PROFILS DE ZONES DE MOYENS D'EXISTENCE RAPIDES

RAPPORT SPÉCIAL DU RÉSEAU DE SYSTÈMES D’ALERTE RAPIDE CONTRE LA FAMINE (FEWS NET)

Aout 2011

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Table des matières Remerciements ...... 2

Introduction ...... 3

Utilisations des profils ...... 4

Concepts clés ...... 5

Définition d'un profil de moyen d'existence ...... 8

Méthodologie ...... 9

Profils des moyens d'existence rapides pour le Tchad ...... 10

Présentation générale du pays ...... 10

Zone 1 : sud, céréales et cultures de rente ...... 14

Zone 2 : sud‐ouest, riz dominant ...... 23

Zone 3 : sud‐centrale, céréales pluviales ...... 31

Zone 4 : sud‐est, cultures de décrue et gomme arabique ...... 38

Zone 5 : centrale, agropastorale ...... 44

Zone 6 : est céréales pluviales et maraîchage ...... 51

Zone 7 : zone de transhumance ...... 58

Zone 8 agropastorale et de pêche ...... 66

Zone 9 cultures oasiennes, élevage camelin et exploitation du natron ...... 75

Annexe I : Régions administratives par zone de moyens d'existence ...... 78

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Remerciements

Ce travail a été réalisé par le Réseau de systèmes d’alerte précoce contre la famine (FEWS NET) en collaboration avec ses partenaires, le gouvernement du Tchad et les Directions des Statistiques des Ministères de l’Agriculture et de l’Élevage, la Direction des Ressources en Eau et de la Météorologie du Ministère de l’Eau, les Organes régionaux décentralisés du Comité d’Action pour la Sécurité Alimentaire et la Gestion des Crises (CASAGC), le Programme Systèmes d’Informations sur le Développement Rural et l’Aménagement du Territoire (SIDRAT/Tchad), le Programme Alimentaire Mondial, la FAO, Intermon Oxfam, ACF, AFRICARE, Solidarités. Les profils ont été produits sous forme de base de connaissances pour les activités de surveillance de l’insécurité alimentaire de FEWS NET dans le pays.

Ce rapport a été rédigé par Julius Holt et Rachel Cipryk de FEG Consulting. Les idées et opinions que ce document exprime ne sont pas forcément celles de l'USAID ou du gouvernement des États‐Unis.

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Introduction

Les profils des moyens d’existence qui suivent décrivent comment vivent les populations rurales dans l'ensemble du Tchad. Un moyen d'existence peut être défini comme l’ensemble des façons par lesquelles les ménages joignent les deux bouts d’année en année et comment ils survivent (ou n’arrivent pas à survivre) pendant les périodes difficiles.

On constate un intérêt croissant pour l'utilisation de l’analyse des moyens d’existence comme « lentille » à travers laquelle il est possible d'observer un certain nombre de problèmes. Ces problèmes varient de l'intervention d’urgence à l’atténuation des catastrophes en passant par le développement à long terme. Cet intérêt repose sur deux observations de base : 1) Les renseignements sur une région ou une communauté donnée ne peuvent être correctement interprétés que s’ils sont placés dans le contexte des conditions de vie des populations. 2) Les interventions ne peuvent être conçues de façons appropriées aux circonstances locales que si le planificateur connaît les moyens d’existence locaux et si oui ou non une intervention proposée se situera dans le prolongement des stratégies existantes ou si elle les mettra en cause.

Deux produits principaux sont offerts ici :

Carte nationale des zones de moyens La carte montre la division du pays en zones homogènes définies en d'existence fonction des structures de moyens d’existence.

Profils de zones de moyens Les profils décrivent les principales caractéristiques de chaque zone, y d'existence compris une brève différenciation de la fréquence relative de l’insécurité alimentaire de différents groupes de richesse. Les aléas importants et la capacité relative à leur résister de la part des différents types de ménages dans différents endroits sont identifiés.

En établissant les profils, un équilibre à été maintenu entre l’accessibilité et la minutie du détail. Le but a été de présenter suffisamment d’informations pour permettre une vision complète et équilibrée des moyens d'existence au plan national. Les profils fournissent une introduction rapide aux moyens d'existence dans le pays ; ils n’offrent pas de détail localisé.

La préparation de ces profils s'est fait en collaboration entre le projet USAID/FEWS NET, le gouvernement tchadien et les membres de réseaux d'alerte rapide au Tchad, notamment la FAO, le PAM, AFRICARE, Intermon Oxfam et Solidarité. La priorité de l'action de FEWS NET est l'alerte rapide, la surveillance de l’insécurité alimentaire et l'évaluation des urgences. Les profils de moyens d'existence ont été structurés principalement dans l'optique de ces types d'activité. Cependant, on peut espérer qu'ils se révèleront également utiles à l'ensemble de la communauté du développement.

Ce document est divisé en trois grandes sections. 1. Introduction — Elle comporte six sous‐sections • Utilisations des profils — qui décrit trois façons principales dont les profils peuvent être utilisés. • Concepts clés — qui définit les concepts clés utilisés dans l’analyse basée sur les moyens d’existence. • Carte nationale des zones de moyens d'existence — qui présente le concept de zones de moyens d'existence. • Définition d'un profil de moyen d'existence — qui décrit la présentation et le contenu de chaque profil. • Méthodologie — qui décrit les méthodes utilisées pour développer la carte et les profils.

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2. Vue d'ensemble nationale — Carte nationale des zones de moyens d’existence, avec une vue d’ensemble nationale des moyens d’existence au Tchad.

3. Profils des zones de moyens d'existence — Les profils pour chaque zone.

Utilisations des profils

Les zones des moyens d’existence et les profils présentés ici offrent une analyse de la sécurité alimentaire urbaine et rurale sur une base géographique. Le pays est divisé en zones homogènes définies en fonction de la structure des moyens d’existence. Une brève description de chaque zone est donnée, y compris une analyse de la position des différents groupes de richesse à l’intérieur de la zone. Il est prévu que ce produit sera utile à trois niveaux, comme suit.

1. Guide d'introduction de la sécurité alimentaire dans le pays Les profils donnent beaucoup d’informations et d’analyses en quelques pages de présentation. Ils devraient donc constituer une source utile d’informations pour un nouveau venu ayant besoin de comprendre rapidement le contexte de la sécurité alimentaire dans le pays. Les divisions géographiques sont relativement larges — autant que possible en gardant la cohérence des réalités du terrain — de façon à ce que le lecteur considère le modèle général et les différences essentielles entre les zones et les populations sans être submergé par trop de détails

Les planificateurs de développement peuvent aussi tirer parti de l’utilisation des profils des moyens d’existence. L'un des objectifs du développement est de réduire la vulnérabilité des populations face aux aléas et d’améliorer leur capacité d'adaptation. Une première étape importante est de comprendre qui est vulnérable, à quels aléas et pourquoi. De même, des efforts de lutte contre la pauvreté exigent de comprendre comment les ménages les plus pauvres survivent dans différentes régions du pays et les raisons de leur pauvreté.

2. Alerte rapide et planification de l'intervention La sécurité alimentaire locale est souvent mise sur le même pied que la production agricole. Ainsi, un déficit de production chronique ou temporaire par rapport au besoin en nourriture local est immédiatement traduit en insécurité alimentaire chronique ou temporaire. Par conséquent, la plupart des systèmes d’alerte rapide et de surveillance de la sécurité alimentaire s'appuient largement sur deux sources d’informations : (i) données sur la production agricole ou animale et (ii) information sur les prix de marché.

Ces chiffres ne disent pratiquement jamais tout. Un compte‐rendu complet de « l’économie alimentaire » concerne à la fois la disponibilité alimentaire — c'est à dire, la nourriture que produit la population — et l’accès à la nourriture — l’argent que la population gagne pour acheter la nourriture. Les données sur l'emploi temporaire ou les nourritures sauvages, l’aide de parents ou la vente de produits artisanaux peuvent être tout aussi importants pour l’étude des moyens d’existence que les données sur la production agricole et animale, et une connaissance de leur importance relative peuvent guider la conception de systèmes de surveillance plus appropriés et de meilleures évaluations d’urgence rapide.

En utilisant la structure des moyens d’existence, nous pouvons nous informer de la capacité des ménages à s'adapter au stress, spécialement à une mauvaise production agricole ou animale ; et nous pouvons comprendre les activités des ménages à différentes périodes dans le cycle annuel. Tout ceci informe directement notre analyse des besoins, en contribuant à répondre aux questions essentielles comme : quelles régions et quels types de ménages vont vraisemblablement s'adapter à un aléa et qui aura besoin d’aide ? Quels types d’interventions seront les plus appropriées, quand et pour combien de temps devront‐elles être mises en application ?

Par exemple, il serait possible d'indiquer la position des ménages pauvres dans une région géographique donnée qui sont largement tributaires de l’emploi urbain. Si l’emploi urbain diminue, leur travail sera moins demandé :

4 peuvent‐ils trouver un autre revenu ailleurs, et seront‐ils en concurrence avec les populations d’autres zones pour ces activités ?

Les fonctionnaires nationaux travaillant sur leur système national d’alerte rapide ont une immense connaissance de leur pays. L’approche des moyens d’existence contribue à procurer une structure permettant d'exploiter pleinement cette connaissance, tout en leur apportant un nouveau niveau d’information.

3. Élaboration des politiques La gestion des catastrophes est l’impulsion principale au développement des systèmes d’alerte rapide de la sécurité alimentaire. La raison d'être d'une alerte rapide est d’améliorer l’efficacité dans l’ampleur et le moment choisi de l’aide alimentaire d’urgence. Toutefois, les planificateurs cherchent de plus en plus des alternatives à l’aide alimentaire dans l’intervention d’urgence rapide, et ceci nécessite souvent des changements de politiques et de procédures. C'est le cas de la stabilisation des prix de marché pour les aliments de base L’analyse des moyens d’existence peut montrer les effets vraisemblables de ces interventions sur la capacité de différents ménages à survivre à une crise. L’analyse peut aussi recommander le moment optimum pour l’intervention.

L’analyse des moyens d’existence peut aussi être appliquée à d’autres changements de politiques. Par exemple, si les taxes sur le kérosène étaient réduites, ou les frais pour les médicaments vétérinaires du gouvernement, quel serait l’impact sur les ménages ? Plus généralement, le point de vue des ménages offre une base plus sûre pour examiner le débat toujours croissant sur la lutte contre la pauvreté. Elle permet d'étudier la situation qui se cache derrière les statistiques nationales.

Concepts clés

Les termes « risque », « aléa », « vulnérabilité » et « besoin » sont fréquemment utilisés de façons qui peuvent créer une certaine confusion dans le contexte de la sécurité alimentaire. Leur signification établie dans l’optique de la gestion des catastrophes, et le sens qui leur est donné ici s'expliquera peut‐être mieux par un exemple (voir ci‐ dessous).

Définition de « risque », « aléa », « vulnérabilité » et « besoin » ______• La sécheresse est un aléa important touchant la production agricole et animale dans de nombreux pays africains. • Les ménages pauvres sont plus vulnérables (moins capables de s'adapter) face à la sécheresse que les ménages mieux nantis ; ils ont moins de réserves de nourriture ou d’argent sur lesquelles se rabattre, et moins d’options pour générer un revenu supplémentaire. • Les ménages pauvres vivant dans des zones du pays sujettes à la sécheresse sont plus en situation de risque de pénurie alimentaire que les autres ménages, parce qu’ils sont à la fois exposés et vulnérables à l'aléa de la sécheresse. • Une fois que la sécheresse a frappé, les pauvres ont le plus besoin d'aide. ______

Pour être en situation de risque d’insécurité alimentaire, vous devez être à la fois exposé à un aléa et vulnérable à celui‐ci, comme dans le cas des ménages pauvres des zones du pays sujettes à la sécheresse dans l’exemple ci‐ dessus. Du fait que la vulnérabilité est étroitement liée à un aléa, il s’en suit qu’il n’existe pas d’état général de vulnérabilité ; les populations ne peuvent être vulnérables qu'à quelque chose. Par exemple, les fermiers cultivant le long des rives d'un fleuve peuvent être vulnérables aux crues (qui ont toutes chances de détruire leurs récoltes), mais peuvent ne pas être vulnérables à la sècheresse (dans la mesure où ils peuvent irriguer leurs parcelles avec l’eau du fleuve). De même, les éleveurs peuvent ne pas être très vulnérables à la sècheresse pourvu qu'ils puissent

5 se déplacer librement à la cherche d'eau et de pâturages. D'un autre côté, ils peuvent être très vulnérables à un conflit si celui‐ci entrave leurs déplacements vers les principaux points d'eau et pâturages.

Une fois que l'aléa a frappé, parler de groupes vulnérables n'a plus de sens. En d'autres termes, les populations sont vulnérables avant l'événement (puisque ceci se réfère à leur capacité à s'adapter au cas où un aléa apparaitrait). Elles ont des besoins après l’évènement (c.‐à‐d., une fois qu’elles ont été touchées et n'ont pas pu s'adapter à l'aléa). Pour revenir à l’exemple de la sécheresse, les pauvres y sont vulnérables avant que les pluies ne se révèlent insuffisantes, mais une fois qu’elles ont perdu leurs récoltes ou leur bétail, elles ont besoin d’aide.

L'une des approches basées sur les moyens d’existence la plus largement utilisée pour analyser la sécurité alimentaire est l’approche de l’économie alimentaire or ou des ménages, développée en premier par Save the Children UK dans les années 19901. Le principe de base sous‐tendant cette approche énonce que : une analyse des moyens d’existence locaux est essentielle pour une bonne compréhension de l’impact — au niveau des ménages — des aléas comme la sécheresse, un conflit ou la désorganisation du marché.

L’échec total des récoltes peut, par exemple, rendre un groupe de ménages indigents, parce que la mauvaise récolte est sa seule source de nourriture de base. En revanche, un autre groupe peut être capable de s'adapter, parce qu’il dispose d’autres sources de nourriture et de revenu. Ces autres sources (comme avoir du bétail à vendre ou des parents vivants ailleurs qui peuvent les aider) peuvent compenser la perte de la production. Ainsi les évaluations de l’impact réel de l'aléa doivent‐elles s'appuyer sur une analyse des moyens d’existence. Le cadre analytique de l’économie alimentaire détermine le type d’analyse nécessaire pour comprendre l’impact d’un aléa sur la sécurité alimentaire et les moyens d’existence locaux et est utilisé pour aider à définir l’information essentielle à inclure dans les profils.

L’objectif d’une analyse de la sécurité alimentaire est d’étudier les effets d’un aléa sur l’accès futur à la nourriture et à un revenu, pour que des décisions puissent être prises sur les types d’interventions les plus appropriées à mettre en œuvre. La raison d'être de cette approche est que comprendre la façon dont les populations ont survécu dans le passé offre une bonne assise pour se projeter dans le futur. Trois types d’information sont associés : (i) l’information sur la base de référence de l’accès à un revenu en nourriture/monétaire, (ii) l’information sur l'aléa (évènements touchant à l’accès au revenu en nourriture/monétaire, comme la sécheresse, un conflit ou la désorganisation du marché) et (iii) l’information sur les stratégies d'adaptation au niveau des ménages (c.‐à‐d., les sources de nourriture et de revenu vers lesquelles se tournent les populations quand elles sont exposées à un aléa). Cette approche peut être résumée de la façon suivante :

Résultat = Base de référence + Aléa + Adaptation

Base de référence : L'analyse des données de référence a trois composantes :

Carte des zones de moyens d'existence : Il est clair que les modèles de moyen d'existence varient d’une région à une autre ; c’est la raison pour laquelle la préparation d’une carte des zones de moyens d'existence peut être une première étape utile pour de nombreux types d'analyses s'appuyant sur les moyens d'existence. Des facteurs locaux, comme le climat, le sol, l'accès aux marchés, etc. influent tous sur les modèles de moyen d'existence. Par exemple, les populations vivant dans une région de hautes terres fertiles ont généralement des options très différentes de celles qui vivent dans une région de faible altitude semi‐aride. Dans cet exemple, les populations des zones montagneuses peuvent généralement suivre un modèle de moyen d’existence agricole, tandis que dans les basses terres, elles peuvent cultiver quelques cultures et seront soit des éleveurs soit des agriculteurs‐éleveurs.

Les populations vivant dans une zone côtière ou au bord d’un lac peuvent avoir un moyen d’existence s'appuyant sur la pêche ou combineront la pêche à d’autres activités, et ainsi de suite. Cependant, l'écologie agricole n'est

1 Voir « The Household Economy Approach », Seaman J., Clarke P., Boudreau T., Holt J., Save the Children UK 2000.

6 qu’un des aspects de la géographie qui détermine les modèles de moyen d’existence. Un autre est l’accès au marché, puisque ceci influe sur la capacité des populations vendre leur production (récoltes ou bétail ou autres objets) et le prix obtenu. Dans la mesure où les modèles de moyen d'existence dépendent pour une si grande part de la géographie, il est logique de diviser un pays ou une région en un certain nombre de zones de moyens d'existence. On peut définir celles‐ci comme des secteurs dans lesquels les populations partagent généralement le même modèle de moyen d'existence (c.‐à‐d., généralement, le même système de production – agriculture ou élevage, par exemple – ainsi que, généralement les mêmes modèles de commerce/d’échange).

Les limites des zones de moyens d’existence ne suivent pas toujours les frontières administratives. Il est par exemple très courant de trouver des modèles de moyen d’existence différents à l’intérieur d’une même unité administrative (des éleveurs vivant aux côtés d'agriculteurs ou bien des agriculteurs‐éleveurs aux côtés de communautés de pêcheurs). Toutefois, dans la mesure où les décisions touchant sur l'allocation des ressources et la fourniture des services sont prises sur la base des régions administratives et non des zones de moyens d’existence, il est important que les limites des zones des moyens d’existence suivent toutes les fois que cela est possible les limites administratives du niveau le plus bas. Toutefois, ceci n'a pas été possible au Tchad du fait que seules les limites administratives de niveau deux (département) sont clairement définies et que les modèles de moyen d'existence ne correspondent pas exactement aux limites des districts.

Répartition de la richesse : Il est clair que la géographie n'est pas le seul facteur qui détermine le modèle de moyen d'existence. La géographie tend à définir les différentes options de moyens d’existence, mais la mesure selon laquelle les populations tirent parti de ces options dépend d’un certain nombre de facteurs, parmi lesquels la richesse est généralement le plus important. Il est évident, par exemple, que les ménages mieux nantis qui possèdent de grandes fermes produiront en général plus de récoltes et seront davantage en sécurité alimentaire que leurs voisins plus pauvres. Toutefois, la terre n'est qu'un des aspects de la richesse et les groupes de richesse sont typiquement définis en termes de leur possession de la terre, de leur possession du bétail, de leur capital, de leur éducation, de leurs aptitudes, de la disponibilité du travail ou du capital social. Définir les différents groupes de richesse dans chaque zone est la deuxième étape dans l’analyse de l’économie alimentaire, le résultat étant la répartition de la richesse.

Base de référence de l'économie alimentaire2 : Ayant groupé les ménages en fonction des endroits où ils vivent et de leur richesse, l’étape suivante est de produire l’information de la base de référence de l'économie alimentaire pour les ménages typiques dans chaque groupe pour telle ou telle année de référence. Ceci implique d’étudier les différentes sources de nourriture et de revenu monétaire et leur contribution relative au budget du ménage pour l’ensemble de l'année. Il s'agit aussi d'établir un calendrier saisonnier des activités pour voir comment l’accès à la nourriture et au revenu monétaire varie dans l'année. Ces types d’information sont essentiels pour comprendre comment les ménages vivant à différents niveaux de richesse et dans différentes zones seront touchés par un aléa particulier. Il s’en suit, par exemple, que les ménages largement tributaires de la production du bétail local seront touchés de façon très différente par la sécheresse par rapport à ceux qui ont des parents vivant et travaillant dans la capitale et dont ils reçoivent régulièrement de l’aide ou des envois d'argent.

Aléa : Les données de la base de référence de l’économie alimentaire fournissent un point de départ pour étudier l’effet qu’un aléa aura sur les moyens d’existence et la sécurité alimentaire des ménages. Les aléas peuvent soit

2 Noter que l’information donnée dans les profils ne constitue pas une base de référence complète de l’économie alimentaire. Une base de référence complète donne de l’information quantitative sur les quantités de nourriture accessibles et les quantités de revenus monétaires provenant des différentes sources pour au moins trois groupes de richesse principaux dans une zone de moyen d’existence donnée. Au contraire, les profils de moyen d’existence incluent l’information sur la contribution proportionnelle des différentes sources de nourriture et de revenu monétaire à l'ensemble. En d'autres termes, les unités de mesure d'une base de référence de l'économie alimentaire sont les kilocalories (c.‐à‐d., l'énergie alimentaire) et l'argent, alors que l'unité de mesure pour un profil de moyens d'existence est un pourcentage du total. La carte des zones de moyens d’existence nationale et les profils de moyens d’existence sont conçus comme un produit autonome (voir la section sur les utilisations des profils), mais ils sont aussi conçus comme une étape intermédiaire vers le développement de base de référence complète de l’économie alimentaire.

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être naturels (par ex., sécheresse ou inondation) ou d’origine humaine (par ex., conflit ou perturbation du marché). Les conséquences d’un aléa varieront en fonction de l’aléa lui‐même et en fonction du modèle local de moyen d’existence. La sécheresse peut provoquer la perte de la récolte et de la production du bétail, la perte du produit des ventes de la récolte et du bétail, la perte de l’emploi agricole, etc., menaçant les ménages fortement tributaires de la production de la récolte ou du bétail ou bien du travail agricole local. D'un autre côté, l’insécurité peut être associée au vol des récoltes ou du bétail, à un accès réduit à certaines régions (marchés, puits, zones de pâturage ou champs) et la perturbation des échanges et du transport ; autant de facteurs qui menaceront les groupes vivant dans des zones dangereuses, les traversant ou y faisant du commerce.

Adaptation : Quand ils sont exposés à un aléa, la plupart des ménages font tout leur possible pour tenter de faire face à ses effets. Si l'aléa tend à réduire leur accès à certaines sources de nourriture ou de revenu monétaire, ils peuvent essayer d’augmenter d’autres sources ou ils peuvent se tourner vers des sources nouvelles ou peu utilisées. Les stratégies d'adaptation fréquentes3 dans certaines situations peuvent inclure une augmentation du ramassage des nourritures sauvages, une augmentation de la vente du bétail ou la migration temporaire à la recherche d’un emploi. Lorsque ces stratégies sont efficaces, elles peuvent réduire de manière non négligeable la vulnérabilité à une gamme d'aléas. Cependant, il faut garder présent à l’esprit que les stratégies d'adaptation peuvent avoir des effets à long terme aussi bien qu’à court terme, certains d'entre eux pouvant au bout du compte compromettre les moyens d’existence locaux ; par exemple, la vente des actifs productifs, la vente non viable du bétail, l’augmentation de la vente du bois de chauffe quand ceci a un effet négatif sur l’environnement, etc.

Définition d'un profil de moyen d'existence

Les profils sont divisés en plusieurs sections : • La section Principales conclusions et implications résume les principales conclusions sur la zone. Cette partie fournit aussi des indications qui informeront la planification de divers types d’interventions, y compris les programmes d’intervention d’urgence, d’atténuation des catastrophes et de développement. • La section Description de zone offre une description générale des modèles de moyen d'existence locaux (production agricole, élevage du bétail, génération de revenu d’appoint, etc.). • La section Marchés contient des informations de base sur la commercialisation de la production locale et sur toute importation de produits alimentaires de base dans la zone. • La section Calendrier saisonnier indique à quel moment de l'année sont réalisées les activités clés. Ceci est utile de plusieurs façons : par exemple pour juger de l’impact probable d'un aléa en fonction du moment où il survient dans l'année ou pour évaluer si une activité particulière est entreprise au moment normal dans l’année en cours. Viennent ensuite cinq sections qui donnent les informations essentielles sur « l’économie alimentaire » de la zone (voir la section précédente) : o Répartition de la richesse Cette section décrit les principaux groupes de richesse (« très pauvres », « pauvres », « moyens » et « mieux nantis »), en expliquant les différences entre ces groupes et comment ceci affecte l’accès potentiel à la nourriture et aux revenus.4

3 L'expression « stratégie d'adaptation » est utilisée dans ce document pour décrire uniquement les activités entreprises en réponse à un choc. Elle ne désigne pas des activités déployées dans le cadre d'une stratégie de moyen d'existence normale, qui peut impliquer la réponse à des chocs mineurs faisant partie de chaque moyen d'existence (par ex., attaque limitée de ravageurs des cultures).

4 Il est important de garder présent à l’esprit pour cette analyse que nous envisageons la richesse en termes relatifs (et locaux). Les données statistiques peuvent indiquer que 80 % de la population d’un secteur donnée vivent sous le seuil de pauvreté national, mais il s’agit d’une mesure de la pauvreté sur une échelle nationale, absolue. Dans une analyse des moyens d'existence, ce qui nous intéresse c’est de comprendre certaines des différences entre divers groupes au sein de la communauté et les raisons de celles‐ci ; auquel cas, il n’est pas spécialement utile de grouper 80 % ou 90 % de la population dans un seul groupe.

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o Les sections sur les Sources de nourriture et les Sources de revenus examinent les modèles de nourriture et de revenu monétaire à chaque niveau de richesse, en établissant des liens avec les caractéristiques de chaque groupe. Les sections sur les Aléas fournissent des informations sur différents types d’aléas touchant la zone, en fonction des groupes de richesse quand cela est approprié. o Stratégies d'adaptation Cette section décrit les diverses stratégies disponibles pour les différents types de ménages dans la zone, ainsi qu’une évaluation de leur efficacité probable.

L’alerte rapide implique l’identification et l’interprétation des événements clés qui indiquent qu’une grave pénurie alimentaire ou qu’une famine peut être en train de se développer. La section finale, Principaux indicateurs d'alerte rapide, s’appuie sur la classification des indicateurs d’alerte rapide proposée par Fred Cuny5. Cette section fournit l’information sur les principaux indicateurs de crise et le moment probable de leur manifestation par zone, sur la base d’une compréhension des moyens d'existence locaux et des modèles locaux de réponse à la pénurie alimentaire6.

Méthodologie

La carte et les profils des moyens d'existence présentés ici ont été établis à partir d'une combinaison d'entretiens et d'ateliers avec des informateurs clés nationaux dans lesquels une carte préliminaire des zones de moyens d'existence et une brève description de chaque zone ont été préparées. En février‐mars 2011, trois équipes de terrain associant plusieurs partenaires ont été formées pour visiter les centres administratifs et les villages au sein de chaque zone de moyens d'existence. Des réunions et des entretiens y ont été organisés dans le but d'améliorer la carte préliminaire et de collecter de plus amples informations sur chacune des zones afin d'établir les profils de moyens d'existence typiques. Les anciens profils datant de 2005 ont été utilisés comme base pour les profils de zones lorsque les moyens d'existence n'avaient pas changé de manière notable. Profils

5 « Famine, Conflict and Response: A Basic Guide », Cuny F. C. and Hill R. B. Kumarian Press, 1999, pp 33‐42.

6 Fred Cuny a identifié deux types d’indicateurs d’alerte rapide : ceux qui donnent une alerte avancée d’une famine (indicateurs d’une crise imminente) et ceux qui confirment l’existence d’une famine (indicateurs de famine). Le dernier groupe inclut des indicateurs comme la détresse des ventes des actifs productifs (par ex., bœufs de trait), la consommation de graines, l'augmentation de la malnutrition et celle de la mortalité. D'une manière générale, les indicateurs de famine ne sont pas propres à un contexte (c.‐à‐d., une seule liste pourrait être établie qui s’appliquerait à toutes les zones de moyens d’existence). Ils peuvent être aussi de peu d’utilité pour prédire ou empêcher une grave pénurie alimentaire ou une famine. Pour ces raisons, ils n’ont pas été inclus dans les profils de moyens d’existence.

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Profils des moyens d'existence rapides pour le Tchad

Présentation générale du pays

Les zones de moyens d'existence

Zones des moyens d'existence du Tchad, 2003 LIBYA

Tibesti

1 Zone sud de culture commerciale de coton et d'arachide NIGER 9BET Borkou 2 Zone sud de culture commerciale de riz 3 Zone sud‐est de culture de décrue 4 Zone est de céréales pluviales 5 Zone ouest agropastorale Nokou Iriba Arada BILTINE 6 Zone centrale agropastorale et de pêche Moussoro 8 Djedaa Biltine Am-Zoer Guereda 7 Mao BATHA Oum-Hadjer Zone centrale de cultures de décrue et de pêche Bol 6 Abeche Ngouri Adre 8 LAC SUDAN Zone nord de transhumance Ati 4 Massakory 7 OUADDAI Bokoro Mangalme Am-Dam Ndjamena Mongo Bitkine Goz-Beida Massenya GUERA Abou-Deia SALAMAT 5 Melfi 3 Am-Timan Bongor Bousso CHARI-BAGUIRMI Haraze-Mangueigne District MAYO-KEBBI MOYEN-CHARI Lere Fianga 2 Lai Sarh Kyabe Kelo BereBenoye Pala International BeinamarBebedjia Koumra Moundou Doba 1 Baibokum Moissala Maro C.A.R. Province 0 100 200 Gore

Kilometers LOGONE-ORIENTAL Carte des moyens d'existence originale

L'atelier de février 2011 visant à réviser la carte nationale des zones de moyens d'existence a proposé un certain nombre de modifications importantes. Une zone, l'ancienne zone 8 (centrale, cultures de décrue et pêche) bordant le lac Fitri, a été éliminée du fait qu'au fil des années le lac a presque complètement disparu et qu'aucune région de moyens d'existence importante, distincte n'est perceptible aujourd'hui. Une nouvelle zone a été identifiée (zone 3, sud‐centrale, céréales), qui occupe le quart sud de l'ancienne zone 5 (ouest, agropastorale), pour la raison que cette région est radicalement différentes en termes de pluviosité et de production agricole et animale de la région agropastorale au nord. L'ancienne zone 3 (sud‐est, culture de décrue) a été considérablement étendue dans la nouvelle zone 4 (sud‐est, culture de décrue et gomme arabique). L'ancienne zone 4 (est, céréales pluviales) a été réduite à la nouvelle zone 6 rebaptisée « est, cultures pluviales et maraîchage » afin de traduire l'importance extrême de la production de contre‐saison dans l'économie locale. Enfin, la limite nord de la zone de transhumance (ancienne zone 8, maintenant zone 7) s'est déplacée de manière substantielle vers le sud et l'ouest, et la limite sud‐est s'est déplacée vers le nord, traduisant ainsi le fait q ue la pression démographique et les conditions environnementales ont provoqué une migration croissante des éleveurs autrefois transhumants dans l'agriculture, c.‐à‐d., la zone est des céréales et du maraîchage vers le nord.

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Révision en 2011 de la carte des moyens d'existence nationale

Profil d'ensemble des moyens d'existence

Comme le montre chacun des profils de zones de moyens d'existence (dans la section III), le Tchad a une géographie économique rurale très variée. Point commun à tous les pays de la grande ceinture sahélienne qui s'étend de la Mauritanie au Soudan, l'un des modèles est une gradation écologique nord‐sud de désertique à soudano‐guinéenne, où quatre grands modes de moyen d'existence se distinguent. Les plus au nord, le nomadisme pastoral et l'élevage transhumant (zones 9 et 7) reposent sur l'élevage du bétail et contiennent de populations éparses à très éparses. Le nomadisme pastoral, qui s'appuie ici sur l'élevage de chameaux, ainsi que de chèvres et de moutons, est pratiqué là où la pluviosité est trop faible pour permettre la culture de sorte que le seul moyen pour les populations de gagner leur vie de la terre est en faisant paître du bétail. La distance entre les pâturages et celle qui les sépare des points d'eau exigent que les familles d'éleveurs effectuent un déplacement saisonnier annuel avec leur bétail. Sur quelques concentrations d'oasis vit une population sédentaire dont les moyens d'existence reposent sur la production de date irriguée, ainsi que sur les échanges à certains égards.

L'élevage transhumant prend place à la limite de la viabilité des cultures : les pluies permettent généralement une certaine culture de mil pénicillaire dans des lieux propices, mais la faiblesse des rendements et la fréquence des récoltes déficitaires découragent l'investissement en efforts, et le bétail demeure la base de l'économie, ici surtout les bovins. On y trouve aussi des troupeaux de chèvres et de moutons et quelques chameaux. Contrairement aux nomades, seuls certains membres du ménage ou de la famille élargie migrent avec le bétail vers les lointains pâturages — généralement vers le sud pendant la saison sèche — en rentrant dans la région d'origine après un certain nombre de sem aines ou de mois. Le reste du ménage reste à demeure dans la région d'origine, qui peut même être un village avec des habitations fixes, conservant quelques bêtes pour le lait et s'occupant des terres qui ont été ensemencées.

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Si nous nous déplaçons nous‐mêmes vers le sud, nous rencontrons un troisième modèle de moyen d'existence appelé « agropastoralisme » (nouvelle zone 5 et ancienne zone 8). Ceci signifie plus que le simple fait qu'il s'agit d'un mélange de culture et d'élevage, autrement toutes les zones hormis celle des nomades seraient qualifiées d'agropastorales. L'agropastoralisme signifie ici, d'une part, qu'une forte dépendance vis‐à‐vis de l'élevage côtoie des cultures plus extensives et productives que dans la région des éleveurs transhumants et, d'autre part, que la production agricole est moins abondante et le nombre de têtes de bétail est plus grand que dans les zones caractérisées par un accent prononcé sur l'agriculture (zones 1‐4 et zone 6), le quatrième modèle général de moyen d'existence. Ces dernières zones agricoles abritent la majorité de la population rurale du pays : la zone 1 à elle seule (sud, céréales et cultures de rente) abrite plus d'un tiers de l'ensemble de la population rurale. Et ces zones produisent la majorité du grain destiné au marché national pour combler les déficits globaux dans les autres zones et pour nourrir les populations urbaines.

Toutefois, les zones de moyens d'existence ne sont pas exactement disposées selon une progression nord‐sud en fonction des isohyètes. Un autre facteur essentiel intervient : l'eau souterraine. Alors que la production agricole des zones 1 et 3 (sud‐centrale, céréaliculture) est essentiellement pluviale, dans les zones 2, 4 et 6 (sud‐ouest, riz ; sud‐est, cultures de décrue et gomme arabique ; est, céréales pluviales et maraîchage) l'irrigation ou la culture de décrue jouent un rôle important, pour rivaliser avec le delta intérieur du Niger au Mali ou les rizières de la Casamance au Sénégal. Dans l'ouest, l'eau provient des crues des cours d'eau. Dans l'est, elle provient d'un vaste bassin hydrologique de haute altitude aussi éloigné que le Darfour, au Soudan, par le biais de rivières, de ruisseaux et de cours d'eau saisonniers (les wadi). Le résultat est une combinaison de grandes cultures et de production maraîchère de saison humide et de saison sèche (« contre‐saison ») qui fait de ces économies rurales les plus riches du pays.

Ces différences dans la géographie économique sont indiquées dans les profils des moyens d'existence rapides qui suivent. Ici, il convient de mettre en lumière certains facteurs communs se dégageant des descriptions des moyens d'existence. D'abord, au sein des villages ou des campements de chaque zone de moyens d'existence, la richesse ne se répartit pas de manière égale. Il existe aujourd'hui au Tchad d'énormes différences de richesse au sein de la quasi‐totalité des communautés. La principale division est entre les ménages pauvres et très pauvres d'une part, et les ménages moyens et mieux nantis d'autre part. Les groupes plus aisés tendent à cultiver entre deux et quatre fois plus de terres par habitant que les groupes plus pauvres ; dans la zone 6 est, des céréales et du maraîchage, les plus riches cultivent en [particulier la plupart des terres à wadi où sont produites les cultures maraîchères de contre‐saison de grande valeur. En outre, les ménages plus aisés possèdent souvent jusqu'à quatre‐vingt‐dix pour cent du bétail ; dans les communautés agricoles, la quasi‐totalité du bétail (bien que les périodes de troubles civils et les vols de bétail aient découragé de plus grands troupeaux dans certaines régions). Dans la zone d'élevage transhumant (7), on constate une différence dix fois plus grande dans les possessions de gros et de petit bétail entre les groupes riches et les groupes pauvres. Outre la terre et le bétail, il faut tenir compte de l'équipement productif : les groupes plus riches ont pratiquement le monopole des charrues et des charrettes, et ils gagnent de l'argent en les louant aux plus pauvres. Dans la zone ouest agropastorale et de pêche (8), les plus pauvres possèdent des filets, mais c'est aux plus riches qu'appartiennent les bateaux et qui embauchent les plus pauvres pour pêcher pour leur compte.

Sans doute y a‐t‐il toujours eu des différences de richesse dans les communautés rurales, mais on est en droit de supposer que l'écart s'est accru et que ce phénomène est essentiellement dû à l'augmentation de la pression démographique sur les ressources. Les chocs ont aussi un effet : la sècheresse ne respecte pas le statut et dépossède tout le monde de récolte et de bétail. Mais les plus riches réussissent à se rétablir plus rapidement que les plus pauvres, et parmi les éleveurs en particulier, les plus pauvres perdent la capacité de régénérer un cheptel viable et deviennent tributaires des parents plus aisés en se faisant gardiens de troupeaux sous contrat ou en empruntant des bêtes pour le lait. Dans les communautés agricoles, dans les années normales, le modèle de base est que les fermiers plus riches sont plus ou moins autosuffisants pour le grain ou sont les principaux producteurs de cultures de rente, tandis que les ménages plus pauvres sont loin de subvenir à leurs propres besoins avec leurs cultures vivrières ou de rente : ce ne sont pas des fermiers de subsistance. Aujourd'hui, être pauvre dans le Tchad agricole signifie travailler pour autrui, être payé un salaire journalier en argent ou en grain directement, surtout

12 dans les localités d'origine, mais parfois aussi comme travailleurs migrants saisonniers dans les villes, voire au‐delà des frontières du pays. Il faut en outre mentionner l'utilisation des ressources naturelles, qui est parfois plus importante que le travail rémunéré : non seulement le ramassage des nourritures sauvages, mais aussi la vente de bois de chauffe, d'herbe fourragère et d'objets artisanaux, comme les nattes fabriquées à partir de roseaux et d'herbes.

L'élément le plus important à retenir est le fait que les groupes de richesse les plus pauvres dans les régions agricoles, qui représentent généralement entre un tiers et la moitié de la population locale, sont tributaires du marché (plus de la rémunération en nature en grain) pour cinquante pour cent de la nourriture de base qu'ils consomment dans les années de production locale normale. Pour la minorité très pauvre parmi eux, ce pourcentage est généralement plus proche de soixante‐quinze pour cent de sa consommation annuelle. Ceci est vrai même dans les régions les plus productives : ce fait s'inscrit dans la structure de la pauvreté rurale aujourd'hui. Il est clair que cela a des implications pour les risques à la sécurité alimentaire, mais il ne faut pas croire que les populations qui ne peuvent assurer leur autosuffisance en nourriture par leurs propres récoltes se trouvent nécessairement en situation d'insécurité alimentaire. Pour les plus pauvres, il s'agit tout autant de la suffisance et de la fiabilité de leurs revenus de différentes sources. Les plus pauvres peuvent même être relativement prémunis contre l'échec occasionnel de leurs propres récoltes par le fait qu'ils sont, en temps normal, nettement plus tributaires d'autres sources de nourriture. D'un autre côté, ils sont très vulnérables à l'effet indirect des chocs. Leurs revenus seront‐ils considérablement réduits si les fermiers plus riches — leurs employés locaux — souffrent d'une mauvaise saison de production ? Le revenu monétaire qu'ils tirent d'autres sources leur suffira‐t‐il pour acheter des aliments de base en quantités suffisantes si on enregistre une hausse des prix inhabituelle pendant l'année ? Le déficit sera‐t‐il comb lé s'ils vendent deux ou trois des quelques chèvres qu'ils possèdent et conservent leurs femelles reproductrices ?

D'une zone de moyens d'existence à une autre, ce qui constitue la vulnérabilité particulière des ménages très pauvres à l'égard des chocs c'est qu'ils ont extrêmement peu d'actifs sur lesquels se rabattre (très souvent pas même deux chèvres) et que dans le même temps, ils tendent à avoir des taux de dépendance très élevés (un fort pourcentage de jeunes enfants par rapport aux bras valides) : d'une manière ou d'une autre, ils leur manquent les ressources minimales pour se sortir d'affaires en achetant ce qu'il leur faut. Il s'agit d'un modèle courant dans toutes les zones ; la question finale est donc : qu'est‐ce qui met la population d'une zone donnée en situation de plus grande insécurité alimentaire que dans d'autres ? Nous espérons que les profils des moyens d'existence contribueront à fournir des éléments de réflexion pour répondre à cette question et d'autres enquêtes ciblées sur le terrain. En termes d'alerte rapide, une première analyse suggère que la richesse globale d'une zone — et il existe certainement des différences à cet égard — ne modifie pas de manière substantielle la situation des plus pauvres. Par conséquent, ce qui importe c'est la profondeur et la fréquence des chocs auxquels ils sont confrontés. Les chocs sur la production tendent à être sélectifs d'un point de vue géographique. Ici, nous revenons à la géographie nord‐sud. En règle générale, là où les précipitations annuelles moyennes sont plus faibles, c.‐à‐d. plus on se dirige vers le nord, on remarque également une tendance à des variations plus importantes d'une année à l'autre et une plus grande fréquence des récoltes désastreuses. Il ne s'agit pas nécessairement d'une sècheresse intense, mais le plus souvent d'irrégularités extrêmement préjudiciables des pluies, notamment le début tardif qui retarde l'ensemencement et rallonge gravement la fin de la saison sèche avec sa quasi‐absence de pâturages pour le bétail ou bien des interruptions des pluies plus tard frappant la germination des cultures, le stade de la floraison ou la formation du grain dans l'inflorescence. Mais tous les chocs affectant la production ne suivent pas un modèle nord‐sud : par exemple, n'importe quelle région agricole peut subir des invasions occasionnelles et extrêmement destructrices de ravageurs des cultures, comme les chenilles légionnaires, qui dépassent de loin les lourdes pertes subies par les cultures année après année. Au bout du compte, chaque région doit être examinée soigneusement de son propre point de vue ; le profilage des zones de moyens d'existence rurales est un premier pas dans ce sens.

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Profils des moyens d'existence rapides pour le Tchad

Zone 1 : sud, céréales et cultures de rente

Description de la zone

Cette zone se caractérisait surtout par sa production de coton après son renouveau du milieu des années 1990 jusqu'aux premières années de la dernière décennie lorsqu'elle fournissait plus de quarante pour cent du revenu à l'exportation du pays. Mais ces dernières années, la hausse des coûts de production (plutôt que la faiblesse des cours du coton) et des inefficacités dans les opérations de la Société cotonnière du Tchad ont encore une fois tellement réduit ce secteur que le coton n'est plus aujourd'hui qu'une récolte de rente parmi d'autres, notamment l'arachide, le sésame et le niébé. Aujourd'hui, la zone se caractérise en fait davantage par sa production céréalière, pour laquelle elle est au moins autosuffisante et excédentaire les bonnes années, malgré une densité de population relativement élevée qui limite la taille des parcelles ainsi que les pâturages disponibles, surtout vers l'est. Les mauvaises saisons humides surviennent peut‐être une fois tous les cinq ans, exigeant que les populations adaptent leurs activités rémunératrices et stratégies de budgétisation, mais par rapport aux normes du Tchad, les résidents villageois sont rarement confrontés une insécurité alimentaire aiguë dans cette zone.

La zone est limitrophe du Cameroun à l'ouest et de la République centrafricaine au sud et englobe les régions administratives du Moyen Chari, Logone Occidentale, Logone Orientale, Mayo Kebbi Ouest et le département de Mont Illi. La zone consiste pour une grande part en une vaste plaine qui reçoit les eaux aussi bien de la zone de culture de décrue au sud‐ouest (4) que des fleuves de République centrafricaine, et dans une moindre mesure des hautes terres du Cameroun, des eaux qui, pour l'essentiel, se déversent dans le Chari et dans les affluents est et ouest du Logone, qui se mêlent tous à N’Djamena avant de se jeter dans le lac Tchad. Les principales villes de Sarh, Doba et Moundou sont situées respectivement sur les trois principaux cours d'eau ; on compte aussi quelques petits lacs (Iro, Léré, Tikem, Wey et Trene). Le terrain devient rocheux vers la frontière camerounaise et on trouve une petite région montagneuse à l'extrême sud‐ouest. La végétation naturelle se compose d'herbes et de buissons de savane. Le sol est essentiellement argilosablonneux dans la plaine, mais avec de très grandes régions dominées par la latérite ; dans l'ensemble, les sols ne sont que modérément fertiles. On trouve des poches d'érosion du sol qui finissent par former des ravins profonds et cette perte de terres cultivables se poursuit chaque saison des pluies. La zone bénéficie d'une pluviosité moyenne annuelle relativement élevée de 800 à 1 000 mm par an, l'extrémité sud ayant les plus fortes précipitations.

Les céréales de base cultivées sont, par ordre de volume produit : le sorgho blanc et rouge (de loin le plus gros volume de toutes les céréales produites), le mil pénicillaire et un peu de maïs. La plus grande partie des céréales est purement pluviale, mais dans certaines régions fluviales, on pratique la culture de décrue, surtout celle d'un type de sorgho appelé « berbéré ». Dans les champs sous culture pluviale, le niébé est couramment intercalé avec le sorgho et le mil pénicillaire, tandis que l'arachide et le coton sont cultivés à part. Les ménages cultivent fréquemment de petites parcelles de patate douce et de manioc en plus de leurs céréales. Ils cultivent aussi l'igname et le taro. Outre les principaux cours d'eau permanents, un certain nombre de cours d'eau saisonniers permettent de pêcher pendant la saison humide, mais ceci ne concerne qu'une minorité de la population. De même, dans les dépressions éparses (les bas‐fonds), l'humidité résiduelle des sols argileux permet la production de cultures maraîchères jusque dans la saison sèche, fraîche (tomate, laitue, piment, tabac), mais là aussi seule une minorité de personnes est concernée. D'un autre côté, les cultures arbustives sont variées et répandues partout et importantes pour la consommation et le revenu : mangue, goyave, banane, citron, noix de karité pour le beurre, tamarin, jujube, produits du rônier ou palmier Palmyre (y compris le bois de construction) et le fruit du palmier doum.

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En ce qui concerne le bétail, les chèvres sont nettement plus nombreuses que les moutons, et, mis ensemble, ils sont trois fois plus nombreux que les bovins. La volaille est importante surtout pour le revenu des ménages les plus pauvres qui peuvent posséder très peu d'autres animaux. Pour ceux qui ont les moyens de s'en occuper, les bœufs sont importants pour tirer les charrues, bien que ceux qui n'en ont pas utilisent simplement la houe. À l'ouest, le bétail est plus important que dans l'est, surtout dans l'extrême ouest, encouragé en partie par la demande des marchés du Cameroun voisin. Mais dans l'ensemble, la zone exporte peu de bêtes. Un grand pourcentage de la population n’étant pas musulmane, les porcs ont de la valeur parce qu'ils se reproduisent rapidement et sont moins exigeants en soins et en alimentation. Étant omnivores, ils peuvent consommer notamment les résidus de la production traditionnelle de bière. Entre avril et juin, avant les premières grandes pluies, les pâturages se font rares et ceux qui en ont les moyens achètent un fourrage nutritif d'arachide et de niébé pour leurs petits ruminants. De nombreux éleveurs de bétail mènent leurs bêtes chaque année vers l'ouest au Cameroun ou au sud en République centrafricaine à la recherche de pâturages, surtout pendant la saison agricole lorsque les animaux doivent être tenus à l'écart des cultures. D'un autre côté, les éleveurs transhumants du nord font étape ici chaque année, en passant parfois environ trois mois pendant la saison sèche, ce qui accroît la disponibilité locale du lait.

Le sud du Tchad connaît un certain développement industriel avec quelques petites usines (cigarettes, coton et savon), mais elles ne fournissent que très peu d'emplois pour la masse des populations rurales et la proximité de champs de pétrole n'a guère augmenté l'offre de travail pour eux du fait qu'on recherche des travailleurs qualifiés (l'exploitation commerciale du pétrole devait commencer en 2011).

Marchés

Il existe de bonnes liaisons routières utilisables toute l'année entre les villes principales, y compris Goré, et de là jusqu'à N'Djamena. Mais pour la plupart des villageois, l'accès aux marchés dépend du réseau routier secondaire de pistes et celui‐ci est de mauvaise qualité, surtout dans la saison des pluies où de nombreuses routes sont coupées et de nombreuses autres sont impraticables pour les camions qui se rendent aux marchés autres que ceux des grands centres.

Les principaux produits vendus et routes commerciales sont les suivants : Principaux produits vendus Routes commerciales Mois de mouvement principal Sorgho Marchés locaux → plus grands marchés de la Octobre‐novembre ; mai‐juin zone (Moundo, Bongor, Sarh, Doba) Arachide Marchés locaux → N’Djamena/ → Cameroun/ De septembre à mai → Nigeria/ → Congo Marchés locaux → Léré → Cameroun, Marchés locaux → Sarh/Doba → République centrafricaine Sésame Marchés locaux → N’Djamena‐ D'octobre à janvier Nigeria/Soudan; → Nigeria → Afrique du Sud Principal bétail vendu Routes commerciales Mois de mouvement principal Chèvres/moutons Marchés locaux De mai à août ; décembre Volaille Marchés locaux Juin‐août ; septembre‐ décembre Porcs Marchés locaux D'avril à août Céréales de base importées Routes commerciales Mois de mouvement principal Berbéré Am Timan → marchés locaux D'avril à juin

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Il est difficile de conserver l'arachide du fait des dégâts des ravageurs, si bien que le pic des ventes survient très tôt après la récolte en octobre‐novembre. Les produits en plus petit volume entrant dans la zone, comme le riz importé, ou le sucre et le maïs produits dans d'autres régions du pays, tendent à entrer dans la zone via N’Djamena à tout moment de l'année.

Calendrier saisonnier

Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juill. Août Sept. Oct. Nov. Déc.

Saisons Saison humide Saison sèche frais chaud chaud frais Période de soudure

Principales activités de subsistance Sorgho* PT S D R Mil pénicillaire PT S D R Arachide PT S D R Coton PT S D R Autres activités et

événements Pic des ventes de bétail Travail migratoire Jardinage R S R Récolte de la noix de karité Pic prix prod. alim. de base Cycles du crédit Rem. Contraction de crédits remboursement

Chocs et aléas Invasion chenilles lég. Paludisme

Légende PT Préparation S Semis D Désherbage R Récolte des terres *inclut des variétés à cycle long et court, toutes étant pluviales

Hormis le maraîchage irrigué localisé pendant la saison sèche, la quasi‐totalité des cultures se pratique dans un cycle similaire en fonction d'une période unique de mois pluvieux. Des deux principaux aliments de base, le mil pénicillaire est en fait récolté plus tardivement, en décembre ou plus tôt à la fin du mois de novembre, tandis que le sorgho se récolte déjà à partir de la fin septembre. En conséquence, c'est surtout le nouveau sorgho qui met fin à la période de soudure. Le niébé intercalé tend à se récolter un peu avant les céréales, en même temps que l'arachide. Il contribue aussi à mettre fin à la soudure en ce sens qu'il commence à se vendre avant les céréales, en faisant rentrer de l'argent frais pour acheter de la nourriture.

Le coton exige le plus d'intrants, notamment la pulvérisation d'insecticide, et le plus de travail, y compris de longs mois de soins/désherbage. La récolte de coton se fait petit à petit et peut prendre jusqu'à quatre mois. L'arachide nécessite le moins d'intrants et sa récolte est plus précoce ; avec la non‐rentabilité croissante du coton, l'arachide est un substitut attractif, qui restitue de l'azote aux sols épuisés par des années de culture cotonnière. Le maïs est généralement planté en petites parcelles autour des maisons où, grâce aux déchets ménagers, les rendements sont souvent supérieurs que dans les champs sauf dans la région de Mayo Kebbi Ouest où il est planté sur une bien plus grande échelle comme substitut au coton. La période allant de juin à octobre est la plus chargée dans les champs ; c'est à ce moment‐là que les ménages plus pauvres sont en mesure de trouver du travail auprès de leurs voisins plus riches. Une fois que la récolte est engrangée et que l'arachide et le grain sont soit mis en sac pour la vente soit entreposés dans le grenier, les ménages bénéficient de quelques mois de repos relatif après leur dur labeur, bien que les ménages plus pauvres partent en migration professionnelle à cette époque. Sinon les familles utilisent ce temps pour réparer leurs greniers et leurs maisons, ramasser de la paille qu'elles utilisent pour couvrir

16 les toits et fabriquer des clôtures et certaines herbes pour confectionner des nattes à usage domestique et destinées à la vente. La période de soudure, moment où les stocks de grain des ménages sont généralement bas, voire épuisés, est l'époque à laquelle la plupart des animaux sont vendus pour acheter de la nourriture jusqu'à la prochaine récolte. Les principaux produits récoltés incluent des fruits : le néré et le mouie (entre avril et juin), et la noix de karité dont on extrait le beurre (surtout en juin et juillet, voire en septembre). Le fruit du palmier doum se récolte entre octobre et décembre.

Répartition des richesses

Groupe Pourcentage Taille des Terre de de la Possession d'actifs productifs typique ménages cultivée richesse population Petits Année de Porcs Bétail Bœufs ha Poulets ruminants Autre référence total d’attelage

Très 6 % 3‐4 0,5 ‐1 0 0 0 0 0 0 pauvres 2‐3 Pauvres 36 % 5‐8 1,5 ‐2 4‐5 4‐6 0 0 0 2‐3 ânes ; 1 charrue ; 1 Moyens 39 % 10‐12 4‐5 15‐20 18‐20 8‐10 3‐4 1‐2 charrette à bœufs 3‐4 ânes ; 2‐3 Mieux charrues ; 2‐3 19 % 20‐25 10‐15 30‐40 25‐30 0 15‐20 6‐8 nantis charrettes à bœufs

Si l'on prend en compte la taille typique des ménages dans les différents groupes de richesse, il n'y a pas de grande différence dans la superficie des terres cultivées, qui varient entre environ 0,4 ha et 0,55 ha par membre du ménage (le chiffre supérieur est pour les mieux nantis). Mais il y a une grande différence dans la capacité à l'utiliser au mieux en termes de possession ou non de charrues et de bœufs de trait et la capacité à acheter des intrants comme les engrais et la main‐d’œuvre. Les ménages plus aisés sont plus à même d'obtenir des rendements céréaliers nettement supérieurs et à cultiver davantage de cultures de rente, celles‐ci exigeant plus d'intrants pour réussir.

Toutefois, le fossé le plus profond entre les plus pauvres et les plus riches se voit dans la possession du bétail. Le fait que les très pauvres ne possèdent pas même de volaille signifie qu'ils vendent très vite tous animaux qu'on peut leur donner au lieu de les conserver suffisamment longtemps pour leurs permettre de se reproduire, ce qui impose un coût minimal en aliment ou en fourrage, sinon en vaccins, etc. Il existe un fossé profond entre les deux groupes de richesse les plus pauvres et les deux plus riches dans tous les facteurs essentiels de richesse. Les ménages pauvres ont au moins quelques têtes de petit bétail sur lesquelles se rabattre pour se procurer de l'argent en cas de malheur, bien qu'il ne s'agisse que d'une ressource très modeste. Le manque d'ânes, sans parler de bœufs, est un gros désavantage : tous les produits des champs, les produits récoltés et l'eau doivent être portés à la main ou sur la tête, ou de l'argent doit être trouvé pour louer les charrettes à bœufs des plus riches. Si l'on met ces deux groupes ensemble, il est clair qu'il existe une pauvreté profonde dans cette zone relativement productive. Si elle est cataloguée comme étant en situation de sécurité alimentaire rarement aiguë, ce n'est pas que toute sa population dispose de ressources relativement bonnes, mais plutôt que ceux qui vivent à la marge des moyens d'existence viables sont rarement exposés aux chocs climatiques, et que dans la mesure où les mauvaises années surviennent, y compris les hausses des prix alimentaires, il y a toujours suffisamment de stocks de grain ou d'argent parmi les plus riches pour apporter à la minorité plus pauvre un soutien suffisant, par le biais de l'emploi, de prêts en argent ou en nature ou bien de dons directs. Ceci semble être relativement plus fort dans les régions

17 musulmanes où les valeurs culturelles et les organisations musulmanes nationales et internationales offrent un filet de sécurité.

Entre les deux groupes plus riches, la grande différence est dans la possession du bétail. Pour le groupe moyen, l'objectif est avant tout de maintenir et de remplacer une paire de bœufs de trait, tandis qu'une vache laitière supplémentaire peut aussi être conservée. Pour les mieux nantis, le bétail est considérablement plus important que leurs nombreuses paires de bœufs de trait et leur cheptel laitier. Ils ont la richesse. Mais il est beaucoup plus rare de vendre le bétail que le petit bétail, même pour les mieux nantis et même pour la minorité qui est davantage constituée d'agriculteurs‐éleveurs que de céréaliers professionnels, en quelque sorte. Le bétail est donc une forme d’épargne qui est largement laissée inexploitée en termes d'argent liquide, sauf dans les périodes de détresse exceptionnelle. Mais là ou les deux bêtes qui sont effectivement vendues dans l'année, surtout des mâles et des femelles non reproductrices, rapportent autant d'argent qu'un grand nombre de têtes de petit bétail.

Sources de nourriture

La différence la plus évidente entre les Sources de Nourriture groupes est le pourcentage relatif de 100% consommation des propres récoltes par lait rapport aux aliments achetés et la 80% nourriture reçue directement en paiement zakat d'un travail. Pour les mieux nantis au 60% emprunts moins, le volume d'achat est trompeur : ils ont aisément les moyens de satisfaire leurs

40% cueillette besoins en aliments de base grâce à leurs champs, mais ils choisissent d'acheter des 20% paiment en denrées de base de leur choix : du riz en nature larges quantités et des paquets de pâtes, et 0% achats de vendre davantage d'excédents de Très pauvres Pauvres Moyens Mieux nantis céréales. Pour le groupe moyen, la contribution de la production propre est Le tableau ci‐dessus montre la contribution relative des différentes sources de probablement quelque peu sous‐estimée, nourriture par rapport au total des calories consommées pendant l'année de mais il est vrai que la taille de leurs référence (100 % = 2 100 kilocalories par jour en moyenne par ménage) parcelles n'indique pas une grande marge au‐delà de l'autosuffisance de base, surtout compte tenu du fait qu'une partie de leurs terres est consacrée aux cultures de rente ; et ils achètent eux aussi une certaine quantité de riz et de pâtes. La minorité plus pauvre tire un pourcentage relativement faible de sa nourriture de sa propre production ; dans le cas des très pauvres, moins d'un cinquième. Les ménages pauvres consacrent aussi une partie du peu de terres dont ils disposent aux cultures de rente, surtout l'arachide (excédent de la consommation des ménages). Le paiement en nature du travail rivalise avec le paiement en argent (voir la prochaine section) qui est destiné à l'achat de nourriture. Enfin, s'il est vrai que les plus riches sont en mesure de boire du lait en petites quantités qui contribuent néanmoins à la qualité de leur alimentation, les ménages plus pauvres doivent s'efforcer de tirer près d'un cinquième de leur consommation de base de la collecte de nourritures sauvages qui ont le mérite d'être « gratuites » mis à part le travail qu'implique leur collecte.

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Principaux cycles des nourritures, revenus et dépenses des pauvres

Janv. Févr. Mars Avril Mai Juin Juill. Août Sept. Oct. Nov. Déc.

Aliments de base et sources* Sorgho AM PN AM PP AM Arachides AM PP AM

Principales sources de revenus Travail journalier Ventes bois de chauffe Ventes prod. artisanaux Ventes nourr. sauvages

Principales dépenses saisonnières Frais scolaires Dépenses agricoles

Légende PP Propre production AM Achats du marché PN Paiement en nature *Les sources énumérées par mois sont les principales sources de nourriture

Les ménages pauvres parviennent généralement à tirer un tiers de leur consommation annuelle de leur propre production et près d'un tiers de paiements directs en céréales pour leur main‐d'œuvre, ce qui, ensemble, limite leurs recours au marché. Néanmoins, il y a deux ou trois mois avant le début de la récolte en septembre où les stocks de grain des ménages sont épuisés depuis longtemps, les paiements en nature ne peuvent couvrir qu'une partie de leurs besoins en aliments de base pour faire vivre le ménage et un manque doit être comblé en recourant au marché où les prix sont à leur plus haut niveau de l'année.

Sources de revenus

L'importance des ressources « gratuites » Sources de revenues est aussi évidente dans le revenu 100% transferts monétaire des groupes plus pauvres. 90% petit commerce Pour les très pauvres, si l'on prend en 80% compte la vente du bois de chauffe, des petits ruminants 70% nourritures sauvages (notamment la noix 60% location de karité, les graines de néré et le jujube) equipement 50% artisanat et des objets artisanaux fabriqués avec des matériaux naturels locaux (par ex., 40% vente oeufs et les nattes de paille et la poterie d'argile), 30% volailles vente des en y incluant la fabrication de briques, 20% produits agricoles vente bois tout ceci représente un peu plus de la 10% moitié de leurs revenus monétaires 0% vente prod. annuels. L'autre source importante est le cueillette Très pauvres Pauvres Moyens Mieux nantis travail journalier travail rémunéré, presque entièrement du travail agricole local ou plutôt des petits boulots dans les villes de la région ou en migration professionnelle. Les pauvres profitent de ventes modestes d'arachide, mais aussi d'œufs (plutôt que la vente des volailles). Il est peut‐être plus surprenant que les ventes d'œufs et de volaille représentent une part importante du revenu des ménages plus aisés : l'augmentation de la population urbaine crée une demande qui contribue à un semblant d'industrie avicole de la basse‐cour. Ceci compense évidemment le besoin de vendre des ruminants pour les besoins d'argent quotidiens ; bien que même le bétail se vende pour les grandes occasions, que ce soit les mariages, les baptêmes ou les cérémonies commémoratives, ou pour faire face aux coûts supplémentaires d'une mauvaise année pour les prix de production ou des produits alimentaires. Quant au petit commerce, celui‐ci inclut la vente de produits préparés à la maison

19 comme le beurre de karité et l'huile d'arachide, ainsi que la vente de la bière indigène « bilibili ». On vend aussi du bois de construction provenant de ressources naturelles en bois dur.

Il convient d'observer que le tableau fait apparaître les informations disponibles sur les pourcentages des sources de revenus ; mais il y a, sans doute, des différences considérables en termes de revenu absolu entre les groupes. Par exemple, les ménages mieux nantis tirent un revenu probablement 50 à 100 % supérieur de la vente des récoltes, surtout des cultures de rente, que les ménages moyens.

Chocs et aléas

Les cinq saisons humides jusqu'à la fin de 2010 Classements des chocs historiques ont été favorables dans l'ensemble pour les Excellente cultures. Le jugement sur place porte sur deux facteurs en particulier : à quel moment les Bon pluies démarrent et leur bonne ou mauvaise répartition dans la saison, surtout pour les Acceptable phases critiques de développement des Mauvaise cultures telles que la germination, la floraison et l'épiaison. À cet égard, seule l'année 2008 Très Mauvaise aura été problématique, avec un départ tardif en juin et quelques épisodes secs en juillet

2006 2007 2008 2009 2010 suivis d'un arrêt précoce en septembre. À cela se sont ajoutées des attaques d'oiseaux, de chenilles légionnaires et de criquets. Les oiseaux et les foreurs des tiges ont aussi quelque peu gâché une saison humide qui fut bonne par ailleurs en 2010. Dans les trois meilleures années, les pluies ont commencé tôt et se sont bien poursuivies.

Aléas chroniques/fréquents : Les dangers annuels aux cultures sont les maladies, notamment le mildiou, et toute une série de ravageurs, comme les chenilles, les criquets et des nuées d'oiseaux s'attaquant aux épis. De plus, chaque année, les éleveurs transhumants du nord traversent cette zone pour chercher des pâturages. C'est là une source de différend chaque fois que les bêtes s'aventurent dans les champs et détruisent les cultures, il faut ajouter que les éleveurs arrivent en avril‐mai et à nouveau en novembre‐décembre, ce qui coïncide avec la période des semis et celle des moissons, respectivement. Lorsque les fermiers allument des feux pour essarter leurs champs et chasser les petits rongeurs après la récolte, le feu se propage parfois de trop et détruit en partie les ressources en bois de chauffe et en paille (pour les toitures et le fourrage). Le striga, mauvaise herbe tenace qui rivalise avec les céréales, est un problème répandu, et souvent un signe d'une fertilité des sols très affaiblie. Finalement, le paiement systématiquement tardif ou moins important que prévu du coton par Cotontchad a contribué à ruiner l'industrie cotonnière. Parmi les menaces pesant sur le bétail, citons la maladie de Newcastle, qui touche la volaille chaque année, et les maladies endémiques du bétail, notamment le charbon bactéridien et la trypanosomiase.

Aléas périodiques : À peu près une année sur cinq les pluies sont insuffisantes, soit en termes de volume total soit de répartition des précipitations pendant la saison de croissance. Avec la même fréquence, les fermiers dans des régions localisées risquent de perdre leurs récoltes du fait des inondations résultant de précipitations trop abondantes. Une invasion majeure de chenilles légionnaires survient un peu moins fréquemment.

Le tableau précédent donne le jugement local sur la qualité du cycle agricole sur les cinq années. L'année commence avec les pluies à partir de la mi‐mai/juin et se termine à la fin de la saison sèche avec les prochaines pluies, c.‐à‐d. à la mi‐mai de l'année suivante. Ceci englobe donc la production et la consommation de la récolte.

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Stratégies d'adaptation

Les fermiers plus pauvres qui ont normalement à peine suffisamment de nourriture et d'argent sont normalement exposés à toute baisse de la production agricole. Une minorité de fermiers ayant accès aux dépressions humides ou aux terres de décrue sont capables de compenser dans une certaine mesure une mauvaise récolte principale en produisant une deuxième récolte de mil pénicillaire ou de sorgho à maturation rapide grâce à l'humidité résiduelle, ainsi qu'en augmentant la production maraîchère lorsqu'il existe une demande d'un marché proche. Autrement, les fermiers plus pauvres avec peu ou pas de bétail à vendre ont peu de solutions de rechange, à moins d'essayer d'accroître les activités qu'ils pratiquent déjà normalement. Il s'agit surtout d'un surcroît de travail rémunéré, ramasser davantage de bois de chauffe pour le vendre et en transformer davantage en charbon de bois pour la valeur ajoutée, ramasser davantage de nourritures sauvages pour la consommation et la vente et vendre davantage d'objets artisanaux, et dans certains endroits localisés accroître la pêche, voire la chasse. S'il n'y a pas suffisamment de travail sur place, les membres les plus actifs des ménages (généralement les hommes) migrent temporairement vers les centres urbains pour y chercher du travail. Dans les situations très rares de pénurie alimentaire (ou en cas de grand revers personnel), les ménages se tournent aussi vers l'emprunt, souvent à des taux extrêmement élevés (50‐75 %), qui peut ensuite les conduire au surendettement chronique. Les ménages plus pauvres se tournent aussi vers leurs parents plus aisés pour de l'aide, dont une partie est accordée gratuitement, et l'autre sous forme de prêts.

Principaux indicateurs d'alerte rapide

Les indicateurs ci‐dessus seront probablement enregistrés par les services et organismes locaux. Une surveillance locale plus approfondie serait nécessaire pour relever des signes comme : • Migration inhabituelle avec le bétail à la recherche de pâturage, à partir de janvier environ • Augmentation des ventes d'animaux, surtout des bêtes de trait et du bétail, généralement à bas prix • Migration inhabituelle des membres actifs des ménages (généralement les hommes) vers les centres urbains, d'autres zones agricoles, le Nigeria ou le Cameroun à la recherche de travail • Vente de matériel productif ou domestique • Baisse des tarifs du travail journalier • Hausse du nombre des demandeurs d'emploi • Hausse du nombre des demandes de prêts de nourriture ou d'argent • Achat d'aliments de base en très petites quantités (plutôt qu'au sac) : comme les personnes ne peuvent réunir que de petites sommes d'argent à la fois, elles paient donc des prix plus élevés pour le grain au détail • Les transactions sur les marchés hebdomadaires locaux prennent fin plus tôt dans la journée que d'ordinaire

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Saison Mois Indicateur Impacts potentiels sur la sécurité alimentaire

Fraîche et Janv. sèche Févr

. Chaude et Mars sèche Avril Mai

Début tardif/irrégulier des pluies ; Probabilité d'un nombre réduit de plantes réensemencement réussies, donc de récolte réduite

Juin‐juillet : épidémie de maladie de Forte mortalité des poulets et des pintades et donc Newcastle dans la volaille baisse des revenus provenant de la vente des œufs et des oiseaux

Juin‐septembre : épidémie de charbon Mortalité inhabituelle du bétail (appartenant bactéridien surtout aux ménages plus aisés)

À partir de la fin du mois de juin : invasion Retard du développement du sorgho/mil Juin de chenilles légionnaires pénicillaire ; récolte réduite Juillet Pluies Août Pic des hausses de prix Les plus pauvres n'ont pas les moyens d'acheter le Sept minimum de nourriture pendant la période de soudure ; une faim inhabituelle commence

Juillet‐août : pluviosité excessive Jaunissement des céréales inondées ; baisse des rendements

Infestation accrue de striga Noircissement des céréales inondées ; baisse des rendements

Arrêt précoce des pluies Les céréales ne parviennent pas à produire d'épis bien développés

Octobre‐décembre : les prix du grain ne Signe d'une mauvaise récolte locale ou d'une baissent pas après la récolte pression extérieure inhabituelle exercée sur les prix ; signe d'une crise potentielle plus tard dans Oct. l'année Chaude et sèche Nov. Novembre à décembre : épidémie de Très forte mortalité de chèvres ; les ménages Déc. péripneumonie contagieuse chez les pauvres perdent un actif important destiné à être chèvres vendu pour acheter à manger pendant la période de soudure

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Profils des moyens d'existence rapides pour le Tchad

Zone 2 : sud‐ouest, riz dominant

Description de la zone

La riziculture exige un niveau relativement élevé de travail et d'intrants, même avec le système de semis direct (c.‐ à‐d. sans pépinières de multiplication et repiquage des semis) surtout pratiqué dans cette zone. Les fermiers plus pauvres, contrairement aux riziculteurs plus aisés, tendent à cultiver du sorgho pour leur consommation primaire (surtout du berbéré de décrue, qui exige un certain repiquage), avec du riz comme culture de rente et du taro (tubercule) comme culture secondaire importante. Avec leurs parcelles et leurs moyens de production très modestes, les ménages plus pauvres opèrent à la limite de la suffisance pour l'alimentation et autres besoins essentiels et ils sont donc vulnérables à toute perturbation de la production normale provoquée par l'irrégularité des pluies et la baisse du niveau des crues. Heureusement, le manque de pluies est rare dans cette région ; le danger est plutôt celui d'un excès de précipitations provoquant l'inondation des rizières prématurément à l'époque des semis. Dans l'ensemble, cette zone peut être considérée comme étant rarement en situation d’insécurité alimentaire aiguë, mais l'équilibre précipitation‐inondation est délicat et des problèmes de production locaux exigent une surveillance.

La zone couvre essentiellement les départements de Mayo Boneye (Bongor), Tandjilé‐Est et Tandjilé‐Ouest. La principale caractéristique géographique est la plaine inondable du fleuve Logone, sur laquelle se cultive le riz pluvial, ainsi que le berbéré, tandis que le sorgho rouge pluvial se cultive sur les hauteurs. Toutefois, la plus grande partie de la Tandjilé est inondée pendant la saison et seul le riz y est cultivé. On trouve des aménagements hydroagricoles à Bongor, au nord de la zone et à Laï, avec une production rizicole plus intense, mais aussi un peu de sorgho rouge pluvial et du berbéré en contre‐saison. Le taro est produit principalement dans le centre autour de Kim, Eré et Djuman tandis que la patate douce est plus commune autour de Kélo. On y cultive à l’est, de sorgho et de l'arachide en petites quantités. Le maraîchage se pratique pendant la saison sèche quand l'irrigation où l'humidité résiduelle du sol permet la culture de la laitue, la tomate, le gombo, l'aubergine et la carotte. Parmi les activités secondaires, la pêche est particulièrement importante, tant pour la consommation que pour la vente.

Avec des précipitations annuelles moyennes d'environ 800 mm, l'écologie est soudanienne et la végétation naturelle est dominée par les broussailles et les herbes de la savane, offrant des pâturages là où la culture ne s'est pas répandue. Les chèvres sont de loin le bétail le plus nombreux élevé partout, tandis qu'on trouve davantage de bovins dans la région de Bongor qu'à Tandjilé, et nettement plus de moutons à Tandjilé qu'autour de Bongor. Les éleveurs pratiquent une migration à faible distance en se rendant dans la zone agropastorale pour y trouver des pâturages. Entre Lai et Bongor, de nombreux ménages élèvent également des porcs, qui fournissent une source de nourriture et de revenu dans les communautés chrétiennes et animistes.

Dans certaines parties de la zone, notamment dans la Tandjilé ouest, les ménages sont entourés de petites bananeraies. La banane est surtout destinée à la consommation domestique, mais une partie se vend sur les marchés locaux. Les produits sauvages récoltés incluent le jujube, le tamarin, le fruit du palmier doum et celui du rônier (palmier Palmyre). Les planches en bois dur de rônier se vendent pour la construction des maisons. Le développement de l'exploitation pétrolière dans le bassin de Gam département de Mayo Boneye n'a pas eu un effet important sur les moyens d'existence des populations rurales, compte tenu du fait que leur main‐d'œuvre non qualifiée n'est pas très demandée. Le commerce transfrontalier avec le Cameroun est avantageux pour les populations rurales, mais n'a pas encore atteint tout son potentiel.

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Marchés

Principaux produits vendus Routes commerciales Mois de mouvement principal Riz Marchés locaux → N’Djaména Toute l'année

Sorgho Marchés locaux → N’Djaména Toute l'année

Taro Marchés locaux → Sarh ; → Moundou ; Octobre à juin → N’Djaména Principal bétail vendu Routes commerciales Mois de mouvement principal Volaille Marchés locaux uniquement Toute l'année

Porcs Marchés locaux → Fianga → Cameroun Juin à septembre

Chèvres et moutons Marchés locaux uniquement Juin à septembre ; décembre

Céréales de base importées Routes commerciales Mois de mouvement principal Maïs Moundou → N’Djamena Mai à juillet Pala → N’Djamena

Les ménages vendent leur riz petit à petit au fur et à mesure qu'ils ont besoins d'argent, généralement à des négociants qui voyagent de village en village en collectant le riz pour le revendre surtout à N'Djamena. Les marchés de Lai, Kélo et Bongor sont aussi des points de collecte pour le commerce du riz. Une route nationale praticable en toutes saisons traverse la zone de Bongor à Kélo et au‐delà, en suivant le cours du Logone. Mais pour la majorité des villageois qui n'habitent pas à proximité de cette route, la mise sur le marché est difficile dans cette région. De nombreux villages plus petits sont éloignés des plus grands que visitent les négociants, et il faut jusqu'à deux jours de marche ou en charrette pour transporter les produits au centre de commercialisation le plus proche. Au plus fort de la saison humide, le mauvais état des routes vers la frontière camerounaise limite les flux de transaction. Les plus gros villages se retrouvent pour ainsi dire coupés du monde pendant plusieurs jours d'affilée du fait de l’impraticabilité des routes causée par des inondations. Ceci touche particulièrement les villages au bord du fleuve et empêche d'accéder aux marchés à moins que les populations soient disposées à marcher dans l'eau pendant des heures, voire des jours. Les plus aisés ont de petits canoës qu’ils utilisent pour aller au marché et gagner de l’argent comme taxis d’eau et parfois les louent aux ménages plus pauvres pour le transport

Le prix du riz augmente de manière notable pendant les quelque deux mois qui précèdent la prochaine récolte, mais seuls les ménages plus aisés ont les moyens de conserver des stocks de riz jusque‐là et de profiter de la hausse des cours. Autrement dit, les prix sont élevés parce que la plupart des gens ont vendu pendant les premiers mois de l'année à n'importe quel prix pour répondre à leurs besoins pressants, si bien que plus tard l'offre sur le marché est nettement réduite. Les céréales de base qui s'achètent sont le sorgho et le mil pénicillaire, tandis que dans certaines parties de la zone, la population préfère acheter de la farine de manioc. La plus grande partie des aliments de base s'achète à partir de mai‐juin jusqu'à la récolte. L'arachide se conserve difficilement et se vend surtout en octobre et novembre, juste après la récolte. Cette zone est limitrophe du Cameroun au nord et le commerce transfrontalier est actif ; les principales importations sont le sucre, les poulets, le kérosène et l'essence, tandis que s'exportent le poisson, le riz et la main‐d'œuvre. Mais le mauvais état des voies de communication à l’intérieur de la zone limite le nombre de ruraux au‐delà de la région frontalière en mesure de profiter directement de ce commerce.

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Calendrier saisonnier

L'année agricole débute en avril avec les premiers préparatifs dans les rizières pluviales achevés au moment de l'arrivée des premières fortes pluies en mai. Le riz est ensuite semé directement, sans pépinières de multiplication, de la fin mai jusqu'en juin et le début du mois de juillet. Selon l'époque des semis, la récole se fait ensuite principalement entre octobre et décembre, bien que le riz très tardif puisse se récolter jusqu'en février. Le sorgho pluvial (avec du niébé intercalé) est semé dès que les pluies le permettent, même en avril, pour une récolte en octobre‐novembre pour mettre fin à la période de soudure. Le sorgho de décrue, le berbéré, se récolte beaucoup plus tard, en février et mars, du fait que le repiquage des plants ne peut se faire avant le début de la décrue en octobre. Le riz irrigué à Bongor a encore une autre saisonnalité, dont les semis sont repiqués en mars et qui se récolte en juin. De manière générale, la plupart des gens commencent à vendre leurs moissons de grain immédiatement ou peu de temps après la récolte, du fait de leurs besoins d'argent pressants, qu'il s'agisse de rembourser un emprunt, de s'acquitter des frais de scolarité pour l'année ou de financer les fêtes de fin d'année. Dans les mois qui suivent la saison de la moisson, les récoltes de tubercules prennent de l'importance : le taro, la patate douce ou le manioc sont déterrés pour être consommés ou vendus jusqu'en février, et les productions maraîchères de contre‐saison, notamment la laitue et la tomate, apportent un bonus en liquidité jusqu'en juin.

Janv. Févr. Mars Avril Mai Juin Juill. Août Sept. Oct. Nov. Déc.

Saisons Saison des pluies Saison sèche Période de soudure

Principales activités de subsistance Riz pluvial PT S D R Riz irrigué PT T/P D R Sorgho PT S D R Taro R PT S D R Travail agricole Autres activités et

événements Ventes produits maraîchers* R S T/P R Ventes de bois de chauffe Pêche Petit commerce Artisanat Pic des prix des céréales

Chocs et aléas Paludisme Pluies irrég. ou insuffisantes Maladie de Newcastle Maladies du bétail

Légende PT Préparation T/P Trans/plantation E/D Entretien/désherbage R Récolte des terres *Les cultures maraîchères vendues sont surtout la laitue et la tomate et elles peuvent être réensemencées et récoltées entre octobre et mai.

Au‐delà de juin, la période de soudure commence et dure jusqu'à la première récolte de sorgho et de niébé, à la fin du mois de septembre au plus tôt. Avant cela, un certain secours peut être obtenu en consommant du maïs « vert » (pas mûr) à partir de la fin du mois d'août semé en petite quantité autour des maisons. Les prises de pêche tendent également à être plus importantes à partir du mois d'août. Pendant la période de soudure, la vente de bois de chauffe et de charbon de bois augmente. À partir de novembre, les tiges et balles de céréales sont ramassées pour être vendues et pour fabriquer des produits d'artisanat (clôture, etc.). Entre mai et décembre, le bétail est attaché ou mené hors de la zone afin de le tenir à l'écart des champs. À partir de janvier, les petits

25 ruminants sont laissés dans les champs pour paître, mais le bétail, surtout les bœufs de trait, est bien gardé contre le risque de vol.

Répartition des richesses

Le niveau des actifs des groupes moyens et mieux nantis n'est pas très différent de celui des autres zones, mais ce qui est remarquable c'est que ces groupes plus aisés constituent plus de soixante‐dix pour cent de la population. Ceci suggère que la zone est relativement riche, et la raison pour ceci doit être la valeur de la culture de rente sur laquelle repose essentiellement l'économie : le riz. D'un autre côté, il est clair qu'il y a un grand fossé entre les plus riches et les plus pauvres : les actifs des ménages plus pauvres sont minimes. Les ménages pauvres comptent généralement plus d'un tiers de membres en plus que les ménages mieux nantis, mais ne cultivent qu'un sixième de leurs terres, et le bétail appartient presque exclusivement aux ménages moyens et mieux nantis, y compris tous les moyens de traction (accompagnés par un revenu suffisant pour acheter de l'engrais et d'autres intrants pour maximiser la production). La minorité plus pauvre de la population est vraiment pauvre, et susceptible d'être largement tributaire de ses voisins plus aisés d'une manière ou d'une autre : comme employeurs, comme clients pour ses objets artisanaux ou d'autres produits et pour son petit commerce. Mais ce parrainage peut être réduit ou retiré lors d'une mauvaise année, par exemple si les mieux nantis sont financièrement très serrés du fait d'une mauvaise récolte ou de hausses des prix alimentaires ou des transports. Il est donc possible que les ménages plus pauvres soient très vulnérables aux chocs même dans cette zone relativement aisée.

Groupe Pourcentage Pourcentage Taille des Terre de de la Possession d'actifs productifs typique des ménages ménages cultivée richesse population Petits Bœufs ha Poulets Bovins Autre ruminants d’attelage Très 5 % 15 % 3‐5 0,5 ‐1 0 0 0 0 0 pauvres Pauvres 23 % 30 % 8‐10 1‐1,5 2‐3 1‐2 0 0 0‐1 âne 1‐2 ânes ; 1 charrue ; 0‐1 Moyens 63 % 50 % 14‐16 2‐4 10‐15 10‐15 10‐15 2 charrette à bœufs 3‐5 ânes ; 2‐3 Mieux charrues ; 1‐2 9 % 5 % 20‐24 6‐9 ≤ 50 20‐30 40‐50 ≤ 8 nantis charrettes à bœufs

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Sources de nourriture

Le pourcentage des ménages Sources de Nourriture aisés et moyens, du tableau ci‐ 100 lait dessus peut être quelque peu 90 trompeur, en ce sens qu'ils sont 80 emprunts ou dons potentiellement plus 70 autosuffisants qu'on ne le laisse 60 cueillette entendre ici. Les mieux nantis, 50 tout en vendant de grandes 40 paiment en nature 30 quantités d'excédents de riz,

20 pourraient aisément couvrir les achats 10 aliments de base qu'ils achètent

0 avec leurs propres riz et taro ou propre recolte Très pauvres Pauvres Moyens Mieux nantis autre culture de tubercule et sorgho, mais ils préfèrent acheter d'autres produits, par exemple Le tableau ci‐dessus montre la contribution relative des différentes sources de nourriture des paquets de pâtes. Quant aux

par rapport au total des calories consommées pendant l'année de référence (100 % ménages moyens, la taille de = 2 100 kilocalories par jour en moyenne par ménage) leurs parcelles est plus modeste par habitant, mais elle est néanmoins suffisante pour nourrir le ménage : dans leur cas, ils vendent une bonne part de leur récolte de riz et achètent du grain meilleur marché, ainsi que d'autres produits, comme des pâtes. Comme on l’a mentionné plus haut, les groupes plus pauvres consomment davantage leur propre sorgho que du riz, dans la mesure où ils ont besoin de vendre autant qu'ils peuvent de leur riz de plus grande valeur. Ils ne couvrent qu'entre un quart et la moitié de leurs besoins en aliments de base et sont donc largement tributaires du marché et des paiements en nature pour combler la différence, surtout les très pauvres. La différence dans le tableau entre les paiements en nature pour les plus pauvres et la consommation de lait des plus aisés révèle leurs statuts différents : les plus pauvres ont besoin de travailler pour d'autres afin de survivre ; leurs employeurs, les ménages plus aisés, possèdent suffisamment de bovins pour tirer entre dix et quinze pour cent de leur apport calorique du lait, luxe considérable pour les non‐éleveurs, avec une production laitière favorisée par des pâturages verts pendant de nombreux mois de l'année dans et autour de la plaine inondable. Sources de revenus

transferts La composition du revenu du groupe

Sources de Revenues peche moyen est frappante : ils sont loin de 100 pouvoir s'appuyer de manière 90 fabrication et vente briques importante sur leurs ventes de riz, et 80 vente bovins en fait, leurs sources de revenus sont 70 petit commerce les plus diverses de tous les groupes, 60 petits ruminants qui sont marquées par les ventes de 50 location equipement bétail et peut‐être une contribution

40 artisanat quelque peu surestimée de la volaille et 30 des œufs, ainsi que le commerce, la vente oeufs et volailles 20 pêche et la vente de briques pour vente des produits 10 agricole lesquelles ils tendent à engager des vente bois 0 travailleurs des ménages plus pauvres. Très pauvres Pauvres Moyens Mieux nantis travail journalier Le fossé entre les groupes plus pauvres et les plus aisés est plus important que prévu. Les groupes plus pauvres disposent de quantités très limitées de sorgho, et encore moins de riz, à vendre ; ils vivent pour l'essentiel de leur travail, que ce soit pour d'autres comme journaliers. Ils complètent leur revenu en ramassant et vendant du bois de chauffe et des herbes fourragères et fabriquant des objets artisanaux, comme des

27 nattes et des clôtures ; et à cela s’ajoute le brassage de bière artisanale destinée à la vente. Enfin, la pêche fournit un pourcentage important (5‐10 %) du revenu pour les personnes dont le budget couvre à peine les besoins de base. Par contraste, les mieux nantis tirent plus de la moitié de leur revenu de la vente des récoltes, surtout du riz, la plus grande partie du reste des ventes de bétail, avec un autre avantage de la possession de grands troupeaux : la location de bœufs de trait et de transport par charrette.

Principaux cycles des nourritures, revenus et dépenses des pauvres

Jan. Févr. Mars Avr. Mai Juin Juill. Août Sept. Oct. Nov. Déc.

Aliments de base et sources* Sorgho AM PP AM Taro PP AM PP Riz PN PP PN

Principales sources de revenus Travail agricole Ventes de bois Ventes de poisson Artisanat

Principales dépenses saisonnières Cérémonies sociales École

Légende PP Propre production AM Achats du marché PN Paiement en nature *Les sources énumérées par mois sont les principales sources de nourriture

Étant donné que les fermiers pauvres tendent à vendre une grande partie du peu de riz qu'ils produisent ou reçoivent en paiement, il est évident que le taro (ou une autre culture de tubercule) est important comme complément du sorgho pendant au moins un quart de l'année. Mais c'est le sorgho, et surtout le sorgho qu'ils achètent, qui est leur ressource principale. Le travail agricole est une source de revenus toute l'année : il y a toujours quelque chose à faire dans une région avec des cultures pluviales et de décrue ; le bois de chauffe se vend lui aussi tout au long de l'année. Le principal revenu de la pêche est saisonnier, mais commence en septembre, mettant fin à la période de soudure.

Chocs et aléas

Cette zone a connu une série d'années de Classements des chocs historiques satisfaisantes à bonnes avant les pluies de 2010. La Excellente montée adéquate du niveau des eaux du Logone dans la plaine inondable dépend du niveau des Bon précipitations sur place ainsi que de la qualité des chutes de pluie alimentant le fleuve plus au sud, Acceptable dans le Logone Occidental et Oriental et au‐delà. Mauvaise Dans les quatre saisons entre 2006 et 2009, les hauteurs cumulées des précipitations ont été Très Mauvaise bonnes et seule une invasion de criquets pendant la saison agricole 2009 a réduit les rendements 2006 2007 2008 2009 2010 dans une certaine mesure, dans une saison marquée par des niveaux de crue du fleuve particulièrement bons. Cependant, pendant la saison humide 2010, plusieurs malchances se sont abattues : un début tardif des pluies, une invasion de chenilles légionnaires dans les rizières, ce qui tend à se produire après une absence de pluie, mais aussi une inondation excessive ayant asphyxié des jeunes cultures. Ceci a déclenché le lancement d'un programme officiel de vente de grain à prix subventionné.

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Aléas chroniques/fréquents : Cette zone fait partie du parcours migratoire des éleveurs transhumants et chaque année, lorsqu'ils amènent leurs bêtes, des différends surgissent en raison des dommages causés aux cultures des fermiers. Le parcours des éleveurs à la recherche de pâturages est fonction des pluies ; donc, ils traversent la zone juste après les semis en allant vers le nord et reviennent au moment des moissons. L'autre risque annuel menaçant les cultures est celui des attaques d'oiseaux ou d'insectes. Chaque année entre juillet et octobre, le sol devient si saturé d'eau que de nombreuses routes sont impraticables et que les villages sont pour ainsi dire coupés du reste du pays. Ceci entrave particulièrement l'achat de nourriture à une époque où les stocks sont souvent épuisés. L'inaccessibilité empêche aussi de traiter le bétail pour un certain nombre de maladies endémiques.

Aléas périodiques : Environ une année sur quatre, la pluviosité est tellement irrégulière que la croissance des cultures s'en trouve diminuée. Il peut s'agir d'un déficit de précipitations, qui affecte les niveaux de montée des eaux et favorise la prolifération de chenilles légionnaires, ou au contraire d'un excès de précipitations provoquant des inondations destructrices. Environ une année sur dix, une grave épizootie se déclare, notamment le charbon bactéridien.

Stratégies d'adaptation

Concernant les aléas chroniques, face aux dégâts provoqués par les éleveurs transhumants, certains fermiers se sont mis à cultiver des variétés de cultures à cycle court pour qu'elles puissent être récoltées avant le passage des éleveurs. Ils essaient aussi de récolter autant que possible avant que la culture ne soit tout à fait sèche, bien que ceci augmente la charge de travail des ménages. La culture du manioc dans certaines parties de cette zone est en train de diminuer du fait que sa feuille attire trop le bétail.

Aléas périodiques : Si une inondation locale a endommagé des cultures de céréales, les ménages cultivent de la patate douce ou des légumes, surtout le bissap (hibiscus) et le gombo pour tirer une récolte à cycle court des réserves d'eau du sol. En cas de crise agricole due à l'absence de pluie, les plus aisés sont en mesure, bien qu'à contrecœur, de vendre du bétail ainsi que du petit bétail pour obtenir l'argent nécessaire. Mais les ménages plus pauvres ne possèdent au mieux que quelques têtes de petit bétail ; il s'agit d'une option très limitée lorsque le déficit vivrier est important et les prix élevés. Ils doivent se résoudre à travailler davantage, en espérant trouver un emploi de journalier localement, ce qui n'est pas nécessairement facile lorsque les employeurs sont eux‐mêmes sous pression, et en espérant aussi trouver de nouveaux clients pour leur bois de chauffe ou leurs objets artisanaux. Les dons de nourriture des parents ou voisins mieux nantis sont aussi limités lorsque les donateurs habituels sont eux‐mêmes sous pression, et les plus pauvres peuvent se tourner vers la recherche de nourritures sauvages, qui figurent de manière très marginale dans leur régime alimentaire normal. Recourir au crédit est aussi une autre option limitée, même pendant les meilleures années, et ne concerne guère les très pauvres sur qui on ne peut aisément compter pour rembourser les prêts plus tard. Finalement, les ménages plus pauvres peuvent être contraints à envoyer un ou deux membres de la famille en migration professionnelle, surtout au Cameroun : les années normales, seules quelques personnes choisissent cette option, dans la mesure où la demande de main‐ d'œuvre locale est forte dans les rizières.

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Principaux indicateurs d'alerte rapide

Impacts potentiels sur la Saison Mois Indicateurs sécurité alimentaire des ménages Janv. Févr. Sèche Dégâts des cultures provoqués par le passage des troupeaux Récolte réduite Mars transhumants Avril Mai‐juin : la maladie de Newcastle tue un grand nombre de Réduction de revenu, surtout pour les plus poulets et de pintades pauvres sans autre bétail

Pluies irrégulières au début de la saison Perte ou réduction des rendements agricoles

Attaque de foreurs des tiges/chenilles légionnaires Baisse du rendement Mai Juin Charbon bactéridien provoquant une forte mortalité du Perte ou affaiblissement du bétail : baisse du Juillet bétail produit des ventes ; baisse de la consommation Humide Août de lait

Juillet‐août : crues tardives du Logone ; absence de poisson Baisse du revenu pendant la période de soudure

Sept. Arrêt précoce des pluies Grain mal formé ; faibles rendements Oct. Attaques d'oiseaux sur les cultures en maturation Nov. Maladie de Newcastle Réduction du nombre de volailles possédée, Sèche Déc. perte de revenu

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Profils des moyens d'existence rapides pour le Tchad

Zone 3 : sud‐centrale, céréales pluviales

Description de la zone

Il s'agit d'une zone relativement pauvre, en ce sens qu'elle n'a ni cultures vivrières en excédent, ni production importante de cultures de rente, ni ressource importante en bétail. Ces éléments la distinguent de ses voisines. La possession du bétail parmi les groupes mieux nantis et moyens représente environ un tiers de celle des mêmes groupes de la zone agropastorale au nord (zone 5). Bien que la possession de moutons et de chèvres soit similaire ; d'un autre côté, dans la zone sud‐centrale, les ménages pauvres et très pauvres tirent deux fois plus de leur consommation d'aliments de base de leurs propres récoltes par rapport aux mêmes groupes de la zone agropastorale. Le long cours du fleuve Chari qui traverse la zone céréalière sud‐centrale ne permet pas de pratiquer la culture de décrue, et seules certaines terres très localisées conservent de l'humidité résiduelle après la saison humide pour cultiver de nouvelles cultures (surtout le berbéré). Ainsi cette zone est‐elle essentiellement confinée à la culture avec les pluies entre la fin du mois de mai et le mois de septembre, par contraste avec les zones voisines de riz inondé au sud‐ouest (zone 2) et de cultures de décrue et de gomme arabique à l'ouest (zone 4). Enfin, il y a aussi une différence avec la zone des céréales et cultures de rente au sud (zone 1, même si cette zone s'appuie aussi essentiellement sur la culture pluviale. Non seulement les sols au sud sont‐ils plus fertiles et adaptés aux cultures de rente, mais la pluviosité y est nettement supérieure, avec des précipitations annuelles moyennes d'environ 1 000 mm par rapport à environ 770 mm dans la zone sud‐centrale.

Mais bien que cette zone sud‐centrale soit relativement pauvre, cela ne signifie pas nécessairement qu'elle se trouve plus fréquemment en situation d'insécurité alimentaire. L'élément crucial est bien entendu la saison des pluies, et comparée aux régions au nord, la pluviosité est non seulement plus élevée, mais plus fiable : les secours d'urgence n'ont été proposés ou donnés qu'environ une année sur cinq. D'un autre côté, la majorité de la population possède peu d'actifs sur lesquels se rabattre, de sorte qu'en cas de perturbations au niveau de la production, la sécurité alimentaire est sérieusement menacée.

La zone couvre essentiellement les départements de Bahr Signaka, Loug Chari et Mayo Lemie. La partie ouest est dominée par une plaine fluviale (de Bousso à Guelendeng) tandis qu'il y a quelques collines autour de Melfi à l'est. Le fleuve Logone forme la frontière de la zone à l'extrême ouest. L'écologie a un caractère soudano‐sahélien, avec une végétation naturelle de moyenne densité constituée de broussailles et d'herbes. Les cultures vivrières essentielles sont le sorgho et le mil pénicillaire, avec du niébé, un peu de berbéré, de patate douce et de manioc intercalés ; d'arachide en modestes quantités qui tient lieu de culture de rente. Il y a eu une certaine augmentation de la production de sésame, son prix en faisant une culture d'exportation intéressante. Le milieu naturel fournit d'importantes ressources en nourritures sauvages, en particulier pour les plus pauvres, notamment l'igname sauvage, qui est un complément important aux cultures essentielles ainsi qu'une source de revenus du marché qu’il expédie jusqu'à N'Djamena où les clients plus aisés l’achètent volontiers. Il y a aussi le tamarin, le jujube et le tapioca sauvage, ainsi que le néré et l'arbre à karité (pour son beurre), bien qu'ils ne soient pas aussi répandus que plus au sud. La pêche est une ressource localisée le long du Chari, ainsi que dans les zones marécageuses et les cours d'eau saisonniers plus importants. Le nombre de têtes de bétail est plus modeste que les ressources en pâturage pourraient le laisser penser du fait qu'au fil des années les troubles civils ont été accompagnés de vols de bétail, si bien qu'aujourd'hui les éleveurs hésitent à investir dans de grands troupeaux.

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La principale route reliant la zone à N’Djamena et Sarh côtoie le fleuve Chari ; il s'agit essentiellement d'une route non revêtue et l'état du réseau intérieur est encore pire, avec une difficulté particulière dans les régions marécageuses où les villages sont coupés du monde pendant la saison humide, bien que certains canoës, appartenant aux plus aisés, facilitent l’accès au marché. Le commerce avec la capitale a augmenté au fil des années, et plus récemment on a constaté un accroissement des échanges avec le Cameroun et le Nigeria via Bongor et N'Djamena. L'exploitation du pétrole se développe dans le sud‐centre de la zone et offre une source d'emploi limitée à la population rurale.

Calendrier saisonnier

Janv. Févr. Mars Avril Mai Juin Juill. Août Sept. Oct. Nov. Déc.

Saisons Saison des pluies Saison sèche Période de soudure

Principales activités de subsistance Mil pénicillaire PT S D P /R Sorgho PT S D R Arachide, niébé PT S D R Travail agricole Autres activités et

événements Manioc D R*/P R*/P D Ventes de bétail Artisanat Pic des prix des céréales

Chocs et aléas Paludisme Pluies insuff., irrégulières Inondations Ravageurs des cultures Maladies du bétail, ravageurs

Légende PT Préparation des S Semailles D Désherbage P Plantation terres R Récolte *Le manioc se récolte jusqu'à un an après sa plantation, pas un mois. En récoltant, on repique les nouvelles boutures en même temps

Dans une zone tributaire à ce point d'une période de pluies unique, avec une seule récolte principalement en septembre et octobre, il est intéressant de rechercher les éléments qui ne sont pas liés aux saisons. En termes de production, le manioc offre une « réserve » tout au long de l'année quand il est conservé en terre et déterré selon les besoins. Mais la consommation et la vente de manioc ne sont pas très répandues, sauf de manière ponctuelle là où un projet a fait la promotion de sa culture. Différentes nourritures sauvages se récoltent à différents moments, que leur nombre rend difficile à montrer ici, mais l'igname sauvage récoltée pendant la saison humide contribue à mettre un terme à la période de soudure. L’igname récoltée dans les mois qui suivent contribue à accroître les stocks de céréales de base tout en apportant des recettes de sa vente. Pour les plus pauvres, avec des budgets familiaux à peine suffisants pour subvenir aux besoins de base, tout revenu est important ; l'artisanat, comme la fabrication de nattes et de clôtures, se poursuit toute l'année sauf pendant les mois d'intense activité agricole : juillet et août. Toutefois, le travail agricole rémunéré, à un certain niveau, couvre complètement deux tiers de l'année, de la préparation des terres en avril jusqu'à la récolte en novembre. Les ventes maximales de bétail indiquées pour juillet à septembre sont par rapport aux plus pauvres qui doivent vendre une ou deux têtes de petit bétail pour faire face à la période de soudure lorsqu'ils sont largement tributaires de l'achat de grain à des prix élevés pour la saison.

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Marchés

Il ne s'agit pas d'une zone très active commercialement du fait qu'elle n'a pas de grandes quantités de produits ou de bétail à vendre, mais la vente d'arachide domine ; alors que le sorgho et de mil sont vendus en quantités très limitées. La zone importe un faible pourcentage de céréales (surtout du maïs), parce que, bien que pauvre, elle est normalement plus ou moins autosuffisante et les aléas importants aux récoltes sont peu fréquents. Le riz est l'aliment de base privilégié de la population qui a les moyens de payer un prix plus élevé. Le mauvais accès routier intérieur est une entrave aux échanges, mais la route principale qui traverse la zone la relie à deux centres de commerce essentiels : N’Djamena et Bongor, qui sont aussi la route vers les grands marchés nigérians et camerounais. La demande est là et surtout pour les fermiers dans la mesure où ils peuvent y répondre en augmentant la production des cultures de rente (y compris le sésame) ou de bétail ; mais il est peu probable qu'il y ait jamais d'importants excédents de grain à commercialiser.

Aliments de base Flux commerciaux importés Maïs N’Djamena → marchés locaux Riz N’Djamena/Bongor → marchés locaux Cultures vendues Flux commerciaux Arachide Marchés locaux → Bokoro → N’Djamena Marchés locaux → Bongor Marchés locaux → Lai Sorgho Marchés locaux → N’Djamena Marchés locaux → Bongor Mil pénicillaire Marchés locaux → Gama → Bokoro → N’Djamena Bétail vendu Flux commerciaux Chèvres/moutons Marchés locaux → N’Djamena Volaille Marchés locaux → N’Djamena Bovins Marchés locaux → Bongor → Cameroun Marchés locaux → N’Djamena → Nigeria

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Répartition des groupes de richesse

Groupe Pourcentage Pourcentage Taille des Terre de de la des ménages Possession d'actifs productifs typique ménages cultivée richesse population Petits Bœufs ha Poulets Bovins Ânes Autre ruminants attelage Très 0 0 0 0 26 % 28 8‐10 0,75 ‐1,25 2‐3 0 pauvres Pauvres 34 % 32 10‐12 1,5 ‐2 6‐8 3‐6 0 0 0 0 1 charrue, 1 Moyens 20 % 25 7‐9 3‐4 10‐15 9‐11 2‐4 1‐2 0 charrette à bœufs 2 charrues ; Mieux 20 % 15 12‐15 5‐7 20‐30 18‐25 6‐8 2‐4 0 2 nantis charrettes à bœufs *Les sources énumérées par mois sont les principales sources de nourriture. Il est possible qu'un produit alimentaire donné ait plus d'une source, et cela est probable tout au long du mois (par ex., lorsqu'ils consomment leur propre production même après la récolte, les ménages peuvent recevoir des paiements en nature pour le travail de moisson, mais seul PP sera marqué dans le calendrier).

Le profil des différences entre les groupes de richesse ici est similaire à celui de la plupart des autres zones : les ménages moyens et mieux nantis cultivent deux à quatre fois plus de terres que les pauvres et les très pauvres, et tout le bétail et le matériel associé se trouvent entre leurs mains ainsi que la grande majorité du petit bétail. Cependant, là où cette zone montre sa relative pauvreté est non seulement dans la prépondérance des pauvres et des très pauvres, mais dans les actifs plutôt modestes des plus aisés : même les mieux nantis ne cultivent que six hectares environ et des troupeaux de six à huit bêtes représentent un capital précieux contre le malheur, mais ils sont loin de constituer une richesse impressionnante.

Sources de nourriture

Les ménages plus aisés et moyens vendent un peu de sorgho ou de mil Sources de nourriture pénicillaire et achètent d'autres 100% Cueillette 90% aliments, y compris du riz et du maïs pour consommer à la place. Ces ventes 80% Dons/emprunts 70% sont essentiellement absorbées par les consommateurs locaux : les pauvres et 60% Achat 50% les très pauvres qui produisent 40% Paiement‐en‐ néanmoins pour eux‐mêmes entre un 30% nature quart et la moitié des aliments de base 20% Produits animals qu'ils consomment. Mais leur 10% dépendance à l'égard des nourritures 0% Propre recolte sauvages est plus élevée que la Très pauvres Pauvres Moyens Mieux nantis normale comparée à la plupart des autres zones. Il s'agit autant d'une question de besoin, leurs possibilités de revenu monétaire ne couvrant pas tous leurs besoins, notamment alimentaires, et incluent en fait la vente de nourritures sauvages (voir plus bas), que de disponibilité, l'igname sauvage prenant la première place. La position substantielle du paiement en nature, surtout pour les très pauvres, souligne leur dépendance à l'égard du travail pour autrui afin de survivre.

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Sources de revenus

Plus de la moitié du revenu des vente betail pauvres et des très pauvres provient Sources de revenu du travail rémunéré, et comme cette 100% petit commerce zone n'est pas très productive même 90% dans une année satisfaisante, l'emploi 80% petits ruminants agricole local est limité. Ainsi, plus de 70% location materials la moitié du travail rémunéré se trouve 60% agricole soit dans les villes locales soit dans les 50% artisanat 40% plus grandes villes du pays plus vente oeufs et lointaines : N’Djamena, Bongor, Sarh. 30% volailles Tout autre travail que les pauvres 20% propre recolte 10% peuvent effectuer à leur compte prend vente bois de l'importance : la vente d'objets 0% artisanaux qui leur apporte quinze à Très pauvres Pauvres Moyens Mieux nantis vente prod. cueillette vingt pour cent du total de leur revenu monétaire et même l'élevage de volaille est importante, surtout l'argent provenant principalement de la vente des œufs. Si la maladie de Newcastle emporte toutes leurs poules, leurs budgets déjà serrés s'en trouvent sérieusement grevés. Les ventes de bois de chauffe et de nourritures sauvages sont aussi importantes. Le profil des ménages moyens et mieux nantis est très différent : ici, les ventes de bétail dominent, les bovins rapportant le plus aux mieux nantis, bien qu'il ne puisse s'agir que de la vente de deux ou trois bêtes dans l'année, tandis que le groupe moyen possède du bétail essentiellement pour avoir des bœufs de trait, mais ce sont les chèvres et les moutons qu'ils vendent. La location de paires de bœufs et de charrettes accroît les bénéfices que ces deux groupes retirent de la possession du bétail, et le total dépasse largement le revenu de la vente des récoltes (l'arachide surtout), ce qui souligne le fait qu'il s'agit d'une zone d'autosuffisance alimentaire plutôt que d'excédents.

Principaux cycles des nourritures, revenus et dépenses des pauvres

Jan. Févr. Mars Avr. Mai Juin Juill. Août Sept. Oct. Nov Déc.

Aliments de base et sources* Sorgho AM PN PP AM Mil pénicillaire AM PN PP Ramass. nourr. sauvages ‐‐‐‐‐‐‐‐‐ PP

Principales sources de revenus Travail agricole Artisanat Ventes prod. naturelles

Principales dépenses saisonnières Frais scolaires Vêtements Légende PP Propre production AM Achats du marché PN Paiement en nature *Les sources énumérées par mois sont les principales sources de nourriture La situation des ménages pauvres illustrée ici est qu'ils sont loin de produire suffisamment de cultures essentielles pouvant couvrir la moitié de l'année. Pourtant, ils doivent néanmoins en vendre immédiatement une partie pour supporter les frais qui s'accumulent à la fin de l'année civile, auxquels on peut ajouter le remboursement des emprunts souscrits pour acheter des intrants agricoles au début de la saison. Ils puisent dans leur maigre récolte de grain parce qu’ils ont peu d’arachide ou de sésame à vendre, dans la mesure où cultures exigent un

35 investissement trop important en termes d’intrants et de main‐d’œuvre. Ils paient alors littéralement le prix élevé d'achat de complément de grain plus tard dans l'année.

Chocs et aléas

L'expérience de ces dernières années est largement favorable, avec une pluviosité fiable permettant une bonne production agricole. En 2006, des précipitations inadéquates et des troubles civils ont perturbé le bon déroulement de la production agricole. Dans la saison 2010, des pluies torrentielles ont emporté le pollen, diminuant ainsi la formation des épis.

Aléas chroniques/fréquents : Quelle que soit Classements des chocs historiques l'année, les récoltes subissent les dégâts des Excellente ravageurs quelque part dans la zone, que ce soit les criquets sur le sorgho ou les foreurs des tiges et les Bon attaques d'oiseaux sur le mil pénicillaire ou des Acceptable bruches sur le niébé. De même, le bétail est sujet aux maladies endémiques, notamment la Mauvaise pasteurellose, la PPR (peste des petits ruminants), sur le petit bétail ; la maladie de Newcastle pour la Très volaille et le charbon bactéridien pour les Mauvaise bovins. Phénomène plus inhabituel : on a signalé ces 2006 2007 2008 2009 2010 dernières années des dommages causés sur toutes les cultures par de grands troupeaux d'éléphants sortis de la réserve de Zakouma, frontière avec la zone.

Aléas périodiques : Les chenilles légionnaires menacent parfois la production de sorgho, tandis que le bétail succombe parfois aux épizooties endémiques. Une année sur trois, environ, de mauvaises pluies affectent la production agricole et peuvent avoir des conséquences négatives importantes.

Stratégies d'adaptation

Face à la pénurie alimentaire, les plus pauvres ont très peu de bétail à vendre, contrairement aux plus riches. Ils n'ont généralement pas d'autre solution que d'essayer d'augmenter certaines activités normales. Localement, ils ont peu de chance de trouver du travail, mais ils peuvent essayer de vendre davantage d'objets artisanaux et de bois de chauffe (bien que cette option devienne moins disponible avec de nouvelles législations interdisant la coupe du bois et la fabrication de charbon de bois) et ils recherchent plus de nourritures sauvages. En cas de situation extrême, ils utilisent même certains tubercules ou céréales sauvages toxiques qu'il faut faire bouillir longtemps ou traiter pour en extraire les toxines avant de les consommer. Autrement, ils peuvent recourir au crédit, avec le danger d'un appauvrissement continu plus tard quand ils tenteront de rembourser leurs prêts. Lorsque les solutions locales ne suffisent pas, ils augmentent leurs recherches de travail loin de chez eux dans les villes.

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Indicateurs d'alerte rapide

Le tableau suivant montre les principaux indicateurs d'alerte rapide de la sécurité alimentaire qui doivent être suivis aux moments clés de l'année.

Impacts potentiels sur la Saison Mois Indicateurs sécurité alimentaire des ménages Janv. Févr. Mars Sèche Avril Mai‐juin ; la maladie de Newcastle tue un grand nombre de Importante perte de revenu pour les plus Mai poulets pauvres Des pluies tardives ou irrégulières jusqu'à la mi‐juillet Surfaces cultivées réduites et récoltes réduites retardent les semis ou exigent un réensemencement Un épisode de sécheresse précoce favorise une infestation Perte ou réduction des rendements agricoles Juin de foreurs des tiges sur les jeunes pousses Juillet PPR dans le petit bétail pendant les pluies précoces Affaiblissement ou perte du bétail ; baisse du Août Humide revenu Maladie de Newcastle Réduction du nombre de volailles possédée, perte de revenu Sept. Attaque d'oiseaux sur les cultures en maturation Récolte réduite, perte de revenu Oct. Attaque de criquets Maladie de Newcastle Réduction du nombre de volailles possédée, Pasteurellose dans le bétail perte de revenu Nov. Les prix des céréales sont déjà à la hausse en novembre Animaux affaiblis, mauvais état pour la vente Sèche Déc. Le mauvais état des pâturages entraîne un déplacement Signe d'une année très dure à suivre précoce du bétail local vers des pâturages éloignés Signe d'une menace grave contre le bétail plus tard dans l'année

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Profils des moyens d'existence rapides pour le Tchad

Zone 4 : sud‐est, cultures de décrue et gomme arabique

Description de la zone

Cette zone couvre les départements de Bahr‐Azoum, Aboudeia, Haraze Mangagne et la sous‐préfecture de Kerfi dans le département de . Elle se caractérise par une superficie inondable annuelle extensive des plaines par les eaux provenant des montagnes et zones de haute élévation au nord‐est, prenant leurs sources dans l’ouest du Darfour soudanais. Cette montée des eaux se fait via un grand nombre de cours d'eau, ruisseaux et fleuves, dont le plus grand et le plus important pour l'épandage des eaux annuelles est le Bahr‐Azoum : c'est plus un réseau de wadis qui se constitue depuis l'extrême nord‐est de la zone, les montagnes près de la frontière soudanaise. Ceci confère un double avantage à la zone à travers la conduite des cultures de cycles agricoles pluviaux et de contre‐ saison (de décrue), ce qui accroît les similitudes entre cette zone et sa fausse sœur jumelle voisine du Nord, « la zone est des céréales pluviales et du maraîchage (zone 6) ». La principale différence entre ces régions voisines est que les wadis du nord favorisent la production intensive de légumes de contre‐saison, ici la culture de décrue extensive se concentre sur les céréales de contre‐saison, surtout le berbéré. Avec une pluviosité plus abondante, plus longue et plus fiable qu'au nord, et une contre‐saison productive absente chez sa voisine au sud‐ouest (la zone 1 sud des céréales et cultures de rente), cette zone présente plus de similitudes avec la zone de riziculture du sud‐ouest (zone 2) où se pratique plus la contre‐saison céréalière. À travers l’importance de sa production en sorgho dans le pays. Toutefois, au‐delà de son autosuffisance et de sa sécurité alimentaire, cette zone est particulièrement importante comme source de sorgho pour le marché national.

Les sols sont argileux et argileux‐sableux avec des dépôts alluviaux et généralement très fertiles, avec un type particulier de limon provenant du Bahr‐Azoum. Dans cette écologie soudanienne, la couverture naturelle est une végétation dense de buissons et de prairies. Les ressources naturelles incluent le poisson et le gibier, ainsi que du bois de chauffe et de construction ; on y trouve aussi un certain nombre de réserves, notamment le parc national Zakouma. Mais avant tout, il y a la gomme arabique qui donne son nom à la zone. Bien que le Tchad soit le deuxième plus gros producteur du monde, ce produit qui n'est toujours pas pleinement exploité. Le Tchad pourrait rivaliser avec le Soudan, premier exportateur mondial. Les précipitations annuelles moyennes du nord au sud sont de 700 à 1 000 mm. La population de la zone, principalement arabophone, a une densité faible à moyenne. L'un des problèmes propres à la région est le caractère très rudimentaire des voies de communication dans une zone d’épandage des eaux sur des sols argileux. Ainsi, la plus grande partie de la population est complètement coupée de la route principale reliant Am Timan à N’Djamena pendant les quatre mois que durent les pluies, bien que de petits canoës soient utilisés pour le transport local.

La principale culture, tant pour la consommation que pour la vente, est le berbéré de décrue, suivi par le maïs ; la patate douce est une autre culture de rente importante. Le sorgho pluvial est largement destiné à la consommation domestique. Les autres produits tant consommés que vendus sont le haricot, l'arachide, la tomate, le gombo, le concombre. Les arbres dont on récolte à l’état naturel les fruits sont le jujubier, le tamarinier, le savonnier et le karité. Le bétail n'est pas une source de revenus aussi importante ici que dans d'autres zones agricoles et même les grands troupeaux des mieux nantis ne se sont pas souvent vendus, mais constituent plutôt une réserve de richesse qui contribue au statut social tout en fournissant un gage d’assurance et d’accès aux liquidités, surtout en cas d’événement contraignant majeur (malheur). Aussi, il convient de noter que les plus riches ici sont des négociants considérables, avec une bonne base d'excédents de céréales et de gomme arabique.

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Calendrier saisonnier

Le double cycle contribue à un calendrier agricole chargé, requérant un travail agricole sous une forme ou sous une autre pratiquement tous les mois de l'année, ce qui est à l'avantage des plus pauvres qui dépendent du travail agricole rémunéré. Ce travail avec l'assurance de deux moissons de céréales contribue à la sécurité alimentaire et minimise la période de soudure, qui dure ici deux mois au lieu d'au moins trois ailleurs. Le maïs coupé avant que les épis ne soient tout à fait mûrs (« maïs vert ») soulage la pénurie alimentaire en septembre. La récolte de la gomme arabique se pratique pendant la saison sèche, mais cela est en partie dû au fait que les principaux récoltants sont les éleveurs transhumants du nord utilisant les pâturages locaux. Le maraîchage peut se pratiquer toute l'année, mais il est réservé aux plus riches qui ont les moyens d'acheter les intrants et d'engager la main‐ d'œuvre nécessaire à cette activité exigeant un niveau élevé de travail.

Janv Févr. Mars Avril Mai Juin Juill. Août Sept. Oct. Nov. Déc.

Saisons Saison humide (Am Timan) Saison sèche Période de soudure Principales activités de subsistance Berbéré D R PT S T/P D Sorgho, niébé PT S D R Maïs PT S D CGV R Travail agricole

Autres activités et événements Maraîchage pluviale R PT S D R Maraîchage de conte‐saison D R PT S Tubercules, patate douce R PT S D R Ventes de bois de chauffe pic Travaux de construction Comm. gomme arabique Pic prix céréales Cycles du crédit Rem. montant perçu rembourser

Chocs et aléas Paludisme Pluies tardives ou irrégulières Feux de brousse Ravageurs des cultures Charbon bact./ symptomatique

Légende PT Préparation T/P Trans/plantation D Désherbage CGV Consommation de R Récolte des terres jeunes plantes *Le maraîchage se pratique tout au long de l'année grâce à la saison des pluies et à l'eau de décrue.

Marchés

Dans la mesure où des céréales entrent dans la zone, il tend à s'agir de mil pénicillaire, probablement autant qu'autre chose comme un moyen relativement bon marché de varier le régime alimentaire de base. Comme dans pratiquement toutes les zones, on doit supposer que les plus riches achètent une certaine quantité de riz, privilégié, mais plus cher, qu'il soit importé ou local, en provenance de N'Djamena et Bongor. Le riz a été introduit récemment au Salamat en tant que culture de rente et est souvent exporté vers le Ouaddaï (marché d’Abéché).

La zone est la principale source du grain importé par la zone voisine (est, céréales pluviales et maraîchage) au nord, et au‐delà celle des éleveurs de la zone de transhumance et des populations oasienne et urbaine de la région de Borkou‐Ennedi‐Tibesti (BET). Il s'agit surtout du berbéré, plutôt que du mil pénicillaire, sorgho pluvial, et du maïs. La gomme arabique destinée à l'exportation part vers l'ouest jusqu'à N'Djamena, puis sera exporté en direction de

39 l’Europe, le l’Amérique et de l’Asie via les deux principaux ports de Douala au Cameroun et Lagos au Nigeria. La population rurale de la zone tire plus de revenus à travers le commerce intermédiaire et de détail de la gomme que le produit de collecte. En fait, une grande partie de la récolte de la gomme arabique est surtout pratiquée par les éleveurs transhumants migrant vers les pâturages du nord.Le marché d’Am Timan constitue le principal marché de collecte central avant que le produit ne soit exporté hors de la zone.

Produits de base Flux commerciaux importés Mil pénicillaire Abéché → Am Timan → marchés locaux Cultures vendues Flux commerciaux berbéré Marchés locaux → Am Timan → Mongo → nord Marchés locaux → Am Timan → N’Djamena Maïs Marchés locaux → Am Timan → Mongo → nord Marchés locaux → Am Timan → N’Djamena Gomme arabique Local markets → Am Timan/Mouraye → Mongo → Dourbali → north Local markets → Am Timan → N’Djamena → Nigeria → Europe, the Americas, Asia Bétail vendu Flux commerciaux Bovins Marchés locaux → Am Timan → N’Djamena Chèvres et moutons Marchés locaux → Am Timan → N’Djamena Bovins Marchés locaux → Bongor → Cameroun Marchés locaux → N’Djamena → Nigeria

Répartition des groupes de richesse

Groupe Pourcentage Pourcentage Taille Terre de de la des ménages des Possession d'actifs productifs typique cultivée richesse population ménages Petits ha Poulets Bovins Bœufs Ânes Autre ruminants Très 5 % 10 5‐6 0,5 ‐1 5‐7 0 0 0 0 0 pauvres

Pauvres 22 % 27 8‐9 1‐1,5 10‐12 5‐6 0 0 1‐2 0

0‐1 cheval ; 0‐ 1 Moyens 50 % 48 10‐12 3‐4 10‐15 13‐17 5‐7 * 2‐3 charrue ; 1 charrette 1‐2 chevaux ; Mieux 2‐3 23 % 15 15‐17 10‐12 6‐8 11‐15 20‐30 * 3‐4 nantis charrues ; 2 charrettes *La possession de bœufs de trait n'est pas courante du fait que le labourage n'est pas pratiqué par la majorité des fermiers. Ce sont en fait les fermiers plus aisés qui labourent leurs champs de décrue relativement vastes ; mais ils utilisent généralement des ânes et des chevaux pour tirer les charrues malgré leur puissance de traction inférieure, parce qu'ils servent à d'autres choses comme les déplacements et le transport et sont plus faciles à garder que les bœufs.

La très large majorité de la population dans les deux groupes de richesse supérieurs atteste de la richesse relative de la région, bien que cette richesse soit considérablement déséquilibrée au profit du large contingent de riches en

40 termes de terres cultivées par habitant et de possession de troupeaux. Par contraste, les ménages plus pauvres ne détiennent qu'une petite partie de la richesse de la zone en termes de terres et de bétail et donc de profits tirés de leur propre production. Ce dont ils profitent c'est de la demande de main‐d'œuvre générée par l'activité agricole de leurs voisins plus aisés. Ils ont en situation de relative sécurité alimentaire, mais ne peuvent accumuler de richesse.

Sources de nourriture

SourcesSources de de nourriture nourriture L'autosuffisance alimentaire y est la plus lait grande de toutes les zones, pour les 100%100% ménages les plus pauvres comme pour les 90%90% laitzakat 80%80% plus riches. L'achat de nourriture par les zakat 70%70% emprunts plus riches n'est lié à aucun déficit en grain 60%60% emprunts (ce sont normalement des producteurs 50%50% cueillette 40%40% cueillette excédentaires), mais il s'agit d'une 30%30% paiment en préférence pour d'autres aliments de base 20%20% paimentnature en nature qu'ils ne produisent pas, que ce soit du riz 10%10% achats achats ou du mil pénicillaire, des pâtes ou des 0%0% propre légumineuses à graines supplémentaires. TrèsTrès pauvres pauvres PauvresPauvres MoyensMoyens MieuxMieux nantis nantis propre recolte recolte Pour les groupes plus pauvres, l'achat est essentiel, mais il est réduit par le paiement en grain du travail et la collecte de nourritures sauvages. Une période de soudure finale est constituée par les prêts alimentaires pour les pauvres, qui doivent les rembourser au moment des récoltes alors même qu'ils doivent rembourser les emprunts en liquide souscrits pour les intrants agricoles. Les très pauvres reçoivent des plus riches des dons de céréales au titre de la dîme ou « zakat », obligation coranique d’impôt annuel sur le revenu agricole et non agricole.

Sources de revenus

Comme il est indiqué dans le calendrier saisonnier, il existe une demande de main‐d'œuvre agricole pratiquement toute l'année, et ceci donne aux pauvres quelque trente‐cinq pour cent de leurs revenus annuels et cinquante pour cent aux très pauvres ; quinze et dix pour cent, respectivement, 100% Sources de revenu vente prod. maraichage proviennent du travail dans la credit construction en ville. Dans les deux 90% transferts cas, la deuxième plus grande source de 80% vente cereales peche 70% liquide après le travail rémunéré est la travail constuction vente de bois de chauffe et d'herbes 60% vente lait et prod. Laitiers fourragères. Pour les plus aisés, la 50% vente betail principale source d'argent vient des petit commerce 40% ventes de céréales, de cultures de petits ruminants rente et du petit commerce dans des 30% location equipement artisanat 20% proportions variées, signe d'une zone vente des cultures de rente bénéficiant d'une agriculture 10% vente bois/paille particulièrement florissante. 0% vente prod. cueillette travail agricole Très pauvres Pauvres Moyens Mieux nantis

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Principaux cycles des nourritures, revenus et dépenses des pauvres

Janv. Févr. Mars Avril Mai Juin Juill. Août Sept. Oct. Nov. Déc.

Aliments de base et sources* Berbéré PP AM PN Maïs AM PN PP Sorgho AM PN PP

Princ. sources de revenus Travail agricole Ventes de bois pic Travaux de construction Ventes de prods agricoles

Principales dépenses saisonnières Frais d'irrigation Frais de santé Frais scolaires

Légende PP Propre production AM Achats du marché PN Paiement en nature *Les sources énumérées par mois sont les principales sources de nourriture

Par comparaison avec d'autres zones agricoles, il est impressionnant que les ménages pauvres soient capables de survivre pendant six mois grâce à leurs propres cultures de base. Comme le montrent les sources du tableau des aliments, le paiement en nature représente encore quinze pour cent de leur consommation annuelle d'aliments de base et les nourritures sauvages encore dix pour cent, ce qui laisse vingt‐cinq pour cent qui doivent être couverts par les achats sur le marché tout au long de l'année. Et de fait, ils occupent des emplois agricoles rémunérés pratiquement toute l'année.

Chocs et aléas

Ce tableau s'appuie largement sur la qualité des pluies pour la production. Ici, les trois premières années ont connu des précipitations satisfaisantes, mais ce qui a marqué la saison 2010 est la régularité particulièrement bonne des pluies tout au long de la saison humide combinée à de bonnes crues. Par contraste, 2009 a connu une pluviosité relativement faible, et bien qu'il n'y ait pas eu de catastrophe, elle a poussé un certain nombre de pauvres à faire des efforts inhabituels pour trouver du travail à N'Djamena et en République Classements des chocs historiques centrafricaine. Excellente Aléas chroniques Il s'agit des chenilles, des Bon locustes et des mille‐pattes qui envahissent régulièrement les cultures et deviennent un Acceptable problème majeur. De même, les maladies endémiques du bétail, notamment certains types Mauvaise de charbon, peuvent régulièrement se

Très Mauvaise transformer en un incident majeur. Peut‐être une année sur trois ou quatre connaît une pluviosité relativement faible, mais ceci se traduit rarement 2006 2007 2008 2009 2010 par une crise aiguë du type de celles qui surviennent plus au nord.

Il y a un danger périodique d'inondation, dont la saison 2010 a été un exemple. Dans le passé, les troubles civils ont particulièrement touché les propriétaires de bétail en raison des vols de bêtes qui les accompagnaient.

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Stratégies d'adaptation

Les stratégies pour faire face aux pénuries s'appuient sur l'augmentation des liquidités à partir des sources habituelles. Pour les fermiers plus aisés confrontés à des récoltes saisonnières inférieures à la normale, les ventes de bétail jouent un rôle protecteur. Pour les plus pauvres, les options sont d'augmenter la récolte de nourritures sauvages, mais sinon d'essayer d'avoir davantage de travail rémunéré, de bois de chauffe et de ventes de briques et d'objets artisanats.

Indicateurs d'alerte rapide

Le tableau suivant montre les principaux indicateurs d'alerte rapide de la sécurité alimentaire qui doivent être suivis aux moments clés de l'année. Impacts potentiels sur la Saison Mois Indicateurs sécurité alimentaire des ménages Janv. Décembre‐janvier : feux de brousse incontrôlés Dégâts aux cultures et pâturages voisins Févr. Janvier : attaque d'oiseaux sur les céréales de décrue Récolte réduite Sèche Mars Avril Mai Mai‐juin : charbon bactéridien dans le bétail Perte de bêtes, de capital et de revenu Juin : attaque de chenilles sur les cultures en germes Récolte réduite

Juin Juillet : arrêt des pluies après les semis/la germination, Perte ou réduction des rendements Juillet mais trop tard pour un ressemis. agricoles Août Humide Fin Août: Arrêt des pluies au moment de l'apparition de Baisse des rendements l’épi des céréales hors de son enveloppe (épiaison). Septembre : attaque d'oiseaux sur les cultures pluviales Baisse des récoltes Sept. en maturation Oct.

Prix excessivement bas de la récolte des céréales Perte de revenu pour les plus pauvres qui Nov. Sèche pluviales. doivent vendre immédiatement pour Déc. rembourser leurs emprunts, etc.

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Profils des moyens d'existence rapides pour le Tchad

Zone 5 : centrale, agropastorale

Description de la zone

Cette zone est considérée comme étant en situation d'insécurité alimentaire uniquement les mauvaises années. Elle réussit largement à produire un pourcentage important des besoins en aliments de base de la zone, mais sa dépendance à l'égard de l'agriculture pluviale pour la nourriture et le revenu la rend vulnérable aux pluies irrégulières, tardives ou excessives. Les inondations sont courantes dans certaines localités de la zone et les pluies peuvent aggraver le problème en limitant l'accès aux marchés.

Cette vaste zone s'étend de la rive sud du lac Tchad où elle rejoint la zone des transhumants au nord, jusqu'à la zone sud‐centrale céréalière au sud, et la frontière ouest du pays. Elle jouxte la zone est des céréales pluviales et du maraîchage. Elle inclut une partie des départements de Bahr El Gazel, Batha, Chari Baguirmi, Guéra, Hadjer Lamis, Kanem, Lac, Mayo Kebbi Est, Ouaddaï et Sila. La zone est traversée par deux grands cours d'eau permanents : le Chari et le Logone, ainsi qu'un cours d'eau saisonnier : le Batha dont une partie des eaux se jette dans le Lac Fitri au centre nord de la zone La population comprend de nombreux groupes ethniques qui sont largement tributaires de la céréaliculture dans un sol argileux sableux et de l'élevage sédentaire. La population est concentrée dans l'ouest de la zone, le long des cours d'eau, tandis que la partie centrale est relativement peu peuplée.

Cette zone se caractérise par une agriculture pluviale combinée à la possession de bétail, avec une plus forte dépendance à l'égard de l'élevage que dans toute autre zone dépendant de l'agriculture. Le sorgho pluvial, le mil, le berbéré (sorgho de décrue) et le mil pénicillaire sont les principales céréales, surtout cultivées pour la consommation et un peu de vente locale, tandis que les cultures de rente incluent l'arachide et le sésame et gombo. Les animaux d'élevage incluent les bovins, les moutons, les chèvres, les ânes et la volaille domestique. Les mouvements saisonniers du bétail sont rares dans cette population, bien que certains fermiers plus aisés possédant de grands troupeaux puissent envoyer une partie de leurs bêtes en migration avec les éleveurs transhumants traversant la zone en chemin vers le sud. La zone comporte des différences en termes de ressources disponibles et donc des variations des activités économiques. Par exemple, les ménages vivant près des cours d'eau pratiquent la pêche, là où il y a aussi un peu de culture du riz et du maraîchage. Au centre, autour de Melfi, le miel est récolté tant pour la vente que pour la consommation, tandis que les acacias et donc la gomme arabique se trouvent plus près de la frontière sud d e la zone. L'état du réseau routier est relativement bon dans certaines parties, et les activités commerciales prennent beaucoup d'importance, surtout près des routes conduisant à la capitale, N'Djamena. Les femmes ont des jardins potagers dans lesquels elles cultivent le gombo et la tomate. De nombreuses ONG sont basées à N’Djamena, dont certaines s'occupent du développement agricole ou de l'élevage.

La zone reçoit un grand nombre d'éleveurs et leurs bêtes se dirigeant vers le sud, de la zone de transhumance au nord vers la zone céréalière sud‐centrale et la zone sud‐est des cultures de décrue et de la gomme arabique. Ces troupeaux traversent lentement la zone en chemin vers le sud entre octobre et février, et apportent toute une série d'avantages commerciaux pour la population habitant ces zones. Toutefois, des différends peuvent aussi caractériser cette traversée pastorale, qui coïncide avec divers moments de la saison agricole.

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Calendrier saisonnier

Les principales cultures sont le mil pénicillaire, le sorgho pluvial et le sorgho de décrue, ou berbéré ; toutes sont récoltées entre octobre et janvier. Certains ménages ont aussi des petites parcelles d'arachide ou de sésame, qui sont cultivés comme cultures de rente. Les premières pluies importantes surviennent en juin et annoncent l'époque des semis. Suit alors une période de cinq à six mois d'intense activité agricole, surtout pour les ménages plus pauvres qui travaillent dans les champs des plus aisés, ainsi que sur les leurs. Les femmes de tous les ménages s'occupent généralement d'un petit jardin potager dans lequel elles font pousser le gombo et la tomate, qu'elles vendent frais dès la récolte ou séchés tout au long de l'année. Entre la récolte et la préparation des terres suivante, les ménages poursuivent un certain nombre d'activités, comme la fabrication de briques, la collecte de bois de chauffe, de céréales sauvages et d'autres graines et noix pour la vente. Le crédit est généralement souscrit au moment de la période de soudure, pour aider à combler les déficits vivriers par les pauvres, ou par les ménages moyens et mieux nantis pour contribuer au coût des intrants agricoles. Le pic des dépenses concerne tout le monde et inclut les frais scolaires en octobre et les fêtes en décembre et en janvier. Les ménages moyens et mieux nantis peuvent aussi dépenser des sommes importantes pour le travail de désherbage entre juillet et septembre.

Janv. Févr. Mars Avril Mai Juin Juill. Août Sept. Oct. Nov. Déc.

Saisons Saison des pluies Saison sèche sèche froide sèche chaud sèche froide Période de soudure

Principales activités de subsistance Sorgho PT S D R Berbéré R PT S D Mil pénicillaire PT S D R Arachide et sésame PT S D R Pic de production laitière Pic des ventes d'animaux Travail agricole

Autres activités/évén. Niébé S R Patate douce R PT S D R Cultures maraîchères en sec PT S D R Cultures maraîchères de R PT S D R décrue Fabrication de briques Cycles du crédit pris pour acheter de la rembourseme nourriture nt Pic des dépenses Pic des prix des céréales

Chocs et aléas Paludisme Ravageurs des cultures Parasites des animaux Feux de brousse

Légende PT Préparation S Semailles D Désherbage R Récolte des terres

Marchés

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Les principales céréales achetées sur le marché sont le sorgho, le mil pénicillaire et le berbéré, qui proviennent en grande partie de la zone. Outre les marchés hebdomadaires locaux, il existe un certain nombre de grands marchés dans la zone pour la vente de céréales et de bétail. Le plus important, surtout pour le bétail, se trouve dans la capitale, N’Djamena, qui joue aussi un rôle important en libérant des stocks sur le marché lorsque les récoltes dans le pays sont réduites. Mongo est un important marché intermédiaire tant pour le bétail que pour les céréales.

Produits de base Routes commerciales importés Mil pénicillaire et Am Timan → Aboudeia → Mongo → Ati→ marchés locaux berbéré Am Timan → Aboudéa → Mongo→Bokoro→N’Djamena

Melfi→ Gama → Mongo → Ati → marchés locaux Millet Melfi→ Gama → Mongo → Mangalmé→ Oum Hadjer → marchés locaux Gama → Bokoro → marchés locaux Patate douce Mongo → Ati → marchés locaux Cultures vendues Flux commerciaux Sorgho et berbéré Principalement sur les marchés locaux Arachide, sésame, Abéché → N'Djamena→Nigeria niébé → Ati

Bétail vendu Flux commerciaux Bovins Mongo →Gama→ Dourbali → N'Djamena → Nigeria

Petits ruminants Mongo → Bitkine → Gama→ N'Djamena Volaille Mongo → N'Djamena Chameaux Mongo →Abéché → Biltine→ Libye/Soudan/Égypte Mongo →Abéché → Biltine→ Soudan → Égypte Goz Beida → Soudan →Égypte → N'Djamena

Répartition des groupes de richesse

La taille des ménages, les terres cultivées et la possession de bêtes augmentent toutes avec le statut du groupe de richesse. Mais dans cette zone, la richesse se définit largement par la possession de bétail : les plus pauvres de la population en ont très peu, tandis que les moyens et les mieux nantis investissent largement dans leurs troupeaux. Tant les ménages moyens que les mieux nantis possèdent des bêtes de trait qui leur permettent d'accroître les surfaces qu'ils peuvent cultiver, ainsi que les rendements agricoles. Les ânes sont courants et profitent aux ménages moyens et mieux nantis et leur créent une autre activité rémunératrice en servant de moyen de transport pour les personnes ou les produits agricoles. Parmi les petits ruminants, ce sont les chèvres qui sont détenues le plus souvent du fait de conditions défavorables auxquelles les moutons sont plus sensibles ; seule une paire de moutons est conservée par ménage pour les festivals et les grandes occasions. Les groupes de richesse les plus pauvres sont très limités par leur manque de bras actifs dans le ménage. Et les ménages qui comptent davantage de bras actifs (par opposition aux jeunes enfants seulement) tendent à mieux se débrouiller. En règle générale, le nombre d'épouses et d'enfants augmente avec la richesse : une épouse pour un homme pauvre et entre deux et quatre épouses pour un homme mieux nantis. De plus, les ménages plus aisés ont les moyens d'employer des pauvres pour travailler pour leur compte ; compte tenu des caprices du climat et du manque d'intrants agricoles, et du besoin d'une certaine garantie de revenu, les ménages plus pauvres tendent à sacrifier le travail optimal de leurs propres terres en faveur de la rémunération en liquide ou en nature tirée du travail.

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Groupe Pourcentage Pourcentage Taille des Terre Possession d'actifs productifs typique de de la des ménages cultivée richesse population ménages Petits Bœufs ha Poulets Bovins Ânes Autre ruminants d’attelage Très 14 % 26 % 4‐6 0 ‐ 0,5 2‐3 0 0 0 0 0 pauvres Pauvres 38 % 40 % 7‐8 1 ‐ 1,5 5‐6 2‐5 0‐1 0 0‐1 0 Moyens 38 % 28 % 10‐12 2 ‐ 3 9‐15 6‐9 5‐10 2 1‐2 0‐1 charrue Mieux 10 % 6 % 12‐15 3,5 – 6 12‐15 20‐34 17‐30 2‐4 1‐3 0‐1 cheval nantis 1‐2 charrues 1‐2 charrettes

Comme la répartition le montre, cette zone est largement divisée en deux populations : les plus pauvres qui dépendent principalement de la production de céréales pour vivre, en moissonnant leurs propres cultures ou en travaillant pour les moyens et les mieux nantis, et les plus riches (ménages moyens et mieux nantis) qui sont des agriculteurs‐éleveurs et investissent dans leurs terres ainsi que dans leurs troupeaux. Par comparaison avec la zone céréalière sud‐centrale (Zone 3), qui partage des modèles de moyen d'existence très similaires, les troupeaux des groupes plus aisés de cette zone sont approximativement trois fois plus grands que ceux de la zone 3, mettant en lumière la dépendance à l'égard du bétail. Ceci dépasse généralement les moyens des plus pauvres qui sont au contraire obligés d'emprunter de la nourriture ou de l'argent auprès des plus aisés pour subvenir à leurs besoins vers la fin de l'année avant la récolte. Aussi les pauvres dépendent des plus aisés en termes d'assistance pour les festivals et autres obligations sociales.

Sources de nourriture

Sources de nourriture Les sources de nourriture de chaque groupe 100% de richesse montrent clairement les liens entre la richesse, les surfaces cultivées et les 90% lait 80% contraintes de temps et de main‐d'œuvre.

70% emprunts Les groupes les plus pauvres ne peuvent satisfaire qu'un minimum de leurs besoins 60% cueillette alimentaires avec leurs propres récoltes (ils 50% ne sont moins qu’à moitié autosuffisants que 40% paiment en nature leurs voisins du sud) et sont largement 30% achats tributaires de la nourriture provenant 20% d'autres activités comme le travail pour les 10% propre recolte autres et le ramassage de nourritures 0% sauvages. Ces paiements en nature, les Très pauvres Pauvres Moyens Mieux nantis achats en argent et les nourritures sauvages représentent entre soixante‐cinq et quatre‐ vingt‐cinq pour cent de leurs sources de nourriture. Les ménages moyens et mieux nantis sont capables de satisfaire deux tiers à trois quarts de leurs besoins alimentaires avec leurs propres récoltes. Outre les montants versés par les deux groupes de richesse supérieurs aux groupes les plus bas sous forme de paiements en grain, ces quantités montrent la valeur de l'agriculture pour les ménages moyens et mieux nantis. Les nourritures sauvages récoltées par les plus pauvres sont principalement des céréales, comme le fonio, appelé localement « krep » ainsi que le jujube. Même pour les ménages moyens et mieux nantis, la consommation de lait et de viande se limite à une modeste quantité de moins de quatre pour cent des besoins caloriques annuels.

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Sources de revenus

Le revenu est largement divisé entre les deux groupes de richesse les plus aisés et les deux groupes les plus pauvres. Les ménages moyens et mieux nantis vivent des ventes d'animaux et de récoltes. Les très pauvres et les pauvres travaillent et vivent du revenu des ventes d'animaux. Les groupes plus pauvres tirent à peu près un tiers de leur revenu du travail pour les autres, qui inclut le travail agricole et la 100% Sources de revenu vente prod. maraichage fabrication de briques, tandis que plus credit 90% transferts des deux tiers proviennent de l'activité 80% vente cereales non salariée ; notamment la vente de peche 70% produits sauvages, comme le krep ou travail constuction fonio, le ramassage et la vente de bois de 60% vente lait et prod. Laitiers chauffe, la vente de nattes de paille et les 50% vente betail petit commerce envois d’argent des parents migrant une 40% petits ruminants partie de l'année. Les pauvres tirent à 30% location equipement peine un sixième de leur revenu de artisanat 20% petites activités agricoles, comme la vente des cultures de rente 10% vente de légumes potagers, d'œufs, de vente bois/paille 0% vente prod. cueillette volaille et de petits ruminants. À l'inverse, travail agricole le revenu des ménages mieux nantis et Très pauvres Pauvres Moyens Mieux nantis moyens provient pour les deux tiers environ de l'agriculture, notamment la vente d'animaux, de céréales, de cultures ou de légumes potagers. Le commerce, à grande ou à petite échelle, est important pour les deux groupes de richesse supérieurs, ainsi que les possibilités d'utiliser leurs actifs, comme le transport de personnes et de produits agricoles et la location de matériel agricole. Malgré de grands troupeaux de bétail, les ventes de lait ne sont pas importantes pour les mieux nantis qui le réservent pour leur propre consommation ; seuls les ménages moyens réalisent un petit profit sur les ventes de lait.

Principaux cycles des nourritures, revenus et dépenses des pauvres

Jan. Févr. Mars Avr. Mai Juin Juill. Août Sept. Oct. Nov. Déc.

Aliments de base et sources* Mil pénicil. et sorgho** AM PN AM PN AM PP Berbéré PP AM AM Niébé AM PP AM Fonio sauvage (krep) ‐ ‐ ‐ ‐ ‐ ‐ ‐ ‐ ‐ PP

Principales sources de revenus Fabrication de briques Travail agricole Vente nourr. sauvages Ventes bois de chauffe

Principales dépenses saisonnières Frais scolaires Fêtes et festivals

Légende PP Propre production AM Achats du marché PN Paiement en nature *Les sources énumérées par mois sont les principales sources de nourriture. **Les mois de paiement en nature sont révélateurs dans la mesure où les paiements en nature représentent à peu près deux mois de nourriture et sont répartis tout au long de la saison agricole.

Comme dans d'autres zones, les pauvres de la zone agropastorale sont largement tributaires du marché, car ils ne sont en mesure de satisfaire la majorité de leurs besoins alimentaires par leur propre production que pendant

48 environ deux mois de l'année. Une longue période s'étend d'avril à octobre où la majorité de leur revenu pour acheter de la nourriture provient du travail agricole, dont une partie est payée en grain.

Chocs et aléas

Le bétail et les cultures sont d'une telle Classements des chocs historiques importance pour les moyens d'existence dans Excellente cette zone qu'il existe une longue liste de chocs et d'aléas susceptibles d'avoir des effets désastreux Bon sur les sources de nourriture des ménages, leur Acceptable revenu et leurs actifs. Les récentes années se sont révélées raisonnablement bonnes, mise à part Mauvaise une mauvaise année en 2009, qui a été suivie par une excellente année qui a permis aux ménages Très Mauvaise de se remettre de leurs pertes. Les échecs de 2009 étaient dus à une mauvaise pluviosité qu'ont 2006 2007 2008 2009 2010 suivie des attaques d'oiseaux sur ce qui restait des récoltes.

Aléas chroniques/fréquents : La mauvaise pluviosité, parfois très localisée, parfois plus étendue, touche les pâturages locaux d'année en année. Elle touche aussi les pâturages pour le bétail et la disponibilité de l'eau. Outre un déficit de pluies, les épizooties sont la menace principale contre les moyens d'existence de la population. En particulier, la trypanosomiase affecte les animaux chaque année. À petite échelle, les ravageurs des cultures, comme les oiseaux ou les insectes foreurs, sont un problème fréquent.

Aléas périodiques : D'autres épizooties, comme le charbon bactéridien, frappent environ tous les trois ans. Tous les trois ans, les pluies sont insuffisantes pour une bonne croissance des cultures dans le sud de la zone, soit parce que la pluviosité est insuffisante tout au long de l'année ou parce que le régime des pluies ne favorise pas une bonne croissance des plantes. Dans une zone où les précipitations sont déjà minimales, si la pluviosité est légèrement inférieure à la normale, ceci peut avoir des conséquences graves sur la récolte. Entre une et trois années sur dix, une infestation de ravageurs détruit la récolte.

Stratégies d'adaptation

Quand leurs moyens d'existence subissent la pression des aléas mentionnés ci‐dessus, les ménages augmentent leurs activités secondaires ou élaborent de nouvelles stratégies. S'il n'y a pas assez de nourriture pour leurs bêtes, ils achètent de la paille et des balles de céréales. Certains ménages peuvent envoyer un ou deux de leurs membres en migration pour trouver des pâturages. Ou si nécessaire, que ce soit pour de l'argent ou pour éviter de se retrouver avec des animaux morts, les ménages réduisent la taille de leur cheptel en vendant les animaux les plus petits, mais dans ces périodes, les prix du bétail baissent brutalement. Pour gagner de l'argent afin d'acheter des céréales, les ménages peuvent aussi vendre davantage de bois de chauffe, de charbon de bois, de nattes et de clôtures. Finalement, ils se tournent vers les « aliments de famine », récoltant des céréales sauvages (krep) et excavant les fourmilières pour récupérer le grain qui s'y trouve entreposé. Les mesures extrêmes incluent des ménages entiers quittant la zone à la recherche soit de pâturages soit de nourriture et de travail, ou bien les deux.

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Indicateurs d'alerte rapide

Le tableau suivant montre les principaux indicateurs d'alerte rapide de la sécurité alimentaire qui doivent être suivis aux moments clés de l'année.

Impacts potentiels sur la Saison Mois Indicateurs sécurité alimentaire des ménages Janv. Févr. Mars Sèche Avril Feux de brousse Réduction des rendements agricoles ; Mai mouvement forcé des animaux et de ménages Pluviosité irrégulière, tardive ou réduite Réduction des rendements agricoles ; perte de revenu et de bétail ; la saison sèche de l'année suivante sera plus dure pour les bêtes du fait de la réduction des pâturages et de la disponibilité de l'eau ; les ménages Juin peuvent devoir migrer dès le mois de mars Juillet Inondations Perte ou réduction des rendements agricoles

Humide Août Parasites du bétail, charbon bactéridien, charbon Affaiblissement ou perte du bétail : baisse du symptomatique, pasteurellose, piroplasmose revenu ; réduction de la production de lait et perte en protéine et en revenu Foreur des tiges, criquets Baisse du rendement Maladie de Newcastle Réduction du nombre de volailles possédée, perte de revenu Sept. Oiseaux mangeant les cultures Récolte réduite, perte de revenu Oct. Nov. Maladie de Newcastle Réduction du nombre de volailles possédée, Sèche Déc. perte de revenu

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Profils des moyens d'existence rapides pour le Tchad

Zone 6 : est céréales pluviales et maraîchage

Description de la zone

Cette zone couvre totalement ou en partie les départements (à compter de 2009) de Ouara, Assoungha, Abdi, Biltine, Dar Tama, Kobe Sud, Djourf Al Ahmar, Kimiti Nord. La région n'est pas normalement exposée à un risque sérieux d'insécurité alimentaire, mais ce n'est pas dire qu'elle est sans problèmes d'approvisionnement alimentaire. En fait, la zone accuse un certain déficit alimentaire deux années sur trois. Ceci reflète la performance des pluies, avec de plus grands problèmes de début tardif et de distribution inégale des pluies vers le nord de la zone où les précipitations annuelles moyennes tombent à 300 mm, près du seuil minimal pour les céréales, les légumineuses à graines ou les oléagineux, par rapport au sud où les précipitations montent jusqu'à 800 mm. Les ravageurs des cultures ont des conséquences néfastes. Mais l'approvisionnement alimentaire local est aussi affecté, parce qu'une bonne partie des céréales est vendue au nord, dans la zone de transhumance et celle des cultures oasiennes, élevage camelin et exploitation de natron. Dans ces deux zones structurellement déficitaires, la forte demande entretient un prix élevé qui draine une bonne partie de céréales locales en direction du Nord. Par ailleurs, la présence depuis 2003 de réfugiés de la région voisine du Darfour au Soudan, ainsi que celle, depuis 2007, de Tchadiens déplacés à l'intérieur de leur propre pays ont suffi à accroître la densité de population, à contribuer au surpâturage et à la dégradation environnementale et à renchérir le coût de la vie. Malgré tout cela, la combinaison de culture céréalière pluviale et de contre‐saison parvient généralement à satisfaire les besoins locaux de manière raisonnable. Et un second type de production de saison humide et de contre‐saison renforce indirectement la sécurité alimentaire : les ventes de produits potagers sont un important soutien au budget consacré à l'achat d'aliments de base de nombreux ménages, et le revenu tiré du travail rémunéré dans les potagers soutient les achats de nourriture de nombreux autres.

La zone se caractérise par une écologie sahélienne à soudano‐sahélienne, avec une végétation de type steppe au nord, des broussailles au centre et une couverture plus boisée et herbeuse vers le sud. On y trouve de la gomme arabique, qui pourrait être mieux exploitée, et du gibier. Mais sa caractéristique la plus importante est topographique : les montagnes, surtout dans la partie centrale‐orientale, alimentent en eau les vastes régions de plaines par le biais de nombreux cours d'eau saisonniers (les wadis), qui offrent la possibilité d'une importante culture de contre‐saison irriguée, ainsi que simplement l'humidité résiduelle du sol au fond des wadis après que l'eau en surface s'est évaporée. Ici, le sol est chargé de limon ou au moins sableux‐argileux et relativement fertile ; ailleurs que dans les plaines et sur les dunes, le sol est sableux et n'est que modérément fertile. Autour des montagnes et des collines à l'ouest, les sols sont souvent trop pierreux pour être adaptés aux cultures.

Les principales cultures pluviales sont le mil pénicillaire, le sorgho, le niébé, l'arachide, le sésame, la pastèque et le gombo. Les cultures maraîchères de contre‐saison sont l'ail, l'oignon, la tomate, le gombo et les légumes‐feuilles. Le maïs et le berbéré, pluviaux et repiqués, sont des céréales mineures ; la fèverole, le pois chiche et le voandzou sont des légumineuses secondaires. On trouve aussi une petite production de tubercules, de patate douce, de pomme de terre et de manioc. Les arbres domestiqués fournissent des mangues, des agrumes, des goyaves et des bananes ; on y récolte aussi des nourritures sauvages : jujube, tamarin, savonnier.

La possession de bétail est essentiellement de type sédentaire, bien que la zone fournisse un important point de passage pour les troupeaux de la zone de transhumance au nord qui sont menés vers les pâturages au sud. Ceci favorise les échanges commerciaux entre les éleveurs et les fermiers locaux, mais des différends surviennent parfois aussi du fait des dommages aux cultures causés par les troupeaux transhumants. La longue frontière avec le Soudan donne l'avantage du commerce transfrontalier, bien que celui‐ci connaisse des hauts et des bas du fait des événements politiques

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Calendrier saisonnier

Jan. Févr. Mars Avril Mai Juin Juill. Août Sept. Oct. Nov. Déc.

Saisons Saison humide (Abéché) Saison sèche Période de soudure

Principales activités de subsistance Mil pénicillaire, sorgho, arach. PT S D R Production maraîch. pluviale* S D R Prod. maraîch. contre‐saison PT D R PT

Autres activités et événements Travail agricole Migration professionnelle Fabrication de briques Location de transport Petit commerce Pic des prix des céréales

Chocs et aléas Maladies du bétail Feux de brousse Irrég./insuff. pluies/inond. Oiseaux mangeant les cultures

Légende PT Préparation des S Semailles D Désherbage R Récolte terres *Surtout le gombo et la pastèque **Surtout l'oignon, l'ail, la tomate et le gombo

La saison humide montrée ici est celle du nord ; vers le sud, la saison des pluies principales est plus longue, avec davantage de fortes précipitations en juin et en septembre. La récolte céréalière vient de la culture de la saison humide ; mais c'est le maraîchage de contre‐saison qui offre le principal travail agricole rémunéré, et bien que ce soit aussi la saison de la migration professionnelle, il s'agit d'une option très secondaire. Le maraîchage de contre‐ saison soutient aussi le principal service de transport, les personnes sans charrettes payant pour faire transporter leurs légumes périssables au marché. Encore une fois, il s'agit de la principale saison pour le petit commerce ; et tous ces facteurs soulignent la grande importance de la production de contre‐saison dans l'économie, qui fournit effectivement une récolte marchande après la moisson des céréales de base. Néanmoins, les prix des céréales atteignant normalement leur maximum en juillet et août, les ménages plus pauvres sont toujours confrontés à une période de soudure qui menace se transformer en véritable famine dans les mauvaises années.

Marchés

Le flux de grain et d'arachide vers le nord est clair : c'est la région de production la plus proche des départements du nord. L'arachide, principale culture de rente, trouve également un marché transfrontalier au Soudan, et une partie de la production part aussi pour N'Djamena. Mais N'Djamena est de loin le plus gros client pour certains produits de la zone qui sont le principal moteur de l'économie : les légumes. Compte tenu de la longue route et du risque de retards au marché, les légumes les plus périssables : la tomate et le gombo frais et certains types de légumes‐feuilles, ne peuvent généralement viser la capitale, contrairement aux légumes plus durables, surtout l'ail et l'oignon, qui, comme tous ingrédients de base de la plupart des sauces, sont très demandés et ont donc une valeur élevée. Concernant le bétail, les bovins ont la plus grande valeur marchande, et encore une fois, ce commerce vise largement N'Djamena et sa demande croissante en viande, tout comme le commerce de petit bétail. La zone bénéficie également des profits dérivés des marchés de collecte où se traient les animaux achetés

52 ailleurs : les moutons traversent la frontière en chemin vers le marché de la capitale et une partie des chameaux vendus provient des éleveurs transhumants au nord.

Principaux produits Flux commerciaux vendus Mil pénicillaire/sorgho Dogdore → Gozbeida → Abéché → Bitine → BET Abdi → Abéché → Bitine → BET Birtawil → Abéché → Bitine → BET Arachide Amdam → Abéché → Bitine → BET Abéché → Bitine → BET Adre → Abéché → Bitine → BET Dogdore → Soudan Adre → Soudan Abéché → N’Djamena Ail/oignon Marchés locaux (Marchout, Chokoyan, Mourra, Amzoer‐Abdi) → Abéché →Mongo →N’Djamena Principaux produits de Flux commerciaux base importés Riz N’Djamena → Abéché → marchés locaux Libye → Abéché → marchés locaux Berbéré Am Timan → Mongo → Abéché → marchés locaux Bétail vendu Flux commerciaux Bovins Marchés locaux → marchés de collecte (par ex., Magrane, Abkhouta, Tcharaw, Biere, Abéché) → Ndjamena Marchés locaux → marchés de collecte (par ex., Guereda, Amzoer) → Abéché → N’Djamena Chèvres/moutons Marchés du nord‐ouest du Soudan → Iriba → N’Djamena (moutons) Guereda → Abéché → N’Djamena (chèvres)

Chameaux Abéché → Biltine → Kalait → Libye

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Répartition des groupes de richesse

Chose courante dans les économies rurales ayant une culture de rente principale (dans ce cas surtout des cultures maraîchères), on constate une grande dissymétrie de la richesse en terres et bétail en faveur des mieux nantis ; ici, ils cultivent environ cinquante pour cent plus de terres que les ménages moyens par habitant et possèdent près de trois fois plus de têtes de bétail par habitant. Cela dit, ils ont un intérêt limité pour le petit bétail ; mais pour le groupe moyen, c'est le petit bétail, avec une légère prépondérance des ovins, qui constitue leur intérêt principal pour le cheptel et qui aide à relever leur revenu au dessus des groupes plus pauvres. Les groupes plus pauvres sont effectivement pauvres, possédant peu de bétail, mais aussi peu de terres, et donc, en particulier, peu de terres de wadi sur lesquelles sont produites les cultures maraîchères de contre‐saison de valeur élevée. Mais ce qui est peut‐ être le plus frappant est que la très grande majorité de la population appartient aux deux groupes les plus aisés, dont, chose exceptionnelle, un quart appartient aux ménages mieux nantis, par opposition au chiffre exceptionnellement bas de cinq pour cent dans le groupe très pauvre, ce qui indique clairement que, dans l'ensemble, il s'agit d'une région riche en termes de ruraux tchadiens.

Groupe Pourcentage Pourcentage Taille Terre de de la des ménages des Possession d'actifs productifs typique cultivée richesse population ménages Petits ha Poulets Bovins Bœufs Ânes Autre ruminants Très 5 % 10 4‐5 0,5‐1 5‐7 1‐2* 0 0 0 0 pauvres Pauvres 27 % 35 6‐7 2‐2,5 10‐15 4‐5 1‐2* 0 0‐1 0 0‐1 cheval ; 0‐ 1 Moyens 44 % 40 9‐10 4‐5 8‐10 20‐25 6‐7 2 2‐3 charrue ; 0‐1 charrette 1‐2 Mieux charrues ; 24 % 15 12‐15 8‐10 5‐7 10‐15 25‐30 2 3‐4 nantis 1‐2 charrettes *Il s'agit d'animaux prêtés, généralement par des parents mieux nantis. L'arrangement peut inclure non seulement l'utilisation du lait des animaux, mais pour les chèvres, la possession d'une partie de la progéniture, par ex., un chevreau né à terme sur deux. Toutefois, les problèmes financiers forcent la vente précoce du peu de bétail que les très pauvres peuvent posséder, si bien qu'ils ne peuvent généralement pas se constituer de cheptel.

Sources de nourriture

Sources de nourriture Les cultures vivrières sont essentiellement les céréales pluviales et le niébé non commercialisé 100% lait non cultivés sur des terres de wadis, qui 90% constituent la plus grande part des terres 80% zakat cultivées. La forte dépendance des très pauvres à 70% emprunts l'égard du marché et des paiements en nature 60% pour leurs aliments de base les rend 50% cueillette particulièrement vulnérables aux hausses de prix 40% paiment en alimentaires d'une part, ou, d'autre part, à toute 30% nature baisse de la demande de main‐d'œuvre, par ex., 20% achats dans une année de mauvaise production, voire 10% propre s'ils sont concurrencés par des personnes 0% recolte déplacées ou des réfugiés cherchant du travail. Le Très pauvres Pauvres Moyens Mieux nantis zakat est une obligation coranique de faire

54 l'aumône d'un pourcentage du revenu annuel (que ce soit en argent ou en nature). Les pauvres se distinguent dans une certaine mesure des très pauvres en produisant un pourcentage plus respectable des aliments de base qu'ils consomment. Mais ils ont eux aussi du mal à joindre les deux bouts et comme la collecte de nourritures sauvages ne peut combler tout le déficit, ils se trouvent pris dans un cycle où ils « empruntent » de la nourriture aux parents, voisins ou négociants plus aisés pendant la période de soudure qu'ils doivent ensuite rembourser dès qu'ils ont rentré leurs récoltes. En revanche, les ménages plus aisés sont pratiquement autosuffisants. Les ménages plus aisés vendent plus que leurs excédents de mil pénicillaire et de sorgho et achètent par préférence du riz, plus cher, qui arrive sur le marché de N'Djamena et de Libye. Les ménages moyens produisent plus de soixante‐dix pour cent des aliments de base qu'ils consomment, mais se concentrent aussi sur les cultures maraîchères qui sont d'un bon rapport et fournissent un revenu leur permettant d'acheter sur le marché les aliments de base dont ils ont besoin. La consommation importante de lait par les ménages plus aisés atteste de leur possession de bétail et contribue de manière non négligeable à la qualité de leur alimentation.

Sources de revenus

Les très pauvres ne tirent aucun revenu important de la vente de leurs cultures maraîchères, ce qui montre que sur le peu de terres qu'ils cultivent, pratiquement aucunes ne sont des terres de wadis sur lesquelles ils pourraient faire pousser des légumes pour la vente. S'ils tirent environ dix pour cent de leur revenu des céréales, ce n'est pas d’excédents — le reste de SourcesSources de de revenus revenus Transferts leur récolte représentant Transferts Vente cereales quinze pour cent de leur 100% 100% Vente cereales 90% 90% Travail constuction consommation d'aliments de Travail constuction 80% 80% Vente lait et prod. laitiers base —, mais parce qu'ils ont Vente lait et prod. laitiers 70% 70% Vente betail des besoins d'argent très Vente betail 60% 60% pressants. Cela signifie qu'ils Petit commerce 50% 50% Petit commerce commencent à acheter du Location equipement 40% 40% Location equipement grain d'autant plut tôt. Mais Artisanat ils subviennent à leurs 30% 30% Artisanat 20% Vente des cultures de rente besoins principalement par le 20% Vente des cultures de rente 10% 10% Vente bois/paille travail qui est soit rémunéré Vente bois/paille 0% 0% Vente prod. cueillette directement (travail Vente prod. cueillette Très pauvres Pauvres Moyens Mieux nantis rémunéré divisé à parts Très pauvres Pauvres Moyens Mieux nantis Travail agricole Travail agricole égales entre le travail agricole et travail sur des chantiers de construction en ville) soit indirectement sous forme de produit de la vente d'herbes coupées ou de paille pour le fourrage et d'objets artisanaux comme des nattes ou des clôtures également réalisées à partir d'herbes et de résidus de récolte. Ils sont donc largement tributaires des ménages plus aisés, aussi bien employeurs que clients pour le bois de chauffe, etc. qui n'est pas vendu aux citadins. Ils ont de la chance d'une certaine façon en ce sens que les plus riches sont la majorité de la zone et fournissent donc une vaste clientèle rurale. Toutefois, ils peuvent se trouver souvent confrontés à la concurrence de réfugiés et de personnes déplacées qui guettent le même travail rémunéré.

Les ménages pauvres présentent une image nettement différente. Ils vendent bien des produits, dont la plus grande partie est constituée de cultures maraîchères. Ils dépendent beaucoup moins des ventes de bois de chauffe, etc. que les très pauvres et ont, en fait, le capital nécessaire pour pratiquer le petit commerce de manière limitée. Mais ils représentent une partie bien plus grande de la main‐d'œuvre agricole rémunérée que les très pauvres, compte tenu du fait que leurs ménages sont plus nombreux et de plus grande taille, avec donc davantage de bras valides. Néanmoins, ils dépendent énormément des envois d’argent de parents résidant et travaillant dans les villes ou rarement à l'étranger, et ceci rappelle leur dépendance à l'égard de la nourriture « à crédit » pour passer l'année, une partie de ce crédit étant sans aucun doute remboursée avec ces envois d’argent. Ainsi, bien que relativement plus aisés que les très pauvres, ils sont loin d'être financièrement à l'aise. Le revenu des plus riches s'appuie sur le bétail, ce qui est peut‐être surprenant compte tenu de l'importance du maraîchage. La location de charrettes et de charrues par les ménages moyens est quelque peu surestimée, mais elle reflète

55 l'importance du transport immédiat pour les légumes frais, comme on l'a indiqué plus haut. Les charrettes à bœufs peuvent être prêtées aux fermiers plus pauvres qui gagnent alors de l'argent en les louant, en partageant le bénéfice avec les propriétaires des dites charrettes.

Principaux cycles des nourritures, revenus et dépenses des pauvres

La disponibilité du travail agricole rémunéré tout au long de l'année est d'une importance particulière ici, compte tenu du fait qu'il constitue trente pour cent du revenu des ménages pauvres. Dans un système de cultures pluviales et d'importantes cultures de contre‐saison en wadis, l'activité agricole a lieu tous les mois, comme le montre le calendrier saisonnier. Cette répartition du travail agricole doit contribuer à atténuer dans une certaine mesure la période de soudure.

Jan. Févr. Mars Avr. Mai Juin Juill. Août Sept. Oct. Nov. Déc.

Aliments de base et sources* Sorgho PP AM PN PP Mil pénicillaire PP AM PN PP Riz AM

Principales sources de revenus Ventes de bois Travail agricole Travaux de construction Ventes de prod. agri

Principales dépenses saisonnières Travail coll. plantations Cérémonies sociales

Légende PP Propre production AM Achats du marché PN Paiement en nature *Les sources énumérées par mois sont les principales sources de nourriture

Chocs et aléas

Le tableau montre la performance de la Classements des chocs historiques production agricole et des pâturages pour cinq Excellente ans jusqu'aux pluies de 2010, qui ont été exceptionnellement bonnes et bien distribuées Bon sur toute la saison. L'année précédente par Acceptable contraste a été exceptionnellement mauvaise, avec des pluies très irrégulières et en particulier, Mauvaise une perte des cultures pluviales. Les trois années précédentes avaient eu des pluies Très Mauvaise satisfaisantes et un bon rendement de la production. L'image est celle d'un équilibre 2006 2007 2008 2009 2010 sahélien typique entre années moyennes, mauvaises et favorables. Ceci produit un système viable sur le moyen‐long terme, mais dans lequel pèse toujours la menace de pertes graves de récoltes et de bétail une année qui sont alors compensées au cours des années suivantes. Les programmes de ventes de céréales à prix subventionnés atténuent une partie des problèmes d'achat de nourriture pendant les moments difficiles.

Aléas chroniques/fréquents : Quelques dommages dus aux ravageurs endémiques des cultures : attaques d'oiseaux sur le mil pénicillaire et le sorgho, criquets sur ces deux céréales et sur les cultures maraîchères et chenilles/foreurs des tiges/chenilles légionnaires sur toutes les cultures, y compris le niébé. Les épizooties typiques

56 sont la pasteurellose chez les bovins et les ovins, la péripneumonie chez les chèvres et la maladie de Newcastle chez les poulets et les pintades.

Aléas périodiques : Précipitations insuffisantes ou irrégulières une année sur trois. Autrement, augmentations périodiques majeures des aléas chroniques mentionnés ci‐dessus. Les troubles civils peuvent gravement nuire aux activités économiques et aux échanges.

Stratégies d'adaptation

Face aux déficits de production, pour les ménages plus aisés, le remède adéquat consiste à vendre davantage de bétail. Pour les pauvres, cette option est moins facile : ils possèdent bien quelques têtes de petit bétail, mais les vendre toutes ou en partie signifie une perte à long terme de l'actif liquidable le plus important. Et les très pauvres n'ont que des poulets à vendre. La collecte de nourritures sauvages supplémentaires est typique, mais a peu de chance de réellement combler ce déficit vivrier. Les seules autres possibilités consistent à essayer d'accroître le revenu provenant des activités génératrices de revenu habituelles, qu'il s'agisse du travail rémunéré ou des ventes de bois de chauffe, etc. Les pauvres peuvent demander davantage d'envois d’argent à leurs parents, mais il y a une limite aux quantités supplémentaires de nourriture qui leur seront accordées à titre de prêt par les ménages plus aisés qui sont eux‐mêmes confrontés à des difficultés ou par des négociants qui doutent de leur capacité à rembourser.

Indicateurs d'alerte rapide

Le tableau suivant montre les principaux indicateurs d'alerte rapide de la sécurité alimentaire qui doivent être suivis aux moments clés de l'année. Impacts potentiels sur la Saison Mois Indicateurs sécurité alimentaire des ménages Janv. Févr. Mars Sèche Avril Maladie de Newcastle Nette réduction du nombre de volailles ; Mai perte de revenu pour les plus pauvres Des pluies tardives ou irrégulières jusqu'à la mi‐juillet Surfaces cultivées réduites et récoltes retardent les semis ou exigent un réensemencement réduites Le début tardif des pluies en juillet prolonge gravement Affaiblissement ou perte du bétail ; baisse Juin la fin de la saison sèche : manque de pâturages et du revenu Juillet points d'eau à sec Août Pasteurellose et attaques de parasites contre le bétail Affaiblissement ou perte du bétail ; baisse du revenu Humide Août‐septembre : attaque de criquets sur les cultures Baisse des rendements

Août‐septembre : arrêt sérieux des pluies réduisant la Devant la perspective d'une récolte réduite, floraison des céréales les négociants conservent les derniers Sept. stocks, forte hausse des prix, graves Oct. difficultés pour les acheteurs plus pauvres Attaque d'oiseaux sur les cultures en maturation déjà dans la période de soudure Récolte réduite Maladie de Newcastle Nette réduction du nombre de volailles ; Pasteurellose sur le bétail perte de revenu pour les plus pauvres Nov. Sèche Prix des céréales après la moisson déjà à la hausse en Signe d'une année très dure à suivre pour Déc. novembre les ménages les plus pauvres

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Profils des moyens d'existence rapides pour le Tchad

Zone 7 : zone de transhumance

Description de la zone

Cette zone peut se caractériser comme étant chroniquement en situation d'insécurité alimentaire modérée du fait de la vulnérabilité de sa population à un certain nombre de chocs, notamment une pluviosité excessive, irrégulière ou insuffisante, des flambées des prix alimentaires ou des chutes des prix du bétail et des épizooties. Sèche et impropre à l'agriculture dans sa partie nord, cette zone héberge des éleveurs qui y retournent seulement pendant la courte saison de croissance du mil pénicillaire et dépendent largement des pâturages, de l'eau et des débouchés commerciaux dans les zones du sud. En tant qu'éleveurs, ils mènent une existence précaire, vulnérable aux chocs qui peuvent les déposséder d'une bonne partie de leur capital : leurs troupeaux.

« Transhumance » ici s'entend comme une migration de pasteurs sur de longues distances pendant la saison sèche. À l'occasion, seuls certains membres du ménage migrent, tandis que le reste demeure sur place, généralement dans des habitations fixes, avec quelques têtes de bétail, notamment des bêtes laitières. Ceci contraste avec le nomadisme pastoral plus au nord, où tout le ménage tend à se déplacer avec le bétail, que ce soit sur de courtes ou longues distances, avec des abris portatifs. On trouve dans la zone de transhumance toute la gamme du bétail courant : chameaux, bovins, moutons et chèvres. Cette zone d'origine, où les éleveurs commencent et terminent leur périple de pâturage annuel, est une région semi‐désertique qui s'étend de la frontière occidentale avec le Niger, traverse la frontière orientale avec le Soudan en englobant la partie centrale des régions de Bahr el Ghazal, Kanem et des parties de Batha‐Est, Ouest et Biltine. On estime la population à juste un peu moins de 500 000 habitants, comprenant plusieurs groupes ethniques : Dogorrda, Kreda, Kanembou, Fezzan Arabes, Arabes et Zaghawa. Le sol est à dominance sableuse, sauf dans les montagnes rocheuses à l'est, et la pluviosité moyenne annuelle varie entre 100 mm et 270 mm au sud. Ce dernier chiffre indique bien le potentiel limité pour la production agricole dans la zone. Il y a très peu de routes et, de manière générale, peu de développement. Cette zone compte aussi des ménages purement sédentaires, qui vivent aux côtés des ménages transhumants restés sur place. Outre le bétail, il est courant que les ménages essaient de produire quelques cultures là où ils le peuvent, des variétés résistantes de mil pénicillaire et le fonio graminiforme. En général, les conditions écologiques ne permettent que des récoltes très modestes sur quelques hectares de terre. Mais vers le sud, où les conditions sont plus favorables à l'agriculture, l'économie est en fait à mi‐chemin entre l'agropastoralisme et la transhumance.

Les principaux points de départ pour la migration du bétail sont Haraze‐Djombo, Arada, Djedda et Ziguey. Après que les pluies locales ont cessé et que l'herbe à disparu, les éleveurs de bétail partent en direction du sud vers Moyen Chari (dans la zone des cultures de rente). Ils passent neuf mois de l'année loin de chez eux, n'y retournant que juste après le début des pluies dans le Sud, pour commencer à travailler dans leurs modestes champs de mil pénicillaire. Pendant leur périple, les éleveurs gagnent du sucre et du thé en laissant leurs troupeaux passer quelques semaines dans les champs des agriculteurs pour que leur fumier fertilise le sol. Près des cours d'eau temporaires (les wadis), les ménages profitent du sol relativement humide pour pratiquer le maraîchage. De plus, les ménages plus aisés ont accès aux gisements de natron (carbonate naturel de sodium hydraté), utilisé comme bloc à lécher pour le bétail, qu'ils collectent pour le vendre ou emploient d'autres personnes pour le faire à leur place.

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Dans cette zone, les conditions pluviométriques et de l'eau souterraine limitent énormément les rendements des cultures. Néanmoins, les céréales, achetées sur le marché, constituent l'essentiel du régime alimentaire. L'argent nécessaire à l’achat des aliments, ainsi que le lait qui est une partie secondaire, mais importante de leur régime alimentaire provient du bétail, base de l'économie dans la zone. La taille limitée des pâturages locaux signifie que pendant de longues périodes de l'année, la majorité du ménage est partie, accompagnant les bêtes vers le sud pour rechercher des pâturages et pour gagner de l'argent par le commerce et la location de moyens de transport. Les itinéraires qu'ils suivent, établis de longue date et transmis de génération en génération, les mettent en contact avec des relations sociales et commerciales qui leur offrent des affaires et des possibilités de soutien réciproque (par ex., conduire aux pâturages les animaux des fermiers sédentaires en échange du lait ou de leur utilisation comme moyen de transport à louer) dans leur voyage vers le sud, Ils rentrent à temps pour éviter les inondations et les mouches tsétsés plus au sud et pour s'occuper de leurs petites récoltes chez eux. L'économie monétaire est relativement sous‐développée et les plus pauvres sont surtout payés pour le travail qu'ils accomplissent sous la forme de céréales ou d'un animal qui vient compléter leurs petits troupeaux. En somme, compte tenu des pâturages locaux limités et uniquement saisonniers, la sécurité alimentaire de la population de cette vaste zone dépend largement des autres zones pour l'utilisation des pâturages, la vente du bétail et l'achat de grain. C'est de cette façon que la population est en mesure d'habiter cette zone et de survivre même dans les années particulièrement difficiles.

Calendrier saisonnier

Janv. Févr. Mars Avril Mai Juin Juill. Août Sept. Oct. Nov. Déc.

Saisons Saison humide Saison sèche Période de soudure Cycles de transhumance Au sud Mouvement au nord Chez eux au nord Mouvement vers le sud

Princip. activités de subsistance Mil pénicillaire PT S D R Ramassage nourr. Sauv. Prod. lait de vache Pic des ventes de bétail

Autres activités et événements Commerce Récolte gomme arabique Prod. de lait de chameau Achat de vaccin Pic des prix des céréales

Chocs et aléas Paludisme Parasites du bétail Maladies du bétail Feux de brousse Inond. entravant la migr. Légende PT Préparation S Semailles D Désherbage R Récolte des terres

L'année économique de cette zone tourne autour des mouvements migratoires du bétail. La migration vers le sud est généralement un processus lent qui dure cinq mois jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent dans les pâturages du Moyen Chari. En chemin vers le sud, il leur est possible d'obtenir de l'argent et des céréales en vendant du petit bétail et du lait ou en louant leurs chameaux pour transporter la moisson de céréales au marché. Avec le début des pluies, vers le mois de juin, ils rentrent chez eux pour éviter les mouches tsétsés et les moustiques. Cette migration est plus rapide que la migration du sud du fait que certaines routes sont sujettes aux inondations qui peuvent bloquer la route du retour et rendre le voyage de retour extrêmement difficile. Seule une partie du ménage migre, tandis

59 que les autres membres concentrent leurs efforts sur l'agriculture et les soins de quelques bêtes conservées près du logis comme réserve d'argent. Au début des pluies, la population prépare les champs et parque leurs animaux pour le fumier avant de semer le mil pénicillaire. Ce travail inclut le creusement de rigoles avec des houes locales pour attraper les larves de locustes. Pendant les pluies, les graminées sauvages poussent, comme le fonio et le riz sauvage, qui sont récoltées pour être mangées en novembre et décembre.

La période de soudure de cette zone est différente de celle des principales régions agricoles du fait qu'elle est liée à un manque d'eau pour les animaux et à de mauvais pâturages. Les ventes de bétail battent leur plein pendant et après les pluies lorsque les bêtes sont habituellement les plus grasses grâce aux pâturages. L'argent provenant de ces ventes aide à financer l'achat de céréales avant de recommencer leur odyssée vers le sud, aux environs du mois d'octobre. Le pic des ventes d'animaux coïncide également avec une période de fortes dépenses, surtout l'achat de vaccins et des trypanocides pour les animaux et de céréales à des prix plus élevés pendant la période de soudure et l'approvisionnement en grain avant le départ vers le sud.

Marchés

Les principaux produits de base vendus par la population de la zone sont le bétail, le natron et la gomme arabique, bien que cette dernière soit récoltée par les transhumants lorsqu'ils font paître leurs bêtes dans les zones du sud. Ils vendent très peu de céréales du fait que les quantités cultivées sont minimales. Les principales céréales achetées sont le mil pénicillaire, le sorgho, le berbéré et le maïs (cultivé près du lac Tchad). Les grands marchés de bétail tendent à se situer à l'extérieur de la zone, les plus importants d'entre eux étant Bitkine, Oum‐Hadjer, N'Djamena et Gama. On compte quatre marchés de bétail dans la zone, à Ngouri, Moussoro, Djedda, et Ati. L'accès au marché dans la zone est raisonnable pour la majeure partie de l'année, mais peut être difficile pendant les pluies, lorsque le fort courant des cours d'eau rend impossible la traversée des principaux points de passage parfois en juillet et août.

Produits importés dans la zone pour la vente et la consommation à l'intérieur de la zone

Produits de base Flux commerciaux importés Mil pénicillaire et sorgho Am Timan → Mongo → Ati → Djedda → marchés locaux Am Timan → Mongo → Bitkine →Bokoro → marchés locaux

Gamma → Ati → Jeddah → marchés locaux Mongo → Bitkine → Bokoro → Masakory → Mao → marchés locaux Gama→ Bokoro→ Moussoro Maïs Bol → Mao→ Moussoro Bol → vers l'est (un peu) Bétail vendu Flux commerciaux Bétail et petit bétail Nord (Konjourou ou Jeddah) → Ati → Massaguet → N’djamena → Masakor → Bol Chameaux Sud→ Ati → Kalaid → Libye Ati → Libye directement Chevaux marchés locaux → Ati → Massaguet → N’djamena → Nigeria → Massakori → Bol → Nigeria → Abéché → Soudan (commerce limité) Ânes Marchés locaux → Ati → N’djamena → Nigeria

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Répartition des richesses

Groupe Pourcentage Pourcentage Taille des Terre de de la des ménages Possession d'actifs productifs typique ménages cultivée richesse population Petits ha Poulets Bovins Chameaux Ânes Autre ruminants Très 0,25 ‐ quelqu 17 % 27 % 5‐6 5‐10 2‐5 0 0‐1 ‐ pauvres 0,50 es‐uns quelqu 0‐1 Pauvres 22 % 28 % 6‐7 0,5 – 1 15‐20 5‐10 0 1‐2 es‐uns cheval 1‐2 quelqu Moyens 41 % 39 % 8‐9 1 ‐ 2 40‐50 30‐80 20‐30 3‐5 chevaux, es‐uns 1 houe 2‐3 Mieux quelqu chevaux, 20 % 16 % 10‐12 3‐5 100+ 100+ 50+ 5+ nantis es‐uns 1 charrue

La possession de bétail est un facteur absolument déterminant de richesse, même si les ménages plus aisés tendent aussi à cultiver davantage de surfaces lorsque les conditions le justifient. Les ménages plus pauvres sont limités par la petite taille de leur cheptel et leur statut social et doivent s'appuyer sur le travail pour les autres et la récolte de produits sauvages et la fabrication de nattes pour subvenir à leurs besoins. Ils fournissent une main‐ d'œuvre importante aux ménages plus aisés qui les emploient pour s'occuper de leur bétail contre le paiement d'une génisse par an, des droits de traite, ou pour récolter le natron ou aider avec le travail agricole. Mais leur aptitude à cela est définie et limitée par leur capacité de travail et la petite taille des ménages.

Sources de nourriture

Dans cette zone, les céréales cultivées Sources de nourriture localement ne représentent qu'un petit 100% pourcentage des besoins annuels des ménages, lait quel que soit le groupe : moins de quinze 80% pour cent pour les ménages très pauvres et 60% emprunts pauvres, et seulement trente pour cent pour les ménages moyens et mieux nantis. Pour ce faire, 40% cueillette pour les ménages moyens et mieux nantis, la majorité des céréales consommées 20% paiment annuellement est achetée et complétée par des 0% en nature produits animaux (bien que ce soit peut‐être achats sous‐estimé), alors que pour les deux groupes Très Pauvres Moyens Mieux les plus pauvres, les petits troupeaux ne pauvres nantis permettent pas cette même contribution en protéines. Une importante source de céréales pour les pauvres est reçue à titre de paiement d'un travail. Les pauvres et les très pauvres sont largement tributaires des nourritures sauvages récoltées d'octobre à décembre, en particulier le fonio et le jujube, dans une moindre mesure.

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Sources de revenus

Tous les ménages vendent des animaux, mais les Sources de revenus ménages pauvres et très pauvres ont si peu de 100% bêtes que les ventes doivent être strictement vente prod. de limitées pour maintenir un troupeau viable. En lait 80% petit contrepartie, ils récoltent et vendent du bois de petit commerce chauffe, de la paille, des céréales sauvages, commerce 60% location comme le fonio, et d'autres produits naturels de transport valeur ; ils fabriquent et vendent des nattes et 40% vente camelins des clôtures avec de la paille ou bien travaillent pour les ménages plus aisés pendant le voyage 20% vente bovins vers le sud, dans les champs et sur les marchés. Les ménages moyens et mieux nantis dépendent 0% petits des ventes d'animaux ou de produits animaux ruminants Très Pauvres Moyens Mieux pour gagner de l'argent. artisanat pauvres nantis

Principaux cycles des nourritures, revenus et dépenses des pauvres

Janv. Févr. Mars Avril Mai Juin Juill. Août Sept. Oct. Nov. Déc.

Aliments de base et sources Mil pénicillaire MP Nourritures sauvages ‐‐‐‐‐‐‐‐‐ PP ‐

Princip. sources revenus Ventes de bois Ventes mat., nourr. Sauv. Ventes gomme arabique Principales dépenses saisonnières Achat alim. base en gros Vaccination du bétail

Légende PP Propre production MP Achats du marché PN Paiement en nature *Les sources énumérées par mois sont les principales sources de nourriture. Il est possible qu'un produit alimentaire donné ait plus d'une source, et cela est probable tout au long du mois (par ex., lorsqu'ils consomment leur propre production même après la récolte, les ménages peuvent recevoir des paiements en nature pour le travail de moisson, mais seul PP sera marqué dans le calendrier).

Ce tableau montre certains des principaux éléments dynamiques entre les aliments de base et leurs sources et d'autres ressources et exigences en compétition relativement à un moyen d'existence. Les populations de cette zone sont particulièrement tributaires du marché pour la vaste majorité de leurs sources de nourriture : en trois mois seulement, elles sont capables d'obtenir une majorité de leurs aliments d'autres sources (propre production modeste de mil pénicillaire et certaines céréales sauvages récoltées après les pluies). Il met aussi en relief les décisions difficiles que doivent prendre les ménages concernant leurs achats : juillet et août sont particulièrement serrés, avec la nourriture et les vaccins pour le bétail rivalisant pour l'argent et une seule source de revenu fournissant des ressources substantielles.

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Chocs et aléas

Les cinq dernières années montrent un bref historique de la sécurité alimentaire dans la région, en dépeignant une zone dans laquelle les années acceptables ont dominé, mais qui ont été suivies par deux mauvaises années. Cet historique illustre la vulnérabilité et la sensibilité de la transhumance comme moyen d'existence. L'année 2009 a vu de mauvaises pluies et donc une disponibilité réduite de pâturages et d'eau pour le bétail. 2010 a été tout à fait le contraire en termes de disponibilité en eau, avec des inondations, qui étaient tout aussi problématiques pour ces transhumants qui se sont trouvés incapables de suivre leurs voies de migration traditionnelles.

Les chocs et aléas les plus courants auxquels Classements des chocs historiques sont confrontées les populations de cette Excellente zone sont 1) la mauvaise pluviosité, parfois très localisée, parfois plus étendue, touche les Bon pâturages locaux d'année en année 2) les épizooties sont la principale menace aux Acceptable moyens d'existence de la population. En

Mauvaise particulier, la trypanosomiase affecte les animaux chaque année. Les chocs des marchés Très Mauvaise sont aussi un risque courant, qui sont particulièrement préjudiciables en cas de flambée des prix des aliments de base ou de 2006 2007 2008 2009 2010 chute des prix du bétail.

Aléas périodiques : D'autres épizooties, comme le charbon bactéridien et symptomatique, frappent environ tous les trois ans. Tous les trois ans, les pluies sont insuffisantes pour une bonne croissance des cultures dans le sud de la zone, soit parce que la pluviosité est insuffisante tout au long de l'année ou parce que le régime des pluies ne favorise pas une bonne croissance des plantes. Dans une zone où les précipitations sont déjà minimales, si la pluviosité est légèrement inférieure à la normale, ceci peut avoir des conséquences graves sur la récolte. Entre une et trois années sur dix, la récolte est attaquée par des ravageurs.

Année agricole Classement de Événements ou chocs ayant eu un impact sur Stratégies d'adaptation employées par (à partir la sécurité l'année les pauvres d'août) alimentaire7 2010 Mauvaise Inondation des cours d'eau saisonniers empêchant Boire le lait des animaux qui produisent le retour en temps utile vers la région d'origine Donner le sorgho destiné à la population Les éleveurs et les bêtes étaient bloqués au sud des aux animaux à la place inondations Manger moins Pas assez de pâturages et d'eau pour les animaux ou populations bloquées au sud des inondations Les éleveurs qui ont essayé de traverser ont perdu de nombreuses bêtes 2009 Mauvaise Mauvaises pluies Recherche de nourritures sauvages Pas assez de pâturages ou d'eau Migration précoce vers le sud avec toute Mauvaise production de céréales la famille (personne n'est laissé Incapables de vendre les animaux d'un poids derrière) insuffisant

Des pluies excessives, comme en 2010, peuvent provoquer la montée des cours d'eau et retarder les transhumants et leurs bêtes dans leur voyage vers le nord. Ceci cause de sérieux problèmes dans la mesure où un nombre important d'animaux migrant vers le nord est bloqué par les cours d'eau saisonniers devenus infranchissables. Si ce

7 On a demandé aux répondants de classer l'année dans l'une des cinq catégories suivantes : Excellente, Bonne, Acceptable, Mauvaise ou Très mauvaise

63 retard se prolonge, la situation peut rapidement se dégrader : les bêtes s'entassent dans les champs au bord des cours d'eau et les piétinent, les pâturages et les ressources en eau ne suffisent pas à toutes les bêtes, on peut assister à une flambée des prix des aliments pour les éleveurs sur les marchés, voire une pénurie, ou une flambée des prix demandés par les guides pour faire traverser le cours d'eau aux bêtes pour ceux qui sont disposés à risquer la violence du courant, avec la perte associée de bêtes s'ils choisissent finalement de prendre ce risque.

Stratégies d'adaptation

Quand leurs moyens d'existence subissent la pression des aléas mentionnés ci‐dessus, les ménages augmentent leurs activités secondaires ou élaborent de nouvelles stratégies. S'il n'y a pas assez de nourriture pour leurs bêtes, ils achètent de la paille et des balles de céréales et entament leur migration vers le sud plut tôt que d'habitude. Si nécessaire, que ce soit pour de l'argent ou pour éviter de se retrouver avec des animaux morts, les ménages réduisent la taille de leur cheptel en vendant les animaux les plus petits, mais dans ces périodes, les prix du bétail baissent brutalement. Pour gagner de l'argent afin d'acheter des céréales, les ménages peuvent aussi vendre davantage de bois de chauffe, de charbon de bois (bien qu’une interdiction datant de 2009 sur la production de charbon de bois ait réduit cette option), de nattes et de clôtures. Finalement, ils se tournent vers les « aliments de famine », récoltant des céréales sauvages (krep) et excavant les fourmilières pour récupérer le grain qui s'y trouve entreposé. Dans les périodes particulièrement difficiles, des ménages entiers peuvent migrer, et migrer de manière inhabituelle, en changeant leurs itinéraires et en s'aventurant dans des régions inconnues qui peuvent être ou ne pas être accueillantes. Ceci a le potentiel d'être extrêmement problématique en termes de conflit ; les épizooties sont aussi des aléas potentiels auxquels les éleveurs peuvent être confrontés lorsqu'ils migrent dans des territoires inconnus.

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Principaux indicateurs d'alerte rapide

Saison Mois Indicateur Impacts potentiels sur la sécurité alimentaire des ménages Sèche Janv. Feux de brousse Peut inhiber les mouvements migratoires habituels ou Févr. familiers, poussant les éleveurs dans des territoires à Mars risques ; les éleveurs peuvent rapporter de l'argent et des Avril ressources à leurs familles restées sur place, mais ils Mai peuvent ne pas être en mesure de les rejoindre ; ils Juin peuvent ne pas trouver de bons pâturages et d'eau, ce qui peut affaiblir les animaux et réduire leur valeur Juil. Inondation des cours d'eau saisonniers dans le Perte de bétail dans les inondations ; changement des sud habitudes migratoires conduisant à des différends

Humide Août Maladies du bétail : pasteurellose, Perte ou affaiblissement du bétail Sept. piroplasmose, parasites du sang

Ravageurs du mil pénicillaire : foreurs des Baisse du rendement du mil pénicillaire au moment de la tiges, oiseaux récolte

Des pluies sporadiques ou insuffisantes ne Baisse du rendement du mil pénicillaire au moment de la permettent pas aux plantes de germer récolte ; besoin d'en acheter davantage

La mauvaise pluviosité conduit à un manque de pâturages et d'eau pour le bétail Animaux affaiblis, moindre valeur à la vente ; les ménages doivent migrer plus tôt et risquent des différends Sèche Oct. Charbon symptomatique, charbon bactéridien Perte de bétail presque immédiatement Nov. Déc. Feux de brousse Peut réduire la disponibilité des nourritures sauvages récoltées pour la consommation et la vente ; peut ne pas permettre aux éleveurs de suivre leurs itinéraires de migration traditionnels, les privant du commerce qu'ils pratiquent habituellement avec des relations établies en chemin

Les autres indicateurs d'alerte rapide sans saisonnalité particulière incluent : • Contrôle des prix imposé par le gouvernement sur les ventes de bétail • Interdictions d'exporter/importer avec les partenaires commerciaux voisins • Flambée anormale des prix des aliments de base • Chute anormale des prix du bétail

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Profils des moyens d'existence rapides pour le Tchad

Zone 8 agropastorale et de pêche

Description de la zone

Cette zone présente un risque d'insécurité alimentaire dans les mauvaises années du fait de sa vulnérabilité à l'irrégularité des pluies. Si la distribution des pluies est irrégulière ou insuffisante pour produire le mil pénicillaire dont dépend la plus grande partie de la zone, la faim peut être généralisée. Au contraire, s'il y a des inondations, les fermiers qui dépendent de la culture de décrue pour leur nourriture et leur revenu peuvent là aussi être touchés.

Cette zone semi‐désertique couvre une partie relativement réduite autour du lac Tchad comprenant les localités situées sur les rives du lac, ses nombreuses îles et le département de Mamdi (les localités de Bol). Elle comprend une partie de la région du lac dont les îles et polders8 qui s'étendent au‐delà des berges du lac. Cette zone est densément peuplée et on estime sa population à environ 230 000 habitants. Les îles fournissent des pâturages importants pendant la saison sèche, mais pendant les pluies, les animaux rentrent chez eux pour éviter les mouches tsétsés et les taons. Au cours des trente dernières années environ, la surface du lac s'est réduite, passant de 25 000 km2 à 10 000 km2 aujourd'hui. Les principaux groupes ethniques sont les Kanembou et les Boudouma. On compte près de deux‐mille pêcheurs venus de pays voisins à l'ouest aussi éloignés que le Togo et le Ghana.

Le lac Tchad se trouve à la frontière du Niger, du Cameroun et du Nigeria, ce qui a un impact important sur les activités économiques des ménages. Il existe des liens commerciaux solides, en particulier avec le Nigeria, et le naira nigérian est la monnaie locale sur nombre d'îles. Les ménages combinent l'agriculture avec l'élevage et la pêche à des degrés divers. La pêche est légèrement plus importante pour les populations vivant près du lac ou des polders, tandis que plus loin, le bétail est plus important. Mais la possession de bétail est largement déséquilibrée au profit des dix pour cent mieux nantis. Le groupe moyen montre un équilibre de la dépendance à l'égard du bétail aussi bien que de l'agriculture à des niveaux plus modestes que les mieux nantis. La majorité pauvre n'est essentiellement tributaire d'aucun des deux ; les pauvres vendent plutôt leur travail à leurs voisins plus avantagés et achètent la plus grande partie de ce qu'ils mangent. Néanmoins, la consommation du lait disponible est un important complément à la qualité du régime alimentaire de ces ménages. À l'extrême nord, vers le Sahara, le natron (carbonate de sodium) est exploité pour la vente au Nigéria et Niger, tandis qu'on trouve des spirulines dans les wadis chargés de natron, que les femmes récoltent et font sécher pour les ajouter aux sauces ou pour les vendre localement ou aux pays voisins.

Les caractéristiques climatiques et les conditions de sol des dunes ne sont pas propices pour un bon rendement des cultures et ne permettent que la culture du mil pénicillaire. Toutefois, les polders sont extrêmement productifs et fertiles grâce aux sédiments riches en nutriments et à la proximité d'eau en quantité suffisante. Les polders sont exploités de deux manières. Les polders traditionnels (sans aménagement) sont plantés soit avec des cultures de décrue, après le retrait des eaux de débordement du lac soit des cultures sous pluies du moins pour ceux excentrée du lac. Les cultures irriguées sont pratiquées dans les polders aménagés à la faveur de l’apport en eau soit en appoint ou en complément sur toute l’année sous l’encadrement et la gestion de la Société de Développement du Lac (SODELAC). Ces terres sont très recherchées à cause la pluviosité annuelle moyenne est de 250 mm qui ne suffit pas au besoin en eau d’une culture de cycle long sauf la culture du mil pénicillaire dunaire réussie pour de bonnes saisons où les pluies sont bien réparties tout au long de l’hivernage. La principale céréale

8 Les polders sont les bras d'un lac qui ont été coupés de la masse d'eau principale et qui sont accessibles uniquement par le biais d'ouvrages d'art, comme des digues ou des barrages.

66 cultivée sur le sol sableux est le mil pénicillaire, tandis que le maïs, le blé, le haricot et certains légumes sont cultivés dans le lit humide des polders et des wadis.

Il existe une importante gradation de moyens d'existence dans cette zone à mesure qu'on se déplace du nord au sud. Dans la partie nord plus éloignée du lac et des polders, ce sont des dunes et l'élevage n’est important que dans la partie sud où la population vit sur les îles. Dans ces localités, les ménages se livrent aux travaux agricoles et maraichers toute l’année dans les polders. Ils pratiquent également la pêche et disposent d’un peu de bétail. Les différences significatives sont illustrées dans tout ce profil.

Marchés

Compte tenu de la petite taille de cette zone, tous les produits passent par le marché principal de Bol et sont ensuite distribués soit aux marchés locaux soit sont réexportés vers des destinations nationales ou internationales. Le Nigeria est une destination essentielle pour la plus grande partie des produits vendus dans cette zone. Les principaux marchés à bestiaux de Bol, Tchoukoutalia et Dibininchi sont des points de collecte pour la revente au Nigeria. En règle générale, les ventes de bétail sont au plus haut entre mars et mai lorsque le niveau de l'eau du lac a suffisamment baissé pour permettre aux bêtes de le traverser et d'entrer au Nigeria plus facilement. Bagassola et Rig‐Rig sont les principaux centres de commerce de natron (carbonate de sodium destiné au bétail) qui est surtout exporté vers le Nigeria, Niger et la République centrafricaine. Le type de poisson vendu dépend du marché visé : poisson fumé pour le Nigeria via le marché de Fitiné, poisson séché pour le Cameroun via le marché de Kinaserom et poisson frais à l'intérieur du Tchad, principalement pour N'Djamena.

Cultures vendues Flux commerciaux Maïs Marchés locaux → Bol → Ngouri → N’Djamena → Mondo → Michémiré Mil pénicillaire Marchés locaux → Bol → Kanem/ouest Blé Marchés locaux → Bol → N’Djamena → Nigeria9 Haricots Marchés locaux → Bol → Nigeria Produits de base Flux commerciaux importés Riz N’Djamena → Bol → Marchés locaux Macaroni Nigeria → Bol → Marchés locaux Farine de blé Bétail vendu Flux commerciaux Bovins, petits Marchés locaux → Bol → Nigeria → Cameroun ruminants, chameaux Poisson vendu Flux commerciaux Poisson frais Marchés locaux → Bol Poisson fumés Marchés locaux → Bol →Fitné → Nigeria → Cameroun

Le potentiel de la zone pour le commerce des légumes potagers, du maïs et d'autres cultures de rente dans l'ensemble du Tchad est important, mais le mauvais état du réseau routier qui la relie à N'Djamena accroît le coût

9 L'exportation de blé vers le Nigeria a été interdite au moment du travail sur le terrain, bien qu'on ne sache pas pour combien de temps cette interdiction sera maintenue.

67 des activités commerciales. Ceci limite donc ce commerce aux ménages plus aisés qui possèdent ou peuvent emprunter des chameaux ou qui ont les moyens de payer les frais élevés pour le carburant et les véhicules.

Calendrier saisonnier

Jan. Févr. Mars Avril Mai Juin Juill. Août Sept. Oct. Nov. Déc.

Saisons Saison humide Saison sèche Période de soudure Principales activités de

subsistance Maïs et mil pénici. pluviaux PT S L R Maïs et blé de polder D CGV R PT S/L Niébé et arachide PT S L R Patate douce et manioc R PT/(T)P Pic de la pêche Pic des ventes de vaches Pic ventes petits ruminants

Autres activités et événements Cultures maraîchères en sec PT S D R Jardinage de polder D R PT T/P D Travail agricole Migration professionnelle. Pic des prix des céréales Cycles du crédit Remb Montant Rembours. Mont perçu perçu Achats de vaccin Cycles de transhumance Bétail dans la région d'origine sur les îles Migration vers le nord

Chocs et aléas Paludisme Ravageurs des cultures Maladie, parasites du bétail Irrégularité des pluies

Légende P Préparati (T)P (Trans) D Désherb R Récolte C Consommation de T on des plantation age G grain vert terres V

Les principales cultures pluviales sont le mil pénicillaire sur les dunes et le maïs le long du fleuve et des wadis. La majorité du travail agricole se fait entre juin et août‐septembre. Le blé est cultivé en contre‐saison dans les polders et les wadis à partir du mois de novembre, une fois que l'eau de surface s’est infiltrée et il se récolte en février‐ mars. Les femmes sèment le gombo en mars et les récoltent sur plusieurs mois à partir de mai. Les bras du lac fournissent après leur assèchement des terres propices à la culture du manioc, qui est planté sur de petites parcelles tout au long de l'année et récolté sept à huit mois plus tard. Entre juillet et octobre, le niveau des eaux du lac monte et l'avantage de la pêche est dépassé par l'agriculture, si bien qu'à l'exception de quelques pêcheurs professionnels venus généralement d'autres pays, l'activité de pêche est beaucoup plus limitée pendant cette période. Pour les ménages résidents, la période maximale de pêche se situe entre décembre et mai, lorsque la population a plus de temps disponible et que le poisson s'attrape plus facilement. Le bétail passe les mois de novembre à juillet sur les îles du lac pour y profiter des pâturages. Il se retire en juillet‐août du fait qu'il y a alors davantage de pâturages autour des maisons et aussi pour éviter les mouches sur les îles. Les mois qui vont d'août à

68 novembre sont relativement faciles grâce à la combinaison de la disponibilité du lait et de la moisson de céréales. La période de soudure s'étend de juin à août, pour les ménages les plus pauvres bien sûr. En mai et juin, certains ménages plus pauvres s'arrangent avec les ménages moyens et mieux nantis pour que le bétail de ces derniers passe quelques semaines dans leurs champs, y paît sur les résidus de récolte et donc fertilise la terre avant la saison des semis. Ce service est payé en sucre ou en argent.

Répartition des groupes de richesse

Les principaux facteurs déterminants de la richesse dans cette zone sont le bétail (au nord) et la terre des polders (au sud). Là où la possession de terres de polders est importante, de petites parcelles, même parmi les mieux nantis, sont courantes, dans la mesure où les rendements sont élevés et que la terre peut se cultiver sur toute l’année. Il existe alors une forte demande de terres si bien que les ménages plus pauvres sont moins susceptibles de posséder des terres dans les polders, mais leur richesse vient du travail pour les plus riches. La volaille est courante dans la zone, et la plupart des ménages en possèdent généralement un peu. On trouve du petit bétail dans la majorité des ménages, sauf les très pauvres, mais on ne trouve des bovins que chez les ménages moyens et mieux nantis. Les filets de pêche, les lignes, les bateaux et les séchoirs déterminent également le degré selon lequel un ménage peut tirer parti de cette ressource naturelle.

Groupe Pourcentage Pourcentag Taille des Terre Possession d'actifs productifs typique de de e des ménages cultivée richesse population ménages Petits Chame Bovi ha Poulets ruminant aux Ânes Autre ns s Très 8 % 15 % 5‐6 0,25 ‐0,50 2‐3 ‐ ‐ ‐ ‐ Filet de pêche pauvres Pauvres 35 % 38 % 8‐9 0,50– 0,75 3‐4 2‐3 ‐ ‐ 0‐1 Filet de pêche

Motopompes, filets de pêche, hameçons, petit Moyens 43 % 37 % 10‐11 1 – 1,5 5‐6 11‐14 2‐5 ‐ 1‐2 bateau, déshydrateur de poisson Motopompes, filets de pêche, Mieux 20‐ bateau de taille 14 % 10 % 12‐15 2 – 3 10‐15 20‐35 1‐2 2‐3 nantis 30 moyenne, déshydrateur de poisson

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Sources de nourriture

La différence entre la façon dont les Sources de nourriture dans le sud ménages accèdent à la nourriture dans la 100% partie nord et dans la partie sud de la zone lait lait apparaît clairement lorsqu'on examine les 80% poisson poisson sources de nourriture. Au sud, les ménages plus pauvres récoltent habituellement zakat 60% zakat suffisamment de nourriture pour couvrir

emprunts juste un ou deux mois de besoins 40% emprunts alimentaires. Environ un tiers est gagné cueillette cueillette par le paiement en nature du travail dans 20% paiment en nature les champs des ménages plus aisés, et paiment en nature 0% environ vingt pour cent viennent de achats achats l'emprunt. Les ménages moyens sont aussi

Très Pauvres Moyens Mieux raisonnablement dépendants de ces propre recolte propre recolte pauvres nantis mêmes sources, bien que dans une moindre mesure. Il y a là un contraste avec les ménages mieux nantis qui couvrent près des trois quarts de leurs besoins alimentaires annuels grâce à leurs champs et achètent très peu. Tous les ménages consomment une partie de leur propre pêche et les ménages moyens et mieux nantis sont les seuls à consommer du lait et de la viande de leur Sources de nourriture dans le nord propre bétail. 100%

90% poisson Quand on s'éloigne un peu du lac, au nord, où 80% la pêche n'est pas possible, les produits zakat 70% animaux contribuent davantage aux besoins 60% alimentaires annuels des ménages. Les cueillette 50% ménages plus pauvres et moyens récoltent 40% lait, viande, des fruits sauvages en saison sèche entre buerre 30% novembre et décembre. Les mieux nantis sont achats toujours capables de tirer près des deux tiers 20% 10% de leur nourriture de leurs propres récoltes, propre recolte qu'ils cultivent dans des polders plus éloignés 0% Pauvres Moyens Mieux nantis avec l'aide d'ouvriers agricoles. Au nord, on consomme très peu de poisson. Le lait, la viande et le beurre satisfont une plus grande partie des besoins alimentaires.

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Sources de revenus

Sources de revenus dans le sud Dans le sud de la zone où les ménages

100% vente poisson sont relativement moins tributaires du

90% transferts d'exode bétail, il y a très peu de dépendance à

80% commerce l'égard des bovins, et seuls les mieux

70% vente cereales nantis gagnent de l'argent des bovins, bien que tous gagnent de l'argent de la 60% vente bovins vente de petit bétail. Au lieu de cela, les petits ruminants 50% plus pauvres sont largement tributaires vente oeufs et volailles 40% du travail agricole, puis de la vente de vente prod. maraichage 30% .bois de chauffe Les ménages moyens et artisanat 20% mieux nantis tirent plus de vingt zakat 10% pour cent chacun de la vente de vente bois 0% céréales, alors que les deux groupes plus travail journalier Très pauvres Pauvres Moyens Mieux nantis pauvres ne gagnent rien dans cette activité. Les ventes de poisson dans cette zone procurent de l'argent direct aux ménages moyens et mieux nantis, tandis qu'elles procurent de l'argent aux plus pauvres à travers l’activité de la pêche pour le compte des deux groupes supérieurs.

Dans la partie nord de la zone, tous les ménages gagnent de l'argent par divers moyens, mais la Sources de revenus dans le nord contribution relative de chaque source reflète 100% clairement les différences entre groupes de 90% vente de poissons richesse. La vente de bétail contribue à la 80% vente de poissons majorité du revenu annuel des mieux nantis et 70% petitpetit commercecommerce éclipse celui provenant de la vente de céréales 60% 50% qui est une importante source de revenus pour travailtravail saisonnairesaisonnaire les ménages moyens. En revanche, les ménages 40% pauvres ne cultivent pas de grandes surfaces et 30% ventevente dede lait,lait, buerrebuerre ne possèdent pas de grands troupeaux ils 20% ventevente cerealescereales dépendent donc largement du travail saisonnier 10% 0% local, qui peut être le travail dans les polders un ventevente cerealescereales peu plus au sud, la fabrication de briques ou le Pauvres Moyens Mieux nantis transport au marché.

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Principaux cycles des nourritures, revenus et dépenses des pauvres

La culture dans les polders étant possible toute l'année, le travail agricole fournit une source non négligeable de travail pour les pauvres qui peuvent gagner de l'argent et des céréales en paiement. Ceci contribue de manière importante à limiter les périodes les plus difficiles jusqu'à la période de soudure dans laquelle ils n'ont pas de propre production sur laquelle se rabattre. Septembre et octobre sont les mois pendant lesquels les crédits souscrits sont remboursés avec les ventes des récoltes et de petit bétail, ce qui épuise rapidement les modestes récoltes. Cependant, tous les ménages pauvres ne souscrivent pas à des emprunts ; il s'agit en effet d'une pratique plus répandue parmi les propriétaires de terres dans les polders. La région est très sollicitée et souvent réservée aux seuls ménages moyens et mieux nantis.

Jan. Févr. Mars Avr. Mai Juin Juill. Août Sept. Oct. Nov. Déc.

Aliments de base et sources* Maïs ‐‐‐‐‐ MP PP PN Mil pénicillaire MP PP MP Tubercules PP PP Niébé MP ‐‐‐‐‐‐‐ PP PN MP

Princ. sources revenus Travail agricole Ventes petits rumi.

Principales dépenses saisonnières Remboursement crédit

Légende PP Propre MP Achats du PN Paiement en Deux sources production marché nature principales

Chocs et aléas

Malgré la présence d'eau dans les polders Classements des chocs historiques tout au long de l'année, les fermiers sont Excellente néanmoins vulnérables à l'irrégularité ou à l'insuffisance des pluies qui peuvent détruire Bon la culture de mil pénicillaire, voire les cultures des polders si les pluies ne fournissent pas Acceptable suffisamment d'eau de remplacement pour

Mauvaise mener à bien les travaux agricoles de l’hivernage ou de contre‐saison. Comme le Très Mauvaise montrent les chocs historiques à gauche, les pluies abondantes en 2010 ont garanti une excellente année agricole, contrairement à 2006 2007 2008 2009 2010 2009, qui a connu une mauvaise pluviosité dont les ménages de cette zone ont caractérisé de mauvaise année, à l’instar autres zones qui aussi dépendent entièrement des pluies.

Aléas fréquents Chaque année, la récolte est menacée par les ravageurs, surtout les locustes. Celles‐ci peuvent affecter des secteurs localisés ou l'ensemble de la zone. Les épizooties sont endémiques, notamment le charbon bactéridien, la distomatose hépatique, la fièvre aphteuse et péripneumonie, ou pasturollose.

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Aléas périodiques Compte tenu du niveau généralement peu élevé de la pluviométrie, certaines années les précipitations sont considérées mauvaises, en termes de volume total dans sa distribution au cours de la saison. Ceci réduit sérieusement les récoltes et la qualité des pâturages. En outre dans ces périodes, les animaux sauvages, en particulier les chacals et les hippopotames qui recherchent eux aussi de la nourriture menacent également les cultures, même si les hippopotames du lac sont un problème constant pour les villages voisins.

• Les sècheresses catastrophiques sont rares, mais l'épisode du début des années 1970 a annoncé la disparition progressive du lac Tchad. • Une année sur dix environ, les précipitations sont plus importantes que le sol ne peut absorber et les petits cours d'eau débordent, ce qui retarde ou empêche la culture du maïs.

Stratégies d'adaptation

En cas de mauvaise production agricole, il y a d'abord une augmentation du travail local, notamment la fabrication de briques (que ce soit pour autrui ou à son compte), de la collecte et vente de bois de chauffe, de la récolte et consommation de nourritures sauvages, notamment la spiruline, les noix et les fruits, et de la vente d'animaux, en particulier les petits ruminants. Si les pluies sont insuffisantes et que le niveau des eaux du lac est bas, alors les populations quittent les affluents et les polders et se rapprochent du lac Tchad pour y pêcher et trouver des pâturages. La chasse augmente, y compris celle des gazelles et des varans. Les hommes quittent la zone pour chercher du travail à l’intérieur du pays ou dans les pays voisins, en particulier au Cameroun et au Nigeria. Il y a aussi une plus grande dépendance à l'égard du commerce transfrontalier, les bovins tchadiens sont exportés et le sucre est importé du Cameroun. Avec les très grandes responsabilités sociales et de la famille élargie, les mieux nantis aident souvent les pauvres par des dons ou des prêts de nourriture ou d'argent.

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Principaux indicateurs d'alerte rapide

Saison Mois Indicateur Impacts potentiels sur la sécurité alimentaire des ménages Sèche Janv. Invasion de locustes Baisse des rendements Févr. Oiseaux granivores Baisse des rendements Mars Avril Flambées des prix alimentaires Pouvoir d'achat réduit pendant la période de soudure Mai

Pluviométrie réduite, tardive ou irrégulière Baisse du rendement de mil pénicillaire ; réduction de la

Juin disponibilité de l'eau dans les polders conduisant à un

Juil. manque d'eau pour l'irrigation Août Humide Charbon bactéridien, charbon symptomatique Bétail affaibli ou perte de bétail ; perte de revenu Sept. Oiseaux mangeant les cultures Baisse des rendements Oct. Les prix des aliments de base ne baissent pas Réduction du pouvoir d'achat Sèche Nov. Déc. Péripneumonie Bétail affaibli ou mort ; baisse du revenu Bêtes sauvages piétinant ou dévorant les Baisse des rendements cultures

Les indicateurs d'alerte de crise qui attestent qu'une situation est enlisée dans une crise profonde incluent :

• Les éleveurs de bétail quittent les îles plus tôt que d'habitude (c.‐à‐d. en septembre). • Davantage de personnes, surtout des femmes, se rendent dans les villes pour y trouver du travail ou demander l'aide de parents. • Davantage de personnes de la partie nord de la zone se rendent dans les marchés hebdomadaires des villes du sud pour acheter de la nourriture. • De nombreuses bêtes sont à vendre sur les marchés, mais il y a relativement peu d'acheteurs. • On ne trouve pas de maïs à vendre sur le marché, parce que les stocks sont bas. • Des nourritures sauvages apparaissent sur le marché en grandes quantités et plus tôt que de normale.

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Profils des moyens d'existence rapides pour le Tchad

Zone 9 cultures oasiennes, élevage camelin et exploitation du natron

Description de la zone

Note bien : Cette zone n'a pas été visitée pendant le présent exercice de collecte d'informations de terrain. Il ne s'agit donc que d'une description limitée.

Cette zone fait essentiellement référence à la région de Borkou‐Ennedi‐Tibesti (BET) avec environ le tiers nord du Kanem et Batha et la périphérie nord du Biltine. Elle désigne non pas la vaste région désertique, mais uniquement les régions où l'on peut distinguer une économie rurale. Pour l'élevage, ces régions sont imprécises dans la mesure où chaque année, le peu de pluies qui tombent peut arroser un site de pâturage potentiel, mais pas un autre, et les circuits de pâturage nomade s'adaptent en conséquence pour la saison. De même, en ternes de pâturage, il n'est généralement pas facile de caractériser les années comme bonnes ou mauvaises dans toute la zone pour les éleveurs : le jugement doit être plus localisé. Il faut aussi tenir compte du fait qu'à partir de février ou mars, dans la plupart des localités, les pâturages sont épuisés et les éleveurs de chameaux se lancent dans une migration vers le sud dans la zone de transhumance et au‐delà. Par conséquent, juger que le cycle d'une année entière est bon ou mauvais fait intervenir la qualité des pâturages au‐delà de la zone 9, ainsi que les conditions du marché au‐delà de la zone pour les ventes de bétail et pour l'achat de grain.

Les cultures oasiennes ne sont pas tributaires des précipitations, mais plutôt de l'irrigation, l'eau d'une nappe phréatique alimentée par des sources éloignées étant exposée, c'est‐à‐dire une oasis. Toutefois, il est ironique qu'une averse concentrée, bien que minimale en termes de pluviosité annuelle, puisse suffire à provoquer une inondation dans les jardins, comme ce fut le cas à Faya, dans le Borkou, en 2010 ; d'un autre côté, la même averse peut régénérer les pâturages locaux. À Faya, la pluviosité annuelle moyenne est inférieure à 10 mm. Elle tend à être légèrement plus élevée dans le Tibesti et Ennedi. La plus grande concentration de palmiers dattiers est à Faya et à Kirdimi. Il y a aussi une production importante à Bardaï, dans le Tibesti et dans une moindre mesure, à Ounianga Kebir, à Gouro et à Fada, dans l’Ennedi.

Il n'est pas toujours aisé de faire la distinction entre ruraux et urbains concernant les peuplements oasiens, dans la mesure où il peut s'agir en effet d'un mélange de populations rurales et urbaines : on trouve dans un même lieu des populations qui vivent de l'agriculture et de l'élevage et d'autres qui sont des citadins salariés ou négociants, parmi lesquels se trouvent des personnes qui possèdent également des terres et embauchent des travailleurs pour les cultiver. Les peuplements non oasiens, qu'il s'agisse de centres administratifs et commerciaux ou d'exploitations minières, sont considérés comme non ruraux, bien que les membres des familles rurales de la zone puissent y effectuer du travail rémunéré périodique aux côtés des travailleurs migrants venus d'ailleurs au Tchad, sinon de l'étranger. C'est également vrai de l'exploitation du natron (carbonate naturel de sodium hydraté et du sel, mais dans ce cas, la population des familles rurales de la zone n'est pas concernée. Le natron est surtout exploité dans le Borkou (Faya), tandis qu'on exploite les gisements de sel à Ounianga dans la région de l'Ennedi, et à Bedo dans la région de Borkou. Dans le Tibesti, on extrait le natron et le sel, mais à une petite échelle comparée au Borkou et à l’Ennedi. Pour la population rurale locale, le travail migrant saisonnier est rare : les habitants travaillent soit localement pour de l'argent sur les terres cultivées ou les gisements de natron/sel, soit ils migrent de manière permanente vers les centres dans la région et au‐delà, d'où ils peuvent envoyer de l'argent à leurs familles rurales.

Les deux activités rurales de base sont le pastoralisme nomade et l’agriculture oasienne (palmier dattier + cultures intercalaires). Le pastoralisme nomade repose sur l'élevage camelin, bien qu'il s'accompagne de l'élevage de petit bétail dans lequel, en général, les chèvres dépassent largement les moutons, mais les moutons ont une valeur plus

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élevée que les chèvres comme produit d'exportation vers la Libye. Sauf autour des oasis, on n'élève généralement pas de bovins du fait qu'ils ont besoin de s'abreuver plus fréquemment que les chameaux et les chèvres, et surtout parce qu'ils ne peuvent se déplacer dans la chaleur pendant plus d'une journée sans boire, alors que la survie dans ces régions exige souvent de longs voyages entre les pâturages et les points d'eau. Dans le passé, on trouvait de grands troupeaux de bovins dans certaines régions, comme à Kirdimi dans le Borkou, mais l'insécurité ainsi que la sècheresse ont entrainé leur nette réduction. Les nomades s'occupent de transport par caravanes de chameaux comme activité secondaire, notamment pour le commerce transfrontalier.

Parmi la population des oasis, certains peuvent posséder des chameaux qui sont utilisés comme bêtes de charge/caravanes et pour le lait et qui peuvent être envoyés en migration saisonnière avec un parent nomade. Sinon, c'est le petit bétail qui domine, qui se nourrit en partie des résidus de la production de palmiers et du maraîchage ; il existe même une production irriguée d'herbe fourragère (luzerne). Les populations sédentaires tendent à pratiquer le petit commerce et le transport comme source de revenus secondaire.

La production des palmiers n'est pas très développée (comparée à l'Égypte et aux pays du Maghreb), mais c'est une culture de grande valeur dans un environnement dur, avec une production qui s'est élevée en 2008 à 5736 tonnes, soit une valeur de 18 300 000 USD, selon les informations de la FAO. La production de dattes exige relativement peu de main‐d'œuvre à part la gestion de l'irrigation. Là où il y a des dattiers, on trouve généralement à la périphérie des potagers dont les légumes sont commercialisés. Compte tenu des faibles populations urbaines locales, la demande locale est limitée ; dans la mesure où les produits sont envoyés ailleurs, ce sont les moins périssables qui sont concernés, notamment l'oignon et le gombo séché.

Seuls les nomades plus riches possèdent suffisamment d'animaux, qu'il s'agisse de chameaux ou de chèvres, pour fournir plus de la moitié de leur alimentation de base sous forme de lait et pour la majorité de la population il représente bien moins de la moitié de leur consommation alimentaire. L'aliment le plus important est donc les céréales et comme on n'en produit pas localement, elles doivent être achetées sur le marché. Les principales céréales consommées sont le mil pénicillaire, suivi par le riz pour ceux qui en ont les moyens, ainsi que de plus faibles quantités de maïs, de farine de blé et de paquets de pâtes. Ainsi, la possession d'animaux est aujourd'hui au moins autant destinée à la vente en échange contre du grain, etc. que pour le lait. Les éleveurs plus pauvres subviennent souvent à leurs besoins en travaillant comme éleveurs pour les plus riches, y compris des citadins possédant de grands troupeaux de chameaux.

Marchés

Tant les nomades pastoraux que les habitants des oasis dépendent de façon essentielle de l'achat de céréales provenant de régions aussi éloignées au sud qu’Am Timan. Les marchés des céréales dépendent des routes : une partie du commerce peut se faire par caravanes de chameaux, notamment en Libye, mais la plus grande partie du transport des céréales sur de longues distances se fait par camion. À partir du sud, il y a essentiellement deux axes routiers, et donc commerciaux. L'un relie N’Djamena au Borkou et au Tibesti via le Bahr El Gazel et le Kanem. L'autre se trouve entre Abéché et l’Ennedi. Les dattes et le natron/sel arrivent sur le chemin du retour, mais sont aussi transportés par chameau, y compris vers la Libye. La farine de blé et le blé transformé (pâtes) viennent de Libye avec tout un éventail d'autres produits, y compris l'électronique, pour être vendus plus au sud.

Par contraste, les animaux atteignent les marchés de collecte sur pied, souvent pendant le passage du nord vers les pâturages saisonniers du sud. Le camionnage du petit bétail est plus courant vers la Libye. Une partie du petit bétail rejoint le reste, des zones de transhumance et agropastorales, pour l'exportation vers le Nigeria et le Cameroun via N'Djamena. Mais la zone 9 a un net avantage sur n'importe quelle zone plus au sud pour le commerce avec la Libye et ici, il y a de très longues routes commerciales : les chameaux atteignent la Libye depuis des points aussi éloignés que Mao dans le Kanem. Les principales routes partent de Faya, notamment pour les moutons, et de Kalaït et Ounianga Kebir pour les chameaux, les moutons et les chèvres.

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Calendrier saisonnier

Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juill. Août Sept. Oct. Nov. Déc.

Saisons Frais Sèche Chaude Sèche Humide Chaude Sèche Fraîche Sèche

Principales activités de subsistance Dattes pol m R m pol Maraîch. saison fraîche** R PT S R Maraîchage de saison chaude** PT S R Pic prod. lait de chameau Pic des ventes de bétail

Pollinisatio Préparation Légende pol n PT des terres S Semis m Entretien R Récolte

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Annexe I : Régions administratives par zone de moyens d'existence

De nombreux départements sont divisés en deux zones ou plus. Comme les chiffres de la population ne sont disponibles qu'au niveau départemental, les chiffres de la population réelle sont donc inexacts pour les zones de moyens d'existence et peuvent surreprésenter le nombre d'habitants dans chaque zone.

Zone de moyens d'existence 1 : sud, cultures vivrières et de rente

Régions Département Population Chari Baguirmi Loug Chari 203 008 Logone Occidental Dodje 104 952 Logone Occidental Gueni 94 388 Logone Occidental Lac Wey 326 031 Logone Occidental 156 864 Logone Oriental Kouh Est 100 278 Logone Oriental Kouh Ouest 50 487 Logone Oriental La Nya Pende 91 667 Logone Oriental La Pende 167 594 Logone Oriental Lanya 138 556 Logone Oriental 225 448 Mandoul Barh Sara 225 649 Mandoul 148 703 Mandoul 261 330 Mayo Kebbi Est La Kabbla 215 882 Mayo Kebbi Est Mont d'Illi 228 056 Mayo Kebbi Ouest Lac Lere 226 414 Mayo Kebbi Ouest Mayo Dallah 337 826 Moyen Chari Bahr Koh 317 487 Moyen Chari 91 868 Moyen Chari Lac Iro 173 505 Tandjilé Tandjilé Est 258 894 Tandjilé Tandjilé Ouest 422 734 Population total 4 567 621*

Zone de moyens d'existence 2 : sud‐ouest, riz

Régions Département Population Mayo Kebbi Est La Kabbla 215 882 Mayo Kebbi Est Mayo Boneye 228 056 Mayo Kebbi Est Mont d'Illi 228 056 Tandjilé Tandjilé Est 258 894 Tandjilé Tandjilé Ouest 422 734 Population total 1 353 622

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Zone de moyens d'existence 3 : sud‐centrale, céréaliculture

Régions Département Population Chari Baguirmi Baguirmi 225 516 Chari Baguirmi Loug Chari 203 008 Guera 104 714 Mayo Kebbi Est Mayo Boneye 242 095 Mayo Kebbi Est Mayo Lemie 81 701 Population total 857 034

Zone de moyens d'existence 4 : sud‐est, cultures de décrue et gomme arabique

Régions Département Population Moyen Chari Lac Iro 173 505 Salamat Aboudeia 65 504 Salamat Bahr Azoum 183 887 Salamat Haraze Mangueigne 56 514 Sila Djourf Al Ahmar 71 388 Sila Kimiti 181 191 Population total 731 989

Zone de moyens d'existence 5 : centrale, agropastorale

Régions Département Population Barh El Gazel Barh El Gazel Sud 195 248 Batha 188 122 Batha 221 917 Batha Fittri 115 969 Chari Baguirmi Baguirmi 225 516 Chari Baguirmi Chari 191 602 Guera 171 751 Guera Barh Signaka 104 714 Guera Guera 178 915 Guera Mangalme 96 998 Hadjer Lamis 218 379 Hadjer Lamis Dagana 186 377 Hadjer Lamis 154 583 Kanem 96 373 Lac 218 641 Mayo Kebbi Est Mayo Lemie 81 701 Ouaddai Ouara 312 515 Sila Djourf Al Ahmar 71 388 Wadi Fira Biltine 158 959 Population total 318 9668

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Zone de moyens d'existence 6 : est, céréales pluviales et maraîchage

Régions Département Population Ouaddai Abdi 113 127 Ouaddai Assoungha 213 416 Ouaddai Ouara 312 515 Sila Djourf Al Ahmar 71 388 Sila Kimiti 181 191 Wadi Fira Biltine 158 959 Wadi Fira Dar Tama 134 045 Population total 1 184 641

Zone de moyens d'existence 7 : transhumance

Régions Département Population Barh El Gazel Barh El Gazel Nord 62 556 Barh El Gazel Barh El Gazel Sud 195 248 Batha Batha Est 188 122 Batha Batha Ouest 221 917 Kanem Mao n/a Kanem 97 694 Kanem Wadi Bissam 96 373 Wadi Fira Biltine 158 959 Wadi Fira Dar Tama 134 045 Wadi Fira Kobe 88 825 Population total 1 243 739

Zone de moyens d'existence 8 : ouest, agropastorale et pêche

Régions Département Population Lac Mamdi 231 783

Zone de moyens d'existence 9 : nord, cultures oasiennes, élevage camelin et natron

Régions Département Population Barh El Gazel Barh El Gazel Nord 62 556 Batha Batha Est 188 122 Batha Batha Ouest 221 917 Borkou Borkou 72 146 Borkou 24 313 Ennedi Ennedi Est 59 350 Ennedi Ennedi Ouest n/a Kanem Nord Kanem 97 694 Tibesti 14 656 Tibesti Tibesti Ouest 6 385 Wadi Fira Biltine 158 959 Population total 906 098

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