Quels bâtiments bruxellois méritent notre atten- tion en raison de leur génie technique ou leurs matériaux innovants ? Quelle est l’importance de l’ingénieur pour l’architecture et qui étaient ses

DOSSIER DE CONSTRUIRE L'ART Une publication de la Région DOSSIER prédécesseurs ? de Bruxelles-Capitale L’ART DE CONSTRUIRE

Saviez-vous que les cathédrales et les hôtels de ville gothiques étaient déjà renforcés avec du fer N    SEPTEMBRE 2012 forgé afi n d’en augmenter la stabilité ? Que les habitations bruxelloises typiques ont été constru- ites pendant des siècles sans l’intervention d’un architecte ? Que la Belgique en sa qualité de na- tion industrielle jeune et moderne était un pré- curseur de l’architecture métallique et verrière au XIXe siècle ? Ou que l’aménagement d’un parc nécessite d’importants travaux de construction ?

Ce numéro spécial de Bruxelles Patrimoines est consacré à la thématique des Journées du Pat- rimoine. Au travers de diff érents articles, « l’art BRUXELLESPATRIMOINES de construire » vous sera présenté sous diverses facettes.

20 € NUMÉRO SPÉCIAL JOURNÉES DU PATRIMOINE

ISBN : 978-2-930457-84-0

-PB 003-FR-couv def.indd 1 12/08/12 16:54 -PB 003-FR-def.indd 102 12/08/12 23:33 DOSSIER L'ART DE CONSTRUIRE 103

Un autre art de construire LE PAYSAGISME ET LE GÉNIE RURAL

ODILE DE BRUYN Docteur en histoire

BENOÎT FONDU Architecte du paysage

Le paysagiste est à la fois architecte et ingénieur a Belgique possède majoritai- rement des terres profondes, de l’art de construire appliqué aux jardins. Par des riches, fréquemment et abon- interventions directes et profondes sur le terrain damment arrosées. Propices auxL cultures, ces terres sont de surcroît naturel, le relief et le régime hydrographique assez facilement malléables. Le travail d’origine d’une portion de territoire sont plus de façonnement du sol a son histoire ou moins fortement modifiés, spécifiquement propre, que de nombreux toponymes et lieux-dits, anciens et actuels, aident à remodelés, afin de créer une nouvelle perception retracer. Lorsque l’architecte du paysage de l’espace et un authentique dépaysement. parle d’assie e, il évoque ce e terre, ce sol, ce socle, ce e assise tellurique, avec sa texture, sa géomorphologie, son mi- crorelief. Le rôle de cet intervenant consiste à modeler le terrain, à lui faire subir des transformations, autrement dit à l’«artialiser».

DE L’ANTHROPISATION À L’ARTIALISATION

Sur les cartes récentes de la région bruxelloise, le site néolithique de Boitsfort-Étangs, aujourd’hui coupé par diverses voies de communication, dont le chemin de fer, est à peine repérable. La fontaine Sainte-Anne au C’est tout au plus une tête d’épingle, un parc public de Laeken. Carte point microscopique dans le contexte postale ancienne (coll. Banque urbain actuel (fig. 1). Pourtant, ce lieu, Dexia © ARB-MRBC). avec ses fossés et ses levées de terre, té- moigne de ce qu’il y eut, bien avant la fondation de Bruxelles, des «bâtisseurs»

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qui jetèrent leur dévolu sur ce plateau pour en faire un site fortifié, autrement dit un morceau de territoire sensible, à vocation bien définie1. La nature ap- paraît ici, après modelage et jardinage de l’assiette (fig. 2), comme magnifiée, comme sublimée. C’est un peu comme si un génie des lieux était intervenu pour lui insuffler un certain esprit: en effet, une simple portion de territoire s’est transformée en un site à haute va- leur ajoutée et symbolique.

Plus tard, les défrichements et travaux de mise en valeur de terres par les commu- nautés religieuses et les élites laïques bé- néficièrent des innovations techniques touchant les instruments aratoires. La prise de possession des sols eut pour conséquence une augmentation de leur rendement, mais aussi la mise en place Fig. 1 de droits d’usage et de prescriptions des- tinés à assurer une meilleure gestion des Relevé topographique du site de Boitsfort-Étangs. Les eaux et des terres. Lorsque les détenteurs traits gras représentent les de droits faisaient procéder à un défri- fossés, tandis que les chevrons chement en vue d’une mise en culture, indiquent les levées de terre ils veillaient à placer des bornes, voire (CABUY, Y., DEMETER, S., même à planter des arbres corniers et Watermael-Boitsfort, Ministère des haies mitoyennes ou à creuser des de la Région Bruxelles- Capitale/Musées royaux fossés pour délimiter leur terrain. Ces d’Art et d’Histoire, Bruxelles, divers travaux furent réalisés lentement, 1994, p. 51 (Atlas du sous-sol par étapes, au fur et à mesure de l’ins- archéologique de la Région tallation et de l’organisation de com - de Bruxelles, 9). munautés d’habitants dont la prospéri- té dépendait fortement de la qualité de la terre. Petit à petit, des structures pay- sagères variées prirent donc forme en fonction des contraintes du sol et de l’eau. La constitution de ces structures fut associée à l’apparition d’un senti - ment nouveau, d’une appréhension ori- ginale de l’espace, que reflètent certaines représentations picturales élaborées dans nos régions à partir du XVIÃ siècle (fig. 3). Ces œuvres d’art eurent comme conséquence que l’œil tendit à s’ha - bituer à certains paysages, alors qu’ils étaient en réalité le fruit de travaux de défrichement et de terrassement impor- tants, exprimant une volonté et une rup- ture, d’abord dans le parcellaire forestier ou agricole, ensuite, ne ement plus tard, dans la géographie urbaine.

S’il fut doublé d’un phénomène d’ar- tialisation in visu, c’est-à-dire d’une transformation indirecte du pays en paysage par la représentation

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Fig. 2 Les fossés et levées de terre du site fortifi é Michelsberg de artistique et par la médiation du re- Boitsfort-Étangs (© MRBC). gard, au départ, le travail du terrain et le génie rural n’avaient pas à pro- prement parler une vocation paysa- giste. Pour que l’on puisse parler de paysagisme, il faut qu’il y ait une ar- tialisation in situ, soit une interven- tion directe et profonde sur l’objet naturel par un spécialiste de l’amé- nagement paysager2 . Le relief et le régime hydrographique d’origine d’une portion de territoire sont, dans ce cas, plus ou moins fortement mo- difi és, afi n de créer une nouvelle per- Fig. 3 ception de l’espace et un authentique Abel Grimmer, L’été, 1599 dépaysement. Ce type d’intervention, (MRBAB © IRPA-KIK). qui s’inscrit toujours dans des codes artistiques propres à une époque et à une forme de culture, voire même à un régime politique, connut son apogée en Belgique et à Bruxelles sous le règne de Léopold II, notamment au travers des parcs qu’il fit lui-même créer, tels le Maria Hendrikapark à Ostende, le parc de Tervuren, le parc Josaphat à ou le parc de Woluwe.

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NOTE TECHNIQUE CONCERNANT Les déblais se faisaient souvent aussi par Dans la seconde moitié du XIXà siècle, LA RÉALISATION DE TRAVAUX « jet sur banquette », ce qui nécessitait la deux tendances s’opposèrent en Bel - DE TERRASSEMENT construction d’échafaudages ou de rampes gique, et en particulier à Bruxelles, provisoires. Dans un sol réputé boueux, quant à la façon de concevoir et de Le but des travaux de terrassement un blindage ou étrésillonage en planches créer un jardin à l’anglaise, style domi- de bois était aménagé lors des travaux de est de réaliser un modelage du terrain nant dans l’art des jardins du continent correspondant aux choix esthétiques faits fouilles. depuis environ un siècle. La première, lors de l’élaboration d’un projet. Avant d’entamer ces travaux, il est conseillé d’avoir Il est intéressant de noter que, dans son incarnée par deux architectes paysa - une parfaite connaissance de la nature du sol Traité général de la composition des parcs gistes d’origine allemande actifs dans et de ses composantes physico-chimiques. et jardins, publié en 1879, le paysagiste notre pays, Louis Fuchs et Edouard Kei- 4 Une fois le relevé de la situation existante Edouard André donne des indications lig, était l’héritière de la tradition clas- au sujet du résultat devant être obtenu, effectué et le plan général de composition sique du jardin anglais du XVIIIà siècle, imaginé, les travaux préparatoires peuvent à l’époque, sur une journée de travail de dont le domaine du château de Laeken, être commencés, en tenant compte des 10 heures. Ainsi, un terrassier chargeait coupes longitudinales et transversales par jour 20 m3 dans des brouettes, 15 m3 aménagé à partir de 1781 par l’archidu- qui constituent les éléments de base d’un dans des tombereaux et 10 m3 dans des chesse Marie-Christine d’Autriche et projet. Ces plans permettent d’évaluer les hottes ou des seaux. Sachant qu’il faut son époux, le duc Albert de Saxe-Tes - dépenses de remblayage ou d’extraction, approximativement onze brouettes pour chen, gouverneurs généraux des Pays- un m3, on a peine à imaginer aujourd’hui, à ainsi que de transport de terres, en fonction Bas autrichiens, était un exemple si - des divers aménagements à réaliser. l’heure où existent les tracteurs et véhicules à chenilles, l’énormité du travail fourni mais gnificatif, avec son réseau complexe de Généralement, sur un site où l’on entreprend aussi l’immense quantité de terres déplacées chemins sinueux et ses fabriques. La la création d’un parc ou d’un jardin, des par ces jardiniers pour « artialiser » un site. Si seconde, plus moderne et correspon - interventions préliminaires sont à faire, tels le sol était porteur, les pentes plus douces dant mieux aux a entes sociales et hy- que des abattages, des furetages ou des et les distances plus longues, il était possible giénistes d’une société industrialisée à d’utiliser soit un charretier accompagné dépressages, afin de donner aux arbres outrance, était directement inspirée de subsistants davantage de place, d’air et de de son cheval et d’un tombereau, soit des l’exemple des parcs publics créés à Paris lumière. Une fois ces opérations achevées, wagonnets sur des rails étroits, ce qui les terrassements proprement dits peuvent rendait le transport plus rapide et plus sûr. sous Napoléon III par le baron Hauss- commencer, à savoir l’ensemble des mann et son équipe, composée no - travaux visant à optimiser le ressuyage, la Aux travaux de fouille des terres s’ajoute le tamment de l’horticulteur-paysagiste percolation, ou encore l’augmentation de la répandage (ou régalage) grossier de celles-ci ; Jean-Pierre Barillet-Deschamps, le créa- toujours selon Edouard André, le terrassier capacité de rétention d’un sol, et dont les teur du célèbre parc des Buttes-Chau- bases de mise en œuvre reposent encore devait mener cette opération à raison de 16 2 mont. Le genre anglais modifié d’après et toujours sur les techniques des sciences m par heure. Le ressuyage tient compte de agronomiques et du génie rural. la mise en place des terres et du nivellement les idées de l’école paysagère française fin du terrain. Diverses modulations peuvent du Second Empire favorisait les tra - En règle générale, un défoncement du être réalisées en fonction du type de projet cés rationnels et le goût des courbes à sous-sol s’impose dans les zones qui et de la destination finale des parcelles. grandes sections conduisant directe- Ces modulations nécessitent parfois des restent en place ; mais si un dressement ou ment au but; les adeptes du french s le vallonnement du terrain s’avère nécessaire, soutènements lourds, pour souligner la remodelaient en général complètement le déblai ou le remblai de terres doit être scénographie, ou des interventions plus exécuté. Une évolution très importante a légères, telles la réalisation de « cabochons », l’assie e du site travaillé et pratiquaient pu être observée dans les opérations de petites zones bombées destinées à mettre une artialisation très poussée, au détri- déblai/remblai, avec le passage d’un travail en valeur une mosaïculture, un parterre, une ment de la vraie nature3. essentiellement manuel à la mécanisation. plate-bande ou encore un arbre isolé ou en groupe. Une fois les terres mises en place, À l’époque de la création du parc public Ne pouvant traiter ici de l’ensemble de Laeken, l’intervention des ouvriers on procède à un nivellement fin. Les grandes des réalisations de ce e période, nous terrassiers était organisée comme suit : à surfaces sont travaillées à la herse, tandis la base se trouvait le piocheur, qui était que les petites sont raclées ou râtelées au avons choisi de présenter trois jardins aidé, en fonction de la nature du terrain, rabot, planche fixée à un long manche en qui, ayant fait l’objet d’une forte ar - par des chargeurs équipés de brouettes forme de râteau. Enfin, le sol est damé ou tialisation, fournissent un éclairage ou par des porteurs munis de hottes cylindré (à l’époque, à bras d’homme), et des plus significatif sur l’art paysa- cela, en fonction de la surface, soit avec voire même de seaux. Les piocheurs ger du modelage du sol: tout d’abord, ou puisatiers travaillaient par « jet sur un bloc de bois appelé « dame », soit avec le parc public de Laeken, né de la vo - berge » ou à l’horizontale ; les porteurs, un rouleau plombeur, afin d’obtenir des quant à eux, fonctionnaient par relais. raccords parfaits. lonté d’un souverain; ensuite, le do - maine de la Héronnière à Watermael- Boitsfort, jardin privé commandé par un représentant de la haute bourgeoi- sie à l’un des meilleurs architectes paysagistes belges de l’époque; enfin, le parc du Cinquantenaire, conçu au départ comme lieu pour l’organisa - tion de grandes expositions.

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Fig. 4 Projet pour l’aménagement du domaine royal et du parc LE PARC PUBLIC DE LAEKEN composantes paysagères encore pré- public de Laeken, Grégoire, sentes, il est parfaitement possible de 1876 (© Archives du Palais royal, Bruxelles). Le parc public de Laeken, créé à l’ini - différencier le site d’origine du paysage tiative de Léopold II sur base d’un plan «artialis鍻, bien que les deux se retrou- dressé en 1876 par l’ingénieur des Ponts vent harmonieusement mêlés5. et Chaussées parisien Grégoire (fig. 4) –plan qui faisait suite à plusieurs avant- L’archiviste Louis Galesloot, qui ten- projets dressés par Edouard Keilig et ta de tirer parti de l’important tra - par Jean-Pierre Barillet-Deschamps, vail de nivellement lié à la création en mort en 1873– est l’un des exemples cours du parc et de ce qu’«une légion belges et bruxellois les plus représenta- de terrassiers» était employée sur les tifs de la typologie du parc french s le. lieux, reprit en 1877 les fouilles en - En confrontant les recherches d’ar - tamées précédemment sur le site de chives et de cartographie ancienne la villa romaine du Stuyvenberg, sise aux résultats des études pédologiques au sud-ouest du futur espace vert, du et aux analyses du microrelief et des côté de la fontaine et de la chapelle

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Fig. 5a Le monument à Léopold Ier du parc public de Laeken, vu depuis le château royal. Carte postale ancienne (coll. Banque Dexia © ARB-MRBC).

Fig. 5b Le monument à Léopold Ier du parc public de Laeken (A. de Ville de Goyet, 2012 © MRBC).

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Fig. 6 Le parc public de Laeken. Carte postale ancienne (coll. Banque Dexia © ARB-MRBC).

Sainte-Anne. Dans une communica - intéressant de noter que ces restes fu- des lignes concaves et convexes, utilisées tion faite en 1879 à l’Académie royale rent partiellement intégrés au relief en plan mais aussi en relief, donnait une de Belgique, il se plaint du peu de soin du nouveau parc. dimension spatiale nouvelle au site. De avec lequel les vestiges antiques ont manière générale, le terrain fut imaginé été traités par les terrassiers et leur Le plan du parc s’articulait autour d’un en creux dans les axes principaux des pe- surveillant délégué par le Ministère axe majeur, à forte connotation symbo- louses et relevé sur les côtés, afin de pou- des travaux publics: «Avec les der - lique, unissant le château royal à un mo- voir y appuyer les massifs et les groupes niers vestiges de l’antique édifice ont nument à ériger à la mémoire de Léo- d’arbres. La concavité générale du val- aussi disparu ses limites agraires, qui pold Ier, mort en 1865 (fig. 5a et fig. 5b). lonnement était destinée à donner une se dessinaient en forme de hauts ta - Ce mémorial, placé au centre et au som- plus grande ampleur à l’espace et à allé- lus à ses abords. À proximité, un che- met de l’espace vert conçu «pour le ger le poids visuel du terrain. Une trame min creux, que je n’hésite pas à consi- peuple» –et dont le style néogothique «viaire», constituée de chemins aux dérer comme datant de cette époque était un signe que l’art gothique suscitait courbes étirées, sécantes ou tangentes, [romaine], servait également de ligne à l’époque, dans une nation qui se cher- et d’une large envolée, fut dessinée sur de démarcation à l’exploitation agri- chait une identité, plus d’enthousiasme les pelouses vallonnées. La figure la plus cole. Ce e destination, il la remplira que l’art romain– devait être inauguré utilisée était le S, qui accentuait le jeu de encore pour le nouveau parc, puisqu’il dans le cadre des célébrations du cin- formes concaves et convexes et donnait le bornera partiellement (…)»6. Si cer- quantième anniversaire de la Belgique. ainsi du mouvement au parc. taines traces situées à proximité de la De part et d’autre de cet axe, le parc pay- villa du Stuyvenberg témoignaient in- sager french style était constitué de val- Il est important d’observer combien, contestablement de travaux agricoles lonnements enherbés –non accessibles malgré le fait que l’on avait ici affaire ancestraux, l’archéologue les attri- au public à l’époque!– créés par raba e- à une géométrie extrêmement souple, bua sans doute un peu vite à l’époque ment ou surélévation par rapport à l’as- très éloignée de la rigueur symétrique romaine7. Quoi qu’il en soit, il est siette générale du terrain. Le principe des jardins français du Grand Siècle,

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ces espaces étaient pensés et hiérarchi- du jardin paysager8. Le parc de la Héron- sés. Ainsi, les corbeilles de fleurs étaient nière fut longuement décrit dans un ar- légèrement bombées; les arbres étaient ticle paru en 1911 dans le prestigieux plantés sur des mamelons (ou «cabo - magazine français La vie à la campagne9 chons») de terre afin de les me re en va- (fig. 10, fig. 11 et fig. 12). L’auteur, Albert leur et d’isoler mieux les essences rares; Maumené, partisan du retour au jardin le tracé des allées fut établi en contrebas régulier, considérait le style paysager du niveau des pelouses afin de ne pas comme désuet, mais admettait cepen- perturber la continuité du regard. Grâce dant qu’il était le seul à pouvoir conve- à ces ondulations du sol, certaines par- nir à la propriété Morel, compte tenu ties situées en dehors du site y étaient des mouvements naturels de son sol. harmonieusement intégrées. Le travail Le travail de Jules Buyssens consista du terrain à grande échelle perme ait notamment à établir une liaison sans de rendre floues les limites véritables heurts entre les deux parties du do - du parc; il n’y avait pas de clôture, pas maine par d’importants travaux de ter- d’entrée non plus, ce qui pouvait rendre rassement : d’une part, le haut, au re - la lecture de l’ensemble confuse. Le pay- lief très accidenté, où un premier parc sage voisin en devenait comme em - paysager épousant les inflexions natu- prunté; diverses focales hors des limites relles du sol avait été aménagé en 1877 du parc devaient être avantageusement par Louis Fuchs; d’autre part, le bas de comprises dans la scénographie tridi- la propriété, nouvellement acquis et mensionnelle imaginée (fig. 6 et 7a-b). constitué de terrains en partie rem - blayés par du sable provenant de la création contemporaine du boulevard LE DOMAINE du Souverain. L’allée d’accès, qui re - DE LA HÉRONNIÈRE liait, sur une longueur de 450 m, l’en- À WATERMAEL-BOITSFORT trée principale du domaine –sise en son point le plus bas– au seuil du château Étant donné la place prépondérante –situé 19 m plus haut– était encaissée, occupée, à partir du milieu du XIXà à son départ, entre des enrochements siècle, par Louis Fuchs et Edouard Kei- formant comme des falaises et destinés lig dans la création de jardins paysagers à soutenir des talus couverts de mas - à l’anglaise en Belgique, les exemples sifs d’arbres10. Si les rochers étaient ar- bruxellois et belges d’application des tificiels, il n’y eut en revanche pas d’ap- techniques de modelage du sol caracté- port de terres pour créer ce mouvement ristiques du style paysager dans sa for- très accentué du sol. Celui-ci était dû au mule française du Second Empire ne fu- déblai important effectué à cet endroit rent pas légion. Outre le parc public de pour se raccorder avec le niveau du bou- Laeken, il faut mentionner le jardin du levard du Souverain. Les rochers furent château de la Héronnière, situé à Water- construits afin de pouvoir conserver la mael-Boitsfort, à la lisière de la forêt de végétation arborescente préexistante. Soignes, surplombant la vallée de la Wo- Dans ce cas-ci, ils avaient donc une luwe et le boulevard du Souverain (fig. 8, fonction de soutènement et n’étaient fig 9a et fig 9b). Le parc de ce e proprié- pas purement décoratifs; ils furent re- Fig. 7a (haut) té d’une vingtaine d’hectares, qui appar- couverts de plantes saxatiles, destinées tenait au commandant Armand Morel- à les cacher partiellement et à leur don- Le parc public de Laeken. Carte postale ancienne (coll. Jamar, fut dessiné et créé à partir de 1905 ner de la sorte un caractère naturel. Un Banque Dexia © ARB-MRBC). par l’architecte de jardins belge Jules potager fut aménagé à l’extrémité supé- Buyssens. Il s’agissait de l’une des pre- rieure de la propriété, du côté de la forêt mières réalisations en Belgique de ce- de Soignes, ce qui occasionna d’impor- Fig. 7b (bas) lui qui avait tout récemment été nom- tants travaux de terrassement: en effet, Le parc public de Laeken. mé inspecteur des plantations de la Ville un mur de soutènement de sept mètres Dénivellation de terrain aux abords du monument de Bruxelles, à son retour d’un séjour de de haut fut construit, de manière à pré- à Léopold Ier (A. de Ville de plusieurs années à Paris, où il avait été server un ravin naturel et pi oresque, Goyet, 2012 © MRBC). directeur de travaux au sein du bureau qui fut pourvu d’un pont rustique. Les de l’architecte paysagiste Edouard An- sources découvertes au cours des tra - dré, disciple de Jean-Pierre Barillet-Des- vaux réalisés dans les parties infé - champs et important théoricien de l’art rieures du domaine furent captées et

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Fig. 8 Le boulevard du Souverain avec, à l’arrière plan, le domaine de la Héronnière. Carte postale ancienne (coll. Banque Dexia © ARB-MRBC).

Fig. 9a Entrée du domaine de la Héronnière à Watermael- Boitsfort. Carte postale ancienne (coll. Banque Dexia © ARB-MRBC).

Fig. 9b L’entrée du domaine de la Héronnière aujourd’hui (A. de Ville de Goyet, 2012 © MRBC).

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Fig. 10 Plan du parc du domaine de mises en valeur par des rochers arti - fait avant lui Louis Fuchs, qui s’ins - la Héronnière à Watermael- ficiels, d’où l’eau semblait jaillir natu- crivait dans la tendance classique du Boitsfort (MAUMENÉ, A., « Le rellement, avant de former des petits jardin paysager à l’anglaise (fig. 13); château de la Héronnière. Au ruisseaux. Ici aussi les enrochements d’autre part, donner à cet endroit, par Commandant Morel-Jamar, Boitsfort, près Bruxelles n’avaient pas seulement une fonction un modelage du sol accentué et par le (Belgique) », La vie à la décorative et esthétique‹: ils servaient à recours à l’art de la rocaille, caractéris- campagne, X, 124, 15 novembre préserver les sources naturelles du gros tiques des parcs paysagers créés dans la 1911, p. 286 © Bibliothèque remblai établi entre elles et l’allée d’ac- capitale française sous le Second Em - René Pechère, Bruxelles). cès, pour protéger le parc des poussières pire, un aspect construit et quelque du boulevard du Souverain. peu artificiel, qui devait toutefois être Tout l’art de Jules Buyssens fut de trou- caché. Dans cet art de la dissimula - ver un équilibre subtil entre deux tion, Jules Buyssens était le digne hé - exigences‹: d’une part, tirer parti des ritier de son ancien patron Edouard dispositions naturelles du lieu et res - André, qu’il venait tout juste de quit- pecter le genius loci, comme l’avait déjà ter. En effet, l’architecte paysagiste

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français accordait un soin tout parti - culier au modelage du sol, mais avec la préoccupation constante que le terras- sement, une fois achevé, semble n’avoir jamais été exécuté. Il considérait les ro- chers comme un accessoire utile, mais souhaitait qu’ils soient le plus possible dissimulés. Il s’en servait par exemple pour rompre un talus trop rapide et Fig. 12 former un mouvement plus varié que celui du talus ordinaire des chemins Une des sources de la 11 Héronnière (MAUMENÉ, A., de fer . « Le château de la Héronnière. Au Commandant Morel-Jamar, LE PARC DU CINQUANTENAIRE Boitsfort, près Bruxelles (Belgique) », La vie à la Les parcs présentés précédemment se campagne, X, 124, 15 novembre ra achent tous deux au genre paysa - 1911, p. 290 © Bibliothèque René Pechère, Bruxelles). ger french style. Ce choix, justifié par le caractère significatif et fortement marqué de l’intervention paysagère dans ce type de créations, ne doit pas occulter le fait que les travaux de ni- vellement et l’artialisation n’étaient pas réservés exclusivement à ce style très particulier de l’art des jardins. En effet, le modelage de l’assie e pouvait également concerner des réalisations d’un genre très différent. Pour ne prendre qu’un seul exemple, contem- porain du parc public de Laeken, l’aménagement du parc du Cinquan- Fig. 11 tenaire, témoin rare du style Beaux- L’allée d’accès au domaine de la Héronnière Arts de l’art des jardins12 en Belgique, (MAUMENÉ, A., « Le château de la Héronnière. Au Commandant Morel-Jamar, Boitsfort, près nécessita un important travail du ter- Bruxelles (Belgique) », La vie à la campagne, X, rain, s’apparentant à celui du génie et 124, 15 novembre 1911, p. 288 © Bibliothèque René de l’architecture militaires (fig. 14). Pechère, Bruxelles). L’idée maîtresse de Léopold II pour cet espace vert ayant été de créer une Fig. 13 nouvelle porte d’accès à la capitale, ce majestueux axe longitudinal s’éten- Le domaine de la Héronnière à Watermael-Boitsfort. Carte dait comme un tir, créant ainsi un postale ancienne (coll. Banque champ visuel exceptionnel de l’exté- Dexia © ARB-MRBC). rieur vers l’intérieur de la ville et ré- ciproquement.

S’il se dégage de l’ensemble, dont la réalisation fut confiée à l’architecte Gédéon Bordiau, un sentiment d’évi - dence, ce n’est cependant que très pro- gressivement que la transformation de ce lieu, ancien champ de manœuvres militaires destiné à servir de site de grandes expositions, évolua vers un projet d’urbanisme à grande échelle, avec tracé orthonormé et régulier. Pour l’Exposition nationale de 1880, organisée à l’occasion de la célébra - tion du cinquantième anniversaire

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Fig. 14 Parc du Cinquantenaire, Bruxelles (W. Robberechts © MRBC).

de l’indépendance de la Belgique, les CONCLUSION jardin achevé, car, au contraire d’un architectes paysagistes Fuchs et Kei- bâtiment, tout le travail exécuté dis- lig créèrent des jardins de style pi o- On tend souvent à minimiser l’im - paraît sans laisser de traces sous le re- resque sur certaines parties du terrain, portance des travaux de terrassement vêtement des gazons, les groupes de jardins qui seraient ensuite détruits. dans la création d’un parc. En effet, plantations, etc.»13 . D’autre part, si l’effet grandiose obte- très peu de personnes visitant un jar- nu, audacieux pour l’époque, servit din sont capables de dépasser son as- Ces quelques pages ne suffisent mal - d’axe à une parfaite symétrie bilatérale pect purement esthétique et d’ima - heureusement pas à couvrir l’inté - pour les bâtiments, la création du parc giner la somme de labeur que cache gralité de la matière, qui est particu - du Cinquantenaire n’était sans doute ce beau résultat. C’est ce qu’a expri - lièrement riche et complexe. Nous pas réaliste au vu des grandes diffé - mé Albert Maumené dans son ar - espérons toutefois qu’elles permet- rences de niveau du site. D’énormes ticle sur le domaine de la Héronnière, tront d’ouvrir des portes et de lancer travaux de terrassement durent être exemple de parc où le modelage du sol des pistes de réflexion utiles à des re - entrepris, afin que l’arcade pût occuper et le paysagisme furent poussés à leur cherches ultérieures sur le paysagisme le point le plus élevé du site. Ce n’est paroxysme: «Aujourd’hui que le ga- à Bruxelles au tournant des XIXà et qu’à travers une modification pro - zon recouvre les parties remblayées XXà siècles. L’objectif de cet article était fonde de la disposition naturelle de ce- ou déblayées après le modelage gra - aussi de faire comprendre au public lui-ci qu’il fut possible d’aménager un cieux des vallonnements, que des amateur de parcs et jardins qu‘au-de - parc régulier, constitué d’un ensemble roches surgissent des parties abruptes là de leurs aspects visibles et agréables de composantes traitées en surfaces et que des masses compactes ou des pour l’œil, il y avait en amont un tra - et en volumes géométriques. Il s’agis- groupes dégagés de plantations (…) vail considérable faisant appel à des sait donc d’un geste fort, faisant tota- se mêlent aux anciennes futaies, (…) techniques spécifiques, un autre «art lement abstraction du parcellaire exis- et meublent les clairières, il est diffi- de construire». tant. La comparaison de la disposition cile de se rendre compte de la somme générale du volume bâti et de la trame de travail accomplie et des difficultés viaire, très ambitieuses, avec la réalité vaincues pour ceux qui ne sont pas du du terrain éclaire toute la complexité bâtiment. Rien n’est plus ingrat, en ef- des projets paysagers de Léopold II. fet, pour témoigner de l’effort, qu’un

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NOTES 5. Une étude historique et 10. Pour la réalisation des Another “art of building”: landscaping 1. CABUY, Y., DEMETER, S., paysagère fut menée à ce sujet travaux de rocaille, Jules Watermael-Boitsfort, Ministère en 2008 par Benoît Fondu Buyssens s’entoura de la colla- and rural engineering de la Région de Bruxelles- et Mimi Debruyn. La partie boration de l’un des meilleurs Capitale/Musées royaux d’Art strictement historique de spécialistes en la matière, The art of building applied to gardens celle-ci fut publiée dans DE- Dumilieu, F., Cf. Annuaire du et d’Histoire, Bruxelles, 1994, involves direct and radical implementation p. 33-36, 48-55 (Atlas du sous- BRUYN, M., « Het publieke commerce. Bruxelles et ses sol archéologique de la Région park van Laken, voor het volk, faubourgs, 1912, 3, p. 1989 ; DE of a landscape architect’s design on the de Bruxelles, 9). naar Parijs model maar Engels BRUYN, O., « Le béton dans geïnspireerd », Laca Tijdingen, l’art des jardins », Les Nouvelles natural land. In this case, the original 2. C’est au philosophe français XX, 2, 2008-2009, p. 21-38. du Patrimoine, 132, juillet-sep- topography and water regime of an area Alain Roger (Court traité du tembre 2011, p. 48-51. paysage, éditions Gallimard, 6. Bulletins de l’Académie of land are altered to a greater or lesser royale des Sciences, des 11. MAUMENÉ, A., ANDRÉ, R. Paris, 1997, p. 16-20) que l’on extent to create a new perception of the doit cette distinction entre Lettres et des Beaux-Arts de É., GIBAULT, G., « Deux siècles e les deux façons d’artialiser la Belgique, 2 sér., XLIV, 1877, de jardins à l’anglaise », La vie space and a real change of scenery. This nature (expression empruntée p. 833-834 ; XLVII, 1879, p. 903- à la campagne, IX, 108, 15 mars type of work is always subject to the à Montaigne) et de « créer » 904. 1911, p. 188. un « paysage » au départ d’un 7. MEGANCK, M., 12. Le « style Beaux-Arts de artistic codes of a particular time and « pays » : in visu et in situ. GUILLAUME, A., Bruxelles. l’art des jardins » se défi nit par a form of culture. The best preserved Laeken, Direction des Monu- trois caractéristiques : une 3. Sur l’opposition entre les examples in date from the reign of adeptes des écoles paysagères ments et des Sites - Musées homogénéité des critères de allemande et française en royaux d’Art et d’Histoire, conception et de compo- King Leopold II. In and Brussels, Belgique dans la seconde Bruxelles, 2012, p. 38-39, 113-114 sition des espaces urbains, from the mid-nineteenth century, Germans moitié du XIXe siècle, voir (Atlas du sous-sol archéologique bâtiments et espaces ouverts BURVENICH, F., « Architecture de la Région de Bruxelles, 24). ou naturels ; un éclectisme Louis Fuchs and Edward Keilig were de jardins », Revue de l’horti- 8. ANDRÉ, E., L’art des jardins. du langage formel fondé sur among the leading landscape gardeners culture belge et étrangère, VI, Traité général de la compo- une connaissance de l’histoire 1880, p. 253-255 ; DE BRUYN, sition des parcs et jardins, des jardins depuis l’Antiquité ; in the “English” style, while at the same O., FONDU, B., « De la pagode Masson, Paris, 1879. une recherche d’équilibre, time terrain modelling techniques were une attitude syncrétique face chinoise à l’araucaria du Chili. 9. MAUMENÉ, A., « Le château also employed that were characteristic Apports étrangers dans l’art à l’antagonisme traditionnel de la Héronnière. Au Comman- entre le jardin géométrique et des jardins bruxellois (XVIIIe- dant Morel-Jamar, Boitsfort, of the landscape style of the French e le jardin paysager. Cf. SOLA- XX siècle) », in DUMONT, P., près Bruxelles (Belgique) », La Second Empire, known as “French style” VANDER BRUGGHEN, B. (dir.), MORALES (de), I., « Le jardin vie à la campagne, X, 124, 15 Beaux-Arts », in MOSSER, M., landscaping. Two examples are discussed, Venus d’ailleurs, Région de novembre 1911, p. 286-291. Bruxelles-Capitale, Bruxelles, TEYSSOT, G. (dir.), Histoire des the public park of Laeken and the 2009, p. 98-107. jardins de la Renaissance à nos jours, Flammarion, Paris, 1991, private garden of La Héronnière castle in 4. ANDRÉ, E., L’art des jardins - p. 395-404. Traité général de la compo- Watermael-Boitsfort. This choice, based sition des parcs et jardins, 13. MAUMENÉ, A., « Le on the signifi cant and highly characteristic Masson, Paris, 1879, p. 256. château de la Héronnière… », p. 286. landscaping projects in this creative fi eld, should not obscure the fact that the levelling and “artialisation” operations were not confi ned solely to this very particular style of garden art. Indeed, sites could be remodelled for projects of a very diff erent kind. A contemporary example of the other two is the landscaping of the Cinquantenaire Park, a rare example of the Beaux-Arts style of garden art in Belgium, which required extensive earthworks, not dissimilar to military architecture and engineering. Leopold II’s master plan for this green space was to create a new gateway to the capital.

-PB 003-FR-def.indd 115 12/08/12 23:33 COMITÉ DE RÉDACTION GRAPHISME IMAGE DE COUVERTURE Jean-Marc Basyn, Stéphane Demeter, supersimple.be Palais 5 (Brussels Expo) Paula Dumont, Cecilia Paredes et Brigitte (Chr. Bastin & J. Evrard © MRBC) Vander Brugghen avec la collaboration d’Anne- Sophie Walazyc pour le Cabinet du Ministre- IMPRESSION Président chargé des Monuments et Sites. Dereume Printing LISTE DES ABRÉVIATIONS AAM – Archives d'Architecture Moderne REMERCIEMENTS ARB – Académie royale de Belgique COORDINATION DE PRODUCTION AVB – Archives de la Ville de Bruxelles Koen de Visscher Philippe Charlier, Julie Coppens, Marcel Vanhulst IRPA – Institut royal du Patrimoine artistique KBR – Koninklijke Bibliotheek van België / RÉDACTION ÉDITEUR RESPONSABLE Bibliothèque royale de Belgique MRAH – Musées royaux d’Art et d’Histoire Dossier : Patrick Burniat, Bernard Espion, Philippe Piéreuse, Direction des Monuments MRBAB – Musées royaux des Beaux-Arts de Odile De Bruyn, Rika Devos, Benoît Fondu, et des Sites de la Région de Bruxelles-Capitale, Belgique Pierre Halleux, Leen Lauriks, Géry Leloutre, CCN – rue du Progrès 80, 1035 Bruxelles Piet Lombaerde, Michel Provost, Véronique MRBC – Ministère de la Région de Bruxelles- Les articles sont publiés sous la responsabilité Samuel-Gohin, Joris Snaet, Elisabeth Van Besien, Capitale – Centre de Documentation de de leur auteur. Tout droit de reproduction, Ine Wouters l’Administration du Territoire et du Logement traduction et adaptation réservé. Plus : David Attas, Paula Dumont, Michel Provost, MVB – Musées de la Ville de Bruxelles Brigitte Vander Brugghen. SPW – Service public de Wallonie ULB – Université libre de Bruxelles CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES La majorité des documents ont été fournis par TRADUCTION les auteurs et proviennent de diverses collections Gitracom ISNN (références mentionnées à chaque illustration). 2034-578X Malgré tout le soin apporté à la recherche RELECTURE des ayants droit, les éventuels bénéficiaires DÉPÔT LÉGAL Elisabeth Cluzel et le comité de rédaction. n’ayant pas été contactés sont priés de se D/2012/6860/12 manifester auprès de la Direction des Monuments et des Sites de la Région de Bruxelles-Capitale. Dit tijdschrift verschijnt ook in het Nederlands onder de titel Erfgoed Brussel.

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