26 24heures | Samedi-dimanche 16-17 mars 2013 HISTOIRE D’ICI Quand Gustave résidait en famille à Vevey Une plaque commémorant l’ingénieur vient d’être inaugurée près du Port-Eiffel

La plaque a été posée la semaine 1893 dernière à Vevey. CHANTAL DERVEY Christophe Boillat

l y a dix jours, Vevey s’est vu décorer d’une nouvelle plaque commémora- tive, commandée et payée par la Ville. Installée à l’Ouest de l’ancienne Vibis- cum, près de chez Nestlé, elle rend hommage à l’un de ses plus glorieux Ivisiteurs: (1832-1923). L’ingénieur français est porté par ses immenses réussites lorsqu’il achète une propriété sise à cheval sur Vevey et Cor- seaux. L’industriel dijonnais a déjà réalisé entre autres le pont de la gare Saint-Jean, quienjambelaGaronneàBordeaux(1858), le viaduc de Garabit (1884), la statue de la Gustave Eiffel et sa fille Claire Liberté dessinée par Auguste Bartholdi Gustave Eiffel dans le jardin de sa villa, où il venait se reposer tous les étés. AFP/RÉUNION DES MUSÉES NATIONAUX à bord de La Walkyrie. DR (1886)etsatourparisienneéponyme(1887- 1889),réaliséed’aprèslesplansdeMaurice ce yacht à vapeur de 19 m jusqu’à sa mort, Koechlin,secondéparEmileNouguier(lire en1923.L’embarcationestaujourd’huian- ci-contre). L’un des pères de la tour vivait à Veytaux crée à Hermance (GE). A Vevey, Eiffel n’a Gustave Eiffel serait venu pour la pre- pasconstruitdepontnidetourmaisilapris mière fois en Suisse en 1881. Il aurait alors des clichés. Notamment durant la Fête des résidé chez son ami Bartholdi, qui possé- U Maurice Koechlin est engagé en 1879 1889. Dans un premier temps, Gustave vigneronsde1889.LeMuséedelaConfrérie dait une villa à Choëx (VS). Les deux sillon- par Gustave Eiffel. Cet ingénieur, né en Eiffel n’est pas intéressé. Mais il les des Vignerons à Vevey conserve plusieurs nent le coteau montheysan, explorent le 1856 à Buhl (Alsace) dans une famille autorise à poursuivre leur étude et photos.Idempourl’éditionde1905durant Chablais et, selon certaines sources, fré- d’origine suisse, est tout juste diplômé change d’avis après qu’un autre laquelle ses filles auraient été figurantes. quentent la loge maçonnique Progrès et du Polytechnikum de Zurich. Il a suivi ingénieur maison, Stephen Sauvestre, Vérité à Bex. les cours de Karl Culmann, fondateur présente une esquisse un peu plus Généreux avec les pauvres de la statistique graphique. «habillée». Un brevet est déposé en GustaveEiffel,quipossèdeunegrandefor- Il mitraille les vignerons Au sein de l’entreprise de travaux septembre 1884 sous la mention Eiffel, tune, en partie déposée dans une banque EiffelacquiertdoncunbiensurlaRivierale publics Etablissements Eiffel, l’ingé- Nouguier, Koechlin. Deux mois plus de Vevey, est un homme généreux. Dès 7 janvier 1893. C’est le banquier veveysan nieur Koechlin apporte son savoir-faire tard, Eiffel, qui va financer le projet à 1896, la Feuille d’Avis de Lausanne informe Cuénodquiluivend1hectaredeterrainsur en matière de constructions métalli- hauteur de 7 millions, rachète le brevet qu’iloffre1000 francsparanàlaMunicipa- lequel se dresse une villa érigée en 1860. ques. Il participe ainsi à l’édification du de sa future tour; qui sera érigée en lité. Ces sommes sont reversées à des éta- SelonGeorgesCharotton,anciensyndicde viaduc de Garabit mais encore à La Li- deux ans. Il devient célèbre. Koechlin blissements charitables. Corseaux, le prix est de 160 000 francs. berté éclairant le monde, dessinée par n’a pas pris ombrage de cela, il l’a écrit Anoterqu’unpeuplusàl’ouestduport, Eiffel demande à son architecte Victor Auguste Bartholdi. Koechlin est même sans ambages. Même s’il a dit un jour: l’année du décès d’Eiffel, en 1923, un cer- Chaudet d’agrandir la maison de vacances en charge du projet et des calculs de «Le père de la Tour c’est Eiffel, l’idée et tain Charles-Edouard Jeanneret-Gris plus avec un hall et une véranda. l’ossature intérieure de la statue les calculs, c’est moi.» connusouslepseudonymedeLeCorbusier Il y vient tous les étés avec sa femme, new-yorkaise. Les deux hommes sont restés amis «faisait construire une maison pour ses pa- Madeleine, et leurs cinq enfants: deux gar- Le plus grand coup d’éclat de toute leur vie. Au point qu’à sa retraite, rents,nomméeencoreaujourd’huiVillaLe çons, trois filles. La villa portera le nom de l’ingénieur alsacien est le projet de Eiffel offrit la direction de son entre- Lac», rappelle Georges Charotton. La mai- deux d’entre elles, d’abord Valentine, puis pylône en fer soutenu par quatre pieds. prise à son fidèle ingénieur. Ils se sondeGustaveEiffela,elle,étérachetéeen Claire.Touslesans,àlaSainte-Claire,Eiffel Selon une source, le dessin de sa tour voyaient à Vevey, ville de la femme de 1978 par Nestlé, qui possédait déjà la par- organise une fête vénitienne dans son jar- serait une déclinaison d’une girafe, son Koechlin: Emma, épousée en 1886 et celle où se trouvait le Grand Hôtel (elle y a din où est conviée la population. La nuit animal préféré. L’Alsacien réalise son avec qui il eut six enfants. La famille du reste érigé son siège international). La venue, on y tire un feu d’artifice aux sons esquisse de 300 m de haut avec la vivait à Veytaux, au-dessus de Champ- villaClaireaétérasée.Lamultinationaleya d’une aubade donnée par la société vevey- collaboration d’un autre ingénieur de babau. Officier de la Légion d’honneur, fait construire à la place son restaurant sanne La Lyre. chez Eiffel, Emile Nouguier. Ils enten- Maurice y est décédé le 14 janvier 1946. d’entreprise et son centre sportif. Au port – le futur port Eiffel! –, devant le dent présenter ce projet pour le compte Grand-Hôtel de Vevey, Eiffel a amarré son d’Eiffel au concours de la future L’esquisse originale de la tour Sources: Jacqueline Piguet Koechlin, archives Sources: Georges Charotton, Vibiscum, bateau,LaWalkyrie.L’industrielaconservé Exposition universelle de Paris, en devenue Eiffel. LDD de la famille Koechlin et www.paysdevaud.ch vol XIV et Musée historique de Vevey.

Les trésors du Musée cantonal des beaux-arts (2) Jacques Sablet, le «peintre du soleil» vaudois qui a charmé Rome la catholique

ablet, Sablet, Sablet… Portrait de famille mythologie ainsi que les scènes nuages et l’enchantement du ment, presque en apesanteur. Pour un portraitiste de la avec le Colisée de genre d’un artiste déjà peu vide de ses portraits de groupe. Sablet sait faire parler l’élé- Ssubtilité, du ton juste et (1791) sera prolixe et qui a longtemps Sa maîtrise de la luminosité lui gance grâce aux notes de du vrai, pour un être aspirant à présentée cet été couru après le succès. En vaudra même le surnom de couleur et de lumière habile- la très convoitée réputation de dans le cadre de Suisse, ce dernier n’arrive que «peintre du soleil». Réalisé en ment mises en scène. Presque peintre d’histoire, le nom l’exposition lors de l’exposition nationale de 1791, le Portrait de famille avec précieux, c’est avec la même manque de prestige. Soit! Le «Raisons et Berne en 1802, une année avant le Colisée conservé au Musée science du chatoiement qu’il Vaudois (1749-1803) formé par sentiments. la mort du peintre. Mais c’est à cantonal des beaux-arts, à traite les étoffes. Radiographie son père puis à Paris a traversé Le XVIIIe siècle Rome que Jacques Sablet Lausanne, joue sur la vue d’un état d’esprit, l’œuvre de les siècles sous d’autres dans les travaille sa renommée. En mal plongeante et pittoresque des Sablet témoigne aussi d’une attributions, plus prestigieuses. collections de sincérité et de simplicité Jardins Farnese. Complices mode qui remet en valeur le Et comme si d’avoir brouillé les du musée.» dans une Europe en pleine avec la nature comme avec les corps. pistes ne suffisait pas au temps, MUSEE CANTONAL tourmente révolutionnaire, les traces laissées par l’histoire, les Florence Millioud Henriques ce dernier a encore égaré les DES BEAUX-ARTS, touristes de passage craquent silhouettes des trois personna- œuvres consacrées à la LAUSANNE pour les grands ciels sans ges se détachent gracieuse- Source: www.mcba.ch

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