30 ans de campagnes de sauvetage des amphibiens le long des routes départementales

Service Environnement et Agriculture Unité Nature et Patrimoine arboré Département du Haut-Rhin septembre 2019

Sommaire :

page Introduction 2

Glossaire 3

Repères chronologiques 4

1) Evolution des équipements : les sites………………………………..5

2) Evolution des techniques……………………………………………….7

3) Les installations fixes ou pérennes ou « crapauducs »……..……9

4) Evolution des populations d’amphibiens………………………….11

5) Les espèces……………………………………………………………….12

6) Evolution par site……………………………………………………….14

7) Les amphibiens et la météo…………………………………………..15

8) La dynamique des espèces……………………………………………16

9) Les trajets migratoires…………………………………………………16

10) Les sex-ratios…………………………………………………………...16

11) Les aléas………………………………………………………………….17

12) Une aventure humaine hors du commun…………………………20

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INTRODUCTION

L’histoire de la protection des amphibiens dans le Haut-Rhin commence en 1983, avec l’installation du premier dispositif pérenne de , appelé « Crapauduc », sur la route du lac de -. A l’origine de cette initiative, un groupe de naturalistes militants, emmenés par la famille FOLTZER et avec l’appui logistique, technique et le financement du Conseil Général, ainsi que le soutien déterminant de son élu local d’alors, Pierre EGLER. En 1989, le Conseil départemental, alors Conseil Général, délibérait sur l’identification des principaux sites de migration des Crapauds communs le long des routes départementales et décidait d’organiser, à l’échelle départementale, le sauvetage de ces animaux. Puis, en 1990, commençait la première campagne de sauvetage proprement dite. Malgré les critiques et un scepticisme, au départ assez général, ces actions furent maintenues et développées jusqu’à arriver au dispositif actuel comprenant 24 sites, 3 crapauducs et 3 fermetures nocturnes de routes départementales. On estime à un minimum de 1,2 million d’animaux sauvés depuis lors. Quant à la valeur d’exemplarité de nos actions, les campagnes hivernales de sauvetage sont actuellement menées dans un grand nombre de départements français. Aujourd’hui plus personne ne met sérieusement en doute l’utilité de ces interventions et surtout l’utilité écologique des amphibiens, indispensable maillon de la biodiversité. L’implication des Directions des Routes, de l’Environnement et de la Communication explique bien-sûr ce fonctionnement, de même que l’intervention quotidienne de la Brigade Verte, mais c’est surtout grâce à un engagement bénévole massif que ces campagnes ont pu être menées à bien : entre 4 000 et 6 000 heures de bénévolat sont ainsi données chaque année, réalisées par 70 à 100 personnes. C’est cet engagement qui caractérise le plus l’initiative haut-rhinoise. Une telle expérience au long cours méritait une rétrospective, non seulement sur le plan scientifique mais aussi, et surtout, humain. Le lecteur trouvera, dans les pages qui suivent, quelques repères visuels et chiffrés de ces 30 années de sauvetage.

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Glossaire

AFB : Agence française de la Biodiversité APPECVH : Porte du Ried Nature ATR : Agence Territoriale Routière BV : Brigade Verte CSA : Conservatoire des Sites Alsaciens DDAF : Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt DIR : Direction des Routes DREAL : Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement JPN : Jeunes Pour la Nature LPO : Ligue pour la Protection des Oiseaux MNH : Maison de la Nature d’ ONCFS : Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage PNRBV : Parc Naturel Régional des Ballons des Vosges RD : Route Départementale

SFS : Sauvegarde de la Faune Sauvage UR : Unité Routière

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Repères chronologiques

1983 : installation du crapauduc de KRUTH-WILDENSTEIN

1989 : décision d’une intervention départementale et inventaire des sites nécessitant une protection

1990 : 1ère campagne de sauvetage à l’échelle départementale

1994 : installation du crapauduc de

2001 : record absolu d’animaux sauvés (> 60 000 animaux) / 1er vol de matériels sur un dispositif (filets et seaux)

2002 : le Département est lauréat des ECOTROPHEES du PNRBV pour son action en faveur des Batraciens

2003 : évaluation complète des dispositifs routiers de protection par l’association BUFO

2004 : création de divers supports de sensibilisation sur les Amphibiens : Affiche / Plaquette / Flyer,… / remise d’un diplôme aux sauveteurs / création du jeu de cartes « migre-crapaud » par Enjeu-Nature / généralisation des arrêtés de limitation temporaire de vitesse sur les RD

2005 : plusieurs destructions d’amphibiens : à écrasements massifs suite à la dégradation volontaire des filets / au Lac de la LAUCH mise à sec massive des pontes suite à une baisse du niveau du lac

2006 : 40 cm de neige en début mars sur plusieurs installations de plaine / fermeture nocturne de la voie communale -

2007 : 1ère exposition Batraciens « grand public » au CG68

2008 : plus mauvaise année de sauvetage depuis 20 ans (27 000 animaux) / seconde mise à sec des pontes du lac de la LAUCH > une plainte est déposée

2009 : installation du crapauduc d’- / création de 3 nouveaux sites temporaires : , , / début des dépistages de « Batrachochyrium dendrobatidis » en Alsace

2010 : suppression des sites de , ASPACH et SOULTZBACH

2012 : 3ème mise à sec des pontes du lac de la LAUCH > nouveau PV / étude du fonctionnement des dispositifs pérennes par BUFO / réinstallation de SOULTZBACH

2013 : réfection complète du crapauduc de KRUTH-WILDENSTEIN après 30 ans de fonctionnement

2014 : étude sur la présence de « Batrachochyrium dendrobatidis » dans le Haut-Rhin par BUFO / mise sous protection (fermeture nocturne) de la route du Val du Pâtre (), suite à une forte migration de Salamandres

2015 : apparition spontanée d’une nouvelle migration de Crapauds communs sur la RD11-1 (AMMERSCHWIHR) deux ans après la création d’un nouvel étang / 1ère campagne de dépistage de « Batrachochytrium salamandrivorans » par BUFO / ouverture d’un nouveau site à VIEUX- / création du guide de détermination des Amphibiens par BUFO

2016 : généralisation d’une signalétique verticale unique « triangle danger triflash avec panneau “batraciens” »

2017 : étude BUFO sur la fonctionnalité des bassins d’orage pour les Amphibiens sur l’ATR de

2018 : obtention du 1er arrêté préfectoral portant autorisation à titre dérogatoire pour la manipulation d’espèces protégées

2019 : trentenaire des campagnes dans le Haut-Rhin / Réception officielle par la Présidente et remise des médailles départementales à des bénévoles méritants / 1ère opération de sauvetage nocturne avec des élues

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1) Evolution des équipements : les sites

1996 : 17 sites installés en temporaire et 3 crapauducs fonctionnels : KRUTH-WILDENSTEIN installé en 1983 / installé en 1993 / REININGUE installé en 1994

3 fermetures nocturnes : D2 bis, D13bXII et D20 bis

12 km de filets / 31 318 animaux sauvés

Nouveauté de l’année : installation de panneaux routiers spécifiques avec un pictogramme. La quasi-totalité du stock a été volée dans les trois années qui suivirent car trop « esthétique » !

2004 : 22 sites installés en temporaire et 3 crapauducs fonctionnels : KRUTH-WILDENSTEIN / BALGAU

NAMBSHEIM / REININGUE

4 fermetures nocturnes : HOLTZWIHR sur VCII (arrêté municipal), sur RD5v, WILDENSTEIN sur RD13bXII (route du tour de lac) et -

BALDERSHEIM sur RD 20 b (desserte du centre de recherche des armées).

21 km de filets / 47 159 animaux sauvés

Nouveauté de l’année : publication d’une enquête de BUFO sur l’efficacité des dispositifs haut-rhinois / édition d’un jeu de société par l’association JPN / communication grand public pour la protection des batraciens

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2012 : 25 sites installés en temporaire et 4 crapauducs fonctionnels : WILDENSTEIN RD13b, BALGAU-NAMBSHEIM RD51 (mais non surveillé), REININGUE RD19 et AMMERSCHWIHR RD11-I

5 fermetures nocturnes : HOLTZWIHR sur VCII (arrêté municipal) / JUNGHOLTZ sur RD5v / BANTZENHEIM- sur RD20 b (desserte du centre de recherche des armées) / WITTERSDORF-HIRSINGUE sur voirie communale (en complément de la fermeture physique de la route par barrière mobile). Pour WILDENSTEIN sur RD13bXII

19,4 km de filets / 35 843 animaux sauvés

3ème mise à sec des pontes au lac de la LAUCH suite à un problème de réglage des vannes du barrage (DDAF) : perte

estimée à 3 m3 de pontes de grenouilles rousses, soit plusieurs dizaines de milliers d’individus potentiels

2018 : 24 sites installés en temporaire et 3 crapauducs fonctionnels : WILDENSTEIN RD13b, REININGUE RD19 et AMMERSCHWIHR RD11-I

4 fermetures nocturnes : / JUNGHOLTZ sur RD5v / BANTZENHEIM-BALDERSHEIM sur RD20 b (desserte du centre de recherche des armées) / WITTERSDORF-HIRSINGUE sur voirie communale (en complément de la fermeture physique de la route par barrière mobile). Pour WILDENSTEIN sur RD13bXII 18,7 km de filets / 49 111 animaux sauvés

Les équipements sont désormais « stables », la signalétique homogénéisée sur l’ensemble du territoire : triangle danger triflash + indication « batraciens » + limitation temporaire de vitesse

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2) Evolution des techniques

Le principe d’installation « classique » est toujours le même depuis le début des opérations, à savoir : filet à mailles fines (métallique ou plastique) enterré sur 10 à 20 cm, partie aérienne de 30 cm de haut minimum, dans l’idéal repliée vers l’extérieur pour prévenir l’escalade, piquets de soutien en bois ou en fer à béton et seaux enterrés à intervalles variables placés au ras du sol et contre les filets (seaux troués pour l’évacuation d’eau et pièce de bois pour permettre l’échappement des insectes ou micromammifères).

Ci-contre sur le terrain

Ci-dessous en schématique

En revanche, les méthodes de pose ont beaucoup évolué !

Ci-dessus à SOULTZBACH-LES-BAINS en 1996 (source P. BUCHHOLTZ) : l’agent technique met à disposition son propre cheval pour le creusement du sillon.

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A HOLTZWIHR, en 1996 (source APPECVH) ce sont les bénévoles qui assurent l’installation avec leur propre tracteur…

Puis en 1997 à c’est le camion de l’UR qui assure le même travail mais toujours avec la vieille charrue (source JL. ANCEL CG68). La phase suivante, pose du filet (ci-dessous) nécessite une intervention humaine importante.

Cet aspect de l’installation n’a pas évolué jusqu’à très récemment car aucune machine ne peut se substituer à l’homme pour ce travail. Dans les dernières années (à compter de 2016-2017) se développe une autre technique consistant, non pas à enterrer le filet mais, à replier le bas du filet et le recouvrir de gravier ou tout venant.

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Cette technique présente des avantages : gain de temps à la pose (pas de sillon) et à la dépose (pas d’arrachage du filet). Ci-dessous mise en place du gravier (source N. OPIGEZ DIR).

filet, pose artisanale, cheval, enterré, plié, diff crapauducs, nouveaux systemes

3)Evolution des résultats et de l’investissement bénévole

4)L’avenir

Annexes : vue aérienne de l’ensemble des sites

Celle-ci est complétée éventuellement par l’installation de seaux fixes, recouverts de plaques hors période migratoire. 3) Les installations fixes ou pérennes ou « Crapauducs »

La première installation à KRUTH-WILDENSTEIN utilisait deux techniques : A l’amont (photo de gauche) un muret béton au ras de la chaussée avec des buses béton sous la chaussée. A l’aval (photo de droite) un caniveau béton avec des buses sous la chaussée. NB : les buses aller et retour ne sont pas les mêmes.

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Par la suite, le dispositif de REININGUE consiste en des murets hors sol installés sur les talus aller et retour. Ce système présente de nombreux désavantages : franchissement malgré tout possible pour certains batraciens (photo ci-contre en 1997, source C. NEUMÜLLER) / fréquents impacts de véhicules sur les murets, entrainant des réparations / nécessité de doubler les installations avec un dispositif temporaire pour les traversées. Point historique : ce site fût créé à l’initiative d’un naturaliste bénévole, M. RECK, qui en a assuré le suivi jusqu’à sa mort, en collaboration avec la Brigade Verte (photo ci-dessous de gauche à droite, MM. MEHR et RECK sur le site en 1997, source C. NEUMÜLLER).

La dernière installation en date est celle d’AMMERSCHWIHR-LABAROCHE sur la RD 11-1 qui utilise une autre technique : buses affleurantes et ajourées en béton polymère, murets en décaissement avec un faible débord vertical. Les buses sont utilisées indifféremment par les batraciens à l’aller comme au retour. Les buses ajourées sont issues d’essais effectués en Allemagne qui tendent à montrer que les batraciens s’engagent plus facilement s’ils perçoivent une source de lumière (source P. MERCKLE 2015).

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4) Evolution des populations d’amphibiens

Sur les 24 sites équipés annuellement pour 19 à 20 km d’installation temporaire le nombre d’amphibiens sauvés * se situe entre 25 000 et 50 000 batraciens/an (année record 2011 avec 61 000 sujets sauvés). Une estimation qui donnerait un minimum de 1,2 million de batraciens sauvés depuis le début des campagnes.

* Sont définis comme sauvés les amphibiens captés à l’aller et au retour de la migration nuptiale dans les seaux et remis dans leur milieu naturel. Ce chiffre ne correspond pas au nombre réel d’individus présents sur les sites puisqu’une partie d’entre eux sont comptabilisés deux fois (Aller et Retour). On parle de sauvetage car la mortalité, sans dispositif de protection sur les routes départementales, est estimée à 80-90 % pour les Crapauds communs, lesquels sont très majoritaires dans le département.

L’étude au long cours des chiffres globaux montre une très forte variabilité interannuelle, pas toujours corrélée avec les aléas climatiques. Les autres facteurs pouvant intervenir étant (non exhaustivement) : périodicité pluriannuelle (non encore démontrée), auto régulation liée à la présence ou absence de ressources, dégradations ponctuelles des milieux de vie (travaux forestiers essentiellement), pollutions ponctuelles, épizooties, prédation, …

Evolution des effectifs de batraciens sur 24 ans 70 000

60 000

50 000

40 000

30 000

20 000

10 000

0

Cette variabilité se vérifie pour les deux espèces dominantes à savoir, Crapaud commun et Grenouille rousse, mais pas nécessairement simultanément :

Grenouille rousse Crapaud commun 14 000 60 000 12 000 50 000 10 000 40 000 8 000 30 000 6 000 20 000 4 000 2 000 10 000

0 0 11

2013 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2014 2015 2016 2017 2018 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2001

5) Les espèces

Ci-dessous, sur les 18 dernières années, se confirme la prééminence des Crapauds communs, soit en moyenne 83 % des populations sauvées, et, dans une moindre mesure, des Grenouilles rousses, soit 15 %. Cette proportion se vérifie globalement chaque année, quelle que soit l’importance de la migration. Certaines espèces minoritaires sont considérées comme « accidentelles » dans les dispositifs, tel le complexe des Grenouilles vertes qui, sauf dérangement, ne quittent pas l’eau ; le Crapaud vert et le Crapaud calamite * sont à la fois très localisés et rares et la faiblesse des effectifs ne permet aucune lecture au long cours. La prévalence des Tritons est très irrégulière et représente, au mieux 2,5 % des effectifs sauvés et en moyenne globale 1 %. En revanche, ils indiquent une biodiversité intéressante dans la mesure où leur présence est toujours associée aux autres espèces d’amphibiens, grenouilles et crapauds.

*L’association BUFO a mené, en 2017, une étude sur la fonctionnalité des bassins d’orage de la région ouest colmarienne. Celle-ci a permis de confirmer la présence de Crapauds calamites sur une dizaine de bassins d’orage différents.

Crapaud Grenouille Grenouille Grenouille Triton Triton Triton lobé/ Salamandre Crapaud Années Crapaud vert Effectifs totaux commun rousse verte agile alpestre palmé ponctué tachetée calamite

2001 50 391 10 498 0 0 141 141 141 0 0 0 61 453

2002 34 333 2 967 23 19 101 32 22 28 0 0 42 106

2003 41 363 5 120 6 143 36 51 54 6 2 0 46 797

2004 39 583 4 150 29 21 172 69 35 38 0 2 47 159

2005 45 392 2 739 0 3 82 16 16 46 0 2 48 182

2006 42 184 2 699 30 19 20 12 46 17 0 1 45 564

2007 40 277 2 757 28 0 14 11 71 131 0 0 43 364

2008 23 526 3 074 0 1 74 16 42 12 0 0 26 760

2009 27 562 4 286 5 3 239 104 212 8 0 0 32 419

2010 42 636 5 744 1 1 259 93 27 49 1 0 48 811

2011 42 678 4 565 12 88 214 30 92 21 0 0 47 863

2012 30 968 4 326 10 2 157 67 84 31 5 1 35 843

2013 41 393 3 379 0 2 86 87 159 42 0 0 45 387

2014 41 366 5 351 3 0 190 109 24 43 0 0 46 974

2015 44 325 12 768 5 8 411 217 189 55 0 0 57 978

2016 42 279 6 750 5 0 255 308 175 49 0 0 51 100

2017 38 654 6 793 2 2 290 165 5 29 0 0 46 432

2018 43 025 5494 7 23 208 210 123 28 0 3 49 111

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Crapaud commun Grenouille rousse Tritons Salamandre tachetée Autres espèces

Autres espèces présentes sporadiquement

Crapaud vert Grenouille verte sp

Grenouille agile

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6) Evolution par site

Résultats généraux par site, sur les 10 dernières années (hors sites fermés dans la période) :

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Buhl 2 638 2 013 2372 2602 1163 1596 903 999 919 439 684

Habsheim 489 1 425 4068 7468 4049 5742 2791 4268 2108 3001 3469

Hagenthal le 1 735 1 820 2337 3213 1663 2081 2168 3023 2679 3147 2958 Bas

Jettingen 1 957 1 791 1940 1937 2475 2534 2619 2917 1574 1311 1986 (Allmend)

Jettingen 1 720 1 193 1560 1243 697 888 770 1176 554 648 523 (Bergmatten)

Meyenheim 1 585 2 251 5981 5146 817 3700 2271 4048 9550 7196 9872

Schweighouse 1 056 1 527 2236 3329 1165 2532 1193 1087 998 788 1038 – Gandolphe

Sondersdorf 3038 1737 926 1507 1684 1576 1492 1155 1643

Turckheim- 1 325 490 3642 2637 1694 1684 1036 1272 792 312 502

Wolschwiller 516 648 730 527 636 556 831 995 719 1192 1043

Jungholtz- 1 656 701 1144 2971 4000 6349 2321 3159 2804 2368 2449 Tierenbach

Lac de la 1 062 7247 7592 9023 7769 4786 12942 13530 11206 9695 9056 Lauch

Wolfgantzen 211 233 167 126 32 31 44 22 33 91 68

Wattwiller 125 379 395 317 653 582 1583 1840 1901 1781

Mollau 1 111 1150 513 300 695 575 1015 220 217 213

Willer sur Thur 885 1715 1807 936 1623 690 1796 1003 1391 1133

Michelbach 437 313 704 196 286 200 190 199 261 377

Altkirch – St 342 310 510 334 194 nc 539 759 520 465 Morand

Waltenheim- 2 041 1602 740 213 419 399 652 507 280 283

Pulversheim- 517 1657 1128 739 377 947 986 186 521 337

Fulleren- 5143 4986 6225 8277 8192 4091 4056 4124

Soultzbach- 548 918 2618 3244 5025 3416 3020

Ammerschwihr 473 1049 352 427 368

Vieux-Ferrette 411 1490 1499 1719

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On constate qu’aucun des sites considérés ne présente une stabilité des populations d’amphibiens sur une période de 10 ans. En étendant l’étude à la totalité des opérations haut-rhinoises le constat est encore plus contrasté. Les écarts sont accentués, de +ou-200 % pour les sites les plus « stables » à + ou – 500 % pour les sites les plus irréguliers.

Il importe de tenir compte de cette donnée pour la programmation des installations et notamment intégrer la possibilité (vérifiée à de nombreuses reprises) d’inversion de tendance, même après plusieurs années de baisse des effectifs.

Un cas extrême mais exemplaire, celui de MEYENHEIM qui fut, il y a 25 ans, l’un des plus gros sites de migration du Crapaud Commun (> 30 000 sujets) du , dont la population faillit disparaitre totalement en 2012 avec un reliquat de 817 individus. Puis, le site connut une remontée régulière pour atteindre les 10 000 sujets en 2018. Ces écarts énormes n’ont, à ce jour, jamais été expliqués de façon satisfaisante.

7) Les amphibiens et la météo

L’association BUFO a exploité statistiquement les données météorologiques quotidiennes (hygrométrie, température, précipitations) fournies par le SEA, sur 10 ans et sur 10 sites d’importance significative. Si les amphibiens sont très sensibles et réactifs aux variations météorologiques ponctuelles, cela n’a pas d’incidence sur le cumul annuel des effectifs migratoires.

Il semble que les populations locales d’amphibiens s’adaptent très rapidement en concentrant les pics migratoires sur les périodes favorables, même très brèves, au cours de la même saison migratoire. On observe une réponse immédiate à tout changement important et rapide : arrêt instantané des migrations sous 0° et pics migratoires dès le retour à des températures > 5° avec humidité.

Les modifications climatiques générales s’accompagnent localement d’une instabilité accrue, avec plus de micro-évènements de sècheresse, de chauds et froids, d’épisodes venteux, … Compte tenu de l’adaptabilité des amphibiens évoquée plus haut, on observe une démultiplication des pics migratoires et une dissociation de ces pics selon les sites. Jusqu’en 2016-2017 les pics migratoires étaient concentrés sur la 3ème semaine de mars pour environ 80 % des sites.

Depuis lors, on observe deux phénomènes concomitants :

- les pics migratoires sont dispersés en micro-pics répartis sur une période plus longue - la période globale de migration, toutes espèces confondues, s’étire de plus en plus vers le mois d’avril

Ceci oblige, notamment, à différer le démontage des sites en mi-avril (avec les difficultés liées à la montée de la végétation) et à mobiliser plus de bénévolat sur une plus longue période.

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8) La dynamique des espèces

Si l’on considère les tendances et non les résultats annuels isolés on peut postuler que les principales espèces (Crapauds communs et Grenouilles rousses) sont stables sur les 25 dernières années dans le Haut-Rhin, soit env. 40 000 CC et 5 000 GR (+ ou – 15 %). Il en est de même pour les Tritons (alpestre, palmé et ponctué) bien qu’avec des valeurs plus faibles (en moyenne 350 individus/an). En revanche, la Grenouille agile, assez présente au début des années 2000, a presque totalement disparu. Il en va de même pour le Crapaud calamite mais avec de très petits effectifs au départ. Le Crapaud vert n’est pas pris en compte car, bien que ponctuellement présent dans le Bassin potassique, sa présence dans les installations temporaires est accidentelle (idem pour le complexe de Grenouilles vertes qui, en principe, ne migrent pas via les routes).

9) Les trajets migratoires

DISTANCES : sur de nombreux sites, les plans d’eau sont distants de plus de 500 m des espaces boisés de vie des Crapauds communs et Grenouilles rousses. A l’extrême, on observe des migrations (aller) de 1 km ou plus sur certains sites. La déclivité ne semble pas non plus être un obstacle : à KRUTH-WILDENSTEIN ou à AMMERSCHWIHR par exemple, les Crapauds communs, lors de la migration retour, gravissent une pente rocailleuse de 45° voire plus. PARCOURS : environ 20 % des sites ne sont équipés que dans le sens « aller » (SCHWEIGHOUSE, , , MICHELBACH, ALTKIRCH). Dans ces cas, les migrations « retour » se font obligatoirement par d’autres trajets. Mais, plus globalement le ratio Aller-Retour est de 75 %/25 % ce qui indique qu’une forte majorité d’amphibiens emprunte un trajet migratoire différent à l’aller et au retour * Par ailleurs, il n’existe pas de corrélation avec une espèce en particulier, ainsi le site de SCHWEIGHOUSE n’abrite que des Crapauds communs et n’a aucune migration retour, alors que le site d’ALTKIRCH, dans la même situation, abrite 90 % de Grenouilles rousses. Cette variabilité des trajets est importante à prendre en compte lorsque l’on envisage de nouveaux équipements pérennes. (* les trajets « retour » n’ont fait l’objet d’aucune d’étude spécifique dans notre région, les facteurs déclenchants sont donc inconnus). 10) Les sex-ratio

Ceux-ci ne peuvent être établis de manière fiable car la majorité des sites ne précise pas le sexe des batraciens transportés (ce paramètre n’est d’ailleurs pas demandé dans les fiches de relevé). Néanmoins, sur certains sites, le sexage des individus est effectué (TURCKHEIM, MEYENHEIM, MICHELBACH, WILLER-SUR-THUR). Pour ces sites, le sex-ratio global moyen est de 70 % de mâles et 30 % de femelles pour le Crapaud commun. (les autres espèces non étudiées).

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11) Les aléas

Les équipes du Département, et en particulier des routes, sont confrontées régulièrement à des aléas naturels ou des actes volontaires ou involontaires qui mettent en danger les populations. Ces évènements induisent des mobilisations en urgence, en sus du travail habituel des équipes. Petit florilège des problèmes rencontrés :

2002, sur le site de la RD11-1 AMMERSCHWIHR, un véhicule s’est placé sur le dispositif amont et a roulé sur 200 mètres de filets. Tout est à refaire et tout le matériel est à changer en quelques jours car la migration vient de commencer

2005, les propriétaires du Lac de la Lauch procèdent à un réglage des vannes, sans information des équipes départementales, mettant à sec des milliers de pontes de Grenouilles rousses. Sauvetage manuel en urgence (ci-dessous Laurent SCHWEBEL à la manœuvre)

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2006, à MEYENHEIM (et sur une grande partie de la plaine d’Alsace) il tombe 40 cm de neige en 1 nuit en début mars. Une partie des équipements est écrasée et/ou pliée. Bilan : deux installations successives à 15 jours d’intervalle sur 1,5 km, le tout en pleine viabilité hivernale pour les équipes des routes.

2008, toujours à MEYENHEIM, les sangliers sont de la partie. Ils plient les filets et les piquets, déterrent les seaux, labourent les abords et, accessoirement, dévorent tout ce qui bouge, crapauds compris.

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2010, à -RODERSDORF, un usager du chemin agricole écrase purement et simplement le dispositif pour accéder aux champs cultivés, alors même qu’un passage « mobile » avait été aménagé. Ce phénomène est régulièrement observé ailleurs dans le département.

2014, à ALTKIRCH, à hauteur de l’Hôpital St Morand, un ou des « inconnus » creusent un canal de drainage de la zone humide, pour des raisons non élucidées. Tout le cycle de reproduction locale est mis en danger. La remise en état est effectuée manuellement par le référent du site.

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12) Une aventure humaine hors du commun

L’une des caractéristiques du dispositif est l’implication conjointe, étroite et constante des équipes des Routes (DIR), de l’Environnement (SEA), de la Brigade Verte et de très nombreux bénévoles associatifs ou individuels. Voici une petite rétrospective en images de cet engagement :

Préparation de campagne à l’association Sauvegarde Faune Sauvage 1997 (source F. KASEL)

Les élus en visite à MEYENHEIM 2007

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Les Gardes-Champêtres au lancement de la campagne à MEYENHEIM 1998

Les équipes routières au lancement de la campagne à MEYENHEIM 1998

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Brigade Verte, APPECHV et l’association BUFO à MEYENHEIM 1997 (source F. KASEL)

Brigade Verte au travail dans le SUNDGAU en 2000 (le panneau est non officiel et « bricolé » par les bénévoles) (source BV)

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Quelques-unes des nombreuses animations pédagogiques à MEYENHEIM pilotées par les JPN puis Enjeu Nature puis MNH (sources JL LICHTENAUER et F. KASEL)…avec l’un des derniers panneaux « historiques »

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La Brigade Verte en animation à JUNGHOLTZ-THIERENBACH en 2015 (source JL SYREN)

BUFO en « formation nocturne » aux Iles du Rhin, 2010 (source P. MERCKLE) 24

Mise en place par la DIR (avec chevalet de déroulement « maison », 2017 (source N. OPIGEZ)

Réunion annuelle de coordination avant lancement 2019 (source S. AUDINOT)

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Une (petite) partie des chefs d’agence, d’équipes et de centres de la DIR à l’occasion des 30 ans de campagne 2019 (source J. LEY)

0 2019 (source J . Ley)

Réception offerte par la Présidente B. KLINKERT à l’occasion des 30 ans de campagne batraciens en janvier 2019. Sont présents : les services des Routes, de l’Environnement, de la Communication, les associations (BUFO, Alsace Nature, CSA,…), les corps de l’Etat (ONCFS, AFB,…), les bénévoles (source J. LEY)

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Mars 2019, Opération sauvetage de batraciens par les élues départementales, emmenées par la Présidente B. KLINKERT à JUNGHOLTZ-THIERENBACH (source J. LEY)

Au total, 3 directions du Conseil départemental s’impliquent (DEVI, DIR, DCO), à des degrés divers, dans ces campagnes. S’y ajoutent la Brigade Verte, dont quasiment tous les postes sont concernés, et surtout les associations (BUFO, LPO, CSA, SFS, MNH, …) et bénévoles, au nombre de 70 à 100 selon les années, fournissant 4 000 à 6 000 heures de bénévolat chaque année. De plus la bonne collaboration avec les services déconcentrés de l’Etat (DREAL, ONCFS, AFB) a permis un encadrement juridique et règlementaire efficace. Une autre particularité locale est la « porosité » des interventions car, dans de nombreux cas, des agents salariés du Département, de la Brigade Verte, des Services de l’Etat, … interviennent également, sur leur temps libre, en tant que sauveteurs.

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Crédits :

Photos : Jean-Luc ANCEL, Samuel AUDINOT, Brigade Verte, Philippe BUCHHOLTZ, Jean-Louis LICHTENAUER, Fernand KASEL, Jacky LEY, Philippe MERCKLE, Christian NEUMÜLLER, Nicolas OPIGEZ, Laurent SCHWEBEL, Jean-Luc SYREN, Jean Pierre VACHER.

Textes : Philippe MERCKLE / relecture, contrôle, mise en page : Eric LEVASSEUR et Christine SCHMITT

Dessins : Pierre WISSON

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