La congrégation de la Divine Providence de Saint Jean-de-Bassel (1827-1918) : ses problèmes scolaires Marie-Josée Gruber

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Marie-Josée Gruber. La congrégation de la Divine Providence de Saint Jean-de-Bassel (1827-1918) : ses problèmes scolaires. Histoire. Université Paul Verlaine - , 1976. Français. ￿NNT : 1976METZ001L￿. ￿tel-01775574￿

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FACUT,TEDES T,DTTRESEO SCTENCESHUMÀINES

Thèse pour le Doctorat de 3& cYcle

JiôLIOI HÊUUËi-;rv TvERSITAIRË -MEÏZ /T6oc4Ll rlvtzWlt

LA CoNGREGATIoNDE LA DIVINE PROVTDENCEDE

SAINT JEAN- DE-B ASSEI,

827,-1 918

Ses problènes scolaires

Marie Josée GRUBER

Directeur de thèse : Monsieur Raynonrl POIDEVIN DIRECTEURDU CENTTTEDE RECHERCHES RELATIONSINÎERNÂTIoNAT,ES DE IûETZ

1976 II

\

soinr;"ft- 5selû *t/'t

jusquten 18 fu Lieurtbe rr rl :jj*r À{oseI].e 7*> Bas-Rhin -. -. - frontlère lingUist.

// / / secteur de raYonnement I I / tle Salnt Jean-de-Basse I}IîRODUCTIO}I

En dépit des congrégations déjà exis-

tantes, naissait à la fin du XVIfIe siècLe en terre lorralne un€ Eou - vel1e associatlon de pieuses personnes s tadonnant à des oeuvres chari-

tables. Jean l'lartin lJloye, l-eur fondateur, avait parcouru 1a campagne messine pour évangéliser le monde rural. 11 y rencontrar outre l-a mi-

sère matérielle et morale, une irnmense ignorance. 11 comprit Ia vanité de ses projets apostoliques tant que la population ne serait pas alpha- bétisée. IXais à qui faire appel ?

Ies Dames d.e Ia liiséricorde d.ispensaient ltensei-gnement aux jeunes fil- les d.e Ia viI1e. I,es Chanoinesses, si elles s tadonnaic,nt à I ri-nstnrc- tion, ne qulttaient pas les murs cle leur clôture conventuelle. Le Père

Vatelot consentait à envoyer ses lnstitutrices dans le monde mral à

condlition que les villages pussent leur garantir un petit revenu fixe, roinimum vitaI, absolument indispensable dans la conception tradition - nelle de la vie religieuse de ltépoque. Aux unes et aux autres, il . i'

étalt donc impossible par leur genre de vie et par les exlgences d.e clôture dtattelnd.re une certaine fractlon d.e la populatJ-on , à savolr ttrnplanter 1e nond.e mraL d.ans lequel ne pouvait s aucun monastère , le vJ.llage pauvre lncapable de payer une rr rente I régulière . II

mi]le l{rétaient donc pas alphabétisés 1es petits villages de ncoins d'e habitants, 1es hameaux à très basse écheIle d.émographique. i.ioye regroupa autour d.e lui des personnes qui- partagèrent son souci Provid'en- apostolique. Ainsi naissait lfassociation des Filles de fa fond'ations ' cêr fout les d.istingUait d.es anciennes et nême récentes i.ioye recrutait non d-esIt Damesrr à d.euxrtrois quartiers de noblesse titre mais destt filles rf soit d.es femmes d.u peuple sans d-ot, ni

11 leur donnait commeclôturer non une solide enceinte conventuelle une vie mais 1e rempart d.e la vigilance. 11 l-es engagealt i non d-ans à trois mem- cornmunautaire , 1e groupe ne ftt-il composé que de d.eux point de bres, mais sur le chernin d.e la solitude. Point de salaire,

fondatlons, point de communauté. LToyeveut des filles pauvres se con- quj- sus- tentant du minirmrm quotidien gagné à bout de bras, des fil-Ies

sent tout au plus lire, écrire et compter, faire d-es saignées , colJ- prudencet dre et fi]er. le novateur sort résol-ument d-e toute mesure d'e d'ans voire de d.écence . Pourquoi tant d.taudace ? T,a réponse se trouve que - 1rétat rnisérable dans 1eque1 se trouvai-ent les populations firâ.

vaient pu atteindre fes associations trad.itionnelles' 11 envoie donc et de 1a d.ans Ie vilLage pauvre, d.ans le hameau à ltécart d.es routes pour ti'rer ville ces filfes du peuple qutil a su Segner à sa cause

de lrignorance ceux que la société ntavait pas gâtés.

la première école naquit à , près d,e Lietz, en 1762. Lrexpérience la i'io- fit tâche d-thuile et se répand.it dans les secteurs lllraux d'e

se1le, de 1a ilîeq$he et d-es vosges. Âprès la Révolution, on retrouva

Ies filles d.e li{oye d.ispersées en l,orraine française et en Irorraine

all-emande. Des prêtres srattachèrent à réorganiser lroeuvre initiale ÏII

et crest ainsi que naquit Ia congrégation des soeurs de Ia Providen-

ce de Saint Jean-d.e-Basse1, établie en 1827 dans cette loca]ité par

les soins de Jean Decker, leur directeur. Ctest de cette association

que nous allons Parler.

E1le est née d fun besoin populaire inéd.it, d.e contingences socio-cuI-

turelles péremptoires, dans un but absoluraent gratuit d.tévangéIiser

grâce à Itinstruction et non pour assurer drabord Ia sanctification

personnell-e de ses membres stadonnant à cette tâche. li{oye fut un

homme lnstruit. 11 veut que ses institutrices fussent à la hauteur

de leur mod.estemlssion, soit donner 1es premiers mdiments de Irins-

tmction. Aussi leur lègue-t-il un code pédagogique à 1a nnesure de

feurs besoinsi Et, crest armées d.run peu de sciences humaines, drun

petit bagage péd.agogique et surtout drune immense foi d.ans leur mission

d'éd.ucaticn populaire que ces institutrices sren vont parcourir 1cs r' vi11ages. Parfois mêmeconspuées : 1es soeurs-qurallons-nous-en-fai- fr re tt fes avaient surnommées les ruraux messins. l;iais 1a petite soeur

de campagne rr se joue de toutes ces difficultés. Sa grande récompense est d.o voir régresser lrignorance, de permettre aux fi]lettes d.taccéd-er

par leurs propres moyens à lrenseignement d.u cathéchisme. Ce manuel

reste très longtemps fe seul. outi] de trava.il aussi bien dans 1es éco-

les ôes maîtres que celles des soeurs institutrices'

Vers Ie mil-ieu du XIX'i.qsj-ècLe, les institutrices de Saint Jean-de-Bas-

sel sont au nombre de deux cent. Etles sont répandues en I'leurthe, en

l.joselle et en Basse-Âlsace1 en dega de Ia frontière linguistique qui

sépare cette région française en deux sectc;urs d.istincts, celui où Ia

langue maternefle est à d.ominante latine ou rornane, celuj- qui plonge

ses racines d.ans 1théritage aIémanique. IV

taiOuter' le Au mouvement grand-issant d.e scolarisation va d.onc s problème d.e la francisation. Déjà nous soupçonnons que les institutri- gernranophones' ces ntauront pas 1a vie facile, Issues d.es milieux ruraux dont celle attachées el1es-mêmes aux valeurs de l-eur mi-lieu dtinsertion de vie, e1les de la langUe materneltre, partageant leur modeste condition Enfin, frontalière sont affrontées à d.e r'r.des dilernmes. la situation d.ures contin- de leur région, leur réserrre vers 1a fin d.u siècle, 1es le dou- gênces d.es conflits politiques. Dors et déjà , nous entrevoyons préoccupe' b1e intérêt que présente 1e sujet qui nous vie du Lrétud.e que nous allons arnorcer nfest pas celle de la qui a lancé dans fondateurl cet honme exceptionnel et parfois d-éroutant à peine plus savan- Itépopée de 1?éd,ucation populaire d'es institutrices sacrés se sont tes que leurs élèves. Des homnes dréglise, des auteurs à 1ui seuI, a réoigé d.éjà penchés sur cette figure fascinante. I"[oye, possédons sept biogra- cent vingt sept écrits ( t ) . Par ailleurs ' nous plus Dans phies dont une en anglais , issues des sources fes d'iveltSes' tt FilLes de |'Ioyet se sont 1e cadre des recherches universitaires, deux " Ltune issue de Ia intéressées à Ia spiritualité de leur fond.ateur. , l| ?auvreté d.ans la pensée u1y9he vgsglenlle analysait 1'innpact de la rr (Z). F"il1e de irioye appar - et lroeuvre de Jean tlartj-n i.ioye Lrautre ' originaire d'e l tAlsace tenant à 1a branche d.ite allemande tout en étant en en maitrisant lropti- francophone a parcouru les écrits d-u fondateur tr ilartin i,ioye. (3) que ,,providepce , option fondamentale d.e Jean

et 1 loeuv tin cycle Histoire ) Présent de l- tUniversité d'e à }a Faculté d.es Lettres et Sciences Humaines professeur LtOILAT . Paris LV . 197? sous la d'irection d'e Illonsi-eur le pp. 9 à 27,. v

CornneSoeur Kernel, j fappartiens à la branche nosellaner Je suis née tai d"ans lrAlsace germanophone ; j été élevée sous 1e régime concord'a- tai dans talre, soit à 1técole priniaire congrégani-ste i i fait classe puis dans 1técole publique en tant qutinstitutrice congréganiste, ' l'lcn ltenseignement secondaire privé r sous contrat df association travall se différencie donc des précéd.ents à bien d.es égard.s , d'ont

celui du thème notar4ment.... '' Grâce à mes années d'tenseignement Falloux dans Ie secteur primaire et second.aire du régi-me de la ]oj- r

j tai cnr me trouver en pays conErur apte à saisir les nrultiples coordon- t nées interférant sur l-e comportement d.e Itinstltutrice congréganiste

et celui d.e ses supérieures, apte à cornprendre plus qutune francophone

1es pro,blèmes f.inguistlques qui ont agité périotliquement ces secteurs.

Crest dans une recherche objective que 1rétud'e entreprise tente drob-

server, non point la spiritualité du fond.ateur mais son application com- d.ans la vie courante. E]1e interroge lfimpact de lthistoire sur le toeuvre' pcrternent religietrx et psychologique de la Fitle d.e ltrcye à I ; Provi- elle observe 1'usage qurelle falt de Ia vertu fondamentale d.ite essaie de dence d.ans une contexture culturelle nouvelle. Enfin, e1le de cam- saisir d.ans sa complexité , lrattitud-e qutad.opte ltinstitutrice des pagne face à Ia réalité concrète .c-ette analyse tente dtapporter sur cette ques*'- ' é1éments de réponse aux travaux srétant d'éjà penchés

tion touchant d.irectement la congrégation . Tout ntétait pas dit .

( 2 )4.1,{.ABEÏ,oP rcit. - Ia Providence Ie i:)S" KERNELiiarguer:-te Un projet de vie_selon i 1793 . Université d'es Sciences orrectoire +!"Jàà4-i..ar!iq irové fi1o ^- Humaines, m d.estrasbourg . 27..1'1.1974 Thèse de IIIæ cycle sous la d.irection de Llonsieur le Professeur t{EDOi{CEIID. vï

Observer une institution qui ee itéfinit et se réal-ise à tra - vers lthistoire en obéissaÉt à un projet inltial est une voie qui

appartient à lthistorien plus qntau théologien. Nous essayerons d.e nous faire lthumble interprête du premier.

I,tétude que nous al]ons entreprendre embrasse 1a périod.e 1827-1918 t

époque de fond.ation et d.e d.éveloppement d.éterminant la pérennité de

Itoeuvre d.e I'ioye. Lrhistoj-re en fait un d.iptyque à d.eux ensenbles parfaitement équilibrés, 1a guerre de 187O faisant charnière . Le

premiier volet srouvre sur Ia date d.e 1827, dtun intérêt capital pour

1a congrégation, car crest à ce moment qutelle se fixe d.éfinitivement d.ans 1lancienne command.eri-edes Chevaliers d.e I'ralte, sise dans la pe- tite localité d.e Saint .Iean-de-Basseln à soixante kiloraètres de tletz-

Est. ïI se ferme sur cette périod.e française avec la guerre franco -

allemand.er De ft27 à 1870; liinstitut d.es soeurs de la divine Provi-

d.ence d.e Saint Jean-d.e-Bassel eut d.tabord. à aéfi-nir ses stmctures.

lancée par i;ioye, lroeuvre sortait d.e la Révolution fragile, hésitan-

te, d.isparate. Qr:elques institutrices avaient suivi le fond.ateur exiLé ri fr à Trêves; dfautres vivaient d.ans la dia.spora. Les Providentes de

Iloye se répandirent dans les d.iocèses d.e Saint-Dié, Nancy et l'letz a -

près 1a tourrnente révolutionnaire. ./iux tentatives d.tassimilation aux

oeuvres naissantes paraIIè1es, d.es prêtres srattachàrent à d.éfinir

1 fidentité spécifique d.e ces irovidentes un peu bohènes et à les pro-

téger dans leur originalité. Cet aspect fait lrobjet du I& chapitre.

Âu chapitre II de cette prer'.rière partier nous voyons à lfoeuvre les

Fi1les de l{o;re de Ia Lorraine allernande. Par sa situation au coeur

du secteur germanophone rural de ItEst, ltinstitut eut à épauler un VII

problèae scolai-re particulier inhérent au factcur linguistj-que ' Cet aspect de 1 rinsertion d"e la congrégation dans 1a querelle l-ivrée pour Ia francisation au nom de lrassimilati-on et d.e ltunité natio- nale sera étud.ié au III& et d.ernier chapitre de cette périod'e , Lt é- cole srest orientée vers une rnain-mi-se plus ferme des autorités aca- d.éniques sur lrenseignement confessj-onnel-. i.lê1ée dtanticléricalisme, cette lutte touche en plein coeur la congrégation, totalenrent en deça de la frontière lingUistique et au service drune population fa- - rouchement attachée, surto'ut dans les couches inférieuresr atlx va leurs de leur langue rnaternelle. La période d.e 1827'1870 se termi- ne dans ce climat dtopposition entre 1es diverses tend-ances. Pour garder sa place au solej-le 1a congrégation eut sans cesse à se mettre au pas des exigences officiell.es et el-le nreut pas 1e temps de vieil-

Iir, Quel-Ies qurelles fussent , 1es lois lui furent toujours toniques.

1,e cap des difficultés senble franchi lorsqutéclate la guerre

franco-allenande de 1870. Avec le Traité de Francfort, toutes 1es :

st:rrctures d,e ltinstitut sont remises cn questi-on. la congrégation

rentre dans une nouvelle phase d.e son développement car d.ésormais

elle est d.irigée par 1es religieuses el-les-mêmes. Ce sont 1es supé-

rieures générales et non plus 1es co]laborateurs ou successeurs de

Jean Ï.h,rtin ljoye qui gouvernent les afi".aires. te premier chapitre d.e

ce d-euxième volet srattache d.onc à étudlor le rôle détenninant

quront joué les quatre supérieures générales à Ia tôte d-e }a congré-

gation de 1B7O à 1918" El1es eurent à résoudre d.es problènes d'rex-

pansion liés au mouvemcnt drémigration vers Ie l{ouveau-l,londe , les f séqueIles d.u Kulturkarnpf qui nit en disponibilité d une façon très

habile parce qutapparernment toujours fondée, un certain nornbre d.e vilI

rel-igieuses lnstl-tutrlces. Ces pressions extérieures ne sont cepen- dant pas de nature à limtter ltessor ttémographiquequl donne à ltlns- titut une envergure assez inattentlue vers la fln d^uXDÉ siècle.Lrex- pJ-osion nurnérique par contre, tloublée d.tun raid.issement de certalns membres attachés à Ia tradi.tion, engendre à 1 raube du Xl& s1ècle une pértod.e de dlfflcultés lnternes. M,ais le dlfférend nrest pas insur - nontabLe, Nos investigations portent sur ce thème au ileuxième chapi- tre. I.le suivant stattache à saisir sur Ie vif des situations précises plaçant La congrégatton devant des alternatives tranchées. Par Ie blais du regroupement des effectifs, de lrlntrod.uction des classes lnterconfessionnelles, il y eut eompresslon de personnel visant les congréganistes non nunies du dlp16rç slfemand. 11 fallut réagir.

lrune et ltautre périod.e de notre d.iptyque fut donc pour 1a con- grégation un teraps de rnutation. 11 fall-ut feire des ehoix. Lron opta touJours pour des soLutions de fidélité à 1a raission évangélique , à savolr 1f j-nstmction des enfants pauvres des vlllages et d,es hameau:r.

Ia congrégation fit ces cholx aux dépens de sa cote, Janais de sa cons- cience ni au détriment des valeurs humaines que sacrifiaient parfois certalnes nesures autoritaires. Elle ne servit pas les réformes . ElIe les accornmodaau rythne rr mesuré rr de son milieu dlinsertion . A la précùpitatlon, elIe opposa la naturation. A ltintransigeance, elLe répllqua par la nenure, A Ja critique, eI1e répond.it par urr long et constant effort de reetnrcturation. Par cette attltuôe , la congréga- tion, au lieu de les ignorer ou de les conbattre, partageait les pro- bIèmes lingulstlgues, culturel.s , politiques et relatlonnels de la IK

population rurale vers laquelle se tournait sans ce'ise sa sollicitu- de. A tout instant, efle assurait une permanence 1à où les cadres de base sreffond.raient. Crétait une gageure que ne pouvait circonvenir

aucun attrait temporel. Dans ce combat pour lrexistence, après un

siècle et demi d.e lutte et dtefforts pour suivre 1tévolution - prln-

cipal ad.versaire - ltoeuvre d.e Noye sortalt vlgoureuse et dynamique.

qui ltett cnr ?

Pour 1téIaboration de ce travailril fallut mettre en oeuvre

d.es sources veriées.. Nos investigations eurent en plus à prendre une

orientation toute nouvel1e, 1rétude embrassant, avec ]a grande câssLl-

re d.e 1870, d.eux périodes d.lstinctes. Si les populations demeuraient

les mêmes, 1es mentalités, 1es besoins, les comportements prirent un

cours d.ifférent au niveau de la pensée, de la langue, de 1a culture,

cle Ia législation. Un choix de lecture srimposa cependant, notre recher-

che srinscrivant d.ans Ie d.omaine précis du monde scolaire.

Les ouvrages généraux deA.Prost, J.O7ouf, ?.Zind, Alec Liellor,

A.Iatrelllerll.CauvinrBlumrA.SJolff nous firent accéder à ces cIj-mats

d.e tension et de mutatlon agitant 1e sièc1e des révolutions.

I,es étud.es spécialisées des historiens d.tAlsace et d.e Lorraine nous

ouvrlrent aux problèmes régionaux propres à ces secteurs. Gaston Litay,

Paul Lévy, Henry Contamine, ltabbé Grosse furent d.tun précieux se -

cours. La récente étude d.e lfhistorien Frangois Roth nous éclaira

sur les probLènes généraux de lfannexion dans son ouvrage : La

Présidence de Lorraine dans ltEmpire allemand , 1870 - 1918 .

Sj- d.ans Ia première période, nous nous sommes arrêtés sur 1a

question cle Ia francisatlon, 1e cheval d.e bataille d.ans Ies secteurs germanophones, nous nous sommes peu étend.us d.ans la second,e partie

sur Ia question de la germanisation. lrinstitutrlce d.e Saint-Jean ,

une fois en excercice, nravait plus 1e choix nj- de ses rnéthodes ,

ni d.e 1a langue scolaire à uti-liser, l toccupant imposant ses déci-

sions sans srenquérir d.es voeux d.es annexés. Aussi nous sommes-nous

attachés à retracer principalement les incid.ences d.es impératifs inr-

posés par les conjonctures politiques sur Ia vie de 1a congrégation.

Crest ar:x archives d.épartementales d.u Bas-Rhin, d.e la Liosell-e

et d.e },leurthe et '. lîosel]e gue nous avons fait appel pour sond.er Ie

mond.escolaire dans ses relations bilatérales d.e l tadministration

civile avec les autorités conventuelles. Ainsi les fonds des recto -

rats , les compte-rendus de d.éIibération, Ies liasses Instruction Frr-

blique, 1es dossiers Alsace-l,orraine d.e la l,iosel-le et d.u Bas-Rhin ,

ont été des matériaux de base d.e premier ordre. Encore qutils Re cori-

tenaient que des données dtordre général.

T,es problèmes spécifiques à Ia congrégation au niveau des rap- ports d.irects avec lradministration, ont pu être d.escellés d.ans Ie fonds

pri-vé d.e la congrégation en question. Ctest 1à que se trouvent Ies

originaux adressés par les préfets, les recteurs, 1es inspecteurs d.fa-

cadénie, les maires, 1es sociétés, 1es services sociaux à la directi-on

d.e Saint Jean-de-Basse1. ï1 stagit drune correspondance abondante et

variée rédigée en langue allemande ou française et angl-aise suivant

la périod.e. Ces d.ocuments nous ont permis d.e suivre pas à pas toute

la vle scolaire dont ltitinéraire est jalonné d.ans son évolution par

d.es temps d.e grand.eur et de misère , des heures dtespoir et de détres-

sê. La correspondance échangée avec les autorités religieuses, XÏ

notarnroent les évêques de lletz, d.e Strasbourgr de Nancy, cle i,lalines en Belgique, de Covington et d.e Provid.ence aux Etats-Unis d.tArnér1- que est une autre source dtinformation. EIIe nous amena à des re- nrares cherches fructueuses et inértites. sont les lecteurs de ce patrimoine quasi sacré grâce auquel nous ftmes en mesure de jeter un nouvel éclairage sur la vie et le développement de cette fille aînée de lrinstmction prinaire rrrrale dans lrest gerrnanophone qutest la congrégation d.e la d.lvine Provid.ence de Saint Jean-de-

Bassel. Grâce à Ia disponibilité de ltarchj-viste et secrétaire géné- rale, soeur Anne Josée Eeck, if nous fut possible de pénétrer dans

Cette fortereSse 'f sacrée 'r et notre Oeif cUrieux a pu se prgmener sur des rnanuscrits transpirant ltintimité d.e la vie quotidienne i dans les lettres , 1e ton est toujours au confi-dentiel, à portée spi- rituelle et philosophique. On y traite toujours des personnes et non

y de cas ; 1es affaires cèd.ent le pas aux individus ; ta d.écision est prise en fonctiotr du projet apostolique se mettant au service d.es conjonctures extérieures mais ne sry asservissant pas.

11 nous faut aussi signaler un fonds drarchives important, celui des registres de tous ord.res: inscriptj-ons, d.éparts, décès, profession religieuse, placement dans les postes...r celui d.es annales de la rnaison-mère et les chroniques locales de chaque communauté . Ces derniers documents sont des relations som-rnaires, objectives ou sub- jectlves suivant la personnali-té de Ia rédactrice. La secrétaire y consigne lcs faits et événenents d.ans 1eur d.éroulement chronologiquet dcs circulai.res énanant dc la d.lrection conventuelle, d.es réunions péd.agogiques , d.es rencontres entre comrmrnautés, des visites caTloni- ruI

eqê6...Ces écrits Éans caractère offlciel deviennent généralement dles pistes d.e recherche anenant à des analyses plus approfondies.

Ie rédactrice des ÀREaIes d.e la congrégatlon assure parallèle- neat à aes fonctions, 1e servlce de documentaliste. 811-ettépouille à cet effet Ies articles de presse et collectionne ninutieusenent leg c6upures de Journaux ayant une incid,ence du moins lointalne, sinon directe sur La vie de ltinstitut. Ce genre d.e documentation nrest pas à écarter drenblée.

Menti,onnons enfin I tabondante bibliographie accessi.ble à Saint- Jeanr ouvrages aujourdrhul hors conmerce et caractérisant la formatlon re- llgieuse et hunalne dlçpensée dans 1.a congrégatlon au XIN& siècle i

}a bibl.iothèque scolalre est assez conplète malgré les trisr les vl- clssltudes des dérnénagementssuccessifs ; lee ouvrages cl.espi.rituall- té eont abond.ants. Ceux ayant trait à Ia spiritualité de lringtitut sont nombreux ; outre 1es biographies du fond.ateurr nous trouvons dee écrlts de ltorclre du cahier religieux ; 11 stagit r Par exemplet d ri.nprlmés tets que Le calend.rier spirituel envoyé dans les communau-

tés en début drannée, 1es circulai"res des supérleuresr les textee des

statuts, du Règlenent, le Dlrectoire de la congrégation, 1es nanuels

dfexcercices religieux ..., Nous remercions Ia congrégatlon de nou's

avoir laissé accéder à ces fonde sl précieux. t"a", à ces natériaux

de base, 11 nous a été possible de la volr sous un angle lnsoupçonné. - II était lnportant de savoir au prix d.e quoi lftnstruction se:'-ré

pandaLt dans La canpagne, au bénéfice des filles du secteur rura}'

Notre gratltuôe stadresee également à llonsieur le professeur

POIDEWN, directeur du Centre de recherches tLes Relations Internatio- XITI

lna1es de lrUniverslté de Metzr gui a bien voulu dirlger ces traveux.

Sans 1ut, cette étuOe nraurait pas m le jour. IiIalgré La nod.estie d.e

notre essal, il sfest penché avec attention sur nos i-nvestigations ,

nous prod.lgant ses eonseils et ses encouragenents. Nous lui expri -

nons icl notre très vlve gratltude.

Je déttte enfLn ce travail à ma mère qul mra perrnis, par une présence

constante et une disponibllité sans égale, d^taccéder aux arcanes d.es

nnanuscrlts rédlgés en Langue allenande. Les avatars de l rHistoire veu-

lent malheureusement que ces pages, à part le vocabulaire très cou -

rant, 1ui restent absolument hernétiques. Née au début du sièclerelle

a été formée par 1técole allemande. ComrneIa najorité de la populatj-on ayant termlné sa scolarlté, eIIe sten tint à cette culture, excellente

drailleurs, mais 1réloignant peu à peu des jeunes génératlons et ac-

centuant aujourdrhui le fossé parce que Ie mond.efrancisé de mainte - nant lui ferue lraccès à toute forme de culture basée sur 1a langue

frança1se. Qul écrira janals lrltinéraire d.e ces générations sacri-

fiées qui ne peuvent, comnenous, prétend.re à lrhéritage bllingue

d.ont nous a d.oté Ltécole au niveau de Ia langue nationale, }a fanaille

quand i"I stagit d.e langue maternell-e et ltenseJ-gnement supérieur d.ans

Ie cadre d.es langues étrangères ? Cette interrogation ne porterait -

eI1e pas aussl en e1le une ébauche de réponse à Ia question sur ltave- nlr de l tune et l rautre langue en usage clans l rEst genranophone que se

posalt l thistorien clu phénoraènelinguistique d tAlsace et cle Lorraine ?

(t)ff tentait deil Falre connaître les fautes du passé pour lui pemet-

tre dty échapper plus strenent n; avons nous su proflter de son proJet

pour élarglr 1térentelJ. de nos aptitudes linguistiquea de lfEst ? La

question reste ouverte pour 1e jeune chercheur.

(t) p.l,DW lllstrllre_llnÉ{riétique dtAlsace et d.e Lorraine. Paris 1929. xïv

ABREVIATIONS

ADBR - Ârchlves Départenentales du Bas-Rhln

ADM - Archives Départementales de la

ADMM - Àrchives Départementales de Meurthe et Mos.

AEM - Archives de ltEvêché de Metz

AN - Archives NationaLes

/f - Archives de Portieux

A.ST J. - Archives d.e Saint-Jean

C.D.P, - Couvent d,e la Divine Providence d.e StJean

D.Â.S Dosslers /.ffaircs Scolaires lL17O- 191S

P.P. - Registre d.es Postes et d.es Placements

SAINI-JEIJI - Couvent de 1a Divine Provldence de

Saint .Iean-de-Bassel

Sr -.Soeur }REMIDRE PARTTE

UNE JEUNE INST]ÎUîION ENSE]GNANTE

DE LrEST QUI DEFIIiIT S,iS SIRUCTURES

1A27 1870 2

IES îROIS DEPÂRTEMENTSDË I'EST GERII{.ANCPHONEAVANT 1S7O

HEURÎHE - JIIOSEIIJE- B/TS.RHIN

rHIO {} r I I 30utAY I I - t-l METZ

CHATEÂU- { \ >-r/ S/IVERI'IE &tcmmffu D t | ,*r,'rQ ean d.eBassel SÀRRDBOUfrG

MOLSHEII\{

n CHA}]TRE I

UNE CONGREGATTONEI\SEIGNANTE DE IIEST AU T,E}iDEI{AIN

DE SA TONDATION

Parmi les joyaux d.ont peut se glorifier ltEglise d.e lor- raine, i1 en est un, vieux d.e plus d.e deux slècl-es déià. 11 sragit d.tune association religieuse vouée à l-a culture populaire, en ltoc- curence Ia congrégation d.i-te de Ia divine Providence de Saint Jean- de-Bassel.Lln établissant sa maison-mère dans cett,e minuscule loca- lité drune quarantaine de feux à peine, elle emprunta également son nom, Mais ne serait-il pas plus exact dtattribuer cette appellation

à 1a population elle-mêne, 1e vocable d.e d.ivine ?rovid.ence lui étant sommetoute assez Peu familler ?

En passant par la T,orraine, ces fiers capitaines de la qui chanson populaire ntont pas flni de rencontrer la jeune paysanne claque du sabot en se rend.ant à son travail-. En ce d.ébut du dix-neu- vième sièc1e, son village est encgre à lrheure drune économie rurale pôIes de son quasi nédiévale ; culture et élevage restent les deux qui activité principale. chaque matin, e]1e empmnte la ttre boueuse de lra- mène son troupeau de cinq, dix, quinze bêtes à lrabreuvoir et ramène breuvoir au pacage. Chaque soir, au rythme des salsons, e1le ne trouve pas le bétail et recommence sa besogne quotidienne qurelle générationrsa fa - déplalsante : traire 1es vaches. De génératlon en par miI1e nta cessé cle puiser dans ce capital onctueux. En passant

1a lrorraine, vous verrez que llhabitat est demeuré comme aux tenpS jadis : rues erobourbées, puits communal animé aux heures de sortie fha- et de rentrée ctu bétaiI, usolrs garnis devant des maisons où I bitation côtoie Les dépendances, où l-e couloir intérleur itébouche

à la fois sur 1a cuisine, la pièce centrale, l-rétable et 1fécurie.

Une chaleur coûtmuneréchauffe les hornmeset les animaux' 0n vit ensemble. On est bien ensemble (t)'

saint Jean-de-Bassel est à lrimage d.e ces multiples peti-ts prête ses harneaux retirés. Une ville méd.iévale, Fénétrange, 1ui France, châ- atours antiques : maisons à oriel, tourellesn porte de IJa teau, douves converties en jard.in potager, grenier à dîme '..

Sarre, route commerciale et militairerlui offre ses eauxt en 190O de sa force motrice et détermine son destin. , chef-l-ieu ses canton/garantit sa vie sociale avec ses hôpitaux' ses tribunauxt (2) écoles supérieures, ses services administratifs .

outre ces centres ou pittoresques ou simplement utiles, rien drautres ne relève cc village de soixante habitants perd.u parmi tant Berthelning' au coeur d.tune vaste forêt domaniale parsemée d'étangs' - , , stadonnent comme saj-nt-Jean à trex

ploitation rurale et à' 1télevage.

d'e ces hameaux Q"relque chose cependant dlstingue la localité couvent de si identiques ; crest la présence sur ses terres dtun

(1)H.CONTAiIINEMetz et la llioselle clg 181{ à ,1870I'lancl 1932 lone I ?;107 (2)CI.GERARD i,a r,orrainé nrthaud 1964 p.34 et 22?, lJancV Notiees mA- L.BENOTT Ï,A . fernmes. Crest sur Ltenceinte conventuelle que ce village abritait a- depuls Ies premi-ères heures d.e l-a vie monacale que lfabbé Decker ces vait arrêté son choix pour y lnstaL]er ses protégées' Fixées en lieux er 1B27r les rel-igieuses ne devaient plus les quitter iusqurà nos joursi

I. I.,ES PROVTDENÎESDE I\{O.\I.EEN I,ORRATNEAII'EI.{ANDE.

1. VERSUNE IDENTi/TTECIUILE ET REIIGIEUSE'

a) Ieur terre dtélection : un vieux site monastique'

En s rétablissant à Saint Jean-de*Bassel1 1es soeurs de la

Provid.euce ne pensalent pas qurelles allaient ra1lumer le flarnbeau - de plété que connuf cet end.roit d.epuis le Moyen Age. Ce modeste des hameau qui semble stesquiver, comme oubliér au creux d.e ltun qn d'e nultiples valtrons d.u plateau lorrain; fut très tôt haut lieu

prière. Dès 1es XIIIe et IIII& siècles, les chanoinesses de Saint- à AugUstin choisirent ce havre d.e paix pour sty adonner totalement qui ltoraison et aux oeuvres d.e charité, Les magnifiques forêts sré-

tend.aient à perte d.e rme autour d.e ce point d.reau nfappelaient-el}es

pas à ]a contemplation ? tr\.rt-ce précisément aussi cette même solitud.e' Lrhis- Ltéloignement d.e tout centre urbain qui nit fin à ltabbaye ?

toire nous laisse de fortes présomptions à ce sujet. Toujours est-

il que la d.ernière abbesse, catherine d.e Niedeck, cad'ette drune

f,amiIIe noble dtA1sace, se trouvant Seule avec une conpagne et sans de espoir d.e recrue, céda 1e couvent avec to'us ses biens à ltévêché

16etz. Sage d.écisj-on car 1es guerres ipcessantes allaient 1es mettre lans une insécurité permanente ( t ) .

I,es trad.itlond de prière ne furent rompues que pour une cour-

Ee durée pllisgue dès 1446 Ltévêque Conrad remit les bâtiments d.e Ltab- baye au Grand. Maître de ltordre d.e Malte. ?lacés sous la règle cle Saint

Augustin, 1es Chevaliers d.e Saint-Jean furent à mêmede recucillir Ithé-

:itage des moniales de Bassel. Les command.eursdont Guy tle flLack et l-e baron de tllôrsberg ad.aptèrent Itensembl.e claustraL ar::r besoins de Ia com.nand.erie (2) . rf Le tabernacle rnural du choeur ou armoire eucharis- i;ique et ltarcacte flanboyante flanquée de deux pinacles, vestiges du tombeau d.!un chevalier d.ata-nt du XVip siècle..oprollvênt que les cheva- l-iers non seulement entretinrent 1rég1ise d.es chanoinesses mai.s stap- nliquèrent à ltenbellir ...rf (3)

lout nous porte également à croire que 1es chapelaJ-ns de I tOr- d.re assurèrent quotid.iennement la psalmodie des heures canoniales de

bradition augustinienne. Survint 1a guerre d.e lrente ans. Bassel, terre prédestinée de vie religieuse et d.e charité, connut les horreurs de ltin- vesion" Itarmée suéd.oise laissa Ia valIée d.e l-a Sarre désolée, Ie vil- iage ruiné, Ia comiiend.erie désaffectée. T.,eschevallers stétaient-ils ad-joints aux armées ? Âvaient-ils défendu leur bien ? A cette question que se posait E.Kieffer, lfauteur de la relation apporte une ébauche cle réponse : 't ...Ie fait est que Ia Command.erief\rt d.évastée et que les 'r chevaliers nry résidèrent plus après Ia gUerre de lrente ans. Et Ie chroni-queur dfajouter: rr ... ils gardèrent cependant Ia proprlété de

Ieur blen, le firent ad.ministrer et en percevoir les revenus par un

( t )t.gnnorr La cha Lryæ, . Notes sur Ia Lorraine allemande.Etud.e très intéressante sur la région en question et notam- ment sur 1es querelles engendrées par Diane d.e Dompmarttn qui épousa un rhingrave protestant puis 1e filleul d.e Ch:.r1es Quint:PP. 61 71 8, (2)E.KTEFFER Itabbé Jean .Decker 1766-1844 et La congrégation de la dlvine Provid.ence de Saint Jean-de-Bassel. (3) Ibiot. régisseur.lrantique Bassel a gardé leur nom...'t (t)

Ainsi Saint Jean-de-Bassel hérita d run titre pour Ie moins honorable. Les vi-L1ageoi-s, une trentaine encore après 1e raid. sué- clois, héritèrent aussi d.fanciennes obligations attachées au domaine des comrnandeurs. T,eurs doléances quant aux charges épuisant la com- munauté sont éloquentes . Plutôt qutune réputation de prière, les ùalnt chevaleirs d.e Jean laissaient donc derrière eux une lourde acldition d.e redevane€s. En 1741, ctest J.J'K1ein, avocat au Parlement d.e Ivietz,quj- en assure ltadministration. En mars 1789, Ie synd.lc d.e

Bassel dépose à Ia généralité une ultine requête d'allègement ; le village ne sera relevé de Ia corvée annuefle (2), du d.roit de Tode- fa]l (3) et dtun fort cens sur les maisons et les jardins (4) quiavec

1a suppression de ltordre (5).

11 faudra attendre encore trente-sept ans pour que cette vj-eùle enceinte conventuelle redevienne espace de prière, de silence, en un mot, de vie religieuse. Ce sont précisément 1es Provid.entes de ldoye qui vont se faire les créditrices du domaine.l'abbé3ecker, supérieur et direc- teur d.e 1a jeune comrm:nautérnousdécrit alnsi 1es terres quril vient de racheter au dernier acquéreur de la commanderie, Dame Sourier t

épouse d.e Nicolas François Sourier, officier puis inspecteur des fo- dean rêts et vénérabIe d.e 1a loge Saint d.e'*ancy :

(t)e.KÏBPFER op.cit. ùaint (Zil.ST J.Copià Uahiers d.e doléances du Baillage de Vic : Jean* de-Bassel , Généralité d.e Metz Cil,III. (f)Articte t0 : lorsque Ie chef d.e famille'est décédé, le cornmand'eura 1e droit de prendre dans Ia maison m9rtuaire une bêterstil y en at soit cheval, boeuf ou vache... (4)Arolt mentionné dans lrarticle 11 .De cette dépendance srest cols€r- vée jusqutà nos jours une profonde anlnosité et une attitutle de repli que lton retrouve d.ans Ies minutes notariales, les proJets d.fachats. O)179o suppression des ordres à voeux perpétuels. I

rt .,.Je viens d.racheter pour quatorze mille francsr à Saint Jean-d.e-Bassel-, canton de Fénétrange' trois lieues de Hom- marting, d.rune ferme considérab1e, trois bâtiments qui ont besoin de réparation, Ie jard.in y attenant, sept jours de terre, et un bois de cinquante jours de tere, qui fourni- ra annueffenent Ie bois d.e chauffage et qui tient au jardin d.e 1a maison par les dix-sept jours de terre...rr (t)

Voici donc les Provid.entes qui prennent posses- sion d.e lrancienne propriété d.es chevaLiers. A Bassel, on se souvint 't longtemps de cette incursion: Un jour d'tautomne, cfétait en 1827, une colonie de religieuses en robe brune vint remplacer Ia famille des fel- - miers. E1les étaient arrivées sur d.es voitures à rid.elle depuis llom marting. Ma mère que j raccompagnais et beaucoup de gens d'u village allèrent à leur rencontre ; à partir de ce jour, il y eut un grand changement d.ans notre voisinage. l,es nurs ne résonnèrent plus d.e rires et de cris folâtres ; 1es religieuses vaquaient, silencieuses, à leur besogne et filaient et prialent..." (2)

Ilnfin Saint Joan-dc-Bassel redevenait terre de prière et de charité .

b)Des institutrices chrétiennes dirigées par des ecclésiastiques.

Ces Provid.entes venues de Homnarting , qui sont-elles au fait ?

Dans les évêchésrd.ont Ies archives sont perturbées depui-s l-a nouvelLe

d.éIimitation des diocèsesrcomme au lVlinistère d.e ltlnstruction publi -

que et d.es Cultesr on se pose Ia mêmequestion .

En ce début du XIXIs siècle, des soeurs de 1a Providence, iI y en a par-

tout dans ltEst , et en Alsace, et en Moselle, en l'ieurthe , dans 1es

Vosges (3). Ctest à se demander si lron viend.ra jamais à bout d.e cette

( 1)J.I'rrIlHElM la congrégation d,es [email protected] d.e Saint Jean-de-BasseI Bar-le-Duc '1927Lettre du 17.VIïI .1827 p.41 (2)ffiSRKAMMERI,ocHERrecuei11antIestrad'itionsora1es auprès des aînées de 1a congrégation. Cette plaquette a été consti- tuée pour tes fêtes du centenaire de 1927. (:)l.On ROHANCFI B0l l,es écoles de canpagre en Lorraine au XVIIILesiècle Thèse de IIIæ cycle Pari-s 1967. 9

incroyable prolifération, d.rautant plus qurelles semblent issues de fondatio.ns autonomes. Dans 1es préfecturesron cherche également - à tirer cette affaire au clair et les préfets de police partici pent à la solution de Irénigme. frtun de ces administrateurs les (t): décrit ainsi d.ans son rapport à 1'enquête ministérielIe de 18OB ("') rr Il en est de ce genre d-ites d-e la Providence qu1 est est extrâmement répand.ue d.ans ce pays particulièrement dans 1es Vosges et dans 1es parties iaâis dépendantes du d'iocèse d.e i\{etz. Je sais que ces fil-les dénomméesencore Providencet (Z) aujourdrhui appelées à Metz soeurs de Ste-Chrétienne font du bien aans 1ès paroisses pauvres où el1es sont appelées...fr

],e portrait que trace alors Mr d,e Vamy d.e ces soeurs est le premier visage officiel, confus il est vrai , quron leur donne dans les ser- vices administratifs :

rr .. .El-]es sont d.ivi-sées en deux branchesr sans maison-mère, ni 'r,épime- religieuses ne me paraissent r vb*rMv ni..-- De pareilles t noviciat. qrrè Au" I11SîITUTRICtr;SCIIRETIEI\NES mais séparées qui sont diri- Ivir Raulin axo- nory4r 4esL ecclésiastiques ardents pour l-e bien : 6trçÈ (3) dans l-es Vosges, I{r T,acombeen lorraine allemand.e...rt

Ces filles de la Providence, non constituées en a.ssociation autorl-

sée et ayant pour marque extérieure ]e port d'un habit noir et d'fun de chapelet à la ceinture (4), ne sont autres que 1es institutrices en 1762 l tabbé Moye vivant en diaspora depuis La Révolution' Fondées

pour lrinstruction des enfants pauvres d.es campa.gneset d'es haneaux

déshérités, elLes se sont regroupées autour de colfaborateurs directs Haulin St-Dié, Pierre et Do- 6u fond.ateur , Ie chanoine du diocèse d.e rf minique lracombe en lorraj-ne al-Iemande . Mr lacombe, autre institu-

(f)nn F 6297 Dtat du personnel et matériel des associations religieu- lettre ses de femmes d.u d.iocèse d.e Nancy - de VarnyB.IV.1808' l,ettre du 25.X.1807 du lliinistre de Ia police généra1e à l{gr dfOsmond (2)Vany Ies assimile inconsciemment à la fondation IViéjanès comme le lrempereur' suggèrent .les efforts centralj-sateurs de (3)Lettreae vamy B.IV.1BOB op.cit. (4)Item 10

tour d.e providentes quti-I d.étache au nombre d.e 160 dans 1es parties allemandes des troj.s d.iocèses d.e Metz, Strasbourg et Nancy ... r sf est mis à la tête de ces proviaentes'l poursuit Vamy. Le même administra- teur se montre drailLeurs fort sceptique quant à Leur survie :

n ... Si ces d.eux eccLésiastiques mouraient, elles resteraient sans patron, sans consistance, et 1es meil]eurs sujets, ites- père, viendraient accroître et enrichir de leurs talents et de l-eur piété lrassociation véritable des Vatelottes ...(1)

Le ra,isonnement était sain mais totalement à lrencontre des voeux du j-naccessibles fond.ateur qui voulait atteindre les enfants de campagne, aux soeurs 't rentées ot d.e loul-.

A cette perspective drintégration, stajoutait une autre nîenace d.e dis- persion.Quand ltempereur eut pris en main fa restauration de ltinstruc- tion publique, il ne voulut, ver.S 1BO8' tolérer qurune seule congréga-

tion enseignante par diocèse. T,es évêques, à qui ne tenait pas moins

à coeur 1e reLèvement de ltenseignement primaire , si largement entamé (2), sur d.ans fes campagnes lorralnes à l-a fin du XVIIIrcsiècle et ce une base chrétienne, ne pouvaient guère faire autrement que drentrer

dans f,.es projets d.e Napoléon I&.

c) Tentative dtassimilation aux associations diocésaines.

A l\ancy, foigr d-rosmond-pensa réunir à 1a congrégation de la

Doctrine chrétienne choisie par lui et autorisée, 1es Providentes é-

parses d.e son d.iocèse dont 1es Filles d'e i\ioye d-e fa section vosgienne" projet et ceLles d.e l-a Iorraine allemande du côté de Sarrebour8. Le pour échoua. fres directeurs respectifs tenaient bien trop à lroeuvre

permettre cette fusion qui eût anéanti tous les efforts dépIoyés d'epuis

(r) Lettre op'cit. I1. s tagit des religj-euses d.e l-a Doctrine chrétienne de Nancy fond.ée en 1700. iVIoyeles cite expressément dans ses écrits. (2) ROIIANCHABOT (atix de) de campaene en lotratne-ag nIIIItr siècl.e Paris 1967 ; thàse de cycle . 11

un quart d.e siècl-e en faveur d.e La campagne.

A Metz, Mgr Jauffret projeta de regrouper les provid.entes un peu bohêmes de son diocèser- en IBOB fonctionnaient les deux noviciats - de et drlnsmi-ng; avec la récente congrégation d-e Sainte

Chrétienne autorisée pour lrenseignement par lrEmpereur. Après sa première visi-te pastorale, iI répondit à ltenquête ministérielle (t) quf rt...il vient de terminer fa réunion des soeurs allemand.es dites d.e Ia Providence avec ltassociation d.e Sai-nte-Chrétienne d-ont elJes vont prendre frhabit, Ies statuts et le règlement, soit cinquante nouvelXes religieuses, tous bons et excel-lents sujets qui ont des

éco1es dans une grande partie d-e Ia lorraine al-Iemand.e...r'La belle aubaine pour le pasteur qui vient de faire agréer par approbation impériale le 16 août 1807, 1a jeune lnstitution quril dirigeai-t

que avec 1a fondatrice , lriad.a,mede ll{éjanès I larmi Les 72 membres comptait celLe-ci en IBOB , fi-guraient d-'ai}leurs déjà une dizaine d.fanciennes fill-es de lVroyequl avaient poursuivi feur apostolat ini- tial mais désiraj,ent inscrire leur tâche dans une institution plus structurée (Z). I,resprit d.e cet étabtissement ne feur était pas tota-

(r) AN F 19 6297 op.cit. (2) I,I.GROSDIDIERDE IJll,lONSUne âme lorraine Pari:s 1916 p. 124 Irtauteur retient le nom d.e ces reli.gieuses et mentionne leur poste dtexercice au moment où elles rejoignent ]tinstitution de iuimed.e liiéjanès. Ce sont successivement : soeurs /'loyse de Reyers- créhange, ste Thè- willer, Si Igna".ced.e Puttelange, ste .Agnès-de cle et Ste Urs'ule de Bambid., Ste HéIène d'e Plaine de vlialsch, Ste Marguerite de Saint-Avo1d., St Pierre d'e l,ongevj-11e- 1es-ùal-nt-Avo]d.. lrhistorien ajoute ! ... Déjà suffisamment instruiLtes, elles ne firent qufun court séjour au novicj'at pour s timprégner de Ia nouvelle règle et reprirent toutes leurs an- ci-ens pôstes... rt. Une d.ouzaine de ces soeurs avaient probable- Mé- ment cànnu, soit personnellement, soit par ouÏ-d.ire, trne de janèsn 1aque11e fut jusquf à Itarrivée de lVigrJauffret sous la Jean ù.loye' àir""iion spirituelle d.e Itabbé T,ouyot, ami de "'artj-n 12

lement étranger puisque crest auprès de leur fondateur qutAnne-Vic- ttoi-re Tail}eur avait puisé les enseignernents dtabandon auxquels

Lrinitiai-t ltabbé louyot (t). Cepend.antJes voeux d,u pré1at ne se réalisèrent pas,pour 1ntéressants qutils parurent à ses Jreux.lout commeau diocèse de Nancy, la majorité des soeurs de la Provid.ence d.éclarèrent rester fid,èl-es à leur ancien institut, se serrant et s rabrj-tant d.errière les premiers collaborateurs et amis du fonda- teur.ltfi'ereur ni les évêques ne forcèrent ltassii^'rilation ; 1es trois noviciats - Portieux, et Siersthal - continuèrent à fonctionner cor,lmepar 1e passé et à fournlr des institutrices aux communes qui les demand.aient. les cinquanter providentes réappa- mrent sur fes listes de ltassocj-atj-on primi-tive . Lrune d.rentre- el-Ies , Illrarie Poi.rot , devint la première assistante de Jean Decker.

De cette nenace de dispersion , Ies différents groupes de iVloye sortirent grandis, et qui plus est , raffernis dans leur but spécifique ; l-rlnstruction des enfants peuvres des carnpagneset d.es hameaux . Ce courant était d rail-Leurs amplement suivi et l rEst vit naître une série d.ro,euvres paralIèles se proposant cor/1-meobjectif pri-oritaire ltinstruction des petits ruraux jusqutalors peu ou point pris en charge.

Para]lèlement aux naisons d.e Siersthal et d rlnsming (2) naissait ainal dans Ia région de une nouvell.e association de soeurs

(1)M.GROSDIDIERDE Ml'ToNSop.cit. p.1J0 et suivantes. (Z)pierre Lacornbe, curé de lloff, sroccupait d.es filles d.e l/loye de la région de Sarrebourg pend.ant et après 1a RévoLution. Nomraécuré drlnsming en 18O2, if y étantit un noviciat. Dominique, son frère, curé-archiprêtre de , avait pris en charge celles d.e llaut-Clo- cher - Siersthal. Les deux prêtres sréteignirent en 1812 et 1815. Jean Decker, desservant de Honrlarting et grand admirateur d.e Pierre Lacombe, prit spontanément leur succession.lroeuvre d.e illoye de le. région allemande d.e La l,orrai-ne était sauvée . 13

de campagne fr'lndées d.e Ia Providence, notarnment Ies institutrices Ivléjanès qulttait par ltabbé Gapp cette nême année 18OB où Madane de de Ia ville sa na.ison d.rArgency pour une propriété plus irnportante prob)-èmede fusion de Me+-,. Pour l-tabbé Gapp ne se posait pas le aller à la puisgl,u son oeuvre voyait à peine Ie jour. I} ]-ui f,allut éprouvée quête dtun statut, d-tun règlement et drune spiritualité pas à chercher pour ses maîtresses d?écol-e hors clôture. 11 ntiut Jean Deckerr suc- loin car il- trouva 1o réponse auprès de son ami drétudes et cesseur d.es frères Laconbe, à ]a fois son compagnon I'{gr Jauffret les clistin- dtexil. ses soeurs stétabliront à et de fa ?rovi- guera des autres institutrices par 1tépithète de soeurs (2)' lton rnention- dence de St-.hnd.ré (t).Sur l-'état du 11 novenbre 1B2O MetZerviese' lle quf el-1es ex€rÇâ-:t dans les cantons de , ' Vo1- Boulay, Faul quernonb, Sarre guenine s, Forbach, St-/rvo1d' llioye travaillaient munsterrRohrbach et " Les filles de

da.ns fes secteurs ruraïx de sarrebourg, iilbestroffrchâteau-salins'

l'A]-saceassistaégalementàcettelevéede-jeunesforces jeunesse rurale analphabète' cherchant à se d.évouer au service d.e ta l-e monde féminin /L côté d.es congrégations trad.itionnelles encad-rant (3), Ltabbé Krenp lonis lança d.ans les internats des grand.cs villes

p.65. (t)m.aNnRE 11 cherchait 4es pieTres Paris 1957 (z)ax F 196297 ci'té précédennent' Ia congrégation d'e (3)11 stagit des cha,noinesses rle St-/iugr.r.stin d.e des soeurs du Sacré- Notre-Darae fondée en 1597 p;T Pierrà Fourier, de coêur de Jésus instituées àn 1go0 par Madeleine-sophie -Barat' par Mère Dugénie de Jésus 1r-lissonnption de Notre-Dane 1'rnr1ce,ôn 1819 en 1843 par les des religieuses de irlq!Ï's-Dame d'e Sion fondées , de 1a T'S'Vierge frères Ratisbonne, d.e 1a conpagnie d.e Ste-Ursule d.es soeurs de Ia Doctrlne fondée en 1,,606par Ànne ae Xâintonge, enf'-r par chanoine Vatel-ot d'e chrétienn" à"-r',à""y fondée en 17OO Ie Ies enfants de cam- Toul. ./ructrhde ces établissements nratteignait jeunes fondateurs se dé- pagne.on comprend. à présent pourquoi 1es linitant tournèrent d.é]ibérénent aes stmctures traditionnelles plutôt aisé ' 1a sphère aiinttuence à un peti-t nonbre en 17BJ une équipe dfinstltutrlces se vouant au mon

Ctest clonc rrne étonnante équi-pe de jeunes fenmes, qui sous les ausplces de Ia Providence, stacharnait à sortir d.e lfignorance les filles de campagne qufaucune 1égislation ne soumettait à la fréquentation sco- laire, obligatoire. Fin XVIII& siècIe, début XIX&, la Providence va -

quai-t ainsi à 1a promotion fércinine:rrrale tout comme e11e stétait oc-

cupéer par ltinterméd.iaire d.e fond.ateurs clairvoyants, d.e 1a jeunesse

plus aisée deux, trois siècles plus tôt.

Pour en revenir aux aînées des ?roviCentes de lrEst fondées en r 1762 par Jean l,ïartin Lloye dans Le but précis et arrêté d :

rr...instlruire les enfants pauvres de campagne et des ha.rneauxd.és- hérités, et reêmeles adultes ignorants privés plUe ou noins complèternent cles bienfaits rfe If instruction' d.ans 1es petites paroisses, 1es hameaux sans ressources r Qui t à cause d.e l-a pauvreté d.es habitants et d.e la commune seraient dans lrlmpossibilité de faire les fondations exigées (1) et se verraient par suite privées rLu bienfait d rune éccle chrétienne et bien dirigée ... (2;" ,

60. Ici Jean (r)J.[lARCH/\I Yie de I'abbé ùloye St Dié 1871 9.45,51 à Nlartln Moyé pense aux soeurs cLe Toul d.ont 1e fondateur exigeait , et pour cause, un minimum de sécurité matérielle garantle par une fond.ation ou lroctroi drune rente ou dtun salaire. Cette clisposition éllminait nécessairercent une certaine catégorie sociale , notamment les milieux lllraux encore peu fortunés . (2) Item p.52. 15

Ies deux r,raj-sons d.e Portieux et de Hon:rnarting alors d.irigées respec- tivenent par les abbés Feys et Decker furent réunies en une seule congrégat j-on. L r ord.onnance royale du 12 nars 1816 reconnut l- | exis- tence 1égale à cette fill-e aînée de l ti.nstructlon priroaire rurale .

I,rabbé Feys fut norrunésupérieur généra1 de la nouvelle congrégation d,ont Pc-rtieux reçut le titre d.e naison-mère, celle d.e Hommartj-ng d.evenant en quelque sorte une annexe dont ltabbé Decker pris le rang de supérieur déIégué. Honnarting assistait à une nouvelle assi- milation. Mais la d.épend.ancefut plus théorique qureffeetive.

Lorsquten 1827 Jean Decker transféra 1e novi-ciat visible- ment prospère de sa oure à Saint Jean-de-tsasse1, il songea aussi- tôt à entreprendre des négociations en vue dtune indépendance to- taLe. En 1838, 1révêque de Saint-Dié prononça Ie d.énenbrement de la congrégation. la grand.e dlstance, des facteurs d.rordre lXinguisti- eùer certaines coraplications adninj.stratives au niveeu des trois acadénies où exerçaj-t LfétabLissenent de 1a Lorraine allenand-e t enfin un certain nalaise au côté d.e Saint Jean-de-Bassel- suppor- tant nal cette tutelle poussèrent le dj-recteur à sol-liciter une autononie cor:rplète. la séparation fut consonnée en 1852 pat \e d.écret présid.entiel d-u prince Louis-Napoléon.

La congrégation d.e l_a d.ivine Providence de saintJean-de- tsasseL était désornais en possession de son j-d.entité cipile et reli- gieuse. Mais elle nravait pas attendu cette ratification officielle

pour srad.onner à sa nission . Grâce àg-âynanisnerltinst:rrction ne

deneurait plus I tapanage d.es villes ; e1le pénétrait dans 1es pa-

roisses Ies plus pauvres, dans les hameaux les plus isolés, soit

190 écoles en L{eurthe, IrÏosel-}e et dans l-e Bas-Rhin. Lorsque Jean

grande Decker meurt , iI ]aisse un institut en pleine expansion et de

notoriété . Ses slrccssseurs feront preuve du nêne zèle. Qui sont-Ila ? 16

2. I,ES DIRECTEURSDE S/TINT JEAN FACE /,U PROJET INITIAI.

Après Jean lVlartin Mo51eet les frères lacornbe sont écrits au. livre dtor d.e Ia congrégation d-e la divine ?rovidence de Saint

Jean-d.e-Bassel ( 1) les noms des abbés Decker, Grusy, larvette et

ûlichel. Ensenble et à leur nanière i1s se consacrèrent à lroeuvre

scol-aire lancée par 1e fondateur tant et si bien que leur souvenir

reste attaché à l-thistoire de nos congrégations enseignantes de

ltEst. I1s font partie de cette i-nhabituelle phalange de prêtres

qui, au sortir de la Révol-ution et tout au long d.u XIX& sièc]e, ne

caresseBt qurun rêve : ref ever 1tÉglise d.e ses luines, rechristia-

niser La population secouée par l-e vent de Itindifférence, radoucir

Les noeurs dtune jeunesse qui vient de côtoyer 1e désordre et 1a vio-

l-ence, enfin recueill-ir dans 1es écoles 1es enfants traînant dans

Les rues (2).

Pour refever l-tenfance à ltaband.on, l-es aninateurs d-u renou-

veau trouvèrent un atout dans l-es associations féninines qui nour-

r1ssaiêfrb tes mênes projets. Dans ItEst , il suffisait au clergé d.e

prend.re en charge ces providentes éparses en recherche d.fun bercail,

d-rune id.entité et d.tun directeur. Ribeauvillé fut pris en nain par

ltabbé Krernp (3)rPeltre par Ltabbé GapP, Portieux par le chanoine

Raulin et ]tabbé neys (4). Ctest aux frères Laconbe d'e 1a périod'e

révolutionnaire puis à Jean Decker que Saint-Jean d.ut sa pérennité '

Ses successeurs ne furent pas moins d.évoués au projet initial'

rr (t)Uous d.ésignerons désornais sous Irabréviation Saint'Jean*cette congrégation d-e 1a d.ivine Providence d.e Saint Jean-de-Basse1 dont on parlera désormais exclusivernent. (Z)A Sô,f. SR SCHLiITTMénoire. Ce manuscrit fut adressé aux supérieures générales vers La fin d.e La vie de I tauteur' 17

a) JEI,N DECKER z 1802 - 1844

Jean Decker est né Ie 13 octobre 1766 à Eschbach d.ans le Bas-

Rhin. Le curé de son village soupçonnant cltez lradoLescent quelques

aarques de piété et dtintellignece d.oublées d.tune précoce vivacité,

Iui dispensa 1es preniers rudirlents de Itenseignement classique.

Itheure venue, 1es parents de Jean n-e d.irigèrent vers le colIège d.es

chanoj^nes du Saint-sauveur d.e Sarre-Union (5). Itétablissenent nté-

tait pas éloigné et jouissait dfune solid.e réputation, nêne après

le d.épart des Jésuites. le jeune home fréquente les collèges épis'

copaux d-e Sai-nte-Ânne et Saint-Sinon d.e 1a capitale religieuse nosel-

JLanequa,nd. éc}ate la Révolution.En 1'191t nous fe retrouvons à Trêves

où Le séninaire de iiiietz avai.t éreigré avec l-rensenble d.u corps ensei-

gnant d"es Frères Lazaristes. 11 est orclonné le 17 décenbre 1791. Du-

rant ces années d.e fornation, Jean Decker rencontre d.eux personnes

qui vont exercer une infl-uence directe sur son futur r.rinistère.

Ctest, dtune part, l-tabbé Gapp ordonné trois rnois plus tôt et

origj-naire d.e son pays natal . EnsenibLe*,,i1s assistent aux conféren-

ces que dispensait à Îrêves un missionnaire lorrai-n: ltabbé Moye ,

prêtre d.u d.locèse et anciennement vicaire à lvietz, auteur spirituel

audacieux de plaquettes et tracts (6) qui lui valurent la mise au ban

- (f )nfgpqIQ=IRE des Soeurs de Ribeauvj-l1-é.CoInar 1910 Geschichte der Kongregation der g"ottlichen vorsehung zu Rappoltsweifer. (+),r .ivu'ncHAlvie de I'a,bbsi-L[gJB_op. c:l'L. (5)n.ffpfnnn Itl;UUé ,lean Oecter 1766-1844et Ia congrégation de Ia d.ivine provi-aènce ae Sai-nt iean-de-Bassel Â4etz non daté. rt (5)/.P A 27 cj-té par A.l,i,.ÀBEL : lract 1754 - Du soin extrême quton rune doit avoir d.u baptène des enfants d.ans le cas d fausse-couche ou de 1a nort drune fenne enceinte.rf i'.M./tBEl La pauvreté dans fa pensée et lroeuvre de Jeqn: I\iiarÏin ntoye t?30 ;'nm n72 , Irauteur énu- @9à27tous1esécri.tsd.eJean-lVIartinMoye.Nous renvoyons le lecteur à cette excel-lente analyse bibliographique. 1A

Saint- du d.iocèse. Cet exil Ltanène à la direction du séminaire de : Dié quti-1 rnène parallèlenent à sa surprenante fondation mosellane classe des institutrices de canpagne' vivant hors clôttrre et faisant gratultenent.Cten était trop pour certains nembres d"u clergé et lrin-

quiétant personnage dut quitter son ministère de Metz '

Lorsque Jean Decker fait 1a connaissance de Moye, et cfest 1a

deuxiène grand,e rencontre qutit fait dans sa vie, celui-ci revient revint en drune nission en chine, où, après un séjour de dix ans, il de Europe,laissant derrière lui une jeune congrégation enseignante à llins- tr Vierges chinoises ft Stadonnant conne fes consoeurs l-orraines à Ia consti- truction d.es enfants et des aduLtes (t)' moye, téfractaire y aourra tution civile d.u clergé,rejoignit ses confrères à Trêves' Il de sa chari- Ie 4 nai 1793, épui.sé par un ministère agité et victj-ne de la té au servj.ce d.es malades qgril soignait à lthôpitatr- r'rilitaire

ville, son En 1795, nous retrouvons les traces du jeune Decker dans Gosselming' pays nata1. les registres paroissiaux notent son passage à concertation à Bettborn et d.ans Ies haneaux environnants. Col.ncidence,

ou Providence...? ltabbé Gtpp, son ani dtétudes, circule cLandestine- similitu- nent clans le nôme secteur. Leur destinée comporte bien d'es (2), en exil à des : mêne âge, mêne forreation à Bouquenoo ensenble ' lrêves, ensenble vagabonds de Dj.eu à ftheure des persécugùions parallèIe va 1es p]a- surcroÎt d.e coFlncidence ... ! leur destinée si

cer chacun à 1a tête dtune congrégation de religieuses institutrices' et la genence jetée d.ans leur coeur en terre drexil se lève abondante

Paris Saint-Dié 1937 p'138 (f ) G.GOY/.UJ.fti.MOYE Missionnaire en Chine et sui-vantes . (z) ûI.ANDREop. cit . p. 19 . 1g

généreuse. Jean Martin Moye pouvait-il souhaiter meill-eurçs énules...?

Fin avril 1802, Les archives signalent ltabbé Decker à Nie - derstinzel, l rannée suivante conrrredesservant d.e Ia paroisse de Hom- rarting. 11 y demeurera jusqu|en 1827, année où il acc-ompagneses ins- titutri.ces de la ?rovidence à Saint Jean-d.e-tsasse1. Ctest dans cette prerni.ère cure d.e Hommarti-ng que le futur supérieur fera la connais- sance d.e son confrère d.e Hoff : ?ierue lacot-lber responsable épisco- pa}. de 1a région apostolique de Sarrebourg. Une foj.s de plus la Pro- vid-ence all-ait faire checdner ensenble d.eux ardents adnirateurs d.e

Jean L4artin Moye.

Lorsquten 1BO3Pi.erre Lacombe est nonné à la cure d.rlnsming, il y transfère son ancien .noviciat de Hoff', accueillant en mêne ter:rps les autres flllles de i\{oye der:eurées sans pasteur depuis l-a tournen- te révol-utionnaj-re. Ind.écises quant au choix de leur nouveau bercail maj-s sol-ides dans lleur vocatj-on drenseignantes, d.i-x d.rentre elles ont d.éj à re joint le groupe de Saj.:rte-Chrét j-enne . ( 1)

Ctest précisénrent à ce noviciat d.rlnsning que va collaborer

ltabbé Decker.Sa cure en est éloignéedrune quarantaine d.e kil-on:ètres.

I\lais conbien allègrement ce valllant prêtre erlcore au printer,rps de sa

vie franchira-t-il ces quelques lieues , fût-ce à pied., tant il est

enthousj-aste. . . i Lorsque Pierre lAcombe s rétein& en 1812r son arni

d.e Honmarting accueil-le dans une naison préparée à cette fin le

noviciat du défi.r.nt. En 1811, celui d'e Siersthal perd-it égalenent son

d.irecteur, Doni-nique l,aconbe. Jean Decker l-tinvj-ta à rejoind're ees

consoeurs de Honnarting. Volci désorrnais réunies sous un riiêr.retoi-t

(1) Id.GROSDIDIERDE ll'iiilONsop.cit, p.74 . Voir ci-dessus page 12 . 20

toutes l-es soeurs d.e Ia Proviilence du Père l,''ioyeen Lorraine alle- mande. Avec les annéesrlrassociation prit de ltampleur, soutenue

par 1a soll-icitud.e des populations reconnaissantes . la maison de

Hommartimg finit par d.evenir à son tour trop petite ; en 1t27 ,

Lrabbé Decker transporte tout son mond.eà Saint-Jean. T,a quête drune résiclence est enfin terminée, Saint Jea.n-de-Basse1 sera, Crâ- ce à l-a circonspection de son d.irecteur, la dernière étape de ce long cheminement.

Outre ses qualités d.rorganisateur , Jean Decker aura encore

à faire preuve d.e souplesse , voire de réelle humilité . le rattachement à Portieux lui fut signalé corrnmêfait accompli. 11 ne fit aucun obstacle à 1a firsion, bien quiil pressentît l-es cliffi- cultés qui allaient en résulter. Au tenpcrel, les affaires staTran- geaient bien. De part et dta,utre, l-ton cherche à nraltérer en rien lrharmonieuse unité qui ràgne entre 1es I' deux branches vigoureuses, sortant du même tronc planté par Jssn Martin Moye rr comme se p}-rt à les caractériserrd.ans sa vie clu bienheureux (t), Mgr Foucault f1 est vraj- que quelques nuages de susceptibilité froissée (2) obscur- eissent d.e temps à autre le ciel d.es rel-ations; mais les ondées qui en résul-tent sont dtautant plus bénéfiques qutelles obligent baint-

(3) Jean et Portieux à gard.er le contact "Cependant 1e supérieur d.e

Saint-Jean dép1ore 1téloignement de son collaborateur :

(t)A.G.FOUCAUIT T,e vénérabIe Jean lrllartin idoye - U{re âme d tapôtr.e. Metz 1901. (Z).l.OnCfER l{émoire 20.I.1844 rr ...ce sera d.onc1a supérieure cle Portieux qui nous demandera compte des recettes et des dépenses faites à nos postes(...)de sorte que nous ne serons plus que des fermiers ... il lrabbé Decker avait engagé sa fortune personnelle dans lracaht de la corrnanderie. (l)nn 1u70rpar exemplersaint-Jean fera un échange de postes avec Portieux après La nouvelle répartition temitoriale. 21

. . .C test urr mal que nous fussions si éloignés l tun d.e

Itautre... (t)

Crest principalernent au tenporel- que 1es choses se conpliquent. Jean

Decken d,oit requérir la signature d.e Portieux pour tout acte civil-

/'cquisitions, ventes et projets d.e construction sont sounis à la naj-- son vosgienne. Les revenus doivent couvrir l-a balance fj-nancière de

La congrégation entière , Portieux se trouve à ce nonent dans une d.étresse bu,i.gétaire consid.érabl-e (Z). là le probJ.ène, si problène il- y ett, pouvait se résoudre. 11 est certain que La bonne volonté des d.eux côtés écartait r:iaints obstacles.

Ctest d.a,nsfe d.onaine adrninistratif que Ies difficultés se font prin- cipaler.rent jour. f,a vaste congrégation d.e l-a Provid.ence de i'vioye, soit

376 religj-euses d.épend"antde Portieux et 287 d,e Honna,rting (3), est disséminfe à travers trois départements , à savoir ceux d.e ta i',ieurthe, de }a liioselle et du Bas-Rhin en ce qui concerne la branche aLlenand.e.

Sur le plan scolaire, ell-e doit répondre aux exi-gjnces d.e trols rec- teurs t1racad.éniie dont les voeux sont nécessairernelrt -iés eux conjonc- tures régional-es. Reste }e problène luinguistique : l-e nouvenent d-u personnel est i-névibabl-er:renttributaire d.e 1'origi-ne linguistique des institutrices. Ces ambiguÏtés engendrent force affrontenentsraccurlu-

]ant au fil d.es jours dtinéluctables ria.is irritantes l-enteurs ad.minis- tratives

(l)tp lettre de 1B2B ad.ressée par Jean Decker à lrabbé Feys. (z)inuir,ns de xa oongrégation de la I'rovi-d.ence d-e Portieux (vosges) fondée en 1762 paf 1e vén.Jean Àltartin ivioye - Epinal 1909 p.1381263. (3)r',tt .cX F 6)47 - ntat i619 . Copie ;,.ST J. 22

Jean Decker finit d.onc par solliciter du Minlstre du Culte

1e démembrementeffectif de la congrégation (1). Itautorisation

épiscopaLe 1ui sera accord.ée en 1B3B I soutenue par le consente- rnent du conseil généra1 d.e Portieux.

loutes ces situations, parfois délicatesl âvouorrs-le, Ie Directeur d.e St-Jean les aborde avec son tempéra.ment d tÀlsacien : vi.f , passion- né quand son oeuvre en est Itenjeu, mêmebatai-lLeur et quelquefoi-s im- pétueux sl les affaires ne vont pas assez vite , drune spontanélté prête à bousculer pour tout ce qui touche sa cause. Enthousj.aste mais obstiné, zéLé mais endurant, la mort 1e surprend. hélas avant qutil ait pu aener à terme son voeu 1e plus cher: la reconnaj-ssan- ce légale d.e sa société par 1e gouvernement . Huit ans plus tard ,

1e projet est ratifié par tlécret présidentiel du 16 rnars 1852 (2).

Sril ne fut pas saiut à canoniser, Jean Decker laissera pour- tant le souvenir d.tun homme d.e vie intérieure intense . A ses jeunes

émules d.e qutil prépare à lrentrée au séminai-re (3) , aux filIes de }loye qutj-1 entoure d.e sol-licitud.e, iI inspire piété , renoncement, ascèse. Sai-nt,1rabbé Decker Ie fut comne tous 1es confrères de ce temps-Ià : rude, austère, bourreau de travail , mais bon, ouvert , spontané, sans duplicité. En visitant de haneau en ha- meau ses institutrices, il portait l-e ciLlce. l,orsquril montait en chaire, un bracelet d,e fer lebourait ses membres. 11 sfaccomnodait volontiers de la tabl-e fmgale des pauvres soeurs. S€sur Claire reste sa vie durant éblouie par Ia sainteté d.e son supérieur :

( 1)J.DECKER Méraoire op. cit. (Z)A.ST J. Copie du décret présidentiel- avec nouveau statut: 16.T,II.52. (3)4.51 J. ?anégyrique fait par lrun de ses anciens petits sémina- ristes et d.evenu prêtre d.u cLiocèse. AN. : Enquête sur lfétat des congrégations , 1B0B - F.19. 23

vie t| . . . ],e Père Decker fut un saint et un g]tand saint. Sa ' fl durant était une prière et une irnmola"tion continuelles jeûnait presque tôujours, ne parlait que d.e Dieu et d.es choe qutil ses nécessaires. Je lui servais 1e repas : on eût d'it dtas- ne savait pas ce qutil mangeait ; iannais il- nta ajouté saisonnement l-à où nanquait ou sel ou vinaigre que T} portait une chaîne autotrr d'es reins, plus large avant na nain, garnie d.e forts piquants qui rentraient très fois dans 1a'shair. Et cette ôhaine, i1 1a remettai-t chaque quril allait faire une visite, une promenade ou qufil entrait au confessional ... (t). périodes post-révo- ï,e chanoine Kieffer retint de son confrère de ces tr un animateur lutionnaires quril flt un caractère, un temprérament, aussi Ioya1 que déslntéressé, fidèIe et lcyal Q) '

Au physique, 1e portrait conservé et aryaché à son humilité personne par une r"use route féminine (:), nous livre lrimage 6rune mais bons et d.e haute stature, Ie front éIevé, les yeux observateurs d-e sérénité; le regard. d-oux. Sa physionomie eet empreinte cle calme et ses lèvres accusent force de caractère et son sens de l-rhumour'

- Au physique commeau mora.l, 1|ebbé Jean Decker pa

pour sur rait clonc vraiment lthomme de barre qutil fallait J-éncer lrocéan des temps le frêl-e bateau né d.e Ia pensée philanthropique Ie su- de son vénérable prédécesseur, Jean illartin ftioye. En 18'iz. , baint périeur des soeurs de la d.ivine Proviclence de Jean-de-Bassel némoire meurtrâgé d.e 77 ans. Dans lfinstituti-on, i1 perpétue sa tr tiré par 1e Règlement quril composa avec son ami ?lerre Laconnbe (4). presque uniquement cr.esécrits épars 6ç itlr ftioye " quril formule dans I,e voeu de prospérité spirituelle et temporelle

- (f ) a.ST J. I$léqcj,re de Sr Phi]-omène HAAG 1t93 (2) E.I(TEFFERop.clt. (3) A.Sî J. liiémoire clté ci-tlessus. (4) A.ST J. I/lérnoireDecker op.cit. 24

cet uLtine testanent confirne son véritabl-e attachecent à la fa- nilLe rel,igieuse, hier sortie de sa chrysalide, aujourdrhui volant d.e ses propres ailes.

(t) tf ... cet établ-issenent (...) d.oit être pour ltavenir une source de lur:ière et de bonne éducation et par 1à d.e bonheur surtout pour la classe peu ai-sée de cette contrée. . .

b) lrabbé Pierne GRUSY.

Si nous nous sonr:es si longuenient penchés sur Ia figure de Jean

Decker, ctest qutil fut l-a chevi-l-l-e ouvrière de la congrégation au tenps où celle-ci conr,iengait à stétabl-lr et à storganiser. Ctest à une jeune fondation que se donne corps et âne Ie zéIé supérieur . fl- veut en consol-id.er les assises et en garantir la pérenni-té. /russi l-ui faut-j-l du durable, du solide, du légaI, d.e 1-a corrpétence.tous ses efforts se conjuguent pour forn.er des insti-tutrices capabJ.es,nenrbres d.eune institution reconnue. Père spirituel d.es fi]l-es d.e liloye de la

T,orraine aller:ande, gé.nérer,rxdonateur soldant de ses propres deniers ltachet du d.or'lained.es corii:and-eurs (Z), en quelque sorte berger drun troupeau d.ispersé se riettant à. Ia fois en quête des brebis et du ber- caiL, Jean Declcer a joué l-e rôLe de pionnier.

En 1945, toutes Les enseignantes e.n fonction sont sorties de son écol-e. Crest aussi à ce titre çlutil nous a paru opportun de nous y arrêter plus longuenent. Crest à peine si, au cours d.e son r,rinistère

à La tôte de l-a congrégation, Pierue Grusy, son successeurr nrodifie l-titinéraire spirituel et tenporel de l-tétabl-isserient. Sage et in- telligentrcelui-ci cof.labore avec so-eur Savis'ie Sander au grand oeuvr€. (3)

(t) Ménoire Decker op.cit. Q) iten. (:)S" Savinie est La d.euxiène assistante générale de Ia congrationt ( te+o-1845) succédant à i!{arie POrRoî (1801-1839)et renplacée par Basilisse G/;M (1845-1864) . 25

Face au petit séninaire de ?ont-à-Mousson instal-Ié dans les

spLend.id.esbâtiments de lf ancienne abbaye des Prénontrés (t)ratoù ltobédience épiscopale lrarrache à son poste de professeur de 1-ettres,

Plerre GnrSy trouve un cornplexe co.nventuel modeste , ramassé , voire d.fune surprenante exiguÏté. T,es bâtiments sont vieux , 1es locaux

étrolts, Ies d.épendancesvétustes , 1es pièces de tene désespéré- nent abond.antes (Z) . Pour leccLésiastlque, hier sorti drun étab11s- sement installé de façon rationnelle, où lrord.re du Jour alterne iu- - dioieusement activités professionnelles et religieuses , 1e tra fest vail qui se présente s ravère varié et d.e longUe haleine ' C sans hésiter drailleurs que le prêtre, alors âgé de cinquante ans (3)r se fera aussitôt architecte, provlseur et directeur de conmunauté . Îâ- che écrasante et lourde de responsabilité .. . t lre cumul de ces fonc- tions si cliverses est loin cle lreffrayer. 11 poursuivra également la quête d.tlndépend.ancealors à 1?état de vei]le et reprend les

écritures ad.ninistratives auprès des ministères, évêchés et préfectures (4). Hé1as ! commeson prédécesseurr il ne verra pas 1e couronnement de ses efforts, étant appelé d'eux ans auparavant t au service d.e la parolsse Ce 'Ùanne-et-Quatre Vents'

En automne 1839, Germaine ttliare qui entre au couvent d-e Sa"int-

Jean âgée c1e 16 ans trouve le vieux noviciat déjà chancelant sous ses pieds. Ifuit ans plus tard, Marie Gérôme juge Ie couvent bien jour pauyre enccre. Le chemin qufemprunte }a pa"roisse de Bassel , 1e

(t )r.lArlEIvlAND-L{.NOELPont-à-MouE$on Lyon 196t p. 11 4. (Zia.St,f. : sept Sours O.e-TerretaUourable et un bols de cinquante jours de tere. Cité ci-d.essusp.B. (3)A1m{. extrait du registre des actes de décès de la Comnunede Danne-et-Qrratre Vents ( Meurthe ). (4)A.ST J. : lettres du 13,III.1846 au député Corrignon(?) de la lÙleur- 19.V.1850 au the , du 27.III.1C45 à 1tévêché de Nancy-Toul, tlu vicaire généra1 Gried.el d'e Nancy. ta

d.e 1a St Jean po1rr Ia procession patronale sert dtentrée princi- pal-e. Itensenble conporte al-ors la grange des cheval.iers avec

écuries, une cuisine adossée à ces vieux bâtinents , la naison

Ste-I,Ene qui comprend une salle conululre, deux pièces contiggës réservées aïIx grand-es rtal-ades (t). /'u - dessus du réfectoire, 1es

é1èves-postufantes occupent une sal1e d.e classe qui voisine avec 1e bureau de la naîtresse des novices et celui d.e Itassistante. Ce 1o- caL est affecté à plusieurs usages et se transforne tour à tour en atelier de filature et de couture ou toute autre activité chaque fois que novices et postulantes vaquent à des occupations extérieu- rea. En 1848, Ie nouveau noviciat est sous toitr d.it lu{arie Gérône :

It ...Nous toutes Ies novices, nous nous insta]lânes dans l_a naison Ste-i,1ari_e, céda.nt lf ancien bâtinent aux con- verses (Z) et aux vieilLes soeurs nalades. Notre jarclin qutentourait une haute nuraifle stétendait d.errière cette (3) naison n..rr "

Cette belLe et grande construction or) les élèves participent en trans-

portant les r:ratérj-aux sous Ia vigilante direction d,e Itentrepreneur

et d.e 1a supérieure l-ocafe , Sr Basilisse Gand, doit être interron-

pue trois fois, faute d.targent (4) ' La ntaison est à d.eux étages et

conporte de vastes sall-es répondant aux besoins croissants d.respace.

Itabbé Grusy occupe le prellier étage de la naison St Jean )

nonnée plus tard St Christophe en I thonneur d.u nouveau supérieur

qui sty installe . Cet appartenent encastré entre Ie cfocher et la

( f ) 1,es archives de St Jean conservent une vieill-e aquarelle exécu- tée par sr.ii.iii.HOUl,NEperpétuant la nérroj-re d.e cette grange. Voir J.VtiIl,fæT,Up.44 - planche de La naison Ste-/inne (Z) Prenière nention cle rr soeurs conversesr' . Le deuxiène texte écrit qui J-a relate d.ate de 19OOet supprine cette appellation inad.équate à l- rlnstituti-on. (3) A.ST J. !éæEg de Iri.GERol'rE; texte nanuscrit. (+) Iten : ténoignage de Àlae /.Dr^'l/I, 27

nef de 1-téglise paroissiale (t), teL un joyau d.ans son écrin gothi- lun accès eù€r est surplonbé d d.euxj-ène étage qui d,onne d.irectenent

à Ia tribune d.e lad.ite ég]ise. rrf,es bancs d.isposés en gradin nous r' pen:ettaj,ent à toutes de participer aux offlces d.u village . La

chapelle conventuelle, disons plutôt Iroratoire,se trouve au rez-

d.e-chaussée et d.onne de plein piec. sur la pIâce com:iunal-eo

Cf est avec plaisir que Pierue Grrrsy voit grand.ir ce bâtinent

pernettant enfin dtaérer Ie planing dtutilisation d.es différentes

sall-es. les novices à cette époque sont en effet nombreuses I 1es

recrues ne cessent dtaffluer. tsâtisseur courageux , Grusy est aussl heureux d.irecteur de conl.unauté.

la jeune fanill-e religi-euse partage effectivenient son tenps

entre Ia prière, l-es étud-es et les travaux d.onestiques :

n .,.lrlous travaill-ânes avec a,rdeur tant en classe qurau dehors. (...) De neuf à onze heures du natin, nous étions en classe. De nê:ie de quatorze à d,ix-sept heures" Ile reste du tenps était partagé entre 1a prière et les clifférentes activités. En étér par exemple, nous participions à tous les travaux d.es chanps et c1ujard,in potager...gt (Z)

I1 sragit en effet cltexploiter fes sept jours de terre labourable (3)

att'enant à la pro,priété. Tle d-irecteur s?enploya à étend.re Itavoir

cadastral par lrachat de nonbreuses terres autour du donaine. I1 fa1-

lait clonner aux religieuses fe aoyen d.e tirer toute l-eur subsistan-

ce de ces terres dans cette vle quasi autarciique q.uton nenai-t derrière

que consonne pour consacrer l-e Ia cIôture " Produire tout ce Iton

(t) Voir J.WILHIIùI - ?lanche 2 p.1? - au foncl , à d.roite on voit net- tenent la tour roaane de 1féglise paroissiale et 1es deux maisons St-Christophe et Ste-Ùlarie. (z) Â.ST J. Mémoire d.e sr Gérône op.cit. (3) Un jour d.e terye correspond dans Ie Bas-Rhin à 20 ares. Ï'e paysan y parler non dtun jour d.e terre. ntais dtune matinée de terre : das Morgensttlck 28

Eraximrrridtargent liquide à Itoeuvre proprenent dite, aux construc-

ti-onsr aux fondations, bref à tout ce qui ne peut stacquérir quta-

vec les espèces sonrrantes, les étoffes d.ans le donaine vestinentai-

T€r l-es livres de cJasse pour les éIèves , les investissenents en

bâtirnents. Quatre grand.es ccnstructj-ons seronf ainsi- entreprises

jusquten 1870 : la naison Ste-Ânne nentionnée précéd.ennent , la nai-

son ste-l\larie érigée par Grusy, 1-rinposante r:aison Ste-Far:rill-e reE-

fin la chapelle claustral-e terninée en i87o. on demand.eaux élèves

c1eparticiper à ces vastes projets d.ragrandissenent . Nrest-ce pas

les initier à la vie laborj-euse qnrelles auront à nener d.ans un très proche avenir ?

Eh 3 oui ; la vle quton mène à st Jean est parfois bien ru- de. sr Elisa vleiten se rqpelle quf au ter:ps d.es iaoissons, par exenrple, on se levaj-t avec l_e petit jour : rr ... Nous nous l-evions à d.eux heures d.u r:atin pour ncus ren- dre aux chanps et couper res céréales jusquià six heures. Nous rentrions ensuite pour prend-re une petite collati-on , assister à 1a messe, etc...'t (t)

Cette parenthèse ne signifi,e rien rnoins que les nlenus travaux néna- gers que tout élève exécute en internat: toilette, ménage, petits offices quotidiens.

rr ....1i neuf heures , ncus étions d tord.inaire en classe. rl

Longtenps 1es urgences saisonnières i-nposèrent leur priorité à remploi l du tenps régulier. tt Pendant l-a saison d-es fci-ns, nous nravions pas crasse du toutrr l'{ais si on travair-l.ait be.,aucoup à st-Jean, on y nangeaj-t suffisannent pourtant. sr lTeiten trouve ra nourriture correcte, point abondante toutefois. Du noins en 1852, car, dit-e1l-e :

( t )h.ST J. op. cit. il...Nous ntavons pas souffert de l-a fain ; 1e goûter de soize heures comportait d.u pain en été ( saison d.es travaux ); en hivern iI nty avait rlen".. . . ri/lêne pendant l-a sernaine sainte où nous assurions pour- tant le grand nettoya.ge d.u printemps, nous devions suivre tràs stricternent les observâECês." o'l

Le tenps du carêne rnettait clonc à r'ude épreuve quicônque était as- treint au devoir de .ieûne et dtabstinence. ]:f élève tonbait-elle r:ralade ? On Ia rend.ait à sa famill-e à laquelle ntétait donc pas seu- l-ement denanclé Ie trlbut d.e sa pe-:sonne nais aussi son concours fi- nancier tout au long des années cle fornation r avant lfentrée d-éfini- tive d-ans 1a congrégatJ-on 3

It ...tombée rnalade 1e zl juin, je d.us prendre r'ra convales- cence jusqutau 25 octobre dans ma fanill-e" Dès que ie fus remise, ie repris aussj-tôt Ies études.. !r

Fn quoi consistait ces éi;udes ? l,es tér,roignages nous permettent dté- tablir f rhoraire et la d.urée, soit six heures par jour pendant deux

ans pour Les fyancophones, troi-s, parfois quatre pour les germano-

phones. T,e corps enseignant d.e ce sérninaire conprenait le naître dré-

tud.e, en ltoccurence l-e supérieur ecclésiasti-que en titre, 1,a maîtres-'

se d.es novices , anclenne insti-i;utrlce de vertu et d.texpérience éprou-

vées, enfin deux naîtresses exclusivement affectées à l-a tâche deen-

seignante.

Jean Declcer fut un ard.ent naître d-tétud.e. Sa solide fornation au col-

]ège d.e Sarre-Union puis au séninaire de n/letz l-ry avait préparé.ri IL tr. naniait habifement la langue française re dit son chroniqueur, ..De

ses noRbreuses lettres toujours correctes dtorthographe et d.e sty1e,

la phrase prend souv:nt l-taffure et lfampleur d"e l-a tournure latinet

ce qui proïlve lf excelLente forrnation classique quril avait reçue et

gardée 't. Cette langue françai-se , 11 essaie d.e ltenseigner et de Ia

perfectionner auprès d,e ses élèves d,es régions germanophol)es. 30

tr .o. Constatons dans ses lettres, les efforts qutil fit pour que J-a langue française fût cultivée dans son novi- ciat. II envoie des soeurs clens les Vosges pour se perfec- tionner. 11 parle un jour d'y envoyer sa nièce religieuse,J(t)

Decker ne fai.t que répondre à un J-mpératj.f de ce ter,rps amorçant l- tin- trod.uction , disons plutôt ta vulgarisation de l-a langue française peu utilisée d.ans l-rEst de langrre maternelle alLenand.e.

.Lussi dans ce donaine, Pierre GrusJ marche sur Les traces d-e son pré- décesseur . Ctest dtailleurs une question d.e vie ou de rnort pour la congrégation que cette adaptation au besoin d.u teraps et Grusy ne se rrénage pas à cettæ égarcl" Jean Vrlilhel-m, en énuméyant ses vastes obligations , relève à ce sujet :

rr .... le supérieur s?occupa beaucoup de l-a fornation intel-l-ec- tuelle ....surtout des futures institutrices. Presque toute 1a journée, il faisait cl-asse et survei-lLait les étuaes l'(2 )

Et d tajouter un trait dont nous aurorrs soin de nous souvenir l-ors- que nous parlerons plus loin d-e certaines affaires contentieuses parues ctevant 1e conseil général de la ivicsel-le tr r:'insi les soe.,/urs formées par 1ui avaient-el1es d.e I tinstructi-on, ce qul les faj-sait encore plus ainer. f0 Nous aurons l-f occasion d.e rencontrer plus 1on- guenent cet ardent d-irec'beur d-rétude dont l-e sens d.e lrorgani-sation nrétalt pas 1a nolns développée d-e ses qualités. la congrégation lui doit les preniers registres , soit cinq épais rranuscrits retraçant dfune écrjiture fine et nette 1tétat natérie} du couvent, des postes, des éco1es, Ia situation détailIée du personnel d.epuis ]rentrée d.e

}a jeune fille jusqutà sa prise d.thabit, ses voeux de profession, sa nomination, ses postes drexercice , enfin sa fin de carrière et son décès . /.rrivées , départs, pai-enent ou non dfune pension alirnentai- re , bref tout ce qui' peut intéresser ltad.r,rinistration conventuelle"

(t)n.ftgPFER op.cit. (e),f .ntff,nEil[ op.cit. p.jj 31

Une mutation imprévue l tarrache à cette tâche passionnante si béné- fJ.que pour ltinstitution.les soeurs Ie regrettent ca,r il fut éminen- nent bon.

Face au projet d.e i!Ïoye, Grusy se nontre d.onc tout aussi zé1é - et d.ynani-que que son préd.écesseur . Il- laisse la figure toute oi'igi nal-edtun hâtisseur, dtun administrateur avisé et dtun d-irecteur d-tétude de raarque. La chose scolaire a, progr"""é d'.rtunt son gouver- nenent. En cette périod.e drévolution o voil-à bien encore une fois lrhonme qutil fallait pour nener à bien l-?oeuvre initiale

C) Christophe Ll'ItVElîE la trad-ition faisse de ce di-recteur une ncte dtaustérité qui senble

avoir fortenent narqué et en quelque sorte traurnatisé l-es soeurs' thunni L tabbé l,arvette met l- raccent sur tr lité , les siôences hurnai-

étant nes , le bagage intelll-ectr.Lel, }a fornation professipnnel-Ie

accessoires au salut de I râme. Cette résistance àhçUlture ira jus-

qu.tà conpronettre ter:porairenent la capaclté eff,ective des élèves-

naîtresses quti-l d.irii;e .l,es tenps sont révolus où le naître-dté

tude net la formati.on professionnell-e au rlênte rang que l-a forrna-

tion doctrinal-e:

fi...f,rinstmction que recevaient a,10rs les futures institu- tune trices ne dépassâit guè"e le programme d bonne écol-e prinaire. Normaler:ent Ies élèves-naîtresses d-evaient pas- sêr' pâï trois cours, nais les leçons ne se rlonnaient pas réguiièrenent, Les 3Lèves d.evaient aj-der au jardin et à l-a buanderie... ( t) - La fornration restait donc tributaire -xle constatons d'es con-'

ceptions des supérieurs, contraireçrent à l-tabbé Decker qui fut

( 1)J.wtlHET,l\(op.cit. p,57.

* - IIOUS ... 32

d.irecteur d tun pré-séninai-re pendant dix ans ( 1) r contrairenent aussi à ltabbé Grusy qui sortait d.es Prénonttés de Pont-à-Moussc'n rf cél-èbrespar (*) ptréïade d ttt excelLents supérieurs et professeurs

(Z) , tous co1lègue=du futur dlrecteur d.e St Jean, le chanoine

CHri-stophe passe de La sirlple fonction de desservant des parois- ses c1eliattygnie, V/eckerswil-Ler et (3) à fa charge no- tabl-er,lent d.if férente rle cli-recteur d rune comr,u;nautéreligieuse en- seignante, i.près vingt - sept ans d,e service paroissial, ltabbé larvette vient à St-Jean narqué par la nentalité de ses fid-èles et surtout cel-Ie de ses confrères peu ouverts à certains aspects d.e l-a forr:ation hurai-ne . la science enffer dit-il- ; tout 1e reste est vanité. Hél-as t crétait bien r:,aL conprend.re son rôle d-e chef d.rune école professionnefle,..Il faud.ra une intervention éner- gique des autorités scolaires pour que prenne fin cet état ae chose'

Ctétait donc un autre aspect de l-a spirituaJ-ité de i\'ioyeque

Christophe Larvette entend-ait privilégier en assurant une solide

éd.ucation ascétique. Ctest durant son ad.ninigtration que se fit la séparation définitive dtavec Portieux. Sr Basilisse Gand qui por- tait jusqutà présent l-e non d téconomer prit l-e titre de supérieure générale. ELLe anorça l-tère dtune ad.ninistration par les religieu- ses elles-mênes ; d.e constitution d"élicate , Ce nature réservée et f lar- silenci-euse , sa personnalité steffaça devant cell-e de f abbé

(i)a,St J. Panésyrique 18t,+'Dossier Decker. (2)P .TJi'Ll,EiilliNDop . ci.t . .p . 11li (3)ch.l/,RVEf tE : 18'13 desservant à llattigny 1811i n à \tleckerswill-er 1817 It à Brouviller 18ro r' à St Jean-de-Bassel et au couvent.

Ltabbé Chri-stophe a 62 ans qua,nd.iI est nonné pour St-Jean. En 1852 il est revêtu du titre de chanoine honoraire de Nancy. ( lr:ur ") i,léiac'i.e 33

T,arvette. Àvec Ie vénérable vieillard se termine en 1863 , 1a pério- de autoritaire (t).La congrégation commençait par un gouvernernent autonone. Le statut d.e 1852 d.emandait en effet que 1a supérieure générale fût élue et non nomrlée.

d) Nicol-as Michel.

Avec 1a nomination d.e lrabbé ftiichel rentre un souffle nouveau

dans l tadministration conventuelle tle Saint-Jean-de-Basse1. Le su-

périeur, âgé de 47 ans, professeur puis d.irecteur (2) depuis son rétoffe ordi-nation au petit-séminalre de lont-à-Mousson est d à re-

dresser 1a situation. Son évêqus fls Nancf,' Irigr DtArboiy, 1ta préve-

nu que sa fonction de directeur dtun institut enseignant est un pos- - te au noins aussi important que celui de père spirituel de Ia com

munauté religieuse.

Ctest au redressement d,u secteur scolaire quril emploie seg

premières forces. Avec empressement, 1e co11ège de Fénétrange 1ui t' - prête son concours. J.[rilhelm rapporte à ce sujet que plusieurs

d-e ces messieurs venaient régulièrement d.onner des cours aux novi-

ct s. ITr lorra.in d.ispensait d.eux fois par semaine un cours de style ;

iVir Striff, professeur de musique donnait aux é]èves des ]eçons de

piano et d.e vioJon."(3).lour éprouver Ies connaissances d.es élèves

lf abbé ftlichel que second.eit soeur Adrienne Frache depuis 1864, orga-

nisa des exanens intra-muros. Trrévêque de }{ancy y d.éIégua un chanoine.

Iltarchiprêtre d.e Sarrebourg et deux inspecteurs d'e la région fl-

rent partie du jury . Enfin , staJoutait à cette comrnission

(f) Le congrégation conserve un tableau de lfabbé larvette. ?ort majestueux, oeil arclent, camail de chanoine éclatant, en main }e Directofre de 1B5B avec J.a page de garde rectificatrice in- sérée sous ses ausPices. 34

iur LtHuillier' Ie directeur du co1lège épiscopal d.e Fénétrange , soeur Y firrent présents également 1e supérieur en personne et jeunes qui nra- Ad.rlenne Frache. De quoi impressionner ces élèves mesurer vaient pas encore eu lroccasion jusqutà présent d'e se dirigé par d.rune façon aussi solennelle aux exigences drun examen huit jours' un jury aussi officief(4). Cette prernière épreuve dura f é1è- De ces promotions vont d aj-Ileurs sortir deux brill-antes d'e la ves, futures supérieures généra}es et d'irectrices d'tétudes furent en ef- congrégation.Soeurs Anna Houlné et Ùiathilde Schmitt baint-Jgan présenter aux examens fet Les premières élèves de à se ti[issembourg se sUpérieurs à Nancy. Un inspecteur de 1a région de première ' crest lui- souvenait de Itintelligence pétillante de la lors d rune même qui en rapportait 1e fait à une de ses institutrices Ia trouvent plu- inspection (5). Commejeune professeur, ses élèves 'f fermeté que tôt sévère, drune ponctuallté implacable et dt ...uIIê à nos postes dtl'nl - nous avons seulement appréciée quand nous fûmes

ti-tutrices r' (6). illais lrenseignement se trouve donc en bonne voie à Saint-Jean' Mlchel et soeur la tâche nrest pas facile pour la d-irection; Itabbé projettent des Adrienne créent des postes, en suppriment d'autres, parent aux incom - expansions en outre-iller, écoutent Ies doléancesr

(2) A.E.lvi. Curiculum vitae de l\icolas lliiche]. (3) J.v[r],trEÏ,l[op.cit. P. 68. écrit en vue des solenni- i4i A.ST J. Uu"ir""it àe sr KAlm-sRl,OcHER tés du centenaire 1827-1927 ' (5) A.ST J. Mémoire de soeur I{UFFI\IER' (6) A.ST J. ibid. pétences, sorigent aux carences. Ces charges si d.iverses ont-Olles entravé 1tévol-ution général-e dans }a congrégation ? Les annales ne rnentionnent aucun recul. Âu contraire ...!

cette fois r cê sont l-es pier:res qui parlent si fes annales se taisent 4la constructi-cn e.n 1864 de cet im:tense édifice qurest

Ia maieon Ste-Famitle, d.ite plus tard. écol-e nornafer est une preu- ve évid.ente de vitalité , voire d.e prospérité. IL ntest peut-être pas inuti]e d-e jeter un coup droeil sur ce vaste ensembfe tant ilen impose par sa surface et par son voLume. tétire Surplornbant une solide cave vottée qui s tout le long

La du bâtiment , Le rez-de-chaussée se divise en deux sections. faça- d.e nord accueifle deux sal-l-es à d.eux cents places chacune. (1)

cl.aire, spacieuse, à bonne accoustique, l-a salle des confé- rences est destinée , cornne son norn lrindique, à recevoir des ora- teurs. To,us anis ou connaissances d.e la grande fanille religieuse de

Saint Jean jr.rsqutaux inspecteurs , y mu1-tiplient à plaisir allocu- tions, entretiens, causeries, voire cours ex-cathedra' Que d-e leçons d.e géographie vivante ainsi d.ispensées lors drun retour en Er"rropede te1 frère, oncle, neveurreissionnaires Tevenu d.rOcéanie, de 6hine ou d.es brtlantes terres dtAfrlque...! Ces ard.ents apôtres d-u Nouveau-

Mond.esubjugent si bien leur auditoire qutune cle ces conférences I' verra naître une fond.ation tr liloye au lexas .(2)

Pour les éLèves, Ia saltr-e des ccnférences d.evient aussi le

fo1'rm des épreuves. Les trois po,rtes 1atérales qui y donnent accès

les font d,onc plutôt frérnir chaque fois qutell-es gagant leurs saIles

d.e cfasse avoisinantes, solt six locaux par étage'

(t),l.Wtf,tmLM op.cit. p.16 planche 2. La maison Ste-Fanille se trouve à gauche d.e La prise de vue. (2) Â.sT J. Dossier Texas. 36

La sal-l-e rr sedes sapientiae rr est aff,ectée à un usage plus fa- milj-er : à ci-nq heures et demie du matin, l-a jeunessc conventuelle

s fy retrouve pour y réciter Ia prière du natin , chanter un extrait d.es T,audes, srad.onner à une brève méd.itation jusqutà six heures .

I,es jeud.i- et samedi, une l-ecture spirituelle donnée du haut de l-a

chaire par ltune ou ltautre naîtresse d.e cLasse , soit aussi la su- périeure générale ou l-a d.irectrice des étud.es, Les rassemble à nou- veau dans ce l-ocal . Ctest al-ors ltheure des eonseils, des 1eçons de bienséance, des recomaand.ations, des réprimand.es , d-es renises en question dtune éIève, d rune classe ou de tout le groupe ; bref t ctest lrheure de vérité. Et Itcn y joue cartessur tab1e, 1es atnées ne ltont pas oubLié...! Dans cette mêne pièce, on présente les voeux aux supérieurs, récite des conptriments, produit des partitlons , d.is- trCbue des prix . Un grand repas est-il prévu ? Ctest 1à qutil se d.onne. Plus farnilière que la salle d.es conférences d.ont l-robscurité accable Ie nobilier tant quto.n nly séjou.r'ne pasr Ia salle rr Sedes rl

sert en quelque sorte à Ia vie quotid.ienn€n Crest fe gynécée d.e 1té- tabllsserirent. Un superbe quoique modeste groupe en bois sculpté , fa rr Virgo sedes sapientiaeri - Vj.erge , Trône d.e la Sagesse, sceptre en main et di.ad.èmesur le front, escabeau sous Ie pied r sur son genou ltEnfant-Roi ernbrassanù de son regard d.éjà universel Le mond.edont il tient J.e syrnbÙtr-eau creux de la nain r lui a légué ce nom. Aux

flots de lunière qui srengouffrent par l-es d.ix baies sraioutefle sou-

rire maternel d.e cette Vierge, et 1e geste ainablernent bénissant d.e

son Fil-s pour donner un air de faraille au local. le contraste de ce

lieu avec Ia sa1le voisine affectée à d-es usages si/Aifférents cornrmr-

niquera à d,es générations d.renfants et dtadolescentes le gott à

Itaustérité d.épouiLlée cl.elrexistence qutelles sont appelées à.Elener 37

Lrabbé Michel et soeur .fidrLenne se fél-icitent de pouvoir dé-

sormais réparti-r dans une quinzaine de nouveaux locaux dont se tar- gue à présent Ia maison Ste-trbni1le Jes é1èves dont Ie nombre ne

cesse de croître.lrois dortoirs à der.ix cents Lits accuelllent les

i.nternes ; sous les toits, Ie grenier à poutres apparentes feur of-

fre d.es amoires lndivlduelles que ne peuvent contenir les salles de nuit, I,es mall-es en osier clair sfalZignent Le long d.es vasistas à

petites croisées romantleu€so Jeud.l et samedi r les éIèves ont la

joie d.e venir y passer quelques quarts d.fheures pour y d'onner 1i-

bre cours à 1a causette , aux sotrvenirs - ctest 1-à quron clépose lê

courrier déjà lu -à }a d.étente en un mot. Ila surveillance y est

bienveillante, se durcissant périodiquernent pend.ant 1es épidémtes

de vol. ContrôIe et renvoi sren./suivent et nettent fln au fléau.

Enfin une ainable galerie de cabines de nn-isique rustiquesr de cham-

bres-résenres, d.e pièces-d.ébarras eomplète le tableau d.e la naison

Ste-Fami1le.

Fonctionnel, aéné, sSmpathique, ce beau bâtiment va devenir

dès l-es premières heures ltâme d.e tout 1e complexe conventuelr sur-

tout depuis que 1tad.ministration générale y a éIu domicile. 11 va

répond.re pend.ant un siècle entier aux exigences ]es plus diverses

que peut éprouver un établissement d.e cet ordre. Cfest dtre ausst t

notons-Ie en passant r eue Ia situation financière ntest pas pré-

cisément à ]a d.érout6.... drautant plus qufen 1870r soit clnq ans

plus tard., une magnifique chapelle gothlque se trouve sous toit

quanat éclate 1a guerre. ( t )

( t )A.Sf J. op.cit. .fr qrelQues détai]s près, ces LLeut ont coriservé Leur cachet d.rori.gine. 11 nty ci.rcule plue la soeur rt lampiste rr chargéeae lréclairage au temps où l,ton éclai- rait à lracétylène. .fi travers ces quatre directeurs d.e St Jean , voici donc jetées les bases spirituelles, temporelles et sociales de l-toeuvre initiale.

Son fondateur ntentend.ait pas au départ en faire une i-nstitution aus- si strucùurée. Mais si elLe devaj-t vivre; i1 fallait qurelle inscri- ve son action dans Ie temps. Chaque supérieuz: envisagea la constmc- tion de 1réd.ifice d.ont la pierre angulaire denreuralt la priorité à f fenfant de la campagne et d.u hameaurpeu ou point atteint par ltins-

truction officielLe, à travers sa personnalité. Ensemble , i1s sont

arrivés à en faire une congrégation à statut autonome et à activité

sociale reconnue. Ctétait une façon de travailler à 1a promotion du mond.erural qui commençait à secouer sa torpeur ancestrale

pour assumer, voire canaliser et d.iriger cette nouvelle men-

? talité , comment étaient préparés les merabres de Ia congrégation

Ce thème fera Ltobjet d.e la prochaine étude.

II. PREPARATIOITDIUNE FT],],E DE MOYEÂ SA C/^RRTERED'TNSTITUIRICE.

1 . FORlriJiÂTIONPROFESSIOI'{NEI,IE : LTELEVE-I'4Â1îRESSE'

Riche d tun petit bagage scoLaire ( t ) ou parfois tctalement

ignorante, ltaspirante à la profession clrinstitutrice ccngréganiste peu vient à st Jean munie de ce que lrécole lui a légué : un de lec-

vocales d'u catéchisme ture, de calcul , d.es connaissances orales et (2).Dans lrautre cas, d"iocésain, 1e tout en allemand , bien entendu

(t)Les filles d.e Itloye font classe dans ltEst depuis 1762'les rectrres postes d.e St .Iean sortei:t eénéraLement de l-eurs écolesrsoit 23O en 1845.Cf. Registre GrusY. 39

el}e apporte sa bonne volonté et son cIésir de se prêter à tout.

Ctest déjà beaucoup. Que reçoit-eIIe à SaintJea.n ?

a) Contenu de l-a forrnati-on professionnelle.

Srès longtemps , colrtenu et contenant d.e llenselgnement pro- fessionnel restèrent à définir. Les hiérarchies scolairesr elles aussi Jeunes dans l-eur carrière (3)rmarquent È,ien Leurs vgoew(t ces voeux , se précisant lentement et progressivement aU cours d'es années ; mals ctest bien tout. Sans d.isBoser de d.irectives très pré-

c5-ses, llon pare aux besolns du monent.

En 1800, une fill.e d.e l/loye sait lire, écrlre, cal.culer (4) .

Ctest d.ire quton lry a initiée. En 1836, Jean Decker répond au recr

teur d tacadémie d.e Strasbourg (5) qutil a préparé ses éIèves - naÎ-

tresses à ltenseignement du calcul, d.e 1récriture et tle Ia lecture. rr tr Salrs être d.e françaises toutes faites , e1les sont à nêne d-e

d.onner des notions de gramgaire. le directeur d.tétude qul lul suc-

cède déclare dans son mémoire rédigé en'rue de lrob.tention de la 1é-

galisation de L tinstitut que ses trente novices sont préparées à

treur carrj-ère par tr - lteneeignemmt des principes religieux, des

d.eux languesr d.ont 1a connaissance est indj-spensable dans ces payst

(Z)ta" langue maternelle d.es populations de ItEst habltant les sec- teurs d.e La frontlère lilingiristique étant d.tascendance ge:mani- queltenseignement sty est fait dans cette langue. Crest Napoléon ræ iui 1-e premier à rend're obtigatoire Ia langue-nationale' (l)A.pdOSf ""ng"l,rànselenement en trbance de 1800à196? Paris 196A p.92 (+)ofnnCgof ++ence.-.Portieux.1858p. 70,i p.9 - elles clolvent bien savoir l-ire et écrire r de manl-ere a pouvolr le montrer et d.onner des Exemples aux autres . (5)li,B-Rh. Série I Lettre 1242 K B . 40

item ltari-thmétique avec le système d"écimal ., la géographie, Ithis- toire, 1es ouvrages manuels etc . tr (1). Voici brièvement résuné , le conte.nu d.e ltenseignement d.ispensé à Saint-Jean. 11 sembl-e répondre aux exigences offlcielles , plus ou moins é1-astiques suivant les courants politiques qui traversent l-a Irance r car , tandis quricl lton souhaite intenslfier le savoir d.es é1èves d.e 1técole élénen - rt talre r S-à on lui dernand.e tout juste d.e savoir lire, écrire et compter tt . Et Îhiers d.tajouter dans son propos tenu en 1B4B z(2)

Voll-à ce qutil faut apprendre . Quant au reste , ce1.a est superflu.rr

b) le matériel pédagogique en usage.

Iton peut se demand.er à présent d.e quel matériel péd'agogi- que d,isposaient 1es d.irecteurs d.tétude et les maÎtresses d.e classe en ce IIT& siècle où ]-a chose scolaire prend. peu à peu sa forue défi- nj-tive mais où tout est encore largeurent abandonné à 1?ini-tlative personnelle r A d.éfaut d.e répartiti-ons a-nnuelles ou trimestrielles, d"e plans d.tétud.e rédigés, d.e cahiers de préparation, d-e rapports précis sur te1J.e ou telle branche de llenseignenent r nous nous tournons vers la bibliothèque d.e 1tétablissement . les manuels exis- tent ; i1s ont donc servl d.tinstn-r:nent péd.agogi-quedans cette école professionnelle dont nous essayons de cerner 1e vrai visage .

Nous rencontrons d-tabord les manuels d.estinés à ttéd-ucation proprement ttite. I1s sont nombréuxrvariés et portent les traces d.e ltusure. IL est évident que ce corps enseignant à option très spécl-

fique poursuivait un obJectif à caractère ascétique. 11 avait dra-

(t)l.st J. Dossier GRUSY- Mémoire rédigé entre 1844 - 1850 . ( z)tvr.ozoup t,l I rfi=" et la république 1871-1914Paris 1953, ffilhlers "D"-lg-ryi€' p.111. 41

bord. à d.égrossir d.e leurs moeurs fzustes 1es jeunes enfants d'e cann-

paFne qui se destj.naient à l-a carrière drenseignanbe , puis à les

préparer à un genre d.e vie austère, laborieux et solitaire. Et Itini-

tiation comuençait d.ès que le l-ourd. portail se referæait derrière

llaspirante..i; côté d.e ces livres à caractère purement éd.ucatif , la

bibliothàque de St-Jean possèd.e une lmportante gamme d.e traités

d.estinés à 1a vie conventuelfe. I]s visent tous un seul but, celui tt d.e former à Ia perfection en toute chose' . On y parle de Ia par-

tr rr tr It faj-te éIève , du parfait éd.ucateur , de la parfaite reli-

gieuse r'(1) . Et les chemins qutils exaltent sont rudes et Iongs.

Ûiais auc,une austérité ne senble effrayer outre mesure. Soeur Cons- 'r tantine les rend particuJ-ièrement accessibles à ses f filles rr.âP-

porte la trad-ition. f,a nature 1?avait dotée dtun heureux caractère

d.e sorte qutà son nonr reste attaché l-e souvenir de son aménité , de

sa galeté et drune ouYerture pres?ue surprenante en ce temps d-raus-

térité. Sa savoureuse étocution, émalIlée du chantant patois alsa-

cien de ]a route du vin (Z)rfui pernlrent de traverser les diffl-

cil-es heures d.u Kulturkampf sans ébranler sa sérénité. Bref , un

mod.èl-ede la rrparfaite éd.ucatrj-ce 'r.

Plus faciLe à sauver des dérnénager::entsréitérés , des flanrnes dé-

vastatrices , d.e plusieurs bonbard.ements et aussi du tri inplaca-

ble quteff,ectue tout docunental-iste quand 1e problène d.e place se

:fait algtl, Ia série des gra;nd.s chefrdroeuvres de la littérature

ancienne et no,derne garnit une portion in'rportante des rayons.Bro-

chés ou reliés, en grand. ou petit fornat' en un ou plusieurs volu-

mes, en norceaux choisis ou en oeuvres conplètesr en version or1-

ginatr-e ou en traduction, souvent les deux sin'mItanér:rent r ces 42

s ralignent dans leur d'i- incornparables héritages d.e La l-ittérature ve:rsité sur les éiagères. certai mement , 1-es supé- Quj- a lu ces auteurs ? Les ecclésiastiques maîtresses d'e classe ' enfin rieures sans doute aussi, de mêne les à se présenter aux parn:i 1es é1èves, appararxnent cel-les qui eurent Duruy (3). /t titre ind'icatif' épreuves officielles exigées par la l-oi guid'e ltun de ces livres: notons }e principe péd.agogique qui apprennent rr...Il- ne faut jamais perrirettre que 1es enfants crc3t une fort rien qui ne soit exceilent ; ctest pourquoi' *.rrrr.i""néthodequedeleurfaireapprendredeslivresen- tiersparcequetoutntestpaségatr-ementbond.ansles]-i- IIfeS n "ft proposé à Itétud'e II sragit d.u,' Eélénaque " , recueiL fréquemnent sur les rayons' Nous fe retrouvons d-raill'eurs en plusieurs exenplalres aux ollvrages plus récents' Du côté d.es rrodernes , même créait consenti xvIlfli et x]Ïls siècles Ia p1éTad.e des grands classiques des xvlI&r précis de l-ittérature ) glissée entre queLques auteurs latins et des portent fes traces de ltuti' fait impressicn. certains de ces Livres servi à une Lecture à ltamé- lisateur ; i]s nront clonc pas seul-enent

ricaine. .. ! chose curi- A côté des"l'ettres de l"[ne d'e Sévignéi' srégarent'

euse, des traités de correspond'ance : ou Dialogues Ltart épistolaire (4) srrr fa manière d.e bien éctate Les lettres. aux ensei-gnants Ce genre li-ttéraire a d.t convenir Particulièrement

tr étaient (t)t .Sl J. Dossler /rIgérie Nos livres de l-ectures Préférés par Sr BIG/iRE e 1e Directoire et la Parfaite Reli-gieuse " clté 29.V'.1868. à 1BB5est née ]-e (z)s" Constantine Eck, supérieure généraIe de iB6? ans quand elIe est 6 nai 1ê26 à Eichhoffen - Eas-Rhin'El]-e a 41 (:i19"'r,oi Du:.t.y: 1867. tot'res' (àiô" livre ,édiié à Dôle en 1825compte trois de 1tépoque. Il- se trouve ncn seulement en plusieurs exenplaires signés de Ia griffe de treur propriétaire ou de leur acquéreur ,

Pierre Grusy, Sr Anna Hou]né, lrabbé Boyon r - rraj-s les annales rap- portent que ltahbé Grersy notaruirent, se plaisait à dispenser ce genre de connaissances. Ses 1-ettres aclressées aux instances académiques de Strasbourg, de l\letz et de Nancy (1), témoignent d.e la souirlesse d.e son styLe, de 1tél-égance d.e ses tournures. S:'Basilisse Gand lais- se un courrier sobre, rarnassé, sans artj-ficæ de style (2). Sa rern- p1açante, Sr /.ld.rienne Frache, a nroins d.e grâce dans scn trait de plume rnais tout autant de corcision et d.e d.épouillement dans sa for- mulntion(3). Sa lettre, du 26 octobre 1864 perd. lthabituel tr.rn ad.rri- nistratif pour se transformer erf un réquisitoire d.éférent contre des oreissions d.ont elle nrest pas lrauteur.Sr Constanti,ne Eck couche sur

Ie papier une écriture grâcieuse aux najuscules en volutes éthérées.

Elle apporte à sa phrase Ia correction quton est en d.roit d.ratten- dre d.tune directrice d.e naison de fornatio,n. La syntaxe y est par- faite ; une abondante ponctuation rehausse l-a spontanélté d.e sa pen-

sée ; enfin Llenrploi d.u subjonctif trad.uit sa maît:rise d.e Ia l-an- gue française.

Que ce bref excursus sur ltart dtécrire soul-igne une tendance somne

toute assez originaLe de Itensei8nernent clispensé à St Jean.

T,a l_iste des grands écrivains est nod.érée. 0n nry trouve ni

Did.erot , rri d.t/ilembert . El-le parait cependant suffisante . Lf école

(r ) /-i.B.RH. ; AM. ; ÂiliM.Séries T ; A.ST J.Dossier GRUSY. (z ) iten : série T lettre du 11.X.1853. (t ) A.B.RH : sérj-e f lettres des 13.X. et 31.X.1854. ,i.f

ne prépare pas aux exanens univeïsitaires et vise avant tout à for- - nxer des institutrices de cycle élémentaire. Dtoù Les nonbreux re

cueils et morceaux choisis, les manuels d.e syntaxe, drorthographet d.e styl.errescapés , rappelons-le , de maints d.érnénagementsd-ont ce-

transférées lui , spectacutraire , de 1940 où 1es archives ont été dalrs une propriété du Haut-Rhin ; ces livres éAités avant 1B7O , bien entend.u , portent tous la marque du temps : ils sont austères'

La typologie dense ne laisse aucun blanc i-mportant. les caractères

sont serrés, 1es LigneÊ peu espacées . Itil-lustration y estquasinrent

inexistante ; bref ; on veut y d.ire tout, et l-e dire avec des nots,

de"phrase"à longue haleine, d.es chapltres à rares alinéas. Vrairnent

l_ron demandait à l-réLève d.u xD(& siècle un rare courage !

Tres nanuel-s d.thistoire , d.e géographi-e , de sciences naturel-

que 1es élèves lres , de raathématiques sont aussi présents. Ctest d-i-re

de Saint-Jean se sont penchées sur ces sciences humaines et que le

corps enseignant ne stest pas seulement contenté d.e l-eur apprendre ( à lire et à écrire coruÛe certains Ie laissent entend.re 1) . Der-,*

nanuels de péd.agogie nous permett,ent d.e supposer que d.es cours

de ce genre ont été disPensés " (2)

lrenseignement donrlé à Saint-Jean cherche donc à for'-

mer une rnod.este institutrice d.e canpagne qui sache 1ire, écrire '

cornposer un texte, une lettre d-e préférencer maDier les accord-s t

maltriser Ia syntaxe, jong).er avec 1es mots" T,es nanuels nis à sa

d.isposi-tion rnontrent qurelLe fait des exercj-ces d.e style par 1e

(t)Nous étud.ierons cet aspect dans les prechains chapitres. (2)Â.PINET De lrorganisation pédagogique des écoLes . Paris 1861. De Fénel-on : Jle 1téducation ?aris 1837 " calque d.u mod.èle, le remplaceuent d.tun terme par un autre, lthamo- nie des synonJfnes, Ia concordance d.es tenpss 1-a juxtaposltlon des paragraphes (1).0n ne lui d.ernand.epas tant dtavoir d.es idées et d-e bien les trad,uire ; ill- suffit que son texte soit co!ûpris et qurelle sache en reproduire un semblable. llout au plus, lton souhalte que sa phrase fût granrnaticalement cor:recte , et r pour les plus avancées, que 1télégance d.u style soj-t ltinstrrrment essentiel d.e lrexpresslon.

Si donc lton cherche avant toùt à faire de bonnes institutri- ces de vll-Iage; la cutrture à traquelle on fait accéd'er ltéIève de St-

Jean tend. surtout vers 1léducation rnorale. Crest 1à une optique bien courante au XIX& siècle et Sai.nt-Jean, pépinières de religieuses , ntéchappe pas à Ia règle comuune. la sélectLon des auteurs en témol- gne.Les ouvrages à thème religieux , dont ceux de Bossuet, certalns d.e CorneilJ.e; de Ractne, d.e Chateaubriand sont devenus les classiques de 1técole conventuelle.0n y respire de grands sentiments ; homeur; d.ignité, noblesse, courage, sacrifice, renoncement au monder CO mon- de que 1té}ève ne volt plus que durant quatre semaines pendant 1es vacanceÊrdtété, 1es fêtes niturgiques d.e Noël-, Pâques et Pentecôte

étant céIébrées au sei-n d.e la coruaunauté scolaire, volci les vertus qutexa]tent cee person-nages à auréole. Comrnele d'1t si justement

Prost, on éduque à lrimage dtun mod.èIe, diun héros, drun saint ou drun grand. homme(t). A SaintJean, Ito'n se réfère prioritairement au profil du fond.ateur d.aps ce qutll propose d.finaltérable.

(t) a.PROSTop.clt. : chapitre II - La vie scolaire . Mgr D.rpanloup cité par Prost parle sur l-e nême ton dans son chapitre De 1 lEd.ucation. 46

c) Origl-ne géographlque des élèves .

les é1èves d.e St-Jean ne sont pas initiées à lrenseignement

tt d.itrr noble , celui du latin, langue sans laqueIle , prétend. Mgr

Dupanloup, lron ne peut accéd.er à Itélévation de la penséerrvraie

parole à greffer sur la parole priniti ve, vulgaire et naturelle

qufest le français. " (1). 0r r e1les ne parlent mêne pas 1e fran-

çais d.es cours c1erécréation, J-eur }angue maternel-le étant l-ral-

lemand-. ElLes parlent donc d.tabord. et prloritai-rennent Itallernand

et combl-e drinfortune, ce ntest pas 1a langue de Goethe qurelles util-1sent mais ceslaborieux patois alsacien et lorrain qui se jouent

d.e toute nomenclature grammaticale !...

T.,ré1ève sera précj-sément orientée suivant Ie critère d,e la

langue. Sait-elle Ie français parce que origlnaire d.es régions fran-

cophonesd.u Bas-Rhin et iLe Ia lorrainer son cycle de formation se li- mite à deux arrnées drétudep.Cédons pend.ant quelques minutes 1a parole

à cette peti.te recrue de , entrée à St-Jean en 1863. Dans

ses propos recueillis par le chroniqueur du cente.nairo- de 1921 Q),

1a fillette nous brosse un tabLeau assez connplet de ce qurelle et

ses compagnes ont vécu. I,e temps est révol-u maintenant où Iton se

lève à d.eux heures du matin (3)tout au long d.e lthiver pour battre

le blé et vers trois heures pour sten afler oouper à Ia serpe les

foj-ns d.e Ia 'r lflassermattft. Avec la d.irection de 1863, les étuttes

ont reprie tous Les droits sur les contingences rnatérieIles. (4)

(t) t.PRoST op.cit. p, 54 et 65. (e) a.ST J. il{anuscrit KA}JIImRIOCHERop.cit (f ) a.ST J. {éEg& d.e Sr IUi/,G Philomène 20.VIII.1893. (4)h Sf J. Manuscrit Kammerlocher o 47

It ... Nous étions une trentaine de postulantes. Tous 1es joura de huit heures à onze heures et d.emjeet de une heu- re à quatre heuresr llous allions en classe. Sr Bernard- et soeur Triguori avaient bien d.u mal à mtapprendre le fran - çais. Jtétais sl ignorante '.. Outre Ia religion, e1les nous ont enseigné Ie français, 1-e styl-e, la calligr,aphie et le calcuf. Le professeur lornain du coIlège de l'énétrange nous a d.oruré des cours de composition et de l-ittérature. IVIrTéc1et nous enseignait Ie dessin. Nos études étalent ra- rement interrompues. I'es travaux champêtres et la lessive se faisaient à quatre heures du matin avant l-a classe. Sj, nctre travail était ardu, nous connalssions aussi le 6élassernent. Entre autres, nous faisions de grand.es sorties. En 1863, nous avons fait une excursion à Ifiunster en pas- sant par Fénétrange. Dans un petit restaurant, tr-faubergiste nous avait préparé rùne soupe et une onnelette. I,es cuisinières avaient garni nos paniers de pain, d.e jambonret même d.e vin rouge. Je me rappelxerai à tout jamais cett,e promenade. une rr autre fois nous somrnes all-ées à L,ixheinr

Ctest d.tune façon pittoresque que 1télève parle ensuite d-es bien- fai.ts de Ia loi Fal-loux :

rr.o. De mon temps, nous ntétions pas tournentées par ).es exa- mens officiel.s. Une attestation dtétucles délivrée par nos supérieurs tenait lieu d.e brevet. Àussi la fornation ntétait- e11e pas égalenent longge pour tout le rnonde. les postulantes qui savai"rrt tu français sortaient déià après d.eux ans df é- tud-es.EnlB6Treutlieulepremierexamend'efindtétud'es à Ia maison-rnère. l,e jury comprenait qua,tre ecclésiasti- ques et d"eux inspecteurs d.e Ia circonscription. Lrexamen d.ura huit jours. Les cand.idates furent au nombre de trente à peu près-. I{aj-s cet examen nf eut lieu que deux fois à st- Jean-de-Basse1 et l-es candid-ates d.urent se présenter devant un jury départemental ...rt (t) pré- 0n Le constate , ôes efforts réels de forrnation professionnelle cèd.ent La loi , Celle-ci ne fait que consacrer des essais désorr:rais applés par 1a Iégislation officielLe Q). Lentement , péniblement '

Iron srest acherni-névers des srtuctures plus stabl-es dans tous les - secteurs d.e ltad.ministratlon.lroeuvre. pouvai-t donc vivre et stépa nouir. son ad.aptation l-ui assurait sa propre promotion.

(t)f,.ST J. Manuscrit KAIII{IR],OCHERop.oit. Cette religieuse firt dlrec- tri-ce de lrEcole l{ormale de St Jean après 1918' (z)f,of Drrly - 1864 En 11 nous reste à évoquer wle page d.rhistoire réglonale .

. effet, un mot nous frrappe quand. nous relisons cette étud'e rr tt rf On y parLe de la lorraine allemallde r d.e La section allemand'erl d'u d.es filles de I$oye, d.es élèves germanophones , d'e ltintroduction tr rt françai-s d.ans 1es régions allemandes '

cette éplthète est impropre si e]Ie veut signifier une appartenance se rap- à ltEtat allenand. Elle est parfaitement ad.équate l-orsquielle ce:rtai'ne porte au dialecte ou la"ilirttersprache" des habltants d.tune

région du pays. Essayons dtéclalrcir ce problène' ft Billn- Le dialecte gernanique , rappot'tent 1es cahiers du

(t)se parle 1t6st de la trlcance d.epuis plus de quinze gUisme " d.ans Âlarnans, et après eux siècles. Âu plus tard , vers Le W siècle les plaine d'u R].in' ÏJes Ies trt|ancslsê sont implantés massivement d.ans Ia France actueltr-es' Francs, dominateurs à 1a fois d.e 1rÂIlemagne et d.e 1a en gros à ont été assimilés lingxristiquenent par les gallo-rornains, Vosges noyen- LtOuest drune ligne qui suit J.es Vosges du sud et 1es -A'cause nes et al_lant d.e 1à vers la fronti-ère belgo-luxembourgeoise. plus fort que 1e de ntimplantation plus rnassive, 1rallemand. a été germa- gpllo-ronrain à lt$st de cette 1igne. Avec beaucoup d,rapports

niques, Ie gaIlo-rorean ftlt à lf origine d'u français' Ia base d'e Àu XVIie siècle, X.a Bible d.e Luther fait de son dialecte largement ce J-a langue écrite. f,es grandes villes dtAlsace suivent ltoeuvre InouVefi€nto Goethe et Jes écrivai-ns d.e son tenps achèvent

d.runiflcation sur ]-e plan littéraire' pertie de la Depuis feur passage à J-a trbance, ltÂlsaCe et une de Ia langue lorraine mod.ifèrent timj-d.ernent leur parler en faveur

(t)C.WOynT Directeùr - I,es cahiers du bilinzuisre. NE3-197r, tSuppl' AO

aationale si ce n?est certains milieux bourgeois. /'u Xlf(lj siècle , Ies guerues napoléo.niennes vulgarisent 1e frangais auprès du peuple . Ila bourgeoisie Itemploie d-e plus en plus et progressivernent , i-I pénètre par 1técole dans toutes 1es couches sociales. En réa1ité , i1 ne prend. racine que d.ifficilement' Les ruraux surtout continuent d-e parler l-eur d.ialecte rnaternel.

En quoi cette conjoncture peut-elXe avoir une incidence sur

1-a congrégation en question ? Elle l-a touche d.e très près puisque les recrues d.e Saint-Jean sont précisénent issues de ces secteU.rs $er- manophonos rtlrâl.IX r

Sélestatt De ltÂlsace , e1les arrivent des cantons septentrioltaux d.e

Ersteinrstrasbourg - campagne' Ivlolsheim, Saverne, Haguenau, l4lissem- bourg et Sarre-Union.

Ctest 1révêque d.e l,{etz qui, en réponse au rqinistre de la justice et des cultes à sa lettre d-u 29 avrif 1B+1r,définit les lirnites lin- guistiques de son diocèse .

if T,es paroisses allemandes sont au nombre de 260, répartles dans trois aruond.issements. Toute 1a frontière, depuis Itex- trémité d-u pays de Bitche jusqutà d-eux lieues environ de longwy est allenande, et ltusage de cette langue pénètre encore dans lrintérieur d"u d.épartement jusqutà cinq ou six lieues de lVietz. Quelques paroisses sont rnixtes, ctest-à-dire que lron y parle les deux langues; ce sont celxes qui avoisj-znent 1es parolsses exclusivement françaises. Dans 1es autres paroisses, la langue allemand.e Corniner excepe té dans les chefs-lieux d.e quelques petites vll]es ou gros bourgs, où lton parle les deux langues..'tt (1)

Les aspi-rantes mosellanes sont originaires de ces cantons ou totale-

ment germanophones ou limitrophes des régions or) lron parle les d'eux

langues. Ce sont les cantons de Rocrhrbach, Bitche, , Sarre-

( t )tt.UICBTET Geschichte deS 1o._Uhtlgiisile$ Iehrerileminars von 1821- 1896 - Iiletz 1896 p.5). guemlnes, Forbach, Sarralbe, GrostenQufur Ïaulquenont, St-Avol-d et

Boulay. ,r ...Tre seul Langage qui est compris dans ces arrondisseEentg est Lial.lemand., crest le seul que lron parle et que Lton parLera en- core longterrps, à cause des moeurs des habltants et d.es relations journalièIe5 qurlls ont nécessairement avec la population qul (...)

pas I les avoisine. " (1) le préIat ne stétalt tron:pé

Dnfin, stil faut penticnner Ltorigine géographique d-e toutes les éLèves de Saint-Jeanr signa]-ons encore celles des cantons d'e - , Sarrebourg, Fénétranger Réchicourt et Château Salins

d.e f,.lancienne Meurthe du XIX& siècle (2), t'e tableau ci-dessouE rrous

penmet dtapprécier l-a urobilité quantitatlve et géographique de 1a

populatlon eonventuelle d.e Salnt Jean-de-Bassel (l) '

ORIGTI'IE GEOGRAPSIQUEDES EIEVES DD SAINT JEÀN-DE-BASSEL

B.-Rhin Ht-Rhin Meurthe MoseIIe

1847 14 1 1 4 .l 1B4B 12 I 4 1 1849 4 3 1 2 1850 11 0 4 1

41 5 10 8

(r) H.NIGETETop,cit. p'53. (2) A.Sr J. lgglglgGRUSY, - Vêture I 1844-1905 . (3) I,es chi-ffr"s au nornbre drélèves-postulanteg -gui viennent d.e ternine""offid.ent l"r.,t année de noviciat et ont prle lthablt religieux pour un temps probatolre de cin{ans' 51

2. FORIIIATI0NREIIGIEUSE : LA NOVICE.

],e cycle de fo:mation des élèves ntest cepend,ant pas encore y terui-né après ce PASsage de trois, quatre années au sé!ûinaire'ÏI en a quelques:unes quj- entrent temporairement en fonction pour sup- p1éer telLe i.nstltutrice en congé d.e santén telLes autres aJraxt un effectif trop chargé et attend.ant lrouverture drune d.euxiène classe, possèd-ent plus telf-es autres enfin , et ce sont les doyennesr Qui ne - suffisamment le français pour ltenselgner à leurs éIèves. Ila postu

(t). ltials parfois el]e nra l-ante Joue alors le rôLe d.e monitrice que d,lx-sept, d.ix-huit ans. El]e est jeune , iI est vrai . curés, malres et inspecteurs sten étonnent z Q)

fr ... Je fus envoyée à , près d.'fIbos (?)n soigner aoeur Isabel-Ie et prendre sa classe. Je nravais pas encore dix-sept â11S. Je pôrtais l-e costume de novlce : fichu blanc et bonnet noir. En rne présentant au presbytère, 1e curé stexclama : r0orl Dieu ! $lais on nous envole une enfant ! soeur Marguerite 1e rassura eB, lui d.isant que je ne reste- rais que senaines, jusqutà ce que soeur Isabelle luatre rr ffit entièrement rétablte . .. vie Mais cette situation ntest que transitoire. lraspirante à La qurelle relLgleuse doit encore être initiée au nouvel état de vie

conpte embrassetr.

Fond.ateuf. A) Initi-ation à travers la spitl-tualité d.u 'tB47t reçÔit lthablt LrtrarieGérôme (3) : €Iltz'ée 4m novê;ibï'e envoyée à religi.eux en septenbre 18!rg. En novembre 1850r elle est confie le la Viantzenau où la directrlce de ltécole de filles lui

(1)Systèloe pédagogique e3, u*rage vers 1830-1835 et repri-s expl-icite- DE TJTACÂDEMIE Bent dans l-e î Ëedf,gnngnl ET INSTURCTIONS RECTOnIIES DE STRÂSBOURG. 18.XI .18'9. (z)a.sr J. ilIEMOTREdesr IIUFEI\EJ-. (3)R.sr J. item. 52

cours noyen. Entre sa prise drhabit et sa prenière nomination , soeur

Gérôme a d.onc passé une année de no'viciat.

.fi cette époque, celui-ci ntest pas encore érigé canoniqûe - ment et il se confond assez avec une série plus ou moins élastique dtétud.es profcnes et religieuses, d.tacÈtvités rranuel-les et d.tenplois de tous ordre4 prograrmre qui fait que La novice est. ôuta.nt ln'ifiée à une vie Laborieuse qurà raeubler son esprlt. Ne faut-il pas qurelle stexerce à tenir Le coup dans ces petits villages dfÂlsace et de lor- raine où aucun institut-.eur Jre veut a1ler parce que La comnnunentest pas en mesure d.e Lul garantir un logement convenable, une sa1Ie d.e cl-asse suffisamment équi-pée et aérée , avec un effecti-f supportable et un salaire décent ? Ceux et celles qui- Itinitient à ce genre de vie raettent tout en oeuvre pour 1a rôder à ltaustérité, et on ne 1a ménage pas, Santé, résistance nerveuse, aptitud.es, d.isponibifité , caractère, gott au travail, antécédents familiaux , 1-a novice est

étud-iée sous tous 1es angles , et affirme d.ans son premier contrat avec Ia congrégation, qutelle ne eanhe rien - malad.ie , noralité ou obtr"igations financièr'es - qui pût 1.ternpêcher d tentrer dans l tinstitutf 1\

Dtabord., on met fa navice en contact avec les écrits d.u fonda- teur. Jean Decker sren est fait 1-rinterprôte et réOige un premier rè-

rr...êrr tai glernent (2) ce temps , soit entre 1802 et 1812 , j composé de eoncert avec Pierre I,acombe , Xe tout prenier Règ1e!ûent tiré pres- que uniquenent d.es écrits épars d.e Mr Moye...Pl-us tard. ce règlement firt ad.opté par la partie française...tr. Jæe Rorices prennent d.es notes.

(t)f,e fondateur se montre inplacable d.ans ses critères dtad.nission à l-a vie religieuse et à l-a fonction dtinsti-tutrice de Ia ?rovid.€rrcêo (e)f,.St J. lmMoIRE -ûEgKERop.cit. 11 ne reste aucune trace natérieIle d.e ce manuscrit qui se retrouve d.ans le Statut d.e 182{} édlté par Portieux , encore rnai-son généralice des providentes d'e Moye. Dans 1e Statut de 1826 (l), elle trouve le décret de Ia Sacrée-

Congrégation de Rome l tautorisant à enseigner noais 1ui denandant :

rr- d.e ne pas }ire, ni enseigner dans les assemblées publiques, - dtéviter tout conmerce avec les honnes, - d.e surpasser 1es autres par la pureté d.cs;:oeurs, sa scien- ce et sa prud.ence, - d.texcercer ,cette fonction d.tinstitutri-ce dans une maison où les hornrnesnront point accès ... ?f tra haute lnstance religieuse du XIXl-usiècle prend donc force précau-r tions pour que 1rj-nstitutrice ait d.e la science et pratique un céli- bat bien protégé. Ces jeunes associations vivant hors clôture ne sont- elles point térnéraires quand. e1les exposent ainsi 1a vertu de personnes

pourtant pas mieux arrnées que leurs aînées d.es siècles précédents ?

Ctest une gageure qutelle nf ose soutenir, d.tor) cette ardente invite

à la fuite du d.anger.

Dans 1es pages une à quatorze de ce Statut, 1a novice peut sa - tisfe.ire ga curiosité sur un bref historique d"e ltassociation qurelle a choisier. Ce l-ivre est encore 1e bien comrnundes iLeux institutions jumelles d.e Portleux et Saint-Jean. Faisant partj-e clu patrimoine reli- gieux, on lrexplolte à cet effet. Iton connaît d.railleurs fort peu ces consoeurs d.e par delà 1es montagnes vosgiennes : (Z)

rt ... Personne ne savait rien d.e Hr Rau1in. Son non ntétait con- nu que des écrits d.u Père lioye (3), pas plus que celui d,e }ilr G1eyo d.e Chlne. 0n nous disait qu til avait pris soin de nos rl soeurs françaises de L rautre côté cles montagnes. . .

En 1858, lorsque Portieux publie Ie Directoire (4), 1e voil-e se lève encore d.avantage sur cette coexistence, la traclition orale ne pouvant

(1) STÂTU_îF.desSOEURS de +a PROVIDENCE,Instituées par lyl.li,i0YE'PRETRE, MISSÏôFNRIRE AFÔSIoIIQUE, précédés de I'historique tle leur établis- sereent, tant en Europe quten Chine et d.es lettres rle M.ttrlOYEconte- nant les règles de conduite quril prescrit aux soeurs.St-Diez 1826. (Z) A.ST J. MTEMOIREd.ES SOCqTS}UIRCTTAND Et LEGARDE.IIR13.TT.1900. EI1ES furent novices respectlvement en 1839 et 1840. 54

livrer que d.es fragnents dfinformation que voulurent bien coumuni- ilDiregtoire n quer les supérieurs. Ia deuxième page de garde d.e ce informe succin'ctement la lectrice que la congrégation d'e Saint-

Jean d.u diocèse de Nancy veut rr ... rester unie de coeur et dtes- prtt à sa soeur, 1a congrégation d.e Portieux, Ie vénérab1e Moye é- tant Ie fondateur comrmn des sceurs institutrices d.e ces deux congré- gations telles qurelles existent actueflenellt.. .'r.11 nrétait peut-

être pas inutile d.e faire cette déclaration de foi et d'e parenté spirituelle, Saint-Jean se d,étachant huit ans avant }a parution du

Directoire de 1tétablissement vosgien.

Les pages quinze à vingt font d.écouvrir à 1a novice, ltexpé- rience chinoise réalisée par Jean trJIartin Iltloyed.ans lee écoIes dtA- sie au titre de missioruaaire apostolique des ftiissions Etrangères de

Paris. Ces quelques textes la mettent en contact de d.onnées ethni - ques, dfune civilisation à laquelle e1le nteût accédé dtune façon aussi directe et la concernant. Snfin, ils confirrnent Itexistence d.fune troisième famille religieuse priant quotid.ienneoent pour e11e :

fr... Nous prions Jésus et Marj-e d.e bénir et d.e protéger les Vierges dtEurope afln qufelles renoncent au monde et à e1les- mêneÀ, pour qutelles srattachent uniquement à Jésus-Christ et qufelles remplissent fidèIement et constamment jusqurà 1a mort leur devoir d tétat '..rt (5).

(3) Ici, première mention écrite que 1es soeurs cLeSaint-Jean avaient - réelLement connaissarce des écrits d.e ifloye, en plus de la trans mission ora1e.Son courrier de Chine circulait sans doute de na1- son en maison, le dépôt se fai-sant à l'ortieux. (4) DIRECTomE DES S9EURS pE IA IROvIDFNcE de Portieux Puy-PBny 1ii58 , @iit contenait tous les ouvrages d.e Moye (5) Sùatuts op."it. pp.15 et zuivantes ; tloye est resté dj-x ans en Chine. ç.G)YAI' de ltAcad.émie française JJn devancier de ltoeuvre Ê9.Ia - Sainte-Enfance Jean Martin Moye ,- misslonnaire en Chine 1772 1783 . Parls 1937. 55

fr Suivent quatorze lettreer la premlère adressée par les 1ns- .T titptrices chinoises aux religieuses et vierges dtE\irope ' les tteize autres sont des messages annuels stéchelonnant tout au long d-e son (l) j-tinéraire apostolique au pays d.es mandarins de Jean ilLartin Moye' ces écrits sont d.es exhortations, des admonitions, bref , un vérita- ble traité de spiritualité appelant à la pratique des vertus chrétien-

ûes. Trorsquren 1771, Moye quitte Paris, iI est encore tout empreint d.e la résistance que lui avaient opposée ccrt::ir-s :'c-rbrcs du clergé

lorraln et certains magistrats messins au suiet d'e ses projets sco- rrfiflesrr: la1res (2). /ivec une insistance ponctuée d.e pitié, 11 avise ses

n... e]Les doivent stattendre à toutes sortes de peines et de en - disgrâcesr QûreIles se résignent à Ia grossièreté des fants, à ltingratitude et à li-a critique d.es parens r aux réprimand.es sévères des curés et des filagistrats...rr

Ecrite en 1771, cette Quel sombre tableau pour une jeune religieuse I

lettre Etavait rien drexcessif et val/ait pour un siècle plus tard'

Des maux de tous ordreslui sont mé.nagé-s. Nous aurons ltoccasion d'ry (3) revenj'r en temps opportun. Jean illartin poursuit :

rt...1a plupart des gens d.u monde - Â'I{1./'BEL en fait u}}€ ana- lyse rèmarquabl-e i au XIX.i:siècle , iIs sont simplernent deve- d'es nus républicains -(4)fes regarclent comae des foll-es et insensées (...) 11 faut qutelles renonce.nt à la fréquenta- tion de leurs plus chers amis, pour ne plus vivre d-ésormais quf avec des gens grossiers et stupid'es "'tr(sic) vertus Pend.ant son année d.e noviciat, La novice pourla stexercer aux

que le fondateur 1ui d'emande :

tt. . .rrê chercher que 1a Plus grande gloire de Dieu sans aucun motif dtintérêt, ...a,voir à coeur Ie salut des enfans qui lui sercnt oonfiésr(sic) procurert ,..être d.iposée à essuYer tous les travaux pour le leur ...être détachée d.e tout' prête à renoncer à tout, à quiiter tout pour defreurer dans un vi11age, privée de toute consola-

(f ) Lettre du 2/I.III.1787 citée dans le statut d.e 1826. ( 2)A.Lt.AEEI, op.cit. chapitre IÏ. (3)statuts 1826 op.cit.p.15 et suivantes (4)/'.M.il,BEI.,op.cit.p. 110. 56

rf .., tion humaine t être en état de se cond.uire elle-même et de diriger 1es autres ... ll

Moye souhai-te enfin que Ia soeur d'e la Provid.ence ait lfesprlt d'e

son état, à savoir : 1a simplicité, 1a pauvreté, la charité et un I' abandon total à la Providence. Ce sont 1à les quatre vertus fon-

damentales de votre Institut, les quatre colonnes qui- soutiennent r', l-rédifice de votre société cette simplicité à lrencontre de 1a

duplicité à laque1le I thomme ôu peuple est particulièrement aller-

gique, Ia pauvreté matérielle qui lternpêlhe de srinstaller d'ans une

vie inconnue d.u monde qurelle aura à sif,6ryer et 1ui permet aussi d'rê-

tre ind.épendante vis-à -vis des contingences sociales ; iliofe lui de-

mand.erle pratiquer une charité ouverte aux besoins de son entourage

et étrangère à la recherche de ses aises. ces vertus supposent uR so- présent. lide fond.s d.raband.onqui lui laisse ltobjectivité d.u moment

Cette initiation théorique à 1a spiritualité du fondateur ou- rt...à vre à 1a novice un vaste horizonrnon pag des comportements, d'es

profils psychologiquesn d.es tracés vertueux et moraLisants, mais à des

orientations t1e ccnscience, (...) d.es attitucLes possibles" 'tt conune Direc- dira Sr Kernel dans son exposé de soutenance de thèse sur le

toire que nous étudions présentennent (t)'

b) f,a novice à Pieil droeuvre.

La novice saisit tout occasion pour se pénétrer de cette drune ascèce, qutelJe soit à la buanderj-e où le linge hebdomadaire où lton réserve soixantaine de personnes réclame ses soins, à la cuisine

(f) Sr M.KERNEI- Exposé de soutenance d'e thèse de III&cycle : @ - Je9Ê o"o.iet de vie selon la Prqvid'eE.c9 !9-glregtoir,e de B foeie ae StrJsbourg ,27 'I'X'1974' d'e la con- à sa jeune dextérité les grosses marmltes,, à ltentretlen place pour chaque manderie que gouverne une devise séculaire : une prête con- cho,se et chaque chose à sa place. Enfin , tra novice son transforme en cours au.x travaux des champs, du jardln potager et se

manoeuvre d.ès que des constructions sont en Chantier. 1r ELle slhabitue à son costume - de toute sinplicité , sans boucles, du simplet ni ornernents, ôgg OoUrroies qui serrent , soit d'u mod'este, rrl'rioye prévoit voire d.'trgrossier sans attrait aux yeux des hommes . qui pour cette tenue d.textérieur des manches larges et une coiffe tr fût si gran<1e qutelle couvre 1e visage comme d.tun voife.

si- pend.ant son séjcur au séminaire , xtaspirante suivait un régime la ferme ind.J-spensabtrepour son organisne en plein développernent ,

novice stexerce déjà à I-a frugalité : nl vin, ni J-iqlreur, ni café t r' produi-ts étant si ce nrest en cas dtinfirnité ou de maladie . Ces utile encore consid.érés commedes épices , il- ntétaj-t pas tellenent privées de de les signaler à ces fil-les de campagne de toute façcn

ces denrées de luxe ' t P]utôt qutoppressif , ce code spirituel se voulait libérateur

Tout Irenseignerrent est basé sur 1es principes fond.arnentaux de 1a

doctrine chrétienne dont ltauteur a fréquenté les voies étroites Boudon' au contact d.es nraltres du temps: Béru]le, surin, Iallemant, rf rt d'e Ctest en eux que Moye puise pour ses fill-es la quinteseence et la vie nouvelle qutil Xeur propose (t)r soit une voie unique ; congré- i1 est important qutavant d.e srengager d.éfinitivenent dans la lraban- gation, La novice susse ce à quoi e1le srengage. Pauvreté d'ans

II,III etÏV ( t )Tf.GUENOU Une spiritualité ae rnissionnaire, chapitres I'aris 1970. n l,a novice stexerce donc don, dans la simplicité et lfoubli de soi' 1839' les nouvefles Règles(1) sagemenù à cet itinéralre spi-rituel ; en en langue allemande Iui explicitent 1e chemin à suivre.ce livrerécrit minute après minute cette fois, comporte d.ix-neuf chapitres réglant cond'iticns de son admission' 1a vie d.e }a religieuse, d.éterminant les de la maison - mère' son attitud.e à adopter vis-à-vis des supférieurs d.es habitants de 1a' comrnune de son confesseur, des autorités loca1es, et des enfantg' drexerclce, de ltinstituteur, des consoeurs comporter en Les articles ?O à S3 Iui indiquent comrnent se d-e nécessité et uniquement voyage, chose qurelle nteffectue quten cas

lasemaine.I,echapitreXlprévoitsonordredujour,lesomnneilne quotid'iennement aux devant excéder sept heures. Qutelle stalinnente livre de chevet, article sources de lthnitation ce Jésus-christ' son

48,qu'àgenoux,e]-leliseetméd'iteunextraitduNouveauTestament. les fluctuations Ainsi soutenue par 1a RègJ.e Q) qui anihile jour certain nombre d'e prières : de lthuneur, eLle effectue chaque un

pri.èred.umati.n,demi-heured'oraisondontlasupérieurelitlesujet' pour les éIèves qurelle a récitation des litanies de lrEnfant-Jésus d.e conscience avant le re- en charge durant la journée, messerexamen

PasrOffieed.elaVierge,invocationsàSte-Ayrne,patronnedelacon- heure, à trois heureg corrrné- grégation, courte oraison vocale à chaque sa journée se termine par 1e Mise- moralson du christ agonisant ; enfin du soir longue et très stmcturée(3) rere en Latin et une dernière prière

voRSIcHl das (1) REGEIN DER.SçIIJ{ESTER{DDR.GôTT.],I..çHEN ,wovon oRDENS 1839' Johann ffitrassburg l/!*tterhaus in St - 1a complète, signale Sr Bigarré (Z) Un " Carnet-nèÀtemen! " Dossier ALgérie . 18bB' le Mar-ruel-49-PTiÈEe9- .1895' (r) ces prièreË sont condensées dans -M,:tz filles de Moye sê rêR- Certalne"-a"-"L" prières d'iffueées par les contrentencoreaujourd.'huidanslerépertoiredespopulations' ' les vieilles générations, bien entendu 59

Nt oislveté, ni bavardage nrcnt d.rolt de clté 3

article 9ti : occuper ses loisirs à d.es travaux d.talguille, à La visite des mal.ades, à df autres oeuvres d,e charité ou à d.e courtes visites au St-Sacrement.

rr artlcle 95 : respectef Ie silence régulier et sous peine de péché grave 1e silence rt sacré rr.

tt article 96 : quelquru.ne se réveillerait-eIle La nuit, qurelle se lève, stagenouilf,e au pied d.u 1it et -uprie le Secré- Coeur.

Itarticle 118 d.emand.eà la soeur de 1a Provj-dence un comportement exen- plaire et une grande maîtrise de sol : fr Toute conversation bmyante , ltincontinence verbal-e, un rire explosif, courir, sauter, se bousculert se coudoyer (. . . ) est contraire à 1a bienséance religleuse . I,es plai- santeries, 1es al-lusions mordantes, rnoqueries, propos raifleursr af- frontements, (...) cou.per la parole, ... blessent la charité chré - tienne.

Que d.tincompatibilités à La vie religieuse ! la novicer Pêrr- dant son temps d.tessai, compÏ,ète une forreation d.éjà amorçée au séui-

1r naire. Appelée à devenir une ft parfaite religieuse , elle va sten- traîner à nnattriser sa langue, à contenir sa fougue juvéniIe, à frei- ner ses envies de stébattre, à marcher posénent, à converser gentl- ment, à rire modestement ...,f'près cette initiatlon théorique, elLe peut émettre des voeux, soit t' une probation d.e cinq ans, ensuite 1es trois voeux de religion pour l-e mêmelaps de temps"(1). les voeux per- pétuetr-s ne sont autori.sés quraprès 1tâge de trente ans. Quoiqutelle fasse voeu d.e pauvreté, }a jeune professe gard.e Ia propri,été d.e ses biens. ],a Eoeur pourrait en avolr besoin dans le cas où e1le quit- terait 1a congrégation, son patrimoine ayant été sauvegard.é par cette mesure.

(1) J,II'TT,IIELIIop.cit. p.50. 60

c) Une ohalte , un cod.e.

Pendant une année , 1a novice a pu étud.ler 1a quin*escenee de

La charte d.e sa future congrégation. E1.Je y trouve d.irectlves et or- d.onnances propres à orienter soÈ itLnéralre spirltuel-r voire sofl con- portement social- en généraL.Elle salt qutelle nta pas à lésiner sur l-es cent soj-xante-quinze articles qutelle connaît par coeur.Elle sait que ctest selon ce critère qutelle sera guid.ée ou remise en question.

Elle sait que ces Règl-es sont aussl une protection pour ellet un cod.e léga1 i-nviolab}e. Une subordonnée outrepasse -t- elle ses d.roits, llne supérieure exige-t-elle une mesure contrairer la soeur peut faire appel à ses supérieurs maicurs, au droit canonique et en d.ernière instance à Rome.

Voicl- la novice à 1a veille d.e ses premi-ers engagenents rel1- gieux.sur son tout proche avenir, eI1e est informée si tant soit peu rt elLe a fouill-é les instructions. Itarticl-e quatorze des Autres l'rvis donnés aux soeurs t' ( 1)ne lui cache absolunnent plus rien , et fait stécrouler son château drEspagne pour peu qutelle en ait édifié un d.ans 1té1an de son jeune enthousiasme:

rr au noviciat qui promettent mer- . . "iI y a des soeurs étant ve111e., parce qurelles trouvent 1à d.es mères, des compa- gnes, des instructions, d.es cérémonies et mille autres cho- ses qui lles charrnent ... ùrais bientôt, quand. elles sont à 1a campagne, toutes seules, isolées dans un han'leau, privées d.e tcut, e]les srennuient , se dégoûtent, (...) IL faut cepend.ant stattendre à cela, à vivre dans l-a soli- tucle, éloiânées du monde, comme St Jean dans le désert.

0n ne peut d.onc pas prétendre que Ia soeur d.e la Providence ne soit pas avertie ! En 186?, 1a congrégation La nrunit drun nouveau manuel,

(1)DIRECtOIRE1858 op.cit. p.348. 61

198 II CONST]IUTIONS ET DIRECTOIRE DE L'INSTTTUI DES SOEURSDE ].JÂ

PROVIDENCEétabli à Saint Jean-de-Bassef (t)],a congrégation met tout en ûeuvTe pour meubler se solitud.e inhérente à son état de vie et à

1a conjoncture d.érnographf{ue d.u vilJ.age ou du hameau qurelle va ha- bi-ter.

la jeune professe peut d.ésormais affronter son avenir avec au- d.ace . I:e jour de sa profession religi-euser ses supérieurs Iui re- mettent un p1i lui assigtrant son futur poste' Son premier acte d-to- bésissance constrste à nlouvrir cette lettre contenant son ord.re de rnission qutau pied d.e lfauteL, à d-ire aussitôt son fi-at car 1a déci- sion est d.éjà irrévocable ; toutes les écrltures administratives sont déjà d.éposées auprès d.es autorités civiles' maires, préfets ou rec- teurs d.tacadémie sulvant 1es cas, si el].e est destinée à lfenseigne- rnent. la d.écision est moins impérative si elle comptait se vou.er aux oeuvres caritatives proprernent d.ites.

Muni.e drune mal-le drosier qui contient son vclumineux trousseau que fonrnit 1a famille , - ctest Lrultime tribut que lron demand.eà celle- ci ainsi que ltachat du premier costume religieux - la professe se rend à sa nouvelle d.estination, prenons NothaLten, ce petit village d.e la route du vin d.ont el]e i-gnorait iusqutà présent lrexistencet bien qutelle fût d.u paysr ou Hombourg-Haut , localité qui ne signj--

fie stricternent rien pour elne si ce nrest qutelle y travaillera à

ltoeuvre scolaire lancée par son fondateur cinquante, quatre-rringts

ans plus tôt.

Bref, crest Ie d.épart vers 1.taventure Ia plus extraordinaire

d.ans l-tabard.on le plus total à la Providence.

(t)ces constitutions sont imprimées à Nancy en 1867' I] a faIlu près d.e soixante-dix ans à 1a congrégation de Saint Jean-de-Bassel pour poser ses assises.

Inlassablement à l-a recherche de son iclentité d.ont les années 1816 ,

1827, 1B3B et 1852 marquent Les grand.es étapes, el1e prcgresse à 1a

lunière des quatre colonnes éd-ifiées par le fonctateur' Pour les d.i-

recteurs et les mernbresd.e la congrégation ces rnots S i m p 1i c i-

t é d.ans la C ha ri t é au service des ignorants dumonde rural

parlapratique d.tune ?auvre t é tcute ouverte à 1r "liban-

d. o n ne sont pas de va,ines fornules.

Quatre livres d.e base, à 1a fois charte, cod'e , traité de

spirJ-tualité et lexi-que péd.agogique jalonnent ce cheminement tempo-

ref' les statuts de 1826' les rr Ord'ens-Regelnrrde 1839' le Direc- '1858, toire d.e enfin Les Constitutions de 1S68 sont autant d.e pier-

res posées dans cet éd.ifice d-tutilité publique qui rre cesse de mon-

ter. Ils portent I-a marque d,e Ithistoire régionale : ltun d'teux est

réd.igé en langue all-emande. Quatre constructions audacieuses sont

entreprises pour répond.re atrx besoins crcissantS. Enfin quatre d-i-

recteurs, épris cha,cun à sa façon de l-roeuvre initiale, cherchent à

en assurer Ia pérennité.

Bref ! Un véritable quatracento féconcl et lumineux lançant Ia

congrégation sur la voie d.e 1tévoluticn. Iilais point de lurnière sans

ombre t Si Ititinéraire est tout tracé, comment le parcourt-elle à

travers lthistoire régionale ? Crest ce que nous allons tenter

d.tétudier d.ans ce deuxiène chapitre.

*tF CHAPITRE II

LA CONGREGATIONDE SAINT JEÂN-DE.BASSEI

AU SERVTCEDE I'ENFA}ICE RURALE

En 1845, la congrégation de la divine Proviclence d.e Saint

Jean-d.e-Bassef oceupe 175 postes dispersés dans 1es trois départe- ments d.e la Meurthe, d.e la idoselle et du Bas-Rhin. Son unique poste de Listroff, en Rhénanie connaît une exj-stence éphémère . Créé avant

1870, le registre Grusy rapporte à son sujet (t) :

tt LISTROFF à côté de Sarrelouis en Prusse : - 166 filtes réparties en deux salles ; les institutrices ont ensemble 684 frs en tout ; de 1a houille maia pas assez ; petit jard.in attenant. - point de français mais clu bon al-lemand. - tout Ie mobilier est aux soeurs même I-e petit fourneau I Ia communenra qurun pot de fer. 11 y a trois lits outre celui de soeur Bathilde... rl

l,istroff sera supprimé en 1Û71. Curieux abandon en un temps où. Itj-m-

plantation dans Itempire eût été plus opportun t Geste apparenment tBst. contestataire contre une annexion dont personne ne voulait d.ans 1

Autre conjecture possible : cette suppresslon est-ell-e l-e premier

maillon dtune longue châîne d.e repli pour utiliser lrexpression d.e

l thistorien Françols Roth ? (2)

( r) A.ST J. Registre Gmsy Poetes et Placernents (I'.P. )1845-1850 (2) FT.ROTH l,a Présidence de Lorraine dans ltEmpire allemand . 1S7O - 191C, . Ântagonisme culturel et d.éveloppement ind.ustriel. Nancy 1972 Thèse de Doctorat d-tBtat. 64

Un némoire fort précieux parce que llare nous permet d.e pénétrer à

liintérieur de Ia vie quotidienne qulune institutrice de campagne

est appel-ée à vivre au Xll& siècl-e. Crest celui- d.e soeur Elisabeth

Weiten retraçant vers Ia fin de sa carrière sa vie drenseigyrante '

11 est important d.e savoir au prix d'e quels sacriflces physiquest - psychologi.ques et simplement humains stest éd'ifié 1e systène sco

laire de LtEst. Plus qutailleurs peut-être, i1 a été complexe car

iI srest doublé d.tun problème tringuistique

T. I'TIISTITUTRTCE ENîRÂNT EN TONCTION.

Dans son étude sur Itenselgnenent en trbance, Antoine Prost

Item- (f ) signale lrampleur quta prise 1téco]e co.ngréganiste sous

pire autoritai-re.les tabLeaux 5 1617 et B d.e 1a page 106 r nous mon-

trentr pâr exempler 9u€ LrEst tient ne monopole d-e la scolarisation pro- dès 1833. la carte 11 d-e Ia page suivante est amputée des deux

vinces perd.ues au Traité de Francfort. Irà encore lrenseignement

tiend.rait l-e record. de lfextension, soi-t au minimun cinquante à soi- - xante pouï cent des garçons et des fiLles d.e six à tteize ans fré

quentant 1técole. Et plus précisément pour ]es régions qui nous in-

téressent immédiatement, 1rétude révè1e que dans l-e Bas-Rhin vingt- - ctnq à trente-quatre pour cent des élèves d-tâge scoLaire fréquen

tent ltécole publi.que congréganiste. En llioselle, le pourcentage plus

éIevé encore oscille entre trente-cinq et guarante-neuf pour cent(2).

(r) A.?Rosf I I 1800 à . Parls 1968 . (2) Ibid,en p. 1 et 107. b)

rr lfauteur attribue ce tt Taz Ce marée d'e personneX congréganiste se privilège d.éversant sur le rarché d.e ltemplcirà la l-oi Falloux, au généra1 d.e la rr lettre dtobécllence't , au créclit d.ont jcuissent en

Les soeurs auprès des populaticns en raison d.es services annexes que qurelles rend.ent (t). Vu sous lroptique régicnale, il semble ltEst lrenseignerncnt congré6;eniste en secteur rural, Qui d'e loin dans

a précéd.é Ia loi Fal-fcuxr soit plutôt attaché à d.es facteurs écono- servi- miques. Certes, 1es Frères Ces éco1es chrétiennes rendent cles

ces considérables d-ansles villes; certes, 1es sceurs se font tont 1es à tous au moinclre appel I dans ItEst peut-être plus qutailleurs pas seuls religieuses font partie du cad.re loca-f. I\{ais ce ne sont ces

critèree,qui d.éterminent une municipetité à faire appel aux soeurs' rece- llus un village est pauvre, moins il peut choyer ou sinplerûent nunici- voir à l-a hauteur de sa fonction le personnel enseignant' les

pa-]i:tés sevent c,urexiste une congrégation inter-diocésaine faisant rest quasiraent fi des contingences r:iatériell-es. Il- est évld'ent que c

vers ell-e que se tournent leurs espoirs'

1. LES C0IJDITIOI\SIvT/,TERIELIES"

a) Une vie pauvre. rr llro- conrnent les corni.:,unesreçoivent-e}les ces Filles de Ia caf- viclence ?t ? soeur Blisa',irreiten va nous en informer. crest d-tune pages suivantes' ligraphie fine mais ciéjà hésitante qu'elle réilige les Ie régime Ecrites en all-ernand - l-finstitutrice a exercé onze ens scus

(t) e.PRoSî op.cit. p,182. 66

françals et quarante au tenrps d.e l rannexion - nous 1es avons trad.ui- tes avec tout ce que cela suppose d.e trahison du texte. l,roriginal est plus expressif et plus prenant. fl est difficile d.e rend.re dans

Leur réalisme les locutions teIles que ( t ) .

It . . . eine erbârmllche tffohnung - (. .. ) lch sah nlch allej-n in d.ieser Vlildniss - (. . . ) cler llJeg war stets holbrig und. lôcher- risch, fast bestânaig unter iÏasser und Schnee - (...) niifr - sam und. ohne Pfad wand.erte ich d.urch den Wald.... rr lfais voicl ce ténoignage conservé dans les archlves d.e Ia congrégation:

rr ... En septembre 1859, je fus envoyée à Eechwiller, annexe d,e Voluunster (2).1,à se trouvait une chapelle mais sans Ia Pre - sence Réel-le. Commele prêtre nry célébrait Ia messe que deux fois par an, je ne rendis tous les Jours à Volmunster pour agsi.ster aux offices. Par route, le chemin faisait près cte trois kilonètres ; Ies sentiers le raccourcissaient d.run kilornètre. Je ne pouvais empmnter ces d.erniers par temps de pluie. Je d.emeurais à Eschwitler jusquten 1886.., tf

Sr Weiten, bien entraÎnée, va goûter ce genre de vie pend.ant vlngt- cinq ans encore.Son cas nrest pas unique :

rr... A1ors, je pris Ie chemin d.es montagnes nenant à Tllindsbourg annexe de Egenthal. Je me rendis le 11 octobre à Wangenbourg. lre lend.emain Ie curé lllittemann et soeur irl,arie-iliarthe mtaccom- pagnèrent à ma nouvelle résidence. Nous escaladâmes le Sclrnee- berg. Lorsque nous eûmes atteint le sommet, que 1e sentier se fut resserré et que l raltltud.e j.rrita nos gorges, 1e prêtre nous cria de loin : Sr Elisa, faltes ici votre première bonne lntention. Après deux heures d.e marche pénible, nous arrivâ- nes enfin à \ilindsbourg. Nous nous arrêtâmes devant une maison paysanne à un étage i 1a comrmne d.e Egenthal l f avaj-t louée pour Ia convertir en mal- son dtécole. El1e conportalt une cuisine, une grande pièce ) une petlte mansarde et une importante écurie. La grande pièce dlevait servir de salle de classe. la mansarde tenait lieu de Iogement. Tres enfants avaient à traverser ma cui-sine pour accéder à leur local. De la cuisine, je parvenais à na cham- bre par une échelle. Dans 1récurie, les propriétaires entre- tenaient quatre têtes d.e bétail et eomme la saIle de classe et mon logement sty adossaien!6fentendais ..'

(r) A.ST J. Sr WEIIEN Meine Erlebnlsse a1s Lehrerinn - 1859-1910. (2) VERR0IùNAISStatistique historique. industrielle et cornnerpiale, du départenent de Ia MoPelle , contenant les Vi11es, Bourgs, Vil- lage s, Annexes, Hameaux,l[oulins, Fermes,Usines, Rivière sr Ruisseaux' Metz - chez Verronnais . 1844. 67

...jour et nuit 1e piétinement et le rmrgissement d-u bétail. T,e curé se retira après mon installation sommaire, le coeur serré d.e me savoir d.a,nsun tel- dénuemeEt. Sr illarie- Marthe me tint compagnie quelques heures e-ncore puis sten je retourna , e11e-aussi, à Volmunster.Alors pus d.onner Ii- bre cours à mes larmes, tant ma peine était grande : seufe d.ans cet end.roit sauvage, dans une habitation l-amen'tablet huit bonnes leuee me séparant de 1a paroisse.". Un soir de décembre, lorsque je montais au grenier chercher une provision d.e petit bois pour Ie lendemainr une partie d"u plafond d.e ma chambrette srécroula. Je dus inter- rompre la classe d.urant trois semaines, le ternps de réparer 1es d.égâts. Ltarurée suivante, la municipalité fit constn-rire une nouvelle maison d-técol-e sur l-a Schneematt.Je ntavais plus que quatre kilonètres à parcourir pour me rend,re à Vtlangen- bourg. La maison dtécol-e était isol-ée ; seul , un ménage ha- bitait dans la proximi.té. lr/lais Ie logenent était bon. Jra- vais une cuisine, une pièce' une chambre à coucher et u-ne mansarde. Un chenin crevassé nenait à iVangenbourg. Pour at- teind.re 1e vi1la,ge, on effectuait jusqutà d.eux fois 1e par- cours, tant i1 y avaj-t d.tornières et ,le flaques dteau à éviter... De novembre à mars, avril, ce chemin que jremprun- tais ordinairement était pris par 1es glaces et }es Èeiges. (...) .'l la fonted.es neiges, la lvlossig couvrait une partie d'e 1a route, ce clui me forçait à emprunter le sentier traversant Ia forêt. En 1907, une belle route relia 1técole au village et plusieurs ponts furent aménagés. Tous 1es samedis, ie me rendais à \lVind"5ourg et séjour- nais chez rnes consceurs jusqurau l-undi matin. Un enfant ve- nait alors ne chercher pour rntaider à. porter les provisions car je d.evais prévoir rnon ravitail-fement pour toute Ia se- maine. i. \tr/indsbourg, il nty avait pas moyen dracheter quoi que ce soit, pas mêmeune l-ivre de sel. ..fr ( t )

0e récit, JLtun panni bien d.rautresr se passe

d.e commentaire ; iI est pris sur fe vif et le cas ntest pas unique .

Occuper certains postes d-e village ou de haneau r annexe dtagglomé-

rations plus importantes en généraI, crétait entrer d.ans le désert

et partager sa couche avec Dame pauvreté.

t7) VERRONNAISEj@g!.j-rug op. cit z en 1845 , Eechwiller comptait 36 maisons, 32, habitants, soit 9 personnes par familler êrand.s-parents connprJ,set 4 à 5 enfants par faol}le . 6B

T,tinstitutri-ce de Saint-Jean fait clonc drabord lrexpéri-ence de 1a pau- vreté. Sr Weiten parcourt tous les jours quatre fieues pour assister

à la messe quotidienne dont e}le ne peut se passer. Crest Lrune d.es rares consolations qui illuminent son existence ile recluse. Â Engen- tha1, e11e occupe une mansard.e ; les élèves traversent sa cuisine pour gagner leur satLe de classe. De nuit et de jour, eIle srefforce d-e sraccommod.erau bnrit insolite d-u bétai1 grattant 1e pavé de 1técu- rf rie. la rme d.e son logement misérable rr - elne ërbârmliche Vlohnung avoue-t-e1ler lui amache des sanglots. Une année entlère , elle vit cette misère.

Le cas d.lEgenthal fait-iI exception ? l,e registre çrpsy ( i ),

à 1a post éyité un mémoire d rune rare et sil-encieuse éloquence . En

Illeurthe, une partie de l-a iv.losell-eactuelle, ne lroublions pas , bon nombre d.e maisons clfécofes sont dans cet état vétuste. Que peut-on lj-re dans ce rapport ?

- Darule-et-Quatre Vents: malson trop basse .

- Hul-tenhausen : poi-nt de commodités .

- Schaefferhof : maison passable

- Hunskirch ; maison petite et mauvaise.

H - Hiltenhausen : pot'nt d.e commodités ; une seule chambre au-

d.essus de la sacristie I la soeur y dortr y

cuisine et y fait classe.

- : rien; cn ne peut plus y faire écrp1e à moins

d.Iavoir une maison.

- : maison qui a besoin de réparations .

A.ST J . Registre Gmsy P.P. op. cit . rs laisse à 1a postérité 69

pos- Inutile de prolonger 1lénur':ération" Pour Ia majorité des

Pour à une image-synthèse tes , 1a situation est analogue. accéder de ItensembLe scolai-re de cette époque r cal' lrinstituteur par- tage 1ui aussi dans certains cas l-es conditions précaires d'e sa

coll-ègue religÈouse, nous allons dresser uJ1 tableeu de cas-Èype'

tÂBTEAU-SYNT}IESI'DE. T'DT/iÎ M/'ITERTEIDES POSTESEN

MEURTIIB ( r )

BROÏ]VTIIE Point d.e traitement. BBzu,MRT}JG l4aison passable ; point de jard.in. ARCIIEVÏII,E i\ilaison sans jardin. SARzu.],TROFT' Point de jardin. V!'ITTERSmUR Dlanvaise maison ; jardin attenant. RHODES IVlaison comportant seulenent une salle ; point de jard.in nj- d.e grenier ; une cave en com- rnun avec l tlnstituteur. HOUBE liaison passable ; point de jardj-n ; point d.e traitement ; 60 filles et garçons ; fa soeur assure l-a s,:nnerie des cloches. DABO l]Iai son c onrnu"rreave c I t insti tut eur . Cheminée ouverte ; iI faut une pièce pour le linge d.e 1 rinstitutrice. BIRKENÊ]OIZ 18 fil-les ; rnauvalse r,iaison. RENING Llaison , corridor, cuisine et commod.ités en conliun avec llinstituteur' lra soeur couche d"ansla salle dtécoLe. I,AIfG/,TÎE Deux soeurs ; pas de cui-sine ; les portes voi- sinent avec cel-les d.e lrinstituteur ; les com modités sont sous leur secal-ier. H/,IJT-CIOCIMR I\{auvaise naison. Ï}TSVÏIIER Maj-son passable. I,OUDREFING Point d,e jard.in ; vieille maison. 'JfÂISCHEID 125 filles ; maison trop petite ; une seule petite chambre ; pas cle place pour y instal- ler deux Ilts. TMSSE I{laison neuve et séparée promise pcur ltautom- ne prochain ( 1847> , 11 faut une nouvel-Ie réunicn d.u conseil.

(1) A.sr J. Registre GRUSY- Postes et Pnacements 1B+5, 70

Ltinventaire que voici ne doit pcint nous surprend.re

Nous sommes dans une région économiquement faibLe er les soixante- six éco1es quty occupent l-es soeurs d.e Saint-Jean sont 1e reflet de l-a pauvreté bien prononcée des habitants ; vingt d.e leurs habi- tations se trouvent dans un état peu enviable ; eI1-es sont ou trop petites, ou vieil-l-es , ou mauvaises et incolrrnod-es, sans dépend.ance de premiàre nécessj.té, parfcis sans jardin , moyen éIémentaire d.e subsj.stance pour la soeur , sans cave ,ni grenier et pour Rening , 1a salle d.récole à usage d.i-urne et nocturne . Vraiment ces situations trtont rien d.tenviable . les pionnières d.u d.ébut du XIX& siècle ont lancé ltoeuvre scolaire, permettant à la re1ève dtexiger mi-eux et plus humaln. ltécole du village naît et se répanC d.ans lrEst . Nous voyons au prix de quels subterfuges...JLa soeur d.e laProvid.ence sty attend-ait , cljisi-ons-Eous précéd.emment. Dtavance efl-e accepte Ie pour- quoi et l-e comment de tout :

fr.. . Nous sorîrmespour J-es end.rcits où i1 ;rale plus besoj-n d.rinstruction, pour les hameaux, les lieux les plus pauvres,

les plus abandonnés. Crest l-à notre voeation à nous , ctest 1à notre honneur et notre bonheur.o. ( t)

[email protected] El-isa lÏeiten semble cepend.ant particulièrement armde pour cet- te épreuve d.e la pauvreté , car , ajoute- t - elIe clans sa confidence :

rr ...malgré toutes ces peJ-neset ces difficultés, je gardais 1'enthousiasme, la paix et la joie. la pensée que jrétais dans lfobéissance, que 1à , jtaccomplissais la volcnté de Dieu et que je pouvais faire beaucoup de bien à ces pau- vres habitants d.es montagnes, me rend-it courage, d.e sorte quril me fallut peu de temps pour me trouver heureuse d.ans cette sj-tuation désespérante . . .rr

(t) ornncrornn 1B5Bop.cit. p3/8 - Les soeurs institutrices . F,4 ll

Quten est-il d.es postes en lilioselle ? /r,pparemment, ils ont l-e même air d.e vétusté.le directeur d.e Saint-Jean en a retenu oee traits:

TABTEAUDE IIETAT I\,{ÂTERIETDES POSTESDE IA MOSEIIE

IIIONTBROIiN llaison à réparer ; presque point d.e jard.in. F/rRS\l{ItIER Point cle maison propre ;la soeur d.emeure avec l- t j-nstituteur du village. IIEDERSCHIED Petj-te maison passable ; point de commod.j-tés. Gs-REDERCHI Entrée, cave et grenJ-er en comnun avec le maitre d fécole. BTESTROFF Maison neuve dans laquefl-e est réservée une petite chambre et une petite cuisine à la sr. PT-REDERCH. }'iaj-san passable; point d.e jardi-n ; tout le mobi]ier est à Ia s€olrr. K/ilH/iUSEN l,{aison sans jardin ; un toit à réparer ; un grenier à séparer. VJIESVIII,ER Iilaison passabJ-e et trcp petite. C.OT{EIÀNGE Pas de cornmod.i-tés. TETING Point de jarrlin mais une j-ncLemnité ; tout le mobil-ier est à Itinstitutrice. HAUTEVIT,IE iiiiaison mauvaise ; ni bois, ni jarclin. IPPLTi'trG ldaison i-so1ée. 2li fille s. VAI],EzuiNGE l"rlauvaise rnaison. Sl.I1"i-1-/iV0trD 200 fi}les; 1. soeursl maison trop petite. tagran- STEINBÂCH zi.Ofilles et garçons ; Ln rnta prcmis cl Cir la chambre d rhabitation. H0LB1\CH Jusquren 1845, une misérabl-e cabane éloignée d-e toute habitation ; annexe d,e La Chambre. 20 garçcns et fi11es. VAI-EBERSIiVG Très mauvaise maison ; retrait en autornne si la communene fait pas réparer 1e toit. L[auvaise maison I' fcnclation 'r. RPPVI],IER Le rnaj-re mra prcmis de réparer l-a maison. ACHETï Seul-eme:ntdc'ux chambres outre l-a sal-le d.e cl. R0Dl,/rCH Ânnexe d.e Tritteling I maison misérable. PORCEIETTD Point de maison. OBRIK 16 garçons et filIes ; très mauvaise maison d réco1e. KINGER Iiliaison bonne ; point de jardin ; fondation. HIiUGEMONT lilaison passable.Peu Crenfants. FAUIQUETiIONT Iûaison passable à côté ce l-tégIise; on mta prcmis un jarCin. 120 filles et 50 garçons DORViI],IER Bon petit logement ccnvenabfe à côté d.rune chapelLe que la soeur d.oit d.esservir. IEIMERG 150 filles; point ri.e bcis; tous l-es neubles sont à lrinstitutrice.Il- faut dans l-a nai- scn neuve ajouter une escalier pour la sr. 72

Sur ces soixante-six habita"tions,une vingtaine attend des répara-

tlons immi-nentesrle remplacement pur et simple ou ujre amélioration à

brève échéance. Que cela ne nous étonne pas non plus pour ces postes

mosellans ; en 1850 , ce département cornpte encore dix-miIle toits

de chaume sur 1es soixante-d.ix railXe habitations rurales (t).Les

FilLes d.e Ia Providence partagent à leur manière la pauvreté d.u mi-

lieu drinsertion. Des progrès ont cepenCant été réalisés, car si

vingt maiscns so.nt aans un état lamentable, les quarante autres

sont bonnes ou d.u moins suffisantes. Quel-ques-unes sont même très tt It It bellesft , très grandes et certaines sont neuves . la lrovid.en-

ce serait-elle d.evenue plus prodigue ? Le budget communal est-il plus

positif ? T,e problème scolaire commence-t-j-1 enfin à bénéficj-er d tune

recrudescence C,rintérêt auprès d.es élus locaux et d.es famj-Iles ? Car, ne lroublions pas , il y a quelque temps à peine, ces braves vill-a- * geois avaient une si faible estine pour 1-tinstruction qutils d.on-

rr ft nèrent le sobriquet 3 - Des soeurs r eura]l-cns-nous en faire

aux premières insti-tutrices stimplantant dans Ieur l-ocalité . Enfin, une d.ernière conjecture d.ans ce renouvel-l-ement inattendu . Ne fallait-

i-1 pas simplement remplacer ces logements d.evenus par trop ind.ignes

drune éd.ucatrice ? Ctest sans do,ute cette cLernière hyi:rothèse qutil

faut retenir d.ans Ia -ne.sure même où l-a commune tenait à conserver

son personneL congréganiste ; le retrait dcvenait une conséquence

inéluctab}e d.e voeux fcrmulés mais d.rune exécution toujours d,iffé- rée(z)

(t)aont. 119 \t 1.2, 3 12o. (elCtest Ie cas, par exemple, d.e VaL-Ebersing, de Iûaisongoutte . t elîcore . iVlais avant de poursuivre notre étude sur Ia e,j.tuation rnaté- ri-el-le réelle offerte à na soeur, citons encore Ie témoignage d.e soeur Huftrner (l). ELl-e a vécu une épopée qui mérite dtattirer not?e attention :

rr ...à R., mon logement se ramenait à une charibre à al-cove sé- parée du reste de la pièce par un ricl-eau.Un lit, une chaise, ma mal-le contenant ma batterie C-ecuisir"e ; ctétai-t 1à tout : mo.nmobilj-er. Dans cette cha,mbre se trouvait u.ne gra.nd.e ta- bne que flanquaient deux longs bancs, un côté clestiné aux filles, ltautre aux Barçons"cette pièce servait de salfe de classe, de cuisine , d.e réception, d.toratoire, enfin de tout...r'

Soeur Huffirer sera envcyée à Postd,orf en 1871. Ce poste nta rien d.taguichant , 1ui non p1us, Là aussi , maison et éco1e crient misère:

r ... 1à, i tai bien trouvé une maison , mais quel1e maison ! It nty a.vait pa.s cLeplafond ni de piôncher. Portes et fenêtres étâient branlantes. I,e sol était lecouvert cle grosses pierres comme on en creuse ici d.ans les champs.Point d.e fourneau mais une cheminée d-toù pend.o.ft une chaîne à crémail-fère.Point de buffet ; point de table ; enfin rien. Sr ltngéIique qul mra- vait accompagnée à Postd.orf fit monter un lit de bois, une peti-te table, deux chaises et commevaisselle une marmite en aLuminiumn deux petits pots, une tasse, deux assiettes et mon couvert, EJ-le pleura en vc,yant dans quelle misère e1le me laissait.. .rr

Cel-a se passai-t en lBTl. Dans cette épopée Ce l-a misère, soeur Huf-

fner fait figure d.e Cend.ri]lon . Et comme l- théroine du conte pour

enfant, elJ-e pfeure sa peine. Sa nature se révolte :

r' ... Deux fcis, i tai écrit à ilière constantine que je ne pou- vais pas rester. l|llais chaque fois ell-e me répondait : essa- yez encore quinze jours et puis on verra . Ces quinze jours sont d.evenus ouarante-trois ans... rt

Soeur Huffner en avait vu dtautres d taill"eurs.Lorsqutà 1tâge de d.ix-

sept a.ns ses supérieures ltenvoyère4t à llommert assurer une sup-

pléance d.e quatre sernaines, e11e fut mise en face d'rune vérité qui

nlaccepte aucun fard :

(t) [email protected]. lï

...Quelle pauvre maison habitait la soeur tla masure stadoe - sait contre un rocher. De la rue, on pénét:^ait d.e plein pied, dans 1técoIe.1t côté de Ia classe, iI y avait un petit réd.ui-t pour le boi-s et un cuveau pour les besoins des en- fants.Tous les soirs, tlne femrirel-e vidait. Au-d.essus de 1ré- cole, était ltuni-que pièce d.e 1a soeur.Pour y parvenir , il f'aIlait emprunter Ltéchel}e. A côté d.e sa chambre se trou- vait 1e nême réd.uit quten baa. fl servait de culsine. On a mis une paillasse et mon lit par terre à côté du 1it de la malade...rt

Soeur lJuffner souffre aussi de faim. Bien que l-a comnni.neait sollici- té une soeur institutrice, el-l-e ne stétait pas interuogée sur l-es con- tingences matériell-es imrnéd.iates de Ltinstallation, la mod.icité d.u salaire devant être compensée par cette aide él-érnentaire :

t' ...pendant qulnze jours, j tétais sans manger quelque chose de chaud" Je nravais pas d-e boi-s. Les Prussiens avaient 1ogé d.ans f.a maisonnette et avaient tout brûIé , mêmeles planches d.es portes. Jtétais jeune et timide. Je nfosais alLer cltez per- sonne, Jtétais entourée d.e protestants et ne connaissais pas l-es catholiques.. .rr

J. VJILI{EII{ résume cette situation queJ.que peu insolito dans une phra- se qui sernble bien trad-ui:.e Ltessentiel rr - les soeurs devaient avoir

à coeur une forte d-cse d.e générosi-té et dresprit surnaturel pour accepter dans ftunique but de rempiir l-eur noble tâche dréducatrices, les situati-ans d.ont la précarité et ltinsuffisance manifestes ne sont pas pour tenter la nature. ( 1) "

]\,lais Dame pauvreté règne aussi à la campagne d.ont I4 soeur d.e Saint-

Jean ad.opte le genre de vj-e. En 1848, lit-on dans lE5 archives(2;''tt arrlve qutun ménage n?occupe que deux, trois pièces ; serrés da,ns de médiocres logements, les pa-ysans d.es cantons d.e SarraLbe et 4s Gros-

Tenquin ne Se nourrissent encore que de pain, de pornmesde terre et d.e Laitcaillé. Ils portent rarement d.es soul-iers et srhabil-lent dré-

( t ),l.virr,HgtMop.cit, p. ,3. (2)ADM119 Lr 1.2. ; 120 fti. ; 121 ii'I. 75

tt toffes grossières et mal taillées .. "rl la soeur vit pauvre avec les gens pauvres et à sa façon , el1e ten- tera de Ies tirer de leur ignorance sécul-aire par lrinstrrrction qufel-

Le leur apporte lelle est d.onc 1a situation matérielLe effective en Lorrai-ne. Pour brosser un tabl,eau plus complet de tous 1es postes occupés par la congrégation, parcourons aussi I finventaire dressé pour le Bas-Rhin.

Rien de surprenant à ce que ltinstitution qui a sa maison-nère en

Meurthe étend.e son activité par-d-e1à ses limites cLépartementales

Jean Decker est dtorigine aLsacienne. 11 y enverra des institutrices d.ès que te clergé local qui connaissait parfaitement cet apôtre d.es périod,es pcntrévolutlonnaires, fera appel à leurs services. Ribeau- viIlé , congrégation cadette d.e vlngt ans, se répand. dtabord d-ans le Haut-Rhin. Enfin les besoins scnt sl grands partout en ce début d.u XIX& siècle, euril y a du travail pour tout le nond-e. ],e nomanrs land. du secteur enseignant est enccre imense aussi longtemps qurau- cune obligation scolaire ne tie:t les filles à fréquenter 1técole

Saint-Jean est dtautant plus sollicitée qutelle privilégie 1es ha- meaux et les endroits les plus abandonnés. lirais contrai-remest à celui de La T,orraine , Ie rapport que d.resse

Pier:ee Gmsy de l-tétat des postes, semble plus cptimiste sur les cond.itions matérielles réserl'ées en Âlsace aux Filles de la rrovi- d.ence. Une simple Lecture des' tablea.ux A et B surivants nous rend-ra rapid.ement à cette évidence (t) :

( t ) a.Sr J. .@,!Eg_89Ë op. c:it . Postes et Pl.acements(P. P. ) 76

T/tBlEÀU a DE T,TETATI\lAlERIEl DES POSÎES DU Br,,S-RHIN

WEITBRUCÏT Ivlaison neuve en 1846. C,OUGENTMIM fr,laison Eeuve et belle ; jardin. lIINZENIIEIiI{ Annexe dflttenheim ; 20 garçons et fill-es ; mai-son passabl-e sans jardin. TRUCHTERS}MI las de jardin ; tout 1e mobilier appartient à l-a comrune même la batterie de cuisine et Les rideaux d.es fenêtres. DURNÏNG Point de traitement mais 1OOfrs drécolage par an ; poJ-nt d.e jardin. Volxheinr Jardin insuffisant ; saX.Ledtécol-e humide i maison communeavec ltinstituteur. BARR Beau et grand. logement. And.Lau Beau et grand logernent - Doaatj-on Ruhlmann . EPFIG 25O filles ; beau jardin et bonne maison. NTIIÂ],îEN Nouvelle et bel-Ie arnsion. EREITIiNtsÂCH NouvelLe et belLe EEiÊon. ERLDNBACH 110 fil1es dans une seule classe

T.{rBlEÂUb DE ITETAT I,JUIIERIEI DES POSTESDU BliS-RHf}'l

IA TTANTZENÀU 3OO filles; beau logement et ja"rdin. OERJT1INGEN Bell-e mai-son. KIIISTElT Beau logement neuf. SCHOENEi\iiBOURBonne malson , en commun avec 1e gard.e. V|IATBOURG Beau logement et jard,in -Donation V.I'IIO. SCH\II,EIGHOUSE Un étage meubl-é par }e curé. IEDERSCIj]1EF Tout en communavec lrinstituteur. les d.eux soeurs nront que deux chambres et une cuisine WTIiGERSI-IEIJI{ iuiaison en communavec Ie gard.e municipal , lfinstituteur et Ies socurs ; 170 filles. Maiscn neuve et bell-e commeun château. TEIT{BOURG Bell-e rlaieon ; point d.e jardi.n. ERSIMIM 11 nry a pas moyen que Ia soeur reste à Ohn- heirn ; la maj-son déjà petite héberge aussi 1-e gard.e comme à Schoenbourg. tselLe maison séparée. Un vrai château t la communefournit tout le raobilier.2gOélèves. I],KIRCH Bel-Le mai-son séparée 7T

elle ne cher- Cette énumération pourrait paraître fastidieuse si chait à r:nontrer Ia sj-tuation matérielIe effective d.ans 1aquel1e - entrait une institutrice au d.ébut du xÏlÉp siècle . comparative ment, on loge et on reçoit mieux en Alsace où 1es communessref- voire forcent drassurer pour le moins des habitations convenables , même confortables.Certes; iI arrive que les soeurs logent sur le palier que llinstituteur, partagent la maison avec d.es personnes protestantes ou juives si nombreuses en Alsacet avec Ies employés greffier, de service d.e Ia commune : garde-champêtre , sonnepr t rr sépa - appariteur... Les supérieurs sollicitent alors une maison privée . rée f, (r). 11 sragit 1à de garantir un mlnimum de vie 'r rr Outre fa communauté de logementr ces maisons séparéeS donnent plusieurs membres. Ia priorité à lrinstituteur dont Ia farnille compte cette faveur va d.e soi, blen entendu. lfiais en généraI, 11 nren reste

pas moinS vrai que regte clisponible seulement une chambre*coucher trans- où it faut installer un, d.eux ou trois lits ; 1a cuisine se parloir forme alors tour à tour en buanderie , salle-à-manger' t - suivant le be- salle de réunion ou dtacceuil et réserve d'ébarras les plus ca- soin.0n essa.ie alors d.e sraccommod,eraux conjonctures fu- pricieuses . Nravons-nous pas dit que le noviciat initiait la ? ture candid.ate à 1tétat religieux à une vie toute dépou111ée

I\iais outre cette vie humble et modeste, 1a religieuse stap-

prête à affronter une d.euxiène épreuve, ce11e de Ia solitude

(r) A.ST J. Registre GRUSYPo.cit' (*) lire : chambre à coucher . 78

b) Une vie de sol-itude.

Une situation de fait I Si soeur Weiten parcourt tous les jours d.eux à trois kilonètres pendant vingt-sept ans, ctest tant pour assister à une messe que pour fuir précisément 1a solltude. A

EschwilJ.er, impossible de partager d.es soucis pédagogiques avec un coL1ègue. Soeur ELisa est chargée drune classe unique qui regroupe tous les enfants d.tâge scolaire, garçons et fi1Ies, d.e l-a localité.

Innpossible d,e stentretenir avec une consoeur ; le poste ne demande pas plus d tune persontle et son n-ogementest trop petit pour en hé- 'berger une deuxième. Impossible de parler avec 1e clesservant d.u lieu ou les éIus locaux. Eschvuil-Ler d.épend de la contnune d.e Volmuns- t,er et de 1a paroisse d-tOrrnerswill-er (1). Aller à pied. n'est pas une strnécure par ternps d.e pluie ou de neige et les hivers sont 1ongs .

Toutes Les localités, surtout pas ce1les cles mcntagnes, ne solrt d.otées en 1844 comme longeville-Ies-Saint-Avold drun .'relais d.e clilligence fr passant presque toutes l-es heures de la journée en direction de

Saint-Avold r Forbach et SarreÉauemines " (2). Faj-ble revenu, cl-asse unique à gros effectifs, voici des critères qui perniettaient cle jau- ger un poste à sa vraie nesure. tt Y passer mais y demeurer le moins longtemps possible ...rr avoue un maîtrd df écol-e qutinterro6çeait Jac- ques Ozouf au sujet des postes isolés du secteur rural (l). Un ta- bleau u1térieur nous permettra dtétablir Ie clegré clrimportance quant

à la d.ensité de la population des communesd.emandant des soeurs d.e Saint-Jean.

(t) vnnnoNNAISStatlstique op.cit. p.122, (2) rbi.demp.228 (3) J.OZOUF- Nous les rnaîtres drécole . Julliarc 1967 p.55 " Une existence nodeste rr . 79

Solitude imposée mais aussi provoqr,lée t lra religi-euse institutrice stengage à vivre une vie retirée pour des motifs d.tord.re apostoli- que d.tune part, des raisons socj.ales d.rautre part. Son état d-e vie lui demande df éviter toute po1émiqr.re,toute familiarité , toute dis- persion étrangère à sa nission dréducatrice .'r Ne point fréquenter

Ie presbytère, ne pas manger à la taUte d.cs ecclésiastiquesr garder réserve, contenance et mod.estie vi-s-à-vis des personnes de lrautre

n propos Sexe , étaient autant d.e moyens pour éviter 1es cancaniers - que pour d.évier toutc mond.anité à laquelIe Ia soeur nraurait pu ré pondre . Son intérieur mod.cster son petit avoir ne lui eussent pas permis dthonorer en retour une visite .

Point cf ingérence à la vie rnunicipale : un desservant est-il en dé- sacoord. avec Ie mairer Que Ia soeur ne nontre aucun de ses sentimentst ni au d.épart cLeltun, ni à la venue cle l-tautre .lle prêter attention ni aux calomnies, ni aux médisances. Même prld.ence pomr tout ce qui

toucheàla vie du village . l,e Statut (1) est inplacable. 11 nty a

pas à lésiner sur ses articles :

n ayt.39: une mésentente se làve-t-elle clans }a commune, que la soeur ne tienne avec aucun parti. art./.0 : qutelLe nrexprime jamais son opinion sur Itad-mi- nistration municiPale. art.41 : surgit-iI un différend entre 1es a.utorités locales et 1a soeurr qurelle en avise Ia maison-mère qui arbltrera le conflit. - Ces précantions sc;nt autant pour prévenir un tempérament belliqueux

1es voeux cle reltgion nrimnunisent pas contre les écarts de 1a natu-

re - que pour éviter toute ingérence à Ia vie d.e Ia municipalité ,

étrangère à La fonction immédiate d.rinstitutrice. Forcer ltestime par tefficacité tous les moyens* ne voilà-t-il pas un garant d ...? RÔ

le chapitre VI du Statut d,e 1839 Q) règIe la conduite de ltinsti- tutrice vis-à-vis d.e la population :

tt arlc,44 : recevoir avec réserve et notifier discrètement sa vol-onté de ne pas recevoir.

art.45 : présenter les voeux annuels aux autorités locales , civil-es et religieuses et seul-ement où cela sernble opportun.

art.47: visiter les malad.es, surtout fes enfants dréco]-e et de préférence les pauvres mais ne pas srattar- der d.ans les ,naisons.

art.48 : il vous est expressément interd.it d.e prend.re 1e repas ou toute boisson chez qui que ce soit au vi-11age.

Enfin L tarticle 52 enjcint à Ia soeur d.e ne point se nêIer des af- faires de son collègue, l tinstituteur : rr . . .mit den Schullehrern solfen die Schwestern ( . . . ) keine Eingriffe in ihre Gerechtsane machenrr. En toute cj-rconstance et à toute occasion, stad.resser à l-ui avec respect, déférence, il ... mit gebtlhrender /.chtung rr est-il spécifié. Nous sornrxesassez loin d.e ces luttes partisanes qui oppo- sent congré6anistes et 1aÏques . Tous deux enfants d.u PaJsr sonvent de même origine social-e car généralement issus d.e 1a petite bour- geoisie rtrraLe, pe.rfol-s mêr,refrère et soeur et 1e cas ntest pas rare, ils partagent 1es mêmes cond.itions. Itexemple du logernent en est un parmi d.fcutres. Celui d.u traiternent en est un autre et il est appré- ciable...t I'a soeur nrentre jamais en compétition de salaire avec gon coLlègue. (3) Ce sont siml;lement d.es compatriotes dont ltun choi- sit Ies postes difficiles , sans fond.s . . . !

(t) Statuts d.es Soeurs d.e la- Providence 1826 op.oit. (Z) OraensRegeln 1839 op.cit. p.14. (3) M.ozOUFl,tégo1e.l réslise et ]a république Paris 1963p.216. B1

?ourquoi un te1 d.étachement, ? Tl- faut exliquer ces priorités apostoliques d.ans la société rurale la m,ins -nantie par référence à 1a spiritual-ité d.u fond.ateur. l{ous avcns g}ané à tra- vers ses écrits quelques phrases-cJ-és qui nous expliquent cette attitud.e un. peu surprenante ( t ) :

tt (...) chcisissez les places les plus clifficiles, (...) 1es moins lucratives, céd-ant toujcurs les plus comrnod.csaux autres. (... ) lie cherchez pes à avoir cles fonclations I fondez-vous rr sur fa lroviclence. (...) Enseignez gratuiternent pour llamcur Ce Dieu et nrat- tend.ez pour sal-aire ici-bas que népris et reproches'

En rcute vers la Chine, Jean l\{a,rtin },{oye réitère son appel à }a pau- vreté et à l-tabandon ,-Lensune lettre expéd-iée èieltîIe d'e France :

Dieu y pourvoi- " (...) Ïoint dtinquiétuC,e pour 1e tempcrel i .ra incontesta.blement . (...)IrIe cherchez polnt d.r place fixe ou dtétablissement. (...) Ide vous attachez à rien, ni à quci- que ce soit, ni à aucun lieun ni à. qui que ce soit, à l-targent mcins qutà toute autre chcse. (...) Soyez dc mêmetoujour.s prêtes à quittcr une place pour a1ler où la Provid.ence vous appclle--'a par la voix de vos supérieurs. ei

En 3vril 1177, Ilioye jette un regard rétrospectif sur ses établisse- 'ifl-"= ments lorrains et il écrit à ses ctEurope :

tt (...) Depuis dix ans environ, cn en envoyé d.es soeurs sans fonds, sans subsistancel en est-il o.ui soi-ent mortes de fain ?

St d.tajouter avec sévérité :

tt (...) lorsquton a des fonds, des établissements, des reve- nus fixes assurés, on perd. de vue Dieu ; on met sa confian- ce dans l-es créattlresr on s tattache à ses biens" 'rt

(t) nrnilcrornn 1B5Bop.cit p. 176,178)179,189,193,2O21229. B3

Âfin ùe nous permettre une étude plus approfond.ie tte l.a situ-

atlon d.énaographiquescolai-re, 11 nous paralt opportun d.e faire un

relevé statistique de tous I-es postes occupés par la congrégatlon

d.e SaintJean en 1845 . Nous y porterons les j-nformati-ons 1es plus

diverses et ctest à partir d.e cet état ttétai11é que nous serons à

mêmed.e poursuivre nos investLgatious (5)

AT DES POSTES DE IA CONGREGÂÎIONDE SÂINT JEAN-DE-BASSEI DÀNS Ï,ES

rRors ÂC/'DEMTESDE STRASBoURG,MEIZ ET NANCY EN 1845

MOSEIJIE INSPECTION ACADEMIQUE DE METZ ' 1845

PosrES ll NBRE EFFECTIF NTRE lla'natit.(5) d,linstit; ll

gASPEI,SCHIED 752 70F+ 1 I,EMBERG 2599 50F i REYDRSIJTIILER 609 50F 1 RO?PVIÏ,LER 587 40F 1 1224 117F 1 SAINT-IOUIS 47 60F 1 BREITENBACH BBO 60F 1 ERSCH'ING 667 BOF+G* 1 EAUIEVIIIE B0F+G 1 TIEDERSCI{IED æ9 50F 1

(e)httre tte lrapôtre Paul aux Corinthiens TT.2,1r, (3)ruraenrr.16. (4)Ittaen Ir. 17. (5)loutes les données sont extraites ttu Registre Gmsy P.P. op.ctt 1845 (6)VERR0NNAISstatistique op.cit . * F = F1l_]es ; G = Garço,ns . B4

MOSE].,IEINS?ECÎION ACADEMIQUEDE I'IETZ(suite)

POSTES NBRE EFFECîÏF NBRE d rhabit. d I instit .

RTMIITNG 938 72î WATSBROIIN 866 BOF VOIMUNSlER 490 70F URBACH-annexe 397 6ol'+c ROHRBACH 1208 g0F ACHEN 800 50F ENCT{ENBERG 1091 g0F EîTTNG 428 40F GS.REDERSCHÏNG 1301 90F KA]-,HAUSEN 900 66F MONÎBRONII 1711 120F PT-REDERSCHTNG 778 66r' 1 RAIil,ING 1731 120F 2 SIERSlHAI 102' 40F 1 ï., 1077 BOF 1 IiUNDIING +6) 40F 1 WTESVITIER 951 BOF 1 T?PIING 466 2+F I GUEB'IANGE(Han:c) 1195 40F 1 STEINBACH-âEIR. 290 40F+G 1 KTNGER 690 50F 1 IiECH 683 50F 1 EICIIEITf-annexe 232 4OF+G 1 S/û,ZBRONN 265 4fF+G 1 BTSlROFF 677 66F 1 BERG/VINTRA.I\JGE 50F 1 VAIITANTNG 652 80F 2 BINC}MVIÏ,],8 455 40F 1 ERSTROFF 567 40F 1 GROSTENGUIN+ann 930 tt4î 1 M/,XSTADT 500 40F 1 OBRIK 171 35F+G 1 RURANGE 435 60F 1 VAI/EBERSING 581 50F I VA],LERANGE t$5 36F 1 ADE],ANGE 454 44F 1 BAIûBIEDERSTROFF 950 B2F 1 DORNVIIIER 138 30F+G 1 FAULQUEMONl 1047 120F 3 { PONTPIERRE 900 BOF I TETING 1 sr-AvotD 3402 200F 4 BIEDlNG 347 37F 1 vol_r suite ... B5

\ M0SEILLE INS?ECIION ACADEIIIIQUEDE lvtETZ(suite)

!OSTES NGRE EFFECTÏF ISBRE d.thabit. d Iinstlt.

CARIINc-annexe 415 10OF+G I 4 I 'HO?IîÂ], 741 70F I IONGEVILTE 215'l 150F+G 2 TIOLBÂCH 206 20F+G 1 SEINGBOUSE 6,lo 40F I DIEBIÏNG 693 70F 1 FARSVII1ER 668 5'F 1 îEEDING 6,36 60F I ZII\M{TNG 4D2 36F 1 c0unm BB3 60F GOMIMIANGE 711 36F I OTTONVTI,IE 480 3'F 1 RICRANGE 280 50F+G 1 Rem/vansgERc 585 50F 1

},'IEIIRTIIE INSPECÎTON ACADEMIQUE DE NANCY - 1845

DnlE| || DEL/iREMTSd EÎFECTTF I tnArnoMENrl *-i**+,.| I I

archeville 1B3t 30F 285 FR.S BUC}IELBERG 183t 32F+G 73 BROUVIIIER lBOO 50F 30 DABO 1B?5 BOF 50 HOUBE 1837 aa? SCHAEFFERHOF 1B38 B0F+G 20 DANN ET Q.VENTS B4g BOF 120 DANETBOURG 1831 23F 15( écol. GUNZVITLER 1837 40F 15 BOIS DE CIIENE a..? aa? 60 I{ENRIDORF 1831 76F+G 12 HIIÎENHAUSEN 1B3l 40F 0 IJUTZEI,BOURG 184t ,a7 nilIfTEI'BRONN re4t a a? 72 B5

PosrES I o.u'obéd. EFFECTTF TRAITEI'MNT

UIÏLSBERG 1814 50F 72 FRS S1 J.KURZENRODE 1847 40F+G +o s1-tours 1837 66F 25 fessi TROTS-IfuiTSONS 1&27 * 126F+G 130 BIEBERKIRCH 1846 BUH], 1848 90F ;ôô 1838 70F B5 HARBERG 1811+?9 B9F+G 110 HÂRTZVIIIER 1837 o HAUT-CLOCHER 1842 s8F 100 HOFF 1841 t2F 110 HO1\N,{ARTÏNG 1834 60F 143 InI'TI\IERî .. .? 36î 20 TANGÂTTE 1843 50+7O 125 Fond. NÏEDERWIIIER a a.? 70F 145 Pl/iINE DE ïUAICH 1B38 125F 140 R3DÏNG 1837 50F 100 EICH 1842 35F+G 54 }ETIT-EIC}i 1e37 51F+G 75 RHODES o a a? 42F 144 WAISCITEÏD 1834 44F 200 BERT}IEIMING 1842 60F 175+15 BETlBORN aaa? 30F 123 BIRKENHOLZ 1831 18F ,\)2 DO],VING 1849 40F 110 GOSSEIMING 1845 40F 154 HIIBESI{ETT/I 1846 52F 196 MTTTERSHEII.il 1827 BOF 150 NIEDERSÎINZEI 1817 30F 132 ROIIIEIFTi{G aaa? 50F 95 SARR/ilfROFF 1840 50F 9O 2 ? S1 J.DE-BÂSSEI a a a? SCHAIBÀCH 1841 BOF 165 \IIECKERSVIILER ,aa? 40F 275 VÏETIX IIXIfiIM 18+7 30F 175 FR.IBOITRG a a a? 50F 190 BDRMERI}ÏG 1820 40F 14' HUNSKIRCH 18)7 40F 190 INSWILIER 18+2 64F 180 TENTNG r a a? 44F 200 Iti{OR 1e43 30F It=fond. ÏOUDREFING a..? 70F 200 IiiÏUNSTER 1826 BOF 140 RENTNG 1B1B loF 150 RODAIBE 1844 34F 130 WIRMÏNG 182? 60F 94 YfITTERSBOURG 1849 50F 1)2 BURTIONCOURT 1844 rioF 260 HABOUDANGE 18+z 60F 295 1Éj34 40F 185 GÂREBOURG 1837 40F 75 BF

BAS-RHIN INSPECÎION ACADEMIQUEDE STR/TSBCIRG

POSTES EFFECTIF lRAITEilMNI ÂGE DES I}ISTITUT. vïttE îo0r TBOFRS 43+28 BRE]TENBACH 150 600 34+25 ERIENVACH 110 300 27+21 MAISONGOUlTE BO 170 BARR aô 870 40+19 AI{DIAU 170 400+10 45+34+18 BT,IENSCHWIITER BO l5o+300 30+32 EPFIG 250 lo0 41ati)+28 NOîHA],TEN >v 300 25 REfSCHTEIT 120 400 34+18 lÀ W/TNTZENAU 300 780 41+22+20 KIISTETT on 400 32 SCHONENBOURG 100 225 q) V\IAHIEN}IEIM SURBOURG 160 600 41+27 !TAÏ,BOURG IU 31 II/DERSCHAEFF. î?^ àôô 65+24 SCTil'lIEÏGHOUSE 69 j2 Ï[EITBRUCH 106 300 23 TRUCHTERS}TEli/i BO loo 2L DURNII{G 50 230 ",7 IrVI],l,GOTTIIEII/1 37+22 GOUGENHEIM BO 120+160 24 4.1 l1TNZENHEIIJI 20F+G 2OO+53 ïl I/YÂIIIENHEIM 19F+G 2OO+25 SCITNERSrIEIM ;; DIIISIIEIIVi 130 700 )1+19 ERGERSHEIùT BO 400 43+26 VOI.T(HTM 120 200 44+29 VITi{GERSI]ETM 170 e20 31+2O FEGERSHEI}fl RA 950 3g+24 OI{NI{EIIVI B0F+G 400 STEINBOURG 40 GRAUFTAHI .;; )6 SCHOE}TBOURG 1OF+G 59 BERENDORF 50 1BO 45+22 TTERRBITZHEI}f UtJ

i.- : -fr Lt l&janvj.er 1}+5rltétat des postes et d.u personnel est le suivant

- l{osell-e : .56 écoles 77 institutri-c:s

- Meurthe : 65 écoles 69 rl n -P::usse : 1école 2 rl - Bas-Rhin : 37 écoles 57

- Iiaut-Rhln : 1 poste 1 institutrice .

Soit au total : 159 écoles et 206 institutrices en exercice.

Nous 1e constatons, la scolarisation se fait progressivemr:nt , voire rapidenent d.ans liBst. les filles sont nombreuses à fréquenter 1té- cole avant Itobli$ation. Ce taux éLevé d.e fréquentation scolaire ne serait-j-L pas attaché précisérnent au créd.it accordé à Ia religieuse- institutrice à qui lton confie et 1téd.ucatio,n morale et La forrration humaine parce que ctest une femme et une rel-iSieuse ..r? l'e fait est

quton les d.emandepartout , ces filles de la Provid.ence , et quron ne peut répondre à tous lles besoins.

Si nous relisons ces tablear.lx d.es postes où exercent les

soeurs d.e Saint Jean-d.e-Bassel no,us ne serons pas surpris par ltex-

trême variété dans les conditions natérieI].es faites à lrinstitutri-

c€. On y décèle Irinterférence d.es phénomènes d.érnographiqueset éco-

norni-ques , 1es pionniè,res de l-tinstmction publique féminlne rurale

se faj,sant presque d,ébiteurs auprès des comrmnes dans le but absolu-

nent d,ésintéressé d.tévangéliser par le tmchement de Itinstruction.

Itéco]-e est née d.ans le harneau grâce à ce bénévol-at consci-ent et vou-

lu. I,e but d.e Moye était pleinement atteint .

Quell-e est 1a nature des comnunes d'rexercice ? Sur B9

qui appelé les soeurs les cinquante-six localités d.e Ia lliosetle ont

population d'e milIe ha - de st-Jean , quatorze à peine dépassent une vol- bitants , sixl dont no,tamment Illontbronn, , , de mille munster, , Longeville sont d-e grosses aglonérations dtune à d.eux mi11e habitants. T,es institutrices sont alors au nombre classes à d.eux, parfois trois par comnunauté. Ces écoles à plusieurs sont pourvues sont plus fréquentes Cans le Bas-Rhin où près de 50 % Dans ces en - drun dcuble poste ; la si-tuation y est moins précaire. d.roits(t)rlessoeursontleprivilèged'evivreencommunauté' ni Heureuses sont-elfes donc de nravoir pas à affrcnter ]a solitud'e, et prési- 1a lourdeur d-e la classe unique, formule la plus répand.ue (2)' cément inhérente à la carte démographique le Bas-Rhin, 75 /" Que ce soit en Meurthe, en l\iosel-le ou dans l'a' de Saint- des postes ne comptent qurune seule institutrj-ce ' soeur d'e six cents, Jean se trouve r1e préférence dans les l-ocaLités de moins sont pas sept cents habltants.0r jusquten 1BJ6, ces dernières ne pas exces - tenues dtentretenir une écol-e de fil-les. 11 nrcst donc générale est aussi sif d.e conclure que la précarité de Ia situation féminine. IJn 1845' ce liée à ce caractère facul-tatif rle Itinstructiorr i genre d.e postes nous permet dtétablir Ie pourcentage suivant

100 Î-i eol i 30 70 6o 5o Bas-Rhin 30 tv n(t +

(r) Cf.pp.B3 à t5 : îableau des ?ostes en liioselle en 1845. (2) fbid.pp.t5 à B7 : Tableau des postes en Ilieurthe et en /rlsace.

^1 9O

Crest d.onc la Moselle qui bat fe record des postes à une seule ins-

titutrice ; le Bas-Rhin se d.istingue par d.es localités d"émographique-

ment plus inportantes, Les villages noyens comptant entre 600 et

9OO habitants au XIX& siècle (t).fr'u total, soixante dix-sept pour cent des postes occupés d.ans l-es trois départements sont à classe uni-

que.Nous sornmesd.onc arnenés à ccnclure que 1a congrégation*priori-

tairernent dans les villaijes à population moyenne. Ce mode d.rimplan-

tation rejoint point par point ltobjectif initial du fondateur (2) :

tr ...Vous êtes pour les hameaux Ies plus abandonnés, pour les end.roits qui ont 1e plus besoin drinstruction' "rl

Dtailleurs 1a ville nra pas besoi-n des services de l-a congrégation.

ElIe est abondsrirnentpourvue drenseignants, qutils fussent l-aiques

ou religieux.En Lorraine , Salnte-Crhétienne , 1es soeurs d.e la

Dcctrine chrétienne de Na.ncy et Peltre rayonnent à Metz et péri-

phérie, en i\ioselle occid.ental-e et dans les hauts d.e l-a Sleurthe" rt s.... ?our les jeunes fill-es de Ia bourgeoisie - dit H.Ccntamine (3)

tt des couvents comne celui des Dames du Sacré-Coeur ou de Sainte-

Chrétienne restaient presque sans concurrence avec les maisons ins-

tallées non seulement à Ilrletz mais aussi à , près de Sierk ,

à et à tsitche rl

Donc point d.e conpétition à lfendroit dtautres établissements

et ce par id.éaI. Ctest précisément toutes les autres jeunes filles

non bourgeoises, ce11es d.e la campagne que personne ne prenait en

charge que Moye comptait faire encad.rer . Au XVIII&siècle, voire en-

core le siècle suivant , campagne était synonJrae d'e msticité et

d.rignorance, parfois grossièreté. Salnt-Jean stapplique à les trou-

ver d.ans ce mond.e Partlculier.

(1)INSEE de Strasbourg: lableau:r d.e Ia populaticn aux dj?ers recen- sements d.epuis 1BO1 . Strasbourg. Di-rection régionale de ItI.N.S.E.E. T.,ivre des recensements p.B1 à 93. * exerce prloritairement . 91

Peu ou point dropposition non plus du côté d.u personnel laic.

Itinstituteur brigUe, et pour cause, Ie poste d,e Ia vilIe. Dans 1e village point de loisirs, point de cefcles d.rarnis ; 1e maître comme son homologue religieux, Ie desservant d.u lieu, sont encore 1es sei- Seul gneurs d.u village , donc cla1rstrés dans Leur prestige. , un re- venu fixe et un peu dtinstmction Ies d.istingUent du monde rlral

Iraitement souvent envié , en valait-i} réellement 1a peine ?

c) Un salai,re plus que nodique.

Au village, pas de promotion. on reste de troisième classe et na situation financère y est précaire' En 18491 le revenu noyen du maître dtécole en milieu rural est de 500 frs sril habite lrarron- d.issement d.e frietz, de 4OO dans cel-ui de Sarreguemines. (4) Son trai- tement fixe d.épasse rareaent les 3OO frs , 1e complément étant obte-

Bu par l-es fonctions annexes etla rétribution scolaire , d.e 20 cen+i:- :'.' times par mois seulement

Dans les bourgs et tres viIles, l-a situation d.u corps enseignant est ostensi.bLement plus scuriante. E11e lui permet d.e se classer dans les rantjs d.e Ia petite bcurgeoisie . ,, Passer dans Ie village et ne point y d.emeurer It se disaient les instj-tuteurs . Ncus comprenons à pré- sent pourquoi; d.tautant plus que X.récole rurale se

ItEst drun problèr:ne linguistique. Nous aurons Itoccasion dty revenlr.

(2)DIRECIOIRE1B5B op.cit.p. 348. (3)u.col.rAMINE@de1s14à1870Nancy1B32p.2o3T.II. (4)Itiaem p.204 et suivantes. 92

Dans le secteur gerrffanophone, 1e raattre d.oit déraciner lrid.iome

Local pour ]ui suppÏ-anter la langue nationale. Ce phénomène de

rnrlgarlsati-on d.e Ia langue française touche peu 1a vi1le où 1to4

parle quasi spontanément Ie français. Solitude, classe unique ;

salaire minimum, d.ifficulté linguistique , voilà ce qui attend.

un institutsur de campagne au XD(e sièc]e. 11 ne brigue pas ces lostes. La soeur de Saint-Jean lry renrplace alors .

Quren est-il d.u régime des instj-tutrices envoyées d'ans les

municipalités par 1a congréSation ?

ft la situation des soeurs institutrices étaient encore plus méd.io-

cre que ce1le d.es instituteurs car beaucoup d.rentre el1es ne tou-

chaient qr.le lOO frs trécrit H.Contamine (t). Nous pouvo,ns aiouter

que certaines ne recevalent strictement rien (2). lour ce qui con-

cerne Ie Bas-Rhinr la soeur touche entre 1845 et 1848 (3) 300 frs

(5) par an , éco]-age (4) et autres services paroissiaux compris .

11 f,aut toutefois faire ecception du poste d.e Durning où le trai-

tenent est fixé à 210 pour une classe d.e 5o fi-lles , Berendorf ,

1BO frs pour un effectif équivalent, Schcenbourg dont 1fécole ne

compte que 10 garçons et filles et paie )2 fvs à la soeur o

Ctest en Meurthe que Ia situation de Ia soeur est spécialement

méd.iocre (6). Jamais son traitement ne d.épasse les 100 frsr ser-

(t)tt.conrAMINEop.cit. lome II p.2o4 (Z)voir Tableau - Etat d.e Ia Meurthe p.B5 et 86. (3) r rl It Du Bas-Rhin p.BÉ. (4)Ecolage : IITTRE - frais d técole, droit que paie chaque écolier avant Ies lois sur La gratuité scolaire. fre montant en étalt fixé par le conseil municipal . (l)f,e regi-stre GRUSYnous fournit ces rapports financiers de Ia fa- gon la plus lnnpartiale, 1tétat nrétant pas destiné à la publica- tion. (6)Voir Tableau - Etat d.e 1a Meurthe p.B5 et 86. 9)

vlces complémentaires compris. 11 est au contraire nettenent ln-

férleur à ce montant et 1es tableaux d.es pages S3 à 86 nous per-

nettent tLtétabllr un salaire moyen de 150 frs. La Meurthe et la

Moselle sont des aires géographiques senslblement plus défavorlsées

que 1es clépartements ]lmitrophes. ltlndustrie ne sty d.éveloppe que

vers 1a fin ciu siècle et toute Itéconomle repose sur une agricultu-

re moyeruxed.télevage et de fe::mage ou de toutes petltes exploita -

tions rlrales. Nous avons déjà pu déd.uire ce d.éséquilj-bre économl-

que d.e d.eux régions très voisines à partir des habitations prénres

pour 1es soeurs lnstitutrices.

l,e traltement est-iI en fonction des effectifs ? Et qutà

effectif éga1, salaire éeal ?

ÎAB],EAU DES SAIAIRES ET EFFECTIFS DIUNE INSTTTUTR]CE ENÎRE 1845 Er 1Bæ .(r)

Effectlf Traiternent Effectif lraitement

?0 9O ûo 130 150 150 bU 40 50 70 90 2)5 40 75 90 50 117 172+4stère 40 BO 60 330 90 230 OU 150 66 120 BO 200 40 't2576 60 120 80 72 185 40 B1

" (1) A.ST J. Reglstre Gn.sy P.P. op;cit. Postes en Meurthe. 9+

I,a fantaisie d.es salaires pour des effectifs équivalents est absolu- raent surprenante. le traitement ntest d.onc pas en fonction du nombre d.télèves. Certains l-tattribuent au d.egré de compétence . Cela nrest pas évident non plus . I,e traitement semble plutôt lié au bon voul-oir d.e la commune qui pare d.tabord à d.rautres priorités avant de pourvoir aux besoins scolaires. ltécole ne jouit pas encor'e du crédit qulon

1ui consent cinquante ans plus tard . Si on l-ui confi-e Les enfants , ctest beaucoup moins pour l-es faire i-nstruire dans les connaissances profanes que pour leur assurer une éilucation reLigieuse.

Locaux, traitement, Ioger:rent, effectifs, tout d.épend.stric- temant d.e l-a communetant qutaucun texte ntexplicite ses obligations.En

183), l-a Loi Guizot la contraint dtentretenir une école de garçons et

1ibère l-tlnstituteur C.e 1a tutelLe financière en exigeant 1a rétribu- tion sous forme ile contributions. Le grand perd.ant au XIXir siècle t récole, ctest lrinstituteur du vill-age et par extension, 1a soeur d que ne tafonne aucun irnpératif inmédia.t drargent.

En plus du nontant fixé au buctget municipal, lierre ëmsy dé- taille la source des revenus de chaque lnstitutrice.

Grostenquin d.estine 1OO frs de son budget annuel à la maîtresse t

20 frs pour son bois c1e chauffage,et 100 frs dtécolagc. Kleinthal inscrit 60 frs au budget et complète par une corde d.e bois ( t ) ' 16

fagots, 70 frs pour 1a lessive c1ulinge d.téglise et 3 frs d.técolage

par enfant, soit 1BO frs par an pour ]es 60 garçons et filles qui

fréquentent la classe unique r1u village. Le prccluit d.e 1técoIage, du

(1) Corde de bois : lraité d.es l'{esures : unité de mesure . la cor- de d.es Eaux et Forêts vaut j,t:39 stèrcs, ce11e des tall1Ls 2r712. Cr est pour cette dernière unité que nous optons ; les vilains cle St-Jean parlaient d,e bois de rr taillis rr clans leurs cahiers de doléance. 95

budget municipal réservé à des fins scolaires, bois de chauffage com-

pris, srélève à 130 frs par an pour Ia comnruned.e Roclalbe . l,rinstltu-

trice de Val-l,aning reçoj-t 25 frs pour la récita"tion quotid.ienne d.u

chapel-et d.ans Ia chapelle d.u village ; on 1ui d.emandeen plus d.e ba-

layer cette dernière, dty sonner ltheure d.es offi-ces et drassurer Iten-

tretlen d.u linge dtéglise.

Commel tinstituteur qui ne peut échapper aux servi-ces annexes

d.e secrétaire de rnairie, d-torganiste, de maître de chorale, tous em-

ploi-s qui Le mettent en situaticn d.e d,épendance face aux notables du

lieu, maire et d.esservant en tôte de liste, la soeur ne peut se déro-

ber à ces travaux. I.,a paroisse attend, dtelle cette collaboration et

pour peu qutelle sty refuse, question de santé, d-e temps ou autre ,

on d.emande sa rmltation .

Le village de Seingbou.se compLète sa sonme forfaitaire de 15O frs par

4 quartes de bled. (1). P.urange en prévoj-t trois, Eich deux réseaux

(Z) d.e bled. pour la sonnerie.0n d-emandeà la soeur Ce Brrrderd.orf de

faire des hosties quron 1ui paie 1O frs, Langatùe 12 frs. Hommert fait

figurer dans ses comptes un mand.at à salaire fictif I la soeur ne tou-

che aucun argent . On ntest pas à une virtualité près.

?our les enfants pauvres ne pouvant pas payer leur écolagey 1es com-

mLrnes sont astreintes à subvenir à leurs frai-s de scolarité (:l

Ricrange consacre 20 frs pour leur instnhction, les nantis payant 30

frs quand ils ne savent pa,s écrire, 36, ceux qui se servent d-rune plume'

Ce sont les maîtres qui procuraient Ie matériel dfécriture à leurs élèves.

(1)l,IîfRE : quartes de bl-ed : ancienne unité de mesure contenant d.eux pintes. la pinte d.e ?aris valait 'près dtun 1itre. (Z)Réseau : autre unité de mesure probablement. Ni Littré ni le larous- se universef. ne mentionne ce mot. (3)Oraonnance du 29.IT.1916. 96

Rimling dépense 20 frs pour 1tl-nstruction des pauvres, Ies autres paien-i

9O centi.mes par an, soit 50 frs au total. longeville fixe à 20 frs

1técolage d.e 1té1ève qui peut payer ; au nécessiteux ell-e en avance 14.

I,a paroisse de Kinger a un généreux donateur quJ- ôuvre une fondation

d.e 50 frs pour ltinstruction d.es pauvres ; Qttonville se fLatte aussi

drune fondation de 20 frs. A fhedlng, 1a d.onation Bour renfloue de 85

rr frs Ie buCget annuel d.e 1a commune , montant qui sert à instruire

gratis dix enfants de 1a comnune ?t .

Variété, d-iversité, rien ne peut nous étonner à une époque

où le cadre scolaire se cherche encore, où Ies institutions sortent

timid.eraent d,e Leur coèon , en un rnot , au temps où Itéccle ntest encorê ni gratuite, ni obriga,toire ...Pour la population, pour les autorités

locaIes, la seaur de Saint-Jean est donc cefLe qui opte sciernment pcur Ia pauvreté et sty accommod-ed.e plein gré I ctest ceIle qui par-

tage leur cond.i.tl-on sociale. Rappelons-nous l-e nonbre d.e tcits d.e

chaume encore présents en 1B5O (1), la nourriture sobre des vil1.ageoi. de Grostenquin et alentours. Enfin, ctest une personne qui vit à la

canpagne et veut y demeurer saES prétenticn à la pronotlon. Dtoritine

t'fille paysanne, Ia d,e ttitoye" se con$nd. avec cette population c1ure1le sou-hai-te instruire . II lui est aisé d.e pénétrer d.ans ce milieu parti- culier et particulariste , de Ie comprend.re et de 1 raimer sans trop d.teffort. Souvent eIIe reste , commeeux, attachéepux valeurs terricn- nes séculaires qui régissent cette société mrale d.u ID(ls sièc]ô..

It CeIa se retrouve d.tailLeurs d.a.nssa compétence. Lire, écrire I co[rp- ter tt, Rtest-ce pas suffisant commebagage, à une époque où le curé,

I'e maire peut-être, et lti-nstituteur sont les seuls à ntêtre pas anal- phabètæau village ?

(i)ADM 119 riL1.2 ; 121 Iu. 2. SA COMPEîENCEPROFESSTONNEIIE.

Dans le viltage, Itécole des fiIles nalt sous Ie slgne cle la pauvreté et gard.e un caractère caritatif tant que ne Eie définit son cadre Iégal-. f,a soeur d.e Saint-Jean sty dévoue pour un I' vlI I'prix car sa prlorité est à ltinstruction plus qutà 1a fonction. Ltinsti-tu- ter,rr y d.ispense lfenseignement perce qutil en a fait son métler et compte Êur une réurunératlon colrvenabl-e, juste salaire pour service ren- d.u. La compétence d.e 1tun et de ltautre est à l-a mesure des besol-nS imalédj.ats , et plus ce corps se d.éveloppe, plus se précisent les ixn- pératifs d.e formation professionnelle.

a) le maître dtécoIe au XD(l-ssiècl-e. r?. En 1820, un maitre drécole saitrr lire, écrire , calculer

Stil a passé par ltEcole Normale de Strasbourg, la première en France, celle dtAlbestroff ou d.e l,tetz (1), il dlspose en plus dtun bagage péd.a- gogique consacré par un diplôme. Le contrôle des conpétences commencê

à prendre vigueur avec lrordonnance de 1tJ16, nentionnant à lrarticle

135 que les maîtres doivent posséder Ie brevet En 1619 , 1a circu- laire du 16 mars règle la question d.u brevet des congréganistes : le titre de capacité délivré par Ie supérieur d.e Itordre tient lieu d.e difilôme. Cette d.isposition est nnod.ifiée par une ordonnance du 12 mars 1831, remod.eLée par celle d.u 1€r avril de Ia même année . ],a 1oi

Guizot de juin 1833 net terme au débat en exigeant d.u maître dtécole deux modalités de brevet suivant 1e poste drexercice qutil occupersoit

(t) tt.tltçEfE$ op.clt. Histoire de lf Dcole Normale de Metz. 9B

Ie brevet supérieur, soit Le brevet éIémentaire par lequel Ie candi-

dat prouve quril 11sai-t lire, écri-re, compter et faire d.es clictée s

sans faute dforthographe e'. la congrégation continue d.e bénéficier

des droits attachés à 1a lettre tltobéd.ience, d.roits que proroge en

1850 la Loi Falloux. En 1845, e1le en a pou,rvu près de 170 institu-

trices (t ). Quelle est alors 1a valeur d.c cet examen d.e fin dtétudes ?

A. Prost (2) pense que longtcmps i1 ne fut qurune formalité le contrôle intervenai-t scuvent après 1a nomlnation de ltinstitu - teur ; 1a commission d fexamen visitait les maîtres en exercice . Pcuvait- on encore leur refuser le brevet, 1es chasser, fermer 1récole , urre

fois en place ? Ces coruiiissicns el-Les-mêrnes,aussi bien intentionnées qurelles pouvaient 1têtre, manquaient des critères nécessaires pour fixer 1e minimurn exigible. Itappréciation cle Irintelligence et du

savoir étaj-ent l-es seuls éléments qurils pouvaient examiner .

Ne soyons donc pas trop sévères qu.and.nous pa.rlons de compé-

tence . li l-a campa,gne,Ie maître fait ce qutil peut. Et crest seule- ment à partir de 1835tlorsuqrest instituée ltinspection primaire,Que

1?enseignement commenceà prendre forme dalrs son conte.nu, dans ses

programmes et dans sa démarche pédagogique. ,{i Ia méthode inrLividu-

eIIe, héritée du siècLe précédent, lron substltue Ia méthode dite mutuel1e où, d.ans une classe encore surpeuplée, un é1ève de Ia sec-

tion supérieure prend en charge son cadet dfune plus jeune division,

Lui succède la méthode simultanée où un emploj- du temps fixe fait cir-

culer le maître dtune division à Ltautre , tout en continuant cltêtre

assi"sté par son jeune collaborateur , le moniteur.

(t) A.ST J. Registre GRUSYP.P. op.cit. (2) ii.?RoST op.cit. p. 135. 99

Toutes 1es méthodes sont bonnesrpensait Thiers lorsquren 184a il af- - firmait encore rr:I,ire, écrire, cornpter, voilà ce qutil faut ap rr prepdre. Quant au reete , cela est superflu '

b) l,tinstitutrlce de Saint-Jean.

Dans 1a mêr:neétud.e sur lrenselgnement en Fra.nce aux xn(li et )ogs siècles, ?rost pense que 1a formation effective des congrége'nistes quton appelle ntest pas négligeable bien qutel-Xe soit couronnée par ce rf rf T'es congré- comrmnément r'Le privilège de la letùre dtobédience ' ganistes sont souvent supérieurs aux laiques t car leur noviciat , sril pas subord.onne 1'lnstruction à la fornation reliSieuse, ne la néglige

totalement 'r (f). Le problème est d.e savoiy'si 1a forrnation des soeurs lettre dtobé - était toujcurs à l-a mesure de ftautorité consentie à la parcouru 1es ra - dience. Pour analyser cet aspect, nous avons d.éjà

yons de La bibliothèqqe d-e Saint-Jean, sond.é le d-egré te compétence - des maîtres drétude et suivi La carrière dtune éIève institutrice du jusqurà son entrée en fonction. Nous croyons donc aVoir répondu t

' moins partiellement , à ce problème particuli'er remise A Saint-Jean, Ia lettre d.robéd.ience est généralement de quatre au à 1a fin drune périod.e probatoire de deux à trois ans ' ur8ence' p1us. 11 arrive qutelle soit d"élivrée hâtivement au gré drune d'fou- Lors de sa session d.tautomne , telle coÛlmunedécide bmsquenent desser - vrir une écolecLe fi}le. Sans avoi,r prévenu, Ie maire ou le que Ies soIlj-ci- vant frappent à tr-a porte d,e saint-Jean. Et suivant - maitresse teurs se font convainqrÉants, on l-eur octroie une éIève Ï'es dont la formation ne répond pas encore à toutes les exigeflces'

(t).R.PRosTop.cit. p.136. 100

directeurs corrigent alors Ia rapidité d.e Ia nomination par le rappel au novlciat, par tra for"rration continue au cours de lfannée scolalre.

Le réginne strict, propre à toute institution religieuse, les critères drad.mission, santé, équilibre psychique, dévouement, quotient intel- lectuel, ltautorité Anattérable du personnel d tencad.renent, confèrent

à ces titres tout 1e sérieux que Ï-ron est en droit d.tattendre de la hiérarchle conventueLl,e lorsqutelle sollicite Itaccord. de ltinspec - tion académi-que. En 1845, 26 institutrices de SaintJean détiennent une lettre dtobédience délivrée lrannée précédente. l,es autres en dis- posent d,epuis 1B0O (t). I,a loi Falloux entériae une situation de fait.

Tre tabSeau suivant va nous donner une estj-mation rapid.e d.e 1a situa - tion ad.ministrative des institutrices jusquren 1845.

TABTJEAUDES ]'ETîRES DIOBEDIENCEAU I1JJANVIER 1845

Années et nombre d.rénissions de lettres d.robéd.

1BOOr 1820,1" 1830.1 1840.10 1B1Oi 1822,3 1831.7 1841.4 1811. 1823.1 1B)2.2 1842,22 1813. 1824,3 1833.5 1L\43 . 13 1e14.1 1825.+ 1t34,5 1B44,26 1815,1 1826,2 1B)5.3 1816. 1 1827.e 1835.J Ê17.2 182t.4 1tj37.1O 1818.1 1829.1 1838.1O 1819.0 1839.1 35 autres institutrices ne sont pas m:nj-es de lettre dtobéd.i-encementionne Ie registre GRUSY

(t)a.sr J. Registre GRUSTop.cit. 101

f,a remise de 1a lettre d.robéd.ience fait d.tailleurs ltobjet d.run sérieux contentieux avec la maison d.es Vosges. tommei'tn établis- sement atrssi é1oigné peut-iI se porter garant cies capacités d'tune ins- titutrice quril nra pas forméo, quril nra pas suivie au cours de ses années dtétr.ld.e5quril nta pas ltreévoluer d.ans son éco1e professlonnef- le, drautant plus que se pose le problème de la langue maternelle ...? (t) L,rabbé Decker srinsurge contre cette subord.ination incohérente i

rr ....Je me disais en moi-rnême(...) r ce sera donc la supé- rieure de Portieux qui examinera nos novices (...), elle à laquelJ-e s tadresseront 1es communes qui- d-emanderont d.es soeurs, elle qui traitera pouÏ cela avec les cornmunes,elle qui enverra d.e nos élèves ét expéd.i-era leurs lettres d'tobé- dience,ellequilessurveillera,feralavisitede]-eurs écoLes, l_es changera, les révoquera à volonté ...ft qui pas à Cette vclonté d.tind.épend.ance sf explique. Le d-irecteur suit é- pas ses éIèves, connaît leur possibilité, sait 1es besoins locaux trangers à la section vosgienne qui habite et travaille exclusivement clans d.es régi-ons francophones , compte inspecter les institutrices Nous ren - qutil a lui-même formées. Dror) cet appel à ltautonomie. par Jean contrerons dans les archives des ]ettres signées les unes

Decker, les autres par Thérèse Iricurey (2)' Fallouxr les Tout en exploi-tant l-es dispositions des lois Guizot et aux d.irecteurs d-e Saint-Jean essaient dradapter leur enseignement institutrices besoins d.u temps . En 1800, 1810, 1820' 1830 leurs on ne leur apprennent à leurs éIèves à lire, à écrire et à compter ; Cependant et crest en demandait pas davantage. en 1836, certaiJres, liioo' continuent de se l- rancien contingent des plonnières des années on les presse d'ren- contenteu. de ces trois matl,ères de base i oT r partiellementrla 1an- seigner aussl , sinon simultanément du moins ruraux gue française peu ou point utilisée d'ans les secteurs 102

Certaj-nes sfy refusent, faute de possibilité matériel1e ; Ia nétho-

de dlte simultanée et préconisée par 1e fondateur no leur permet

les pas , pour révolutionnaire qutelle paraisse, d-rattelnd-re tous

élèves ; 11 est entend.u quron continue à cette époque drenselgner

d.rabord. 1rallemand. puis accidentellement le français grâce à la mé-

thod.e comparée ; rrous aurons ltoccasion dty revenir ultérieurement. - En 1844,1tappe1 à Ltenseignement systématique de 1a langue fran

çaise se fait plus pressant encore ; Ie monde rlral dans 1eque1 sont

i.mplantées leurs écoIes nty attachant pas dtimportance, certains

clesservants et co11ègues instituteur/accord.ant eux-roêmes peu de

créd.ità 1a langue nationale , 1a soupçonnant sôme d-tengendref d'es

ruptures au sein des familles si cet enseignement se faisait réelIe-

ment, 1es doyennes poursuivent leur oeuvre dtalphabétisation sur 1es

bases clu passé. Ce seront précisément e1les que Ies directeurs auront

à bousculer dans leurs habitud.eqét feront ltobjet de protestati-on

d.es mil-ieux universitairesi Nlétaj-t-ce pas une autre façon d.e main-

tenir Ia population dans une autre forme d'tignorance ? Cfest en 1863

que se fera l rul-time effort d.e tri- et que Ie grain sera passé au

crible. Mais ne d.ébord.ons pas plus longuement sur ce thème qui fera l.robjet de notre étude d.ans les chapitres suivants'

Sur Itart dtenseigner , Lrinstitutrioe de Saint-Jean dispose rune drun avoir appréciab1e, au niveau du contrôLe ae Ia d.ébutante d

part, de textes de référence dfautre part. Quel-s sont ces atouts ?

(t)li.s? J. I\mMorREDECKER op.cit. rr (z)a.st J. DoSSIERt' Lettres drobéd.ierce . Soeur Thérèse IEOUREYest d'es alors Ia supérieure générale attj-trée d.e toute 1a congrégation soeurs de 1a Providence. 103

c) Ses d.irectives péd.agogiques d-e première main.

Nantj.e de sa lettre cltobédience, 1a jeune institutrice qui tt, sait rtlire, écrire, cAlcu1er, chanter et tricotel coolmele lul

d.emandent à la foj-s son fond.ateur et les lnstructions offlcielles'

se rend. à son poste. Placée en Al"sace, eI}e est généralement ad.join-

te à une maîtresse de la divlsion supérieure (t)" En Meurthe et en

Moselle où l-es postes sont majori-tairement à classe unique (t)r elle

SerA seule. Parfois , elle nta que vlngt ans et se trouve en face

d-rune classe de 60,80, 1OOéIèves. firon convient qùri1 fallait pré-

parer des sujets solides !

Seule ou chaperonnée par une compagne déià rôdée au métier ,

la débutante est soumise à rnne initiation pédagogique pratlque pen-

d.ant ses quatre années drengagement temprsraire'(2)Ette rédige des

compositions, fait d.es exercices d.e grammaire, exécute des travaux

pratiques c1epéd.agogi-e appliquée, comliose d.cs lettres . Cf est une ha-

bitud.e bien ancyée à Sai.nt-Jean ! Ia jeune maltresse onvoie ensuite

ses d.evoirs à. Ia maison-mère où la d.irectrice d.es études les con-

trôle et les annote. L,a cand.idate a intérêt à se pencher avec sérieux

sur ses essais. Pour stimuler 1es ard.eurs, les résultats sont pub1lés

au tableau d.es communications et lors d.es retraites annuellesr toutes jeter les co]IègUes , ou vétérans, ou d.ébutanls, ne manquent pas dry - un coup d.roeil (3). Visitée périodiquement par son directeur Jean

DeckerrPierne Grlsy et Christophe Lanrette passaient chaque année dans

toutes les écoles d.es troi-s départeraents , on parle encore aujourd'rhui -(4) d.e cette calèche quti]S utilisai,ent pour parcourir les routes

(t)Voir Tab1eaux des Etats p. S3 à 86 d.e 1a présente étude. (2)[outes les données ci-dessus srappuient sur Itenquête de Sr KAMIIIERIÉCHERdéjà citée. (3) A.S1 J. Manuscrit de Sr KÂi.ItlERl,0cHEB-op'cit. (4)J.IIûILI$],M op,c j-t . p. 57 , 104

1?institutrice essaie de mettre en pratique 1es enseignements 1égués par le fondateur. T..,acongrégation dispose en effet dès sa création de textes écrits d-ont vont stinspirer très vite les associ-ations ca- d"etfies se vouant également à Itinstruction cles enfants d.e campagne (t).

Ils ont servi d.e matériau de base dans Itinitiatlon péd.agogique assu- rée au noviciat (2), Soeur &iarchand nous apprend que les novicês co-

Ftoient les notes de celLes qui ]es précédaient et y aioutaient 1es textes qui ne figuraient pas encore dans leur répertoire. l,es soeurs a.vaient donc effectivement accès aux instructicns c1elrlioye d.ès avant la parution du Directoire en 1858.

Certes, l ton peut objecter ques certa.ines pe,ges d.u moins r fai- saient da.te, IViais lioye était si intuitif d.ans sa connaissance d.e lren- fant que ses instructions sont d-emeuréesà Itabri c1uvieillissenent.

Nous verrons que ses avis eux soeurs d.lécole reposent sur des princi- pes fondamentaux d.e psycholorjie humaine que le ternps ne peut a1térer

Afin d.e nous rendre compte par ncus-mêmesdes directives péd.aSogiques de première main Cont ont pu bénéficier l-cs institutrices , arrêtons- nous quelques instants à cette oeuvre dans les pages consacrées au.x soeurs enseignantes (3). tr En écrivant fes I' I'.VIS AUX SOEU}1SD|ECOLE , lra.uteur est avant tout pénétré cle lrimi,ortance de l-f instruction des enfants. Lui que hante ce problème d.epuis qutil a, pa.ssé par une campagne abso- lument analphabète , 1e manque drinstructicn étant presque toujours

synonyme cltignorance religieuse et d.e délabrement deg; moeurs ,

(t)ntruCtOnfUttl 1910 RÂPPOLîSTIEILERp, 6 "...der erste Versuch zur Heranbildung von Schul-schwestern ... nach <1emVorbild des /ibbé lJoye.rl (2) Crest Jean Decker qui se réclame avoir été le premier à recueillir les enseignements épars de llloye Cf .p52. (3) DIRECTOIRE 1858 op.cit. - Avis aux soeurs dtécole .rr 105

soeurst la mission ôtinstitutrice ; exalte pour y encourager les puisque que 1réducatj.on d.e la jeunesse, il Rien nrest plus innportant d.elajeunessed.épendtoutelaviel';cettemissionestsiexaltan-

tequtelleapousséclehautespersonnalitésàtoutquitterpoui.

stadonneràcettehunnbletâche'dit-i1(1): de l tunisversité de Paris , rr. . .r ril_lustre Gerson, chancelier avaitquittétoutesr"s_-aignités<1ontiIétaitrevêtupour sefaire].tinstituteurdesenfantspauvlesdtunfaubourgde Ï,yon.LirdelaSaleavait-"utot"éàsonrichecanonicatd'e à 1réducation d'es enfants Rei.ms pour se aussi ll ' "on""""*" PaUVfgS " la famille donner en exemple' lui dont Moye est trop modeste pour se minis- de cuttj-ns Q), lui d'ont Ie corrptait parni les mieux nanties

tèreauraitpus'effectuerclansunericheparoissemessineetquenul quIexaltan- à }a portion congn:e. Plus besoln pécuniaire ne réduisait

te,cettemissionestencoreinclispensable,lesparentssereposant de 1 téducateur (3) : sur le savoir et la science et dtélever chrétiennement ]a rt ... 1'obligation drinst-ruire en grande partie sur jeunesse, 1es parents sren déchargent raison' que les^enfants sont vous.. ' Ils se figurenit avec tuin""' Ignorants eux-mêmesr 9u€ nieux que dans leurs rr torrr"ultot" qttils leur apprennent "'?

Cesd'ispositionssontvalablessiellessIaccompagFentdesnotions poursuit Ùloye. Aussi convie- élémentaires de psychorogie humaine,

t-iI1'institutriceàévitercertaineserr.eursinhérentesàcené.

tieretsusceptibfesdevouerseseffortsà1|échec.Lepremier

d.éfautàproscrireestlapréférence''tlaprédilection||commedit (4) d'u XVIÏI & siècle : Moye avec son langage dfhomme

1B?qoP':it'.1'69' (1) DIRECIOIRE vieil]e famille lorralne P'58' (2) A.M.ABEï,op;iï. - crrapitre-r : une iri pinscrornl-rere op'cit' p'67' ( 4) rbid . p.71. 106

rt ... Le premier d.éfaut, cf est 1a préailection (...) T1 est d.es enfânts qui ont des qualités naturelles, propres à 1es faire aimer. On est porté à stattacher à eux, et, par une .|t triste conséqmence, à mépriser Les autres "

Moye connaît 1a faiblesse humaine et prévient ses institutrices des pas travers da,ns lesquels eltres aussi peuvent d'onner. Elles ne sont exemptes de ltattrait naturel- que peut exer6er sur son éd.ucateur,

Jrenfant au physique agréable, au maintien vestirnentalre coquet.(1)

fr .,. 0n laisse ae côté ceux dont 1a figUre ne revient past dont ]fesprit est 10urd, bouché ou insignifiant, ceux d-ont justement lfinstruction demanderait plus de dévouement et de zèle...tt

Crest dans tcut son être que I'i1oyestindigne contre Ia ri'chesse se trad.ulsant autant dans la possession cles signes extérieurs de la richesse que dans l-a d-étentj-on d.u savoir, de lf intelligence et de lfattrait extérieur. IL est vrai que Ilauteur parle en homr:e du

XVIIIIiT siècleoù les beaux esprits font e.ncore fureur, où d-ans 1es lY'ietz, lton salons parisiens comne dans certains quartiers bourgeois de grand' regarÈe avec quelque mépris les ruraux sans instruction d-ont le en un souci est d.e faire face ar.rx épidéraies, à Ia misère, à 1a mort

mot. Une fil-le de ]a Providence doit se libérer de toutes ces contraln-

tes socj-ales pour srad.orrner au déshérité du siècle 2

rr ...f,e plus souvent, les enfants pauvres étant mal habi]lés er ayant un air malpropre, causent d-e 1?éloignenent et du Aégoât. Ce sont ceux-là pourJant quton d.evrait préférer aux auïres, parce que 1a, charité bien réglée va toujours au plus misérable.'.rl

l,téducateur peut aussi se laisser tenter , au préjudice d'u dénmni, clté : par 1e d.ésir très légitime d.e réussir, d-têtre apprécié , voire

(f) OfnpCIOIRE 1t58 op.cit. : tous ces textes se trouvent au chapi- tTe XIII intitulé i '' DES DEFAUÎS & EVITSR ET DE QUEIQUESREGIES A SUTVREDÀNS IIINSÎRUCTION DES ENFANÎS . P.7O à 77. NOUSTEN- voyons le lecteur à. ces pa6es pour toutes l-es prochaines citations' 107

rr .. . SOUyent aUFSl, on éçOute trop son amouT-propre on don- nant des soins excessifs à I tinstruction de certains enfants afin qtre leur sci-ence, paraissant avec écIaù, attire 1es louanges aux maîtres qui 1es ont enseignés...rr

?Ius que la réputation de bonnes institutrices qui réussissent parce rr, qureltres sacrifient r' les esprits lourds, bouchés ou inslgnifiants x rr la soeur de La Provi-d.ence d.oit privilégier lfenfant sur la bonne note, Sur Le rt bçtt tt rapport, s11r 1e rt bonrt renom . Une perSonne qui- d.onnerait d.ans ce travers manquerait à la foi-s sur le plan rellgieux et dans f.e sens de la justice :

rt ...Compreftez, donc que si en enselgnant vous ne suiviez que votre inclination naturelle, vous ntantriez point de charité et sans Ia CIIARITEVOUS NTETDS RIEN. COR.XIII.I.rr Vous n?au- riez aucun mérite devant Dieu ; vous nracquittetiez pas mê- me La d.ette que vous avez contractée envers Ia famille et 1a parol-sse ... Ainsi , vous ne ferez acception d.e personne ..rtt

Point d.e préd.ilection donc dont la victime €+énéralement risque d.fêtre le pauvre. .[utre défaut à évj-ter : lrempressement

rr ... Bj,en des personnes qui enseignent se laissent emporter, surtout dans Les cominencements,par 3tardeur du zèle qui 1es fait parler heaucoup et qui }es épr.lise inutilement ...rf

Un principe de pédagogi.e élémentaire do.nt ltauteur a expérlmenté le

bien fondé. Songe-t-{f à ses d.ébuts de rninir-stère, où, d.évoré par Ie

feu du zèle apostolique, iI stéparpilIa en parofes et en discours ?

Son argument est cependant dans 1a ligne de 1a réalité. Que}le est

la d.ébutante qui, pend.ant les vacances/nta pas préparé un savoir ency-

clopéd.ique pour 1a première rentrée drautomne ? Quel1e est la jeune

ému1e qui, }e premier jour de cl-asse, ne déc]ine à ses très jeunes

éIèves toutes l-es voyelles de lralphabet , persuadée qutils savent

déjà ? Que lLe est La maîtresse-débutante qui ne répond à ses propres

questions au lieu d tattendre 1a réponse de 1'enfant ? Enfin quel est

1e maître qul, au d-ébut d.e sa carrière, nrest pas épuisé au bout dtun 108

au bout d.tun mois, entraîné par son ardeur mais f,'atigué de la voi-x,

1tirnagination à bout d.e souffle , le découragement a.r fond d.u coeurt

dépité dfavoir clispensé un te1 savoir et constatant si peu dracquis ?

NouS, Les maitres d récole, nous avons tous passé par ces heures de t' prédilection I' consclente ou inconsciente , à laque]Ie est encfine fa

naturer pâr ces moments dfempressement d.ont prévient avec tant de pers-

picacité lfabbé i,{oye...! Son jugement est d.railleurs fort pertinent

car, ajoute-t-i1 :

tf ... Tres enfants sraccommodentà ce flux de paroles et nté- coutent Pâsr la plus grande partie du tenps" 'rt

1.es maîtres ainsi- enclins à lrempressement manquent feur véritable but .

r ... transportées hcrs dtell-es-mênes par feur feu et leur ar- d-eur, ces personnes ne sont occupées que cle ce qutelles rli- sent et ne prennent pas ga.rd.eau peu dtattention que ]es en- f,'ants prêtent à leurs discours . "rr

Pour ne pas donner dans Ltéloquence, Iloye propose quelques moyens pour

reméd.j-er à cette d,iarrhée verbafe, pour util-iser lrexpression drun

inspecteur primaire d.u )CK&siècle , srad-ressant à d.es stagi-aires lors

rune érence péclagogique . 11 faut ", clit-i] d conf " rr ... par}er avec frui-tt - se posséd.er soi-même, - ne Pas Parler beaucouP... 11 faut au contraire , parler peu à la fois ( '' ') Pour se faire entendre ... se répéter , (''') îl srexpliquer en diverses façons... rrIl T,a règ1e dtor est dans La contenance. faut en généra1 que 1es fr - enfants parlent plus que fes maîtres : ne voil à - t iI pas une

affj.rmation révolutionnaire en un temps où l-tenseignement ex-cathed-'a:

continue cte bénéficier de tout son prestige ? Puisant sa science de

l-f enfa,nt en lui-mêne, tr.cye étudie Ia terminologie à préconiser à

rnais d.e termes simples lrécole, soit " se servir non pas d.e bea.ux termes, 109

et à la portée des enfants...rr 11 faut d.e }a sobriété d-ans le langa-

ge pour susciter Itintérêt et soutenir 1?ettention ; i1 ne suffit pas 'lurj l t enfant soit attentif - c t est si reposant, d.es élèves aux

bras croisés, 1a tête haute, Ie buste droit, immobiles mais comblen

absentsr lresprit vagabond. et Ia pensée d.istraite ! - 11 faut aussi

qutil ait compris. Point drefficacité sans entend.ement t Âussi la naaÎ-

tresse asstrre-t-e1le par des questi-cns précises et variées un contrôl

]e permanent des connaissances :

if ... Tl- faut leur cLemandersouvent stils comprennent ce que lton d.it, stils répondent Oul, leur en faire d.onner ltexplicatlon pour voir stils ont réellement cornpris... rl

Sus à la forfanterie à laquelJ-e certains enfants sont enclins par la

vérification d.e la question elle-même. Cel-a est astucieux. Dans 1e

cas où 1e sens leur en aurait échappé, il faut leur proposer la ques-

tion d.tune autre façon. L,c et Co,,leSoleil rr sl farnilier à lrinstituteur

du XXlj siècle ne saurait rd-eux dire I

Le métj-er d.fenseignant est exigeant, soulillne iilic,ye.0n ne peut

y exceller que d.ans 1a riesure oùrr Ia naîtresse est unie à Dieu et Ie

pri-e sans cesse de bénir ce qufel-Ie d.it et ce qurefXe fait T

rr . o. Ctest Dieu qui pefmet (...) de comprimer en el-Ie son effervescence naturel-Le qui peut tout gâter d.ans scn enseignement...rt

Cette rlisi:osition intérieure , aucun cod.e péd.agogique ne fa prévoit i

crest d.ire que lrinsti-tutrice relJ-gieuse fait d.e son métier une spi-rl-

tualité quand.l-e ma.itre sf en fait un d.evoir. Crest une force drâme

particulière qui Ia soutient car son travail est éprouvant et pour 1a

soeur d.e Saint-Jean" Iiloye ne soupçonna.it pas que ses filles alleman-

cLes,conameil d.isait, auraient encore à surmonter 1tépreuve d.e la lan-

gue. L'tais conme hanté par 1a nécessité de connaître lrenfant autant qutil est impérieux de se maîtriser et d'e se connaître soi-mêmerMoye radresser t réitère qu ?il est cap'itaI de s à 1 él-ève :

,, ... Jten reviens à }a nécessité de se proportionner à la ca- pacité des enfants, et d.e parler toujours de manière à sten faire comprendre. Creàt Là un cles talents tres plus né- cessaires à ceux qui enseignent , et ctest par Ie d.éfaut de rr ce talent quton Pèche le Plus " ' le d.i.recteur veut des institutrices humbles et modestes : en adres- rr ... Que tle personnes croietit faire des merveilles sant d.e beaux discours aux enfants , et stapplaud'issent elles- nêmes de leur ha.bileté, tanclis que ces pauvres petits êtres ntont rien entendu du tout d-e ce quron leur a dit' "rl commeadofes- 1a peinture est un peu cruel].e mais ldioyenra pas tort. jeu autour de cent de d.ouze, trei-ze a.ns, i1 groupait ses camaraclesde aim3bIe- lui sous un poirier et d-u.haut c]e son perchoir l-es harangr'lait d-u verbalisme ? ment (f ), Serait-ce 1à quiil- aurait expérir:renté la vanité

Et d.e proposer une méthode qut11 juge absolument positive :

rr .. or, une excellente méthod.e pour se faire bien comprendre' " ten c rest d.texpliquer tous les mots, d.en passer eucun sans stêtre bien assuré s tils savent ce quril veut clire o..rr Credo à' Et commepour illustrer sa thdorie, il sug6ère,1rexemple d-u

expliquer en détail- 2

tr Demandez que chaque parole signifie, ce quriJ faut ... ce rt entendre par : je croi-s.. ' e en Dieu" ', le Père' " ", etc ' ni des Ilioye sait que le métier C.réducateur nrest pas d.e tout repos, et plus réconfortants. 11 ne veut en afarmer mais prévenir ses filles ce- leur d.emanded.téviter un troisième d,éfaut coura.nt mais funeste r

tui du découragement : voud.ra.it, il... Quanclon voit quton ne réussit point coiilne on conme on lrespérait, ltimpatience et ]e d.é6oût ne tardent de à venir pour peu quton se laisse aller aux suggestions ; (...) 1a nature i...t-o., =" figure qu'on ne fera.jamais rien que le qutil nty a rien à faire l-à où on est (.'')'0n ne voit

(r) F.Â.VfEYlÂlùDUne âme d tap'ôtre . p.19 et. 2a Jean-lYiartin Une-Ene d.tapôtre , le vénérable I'/IOYE' iltetz. Itetz 1901 ; ouvrage couronné par lriicad'émie d.e 111

rernplit-plus ses il moment dten sortir, etr en attendant, on ne devoirsqutàco:rt"u-"o""tetparmanièredtacquis...0nest moindre chose, ir- triste Ëabituel]ement, impatient pour Ia supportable aux autres et à soi-même " 'tr à Itimpatience de ï,ranalyse est subtile; tloye propose commeremèd'e }es oeuvres et 1à t iI cultlver la vertu théologa]e qui perfectionne Jacques 1.{.Poursuivant ses stappuie sur lrenseignement de lfapôtre lfauteur desrr Avis aux investigations dans 1e domaine ps}6|rologique, ,r créatrice de lten- soeurs dtécole suggère dtexploiter la faculté d'ispositi-on fant en lul racontant des histolres ' 11 trouve cctte thème: ItDes Histoiresil si importante qutif. consacre un chapitre à ce on peut rr Comne les enfants aiment beauccup entendre d.es histoires,

rrd"1t-i1 cependant et non pas conrn' leur en raconter ( 1), commenoyen

fin en soi. dn doit : qui sont tirécs rr ....1 9 - leur en choislr d-e sûres, commece11es auteurs iI exis de lrEcriture Sainte, ou de bons et fid'èl-es ; tepourcelaun]-ivreintituléHistoj-reschoisies...|| la curiosité na- Cette histoire ne sera pas racontée pour satisfaire à illustre: : turelle de ]tenfant mais pour servir dtexemple à proposr ctést-à- Ir ..,29 - i1 faut leur raconter une hj-stoire de quelque vétité, dire quraprès leur avoir fait lrexplication servir d.e preuvc, on leur *n trait d,rhistoire pour lui en des réf1' la leur "it"imprirner d.avantage dans llesprit et amener xlons...ll

pour se faire comprendre' lrait ïci encore , Moye propose un eXemple souci primordial pour tralt nous retrouvons dans toute son oeuvre son à ses futures insti- d.rêtre perçu par son audltoire,gùril stadressât dtusine ou bonng-à' tutrices, humbles filles d.e campagne, ouvrières de prédication' Dans torrt falr{à la viIIe, ou à ses jeunes colIègues r' il met se; son étud.e rr Marque de vocation à ltétat ecclésiastique , et peint pour 1es en amls débutants en garde contre re faux succès 112

convaincre 1e dépit des nouveaux vlcaires qui ont ma1 misé sur leur nouvel aurLitoire : (2)

'r .. .1es jeunes prêtres se proposaient de parler à un bel au- ditoire, et iI ne se trouve à leur sermon que quelques pau- vres paysans ; quel dommage ! I1s avaient préparé un d.iscours acacémique, croyant que tels ou tels messieurs, te1Ies Dames et Demoiselles sry trouveraient'''rr S'us donc aux beaux parleursr aux vantards r aux vanlteux' Point de tout préférence ; point de mondanité ; du calme et de }a maîtrise ; exploiter pour faire réfléchir 1es élèves : litloye excelle à tracer à un itinéraire exigeant mais combien dynamique à qui veut stadonner l-a noble tâche dtéducatrice. tr Déjà au chapitre II de sontProjet cles Ecoles , il d'éfinit

1es qua11tés d.ont doivent faire preuve les ieunes fitles qui se des- tinentàcetétat(3).T,esuivantstintitul-e'TCEQU'ELI'ESDOIVENT

SAVOIR ?OUR REI:PIIR UI\E IELIE VOCIiîIOIdrr.r'LtINSTRUCÎION F0NDAI\JIENÎÂÏ,E

POURLES I/j1,IîRESSESDTECOLE rrcomporte à el1c seule trente-trois tr d.ivisions dont*venons dtétud.ier 1es chapitres XII : lrlit'iPOR1,/iNCE

't tr. Aucun ma- DE I,III{STRUCTIONDES ENF.NTNTS", XIII : DIIS HISTOI;iES nuel de lecture ne ci-rculant, Ittoye publie pour ses instltutrices une jnCD( méthod.e quasi révolutionnaire sur son temps dans les chapitres

N MANIEREDI/LPRRENDRE À T'IRE /;Ud ENFI'NTSIICt )G'X " DE ]'IECR'IIURE ET

DE ITORTHOGRI,pi{Eff .Iilais plutôt que d.e paraphraser ce que d-it }'tau- (+) teur de ce nouveau traité de lecture, écoutons ses propres propos :

(t) ornncmrnr 185Ûop. cit. p. 101 et 1o2, (2) /r.IVI.ABEIop.cit. p.131. (3) DTRDCTOTRE1858 op.cit. p.9 (1) Ibid.em p. 109. * nous venons drétudier ... 113

fécofe rf ... pour ne pcint trop épuiser sa voix, la maîtresse d ne fera pas récj-ter 1es leçons de tous les enfants en parti- culier.Ce serait perdre son temps et le faire perd-re aux en- fants qui stamuseraient et causeraient tous , tandis qutun seul sera-it occuPé...rt

Moye préconise ici la méthode sinnrltanée ou plutôt co]lective à ltop-

posé de la méthode ind.ivid.uelle ; ceci pour deux raisons : ménager la

maîtresse et soutenir lrattenticn cle toute Ia classe. T,e travail isolé

fatl6ge les uns et 1es autres et limite fe nombre dtélèves à pouvoir

participer au travail. le temps est d.onc révolu où ]e maître, te1 1e

péd-agoguegrec,gloupe une poignée d'enfants autour d.e lui dans sa pro-

pre maison pour les ouvrir aux lurnières du savoir' Le système d'U pré-

cepteur enca,frant deux, trois, voire un seul é1ève de grande famille

estrlui aussi,désuet. l,a, masse ignorante et désargentée testait sa- groupes crifiée. l,e maÎtre dstXVIII& et XIX& siècles d-irige d-es de

Clnquante, quatre-vingt, parfois cent, cent-trente enfants ; i1 est

d.onc indispensable qutil roénage sa voix et ses nerfs sril veut a1ler pas au bout d.e lrannée scofaire. l,tenfant srennuie vite sril nrest

sollicité. T,a maîtresse lf interpelfera souvent et srr'brepticement

pour reméd,ier à toute Passivité z

rr . .. ElIe en nommera un qui récitera tout haut, et lcs autres - seront attentifs... E1le fera en sorte que 1e plus grand nom bre df enfants possi-ble récite chaque jour quelque chose d-e 1a Ieçon . o.rr rtisls Tout le moncj.eà la tâche et clu plus d.oué au plus réfractaire' porté ltenfant est astucieux quand.i1 ne veut pe-s travailler' I1 est

à Ia rêverie. Pour d.éjouer la routine d'e 1'appel par ord're alphabé-

tique ou la compllcité drun voisin bienveillarrt, la maîtresse veil-

lera attentivement à :(1)

( r )orngcrcrnn 1c58op. ci.t . p. 110. 114

tt ... ne pas nommer d.e suite, parce quf ils nly penseraient que lorsque lfon en serait à leur voisin et que leur tour devrait venir, au lieu qutil faut les tenir d.ans une attention conti- nuefle, toujours prêtes à répondre ; par ce moyen' ils répon- dront bien mieux, plus vite et plus aisément...rr

Lrenfant commet-ll une erreur, 1a naîtresse Ie reprend et cela toujours

en nénageant ses paroles. ies extinctions sont courantes d.ans le mé-

tler et une maitresse aphone met 1técole en liberté. fl faut aussl

prévenir ce maI. fr ... Sril- manque,la maîtresse frappera de 1a baguette ou fera quelque signe, pcur faire entendre que lrenfant a mal pronon- cé; alors iI tâchera d.e se corriger; stil ne le peutr elIe en nommera un autre, jusqutà ce qutelue en trouve un qui prononce comme il faut ; et si aucun ne peut Ie faire, elle parlera alors elle-même et prononcera le mot que 1es en - fants ont mal- Itl ...r1

que Ici aussi , l/ioye se montre maître en psychologie. II sait lron

est tenté d.e répondre à ]a place d.e L'enfantr Qu€ par impatience ou

11 manque cle maîtrise , on falt soi-môrne le travail d.cmandé. reste 'r ficlùle à son vieux principe qutil estirne excessivement important": ron tt . . . faire réduire en pratique sur l-e champ ce que l vient cltenseigner...rl

Crest {ufOnu qui déchiffre son texte, Ia maîtresse se contente de 1e

guider d.ans sa démarche, en veill-ant tout particulièrement que chaque

é1ève dispose drun livre individuel que tout le mond.esuit en même

temps. Crest donc }e livre unique et collectif qutil préconise-:

il,..Ifs auront tous Ie mômelivre ;(...) pour réciter leurs Ieçons ensemble dans un mêmelivrê'..tr

Longtemps ont existé dans les écoles autant de livres d.ifférents que

dtéIèves présents; 1e manuel unique est un atout à tous 1es points

d.e vue, pense IJIoye . Pour ne point lasser 1es uns, fatlguer l-es au- fr tres, laisser 1es paresseux se reposer et se d.istraire 1es génles

rt à tour de rôle lents , le grand. étève doit lire à voix haute, , réciter sa 1eçon, utili-ser l-e rnanuel qui se trouve entre les rnalns de toute la division. 11 est interrogé sur 1e conte-u du texte et s til est dans 1e doute, ce sont dtabord. ses camaraclespuis seulement

Ia maîtresse clans Le cas où ceux-ci ne pourraient pas venir à son se-

cours qui solutionnercnt 1e problème. Tout cela est fort astucleux

et basé sur des principes d-e péd.agogie active que 1Îon redécouvre sel'-:

fement un s1ècle plus tard.

Si 1es aînés réclament 1 rattention p€rrmanentede la maîtres-

se tant que celle-ci- se trouve d.ans leur section, il faut qurelle ac-

cord.e autant de sollicitude au petit élève partant à la conquête d.es lettres de lralphabet.

ri petits qui seulement à connai- . ". Pour 1es plus apprennent tre 1es lettres, e1le pourra leur faire réciter Ieu:r 1eçon ch acun auprès c1es grancl.s , ou, si Ie nombre des petits est plus grand, elle en asslgnera deux cu trois à chacun 'o'rr

L,a méthod-emutuel-le préconisée ici pour d.écharger 1a maîtresse occupée - dans Ia section supérieure est reprise à la fin c1efrempire autori 1r taire sous le formule du rnonitorat " ( 1) . le Règlement Scolaire d-e

Lraca,c.émied.e strasbourg stipule notamment ceci en 1859 :

rr ...les cleux premières d.ivisions reçoivent afternativement 1r enseignernent dj-rect c1uriraître ( . . . ) ; Ie maître profitera du moment où ce travail- comrïun - devoirs, révision ou écri- ture - tiendra fes deux sections simultanément occupées, pour 4onner ses soins à la troisième, ordinairernent d.iri-gée par des é1èves surveilLants. pour 1es élèves quril ne peut diriger en persoruler il- se fera remplacer par des monj-teurs ou surveillants emprun- tés e,ux sections supérieurês.. .rr

Ces textes officiels ne font que résurner la quinteseence de la métho-

cle d.éjà préconisée par iitioyepour ses institutrices. Âjoutons que ce

d.ernier c1cvait être très explicite car il créait Ce toute pièce 1réco-

l-e d.e campagne clont il fallait d.éfinir les cadres les plus é1émentai- 115

processus res. Ltapprentissage Ce la lecture se base sur le ay1Ia- : bique, systématiqueroent employé jusquraux théo"i"s -rlontesscri

il... et quand.1es petites filles sauront épeler, e]Ie pour- ra en faire épeler une tout haut, de manière que toutes les autres écoutent et soient prêtes à répondre, selon ]a rné- thod.e quton vient de dire.. ''t

Ira maîtresse coaïne dans les autres d.ivisions veillera à la sotidlté des acqulsitions en tr prenant cinq ou six à 1a fois eutour drefl-e pour leur faire réciter feurs 1eçons toutes ensemble) d-ans un{ nê- chaque me livreri . Cette insist.'nce surl^détention c1umôme livrglar 1e élève peut nous faire sourire aujourd.rhui où celui-ci a envahi premier marché, où la lecture est devenue (est devenu)lfinstrument de 1e livre ord.re dans la comrnunication moderne. Âu XIX& siècle encore, l,a fa- ne joue pas de ce crédit éviclent, surtout pas à 1a campagne. présen- mille y vénère et pratique le livre par excell-ence, 1a Bible ir l-técole tée sous forrne dtHistoire Sainte et 1e cathéchisme d.iocésain' frères à soeurs crest en généraf ltHistoire Sai-nte que lron se passe d-e irléthod'es qui sert pour la lecture et même 1cs exercices cle gramrnaj-re' clarté, actives faisant appeL à la participation d-e tous, sir'rplicité, et in- surtout maîtrise d.e soi, if stagit 1à dtune doctrine cohérente

telligente ; lrauteur a vu juste et l-oin' ' Moye propose Qui d.it lecture ' d-it écriture et orthographe rr gros doivent une dérnarche pédagogique lntéressante . Les caractères I'dit-i1 XXX' 0e1a touj,lurs se d.onner avant 1es petits au chapitre essê[- nous étome pour cet homme d.u xvIII& siècIe d'ont Ia fonction mainte- tielle était d.rabord. 1a préd.ication . Tout éducateur sait 'J.ifficultés introduisant ltim- nant que 1e syllabalre gradue ses en

(1)REGL,EI/mNÎEÎ INSTRUCTIONSRECI0RAI'ES op.cit. pi 51 de notre étude' presslop en gros caractèresr les lettres d.ininuant de volume et dres-

pace avec la progression de ltacquisitlon d.u nécanisme de la syLlaba- p)îo- tion. Au début du ISF siècle, Madamed.e Montessori généraLlse cÊ

céaé et ltétend âa-nsses jardins drenfants. Moye semble précéder il toutes ces lnovations péd.agogiquesen recommandantque : ... les 11 groÉt caractères d.olvent toujours se donner avant les petltg "'tr

falLalt y avoir pensé . 0n se dernandeoù cet hon:mea cherché cette al- science d.e ltenfant clont 11 fait montre dans ses ésrits ' 11 l-es pour me surtout. Partout où iI passe des essaims sfab4ttent sur lui de ltacCaparer qUe ce ftt en lorralne, sUr les bateauX, au cours Ses

d.lverses escaleg sur la route de Chine. 11 est un conteur remarquable'

11 possède donc en lui-nême tout ce qut1l faut pour réussir auprès

dreux et ctest*pulssance lntérieure qui le pousse sur les:rudes sen- t i-ers des fcndateurs -

Manipulation, découpage, collections, Moye veut du sérieux et d'e

I raceessible dans 1a préparation du matériel d.e cl'asse :

rr ... Pour nrêtre pas souvent d.ansla nécessité d'e d'onnerde nouveaux exemples, elles se serviront d.tBxemplescoupés ou col-lés sur du carion ; elles tres fourniront successivement aux enfants en commençantpar Les l-ettres simples, ensuite ôoublegret enfin des sentences. Elles recueilleront soigneu- sement 1es anciens exemples, à mesure qurelles en donneront dg nouveallx...rf rrtelles Moye entend par lettres simples celles qui ntont qutun trâit les les lettres lrJrfrhrl; suivent tres lettres doubles conmeu'n'm; el1coI|€ê11- rondes a, c, o, e ; 1eS hautes trb, drg, êtC. . .lfous utilisons

nnot sur Itorthographe au cha- Jourd.rhui cette progressiop, Un d.ernier 'r: pitre trentième du t' Projet des écoles (t)

(tlofngCfOIIlE 1B5Bop.cit. - toutes les citations émanentdes chapltres iffi xpr aeË pages tot à 104 déià nrentionnées. * cteét * ôette pulssance lntérieurê ro' 118

rr ... Pour ce qui est de lf orthographer ctest-à-d.ire de Ia ma- nière d.técrire correctemenù, il serait trop d.ifficile d.ren d.onner ici 1es règles...Sl les maÎtresses nf ont point d'e 11- vre pour ltapprendre, eI1es nront qutà considérer attentive- ment comment les notg sont écrits dans 1es livres qutelles Jisent".. ll

Moye se défend de donner un précis de grammaire, son but imméd.iat

étant de traoer Les lignes fondamentales d.tune dérnarche péd.agoglque généraLe.Dans Ie cas dtabsence de lexique gramnatical, lrinstltutrice est tout simplenent i.nvitée à se rnontrer inventive en glanant ltortho- graphe usuelle dans ses lectures courantes. Qutelle se contente d.u

répertoire que peuvent 1ui procurer ses propres lnvestigations. Ûiais voici un bref cond.ensé d torthographe grarmaticale :

rr... E1les dolvent savoir, entre autres choses, - que 1es nons au plurlel se terminent par une s' - et les verbes par ent ; par exemple, on dit au singulier: je parle, tu parlest 1l parle; et au Plurie1 : nous parlons, vous parlez, i1s parlent ...! rl

Ne saurait-ell,e qurapprend.re à lire, à écrire , à compter

selon les normes élaborées par Moye, à falre comprendre et réftéchir...

en se limitant au seul enseignement ainsl proposé, 1 rinstitutrice de

campagne disposerait d tun bagage pédagogiqugânnréciable.On ge 1ui in-

pose ni programme, nl tenue de registres, ni répartitions , bref r âU-

cun élément de ce qui constj-tue Ia vie administrative d.lrecte d.e 1ré-

cole. Des suggestiOns, des noyens , des noti-ons fond.amentales de

psychologle enfantine, et crest tout. Tle fr Cod.eMoye rr reste souplet

ouvert, assez Large pour sraccommod.erà 1févclution. Son institutrlce

ne se trouve jamais en contracllction avec les instructlons officiel.Les

t'à ré- quand el1e stapplique à " parler tre moins possible attend.re 1a

ponse de ltenfant, en ne privilégiant personne,si ce nrest le pa"uvre t

en 6taccomrnod.ant d.es situations naatérieIles les plus insolites si les

élèves d,evaient être privés d.es blenfaits de ltinstrrrction éIénentalre. 119

II. UN ENSEIGNEMENTPÂRTICUIIER AI-IIi REGIONS GEzu/IANOPHONES.

Sous des angLes divers et sous d.ifférentes formes r nous avons déjà abordé le problène linguistique propre à itEst; son incidetlce sur - 1a Vie scolaire est de premier ord,:e. Ctest 1ui quj- accélère lfévolu tj.on d.ans Le domaine de l- tinstructi-on élémentaire , appelant 1es maî- tres d.es régions gez'manophones à se recycler quand leurs collègues d.es provinces voisines songent à peine à se former méthod.iqueme,nt à leur métier.En classe, i1s util-isent une méthod.e attachée à ce phénomène l1ngu1sti-que. Dans lradninistration supérieure, toutes Les instrtrctions stagelrceni autottr des prlorités à consentir à ltune et lfautre langue.

1. UNE METTIODEAîT.{iC}IEE A I'HISTOIRE REGIONALE.

a) I,a méthod.e " comparée ",

lorsque ltenfant vient à l-técoLe, i1 est en pcssession drune

langue naternelle d"érivée d.e lrallemand. Cet idiome est loin d-e cons-

tituer ua langage littéraire; aussi 1e maître est-iI appelé à initier

son é1ève à une langu.e de cul-ture structurée. Point de difficulté par-

ticulière : i1 procèd.e à cet enseignement de la même manière que son

collègue en allant d.u connu à lti-nconnu, d.u simple au complexe et de

Itapprentissage théorique à 1tétud.e pratlque. Dans 1a premi-ère division

troisième le on apprend à lire o d.ans la d.euxième à écrire ; dans La

maître enseigne en plus 1a grammaire, lrorthographe et fe calcul' Des

réformes successlves vont hâter cette démarche d.ans lracquisition ;

eelfe de 1853, par exemple,introduit 1tétude sirnultanée de ftécritu-

re et d.e La lecturen celIe de 1868, une répartion programmée des c'1f-

férentes d.isciplines. Mais tand.is que 1e maître de Nantes fait cet en- 120

seignement en langue française, celuj- d-e liaguenau le fait en langue

allemand.e. Vers 1836, on den,ande à ce dernier d.tutiliser Ia langue

nationale ; ctest alors que se dlfférencie son enseignement d.e celui

de son co}Lègue ; à lfenfant qui vient en classe , il apprend- sirnul-

tanément et Le français et l-rallemand. Dans Ia division inférieure

itr pose les bases d.e la langue maternelle ; d.ans la deuxième divi- siôn,.il part d.u connu vers lrinconnue :Ia langUe française, absolu-

ment étrangère à ltenfant. Cet apprentissage ne débute donc que lors-

que 1.'enfant sait d.éjà lire sa }angue rnaternelle et crest par un

systène de comparaison quliI acquiert les nouveaux é1éments de 1ec-

ture dont la progression est l,:'ie aux difficultés d.u bilinguisme.Ainsi

si certaines lettres sont regroupées selcn leur ressemblance phonéti-

que et graphJ-que telles les l-ettres arori'u, d.rautres stacquièfent ox-

clusivement à part , 1a comparaison ntétent plus possible.Cette d.émar-

che vaut pour lracquisitj-on d.es sy1labes, du rnot, des règ1es gramma-

ticales et du calcu], chaque fois que 1a comparaison est posslble'

En fin cl"econpterllenfant d.es régiogS $êTln&Ir..,phonesapprend

d.eu- d.eux langues , ce11e d,ite nationale et celle d.j-te materneller Ia

1riàne prenant Ie relais de la précédente d.ès que la maÎtresse a tour-

né Ie dos, dr,\squtil a franchi le seuil de ]récol-e, enfin dès quril

veut communiquer rapidement avec ses camarad.es. En fanl11er hors ses

frères et soeurs, personne ne fait écho à 1a langue nationale qutil

voud.rait ntiliser ; ses parents ne le comprend'raient pas. Ï,a lan-

gue frança1-se reste donc lontemps une langue étrangère et d.e second

intérêt. On voit à quelJ.es difficultés }e rnaître de lrEst a pu se

heurter.lui-même est-i1 très convaincu d.e ltutilité d.e lrintroduc-

Nous réponclrons u1térieurement à cette tion d.e 1a langrre frnncnisc "

question. les prograrunes r eux , sont péremptoires b) Lremploi du tenps à lrintérieur du pro$Tammê' jour- Longtemps laissée à ltinitiative du maître, Ia répartition

tour . nalière des activités scolaires a flni par être cod.if,iée à son

Un enploi du temps unlforme devait ainsi mettre fin à des tentatives plus ou moins heureuses et aussi faciliterfua tâche d.es lnspecteurs. 11

est d.evemr le critère de base dans 1'évaluation du travail et enfreindre que lrhoraire off,iciel, ctétalt autant romrnettre une erreur pédagogique

manquer à ees obligations professionnellles' d'e ce que À Strasbourg, le règlement d.e l-racad.énle (1)rtt généralisatlon autres aca- pratlquent tous les bons maitres chez nous et dans plusieurs (1) 'r.. ' d.énles ...n, répartit sur rix heures les matières clu programloe quotidien tout clevant être passé en revue tous les jours' Le retour dtune d.es diverg exerciceg ne perrnet ni fatigUe ni oub1i, I,es 1eçons de lten- heure ou de troLs quarts (...) suffisent à 1a mobile attention tiennent fance.(...)La variété d.es sujets et leur répartition fréquente

Ies esprlts constarnment en haleine et en progrès "'rl car En 1t59-60, 1a prlorité est aé3à consentie à 1a langue nationale' rr pendant d.it 1e règlement en question , .. 'la ré';luction d.es heures

portera sur ltallemand'rr A Ia 1tété , dans quelques écoles rurales, rr concessicns langUe maternelle, lron réserve trois heures hebComadaires d'raeadémie de à d.es convenAnces respectablestf Et DelCasso, alors recteur pos- conclure r' ... lout le reste d'U temps appartient, Sans contestatiOn 'r slb1e, au progranme officiel, à 1a 1ol, à 1a France'

Pour souligner drune part cette originalité d'e lrenseignement d'rautre part d'e bilingUe d.ispensé d.ans lt$st et pour nous permettre proche de la réa1ité dfune nous faire une image exacte ou du moins tableau des horaires classe d.e naître au XIXlesièc1e, nous retelrons le eolurente'ire' ' proposé danS lracad.énie de Strasbotf$.Sa lecture pare à tout 122

IILBIEAU DE ï,?EMPïOI DU îEMPS JOURNIiLIER EN USAGE DANS

IES ECOIES PRIUIÂIRESPUBIIQUES DE IIACADEMIE DE STRÂS-

BOURG.FEVRIER1860 (1)

1&DTVTSTON 2æDIVISTON 3EDIVISION

DIV.SUPERIEURE DÏV. ÏNTERMEDTAÏRE DÏV.ÏNFERÏEURE

MATIN

ûh Inspection Dropre , té-Eintrée en clas 1 se-Àppel-Prière Bh5-8h35 LEçONde françs lDevoir de françs lEcriture au tab1. Eh35-9h Devoir d.e françs |mçOW de françs lEcriture à sa place th-9h50 ECRITUREfrançse IEcriture françse IIECTUREfrançaise ghSo-10h RE}OS SORTIE

10h-10h30 LEçONde caIcul I Devoir de caIcul lCalc.oral av.monit. 1Ohlo-1th Devoir de calcul I LEçOi{ de calcul lExercices de calcul 11h l,ecture d.es notes I Sortie en ord-re I Chant

thr-1h2, fEçON d.rinstr.rel ETIIDEd.rinstr.rel. Aprend-re PRIERES t}J25-1h50 Etud.e instr.rel. LEçONinstruct. rel.. et catéchisme th50-2h35 AlLd ( samed.i=géo') A1ld ( samedi-géo . ) lecture frse+naître

2}-35-2h45 REPOS ET SORTÏE

2h45-3h5 LEçONlect.frçse Etude de Ia lecture Lect ,+écrit .=tabI. 3h5-3h30 Rédact.texte frçs IECpN de lect.frçse Lect.alId.e av.Monit 3b30-4h Ï,ECONCOIIECîIVE EN FRÂNCATSA TOU IES DIVÏSIONS 4h lecture d.es notes Sortie en ordre Chant.

(t)aoau B.Rh.série T - REGLEMENTEÎ INSÎRUCÎIONSRECÎORÀIES sur Itemploi du temps dans les écoles publiques primaires de 1tacad.émied.e Stras- bourg . 5.II.1860.Îableau Ng1. dislons- Un enselgpement partlculier aux réglons gemanophones de lrEstr et tlic- nous précéttemnentr orientant Ie contenu, gUld'ant l-es néthod'es péda - tant aux autorités 1e sujet des rencontres dans les séminalres pour Ie gogiques . Effectivement on y parle du françaisr des méthodes lJtlgari-ser, de La né- d.ispenser, des écarts à évlter, d.e lfurgence à 1e le cheval d'e cesslté à le faire ainer. Jusquren 1B7Or Le françals sera problème est des plus cui- batall(&à tous les niveamx. crest d.ire que ce draucun débat sants dans Ï-rEst al0rs qurallleurs i-I ne fait lrobjet leurs rap - particuller. Commentles autorités sty prennent-el1es dans Ia progression ports directs avec les instituteuTE pour 1es aider dans

de cet enseignement ?

ECo],ES DE I, 2, SUR L ?ENSEIGNEMENTDU FRAI{Ç/rIS DINS I,ES P4RTIE AT,I'EIVIANDE.

pas ? a ) ?ourquoi lLe français ne progresse-t-ll amèrement d-u peu En 1861, 1es inspecteurs se plaignent encore de campagne' De leurs d.e progrès d.e La langUe nationale dans les écoles ' rapports (1) se dégagent les plaintes suivantes pas du français 1a langue habi- Les instituteurs , en généra1, ne font langue allemande d'ans l-eurs tuell-e d.e 1téco1e et se servent trop d.e la

rapportsavecleurséIèves.I,àplupartn'ontpointd'eméthodedans}a de cette manière aacun succès manière d.ont ils procèdent et ntobtiennent ce sont ordj-nairement 1es dans l tenselgnernent du françals.Drautresret part à ltenseignement exclusive- pLus capables, donnent une trop Large pratique et les exerclces usuels ment grammatical et négligent le côté d'e stexprimer en français' qul pourraient donner aux éIèves lthabitude 124

f1 en est qui font à ltall-emancl une part excessive; i1s présentent d.es élèves bien exercés à trad.uire en allemand tout ce qufil-s li - sent, rnais crest le seul résultat que lfon constate dans leur école, et 1es élèves sont embarrassés pour répondre même aux plus simples questions quron leur adresse en français.11 est une catégorie assez notable de maîtres qui ne stentretiennent en français qufavec les é-

Ièves de Ia première division (2)et font de fta1lemand.Ia seule lan- gue dans 1aique1le its srentretiennent avec 1e reste d.es enfants les instituteurs utilisent en généra} d.es livres peu faits pour leur f,aciliter leur tâche. Ils se bornent trop fréquemrnent aux procéd.és d.idactiques propremept dits et ne savent pas mettre en oeuvre 1es exer- cices cle conversation ou de langage et ce quron a appelé 1es tr leçons d.e choserr. Les instituteurs ne veillent pas assez à ce que les en - fants prennent l rhabitu'ie d.e parler entre eux 1e françai-s au moins à

LrécoIe. Le cathllshis:le allenand absorbe souvent un temps trop consi- dérable parce qutil y a un abus quant à Ia manière clont on procèd.e pour lfenseigner. Ils passent ordlnairement des heures entières à fai- re répéter aux enfants ce qu'iIs veulent confier à leur mémoire. On perd. ainsi un terrrps précieux, cet enseignement d.evenant, sous }a pres- sion d.u curé, la chose presque exclusive d.es travaux du maître. 11 y a d.es écoles presque désertes pendant Ia bel1e saison; les bons maÎtres ont d.es éco]es bien suivies; Ies maitres négligents abritent à tort leur négligence cLerri-ère cles prétextes i-narlmissibles ; 1f école dtété assure et développe lrenseignement Cu français.

(t) ADM 2f 12 . Rapports annuels des inspecteurs. A.ST J. à ltad.resse d.es ins- tituteurs de Ia circonscription de Samebourg et tenues à Nancy en 1961. Ce manuscrit écrit sur du papier ad.nninistratif de l racadémie cle Nan- 125

Si l-e français ne progresse pas, crest que 1es maîtres sont encore t indécis quant au contenu à enseigner et aux métbod.esà utiliser'

l,radministration va tenter d.e l-es définir'

et sections' b) Des méthodes à employer dans l-es cl.ifférentes matières borne Deux questions se présentent . Faut-i1 que 1e maître se recours à la 1an- à sfexprimer en français, baDnissant avec soln tout excluslve et gue allemand.e pour se faire entendre ? crest Ia méthod.e 1ta aussi rad.icale. On en fait usage dansales écoles du Bas-Rhin.0n ? convient-il, et crest appelée méthode synthétique ; est-elle valable quand' besoin Ia d.euxième question I QDe Ie rnaitre fasse de lrallernand', plus pronnp- sera, un moyen d.télucider sa pensée et de 1a faire saisir pour former ternent mais en recourant à la traduction orale inrmédiate rlire allemand' ? lrenfa.nt à rendre en français ce qui vient d.e se en dans les Ctest la nréthccle d.e transition ou analytique d-éjà en usage que 1a précé- bonnes écoles d.e la l{eurthe et convenant rnieux aux écoles un prograrnme parfai- dente . ],a so]-ution de ce problème se trouve d.ans

tement arrêté pour chaque d-ivi-sion' de 1récri- Dans la troisième division, ltenseignement cle la lecture, sirmltanément, ture conîrencera par }e françai-s; celui du calcul se fera mécanisme opéra- avec prédominance pour 1a nur:lération françalse ; l-e fes en - toire se fera exclusivement en français. Pour 1télocutionr en frangais d'es fants sercnt formés d.ès leur entrée à }a d.énomination en alleman'l' Ie choses d.e la vie pratique qurils savent d'éjà d'énommer En ins- maître peut staider d.e ltallenand pour se faire comprendre' dans Ia langue truction religieuse les pri-ères sont draborcl enseignées

Jean sur sa de- cy a sans doute été communiqué à 1a d.irection d.e St mande expresse. (e) pour les di-fférentes divisions se référer au tableau P.122. 126

naternelle. Les exercices de laÉgage sont d.e précieux ar:xiliai-res à la propagation d.u français; iI faut les pratiquer consciencieusenent. tattacher Dans Ia deuxiène d.lvision, le maître d.oit s à 1a compréhen-

sion du texte par des q.r""iiorrs en français, par d.es résunnés oraux , d.es explications de mots et cle phrases, le tout en français.Pour

I-téc{iture, veillen à ce que Ies él-èves cof,riprennent ce qutils écrivent.

En ca1cu1, exercices exclusivement en français, des problèmes simples.

En français, évlter 1a routine d-e I'enseignement grammatical; exercl-

ces pratlques de constructicn cle phrases; comparer oralement les deux

conjugaisons et en tirer 1es précieuses resources qutelles offrent .

Lecturerd.ictées et exercices drorthographe toujours orelement traduits

et expliqués.Les livres sont de peu d.tutilité dans ce travail.Dans cette

ditision , le maître porte ses efforts sur une meilLeure compréhension

des textes et ouvre 1réventail du vocabulaire frangais; en vue draboutir - à un usage plus courant de cette langue. Cet enseignement reste le nê

me pour la première d.ivision en srintensifiant toutefoj.sr en augmen-

tant l-a gammedu vocabulaire qui va d.avantage vÊre les mots abstraits'

en ntutillsant que rarement l-tallemand comrnesupport pour 1a compréhen-

sion. 1,e maitre y exploite surtout fes exercices de langa6er moyen prin- - cipal pour forner à lfusage habitueL du français. Grâce à ces exer

certaines erreurs cices , il pourra écarter maints préjugés et dissiper

populaires dans les générations montantes'

Cette rnéthod.e progressive et bien définie à chaque section ne saurait

porter d.es frults si le maitre ne mettait tout en (,euvre pour en 8a-

rantir Ie succès. I,rinspecteur et par lui lrad.mlnistration lui en dic- *sont te les normes essentielles d.e réussite.Ceg très d.lrecti.ves mais

efficaces sf il veut atteind.re un résultat rapid.e et tangible.

* Ces recommarrd.ationssont très dlrectives... 127

du français' c) Àttitud.e générale à ad.opter d.evant ltenseignernent oes régj-ons ger- Afi.n d.taboutir à la francisation effective prenne Ia ferme manophones de tigstl iI faut donc que ltinstituteur de 1técole' résolution de faire d-u français la langue habituell-e prerniers jours En questionnant lrenfant ou en lui parlant d.ès les que son éJève stexpri- d.e son entrée à 1'écoIe, le maître perraettra à traduire me en allemand., à la contlition de ltexercer lnméd'iatement manière qutau bout de 1es demandes et les réponses en fra,nçais, d.e soit tou- quelques temps lrautorisation cle faire usage de lfallemand

joursd.eplusenplusrestreint.Quel|enseignementdelalectureet srappliquera dès que d"e 1récriture d.ébute par 1e français. Le nraître à les d.ispenser en ces d.eux matières commenceront à se régul-ariser si lron y procècle a, lemanfl car ces d.eux enseignements se contrarient menés successivement' Débuter sinultanément rnais se secondent srils sont langue française drin- par lraflemancl serait charger Irintonation de 1a quotidien clré1o - tonations mauvaises et désagréables. Que ltexercice cutio'nsefassegraduellement,passantd.el'usageclel'allemandà d.e la langue maternelle eelui d,u français, le rnaître ne faisant usage cles termes, des expres- quf à titre d.e rnoyen pour d.onner Itintell-i8ence point compris 'Irtins- sions et des tournures quril rernarquerait ntêtre Les histoires les tituteur devra C.e bonne heure raconter aux enfants profiter de ltintérêt aes plus saill-antes de f rÂncien Testarnent et françai-se' bès que les é1è- enfants pour les faire reprod.uire en langue être formés sans relâche ves savent convenablernent écrire, ils doivent manière'qutils puissent donner aux conjugaisons écrites et orales d.e lrautre langue" rnrcê moment le la signification rapid.e clans lrune et d'es d'éclina'isons allemandes' maître indiquera 1es désinences usuelles 128

pe:met- Après cette étape dracqulsition, on procèd'era anx trad'uctions tant aux enfants d.e comprend.re ce quril-s lisent dans ]es d'eux langUes' des LrenseigJrement littéral du catéchisme se fera en allemand, celui prières également mais on amènera lentement lrenfant à Ie faire en ' français. I,rhistoire sainte sera enseignée dans les deux langUes

Tous 1es jours, le nraitre fera aux éIèves des exercices de conversa- vue d.e for- tion. 11 choisira des sujets intéressants et instructifs en les fa- mer Ie coeur, de fortlfier 1e sentiment moral et d'e développer ne cultés intellectuelles de ses élàves.11 variera ces exerclces et et déd.aignera point de recourir à des sujets ayant trait aux usages

aux besoins de 1a vle d.omestlque et rurale'

L,récole du XIX& sièc1e fait d.es enfants d.e ltEst des éIèves non seule- ment francieés mals encore bilin$il€8. La bataille d-e Ia langUe nationa- le est gagnée quand. éclate Ia guerre .

?rofond.émentinséréedanscecontexterégional particulier, ltinstitutrice d.e Saint Jean-d-e-Bassel poursuit son oeuvre pauvre tissée de éd.ucative auprès de lrenfance mrale. ElIe mène une vie elle ad.op- solitud.e et d.ésintéressement absolu.De son mifieu drlnsertion , Ce te 1e genre de vie et partage ]es problèmes linguistiques' sont trans- drailleurs eux qui vont inpri-mer à sa congrégation de constantes

formati-ons. régionale ? Con-rmentl rinstltution réagit-el]e face à cette contingence énorme machine scolai- Quelle sera lrattitude des autorités d.evant cette Irinstruction re qui plonge ses racines dans les prernières heures de et les misères ? primaire:urale d.ont elLe porte à Ia foie les grandeurs chapitre' lrétud.e de ces thèrnes fera lrobjet de notre prochaj-n 129

CHAPITRE lII

L'INSÎTÎUTTON FACE AU PROBI,EME

SCOLAIRS REGIONAI,

Si en entrant en fonction, lrins-

professionnel sinon ap- ,i5utrice de Salnt-Jean dispose d.tun bagage qui Jtaffecte sé-r préciable, d.u moins suffisant, 11 est un problème de lrintrod'uctlon rieugenrent à partir des années quarante. 11 sf agit d.renseigne - iràtive et souvent autoritalre du français comme langlre antérieur t ment. A cet égard. et isolée du contexte socio-culturel Au cours de leur on 1a trouve d.émunle, parfois franchement ignorante. qui à peine dire oui' tournée, d.es inspecteurs en rencontrent savent institutri- nrentionne Contamine (t). De 1à à conclure que toutes ces efles sont à 216 (2) ces sont lgnorantes , 11 nfy a qurun pas.En 1B+5, que les comnmnes contj-nuent et occupent 332 postes en 1870. Crest dire cette dualité ? de leur falre confiance ? comment donc expliquer pas précisément faire Pour répondre à cette questlon, ne faut-j.} popuLaire tlont elles appeL à des données sociales ? Issues du nilleu institutrices sont ont hérlté Ies habltred.es et les trad.itions, ces

en mesure de (t)H.CONTAMINEOp.clt.Torae II.Aujourôrhul , nous sommes comme ltaffirsration de rnettre cette àénératisation ei d,oute, tout peu armées pour une mrtation raplde et totale. Une langue ne srap- prend. pas en un tour de phrase, surtout si on nten voit pas lruti-

1ité d.rune façon aussi- évid.ente que certaines autorités scolaj-res.

Une fois initiées à 1a langue nationale, elLes ne sont pas prêtes à en faire étalage devant des étrangers. Ces inspecteurs , francopho- nes et zé]rés défenseurs dtune thèse dépourrme de réalisme social (4), jouent J-tatout d.e l-eur autorité pour constater les d.éfaiIlances. Ils intlmld.ent bon nombre d.e ces filles de campagne dont ltétat de vie ne les a guère préparées à stafflrmer devant des personnalités du

:'ang de Creutzer, Hanriot et l\l,aggiolo visant un seul but : ostracj-- ser ltid.iome rnaternel à nrimporte quel prix. Combien d.ifférentes sont ces révislons à celles qutelles ont vécues antérieurement t Leurs premlers visiteurs ftrrent leurs directeurs religieux (3), crest-à-

Clre d.es personnes qurelles connaissaient, qui Ies entourai-ent de leur solIicitude, 1es encourageaient dans leur mission d.ralphabétisa-

ïion tout en red.ressant 1es erreurs. Elf.es pouvalent sans cralnte de froisser les susceptibilités exposer leurs cond.itions de vie, sren

T.a page 202: 't Dans 1a région allernande, 1es écoles cle fil]-es t nombretrses, étaient nulles ; on y regardait 1récriture commeune acquisltlon dangereuse susceptible d.e provoquer 1a correspond.ance immoraIe...rr Cette attitud.e est totalement contraire à ltenseigne- nent d.e Jean Martin Moye. Si telle était Itattitude d.u clergé, 11 est erroné de la prêter à 1a eongréganiste, comme allant d.e soi. (z),l.wlr,tmlMop.cit. p.50. (3)Â.B.R.sérlerKB. i4) pans cette campagne de francisation, 1es principaux organes de d.iffgslon fqrent en Moselle Ie préfet Jaunez, Itinspecteur draca- démie Hanriot, pour Ia }ieurthe , ltinspecteur dfacadémie Maggiolo et son subalterne Creutzer. Nous reviend'rons plus loin sur cette que stion. 131

- remettre à eux pour ]es soulager d.e leurs effectifs parfois intolé - rablesn d.emander dtarbitrer certains d.lfférends avec les responsa bles muni.cipaux civils ou religieux. les écoliers de leur côté sont loin de faj-re les progrès souhaités, et ceLa pour bien d.es raisons attachées à leur milieu dtorigine

T,es comnunes songent peu ou à. peine à agrandir les locaux, à déd'oubLer

1es classes, à les monter en matériel, livres, tableaux, bancs autono- mes, cha.uffage régu1ier. L'lnstitutrice est alors paralysée quoiqurelle entreprenne car une réforme ne srimprovi-se pas subrepticernent et dans ce dornaine pas en calquant sur d.e lta.ncien. Par ai]leurs, la famille est sollici-te fe concours de lrenfant dans Ies travaux saisonnie.rs. on pauvre d.ans ces régions et toute main-dtoeuvre d.lsponible est mise à con-

',ribution aux temps forts de lrannée. Vendanges, ceuillette des fmits d.rautonne, d.u houblon (t), rentrée d.es pomrnesde terre et des bettera- ves, lrenfant est 1à pour seconder drabord ses parents. Y a-t-il- une viend'ra nai-ssance dans une famille nombreuse ? l,taînée des filles ne

plus quraccidentellement en classe ; Itinstitutrice reste absolument

impuissante dans tous ces cas, et ce ne sont pas 1es seul-s' a choisi Outre ces difficultés externes, lrinstitutrice d'e Saint-Jean les fer- en priorité les villages pauvres, très pa,uvres, les hameaux ,

mes isolées en montagne. ?laintes et doléances à 1tégard de son enseigne- tenir ment sont proportionnefles à ces facteurs sociaux d-ont il faut campagne

même- (1)A.B.R. série T - Canton d.e Haguel&u. Â Weitbnrch, par exemple, du 1ocal 1a salle de classe est mise à contribution. T,e propriétaire pendant ce y t ntrepose son houblon séché. l,tinstitutrice srabsente propriétaire temps. Sren suivent dénonciatlon et avertissep€Rt. Le n I erl libère pas pour autant son local. 1)2

toute 1a com- une incidence appréciable sur 1e comportement social de qui- en est issue' r:runauté villageoise, y compris celui de 1féd-ucatrice qui ne relève Ils sont assez puissants pour fa.ire obstacle à tout ce prendre Ie pas du libre-choix, Ia langue nationale par exenple devant ' relais d.rune langue maternelle fondarnentalement d-ifférente

cfest dans ce contexte socio-culturel que se d-éroule 1a lutte gagner' E1le pour Ie français. son introduction est une bataille à ntavaient pas tout trraurait sans d.oute été si Ies événements d.e 1C7O du fran- remis en question. voyons donc ce problème de lfintrod-uction

germanophones ma,is d.u côté des populations cette çais d.ans les régions

fois et non dans ltoptique universitaire'

I . ],III{TRODUCTIONDU FRANÇ/iIS

régions germanophones Dans cette vaste campagne d.e francisation d'es du Haut-Rhin et de 1tEst, soit les trois d,épartements du Bas-Rhin, de Ia d.e la Mose]le plus Ia partie orientale d.e Bitche-sarrebourg l,es mj-lieux adr:ninis- Meurthe, 1es attitud.es sont très contraires. profonde de la langue dru- tratifs sont pour une mutation rapide et 1e préfet de Metz I Pâr sage, 1a langue nationale bien entendu' ?our inspecteurs Hanriot et exempler le sous-préfet de Sarrebourgt les

Maggiolo,ilfautque,,d.j.sparaissecethorriblepatoisallemand'}a tt tr"'élever pour 1a France plaie de nos campagnes...tt (r) ; i1 faut gerrnani,que, cette France d'ont ils les enfants de race et d.e langge t' aCopter les idées(2) d.oivent parler la, langUe, aimer les institutions ,

(r) A.D.l}ii.2I12Ra;portannuelauconseildépartementald.efailioselle 20 j,uin 1E65. (2) ïbid. 133

où' tout fe monde lrinspecteur creutzer se prend. même à rêver au temps mêmechez parlera 1e français, ftenfant à Lrécole et dans les rrres, lui. va,ine il-lusion que 1e temps devait se charger d.e d'issipêr "'! I1s ne Mais les administrés ne lrentend.aient pas de cette oreille' d'ialeete pensaient pas qutils étaient moins français en parlant un

ptt être horrible et que les partlculier ; que leur langue maternelle des inva- gemanophones fussent de race germanique parce qutaux temps leurs pérégrLna- sions, Alamans et Francs ripuaires avaient arrèté là tions. Aussl réservent - ils au français une place secondaj-re'

1. PlliCE DU FR^NçAfS EN SECîEUR GER1!IÀN0?H0NE'

a)Priorité d.e la langue maternelle ' à ad'opter Irorsque stengage 1a querelle de 1a langUe de culture qutil faut con- dans Ies écoles, 1Îétat dresprit reste à la priorité crest un moyen server à l-a lliuttersprache. Drorigine germanique ou non, pour ne pas isoler d.fexpression séculaire quril faut nnaintenir' I'{ais paysr province totalement ces germanophones de lrensemble du une les écoles' Lr/ilsace d.éci-d.ede mener un enseignement parallèle dans d'e seconde lan- lntrod.uit Ie français dans ses prograÛmûes sous forme sera en pos- gpe.0n initiera ltenfant à 1a langue nationale quand if En 1B5Or les pro- session d.e la langue maternelle et alors seulement' favo- grammes scol-aires en vigueur sont donc loin d'têtre rad'icalement strasbourg restera rables aux nouvelles tendances ad.n,inistratives. mixte.son inffuence nrest longtemps une métropole bilingue de culture séculaire' pas contestée parce qurelle naintient Ie patrimoine plus tranchée' En Meurthe et en Moselle , 1e d.ébat prend une tournure 134

Metz et Nancy, cap5-tales intellectuelles et commerciales parlent le français d.epuls longtemps. Comme1a majorité d.e leurs divislons ad.- ministratlves, ces deux berceaux d.e Ia culture lorraine se trouvent, contrairernent à l-a vil1e de Strasbourg,en d.eça d.e la frontière lin- guistique qui srétend du Donon au T,uxembourgo

Pour la Meurthe , Les cantons d.e Phal-sbourg, Sarrebourg et Fénétran-

Bet coupés artificiellenrent depuis Ie partage de i802 d.es cantons germanophones limitrophes constj-tuent une entité ninoritaire faci-

1e à maîtrj-ser. lrinspecteur Maggiolo sty emploie avec zèle, soutenu par un prélat étranger à la réalité sociale que pertulbe ce phénomène linguistique.

En L{oselle, ctest lrinspecteur dtacadémie Hanriot et Ie préfet Jeanin qui nènent tannbour battant Ia lutte pour Iri.ntroductj-on du françaj-s.

Doublé

1836, 1850, 1863 en marquent 1es principales étapes. La bataille est plus âpre d.ans ces deux académies parce quron y est plus exclusif (1)

Et crest précisément cette intol-érance pour la langue maternell-e qui va provoquer une véritable levée de boucliers.

b) l,es foyers de résistâflcê.

Peu sensible à 1a nécessité de faire de Ia langue nationale r la langue d.e lfécole par 1félimination pure et si-mp1e de Ia langpe mater- ne1Le, 1a population oppose à 1a réforme des noeuds de résistance t

(t)C,may La lutte pour l-e franeais en lorraine avant 1870 . 135

tantôt sourde , tantôt ouverte qui mettent un puissant freln au mou- vement de francisatlon des milieux gernanophones.

Cfest avant tout 1a canpagne qui résiste à ce progrès qufon veut lui imposer dren-haut et plus le village est é1oigné de Ia viIlet plus il stisole dans son particularisne. 0n nty voit pas lropportu- nité drune langue q'uto.n ne connaît pas, dont on ignore les arcanes, d.ont on ne srest jamaj-s servi pour traduire sa pensée.0n Ia soupçonne d.e vouloir déraciner ltavoir linguistique, d.érnuniquron serait dtun mod.ed.e culture, cl.rune façon de penser en aucun cas incompatibles avec Ie sentiment patriotique. T,a fanille craint que ltusage d.tune langue quf ignorent l-es parents nrengendre une rupture entre 1es géné- rations, séparées par de nouveaux nnodesdtexl:ression. Ce rai-sonnement juste eh certains polnts ava,it toutefois des l-imites. Une analyse su- perfici-elle de ce problème eut 1e tort de ne retenir que ces limites ( t )

Capteurg d,e la pensée profonde d.e 1a population , ardent défen- seur d.e ses intérôts, le clergé oppose une sévère résistance à Ia pro- pagation d.u français. Suivant les régions et parallèlement à la viguerrr des noyens mis en oeuvre pour 1e triomphe de la langue nationale t certaines autorités religieuses s ?opposent violemment à Ia pénétration t. incol{Tionnelle du français.

En Âlsace, on avait eu la souplesse de mener les deux enseignements

en même ternps par respect des principes élémentaires de psychologi-e

enfantine et de valôurs humaines non nég1igeabIes. (Z)nn li.ogellle ,

(t) G.l\Iay Op.cit. Cette étude fait précicéraent preuve de manque de pro- fondeur d.ans ses ana1ysec.Elle ignore volontairement ltaspect so- cial d.e ce problème et débouche sur une conclusion non rnoins super- ficielle , notamment Ie triomphe d.e Ia langue française. (2) ADBR . Règlernent et instructions rectorales op.cit. T122 de Ia pré- sente étude. H'COliTliMINEop.cit. I[ome ÏI. 136

par cotltre, 1e plan d.tétude veut rend.re prioritaire 1a place d-u fran-

préconise la méthod-e çais. Du jardin d.renfant au cours supérieur, il directe, ltallemand restant un moyen à utiliser en clernier ressort et non une fin. . Ce ne sont pas seulement des nrobil-es humanitaires qui poussent le clergé à se rangcr dans Ie camp de ses fidèles. II craint pour 1a paralysie de sa mission spirituelle. 11 redoute que lrenfant scolarisé en langue fra.nçaise , ne comprenne plus son caté- chisme d.iocésain, clevienne par conséquent irréligieux et srécarte du chemin habituel de la foi chrétienne. II fallut donc convaincre cette I'milice spirituelle'r (t), soutenue Cans sa résistance par o son évâque de lltoselle, Mgr Dupont-d.es-Loges. 0n ne change pas rr impunément 1a lang:ue d.run peuple , affirmait effectivement celui-ci et joignant ltacte à 1a parole, interd.it en 1846 lrad.mission à Ia prenière communlon des enfants qui nrauraient pas appris à lire Ia langue allernande. Vingt ans plus tard., i1 se prêta cependant aux né- gociations, ]a langge française ayant pénétré da.ns tous les milieux'

Certains membres du cl-ergé gard.èrent obstinément leur virulence jus-

pour 1es qurau bout , attitucle qui fera dlre à lfinspecteur CreutzSr

années 1563-1566 : tr Sril ne se livre plus à des attaques rLlrectes, rt on est loin de pouvoir com.pter sur lui . (2)Ctest un de ces prêtres

que 1révêque de Nancy nommaà 1a tête d.e 1a congrégation de Saint-

Jean. (3)ct étaLt l-ui rendre un fâcheux service.

Ltopposition à la francisation venue des maires sratténua a-

possesslon vec 1es années , dans la mesure où ils étaient eux-même en

de 1a langime française. Certains, en généra} l-es me"ires d-es villages

à IOOO, I5OO habitants, prêtèrent leur concours aux autorités sco-

laires pour Srinserire en faux contre une partie clu corps enseignant

lui-même. 137

Issus eux aussl du nilieu populaire dont ils soupçonnent lrinquié-

tude vis-à-vis d.tune réforme qui bouleversera totalement leur mode

d.e culturet une tranche importante de maltres d.téco1e résistent au

renouveau. Mais pour eur , le combat est vite rég1é, Ie camp ad.verse dleposant d.ratouts remarquables par Ie tmchement d.es inspections .

H.contamine situe ces noyaux d topposition dans une régi-on très pré-

cise de ltEst de La Mosel-le . fr f.,a zone orientale dont essentiel-

leroent ltarrondissement de sarceguemines, constitutait, encore

après 1865, un centre de résistance red.outable. Dans bien des loca-

lltés 1es objections (...) y venaient non seulenent d.u desservant ,

mais aussi de lfinstituteur et du naire ...r (4).gt de citer des

localités très préclses , très voisincs de Ia frontière allemand.e : rr ... Fa1k, , Nied.ervisse, rritteling, Grund.wirler, Hambach,

Hunclling, , sturzel,bronn, Grostenquin...rt (5).En ltr{eurthe, rest c le seeteur de Bltche - Sarrebourg qui fait principalement

obatacle. Le temps rend.it ces réfractaires minoritaires et lfins-

tmction d.es garçons finit par staligner sur 1a positlon officlelle.

G.May parle avec onction d.u triomphe du français d.ans les écoles de

garçons . limitant son étude à quelques rapports, son analyse ne

pouvait d.éboucher sur une réa1ité concrète. (6)

( I ic.nqaYop.cit .p.174, (2)A.M.M. série I - r,iasse Ecoles primaires 1s6o-1tl65. le vioaire général Irfiassons tinscrit en faux contre cette thèse d.evant le Conseil académique : 1 I 1j. (3)Cf. chapltre I p.31. (4)tt.connAMINEop.cit. Tone II p.Z4O. ( 5) rbid . t6) ta concluslon de Contamine est plus proche de la vérité quand.11 rr. f dit 3 ..l oeuvre d.epropagatlon d.u françaisrcomnencée(.;. )en 1833 (...)avait tLonnéd.es résultats consid.érabies, en particulier dans 1a région de fhionville.(...)ils étaient égaiemenlsatisfaisants dans les cantons de il{etzervrisse,FaulquemontrBoulay.Venaient ensuite les cantons d.e-sierkrCattenon, Sarralbe, Saint-Avôld.rBouzonville, Forbach, où 60% d.es élèves savaient convenablement 1e français. 138

Si certalns instituteurs se montrèrent réticelrts, voire hostiles à

I tintroduction de la lalgue françai.se, des collègues rellgieuses ne brillèrent nl par leur d.iligence, ni uême par leur savoir. Ifins- truction des filles étaient entièrement entre leurs mains, outre les classes mixtes des hameauxet d.es annexes. Et d.ansles secteurs germanophones à ltintérieur tte la frontière linguistique, soit la zone brtlante, ltj-nstrtrctlon était entièrement assunée par l-es rr

Ellles de Moye rr ou soeurs d.e Saint-Jean de Bassel.

c) Les institutrices de Saint-Jean.

En Meurthe, sur 1es 75 écoles de filles des communesde 1an- gue allemanôe, 1es 75 postes sont dj-rigés par 1a congrégation. Sur

Ies 349 instltutrices de 1a Mose1le, 76 viennent d.e Saint-Jean. En

/ilsace, elles occupent 36 postes en 1840 (t). les charges contre ltenseignement quteltres d.ispensent sont énergiques, implacables car stinscrlvent ti.ans ce clinat de résistance et d.e forcing scolaire qui agite ltEst germanophone.?artout on d.énonceleur médlocrité ; les rapports les accusent drincapacité et d.tignorance de 1a langue fran-

çaise. Mais ce sont des proies faciles que ces filles d.e campagne qui ntacceptent aucune situation ambiguô, aucun fard, aucun désir de plaire ou de contrefaire la vérité. Crest d.evenuun nythe que cette ignorance d.es soeurs de Saint-Jean. Un exenple nous permet drillus- trer cette attitud.e collective où d.tun cas spécial on falt une gén6- rallsation confortable,Le 3 tÉiJr 1S64, 1e conlté ttépartemental de

Cette proportion descend.ait au-dessous d.e 5016dans les cantons d.e SarreguenlnesrGros-lenquin rVofunqnster, et elle ntétalt guère que clrun tjGtrs d.ansceu:r de Rohrbach et cle Bitche...tt Op.cit.p.242,

(t) À.sT ,L lggiEjIg_$BUEI oprcit. 139

ltlnstmction Publique de l{etz se réunit pour d'feeÊer un nouveau bilan de la si.tuation scolaire. Une nouvelle fois lton cite 18 ins- titutrices de Saint-Jean ne sachant pas le français. Le vicaire gé- néyal Masson qui fait partie d.e la commission épiscopale denancle la liste exacte des personnes concernées. A 1a séance suivante t cel-Ie du 27 juillet 18541 le chiffre est ramené à 7 , ces 7 écoles appartenant non poi-nt à Saint-Jean mais à Peltre . Que certaines de ces institutrices étaient incapables aussi bj-en d.ans la connaissance de Ia langue française que dans leurs méthod.ee péd.agogiques propre- ment dites, oela reste néanmoins incontestable, rm leur nombre im- pressionnant, la caducité de certaines et 1es cond.itions matérielles rudimentaires qutelles continuent dtaccepter. Ce ne sont cependant pas toutes ou ltense4ble du corps enseigpant formé à Saint-Jean. l,reffort d.tad"aptation entrepris dès 1B4O en est une preuve. (1)

2. T,E ?ROCES DE COil{PEfEI'iiCE.

rinstnrc- Si 1es rt Fi11es d.e IVIoyetf sont les pionnières de l

tion publique :rpa]e, leur enseigfrenent est enpmnt d.e granëeur certes

mai-s aussi de faiblesses lnhérentes à sa précocité précisément et à nâissante' son vieillissement face à itinstitution scoia.ire officiel]-e

(1)ADM 2 T 12 Iùapport Didiot Metz 12.Y.186). i rr" A.DIII1 I 15 : séànces du 3.VI .186) et du 27.vIL1s63' 'à lroccar sion de la lecture clu proeès verbal qui mentionne-1tqi-stence d'ans 1e département d.e 1B institutrices lgnorant complètement 1e français Mr le présid.ent informe quf il résulte d.e renseignements précis(. ") par que cette situation (...)se trouve améliorée dans 11 communes it*eSonction (...)drune jeune postulante en mesure dreneigner Ia-lan- gue française et qutil nty a en réaLj-té que 7 écoles de fill-es où Présid'ent ltenseignement d.u françals reste encore impossiblg.lt]r ]e générale cles soeurs se fonde sur 1es promesses d.e lVrrmela Supérieure seront prises'rr d.e peltr" porr"-àoin"r (...) ltassurance que des mesures 1N

De cette ancienneté qui renonte au siècle précédent, du caractère

carltatif initial de sa mission, on ne peut plus tenir compte. Et

ses faiblesses sont mj.ses à nu parce qufelles illustrent le tbème

d.e la poIénique à Lrord.re d.u jour.T,e d.ilemme pour 1es instj-tutrices

cle Salnt-Jean est crlel; faut-il abandonner ces mmltiples harneaux ,

&nnexes, petlts villages de 20Or50Or7O0habitants sous prétexte que lire, écrire, compter et comprendre Ie catéchisme ntest plus suffi-

sant surtout quand cet enseignement est d.onné en a1lemand. ? Car abandonner un poste signifiait faire retourner vers I rignorance la fil1e d.e campagne qutaucune Législatlon ntoblige à fréquenter 1técole,

Eh ! bien; lfinstitutrice court 1e risque de sa réputation pour que, ni La fiIlette, ni l renfant pauvre habitant d.es villages sans rêssour- ces ne soient une fois de plus sacrifiés ; ctest à ce prix qurelle consent à poursuivre sort humbl-e missionl sf efforçant d.e se mettre à jour d.ans le d.omainedes connaissances indispensables comne 1ty so1- licitent et ses supérieurs et ses chefs hlérarchiques (t).

a) Du côté de Itautorité administrative.

Ires autorités scolaires et civj-les ne sont pas tenues d.e pren- d.re en considération les arguments d.e la fille d.e Moye. IIs en d.énoncent

(t) liOtU. 2 T 12. Rapport de ltinspecteur Vrrelten d.e Sarreguemines sur la situation de ltenseignement primaire - 2t,IV.1B6B. : t' En 1868t 234 filles et 173 garçons sont encore privés d.rinstnrctlon.Ce sont Ies parties montagneuses ou boisées, Ies terrains sablonneux , Ies populations pauvres commeil sren trouve dans les cantons d.e Bitchet Forbach et Saint-Avold qui fournissent le plus drenfants entrant tardivement à Irécole et Ia qulttant de bonne heure. Ï,tind.ifféren- ce d.es parents ignorants et négligents en fournit aussi quelques- LlllS. . . rr Nous verrons dans Ia deuxiàne partie d.e cette analyse cornment la soeur essaie de se renouveler à la d.emanded.e ses d.i-recteurs. 141

ltincapacité. rrDans l-es écofes de soeurs, confiées 1a plupart à 1a

congrégation d.e Saint-Jean d.e Bassel et à celle d.e l'orbactr ( t ), ta

situation est d.éplorable vers 1835 quant à 1'enseignement du fran-

thistorien (Z çais.rrrapporte 1 de ces périodes, H.Contamj-ne. )nn fi49, clit Gaston l\{ay, tr... efles sont vieilles, ntayant rien appris autre-

fois qutà lire et à écrire en al-Iemand, et nront rien appris de nou- veau si ce ntest à lire et à écrire en français mais sans aucune in-

telllgence des mots...r' (:)qutont-eIles donc fait d.e l renseignement

6s IVIoye, 1ui qui d.ernand.a5.tquron ne passât au rnot suivant sans avoir

compris le précéd.ent ? Ou faut-il rnettre en doute Ia verdeur de Iraf-

firmation ?rrl,es instj.tutrices sorties de Saint-Jean sont moins capables.

La maison ayant peu de revenus, Ia durée du noviciat est plus courte

et on Ee leur l-aisse pas le ternps dtacquérir une instructi-on suffi -

sante. Ces soeurs sont très raodestes dans leurs prétentj-ons et se con-

tentent dtun traitement excessivement mo,li-que. Crest pourquoi eIl-es

conviennent aux communesqui ont peu cle ressourceso...tt (4).Tre rapport

érnane du rectorat de Strasbourg et vaut pour lrannée 1t150. En 1853 ,

Ie sous-préfet rLe Sarrebourg attribue le manque de progrès du fran-

n rincapacité çais à ltiglrorance, l et au d.éfaut de zèIe des soeurs d.e

Saint-Jean d.e Bassel . tf (5). Iré recteur Percin d.resse l-e bil-an des

opi.nions des inspecteurs en concluant : I' Itinfériorité des éco1es de

(1)I1 stagit d.es institutrices fondées par le Père Gapp . Voir p.1J. (2)H.coNÎÂl\,iINEcp.cit. ToraeII p.195. (3)G. l/r/,Yop. cit. p, 129, (4)rbid.p.135. (5)ç.iU-y-op.cit. l-I'. 1O/i et 11.?. Il- faut l-ire ces rapports sous ltan- gle de la campagne de francisation et non dirlgée contre te1 ou français iel établ:-ssement , car autant on d.éplore ltignorance en d.es soeurs d.e Saini-Jean , autant on dénonce cefle des instituteurs 'r...I1 est d.es i-nstituteurs dont lrinaptituûe est un obstacle à lren- (..')ils ne seignement de l-a langue françalse ...àalheureusement sont pas convaincus de la nécessité drune réforme...'r des soeurs de saint- fi]les cLeLa région allemande, commelrincapacité suivante connaî- Jean-de-Bassef est un fait avéré.'.t'(r) ' Lrépoque 1e peu de valeur d'es tra encore d.es plaintes contre cet institut et les jeunes Lorralnes' soeurs auxquelles éatit confié Ie soin dfinstruire ftIeurthe sortit d'e r ... Crest vers 1B5B que le conseil généra1 cle la soient tenues son apathie pour souhaiter que les soeurs institutrices crest vers cette de savoir Ie français... ce voeu sera entenclu car de la maison cle Saint-Jean- époque que lVlgr drArboy entreprit la réforme était ltobjet ces- d,e-Bassel. I/es plaintes dont cette institution .ifentiorulons écho d'e cette situation sèrent alors...rr (2). un dernj-er 'r Jrai appelé ltattention avec le rapport du recteur de strasbourg:

ra1...r' (3). 11 d.ate t1e 1i63.

îouscesrapportsontunpointcornmun:iIsreIèventobsti- Saint-Jean' E1le ne sait nément lrincompétence d.e lrinstitutrice de

paslefrançais;siel1elesait,e1}eesttimid.eetrestemédio- au rabais et à cre. De clernière classe, el1e d.onne un enseignement et implacable il vi1 prix r,. crest l-a thèse officielle, i':r'éfutable : ltinstroduction parce qutelle veut faire triompher son initiative résistances externes ' Pour du français par 1técole et malgré les /t r\ enfin, si lfinstitutrice son succès, on use d.e tous 1es moyenst*Car on a peine à croire que de Baintdean est aussi inapte à sa fonction,

( r ) 1s54 G.l!î/iYop.ci-t. P.1)5. ( 2) H.CONT^I{IINE oP. cit . P. 219' Série T Fonds 'c'urectora't 1440-1370 ' ill /rBR des per- (4) G.MAyop.cit. 5e référer au portrait tracé par lrauteur TIs sont assez sor:rralités qui ont amorcé et soutenu Ia campagJre. à leur attitude défavorable vj-s-à-vis des con8réganis- fidè1es les tes, cerres àe-sàitt-J"an se trouvant dans Ies situations collègues plus préc,,aires à tous les nlveauxe par rapport à leurs des vilIes et des gros bourgs' 143

que ses supérieurs sc!,ent restés totalement fe:més à ce problème . leur but ntétait-il pas préciséroent de former des maîtresses dtéco- le ? Pour un établissement aussi prospàre ' en 1859 1 i1 conpte 10O institutrices de plus quten 1B{J, il a bâti un grand noviciat' un i-mmenseséninaire, une splend.5-d.ecbapelle ; fait d-es acqulsitions fonoL&roe irnpressionnantes, - ort Ilthésite pas à renvoyer des rec:ues - tant tes inscriptiors Sont nombreuseSr.o r - ces dlrecteurs nrau raient - ils donc rien entrepris pour relever 1e niveau de leurs

éIèves-rnaltresses ? On a peine à croi,re à un teJ- d.éfi '

b) vers un écl,airage bilatéra1 d.e leur compétence réelle.

Nous ne voulons pas faire ici le procès d.e lfintrod'uction de

Ia langUe française dans les régi-ons germanophones de l-rEst, ni en retracer l-thistorique. Des historiens émérites en ont sulvi 1révo1u'- tion d.ans d.es ouvrages qrai se veufent aussi objectifs qurimpartiaux(t).

Nous reprochons tout au p}.rs à 13un dteux, Gaston May r dtavoir masqué par une analyse superfi-ciel}e d,e ce phénomère social , le vrai fond d.u problème ainsi que par sa conclusi-on hâtive sur le triomphe d.e Ia thèse ad.ministrative.En 1870, lton parLait Ie français à 1técole par

Ia force des choses ; on ne 1e parX.ait qge peu dans 1a r1e ; on ne lru- tlllsalt point ni en famille, ni au travailr nl aux offices hors mis certains bourgs et grosses agglonoÉratlone à caractère administratif. It lrauteur de tt La lutte pour le français en Lorraine stétonne d-tail-

leurs lui-même 6u ton des rapports issus du conseil d.épartemental 3

rr A lire ces bullEtins (...) on srétonne dtabord de Ia facilité avec ( 1-aque1le 1f aIlemand. est chassé d.e ses positions sécul-ai-res " .'t e) garçons Et de citer d.es chiffres à 1 rappui ; en un an le nombre de 144

qui ignorent le français est tombé de 33 à l8 /o, 1e nonbre de fil - d/o les d,e 65 à 3B %; en 1û67 , il nry a plus que 17 dtenfants qui

ignorent J-a langue nationaLe " (3). On peut douter d.e résultats

aussi subrepticemept brillants, tout comme lron peut se demand.er

eonrnent ces mêmes institutrices hier encore aussi Cécriées ont pu

subltement se hisser aujourdrhui au nivealr exigé.

Connalssant et ia spiritualité d.e lrinstitut, et 1a mental-ité de ses

mernbres et leur comportement social et leur rigueur dans ltobéissance

aux supérieurs, notts croyons être en mesure d.tapporter un écl-airage

plus large et plus complet sur ce problème d.e compétence .

Que certaines institutrices d-emeurassent incapables, cela reste in - déniabl.e en ce qui concerne les anciennes nées au début d.u siècle

Mai-s elLes sont ra,res à exercer encore et à exercer seules. Par ai1Ieurs, li.es plus téméraires se refusent effectivement dtapprendre

1-e françal-s pour 1-tenseigner ensuite. Elles nren voient pas l-e bien

fondé dans un mi-1ieu qui rejette 1a réforme ; 1es inspecteurs conti- nuent de leur renclre visite et d.e les sanctionner par d.es rapports.

Nous pensons que ce type de soeurs a été minoritaire.

En 1t54, on compare l-eurs écoles à cell-es des autres congrégations.

Ce parallèIe est à la fois simpliste et faussé tLès le départ. -Ciu-

cun institut (+) nrest inséré aussi massivement et aussi profond.é -

(t)tt.CONTA},1INEop.cit. ; G.ll'{,ÀYop.cit. ; Paul IEVY. Histoire lin- guisti-que d.rAlsace et cle lorraine - Tome II. ; M.D0tr'iivi.fiNGET.Des écoles d.e filIes.Des brevets de capacité.Des lettres d.tobédience. Metz 1864. - rf De 1a question d.e ltenPsienement de la langue fran- çaise clans nos provinces du Nord.-Est.Extrait clu l'/loniteur d.e la Mosel.I-e 10.XII.186B. ; Dr SCHNEIDER. la vérité sur Ia pétition en faveur de l.tenseignement sirmltané du franeais et de lrallemand dans les écoles primaires de Ia Irorraine allemande. NLetz 1869 (2) (3) rbid. ({) Voir chapitres précédents : fondatioruMoye et Vatelot p.10 ; fon - dation I.Gapp p.1l ; fondation Méjanès p.11. ment dans le nopde rural pauvre à l-técart de l-a ville' 0r dipenser

1 | ensej-gnement en secteur urbain ou nlraI est fondamentalement d-if- férent. De plus, ces établisseme.nts exerçant en vill-e ou dans ]es villages cossus sont à l-textérieur d'e Ia frontière linguistiquet en

retrait de ces enclaves de réslstance absolument hostiles à la fran-

cisation. Si d.es membres d.e leur congrégation sfyl trouvent et ctest

1e cas des fllles du Père Gapp, ils passent par les mêmestribulations

(t).La résistance étant orchestrée et par le rnilieu social et par l-eurs

représentantsrrnires et curés, Itinstitgtrice ne peut échapper à la

pression. Commentdtail-feurs ne serait-eIl-e sensible à leur dilemmet

elle qui est issue de ce monde mrrl ?

Enfin, sl en généra1 on la juge incompétente, ce ne peut être Ie

frqit de son manque de fornnation professj-onnelle mais bien celui de

son railieu drinsertion, totalement Aépourvu (2). El-1e est nême bril-

lante si on estime qurelle sait l-ire, écrire , calculer, expliquer refl-e, le catéchisme, d.iriger cles offices, et grouper autour d f €

d-imarrche, 1es femrnes c1uvillage pour 1es alphabétiser, efles aussi payée Enfin, i] est excessif cltaffirmer que parce qute]le est peu t Moye l-tinstltutrice d.e Saint-Jean est plus incapable' Une fill-e C'e

travail-]e dans un but noble cltévangélisaticn, ltapi:ointement restant bien absolument secondaire car el]-e vit sobrernentn ni plus ni rnoins (3). drailleurs que 1a population qurelle vient instruire

Nous faisons appel à un d.ernier argunrent à lrappui d.e notre thèse t nais no.n point pour faire ltapologi-e de ces maîtresses en question,

(t) Cf. chapitre III. pp. 138 et 139. - question de 1'enseignement de Ia lan- (2) Dr SCHNÈIDEI1op.cit. De la ' gue française dans nos provincee du Nord'-Est op'cit' sont victimes de (:)cluay op.àit.p.1Z9 "... Ies malheureuses soeurs la sordid.e écànonie cles familles et se sournettent à ces dures lois d.e peur cle provoquer le mécontentement ...ttAppréciation excessive' 146

pour faire émerger ltinportance des relations sociales (t). En 1L63, on nentionne encore l tignorance de 1a langue française des soeurs de Saint-

J".n. Certaines , oui ; nous ne cessoJxs de Ie répéter , mais la raajo- rlnitation rj.té , non . On leur demande Ia lecture quotidienne de l de

Jésus-Christ ; e1les ntont pas 1a version allemancle à leur dispoeition. 'r En 1S5S , la congrégation d.iffuse Ie Directoire des soeurs d-e }a

Provj,d.ence I' en langue française . De cette époque subsistent dans 1es archives des mérnoires réd.igés en langue natlona.le . En 1867, on sort un nouvel écrit d.estiné. à ces institutrices; lfConstitutions de ltinsti- I'Eût-on tut des soeurs d.e Ia ?rovid.ence étabIi à Saint-Jean d.e Bassel. publié un livre inaccessible et imperméab1e en un ternps draustérité ? rt En 1A72, est impriroé en langire française le manuel d-e Marchal : Vie d.e 1tÂbbé iVloye, fondateur d.es soeurs d.e fa rrovidence en loffaine et r'. d.es vierges chrétiennes dj'rectrices cLes éco1es d.e filles au Su Tchue-n

Enfin, citons les circulaires adressées par les supérieurs aux commuÊaù- tés (Z) . Nous retenons le texte d-e 1a lettre que Pierre Grusy destine aux soeurs du canton de Sarre-Unionr fe 5 mars lsqe (3)

tt Chère Soeur en N.S. le changernent d.e gouvernement ne doit pas être pour vous u]l sujet de découragement : vous devez continuer à remplir vos obligations dtinstitutrices refigieuses ; seulement je vous observe que : 1& vous devez aimer Ia solitude et ne parti-r que pour une raison grave. 2!s ne llâmér personne I observer 1e silence (...) nrimporte ce qui arrive ; ne vous mèIez que de vos affaires. ' Bien f,aire votre école , bien observer votre règlement pour attirer la bénéd.iction de Dieu. 3& prier beaucoup pour Ia Ste é51ise, }a patrie et votre ordre. zl-&pren<1recourage et mettre votre confiance en Dieu.

( t ) P.l,EvY cité par H. CÙNTr'iIIINEp .242. (z) A.ST J. Dossiers DECKER,GRUSYT I'ARVETTI!,]\'[ICHEI. (f) n.ST J. Dossier Gtusy. Lettre du 5 mars 1Û48. 1#I

... vous devea conmuniquer cette lettre à votre co"nsoeur Julie et à sr octavie, ensuite ltenvoyer ou la remettre cachetée sous elxveLoppe à celle d-t0ermingen, qui la por- on tera et l Eppliquera à cef le d'e ; ensuite Irenverra sous envel0ppe cachetée à cel1e d.rAchen afin qïfe toutes ces bonnes soeurs soient sur leurs gardes r sans crainte et satj-sfassent tranquillement à leurs obligations' Recevez, Chères enfants en J.Ch. ltassuranCe de toUte mon estime, de mes prières et de tout mon dévouenent' rEtabl.des Grusy Sup.de l soeurs . . "rr( 1)

Nous voici donc amenésà la conclusion suivante. Ltinstitutri- ce de Saint-Jeann issue de milieu rural, lmplantée en secteur rrrra] germanophone pauvre, reste la maîtresse dtécole populaire par excel-

1ence. De son rnilieu d.finsertion, eltre ad.opte 1es grandeurs et Ies au faibl.esSes pour Ie sortir de son ignorance. EI1e paie son idéa] prix de la Providence : incertain, mes11ré, sporadique mais exaltant'

Ce problème de francisation nra pas secoué lnutilement sa con- grégation. Àu contraire, el1e ]ui d.oit de lfavoir forcée à stadap-

ter sans cesse et sans répit. Ce sont précisément ces différentes que al- étapes de mute"tj-on opérée grâce à l-a réforme scolalre nous

lons étud.ier dans cette deuxième partie d'e notre chapitre consacré au renÛuveaut au problème scol,aire régi.onatr' Iroin d'têtre réticents êIt oeu- Ies directeurs d.e la congrégation sembfent avoir tout mis Ira démar - vre pour insérer leur personnel d-ans le cadre général-: pour che a été longue et pénlble parfois, mais combien bébéfique

l-toeuvre d.e Moye tout enti-ère .

(f) a.Sl J. Dossier Grnrsy. Lettre du 5.III. 1L48. Notons que tout son courrier est en françals , tous les registres quril a tenug. Les lettres écrltes en allemand sont extrêmement rares , absentes - chez Grusy et très rares chez les autres Supérleurs eccléslas tiques. 1+r

Ir . tRors JAtoNS DE MUTAIION z 18)6 - ft/e45 -1863 .

1. 1836 : DECKER 0U T,E IREMIER APPEI A T,A REFORME.

A la recherche de son identlté civlle et religleuse (1)r la jeune lnstitution des provldentes d.e Moye en Lorraine allenande t l.?est allssi d.e ses stnrctures. En effet, 11 ne sufflt plus coinme au ternps d.u fond.ateur de glaner icJ- et 1à des jeunes fernmes vouLant ee d.évouer tout partlculièrenent au service de ltenfance et sachant un peu llre et écrlre pour ouvrlr une écoLe. II f,aut une préparation professj.onnelle plus solide et Jean Decker sty enpl-oi-eassez rapide- meot , En 1827, 11 a déjà cherché un établissenent assez vaste et sdceptible dtagrandissement pour facillter la préparation de ses naîtresses dtécole. Commecritère péd.agogique, il se baee sur les enselgnements d.e J.tabbé Moye (2) et se fond,e sur sa pro?re expé- rience . Rappelons qufil préparait à ltentrée au sémi-naire les ado- lescents de sa peroisse (3). Le bagage qutil 1ègUe à ses lnstitu- trlces ntest cepend.antpas sufflsant . Ire rectorat d.e Streebourg lren avlse pâr une lettreJhu quatre novembre 1836.Véritable approche d.u portratt physique, moraf,.et culturel de Ltassooiation , cettre

Lettre (4) est l-e premier appel à ).a réforme. I,e dj-recteur de Saint-

Jean y répond. avec Ia verîre et Ia droiture de pensée quton Iui connaît.

(t)ct.ctrapitre f p.5 de Ia présente étud.e. (z)ruta. p.38 et suivantes. (l)ruia. p.zz et p. 23. (4)ABR Sérle |t lettre Ne 1242 KB . Ctest la réponse à Ia lettre que nous ctétenons et non la 1:';tre tnitiale ad.ressée à Jean Decker. A Saint-Jean restent d.tailleurs très peu d.e traces écri.tes du directeur, un incenclie ayant d.étmtt en 1844 La quasl- totallté des archlves conservées dans ses appartenents. 149

tr a) Sans ître d.e françaises toutes faites rt ,

Répondant à une observaticn que les lettres d.fobéd.j-encen,tont

pas été convoyées par voie hiérarchique (1)rJean Decker, premier

supérieur ecclésiastique d.es institutrices ayant étab1i leur mai--

son mère à saint-Jean d.e Bassel, srexcuse d.e ce contretemps et si-

gnifle sa volonté de régularise:r aussitôt cette situation : tr ... Dans 1a persuasion , eûer cornmeautrefois IVIrsles Pré- fets avaient fait, de mêmeùiM.1es Recteurs expéd.ieraient les autorlsations par des feuilles envoiées d.eleur part(...) Soiez persuad.érHr Ie Recteur, que loj-n d.e vouloir éluclder les clisposltions de ltOrdonnance(z),j'en félicite nos soeurs conmed. tun appui et d rune considération dont elles ont bien besoin...rr

cette ordonnance en question qui demand.eaux enseignants Iaïques de détenir le brevet éIémentaire et à leurs colrègues congréganis-

tes l-a lettre dtobédience est plutôt de nature à encourager 1es

soeurs ainsi mandatéesoffici-elLennent pour enseigner.Creet une pro- tection èontre les parents eux-mêmesqui ne souhaitent pas que leur fille allre à 1réco!.e, tant quraucune Iégislation scolaire ne les y contraintrAtr* obgervations suï ltad.mlnistratl-on suit une remerque sans fard. sur Ia situation de ltlnstitutrice. lisons cet extrait: rr... Aux observations désavantageusesfaites sur nos étabLis- sements, voicirMr 1e Recteur, mes explications ; je ne pré - tends nullement désapprouver 1es notes faites sur 1a capa- citd des soeurs en question ; car IIEIflcJUDEX fN PROTRIA CAUSA... ITIâisje suis étonné que de pareilles obse-vatlons ntont jamais été f,aites par qui que ce soit sur nos soeurs (3)

(t) Une autorisation rra pas été transmlse au rectorat. La d.emand.e egt rostée d.ans Les bureaux d.e l tinspection. (2) oroonnance du 23 juin 1836 : elle étend aux écores de filles 1a loi Guizot qul exige 1a détention du brevet éIénentalre pour ]es J-aj.ques, la lettre d.tobéd.iencepour Ies congréganistea (3)L,ettre du 29.XI.1836. suite. 150

il placées en bien plus grand nombre dans les d"eux départe- ments d.e la lvioselle et d,e 1a Meurthe, et que dans mes tai tournées que i faites tous les ans dans ceLui du Bas- Rhin, nulle part 1e comj.té local mren a fait la moindre Plainte.. .rr 11 nous Cet extrait d.e lettre est intéressant à plusieurs égard.s. apprepd outre ltinsuffisance des maîtresses, la révision annuelle d.e tinstitut, leurs écoles par le d.irecteur de l soit plus de deux cents postes pour Ies trois circonscriptions académiques.Dans ces postes, il recontre le Conité locaI, maire, curé et un à d.eux nembres c1u con- seil municipa1. Ces organes de contrôle fonctionnetrt par conséquent et ltlnstruction primaire est moins aband.onnée au bon plalsi-r d-u maî- tre quron,ne 1e pense. Nous ne pouvons d.éterminer le nombre d'llnsti-tu-

sont con- trices concernées iiI d.oit s;agir d.tune vingtaine si toutes cernées'vuquelesétatscleltj45enmentionnent36enexercicedans

]e Bas-Rhin (t).Jean Decker est surpris de lfadmonitj-on. Se peut-i1 qurau cours d.e ses visi-tes, les autorités lccales aient pu taire lrin- capacité prouvée de l-eur institutrice ? lourquoi cette conjuration de - sllence dans les trois académies ? Cette complicité apparente sem ble le fruit de facteurs socio-culturels sur lesquels nous ne voulons plus revenir ici.Il sragit de cond.itions matérj.etl-es , de problènes de locauxrdteffectifsrdu créait limité accord.é à l-tinstnrction des fl11es que nous avons évoqués antérieurement. Inutile d.fen reparler.

Jean Decker poursuit son plaid.oyer :

It. .. 1E - il y a d.e nos soeurs, qui sans être d.e françaises- toutes faites, pourraient au moins apprepd.re aux enfants à 1ire, à écrire, et même donner quelques notions d.e l-a gram- maire, mais les unes nty étant pas poussées 1e négligent...'r

-1850. (t)R.SC J. Eggig!gg..'1Q@ z 1845 0p.cit. 151

fr .., drautres chargées dlune écoLe trop nonbreuse ne savent comment sfarrêtsr avec un petit nombre dtél-èves pour le fran- çals sans préjud.ice pour les autres ; ainsi les unes et les autres au lj-eu de se perfectionner elles-roêmes par 1 rexercice font tort à elles-mêmes et aux enfants ; moi je nten suis pas cause et ce nlest pas 1à ma volonté...r1

Ce corps d.e texte est inportant pour une affirmatlon capitale quril contient , ce1le de la mention du françai-s et de la connaissance de cette langue par Ies institutrices de Saint-Jeatr.Aucun document ne nous avai.ù permi.s jusqutà présent de d.éterniner si e1les Ie savaient et si elJ.es Itenselgnaient.Ltabondante bibliographie mentionnée au chapitre de Ia formation (1), nous avait l-aissé entrevoir que 1.tensei- gnement du français en langue française se pratiquait. Elle ne nous permettait pas , toutefois, d.raffirmer péremptoirernent qutil était réelIement d.ispensé avant 1{-lJ5.lDecker cepend.ant, modeSte et prudent car dans ce d.otnaine surtout l ron ne peut jamais se prévaloir d.e la garantie absolue de ses arguments, reste réservé sur la classe d.e ses lnstitutrices.Elles ne sont pas des rr françaises toutes faites rr dit- il, entendons qutelles ne possèd.ent pas parfaitenent Ia langue. Comme

I tallemand est Ia langue maternelle d.u trols-quart des sujetsn que cet- te langge reste à la base d.e lrenseignement d.ans les trois d.éparte- nrents gerrnanophones, les soeurs ne possèd.ent le parler national quren second.e langue, alourdi par 1es lncorrections cLont on ne se défait pas aisément d.ans les rnilieux ruraux. illalgré cet hand.icap que connais- sent dtailleurs tous les autochtones, Decker estine qr.leles soeuret concernées seraj-ent en niesure dtapprendre à lire aux enfants, à é- crire et même à dispenser quelques mdirnents de grammaire.Apparem -

(t)Cf. chapitre I p.39 rr Contenu d.e la formation professionnelle r'. 152

ment Ie maître d-rétud.e, car ctest bien d.e 1ui quril retournet Les aurait initiées au degré élémentaire (1).Si ses sc€urs négligent

cet enseignement, crest qurelles nry sont pas poussées ; i1 ne peut plus répondre c1rel1es une fois en exercice.Crest seulement en 1tr35 qurest organlsé Ie nouveau corps des inspecteurs et Ie directeur

sren remet à eux pour assurer ltapplication C.uprogranme. Enfinrsi certaines drentre elles ne fcnt ni l-ire, ni écrire, en français bien

entendu, ctest bien malgré ell-es. I,es effectifs 1es en ernpêchent. En

184r, ilj v e cLesclasses qui comptent jusqutà sor1o0, 120 élèves

dans rles locaux rlsiblement exigus (2).Voici 1a descripticn que fait

le 6élégué cantonal à ltinspecteur Voulot clfun 1oca1 de sa circons-

cription (l) :

rt ... 11 stagit sans

(r) e,PRosT op,cit.p.135. Un maître de degré élérnentaire sait lire, écrire et ca1culer. (Z)tious faisons appel à un témoignage récent na1.té par une institu- trice pour peinare le réalisme parfois cruel et comique à 1a fois d.e ces classes surpeuplées.Cel-a se passait en 1946 dans une cité du Bassin houiller,le Lorraine. On venait ci.e1ty nommer t-lansune classe rnixte d.e 90 enfants. II y en avait partout, dlt-elle, dans les bancs, sur I'es bancsrles petits sous les bincs' Quanclel}e en cherchait unt il nrétait plus 1à. Les é}èves circulaient à son insu pour se faire une place.Pêtite d.e taille, i1 était impossible à la maîtresse de ,domj-nerson mond.e. En fin de trimestre, elIe ne connaissait encore que 1e nom de ses élèves, à peine le visage. Cela dura trois mois jrrsqurà ce que 1'on dédoublât son anphltb,éàtte 153

tr... assez ce quton pourrait attend.re si cet état était chan- gé... 11 fauclrait une faible somme pour procurer aux deux soeurs deux salles et leur donner au moins Lrair et l-tespace convenabl-es...rt

Q"oi que fassent 1es soeurs, el]-es restent paralysées d.ans leur travail gi cn ne leur offre pas d.es conditions matérielles satisfaisantes. lecker poursuit :

tr.. . Dep1tis quelqrres années que 1a langue française est exigée (4), dans notre Noviciat on stoccupe plus que jamais et pres- que unlquement à apprendre cette langue aux postulantes...rr

Nous sornneeblon aises dfentend.re cela. Il nry a plus de doute ; à

Sai-nt-Jean,tr-télève-maîtresse est initiée à la langue française et qui plus est, d.e façon intensive. Pourquoi ? Jean Decker est acculé à prl- viX-égier Ie français parce que 1técole primaire elLe-même nta fait que très peu de chose à ce niveau. Les enfants quj- en sortent à 1?âge de 12, 13 ans savent peu ou point 1e français:

tr...la plupart , entrées au noviciat sans en savoj-r encore ni a ni b , leurs progrès sont bien lents et bien peti-ts, et nous - éprouvons ici, comme nos soeurs placées , Ia vérité d-u pro verbe PLURIHUSIIfTENTUS }ffI'lOREST liD SII\GUIÂ SENSUS...r1

Voici d.onc une autre source c1umal . Ltécole laisse à sa sortie un maigre bagage à 1télève d.ont La fréquentation a été sporadique, sai- sonnière, matériellement ccntrariante et peu a-ppréciée par 1a famlllet

(5). Des facteurs étrangers à sa volonté font que 1a formation de lrins- titutrice soit plutôt Ilmitée et Decker de conclureft Par conséquent, si lrepseignement de cette langge ne prospère pas au désir d.u IVIinis- tère, ce nrest ni de ma part, ni de Ia part de nos soeurs faute d.e bonne volonté mais faute de rnoiens...rr Ctest affirmer tout bonnement quril ne staglt pas seulenent d.rattendre d.es résultats et d.e consta- ter des faits nais qutil faut aussi porter remède au mal et prendre en considératj.on des factetrrs sociaux d.ont on ne semble pas tenir compte. 114

'u"" rr. b) ttç leur place pour un plus grand bien

Le directeur de Saint-Jean a tout mis en oeuvre pour répondre aux exigences off'i-cie1X.es, notamment Itinitiation à la langue fran -

çaise d.e ses éIèves - maîtresees ; cela a même ùnpoeé le remanie- ment complet de son plan d.fétudes.Mais ses instj-tutrices ne sont pas seulement d.éficientes d.ans cet enseignement ; elIes le sont aussl en calculn ce à quoi Jean Decker rétorque ft ...Je pourrais faire quasi les mênes observations quant à ltenseignement d.u calcul'..rr

Cepend.ant le directeur veut prendre à coeur ltadmonition. Soucieux de faire prospérer son instltut, il stergage r'à redoubler d.e zèIe pour stimuler celui des soeurs en excercice et pour former le mieux possi- ble Ies Novices tt. Nfoublions pas qutil est en train cle mener ses (6) tractations en rme d.e I tautonomie de Saint-Jean vis-àvis de Portieux

11 faut d.onc que son institut puisse prod.uire des lettres de noblesse et comment 1e pourrait-il si ce nfest par la formation qutil a.ssure ?

I

(I)ABR - Réponse du dé1égué cantonaL ( signature i1lis ible )à une lettre de lrinspecteur Voul-ot : 26.V.1852 N9 1089 - Série T Enseignenent - LLaese Canton d.e Eaguenau 1833 - 1870.

(4) Ctest sous Napoléon Premier, Dnpereur r Que se sont amorcés les premiers essais de propagation d.e Ia langue française dans les cantons allemands. H.CONTAMINEop.cit. p.183.

(5)4.?RosT op.cit P.139. H.C0NTAI\{INEop.cit. Tome II p. 109. Itappelons q11etoute cette analyse se base sur Ia lettre d.e.Jean Decker au Recteur d,e Strasbourg, expéd.iée Ie 29 novembre 1tl36t en réponse à ce1le du 24 en cours.

(6) Cf, chapitre I : I'Une congrégation enseignante cle lrEst au len- ft demain c1e sa fondation , PP. 20 et suivantes. 155

Ltaclministration rectoral-e lui fait cependant une mise en d.emeure sans appel, soit 1a réforme, soit une intervention supérieure bien plus décapante.Anéanti rp.is résigné , Jean Decker répond :

il ...et si malgré ces protestations d.e ma part etconme vous me déclarez à 1a fin de votre lettre, Vous Vous croyez obligé en conscience à flétrir notre institut aux yeux du Ministère, j ren supporterai les suites avec résignation t et si enfin nos soeurs seroient en grand nombre ou même ce que je ne crois pas pourtant - en généra1 r#voyées comme in- ôapables de faire le bien, lrlnstitut se consolerait d'e ce qutil nta jamais brigr.ré aucun de ces établissements et quril a Ïendu service pour 1e bien de Ia jeunesse d.epuis et même pend.ant la iùévolution Ce 1792 et iusqutà nos jours d.ans 1es temps les plus rlifficiles, dans les endroits les plus pau- vres et 1es plus abanConnés, sans aucun émolument temporel , nrayant ambilionné que Ia satisfaction cle se rendre utile à mais la société ; il nfa jamais cherché ses prQpres intérêts , uniquement ceux de I rhumanAté, par conséquent nos soeurs re- léguées à lrombre et à la pauvreté de leur couvent verrofent toujours leurs vceux remplis, nrayant céd.é leur place à dtau- tres que pour un plus grand bien...rl

Cette protestation est émouvante et trahit ltinquiétudermais aussi la résignation si 1es enfants d.oivent en être les bénéficiaires r pour une oeuvre née sous les a.uspices d"e la charité et qui maintenant ris- que d.têtre asphyxiée si ell-e ne marche d.ans la voi-e'du progrès. Sl1e se trouve à une heure d.écisive où ses cadres ont viei-lli, où Ie fac- teu.r caritatif ne joue pfus, où ce jeune organisme qurest lf instmc-

tion primaire ntrale d.oit sf émanciper'

Jean Decker, dans son choc psychologique, voit déjà steffondrer ce f theure magnifique édifice érigé avec tant d abnégaticn ( 1) .l'tais l

ntest plus au souvenir ; on demande au directeur d.rintenslfier l-e sâ- rt voir d.e ses institutrices. Il sty attellera, convaincu que les

( 1)RoH/rN-cHABor(nrix ae) siècle. thèse pour le II d.esLettres et Sciences Humaines - Paris , 196'î. , Dj-rectoire 1iJ58 op. cit. ous les écrits concernant lrlloyecités an- térieurement.Marchal , Foucault t Goyau , Guennou , VfeYland. 156

observations, avis et remontrances tt ne peuvent être que bénéfiques

à son oeuvre.

I.ra compétence professionnelle des rnaîtres de cette époque ne d"oit

pas être plus brilLante car, d.it lorai-n pour ltannée'lÛ37: rrSi

lron avai-t pris le parti de reviser alors Ie brevet et dtexclure d-e

ltenseignement tous ceux qui nrauraient pu faire preuve de fa capa,:

cité requise, presque toutes les écofes de France auraient été fer- mées ipso facto " (1). Dans 1e canton de Ha,guenau,lrinspecteur Vou-

1ot fait 1e rapport suivant d.e ltinstj-ttrteur d.e K., village 1e plus

d-éshérité d.r.rllsace ,"1" Si",rr X est un ancien maitre qui ignore en -

core le français et qui nta fait d.ans le temps aucun effort pour lrap-

prend.re.Il est maintenu car père de onze enfa,nts " (2) .liilleurs il

d.it : I' chez lf instituteur, un seul élève travail-le et lit TéIémaquer

fait d.es I sciences natutrelles, les a,utres ne savent pas lire le fran-

çais."(3)

Du" ru"rres i-mméd.iatessont prises à Se.int-Jean car dâns son rapport

d.u 26 juillet le mêmeinspecteur ne trouve plus que clix institutrices

sur les soixa"nte deux de rrfaible capacité il d.ont une tt ignorant totale-

ment l-e français tr. lrinspecteur Bertrand. de Sélestat note que[ses

institgtrices ne se refusent pas à Itinspection, mais elles }a d,ési- r' rent , Ia réclament même quelquefois. (4).tllême si les carences ne

sont pas totalement palliées, l ton peut conclure au bon état g,énétal-

de lrenseJ-gnernent d.ispeneé .

( 1) A.PROSî op. cit .p135. (Z) agn Séiie l Liasse Enseigner:nent : canton rLe Haguenau .lettre clu 29 . IX. 1û59 . (3) Ibid. lettre clu 10.X.1859. Rapport du 25.VII.1845. (+) Ag'n Série T Fonds du rectorat liasse 1850-1t353. 157

la lettre d-u 24 novembre 1836 ne devait être finalenent qurune sérieuse mise en garde, 1e recteur de Strasbourg continuant de rati- fier les l-ettres d.tobéd.ience sournises à son contrôle . T:e tableau

suivant est à la fois un critère d.e recrutement et d.e postes se

créant sur appel d.es comrmnes : (t)

RAIIFICATION DE IETTRES DIOtsEDIENCE DÀi\iS ITACADEII'IIEDU B.liHIN

ANNEE NBREd tautorisations.

1838 té 1t))9 t) 1ri40 8 1841 10 18+2 12

L,es communes continuent d.onc de leur côté d.e sollicj.zter d.es institu-

trices de Saint-Jean. Même le hameau de Graufthal en aura une et ceci

pour plus dtun motif. l,es enfants catholiques y sont au nombre de 30

et ne fréquentent que trois fois par semaine Ia cLasl,e c1umaitre pro-

testant drEschbcurg et seulement deux fois en été.Citest 1e curé qui

demande une religieuse. rr Elle parle parfaitement Ie français et eLle

est bien instmite rt. Sa situatio.n y est cepend.ant particulièrenent

précaire, tant et si bien que personne ne brigue 1e poste (Z) :

(t) ABB . Série I : Foncls cLurectorat. (z) Ibid.. lettre du 12.NI.1e42. 158

tr ... La soeur nta ni traitement, ni maison- Vu que la nai- son d féco1e servant d thabitation est occupée pg,r un indivi- du qui nta pas le droit dry rester, lfinstitutrice est obli- gée d.e se rènfermer dans la salle drécole.ElIe est trop étroi- te pour servir aux deux d.estinations. Mr 1o maire est de conni- vence avec cet ind.ividu qui se plaî.t encore à fatiguer 1a soeur par du vacarrne nocturne. Cette éco1e est reconnue com- nrunale et a d.roit au traitement léga1 . ' ril.

Tci, nous sentons sous-jacent 1e problème des relations conflictuelles Uecker entre les deux conf,essions' aux dépens des enfants . Itabbé meurt en 1L144. 11 traisse demière Lui une oeuvre florissante' ponc- tuée dans son évolution par d.e sérieuses mises à jour. la tâche'de son successeur nfest cependant pas de toute facilité '

2 . 1845 : GRUSTIIERIfIER DU PASSE .

I,radninistration supérieure de l tinstruction publique est - consciente des

foule de petites écoles qui reçoivent gratuitement un grand nombre juin d.e jeunes filles pauvres et les intérêts que fa circulaire d'u 5 (1) a pour but de protéger se trouveraient ainsi les preniers atteints "

Cette circufaire d.u Minsitre Freslon vlsait ]a Lettre dtobéd-ience . le

25, I. 1849, Ie ninistre de ltlnstmction puhl-ique, Falloul, règ1-e ce

prob1èure en notifi-ant à trbeslon tr 11 nta pa:rr préférable d.e revenir n(2) purerrent et simplement à ltexécution de ltordonnance du 23 iuin 1{n6

(r) ABR Série I Fonds du Rectorat Lettre d'u 1t'X'1f'4i' (2) Ibid.. lettre au Recteur : Paris le 25.I.1849' 159

la réforme ne peut se faire que progressivement et dans 1 rEst plus lentement qutailleurs, tre probLèroe cle compétence se doublant drun phénomène linguistique.

a)Pier:re Gmsy fait le point.

lorsqutil est nommé directeur d.e la congrégation , Ij-etre orr"y se présente au recteur de Strasbourg d tune manière qui semble promettre un travail d.e coflaboration sérieux : rr Je commencerai par vous d.ire (...) que je feraj- tout ce qui d.épendc1e moi pour mieux faj-re instmire 1es jeunes...rr (1); i1 ntest pas débutant dans rr sa foncti-on car ajoute-t-il d-ans la même lettre : ilt depuis deux ans que Mgr mra nomméltai-d.e de Itancien Supérieur, i'ai fait mon possible pour obtenir ce résuItat...rf

Mt par ce d.ynamisme que lui a communiqué 1e brillant établisseme.nt qutil vient c}e quitter (2), Ie jeune supérieur commencepar dresser un état général tl"es postes pris en charge dans l-es trcis académies.

Ces recherches 1e mettent en face de contingences parfois des plus insolites. f,ocaux, salaires, Iogements, effectifs, matériels scolaires, il nfy a rien qui ne prête à 1a surprise.

En 1t45, ses écofes sont au nombre de 65 en Meurthe, 56 en MoseLl]e et 36 dans le tsas-Rhin. (3)

La moyenne 1Ltâge des j-nstitutrices placées en.I'lsace est de 32 ans et demi.la jeune équipe".! r'e 20 octobre 1844, iI délivre 26 lettres

(t) ABR Série T Fonds cu rectorat : lettre du 25.X.181i+. (2) Cf chapitre T p.p. 24 et suivantes,Il stagit du petlt-séminaire d.e Pont-à-Mousson installé dans 1es ?rémontrés. (3) /i ST J. Registre GRUSTPostes et Placenents 1U45-1û50. C'est l-e premier recensement de référence dont dispose f radministration conventuelle. 160

en ont dtobéCience. Iltartnée précédente Ies autorités de Stra'sbourg personnes agréées 13 et 22 en 1842t soit une jeune tranche de 53 i ont Ia doyenne d.es institutrices du Bas-Rhin a 65 ans ; 8 autreg rest encore 20 au-dessus de 4C I c clire qutell-es resteront au moins ans en service"Formées rudinaentairement vers 18OO-1Û20,ce sont précisément e}les qui vont peeer l-ourd dans la bal-ance des aptitud'es professionnellles. Dtautant plus qurelles ont cles classes chargées ; ci-joint un petit tableau âge-effectifs :

d I élèves

+3 ans tjc fill-e s 15 il trh tt et garç. 34 ll r5 It lt 4[) It 100 il 41 tl tJ0 il 65 tl il 44 ll OU tl 59 il 1n il

joue - à ans, Ici ce ntest pas tant Ie facteur ,,1eltâge qui 40150160 - que 1a période on est encore capable d.tassurer un service régulier sociales de formation avec ]es nml-tiples interférences économiques,

et institutionnelles (1) qutelles impliquente et cette conjoncture institutrices non moins importante cu d.ialecte parlé par toutes ces jeunes qul auront à enseigner le français au même titre que leurs

consoeurs des années 1840 -184, .

II op.cit' 3& par- (t) Lire à ce sujet 1es ANN/rIES DE PORTIEIIXTome tie - Thérèse MOUREY1L2t;-1t71 p ,262. 161

Dans le Bas-Rhin, ]es institutrices d.e Saint-Jean sont jeunes mais battent Ie record. d.es effectifs , soit 83 é1èves eli moyenne' tan- d"is quten Moselle i1 nty en a que 6O à 6Z et en l[eurthe 47. La variété des effectifs est à ttimage d.e 1a géographie humaine. Icit l ton trouve des classes d.e 2D et 30 élèves ; ailleurs r on en ren-

contre avec BOrlOO, 12O. Moneieur 6rUsy ne se bOntente paS de cons-

tater, il passe à lraction en opérant d.es remplacements. Nous alIons d.resser un tableau général de l-a situation cles postes en i\loselle

pour ltannée 1tj47, paqéxemple, qui nous permettra de faire un rapi-

Ce bilan d.es activités du ,lirecteur.Nous sommesà ltun de ces

moments imp:,rtants de la rmrtation d.e la congrégation ; il faut en

saisir la conjoncture imrnéd.iate i

Er/rf DES POSTESET IETÎRES D'OBEDIENCE 1 DANSIES CÀNÎÛNSDE 1MSEIIE EIi 1L17-4C

Nom du canton et Date d.témission de la communesd. ?exercice lettre C. tobédience

Canton d-e ROiffi.B.irCH

liCIIEN *-0, ROIfiBÂCH 1810 Ur19 ETlING 1tiJ8 GR.REDERSCHIIIG 18 t'"2 KILIHOUSE 1847 HONTBRONN 1u47 PT.REDERSCHTNG 1837 RAHLING 1847 SIERTIIi'1, 18+4 SUCHl 183'-è 162

Canton de Bitche Canton d.e Vobmrnster

HASPEI,SCHÏED 1845 BREÏÎENtsACH 1C44 IEIdBERG 1U2S ERCHIIIG(Ânnexe) 1t'36 REYERSWILIER 1t 4o HOîTV/I],IER 11"46 ROPPWI],IER 1140 I,IEDERSCHTED 1836 SCHORBACH 1841r RIi,IT,ING 1840 S1-LOUIS 1t35 URBACH 1B4O Vrl/ilSBROliN 1'ù37

Canton d.e SarreRuemines Canton C.e Forbach

HUNDÏ,ÏNG 1B2A DIEBÏ,]NG 1t347 WÏESVIIIER 1|}42 FÂRS!TIIIER 1827 lHEDING r(-)++

Canton de GROSTENQUII'I

BERG,/VIN1tuïNGE1846 TTAXSTAlT a a a? BISTROFF 1û40 OBRIEK 1842 ERSTROFF 1545 1E43 EINCHEVIIIE 1r' /i É. VA],ETTANGE 1L44 GROSÎENQUIN 1ti VAI.EBERSING 1t36 44 't837 ],INSTRCFF 1ti46 VJ,I.rI, IÂIIÏNG

Canton de Sarralbe Canton d.e Boulay

EÏCEEN 1845 HAtvi/ 1r-")2+1847 'tt47 SAIZBRONN 1:ic-46 VARSBERG GUEBLANGE 1838 COUII]E 181,tt KTNGER 1{J13 GOITitLELANGE 181ti RECH 1C44 OTTCNVIIIE 103t, STETNtsÂCH 1t.44 RICRANGD 1iJ3ij ZTI,,d.iTNG 1u4+

Canton de Faulqr.remont Canton de Sai-nt-livold. FÀUIQUEMONT 22+47 BIEDING 1t 43 ADETANGE 1t,43 CARL,ING 1û47 BAI;IBIEDERSTROFF1lj1r3 L I HOIITAI, 1t 44 DORWIL],ER 1813 LONGEVIT],8 1842+ 1847 REDL/rCH 1E46 KÏ,EINîHÂI 1817 TETING 1tj43 HOIBACH 1{t15 PONIPTERiiE 1t31 SEINGBOUSE 1C16 163

Ce tableau clu personneL placé en l\Iosell-e laisse ressortir qutà part quelques très anciennes institutrices d.u clébut d-u silcle, 1técluipe enseignante d.es soeurs d.e 1a srovidence est à peu près renouveXée en

1t:47.Ce brassage de soeurs vaut dtail-leurs au directeur d.e vertes re- montrances (f).La date d.e la lettre d.tobédiencergénéralement remise au rnoment d.e 1a première nominationr nous permet de situer leur âge autour de 25rJO et 35 ans.Ces personnes seraient nées entre 1810 et

1S20. En 1S5O et 60 , ces institutrices comptent entre 65 et 70 ans.

Héritières du passé, l tinspecteuv Creutzer" en parlera d-ans ces ter- mes en 1[i53 z (2]

'r...liaX.gré toute leur bonne vol-onté, Ies soeurs cle la Fro- videncà de Se.int-Jean cle Bassef ...sont en général en des- scus de leur tâche...I1 est granclernentà souhaiter qurelles reçoi-vent une instruction plus soli

ElIes seront retirées progressi-vement avec Ie ménagementquton l-eur doit.

En ce qui concerne fa liieurthe, 1es 66 écoles qury desservent les ?6 institutrices (l),appartiennent à 1a jurid.iction de Nency d.epuis 1e rattachement cles six cantons à ce clépartement. les secteurs d.e Pha.l-sbourg et Sarrebourg sont entièrement germanophones et très attachés à leprs traditions. l,es villages y sont petits d.onc faibles sur le plan d.émographique et généralement aussi sur Ie plan éconorni- que . Cette région est aussi fe berceau clrorigine de la congrégation et ctest 1à qutelle srest implantée avant dressaimer dans les tlépar- tements voisj-ns. i,lai.s , cornmeau temps de Jean tviartin ivioye , cette

partie orientale de ]a lorraine est restée tràs pauvre ; les communes

sont nécessitcuses,Toutes ces incitlences vont rejaillir sur l-?éccle .

(t) nnn Fonds du rectorat Lettre d.u21.XII.1ti45. (2) /iDMSérie T itapport annuel de lrinspecteur CREUTZER. Iettre du 22 mai 1S61. 164

Commepour Ia Uioselle, nous allons dresser un tableau des postes oc- cupés par Saint-Jean, de leur berceau drorigine. Nolts y ajoutons 1e traitement que leur aormafles commuïres. En réa1ité r otr Y est pau- vre ; on y vit pauvrement ; ctest 1e pays d.es faux-sauniers, des bû- cherons, des pastoureaux et des gardeurs de bétail; soit des gens qui ont rf mauvaise fci d.ans les marchésrprovoquent tracasseries et u- surpati-ons d.e terrains, ayant l tesprit aveuglércent processif , une d.j-s- position effrayante au parjure et au faux témoignager' ( t ) comne l-es peignit si- sévèrement cet auteur de l- tarticle du i\ioniteur de 1a ii'io- sell-e en parlant d.es populations allemand.es de lrEst.

ETAT DESPOSTES,T,ETTRES DIOBEDIEI'ICEET T}:iAITE- DANS IE DEI-.1;R[EùENTDE t LïEURIHEEN 1347.

Nom du canton et des Date de Ia traitement communesd.rexercice I.r1 robéd. C.e1?instit.

C/tl[TCN DE PH/iISBCURG

/r.iiCHEVIlLE 18)t 250 FnS DANN /',q DANNE],BOURG . .31 NE.IJ{1 DABO ..25+LIDE NE.{,NT l/r HCUBE 2'7 NEÂNT SCHAEFFEITHC)I' ?tr ÀJEÂN1 BROUVIL],ER lBOO NEÂNT BUCHE],BERG . .)1 5a G/IREBOURG ..37 ...? GUNZWIIIER IiIEN lil,lEAUcleCI{ENE . .45+ÂIDE 75 ?1 HENRTDORF RIEI\ i ITIIlENHÂUSEN ..33 RIEN IUTZE],BOURG ÂÊ. RIEN I.,TITTELBRONN (j0 l , .43 1 ST J.KURZEI\ROTH . .47 RIEI.i Sî-IOUIS . .37 RIE}i I ÎROIS I':1,ISONS ..20+ÂIDE 50 DE le vilhe II/ÂTIEI'iBOURG? ..!r7 NEIiIIJT \{II,SBERG 1';14+1L15 NEI.NT ...r...1 155

( t ) Canton de Sarrebourg

BIEBERKIRCH lis46 NEÂlrT BUTrl . .33 Nll/rNT BROUDERDORF ?2 RIEN H.âRBERG 11+29 100 HÂTTÎZ\ITIIIER . .37 NEÂN1 HAUI-ClCCHEN ..42 80 HCFF ..41 ,B liÂUt-I,IARTING )4+47 100 HESSE . ttt7 t)v H0l'liiiERT NE/'NT I/À]GATTE . .43+AIDE NIEDERTTIIIER . . /lO 100 Pll,INEdeli'JÂl,SCH ?t' NE/iNT REDI}iG ,.37 15A EICH ..42 5A PÎ EICH . .37+AfDE ITHODES . .4b 5A YIIAISCHEID ..34 122 ENGEt'l ÎH/il (,tnne xe ) ..47 I\lEAI,jT

Canton de Fénétranne

BERTIMI}.fII\iG 1u42 100 BIIiKE}'IHCI,Z ?1 N]JÀNT DOIVITIG 2 '7ô C.OSSEl,l\.{ING _4tr i{IIBESHEIIJ ^E 1in. I,{trTTEITSI{ETIii .,?-l 1'7 .7 Ê. NIEDER.SîTSZEI I) ROI.,DIPING SAllR/ilîR0Fl' ..40 Âfl SCH.T:LBACH . .41 1C0 VfEUX IIXIfiII'J , .17 1t0 V{ECKERSW]],LEIT . .47 200

Canton d.tAlbestroff

BERT'IERTNG 1820 6ô HUI{SKIRCH ..3'l IUU INStrIIING ..17+AIDE 4AA INSVilIT],ER . .lr2 150 LEI\IING 200 I IHOR . .43 NE/iNT I,OUDI1EFING ,.23 40 I,rilJNSTEI{ ..26 ...? R0D/'LBD ../t4 OU V{ITTERSBOURG ..45 [iO ItrrIRùlING ..22 60 .../... (t) Â.sr J. REcrsrilltGRUSY op.cit. 166

a a a aa aaaa a aaa a aa a. a a a. ! a t a a a a.. a a aa. a o a a a aaa aaaaaa

Canton d.e Réchicourt

DESSET,INE 1847 100 FRÏBOURG canton aê' Cââteau-sa1ins6o

BURIIONCOURT 1j44 200 HABOUDA}IGE 1ti42+liIDE 150 HÂI.{PONT 1E)4 11'

Âu point de rme âge, Ie département d.e la I'{eurthe est celui qui con- naît 1e plus grand. nombre dtinstitutrices formées au début du siècfe.

Nous savons naj.ntenant ce que*ce notion implique. Certesrl-a scolarisa-

tion féminine y est précoce ; dans maintes régions de France, tr-récole naîtra un d.eml siècle plus tard seulement ; mais si lrinstruction a d.e Lravance dans 1tEst ,-en 1833, il passe pour lrune d.es régions les

plus inst:mites -(Z), ell-e en porte aussi l-es séque11es, T,es pJ-onnj-è-

rères d.es temps héroÏques ont des capacités limitées et lfenseigne - ment , au lieu clrévoluer, piétine. les salai-res, quant à eux, con -

tinuent d.e d.épendre du bon vouloir de la municipalité et certaines ne prévoient strictement rien à leur btrdget (3).Dtautres consentent un appointement cle secours , pas nécessairenent en fonction de la

lettre d.tobéd.ience. Ce qui nous frappe , crest que durant cette pério-

d.e 1{J26 - 1870, Lrad.ministration conventuelle demande rarement une

rémunération. Ctest bien Là une d.e ses optiques pri.vi-légiées : faire

classe au prix d.es pires peines pourlru que ltenfant ne soit pas aban-

donné à lui-même .

( t ) Cf .p.16r, : ADMBÂ H 2 Un universitaire I\IETZ10.XII. 186,8. (z),it.CoNfrïiJIINEop.ci-t . p.227. ; A.PROSÎ op.ci-t.p.101 (3)Cf.Etat d.es postes , lettres d.tobédience et lraitement en Meurthe pour 1 rannée 1847, pp.164r165r'166. 'rÉ lire : cette notion. 167

b) Malai.se général dans l-a politique scolaire

larcourons à présent 1e courrier échangé entre Ie dl-recteur d-e Saj-nt-Jean et 1es autorités scolaires ( 1).Il prend le ton clu précé- dent .Nous en retiendrons lra.spect social, cette fois.

Au sujet d.run retra,it opéré sur CemâÉd.ed.e ltacad.émle, Pj-erre Gn sy avise le recteur du nécontenternent de 1a population (2) :

rr...Encore ai-je essuyé Ce vives réclamations d.e la part cle plu- sieurs populations; je joins ri 1a présente, 1a lettre que mra ten écrite à ce sujet, Mr Ie illaire cle Schoenembourg; i ai reçu une d.ans 1e même sens de la part d.u maire d'Epfig. Ce qui prou- ve que ÀIrs 1es Maires et l-eurs comnunes ne sont pas si ma1 contents de nos soettrs...rr

Ces onze soeurs, ne seraient-etles pasrse demande le directeur, victl- mes d.e leur propre crainte qui les désarme au rnonent où elles doivent faire preuve de Leur compétence pédagogique ? :

il .. .il- peut eé faire que dans un examen rapid.e assez court et fait avec une certaine hâte, les enfants et 1es soeurs soient effrayés, et nrosent pas répondre à llrs les Inspec- teursn quoique 1récole soit bien tenue...'l

Car enfin, Grusy peut se porter garant pour cclles quril a formées personnellement (3). Que 1es inspecteurs soient débordés d.e travail, il nty a pas de d.oute. Chaque rapport à ltacadémie se termine par 1a supplique àraugmenter 1e personnel de contrô1e (4).Ia Moselle souffre particulièrenent de cette pénurie et compte un inspecteur pour 414. classes , soit trois visi-tes par iour ' par tous 1es temps.

(t)l,e recteur d.e Strasbourg stad.resse directement au clirecteur de Saint- Jean. h Metz et à Nancy, la hiérarchie passe par Lti-nterméd.j.aire du consell acaCémique, par 1ui au ?réfet qui stadresse à 1révêque. Ces rapports ind.irects ne nous ont pas permis de trouver un courrier ad- ministratif anal-ogue à celui de Strasbourg. (2)/rBR - Fonds du rectorat Lettre du 9'.)1.1t:,N5, - (3)Cf. chapitre I : pp. 24 à 31, (4)ADM 2 I 12 Rapport général du nols de juillet 1s61. Hanriot y pré- sente le bilan du travail des inspecteurs régionaux : Ia lureurthe compte 178 communespar inspecteur, la l{er,rse117rl-es Vosges 136rLe Bas-Rhin lltrleHt-Rhin l6lrLes Ardennes 119,1a l/Ioselle 412 écoles.rf 168

ces fill-es du peuple n bousculées par J.tempressementdes uns,exas- tiaée pérées par l quron ne cesse d,e répéter aux retraites annue]les

quton nrest pas satisfait d relles, se rnontrent encore prus mala -

clroites. llrail-Leurs Grusy ntéliminera que cinq d.es onze personnes

en question' sont-e1J.es ignorantes ? Eh ! bi_en ; il a d.éjà corrlgé tadjonction cette Lacune par l clrune aid.e ( I ) : rr... erres ont d.es aicles fortes ; i1 en est ainsi- à Reich- stett, Erlenbach, stei-nbourg. Quant à cell-e d.e \i/inzenhein, crest presque malgré moi que cette soeur est l-à ; e]1e est tristement logée ; si Je suis obligé d.e la retirer , ie nty eaverrai pas drautre avant quril y ait une mai_sonlogeable. Je dis l-a mêne chose pour celle de lfrleitbruch or) la commune nta pas de maison (2)..."

Idais à temps nouveaux, exigences nouvelles t 11 faut désor - mais enseigner le français avec ferrneté. la fettre au recteur de

Strasbourg en d.ate du 9 octobre 1i,,+5, marque ce nouveau jalon dans les étapes c1enutation que traverse la congrégaticn (3) : '1 ... 11 y a quelques années, ni r-racadéiaj-e,ni les communes ntont tant insisté sur ]a langue française ; lnon préc1éces - seur ne lra C,oncpas exigé cles soeurs non plus. L{aintenant ron texige, qu l ie nrai pas a.ssez cre s'Jeurs formées et ins - truites conme il- faut ...r1

En vérité, 1e probl-èrneest d.oulcureux pour le d_irecteur. 11 ne peut retirer imlrunément l-es institutrices d.es prornotions 1û20, 1[,J0, voi - re 1i,40, soit une marge de cent personnes (.i). ce sont les enfants surtout qui en pâtiraient ; les parentsrattachés à leur soeur d.réco-

Ie, seraient mécontents , eux-aussi. rl ne faut pas oub]ier cela.

(r) .A.BRFonds d.u rectorat - lettre d.u 9.X.18,i5. (z) Cf. Chapitre III. - l,tinstitution face au problème régional:p.131 (3) Fond /rBIt s d.u rectorat - l,ettre rlu 9.X .13tr5. (4) Cf. Chapitre IÏ - La ccngrégation au servi-ce d.e ltenfance ru - rale pauvre : FF. 33 à û6. Chapi-tre IfI - Ltlnstitution face au problème scolaire ré- 6;iona1 : pp. 1€1 à 1(,{. Tableaux des effectifs. 169

rr .... Si lron exige rigoureusement que ie retire 1es soeurst je les retirerai, et plusieurs éco1es resteront vacantes , (..,) ce qui ne contentera pas 1es populations, et ne fera pas le bonheur cles enfants.. .rl

Ltadrninistration est conciliante et le réalisme d.e la si-tuation ne 1ui

échappe pas.Âu mois de d.écembree11e signe onze lettres drobédience

iaais ]e 21 d.écembre de cette même année 45, Pierre Grusy fait ltobjet diun sérieux rappel qui le contrarie profond.ément. 11 ne peut endosser les b1âmes sans apporter une pièce au dossier :

tt ...Vous b).àmez les changements que itai faits comme srils avaient eu lieu arbitrairement. Je vous prie de vous mettre à ma place : sans doute vous ne voudriez pas avoir Ie plai- sir de changer, tracasser 1es pauvres soeurs, leur occasion- ner cles frais, faire quelques mécontents, déran55er les é- tai fabhorre ccles...Or , i les mêmessentiments ; i les chan- gements et je nraùrais pas changé 1es soeurs d-e Vialbourg ' de Kilstett et cle Nothalten sans une lettre du 3O octobret d.ont l-rauteur a signé pour vous, l'1r Ie itecteur. Car je nravais reçu aucune plaj-nte contre aucune de ces soeurs ; au contraj-re l;ir le maire de Schoenernbourg a formel- thonneur lement*contre celle de la communeet j tai eu l- d.e rr ( transmettre sa l-ettre. . . ") réclané

.Àpparemnent l tatlministration rectorale est ef le-même en ,fifficulté

Aurait-el-le reçu des lettres de réclamation des éIur locaux ''? Âu - rait-on porté plainte au préfet ? En tout cas r ce rappel est obscur.

Grusy poursuit son plaid.oyer car stil endosse d.es réprimandes fondées, i1 ntest pas disposé à admettre Ces admonitions non motivées 3

rr...Je ntai changé aucune soeur d.ont le changement nrait été d.emand.éfo'rmeIlement, excepté celle de Vil1é et ce changement a été éviclenment pour Ie bien.la première soeur de ViIlé est née française (r) et estirnée de Ia commune; iten ai retiré une née allemande (2) à cause de sa nauvaise santé : Ia maison hurnide et malsaine d.e cette vil]e rline toutes 1es soeurs quron y met ; 11 serait ternps enfin que cette ville

r' (1)I1 faut entendre par }tépithètert française , née francophone ' la congrégation a des recrues de Ia vallée de Ia Bmche ,d-e Schir- meckrLa Cn-aqrlette, I[aisongoutte, steige. . .ainsi que des secteurs francophones de Château-Salins. (2) Idem pour le terme'r all-emande tt si-gnifiant ici germanophone . la congrlgation compte un seul poste en Prusse Rhénanerà listroff no- temment ; il a fourni d.eux , trois recrues à Ia maison' tlu

rt...S€ pourvcie d-tune autre maison (..,) Jrai pensé qulil valait mieux }a remplacer par une ieune soeur plus forte de santé. . *rr (t). tatonne en- Dans les académies r les structures se précisent On progressi- core ; d.es maladresses se font mais peu à peu, lentement, vement fron trace le stætut sociaf de 1técoLe congréganiste qui d'is- - pose encore de l-a faculté de nornination sur propositl'on ' Âu d'irec - teur de Saint-Jean on d"emandetrois choses très précises , d.rindi

II& d-e sj-- quer , f1p deux mois à ]tavance, Ies avis cle changement, - gna]er le mobile d.e changement et III's dtad-resser Ia lettre drobé

Excelfents dience à ltacad.émie , avant ltentrée d.éfinitive en fonction. qui moyens pour faire passer da.ns le cadre g,énéta3-une institution pour émanait de servi-ies privés. Les d.ifficultés ne sont pas rég1ées

autant et les retards continuent mais pour cause :

rf...Si jtarrlve en retard (...) crest la faute d.es communes - qui viennent tard. faire feurs demandes et fournir des mai sons. Jtai rompu 1es négociations avec quelques autrês com- munes qui d-ésirent d(. nos sceurs parce qurelles sont venues trop tard.. ." (2) rr..,De lJlertzwiller, on est venu me demander brusquement et réclamer deux soeurs pour ouvrir une écofe de fill-es ...(1t16) ri. . . f,es trois comaunes de (. " . ) viennent seul-ernent de faire pour- autoriser leur éco1e communale"(Xff.18,i7).Jrignore quoi certaines viennent si tard .Jrignore aussi sril faut en d.onner à cel-fes qui viennent en d.emanclerau mifieu d-e ltannée scol-aire...r' (3)

Lenteurs aclministratives à l-téchel-on supérieur également ; 1à aussi paralyaant le la révolution d.e 1O48 sernble avoir fait ses effets en 1e paquet travail.Au premier ianvier 1t50, on nta pas encore retou!é

I (t) Â.PROSTop.cit.'ùIise en place de I institution primaire p.93. Â.I,EON to sais-je ? Ne )9) pp. 72 à 7"1. (2) -fiBR. Fond.s du Rectorat - Lettre clu 12.XI '1346' (3) Ibid.. - lettres d.u 19.X.1Û46 et c1u1.XII '1t17 ' 1n1 rt I

de lettres drob{dience envoyées début décembre 1A49. la loi FaIIoux

sort Ie 15 rna"rs, Le clirectetrr reste dans Ltincertitude presque tout

l-e mois de janvier , les soeurs concernées également car elles ap-

préhend.ent les inspections. El-les savent que Ies tournées ont comnren-

cé et ell-es ne sont pas encore munies d.e l-eur mand.at d.e mission.

rt...l,iÏ,ii1es Inspecteurs commencent leurs tournées et d.ési- rent ces lettres.Quefques soeurs mtannoncent aujourdthui qutelles ne 1es ont pas encore reçues. Je viens vous prier ( . . . ) de me cLonner avis cLe ce retarcl si vous avez quelque raison d.e ne pas les signer...rr.

T,e lettre du 27 janvier nous apprenrl que le problème est rég,lé et que

1e ccurrier est acheminé vers scs destinataires.

Comne son préd.éce.sseur, Pierre Grusy se sournet donc avec une

d.iligence écl-airée aux d.etiandes d.e lradministration et ceci d.ès 1es

premiers appels.Pour cette institution rJ.onti1 peut désormais se por-

ter garant, iI formule une ul-time requête : ltind-épend/ance légale

E1le Ie nérite pour ses activités sociales cl.ansl-es milieux pauvres,

scn oeuvre scolaire.lll sa promptitude à se ccnformer aux exigences ,

ni son d.ésintéressement ne peuvent être mis en dcute.Aussi ad-resse-t- it La requête suivante au rninistre tLu Culte et d,e la Justice : (t)

n T,li CONGRDGI,TIOIIL RENDU DE GRANDSSERVICES A UN GRANDNOt'i- BRI DE COI\1i'rrUlIES/,VÂl,l1,lEi\DANT ET LPRES L/L REI'UBLIQUE ET UI\ NOI\IBRECO}TSIDERIIBLE DE CO}UI'IUNESliUR/ifENî ETE PRIVEES DU BE- I\EFICE DE Lrrl.tSTRUClrONÏtiII"{AIRn DES FIILES,SI CES SCEURS NrY EUSSEIiÎ FÂtT l,'ECOlE 0U SÂI\S TRiTITDI\1ENTOU ?OUR UN TR./\I- lEn/tENTSI IVIODIQUE,QU'ILSUpIrIl .f' l'EIÀiE h lEUll EXISÎEI|CE,LE BUT DE LEUR INSTITUÎION ElAX-f DE r'ROfirGER IES l,Ui'riItsRESJUS- QUD DANS LES DERI'iIEi{S FiAI,,'iEi,UX.Dti CE i,iOll/iENTELIE D01ùNE

(T)R.SîJ.W 172

'I IITNSIRUCTTOI,I El\ 159 COiIË:IIJNES,DOI\-T55 OIiTtSI/i IEURTHE EÎ SE COr,?OSEDE 243 SOEUIlS' OUTIIEUNE ÎIIENT/iIiTE DE NOVICES ',JN A QUr I EIiSETGNEi,VEC l,lls P]IIwCIPES RELICrEUX,lIq_pry ],I,NGUESDONT ],i COIIN;:iISSÂIICEESl II'JDIS?EI.ÏSABLEDINS CDS ?l!YS,ITEiii 4AirITIil'iElIQllE ÂvBc LE SYSTEI,IEDECIÀIAL].,!4Æ- r GR/rFHIE,L HIST0IiE,@r!!Q. . . "

Succint mals cfaire, net , précis , sans artifice, compl et ,

ce texte présenté au minist:É du Culte et d.e la Justice résume 1es

activités sociales et professionnell-es de la congrégation. iliiais Ie mand.at de Pierre Grusy touche lui aussi à sa fin. ltévêché de Nancy vient cLe le nommer comme desservant à Ia cure Ce Danne et Quatre Vents.

Ainsi s tachevait une carri-ère prometteuse et le d.irecteur laissera d.er- r1ère 1ui une oeuvre féconci.e et tout à son éIoge. 11 fut un ardent maître d tétud.e, rr passant presque toute sa journée à surveil-ler 1es cours "(1). Sr.lr le pLan humain, i1 laj-ssait Ie souvenir dtun homme zéIé et plein de bonté.Il fut plus qutun père pour ses soeurs ; i1 suf-

flt d.e relire sa cj-rculalre d.u 5 mars 18'18 pour sren convaincre (e).

Il aurait pu être l lhornmed.e transj-ti-on mais l rhistoire ne le vou -

1ut point. T,a Loi Falloux inaugurait une ère d-e conservâtisrne quJ- frei- na le développement harmonieux c1e son administration si bien lancée

sur la voie d.u progrès. En 1ui la congrégation perdait un peu de son efficacité.. .

3 , ï,t/iBBE lriïCHEL 0U I,E ÎRIOî,l-FHtl DU Fïi/iNÇ/'IS.

Irentement, progressivement, Ia congrégation storientait vers un cadre normalisé, Son administration stalignait sur les objectlfs officiels.

Nteût été son ancien capital d.e personnel, el}e aurait pu jouir d.tune

considération plus complète, mais cela ne pouvait être.

(r) Cf. Chapitre I.p.30. (z) Cf . Chapitre III. p. 1t;(,. 173

a) Une période d.e mise en vellLeuse.

Iton peut srinterroger sur Ie changement inopiné clu supérieur

Grusy. Aucun mobile d-e santé ne le motive, 1-tâge non plus ; i1 nfa que cinquante-six ans et bien qutil meurt jeune, soit d.eux ans après saint sa nomination à Danne et Quatre Vents, quand. il quitte - Jean .

Faut-il invoquer des raisons administratives ? r'ipparemment non puis- que 1e clirecteur travaille en étroite collaboration avec 1es hiérar- chies scolaires. Serait-ce par sui-te d.e plaintes érnanant des insti - tutrices mutées ces clernlers temps ? Lf espri-t ri.e la congrégation ne nous autorise pa.s cette hypothèse cl'autant plus que les soeurs véné- raient cet excellent prêtre qui se d.éplaçait chaque année pour 1es visiter à leur poste drexercice, pour 1es conseiller, les réconfor - ter (t) aux heures tumultueuses de 184E, se hattant pour défendre leur nom et leur oeuvre, arbitrant les confli-ts les plus d.élicats, ne se cLérobant ja.mais, sa réputation d.ût-elle en pâtir, parce quril sa ; vait qutiL était humainement irnpossibLe cle faire- autrernent ou mieuxi les critères administratifs niétaient pas toujours en fonction des besoins réel.s et profonrls ; Grusy a osé 1e c-Lire. Enfi-n, ce bienfaiteur extraorrlinaire continue

11 semble que cette mutation fût organisée par des él-éments

rune prote stataires d- tr,artie d.u clergé. Un mémoire (3) relatc que cette périocie, pourtant frrrctueuse, fut marquée par des murmures , des plain-

tes sourd.es et rLes calomnies clirigées eontre l-e supérieur.

(t)1,-._S_taf*._I{EIIOIRE GEROI,'E op.ctt. I'So lebten wir ruhig uncl zu frieden biJîn Jahre 1ûlf3 die Franzosen rlen Kôaig louis Philippe vom Trone stiirzten - clann war ein wenig Unrlh unter uns d.och der Sturn legte sich wieder." (e)ni;nli - Minutes notarial-es : affaire d.u J.egs fait au bureau de bien- faisance de Berthelming et de Danne-et-Quatre Vents pour I finstruc- tion des enfants pauvres. 174

les retraits d.e soeurs qutopère Grusy avec tous les ménagements que nous savons, créent un:cli.mat c1f antagonisme latent avec certains confrères fermés à 1 rintrod.uction de la langue française.Âttitu- d.e partiale , car si le ci.j'recteur se montre souple vis-à- vis Ces nouvelles dispositions ad.ministratives, i1 agit avec tact et intel- ligence et nten éllni,ne pas pour autant la formation à 1a langue maternelle (1),

Notre d.ernière hypothèse est dfautant plus fond.ée que succède à Pier- re Grusy un prêtre sommetoute peu d.lsposé vj-s-à-vis de ltinstmc- tion. 0n ntarme pas des institutrices avee de lrhumllité seulement

(l).Christophe Larvetter pâr aill.eurs prêtre zé1é que 1révêque é1ève

à Ia dlgnité de chanoine honoraire c1eNancy dès 1352 (5), laisse en effet dans la congrégation le souvenir d tun homme plutôt allergique aux choses qui relèvent d.e le cultutre et des sciences profanes . la tradition rapl:orte que les soeurs tremblaient en le rencontrant ; il ne toLérait pas qufon cj-rât ses chaussures. Cette périod.e connut un regain d.raustérité un peu vieiLlie.Àussi 1es affaires scolaires stagnent - eIles. fre courrler garde 1e ton routinier d.es échanges administratifs sans interventicrs éclatantes conme au temps jad.i-s , Ctest lf ère de lf em- pire auto,ritaire où 1es querelles linguistiques sont reléguées au second. plen, où avec la 1oi Fattoux (6), 1e clergé reprend son droit de regard srrr 1récol-e avec toutes les prérogatives que cela implique.

(3) Â,STJ. g@ op.cit. (4) r,.sr J. W;I]Ë.GIiUSY op.cit. (5) A.E.M. Ct11.iculuu vitae d.e Christophe Larvette , né en 17û3,15.X. à Insmingrordonné prêtre Ie 21.IX.1û12 à Nancy, desser- vant à Âlbestroff , ltrattignyrVeckerswiller et Brouviller de 1G12 à 1Û50 et nommédesservant de St Jean de Bassel et d.irecteur des soeurs de la Frovidence le 5.f'II. 1{150. (t") f,of Falloux : 15 mars 1850. 175

En ce qui concerne la congrégation, si 1e nouveau clirecteur est plutôt

axé sur lraspect ascétiqlre de la formation d.rune soeur d-e 1a Provlden-

cêr i1 garcle Ia structure des plans d..!.étud.eéIaborés par ses préd-é-

cesseurs ; 1es protrammes conservent leur contenu antérieur ; 1téqui-

pe péd.agogique en place poursuit son oeuvre cle francisation . En som- rêr e1l-e vit sur ses réserves et l-ron peut tout au plus déplorer que

larvette ait manqué d.e 1a flamme qui animait ses d-evanciers. En ceLa

il ftrt un frein, non un obstacle cepend.ant. Les soeurs continuent cle

leur côté à se servi-r

connaissance du frangais. Lrallemand à présent, nrest plus pour elles une fin à atteinC"re mais un moyen. I,es mentalités ont d"onc déjà bien

évol-ué clepuis 1836. Âvec l-a période libéral-e rebondit Ia querelle ,

plus âpre mais avec les mêmesarrnes et une fin différente.

b) l, tultirne alignement

En 1Szi5, 1a langue allemand.e nrest pas totalement ostraci-sée

d,e 1récole. Iin Âlsace, 1e plan dtétuCe cle 1t5'i lui réserve une large

part. En Meurthe et en liloselle, elle continue d.têtre utiLisée dtune

façon plus voilée presquf à l-a dérobée. Cel-a se sait mais aucune au-

torité nfintervient assez éner1lquement pour en soustraire les en-

seignants. C'est avec Xa fin cie la périod'e aLrtoritaire que l-a lutte - est relancée et Ie théâtre en est la Lorraine germanophone. En ir{o

selLe, trtinspecteur dracadémie Hanriot , assisté par son collègue

L[agglolo qui mène une action parallèle en i'ieurthe, souhaite vivement

1ré]imination plus péremptoire de la langue allemand.e. /i Saint-Jean t

ce problème se traduit en 1BÉ,Jpar un ultime rappel des instances d'e

Strasbourg , de l/letz et d.e iiancy. 17()

Un fait nouveau marque en effet la vie ad.ministrative conven- tue11e ; un autre dlrecteur est nommé. 11 stagit de ltabbé lfiichel ,

professeur puis d.irecteur au petit-séminaire d.e Pont-à-iliousson (1).

Gaston May attrj-bue sans ambage5cette nomination aux interventions

des autorités civiles aupràs de l-a d.irection diocésaine. Déduction

plausiblervu le choix émi-nent du nouveau d.irecteur rLont 1a congré -

gation peut se féIiciter. Nicolas lJlichel joue lratout de ses rela -

tions d.tensei.gJrant en faisant appel à des collègues d.e Fénétrange Q)n

d"ont notamment le professeur d.e lettre, d.e musique et de peinture. (3).

En 1C64, i1 organise ou plutôt inaugure des examens intro-muros pour

éprouver 1es coruraissances d.es él-èves-maîtresses.Inutile de revenir

sur cette lnitiative si ce nrest pour affirmer que les élèves y font

preuve d.fune formation reçue antérieurement à cette opération plutôt

spectacula,ire.Ne serait-ce pas Ia moisson cle semailles entreprises

d.e longuer d.ate ? De ltextérieur lui arrivent égalenent des canclldates

plus solid.ement équipées en bagage linguistiqu,e par ltécole primai-

r.e. T,e supérieur a 1e mérite d.e stintéresser aux choses scolaj-res

d.ans cet établissement clestiné à des fins très précises. Enfin r i1

faut ajouter que cette congréga,tion , séparée de son évêché origi-

nel et du point cle rme linguistique de son milieu ambiant , véritabl-e

enclave solitaire et bastion du germanisme en secteur francophone '

commençait un peu tard.iver,:ent à stintéresser le lointain évêché de

I{ancJr. Y était-on apte à comprendre Ie problème fond.amental qui agi-

tait Ia partie orientale du d.iocèse ? 0n y refusait la langue fran-

çaise non en tant que telle , mai.s parce que ceJ-a supposait tout un

retournernent culturel sécuf.aire. Aband.onner fa langue maternelle t

-tétait donner sans retour. Comprenait-on cela suffisamment à Nancy ? 177

En 1564, lrinspecteur d.racadémie d.e l-a l,{eurthe signale Ia d.isBarition totale des institutrices ne parlant pas français. 11 ne cite plusn avec le mépri-s quton l-ui sait attacher à ce terme, f,.es Îf pauvres fj-lles1r.ÂiI}eurs, on ne mentionne plus non plus ces rr 'e, simples dresprit enseignant à vi1 prix ces simples dresprit , stad.onrtant - ?ierre Grusy. 1récrj-t d.ans son mémoire au l{inistre du culte (zf) très explicitement - à 1?étude C.es d.eux 1-angues, d.e

Ifarlthmétique avec système décimalû, de la géographie, de Ithis- toire, r!.esouvrages manuels, outre Ies principes religieux, ceci depuis 1t150au moins.

En 1[]5(r! lrinspecteur Creutzer constate à son tour, les améliora - tions notables obtenues à Saint-Jean. Ces proliges linguistiques

étaient-ils réellement le fru.it de 1a clernière cârtlpâgn€ ? Ces argu i tr ments ne clevaient -ils pas servir tout bonnement à illustrer Ia thèse clu succès d.éfinitif de cette vaste campagne de francisation ?

rhui T,a réponse paraît évid.ente aujourd : quoi quton entreprenne rlri- dione maternel ce se d.éracine pas . lfécole initie à La langue nationa- le ; c ?est un mérite ; etl-e earichit }e patrinroine car ne peut d.étruire

(t)f,9il1 ..- Curiculum vitaefourni par Mr l-e Canoine OBRY,archiviste. (Z)ff stagi-t d.es professeurs du collège épiscopal ou petit- sémi - naire ae !énétrange, oeuvre paratlè1e à celle cle Pnt-à-},{ousson. (3)Cf - Chapitre I p.3p : f ormation professionnell-e et p. 1:ù (4)Oans les archives d.e Saint-Jean existent très peu cle traces con- cernant cette réfornre que 1es auteurs clisent importante. 0n fait mention clans une Lettre d.e la visi-te en 1C66 de irTgr lavigerle i ?our Ies autorités civiJ.es, on conserve le brouillon des conféren- ces d.onnées aux instituteurs de Ia circonscription de Sarrebourg en 1861. Ce manuscrit nrest pas signé mais réd.igé sur papier ad- ministratif d.e lrinstnrction publique, acad.émie cle Nancy, inspec- tion de La i'teurthe.Vrate charte des naîtres germanophones, il se peut qurun inspecteur lfait communiquée à Ia d.irection conventueelle. Nous avons égalernent fai-t des recherches aux archives de l/jeurthe et lJloselle pour 1e rapport d.u 30 juin 1t6,3 d.e ltinspecteur Creutzer et mentionné par G.lllay p.1rr9. Nous nlavons pas trouvé ce docu- ment lndiquant le détail d.es transforrnations opérées à Saint-Jean. 178

un acquis séculaire. tes forces profond.es qui régissent Ie monde r' rural constituent une cltad.ell.e quâst i-nprenable. Ltastuce, cf est dtV aglr par lrintérieur. Ce travail souterraln, lent mais pro€fres- sif et respectueux d.e valeurs non noins respectabLes, ne firt-ce Pas précisénent ltoeuvre de toutes ces institutrj-ces de campagne:'?

Le trlomphe du français ne firt cepend.ant complet qutau niveau d.e 1téco1e ;Ia langue rnaternelle en prenai-t irnmanquablementIe relals dans la nre, en famlile, à 1régli-se, chez l-tépicièrer 3-taubergiste et

1e greffSer. f,a presse locale restalt en langue materneLle. Dr v11-

1age, seuls entraient dans les éco1es seco.ndaires les enfants des instituteurs, quelques firturs fonctionnaires et une polgnée dtadoles- ce3tg comptant embrasser la vie religieuse ou sacerdotale. Pour la grande nasse qui ne quittait pas Ie vi1lage, les acquisitiors sco- tétat Xalres en restaient 1à, solt un françals à 1 de langue morte , rarement parLé et peu écritrcùotrc point entretenu. Le français était rnrlgarisé d.ansles couches sociales les plus dérmrnies par Ie biaLs de 1téco]e. CrétaIt une conquête trop récente pour porter des fnrits durables. f,es événements d.e 1B7Od'evalent ramener tous les ef forts au point de d.épart.

*.* lr* 179

I,fhlstoire d.e ltinstrrctlon primaire ôu XIX& slècIe est mar-

quée d.ans ltEst gernanophone par la querelle d.es langUes. 11 sragis-

salt d.tintrod.uire la langue nationale dans une région qui parlait un

dlalecte allemand. depuis des siècles. Ies difficultés se sltuèrent

prlnclpalenent au niveau cles moyens utilisés pour atteindre ItobJec-

tlf. Ceux qui optèrent pour une solution mixte, soit ltaccès au fran-

çals par 1a langue maternelle, eurent plus aisément gain de cause

Ce fut 1e cas en A1sace, Les autres se heurtèrent à un tmlr de résls-

tance soutenu par une force de premier ordre : 1e clergé diocésain.

Les desservants de ces régions rurales gerrnanophones sl justement

attachées à leur culture traditionnel-}e sten fi-rent effectivement

dtardents e"vocats. les instituteurs' de canpagne acheminèrent lente-. I ment les populations vers Ie but en se senrantr non des moyens offi-

cj-els préconidés, solt la sévère méthode directe, mais ceux plus po-

pulai-res et plus humains d.e Ia méthod.e sim.rltanée. Les soeurs d.e Saint-

Jean, abandonnant peu à peu la dénarche trad.itionnelle firent de 1r1-

d.lome maternel un moyen dtaccès à 1a langUe française. Elles êr.! cou -

mrent Ie risqree parce que dans l-eur milieu dtinsertlon, cétalt 1à

un moJren efficace de réussite.

Cette querelle atteignit directement la congrégation de Saint-

Jean d.e Bassel préclsément lmplantée d.ans Ies enclaves de résist&I}cê.

EIle lui fut salutaire car remit très tôt en questi-on la formation

professionneltre de ses membres. !es d!.recteurs réagirent rapidenent

et sérieusement.

Mais elle portait Ie lourd. tribut d.es aînées formées plus sommairement

au d.ébut d.u slècle. On tre pouvait les renvoyer bmtalement, le renvol

supposant 1a ferneture du poste et le retour à Itanalphabétisme quron

tentait d.e combattre dans 1a campagne pauvre depuis Jean Martin Moye.

Devant ce dilenrne , Ia cong:régation opta souvent pour une solutlon 180

de transition qui ne convenait pas toujours aux autorités.

Outre cette portion d.tanciennes maîtresses d.récole que Ie temps se

chargeait finalement d,réliminer, drautres membres continuèrent dtu-

tiliser ltid.iorne maternel poxrr accéder à Ia langue scolaire. Mais sl

T,es progrès dans leurs écoles furent lents, iI faud.ralt attribuer

ce retard plus à leur nilieu dfimplantation qutà leur incapacité

profesÈi-onnelle tant d.énoncée. En 1836, 1e premler directeur des

études a déjà entrepris ltinitiation au français. I,e ménnoire adres-

sé au nj-nistre du culte en 1B5O mentionne Ia préparation aux deux

langues en plus des matières traditionnelles du calcul avec systè-

me décimal, de 1 fhistoj-re , de 1a géographie et d.es sciences religieu-

sês. Enfin en 1861, il nty a plus qurune poignée dtanciennes i-nsti-

ttrtrices. l,a direction conventuelle leur a ad.joint une aide dans le

cas où el-l-es ne possèd.ent pas suffisamment Ie français d.e manière à

pouvoir n renseigner.

Cette grand.e bataille a donc été bénéfique pour la

congrégation, sans cesse acculée à se remettre à lour. EIIe en a:t

fait en plus des maîtresses d récole bilingues, 1es directeurs ne

voyant pas ltopportunité d.rexclure totalennent lrallemand et devant

préparer des cand.idates aptes à ensei-gner d.ans Ies trois acad.émies.

La soeur de Saint-Jean laisse au XIXIp siÈcle une image d.e marque mo-

d.este ;humbIe, pauvre, réservée, effacée, suffisa.mment équipée pour

dispenser les premiers é1éments de lrinstruction, elle est Itinsti-

tutrice populaire par excellence. E]le a couru 1e risque de ses mo-

yens modestes pour arracher à ltignorance la tranche déshéritée de

1a population féminine r1rale.les communes la demandent partout o

Iles autori.tés continuent d.e ratifier sa lettre dtobéd.lence . Crest d'u donc à sa manière qurelle a participé à faire gagner }a bataill-e françai's. sur 1e plan matérie], sa congrégati-on est en pleine prospérité. De-

puis ltinstal-lati-on en 1827, la clirection a acheté des biens, etrtre-

pris quatre grancles constructionsracceuillant chaque année une QUa-

rantaine de recrrues, acceptant des postes 1à où lfon fait appel à

ses insti-tutrices. Sur }e plan spirituel'son exemple a fait tâche

d thuile. les filles d.e la Providence se multiplient en se d'istin-

gant par Irorigina],ité de leur milieu dtinsertion mais en visa.:nt

toutes un but comnïun : lrinstruction des enfants de campagne dans un lrovid'epoe' esprit dtabanclon à toutes les surprises que leur réserve la en dif- Dans fa congréga"tion , Ies directeurs consolident les assises inlfi- fusant RègJ-es de vie et Directoire qui drainent Ia spi-ritualité vi- ale. Admission à 1a professionr retraites annuelles, circulaireS , reli- sites à d-omicile sont autant de moyens pour maintenir lfesprit

gieUx que pour redresser 1es erreurs et encourager au bien ' Pour vie les populations, e11es sont d.evenues les témoins vivants de Ia

évangéIique. E1Ies en canalisent l-es dési-rs, influencent leur compor-

temert et déterminent la mentalité; elles prêchent par leur exemple

Ies vertus de soumission, d.tobéissance, de piété et de travail. roeuvre Cent ans après sa fondation , l d.e iVloyeen Lorraine alle-

mand.eavait atteint un succès inattend.u; grâce à ses effortsrtoute foi et Ia population llrale est instruite sur le d.ouble plan d.e la

des connaissances profanes. lois scolaires et oeuvres religieuses pérennité tenporelle nées au cours de ce sièc1e posent les assises d.e sa initiative allait et spirituelle. lre fond.ateur ne pensait pas que son

prendre une tc1le eBvergure. PIAN : Première partie

tr.NTRODUCTION pp. ï.XIïI

Abréviations p. XIV

UNE JEI'NE TNSTITUTION EI{SEIGi{ANTEDE I'ESI qur DEFTNIÎ SES STRUCTURES 1827-1870

CHAPIIRE T : IINE CONGREGATIONENSEIGNÂNTE DE IIEST AU LENDET.{ÂTNDE SA FOIÛDATÏON

I. LES PROVIDENÎES DE IîOYE Ei{ IORIIAINE A],T,EI'IANDE

1. VERS U}IE IDENTIÎE CIVII,E ET RELIGIEUSE. a)Leur terre dtélection : un vieux slte pp.5.B monastique b)Des institutrices chrétiennes dirigées pp.8;10 par des ecclésiastiques c)Tentative drassimilation aux associa- pp. 10.15 ti-ons diocésaines 2. LES D]IiECTEUIiS DE SAINI-JEAN FACE /tU I,ROJET INITfAL a)Jean DECKER: 1802 - 18/,t, pp.1'1.?4 b)T,'abbé Pierre GRUSYz 1845 - 1850 pp.2+.)1 c)Christophe T.,ÂIIVETTE: 1S5O - 1863 pp.31.33 d)Nicolas I\{ICIIEI : 1ii63 - 1ir70 pp.33 .38

II. PRE?AIiATIOND'UNE FILI,E DE },TOTDA SA CARIiIERE D'INSTTîUTiiICE

1. IOIIi\'IATION PROFES S IONNEILE : L f ET,EVE-}XAIÎ1iESSE a)Contenu de Ia formation professionnelle pp.39.40 b)le matériel pédagogique en usa8e pp.40 .45 c)Origine géographique des é1èves pp.46.50 2. I0RûATION REIIGIEUSE : ],A NOVICE a)lnltiation à travers la splritualité pp.51.56 du fondateur b)La novice à pi.ed dtoeuvre pp.56.59 c)Une charte, un code pp.60.62 CTIAPITRE IT : T,A CO}trGREGATIONDE SAINT JEAN-DE-BASSEI AU SERVÏCE DE I,'ENFÂNCE RURAIE

J . trITNSTIîUî;1TCE ENTiiÂNEEN IONCTION

1 . IES CONDITIONS IIATERIEÏ,IES a)Une vie pauvre pp.65.77 b)Une vie de sollitude pp.7B.91 c)Un salaire plus que modique pp.9 1 .96 2. SA COI{PETENCE?ROFESSIOI{NET,ITE a)Ie maître drécole au XIX&siècle pp.97.99 blltinstitutrice d.e Saint-Jean pp.gg .1o2 c)Ses directives péd.agogiques de pp.103.118 preni-ère maln IT. UN ENSEIGNEIMNT ?ARTICUIIER AIDT REGIONS GER]'/IANOPHO}IES

1. UNE MEÎHODEATÏACHEE A II}trSTOIRE LOCAI,E n a) l,a méthode rr comparée pp. 119 ' 120 b)Ltemploi d.u temps à l rintérj-eur du programue pp' 121.123 2, SUR ITENSEIGNEI,IENÎ DU FRANC/IIS D/INS T,ES ECOÏ'ES DE ],4 PARTIE ALIEIIIANDE a)lourquoi le français ne progresse-t-il pas ? pp.123,125 b)Des méthod.esà enployer dans les diffé pp,125.126 rentes matières et sections c)lttitude générale à adopter d.evant pp,127,128 1 renseigBement d,u français

CH/T}ITRE III : ]''INST]TUIION FACE AU PROBIEilIESCOIATRE REGTOI{AL

I . I,TINIIiODUCTIOII DU F1'.r;'NCAIS

1. PT,ACEDU FRANCAIS EN SECTEURGER},{ANOIJHONE a)Priorité à la langue maternelle pp.133.134 b)l,es foYers de résistance pp.i3zi.138 c)Les institutrices de Saint-Jean pp.138.139 2.IE PROCESDE COI,IPETENCE a)Du côté de ltautorité adrninistrative pp. 140.'1,i3 b)Vers un éclairage bilatéra1 de Leur pp. 143.11i6 compétence rée1le

II. ÎR0IS JAIONS DE MUTAIIOITI: 18)6 . 1845 . 1863

1. 1IJ35 DECKEROU IE ?REMIERAP?EI A IÂ RETORME a)"Sans être ùe françaises toutes falte srr pp . 149 . 153 b) ttCéder leur place pour un Plus grand. bienrr pp. 151r.1 5B 2. 1B/|,5 . GRUSYHUTTTIER DU PASSE a)?ierre Grusy fait 1e Point PP.159.166 b)Mal-aise généra1 dans la politique scolaire pp.167,172 3. 1{J6) . L'ABBE MICHEI 0U lE IRIoI'{PHE DU FRANCAIS a)Une période de mise en veilleuse pp.173.175 b)Ltultime alignement ç'P.175.178

CONCT,USTON PP.179.181