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HISTORIQUE

1 T DXJ 259e RÉGIMENT ja D'INFANTERIE

; PENDANT

LA GUERRE 1914-1918

O -TM.PRÎMERIË » J, DELAYE ET FILS PAMIERS HISTORIQUE

DU e 259 RÉGIMENT D'INFANTERIE

PENDANT LA GUERRE 1914-1918

Le 1er août 1914, sous la menace d'une agression organisée et préparée par l'Allemagne, l'Ordre de Mobilisation Générale rappelait sous les Drapeaux tous les nommes soumis par leur âges aux obligations militaires. Conscients de leurs devoirs envers la Patrie et résolus à défendre vaillamment ses frontières, Réservistes et Territoriaux qu'un ardent amour de la Paix attachait cependant à leurs foyers, ne montrèrent aucune hésitation à rejoindre leur dépôt dans les délais fixés. Le 259e R. I. fut alors organisé à Foix avec dés cadres et des hommes de l'Ariège, dont la plupart avaient fait leur service militaire au 59e R. I. Il allait bientôt se montrer digne de la réputation de ce dernier régiment et mettre en relief une fois de plus les qualités de race, bravoure, opiniâtreté, esprit de sacrifice, qui distinguèrent de tout temps les populations arié- geoises toujours attachées à leur fière devise Jocos y se gaousos. Un enthousiasme remarquable n'a cessé de régner au cours des opérations de mobilisation. Le 239e, complété en hommes et en matériel, fort de 2 bataillons à 4 compagnies et 2 sections de mitrailleuses, est prêt à rentrer en campagne le 42 Août 1914. Ce jour là, le lieutenant-colonel Bruneau inspecte son régiment sur les allées de Villote, en présence de M. le Préfet de l'Ariège et de M. le Maire de Foix. Cette revue produit sur tous un effet impressionnant dont les Fuxéens garderont longtemps le souvenir ému. Le lendemain 13 août, le régiment quitte Foix en deux éche- lons et débarque à Suippes, deux jours après. L'encadrement du régiment à cette date est le suivant : ' Combat d'Eton Etat-major* — Le lieutenant-colonel Bruneau ; capitaine adjoint an chef de corps, Llobet ; lieutenant chargé des détails, Le 23 août, vers 3 heures du malin, le 259e s'arrête à l'entrée Grivel ; lieutenant officier d'approvisionnement, Fauré ; lieute- du village d'Eton et passe au- bivouac le restant de la nuit. Il nant chargé du service téléphonique, Labatut ; lieutenant porte- est en réserve. Le 5e bataillon icommandant Tardy) est placé en drapeau, Builles ; médecin-major de 2e classe, Xambcu ; lieute- soutient du 288e; le 6e bataillon (commandant Benoit) est placé re nants chefs de section aux mitrailleuses, Barrau (l section) derrière le 283e dont il prolonge la ligne par un peloton vers e Berthoumieu (2 section). les bois communaux. A l'ouest d'Eton se trouve une briquet- e terie, le lieutenant-colonel Bruneau y établit son poste de 5 Bataillon, Etat-major. —Chef de bataillon, Tardy ; médecin Commandement. Le régiment a pour mission de contre-attaquer aide-mtrjor, Marcaillouji'Aymeric. 77e Compagnie. —- Batailler, l'ennemi en flanc, en cas d'avance de cô dernier. capitaine ; Haon, sous-lieutenant de réserve ; Saintenac, sous- La journée du 23 et la nuit suivante se passent, relativement lîeatenan.t de réserve. 18e Compagnie. — Bapillard, capitaine ; calmes, nos patrouilles de cavalerie fouillent les couverts, quel- Niedree, lieutenant de réserve ; Pujo, sous-lieutenant de réserve. ques groupes de uhlans attirent les coups de feu de nos pre- 19e Compagnie. — Ville, capitaine de réserve ; Maurel, lieutenant mières lignes. de réserve ; Lévy, sous-lieutenant de réserve. 20 Compagnie. — Mais le 24 au matin, une fusillade plus nourrie annonce la Izaure, capitaine de réserve ; Séris, sous-lieutenant de réserve ; prise de contact des deux infanteries. Vers 8 heures, quelques Calmejane Course, sous-lieutenant- de réserve. avions ennemis survolent nos lignes, signalent les emplacements 6e Bataillon. Etat-major. — Chef de bataillon, Benoit ; méde- de nos troupes, règlent le tir de leurs canons; les premiers obus cin aide-major, Gauthié. 21e Compagnie. — Laclotte, capitaine ; tombent autour de la briquetterie; nos artilleurs répondent, Duchesne, sous-lieutenant de réserve ; Cabannes, sous-lieutenant mais on sent qu'ils sont vivement pris à partie et qu'ils ont de de réserve. 22e Compagnie. — ,Véran, capitaine ; Vuillet, sous- la peine à ripostée. L'éclatement des gros obus de l'artillerie lieutenant de réserve ; Carbonne, lieutenant de réserve. 23e lourde allemande domine de temps en temps le vacarme assour- Compagnie. — Vernier, capitaine ; Dargassies, sous-lieutenant dissant de ce premier champ de bataille. Bientôt le combat de réserve ; Périsse, sous-lieutenant de réserve. 24e Compagnie.— s'engage sur tout le front; mitrailleuses et fusils, tout crépite, Soucail, capitaine de réserve ; Riquet, sous lieutenant de réserve; tandis que le canon continue à tonner avec rage. Bigot, sous-lieutenant de réserve. Vers 14 heures, quelques sections dû 288e, décimées par le feu., Le 16 août, le régiment est réuni au cantonnement de se replient. A 18 heures, ce régiment ne tient plus et l'artillerie Somme-Suippes, d'où il part le 17 pour se porter à l'est de placée à sa hauteur, cherche à se dégager. Pour faciliter cette par Dombasle;sur-Argonne. Il arrive le 21 à au opération et reformer devant l'ennemi la barrière brisée, le pied des côtes de . commandai.t Tardy enlève son bataillon, lui fait tra\ erser le plateau au pas de course et vient oceiiper'la position, jalonnée Le 22 août, vers 17 heures, alerte. L'ennemi s'avance, il faut de ses morts que le 288e vieni de quitter. Les 17e et 19e compa- aller à sa rencontre. Très vite rassemblé, le 259e prend la route gnies arrivent les premières et ouvrent aussitôt le feu sur les d'Etain. Bientôt on croise des habitants qui fuient, exodes capotes grises qui cherchent à dissimuler leur marche derrière lamentables de piétons poussant des chariots où s'entassent des les gerbes d'avoine et de blé. Les allemands sont arrêtés nets sur sacs de linge et de vêtements, des caisses, des meubles, des ce point, où le 5e bataillon du 259e tient jusqu'à la nuit. Mais à paquets de Toutes sortes. Parfois ces malheureux, exténués, 20 heures, l'ennemi donne l'assaut au village d'Eton et s'en sont obligés d'abandonner sur les bords de la route une partie empare. La prise d'Eton met en flèche le 5e bataillon, qui des objets dont ils sont trop chargés. Ce spectable attristant de débordé, est obligé de se replier. Il exécute ce mouvement en vieillards, de femmes et d'enfants qui quittent leur village emportant ses blessés et se retire par et l'Etang d'Amel pendant que l'ennemi brûlé leurs demeures et ravage leurs jusqu'au village de Maucourt. champs, fait monter la haine au cœur de nos soldats, qui ne Le 6e bataillon s'était porté a 9 heures, par ordre du Colonel, à songent plus à la fatigue d'une longue marche et attendent avec la lisière nord-est des bois Communaux. Cette lisière est aussitôt impatience le moment d'aborder l'ennemi. organisée défensivement et le bataillon se tient prêt à contre- La nuit tombe. Le régiment traverse le village d'Ornel. Des attaquer. En avant de lui, le 283° n'a pas eu à subir l'attaque lueurs d'incendie illuminent l'horizon, tandis que les éclate- ments des obus piquent au firmament de sinistres étoiles. L'in- dignation grandit dans les âmes. de se retrancher sur les positions acquises. Le combat a été très de l'infanterie ennemie, mais il est écrasé par les obus et subit rude et le nombre des morts et des blessés est déjà très impor- de grandes pertes! Le bataillon Benoit perd aussi beaucoup de tant. Les soldats se battent avec l'énergie et l'audace qui carac- monde. Vers 15 heures 30, l'ennemi gagne du terrain sur la térisent la race ariégeoisc. droite, par un mouvement enveloppant et s'infiltre dans les bois Malgré les pertes subies, le ccurage de nos soldats ne faiblit communaux. Les 21» et 23e compagnies font un feu d'enfer sous pas. Le capitaine Ville, de la 19e compagnie, qui n'a pas été les ordres du capitaine Vernier, qui blessé, est resté à son poste. touché par l'ordre de se fortifier sur place, fait sonner la charge Mais devant les progrès de l'ennemi, il est urgent de se replier et toute la première ligne, baïonnette au canon, se lance à le repli'prescrit par le Lieutenant-Colonel, s'exécute par échelons l'assaut. Le capitaine Ville est mortellement blessé à la tête de sous un feu violent d'artillerie et d'infanterie et sous la poussée e e ses troupes ainsi que le capitaine Veran de la 22 compagnie. constante d'un ennemi supérieur en nombre. Le 6 bataillon Les sous-lieutenants Duchesne et Cabanes de la 21e compagnie, marque cependant un temps d'arrêt sur la croupe boisée au sud- sont blessés. Le sergent mitrailleur Pelet est très grièvement ouest d'Amel, pendant que le génie met hâtivement ce village blessé. en état de défense. Ce travail est inutile, car l'ennemi nous Cette attaque prématurée est brisée par le feu de l'ennemi et déborde toujours et le recul se poursuit jusqu'à Maucourt ou le les débris du 259e se replient sur les pentes sud-ouest de la régiment passe la nuit croupe 338, au nord de Brabant-sur-Meuse, s'accrochent au terrain Après une journée passée aux avants-postes, à l'est du village l! et empêchent l'ennemi de déboucher du bois. d'Ornes, le 259 se porte sur tîaudin ville et pour Dans cette journée où 600 hommes environ restèrent sur le atteindre la 30. terrain, les hommes du 259e se sont surpassés en courage et en Le, 31, le régiment forme l'avant-garde, y reçoit l'ordre héroïsme. Les bataillons sont décimés, mais une belle page est d'attaquer le bois d'Haumont, dans lequel il pénètre sans trop écrite à l'histoire du 259e. Les unités restent en position jusqu'à de peine. Mais au débouché du bois, il tombe IOUS le feu des 20 heures, puis le régiment se porte à Charleville où il arrive à mitrailleuses ennemies et-est obligé de stationner. Il bivouaque 23 heures et après quelques instants de repos se met en route sur place et est aux prises toute la nuit avec les patrouilles sur Aucemont où il va cantonner. boches. • Le Lieutenant-Colonel, très éprouvé physiquement et morale- ment, passe le commandement du régiment au commandant Tardy. Attaque du bois de Le 3 septembre le Lieutenant-Colonel de Labordene vient prendre le commandement du 259e qui se porte le 5 à Bambluzin où il reçoit de son dépôt un renfort de 4 officiers et 360 hommes. Le lendemain, 1er septembre, la Division doit attaquer le bois Le 5 septembre, la Division est dirigée vers Saint-Mihiel. de Consenvoye. Le régiment ayant à sa droite lé 288e B. I., à sa Le 259e renforcé par une batterie d'artillerie doit lui servir de gauche, le 283e, traverse le village de Haumont et remontant le flanc garde. Il a en avant de lui à un demi-régiment ravin, à l'ouest de ce village, se dirige (6e bataillon en première de cavalerie qui signale dans la soirée quelques cavaliers enne- e ligne, 5 bataillon en soutien) sur son objectif. Vers 8 heures, mis vers et Ipecourt. les compagnies de tête engagent le combat contre un ennemi, invisible qui tient la lisière des bois. Elles sont successivement renforcées par les deux autres compagnies du bataillon qui con- tinuent à progresser et atteint, vers 9 heures, la croupe 400, au Combat d'Ósches sud-ouest du rentrant du bois de Consenvoye. Soutenu par deux compagnies du 5e bataillon, le bataillon Benoit se main- tient sur cette position. Chacun est décidé à faire tout son Le 6 septembre, le régiment, se portant à la rencontre de l'en- devoir. nemi traverse Souilly et atteint, vers 8 heures, la lisière Ouest Vers dix heures, le Chef de bataillon est blessé d'une balle à du Bois d'Osches. Il attaque ensuite le village dont l'ennemi la tête, lé capitaine Batailler, commandant la 18e compagnie, tient la lisière et les abords. Il -s'empare de ce village qu'un est tué. i retour offensif lui reprend, l'ennemi ayant mis en action un Vers 13 heures, les deux dernières compagnies du régiment grand nombre de mitrailleuses. Mais il se maintient, jusqu'à la se portent en avant, mais les unités voisines semblent avoir nuit, sur la croupe qui le domine. beaucoup de peine à progresser et l'ordre est donné au régiment — 6 — — 7 —

Le 259e se replie ensuite sur Souilly où il bivouaque en for- <( Le soldat Sutra dit Poundaorou de la 17e compagnie, blessé mation de combat, encadré par les autres régiments de la brigade. « à la jambe le 1er septembre, a refusé de quitter son poste et a Du 7 septembre au 10 septembre, le régiment combat encore « continué à marcher en avant jusqu'au moment où il a reçu à Osches et à Ipécourt d'où il chasse l'ennemi, faisant 125 pri- « une balle au côté ». sonniers parmi lesquels 80 brancardiers et 2 médecins. Il can- e tonne le 10 à Pierreflte. « Le sergent Bousquet Elie, de la 17 compagnie, blessé très er Après avoir organisé, le 11 septembre, à l'Ouest de Laheimeix, « grièvement le 1 septembre, a continué à exciter ses hommes une position de repli pour la 67e D. L de réserve, le 259e R. L « jusqu'au moment où ses forces l'ont complètement abandonné ». rentre à Pierreflte d'où il repart le 15. pour aller occuper, avec « Le soldat Bigaud Joseph,- de la 19e compagnie, type de l'excel- e les 2 autres régiments de la 134 brigade, une batterie d'artil- « lent soldat, s'est particulièrement distingué aux combats des lerie et une Compagnie du génie, le défile Rambluzin-Recour le « 5, 6 et 7 septembre et au cours de nombreuses patrouilles Creux, face à l'Ouest. « auxquelles il a volontairement pris part ». Mais, les effets de la victoire de la Marne, se font déjà sentir. L'ennemi cède peu à peu laissant des prisonniers, du matériel « Le sergent Blazy Jean-Baptiste, a été blessé le 6 septem- et principalement de l'artillerie lourde que le terrain, détrempé « bre 1914 à l'attaque du village d'Osches en entraînant avec le par la pluie, empêche d'enlever. <( plus grand courage sa section à l'assaut ». Le régiment relevé sur ses positions se rend à Haudainville. « Le soldat Bespaud Jean-Noël, de la 17e compagnie, s'est dis- où il séjourne du 16 au 18 septembre. « tingué en avant d'Ipécourt, le 7 septembre en dirigeant avec Pendant cette période très active d'opérations en rase campa- e « beaucoup d'intelligence et de sang-froid une patrouille péril- gne le 259 1!. I. a montre de réelles qualités d'endurance, d'en- ce leuse, en ramenant les deux hommes qui furent blessés au train, d'opiniâtreté et de vaillance. Les actes de courage à signa- « cours de cette opération et en rapportant des renseignements ler ne sont pas rares. A Eton le Capitaine Vernier blessé à l'é- « précieux ». paule refuse de se laisser évacuer. « Le caporal Esquirol Louis-René, de la 18e compagnie, bon L'Adjudant Muckensturm Auguste, de la 20e eompagnie, Mé- daille Militaire « Sous-officier très courageux, a été tué à la tête « gradé qui s'est toujours conduit très courageusement au feu en « de sa Section qu'à plusieurs reprises il a brillamment menée « particulier le 3 septembre 1914, pendant une patrouille au « à l'assaut du Bois de Consenvoye. » « cours de laquelle il a été grièvement blessé. A perdu l'usage « de la main et l'avant-bras gauche ». Parmi les militaires qui se sont distingués, il convient de citer e Ces nombreuses citations attestent la vaillance des braves du « Le soldat Alayrac Louis, de la 17 compagnie qui blessé 259e qui portaient déjà bien haut la gloire de leur régiment. « légèrement à la jambe par éclat d'obus, le 24 août 1914, n'a Après une pointe poussée vers Abaucourt sur la route d'Etain « pas voulu quitter son poste et a continué à remplir vailïam- (19 septembre) le 259e est ramené vers le Sud et dirigé vers le « ment ses fonctions d'agent de liaison ». secteur des Eparges où vont se livrer bientôt de très rudes com- « Le soldat Marcérou Jean, de la 24e compagnie qui fut blessé bats. er « le 1 septembre à Consenvoye de deux balles à la cuisse et Le 22 septembre, il reçoit l'ordre de se porter par la tranchée « d'une balle dans la main ; il n'échappa aux Allemands qui ache- de Calonne jusqu'au bois de Saint-Rémy dont il doit occuper la « vaient les blessés, qu'en faisant le mort et put rejoindre nos lisière Orientale, face à Dommartin-la-Montagne. Mais, en cours « lignes grâce à son énergie peu commune ». de route, il apprend que l'ennemi occupe la partie Sud du bois Ont encore été cités au cours de cette période : organisée défensivement et bientôt nos patrouilles se heurtent à e droite et à gauche de la tranchée de Calonne à des tranchées « Le soldat Périlhou Emile, 19 compagnie s'est fait remarquer ennemies d'où part un feu très vif. « dans tous les combats livrés au cours de la campagne par son Les compagnies de tête successivement déployées sont immo- « courage et son sang froid, notamment le 1<* septembre res- bilisées en face des allemands, que la 19e compagnie va chercher te tant un des derniers sur la ligne et ne se repliant que' sur à déborder. Mais celle-ci est arrêtée à son tour et la situation « l'ordre d'un gradé ». reste stationnaire pendant plus de 4 heures. Chaque effort offensif « Le soldat Billières Albert, grièvement blessé au combat du des allemands est paralysé par notre feu et réciproquement. « 1er septembre, a fait preuve du plus bel entrain et du plus A notre gauche, la 12e D. I. voit son attaque brisée par l'en- « grand courage en se portant à la tête de sa section ». nemi et se replie découvrant le flanc du régiment. Le 259e R. I. — 9 — - 8 — perfectionnés de l'ennemi. Ils supportent sans se plaindre toutes pris d'enfilade et presque de revers par une batterie de mitrail- les souffrances qu'amènent les intempéries. leuses est obligé de céder du terrain. Le mouvement s'exécute Le séjour au Bois des Chevaliers est coupé périodiquement avec ordre, mais non sans pertes sérieuses. Le capitaine Llobet, par un repos de quelques jours à Ambly ou à Villers-sur-Meuse, adjoint au Colonel, officier d'une rare énergie et d'un très grand pendant lesquels' le régiment perfectionne son instruction, courage est blessé grièvement à l'épaule et à la figure. Le sous- apprend le maniement des nouveaux engins de combat et vaque lieutenant Périssé est blessé. Beaucoup d'hommes sont tués ou aux soins de propreté et d'hygiène. blessés Néanmoins le régiment se reforme à Vaux-les-Palameix et Ainsi se passe l'hiver rigoureux de 1914 et 1915. vers 16 heures le Colonel le ramène au bois de la Côte des Bœufs Parmi les ¡militaires du Régiment qui ont été cités au cours face à Dommartin. des opérations de la fin du mois de septembre, nous trouvons : Les jours suivants, de nouveaux efforts sont tentés pour « Le Capitaine Laclotte Prosper, blessé à la face au cours du atteindre la tranchée de Calonne et la lisière Est du bois de d combat du 22 rseptembre, a conservé le commandement de Saint-Rémy. Le 24 dans la matinée ces objectifs sont aiteintsen « sa compagnie, lui a fait exécuter une contre-attaque et l'a partie. Mais, vers midi, l'ennemi qui a amené des renforts, « maintenue sur la ligne de feu dans les circonstances les plus prononce une vigoureuse attaque avec des forces considérables contre le 283e puis contre notre propre droite qui débordée cède « difficiles ». le terrain pied à pied tout en infligeant de lourdes pertes aux « Le lieutenant Cady Amédée, le 22 septembre a eu les deux allemands. \ « cuisses traversées par une balle alors qu'il chargeait à la tête Vers 13 heures, le 259e repousse un violent assaut et arrête « de sa compagnie, et malgré sa blessure a exhorté ses hommes un moment l'ennemi ; mais celui-ci dont le nombre va sans « à marcher en avant. Est revenu sur le front à peine guéri)). grossissant continue à gagner du terrain et nous oblige à pour- suivre notre repli. Le 5e bataillon se retire en bon ordre vers le « Le' lieutenant Séris Bernard, a eu les deux bras fracturés le bois Loclont, pendant que le 6e bataillon se dirige vers Vaux-le- « 22 septembre, alors qu'il marchait à la tête de sa compagnie Palameix, « chargeant à la baïonnette. N'a quitté la compagnie qu'après A la tombée de la nuit, à peine reformé le régiment reçoit « avoir encouragé ses hommes à poursuivre leur mouvement en l'ordre de tenir la route , Vaux-les-Palameix. Il arrive sur « avant ». ses emplacements à 23 heures et bivouaque en formation de <( Le soldat Vares, blessé à la tête d'une patrouille qu'il com- combat, ayant à sa droite un bataillon du 132e R. I. et à sa e (f mandait, le 22 septembre près de la tranchée de Calonne, a gauche un bataillon du 283 R. I. La position est aussitôt orga- « continué à la diriger d'une manière parfaite, et a rapporté nisée défensivement et le régiment continue à y travailler jus- « tous les renseignements demandés , est resté au feu toute la qu'au 30 septembre. « journée ne consentant à se faire panser qu'à la fin du combat » Le 1er octobre, le 259e est relevé par le 10e R. I. et va can- tonner à Ambly, où il reçoit un renfort de officiers et 500 « Le sergent Vidal Adrien de la 17me compagnie, tué le 24 hommes Venant dù dépôt. « septembre en allant porter secours,, bravement, à un de ses « camarades grièvement blessé et sur le point de tomber entre « les mains de l'ennemi ». En Secteur " Le soldat Soula Dominique, de la 20me compagnie, volon- « taire pour exécuter une mission périlleuse, le 24 septembre a « été glorieusement tué après avoir tenu tête à des forces supé- Le 2 octobre le régiment entre en ligne dans le secteur du « Heures ». Bois des Chevaliers. « Le capitaine Soucail, le 24 septembre à l'intersection des C'est la guerre de tranchée qui commence pendant laquelle « tranchées des grandes Ornières et des tranchées de Calonne, nuit et jour la bataille ne cesse pas. Embuscades, patrouilles, « étant à l'extrême droiie du régiment, a su contenir et repous- coups de main, attaques locales, luttes d'artillerie, tel est le ré- « ser l'ennemi pendant plus d'une heure, alors qu'il venait lui- gime qui nous cause chaque jour quelques pertes. if même d'être tourné et a ramené sa compagnie dans le plus Les hommes ne se contentent pas d'être braves ni de lutter « grand ordre ». avec des engins 'improvisés contre les grenades et les engins (S.D...CJ

« Le soldat Loubet Jean Eugène de la 19 Cië, faisant partie d'un « Le sergent Authié, le 24 septembre, dans la tranchée de* « groupe de cinq hommes allant occuper un poste de nuit, et se « Calonne a soutenu avec sa section première ligne, à deux re- te prises de violentes attaques de l'ennemi, supérieur en nombre « heurtant à une patrouille forte de quinze allemands dont le " premier coup de feu blessait mortellement un de, ses camarades « et l'a empêché d'avancer permettant ainsi à d'autres fractions (( a fait preuve dés plus grandes qualités de courage et de sang- « du régiment de prendre position et de s'opposer au mouve- « ment en avant de l'ennemi ». « froid. A ouvert immédiatement le feu et coopéré au lancement « de grenades ce qui a déterminé la fuite de l'adversaire ». « Le soldat Bru Alfred de la- 17me compagnie, au combat du « Le soldat Déramond Jean de la 24me compagnie, blessé à « 24 septembre est allé relever son chef de demi-seclion griève- « ment blessé et sur le point de tomber entre les mains des « deux reprises au cours d'une patrouille faite dans la nuit du 17 « allemands ». « au 18 septembre 1915, est resté à son poste et a continué de » tirer, donnant ainsi un bel exemple de courage et d'abnégation». « Le caporal Darquié Paul, de la 19me compagnie, excellent « gradé, très énergique. A dirigé de nombreuses patrouilles et a Le 26 septembre le régiment est alerté et les travaux sont sus- pendus. On attend que les résultats de l'offensive engagée en « effectué à diverses reprises seul et spontanément des recon- Champagne donnent au 259me l'occasion d'intervenir. té naissances des positions ennemies ». Le 27 on apprend avec joie les premiers avantages obtenus, « Le sergent Deluc Armand, de la 20me compagnie, le 2\ sep- 23.000 prisonniers dit-on, 120 canons C'est la percée avec tous « tembre à la tranchée de Calonne, a dirigé avec beaucoup de ses espoirs. a sang-froid, une patrouille très périlleuse qui s'est heurté à des Mais ce succès ne Va pas plus loin. Le 1er octobre le service « forces bien supérieures. Est revenu seul et a rapporté des ren- d'alerte cesse et les travaux d'organisation sont repris. « seignements précieux. » Un second hiver celui de 1915 et 1916 commence et impose à nos soldats de dures fatigues et de rudes épreuves. Une pluie Au mois de juin 1915, le régiment est relevé dans le secteur persistante rend l'exécution de leur travaux très difficile. Une du bois des Chevaliers et après un repos de deux jours à Recourt- canonnade ininterrompue leur cause des pertes continuelles. Si le-Creux arrive le 12 juin au carrefour de Màrcàulieu dans la fo- le rôle du régiment est sans gloire il n'est pas malheureusement rêt du même nom. Il va tenir face à St-Mihiel le secteur des sans péril. Paroches. Enfin le 15 janvier 1916 le régiment est relevé et se rend à Ici en raison des positions dominantes tenues parles Allemands Villotte devant St-Mihiel. Pendant quelques semaines il perfec- toute circulation doit être interrompue pendant le jour. Les tra- tionne son instruction à des exercices journaliers au camp de vaux ne peuvent être exécutés que de nuit, ce qui augmente la en vue de nouvelles attaques. fatigue des hommes. Mais les organisations défensives se per- Le lieutenant-Colonel Tronyo remplace à la tête du 259me le fectionnent et peu à peu on occupe des abris offrant plus de sécu- colonel de Laborderie qui vient d'être promu et prend le com- rité et de commodité. Dans ce travail nos actifs Ariègeois avaient mandement de la brigade. pris d'excellentes-dispositions indépendamment du confort pour On s'attend à une attaque allemande sur le front de Verdun organiser une longue et vigoureuse résistance. et l'on redouble d'activité dans l'organisation des positions de Les mois de juillet et d'août se passent sans accident notable défense. Chacun sent la gravité de la situation et se dépense à signaler. sans compter afin que tout soit prêt pour arrêter le flot de 1 of- Au début de septembre, les patrouilles de part et d'autres de- fensive boche que l'on sent imminente, Et celle-ci en effet, quel- viennent plus fréquentes et des rencontres ont lieu au cours des- que violente qu'elle soit, pourra obtenir quelques succès appré- quels des coups de feu sont échangés. Il y a lieu de signaler à ciables mais sera brisée et arrêtée. A VEBDUN diront les poilus cette occasion la conduite des militaires ci-après : ON NE PASSE PAS ! « Le caporal Cabau Jean, de la 19me compagnie, se heurtant à « une patrouille forte de 15 allemands, alors qu'avec 4 hommes il VERDUN tt allait occuper un poste de nuit et, ayant eu dès le début un de tt ses soldats mortellement blessé, a fait preuve des plus grandes « qualités de courage et de sang-froid. A ouvert immédiatement Le 12 février le régiment va cantonner à Montzeville et le 14 « le feu et lancé des grenades sur l'adversaire et l'a par son atti- à . Les travaux commencent aussitôt dans la région (t tude énergique forcé a prendre la fuite ». du Morthomme et du bois des Corbeaux. — 12 — — 13 —

De temps en temps le régiment est alerté, la violence du tir 23mñ Compagnie— Capitaine Cady. Sous-lieutenants Clément, de l'artillerie ennemie fait craindre le commencement d'une atta- et Montcassin. 1 que. 24me Compagnie. — Capitaine St-AIary. Lieutenent Laffont. Jusqu'à la fin de février et dans les premiers jours de mars la canonnade augmente d'intensité ; les obus toxiques alternent Sous-lieutenant Boyguerin. avec les obus de gros calibre. Grâce aux dispositions prises, nos Compagnie de mitrailleuses. — Capitaine Bouvaid. Sous-lieute- pertes sont cependant relativement faibles, bien que nos posi- nant de Laborderie. tions soient battues de flanc et presque à revers par les batte- Le 5 mars dans la soirée, l'artillerie allemande exécute un ries allemandes de la rive droite de la Meuse. réglage d'une remarquable précision sur les lisières Nord du bois de Cumières et du bois des Corbeaux. Le • calme revient, calme précurseur de l'orage. Encadrement du Régiment Le 6 à la pointe du jour, le bombardement recommence avec une violence encore plus grande. . Il est dirigé particulièrement à la date du 1" Mars sur les premières lignes et les centres de résistance du bois des Corbeaux occupés pàr la 2ime Cie. La 22me occupe avec un pelo- ton (lieutenant Mouchard) l'intervalle entre les centres 2 et 3 et Lieutenant-Colonel, commandant le régiment Tronyo. détache l'autre peloton (sous-lieutenant Boubineau) aux avants- Capitaine adjoint au colonel, Builles. postes en avant du moulin de Raffecourt. Médecin-major chef de service, Xambeu. Vers 8 heures le lieutenant-Colonel fait renforcer la garnison » aide-major de 2me classe, Chavoise. des ouvrages par les deux autres compagnies du 6me Bataillon. Officier de détails, Antoine Colomer, lieutenant. Les unités du 5me bataillon sont ainsi réparties : » d'approvisionnement Auguste Colomer sous-lieutenant 18me Cie en réserve de régiment à la lisière sud du bois des Porte-drapeau, chef du service téléphonique, Cabannes, lieut. Cumières.-, 17me, 19me, 20me Cies au nord et à l'ouest de Chattancourt en mo 5 Bataillon réserve de brigade. Chef de Bataillon Pochelu — Médecin aide-major de 2me classe Le'bombardement ennemi se poursuit avec une intensité de Pilven — Adjoint au Chef de bataillon, de ïourcroy, adjudant plus en plus grande pendant le restant de la matinée. Les liai- sons deviennent de plus en plus difficile-, les communications de cavalerie. téléphoniques sont coupées,. le brouillard couvre le fond de la 77'me Compagnie. — Capitaine Sentenac. Sous-lieutenants Del- vallée, il est impossible de savoir exactement ce qui se passe rieu, Barthe, Bous de Madinhac. autour des contres de résistance. Cependant dès 9 heures du 18mo Compagnie. — Capitaine Joffres. Lieutenant Bernadac. matin le Colonel commandant la brigade a aperçu de son poste Sous-lieuteutenants Lalette, Honlie. d'observation des équipes de soldats allemands portant des pas- 19me Compagnie. — Capitaine Haon ( détaché ). Lieutenant serelles pour franchir le ruisseau de Forges et l'infanterie enne- Hodde (commandant de Cie). Sous-lieutenants Pommier, Alabert. mie baïonnette au canon attendant pour sortir de ses tranchées la fin de la préparation d'artillerie. Le tir de notre artillerie sur 20ma Compagnie. — Lieutenant Laguerre. Sous-lieutenants ees objectifs °st demandé par tous les moyens, mais il est im- Rougé, Hébrard. possible de l'obtenir. Vers midi l'artillerie allemande allonge son me tir'et l'infanterie sè lance à l'attaque. 6 Bataillon A notre droite le village de Forges est enlevé ; le bataillon du Chef de bataillon Cayrol. — Médecin aide-major de 2e classe 211me qui l'occupe est presque entièrement pris ou détruit. Le Soulé. — Adjoint au Chef de bataillon Dénué, adjudant de ruisseau des Forges est franchi et l'ennemi aborde nos premières lignes. Ses vagues d'assaut sont repoussées par notre feu, la cavalerie. résistance se prolonge un certain temps avec une extrême 2/mc Compagnie. — Capitaine Moveau. — Sous-lieutenants difficulté ; mais bientôt attaqué violemment de front par de Balayé, Filon. nouvelles troupes débordé et pris à revers le peloton Roubineau 22me Compagnie — Capitaine Juvin. Lieutenant Mouchard. ne peut se replier en arrière sur le bois des Corbeaux. Sous lieutenant Boubineau. Seuls, quelques hommes réussissent avec le capitaine Juvin — 15 — — 14 — l'Oie et bientôt après, vers il heures 15, le tir de l'artillerie qui est blessé, à se frayer un chemin. Le reste est tué, blessé s'allonge et les allemands entreprennent une nouvelle attaque. ou prisonnier. e e Les Allemands limitent à ce succès leur effort de la journée, Les 17 et 21 compagnies, considérablement affaiblies y font ils se retranchent aussitôt sur le terrain tandis que leur artille- face, elles sont décimées, l'ennemi se rend maître de la lisière de crainte d'un retour offensif de notre part, exécute un tir de sud du bois de Cumières, prenant ainsi à revers nos centres de barrage serré sur la lisière nord des bois et sur les centres de résistance et les ouvrages du bois des Corbeaux. Les unités qui résistance. s'y trouvent sont dans l'impossibilité de se dégager. Seuls, Le pilonnage par obus de tout calibre continue sur toute la quelques hommes réussissent à s'échapper. Nos pertes sont e position, le bois est complètement hàché et a presque disparu. énormes, le 6 bataillon est a peu près anéanti. Son chef, le commandant Cayrol, officier brave et énergique, est blessé et Le poste du colonel est intenable, beaucoup d'hommes y sont e blessés, il est déplacé et porté en contre-pente à la lisière sud fait prisonnier avec presque toute sa liaison. De la 21 com- du bois. Dans les unités le nombre des blessés et des tués est pagnie, reviennent seulement, le capitaine Moreau et une considérable. Le capitaine St-Alary, commandant la 24me Cie vingtaine d'hommes. Le sous-lieutenant Balaye, de cette compa- est blessé et évacué, il remet le commandement aii lieutenant gnie, déjà blessé, meurt intoxiqué par les gaz en traversant Chattancourt. Le capitaine Cady, commandant de la 23e compa- Lafîont qui est blessé très grièvement à son tour et meurt deux e jours après à l'ambulance. gnie, est blessé, de la 24 compagnie, il ne reste qu'un sous- Les tranchées complètement bouleversées n'existent plus ; les lieutenant et quelques hommes. hommes ne peuvent s'abriter que'dans les trous d'obus. Devant Le 5e bataillon a également beaucoup souflert. La 18e compa- eux l'ennemi s'organise, mais aucun réseau de fils de fer aucune gnie a subi le sort du 6e bataillon. Les 17e et 20e compagnies défense accessoire ne sépare les deux adversaires. Il fait un froid sont très éprouvées. Le capitaine Sentenac, de la 17e, est griève- terrible. Pendant toute la nuit, l'artillerie tonne sans répit, C'est ment blessé; son sous-lieutenant, Bous de Madinhac est tué. Le un véritable enfer. lieutenant Laguerre,. de la 20e compagnie, est évacué. A la Il faut avoir vécu de pareils moments pour savoir de quelles' tombée de la nuit, ce qui reste du 259e, renforce la 19e compa- qualités physiques et morales les soldats de Verdun ont du être gnie, qui se maintient à la lisière sud du bois des Corbeaux, solidement armés. Energie, ténacité, abnégation, courage, héroïs- non sans avoir éprouvé des pertes sensibles. me, les soldats du 259e ont pratiqué toutes ces vertus et provo- Deux solides réseaux de fils de fer placés, l'un en lisière du qué l'admiration de tous par la résistance qu'ils ont opposé à bois, l'autre, plus épais, à 50 mètres du premier, et à contre l'ennemi dans une situation aussi critique. Privés de nourriture pente, arrête l'élan de l'assaillant qui ne peut profiter de son et de sommeil, harassés de fatigue, les nerfs brisés par l'assour- -avance rapide, ce qui nous donne le temps de nous ressaissir et dissant vacarme des obus, nos soldats, au cours de cette nuit de l'arrêter définitivement dans la plaine, aux abords du village horrible se renforcent, ravitaillant en munitions les centres de de Cumières, qui reste entre nos mains, et du bois de la résistance et se préparent à résister à de nouveaux assauts. Les Caurette que nous tenons aussi. L'ennemi avance son tir et officiers donnent l'exemple aussi peuvent-ils tout exiger de leurs inonde de gaz toute la plaine. Mais il ne peut progresser davan- hommes. tage. Le 7 au matin, le commandant Pochelu (5me bâton) dont les Le 8 et le 9 mars, le bombardement continue toujours très unités ont été portées dans l'après-midi du 6 jusqu'à la lisière violent, mais l'infanterie ennemie, dont les pertes ont dû être sud du bois de Cumières est mis avec deux compagnies (17 et 20e) aussi très fortes, • restent inactives sur notre front. Les alle- à la disposition du colonel du 211e. Il occupe la liôre est du bois mands, en effet, • semblent chercher à élargir leur succès, de Cumières et l'intervalle entre ce bois et la route; de Forges. en portant leurs efforts sur Bettincourt et le Morthomme. e La 19e Cie reste en réserva. La 18 est à la disposition du com- Le lieutenant-colonel Tronyo, très affecté par les pertes que me mandant Cayrol (6 Bâton.) dans le bois des Corbeaux. son régiment avait subies et éprouvé physiquement par les Le bombardement qui a duré toute la nuit continue au cours fatigues de la campagne et les fièvres paludéennes qu'il avait de la matinée avec une violence sans cesse accrue. La lisière est contractées en Afrique, fut évacué dans la nuit du 7 mars, du bois et les ouvrages à contre-pente sont particulièrement bat- le chef de bataillon Pochelu prit le commandement du régiment tus, tant par les batteries du bois des Forges que par celles de la e dont l'effectif était considérablement réduit. rive droite de la Meuse. Les 17 et 20 Cies subissent des pertes Dans la nuit du 9 au 10 mars, la Division est relevée par une très sensibles. Division marocaine, le régiment va cantonner à Fromereville où Un train boche débarque des troupes au bois de la Côte de — 16 — — 17 — il est réorganisé en un bataillon unique, dont l'encadrement est point le plus exposé et en maintenant par leur brillante attitude le suivant : leurs hommes sous un violent bombardement. » Chef de bataillon : Commandant Pochelu. Le lieutenant MOUCHARD Louis : « Officier très énergique, les 6 et 7 mars, a maintenu sa section sous le bombardement le plus 77e compagnie. — Moreau, capitaine; Delrieu, sous lieutenant; violent. Cerné, s'est frayé un passage avec ses hommes dans les Clément, sous-lieutenant. rangs ennemis. » 18E compagnie. — Luciani, lieutenant; Moncassin, sous-lieu- Le sous-lieutenant AYNIÉ Henri, et l'adjudant GALY Jean : « Se tenant; Bois'guerin, sous lieutenant. sont signalés le 7 mars, en maintenant la section jusqu'à la 19E compagnie. — Cabannes, lieutenant; Alla vert, sous-lieu- dernière extrémité, sur une position avancée, violemment bom- tenant. , bardée où les tranchées n'exixtaient plus. » 20E compagnie. — Mouchard, lieutenant; Hébrard, sous-lieute-- Le lieutenant LAFFONT Alphonse : « Tué à la tête de sa section nant. en défendant la position qui lui était confiée. » Au cours des combats des 6 et 7 mars, et des journées des 8 et Le lieutenant HODDE Julien : « A donné à ses hommes le 9 mars, le régiment a perdu, en tués, blessés ou disparus : meilleur exemple de courage en se faisant tuer sur la position qu'il était chargé de défendre. » 21 officiers et 976 hommes de troupe. e Le colonel de Laborderie, ancien commandant du 259 , fut Le sergent-fourrier BARBOUTEAU Jean : « Au cours des journées blessé très grièvement le 10 au soir, quelques instants avant de des 6, 7 et 8 mars 1916, a assuré la liaison entre les avants- quitter le poste de commandement de la brigade, le déplacement postes et les unités de première ligne, malgré un bombardement d'air, produit par la chute d'un obus de 210, devant la porte du des plus intense, donnant ainsi un bel exemple d'énergie, de poste, projette cet officier contre l'angle d'un meuble cl il se courage et de sang-froid. » ' . fend le crâne. L'opération du trépan est pratiquée aussitôt, mais on ne peut sauver ce brave qui meurt le 11 au soir, sans avoir Le soldat RIGAUD Joseph, de la 19e compagnie : « Toujours volontaire pour les missions périlleuses. Blessé au cours d'une repris connaissance. . e , Après deux jours de repos à Fromereville, le 2o9 est enlevé violente attaque ennemie, ne s'est laissé évacuer.que sur l'ordre en autobus le 14 mars avec le reste de la division et transporté de son Commandant de compagnie. » r à VillGrá"lG~Ssc. Les soldats LESTEL Julien et SAINT-FÉLIX, infirmiers : « On fait Un renfortde 300 hommes, de la classe 16, venant du dépôt preuve de courage et de dévouement en soignant et en évacuant de Toulouse, arrive le 17 mars, sert à compléter les unîtes du des blessés pendant les journées des 6, 7 et 8 mars, sous un bataillon. violent bombardement. » i e 20 mars le 259e s'embarque à Blesmes, débarque à Le caporal GUERAULT Edouard, de In 19' compagnie : « A fait Epernay et va cantonner à Ceilly ; le 21, il est à Viollaine où il preuve de courage en se portant à l'avant sous un feu violent reçoit un nouveau renfort de .2 officiers et 204 hommes venant, d'infanterie, pour reconnaître les forces ennemies occupant la du dépôt de Foix; le 26, il cantonne a Pouilly. Le 6» bataillon est reconstitué. Le capitaine Barreré venu avec le dernier ren- lisière d'un bois. » e fort en prend le commandement. Un renfort de 19o hommes Les soldats AMILHAT André et C .UÛES Jean, de la 22 compa- arrive le 23' un second renfort de 192 hommes arrive le 24; à la gnie : « Blessés aux avants-postes. >nt rallié nos lignes sous un fin du mois' de mars, le régiment est réorganise et se remet a l'eu des plus violent et des plus înlc.ise. » l'entraînement. Les soldats AZÉMA Siméon et B.^GUET Ernest, téléphonistes à Le 1er avril le commandant Froment vient prendre le com- la C. H. B. : « Détachés dans un poste téléphonique, dans un mandement du 259e et le passe en revue. Le 3, le General village violemment bombardé, ont maintenu leurs lignes dans commandant la Division, au cours dune prise d armes, remet un bon état de fonctionnement. » quelques décorations à ceux qui se sont le plus distingues a Le soldat MAROTTE Vincent : « Le 6 mars, sous un bombarde- Verdun. ment intense, a été chercher à 3 reprises différentes, de ses camarades blessés, et les a ramenés dans la tranchée. Blessé le 7 Le capitaine SENTENÀG Jean, et le sous lieutenant BARTHE. Gaston : « Se sont distingués en se portant, le 7 mars 1916, au mars. » - 18 — - 19 - Le sergent-fourrier ROUSSENAC : « A assuré la liaison au cours dés journées des 7, 8 et 9 mars, avec beaucoup de bravoure et d'endurance dans les circonstances les plus difficile, sous un Le 259e n'a eu qu'une très courte existence au cours de la bombardement des plus violents. » •guerre (un peu moins de deux ans), mais il a pris part aux opé- rations les plus dures et les plus difficiles, celles du début où, Le soldat mitrailleur DEGIIAVE Guillaume : « Soldat d'un en état d'infériorité numérique et matérielle, avec une artillerie dévouement parfait, a assuré pendant lti jours, sous un bombar- insuffisante, il nous fallait attaquer sans relâche un ennemi dement intense et sur tons les terrains, la liaison entre sa section puissamment armé, solidement retranché, et protégé par des et le commandement, faisant preuve d'une abnégation remar- défenses accessoires, (abatis et réseaux de fil de fer) impossibles quable et d'un mépris absolu du danger. » à aborder, et celle de Verdun où les poitrines de nos soldats ont fait en avant de la cité meusienne un rempart que l'ennemi n'a Le soldat mitrailleur COSTESEQUF, Louis : « Après s'être main- pu briser. tenu sous un bombardement violent, resté seul et débordé, a Honneur et reconnaissance aux morts glorieux qui en donnant emporté sa pièce pour ne pas la laisser à l'ennemi. » leur vie ont sauvé Verdun et la et ont été les premiers Le caporal TROPE Henri, n° matricule 11350, 18e compagnie : artisans de la victoire. « Gradé énergique et courageux. Ayant été fait prisonnier et Honneur à vous tous, soldats du 259" qui avez.donné tant de amené en captivité, a réussi à s'échapper et à faire rentrer en preuves de votre patriotisme, de votre courage et de votre France avec lui deux de ses camarades, a montré pour réussir attachement au devoir. Soyez fiers de ce qu'à fait votre beau cette difficile évasion, de belles qualités d'audace, de sang-froid, régiment à Eton, à Consenvoye, à Oches, aux Eparges et à d'initiative et de décision. » Verdun et lorsque vous entendrez parler de la bataille de Verdnn oji votre héroïsme fut sublime, vous pourrez dire avec fierté : Bientôt on parle de la dissolution d'un régiment de chaque j'y étais avec le 259e et devant nous la ruée allemande fut brigade en vue de former un troisième bataillon dans les deux brisée : On ne passait pas! autres régiments. Dans la Division, les régiments désignés sont le 211e et le 259e. Le 13 mars, au cours d'une marche de toute la Division, le général de Division passe ses troupes en revue, h Ville-en-Tardenois, remet encore quelques décorations et fait l'éloge îles deux régiments dissous, le 211e et le 259e qui se sont héroïquement conduits à Verdun et y ont subi d'énormes perles Le courage, l'énergie et la valeur morale des troupes sont consacrés dans l'ordre général n" 74, du 7 avril 19115, par, lequel le Général commandant la IIe Armée cite la 07E Division ii l'Ordre de l'Armée :

•« A peine installée dans le secteur qui leur était assigné, a, grâce à une valeur morale très élevée, subi sans défaillance un bombardemonMninterrompu pendant quinze jours; a arrêté ensuite, par un combat incessant, de jourcomme.de nuit, de très fortes attaques. Troupes très belles et très braves. » Signé : PÉTAI N. La dissolution du 259e est un fait.accompli à la date du 15 avril. Le 5e bataillon (commandant Pochelu) passe au 283e; le 6e bataillon (capitaine Barreré) passe au 288e. Le Drapeau est porté au dépôt, à Foix par le lieutenant Delrieu et une garde de un sergent et quelques hommes.

Pamiers, imprimerie J. DËLAYE et FILS