VertigO - La revue électronique en sciences de l’environnement, Hors Série 4, novembre 2007

BEBEDJIA (SUD DU TCHAD), UN ESPACE SOUS PRESSION

Lieugomg Médard1 et Sama Ozias2, 1Chargé de cours, Université de Ngaoundéré, B.P. 454, Ngaoundéré, Adamawa, Cameroun, courriel : [email protected], 2Étudiant en maîtrise, Université de Ngaoundéré, B.P. 454, Ngaoundéré, Adamawa, Cameroun

Résumé : Située dans l’extrême sud du Tchad, Bébédjia jouit de conditions naturelles (climat et végétation) favorables aux activités agropastorales. Ce milieu naturel attire les éleveurs nomades des zones sahélienne et saharienne du nord, menacés par de mauvaises conditions de production (sécheresse récurrente telles que celles de 1973-1975 et de 1983-1985) et l’instabilité politico-militaire. Contraints de se fixer dans cette région et de pratiquer l’agriculture en plus de leur activité traditionnelle, ces pasteurs nomades se retrouvent opposés aux agriculteurs autochtones dans le cadre de conflits fonciers de plus en plus importants compte tenu de la pression sur l’espace agropastoral, renforcée par le projet pétrolier de Doba. Loin d’exercer un arbitrage à l’amiable de ces conflits agriculteurs- éleveurs, les autorités (traditionnelles et publiques) les exacerbent et les instrumentalisent. Mots-clés : Conflits, cohabitation, agriculteurs-éleveurs, pression foncière, Bébédjia, instabilité. Abstract: Bebedjia, situated in the southernmost part of , has a favourable climate conduisive to agro-pastoral activities. This natural environment attracts nomadic rearers from the sahelian/Saharan zones of the North which are being threatened by bad climatic conditions (recurrent droughts such as those of 1973-1975 and 1983-1985) as well as political and military instability. Forced to settle in this region and to practice agriculture in addition to their traditional activities, these nomadic rearers find themselves opposed to indigenous farmers within the context of land conflicts which are now gaining momentum due to pressure on agro-pastoral space exacerbated by the Doba Oil Projet. Instead of settling the conflicts in a friendly manner, traditional and public authorities encourage and instrumentalise them. Keywords: Conflicts, co-habitation, farmers-rearers, land pressure, Bebedjia, instability.

Introduction l’arrivée et à l’installation définitive des éleveurs nomades venus du nord et qui se livrent à l’agriculture, mais également d’autres Du nord au sud du Tchad, se succèdent trois zones géographiques immigrants qu’attire le projet pétrolier, car Bébédjia fait partie du fortement contrastées. Dans le premier temps la zone saharienne, champ pétrolier de Doba. vaste désert sablonneux couvrant environ 600 000 km2, soit près de la moitié de la superficie du pays, reçoit de faibles Sa superficie est de 2 954 km2 ; ce qui représente 22,7% du précipitations (moins de 200mm/an) irrégulières. Par conséquent, département et seulement 0,23% du territoire national, cependant, la végétation passe de la savane à la steppe. Puis on retrouve la drainé par le Logone, la Pandé, la Nya et la Loule, cette région zone sahélienne, elle, reçoit plus de pluies (entre 250 et bénéficie d’un climat tropical chaud et humide avec 800 à 1 700mm/an) dans les parties sud qui sont couvertes de forêts 200mm de pluies par an (Sama, 2003), d’une formation végétale (essentiellement épineuses à base d’acacia). Ces pluies sont aussi soudanienne et d’un relief de plaine. Ces conditions font de irrégulières. Marquée par une saison sèche plus longue (octobre à Bébédjia une zone favorable aux activités agropastorales. En mai) que la saison des pluies, la végétation est faite de savane effet, l’agriculture y est pratiquée aisément, avec de fortes boisée et herbacée. Un peu plus au nord, l’on a un paysage formé productions de céréales (mil, sorgho, maïs), de manioc, de de dunes de sable, de palmiers, d’oueds et d’oasis. Ces deux légumes divers, de coton et d’arachide. premières zones connaissent des périodes sèches assez difficiles qui obligent les éleveurs à aller chercher le pâturage vers le sud, Le milieu attire également les éleveurs nomades des zones dans la zone soudanienne. Finalement, la zone soudanienne au sahélienne et saharienne. Ainsi, l’élevage, surtout celui des sud, jouit d’un climat tropical mais elle ne couvre que 1/9 du bovidés, y est en plein essor. territoire tchadien. Cette partie est la plus peuplée du pays. La saison des pluies y est importante et dure de mai à octobre. Sa La cohabitation entre les éleveurs venus du nord et les végétation, qui s’étale de la savane arbustive à la forêt claire, lui agriculteurs autochtones, était relativement harmonieuse autrefois permet de disposer des ressources qui sont indispensables aux et les quelques conflits qui émergeaient étaient réglés troupeaux venant des zones saharienne et sahélienne pendant pacifiquement. Mais leur fréquence et leur violence ont l’hivernage. considérablement augmenté aujourd’hui. Suite à la sécheresse et au démarrage du projet pétrolier de Doba dans la région, ils Bébédjia qui est située dans l’extrême sud du Tchad, notamment s’amplifient et se complexifient. au centre-est du département du , est un espace convoité qui subit une forte pression due non seulement à

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(ONDR). Nous avons également obtenu des informations auprès des agriculteurs, des éleveurs, des dirigeants du Comité de Dialogue et d’Entente (CDE), de la Commission Justice et Paix et des autorités administratives et traditionnelles.

Ces entretiens avaient pour but de recueillir leurs points de vue sur les causes, les manifestations et les conséquences de la pression sur l’espace, sur les conflits qui en découlent et sur les modes de leur règlement. Dix neuf (19) responsables administratifs, techniques et traditionnelles, et vingt-trois (23) agriculteurs et éleveurs ont été interrogés. Les uns (responsables administratifs, techniques) ont été interrogés en français, tandis que les autres l’ont été en langue locale ou en Arabe.

L’entretien a été complété par l’administration d’un questionnaire auprès des agriculteurs et des éleveurs des villages et ferricks de la région de Bébédjia. Le tableau 1 ci-dessous fait ressortir la répartition de l’échantillon :

Ces trois villages où se sont déroulées les enquêtes ont été sélectionnés pour leur forte densité agricole et la cohabitation entre agriculteurs et éleveurs (Mbikou et Békormane 1). Le troisième village (Miandoum) a été sélectionné comme village témoin pour des besoins de comparaison. De même, les ferricks ont été choisis en raison de leur proximité avec les villages choisis et à cause de leur densité en bétail et éleveurs.

Il s’agit d’un échantillon de convenance. Etant donné la mobilité

des éleveurs et la réticence des autres acteurs, nous avons Figure 1. Localisation de la zone d’étude interrogés les personnes disponibles et volontaires. Sur deux cents (200) questionnaires administrés, seuls cent vingt trois

(123) ont été exploitables. Sur les cent vingt trois (123), quatre Méthodologie vingt trois (83) sont des agriculteurs répartis dans trois villages et

Pour la collecte des données nécessaires à cette étude, nous avons quarante (40) sont des éleveurs répartis dans quatre ferricks ou procédé par entretiens et par questionnaire. Dans un premier campements. temps en effet, nous sommes allés à la rencontre des responsables techniques de l’Institut Tchadien de Recherches Agronomiques Les différentes données recueillies ont été traitées sur le logiciel pour le Développement (ITRAD), des services de l’agriculture et SPSS version 10.0 pour Windows. de l’élevage, de l’Office National du Développement Rural

Tableau 1 : Villages et ferricks enquêtés.

Questionnaires Entretiens Villages Ferricks Resp. Autorités Agri. et technique Adm. et élev. s Trad. Mbikou Békormane Miandou Nguéré Oumar Koutou Nara ------1 m Saleh Pop. 2815 4492 2496 333 162 315 216 ------Totale Effectifs 32 25 26 17 4 9 10 9 10 23 enquêtés Source : Enquêtes de terrains, mars-avril 2002.

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Résultats et discussion L’instabilité politico-militaire

Les facteurs explicatifs de la pression sur l’espace Le Tchad est un pays fortement marqué par un clivage nord/sud, non seulement au plan de la géographie physique, mais aussi en Les éleveurs venus du nord se sont progressivement installés ce qui concerne les groupes humains. Le nord, composé d’une dans la zone de transhumance de Bébédjia pour faire paître leur population nomade (Goranes, Toubou) dans la zone saharienne et bétail en saison sèche et profiter des résidus de récolte et des d’une population au mode de vie plus varié repousses d’herbes après les feux de brousse. En saison des (éleveurs/agriculteurs, nomades/sédentaires) dans la zone pluies, ils repartent vers le nord. Mais depuis trois décennies sahélienne, est un ensemble fortement islamisé. Issu d’anciens environ, ils tentent de se fixer définitivement pour profiter des sultanats et empires, les peuples du nord ont régenté le territoire conditions écologiques locales favorables. Dès lors, en plus de tchadien et organisé des razzias au détriment des peuples du sud - leur activité traditionnelle d’élevage, ils commencent à s’adonner appelé Dar El Abid ou pays des esclaves. à l’agriculture. Le sud en revanche, moins étendu et plus peuplé, est en grande Les contraintes naturelles partie sédentaire et agricole, animiste et chrétien. Il s’est constitué en son sein une élite formée à l’école occidentale. La Le service de l’élevage estimait en 1970 le cheptel de bovins du colonisation française contribue alors ainsi à inverser le rapport Tchad à 4,5 millions. La plus grande partie se concentrait dans la de force au profit du sud plus ouvert aux influences étrangères. zone sahélienne, la zone soudanienne comptant moins de 100 000 têtes. Mais, en 1992, au moins 26% du cheptel national se A partir de 1966, les conflits sociaux et économiques entre le retrouve dans cette zone. Arditi (1997) écrit : nord et le sud aboutissent à des révoltes, qui ont pour conséquence l’assassinat du président François G. Tombalbaye à « Depuis une trentaine d’années, la détérioration l’occasion d’un putsch militaire (1975). des conditions des précipitations a considérablement bouleversé les conditions L’instabilité politico-militaire s’installe. Le nord en profite pour climatiques et écologiques de la zone sahélienne rétablir sa domination. Plusieurs présidents vont se succéder au (descente des isohyètes, étalement restreint de pouvoir. En dehors du Général F. Malloum (1975) qui est pluies, etc.). Il s’en est suivi l’avancée du désert, originaire du sud, les autres, c’est-à-dire Goukouni Oueddeï qui se manifeste par la dégradation très importante (1979), Hissène Habré (1982) et Idriss Déby (depuis 1990) sont des sols et des autres ressources naturelles (faune, issus du nord. Ces changements de dirigeants s’accompagnent de flore, eau, …) ». rebellions et de guerres civiles assez sanglantes, développant partout dans le pays un climat d’insécurité. Cette insécurité Après les décennies de sécheresse de 1973-1975 et de 1983- provoque dans la zone sahélienne des pertes en bétail et en vies 1985, les éleveurs ont perdu une partie de leur bétail, parfois la humaines. Ici, le bétail devient non seulement la nourriture des plus importante. Ils s’installent le long des cours d’eau rebelles, mais aussi une source de financement de la guerre. permanents de la zone sahélienne et vendent ce qui peut être vendu, afin de subvenir à leurs besoins essentiels (alimentation, Pour s’en sortir, les éleveurs se réfugient, pour la plupart, dans le santé, etc.). Suite à la dégradation continue des conditions sud. L’afflux des personnes déplacées à cause de l’insécurité d’élevage, ils émigrent vers le sud, attirés par l’eau et le pâturage. provoque, une fois de plus à Bébédjia, une mutation spatiale que A ce sujet, Brown (1996) constate que : le projet pétrolier de Doba vient renforcer. « Poussés vers le sud dans les vingt dernières années de sécheresse qui ont détruit les herbages du nord, des éleveurs Le projet pétrolier de Doba et l’afflux de la main nomades Bororo et des éleveurs transhumants Peul et Arabes d’oeuvre continuent à migrer, de manière saisonnière ou permanente, vers la zone des champs de pétrole et de l’oléoduc pour profiter des Pendant la phase d’exploitation du pétrole tchadien (25-30 ans), riches pâturages nourris par les rivières. » les besoins en main d’œuvre sont estimés à 550 emplois. Selon les études d’impact sur l’environnement (Brown, 1996 ; Koulro- Cette population humaine et animale qui s’accroît Bézo, 2001, Madjidoto, 1999 ; Moutedé-Madji 2002), ce projet considérablement induit une pression insupportable sur le peu de est susceptible de causer une vague d’immigration de 5 000 à 16 ressources naturelles qui restent exploitables. Ce petit espace 000 personnes. En 2002, on dénombre 3 000 immigrants dans la fertile que les éleveurs et les agriculteurs sont désormais obligés région, en plus des personnes employées par le projet. Dans le de partager, est également occupé par le projet pétrolier, ce qui village de Komé Atan nouvellement créé, sur 366 habitants, 350 débouche inéluctablement sur des conflits, malheureusement sont des immigrants. En 2001, la ville de Bébédjia compte 3 000 entretenus par la situation politico-militaire du pays. immigrants sur une population totale de 10 000 habitants. A ce rythme, Moutedé-Madji (2002) estime que le nombre

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d’immigrants atteindrait les 10 500 en 2004. La situation locale de l’emploi et de la démobilisation en 2004, donnée par les Autres expatriés tableaux 2 et 3 est assez illustrative de l’ampleur de 10% l’immigration provoquée par ce projet, en ce qui concerne les populations tchadiennes. Autres Africains 20% Tableau 2 : Démobilisés pour le 3ème trimestre 2004.

Contractants Nombre Nombre de d’embauchés démobilisés Tchadiens TCC 873 149 70% TCL 120 02 TCM 133 0 Pride Forasol 452 03 Schlumberger 160 0 Figure 2. Origine des immigrants à Bédédja en 2002 WesternGeco 13 244 ESSO 385 01 La pression sur l’espace et les mutations Total 2 136 399 Source : Rép. du Tchad, Projet de renforcement des La pression sur l’espace a provoqué de profondes mutations à capacités de gestion du secteur pétrolier, Comité Bébédjia, notamment la réduction de l’espace agropastoral et la technique National de suivi et de Contrôle. dégradation de l’environnement.

Les problèmes environnementaux A elle seule, la société TCC Komé a démobilisé 1 000 travailleurs entre la phase de lancement et l’année 2003. Avec l’accroissement démographique, on défriche de nouveaux champs. On coupe certains arbres et les arbres fourragers pour le Tableau 3 : Personnel de sécurité associé au projet bétail, les arbustes pour les haies. Ce qui contribue à dégrader l’environnement, surtout autour des ferricks. A cet impact des Contracteurs Employés Tchadiens éleveurs et des immigrants sur l’environnement, s’ajoute celui Copguard 1 410 des agriculteurs qui prélèvent le bois (bois de chauffe), font les Garantie 733 feux de brousse et brûlent les résidus des récoltes. Fort de ce qui Total 2 143 précède, on peut convenir avec Guillaud (1993) que « l’extension Source : Rép. du Tchad, Projet de renforcement des prévisible des surfaces cultivées, et du fait de l’accroissement capacités de gestion du secteur pétrolier, Comité démographique et du contexte technique actuel de l’agriculture, technique National de suivi et de Contrôle. on aura pour effet autant de réduire les ressources fourragères elles-mêmes que d’en limiter de plus en plus l’accès. »

Par ailleurs, la mise en place du projet et plus tard l’exploitation Les problèmes environnementaux constituent une autre du pétrole a attiré beaucoup de personnes en quête d’emploi. préoccupation. En effet, l’extension du projet et les populations Ainsi, d’abord les populations tchadiennes de l’arrière-pays qu’il draine, porte un coup sérieux à l’environnement, compte comme ce groupe d’éleveurs de Ndaba près de Béro, qui a quitté tenu de la pollution de l’espace par l’accumulation des déchets. son campement (avec 3 000 têtes de bœufs) pour aller se fixer à D’Appolonia et al. (2003) révèlent que malgré les mesures Komé (foyer du projet). Ces immigrants y pratiquent l’élevage ou adoptées en vue de protéger l’environnement, « la gestion des l’agriculture s’ils ne sont pas embauchés dans le projet. déchets demeure un problème important… Les déchets dangereux, non dangereux et recyclables, continuent à Cette arrivée massive des immigrants accentue la pression sur les s’accumuler en quantités importantes, notamment à Komé terres. Dans les villes, de nouveaux quartiers se créent. C’est le Base. » Plus grave, dans cette localité, l’incinération des déchets cas de Leldanoum à Bébédjia. Dans les espaces ruraux, certains de cuisine se fait à l’air libre. Ce qui est bien reconnu par le immigrants cherchent à créer des exploitations agricoles, mais projet comme susceptible de porter atteinte à la qualité de l’air rencontrent l’opposition des populations autochtones. Moutedé- respirable. Madji (2002) a dénombré dans la région, une vingtaine d’exploitations appartenant aux immigrés. La gestion des eaux usées pose également un problème d’ordre environnemental, tout comme la qualité des eaux souterraines et de surface est menacée par le déversement des produits pétroliers.

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Tableau 4 : Disponibilité annuelle en pâturage (en % des agriculteurs) en 2002

Villages Disponibilité annuelle en pâturage Berkome 1 Mbikou Miandoum Suffisante 0 3,1 4,3 Insuffisante 56 84,5 80,3 Non déclarés 44 12,4 15,4 Source : Enquêtes de terrain, mars et avril 2002.

L’exploitation pétrolière et la réduction de l’espace L’accroissement de la population et la surcharge de l’espace Le projet pétrolier de Doba est l’un des facteurs de réduction de l’espace en défaveur des activités agropastorales. En effet, la Selon le rapport de l’ONDR (Sama, 2003), la population rurale construction des routes, du pipe-line, des forages et des (éleveurs non compris) des six cantons de la sous-préfecture de logements pour les travailleurs, ainsi que l’immigration des Bébédjia est passée de 55 901 personnes en 1996 à 75 554 en populations, etc., ont largement empiété sur un espace qui était 2002. Chez les éleveurs, l’effectif est passé de 250 en 1992, déjà disputé par les différents acteurs ruraux (agriculteurs et année de leur arrivée massive, à 437 en 2002. Le nombre éleveurs). d’éleveurs augmente avec le nombre de têtes de bétail. Ainsi, la sous-préfecture de Bébédjia a vu le cheptel de bœufs passer de 1 En effet, le bassin pétrolier est constitué de trois champs 289 en 1982 à 7 635 en 2000 (ONDR, cité par Sama, 2003). Dans pétrolifères qui sont dans les cantons Komé, Miandoum et le le même temps, il ressort des enquêtes de terrain, que 96% des village de Bolobo, tous dans la région de Bébédjia. Il y est prévu autochtones ont pour activité principale l’agriculture. Seule une le forage de 300 puits de production et de 25 puits d’injection. faible proportion de ceux-ci s’adonne à l’artisanat, au commerce On estimait à 28 000 le nombre d’habitants touchés par le projet, et à la pêche. dans les cantons Béro, Komé et Miandoum. Les autres cantons qui devaient être touchés par l’oléoduc et les infrastructures Les immigrants n’étant pas seulement des Tchadiens (en dehors routières sont Baibokoum, Bessao, Mbaisaye et Timberi, qui des cadres européens et américains, certains viennent des pays comptent en tout environ 63 000 habitants. Selon l’étude voisins comme le Cameroun, la Centrafrique, le Niger, le d’impact sur l’environnement réalisée pour Esso par Brown Nigeria), de nouvelles cultures vivrières vont être introduites (1996), environ 150 familles devraient être déplacées. Or selon pour faire face à la nouvelle demande - les aliments de base des D’appolonia et al (2003), ce nombre est passé à 221 en 2003 et Tchadiens sont le sorgho, le riz et le maïs, ce qui n’est pas le cas devrait augmenter en 2004 avec les acquisitions de terrain dans de tous ceux qui viennent travailler dans le projet- d’où les champs de Komé et Bolobo. l’augmentation des superficies cultivables. On est passé de 16 688 ha en 2000 à 47 159 ha de culture en 2001 (selon les services Pour drainer le pétrole jusqu’au port de Kribi au Cameroun sur de l’agriculture), ceci au détriment de l’élevage. A Bébédjia, une distance longue de 1 070 km, il faut traverser 170 km du l’espace tend à se raréfier. Et plus cet espace diminue, plus les territoire tchadien. L’emprise foncière de la route est large de 30 tensions deviennent plus fortes entre agriculteurs et éleveurs mètres, ce couloir ne devant comporter ni maison, ni arbre. Au d’une part, et entre autochtones et immigrants, d’autre part. total 2 124 ha de terrain seront occupés par le projet (Moutedé- Madji, 2002). Et selon D’Appolonia et al (2003), 666 ha sont L’accroissement de la population animale a provoqué une nécessaires au programme pour ses exploitations. Sur 1 377 ha de insuffisance du pâturage, comme l’indique le tableau 4. terrain à restituer aux usagers d’avant les installations du projet, 786 ha ne sont plus économiquement viables. A la fin des La plupart des agriculteurs pensent que l’insuffisance du pâturage travaux, 457 ha resteront fermés à l’utilisation du public, 831 ha est la conséquence de la sédentarisation des éleveurs. Cette seront restaurés et remis à la population. Mais les surfaces situation oblige certains à acheter les tourteaux de la Cotontchad couvertes de latérite ne pourront être cultivées avant une pour nourrir convenablement leurs bêtes pendant la saison sèche. vingtaine d’années. L’augmentation de la taille du bétail a également influencé le mode d’abreuvement et la disponibilité annuelle en eau.

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Tableau 5 : Mode d’abreuvement dans les ferricks (en % des Les premiers (96%) pratiquent l’agriculture comme activité éleveurs) en 2002 secondaire et n’échangent plus leurs produits (lait, beurre) contre les céréales. Actuellement, ils les vendent. Ceci revient à dire que Ferricks la pression sur l’espace induit un climat de tensions sociales, Mode Oumar avec notamment la dévastation ou le piétinement des champs et d’abreuvement Nguéré Koutou Nara Saleh le vol de bétail. Par conséquent, les affrontements se multiplient. Eau de surface 100 51,9 53,8 50,4 Puits 0 48,1 46,2 49,6 Les conflits qui opposent les deux parties se sont Abreuvoir 0 0 0 0 progressivement aggravés avec l’augmentation de la pression sur Source : Enquêtes de terrain, mars et avril 2002 l’espace. L’on est passé des conflits latents aux affrontements. Les conflits latents ou larvés sont la méfiance, la suspicion et sont instrumentalisés à des fins politiques. Les agriculteurs Il ressort des tableaux 5 et 6 que les éleveurs n’ont pas considèrent les éleveurs comme des conquérants venus du nord et d’abreuvoir pour leur bétail. L’eau de surface reste alors le mode proches du pouvoir politico-militaire. Ils souhaitent leur départ d’abreuvement dominant. Cette eau de surface, tout comme celle car leur présence représente un danger. Ils pensent que les des puits, est également sollicitée par les agriculteurs. Ce qui ne éleveurs veulent les bouter hors de leur terroir. Se sentant manque pas de provoquer des frictions entre les deux menacés, les éleveurs préfèrent se rapprocher des autorités communautés, tant la disponibilité en eau commence à diminuer publiques pour avoir accès aux ressources naturelles. Ces formes de façon sérieuse dans certaines localités. Le tableau suivant de conflits sont perceptibles pendant les campagnes électorales et synthétise les données y relatives. peuvent se transformer en conflits ouverts.

Tableau 6 : Disponibilité annuelle en eau (en % des éleveurs) en Les conflits ouverts se manifestent sous la forme des 2002 affrontements, des destructions de biens (incendies, abattage de bêtes, etc.) et même des agressions (coups et blessures). De 1992 Ferricks à nos jours, les exemples sont nombreux. On pourrait citer le Disponibilité Oumar conflit intercommunautaire de 1998 dans le canton Mbikou, suite annuelle en eau Nguéré Koutou Nara Saleh à la destruction de 250 ha de champs par les bœufs. Ce conflit a Suffisante 75 0 0 0 coûté la vie à une personne dans chaque camp. Insuffisante 25 100 100 100 La Nouvelle de BECCAD de Doba (citée par Sama, 2003) relate Source : Enquêtes de terrain, mars et avril 2002 l’enlèvement le 30 janvier 2002 de dix bœufs d’attelage à

Miandoum dans le canton Béboni, suivi de l’exécution de l’un Le développement de l’élevage pose également des problèmes des agriculteurs qui poursuivaient les assaillants. Toujours selon aux agriculteurs qui cultivent le manioc. En effet, dans la sous- ce journal, le 31 janvier 2002 dans le canton Komé, il y a eu préfecture de Bébédjia, les superficies et la production du manioc affrontement entre les éleveurs et les agriculteurs, suite à la sont en nette diminution. Les superficies sont passées de 4 199 ha dévastation des cultures. Un éleveur a été tué, trois agriculteurs en 2000 à 1 107 ha en 2001 (ONDR). Dans le canton de Béro par blessés, une vache abattue et cinq bœufs d’attelage emportés. exemple, en 2002, la superficie cultivée en manioc est tout comme cela est le cas à Mbikou. Pourtant, depuis son Avant cela, le 17 décembre 2001, le jour de la clôture du introduction dans la région en 1930, le manioc a permis de séminaire de réflexion et d’élaboration des textes relatifs à la résoudre les problèmes de famine. Aujourd’hui, sa culture est transhumance et au nomadisme en territoire tchadien, les menacée par la sédentarisation des éleveurs dont les troupeaux agriculteurs et les éleveurs s’étaient affrontés aux alentours de détruisent les champs (Arditi, 1997). Moundou dans le Logone Occidental. Selon les sources

hospitalières, le bilan était de trois morts (Ka-Ngahyguim, 2001). Les conflits et leur exacerbation Ce sont là quelques exemples parmi tant d’autres.

La pression sur l’espace et la gestion de celle-ci opposent les Qualifiés de « mamelles de l’économie tchadienne », différentes communautés. Malheureusement, les autorités les l’agriculture et l’élevage peuvent s’intégrer harmonieusement du récupèrent à des fins politiques ou économiques. fait de leur complémentarité. Que fait-on pour que cet espace

tropical puisse bénéficier avantageusement de cette association ? De la méfiance aux affrontements Quelles solutions pour sinon éradiquer, du moins atténuer ces

conflits qui se sont dangereusement aggravés à partir de 1980 ? La pression sur l’espace a des conséquences négatives sur le milieu naturel. Elle est également responsable de la modification des rapports socio-économiques entre éleveurs et agriculteurs qui dès lors n’entretiennent plus des relations de complémentarité.

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Un règlement partial des conflits et leur exacerbation mal) appliquées par les fonctionnaires du commandement. De leur côté, les agriculteurs et les éleveurs les mettent difficilement Les conflits entre éleveurs et agriculteurs sont réglés par les chefs en pratique. Très souvent, ils y sont poussés par les commis de de canton ou de village, les sous-préfets ou les commandants de l’Etat qui exacerbent les conflits dans leur intérêt (Ka- brigade. Les constats de destruction sont faits par l’Office Ngahyguim, 2001). National de Développement Rural (ONDR). Mais ces règlements de conflits ne donnent pas toujours satisfaction à l’une ou l’autre Le Comité de Dialogue et d’Entente (CDE) qui regroupe les partie. agriculteurs et les éleveurs, a réussi à endiguer le développement des conflits dans certains cantons comme Bédjodom où les Les éleveurs préfèrent s’adresser aux autorités publiques (sous- rapports agriculteurs-éleveurs se sont améliorés. Depuis sa préfets, commandants de brigade), parce qu’ils estiment que les création en 1992, le CDE de cette localité a réglé plusieurs litiges autorités traditionnelles (chefs de canton, chefs de village) sont à l’amiable (Pabame, 2000). Mais dans la région de Bébédjia, ce partiales et prennent partie pour les agriculteurs. Ils accusent n’est pas le cas. Les éleveurs refusent d’aller constater les dégâts aussi les commandants de brigade dont ils considèrent que les causés par les bœufs et les nouveaux pasteurs ne veulent pas jugements sont expéditifs (66% des éleveurs enquêtés). Même intégrer le comité. Dans ces cas, les règlements de conflits se l’ONDR est pris à partie. Les éleveurs l’accusent de surévaluer soldant presque toujours par un échec, ce qui nous engage à les superficies dévastées par les bœufs et de fixer des amendes envisager de nouvelles solutions. trop élevées. Pour eux, les conflits sont devenus un fonds de commerce pour les autorités. Le montant des amendes qu’on leur Pour une fin des conflits agriclteurs-éleveurs à Bébédjia inflige est l’une des causes de leurs violences vis-à-vis des agriculteurs. Les conditions naturelles favorables aux activités agropastorales et le projet pétrolier ont fait de la région de Bébédjia un espace Les agriculteurs, après dévastation des champs, vont vers les très convoité. L’afflux des éleveurs nomades de la zone éleveurs pour un arrangement à l’amiable. Malheureusement, très saharienne et sahéliénne du Tchad, menacés par les mauvaises souvent, les éleveurs ne l’entendent pas de cette oreille. Dans le conditions climatiques, la venue massive des immigrants à la cas du canton Mbikou où on enregistre le plus de conflits, recherche du travail, doublé de l’instabilité politico-militaire, a seulement 3% d’agriculteurs sont satisfaits des jugements rendus. provoqué une forte pression sur l’espace. Ici les éleveurs refusent de répondre à la convocation des chefs traditionnels et rejettent leurs décisions. Les agriculteurs estiment En effet, les conflits agriculteurs-éleveurs sont essentiellement que les autorités publiques cautionnent les actes des éleveurs. liés à la gestion de l’espace. Que ce soit au Tchad ou ailleurs en C’est pourquoi ils préfèrent se rendre justice eux-mêmes. Selon Afrique, les causes sont presque toujours les mêmes : dévastation un agriculteur de Mbikou, « les éleveurs sont eux-mêmes l’Etat. des champs ou vol des bœufs d’attelage suivi de représailles. Ils sont les gouvernants, le pays leur appartient ». Ce qui veut Mais tout tourne autour de la gestion de l’espace et de l’accès aux dire que derrière les éleveurs, il y a les grands commis de l’Etat. ressources naturelles. Certains éleveurs ne sont que des bouviers au service de ces gros propriétaires. Ce que confirme Ka-Ngahyguim. (2001) : La recherche des solutions à l’amiable et la prescription du respect des us et coutumes ne suffisent pas. En plus de la « Mais devant la manière des autorités administratives et formation et de la sensibilisation des deux communautés sur le militaires des provinces de régler les problèmes locaux, on bien fondé de l’association agriculture-élevage (que beaucoup ne saurait négliger leur contribution à les aggraver. Non connaissent déjà), les tribunaux doivent être reconnus compétents seulement elles exploitent les malheurs du monde rural, mais en cas de conflit dans ce pays déjà bien affaibli par l’instabilité certaines d’entre elles sont parties prenantes aux conflits. politico-militaire. Puisqu’elles font partie des grands éleveurs du pays. Dans ces conditions, il est impossible de parler de l’impartialité de Au-delà des actions de formation et de sensibilisation des l’administration. C’est à ce niveau que ce qu’on appelle différentes composantes de cette population à la paix et la conflits agriculteurs et éleveurs, qui ne datent pourtant pas sécurité, rôle assumé tant bien que mal par les associations, les d’aujourd’hui, a pris ces derniers temps des proportions ONG et les organisations religieuses, la solution ira dans le sens inquiétantes. » d’une nouvelle dynamique d’occupation de l’espace, avec une plus forte implication des associations et des ONG nationales ou Au Tchad, il y a des associations et des ONG qui œuvrent de internationales. Mais, avant tout, l’Etat se doit de jouer son rôle manière formelle et informelle à la gestion des conflits entre régulateur. Sa première action doit consister à désarmer les civils agriculteurs et éleveurs. Leur rôle complète et appuie celui des et faire « appliquer la loi dans toute sa rigueur ». Il doit soutenir autorités (traditionnelles et publiques) en charge de la prévention toutes les parties prenantes dans le développement rural, ainsi et de la gestion pacifique des conflits. Malheureusement, les que les agents du maintien de l’ordre, en apportant aux uns et aux différentes recommandations et résolutions ne sont pas (ou sont

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autres les moyens financiers, juridiques, techniques et logistiques villages de Ndaba Bébo, Ndaba Dildo et Bam, mémoire de DESS, nécessaires. Université de Poitiers, 128 pages. Madjidoto R. 1999, Le Logone Oriental à l’aube de l’ère pétrolière : Etat des lieux, Mémoire de DEA, Université de Paris I, 179 pages. Conclusion Mamadou Lamine L. et al, 2005, Rapport de mission 10 au Tchad et au Cameroun (25 septembre-18 octobre 2005), 56 pages. Avant 1980, les agriculteurs et les éleveurs vivaient en harmonie M.H. AJR.S. 2003, La marque du pétrole sur la démocratie, in Le Progrès, n° 1386, [En ligne : http:/gramp.org/Presse%20Nationale/Article%2015.htm et leurs activités étaient complémentarité. Les agriculteurs , novembre 2007]. bénéficiaient de la fumure animale et les éleveurs profitaient du Moutedé-Madji V. 2002, Les environnementaux et les conséquences socio- pâturage. Ceux-ci donnaient du lait et du beurre aux agriculteurs économiques du projet pétrolier de Doba : cas de l’immigration dans la contre les céréales (mil) puisqu’ils ne pratiquaient pas (ou très ville de Bébédjia et les villages Bam et Atan, Mémoire de Maîtrise, Université de N’Djamena, 112 pages. peu) l’agriculture. 87% d’éleveurs et 80% d’agriculteurs Pabamé S. 2000, Le conflit agriculteurs-éleveurs dans la zone soudanienne : le interrogés affirment que leurs relations étaient bonnes. Les rares cas du Moyen Chari au sud du Tchad, Mémoire de DEA, Centre National problèmes liés à la gestion de l’espace se réglaient à l’amiable. d’Etudes Agronomiques des Régions Chaudes, Montpellier, 53 pages. Les éleveurs appelaient les agriculteurs « koura » (ami) ou République du Tchad, Projet de Renforcement des Capacités de Gestion du Secteur Pétrolier, Comité Technique National de Suivi et de Contrôle, « bamande » (amie ou sœur) en langue Ngambaye. troisième trimestre 2004, Rapport trimestriel n° 3, 42 pages. Malheureusement, des oppositions se sont peu à peu Sama O. 2003, Bébédjia, d’une zone de cohabitation pacifique à un espace développées. Aujourd’hui, les deux communautés ont « déterré la disputé au sud du Tchad, Mémoire de Maîtrise, Université de hache de guerre » à cause de la pression de plus en plus forte sur Ngaoundéré, 118 pages. l’espace dont l’une et l’autre veulent s’accaparer la gestion. C’est dire que les conflits agriculteurs-éleveurs sont essentiellement liés à la gestion d’un espace de plus en plus convoité du fait des contraintes naturelles et humaines.

Pour venir à bout de cette situation embarrassante, les autorités, traditionnelles, administratives et politiques se doivent d’abandonner les mauvaises habitudes acquises qui pervertissent et exacerbent le mode actuel de gestion des conflits pour adopter des mesures plus courageuses et plus équitables.

Note biographique

Docteur en Géographie, Lieugomg Médard est chargé de cours au département de Géographie de la Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Ngaoundéré (Cameroun).

Bibliographie

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