----~ ...... ,,~...,..----- ~- ._--~ .---'-~•._-"'-- <'- ---~•••_---- ,._••--~------._~- -_.----,.------"- Revue Mensuelle Illustrée d'Infor.mations Marocaines

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DE TAROUDANT A . \

par le Chemin des caravanes et des sauterelles

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, ' SOMMAIRE

Souvenir F. BERGER La Région de Settat

), Liminaire Louis DELAU Settat ville d'avenir 1\. MISSI i \' \ La magie du Sud Jos. VATTIER Le Progrès sur les routes du Sud \ ' \ ' Une victime du typhus Dr. CRUCHET Le Tourisme en Chaouia-Sud le Docteur Paul Chatinières E. DUBOIS Préside"t de l'Associa­ tion des "Intérêts pour le développement de Le Centre de Chichaoua SeltQt":eJ ~e sa\région

Le développement de la Colonisation J. PITANÇE Chemaïa, Centre Administratif du "" , P;ésidénl dè l'A~socia­ en Chaouia-Sud tion des Agriculteurs ~t Territoire Ahmar " 'Ejev'lurs,d,e Cho,

Sidi ben Nour, Annexe des Une belle exploitation agricole : Le Doukkala-Sud domaine de Mrizig

L'Elevage L'Activité des Groupes Sanitaires Dr. ARMAN!. en Chaouia-Sud M. CLAUDON Médecin du Groupe Vétéri noire-Inspecteur Mobiles dans les Doukkala Sonitoire Mobile des du Service de l'Elevage Doukkola Du Nord au Sud: Le Salon Paul ODINOT Settat: son origine de l'Afrique du Nord à Fès

Le plus fort tirage de tous les périodiques Marocains 4 NORD-SUD Numéro 7

Les belles pages de François Berger SOUVENIR .. 4'

M. Goyet vient de nous arriver de Safi pour pren dre la direction des Services Municipaux. Tl y a long­ temps que je le connais et que je l'estime. Au milieu de 1917, il est venu me relever de mon commandement à Khénifra, où j'étais enfermé depuis six mois. Je l'ai retrouvé à Safi où il était adjoint au chef des Services Mu­ nicipaux, ses enfants ont grandi à côté des miens. Mad este -'il ne parle jamais de ses faits de guerre dont un ou deux furent héroïques, c'est par les autres qu'on finit par les connaître - modeste, dévoué à toutes les in­ fortunes, à toutes les œUVres de solidarité, bon organisa teur, ayant le sens, très paternel mais très ferme du com­ mandement, il pourra donner, à Settat, la mesure de sa valeur. Mais, en saluant le nouvel arrivé, je vois que pendant bien longtemps je ne pourraipasser à Settat. sa.ns voir, comme aujàurd'hui, se dresser à mes yeux la figure de ce pauvre Maréchal, si brutalement arraché à la vie, et à une carrière qui se présentait pottr lui pleine de promesses. Celui-là était un camarade d'enfance et l es souvenirs se pressent lorsque j'évoque son image. Nous prenions, il y a vingt-cinq ans, nos repas ensemble - à crédit·- à la vieille pension Laveur, rue Serpente « Chez Jean-Baptiste Castel/an ». « Que nous payions une fois l'an ». Il travaillait au « Matin », je crois, ou à l'Agence 'Havas ; moi, je faisais de la correction chez Welhoff et Roche, rue Notre-Dame-des-Victoires. Un après-mi di, abordant le pont Saint-Michel, arrive IvIaréchal : - Où vas-tu? - A l'Havas. et toi? -- Chez Welhoff. Passait l'omnibus Pigalle-Halle-aux-Vins qui à l'époque était vert et tiré à deux chevaux. - On prend ['omnibus? dit M aréchal~ - Si tu veux. Nouscourons après, et nous voilà installés sur l'i mpéàale, qui coûtait trois sous. Voilù le Pont-Neuf, ['Arbre Sec, la rue de Rivoli, et le percepteur: « Places! Messieurs, siouplaît ». Je prends un air rp,}:!'.:.:-, comme ceux que sait si bi en faire M. Borély, et le percepteur s'adresse au voisin. 1vIaréchal d'un geste éloquent, me désigne, il fallut s'ex pliquer: tu n'as pas trois sous? Non, et toi? rl: pensais que... enfin, Monsieur le conducteur, nous allons desce ndre, excusez-nous. - Attendez la prochaine station, dit le brave homme. La prochaine station était à la statue de l'Amiral de Coligny, qui est derrière le Temple de l'Oratoire et à côté des magasins du Louvre. Une foule de dames bourgeoises attendaient leur tour en brandissant leurs numé­ ros. Nous descendîmes de l'impériale pendant que le conducteur faisait pointer sa feuille de route par le contrô• leur, et que, nous désignant d'un large geste, il criait d'une voix de stentor: - «Deux voyageurs qui ont oublié leur porte-monnaie! » Pauvre Maréchal, mon souvenir te suit - nous ét ions toujours, dans la VIe, restés un peu comme cela. C'est le Grand Contrôleur qui t'a fait hier descendre de l'impériale, avant la fin de ton voyage, mai.r;, avec Lui. ton salut sera justement d' « avoir oublié ton porte-mon naie ». Numéro 7 NORD-SUD 5 .. III lAitiiIïiII

De Taroudant à Settat, nous voici sur la route des sauterelles. Les entendez-vous former leurs bataillons dans le Souss,au rendez-vous qu'elles se sont donné, à l'abri de, la muraille du Sud? Et puis, par des couloirs étroits au fond desquels s'étirent quelques vertes vallées, il faut passer la grande montagne, resserrer encoré sa marche au col d'Imin­ Tanout. Là, c'est la plaine. Le grand vol s'élargit, s'offre des étapes, à la lisière des arganiers, au bord des eaux troublées de la Mère du Printemps, aux coteaux de Sidi-ben-Nour. Enfin, comme une pluie longtemps menaçante et qui tout d'un <.oup envahit le ciel et le fait descendre jusque sur la terre, le grand nuage des sauterelles s'abat sur les belles moissons au milieu desquelles Settat étale son opulence. Route des sauterelles, tant de fois parcourue par ces armées disciplinées et intelligentes, à tel point informées des promesses de la récolte qu'il est passé en proverbe, chez les bonnes gens, qu'une année de sauterelles riche! est une année

Route des hommes aussi. Le même instinct qui guide l'insecte dévoreur vers les vals fertiles, vers les vergers pros­ pères, vers les longues plaines mouvantes, le même instinct éveille, chez l'homme du sud, le désir des terres du nord, où les vents sont plus doux, où les oueds gardent toute l'année.un.peu. de_ fraîcheur et parfois un peu d'eau, le désir des terres du nord qui remplissent les silos et qui déversent leu~ abondance sur les villes et qui gonflent les flancs des na­ \ ires dans les ports de l'océan. Un même espoir conduit sur la même route le nuage doré qui est une menace pour le nord et la poussière qui suit les émigrants du sud en quête d'une région plus riche et d'une saison plus clémente. Quel contraste entre Taroudant, tête de l'émigration, dernière et somptueuse oasis avant les pays d'outre-mont, et Settat, qui fut jadis le terme classique de cette montée de~: Soussis vers la Chaouïa, d'où ils se dispersaient vers les à leur gré villes de la côte ou vers les cités grouillantes de l'in térieur ! Settat, pour ceux de Taroudant et pour ceux de Marr okech, c'est déjà la ville du nord, où les ca'ids et leurs omi~ ont des demeures en pierres, une cité au milieu des jardins,. une résidence permanente et sédentaire, autour de laquelle passent les chemins de l'émigration, mais qui vit, paisible et immuable, solidement accrochée à ses labours. Mille sen­ tiers vont et viennent à la limite de ses vergers que défendent de basses murailles rougissantes, comme ces mille menues pistes que tracent, le long des impénétrables kasbahs, les troupeaux des douars. Ainsi Settat, but de la grande montée, de la double montée qui vient du Souss, a été aussi le centre de dispersion des émigrés. A l'ombre de ses oliviers transparents, combien le Settati en a-t-il vu passer, qu'il a guettés avec sa mé­ fiance instinctive du sédentaire contre le nomade! Demi-nomade, en vérité, celui qui venait, celui qui vient encore, après :a pauvre moisson faite dans le sud, exploiter au profit de sa famille et de sa tribu les mœurs étranges des paysans du. nord de l'Um-er-Rebia et les besoins d'un luxe sans cesse accru au contact des riches habitants des ports. Mais tous ne revenaient point sur leurs pas. Le contraste était trop tort pour eux entre la rudesse des pays d'au delà l'oued Souss et la douceur une fois connue des Abda-Ahmar et des Chaouïa. Ils se sont arrêtés et fixés au terme de leur voyage où peu à peu ils se sont regroupés en de menus Tiznit, en de tout petits Taroudant, regroupés en quartiers bien distincts qui fleurent l'huile d'argon et l'aimable safran. Faut-il le regretter ou faut-il s'en réjouir? Cette grande route peu à peu est cependant délaissée pour celle qui; monte directement par la côte au grand port de Casablanca ou pour celle qui, par la montagne, descend sur Marrakech. Chichaoua, Chemaïa, Sidi-ben-Nour sont devenus à leur tour des centres de colonisation sédentaire, tandis que Settat s'est élevé au rang de municipalité avec sa couronne admin istrative et le sceptre de son budget. Véritable capitale des Chaouïa du sud, elle rayonne du Mzab jusq'au fond des Beni-Meskine, jouant son triple rôle de centre de colonisation, de centre sanitaire et de centre administratif, auquel l'activité et l'ingéniosité de ses habitants ne tarderont pas à ajouter Lin nouveau rôle, celui de centre touristique. Ville et région sont, au reste, sagement administrées, une noble émulation Inspirant les chefs et la population pour maintenir et développer la prospérité d'un pays véritablement béni du ciel. Puisse sur ce beau chemin, où vont à leur tour s'avancer les voies ferrées, se multiplier les étapes de verdure, les Chemaïa fleuries et les Sid~-ben-Nour aux beaux vignobles! Afin que de Taroudant à Settat, les sauterelles elles-mêmes 'rouvent dans les délices de Capoue, la fn de leurs espoIrs.

LOUIS CELAU 6 NORD-SUD Numéro 7

TAROUDANT... ..;étage,curieusement ses terrasses d'ocre brune que domine, ça et là, un éventail de palmes mollement balancé par une brise légère. Au loin, les stipes rigides couronnés de verdure semblent constituer comme une garde vi gilante vèillant au repos de quelque princesse orientale dont la beauté s'a­ languit dans l'enclos des farouches murailles qui s'adoucissent au point de $ e confondre avec l'azur éclatant d'un ciel pur. 1..•!III

Le SUD, magie qui de tous temps a agi sur les âmes. C'est cet attrait qui fait affluer sur la Côte-d'Azur les Nor­ diques avides de soleil. Aujourd'hui/es couleurs des côtes méditerranéennes pa­ raissent grises et c'est vers ['Afrique que ['on cherche là vivante lumière. Dans le Nord de cette Ahique tropi­ cale, ce sont des paysages d'Europe que , ' ['on rencontre. Les Romains de V olu- bilis retrouvaient au Zehroun leur Ita­ lie natale et aujourd'hui le touriste ve­ nantau Maroc, cherche, dès le débar­ quement, le palmier et le chameau, ima­ ge à leurs yeux, de ['Afrique, du Sud. EL-KELAA, KSAR DEJA SAHARIEN...... s'étend mollement sous le chaud soleil du Sud qui plaqL:e s'ur le sable, des ombres Quand, descendant des montagnes . lourdes. L'aridité du sol rend plus émouvante la présence d'humains hors des murs épais des Kasbahs bien closes où se réfugie la vie contemplative des indigènes. La lumi­ boisées d'Azrou, on entre dans El Ke­ nosité de l'atmosphère'contribue à donner à ce paysage une apparence de mirage qu'on s'attend à voir s'éteindre brusquement pour laisser place à l'infini des dunes. laa, c'est une première vision du Sud Numéro 7 NORD-SUD 7

Et qui affirmera que l'attrait du Sud n'eut aucune influence sur l'ardeur des Croisés partant pour la Terre Sainte? Ce même attrait, peut-être. conduisit les Phéniciens jusqu'au Rio de! Oro. Magie et attrait du Sud, puis­ sance indiscutable.

lvIais un autre phénomène s'est pro­ duit au cours des âges. Vers les riches plaines de la Gaule et de la vieille Fran­ ce. se ruèrent. il y a des siècles. les hor­ des gothes et teutonnes: la France, pays du pat'n blanc et de la vigne.

De leurs solitudes désertiques où vi­ vre est le perpétuel et quotl'dien problè­ LE VAL DU TIZI N'TEST, DU HAUT DE SES 2.100 METRES••• ...domine un paysage plein de grondeur qu'agréme'1te une végétation dont on apprécie me, les hordes sahariennes. de même. davantage, en ces lieux, le charme et la douceur. subirent l'attirance du Nord, ce Nord Le refuge dressé sur un rocher offre un point de vue remarquable apte à éveiller des vocations alpestres. où le blé pousse sans irrigation, où l'olive est grasse. où les moutons dispa­ raissent, au printfmps, dans les herbes qui choque notre sensibilité, enthousiasme notre imagination, El hautes, le Nord, Paradis de l'homme Kelaa, Ksar déjà saharien. 0:( la pluie fait tout pousser sans effort. Passé le Tensift, au milieu des palmes de IVfarrakech, l'Afrique La magie du Nord. Elle dut appa­ nous saisit, à la première venue, pour ne jamais plus nous abandon­ raître irrésistible à ces populations ner. Et quand au Col du Tizi N'Test, du haut de ces 2.100 mètres. mourantes de faim. N'est-ce pas elle on découvre comme du bord d' un avion. le désert mauritanien, c'est qui poussa vers le Septentrion. les ber­ une vision inoubliable à peu d'autres pareille: le Sud, le Sud! bères des Oasis, ces almoravides, ces Sous les orangers en fleurs du « M ahraba » de Taroudant, à la lu­ mérinides. ces saadiens pour lesquels mière bleue d'une nuit de printemps, c'est le Sud tout f:ntier, avec les plaines d'Andalousie devaient pa­ sa magie, qui verse dans nos veines ce philtre contre lequel zl n'y a p~s raître la Terre promise aux Croyants, d'antidote. Tiznit, la rose. la Saharienne, avec ses jardins déserts, ses disciples d'Allah. ruelles sans animation étreint davantage notre cœur que n 'l'mpor/f! Entre le Sud et le Nord, une barrière quelle Médina citadine, grouillante de vie pittoresque. dure à franchir: l'Atlas dont les pics y a-t-il promenade plus impressionnante que celle qui au-delà du montent à 3.000, à 4.000 mètres, dans Grand-Atlas, le long de l' « Avenue des Kasbahs », mène, par le Da­ , le {roid. dans la neige. La neige: dès, Erfoud et Bou Denib. au Grand Sahara ?

Antinéa est un m:jthe ,. la magie du Sud et les Kasbahs nous captivent pas tant par leur architecture originale, as­ syrienne ou aztèque que p;]( le mystère de cette Atlantide. royaume des Atlan­ tes, Empire du Sud. dans un désert alors fertile. dont elles sont une survi­ vance anachronique.

C'est vers le Sud. qu'allaIent cher­ cher leur puissance les sultans maro­ cal·ns. Le Sud. riche en or. }Vfansour le Doré fut un grand sultan parce qu'il TARaUDANT... ET LE SUD TOUT ENTIER AVEC SA MAGIE... avait du Soudan, victorieux. rapporté .. qui verse au cœur du passont un philtre d'amour tel qu'il reviendra. presque maigrè l'or, raison de toute puissance. lui, dans leurs décors ensoleiilés. 8 NORD-SUD Numéro 7

Les sauterelles, à chaque saison ou presque, chassées du désert où elles meurent faute de nourriture, ell(;" aussi, subissent la magie du Nord, des grasses plaines du Maroc Septentrional. Pour elles, la barrière de montagnes, le froid et la neige de même sont un obs­ tarle. Par Agga, Igherm, Taroudant, Imin Tanout, la route était aisée, relativement. Par où passent les sau­ terelles, durent passer les caravanes sarrazines. Quelle, joie de découvrir les moissons des Abda ! La route des nuées d'insectes identique à la route des invasions hu­ maines ; la sente du fauve n'est-elle pas le tracé de la future route?

Mouvements alternatifs vers le Sud, vers le Nord, TIZNIT, LA ROSE, LA SAHARIENNE... commandés par de latents et mystérieux besoins. ... point extrême de l'étope enchanteresse s'endort ou murmure des pal­ mes dont le souffle à peine perceptible vient caresser légèrement les « Nord-Sud », commentaire imprévu du titre de Kasbahs délabrées. Anesthésie des sens, sommeil des facultés cérébrales, voilà, peut­ cette belle revue à laquelle je suis heureux de confier être, le secret du plaisir reposant qu'on éprouve à parcourir le Sud­ qu'on quittera bientôt pour retrouver la fièvre et l'exaltation passion­ ces premières lignes. née des régions septentrionales où règne une magie plus positive... Jos VATTIER.

...c;u'il fout gogner, celle-là, après avoir vaincu la dure barrière de l'Atlas aux pics couverts de nei- ge. Heureux encore, quand l'accès e:1 est facilité comme c'est le cos . PAR IMINTANOUT, OU LA ROUTE EST AISEE... RELATIVEMENT . Numéro 7 NORD-SUD 9

. . Une vlctlJl1e du typl-tus

Le Docteur Paul CHATINIÈRES

Taraudant J..• Mangin à ~Marrakech. Dans un livre documenté du plus haut in­ C'est à Taraudant que je veux aller, è,omme en un pieux pèleri­ térêt historique, il nous donne l:!s raisons du remarquahle succès nage et apprendre sur place même comment un médecin sait mou­ de son action. rir pour son devoir. Les caïds ont eu, de tout temps, dans ces regwns du Sud·,Haro­ Nous entrons par une des cinq portes de la viei1l3 capitale ber­ cain, une a!ttorité considérable. Le jour où ils ont ac.cepté le pro­ bère et passons dans des jardins et des vergers au mzlieu d'oliviers tectorat français, ils ont admirablement compris qu'ils consoli­ plus que centenaires, pour gagner, dans' un site de conte de fée, [" daient leur propre influence ; mais en chefs vraiment habiles, ils Bureau des Renseignements. Il est situé dans un de ces jardins de~­ ont cherchi à démontrer à leurs sujets l'intérêt supérieur qu'il~ sinés à l'arabe, où se pressent oliviers, palmiers, bananiers, gren,~· avaient eux-mêmes à se ranger à leurs conseils. diers, mûriers, trembles et peupliers, mais où dominent orangers La crainte du plus fort est sans doute le conWF'.ncement de la {e.~ et citronniers dont l'arome se répand délicieusement dans sagesse, mais il faut être soi.même un sage P0lf,/- le comprendre ; m·rs. les caïds avaient cette sagesse. Pouvaient-ils l'espùa des tribus Des géraniums aux fleurs roses et blanches forment de véritables berbères qui sont dans les montagnes de l'Atlas' et n'ont jamais buissons ; ici, ce sont des liserons aux corolles violettes et mauves; voulu subir le joug de personne, préférant se hattrf et mourir plu­ là, des vignes dont les feuilles grimpantes enlacent les peupliers pt tôt que de se soumettre ? Ne risquaient-ils pas de campromettre s'épandent en vastes treilles sur des toits de roseaux dis posés en lpur Gutorité au près d'elles en leur expliquant que le Protectorat losanges. Sur le mur d'entrée de la maison s'élancent déjà, à tm· français leur assurerait dorénavant, dans l'ordre et la sécurité, leur vers le quadrillé qui leur sert de tuteur, les feuilles vertes de la indépendance, la liberté de leur culte et de leurs traditions sécu­ passiflore, dont les fleurs n'ont pas encore paru. Des bergeron laires ? nettes familières à la longue queue agile, le cou orné d'un collier Plus les peuples sont jeunes, plus l'exemple les c.onvainc et lellr noir, courent à nos pieds sous les hauts bananiers. donne la confiance dont l'homme a 'toujours soif. Nul mieux que Calme et froid, ordonné, poli, méthodique, le médecin-chf/ le médecin ne pouvait remplir ce rôle CIe persuasion. C'est pour­ Pourteau nous arrache doucement à notre admiration et nous COT'..­ quoi le pouvoir militaire français, aussi bien que le pouvoir caïdal, vie à aller sans retard contempler le coucher du soleil dans la facilitèrent par tous les moyens cette influence bienfaüante pour demeure du pacha; ce que nous faisons bien v'Jlonliers. C'est le les divers intérêts en cause. fils du Pacha qui nous reçoit aux lieu et place de son père, desti­ Bientôt même et beaucoup plus rapidement qU'ail aurait pu {c tué de ses fonctions depuis plusieurs années pour ses folies de mé­ supposer, les médecins devancèrent l'action militaire et devinrent galomane. Après force salutations et compliments, cOI/une il sie1 des agents de renforcement de l'autorité des caïds. Ceux-ci. à tO'lr en ces contrées d'infinie politesse, nous montons les marches d"'l! ~e rôle, les attiraient chez eux, les recevaient conune des hôtes de escalier obscur, maigrement éclairé à la lueur d'une bougie et ChOl:X, leur rendaient tous les honneurs et toutes les marques d'a­ finissons, après avoir failli plusieurs fois nous rompre le cou, pŒr mitié possibles, afin qu'as aillent dans les douars, dans les vil. aboutir au sommet d'un donjon. Il fait presque nuit. Le soleil c: lages, et partout où il y avait des soins à donner. déjà disparu dans le couchant. On devine sur l'horizon la barr'! brune du Haut-Atlas. A nos pieds, la ville étale ses terrasses vides Le carnet de route que nous a laissé Paul Chatinières est, à cet égard, extraordinairement démonstratif. En 1912, c'est-à-dire de­ et mornes : aucun bruit. Un vent frais nous glace le visage. Nans puis le moment où après avoir quitté Fez il est arrivé à Marrakech avons cOI/une l'impression que notre dernière heure est arrivée. jusqu'en 1916, il a promené son ambulance dans toas les coins du Le fils du Pacha, touché de cette visite crépusculaire, timide et Grand-Atlas marocain. reconnaissant., multiplie les marques d'égard à notre intention. Il fait même allumer deux bougies pour nous aider plus facilement à descendre. On se croirait dans un séTJUlere. La traversée des souks dans la ville envahie par Üs ombres dn soù' n'est pas plus réjouissante. Les cases sont pauvrement éclairéfs par des bougies à la flamme incertaine ou des lam{Jes à huile, di· tes juives, dont la lneur est encore plns pâle; de loin en loin, quel­ ques lampes à acétylène jettent un jour blafard et crn sur lef; misé­ reux en haillons qui passent. Car tout ce peuple est pauvre, saI,,, déguenillé, sans même avoir de quoi acheter, an m.archand qu' le lui offre, ce mélange wvamment préparé de poumOI/, de ph';­ toine et de tripaz:lle qui s'appelle « kaddoub » et qui n'est, COI/1I')(, son nom. l'indique que « mensonge » surtout pour l'estomac.

La popote des officiers du Bureau des Renseignements qui /WU," reçoit fort cordialement, paraît se ressentir de ce 1111 lieu sans en­ thousiasme. Avons-nous apporté en venant de tristes souvenirs ',) On parle peu. On est sérieux. On n'est pas très gai. L'om bre rIe Chalùâèrés sem ble planer sur nous. Escorté de deux cavaliers indigènes caracolant sur leurs pc:;" chet:aux, il planla la première fois sa tente de cunsultation chez 'es Aït Yll/our: dans une' oliveraie' au pz:ed de l'Atlas. Quand le khali­ Paul Chaànières fut le premier•titulaire du grau pe sanÙaire mo­ lat qui les cunlillandait lui eut suuhaité la bienvenue et u//ert à bile de l'Atlas, dès septembre 1912, peu après l'enlrée du colonel l'arabe 11/1 repas copieux, les con.wLtants s'approchèll'nt .- d'alJO!'J 10 NORD-SUD Numéro 7 ce furent les hommes venus en éclaireurs, puis les fel/unes accom­ « Si je suc.co~nbe, je veux rester ici dans ce pays que ] aune, et pagnées de leurs enfants ; il fallut les examiner tour à tour, les auquel, tu le sais, j'avais donné tout mon dévouement et toute mon interroger, écouter leurs récits, leur distribuer des médicaments, âme ». les vacciner. Selon ses dernières volontés, le corps de Paul Chatinières a hé Puis lei tente roulée, Chatinières partit la monter plus loin, d" enseveli dans l'infirmerie même de Taroudant, où il est mort, tI lant de- village en village, invité par les caïds, et s'arrêtant ainsi peine âgé de quarante-quatre ans. Il fut couché sous un olivier cen­ plus ou moins longtemps selon l'importance des agglomérations tenaire, et face à l'Atlas dont les neiges éternelles furent la joie di! chez toutes les tribus habitant le versant Nord de l'Atlas, depuis sa me. les llaha sur la côte atlantique jusque chez les indigènes de Dem­ Des officiers qui sont à cette table, un seul a connu cette époqllP' mat, en direction de l'Orient. Ensuite, toujours consultant, et vacci­ tragique: le lieutenant Revet (1). Et il en parle encore avec une nant, il monta vers les cols de la chaîne, jusqu'à 1.800, 2.400 ct émotion véritable. Chatinières était venu ici avec sa femme : ils 2.700 mètres d'altitude, plongeant de ses regards curieux jusqlte habitaient une maison un peu plus loin. Mais on le voyaif-ehaque vcrs le Soudan marocain vers l'Est, et redescendant dans l'atti­ jour, pour les affaires du service qui s'étaient singulièrement com­ rante vallée du Sous, vers Taroudant et Agadir, en direction de pliquées par suite de l'épidémie de typhus qui décimait la popu­ l'Ouest. lation du Sous, et contre laquelle il fallait à tout instant prendre Messager de la paix bienheureuse, il en était arrivé à traversl:r des mesures de désinfection et des dispositions de défense. On vi­ les territoires de tribus voisines en guerre les unes avec les autres, vait dans une atmosphèrede bataille, mais de cette bataille sour­ appelé auprès de chacune d'elles pour remplir sa tâche consolante. noise contre la contagion vis-à-vis de laquelle un officier, le plns Le khalifa Si llammadi, d'Ouarzazat, l'ayant fait monter un jour brave qu'il soit, est oomplètement désemparé. Car il n'est pas d'ad· sur la terrasse de ,a demeure, lui montra dans la palmeraie qui versaire plus caché, plus déloyal, plus trompeur que la maladi'!, s'étendait au loin plusieurs villages dissidents et lui dit: « Tu épée de Damoclès invisible c.onsiamment suspendue sur la tête ; peux aller en toute confiance chez eux ; je ne puis et je le regreUt' ct qu'aucun acte de la plus forte bravoure n'est capable de dé­ t'y accompagner, car ils me recevraient à coups de fusil, mais III tourner de sa route. qualité d'étranger et d'Européen, de médecin surtout, est pour toi Qu'on se figure l'état d'esprit d'un jeune officier, plein de CO!.l­ une sauvegarde ; ils seront ravis de te faire fête ». rage, qui a vu dans les combats cent fois la mort en face et qui Et cet état d'esprit nouveau qui remplit Chatinières d'un raViS' voit tout autour de lui ses soldats, ses infirmiers, ses auxiliaires au~ sement très naturel, lui permit de c.ontinuer partout, avec le plu.> civils, ses camarades tomber atteints du mal, les uns après les grand succès, sa mission consolatrice. tres, malgré les moyens les plus radicaux réalisés sur l'heure et tous les prodiges de dévouement dépensés! Car l'épidémie con!i­ . Le récit que fait Chatinières de sa première mission au Sous e/~ nuait son œuvre douloureuse : Chatinière disparu, .ses sue.cesseurs juin-juillet 1914 est certainement le plus vivant de son carnet cIe Amidicu et Sallard, contaminés à leur tour, puis évacués, denx route. On a l'impression nette que cette double traversée de l'Atlas Pères franciscains de Rabat, venus en renfort charitable pour se­ lui a laissé un souvenir ineffaçable, tant par le pittoresque du courir les médecins et soigner les typhiques, contractèrent le fléau: voyage entrepris que par les caïds rencontrés et les populations l'un d'eux, le Père Pierre Le Comte, succOmba le 9 mars. Et l'an­ expansives et rieuses venues partout au-devant de lui. Et ceci ex­ tre, le Père Peyriguère fut transporté d'office en auto à Mogador, plique pour quelles raisons intérieures, il avaz:t été particulièrement au plus mal et mangé par la fièvre. Le lieutenant Revet en personne heu. eux de revenir à Taroudant fin janvier 1928. Les condition) dirigeait l'évacuation; mais en plein gué de l'Oued Aït-AmeuT, étaient, il eL vrai, plus périlleuses, puisqu'il s'y était rendu pour face à la Kasba Tamri, la voiture tomba en panne. Ce fut un ins­ lutter contre une épidémie de typhus, et qu'il attrapa c.ett~ maladie tant d'indicible émotion. Mais peu après, le moteur ronfla de nou­ à laquelle il succomba le 9 février, dans les circonstances les plus veau, on put arriver à bon port, et le Père franciscain fut sauvé. dramatiques. J'ai vu la maison modeste qu'habita Chatinières, et la chambl? Lui qui avaz:t bravé la mort cent fois et pouvait se croire inv!.ll­ é~roite où il s'éteignit doucement sans souffrance. Les escaliers nérable, qui avait si sou}'ent sauvé les indigènes de la variole et di> sent si exigus qu'on ne put faire passer son cercueil. C'est par la la peste, et même du tyrhus, tombait à son tour victime de la con­ fenêtr!? de la chambre elle-même qu'il fallut le descendre, pour le tagion, au moment où, sur sa demande, il venait à peine de prendn transporter ensuite dans l'infirmerie indigène. C'est là que son la direction de l'infirmerie marocaine qu'il aimait tant, dans C~ corps repose encore aujourd'hui, reporté à quelques mètres de l'c­ pays qu'il chérissait. livier centenaire sur un coin plus tranquille, au pied d'un figuier vénérable. Sa tombe recouverte d'une plaque gravf:e de quelques inscriptions sommaires est surmontée d'une petite croix de bois, , d'une simplicité biblique. Près de lui, rapproché par le sacrifice. est inhumé le Père Le Comte. Je sais qu'on va leur élever, en ce lieu s·olitaire, un mausolée plus digne d'eux et de la France; mais rien ne remplacera, dans la mémoire des hommes, ces modestes souvenirs de deux héros, morts au service du devoir, et devant les­ quels le passant ému que j'étais, s'est incliné profondément.

Docteur CRUCHET

(Extrait ,le ,< La COllquête Pacifique ,lu ..L'iaroc H Ed. Berger-Levr:lult, Pari,,)

Sa fin fut digne de sa vie d'apostolat. Il sentit tout de suite qu'il était perdu et avant qu'il ne versa dans la lente agonie qui devait durer cinq jours, il adressa une lettre admirable 'au Directeur de la Santé publique à Rabat, son chef et son ami : « Je viens t'écrÏ1 e vite avant de perdre connaissance. Je ne veux pas que tu te croies responsable des événements qui peuvent se produire. Tu sais avec quelle joie j'ai pris ce poste et le bonheur que j'éprouve à me sentir au milieu de mes chleuhs. (l) Ce jeune officier qui avait échappé aux misères de la Guerre et des « Je te demande maintenant de t'occuper de ma femme et de épidémies, est mort tragiquement à 100 kilomètres de Tanger, sur la cô• mes enfants. Je sais que je peux compter sur toi et la Direction, ct te Atlantique du Maroc, le Mardi 17 Septembre 1929, alors qu'il se ren­ dait à Casablanca pour r"joindre son poste, à bord d'Un avion qui S~ et cela me donne une grande sérénité. perdit en mer. Numéro 7 NORD-SUD 1l

LE CENTRE DE CHICHAOUA ----- •

Son origine Une notice sur la reglOn de Chichaoua avaient oublié remploi, séduits par le bon doit comporter nécessairement quelques marché et la facilité des teintures d'ani­ mots sur l'industrie des tapis. Celle ci est line. Le centre de Chichaoua :". été cree e'l particulièrement en honneur dans la tri· Aujourd'hui on peut considérer le ta­ 1932 dans un triple but : a~surer' un gîte bu des Ouled Bou Sebaa. Il y est fabri­ pis de Chichaoua comme régénéré. L'at­ d'étape à mi-chemin de la route de MalT,a­ qué trois sortes de tapis : le « Hambal ». tention des amateurs est alertée vers les kech à Mogador ; surveiller de loin le dé­ wrte de couverture à raies multicolores : nouveaux tapis à teinture végétale. Le" bouché du col de Tizin-Machou ; assurer le « Zerbiat » assez chargé de motifs rap­ populations déshéritées de cette région du le contrôle du commandement du Caïd El pelant parfois d'assez loin It' tapis de Ra­ Maroc particulièrement pauvre, retrou­ M'Tougui et l'empri~e du Maghzen sur la bat mais avec une certaine part d'inspi­ vent dans l'industrie du tapis une source riche vallée de l'Oued Chichaoua où les ration berbère; enfin, le « Guetifa » cons­ intéressante dt' revenus. Le mois dernier, Sultans avaient de tous temps possédé de tilu·é par une nappe rose, brique ou ama­ la Foire de Marrakech a sanctionné les vastes 'domaines. rante, ornée de quelques dt'ssins seulè­ résultats obtenus. Tous les tapis présen­ ment, répartis presque au hasard, et fi­ Le Bureau de renseignements s'installa tés par les tisseuses de Chichaoua out gurant des losanges, rivières, scorpion'>, d'abord dans la Casbah d'Agadir-Chi­ trouvé des acquéreurs, parmi lesquels on cavaliers, etc. Ce sont ces Guetifa, appe­ chaoua. On construisit ensuite des bâti• peut citer un homme d'Etat, M. Vander­ lés communément dans le commerce « ta­ ments spéciaux sur la piste d'Imintanout, velde, Ministre de Belgique, et de nom­ pis de Chichaoua », qui s'allient si heu­ à 1.500 mètres plus loin. L'Annexe de,; breuses personnalités. reusement avec les mobiliers modernes. renseignements fut érigée en circonscrip­ tion de Contrôle Civil le 1er avril 1931. Tous les tapis d'origine Chichaoua sont caractérisés par une bordure latérale en Son orientation future poils de chèvre, en dents de scie, des ban­ Etat actuel et ressources des transversales et une frange aux deux extrémités. L'achèvement de la route de ChemaÏa à Imintanout et au Tizin-Machou, col Je Le centre de Chichaoua comporte actuel­ Depuis deux ans que le pays est admi­ pénétration à la vallée du Sous, fera de lement une quinzaine d'habitations.Ou­ ni,tré par l'autorité civile, celle-ci s'ef­ Chichaoua le carrefour de deux voies im­ tre le Contrôle Civil, il y a été installé force, d'accord avec le service des Arts périales, ce qui donnera nécessairement une station de remonte, un contrôleur du Indigènes, de guider le goût des Maâlemat à notre centre une certaine importance. tertib et un collecteur des droits de mar­ (tisseuses) dans le cadre de leurs tradi­ L'exploitation des gisements de phos­ ché. Un souk se tient le dimanche. Sur les tions, et leur conseille l'emploi des tt'in­ phates, abondants tant à Chichaoua que terrains domaniaux irrigués par l'oued, il tures végétales. dans ses environs immédiats, sera peut­ a été créé sept fermes européennes. Quatre L'umin de3 teinturiers de Marrakech Il être un jour la conséquence de l'achève­ d'entre elles appartiennent au lotissement été amené à Sidi Mokhtar où il a fait an ment du réseau des voies de communi­ de colonisation de Tajoujet. Ce lotisse­ séjour de trois semaines pour rééduquer cations. ment, d'une superficie de 1.700 hectare" le3 teinturiers. a été réparti en lots de 4 à 500 hectares Pour notre bonheur, les sauterelles sem­ chacun, irrigués au moyen d'une séguia Les tapi3 de Chichaoua sont tous a blent avoir oublié leur chemin tradition­ cimentée de cinq à six kilomètres de long. fond de garance. La plante tinctoriale de nel. Elles n'ont paru ni en 1931, ni en Le terrain convient aux cultures arbusti­ ce nom existe en abondance sur les bords 1932 alors que les régions Sud et Est cIe ves, fourragères, et aux primeurs. de l'oued Chichaoua. Les indigènes en Marrakech étaient envahies.

Les tapis ,-je Chichaoua jouissent, dan~ tout le Maroc, d'une réputation large­ ment justifiée. Les Européens les recher­ chent particulieremE'nt en raison de la stylisation de leurs éléments décoratifs o qui s'accorde parfaitement avec~!'ameu­ blement moderne, L'industrialisation n'a ni vulgarisé ni ruiné la pratique de cet art dont les services administratifs idoines Survei lient la prod:;ction. C'est à l'opérati'Jn initiale du filagE que cette femme indigène se livre sous ne à 50 pose un remarquable caractère l'éclairage d'un rayon de soleil qui don- d'esthétique. Après cela, la laine paSSE­ ro aux moins de la tisseuse qui assem­ blera ies coloris et les motifs suivant l'obscur instinct héréditaire auquel elle obéit inconsciemment. Ainsi se renouvelle journellement, le miracle de ces âmes frustes à ne voir qu'un moyen de gagner leur modeste vie dons un travail qui est comme un dernier reflet d'aspirations anciennes aujour­ o d'hui oubliées_ Il, NORD-SUD f\:"uméro 7 CHEMAIA Centre Administratif du Territoire Ahmar ...... ~ ,•

~ La confédération des Ahmar, administrée par le (1859-1873) et son fils ~l Hadj Djilali ben Doh sous Poste de Contrôle Civil de Chemaia, dép2ndant de la le règne de Moulay El Hassan (1873-1894), purent Circonscription Autonome de Saffi, tire son nom faire régner une tranqEillité relative par la dureté de d'origines lointaines, remontallt, paraît-iL à un Sou­ leur commandement. verain de la Région du Ye- Mais l'esprit d'indépendance men « El Hamri ~> dont les et de rivalités entre fractions, cheveux étaient rouges. s'alliant au besion de voler Ce Souverain régnait sur pour vivre, fit toujours du bled Ahmar un pays troublé une tribu appelée « Ahmir » /. qui fut attaquée par de puis­ et peu sûr. sants voisins et dut finale­ A notre arrivée au Maroc, ment se réfugier en Afrique. . après des alternatives d'indif­ Elle passa dans Je Moghreb férence et de réSIstance à l'a­ sous le règne du Sultan Ya­ vance de nos troupes et fina­ coub El Mansour. lement après avoir fourni 400 A la suite d'une révolte des fantassins ou cavaliers à l'agi­ ~ccupants primitifs du bled tateur El Hiba et essuyé avec Ahmar, les « Ouled Ah­ lui la défaite &~ Sidi Bou meur », le Sultan Abdel­ Othman, les Ahmar rentrè­ Mourilen déporta en masse il rent dans le calmi:? .sinon dans y a environ trois siècles cette l'ordre. population turbulente dans L'Administration du bled le Gharb. Ahmar par l'autarité militai­ Il la remplaça alors par les re est effectivement exercé à « Ahmir ». En même temps il partir du 1er janvier 1914 appela du Sous, la fraction pat; rattachement à la Région Oulad Aï.ssa et l'ensemble de Marrakech et incorpora­ prit le nom de « Ahmar ». tion au Cercle de J/Iarrakech­ Ce sont là des origines plus Banlieue. ou moins vrais2mblables, tel­ A partir de ce moment-là, les cep2ndant qu'elles nous des tournées faites par des of­ L'arrivée à Chemaia surprend·toujours agréablement r sont rapportées par la tradi­ le visiteur qui y trouve des frondaisons parfaitement en­ ficiers de rens 2ignements, tretenues. Escorté ainsi par une double haie d'arbres vi­ contrôlent les agissements des tion. goureux' il parvient aux bàtiments du Contrôle pour rcn­ Les Ahmar ont toujours contrer en M. De'ormE', le plus aC;lf des Administrateurs. chefs indigènes. compté parmi !es tribus C'est à la date du 23 octo­ Maghzen. Constituant une tribu indépendante, ils res­ bre 1919 que le Bureau des Rcnseignemerits de Che­ taient malgré tout, unis aux Abda pour l'impôt et le maïa. dépendant du Cercle du Haouz, est créé. contingent militaire. Leur histoire ne présente aucun fait particulière­ La désignation de ChemaÏa comme centre adminis· ment saillant, sinon que la population habitant un tratif s'explique par la présence d'une Kasbah Makh· pays très vaste et pauvre, s'est livrée de honne heure zen en assez bon état, (Kasbah utilisée autrefois par les au brigandage, au dépens des voisins plus riches (Abda Sultans comme école d'équitation pour leurs enfants et Guich). en raison de la haute réputation des cavaliers avoisi­ Durant quelques courtes périodes, des Caïds à poi­ nants le Zima) et pa~ la proximité des salines du Ja,c gne. notamment le Caïd Heddi ben Doh sous le règne Zima qui est un puissant centre commercial d'attrac­ du Sultan Moulay Mohamed ben Abderrahman tioniJour toute la population Ahmar. Numéro 7 NORD-SUD

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L'aimable impression que procure l'arrivée SE: confirme quand on a atteint le Centre lui-mê­ me qui se présente sous un aspect riant. La vie, ici, s'écoule doucement sous de frais ambrage~ où J'on se repose des fotlgues causees por IG protique des trovaux ruraux.

Le Contrôle Militaire dure jusqu'au 31 décembre Guentour, des gisements de phosphate constituent 1922. heureusement dans le sous-sol une richesse réelle. A la date du 1er janvier 1923, la tribu des Ahmar A signaler également de nombreux gisements de passe sous le Régime de l'Autorité Civile et se trouve Gypse dans les .collines des Mouissat en bordure des rattachée au Contrôle Civil des Abda. Abda. Jusqu'en 1926, Chemaïa est le siège d'audiences Des filons de Galène ont été constatés et ont fait foraines faites par des agents d'autorité détachés de d'ailleurs l'objet de sérieuses prospections dans la zo­ Saffi. ne primaire comprise entre Chemaïa et l'Oùed Tensift. C'est ainsi qu'au Djebel Ighoud et au Djebel Zorg, A partir de 1927, un Contrôleur Civil est affecté des mines ont été ouvertes durant la période de pros­ à demeure à Chemaïa. périté. La Région justifie cette organisation. D'une étendue Un minerai de cuivre de formation sédimelltaire de 5.000 kilomètres carrés avec une longueur moyen­ avait déjà été exploité dans la région avoisinant Sidi ne du Nord au Sud de 100 kilomètres, et une largeur Rahmoun dans les Mouisset en limite des ALda. moyenne d'Est en Ouest de 50 kilomètres, le pays Ah­ Enfin le lac Zima d'une superficie approximative mar est peuplé d'au moins 75.000 indigènes. de 1.500 hectares (vaste dépression formée de dépôts Dernier ressaut des D jebilet avec des Schistes pri­ d'origine triasique) approvisionne de sel non seule­ maires qui forment plus de la moitié de son territoire, ment le bled Ahmar, mais encore les Abda, une partie le bled Ahmar est surtout aride et nu. La moyenne de des Doukkala et des tribus Guich. sa pluviométrie atteignant péniblement 2] a mm. ne Depuis 1927, Chemaïa, qui n'était qu'une bourga~ permet guère qu'une maigre végétation ql.l1 reste tou­ de indigène d'une centaine de feux, protégée par sa jours en dessous des besoins de l'élevage. Kasbah Makhzen a pris l'apparence d'un petit centre Au Nord du territoire, dans les étages crétacés des europeen.

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L'ogglomérotion Indigène ne manque non plus de pittoresque. On a veillé tout particu­ lièrement à ce qu'elle ~oit tenue dans un état dè propreté exemplaire et que les règles élé­ mentairèS d'hygiène y soient d'une pratiquE: ·Constonte et scruDuleuse. 14 NORD-SUD Numéro 7

sources à une main-d'œuvre qui jusqu'ici ne pou­ vait s'employer qu'en émigrant dans les territoi­ res VOlsms. Pays peu engageant, la colonisation du bled Ahmar, est restée privée et très restreinte. Elle n'avait été envisagée jusqu'alors que pour des buts d'ordre agricole. Elle a été assez souvent: mal récompensée de ses efforts. Il importerait que l'orientation se fit vers!'éle­ vage, par l'amélioration des immenses espaces ré­ servés au·parcours et notamment par la planta­ La Mahakma du Cadi est entourée d'une large esplanade sur laquel­ tion du cactus inerme qui réussit magnifiquement: le stationne, aux jours de réception, la foule des justiciables qui vien­ nent lutter de ruse dans l'exposé de leurs contestations embroui lIees qu~ presque partout. récloment une grande sagesse de la part de l'autorité à laquelle il échoit de les trancher. L'observation de' ces directives contribuant à la création de réserves' fourragères permettrait sans' aucun doute des possibilités plus grandes dans: De nombreuses plantations ont rompu la mo·· l'élevage du bétail et limiterait les pertes occasion­ notonie désertique des Ahmar pour lui donner nées par la misère physiologique, après la séche· . un air d'oasis. resse estivale. Près de 10.000 arbres agrémentent actuelle­ ment ce coin de bled. L'installation du Contrôle Civil, d'une Agence Postale, d'une Annexe de Travaux Publics, d'une Ecole, contribue à l'équipement de ce centre admi­ nistratif. Quel sera son avenir? Ceci est une question à laquelleiCest difficile dé répondre. Chemaïa est et doit rester par sa seule situation le Centre de Commandement des Ahmar. La création du village de Louis Gzntil à 23 ki­ lomètres au Nord, en un point excentrique par' rapport au bled Ahmar, tout près des limites La mine réjouie des bambins européens et indigènes photographiés dans la cour de l'école, en dit long sur le plaisir qu'ils éprouvent à re­ Guich et Doukkala, pour l'exploitation des gise­ cueillir l'enseignement de leur institutrice, Madame Sabotier, qui se dé­ pense sans compter pour former l'éducation de tout ce petit monde. Ce ments de phosphate des Djebourat et des Guan­ document démontre encore que le climat de Chemaïa est particulièrement favorable aux jeunes organismes qui s'y épanouissent dans une atmosphè­ tour. ne peut cependant que donner de l'impor­ re saine et reconstituante. Lance au Poste de Chemaïa. Le lancement de ce centre phosphatier est pour la région un événe­ Les nombreuses terres collectives dont l'admi-· ment dont l'importance se souligne par la possi· nistration poursuit la reconnaissancë et la déli-· bilité de donner sur place du travail et des res- limitation doivent former le substratum sur le· quel s'exerceront des efforts patients ct raisonnés: d'amélioration du pâturage. Dans un autre ordre d'idées quelques aménage­ ments de séguias dans la région du Tensift pOlit' utiliser plus rationnellement les eaux cie cet oued sont également à envisager. Près de 2.000 hectares semblent pouvoir être irrigués après exécution toutefois de travaux importants. Dans les terres ainsi aménagées l'arboriculture doit réussir. Telle paraît être dans ses grandes lignes l'orien­ tation à donner aux deux principales produc­ tions : agriculture et élevage qui ont surtout assu~· « ... l'auberge au bord de la route ré jusqu'ici malgré des conditions naturelles très Où nous irons casser la croûte... » chère à notre regretté Français Berger. Celle-ci, la « Halte de Chemaïa » difficiles, la subsistance des habitants de cette ré­ constitue un gîte d'étape confortable bien connu des usagers du parcours Safi-Marrakech. glOn. Numéro 7 NORD-SUD 15

51DI BEN NOUR

Aperçu géographique Sidi Ben Nour immeubles domaniaux assez importants. Au fur ct à mesure que la situation juridique de et les autres marchés ces immeubles fut apurée, ils furent mis à la L'Annexe des Doukkala-Sud dont le sIege disposition de la colonisation. -est à Sidi-Ben-Nour, compte un peu plus Le choix de Sidi-BenNour comme chef­ C'est dans le courant de l'année 1919, que de 120.000 habitants. lieu de l'Annexe fut dicté principalement, à furent attribués les premiers lots. En 1920. une époque où l'automobile était encore peu cinq lots furent cédés; en 1921, huit; en 1925, Ainsi que son nom l'indique, elle consti­ utilisée, par un motif d'ordre purement géo­ deux; en 1927, deux; en 1928, trois; en 1929, tue la partie méridionale de la vaste plaine graphique. Ce point se trouve à peu près au trois ; en 1930, un. Le tout représente un to­ des Doukkala qui s'étend entre le plateau centre de l'Annexe. L'un des plus grands tal de 6.000 hectares environ. REhamna et l'Océan d'une part, l'Oum-er­ souks des Doukkala (plus d'un demi-million Rebia et les Abda d'autre part. Les colons peuvent se diviser en deux grou­ de droits par an) s'y réunit le mardi. Mais il pes correspondant à deux régions assez dis­ Elle se compose des tribus, Oulad Amor, est privé d'eau. Ainsi depuis sa création, ce tinctes de l'Annexe, la région des Ouled Amor Oulad Bouzerara, Oulad Amrane et Aounat centre ne s'est point développé malgré les subissant l'influence du :::'ahel et la région de et couvre une superficie de 350.000 hectares efforts tentés dans ce sens (création de lotis­ Sidi-Ben-Nour ou du tirs. environ. sements officiels et privés, lots d'artisan, etc.). Dans chacune de ces régions, les colons se Il compte en tout 48 europp.ens et 200 indi .. sont réunis en association €t ont constitué Au point de vue du climat, la reglOn des gènes. d'une part l'Association Am:cale des Colons Doukkala-Sud \présente, à peu de chose des Doukkala-Sud-Ouest, aont les destinées près, les mêmes caractéristiques que le res­ Pour alimenter Sidi-Ben-Nour en ëau il liq~ide sont présidées avec compétence et une auto­ te de ce que les géographes sont convenus faudrait aller chercher ce précieux rité toute paternelie par M. Saint-Marc le d'appeler la plaine subatlantique du Mal oc à 22 kilomètres plus loin, au M'TaI, où on la Occidental. trouve à faible profondeur et en grande doyen des colons de , d'autre part quantité dans le lit de l'oued du même nom. l'Association Amicale des colons de Sidi-Ben­ On y trouve, comme ailleurs, une succes­ Les marocains y avaient déjà pensé, et on i'iour présidée par l'actIf et sympathique M. ,r'ernand Guillemaud, colon aux (Julau Am­ sion de bandes de terres de nature diffé­ trouve encore, enterrée à pius d'un mètre rane. rente s'étendant parallèlement à la mer sous terre mais en excellent état de conser­ sur des profondeurs diverses : sahel rocheux' vation, une canalisation en maçonnerie d'une Aux Zemamra l'élevage est mené de front aride, mais propre à l'élevage ; ouldja et ter~ longueur de 30 kilomètres environ qui con.. avec la culture des céreales. La plupart des l'es légères; terres sablonneuses où pousse le duisait l'eau aux environs de Sidi-Ben-Nour COlOns ont obtenu en location des lots d'éle· raisin Doukkali réputé dans le Maroc entier' à une époque où les eaux du M'TaI devaient vage prélevés sur les terres que les collecti­ enfin large zone de tirs et de hamri terre~ encore Jaillir à ciel ouvert. vItes mdigènes possèdent dans le Sahel. Ces d'é!ection des céréales. ' Mais les travaux d'adduction entraîneraient lots représentent une superficie de 5.000 hec­ tares. une dépense assez élevée qu'il n'est pas, en C?e qu'il y a de frappant dans ce pays, c'est ce moment, queEtion d'engager. Dans la région de Sidi Ben Nour, on qu Il est presque uniformément plat, qu'on n'y pratique surtout la culture des céréales, et t~ouve pas de forêts, pas de rivières et que Sidi-Ben-Nour est donc voué à la stagna­ l'élevage (des porcs surtout) ne vient qu'à l eau du sous-sol généralement salée et peu tion pour un temps dont on ne peut prévoir titre d'appoint. ~ropre à la boisson se trouve presque partout la durée et en tant que groupement urbain a une grande profondeur qui peut atteindre ne présente pour le moment aucun intérêt. ' Les colons de cette partie de l'Annexe s'ef­ et même àépasser 100 mètres. Il en est de même du souk El Khemis des forcent de remédier à cette infériorité et ils Zemamra qui est la réplique de Sidi-Ben­ paraisscnt avoir trouvé la solution de ce pro.. Il est riche, mais d'aspect monotone et assez blème clans l'utilisation des eaux ruisselant peu séduisant. Nour sur la route de Safi, dans la région des Oulad Amor, et où se réunit le 2" souk de le- long des lhalwegs qui traversent le pays. l'Annexe en importance (près d'un demi mil­ La coloni>:ation se présente ainsi dans l'an­ lion de droits par an). ll~xe sous un double aspect : extension de • l'élevage d'Une part, tentative de cultures ir­ On y trouve 31 européens et 51 indigènes. riguées d'autre part et nous donnons ci­ Aperçu historique . Le pays n'offre aucun intérêt touristique. dessous un court aperçu de la facon dont Il ne faut faire exception que pour OualidTa, ces deux problèmes sont envisagée~ ou ré­ situé sur la côte dans un site très pittoresqu~ solus par les colons de la région. Les premières troupes françaises y firent et dont la plage et la lagune que domine une leur apparition dès le milieu de l'année 1912' antique casbah attirent déjà, chaque été un mais l'organisation administrative du pays n; nombre croissant de baigneurs. date que de décembre 1913. A cette époque • le Résident créa un territoire Doukkala­ Un restaurant très confortable y est ins­ Elevage tallé. Abda comprenant deux cercles : celui des Abda et celui des Doukkala. Ce ne fut qu'en . ,Nous ne p~uvo~s mi~ux faire que donner mai 1915 que le cer~!e des Doukkala devint ICI un extraIt d une etude pubhée sur la autonome. • que.stlon par M. Guillemaud, .t'résident de la Colonisation ::>ection pour les Ouled Amrane du :Syndicat L::s Doukala-Sud furent d'abord adminis­ Coopératif des Eleveurs des Doukkala. trés par un bureau militaire établi au M'TaI, Le pays se prêtant peu à la constitution de point situé à 22 kilomètres au Sud de Sidi­ gros centres urbains, tout l'effort de l'admi­ SECTION DE ZEl\'IAl\'IRA Bên Nour, sur la route de Marrakech. nistration a tendu de préférence au dévelop­ « La SECtion de Zemamra cemprend un Le siège de l'administration passa ensuite pement de la colonisation rurale. nombre de membres important. Ceux-ci s'é­ à Sidi Smaïn, et enfin à Sidi-Ben-Nour où le Le pays est riche et déjà avant le Protecto­ rat de vaillants pionniers s'y étaient installés tant adonné à l'élevage depuis longtemps, poste fut créé en 1915. Ce ne fut qu'en dé­ ont pu pousser déjà fort avant les questions (Jeannin, Cottel, Saint··Marc, etc... ). D'autres cembre 1917 que l'organisation administrative re!atives à cette branche. des Doukkala-Sud fut définitivement flxpe colons ne tardèrent pas à les suivre. L'admi­ telle qu'elle existe actuellement. nistration, à son tour, se mit en devoir d. L'intérêt des éleveurs s'est porté d'abord doubler cette colonisation privée, d'une colo­ sur la sélection, l'amélioration des ressour­ nisation officielle. chose relativement aisée, ces aEmentaires par l'ensilage et la cons,· • car il existait dans les Doukk:ala-Sud, des truction d'abris confortables. La race du pays 16 NORD-SUD Numéro 7

2" Utiliser la paille dont nous disposons: et en faire du fumier ; 3" Assurer les besoins de la ferme en laitages. Comme écoulement, il n'y a que la clientèle indigène locale. Casablanca eot à 200 kilomè­ tres et il ne faut pas 'songer pour le moment 2. C2 marché. Faute de nourriture l'amélio­ ration de la race locale par croisement de bêtes importées est impossible tant que la question irrigation ne sera pas mise au point. En attendant, le but recherché est d'avoÎl' d2s bêtes rustiques ef, résistantes, pouvant faire les travaux de la ferme le plus écono­ miquement possible f't se vendan~-cilemen: sur les « ~ouks ». Il .est atteint par la sé­ lection de la race locale. Moutans. - Faute de pâturage. cet éle­ v<:ge est peu important chez les colons euro­ Un troupeau de moutons dans les Ouled Amrane. - L'ab­ péen':. L'amélioration de la race locale est sence de pâturages ne permet pas aux colons des Ouled Amrane faite avec le Crau Tunisien. Les bêtes et la de se livrer à un élevage intensif du mouton. Néanmoins, il est possible d'obtenir quelques résultats encourageants en apportant un laine sont entièrement vendues sur place. Un bain parasiticide est nécessaire pOUl' soin particulier à la surveillance des troupeaux qui trouvent, en période favorable, l'appoint d'une herbe fraîche dont iis se hâtent combattre les épidémies. de profi ter. Porcs. - L'élevage du porc est ici le plus' rémunérateur. Il se fait généralement en demi stabulation. L'ardeur du soleil en été et la compacité des terres qui rend la re­ Le gros effort fait par cette section, l8iss~ s'étant montrée digne d'attention tant par sa cherche des tubercules difficile n'a pas per­ cspérer aux éleveurs, que le Gouvernement rusticité que par sa remarquable résistance mis de développer l'amélioration .de la rac'~ aux maladies, particulièrement aux pyro­ du Protectorat voudra bien leur accorder, tant pour l'achat de géniteurs que pour la locale par croisement de porcs importés. L3 plasmoses. les éleveurs qui ont choisi, nourri construction d'installations et pour les pri. Eéleetion des bêtes du pays seule a été faite et accordé quelques soins aux reproductrices plu~ Et a donné de bons résultats ». et qui ont laissé aux veaux tout le lait des mes aux animaux, le l<'lrge et le plus mères sont arrivés rapidement a des "ésul­ généreux appui ». tats appréciables. On peut estimer aujour­ d'hui à plus de 300 têtes, le nombre de va­ • ches sélectionnées, ar:partenant aux diffé·· • Utilisation des eaux rents membres de notre section, et cela su!' SECTION DES OULED AMRANE de ruissellement un effectif d'environ 1.000 têtes. « La région des Oulad Amrane est spé. L'expérience, tout en montrant que l'on ciale aU point de vue élevage. Elle est com­ « Parler d'irrigation dans la reglOn de pouvait attendre les meilleurs résultats de posée de terres très riches (Tirs) entière·· Sidi Ben Nour. écrivait Georges Louis, sem­ cette initiative, a prouvé également que ces ment défrichées et cultivées. Les indigènes ble un parado;'e. Paya veule, nu, sans oued, différents géniteurs n'étaient pas d'égale va­ cultivent tout en ne laissant aucun terrain il laisse au voyageur qui le traverse après­ leur. Le Montbéliard a été délaissé complè­ de pacage. Les colons européens travaillent les moissons, l'impression d'une incurable tement, ayant donné des produits décousus leurs jachères dès les semailles finies. Aus­ séchsresse ». et manquant de rusticité ; le Zébu n'a pas sitôt les semailles du printemps terminées, C'est C2pendant le problème qui est sur montré qu'il est un améliora'eur de classe : il faut avoir recours à la transhumance dans le point d'être résolu par les colons, aveec ses produits sont sauvages mais font preUV2 le « Sahel » ou les « Rehamna )1 avec tous l'aide du Protectorat. d'une rusticité parfaite. Aussi certains éle­ ses risques et dangers pour un élevage sé­ S'il n'y a pas, à proprement parler, de ri­ veurs restent partisans du Zébu en recom .. lectionné. La pluviométrie irrégulière et gé­ vière.c:. dans la région, il existe cependant mandant toutefois d'éviter de dépasser 25 % néralement insuffisante du printemps, n"a des thalwegs auxquel~ les indigènes donnent de sang Zébu. pas permis de faire de l'ensilage en grande le nom d'oued: Oued Bouchane, Oued M'Ta!, Le Nivernais semble devoir offrir aux éle­ quantité. Ce qui est fait dans plusieurs des El Aoudja, Oued Fagher. Généralement ~. veurs de notre région, qui, de par leur si-· fermes sert exclusiVEment aux bœufs de tra­ sec même l'hiver, ces oueds ne coulent que tuation, recherchent la production de la -rail. Un projet d'irrigation par eaux de crue, 2 ou 3 fois par an, lorsque des pluies torren-­ viande et non celIe du lait, le plus d'avan­ à l'étude en ce moment, permet d'espérer tielles sont tombées sur le plateau des Re­ tages. Produits ramassés, très améliorés, pré­ dès sa réalisation la constitution de réser·, hamna où ils prennent naissance. ves fourragères importantes. coces, de rusticité satisfaisante, à robe uni­ Ils roulent alors pendant queiques heure;:;, forme, à pigmentation foncée, point impor-· Bovins. - L'élevage des bovins dans la des quantités d'eau considérables qui peu­ tant pour des animaux qui pendant l'été région a eu pour but: vent être évaluées à plusieurs millions de­ sont exposés aux ardents rayons du soleIl 1" Fournir des bœufs de travail ; mètres cubes. d'Afrique. Pour ces raisons c'est le Nivernai:; qui a retenu l'attention de nos membres, comme le prouve la demande de géniteurs de notre S'ection. L'crientation de l'élevage dans notre sec·· tion est donc très nettement établie ; sélec­ tion suivie de croisement avec un géniteur bien détern'Ïné - le Nivernais - d'où consti­ tution d'un troupeau homegène dans tout le territoire de la Section. La clôture, la rotation des pâturages, la construction d'abris, la constitution de ré· serves de fourrages, sont réalisées ou en voie ?e réalisation dans les exploitations les plus Importantes.. Le choix des élev",urs de porcs, très nom. breux dans notre section, s'est porté, com·­ me reproducteur, sur le Berkshire. L'élevage de la chèvre donne de bons ré . sultats ; les reproducteurs choisis sont d.:, race e"pagnole ou maltaise, de préféreL .,., inermes. le chargement des céréales. - Le battage terminé, le. blé gagne Enfin, l'élevage du mouton, délaissé à plu­ les centres de consommation grâce à un équipement routier judicieu­ sieurs rEprises à la suite d'insuccès, vient d'être repris par les membr2s de la Sectio:', sement conçu qui fait de la circonscription des Dcukkala-Sud, une ré­ sur de nouvelle~ bases, avec comme repro­ gion privi légiée. Le chargement sur camions autcmobi les s'opèr'e à !o ducteur le Chatillonais. gronde satisfaction du Colon OUI songe déjà à sa récolte prochaine. Numérol NORD-SUD 17

Les indigène!': tiraient partie d~ ces inon­ parmi les colons du groupement de l'Adir dations partout où la faible hauteur de'3 El Outat près de Sidi Ben Nour. berges permettaient à l'eau de recouvrir Les levées top~graphiques pa-élirninaires. leurs terres. Le premier qui songea à en f;i­ sont déjà faites et les travaux sont à l'étude. re un usage rationnel fut un colon, M. Fon­ Mille hectares environ pourront êtré ini­ taine, qui construisit sur l'oued un barrage gués, mille autres le seront par l'oued Fa­ grâce auquel une partie des eaux de crue gher, où nous avons déjà signalé les travaux Se déversait sur sa propriété. effectués par M. Fontaine. Les résultats furent tels qu'ils attirèrent l'attention des colons voisins, ceux des Oulad Amrane dont les terrains étaient traversés par l'oued Bouchane. Mais là, le projet en­ • visagé était d'une autre ampleur et les in·· téressés résolurent d'en demander la réali·· Le colon européen a introduit, ou Maroc, des Conclusion mtion à l'Etat. méthodes nouvelles de motoculture auxquelles Voilà comment ils s'exprimaient dans une: s'est vite odopté le personnel indigène des ex­ ploitations agricoles. lettre qu'ils adrescaient le 1er janvier 1931 LSf. débuts de la colonisation dans les au Contrôle Civil d:! Sidi Ben Nour : Doukkala-Sud ne furent pas toujoun: aussi faciles que pourrait le laisser supposer l'é­ « L'Oued Bouchane qui prend naissanc'2 tude: précédente. au delà de Ben Guérir, a comme impluvium, bras du Bouchane 11 parfois un débit con­ Superficies trop restreintes, manque de la vaste région montagneuse des Rehamna, sidérable : c:tte année il a emporté en deux crédits, d'expérience pour quelques-uns, ab­ où le ruissellement est très important lorsque endroits la route des Oulad Amrane. Son sence de routes, de commodités de toutes les pluies sont abondantes. Il coule, à peu débit pouvait s'évaluer à environ 30 m3, se­ sortes, furent au début de sérieux handi· près régulièrement, trois ou quatre fois pa':' conde ce qui pendant 24 heures seulemen~ cnps pour les colons, armés surtout d<: bonne an, ses crues sont rapides et durent peu, donne le chiffre de 2.500.000 m3. volonté. mais elles amènent un volume d'eau très abondant. En moyenne, on peut compter sur un dé­ A cette période de gêne, succéda, comm<: Près du Souk El Arba, il a son lit pro· bit. total de deux à cinq millions de m3, ce dan,: tout le Maroc, une ère de facilités et qur permettrait l'irrigation de deux à cinq fondément encaissé, ce qui rend toute irri­ de dépenses imprudentes à l'« américaine ). mille hectares à raison de 100 m/m par mè­ dont les résultats ne furent guère plus bril­ gation impossible, mais à partir de ce point, tre carré ». son lit se rapproche peu à peu de la surface lants. et l'irrigation commence à 4 kilomètres en­ li s'agirait d'utiliser en leur totalité les Mais actuellement, le cap des tâtonnements viron du souk, à l'endroit où il se divise en eaux d,= l'Oued Farhi et toute la portion de et des erreurs est franchi. Soit par eux­ deux bras : l'un se dirigeant vers le nord· celles du Bouchane proprement dit qui va mêmes, soit grâce à l'Administration, les co­ nord-est pour aller former dans la plaine au se perdre inutilement dans Ouaral' ». lons ont rémédié pour la plupart à l'un des dessous des cc Kouassem » l'étang de Oua·· inconvénients les plus graves signalés plus' Actuellement ce n'est plus un projet, c'est l'al', l'autre bras qui prend le nom de oued haut : l'iI15uffisance de la superficie de leurs déjà presque une réalité. Le Protectorat. Ferhi continue vers le nord ·nord-ouest jus­ domaines. Les propriétés de plus de 300 hec­ adoptant le.; conclusions des colons a affecté qu'à la hauteur de « Sidi Mahder » et s'in·· tares ne sont pas rares et l'ensemble des sur­ fléchit ensuite au nord-nard-est dans la di·· un crédit gkbal de trois millions à la réali­ faces cultivÉes par les européens dépassent rection de Sidi ben Nour. sation des travaux d'hydraulique du même 13.000 hectares. Les eaux du bras allant à Ouarar sont par­ genre qui pourraient être entrepris dans 1'1 San:~ délaisser la mcLculture, les colons tiellement utilis§es par les indigènes dans de région. L'étude et le contrôle de l'exécution très mauvaises conditions d'ailleurs, mais des travaux de l'Oued Bouchane ont été con­ entretiennent pour la plupart un chepte1 la topographie du terrain qui se relève de fiés à M. Journet, Ingénieur principal du Gé­ suffisant destiné en partie aux travaux de chaque côté de l'oued ne permet pas de les nie Rural, dont la compétence en la matière la ferme. Les procédés de culture se sont utili.ser complètement. Une bonne partie eO't connue de tous. améliorés : sous·solages, cultures de céréa·­ ferme l'étang d'Oual'al' qui couvre >.auvent les sur jachères, soit travaillées soit culti­ Leur achèvement est prévu pour fin mars, vÉ-es, sont de règle. De plus, le vieil espri! plusieurs centaines d'hectares ; il n'est pa<; [pû~ue à laquelle :plus de 1.500 hectares d'économie du paysan réapparaissant, les exagéré d'évaluer à un ou deux millions de pourront être irrigués si le besoin s'en fait colons recherchent un exact ajustement de mètr~~ cubes en moyenne, sa contenance. Sentir et si l'oued « vient ». leurs dépenses aux rendements de leurs ex­ Cette eau est stagnante, pendant l'hiver et le p1Gitation·s. rrintemps, et disparaît par l'évaporation sur­ En attendant, colons et indigènes se cons· tout aux premières chaleur., de l'été. C'est titu<:nt en association syndicale privilégiée De son côté l'Administration, en plus de signalé~ un foyer du paludisme et certaines annèes pour l'utilisation des eaux ainsi captées. Ils raide plus haut Credistributiop, 1928 par exemple, où elle subsiste pendant prendront à leur charge la moitié des frais agrandissement des lots, organisation du cre­ toute l'année, la région avoisinante devient engagés p3r l'Etat pour l'exécution des tra­ dit) a apporté au développement de la co­ inhabitable. vaux. lonisation sous forme de travaux d'intérêt général divers, une contr~but~on f~rt impo~­ L'oued Farhi irrigue la plaine de Dhiss, Cet exemple a créé chez les autres colons tante : Routes, pistes empierrees, pistes ame~ '>l'excédent d'eau se réunit à la hauteur du une louable émulation. Un projet de syndicat ricaines ; il y a peu de régions au Maroc ou douar Djilali Ben Hassan et coule ensuite en vue d'utiliser les eaux de crues des oued.> le réseau des voies· de communication, celles dans une dépression nettement accusée. Ce M'TaI et Er Aoudja est en voie de formatien desservant les fermes notamment, soit aussi complet. Pas de région où l'on retrouve de points d'eau aménagés, plus d'aéromoteurs, et cet effort dut être d'autant plus coûteux aue la nappe phréatique se trouve à une très grande profondeur. Enfin, actuellement, l'Eta~ exécute dans les conditions que nous avons dgnalées plus haut, les travaux destinés ù permettre l'utilisation des eaux de crues des oueds Bouchane, M'TaI, El Aoudja, etc. En résumé, grâce à l'énergie, la compéten­ ce l'esprit de cohésion dont ont fait preuve le~ agriculteurs européens et aussi, il faut bien le dire, grâce à la politique bienveillante pratiquée par l'Administration à leur égard, la colonisation d'une façon générale, sinon encore complètement, semble être parvenue, dans cette région, à un degré d'équilibre où les conditions de rendement optimum sont atteintes virtuellement et elle doit réussir si la situation économique mondiale s'amé­ liore. Son plus grand ennemi actuel, est la baisse imprévisible des cours. Il faut espére>: qu'elle ne sera pas toujours désarmée à cet On suit sur nos gravures l'accomplissement de deux opé­ égard et que le Protectorat finira par obte­ rations distinctes: le sous solage et le moissonnage, réalisées nir les mesures de protection qui laisseront avec un matériel perfectionné qui facilite largement la tôche à nos colons la juste récompense de leurs entreprise.. efforts. 18 NORD-SUD Numéro 7

des Groupes Sanitaires mobiles dans les Doukkala L'AtUvilé ..

Parmi les regwns qui subissaient jadis le diats tangibl.es, et la médecine préventiv~ jointe à la r'apidité et à la' puissance deSc joug très lourd des grandes endémies, le,~ aux b;entaits plus généraux, mais plus lom­ moyens qu'il peut déclancher, fait de cet or­ Doukkala gardaient indiscutablement la pre­ tains, afin d'obtenir le succès le plus ra­ uan',sme un modèle du genre. admirable­ mière place. Il est, je crois, un dicton po­ pide dans la transformation bienfaisante de lQ.~nt adapté au but poursuivi. pulaire de cette province qui prétend que l'état sanitaire. On parvient ainsi à modifier Le cas se présente 1'arcment, d'une ép'de­ « si le Maghzen possède tant de bonnes ter'­ peu à peu les conceptions néfastes qui per­ mie nettement déclarée par l.es indigènes. il res en Doukkala, c'est surtout aux épidé­ sistent encore dans le milieu indigène, S'l s'agit, le plus souvent, de cas susPects signa­ mies qu'il le doit... » confiance est gagnée et la prophylaxie lan-­ lés aux autorités locales ou aux colons avec PI.us près de 1WUS, les hécatombes de la cée sur de nouvelles pistes, étend chaque des indications vagues et souven·t fantaisis­ peste de 1911 sont encore présentes à la me­ jour le champ de ses acquisitions pratiques. tes. Les fuites et les fraudes diverses sont moire des indigènes, et l'on cite communé-­ Parmi les grandes endémies à marche l'U,;: alors les gros écueils de l'enquête du mé­ ment les noms de quelques agglomération.s pide, la variole et la peste on-[ presque com­ decin mobile, dans un milieu où l'on re­ du territoire où les mor~s restèrent sans se-­ plètement disparu ,. le typhus, plus protér.. doute généralement les mesures de quaran­ pulture, faute de survivants, forme, a mar'qué un recul très net et les taine pour les avoir déjà supportées au cours centres importants sont désormais à l'abri de Sur ce chapitre, la plaine des Doukkala a'épidémies antérieures. Quelquefois, la n,­ toute catastrophe sanitaire. n'avait rien à envier à sa sœur la « Cha­ connaissance médicale permet de dépister des ouia », et dès les premiers pas de la co­ Cet aboutissement efficace de l'effort pro­ inf::'ctions f1'ustes. des cas « qu,\ s'ignore1vt » lonisation., il fall.ut .compter avec ces foyers phylactique vient à point pour répondre aux et dont l'évolution, au sein de foyers, as­ menaçants qui au seuil -même de la capi-· préoccupations qui se sont fait jour récem­ surent la pérennité de' la maladie entre les tale ouvraient dangereusement 1eurs large:; ment à ce sujet et qui ont pu dans une cer­ poussées épidémiques. portes sur le Sui!... taine mesure, conduire à mettre en doutè Dans tous les cas « confirmés »,l'on fmt l'activité déployée à cet effet. L'assainisse· Les préoccupations de la première heure diligen,ce, et le GrOUpe sanitaire mobilc or· ment obtenu n'est pas une simple « vue » ganise' aussitôt ce qu'en termes du métier furent donc pour la direction des services d'hygiéniste ,. des indices nombreux nous d'hygiène, de chercher la défense sanitaire l'on appelle une campagne prop·hylactique. immédiate et, pour cela, de drel1se11 dan., montrent qu'il a été remarqué aussi par l.es Ce terme, au caractère un peu belliqueux populations intéressées, et nous .savons que l'hinterland sur les (( grandes routes des ca­ pOWl' notre époque, caractérise cepend'ant ïes indigènes ont bien voulu juger que notre ravanes » une barrière capable d'arrêter et de avec justesse l'organisation du combat qui va œuvre, quoique modeste et effacée, a été fé­ s'engager méthodiquement contre le fléau, IUtrer le flot des transhumants. Dans leur ej­ conde. Ainsi, s'il vous est donné d'entendre 'ln fort d'adaptation, ces préo.ccupations se sont Tc,ut y sera réglé à l'avan,ce, suivant les jour, dans une de ces fêtes locales dont nos traduites par la création. originale au Ma­ principes de la prophylaxie, issus de mises au protégés sont friands, de); chanteuses des l'0hlt successives et de); enseIgnements de roc, d'un service de prophylaxie basée sur Doukkala, faites-vous détailler les ,coupl.zts l'action des Groupes sanitaires mobiles. 2'e:.:-périence. humoristiques du « Toubib de l'Aounat », Pour la défense sanitaire des Doukkala, Elles s'y prêteront de bonne grâCe et sur un cette organisation ne fut qu'un simple épiso­ ton de mélopée, vous apprendrez en sub­ de de l'œuvre magistrale- entreprise par le stance « qu'autrefois, les champs des Douk­ service de salué au Maroc ; et. pourtant, el­ kala étaient trop vastes et une faible partie le eUl d'emblée à son actif des pages émou­ suffisait à nourrir les familles, car il y avait vantes et des résultats remarquables, peu de monde dans les tentes. Depu's l.'ar­ rivée des Français, les enfants ne meurent plu.,> ,les épidlémies s'éteignent ,sans' .dom­ mages et il n'y aura, bientôt, p'us ass~'Z 'de ressources pour vivre sur.. sa-terre, tant les bouches deviennent nombreuses à nourrir. » Le fonctionnement d'un groupe san'taÎ1'e moderne est généralement peu connu du pu­ C'est ici que se démasque, presqu'en entle'r, blic. Celui des Doukkala est essentiellement notre armature de défense prophylactique. composé d'une équipe médicale permanente L équipe sanitaire de Casablanca, complé­ ayant pour base Sidi Smain, et rayonnant ment indispensable de celle des Doukkal((, journellement en automobile sur le grand va entrer en ligne, déclanchée par un simple territoire qu'il doit surveiller. 11 des8'erl'ain-' coup de téléphone au médecin régional. si les grands marchés ruraux des Doukkala sur lesquels il possède de petites infirme­ Les groupes mobiles de Doukkala et do:? ries. Chaouia ont en effet cette particularité d'a­ boutir à u11. centre unique, le médecin régio­ Il ne peut être question de faire ici un nal' avec lequel ils sont en liaison constante.; historique complet de ces formations et dg C'est une formule souple et heureuse qui m.et la lutte obs.cure qu'elles poursuivent depuis entre l.es mains d'un seul homme d impor·­ quinze ans. Il faut rappeler cependant les tantes ressources en personnel et en matérie~ noms de ceux qui, dans les Doukkala ont . qu'it peut lancer à la moindre alerte ç·".r guidé, :!JelJectionné, modernisé suc,::essivemel1t n'importe quel point du territoire. l'organisme actuel et qui ont, à sa tête, mené Le Groupe permanent local s'augmente le bon combat : Les Delan-oé, Pujol, Arsol-­ donc, dès que les cir,constances épidémiqu~" t'er, Subervie, Castan, etc•. l'exigent, d'un personnel nombreux et d'l{;L Sous leur impulsion, l'équipement sanitaire matériel prophylactique moderne dont la ca­ et la technique se sont améliorés sans ces­ -rŒctéristique est l'extrême mobil.ité. Il con.c­ se car il a fallu s'adapter aux circonstancf;S titue alors, suivant la nature de la maladie et au rythme croissant du progrès. Il e5t à combattre, un grouPeantipesteux, antity­ impressionnant. en effet, d'apprendre que phique, antivariolique Ou antipaludique ct dans la seule plaine des Doukkala, le mou­ se fixant temporairement dans la zone me­ vement des voyageurs se chiffre annuelle­ nacée, il devient pour la collectivité l'arm" En temps normal, pendant nu'il distrib 2 ment par centaines de mille. Aussi, la lente u cxce:te11,'~e des ,conseils et des médicaments, il épuis~ de défense paT du moment épi­ cavalerie des p1'emiers groupes mobiles a été démique. méthodiquement son stock de vaccin anti­ peu à peu remplacée par des auto­ variolique, l.'arme favorite. ou cherche à ini­ Pour aller plus au fond des choses, p1'~­ 'noU'es. PttÏ'l. au ,-cours ,du rapbde esso'r tier les indigènes des milieux palustres à nons comme exemple le fonctionnement des s.cienti]ique de ces dernières années, des con­ la quininisation préventive. stations mobiles de désinfection et d'épouilla­ ceptions hardies se sont précisées, et l'em­ ge qui appartiennent plus spécialement à h Sous cet angle, il constitue donc l'assis­ ploi d'un matériel moderne particulièrement prophylaxie du typhus. ';supposons que le7 celui des étuves automobiles à haut rende­ tance mobile, le « Dispensaire en marche » étuves automobiles soient déjà accourues ment s'est général4sé. Ces brillantes solu-· qui va à l'indigène, force sa passivité, éveille son intérêt et sa curiosité. avec leur pe"sonnel spécialisé sur un coin tions ont puissamment contribué à élargir' suspect du ble,d. Il. faut chercher d'abord à l'action sànitaire. A la. première phase de Mais il a aussi l'autre mission, plus grave, circons,crire le foyer dans un camp d'isole­ « pénétration et de protection des collecti­ et dont il. puise en grande partie les élé- ment et d'épouillage. C'est la nécessité q..Li vit€s ». nécessité impérieuse du début, a ments dans cette « .auscultation » perma- crée la nouvelle formation par une grade.­ succédé une phase « d'assistance surveWée » nente de la population et de ses mouvements: tion . qui est la gradation même du danger, qui est la formule actuelle. celle de dépister les épidémies. Ce sera soit l'installation de fortune sur un Elle permet de condui"e simultanément la Dans ce domaine, le mécanisme même du chantier, soit le lazaret rudimentaire dans un médecine curative suivie de résultats immé- groupe sanitaire mobile, par sa simplicité, douar, soit, dans le cas de foyers m].l,tl- Numéro 7 NORD-SUD 19

pIes, le regroupement sur une, position,"str:!'-" tégique choisie d'avance et ou peut s orye·· niser rapidement la défense. Dans le grand SETTAT ~Ujzaret volant, on s'affaire ; les uns vont dresser l'hôpital mobile pour les malades ct isoler leurs familles dans le ca~p des sU"s. pects, d'autres vont nettoyer, deplacer me­ (Nord-Ouest) de Kasbah Ben Ah- me, le village .contaminé et, avec le concour5 Son origine de t'autor'ité locale, l'entourer d'un cordon med (Est) ct de Guicer. . sanitaire pendant que les fractions inde:J1;-' Ces régions sont des plus ferti­ iI~E!S SETTAT doit, dit-on, son nom sont é!,'oigwées du foyer. Le plus tut les et de grands centres de coloni­ possible l'épouillage commence, car on a mon­ à la source de l'Aïn Settat autour sation y ont été créés, ainsi que té l'ét'uve sur ses cales, ainsi que les tenWs de laquelle s'est élevée la Ville. o. douche. Ce diSpositif est très simple ct dans l'Hinterland de Settat. calcd.lé de façon à ce que les porteurs de Depuis les temps les plus recu­ par~sites Bien abritée des vents de la cô• passent un à un dans la première lés, cette source a été très fréquen­ tente où libérés de leurs vêtements infec­ te dont elle reçoit les effluves sans tés et ~aisis par des mains expertes, ils tée ; les fractions qui l'habitaient humidité marine, pourvue de parCOUT'ent sans à-coups la gamme des opé.. prélevaient sur les autres fractions rations qu'ils doivent subir pour devenir in .. rues larges et aérées dont la plu­ offensifs. I.ls se retrouveront, à l'autre extré·­ ou les étrangers, un droit d'usa­ part sont goudronnées, agréme~tée mité du dispositif, douchés, désinfectés et ae : « la Settata » d'où le nom de ~ pourvus de linges absolument stérilisés. b , ",1" de beaux jardins et de plantatiOns l'Aïn Settat. ?:. c'nJ/.. .. , . Les avantages de cette dernière conceV­ d'arbres, cette localité constitue tion ne sont plus à énumérer~ et l'expé­ D'aucuns prétc'ndent -que l'ori-·· pour les personnes surmené:s ou rience a montré que gr.âce à son rendemen-t gine du mot « Settat» provient remarquable, elle constitue une arme de tout affaiblies un incomparable heu de pl·ernier ordre. Son action sanitaire ne se de la légende suivante: progres~i­ repos. limite pas aux foyers. Elle s'étend Antérieurement au règne de vement aux fT'CI.ctions voisines encore indem­ Cette douceur du climat n'ex­ nes, et la zone limitrophe est épouillée au Moulay-Ismaël, alors qu'il n'exis­ clut pas l'activité commerciale de rythme de quatre cents à six cents opéra­ tait pas de Casbah, il y eut des tions par jour, en se déplaçant vers la pé­ la Ville qui est devenue un grand bandes de malfaiteurs qui déso­ riphérie. Enfin, sa protection peut aller plu3 centre d'achat de céréales. Son loin s'étendre aux portes de la ville, au bar­ laient les abords de la source, et rag~ des routes, aux maT'chés importants et, souk hebdomadaire constitue au­ dévalisaient les passants. C09nme il existe dans la plaine des carre­ jourd'hui un des plus importants fo'urs où Se croisent les routes d'émigra­ Au début du règne de ce Sultan, tion, sa présence s'impose partout où il falft marchés d'ovins, de bêtes à cor­ faire converger utilement l'effort prophylac· un groupe de seize individus se tique. signalait par ses méfaits: Moulay nes et d'équidés. Cette action de gr'ande envergure donl1,,~ Ismaël les fit saisir et mettre à Deux sources alimentent Set­ des résultats pratiques du même ordre. C'e;,; tat : l'Aïn Settat et r Aïn Nzarh. ainsi que I.'on put effectuer, lors de la cam·· mort. pagne antityphique de 1931, la plus dang~­ Ils furent ensuite enterrés sous La première qui provient d'un l'eUse en raison de son caractère massif, 174 plateau calcaire situé à 6 kilo:n~­ cas, l'épouillage de quarante mille ind'gène, les fondations mêmes des aménage­ en trois mois et atteindre, par l'ensemble d;;; ments qu'il fit exécuter autour de tres de la Ville donne un debit ;-éni~--" l'il1si pTotégées, cl près d, la 111oit.:," journalier de 300 m3 qui sera por­ 7" la source· Le nom de Settat vien­ cl- :'rovince. té à 500 m3 à la suite de l'adjonc­ Ailleurs, l'intervention systématique de ces drait de « Settach » (Seize) le Ch groupes de prophylaxie générale font abou­ final ayant été transformé en T. tion à la canalisation existante de tir irrésistibl.ement l'œuvre d'asS(tinissemau sources récemment découvertes. là où elle s'impose. C'est elle qui a permi.> C'est sous ce même règne que la vaceinatiorù en masse, en 1930, lors dv. fut édifiée la Casbah et que fut La deuxième, de beaucoup plus réveil d'un foyer pesteux, et qui, en temps abondante peut fournir par pom­ normal, vient nous aider à intensifier la lUi­ construite la mosquée. "" contr" le paludisme o'u à juguler la vaTi.o- page, un dêbit journalier de mille le. - Autour des murs de la Casbah se groupèrent peu à peu des agglo­ mètres cubes. Voilà donc. décTit à grands traits, l.cmé­ Ces eaux sont d'excellente qua­ canisme de l'organe sanitaire qui, dans les mérations fixes qui constituèrent bcsogm~ lité et jouissent .d'une réputation Doukkala, assure l'exécution de la la Ville. d'hygiène et de pTOphylaxie locale. méritée. C'est le seul qui convienne, qui s'adaptR Les fellahs des camragnes voi­ Au dernier recensement aux particularités du peuplement indigène et sines y transportèrent l~urs noual­ plus précisément à l.a dissémination extrê­ 1931 - la population compre­ me des populations de la plaine. las et ce lieu devint par la suite un nait: 12.804 habitants dont 619 Il T'épond d bon nombre de nécessités 1I1é-, .marché régional. dicales par un outillage bien compris, et des Européens. Settat fut occupé par nos trou­ méthodes prophylactiques à effet rapide, Le recensement de 1926 n'avait capables d'impTessionner l'indigène et de le pes en 1913, et un premier recen­ donné que 7.834 habitants ; pé~ gagner à notre cause. sement effectué en février 1913, Ce derrùier point de vu~ est l~ ,condi~ion riodiquement de nouvelles famil­ dénombre la population comme du succès et nous pourrwnSI ctier matnts les musulmanes s'installent en exemples où l'orientation imprimé" à la po­ suit :. Utique sanitaire nous a successivem/>1U ac­ Ville et on peut prévoir pour un Européens: 166. quis cet avantaqe ou nous en a :')T'iv" Dans avenir peu éloigné, un chiffre de te milieu s,:mpliste où l'on doit opérer, Û Indigènes musulmans 1.372. faut savoir compter avec les réactions in­ Juifs: 514. population bien supérieur à celui attendues et les interprétations paradoxale•. existant actuellement· Ne préte'l1dait-on pas, un jour, dans lm vil­ lage récemment assaini~ que ['"ffroi cause La Ville de Settat est appelée par les ma,chines à désinfecter avait provo­ Sa sitwation un avenir certain au point de qué des avortements chez des femmes et des à maladies chez des enfants 7... vue agricole et économique par Il est peut-êtr'e aisé de garder son sérieux Sise à 72 kilomètres de Casa­ suite de sa situation au centre devant de telles affirmations, mais il. nous fut très difficiles de ne' pas sourire en en­ blanca et à 360 mètres d'altitude, d'une colonisation des plus pros­ tendant la suite, quelques mois plus tard, au centre d'une riche vallée que pères. dans la même région, où l'on racontait q1L'~, depuis le passage de l'étuve, quatre femm'!s traverse la grande voie reliant la Par ailleurs, la salubrité du cli­ stériles depuis plus de dix ans, venaient d'a Châouïa à Marrakech, la Ville de mat de Settat autorise tous les es­ voir à nouveau des enfants... Settat est également placée en un poirs en ce qui concerne l'accrois­ Docteur ARMAN! point où convergent toutes les sement de sa population européen­ Méd'2efn d\! GrmlDP 'a"'itair~ m'Jbile des Doukkala routes venant des Oulad-Saïd ne. ''J.O NORD-SUD Numéro 7

Ce n'est qu'en accédant au massif boisé des Guenanettes, qu'il est possible de se rendre compte de l'étendue de la ville de Settat, qui s'étale ou milieu de la verdure. La Capitale cie le Chaouïa-Sud qui commande une riche région agricole est appelée à se développer grâce à sa situa­ tion en un point très passager de la route impériale Casablanca-Marrakech.

LA REGION DE SETTAT o

La Région de Settat ou, administrativement parlant, la Circons­ pris pour la tente en poils de chameau, chère à leurs voisins Beni· cription de Chaou'ia-Su:d, forme, sur la rive droite de l'Oum er Meskine, et à leurs lointains anc.êtres. Rebia un carré à pen près parfait de 100 kilomètres de côté en- Agriculture et élevage, tels sont donc les deux pôles de l'acti­ Vlron. vité économique de la Circonscription. Quelques rhiffres feront. Limitéeau Sud par la Région de Marrakech, au Sud-Est par le.s ressortir l'étendue de cette activité. plaines des Beni-Amir, elle présente comme une zone de trans!~­ Blé dur, blé tendre, orge et maïs occupent une surface approxi­ tion entre la montagne et la mer. mative de 230.000 hectares. Le cheptel. compte environ 400.000 moutons, 10.000 chèvres, Par les larges et sévères ondulations des Beni-Mes/âne, elle s'ap­ 80.000 bovins, 12.000 chevaux, mulets ou juments, 13.000 cha­ parente encore aux étendues semi-désertiques pat lesquelles se ter­ i meaux. mille la zone d'effondrement du Haouz de Marrakech. Le tout fait VlVre une population d'environ 200.000 habitants, Par les riches et fertiles plaines de Settat et rie Ben-Ahmed, la assez inégalement répartie. Très dense aux environs de Settat et de Circonscription de Chaouïa-Sud appartient déjà à cette « Beauce Ben-Ahmed (40 habitants au kilomètre carré), elle en accuse, dans Marocaine» qui fait de la Chaouïa une des plus prospères régions la tribu ries Beni-Meskine, 15 au kilomètre carré. de l'Empire Chérifien. ' En grande partie rurale, cette population est cependant agglomé­ Cette régulière gradation géographique, qui passe insensiblement rée en un certain nombre de centres qui constituent autant de mar­ du climat continental au climqt maritime, de la chaleur brûlante chés importants où se concentre l'activité commerciale et où se font. des Beni-Meskine à la douceur tempérée de Bert-Ahmed, détermine les échanges entre indigènes et européens. Tels s

\ ~ Ber Rechld 16K \ .. ... )1...... vers Casablanca a ô9 K. . Ber Rechld à 28 K "'. SIDI + + KhemlS + +. + + + + + ~- 0\~ ~O Route N°IOS C/' vers Bou Laouane à 't2 r'4~~_ par Ou/ad Said à 14K .--1l~-...... =.:.-

vef's Marrakech à 12JKpar Ben Guerir

t J CIRCONSCRIPTION t DE 1, CHAOUIA SUD 1

1 1 Echelle; 0 1 2. • 10K 1 ,1 1 Périmètre ... ~, de 1••••.• t REG/ON DE MARRAKECH Colonisation )

Des lotissements de colonisation (agriculture' et élevage) ont ire MM. Pitance, dans les Moualin-el-Oued, et Cazenave à Mechra constitués, aux environs de 1925, à l'aide de terres prélevées sur ben Abbou, ont été de;- précurseurs audacieux. Leur exemple sem­ le fOlid immobilier des collectivités indigènes. ble devoir être suivi.

D'une façon générale, et malgré l'ingratiturle de la tâche, ces Toute cette riche région est particulièrement favorisée au point lotissements ont fort bien réussi, et des exploitations de belle venue de vue des communications. ont remplacé les landes incultes de naguère. Indépendamment des routes d'intérêt local, qui joignent les dif­ ;férents centres du territoire : Settat-Ben Ahmerl par Ras El Ain, Il convient de citer, parmi ces périmètres de colonisation, ce/v; Settat-Oularl Saïd-Ben Ahmed-Sidi Hadjaj, etc..., des chemins em­ des Oulad·Idder et des Moualin.el-Oued, aux environs immédiats pierrés desservent les principaux centres de colonisation et per­ de Settat. Celui du Bled Hasba chez les Dulad Sidi Ben Daoud, du, mettent à leurs habitants de gagner, par tous les temps, les routes Snibat, dans les Mzab; ceux de Biar et de Medaha dans principales qui les relient ensuite aux grandes villes. les Beni-Meskine; les grandes exploitations de la Société Continen· Enfin, la Région de Settat est traversée par les grandes routes tale et de la Société Foncière, dans les Mzab; de Sidi Mohamed impériales Casablanca-Marrakech, Casablanca-Kasbah-Tadla et par ben Rahal dans les Oulad Bouziri. les lignes ferrées à voie normale : Casablanca-Sidi Laïdi.Kourigha· Enfin, on ne saurait traiter de la colonisation, dans la Circons­ Oued lem et Casablanca-Sidi Laïdi.Marrakech. cription de Chaouïa-Sud, sans faire une place particulz:ère aux ef· Telle qu'elle se présente la Circonscription de Settat peut comp­ forts persévérants tentés depuis quelque temps dans ie sens de l'ar· ter parmi les plus riches et les mieux pourvues des régions du Ma­ boriculture fruitière. roc Occidental. 22 NORD-SUD Numéro 7

SETTAT, Ville d'avenir Il

Il est impossible en consultant les résultats La pacification et la sécurité apportées déjà soit de les faire disparaître, soit de bSb statistiques -dU' recensement· de la population, par l'occupation française permirent à cette cantonner dans des terrains spécialement publiés par les services du Protectorat, de agglomération de devenir rapidement une aménagés. ne pas être frappé par l'augmentation rapide ville, en apportant à ses habitants le béné­ d'urbaJ~e fice de l'importance sans cesse accrue des Les différents projets faits et continue de la population de la capitale de pour Settat se sont inspirés d'un accroisse­ Chaouïa-Sud.. échanges commerciaux, les ressources d'un sol riche pourvu d'use eau abondante et ment important de la population européen­ Laissons· aux chiffres toute leur'éloquen­ excellente se prêtant aussi bien à l'arbori­ ne. Mais il ne semble pas que ce soit dans ce .: culture qu'au maraîchage, l'agrément d'une ce sens qu'il faille étudier le proiet d'ins­ Recensement de 1918 2.052 habitants dont situation remarquable aussi bien au point de tallation et de développement de la ville. 166 Européens vue climat qu'au point de vue pittoresque. Le problème qui se pose est particulier et consiste à créer une ville indigène moderne Recensement de 1926 7.834 habitants dont Bénéficiant d'une situation privilégiée en­ 482 Européens ; en adaptant les formules traditionnelles des­ tre Casablanca et Marrakech, située sur la indigènes pour leurs habitations aux règles' Recensement de .1931: 12.804 habitants voie ferrée, placée au nœud des routes des­ dont 619 Européens. modernes d'urbanisme concernant les be­ servant les Ouled Said, Ben Ahmed et Guis­ soins de la circulation, de l'hygiène et de Depuis 1932 cette progression persiste pt sel', Settat était tout indiquée pour devenir l'esthétique. le nombre d'habitants doit à l'heure actuelle la capitale de Chaouïa-Sud et pour consti­ approcher de 16.000. tuer le grand centre d'activité commerciale La réalisation de ce projet serait une créa­ de toute la région. tion d'un très grand intérêt à laquelle la Il convient donc d'étudier les raisons de la situation actuelle immobilière de Settat sem­ création et de la croissance de cette ville Mais par les conditions mêmes dans les­ ble se prêter. presque exclusivement indigène, à laquelle quelles elle s'est'créée et développée, Settat semble promis un intéressant avenir. est une ville. indigène et semble devoir le Aux sources actuelles de prospérité aux­ Dans la région de Settat les terres appar­ rester. quelles Settat doit sa vitalité, il faut ajouter tiennent presque en totalité à des indigènes les possibilités de culturE: maraîchère aux­ dont les droits de propriété furent consolidés La ville a été constituée par trois agglo­ portes de la ville et la création d'orange­ par l'occupation française. Ces terres parmi mérations, une autour de la Kasbah, une raies et,en général, de cultures d'agrum~s qui les plus riches et les plus peuplées du Maroc, vers le centre de production des Ouled Said, semblent devoir particulièrement bien réus­ représentent pour leurs possesseurs un pa­ une troisième à l'est de la Place Souika vers sir. Il existait en effet, il n'y a pas encore trimoine auquel ils tiennent essentiellement. Ben Ahmed et ; les fellahs sont ve­ de nombreuses années, des orangeraies su­ nus souder leurs nouëllas à ces agq,loméra­ perbes dans les jardins avoisinant la ville. La Kasbah construite par Moulay Ismaël tions donnant à la ville l'aspect très parti­ sur le chemin de Marrakech, dans une con­ culier qui lui est propre. Settat offre donc des possibilités très inté­ trée fertile, au confluent de deux vallées et ressantes et justifie ainsi le titre de ces quel­ près d'une source, devait inévitablement en­ Ces nouëllas constituent évidemment un ques lignes: Ville d'avenir. courager quelques familles à venir se fixer danger au point de vue sanitaire et la Mu­ près d'elle pour rechercher sa protection. nicipalité s'est préoccupée depuis longtemps A. MISSI

, Le progres ·sur les routes du Sud Il

De Taroudant à Settat par le chemin d~ Maroc alimentés'suivant le cas, soit par des 3° Des ligne, de distribution d'eJle'·.ri.. Caravanes et ..des Sauterelles !.Et·J'on. évo­ centrales .locales à moteur Diesel, soit par les électrique à basse tension d'une longueur que aussitôt les longues théories de misé­ lignes de transport de force de la Société approximative de 10.000 mètres. reux remontant vers les bienheureuses ré­ Energie Electrique du Mar:>c. La progression du nombre d'abonnés a gions du Nord, avec, dans les yeux, l'étin· été très régulière, et atteint actuellement­ celle d'espérance de ceux .qui atteignent une Ile chiffre de 350. terre promise et 'enfin retrouvée. La consommation d'énergie a été au cours' La Ville de Settat dont l'importance et Parfois aussi. sur ce parcours, le ciel s'obs­ de l'année 1932 d'environ 100.000 Kwh. S:>n l'activité augmentent régulièrement depuis curcissait de lourds nuages de sauterelles importance s'accr:>îtra par la mise en vi.. ,ces dernières années, se devait de mettre semant la dévastation et la ruine sur leur gueur des. tarifs spéciaux utilisables pour­ l'une des premières, à la disposition de ses passage. les applications si commodes de ]'électricLc habitants, l'énergie électrique. ' aux usages domestiques. La misère et l'invasion acridienne : deux Grâce aux efforts de sa municipalité, un pénibles fléaux attristant un Empire où ré­ réseau de distribution d'énergie électrique gnait déjà l'anarchie. a été édifié et l'exploitation en a été confiée A ce sinistre tableau s'oppose aujourd'hui il la Société Chérifienne d'Energie. l'étape nouvelle jalonnée de centres où le Ce réseau est alimenté par un poste de , Cette distribution d'énergie électrique qui travail s'organise sous la tutelle de la France transformation 60.000/5.500. volts de 400 KVA apporte aux us<:gers la possibilité de béné­ protectrice représentée, ici, par cet en::adre­ faisant partie des installations de la L>ociété ficier d~ tous le, avantages que l'électricité ment d'Administrateurs et de Colons dont l'Energie Electrique du Maroc et racc:>rdé réservait autrefois aux 'seuls citadins, va la tache est, pour l'indigène, un précieux au réseau principal de transport de force prochainement être accordée aux habitants enseignement. de cette Société. de Taroudant. Avec les hommes nouveaux, est venu le Le réseau de Settat comprend: Grâce à la collaboration des Services du· Progrès qui intervient efficacement dans la 1° des, lignes de distribution d'énergie Protecbrat et de la Société Chérifienne d'E·· lutte c:>ntre l'hostilité naturelle des éléments électrique à la, tension' de 5.500 .volts, d'une nergie,un réseau de distribution d'énergie' L'un de ces progrès, et non des moins ap­ ·longueur approximative de 2.500 m. électrique alimenté par une petite centrale pr/cié'i, e&t l'Electricité installée à Settat de­ 2° 3 postes de transformation, 5.500/2001 à moteurs Diesel, va prochainement être édi­ puis quelques années déjà ét dont on s'ap­ 115 qui permettent d'abaisser la tension de fié dans ce centre. prête à doter Taroudant. Le mérite de ces l'énergie distribuée. Il apportera aux indigènes si sympathi­ réalisations revient à la Société Chérifienne Les tensions d'utilisation sont de 200 quefi du Souss, un peu des bienfaits de la d'Energie au Capital de 2.000.000 frs qui a'i­ volts entre phase p:>ur la force motrice et civilisation européenne et contribuera à res­ sure actuellement l'exploitation d'un certain de 115 volts entre phase et neutre pour l'é­ serrer encore les liens qui peuvent unir' nombre de réseaux dans tous les points du clairage. les indigènes et les européens. Numéro 7 NORD-SUD '23

LE TOURISME EN CHAOUIA-SUD

Le tourisme en Chaouïa-Sud !

Le titre fera sans doute sounre nombre -d'ignorants et de sceptiques, car les pc~­ sibilités touristiques de Settat et de sa ban- lieue sont méconnues, même de la plu- part des Settatis.

Le \'oyageur qui se rend à Marrakech, lraverse généralement la ville de Settat en coup de vent. Rien ne semble l'attirer et le retenir particulièrement en cette cité, qui lui paraît dépourvue de tout caractè­ ~;:;Dleaux re et de tout cachet artistique, Le voyageur pressé qUI traverse Settat er automobile, ne soupçonne pas les charmants qui échappent à sa curiosité. Pourtant cette petite ville est loin de manquer du pittoresque dont nos visiteurs sont si friands, Ce large minaret qui s'encadre de verdure Laissons filer vers Marrakech, Porte (h n'est-il pas un décor essentiellement maroca;n digne d'une contemplat;on appro­ fondie? Sud, le riche étranger blasé, sur qui l'At­ las et le Sahara peuvent encore exerc~r un attrait certain, mais efforçons-nou~ d~ Nous l'emmènerons ensuite sur le mas- La promenade se poursuÎ\ ra par la rot:' retenir dans nos murs, le « touriste sif boisé des Cuenanettes, d'où la vue s'é- te de Casablanca jusqu'à la Forêt, Œuvre moyen », pendant quarante-huit heure~, tend sur toute la ville, ses jardins, (·t 3d du Service des Eaux et Forê~s, comporta'1t

Quarante-huit heures ! et notre visiteur ceinture de colline qui, au soleil coucha!1t, de jeunes, mais très vigoureuses plant 1­ ébahi aura découvert Chaou'ia-Sud ! revêtent des teintes adorables. tions (mimosas, eucalyptus, etc... ). Cett~ Nous lui ferons admirer le superbe lai jeune forêt révèle déjà de délicieux ,;ous­ din Public de la ville, lieu cie repos ct de bois et procure l'agréable impression d,~ poésie où le palmier est roi. se trouver dans nos jolis bois de Frawe. • Le charme peut se prolong~r par une visi· te à la Pépinière d"Etat, voisine tle la Fu­ rêt.

Puis, nous irons ensuite jusqu'à Sidi· Djebli, surnommé le Balcon de la Chaouïa d'où la plaine s'étend à perte de vue p,lI' temps clair. Sur ce plateau, en a édifi ~ un monument à la mémoire des nôtres, ton:- bés au Champ d-Honneur, lors de la Il ~né­ trntion en Chaouïa en 190.'i.

Il

Une Municipalité très avertie a réalisé le Jardin Public qui (,st encore une petite mer­ veille insoupçonnée. Les essences végétales les plus décoratives agrémentent cc Parc et en font une véritable oasis de verdure très appréciée des habitants de Settat qui y trou­ Cuicer, situé à 30 km. de Settat, e'} est vent l'ambre et le repas, Plus loin, s'épanouissent d'adorables fleurs dont les parfums se .. répandent à l'entour pour créer une atmosphère énivrante. relié par une bonne route secondaire. Fai- 24 .------NORD-SUD Numéro. 7

est incontestablement la grotte de Si Ben Daoud, d'ailleurs difficilement accessible, mais qui sera toujours un attrait irrési3' tible pour les excursionniste adroits et le" amateurs d'émotions. Cette grotte, selon la légende, servait d'abri à Si Ben Daoud. La voûte est formée ,de stalactites dont certains ont une vague forme de mamelLe' de vache. Ces stalactites quj,-tous les jours, laissaient suinter de l'eau, donnaient, le vendredi, du lait, dont le saint se nour- rissait.

Tout près de là, une petite cascade vilC'nt tomber dans le lac qui borde la grotte d~ Si Ben Daoud, et contribue à donner à La Chaouïa-Sud recèle également des coins qui méritent de retenir l'attention des touris­ tes. La Casbah Ismaïlia dresse ses fauves mu railles qu'adoucit la tendre verdure des ce lieu un cachet de poésie que peuvent jeunes piantatior.s enviror.nantes qui vien!1ent en compléter le charme. goûter nombre de touristes épris de ('nl­ me, de solitude et de recueillement. Plai­ sir des yeux, sport, pêche, farn!ente, sons un saut jusqu'à Guicer où une déli Le lieu dit Aïn Belmesk comporte un voilà ce qu'offre Aïn Belmesk au touriste cieuse oasis, complantée de magnifiques massif de gigantesques rochers, forma1".t ravi qui en emporte un souvenir inoublia- palmiers, nous invite à goûter quelque,; un cadre grandiose, majestueux, et de deux ble. instants de délicieux repos. étendues d'eau très profondes et pois,",on- Sur une des hauteurs qui dominent l~& neuses. Nous expliquerons à notre visiteur qu~ gorges, se trouve un lieu de pèlerinage i,,· sur Guicer, plane le mystère, car ce fut Le charme d'Aïn Belmesk opère infail· raélite. De là, la vue s'étend sur toute la jadis une ville d'une certaine importance, liblement sur le touriste surpris, qui ne vallée de l'Oued Kaïbane, parsemée de à en juger par l'étendue des éboulis de doit pas se borner à un examen superfi' jardins. pierre meuble accumulés sur une gn.mdc ciel des lieux. Le sportif aGra tôt fait de surface. Les indigènes parlent d'une gran­ grimper au flanc des rochers et de décou· de Médina romaine, et d'autre part, on vrir des horizons insoupçOlmés d'en ba~ trouve dans la région des traces du pas­ L'endroit le plus curieux d'Aïn Belme:,k • sagè des Portugais.

II serait en tout cas intéressant de pou· voir entreprendre quelques fouilles sus· ceptibles de donner des éclaircissements à ce sujet. •

Revenons à Settat et allons à Aïn Bel- mesk, qui est bien la principale curiosité touristique de la région.

On peut aller à Aïn Belmesk, soit par h route secondaire qui conduit au Pénitencier Agricole d'Ali Moumen, et qui, de là, se A l'ombre des rochers majestueux de l'Ain bel Mesk, des campeurs avisés sont venus transforme en. piste, soit pal' Mechra-ben­ passer d'heureuses vacances loin des bruits des cités voisines dont ils affronteront demain Abbou. en~ore la fièvreuse agitation. Numéro 7 NORD-SUD

La tournée touristique se terminera Wl,j- naturellement par une promenade à la vallée de l'Oued Zamran. Cette vallée "c trouve ~ituée derrière Ben-Ahmed, en di­ rection du massif du Khatouat.

C'est un itinéraire très pittoresque, r'lp- pelant le~ fameux lacets du Korifla el per· "lettant de boucler un ravissant circqi[ par' Settat, Ben-Ahmed, le Khaatouat, Bou- Ihaut, Boucheron et Casabl:mca.

Nous pourrions montrer encore à notre touriste de nombrelEes curi03ités naturel· les susceptibles de l'attirer et de le retenir dans notre région, mais nous sortirions du Une source ou murmure argentin a pris naissance dons un décor de pierres tourmen­ cadre de cet article, où nOlis avons vouh té et chaotique qui n'est pas sons grondeur. Des grottes ruisselantes d'humidité s'ornent dp démontrer simplement que Settat peut être stalactites qui n'en sont pas un des moindres éléments d'attraction. un centre de tourisme intéres~ant.

On comprendra encore mieux toute l'at­ traction que pré~ente Settat ci ce point de • vue, si l'on ajoute qu'il existe au Sud d.. • la Chaouïa, une région encore soumise'I'J contrôle militaire, possédant de belles re,- Si l'on considère que :Mlrrakech est le sources touristiques. Cette région forme en centre de tourisme naturel (hl Grand·Atlas quelque sorte charnière entre le Grand pt et que le Moyen-Atlas est le débouché tOl1­ le Moyen-Atlas. Elle est restée jusqu'à pré- ristique de Meknès, on est o])ligé de con­ L'étude présentée lCl prouve que sent à peu près ignorée des touristes qui venir, les yeux sur la carte, que cette r~­ Chaouïa-Sud possède des éléments touris­ pourraient avoir la possibilité de parcou­ gion dont nous parlolls, est en sorte le pro­ tiques incontestables restés l,eaucoup trop nr un pays extrêmement riche en pittores· longement de Chaouïa-Sud, dont Settat ignoré~ jusqu'à ce jour. que. est le grand centre de rayonnement, et constitue le trait-d'union entre les deux grandes chaînes de montaglles.

L'Association des Intérêt~ pour le Dé­ veloppement de Settat et dé sa Région, se propŒe de faire prochainement une étud8 poussée sur les éléments tvuristiques d" cette région et de livrer ses travaux à h connaissance des touristes.

E. DUBOIS.

Carrespondant de l'Essi Ré­ gional de CasaManca. Président de l' « Association de.; Intérêts pour le Développement de Settat et d'! sa région ».

Dons les gorges de l'Ain bel Mesk, l'eau, par endroits, s'étole en une nappe calme où fOisonne une faune aquatique qui tente les pêcheurs. Ceux-ci se livrent" à leur sport fa­ vori dons des conditIOns qu'ils appréCient particulièrement. Au demeurant, ce poi.,t cie 10 Chaou'ia-Sud tend à devenir un rendez-vous très couru pendant les heures de detente du weed-end et des vacances d'été. o NORD-SUD Numéro 7

Le développement Une belle exploitatlon agricole de la colonisation en Le Domaine de Mrizig Chaouia Sud ----

Le voyageur qui emprunte If' réseau rou­ Domaine de la Compagnie tier reliant les différents centres de la ré­ Contiilentale du Maroc à Mri­ gion Chaouïa-Sud, voit à perte de vue de vastes surfaces de terres riches et fertiles où zig. - Bâtiment principal d'un n'appa,raîtaucune lin:staillation européenne,. groupe de 8 fermes qui s'éten-· dent sur une superficie de 7.000 De longue date ces terres ont été occupées par une population indigène très dense, ja­ hectares. Cette exploitation équi­ louse à juste titre de conserver un patrimoi­ pée à la moderne se spécialise ne de premier ordre, dont la possession fut dcms deux branches : les céréa­ consolidée par la protection française • les et l'élevage. Ceci explique pourquoi la colonisation eu­ ropéenne ne s'est pas développée comparati­ vement à la superficie de cette vaste région, laquelle, sur une étendue de 6.200 kilom. carrés, ne ,compte pas plus d'une centaine

L'ELEVAGE EN CHAOUIA SUD ------

Au point de vue élevage, la circonscription de Chaouia-Sud peut être divisée en trois Malheureusement, l'élevage chevalin sub',t zones naturelles présentant les caractéristiques suivantes : depuis quelques années un fléchissement très net, qu'il est facile d'attribuer aux nou­ 1" Une zone Nord-Nord Ouest, comprenant les plaines septentrionales limitant la région velles habitudes sédentaires des indigènes, à de BeT-Rechid, les « Tirs » des Oulad Bouziri et des Oulad Sidi ben Daoud, enfin, les leur utilisation dans leurs déplacements d~ plateaux et les vallées compris entre Settat et Ben-Ahmed. moyens modernes de locomotion, enfin aux prix élevés atteints ces dernières années par C'est une' région propice à la colon'isation, en raison de la régularité du climat, de la les mulets. fertilité du sol, de l'abondance relative des pluies, qui assurent annuellement une récolte moyenne. C'est une zone de culture qui convient cependant à un élevage de chevaux, mu­ La production du cheval de trait intéress~ lets, bœufs et moutons. peu l'éleveur indigène de la Chaouïa, par contre elle a tenté de nombreux colons eu­ 2° Une zone Sud-Sud Ouest, limitée' par l'important fleuve Oum el' R'bia, et compre­ ropéens. Les croisements de juments du pays nant la tribu des Beni Meskine et le Sud des Ouled Farès de Ben-Ahmed. C'est une ré­ avec le petit breton ont donné les plus heu­ gion où on constate' de grands écarts de température, caractéristiques d'un climat continen· reux résultats. Cette année, encore, deux tal : froids vifs avec glace en hiver, ; chaleur étouffante en été. Les pluies sont rares, étalons bretons mis à la disposition du Syn. aussi la culture des céréales ne donne' que des résultats bien irréguliers. La seule res­ dicat Coopératif d'Elevage de la Région vont source est l'élevage et les indigènes y entretiennent d'importants troupeaux de moutons. permettre la production d'un certain nombre de croisés 50 bretons-marocains, excellents 3° Une zone Est. - Région de montagnes boisées où les chèvres, sobres et rustiques, % « chevaux de culture ». s'accommodent admirablement aux variations extrêmes inhérentes au milieu.

Importance et répartition du cheptel

Si la premlere zone est une région agricole, l'élevage tient une place essentielle dans les deux autres régions. Le tableau statistique suivant donnera une idée de l'importance du cheptel et de sa répartition. Il montrera également que l'indigène, en Chaouia-Sud, est de beaucoup le plus gros producteur de bétail.

ESPECES 1re zone 2me zone 3me zone

Européens 254 128 25 Chevaux et juments 1 Indigènes 6188 2833 810 Européens 314 46 10 Mulets 1 Indigènes 1837 557 78 2° Espèce mulassière Européens 64 33 15 Anes 1 Indigènes 34265 14120 897 De tout temps, le mulet a été recherché des indigènes par sa sobriété, et sa rusticité; Européens 6381 90 30 Bovins aussi, malgré l'utilisation des automobiles ~t 1 Indigènes 64279 15931 950 du chemin de fer, sa production est encor~ florissante. Européens 6891 6150 550 Ovins Indigènes 210489 223670 8790 Il y a peu d'années encore, aucune direc· ! tive n'était apportée dans sa production et O!J. 291 Européens 616 1020 trouvait sur les souks de petits sujets étri­ Caprins 1 Indigènes 15743 30740 18275 qués, sans grande valeut, voisinant avec des sujets de choix, de grande taille, mar­ ( chant l'amble. Porcins /, Européens 2663 1352 350 Depuis l'introduction dans la région d\., baudets catalans et pyrénéens, des résultat'> ob~nus Ces chiffres ont été empruntés aux statistiques basées sur le recouvre'IDent du tertib des très encourageants ont été dans animaux. l'amélioration de cette production. Le type s'est modifié, et à l'heure actuelle, on trou· ve facilement sur le marché du samedi, à Settat, de forts mulets, convenablement Espèces et races principales . né, sa taille a baissé, SOn tissu est moins étoffés et à membrure puissante. grossier, son encolure moins lourde, sa crou· pe s'est légèrement rectifiée, la tête est de· Deux stations de baudets reproducteurs venue plus expressive. appartenant aux Sociétés Indigènes de Pré, Nous donnerons un aperçu de la produc . voyance fonctionnent actuellement dans la tion animale dans chaque espèce en faisant Depuis quelques années, le cheval de la Circonscription de Chaouïa-Sud. ressortir les progrès réalisés par la coloni· Chaouïa s'est en partie transformé, grâce aux sation française et par l'éleveur indigène. améliorations persévérantes apportées par Je L'une à Settat, comprenant: 2 pyrénéens, Service des Remontes. Des stations de re· 1 catalan, 1 poitevin. producteurs furent créées dans les différents L'autre à Ben.. Ahmed, avec 2 catalans. centres de la Circonscription: à Settat, Ù 10 Espèce chevaline Ben·Ahmed, à Guicer, à EI-Boroudj. Un pre .. Des baudets reproducteurs de même race, miel' stade d'amélioration fut apporté par des mis à la disposition des éleveurs européens, étalons barbes venant d'Algérie ou choisis ont été répartis dans les centres de coloni· dans le pays parmi les sujets bien conformés sation par le ~yndicat Coopératif d'Elevag.,. L'élément dominant est nettement le barbe, dans leur arrière-main et offrant de la dis· type ayant subi des transformations inhé. tinction et suivi de croisements par arabe· rentes au milieu. Le cheval de la Chaouï'l barbe. -est d'assez grande taille (1 m. 50 et souvent plus), il est puissant, fortement charpenté, sa Enfin, l'apport de pur sang arabe produisit tête est lourde, son encolure massive,a les plus heureux effets avec ces poulinière, croupe avalée ; on lui reproche beaucoup son déjà améliorées. manque d'élégance, son peu d'influx ner­ veux, mais, par contre, que d'excellentes C'est grâce .à ces efforts progressifs que qualités d'endurance, de sobriété et de rus­ notre Circonscription possède actuellement ticité, on est unanime à lui reconnaître. un noyau de bons chevaux, et que le marché du samedi, à Settat, est réputé et fréquenté Le type s'est légèrement modifié dans lu par de nombreux amateurs venus de tous zone Sud de la Circonscription; il s'est affi· les coins du Maroc. 28 NORD-SUD Numéro 7

3° Espèce bovine puis sous l'influence de milieux différent>;, des heures entières près des puits pou,' ces variétés ont évolué. s'abreuver, très souvent seuls les premien boivent; enfin très peu d'abreuvoirs sont Aussi, le mouton de la Chaouïa, issu des aménagés et les animaux se désaltèrent h; Le type du bovin de la Chaouïa est une trois typss berbère, barbarin et arabe se plus souvent dans des flaques d'eau souillées variété de la race brune de l'Atlas, à extré· ran::rocherait du barbarin, alors que le mou· de matières fécales. mités noires. Son pelage est généralemem ton des Beni J\iIeskine décèlerait une forte fauve. Il est massif et grossier; sa poitriné~ proportion d'arabe. Il y aurait donc urgence à créer de nou· est généralement haute et large; son garrot veaux points d'eau et surtout à aménagEr bien sorti, sa ligne du dos régulière, son les points déjà existants. rein musclé, mais il pèche dans son arrière­ C'est ce dernier mouton que l'on rencontre le plus fréquemment dans notre Circons . main, sa croupe est étroite et avalée, sa CUiS­ criptiùn. C'est lui qui est la principale l'es·· b) Problème de l'alimmtation : Serait aussi se émaciée. Sa taille varie entre 1m.20 et source de toute la zone Sud. C'est le princi important à résoudre que celui de l'eau; ]a 1m.30 et son poids dépasse rarement 300 kgs, pal produit d'échange dans la tribu des Beni· restriction des disponibilités alimentaires comme toutes les variétés nord-africaines ; lVJ:eskine. La richesse :oe manifeste par Je provoquée régulièrement chaque année p. pâturages }laI' une mise en défense pé­ fier sa .. conformation et principalement" so:1. vient à se réduire, il tirera quelques res­ llcd;que. défaut de musculature des régions posté­ scurces de la vente de ses chèvres et fera rieures si les facteurs hygiéniques étaient en l'impossŒle .pour _ remplacer les pertos en La c~éation de ces zones réservées aurai.t même temps améliorés. Au premier rang de brebis par .. de nouveaux achats. encore deux grands avantages:. ces facteurs serait l'alimentation pendant le jeune âge; les indigènes ayant non seulement Harmonieux dans :oes lignes, avec une poi 1° Celui de permettre la plantatLm d~ 12 bmentaHe habitude de priver les veaux Lin;: profonde, dES membres longs et fin" figuiers 0.2 barbarie dont les raquettes d,~ d'une grande partie du lait maternel, mais ce mouton Beni·Meskine serait parfait si vaiété inermes fournis::ent une nourritucc de soumettre les jeunes à un sevrage hâtif, son dos n'était un peu court et son gigot aqueuse excellente. à une époque où leur appareil digestif ne trop plat. leur permet pas encore de tirer parti des 2° De réaliser, dans les bonnes annép, herbeè des pâturages. Sa taille varie entre 0 m. 65 et 0 m. 75; son des réserves fourragères, qui mises de côté, poids moyen est de 60 kilogs pour les béliers ~cit comme foin, soit comme ensilage, con Au début de la colonisation de notre ré· et 40 pour les brebis. Le chanfrein est étro,t tribueraient à nourrir le bétail pendant la gion, les éleveurs européens.ont cherché à et rectiligne chez les brebis, épais et brusque saison sèche. éméliorer la race locale par la méthode ra chez les béliers. Son cou est long, sa queu.~ ride de croisement. fine descend plus bas que les jarrets. Le~ c) Problème des abris. - C'est une rreur cornes, chez les mâles sont volumineuses et de croire que dans les régions chaudes la De ncmbreux essais d'importation d'amé· ~e contournent en spirales divergentes. La question du logement des moutons est'se .. liorateurs de race pure ont été tentés en VU0 toison est fermée, à mèches prismatique-:, condaire. Ce dernier se montre très sensible de crcisemEnts; de nombreuses formules se elle pèse 1 k. 500 à 2 k. 500: la qualité de la 2. la chaleur torride de l'été et aux pluie, sont dcnnées libre cours, souvent sans être laine varie, :ouivant les variétés de la beldi'l dr~s glaciales de l'hiver. Or, les écarts thermique; inspirées par considériltions zootechniques 2. l'urdighia. sont particulièrement accusés dans notre o:érieuses Des reproducteurs Hollandais, Ta .. zone d'élevage du Sud de la Circonscription. rentais, Schwitz, Charolais, Salers, Montbé· Les variétés les plus connues dans les liard, Aure, Garonnais, d'Aubrac,. Herefard, Beni· Meskine sont: Dans cette région la solution du problèm,~ etc... ont été utilisés, soit à l'état pur, soit du logement des moutons semble être dans • croisés 50 % mar,ocains. 1° La belle variété « Sardia » à lunette'. l'édification d'abris d'été légers, semblables noires, bout du nez et bout doS oreilles noirs à ceux édifiés dans une exploitation euro· Ces premières tentatives n'ont pas toujours petites taches noires rondes, su>: les membr(;s: p:éenne proche d'El· Boroudj, abris ouverts à été courcnnées de succès, loin de là; ln tous les vents, dont la toiture surbaissée est causes dominantes de ces échecs étant, Jr; confecticnnée avec des matériaux mauvais rlupart du temps, la sensibilité des sujets à 2° La variété « Chhar », tête et toiso'1. blanches. ccnducteurs: tige desséchée de faux fenoml certaines maladies et les conditions défec· abondant dans la région, et feuilles de « ber. tueùses de logement, d'hygiène, d'abreuve .. 3° La variété « Sfar », à tête jé'une. dil », roseau très répandu sur les rives o.;) ment et de nourriture. l'Oum ·Er· Rebia et de l'oued Tessaout. Ces abris d'été .'Oont d'ailleurs transformés très Actuellement, un certain npmbre d'exploi· Le mouton « Sardia » est le plus apprécié. Les indigènes lui attribuent des qualités d~ facilement en abris d'hiver, par l'adjonction tations de la Circonscription Chaouïa Sud ~ur leurs bords de larges murs en pierres disposent de moyens d'hygiène assurant des rendement :oupérieur, une grande délicatesse de chair, une finesse de laine, qui en font sÈches qùi garantissent les sujets contre le.> conditions de vie normale aux animaux, vents et les pluies de l'hiver. ccnditicns qui permettent d'aborder sérieu· un suj€t très recherché. sement le problème du croisement. D'autre part, sous la preosion du Syndicat Coopérat'f Les indigènes ne' sont d'ailleurs pas le., des Eleveurs et conformément aux directives ~euls a apprécier cette variété, un certain du ServicE: de l'Elevage, les colons ont adop nombre d'éleveurs européens l'ont adopté~ té un ncmbre restreint de races pures (Ta· et quelques ·uns d'entre eux ont déjà réalis~ rentais, Charolais, Schwitz) et font précéde.. des trcupeaux homogènes, parfaitement sé­ de la "élection de la race autochtone, l'amé l~cti~nnés (~. ~a~alier, président du Syn­ lioration par croi~"lYJents. dlcatif Cocperahf 0. Elevage de la Chaouïa et Cie Continentale du Maroc).

Cependant, malgré les goûts et les tra· ditions des indigènes de cette zone d'élevagè du Sud de la Circonscription, malgré la rus· ticité et la sobriété de ces variétés locales, le cheptel ovin n'est pas en voie d'augmenta~ tation. C'est qu'en dehors de l'importance de la consommation locale, ces troupeaux Conclusion st.:.bissent les effets d'une mortalité pério· clique pendant la saison sèche. Bien que les conditions dans lesquelles Pour donner à ce cheptel ovin indigène évolue l'élevage dans la Circonscription d~ toute l'importance qu'il doit avoir, l'objectif Ch~ouïa ·Sud présentent une gamme de va· immédiat à atteindre est d'améliorer le mi· riations, des terrains de culture des;plain~s lieu et l.es conditions de vie de ces troupeaux. du nord.aux plateaux semi ·arides des Beni· C'est résoudre trois problèmes importants: le Meskine, cette région possède pahlculière. problème de l'eau, le problème de l'alimen· ment dans la zone sud, et pour le' mouton, 4° Espèce ovine tation, le problème des abris. des possibilités multiples d'élevage qui nous paraissent susceptibles d'être considérable· ment augmentées en s'inspirant de méthodes a) Problème de l'eau..~ Les troupeaux zootechniques rationnelles.. Il faut admettre que par suite de la tran5 de la zone Sud de la Circonscription sont humance, du commerce, des razzias, et des ~breuvés dans de.·mauvaises conditions. le cadeaux, les différentes races ovines primi­ nombre des pointsd'.eau n'est pas suffisant: M. CLAUDON.. tives se sont fusionnées' pour donner nais les sources sont envasées; les puits ont ua Vétérinaire Inspecteur du Service sance aux populations ovines du Moghreb, débit insuffisant; l'été les animaux restent de l'Elevage Numéro 7 NORD-SUD 29

DU NORD -~ ...-.-- AU SUD

FEZ

Le Salon de TAfrique du Nord à Fès

Voici une manifestation artLstLque qui réjouit nos cœurs et nos yeux de Fasis.

Nos cœurs, parce que Fès est pour nOliS la grande capitale où doivent se tenir les congrès de la pensée et de l'art. Nos yeux, parce que l'on a beau vivre dans un pays lumineux, c.'est une grantl" joie de voir s'accomplir le miracle q~i COIl­ siste à saisir un peu de lumière et à fa fixer sur une toile, comme un qui empor­ terait avec lui un rayon de soleil en bou­ Le salon de Peinture de l'Afrique du Nord qui vient de se tenir à Fès, au mo­ teille. Divin est l'm·i du peintre! ment des récents congrès, a obtenu 'un trés vif succés qui met en relief la vitalité de notre jeune école africaine dont Camille Mauclair exaltait les belles qualités, à son lVlais difficile est l'art du critique, et du dernier passage au Marac. La section marocaine ne fut pas la moins riche, comme on critique amateur surtout, qui n'est en som­ s'en doute. Noblesse oblige". Rendons hommage à nos artistes pour avoir su mériter', une fois de plus, la réputation élogieuse qui leur a été faite. me qu'un chaland, avouant sans vergogne qu'un lui plaît et que l'autre lui déplaît. Sens doute, ce salon doit é;re étudié :nt point de vue de la technique : ce n'est pas let qui ne fait pas hurler bien qu:il s'op­ o ! peintres de Fès, donnez-nous d,'s mon rayon. pose au fond des terres rouges qu'il labol,­ ciels de coucher de soleil, si émouvqn!s, re. C'est à se demander s'il n'y a pas ici plus émouvants, plus mélancoliques dans Je ne l'étudierai qu'au point de vue sen­ un Maître de la lumière qui règle l'éclai­ leur splendeur, que les nuages de Turner tÏTnental. rage des aubes et des c.répuscules et qni dans leur atmosphère pâle. Ciels gorge dé Le problème est le suivant : colore l'aile des guépiers, et les pétales des pigeon, ciels, d'où tombent des lueurs Lie fleurs printanières, sans que rien « gueu­ pétales de fleurs, des reflets d'améthystes Que nous apportent les Œuvres exposées le faux » dans cette nature, si belle qU'O/1 et de béryls ! au point de vue de la connaissance rie se prend à penser qu'elle dut, en effet, l'Afrique? servir jadis de séjour aux Dieux. Etudiez les ciels cOllune'les peintres étu­ dient la mer depuis des siècles sans avoir Non pas que la peinture doive être co.'!' Donc toute œu,vre z:nhannonieuse est épuisé le sujet. Ce qui nons importune, sidérée dans son utilité, maLS elle est !l'( fausse et à rejeter. c'est de vair sans cesse le même sujet: Naj­ muyen de révélation pour le profane. Il Ïarine, le souk de ceci, la porte de cele. faut qu'elle lui révèle ce que ses yeux, ce Celles qui manquent d'unité encourent Cela lait bien en carte postale, mais il que les autres arts, n'ont pu lui montrer. le même reproche, car, ce qui frappe aussi n'en sort aucnne émotion, aucune beauté. dans l'Afrique du Nord c'est la rapidité Rien ne s'y opposerait, que la lassitude Un tableau peut nous montrer unena!u­ avec laquelle la lumière varie et I/zodijif' que donne le déjà vu, le trop vu. re morte, des segments colorés qui ne re­ l'aspect des paysages, et je remarque drtr\s présentent rien, en apparence, mais il nWlS celie exposition trop d'œuvres composées Peil!:nez-nous des montagnes.'Le Zala~~·h émeut. Pourquoi ? Comme un accord mu­ de' fragments assemblés d'une façon fal/­ rose, le Zalagh rouge, le Zalagh bleu, mais sical nous émeut. . taisiste, cOI/une si les uns avaient été de ce rose, de ce bleu pareils aux rubans '. peints le matin à Tanger et d'autres le des petites filles, ponceau rose ou bleu, qui La première qualité de la peinture N ord- soir à Biskra. à eux seuls suffisent à faire l:ibrer la corde afric.aine est d'être harmonieuse, car il des souvenirs, à enchaîner, à mettre en n'est pas un pays au monde où les lumiè­ Il jaut que le peintre sazsLsse au '!Jol communication le regard et le cœur. res et les couleurs s'harmonisent avec une l'impression d'un instant. IVan pas que la A ce point de vue, j'ai admiré le 1;(,2 telle sûreté, où les lignes du paysage ont photographie soit l'idéal (tant qu'elle sera (Djebel Reçac). Voilà la route sûre, pour cette majesté, et les plis des haïcks, de,i imparjaite) mais il faut, comme ',lorsqu'on faire de grandes choses. Et ,tans le même heureux arrangements. représenEe le mouvement, peindre de telle ordre d'idée, le « PCiIlt du Sebou »;' de Dll­ façon qu'une ligne inerte soit un contol!r vent. On se demande parfois à quel mobile flattant, indécis et qui ne limite pas, ct secret ont obéi cette petite fille quand elle qui paraisse vibrer, bien qu'il soit pour LA BLANCHEUR DES MURAILLES revêtit ce caftan rouge brique dont le ton toujours fixé; il faut que la lumière fixée s'accorde avec celui des champs brûlés par nous laisse voir c.e qu'elle était l'instaNt Fromentin à Laghouat montait sur sa le soleil, et ce laboureur au pantalon via- d'avant et ce qu'elle va devenir. terrasse en plein midi pour peindre les 30 NORD-SUD Numéro 7

maltant au compositeur, la décoration d.? grandes salles lumineuses. Ce sera pour les peintres le moyen de faire de belles choses tout en gagnant leur tie.

Pasdc roman-feuilleton dans la peintu­ re ! De la science certes, mais ensuite de la connaissance, de la pénétraticn. Impossible à un peintre de nous présenter des burnous et des haïcks s'il ne sait pas c:omment un'! femme s'enveloppe et de quelle étoffe on fait ces haïcks. C'est ce qui fait la valeur d'œuvres comme celle de Geniern et SUi" tout de Mammeri.

le serais assez curieux de voir les œu• vres dans le prochain Salon, classées sans souci de la variété ; par sén'es : un chapi­ tre sur; les maisons, sur les villes, sur les jardiris, sur les attitudes, sur les visages, L, Sud, la mer, le ciel. Afin qu'on puisse comparer le travail, la science, la poésie des artistes, et leurs progrès. La participation algérienne - dont notre photo montre quelques lableaux - grou­ pait un choix remarquable de personnages aux allures étranges; faune équivoque d'o­ La vérité n'est pas la première qualité rigine douteuse qui grouille dans les quartiers de Bab-el-Oued. A côté de cela, de lu­ du peintre ; qui n'a pas vu un îlot de mineux paysages aux teintes délicates : en un mot, une exposition séduisonte por son fleurs, d'un rouge éclatant au milieud',m éclectisme. champ vert, peut douter de la vérité, mais l'essentiel est de montrer ce qu'il y a .Je beau dans le contraste, d'admissible, d'har­ monieux. maisons blanches. Peintre;, étudiez la des lèvres qui fait sourire l'expression, est Ce qu'il nous faut en Afrique, c'est une blancheur, la luminosité des murailles. !l un rictus formé par la misère, ou par la grande école des Beaux-Arts où l'on étu­ n'y a dans toute. cette exposition que deux haine contenue, ou l'hypocrisie. diera la Nature. Nous avons déjà des ou trois réussites à mon humble avis, et Donc, je préfère la petite prostituée qui hommes qui parcourent le pays cam· qui renouvellent le charme qu'éprouve le me Majorelle et Pontoy. De grâce! pas dg voyageur quand il reçoit en pleine figure, fume la cigarette, de Laurent, aux œuvres magistrales et finies de plus grands maî• peintres bolides en automobiles qui vont cct éblouissement des murs blancs. e tres, qui sans, doute au point de vue dessin au croquis « à faire» et s'en sauvent et se Sont-ils blancs, sont-ils gris ? Sont-il; sont des chefs-d'œuvre. hâtent pour vendre. sales ? Qu'importe, c'est du soleil qu'on C'est pourquoi sans la moindre complai­ Certes, il faut vivre, mais il faut aussi reçoit dans les yeux. Qui trouvera le secret sance amicale, je trouve une grande vérité former pour l'avenir des candidats à la de cette légère buée qui flotte sur Salé, le une grande douceur vraie dans les visages grande Maîtrise. Nul pays, mieux que ce matin de bonne heure, buée où se mêlent· des sujets peints par Mlle Delorme ou en­ pays lumineux, transparent, harmonieux sans doute des reflets d'océan. core le pastel 252 de Mlle Salvagy, plutôt n'est désigné pour être le berceau d'une Mme du Pac, M. Lino, lasso, Mme que les visages fouillés quoique vrais 17G, grande école - qui demeure ,. non pas Buffet, présentent dans les études de blan­ 177, de Van Bisfrœck., qu'on souhaite l'uniformité, mais (ln cheurs africaines et des ombres lumineus'?3 déteste le désordre -. Et l'on est chagriné Au reste, il ne s'agit pas pour moi, pro­ par exemple de voir une œuvre magnifi­ de très belles réussites, prouvant une étu­ fane, d'établir un palmarès des œuvres et de approfondie (et le 184 aussi de WolfL que, à laquelle je décernerais un grand des mérites, que je suis bien incapable de prix, comme le Fondouq de Tunis, nO 105, Les maîtres de la lumière du Sud, lumiè­ juger. res différentes, semble-t-il, en Algérie et dont certains tons de muraille font songer au Maroc sont Mme Barier Demnati et De­ Spectateur, je dis ce que je pense, car à Claude le Lorrain, et qui cependant n'est lahaye (dans les aquarelles). Le Sud m l­ enfin, si les peintres' peignent, c'est pour pas du tout un fondouq africain. Pas plus Toeain est un monde nouveau vers lequel le public et non pour les maîtres. Comme que les éclatantes et magistrales toiles se tournent avec curiosité et enthousiasm~ nous, nous écrivons, nous, pour essayer de peintes par le grand Delacroix, ne sont m"­ les peintres de l'Afrique et le grand pu­ toq,cher le grand public, nous devons rocaines, pas plus que les Orientales d~? blic. Il est bien difficile de définir tant en l'avouer. Victor Hugo ne peignent l'Orient. peinture qu'en littérature c,e qui fait le charme du Sahara. Il y a là une mélanco­ Et les gran'ds Maîtres arrivent toujours, Comment m'excuser d'une critique aussi lie, une tristesse, qui viennent non de la même après de longs délais, après leur imparfaite, aussi barbare. Et comment di­ lumière, mais de la désolation, de l'inquié­ mort souvent, à toucher les foules qu'on re tout le plaisir qu'on a eu à regarder, à tude éprouvée, accumulées par le voyagenl' dit obtuses et pompières et philistines. étudier, à chercher dans tout cet effort sin­ à travers un pays ,où il n'y a pas d'oiseau.'\:, cère, les signes, les promesses de chefs­ Ce qu'il faut combattre, dans cette Afri­ pas de fleurs, pas d'eau. d'œuvre. Ce n'est pas sans mélancolÙ:. que du Nord, c'est le faux Orient, c'est qu'on fait un rapprochement entre ceux l'Orientalisme de série, c'est le tape à l'él . qui luttent pour apprendre à connaître les LES VISAGES des couleurs. Il faut une grande modéra­ âmes de ce pays, pour savoir les adminis­ tl:on, une grande discrétion dans la COIl­ trer, à. ceux qui durement, essayent la ter· C'est le visage qui retient l'attention de leur, dans l'emballement. Des artistes sin­ re africaine pour savoir ce qu'elle peut beaucoup de peintres. Il y a dans c,e rayon, cères et sensibles comme Madame Revei'­ produire et tous ceux qui travaillent pour des Maîtres, encore qu'aucun n'arrive à laud, le c,omprennent bien - et j'ai été l'avenir, avec les peintres qui, courageuse­ mon avis à la hauteur de Dinet et voici frappé par la belle sobriété des aquarelL~ ment cherchent la clé mystérieuse qui, nn pourquoi de Fonfreide, comme nous admirons l"s jour, leur donnera' le secret de la lumière, villes grises de Vicaire. la couleur fugitive, insaisissable, de la Pour peindre un visage il faut connaître lueur étrange des yeux de cette Afrique, l'âme. Presque jamais une photographie La fresque de Quesnel est une belle in­ femme voilée, qui révèle si lentement son ne permet à celui qui l'observe le moyen dication. Elle nous prouve que l'Afrique mystère. de deviner l'âm~. Il faut savoir, comme'Di­ peut être traitée sous cette forme, à grands net le savait que ce pli au coin des yeux et traits, à grandes plages de couleurs per- Paul ûDINûT. Numéro 7 NORD-SUD 31

RABAT MEKNÈS

L'inauguration de

l'imnzeuble Sifiche ~

La SIFICHE, importante Société fOi"lcièrc à laquelle Meknès doit une grande part dt: son développement, vient de procéder der­ nièrement à l'inauguration du bel imm~ublc qu'elle a fait édifier sur l'avenue Mézergues, en bordure du lotissement urbain du Carr;p Poublan. MM. les Généraux Goudot, Com­ mandant la région et Dubuisson, avaient te­ nu à app'orter personnellement leur encou­ ragement aux dirigeants de cette Société. Les as'sistants au 'nombre d:sG.'uels on reconnai5­ rait les principales personnalités de la vilk, I;urent se rendre compte du parfait conforL avec lequel a été aménagé ceUe constructioll qui peut compt~r comme l'une des plus ma,· dernes .d'Afrique du Nord. Nous somme':; particulièrem.ent heureux d'exprimer toutes nos félicitations à Mili. Bordet, Président du Conseil d'Administration et Gammelet, Administrateur-Délégué dont l'intelligente activité contribue à faire de Meknès une ville d'aspect toujours plus. ::;e­ Pour inaugurer le Tour du Maroc qui propose à la curiosité du touriste la vIsion de duisant. « 20 siècles en 20 jours », le service du Commerce à été bien inspiré en organisant, à Puisqu'une aussi agréable circonstance noüs Rabat, une exposition de tourisme qui a obtenu un réel succès. M. Coursier qui en 0 été le perm~t nous en profitero:rs pour signaler le principal instigateur peut donc se féliciter de cette réussite qui confirme le vocation à no~ lecteurs le nouvel effort entrepris pûr touristique de notre Protectorat Marocain. la SIFICHE qui équipe un nouveau lotissfJ' ment dit « Plaisance » d'après une conception entièrement nouvelle. a parlé, d'une façon générale en termes à la fois très sympathiques Le lotissement « Plaisance » forme un vaste triangle dont deux des Et très chaleureux et elle n'a pas manqué d'exprimer les mérites et côtés sont constitués par une vallée dan:; laquelle s'étalent deux oueds l'intérêt de ce bel ouvrage. De leur côté, les Syndicats d'Initiatives ont où l'eau coule durant toute l'année. A flanc de côteau, s'étagept de ra­ bien voulu nous dire tout le bien qu'ils en pensaient et nous ne vissantes propriétés en plein rapport que les nouveaux terrains de la saurions mieux faire que de publier des extraits des lettres que nouS SIFICHE dominent grâce à leur exceptionnelle situation. avons reçues à cette occasion. On nous a danc écrit : Les lots, d'une étendue de 2.500 à 3.000 mètres, seront cédés à par­ De Rabat: « Nous nous plaisons à constater que le Guide de Safi tir de 4 francs le mètre et les acheteurs bénéficieront des plus larg.es est bien présenté, bien documenté, un beau tirage sur papier couché facilités de paiement. et nous sommes heureux de vous offrir nos sincères félicitations pour Quand nous aurons dit que le nouveau lotissement « Plaisance II ne ce beau travail l'. se trouve qu'à deux kilomètres de Meknès, nos lecteurs comprendront De Meknès: « Nous vaus remercions de l'envoi que vous avez bien tout l'intérêt de cette création qui permettra à de nombreuses familles voulu nous faire et avons apprécié à son mérite le Guide de Safi, - même disposant de moyens modestes - de posséder un refuge tran­ édité par vos soins ". quille où elles pourront se livrer au:< cultures d'agrément ou aux cultu­ De Fès: « Votre Guide de Safi nous est bien parvenu et nous vous res potagères suivant leur goût et leurs besoins. Le tiers environ de la remercions de nous en avoir fait l'envoi. Nous vous en félicitons. Tout superficie totale du lotissement est complanté de vigne en plein rap­ est parfait : présentation, composition, textes, photos, héliogravures. port, indice certain de la fertilité des terres. Nous retenons votre propasition, d'autant plus que lorsque nous nouS De telles réalisations honorent grandement la SIFICHE et ses Admi·. déciderons à faire éditer un Guide, nous nous adresserons de préfé­ nistrateurs qui font preuve autant d'intelligence que de dévouement, 'rence à une maison du Maroc )l. de même qu'elles cantribuent puissamment à faire de Meknès l'une De Tanger : « Cet ouvrage est très réussi et sa composition est des plus belles villes modernes de notre Protectorat. . particulièrement étudiée au point de vue touristique. Il y a là, de la part d'une Maison marocaine un réel effort qui mérite l'attention et pour lequel nous tenons à vous féliciter très sincèrement ". Nous soulignerons ici l'effort de M. J. Peillon, Directeur d'Inter· Presse, qui n'a pas ménagé sa peine pour doter Safi d'un Guide con­ CASABLANCA çu suivant la formule la plus économique. Nous féliciterons égale­ ment M. Armand Arnone, à qui revient le mérite de la présentation et nous profiterons de cette circonstance pour rendre hommage au Distinction honorifique dévouement qu'il apporte dans sa tâche de Secrétaire de la Rédaction de Nord-Sud, qu'il assure depuis le premier numéro. Nous sommes heureux d'adresser ici, nos sincères félicitations à Le Syndicat d'Initiative de Safi peut s'enorgueillir, à juste titre de M. Gaston Davizé, de l'Agence Marocaine de Publicité et d'Infor­ posséder un Guide çomplet et très adapté au but qu'il poursuit ; mations, qui vient d'être promu Chevalier de la Légion d'Honneur. « Inter-Presse », de son côté, enrichit sa collection d'un ouvrage de Cette récompense sanctionne la belle conduite au front de M. 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