UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES AGRONOMIQUES DEPARTEMENT DES EAUX ET FORETS ***********

MEMOIRE DE DIPLOME D’ETUDES APPROFONDIES Foresterie – Développement – Environnement Promotion HAIKA (2013)

LES FACTEURS LIMITANT LE DEVELOPPEMENT AGRICOLE EN MILIEU RURAL Cas du district de MAHANORO

Membres du jury : Président : Pr. RAKOTOZANDRINY Jean de Neupomuscène Encadreur : Dr. RAKOTONDRAVELO Jean Chrysostome Examinateurs : Dr. RAJATSON Patrick

Par : RANDRIAMIHARISOA Narisoa Andriatiana 23 Décembre 2014 UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES AGRONOMIQUES DEPARTEMENT DES EAUX ET FORETS ***********

MEMOIRE DE DIPLOME D’ETUDES APPROFONDIES Foresterie – Développement – Environnement Promotion HAIKA (2013)

LES FACTEURS LIMITANT LE DEVELOPPEMENT AGRICOLE EN MILIEU RURAL Cas du district de MAHANORO

Membres du jury : Président : Pr. RAKOTOZANDRINY Jean de Neupomuscène Encadreur : Dr. RAKOTONDRAVELO Jean Chrysostome Examinateurs : Dr. RAJATSON Patrick

Par : RANDRIAMIHARISOA Narisoa Andriatiana 23 Décembre 2014 « Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre » (Jean Jacques ROUSSEAU) REMERCIEMENTS Je ne saurais omettre de louer le Tout Puissant pour son Amour et sa Grâce qui nous ont illuminé tout au long de notre vie. Ce travail n’a pu être conduit à terme sans l’aide des différentes personnes qui ont contribué à sa réalisation. La publication de cette recherche est pour nous donc une occasion de remercier ceux qui nous ont apportés leurs appuis, leurs soutiens et leurs conseils tout au long de l’étude. Nous voudrions adresser notre profonde reconnaissance à tous les membres du jury : 9 Monsieur RAKOTOZANDRINY Jean de Neupomuscène, Docteur es-Sciences, Professeur titulaire et Directeur scientifique de la formation 3ème Cycle à l’ESSA-Forêts, pour nous avoir fait l’honneur de présider cette soutenance. 9 Monsieur RAKOTONDRAVELO Jean Chrysostome, Docteur en Agro- économie, Enseignant au Département de l’Agriculture de l’ESSA, qui n’a pas ménagé son temps malgré ses multiples obligations et qui a accepté d’être notre encadreur 9 Monsieur RAJATSON Patrick, Docteur-Maitre de conférences, Enseignant au Département des Eaux et Forêts de l’ESSA, malgré ses nombreuses attributions a bien voulu accepté de siéger parmi les membres de jury en tant qu’examinateur. Nos remerciements s’adressent également à : 9 Monsieur Le Directeur Régional du Développement Rural 9 Monsieur RAKOTOZANAKA Elia, Assistant Technique auprès du CSA Mahanoro 9 Toutes les équipes du CSA Mahanoro, CARE/SALOHI Mahanoro et les acteurs de développement œuvrant dans le district de Mahanoro Qui ont fait preuve de grandeur d’âme à travers les valeureuses collaborations qui se sont avérées des plus constructives pour la réalisation de cet ouvrage. Aussi, nos meilleurs reconnaissances vont à l’endroit de : 9 Ma famille, plus particulièrement ma mère, RAVELOMANANORO Yvonne pour les encouragements et aides précieuses qu’elle a fait preuve dans la réalisation de ce travail. 9 Toutes les personnes qui ont contribués de près ou de loin à la réalisation de ce mémoire.

Misaotra indrindra tompoko.

i SOMMAIRE

RESUME ...... vii ABSTRACT ...... viii FAMINTINANA ...... ix ACRONYME ...... x GLOSSAIRE ...... xi

INTRODUCTION ...... 1

PARTIE I.:MATERIELS ET METHODES ...... 3 I. PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE ...... 4 I.1. Cadre physique ...... 4 I.1.1. Localisation et répartition géographique ...... 4 I.1.2. Relief ...... 5 I.1.3. Géologie ...... 5 I.1.4. Pédologie ...... 5 I.1.5. Hydrologie ...... 6 I.1.6. Climat ...... 7 I.1.7. Formation végétale ...... 8 I.2. Milieu économique ...... 9 I.2.1. Population ...... 9 I.2.2. Activité économique ...... 9 I.2.3. Activité agricole ...... 10 I.2.4. Infrastructures routières ...... 13 II. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES ...... 15 II.1. Problématique ...... 15 II.2. Hypothèses de recherche ...... 16 II.3. Objectif du travail ...... 17 II.4. Limite du travail ...... 18 III. DEMARCHE METHODOLOGIQUE ...... 19 I.1. Identification des acteurs ...... 19 II.1. Investigation sur terrain ...... 19 II.1.1 Recueil des données sur terrain ...... 19 II.2.1 Entretien ...... 20

ii II.3.1 Enquête ...... 20 II.4.1 Observation directe ...... 21 III.1. Cadre opératoire de recherche ...... 22

PARTIE II.: RESULTATS ...... 23 I. LE CONTEXTE ECOLOGIQUE DE LA PRODUCTION AGRICOLE ...... 24 I.1. Relief et sol ...... 24 I.1.1. La zone littorale ...... 24 I.1.2. La zone intermédiaire ...... 25 I.1.3. La zone montagneuse ...... 25 I.2. Les facteurs climatiques ...... 26 I.2.1. L’hygrométrie ...... 27 I.2.2. La variabilité du climat ...... 27 I.2.3. Le Cyclone ...... 28 I.3. Pression des parasites...... 28 I.4. Pressions des adventices ...... 29 II. LE CONTEXTE SOCIAL DE LA PRODUCTION ...... 31 II.1. La pauvreté en milieu rural ...... 31 II.2. L’agriculture comme seul source d’emploi ...... 32 II.3. L’attitude et le comportement traditionnaliste de la population ...... 33 II.4. L’absence d’une organisation sociale productive...... 34 III. LE CONTEXTE ECONOMIQUE DE LA PRODUCTION AGRICOLE ...... 35 III.1. Sous utilisation de matériels et intrants agricoles ...... 35 III.2. Transport et voie de communication ...... 36 III.2.1. Trafic routier et frais de transport...... 36 III.2.2. Trafic fluvial ...... 37 III.2.3. Le déplacement à pied et le portage ...... 38 III.3. Le Marché des produits agricoles ...... 40 II.3.1. Existence de débouché ...... 40 II.3.2. Le prix et la valeur ajoutée des produits ...... 43 II.3.3. Organisation de la filière ...... 44 IV. LES ACTIONS DE DEVELOPPEMENT ...... 47 IV.1. Les structures d’appui ...... 47 IV.1.1. Institution étatique ...... 47

iii IV.1.2. Les Organismes de développement ...... 48 IV.2. La répartition des projets de développement ...... 50 IV.3. La mise en œuvre des activités ...... 50 IV.4. Les résultats obtenus par les actions de développement...... 52 V. Synthèse des résultats sur les facteurs de blocage de la production ...... 54

PARTIE III.: DISCUSSION ET RECOMMANDATION ...... 55 I. DISCUSSION SUR LA METHODOLOGIE ...... 56 II. DISCUSSION SUR LES RESULTATS ...... 56 II.1. Contexte écologique et production agricole ...... 56 II.2. Contexte social et activité agricole ...... 59 II.2.1. La pauvreté et l’agriculture...... 59 II.2.2. Le faible capital humain ...... 60 II.2.3. L’absence de sécurité foncière ...... 60 II.3. Contexte économique et agriculture ...... 60 II.4. Les actions de développement rurale et le développement agricole ...... 64 III. PROPOSITION D’AMELIORATION ...... 69 III.1. L’extensification agricole ...... 69 III.2. Les actions prioritaires pour relancer l’agriculture ...... 69

CONCLUSION ...... 73

BIBLIOGRAPHIE ...... 76

ANNEXES ...... I

iv LISTE DES CARTES Carte 1 : Localisation du district de Mahanoro...... 4 Carte 2: Hydrographie du district de Mahanoro...... 7 Carte 3: Infrastructure routière pour le district de Mahanoro ...... 13

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Répartition administrative du district de Mahanoro ...... 5 Tableau 2: Données climatiques moyennes normales (Période de 1984 à 2013) ...... 8 Tableau 3: Pourcentage des paysans pratiquant chaque type de secteur d’activité...... 9 Tableau 4 : Superficie cultivée dans le district ...... 10 Tableau 5: Superficie cultivée par type de spéculation ...... 10 Tableau 6: Typologie des exploitations agricoles...... 12 Tableau 7: Surface cultivée et quantité de production par filière ...... 12 Tableau 8: Les bacs utilisés à Mahanoro ...... 14 Tableau 9: Répartition par zone de la superficie cultivable et cultivée ...... 26 Tableau 10: La fréquence d’arrivée du cyclone dans le district de Mahanoro ...... 28 Tableau 11: Les ennemis des cultures par ordre d’importance ...... 29 Tableau 12: Les principales plantes adventices ...... 30 Tableau 13: Les pertes causées par les plantes adventices sur la production...... 30 Tableau 14 : Les pratiques observées dues à la pauvreté...... 31 Tableau 15: Nombre de cas de vol de produits agricoles enregistré en 2014...... 32 Tableau 16: Effectif et pourcentage des élèves par niveau ...... 33 Tableau 17: Pourcentage d’utilisation de technique améliorée...... 35 Tableau 18: Trafic routier et frais de transport ...... 36 Tableau 19: Trafic fluvial et frais de transport ...... 37 Tableau 20: Les principaux axes de déplacement à pied et le frais de portage ...... 39 Tableau 21: Les points de collecte des produits fruitiers ...... 41 Tableau 22: Les prix des produits agricoles au niveau des producteurs ...... 43 Tableau 23 : Les acteurs dans la filière agricole ...... 46 Tableau 24 : Les projets sous tutelle du Ministère de l’Agriculture ...... 48 Tableau 25: Les organismes privés en activité à Mahanoro...... 48 Tableau 26 : Durée d’intervention des projets en activités à Mahanoro...... 51 Tableau 27 : Effectif et qualification des agents de développement agricole ...... 51 Tableau 28: Typologie des demandes traitées auprès du CSA ...... 52 Tableau 29: Comparaison entre résultats théoriques et pratiques ...... 53 Tableau 30: Les problèmes de la production agricole...... 54

v Tableau 31: Surface cultivable et surface cultivée ...... 57 Tableau 32: Quantité des intrants vendue à Mahanoro ...... 61 Tableau 33 : Variation du prix et de la production agricole dans la Région Atsinanana pour la Campagne agricole de 2012-2013 par rapport à la précédente...... 63 Tableau 34: Effectif des agents de développement agricole dans la Région Atsinana ...... 65 Tableau 35 : Effectif des techniciens agricoles dans la Région Atsinanana...... 65

LISTE DES PHOTOS Photo 1 : Formation végétale de la zone ...... 8 Photo 2: Activité économique de la zone ...... 10 Photo 3: L’agriculture paysanne ...... 12 Photo 4: Bac Menagisy ...... 14 Photo 5: Zone agro écologique de la région ...... 26 Photo 6: Types de ravageurs de culture ...... 29 Photo 7: Plant de girofle après récolte des feuilles ...... 32 Photo 8: Etat de la route et véhicule de transport ...... 37 Photo 9: Le port fluvial de Mahanoro ...... 38 Photo 10: Le travail de portage ...... 39 Photo 11: Marché des produits vivriers ...... 40 Photo 12: Transaction du bananier ...... 41 Photo 13: Les principaux produits d’exportation ...... 42 Photo 14 : Centre de formation de Marotsiriry ...... 49 Photo 15 : les actions de développement ...... 53

LISTE DES ANNEXES Annexe 1: Effectif de la population par tranche d’âge ...... I Annexe 2: Effectif et pourcentage des élèves par niveau ...... II Annexe 3 : Type d’information et entité source lors du recueil des données...... III Annexe 4: Type et effectif des personnes objets d’enquête...... IV Annexe 5: Guide d’entretien ...... V Annexe 6: Fiche questionnaire ...... VI Annexe 7: Les cultures pratiquées par les paysans...... VIII Annexe 8: Les principaux axes routiers pour le district de Mahanoro ...... XIII Annexe 9: Répartition des projets de développement dans la Région Atsinanana...... XIV

vi RESUME

L’agriculture de subsistance prédomine encore à : la surface exploitée est insuffisante, le rendement est faible et le revenu agricole est variable. Donc, pour la majorité des exploitations agricoles, la production n’arrive pas à couvrir les besoins de la famille. Pour faire face à ce problème, le développement agricole s’avère indispensable dans le but d’augmenter la production et surtout de passer de l’agriculture de survie vers une agriculture commerciale et dynamique. L’objectif de la présente étude est de déterminer les caractéristiques de l’agriculture paysanne et les véritables facteurs de blocage de la production agricole en milieu rural, cas du district de Mahanoro, dans la région Atsinanana. Ce travail consiste donc à identifier le contexte de la production agricole paysanne pour la campagne agricole de 2014 à l’aide des enquêtes au niveau de tous les acteurs de production, des entretiens avec les différents responsables du secteur agricole et surtout par l’observation directe sur terrain. Pour le district de Mahanoro, les paysans pratiquent des cultures vivrières pour la consommation, des cultures fruitières pour le marché local ainsi que des cultures d’exportation. L’agriculture de survie prédomine avec des exploitations de type familial, des techniques culturales caractérisées par un équipement essentiellement manuel et une faible utilisation d’intrant. Des facteurs de blocage d’ordres écologiques et socio-économiques ont été identifiés. Les facteurs écologiques concernent le relief et la nature du sol, la variabilité du climat et la pression des ravageurs ainsi que des plantes adventices. Les facteurs de blocage d’ordre social sont constitués d’une part par la pauvreté accrue en milieu rural, l’inexistence d’une organisation sociale productive. Et d’autre part par l’absence d’impact positif des actions de développement agricole à cause du manque d’organisation et surtout la réalisation des activités inadaptées au contexte du milieu rural. Le problème de disponibilité et d’accessibilité aux intrants et matériels de production moderne, l’insuffisance des infrastructures routiers et des moyens de transport des produits ainsi que la mauvaise performance du marché agricole constituent les facteurs économiques. Un développement agricole harmonieux nécessite la prise en compte du contexte de production en milieu rural et la résolution de toutes les contraintes identifiés car l’intervention sur un seul point donné et très localisé n’est pas très efficace et surtout, l’intensification agricole au niveau d’un nombre limité de producteurs ne peut pas résoudre à elle seule les problèmes de la production agricole ainsi que la pauvreté en milieu rural.

Mots clés : développement agricole, milieu rural, contexte de production, facteurs de blocage.

vii ABSTRACT

Subsistence agriculture is still predominant in Madagascar today. Subsistence farming allows one to produce food for their family or within a small community. Even so, production cannot meet the needs of the peasant family, as most farmed areas are insufficient. Overall the yield is low and income from any sold goods is variable. To address the problem of rural poverty, agricultural development is essential. The goal is to increase production by moving from subsistence farming to commercial and dynamic agriculture. The objective of the study is to identify the characteristics of peasants farming and to pinpoint current challenges of agricultural production in rural areas in the Mahanoro district of the Atsinanana region. The study aims to identify the cultural context of production during the crop year 2014. The research directly observes farmer’s actions, and also relays interviews with leaders of organizations working in the agricultural sector. Subsistence farming is characterized largely by manual equipment and low use of inputs. Mahanoro district farmers mainly grow fruit crops oriented towards the local market, but they also produce crops grown for export. Obstacles of ecological and socio-economic order have been identified. Environmental challenges include topography, soil type, climate variability and the proliferation of pests. The social obstacles are caused partly by poverty, low education level of farmers and the lack of a productive social organization. Also, lack of environmental concern on a cultural front hurts the business at an organizational level, as apathy perpetuates a lack of preparation. Economic obstacles of agricultural development include the problem of availability and access to inputs and modern production equipments, inadequate infrastructure (such as road) and means of transport. This leads to a lack of business opportunity, fluctuating prices and overall poor organization of the sector. Harmonious agricultural development requires consideration of the realities farmers are now working within, and resolution of all identified constraint. Exploring realistic way to move subsistence agriculture on a path to more commercial methods can help solve the problems of agricultural production and rural poverty that currently persist.

Keywords: agricultural development, production context, blocking factors, rural areas.

viii FAMINTINANA

Mbola mibahan-toerana eto Madagasikara ny fambolena izay hamokarana sakafo fotsiny ihany. Nefa tsy mahafeno ny filàn’ireo tantsaha akory ny vokatra azo satria kely ny velaran-tany voavoly, ambany ny taham-bokatra ary miovaova ny vola miditra. Tsy azo hidivirana noho izany ny fampandrosoana ny fambolena mba hampitomboana ny vokatra fa indrindra mba hampivoharana ny asam-pambolena hiroborobo ary hitodika amin’ny tsena. Ny tanjona amin’ity asa natao ity dia hamaritana ny toetoetry ny asa fambolena ataon’ny tantsaha mba ahafahana mampisongadina ireo olana sy sakana amin’ny sehatry ny famokarana eny ambanivolo. Nosafidiana manokana ny distrikan’i Mahanoro, ao amin’ny faritra Atsinanana, nandritra ny taom-pambolena 2014 mba hanaovana fanadihadihana ireo pandray anjara rehetra amin’ny asam-pamokarana, teo koa ny fifampiresahana tamin’ireo tomponandraikitra miasa manodidina ny fambolena, fa indrindra ny fijerena ifotony ny zava-misy mahakasika ny seha- pamokarana. Ho an’ny distrikan’i Mahanoro, ny fambolena dia mifototra amin’ny voly fihinana, ny voly voankazo izay mamatsy ny tsena anatiny ary ny voly fanondrana. Mitàna ny lohalaharana ny fambolena ataon’ireo tantsaha madinika izay tsy mampiasa loatra irony fitaovana sy hanam-pamokarana manara-penitra sy avo lenta irony. Maro ireo olana sy vato misakana mianjady amin’ny famokarana navohitra tamin’izany. Ao ireo mifandray amin’ny tontolo manodidina dia ny vohon-tany, ny karazan-tany, ny toe- tany sy ny ary ny firoboroboan’ireo fahavalon’ny voly sy ny ahidratsy. Ao koa ny mahakasika ny ara-piarahamonina: etsy andaniny ny fahantrana sy ny tsy fisian’ny rindran-damina ho an’ny asam-pamokarana. Etsy ankilany kosa dia ny tsy fahitana vokatra misongadina amin’ireo asa fampandrosoana nohon’ny tsy fisian’ny rindra-damina maty paika ary indrindra ny fanatanterahana asa tsy mifanaraka amin’ny zava-misy eny ambanivolo. Ao ihany koa ny olana ara-toekarena izay mahakasika ny hanam-pamokarana, ny làlana sy ny fitaovam-pitaterana ary indrindra ny tsy fahalavorarian’ny tsenam-bokatra ateraky ny tsy fahampian’ny lalam-barotra, ny fiovaovan’ny vidim-bokatra ary ny tsy fisian’ny lamina mahakasika ny famarotam-bokatra.

Noho izany, ny fampandrosoana ara-pambolena dia mitaky ny fijerena indray miaraka ny olana amin’ny seha-pamokarana manontolo ary fitondrana vahaolana mifanaraka amin’ny zava-misy eny ambanivolo.

Teny iditra: fampandrosoana ara-pambolena, tontolo ambanivolo, seha-pamokarana, olana sy sakana.

ix ACRONYME ¾ APDRA : Pisciculture Paysanne ¾ CARE : Cooperative for Assistance and Relief Everywhere ¾ CIRDR : Circonscription du Développement Rural ¾ CSA : Centre de Service Agricole ¾ DRDR : Direction Régionale du Développement Rural ¾ FAO : Food and Agriculture Organization ¾ FOFIFA : Foibe Fikarohana momban’ny Fambolena ¾ FORMAPROD: Programme de Formation Professionnelle et d’Amélioration de la Productivité ¾ IFTM : Ivon-toerana Fampiofanana Tantsaha Modely (Centre de formation agricole) ¾ INSTAT : Institut National de la Statistique ¾ ONG : Organismes non gouvernementaux ¾ PAM : Programme Alimentaire Mondial ¾ PIB : Produit Intérieur Brute ¾ PPN : Produit de Premier Nécessité ¾ PPRR : Programme de Promotion des Revenus Ruraux ¾ PROSPERER: Programme de Soutien aux Pôles de micro-Entreprises Rurales et aux Economies Régionales ¾ PUPIRV : Projet d’Urgence pour la Protection des Infrastructures et la Réduction de la Vulnérabilité ¾ RN : Route Nationale ¾ SALOHI : Strengthening and Accessing Livelihood Opportunities for Household Impact ¾ SATA : Sakaizan’ny Tantsaha (Fournisseur d’intrant agricole)

x GLOSSAIRE

Agriculture : Processus par lequel les hommes aménagent leurs écosystèmes pour satisfaire les besoins alimentaires en premier et autres, de leurs sociétés. Elle désigne l’ensemble des savoir-faire et activités ayant pour objet la culture des terres, et, plus généralement du milieu naturel permettant de cultiver et de prélever des végétaux utiles à l’être humain. (www.wikipedia.org).

Agriculture de subsistance : Qualifie une agriculture de survie avec peu ou pas de récoltes à vendre. Elle est généralement du type biologique, simplement par manque d'argent pour acheter des intrants industriels (www.aquaporteil.com).

Agriculture familiale : englobe toutes les activités agricoles reposant sur la famille, en relation avec de nombreux aspects du développement rural. L’agriculture familiale permet d’organiser la production agricole, forestière, halieutique, pastorale ou aquacole qui, sous la gestion d’une famille, repose essentiellement sur de la main-d’œuvre familiale, aussi bien les hommes que les femmes (FAO, 2014).

Agriculture vivrière : Autosuffisance agricole par laquelle les agriculteurs se concentrent sur la production de suffisamment de nourriture pour eux-mêmes et nourrir leurs familles. (www.cnrtl.fr).

Association de culture : C’est un mode d’exploitation qui consiste à cultiver ensemble sur une même parcelle deux ou plusieurs espèces végétales différentes.

Assolement : C’est la répartition des cultures dans l’espace

Capital : C’est une richesse utilisée pour réaliser une production. Différents types de capital sont utilisés pour la production agricole. Il s’agit des investissements pour les matériels et les infrastructures, des engrais chimiques, des insecticides, des herbicides, des fongicides etc. On parle ainsi de capital physique pour désigner les facteurs de production qui sont eux-mêmes des produits. Contrairement au capital physique, l’on note aussi le capital financier pour désigner l’argent utilisé pour démarrer ou faire tourner une affaire (www.institut- numerique.org).

Développement agricole : C’est un processus général de transformation de l'agriculture, dans les différentes régions du monde et à différentes époques de l'histoire. Ces transformations de l'agriculture peuvent être orientées par des politiques publiques, appelées politiques de développement agricole, ou par l'intervention de différents types d'acteurs (ONG, bailleurs de fonds internationaux), qui financent et mettent en place des projets de développement agricole, qui sont des interventions ponctuelles, destinées à orienter le développement agricole dans un sens voulu (FAO, 2008).

xi Economie de subsistance : économie qui répond aux besoins essentiels de la population mais ne permet pas d'excédent avec une multitude de petites économies agricoles fermées, essentiellement autochtones, où règne généralement le troc (Univers économique et social, 1960).

Facteur limitant : Concept issu de la recherche agronomique du 19ème siècle et s’applique à la nutrition minérale des plantes. Selon le concept de facteur limitant, ou « loi du minimum », la croissance de la plante dépend de l’élément disponible en quantité minimale par rapport à ses besoins, indépendamment de l’abondance des autres éléments (Liebig, 1844). C’est le facteur du milieu qui est situé le plus loin de l’optimum et qui donc limite la production du végétal, et ce quel que soit la variation des autres facteurs. Ainsi, on n’atteindra jamais des conditions de culture idéales pour un végétal donné, et le défaut d’un seul facteur limite alors la production, parfois à un niveau bien inférieur à cet idéal (www.keepschool.com).

Facteurs de production agricole : Ce sont les inputs utilisés dans le processus de production agricole. Ceux-ci sont souvent classés en grandes catégories telles que la terre, le travail, et le capital.

Itinéraire technique cultural : C’est l’ensemble des pratiques culturales ordonnées dans le temps, appliquées à une culture ou une association de cultures, depuis la préparation du terrain jusqu’à la récolte (CNEARC, 1989).

Itinéraire technique post-récolte : C’est l’ensemble des pratiques de valorisation des produits (stockage, transformation et mise en marché) (CNEARC, 1989).

Milieu rural : Ensemble de la population, du territoire et des autres ressources des campagnes, c'est-à-dire des zones situées en dehors des grands centres urbanisés. Le milieu rural constitue le lieu de production d'une grande partie des denrées et des matières premières. Sa spécificité se situe dans une diversité d'attitudes, de traditions socioculturelles, de liens avec la nature et de caractéristiques économiques et environnementales dont l'origine est principalement basée sur l'agriculture (OCDE).

Paysan : Personne qui exerce le métier d'agriculteur et vit à la campagne. Il peut adopter ou subir une économie de subsistance. Il façonne son environnement (et indirectement le paysage) par ses différents prélèvements, apports, aménagements, plantations, etc. Ses activités sont souvent multiples : élevage, cultures, maçonnerie, artisanat et, accessoirement, commercialisation de ses excédents de production (fr.wikipedia.org).

Projet de développement agricole : Ce sont des interventions, limitées dans le temps et l'espace, qui visent à améliorer l'agriculture d'une zone dans le sens de l'intérêt collectif. Cet intérêt collectif est difficile à définir, mais parmi les différents objectifs possibles d'un projet de développement agricole, on peut citer l'augmentation de la valeur ajoutée créée par l'agriculture, la sécurité alimentaire d'une zone, l'augmentation de la productivité du travail agricole, l'obtention d'un revenu monétaire pour une certaine population, l'amélioration de

xii l'impact environnemental de l'agriculture... Cela se traduit par des interventions diverses : projet public d'irrigation, création d'une coopérative d'achat/vente, expérimentation de l'introduction d'une nouvelle technique ou variété de plante puis conseil technique pour répandre cette innovation, microcrédit pour l'achat de moyens de production agricoles, par exemple. Ces interventions peuvent être mise en place et financées par une variété d'acteurs : état, ONG, organisme de développement international, bailleur de fonds, fondation d'une entreprise privée... Ces acteurs, en mettant en place le projet, ne cherchent pas leur propre intérêt mais l'intérêt collectif : en cela, le fait de concevoir un projet de développement agricole suppose un dysfonctionnement du marché, incapable par lui-même d'obtenir une allocation optimale des ressources garantissant l'intérêt collectif (FAO 2008).

Rotation culturale: C’est la succession dans le temps des cycles de culture sur une même parcelle (répartition des cultures dans le temps) (CNEARC, 1989).

Sécurité alimentaire : c’est une situation qui garantit à tout moment à une population, l'accès à une nourriture à la fois sur le plan qualitatif et quantitatif. Elle doit être suffisante pour assurer une vie saine et active, compte tenu des habitudes alimentaires (FAO 2008).

Succession culturale : C’est la succession de cultures sur une parcelle au cours d’une année (CNEARC, 1989).

Système de culture : Représentation théorique d’une façon de cultiver un certain type de champ. C’est l’ensemble des modalités techniques mises en œuvre sur des parcelles traitées de manières identiques. Un système de culture se caractérise par une homogénéité dans la conduite d’une culture sur un ensemble de parcelles : mêmes espèces, associations de culture, mêmes successions culturales, mêmes itinéraires techniques (CNEARC, 1989).

Terre : C’est le premier facteur de production agricole, sa valeur à cet égard est très variable selon la nature du sol, le climat, les possibilités d’irrigation et de fertilisation, etc. (GUY, 1973)

Travail : En agriculture, le travail ou la main d’œuvre représente essentiellement l’énergie physique utilisée dans la production. On distingue la main d’œuvre familiale et la main d’œuvre salariée. Il est souvent utile d’apporter une attention particulière au rapport entre les quantités de force de travail et de terrains disponibles dans l’exploitation : selon sa valeur, les agriculteurs ont intérêt à mettre en place des systèmes intensifs ou des systèmes extensifs (MFCD, 2002).

xiii INTRODUCTION INTRODUCTION Au début du troisième millénaire, l’agriculture emploie plus de 1,3 milliard de personnes dans le monde (40% de la population active), assure directement la subsistance de 2,6 milliards d’individus (42% de la population mondiale) et les exportations agricoles ont atteint 290 milliards USD (FAO, 2001). Dans le monde, concernant la production agricole, il ya surproduction dans les pays dits « développés » et insuffisance dans les pays « pauvres » dont Madagascar.

Favorisé par une abondance de terrain agricole, de ressource en eau et d’un pourcentage élevé de la population active qui pratique l’activité agricole, Madagascar dispose d’un potentiel élevé de croissance dans le domaine de l’agriculture. Pourtant, l’agriculture malgache est loin d’être performant et ne se développe pas comme il faut : le rendement est faible, la production ne couvre pas les besoins, le revenu agricole est insuffisant et la population rurale vit dans la pauvreté. Actuellement, près de 10% des terres arables sont exploités (INSTAT, 2011) et la productivité du sol et du travail reste encore faible et stagnante (FOFIFA, 2001). En effet, l’augmentation de la production agricole ne suit plus celle de la population et le recours à l’importation des produits agricole de base devient donc de plus en plus inévitable (RAZAFIMBELO, 2005).

La notion de développement agricole devient donc indispensable pour arriver à augmenter la production car d’une part, les potentiels pour produire sont disponibles et d’autre part, la quantité produite est insuffisante par rapport au besoin. Dans ce cas, la question qui vient à l’esprit est de savoir pourquoi l’agriculture paysanne malgache n’est pas performante ? Pour y répondre, il faut tout d’abord identifier les facteurs de blocage de la production agricole en milieu rural : premièrement, le contexte écologique n’est pas favorable à la production agricole. Deuxièmement, le contexte social constitue un frein pour le développement de l’agriculture. Troisièmement, le contexte économique ne permet pas l’amélioration de l’activité agricole. Et quatrièmement, Les actions de développement n’ont pas d’impact réel sur la situation agricole en milieu rural.

1 Pour résoudre ce problème, une étude approfondie sera menée concernant : « Les facteurs limitant le développement agricole en milieu rural » à travers le cas du district de MAHANORO, dans la Région ATSINANANA. Les différentes étapes du travail consistent donc à recueillir les données disponibles sur terrain concernant l’activité agricole, à enquêter les paysans et à entretenir avec les autres acteurs concernant la production agricole et surtout à observer directement la pratique ainsi que la situation agricole au niveau des producteurs et du contexte du milieu rural. Pour bien traiter le thème, le présent document sera subdivisé en trois parties : - tout d’abord, les matériels et méthodes - ensuite les résultats obtenus - enfin, les discussions et recommandations terminerons le travail.

2 PARTIE I.

MATERIELS ET METHODES

3 I. PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE I.1. Cadre physique I.1.1. Localisation et répartition géographique Le district de Mahanoro se trouve dans la Région Atsinanana. Il s’étend sur une longueur de 80 km et une largeur de 50 km en couvrant une superficie de 3857 km². Il est délimité au Nord par le district de Vatomandry, à l’ouest par les districts d’Antanambao Manampotsy et de Marolambo, au Sud par le district de Nosy Varika et à l’Est par l’Océan Indien.

Carte 1 : Localisation du district de Mahanoro.

Concernant la répartition géographique et administrative, le district de Mahanoro est composé de 11 communes qui sont subdivisées en 193 Fokontany comme le montre le tableau suivant :

4 Tableau 1 : Répartition administrative du district de Mahanoro

Communes Nombre de Distance au chef lieu Superficies (km2) fokontany du district (km)

Ambinanidilana 20 401 47 Ambinanindrano 24 513 71 Ambodibonara 18 349 65 20 446 15 Ankazotsifantatra 10 261 73 Befotaka 12 355 96 Betsizaraina 12 156 15 Mahanoro 21 266 0 Manjakandriana 12 375 40 Masomeloka 30 373 47 Tsaravinany 14 362 43 Total 193 3 857 Moyenne : 46,5 Source : Bureau du district de Mahanoro, 2014.

I.1.2. Relief De la côte vers l’intérieur et selon leur nature et l’altitude, le relief peut être subdivisé en trois zones : la zone littorale, la zone intermédiaire et la zone montagneuse. - La zone littorale composée d’une bande étroite de plaine longeant la côte avec une largeur moyenne de 8km. Le relief est pratiquement plat avec une altitude inférieure à 100 m. Le paysage est dominé par une zone de sable et de dune et une zone marécageuse. - La zone intermédiaire a un relief plus ou moins plat à collinaire avec une altitude comprise entre 100 et 400 m. Elle est composée de vastes plaines et de nombreux périmètres irrigués. Grâce à la qualité de ces sols, cette zone à une énorme potentialité agricole et est favorable à des cultures variées. - La zone montagneuse avec un relief plus ou moins accidenté et une altitude dépassant les 400 m. Des massifs forestiers et des collines couvertes de savoka prédominent dans cette zone avec des bas fonds très étroits.

I.1.3. Géologie Il existe deux sortes de formations géologiques caractéristiques de cette zone : - Les terrains sédimentaires occupent la partie Est, résultats du volcanisme néogène du quaternaire et crétacé. Il s’agit d’alluvion, de sables, de dunes vives et de grès peu solidifiés. - Les terrains cristallins de formations pegmatites occupent la partie ouest. I.1.4. Pédologie

5 Du point de vue pédologique, on rencontre quatres types de sols plus ou moins favorables à l’activité agricole de la côte vers l’intérieur des terres : - Les sols peu évolués dunaires ou sableux se rencontrent le long de la côte sur une zone etroite étirée du nord au sud. Ce type de terrain ne retient pas l’eau est donc défavorable géneralement à l’agriculture. - Les sols hydromorphe se trouvent sur les zones marecageuses en arrière des cordons littoraux. Ces sols sont en permanences saturés d’eau et degagent une odeur de soufre car les matières organiques y sont mal décomposées. Ce type de sol peut être favorable à la riziculture à condition qu’il soit bien drainé. - Les sols alluvionnaires qui sont des sols plus riches en alluvions argileuses ou sableuses se localisent dans les vallées. Ces sols sont favorables à toutes les types de culture car ils ne sont pas innondables mais peuvent être aussi aménagés en rizières. - Les sols ferralitiques jaune/rouge et jaune/rouge + rouge se rencontrent sur les hauteurs dans la partie ouest ou le relief est accidenté. L’abondance de la couverture végetale sur cette zone favorise la culture sur abbatis brulis.

I.1.5. Hydrologie

Le district de Mahanoro est desservi de nombreux cours d’eau. Le débit des eaux est fortement lié à la pluviométrie et les rivières réagissent vite à celle-ci. Les crues sont soudaines et violentes pendant la saison des pluies. La navigabilité est limitée par la présence de nombreux seuils de rochers, au fur et à mesure que l’on pénètre à l’intérieur des terres. Les principales cours d’eau sont formées par les fleuves Mangoro, Nosivolo, Masora et le canal de Pangalane. Les lacs les plus importants sont le lac Ihosy et le lac d’Andranobe qui se localise dans la zone litorrale sur le long du canal de Pangalane.

6 Carte 2: Hydrographie du district de Mahanoro.

I.1.6. Climat Comme sur toute la côte Est de Madagascar, le climat est de type tropical chaud et humide, assez homogène et caractérisé par une forte humidité et une chaleur constante. Malgré cette homogénéité du climat tout au long de l’année, on peut distinguer deux saisons : - La saison chaude et per humide du mois de novembre jusqu’au mois d’avril, caractérisée par des températures élevées et des pluies abondantes sous forme de fortes pluies et averses brutales - La saison fraîche et pluvieuse de mai jusqu’en octobre avec des températures moins élevées et des précipitations plus faibles sous formes de pluie fine et des crachins persistants.

7 Tableau 2: Données climatiques moyennes normales (Période de 1984 à 2013)

Mois J A S O N D J F M A M J Annuel T (°C) 20 21 21 22 24 26 26 26 27 25 23 22 23,6 H (mm) 216 167 132 87 138 254 367 383 456 313 252 206 2971 J (jour) 12 8 6 5 8 10 17 16 20 14 12 9 137 Source : Service de la Météorologie Mahanoro, 2014. T (°C) : Température moyenne normale en °C H (mm) : Pluviométrie moyenne normale en mm J (jour) : Nombre de jour de pluie moyenne normal en jour.

I.1.7. Formation végétale La formation végétale présente une grande diversité et composée par : - Les forêts naturelles primaires dont la superficie est considérablement réduite à cause de l’exploitation forestière, la culture sur brûlis et le feu de brousse. Les forêts primaires sont actuellement localisées dans les zones intérieures à haute altitude et difficilement accessibles comme les zones rocheuses à pente raide et la falaise. - Les forêts secondaires ou « Savoka » succèdent à la formation primaire après une déforestation. Les espèces ligneuses sont rares et remplacés par certaines espèces comme le Ravenala Madagascariensis. Ce type de formation est rencontré sur les zones des collines ou sont pratiquées l’activité agricole. - La formation littorale sur le sol sableux de la plaine côtière dont les végétations caractéristiques sont le Psidium cattleinum (Goavintsinoa), le Psidium guayava (Goavibe), le Philippia Floribunda (Anjavidy) et l’aristida ainsi que les forêts de reboisement avec Eucalyptus. - La formation de la zone marécageuse composée essentiellement de Thyphonodorum lindleanum (Viha) et de Melalenca viridiflora (Niaouli).

Forêt secondaire (Savoka) Melalenca viridiflora(Niaouli) Thyphonodorum lindleanum (Viha) Photo 1 : Formation végétale de la zone (Source : auteur, 2014)

8 I.2. Milieu économique

I.2.1. Population

Actuellement, l’effectif total des habitants tourne autour de 300 000 avec une densité de 76 individus/km². Le pourcentage de la population active est d’environ 42% et la taille moyenne du ménage est de 5,5. C’est une population cosmopolite composée principalement de Betsimisaraka Tatsimo (82%), des migrants malgaches dont Merina et Betsileo (12%) et des descendants des migrants étrangers dont les Chinois et les Indiens (6%).

I.2.2. Activité économique

Presque la totalité des ménages dans le district de Mahanoro est constituée de ruraux ou de paysans et pratique l’agriculture comme activité principale avec une forte diversification de spéculation : les cultures vivrières, les cultures fruitières et les cultures d’exportation. Comme activité secondaire, il y a tout d’abord l’activité d’élevage dont l’élevage bovin, l’élevage des volailles et l’élevage porcin. Ensuite, il y a l’exploitation forestière pour la production de bois de construction, de bois de chauffe et de charbon. Et enfin, l’artisanat et l’exploitation minière demeure jusqu’ici des activités informels et de maigre production qui fournissent aux paysans des revenus supplémentaires surtout en période de soudure. Pour la population proche de la côte, la pêche constitue une source de revenu important mais cette activité est jusqu’à lors pratiquée d’une manière artisanale avec des outils simples réduits au filet de pêche et à de petites pirogues. A part le secteur primaire, le secteur secondaire ne représente pas d’opportunité d’emploi et une faible partie de la population travaille dans le secteur tertiaire notamment dans le commerce, les institutions publiques et privées ainsi que le domaine du transport.

Tableau 3: Pourcentage des paysans pratiquant chaque type de secteur d’activité.

Secteur Activité Pourcentage Agriculture 92% Elevage 68% Secteur primaire Pêche 8% Exploitation forestière 26% Secteur secondaire Aucun 0% Commerce 4% Secteur tertiaire Employé 2% Transport 1% Source : Service de la population Mahanoro, 2014

9 Elevage porcin Pêche traditionnelle Artisanat Photo 2: Activité économique de la zone (Source : auteur 2014)

I.2.3. Activité agricole

Une grande partie de la population active pratique l’agriculture comme principale activité mais presque la totalité de la population et de l’économie du district dépend directement du secteur agricole.

a. Surface cultivée Généralement, le district dispose d’un potentiel agricole surtout en termes de surface cultivable mais la surface cultivée reste relativement faible par rapport à la surface cultivable et à la surface totale.

Tableau 4 : Superficie cultivée dans le district

Superficie Valeur Pourcentage Superficie totale 3857 km² 100% superficie totale Superficie cultivable 115700 ha 30% superficie totale Superficie cultivée 47800 ha 12% superficie totale 41% superficie cultivable Source : Service de l’agriculture, 2014.

Concernant les superficies par type de spéculation, la culture vivrière occupe la majeur partie des surfaces cultivées, viennent ensuite les cultures d’exportation et enfin les cultures fruitières.

Tableau 5: Superficie cultivée par type de spéculation

Spéculation Superficie (ha) Pourcentage Culture vivrière 23900 50% Culture d’exportation 16730 35% Culture fruitière 7170 15% Superficie cultivée 47800 100% Source : Service de l’agriculture, 2014.

10 b. Méthode et technique de culture La méthode de culture est extensive et les techniques utilisées demeurent insuffisamment développées et souvent catégorisées comme « traditionnelles » avec l’utilisation des matériels agricoles simples et archaïques dont « l’angady » ainsi qu’un très faible pourcentage d’utilisation des intrants modernes. Du coup, le rendement reste relativement faible et la production insuffisant tant pour les besoins de la population que pour la demande du marché. L’usage des techniques modernes plus productives et de la mécanisation agricole reste encore très peu vulgarisé et très peu utilisé par les producteurs au détriment de la technique traditionnelle dont principalement la culture sur brulis.

c. Typologie des exploitations agricoles Selon la surface exploitée, les spéculations pratiquées et leurs caractéristiques, les exploitations agricoles peuvent être subdivisées en trois catégories différentes : - Les petites exploitations avec une surface exploitée inférieure à 1 ha. L’activité agricole est surtout basée sur les cultures vivrières destinées à l’autoconsommation et quelques pieds de culture d’exportation dont le giroflier et le caféier. Les techniques culturales pratiquées sont traditionnelles et les mains d’œuvre utilisées sont entièrement familiales. - Les exploitations moyennes avec une surface exploitée entre 1 et 2 ha. Cette catégorie d’exploitation pratique à la fois les cultures vivrières ainsi que les cultures d’exportation et/ou fruitière avec une proportion plus ou moins équivalent en termes de surface. Ce groupe investi un peu plus dans l’agriculture et utilise des techniques plus avancées comme l’achat de semence améliorée, l’entretien de culture plus poussé et l’utilisation de pépinière pour les cultures pérennes. Les mains d’ouvrent utilisées pour les travaux agricoles sont à la fois familiales et salariales. - Les grandes exploitations avec une surface cultivée supérieure à 2 ha qui sont basées spécialement sur les cultures d’exportations dont le girofle, le poivre et la vanille. Les techniques culturales sont plus améliorées ici et les mains d’ouvre utilisées sont entièrement salariales. Ce type d’exploitation se regroupe surtout dans les communes de la zone littorale proche du centre urbain dont Mahanoro, Betsizaraina et Ambodiharina et les propriétaires sont soit les descendants des migrants étrangers dont les chinois, les indiens et les français, soit les nouveaux venus des hautes terres dont les merina et les betsileo.

11 Tableau 6: Typologie des exploitations agricoles.

Type Surface exploitée Nombre Pourcentage Petite exploitation Moins de 1 ha 36128 74% Exploitation moyenne Entre 1 à 2 ha 10740 22% Grande exploitation Plus de 2 ha 1954 4% Total 48822 100% Source : Enquête au niveau des communes, 2014.

d. Surface et production agricole En termes de surface cultivée, les cultures vivrières occupent la première place et plus particulièrement la riziculture, viennent ensuite les cultures d’exportation avec le girofle et le poivre, et enfin les cultures fruitières.

Tableau 7: Surface cultivée et quantité de production par filière

Type de culture Filière Surface Rendement Production (ha) (t/ha) (t) Riz pluvial 6270 0,5 3135 Riz irrigué 7180 1 7180 Culture vivrière Maïs 4780 0,8 3824 Haricot 2125 0,6 1275 Manioc 3545 6 21270 Ananas 2500 4 10000 Culture fruitière Banane 2860 6 17160 Agrume 1810 5 9050 Girofle 6690 0,8 5352 Poivre 5855 0,6 3513 Culture d'exportation Café 2500 0,3 750 Vanille 1685 0,4 674 Source : Service de l’agriculture, 2014

Riziculture traditionnelle Culture d’ananas Parcelle de giroflier Photo 3: L’agriculture paysanne (Source : auteur, 2014)

12 I.2.4. Infrastructures routières

L’existence des routes permanentes conditionne en grande partie le développement économique et social d’une zone ou d’une région. D’une longueur de 140km, la RN 11A, reliant Mahanoro – Antsapanana sur la RN 2, est une route bitumée en plus ou moins bon état. Par contre, l’infrastructure routière à l’intérieur du district est très limité et loin d’avoir la densité ainsi que la qualité nécessaire et acceptable pour donner un accès aisé dans tout le territoire. La RN T11 reliant Mahanoro - Nosy Varika et la RN T23 reliant Mahanoro – Marolambo sont les seuls axes routiers accessibles en véhicules et ce pendant la saison sèche seulement à cause de leur très mauvaise état. Le reste est constitué par des routes communales qui sont accessibles seulement en moto ou à pied.

Carte 3: Infrastructure routière pour le district de Mahanoro

13 Toute la zone comprend une multitude de ponts de fabrication locale qui sont souvent détruits ou emportés par les eaux lors des périodes de crue et le traversé des grandes rivières par contre nécessité l’utilisation de bac.

Tableau 8: Les bacs utilisés à Mahanoro

Axe routier Dénomination Emplacement Durée du trajet RN T23 : Bac Menagisy PK 20 30 minutes Mahanoro- Marolambo Bac PK12 45 minutes RN T11 : Bac Andranotsara PK 27 10 minutes Mahanoro- Nosy Varika Bac Manonilaza PK 45 25 minutes Source : Subdivision des Travaux Publics Mahanoro, 2014.

Photo 4: Bac Menagisy (Source : auteur, 2014)

14 II. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES II.1. Problématique

Avant la Première République, Madagascar a pu produire la quantité suffisante de produits agricoles nécessaire pour couvrir les besoins ainsi qu’une quantité abondante à mettre sur le marché et l’exportation. Mais depuis 1960, une mauvaise performance du secteur agricole a été enregistrée et la valeur ajoutée par habitant liée à l’agriculture a baissée de 1% par an (FAO, 2005). Souvent, cette faiblesse de productivité a été expliquée par l’utilisation des petits matériels agricoles manuels, la faible utilisation d’intrants et le non maîtrise du système d’irrigation. Il a été donc conclu que pour augmenter la production agricole, il faut améliorer les matériels ainsi que les techniques culturaux et maitriser l’eau par la construction d’infrastructures hydro agricoles (FAO, 2001) Depuis plusieurs années, Madagascar a fait le choix de vulgariser de nouvelles techniques plus performants au sein du système cultural ainsi que de construire de nombreux infrastructures agricoles à travers tout le pays. Mais les résultats ne sont pas satisfaisants, les gains en production agricole sont restés en deçà du rythme de croissance de la population, ce qui à amené l’augmentation des importations des produits vivriers et la baisse du niveau national d’autosuffisance alimentaire (RAZAFINTSALAMA, 2011). Du coup, la stratégie a été modifiée et les actions ont été directement conduites auprès des producteurs pour améliorer la situation de la production agricole : durant les 20 dernières années, des campagnes d’intensification agricole au niveau des petits exploitants ont été menées par le Ministère de l’Agriculture malgache auprès des paysans (RAZAFIMBELO, 2005). Mais il n’y a pas de réel impact sur la production agricole : la productivité demeure faible et montre peu de signe d’amélioration (RAZAFINTSALAMA, 2011).

Comme les opportunités d’emploi se développent peu et très lentement dans les autres secteurs, l’agriculture s’avère être de première importance du point de vue économique et social en générant 26% du PIB et en employant plus de 78% de la population économiquement active (WDI, 2009). De plus, dans l’histoire de l’humanité, rares sont les pays ayant connu une croissance économique et vaincu la pauvreté sans que ses progrès aient précédés ou accompagnés du développement de l’agriculture (Banque mondiale, 2008).

15 Le développement agricole constitue dans ce cas une priorité fondamentale à Madagascar pour faire face au problème de l’insuffisance de la production et surtout de la pauvreté rurale : 2 personnes sur 3 vivent en dessous du seuil de pauvreté de 1 USD par jour et dans ce groupe, plus de 70% vivent de l’agriculture et en milieu rural (WDI, 2009). La notion de développement agricole porte essentiellement sur l’augmentation du volume des récoltes en augmentant les rendements par une meilleure utilisation des terres ou des autres facteurs limitant. A cela s’ajoute le concept de développement rural qui consiste à améliorer tout l’environnement de l’agriculteur et qui porte à la fois sur les routes, les villages, la santé, l’éducation et sur tous les services sociaux et économiques susceptibles d’améliorer non seulement la fonction productive, mais aussi le bien être social (Morize, 1992). Pour s’orienter donc dans ce sens et si on prend plus particulièrement le cas du district de Mahanoro, la problématique qui se pose s’articule autour de la question suivante : « Pourquoi l’agriculture paysanne n’est pas performante ? » D’autres question spécifiques s’ajoutent à cette question centrale et méritent des analyses plus profondes : - Quelles sont les principales caractéristiques de l’agriculture paysanne ? - Quels sont les facteurs de blocage de la production agricole en milieu rural ? - Quels sont les points importants à considérer pour arriver à améliorer le contexte du milieu rural vers un développement agricole ?

II.2. Hypothèses de recherche

Pour permettre de répondre à la problématique posée et pour éclaircir les questions spécifiques précédentes, quatre hypothèses ont été avancées :

Hypothèse 1 : Le contexte écologique n’est pas favorable à la production agricole. L’agriculture dépend directement des facteurs écologiques tels que le relief, les caractéristiques du sol, le climat et ses variabilités et la prolifération des ravageurs durant la plantation et le stockage des produits.

Hypothèse 2 : Le contexte social constitue un frein pour le développement de l’agriculture. Les comportements, les habitudes des paysans et les raisons qui les ont poussés à pratiquer l’agriculture influencent beaucoup l’activité et la production agricole.

16 Hypothèse 3 : Le contexte économique ne permet pas l’amélioration de l’activité agricole. Le passage de l’agriculture de subsistance vers l’agriculture de marché permet d’augmenter la production de façon considérable et de s’orienter vers le développement agricole. Mais ceci dépend en grande partie des facteurs économiques agissant sur la filière agricole à savoir : l’accessibilité et la disponibilité des matériels et intrants agricoles modernes ainsi que le pourcentage d’utilisation par les paysans, l’acheminement des produits du lieu de production vers le marché et le contexte du marché agricole.

Hypothèse 4 : Les actions de développement n’ont pas d’impact réel sur la situation agricole en milieu rural. Les actions de développement visent théoriquement l’amélioration de l’activité agricole au niveau des paysans, l’augmentation de la production ainsi que le développement du milieu rural. Les résultats obtenus vont dépendre des points suivants: la préparation et l’organisation du projet en question, la mise en œuvre des activités et la pérennisation des changements apportés.

II.3. Objectif du travail

Ce travail a pour objectif principal de mieux comprendre le contexte agricole en milieu rural afin d’identifier les facteurs de blocage de la production pour une amélioration de l’activité et une orientation vers le développement agricole et puis rural. Les objectifs spécifiques sont : - Identifier les facteurs écologiques qui sont en relation avec la production agricole. - Connaitre les facteurs sociaux qui influencent les pratiques agricoles. - Déterminer les facteurs économiques qui permettent d’améliorer les pratiques agricoles. - Evaluer l’impact des actions de développement sur la situation agricole réelle en milieu rural. - Hiérarchiser les facteurs de blocage de l’agriculture et de la production agricole pour pouvoir prendre des décisions réalistes et pratiques.

17 II.4. Limite du travail

D’une part, bien que toutes les précautions nécessaires aient été prises pour mener à bien ce travail de recherche, que les observations et les enquêtes aient été réalisées dans de bonne condition et que les données recueillies soient de bonne qualité, certains facteurs pourraient toujours dans une certaine mesure influer sur les résultats obtenus. Il s’agit de : - La taille plus ou moins faible de l’échantillon enquêté qui pourrait avoir des influences négatives sur la significativité de certains résultats. - Le non maîtrise des unités de mesures conventionnelles par bon nombre de paysan qui fait recourir à l’utilisation des unités de mesure locales et qui pourrait entraîner une surestimation ou une sous estimation des résultats. - La récolte échelonnée de certaines spéculations comme le manioc et le poivre fait appel à une bonne capacité de mémorisation et d’appréciation de la part des paysans pour avoir une idée globale la quantité de production.

D’autre part, pour le travail réalisé : - Le sujet concerne seulement l’agriculture et laisse de côté les autres secteurs productifs dans le secteur primaire : élevage, pêche, agroforesterie. - Seul le contexte de la production agricole est évoqué ici c'est-à-dire tout ce qui se passe au niveau des paysans en milieu rural. - Toutes les informations avancées dans ce travail sont valables seulement pour le district de Mahanoro même si des similarités avec d’autres zones se présentent.

18 III. DEMARCHE METHODOLOGIQUE

L’approche méthodologique consiste à décrire les étapes à entreprendre et les méthodes utilisées pour vérifier les hypothèses émises et pour atteindre les objectifs assignés.

I.1. Identification des acteurs

L’identification des acteurs consiste à déterminer tous les participants qui interviennent directement ou indirectement sur l’activité agricole. La connaissance des acteurs donne des informations sur leur comportement et leur dynamisme, permet d’identifier leur rôle et leur responsabilité et surtout de déterminer l’impact de leur présence et de leur participation tout au long de la filière agricole. Différents acteurs ont été identifiés : - Acteurs avant la production : fournisseurs d’intrants, centre de formation, organismes de développement. - Acteurs pendant la production : Paysans, techniciens et agents de terrain - Acteurs après la production : Transporteurs, collecteurs.

II.1. Investigation sur terrain

Les investigations sur terrain ont permis de collecter les données et de rechercher les éléments nécessaires directement à la source. Plusieurs méthodes ont été adoptées : - Recueil des données disponibles au niveau des institutions qui travaillent localement. - Enquête auprès des paysans concernant l’activité agricole et la production agricole. - Entretien avec les responsables et les personnes ressources au niveau des entités et institutions locales. - Observation directe de ce qui se passe et de ce qui se fait réellement sur terrain.

II.1.1Recueil des données sur terrain

A part l’analyse bibliographique qui donne les généralités sur le sujet à traiter, la récupération des données et des informations au niveau des institutions et des organismes locales est nécessaire pour obtenir les éléments qui concernent directement la zone d’étude, pour déterminer les particularités de la zone et surtout pour avoir plus de précision. Cela se fait donc par la consultation de tous les documents disponibles localement : - Monographie des communes, du district et de la région.

19 - Etats de lieu de la zone concernée. - Rapports techniques des différents services et institutions concernant les réalités du terrain et les activités menées dans la zone.

II.2.1Entretien

C’est une technique par laquelle un enquêteur cherche à susciter chez une personne ressource la production d’un discours continu sans énoncer les questions qui président à l’enquête (MICHEL B. et al, 1997). Le principe est de tirer des informations et des éléments de réflexion et la méthode d’entretien se distingue par la mise en œuvre des processus de communication et d’interaction humaine. a. Entretien non directif Dans ce cas, l’enquêteur lance la discussion avec une question de départ très ouverte sur le thème à explorer et intervient au minimum par la suite si ce n’est pour faciliter l’expression ou relancer le discours.

b. Entretien semi-dirigé Ici, l’enquêteur structure l’interrogation autour de thèmes préalablement définis sans pour autant diriger le discours (à la différence du questionnaire).

II.3.1Enquête

C’est une forme de discussion avec de question réponse autour d’un thème bien défini. L’objectif est de récolter les informations nécessaires auprès des personnes qui interviennent dans le domaine concerné. Deux formes d’enquêtes ont été effectuées : l’enquête par discussion formelle et l’enquête par questionnaire.

a. L’enquête par discussion formelle Avec cette méthode, le chercheur dispose d’un guide d’entretien pour conduire l’enquête. L’entretien est plus ou moins dirigé mais les réponses aux questions posées sont libres et ouvertes. Cette technique est limitée pour les personnes ressources d’une importance particulière pour la recherche car elle demande beaucoup de temps et requiert une confiance de l’interviewé pour qu’il puisse parler librement. La discussion formelle permet d’identifier les faits existants sur terrain et donne des informations plus riches.

20 L’entretien est utilisé quand il s’agit de collecter des informations sensibles et sert de précurseur au questionnaire qui va être appliquée pour une grande taille d’échantillonnage.

b. L’enquête par questionnaire L’enquête par questionnaire consiste à poser à un groupe d’individu plus ou moins représentatif de la population une série de questions sur certain point bien défini du sujet traité. Les questions sont posées de façon semi-ouverte pour prévoir à l’avance les principales réponses possibles mais on laisse la possibilité, au répondant, d’ajouter des informations supplémentaires en dehors des choix proposés. En totalité, 105 personnes ont fait l’objet d’enquête dont 48 acteurs indirects de la production pour discussion formelle et 57 paysans pour le questionnaire.

II.4.1 Observation directe

Il s’agit de décrire tout ce qui est vu et entendu directement sur le terrain pour essayer d’identifier tout d’abord et de comprendre par la suite la réalité du terrain et le contexte du sujet : environnement écologique, mécanisme socio-économique et les pratiques de tous les acteurs ainsi que leurs impacts sur le domaine traité. Elle permet également de vérifier et de confirmer ou non les informations recueillies auprès des différents sources et surtout de confronter les dires avec la réalité ainsi que la théorie avec la pratique. Cette technique nécessite donc une présence durable sur la zone à étudier pour que les personnes cibles s’habituent tout d’abord à la présence de l’observateur, afin d’instaurer une sorte de confiance entre les acteurs par la suite pour que les vraies pratiques ne changent pas durant la période d’observation et enfin pour constater la réalité de terrain.

Durant la réalisation de ce travail de recherche, la technique d’observation directe a été très utilisée car une grande partie des informations sont obtenus à partir des constatations et des interprétations de tout ce qui a été vue et entendu. En plus, le fait d’être responsable de la Circonscription de l’Agriculture de Mahanoro au sein de la Direction Régionale du Développement Rural Atsinanana nous a permis d’acquérir le minimum de connaissance nécessaire pour parler de l’activité agricole, du contexte autour de la production agricole et de toutes les actions entreprises dans le domaine de l’agriculture et du développement rural pour la zone d’étude.

21 III.1. Cadre opératoire de recherche

MODE DE PROBLEMATIQUE HYPOTHESES INDICATEURS VERIFICATION H1 : Le contexte -La nature du relief et du sol -Analyse écologique n’est -Les caractéristiques bibliographique pas favorable à la climatiques -Observation directe sur production -Type et nombre dessite agricole ravageurs de culture -Enquête -Le niveau d’éducation des paysans et surtout du chef H2 : Le contexte d’exploitation social n’est pas -Recueil de document -Habitude et comportement adapté au -Enquête des paysans développement de -Observation directe -Type et nombres des l’agriculture pratiques induites par la pauvreté sur l’agriculture -Taux d’utilisation des intrants et matériels agricoles modernes -Recueil de données H3 : Le contexte - Acheminement des -Enquête économique ne Pourquoi produits vers le marché : -Entretien permet pas l’agriculture mode de transport, durée du -Analyse filière et étude l’amélioration de paysanne n’est trajet et frais de transport. du marché agricole. l’activité agricole pas performante ? -Existence et régularité de débouché et stabilité du prix pour les produits agricoles -Identification des acteurs -Identification de la -Nombre et type des phase préparatoire du organismes de projet H4 : Les actions développement -Comparaison entre de développement -Cadrage et choix de la zone d’intervention et n’ont pas d’impact filière d’intervention la totalité de la zone réel sur la situation -Répartition et étendu de la -Identification du mode agricole en milieu zone d’intervention d’approche et de la rural -Les résultats : différence réalisation des activités entre théorie et pratique -Evaluation et comparaison des résultats théoriques et pratiques.

22 PARTIE II.

RESULTATS

23 I. LE CONTEXTE ECOLOGIQUE DE LA PRODUCTION AGRICOLE

I.1. Relief et sol Les facteurs sol et relief ont une influence considérable sur l’agriculture en générale car quelque soit la technique adoptée ainsi que les matériels et intrants utilisées, la production dépend tout d’abord de la surface cultivée donc de la caractéristique du relief pour être cultivable et de la nature du sol qui peut être fertile ou non. Pour le district de Mahanoro, selon les facteurs sol et relief, il existe 3 catégories de zones bien distinct en partant de la côte vers l’intérieur des terres : la zone littorale (25%), la zone intermédiaire (35%), la zone montagneuse (40%)

I.1.1. La zone littorale La zone littorale a un relief pratiquement plat et une altitude qui ne dépasse pas les 100m ce qui donne une accessibilité plus ou moins aisé. Le paysage est formé d’une part par une zone de plaine étroite et d’autre part par une zone marécageuse.

a. La plaine littorale C’est une zone de plaine basse et étroite étirée du nord au sud le long de la côte dont la dénomination locale est le « Tany fasina » du fait de la nature sableux du sol et qui ne retient pas l’eau. Les végétations caractéristiques de cette zone sont : le Psidium cattleinum (Goavintsinoa), le Psidium guajava (Goavibe), le Philippia Flroribunda (Anjavidy) et l’Aristida. Néanmoins, trois types de cultures s’adaptent bien à ce type de sol et sont pratiqués par les paysans : la culture d’ananas pour les zones proches des voies d’accès dont la RN 11A et le canal de Pangalane, la culture du vanillier sur la zone forestière en bordure de la mer et le reboisement d’Eucalyptus pour l’occupation du sol et pour l’exploitation de bois.

b. La zone marécageuse En arrière des cordons littoraux sont rencontrés des marrais et des bas fonds à sol tourbeux et hydromorphes appelé localement « Farihy ». Ces sols de couleur noirâtre sont saturés d’eau en permanence, dégagent une odeur de soufre et les matières organiques y sont mal décomposées. Les végétations caractéristiques de la zone marécageuse sont : le Melalenca viridiflora (Niaouli) de la famille des Myrtacées, le Typhonodorum lindleanum (Viha) de la famille des Aracées et le Pandanus concretus (Fandrana) de la famille des Pandanacées.

24 Cette zone à engorgement permanent ne peut être exploitée que pour la riziculture de submersion. La préparation du sol et la plantation se fait durant la période sèche de novembre- décembre et les variétés les plus utilisées par les paysans sont les « Beremena », « Mazankatoka » et « Boriziny » grâce à leur capacité d’adaptation à la condition de la zone marécageuse.

I.1.2. La zone intermédiaire La zone intermédiaire se trouve à une altitude comprise entre 100m et 400m. Elle se compose de : - Plaine alluvionnaire drainable de vaste étendue avec un sol formé d’alluvion argileuse. Les paysans les aménagent en rizière ou « Horaka » et y font deux campagne de riz irrigué dont le riz de saison ou « Vary vato » planté au mois de janvier/février et récolté au mois de mai/juin et le riz de contre saison ou « Vary mamy » dont la plantation se fait au mois de juillet/août et la récolte en décembre/janvier. - Vallées non inondable ou « Fitaka » avec un relief relativement plat et formés d’alluvion sablonneuse. On y trouve généralement les cultures fruitières dont les agrumes et la banane mais aussi les cultures vivrières dont le maïs et le haricot. - Les flancs des collines ou « Tavirana » avec une pente plus ou moins faible où sont pratiqués la culture de riz pluvial ou de manioc sur les bas de pente et les cultures de rente dont le giroflier et le poivrier sur les hauteurs.

I.1.3. La zone montagneuse La zone intérieure est caractérisée par un relief accidenté et une altitude élevée allant de 400m à 900m ou même plus. Cette zone est composée par : - Des bas fonds très étroits de faible pente et avec un sol argileux. Les gens les exploitent comme rizière principalement pour le riz de saison en les aménageant en terrasse et en créant un petit canal sur le côté pour la maîtrise d’eau d’où le nom de « Haka-drano ». - Des terrains à forte pente dénommé localement « Ringaringa » avec un sol de type ferralitique jaune/rouge ou jaune/rouge+rouge. Les parties difficiles d’accès sont encore couvertes de forêt naturelle et la forêt secondaire ou « Savoka » prédomine sur les parties accessibles. La culture sur brulis est fréquente sur ce type de terrain à cause de la présence de couverture végétale et l’essentiel des ressources provient encore des campements de culture établis par les paysans sur « Tavy ».Les paysans y cultivent généralement les produits vivriers dont le riz pour la première année, l’association de haricot/maïs pour la deuxième année et le manioc pour la troisième année avant de laisser le terrain à la jachère.

25 Tableau 9: Répartition par zone de la superficie cultivable et cultivée

Dénomination Superficie Zone Terroir Exploitation locale (ha) -Ananas Plaine littorale Tany fasina 57800 -Vanille Littorale sableux -Eucalyptus (25%) Zone -Riziculture de Farihy 38500 marécageuse submersion Plaine -Riz de saison Horaka 46200 alluvionnaire -Riz de contre saison Intermédiaire Vallée non -Maïs/haricot Fitaka 30900 (35%) inondable -Agrumes/banane -Riz pluvial/Manioc Flanc des collines Tavirana 57900 -girofle/poivre Bas fonds étroits Haka-drano 19200 -Riz de saison Montagneuse -Culture sur brulis ou Zone de pente (40%) Ringaringa 135200 « Tavy » : riz, forte maïs/haricot, manioc Source : Analyse cartographique de l’occupation du sol et observation directe.

Zone littorale Zone intermédiaire Zone montagneuse Photo 5: Zone agro écologique de la région (Source : auteur, 2014)

I.2. Les facteurs climatiques En définitive, le climat permet tout une gamme de culture adaptée à la condition chaude et humide tout au long de l’année : les cultures vivrières avec au moins deux campagnes de production, les cultures fruitières et surtout les cultures d’exportation. Néanmoins, certaines facteurs climatiques et conditions météorologiques ont des influences considérables et de façon négatives sur la production agricole à savoir :

26 I.2.1. L’hygrométrie La forte pluviosité combinée avec l’Alizé qui apporte une humidité constante et abondante exprime déjà le taux élevé de l’humidité atmosphérique et associé avec la température constamment élevée ne facilite pas le travail post-récolte des paysans. La conservation et le stockage des produits dans cette condition sont donc très compliqués avec les moyens et le contexte du paysan et ceci est valable aussi bien pour les produits frais que les produits secs. Une grande quantité de récolte est donc détruite au moment de la conservation et du stockage : les produits frais pourrissent très vite et ne se conservent pas au-delà de 3jours maximum tandis que pour les produits secs, il est très difficile de ramener la teneur en eau à un niveau acceptable et en plus, durant le stockage, le développement des champignons et moisissures accélère la détérioration des produits. Selon les paysans, la perte occasionnée par l’humidité élevée lors du stockage varie entre 20 et 30% ou même plus si la quantité est considérable et aucun moyen de conservation n’est utilisé.

I.2.2. La variabilité du climat Les facteurs climatiques jouent un rôle très important dans l’activité et la production agricole et plus particulièrement la quantité de pluie, la répartition et la date d’arrivée des premières pluies. Ces dernières années et plus particulièrement à partir de la campagne agricole de 2009, les paysans ont constaté que l’arrivée des premières pluies utiles aux cultures a accusé un retard considérable car si normalement, elles devraient arriver vers le mois de novembre et décembre, depuis, les premières pluies ne sont arrivées que vers le mois de janvier ou même février. Ceci engendre donc un retard considérable au niveau du calendrier cultural et augmente jusqu’à deux fois plus les dépenses pour les paysans concernant la quantité de travail et de semence utilisé car d’après les paysans eux même, le semis ou la plantation doivent être faits une deuxième fois si on veut avoir de la production car la première tentative est un échec total à cause du retard considérable des pluies.

27 I.2.3. Le Cyclone Situé sur la côte Est de Madagascar, le district de Mahanoro est une zone plus ou moins exposée aux risques des perturbations tropicales et le mois de janvier au mois de mars sont les plus redoutables. Suite au vent violent et à la forte pluie, chaque passage de cyclone provoque des dégâts important et plus particulièrement sur l’agriculture dont la destruction et perte des cultures, inondation des champs de culture compte tenu de l’abondance des réseaux hydrographiques traversant la zone ainsi que la destruction des infrastructures hydroagricoles.

Tableau 10: La fréquence d’arrivée du cyclone dans le district de Mahanoro

Année Evènements Dégâts 1959 Excès considérable de pluie Inondation de toutes les rizières et les champs de culture de bas niveau. 1970 Cyclone Dani Inondation et dégât important 1971 Cyclone Jeanne Inondation et dégât important 1977 Cyclone Emelie Inondation et dégât important 1984 Cyclone Domoina Inondation et dégât important 1989 Cyclone Zenaba Inondation et dégât important 1994 Cyclone Geralda Inondation et dégât important 2000 Cyclone Eline Inondation et dégât important 2000 Dépression tropicale Gloria Inondation des parcelles de culture 2003 Cyclone Manou Inondation et dégât important 2007 Cyclone Clovis Inondation et dégât important 2012 Cyclone Giovanna Vent violent et destruction des cultures Source : Bureau du district de Mahanoro, 2014.

D’après ces données, on remarque le passage d’un cyclone tous les cinq ans en moyenne. Et pour chaque passage de cyclone, on enregistre une destruction de culture entre 40 à 60% qui engendre une perte de production importante tant pour les cultures annuelles car la période de passage de cyclone coïncide avec la période de développement de cultures, que pour les cultures pérennes dont la reconstruction de la parcelle nécessite beaucoup de temps voire même plusieurs années.

I.3. Pression des parasites D’une manière globale, les ennemis des cultures occasionnent des dégâts importants à chaque campagne agricole. D’après les enquêtes effectuées, nombreux sont les prédateurs et les maladies qui attaquent les cultures et les produits agricoles et l’abondance des pluies et la température élevée sont les causent de leur prolifération.

28 Tableau 11: Les ennemis des cultures par ordre d’importance

Nombre de Ennemis Nom scientifique Cultures cibles Dégâts citation Rattus rattus et Riz, banane et Voalavo 57 20 à 40% Rattus norvegicus ananas Behatoka Heteronichus sp 46 Riz, maïs Plus de 20% Fodia Fody 38 Riz 10 à 30% madagascariensis Riz et maïs Fizofizo Sitophilus sp 22 10 à 60% stockés PMWaV ou Pineapple Dépérissement de Mealybug Wilt 18 Ananas 30 à 40% l’ananas associated clostroVirus.

Andretra Xyleutes cretaceus 12 Giroflier 15 à 20% Source: Enquête au niveau des paysans.

Sitophilus sur maïs Cochenille sur ananas Plant de girofle malade Photo 6: Types de ravageurs de culture (Source : auteur, 2014)

I.4. Pressions des adventices L’homogénéité du climat avec une condition chaude et humide tout au long de l’année favorise un développement rapide et continu pour la végétation naturelle. La pression des plantes adventices est donc élevée pour la culture et engendre une baisse considérable sur la production. Pour optimiser la production, les paysans sont obligés de faire des efforts importants pour lutter contre les adventices, car à part la diminution de la production, le développement non contrôlé de ces plantes entraine l’arrêt de croissance ainsi que la mort de la culture principale.

29 Tableau 12: Les principales plantes adventices

Zone Culture Nom vernaculaire Nom scientifique Anjavidirano Harefo Eleocharis dulcis Bas fonds rizicole : Riziculture Lomagnorano Asystasia gangetica Farihy et Horaka Beloha Cyperus acqualis Tsiriry Leersia hexandra Ramoregna Mimosa pudica Panpagna Urena lobata Vallée non inondable Culture vivrière Tongolotongolo Cyperus rotundus et bas de pente : Culture fruitière Stenotaphrum Fitaka Ahipisaka dimitiatum Ahitrombilahy Kyllinga erecta Apanga Pteridium aquilinum Tenona Imperata cylindrica Terrain en hauteur : Culture d’exportation Pennissetum Taviragna et Rambonaliaka Culture sur brûlis polystachium Ringaringa Fandràmana Commelina diffusa Tananapangna Emilia citrina Source : Enquête au niveau des paysans.

La lutte chimique n’est pas encore utilisée et le moyen de lutte paysanne contre les plantes adventices se focalise autour de 2 choses : - Avant la plantation, l’abattis brulis est souvent pratiqué pour éliminer la végétation naturelle sur les parcelles de cultures de façon rapide et efficiente. - Ensuite, les paysans optent pour le sarclage manuel qui consiste à enlever les mauvaises herbes de la au moyen de l’angady ou directement à la main. L’utilisation des sarcleuses mécaniques reste encore très limitée faute de disponibilité des matériels ainsi que de vulgarisation.

Tableau 13: Les pertes causées par les plantes adventices sur la production.

Culture Fréquence de sarclage Perte 0 sarclage/cycle 80 – 100% 1 sarclage/cycle 40 – 60% Culture annuelle 2 sarclages/cycle 20 – 40% 3 sarclages/cycle 0 – 20% 0 sarclage/an 40 – 60% Culture pérenne 1 sarclage/an 20 – 40% 2 à 3 sarclage/an 0 – 20% Source : Enquête au niveau des paysans.

30 II. LE CONTEXTE SOCIAL DE LA PRODUCTION

II.1. La pauvreté en milieu rural Une personne pauvre est définie comme étant une personne qui n’a pas les moyens de consommer un ensemble de biens alimentaires et non alimentaires considérés comme essentiels pour mener une vie active et sociale. Cette situation a des conséquences négatives sur la production agricole, tant sur la quantité que sur la qualité, car des pratiques non conforme et illégales sont pratiqués par les paysans à cause de cette pauvreté accrue en milieu rural.

Tableau 14 : Les pratiques observées dues à la pauvreté.

Nombre de Ordre Pratiques Importance Solutions paysannes citation Récolte prématuré 20 à 30% de la 01 Vol de girofle sur pied 48 Surveillance des production champs de culture 15 à 20% de la 02 Vol de poivre sur pied 31 Récolte prématuré production 20 à 40% de la 03 Vol de vanille sur pied 14 Récolte prématuré production Surveillance des champs de culture Excès de coupe de feuilles 40% de la Renouvellement de 12 à distiller pour le giroflier plantation la plantation 04 Mise en place de pépinière villageoise 15 à 25% de la Récolte prématuré du café 12 - production Mélange de clou conforme, 5 à 10% de la de griffe et de clou distillé 05 8 quantité - de girofle pour la commercialisé commercialisation Transformation du poivre 5% de la récolté vert ou prématuré 6 - production en poivre noire 06 Mélange de poivre 5% de la conforme avec du poivre 6 quantité - distillé commercialisé Source : Enquête au niveau des acteurs de production

31 En général, 60 à 70% des affaires traités annuellement par le Brigade de la Gendarmerie et le Commissariat de police de Mahanoro concernent le vol sur pied des produits agricoles ainsi que la destruction de culture à cause des problèmes fonciers.

Tableau 15: Nombre de cas de vol de produits agricoles enregistré en 2014.

Nombre Nombre poursuite Entité déclaration judiciaire Commissariat de Police 108 17 Brigade de la Gendarmerie 151 30 Total 259 47 Source : Service de la sécurité publique Mahanoro.

D’après la réunion mensuelle du district pour le mois de novembre 2014, cinq (05) voleurs de récolte de girofle sur pied sont arrêtés et massacrés par la population locale dans le district de Mahanoro à partir du mois d’octobre.

Photo 7: Plant de girofle après récolte des feuilles (Source : auteur, 2013)

II.2. L’agriculture comme seul source d’emploi Dans le district de Mahanoro, il n’y a pas d’autres secteurs de travail à part l’agriculture pour absorber toute la quantité de la population active. Selon une étude réalisée par CARE/SALOHI en 2010, environ 94% des ménages pratique l’agriculture comme activité primaire et les 6% restant travaille dans en général dans le secteur tertiaire notamment le commerce, le transport ou en tant qu’employé de l’Etat.

32 Pour une grande majorité de la population, il n’y a pas de question de choix pour l’activité agricole. La pratique de l’agriculture est one obligation pour la survie d’où littéralement le terme d’agriculture de subsistance. En plus, les petits cultivateurs n’ont ni les moyens nécessaires pour agrandir l’exploitation, ni les formations et savoir faire adéquates pour développer l’activité et augmenter la production. En effet, l’activité agricole reste donc, pour la plupart, une petite exploitation familiale qui sert à produire pour l’autoconsommation. A part l’absence d’autres secteurs de travail, le niveau d’éducation reste relativement faible car environ 10% des élèves du niveau I à l’école primaire continue le niveau II au collège et seulement 0,5% vont poursuivre le niveau III c'est-à-dire le Lycée ou plus. Presque la totalité des étudiants qui ont reçu un niveau d’éducation assez élevé quitte le district pour rejoindre les grandes villes afin de trouver des opportunités de travail non agricole.

Tableau 16: Effectif et pourcentage des élèves par niveau

Niveau I Niveau II Niveau III Année Effectif Pourcentage Effectif Pourcentage Effectif Pourcentage 2007 57 435 100% 3 282 5,7% 294 0,5% 2011 57 076 100% 7483 13,1% 300 0,5% Source : CISCO Mahanoro.

II.3. L’attitude et le comportement traditionnaliste de la population L’attitude et le comportement des paysans ont une influence sur leur choix, orientent leur pratique et par la suite, ont un impact considérable sur leurs activités agricoles et la production obtenue. La pratique de l’activité agricole est une question d’habitude bien encrée chez les paysans. D’après leur dire, ils pensent qu’ils savent très bien pratiquer l’activité agricole car d’une part, ils l’ont fait depuis des années et que l’agriculture n’a plus de secret pour eux, et d’autre part, ils continuent toujours à avoir de la production qu’ils jugent acceptable par rapport à leur pratique. Face au développement agricole et à l’augmentation de la production, deux questions pertinentes sont posées en permanence par les paysans : - « Pourquoi changer la pratique si ce que l’on fait habituellement marche très bien ? » - « Pourquoi augmenter la production si on doit travailler plus et que l’utilisation du surplus de production va créer un nouveau problème par la suite ? »

33 II.4. L’absence d’une organisation sociale productive. Comme l’agriculture est la principale activité productive, les paysans pensent que sa pratique doit rester au niveau de la famille et qu’ils doivent travailler de façon individuelle dans leur activité de production. Les raisons évoqués sont que cela permet de manifester la liberté et l’indépendance pour chaque ménage mais aussi à obliger chaque personne à prendre sa part de responsabilité. De plus, il y a l’absence de véritable leader social qui dirige la société dans le domaine de la production agricole car ni les autorités étatiques locales, ni les autorités coutumières ou Tangalamena n’interviennent vraiment dans la mise en place et la réalisation d’une organisation sociale concernant l’agriculture. Durant les dix dernières années, une douzaine d’infrastructure hydro agricole ont été installée dans le district de Mahanoro mais lors de la descente sur terrain, il a été constaté que seul deux sont encore en bonne état et restent fonctionnelles et à cause du manque d’entretien et de réparation. Et selon le responsable du développement au niveau du district de Mahanoro, il y a approximativement plus de 80 associations paysannes enregistrées dans tout le district mais seulement six (06) sont encore en activité et restent dynamique. Ces six associations travaillent dans le domaine de la production de jeunes plants pour les cultures d’exportation.

34 III. LE CONTEXTE ECONOMIQUE DE LA PRODUCTION AGRICOLE

III.1. Sous utilisation de matériels et intrants agricoles Pour augmenter la production, deux propositions sont généralement disponible : l’extensification des cultures par l’augmentation de la surface cultivée ou l’intensification agricole par l’application de nouvelle technologie de production, l’utilisation des semences, intrants et matériels agricoles modernes. Souvent, les paysans optent pour le premier choix vue que le pourcentage d’application de nouvelle technologie reste encore très faible voire même nul car seuls les paysans encadrés par les projets de développement utilisent les intrants et matériels modernes qui sont parfois non accessible au commun des paysans. Quand il n’y a plus d’appui et d’encadrement, les bénéficiaires ont tendance à se reconvertir vers les techniques traditionnelles et les dons obtenus sont soit bien rangés dans leur maison, soit vendus à des prix très bas aux grands producteurs.

Tableau 17: Pourcentage d’utilisation de technique améliorée.

Technique Paysans Effectif Pourcentage Paysans individuels 2183 4,5% Technique améliorée Paysans appuyés par 1121 2% les projets Technique Paysans individuels 45518 93,5% traditionnelle Total 48822 100% Source : Service de l’agriculture, 2014 Plusieurs raisons expliquent cette situation : - Les semences améliorées sont plus productives avec la technique moderne mais moins performantes, moins rustiques et plus vulnérables avec les techniques paysannes. - Les intrants et matériels modernes ne sont pas disponibles ou ne sont pas accessibles par les paysans faute de prix très élevé ou d’éloignement du lieu d’approvisionnement. - Les paysans pensent que le sol est fertile et que l’utilisation d’engrais même organique n’est pas nécessaire. - Les travaux culturales sont réduits au strict minimum et l’utilisation de matériels modernes n’est pas indispensable : culture sur brulis, zéro labour. - L’extensification de la surface cultivée est priorisée par rapport à l’intensification de la culture pour : augmenter la production avec la pratique habituelle,

35 occuper une plus grande partie de terrain et avoir le doit d’usage, mieux gérer les risques causés par le climat, les ravageurs ou autres. - Insuffisance ou même absence d’infrastructure hydro agricole qui permet l’utilisation de nouvelle technique. - Manque de formation et de savoir faire agricole, insuffisance d’encadrement et absence de vulgarisation efficace en milieu rural. - Manque d’échange et de partage avec le milieu extérieur et absence de référence en matière d’agriculture (pratique, rendement, production). Les paysans disent que : « si tout le monde a obtenu à peu près la même quantité de production sur la même unité de surface, c’est bien et pourquoi chercher à obtenir plus ? ».

III.2. Transport et voie de communication

III.2.1. Trafic routier et frais de transport. Pour les 11 communes qui composent le district de Mahanoro, à part le chef lieu du district, seules 4 communes sont accessibles en voitures et font l’objet d’un trafic plus ou moins réguliers pour le transport de passagers ainsi que des produits et marchandises divers. Pour les 5 communes restantes, le déplacement se fait généralement à pied et le portage ou transport de charge à dos d’homme est utilisé pour l’acheminement de toutes sortes de produit dans les deux sens de circulation.

Tableau 18: Trafic routier et frais de transport

Durée du Trafic Frais de Frais de Axe Points reliés Distance trajet journalier passager marchandise -Mahanoro 15 km 1 à 2 h 2 3000 Ar 600 Ar/50kg -Betsizaraina RN -Mahanoro 70 km 8 à 15 h 1 25000 Ar 200 Ar/kg T23 -Ambinanindrano -Mahanoro 130 km 24 à 36 h 1 60000 Ar 500 Ar/kg -Marolambo -Mahanoro 12 km 2 à 3 h 1 2000 Ar 500 Ar/50kg RN -Ambodiharina T11 -Mahanoro 47 km 5 à 6 h 1 6000 Ar 100 Ar/kg -Masomeloka Source : Enquête au niveau des transporteurs

Concernant le frais de transport, cela varie en fonction de la saison : durant la saison sèche du mois d’août au mois de décembre, elle est légèrement en baisse et le trafic est régulier et fiable. Mais durant la saison de pluie de janvier jusqu’en juillet, le frais de transport augmente et le nombre de trafic est réduit ou même annulé selon l’état de la route.

36 Photo 8: Etat de la route et véhicule de transport (Source : auteur, 2014) III.2.2. Trafic fluvial La zone est desservie par de nombreux cours d’eau mais la navigation est limitée par la présence de nombreux seuils de rochers au fur et à mesure que l’on pénètre à l’intérieur des terres. Le trafic fluvial est réservé au 4 communes qui se trouvent sur la zone littoral dont Mahanoro, Ambodiharina, Masomeloka et Ambodibonara. C’est le canal de Pangalane qui assure le transport des produits, des marchandises et des paysans riverains et qui est encore fonctionnel entre les districts de Mahanoro au nord et de Mananjary au sud en passant par NosyVarika. Les fleuves quant à eux ne sont navigables que sur une très courte distance. Vers le nord se font généralement le transport de produits agricoles notamment le poivre, le café, la banane. Vers le sud, les PPN et autres marchandises diverses composent la quasi-totalité des chargements. Le trafic est plus ou moins régulier et se fait presque quotidiennement. Pour une distance courte (moins de 5km), le transport des produits est assuré par des petites pirogues en bois dont la capacité ne dépasse pas les 600 kg. Pour le trajet de longue distance sur le canal, les chalands sont le moyen de transport utilisé avec une capacité variant de 10 à 30 tonnes.

Tableau 19: Trafic fluvial et frais de transport

Frais Axe Distance Durée du trajet Frais passager marchandise -Ambodiharina 12 km 2h 3000 Ar 10 Ar/kg -Masomeloka 47 km 6h 5000 Ar 20 Ar/kg -Ambodiara Masora 70 km 12h 7000 Ar 40 Ar/kg (Befotaka) -Betampona 65km 11h 6000 Ar 30 Ar/kg (Ambodibonara) -Nosy Varika 84km 15h 10000 Ar 50 Ar/kg -Mananjary 180km 36 h 20000 Ar 100 Ar/kg Source : Enquête au niveau des transporteurs

37 Photo 9: Le port fluvial de Mahanoro (Source : auteur, 2014)

III.2.3. Le déplacement à pied et le portage La densité réduite du réseau routier face à un besoin toujours croissant de communication et d’échange ainsi que le coût élevé du transport font que le déplacement à pied et le portage, c'est-à-dire le transport de charges à dos d’hommes sont des pratiques courantes dans le milieu rural. Dans le district de Mahanoro, 5 communes sur 11 ne sont pas accessibles ni par le trafic routier, ni par le trafic fluvial dont : Tsaravinany, Manjakandriana, Ambinanidilana, Befotaka et Ankazotsifantatra. Sur les 193 Fokontany du district, seuls 34 soit 18% sont accessibles et font l’objet de transport plus ou moins réguliers routier ou fluvial. Les 159 autres qui fait 82% sont pratiquement enclavées et la population des ces zones est obligée de se déplacer à pied et d’utiliser le portage. En général, les gens doivent marcher entre 4 et 16 heures de temps pour rejoindre le chef lieu de la commune et/ou les axes de trafic le plus proche. Dans les fokontany non accessibles au moyen de transport les produits vivriers sont vendus localement et ne sont transportés que sur une distance inférieur à 5 km soit environ 2h de marche. C’est aussi le cas pour les produits fruitiers mais la commercialisation reste aux alentours des axes routiers ou fluviaux. Le prix des produits diminue dès qu’on s’éloigne du point de collecte et ceci peut aller jusqu’à 50% moins à 2 ou 3 km de là. Seuls les produits d’exportation font l’objet de portage sur une longue distance pour rejoindre le point de vente car la valeur ajoutée est élevée est peut couvrir le frais de transport.

38 Dans chaque fokontany ou chaque village même, il y a des jeunes hommes entre 16 à 30 ans qui sont spécialisés et pratiquent le travail de portage régulièrement. Ils assurent le transport des produits agricoles vers l’extérieur et l’acheminement des autres marchandises vers le village.

Tableau 20: Les principaux axes de déplacement à pied et le frais de portage

Axes Distance Durée Frais de portage -Tsaravinany 19km 5h 150 Ar/kg -Ampitakihosy (RN 11A) -Manjakandriana 42km 12h 300 Ar/kg -Mahanoro -Ambinanidilana 57 km 15 h 400 Ar/kg -Mahanoro -Ankazotsifantatra 13 km 3h 100 Ar/kg -Ampitabe (RN T23) -Befotaka -Ambodiara Masora (Canal de 25 km 6h 150 Ar/kg Pangalane Source : Enquête au niveau des communes

Photo 10: Le travail de portage (Source : auteur, 2014)

39 III.3. Le Marché des produits agricoles

A part les produits destinés à l’autoconsommation, l’agriculture et la production agricole dépend en grande partie du marché et les paysans prennent des décisions et orientent leurs activités selon le contexte du marché et de la commercialisation dont les facteurs à considérer sont :

II.3.1. Existence de débouché La commercialisation des produits agricoles se différencie selon leur nature, leur destination et leur utilisation. a. Culture vivrière La production est essentiellement destinée à la consommation familiale et puis locale. Pour chaque exploitation, l’estimation de la surface cultivée ainsi que la production est basée à partir des besoins de la familiale avec un surplus pour la gestion du risque et la commercialisation si possible. En générale, la production est encore insuffisante pour le cas du riz pour subvenir au besoin de la population. L’importation reste donc indispensable ainsi que l’utilisation des aliments alternatifs comme le fruit à pain et la banane en période de soudure. Une part importante de la production du maïs et du haricot est destinée à la commercialisation pour assurer les besoins monétaires de la famille. Pour le cas du manioc, la totalité de la production est utilisé pour la consommation sauf pour la zone proche du centre urbain ou la commerce se développe bien pour l’alimentation humaine surtout en période de soudure mais aussi pour l’alimentation animale car la porciculture s’est développé considérablement pour approvisionner le marché de local et celle de Toamasina.

Photo 11: Marché des produits vivriers (Source : auteur 2014)

40 b. Culture fruitière L’activité est basée sur la commercialisation et la zone de production est concentrée sur les communes de la zone littorale accessible en route ou par voie fluviale dont Mahanoro, Bestizaraina, Ambodiharina et une partie de la commune de Tsaravinany. Durant la période de récolte, les collecteurs ramènent des camions ou des chalands plus ou moins régulièrement sur les points de collecte pour acheter les produits. Ce sont les collecteurs eux-mêmes qui fixent le prix et la quantité qu’ils veulent prendre et le transport des produits vers le point de collecte est à la charge des producteurs et les parcelles se trouvent en générales à moins de 5 km du point de collecte.

Tableau 21: Les points de collecte des produits fruitiers

Point de collecte Commune Accès Produits Ampitakihosy Tsaravinany RN 11A Agrumes, banane, ananas Miakara Mahanoro RN 11A Ananas Betsizaraina Betsizaraina RN T23 Agrumes, banane Salehy Ambodiharina Canal de Pangalane Banane, ananas Source : Observation sur terrain En générale, à chaque saison, la demande est largement inférieure à l’offre car selon les producteurs, 40 à 60% de la production seulement passe sur le marché et presque la totalité des produits est en destination vers Antananarivo pour approvisionner le marché de la capitale. Face à cette situation, les producteurs ne pensent pas élargir la surface cultivée et à augmenter la production. Ils se contentent tout simplement à entretenir au minimum les cultures déjà existantes et à renouveler seulement les parcelles non productives.

Photo 12: Transaction du bananier (Source: auteur 2014)

41 c. Culture d’exportation Tous les produits d’exportation se cultivent dans tout le territoire du district de Mahanoro. L’activité est en plein essor actuellement car la demande est jusqu’ici largement supérieur à l’offre et la quantité de production reste encore très inférieure au besoin du marché. Les producteurs essaient d’agrandir leurs exploitations et d’entretenir les plantations existantes. La production augmente petit à petit depuis quelques années sauf pour le cas de la filière café qui a connu une régression plus ou moins remarquable. Néanmoins, il existe des zonages plus ou moins reparties pour chaque type de culture : - La zone Nord qui regroupe les communes de Tsaravinany, Manjakandriana, et Ambinanidilana est spécialisée sur la production du café. C’est une zone enclavée et difficile d’accès, donc le transport des produits se fait par le portage. - La Zone littorale dont les communes de Mahanoro, Betsizaraina et Ambodiharina produits principalement du girofle et de la vanille. C’est une zone facile d’accès par route ou par voie fluviale, donc le transport des produits ne pose aucun problème et le frais de transport est plus ou moins abordable. - La zone sud formée par les communes de Masomeloka, Ambodibonara et Befotaka ainsi que les districts de Nosy Varika jusqu’à Mananjary est l’une des zone la plus importante de production du poivre à Madagascar. Le canal de Pangalane permet une accès plus facile et rend plus simple le transport des produits vers Mahanoro avec un frais très abordables.

Poivre vert – blanc – noire Clou de girofle Photo 13: Les principaux produits d’exportation (Source : CARE Mahanoro 2014)

42 II.3.2. Le prix et la valeur ajoutée des produits

Le prix joue un rôle important sur l’activité et la production agricole car les paysans sont opportunistes et choisissent toujours l’activité à faire à partir de la valeur ajoutée du produit. Ce qui entraine une variation de la production proportionnelle à la fluctuation du prix et ceci est valable pour les trois groupes de cultures pratiquées par les paysans ainsi que pour chaque type de culture : - Les cultures d’exportation sont toujours priorisées par les producteurs car le prix est très élevé et continue toujours à augmenter à cause de l’insuffisance de la production. En plus, les cultures pérennes n’ont pas besoin de beaucoup de travail sur la culture et l’entretien à l’exception de la période de récolte. Donc l’activité se développe bien et la production augmente d’année en année. - Les cultures fruitières ont un prix plus ou moins intéressant par rapport à la simplicité de la culture et des entretiens à faire. C’est donc la demande du marché qui limite la production au niveau des paysans. - Les cultures vivrières se font surtout par nécessité car une grande partie de la production est destinée à la consommation. En plus, le prix et la valeur ajoutée sont les moins élevés par rapport aux autres types de cultures en tenant compte de la quantité de travail et de moyen nécessaire depuis la plantation jusqu’à la récolte et qu’il faut renouveler à chaque campagne. La valeur ajoutée est donc faible pour les cultures vivrières et les paysans cultivent juste la surface nécessaire pour assurer les besoins familiales et pour optimiser la production.

Tableau 22: Les prix des produits agricoles au niveau des producteurs

Type de culture Produits Prix Riz (paddy) 400 Ar/kg Maïs 300 Ar/kg Culture vivrière Haricot 2400 Ar/kg Manioc 500 Ar/3 à 5kg Ananas 200 à 500 Ar/pièce Culture fruitière Banane 200 Ar/kg Agrume 100 Ar/kg Café 2500 Ar/kg Vanille verte 10000Ar/kg Vanille conditionnée 70000 Ar/kg Culture d’exportation Poivre verte 4000 Ar/kg Poivre noire 12000 à 16000 Ar/kg Girofle frais 1000 Ar/kapoaka (200g) Girofle sec 18000 Ar/kg Source : Enquête au niveau des producteurs

43 II.3.3. Organisation de la filière

Théoriquement, la législation concernant le marché des produits agricoles existe mais elle est souvent dépassée par la réalité et il y a aussi des textes et des règlementations portant sur les conditions de commercialisation et de gestion du marché mais il n’y a pas de véritable application et d’impact significatif sur la filière concernée. En réalité, un règle de jeu plus ou mois conventionnel s’est mis en place et défini la responsabilité et le rôle de chaque participant dans la filière. Cette organisation interne est d’autant plus complexe et les participants d’autant plus nombreux quand le prix du produit pour la filière en question est élevé. - Vente des produits vivriers : les acteurs sont limités aux producteurs et aux collecteurs villageois et la vente se fait essentiellement au niveau local avec une quantité qui n’est pas assez importante. Durant la période de récolte, les producteurs vendent en petite quantité les produits au collecteurs/commerçants du village pour subvenir au besoin monétaire de la famille et ceci à plusieurs reprises. Les collecteurs assurent donc la collecte et le stockage des produits et le prix de la transaction est à ce moment à son niveau le plus bas. Durant la période de soudure, ce sont les collecteurs/commerçants qui revendent les produits vivriers soit à la population du village eux même, soit au marché locale et ceci à un prix largement supérieur qui peut atteindre 3 à 4 fois le prix d’achat lors de la période de récolte. - Vente des produits fruitiers : la vente se fait directement entre les producteurs et les collecteurs mais la transaction nécessite l’intervention des transporteurs pour acheminer les produits tout d’abord vers le point de collecte et ensuite vers le marché de destination. Durant la période de récolte, des collecteurs venus d’Antananarivo arrivent presque quotidiennement sur les points de collecte avec des camions pour le transport des produits. Quant aux producteurs, il récolte la quantité de produits qu’ils peuvent acheminer vers les points de collecte au maximum une journée avant la vente. Cette quantité fait en moyenne 60 à 80 kg car le paysan ne peut faire que deux aller-retour maximum en une journée sauf pour les grands producteurs qui engagent plusieurs personnes pour le portage. Jusqu’à aujourd’hui pour les cultures fruitières, l’offre est largement supérieure à la demande et seulement 60% de la production passe sur le marché et de ce faite, ce sont les collecteurs qui fixent la quantité à acheter et surtout le prix d’achat aux producteurs.

44 - Vente des produits d’exportation : c’est dans la commercialisation des produits d’exportation qu’une organisation plus établie s’est mise en place et qu’on trouve le plus grand nombre d’intervenant. Les producteurs qui assurent la production, la récolte et le traitement post-récolte dont principalement le séchage. Les petits collecteurs villageois qui achètent directement les produits chez les paysans durant la période de récolte, terminent le séchage et font un stockage partiel jusqu’à un certain quantité (200 à 500kg) selon le chiffre d’affaire et le capacité du lieu de stockage qui est la plupart du temps le lieu d’habitation même. Les collecteurs moyens qui se trouvent au niveau des communes qui reçoivent les produits des petits collecteurs durant la période de récolte même. Le triage commence en général à ce stade car seuls les produits bien secs et conformes sont pris. Ils stockent ensuite les produits jusqu’à une certaine quantité (0,5 à 2 tonnes) dans un magasin de stockage plus ou moins rudimentaires avant de le livrer au grand collecteur. Les grands collecteurs qui se trouvent dans le chef lieu du district et qui achètent les produits de tous les catégories des collecteurs et dans tout le territoire. Ce sont eux qui fixent les prix au niveau local et assurent la transaction avec les exportateurs. Ils utilisent beaucoup de mains d’œuvre pour le triage et le traitement final et ils possèdent des magasins de stockage conforme et de grande capacité (200 à 500 tonnes ou même plus). Les transporteurs qui assurent l’acheminement des produits au cours de la transaction depuis les producteurs jusqu’aux exportateurs: Au début de la chaine, ce sont les producteurs eux même qui assurent l’acheminement des produits vers les petits collecteurs. Ensuite il y a les porteurs qui assurent le transport des produits chez les petits collecteurs du village vers les collecteurs moyens au niveau des communes par le portage. Les Transporteurs ruraux qui apportent les produits de chaque commune vers Mahanoro par voie routière ou par voie fluviale. Et enfin, les transporteurs régionaux qui acheminent le produit de Mahanoro vers Toamasina. Concernant la collecte des produits d’exportation, il y a 117 collecteurs formels dans tout le district dont 10 sont des grands collecteurs. Mais il y en a 2 qui dirigent toute la commercialisation et qui englobent plus de 80% de la quantité des produits mise sur le marché à Mahanoro et toutes les catégories de collecteurs travaillent pour leur compte.

45 Tableau 23 : Les acteurs dans la filière agricole

Acteurs Localisation Activités Caractéristiques Producteurs Petits producteurs Milieu rural Production basée sur la Exploitation familiale à culture vivrière petite échelle (moins de 1ha en moyenne) Producteurs Milieu rural Production de culture Superficie plus de 2 ha et moyens vivrière et de culture production orientée vers la commerciale (fruitière commercialisation et exportation) Grand Proche du centre Production basé sur la Exploitation à grande producteurs urbaine culture d’exportation échelle (Plus de 4 ha) qui utilise beaucoup de mains d’œuvre et production basée sur la commercialisation Transporteurs Porteurs Au niveau du Transport des produits Transport par portage avec village vers les communes : une petite quantité (200kg collecteurs moyens ou en moyenne) point de collecte Transporteur Au niveau des Transport des produits Transport par voie routier rural communes vers Mahanoro : grands ou par voie fluviale avec collecteurs une quantité plus importante (0,5 à 2 tonnes) Transporteur A Mahanoro Transport des produits Transport par voie routier régional de Mahanoro versavec une quantité Toamasina chez les importante (plus de 10 exportateurs tonnes) Collecteurs Petits collecteurs Au niveau du Collecte des produits Petits commerçants en village aux paysans durant la PPN et au nombre de 2 à 3 période de récolte par fokontany Collecteurs Au niveau des Collecte, triage et Commerçants demi-gros moyens communes stockage des produits en PPN et autre marchandises. Propriétaire de véhicule de transport. Au nombre de 4 à 5 par commune Grands A Mahanoro Collecte, traitement et Commerçant grossiste de collecteurs stockage des produits PPN et autres agricoles d’une part et marchandises. transaction avec les Propriétaire de véhicule de exportateurs d’autre transport vers les part. communes. Source : Analyse de la filière des produits agricoles

46 IV. LES ACTIONS DE DEVELOPPEMENT

IV.1. Les structures d’appui

Théoriquement, toutes les institutions et organismes œuvrant dans le domaine du développement visent essentiellement l’amélioration de l’activité et de la production agricole par des interventions au niveau des paysans et du milieu rural par la professionnalisation des paysans, Amélioration quantitative et qualitative de la production, Optimisation des conditions de production par l’appui des producteurs et la mise en place des infrastructures agricoles et le redressement du niveau de vie des producteurs et amélioration du bien être humain Parmi les intervenants dans le domaine de l’agriculture pour le district de Mahanoro, on peut citer 3 groupes principaux d’acteurs dont les structures déconcentrés du Ministère de l’Agriculture, les différents organismes de développement et les centres de formation agricole et rurale.

IV.1.1. Institution étatique a- Circonscription de l’agriculture

La circonscription de l’agriculture est le représentant direct du Ministère de l’Agriculture au niveau du district dont les fonctions sont : assurer la liaison hiérarchique entre la Direction Régionale et le Ministère de l’Agriculture, rapporter les faits concernant l’agriculture à l’instance supérieure : surface cultivée, production agricole, problème rencontré et fait marquant, organiser la coordination de tous les acteurs de développement au sein du district et Encadrer et appuyer les paysans sur le plan technique.

b- Centre de service agricole

Le CSA est une structure nouvellement mise en place pour appuyer le Ministère dans la réalisation des activités concernant les services agricoles sur les filières agriculture, élevage et pêche. Celle de Mahanoro dénommé CSA Mahavelona a été installée en 2009 et a entré en activité à partir de 2010. Le CSA assure les 5 fonctions suivantes : la mise en relation des producteurs et des partenaires, l’appui des producteurs à la recherche de financement le recherche de débouché, la réception des demandes des paysans ainsi que le développement des partenaires et la communication et l’information.

47 IV.1.2. Les Organismes de développement a- Projets sous tutelle du Ministère Actuellement, 03 projets sous tutelle du Ministère de l’agriculture sont en activité dans à Mahanoro. Ces projets sont basés à Toamasina mais quelquefois, des agents partent en mission durant quelques jours pour essayer de réaliser les activités nécessaires sur terrain.

Tableau 24 : Les projets sous tutelle du Ministère de l’Agriculture

Projet Période Filière d’intervention Zone d’intervention Intensification rizicole : 06 Fokontany dans la Appui technique et matériel, commune de Mahanoro PUPIRV 2013 à 2015 mise en place d’infrastructure Cible : organisation paysanne Appui à la commercialisation Zone littorale PROSPERER 2014 à 2015 des produits agricoles : fruits Cible : organisation et miel paysanne Formations des jeunes Zone littorale déscolarisées en matière de Cible : jeunes ruraux FORMAPROD 2014 à 2021 production agricole et descolarisés insertion professionnel Source : Service de l’Agriculture. b- Organismes privées : Deux organismes privés interviennent dans le domaine du développement agricole et rural dans le district de Mahanoro au cours de ces dernières années.

Tableau 25: Les organismes privés en activité à Mahanoro. Organisme Période Filière d’intervention Zone d’intervention Sécurité alimentaire : 16 fokontany des les -Appui sur la production des communes de : cultures vivrières Btsizaraina -Mise en place des Ambodiharina CARE/SALOHI 2010 à 2014 infrastructures agricoles et Ankazotsifantatra rurale Ambinanindrano -Initiation à l’épargne et Cible : Organisation crédit agricole paysanne Rizi-pisciculture : Zone intermédiaire et -Mise en place du bassin zone montagneuse piscicole Cible : paysan APDRA 2014-2018 -Appui technique individuel -Approvisionnement en semence et alevin Source : Service de l’Agriculture

48 c- Fournisseur d’intrant SATA ou « Sakaizan’ny Tantsaha » est le seul opérateur officiel qui travail dans l’approvisionnement des paysans en intrants et matériels agricoles. Il assure la vente de tout type de matériel et intrant utilisé par les paysans ainsi que la réception des demandes pour les paysans dans les zones éloignées et enclavées et livraison des commandes groupés.

d- Centre de formation agricole Deux centres de formation sont en activité actuellement pour les paysans du district de Mahanoro : - Centre de formation agricole et rurale de Marotsiriry créé en 1973, sous tutelle de l’église catholique et se trouve dans la commune de Betsizaraina. Il donne des formations sur l’agriculture, l’élevage et l’ouvrage bois et la formation dure pendant une année : 2mois fois 3 au centre et 2 mois fois 3 sur terrain. Les principales activités du centre sont : l’identification des jeunes non scolarisés ou déscolarisés qui sont au nombre de 60 par an pour les districts de Mahanoro, Marolambo, Vatomandry et Nosy Varika, l’alphabétisation et formation sur les techniques de production améliorées et l’appui à l’installation et encadrement technique sur terrain. - Centre de formation IFTM ou « Ivon-toerana Fampiofanana Tantsaha Modely » créé en 2013 par la Région Atsinanana et se trouve dans la Commune de Niarovana Caroline, district de Vatomandry. Les cibles sont les paysans adultes déjà en activité et la formation concerne l’agriculture et l’élevage sur une durée de 9 mois dont 1mois fois 3 au centre et 2 mois fois 3 sur terrain. Les principales activités du centre sont : l’identification des paysans qui sont au nombre de 30 par an pour les districts de Mahanoro, Vatomandry et Antanambao Manampotsy, la formation de base sur les techniques agricoles, techniques d’élevage et la gestion d’exploitation et l’appui à la production et encadrement sur terrain.

Photo 14 : Centre de formation de Marotsiriry (Source : auteur, 2014)

49 IV.2. La répartition des projets de développement

Plusieurs organismes et ONG œuvrent dans le domaine de l’agriculture et du développement rural mais la répartition spatiale est très inégale pour chaque zone : il y a des zones de forte concentration d’activité de développement et il y en a d’autre ou aucun acteur de développement n’est présent. Avec l’éloignement, la présence des projets de développement diminue car les organismes sont concentrés dans les zones proches du centre urbain et absent dans les zones éloignés. L’accessibilité aussi est un facteur important pour l’intervention de ces acteurs de développement car plus les zone sont accessibles, plus les interventions sont nombreux. Dans ce cas, aucun projet de développement ne s’aventure dans les zones difficile d’accès et enclavées. A part le problème d’éloignement et d’accessibilité, la capacité de réception de la population locale vis-à-vis des interventions joue un rôle primordial pour le choix de la zone d’intervention. Les projets sélectionnent toujours les zones ou les cibles sont plus coopératifs, moins exigeants et n’ont pas beaucoup de critique concernant les activités entreprises. Cette inégalité de répartition est valable au niveau de la Région, du district et même de la commune. Pour la Région Atsinanana, les projets de développement s’installent presque toujours dans la ville de Toamasina et concentre leurs activités dans les districts de Toamasina et de Vohibinany (Brickaville). Pour le district de Mahanoro, aucun projet ne s’y installe actuellement mais quelques uns y sont en activité dont 3 projets sous tutelle du Ministère de l’Agriculture (FORMAROD et PROSPERER) et un projet d’organismes privés (APDRA). Cette fois ci, les interventions ont lieu dans les communes du zone littoral proche du chef lieu du district et facile d’accès dont Mahanoro, Betsizaraina, Ambodiharina et une partie de la commune de Tsaravinany. Pour chaque commune d’intervention, seuls les fokontany et les villages moins éloignées, facile d’accès et plus réceptif sont choisis.

IV.3. La mise en œuvre des activités

Les interventions des projets de développement sont souvent localisés, précises et bien organisés afin d’atteindre l’objectif fixé et d’aboutir aux résultats attendus à la fin de la période d’intervention. Mais des contraintes techniques et organisationnelles se présentent lors de la mise en œuvre des activités.

50 La période d’intervention est plus ou moins courte pour entreprendre les activités et pour atteindre les objectifs de développement. Cette situation entraîne une exécution des activités avec un rythme très élevé et soutenu et qui est largement eu dessus de la capacité de réception, de compréhension et d’assimilation des paysans.

Tableau 26 : Durée d’intervention des projets en activités à Mahanoro.

Projet Objectif Durée d’intervention CARE/SALOHI Sécurité alimentaire 4 ans PUPIRV Intensification rizicole 2 ans Appui à la commercialisation 1 an PROSPERER des produits agricoles Vulgarisation de la rizi- 4 ans APDRA pisciculture Formation et installation des 8 ans FORMAPROD jeunes déscolarisés Source : Enquête au niveau des projets de développement

Le mode d’approche est souvent inadapté au contexte du milieu rural car d’après les enquêtes menées, plusieurs contraintes ont été évoquées par les paysans concernant la coopération avec les projets de développement : l’approche par association et organisation paysanne ne convient pas aux paysans car c’est une question d’obligation mais pas de nécessité, les activités entrepris sont de grande quantité et le rythme d’exécution est plutôt rapide et ce qui entraîne un problème de compréhension et d’accessibilité au niveau des paysans, la formation est purement théorique et souvent non applicable en milieu rural et l’appui technique ainsi que l’encadrement sont insuffisant. L’effectif des agents de terrain qui sont en contact direct avec les paysans sont à la fois insuffisant et leur qualification ne concerne pas le domaine de l’agriculture et du développement agricole.

Tableau 27 : Effectif et qualification des agents de développement agricole

Effectif Organismes Technicien Total Autre agricole et rural Service de 1 0 1 l’agriculture CSA 0 3 3 Projets 0 2 2 Total 1 5 6 Source : Enquête au niveau des projets de développement

51 Les offres des projets de développement ne correspondent pas aux demandes des producteurs et les interventions ne sont pas toujours focalisées sur les points importants selon le contexte des paysans et du milieu rural. Pour le district de Mahanoro, tous les producteurs font les efforts nécessaires pour développer les cultures d’exportation dont principalement le girofle, ensuite le poivre et depuis peu la vanille. Beaucoup de demande d’appui concernant la mise en place des cultures d’exportation sont donc reçues au niveau du CSA mais aucun projet n’intervient dans cette filière actuellement. La plupart des demandes sont donc satisfaites par la prise en charge des paysans eux même c'est-à-dire l’achat directe et dans ce cas, le CSA n’est que facilitateur pour l’approvisionnement et l’organisation.

Tableau 28: Typologie des demandes traitées auprès du CSA

2012 2013 2014 Filière DS DS DS DR DR DR Achat Appui Achat Appui Achat Appui Culture 227 34 86 221 27 72 73 9 46 vivrière Culture 169 48 14 137 50 23 141 27 54 fruitière Culture 471 0 309 496 0 437 406 0 317 d’exportation Source : CSA mahanoro DR : Demande reçu DS : Demande satisfaite

IV.4. Les résultats obtenus par les actions de développement

Pour tout projet de développement digne de ce nom, l’évaluation des résultats se fait de façon théorique et les résultats sur terrains sont négligés et délaissés. Les chiffres avancés dans les rapports d’évaluation sonnent toujours bien même si cela à peu ou pas d’impact sur la situation sur terrain. De ce fait, les projets de développement ont tendance à atteindre des objectifs fictifs lors de la phase de réalisation et e se soucient pas vraiment de la pérennisation des activités et de l’impact que cela peut avoir dans le cadre du développement agricole et rural.

52 Tableau 29: Comparaison entre résultats théoriques et pratiques

Activités Résultats théoriques Résultats pratiques Formation Nombre des paysans formés sur Nombre des paysans qui ont les nouvelles techniques : 2080 appliqué et adopté les nouvelles techniques : 1121 Encadrement Nombre des paysans Nombre des paysans qui à technique encadrés : 1121 continuer l’application de la technique après l’encadrement : 103 Infrastructure Nombre des infrastructures mise -Nombre des infrastructures en place : 12 fonctionnels et utilisés par les bénéficiaires : 2 Source : Observation sur terrain.

Formation théorique en salle Formation pratique sur terrain Photo 15 : les actions de développement (Source : auteur, 2014)

53 V. Synthèse des résultats sur les facteurs de blocage de la production

D’après les enquêtes et les entretiens effectués auprès des 57 paysans et des 48 autres acteurs de la production, nombreux sont les contraintes identifiées concernant l’activité agricole ainsi que les facteurs de blocage de la production au niveau du district de Mahanoro. Mais il y en a qui sont plus important que d’autre et dont les impacts sont plus importants sur l’agriculture en général dont voici par ordre d’importance.

Tableau 30: Les problèmes de la production agricole.

Facteurs de blocage Nombre de Pourcentage citation Problème de prix 101 96% Mauvais états de la route 94 90% Problème de débouché 90 86% Ravageurs 78 74% Climat 63 60% Problème de moyen de transport 47 45% Problème intrant et matériel 34 33% Source : Enquête au niveau des paysans

54 PARTIE III.

DISCUSSION ET RECOMMANDATION

55 I. DISCUSSION SUR LA METHODOLOGIE

L’entretien permet de compléter les faits existants sur terrain que la littérature n’a pas cerné, Cependant, l’interviewé doit être en situation de confiance et puisse parler ouvertement (Quivy et Van Campenhoudt, 1995). L’entretien demande beaucoup de temps, requiert un enquêteur qualifié et nécessite une grande disponibilité des personnes à enquêter c'est-à-dire les personnes ressources. L’enquête par questionnaire consiste à poser à un ensemble de répondant une série de questions relatives à un certain point qui intéresse le chercheur (Quivy et Van Campenhoudt, 1995). C’est l’une des méthodes les plus adaptées pour arriver à la fois à avoir des données uniformes et quantitatives en un minimum de temps. Elle permet de prélever des informations sur un nombre élevé d’individus. Son point faible se situe pourtant au niveau de la fiabilité des données collectées car les réponses obtenus peuvent être superficiel et elle favorise les réponses individuelles et tient moins compte des interactions sociales. L’observation directe consiste à décrire de visu ce qui se passe sur le terrain. Même si on a essayé d’être le plus objectif possible, parfois des jugements et avis personnels peuvent apparaitre toute au long de ce document.

II. DISCUSSION SUR LES RESULTATS

II.1. Contexte écologique et production agricole Le contexte écologique agit directement et considérablement sur la production agricole.

II.1.1. Le relief et la nature du sol Le relief et la nature du sol interviennent directement sur la disponibilité de la surface cultivable ainsi que la surface cultivée, donc sur la production agricole : - La zone littorale avec un relief plat mais un sol sableux n’est pas très favorable à l’agriculture et une faible partie est exploitée pour la culture d’ananas qui s’adapte bien à ce type de sol qui ne retient pas l’eau. - La zone marécageuse avec un sol hydromorphe à engorgement permanent n’est utilisée que pour la riziculture de submersion durant la saison de décrue avec un faible pourcentage de terrain exploité. Mais cette zone peut être aménagée en rizière s’il existe des infrastructures adéquates surtout pour le drainage. Selon CARE/SALOHI, moins de 40% de la zone marécageuse dans le district de Mahanoro est actuellement aménagé en rizière et exploité par les paysans.

56 - La zone intérieure avec une pente plus ou moins forte n’est pas adaptée à l’activité agricole, mais les paysans exploitent toujours cette zone par la pratique de la culture sur-brûlis au dépend de la couverture végétale et qui nécessite un déplacement permanent à cause de diminution de la fertilité du sol. - Par contre la zone intermédiaire, avec un relief plus ou moins plat et un sol riche est très favorable à plusieurs types de culture dont la riziculture sur les périmètres irrigués, les cultures vivrières et fruitières sur les bas de pente et la culture d’exportation sur les hauteurs.

Pour le district de Mahanoro, le rapport entre la surface cultivable et la surface totale qui est de l’ordre de 30% reste encore assez élevé pour pratiquer l’activité agricole. De plus, la superficie cultivée est actuellement largement inférieure à la moitié de la supérficie cultivable ; d’où une grande opportunité pour élargir les terrains de culture pour une extensification agricole.

Tableau 31: Surface cultivable et surface cultivée

Surface Mahanoro Madagascar Superficie % Superficie % Totale 385 700 100% 58 704 000 100% Cultivable 114 700 30% 8 300 000 14% Cultivée 47 800 12% 3 600 000 6% Source : DRDR Atsinanana / Afriquinfos, 2014

II.1.2. Le climat

La nature du climat tropicale chaud et humide permet, d’une part, une gamme de variété de culture (culture vivrière, culture fruitière, culture d’exportation) et d’autre part, l’homogénéité du climat tout au long de l’année offre la possibilité de faire au moins 2 saisons par an pour les cultures annuelles sur une même parcelle (comme le cas du Riz de saison ou Vary vato et le Riz de contre saison ou Vary mamy). Cette situation est très favorable et a un impact considérable sur la production agricole. Mais le problème se pose souvent au niveau du manque ou même de l’inexistence des infrastructures. Par contre, la saison de culture est en étroite relation avec les facteurs climatiques notamment la pluviométrie, donc une variation considérable au niveau de la pluviométrie bouleverse tout le processus du système de production. Comme c’est le cas de la campagne agricole 2010-2011 : au niveau national, du fait d’une pluviométrie généralement favorable, la

57 performance de l’agriculture malgache a été globalement bonne. Tandis que la partie Est du pays a connu une rareté de pluie en cette même période dont le déficit a atteint jusqu’à 75% de la quantité normal pour les districts de Mahanoro et de Vatomandry avec un retard considérable sur l’arrivée des premières pluies utiles aux cultures et qui a causé une perte de 70 à 80% sur les récoltes (FAO/PAM, 2011).

II.1.3. Les ravageurs de culture

La condition chaude et humide du climat favorise la prolifération des ravageurs et des ennemies des cultures. D’après les paysans, en cas de rareté de pluie, ce sont les prédateurs qui se développent le plus et dans le cas contraire, l’abondance de la pluie est à l’origine des maladies. Ces ennemies de la culture occasionnent des dégâts sur la production tant durant la plantation que pendant le stockage des produits et la prolifération des rats a été signalée chaque année. Selon une étude menée à Mahanoro en 2009, plus de 40% des récoltes sont détruites chaque année par les ravageurs (CARE, 2010). Et d’après l’évaluation de la production au niveau national, la destruction de la production causée par les ravageurs est estimée à environ 35% dont principalement le rat (FAO, 2013). Même si les dégâts causés par les ravageurs sont considérables, aucun méthode de lutte efficace et à grande échelle n’a été entrepris car d’une part, compte tenu de l’indisponibilité et l’inaccessibilité des produits phytosanitaires les paysans ne font pas des traitements systématiques et font recours aux méthodes de lutte traditionnelle ou « Ady gasy » qui ne sont pas toujours efficace. D’autre part, même si le rat constitue les ennemis les plus ravageurs pour l’agriculture, ils ne sont pas considérés comme des cataclysmes publics par les services concernés.

II.1.4. Agriculture et ressource naturelle.

En tant qu’utilisateur majeur de ressources naturelles, l’agriculture exerce impacts négatifs sur l’environnement à savoir : le déboisement et la diminution de la couverture végétale, l’érosion et la dégradation du sol ainsi que la diminution des réserves en eau. Ces dégâts sont essentiellement causés par l’utilisation de pratique nuisible à l’environnement et non durable, notamment le défrichement, l’agriculture itinérante et les méthodes de culture sur brûlis.

58 Les paysans ont tendance à opter pour l’extensification agricole, ce qui engendre la mise en valeur des terres normalement non cultivables telles que les terrains en pente forte et les terrains rocheux ainsi que les terrains couverts par des forêts ou végétaux naturelles. La diminution des couvertures végétales combinée avec les précipitations abondantes accélèrent les phénomènes d’érosion et l’ensablement des bas fonds. Pour la Région Atsinanana, le taux de la déforestation annuelle causée par l’activité agricole est de 1,13% contre 0,53% au niveau national (MEFT, 2000).

II.2. Contexte social et activité agricole

II.2.1. La pauvreté et l’agriculture

Le seuil de pauvreté pour Madagascar était d’environ deux cent mille Ariary par personne par an et il a été estimé que plus de 70% de la population malgache était pauvre (INSTAT, 2006). Selon l’analyse de la pauvreté à Madagascar, la pauvreté est fortement lié à l’éducation, la composition du ménage et les caractéristiques géographiques (RAZAFINDRAVONONA et al, 2001). Plus important encore, les résultats montrent que des déterminants importants de la pauvreté sont les faits que le ménage réside dans les zones rurales et que le chef de ménage est un petit cultivateur (Bart MINTEN, 2006). Concernant le district de Mahanoro, selon une étude faite par le Service de la population, environ 74% de la population est classé comme pauvre est vit en dessous du seuil de pauvreté. Cette statut oblige donc la population pauvre en milieu rural, tout d’abord à réduire les niveaux de consommation dans la limite du possible, mais aussi de réaliser d’autres types d’activités pour accroître le revenu monétaire comme : l’élevage, l’exploitation forestière et l’exploitation aurifère. Et à l’extrême, des vols de produits sur pied ainsi que d’autre pratique qui détériore la quantité et la qualité de la production sont effectués surtout durant la période de soudure. En plus, l’agriculture se présente comme la seule source d’emploi en milieu rural car environ 94% de la population active la pratique comme activité principale (Service de la population, 2011). La majorité des paysans le font pour subvenir seulement au besoin de la famille et préfère pratiquer la méthode ancienne avec des techniques traditionnelles.

59 II.2.2. Le faible capital humain

Les travailleurs agricoles souffrent d’une diminution de leur capacité physique (résultat de la mauvaise nutrition et de l’insuffisance des services ruraux de santé) et d’un manque de compétences (attribuable au manque d’opportunité d’éducation pour la population rurale, en particulier d’opportunité de formation professionnelle). Ces faiblesses se voient exacerbées par la faiblesse des structures organisationnelles, reflétant l’absence d’une tradition de collaboration formelle et informelle. Selon l’INSTAT, 23% de la main d’œuvre agricole n’a jamais fréquenté l’école, et 63% n’a pas poursuivi au-delà de l’école primaire.

II.2.3. L’absence de sécurité foncière

Le système foncier repose depuis toujours sur les systèmes traditionnels d’allocation et d’administration de terre et l’occupation de faite prédomine encore surtout en milieu rural. Au niveau national, bien que 86% de la terre utilisée pour l’agriculture soit classée propriété privée, seuls 8% des ménages agricoles détiennent un titre formel de propriété pour le terrain (INSTAT, 2008). Pour le cas du district de Mahanoro, moins de 4% des ménages possèdent des titres ou des certificats fonciers (Guichet foncier Mahanoro, 2014). Cette situation accentue les litiges et les conflits envers l’occupation des terrains et engendre par la suite la destruction des cultures et le vol des produits agricoles sur pied. Selon les services de la sécurité publique à Mahanoro (Commissariat de police et Brigade de la Gendarmerie), chaque année, 60 à 80% des affaires traitées concernent des problèmes fonciers et agricoles.

II.3. Contexte économique et agriculture

III.3.1. La disponibilité limitée et le coût élevé des intrants améliorés

Le problème de disponibilité et le prix trop élevé des matériels et intrants agricoles modernes s’explique par le faible développement des systèmes d’intrants, le niveau élevé des coûts de transport et la faiblesse du secteur privée. Ce qui oblige les paysans à recourir à l’utilisation des techniques traditionnelles qui consistent à l’extensification de la culture et au minimum d’utilisation des intrants et matériels agricoles.

60 A Madagascar, environ 20% des surfaces agricoles sont cultivées à l’aide de variétés modernes ou améliorées et l’utilisation d’engrais est de 5kg/ha (FAOSTAT, 2009). Pour le district de Mahanoro, plus de 60% des paysans n’ont quasiment pas accès aux intrants agricoles à causes du prix trop élevé et surtout du problème d’enclavement. Quant aux engrais, les gens pensent et ont foi à la fertilité de leur sol (FAO/PAM, 2011). L’activité agricole continue donc à utiliser les petits matériels comme l’angady et les seuls intrants très demandés par les paysans sont : les pots plastiques utilisés pour la mise en place de pépinière pour les cultures d’exportation et les produits phytosanitaires dont les raticides et les insecticides terricoles. La quantité d’intrants vendue chaque campagne dans le district de Mahanoro reste largement inférieure par rapport à l’étendue de la surface cultivée

Tableau 32: Quantité des intrants vendue à Mahanoro

DESIGNATION unité 2011 2012 2013 Semence riz kg 2060 1180 1158 Semence maïs kg 712 110 420 Semence haricot kg 118 146 180 Guanomad kg 12400 3215 1620 NPK kg 40 110 170 Raticide en poudre kg 24 30 38 Raticide granulé kg 65 84 121 Insecticide en poudre kg 72 83 32 Insecticide liquide L 110 170 208 Insecticide terricole kg 153 301 522 Pot plastique unité 7600 8200 8600 Source : Sakaizan’ny Tantsaha Mahanoro.

III.3.2. Route, éloignement et agriculture La population rurale est souvent lésée dans le domaine de la croissance économique en raison de leur éloignement, mais aussi faute de réseaux de transport adéquats. Elle est souvent pénalisée par des coûts de transaction très élevées qui se répercutent sur leur niveau de vie et leur productivité. Concernant le transport à Madagascar, en moyenne, il faut 10 à 12 heures de temps pour les habitants d’une commune pour faire le trajet vers le centre urbain primaire le plus proche. L’utilisation d’une combinaison de moyen de transport est souvent nécessaire, mais pour plus de 28% de la population, la marche à pied est indispensable pour atteindre les principaux centres urbains.

61 En fonction des saisons, les coûts de transport changent. Ils accusent une hausse de 4% à la venue des pluies et le temps de déplacement augmente de 25% (Bart MINTEN et al, 2004). L’infrastructure routière à l’intérieur du district de Mahanoro, c'est-à-dire pour une superficie de 3857 km², nous donne les rapports suivants : une route bitumée de 35 km ou 9m/km² et une route secondaire praticable toute l’année de 145km soit 37m/km². Ce qui donne un total de 46 m de route praticable toute qualité confondue au km². Le reste est formé de piste accessible seulement à pied et parfois en moto. Cette précarité de l’infrastructure a pour conséquence l’enclavement des communes et surtout des fokontany et limite ainsi les transports des produits et des éventuels échanges locaux. De plus, l’abondance de pluie et la richesse hydrographique de la zone fait que le traversé des cours d’eau et des rivières pose un problème de taille pour le transport et nécessite des infrastructures adéquates et permanentes. Environ 82% de la population se trouve en zone enclavée et est obligée de marcher entre 4 et 16 heures de temps pour rejoindre le chef lieu de commune ou les axes de trafic le plus proche (Subdivision des Travaux Publics Mahanoro, 2014). Dans ce cas, le portage reste le seul moyen pour acheminer les produits agricoles vers le marché et le problème de transport limite considérablement la quantité commercialisée, donc la quantité produite.

III.3.3. Sous performance des marchés agricoles Pour la commercialisation des produits agricoles, d’une part l’existence de débouché conditionne la production et d’autre part, la fluctuation du prix influence directement la pratique des paysans concernant la production agricole. Le sous développement des marchés agricoles se reflète dans le fait que seul 40% du produit brut des exploitations est commercialisé à Madagascar (Randrianarison et al, 2009) et moins de 25% des ménages ruraux retire un revenu monétaire de la vente des produits agricoles (Pierre BERNARD et al, 2007). Dans le district de Mahanoro, la commercialisation des produits agricoles se diffèrent selon la nature du produit et selon la saison : - Pour les cultures vivrières, le prix est relativement bas et la production est généralement destinée à la consommation locale. Dans ce cas, les paysans essaient juste de réaliser le minimum nécessaire pour couvrir le besoin familiale. En période de récolte, l’offre est considérablement élevée par rapport à la demande et c’est le cas contraire qui se produit en période de soudure. Il y a donc une variation considérable de prix de l’ordre de 20 à 60% pour les produits vivriers entre ces deux périodes.

62 - Pour les cultures fruitières, il existe un débouché potentiel pour alimenter le marché de la capitale mais seul 40 à 60% de la production est commercialisé. Du coup, l’offre est toujours supérieure à la demande et ce sont toujours les collecteurs qui fixent le prix ainsi que les conditions de la transaction. - Pour les cultures d’exportation, la valeur ajoutée est relativement élevée et la demande est largement supérieur à l’offre, donc les paysans investissent beaucoup dans la mise en place de nouvelle plantation et dans l’entretien des plantations déjà existante.

Cette mauvaise performance du marché agricole peut être attribuée à deux causes principales :

- Infrastructure inadaptée pour la commercialisation, notamment les infrastructures de transport, qui misent à l’intégration des marchés agricoles car le réseau routier existant se révèle sous développé et mal entretenu. En outre, les prix varient considérablement selon les zones et les régions à cause des coûts élevés du transport. Et les fortes variations saisonnières des prix indiquent un manque de capacité de conditionnement et de stockage fiable à cause de l’insuffisance ou l’absence même des infrastructures. - Climat des affaires non favorable à cause des procédures réglementaires longues et coûteuses qui agissent comme des barrières et la majorité des opérateurs dans le secteur agricole reste confiné dans le secteur informel. Des années de sous investissement expliquent que les marchés agricoles demeurent sous développés, peu compétitifs et trop souvent soumis à la manipulation d’un petit nombre d’acteurs économiquement dominants.

Tableau 33 : Variation du prix et de la production agricole dans la Région Atsinanana pour la Campagne agricole de 2012-2013 par rapport à la précédente.

Filière Variation de la Variation de prix production Riz -3% -12% Autres cultures vivrières -12% -26% Cultures fruitières -30% -30% Café +20% +8% Poivre +15% +25% Girofle +5% +30% Source : Evaluation FAO, 2013

63 II.4. Les actions de développement rurale et le développement agricole

Les actions de développement sont censées apporter des améliorations et des changements significatifs sur la situation agricole en milieu rural.

II.4.1. Faiblesse des institutions et inefficacité des politiques

Les institutions publiques opérant dans le domaine de l’agriculture à Madagascar se trouvent fragmenté, insuffisamment pourvues de personnel qualifié et de moyen, et gérées de manière incohérente. Si les politiques agricoles à Madagascar ont beaucoup variées au cours des années, leur trait commun a été le recours aux initiatives programmes et projets ponctuels pour fournir des solutions immédiates à des urgences. La politique agricole a tendance à être modifiée au cours du temps et n’est pas à l’abri des influences politiques. Ce qui conduit à l’inadaptation de mesures cohérents visant à maximiser l’efficacité du secteur dans le long terme (RAZAFINTSALAMA et al, 2011).

II.4.2. Faiblesse des programmes de formation et de vulgarisation agricole

L’adoption des systèmes pluralistes qui rassemblent les institutions publiques, les organismes privées et les organisations paysannes s’avère efficace pour fournir des services de conseil et de vulgarisation agricole et un tel système n’existe pas à Madagascar (RAZAFINTSALAMA et al, 2011). En l’absence d’un service public fonctionnel de vulgarisation, des projets de développement appuyés par les bailleurs de fonds ont tenté de faire appel à des ONG et des entreprises privées, mais cette approche n’a pas entièrement réussi. Les services disponibles aujourd’hui restent limités: plus de 50% des ménages ruraux ne disposent actuellement d’aucun accès à un agent de vulgarisation (SSA, 2009). Pour le district de Mahanoro, des contraintes sur la mise en œuvre des actions de développement ont été identifiées dans ce travail et qui réduisent considérablement les impacts des résultats obtenus lors de la réalisation des activités. La répartition des projets de développement rural est remarquablement inégale car les ceux-ci se concentrent en grande partie dans les centres urbaines et les zones moins éloignées. Cette situation est valable au niveau régional, au niveau du district et au niveau local. Sur les 15 projets qui sont en activité dans la région Atsinanana actuellement, aucun ne s’installe dans le district de Mahanoro et 4 seulement y sont en activité (DRDR Atsinanana,

64 2014). Ceux qui travaillent à Mahanoro n’interviennent que dans les 4 communes les plus proches avec 12 Fokontany seulement sur les 11 communes et les 193 Fokontany du district. Dans ce cas, les résultats se concentrent dans les zones moins éloignées et plus accessibles car environ 83% des demandes satisfaites au niveau du CSA Mahanoro se localisent dans les zones accessibles. La mise en œuvre des activités ne sont pas adaptés au contexte du milieu rural à cause de la courte durée de la période d’intervention qui exige la réalisation de tonne d’activité en un minimum de temps, l’insuffisance des agents qui travaillent sur terrain et surtout le manque de qualification de ces agents de terrain en notion d’agriculture et de milieu rural dans la réalisation des activités.

Tableau 34: Effectif des agents de développement agricole dans la Région Atsinana

Effectifs des personnels à : Organisme Nombre Toamasina Mahanoro autres Total districts DRDR 1 49 1 2 52 CSA 6 3 3 12 18 Projets 14 74 2 36 112 Total 21 126 6 50 182 Source : DRDR Atsinanana

Tableau 35 : Effectif des techniciens agricoles dans la Région Atsinanana.

Personnels Organismes Techniciens Total Autres agricoles DRDR 14 38 52 CSA 0 18 18 Projets 45 67 112 Total 59 123 182 Source : DRDR Atsinanana

En plus, les offres des projets ne répondent pas aux besoins réels des paysans et du coup les activités ont du mal à passer sur le terrain et il n’y a pas de pérennisation sur les changements apportés à cause du problème de communication et de compréhension envers les deux antagonistes. Pour les producteurs, la priorité est l’utilisation des produits c'est-à-dire la valeur ajoutée, le débouché et le transport et c’est après qu’ils pensent à l’augmentation de la production. Tandis que pour les organismes de développement, l’objectif est l’augmentation de la production par l’intensification agricole.

65 Ce qui permet donc de dire que les actions de développement agricole n’ont pas d’impact positif sur la situation agricole en milieu rural et n’apporte ni d’amélioration sur la production, ni de changement convaincante sur la pratique en matière d’agriculture.

II.4.3. Faiblesse de la productivité agricole

Selon les analyses, la faiblesse de la productivité agricole à Madagascar peut être attribuée à de multiples causes :

- L’utilisation de pratiques agricoles dépassées à cause des connaissances insuffisantes des producteurs en matière de technologies améliorées qui s’explique par le recours aux petits matériels agricoles manuels et intrants agricoles locales ainsi qu’une forte pourcentage d’exploitation de type extensive de subsistance : environ quatre personnes sur cinq de la population active travail dans le secteur agricole et plus de 70% du ménages agricoles vivent en dessous du seuil de pauvreté (WDI, 2009). Et moins de 20% de la surface cultivée utilise des matériels et/ou des intrants modernes (FAOSTAT, 2009). - La faiblesse des programmes de formation des producteurs et de vulgarisation agricole. D’après l’INSTAT, 23 % de la main d’œuvre agricole n’a jamais fréquenté l’école, et 63% n’a pas poursuivi au-delà de l’école primaire. Aujourd’hui, l’écart entre la moyenne des rendements réalisés par les agriculteurs et les rendements maximum atteignables dans des conditions expérimentales se trouve proche de 75% à Madagascar (FAOSTAT, 2009). - La disponibilité limitée et le coût élevé des intrants améliorés, ce qui s’explique par le faible développement des systèmes de distribution d’intrants, le niveau élevé de coûts de transport et la faiblesse du secteur privée. L’utilisation d’engrais à Madagascar reste encore en dessous de 5kg/ha (FAOSTAT, 2009). - La faible utilisation de crédit pour la production. De nombreux producteurs agricoles manquent des connaissances et des compétences pour recourir au financement du secteur de production agricole. En l’absence de demande effective, les institutions financières à Madagascar font peu d’effort pour prêter dans le secteur agricole, si bien que le taux de pénétration du marché des institutions financières dans les communes rurales n’est que de 20 %, et seulement 10 % des ménages ruraux accèdent au crédit de financement des activités de production agricole (AGEPMF, 2011). - La déficience des infrastructures nécessaires dans le secteur agricole : infrastructure de production (aménagement pour l’irrigation), les infrastructures de

66 conditionnement et de stockage (aires de séchages, magasin de stockage, unité de transformation) et les infrastructures pour la commercialisation (route, moyen de transport, marché).

Pour le District de Mahanoro, les points identifiés qui affectent la production agricole et qui ont des impacts sur les activités de production pour les paysans sont : le contexte économique, le contexte écologique, le contexte social et les actions de développement.

Le contexte économique qui joue un rôle capital pour la prise de décision sur les activités de production.

- Le prix des produits agricoles permet aux paysans de choisir les filières prioritaires : les cultures d’exportation sont priorisées, puis les cultures commerciales et enfin les cultures vivrières. Et dès qu’il y a une augmentation de prix pour un produit bien défini, les paysans ont tendance à se lancer vers ce produit en question. - L’existence de débouché qui permet une utilisation rapide et efficace des produits. Pour la culture d’exportation, l’offre est loin de satisfaire la demande et les paysans continuent à développer la culture. Pour les cultures fruitières, le marché n’arrive pas à absorber la totalité de la production et la production est donc limitée. Pour les cultures vivrières, la production sert surtout à couvrir les besoins locales. - L’existence de voie de communication et de moyen de transport conditionne aussi la production agricole : sur les zones faciles d’accès où il y a des moyens de transport fiable, les paysans ont tendance à pratiquer la polyculture alors que sur les zones plus ou moins enclavées, les producteurs se spécialisent sur la culture d’exportation.

Le contexte écologique dont les paysans n’ont aucune maitrise en réalité. - Il y a tout d’abord la précipitation qui est le premier facteur qui détermine la production au niveau de l’agriculture paysanne : si elle est favorable, la production est optimum et dans le cas contraire si elle est insuffisante, trop abondante ou en retard, la production a tendance à diminuer. - Il y a aussi la pression des ravageurs de culture qui occasionne des dégâts plus ou moins considérables sur la production. Et aucun moyen de lutte collectif et à grande échelle n’a été appliqué jusqu'à aujourd’hui. Les paysans se contentent donc de la plantation groupée et de l’utilisation des moyens de lutte traditionnels.

67 - Et il y a enfin la pression des plantes adventices qui obligent les paysans à mettre en œuvre des moyens de lutte efficace pour optimiser la production. Les pratiques les plus utilisés contre les adventices sont le feu c'est-à-dire l’abatis brûlis avant la plantation et le sarclage manuel pendant la saison de culture.

Le contexte social qui agit de façon considérable sur l’activité agricole. - Les paysans optent pour l’extensification agricole car cela permet d’augmenter la production sans recourir à beaucoup d’investissement, de gérer les risques et de minimiser les pertes, d’occuper plus d’espace et de confirmer la possession de terrain. Mais surtout, ils pensent que rien ne sert de à faire l’intensification agricole car ils arrivent encore à produire et qu’ils obtiennent à peu près la quantité nécessaire à leur besoin. - Les cultures d’exportation sont priorisées par les producteurs car la valeur ajoutée est élevée, la culture est moins compliquée et surtout, le transport est plus simple et le débouché n’est pas encore saturé.

Les actions de développement qui n’ont pas d’impact réel sur la situation agricole en milieu rural et sur la production. En faite les paysans continuent à utiliser les pratiques agricoles traditionnelles avec des petits matériels généralement manuels, des semences locales et le minimum d’intrant. De plus, de très faible pourcentage des paysans ont accès à des agents développement ou des vulgarisateurs agricoles et les points de vue ainsi que les priorités des deux antagonistes ne sont pas les mêmes.

68 III. PROPOSITION D’AMELIORATION

III.1. L’extensification agricole

Le développement agricole se traduit souvent par l’augmentation de la production. Pour s’orienter dans ce sens, la vulgarisation de l’intensification agricole pour l’augmentation de la productivité sur les terres déjà cultivées dont le résultat est à remettre en question jusqu’ici peut être accompagnée de l’extensification agricole et la mise en valeur de nouvelle surface cultivable car de nombreuses zones agricoles restent encore non exploitées. Pour cela, deux alternatives sont possibles : - D’une part, dans les zones peuplées mais sous exploitées, il faut orienter la population locale à élargir l’exploitation par l’aménagement des nouvelles terres cultivables pour des cultures à forte valeur ajoutée : par la mise en place de pépinière villageoise par exemple. - D’autre part, dans les zones peu peuplées ou les travailleurs agricoles sont rares, l’extensification nécessite la mise en place de société d’exploitation agricole de grande échelle qui utilisent soit de la quantité élevée de main d’œuvre agricole importé, soit le recours à la mécanisation agricole pour compenser le manque de main d’œuvre.

III.2. Les actions prioritaires pour relancer l’agriculture

Transformer l’agriculture de subsistance que font la majorité des paysans aujourd’hui en une agriculture dynamique et orientée vers le marché s’annonce difficile voire même impossible car un grand nombre de conditions préalables doivent être remplies en même temps, toutes nécessaires bien qu’aucune d’entre elles se soit suffisante en elle-même. Ceci signifie qu’il n’existe pas de solutions rapides et simples, ni de solution miracle pour le développement agricole. Pour s’attaquer aux nombreuses contraintes contribuant à la mauvaise performance du secteur agricole en milieu rural, les actions prioritaires proposées sont les suivantes :

Action 1 : Amélioration de la performance des marchés agricoles Le sous développement des marchés agricoles se reflète dans le fait que seul 40% du produit brut des exploitations est commercialisé à Madagascar (Randrianarison et al., 2009), et moins de 25% des ménages ruraux retire un revenu monétaire de la vente des produits agricoles (Pierre Bernard et al., 2007). Les points à améliorer sont donc :

69 - Organisation du marché et des conditions de commercialisation en identifiant tout d’abord tous les acteurs qui interviennent dans la commercialisation afin de les orienter dans le secteur formel, d’en définir par la suite le rôle et la responsabilité de chaque acteur, après de mettre en place les règles et les lois adaptés pour la pratique de la collecte et de la transaction des produits agricoles et par surveillance et le contrôle du marché tout au long de la filière afin d’encourager les bonnes pratiques et de pénaliser les actions illicites et illégales. - La mise en place des infrastructures adaptées à la commercialisation des produits agricoles : infrastructure de traitement post-récolte (nettoyage, séchage, calibrage …) et unité de transformation pour augmenter la valeur ajoutée des produits et magasin de stockage conforme et fiable pour diminuer les fortes variations saisonnières des prix. Pour cela, des investissements relativement modestes dans des infrastructures de petite échelle peuvent avoir des impacts rapides et significatifs sur la production.

Action 2 : Amélioration des routes desservant les zones de production à haute potentialité. Le réseau routier relie les zones de production avec le marché, mais de nombreuses régions restent enclavées car le réseau routier est inexistant ou se révèle sous-développé et mal entretenu. L’indice d’Accès Rural pour Madagascar, qui est le pourcentage de la population rural qui vit à moins de 2 km d’une route praticable toute l’année est de 2,4% (Banque mondiale, 2009). Pour cela, la construction des routes se révèle indispensable et impose la participation active de l’Etat, des organismes de développement et surtout de la population entière qui bénéficie de l’utilisation de l’infrastructure en question. Il faut aussi mettre en place l’organisation de l’entretien de ces routes et des autres infrastructures qui vont avec comme les ponts, les canaux d’évacuation et les bacs pour permettre une maximisation de la durée de vie du réseau routier existant. En même temps, il faut aussi penser à trouver les moyens de transport adéquat pour le milieu rural. Dans la Région Atsinanana et le district de Mahanoro, aucun moyen de transport routier n’existe à part les voitures et le portage. Comme l’élevage bovin est plus ou moins développé dans la région, il est possible d’introduire d’autre moyen de locomotion comme les charrettes qui sont adaptées au milieu rural et peuvent aider les paysans pour le transport des produits agricoles vers le marché.

70 Action 3 : Renforcement des systèmes de distribution des intrants et matériels agricoles Pour l’amélioration de la productivité agricole, il faut une innovation technique continue, à grande échelle et petit à petit pour permettre au paysans de suivre le rythme du changement et d’assimiler les nouvelles techniques plus productifs. Ceci dépend en grande partie d’une part, de la disponibilité en temps utile des intrants tels que la semence, l’engrais et les produits phytosanitaires pour les cultures ainsi que des matériels agricoles adaptés à la technique en question. D’autre part de l’accessibilité de ces consommables par le moyen paysan et à long terme pour permettre une utilisation durable et pérenne. Il faut donc mettre en place en milieu rural un système qui permet de collecter et de regrouper les demandes des producteurs et en retour de livrer les objets commandés en temps utile et avec un coût plus abordable pour les paysans. Le don et la dotation gratuite de matériels et intrants agricoles aux paysans ne s’avèrent pas efficace et productif par question de nécessité tout d’abord et par problème de pérennité par la suite.

Action 4 : Renforcement des compétences des agriculteurs. L’augmentation de la production agricole par l’amélioration de la performance du marché, l’amélioration du réseau routier et le renforcement des systèmes de distribution n’est pas suffisante, ceci doit être accompagné par des programmes de formation auprès des agriculteurs qui doivent apprendre à les utiliser. Il est donc indispensable de maintenir les paysans producteurs bien informés et dotés des bonnes connaissances concernant la pratique des activités agricoles. Pour cela, il faut mettre en place un système de vulgarisation et de perfectionnement efficace et à grande échelle. Pour atteindre cet objectif, il faut une organisation bien fondée et solide entre le service public de vulgarisation agricole ainsi que les organismes et ONG œuvrant dans le domaine du développement rural afin de déterminer les responsabilités de chaque acteurs : qui fait quoi et à quel moment ? Cela permet d’obtenir un résultat plus concret et qui a beaucoup plus d’impact sur la situation agricole en milieu rural, mais surtout de pouvoir identifier les points faibles qui nécessitent des améliorations et des corrections au cours de la réalisation des activités.

71 Action 5 : Pour le long terme, préparer les futures paysans pour devenir des exploitants agricoles professionnels qui peuvent produire pour couvrir tout d’abord les besoins mais surtout pour s’orienter vers la commercialisation. La majeur partie des élèves qui se trouve en milieu rural vont devenir des paysans et travailler dans le secteur agricole, il faut donc insérer dans les programmes d’éducation en milieu rural, même partiellement, des matières concernant l’activité agricole et l’utilisation des techniques de production améliorées plus performantes pour initier déjà ces futures paysans à la pratique de l’agriculture moderne plus productive, pour habituer à l’utilisation des techniques améliorées ainsi que des intrants et matériels nouvelles, pour faciliter la vulgarisation agricole par la suite au moment ou ces étudiants deviendront des producteurs, mais surtout, pour que le choix de se lancer dans le secteur agricole se fait en connaissance de cause et pour que l’activité vise la production et la commercialisation afin de permettre au paysans l’obtention d’un revenu agricole suffisante pour l’amélioration du niveau de vie et pour pouvoir investir dans l’exploitation agricole.

72 CONCLUSION

73 L’agriculture tient une place très importante dans le domaine économique et social d’un pays car elle participe au PIB et à l’offre d’emploie pour la population active, elle permet de couvrir les besoins alimentaires et autres produits végétaux de la population. Mais surtout, elle est une source de revenu important pour les paysans lors de la commercialisation des produits et une source de devise non négligeable pour le pays lors des exportations. Mais pour les pays sous développés comme Madagascar, même si les potentialités pour un développement agricole existent, l’agriculture n’est pas du tout performante et n’arrive même pas à produire les besoins de la population. Cette situation est souvent expliquée par la pratique de techniques agricoles traditionnelles et peu productifs, la sous utilisation des intrants et matériels agricoles améliorées et le manque des infrastructures hydro agricoles pour accompagner les nouvelles techniques de production. Le développement agricole constitue donc une priorité fondamentale parce que le pays doit faire face à un grave problème de pauvreté rurale. Mais depuis longtemps, les actions menées dans ce sens n’ont pas apporté de résultat concret sur l’augmentation de la production et n’ont pas beaucoup d’impact sur l’activité agricole en milieu rural. En d’autre terme, les problèmes ne sont pas résolue et la situation ne s’améliore pas, au contraire elle se détériore de plus en plus et oblige l’importation de produits agricoles de base pour couvrir les besoins croissants de la population.

Pour essayer d’améliorer la situation, il faut d’une part identifier les caractéristiques de l’agriculture paysanne et d’autre part, de déterminer les véritables problèmes de l’agriculture au niveau de la production agricole en milieu rural.

L’agriculture paysanne comprend trois grands groupes de production dont : - La culture vivrière notamment le riz, le maïs, le haricot et le manioc qui sont généralement produits pour la consommation. - La culture fruitière principalement l’ananas, la banane et l’agrume qui sont destinés à la commercialisation mais la production dépend directement du marché. - La culture d’exportation avec le girofle, le poivre, le café et la vanille dont la production est en plein expansion actuellement parce que la valeur ajoutée pour ce genre de produit est très élevée et rentable pour les producteurs, mais aussi car la production est largement inférieure à la demande du marché, donc la potentialité sur le débouché est encore intéressante.

74 L’identification des véritables facteurs de blocage de la production au niveau des paysans en milieu rural permet de s’orienter vers le développement agricole. Le contexte écologique n’est défavorable à la production agricole que partiellement car le relief et la nature du sol offre une grande opportunité en matière de terrain cultivable et le climat permet une multitude de culture. Par contre, la variabilité des facteurs climatiques détériore les conditions de production et les dégâts causés par les ravageurs diminuent considérablement la quantité de produits obtenus. Le contexte social n’est pas adapté au développement de l’agriculture car la pauvreté de la population induit des pratiques défavorables à l’activité de production et le faible niveau d’éducation des paysans accompagné de leur attitude et comportement traditionnaliste ainsi que l’absence d’une véritable organisation productive au sein de la société empêche l’amélioration de la pratique de l’agriculture. Le contexte économique est à la fois défavorable et avantageux pour l’agriculture. L’utilisation des intrants et matériels modernes sont très limités car ceux-ci ne sont pas disponibles et chères. L’acheminement des produits vers le marché est difficile à cause du manque d’infrastructure routier et des moyens de transport. Par contre, l’existence de débouché et la valeur ajoutée jouent en faveur des produits agricoles, les cultures d’exportations sont donc priorisés par les paysans par rapport aux cultures fruitiers et vivrières. Les actions de développement n’ont pas d’impact réel sur la situation agricole en milieu rural à cause de l’incompatibilité des offres des projets et des demandes des paysans d’une part. Et d’autre part à cause des problèmes de mise en œuvre et de réalisation des activités dus au manque d’effectif et de qualification des agents de terrain. La solution consiste donc à la conversion de l’agriculture de subsistance en une agriculture commerciale dynamique mais ceci nécessite la considération de ces facteurs de blocage en totalité mais non pas un par un.

75 BIBLIOGRAPHIE

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77 ANNEXES Annexe 1: Effectif de la population par tranche d’âge

Classe d’âge 0-17 18-65 66-99 Total

Masculin 99240 38192 8270 145702

Féminin 99566 38318 8297 146181

Total 198806 76510 16567 291883 Source : Service de la population, 2011

I Annexe 2: Effectif et pourcentage des élèves par niveau

Niveau I Niveau II Niveau III Année Effectif Pourcentage Effectif Pourcentage Effectif Pourcentage 2007 57 435 100% 3 282 5,7% 294 0,5% 2011 57 076 100% 7483 13,1% 300 0,5% Source : CISCO Mahanoro.

II Annexe 3 : Type d’information et entité source lors du recueil des données.

Type de données Source de données Population et démographie Service de la population et des affaires sociales Données climatiques Service de la météorologie Monographie de la zone d’étude District de Mahanoro Education et scolarisation CISCO/Circonscription Scolaire Environnement et Végétation Cantonnement forêt Route et voie de communication Division des travaux publics Trafic routier et moyen de transport Transporteur (routier, fluvial, portage) Commercialisation des produits agricole Collecteurs (village, commune, district) Cas des pratiques illicites et infraction sur Commissariat de police et brigade de la l’activité agricole gendarmerie. Vente d’intrants et matériels agricoles SATA (fournisseur officiel pour Mahanoro) Agriculture : surface cultivé, production Service de l’agriculture agricole, activité et pratique DRDR Atsinanana Formation agricole et rurale Centre de formation : Centre Marotsiriry IFTM Niarovana Demande des paysans concernant CSA/Centre de Service agricole l’agriculture Information sur les organismes de DRDR Atsinanana développement

III Annexe 4: Type et effectif des personnes objets d’enquête

Type Nombre Détaille Paysans 22 -02 par communes/Membre de l’assemblée paysanne pour le district de Mahanoro Paysans producteurs 35 -15 membres des associations payannes -20 paysans individuels Transporteur 08 -Transport routier : 03 -Transport fluvial : 02 -Portage : 03 Collecteur 09 -Petit collecteur : 04 -Collecteur moyen : 03 -Grand collecteur : 02 Autorité locale et notable 10 -Maire : 03 -Chef fokontany : 04 -Tangala mena : 03 Responsable des services 7 -CSA déconcentrés -Population -District -Travaux publics -Agriculture -Commissariat de police -Brigade de la gendarmerie Responsable ONG/projet 06 -CARE/SALOHI -PUPIRV -PROSPERER -APDRA -FORMAPROD -SATA Agent de terrain 06 Les agents des projets responsables du district de Mahanoro Responsable centre de 02 -Centre Marotsiriry formation -Centre IFTM TOTAL 105

IV Annexe 5: Guide d’entretien

Personnes Types d’information Mots clés ressources -Types de culture Activité agricole -Pratique et production agricole Membres de -Différentes zones écologiques Zone de production l’assemblée -Caractéristiques de chaque zone paysanne -Type et nature du problème Problème de la -Importance et dégâts production agricole -Solution prise par les paysans Infrastructure -Type, nature et état de l’infrastructure -Moyen de transport et fréquence du trafic Transporteur Transport -Durée du trajet et coût de transport -Problème rencontré -Type de produits collectés Activité de collecte -Mode de collecte -Période de collecte pour chaque produit Collecteur Produit collecté -Prix d’achat et quantité collecté -Type, nature et source du problème Problème rencontré -Importance et dégât -Caractéristique de la zone Autorité locale Activité de production -Problème de la production agricole -Rôle et responsabilité de l’autorité locale -Caractéristique de la population Contexte sociale lié à la -Pratique quotidienne et habitude Notable production -Organisation sociale concernant la production agricole -Domaine d’intervention Responsables des -Activité Intervention du service services -Rôle et responsabilité concerné déconcentrés -Problème identifié lié à la production agricole -Filière et domaine d’intervention -Zone d’intervention Intervention de -Période d’intervention l’organisme Responsables des -Public cible et mode d’approche organismes -Conduite et réalisation des activités -Problème d’ordre technique Problème rencontré -Problème organisationnel -Problème lié au paysan -Qualification et compétence -Zone d’installation et zone d’intervention Agent de terrain Réalisation des activités -Fréquence de descente sur terrain -Conduite des activités -Problème rencontré -Type et nature de la formation dotée Responsable de -Public cible centre de Activité mené -Organisation de la formation formation -Encadrement et appui pré-formation

V Annexe 6: Fiche questionnaire FICHE DE QUESTIONNAIRE AUPRES DES PAYSANS Commune : …………………… Fokontany : ………………….. Village :…………….. Nom :……………………….. Age : ……………. Sexe :…………….Niveau d’éducation :…………….

1. Information sur le ménage Effectif du ménage :………………Personne active : ……. Enfant :……. Activité principale : …………………….. Activité secondaire :……………………..

2. Exploitation agricole Type et nature du Filière Type de culture Surface cultivée terrain de culture

Culture vivrière

Culture fruitière

Culture d’exportation

3. Technique culturale Matériels et Type de Nature du Période de Surface Quantité de intrants travail travail réalisation concernée travail utilisés Préparation de terrain

Plantation

Entretien

Récolte

Post-récolte

VI 4. Production agricole Type de Nature du Surface Quantité Période de Evolution de culture produit cultivée obtenu récolte la production

Culture vivrière

Culture Fruitière

Culture de rente Evolution de la production par rapport à la campagne précédente : + : en augmentation 0 : pas d’évolution - : en diminution (Avec pourcentage si possible)

5. Problème de la production agricole Type de Nature du Source du Importance et Proposition de problème problème problème dégât solution Problème écologique

Problème social

Problème économique

6. Action de développement agricole - Membre d’une association paysanne : oui / non - Formation concernant la production agricole : oui / non - Type de formation reçu/Organisateur de la formation/Période: - Appui sur la production agricole : oui / non - Type d’appui/Source/Période : - Point de vue sur les actions de développement : - Nécessité : - Accessibilité : - Adaptée au contexte de production rural :

7. Autres remarques concernant le domaine de l’agriculture.

VII Annexe 7: Les cultures pratiquées par les paysans.

1. Les cultures vivrières a. Le riz Le riz ou Oriza sativa appartient à la famille des Poacées (graminées) dont la culture se fait de deux façons :

- La riziculture pluviale ou « vary an-tanety » pratiquée avec la technique d’abatis-brulis ou Tavy. Cela ne nécessite pas le labour, on fait seulement la délimitation du terrain, ensuite l’abatage des végétaux naturels, puis la mise en feu et enfin, on passe directement au semis après 2 à 3 jours car le feu est pratiquement éteint et que les plantes adventices ne poussent pas encore. L’entretien consiste au sarclage un à deux fois seulement. Il y a deux périodes de culture pour le riz pluvial : sur les bas de pente et baiboho, la plantation se fait durant les mois de septembre-octobre et qui se récolte en janvier-février, sur les versants et les terrains en pente, la plantation se fait au début de la saison des pluis de décembre-janvier et la récolte aux mois de mai-juin. Le rendement du riz pluvial est de l’ordre de 400 à 600 kg/ha

- La riziculture irriguée ou « vary an-koraka » avec une technique plus ou moins traditionnelle dont le nettoyage de la rizière, ensuite le piétinage par les zébus et enfin le repiquage des plants de riz agées de 1 à 2 mois. L’entretien consiste au sarclage à la main un à deux fois et à la gestion de l’eau s’il y a possibilité. Il y a deux campagnes différentes de riz irrigué : d’une part, il y a le riz de saison ou « vary vato » planté au mois de janvier-février et récolté au mois de mai-juin et d’autre part, il y a le riz de contre saison ou « vary mamy » dont la plantation se fait au mois de juillet-août et la récolte en décembre-janvier. Selon la possibilité de gestion de l’eau, 40 à 60 % des rizières cultivées en riz de saison sont directement utilisées pour le riz de contre saison. Pour le riz irriguée, le rendement est plus important et de l’ordre de 0,8 à 1,2 tonne/ha.

b. Le maïs

Le maïs ou Zea mays qui appartient aussi à la famille des Poacées (graminées) est la céréale la plus cultivée par les paysans après le riz. Il est utilisée à la fois pour l’alimentation familiale et pour la commercialisation. Il est surtout cultivé sur abatis brulis en association avec le riz à la première année ou avec le haricot en deuxième année. Il y a deux campagnes de plantation pour le maïs : - Le premier est aux mois de février-mars et la récolte se fait en mai-juin - Le deuxième est aux mois d’octobre-novembre et la récolte se fait en janvier- février. L’entretien consiste en une ou deux sarclages et le rendement est de l’ordre de 0,8 tonne/ha.

VIII c. Le haricot

Le haricot ou Phaseolus vulgaris appartient à la famille des Fabacées. C’est la légumineuse la plus cultivée dont une grande partie de la production est destinée à la vente. La plantation se fait : - soit en février-mars en association avec le maïs à la deuxième année du Tavy et se récolte aux mois de mai-juin - soit en octobre-novembre sur les plaines non inondables qui entre en production en janvier-février. - soit aux mois de juillet-août en culture de contre saison sur les rizières à mauvaise approvisionnement en eau et qui reste très sec après la campagne de riz de saison. Dans ce cas, la récolte se fait en octobre-novembre. Comme la plupart des cultures vivrières, le sarclage est le seul entretien de culture fait par les paysans et le rendement est de l’ordre de 0,6 tonne/ha.

d. Le manioc

Le manioc ou Manihot asculenta qui appartient à la famille des fabacées est cultivée seulement pour les besoins alimentaires de la famille surtout pendant la période de soudure (avril-mai et octobre-novembre-décembre). La plantation se fait aux mois de septembre-octobre en deuxième ou troisième année de culture sur Tavy et la récolte se fait à partir de 8 mois après la plantation. Les variétés les plus utilisées sont le « Morgaia » qui occupe 60% des surfaces cultivées en manioc, moins productif mais plus rustiques et se conserve plus longtemps dans le sol (jusqu’à la deuxième année) et le « Malpa », plus productif et qui peut se récolter à partir du sixième mois de plantation mais se conserve mal dans le sol car elle se lignifie après 1an. Le rendement moyen tourne aux alentour de 6 tonne/ha

2. Les cultures fruitières a. Filière Ananas

L’ananas ou Ananas comosus est une herbacée pérenne qui appartient à la famille des Broméliacées. La plantation se fait généralement durant la période de plus de décembre à février et l’entretien consiste au nettoyage de la parcelle ou le sarclage et la mise en place de tuteur au moment de la fructification. La fructification commence 2ans après la plantation et dure en moyenne pendant 3 ans pour un même pied tandis que la récolte se fait aux mois de décembre jusqu’au mois de mars. Le rendement varie en moyenne de 4 à 6 tonne/ha selon l’écartement et surtout l’entretien des parcelles.

IX b. Filière Banane

La banane ou Musa sapientum est une plante herbacée monocotyledone vivace de la famille des Musacée. Elle se cultive dans tout le territoire tout d’abord pour l’alimentation humaine et ensuite pour la commercialisation dans les zones facilement accessibles de la littorale. La plantation se fait généralement au début de la saison des pluies et l’entretien consiste au sarclage de deux fois par an ainsi qu’à la coupe des vieux plants après la récolte pour que les rejets successeurs se développent et entre en production à leur tour. La floraison se fait 8 à 12 mois après la plantation ou le repousse des rejets et la récolte a lieu 3 à 4 mois après la floraison. La production se fait tout au long de l’année mais la quantité varie selon la saison et surtout la température. Le rendement est de 10 à 20 kg par pied ce qui donne en moyenne 6 tonne/ha.

c. Les agrumes

Les agrumes, de la famille des Rutacées sont essentiellement composés des oranges ou Citrus sinensis et des mandarines ou Citrus reticulata. La plantation se fait en général durant la saison de pluie aux mois de janvier et février et l’entretien consiste au sarclage de la parcelle de temps en temps. Les plants entre en production à partir de la quatrième année et la récolte se fait aux mois de février jusqu’en mai. Le rendement par pied et d’environ 20 à 30 kg ce qui donne approximativement 4 à 6 tonne/ha.

3. Les cultures d’exportation a. Filière girofle

Le girofle ou syzygium aromaticum appartient à la famille des Myrtacées. La plantation en pépinière se fait au mois de février à avril car les enthofles ne sont disponibles qu’après la récolte des clous. La plantation sur les parcelles se fait généralement au mois d’août et septembre, à la fin de la saison fraîche car les jeunes plants supportent mal la grande chaleur de l’été. L’entretien consiste à la fabrication d’ombrage pour les jeunes plants après la plantation, à l’arrosage si nécessaire et au sarclage dans un rayon de 1m tous les 3 à 4 mois. D’après les paysans, la pleine production se fait généralement à partir de la septième année de l’arbre et la quantité de production augmente avec l’âge de la parcelle. La production est typiquement cyclique de trois ans : durant la campagne de 2011/2012 et actuellement pendant la campagne de 2014/2015. La récolte se fait depuis la fin octobre jusqu’au début janvier et le rendement est de l’ordre de 10 à 20 kg de clou sec par pied ce qui donne en moyenne 0,8 tonne/ha de clou sec. Concernant le clou frais, 1kg fait en moyenne 5 kapoaka et le rendement de séchage en poids est de l’ordre de 40% c'est-à-dire que 1kg de clou frais donne 0,4 kg de clou sec avec un taux d’humidité de 12%.

X b. Filière poivre

Le poivre ou Piper nigrum est une liane de la famille des Piperacées. La plantation en pépinière se fait en mars-avril et la plantation sur terrain en début de saison de pluie, au mois de novembre-décembre. L’entretien consiste à la mise en place des tuteurs (glyricidia) tout d’abord plusieurs mois avant la plantation, à la mise en place d’ombrage au moment de la plantation ainsi que l’arrosage si nécessaire et enfin le sarclage 2 à 3 fois par an. Parfois, les paysans cultivent des flemingia sur les interlignes comme engrais vert. La plante entre en production après la troisième année de culture et la récolte se fait deux fois par an : la première floraison est au mois de janvier et la deuxième est au mois d’août. Les produits commercialisables du poivre au niveau des paysans sont : - Poivre vert : récolté en vert, soit 4 à 5mois après la floraison (mai-juin / décembre-janvier), puis conservé dans la saumure. - Poivre noir : récolté lorsque les fruits virent au rouge à environ 7 mois après la floraison (août / mars). Les étapes de sa préparation sont : la récolte, le pré séchage, la fermentation, le séchage, l’égrenage, le triage et le stockage. - Poivre blanc : fabriqué à partir du poivre complètement mûr, soit 9 mois après la floraison (octobre / mai). Les étapes de sa préparation sont : la récolte, la mise en sac, le trempage dans l’eau courante, l’enlèvement de l’enveloppe et des pédoncules, l’enlèvement du péricarpe, le séchage et le stockage. Le poivre blanc n’est pas produit en grande quantité dans la zone et les paysans n’en fabrique que sur commande des acheteurs.

La production est différent pour les deux périodes de récolte : la floraison du mois de janvier donne une production plus importante de 1 à 2 kg/pied que celle du mois d’août qui ne fournit que la moitié c'est-à-dire 0,5 à 1 kg/pied. Ce qui donne en moyenne 2 tonne/ha de poivre vert pour la première production et 1 tonne/ha pour la seconde. Concernant le rendement de séchage, avec un taux d’humidité de 12%, 100kg de poivre vert donne environ 35kg de poivre noir ou 25 kg de poivre blanc.

c. Filière café

Il en existe deux espèces de caféier dont le Coffe arabica et le Coffea canephora ou robusta appartenant tous les deux à la famille des Rubiacées, mais c’est la variété robusta qui est la plus cultivée dans la région de Mahanoro. Concernant la plantation : la préparation de la semence se fait au mois de juillet à septembre ainsi que le semis en pépinière, puis le repiquage en pot se fait 1 mois après le semis et la plantation à lieu généralement après 3 à 4 mois, durant la saison de pluie au stade de 3 à 4 feuilles. Les entretiens à faire sont les taillages et le sarclage. La plante entre en production à partir de la quatrième année de la plantation. La période de récolte est à 7 mois de la floraison, en juillet jusq’au mois de septembre.

XI Concernant le rendement, un pied donne 3 à 5 kg de café encore vert c'est-à-dire environ 2 tonne/ha. Pour le rendement de séchage : 100 kg de café vert donne 35 kg sec avec écorce puis 15 kg de grain sec brute.

d. Filière vanille

La vanille ou Vanilla fragrans est une liane qui appartient à la famille des Orchidées. La plantation se fait par bouturage durant la saison de pluie de janvier jusqu’au mois de mai et les paysans pratique la culture dans les zones forestières pour avoir de l’ombrage. Les entretiens à faire sont : la mise en place du tuteur (Glyricidia) et le sarclage de 2 à 3 fois par an. La plante entre en production après 3 ans de la plantation. La floraison se passe durant le mois de septembre à novembre et la pollinisation se fait manuellement. La récolte a lieu après 9 mois de la floraison ou plus précisément de la pollinisation. Un pied de vanille donne 1 à 2 kg de gousse vert ce qui donne en moyenne 2 tonne/ha. Pour le conditionnement, 100kg de vanille vert fournit 20kg de vanille préparé.

XII Annexe 8: Les principaux axes routiers pour le district de Mahanoro Dénomination Points reliés Longueur Nature Etat (km) -Mahanoro Route bitumée Bon état RN 11A -Vatomandry 140 -Antsapanana (RN 2) -Mahanoro Route sableuse Mauvais état -Ambodiharina Praticable toute RNT 11 82 -Masomeloka l’année -Nosy Varika -Mahanoro Route en terre Très mauvais -Betsizaraina état RNT23 130 -Ambinanindrano -Marolambo Reliant Mahanoro Route en terre Accessible Route avec les autres - seulement en communale communes moto ou à pied Source : Subdivision des Travaux Publics Mahanoro.

XIII Annexe 9: Répartition des projets de développement dans la Région Atsinanana. District Projet installé Projet intervenant Total Dénomination Nombre Dénomination Nombre -FORMAPROD -PUPIRV -PROSPERER -CTHT Toamasina -ODDIT 09 00 09 -CRS -AVSF -PPRR -ONG St Gabriel -AMBATOVY -FORMAPROD -PUPIRV -PPRR Vohibinany 01 -CARE 07 08 -FAO -ODDIT -CRS -CARE -FORMAPROD Vatomandry -FAO 03 -PUPIRV 02 05 -APDRA -FORMAPROD -PUPIRV Mahanoro 00 04 04 -APDRA -PROSPERER Antanambao -MFR -FORMAPROD 01 01 02 Manampotsy Marolambo -SOFA/SPN 01 -FORMAPROD 01 02 Source: DRDR Atsinanana

XIV