N°107 Avril - Mai - Juin 2020 Abonnement annuel : 20€ Tirage : 4000 exemplaires Communes Barges Cheylard-l’Evêque Costaros Coucouron Lachapelle-Graillouse Lafarre Lanarce Langogne Lavillatte Le Bouchet St-Nicolas Le Plagnal e d a

Lesperon c r u

Naussac-Fontanes o F

n Pradelles i a l A St-Alban-en-Montagne St-Arcons-de-Barges St-Etienne-du-Vigan St-Flour-de-Mercoire St-Haon Cayres St-Paul-de-Tartas Pages 10-11 : été 44 : faits des maquisards

Association LAVE (entre Loire et Allier pour Vivre Ensemble) - Rue du jeu de Paume - 43420 Pradelles Courriel : [email protected] - Facebook : Journal Volcan Sommaire Feuille volante : appel de cotisations La pensée sauvage p. 3 Edito Rauret : Stéphanie Dayde championne de dressage p. 4 / 5 La responsabilité des articles n’engage que leurs auteurs Le berger p. 5 Le respect du maître p. 6 Balade à travers St-Etienne-du- La vie renaît au bois, la Vigan et recette des C’est suite à Vigan p. 7 nature se réveille... C'est le caillettes ainsi que l'éty - notre formation La cueillette de la morille p. 8 / 9 Cayres : été 44 : faits des printemps. L'hiver, cette mologie des lieux-dits pré - sur les réseaux maquisards p. 10 / 11 année, s'est montré bien cèdent les portraits de sociaux que Langogne : les mines tendre. Nous avons profité Nikita, Geneviève et Au - nous avons décidé de sup - d’uranium p. 12 / 13 Nos lecteurs nous écrivent p. 14 de la tiédeur. Ne gâchons guste Chirac. primer le profil Facebook Recette : les caillettes p. 14 pas notre plaisir. Le croissant «vegan» est «Lave Asso» pour ne gar - Poème en Occitan p. 15 Dans ce numéro vous de fort bon aloi. Le 25 der que la nouvelle page Lesperon : étymologie des lieux-dits p. 16 / 17 serez touchés par la fi - juillet 1953, Lanarce ré - «Journal Volcan». Pradelles : Nikita et Geneviève p. 18 / 19 nesse de la pensée jaune. veillera les souvenirs des Même avec un peu de Auguste Chirac p. 20 Quelle pureté ! anciens. Tuade, objet inso - retard, nous sommes heu - Lieux et objet insolites p. 21 Lanarce : 25 juillet 1953 p. 22 En Haute-Loire nous lite, château du Fort, reux de pouvoir partager Astronomie pour tous p. 22 avons une championne de poème sur l'arbre... que ce Volcan. L’équipe reste La tuade p. 24 de dressage de de pages qui vont vous motivée et soucieuse de Le château du Fort p. 26 / 27 Manifestations p. 28/29 chiens de bergers : Sté - détendre. Bonne lecture à vous proposer des articles Poème : l’arbre p. 29 phanie Dayde, de Rauret- toutes et à tous ! de qualité, divers et variés. Bloc-notes p. 30 Luc Renoux, Président Landos : collège en 1957 p. 31 Haut. C'est une fierté pour Grâce à votre fidélité, vos Costaros : école de garçons tous les altiligériens. Nous retours et vos abonne - Saint-Charles en 1951-52 p. 32 en avons profité pour éta - Ce fut une période trou - ments la motivation est in - blir le lien entre l'actualité blée. Nous n’avons pas pu tacte et le souhait de et le passé en évoquant la faire paraître le journal à partager nos trouvailles vie des bergers d'autrefois. temps. Mais d’autres sou - toujours aussi présent. Un peu de civisme ne cis nous ont tous préoccu - Nous essayons de trai - fait pas de mal et le res - pés. Malgré tout cela, au ter au mieux vos envois et pect du maître avec ses cours de cette période, vos demandes, nous res - valeurs républicaines est nous avons travaillé à tons disponibles au bu - un exemple à suivre. «Les l’élaboration d’articles, à reau de l’association, par coins à morilles, ça ne se l’avancement du prochain courrier, par mail ou par dit pas» . Et pourtant nous journal. Nous avons aussi téléphone. en parlons. Dans le ciel, partagé des articles an - levez la tête et vous verrez, ciens sur la nouvelle page en même temps, le Lion, la facebook de l’association Grande Ourse et la Petite «Journal Volcan», il y en a Association L.A.V.E. - 43420 Pradelles Ourse. Les carnivores sont pour tous les goûts : dé - CONTACTS : [email protected] couverte des villages et Alexandra Artigas : 07 60 32 50 33 là. En 1944 les maqui - Fanny Gimenez : 07 82 26 64 05 sards de Cayres vont vous des personnalités, tradi - tions perdues ou oubliées. MISE EN PAGE : Aurélie Vidal et Alexandra surprendre. Des mines Artigas d'uranium aux environs de Ce sont là les fondements REDACTION : Association L.A.V.E. de notre revue. DIRECTEUR publication : Luc Renoux Langogne... qui l'eût cru ? IMPRIMEUR : Imprimerie Jeanne d’Arc Balade à St-Etienne-du- (43000 Le Puy-en-Velay - 04.71.02.11.34) Dépôt légal à parution N° CPPAP : 0420 G 87724 - N° ISSN : 1761- 5828

L’équipe de Volcan en formation - Photo de Grégory Varenne 15

Poème Illustration de Martine Armand L’arribada de la prima - L’arrivée du printemps

0 Ce poème a été

2 L’autre matin, l’aura bofava L’autre matin, le vent soufflait 0

2 écrit par Jean-Paul

n Coma dau temps de las meissons : Comme au temps des moissons : i u j Sabatier, né au Mazet / i Era chaudeta è perfumada Elle était douce et parfumée a

m St Voy en 1848 et

/ Com’ au temps de las fenaisons. Comme au temps des fenaisons. l i r v mort à Lyon en 1884 a

-

7 Quo’era aquèl’aura chauda et douça C’était ce vent chaud et léger où il était professeur. 0 1 ° Que ven delh pais dau meijorn Qui souffle des pays du midi Il a été adapté et tra - N n a Que fait verdir lo blat que possa Qui fait verdir le blé qui pousse duit par Christian c l o

V E que fait espelir la flor. Et fait s’épanouir la fleur. Chabanon. Lo solelh luisià de bon’ora ; Le soleil brillait de bonne heure ; L’Alièr, clara com’un riù. L’Allier, claire comme un ruisseau Elh cial, i’avià pas une borra Au ciel, pas un nuage Aquò èra com’un jorn d’estiù. C’était un vrai jour d’été. E l’òm vesià verdéiar las branchas Et l’on voyait verdoyer les branches Daus bels pibòns, è l’amendièr Des grands peupliers, et l’amandier Virava sas floretas blanchas Agitait ses fleurettes blanches Com’un morcelòn de papièr. Comme une guirlande de papier. La promèira irondèla arribava, La première hirondelle arrivait E com’entre març è abrial Et comme entre mars et avril Lo brave cocut chantava Le joli coucou chantait Coma dison amont : a plen fial ! Comme on dit là-haut : à plein gosier ! Tot vai florir, tot serà fèsta, Partout des fleurs, partout la fête, Serèm d’abòrd au mes de mai Nous serons vite au mois de mai E comptarèm sus nostra testa Et se comptera sur notre tête Mon Lois, un printemps de mai. Cher Louis, un printemps de plus . 20

Portrait Article et photos de Christian Bernard Auguste Chirac, général en campagne et général à la campagne e château de Trémoulet, administrativement situé sur l’écriture et même à la commune d’Auroux, en ses confins, en lisière im - la poésie, puisant Lmédiate de la commune de Fontanes, abrita les son inspiration dans vieux jours d’un Lozérien au parcours tout autant original les grands espaces que méconnu, celui du Général Auguste Chirac qui af - lozériens dont il était fectionna particulièrement son Gévaudan natal. épris. Auguste Chirac est né le 24 février 1806 au Chambon, Il sera notamment précisément dans « le manoir flanqué d’une tour au centre l’auteur de deux ou - du village », écrira-t’il. Son père, notaire du lieu, en était vrages, l’un intitulé aussi le maire. Un notable donc, qui donna à son fils une «Lettre d’un mar - Portrait du Général Chirac solide formation. Après l’école de Saint-Symphorien, il in - seillais sur l’exposition universelle de 1867 à Paris », le se - tégrera le collège de , puis l’école de droit du Pan - cond « Au Gévaudan des loups ». Il y dépeindra théon à Paris. magnifiquement sous forme de lettres à des amis, son en - Descendant d’une longue lignée de gévaudanais, il de - fance montagnarde puis ses plaisirs d’adulte dans cette viendra aussi post-mortem l’arrière-grand-oncle de notre contrée sauvage : les chasses à la bécasse, la pêche des ex-président éponyme. truites au sanglon dans les gorges de l’Allier. Il y campera Curieuse destinée militaire que celle d’Auguste Chirac. avec talent les personnages locaux, la vie paysanne Admirateur de La Fayette et de son engagement en faveur d’alors, les veillées interminables, bref il animera un véri - des « Insurgents » américains, il cherche alors une cause table théâtre rural. Une place particulière est réservée aux similaire à défendre. loups, très nombreux nous dit-il « dans un pays où les mai -

0 Et voici que l’affaire se présente opportunément. En sons sont six mois sur douze ensevelies sous la neige et 2 0 2

1830, la Belgique veut s’émanciper du joug hollandais et assiégées par les loups ». Il décrira à la fois leur chasse n i u j

/ déclare donc son indépendance. Un conflit va s’ensuivre lors de traques, mais aussi les angoisses qu’ils provoquent i a

m avec les Pays-Bas. Auguste Chirac s’enrôle et prend le chez les paysans lors des confrontations assez courantes / l i r v commandement d’une compagnie de volontaires pari - qu’ils ont avec l’animal. a

-

7 siens pour soutenir cette cause : il part combattre en Bel - Il relate pour l’occasion qu’« il lui est arrivé d’en avoir 0 1 ° gique. L’année suivante, avec l’autorisation du jusqu’à une demi douzaine à ses trousses » et la difficulté N

n

a gouvernement français, il entre dans l’armée belge où il en la circonstance de continuer à chevaucher tant sa mon - c l o

V fera toute sa carrière, en conservant cependant sa natio - ture était terrorisée. C’était en 1835 ! Faut-il en conclure nalité française. Il devient un héros de l’indépendance de qu’en ces temps-là nos vaillants militaires n’étaient pas si la Belgique. Passons sur ses brillants faits d’armes qui lui courageux ou que les loups (contrairement à l’avanta - permettent de prendre sa retraite de général de l’armée geuse réputation que certains leur font aujourd’hui) man - belge en 1866, auréolé des palmes de commandeur de quaient alors de savoir vivre ? l’ordre de Léopold. Auguste Chirac achètera en 1863, avec sa soeur Ana - Ce militaire atypique était aussi un authentique homme lie, le château de Trémoulet, un manoir reconstruit vers de culture. Sous l’uniforme perçait le romantisme et l’hu - 1840 par le baron de Belvezet de Jonchères qui le lui manisme de celui céda. qui fut aussi un Il viendra très fréquemment pendant plus de vingt ans, homme de salon. avec son épouse anglaise, dans ces lieux qu’il appréciait Polyglotte (il particulièrement et à qui il dédicaça un poème : pratiquait quatre «J’aime ce vieux castel et sa libre campagne langues), il mani - Modestement cachés au regard du passant festa un goût Dans un obscur repli de notre âpre montagne prononcé pour Où tout est à mes yeux attractif, caressant, les arts : mu - Malgré l’aigre climat qui règne en ces parages…» sique, sculpture, Le général Auguste Chirac décèdera en son château dessin. Il était un de Trémoulet le 20 octobre 1884. Il est inhumé au cime - excellent aqua - tière d’Auroux. relliste. Il pratiqua Le journal « le moniteur belge » saluera dans une né - Château de Trémoulet tous ces arts et crologie « l’homme de bien qui ne comptait chez nous que Dessin d'Auguste Chirac s’adonna aussi à des amis ». 31

Souvenirs, souvenirs... Article et photo de Marc Crespin de Costaros Landos : collège en 1957 0 2 0 2 n i u j / i a m / l i r v a

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7 0 1 ° 1 Jean-Louis Deydier – 2 Marcel Roudil – 3 Isidore Masclaux – 4 Loulou Tillère – 5 Pierre Testud † – 6 Michel N n a Robin † – 7 Antonin Lhoste – 8 Raymond Petit – 9 Charles Jac – 10 Robert Grasset – 11 Christian Mathieu c l o

V 12 André Rouvier – 13 René Salleyrette – 14 Claudette Barthélemy – 15 ???? – 16 Yvette Gauthier – 17 Marie- Thérèse Boyer – 18 Jeanine Bruchet – 19 Angèle Enjolras – 20 Andrée Donnat – 21 Yvette Jouve – 22 Lucette Jouve – 23 Roger Grasset – 24 Raymond Saurety † – 25 André Chapelle – 26 Odile Bonhomme – 27 Ida Hilaire 28 Lucienne Reynaud – 29 Madeleine Reynaud † – 30 Renée Belin - 31 Pierre Perrin – 32 René Viannes – 33 Jean Sauret – 34 Marie-Antoinette Leydier – 35 Marc Crespin – 36 Rinette Thomas – 37 Yvonne Hilaire – 38 Andrée Mialhe – 39 Raymonde Omaldi – 40 Denise Rivet Les élèves étaient de Landos bien sûr, mais aussi de Costaros, St-Haon, Barges, St-Arcons-de-Barges, Vielprat, St-Paul-de-Tartas et quelques-uns du Bouchet St-Nicolas et de Cayres.

Le cours complémentaire de Landos, quelle épopée ! Il fut créé en 1951 et devait être initialement installé à Costaros où la mairie venait juste d’être achevée. Le conseil mu - nicipal de cette commune, des gens bien-pensants du village, refusa pour ne pas faire de tort aux bonnes soeurs qui éduquaient alors tous les enfants (garçons et filles) et ce jusqu’au BEPC pour certains. Autres temps, autres moeurs ! Le cours complémentaire (C.C) fut donc installé dans le préau de l’école publique de Landos : une salle pour les 6 ème , 5 ème , une salle pour les 4 ème , 3 ème , pas de dortoir, pas de réfectoire, pas de W.C., pas de lavabo. M. et M me Salleyrette, face à l’école, faisaient la cantine les matins, midis et soirs. Les chambres, non chauffées, se trouvaient aux quatre coins du village, cinq élèves ici, quatre là-bas. Les W.C., ceux de l’école publique, les la - vabos : idem. Pas de douches bien sûr, mais cela n’existait pas dans nos campagnes à l’époque. Internat sévère : une sortie par mois. Les dimanches matins : messe, l’après-midi : promenade par beau temps, cinéma l’hiver. Une épopée vous dis-je ! Et nous avons survécu !