Cet enregistrement a été réalisé avec l’aide de la Communauté française (Direction générale de la Culture, Service de la Musique)

Le Chœur de chambre de Namur est soutenu par la Communauté française Wallonie-Bruxelles, Direction générale de la Culture, Secteur de la Musique. Il bénéficie également du soutien de la Loterie nationale, de la Ville et de la Province de Namur. www.cccwb.com

Enregistrement : Bolland, église Saint-Apollinaire, septembre 2004 & juillet 2008 Prise de son et direction artistique : Jérôme LEJEUNE Illustration du livret : Hans Mielich, La Chapelle musicale de Bavière. Münich, Bayerische Staatsbibliothek. Roland de Lassus est assis au milieu des musiciens, jouant de l’épinette. (Photo AKG-images)

Réalisé en co-production avec le Centre de chant choral Biographies des artistes disponibles sur le site

2 Orlando di LASSO (1532-1594)

Magnum Opus Musicum ( de 3 à 6 voix)

CHŒUR DE CHAMBRE DE NAMUR Caroline Weynants*, Julie Vallée-Gendre*, Cyprille Meier, sopranos Luciana Mancini *, Anne Maugard, Elena Pozhidaeva, altos Jean-Yves Guerry, Bruno Lelevreur, contre-ténors Renaud Tripathi*, Peter de Laurentis*, Jacques Dekoninck, ténors I Aldo Platteau, Robert Buckland*, Olivier Berten, ténors II Etienne Debaisieux*, Jean-Marie Marchal, Philippe Favette*, basses *solistes du choeur

LA FENICE Jean Tubéry, cornet à bouquin, cornet muet, fl ûte à bec Kuniko Ueno, cornet à bouquin, cornet muet Simen Van Mechelen, Christiane Bopp, Jacques Henry, saqueboutes Mélanie Flahaut, basson, fl ûte à bec Jean-Marc Aymes, David Van Bouwel, orgue, virginal Matthias Spaeter, archiluth

sous la direction de JEAN TUBÉRY

3 1. Quid trepidas à 6 5’19 2. Haec quae ter à 3 2’01 Sequntur cantiones IV vocum 3. Pulvis et umbra 2’36 4. Fertur in conviviis 4’01 5. Qui regit astra 2’38 6. Ut queant laxis 1’56 7. Lauda Mater Ecclesia 1’45 8. Cantione sine textu à 2 (n° 16) 1’29 Sequntur cantiones V vocum 9. In quoscunque locos 2’01 10. Super fl umina Babylonis 4’20 11. Hispanum ad coenam mercator Belga 3’23 12. Bestia stultus homo 1’18 13. Cantione sine textu à 2 (n° 21) 1’52 14. Quam pulchra es (instrumental) 2’29 15. Quam pulchra es 2’38 Sequntur cantiones VI vocum 16. Homo cum in honore 1’39 17. Non des mulieri 1’38 18. Nunc gaudere licet 2’10 19. Luxuriosa res vinum 2’01 20. O decus celsi 1’37 21. Cantione sine textu à 2 (n°22) 1’53 22. Ad primum morsum 2’40 23. In hora ultima 2’00

4 Les Humeurs d’Orlande

Natif de , Lassus achève sa formation en Italie où il s’impose à vingt ans à peine comme maître de chapelle de St-Jean de Latran à Rome. C’est à Münich, à la cour de l’archiduc de Bavière, qu’il fait toute sa carrière, d’abord comme chantre, ensuite comme maître de chapelle d’Albert V, puis de Guillaume V. Avec ce dernier, Lassus entretient une abondante correspondance dans laquelle apparaît la trace d’une relation intime, amicale voire humoristique entre le musicien et son patron. Une bonne partie de cette correspondance date des diverses périodes de voyages, en majorité en Italie, durant lesquelles Lassus a l’occasion de prolonger ses contacts avec les artistes italiens, mais aussi d’entendre et d’engager chanteurs et instrumentistes pour le service de la cour de Münich.

Il faut dire que cette chapelle musicale était l’une des plus prestigieuses de son temps. À côté des nombreux chanteurs, elle comportait une quantité imposante d’instrumentistes, ainsi qu’en témoignent diverses sources : descriptions de cérémonies fastueuses, dont celles du mariage de Guillaume V avec Renée de Lorraine, comptes de la cour, représentations, dont ce célèbre tableau où l’on voit Lassus assis devant une épinette et entouré de nombreux instrumentistes.

En 1604, les fi ls de Roland de Lassus publient sous le titre de Magnum Opus Musicum, une imposante anthologie posthume de son œuvre : les quelques centaines de motets réunis ici sont répartis de façon très ordonnée selon le nombre de voix, de trois à douze. La confrontation d’un choix de motets non liturgiques aux lettres mentionnant la musique, et l’esprit même de Roland de Lassus, nous a semblé être le fi l conducteur à suivre, à travers ce dédale d’œuvres disparates que constitue le « grand ouvrage ». En effet, à côté de l’abondance des motets

5 liturgiques, se trouvent d’autres compositions profanes ou para-liturgiques qui, additionnées à certaines pièces religieuses, illustrent, presque inconsciemment, la très riche personnalité et le caractère de Lassus. On savait que les évènements de la vie avaient grande infl uence sur son métier de compositeur. Un état maladif le mine à la fi n de sa vie. En 1587, il se remet d’une attaque d’apoplexie grâce aux soins du médecin de la cour, Thomas Mermann. En témoignage de reconnaissance, Lassus lui dédie le très intense recueil de madrigaux italiens de 1587. De même, les Larmes de Saint Pierre, son émouvant « chant du cygne », ne sont- elles pas, pour cet homme qui sait que la mort le guette, un acte de foi et une supplique en pardon, lui qui ici s’identifi e humblement à Pierre, celui qui, par trois fois, avait renié le Christ ?

Ceci est sans doute capital pour mieux comprendre le personnage de Lassus. Ces lettres, malgré leur côté parfois très vert, nous font découvrir un personnage alerte, prompt à la plaisanterie, aux jeux de mots, attentif aux considérations fi nancières, mais aussi toujours profondément attaché à l’expression de sa conviction religieuse, et d’un caractère souvent enclin à la mélancolie, voire hypocondriaque.

C’est donc à juste titre que Jean Tubéry a intitulé ce programme consacré à Roland de Lassus (Orlando di Lasso, Orlande) : Les Humeurs d’Orlande. La lecture des textes et des traductions des œuvres chantées permettra une compréhension parfaite du travail expressif du compositeur. Par contre, certaines des pièces choisies méritent quelques compléments d’information.

Il convient d’abord de signaler que la première partie du recueil est consacrée à des pièces instrumentales à deux voix intitulées Cantiones sine textu. Elle seraient les seules compositions instrumentales connues de Lassus.

6 Haec quae ter triplici : véritable témoignage de respect de Lassus envers ses patrons. Albert, d’abord, puis ses trois fi ls Guillaume, Ferdinand et Ernest. Ils sont trois fi ls, c’est pourquoi la pièce est écrite à trois voix d’hommes ! À noter évidemment la place accordée dans la citation du nom du premier : « Guillaume ». Et dans la tradition des motets dédicatoires, qui remonte au XIVe siècle, le nom du compositeur apparaît en signature.

Pulvis et umbra : sur la vanité du monde, à forte teneur madrigalesque : « pulvis » (poussière) en mélismes descendants disjoints, « pompa » (le faste), mélisme sur l’accord parfait ascendant, « caetera mortis » (la mort) en lignes descendantes dans l’extrême grave.

Fertur in conviviis : Tout comme dans les lettres, l’évocation des qualités, des vertus... et des défauts du vin constitue le sujet de plusieurs motets de cette sélection. Ici, il est question de morale, une morale sévèrement annoncée par l’introït de l’offi ce des morts !

Ut queant laxis : On attribue à Guido d’Arezzo (XIe siècle) l’invention des notes de la solmisation, au départ des premières syllabes de chaque vers de l’hymne à saint Jean. Dans la tradition grégorienne, c’est sur chacune de ces notes que commence chaque vers. Lassus à son tour illustre cette invention. Il confi e à une voix le chant des premières syllabes, en respectant l’hexacorde et laisse le reste du texte aux autres voix.

In quoscunque locos : Exceptionellement, dans ce motet, Lassus place systématiquement les syllabes fi nales sur les temps forts, suggérant une pronociation « à la française » justifi ée par le signifi é du texte.

Super fl umina Babylonis : Un véritable jeu d’esprit d’Orlande. Ici le texte est découpé lettre par lettre, syllabe par syllabe, mot par mot : S U Su P E R Per Super, etc. L’aspect

7 ludique, voire loufoque qui en découle contraste avec l’affl iction du signifi é de ce psaume d’exil, que Lassus tourne à la dérision : serait-ce une métaphore autobiographique ?

Qui regit astra & Quid trepidas : En février 1568 est célébré le mariage de Guillaume V et Renée de Lorraine. On a conservé une abondante documentation sur les musiques qui, durant plusieurs jours, ont animé toutes les cérémonies à l’église mais aussi durant les réceptions et banquets. Ces deux pièces ont été écrites pour la circonstance. L’écriture pour les voix égales aiguës de Qui regit astra évoque directement le premier vers du poème « celui qui régit les astres ».

Quam pulchra es : retour à l’église avec ce superbe texte à l’érotisme raffi né qu’est le Cantique des cantiques. Ici la polyphonie se fait extase, caresse, souplesse et tendresse.

Homo qui cum in honore : Selon une technique ancienne qui remonte à la génération de Josquin Desprez, maître en la matière, ce motet fait usage d’un « cantus fi rmus » dont la mélodie est issue des paroles (soggetto cavato delle parole) : ainsi, en prenant les voyelles de« Noscete ipsum » on obtient la mélodie suivante : sol, ré, ré, mi, ut.

Nunc gaudere licet : Ici, à nouveau, l’insertion d’une mélodie grégorienne, celle de l’antienne de l’Assomption Gaudemus omnes qui confi rme à nouveau ce mélange du sacré et du profane qui appartient tant aux « humeurs d’Orlande », transposant la réjouissance mariale en celle des étudiants à la veille de vacances !

In hora ultima : Et pour conclure un exemple parfait d’écriture madrigalesque où quasi chaque mot ou chaque idée trouve son illustration musicale, de la sombre évocation de « l’heure ultime » à celles de la joie, des rires et des instruments de musique, qui disparaitront

8 avec les « chants et déchants ». Ce moment de « l’heure ultime », Lassus semble l’avoir envisagé avec une certaine sérénité, ayant de plus le sentiment du devoir accompli, ce que l’on peut constater dans la préface des Cantiones Sacrae publiées également l’année de sa mort en 1594 : « Certes, si nous nous bornons au jugement du sens, en négligeant l’avis de la raison, les berceaux et les jeunes vignes, embellis par la fresque luxuriante des sarments et des pampres, sont beaucoup plus agréables aux yeux que les vieilles vignes qui, liées aux échalas et plantées dans un ordre irrégulier, ont l’aspect rude et défaillant de la vieillesse. Cependant, celles-là sont pour ainsi dire infécondes... tandis que celles-ci produisent une liqueur très douce aux hommes ».

Jérôme LEJEUNE

9 Banquet donné en l’honneur des noces de Renée de Lorraine et Guillaume de Bavière en l’an de grâce 1568

« Après la messe, qui fut chantée avec tant d’artifi ces, tous passèrent à table, où suivirent grand nombre de plats. Je ne pouvais omettre de vous décrire l’œuvre composée par le fameux Orlando Lasso, donnée en l’honneur de ces noces princières : la première partie fut chantée à quatre voix, et ce si suavement, que tous les princes et sérénissimes dames s’arrêtèrent la bouche pleine, pour entendre ces concordances inouïes jusqu’alors. Les serviteurs eux même restèrent également immobiles jusqu’à la fi n de la pièce. Puis, tous ensemble, les musiciens chantèrent la partie à six voix, après laquelle le fameux Orlando Lasso fut loué et applaudi, la bouche pleine ».

Massimo Trojano, umile servo

1. Quid trepidas (prima pars) Quid trepidas, quid Musa times ? Quid tarda Pourquoi trembles-tu, pourquoi, Muse, crains-tu ? moraris ? Percute dulcisonae fi la canora Pourquoi tardes-tu tant ? Frappe les cordes lyrae; nunc metus, nunc metus atque dolor, mélodieuses de ta lyre aux douces sonorités ; adieu nunc anxia cura valeto : haec et enim suadet maintenant la crainte et la douleur, adieu maintenant gaudia summa dies, qua castum ingreditur, le souci inquiet ! En effet, elle invite à de très grandes Guilhelme, Renata cubile, inclyte Dux, joies, cette journée où dans la chaste chambre nuptiale thalamum casta propago tuum. entrent Guillaume, Renée, où, Prince illustre, entre dans ta chambre nuptiale, ta chaste lignée. Gaudeat (secunda pars) Gaudeat, exsultet que Ducum stirps, inclyta Que se réjouisse et qu’exulte la lignée illustre des Bojum, gaudeat, exsultet, stirps Lotharinga Princes de Bohême ; que se réjouisse, qu’exulte la potens ; connubio hoc et enim stabili gens lignée puissante de Lorraine. En effet, par ce mariage utraque clara jungitur aeterno foedere, pace durable les deux illustres nations s’unissent dans une bona : hic igitur thalamus precor ut Dux alliance éternelle, dans une heureuse paix : or donc, inclyte felix sit Guilelme tibi, sitque Renata ce mariage, je prie qu’il soit heureux pour toi illustre tibi. Prince Guillaume, et que Renée soit tienne.

10 2. Haec quae ter triplici Haec quae ter triplici cecinerunt ordine Ces œuvres que chanta jadis par trois fois le chœur quondam ter trinus Charytum Pieridumquae des trois grâces, et des muses, à Guillaume, Ferdinand chorus Guilhelmo, Fernando, Ernesto, et Ernest, qui expriment les dons suprêmes du Dieu fratribus almi qui et trinireferunt maxima créateur et trinitaire, eux qu’engendra l’illustre Albert dona Dei, sanguine quos divum genuit ter – à tout prince Honneur – en témoignage de fi délité maximus ille Albertus, patri gloria prima perpétuelle et en gage d’honneur rendu, dans la soli, perpetuae fi dei monumentum et pignus simplicité de son esprit et de son âme, Lassus les dédie. honoris candidula Lassus mente animoque dicat.

3. Pulvis et umbra sumus Pulvis, et umbra sumus : tamen post funera Nous sommes poussière et ombre : pourtant, après les virtus, nomen inexstinctum ipsa superstes funérailles, vertu et renom impérissables, voilà ce qui habet, nil aurum, nil pompa juvat, nil sanguis reste aux survivants. L’or, la pompe ne sont d’aucun avorum : excipe virtutem, caetera mortis secours, ni le sang des ancêtres ; exhibe la vertu : tout erunt. le reste est voué à la mort.

A Monsieur, Monsieur le prince Guillaume, Duc des 2 Bavières, Mon benigne maître et Seigneur, Très illustre et très excellent prince et patron plus que très vénéré,

Avec humilité, j’ai reçu la lettre de votre Excellence me réjouissant de tout son contentement, et Dieu sait combien je lui désire toute satisfaction, en toute chose que l’humaine pensée peut considérer, et une « toute sorte de Musiques » ! Quant à mon être, je n’ai jamais été aussi mélancolique que présentement, ni sans grande compagnie... excepté que je ne veux plus me saoûler jour et nuit, chose qui n’a pas toujours été pour me plaire, et tant moins me donne du plaisir, présentement. Mais, assez pour l’heure : à votre excellence et aux deux très chères princesses sœur, je baise les mains... et ce qui les contentera que je baise. Et que notre Seigneur

11 conserve et gouverne votre Excellence gaillarde et saine, sans manquement de tout le reste, pour moultes années. De votre excellence, très humble serviteur, Orlando Lasso.

Nota bene : Les 100 écus reçus, je ne les toucherai jamais, si ce n’est pour jouer ou pour manger avec votre Excellence...

4. Fertur in conviviis Fertur in conviviis vinus vina vinum, On apporte aux festins du vin. Le vin, au genre masculinum displicet, nocet femininum, et in masculin, déplaît, au féminin il nuit et au genre neutre neutro genere vinum est nocivum, loqui facit il est nocif ! Il fait parler aux hommes un très mauvais homines pessimum latinum. Volo nunquam ! Je veux donc que jamais le vin ne passe par moi, igitur vinum pertransire, quia facit homines car il fait danser avec légèreté les hommes et il fait leviter salire, et jubet pauperibus divites passer les pauvres devant les riches ! Il dévoile toutes praeire : tecta pandit omnia facitque perire, les choses cachées et il fait mourir… Les buveurs ne perire. Potatores nequeunt fi eri beati, tam peuvent devenir heureux : les vieux aussi bien que senes quam juvenes daemone sunt sati, jussa les jeunes sont des fi ls du diable, car ils ne sont pas non parati, edunt, bibunt et ludunt, hinc erunt prêts à obéir aux ordres du ciel. Ils mangent, boivent damnati. In taberna mori, et vinum apponere et s’amusent, puis ils seront damnés ! Leur but est de sitienti ori, ut dicant cum venerint inferorum mourir dans une taverne et du vin près d’une bouche chori : Bachus sit propitius huic potatori. assoiffée, pour pouvoir dire, à l’arrivée des chœurs Hi plus quam Ecclesiam diligunt tabernam, infernaux : « Que Bacchus soit favorable à ce buveur ! » hanc nec ullo tempore ducunt contemnendam, Bien plus que l’Église, ces gens-là aiment fréquenter donec malos angelos venientes cernant, la taverne ; jamais ils ne considèrent celle-ci comme cantantes, his non fore requiem aeternam. méprisable, jusqu’à ce qu’ils voient arriver les mauvais anges chantant « pour ces gens il n’y aura point de repos éternel ».

12 À Monseigneur Monsieur le duc Guillaume et Madame la duchesse Votre bonté qui s’accompagne Toutes ces vertus assemblées De vertu, pour douce compagne Dedans vos deux âmes comblées De la grâce et de la faveur De justice et de piété, De ce grand Dieu qui vous regarde Font qu’humblement je vous présente Du ciel, et qui tient en sa garde Ce divin labeur que je chante, Votre race, et votre grandeur : Le sacrant à votre bonté :

Une amitié fi dèle et sainte Que je sers, que j’ayme et honore Qui tient l’une et l’autre âme étreinte Et pour qui je voudrais encore D’un doux, et d’un étroit lien : Employer cela que je puis, Vos douceurs, vos façons modestes, Bref le labeur que je respire Et vos grâces toutes célestes, Et le plus grand bien que j’aspire Qui de mortel ne sentent rien : Est votre, car votre je suis

de Paris, Orlande de Lassus Anno Domini 1571 5. Qui regit astra Qui regit astra tibi det longae tempora vitae, Que celui qui gouverne les astres te donne une longue det tibi, det sponsae gaudia blanda tuae, vie, qu’il donne à ton épouse les douces joies, que les laetitiamque tuam foecundent pocula Bachi, coupes de Bacchus fécondent ta liesse, et que de son et cantu celebret Musica festa suo, fl oricomus, chant la Musique embellisse les fêtes. Que couronné dulcis, formosus, blandus, honestus ad tales de fl eurs, plein de douceur, de beauté, de séduction thalamos carmina pangat Hymen. O sponsum et de décence, Hymen compose des poèmes pour de et sponsam, natos melioribus annis, fax nova telles noces. O époux et épouse, nés pour des années conjugii vos facit esse pares connubialis plus heureuses ; il fait de vous un couple, le nouveau hymen hymenaee. fl ambeau nuptial, l’hymen nuptial, hyménée.

13 Très illustre prince,

La grande amitié avec la grande humilité que votre Excellence use envers moi son très affectionné (bien que petit) serviteur, n’est entré au plus profond de mon cœur... Ayant ferme espérance que, étant là [ici bas], trouverons assez de quoi à passer le temps, en tout temps, étant toujours joyeux, sain, gaillard, point paillard ! Jeune, beau, non pas veau ! Bien en ordre, sans faire désordre ! Content, sans argent, chantant dansant, oyant musique, bien magnifi que, en louant Dieu, en chacun lieu : ô quel plaisir, sans déplaisir, ô allégresse pleine de liesse, ô lieu heureux, lieu plantureux, tout plein d’odeur, garni de fl eur, ô grande douceur ! La grande faveur que le sauveur donne à tout cœur qui pour lui meurt... donc en pleur, et en douleur, fuyons l’honneur plein de malheur ! Le chemin sûr est le créateur : c’est le pasteur, des biens auteur ; prenons donc l’heure, suivons sans peur sa grande valeur ! Ayons horreur de nos erreurs ! Moi, grand pêcheur, fait le prêcheur, donnant douleur à ma laideur... C’est la teneur d’un compositeur, qui en sueur fait le sauteur, et le joueur en grand labeur !

De votre Excellence, très humble et dévot serviteur, Orlando Lasso [lâs], mais de bon cœur... 6. Ut queant laxis Ut queant laxis Pour que, à pleine voix, tes serviteurs puissent chanter Resonare fi bris tes actions merveilleuses, enlève le péché de nos lèvres Mira gestorum impures, Saint Jean. Famuli tuorum, Solve polluti Labii reatum, Sancte Joannes.

14 7. Lauda, Mater Ecclesia Lauda, Mater Ecclesia, lauda Christi Loue, Mère Église, loue la bonté miséricordieuse du clementiam, qui septem purgat vitia per Christ qui libère des fautes par une septuple grâce. septiformem gratiam. Maria, soror Lazari, Marie, la sœur de Lazare, qui a commis tant de péchés, quae tot commisit crimina, ab ipsa fauce revient de la gueule des enfers au seuil de la vie. Après tartari redit ad vitae limina. Post fl uxae carnis les scandales d’une chair dissolue, de casserole elle scandala, fi t ex lebete phiala in vas translata devient une coupe transformée en vase de gloire, à gloriae de vase contumeliae. Aegra currit ad partir d’un vase d’outrages. Malade, elle court chez le medicum, vas ferens aromaticum, et a morbo médecin avec un vase de parfum et se trouve guérie de multiplici verbo curatur medici. Surgentem nombreuses maladies par la parole du médecin. Elle cum victoria Jesum vidit ab inferis : prima voit le Christ surgissant victorieux des enfers : elle est meretur gaudia, quae plus ardebat caeteris. la première à mériter les joies, celle qui brûlait d’amour Uni Deo sit gloria pro multiformi gratia, qui plus que tous les autres ! Au Dieu unique soit la gloire culpas et supplicia remittit, et dat praemia. pour sa grâce aux multiples formes, qui remet les fautes Amen. et les châtiments, et qui donne les récompenses. Amen.

Au très illustre et très excellent Prince Guillaume duc des 2 Bavières, et mon Seigneur toujours très vénéré :

Depuis notre départ de Mantoue, passant par Ferrare, sommes arrivés sains et saufs par la grâce de Dieu à Bologne : j’y ai trouvé des musiciens très excellent : un rarissime contralto pour le Seigneur duc, père de votre excellence, si je puis faire qu’il veuille venir, avec un très bon ténor... J’ai encore trouvé un jeune de très bon aspect qui chante une fort bonne basse pour la musique de chambre, outre qu’il sonne le cornetto, et la viole, très surement. Je crois qu’il plaira à votre excellence. Je me suis encore informé sur ce Giulio, qui chante le soprano, lequel est fort bien connu à Bologne. On dit qu’il est fort rare en voix et en disposition, mais il se trouve avec femme et enfants : il y aura quelques frais à le faire venir avec tant de gens ! Arrivé à Florence (plaise à Dieu) ou à Rome, j’aviserai votre excellence du reste.

15 Pour l’heure, humblement je baise les mains de votre excellence, avec toute notre compagnie, et de même à Madame la princesse qui n’a mal aux fesses (Pardonnez moi, Madame Renée !)

En hâte de Bologne, au 3 du mois de mars 1574. De votre excellence, très humble serviteur, Orlando Lasso.

9. In quoscunque locos In quoscunque locos videam contraria cerno: Où que je regarde, partout j’aperçois des illi sed displicet album, mulier illa viro vult contradictions. À tel plaît le noir, alors que lui déplaît vivere, foedere juncta. Musica, cantores amat, le blanc. Telle femme veut vivre avec un homme, alors et celebratur ab ipsis : est incredibilis, penitus que l’alliance est conclue avec un autre. mutatio rerum : sic breve quod legitur longum La musique aime les chanteurs et elle est célébrée par pronuntiat ille : quot quot sunt homines, eux. Incroyable, ce complet paradoxe : ainsi ce qui totidem, sententiae habentur. se lit en peu de temps, un tel met beaucoup de temps à le prononcer. Autant il y a d’hommes, autant il y a d’opinions sur la question !

Au très illustre et très excellent A Monsieur non pas cu ré (sic), ni Guillaume de la Garde sans barbe

Con bien fou tu serais Orlando, si tu pensais de penser au pensement que ton maître et seigneur le prince Guillaume pense ! Si tu pensais telle pensée, elle te serait bien récompensée ; et où est allée ma pensée de penser à ce que je pense ? Le penser ne vaut pas la dépense : honni soit qui mal y pense ! Depuis la partance de votre excellence, j’ai fi ni un motet, lequel plaira à son excellence par son excellence, et pour sa façon nouvelle. Je l’ai mandé à monsieur mon gros maître, avec une lettre risible. Je tiens la copie pour la montrer à votre Excellence, quand elle viendra à Münich, Monaco, Moine. De votre excellence, très humble serviteur et esclave, Orlando

16 10. Super fl umina Babylonis Super fl umina Babylonis. Sur les bords des fl euves de Babylone. Illic sedimus et fl evimus. Là, nous nous sommes assis et nous avons pleuré.

Très illustre et très excellent prince Guillaume, mon très doux et très aimé patron,

Sortant du marché sur la piazza, à l’occasion me résoudrai à donner un peu de passe temps honnête à votre excellence, et faire un récit des quelques nouveautés en matière musicale, arrivés peu de temps de cela au pays où même les carottes chantent ! Pour l’heure, j’ai trouvé en chemin [et à cours d’eau] deux barils pleins de gargante espagnole... et prie donc très humblement son excellence qu’il se contente de me faire grâce, pour les fêtes de l’Avent de 200 écus...

votre très humble serviteur, Roland de Lassus

11. Hispanum ad coenam mercator belga Hispanum ad coenam mercator Belga Un Espagnol avait été invité à un dîner par un vocarat, regifi co luxu mensa parata fuit, marchand belge. La table avait été préparée avec un extera convivis non deerant vina vocatis luxe royal, les vins de l’étranger ne manquaient pas aureaque artifi ci pocula, pocula sculpta manu. aux convives, ainsi que des coupes en or sculptées à Hispanus miratur opes, miratur et artes, la main. L’Espagnol admire les richesses, les œuvres miratur lautae fercula multa dapis ingenia et d’art, le déploiement d’ingéniosité et d’habileté dans artes. Unde his regionibus, inquit, semper ubi les multiples plats de ce festin. Il prend la parole : stertunt, ebria turbaviri. « Comment se fait-il que dans votre région les hommes qui ont bien bu ensemble se mettent à ronfl er ? » Mox importuno (secunda pars) Mox importuno, civilior hospes Ibero « Ces paroles sont fort mal à propos », répondit respondit placido talia verba sono : nos calmement l’hôte bienveillant à cet Ibère, « car nous bibimus vestris quae vina vehuntur ab oris, buvons le vin de votre pays, transporté de par les vos bibitis gelidas dum sitis ardet aquas : contrées. Vous autres buvez de l’eau glacée, tandis que ingenia haud mirum quod vobis accria desint, de soif brulez… Chose bien peu étonnante que vous

17 quod bibitis, bibit hoc vester asellus idem. vous moquiez bêtement, car ce que vous buvez, vos ânes le boivent aussi ! 12. Bestia stultus homo Bestia stultus homo, vitium proh adprobat Comme une bête, le sot, hélas !, approuve le vice ; les atque coelicolas spernit bestia stultus homo, habitants du ciel, comme une bête, le sot les méprise ; persimilis rudibus brutis virtutis amorem odit, tout comme des rustres stupides, il hait l’amour de la virus amat, bestia stultus homo, perlustrat vertu ; il aime la puanteur, comme une bête, le sot ; il mundi tenebras claramque polorum contemnit parcourt les ténèbres du monde et il méprise la claire lucem, bestia stultus homo, pellatur procul lumière du ciel, le sot ; comme une bête, qu’il soit hinc barathro pereatque profundo inferni chassé loin d’ici et qu’il périsse habitant au fond des civis: bestia stultus homo. enfers, le sot, comme une bête ! Le bon père Josquin de la musique informé Ébaucha le permier et dur et rude corps : Le grand et doux Willaert secondant ses efforts Cet œuvre commencé plus doctement reforme :

L’inventif De Rore, pour se rendre conforme Au travail de ces deux qui seuls étaient alors, L’enrichit d’ornements par ces nouveaux accords, Donnant à ses pièces une notable forme :

Orlande à ce labeur avec eux s’étant joint A poli puis après l’ouvrage de tout point, De sorte qu’àpres lui, n’y faut plus la main mettre.

Josquin aura la Palme ayant été premier : Willært le Myrte aura : De Rore le Laurier : I. Megnier, Continuation des Mélanges Orlande emportera les trois comme le maître. chez Leroy et Ballard.

18 15. Quam pulchra es Quam pulchra es, et quam decora, charissima, Que tu es belle et que tu es gracieuse ma bien-aimée in deliciis : statura tua assimilata est palmae, dans tes délices : ta stature est comparable à un palmier et ubera tua botris. Dixi : Ascendam in et tes seins à des grappes. J’ai dit en moi : je monterai palmam, et apprehendam fructus ejus, et erunt au palmier et je saisirai ses fruits, et tes seins seront ubera tua sicut botri vineae, et odor oris tui comme les grappes d’un cep de vigne, et la senteur de sicut odor malorum. ton visage sera comme le parfum des pommes.

Au très illustre... Monsieur non pas valet, magister Orlandus quod nihil valet, qui ne vaut rien !

Pour une belle nette et blanche main, ai reçu la lettre de votre excellence : le commencement est comme des cloches le son, car il n’y a que toujours don don don, et buvons donc. J’entends aussi que votre excellence se porte bien, ce qui assez me réconforte. Ce dimanche sera jour de fête, et la commerdie (sic) se verra en Monaco de Bavière, où l’on se raillera pour ce la couillonerie des fous habitants ici. Depuis , le jour, l’heure, la minute, le point que je ne désire point, étant en pourpoint, mais par la grâce de Dieu bien en point.

De votre excellence, secrétaire publique Orlando Magnifi que.

16. Homo cum in honore Homo cum in honore esset non intellexit: L’homme couvert d’honneurs qui n’a pas d’intelligence comparatus est jumentis insipientibus, et est comparable à la bête insensée, dont il est le similis factus est illis. Nosce te ipsum. semblable. Connais-toi toi-même !

19 17. Non des mulieri Non des mulieri potestatem animae tuae, ne Ne donne pas à une femme le pouvoir sur ton âme, ingrediatur in virtute tua, et confundaris. qu’elle ne pénètre pas dans ton cœur : car elle te confondrait !

18. Nunc gaudere licet Nunc gaudere licet : dolor hinc et curae! Maintenant il est permis de se réjouir : fi nie la douleur, Gaudendum est ut res postulat et jubet fi nis les soucis ! Il faut se réjouir comme le demande et magister laetitiae, quia, ô pueri, rediere l’ordonne le maître : parce que, ô jeunes gens, le temps vacationis tempora. Gaudeamus omnes. des vacances est revenu ! Réjouissons-nous tous.

Au très illustre Guillaume, Herzog von Bayern Monsieur mon bon maître, mein guter Herr, et cœtera !

Parmi les grâces que je pense, estime, m’imagine, que je puisse recevoir de mon très doux patron, je le supplie de tout cœur, très bénignement, que pour ce peu de temps que je resterai à le servir à Lanzhut, il me concède, et commande à ce que l’on ne me force, ni prie, ni invite à boire plus que mon ordinaire, qui sera un moss, qui est à dire un bon litre de vin, par repas (si autant peut m’être donné, j’en serais fort gré). Parce que après le départ de votre excellence de Monaco de Bavière, je n’ai au grand jamais outrepassé cet ordinaire, ni ne désire (plaise à Dieu) l’outrepasser de ma spontanée volonté. Quant au reste que votre excellence veut savoir, je l’en informerai mieux qu’une carpe, de ma bouche : vocaliter. À présent, je baise la mémoire du souvenir de votre excellence, le vingt-cinq d’avril du septante cinq.

De votre excellence, humilissimo servitorissimo orlandissimo lassimo, Amorevolississimo... 19. Luxuriosa res vinum Luxuriosa res vinum, et tumultuosa ebrietas : Chose voluptueuse que le vin et source de désordre que quicunque his delectatur, non erit sapiens. l’ivresse : quiconque s’y complaît ne sera pas un sage.

20 20. O decus celsi O decus celsi genus atque coeli, Nate Honneur du ciel, engendré par lui, Fils des Titans, Titanum, Jovis una virtus, te quis orator mitra gloire unique de Jupiter, qu’un orateur te comble sancte dignis laudibus ornet. Te Deum toto respectueusement d’éloges dignes d’une mitre. Toi, veneramur orbe, tu parens nostro populo Dieu, nous te vénérons dans tout l’univers. Toi, père, salutem ac pios reges tribuis benigne numine à notre peuple tu donnes le salut et des rois dévoués, sancto. Maximas ipsi tamen ore grates dans ta bonté, selon ta sainte volonté. De notre bouche, reddimus laeti tibi quod dedisti hoc die cependant, nous sommes heureux de te rendre grâce nobis pius Assuerum Marte potentem. Hunc pour nous avoir donné, dans ta bonté, Assuérus pie serva pius ut vocasti nomen aeternum puissant par Mars. Garde-le avec bienveillance dans cupidi rogamus gestaque tantum deceant ta bonté, et comme tu [nous] y as exhortés, avec Monarcham quod dare cures. empressement, nous demandons [pour lui] une gloire éternelle. Et que soient dignes d’un si grand monarque les exploits que tu veux bien lui donner de faire. A Monsieur signor Domine maître, patron de Muchos couillons !

Parlons du jour de fête : Dimanche matin, mes chanteurs et sonneurs, ont chanté et contrepointé à la messe Vinum bonum : ce ne fut jamais mauvais, c’est pourquoi je l’écrivais... Après la cérémonie, jusqu’au premier plat à table, fut chanté et sonné un motet à 4 voix, et moultes choses très allègres : ivrognerie et musique durèrent jusqu’à point d’heure ...

Orlande, votre humble serviteur.

22. Ad primum morsum Ad primum morsum, si non potavero, mort Au premier coup, si je n’ai pas bu, je suis mort ! Nous sum. Gaudia sunt nobis maxima, dum avons des joies très grandes, en buvant deux fois. À la bibobis. Ad trinum potum, laetus sum, dum troisième coupe, je suis content en buvant tout… La bibo totum. Laetifi cat quartus cor caput atque quatrième coupe réjouit mon cœur, ma tête, mes fl ancs. latus. In quinto potu vasto potamus hiatu. A la cinquième coupe, nous buvons la bouche grand

21 Dulcis et ipse cibus dum bibo sex vicibus. ouverte ! Délicieuse aussi, la nourriture elle-même, Potu septeno laetus sum, corpore pleno. pendant que je bois la sixième fois ; à la septième O nos felices octo bibendo vices. Nona coupe, je suis content, le corps rempli ! O que nous Cherubinum pingit potatio nasum. Si decies sommes heureux en buvant huit fois… La neuvième bibero, cornua fronte gero. Undenaque vice coupe peint un nez de chérubin. Si je bois dix fois, je tibi praebibo, dulcis amice ; et bis post decies porte au front des cornes ! Et la onzième fois, je te de- est mihi tota quies. Postea dico satis ; sed vance, cher ami ; et deux fois après dix fois c’est pour cum potavero gratis tantillum digitum, laetu moi le repos total. Après, je dis : c’est assez ! Mais eo cubitum. quand j’aurai bu gratuitement un tout petit doigt de vin, content, j’irai me coucher. Très illustre, et très excellent, Patron mien toujours vénéré.

Depuis la dernière lettre, ayant mis terme à une longue épreuve, il plait à Dieu de m’en envoyer une autre, car mon fi ls Rodolphe a une fi èvre fort brûlante... Plaise à notre Seigneur de faire sa sainte volonté, avec moi et les miens : je m’en remets du tout à sa divine miséricorde... Pour quelques jours, je pense... à penser de bien me confesser, afi n de recevoir mon Créateur, à son heure. C’est pourquoi je ne ferai plus de fâcherie, et autre plaisanterie à votre Excellence, jusques à meilleure saison, et en d’autre occasion : or donc que Dieu nous tienne en dévotion. Présentement, humilissamente baise les mains de votre excellence, et de madame la princesse.

De Münich, le 12ème du mois d’Avril septante six, votre très humble serviteur, de triste humeur, Orlande Lassus 23. In hora ultima In hora ultima, peribunt omnia : tuba, tibia A l’heure ultime périront toutes choses : la trompette, et cythara, jocus, risus, saltus, cantus et la fl ûte et la cithare, la plaisanterie, le rire, la danse, le discantus. chant et le déchant.

Les extraits des lettres de Roland de Lassus ont été empruntés à l’édition et à la traduction française de cette correspondance par Frank Langlois (Éditions Bernard Coutaz, 1988)

22 The humours of Orlando

Born in Mons, Lassus concluded his training in Italy, taking up the position of maestro di cappella at the basilica of San Giovanni di Laterano in Rome aged just over twenty. The greatest part of his career, however, was spent in Munich at the court of the Archduke of , fi rst as cantor and then later as Kapellmeister under Albrecht V and subsequently Wilhelm V. Lassus kept up a voluminous correspondence with Wilhelm in which we can see traces of a close and humorous friendship between the musician and his patron. A large part of their correspondence dates from the various times that Lassus was away on his travels; these journeys were mostly to Italy and during them Lassus strengthened his contacts with Italian musicians as well as listening to and engaging singers and instrumentalists for the Munich court.

We should note that the Munich Kapelle was one of the most prestigious of its time. Alongside its many singers it also contained an impressive number of instrumentalists, as can be seen from various sources: these include descriptions of splendid ceremonies such as those of the marriage of Wilhelm V to Renée of Lorraine, court accounts and artworks such as the famous picture in which we see Lassus seated at a spinet and surrounded by a large group of instrumentalists.

The sons of Roland de Lassus published an imposing anthology of his works entitled Magnum Opus Musicum in 1604: the several hundred motets it contains are laid out in a highly organised fashion according to the number of parts they contain, from two to twelve. The further that Jean Tubéry progressed with his studies of Lassus, the more he realised that it was one of the least-known sides of Lassus’ work that was to be the true theme of this programme. Alongside the great quantity of his liturgical motets there were also other secular

23 or para-liturgical works that, taken into consideration with certain of his religious works, shed a new light almost unconsciously onto Lassus’ complex character and personality. We know that the circumstances of his life had a great effect on his work as a ; chronic ill-health undermined the fi nal years of his life and he recovered from a stroke in 1587 thanks to the skills of Thomas Merman, the court doctor. As token of his gratitude Lassus dedicated a volume of deeply expressive to him in 1587. The , his moving swan song, are surely an act of faith for Lassus as he realised that his death was approaching, a plea for forgiveness as he identifi ed himself with St. Peter, the disciple who had thrice denied Christ.

This is clearly essential for the better understanding of Lassus as a man. These letters, despite their frequently risqué moments, reveal a man who is alert, ready to joke and make puns, one who pays attention to fi nancial matters but one who remains deeply attached to the expression of his faith.

Jean Tubéry has therefore quite correctly entitled this recording devoted to Roland de Lassus / Orlando di Lasso ‘The Humours of Orlando’, structuring it around a selection of the above letters. Simply to read the texts and their translations is usually enough to understand the composer’s intentions perfectly, although several of the pieces chosen do nevertheless deserve a little more explanation.

We should also note that the fi rst part of this volume is devoted to the two-part instrumental pieces entitled Cantiones sine textu. They are Lassus’ only instrumental works that we know of.

Haec quae ter triplici: this piece is a mark of Lassus’ respect for his patrons, for Albrecht and his three sons Wilhelm, Ferdinand and Ernst. There are three sons — and the piece is

24 thus composed for three voices! We should of course note the position given to Guilhelmo or Wilhelm, the fi rst-born. Following a tradition for dedicatory motets that goes back to the 14th century, the composer’s name appears in the text as a signature. Fertur in conviviis: As in his letters, the qualities, the virtues and the disadvantages of wine form the subject of several motets recorded here. Here it is a question of morality, a morality announced with great severity by the Introit of the Mass for the Dead.

Ut queant laxis: We attribute the invention of the names of the notes of the sol-fa system to Guido d’Arezzo (11th century), these being taken from the fi rst syllables of each line of his to St. John. According to Gregorian tradition, each line begins on the note thus specifi ed. Lassus now provides his own setting of the hymn, entrusting the singing of each line’s fi rst syllable to one voice and the rest of the text to the other voices.

Super fl umina Babylonis: One of Orlando’s intellectual games. The text is laid out letter by letter, syllable by syllable, word by word: S, U, SU, P, E, R, PER, SUPER. Does any of the emotion associated with the text of this psalm still remain?

Qui regit astra & Quid trepidas: The marriage of Wilhelm V and Renée of Lorraine was celebrated in February 1568 and a great amount of documentation about the that was performed over several days during all the various ceremonies and also at the receptions and banquets has survived. These are two of the pieces performed at that time; the writing for three equally high voices in Quid regit astra is a clear evocation of the fi rst line of the poem.

Quam pulchra es: A return to the Church with this superb text full of refi ned eroticism from the Song of Solomon. Its polyphonic setting expresses ecstasy, caresses, softness and tenderness.

25 Homo qui cum in honore: Following an ancient technique that goes back to the time of Josquin Desprez, a master of the art, this motet uses a cantus fi rmus whose melody is drawn directly from the vowels of the words used — the soggetto cavato delle parole. The line Noscete ipsum therefore gives the melody sol, re, re, mi, ut.

Nunc gaudere licet: Here is yet another insertion of a Gregorian melody, that of the Anthem for the Assumption, Gaudemus omnes; it once more confi rms the mix of sacred and secular that is such a particular characteristic of the ‘Humours of Orlando’.

In hora ultima: In conclusion, a perfect example of style in which almost every word or idea has its own musical illustration, from the sombre evocation of the fi nal hour to the various expressions of joy, laughter and imitations of musical instruments.

Lassus seems to have regarded this moment of the ‘fi nal hour’ with a certain serenity, with a feeling of having accomplished his duties as we can read in the preface to the Cantiones Sacrae published in 1594, the year of his death: ‘Indeed, if we limit ourselves to the judgement of the senses and neglect the advice of reason, then arbours and young vines that are ornamented by the luxuriant panorama of climbing plants and vine branches are much more pleasing to the eye than the old vines which, tied to trellises and planted in irregular rows, look harsh and weakened by age. These old vines, although they may seem infertile, nonetheless produce a liquor that men fi nd very sweet.’

Jérôme LEJEUNE Translation: Peter LOCKWOOD

26 1. Quid trepidas 3. Pulvis et umbra sumus (for the wedding of Wilhelm and Renée) We are but dust and shadow: after the funeral Why do you tremble, o Muse? Why are you rites, undying virtue and renown are all that is afraid? Why do you delay? Strike sweet sounds left to the living: gold and pomp are of no help, from the melodious strings of your lyre; farewell neither is the blood of your fathers. Practise to fear and sadness, farewell to worry and care! virtue, for all else is but death. This day invites us to great joy, for Wilhelm and Renée will enter the nuptial chamber, o celebrated Duke, as will your pure lineage. 4. Fertur in conviviis Wine is brought to feasts. Wine is displeasing to Gaudeat (2da pars) men, harmful to women and poisonous to those Let the illustrious lineage of the Princes of of neither sex. It makes men speak bad Latin. Bohemia rejoice and be glad; let the powerful I wish to pass over this wine, for it makes men line of Lorraine rejoice and be glad. Through this dance joyfully and gives precedence to the poor lasting marriage two illustrious nations unite in over the rich. It reveals all secrets and causes an eternal alliance, in a happy peace: I pray that death. Drinkers cannot be happy: the old as well this marriage be happy for you, illustrious Prince as the young are all sons of the devil, for they do Wilhelm, and for you, Renée, also. not obey Heaven’s laws. They eat, drink and are happy; they will be damned. They wish to die in a tavern with wine close to their sated mouths, 2. Haec quae ter triplici saying as the infernal choir arrives: ‘May These works that the choir of the Three Graces Bacchus favour this drinker!’ and the Muses once thrice sang, Lassus now The tavern pleases them more than the Church; dedicates to Wilhelm, Ferdinand and Ernst, who they will only detest it when they see the angels express the supreme gifts of God the Triune of Hell arrive, singing that there is no eternal life Creator and who were fathered by the illustrious for such as these. Albrecht — honoured be each Prince — as a sign of his perpetual faith and as a pledge of honour in the simplicity of his heart and of his soul.

27 5. Qui regit astra of glory. Ill, she ran to the doctor with a phial of (for the wedding of Wilhelm of Bavaria and perfume and was cured from her many sicknesses Renée of Lorraine) by the voice of the doctor. She saw Christ arising May he who governs the stars grant you long victorious from Hell: she was the fi rst to deserve life, may he grant your wife tender joys, may such joy, she who burned with love more than Bacchus’ beakers fertilise your joy and may any other. To God alone be the glory for his Music’s song enliven your feasts. Crowned with manifold grace, he who takes away sin and fl owers, full of sweetness, beauty, seduction and punishment and who gives his reward. Amen. decency, may Hymen compose poems for such a wedding. O husband and wife, born for years of happiness, this new nuptial torch makes you a 9. In quoscunque locos couple and creates a marriage. Wherever I look, I see contradictions: a man likes black but is displeased by white. A woman desires to live with one man, although her 6. Ut queant laxis marriage has been arranged with another. Music (Hymn of St. John) loves its singers and is celebrated by them. Such Take away our sins from our impure lips, o a paradox is unbelievable: even if something may St. John, that your servants may sing of your be read quickly, one man can take much time to wondrous deeds. pronounce it. There are just as many opinions about this as there are men!

7. Lauda, Mater Ecclesia (Hymn to Mary Magdalen) 10. Super fl umina Babylonis Praise, o Mother Church, praise the merciful (Psalm 133) goodness of Christ for he delivers us from our By the banks of the rivers of Babylon we sat sins with sevenfold grace. Mary, the sister of down and wept. Lazarus, who committed so many sins, returned to the threshold of life from the mouth of Hell. After the scandal of her dissolute fl esh she was 11. Hispanum ad coenam mercator Belga a broken pottery vessel transformed into a vase A Spaniard had been invited to dinner by a

28 Belgian merchant. The table had been laid with 15. Quam pulchra es royal luxury and the invited guests did not lack (from the Song of Solomon) for foreign wines; neither did they lack for golden How fair and how gracious you are, my beloved, cups sculpted in gold. The Spaniard admired the with your charms: your bearing is like to a palm wealth, the works of art, the many dishes served tree and your breasts to bunches of grapes. I said: on many plates during this magnifi cent feast. He I shall climb the palm and seize its fruits; your fi nally found his tongue and said ‘How is it that breasts shall be as the grapes of the vine and the the men of your region begin to snore when they odour of your face shall be as the scent of the have drunk aplenty? apple tree.

Mox importuno (2da pars) ‘These words are badly chosen’, the kindly host 16. Homo cum in honore replied to the Spaniard, ‘for we drink the wine of Man, even though decked with honours, is your country, borne here from afar. You others not intelligent. He has been compared to the drink iced water, although you burn with thirst. unknowing beasts and has become as they. That you foolishly mock is not surprising, for Know yourself. what you drink, your asses drink also!

17. Non des mulieri 12. Bestia stultus homo Do not give a woman power over your soul, lest Like a beast, the fool approves of vice; like a she enter your heart and confound you! beast the fool spurns those who dwell in Heaven; like stupid peasants he hates the love of virtue; like a beast, the fool likes stinks; he dwells in the 18. Nunc gaudere licet world’s shadows and distrusts the clear light of Now we may rejoice: away with sadness and Heaven; may he be driven far from here like a care! We must rejoice as the master orders beast and may he perish in the depths of hell, the and requires us, o young men, for the time for fool, like a beast! holidays has returned. Let us all rejoice!

29 19. Luxuriosa res vinum colours the nose like a cherub’s; with the tenth I Wine is a thing of pleasure and a source of noisy bear horns on my forehead. With the eleventh I drunkenness: he who takes enjoyment in it will get ahead of you, dear friend; the twelfth is total never be wise. relaxation for me. Afterwards, I say ‘enough’; I will happily go and lie down when I have had just another little fi nger of wine. 20. O decus celsi Excellent ornament of your race and of Heaven, son of the Titans, Jupiter’s sole glory, may an 23. In hora ultima orator deck you with praise worthy of a holy All things shall perish at the last hour: the mitre. You, o God, we shall worship throughout , the fl ute, the , joking, laughter, the world, for You, o Father, grant salvation to dancing, singing and descanting. your people and devoted kings, according to your holy will. We gladly give you thanks for having given us a powerful Xerxes as a warrior. Let your goodness guide him and, as you have urged us, we pray for his eternal glory. May the deeds that you ask from him be worthy of such a great monarch.

22. Ad primum morsum At the fi rst mouthful, I am dead if I do not drink! Great are our joys, if we then drink twice. At the third, I am happy and drink everything. The fourth warms my heart, my head and my body. The fi fth I drink with my mouth wide open. Food tastes delicious, while I drink the sixth; with the seventh I am happy, my belly is fi lled! We happy men, who can drink eight. The ninth drink Translations: Peter LOCKWOOD

30 Die Launen des Orlando

Der aus Mons stammende Orlando di Lasso vollendete seine Ausbildung in Italien, wo er sich mit kaum zwanzig Jahren als Kapellmeister von San Giovanni di Lateran in Rom behauptete. Danach verlief seine gesamte Karriere in München am Hof des Erzherzogs von Bayern. Dort wurde er zuerst Kantor und dann Kapellmeister Albert V. und seines Nachfolgers Wilhelm V. Mit diesem stand di Lasso in regem Briefwechsel, aus dem eine enge freundschaftliche, ja auch humorvolle Beziehung zwischen dem Musiker und seinem Herrn zu erkennen ist. Ein Großteil dieser Briefe entstand bei verschiedenen Reisen, bei denen sich di Lasso die Gelegenheit bot, seine Kontakte mit italienischen Künstlern aufrecht zu erhalten, aber auch Sänger und Instrumentalisten anzuhören und an den Münchner Hof zu engagieren.

Diese Musikkapelle war allerdings eine der hervorragendsten ihrer Zeit. Neben vielen Sängern bestand sie aus einer eindrucksvollen Anzahl an Instrumentalisten, wie verschiedene Quellen bezeugen, nämlich: Beschreibungen der prunkvollen Zeremonien, darunter die der Vermählung Wilhelms V. mit Renate von Lothringen, Rechnungen des Hofes und bildliche Darstellungen, darunter das berühmte Gemälde, auf dem man di Lasso, von zahlreichen Instrumentalisten umgeben, vor einem Spinett sitzen sieht.

Im Jahre 1604 veröffentlichen die Söhne Orlando di Lassos unter dem Titel Magnum Opus Musicum eine beeindruckende Anthologie seiner Werke: darin sind einige Hunderte Motetten erhalten, die sehr ordentlich nach der Anzahl der Stimmen von zwei- bis zwölfstimmig gruppiert sind. Beim Durchsehen dieser Werke schien es Jean Tubéry, dass eine der zweifellos weniger bekannten Facetten von di Lassos Werk der beste rote Faden dieses Programms sei. Neben den in Hülle und Fülle vorhandenen liturgischen Motetten fi nden sich nämlich auch profane oder paraliturgische Werke, die gemeinsam mit bestimmten religiösen Stücken fast unbewusst die sehr

31 reiche Persönlichkeit und den Charakter von di Lasso veranschaulichen. Man wusste bereits, dass die Ereignisse des Lebens großen Einfl uss auf seinen Beruf als Komponisten ausübten. Seine schlechte Gesundheit zehrte am Ende seines Lebens an ihm. 1587 erholte er sich von einem Schlaganfall dank der Behandlung durch den Hofarzt Thomas Mermann. Aus Dankbarkeit widmete er ihm den sehr ausdrucksstarken Band der italienischen Madrigale aus dem Jahr 1587. Ist nicht ebenso sein ergreifender „Schwanengesang“, die Lagrime di San Pietro („Tränen des Heiligen Petrus“), für diesen Mann, der sich des nahenden Todes bewusst ist, ein Akt des Glaubens und eine Bitte um Vergebung, wobei er sich hier demütig mit Petrus identifi ziert, der Christus dreimal verleugnet hat?

Und das ist sicher wesentlich, um die Persönlichket von di Lasso besser zu verstehen. In seinen Briefen entdecken wir trotz ihrer oft sehr derben Seite eine muntere Persönlichkeit, bereit zum Spiel, zu Wortspielen, aufmerksam für fi nanzielle Fragen, aber immer auch tief auf den Ausdruck seiner religiösen Überzeugung bedacht.

Jean Tubéry hat daher diesem Orlando di Lasso (Roland de Lassus, Orlande) gewidmeten Programm zurecht den Titel „Die Launen des Orlando“ gegeben. Das Programm gliedert sich rund um eine Auswahl dieser viel zitierten Briefe. Dank der vorgelesenen Texte und Übersetzungen wird die expressive Leistung des Komponisten bestens verständlich. Dagegen verdienen einige der ausgewählten Stücke einige zusätzliche Informationen.

Wir möchten darauf hinweisen, dass der erste Teil des Bandes zweistimmigen Instrumentalstücken mit dem Titel „Cantiones sine textu“ gewidmet ist. Es handelt sich um die zwei einzigen uns bekannten Instrumentalwerke di Lassos.

Haec quae ter triplici: ein echtes Zeugnis für di Lassos Achtung vor seinen Herren, zuerst Albert, dann seine drei Söhne Wilhelm, Ferdinand und Ernst. Drei Söhne ... und das Stück ist dreistimmig geschrieben! Zu bemerken ist dabei natürlich der Platz der im Zitat dem ersten der Namen,

32 „Wilhelm“, eingeräumt wird. Und in der Tradition der Motetten, die jemandem gewidmet sind und auf das 14. Jh. zurückgehen, erscheint der Name des Komponisten als Signatur.

Fertur in conviviis: Ebenso wie in den Briefen bildet die Erwähnung der Qualitäten, der Tugenden ... und der schlechten Seiten des Weins das Thema mehrerer Motetten dieser Auswahl. Hier geht es um Moral, eine durch den Introitus der Totenmesse streng angekündigte Moral!

Ut queant laxis: Die Erfi ndung der Solmisationsnoten zu Beginn der ersten Silben jedes Verses der Hymne an den heiligen Johannes wird Guido d’Arezzo (11. Jh.) zugeschrieben. In der gregorianischen Tradition beginnt jeder Vers auf jede dieser Noten. Orlando di Lasso veranschaulicht seinerseits dies Erfi ndung. Er vertraut einer Stimme den Gesang der ersten Silben an und überlässt den anderen Stimmen den Rest.

Super fl umina Babylonis: ein wahres Intelligenzspiel Orlandos. Hier wird der Text Buchstabe für Buchstabe, Silbe für Silbe, Wort für Wort zerlegt: S U Su P E R Per Super. Was bleibt dabei vom Gefühlsgehalt dieses Psalmentexts?

Qui regit astra & Quid trepidas: Im Febraur 1568 wird die Vermählung Wilhelms V. mit Renate von Lothringen gefeiert. Über die Musik, die mehrere Tage hindurch bei allen kirchlichen Zeremonien aber auch bei Empfängen und Banketten zu hören war, ist uns eine ausgiebige Dokumentation erhalten. Hier ist sie mit zwei Auszügen vertreten. Die Komposition für zwei gleichwertige Stimmen von Qui regit astra spielt direkt auf die erste Zeile des Gedichts an.

Quam pulchra es: A return to the Church with this superb text full of refi ned eroticism from the Song of Solomon. Its polyphonic setting expresses ecstasy, caresses, softness and tenderness.

Homo qui cum in honore: Nach der alten Technik, die auf die Generation von Josquin Desprez, dem Meister auf diesem Gebiet, zurückgeht, verwendet diese Motette einen „Cantus fi rmus“,

33 dessen Melodie aus den Worten hervorgeht (soggetto cavati delle parole): so ergibt „Nosce te ipsum“ folgende Melodie: sol, ré, ré, mi, ut (G, D, D, E, C).

Nunc gaudere licet: Hier wird wieder eine gregorianische Melodie eingefügt, nämlich die der Antiphon der Himmelfahrt Mariens „Gaudemus omnes“, die von neuem die für Orlandos „Launen“ typische Mischung von Sakralem und Profanen bestätigt.

In hora ultima: Und zum Abschluss ein perfektes Beispiel der Madrigalkomposition, in der fast jedes Wort oder jede Idee musikalisch veranschaulicht wird: von der düsteren Erwähnung der „letzten Stunde“ bis zur Schilderung der Freude, des Lachens und der Musikinstrumente.

Diesem Augenblick der „letzten Stunde“ scheint di Lasso mit gewisser Ruhe entgegengesehen zu haben. Er hatte das Gefühl, seine Aufgabe erfüllt zu haben, was man dem Vorwort der ebenfalls in seinem Todesjahr 1594 veröffentlichten Cantiones Sacrae entnehmen kann: „Wenn wir uns auf das Urteil der Sinne beschränken und die Meinung der Vernunft missachten, so sind gewiss die durch das üppige Bild der Weinranken und Reben verschönerten Laubengänge und jungen Weinstöcke ein weit angenehmerer Anblick als die alten Weinstöcke, die in unregelmäßigen Reihen gepfl anzt an Stützen gebunden sind und derb und altersschwach aussehen. Dennoch sind jene so gut wie unfruchtbar während diese einen Saft hervorbringen, der für die Menschen sehr angenehmen ist.“

Jérôme LEJEUNE Übersetzung: Silvia RONELT

34 1. Quid trepidas Ferdinand und Ernst gewidmet, die die höchsten (zur Hochzeit von Wilhelm & Renate) Gaben des dreieinigen Schöpfergottes ausdrücken Warum zitterst du, warum, Muse, was fürchtest und vom erlauchten Albert – jedem Prinzen seine du? Warum lässt du so lange auf dich warten? Ehre – gezeugt wurden. Schlag die melodiösen Saiten deiner Leier mit süßen Klängen an; nun lebt wohl, Angst und Schmerz, lebt nun wohl, Unruhe und Sorge! Zu 3. Pulvis et umbra sumus sehr großen Freuden lädt nämlich dieser Tag Wir sind Staub und Schatten: Dennoch bleiben ein, an dem Wilhelm und Renate das keusche nach unserem Begräbnis den Überlebenden die Brautgemach betreten werden, wo der erlauchte Tugend und ein unvergänglicher Ruf. Gold und Prinz in deine keusche Familie tritt. Prunk sind keine Hilfe, auch nicht das Blut der Vorfahren; zeige Tugend: Alles andere ist dem Gaudeat (2da pars) Tod geweiht. Das erlauchte Geschlecht des Prinzen von Böhmens möge sich freuen und jubeln; das mächtige Geschlecht Lothringens möge sich 4. Fertur in conviviis freuen und jubeln. Durch diese dauerhafte Ehe Zu Festmahlen wird Wein aufgetischt. Der Wein vereinigen sich nämlich die zwei erlauchten missfällt dem männlichen Geschlecht, dem Nationen in ewiger Allianz, in glücklichem weiblichen schadet er und dem sächlichen ist Frieden: daher bete ich, dass diese Ehe glücklich er ungesund! Er bewirkt, dass die Männer sehr für dich, den erlauchten Prinzen Wilhelm, werde schlecht Latein sprechen! Ich will daher, dass und dass Renate die Deine sei. nie Wein in mich fl ieße, denn er lässt die Männer mit Leichtigkeit tanzen und macht, dass die Armen vor den Reichen an die Reihe kommen! 2. Haec quae ter triplici Er enthüllt alle versteckten Dinge und tötet ... Diese Werke, die früher der Chor der drei Die Trinker können nicht glücklich werden: Die Grazien und der Musen dreimal sang, sind von alten wie die jungen sind Söhne des Teufels, denn di Lasso als Zeugnis seiner ewigen Treue und sie sind nicht bereit, den Befehlen des Himmels als Pfand der erwiesenen Ehre in der Einfachheit zu gehorchen. Sie essen, trinken und amüsieren seines Geistes und seiner Seele Wilhelm, sich und dann werden sie verdammt! Ihr Ziel ist

35 es, in einer Taverne bei Wein in der Nähe eines wunderbaren Taten besingen können, nimm von durstigen Mundes zu sterben, um bei der Ankunft unseren unreinen Lippen die Sünde, heiliger der höllischen Chöre sagen zu können: „Möge Johannes. Bacchus diesem Trinker wohlgesinnt sein!“ Diese Leute gehen viel lieber in die Taverne als in die Kirche; sie fi nden jene niemals verachtenswert, 7. Lauda, Mater Ecclesia bis sie die schlechten Engel kommen sehen, die (Hymne auf die Maria Magdalena) singen: „für diese Menschen gibt es keine ewige Lobe, Mutter Kirche, lobe die barmherzige Güte Ruhe“. Christi, der von den Fehlern durch siebenfache Gnade befreit. Maria, die Schwester des Lazarus, die so viele Sünden begangen hat, kommt aus 5. Qui regit astra dem Rachen der Hölle zurück an die Schwelle (zur Hochzeit von Wilhelm von Bayern und des Lebens. Nach dem Skandal eines lasterhaften Renate von Lothringen) Körpers, wird aus einem gewöhnlichen Topf Möge der, der über die Gestirne herrscht, dir ein eine Schale, die in ein Gefäß der Herrlichkeit langes Leben schenken, er möge deiner Gattin verwandelt ist, nachdem sie ein Gefäß der zärtliche Freuden geben, die Becher des Bacchus Schande war. Krank eilt sie zum Arzt mit einem mögen deine Fröhlichkeit fördern und die Musik Gefäß voll Parfum und wird durch das Wort des mit ihrem Gesang die Feste verschönern. Mit Arztes von vielen Krankheiten geheilt. Sie sieht Blumen gekrönt, voll Zärtlichkeit und Schönheit, Christus, wie er siegreich aus der Hölle kommt: verführerisch und dezent soll Hymen Gedichte Sie ist die erste, die diese Freude verdient, für eine solche Hochzeit schreiben. O Bräutigam denn sie war mehr als die anderen von Liebe und Braut, zu den glücklichsten Jahren geboren; entbrannt! Oh, einziger Gott, sei der Ruhm ihrer sie macht aus euch ein Paar, sie, die neue vielgestaltigen Gnade, die Fehler vergibt, Strafen Hochzeitsfackel, die Trauung, die Vermählung. erlässt und Belohnungen verteilt. Amen.

6. Ut queant laxis 9. In quoscunque locos (Hymne auf den Heiligen Johannes) Wohin ich auch sehe, überall merke ich Damit deine Diener mit voller Stimme deine Widersprüche. Dem einen gefällt die Farbe

36 Schwarz, während ihm Weiß missfällt. Diese Mox importuno (2da pars) Frau will mit einem Mann leben, aber sie ist mit „Diese Worte sind sehr unpassend“, antwortete einem anderen verbunden. Die Musik liebt die ruhig der wohlwollende Gastgeber diesem Iberer, Sänger und wird von ihnen gefeiert. Unglaublich, „denn wir trinken den Wein Eures Landes, der dieses vollkommene Paradoxon: So braucht, was durch viele Gegenden transportiert wurde. Ihr der eine in kurzer Zeit liest, lange Zeit, um von dagegen trinkt gekühltes Wasser, wenn euch einem anderen ausgesprochen zu werden. So Durst quält ... Es ist also nicht erstaunlich, dass viele Menschen es gibt, so viele Meinungen gibt ihr euch dummerweise lustig macht, denn was ihr es über diese Frage! trinkt, trinken eure Esel auch!

10. Super fl umina Babylonis 12. Bestia stultus homo (Psalm 133) Wie ein Tier billigt der Tor, ach, das Laster; die An den Ufern der Flüsse Babylons. Bewohner des Himmels verachtet der Tor wie ein Da saßen wir und weinten. Tier; ganz wie die dummen Lümmel hasst er die Liebe zur Tugend; wie ein Tier liebt er, der Tor, 11. Hispanum ad coenam mercator Belga den Gestank; er zieht durch die Finsternis der Ein Spanier wurde von einem belgischen Händler Welt und verachtet das helle Licht des Himmels, eingeladen. Der Tisch war mit königlichem der Tor; wie ein Tier möge er weit von hier Luxus gedeckt, ausländische Weine fehlten fortgejagt werden und wie ein Tier untergehen den geladenen Gästen nicht, ebensowenig wie am Grunde der Hölle, der Tor! goldene, mit der Hand fassonierte Schalen. Der Spanier bewunderte die Reichtümer, die Kunstwerke, und in den zahlreichen Gängen 15. Quam pulchra es dieses herrlichen Festmals den aufgebotenen (extr. Canticum Canticorum) Einfallsreichtum und das Geschick. Er ergriff Wie schön und lieblich du bist, meine Geliebte, das Wort und sagte: „Wie kommt es, dass in mit allen deinen Wonnen: Deine Figur gleicht Eurem Land die Männer, die gehörig miteinander einer Palme und deine Brüste Trauben. Ich sagte getrunken haben, zu schnarchen beginnen?“ mir: Ich werde auf die Palme kletteren und nach ihren Früchten greifen, und deine Brüste werden

37 wie die Trauben eines Weinstocks sein, und der 20. O decus celsi Geruch deines Gesichts wie der Duft von Äpfeln. Ehre dem Himmel, du selbst Abkomme des Himmels, Sohn der Titanen, einziger Ruhm Jupiters, ein Redner möge dich respektvoll mit 16. Homo cum in honore Lob überhäufen, das einer Mitra würdig ist. Du, Als der Mann mit Ehren überhäuft wurde, war er Gott, wir verehren dich im ganzen Universum. nicht vernünftig. Er war mit Tieren vergleichbar, Du, Vater, gibst in deiner Güter nach deinem mit Verrückten, und ist ihnen gleich geworden. heiligen Willen unserem Volk das Heil und Kenne dich selbst. ergebene Könige. Wir sind glücklich, dir mit unserem Mund zu danken, dass du uns in deiner Güte Assuerus gegeben hast, der durch Mars 17. Non des mulieri mächtig ist. Behalte ihn wohlwollend deine Güte, Gib einer Frau keine Macht über deine Seele, und wie du uns mit Nachdruck ermahnt hast, dass sie nicht in dein Herz dringe: denn sie würde bitten wir für ihn um ewigen Ruhm. Und die dich verwirren! Heldentaten, die du ihn verrichten lässt, mögen eines so großen Monarchen würdig sein.

18. Nunc gaudere licet Jetzt ist es erlaubt sich zu freuen: Der Schmerz 22. Ad primum morsum ist vorbei, die Sorgen sind vorbei! Wir müssen Wenn ich beim ersten Schlag noch nicht uns freuen, wie es der Herr verlangt und gebietet: getrunken habe, bin ich tot! Wir haben sehr große Denn, oh junge Leute, die Zeit der Ferien ist Freude, wenn wir zweimal trinken. Beim dritten wiedergekommen! Freuen wir alle uns. Becher bin ich froh, wenn ich alles trinke ... der vierte Becher erfreut mein Herz, meinen Kopf, 19. Luxuriosa res vinum meine Lenden. Den fünften Becher trinken wir Wie sinnenfreudig ist der Wein, doch die mit weit geöffnetem Mund ! Köstlich ist auch Trunkenheit ist Quelle der Unordnung: Wer sich die Nahrung, wenn ich zum sechsten Mal trinke; dabei wohlfühlt, ist kein Weiser. beim siebenten Becher bin ich zufrieden, mein Körper ist vollgefüllt. Oh, wie glücklich sind wir, wenn wir achtmal trinken ... der neunte Becher

38 malt uns eine Cherubsnase. Wenn ich zehnmal trinke, trage ich Hörner an der Stirn! Und beim elften Mal komme ich dir zuvor, lieber Freund; und zweimal nach dem zehnten Mal kommt für mich die vollkommene Ruhepause. Danach sage ich: genug! Doch erst wenn ich kostenlos noch ein ganz kleines Tröpfchen Wein getrunken habe, werde ich zufrieden schlafen gehen ...

23. In hora ultima In der letzten Stunde geht alles zugrunde: die Trompete, die Flöte und die Kithara, der Spaß, das Lachen, der Tanz, der Gesang und der Diskant.

Übersetzung: Silvia RONELT

39 RIC 283