ATHENEE SAINT JOSEPH (A.S.J.A)

RAPPORT DE STAGE en vue de l’obtention du Diplôme Universitaire de Technologie Agricole (D.U.T.A)

Filière : Sciences Agricoles Option : Biotechnologie Agricole

FOFIFA ASJA BP 230 BP 287 110 ANTSIRABE 110 ANTSIRABE Téléphone 44 480 54 Téléphone 44 483 19/20 [email protected] [email protected]

Le 08 juillet 2005

DEDICACES

2

Ce présent travail n'est réalisé sans le soutien moral et l'appui financier de toute ma famille, alors je tiens cordialement à dédier cet oeuvre:

• A mon père RATSIMBA Solofoniaina Raymond et à ma mère RAVAONASOLONIRINA Abeline, qui n'ont jamais cessé de m'encourager et de m'avoir donné la possibilité d'étudier;

• A mon frère RATSIMBA Andrianantenaina et à ma soeur RATSIMBA Ravaoarinoroniaina Nirina Nandrianina pour leur amour et leur gentillesse;

• A ma grand - mère RAZOELY Joséphine pour ses précieux conseils.

3

REMERCIEMENTS

Nous tenons avant tout à honorer le Seigneur pour toute sa bénédiction qui a fait que ce stage a pu voir le jour.

Nous ne pouvons pas taire sans remercier toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont contribué à la réalisation de ce présent rapport et en particulier:

• Père CUOMO MARIO Giuseppe, Directeur Général de l'Athénée Saint Joseph Antsirabe, qui a crée cette université et nous a donné la chance d'y étudier; • Mme RALAMBORANTO Laurence, Recteur de l'Athénée Saint Joseph Antsirabe, qui nous a permis d'effectuer ce stage et nous a dirigé durant les années académiques malgré ses nombreuses obligations; • Les membres du jury:

- Mr RAHERIMANDIMBY Léon, Professeur d’Arboriculture et d’Horticulture à l'Athénée Saint Joseph Antsirabe, qui nous a fait l'honneur de présider le jury de cette soutenance malgré ses fonctions; - Mme ANDRIAMALAZA Sahondra, Professeur de Chimie Agricole à l'Athénée Saint Joseph Antsirabe, qui malgré ses multiples préoccupations a accepté d'être l'examinateur de ce travail; - Mr ANDRIANTSIMIALONA Dodelys, Phytopathologiste à la Station Régionale de Recherche FOFIFA Antsirabe, qui n'a pas ménagé ni ses efforts, ni ses conseils, pour mener à bien ce travail et qui nous a encadré en dépit de ses lourdes tâches; - Mme RAHANTARINORO Doline Lucie, Professeur des Sciences et Techniques des Cultures à l'Athénée Saint Joseph Antsirabe, notre encadreur, qui nous a consacré ses temps, malgré ses nombreuses tâches, de bien vouloir nous donner des conseils et des directives pour la réalisation de ce rapport de stage.

Nos remerciements s'adressent également:

• A Mr RAZAKAMIARAMANANA, Directeur Régional de la Station Régionale de Recherche FOFIFA Antsirabe et à tout le personnel de la station, qui nous ont accueilli avec beaucoup de gentillesse; • A Mr RAZAFINDRANORO Jean Baptiste, Technicien de la Station Régionale de Recherche FOFIFA Antsirabe, qui nous a apporté des appuis techniques durant les descentes sur terrain; • A Mr Alain RATNADASS, entomologiste du CIRAD et coordinateur de l’URP- SCRiD pour son appui matériel et ses précieux conseils ; • A Mr RAMAHANDRY A. Fidiniaina, Ingénieur de la Station Régionale de Recherche FOFIFA Antsirabe pour sa collaboration; • A tout le corps professoral à l'Athénée Saint Joseph Antsirabe;

4 • A ma famille, à mes amis et à tous les collègues de la promotion.

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SOMMAIRE

REMERCIEMENTS

INTRODUCTION : ...... 1

PARTIE I : GENERALITES SUR LE RIZ I-1 Importance de la riziculture malgache : ...... 5 I-2 Botanique : ...... 5 I-2-1 Classification : ...... 5 I-2-2 Description : ...... 6 I-2-2-1 Les organes végétatifs : ...... 6 I-2-2-2 Les organes de reproduction : ...... 7 I-3 Biologie : ...... 9 I-3-1 Cycle végétatif : ...... 9 I-3-2 Les phases végétatives : ...... 9 I-4 Ecologie du riz : ...... 10 I-4-1 Les conditions climatiques : ...... 10 I-4-2 Les conditions édaphiques : ...... 12 I-5 Les écosystèmes : ...... 12 I-5-1 Les écosystèmes aquatiques : ...... 12 I-5-2 La riziculture pluviale : ...... 12 I-6 La riziculture à :...... 13 I-7 Les maladies du riz : ...... 13

PARTIE II : LA PYRICULARIOSE DU RIZ II-1 Importance : ……………………………………………………………... 16 II-2 Description et biologie : ...... 16 II-2-1 Forme asexuée : ...... 16 II-2-2 Forme sexuée : …………………………………………………… 17 II-3 Cycle d'infection foliaire : ...... 18 II-4 Symptômes : ...... 18 II-4-1 Sur les feuilles : ...... 18 II-4-2 Sur la tige : ...... 19 II-4-3 Sur les nœuds des chaumes : ...... 19 II-4-4 Sur les rachis des panicules et glumelles : ...... 20 II-4-5 Sur les grains : ...... 20 II-5 Les stades critiques de la sensibilité du plant de riz : ...... 20 II-6 Epidémiologie : ...... 20 II-6-1 Les facteurs relatifs à l’environnement : ...... 21 II-6-2 Les facteurs relatifs à la plante hôte : ...... 22 II-6-3 Les facteurs relatifs au pathogène : ...... 22 II-7 Moyens de lutte : ...... 23 II-7-1 Pratiques culturales : ...... 23 II-7-2 Moyens de lutte chimique : ...... 23

6 II-7-3 Emploi de variétés résistantes : ...... 24

PARTIE III : ANALYSE DES MESURES ET DES ENQUETES EFFECTUEES DANS LA REGION DU III-1 Présentation de la région de Vakinankaratra : ...... 25 III-1-1 La région : ...... 25 III-1-2 Milieu physique : ...... 25 III-1-3 Milieu humain : ...... 26 III-2 Matériels et méthodes :...... 27 III-2-1 Choix du site : ...... 27 III-2-2 Prévalence : ...... 28 III-2-3 Incidence : ...... 29 III-2-4 Sévérité : ...... 29 III-3 Résultats : ...... 29 III-3-1 Prévalence : ……………………………………………………… 29 III-3-2 Incidence : ………………………………………………………... 32 III-3-3 Sévérité : …………………………………………………………. 38 III-3-4 Résultats d’enquêtes : ……………………………………………. 39 III-4 Interprétations : ………………………………………………………… .39

CONCLUSION : ...... 41

BIBLIOGRAPHIE

ANNEXE

7 LISTE DES ABREVIATIONS ET DES SIGLES

° : degré

% : pourcent

°C : degré Celsius

ADR : Agent de Développement Rural

ASJA : Athénée Saint Joseph Antsirabe cal / j / cm2 : calorie par jour par centimètre carré

CENRADERU : CEntre National de la Recherche Appliquée au Développement Rural

CIRAD : Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement cm : centimètre

DRDR : Direction Régionale du Développement Rural

DUTA : Diplôme Universitaire de Technologie Agricole

Exp : Expérimental

Fa : FOFIFA

FOFIFA : FOibem - pirenena momba ny FIkarohana ampiharina amin'ny FAmpandrosoana ny ambanivohitra

FM : Fumure Minérale

Fu : Fumier de parc g : gramme ha : hectare hab / km2 : habitants au kilomètre carré

I : Irrigué

IRRI : International Rice Research Institute

8 kg / ha : kilogramme par hectare km2 : kilomètre carré l : litre

Lab : Labour l / ha : litre par hectare m : mètre mm : millimètre m3 / ha : mètre cube par hectare

MAEP : Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche

µm : micromètre

0- Lab : zéro-labour

P : Pluvial

t / ha : tonne par hectare

URP - SCRiD : Unité de Recherche en Partenariat - Systèmes de Culture sur couverture végétale et Riziculture Durable

UPDR : Unité de Politique de Développement Rural

9

LISTE DES FIGURES :

Figure 1 : Organigramme de l'A.S.J.A : ...... 3

Figure 2 : Triangle de maladie : ……………………………………………… 21

Figure 3 : Prévalence de la pyriculariose dans chaque localité : …………… 31

Figure 4 : Incidence de la pyriculariose en fonction des variétés sur riz pluvial : …………………………………………………… 32

Figure 5 : Incidence de la pyriculariose en fonction des variétés sur riz irrigué : …………………………………………………… 33

Figure 6 : Incidence de la pyriculariose en fonction du mode de travail du sol dans la parcelle d’expérimentation à : ………….. 34

Figure 7 : Incidence de la pyriculariose sur quelques variétés de riz, en fonction du mode de travail du sol, dans la parcelle d’expérimentation à Andranomanelatra : …………………………………………………………. 34

Figure 8 : Incidence de la pyriculariose sur riz pluvial suivant la localité : …………………………………………………………….. 35

Figure 9 : Incidence de la pyriculariose sur riz irrigué suivant la localité : ………………………………………………………………………36

Figure 10 : Incidence de la pyriculariose dans la localité d’Andranomanelatra, d’ et d’Ouest-Ivohitra en fonction du type de riziculture : …………………………………………………………………. 37

Figure 11 : Incidence de la pyriculariose en fonction de la fertilisation dans la parcelle d’expérimentation à Andranomanelatra : ………………… 37

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LISTE DES SCHEMAS :

Schéma 1 : Coupe longitudinal de la tige du riz : …………………………….6

Schéma 2 : Les organes de la feuille du riz : ………………………………….7

Schéma 3 : La panicule du riz : ………………………………………………. 8

Schéma 4 : L’épillet : …………………………………………………………. 8

Schéma 5 : Organes de multiplication asexuée de la pyriculariose du riz : …………………………………………………….. 17

Schéma 6 : Cycle de reproduction sexuée de la pyriculariose du riz : …………………………………………………….17

Schéma 7 : Cycle d’infection foliaire de la pyriculariose du riz : …………………………………………………………18

LISTE DES TABLEAUX :

Tableau 1 : Température de l'air de chaque étape de développement du plant de riz : ...... 11

Tableau 2 : Les fongicides efficaces pour les traitements des plants atteints de la pyriculariose du riz : ...... 24

Tableau 3 : Répartition spatiale de la population dans la région de Vakinankaratra en 2003 : ...... 27

Tableau 4 : Les localités suivies durant l’étude : ...... 28

Tableau 5 : Prévalence de la pyriculariose sur riz irrigué : ...... 30

Tableau 6 : Prévalence de la pyriculariose sur riz pluvial : ...... 30

Tableau 7 : Incidence de la pyriculariose, sur quelques variétés de riz, en fonction du mode de travail du sol, dans la parcelle d’expérimentation à Andranomanelatra : ...... 35

Tableau 8 : Incidence de la pyriculariose, sur deux types de fumure, observée sur quelques variétés de riz dans la parcelle

11 d’expérimentation à Andranomanelatra : …………………………………… 38

Tableau 9 : Moyenne de sévérité sur quelques variétés de riz en fonction du mode de travail du sol sur l’essai variétal à Andranomanelatra : …………………………………………………………… 38

LISTE DES PHOTOS :

Photo 1 : Maladie des stries bactériennes : ……………………………………14

Photo 2 : Lésion de Pyricularia grisea Sacc. sur feuille de riz : ...... 19

Photo 3 : La pyriculariose du cou : ...... 19

Photo 4 : Noeuds et tiges du riz atteints de pyriculariose : ...... 20

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LISTES DES ANNEXES :

ANNEXE I : Carte de la région du VAKINANKARATRA

ANNEXE II : Répartition géographique de la pyriculariose du riz à Madagascar

ANNEXE III : Température décadaire dans les sites d’Andranomanelatra et d’Ibity durant la campagne 2004-2005

ANNEXE IV : Pluviométrie décadaire dans les sites d’Andranomanelatra et d’Ibity durant la campagne 2004-2005

ANNEXE V: Noms des paysans enquêtés

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14 RESUME

Le riz représente la base principale de l’alimentation des Malagasy. Avec la volonté politique nationale actuelle d’augmenter la production rizicole, il est important de tenir compte des facteurs limitant le développement de la riziculture, entre autres les maladies du riz. Parmi les maladies du riz, la pyriculariose a été identifiée la plus destructive. Pour avoir des données quantifiées sur ce problème et pour éclaircir la situation, des études ont été effectuées dans 11 localités du Vakinankaratra avec deux parcelles expérimentales et le reste des parcelles paysannes. Des évaluations du taux de superficie attaquée (prévalence), de l’incidence, de la sévérité et des enquêtes au niveau des paysans ont été effectuées.

La prévalence de la pyriculariose a été observée faible en riziculture irriguée alors qu’elle s’élevait jusqu’à la moitié des superficies observées en pluvial. L’incidence de la pyriculariose varie en fonction de la résistance ou de la sensibilité des variétés cultivées. Aussi, l’incidence augmente avec un apport supplémentaire de fumure minérale par rapport au fumier de parc tout seul. A noter également que l’incidence et la sévérité sont faibles sur zéro - labour et élevées sur sol labouré. En milieu paysan, même un apport modéré de fertilisation provoquait une épidémie sur les cultivars sensibles de riz pluvial. La plupart des paysans enquêtés n’ont jamais reçu de formation ni sur la pyriculariose ni sur ses moyens de lutte. La plupart des variétés de riz irrigué traditionnelles et toutes les variétés de riz pluvial diffusées chez les paysans actuellement sont sensibles à la maladie.

Dans ses recherches, la FOFIFA a préconisé des variétés résistantes et productives mais leur diffusion dans les sites étudiés est encore insuffisante.

Les synergies d’action entre les différents acteurs sont encore sollicitées pour promouvoir la filière riz. Des formations sur la pyriculariose pour les riziculteurs s’avèrent également utiles car la prise en compte des méthodes de lutte intégrée est à privilégier.

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I N T R O D U C T I O N

Depuis des siècles, parmi les céréales les plus produites dans le monde, le riz occupe la première place avant le blé et le maïs. Le riz représente la base principale de l’alimentation de plusieurs populations dans le monde, et notamment des Malagasy. Sa culture occupe, de ce fait, une importante place aussi bien dans l’économie nationale que dans la vie socio- culturelle de Madagascar.

Actuellement, dans notre monde où le problème de la faim est crucial, la protection des cultures prend une importance considérable afin d'éviter la baisse de la production. Très récemment encore, en 2004, Madagascar a été victime de l'insuffisance de la production rizicole, qui s’est traduite par la hausse galopante du prix du riz. La faiblesse du rendement du riz consécutive à des attaques de maladies constitue un important facteur limitant le développement de la riziculture.

La pyriculariose est la maladie fongique du riz la plus grave et qui affecte tous les types de riziculture, irriguée ou pluviale. Elle est causée par un champignon Pyricularia grisea Sacc., également appelé Pyricularia oryzae Cavara, dont la forme sexuée est Magnaporthe grisea (Hebert) Barr. L’étude de la pyriculariose a surtout été développée après 1960 lorsque ce problème a pris une importance économique. Les statistiques les plus récentes évaluent, selon le cas, de 1 à 3 % des récoltes mondiales, les pertes de rendement provoquées par la pyriculariose du riz. Des dégâts de pyriculariose ont été rapportés sur les Hauts – Plateaux de Madagascar durant les dernières campagnes.

Le champignon provoquant la pyriculariose peut parasiter d’autres poacées mais étant donné l’importance primordiale du riz dans l’alimentation malgache, nous ne parlerons ici que de la pyriculariose du riz. C’est la raison de notre choix du thème :

"La pyriculariose du riz dans la région du Vakinankaratra : incidence et contrôle."

L’étude a été menée au sein de la Station Régionale de Recherche FOFIFA (S.R.R / FOFIFA) Antsirabe. Elle comporte des travaux bibliographiques, des enquêtes auprès des paysans riziculteurs, des mesures et collecte de données, et la rédaction du rapport de stage. L’étude a pour objectifs d’obtenir des données quantifiées sur la pyriculariose et de connaître la situation actuelle dans la région du Vakinankaratra.

Avant de développer le contenu du thème de ce rapport de stage, il semble opportun de présenter la S.R.R / FOFIFA Antsirabe et l'A.S.J.A :

• Présentation de la S.R.R / FOFIFA d'Antsirabe

Créée en 1974 par décret n° 74-184 du 10 juin 1974, le Centre National de la Recherche Appliquée au Développement Rural / Foibem - pirenena momba ny Fikarohana ampiharina amin'ny Fampandrosoana ny Ambanivohitra connu sous le sigle CENRADERU/FOFIFA, est un établissement public à caractère administratif (EPA), doté de

16 la personnalité civile et de l'autonomie financière, placé sous la tutelle du Ministère de la Recherche Scientifique et Technologique pour le Développement (MRSTD). La mission de la S.R.R / FOFIFA est de contribuer au développement rural du Vakinankaratra par la mise en oeuvre des activités de recherches agricoles en générant des technologies adaptées aux conditions rurales concernant:

- la sélection sur le riz et les légumineuses à graines en général (notamment le haricot); - l'agronomie sur le riz (pluvial et irrigué), le haricot; - la défense de culture: entomologie et phytopathologie des cultures vivrières; - l'économie et l'étude filière; - la recherche participative à base communautaire.

La S.R.R / FOFIFA Antsirabe héberge le pôle de compétence en partenariat (PCP) sur les systèmes de culture sur couverture végétale et riziculture durable (SCRiD). Ce PCP (érigé en 2004 en URP : Unité de recherche en partenariat), regroupant le FOFIFA, le CIRAD et l'Université d'Antananarivo se propose de mener des recherches thématiques sur les systèmes de cultures sur couverture végétale intégrant le riz pluvial et générant des technologies pour une agriculture performante, durable et protectrice de l'environnement.

Les activités de la S.R.R/ FOFIFA sont axées autour de:

1. la riziculture pluviale et les systèmes de cultures sur couverture (toutes les disciplines de l'équipe); 2. la riziculture irriguée: sélection des variétés tolérantes aux maladies dont notamment la pyriculariose, techniques culturales; 3. les légumineuses (haricot): criblage de variétés tolérantes au sol acide et pauvre en Phosphore, amélioration technique post - récolte, lutte contre les ravageurs du haricot; 4. la promotion de la recherche participative.

La S.R.R dispose :

- 6 chercheurs nationaux dont 2 agronomes (système de cultures, agro physiologiste), 1 entomologiste, 1 phytopathologiste, 1 socio économiste, 1 sélectionneur ; - 5 chercheurs du CIRAD : 1 sélectionneur, 1 agrométéorologiste, 1 entomologiste à temps partiel, 1 écophysiologie ; - 6 techniciens ; - 5 agents d’appui. Les 11 chercheurs participent tous à l’URP SCRiD.

Les perspectives de la S.R.R/ FOFIFA:

- améliorer / intensifier le partenariat aussi bien local qu'international pour pouvoir mener des actions / projets de recherche à buts de publications scientifiques et / ou à des fins diplômantes; - intégrer la notion de genre dans toute action de recherche pour une meilleure adoption.

17

• Présentation de l’A.S.J.A

L’A.S.J.A est une université à vocation professionnalisante qui est fondée par l’association des pères Déhoniens en 1999. Elle a été fonctionnelle depuis le mois d’octobre 2000. Elle se trouve à 15 kilomètres au nord de la ville dans la commune d’Andranomanelatra, District Antsirabe II.

L’A.S.J.A est dirigé par le Père CUOMO MARIO Giuseppe en tant que Directeur Général et a pour but d’aider les jeunes titulaires du Baccalauréat :

- à définir leur personnalité et à projeter leur futur - à mieux connaître les conditions de travail liées à la formation universitaire.

Les filières d’études existantes au sein de l'A.S.J.A sont :

¾ Sciences Agricoles ¾ Sciences de l’Informatique ¾ Sciences de la Terre ¾ Economie et Commerce ¾ Production et Santé Animale ¾ Droit

L’organigramme de l’A.S.J.A se présente comme suit :

Figure 1 : Organigramme de l’A.S.J.A

- Conseil supérieur

18 Le conseil supérieur de l’A.S.J.A est l’organe hiérarchique supérieur qui surveille la vie institutionnelle, le gouvernement et l’administration de l’A.S.J.A. - Conseil d’administration

Il organise et maintient l’inventaire du patrimoine de l’université. Il veille au bon fonctionnement administratif, financier et pédagogique de l’A.S.J.A.

- Rectorat

Le recteur est le représentant légal de l’A.S.J.A auprès du Ministre de l’Enseignement Supérieur. Il détient la responsabilité immédiate et directe de la conduite académique et de gestion administrative de l’A.S.J.A.

- Conseil académique

Le conseil académique se prononce sur tous les sujets à caractère scolaire, pédagogique ou communautaire.

- Conseil de discipline

Il veille au respect des règlements de discipline à l’intérieur de l’A.S.J.A, lesquels ont été établis par les différents organes de l’A.S.J.A et approuvés par l’Association des Etudiants de l’A.S.J.A (A.E.A).

Le présent rapport de stage se divise en trois parties:

- Généralités sur le riz ; - La pyriculariose du riz ; - Analyse des mesures et des enquêtes effectuées dans la région du Vakinankaratra.

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PARTIE I : GENERALITES SUR LE RIZ

I-1 IMPORTANCE DE LA RIZICULTURE MALGACHE

A Madagascar, par rapport aux autres cultures, le riz tient une place primordiale. La riziculture constitue une activité principale dans toutes les régions favorables à la culture. Le riz est cultivé en tant que culture principale aussi bien en termes de source de revenus que de superficie occupée. Des études nationales ont analysé son importance dans les revenus des ménages ruraux malgaches. Le riz constitue la principale source de revenu agricole dans 45% des communes rurales en 2001 (3). En terme d’occupation de superficie cultivée, la riziculture se rencontre dans presque les trois-quarts des communes rurales malgaches.

Le secteur rizicole constitue la première activité économique de Madagascar qui génère une valeur ajoutée importante contribuant au PIB agricole (43 %) (3). L'étude de la filière riz à Madagascar a pu montré le nombre élevé d’acteurs qui y interviennent et y consacrent leur activité principale. Le riz occupe une place prépondérante dans le secteur agricole : 92% des exploitants agricoles malgaches pratiquent la riziculture. Sur les 2.035.232 exploitants agricoles recensés, 1.871.056 sont des riziculteurs. (16)

Le rendement médian du paddy de toutes les régions de riziculture tourne autour de 2 tonnes à l'hectare. Le total de production rizicole nationale se chiffre à environ 2.800.000 millions tonnes dont 91% proviennent de la riziculture aquatique contre 6% et 3% respectivement pour le riz pluvial et le riz de tavy. (16)

Historiquement, la riziculture souligne l'ancienne tradition des Malgaches. Dans la vie quotidienne, socio-culturelle et organisationnelle, plusieurs adages démontrent l'importance du riz et sa culture. Le rôle important que joue la riziculture dans la vie économique des ménages à Madagascar n’est pas difficile à démontrer. Le riz est un produit qui possède un poids à la fois économique, social et politique. Les responsables de l'Etat qui se sont succédés à Madagascar ont tous pris une grande importance sur la question d'autosuffisance en riz.

I-2 BOTANIQUE

I-2-1 Classification

Le riz appartient : • Règne : VEGETAL • Division : SPERMAPHYTES • Embranchement : PHANEROGAMES • Sous-embranchement : ANGIOSPERMES • Classe : MONOCOTYLEDONES • Ordre : GLUNIFLORES • Famille : GRAMINACEES • Genre : ORYZA (15)

20 Il existe deux espèces de riz, l’une d’origine asiatique Oryza sativa et l’autre d’origine africaine Oryza glaberrima. La première espèce est la plus cultivée dans les pays rizicoles du monde tandis que la culture de la deuxième est en régression. Cependant, cette dernière a un intérêt agronomique, notamment en Afrique de l'Ouest car elle est maintenant utilisée pour la sélection variétale. (1)

I-2-2 Description

a) Les organes végétatifs du riz:

™ Les racines

Le système racinaire est très abondant, ramifié et superficiel chez les variétés aquatiques, moins ramifié, de plus grand diamètre et plus profond chez les variétés pluviales.(13)

Les radicules et ses racines latérales dégénèrent rapidement, tandis que des racines secondaires apparaissent successivement à chaque nœud du bas de la tige constituant ainsi un système racinaire fasciculé.

™ La tige

La tige des graminées est creuse et est constituée de noeuds limitant un certain nombre d'entre-nœuds correspondants. Chaque tige peut émettre six talles à chaque nœud de sa base. (4)

Les entre-noeuds sont généralement lisses, mais parfois pubescents, de couleur verte ou jaune vert. La longueur des entre-nœuds augmente régulièrement de la base vers le sommet dont le plus long est le dernier, celui qui porte la panicule. (1)

Les nœuds sont plus épais que les entre-nœuds. Le nœud peut être incolore ou coloré. Chaque nœud bourgeonne et donne une feuille. (1)

Schéma 1: Coupe longitudinal de la tige du riz Source: Paul Hubert, Recueil des fiches techniques d’agriculture spéciale, 1970.

™ Les feuilles

21 La feuille du riz est essentiellement constituée de deux parties: la gaine foliaire et le limbe foliaire; à l'articulation gaine - limbe se trouvent deux petites pièces appelées l'auricule et la ligule. (1)

Schéma 2: Les organes de la feuille du riz Source : Benito S. Vergara, Le manuel du riziculteur, 2° édition, 1992.

™ Les talles

A l'aisselle des feuilles inférieures et de la tige primaire, le bourgeon axillaire nodal peut donner naissance à une tige secondaire ou talle de premier ordre. Le phénomène se répète sur les talles donnant naissance à des tiges tertiaires ou talles de second ordre se développant dans un plan perpendiculaire à celui des talles de premier ordre (13). Le phénomène de tallage aboutit ainsi à la constitution de la touffe de riz.

b) Les organes de reproduction:

¾ La panicule

Elle est constituée d'un axe portant des ramifications primaires ou racèmes, portant à leur tour des ramifications secondaires ou axilles. La longueur des panicules, mesurée du noeud paniculaire à l'extrémité supérieure, est très variable de 10 à 40 cm, selon les variétés et les conditions du milieu. (l)

Au point de vue du port de la panicule, on peut distinguer: - les panicules fermées - les panicules ouvertes - les panicules très ouvertes et lâches

22

Schéma 3: La panicule du riz Source: André Angladette, Le riz, 1966.

¾ L'épillet:

Les ultimes ramifications de la panicule constituent les pédicelles, lesquels supportent les épillets. Chaque pédicelle s'élargit en une petite cupule horizontale, oblique ou même parfois presque verticale, sur laquelle s'insère l'épillet. (4)

L'épillet porte deux glumes à la partie inférieure et deux glumelles à la partie supérieure. La réunion de ces dernières à l'extrémité supérieure de l'épillet forme le bec ou l'apex.

La fleur de chaque épillet est autogame, dont les organes mâles comprennent six étamines et les organes femelles sont constitués par l'ovaire surmonté de deux stigmates plumeux. (14)

Schéma 4: L'épillet Source: Benito S. Vergara, Le manuel du riziculteur, 2° édition, 1992.

¾ Le grain de paddy:

23

Les diverses parties du grain résultent de l'évolution parallèle de l'oosphère et d'un noyau polaire respectivement fécondés par les gamètes mâles issus du pollen.

Le grain de paddy est constitué par: - les enveloppes: glumes et glumelles - les téguments - le caryopse ou l'albumen contenant de l'amidon - l'embryon

I-3 BIOLOGIE

I-3-1 Cycle végétatif

La longueur du cycle végétatif du riz varie de 80 à plus de 250 jours selon les variétés, les conditions climatiques, les techniques et les pratiques culturales. Un critère important de classification et de choix variétal est souvent basé sur la longueur du cycle végétatif. (13)

I-3-2 Les phases végétatives

Le développement du riz, de la germination à la maturité, s'opère en trois phases: - phase de croissance - phase de reproduction - phase de maturation

a) Phase de croissance

Cette phase correspond à la croissance des principaux organes végétatifs du riz. Elle comprend deux périodes:

• La germination de la graine et la pousse d'une première tige avec trois premières feuilles: La germination du riz est de type hypogée. Elle est marquée par: - le gonflement de la graine - l'apparition de la radicule à travers le coléorhize - l'apparition de la pointe du coléoptile (qui entoure la tigelle), émergence du mésocotyle et développement de la première feuille cylindrique. Il s'ensuit l'apparition des racines latérales. (1)

Puis la pousse d'une première tige qui apparaît au point de croissance de l'embryon. Jusqu'à l'apparition de la troisième feuille primaire incluse, l'embryon prélève ses éléments nutritifs sur l'albumen de la graine.

• Le tallage

Le tallage est marqué par le développement des ramifications c'est-à-dire l'émission des tiges secondaires, tertiaires, etc. La première talle apparaît après la troisième feuille. Le

24 tallage commence une dix-huitième de jours après la germination et se poursuit jusqu'à la formation du primordium floral. (4)

b) Phase de reproduction

Le passage de la phase végétative en phase reproductive s'effectue en 24 heures. La phase reproductive dure de 25 à 35 jours (1). Elle est marquée par l'arrêt du tallage et comporte deux périodes:

™ L'initiation paniculaire

L'initiation ou formation des ébauches de la panicule se produit à un certain temps après la germination. Cette initiation commence par la formation des jeunes épis dans la gaine de la feuille paniculaire et elle ne peut être décelée à l'extérieur. Il s'ensuit la montaison ou l'épiaison qui est marquée par la sortie du jeune épis dont l'ensemble forme ce qu'on appelle panicule. (13)

™ Floraison et fécondation

D'abord, la formation des organes reproducteurs commence: ovaire du pistil renfermant un ovule, et six étamines avec à leur sommet les anthères qui contiennent le pollen, dans les boutons de fleur du riz. Ensuite, l'enveloppe s'ouvre, les étamines se dressent, leurs anthères libèrent les grains de pollen qui fécondent l'ovule, c'est la floraison - fécondation. Puis l'enveloppe se referme après et la gestation du grain commence. (14)

c) Phase de maturation

La phase de maturation a lieu 25 à 40 jours après la floraison. Cette phase correspond à la période de remplissage des grains. (1)

I-4 ECOLOGIE DU RIZ

La culture du riz est extrêmement diversifiée. Le riz est cultivé depuis la latitude 40° Sud, en Argentine, jusqu’à 53° Nord, en Chine, du niveau de la mer jusqu’à 1.500m et plus d’altitude.

I-4-1 Les conditions climatiques

™ La température

Les variations de température de l'air favorables à chaque étape de développement du plant de riz sont données par le tableau suivant:

Tableau 1: Température de l'air de chaque étape de développement du plant de riz

Etape de Température Température Température

25 développement minimum (°C) optimum (°C) maximum (°C) Germination 14-16 30-35 42 Tallage 16-18 28-30 40 Floraison 22 27-29 40 Maturation - 25 40

Source: (6)

Une réduction de température est particulièrement néfaste lors de la germination et de l'initiation paniculaire.

En culture aquatique, la température de l'eau est importante. Le minimum est de 13- 14 °C, l'optimum de 30-34 °C et le maximum de 38-40 °C. (6)

™ Les besoins en eau

La production rizicole est conditionnée totalement à la pluviométrie, lorsqu'il s'agit de culture sèche. Pour ce type de culture, le riz a besoin de 160 à 300 mm d'eau par mois pendant toute la durée du cycle.

Cependant, un volume d'eau de 12.000 à 20.000 m3/ha est nécessaire en culture irriguée pour maintenir le sol submergé pendant toute la durée du cycle du riz. (1)

™ L'humidité relative

L'humidité relative de l'air a une grande influence sur la végétation; plus elle est élevée, plus on assiste au développement des maladies cryptogamiques. La floraison du riz nécessite 70 à 80% d'humidité. En culture irriguée, une sécheresse atmosphérique peut être un facteur accroissant le rendement.

™ Le vent

Le plant de riz nécessite un vent léger pour accélérer la transpiration mais il n'aime pas les vents trop forts qui peuvent déraciner les jeunes plants après repiquage ou provoquer la verse.

™ La lumière

La période favorable de culture correspond à des durées de longueur du jour élevées car le riz est une plante exigeante en lumière. Les rendements les plus élevés sont obtenus à 400 cal / j / cm 2. (15) I-4-2 Les conditions édaphiques

Le riz est cultivé sur des sols les plus divers, qu'il s'agisse de cultures aquatiques ou de cultures sèches, avec un pH optimum de 6 à 7.

En culture aquatique, le riz préfère les sols de texture argilo-limoneuse (70% d'éléments fins) et riches en matière organique.

26 Comme le plant de riz est particulièrement sensible à la sécheresse, il faut des sols riches et meubles avec une bonne capacité de rétention de l’eau en culture sèche. (1)

I-5 LES ECOSYSTEMES

Suivant l’intérêt qu’accordent les producteurs à la riziculture et en corrélation avec la diversité d’un milieu écologique favorable, on distingue deux grands types d’écosystèmes rizicoles. Cela s'observe suivant le type de terroir sur lequel la culture de riz se pratique et selon leur mode d’alimentation hydrique.

I-5-1 Les écosystèmes aquatiques

La riziculture aquatique englobe toute culture de riz qui se pratique en sols de rizière sous une lame d’eau durant tout le cycle cultural. Les écosystèmes aquatiques représentent 88% des superficies totales en culture de riz (6). La riziculture aquatique se subdivise en deux sous-types :

a) La riziculture irriguée

On assiste à une parfaite maîtrise d’eau car les dates d’arrivée et de retrait ainsi que la hauteur de la lame d’eau sont maîtrisées. Elle représente 55% des superficies rizicultivées. (6)

b) La riziculture inondée

C’est une riziculture sans maîtrise d’eau car on ne se soucie ni des dates d’arrivée et de retrait, ni de la hauteur de la lame d’eau. Le système de culture le plus répandu est le semis direct et on utilise les variétés rustiques qui sont bien adaptées au régime hydrique.

I-5-2 La riziculture pluviale

La riziculture pluviale désigne toute culture de riz pratiquée sur sol exondé d’un versant ou de la partie sommitale des collines et dont l’alimentation hydrique est totalement assurée par la pluviométrie. Ce système représente 12% des superficies rizicultivées mondiales. (16)

I-6 LA RIZICULTURE A MADAGASCAR

La culture du riz joue un rôle primordial dans la vie des Malgaches. On trouve du riz dans presque toutes les régions de la grande île, sauf l’extrême Sud qui est trop sec. A Madagascar, il existe deux grandes catégories de riziculture:

a) La riziculture aquatique

27 La riziculture malgache est dominée par le riz aquatique. Pour toutes les régions rizicoles, la riziculture aquatique représente 79% des superficies rizicultivées (16). Comme techniques culturales, elle peut se réaliser de deux manières :

• La riziculture aquatique avec repiquage dont le semis se fait dans une pépinière et suivi d’un repiquage dans la rizière. Elle est pratiquée dans toutes les zones agro- écologiques de Madagascar mais prédomine dans les provinces de Tananarive et de Fianarantsoa. • La riziculture aquatique sans repiquage dont le semis s’effectue directement dans la rizière. Elle est très répandue à Madagascar car elle concerne les 30% des superficies rizicoles. Il s’agit spécifiquement de semis traditionnel à la volée, surtout dans les régions de la Mahavavy du Nord, du Sambirano, de l’Ankaizina, d’Andilamena. (14)

b) La riziculture sèche

On l’appelle également "riziculture pluviale" et on rencontre à Madagascar deux types de riziculture sèche :

• La riziculture sèche itinérante : il s’agit du " riz de tavy" ou "riz de montagne". Les techniques culturales sont fort réduites. Elle se pratique sur une montagne après défrichement et brûlis de la végétation préexistante en particulier dans la région Est de Madagascar. Le terrain ainsi épuisé dû à des cultures sans apport de fertilisation, est abandonné pendant plusieurs années pour qu’il se régénère naturellement. • La riziculture sèche permanente qui est pratiquée traditionnellement sur les Baiboho du Nord - Ouest de Madagascar. Les techniques culturales sont un peu moins rudimentaires que dans le cas précédent. Il n’y a pas de jachère et le riz est cultivé chaque année sur le même terrain. (14)

I-7 LES MALADIES DU RIZ

Différentes maladies du riz peuvent être rencontrées sur les Hauts - Plateaux de Madagascar. Les plus fréquentes sont :

I-7-1 L’helminthosporiose

Due à Dreschlera oryzae qui provoque de petites taches ovales brunes sur les feuilles qui finissent par se dessécher et se nécroser. On observe également des nécroses des nœuds et de la base des panicules et l’apparition d’épis blancs. (2)

I-7-2 Le gigantisme (ou Vary lahy)

Due à Fusarium moniliforme qui provoque un développement en hauteur exagéré des pieds atteints par la sécrétion de la gibbérelline. Les pieds malades meurent ou fructifient en donnant des panicules anormales présentant des grains vides ou mal formés. (14)

I-7-3 Cercosporiose

28 Due à Cercospora oryzae qui provoque des lésions brunes étroites, courtes et linéaires. Des lésions peuvent apparaître sur les gaines foliaires, les rachis paniculaires et les glumelles. L'axe longitudinal de chaque lésion est parallèle aux nervures foliaires. (9)

I-7-4 La rhynchosporiose

Due à Rhynchosporium oryzae (synonyme : Gerlacheria oryzae) qui provoque sur les feuilles de grandes lésions brunes, vert glauque à leur limite, qui sont striées de lignes correspondant à des phases de croissance du parasite. (10)

I-7-5 La pourriture des gaines

Due à Sarocladium oryzae qui provoque sur la gaine la plus haute des taches oblongues ou irrégulières au centre gris et aux bords bruns ou gris-brun. La panicule reste engainée et cela s’accompagne de grains tachés ou de grains noircis et mal remplis. (18)

I-7-6 La maladie des stries bactériennes

Due à Xanthomonas campestris pv. oryzicola qui provoque des bandes étroites translucides, situées entre deux nervures foliaires. Des gouttelettes d’exsudat bactérien jaune se formant sur ces bandes sont très visibles lorsqu'on met les feuilles face à la lumière. (13)

Photo 1 : Maladie des stries bactériennes Source : Cliché A.R. Dodelys.

I-7-7 La pyriculariose (ou Matifotsy)

Due à Pyricularia grisea qui provoque des lésions fusiformes ou ovales typiques sur les feuilles, et parfois le dessèchement des feuilles en entier. Ce champignon provoque également des lésions noirâtres ou brunâtres à la base de la panicule ou des nœuds des tiges qui deviennent cassants. Sur les panicules, on observe des épis blancs avec des grains vides (5).

Parmi ces maladies, la pyriculariose du riz a été identifiée comme étant la plus importante.

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PARTIE II : LA PYRICULARIOSE DU RIZ

C’est la plus ancienne maladie du riz et la plus universellement connue. On la trouve dans plusieurs continents et avec toutes les formes de riziculture, irriguée ou pluviale. Elle a été mentionnée pour la première fois en Chine en 1637, ensuite les symptômes furent étudiés au Japon puis en Italie où Cavara lui donna le nom de Pyricularia oryzae comme agent pathogène de la maladie (1891) (20). Plus récemment en 1990, Rossman a jugé légitime de revenir à l’appellation Pyricularia grisea, nom déjà attribué par Saccardo en 1880 (19).Ces deux noms sont actuellement utilisés pour désigner le même pathogène. La maladie a été observée pour la première fois à Madagascar en 1951 par Séchet et ensuite signalé par Barat en 1957. (18)

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II-1 IMPORTANCE

La répartition géographique de la pyriculariose à Madagascar est représentée dans la carte en annexe II. A Madagascar, des dégâts fréquents ont été signalés dans différentes régions rizicoles des Hauts - Plateaux, du Lac Alaotra et du Sud (Bezaha, Ankililoaka). Durant les récentes campagnes, la pyriculariose a été observée destructive dans plusieurs régions du Vakinankaratra. Des suivis sur la plaine de en 2002-2003 ont montré que sur les 830 ha de rizières, près de 200 ha étaient touchés dont 100 ha sévèrement endommagés avec une perte estimée à 300 tonnes de paddy, alors qu’au cours de la même année, des pertes semblables ont été observées dans la partie Ouest de la plaine de Sambaina s’étendant jusqu’à , et dans des rizières d’, de et de . (2)

II-2 DESCRIPTION ET BIOLOGIE

L'agent pathogène responsable de cette maladie est un champignon appartenant à la classe des Ascomycètes, ordre des Diaporthales. Le stade teleomorphe (issu de la reproduction sexuée) a été appelé Magnaporthe grisea (Hebert) Barr. et le stade anamorphe est Pyricularia grisea Sacc. ou Pyricularia oryzae Cavara. (8) A Madagascar, les habitants du Lac Alaotra l’appellent Menalavitra tandis que ceux des Hauts - Plateaux la connaissent généralement sous le nom de Matifotsy. Il est à noter que ce champignon peut parasiter d’autres poacées telles que Setaria sp., Echinochloa sp., Eleusine sp., Leersia sp ., Zea sp., etc. (20)

II-2-1 Forme asexuée

C'est la forme observée dans la nature. Le filament émet des conidiophores portant des bouquets de conidies ovoïdes (25 à 30 µm de long) qui sont constituées de trois cellules uninucléées, produites de deux divisions mitotiques d'une seule cellule mère. (17)

Schéma 5: Organes de multiplication asexuée de la pyriculariose du riz Source: Dobinson et Hamer, 1991.

II-2-2 Forme sexuée

31 La reproduction sexuée a été mise en évidence en laboratoire en 1971 par Hebert mais n’a jamais été observée jusqu’à présent dans la nature. (17)

La reproduction ne peut avoir lieu qu'entre deux isolats de signe de compatibilité sexuelle complémentaire. La fusion de deux mycéliums de signes de compatibilité différents peut conduire à la formation de périthèce. A maturité, le périthèce renferme à sa base de nombreux asques. Chaque asque renferme huit ascospores qui sont les produits d'une méiose suivie d'une mitose. (17)

Schéma 6: Cycle de reproduction sexuée de la pyriculariose du riz Source : Dobinson et Hamer, 1991.

II-3 CYCLE D’INFECTION FOLIAIRE

Suivant le schéma 7 ci – dessous, l'infection débute par l'attachement d'une conidie à la surface très hydrophobe de la feuille du riz (A), grâce à un mucilage adhésif. En présence de l'eau, la conidie produit un tube germinatif qui différencie un appressorium, cellule spécialisée dans la pénétration foliaire. Au sein de cette cellule règne une forte pression (80 bars) ce qui permet de percer mécaniquement la cuticule de la plante (B). L'hyphe mycélien traverse alors une cellule épidermique et progresse ensuite dans le parenchyme (C-D). Les lésions (visibles 5 à 6 jours après l'infection) sporulent et libèrent des conidies qui assurent la dissémination du champignon (E-F).

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Schéma 7 : Cycle d’infection foliaire de la pyriculariose du riz Source : Dobinson et Hamer, 1991.

II-4 SYMPTOMES

Pyricularia grisea Sacc. existe partout où le riz est cultivé et peut se manifester sur toutes les parties aériennes du plant de riz, successivement ou de façon concomitante, en provoquant des nécroses.

II-4-1 Sur les feuilles

On voit d’abord apparaître de petites taches claires brunâtres de 1 à 2 mm qui se transforment par la suite en lésions allongées, plus ou moins elliptiques avec un centre gris pâle et une marge brune (19). La taille et la couleur des lésions varient en fonction des conditions d’environnement et de la résistance du cultivar. La dissémination des spores, la déposition, la germination et l'infection des feuilles qui s'ensuit, pour Pyricularia, se font principalement pendant la nuit. (2)

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Photo 2: Lésion de Pyricularia grisea Sacc. sur feuille de riz Source : Cliché JL Dzido.

II-4-2 Sur la tige

Au moment de la floraison apparaît sur la tige un anneau noirâtre au niveau du dernier nœud (c’est-à-dire au niveau du nœud basal paniculaire). Dans les cas les plus extrêmes, le cou ou le nœud finit par se casser et la panicule tombe. En cas d’attaque précoce, les panicules portent des grains vides.

Photo 3: La pyriculariose du cou Source : Cliché A.R. Dodelys.

II-4-3 Sur les nœuds des chaumes

Il se forme sur la gaine des points noirs puis une zone circulaire brunâtre embrasse les nœuds de la partie supérieure des tiges ; les tissus se décomposent, les tiges se dessèchent au-dessus du nœud, puis les chaumes se brisent et s’affaissent.

Photo 4: Noeuds et tiges du riz atteints de pyriculariose Source : IRRI, Problème en riziculture, 2nd éd. ,1985.

II-4-4 Sur les rachis des panicules et glumelles

34 Ils peuvent également se couvrir de macules ovalaires, à contours flous à centre gris, bords brun noir, et zone extérieure jaune.

II-4-5 Sur les grains

Dans certains cas, même après récolte, les grains peuvent signaler un développement de Pyricularia grisea Sacc. (5)

II-5 LES STADES CRITIQUES DE LA SENSIBILITE DU PLANT DE RIZ

Pyricularia grisea Sacc. attaque le riz à tous ses stades de développement mais les stades les plus sensibles sont :

• A la fin du séjour en pépinière • Au tallage • Au début de la floraison (5)

Le riz pluvial, cultivé sous des climats très humides, peut subir d’aussi graves dégâts que le riz submergé. Un déficit de l’alimentation en eau de la plante, plus fréquent en culture pluviale, augmente l’incidence de la maladie. (10)

II-6 EPIDEMIOLOGIE

Une épidémie de pyriculariose, et ceci est vrai pour les autres maladies des plantes, est le résultat de plusieurs facteurs, à savoir : - la culture de plante hôte sensible - la présence de pathogène virulent - l’existence de conditions environnementales favorables

Par leur intervention, les hommes peuvent stopper ou favoriser le développement d’une épidémie.

Ainsi, une épidémie a une chance de se développer quand la sensibilité de la plante hôte cultivée est plus grande, quand le pathogène est virulent et quand les conditions environnementales sont favorables pendant une assez longue durée. L’interaction de ces différents facteurs est généralement illustrée par le triangle de maladie suivant :

Figure 2 : Triangle de maladie

II-6-1 Les facteurs relatifs à l’environnement a) Le climat

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• La température

La température optimale pour la germination des spores est entre 26-28°C. Le taux d’infection maximale est obtenu entre 24-28°C. La période d’incubation varie également avec la température : 13-18 jours à 9-10°C, 7-9 jours à 17-18°C , 5-6 jours à 24-25°C et 4-5 jours à 26-28°C. L’infection se fait plus facilement dans l’obscurité. De basses températures nocturne (20°C) ont été rapportées essentielles pour l’infection et le développement des lésions en Inde. (20)

• Hygrométrie

La germination des conidies demande un degré hygrométrique très élevé, au-dessous de 93%, il n’y a pas formation de conidies. Le taux de sporulation augmente avec l’élévation de l’humidité relative. De l’eau libre à la surface foliaire est nécessaire à la germination et une humidité relative près de la saturation l’est également à l’infection. (20) b) Fumure azotée

L’apport de fortes doses d’azote favorise l’infection (12). Un taux élevé d’azote soluble dans la plante constitue une alimentation favorable au développement du champignon parasite. L’application élevée de l’azote diminue aussi l’hémicellulose et la lignine dans la paroi cellulaire et affaiblit le mécanisme de résistance de la plante. Le taux de silice dans les cellules épidermiques (qui joue un rôle mécanique de résistance à la pénétration du pathogène) est également diminué avec une forte fertilisation azotée. (20)

c) Le type de sol

Séguy qui a fait beaucoup d’études sur le type de riziculture pluviale au Brésil a rapporté que le type de sol joue un rôle capital dans la résistance des variétés : les types de sol fortement désaturés, acides, pauvres en matière organique favorisent la pyriculariose. (11)

Durant un essai mené en vase de végétation sur les différents types de sol de riz irrigué au Lac Alaotra, l’incidence de la pyriculariose était trouvée liée au type de sol. Sur les trois principaux types de sol du Lac où une infection naturelle arrivait sur l’expérimentation, l’incidence de la maladie était plus élevée sur sol organique, diminuait fortement sur sol alluvionnaire et le développement de l’épidémie était minime sur sol minéral à texture argilo – sableuse. De similaires observations étaient observées dans les rizières des Hauts - Plateaux avec des attaques élevées de la pyriculariose sur sol organique. (2)

II-6-2 Les facteurs relatifs à la plante hôte

Les plants sensibles n’ayant pas de gène de résistance contre le pathogène sont des substrats favorables à de nouvelles infections. Ainsi, en présence d’un virulent pathogène, ces plants sensibles favorisent les épidémies. VAN DER PLANK a mentionné deux types de résistance à la maladie chez les plantes : la résistance verticale et la résistance horizontale.

36 La résistance de type vertical encore appelée qualitative, est contrôlée par un (ou un petit nombre de) gènes majeurs. Elle est très efficace mais seulement sur une ou quelques races spécifiques du pathogène. Elle a été souvent observée non durable.

La résistance horizontale ou quantitative, par contre, est contrôlée par plusieurs gènes dits mineurs, d’une efficacité modérée par rapport au premier type, elle est effective sur plusieurs races. Ce type de résistance a été observée durable. (12)

Pour le cas du riz, les travaux de sélection variétale basés sur la résistance verticale ont conduit à la disparition de la résistance quelques années seulement après la diffusion des variétés. Actuellement, les travaux de recherche sur la pyriculariose sont orientés sur le type de résistance durable.

II-6-3 Les facteurs relatifs au pathogène

Les facteurs relatifs au pathogène sont :

- le degré de virulence du pathogène : les pathogènes virulents sont capables d’infecter rapidement les plants hôtes et de produire plus vite une grande quantité d’inoculum par rapport au pathogène de moindre virulence. - la quantité d’inoculum présent à proximité de l’hôte : plus grand est le nombre de spores ou de propagules du pathogène, plus d’inoculum atteindra les plantes hôtes. - le type de reproduction du pathogène : certains pathogènes produisent beaucoup plus de générations par rapport à d’autres. Les pathogènes qui ont un seul cycle de reproduction pendant la durée du cycle de leur hôte sont dits monocycliques, ceux faisant plusieurs cycles, comme Pyricularia grisea, jusqu’à maturité de leurs hôtes sont dits polycycliques. - le mode de dispersion : les pathogènes véhiculés par le vent se déplacent facilement et donc produisent des épidémies de la même manière, ceux transmis par le sol ne causent généralement que des attaques assez localisées. (8)

II-7 MOYENS DE LUTTE

Différents moyens de lutte sont préconisés pour lutter contre la pyriculariose du riz.

II-7-1 Pratiques culturales

Les mesures culturales ne permettent pas une lutte très efficace contre la pyriculariose ; elles ne constituent qu’un appoint aux mesures génétiques ou chimiques, en créant un milieu aussi défavorable que possible à l’infection:

¾ Semis non dense de semences issues de plants sains, et ayant subi un nettoyage et un tri sévères ; ¾ Repiquage lâche aussi précoce que possible. Ne pas repiquer de plants atteints de pyriculariose ; ¾ Modalités convenables d’irrigation et de drainage et notamment drainage aussi tardif que possible à maturité ;

37 ¾ Eviter les doses excessives d’engrais azoté et leur application trop tardive ; l’emploi des engrais phosphatés semble avantageux sous certaines conditions; ¾ Détruire les chaumes et les graminées sauvages hôtes de Pyricularia après la récolte (par brûlage ou par compostage complet) ; ¾ Ne pas enfouir des balles de riz issus des plants infectés dans les rizières ou les pépinières. (12)

II-7-2 Moyens de lutte chimique

™ Désinfection des semences

La maladie se transmet par les semences. Une solution simple consiste à désinfecter les semences par leur trempage pendant vingt quatre heures dans une des solutions fongicides suivantes (18):

• Benlate (50% de Benomyl) : 100g pour 100 l d’eau, ou • Hinosan (60% de Ediphenphos) : 100g pour 100 l d’eau, ou • Tecto 60 (60% de Thiabendazole) : 170g pour 100 l d’eau.

Il est à noter que pour les traitements des semences, les meilleurs produits systémiques disponibles actuellement confèrent une protection jusqu’à près de 30 jours. Les variétés sensibles pourraient alors être exposées à des attaques ultérieures si l’inoculum est présent dans le milieu.

™ Traitements des plants

Les fongicides testés efficacement par le programme de phytopathologie de la FOFIFA pour les traitements des plants durant les dix dernières années sur les Hauts - Plateaux de Madagascar sont résumés par le tableau suivant :

Tableau 2: Les fongicides efficaces pour les traitements des plants atteints de la pyriculariose du riz

Matière active* Dose de la Nom commercial formulation commerciale Ediphenphos 1 l/ha Hinosan Benomyl 1 kg/ha Benlate Tricyclazole 0,5 kg/ha Beam Phtalide 1,5 kg/ha Rabcide

* : la vigilance est recommandée (date de péremption, conditionnement) lors des achats des produits avec certains revendeurs.

Source : (2)

38 On doit intervenir pour les traitements des plants quand les symptômes foliaires de la pyriculariose s’observent durant le stade végétatif. Il a été observé que dans des cas d’attaques foliaires sévères se traduisant par des rabougrissements des plants, l’efficacité des fongicides était limitée.

Deux applications de ces fongicides peuvent être effectuées pour préserver la récolte de l’attaque paniculaire :

- à la montaison ; - en cours d’épiaison.

II-7-3 Emploi des variétés résistantes

Cette méthode serait la plus simple, la plus économique et généralement la plus efficace. La sélection pour une résistance à la pyriculariose a débuté depuis les programmes d’amélioration du riz. Des variétés résistantes sont actuellement disponibles pour la région du Vakinankaratra. En riz irrigué, Mailaka (ou X265) a été diffusée depuis 1998 et la FOFIFA 160 depuis cette campagne. En pluvial, FOFIFA159 et FOFIFA161 sont également en cours de diffusion.

PARTIE III : ANALYSE DES MESURES ET DES ENQUETES EFFECTUEES DANS LA REGION DU VAKINANKARATRA

III-1 PRESENTATION DE LA REGION DU VAKINANKARATRA

Comme la version finale de la réactualisation de la monographie de la région est encore en cours de préparation d'après les services concernés (DRDR Vakinankaratra) que nous avons contactés, la présentation de la région du Vakinankaratra citée dans cet ouvrage a été tirée de la dernière version de la monographie qui date de 2003 et qui ne tient pas encore compte du nouveau découpage et des nouvelles nominations effectués récemment.

III-1-1 La région

La carte montrant la région du Vakinankaratra est représentée dans l’annexe I. La région du Vakinankaratra fait partie des hautes terres. Elle est limitée par les coordonnées géographiques suivantes:

- entre 18° 59' et 20° 03' de latitude Sud; - entre 46° 17' et 47° 19' de longitude Est.

Sa géographie spécifique est constituée de hauts - plateaux, de collines plus ou moins escarpées et de massifs volcaniques. La région du Vakinankaratra s'étend sur une superficie de 17.496 km2 qui représente les 27% de celle de la province d'Antananarivo.

La région du Vakinankaratra est constituée de cinq Sous préfectures: Antsirabe I (180 km2), Antsirabe II (2769 km2), Betafo (9107 km2), Antanifotsy (3425 km2) et Faratsiho (2015 km2).

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III-1-2 Milieu physique

III-1-2-1 Relief

Cette région s'identifie à trois ensembles naturels: • Le centre est caractérisé par le massif volcanique de l'Ankaratra où se trouve la plus haute altitude de la province d'Antananarivo qui culmine à 2.644 m, le Tsiafajavona; • Au Sud, la constitution de l'Ankaratra a provoqué dans la partie occidentale une série d'effondrements favorisant la formation de dépression à fond alluviale et présentant de nombreux cratères et lacs. La zone méridionale, dominée par la chaîne de l'Ibity est constituée d'une succession de petites cuvettes au sol sableux, jonché de blocs de quartzite de toute taille. • Le Moyen - Ouest du Vakinankaratra est constitué par la pénéplaine de - Ramaritina et où l'altitude s'abaisse à 1.000 m.

III-1-2-2 Géologie

La géologie de la région du Vakinankaratra est généralement constituée de: - Volcanisme néogène à quaternaire de l'Ankaratra; - Série schisto - quartzo - calcaire du Sud.

III-1-2-3 Climat

L'année comporte deux saisons bien individualisées : • Une saison sèche et froide de Mai à Septembre ; • Une saison humide d’Octobre à Avril, pluvieuse et chaude. a) Température

La région du Vakinankaratra fait partie du régime climatique tropical d'altitude, supérieure à 900 m. Elle est caractérisée par une température moyenne annuelle inférieure ou égale à 20°C. Les figures montrant les températures décadaires (maximales, moyennes et minimales) collectées dans les sites d’Andranomanelatra et d’Ibity durant la campagne 2004- 2005 sont représentées dans l’annexe III. b) Pluviométrie

La campagne 2004-2005 a bénéficiée d’une bonne pluviométrie avec une quantité de 1588,5 mm à Andranomanelatra et 1275,5 mm à Ibity. Il y avait bonne répartition de la pluviométrie, 139 jours à Andranomanelatra et 122 jours à Ibity. La pluie arrivait également assez tôt et d’une manière assez continue (Annexe IV).

III-1-2-4 Hydrologie

La Mahajilo et ses affluents (la Mania, la Kitsamby, la Sakay), ainsi que le Bas Mangoro et son affluent (Onive), traversent la région de Vakinankaratra.

III-1-2-5 Sols et végétation

¾ Sols

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En matière de pédologie, la région est marquée par la dominance de deux types de sols: - Les sols ferrallitiques couvrant une grande partie de la région. Ils sont d'évolutions très diverses, pouvant porter du maïs, du manioc, et peuvent se prêter à la culture de pommes de terre et à l'arboriculture; - Les sols alluvionnaires, constituant les bas - fonds portent en plus du riz des cultures de contre saison.

¾ Végétation

La région est caractérisée par une faible superficie couverte de forêt primaire. La dégradation est telle qu'il ne reste plus que quelques lambeaux de forêt dans la région. Dans les bas - fonds, on rencontre des marais à joncs et parfois à Viha, quelques vestiges de forêts galeries qui sont en voie de disparition.

III-1-3 Milieu humain

III-1-3-1 Population et démographie

Au niveau Sous préfecture, le tableau suivant indique une différence dans l'occupation du territoire.

Tableau 3: Répartition spatiale de la population dans la région du Vakinankaratra en 2003

Sous préfecture Population résidente Superficie km2 Densité hab / km2 Antanifotsy 300,040 3.425 87,6 Antsirabe I 186,633 180 1.038 Antsirabe II 337,543 2.769 121,9 Betafo 338,636 9.107 37,18 Faratsiho 181,202 2.015 89,92 TOTAL 1.344.054 17.496 77,53

Source: (20)

La densité globale de la population est de l'ordre de 77,53 hab / km2. La Sous préfecture d’Antsirabe I représente une zone surpeuplée (1.038 hab / km²) alors que dans la Sous préfecture de Betafo, sur une superficie de 9.107 km², la densité est seulement de 37,18 hab / km².

III-1-3-2 Composition ethnique

La population de la région est également à prédominance Merina. La proximité de la province de Fianarantsoa attribue néanmoins un brassage avec les Betsileo d'Ambositra et de Fandriana. Les Bara et les Antandroy s'établissent préférentiellement dans le Moyen - Ouest (Mandoto, ).

41 III-1-3-3 Caractéristiques des ménages

Pour l'ensemble de Vakinankaratra, le ménage est en moyenne composé d'environ de 5 personnes. La Sous préfecture de Faratsiho a la plus grande proportion des ménages de grande taille (5,46 personnes) et celle d'Antsirabe I la proportion la plus faible (5,01 personnes).

III-2 MATERIELS ET METHODES

III-2-1 Choix du site

L’étude a été menée pendant la campagne 2004-2005. Le choix des sites a été effectué suivant deux critères : • Le choix s’est porté sur des parcelles expérimentales (Andranomanelatra et Ibity) car elles présentent les conditions de bon entretien et d’intensification élevée. Ces deux sites disposent de deux petites stations météorologiques desquelles les données sur la température et la pluviométrie ont été collectées et représentées dans l’annexe III et IV.

• Des sites en milieu paysan ont été choisis en fonction de leur proximité de la ville d’Antsirabe, en fonction de l’importance de la superficie cultivée. Autant que possible, des parcelles de riz irrigué et de riz pluvial voisines ont été considérées afin d’établir une comparaison entre l’importance de la maladie pour ces deux types de riziculture. Des enquêtes complémentaires ont été effectuées auprès des paysans pour obtenir des informations plus détaillées.

Le tableau suivant montre les localités dans le district d’Antsirabe I et d’Antsirabe II où notre étude a été effectuée.

Tableau 4 : Les localités suivies durant l’étude

Région District Localité Observations Antsirabe I Antsahasoa parcelle paysanne Antsira (Nord –STAR) Ouest – Ivohitra Antsahavola Antsirabe II Mangalaza parcelle paysanne Vakinankaratra Moratsiazo Amboniavaratra Manandona Antsirabe II Ibity parcelle expérimentale Andranomanelatra

III-2-2 Prévalence

Les travaux nécessaires à l’évaluation des pertes de récolte imputables aux maladies comportent, en premier lieu, l’estimation de la prévalence, c'est-à-dire du pourcentage de la superficie attaquée. Comme exemple, une prévalence de 70% signifie que 30% de la superficie n’a pas souffert de la maladie. La méthode utilisée pour quantifier la prévalence de

42 la pyriculariose a été l’estimation. Elle est donc subjective car il est presque impossible de connaître objectivement la surface attaquée de plusieurs plaines ou régions. L’estimation a été en général effectuée avec ou par les agents de développement rural sur place (ADR) qui connaissent mieux la région. Les observations ont été effectuées au moment du stade maturité des plants.

Pour calculer la prévalence, on a la formule suivante :

III-2-3 Incidence

L’incidence correspond au taux de plants ou d’organes attaqués qui est évaluée en pourcentage. Pour cette étude, l’incidence de la pyriculariose sur les panicules a été enregistrée.

Ainsi, l’incidence de la pyriculariose est calculée par la formule suivante :

Sur les parcelles d’expérimentation, les comptages ont été effectués sur 10 touffes et sur les parcelles paysannes 5 touffes. Les touffes ont été prises en général au hasard sur la diagonale des parcelles.

III-2-4 Sévérité

La sévérité exprime le degré d’une attaque, et cela suivant une échelle de 1 à 9 qui a été adoptée avec : 1 : moins de 5% des pédicelles ou des branches secondaires de la panicule affectées ; 3 : 5 – 25% des pédicelles ou des branches secondaires de la panicule affectées ; 5 : 26 – 50% des pédicelles ou des branches secondaires de la panicule affectées ; 7 : 51 – 75% des pédicelles ou des branches secondaires de la panicule affectées ; 9 : 76 – 100% des pédicelles ou des branches secondaires de la panicule affectées. Lésion complète autour de la base de la panicule ou d’entre – nœud supérieur ou à l’axe paniculaire près de la base.

Sur les parcelles expérimentales, les mesures de l’incidence ont été effectuées entre différents traitements, entre autre la fumure minérale (FM) et le fumier de parc (Fu), le labour (Lab) et le semis direct ou zéro - labour (0-Lab), entre les différentes variétés trouvées.

43 Pour le cas de la sévérité, les mesures ont été effectuées sur les 2 modes de travail du sol, labour et zéro labour, sur quelques variétés.

III-3 RESULTATS

III-3-1 Prévalence

III-3-1-1 Sur riz irrigué

La prévalence de la pyriculariose, sur riz irrigué, dans les localités concernées, est montrée par le tableau 5 suivant :

Tableau 5 : Prévalence de la pyriculariose sur riz irrigué

District Localité Surface Surface % Surface observée (ha) atteinte (ha) atteinte Antsirabe I Antsahasoa 10 1 10 Antsira (Nord – STAR) 8 0,4 5 Ouest – Ivohitra 6 0,006 0,1 Antsahavola 5 1,25 25 Antsirabe II Mangalaza 3 1,5 50 Moratsiazo - - - Amboniavaratra 3 0,3 10 Manandona 830 12 1,4 Vinaninkarena 2 0,2 10 Antsirabe II Ibity 5 0,005 0,1 Andranomanelatra 4 0,004 0,1 Total 876 16,665 1,902

La prévalence totale sur riz irrigué est :

III-3-1-2 Sur riz pluvial

Le tableau 6 montre la prévalence de la pyriculariose sur riz pluvial selon les localités concernées.

Tableau 6 : Prévalence de la pyriculariose sur riz pluvial

District Localité Surface Surface % Surface observée (ha) atteinte (ha) atteinte Antsirabe I Antsahasoa - - - Antsira (Nord – STAR) - - -

44 Ouest – Ivohitra 1 0,75 75 Antsahavola - - - Antsirabe II Mangalaza 3 1,5 50 Amboniavaratra 2 2 100 Moratsiazo 1 0,1 10 Manandona - - - Vinaninkarena - - - Antsirabe II Ibity 0,35 0,105 30 Andranomanelatra 1,71 0,171 10 Total 9,06 4,626 51,05

La prévalence totale sur riz pluvial est :

La prévalence de la pyriculariose sur riz pluvial (environ 51%) est plus élevée comparé au riz irrigué (environ 2%).

La synthèse des deux tableaux (Tableau 5 et Tableau 6) montrant la prévalence de la pyriculariose dans chaque localité suivie durant cette étude est représentée par la figure 3.

100 90 80 70 60 I 50 P 40 30 Prévalence (%)Prévalence 20 10 0 Ibity Ouest- Antsira Ivohitra Mangalaza Moratsiazo Manandona Andrano/tra Antsahasoa Antsahavola Vinaninkaren Amboniav/tra Localité

Figure 3 : Prévalence de la pyriculariose dans chaque localité

Dans les localités où il n’y a que la riziculture de type irrigué, la prévalence de la pyriculariose (suivant l’ordre croissante) est de : - Manandona 1,4%

45 - Antsira 5% - Antsahasoa 10% - Vinaninkarena 10% - Antsahavola 25%

Dans la localité de Moratsiazo où il n’y a que la riziculture de type pluvial, la prévalence de la pyriculariose est de 10 %.

Dans les localités où les deux types de riziculture co-existent (irrigué et pluvial), la prévalence de la pyriculariose a été observée plus élevée sur riz pluvial par rapport au riz irrigué. Comme exemple, à Amboniavaratra, la prévalence sur riz pluvial atteint 100 % sur la colline alors qu’elle est seulement de 10 % sur la plaine de riz irrigué à côté. Dans la localité d’Ouest – Ivohitra, d’Ibity et d’Andranomanelatra, la prévalence sur riz irrigué n’est plus observée sur la figure car elle est presque négligeable (0,1 %) contre 75 %, 30 % et 10 % respectivement sur riz pluvial.

C’est dans la localité de Mangalaza que la prévalence de la pyriculariose a été observée assez semblable sur les deux types de riziculture avoisinants (environ 50% chacune).

III-3-2 INCIDENCE

III-3-2-1 En fonction des variétés

¾ Sur riz pluvial

100 90 80 70 60 50 40 Incidence (%) Incidence 30 20 10 0 Fa159 Fa 152 Fa 154 Fa 161 Fa Exp 003 Exp 301 Exp 302 Exp 405 Exp Cirad 447 Cirad Botramaitso Variétés

Figure 4 : Incidence de la pyriculariose en fonction des variétés sur riz pluvial

La figure 4 montre l'incidence moyenne de la pyriculariose sur les variétés de riz pluvial, sur l’ensemble des localités suivies :

• Exp 301 (87,2%) • Fa 154 (55%)

46 • Botramaitso (53%) • Cirad 447 (47%) • Exp 302 (21,2%) • Exp 003 (21%) • Fa 152 (19,2%) • Exp 405 (16,4%) • Fa 159 (15%) • Fa 161 (0%)

Sur les parcelles paysannes de riz pluvial, les incidences les plus élevées étaient trouvées sur les variétés Botramaitso, Fa 152 et Fa 154.

Sur les parcelles d'expérimentation (Andranomanelatra), Exp 301, Fa 154 et Cirad 447 montraient des incidences élevées tandis que Fa 161 a montré une incidence presque nulle. Cette variété possède donc un bon niveau de résistance à la pyriculariose.

¾ Sur riz irrigué

Suivant la figure 5, sur les parcelles paysannes de riz irrigué, les incidences les plus élevées sont trouvées sur les variétés suivantes : • Laniera (45,6%) • Botrakely (38,9%) • Rijakely (34,6%) • Vary Manga (23,7%)

Tandis que les plus faibles incidences sont trouvées sur: • Telovolana (1,7%) • Vary Lava (0%)

100

90

80

70

60

50

40 Incidence (%) 30

20

10

0 Botrakely Laniera Rijakely Telovolana Vary Lava Vary Manga Variétés

Figure 5 : Incidence de la pyriculariose en fonction des variétés sur riz irrigué

47 III-3-2-2 En fonction du mode de travail du sol

Les parcelles d'expérimentation à Andranomanelatra (parcelle de riziculture pluviale) ont montré que, sur toutes les variétés confondues, l'incidence de la pyriculariose est plus élevée sur les parcelles labourées (Lab) que sur les parcelles non labourées (0-Lab), 51,25% contre 10,8% (Figure 6).

100

90

80

70

60

50

Incidence (%) Incidence 40

30

20

10

0 0-Lab Lab Travail du sol

Figure 6 : Incidence de la pyriculariose en fonction du mode de travail du sol dans la parcelle d'expérimentation à Andranomanelatra

Ainsi, la figure 7 montre que la sensibilité d’une variété augmente sur sol labouré (Lab) par rapport au sol non labouré (0-Lab) ou système de culture sous couverture végétale.

100 90 80

70 60 0-Lab 50 Lab 40

Incidence (%) 30

20 10 0 Cirad 447 Exp 003 Exp 302 Exp 405 Variétés

Figure 7 : Incidence de la pyriculariose sur quelques variétés de riz, en fonction du mode de travail du sol, dans la parcelle d’expérimentation à Andranomanelatra

48

Le tableau suivant illustre ces résultats.

Tableau 7 : Incidence de la pyriculariose sur quelques variétés de riz, en fonction du mode de travail du sol, dans la parcelle d'expérimentation à Andranomanelatra

Variétés Incidence sur zéro - labour Incidence sur labour (%) (%) Cirad 447 28,12 66,6 Exp 003 2,91 39,22 Exp 302 4,74 37,69 Exp 405 7,28 25,59

Le tableau 7 montre qu’avec la variété Cirad 447, la moyenne de l’incidence est de 66,6% sur parcelles labourées alors que celle-ci n’atteint que 28,12% sur parcelles non labourées. Autrement dit, la pratique du labour est plus favorable à la pyriculariose par rapport au zéro - labour.

III-3-2-3 Suivant la localité

a) Sur riz pluvial

¾ Sur parcelle paysanne, l'incidence de la pyriculariose la plus élevée a été observée dans la localité d'Ouest - Ivohitra (49,5%) et celle de Mangalaza (33,1%). La plus faible incidence a été trouvée à Moratsiazo (4,6%). ¾ Sur parcelle d'expérimentation, Ibity a montré une incidence de pyriculariose de 35,2% et Andranomanelatra 32,8%.

La figure 8 nous montre l’incidence sur riz pluvial suivant les différentes localités.

100

90

80

70

60

50

40 Incidence (%) Incidence 30

20

10

0 Andrano/tra Ibity Mangalaza Moratsiazo Ouest-Ivohitra Localité

Figure 8 : Incidence de la pyriculariose sur riz pluvial suivant la localité

49 b) Sur riz irrigué

La figure 9 suivante nous montre l’incidence sur riz irrigué selon les localités concernées.

100 90 80 70 60 50 40

Incidence (%) 30 20 10 0 Ibity Mangalaza Nord-STAR Manandona Andrano/tra Antsahavola Vinaninkaren Ouest-Ivohitra Localité

Figure 9 : Incidence de la pyriculariose sur riz irrigué suivant la localité

L'incidence de la pyriculariose sur riz irrigué, est plus élevée dans les localités de:

ƒ Vinaninkarena (65,9%) ƒ Nord - STAR (50%) ƒ Antsahavola (47,08%) ƒ Mangalaza (34%)

Tandis que les plus faibles incidences, étaient observées à :

ƒ Manandona (19,3%) ƒ Andranomanelatra (2%) ƒ Ouest - Ivohitra (1,11%) ƒ Ibity (0,8%)

Dans la localité d’Andranomanelatra, d’Ibity et d’Ouest - Ivohitra, une grande différence d'incidence a été enregistrée entre les deux types de riziculture: leurs incidences s'élève respectivement à 32,8 %, à 35,2 % et à 49,5 % en pluvial alors qu’en irrigué, elles sont de 2%, de 0,8 % et de 1,11% (Figure 10).

50 100

90

80

70

60 I 50 P 40 Incidence (%Incidence )

30

20

10

0 Andrano/tra Ibity Ouest-Ivohitra Localité

Figure 10 : Incidence de la pyriculariose dans la localité d'Andranomanelatra, d’Ibity et d'Ouest - Ivohitra en fonction du type de riziculture (I : irrigué, P : pluvial.)

III-3-2-4 En fonction de la fertilisation

Sur un essai de sélection variétale ayant reçu deux différents types de fertilisation, les résultats obtenus montrent que l'incidence de la pyriculariose est plus faible dans les parcelles qui ont reçu comme fertilisation le fumier de parc seul (Fu), par rapport à celles ayant reçu en plus de la fumure minérale (FM) (Figure 11).

100

90

80

70 Exp 208 60 Exp 302 50 Exp 303 Exp 933 40 Incidence (%) Fa 161 30

20

10

0 FM Fu Type de fumure

Figure 11 : Incidence de la pyriculariose en fonction de la fertilisation dans la parcelle d'expérime ntation à Andranomanelatra

Ces résultats sont montrés par le tableau suivant:

51 Tableau 8 : Incidence de la pyriculariose, sur deux types de fumure, observée sur quelques variétés de riz dans la parcelle d'expérimentation à Andranomanelatra

Variétés Incidence sur FM* en plus Incidence sur Fu* seul (%) (%) Exp 208 7,5 7,5 Exp 302 49,6 15 Exp 303 52,5 15 Exp 933 10 3,5 Fa 161 5 3,5

*Fu : 5t / ha de fumier de parc (jour du semis) FM : NPK 11-22-16 : 300 kg / ha (jour du semis) Urée : 50 kg / ha (30 jours après semis) + 50 kg / ha (65 jours après semis)

Pour toutes les variétés confondues, la moyenne d'incidence sur FM est de 25% contre 9% sur Fu. Le tableau 8 montre qu'il y a une différence d'incidence très marquée sur Exp 303 avec 52,5% sur FM contre 15% sur Fu. Cependant, la réaction de Exp 208, qui est finalement une variété résistante reste toujours la même sur FM et sur Fu (7,5%).

III-3-3 SEVERITE

La moyenne de sévérité en fonction du mode de travail du sol, observée sur quelques variétés, est représentée par le tableau suivant :

Tableau 9 : Moyenne de sévérité sur quelques variétés de riz en fonction du mode de travail du sol sur l’essai variétal de la sélection à Andranomanelatra

Variétés Travail du sol Moyenne sévérité écart-type sévérité Cirad 447 0-Lab 2,81 3,15 Lab 5,27 1,59 Exp 003 0-Lab 0,37 0,52 Lab 3,15 0,80 Exp 302 0-Lab 0,87 0,01 Lab 5,65 0,60 Exp 405 0-Lab 1 0,02 Lab 3,31 1,17

La sévérité augmente sur le labour comparé au zéro – labour. Sur la variété Exp 302 comme exemple, la moyenne de sévérité est de 0,87 seulement sur les parcelles non labourées alors qu’elle atteint 5,65 sur les parcelles qui ont été labourées. Ainsi, comme pour le cas de l’incidence, la sévérité augmente également sur le labour comparé au zéro - labour.

III-3-4 RESULTATS D’ENQUETES

52 Treize fiches d’enquêtes ont pu être complétées convenablement pour notre étude. Les noms des paysans enquêtés sont présentés dans l’annexe V.

La plupart des paysans enquêtés ignorent que le « Matifotsy » est causé par un champignon. Ils attribuent la maladie à une attaque d’insecte. En effet, il est vrai que le symptôme causé par le borer, un insecte foreur de tige, provoque des panicules complètement vides assez semblable à la pyriculariose mais la panicule dans ce cas s’arrache facilement et on peut trouver l’insecte ou ses traces dans la tige alors que pour la pyriculariose du cou, la panicule comporte un anneau noirâtre autour de sa base et elle s’arrache difficilement. Durant nos suivis, les attaques d’insecte ont rarement été observées dans les rizières.

Aucun des paysans enquêtés n’a reçu de formation sur la pyriculariose. En général, les paysans ignorent les symptômes de pyriculariose sur feuille. Ainsi, ils ne réalisent pas que ces symptômes sont des préliminaires à des attaques ultérieures au niveau du cou et de ce fait ne prennent aucune mesure pour préserver leur récolte (mesure de traitement chimique). Sauf dans les localités de Manandona et d’Antsahasoa où des essais de traitements chimiques ont déjà eu lieu, les paysans ignorent qu’on peut traiter chimiquement la pyriculariose. Surtout les paysans de la région de Manandona comprennent que les dates de repiquage jouent un rôle important sur l’attaque de la pyriculariose : celles tardives étant favorables aux attaques de pyriculariose.

Depuis la diffusion de la variété X265 en 1998 et la variété FOFIFA160 cette campagne, les paysans qui ont cultivé ces variétés réalisent l’utilité de la résistance variétale contre la pyriculariose. Le taux d’utilisation de ces 2 variétés (irrigué) qui sont productives et résistantes est encore assez faible.

III-4 INTERPRETATIONS

La riziculture irriguée de la campagne 2004-2005 a montré une plus faible prévalence de la pyriculariose comparée à la campagne précédente. Par contre, sur la riziculture pluviale, l’attaque n’a pas baissé. La prévalence était de 2% sur riz irrigué contre 51% pour le pluvial. Si, au cours de cette campagne, la prévalence de la maladie a diminué à Andranomanelatra et à Ibity (sur riz pluvial), c’était parce que la superficie cultivée avec les variétés sensibles a été volontairement diminuée. La prévalence de 10% trouvée à Andranomanelatra, par exemple, est occupée seulement par les variétés sensibles, alors que la prévalence était de l’ordre de 90% pour la campagne précédente (la variété cultivée étant entièrement la FOFIFA154).

Chez les paysans également, la répartition des attaques s’explique par la culture des variétés sensibles avec apport de fertilisation. C’était le cas à Amboniavaratra (riz pluvial) où deux propriétaires des parcelles attaquées apportaient respectivement 7 charrettes de fumier / ha et 100 kg/ha de NPK. Ceci indique que même avec un apport modéré de fertilisation, il peut y avoir épidémie quand la variété est sensible.

La riziculture de type pluvial est plus attaquée par la pyriculariose par rapport à la riziculture de type irrigué. Ces résultats rejoignent ceux rapportés généralement dans d’autres pays. Les explications données sont : • Une plus longue durée de présence de rosée en culture pluviale favorise la déposition des spores et l’infection ; • Une teneur plus élevée en sucres et en protéines dans les plants de culture pluviale les rend plus sensibles. (20)

53 Probablement, la condition de culture pluviale est considérée comme relativement plus stressée du point de vue situation hydrique par rapport aux cultures irriguées. Par exemple, dans les parcelles de criblage à la pyriculariose conduites pendant plusieurs années par la recherche, le fait d’arrêter l’arrosage (provoquant de plant assoiffé) a été utilisé pour favoriser le développement de l’attaque de la maladie.

La réaction d’une variété (sensible ou résistante) vis – à – vis de la pyriculariose est expliquée par la présence ou l’absence de gène(s) de résistance chez la variété qui peut contrôler les pathogènes présents dans le milieu.

La pratique du zéro – labour diminue l’incidence et la sévérité de la pyriculariose. Différentes explications ont été avancées pour expliquer le phénomène : absorption plus régularisée de l’azote dans le cas du zéro - labour, alors qu’elle est plus rapide, provoquant un déséquilibre nutritionnel des plantes sur labour (7). La déficience hydrique est également une autre explication donnée : la présence de couverture sur parcelle non labourée réduit l’évaporation, diminuant ainsi le stress hydrique, d’où une faible incidence et sévérité sur zéro – labour. Contrairement à ceci, celles-ci sont plus élevées sur le labour, cela s’explique par un stress hydrique plus élevé dû à une plus grande évaporation en l’absence de couverture à la surface du sol. Il est probable que la principale explication de ce phénomène dépend principalement de ces deux facteurs (nutritionnel et hydrique).

En général, l’incidence de la pyriculariose est élevée sur parcelle ayant reçu en plus de la fumure minérale comparée à celle avec fumier de parc tout seul. Ce résultat rejoint les connaissances générales sur la pyriculariose, il s’agit d’une maladie qui s’aggrave avec l’augmentation de la dose d’azote.

CONCLUSION L’étude de l’incidence et du contrôle de la pyriculariose du riz dans la région du Vakinankaratra au cours de la campagne 2004-2005 nous a permis de conclure quelques points assez importants.

La superficie atteinte de la pyriculariose par rapport à la superficie totale visitée a été observée faible en riziculture irriguée (2%) comparée au pluvial (51%).

Entre autre, l’incidence de la pyriculariose varie en fonction : • de la réaction (résistance ou sensibilité) des variétés cultivées ; • du type de fertilisation auquel l’apport de fumure minérale supplémentaire augmente beaucoup plus l’incidence par rapport au fumier de parc tout seul. • du mode de travail du sol, en d’autres termes la technique du zéro - labour diminue l’incidence de la pyriculariose tandis que celle-ci est plus élevée sur le labour.

A noter également que la sévérité est faible sur le zéro - labour alors qu’elle est plus élevée sur sol labouré.

En général, les variétés traditionnelles en riz irrigué cultivées par les paysans sont sensibles à la pyriculariose sauf les variétés Telovolana et Vary Lava. Ces dernières ont présenté des faibles incidences à la maladie mais cela ne signifie pas nécessairement que ces deux variétés sont résistantes. D’autre part, toutes les variétés de riz pluvial diffusées chez les paysans sont toutes sensibles à la pyriculariose.

54

Le sondage des fiches d’enquête complétées par le biais des entretiens avec les paysans nous a permis aussi de conclure que la plupart des paysans enquêtés n’ont jamais reçu de formation sur la pyriculariose et n’ont jamais fait de traitements chimiques. Ils ignorent l’agent pathogène responsable de la maladie.

De nouvelles variétés résistantes et productives préconisées par la recherche telles X265 et FOFIFA160 sont disponibles mais elles ne sont pas suffisamment diffusées dans les sites étudiées. Comme le riz occupe une place importante dans l’alimentation Malagasy, la lutte contre la pyriculariose et l’amélioration de la productivité du riz sont importantes. Ainsi, nous suggérons l’appui des différents acteurs de développement pour une rapide diffusion des résultats de recherche et notamment des variétés résistantes vue que la méthode de lutte variétale est la moins chère et la plus simple pour les paysans. Des formations sur la pyriculariose s’avèrent également utiles car l’intégration de plusieurs méthodes de lutte (lutte intégrée) est à privilégier.

Ainsi, nous suggérons aussi la prise en compte de cette étude par les différentes entités responsables pour le développement de la filière riz afin de résoudre le problème de l’autosuffisance en riz des Malagasy.

55

BIBLIOGRAPHIE

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(12) : M. JEANGUYOT, Lutte contre la pyriculariose du riz, Mémoires et travaux de l'IRAT n° 2, 55 p.

(13) : Patrick VALLOIS, Discours de la méthode du riz, Institut de promotion de la Nouvelle Riziculture, 2° édition, Antananarivo, Février 1996, 140 p.

(14) : Paul HUBERT, Recueil de fiches techniques d'agriculture spéciale, Agence du BDPA, Madagascar, Avril 1970, 379 p.

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56 (16) : RAKOTOARISOA Jacqueline, Les systèmes de cultures rizicoles à Madagascar et les stratégies de la recherche pour l'intensification rizicole, in KAROKA, n° 22, Juillet 2004, 26 p.

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(20) : S.H. Ou, Rice diseases, Commonwealth Mycological Institute, 2nd edition, 1985, 380 p.

(21) : UPDR, Monographie de la région du Vakinankaratra, Juin 2003, 107 p.

57

ANNEXE

58 59 ANNEXE II : REPARTITION GEOGRAPHIQUE DE LA PYRICULARIOSE DU RIZ A MADAGASCAR

60 ANNEXE III : Température décadaire dans les sites d’Andranomanelatra et d’Ibity durant la campagne 2004-2005

Température décadaire à Andranomanelatra 2004-2005

30,0

25,0

20,0 Tmin 15,0 Tmax Tmoy 10,0 Température (°C)

5,0

0,0 s1 s3 ja1 ja3 fe2 m1 m3 av2 0c2 no1 no3 de2 ma1 Mois

Température décadaire à Ibity 2004-2005

30,0

25,0

20,0 Tmin 15,0 Tmax Tmoy 10,0 Température (°C)

5,0

0,0 ja1 ja3 fe2 m1 m3 se1 se3 oc2 no1 no3 de2 ma1 ma3 Mois

ANNEXE IV : Pluviométrie décadaire dans les sites d’Andranomanelatra et d’Ibity durant la campagne 2004-2005

61

Pluviométrie décadaire à Andranomanelatra 2004-2005

250

200

150 Pluie

100 Pluviométrie (mm) 50

0 s1 s3 ja1 ja3 fe2 m1 m3 av2 0c2 no1 no3 de2 ma1 Mois

PLuviométrie décadaire à Ibity 2004-2005

250,0

200,0

150,0 Pluie 100,0 Pluviométrie (mm)Pluviométrie 50,0

0,0 ja1 ja3 fe2 m1 m3 av2 se1 se3 oc2 no1 no3 de2 ma1 ma3 Mois

62 ANNEXE V : Noms des paysans enquêtés

1. RASOAMBARY Ernestine 2. ANDRIANIRINA Jeaonnot Fidelis 3. RAKOTONOME 4. RAKOTOARIMANANA Edmond 5. RANAIVOSOA José Rolland 6. RASOLOFO Charles Eugène 7. RANDRIANASOLO Fanomezanjanahary 8. RASAMY 9. RAKOTONDRAMANANA Laurent 10. SOLOFOMAHARITRA Rivo Tovo 11. NIRINA 12. RANDRIAMAMPIANONA Martin 13. RAKOTONDRABE

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