le complexe des trois lacs abrite 9,05 % (n = 26 individus) de l’effectif mondial (annexe 3).

Huit districts ont fait l’objet de ce recensement :

o District d’Antsalova (18°41’ à 19°13’S – 44°16’ à 44°44’E)

La visite est effectuée entre 23 septembre et 02 octobre 2006. Un total de 66 individus composés de neuf couples normaux reproducteurs (n = 18 individus) et 16 trios reproducteurs (n = 48 individus), est enregistré. Le district d’Antsalova a abrité 23 % de l’effectif global. Ce taux permet à ce district d’occuper le premier rang en termes d’abondance d’aigle pêcheur de Madagascar par rapport aux autres districts .

Les zones objets de la GELOSE, composées du complexe des trois lacs Ankerika, Soamalipo et Befotaka et deux lacs satellites (Betangiriky et Bekofoky), hébergent 11,1 % (n = 32 individus) de la population restante jusqu’à présent. Dix parmi ces couples à trois individus, soient 30 individus, prennent refuge dans ce site.

o District d’Analalava

Le lac saumâtre de Berohitra est localisé dans les coordonnées géographiques 14°23’04.2’’ S et 47°59’30.6’’ E. Il fait partie in tégrante du Parc Marin de Sahamalaza. Andrianarimisa (com. pers.) a communiqué la présence d’une femelle polyandre dépourvu de nid.

o District de Besalampy

Une équipe, composée de trois personnes, a prospecté les zones humides de Besalampy entre 25 et 31 juillet 2005. Trois individus, dont un couple normal et un adulte errant, sont respectivement localisés aux lacs Sahapy (16°32.160’S – 44°42.611’E) et Amparihy (16°41.622’S – 44°48.778’E). La même année, Rabenan drasana (com. pers.) a consacré un

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peu plus de temps pour le recensement de cette espèce dans la même zone. Pendant un mois d’observation (du 15 août au 15 septembre 2005), il a couvert la quasi-totalité des zones humides de Besalampy. Par conséquent, Il a localisé 9 individus qui se répartissent en 4 couples normaux (n = 8 individus) et un individu adulte solitaire. En outre, il a confirmé que les deux lacs sus mentionnés abritent chacun deux couples normaux mais, malheureusement, leurs nids ne sont pas trouvés. L’adulte solitaire est repéré au lac Ampandra (16°39.233’S – 44°49.580’E).

Dans le cadre de cette étude, nous avons pris compte des résultats de Rabenandrasana, vue l’importance de la population observée, le nombre des sites visités et l’effort d’observation.

o District de Mitsinjo (15°46’ à 16°12’S – 45°28’ à 45°56’E)

Le lac Kinkony et les zones humides environnantes sont visités par Rabenandrasana et (com. pers.) et consorts en juillet 2005. Quatre couples de deux individus sont recensés. L’un d’entre eux est repéré sans nid. Ce couple est considéré inactif pendant la période de reproduction 2005 .

o District de Belo-sur-Tsiribihina (19°17’ à 19°46’S – 44°33’ à 45°07’E)

Un total de 11 lacs est visité dans ce district pendant la saison de reproduction 2006, précisément entre 13 et 22 septembre 2006, soient 10 jours d’observation. Dix neuf individus composés de huit couples normaux reproducteurs (n = 16 individus) et un trio reproducteur (n = 3 individus) sont recensés. Ce nombre prouve déjà l’importance de ce district en tant que site d’hébergement de l’aigle pêcheur de Madagascar.

Les nids aux lacs Kimanomby (19°46’45.8’’S – 44°44’ 05.1’’E), Mamotsaka (19°44’47.0’’S – 44°51’32.9’’E) et Bevahomaty (19°1 7’45.5’’S – 44°44’13.2’’E) ont abrité chacun un poussin. De plus, un nid abandonné est repéré au lac Behetrevo (19°41’30.9’’S – 45°03’34.3’’E). Selon nos sources, un couple s’est occupé de ce nid il y a deux ans passés mais la perturbation humaine dues aux activités culturales qui n’ont cessé d’augmenter ne le permet pas d’y résider. La quasi-totalité du lac est transformée en rizières. Les ressources

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piscicoles ne suffisent plus à satisfaire le besoin quotidien de l’homme et de l’aigle pêcheur de Madagascar. Ce dernier a fini par se repousser dans d’autre site plus convenable.

o District de Miandrivazo (19°29’ à 20°09’S – 45°17’ à 45°32’E)

Dix jours effectifs, entre 21 et 30 août 2006, sont consacrés pour le dénombrement de l’aigle pêcheur de Madagascar dans quelques sites au sein du district. Trois parmi les huit lacs visités ont abrité trois couples normaux. Le couple observé au lac Badika (20°09’33.4’’S – 45°32’07.4’’E) est considéré comme inactif car aucu n nid n’est localisé. Le couple d’Ampanihy (19°29’05.7’’S – 45°23’28.9’’E) a eu un poussin au nid. Cette constatation est confirmée par une émission de cris venant de l’intérieur du nid.

Trois nids abandonnés sont respectivement observés aux lacs Ankazomena (19°42’29.8’’S – 45°23’41.3’’E), Andranomazava (19° 43’08.6’’S – 45°18’43.9’’E) et Antalafotsy (19°39’58.4’’S – 45°17’35.5’’E).

o District de Soalala

Le lac Sariaka est localisé dans les coordonnées géographiques 19°40’31.3’’S – 44°41’41.8’’E. Ce site est à 8 km au sud-ouest du c ap Amparafaka et à 0,5 km de la bordure de la côte. Un couple normal reproducteur est recensé dans ce site. Comme il fait partie du Parc National de la baie de Baly, aucun signe particulier de pression n’est enregistré. L’observation est effectuée le 24 juillet 2005 .

o District de Marovoay

Deux lacs sont visités au sein de ce district, à savoir le lac Ravelobe (16°18’09.9’’S – 46°49’11.5’’E) du Parc National d’Ankarafantsika et le lac Ankomakoma (16°20’38.3’’S – 46°44’18.3’’E) situé à 9,5 km du parc dans la direc tion sud-ouest. Trois individus sont enregistrés dans ces sites. Ils sont composés d’un couple reproducteur trouvé à l’extrême nord du lac Ravelobe et un adulte errant au lac d’Ankomakoma. La visite s’est déroulée le 26 juillet 2005 .

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o Zones humides de Tambohorano (17°31’ à 17°35’S – 44° à 44°58’E)

Au niveau des écosystèmes lacustres de Tambohorano, bon nombre de couple d’aigle pêcheur de Madagascar sont enregistrés. Un total de 12 individus a fréquenté ce type d’écosystème. Le recensement s’est déroulé entre 03 et 07 octobre 2006.

Classé cinquième grand lac par son étendue de 1 800 ha, le lac Mandrozo fait partie intégrante des zones humides de Tambohorano.

1-3- Ecosystème fluvial

Le recensement dans ce type d’écosystème est fait en même temps avec celui des écosystèmes lacustres. Les fleuves à long cours d’eau, se déversant dans le canal de Mozambique et les rivières, font l’objet de la visite. Ce sont les fleuves Soahany, Manambolo et Tsiribihina et la rivière Ampositsy. Ils se localisent tous dans le moyen ouest de la grande île. Les résultats ont affiché cinq couples normaux reproducteurs et un individu adulte solitaire. Quatre couples sont localisés le long du fleuve Soahany (18°47’30.0’’S - 44°19’10.0’’E) et le dernier couple s’est accroché le long du fleuve Manambolo (19°10’06.7’’S – 44°44’10.7’’E). L’adulte solitaire est trouvé le long de la rivière Ampositsy (18°50’46.0’’S – 44°34’03.9’’E) et aucun individu n’est observé le long du fleuve Tsiribihina (annexe 3).

De ces résultats, on a pu identifier six zones à forte concentration d’aigle pêcheur de Madagascar et représentées dans la carte suivante .

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Figure 15 : Zones à forte concentration d’aigle pêcheur de Madagascar (source : The Peregrine Fund, 2009)

La figure 15 montre que ces zones se localisent entre l’archipel Mitsio au nord et le district de Belo-sur-Tsiribihina au sud. Une d’entre elles est localisée dans les îles satellites, deux dans les baies et trois dans l’écosystème lacustre. Ces sites sont constitués par les zones humides de part et d’autre du fleuve Tsiribihina, les zones humides d’Antsalova, les zones humides de Tambohorano, les baies de Mahajamba et Moramba, la baie de Sahamalaza et l’archipel Mitsio.

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2- Densité

Une distance avoisinante de 3 832 km est parcourue le long des côtes sud-ouest, ouest et nord-ouest entre Manja et Nosy Hara lors de notre dernière expédition, en 2005. Cet effort est récompensé par le recensement de 116 individus se répartissant dans 49 couples normaux, deux trios reproducteurs, neuf adultes errants, un sub-adulte et deux juvéniles. Ce qui signifie que l’indice d’abondance de la population reste autour de 0,03 individu/km et 0,01 couple/km si on ne tient pas compte le nombre d’individus solitaires le long des littoraux ouest et nord-ouest de la grande île. Ce chiffre s’avère bas malgré l’existence d’habitats potentiels non occupés et l’inexistence de la compétition territoriale avec d’autres espèces de rapaces.

Pour l’ensemble des sites, dans le cadre de cette étude, le calcul de la surface est effectué à partir de logiciel ArcView 3.3. La superficie des îles et îlots est prise en compte afin d’avoir des résultats fiables. La carte suivante montre la superficie occupée par les couples existants.

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Figure 16 : Aire de distribution de l’aigle pêcheur de Madagascar (Source : BD500 FTM)

La population restante a occupé une superficie voisine de 161 210,34 km 2 (figure 16), d’où une densité de 0,001 individu/km 2. Ce qui traduit une densité très faible de la population. Cette dernière ne couvre qu’un millième de la surface disponible actuellement. Ce cas reflète déjà le statut de conservation de l’espèce : en danger critique.

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3- Efficacité des techniques de capture

Pour le suivi des rapaces, le processus de capture et de marquage est indispensable. Les détails des résultats de ces deux méthodes sont présentés dans cette partie.

3-1- Capture

L’effort de capture n’est fait que dans le district d’Antsalova et la baie de Moramba respectivement entre 1992 et 2001, grâce à la forte concentration de la population d’aigles qui s’y trouvent.

Un total de 75 individus d’âge adulte dont 46 mâles et 29 femelles est capturé à Antsalova contre six seulement (trois mâles et trois femelles) dans la baie de Moramba. Le piège «bal chatri» modifié ou piège à cage cordeau est le plus utilisé pendant la capture. Le «lacet veste» est une méthode récemment découverte, en conséquence, aucun individu n’est pris durant la pratique de cette technique .

3-2- Marquage

Entre 1992 et 2007, 163 individus de la population restante ont fait l’objet de marquage. Les juvéniles constituent essentiellement la majorité de ces individus avec un effectif respectif de 82 individus, suivi des adultes mâles (n = 49 individus) et des adultes femelles (n = 32 individus). Malheureusement, un taux de 3,6 % (n = 3 individus) de ces jeunes « Ankoay » s’est trouvé mort. Le complexe des trois lacs est le site le plus ciblé. La quasi-totalité des juvéniles au cours de chaque année biologique est baguée. Seuls trois couples et un juvénile sont bagués à la baie de Moramba . Le détail des résultats est consigné en annexe (annexe 4).

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Figure 17 : Baguage d’un juvénile par le personnel du projet (Photo par Rene de Roland, 2005)

En 2002, un problème est survenu dans le complexe des trois lacs et les lacs satellites environnants. Quelques individus issus des sites différents ont porté des bagues de mêmes couleurs alors que la composition des bagues doit être différente d’un site à l’autre. La différenciation des individus s’avère alors difficile même si ces bagues sont numérotées différemment. La mission d’identification a été alors impossible même avec l’aide des matériels adéquats (paire de jumelles et télescope). Ces numéros sont complètement illisibles à distance. Face à cette contrainte, nous prenons comme dispositif la recapture de ces individus.

Un phénomène rare est détecté sur l’un des individus du couple d’Antsahafa (lac satellite) quand il est capturé en 2004. Une apparence anormale est apparue sur ses pattes. Ces dernières ont pris de taille par rapport à la normale, probablement un problème d’irritation dues aux infections. On n’a pas pu mettre des bagues sur cet individu.

3-3- Taille et poids des individus

Un total de 26 individus a fait l’objet d’une mensuration. Ils sont composés de 13 adultes mâles, six adultes femelles, cinq juvéniles, un sub-adulte et un juvénile issu de l’élevage semi- captif ou «Hacking». Pour chaque échantillon, 28 paramètres (annexe 9) sont pris en compte et analysés statistiquement moyennant du test de Mann-Whitney.

Le tableau suivant résume les résultats de statistique axé sur ces variables.

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Tableau 1 : Caractères morphométriques entre les deux sexes .

Paramètres Mâle Femelle Test U (P = 0,01 )

Longueur du bec supérieur (mm) 50,03 ± 2,07 (13) 53,77 ± 1,17 (6) 0,0025** Longueur du bec inférieur (mm) 78,98 ± 7,27 (13) 86,93 ± 4,13 (6) 0,0074** Profondeur du bec supérieur (mm) 25,17 ± 3,52 (13) 26,57 ± 4,15 (6) 0,2534 Longueur du crâne (mm) 101,95 ± 1,35 (13) 106,50 ± 2,77 (6) 0,0014** Largeur du crâne (mm) 46,95 ± 2,03 (13) 48,72 ± 1,56 (6) 0,0484 Longueur de la mâchoire inférieure (mm) 58,30 ± 8,71 (13) 66,02 ± 3,81 (6) 0,0124 Longueur de l'ouverture de la bouche (mm) 38,54 ± 4,64 (13) 38,33 ± 1,40 (6) 0,1353 Distance entre les yeux (mm) 43,60 ± 3,10 (13) 42,75 ± 3,23 (6) 0,5103 Diamètre de la pupille (mm) 14,60 ± 1,12 (13) 16,20 ± 0,88 (6) 0,0096** Longueur de la rémige primaire (cm) 42,76 ± 5,23 (13) 43 ± 3,30 (6) 0,1738 Longueur de la rémige secondaire (cm) 34,84 ± 1,02 (13) 37,42 ± 0,94 (6) 0,0007** Longueur de l'alula (cm) 17,82 ± 1,27 (13) 18,83 ± 0,74 (6) 0,0391 Longueur de l'ulna (cm) 22,15 ± 2,90 (13) 22,52± 0,74 (6) 0,0385 Longueur de l'humérus (cm) 16,17 ± 0,86 (13) 16,65 ± 1,52 (6) 0,5679 Longueur du fémur (cm) 17,46 ± 24,30 (13) 11,93 ± 0,79 (6) 0,0064** Longueur du tibiotarse (cm) 16,44 ± 1,16 (13) 16,63 ± 0,71 (6) 0,5092 Longueur du tarso-métatarse (cm) 9,28 ± 0,67 (13) 9,79 ± 0,57 (6) 0,1245 Longueur du doigt externe (mm) 44,91 ± 3,01 (13) 48,62 ± 1,47 (6) 0,0073** Longueur du doigt médian (mm) 60,32 ± 3,90 (13) 63,95 ± 2,12 (6) 0,0393 Longueur du doigt interne (mm) 43,29 ± 3,08 (13) 46,30 ± 3,61 (6) 0,1045 Longueur du doigt arrière (mm) 41,78 ± 3,05 (13) 44,62 ± 3,24 (6) 0,0721 Longueur de griffe externe (mm) 29,29 ± 1,17 (13) 30,73 ± 1,28 (6) 0,0431 Longueur de griffe médiane (mm) 32,53 ± 0,85 (13) 33,83 ± 1,79 (6) 0,1351 Longueur de griffe interne (mm) 35,04 ± 1,57 (13) 37,62 ± 2,07 (6) 0,0224 Longueur de griffe arrière (mm) 37,61 ± 1,47 (13) 40,60 ± 1,86 (6) 0,0065** Longueur de la queue externe (cm) 24,28 ± 1,50 (13) 24,58 ± 1,24 (6) 0,4821 Longueur de la queue médiane (cm) 24,37 ± 1,35 (13) 24,87 ± 0,80 (6) 0,2031 Poids (g) 2424,61 ± 209,79 (13) 3085,83 ± 145,62 (6) 0,0007**

Test U de Mann-Whitney ; (**) : Hautement significatif à P = 0,01

De ce tableau, on s’aperçoit que le mâle se distingue de la femelle par neuf caractères d’après le test statistique avec un seuil de confidence de 99 %. Ces différences sont hautement significatifs au niveau des longueurs : du bec supérieur ( P = 0,0025), du crâne ( P = 0,0014), du bec inférieur ( P = 0,0014), de la rémige secondaire (P = 0,0007), du fémur (P = 0,0064), du doigt externe (P = 0,0073), de griffe arrière (P = 0,0065), au niveau du diamètre de la pupille (P = 0,0096) et du poids ( P = 0,0007). Ce qui fait que ces variables évoluent en fonction de la taille de l’individu sauf la longueur du fémur qui est à l’avantage du mâle. Ces résultats confirment que le dimorphisme sexuel, chez l’aigle pêcheur de Madagascar, se manifeste non seulement au niveau de la taille mais aussi au niveau des autres caractères. En général, la femelle est toujours plus grande que son partenaire sauf au niveau de la longueur du fémur.

Dans la nature, un juvénile pèse en moyenne 2 460 ± 517,69 g (2 000 à 3 200 g ; n = 5 individus). Ce qui donne une certaine idée que ces individus sont de sexes confondus si l’on se réfère au poids des adultes. Malheureusement, la taille de notre échantillon ne nous permet pas

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de vérifier cette hypothèse. Le tableau ci-après résume les résultats de mensuration effectuée sur quelques individus.

Tableau 2 : Caractères morphométriques de quelques juvéniles et d’un sub-adulte .

Paramètres Juvénile Juvénile en captivité Sub -adulte

Longueur du bec supérieur (mm) 49,60 ± 1,92 (5) 45 (1) 51,40 (1) Longueur du bec inférieur (mm) 79,46 ± 1,70 (5) 81,90 (1) 80,40 (1) Profondeur du bec supérieur (mm) 25,06 ± 0,74 (5) 23,70 (1) 23,40 (1) Longueur du crâne (mm) 104,44 ± 4,36 (5) 99,40 (1) 105,40 (1) Largeur du crâne (mm) 48,48 ± 2,49 (5) 44,40 (1) 46,40 (1) Longueur de la mâchoire inférieure (mm) 58,50 ± 3,92 (5) 56,50 (1) 58,10 (1) Longueur de l'ouverture de la bouche (mm) 40,76 ± 4,83 (5) 33,60 (1) 37,40 (1) Distance entre les yeux (mm) 43,80 ± 2,04 (5) 38,40 (1) 39,80 (1) Diamètre de la pupille (mm) 15,80 ± 0,69 (5) 13,30 (1) 16,90 (1) Longueur de la rémige primaire (cm) 39,06 ± 3,20 (5) 31,90 (1) 39,90 (1) Longueur de la rémige secondaire (cm) 35,50 ± 1,53 (5) 32,20 (1) 36,90 (1) Longueur de l'alula (cm) 18,48 ± 1,32 (5) 16,30 (1) 18,80 (1) Longueur de l'ulna (cm) 20,64 ± 2,77 (5) 20,10 (1) 22,80 (1) Longueur de l'humérus (cm) 16,70 ± 0,89 (5) 14,20 (1) 17,10 (1) Longueur du fémur (cm) 10,54 ± 0,83 (5) 11,10 (1) 11,60 (1) Longueur du tibiotarse (cm) 16,46 ± 1,14 (5) 15,60 (1) 17,20 (1) Longueur du tarso-métatarse (cm) 9,33 ± 0,31 (5) 8,70 (1) 9,74 (1) Longueur du doigt externe (mm) 49,38 ± 1,89 (5) 44 (1) 48,10 (1) Longueur du doigt médian (mm) 65,66 ± 4,15 (5) 55 (1) 62,90 (1) Longueur du doigt interne (mm) 46,90 ± 1,76 (5) 41,50 (1) 48,30 (1) Longueur du doigt arrière (mm) 42,40 ± 2,94 (2) 38,60 (1) 39,70 (1) Longueur de griffe externe (mm) 32,30 ± 4,15 (5) 26,70 (1) 28,80 (1) Longueur de griffe médiane (mm) 32,10 ± 0,87 (5) 29,50 (1) 31,80 (1) Longueur de griffe interne (mm) 34,08 ± 3,17 (5) 32 (1) 34,50 (1) Longueur de griffe arrière (mm) 37,28 ± 1,72 (5) 33,10 (1) 36,50 (1) Longueur de la queue externe (cm) 27,68 ± 1,53 (5) 19,20 (1) 25,20 (1) Longueur de la queue médiane (cm) 27 ± 0,88 (5) 21,10 (1) 26 (1) Poids (g) 2460 ± 517,69 (5) 1570 (1) 2450 (1)

Les résultats montrent une nette différence entre les juvéniles à l’état naturel et ceux en situation de captivité. L’individu dans la nature se trouve un peu plus grand que celui élevé en captivité. Cette différence apparaît au niveau de 10 différents caractères : longueurs : du crâne, de l'ouverture de la bouche, du doigt médian, du doigt interne, de griffe externe, de la queue externe, de la queue médiane et du doigt externe ainsi la distance entre les yeux. On assiste aussi à une différence pondérale nette entre les individus. Le résultat confirme que le juvénile à l’état naturel a le poids d’un adulte avant son envol .

De ce tableau, on s’aperçoit que la conservation ex-situ comme le «Hacking» ne favorise pas le développement pondéral de jeune aigle. De plus, l’élevage en cage d’un individu adulte, comme nous avons constaté à Maintirano, a changé complètement sa morphologie. Cet individu n’a ni le poids ni la morphologie d’un aigle pêcheur de Madagascar adulte.

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Le poids du sub-adulte capturé est de 2 450 g (n = 1 individu) qui semble être similaire à celui des juvéniles. Cette constatation est valable pour les autres caractères. Vue le nombre d’individus mesurés, il nous semble difficile de confirmer avec précision son sexe mais il peut être vraisemblablement un mâle.

4- Biologie de la reproduction et du développement

Les paramètres relatifs aux nids, le suivi des différents stades et le succès de la reproduction et les causes de la mortalité des juvéniles sont mises en relief dans cette partie.

4-1- Paramètres concernant les nids

Les nids existants ont été visités trois fois par an dans le district d’Antsalova et tous les cinq ans dans les zones hors dudit district. Le tableau suivant apporte un peu plus de détail.

Tableau 3 : Différents paramètres concernant les nids pour l’année biologique 2005.

Zones Complexe des trois lacs Lacs Sites littorales satellites Paramètres Soamalipo Befotaka Ankerika étudiés Nombre de nids 34 3 3 3 17 Distance moyenne entre 6,10 ± 4,45 1,98 ± 0,96 3,27 ± 1,37 deux nids voisins (Km)

En 2005, un total de 34, 9 et 17 nids a été localisé respectivement dans les zones littorales, le complexe des trois lacs et les lacs satellites environnants (tableau 3).

4-1-1- Zones littorales

Pour le cas des zones littorales malgaches, les nids les plus voisins sont distants de 6,10 ± 4,45 km (n = 34 nids). Cette large distance montre que l’habitat favorable non occupé est encore disponible et que la population de «Tanga » est espacée et discontinue dans ces contrées. Le choix du site de nidification effectué par chaque couple constitue également un facteur affectant cette distance.

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4-1-2- Complexe des trois lacs (Soamalipo, Befotaka et Ankerika)

En général, les trois lacs abritent chacun trois couples reproducteurs, entre 1992 et 2007. Avant 1994, le lac Befotaka a hébergé les couples dénommés BEFO 1, BEFO 2 et BEFO 3 mais le couple BEFO 1 est trouvé mort pour des raisons inconnues, en 1995. Un nouveau couple s’est installé au bon milieu d’un grand îlot appelé « Nosindambo » en 2004. Leur nid est codifié BEFO 4. Ainsi, le lac Befotaka héberge toujours trois couples reproducteurs. Pour le cas de Soamalipo, les nids existants sont codifiés en SOAM 1, SOAM 2 et SOAM 3. Seuls les couples occupant les nids SOAM 1 et SOAM 2 sont suivis depuis 1992. La troisième formation n’est apparue qu’un peu plus tard, plus exactement en 1994. Les deux individus mâles, propriétaires du nid SOAM 1, ont perdu leur partenaire en 1997. Ils sont restés solitaires jusqu’en 2004, année à laquelle ils ont retrouvé une nouvelle partenaire. Quant au lac Ankerika, de trois à quatre, puis à trois, tel est le schéma attribué au lac Ankerika pendant 16 années quand on parle des couples d’aigles pêcheurs de Madagascar. Avant 1995, ce lac a abrité trois couples reproducteurs occupant les nids ANK 1, ANK 2 et ANK 3. A partir de cette période, un quatrième couple s’est formé d’où l’existence de nid dénommé ANK 4. En 1997, le couple d’ANK 1 a quitté définitivement le site à cause de la forte perturbation effectuée par les pêcheurs. En conséquence, il n’en reste désormais que trois couples actifs.

Le complexe des trois lacs est connu par sa forte concentration en aigle pêcheur de Madagascar et ses richesses en ressources naturelles. A présent, ces lacs abritent chacun trois couples reproducteurs. Le nid le plus voisin est distant de 1,98 ± 0,96 km (n = 9 nids) sans tenir compte le nom du site. Cette distance s’avère faible par rapport aux autres sites. Les arbres de nidification ont été tous localisés au maximum à 0,64 km de la berge .

4-1-3- Lacs satellites environnants

Un total de 17 sites de nidification éparpillés dans la région d’Antsalova, a fait également l’objet d’une visite systématique de trois fois par an. Les nids les plus voisins sont distants de 3,27 ± 1,37 km (n = 17 nids) et ils se trouvent entre 0 et 1,17 km de la rive.

4-2- Ponte

La période de la ponte se situe entre la dernière semaine du mois de mai et la troisième semaine du mois de juillet pour l’ensemble des sites (tableau 4). Le nombre d’œufs par nichée varie de un à trois. Le décalage entre la première et la deuxième ponte est de deux à quatre

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jours. La troisième ponte, s’il y a lieu, s’effectue trois jours après la deuxième. La durée de ponte est de dix jours au maximum.

Tableau 4 : Différents paramètres biologiques enregistrés à Antsalova entre 1992 et 2007

Complexe des trois lacs Lacs Sites satellites Paramètres Soamalipo Befotaka Ankerika étudiés Ponte Période Mai - Juin Juin - Juillet Nombre d’œufs pondus 59 55 65 > 171 Moyenne annuelle 3,7 3,4 4 - d’œufs pondus par site Taille de la couvée 1 à 2 1 à 3 1 à 2 1 à 2 Incubation Durée (jour) 41 à 44 Eclosion Période Août - Septembre Juillet - Septembre Nombre d’œufs éclos 34 31 44 159 Taux de succès 57,6 56,4 67,7 - d’éclosion (%) Envol Période Octobre - Octobre Octobre - Novembre Novembre Nombre de poussins 22 21 35 105 envolés Taux de succès d’envol 64,7 67,7 79,5 66 (%)

La période de ponte est un peu en avance à Soamalipo par rapport aux autres sites. Un total de 179 œufs est recensé depuis 1992 jusqu’à 2007 au complexe des trois lacs. Le lac Ankerika enregistre plus d’œufs par rapport aux deux autres lacs. La raison en est que ce lac a abrité un couple de plus que les deux autres pendant un certain temps. Les nids existants aux lacs Soamalipo et Ankerika sont respectivement 40 et 51 fois plus actifs. Les lacs satellites produisent au moins 171 œufs. Ce chiffre est assez faible en comparaison avec celui du complexe, vue la différence de nombre de nids existants qui est en faveur des lacs satellites.

Pour l’ensemble des trois lacs, la moyenne annuelle d’œufs pondus reste autour de 3,7 œufs par an. Ce résultat permet de soutenir l’idée selon laquelle les couples existants dans lesdits lacs pondent irrégulièrement durant ces périodes.

Un phénomène rare s’est produit au niveau du couple de BEFO 2 qui a parvenu à pondre trois œufs pendant la période de ponte de 2005. C’est une nouvelle information dans l’histoire naturelle de l’aigle pêcheur de Madagascar. En conséquence, à partir de cette période, la taille de la couvée chez cette espèce a changé de 1 à 3 œufs par nichée.

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4-3- Incubation

Pour l’espèce étudiée, la durée d’incubation est comprise entre 41 et 44 jours après la date de la première ponte (tableau 5). En général, chaque élément du couple, que ce soit couple à deux ou trois individus, participe à la couvaison des œufs. L’écrasement des œufs dû au comportement maladroit des couples, la prédation, la collecte des œufs et la chute du nid constituent l’échec d’incubation .

4-4- Eclosion

La période d’éclosion chez cette espèce est inclue entre la deuxième semaine des mois de juillet et septembre. En général, elle se situe entre le mois d’août et le mois de septembre dans le complexe des trois lacs.

Le tableau 5 montre que le lac Ankerika affiche un taux de succès d’éclosion élevé par rapport aux deux autres lacs. L’isolement du lac constitue une condition favorable pour la reproduction de l’aigle pêcheur de Madagascar. L’avantage en nombre de couples pendant une certaine période pourrait être aussi à l’origine. Le complexe des trois lacs enregistre donc un taux moyen d’éclosion de 36,3 %.

Un total de 31, 34 et 44 aiglons est enregistré respectivement à Befotaka, Soamalipo et Ankerika durant ces périodes. Pour les lacs satellites, ces aiglons comptent au nombre de 159, soit 9,9 petits par an entre les années biologiques 1992 et 2007.

Pour le cas des trois œufs de BEFO 2, ils sont éclos mais deux des poussins ont été victimes du système de caïnisme.

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Figure 18 : Poussin au nid avec de reste des proies (Photo par Rene de Roland, 2004)

4-5- Envol des poussins

L’envol des poussins se situe entre la deuxième semaine du mois d’octobre et la dernière semaine du mois de novembre.

Le taux de succès d’envol est de 67,7 % (n = 21 jeunes aigles), 61,7 % (n = 21 jeunes aigles) et 79,5 % (n = 35 jeunes aigles) respectivement pour les lacs Befotaka, Soamalipo et Ankerika (tableau 5). Ce qui signifie qu’un nid sur trois par an seulement trouve un succès d’envol des poussins aux lacs Befotaka et Soamalipo contre deux nids sur trois par an à Ankerika. Le taux de succès d’envol est de 71,5 % en moyenne pour l’ensemble des trois lacs. Ce pourcentage s’avère haut par rapport à celui des lacs satellites, restant autour de 66 % (n = 105 aiglons). Cette différence s’explique par la mise en place d’un système de gestion dans le complexe des trois lacs.

A part la différence au niveau du nombre de couples entre ces trois sites, la reproduction annuelle continue du couple d’ANK 2 entre 1992 et 2007 peut expliquer cette différence.

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4-6- Changement de place de nids

Le changement de place des nids effectué par les couples existants dans district d’Antsalova est synthétisé sur le tableau ci-après.

Tableau 5 : Changement de place des nids effectué par chaque couple entre 1991 et 2007 .

Site / Année 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 Befotaka 1 A2 A1 A2 A1 A2 Befotaka 2 A2 A1 A2 A2 A2 A1 B1 B1 C1 C1 D1 D1 D1 D1 E1 F1 Befotaka 3 A2 A1 A1 A1 A1 A1 A1 B1 B1 B1 B1 C1 B1 B1 B1 B1 B1 Befotaka 4 A2 B1 C2 Soamalipo 1 A1 B1 B2 A1 B2 A2 A1 A2 A2 B2 B2 C2 C1 C1 C1 C1 Soamalipo 2 A2 B2 B1 B1 B1 C1 D1 B1 D1 D1 E1 E1 E1 F1 F1 F1 F1 Soamalipo 3 A1 A2 A1 A2 A1 A1 A2 B1 B1 C1 C1 C1 C1 D1 Ankerika 1 A2 A1 A1 A2 B1 B1 B2 Ankerika 2 A1 A1 A1 B1 A1 B1 B1 A1 C1 C1 D1 D1 D1 D1 E1 E1 Ankerika 3 A2 A1 A1 A1 A1 A1 A1 A1 A1 B1 B1 C1 C1 D1 D1 E2 F1 Ankerika 4 A2 A2 A2 B2 B1 B1 B1 B1 C1 C1 C2 D1 A1 A2 A1 A1

Lettre A : indique le premier nid construit ; Lettres B, C, D, E, F : désignent les nouveaux nids construits faisant l’objet de changement de place du couple d’aigle pêcheur de Madagascar ; Chiffre 1 : désigne les nids avec des œufs (nids actifs) ; Chiffre 2 : indique les nids sans œufs (nids inactifs) .

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Le tableau montre qu’un couple d’aigle pêcheur de Madagascar du complexe des trois lacs a changé six fois d’arbre de nidification entre 1991 et 2007. La durée d’utilisation d’un nid varie de 1 à 9 ans avant de construire un autre. Les couples ne réutilisent à l’ancien nid qu’une seule fois pour se reproduire (n = 2 couples). En général, le couple propriétaire n’utilise pas directement le nid après son agencement, il attend jusqu’à neuf saisons pour s’y retourner (cas du couple d’ANK 4). Pendant ce temps, le couple construit d’autres nids pour se reproduire. La distance moyenne du changement de place d’un nid à l’autre pendant la période d’étude est de 0,81 ± 0,69 km (0,07 à 2,07 km). Le couple d’ANK 2 a présenté un cas particulier par la ponte continue dans cinq nids différents qu’il a occupé entre 1992 et 2007. Ce qui pousse à dire que le couple de l’aigle pêcheur de Madagascar peut se reproduire chaque année dans des conditions favorables.

Le calcul de la surface occupée par chaque couple a été effectué à l’aide du logiciel ArcView 3.3 (figure 19).

Figure 19 : Aire de nidification de chaque couple au complexe des trois lacs (1991 – 2007)

Page 72 Premier chapitre : Etude bio-écologique

La figure 19 montre la surface utilisée par chaque couple pendant leur période de reproduction entre 1991 et 2007. En conséquence, le couple d’aigle pêcheur de Madagascar a occupé une superficie avoisinante de 1,8 à 206 ha pour se nidifier. Le tableau ci-après apporte les détails relatifs à ce propos .

Tableau 6 : Superficie occupée par chaque couple pour la nidification

Nom du site Superficie (ha) Ankerika 2 64,22 Ankerika 3 111,04 Ankerika 4 18,08 Befotaka 2 66,84 Befotaka 3 1,77 Befotaka 4 2,06 Soamalipo 1 4,34 Soamalipo 2 205,99 Soamalipo 3 8,33

Les couples de SOAM 2, d’ANK 3, de BEFO 2 et d’ANK 2 ont occupé une importante superficie par rapport aux autres couples. L’avantage est resté en faveur de SOAM 2.

4-7- Succès de la reproduction

A noter que le succès de la reproduction est le rapport entre le nombre de nids qui a un succès d’envol et le nombre total des nids actifs.

4-7-1- Complexe des trois lacs (Ankerika, Soamalipo et Befotaka)

Le complexe des trois lacs abrite au maximum neuf couples reproducteurs depuis 1992 jusqu’en 2007. Ces couples ont parfois connu d’échec et de succès de la reproduction. Le tableau suivant montre les détails des résultats obtenus au cours de 16 années consécutives :

Page 73 Premier chapitre : Etude bio-écologique

Tableau 7 : Succès de la reproduction au complexe des trois lacs entre 1992 et 2007 .

Années Nids actifs Nb d’œufs Œufs Juvéniles Succès de la Succès d’envol éclos envolés reproduction 1992 9 12 6 4 0,44 (4/9) 0,66 (4/6) 1993 8 13 7 6 0,66 (6/8) 0,85 (6/7) 1994 7 5 6 2 0,28 (2/7) 0,33 (2/6) 1995 9 14 6 3 0,33 (3/9) 0,50 (3/6) 1996 8 10 6 3 0,37 (3/8) 0,50 (3/6) 1997 7 10 7 7 0,57 (4/7) 1,00 (7/7) 1998 8 14 6 4 0,50 (4/8) 0,66 (4/6) 1999 8 10 6 4 0,50 (4/8) 0,66 (4/6) 2000 6 7 6 4 0,66 (4/6) 0,66 (4/6) 2001 7 9 7 5 0,71 (5/7) 0,71 (5/7) 2002 7 10 7 6 0,85 (6/7) 0,85 (6/7) 2003 8 13 9 6 0,75 (6/8) 0,66 (6/9) 2004 9 14 9 7 0,77 (7/9) 0,77 (7/9) 2005 9 15 9 6 0,66 (6/9) 0,66 (6/9) 2006 9 10 6 5 0,55 (5/9) 0,83 (5/6) 2007 9 13 6 6 0,66 (6/9) 1,00 (6/6) Total 128 179 109 78 0,58 (75/128) 0,71 (78/109)

De 1992 à 2000, le succès de la reproduction varie, en général, entre 0,28 et 0,66 petits par nichée, soit en moyenne 0,48 petits par nichée. Ces temps coïncident surtout à la période d’exploitation sauvage connue par ce complexe. Par contre, de 2001 à 2004, périodes relatives à la phase probatoire de la GELOSE, ce succès moyen a enregistré une augmentation et atteint la barre de 0,77 petit par nichée. Puis, il a diminué progressivement jusqu’à 0,62 à partir de 2005 ou période post GELOSE. Ce qui signifie que la gestion des ressources naturelles qu’entreprennent les associations locales (FIZAMI et FIFAMA) s’est avérée efficace. Cet accroissement de la reproduction de l’aigle pêcheur de Madagascar en a fait preuve, même si, le système GELOSE n’a pas intervenu directement dans la biologie de l’espèce en question.

Durant ces longues périodes, sur les 128 nids actifs, un total de 179 œufs est enregistré. Parmi eux, 60,9 % sont éclos, synonyme de 109 aiglons et 78 (71,5 %) jeunes aigles parvenus à l’âge du premier envol. La moyenne de succès de la reproduction est restée autour de 0,58 petit par nichée dans le site d’étude. Ce résultat est encourageant du fait de la rareté de cette espèce et les difficultés que les gestionnaires ont vécu pendant la mise en œuvre du projet .

Page 74 Premier chapitre : Etude bio-écologique

4-7-2- Lacs satellites environnants

Comme dans le complexe des trois lacs, les lacs satellites environnants ont bénéficié d’une visite systématique de trois fois par an. Les observations sont portées sur 195 nids actifs, résultat cumulatif de 16 années biologiques consécutives (1992 – 2007). Le tableau ci-après apporte un peu plus de détails:

Tableau 8 : Succès de la reproduction aux lacs satellites environnants entre 1992 et 2007

Années Nids actifs Nb d’œufs Œufs éclos Juvéniles Succès de la Succès d’envol envolés reproduction 1992 15 16 8 4 0,26 (4/15° 0,50 (4/8) 1993 15 ??? 11 6 0,40 (6/15) 0,54 (6/11) 1994 10 ??? 7 5 0,50 (5/10) 0,71 (5/7) 1995 12 ??? 9 5 0,41 (5/12) 0,55 (5/9) 1996 14 ??? 12 9 0,64 (9/14) 0,75 (9/12) 1997 13 ??? 10 4 0,30 (4/13) 0,40 (4/10) 1998 10 ??? 8 8 0,80 (8/10) 1,00 (8/8) 1999 8 11 7 5 0,62 (5/8) 0,71 (5/7) 2000 8 9 7 6 0,75 (6/8) 0,85 (6/7) 2001 8 11 8 5 0,62 (5/8) 0,62 (5/8) 2002 10 12 5 5 0,50 (5/10) 1,00 (5/5) 2003 15 24 16 12 0,80 (12/15) 0,75 (12/16) 2004 15 26 11 8 0,53 (8/15) 0,72 (8/11) 2005 13 19 12 7 0,53 (7/13) 0,58 (7/12) 2006 13 20 14 9 0,69 (9/13) 0,64 (9/14) 2007 16 23 14 7 0,43 (7/16) 0,50 (7/14) Total 195 171 159 105 0,53 (105/195) 0,66 (105/159)

Dans le cadre de cette étude, aucune donnée relative au nombre d’œufs n’est trouvée pendant une certaine période (1993 – 1998). Les nids actifs ont produit au moins 171 œufs. Pour la réussite d’envol, parmi les 159 poussins éclos, 66 % (n = 105 juvéniles) des juvéniles ont quitté définitivement leur nid. Ce taux est assez faible par rapport à celui du complexe des trois lacs.

Par ailleurs, le résultat montre que le succès moyen de la reproduction est assez faible par rapport aux sites sous protection, 0,53 petit par nichée contre 0,58.

Page 75 Premier chapitre : Etude bio-écologique

4-8- Mortalité des juvéniles

Le suivi de la mortalité des poussins fait partie intégrante de cette étude. Sur les 109 poussins éclos, 31 sont trouvés morts, soit 28,5 % de l’effectif total, dans le complexe des trois lacs (Tableau 4). Ce taux semble être élevé dans les lacs satellites environnants où il va jusqu’à 34 %. Autrement dit, 54 aiglons sur 159 éclos n’ont pas atteint l’âge du premier envol (Tableau 5). Le caïnisme ou fratricide et l’attaque des insectes nécrophages Dermestes sp. (figure 20) sont constatés comme principale cause de leurs morts. D’autres causes existent effectivement comme l’abattage de l’arbre de nidification, les feux de brousses, le dénichage des juvéniles et l’accident dû à la chute accidentelle du nid et du poussin.

Figure 20 : Reste de poussin victime de l’attaque des insectes nécrophages (Photo par Razafimanjato, 2004).

5- Longévité

Un jeune aigle n’atteint l’âge de maturité qu’à partir de la quatrième ou cinquième année (Langrand et Meyburg, 1984). Pour cette étude, la longévité de l’aigle pêcheur de Madagascar est estimée à 30 ans en moyenne dans la nature. Ce calcul est basé sur la réalité sur le terrain.

Le projet The Peregrine Fund s’installe dans le complexe des trois lacs depuis 1991. A cette époque, la population restante est déjà revêtue de plumage d’adulte et s’est formée en quelques couples reproducteurs. Ce qui fait que chaque individu a atteint au moins leur cinquième âge et sans doute leur 25ème cette année. Aucun signe de faiblesse n’est constaté

Page 76 Premier chapitre : Etude bio-écologique

jusqu’à présent sur ces individus. Chaque couple se reproduit normalement même si la reproduction est discontinue. Ce fait nous permet d’avancer cet âge.

6- Ecologie

Dans cette partie, on tient compte les caractéristiques de l’habitat et l’évaluation des pressions et menaces qui lui pèse.

6-1- Paramètres de l’arbre de nidification

De 2003 à 2007, un total de 22 espèces d’arbre de nidification d’aigle pêcheur de Madagascar est enregistré dans le district d’Antsalova. Elles sont à dominance de « Kily » (Tamarindus indica ) (FABACEAE) et de « Baobab » ( Adansonia sp.) (BOMBACACEAE). La liste des espèces est synthétisée dans le tableau ci-après.

Tableau 9 : Liste des espèces d’arbres enregistrés dans le district d’Antsalova.

Famille Espèces Noms vernaculaires DHP (cm) FABACEAE Cordyla madagascariensis Anakakaraky 60,57 ± 11,83 (3) Albizia lebbeck Bonara 83,5 (1) Tamarindus indica Kily 106,93 ± 28,04 (28) Dalbergia sp. Magnary 40,1 ± 6,24 (3) Colvillea racemosa Sarongaza 51,1 ± 1,73 (3) BOMBACACEAE Adansonia sp. Baobab 176,47 ± 71,99 (8) EUPHORBIACEAE Cleidion capuronii Hazompasy 48,6 (1) RUTACEAE Cedrolopsis grevei Katrafay 24,6 (1) Zanthoxylum decaryi Monongo 51,7 ± 5,8 (2) ANACARDIACEAE Mangifera indica Manga 45 (1) BIGNONIACEAE Stereospermum euphoroides Mangarahara 50,4 (1) SAPOTACEAE Capurodendron perrieri Nanto 51,4 (1) MIMOSACEAE Acacia rovumae Robontsy 79,83 ± 4,81 (3) Albizia tulearensis Tainakanga 49,3 (1) HERNANDIACEAE Gyrocarpus americanus Mafay 47 (1) RUBIACEAE Adina spaerocephala Sohihy 94 (1) DIDIERACEAE Terminalia tricristata Taly 100,3 (1) N.I N.I Tsitimpahy 105,25 ± 39,53 (2) MORACEAE Broussonetia greveana Vory 75,9 ± 7,51 (3) PALMACEAE Borassus madagascariensis Dimaka ??? N.I N.I N.I 38 (1) N.I N.I N.I 36,9 (1)

N.I : Non Identifié ( ) : Nombre d’échantillon

Parmi les espèces d’arbres servant d’arbre de nidification de l’aigle pêcheur de Madagascar dans le complexe des trois lacs, deux espèces n’ont pas pu être identifiées.

Page 77 Premier chapitre : Etude bio-écologique

En général, ces espèces présentent une hauteur moyenne de 16,3 ± 3,4 m (n = 22 arbres) (10,7 – 23,6) et un DHP variant de 24,6 à 256 cm.

Le résultat du test de Chi-deux χ2 montre qu’il n’y a pas de différence significative entre les espèces d’arbre et l’intervalle de DHP au fil des années (d.d.l = 12 ; P = 0,945). L’hypothèse nulle H o est donc acceptée. Il n’y a aucune relation entre l’espèce d’arbre et leur DHP.

6-2- Paramètres physico-chimiques des lacs

Les paramètres physico-chimiques des lacs sont collectés pendant la visite des nids. Il s’agit de la profondeur, la température de l’eau, le pH et la turbidité .

6-2-1- Profondeur

Pendant la saison sèche, la profondeur des lacs Soamalipo, Befotaka et Ankerika varie de 0,50 à 3,90 m, soit en moyenne 2,3 ± 0,6 m (n = 53 échantillons) entre 2002 et 2004. Cette caractéristique est similaire à celle des lacs dans la partie ouest de Madagascar qui ont une faible profondeur.

Le fond des lacs est formé de vases comme type de substrat. Au début de la saison de pluie, ces lacs sont alimentés par le fleuve Manambolo.

6-2-2- Température de l’eau

En moyenne, la température de l’eau dans les trois lacs évolue entre 23°C et 33°C. Le maximum thermique se situe entre novembre et décembre. On ne constate pas une variation significative entre ces lacs .

6-2-3- Turbidité et pH

Pour le cas d’Ankerika, la turbidité est comprise entre 0,40 et 0,80 m en saison sèche. L’eau y paraît légèrement limpide que celle de Soamalipo dont la valeur de la turbidité varie de 0,20 à 0,80 m pour la même saison. Le lac Befotaka a une couleur plus sombre par rapport à celle de Soamalipo et d’Ankerika. Cette hypothèse est confirmée par la valeur de la turbidité qui y évolue entre 0,33 et 0,60 m. En général, l’eau s’avère plus trouble durant la saison sèche qu’en saison de pluie.

Quant au pH, sa valeur se stabilise en saison sèche, autour de 6,5. Cette basicité demeure conforme aux eaux douces de l’Ouest malgache.

Page 78 Premier chapitre : Etude bio-écologique

6-3- Menaces et pressions

Différentes formes de pressions et menaces sont enregistrées, à savoir, l’envahissement de la jacinthe d’eau, la pêche intensive, l’abattage des grands arbres et le défrichement. Quelques cas d’infractions comme l’élevage en captivité, la collecte de jeune aigle au nid et la capture de l’individu adulte sont respectivement enregistrés à Tsarahotany et à Bevahomaty, district de Belo-sur-Tsiribihina, et à Miandrivazo. Heureusement que les services techniques et la Brigade de la Gendarmerie au sein de ces contrées ont intercepté ces actes et ont pris des dispositions à l’encontre de ces délits.

Divers paramètres écologiques sont collectés pendant les visites des nids existants au sein du district d’Antsalova. Le but est de suivre l’évolution des menaces qui pèsent sur l’habitat afin d’avoir le seuil de tolérance en la matière (figure 21). Le degré de menace est estimé à l’aide de l’échelle à 8 points.

I

Figure 21 : Degré de menace sur l’habitat à l’aide de l’échelle à 8 points.

La courbe de la présence des couples (figure 21) montre une ascension entre l’intervalle des points 0 et 1. Elle diminue progressivement à l’échelle 1 et s’annule au point 3. Ce qui signifie que les conditions idéales pour la viabilité de cette espèce se trouvent entre 0 et 2 ou bien dans un degré de menace entre 0 et 25 %.

Page 79 Premier chapitre : Etude bio-écologique

Quant au seuil de tolérance, il se calcule à partir de l’intersection (I) de deux droites issues de quatre points :

D1 : y = ax + b or A(2,3) et B(3,8)

3 = 2a + b a = 5 <=> 8 = 3a + b b = -7 D’où D1: y= 5x - 7

D2: y = cx + d or C(2,11) et D(3,0)

11 = 2c + d c = -11 => 0 = 3c + d d = 33

D’où D2 : y = -11x + 33

Si D1 = D2 <=> y = y

y = 5x - 7 => 5x – 7 = -11x + 33 => x = 5/2 y = -11x + 33

D’où y = 5(5/2) – 7 => y = 11/2

L’intersection I se trouve sur le point (5/2 ; 11/2)

D’après ce calcul, appuyé par la figure 24, cette espèce peut tolérer un degré de menace proche de 2,5.

La majorité des lacs existants à Miandrivazo sont gérées par les communautés locales à travers le système GELOSE. Les clauses de cahier de charges sont visiblement non respectées étant donné la persistance de défrichement, l’abattage de grands arbres pour la construction des pirogues, la pêche intensive et les feux de brousses.

Presque la totalité de la surface du lac Antalafotsy est transformée en terrain rizicole et les habitats naturels qui entourent les lacs Ankazomena (figure 22) et Andranomazava sont victimes des feux de brousses .

Page 80 Premier chapitre : Etude bio-écologique

Figure 22 : Destruction du site de nidification de l’aigle pêcheur de Madagascar à Ankazomena Miandrivazo par les feux de brousse Photo par Razafimanjato, 2006)

6-4- Régime alimentaire

L’observation directe nous a révélé que les poissons de la famille de CHICLIDAE constituent la base du régime alimentaire de l’aigle pêcheur de Madagascar. Cette famille est représentée par trois espèces, à savoir, Oreochromis macrochir, O. mossambicus et Tilapia zilii . Ces espèces se trouvent en quantité abondante dans le complexe des trois lacs. Toutefois, quatre autres espèces sont aussi prises par l’aigle (tableau 10).

Tableau 10 : Liste des espèces piscicoles capturées par l’aigle pêcheur de Madagascar

Famille Espèces Noms vernaculaires CHICHLIDAE Oreochromis macrochir Voaloboky Oreochromis mossambicus Mahaimiteraka Tilapia zilii Borivava ARIIDAE Arius madagascariensis Gogo GOBIIDAE Glossogobius giuris Banana MEGALOPIDAE Megalops cyprinoides Fiafoty OPHICEPHALIDAE Ophicephalus striatus Fibata

Page 81 Premier chapitre : Etude bio-écologique

Le résultat de l’enquête nous a permis de connaître que l’aigle pêcheur de Madagascar s’empare aussi des cannetons de basse-cours en cas d’insuffisance des ressources piscicoles due à la pêche intensive ou en cas de compétition avec les pêcheurs. L’effectif élevé de ces derniers ne favorise pas la chasse de l’aigle qui nécessite une espace ouverte et tranquille pour mieux localiser leur proie.

7- Analyses statistiques

Cette partie met en exergue les résultats de deux modèles de simulation issus de Vortex et MaxEnt. A cela s’ajoute ceux des analyses descriptives multivariées .

7-1- Modèle de simulation de la tendance de la population

Pour la présente étude, on a essayé d’établir un modèle en vue de connaître le devenir de la population d’aigle pêcheur de Madagascar avec les conditions qu’elle vit actuellement, en comparant les sites avec et sans mode de gestion. Plusieurs paramètres sont pris en considération et la projection est pour une durée d’un siècle (figure 23) .

Figure 23 : Tendance de la population au cours des cent ans à venir (source : auteur 2011).

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Après 100 itérations, la courbe de tendance ou bien celle de métapopulation, montre que la population de l’aigle pêcheur de Madagascar se stabilisera au cours des 100 ans à venir (figure 23). Autrement dit, avec les conditions actuelles, la viabilité et la pérennisation de la population est assurée. Il n’y aura aucune extinction locale dans les sites gérés et non gérés. Au niveau des lacs satellites non gérés, les pêcheurs ne s’intéressent pas du tout à ces plans d’eau à cause de leur superficie qui semble petite. L’intensité de la compétition semble assez faible et le degré de pression évolue dans le même sens. Les lacs satellites de grande étendue jouissent parfois d’une protection à travers la GELOSE.

7-2- Modélisation de niche écologique

L’aire de distribution de l’aigle pêcheur de Madagascar est modelée par le biais du logiciel MaxEnt, en y projetant les données géoréférenciées issues des suivis. Dans ce cas, on a tenté de faire une simulation jusqu’à l’an 2050 afin de connaître la tendance de l’évolution de cette distribution en tenant compte les facteurs climatiques. Cette analyse porte sur 158 points d’occurrences à référence géographique avec une précision de 0,00001, représenté par des points blancs sur les cartes 24, 25, 26 et 27.

La carte ci-dessous montre la distribution actuelle de l’aigle pêcheur de Madagascar en prenant compte des zones d’occurrences.

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N

O E

S

0 100 200 Km

Figure 24 : Modèle de distribution actuelle de l’aigle pêcheur de Madagascar donné par MaxEnt (Source : auteur, 2011)

(Points blancs : zone d’occurrence au nombre de 158 ; Echelle (0 à 1) : probabilité de présence montrée par la variation des couleurs, bleue P = 0 à rouge P = 1)

Les points blancs représentent les zones d’occurrences. Les sites à forte concentration suivant l’échelle gradient se trouvent dans les zones humides de Tambohorano, d’Antsalova et de Belo-sur-Tsiribihina. Ce résultat reflète la réalité. Ces zones font parties des six zones à forte

Page 84 Premier chapitre : Etude bio-écologique

concentration identifiée durant cette étude. La figure 24 montre également que l’habitat potentiel pour cette espèce s’étend jusqu’à l’extrême nord de la grande île et se décale un peu à l’Est d’Antsiranana.

Après 500 itérations, le gain de formation régularisé est de 2,753 et la performance du modèle suite à une évaluation à travers la courbe (AUC : «Area Under the Curve») paraît haut (0,98). Autrement dit, une classification efficace des habitats adéquats contre les habitats inappropriés. Durant cette analyse, les variables environnementales BIO1, BIO12, BIO10 et la couverture forestière (pfc) sont détectées comme variables ayant la capacité d’explication relativement haute tandis que BIO9 et BIO15 réduisent le gain total (tableau 11).

Tableau 11 : Pourcentage de contribution de chaque paramètre

Variables Contribution (%) Bio 1 59 Bio 12 7.5 Bio 10 5.8 pfc 5 Bio 8 4.3 Bio 6 4 Bio 18 4 Bio 11 2 Bio 4 1.7 Bio 17 1.4 Bio 19 1.3 Bio 13 1.2 Bio 2 0.8 Bio 5 0.7 Bio 3 0.6 Bio 7 0.3 Bio 14 0.3 Bio 16 0.2 Bio 9 0.1 Bio 15 0.1

Le résultat de l’analyse sur MaxEnt montre les sites potentiels probables pour l’aigle pêcheur de Madagascar. La figure 25 présente ces sites en variant leur couleur.

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N

O E

S

0 100 200 Km

Figure 25 : Aire de distribution de l’aigle pêcheur de Madagascar après analyse (Source : auteur, 2011)

(Points blancs : zone d’occurrence au nombre de 158 ; Points violets : zone potentielle probable après test ; Echelle (0 à 1) : probabilité de présence montrée par la variation des couleurs, bleue P = 0 à rouge P = 1)

Suivant l’échelle gradient, la figure 25 prédit, en tenant compte les facteurs climatiques, et la couverture forestière que l’habitat favorable pour l’aigle pêcheur de Madagascar se trouve entre Antsiranana, au nord, et Morondava, au sud. Le fleuve Mangoky et le plateau de Makay,

Page 86 Premier chapitre : Etude bio-écologique

un peu au sud, apparaissent comme sites potentiels. Cette figure montre aussi l’élargissement de l’habitat favorable pour l’aigle pêcheur de Madagascar vers l’intérieur de la terre continentale. Les zones humides d’Antsalova, de Tambohorano et de Belo-sur-Tsiribihina constituent toujours les sites potentiels.

Pendant cette analyse, c’est les variables environnementales BIO1, BIO4, BIO8 et la couverture forestière qui contribuent beaucoup plus par rapport aux autres paramètres (tableau 12).

Tableau 12 : Pourcentage de contribution de chaque paramètre après test

Variables Contribution (%) Bio 1 45.5 Bio 4 13 Bio 8 12.4 pfc 10.7 Bio 12 4.6 Bio 2 2.6 Bio 5 2.4 Bio 18 1.8 Bio 17 1.6 Bio 3 1.5 Bio 7 1.3 Bio 14 1 Bio 15 0.5 Bio 13 0.4 Bio 10 0.4 Bio 9 0.2 Bio 16 0.1 Bio 6 0 Bio 19 0 Bio 11 0

La prédiction de l’aire de distribution constitue une étape indispensable pour cette analyse afin d’obtenir un modèle de niche écologique. La figure ci-après présente la tendance de la zone de distribution en tenant compte des facteurs climatiques et de la couverture forestière.

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N

O E

S

0 100 200 Km

Figure 26 : Prédiction de l’aire de distribution de l’aigle pêcheur de Madagascar (Source : auteur, 2011)

(Points blancs : zone d’occurrence au nombre de 158 ; Points violets : zone probable après test ; Echelle (0 à 1) : probabilité de présence montrée par la variation des couleurs, bleue P = 0 à rouge P = 1)

Le résultat de la prédiction (figure 26) prévoit d’autres zones potentielles pour l’aigle pêcheur de Madagascar. Les zones d’occurrences et les zones potentielles probables qui se localisent dans la partie nord et nord-ouest commencent à se réduire, exceptées quelques zones, en l’occurrence le Parc National d’Ankarafantsika et les zones humides de Tambohorano et Besalampy.

Page 88 Premier chapitre : Etude bio-écologique

La projection constitue la dernière étape de cette modélisation. On considère qu’il n’y aura pas de changement de pourcentage de la couverture forestière jusqu’en 2050. La figure suivante montre le résultat de cette projection.

N

O E

S

0 200 Km

Figure 27 : Projection vers 2050 de l’aire de distribution de l’aigle pêcheur de Madagascar (Source : auteur, 2011)

(Echelle (0 à 1) : probabilité de présence montrée par la variation des couleurs, bleue P = 0 à rouge P = 1)

Page 89 Premier chapitre : Etude bio-écologique

Le résultat de la projection (figure 27) montre que, d’ici 2050, la distribution de l’aigle pêcheur de Madagascar s’étendra vers les parties sud et sud-ouest. Elle se délimitera entre le district d’Ambato-Boéni, au nord, et le district d’Ampanihy, au sud, en passant par le fleuve Mangoky et le plateau de Makay. De plus, la figure signale que ce fleuve et plateau avec les zones de Belo-sur-Tsiribihina seront les futurs sites potentiels. La diminution, voire disparition, de cette espèce dans la partie nord-ouest sera éventuelle ou à haut risque. Toutefois, l’extension de la distribution de l’espèce dans la partie sud ne paraîtrait pas logique, vue la rareté des plans d’eau et de grands arbres susceptibles d’être sujet à la nidification dans cette contrée.

Les résultats de cette modélisation donnent une certaine idée au conservateur quant à la prise de décision pour l’avenir et la chance de survie de la population d’aigle restante.

7-3- Analyse en Composantes Principales

L’objectif de cette analyse est de tester si les sites BS, PBS et RS ont les mêmes type d’habitat et que les paramètres physico-chimiques des lacs sont aussi pareils.

Avant d’analyser les résultats, la première question qui se pose est que les données sont-elles factorisables ou non?

Pour ce faire, on a essayé de trouver une réponse à cette question en prenant compte des résultats de la matrice de corrélation, de l’indice KMO et du test de sphéricité de Bartlett . Le tableau 13 apporte les détails de résultats.

Tableau 13 : Matrice de corrélation

Température pH Plage Turbidité Profondeur DHP Hauteur

Corrélation Température 1,000 -0,504 -0,609 0,212 0,823 -0,073 0,186

pH -0,504 1,000 0,429 0,592 -0,740 0,068 -0,271

Plage -0,609 0,429 1,000 0,038 -0,773 0,010 -0,101

Turbidité 0,212 ,592 0,038 1,000 -0,106 0,033 -0,070

Profondeur 0,823 -0,740 -0,773 -0,106 1,000 -0,065 0,245

DHP -0,073 0,068 0,010 0,033 -0,065 1,000 0,463

Hauteur 0,186 -0,271 -0,101 -0,070 0,245 0,463 1,000

Page 90 Premier chapitre : Etude bio-écologique

Le tableau ci-dessus montre que plusieurs variables sont corrélées, c’est-à-dire > 0,5 et > |0,5|. Dans ce cas, la factorisation est donc possible.

Pour l’indice de KMO (Kaiser-Meyer-Olkin), le résultat montre une valeur proche de 1; ce qui confirme déjà que la factorisation est toujours faisable.

Finalement, pour le test de sphéricité de Bartlett, une valeur qui tend vers 0,000 est obtenue, donc, c’est très significatif. Il s’agit toujours de la même conclusion que celle précédemment faite.

En somme, il n’y a pas de doute que les données sont absolument factorisables.

- Combien de facteurs à retenir? Telle est la question qui se pose ensuite afin d’atteindre l’objectif dont l’analyse des résultats. La règle de Kaiser, le choix du nombre d’axes et le test du coude ou «Scree-test», tels sont les éléments à considérer pour y parvenir. Les facteurs conservés sont donnés par le tableau suivant.

Tableau 14 : Valeurs de Eigenvalues

Eigenvalues initiale Somme de carré

Composante Total % Variance Cumulative % Total % Variance Cumulative %

1 3,072 43,892 43,892 3,072 43,892 43,892 2 1,451 20,729 64,621 1,451 20,729 64,621 3 1,375 19,641 84,263 1,375 19,641 84,263 4 0,563 8,045 92,307 5 0,364 5,204 97,511 6 0,115 1,646 99,158 7 5,895 0,842 100,000

Les résultats montrent que les trois premiers facteurs constituent les composantes à retenir. La règle de Kaiser exige que seuls les facteurs qui ont des valeurs supérieures à 1 soient conservés. Ces facteurs expliquent jusqu’à 84,2 % des résultats.

Page 91 Premier chapitre : Etude bio-écologique

Scree test

Le test du coude confirme cette hypothèse en montrant que seules les composantes, dont exactement au nombre de trois apparaissant au-dessus de la barre, sont retenus. Les variables retenues apparaissent dans le tableau ci-après.

Tableau 15 : Valeurs de chaque variable dans les composantes retenues

Paramètres Composante

1 2 3

Profondeur 0,966 -0,112 7,052 Température 0,823 -0,246 0,357 pH -0,818 -0,166 0,461 Plage -0,792 0,184 -0,167 DHP -1,820 0,787 0,399 Hauteur 0,337 0,758 0,262 Turbidité -0,225 -0,352 0,880

Pour cette étude, les valeurs > 0,5 et > |0,5| sont prises.

Dans la composante 1, les résultats mettent en évidence que la profondeur, la température, le pH, la plage et le DHP sont des variables en commun entre les BS et PBS.

Page 92 Premier chapitre : Etude bio-écologique

Cette hypothèse est appuyée par le premier groupe de nuage des points illustré dans la figure 28.

Pour la composante 2, les variables DHP et hauteur des arbres s’avèrent similaire entre PBS et RS. Le groupe 2 de nuage des points montre la même tendance que PBS et RS ne se rapprochent pas complètement (figure 28).

Enfin, pour la composante 3, en principe, le RS se diffère totalement de BS sauf erreur de collecte de données. Le résultat ci-dessus n’a détecté que la turbidité et la profondeur qui présentent un lien entre ces deux sites. Ce qui signifie que, ces variables montrent une similitude entre ces deux sites. Il est fort probable que l’absence de l’aigle pêcheur de Madagascar dans le RS dépend des autres raisons mais non pas en relation avec la chasse à condition que les ressources alimentaires soient insuffisantes. Les trois sites sont représentés par trois différentes couleurs dans la figure 28.

Composante 3

Composante 1

Composante 2

Figure 28 : Nuages des points des trois catégories des sites (PB, PBS et RS)

Les nuages de points (figure 28) confirment parfois l’hypothèse que le BS et le RS se trouvent rarement côte à côte. Ce qui indique qu’il y a une différence significative entre la qualité de l’habitat et les paramètres physico-chimiques des lacs dans ces deux sites. Cette hypothèse paraît évidente car l’absence de l’espèce dans le RS signale probablement cette différence. Par contre, BS et PBS sont plus proches, il en est de même pour PBS et RS. Ce qui signifie que PBS représente la catégorie intermédiaire entre BS et RS.

Page 93 Premier chapitre : Etude bio-écologique

IV- DISCUSSIONS

1- Taille de la population

L’effectif de la population d’aigle pêcheur de Madagascar montre un accroissement : 10 couples reproducteurs aux années 70 (Collar & Stuart, 1985) alors qu’elle est de 40 couples aux années 80 (Langrand & Meyburg, 1989). Rabarisoa et consorts (1997) ont enregistré 222 individus composés de 63 couples et ont estimé que la grande île a probablement abrité jusqu’à 120 couples en 1995. Dans la présente étude, un total de 287 individus (Razafimanjato, 2010), se répartissant en 121 couples, 15 adultes errants et sept immatures, sont recensés. Ce chiffre montre une augmentation de 29,3 % entre les années 1995 et 2006. Ce qui fait qu’il y a une formation de 5,9 individus par an. Le résultat de Rabarisoa et al. (1997), relatif au nombre de couple, a présenté une surestimation car le nombre de couples enregistré est presque la moitié du celui estimé (63 et 120).

Pour avoir des données plus fiables, la présente étude propose une méthode plus innovante. Le dénombrement sera simultanément exécuté en même temps dans les différents types d’écosystèmes.

Trois principales zones sont identifiées comme zones à forte concentration : les zones humides autour du fleuve Tsiribihina, les zones humides d’Antsalova et la côte Nord-Ouest allant de la baie de Mahajamba jusqu’à l’île de Nosy Hara (Rabarisoa et al. , 1997). La présente étude a apporté un résultat un peu plus détaillé sur ce sujet. Six zones sont localisées comme à forte concentration d’aigle pêcheur de Madagascar à l’heure actuelle. Trois d’entre elles sont localisées dans le littoral Nord-Ouest : archipel Mitsio, baie de Sahamalaza et baies de Mahajamba et Moramba et les trois autres dans les zones humides continentales (Tambohorano, Antsalova et Belo-sur-Tsiribihina. L’espèce étudiée est observée depuis le niveau de la mer jusqu’à 1 200 m d’altitude, selon Langrand, 1995 et Morris & Hawkins, 1998, alors que le résultat de la présente étude a montré qu’aucun individu n’a recensé sur une altitude au-dessus de 120 m. La dernière observation de l’aigle pêcheur de Madagascar dans le Parc National de Montagne d’Ambre remonte en 1999 selon le Directeur du Parc et le responsable du volet conservation (Rabenatoandro Solofo Harison et Saindou, com. pers.). La pression humaine pourrait être due à l’origine de cette absence d’aigles en moyenne altitude.

Le complexe des trois lacs (Soamalipo, Befotaka et Ankerika) est réputé par sa forte concentration en aigle pêcheur avec un effectif s’élevant à 10 couples reproducteurs (Watson, 1993). Ce site abrite 10 % de la population restante (Rabarisoa, 1994). Ce taux présente

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actuellement une légère chute. Il n’abrite plus que 9,05 % seulement de l’effectif global. Ce pourcentage est équivalent à huit couples à trois individus et un couple normal. L’effort de recensement mené dans tous les sites d’hébergement pourrait être à l’origine de cette diminution. Cette dernière ne nuit même pas l’importance du site jouissant, déjà avec quelques lacs satellites depuis certains temps, les statuts de protection nationale et internationale. Depuis le dernier recensement national, on a constaté que la baie de Sahamalaza a abrité plus d’individus que le complexe des trois lacs : 26 contre 29 individus. La raison repose sur la grandeur de son étendue et la disponibilité des habitats favorables pour la nidification de l’aigle pêcheur de Madagascar qui sont apparemment loin d’être saturés dans ce site.

Pour le cas des zones littorales malgaches, l’indice d’abondance de la population d’aigle pêcheur de Madagascar s’avère bas par rapport à celui de son congénère d’Afrique. Kapila (2009) a enregistré un indice avoisinant le 1,88 individu/km pour l’aigle pêcheur d’Afrique contre 0,03 individu/km seulement pour l’espèce étudiée. La densité de l’aigle pêcheur de Madagascar est de l’ordre de 0,001 individu/km 2. Cette circonstance est vérifiée par sa rareté et son statut de conservation. Néanmoins, l’habitat potentiel disponible existe encore dans différents types d’écosystèmes.

2- Identification des individus

Le problème de maladie des pattes détecté à Antsahafa en 2004 est une nouvelle information dans l’histoire naturelle de l’aigle pêcheur de Madagascar. Il nécessite une étude spécifique afin de connaître les causes exactes de ladite maladie.

L’effort de capture et de marquage n’est pas tout à fait satisfaisant du fait du déséquilibre en nombre entre les individus bagués et non bagués. Ces derniers présentent un effectif plus élevé étant donné que les zones concernées ne constituent pas le centième de l’aire de distribution de l’espèce étudiée.

En toute clarté, les frais occasionnés par une expédition et en bagues métalliques sont élevés et pourraient être un handicap qui constitue un facteur limitant pour la conservation de cette espèce. Comme tous les autres rapaces, l’aigle pêcheur de Madagascar est territorial et fidèle à son site (Razafindramanana, 1995). En dehors de son territoire, le suivi du déplacement de chaque individu serait difficile, s’il n’est pas bagué.

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3- Mensuration et pesage des individus

Razafindramanana (1995) a trouvé qu’un mâle d’aigle pêcheur de Madagascar pèse en moyenne 2 215 g (2 150 – 2 350) (n = 3 individus) et 2 915 g (2 750 – 3 000) (n = 3 individus) pour une femelle. Pour cette étude, ces poids ont évolué en 2 424 g (2 000 – 2 700) (n = 13 individus) et 3 085 g (2 900 – 3 300) (n = 6 individus) respectivement pour le mâle et la femelle. La taille élevée d’échantillons, étant l’avantage de la présente étude, pourrait être à l’origine de cette différence. Le poids minimum de la femelle pour l’étude antérieure (Razafindramanana, 1995) est relativement proche de celui du maximum du mâle au cours de la présente étude. Ceci aurait été dû au problème d’identification pendant la capture lors de l’étude antérieure. Le poids du mâle de son congénère d’Afrique est légèrement bas par rapport à celui du mâle de l’aigle pêcheur de Madagascar. Il varie de 1 990 à 2 500 g (http://www.oiseaux.net/oiseaux/pygargue.vocifere.html ). Pour la femelle, ce cas évolue dans le sens contraire. Une femelle de son congénère d’Afrique pèse entre 3 170 et 3 600 g (http://www.oiseaux.net/oiseaux/pygargue.vocifere.html ). Cette dominance de taille s’observe aussi au niveau de l’envergure. Cette dernière est de l’ordre de 2,4 m pour la femelle de l’aigle pêcheur d’Afrique contre 2 m seulement pour l’espèce étudiée (Langrand, 1995). Les résultats du test de Mann-Whitney ont confirmé que le mâle se distingue de la femelle par neuf caractères. Ces derniers constituent donc un critère de base pour la détermination du sexe chez cette espèce.

4- Biologie de la reproduction et de développement

Ponte

L’étude effectuée par Razafindramanana (1995) a montré que la période de ponte s’est située au mois de juin avec un nombre variant de un à deux œufs par nichée et le décalage de ponte est de deux à trois jours. Selon le résultat de la présente étude, cette période s’étale entre la dernière semaine du mois de mai et la troisième semaine du mois de juillet, soit sept semaines. Le nombre d’œufs est compris entre un et trois. Les conditions favorables à la reproduction par suite de la mise en œuvre de la GELOSE et l’état physiologique du couple BEFO 2 pourraient constituer l’une de l’augmentation numérique de ces œufs. Les deux œufs sont pondus sur un décalage de deux à trois jours (Razafindramanana, 1995). Notre étude a trouvé un intervalle de deux à quatre jours pour la première et deuxième ponte. La troisième ponte est décalée de trois jours de la deuxième.

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La femelle de l’aigle pêcheur d’Afrique pond un à trois œufs (Wink et al ., 1996). Ainsi, le cas de trois œufs est également possible pour celle de Madagascar.

Durée de la couvaison

La durée de la couvaison des œufs, chez cette espèce, est restée autour de 36 à 42 jours à partir de la première ponte (Razafindramanana, 1995). La présente étude a donné une certaine précision sur le début (41ème jour) et la fin (44 ème jour), soit entre six et sept semaines. L’existence du troisième œuf et la taille d’échantillons relativement élevée de la présente étude semblent être à l’origine de cette différence. Cette durée, chez l’espèce étudiée, est un peu similaire à celle de son congénère d’Afrique. Pour cette dernière, elle varie de six à sept semaines (42 à 45 jours) (Wink et al ., 1996). Ce qui permet de dire que la légère différence de poids et de tailles entre les femelles de ces deux espèces d’aigles n’a pas trop d’influence sur leur durée d’incubation.

Le temps de la couvaison des œufs est un peu court chez l’autour de Henst ( Accipiter henstii ). Il est compris entre 39 et 40 jours (Rene de Roland, 2000). La raison de cette écart est probablement due à la taille plus petite de l’autour de Henst.

Eclosion

Les deux poussins sont éclos avec un intervalle de deux jours environ, selon Razafindramanana (1995). Le résultat de cette étude confirme que l’éclosion du premier et deuxième poussin est décalée de deux à quatre jours et trois jours pour le deuxième et troisième poussin. Le taux d’éclosion est relativement élevé au lac Ankerika par rapport à celui des autres lacs (Soamalipo et Befotaka). Cette circonstance s’explique par le fait que le lac Ankerika est beaucoup plus tranquille due à son éloignement du village voisin et le faible effectif des pêcheurs. De plus, ce site a abrité un couple de plus en comparaison avec d’autres lacs, pendant une certaine période.

Envol des poussins

Le taux de succès d’envol est élevé dans le site géré (complexe des trois lacs) par rapport à celui des sites non gérés (lacs satellites environnants) : 71,5 % contre 66 %. Ce résultat prouve déjà l’importance de la GELOSE dans la gestion de l’aigle pêcheur de

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Madagascar. La pêche intensive et l’enlèvement des poussins au nid dans les sites non gérés ont provoqué cet écart. L’envol des poussins a eu lieu à partir de son 75 ème jour d’âges (Razafindramanana, 1995). Pour la présente étude, ce stade se situe entre la deuxième semaine du mois d’octobre et la dernière semaine du mois de novembre. Les poussins de l’aigle pêcheur d’Afrique s’envolent entre 70 et 75 jours (Wink et al ., 1996). Ce qui fait que la croissance des plumes des poussins semble être similaire pour les deux espèces.

4-1- Localisation des nids

Concernant la distance entre deux nids voisins, pour le complexe des trois lacs, Watson et al. (1993) ont trouvé que cette distance est de 1,48 ± 0,50 km. Dans la présente étude, elle est plus grande : 1,98 ± 0,96 km. Cette différence pourrait être due au changement de place des nids effectué par les couples existants entre 1992 et 2007. Cette situation est confirmée par les résultats de la présente étude au cours de laquelle les couples ont déplacé leurs nids une sixaine de fois pour se reproduire durant ces périodes.

Razafindramanana (1995) a mentionné que les arbres de nidification existant dans ce complexe se localisent à 0,29 km de la berge, au maximum. Cette distance a évolué à 0,64 km dans la présente étude. La forte pression effectuée par les pêcheurs, à travers l’exercice de droit d’usage comme le prélèvement des différentes ressources forestières, pourrait être à l’origine de ce recul vers l’intérieur. A plus forte raison, la réglementation de gestion axée aux ressources sylvicoles stipule qu’aucun prélèvement n’est autorisé dans un rayon de 100 m au tour de la berge. Mais ce dispositif n’est pas souvent respecté par les usagers.

Les lacs satellites, en tant que, tels, sont disparates dans le district d’Antsalova où les nids sont distants (3,27 ± 1,37 km) (n = 17 nids). Ce qui suppose l’existence d’habitat potentiel pour la nidification. Les zones littorales disposent également d’espaces favorables pour la nidification malgré que la population restante de «Tanga » ne soit pas encore évaluée. Différentes causes peuvent expliquer l’absence du couple dans les zones non occupées, à savoir, la perturbation due à l’effectif élevé des pêcheurs, la rareté de grands arbres, l’épuisement des ressources piscicoles et la mauvaise qualité des eaux. Ces causes constituent des conditions défavorables pour la sédentarisation et la nidification de l’aigle pêcheur de Madagascar. Le résultat de l’ACP confirme que les sites occupés (BS) et non occupés (RS) sont différents au niveau de la qualité de l’habitat.

Page 98 Premier chapitre : Etude bio-écologique

Comme tous les autres rapaces, l’aigle pêcheur de Madagascar construit plusieurs nids dans leur territoire. Tingay (2005) a estimé jusqu’à six nids, voire plus, pendant son étude. Le résultat de la présente étude met en évidence que les couples existant au complexe des trois lacs ont changé de nid jusqu’à six fois depuis 1991 jusqu’à 2007, soit en moyenne un changement tous les trois ans. Plusieurs raisons sont à l’origine de cette multitude de nids : échec précoce du premier nid ou en cas de perturbation à la dernière minute (Newton, 1979). Pour la présente étude, le changement de place des nids dépend de plusieurs facteurs, entre autres : la destruction due au passage d’un cyclone ou au vieillissement des matériaux de construction, l’envahissement des insectes nécrophages, l’abattage de l’arbre de nidification et la perturbation aux alentours de l’endroit de nidification. La disponibilité de grand arbre et la tranquillité du site déterminent aussi ce changement de place .

4-2- Succès de la reproduction

L’aigle pêcheur de Madagascar est connu pour la pratique de deux stratégies de reproduction : la monogamie et la polygamie (Razafindramanana, 1995; Watson et al. , 1999 ; Tingay, 2000 ; Tingay et al. , 2002). La reproduction en groupe est un phénomène rare pour les oiseaux (Stacey and Koenig, 1990). La coopérative polyandrie est aussi une forme vraiment rare (Ligon, 1999).

La majorité des couples qui pratiquent la reproduction en groupe ou des femelles polyandres se localisent dans le district d’Antsalova. Ce fait s’explique par les hypothèses suivantes : saturation de la capacité de charge et il y a autant de mâles que de femelles dans la population restante. Les résultats ont montré que les femelles polyandres ont un succès de reproduction remarquable par rapport aux couples monogames. Ce qui signifie que cette espèce pratique déjà un système de conservation naturel. Tingay (2000) a déjà énoncé la même hypothèse.

La présente étude a révélé que le succès de la reproduction est légèrement élevé dans le site géré (complexe des trois lacs) que dans les sites non gérés (lacs satellites environnants) : 0,58 contre 0,53. Ce qui confirme l’importance de la mise en place d’un système de gestion des ressources naturelles. Ces chiffres ne diffèrent pas trop de celui avancé par Lewis & Watson (1993) lors de leur étude sur 27 couples. Ils ont trouvé une valeur autour de 0,55 petit par nichée. Ce petit écart peut être interprété par le nombre relativement élevé d’échantillon et la période de suivi plus ou moins longue qui est à l’avantage de la présente étude. Brown (1980) a trouvé un taux de productivité similaire à celui du complexe des trois lacs lors de son étude sur l’aigle pêcheur d’Afrique. Brown et al. (1982), Del Hoyo et al. (1994) ainsi

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que Hockey et al. (2005) ont montré que le succès de la reproduction évolue entre 0,47 et 1,19 petit par nichée pour l’aigle pêcheur d’Afrique. Ce qui est absolument bas. La présente étude confirme aussi la même hypothèse. La présence de caïnisme pourrait être à l’origine.

L’échec du nid dépend de plusieurs facteurs : causes naturelles (chute de poussin du nid, destruction du nid suite au passage d’un cyclone), choix de l’arbre de nidification, maladresse des couples, prédation, attaque des insectes nécrophage. Ce dernier cas est observé par Andriamalala (2005) lors de son étude sur le Milan noir à bec jaune Milvus aegyptius dans le complexe des trois lacs. Cette forme de menace des juvéniles est probablement ancienne et certains auteurs ont ignoré son existence. Ils ont considéré la mort des poussins comme étant d’origine inconnue (Lewis et Watson, 1993). Newton (1979) a remarqué que les couples d’aigle pêcheur de Madagascar ont porté des feuilles vertes dans leur nid pendant leur période de reproduction. Le même auteur a avancé une hypothèse sur l’éventuel rôle de ces feuilles pouvant servir d’insecticide pour éliminer les parasites du nid.

Les pressions anthropiques, que ce soient directes ou indirectes, telles que la chasse, la compétition dans la collecte des ressources piscicoles (Strzalkowska et al. , 1995), la conversion de la bordure des lacs en rizière (Razafimanjato et al ., 2007) et le dénichage de juvénile constituent les principales causes de la diminution de sa population (Langrand, 1987 ; Langrand & Goodman, 1995).

4-3- Echec des juvéniles

La cause majeure de la mortalité des juvéniles est le caïnisme ou fratricide et l’attaque des insectes nécrophages. Ce phénomène naturel est évitable en adoptant une méthode de sauvegarde comme le «Hacking». La mise en œuvre de cette technique est jugée efficace tout en engendrant un coût exorbitant.

L’ethnie Sakalava a beaucoup de respect envers cette créature unique et a créé des règlements à travers les tabous pour que l’espèce en question soit épargnée de la persécution humaine. Ces règlements ne couvrent seulement que des zones sous protection. C’est la raison pour laquelle on peut enregistrer ici et là des cas de délit qui se manifeste à travers la chasse et le dénichage des juvéniles. Cette circonstance existe depuis (Langrand, 1987 ; Langrand & Goodman, 1995). L’application des règlements et de la loi en vigueur serait l’unique chance pour atténuer ces délits.

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5- Durée de vie de l’espèce

Quant à la longévité, l’aigle pêcheur de Madagascar a une durée de vie un peu plus longue par rapport à celle de son congénère d’Afrique. La survie de cette dernière est estimée à une vingtaine d’années seulement. Ce qui fait que la longévité de l’aigle pêcheur varie suivant le milieu et les conditions où il vit.

6- Habitat

Razafindramanana (1995) a trouvé que l’arbre de nidification identifié est à dominance de « Kily » ( Tamarindus indica ) dans le complexe des trois lacs. La présente étude a découvert, qu’en plus l’aigle pêcheur de Madagascar dans le district d’Antsalova fréquente aussi le «Baobab » pour se nidifier. Deux hypothèses peuvent éclaircir cette préférence particulière :

- La taille de ces espèces : ces arbres, vue leur dimension en diamètre et hauteur, fournissent un endroit favorable à l’aigle pêcheur de Madagascar pour se nidifier et favorisent aussi leur sécurité ;

- L’importance locale de ces espèces : on a constaté que ces espèces d’arbres n’ont aucune utilité particulière dans la vie quotidienne des riverains. C’est la raison pour laquelle elles sont épargnées des coupes illicites et de prélèvement pendant l’exercice de droit d’usage. Par ailleurs, le « Kily » se trouve en abondance dans cette zone d’étude ;

Watson et al. (2000) ont remarqué que l’espèce étudiée n’a aucune préférence particulière pour le choix de l’arbre de nidification. Pourtant, la taille et l’hauteur de l’arbre déterminent cette sélection. L’aigle pêcheur de Madagascar choisit toujours pour se nidifier l’arbre de grande et haute taille. Berkelman et al. (2002) et Berkelman (1997) ont confirmé la même hypothèse que le choix du site de nidification dans les zones continentales humides dépend du nombre suffisant de perchoirs et de la large dimension (hauteur et diamètre) de l’arbre du nid.

Par contre, pour l’aigle pêcheur d’Afrique, le nid est construit même sur un arbre de faible hauteur comme l’euphorbe ( http://www.oiseaux.net/oiseaux/pygargue.vocifere.html ). Ce cas est aussi observé dans les zones littorales malgaches où l’aigle pêcheur de Madagascar se nidifie même à 5 m de haut sur un «Tanga ». La dimension de ce dernier est, néanmoins, remarquable par rapport aux autres espèces de palétuviers.

Page 101 Premier chapitre : Etude bio-écologique

En effet, le « Tanga » subit actuellement une forte pression due à l’activité humaine. A part l’usage local, elle fait l’objet d’un trafic de bois vers la ville de Mahajanga (Razafimanjato, obs. pers.). L’état de sa population n’est pas encore évalué jusqu’à l’heure actuelle.

La présente étude a montré que le projet aquacole constitue également une autre forme de pressions sur les mangroves. Ce cas est aussi constaté en Tanzanie où ce type d’habitat a subi l’impact du développement du projet aquacole (www.wrm.org.uy/deforestation/mangroves/bookfr6.html). La zone littorale de la côte Ouest de Madagascar n’est pas également épargnée des pressions pareilles.

Les résultats issus de la présente étude montrent que les eaux des trois lacs ne sont pas encore polluées malgré le non respect de la clause de cahier de charges relatif à l’emplacement des campements des pêcheurs. Rasamoelina (2000) a déjà énoncé cette hypothèse suite à son analyse des eaux de ce même site. L’eau garde toujours ses caractères physico-chimiques qui sont favorables pour la survie de la faune ichtyologique et la chasse de l’aigle pêcheur de Madagascar. La quantité des produits piscicoles enregistrée à chaque saison de pêche aux trois lacs en fait preuve .

7- Base du régime alimentaire

L’aigle pêcheur de Madagascar est principalement piscivore. Le régime alimentaire est constitué par sept espèces de poissons. Le résultat de Razafindramanana (1995) a montré que l’aigle pêcheur de Madagascar a capturé trois autres espèces piscicoles, à savoir, Dules rupestris , Eleotris fusca et Chanos salmoneus . Mais il s’empare parfois des cannetons de basse-cours du village voisin en cas d’insuffisance des ressources piscicoles ou de la forte compétition avec les pêcheurs. De ce fait, il est utilisé comme indicateur naturel de ces ressources et de l’état de santé de l’habitat.

Les poissons qu’il capture pèsent en général entre 0,3 kg et 1 kg. Pour son congénère d’Afrique, la moyenne des proies se situe entre 0,4 et 1 kg, mais l’espèce peut capturer un poisson jusqu’à 3 kg ( http://www.oiseaux.net/oiseaux/pygargue.vocifere.html ). Ce cas de gros poisson est aussi constaté chez l’aigle pêcheur de Madagascar. Un individu d’Ankoay a capturé un poisson connu localement sous le nom de « Fibata » ( Ophicephalus striatus ). Comme ce dernier est de grande taille, l’aigle n’a pas pu le soulever de l’eau et est alors obligé de nager jusqu’au bord de la rive tout en gardant sa proie. Cette technique de chasse est déjà annoncée par Wink et consorts (1996) dans leurs ouvrages sur l’aigle pêcheur d’Afrique en cas de la capture d’un gros poisson.

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V- CONCLUSION

«Working to conserve birds of prey in nature» (Travaillant pour la conservation des oiseaux de proies dans la nature ), telle est la devise du projet The Peregrine Fund (TPF) qui est fondé en 1970 aux Etats-Unis d’Amérique et éparpillé dans cinq continents. Quarante ans d’expérience déjà dans le domaine de l’environnement, The Peregrine Fund vise à utiliser les rapaces comme outil de conservation. Depuis sa création jusqu’à l’heure actuelle, plusieurs espèces d’oiseaux du monde entier bénéficient ce projet. La principale mission du Projet se concentre surtout sur la conservation des espèces jugées rares ou menacées d’extinction selon la liste rouge de l’UICN. Afin d’atteindre cet objectif, ledit Projet a développé des expertises et a collaboré avec des partenaires internationaux, nationaux et locaux.

A Madagascar, trois espèces menacées, à savoir, l’aigle pêcheur de Madagascar, l’aigle serpentaire : Eutriorchis astur (EN) et le hibou rouge : Tyto soumagnei (VU) (IUCN, 2009) figurent parmi les espèces cibles pour la conservation que The Peregrine Fund a entamé depuis quelques temps dans différents sites. Pour le cas de l’aigle pêcheur de Madagascar, sujet de la présente étude, les dispositifs expérimentaux ont débuté par son étude bio- écologique, l’élevage sémi-captif et le suivi quasi-permanent dans les zones d’occurrences (conservation in-situ) en intégrant les populations locales dans le contexte. A rappeler que, cette espèce est unique au monde, symbolique de la grande île et ayant une valeur cultuelle pour l’ethnie Sakalava. Sa disparition est irréparable et rabaisse la réputation internationale de notre île, classée comme «Hotspots».

Le projet The Peregrine Fund a parcouru un trajet exemplaire et méritoire en arrivant jusqu’au stade actuel où l’effectif de la population d’aigles montre une croissance nette malgré quelques menaces ou pressions enregistrées au niveau de leurs sites d’hébergement. Ce résultat n’est pas le fruit du hasard. C’est le bilan des activités après tant d’années d’intervention dans le domaine de la conservation et c’est l’une des preuves vivantes pour le succès de la conservation in-situ à Madagascar. Ce bilan est plutôt positif et encourageant. La preuve en est que les couples existants dans le complexe des trois lacs se sont reproduits normalement et la pression y semble moindre depuis la mise en œuvre de la GELOSE.

L’aigle pêcheur de Madagascar est au bout de la sortie de la catégorie critique vers une autre catégorie plus méritoire. Paradoxalement, cette créature n’est pas encore épargnée du danger dont les majeures parties sont d’origine humaine. Les résultats obtenus de l’analyse sur

Page 103 Premier chapitre : Etude bio-écologique

MaxEnt confirment cette situation que l’habitat subira une chute drastique dans la partie nord- ouest dans quelques années tant qu’il n’y aura pas de mesures prises.

Bref, le sort de cette espèce est entre nos mains. Néanmoins, l’homme, par ses actions, exercent des pressions sur l’aigle pêcheur de Madagascar, unique dans son genre.

D’autres acquis du Projet, depuis son apparition dans la grande île, soit en 1991, sont :

- l’entreprise des études approfondies sur 13 espèces de rapaces sur les 23 existantes ;

- la restauration de l’habitat grâce à la reforestation ;

- le renforcement des capacités de la population locale.

Par conséquent, ce Projet a des expériences acquises sur la connaissance des espèces de rapaces de Madagascar. La compétence et la volonté du personnel de ce Projet constituent également un atout capital pour la conservation .

Page 104 Deuxième chapitre : Impacts de l’application de la GELOSE

DEUXIEME CHAPITRE : IMPACTS DE L’APPLICATION DE LA GELOSE

Page 105 Deuxième chapitre : Impacts de l’application de la GELOSE

INTRODUCTION

La grande île présente un relief diversifié avec des écosystèmes uniques au monde. Son isolement géographique jumelé à l’existence d’une grande variété de microclimats a permis le développement de formes de vie endémiques qui ont façonné les écosystèmes terrestres de l’île et sont à l’origine de certaines espèces les plus rares au monde (World Bank, 2007). Cette diversité biologique, en particulier la couverture forestière d’origine primaire, est cependant menacée par de nombreuses pressions anthropiques. Cette réalité résulte d’un paradoxe qui fonde l’intérêt d’analyser la gestion des ressources naturelles à Madagascar : le pays possède une biodiversité exceptionnellement riche dans un contexte de grande pauvreté humaine (Sarrasin, 2009). La pression sur l’espace naturel est, en conséquence, importante et la population rurale est généralement identifiée comme la cause principale de la réduction annuelle moyenne de 200 000 ha de forêts (Cleaver et Schreiber, 1998 ; Banque mondiale, 2002 ; MEEF, 2005 ; World Bank, 2007). Cette déforestation doit être mise en regard des 8 000 espèces végétales endémiques connues à Madagascar (Manantsara & Garreau, 1997). Ce chiffre monte jusqu’à 12 000 à l’heure actuelle (Schatz, 2000). Les actions entreprises depuis 15 ans, notamment par l’intermédiaire des trois phases du Plan d’Action Environnemental (PAE), ne semblent pas avoir atteint leur objectif principal. Ce dernier vise à freiner la dégradation des ressources naturelles, en général, et à inverser la spirale de la déforestation, en particulier (Sarrasin, 2007). La problématique de l’utilisation durable des ressources naturelles demeure donc entière à Madagascar.

Pour faire face, l’adoption de la loi GELOSE (96/025 du 30 septembre 1996), et du décret de 2001 relatif à la mise en place de la Gestion Contractualisée des Forêts (GCF) sont des mesures prises pour atténuer cette situation alarmante. Cette dernière résulte des lacunes dans la conception et la mise en œuvre des politiques environnementales antérieures et de l’organisation politico-administrative qui en découle. Cette loi et ce décret proposent les fondements institutionnels de nouvelles régulations et de délégation de droits d’usage au niveau local (Bertrand et Montagne, 2008 ; Blanc-Pamard, 2008). Le principal objectif se focalise à la mobilisation de la population rurale dans la préservation et la protection de la biodiversité par le transfert de la gestion de certaines ressources naturelles aux communautés de base (COBA) qui y ont accès. L’originalité de la loi GELOSE repose donc sur la négociation de nouvelles relations entre l’Etat, les communautés rurales, les collectivités territoriales décentralisées, décontractées et le secteur privé, dans la gestion des ressources naturelles et du foncier qui en découle (Sarrasin, 2009).

Page 106 Deuxième chapitre : Impacts de l’application de la GELOSE

Plusieurs acteurs se sont penchés sur le processus de transfert de gestion des ressources renouvelables à Madagascar (Hufty et Muttenzer, 2002 ; Hufty et Muttenzer, 2006 ; Muttenzer, 2006 ; Montagne et al. , 2007).

Depuis 1991, le complexe des trois lacs est devenu un centre d’exploitation pour les migrants grâce aux ressources naturelles d’une valeur inestimable que la nature l’a choyée. Le projet The Peregrine Fund, une ONG internationale qui y conduit ses activités, a constaté cette circonstance préoccupante. Cette ONG a pris, comme mesure, l’initiation d’un projet de conservation des zones humides afin d’atténuer cette situation et de sauvegarder au moins trois espèces menacées d’extinction, à savoir, l’aigle pêcheur de Madagascar Haliaeetus vociferoides , la sarcelle de Bernier Anas bernieri et le Podocnémide Erymnochelys madagascariensis . La réalisation d’une telle ambition est rendue impossible sans l’aide des usagers vivant au sein de cet écosystème fragile. L’implication de la population humaine vivant aux dépens de ces zones humides, particulièrement le complexe des trois lacs, est devenue incontournable. A partir de 1997, l’idée de l’adoption de la loi GELOSE, qui délègue le pouvoir de gérer les ressources naturelles aux communautés locales de base, a été acceptée. C’est à partir de cette période qu’on a entrepris le processus du transfert de gestion aux futurs gestionnaires dont FIZAMI (Fikambanan’ny Zanatany Andranobe Miray) et FIFAMA (Fikambanana Fampandrosoana Mamokatra Ankerika). Signé en 2001, le contrat de transfert de gestion au profit de deux Communes Rurales, entre autres, Masoarivo et Trangahy, a précédé la gestion dudit complexe et ses forêts environnantes. La phase probatoire est d’une durée de trois ans. Le prolongement du contrat dépend énormément des résultats de l’évaluation.

Le complexe Manambolomaty, composé de complexe des trois lacs (Soamalipo, Befotaka et Ankerika) et le lac Antsamaka, est nommé site «Ramsar» le 25 janvier 1999. La présence d’une importante population d’aigle pêcheur de Madagascar, 10 % de la population restante (Rabarisoa, 1994), est à l’origine de cette obtention de statut d’envergure internationale. Il fournit également un endroit favorable pour la nidification du héron de Madagascar Ardea humbloti (Birdlife International, 2010) et un dortoir pour des milliers de mégachiroptères ( Pterofus rufus ).

Pour la gestion du complexe des trois lacs, l’aigle pêcheur de Madagascar a été choisi comme principale cible de conservation. C’est une espèce parapluie grâce à sa position au niveau de la chaîne trophique et est utilisée comme espèce indicatrice de l’état de santé de l’habitat (Watson et al ., 1993).

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Il importe que la superficie touchée par la gestion des ressources naturelles soit fixée à 14 701 ha. Les unités de gestion FIZAMI et FIFAMA gèrent respectivement 5 978 ha et 8 723 ha. L’écosystème lacustre constitue 17,2 % (n = 2 534 ha) de la superficie totale dont la majorité partie sont en faveur du lac Soamalipo.

La problématique se formule comme suit : «Face aux efforts de préservation et de conservation des ressources naturelles, entre autres, l’aigle pêcheur de Madagascar, quels voie et moyen plus pratiques faudrait il recourir pour y parvenir ?»

Quelques objectifs spécifiques sont fixés pour cette étude. Il s’agit de la description des principaux acteurs de conservation et l’évaluation des impacts de l’application de la GELOSE relative à la conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar en tenant compte l’aspect écologique et socio-éconiomique. Cette démarche débouche aux mesures d’atténuations et à la proposition du Plan de Gestion Environnemental (PGE) du site.

Ce chapitre décrit la mise en application du système GELOSE pendant la phase probatoire de trois ans (2002 – 2004) dans le complexe des trois lacs. Il comprend quelques parties :

- la première partie traite la présentation des promoteurs, la description du projet et du milieu récepteur ;

- la deuxième partie est vouée à la méthode d’évaluation des impacts ;

- la troisième partie se rapporte aux résultats et interprétations ;

- la quatrième et dernière partie font état des mesures d’atténuations, proposition de PGE et les discussions.

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I- PRESENTATION DES PROMOTEURS, DESCRIPTION DU PROJET ET DU MILIEU RECEPTEUR

Le présent volet est conçu à décrire respectivement les promoteurs, le projet en exercice et le milieu récepteur. Cette trilogie s’observe dans un microcosme où les efforts de préservation et conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar font face aux pressions anthropiques. Cette dynamique mérite une attention particulière.

1- Présentation des promoteurs

Les associations locales et le projet The Peregrine Fund constituent les promoteurs dynamiques de la conservation des ressources naturelles dans cette contrée. Tant au niveau socio-économique qu’écologique, les attributions et les tâches nécessitent une abnégation et un professionnalisme en la matière. Dans la phase actuelle de ce processus, la synergie des efforts s’avère méritoire et s’adapte à l’objectif escompté.

1-1- Communautés locales de bases (FIZAMI et FIFAMA)

Les associations locales, connues sous les acronymes FIZAMI (Fikambanan’ny Zanatany Andranobe Miray) et FIFAMA (Fikambanana Fampandrosoana Mamokatra Ankerika) ont reçu chacune leur statut légal en janvier 2000. FIZAMI et FIFAMA trouvent respectivement ses racines au Fokontany Ambalamanga, Commune Rurale Masoarivo et au Fokontany Soatana de la circonscription de Trangahy. Ces communes se localisent dans le district d’Antsalova, région Melaky.

FIZAMI compte actuellement plus de 250 pêcheurs actifs et a pris comme engagement la gestion du lac Andranobe (Soamalipo et Befotaka) et ses forêts environnantes. Une superficie totale de 5 978 ha est actuellement sous contrôle de ladite association.

Pour FIFAMA, quant à elle, l’association est composée de 150 pêcheurs qui assurent à la fois l’administration du lac Ankerika et ses ressources sylvicoles environnantes, dont l’ensemble occupe 8 723 ha.

La gestion du complexe des trois lacs est traditionnelle. Les associations déléguées elles-mêmes ont élaboré leurs propres réglementations à base des traditions comme les tabous «Fady » et d’autres us et coutumes. Ainsi, la GELOSE permet la revalorisation des cultures traditionnelles d’une zone.

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L’objectif assigné au complexe des trois lacs est la protection de l’environnement et la conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar. Quelques objectifs spécifiques ont été fixés dans les cahiers de charges de ces associations, entre autres :

- Gestion durable et utilisation rationnelle des ressources naturelles à travers le respect des us et coutumes pour la génération future ;

- Maintien de la diversité biologique dans les zones gérées ;

- Education environnementale des riverains pour mieux comprendre l’importance de la biodiversité.

Les communautés locales assument leur pouvoir de contrôle, surveillance et droit de prélèvement à travers les « Dina » (Ramiarison et Razafindrakoto, 2004).

Pour l’activité de pêche qui est devenue motrice du développement de la zone, voire même la région, bon nombre de familles assurent leur survie au dépend du complexe des trois lacs à travers l’exploitation des ressources piscicoles qui s’y trouvent en abondance. Selon les règles consensuelles en vigueur, l’effectif des pêcheurs n’excède pas 400 individus, dont 250 sont issus de l’association FIZAMI et les 150 restants proviennent de l’association FIFAMA. La campagne a été bouclée en six mois, à compter de la date de « Loa-drano » qui est impérativement déterminée par ce qu’on appelle « Volambita ». Littéralement, «Loa-drano » signifie ouverture de l’eau ou ouverture de la saison de pêche tandis que «Volambita » indique le moment opportun pour la réalisation de «Loa-drano ». Cette période coïncide surtout au lever de la lune, généralement entre le mois de mai et le mois de juin. Ainsi, aucune forme d’exploitation relative à la pêche n’est autorisée au lac qu’après la réalisation de ce rituel qui fait partie de la valeur culturelle Sakalava. Le « Tompon-drano », étant à la fois détenteur des droits coutumiers et membre de l’association, dirige toujours la cérémonie. Ce «Tompon-drano » occupe une place importante au niveau de la société Sakalava.

1-2- The Peregrine Fund

Le projet The Peregrine Fund, connu sous l’initial TPF, est une Organisation Non- Gouvernementale (ONG). Cette dernière s’est installée dans la grande île depuis 1991. Elle mène actuellement ses activités dans quatre sites différents, à savoir : les Nouvelles Aires Protégées (NAP) de Manambolomaty et Mandrozo, sur la partie ouest, celle de Bemanevika dans l’extrême nord des Haute-Terres-Centrales et le Parc National Masoala, à l’Est.

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A Madagascar, le projet The Peregrine Fund a également pour but de développer l’utilisation des rapaces comme outils et indicateurs pour la conservation de l'environnement et la gestion durable des ressources naturelles. Depuis son installation, le projet vise à :

1) Aider au développement de la capacité locale pour une conservation efficace grâce à la formation et à l’éducation des étudiants, des biologistes de terrain et du public ;

2) Appuyer à la conservation des peuplements tropicaux et des écosystèmes en développant des méthodes de gestion de distribution, d’abondance et de besoins écologiques des rapaces en les considérant comme indicateurs de viabilité des réserves ; ceci afin d’identifier des endroits-clés pour leur conservation ;

3) Développer l’importance des espèces du peuplement de rapaces et leurs paramètres pour en effectuer le suivi de conservation et la gestion des ressources ;

4) Et enfin, conserver la biodiversité en évitant l’extinction des espèces en mettant sur pied une gestion efficace pour leur survie (Watson, 1992).

Dans le cadre de la GELOSE, The Peregrine Fund assure des appuis technique et financier aux gestionnaires. L’attribution du projet se manifeste aussi au niveau de la collaboration avec les autorités locales et les services techniques. Il joue le rôle d’interface vis- à-vis des partenaires financiers. Beaucoup de formations, à titre de renforcement de capacité, ont été déjà entreprises. Dix techniciens permanents, en plus du personnel venant du siège, ont assuré l’encadrement technique.

Quant à l’intervention du The Peregrine Fund dans le district d’Antsalova, diverses étapes dans l’optique de la conservation d’aigle pêcheur de Madagascar et ses habitats naturels, ont été entamées sinon franchies. Ces étapes sont marquées par l’étude bio- écologique de l’espèce et socio-économique de la zone, le revêtement en label international Ramsar du site et l’implication de la population locale au contrôle de l’exploitation des ressources naturelles. Actuellement, The Peregrine Fund, en collaboration avec les deux associations locales, compte intégrer une superficie avoisinante de 62 000 ha, incluant le complexe Manambolomaty et la forêt de Tsimembo, dans le réseau des aires protégées de Madagascar à travers le SAPM (Système des Aires Protégées de Madagascar).

2- Description du projet de gestion

On assiste dans ce site à une dualité qui se manifeste sous forme d’une pression anthropique sur le milieu naturel. Le milieu humain exploite abusivement ce dernier. Le Projet

Page 111 Deuxième chapitre : Impacts de l’application de la GELOSE

The Peregrine Fund cherche à ce que le milieu naturel soit épargné des pressions anthropiques démesurées.

2-1- Description des composantes et leurs caractéristiques

Les composantes sont constituées par la forêt dense sèche de Manambolomaty, le complexe des lacs Soamalipo, Befotaka et Ankerika, la population d’aigle pêcheur de Madagascar et la population humaine environnante et leurs traditions. Grâce à l’existence de ces acteurs environnementaux, l’étude d’impact est justifiée.

2-1-1- Forêt dense sèche de Manambolomaty

Les forêts y sont de type dense sèche caducifoliée appartenant au domaine de l’Ouest et classées dans la zone écofloristique de basse altitude. Leur régénération est lente à cause du climat sec. Les arbres sont moins hauts avec une futaie oscillant autour de 15 m.

Elles fournissent aux riverains des produits ligneux et non ligneux, constitués par 130 espèces de plantes appartenant à 46 familles (Zarasoa, 1996). De plus, elles présentent une importance scientifique particulière due au taux d’endémisme élevé dont fait partie le palissandre qui est représenté par trois espèces Dalbergia chlorocarpa , D. purpurescens et D. greveana .

Ces forêts constituent également l’habitat principal pour certaines espèces animales. On y rencontre, par exemple, une espèce de rongeur très mal connue Nesomys rufus lambertoni (Nicoll et Langrand, 1989), dix espèces de lémuriens et 80 espèces d’oiseaux.

Les forets ont une fonction de régulation pour maintenir la stabilité du sol et des lits de rivière, la régulation du régime hydrique et constituent des lieux de rites culturels et cultuels. Elles présentent aussi des valeurs sociales, culturelles et économiques (source de produits forestiers, vivriers). Les forêts denses sèches forment un milieu de grande importance pour le tourisme et la recherche.

Si l’on tient compte de l’évapotranspiration locale et de la précipitation pluviale annuelle, l’existence des lacs dans la zone constitue un réservoir d’eau et assure le rôle écologique de cette forêt. Cette dernière est vaste, verdoyante, ce qui attire divers animaux d’y réfugier et nidifier. Grâce à ces multiples rôles, son éventuelle perte est irréparable .

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2-1-2- Lacs ou ressources limnologiques

Le complexe des trois lacs est formé par trois lacs contigus. Ce sont Soamalipo : 486 ha de surface, Befotaka, 386 ha et Ankerika, 309 ha. Leur profondeur maximale varie respectivement entre 4,4 m et 6,4 m pendant l’étiage et la crue. Les algues et planctons se multiplient dans ce milieu hydrologique fermé. L’évaporation relativement intense, qui affecte ces lacs, n’entraîne pas leur tarissement. L’alimentation pluviale et par la nappe phréatique entretiennent en permanence le niveau d’eau dans ces lacs.

Etant un régulateur thermique et pluviométrique, le développement de la végétation et la multiplication des animaux, en général, dans et autour de ces ressources sont naturellement sécurisés, d’où leur acclimatation. Les poissons et les espèces aviaires y trouvent un endroit idéal et nourrissant pour se multiplier. Toutes les conditions naturelles pour leur pérennité se rencontrent dans ces milieux lacustres.

2-1-3- Population d’aigle pêcheur de Madagascar

Une forte concentration d’aigle pêcheur de Madagascar détectée et localisée s’observe dans le complexe des trois lacs. Il s’agit pour cette population d’un site de nourrissage et de nidification. Etant au sommet de la chaîne alimentaire, cette espèce prédomine dans le site. Sa viabilité et sa présence sont assurées et pérennes, c’est-à-dire la migration ou le déplacement saisonnier(e) à destination d’autres horizons est absent(e). L’aigle pêcheur de Madagascar est un indicateur de l’état de santé d’un lac du point de vue ressources piscicoles, perturbation et ressources sylvicoles. La typologie de la forêt de Manambolomaty est caractéristique de l’acclimatation de cette espèce. Les conditions environnementales qui y règnent l’attirent.

2-1-4- Population riveraine et ses traditions

Cette population est constituée par des autochtones et allochtones. Les Sakalava, en tant qu’autochtones, sont plus dominants par rapport aux allochtones. Cette dernière, étant sur une terre d’immigration trouve difficile la possibilité d’une sédentarisation.

Les pressions anthropiques sur l’habitat se manifestent de différentes manières :

- la recherche dudit «Hazomalany » ( Hazomalania voyronii ) pour la fabrication de cercueil constitue une menace permanente pour cette espèce risquant d’entraîner sa disparition ;

- la divagation des zébus par suite de l’élevage extensif ;

- le défrichement par le feu pour le « Tavy ».

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La régénération de la forêt sèche est toujours relativement lente. L’homme dans la nature est dominant. On est même tenté de dire que cette pression se fait à sens unique, c’est- à-dire que c’est le milieu naturel qui succombe progressivement. L’instabilité des allochtones, qui ne sont pas tout à fait sédentarisés, provoque une certaine pression sur le milieu naturel. Ils ne se fixent pas pour la mise en valeur d’un terrain et entrainent la destruction du milieu naturel par l’abattage des arbres et, par voie de conséquence, la disparition d’animaux. Cette instabilité socio-économique provoque un ravage du milieu environnant et un nomadisme à la malgache au sens large de ce terme. Le milieu naturel devient un sujet permanent des pressions anthropiques.

Face à cette situation, les caractéristiques techniques du projet sont doubles, c’est-à- dire préserver et conserver les ressources naturelles tout en essayant de sédentariser les immigrants. La GELOSE est la technique d’approche appliquée par les concepteurs et les acteurs de ce projet. Les populations riveraines de ce site sont les premières cibles de ce type d’éducation. Les pêcheurs sont au nombre de 400 environ et vivant dans des campements qui se situent au niveau la lisière forestière. La chasse, l’abattage, la pêche et le défrichement se font sous conditions mutuellement avantageuses à l’heure actuelle entre le milieu naturel, la population locale et le projet. La pérennisation des ressources naturelles et l’installation humaine constitue le maître-mot de ce projet.

2-2- Justification du choix de la variante retenue et son emplacement sur les plans social, économique et environnemental

Parmi ces différentes variantes sus-décrites, les lacs ou ressources limnologiques ont été retenues pour les raisons suivantes :

- Les trois lacs soumis à la présente étude sont naturels dû à des fractures et par la suite, l’eau pluviale s’accumule et est alimentée par la nappe phréatique sous-jacente ;

- Sur le plan social, ces lacs servent jadis de lieu de bénédiction, de cérémonies rituelles pour la population locale. Il s’agit ainsi d’un milieu vénéré. Vue l’augmentation de cette population et la demande en ressources animales, leur transformation en des lieux de pêche, chasse, devient inévitable. Les lacs ont perdu progressivement leur vocation de lieu de culte à cause des activités socio-économiques ;

- Dans le domaine économique, c’est un lieu de pêche, chasse de premier ordre d’importance pour la population riveraine. Les quantités moyennes mensuelles de poissons attrapées par chaque pêcheur sont de l’ordre de 98 kg/mois en 2004. Ces lacs deviennent un centre d’intense activité pour la population qui s’adonne à la pêche

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lacustre, une des principales occupations de la région. Par suite du manque de limitation des espèces pêchées, on constate une diminution importante de la population piscicole. En outre, les mailles des filets utilisés ne sont pas règlementaires par rapport aux normes fixées par le Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP) ;

- Du point de vue environnemental, un lac est susceptible d’être colmaté si la sédimentation devient importante et que l’évaporation de l’eau n’est pas compensée par l’eau pluviale et la nappe phréatique. Heureusement, ces phénomènes n’atteignent pas encore ces lacs. Cette vulnérabilité lacustre, en général, à cause des pressions anthropiques, mérite une attention particulière ;

- Une zone humide est fragile et des surveillances continuelles devraient être menées pour préserver les différents facteurs constituant ce milieu, notamment la forêt environnante, et les différentes activités entreprises au niveau du lac. L’existence d’une température ambiante et l’humidité relative idéale attire la population à s’y immigrer. En plus, les différentes ressources naturelles sont des gages d’un développement socio- économique. A plus forte raison, l’attrait touristique de cette zone, qui devient une zone d’attraction particulière, favorise ledit «Bird watching» et forme l’avenir du développement zonal et régional.

2-3- Cadre légal et institutionnel du projet de gestion

Le cadre juridique du transfert de gestion est la loi 96/025 du 30 septembre 1996 ou loi GELOSE. Cette dernière autorise le transfert de gestion des ressources naturelles renouvelables aux communautés locales de base dans les limites de leur terroir.

Ce transfert confère à la communauté de base bénéficiaire, la gestion de l’accès, de la conservation, de l’exploitation et de la valorisation des ressources sous réserve du respect des prescriptions et des règles d’exploitation définies dans un contrat de gestion. Les communautés de base ont effectivement la possibilité d’exercer pour leur compte la commercialisation et la valorisation des ressources et des produits dérivés tout en restant dans le cadre règlementaire.

Pour ce faire, elles doivent être reconnues en tant qu’associations représentatives de la légitimité traditionnelle au terroir à transférer, réaliser une délimitation du terroir en accord avec les terroirs voisins et constituer un document d’aménagement et de gestion des ressources qui devra être approuvé par les services techniques de l’Etat.

La communauté de base est constituée par tout groupement volontaire d’individus, unis par les mêmes intérêts et obéissant à des règles de vie commune. Elle regroupe, selon le cas,

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les habitants d’un hameau, d’un village ou d’un groupe de villages. La communauté de base est dotée de la personnalité morale et fonctionne comme une ONG selon les réglementations en vigueur (extrait du décret 2000/027).

Les rapports entre les membres de la communauté de base sont réglés par voie de «Dina » qui doit être approuvé par ces membres.

Le contrat de gestion est conclu entre la communauté de base, la Commune et le service technique dont relèvent les ressources, objet de la demande de transfert de gestion. L’agrément est accordé pour une durée de trois ans aux termes duquel une évaluation des résultats de la gestion locale consentie à la communauté de base est conduite. Si la communauté s’est acquittée correctement de ses obligations, l’agrément peut être renouvelé pour une période de dix ans.

La loi 96/025 prévoit une sécurisation foncière sur les terroirs objets de transfert de gestion. La Sécurisation Foncière Relative ou SFR est une procédure consistant à délimiter l’ensemble du terroir ainsi qu’au constat des occupations comprises dans le terroir. Elle constate uniquement le droit de jouissance des occupants (extrait du décret 2000/027 relatif à la Sécurisation Foncière Relative).

3- Description du milieu récepteur

Le cadrage de la zone d’étude se délimite comme suit :

- Environnement biophysique des Communes environnantes et les trois lacs ;

- Environnement social et humain des Communes Rurales de Trangahy et de Masoarivo ;

- Environnement économique des Communes Rurales de Trangahy et de Masoarivo ainsi que des lacs .

3-1- Cadre biophysique

Cette partie comprend la localisation du projet, la diversité biologique et les lacs. La limite GELOSE en fait également partie.

3-1-1- Localisation du projet de gestion

Le complexe des trois lacs se trouve dans la partie ouest de Madagascar, il est à cheval entre les Communes Rurales de Masoarivo et Trangahy, district Antsalova et région Melaky

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(figure 29). Cette zone se présente comme une vaste pénéplaine avec une altitude variant entre 20 et 100 m .

Figure 29 : Carte de localisation du complexe Manambolomaty (Source : The Peregrine Fund, 2009)

Le complexe des trois lacs (figure 30) est actuellement sous contrôle de deux unités de gestion (FIZAMI et FIFAMA). La superficie totale des sites gérés par ces associations est de 14 701 ha.

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Figure 30 : Carte de zonage et des unités de gestion du complexe Manambolomaty (Source : The Peregrine Fund, 2009)

L’unité de gestion FIFAMA, rattachée à la Commune Rurale de Trangahy, gère une superficie avoisinante de 8 723 ha (figure 30). L’association FIZAMI prend en charge le contrôle de 5 978 ha (figure 30) dans la Commune Rurale de Masoarivo.

Les détails de la description de la limite GELOSE (figure 31) sont consignés en annexe (annexe 7)

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Figure 31 : Carte de délimitation de la zone à GELOSE du complexe Manambolomaty (Source : The Peregrine Fund, 2009)

La numérotation de 1 à 11 représente des points de repère que ce soit un lieu ou un grand arbre. Le type d’habitat entre deux points voisins se trouve également dans la même annexe.

3-1-2- Lacs

Comme l’aigle pêcheur de Madagascar est une espèce de zone humide dépendante et grand amateur de poisson, l’écosystème lacustre lui fournit un endroit favorable pour la chasse .

En effet, le complexe lacustre de Manambolomaty est principalement constitué par des lacs Befotaka, Soamalipo, Ankerika et Antsamaka. Les caractères physico-chimiques de ces lacs sont déjà décrits dans le chapitre précédent (cf. pp : 10 – 11).

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3-1-3- Diversité biologique en relation avec la conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar

 Flore et végétation

Les formations végétales au bord des lacs sont des forêts denses sèches caducifoliées sur sol sableux et pluristratifiées. La flore appartient à la série de Dalbergia , Commiphora et Hildegardia (Humbert, 1955). La chute des feuilles est un phénomène général. Ce caractère s’observe dans tous les groupes systématiques. Les uns sont plus ou moins tardivement caducifoliés : Diospyros perrieri , D. substrinervis et les autres D. greveana et D. sakalavarum restent dépourvus de feuilles pendant plusieurs mois (Perrier de la Bâthie, 1951). Un total de 130 espèces appartenant à 92 genres et 46 familles ont été recensées. Les familles des Fabaceae et Euphorbiaceae sont les mieux représentées. Sept espèces, entre autres : Alleanthus greveanus , Cedrolepsis gracilis , C. grevei , Dalbergia purpurescens , D. clorocarpa , D. greveana et Givotia madagascariensis figurent parmi les plantes les plus utilisées dans la zone des trois lacs (Zarasoa, 1996).

En effet, les ressources sylvicoles procurent à l’aigle pêcheur de Madagascar des endroits de refuge et de nidification ainsi que des perchoirs pour favoriser la chasse.

 Faune : Poissons

Les poissons constituent la base du régime alimentaire de l’aigle pêcheur de Madagascar. Un total de 16 espèces de poissons est recensé dans ces lacs. Quelques unes du genre Tilapia sont abondantes. Les autres poissons sont Aurius madagascariensis , Lethrinus sp., Gobius giurus , Megalops cyprinoides et Elops machnata (Andrianjoany, 1992).

3-2- Situation administrative

Le complexe des trois lacs est rattaché à deux circonscriptions dont les Communes Rurales (CR) de Masoarivo et Trangahy.

La Commune Rurale de Masoarivo, qui s’étend sur une superficie de 957,71 km 2, est limitée comme suit :

••• à l’Est, par la Commune Rurale de Trangahy ;

••• à l’Ouest, par le Canal de Mozambique à travers la zone de Soahany ;

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••• au Nord, par la Commune Rurale d’Antsalova ;

••• au Sud, par le fleuve Manambolo.

Cette commune est composée de 10 Fokontany : Masoarivo, Ambereny, Ambalakazaha, Bemamba, Mahazoarivo, Beanjavilo, Besara, Bevoay, Ambalamanga et Ambondro.

La commune rurale de Trangahy se localise dans la partie sud du district d’Antsalova et longe sur une superficie de 1 300 km 2. Elle est limitée :

••• à l’Est, par la Commune Rurale de Bekopaka ;

••• à l’Ouest, par la Commune Rurale de Masoarivo ;

••• au Nord, par la Commune Rurale d’Antsalova ;

••• au Sud, par la rivière Manambolo.

Cette circonscription compte actuellement neuf Fokontany : Trangahy, Soatana, Bejea, Fenoarivo bara, Antsalaza, Berongony, Bejangoa, Mafiovy et Ankilikoroa.

Seuls, quatre Fokontany, à savoir : Ambalamanga et Masoarivo administrativement rattachés à la CR de Masoarivo tandis que Bejea et Soatana inclus dans la CR de Trangahy, sont touchés par le projet de gestion .

3-3- Economie et tradition au sein des deux communes

L’économie de deux communes rurales (Trangahy et Masoarivo) repose essentiellement sur trois secteurs : agricole, élevage et pêche. En général, les produits agricoles sont quantitativement infimes et n’arrivent pas à subvenir aux besoins de la population locale. L’effectif de la population ne cesse d’augmenter du fait de flux migratoire enregistré au cours de la dernière décennie. C’est la raison pour laquelle les riverains s’adonnent aux activités de pêche qui se développent très rapidement et sont devenues une filière porteuse car elle génère de revenu assez consistant aux pêcheurs .

3-3-1- Agriculture

Comme le paysage des deux communes est une plaine, la majorité de terrains semblent être facilement transformable en terrain d’agriculture. Pendant l’époque coloniale, la zone est connue pour la culture de pois de cap, étant d’une grande importance économique. En effet, une superficie importante a fait l’objet de ce projet qui s’est terminé vers les années 70. A partir de cette période, le site s’est trouvé en friche car les jujubes et les tamariniers prennent la place

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de ce produit à forte valeur ajoutée suite aux inondations successives que la région a connue presque chaque année. Les plaines alluviales ou « Baiboho », en dialecte locale, inondées en saison de pluie, sont envahies par ces espèces. C’est ainsi que les riverains font recours aux lacs en transformant les périphéries en rizières de décrue. Cette pratique engendre des impacts négatifs au niveau de cet écosystème.

3-3-2- Pêche

Le complexe des trois lacs dispose des ressources naturelles d’une valeur inestimable, plus particulièrement, des ressources piscicoles (figure 32) dont plusieurs vies en dépendent. Depuis l’époque où on a enregistré une recrudescence de flux migratoire dans la zone, l’exploitation massive de ces ressources a déclenché. Les populations locales ont respectivement leur mode d’exploitation, créant ainsi un clivage social entre les autochtones et les allochtones, renforcé par le non respect des réglementations traditionnelles au niveau de la zone. Par la suite, une régression de certaines espèces dulçaquicoles endémiques ou non se fait sentir et actuellement la plupart de ces espèces deviennent rares et/ou fortement menacées d’extinction.

Oreochromis sp.

Macrobrachium sp.

Arius madagascariensis

Figure 32 : Ressources piscicoles à Andranobe (Photo par Rene de Roland, 2005)

Auparavant, les Sakalava autochtones n’ont pas utilisé les produits issus des lacs que pour satisfaire leurs besoins quotidiens, c’est-à-dire la pêche de subsistance. Ils ont contrôlé la

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gestion des ressources piscicoles à travers les rites traditionnels et les autres édits relatifs au mode d’exploitation de la pêche. Les migrants ont détruit toutes les organisations sociales déjà mises en place surtout au niveau du mode d’exploitation des ressources naturelles. Par voie de conséquence, les autochtones ont recours à la création des associations afin de remédier à la situation.

Quatre cent pêcheurs, dont 250 et 150 sont respectivement le quota de FIZAMI et FIFAMA et l’effectif maximum fixé dans les cahiers de charges. Ils payent chacun un droit de 12 000 ariary qui se répartissent comme suit : 7 000 ariary droit de filet alloué à la commune, 3 000 ariary droit de filet versé dans la caisse de l’association, 1 000 ariary versé auprès de Fokontany et le 1 000 ariary restant est destiné à titre d’aide au « Tompon-drano » pour que ce dernier puisse réaliser normalement le rite traditionnel avant l’ouverture de la campagne.

Pour les matériels de pêche, chaque pêcheur a le droit d’utiliser une pirogue, un filet maillant de trois à huit doigts et d’une longueur de 100 m. Il est tabou d’étaler des moustiquaires à « Varilava » et d’employer des produits toxiques conformément à la loi en vigueur qui interdit l’usage.

L’usage des sels est aussi tabou aux trois lacs. Toutefois, certains pêcheurs pratiquent le salage en cachette des poissons. Tant d’autres interdictions que les pêcheurs sont dans l’obligation de respecter, ont été listées dans les cahiers de charges des associations.

En général, la saison de pêche ne dure que six mois, à partir du moment où le « Loa- drano » se réalise. Cette saison est habituellement entre le mois de juin et le mois de novembre. Toutes les données relatives à la pêche et les activités y afférentes ont été collectées.

De 2001 à 2004, un total de 426 pêcheurs a été enregistré à Andranobe (tableau 16). Ils se répartissent dans cinq campements, à savoir, Soavala, Mahavono, Ankoririky, Ankirangato et Antsakoramby.

Tableau 16 : Cumulatif des pêcheurs à Andranobe pendant la phase probante de la GELOSE (2001 – 2004).

Nb d’années d’interventions Fréquence Pourcentage 1 278 65,3 2 85 20 3 40 9,4 4 23 5,4 Total 426 100

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Seuls les campements d’Ankirangato et Antsakoramby sont considérés comme permanents et Ankoririky a fait l’objet d’une suppression après constatation de délit sur le lieu en 2004. Il n’en reste actuellement que quatre campements qui s’éparpillent dans une étendue de 872 ha .

Figure 33 : Campement des pêcheurs à Soavala (Photo par Sam The Seing, 2005).

D’après le tableau 16, seuls 5,4 % (n = 23 pêcheurs) de l’effectif total ont exercé l’activité de pêche pendant quatre saisons consécutives contre une saison uniquement pour la majorité avec un taux qui s’élève jusqu’à 65,3 % (n = 278 pêcheurs). Cette situation s’explique comme suit :

- La plupart des pêcheurs sont des migrants. Ils sont obligés de rentrer après la saison de pêche et leurs retours sont conditionnés par plusieurs facteurs, en particulier, les moyens financiers. Seuls, certains d’entre eux ont choisi de rester sur place pour éviter ces aléas du retour ;

- Les autochtones Sakalava sont des agro-pasteurs. Cette habitude fait partie de leur tradition. C’est la raison pour laquelle ils ne pratiquent l’activité de pêche qu’occasionnellement, soit par manque de ressources matérielles et financières soit par la non-maîtrise de la technique de pêche.

Le lac Ankerika affiche la même situation (tableau 17).

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Tableau 17 : Cumulatif des pêcheurs à Ankerika pendant la phase probante de la GELOSE (2002 – 2004).

Nb d’années d’interventions Fréquence Pourcentage 1 124 84,9 2 15 10,3 3 7 4,8 Total 146 100

L’effectif total des pêcheurs reste autour de 146 individus à Ankerika. Les pêcheurs qui ont exercé l’activité de pêche pendant quatre saisons consécutives enregistrent un taux relativement bas par rapport à celui d’Andranobe, 4,8 % contre 5,4 %. Le pourcentage évolue dans le sens contraire pour ceux qui ne pratiquent l’activité de pêche qu’une seule saison seulement. Quant à la fréquence d’intervention, les pêcheurs ont conduit leurs activités 124 jours au maximum, soit autour de quatre mois par saison et ils ont comme rendement variant entre 350 et 590 kg au cours d’une saison.

Figure 34 : Pesage des produits effectué par le chef campement (Photo par Rene de Roland, 2004).

Chaque pêcheur a la chance d’obtenir des produits frais entre 59 et 98 kg par mois. La figure ci-après montre la répartition des activités mensuelles des pêcheurs à Andranobe (figure 35).

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Figure 35 : Courbe de la tendance des activités de pêcheurs à Andranobe.

La courbe montre que l’activité des pêcheurs à Andranobe présente une ascension relativement nette au cours de trois premiers mois et atteint le pic au mois d’août, puis descend progressivement jusqu’à la fin de la saison, qui est bien sûr, au mois de novembre (figure 35).

3-3-3- Us et coutumes

Le « Loa-drano » figure parmi les rites traditionnels des Sakalava. Cette cérémonie, au cours de laquelle un sacrifice a lieu, marque l’ouverture de la saison de la pêche. Aucun pêcheur ne peut être autorisé qu’après l’accomplissement de ce rite. Les us et coutumes, qui prévalent dans la région, ne diffèrent pas trop des celles de la plupart des sociétés rurales malgaches. Cette ressemblance se manifeste surtout en matière d’exploitation et d’utilisation des ressources et d’observation des jours interdits pour la pratique d’activités culturales.

Les Sakalava ont du respect envers la nature et ils vénèrent la forêt, surtout le grand arbre. L’importance culturelle de la forêt se présente comme suit : lieux de sépulture et de prière. Le pied des grands arbres sert de lieu sacré pour le culte des vœux. Le rite mortuaire constitue pourtant une menace sur une espèce d’arbre. Il s’agit du «Hazomalany » étant exploitée pour la fabrication de cercueil. Sa rareté dans la zone se confirme par le fait que les riverains ont commencé de changer cette habitude en choisissant d’autres espèces d’arbre.

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II- METHODE D’EVALUATION DES IMPACTS

Suite au transfert de gestion du complexe de trois lacs Ankerika, Soamalipo et Befotaka, il est temps d’apporter une appréciation sur l’efficacité de la conservation d’aigle pêcheur de Madagascar en tenant compte de l’aspect écologique et socio-économique, particulièrement, des us et coutumes. A noter que, cette évaluation ne concerne que la phase probatoire de trois ans (2002 – 2004) seulement. La présente étude essaie d’avancer quelques mesures d’atténuations et de proposer un Plan de Gestion Environnemental (PGE) ainsi que des recommandations et perspectives pour que cette gestion puisse aboutir aux objectifs assignés à la conservation de la biodiversité.

Pour ce faire, deux méthodes ont été adoptées : enquête et observation directe .

1- Enquête

Dans le cadre de cette enquête, les interlocuteurs peuvent être subdivisés en deux groupes : administratifs et échantillons de la population. Ces derniers sont composés des pêcheurs et associations. A noter que la modalité des questionnaires s’avère différente selon les entités en tant qu’interlocuteurs. A priori, au niveau des administratifs, une enquête fermée ou entretien directif est entrepris car la réponse est soit vraie ou fausse, oui ou non. Dans le domaine des échantillons de la population, une enquête ouverte ou entretien semi-directif est menée pour une liberté de s’exprimer aux interlocuteurs. Les détails des questionnaires sont présentés en annexe (annexes 5, 6).

1-1- Entretien directif ou enquête fermée

Deux communes rurales ont fait l’objet de la GELOSE, à savoir : Trangahy et Masoarivo, dont chacune comprend respectivement 8 et 10 Fokontany. Les interlocuteurs sont les Maires et ses proches collaborateurs. La modalité des questions est consignée en annexe (annexe 5).

1-2- Entretien semi-directif ou enquête ouverte

Les interlocuteurs sont des échantillons de la population formés des pêcheurs et membres des associations. Ils ont leur entité respective.

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1-2-1- Pêcheurs

Les pêcheurs pratiquent leur activité d’une manière individuelle. Les matériels de pêche sont en général autofinancés ou financés par des patrons. Les normes exigées par le cahier de charges, conformément aux lois en vigueur quant à leur dimensionnement, sont dûment respectées. Les questionnaires touchant les côtés économique, social et environnemental, sont figurées en annexe (annexe 6).

1-2-2- Membres des associations

Les associations regroupent les membres qui ont une activité et un but communs. Il s’agit des membres fondateurs et adhérents. Les associations FIZAMI et FIFAMA ont fait l’objet de cette enquête. La modalité des questions est figurée en annexe (annexe 6).

2- Observation directe

L’observation directe est appliquée au moment de la visite que ce soit aux campements des pêcheurs, dans la forêt ou aux alentours du lac. L’étendue des impacts au niveau de l’habitat (lac et forêt) est évaluée d’une façon estimative.

2-1- Méthodes d’analyse et évaluation des impacts

D’abord, les impacts ainsi obtenus sont classés en impacts directs et indirects. Ils sont également catégorisés en :

- Impacts positifs :

• lorsqu’ils contribuent à la conservation de la population de l’aigle pêcheur de Madagascar.

- Impacts négatifs :

• S’ils induisent le déclin de la population de l’aigle pêcheur de Madagascar.

Ensuite, l’importance de chaque impact est jugée selon les critères ci-après :

• Importance spatiale : ce critère étudie l’étendue, la portée et la dimension spatiales des impacts (envergures locale, régionale, et nationale).

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Pour ce qui est de l’étendue des impacts, elle correspond à sa portée et à son rayonnement spatial dans la zone d’étude. Trois niveaux géographiques auxquels des notes sont attribuées :

Les impacts potentiels sont évalués sur la base d’une grille, selon les quatre critères suivants :

 Durée : (1) occasionnelle, (2) temporaire et (3) permanente :

 permanente lorsque ses effets sont ressentis pendant une longue période et indéterminée, allant au-delà de la durée de l’activité dans le complexe ;

 temporaire s’il dure pendant une période non courte mais déterminée comme la durée de l’activité ;

 occasionnelle quand il touche un élément du milieu pendant une courte période.

 Effet : (1) direct et (2) indirect. Pour les impacts positifs, la notation est inversée :

 Direct : au cas où, les impacts sont plus facilement contrôlables ;

 Indirect : en cas des impacts moins maîtrisables et plus sournois.

 Intensité : (1) faible, (2) moyenne et (3) forte :

Forte : lorsque les impacts mettent en cause l’intégrité de l’élément, altèrent fortement sa qualité, c’est-à-dire qu’ils modifient complètement la dynamique, le mode de fonctionnement et l’aspect de l’élément en question ;

 Moyenne : si les impacts réduisent quelque peu la qualité de l’élément environnemental, c’est-à-dire qu’ils modifient partiellement la dynamique ou la qualité de l’élément, sans pour autant en modifier ses fonctions ;

 Faible : quand les impacts n’entraînent pas trop de modification qualitative de l’élément. Les impacts se résument à une modification superficielle de l’élément sans alerter sa dynamique ou sa qualité.

 Etendue : (1) locale, (2) régionale et (3) nationale :

 Nationale : lorsque les impacts seront ressentis par une proportion importante de la population ou s’ils s’étendront au-delà des frontières de la zone et des communes ;

Page 129 Deuxième chapitre : Impacts de l’application de la GELOSE

 Régionale : au cas où les impacts seront ressentis par une proportion à l’intérieur de la commune mais qui ne s’étendront pas à l’extérieur de cette zone ;

 Locale : quand les impacts seront sentis par la population dans l’environnement immédiat du site.

L’importance est ensuite donnée par le cumul des points donnés à chaque critère. Les impacts compris :

 entre 1 et 5 points sont considérés de faible importance ;

 entre 6 et 8 points sont qualifiés de moyenne importance ;

 9 points et plus sont évalués d’importance majeure ou de forte importance .

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III- RESULTATS ET INTERPRETATIONS

Les impacts liés à l’application de la GELOSE dans la conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar sont mesurés au niveau de l’habitat et de sa population. La présente étude tient également compte les impacts socio-économiques.

1- Impacts sur l’habitat

Les impacts sur l’habitat se reflètent sur les écosystèmes lacustre et forestier. Ces derniers sont inséparables pour la survie de cette espèce.

1-1- Impacts au niveau de l’écosystème lacustre

Comme la population d’aigle pêcheur de Madagascar partage la même ressource piscicole que la population humaine, particulièrement les pêcheurs, la gestion du complexe des trois lacs est incontournable. Ceci est dû à la dégradation progressive des ressources causée par les activités de subsistance des communautés locales. Ces lacs sont devenus des centres d’intérêts des pêcheurs et constituent une source de revenu non négligeable à la population locale. L’objectif vise à la pérennisation de la population d’aigle pêcheur de Madagascar restant et au bien être humain à travers la mise en place d’un système de conservation durable et rationnelle des ressources naturelles. Les impacts sont mesurés au niveau du peuplement des poissons, de la qualité de l’eau et du milieu environnant les lacs.

1-1-1- Impacts au niveau du peuplement des poissons

Le complexe des lacs Soamalipo, Befotaka et Ankerika est connu jadis par la désorganisation des pêcheurs pratiquant la pêche intensive. Cette situation s’est renversée au fur et à mesure que les deux associations locales ont pris le contrôle de la pêche et les activités y afférentes. Depuis le transfert de gestion en 2001, les lacs sont gérés de façon rationnelle et durable pour éviter la surpêche afin que les ressources piscicoles puissent subvenir aux besoins à long termes des riverains et de la population de l’aigle pêcheur de Madagascar. Pour ce faire, quelques dispositifs relatifs à la gestion de la zone humide sont pris pour y parvenir :

- Limitation du nombre des pêcheurs : les pêcheurs bénéficiaires d’une autorisation sont limités à 400 au maximum à chaque saison de pêche selon les cahiers de charges. Parmi eux 250 sont issus de FIZAMI et 150 venant de FIFAMA. Pourtant, chaque

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association n’est pas tenue d’obliger à honorer son quota. Chaque pêcheur, par suite de sa demande auprès des membres de bureau, passe à une sélection de dossier avant d’obtenir l’aval de l’association. La fixation des bénéficiaires dépend du résultat de sélection. Pendant la phase probatoire de trois ans, on n’enregistre au maximum que 186 et 99 pêcheurs respectivement à Andranobe et à Ankerika. Le service régional de la pêche leur délivre une carte pêcheur par l’intermédiaire des associations demandeuses ;

- Respect des matériels de pêche : la dimension de filet (maille et longueur) est contrôlée avant et pendant la campagne. La longueur d’un filet est de 100 m au maximum et au moins 45 mm pour sa maille. Les tabous et ces dimensions de filet sont dûment respectés. Les pirogues en exercice portent chacune un numéro afin de contrôler si un pêcheur a déjà payé ou non son droit de filet ;

- Fermeture et ouverture de la saison de pêche : au complexe des trois lacs, cette saison ne suit pas celle du Ministère de la Pêche (entre 16 février et 14 décembre). Elle est bouclée pour six mois (juin – novembre) à compter de la date de « Loa-drano ». Cette disposition consensuelle favorise la reproduction des géniteurs et le développement des alevins ;

- Enregistrement des produits : chaque pêcheur doit enregistrer ses produits journaliers auprès du chef campement afin de connaître la quantité de poissons frais issus des lacs à la fin de la campagne.

Le tableau suivant résume la situation des produits piscicoles enregistrés à Andranobe pendant et après la mise en œuvre de la GELOSE.

Tableau 18 : Evolution de tonnage des produits piscicoles pendant et après la mise en œuvre de la GELOSE à Andranobe

Période Année Nombre de pêcheurs Poids total des produits (Kg) Phase probatoire 2001 149 68 693,25 2002 164 85 944,41 2003 161 57 719,34 2004 186 110 362,99 Deuxième phase 2005 142 32 158,70 2006 232 35 958,80 2007 97 52 903,80

Durant la phase probatoire, la quantité annuelle de ces produits montre un net accroissement, malgré leur chute en 2003. Le nombre maximum de pêcheurs enregistré est de 186 en 2004 à Andranobe. Cet effectif reflète déjà la productivité à cette époque qui est de 110,3 tonnes des produits frais. Ce qui indique que le stock de poissons disponibles soit

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suffisant pour le besoin local et que les conditions actuelles soient favorables pour la reproduction du peuplement de poissons. Ce résultat montre déjà l’efficacité de la gestion mise en œuvre à Andranobe.

Comme il s’agit d’une gestion traditionnelle, l’ouverture de la saison de pêche ne peut commencer qu’après la réalisation du rite « Loa -drano », toujours dirigée par le «Tompon- drano ». En 2005, un problème familial s’est produit au sein de la famille de ce dernier. Un membre de sa famille a été décédé en juin 2005 et selon la culture Sakalava, la période de deuil dure au moins trois mois. Cette circonstance inévitable a obligé ce détenteur des droits coutumiers de reporter la date de « Loa-drano » au mois de septembre. Ce cas a chamboulé l’activité des pêcheurs entrainant ainsi la chute du tonnage de leur produit et la diminution de leur effectif. La durée de la campagne est alors trop courte, trois mois seulement (septembre à novembre) et certains pêcheurs se sont déplacés dans d’autre plan d’eau.

La réussite de l’activité de pêche dépend également du changement climatique. Par exemple, en 2006, la précipitation moyenne annuelle a connu une chute drastique (source : The Peregrine Fund). Cette insuffisance de l’alimentation en eau du lac, en provenance des affluents, a provoqué la diminution de la quantité de poissons dus au faible niveau d’eau. Ainsi, les pêcheurs d’Andranobe, tout comme les éleveurs et agriculteurs, ont subi les conséquences de ce changement climatique. C’est l’une des raisons de la diminution de la quantité des produits enregistrés dans ce site en 2006. Heureusement, que cette situation se stabilise à nouveau en 2007.

La situation des produits piscicoles à Ankerika, pendant et après l’opérationnalisation de la GELOSE, est synthétisée dans le tableau ci-après.

Tableau 19 : Evolution de tonnage des produits piscicoles pendant et après l’opérationnalisation de la GELOSE à Ankerika.

Période Année Nombre de pêcheurs Poids total des produits (Kg) Phase probatoire 2002 28 7 721,75 2003 99 31 280,24 2004 48 4 552,40 Deuxième phase 2005 - - 2006 60 3 915,45 2007 75 31 886,75

Au cours de la phase probatoire (2002 à 2004), le maximum de la productivité a été enregistré durant l’année 2003. Le nombre de pêcheurs a aussi évolué dans le même sens. La chute de la production de 2004 s’explique par le non prise de décision des membres de bureau

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de l’association FIFAMA face à l’intervention clandestine de certains pêcheurs. Et cette circonstance s’est répercutée sur la pesée des produits collectés.

En effet, la plupart de pêcheurs d’Ankerika sont des Sakalava autochtones. Ces derniers, depuis l’époque ancestrale, sont tolérants entre eux, quelle que soit la faute commise par l’un des membres issus d’une même ethnie. C’est ainsi que les responsables ne sont pas en mesure d’appliquer les règlements à l’encontre d’un autochtone auteur d’un acte ou délit. Cette attitude porte atteinte à l’environnement et rend flou la bonne gestion des ressources naturelles.

En 2005, le lac Ankerika a subi le même sort qu’Andranobe, c’est-à-dire le problème social. Mais cette fois-ci, c’est le « Tompon-drano » lui-même qui a rendu son âme. En conséquence, le « Loa-drano » n’a pas eu lieu jusqu’à ce que le nouveau « Tompon-drano » soit désigné en 2006. C’est pourquoi on n’a pu enregistrer aucun produit durant la période de 2005.

1-1-2- Impacts au niveau de l’eau

Le complexe des trois lacs joue divers rôles et entretient plusieurs vies. C’est cette raison qui pousse les riverains de leur prendre soins.

La qualité de l’eau est mesurée à partir de quelques paramètres. Ces derniers, étant collectés au moment de la visite des nids, sont relatifs à la profondeur, la température de l’eau, le pH et la turbidité .

a- Profondeur

La profondeur des lacs Soamalipo, Befotaka et Ankerika varie de 0,50 à 3,90 m, soit en moyenne 2,3 ± 0,6 m (n = 53 échantillons) entre 2002 et 2004. Cette caractéristique est similaire à celle des lacs dans la partie ouest de Madagascar où ils sont de faible profondeur.

Le fond des lacs est formé des vases comme type de substrat. Au début de la saison de pluie, ces lacs sont alimentés par le fleuve Manambolo.

b- Température de l’eau

En moyenne, la température de l’eau dans ces trois lacs évolue entre 23°C et 33°C. Le maximum thermique se situe entre novembre et décembre. On ne constate pas une variation significative entre ces lacs .

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c- Turbidité et pH

Pour le cas d’Ankerika, la turbidité est comprise entre 0,40 et 0,80 m en saison sèche. L’eau y paraît légèrement limpide que celle de Soamalipo dont la valeur de la turbidité varie de 0,20 à 0,80 m pour la même saison. Le lac Befotaka a une couleur plus sombre par rapport à celle de Soamalipo et d’Ankerika. Cette hypothèse est confirmée par la valeur de la turbidité qui évolue entre 0,33 et 0,60 m. En général, l’eau s’avère plus trouble durant la saison sèche qu’en saison de pluie.

Quant au pH, sa valeur se stabilise en saison sèche, autour de 6,5. Cette basicité demeure conforme aux eaux douces de l’Ouest malgache.

Ces résultats montrent que les eaux des trois lacs ne sont pas encore polluées malgré le non respect de la clause de cahier de charges relatif à l’emplacement des campements des pêcheurs. Néanmoins, elles gardent toujours ses caractères physico-chimiques qui sont favorables pour la survie de la faune ichtyologique et la chasse de l’aigle pêcheur de Madagascar. La quantité des produits enregistrée à chaque saison de pêche aux trois lacs en fait preuve .

1-1-3- Impacts au niveau du milieu environnant les lacs

La zone d’étude est à vocation agricole grâce à l’existence d’une vaste plaine. La riziculture est une activité de première importance dans la vie quotidienne des Sakalava, comme de tous les malgaches. A cause de la croissance démographique galopante, les terrains destinés à la riziculture deviennent de plus en plus étroits. C’est ainsi que les riverains recourent à la culture de décrue. Mais ils ont transformé la bordure des lacs en terrain rizicole. Cette pratique engendre des impacts négatifs au niveau lacustre. Ce sont essentiellement la diminution de leur superficie, la pollution des eaux et la perte de territoire de quête de nourritures pour certaines espèces aviaires et d’autres espèces. Mais, cette situation est atténuée à partir de la mise en application de la GELOSE dans cette zone. Les règlementations en vigueur interdisent l’extension vers l’intérieur du lac des terrains rizicoles. Cette disposition entraine la stabilité de la population restante d’aigle pêcheur de Madagascar.

1-2- Impacts au niveau de l’écosystème forestier

Le suivi des impacts des activités des pêcheurs, au niveau de l’écosystème forestier, a été effectué trois fois par saison. Tous les campements existants ont été visités en collectant

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les données relatives aux diverses consommations en bois. De plus, on a fait un recensement trisannuel des pieds d’arbres objets de la coupe.

Dans le cadre de cette étude, le volume de bois utilisé n’est pas évalué. Le tableau ci- après ne présente que la quantité prélevée à chaque visite seulement. Ceci afin d’avoir une idée sur le degré d’impact que subit la forêt.

Tableau 20 : Arbres les plus utilisés par les pêcheurs dans le complexe des trois lacs.

Utilisation Nb Espèces les Distance de Diamètre Pirogue des bois espèces plus prélèvement des bois Longueur Largeur Profondeur utilisées utilisées / bordure (m) (cm) (m) (cm) (cm) Hutte 31 60, 67, 78, 50 - 800 1 - 11,6 90, 129

Etalage 20 78, 129 80 - 400 1,1 - 10

Bois de 20 60, 64, 85 100 - 800 1 - 25 chauffe

Pirogue 4 76, 124 400 – 3 000 3 - 6,3 22 - 67 18 - 38

60 : Cedrolopsis grevei (Katrafay ) ; 64 : Tamarindus indica (Kily ) ; 67 : Bridelia pervilleana (Kitata ) ; 78 : Diospyros tropophylla (Maintifototra ) ; 76 : Gyrocarpus americanus (Mafay ) ; 85 : Dalbergia sp. (Manary ) ; 90 : Baudouinia fluggeiformis (Manjakabenitany ) ; 124 : Givotia stipuliflora (Sefo ) ; 129 : Grewia spp (Sely ).

La forêt de Manambolomaty, tout comme celle de Tsimembo, fournit aux riverains des ressources en bois suffisantes. Néanmoins, ce ne sont pas des ressources inépuisables. C’est dans ce sens que les associations locales ont décidé de mettre en place un système de gestion durable de ces ressources.

Au quotidien, les pêcheurs ont une multitude de choix sur la qualité et la quantité de bois à prélever, allant de la petite jusqu’à la plus grande taille. Leurs choix ont porté sur une cinquantaine d’espèces d’arbres, précisément 53. Parmi eux, neuf sont les plus prisés.

Ces espèces semblent être de bois dur sauf celles qui sont destinées pour la construction de pirogue. Certaines sont des bois précieux et sont classées dans la liste rouge de l’UICN. Le palissandre a fait parfois l’objet de bois de chauffe et cette pratique a rabaissé ou dévalorisé l’importance économique de cette espèce.

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D’autres formes d’irrégularités sont constatées au niveau de la dimension d’arbres prélevés. Le tableau 21 montre que même les arbustes qui ont un diamètre avoisinant de 1 cm ont fait l’objet d’une collecte précoce. Pourtant, le cahier de charges précise que seuls les arbres ayant un diamètre supérieur ou égal à 10 cm sont autorisés à prélever sous réserve d’une autorisation du service technique après passage aux associations déléguées.

Le même problème est observé au niveau de la distance de prélèvement par rapport à la bordure des lacs. La distance de 100 m stipulée par le cahier de charges n’est point respectée. L’exercice de droit d’usage a donc créé de la perturbation au niveau de la bordure et empêche la population de l’aigle pêcheur de Madagascar de s’y nidifier. La figure ci-après montre la quantité de bois à Andranobe entre 2003 et 2004.

Figure 36 : Consommation de bois à Andranobe (2003 – 2004).

La figure 36 montre qu’il existe plus de huttes à Ankirangato, Ankoririky et Antsakoramby en 2003 qu’en 2004. La majeure partie reste néanmoins en faveur d’Ankoririky, un campement qui s’isole au nord-ouest du lac Befotaka et est relié avec les autres par un large chenal. Ces conditions favorisent les pêcheurs de s’y planquer le plus longtemps possible même en dehors de la saison de pêche. Dans le cahier de charges, Ankoririky est classé parmi les campements temporaires. Cette tendance à la permanence, en plus des délits constatés sur le lieu, a poussé le gestionnaire, avec l’appui des autorités locales, d’éliminer ce campement vers la fin de la

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saison 2004. Ankirangato et Antsakoramby attirent les pêcheurs sur la qualité de sécurité, d’autant plus qu’ils sont les seuls campements permanents.

La situation a changé complètement à Mahavono et Soavala. Ces campements sont les plus fréquentés par les pêcheurs en 2004, surtout, pour les raisons sécuritaires. Ils sont en général épargnés de l’attaque quasi-permanente de «Dahalo » et l’accès aux ressources forestières y semble plus facile. Cette situation offre aux pêcheurs une tranquillité dans leurs activités.

Quant à la consommation en bois, les résultats montrent une énorme quantité de bois enregistrée pour Andranobe. Ceci s’explique par le fait que ce dernier héberge plus de pêcheurs par rapport au lac Ankerika. La figure montre que la construction de huttes consomme beaucoup plus de bois que l’étalage et l’utilisation de bois de chauffe. Cette circonstance est similaire à celle du lac Ankerika (figure 37).

Figure 37 : Consommation de bois à Ankerika (2003 – 2004).

Les histogrammes font état d’une nette augmentation en matière d’exploitation en bois entre 2003 et 2004 pour les trois campements à Ankerika. Le nombre des pêcheurs enregistré évolue dans le sens contraire parce que ce nombre est réduit de moitié en 2004 par rapport à celui de 2003, 48 contre 99. Le graphe reflète néanmoins la réalité où on assiste à plus de hutte en 2004 qu’en 2003. Ce qui paraît logique et qu’il existe plus de pêcheurs en 2004 qu’en 2003. Mais la majorité de ces pêcheurs ont exercé clandestinement leur fonction, c’est-à-dire, ils ne tiennent pas compte les règlements en vigueur. Par conséquent, on a détecté une augmentation d’usage de bois.

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Quant à la répartition par campement, chaque année, Ankilimaro héberge plus des pêcheurs que les deux autres campements. Ceci s’explique par trois raisons : facilité d’accès aux ressources sylvicoles, accessibilité et sécurité. La pression anthropique y est sans doute élevée.

En somme, les activités des pêcheurs portent atteinte à l’état naturel des écosystèmes forestier et lacustre. De plus, les pêcheurs ne sont pas encore conscients des problèmes d’hygiène. Ils ne tiennent pas compte de la conséquence sanitaire de leur acte. Cependant, les associations déléguées font leurs possibles pour atténuer cette situation. Elles ont pris comme disposition la restauration de l’habitat à travers les pépinières (figures 38, 39). Chaque association a un quota de 7 500 pieds par an.

Figure 38 : Mise en pot des graines par les techniciens de terrain (Photo par Razafimanjato, 2009)

Figure 39 : Pépinière des espèces autochtones (Photo par Randrianjafiniasa Donatien, 2009)

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2- Impacts au niveau de la population d’aigle pêcheur de Madagascar

Depuis que le complexe des trois lacs est devenu un centre d’intérêt pour les pêcheurs, la population d’aigle pêcheur de Madagascar a subi la conséquence des pressions humaines. Ces dernières engendrent la fluctuation de l’effectif de sa population. La figure suivante apporte un peu plus de détail. A noter que, cette espèce est très sensible à toute sorte de perturbation ou changement.

Figure 40 : Evolution des couples de l’aigle pêcheur de Madagascar entre 1997 et 2007.

La courbe montre une nette décroissance jusqu’à l’an 2000, c’est-à-dire pendant les périodes correspondant à la mise en place de la GELOSE. Cette circonstance est due à l’effectif élevé des pêcheurs qui entraîne une compétition au niveau de l’espace et la capture des poissons. Cette tendance est inversée à partir du moment où les associations locales ont pris le contrôle du pouvoir de gérer les ressources naturelles avec leurs propres réglementations. En conséquence, les couples retrouvent une ascension jusqu’à ce que leur nombre atteigne le «pic», c’est-à-dire en 2004, année à laquelle ils reprennent leur stabilité jusqu’à l’heure actuelle. L’organisation, tant au niveau des pêcheurs que dans le domaine culturel, aboutit à la stabilité de la population de l’aigle pêcheur de Madagascar dans ce complexe. Aucune forme de prélèvement n’est autorisée dans un rayon de 400 m autour des sites de nidification existants. Telle est la mesure prise par les gestionnaires pour éviter toutes sortes de perturbation.

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Les manœuvres ou organisations effectuées par les associations déléguées semblent être efficaces, du côté de la conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar. Les résultats relatifs aux taux de succès de la reproduction de l’espèce confirment ce fait. Le tableau ci-après montre les détails.

Tableau 21 : Succès de la reproduction enregistré avant, pendant et après la mise en œuvre de la GELOSE au complexe des trois lacs.

Période Nids Nb Œufs Juvéniles Succès de la Succès actifs d’œufs éclos envolés reproduction d’envol Phase avant GELOSE 29 41 25 19 0,65 (19/29) 0,76 (19/25) (1997 – 2000) Phase probatoire 31 46 32 24 0,77 (24/31) 0,75 (24/32) (2001 – 2004) Deuxième phase 34 49 27 22 0,65 (22/34) 0,81 (22/27) (2005 – 2008)

De ce tableau, on a constaté que le taux de succès de la reproduction enregistré au complexe des trois lacs est élevé pendant la phase probatoire par rapport à celui des autres phases. Le taux de succès d’envol trouve le maximum pendant la deuxième phase, c’est-à-dire pendant la phase de prolongement du contrat des deux associations. Ainsi, ces résultats confirment l’efficacité de ce système de gestion en matière de la conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar.

3- Impacts socio-économiques de la conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar

La conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar va de pair avec la stabilité sociale et économique de la zone. C’est dans ce sens que la présente étude essaie de révéler dans ce paragraphe. Les impacts socio-économiques s’évaluent au niveau des revenus des pêcheurs, du niveau financier des associations et de la redevance communale.

3-1- Impacts en matière de revenus des pêcheurs

L’enquête est effectuée à Andranobe en 2004. Les interlocuteurs sont des pêcheurs dont la taille d’échantillon est autour de 166 pêcheurs.

Les résultats de l’enquête ont montré que le revenu moyen journalier d’un pêcheur tourne autour de 9 000 Ariary par jour, soit 41 400 Ariary par semaine. Ce qui fait que l’activité de pêche réglementée génère de revenu assez consistant aux pêcheurs, même si leur technique d’exploitation demeure traditionnelle.

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3-2- Impacts en matière financière des associations

A noter que les deux associations, en tant que gestionnaire légal depuis la mise en application du transfert de gestion en septembre 2001, sont parmi les bénéficiaires de la gestion des ressources naturelles. Des sources pécuniaires sont identifiées : droit de filet, application de « Dina », droit d’adhésion et cotisation des membres. Les interlocuteurs sont les présidents et les trésoriers des associations.

Pendant la mise en œuvre de la GELOSE, l’association FIZAMI a collecté une somme de 2 575 200 Ariary dans son propre compte bancaire, contre 403 000 Ariary seulement pour l’association FIFAMA. Cet écart s’explique par l’inégalité de nombre des pêcheurs bénéficiaires d’une autorisation : 250 contre 150, l’effectif des membres cotisants et le dynamisme des membres de bureau surtout dans l’application des règlementations en vigueur tel que le «Dina ». L’absence ou l’insuffisance de renforcement des capacités, plus particulièrement, en matière de trésorerie et financière, est identifiée comme origine de ce problème dans l’association FIFAMA.

Il en est donc le fruit de la GELOSE lorsque les gestionnaires délégués les utilisent sciemment. Ils ont reçu des bénéfices leur permettant de réaliser les objectifs fixés dans leur cahier de charges comprenant le « Dina », le contrat de gestion et le plan d’aménagement.

3-3- Impacts en matière de redevance

Les deux communes rurales font également partie des bénéficiaires de l’exploitation des ressources naturelles. Elles en tirent profit à partir du droit de filet et de ristourne afin de renforcer les caisses communales.

Entre 2001 et 2004, la CR Masoarivo a gagné une importante somme (12 620 000 Ariary) à l’issue de la gestion des ressources naturelles. L’autre commune n’a enregistré qu’un montant avoisinant le 3 325 000 Ariary. Ce qui fait que l’exploitation des ressources piscicoles réglementées génère des ressources fiscales aux deux communes. Ces sommes contribuent largement à leur budget de fonctionnement et leur permet d’envisager des projets de développement.

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IV- ANALYSE DES IMPACTS IDENTIFIES

La mise en œuvre de la GELOSE engendre des impacts positifs et négatifs au niveau de l’environnement et socio-économique face aux pressions anthropiques. Le présent tableau donne de façon détaillée ces impacts.

Tableau 22 : Principaux impacts négatifs et positifs de la mise en œuvre de la GELOSE.

Composantes Impacts négatifs Impacts positifs du milieu

Milieu physique

Eau • Modification des régimes hydrologiques et • Maintien des régimes hydriques des cours d’eau ; hydrologiques et hydriques

• Accroissement de la turbidité ; des cours d’eau ; • • Modification de la quantité et de la qualité des Diminution de la turbidité ; eaux destinées aux différents usages. • Maintien de la qualité des eaux destinées aux différents usages.

Milieu biologique

Ecosystèmes • Eventuelle modification des écosystèmes naturels • Maintien des rôles et de leurs équilibres ; écologiques ;

• Disparition des écosystèmes et de ses ressources • Maintien de l’habitat associées ; faunique ;

• Eventuel changement de microclimat ; • Maintien de microclimat ;

• Perturbation des services écologiques par suite de • Maintien de la composition surexploitation des ressources ; des communautés animales

• Perturbation des services écologiques par suite de et végétales ; surexploitation des ressources ; • Maintien du statut de

• Déclin qualitatif et quantitatif de la biodiversité ; conservation international.

• Envahissement des espèces indésirables par suite de feu incontrôlé ;

• Perte ou modification qualitative de l’habitat (lieu de refuge, de reproduction, d’alimentation, etc.).

Flore • Perte génétique de l’espèce végétale ou animale ; • Viabilité des espèces

• Perte ou diminution d’espèces végétales floristiques endémiques, endémiques, rares ou menacées d’extinction ; rares ou menacées ; • • Perte ou modification de la couverture végétale ; Maintien des rôles

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Composantes Impacts négatifs Impacts positifs du milieu

• Perturbation des services écologiques ; écologiques ;

• Modification de la composition des communautés • Gestion rationnelle et végétales ; durable de « Katrafay » et

• Surexploitation des ressources dérivées de la des ressources dérivées de forêt ; la forêt ; • • Diminution de la population de « Katrafay » servant Maintien génétique de d’ingrédient de « Toaka gasy » à travers la collecte l’espèce végétale. de l’écorce.

Faune • Disparition ou diminution d’espèces faunistiques • Viabilités des espèces endémiques, rares ou menacées d’extinction faunistiques endémiques, entraînant la dégradation du patrimoine rares ou menacées ;

génétique ; • Stabilité de la population de • Disparition ou diminution de l’effectif de la l’aigle pêcheur de population de l’aigle pêcheur de Madagascar ; Madagascar ;

• Changement de comportement naturel de l’aigle • Stabilité de comportement pêcheur de Madagascar et d’autres espèces naturel de l’aigle pêcheur de animales ; Madagascar et d’autres

• Augmentation du prélèvement d’espèces espèces animales ; faunistiques lié à un libre accès ; • Augmentation de la

• Diminution de la productivité piscicole due à la productivité piscicole ; surexploitation. • Diminution du prélèvement d’espèces faunistiques.

Milieu humain

Socio- • Mouvement migratoire incontrôlé ; • Echange culturel ;

économie • Fortes pressions sur les ressources naturelles ; • Développement socio-

• Baisse de la recette communale. économique local et régional ;

• Augmentation de la redevance communale.

Culturel • Disparition des coutumes et traditions ; • Pérennisation de l’identité et • Altération ou destruction des zones culturelles. zones culturelles

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Analyses et évaluation des impacts identifiés

Le but de cette analyse est de quantifier l’importance des impacts en prenant compte leur durée, effet, intensité et étendue. Cette évaluation est effectuée à partir du cumul des points alloués à ces critères grâce à la méthode matricielle décrit relativement bien les différents impacts et nous donne un niveau de détails aisément compréhensibles. Dans le cadre de cette étude, l’importance des impacts est classée en trois catégories :

• Faible : si le score tombe entre l’intervalle 1 et 5 points ;

• Moyenne : si le score se trouve entre l’intervalle 6 et 8 ;

• Forte : si le score est au 9 ou plus.

La présente section donne par activité le détail de l’évaluation d’impacts par cette méthode (tableau 24).

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Tableau 23 : Evaluation des impacts négatifs de la mise en œuvre de la GELOSE

Impacts probables Actions Milieu Appréciation des impacts

récepteur Durée Effet Intensité Etendue Importance

Pollution des eaux - Mener des campagnes d’IEC ; Eau

- Installer quelques infrastructures d’hygiène (latrines, puits, bac à ordure, canaux d’évacuation des eaux usées) ; Temporaire Direct Moyenne Locale Moyenne - Sensibiliser les riverains et pêcheurs au respect des règlements ; - Appuyer le gestionnaire délégué dans l'application des règles de gestion ; - Mettre en œuvre le plan de suivi et contrôle déjà élaboré.

Eventuelle modification - Revaloriser les parties anciennement défrichées à travers la restauration ; Ecosystèmes des écosystèmes naturels - Impliquer les autorités locales et service technique pour la poursuite des délits et de leurs équilibres. et infractions ; Temporaire Direct Faible Locale Faible - Mener des campagnes de sensibilisation sur l’importance et la valeur des écosystèmes existants.

Disparition des - Etablir et mettre en œuvre le programme d’éducation environnementale ; écosystèmes et ses - Appuyer le gestionnaire délégué sur l’opérationnalisation de la gestion des ressources associées ressources ;

- Intégrer la potentialité de la zone dans les PCD et PRD ; Permanente Direct Forte Régionale Forte - Délimiter les zones de conservation dans des espaces ; - Limiter et respecter la capacité de charges du milieu ; - Interdire l’extension des rizières sur la bordure des lacs.

Eventuel changement de - Mener des campagnes d’IEC ; Temporaire Direct Faible Locale Faible microclimat. - Promouvoir la restauration ;

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Impacts probables Actions Milieu Appréciation des impacts

récepteur Durée Effet Intensité Etendue Importance

Perturbation des services - Mener des campagnes d’IEC ; écologiques - Promouvoir la restauration ; Temporaire Direct Moyenne Locale Moyenne - Interdire le « Tavy » ; - Interdire l’extension du terrain rizicole sur la bordure.

Déclin qualitatif et - Mettre en œuvre le plan de suivi et de contrôle ; quantitatif de la - Appliquer les « Dina » ; biodiversité. - Impliquer les services techniques et les autorités locales pour la poursuite des délits et infractions ; Temporaire Direct Faible Locale Faible - Contrôler l e prélèvement de ressources biologiques en se référant aux règlements en vigueur ; - Identifier, localiser et préserver les habitats d’espèces rares et menacées d’extinction.

Envahissement des - Enlever les espèces envahissantes sur le plan d’eau ; Permanente Directe Forte Locale Moyenne espèces indésirables - Respecter les zonages et unités de gestion.

Perte ou modification - Promouvoir la restauration à travers la pépinière des espèces autochtones ; quantitative et qualitative - Mener des contrôles périodiques et inopinés avec les forces et les services Temporaire Direct Moyenne Locale Moyenne des habitats techniques.

Perte génétique au niveau - Sensibiliser et éduquer la population riveraine sur l’importance Faune et flore Temporaire Direct Moyenne Locale Moyenne local. de la biodiversité ;

Perte ou diminution des - Renforcer le contrôle et surveillance du prélèvement. Temporaire Direct Moyenne Régionale Moyenne espèces endémiques,

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Impacts probables Actions Milieu Appréciation des impacts

récepteur Durée Effet Intensité Etendue Importance rares ou menacées

Diminution de superficies - Pratiquer des techniques de coupe non destructive permettant la régénération ou modification de la naturelle des forêts ou bois en laissant un nombre suffisant d’arbres couverture végétale semenciers ; Temporaire Direct Faible Locale Faible - Interdire le déboisement dans les noyaux durs et sur la bordure des lacs ; - Interdire la technique de cueillette destructive.

Perturbation ou - Mettre en œuvre le plan de gestion des feux ; destruction par les feux - Mettre en place de pare-feu dans les zones sensibles et à conserver ; des écosystèmes - Sensibiliser et éduquer la population riveraine à travers une collaboration étroite Temporaire Direct Moyenne Locale Moyenne végétaux entre le gestionnaire délégué, les services techniques et l’organisme d’appui ;

- Initier des campagnes de sensibilisation sur le changement climatique.

Diminution de la - Mener une campagne de sensibilisation sur l’enlèvement d’écorce de population objet du «Katrafay » ou d’espèces faunistiques ; prélèvement - Mener un inventaire ; Temporaire Direct Forte Locale Moyenne - Enregistrer les pieds ou espèces objet du prélèvement ; - Mener un suivi systématique de la population concernée par la collecte ; - Renforcer le contrôle et surveillance du prélèvement.

Disparition ou diminution - Sensibiliser et éduquer la population riveraine sur l’importance de l’ Ankoay ; de l’effectif de l’aigle - Appuyer le gestionnaire délégué dans l'application des règles de gestion. Temporaire Direct Moyenne Régionale Moyenne pêcheur de Madagascar

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Impacts probables Actions Milieu Appréciation des impacts

récepteur Durée Effet Intensité Etendue Importance

Changement de - Interdire la chasse, le piège et toutes sortes de perturbation humaine ; comportement naturel de - Renforcer la surveillance et le contrôle. l’aigle pêcheur de Temporaire Direct Faible Locale Faible Madagascar et d’autres espèces animales.

Diminution de la - Mener un inventaire ichtyologique ; productivité piscicole - Limiter le nombre des pêcheurs à 400 au maximum ; - Réviser et amender quelques articles caduques relatifs à la pêche dans les cahiers de charges ; - Enregistrer les produits piscicoles issus des lacs à chaque saison de pêche ; Temporaire Direct Forte Locale Moyenne - Organiser des contrôles périodiques et inopinés avec le service pêche ; - Promouvoir le ré-empoissonnement des lacs avec des espèces autochtones ; - Renforcer la capacité des pêcheurs en matière de pêche continentale surtout sur les techniques modernes.

Mouvement migratoire - Mettre à jour les données sur le recensement des habitants ; Socio- Temporaire Direct Faible Locale Faible incontrôlé - Evaluer le flux migratoire face à l’attrait exercé par l’activité de pêche. économie

Forte pression sur les - Identifier les filières porteuses ; ressources naturelles - Etudier les filières identifiées ; - Etablir et mettre en œuvre le plan de développement des filières ; Temporaire Direct Moyenne Locale Moyenne - Promouvoir une nouvelle destination écotouristique ; - Encourager les paysans pour la pratique des nouvelles techniques adaptables et productives (SRI et SRA).

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Impacts probables Actions Milieu Appréciation des impacts

récepteur Durée Effet Intensité Etendue Importance

Baisse de la recette - Mener une campagne de redevance ; communale - Mettre en place une barrière économique ; - Enregistrer tous les collecteurs et contrôler les transporteurs ; Temporaire Direct Moyenne Locale Moyenne - Mettre en place une poste pour le régisseur communal au point d’embarquement ; - Créer un OPCI pour éviter le conflit intercommunal.

Disparition des coutumes - Mener une campagne de sensibilisation et d’éducation sur le respect des us et Culturel et traditions coutumes ; - Renforcer l’aspect sur le respect des us et coutumes ; Temporaire Direct Faible Locale Faible - Appuyer les communes à notifier une arrêtée communale portant officialisation du « Dina » et suivre la procédure pour son homologation par les autorités compétentes.

Altération ou destruction - Appuyer le gestionnaire délégué dans l'application des règles de gestion des zones culturelles. concertée et validée ; Temporaire Direct Faible Locale Faible - Impliquer avec les autorités locales pour la poursuite des délits et infractions ; - Identifier les zones culturlles à mettre en valeur.

Les résultats de l’analyse ont montré que certaines composantes environnementales nécessitent une attention particulière surtout l’écosystème afin de le sauvegarder. Les gestionnaires doivent prendre des mesures pour faire face à des pressions ou menaces.

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V- PLAN DE GESTION ENVIRONNEMENTAL PROPREMENT DIT

Ce présent plan vise la conservation et la préservation de la biodiversité, plus particulièrement, l’aigle pêcheur de Madagascar, tout en prenant compte les us et coutumes locales. Pour assurer le maintien de la biodiversité, il est donc nécessaire de trouver et d’assurer l’équilibre harmonieux entre la conservation de la biodiversité et le mode de vie des riverains qui est fortement lié à la biodiversité. Les ressources naturelles, telles que le sol fertile, l’énergie, le bois de construction, les produits forestiers comestibles et les moyens pour nourrir et héberger les bétails, constituent souvent des sources de revenus pour la plupart de la population locale. Leur vie dépend entièrement de l’existence permanente d’habitats naturels fonctionnels. D’autre part, ce mode de vie est capable de dégrader ou même de détruire ces ressources s’il n’est pas géré d’une façon rationnelle et durable. Cette dégradation des ressources naturelles entraînera la perte des moyens de subsistance et ensuite l’émigration vers des nouveaux terrains. Ainsi, le cycle de dégradation et de pauvreté continue.

Pour y remédier, le tableau suivant montre de façon détaillée les mesures à prendre pour mitiger ou réduire ces impacts.

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Tableau 24 : Plan d’action environnementale et mesures d’atténuations du complexe des trois lacs

Impacts Mesures ou stratégies Actions Responsables

Pollution des eaux. - Prévention de la qualité - Mener des campagnes d’IEC ; Associations, Service

des eaux ; - Installer quelques infrastructures d’hygiène (latrines, puits, bac à ordure, canaux d’évacuation technique, TPF, - Etablissement d’un plan des eaux usées) ; Communes d’assainissement. - Sensibiliser les riverains et pêcheurs au respect des règlements ; - Appuyer le gestionnaire délégué dans l'application des règles de gestion concertées et validées ; - Mettre en œuvre le plan de suivi et de contrôle déjà élaboré.

Eventuelle modification - Pérennisation des - Revaloriser les parties anciennement défrichées à travers la restauration ; Associations, Service des écosystèmes naturels écosystèmes naturels, leurs - Impliquer les autorités locales et service technique pour la poursuite des délits et infractions ; technique, TPF, et de leurs équilibres. équilibres et ses ressources - Mener des campagnes de sensibilisation sur l’importance et la valeur des écosystèmes existants. Communes associées Disparition des - Etablir et mettre en œuvre le programme d’éducation environnementale ; Associations, Service

écosystèmes et ses - Appuyer le gestionnaire délégué sur l’opérationnalisation de la gestion des ressources ; technique, TPF, ressources associées. - Intégrer la potentialité de la zone dans les PCD et PRD ; Communes - Délimiter les zones de conservation dans des espaces ; - Limiter et respecter la capacité de charges du milieu ; - Interdire l’extension des rizières sur la bordure des lacs.

Eventuel changement de Prévention du changement - Mener des campagnes d’IEC ; Associations, Service microclimat de microclimat - Promouvoir la restauration technique, TPF, Communes

Page 152 Deuxième chapitre : Impacts de l’application de la GELOSE

Impacts Mesures ou stratégies Actions Responsables

Perturbation des services Rétablissement des rôles - Mener des campagnes d’IEC ; Associations, Service écologiques écologiques - Promouvoir la restauration ; technique, TPF, - Interdire le «Tavy » ; Communes - Interdire l’extension du terrain rizicole sur la bordure.

Déclin qualitatif et Renforcement du système - Mettre en œuvre le plan de suivi et de contrôle ; Associations, Service quantitatif de la de contrôle et surveillance - Appliquer les « Dina » ; technique, TPF, biodiversité. de la biodiversité - Impliquer les services techniques et les autorités locales pour la poursuite des délits et Communes infractions ; - Contrôler le prélèvement de ressources biologiques en se référant aux règlements en vigueur ; - Identifier, localiser et préserver les habitats d’espèces rares et menacées d’extinction.

Envahissement des Etablissement d’un plan de - Enlever les espèces envahissantes sur le plan d’eau ; Associations, TPF, espèces indésirables prévention contre les - Respecter les zonages et unités de gestion. Communes espèces envahissantes

Perte ou modification - Restauration de l’habitat - Promouvoir la restauration à travers la pépinière des espèces autochtones ; Associations, Service quantitative et qualitative - Mener des contrôles périodiques et inopinés avec les forces et les services techniques. technique, TPF, des habitats. Communes

Perte génétique au niveau Préservation de stock et - Sensibiliser et éduquer la population riveraine sur l’importance de la biodiversité ; Associations, TPF, local variabilité génétique local - Renforcement de contrôle et surveillance du prélèvement. Communes, Services techniques Perte ou diminution des espèces endémiques, rares ou menacées

Diminution de superficies - Renforcement de capacité - Pratiquer des techniques de coupe non destructive permettant la régénération naturelle des Associations, TPF, ou modification de la sur le mode de prélèvement forêts ou bois en laissant un nombre suffisant d’arbres semenciers ; Communes, Services

Page 153 Deuxième chapitre : Impacts de l’application de la GELOSE

Impacts Mesures ou stratégies Actions Responsables couverture végétale. des ressources sylvicoles - Interdire le déboisement dans les noyaux durs et sur la bordure des lacs ; techniques - Interdire la technique de cueillette destructive.

Perturbation ou destruction - Etablissement d’un plan de - Mettre en œuvre le plan de gestion des feux ; Associations, Services par les feux des gestion des feux ; - Mettre en place de pare-feu dans les zones sensibles et à conserver ; techniques, KOTIRA, écosystèmes végétaux. - Redynamisation de - Sensibiliser et éduquer la population riveraine à travers une collaboration étroite entre le quartiers mobiles, KOTIRA gestionnaire délégué, les services techniques et l’organisme d’appui ; Communes

- Initier des campagnes de sensibilisation sur le changement climatique.

Diminution de la population - Evaluation de la population - Mener une campagne de sensibilisation sur l’enlèvement d’écorce de « Katrafay » ; Associations, TPF, objet du prélèvement restante - Mener un inventaire ; Communes, Services - Enregistrer les pieds objet du prélèvement ; techniques - Mener un suivi systématique de la population de «Katrafay » ; - Renforcer le contrôle et surveillance du prélèvement

Disparition ou diminution - Préservation de la - Sensibiliser et éduquer la population riveraine sur l’importance de l’ Ankoay ; Associations, TPF, de l’effectif de la population d’aigle pêcheur - Appuyer le gestionnaire délégué dans l'application des règles de gestion. Communes, Services population d’aigle pêcheur de Madagascar restante techniques de Madagascar

Changement du - Application de la - Interdire la chasse, le piège et toutes sortes de perturbation humaine ; Associations, Service comportement naturel de réglementation en vigueur - Renforcer la surveillance et le contrôle. technique l’aigle pêcheur de de la chasse Madagascar et d’autres espèces animales.

Diminution de la - Evaluation de stock des - Mener un inventaire ichtyologique ; Associations, TPF, productivité piscicole poissons - Limiter le nombre des pêcheurs à 400 au maximum ; Services techniques

Page 154 Deuxième chapitre : Impacts de l’application de la GELOSE

Impacts Mesures ou stratégies Actions Responsables

- Réviser et amender quelques articles caduques relatifs à la pêche dans les cahiers de charges ; - Enregistrer les produits piscicoles issus des lacs à chaque saison de pêche ; - Organiser des contrôles périodiques et inopinés avec le service pêche ; - Promouvoir le ré-empoissonnement des lacs avec des espèces autochtones ; - Renforcer la capacité des pêcheurs en matière de pêche continentale surtout sur les techniques modernes.

Mouvement migratoire - Redynamisation des - Mettre à jour les données sur le recensement des habitants ; Autorités locales incontrôlé autorités locales sur - Evaluer le flux migratoire face à l’attrait exercé par les activités de pêche. l’utilisation de « Bokim- bahiny » ou cahier d’enregistrement des visiteurs d’enregistrement des visiteurs.

Forte pression sur les - Diversification des AGRs - Identifier les filières porteuses ; Associations, TPF, ressources naturelles. - Etudier les filières identifiées ; Communes - Etablir et mettre en œuvre le plan de développement des filières ; - Promouvoir une nouvelle destination écotouristique ; - Encourager les paysans pour la pratique des nouvelles techniques adaptables et productives (SRI et SRA).

Baisse de la recette - Régularisation de la - Mener des campagnes de redevance ; Communes, communale. redevance - Mettre en place une barrière économique ; Associations - Enregistrer tous les collecteurs et contrôler les transporteurs ; - Mettre en place une poste pour le régisseur communal au point d’embarquement ;

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Impacts Mesures ou stratégies Actions Responsables

- Créer un OPCI pour éviter le conflit intercommunal.

Disparition des coutumes - Valorisation des us et - Mener une campagne de sensibilisation et d’éducation sur le respect des us et coutumes ; Associations, et traditions. coutumes - Renforcer l’aspect sur le respect des us et coutumes ; Communes, TPF - Appuyer les communes à notifier une arrêtée communale portant officialisation du « Dina » et suivre la procédure pour son homologation par les autorités compétentes.

Altération ou destruction - Valorisation des zones - Appuyer le gestionnaire délégué dans l'application des règles de gestion concertée et validée ; Associations, des zones culturelles. culturelles - Impliquer avec les autorités locales pour la poursuite des délits et infractions ; Communes - Identifier les zones culturelles à mettre en valeur.

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VI- DISCUSSIONS

1- Impacts négatifs de forte importance

Les impacts des pressions anthropiques sont jugés d’une haute importance et sont évalués au niveau des écosystèmes forestier et lacustre tout au long des analyses précédentes (tableau 24).

Le défrichement, les feux de brousses et la coupe illicite des bois et des roseaux sont les principales menaces qui pourraient provoquer la perte des écosystèmes et ses ressources associées. Ces menaces ne se diffèrent pas trop de celles rencontrées dans d’autres sites, par exemple, à Tambohorano (The Peregrine Fund, 2008) où la zone humide n’est pas épargnée de ces menaces. Ce problème est commun pour la majorité des milieux ruraux à Madagascar.

Le défrichement y a été pratiqué depuis l’arrivée massive des immigrants vers les années 30. Les extensions du terrain cultivable, l’appropriation du sol et la tradition culturale pour certaines ethnies, constituent les principales causes de cette pratique. Le degré de pressions a évolué très rapidement à l’époque et une importante surface de forêt a été déjà dégradée. Manantsara et Garreau (1997) ont confirmé que la population dans la partie nord-est a défriché pour le compte de «Tavy » une superficie avoisinante de 5 000 ha de la Réserve Naturelle Intégrale de Marojejy et de la Réserve Spéciale d’Anjanaharibe-Sud. Ce mode de mise en valeur persiste toujours et est devenu un problème national. Chaque année, la grande île a perdu jusqu’à 50 % des forêts entre 1950 et 1985 (Manantsara et Garreau, 1997).

La zone d’étude est à vocation agro-sylvo-pastorale. Elle possède une large superficie de savanes dans laquelle paissent les zébus. L’élevage est l’une des activités de premier ordre d’importance dans la zone. Les autochtones Sakalava ont une vocation traditionnellement pastorale et s’adonnent à l’élevage bovin extensif. Ce dernier est une source de revenu et possède une valeur particulière. Il consiste à laisser volontairement les troupeaux en liberté dans les pâturages et/ou dans la forêt. L’éleveur ne fait que renouveler annuellement le pâturage par la mise à feu des herbes avant la première pluie. Ce système pastoral engendre des feux incontrôlés pouvant détruire l’écosystème forestier et les savanes. Une bonne partie du patrimoine de Madagascar, dans une large mesure, est actuellement menacée de graves dangers. Effectivement, chaque année, les feux de brousse en ravagent près de 200 000 ha (http://madagascar.softiblog.com/post/2008/06/06/Doron-tanety-ou-feux-de-brousse ). La région Melaky fait partie des zones rouges (Saholiarisoa, 2009). Les feux y entraînent l'appauvrissement en bois précieux et la disparition des espèces végétales et animales.

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Les bois sont indispensables dans la vie quotidienne de la population riveraine. Au niveau des secteurs agricoles et d’élevage, même les arbres de petite dimension sont utilisés pour différentes constructions locales (clôtures, cabanes). Ceux qui ont de gros diamètre sont spécialement destinés pour la construction des maisons, clôtures pour les bétails et l’artisanat. Les espèces menacées comme les palissandres sont les plus prélevées. La même circonstance est constatée par Zarasoa (1996) lors de son étude à Manambolomaty. Elle a confirmé dans son ouvrage que le palissandre ( Dalbergia sp.) a de multiples usages, allant des bois de chauffes jusqu’aux meubles. La collecte des produits de gaules et la coupe de grands arbres sont devenues excessives. Cet acte porte atteinte à l’état naturel de l’écosystème forestier. De plus, la distance minimale de la zone de prélèvement par rapport au bord de la rive n’est pas respectée. Ce qui pourrait provoquer l’érosion ou l’ensablement de l’écosystème lacustre et le recul de l’aigle pêcheur de Madagascar vers l’intérieur pour se nidifier. Actuellement, les règles de gestion en vigueur stipulent qu’aucun prélèvement n’est autorisé dans un rayon de 100 m aux alentours de la berge.

La perte des zones humides est actuellement un problème mondial (http://www.facebook.com/topic.php?uid=10751373114&topic=8297 ). Les pressions anthropiques telles que la conversion de la bordure en rizière, la pêche intensive et la chasse (Razafimanjato et al ., 2007) peuvent entraîner la perte de la biodiversité et la valeur statutaire internationale (Ramsar) due au possible assèchement de la zone humide. Toutefois, le site d’étude garde toujours son état naturel malgré quelques menaces.

La riziculture est l’activité la plus importante touchant presque l’ensemble de l’île, étant donné que l’habitude alimentaire des malgaches est à base du riz. Pendant la saison sèche, presque la bordure des lacs est aménagée dans toutes ses parties exploitables pour servir de rizières. Ceci engendre une compétition spatiale entre oiseaux d’eau et riziculteurs. La conquête de nouveaux terrains rétrécit les aires de reproduction potentielles pour de nombreuses espèces. Le lac Alaotra subit actuellement une énorme pression par la transformation de la bordure en rizières (Rakotoniaina et Durbin, 2004). Quelques lacs, à savoir, le lac Hima à Belo-sur-Tsiribihina et le lac Antalafoty à Miandrivazo (Razafimanjato, obs. pers.) se sont desséchés complètement due à cette pratique. Le site Ramsar Torotorofotsy risquerait aussi de subir le même sort à cause du système de drainage que pratique la population locale alors que la perte d’un site d’importance internationale est irréparable.

L’exploitation intensive des ressources piscicoles a commencé vers l’année 1994 au complexe des trois lacs, année à laquelle une vague d’immigrants saisonniers est venue s’y installer pour se faire de l’argent. Autrefois, les autochtones n’ont utilisé les produits issus du lac

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que pour satisfaire leurs besoins quotidiens. Ils ont contrôlé la gestion des ressources naturelles à travers les rites et les autres édits traditionnels relatifs au mode d’exploitation par la pêche. Mais la population locale s’est rapidement adonnée à l’exploitation massive des ressources piscicoles. Cette pratique a créé une situation conflictuelle entre les autochtones et les immigrants, surtout, dans le non respect des réglementations traditionnelles. Certains pêcheurs pratiquent le salage, en cachette, des poissons alors que l’usage des sels sur les poissons est tabou à ce complexe. Par la suite de cette exploitation abusive, une régression de certaines espèces dulçaquicoles endémiques ou non se fait sentir. La plupart de ces espèces deviennent actuellement rares et/ou fortement menacées d’extinction dans la zone.

Le cas de la pêche intensive est constaté lors de notre visite dans la zone humide de Miandrivazo en 2006. Lors du dernier recensement, aucun individu n’est enregistré dans les sites d’hébergement de l’aigle pêcheur de Madagascar de 2000. Le partage des ressources piscicoles est entièrement en faveur des pêcheurs à cause de leurs effectifs élevés et leurs matériels de pêche hors norme malgré l’existence de système GELOSE déjà en place (Razafimanjato, obs. pers.).

Dans la majorité des sites d’hébergement de l’aigle pêcheur de Madagascar, on a toujours constaté toutes sortes de chasse à l’encontre de cette espèce. Il s’agit du dénichage des juvéniles et de la collecte des œufs au nid. Heureusement, le site d’étude, sous contrat de gestion d’associations, est pratiquement épargné de ces menaces.

2- Impacts négatifs de moyenne importance

Les actions anthropiques sont évaluées de moyenne importance si la valeur est comprise entre 6 et 8 points selon le critère relatif aux impacts. Les domaines considérés sont multivariées comprenant l’eau, l’écosystème, la biodiversité et le plan social.

La coupe de roseaux ou « Viky » ou Phragmites sp., la coupe illicite et la conversion de la bordure en rizières pourraient provoquer des impacts probables comme la dégradation de la berge et la diminution de la surface des lacs. La végétation émergente comme le roseau qui s’y trouve abondante, joue d’importants rôles écologiques à ce complexe. Elle fournit des matières premières pour le secteur artisanat. Le roseau assure également la protection de la berge et procure pour certaines espèces d’oiseaux un endroit de refuge, de nidification et un lieu de ponte. Il constitue une matière indispensable pour la fabrication de « Garaba ». Cette pratique génère des revenus aux riverains. Vu l’effectif élevé des pêcheurs enregistrés dans la zone, ce type d’habitat risquerait d’être en péril. Cette situation serait aggravée par le non respect de la distance de prélèvement de bois pour le droit d’usage qui n’est pas conforme à celle figurée

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dans le cahier de charges. L’ensablement des lacs et la dégradation de la berge pourraient être alors la conséquence de ces actes. Le lac Masama, un grand lac au nord de Manambolomaty, en a été victime. Ce lac se trouve actuellement dans un état grave par suite des coupes excessives de roseaux, coupe illicite des bois sur la rive et des feux de brousses. Sa profondeur, de l’ordre de 2 à 3 m auparavant, n’excède plus 60 cm à présent due aux phénomènes d’envasement et d’ensablement. Les infrastructures de barrage et certains terrains rizicoles subissent aussi le même sort.

L’approvisionnement en eau potable est devenu difficile dans le monde entier. Environ 700 millions de personnes de plus de 40 pays souffrent du manque d’eau (http://www.madagascar-tribune.com/L-eau-potable-est-chaque-fois-plus,14262.html ). La zone d’étude est exemptée d’un tel contexte grâce à la présence du complexe des trois lacs (Soamalipo, Befotaka et Ankerika). Ces lacs fournissent à la population riveraine des ressources en eaux suffisantes et alimentent les terrains rizicoles qui les entourent. Ces plans d’eau leurs offrent un terrain de lessivage, de bain et de préparation des poissons avant le fumage. Cependant, Les activités des pêcheurs y engendrent des impacts négatifs surtout pendant la saison de pêche. Il s’agit de sa pollution par suite des actions menées par les riverains et les pêcheurs. En outre, l’absence d’infrastructures d’hygiènes, plus particulièrement, le WC et les eaux usées de chaque campement, et l’installation des campements qui ne respecte même pas la distance exigée par le cahier de charges étant de 100 m de la berge, constituent aussi d’autres formes de pression. L’accroissement de la turbidité et la modification de la qualité de l’eau pourraient être ainsi les impacts probables de ces actes.

Au niveau des écosystèmes, la perturbation des rôles écologiques et le possible changement d’un microclimat forment les conséquences des activités humaines à un niveau moyen.

Quant à la biodiversité, l’envahissement des espèces indésirables dans certaines parties serait l’effet des feux de brousses. Le jujube, le tamarinier et tant d’autres espèces occupent actuellement une superficie importante des terrains arables. Les riverains ne disposent que peu de surface pour pratiquer leurs activités et recourent au bord du lac pour la riziculture. La diminution de la population des espèces menacées et de « Katrafay » ainsi que l’exploitation des ressources dérivées de la forêt sont les résultats de la surexploitation. Chaque année, la forêt de Tsimembo perd une centaine de pied de «Katrafay » par suite du prélèvement de leur écorce qui sert d’intrant pour la fabrication du « Toaka Gasy » à laquelle s’adonnent quelques ménages. La persistance de ces délits est due à la non-application des règles de gestion, de manque de

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collaboration avec les autorités locales et les services techniques déconcentrés, à la surveillance et de contrôle des gestionnaires délégués.

Les attitudes des collecteurs ont aussi déclenché un conflit d’intérêt entre les deux communes en matière de redevance. Certains d’entre eux, menant leurs activités dans le fief de la commune rurale de Masoarivo, ont payé de ristourne dans l’autre commune. La facilitation d’accès, la sécurisation des produits ainsi que le manque de surveillance et de contrôle sont à l’origine d’un tel geste.

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VII- CONCLUSION

La grande île est potentiellement riche en ressources naturelles, l’Etat malgache s’engage à conserver et protéger les patrimoines que nous héritons de nos ancêtres, à travers les programmes environnementaux et la ratification de diverses conventions internationales. Il fait recours à l’adoption des quelques méthodes de conservation dont fait partie la GELOSE. Cette dernière, depuis quelque temps, a été testée dans plusieurs sites, qui ont vraiment besoin d’un développement du programme de conservation afin de sauvegarder les héritages qu’ils ont en possession. Le principe de base est de léguer aux communautés locales le pouvoir de gérer et de contrôler des ressources naturelles renouvelables selon leurs propres réglementations et sous leurs responsabilités.

Plusieurs promoteurs se sont penchés sur le processus de transfert de gestion des ressources renouvelables. Les communautés locales ont manifesté beaucoup de bonne volonté et se sont montrées enthousiastes pour prendre en main le contrôle de la gestion de leurs ressources naturelles. Ainsi dans une large mesure, un certain nombre de délégations de pouvoir a vu le jour dans différentes régions de Madagascar. Les gestionnaires du complexe des trois lacs en font partie, en l’occurrence, les associations locales FIZAMI et FIFAMA.

Les résultats de la présente étude montrent que la GELOSE contribue énormément à la conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar, son habitat naturel et à l’amélioration du niveau de vie de la population riveraine. D’autres impacts négatifs sont aussi constatés mais nous avons déjà avancé quelques mesures pour les atténuer.

Les deux associations ont franchi les différentes étapes stipulées par le cahier de charges lors de la première phase d’essai et entament actuellement la deuxième phase de gestion après l’approbation et la notification du Ministère de tutelle. Ce dernier confie à nouveau la gestion du complexe des trois lacs à ces deux associations pendant une période de 10 ans en accord avec le principe GELOSE. Ce geste marque déjà la reconnaissance de gestion confiée auxdites associations, d’autant plus que le WWF international a réitéré cette reconnaissance en octroyant un certificat «Gift to the Earth » aux deux associations, en 2004. Cela témoigne la réussite de la GELOSE dont les profits reviennent aux communautés locales et à toute la région.

La présente étude, d’après l’analyse des données, tenant compte des divers paramètres relatifs à l’environnement et à l’aspect socio-économique, a montré quelques failles sur la gestion et la négligence à l’encontre des gestionnaires. Comme les autres auteurs ont

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remarqué dans leur ouvrage respectif, les associations n’assument pas toujours parfaitement leurs responsabilités malgré la présence quasi-permanente des techniciens du projet à leur côté. Pour le cas des trois lacs, les gestionnaires délégués auront beaucoup de défi à relever pour que l’étape suivante puisse aboutir aux objectifs fixés au préalable. Ce qui demande des moyens matériels, financiers et un partenariat technique.

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DISCUSSIONS GENERALES

1- Distribution

La disponibilité des sites favorables pour la nidification et la quête pour la nourriture peuvent limiter la distribution et l’abondance des rapaces (Newton, 1979).

L’aigle pêcheur de Madagascar est rapporté comme fréquent tout au long de la côte Ouest. Sa fréquence dans la moitié sud de cette contrée est extrêmement faible. Cette espèce s’y observe, entre Nosy Hara, au nord, et Belo-sur-Mer, au sud (Langrand & Meyburg, 1989). Les études menées par certains auteurs (Rand, 1936 ; Milon et al. , 1973 ; Langrand & Meyburg, 1989 ; Rabarisoa et al. , 1996 ; Rabarisoa et al. , 1997 ; Rabarisoa, 1999) entre 1930 et 1995, ont montré que son aire de répartition s’étend jusqu’à Morombe. Cela signifie que l’espèce n’occupe que 20 % seulement (120 000 km 2) de la superficie nationale (Rabarisoa et al., 1997). En septembre 2011, un individu a été observé autour du village de Belavenoke (sud Morombe) (Shanta Barley, com. pers.). L’aire de répartition de cette espèce se limite donc entre le district de Morombe, au sud et Nosy Hara, au nord. Ce qui fait qu’elle reste stable jusqu’à l’heure actuelle. L’effort de conservation mené par Blue Ventures, WWF et l’association Velondriake dans cette zone, depuis 2003, pourrait être à l’origine de cette stabilité.

Un couple a été localisé sur un escarpement rocheux à Sandoz, Nosy Hara, en 2010 (Jaomanana, com. pers.) malgré la rafale du vent du Nord-Ouest, atteignant parfois l’intensité d’un cyclone et frappant chaque année ce site. Ce dernier jouit déjà le statut de protection car il fait partie des Parcs marins de Madagascar.

En 2010, un individu adulte est localisé en vol aux alentours d’Ambalanjanakomby (16°42’01.19’’S – 47°04’18.48’’E), district de Maev atanana, région Betsiboka. C’est une nouvelle information pour la distribution de cette espèce à Madagascar. A partir de cette information, l’aigle pêcheur de Madagascar se localise jusqu’à 140 km de la côte à l’intérieur de la terre ferme.

L’aigle pêcheur de Madagascar est déclaré comme abondant le long de la côte Nord- Ouest (Owen, 1833 ; Schlegel & Pollen, 1868). Rabarisoa et consorts (1997) et Rabarisoa (2000) ont confirmé cette hypothèse en trouvant une nette augmentation de l’effectif de la population dans les zones littorales Nord-Ouest lors des recensements. Les résultats de la présente étude ont appuyé ce constat en affirmant que ces zones littorales, entre la baie de Baly et la baie de Befotaka, abritent jusqu’à 40,4 % de l’effectif global. Ce résultat permet de dire que les zones littorales malgaches, précisément les mangroves, fournissent un habitat

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favorable pour l’aigle pêcheur de Madagascar et tant d’autres espèces. Les mangroves jouent également le rôle de réservoir de diverses ressources d’une inestimable valeur.

De par cette pression, les côtes ouest et nord-ouest malgache et quelques zones continentales sont devenues l’enjeu économique des pays développés, par le fait qu’ils recèlent un gisement d’une considérable importance économique, aussi bien au niveau national qu’international. Il s’agit des huiles lourdes ou pétroles, détectées en grande quantité dans ces zones, selon les experts. Plusieurs compagnies pétrolières y viennent concourir à la conquête de ces fortunes suite à un appel d’offre lancé par l’Etat malgache. La viabilité et la pérennisation des espèces floristique et faunistique, qui prennent refuge dans les zones touchées par ce projet, seront remises en question. La perte de l’habitat, la perturbation, la contamination et l’émigration, tels sont les éventuels risques susceptibles de se produire à partir du moment où ce projet sera mis en œuvre.

Les résultats issus de MaxEnt présentent un énorme changement de l’aire de répartition de l’espèce en question d’ici 2050. Les sites potentiels probables se trouvent dans les parties sud et sud-ouest. Mais les résultats de l’analyse sur Vortex rassurent la viabilité de la population dans la zone humide d’Antsalova bénéficiant déjà le système de gestion. Ce qui permet d’en déduire que la tendance sur la diminution de la distribution et de la population sera renversable à diverses conditions comme la mise en place du système GELOSE et l’optimisation de l’effort de la conservation tout au moins dans les zones à forte concentration.

2- Domaine vital

L’étude menée par Rafanomezantsoa et al . (2002) a montré que le jeune aigle occupe un domaine vital autour de 1 040 km 2 pendant la période post-reproduction. La présente étude a trouvé qu’un sub-adulte enregistré à BEFO 3 en 2004, est localisé au Nord de Maintirano, exactement à Ampagnoria en 2010. Ce qui fait que cet individu a parcouru une distance avoisinante de 144,3 km avant de trouver son nouvel habitat ou son partenaire.

La capacité de charge pourrait être atteinte au complexe des trois lacs si l’on se réfère au domaine vital qui varie de 244 à 487 ha (Watson et al ., 2007) chez un couple actif. La stabilité à neuf du nombre des couples dans ce site depuis 2004 en témoigne. La formation d’un nouveau couple y paraîtrait impossible à cause du comportement territorial de l’aigle pêcheur de Madagascar. Chaque couple défend leur aire en présence des intrus. Le chevauchement de territoire se termine toujours par un combat sanglant. Un individu femelle a perdu la vie par suite de son passage dans le site de nidification d’un couple occupant le nid ANK 4 en 1995.

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3- Biologie de la reproduction

L’espèce étudiée pratique deux stratégies de reproduction : la monogamie et la polyandrie. Ce deuxième système ne s’observe pas chez l’aigle pêcheur d’Afrique (Wink et al ., 1996). Trois hypothèses sont avancées pour expliquer cette situation :

- L’effectif entre mâle et femelle semble être égal ;

- les sites offrent des espaces disponibles pour la nidification ;

- la capacité de charge n’est pas encore atteinte par site.

Le phénomène de fratricide ou caïnisme est caractéristique de ces deux espèces d’aigles. On observe la même circonstance chez l’aigle pêcheur d’Afrique (Wink et al ., 1996). Le poussin plus âgé tue toujours les plus jeunes quelques jours après leurs éclosions. Cette pratique est à l’origine de leur rareté qui se répercute au niveau de leur statut de conservation.

4- Modèle de niche écologique

L’aire de distribution de l’aigle pêcheur de Madagascar s’étend jusqu’à l’Est d’Antsiranana (Langrand, 1995). Le résultat issu de MaxEnt confirme que le littoral à l’extrême Nord de la grande île constitue un habitat favorable pour l’aigle pêcheur de Madagascar. Et dans la présente étude l’aire de répartition septentrionale de l’espèce en question s’est délimitée à la baie de Befotaka.

Dans le présent ouvrage, l’analyse sur MaxEnt montre que trois zones (Tambohorano, Antsalova et Belo-sur-Tsiribihina) sont classées potentielles pour l’espèce étudiée. Cette hypothèse ne contrarie pas la réalité. Ces sites font partie de ceux à forte concentration à l’heure actuelle. Par contre, la délimitation à l’intérieure de la terre ferme s’oppose complètement à l’évidence. Les figures 26 et 27 présentent que le fleuve Mangoky, le plateau de Makay et les parties sud et sud-ouest seraient les sites favorables d’ici 2050. Il en est de même pour les zones humides aux alentours d’Ambato-Boéni. Toutefois, le type d’habitat rencontré dans ces sites ne serait pas favorable pour la survie de cette espèce, quelque soit le changement climatique, à cause de la rareté des plans d’eau et des grands arbres susceptible d’être sujet à la nidification. Les expéditions successives ont confirmé cette constatation.

Pendant l’analyse sur MaxEnt, on n’a considéré que les paramètres climatiques et le pourcentage de la couverture forestière seulement. Donc, il serait beaucoup mieux si l’on prend aussi en compte d’autres paramètres pertinents comme la pression sur l’habitat, le plan d’eau et l’altitude. L’hypothèse fixée au pourcentage de la couverture forestière pourrait biaiser le

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résultat de la projection. L’expérience vécue, depuis 1950, a montré que notre pays a connu une chute progressive de son étendu forestier d’année en année. Ainsi, avec la tendance actuelle, on ne pourra pas imaginer que le taux de la couverture forestière sera inchangé jusqu’en 2050 quelque soit l’effort de conservation entreprise.

Néanmoins, les résultats issus de cette analyse lancent une sonnette d’alarme sur la survie de cette espèce. Ce qui permet de réfléchir sur son avenir face au changement climatique.

5- Régime alimentaire

Le régime alimentaire de l’aigle pêcheur d’Afrique est constitué par des rongeurs, des oiseaux d’eau tels que les cigognes, les ibis, les spatules et les flamants roses, des petites tortues, des bébés crocodiles et des charognes (Wink et al ., 1996 ; http://www.oiseaux.net/oiseaux/pygargue.vocifere.html ). Ferguson-Lees and Christie (2001) ont constaté que l’espèce a capturé des crabes et des charognes. Elle a aussi attaqué des oiseaux comme la spatule et le héron de Madagascar. Ce qui fait que l’aigle pêcheur a une faculté d’adaptation suivant la disponibilité des proies dans un milieu donné.

Au niveau de la zone littorale, l’activité de l’aigle pêcheur de Madagascar dépend énormément du mouvement de la mer. L’espèce ne pratique la chasse qu’en cas de la marée basse. Ce comportement s’explique par la profondeur un peu exagérée de la bordure pendant la marée haute. Son cri est devenu comme indicateur du mouvement de la mer (marées basse et haute) dans cette zone.

6- Menaces et pressions sur l’habitat

La technique d’évaluation des menaces pourrait être l’handicap de cette évaluation. La notion d’estimation n’est pas la même entre les différentes équipes qui ont travaillé sur le sujet. La maîtrise de cette technique, échelonnée à travers l’élaboration d’une convention interne entre équipe, s’avère vitale afin d’avoir des données plus fiables ou l’adoption d’une méthode standard.

L’aigle pêcheur d’Afrique a connu une diminution de l’effectif de la population jusqu’à 50 % en 1970. A l’époque, il n’en reste que 110 individus adultes. La perte d’un tiers de littoral et le recul du lac Naivasha après 1970 constituent les principales causes. Cette situation a été aggravée par la dégradation de la végétation de papyrus autour de la moitié du littoral à travers les différentes formes des activités humaines (Virani, 2000). La diminution de la productivité de

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cette espèce d’aigle est due à la réduction des ressources alimentaires disponibles (Virani, 2000). Pour l’espèce d’étude, quelques menaces sont enregistrées comme étant à l’origine de la diminution de l’effectif de cette population. Ce sont la conversion des zones humides en riziculture, la pêche intensive, le taux élevé de la turbidité due à l’érosion, la coupe sélective de grands arbres pour la construction de pirogue en bois, le dénichage de juvénile pour l’art culinaire et la capture de l’individu adulte (Watson et al ., 2000). L’attaque des insectes nécrophages et la collecte des œufs au nid forment également une menace pour l’aigle pêcheur de Madagascar.

L’abattage des grands arbres, le défrichement, l’envahissement de jacinthe d’eau, les feux de brousses, la pêche intensive, la collecte des œufs, l’enlèvement des aiglons au nid et l’élevage en captivité, telles sont les principales menaces de l’aigle pêcheur de Madagascar relevées dans certains sites. La collaboration avec le service technique et la mise en place d’un système de gestion durable seraient les seules stratégies efficaces pour atténuer ces pressions et menaces.

Le pâturage, les feux de brousses, la surexploitation forestière, la chasse, la surpêche et l’utilisation de la berge pour l’agriculture constituent des menaces sur les écosystèmes naturels et la vie sociale du complexe des trois lacs (Zarasoa, 1998). La présente étude montre que ces pressions sont atténuées depuis la mise en œuvre du système GELOSE (Razafimanjato et al ., 2007). Ce qui signifie que les associations locales assument leurs responsabilités jusqu’à présent. La viabilité et la pérennisation de la population de l’aigle pêcheur de Madagascar, une espèce considérée comme cible de conservation, en est l’un des exemples concrets.

Le quatrième site Ramsar de Madagascar, le marécage de Torotorofotsy, qui abrite une importante population de Mantelle dorée Mantella aurantica (CR), subit une énorme pression à l’heure actuelle (Razafimanjato, obs. pers.). La quasi-totalité de marais a été transformée en terrain rizicole malgré l’existence d’un gestionnaire délégué. Le manque d’encadrement et l’irresponsabilité de ce dernier pourrait être à l’origine de cette dégradation.

Le besoin incessamment grandissant de l’homme porte généralement atteinte à l’état naturel de l’habitat. La perte de ce dernier risquerait d’anéantir nos patrimoines uniques au monde. L’homologation du «Dina » auprès du tribunal, pour asseoir le pouvoir des gestionnaires délégués et l’application des règlements en vigueur est l’une des mesures à prendre pour atténuer les délits et les infractions.

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7- Statut et stratégie de conservation

7-1- Statut de conservation

Quant au statut de conservation, selon les critères UICN (2001), un taxon est dit En danger critique d’extinction lorsque les meilleures données disponibles indiquent qu’il remplit l’un des critères de A à E, c’est-à-dire qu’il est confronté à un risque extrêmement élevé d’extinction à l’état sauvage. Ces critères sont consignés en annexe (annexe 8).

L’effectif de la population enregistré par la présente étude dépasse celui exigé par le critère C (annexe 8). Ce qui fait qu’il est temps de changer le statut de conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar à une position plus méritoire, c’est-à-dire de «critique» (CR) à «en danger» (EN). Même, la situation actuelle, montrant la nette augmentation de la taille de la population, ne nous permet pas d’encourager de prendre une telle décision. Le dernier comptage effectué dans les zones humides entre Besalampy, Ankavandra et Belo-sur- Tsiribihina n’a révélé qu’une chute remarquable de l’effectif de la population dans certaines zones, surtout à Ankavandra. Aucun individu n’est enregistré dans ce site lors du dernier recensement en 2010. Nous suggérons, plutôt, de garder son statut actuel jusqu’à ce que les résultats du dernier recensement mené depuis 2010 soient complets.

7-2- Stratégie de conservation

Concernant la stratégie de conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar, trois actions simultanées ont été adoptées : conservation de l’habitat restant convenable et son éventuelle restauration, contrôle de la persécution humaine et gestion de l’espèce dans la nature pour réduire la perte de la population et probablement pour favoriser ses rétablissements (Watson, 1997). La mise en place de la GELOSE fait partie des stratégies optées afin de mettre en œuvre ces actions. Le projet The Peregrine Fund a joué le rôle de «catalyseur d’action» pour aider la population locale à y parvenir (Watson et al ., 2000).

En Tasmanie, le processus de conservation des nids d’oiseau aigle audacieux (Aquila audax ) dans la forêt commerciale s’est fait de façon à : établir des zones de protection au moins de 10 ha autour du nid, concentrées au sommet de la colline ; réduire la forte perturbation pendant la saison de reproduction dans un rayon de 500 m de nids actifs (Mooney, 2000). Ce dernier dispositif semble être similaire à celui qu’on a appliqué depuis 1992 pour la conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar. L’installation humaine et le prélèvement des

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ressources naturelles ne sont pas autorisés dans une distance de 400 m autour de chaque nid existant en vue d’assurer le succès de la reproduction.

Thiollay (2000) a montré dans son ouvrage des stratégies de conservation des espèces de rapaces des forêts tropicales. Il s’agit du suivi des aires prioritaires, étude écologique et gestion de l’habitat. L’initiative de The Peregrine Fund sur ce sujet va jusqu’à l’implication de la population locale dans le contexte de la conservation. Au Kenya, il existe une structure bien en place pour assurer la conservation des rapaces. C’est le Kenya Raptor Working Group (KRWG), une plate-forme regroupant divers organismes internationaux, qui se charge de la coordination des activités de recherche et conservation (Virani, 2000).

L’implication de la population locale nécessite une approche un peu particulière en apprenant d’abord leur vie sociale, culturelle, politique et économique (Watson et al ., 2000) afin de gagner leur confiance. Cet apprentissage est suivi de la sensibilisation et de renforcement des capacités à travers des formations. Cette méthode a été initiée par le projet The Peregrine Fund depuis 1991 (Strzalkowska et al ., 1995). La présente étude a révélé que la présence quasi-permanente sur le terrain et l’appui des autorités locales sont aussi indispensables pour la réussite de la mise en œuvre d’un projet de conservation tel que celui du complexe des trois lacs.

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CONCLUSION GENERALE

Le rôle des biologistes est de conserver et protéger l’environnement. Leurs actions doivent contribuer à la connaissance de la biodiversité et surtout à sa pérennisation pour les générations à venir. Le projet The Peregrine Fund avec ses biologistes sont conscients des rôles qui leurs incombent. C’est la raison pour laquelle, la conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar et la protection de leur habitat naturel font partie de la priorité du Projet dans le cadre de sa mission à Madagascar. Ce projet est mis en œuvre depuis 1991 dans le complexe des trois lacs, site de renom international par son statut Ramsar. L’objectif est de faire sortir ce patrimoine de sa situation actuelle, d’assurer sa viabilité et sa pérennisation. C’est un grand défi que le projet a osé surmonter et relever.

L’initiative de la conservation découle de la forte concentration de la population dans cette zone mais qui était dans un état critique par suite des pressions anthropiques.

Il est peu de chance de conserver la biodiversité sans sauvetage de l’important habitat pour la faune et la flore (Rabearivony et al. , 2010). C’est dans cette optique que le Projet a développé des dispositifs expérimentaux pour accomplir cette mission. Allant des études bio- écologiques et socio-économiques de la zone, en passant par l’élevage semi-captif et le suivi quasi-permanent des habitats potentiels, le Projet est arrivé enfin à la conclusion en faisant recours à la GELOSE comme méthode adaptable pour la conservation des zones humides. Le principe de ce système est d’intégrer la population riveraine dans le contexte de la conservation afin d’envisager l’harmonisation entre Homme et aigle pêcheur de Madagascar qui partagent les mêmes ressources. Ce système est appliqué dans le complexe des trois lacs depuis quelques temps.

Le projet The Peregrine Fund a vécu des moments forts pendant la mise en place et la mise en œuvre de ce projet à cause des comportements et des agissements des immigrants. Ils voulaient faire durer l’exploitation sauvage des ressources au détriment de la qualité de l’environnement. Heureusement que cette situation n’a pas trop duré et ils sont convaincus du bienfondé de la nouvelle disposition. Ils ont vu que les natifs de la zone étaient résolus à prendre en main la gestion de leurs ressources naturelles selon des réglementations fondées sur les us et coutumes de la région.

Comme fruit des efforts entrepris, la population d’aigle pêcheur de Madagascar de ce complexe a connu une stabilité depuis l’intervention des associations déléguées, et l’analyse

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sur Vortex confirme que leur viabilité et leur pérennisation soient assurées au cours des cent ans à venir avec les mêmes conditions. De plus, la projection sur MaxEnt affirme que les zones humides d’Antsalova resteront sites favorables pour l’aigle pêcheur de Madagascar d’ici 2050. Il est clair, la GELOSE n’intervient pas directement dans la biologie de l’espèce mais son impact est à la fois réel et palpable. Une moyenne de succès de la reproduction est enregistrée et elle se trouve au-dessus de la barre de 50 % dans les sites gérés et non gérés, mais tous au sein dudit district. La diminution de la mortalité des descendants et l’échec de la couvaison sont aussi effectifs. De plus, ce système provoque des impacts positifs importants aux niveaux socio-économique et environnemental. Néanmoins, les impacts négatifs à ces niveaux ne sont pas négligeables. Tous ces résultats ne sont pas les seuls fruits de la GELOSE, mais, sans doute, le statut Ramsar en contribue également.

A présent, ce type de transfert de gestion n’ayant que quelques années d’application, est fortement demandé par les communautés locales et dans toute l’île pour défendre leurs droits, affirmer leur identité et leur droit d’usage sur des terroirs que leur ont légué leurs ancêtres (Ramiarison et Razafindrakoto, 2004). Pourtant, à l’instar de Lapeyre (2007), Sarrasin (2009) a conclu dans ses études que les contrats GELOSE ne sécurisent pas totalement les ressources à Madagascar. De plus, Ramiarison et Razafindrakoto (2004) ont confirmé que les conventions sociales traditionnelles, même légitimes, ont leurs limites et ne permettent pas de régler tous les problèmes. Toutefois ce moyen, couplé avec d’autres systèmes ou à d’autres statuts d’envergure internationale, pourrait engendrer des résultats fructueux en matière de conservation et gestion durable des ressources naturelles à Madagascar.

L’aquaculture et le tourisme sont des activités économiques très porteuses pour le pays avec des effets induits non négligeables ; à la fois du point de vue économique et social. Pourvoyeuses de devises, ces activités engendrent également des emplois, permettent le transfert des technologies et sont génératrices d’autres revenus à travers différentes activités tant en amont qu’en aval. Pourtant, elles créent aussi des impacts négatifs au niveau de l’environnement comme la transformation des littoraux en terrain d’aquaculture et l’installation des infrastructures touristiques.

Les zones côtières malgaches abritent désormais bon nombre de la population globale d’aigle pêcheur de Madagascar. Cinq sites trop espacés (Nosy Hara, baies de Sahamalaza et Baly, et zones humides de Tambohorano et Antsalova) sont sous protection à l’heure actuelle. La création des zones relais s’avère nécessaire en vue de renforcer la conservation de l’espèce en question. Cependant, les côtes ouest et nord-ouest avec les terres continentales deviendront l’enjeu économique du pays à cause du gisement pétrolier qu’elles recèlent. De nombreuses

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compagnies s’intéressent et concourent à leurs exploitations. Le stade de mis en œuvre engendrerait des impacts négatifs néfastes au niveau de la biodiversité et l’environnement. Ceci nous permet d’en conclure que la conservation et le développement se contrarient parfois.

La conservation d’une espèce nécessite une stratégie efficace et demande la preuve de volonté, abnégation, dynamisme et vivacité ainsi que du temps. De plus, c’est une lutte de longue halène, un devoir de tout un chacun. Telles sont les leçons à tirer pour la conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar dans le complexe de trois lacs (Soamalipo, Befotaka et Ankerika), du district d’Antsalova. Quel que soit l’effort entrepris par le projet The Peregrine Fund, il serait un vain mot si la population locale ne soit pas intégrée dans le processus contextuel. Elle donne main forte, que ce soit directe ou indirecte, mais ce coup de main induit des impacts réels.

Le projet The Peregrine Fund contribue actuellement à l’accomplissement de l’engagement étatique qui tente d’étendre jusqu’à 6 millions d’hectares la superficie des aires protégées (MAP, 2006) en intégrant dans les réseaux ses sites d’intervention dont fait partie le complexe Manambolomaty. L’Etat malgache avec les organismes environnementaux font face au changement climatique dont la grande île n’est pas épargnée.

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PERSPECTIVES

• Extension du champ d’intervention dans d’autres sites, surtout dans les zones à forte concentration ;

• Lutte contre l’invasion des insectes nécrophages ;

• Elaboration d’un plan de suivi de menace ;

• Recensement trisannuel des sites à forte concentration ;

• Optimisation de l’effort de piégeage et de baguage ;

• Optimisation de volume de budget alloué aux activités de suivi ;

• Promotion à la restauration des « Tanga » qui font à la fois l’objet d’exploitation illicite et l’arbre de prédilection pour la nidification de l’espèce en question à travers une restauration ;

• Promotion à la restauration à travers la pépinière des plantes autochtones et à croissance rapide pour le besoin à long terme en bois ;

• Mise en place du système de gestion dans les sites à forte concentration, à travers la collaboration avec la population locale ;

• Sensibilisation intensive et systématique au niveau local ;

• Appui aux gestionnaires délégués pour l’application de « Dina » validé, concerté et homologué ;

• Optimisation de la collaboration avec les services techniques pour atténuer les délits et les infractions ;

• Renforcement de capacité et implication des communautés de bases en matière de suivi-écologique participative (SEP) ;

• Renforcement de capacité locale en matière de gestion des ressources naturelles ;

• Promotion à l’éducation environnementale à travers la collaboration avec le CISCO.

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RECOMMANDATIONS

De tout ce qui procède les richesses du complexe des trois lacs et de ses environs ont été reconnues non seulement par la population locale mais aussi par les communautés scientifiques. Ainsi, les lacs et les forêts jouent un rôle économique prépondérant pour le développement de la zone, d’autant plus que cette dernière a fait l’objet d’une gestion communautaire. Le changement de statut est une occasion pour le développement des activités éco-touristiques, qui, sans doute, seront des garanties du développement durable. Peu connue dans la zone, l’activité touristique engendrerait du plus value pour assurer le ressort économique de ces deux communes. Or, la promotion de cette nouvelle activité nécessite, avant tout, la mise à la disposition des infrastructures adaptées et d’une organisation au sein de la communauté. Tous ces dispositifs sont en vue de préserver et conserver l’aigle pêcheur de Madagascar.

Par cette étude, il a été mis en relief que :

 Des menaces, comme les feux de brousse, ont ravagé des milliers d’hectares de forêt et savane chaque année et demeurent des problèmes récurrents dans le site Manambolomaty.

 Les ressources aquatiques affichent une chute progressive de production suite à une surexploitation ;

 Pour le bénéfice des générations futures, les riverains ont donné des avis favorables pour l’intégration du site dans le réseau des AP ;

 L’enclavement du site est un problème à part entière ;

 L’insécurité nuit parfois l’éventuel avenir de la zone.

A travers une étude d’impact de la création de la nouvelle aire protégée et en qualité de connaisseur de la zone, le changement du statut de cette zone en aire protégée est vivement recommandé.

Pour minimiser les impacts négatifs, la communauté future gestionnaire doit bénéficier d’un accompagnement et des appuis financier et technique dans la mise en œuvre des mesures ci-après ;

o Poursuite du processus de la mise en place d’une nouvelle aire protégée jusqu’à l’obtention du statut définitif ;

o Renforcement de la matérialisation des limites des forêts à protéger ;

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o Renforcement des capacités de COBA en matière d’organisation, de trésorerie et financière, de gestion de conflits, d’élaboration d’un programme et de rapport d’activités et de suivi-évaluation ;

o Collaboration avec le CISCO en insérant l’éducation environnementale dans le programme scolaire ;

o Homologation des « Dina » auprès du Tribunal de première instance de Maintirano pour asseoir le pouvoir des associations ;

o Rappel au respect des clauses de cahier de charges, surtout les règles de gestion relatives à la conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar ;

o Conscientisation des membres d’associations sur les activités qui leur incombent ;

o Renforcement de collaboration avec les services techniques déconcentrés ;

o Redynamisation du comité créé pour lutter contre les feux de brousses ;

o Promotion à la reforestation massive à travers une pépinière des espèces autochtones ;

o Formation des pépiniéristes ;

o Revalorisation des parties anciennement défrichées ;

o Conscientisation des membres d’associations sur le reboisement ;

o Développement des autres filières porteuses ;

o Développement des activités éco-touristiques, d’autant plus que celles-ci figurent parmi les priorités des associations ;

o Création d’un poste avancé de la gendarmerie dans chaque commune ;

o Redynamisation du comité de vigilance dans chaque commune ;

o Promulgation de « Dinan’ i Melaky» ;

o Sensibilisation des riverains pour la réhabilitation routière à travers le système HIMO (Haute Intensité des Mains D’œuvres).

Malgré les années d’expériences acquises par les FIZAMI et FIFAMA, la réalité confirme la nécessité des partenariats technique et financier comme le projet The Peregrine Fund.

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ANNEXES

Annexe 1 : Données climatiques

Température moyenne mensuelle du complexe des trois lacs (Source : TPF, 2002 – 2005)

2002 2003 2004 2005 Température moyenne (°C) Août 27,1 24,5 23,2 24,9 24,9 Septembre 27,7 26,5 24,2 26,4 26,2 Octobre 29,7 30 28,1 28,3 29 Novembre 31,4 31,3 28,8 28,6 30 Décembre 29,9 30,1 28,1 27,4 28,9 Janvier 29,4 27,9 30,4 27,9 28,9 Février 28,7 28 28,8 27,4 28,2 Mars 29,6 28,5 28,9 29,2 29,1 Avril 29,1 27,3 27,7 27,8 28 Mai 27,6 27,1 26,3 27 Ju en 25,5 25 21,8 25,7 24,5 Juillet 25,6 22,6 21,5 24,2 23,5

Précipitation moyenne mensuelle du complexe des trois lacs (Source : TPF, 2002 – 2005)

2002 2003 2004 2005 Précipitation moyenne (°C) Août 0 0 0 0 0,0 Septembre 0 2 9,9 0 6 Octobre 0 10,7 7,8 1,5 6,7 Novembre 51,2 5,6 160,3 44,2 65,6 Décembre 131,3 117 407,7 218,7 Janvier 72,5 296 53,5 183,4 151,3 Février 140,5 330 50 168,1 212,9 Mars 88 315,7 526,4 128 264,5 Avril 3 27 75 33,9 34,7 Mai 12 0 11,7 7,9 Ju en 0 0 20,4 6,8 Juillet 0 1,5 0 7,5 2,3

I

Annexe 2 : Fiche technique de suivi-écologique de l’aigle pêcheur de Madagascar

Nom du site : Année : Coord. Géo . S : E :

PARAMETRES 1ere VISITE 2ème VISITE 3ème VISITE Date …. - …….. - 20… …. - ….…. – 20… …. - …….. – 20… Heure T°(eau) °C pH(eau) Plage (m) Secchi (cm ou m) Fond du lac (algue ou vase) Profondeur à 50m de la plage (m) Végétation flottante % à la surface de l’eau Densité de la végétation flottante Couverture de la végétation. sur la bordure du lac Densité de la couverture végétale RENSEIGNEMENT SUR L’ESPECE Nombre des endividus du couple M : F : M : F : M : F : Comportement des Adultees Bague (avec ou sans) Nid (nouveau ou ancien) Distance du nouveau nid % à l’ancien (m) Distance de l’arbre du nid % à l’eau du lac Facteurs de déplacement : coupure de l’arbre du nid, déboisement, défrichement, enstallation du campement tout près du nid, destruction du nid, effondrement de l’arbre du nid, autres raisons Facteurs d’immigration : - actions anthropiques (défrichement, feux de brousses, chasse, …), - facteurs naturels (destruction de l’habitat due à l’érosion ou aux fléaux naturels, …) Périodes : accouplement, encubation, éclosion, envol, dispersion Nombre d’œufs Encubation (échec ou succès) Nombre de(s) poussen(s) Autres remarques DBH (arbre de nidification)

Mensurations : Œufs (Longueur: ………….cm) ; (largeur: …………………cm) Poussens (P1 :…….………g ; P2 :……………g)

Pour l’estimation de la couverture végétale, il faut utiliser l’échelle à 7-poents : 0=0% ; 1=1-10% ; 2=11-25% ; 3=26-50% ; 4=51-75% ; 5=76-90% ; 6=91-99% ; 7=100%

II

Annexe 3 : Résultats de comptage entre 2005 et 2006

Zones d’occurrences de l’aigle pêcheur de Madagascar dans les littorales

Sites Type Nb de couple Nb de couple Nb d’individu Nid d’écosystème normal polyandre solitaire actif Baie de Befotaka Mangrove 02 00 00 02 Baie Ilot de 01 00 00 01 d’AnkazoMâlemy palétuviers Baie d’Ambaro Estuaire 01 00 00 01 Baie entre Ambaro Mangrove 01 00 00 01 et Ampasendava Baie Mangrove 03 00 01 03 d’Ampasendava Ilot de 02 00 00 02 palétuviers Baie de Russes Ilot de forêts 01 00 00 01 Site Ambatofotsy Estuaire 01 00 00 01 Baie de Rafaralahy Estuaire 01 00 00 01 Baie de Ramanetaka Mangrove 03 01 01 (Adulte) 04 Baie de Sahamalaza Mangrove 08 00 00 08 Ilot de 03 00 00 03 palétuviers Estuaire 02 00 00 02 Poente Mangrove 01 00 00 01 Ambatomena Baite de Loza Mangrove 02 00 01 (Adulte) 02 Baie de Narendra Mangrove 01 00 00 01 Baie de Moramba Ilot rocheux 05 00 00 05 Ilot de 01 00 00 01 palétuviers Mangrove 00 00 02 (01 Adulte; 01 00 Baie de Mahajamba juvénile) Mangrove 05 01 03 (02 Adultes; 01 04 juvénile) Ilot de forêts 01 00 00 01 Baie de Bombetoka Mangrove 01 00 00 01 Baie de Boeny Mangrove 01 00 00 00 Site Antsohery Mangrove 00 00 01 (Adulte) 00 Baie de Marambitsy Mangrove 00 00 01 (Adulte) 00 Estuaire 00 00 01 (Adulte) 00 Baie de Baly Mangrove 01 00 01 (sub-Adulte) 01 Estuaire 01 00 00 01 Total 49 02 12 48

III

Annexe 3 : (suite)

Zones d’occurrences de l’aigle pêcheur de Madagascar dans les îles et ilots marens

Sites Type Nb de Nb de Nb d’individu Nid d’écosystè couple couple solitaire actif me normal polyandre Nosy Tsiankazo (12°26’22.1”S – Ilot rocheux 00 01 00 01 48°42’31.7”E) Nosy Ambariotrandraka Ilot de forêts 01 00 00 01 (13°15’40.4”S – 48°18’53.3”E) Nosy Ankazoberavena Ilot de forêts 00 01 00 01 (13°29’14.0”S – 47°58’41.0”E) Nosy Antaly (12°57’41.8”S – Ilot de forêts 00 00 01 (sub- 00 48°36’11.0”E) (Archipel Mitsio) Adulte) Nosy Antsaibory (13°14’29.7”S Ilot de forêts 01 00 00 01 – 48°11’24.5”E) Nosy Fanihy (13°11’04.9”S – Ilot de forêts 00 00 01 (Adulte) 00 48°13’48.1”E) Nosy Iranja (13°35’50.2”S – Ilot de forêts 01 00 01 (sub- 01 47°48’28.0”E) Adulte) Nosy Kajohy (12°57’13.3”S – Ilot de forêts 00 00 01 (Adulte) 00 48°35’50.0”E) (Archipel Mitsio) Nosy Manonaka (12°27’04.1”S – Ilot de forêts 00 00 01 (Adulte) 00 48°40’31.3”E) Nosy Mitsio (Archipel Mitsio) Ilot de forêts 03 00 00 04 Nosy Tsarabanjena (Archipel Ilot de forêts 00 01 00 01 Mitsio) Nosy Sakatia (13°19’09.7”S – Ilot de forêts 01 00 01 (juvénile) 01 48°08’56.0”E) Nosy Valiha (12°22’33.0”S – Ilot de 01 00 00 01 48°42’11.0”E) palétuviers Nosy Vazoana (12°53’05.5”S – Ilot de forêts 00 00 01 (sub- 00 48°38’08.0”E) (Archipel Mitsio) Adulte) Total 08 03 07 13

Zones d’occurrences de l’aigle pêcheur de Madagascar dans les écosystèmes lacustres et fluviales

Sites Type Nb de coup le Nb de couple Nb d’individu d’écosystème normal polyandre solitaire Antsalova district Lake 09 16 00 Analalava district Lake 00 01 00 Besalampy district Lake 04 00 01 (Adulte) Mitsenjo district Lake 04 00 00 Tambohorano Lake 06 00 00 Belo-sur-Tsiribihena Lake 08 01 00 district Miandrivazo district Lake 03 00 00 Lake 01 00 00 Lake 01 00 01 (Adulte) Total 36 18 02 Soahany River 04 00 00 Manambolo River 01 00 00 Ampositsy River 00 00 01 (Adulte) Total 05 00 01

IV

Annexe 4 : Résultats de baguage

Liste des individus bagués entre 1992 et 2006 à Manamboloty et à la baie de Moramba

Site Year Sex e Patte gauche Patte droite Nom Observation Ankerika 3 1992 Juvénile # Grise (0001) Bronze Befotaka 3 1992 Juvénile # Grise (0002) Verte Befotaka 3 1993 Juvénile Rouge # Grise (0008) Befotaka 3 1993 Juvénile Bleu # Grise (0009) Ankerika 3 1993 Juvénile Jaune (plastique) # Grise (0011) Soamalipo 2 1993 Juvénile Bronze # Grise (0010) Lova Adulte femelle en 1997 Ankerika 2 1993 Juvénile Verte # Grise (0014) Ankerika 2 1993 Juvénile Noir # Grise (0017) Ankerika 5 1994 Juvénile Rouge # Grise (0019) Soamalipo 2 1995 Juvénile # Grise (0105) # Grise (0101) Mort Soamalipo 2 1995 Juvénile # Grise (0105) Dena Ankerika 5 1995 Juvénile # Grise (0023) Jaune plastique / Bleu Mort en 1995 plastique Befotaka 3 1995 Juvénile # Grise (0107) Noir metal / White plastique Ankerika 3 1995 Juvénile Bleu / Bleu plastique # Grise (0106) Max Ankerika 3 1994 Juvénile Jaune plastique / # Rouge plastique Sub-adulte Grise (0108) femelle en 1995 Ankerika 3 1995 Juvénile # Grise (0102) White / White plastique Charlie Befotaka 3 1996 Juvénile Verte / White plastique # Grise (0123) Bejijo 1996 Juvénile Bleu # Grise (0122) Soamalipo 3 1996 Juvénile White / Bleu # Grise (0112) Kepler Soamalipo 3 1996 Juvénile # Grise (0114) Bleu / Verte Nomeny Ankerika 5 1997 Juvénile # Grise (0069) Verte (50) Ankerika 2 1997 Juvénile # Grise (0125) Jaune (12 RS) Vonjy Ankerika 3 1997 Juvénile # Grise (0133) Verte (49 RS) Navota Befotaka 2 1997 Juvénile # Grise (0130) Rouge Plastique (20) Soamalipo 2 1998 Juvénile Rouge Plastique (003) # Grise (0134) Soamalipo 3 1997 Juvénile Bleu/# Grise (0035) Bronze / Verte ??? ??? Juvénile # Grise (0135) Bleu plastique (35) Besara Nord 1998 Juvénile Bleu (37) # Grise (0127) V

Site Year Sex e Patte gauche Patte droite Nom Observation Ampozabe 1998 Juvénile # Grise (0121) / # Grise (0126) Befotaka 3 1998 Juvénile # Grise (0128) Bleu plastique (32) Bevoay 1998 Juvénile Verte (32) #0131 Ambondrobe 1998 Juvénile # Grise (0132) Verte plastique (45) Tsibangoy Mort Andranolava Nord 1998 Juvénile # Grise (0148) Orange Soamalipo 2 1998 Juvénile Rouge plastique (05) # Grise (0147) Ronaldo Mort Soamalipo 2 1999 Juvénile Noir / Verte # Grise (0068) Befotaka 2 1999 Juvénile # Grise (0047) Orange / Bronze plastique (29) Befotaka 2 2000 Juvénile Bronze / Noir # Grise (0146) Befotaka 3 2000 Juvénile # Grise (0042) Bleu Ankerika 2 ?? Juvénile Rouge # Grise (0057) Andranolava Nord 2001 Juvénile Noir / Bronze # Grise (0139) Soamalipo 2 2001 Juvénile # Grise (0067) Noir Ankerika 3 2001 Juvénile # Grise (0070) Verte Befotaka 3 2001 Juvénile Bronze # Grise (0044) Befotaka 2 2001 Juvénile # Grise (0061) Rouge Andranolava Nord 2001 Juvénile Verte # Grise (0054) Moramba (CIPEK) 2002 Juvénile Noir / Verte # Grise (0040) Mana I (Bekopaka) 2002 Juvénile # Grise (0064) Rouge / Bleu Soamalipo 1 2002 Juvénile # Grise (0046) Verte Soamalipo 2 2002 Juvénile # Grise (0063) Rouge Andranolava Nord 2002 Juvénile # Grise (0060) Verte Befotaka 3 2002 Juvénile # Grise (0065)/Verte Rouge Befotaka 2 2002 Juvénile Rouge/Noir # Grise (0058) Ankerika 3 2002 Juvénile Bronze # Grise (0041) Bevoay 2003 Juvénile Noir # Grise (0228) Ampozabe 2003 Juvénile Bronze # Grise (0229) Antsamaka 2003 Juvénile # Grise (0203) Bleu Ankerika 4 2003 Juvénile # Grise (0205) Bronze Masama 1 2003 Juvénile # Grise (0206) Bleu Befotaka 2 2004 Juvénile Bleu Rouge/# Grise (0234) Befotaka 3 2004 Juvénile Bleu Rouge/Bleu Ankerika 3 2004 Juvénile Verte Noir/Bleu VI

Site Year Sex e Patte gauche Patte droite Nom Observation Soamalipo 3 2004 Juvénile Rouge Verte/# Grise (0235) Soamalipo 2 2004 Juvénile Rouge Bleu/Rouge Andranolava Nord 2004 Juvénile Noir Rouge/Bleu Ampozabe 2004 Juvénile Bronze Bleu/# Grise (0208) Antsamaka 2004 Juvénile Noir Bronze/Verte Ambondrobe 2004 Juvénile Bronze Bleu/Bronze Andranolava Sud 2004 Juvénile Bleu/# Grise (0209) Bronze Maromahia 2004 Juvénile Bronze Rouge/Noir Antsohale 2004 Juvénile Bronze # Grise (0210)/Rouge Antsahafa 2004 Juvénile # Grise (0236)/Rouge Befotaka 2 2005 Juvénile Bleu/# Grise (0211) Rouge Befotaka 4 2005 Juvénile Bleu Bleu/# Grise (0239) (Nosendambo) Soamalipo 1 2005 Juvénile Rouge Bronze/Rouge Soamalipo 2 2005 Juvénile Rouge Rouge/Bleu Antsahafa 2005 Juvénile # Grise (0212) Rouge Beora 2005 Juvénile # Grise (0238) Noir/Bronze Andranolava Nord 2005 Juvénile Noir Bronze/Bleu Maromahia 2005 Juvénile Bronze Noir/Rouge Andranolava Nord 2006 Juvénile Noir # Grise (0216)/Bleu Ankerika 4 2006 Juvénile Verte # Grise (0217)/Rouge Soamalipo 1 2006 Juvénile Rouge Bronze/# Grise (0218) Beora 2006 Juvénile #Noir AAA(000) Bronze/Noir Befotaka 4 2006 Sub-Adulte Bleu Rouge/Noir AAA(333) (Anosendambo) Befotaka 3 2006 Sub-Adulte Bleu Bronze/Noir BBB(000) Befotaka 1 1992 Mâle # Grise (0004) Rouge Soamalipo 2 1993 Mâle Verte/Rouge # Grise (0005) Befotaka 3 1993 Femelle Bronze/Noir # Grise (0006) Soamalipo 1 1993 Mâle Noir/# Grise (0007) Verte Ankerika 1 1993 Femelle Bleu/# Grise (0012) Rouge Ankerika 1 1993 Mâle Verte/# Grise (0013) Noir Ankerika 5 1994 Mâle Rouge # Grise (0019) Soamalipo 2 1995 Mâle # Grise (0030) Bleu/Bleu Soamalipo 1 1995 Femelle # Grise (0029) Noir VII

Site Year Sex e Patte gauche Patte droite Nom Observation Ankerika 3 1995 Femelle # Grise (0020) Verte Ankerika 3 1995 Mâle # Grise (0033) Bleu Ankerika 4 1995 Mâle Rouge # Grise (0031) Befotaka 1 1995 Mâle # Grise (0021) Bleu Ankerika 1 1995 Mâle # Grise (0027) Bronze/Bronze Masama 1 1995 Mâle Verte # Grise (0026) Ankerika 2 1995 Mâle Rouge/Rouge # Grise (0025) Ankerika 2 1995 Mâle # Grise (0028) Noir/Noir Soamalipo 2 1995 Femelle Bleu/Verte plastique # Grise (0103) (41) Ankerika 3 1995 Mâle Bleu plastique/Noir # Grise (0036) Soamalipo 1 1995 Mâle Jaune plastique/Rouge # Grise (0104) Ankerika 4 1995 Femelle # Grise (0113) Noir/Rouge Bague droite change en Rouge/Noir en 1996 Soamalipo 1 1996 Mâle Jaune plastique/# Verte Grise (0007) Ankerika 4 1996 Mâle Verte/Verte # Grise (0034) Befotaka 2 1996 Femelle # Grise (0121) Bleu Mort en 2006 Befotaka 2 1996 Mâle # Grise (0118) Patte coupée Masama 1 1996 Femelle # Grise (0117) Rouge Soahany 1996 Mâle Noir/Rouge # Grise (0119) Ankerika 5 1996 Mâle Bronze # Grise (0109) Ankerika 5 1996 Femelle # Grise (0110) Rouge/Bleu Ankerika 2 1996 Femelle White/Bronze # Grise (0116) Ankerika 3 1997 Mâle # Grise (0030) ??? Soamalipo 2 1999 Mâle # Grise (0136) Jaune plastique (19) Befotaka 3 1999 Mâle # Grise (0048) Bleu/Bronze Ankerika 2 1999 Mâle # Grise (0137) Verte plastique (43)/Bronze Renouvelé en Verte/Bronze en 2002 Betangiriky 1999 Mâle Noir/# Grise (0149) Bleu plastique (39) Bejijo 2000 Mâle # Grise (0129) Rouge Bejijo 2000 Femelle Bronze/Verte plastique # Grise (0115) VIII

Site Year Sex e Patte gauche Patte droite Nom Observation (46) Bejijo 2000 Femelle Rouge/# Grise (0111) Bleu Bejijo 2000 Sub-Adulte # Grise (0131) Verte Moramba 2002 Mâle # Grise (0144) Rouge Moramba 2002 Femelle Bronze/Bleu ?? Moramba 2002 Mâle # Grise (0049) Noir Moramba 2002 Femelle Verte/Rouge # Grise (0037) Moramba 2002 Mâle # Grise (0051) Bleu/Bleu Moramba 2002 Femelle Noir Bronze/# Grise (0045) Andranolava Nord 2002 Mâle # Grise (0062) Rouge Besara Nord 2003 Femelle Rouge/Verte # Grise (0231) Ambondrobe 2003 Femelle Verte/Noir # Grise (0232) Ambondrobe 2003 Mâle Bleu/Rouge # Grise (0207) Bevoay 2003 Femelle Bleu/Rouge # Grise (0233) Soamalipo 1 2003 Mâle # Grise (0120) Rouge Soamalipo 1 2003 Mâle # Grise (0007) Verte Soamalipo 2 2003 Femelle Bleu/Verte # Grise (0103) Ankerika 3 2003 Mâle # Grise (0033) Bleu Ankerika 3 2003 Mâle Bleu/Noir # Grise (0011) Ankerika 3 2003 Mâle # Grise (0141) Rouge/Rouge Ankerika 2 2003 Mâle # Grise (0028) Noir Soamalipo 2 2003 Mâle # Grise (0136) Rouge/Bronze Soamalipo 3 2003 Mâle Rouge plastique (20) # Grise (0104) Soamalipo 3 2003 Femelle Bronze/Bleu # Grise (0116) Andranolava Nord 2003 Femelle Verte/Bleu # Grise (0138) Andranolava Nord 2003 Mâle # Grise (0021) Bleu Andranolava Nord 2003 Mâle Rouge/Verte # Grise (0142) Betangiriky 2003 Femelle Rouge Noir/# Grise (0143) Betangiriky 2003 Mâle # Grise (0149) Bronze Masama 1 2003 Femelle # Grise (0117) Rouge Masama 1 2003 Mâle Verte # Grise (0026) Masama 1 2003 Mâle Bleu Verte/# Grise (0057) Ankerika 2 2003 Femelle # Grise (0110) Bleu/Rouge Ankerika 3 2003 ?? # Grise (0020) Verte Ambatotseranandaka 2004 Femelle # Grise (0240) Bleu/Verte IX

Site Year Sex e Patte gauche Patte droite Nom Observation Bevoay 2004 Mâle Bronze Rouge/Verte Antsamaka 2005 Mâle # Grise (0112) # Grise (0213) Kepler Antsamaka 2005 Mâle # Grise (0214) # Grise (0130) Juvénile Befotaka 2 en 1997 Beora 2006 Femelle # Grise (0241) Rouge Masama 2 2006 Mâle # Grise (0215) Rouge/Noir Tsiraraky Camp 2006 Mâle Noir/Verte Noir CCC(111)

X

Annexe 5 : Entretien directif ou enquête fermée

Questionnaire pour la Commune

A- Socio-économique

• Agriculture

- Quelles sont les principales activités de la population?

- Quelle est l’étendue de la superficie cultivable?

- Quelle est le total de la production annuelle?

- Quelles sont respectivement la quantité destinée à l’autoconsommation et à la vente?

- Est-ce que les agriculteurs pratiquent le mode de culture traditionnel et moderne?

- Quelle est la typologie des cultures vivrières?

- Est-ce que les cultivateurs pratiquent la culture maraichère?

• Pêche

- Quel est exactement le pourcentage des pêcheurs recensés?

- Quelles sont respectivement la quantité destinée à l’autoconsommation et à la vente?

- Quel est le volume de la redevance perçue par la commune sur les ressources piscicoles?

- Quelles sont les principales problématiques qui se posent à cette commune relative à la pêcherie?

• Us et coutumes

- Est-ce que le respect des « Fady » reste encore en vigueur ou sacro-saint?

- Quelle est la typologie des Fady, en l’occurrence sur les lacs?

- Persiste-t-il la détention du pouvoir spirituel traditionnel? Et sont-ils encore écoutés à l’heure actuelle?

XI

Annexe 6 : Entretien semi-directif ou enquête ouverte

Questionnaire pour les pêcheurs

• Social

- Etes-vous membre de l’association? Pourquoi?

- Quel est l’effectif des membres de votre famille?

- Quelle est votre principale activité?

- Etes-vous résidant dans cette circonscription?

• Economique

- Quelle est la fréquence hebdomadaire de votre pêche?

- Quelle est la quantité journalière des poissons attrapés?

- Quelle est la maille de filet que vous utilisez? (4, 5, 6 doigts).

- Est-ce que les poissons font l’objet du troc ou d’une vente?

- Quelle est votre recette journalière?

- Quel est votre dépense quotidienne?

- Est-ce que la pêche est une filière porteuse?

- Etes-vous conscient de la concurrence directe entre vous et l’aigle pêcheur du point de vue poisson? Pourquoi?

• Environnementale

- Quelles sont les utilités du bois d’après vos pratiques?

- Quelle est respectivement la quantité nécessaire pour une pratique?

- Quelle est la typologie des outils que vous utilisez pour le déboisement?

- Avez-vous la permission de la part de l’association avant la coupe?

- Participez-vous à la redevance forestière?

- Quelle est la distance entre votre foyer et le site de prélèvement?

- Quelles sont les espèces d’arbres les plus ciblées?

Questionnaires pour les associations locales

- Quelle est la taille ou l’effectif des membres de cette association?

- Est-ce que les membres participent régulièrement à la cotisation?

- Quelle est la fréquence annuelle des réunions? XII

- Quelle est la fréquence des visites inopinées?

- Est-ce que le cahier de charges est dûment respecté? Si non, quelle est la nature des problèmes?

- Quelle est la somme de l’épargne auprès de banque?

- Est-ce que l’association est indépendante ou nécessitant encore des appuis du Projet?

Annexe 7 : Description de la limite GELOSE

ID Nom du lieu Coordonnées Description géographiques

1 Abohazo E 19° 04' 29.79" - Forêt de jujube ; S 44° 22' 52.39" - Bord de route vers Masoarivo.

Entre 1 et 2 - Première portion plate et forêt de jujube ; le reste un peu en pente, et forêt.

2 Baobab E 19° 02' 55.19" - Au pied de Baobab ; Ankorabato S 44° 22' 58.49" - Sur un plateau d’Ankorabato ; - A environs 100m à l’Est de tombeaux de Lezaza.

Entre 2 et 3 - Pente très faible ascendante dans sa première portion, et puis descente ; - Traversant perpendiculairement une étroite profonde vallée ; - Forêt.

3 Bealodahy E 19° 01' 01.09" - Sur le sentier Masoarivo-Soavala ; S 44° 22' 22.99" - Dans la forêt de Bealodahy ; - Sur une petite pente de 5 m.

Entre 3 et 4 - Forêt.

4 Andranoboka E 18° 59' 32.09" - Forêt. Ankoririky S 44° 24' 03.49"

Entre 4 et 5 - Forêt.

5 Amboloando E 18° 58' 31.69" - Forêt. S 44° 25' 27.59"

Entre 5 et 6 - Forêt.

6 Ambatofotsy E 18° 59' 48.09" - Croisement de layons Geosource (1) WE Masoarivo- S 44° 26' 32.39" Soavala-Antokazo et (2) SN Ankamohika-Ankoabe

Entre 6 et 7 - Suivant le layon Geosource de direction Ouest-Est. XIII

ID Nom du lieu Coordonnées Description géographiques

7 Antokazo E 18° 59' 30.49" - Croisement de layons Geosource S 44° 30' 54.00" - Forêt sur terrain plan

Entre 7 et 8 -Suivant le layon Geosource de direction Nord-Sud.

8 Bejea E 19° 02' 16.69" - Croisement de layons Geosource (1) WE S 44° 31' 32.09" Ambalamanga-Ankamohika-Atsimon’Antokazo et (2) NS

Entre 8 et 9 - Forêt.

9 Ankorabato E 19° 05' 03.19" - Forêt. S 44° 30' 58.89"

Entre 9 et 10 - Forêt.

10 Ankilimaro E 19° 06' 31.50" - Bord de route venant de Trangahy vers Soatana S 44° 30' 52.20"

Entre 10 et 11 - Suivant la rivière Manambolomaty

11 Kamohika E 19° 04' 19.19" - Bord de route entre Soatana et Ambalamanga S 44° 27' 05.79"

Entre 11 et 1 - Suivant la rivière Manambolomaty

Annexe 8 : Critère de l’UICN sur une espèce en danger critique d’extinction

A- Réduction de la taille de la population prenant l’une ou l’autre des formes suivantes d’après les critères de l’UICN (2001) :

1- «Réduction des effectifs ≥ 90 % constatée, estimée, déduite ou supposée, soit depuis 10 ans, soit trois générations. On doit choisir la plus longue de ces deux périodes lorsque les causes de la réduction sont clairement réversibles et comprises et ont cessé, en se basant sur l’un des éléments suivants» :

a) l’observation directe

b) un indice d’abondance adapté au taxon

c) la réduction de la zone d’occupation, de la zone d’occurrence et/ou de la qualité de l’habitat

d) les niveaux d’exploitation réels ou potentiels

e) les effets de taxons introduits, de l’hybridation, d’agents pathogènes, de substances polluantes, d’espèces concurrentes ou parasites. XIV

2- «Réduction des effectifs ≥ 80 % constatée, estimée, déduite ou supposée, soit depuis 10 ans, soit trois générations. On doit choisir la plus longue de ces deux périodes lorsque la réduction ou ses causes n’ont vraisemblablement pas cessé ou ne sont peut-être pas comprises ou ne sont peut-être pas réversibles, en se basant sur l’un des éléments de a) à e) mentionnés sous A1»

3- «Réduction des effectifs ≥ 80% prévue ou supposée, soit dans les 10 années, soit trois générations prochaines. On doit choisir la période la plus longue (maximum de 100 ans), en se basant sur l’un des éléments de b) à e) mentionnés sous A1»

4- «Réduction des effectifs ≥ 80 % constatée, estimée, déduite ou supposée, soit pendant n’importe quelle période de 10 ans, soit trois générations. On doit choisir la plus longue des deux périodes (maximum de 100 ans dans l’avenir), en se basant sur l’un des éléments de a) à e) mentionnés sous A1»

B- Répartition géographique, qu’il s’agisse de B1 (zone d’occurrence) ou B2 (zone d’occupation) ou les deux à la fois d’après les critères de l’UICN (2001) :

1- Zone d’occurrence estimée inférieure à 100 km 2 avec une estimation indiquant au moins deux des possibilités de a) à c) suivantes :

a) Population gravement fragmentée ou présente dans une seule localité.

b) Déclin continu, constaté, déduit ou prévu de l’un des éléments suivants :

i) zone d’occurrence

ii) zone d’occupation

iii) superficie, étendue et/ou qualité de l’habitat

iv) nombre de localités ou de sous-populations

v) nombre d’individus matures

c) Fluctuations extrêmes de l’un des éléments suivants:

i) zone d’occurrence

ii) zone d’occupation

iii) nombre de localités ou de sous-populations

iv) nombre d’individus matures

2- Zone d’occupation estimée à moins de 10 km 2 avec une estimation indiquant au moins deux des possibilités de a) à c) suivantes :

a) Population gravement fragmentée ou présente dans une seule localité.

b) Déclin continu, constaté, déduit ou prévu de l’un des éléments suivants :

XV

i) zone d’occurrence

ii) zone d’occupation

iii) superficie, étendue et/ou qualité de l’habitat

iv) nombre de localités ou de sous-populations

v) nombre d’individus matures

c) Fluctuations extrêmes de l’un des éléments suivants :

i) zone d’occurrence 18

ii) zone d’occupation

iii) nombre de localités ou de sous-populations

iv) nombre d’individus matures

C- Population estimée à moins de 250 individus matures et présentant l’un ou l’autre des phénomènes suivants d’après les critères de l’UICN (2001) :

1- Un déclin continu estimé à 25 %, soit au moins en trois ans, soit une génération, selon la période la plus longue (maximum de 100 ans dans l’avenir),

ou

2- Un déclin continu, constaté, prévu ou déduit du nombre d’individus matures et l’une au moins des caractéristiques (a et b) :

a) Structure de la population se présentant sous l’une des formes suivantes :

i) aucune sous-population estimée à plus de 50 individus matures,

ou

ii) 90 % au moins des individus matures sont réunis en une seule sous population.

b) Fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures.

D- Population estimée à moins de 50 individus matures d’après les critères de l’UICN (2001).

E- Analyse quantitative montrant que la probabilité d’extinction à l’état sauvage s’élève à 50 %, soit au moins en l’espace de 10 ans, soit trois générations. On doit choisir la période la plus longue (maximum de 100 ans) d’après les critères de l’UICN (2001).

XVI

Annexe 9 : Fiche de mensuration

Feuille de données : MENSURATION ET MISE DE BAGUE DE RAPACE Nom de l’enregistreur : ______Date :______Heure :______Localité : ______Piège _____ou Nid ______(choisir un) Espèce : ______Numéro de bague : ___ Couleur de bague : D ____ G____

1- Longueur du bec supérieur 22-Longueur de griffe externe 2- Profondeur du bec supérieur 23-Longueur de griffe médiane 3- Longueur du crâne 24-Longueur de griffe interne 4- Longueur du bec inférieur 25-Longueur de griffe arrière 5- Longueur de la mâchoire inférieure 26-Longueur de la queue externe 6- Largeur de l’ouverture de la bouche 27-Longueur de la queue médiane 7- Largeur du crâne Poids (g) 8- Distance entre les yeux 9- Diamètre de la pupille 10- Longueur de la rémige primaire 11- Longueur de la rémige secondaire 12- Longueur de l’alula 13- Longueur de l’ulna 14- Longueur de l’humérus 15- Longueur du fémur 16- Longueur du tibiotarse 17- Longueur du tarso-métatarse 18- Longueur du doigt externe 19- Longueur du doigt médian 20- Longueur du doigt interne 21- Longueur du doigt arrière

XVII

XVIII

Légende :

A : Dorsolatéral d’un crâne B : Antérieur d’un crâne C : Ensemble du corps

1- Longueur du bec supérieur 15- Longueur du fémur 2- Profondeur du bec supérieur 16- Longueur du tibiotarse 3- Longueur du crâne 17- Longueur du tarso-métatarse 4- Longueur du bec inférieur 18- Longueur du doigt externe 5- Longueur de la mâchoire inférieure 19- Longueur du doigt médian 6- Longueur de l’ouverture de la bouche 20- Longueur du doigt interne 7- Largeur du crâne 21- Longueur du doigt arrière 8- Distance entre les yeux 22- Longueur de griffe externe 9- Diamètre de la pupille 23- Longueur de griffe médiane 10- Longueur de la rémige primaire 24- Longueur de griffe interne 11- Longueur de la rémige secondaire 25- Longueur de griffe arrière 12- Longueur de l’alula 26- Longueur de la queue externe 13- Longueur de l’ulna 27- Longueur de la queue médiane 14- Longueur de l’humérus Poids

XIX

TITRE : CONSERVATION DE L’AIGLE PECHEUR DE MADAGASCAR Haliaeetus vociferoides DESMURS, 1845 : ETUDE BIO-ECOLOGIQUE ET IMPACTS DE L’APPLICATION DE LA «GELOSE ».

RESUME

La présente étude se focalise sur la conservation de l’aigle pêcheur de Madagascar Haliaeetus vociferoides en tenant compte de la bio-écologie et des impacts de l’application de la GELOSE (GEstion LOcale SEcurisée) dans le complexe des trois lacs à l’Ouest de Madagascar . Le dimorphisme sexuel se manifeste au niveau de neuf différents caractères chez cette espèce. La période de la ponte se situe entre la dernière semaine du mois de mai et la troisième semaine du mois de juillet. Le nombre d’œufs par nichée varie de 1 à 3. La durée d’incubation est comprise entre 41 et 44 jours. La période d’éclosion est incluse entre la deuxième semaine des mois de juillet et septembre. Le lac Ankerika enregistre un taux élevé d’éclosion par rapport aux deux autres lacs. Il en est de même pour le succès d’envol. L’effort de conservation est témoigné par le succès de la reproduction (près de 58,6 %) et l’augmentation de l’effectif de la population (de l’ordre de 29,3 %) pour l’ensemble de Madagascar. L’analyse sur Vortex a confirmé la viabilité et la pérennisation de cette population à Antsalova pour les cent ans à venir avec les conditions actuelles. Les impacts de la mise en œuvre de la GELOSE s’évaluent sur la stabilité de la population d’aigle pêcheur de Madagascar, du stock de poissons et le maintien de la qualité de l’habitat naturel. Des retombées positives existent également au niveau socio-économie. Néanmoins, les impacts négatifs existent car la GELOSE n’est pas une fin en soi. Ce moyen a ses limites. Toutefois, sa synergie avec d’autres systèmes pourrait engendrer des résultats fructueux. Mots clés : aigle pêcheur de Madagascar, Haliaeetus vociferoides , conservation, biologie, écologie, GELOSE, impacts, cahier de charges.

ABSTRACT The current study focuses on Madagascar Fish Eagle Haliaeetus vociferoides conservation for considering biology, ecology and GELOSE impacts application in western Madagascar three lakes complex. Sexual dimorphism occurs at nine different characters. Egg laying period takes place between the end of May and the third week of July. Clutch size varies from 1 to 3 eggs per nest. Incubation is approximately 41 to 44 days. Hatching period includes between the second weeks of July and September. Ankerika lake records the high hatching and fledgling success in relation to the two others lakes. Conservation effort is showed by the high reproductive success rate (about 58.6 %) and the population number increases (around 29.3 %) throughout Madagascar. Vortex analysis is confirmed by Antsalova population viability and sustainability for hundred years in the future with the current conditions. The impacts of GELOSE implementation is assessed through Madagascar Fish Eagle population stability, fish stock and natural habitat maintaining. Positive effects are also observed in socio-economic aspect. However, negative impacts occur because the GELOSE is not the end on itself. This system has its limits. Meanwhile, its synergy with other systems would produce fruitful results. Key words : Madagascar Fish Eagle, Haliaeetus vociferoides , conservation, biology, ecology, GELOSE, impacts, cahier de charges.

Encadreur : Impétrant : Mme Noromalala RASOAMAMPIONONA Nom et Prénom : Gilbert RAZAFIMANJATO RAMINOSOA Adresse : Lot VT 17 A Bis BA Ampahateza Ambohipo Professeur d’ESR Tél : 032 04 531 50 e-mail : [email protected]