UNIVERSITE D’ ECOLE NORMALE SUPERIEURE DEPARTEMENT DE FORMATION INITIALE LITTERAIRE C.E.R. HISTOIRE ET GEOGRAPHIE

««« POTENTIALITES ECONOMIQUES ET PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT DE LA COMMUNE RURALE DE , DISTRICT D’ »»»

MEMOIRE DE FIN D’ETUDE EN VUE DE L’OBTENTION DU CERTIFICAT D’APTITUDE PEDAGOGIQUE DE L’ECOLE NORMALE SUPERIEURE OU CAPEN

Présenté par : RAJAONARIMANANA Aina Date de soutenance 26 novembre 2010

UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ECOLE NORMALE SUPERIEURE DEPARTEMENT DE LA FORMATION INITIALE LITTERAIRE C.E.R. HISTOIRE ET GEOGRAPHIE

««« POTENTIALITES ECONOMIQUES ET PERSPECTIVE DE DEVELOPPEMENT DE LA COMMUNE RURALE DE FIHAONANAFIHAONANA,, DISTRICT D’ANKAZOBE »»»

MEMOIRE DE FIN D’ETUDE EN VUE DE L’OBTENTION DU CERTIFICAT D’APTITUDE PEDAGOGIQUE DE L’ECOLE NORMALE SUPERIEURE OU CAPEN

Présenté par : RAJAONARIMANANA Aina Finaritra

Les membres de jury : -Président : ANDRIANARISON Arsène -Juge : ANDRIAMIHAMINA Mparany -Rapporteur : RATOVONDRAHONA Dominique

Date de soutenance : 26 novembre 2010

REMERCIEMENTS

Le présent mémoire marque la fin de nos cinq années d’étude et de formation à l’Ecole Normale Supérieure d’Antananarivo. Ce travail n’aurait pas vu le jour sans l’appui actif et judicieux de plusieurs personnes. Nous tenons ainsi à adresser nos plus vifs remerciements à l’endroit de toutes les personnes qui ont participé de près ou de loin à l’aboutissement de ce mémoire.

Nos remerciements s’adressent plus particulièrement à tous les membres du jury : - Monsieur ANDRIANARISON Arsène, Maître de Conférences à l’Ecole Normale Supérieure, qui a l’honneur de présider cette soutenance et qui a prodigué son aide par le biais de ses conseils et de ses expériences. - Monsieur ANDRIAMIHAMINA Mparany, Maître de Conférences à l’Ecole Normale Supérieure, qui a bien voulu juger notre travail. Nous vous exprimons notre gratitude et vous remercions beaucoup. - Monsieur RATOVONDRAHONA Dominique, Assistant d’Enseignement et de Recherche à l’Ecole Normale Supérieure, rapporteur qui a aimablement accepter de nous encadrer tout au long de nos recherches. Nous apprécions son dévouement, sa rigueur pédagogique et scientifique, les conseils qu’il nous a donnés, sans quoi, nous n’avons pas abouti à ce résultat.

Nos sincères reconnaissances vont également à tous les professeurs de la filière Histoire Géographie ainsi que les personnels administratifs qui ont assuré notre formation au fil de ces cinq années d’études.

Nous remercions aussi les 150 ménages enquêtés qui ont répondu avec bonne volonté à nos questionnaires ainsi que notre famille pour sa patience et son soutien tout au long de nos études.

Nous ne voudrions pas terminer ces quelques lignes, sans remercier Dieu tout puissant pour son amour et pour son soutien tout au long de nos études.

SOMMAIRE :

INTRODUCTION GENERALE ------1

PREMIERE PARTIE : Fihaonana : Une Commune présentant des potentialités mal exploitées------4

CHAPITRE I : Un cadre physique et humain assez favorable------4 I- Des conditions géographiques favorables à l’implantation humaine------4 A- une géologie et un relief caractéristiques des Hautes Terres Centrales---- 4 1-Un ensemble géologique assez complexe ------4 2- Un relief collinaire------6 B- Les particularités du climat et de l’hydrographie------7 1- Un climat tropical d’altitude------7 2- Une hydrographie liée au régime climatique------9 C-Des sols et une végétation en voie de dégradation ------10 1-Des sols généralement ferrallitiques------10 2-Une formation végétale pauvre ------12 II- Une population récemment installée, jeune et inégalement répartie dans l’espace------15 A- Mise en place et composition de la population------16 1- Fihaonana : un territoire du Vonizongo ancien------16 2- Un peuplement avant le XVème siècle------16 3- Une évolution progressive de l’occupation territoriale------17 B- Les traits démographiques de la Commune rurale de Fihaonana------19 1-Une population à croissance moyenne ------19 2- Un mouvement migratoire généralement à titre temporaire------25 3- Une population jeune et inégalement répartie dans l’espace------28 CHAPITRE II- Des potentialités économiques mal exploitées------34 I- Un secteur primaire prédominant------34 A- Une agriculture dominée par la riziculture------35 1- La riziculture : principale activité de la population------35 2-Des cultures de « tanety » formées par une polyculture traditionnelle----- 38 3-Les cultures nouvelles ayant une vocation essentiellement commerciale--41 B- L’élevage : une activité secondaire------43 1- L’élevage de volaille : Une activité courante------44 2-Les bovins : Un cheptel utile à l’agriculture------45 3-L’élevage porcin : un placement de capital------45 II- Des secteurs secondaire et tertiaire insuffisants------46 A- Un secteur secondaire marqué par la prédominance de l’artisanat------47 1-Eau vive : la seule industrie moderne de la commune------47 2- Des décortiqueries encore peu nombreuses------52 3- Un artisanat occupant seulement le temps libre des paysans------52 B- Un secteur tertiaire dominé par le commerce de détail------53 1- Un commerce généralement à caractère détaillant------54 2- Les autres activités tertiaires encore marginales------56 CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE------60

DEUXIEME PARTIE : Les obstacles rencontrés par la Commune rurale de Fihaonana et les solutions pour son développement économique ------62 CHAPITRE I : Les obstacles au développement économique de la Commune rurale de Fihaonana------62 I- Des conditions socioculturelles peu satisfaisantes------62 A- Un niveau d’instruction relativement faible------62 1- Insuffisance d’écoles et d’enseignants------63 2- Difficultés économiques des parents d’élèves------67 3- Blocage informationnel------69 4- Des conséquences non négligeables au niveau économique ------70 B- Un encadrement sanitaire inadéquat------71 1- Conditions de santé précaires de la population------71 2- Difficultés d’accès aux services sanitaires------73 C- Insécurité chronique------76 II- Un environnement économique défavorable et un système de production encore traditionnel------76 A- Des problèmes d’infrastructure et des problèmes fonciers palpables----- 77 1- Une vie de relation handicapée par les problèmes d’infrastructures de transport------77 2- Insuffisance d’infrastructures agricoles------79 3- Des problèmes fonciers------81 B- Un système de production traditionnel expliquant en partie un budget des ménages faible------84 1- Un système de production traditionnel------84 2- Un budget insuffisant des ménages ------89 Chapitre II : Les solutions pour le développement économique de la Commune de Fihaonana------97 I- Amélioration des conditions économiques------97 A- Intervention au niveau des infrastructures économiques et des techniques de production------97 1- Amélioration des infrastructures économiques------97 2- Amélioration des techniques de production------101 1- Mise en place d’une structure d’appui aux paysans------101 2- Renforcement de la riziculture------102 3- Renforcement de la pratique des cultures de contre saison et introduction de l’élevage intensif------104 B- Intervention au niveau de la situation financière et des moyens de production des paysans ------104 1- Amélioration de la situation financière des paysans------104 2- Amélioration des moyens de production des paysans------106 II- Valorisation des ressources humaines et conservation de l’environnement ------108 A- Valorisation des ressources humaines ------108 1- Stimulation de la volonté de tous pour un développement rural intégré- 108 2- Amélioration et extension des infrastructures socioculturelles ------109 3- Application des différentes mesures de sécurité------113 B- Conservation de l’environnement------114 1- Sensibilisation environnementale------115 2- Exploitation rationnelle des « tanety »------116

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE ------119

CONCLUSION GENERALE------121 LISTE DES CARTES : Carte n°1 : -Localisation de la Commune rurale de Fihaonana------1 bis Carte n°2 :- La Commune rurale de Fihaonana par rapport au District d’Ankazobe------2 bis Carte n°3 :-La division administrative de la Commune rurale de Fihaonana------3 bis Carte n°4 :-Esquisse géologique de la région de Fihaonana ------4 bis Carte n°5 : -Carte topographique de Fihaonana------6 bis Carte n°6 :- Répartition de la population par Fokontany (2007)------31 bis Carte n°7 :-Les voies de communication------77 bis

LISTE DES PHOTOS : Photo n°1 :-La colline de Lohavohitra------4 ter Photo n°2 : -La riziculture dans le Fokontany de Tsimiamboholahy ------35 bis Photo n°3 :-La culture de taro dans le village de Fakazato------39 bis Photo n°4 :-Un exemple de la pratique de la double culture dans le village de Faravolo------40 bis Photo n° 5 : Un exemple de culture de contre saison dans la Commune------42 bis Photo n°6 :-L’élevage porcin dans le Fokontany de Fihaonana------45 bis Photo n°7 :-Un exemple d’occupation du sol dans le Fokontany de Soanavela-- 45 ter Photo n°8 :-Le bâtiment de l’usine Eau vive------47 bis Photo n°9 :-Un exemple d’épicerie dans la Commune------54 bis Photo n°10 :-La forme de la vente en détail à Andranovelona------55 bis Photo n°11 :-Le centre Milasoa à Andranovelona------57 bis Photo n°12 :-Le seul CEG de Fihaonana------65 bis

LISTE DES FIGURES : Figure n°1 :-Diagramme ombro-thermique de la commune------8 bis Figure n°2 :-Pyramide des âges de la population des six Fokontany enquêtés--- 29 bis

LISTE DES TABLEAUX : Tableau N°1 : -Données météorologiques de la station d’Ankazobe------8 Tableau N°2 : -Données sur la végétation de la Commune------13

Tableau N°3 : -Répartition par Commune de la population du District d’Ankazobe ------15 Tableau n°4 :-Origine des enquêtés------27 Tableau N°5: -Répartition par âge et par sexe de la population enquêtée------28 Tableau N°6 : -Répartition par grands groupes d’âge de la population enquêtée-----29 Tableau N°7 : -Répartition de la population dans les 18 Fokontany------32 Tableau n°8 : -Répartition de la population enquêté par branches d’activités------34 Tableau n°9 : -Répartition de la population enquêtée par secteurs d’activités------34 Tableau n°10 :- Nombre des ménages enquêtés qui ont des rizières------35 Tableau n°11: -La production rizicole des ménages enquêtés------37 Tableau n° 12 : Les calendriers culturaux de quelques spéculations------38 Tableau n°13 : -Nombre de cheptel des ménages enquêtés------44 Tableau n°14 : -Déclaration des taxes communales------51 Tableau n° 15 : Nombre des commerçants dans la Commune------55 Tableau n° 16 : -Liste des ONG intervenant dans la Commune rurale de Fihaonana------57 Tableau n°17 : -Niveau d’instruction des enquêtés------63 Tableau n°18 : -Les EPP dans la Commune------64 Tableau n° 19 : -Les établissements privés au niveau de la commune------66 Tableau n° 20 : - Le nombre d’enseignants dans la Commune------67 Tableau n° 21 : - Effectif total des élèves ------67 Tableaux n°22 : -Comparaison entre le calendrier de préparation d’une rizière et le calendrier scolaire------68 Tableau n° 23 : -Nombre de latrines par Fokontany------73 Tableau n°24: -Les centre de santé dans la Commune------75 Tableau N°25 : -La brigade de Fihaonana------69 Tableau N°26 : -Les infrastructures routières dans la Commune de Fihaonana----- 77 Tableau N°27 : -Les coopératives de transport dans la Commune rurale de Fihaonana------78 Tableau N°28 : -Les ouvrages hydrauliques par Fokontany------80 Tableau n°29 :-Répartition des matériels agricoles par ménage------85 Tableau n°30 :-Superficies incendiées par les feux de brousse dans la Région d’------88 Tableau n°31 :-Revenu moyen mensuel de tous les Fokontany enquêtés------92 Tableau n°32 :-Poste de dépense de tous les Fokontany enquêtés------92 Tableau n°33 :-Epargne de chaque Fokontany------94 Tableaux n° 34 : Source de revenu mensuel des ménages enquêtés------(Annexe II) Tableaux n° 35 : Constitution des dépenses mensuelles des ménages enquêtés------(Annexe III)

LISTE DES ABREVIATIONS : BEPC : Brevet d’étude du Premier Cycle CECAM : Caisse d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuel CEG : Collège d’Enseignement Général CEPE : Certificat d’Etude Primaire Elémentaire CFP : Centre de Formation Professionnelle CIDST : Centre d’Information et de Documentation Scientifique et Technique CLIC : Centre de Lecture, d’Information et de Communication CSA : Centre de Service Agricole CSBI : Centre de Santé de Base niveau I CSBII : Centre de Santé de Base niveau II EV:Eau Vive FID : Fond d’Intervention pour le Développement FI.FI.ABE. : Fikambanan’ny Fitanterana Ankazobe INSTAT : Institut National de la Statistique JIRAMA: Jiro sy Rano Malagasy KO.F.MAD: Koperativan’ny Fitanterana eto Madagasikara LECOFRUIT : Légume Condiment Fruit MAEP : Ministère de l’agriculture, de l’Elevage et de la pêche ONG : Organisation Non Gouvernementale PCD : Plan Communal de Développement PE : Plan Environnemental PNB : Produit National Brut PSDR : Projet de Soutien au Développement rural RGPH : Recensement Général de la Population et de l’Habitat RIP : Route d’Intérêt Provincial RN4 : Route National n°4 TAN : Taux d’Accroissement Naturel TD : Temps de Doublement TFG : Taux de Fécondité Général TM : Taux de Mortalité TMI : Taux de Mortalité Infantile TN : Taux de Natalité SA : Société Anonyme SEMA : Société d’Exploitation des Sources d’Eaux Minérales d’Andranovelona STAR : Société Tananarivienne de Réfrigération INTRODUCTION GENERALE

Depuis son indépendance, n’a pas pu sortir de la pauvreté. Il est encore parmi les pays les plus pauvres du monde. Cette pauvreté touche surtout le milieu rural qui reste toujours le seul moteur de développement économique de Madagascar puisqu’il occupe les 80% du total des actifs et fournit 29.6% du PNB de Madagascar (1) . Il est donc évident que toute réduction significative de la pauvreté à Madagascar nécessite une concentration des efforts en priorité dans le milieu rural.

Jusqu’ici, bon nombre de programmes pour le développement rural ont existé, sans pour autant faire grande chose. En réalité, malgré de nombreux efforts portés en sa faveur, aucune amélioration n’est perçue par la population rurale malgache qui reste encore pauvre. Bien que les potentialités du pays soient réelles et diverses, le milieu rural est loin d’être à l’abri de nombreuses contraintes. La présente étude s’intéresse à la question relative au développement d’une zone rurale, faisant partie des Hautes Terres Centrales. Il s’agit de la Commune rurale de Fihaonana. Cette Commune se situe au niveau du district d’Ankazobe qui comporte 13 Communes dont Ambohitromby, Ambolotarakely, Ankazobe, , , Fiadanana, Fihaonana, , Mahavelona, Marondry, , Talata Angavo, (2) . Le district d’Ankazobe se trouve à 60 km à l’ouest de la capitale, sur la RN4 menant vers Majunga. Il est limité à l’ouest par la région de Bongolava, à l’est par le district d’, au nord, la région de Betsiboka et au sud le district d’. (cf. carte n° 1) La Commune rurale de Fihaonana, objet de notre étude est comprise entre 47° 06’ et 47° 18’ de longitude est et 18° 41 de latitude sud. Elle a abrité 16 100 habitants (3) dans une superficie totale de 382 km2 en 2007 . Ses limites sont formées par les (1)Ministère de l’Agriculture 2006: « Annuaire de la statistique agricole » (2) Centre de service agricole d’Ankazobe : « Etat des lieux du district d’Ankazobe », 2009, p.3 (3) Monographie de la commune rurale Fihaonana, 2008

1

2

Communes de Mahavelona au nord, Miantso au sud-ouest, au sud-est, Mahabo à l’est et Antotohazo à l’ouest. En se référant aux limites naturelles, la Commune en question correspond à un bassin versant de la rive droite d’Anjomoka et de Kelilalina, tous, affluents de l’Ikopa. Ces cours d’eau constituent ses limites naturelles au sud et au sud-ouest. L’ouest et le nord-ouest sont bornés par la ligne de crête de Makavondro, Ambatondragotina et Ambatotorahana. Au nord, la Commune est limitée par la colline d’Antakavana et celle de Lohavohitra (4) . Sur le plan administratif, la Commune comprend 18 fokontany (*) dont : Ambohipiainana, Ambohitraina, Andranofotsifandrosoana, Andranovelona, Andriatsibibiarivony, Antsampanimahazo, Fihaonana, Fokontsambo, Lovasoa, Madiokororoka, Manankasina FOMAMI, Manantenasoa, -Est, Sambatra, Tsaramivondrona, Tsimialona, Tsimiamboholahy, Tsitakondaza. (5) (cf. carte n° 3) La présente étude s’intitule : « Potentialités économiques et perspectives de développement de la Commune rurale de Fihaonana ». Le choix de notre sujet repose sur deux bases principales : La première découle de notre connaissance du milieu en tant qu’originaire de la Commune. La deuxième vient du fait qu’à notre connaissance, peu de chercheurs se sont penchés sur cette Commune rurale de Fihaonana et même sur cette partie du nord ouest de la capitale. Cependant, cette région, comme toutes les régions rurales de Madagascar, connaît des difficultés économiques malgré l’existence des potentialités qui peuvent très bien satisfaire les besoins de la population locale. Avec de tel contexte, nous avons posé la problématique suivante : comment se (4) RAHANTARINORO Vololona : « Pratiques agricoles et économie paysanne sur les Hautes Terres malgaches : l’exemple de la Commune rurale de Fihaonana », Tananarive 2001, p5 *Fokontany : Cellule administrative de base, les fokontany réunis constituent la commune. Un groupement de ce dernier forme le District. A l’échelon supérieur se trouve la Région et les 22 régions forment l’Etat malgache. (5) Monographie de la Commune rurale de Fihaonana, 2008

2

3 présente les potentialités économiques de la Commune rurale de Fihaonana et quelles sont ses perspectives de développement ?

Nous avons émis deux hypothèses, à savoir : la Commune rurale de Fihaonana aurait des potentialités sur le plan physique et humain, mais elle se heurterait à beaucoup d’obstacles pour son développement économique.

Pour répondre à la problématique et vérifier les hypothèses, nous avons procédé en premier lieu à la recherche bibliographique dans différents centres de documentation et bibliothèques : les centres de documentation du MAEP (Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche), de l’INSTAT, du Tahala Rary Hasina et du Service géologique ; les Bibliothèques nationale, universitaire, de l’Ecole Normale Supérieure, de l’Archive nationale, du CIDST et du Centre Culturel Albert Camus. Nous avons également effectué des descentes sur le terrain et réalisé des interviews auprès des différents responsables de la région, notamment le maire de la Commune de Fihaonana, l’adjoint au maire de la Commune, quelques chefs de Fokontany et le responsable du CSA (Centre de Service agricole) d’Ankazobe. Nous avons aussi mené des enquêtes par questionnaires (cf. fiche questionnaire en annexe I) dans les six Fokontany échantillons, soit 1/3 des Fokontany. Notons qu’à cause de l’éloignement de certaines zones et des problèmes relatifs au déplacement, nous n’avons pu enquêter que les Fokontany qui se trouvent aux alentours du chef lieu de la Commune dont Fihaonana, Andranovelona, Andriatsibibiarivony, Antsampanimahazo, Tsimiamboholahy, Masindray-Est. Dans les Fokontany sus-cités, nous avons enquêté 150 ménages, soit 25 par Fokontany, totalisant 949 personnes (soit 6% environ de la population totale recensée en 2007). Notons que ces ménages ont été choisis au hasard. Après les enquêtes et les travaux bibliographiques que nous avons déjà effectués, nous avons procédé à l’analyse des résultats. Nous avons pu ainsi tirer notre plan de travail qui comporte deux parties : •La première partie sera consacrée à une présentation des différentes potentialités économiques de la Commune rurale de Fihaonana •La deuxième partie examinera les principaux obstacles rencontrés par la Commune rurale de Fihaonana et les solutions pour son développement économique.

3

4

PREMIERE PARTIE : FIHAONANA : UNE COMMUNE DISPOSANT DES POTENTIALITES MAL EXPLOITEES

Toutes les différentes activités humaines, notamment l’agriculture qui est à la base de l’économie de la Commune rurale de Fihaonana, dépendent étroitement des conditions physiques et humaines. L’étude de son milieu naturel et de sa population est alors indispensable pour découvrir l’aspect des potentialités économiques de la Commune rurale de Fihaonana. Ensuite, l’étude des activités de sa population nous renseignera sur les formes d’exploitation de ses potentialités.

Chapitre I: UN CADRE PHYSIQUE ET HUMAIN ASSEZ FAVORABLE

L’étude des différentes conditions naturelles de la Commune rurale de Fihaonana ainsi que l’analyse de ses caractères démographiques nous montrent que la zone d’étude dispose d’un cadre physique et humain assez favorable.

I- DES CONDITIONS NATURELLES FAVORABLES A L’IMPLANTATION HUMAINE La zone d’étude se situe sur les Hautes Terres Centrales de Madagascar, dans le district d’Ankazobe. Nous allons voir dans cette étude ses particularités physiques, qui déterminent en grande partie ses potentialités économiques.

A- une géologie assez complexe et un relief collinaire: 1- Un ensemble géologique assez complexe : Sur le plan géologique, la région de Fihaonana correspond à un ensemble de schiste cristallin précambrien. (6) Elle appartient essentiellement au système du graphite (6) . Les formations géologiques qui constituent le substratum de la région ont,

(6) RANTOANINA : « Prospection et géologie au 1/100.000 de la feuille Fihaonana »(0.46), Service géologique,1965. p. 1 ; p. 7

5

6

Photo n° 1 : La colline de Lohavohitra

Source : Cliché de l’auteur, 2009

Il s’agit d’un ensemble rocailleux haut perché avec une dénivellation de 400 à 500 m par rapport aux bas fonds. L’érosion y est particulièrement sévère et a mis à nu des chaos de rochers impressionnants. La couverture végétale est particulièrement pauvre. La végétation actuelle est réduite à une steppe de graminées, à un lambeau d’eucalyptus et à des touffes de végétation primitives dans quelques endroits protégés du feu.

7 dans sa plus grande partie, subi une forte migmatisation et une importante granitisation, donnant des roches allant des migmatites à des granites migmatitiques. Les roches non migmatitiques, de puissance généralement réduite, sont des gneiss à biotite souvent à graphite, des khondalites, des quartzites avec ou sans magnétite, des micaschistes, des amphibolites, des gneiss à pyroxénites.(cf. carte n°4)

La tectonique de l’ensemble de la région est calme avec de nombreuses et larges zones subhorizontales. (7)

La carte n° 4 fait ressortir d’une manière concrète les caractéristiques géologiques de la région de Fihaonana. Notons que cette région couvre la coupure au 1/100 000 Fihaonana 0.46. Elle s’étend sur 1 400 km² environ dont le centre est situé approximativement à 50 km au nord ouest de Tananarive. (7)

Dans les schistes cristallins qui constituent le substratum de la feuille de Fihaonana, nous avons le système de Vohibory qui n’occupe qu’une superficie très restreinte du coin nord-est de la région et le système de graphite couvrant le reste du secteur.

Le substratum de la région est essentiellement constitué par des roches granitiques et migmatitiques.

Les formations non migmatitiques sont des gneiss, khondalites, quartzites, micaschistes, amphibolites, pyroxénites, orthoamphibolites. Ces roches sont peu abondantes et ne forment que de petits lambeaux de peu d’extension.

Les roches magmatiques sont représentées par de petits pointements de gabbros associés à des amphibolites et pyroxénites.

Les roches filoniennes sont des filons de granite de type Ambatomiranty et de rares filons de quartz et de pegmatite.

(7) RANTOANINA : « Prospection et géologie au 1/100.000 de la feuille Fihaonana » (0.46), Service géologique, 1965. p. 7 ; p.2

5

Ces formations géologiques où prédominent les roches dures mais d’assez faible puissance et cette tectonique plus calme expliquent l’aspect général du relief de la zone étudiée.

2-Un relief collinaire : Notre zone d’étude fait partie du domaine des Hautes Terres Centrales dans le nord-ouest d’Antananarivo.

Généralement, c’est une zone de collines à une altitude moyenne oscillant entre 1300 et 1450m (cf. carte n° 5). Les collines sont localisées aux roches tendres facilement décomposables. Elles sont ainsi rongées par de nombreux lavaka (*) . Ces roches, essentiellement des migmatites montrent des lits parallèles plus ou moins fins et continus de minéraux ferro-magnésiens en alternance avec des lits de quartz et de feldspath. (8)

Ces collines sont dominées par de petits massifs ou crêtes granitiques dont les côtes dépassent 1500m : Lohavohitra vers l’est avec ses 1715m d’altitude et Ambatondragontina au nord-ouest avec 1629m d’altitude (cf. photo n°1).

Les pentes sont généralement orientées vers le nord ou vers l’est (8) .

Quant aux vallées, elles présentent des profils évasés avec des resserrements dans les traversés des filons granitiques.

La carte n° 5 montre concrètement l’alternance des collines et des vallées dans la Commune de Fihaonana.

Parmi les collines, nous pouvons citer Ambohipisainana, Makavondro et Ambatotorahana à l’ouest, Mahalavolona, Ambohitratompo et Anosiarivo au centre,

(*) Lavaka : Excavation de forme souvent ovoïde sur les flancs de colline (8) BOURGEAT (F) : « Les sols des régions d’Ankazobe et d’Arivonimamo », Antananarivo 1966, p. 1

6

7

Fidirana, Ambohitraina, Ambatomanjaka et Ambohipananina à l’est.

Ces collines sont découpées par des vallées alluviales comme celles de Tsaramivondrona et Lovasoa à l’ouest, Fokontsambo, Tsimialona, Madiokororoka, Masindray, Antsapanimahazo et Tsimiamboholahy au centre, Ambohipiainana, Tsitakondaza, Manakasina et Ambohitraina à l’est.

Ainsi, Fihaonana correspond à un ensemble de schiste cristallin précambrien. Comme toute la région des Hautes Terres Centrales, elle possède une topographie marquée par l’alternance de collines et de vallées. Ce qui offre une grande possibilité d’exploitation agricole à la commune. BOURGEAT, dans son étude concernant la région d’Ankazobe a même mentionné dans sa conclusion que cette partie de Fihaonana constitue la région la moins accidentée donc la plus intéressante en matière d’agriculture dans la région d’Ankazobe. (9) Cette affirmation est prouvée par la carte n° 5 qui montre bien la prédominance des vallées alluviales dans la Commune.

A part la géologie et le relief, le climat et l’hydrographie jouent aussi un très grand rôle dans l’économie d’une Commune rurale comme Fihaonana. C’est ce que nous allons voir ci dessous.

B- Les particularités du climat et de l’hydrographie : 1- Un climat tropical d’altitude : Pluies et températures prennent en agriculture une importance capitale. Il est alors très indispensable de faire l’étude du climat de la Commune de Fihaonana dont l’économie est essentiellement agricole. Notons que la Commune rurale de Fihaonana est rattachée au district d’Ankazobe. a- Des températures moyennes et des précipitations abondantes : A cause de l’inexistence de station thermique dans la Commune rurale de Fihaonana, nous avons pris les données météorologique de la station d’Ankazobe, située à une trentaine de kilomètre au nord-ouest de Fihaonana. Notons que cette station se

(9) Bourgeat (F) : « Les sols des régions d’Ankazobe et d’arivonomamo », antananarivo 1966, p.23

9 trouve, à quelques nuances près, dans les mêmes conditions écologiques que la Commune de Fihaonana. Elle se situe à 1225m d’altitude.

Tableau n°1 : Données météorologiques de la station d’Ankazobe (1961-1990) Mois J F M A M J J A S O N D Moyenne et total Tempéra 21. 22. 21. 21. 18. 16. 15. 16. 18. 20. 21. 21. 19°5 ture 7 0 6 1 9 3 7 4 1 3 1 1 Moyenne (en °C) Précipita 316 244 201 64. 16. 10. 11. 9.0 7.5 67. 198 282 1430 tions .0 .4 .1 8 5 3 6 2 .8 .9 normales (en mm) Nombre 15. 13. 11. 6.1 2.4 1.1 1.5 1.3 1.3 5.7 12. 15. 88.1 de jours 7 6 9 0 5 de pluies Source : Service météorologique d’Ampandrianomby

D’après ce tableau, les températures sont plus élevées d’octobre à avril. La température moyenne maximale annuelle est enregistrée au mois de février avec 22°C. En hiver, la température moyenne minimale est de 15°7C rencontrée au mois de juillet. Ce qui donne une température moyenne annuelle de l’ordre de 19°5C. L’amplitude thermique annuelle est de l’ordre de 6°3C.

Quant aux précipitations, elles obéissent à un rythme saisonnier. En effet, la pluie est très abondante pendant les mois de décembre, janvier, février en prenant un caractère orageux. Les totaux pluviométriques décroissent régulièrement de mai à septembre. Les précipitations hivernales se présentent sous forme de crachins. Le total pluviométrique est de 1430mm par an avec 6 mois de saison sèche allant de mai à octobre (cf. graphique n°1). En conséquence, nous avons ici une zone soumise à un climat tropical d’altitude. b- Un climat à deux saisons contrastées :

10

11

D’après ce diagramme, nous constatons qu’il existe deux saisons bien distinctes dans la région de Fihaonana :

♦ Du mois de novembre au mois d’avril règne la saison chaude et pluvieuse. Cette saison correspond au cycle végétatif des principales plantes vivrières et au plein épanouissement de la flore. La température moyenne de ces mois est de l’ordre de 21°4C avec un maximum absolu de 27°5 au mois de novembre. Les précipitations moyennes vont jusqu’à 1308mm soit 91.46% du total pluviométrique annuel.

♦Du mois de mai au mois d’octobre, nous avons une saison sèche et fraîche durant laquelle beaucoup d’arbres perdent leur frondaison. La température moyenne de cette saison est de l’ordre de 17°6C avec un minimum absolu de 9°1 au mois de Juillet qui correspond bien à l’hiver austral. La période hivernale mai-août enregistre seulement quelques précipitations, mais elle profite encore des rosées, des brouillards, et de crachins. Août et septembre sont les mois les plus secs. En effet, le total pluviométrique de cette saison n’est que d’environ 122mm (10) par an soit 8.53% du total annuel.

2- Une hydrographie liée au régime climatique : Fihaonana est drainée par les affluents de l’Ikopa dont le Mananara, le Kelilalina et l’Anjomoka qui constituent les principaux cours d’eau. Ils ont un régime commandé par les conditions pluviométriques.

Les crues ont lieu avec les orages du mois de décembre et continuent jusqu’à fin mars. Elles sont plus importantes pendant la période cyclonique et provoquent l’élargissement des lits des rivières. Les basses eaux se présentent vers septembre-octobre.

Les étiages sont généralement soutenus à cause de la forte capacité de rétention des sols couvrant la plupart des bassins. Pourtant, ces étiages sont parfois modifiés par les irrigations des rizières.

(10) Calculé à partir des données obtenues au service météorologique d’Ampandrianomby

9

Ces cours d’eaux constituent un atout important pour les activités agricoles notamment pour la riziculture irriguée qui est l’une des principales préoccupations des paysans de la Commune rurale de Fihaonana. Notons cependant qu’ils peuvent parfois devenir un danger en cas d’inondation causées par les fortes pluies.

Le climat et l’hydrographie déterminent en grande partie la nature du sol et le type de végétation d’une zone. Ce qui nous conduit à l’étude des sols et de la végétation de la Commune.

C- DES SOLS ET UNE VEGETATION EN VOIE DE DEGRADATION : 1- Des sols generalement ferrallitiques : La nature ou la fertilité des sols détermine les vocations agricoles d’une région. Dans l’ensemble, les surfaces sont dominées par des sols sur socle ancien dits sols ferrallitiques. Notons quand même l’existence des sols hydromorphes. a- Des sols ferralitiques exploitables mais sous conditions: L’étude de BOURGEAT (F) fait apparaître des sols jaunes à tâches ou concrétions rouges de profondeur sur les surfaces bien conservées de l’érosion et des feux de brousse, des sols jaunes sur rouges sur les surfaces locales d’aplanissement comme celle de la région se trouvant au nord ouest d’Ambohijatovo (Fokontany de Tsimiamboholahy), des sols rouges sur les sols plus ou moins disséquées (11) qui se rencontrent surtout sur les « tanety » régulièrement parcourus par les feux de brousse comme celui d’Ambohitrivola (Fokontany de Fihaonana).

Ces sols présentent des caractères chimiques très voisines. Le complexe absorbant est caractérisé par une faible capacité d’échange (14 à 15 me pour 100g de sol) malgré une teneur en argile qui peut atteindre 50% avec 40% de matière organique. Le pH est acide, entre 4,9 et 5,2. (11) Les éléments échangeables (calcium, potassium, phosphore) sont présents en faible quantité. La matière organique atteint 2,7 à 4%, ce qui peut être considéré comme convenable. Les teneurs en azote sont moyennes (1%). (11)

(11) BOURGEAT (F) : « Les sols des régions d’Ankazobe et d’Arivonimamo », Antananarivo 1966, p.19, p. 21

10 b- Des sols hydromorphes favorables à la riziculture : Les sols hydromorphes n’occupent qu’une surface restreinte dans la région de Fihaonana.

Les sols alluviaux se localisent surtout dans les bas fonds et les vallées comme ceux d’ Andohantampenaka, , Mahagaga, Ambaribe dans le Fokontany de Tsimiamboholahy. Ils ont une fertilité relativement élevée puisque le ruissellement en période pluvieuse y dépose des éléments fertiles. Ces éléments sont à dominantes limoneuses ou sableuses. Ils sont favorables à l’agriculture. La mise en culture de ces sols alluviaux intéresse les paysans.

Signalons aussi la présence des sols colluviaux dans les bas de pente. Ce sont des sols dus au dépôt de particules transportées de l’amont vers l’aval par le ruissellement. Ce sont des sols plus épais et plus riches en matières organiques, souvent de bonne qualité et bien alimentés en eau.

La présence de ces types de sol établit le paysage agricole de la Commune : Sur les « tanety » (*) , la diversité des cultures donne lieu à un paysage hétérogène. Les différentes parties des « tanety » sont utilisées différemment :

•Les sommets comme ceux d’Ambohitrivola, de Mahalavolona et d’Ambohitratompo sont souvent réservés à quelques lambeaux d’eucalyptus, issues des reboisements récents.

•Les mi-pentes comme celles de Fakazato et de Faravolo portent surtout les cultures peu exigeantes comme le manioc, la patate douce, l’ananas,…

•Les bas de pente comme celles d’Ampilanonana et d’Ambandrika sont consacrées dans leur majorité aux cultures maraîchères (haricot vert, haricot…) à

(*) « Tanety » : Terme utilisé techniquement par les agronomes ou les forestiers pour désigner les parties autre que les colluvions de bas des pentes, les vallons et vallées.

11

cause de la potentialité élevée de ces sols par rapport au reste car il y a les colluvions.

•Le reste de la « tanety » constitue généralement des zones de pâturage

•Sur les bas-fonds, par exemple à Maharavo et Ambohimiadana dans le Fokontany d’Andriatsibibiarivony, nous rencontrons surtout la riziculture irriguée et les cultures de contre-saison, notamment la pomme de terre et la tomate.

En bref, la Commune rurale de Fihaonana est dominée par les sols ferrallitiques. Ils sont assez pauvres et nécessitent ainsi d’importants travaux d’amélioration. Cela ne veut pas dire cependant que ce sont des sols inexploitables pour l’agriculture. Selon BOURGEAT, des engrais phosphatées et potassiques sont nécessaires pour remédier à la pauvreté des ces sols. (12) Cela nous conduit à l’étude de sa végétation.

2- Une formation végétale pauvre : La végétation de la région de Fihaonana est extrêmement pauvre. Toute la région est couverte d’une prairie herbacée, dégradée progressivement par les feux successifs : le « horona » ( Aristida similis ), le « horompotsy » ( Pennisetum pseudotriticoide ), le « tsindrondrotra » ( Sporobolus pyramidalis ).

Les espèces pyrophytes comme le « tenona » ( Imperata cylindrica ) envahissent les versants régulièrement incendiés. Par contre, les têtes de vallons sont colonisées par le « vero » ( Hyparrhenia rufa ).

Dans les plaines et les vallons, la végétation est toujours de type marécageuse : les « zozoro » ( Cyperus madascariensis ) ; les « tsikafonkafona » ou jacynthe d’eau dominent les marécages plus profondes. Parfois à ces derniers s’ajoutent les « harefo » (Helexharis plantaginéa ) et les « herana » ( Cyperus latifolius ).

Dans les nappes marécageuses moins profondes ou dans les rizières humides après la

(12) BOURGEAT (F) : « Les sols des régions d’Ankazobe et d’Arivonimamo », Antananarivo 1966, p. 22

12 récolte, les « tsiriry » ( Lersia hexandra ) et les « volontany » ( Scirpus humberti ) abondent. Cette prairie est souvent associée à des composacées comme le « rambiazina » ( Helichrysum gymnocephalum ), le « dingadingana » ( Psiadia altissima ),…

Quant à la formation ligneuse, les données statistiques concernant la surface totale boisée montre la disparition de la forêt naturelle et l’insuffisance du reboisement au sein de la Commune.

Tableau N°2 : Données sur la végétation dans la Commune Localisation (Fokontany) Forêts naturelles/ (ha) Forêts de reboisement : Nombre d’arbres Ambohipiainana - 50 Ambohitraina - 30 Andranofotsifandrosoana - 23 Andranovelona - 70 Andriatsibibiarivony - 20 Antsapanimahazo - 80 Fihaonana - 15 Fokontsambo - 35 Lovasoa 01,5 20 Madiokororoka - 20 Manankasina FOMAMI - 20 Manantenasoa - 18 Masindray Est - 100 Sambatra - 10 Tsaramivondrona - 15 Tsimialona - 15 Tsimiamboholahy - 45 Tsitakondaza 0,5 50 TOTAL 02 636 Source: Monographie de la Commune, 2008

13

Ce tableau nous montre la faiblesse des surfaces boisées au sein de la Commune. Les forêts naturelles ne subsistent plus que dans les thalwegs et les rebords de vallées. C’est le cas des Fokontany de Lovasoa et de Tsitakondaza qui en disposent avec 2 hectares seulement.

Pour les autres Fokontany, ces forêts primaires ont totalement disparu à cause des différentes actions de l’homme notamment la déforestation liée aux différents besoins quotidiens et le feu de brousse qui prend déjà un caractère habituel dans la région.

Concernant les forêts de reboisement (eucalyptus, mimosa, pins), nous pouvons les voir dans chaque Fokontany mais elles n’y subsistent qu’en forme de lambeaux éparpillés sur les surfaces non endommagées par les feux de brousse.

Pour l’année 2009, 227 hectares de surfaces ont été reboisées dans le district d’Ankazobe avec 453.668 plants. C’était une initiative de la région d’Analamanga sur le financement du PE IV (13) .

Pour les paysans, malgré toutes les formes d’incitation, l’activité de reboisement ne leur intéresse pas beaucoup. En fait, cela n’est pas rentable qu’au bout de 4 à 6 ans si les arbres poussent bien sans être endommagés par les feux de brousse.

Nous pouvons dire que les différents éléments du milieu physique, malgré certaines défaillances, forment un ensemble cohérent pour donner une grande potentialité agricole à notre zone d’étude. Mais à côté de ces conditions physiques, la Commune dispose aussi une potentialité humaine assez importante.

(13) Direction régionale de l’environnement et des forêts Analamanga : « Rapport d’activités annuel 2009 »

14

II- UNE POPULATION RECEMMENT INSTALLEE, JEUNE ET INEGALEMENT REPARTIE DANS L’ESPACE : L’homme étant aussi bien promoteur que finalité de toute action de développement (14) . Dans le cadre de l’étude des potentialités économiques d’une région, il est ainsi indispensable de prendre en considération l’évolution, l’état actuel et les perspectives d’avenir de sa population. C’est cette raison qui nous a emmené à aborder l’étude démographique de la Commune rurale de Fihaonana d’autant plus qu’elle est la Commune la plus densément peuplée du District d’Ankazobe avec 70 habitants au km2. (cf. tableau n°3)

Tableau N° 3 : Répartition par Commune de la population du District d’Ankazobe Nombre Nombre Superficie Densité/ N° COMMUNE d’électeurs d’habitants en km2 km2 (1) 01 AMBOHITROMBY 7 825 3 152 372 21 02 AMBOLOTARAKELY 5 946 1 664 720 08 03 ANKAZOBE 18 614 7 646 308 60 04 ANTAKAVANA 6 077 1 998 620 10 05 ANTOTOHAZO 8 633 2 686 287 30 06 FIADANANA 9 611 2 899 1 666 06 07 FIHAONANA 17 059 6 958 251 70 08 KIANGARA 13 837 4 374 966 14 09 MAHAVELONA 14 684 5 545 306 48 10 MARONDRY 12 224 3 119 344 35 11 MIANTSO 16 182 5 009 285 57 12 TALATA ANGAVO 13 415 3 707 571 23 13 TSARAMASOANDRO 10 980 3 778 914 12 TOTAL 155 087 52 535 7 610 20,3 Source : Monographie du District d’Ankazobe, 2008

(14) RAFREZY Andrianarivelo : « Population de Madagascar, Situation actuelle et perspective d’avenir », Antananarivo 1984, p. 17

15

A- Mise en place et composition de la population :

1- Fihaonana : un territoire du Vonizongo ancien Historiquement, la Commune rurale de Fihaonana faisait partie de la région du Vonizongo ancien. Cette région est située au nord-ouest du Marovatana. Elle est limitée approximativement par la rivière Anjomoka au nord, qui coule entre Babay et Lohavohitra, par l’Ikopa au sud et à l’ouest et par l’actuelle RN4 à l’ouest. (15)

Pour parler d’une façon plus concrète, le Vonizongo ancien débute à peu près au gros bourg de , à 30km d’Antananarivo et couvre les Communes actuelles de Mahitsy, d’Ampanotokana, de Miantso, et de Fihaonana, c’est à dire qu’il est à cheval sur les Fivondronana d’Ambohidratrimo et d’Ankazobe.

L’histoire du peuplement de Fihaonana est ainsi fortement liée à celle du Vonizongo ancien.

2- Un peuplement avant le XVème siècle : Le Vonizongo ancien a été occupé dès avant le XVe siècle où les premiers sites organisés firent leur apparition, (15) c’est à dire bien avant l’arrivée des Merina et d’Andrianentoarivo (l’instigateur de la colonisation officielle merina du Vonizongo) dans la région.

Selon RAFOLO, les premiers occupants du Vonizongo ancien semble avoir eu plus d’affinités de toutes sortes avec la population de l’Ouest de Madagascar qu’avec celle du centre et de l’est et l’on pourrait les désigner provisoirement par le terme « pré- sakalava », car au XVe siècle, les « sakalava » n’existaient pas encore comme ethnie malgache et il est probable que les Merina, de leur côté, n’ont pas encore pu pousser leur occupation jusque dans le Vonizongo à l’époque.

Par la suite, cependant, de petites vagues successives de nouveaux venus de l’Est et

(15) RAFOLO Andrianaivoarivony : « Premières recherches sur le peuplement du Vonizongo ancien », in Nouvelles du centre d’art et d’archéologie, Antananarivo 1984, p.29

16 certainement de l’Ouest s’installèrent aussi dans le pays tels les Ntaimanangoana et les Maromadinika dont les sépultures ont été examinées par RAJAOBELINA à la fin du XIXe siècle. (16)

Dans la deuxième moitié du XVIe siècle, sous le règne d’Andrianjaka, la colonisation officielle merina débutait pour le Vonizongo ancien avec l’arrivée d’Andrianentoarivo accompagné de quelques fidèles dont Ravonizongo qui aurait donné son nom à la région. Et les Merina, dont certains groupes ont des points de départ bien définis (comme Ambohimalaza par exemple), vont constituer le gros des populations tardives du Vonizongo ancien.

3- Une évolution progressive de l’occupation territoriale : Une fois arrivées dans la région, ces populations ont édifié et aménagé des sites fortifiés. Au XVe siècle, l’occupation se faisait uniquement sur les sommets boisés de Lohavohitra (une colline qui se trouve dans l’actuelle Commune de Fihaonana) et de Babay(une colline se trouvant au sud de Lohavohitra). (15) Leurs fortifications n’étaient point élaborées et ne s’étofferont qu’au fil des générations successives. (16)

De la deuxième moitié du XVe siècle à la première moitié du XVIe siècle, les sites augmentèrent en nombre tout en perfectionnant leurs fortifications allant de fossés nombreux et profonds à de gigantesques murailles en pierres bâties.

De la deuxième moitié du XVIe à la deuxième moitié du XVIIe siècle, le nombre des sites habités de la période précédente avait été multiplié environ par trois.

Cette augmentation de la population peut s’expliquer de deux manières qui sont d’ailleurs concomitantes : il y a d’abord la multiplication des anciens occupants de la période précédente et il y a ensuite l’installation de nouveaux arrivants dont certainement Andrianentoarivo et sa suite.

(16) RAFOLO Andrianaivoarivony : « Premières recherches sur le peuplement du Vonizongo ancien », in Nouvelles du centre d’art et d’archéologie, Antananarivo 1984, p. 29, p.31

17

Fait à remarquer, les nouveaux venus se sont installés assez près de ceux qui étaient déjà établis auparavant.

La pression démographique continuant sa poussée au XVIIIe siècle, l’on vit dans cette période une occupation territoriale maximale dans la région.

Enfin, durant le XIXe siècle, il n’y avait plus de site nouvellement crées dans le Vonizongo ancien.

Pour résumer l’occupation spatiale du Vonizongo ancien, nous pouvons retracer brièvement les directions essentielles des mouvements internes de la population dans la région.

Sous Andrianentoarivo, les déplacements lors de l’occupation lente du Vonizongo ancien se faisaient de l’est, depuis Lohavohitra et Babay, vers l’ouest pour essaimer dans toutes les directions sauf vers l’est.

Plus proche de nous, sous Andrianampoinimerina, il y a eu de grands déplacements de population car il avait l’habitude de déporter en masse les populations des régions vaincues pour les remplacer par des « compagnons » tels les Tsimahafotsy ou par des fidèles alliés tels les Marovatana, les Tsiarondahy et les Manendy.

Ces populations nouvelles se sont installées surtout dans la partie méridionale du Vonizongo ancien, ce qui a eu pour conséquence qu’actuellement, on rattache tout naturellement une grande partie de cette région du Vonizongo ancien au Fivondronana d’Ankazobe.

Après ce bref historique de la population de la Commune, nous allons maintenant aborder les principales caractéristiques de sa population actuelle.

18

B- Les traits démographiques de la population de la Commune rurale de

Fihaonana :

Puisque nous savons déjà comment le milieu physique de la Commune a-t-il été occupé par l’homme, nous aborderons maintenant les caractères démographiques actuels des habitants de la Commune.

1- Une population à croissance moyenne : Dans cette partie, nous allons étudier le mouvement naturel de la population enquêtée. Le mouvement naturel concerne les naissances et les décès qui interviennent à chaque instant au sein de la population considérée, et déterminent son importance et sa structure. Il signifie en d’autres termes les modifications incessantes qui surviennent au sein même de la population, abstraction faite de ses échanges avec les autres populations (17) . a- Une population prolifique :

-Un taux de fécondité générale élevé Le taux de fécondité générale indique le nombre moyen annuel de naissances vivantes pour mille femmes en âge de procréer (15 à 49 ans) (18) .

Nombre d’enfants nés vivant T.F.G.: ×1000 Nombre de femmes de 15 à 49 ans

Pour notre cas, le nombre des femmes en âge de procréer est de 248, soit plus de 50% du nombre total des femmes. Le taux de fécondité de la Commune rurale de Fihaonana est alors de 125‰. Ce résultat est largement inférieur à la moyenne nationale, qui était

(17) RAFREZY Andrianarivelo : « Population de Madagascar, Situation actuelle et perspective d’avenir », 1984, p.65 (18) Cours de géographie de population en première année

19

189°/ ∞ en 1993 (19), mais il est quand même dit élevé car supérieur au seuil de

120‰(20) .

D’après Grandidier, « la race malgache est naturellement féconde ». (21) Ensuite, plus un ménage est pauvre, plus il a tendance à beaucoup procréer. C’est valable pour les ménages de la Commune car nous verrons plus tard dans cette étude que d’une manière générale, ils sont pauvres.

Nous pouvons y ajouter aussi le comportement socioculturel de la population. En effet, comme Fihaonana est une Commune rurale, la majorité de ses habitants vivent encore avec les anciennes traditions. Pour la plupart d’entre eux, avoir beaucoup d’enfants est une richesse car ils sont toujours convaincus que l’enfant est une aide et non pas une charge.

D’autres facteurs comme le mariage précoce, le faible niveau d’instruction des paysans, l’insuffisance de loisir, la réticence des couples face aux nouvelles techniques de limitation de naissance (planning familial) entrent aussi en jeu pour gonfler le taux de fécondité générale de la Commune.

- Une natalité élevée : Le taux de natalité consiste à comparer le nombre de naissance pendant une période donnée, le plus souvent une année avec la population totale (20) . Naissance désigne ici les enfants nés vivants excluant ainsi les morts nés.

Pour nos enquêtes, l’année de référence se situe entre Octobre 2008 et Octobre 2009. Au cours de cette année, 31 naissances vivantes sont survenues au sein des 949 personnes enquêtées.

(19) INSTAT : « Recensement général de la population et de l’habitat », Antananarivo 1997, p.23 (20)Cours de géographie de population en première année (21) RAFREZY Andrianarivelo : « Population de Madagascar, Situation actuelle et perspective d’avenir », 1984, p. 66

20

Nombre de naissance au cours d’une année T.N : ×1000 Population totale

En utilisant la formule ci-dessus, nous avons pu obtenir le taux de natalité de la Commune rurale de Fihaonana qui est de 32,66‰.

Ce taux est élevé car il est supérieur au seuil de 30‰. (22) Malgré le fait que celui-ci soit inférieur à la moyenne nationale qui était de 44‰ en 1993 (23) , la population de la Commune rurale de Fihaonana reste nataliste.

Effectivement, ce taux de natalité élevé est lié à la fécondité générale élevée que nous avons vue précédemment. Ensuite, plus une région est peuplée, plus le nombre de naissance est élevé. Or, nous avons déjà vu que la Commune de Fihaonana est l’une des Communes les plus peuplées du district d’Ankazobe. b-Une mortalité globale faible et un taux de mortalité infantile moyen : Parmi les facteurs qui influent sur l’évolution démographique, la mortalité a de tout temps joué un rôle important comme moyen de déterminer l’accroissement de la population. Par ailleurs, l’étude de ce phénomène s’avère nécessaire pour orienter rationnellement les différentes actions notamment sanitaires, menées dans une région donnée.

La mortalité c’est la perte de vie, du moins sur le plan légal, définie d’une façon parfaite et ne concerne démographiquement que l’individu décédé. De façon précise, nous obtenons le taux brut de mortalité en divisant le nombre annuel correspondant de décès par la population moyenne du pays ou du territoire considéré, et en multipliant le résultat par 1000. (24)

(22)Cours de géographie de population en première année (23) INSTAT : « Recensement général de la population et de l’habitat », Antananarivo 1997, p.26 (24) Roland Pressat : « L’analyse démographique : méthodes, résultats, applications ». Paris 1961, p. 3

21

- Un taux de mortalité global faible :

Nombre de décès au cours d’une année T.M. : ×1000 Population totale

Le taux de mortalité est dit élevé ou fort quand il est supérieur ou égal à 24‰. Celui-ci est par contre faible lorsqu’il est inférieur à 13‰. (25) Pour notre cas, nous avons enregistré 9 morts pendant l’année allant d’octobre 2008 à l’octobre 2009. Ce qui a donné un résultat de 9,48‰.

Si pour l’ensemble du pays, le taux de mortalité s’élève à 14‰ en 1993, (26) pour la Commune rurale de Fihaonana, il est alors faible car est inférieur au seuil 13‰.

Pour expliquer cette faiblesse du taux de mortalité, nous pouvons noter l’amélioration des conditions d’hygiène au sein de la Commune. Des efforts d’adduction d’eau potable ont été menés au cours de ces dernières années.

L’existence des C.S.B. même s’ils ne sont que deux au niveau de la Commune et le recours à la médecine traditionnelle apportent aussi leurs contributions dans cette diminution de la mortalité.

Il est à noter aussi que le taux de mortalité a tendance à baisser au niveau national. S’il était de 16,87‰ en 1975, l’estimation de l’année 2003 a montré qu’il a baissé jusqu’à 10‰. (26)

(25) Cours de géographie de population en première année (26) INSTAT : « Recensement général de la population et de l’habitat », Antananarivo 1997, p.26 (27) Roland Pressat : « L’analyse démographique : méthodes, résultats, applications ». Paris 1961, p.78

22

-Un taux de mortalité infantile moyen : Caractéristique essentielle de la situation démographique d’un pays, le taux de mortalité infantile figure parmi les repères les plus expressifs de l’état sanitaire et du niveau de vie général de sa population.

Nous mesurons l’importance de la mortalité infantile en calculant le taux de mortalité infantile qui s’obtient en rapportant le nombre de décès d’enfants âgés de moins de un an survenus pendant une année au nombre de naissances vivantes enregistrées au cours de la même année. (28)

Nombre de décès des moins de 1 an T.M.I. : ×1000 Nombre d’enfants de moins de 1 an

Les enquêtes que nous avons menées évaluent le taux de mortalité infantile à 64.51‰. Ainsi, sur 1000 naissances vivantes, environ 64 décèdent avant d’atteindre l’âge de un an dans la Commune rurale de Fihaonana.

Nous pouvons dire d’après ce chiffre que le taux de mortalité infantile de la population enquêtée est moyen car il se trouve entre les deux seuils qui sont respectivement 20‰ et 90‰ (29) . Notons que le taux de mortalité infantile pour Madagascar, d’après le R.G.P.H. de 1993, est de 93‰. (30)

Nous pouvons l’expliquer par le développement actuel d’une politique visant à limiter la mortalité infantile comme la distribution de vitamines, ainsi que la vulgarisation des vaccins.

(28) Roland Pressat : « L’analyse démographique : méthodes, résultats, applications ». Paris 1961, p.78 (29) Cours de géographie de population en première année (30) INSTAT : « Recensement général de la population et de l’habitat », Antananarivo 1997, p.26

23

c- Une croissance moyenne du nombre de la population :

- Un taux d’accroissement naturel moyen : Le taux d’accroissement naturel de la population est la différence entre le taux de natalité et le taux de mortalité. (31) Généralement, il est exprimé en pourcentage.

Nombre de naissance au cours d’une année-Nombre de décès au cours d’une année T.A.N.: ×100

Population totale de l’année

T.A.N :T.N.-T.M. (%)

Dans notre zone d’étude, le taux d’accroissement naturel est de 2,31%. Cela signifie qu’un effectif de 100 habitants augmentera d’environ 2 habitants en une année.

Le taux est alors moyen car il se trouve entre les deux seuils de 1% par an et 2,5% par an (32) . Pour ce qui est du cas de Madagascar, le taux d’accroissement naturel est plus élevé car il est de l’ordre de 2,9% d’après le R.G.P.H. de 1993 (33) .

- Un temps de doublement dépassant 30 ans : Le temps de doublement est le temps que mettra la population d’un pays ou d’une région pour doubler son effectif. Il s’obtient à partir du taux d’accroissement naturel.

72 T.D.: T.A.

(31) SAUVY : « Eléments de démographie » Paris 1987, p.119 (32) Cours de géographie de population en première année (33) INSTAT : « Recensement général de la population et de l’habitat », Antananarivo 1997, p. 26, p.51

24

Si le taux d’accroissement naturel de la population de la Commune rurale de Fihaonana se maintient à son niveau actuel, la population de cette Commune doublerait alors son effectif dans 31 ans environ.

Le rythme de croissance de cette population peut être ainsi considéré comme rapide car il se trouve entre le seuil de 30 à 50 ans. (34) Notons que le temps de doublement pour Madagascar est à peu près de 25 ans. (35)

2- Un mouvement migratoire généralement à titre temporaire : Par définition, la migration est le déplacement, temporaire ou définitif, d’une personne ou de groupes humains d’un endroit vers un autre. (36)

La forme de migration au sein de notre zone d’étude se manifeste surtout par une migration intra Fokontany ou plus précisément le déplacement des personnes des autres Fokontany vers le chef lieu de la Commune qui réunit les différents établissements scolaires (les seuls CEG et Lycée de la Commune) ainsi que les différents bureaux administratifs, utiles pour les paysans.

Ainsi cela concerne notamment les étudiants à la poursuite de leurs études ainsi que les paysans, voulant régler leurs affaires dans les bureaux administratifs de la Commune.

Cette forme de déplacement s’intensifie pendant le jour de marché où les acheteurs et les vendeurs affluent en masse pour rejoindre le chef lieu de la Commune.

A part la migration intra Fokontany, le déplacement vers les autres Communes et même les régions constitue aussi une autre forme de migration rencontrée dans la Commune.

Elle touche en premier lieu les nouveaux bacheliers qui veulent poursuivre leurs études dans les universités d’Antananarivo ainsi que certains élèves qui préfèrent continuer

(34) Cours de géographie de population en première année (35) INSTAT : « Recensement général de la population et de l’habitat », Antananarivo 1997, p. 26, p.51 (36) MAEP :« Monographie de la région de Tananarive », Juin 2003, p. 6

25 leurs études dans les autres lycées, spécialement les lycées de Mahitsy, d’Ambohidratrimo, d’Antananarivo et d’Ankazobe, d’autant plus que le lycée de Fihaonana n’a vu le jour que depuis l’année scolaire 2006-2007.

Il y a aussi les marchands ambulants de Fihaonana connus dans presque tous les marchés du district d’Ankazobe (marchés de Mahavelona, Ankazobe, Marondry, Talatan’ny Tsimandinika...).

Enfin, soulignons l’existence des personnes qui partent de la Commune pour des travaux de construction mais aussi pour les petits boulots des villes.

Notons que ce sont généralement des migrations temporaires car un individu n’est considéré comme résident d’une localité que lorsqu’il a séjourné au moins six mois dans cette localité (37) .

L’immigration au sein de notre zone d’étude, c’est à dire l’arrivée des individus des autres régions dans la Commune n’a encore qu’une faible importance.

A part le déplacement temporaire, effectué généralement par des commerçants venant des régions périphériques pendant le jour de marché ainsi que quelques collecteurs de produits agricoles, l’immigration définitif n’a que peu d’impact sur la statistique générale des origine des enquêtés obtenue lors des enquêtes sur le terrain.

(37) RABETSITONTA (T) : « Démographie : concepts et analyse avec illustration numérique », Antananarivo 1987, p.6

26

Tableau N° 4 : Origine des chefs de ménage enquêtés : Lieux d’origine Nombre des enquêtés Pourcentage Dans la Commune même 124 82.66 Tananarive 3 2 Les Communes 13 8.66 environnantes Autres (Fianarantsoa, 10 6.66 Ambositra, Arivonimamo(2), Miarinarivo, Antsirabe(2), Tuléar, Tamatave, Ambatomanohina) Total 150 100 Source : Enquêtes de l’auteur, 2009

Ce tableau nous montre que la majorité des enquêtés sont originaires de la Commune même. Ce fait est prouvé par le taux d’influence migratoire qui est seulement de 1,95% pour la Commune (38) .

Notons que notre enquête concernant l’origine des enquêtés touche seulement les chefs de ménage. Le motif de migration est surtout lié au travail (commerce, affectation…) ainsi qu’au lien du mariage.

Il faut aussi mentionner qu’il n’existe pas encore de chiffre concernant la composition ethnique de la population mais la réalité sur le terrain ainsi que l’estimation par la Commune révèle que la population de la zone d’étude est essentiellement composée de « Merina »(92%) (39) . Cela est dû à l’arrivée en masse des Merina dans la Commune pendant le règne d’Andrianampoinimerina.

(38) Calculé à partir du taux d’accroissement urbain (4.26%) et du taux d’accroissement naturel (2.31%)de la commune (39) Monographie de la commune, 2008

27

3- Une population jeune et inégalement répartie dans l’espace: a- Une structure démographique caractéristique des pays en voie de développement: La répartition d’une population selon l’âge et le sexe donne un indicateur utile du potentiel de main d’œuvre qu’elle représente. Elle permet par ailleurs d’estimer l’importance des personnes à charge, les besoins de consommation et les exigences d’ordre social pour le présent et le proche avenir.

Tableau N°5 : Répartition par âge et par sexe de la population enquêtée: Groupes d’âge Masculin Féminin Total 0-4 50 58 108 5-9 65 63 128 10-14 59 69 128 15-19 48 47 95 20-24 42 47 89 25-29 54 44 98 30-34 36 36 72 35-39 33 37 70 40-44 21 22 43 45-49 19 15 34 50-54 18 14 32 55-59 13 16 29 60-64 9 5 14 65-69 5 3 8 70-74 0 0 0 75-79 1 0 1 80 et plus 0 0 0 Ensemble 473 476 949 Source : Enquêtes de l’auteur, 2009

28

Tableau N°6 : Répartition par grands groupes d’âge de la population enquêtée : Groupes d’âge Masculins Féminins Total Pourcentage 0-14 ans 174 190 364 38,35 15-64 ans 293 283 576 60,69 65 ans et plus 6 3 9 0,94 Total 473 476 949 100 Source : Enquêtes de l’auteur, 2009

- Une forte proportion des moins de 15 ans : Sur ces tableaux, nous pouvons constater une proportion assez élevée de la population moins de 15 ans qui représente 38,35% de l’effectif total. Ce fait nous montre la jeunesse de la population de la Commune rurale de Fihaonana car le taux dépasse le seuil de 38%, (40) ce qui signifie l’abondance des personnes à charge.

Ce taux est cependant faible par rapport à la moyenne nationale qui était de 45% d’après le R.G.P.H. de 1993. (41) En réalité, malgré le fait que la majorité des paysans de la Commune conservent encore les anciennes traditions qui considèrent les enfants comme des richesses, l’inflation actuelle ne leur permet plus d’avoir le même nombre d’enfants que dans les années 90.

Quant au groupe d’âge de 15 à 64 ans qui regroupe la population potentiellement active (41) , il représente 60,69% de l’effectif total.

Cette classification peut refléter l’existence d’un potentiel humain indéniable dans la Commune. Les actifs forment une part relativement importante par rapport à l’ensemble de la population.

(40) Cours de géographie de population en première année (41) INSTAT : « Recensement général de la population et de l’habitat », Antananarivo 1997, p.1

29

30

Nous avons ici une pyramide des âges en forme de toit de pagode. (cf. figure n° 2) Elle a une base moins large, un corps qui se rétrécit plus ou moins régulièrement vers le haut et un sommet étroit. Notons que ce type de pyramide exprime encore la jeunesse de la population. Néanmoins, elle montre déjà une certaine diminution du taux de natalité.

Ainsi, au niveau de la tranche d’âge de 0 à 4 ans, nous pouvons voir un retrait qui s’explique probablement par la baisse du taux de natalité du moins depuis l’année 2005 (cf. tableau n° 5). Cette baisse est due surtout à la vulgarisation des moyens contraceptifs par l’Etat malgache depuis quelques années. Le progrès de l’éducation au niveau de la Commune qui se présente notamment par la création du lycée en est aussi une cause. Enfin, l’inflation très marquée ces dernières années a aussi ses effets sur ce taux de natalité. A titre d’exemple, le prix du sel et du sucre, qui sont parmi les produits très prisés par la population de la Commune, ont connu depuis 2002 une augmentation considérable. S’ils étaient respectivement de 300Ar et de 900Ar avant la crise de 2002, cette année 2010, leurs prix s’élèvent à 600Ar et 2200Ar.

La classe d’âge de 5 à 14 ans regroupe encore une partie assez importante de la population enquêtée avec 26,97% du total. Cela est lié à la forte natalité enregistrée dans les années passées.

Quant au sommet étroit, il s’explique par la faible espérance de vie de la population liée aux mauvaises conditions socio-économiques mais aussi à un phénomène tout à fait naturel qui révèle que plus l’âge avance, plus la chance à la vie diminue.

- Une légère prédominance de la population féminine : La répartition par sexe de la population enquêtée nous montre que les femmes sont légèrement plus nombreuses que les hommes, 476 contre 473. Ce qui donne un taux de masculinité de 99,36 soit 99,36 hommes pour 100 femmes.

Cela est aussi valable pour l’ensemble de Madagascar avec un taux de masculinité de 98,2 en 1993 (42) .

(42) INSTAT : « Recensement général de la population et de l’habitat », Antananarivo 1997, p.13 30

Cela est en partie lié au phénomène de létalité c’est à dire que les garçons en bas âge sont plus vulnérables par rapport aux filles (cf. tableau n° 5).

Il y a également le fait que certains jeunes gens poursuivent leurs études à l’extérieur de la Commune. Il y a enfin la tendance à l’émigration des éléments masculins pour travailler ailleurs notamment à Antananarivo.

Il faut cependant souligner que d’après les enquêtes, la Commune a plus de population potentiellement active masculine que féminine (293 contre 283). Ce qui constitue un atout puisque pour les durs travaux agricoles, la productivité des hommes est plus élevée que celle des femmes. b- Une population inégalement répartie dans l’espace : D’après le tableau n° 7, la répartition zonale de la population s’effectue comme suit:

-une partie importante de la population, soit 13,47% de l’effectif total, se concentre dans le chef lieu de la Commune

-Tsimiamboholahy, Andranovelona, Madiokororoka, Andriatsibibiarivony, Ambohipiainana sont moyennement peuplés avec un effectif supérieur à 1000 habitants. Il s’agit surtout des Fokontany proches du chef lieu de la Commune ou ayant une importance économique plus élevé. (cf. carte n°6)

-les zones moins peuplées dont le nombre de la population est inférieur à 1000 habitants comprennent les Fokontany qui se trouvent aux alentours de la RN4 comme Manankasina FOMAMI, Ambohitraina, Andranofotsifandrosoana, Tsitakondaza. Il y a aussi les Fokontany se trouvant très loin du chef lieu de la Commune comme Tsaramivondrona, Lovasoa, Fokontsambo. Enfin les Fokontany à faible potentialité économique comme Tsimialona, Masindray Est, Manantenasoa.

31

32

Tableau N°7: Répartition de la population dans les 18 Fokontany FOKONTANY NOMBRE DE POPULATION (*) Ambohipiainana 1 464 Ambohitraina 533 Andranofotsifandrosoana 685 Andranovelona 1 387 Andriatsibibiarivony 1 113 Antsapanimahazo 766 Fihaonana 2 170 Fokontsambo 394 Lovasoa 388 Madiokororoka 1 230 Manankasina FOMAMI 630 Manantenasoa 488 Masindray Est 526 Sambatra 1 073 Tsaramivondrona 840 Tsimialona 740 Tsimiamboholahy 1 284 Tsitakondaza 389 Total 16 100 Source : Monographie de la Commune, 2008

L’effectif total de la population dans notre zone d’étude est de 16 100 en 2007 (43) . Ce qui donne une densité moyenne de 42,14 habitants par km2. La densité de la Commune est alors plus élevé par rapport à celui de l’ensemble de Madagascar qui était de 21 hab./km2 en 1993. (44)

(*)Comme il nous a été impossible d’avoir la superficie de chacune des 18 Fokontany et de calculer ainsi leur densité respective, nous avons dû nous contenter des seuls chiffres de la population et baser notre analyse sur ces chiffres. (43) Monographie de la commune, 2008 (44)INSTAT : « Recensement général de la population et de l’habitat », Antananarivo 1997, p. 12

32

Nous avons vu que l’histoire de la Commune rurale de Fihaonana est rattachée à celle du Vonizongo ancien. L’occupation humaine date d’avant le XVème siècle. L’analyse démographique nous a montré la jeunesse de la population.

En bref, le cadre physique et humain de la Commune rurale de Fihaonana lui confère une grande potentialité économique. Mais comment se présente l’exploitation de ces potentialités ?

33

Chapitre II : DES POTENTIALITES ECONOMIQUES MAL EXPLOITEES

La Commune rurale de Fihaonana présente une grande potentialité économique. Divers types d’activités peuvent-être alors pratiqués dans cette Commune. Dans ce chapitre, nous allons voir comment est l’aspect de l’exploitation de ces potentialités économiques de la Commune.

I- UN SECTEUR PRIMAIRE PREDOMINANT : L’activité agricole demeure la première préoccupation des habitants de la Commune rurale de Fihaonana. Les agriculteurs représentent 85,87% de la population active. Les autres branches d’activité ne dépassent pas chacune 5%. (cf. tableau n°8)

Tableau N°8 : Répartition de la population active enquêtée par branches d’activités : Activités Agriculture Commerce Fonctionnariat Industrie Transport Artisanat Total Nombre 462 23 8 16 4 25 538 % 85,87 4,27 1,48 2,97 0,74 4,64 100 Source : Enquêtes de l’auteur, 2009

Ainsi, comme dans toutes les Communes rurales de Madagascar, le secteur primaire reste le poumon de l’économie de cette Commune donc le premier moyen de survie pour ses habitants. Il est suivi de loin par le secteur secondaire où se distingue l’artisanat.

Tableau N°9 : Répartition de la population active enquêtée par secteurs d’activités : Secteurs d’activités Nombre Pourcentage Secteur primaire 462 85,87 Secteur secondaire 41 7,62 Secteur tertiaire 35 6,50 Total 538 100 Source : Enquêtes de l’auteur, 2009

34

A- Une agriculture dominée par la riziculture : 1- La riziculture : principale activité de la population : Dans la Commune rurale de Fihaonana, « paysan » est synonyme de riziculteur. En effet, 93,33% des ménages enquêtés ont tous des rizières (cf. tableau n°10).

Ce qui fait que tous les bas-fonds sont occupés par la riziculture. C’est la superficie de l’exploitation qui diffère selon le niveau de vie des ménages. Notons que les ménages qui ne possèdent pas de rizière se trouvent généralement dans les Fokontany de Fihaonana et d’Andranovelona. En effet, l’économie de ces derniers est déjà plus ou moins ouverte aux autres secteurs d’activités.

Tableau N°10 : Nombre de ménages enquêtés qui ont des rizières Nombre Pourcentage Ceux qui ont de rizière 140 93,33 Ceux qui n’ont pas de 10 6,66 rizière Total 150 100 Source : Enquêtes de l’auteur, 2009 a- La riziculture irriguée : une pratique courante Il s’agit ici d’une culture intensive qui demande beaucoup de travaux et de soins particuliers. L’activité rizicole commence par la préparation de la pépinière. Cela consiste à refaçonner les diguettes, à assécher avant le labour, à épandre le fumier, à labourer et à exposer les mottes au soleil. Après la mise en eau, il faut briser les mottes de façon à avoir une surface boueuse et aplanie. Le semis a lieu quelques jours après et le repiquage un mois après.

La phase « rizière » comprend aussi les mêmes travaux que la pépinière mais d’une ampleur plus importante. Ces travaux débutent généralement après le semis en pépinière. En premier lieu, il faut labourer profondément la rizière en enfouissant les touffes de riz

35

Photo n°2 : La riziculture dans le Fokontany de Tsimiamboholahy

Source : Cliché de l’auteur, 2009

Le repiquage en ligne est déjà une technique très répandue dans la Commune. Elle permet l’emploi des sarcleuses pour enlever les mauvaises herbes. La généralisation de cette technique dans la Commune a contribué à l’augmentation de son rendement rizicole.

36 de la campagne précédente, exposer les mottes au soleil et épandre les fumiers. La mise en eau est effectuée avant de procéder à l’hersage et au planage. Enfin, le repiquage a lieu après le réglage de la hauteur de l’eau.

Les matériels utilisés sont surtout traditionnels. Ils se basent majoritairement sur des outils manuels, notamment la bêche.

Les variétés locales : « rojomena » (*) et « rojofotsy » (*) sont les plus cultivées, non seulement à cause de leurs goûts très appréciés mais parce qu’elles s’adaptent aussi au système de fertilisation limitée généralement au seul fumier animal.

La saison est surtout une saison de « vakiambiaty » (*) . La rizière « sakamaina » (*) est réservée au « vakiambiaty » tardif et la rizière « horaka » (*) au « vakiambiaty » normal.

Notons que l’insuffisance des infrastructures hydro-agricoles limite le développement du « vary aloha ». Au total, il y a 15 petits barrages hydrauliques qui fonctionnent pour toute la Commune (45) . En outre, la pratique du « vary aloha » (*) présente des problèmes quelquefois difficiles à surmonter. L’attaque des Fody (*) (Foudia Madagascariensis) au moment de l’épiaison nécessite un gardiennage jusqu’à la récolte.

(*) Rojomena : Littéralement, collier rouge (*) Rojofotsy : Littéralement, collier blanc (*) Vakiambiaty : Riz de deuxième saison (*) Rizières sakamaina : ce sont des rizières qui utilisent des eaux prises par captation au niveau des rivières ou des ruisseaux. Des canaux de dérivation sont à aménager pour conduire les eaux. Ici, l’assèchement est facile après la récolte (*) Rizières horaka : elles constituent la majorité de la surface des fonds de vallons. Ce sont des rizières dont l’irrigation peut se faire à partir des eaux de ruissellement. (45) Monographie de la commune (*) Vary aloha : Riz de première saison (*) Fody : Petit oiseau qui fréquente les rizières. Le mâle est rouge en été.

36

En plus, les jeunes plants de riz doivent rester plus d’un mois en pépinière à cause du ralentissement de la croissance végétative pendant l’hiver, un grand froid risque souvent de couler les grains. b- le riz pluvial, une culture soumise à certaines conditions : Cette forme de riziculture n’est pratiquée que par un petit nombre de paysans à cause des contraintes qu’elle impose.

Comme son nom l’indique, le riz de « tanety » ou riz pluvial se comporte comme des cultures pluviales. En général, ce riz est semé en novembre et récolté en mars. Un bon choix de terrain s’impose pour obtenir un bon résultat. Les sols intermédiaires entre le bas-fond et le « tanety » sont les plus favorables. Là, la capacité de rétention d’eau et la fertilité des sols sont aussi intéressantes. Après le nettoyage du terrain, la terre est labourée, puis fumée avec de la fumure organique. Le semis se fait directement dans les trous distants de 15 à 20 cm. Deux sarclages sont nécessaires jusqu’à la récolte pour lutter contre la prolifération des mauvaises herbes.

Le rendement est souvent variable, allant de 1,5 à 2 tonnes par hectare. Le développement du riz pluvial dépend étroitement des conditions pluviométriques. Il arrive parfois qu’en pleine période critique de son cycle, les pluies se font rares voire inexistantes. Mais à part cette dépendance climatique, le ravage des rats et l’insuffisance des fumiers de parc font que les paysans ne s’intéressent pas trop à cette riziculture.

En bref, la riziculture dans la Commune est encore traditionnelle mais elle permet tout de même un rendement assez élevé (3,47 t/ha)

Tableau N° 11 : LA PRODUCTION DE RIZ DES MENAGES ENQUETES : Produit Surfaces exploitées Production Rendement Total Par ménage Total Par ménage Total Riz 57,17ha 0,40ha 198,65t 1,41t 3,47t/ha Source : Enquêtes de l’auteur, 2009

37

2- Des cultures de « tanety » formées par une polyculture traditionnelle : Par rapport au bas-fond, la « tanety » reçoit beaucoup plus de cultures. Pourtant, celles-ci occupent partiellement l’espace. Ainsi, dans cette étude, nous n’allons voir que quelques types de culture seulement.

Notons que les cultures sur « tanety » sont pratiquées surtout en fonction de leurs exigences au point de vue agronomique. La période de plantation de ces cultures se situe au début de la saison des pluies alors que le cycle végétatif est différent d’une culture à une autre.

Tableau N° 12 : Les calendriers culturaux de quelques spéculations J F M A M J J A S O N D Manioc Labour Bouturage Récolte Maïs Labour Semis Récolte Haricot vert Labour Plantation Récolte Source : P.C.D. de la Commune, 2008 a- Le manioc, une culture peu exigeante : Le manioc a toujours été considéré comme la deuxième culture après le riz au sein de la Commune. C’est une culture annuelle dont le cycle végétatif dure 12 à 18 mois. D’habitude, cette culture est faite exclusivement mais pour exploiter le maximum de surface, beaucoup de paysans l’associent avec le haricot.

38

Bien adaptée aux conditions naturelles existantes, elle est plantée n’importe où : sur les terrasses moyennes, sur les hautes buttes, sur les bas de pente…avec des techniques encore rudimentaires. Le rendement moyen dans la Commune est de 6,29 tonnes par hectare (46) . Notons que la récolte peut s’échelonner au gré des besoins. b- La patate douce, une culture facile à installer : La patate douce n’est pas une denrée très estimée par la population de notre zone d’étude. Pourtant, elle apporte un secours alimentaire non négligeable. Elle occupe surtout les moyennes terrasses où les sols sont plus ou moins fertiles.

Elle est aussi cultivée d’une façon traditionnelle. A part le labour et le bouturage, elle ne demande pas plus de travaux. Il faut noter cependant que certains paysans pratiquent ce qu’ils appellent « Vomanga mifahy » (*) pour avoir un rendement plus élevé. Cela consiste à faire des trous, à y mettre des débris végétaux, du fumier et de la terre pour en constituer une petite butte. C’est là que les boutures sont plantées. En se décomposant, ces débris enrichissent le sol et conservent l’humidité à l’intérieure de la butte. Ce qui offre une meilleure condition à la plante. La récolte peut se faire 6 mois après la plantation.

Le rendement peut ainsi varier en fonction de la technique culturale mise en œuvre mais la moyenne pour la Commune de Fihaonana est de 4,8 tonnes par hectare (46) . c- Le taro, une plante assez difficile à cultiver : Parmi les plantes à tubercule, le « saonjo » ou taro est le plus exigeant. Il ne peut se développer qu’en présence d’un sol plus ou moins humide. Le bas-fond draînable lui fournit les conditions idéales.

(46) PCD de la commune, 2008 (*) Littéralement, patate douce engraissée

39

Photo n°3 : La culture du taro dans le village de Fakazato

Source : cliché de l’auteur, 2009

Nous pouvons constater au premier plan de cette photo des trous assez grands où sont plantés les taros. Cette technique permet de développer les tubercules. Au second plan, nous avons des « tanety » mis en jachère et au fond, nous pouvons voir des collines réservées à quelques lambeaux de forêts.

40

Les boutures sont plantées dans des trous assez grands ou dans des sillons pour bénéficier de plus d’humidité. Le buttage vers le cinquième mois de plantation développe les tubercules. Après un à deux ans de culture, la récolte peut se faire.

Certains paysans l’associent avec le haricot. Les débris végétaux obtenus après la récolte sont enfouis dans les sillons et fertilisent le sol.

Ainsi, le rendement est variable en fonction des soins apportés à la plante sans oublier l’influence du milieu naturel. En moyenne, un hectare de surface peut donner 8 tonnes de taro dans la Commune (47) . d- Le « voanjobory », une culture bien adaptée sur « tanety » Le « voanjobory » ou Voandzeia subterranea est cultivé sur des sols plus ou moins fertiles, des versants ensoleillés. Mais un bon rendement dépend toujours de l’apport de fumure, d’une humidité suffisante et également des soins tel que le sarclage, binage et buttage qui sont généralement peu considérés par les paysans locaux.

Ces soins sont normalement effectués vers le deuxième mois du cycle végétatif. Toutefois, cela dépend du calendrier de travaux de chaque famille.

La récolte s’opère 5 à 6 mois après le semis et cela peut être échelonnée jusqu’à un mois environ. En moyenne, le rendement est de l’ordre de 2 tonnes par hectare (47) . d- Le haricot, une légumineuse relativement exigeante Le haricot est cultivé sur les sols de bas de pente riches en matières organiques ou à mi-pente plus ou moins fertiles. Il est parfois associé avec d’autres cultures comme le maïs. Fumée ou non, cette culture ne reçoit pas d’autres soins. Le sarclage n’est effectué par les paysans que lorsque les mauvaises herbes sont trop envahissantes. La récolte peut se faire 4 à 6 mois après le semis.

(47) PCD de la commune, 2008

40

Photo n°4 : Un exemple de la pratique de la double culture dans le village de Faravolo

Source : Cliché de l’auteur, 2009

Le maïs et l’arachide sont ici cultivés ensemble. Cette technique d’association des cultures présente plusieurs intérêts. Elle permet de gagner du temps car une seule surface est à labourer. Il y a aussi une économie de surface. Nous voyons cependant que les différents entretiens sont absents. Les mauvaises herbes sont en abondance.

41

Le rendement tourne autour de 2,5 tonnes par hectare (48) . Toutefois, les insectes qui mangent les racines ou les gousses endommagent souvent la production.

3- Les cultures nouvelles ayant une vocation essentiellement commerciale : a- Le haricot vert, une culture intensive : Depuis 1990, la société LECOFRUIT (Légume Condiment Fruit) a introduit le cornichon et le haricot vert (49) . Actuellement, il n’y a plus que la culture d’haricot vert dans la Commune de Fihaonana.

A la différence des cultures vivrières, la culture de haricot vert exige beaucoup plus de travaux et d’entretiens pour avoir une bonne rentabilité.

De préférence, cette culture est installée en bas de pente ou sur des terrains plats situés à proximité d’un point d’eau.

Les travaux des sols consistent à préparer les planches de semis en effectuant un labour profond, émottage, planage et fumage. Le semis se fait directement sur la parcelle de culture. A partir d’une certaine hauteur (20-25 cm), le haricot vert demande un tuteurage. Cette culture exige aussi des sarclages et des traitements phytosanitaires. L’arrosage est un facteur décisif pour le développement des plantes. Celles-ci ont besoin d’eau en abondance sauf en période pluvieuse.

Le cycle végétal de cette culture dure à peu près trois mois. En une année, il peut y avoir donc 4 semis. Mais ces semis doivent être réalisés sur des parcelles différentes. Pour éviter la transmission des maladies imprévisibles, elles sont aussi mises en jachère pendant au moins trois mois. En outre, la surface utilisée est fixée à un are par culture pour que les producteurs puissent accomplir minutieusement les différentes tâches.

(48) PCD de la commune (49) Selon un responsable de la société LECOFRUIT à Fihaonana

42

Pour toutes les opérations techniques, les producteurs reçoivent des encadrements techniques. En plus, les matériels agricoles (arrosoir, pulvérisateur, râteau,…), les semences et les intrants leur sont fournis mais remboursés en nature à la première récolte.

En moyenne, le haricot vert procure 60 à 70 kg/are (50) . b- La tomate, une culture de contre-saison La tomate est cultivée en contre-saison sur les rizières « sakamaina » ou sur les terrains alluviaux de la bordure des cours d’eau. Dès la fin de la récolte de riz, les paysans labourent et assèchent les rizières à cultiver. Les touffes des plants sont enfouies. Les rizières sont divisées en planches, suivant la longueur ou la largeur, entre lesquelles est aménagée une petite allée pour faciliter l’arrosage.

Les jeunes plants obtenus en pépinière sont transplantés sur les plates-bandes un mois après le semis. A part l’arrosage régulier, le binage, le buttage et le tuteurage sont les soins culturaux exigés par la tomate. La récolte est faite au bout de quatre mois. Entre les deux variétés (tomate longue et tomate ronde), les rendements vont de 60 à 70 kg par are. (51) c- L’ananas, une culture peu contraignante Selon les paysans, l’ananas est un fruit déjà connu depuis longtemps mais sa culture n’a pu se réaliser que récemment, vers les années quatre-vingt. Ce plant fruitier n’est pas trop exigeant, notamment en ce qui concerne la qualité du sol. En général, il est cultivé sur des sols dits « tany vao » (*) .

Sur terrain plat, le labour de la terre consiste à effectuer un labour en plein et à aménager des canaux pour servir de drains. La plantation se fait en ligne. Tandis que sur les terrains à pente forte, des sillons sont confectionnés suivant les lignes de courbes de niveau pour recevoir les plantes.

(50) Selon les paysans enquêtés, membres de la société LECOFRUIT (51) Selon les paysans enquêtés (*) Tany vao : désigne la terre nouvellement défrichée ou mise en culture

43

Photo n° 5 : La culture de pomme de terre, un exemple de culture de contre saison dans le village de Maharavo

Source : Cliché de l’auteur, 2009

Par rapport aux autres villages de la Commune, le village de Maharavo qui se trouve dans le Fokontany d’Andriatsibibiarivony a une avance dans la pratique des cultures de contre-saison. Sur cette photo, au premier plan, nous avons une rizière occupée par la culture de pomme de terre. Sur le bas de pente se trouvent quelques bananiers et en arrière plan, nous voyons une colline dont le sommet est occupé par quelques lambeaux de forêt.

44

Sarclage, binage, buttage et paillage, tels sont les soins qu’il faut apporter à l’ananas. Entre les intervalles de plantation, d’autres cultures peuvent être installées (manioc, patate douce…).

Cette culture peut avoir une durée de vie relativement longue mais elle doit-être renouvelée vers sa quatrième année. En effet, la production s’affaiblit au fur et à mesure que les plants vieillissent. La première production n’a lieu qu’à la deuxième année de plantation tandis que les productions suivantes : la deuxième, la troisième… se présentent annuellement.

En moyenne, un hectare procure 2 tonnes environ seulement d’ananas dans la Commune (52) . Ce faible rendement est dû à la vieillesse des plantes ainsi qu’au manque d’entretien.

En bref, la Commune rurale de Fihaonana est adaptée à divers types de culture. Cependant, la technique utilisée par les paysans ne peut procurer d’une manière générale qu’un faible rendement. En outre, elle ne permet pas de mettre en valeur assez de superficie. Les données de la Commune avancent que 4 618 hectares de surfaces sont mis en valeur par rapport aux 4 785 hectares cultivables. Cette donnée n’est cependant pas conforme à la réalité sur le terrain qui montre que la plupart des « tanety » cultivables sont restés en friches.

B- L’élevage, une activité secondaire : C’est une activité déjà ancienne mais son importance est secondaire après la culture. Elle est rattaché à la culture dans la mesure où elle fournit une force de travail indispensable à l’accomplissement de certains travaux de champs : traction, labour, hersage, transport…En même temps, elle produit l’essentiel de la fumure organique employée pour les différentes cultures.

(52) Selon les paysans enquêtés

43

Sur le tableau n° 13, nous pouvons voir que l’élevage bovin, l’élevage porcin et l’élevage de volaille restent les principaux types d’élevage pratiqués par les paysans de la Commune.

Tableau N° 13 : Nombre de cheptel des ménages enquêtés : Cheptel Nombre de tête Nombre de ménage Nombre de tête par propriétaire ménage Bovin 246 80 3,07 Porcin 206 98 2,10 Volaille 2016 115 17,53 Source : Enquêtes de l’auteur, 2009

1- L’élevage de volailles, une activité courante Ce type d’élevage occupe la première place dans la Commune car 115 ménages sur les 150 enquêtés le pratiquent.

Généralement, il reste traditionnel sauf dans le Fokontany de Tsimiamboholahy où nous avons rencontré un élevage intensif avec 600 têtes de poules pondeuses. En effet, la plupart des ménages possèdent quelques poulets et d’autres oiseaux de basse-cour comme les oies, canards…

Il s’agit surtout d’un petit élevage qui donne une certaine liberté aux oiseaux. Toute la journée, ils cherchent eux-mêmes leurs nourritures (grains, déchets domestiques…) dans la cour ou sur les champs. Le soir, ils sont enfermés dans le « fisoko » (*) aménagé dans la cuisine ou sous l’escalier pour limiter le ravage des carnassiers (renards, chats…) et surtout des voleurs.

Les maladies principales qui atteignent ces volailles sont le choléra aviaire, la pullorose,…qui sont très contagieuses (53) .

(*) Fisoko : Pièce basse aménagé pour recevoir les volailles (53) D’après les enquêtes menées sur le terrain

44

En général, l’élevage aviaire n’a pas de but commercial. La vente se fait occasionnellement, selon les besoins monétaires (achat de médicaments, fournitures scolaires manquantes…).

2- Les bovins, un cheptel utile à l’agriculture L’élevage bovin tient la seconde place dans la Commune avec 246 têtes recensées mais les ménages propriétaires sont encore peu nombreux. Une bonne partie des paysans restent alors dépourvus de ce cheptel.

Le plus souvent, ce sont des animaux de race locale ou métisse. Ils proviennent surtout du croît de troupeau.

Notons que les bovins tiennent un rôle très important dans les différents travaux agricoles notamment la riziculture. Au moment de la préparation de la rizière, les bœufs sont mobilisés pour la traction de la charrue ou de la herse. Parfois, l’attelage fait l’objet de location dont le frais est actuellement d’environ 6000Ar par jour. La production de fumure constitue aussi un avantage pour les propriétaires des bovins.

L’herbe demeure le principal aliment des bovins. Pendant la saison de pluie où le pâturage est assez abondant, les bœufs paissent dans la journée sur les « tanety » en friche ou en jachère. Le soir, ils sont ramenés au « vala » (*) . En saison fraîche, la croissance de l’herbe ralentit d’où la diminution de la nourriture. Ainsi, la journée, les bœufs se contentent de brouter le « kolokolo » (*) dans les rizières. Le soir ils mangent du manioc, de la paille et rarement de l’herbe.

3- L’élevage porcin, un placement de capital : Pour ce qui est de l’élevage porcin, il est moins important. D’après les enquêtes, il n’y avait que 206 têtes pour 98 ménages soit 2,10 têtes par ménage. (cf. tableau n° 13)

(*) Vala : Parc à bœuf (*) Kolokolo : Second repousse du riz après la récolte

45

Photo n°6 : L’élevage porcin dans le Fokontany de Fihaonana

Source : Cliché de l’auteur, 2009

Ce type d’élevage est déjà semi-intensif. Les porcs sont enfermés dans une sorte de porcherie généralement construite en bois. Leurs nourritures sont composées essentiellement de reste de paddy décortiqué dans les machines et d’un apport de provende qui reste insuffisante vu sa cherté sur le marché.

46

Photo n°7 : Un exemple d’occupation du sol dans le village de Soanavela

Source : Cliché de l’auteur, 2009

Au premier plan de cette photo, nous pouvons voir des « tanety » réservés au pâturage des bovins. Ils sont suivis des bas fonds occupés par des parcelles de riziculture et des maisons entourées de cultures sèches. Les hauteurs, occupés par quelques lambeaux de forêt se trouvent en arrière

47

En réalité, cet élevage ne vise pas tellement la reproduction. La plupart des paysans se procurent un ou deux porcelets de quelques mois au marché de Fihaonana ou de Mahitsy.

Ils les engraissent pendant 6 à 12 mois pour être vendus au marché local ou à Mahitsy même. Les prix de vente dépendent de leur race. Un porc de race dite « kisoa gasy » (*) se vend moins cher que l’autre race dite « kisoa vazaha » (*) . Cela à cause de la différence du prix d’achat et de la rentabilité de ces deux types de race.

Pendant le jour, les porcs sont laissés en liberté et cherchent eux-mêmes leur nourriture en errant ça et là. Vers la fin de l’après-midi, ils ont droit à des aliments préparés à base de manioc, de patate douce et de rebuts de cuisine. La nuit, ils se reposent dans une sorte de porcherie ou « vala kisoa ».

Néanmoins, soulignons la présence d’une évolution dans cette technique d’élevage notamment dans le Fokontany de Fihaonana où les animaux ne sont plus en liberté, leur santé est contrôlée (traitement phytosanitaire, vaccin,…) et leur nourriture connaît une amélioration (apport de provende).

En effet, les paysans de la commune rurale de Fihaonana pratiquent divers types d’activités sur le plan agricole. Cependant, ils restent dans le cadre traditionnel. En plus, nous allons voir que les autres secteurs d’activités sont encore largement insuffisants dans la commune.

II- DES SECTEURS SECONDAIRE ET TERTIAIRE ENCORE INSUFFISANTS:

La part des secteurs secondaire et tertiaire dans l’économie de la Commune rurale de Fihaonana reste encore faible. Ces secteurs ne représentent que 14,12% de la population active (cf. tableau n°9).

(*) Kisoa gasy : Porc de race locale (*) Kisoa vazaha : Porc de race étrangère

46

A- Un secteur secondaire marqué par la prédominance de l’artisanat : 1- Eau Vive : la seule industrie moderne de la Commune : L’usine EAU VIVE S.A est un département de la brasserie STAR. Sise à Andranovelona, elle a pour fonction de produire les deux eaux minérales, « La source » et « Eau Vive ».

a- Un bref historique de l’usine « Eau vive » : Selon les enquêtes menées auprès des responsables de l’usine, l’eau de source d’Andranovelona a été découverte pour la première fois par des étrangers. La première prospection sur la montagne de Lohavohitra a été faite par M. Pierre Richard En 1969 .

En 1970, la Société d’exploitation des Sources d’Eaux Minérales d’Andranovelona (SEMA) est créée avec une dizaine d’employés à son actif. Notons que toutes les opérations d'exploitation étaient faites manuellement : soutirage, embouteillage, capsulage.

En 1972, l'usine installe de nouvelles machines et après 3 mois de suspension, la production est doublée grâce notamment aux nouvelles bouteilles en verre de 1 litre achetées auprès de la société de Verrerie de Tamatave

En 1973, Eau Vive est embouteillée en bouteille de 1,5 litre.

Des améliorations de la technique de production et d’exploitation sont effectuées par la société dans les années 80 et 90 et nous avons pu voir dans le marché une autre marque, « LA SOURCE ».

En 1986, l’usine a connu 80 jours de suspension suite à une panne du groupe Deutsch et à l'entretien des sources et bassins de décantation. Les ventes ont pourtant augmenté de 61% par rapport à l'année précédente.

En 1990, des investissements sont faits pour agrandir l’usine : implantation de deux extrudeuses pour fabriquer les bouteilles plastiques sur place, remplacement de la chaîne d’embouteillage et raccordement électrique de l'usine au réseau JIRAMA.

47

Photo n°8 : Le bâtiment de l’usine Eau vive

Source : Cliché de l’auteur, 2009

C’est le bâtiment de purification et de mise en bouteille de l’eau de source « Eau vive », tirée de la colline de Lohavohitra qui se trouve sur cette photo en arrière plan. Les produits finis sont ensuite embarqués dans un camion pour être délivré aux centres de consommation.

48

En 1993, le nouveau format 150cl avec bouchon à vis connaît un franc succès . Cette année là également, Eau Vive gagne la médaille d'argent au concours international de renom Monde Sélection, un concours basé sur la qualité du produit.

En 1995, l'usine poursuit son extension et installe de nouveaux équipements destinés au lancement d’un nouveau conditionnement. La même année, Eau Vive s’exporte.

En 1996, grâce aux investissements réalisés, la société STAR obtient l’autorisation d’exploitation avec un débit porté à 2,5 m3/ heure et une meilleure qualité bactériologique de l’eau.

En 1998, il y avait le relancement du format 75cl avec bouchon à vis et vers la fin de cette même année, un nouveau produit « La source » a été lancé.

En 2001, Eau Vive revoie son logo et son étiquette avec le même slogan : «Si pure, si nature».

En 2005, Eau Vive opère la campagne " l’eau dont votre vie a besoin " et change de logo et de packaging : nouveau bouchon, nouvelle étiquette.

En 2006, Eau Vive suit l'ère du temps. Avec une bouteille incassable, un design ergonomique et plus moderne, un logo et une étiquette plus épurés, Eau Vive séduit et devient un succès national.

En 2007, Eau Vive a lancé la campagne " il faut boire de l’eau tous les jours " axée sur la santé et le bien-être de tous, notamment la mère et l’enfant.

Cette année, Eau Vive fête son quarantième anniversaire.

Nous pouvons tirer de ce bref historique de l’usine « Eau Vive » que c’est une usine qui a connu au cours des temps une amélioration incessante.

48 b- Les activités et la production: L’Eau Vive est une société déjà professionnelle. D’après le responsable, leurs machines et la qualité de leurs produits suivent les normes internationales. Un service de laboratoire purifie les machines à chaque fin de semaine.

Notons que les matières premières pour la fabrication des bouteilles sont encore importées de l’extérieur (Maurice). Seulement les étiquettes et les fils rétractables sont achetés localement.

Il est aussi important de souligner que cette usine puise les eaux minérales soit par source naturelle dans les grottes soit par forage à environ 20 m de profondeur.

Pour ce qui est de la production, elle varie en fonction de la demande. En effet, la demande est surtout élevée pendant la saison chaude, notamment pendant les mois d’octobre et de décembre. Elle baisse pendant la saison hivernale. Généralement, cette usine produit 30 000 bouteilles maxi et 25 000 bouteilles mini toutes les 8 heures. Pour une journée, cette production est multipliée par 3 (54) .

Le principal centre de consommation reste la ville d’Antananarivo (60%) et environ 40% de la production sont vendus dans les autres régions (54) .

Etant donné qu’Eau vive tient la place de leader dans le marché de l’eau embouteillée, la part de marché en volume vendu de ce segment tourne autour de 80% (54) . En réalité, les produits de l’Eau vive sont appréciés sur le marché local puisque la montagne de Lohavohitra est éloignée de tout centre de pollution. Déjà à une altitude de 1 714m, elle se trouve à 52 km de la ville d’Antananarivo.

(54) Selon le responsable enquêté

49

Les principales activités dans la production de l’Eau Vive et de La source depuis leur source jusqu’à leur mise en bouteille peuvent être représentées comme suit :

SOURCE (MO NTAGNE)

CUVE D’EAU

MACHINES

SOUFLEUSE

(Fabrication bouteilles)

RINCEUSE BOUTEILLES

REMPLISSEUSE

CAPSULEUSES / BOUCHEUSES

MUREUSE (Contrôle qualité)

ETIQUETEUSE

CODEUSES (date de fabrication et de péremption)

PAQUETAGE

LIVRAISON

Source : Enquêtes de l’auteur, 2009

50 b- La place de l’usine EAU VIVE dans la Commune :

Tableau N° 14 : Déclaration des taxes communales : Quantité mise Mois Produits à la Prix Montant Total consommation unitaire(Ariary) (Ariary) (Ariary) Octobre E.V 150cl 2049000 2.00 4098000 5 197 340 2009 E.V 50cl 1036380 1.00 1036380 La source 31480 2.00 62960 100cl Novembre E.V 150cl 2020950 2.00 4041900 5 342 650 2009 E.V 50cl 1214350 1.00 1214350 La source 43200 2.00 86400 100cl Décembre E.V 150cl 2434800 2.00 4869600 5 994 240 2009 E.V 50cl 1038240 1.00 1038240 La source 43200 2.00 86400 100cl 16 534 230Ar Source : Données de l’Eau Vive, 2009

Actuellement, avec un chiffre d’affaires de 72 millions d’Ariary, (55) l’Eau Vive tient une place non négligeable dans la recette fiscale de la Commune.

Ce tableau nous montre que, chaque mois, l’Eau vive verse au moins 5 000 000 d’Ariary à la caisse communale. C’est une somme d’argent assez importante pour apporter une véritable aide au développement de la Commune. Notons que cette somme varie en fonction du nombre des bouteilles vendues et nous constatons sur le tableau une augmentation progressive de la vente du mois d’octobre au mois de décembre. A part cela, cette usine offre beaucoup d’avantages à ses ouvriers, notamment l’indemnité de transport, indemnité de logement, motos, quota annuel pour la santé, cité,

(55) Selon le responsable enquêté

51 indemnité de repas. Selon le responsable, le salaire des ouvriers dans cette usine suit la grille indiquée par l’Etat. Le temps de travail est généralement de 8 heures par jour et éventuellement, il y a des travaux de fin de semaine (samedi et dimanche) pendant lesquels les ouvriers sont motivés par des rémunérations supplémentaires.

Il est à noter cependant qu’à cause de l’utilisation de machines modernes, 54 ouvriers seulement travaillent au sein de cette entreprise dont 5, qui sont tous des ouvriers qualifiés, viennent d’Antananarivo et le reste, généralement des ouvriers peu qualifiés, sont originaires de la Commune même, notamment du Fokontany d’Andranovelona et de Fihaonana ou des régions avoisinantes particulièrement de la Commune d’Ampanotokana. (55) Cette situation montre que malgré son expansion, l’usine Eau vive n’a qu’un faible impact sur la population locale.

2- Les décortiqueries encore peu nombreuses : Dans la Commune, il y a 7 décortiqueries qui sont généralement concentrées dans le chef lieu (56) . Ce sont des entreprises familiales avec des matériels très simples. L’existence de ces décortiqueries allège la population de cette Commune puisque la principale activité de sa population est la riziculture.

Il est à noter que pendant la période de récolte, les clients sont nombreux mais ce sont surtout de petits paysans n’ayant qu’une faible quantité de paddy. Ainsi, pendant cette période, une machine peut décortiquer 1T de paddy par jour. Cependant, pendant la période de soudure, où les collecteurs se débarrassent de leurs stocks, la quantité de paddy décortiquée par jour peut aller jusqu’à 2T. (56)

3- Un artisanat occupant seulement le temps libre des paysans: L’artisanat, n’étant qu’une activité secondaire, occupe le temps libre des familles paysannes. Généralement, il constitue la préoccupation de la population féminine.

Cette activité concerne surtout la vannerie. En effet, la tradition exige que toute femme doive savoir confectionner des nattes, des soubiques sinon c’est une honte. Les femmes

(56) Enquêtes sur le terrain

52 se mettent donc à ce travail pour avoir ce dont elles ont besoin : nattes pour tapisser les maisons, soubiques pour ramasser et transporter les grains. Les matières premières sont des plantes qui poussent naturellement ou cultivées dans les marais ou au bord des rivières. Nous pouvons les voir alors dans tous les Fokontany de la Commune, comme dans les villages de Soanavela, Faravolo, Fakazato, Ambodivona, Sakambahiny.

D’une manière générale, les activités commencent vers la fin du mois d’avril, période de la fin des pluies et se terminent au moment du début des travaux rizicoles. Outre l’utilisation ménagère, une partie de ces produits est acheminée vers le marché.

Soulignons qu’en plus de la vannerie, les artisans de la commune se spécialisent aussi dans d’autres types d’activités notamment la briqueterie, le travail de pierre, la menuiserie, la confection, la forge, la fabrication de balaies ainsi que de charrettes.

D’après nos enquêtes, l’artisanat ne regroupe que 4, 64% de la population totale de la Commune (cf. tableau n°8).

En bref, à part l’existence de la société anonyme Eau Vive, le secteur secondaire de la Commune est dominé par de petites entreprises familiales qui n’occupent généralement que le temps libre des paysans. Ainsi, le secteur secondaire reste encore à développer dans la Commune. C’est aussi le cas du secteur tertiaire.

B- Un secteur tertiaire dominé par le commerce de détail: Le secteur tertiaire regroupe les professions qui ne contribuent pas directement à la production : les activités relevant du commerce, les transports, les « services » divers, l’administration y compris l’armée, les professions libérales. (57)

Dans la Commune de Fihaonana, il est dominé par le commerce. Les autres activités sont peu exercées par la population. Il faut noter cependant l’existence d’autres

(57) DACIER.G, ALLIX (GP) : « Géographie générale », Collection Max Derruau, Paris 1960, p. 289

53

potentialités économiques dans la Commune telles que la présence de divers ONG et l’existence de quelques sites touristiques qui méritent d’être exploités.

1- Un commerce généralement à caractère détaillant : Le commerce de détail dans la Commune est représenté par les épiceries, les ventes à l’étalage et les gargotes. Il se concentre notamment dans les Fokontany de Fihaonana et d’Andranovelona. (cf. tableau n° 15)

La vente à l’étalage concerne surtout les produits agricoles. Les vendeurs, en majorité des femmes, offrent des produits divers collectés directement dans les campagnes ou apportés sur place par les paysans. Par contre, les épiceries sont de petits magasins, comportant des équipements de faible valeur et des produits de première nécessité. Les prix varient selon les quartiers mais l’avantage est que généralement, les commerçants pratiquent la vente à crédit, permettant à la clientèle de surmonter les éventuels problèmes d’argent.

Puisque le commerce de gros est encore absent dans la Commune, les épiciers achètent leurs produits chez les grossistes de Mahitsy et quelquefois à Ankazobe ou même à Antananarivo.

Dans les gargotes, nous trouvons différentes sortes de nourritures, « menakely » (*) , « mofogasy » (*) , « composé » (*) …

Il faut noter l’existence de quelques mini-restaurants (5 selon la monographie de la Commune) dans le Fokontany d’Andranovelona. Leurs principaux clients sont les utilisateurs de la R.N4 ainsi que certains employés de l’Eau Vive.

*Menakely : Sorte de beignet préparé avec de la farine et du sucre *Mofogasy : Petit gâteau rond, à base de riz, cuit dans un moule *Composé : Sorte de crudité préparée avec des carottes, tomate, pomme de terre,…

54

Photo n°9 : Un exemple d’épicerie dans la Commune

Source : Cliché de l’auteur, 2009

Cet exemple d’épicerie représente bien la caractéristique de la vente en détail des produits de première nécessité dans la commune. On y rencontre un peu de tout : des produits alimentaires (sucre, café, riz, biscuits, bombons, huiles alimentaires, jus …), des produits indispensables à la vie quotidienne (Piles, Pétrole, bougies, dentifrices…) et même des produits nécessaires à l’agriculture (NPK, Urée, provende…)

55

Tableau n° 15: Nombre des commerçants dans la Commune en 2007 FOKONTANY DETAILLANT RESTAURANT GARGOTTE TOTAL Ambohipianana 02 - - 02 Ambohitraina 04 - - 04 Andranofotsifandrosoana 03 - - 03 Andranovelona 12 05 04 21 Andriatsibibiarivony 05 - - 05 Antsapanimahazo - - - 00 Fihaonana 30 - 14 44 Fokontsambo - -- - 00 Lovasoa - - - 00 Madiokororoka 04 - - 04 Manankasina FOMAMI 03 - - 03 Manantenasoa 01 - - 01 Masindray-est 01 - - 01 Sambatra 04 - - 04 Tsaramivondrona 01 - - 01 Tsimialona 04 - - 04 Tsimiamboholahy 05 - - 05 Tsitakondaza - - - 00 Total 78 05 18 102 Source : Monographie de la Commune, 2008

Ce tableau nous montre clairement la prédominance des Fokontany de Fihaonana et d’Andranovelona sur le plan commercial. Pour le Fokontany de Fihaonana, cela est dû à son statut de chef lieu de commune. Pour Andranovelona, c’est grâce à l’existence de l’usine Eau vive et de la RN4.

En tant que chef lieu de Commune, Fihaonana a son marché hebdomadaire tous les mercredis. C’est un marché non clôturé, formé par de petites maisons en bois qui servent de lieu de vente. Ce marché est un lieu d’échange pour la population. Le jour du marché, on voit une affluence de vendeurs, d’acheteurs, de revendeurs,… et même des badauds.

55

Photo n°10 : La forme de la vente en détails à Andranovelona

Source : Cliché de l’auteur, 2009

Cette photo nous montre au premier plan la vente de produits agricoles aux utilisateurs de la RN4 par les paysans du fokontany d’Andranovelona. Ces produits varient en fonction de la saison. Ici, nous pouvons apercevoir des concombres, des haricots verts, des tomates, des ananas. Au second plan se trouvent des mini-restaurants attendant également la venue de ces automobiles qui se dirigent surtout vers la province de Majunga pour recevoir leurs clients.

56

Le marché offre des marchandises diverses : produits agricoles, produits d’élevage, produits de première nécessité (P.P.N.), matériels agricoles, friperies…

L’importance des échanges évolue en fonction du calendrier agricole qui détermine le revenu monétaire des paysans. Pendant la période de « maitso ahitra » (*) , les produits agricoles sont rares et la capacité monétaire des paysans est faible de même que leur pouvoir d’achat. Tandis que pendant le « miaka-bokatra » (*) , la circulation monétaire s’accroît et la fréquentation du marché par la population augmente aussi. Evidemment, le nombre de vendeurs change aussi en fonction de celui des acheteurs. Il est difficile de donner des chiffres exacts mais nous pouvons affirmer que le nombre des vendeurs pendant la période de récolte est le double de celui de la période de soudure.

En outre, des manifestations culturelles telles que spectacle de « hira gasy » (*) , kermesses et jeux divers sont parfois organisées pour animer le jour de marché. L’attraction de ce marché est relativement considérable. Son influence arrive jusqu’à un rayon de 10km ou plus.

Dans les endroits éloignés du chef lieu de Commune, les gens rejoignent le marché le plus proche. Par exemple, le marché de Miantso pour les Fokontany situés au sud comme Fokontsambo, Tsaramivondrona, Sambatra, Madiokororoka et celui de Mahavelona pour ceux qui se trouvent à la limite nord comme Ambohitraina et Andranofotsy.

2- Les autres activités tertiaires, encore marginales: a- Présence d’organismes de développement non ressentie par la population locale : Sur le tableau n° 16, nous pouvons constater que les organismes opérant dans la Commune touchent à la fois l’économie, le social et l’environnement. Ce qui veut dire que la Commune rurale de Fihaonana entretient des relations avec l’extérieur malgré son isolement.

*Maitso ahitra : Littéralement herbe verte. Période correspondant à la période pluvieuse où la végétation est verte. *Miaka-bokatra : Période correspondant au moment où se fait la récoltedes produits agricoles notamment, le riz. *Hira gasy : Chanson traditionnelle accompagnée de danses folkloriques.

56

Cependant, les impacts de la présence de ces organismes ne sont pas encore sentis par la population locale. Généralement, ils n’apportent pas d’amélioration palpable tant sur l’économie, la société que sur l’environnement au sein de la Commune. Sur le plan économique, l’existence du PSDR et de la CECAM n’a pas encore d’impact concret sur l’amélioration de l’agriculture qui reste la principale activité pratiquée par la population locale. Les techniques de production des paysans restent encore dans le stade traditionnel et le rendement agricole n’arrive toujours pas à être une véritable source d’argent. (cf. tableau n° 31) Sur le plan environnemental, malgré l’intervention du CAVEPI, de l’ELYTE et du TANITSARA dans la Commune, les feux de brousses y font encore des ravages chaque année et la disparition de la couverture forestière de la région s’intensifie d’année en année. (cf. p. 87) Sur le plan social, nous avons constaté pendant nos enquêtes que la SEECALINE (Surveillance et Education des Ecoles et des Communautés en matière d’Alimentation et de Nutrition Elargie) n’arrive pas à couvrir les besoins nutritionnels de la population locale. Cette situation est prouvée par la carence alimentaire visible à première vue sur la plupart des enfants.

Tableau N° 16 : Liste des organismes intervenant dans la Commune rurale de Fihaonana : Nom et sigle Domaine de qualification PSDR Amélioration de l’agriculture et de l’élevage CECAM Crédit et épargne CAVEPI Amélioration et protection de l’environnement ELYTE Amélioration et protection de l’environnement TANITSARA Amélioration et protection de l’environnement LECOFRUIT Collecteur des productions agricoles SEECALINE Assistance nutritionnelle aux enfants mal nourris de moins de 5 ans et aux femmes allaitant et enceintes Source : PCD de la Commune, 2008

57

b- Le tourisme, un potentiel largement inexploité : La Commune rurale de Fihaonana possède des potentialités touristiques encore inexploitées. Parmi eux, il y a des sites historiques comme la colline de Lohavohitra. Elle est située à une quarantaine de kilomètre au nord-ouest de Tananarive, sur la RN4 au niveau du village d’Andranovelona. Le site est nettement en marge de l’Imerina. Son altitude élevée, 1714 m, le fait apercevoir de fort loin, de Tananarive même et réciproquement. Géographiquement, Lohavohitra se trouve à 18°38’’ de latitude sud et à 47°17’30’’ de longitude est (58) . Selon la classification des archéologues, le site de Lohavohitra se divise en cinq composantes bien distinctes (58) : -Antampon’Ampasanandriana ou Lohavohitra I -Ampofondratrimo ou Lohavohitra II -Ampirarimbehivavy ou Lohavohitra III -Andrambonomby I ou Lohavohitra IV -Andrambonomby II ou Lohavohitra V

Actuellement, nous pouvons y voir les empreintes d’une occupation humaine datant dès avant le XVème siècle telles que les enceintes de pierres sèches, les parcs et fosses à bœufs, les alignements de grosses pierres, les tombeaux, les points d’eau, les anciennes rizières.

Après cette colline de Lohavohitra, il est aussi indispensable de souligner l’existence, dans le Fokontany de Fihaonana, plus précisément dans le village d’Amboniavaratra, de deux grottes historiques, datant de la période du royaume de Madagascar, pendant le règne de Ranavalona I (1828-1861). Elles servaient de lieu de cachette pour les chrétiens persécutés.

A part les sites historiques, la Commune rurale de Fihaonana pourrait être aussi un lieu de détente. Depuis 2002, un parc d’attraction, « MILASOA », est construit au

(58) RAFOLO Andrianaivoarivony : « Travaux archéologiques préliminaires sur le site de Lohavohitra (Vonizongo, centre-ouest de Madagascar). Résultats, questions et perspectives» Mémoire de DEA, Juin 1985, p.9, p. 10 58

Photo n°11 : Le centre « Milasoa » à Andranovelona

Source : Cliché de l’auteur, 2009

Au premier plan, nous avons le logo du centre « Milasoa ». Au milieu, il y a une épicerie réservée aux visiteurs du centre et en arrière plan, nous pouvons voir les bungalows au nombre de 12(4 familiales, 4 pour couples et 4 individuelles) équipés de télévision, de toilettes et de douches avec eau chaude. Signalons aussi l’existence dans ce centre de deux salles de réception. « Milasoa » reçoit surtout les visiteurs venant de Mahitsy, d’Ambohidratrimo, d’Antananarivo et d’Ankazobe. C’est pendant les périodes de vacances que le nombre de visiteurs atteint son maximum (environ 300 personnes par semaine).

59 niveau du village d’Andranovelona. D’après le responsable, c’est un centre de loisir, de sport et de détente. Il dispose d’une piscine naturelle, des bungalows, de deux salles de réception et d’un musée concernant le site de Lohavohitra.

D’après ces données, nous pouvons dire qu’avec une exploitation rationnelle, les potentialités touristiques de la Commune de Fihaonana pourraient contribuer à l’augmentation des ses recettes.

En bref, cette étude nous montre que la Commune rurale de Fihaonana offre une grande possibilité dans la diversification des activités économiques. Soulignons cependant que cette potentialité de la Commune reste mal exploitée et son économie est encore basée sur une agriculture qui n’arrive plus à satisfaire les besoins de la population locale.

59

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE : La Commune rurale de Fihaonana se trouve dans la région des Hautes Terres Centrales. Elle bénéficie d’un cadre physique et humain assez favorable à l’agriculture qui est la base de son économie. Comme nous venons de le constater, la zone d’étude présente un relief assez accidenté marqué par une succession de collines. Ce type de relief ne constitue cependant pas un blocage aux activités économiques. Le climat tropical d’altitude à deux saisons conditionne le calendrier des activités de la population. Sur le plan hydrographique, la Commune est drainée par les affluents de l’Ikopa qui ont un régime irrégulier suivant le climat. Sur le plan pédologique, les sols ferrallitiques dominent dans la Commune. Ceux-ci sont exploitables sur le plan agricole mais ils nécessitent quelques améliorations. Les sols hydromorphes, occupants les bas-fonds, sont propices à la polyculture. Pour ce qui est de la végétation, elle est fortement dégradée et est constituée essentiellement de prairie herbacée. Ce milieu physique assez accueillant aurait été en partie occupé par des pré- sakalava bien avant le XVème sur la colline de Lohavohitra. Ce serait seulement vers la seconde moitié du XVIème siècle que la colonisation merina débutait dans la région. Ce qui a entraîné peu à peu l’éparpillement de la population vers les différentes parties de la Commune. Actuellement, cette Commune est peuplée essentiellement de Merina. En ce qui concerne la structure de la population actuelle de la Commune, nous avons constaté une proportion assez élevée de la population jeune avec 38,35% de moins de 15 ans. Cela est un indice de la forte potentialité humaine de la Commune. Cette structure de la population résulte d’un taux de natalité élevé (32,66°/ ∞), qui, avec un taux de mortalité faible (9,48°/ ∞), donne à la Commune un taux d’accroissement naturel moyen (2,31%). Ce qui révèle un temps de doublement d’environ 31 ans. La répartition dans l’espace de la population est inégale. Elle est marquée par la prédominance de la population vivant dans le chef lieu de la Commune c’est à dire dans le Fokontany de Fihaonana. L’étude de son économie nous a permis de voir l’existence de divers types d’activités au sein de la Commune même si l’agriculture occupe largement la première place. Cependant, la plupart de ces activités restent encore dans le stade traditionnel. Ce qui signifie que les potentialités économiques de la Commune restent encore mal exploitées. 60

Les conditions géographiques du milieu offrent donc une grande possibilité aux différentes activités économiques. La population est à majorité active. Toutefois les questions qui ne manquent pas de se poser sont : quels sont alors les facteurs bloquant le développement réel de la Commune et quelles solutions pourrons-nous envisager? Ce sera l’objet de notre seconde partie.

61

DEUXIEME PARTIE : LES OBSTACLES RENCONTRES PAR LA COMMUNE RURALE DE FIHAONANA ET LES SOLUTIONS POUR SON DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

Tous les dirigeants qui se sont succédés à Madagascar étaient convaincus que seul le développement du monde rural détermine celui de Madagascar. Leurs projets économiques respectifs traduisent bien cette volonté. Cela vient du fait que 78% des malgaches vivent dans les milieux ruraux (59) . Cependant, le monde rural malgache, y compris la Commune rurale de Fihaonana, vit encore dans une situation de dénuement et plusieurs facteurs l’expliquent. Dans cette seconde partie, nous allons analyser les principaux obstacles au développement économique de la Commune rurale de Fihaonana ainsi que les solutions qui doivent être adoptées.

Chapitre I : LES OBSTACLES AU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DE LA COMMUNE RURALE DE FIHAONANA

Dans ce chapitre, nous allons voir les obstacles qui empêchent le développement économique de la Commune rurale de Fihaonana à savoir l’aspect des conditions socioculturelles et ceux de l’environnement économique, du système de production et du niveau de vie de la population.

I- DES CONDITIONS SOCIOCULTURELLES PEU SATISFAISANTES Nous aborderons ici les problèmes concernant l’éducation, la santé et l’insécurité qui ont des influences négatives sur les activités économiques de la population.

A- Un niveau d’instruction relativement faible: L’éducation représente un investissement à long terme dans la productivité des individus. Ainsi, c’est un moyen de subvenir aux besoins du système de production actuelle. Mais le monde rural se caractérise par le manque d’éducation et par le manque de main d’œuvre qualifiée pour entrer dans le circuit économique afin de lutter contre la pauvreté rurale. La cause en est que ce secteur rencontre de nombreux obstacles.

(59) INSTAT : Rapport final 2002, p.5

62

Tableau N° 17 : Niveau d’instruction des enquêtés Niveau Enquêtés Pourcentage N’a jamais fréquenté l’école 157 16,54 Primaire 354 37,30 C.E.P.E. 273 28,76 B.E.P.C. 81 8,53 B.A.C. 43 4,53 B.A.C.+ 13 1,36 Non déclaré 28 2,95 Total 949 100 Source : Enquêtes de l’auteur, 2009

D’après ce tableau, 53,84% de la population enquêtée n’ont même pas le diplôme C.E.P.E. et seuls 4,53% ont le niveau du baccalauréat. La majorité de la population de Fihaonana s’arrête donc à l’école primaire. Ce fait nous montre que le niveau d’instruction des enquêtés est relativement bas.

1- Insuffisance d’écoles et d’enseignants : La Commune rurale de Fihaonana souffre beaucoup du manque d’établissements scolaires.

Concernant les établissements publics, elle ne possède au niveau primaire que 17 EPP (Ecole Primaire Publique), soit une pour chaque Fokontany à l’exception de Masindray-est qui n’en possède pas.

D’après le tableau n° 18, les EPP souffrent beaucoup du manque de salle de classe. Normalement, un EPP doit en avoir au moins 5 dont un pour chaque année d’étude. Or, ce n’est pas le cas dans la Commune de Fihaonana. Sur le tableau, nous pouvons constater que seule l’EPP du Fokontany de Fihaonana possède une salle pour chaque classe. Plus de 50% des EPP de la Commune n’ont que moins de 4 salles.

63

Tableau N° 18 : les EPP dans la Commune NOM DE L’ECOLE CLASSES NOMBRE DE POINT JARDIN SURFACE EXISTANTES SALLES D’EAU SCOLAIRE AMENAGEABLE FONCTIONNELLES OUI/NON OUI/NON (en m2) EPP CP1…CM2 2 NON OUI 400 Ambohipiainana EPP Ambohitraina CP1…CM2 3 NON OUI 800 EPP CP1…CM2 2 NON NON 100 Ambohitrantenaina EPP CP1…CM2 4 NON NON - Andranovelona EPP Antanetibe CP1…CM2 1 NON NON 100 Nord EPP CP1…CM2 3 NON NON 3.500 Antsampanimahazo EPP Avotra CP1...CM2 3 NON OUI 2.330 Manankasina EPP Fihaonana CP1...CM2 6 OUI NON 300 EPP CP1...CM2 4 OUI OUI 30.800 Madiokororoka EPP Mahazina CP1...CM2 4 OUI OUI 21.700 EPP Manankasina CP1...CM2 4 OUI NON 75 EPP Miadamanjaka CP1...CM2 4 OUI NON - EPP Morafeno Sud CP1...CM2 4 OUI OUI 10.414 EPP Soanavela CP1...CM2 4 OUI NON 5.000 EPP Tsarasaotra CP1...CM2 2 NON NON 20.000 EPP CP1...CM2 2 NON OUI 5.000 Tsiaratahadaza EPP Tsitakondaza CP1...CM2 2 OUI OUI - Source : Monographie de la Commune, 2008

Au niveau secondaire, seul le Fokontany de Fihaonana possède un CEG (Collège d’Enseignement Général) et un lycée. Par conséquent, la plupart des ménages se trouvent assez éloignés de ces établissements et éprouvent des difficultés à envoyer

64 leurs enfants à l’école. Effectivement, les élèves des autres Fokontany doivent faire des kilomètres de marche chaque jour pour étudier dans ces établissements secondaires. D’autres louent des appartements dans le chef lieu de la Commune mais ce n’est pas évident pour tous les parents vu leurs difficultés économiques.

Signalons la présence d’une seule école technique, le CFP de Fihaonana (Centre de Formation Professionnelle), créée en Mars 1982. Elle reçoit les élèves ayant le diplôme CEPE (Certificat d’Etude Primaire Elémentaire). C’est un centre de formation professionnelle spécialisé dans la ferronnerie, la menuiserie et la couture mais beaucoup de parents pensent que ces activités ne s’apprennent pas à l’école. Pour l’année scolaire 2009-2010, 100 élèves seulement fréquentent cette école. Cela est dû au fait que cette école se trouve dans un endroit très isolé dans le Fokontany de Fihaonana. En plus, selon le responsable enquêté, l’insuffisance des matériels nécessaires à l’apprentissage se fait sentir dans cette école. Notons que l’année d’étude y est de 3 ans et les professeurs sont au nombre de 10.

Concernant les établissements privés, ils sont généralement de niveau primaire sauf le collège Saint Joseph et le collège FJKM Ramitraho qui se concentrent dans le chef lieu de la Commune. Le tableau n° 19 nous montre clairement que même les établissements privés souffrent du manque d’infrastructures. Généralement, les salles de classe sont très insuffisantes. En plus, pour des raisons financières, les parents choisissent encore les établissements publics pour la scolarisation de leurs enfants. Plus de 69% des élèves se trouvent dans les établissements publics et le reste, qui est environ 30%, dans les établissements privés. (60)

Il faut noter que parmi ces différents établissements, seul le CEG Fihaonana dispose d’un centre de lecture dénommée CLIC (Centre de Lecture, d’Information et de Communication). Ce centre est obtenu grâce à la collaboration de la Commune avec la coopération franco-malgache, l’association trait d’union de France et l’édition HACHETTE (61) . Cela nous sert déjà d’indice sur l’insuffisance des matériels

(60) Monographie de la Commune, 2008 (61) Enquêtes auprès du responsable du CLIC

65

Photo n° 12 : Le seul CEG de Fihaonana

Source : Cliché de l’auteur, 2009

Il s’agit du seul CEG de la Commune de Fihaonana. Les élèves des Fokontany éloignés du chef lieu de la Commune doivent alors faire une longue marche journalière pour fréquenter ce collège. Certains n’ont même d’autre issue que de louer des appartements au niveau du Fokontany de Fihaonana.

66 didactiques dans l’éducation des enfants de la Commune de Fihaonana.

Tableau N° 19 : Les établissements privés au niveau de la Commune de Fihaonana NOM DE CLASSES NOMBRE DE POINT JARDIN SURFACE L’ECOLE- EXISTANTES SALLES D’EAU SCOLAIRE AMENAGEABLE FOKONTANY FONCTIONNELLES OUI/NON OUI/NON (en m2)

Saint Joseph CP1...CM2 6 OUI OUI 240 (Fkt Fihaonana)

FJKM ( Fkt CP1...CM2 5 OUI NON - Fihaonana) Md Johany CP1...CM2 2 NON OUI 3 000 Batista(Fkt Ambohipiainana) Ste Famille (Fkt CP1...CM2 5 OUI OUI 3 525 Madiokororoka) Tsimbina (Fkt CP1...CM2 3 OUI NON 5 000 Andranovelona) AMADEA (Fkt CP1...CM2 3 NON OUI 400 Andranovelona) BAHA’IE (Fkt CP1...CM2 2 NON OUI 10.000 Manantenasoa) Sambatra (Fkt CP1...CM2 1 NON OUI 25 000 Sambatra) FJKM ( Fkt CP1...CM2 2 NON OUI 400 Tsaramivondron a) Santatra (Fkt CP1...CM2 2 NON OUI 576 Ambohipiainana) Source : Monographie de la Commune, 2008

Pour ce qui est du nombre d’enseignants, le tableau n° 20 nous montre que la Commune rurale de Fihaonana souffre aussi d’une insuffisance d’enseignants. Si nous prenons le cas des 17 EPP de la Commune, avec les 47 instituteurs existant, chaque EPP n’a en moyenne qu’environ 2 instituteurs pour les 5 classes. Pour les écoles primaires privés de la Commune, chaque école dispose de 3 instituteurs.

66

Tableau n° 20 : Le nombre d’enseignants dans la Commune Etablissements publics Etablissements privés Enseignants Enseignants Enseignants Enseignants Enseignants titulaires FRAM manquants titulaires manquants Niveau I 29 18 14 30 08 Niveau II 9 02 04 08 05 Source : Monographie de la Commune, 2008

Tableau n° 21 : Effectif total des élèves Niveau I Niveau II Public Privé Public Privé 2 558 1 168 485 200 3 726 685 Source : Monographie de la Commune, 2008

D’après ces tableaux, l’effectif moyen d’élèves par enseignant, déterminé par le ratio élève/maître, au sein de la Commune toute entière s’élève à 48 élèves par instituteur dans les établissements primaires, s’il est de 36 élèves par professeur dans les établissements secondaires. Ce problème est plus grave dans les établissements publics car le ratio élève/maître y est de 54 élèves par instituteur dans les EPP et de 44 élèves par enseignant dans le CEG Fihaonana.

Le problème éducatif dans la Commune ne réside pas seulement dans cette insuffisance d’écoles et d’enseignants. Les difficultés économiques des parents d’élèves constituent aussi un blocage très important.

2- Difficultés économiques des parents d’élèves : Outre ce manque d’infrastructure éducative, les ménages éprouvent également une insuffisance monétaire. La pauvreté fait que la population rurale ne peut pas souvent faire face aux coûts de scolarisation (fournitures scolaires, frais d’assurances, cotisations pour les associations des parents d’élèves, écolages éventuels, entretien relatifs aux bâtiments scolaires…).

En effet, les dépenses scolaires constituent une charge assez lourde pour les ménages étant donné que leurs revenus sont limités au seul revenu agricole dans la 67 plupart des cas. De plus, les ménages ayant des difficultés économiques ont tendance à faire travailler leurs enfants, particulièrement lors des périodes d’activités agricoles. Ce point mérite d’être remarqué car, généralement, il y a empiètement entre le calendrier cultural et le calendrier scolaire. (cf. tableau n°22)

Tableaux N° 22 : Comparaison entre le calendrier de la préparation d’une rizière et le calendrier scolaire Calendrier de la préparation d’une rizière J F M A M J J A S O N D Labour Drainage Repiquage Sarclage Récolte Source : PCD de la Commune, 2008 Calendrier scolaire, année 2010 : Mois/ J F M A M J J A S O N D Trimestre Trimestre I Trimestre II Trimestre III Source : Enquêtes de l’auteur, 2009

Nous avons choisi ici le calendrier rizicole parce que la riziculture constitue la principale préoccupation des paysans de la zone enquêtée. Sur ces tableaux, nous pouvons voir concrètement l’empiètement qui existe entre le calendrier rizicole et le calendrier scolaire et parfois, l’éducation en souffre. Lors des périodes de dures activités rizicoles comme le repiquage, le sarclage et la récolte, certains parents sont contraints de priver temporairement leurs enfants d’écoles afin de les aider dans les activités agricoles. De ce fait, ces derniers n’achèvent pas l’année ou

68 abandonnent même l’école. Pour l’année 2008, 86 élèves ont abandonné au niveau de l’école primaire si c’était 15 élèves au niveau du secondaire. (63)

L’insuffisance d’écoles et d’enseignants ainsi que les difficultés économiques des parents d’élèves sont aussi accompagnées d’un blocage informationnel sérieux.

3- Blocage informationnel : La performance du système d’information est une condition nécessaire pour améliorer la capacité d’apprentissage des ruraux. Pourtant, ce système connaît des faiblesses dans la Commune rurale de Fihaonana.

Effectivement, cette Commune souffre du manque de moyen de communication. Dans la plupart des ménages, la radio est le seul moyen disponible. Certains n’en disposent même pas. Il est rare qu’un ménage puisse jouir d’un poste de télévision ou d’autres moyens de communication faute d’électricité. Ce sont les ménages situés dans le Fokontany déjà électrifié d’Andranovelona et quelques ménages aisés du Fokontany de Fihaonana (en utilisant des groupes électrogènes et quelquefois des panneaux solaires) qui peuvent bénéficier des informations audiovisuelles. Parmi les 150 ménages enquêtés, environ 83% possèdent chacun un poste radio (64) qui, d’une manière générale, ne fonctionne pas régulièrement chez les ménages pauvres à cause du prix élevé des piles et 5% seulement ont une télévision.

De ce fait, les étudiants venant de cette Commune ont des retards palpables lorsqu’ils accèdent à un niveau supérieur dans la capitale. Cela se traduit le plus souvent par un abandon de la part de ces étudiants. Comme preuve, 1,36% seulement des enquêtés ont reçu le diplôme baccalauréat plus. (cf. tableau n°17)

En bref, le problème éducatif au sein de la Commune est causé par l’insuffisance des établissements scolaires et des enseignants, les difficultés économiques des parents d’élèves et le blocage informationnel dû à l’isolement de la Commune.

(63) Monographie de la Commune, 2008 (64) Enquêtes de l’auteur, 2009

69

Pour le CEPE, le taux de réussite est quand même élevé avec 77,41%. Cela est dû en partie à l’application dans les EPP de nouvelles méthodes d’enseignement comme

L’APC (Approche Par les Compétences) qui a influé sur le résultat des examens. Toutefois, pour le BEPC, le résultat est mauvais. Il n’atteint que 40,12% pour le GEG Fihaonana. (65) Cette situation a des conséquences palpables dans le revenu de chaque ménage. C’est ce que nous allons voir.

4- Des conséquences non négligeables au niveau économique: Le bas niveau d’instruction des paysans constitue un véritable blocage économique de la Commune. En effet, la mentalité des paysans non instruits est généralement marquée par la méfiance et la peur du changement. Les petites communautés se comportent à l’égard des étrangers comme s’ils sont toujours porteurs d’ennuis ou facteurs possible de trouble. On n’attend d’eux que de mauvaises nouvelles. Le représentant de l’administration, en particulier, est toujours considéré comme un agent responsable de l’augmentation des charges mais jamais comme susceptible d’apporter une aide.

Ce niveau d’instruction bas entraîne également la paresse intellectuelle et endort l’intelligence. Ce qui entraîne enfin le manque d’imagination, d’intérêt aux choses nouvelles et d’initiative qui aboutit à la fermeture d’esprit. Cette dernière bloque les portes d’ouverture vers l’innovation. Les paysans n’arrivent plus à identifier exactement leurs problèmes et à formuler les solutions efficaces. Ils travaillent seulement pour survivre. Cette absence de motivation chez les paysans devient le goulot d’étranglement qui bloque toute intervention étatique ou privée pour le développement rural car elle empêche la population rurale de participer de façon effective au processus de développement et d’en tirer profit.

En outre, les paysans peu instruits sont souvent incapables de bien gérer leurs revenus. En période de récolte de riz (mai- août), la majorité des paysans vendent tous leurs produits sans penser aux périodes de soudure pour leur auto consommation. De plus, ils

(65) Monographie de la Commune, 2008

70 dépensent rapidement les revenus obtenus sans épargner pour subvenir aux besoins journaliers et au financement de la prochaine récolte. La baisse du niveau de vie et du pouvoir d’achat de la plupart des paysans dès que la période de soudure débute est ainsi très significative. Pour surmonter cette période, les paysans recourent à deux systèmes de financement. Ce sont le « vary maitso » littéralement « riz vert » et le « bonga maina ».

Le « vary maitso » c’est la vente des cultures sur pied. C’est ainsi une forme de crédit octroyé par les riches aux pauvres pendant la période de soudure. Il est remboursable en nature (généralement en paddy) au cours de la moisson. La quantité donnée au prêteur est fonction du contrat établi entre les deux personnes. La pratique courante dans la région est que la valeur empruntée est augmentée de 3 fois plus au remboursement. Quant au « bonga maina », il s’agit d’une forme d’emprunt d’argent pendant la période de soudure, remboursé en main d’œuvre agricole pendant la période de récolte. La main d’œuvre fournie est proportionnelle à la valeur de la somme empruntée mais augmentée des intérêts convenus par rapport au salaire journalier local.

Avec ce mode de vie, les paysans restent continuellement endettés. Parfois pour le système « vary maitso », les paysans n’arrivent pas à payer leurs emprunts par leur production. Ce cas se produit si le rendement s’avère faible ou si la valeur empruntée dépasse la productivité possible. Cette situation se termine souvent par l’achat à bas prix de leurs rizières par les usuriers. C’est le rabaissement total du niveau de vie des paysans et en même temps de celui de la Commune.

Nous avons donc vu que la Commune rurale de Fihaonana connaît de graves problèmes sur le plan éducatif. Il en est de même sur le plan sanitaire.

B- Un encadrement sanitaire inadequat : 1- Conditions de santé précaires de la population : L’état de santé de la population est un facteur essentiel de son bien-être et de sa capacité à produire. Dans la Commune rurale de Fihaonana, les conditions sanitaires de la population ne sont pas du tout satisfaisantes.

71

Comme dans toutes les Communes rurales de Madagascar, la population de cette Commune vit dans des logements surpeuplés. Le nombre moyen de personne par pièce varie selon le degré de pauvreté (5 personnes en moyenne) mais ce qui est certain c’est qu’il ne respecte pas les normes sanitaires. En plus, les équipements sanitaires (toilettes, salles de bain) sont négligés par les ménages.

Le tableau n° 23 nous montre clairement l’insuffisance des latrines dans la Commune. Environ 69% des ménages ont des latrines et le reste ne peut faire autrement que de satisfaire leurs besoins dans la nature.

En plus, la malnutrition est un autre problème à résoudre. Effectivement, la faiblesse de la résistance de l’organisme peut s’expliquer aussi par la question alimentaire. Avec l’inflation qui sévit actuellement, un grand nombre de familles sont obligées de diminuer leur ration même si leur souci majeur est de satisfaire la quantité plutôt que la qualité. Les produits ayant une haute valeur nutritive (Viandes, produits laitiers,…) sont très peu consommés.

Ces conditions sanitaires entraînent la propagation des différentes maladies endémiques ou autres dans la Commune.

D’après le PCD de la Commune, les principales causes de morbidité dans la Commune sont les infections respiratoires aiguës, le paludisme, la diarrhée, les parasitoses intestinales. Notons que le développement de ces deux dernières maladies est aggravé par l’absence de l’eau potable dans la plupart des Fokontany. En effet, seuls les Fokontany de Fihaonana et d’Andranovelona ont l’avantage de boire de l’eau potable, tirée de la colline de Lohavohitra située à Andranovelona et distribuée par les 11 bornes fontaines construites en 2005 grâce à une coopération avec le FID (Fond d’Intervention pour le Développement). (66)

A part ce milieu de vie inapproprié aux différentes recommandations sanitaires, la population de la Commune éprouve des difficultés quant à l’accès aux services sanitaires.

(66) Enquêtes auprès de la Commune, 2009

72

Tableau N° 23 : Nombre de latrines par Fokontany FOKONTANY NOMBRE DE LATRINES AMBOHIPIAINANA 50 AMBOHITRAINA 74 ANDRANOFOTSIFANDROSOANA 80 ANDRANOVELONA 277 ANDRIATSIBIBIARIVONY 93 ANTSAPANIMAHAZO 115 FIHAONANA 350 FOKONTSAMBO 34 LOVASOA 68 MADIOKOROROKA 158 MANANKASINA FOMAMI 64 MANANTENASOA 61 MASINDRAY EST 34 SAMBATRA 127 TSARAMIVONDRONA 54 TSIMIALONA 45 TSIMIAMBOHOLAHY 170 TSITAKONDAZA 20 TOTAL 1870 Source : Monographie de la Commune, 2008

2- Difficulté d’accès aux services sanitaires : Pour la Commune rurale de Fihaonana, les centres de soins médicaux existent en nombre insuffisant et n’arrivent pas à couvrir tous les Fokontany.

D’après le tableau n° 24, seulement deux Fokontany disposent de CSB (Centre de Santé de Base) : CSBI d’Antsipary (dans le Fokontany de Tsaramivondrona) et CSBII de Fihaonana. La déficience en personnel médical est aussi un handicap pour l’encadrement sanitaire de la zone car pour l’ensemble de la population, il n’y a qu’un médecin. Les paramédicaux ne sont qu’au nombre de trois dont une sage femme et deux infirmiers.

73

Les aides-soignants et les dentistes sont totalement absents dans la Commune. Ce manque de personnel médical n’incite pas les gens à fréquenter ces centres.

Tableau N°24 : Les centres de santé dans la Commune TYPE NOMBRE ETAT NB NB NB NB AIDE NB MEDECIN SAGE INFIRMIERS SOIGNANT DENTISTE FEMME CSB 02 CSBI 0 0 01 00 00 CSBII 01 01 01 00 00 Source : PCD de la Commune, 2008

Les trois dépôts de médicaments existants ne permettent pas non plus de couvrir les besoins de la population. En plus, l’approvisionnement en médicaments essentiels auprès du PHAGEDIS d’Ankazobe connaît aussi quelquefois des ruptures d’où, le recours à la médecine traditionnelle. (67) Les plantes locales sont alors utilisées en « phytomédecine » par des guérisseurs. D’autres part, l’effort de prévention est aussi réduit. Durant ces derniers temps par exemple, la distribution gratuite de chloroquine dans les écoles tend à disparaître.

L’insuffisance et le mauvais état des équipements sont aussi flagrants dans ces centres. Le CSBI d’Antsipary souffre de l’insuffisance de bâtiments (68) ainsi que de l’inexistence d’eau potable.

Pour le CSBII de Fihaonana, le problème réside surtout dans l’insuffisance des toilettes. En outre, l’accès à ces services est aussi largement déterminé par le revenu des ménages. Le faible niveau de revenu de la population constitue une des causes majeures de leur faible recours aux services de santé. D’après le PCD de la Commune, on compte 462 consultations et 15 accouchements par mois dans les deux centres de santé. Ce nombre est relativement faible comparé à l’étendue et au nombre de la population de la Commune.

(67) Selon un personnel médical du CSBII Fihaonana (68) Monographie de la commune, 2008

74

En somme, la couverture sanitaire de la Commune n’est assurée que de manière aléatoire. La fréquentation des centres médicaux diminue au fur et à mesure que l’on s’éloigne du chef lieu de Commune.

C- Insécurité chronique : Si le milieu rural peut se réjouir de ne pas vivre directement les conflits politiques des villes, il est par contre miné par l’insécurité des personnes et des biens. Cette insécurité est la conséquence de la recrudescence du phénomène « dahalo » (*) et du maraudage. Dans la Commune rurale de Fihaonana, elle est aggravée surtout par l’isolement de certains Fokontany et par l’insuffisance des éléments de la gendarmerie d’autant plus que celle-ci ne dispose pas non plus de moyens de déplacement.

Tableau N° 25 : La brigade de Fihaonana FORMATION CORPS UNITE LOCALISATION EFFECTIF OFF GRAD GEND Circonscription Gendarmerie Brigade Fihaonana-C.R 0 03 09 Antananarivo nationale Fihaonana/district dudit, District Ankazobe Ankazobe, Région Analamanga, P.A Antananarivo Source : Monographie de la Commune, 2008

Ce sont alors les Fokontany les moins peuplés et les plus éloignés du chef lieu de la Commune qui souffre le plus de ce problème d’insécurité. En frappant à la fois sur le cheptel bovin et les récoltes dans les champs éloignés du village, les voleurs portent gravement atteinte à la vie économique des paysans.

Pour les vols de bœufs, leur manifestation est très intense. L’année 2009, la gendarmerie locale a retenu 21 cas de vols de bœufs. (69) Ceux qui en possèdent

(*) Dahalo : une bande de malfaiteurs disposant d’armes plus ou moins dangereuses (69) Selon le chef de brigade de la gendarmerie de Fihaonana

75 n’arrivent plus alors à dormir parce que les « dahalo » agissent surtout la nuit. Ils ne choisissent pas leurs victimes mais la fréquence des vols fait penser que les voleurs ont des complices probables parmi les membres de la collectivité. La poursuite des malfaiteurs en pleine nuit est très difficile d’autant plus qu’il n’existe qu’un seul poste de gendarmerie dans la Commune, situé dans le chef lieu. Or, les « dahalo » sont le plus souvent armés et ils ont l’habitude de terroriser la population locale dès leur arrivée.

A côté de ce premier fléau, le maraudage ou « hala-botry » fait aussi ravage. Dans le chef lieu de la Commune, ce sont les étudiants venant des campagnes qui sont surtout victimes du maraudage. En effet, les voleurs profitent de chaque fin de semaine, pendant laquelle ces étudiants rentrent chez eux, pour faire leurs mauvais actes. Dans les milieux ruraux, ce sont des vols portant essentiellement sur les cultures sèches (manioc, maïs,…). Le manioc subit le plus de dommage surtout pendant la saison de pluie. Il en est de même pour le maïs dont les tiges très hautes facilitent les actions des malfaiteurs sans que les paysans s’en rendent compte.

Devant ce climat d’insécurité, il n’est pas rare que les paysans frustrés vendent leur principal outil de production, le bœuf, récoltent prématurément leurs produits. Certains élèves abandonnent l’école après avoir perdu le peu de matériels qu’ils avaient. En outre, ce climat de peur entraîne la restriction de la mise en valeur de l’espace en raison de la concentration de la population dans les localités où la sécurité est mieux assurée, notamment dans le Fokontany de Fihaonana.

Ainsi, cette étude nous a permis de constater que les habitants de notre zone d’étude vivent encore dans des conditions socioculturelles inadaptées au processus de développement économique. Ce problème est aggravé par un environnement économique encore défavorable.

II- UN ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE DEFAVORABLE ET UN SYSTEME DE PRODUCTION ENCORE TRADITIONNEL Le développement économique du monde rural est aussi tributaire de l’environnement économique. Dans ce sens, la Commune de Fihaonana connaît divers

76 problèmes tels que les problèmes d’infrastructures, les problèmes fonciers, les problèmes du budget des ménages et ceux du prix des produits agricoles.

A- des problemes d’infrastructures et des problemes fonciers palpables : 1- Une vie de relation handicapée par les problèmes d’infrastructures de transport: a- Fihaonana, une Commune abandonnée : Suite à la déviation de la RN4 en 1956, Fihaonana a cessé d’être un « relais ». Autrement dit, ce changement d’itinéraire l’a mise à l’écart de ce grand axe routier la reliant avec les deux grands pôles : Antananarivo et Mahajanga. Depuis, la relation de la Commune avec l’extérieur a diminué. Les habitants parlent d’une Commune « abandonnée ». Ce sont surtout les camions des collecteurs et les taxi-brousses reliant Fihaonana - Antananarivo qui y passent, si auparavant le trafic était beaucoup plus important. Effectivement, tous les véhicules qui allaient vers Ankazobe, Kiangara (*) , Maevatanàna (*) , Mahajanga devaient passer par Fihaonana. Cette déviation a engendré une régression économique très importante de la Commune. b- La quasi-inexistence de liaison viable : Tableau N°26 : Les infrastructures routières dans la Commune rurale de Fihaonana ROUTE EN TERRE TRAJET DISTANCE BATUE/EN BITUME Bendambo-Fihaonana 05 En terre Fihaonana- 04 En terre Ambohitrantenaina Fihaonana-Faravazo 06 En terre Fihaonana-Ambohibary 06 En terre Fihaonana- 22 En terre Andavakimangidy Andranovelona- 21 En bitume Tsimiamboholahy Source : Monographie de la commune, 2008

(*) Kiangara : Commune située dans la limite nord d’Ankazobe (*) Maevatanàna : District au nord d’Ankazobe

77

78

D’après ce tableau, nous pouvons constater la prédominance des routes en terre dans la Commune. En effet, trois types d’infrastructures routières existent :

♠La route nationale bitumée traversant la partie orientale avec une distance de 21 km. (cf. carte n°7) ♠Les routes d’intérêt provincial (RIP) non bitumées avec une distance de 43 km ♠Les pistes rurales qui constituent le reste des voies d’accès.

Parmi ces routes en terre, seuls les 5 km reliant Bendambo-Fihaonana sont en bon état et sont praticables toute l’année. En fait, cette route a reçu ces dernières années (en 2007 et cette année 2010) des travaux de réhabilitation. Néanmoins, sa qualité reste insatisfaisante. Enfin de compte, la plupart des voies de communication sont dans un état lamentable et d’une dégradation relativement avancée. Seuls les grands collecteurs peuvent profiter de cette situation en utilisant des moyens de transport plus puissants comme les camions double-pont.

c- Irrégularités notables des taxi-brousses : La Commune constitue à la fois le primus et le terminus d’une ligne. Actuellement, deux coopératives de transport, le FI.FI.ABE. (Fikambanan’ny Fitanterana Ankazobe) et le KO.F.MAD (Koperativan’ny Fitanterana eto Madagasikara), assurent les lignes régionales du nord d’Antananarivo.

Tableau N°27: Les coopératives de transport dans la Commune rurale de Fihaonana Lignes desservant la Coopératives Types de véhicules Nombre de véhicules commune rurale Fihaonana - Tanà Car 02 Fihaonana - Mahitsy Car 01 FIFIABE Minibus 04 et Camionnette 01 Fihaonana - KOFMAD Minibus 02 Mahavelona Camionnette 01 Fihaonana - Ankazobe Car 01 Source : Monographie de la Commune, 2008

78

Notons que l’irrégularité des taxi-brousses est notoire à Fihaonana. Pendant les jours ouvrables, 4 à 5 taxi-brousses rendent service à la population. Mais parfois, les transporteurs refusent d’y aller car il y a très peu de passagers. Par contre, pendant les jours de marché, surtout pendant le « fararano » (*) , le trafic augmente. 10 à 15 taxis- brousse fonctionnent pour relier Fihaonana et Mahitsy. Chaque lundi, jour de marché pour la Commune d’Ankazobe, 1 à 2 taxis- brousses assure la liaison de Fihaonana et d’Ankazobe. En ce qui concerne la communication de Fihaonana avec les Communes environnantes, il n’existe aucun transport en commun sauf pour la Commune de Mahavelona tous les jeudis. De même, la circulation à l’intérieur de notre zone d’étude est aussi limitée à cause de l’absence de moyen de déplacement adéquat. La plupart du temps, ce déplacement se fait à pied, à bicyclette ou avec des charrettes. Parfois, les gens profitent aussi des camions des collecteurs. Cette infrastructure routière limitée figure parmi les facteurs bloquant le développement économique de la Commune rurale de Fihaonana. Rappelons que l’économie de cette Commune se base du milieu rural. L’insuffisance ou le mauvais état des routes rend difficile l’évacuation des produits vers les lieux de consommation. Vu l’éloignement et le coût élevé du frais de transport, la majorité des paysans préfèrent vendre sur place à bas prix leurs productions aux revendeurs. De cette vente, ils sortent souvent déficitaires. Ce qui fait diminuer leurs motivations.

A part ce manque d’infrastructures de communication, la Commune souffre aussi d’une insuffisance d’infrastructures agricoles.

2- Insuffisance d’infrastructures hydro-agricoles : Le système de production dominant dans la région reste tributaire des précipitations. Ainsi, l’insuffisance d’infrastructures hydro agricoles pose aussi un grand problème pour les paysans de la Commune de Fihaonana.

Sur le tableau n° 28, nous pouvons constater que certains Fokontany ne disposent pas d’infrastructure hydraulique. Pour les autres qui en possèdent, le

(*) Période où se fait la récolte du riz

79 nombre reste insuffisant. Ce qui constitue un véritable problème de contrôle de l’eau. A part le problème d’inondation des rizières à la suite d’une pluie intense ou d’une pluie durable, la principale difficulté que rencontrent les paysans de la Commune c’est l’insuffisance d’eau pendant les périodes de culture. Cela commence au début du repiquage. Dans la plupart des vallées, les paysans sont arrivés au bout de leurs connaissances et de leurs possibilités techniques quant à la maîtrise permanente de l’eau. De ce fait, pendant la saison rizicole, de nombreux litiges éclatent entre les producteurs à propos de la juste répartition de l’eau. Certaines parcelles sont même restées incultes à cause de cette insuffisance d’eau. De plus, l’utilisation des rizières pour des cultures de contre-saison est très rare. Après la moisson, les rizières demeurent incultes jusqu’à la prochaine saison rizicole.

Tableau N°28: Les ouvrages hydrauliques par Fokontany FOKONTANY PONTS BARRAGES AMBOHIPIAINANA 01 02 AMBOHITRAINA - 01 ANDRANOFOTSIFANTROSOANA 03 - ANDRANOVELONA 01 02 ANDRIATSIBIBIARIVONY 01 - ANTSAPANIMAHAZO 01 01 FIHAONANA 01 01 FOKONTSAMBO - - LOVASOA 01 01 MADIOKOROROKA - 01 MANANKASINA FOMAMI 03 01 MANANTENASOA - 01 MASINDRAY EST 01 01 SAMBATRA - - TSARAMIVONDRONA - 01 TSIMIALONA - 03 TSIMIAMBOHOLAHY 04 02 TSITAKONDAZA 03 01 TOTAL 20 19 Source : Monographie de la Commune, 2008

80

En bref, ce manque d’infrastructure hydraulique handicape les activités agricoles de la Commune. Ces problèmes d’infrastructures hydro agricoles sont suivis par la persistance de l’insécurité foncière dans la Commune.

3- Des problèmes fonciers : Le contraste entre l’étroitesse des exploitations et l’existence de vastes étendues de terre non cultivées dans la Commune rurale de Fihaonana montre que des problèmes fonciers y existent. Comme le capital foncier est un facteur principal déterminant de la vie agricole, une analyse des problèmes fonciers dans la Commune s’avère alors nécessaire. a- Insécurité foncière due à la persistance du droit traditionnel : La gestion foncière traditionnelle est l’ensemble des vieilles pratiques de dons oraux. Il s’agit du partage traditionnel des terres des parents entre les enfants. Il existe également l’obtention de terre par le lien de mariage. Ce type de gestion foncière continue à avoir une prépondérance sur la structure foncière à Madagascar. Seulement 10% du territoire national a connu l’immatriculation à travers le titrage (70) .

Au niveau de notre zone d’étude, selon un responsable du service topographique qui travaille sur la question foncière de la Commune de Fihaonana, seuls quelques notables aisés et influents arrivent à obtenir l’immatriculation des terres qu’ils occupent. Il n’a pas encore de chiffre concernant la superficie des terres immatriculées dans la Commune mais il a avancé qu’environ 2000 hectares de terres y sont actuellement cadastrées avec l’opération cadastre qui s’est tenue en 1996. Par rapport au total de la surface cultivable au sein de la Commune qui est de 4 785 hectares (71) , ce chiffre est encore faible.

Ce maintien du droit traditionnel reste un problème de nombreux paysans. En effet, la terre qui reste une propriété indivise provoque des conflits fratricides menant jusqu’au tribunal, entraînant ainsi une insécurité dans l’exploitation des terrains et

(70) Ony RASOLOARISOA, Jean Marie RAKOTOVAO, Louis BOCKEL : « Accès au capital, crédit, accès au foncier et pauvreté rurale à Madagascar », Juillet 2001, p. 4 (71) Monographie de la Commune, 2008

81 engendre même la non exploitation de ces terrains. L’insécurité foncière est ainsi un élément, parmi d’autres, qui bloque le processus d’intensification de l’agriculture. Elle a une influence sur le comportement des paysans producteurs. Sans véritable assurance de pouvoir conserver sa terre avec la propriété indivise, un paysan n’investira pas du travail ou du capital pour une bonification durable de ses terres agricoles.

De l’autre côté, une des causes provoquant le morcellement des terres est leur acquisition par héritage. Dans la Commune de Fihaonana, les superficies agricoles se réduisent d’année en année. Ce qui entrave l’utilisation des équipements agricoles modernes.

De plus, pour les paysans, le droit traditionnel ne leur procure qu’un simple droit d’usage de la terre. Il entrave alors la circulation du capital productif des paysans.

Pour passer du droit traditionnel au droit moderne, en d’autres termes, de la propriété collective à la propriété individuelle des terres, il faut suivre des procédures administratives assez complexes et régler les provisions exigibles : droit d’enregistrement, frais d’inscription,…Ainsi, la faiblesse de la capacité financière ne permet pas à de nombreux paysans d’immatriculer leurs terres.

En plus, il y a le phénomène généralisé de l’ignorance de la loi. Cela est dû d’un côté à l’insuffisance de la diffusion ou de la publication des lois dans les médias (radios, journaux, télévisions). De l’autre côté, ces moyens d’informations sont limités à la campagne car ils ne sont pas à la portée du budget des paysans. D’ailleurs, le niveau d’instruction bas de la plupart des paysans ne leur permet pas de bien comprendre ces lois d’autant plus que ces lois sont rédigées généralement en français. D’après nos enquêtes, 53,84% de la population enquêtée n’ont pas le diplôme C.E.P.E.

En outre, les services fonciers à Madagascar n’arrivent plus à satisfaire les demandes de la population en matière de régularisation foncière. Sur l’ensemble du territoire national, il n’existe que 29 services fonciers déconcentrés sur les 22 régions

82 divisées en 1557 Communes. (72) Ce qui montre la saturation des services fonciers à Madagascar. Les effectifs en personnel sont faibles et les budgets de fonctionnement alloués aux circonscriptions sont dérisoires. (72)

Pour l’immense majorité des paysans donc, l’immatriculation est devenue un véritable parcours du combattant engagé sur plusieurs décennies : lenteur et grande complexité des procédures, perte de dossiers, dépôt de deux demandes d’immatriculation sur la même terre.

b- Le « gel foncier » dû à l’existence des propriétaires absentéistes : Beaucoup de descendants des grands propriétaires fonciers ne résident plus dans la Commune. Cette situation provoque la prépondérance du mode de faire valoir indirect ou métayage. D’après nos enquêtes, le métayage et la location de rizières concernent environ les 38% des ménages enquêtés dans la Commune si c’est environ 21% pour les « tanety ».

Par ailleurs, elle provoque l’existence de grands espaces non aménagés dans divers endroits de la Commune. En réalité, ces terrains appartiennent légalement à des personnes mais ces propriétaires sont incapables de les exploiter à cause de leurs différentes activités. Toutefois, ils ne veulent pas mettre sous métayage leurs terrains pour éviter divers conflits ou tentatives d’usage de faux. En plus, puisque les terres représentent pour les malgaches des biens sacrés qui ne sont pas vendables, beaucoup d’entre elles restent en friche dans la Commune rurale de Fihaonana. Ainsi, au lieu d’être aménagés par les paysans pauvres locaux pour les activités de cultures, ces terrains sont restés un simple lieu de pâturage pour les bovins. Certains même, au lieu d’exploiter rationnellement leurs terres, se précipitent au reboisement afin de justifier une mise en valeur.

Les problèmes d’infrastructures économiques et les problèmes fonciers sont accompagnés d’un système de production traditionnel. Ce qui aggrave encore la pauvreté dans la Commune.

(72) PELERIN E., RAMBOARISON (R) : « Expérience récente de Madagascar et du Programme National Foncier », 2006, p. 23

83

B- un système de production traditionnel expliquant en partie un budget des ménages faible : 1- Un Système de production traditionnel : La pratique traditionnelle persiste encore dans la Commune rurale de Fihaonana. Dans l’ensemble, les techniques culturales, y compris les techniques d’élevage demeurent toujours peu perfectionnées jusqu’à maintenant. Elles font partie du bagage culturel transmis de génération en génération. Or, cette situation ne peut que favoriser la dégradation de l’environnement.

a- Une agriculture encore traditionnelle : - Des équipements agricoles insuffisants : A part l’inexistence d’un encadrement technique des paysans qui doit être à la base de tout développement agricole, la Commune rurale de Fihaonana rencontre aussi d’autres problèmes qui empêchent son développement.

Le sous équipement constitue la contrainte technique majeure des paysans de Fihaonana. Les techniques de production sont certes en cours d’amélioration, en particulier par l’emploi des herses ou des charrues et l’emploi des pépinières et du repiquage en ligne. Cependant, ces possibilités d’amélioration technique sont limitées d’une part, par la pauvreté rurale qui ne permet pas au paysan d’augmenter sa capacité de production par l’achat d’équipements à plus forte productivité et d’autre part par l’exiguïté des parcelles cultivées qui ne leur permet non plus l’emploi généralisé des attelages ou des tracteurs.

Jusqu’à présent, les matériels de production sont insuffisants. L’« angady » ou la bêche reste encore l’instrument principal de production. Ce qui veut dire que la plupart des travaux demandant du matériel doivent être faits par la force de l’homme. Or, cela occasionne des retards considérables dans l’extension des cultures, dans leur entretien, ce qui explique la faiblesse de la production.

84

Tableau 29 : la répartition des matériels agricoles par ménage Sarcleuse Herse Charrue bêche Rambaramba (*) Charrette Nombre 111 89 90 227 29 48 Nombre de 84 78 71 123 26 45 ménage propriétaire Nombre par 0,74 0,59 0,6 1,51 0,19 0,32 ménage(150) Source : Enquêtes de l’auteur, 2009

Sur ce tableau, nous pouvons constater la prédominance des matériels agricoles légers, notamment la bêche. Les sarcleuses occupent le second rang car beaucoup de ménages sont persuadés de l’avantage du repiquage en ligne. Cette technique nécessite l’utilisation des sarcleuses pour enlever les mauvaises herbes. Les matériels de transport sont constitués par la charrette et le « rambaramba ». En général, ils sont seulement réservés aux ménages qui ont des bœufs de trait. Ainsi, l’effectif des ménages en possédant est très réduit.

A cette insuffisance de matériels agricoles s’ajoutent les problèmes d’engrais. Concernant l’engrais animal, les fumiers de parc restent insuffisants en raison de la persistance de l’élevage extensif qui fait diminuer la quantité d’engrais obtenu. En plus, l’élevage n’est pas encore très développé dans la Commune. Il n’occupe que le second plan après l’agriculture. Concernant les bœufs par exemple, 53,33%(cf. tableau n°13) des ménages enquêtés seulement en possèdent. Pour ce qui est des engrais chimiques, leur prix qui ne cesse de monter n’est plus à la portée de la majorité des paysans. Actuellement, le kilo de l’urée est à 1900Ariary et plus cher encore, celui du NPK coûte 2400Ariary (73) . Le recours à ce type d’engrais est alors très limité. Seuls les paysans qui pratiquent la riziculture améliorée éprouvent le besoin d’en employer mais toujours à des quantités en dessous du normal. Selon les techniciens enquêtés sur place, un hectare de rizière demande 300kg de NPK et 60kg (*) d’urée.

*Rambaramba : un matériel en bois servant de moyen de transport pour les produits agricoles (73) Enquêtes auprès des épiceries locales

85

Cependant, la non utilisation d’engrais par les paysans ne signifie pas seulement, faiblesse du rendement obtenu, mais cela peut entraîner à la longue la baisse du potentiel de production des terres. Ce qui exige une durée de jachère plus longue et fait baisser par la suite la production.

A part ce problème d’engrais, il faut aussi signaler que l’utilisation des produits phytosanitaires comme l’insecticide n’est pas encore entré dans l’habitude des paysans de la Commune rurale de Fihaonana.

- Des « tanety » sous utilisées : Un autre problème réside aussi dans l’insuffisance de la diversification des productions. Tout l’effort paysan d’amélioration du sol porte sur les rizières. Les « tanety », d’une manière générale, ne sont pas considérées par les paysans comme terrains de culture mais comme une zone de libre parcours pour le bétail. Ainsi, le paddy sert à la fois à satisfaire les besoins monétaires et les besoins d’autoconsommation. Or, il ne peut y suffire car les surfaces sont réduites et les moyens techniques sont insuffisants.

L’introduction de nouvelles productions à but monétaire est freinée, sur le plan technique, par l’incapacité du paysan traditionnel à mettre en valeur les « tanety » , et sur le plan économique, par l’étroitesse du marché actuel des productions de cultures sèches résultant de l’insuffisance d’usine de transformation. b- Un élevage mal encadré et un environnement en voie de degradation: - Un élevage mal encadré : Concernant l’élevage bovin, une insuffisance de pâturage se fait remarquer. Pendant la saison sèche, les bœufs pâturent dans les bas-fonds mais ce fait ne dure qu’un laps de temps court car les rizières sont labourées après. En attendant alors la repousse des herbes, il y a un problème d’alimentation pour le cheptel bovin. Cette insuffisance provoque une perte de poids et les bovins manquent de force pour travailler.

86

Les problèmes de soins vétérinaires liés à la pénurie de médicaments rejoignent aussi ce problème de pâturage. Les soins constituent une lourde charge pour les paysans qui doivent dépenser beaucoup pour que le troupeau soit soigné. En plus, l’inexistence de vétérinaire dans la Commune se fait sentir et s’ajoute à la non disponibilité des vaccins. Or, ce problème se traduit par des pertes irréversibles et énormes pour les éleveurs en cas de maladie. Ainsi, devant ces problèmes, l’effectif est de plus en plus réduit. Ce qui a un impact sur l’économie agricole.

Concernant l’élevage de volaille, la résurgence des maladies (pestes, choléra,…) fait chaque année des ravages, sans compter que par manque d’habitude et d’argent, les paysans qui, déjà, utilisent des abris exigus et ne donnent pas aux animaux tous les soins vétérinaires voulus.

Pour les porcs, ils entrent en concurrence avec l’homme pour l’alimentation. Donc, les paysans ne pratiquent cet élevage que saisonnièrement, c’est à dire pendant la période où il y a des produits à consommer. Mais lors de la période de soudure, ils l’évitent.

- Un environnement en voie de dégradation : Avec ce système de production encore traditionnelle, les paysans de la Commune de Fihaonana favorisent l’intensification des problèmes environnementaux. Le feu est une des causes de ces problèmes. Cette Commune est dévastée annuellement par les feux. Plusieurs hectares de surface y sont brûlés chaque année. Pour l’année 2009, le total de la superficie brûlée dans la Commune de Fihaonana est de 204.24ha. Ont été également incendiés à la même époque 1 995 arbres. (74)

Les feux de brousse sont déjà un phénomène généralisé dans le district d’Ankazobe. C’est une des régions les plus parcourues par les feux pendant la saison sèche comme le montre le tableau n° 30.

(74) Données de la Commune

87

Tableau N° 30 : Superficies incendiées par les feux de brousse dans la région d’Analamanga DISTRICT SUPERFICIE INCENDIEE (en ha) AVARADRANO 97 ATSIMONDRANO 118 31 AMBOHIDRATRIMO 1050 ANJOZOROBE 45 835 748 ANKAZOBE 35 741 TOTAL 83 620 Source : Direction régionale de l’environnement et des forêts Analamanga : Rapport d’activités annuel 2009

D’après ce tableau, le district d’Ankazobe occupe le second rang après Anjozorobe sur les superficies incendiées avec 35 741 ha. Comme d’habitude, les feux de cette région ont pour causes principales le renouvellement des pâturages et le nettoiement des périmètres de culture. En ce qui concerne le renouvellement des pâturages, après la lignification et le dessèchement des graminées lors de la saison sèche, les paysans mettent le feu afin d’assurer l’alimentation bovine c’est à dire, pour obtenir des repousses herbacées en fin de saison sèche.

Le nettoiement des périmètres de cultures consiste à lutter contre les rats et à dégager le sol avant le labour. En réalité, si une année les « tanety » ne sont pas brûlées, les graminées atteignent une hauteur gênante, alors l’année suivante, ce sera le grand feu de dégagement.

Les feux de brousse ont des conséquences directes sur l’agriculture. L’effet répété du feu amincit le tapis végétal propice à l’élevage et favorise ainsi le ruissellement au détriment de l’infiltration. Il provoque aussi un désordre climatique qui est l’un des éléments conditionnant la rentabilité de l’agriculture. En plus, l’effet de la première pluie est catastrophique sur les sols dernièrement parcourus par les feux car celle-ci emporte les matières organiques ainsi que la couche arable. En d’autres termes, 88 les feux de brousse favorisent l’érosion. Notons que l’érosion est un phénomène qui affecte les différents pays du monde depuis toujours, y compris Madagascar. Elle se traduit par un phénomène d’accumulation ou celui d’ablation. Son impact sur le plan économique est alors très important. L’érosion se traduit par des pertes en nutriments, affectant la fertilité des sols, d’où le besoin de plus en plus fréquent d’apports en fumure dans les champs. En outre, elle est à l’origine de la formation des grands trous appelés « lavaka » sur les flancs des collines. A part la dégradation du sol mis au feu, l’érosion ensable d’une part les rizières et les ouvrages hydrauliques d’autre part. Nous savons très bien que l’ensablement des rizières fait diminuer la superficie cultivable. L’obstruction des canaux bloque le drainage de l’eau ruisselant pendant les périodes de fortes pluies. Alors, les bas fonds sont facilement inondés. Dans la vie courante, l’érosion est à l’origine de la baisse de la productivité, de l’augmentation des coûts de production et en conséquence de la pérennisation de la pauvreté à la campagne. Il en résulte que les dégâts dus à l’érosion tels les canaux obstrués, les rizières envahies par les charges et les autres débris végétaux, …coûtent très chers aux paysans.

Ainsi, la pratique traditionnelle n’est plus adaptée à la vie économique de la Commune rurale de Fihaonana. Non seulement elle provoque des dégâts insurmontables à l’environnement mais aussi elle n’arrive plus à procurer à la population ses besoins alimentaires. En d’autres termes, elle a une influence très importante sur le budget des ménages.

2- Un budget insuffisant des ménages : Par définition, le budget est l’état prévisionnel des dépenses et de la recette, généralement relatif à une année (75) . Le budget mensuel d’un ménage est donc l’état de prévision de la recette mensuelle et des dépenses mensuelles d’un ménage. C’est ainsi que dans cette analyse du budget, deux éléments seront pris en compte : le revenu et les dépenses.

(75) Encyclopédie Universalis 1996, Tome II p. 2063

89 a- Un revenu faible : Généralement, le revenu des ménages ruraux se subdivise en deux grandes catégories : le revenu agricole et le revenu extra-agricole. La valeur de la production agricole vendue des ménages compose le revenu agricole. Le reste de la source de revenu (salariat agricole ou non agricole, commerce,…) constitue alors le revenu extra-agricole. (76) Le tableau n° 31 nous montre que le revenu moyen mensuel des ménages enquêtés se chiffre à 91 396 Ariary. Ce qui veut dire que pour une taille de ménage moyenne de 6 personnes, le revenu mensuel pour chaque personne est de 15.232Ariary. Dans la Commune, le salariat constitue la source la plus importante du revenu avec 39,97% du total. Ce sont généralement des salaires journaliers provenant des différents travaux agricoles, notamment les travaux rizicoles (depuis le semis jusqu’à la récolte). Ce qui prouve encore la situation de pauvreté dans laquelle vit la majorité de la population de la Commune car selon les chercheurs, les ménages les plus pauvres se lancent plus dans le salariat agricole, tandis que les plus riches diversifient leurs activités dans les entreprises non agricoles. Les ménages les plus riches évoluent dans les secteurs secondaire et tertiaire tandis que les plus démunis travaillent dans le secteur de l’agriculture. (76) En effet, l’apport de l’instruction est très important quant à la détermination de l’engagement d’un individu en tant que salarié dans le secteur non agricole. Les emplois dans le secteur non agricole requièrent parfois une technicité et plus de compétence. Notons que dans ce salariat agricole, les femmes sont presque autant impliquées que les hommes. Les revenus provenant de la vente des produits agricoles arrivent en seconde place avec 32,45% du revenu. Les principaux produits agricoles vendus dans la Commune sont le riz, le manioc, l’ananas, les produits maraîchers comme la tomate, la pomme de terre, l’haricot et l’haricot vert. En réalité, ce revenu issu de la vente des produits agricoles doit tenir ici la première place puisque Fihaonana est une Commune rurale. Cependant, le problème de communication limite encore l’évacuation à un prix normal des produits.

(76) INSTAT-FOFIFA : « Agriculture, pauvreté et politiques économiques à Madagascar », Novembre 2003, p. 57, p. 56

90

L’état défectueux des pistes et voies d’accès qui desservent les différentes localités limitent le nombre d’opérateurs qui travaillent dans la zone. Les quelques collecteurs qui y opèrent sont en situation de monopole. Ils déterminent à leur façon les prix aux producteurs. Ce genre de problème touche tous les produits agricoles pendant la période de récolte. En plus, ces collecteurs profitent parfois des paysans par différentes manières : falsification des mesures ou des comptes. Par conséquent, ce sont eux qui profitent pleinement des effets bénéfiques du commerce. Cette situation ne permet pas aux agriculteurs d’assurer la reproductibilité de leurs exploitations. Un grand nombre de personnes protestent contre leurs principes commerciaux réputés abusifs et illégaux mais cela se manifeste par des actions passives et n’aboutissent à rien.

A titre d’exemple, nous pouvons prendre le cas de l’ananas et de la tomate qui sont parmi les principaux produits à but commercial cultivés dans la Commune. Effectivement, l’écoulement de ces produits sur le marché de Fihaonana n’est pas tout à fait intéressant car non seulement, il s’agit d’une vente en détail mais les prix sont aussi dérisoires. Pour l’ananas, son prix varie en fonction de sa grosseur. Pendant la période de récolte, le plus gros est vendu à 300Ar, le moyen à 100Ar et le petit à 50Ar sur le marché de Fihaonana. Pour la tomate, le prix de la caisse* varie entre 2000Ar et 2500Ar pendant la période de récolte. Les principaux centres de débouché pour ces produits sont les villes de Mahajanga et d’Antananarivo. Toutefois, il faut signaler que beaucoup de paysans n’ont pas les moyens de se déplacer vers ces lieux de consommation. Ainsi, au risque de voir les produits pourrir sur place, ils sont obligés d’accepter les prix fixés par les collecteurs. Il faut aussi remarquer l’existence de petits commerçants venant d’Andranovelona qui achètent leurs marchandises auprès des producteurs et les étalent tout au long de la RN4 pour attirer les clients.

L’élevage occupe le troisième rang avec 11,76% du total des revenus. Ce revenu est issu de la vente des volailles, porcs, bœufs et tous les produits qui en dérivent comme le lait et l’œuf.

*Une caisse de tomate pèse entre 20 à 25 kg

91

Les autres activités comme le commerce, et l’artisanat n’ont qu’une faible importance sur ce revenu mensuel des ménages. Respectivement, ils n’englobent que 7,16% et 5,21% du total.

En bref, les ménages tirent une part importante de leur revenu des activités liées à l’agriculture et à l’élevage : 44,21% du revenu total.

Tableau N° 31 : Revenu moyen mensuel des 150 ménages enquêtés Sources de revenu Montant (en Ariary) Pourcentage Salaire 36 539 39,97 Agriculture 29 660,66 32,45 Elevage 10 752,83 11,76 Commerce 6 549 7,16 Artisanat 4 769,16 5,21 Loyer 2 293,16 2,50 Aide familiale 447,66 0,48 Autres 385,33 0,42 Total 91 396,8 100 Source : Enquêtes de l’auteur, 2009 b- Importance de l’alimentation dans les dépenses : Tableau 32 : Postes de dépense des 150 ménages enquêtés : Postes de dépense Montant (en Ariary) Pourcentage Aliment 42 275,33 51,24 Dépenses scolaires 8 633,83 10,46 Frais et déplacement 5 762 6,98 Loyer 5 409,5 6,55 Vêtement 5 109,16 6,19 Dépenses sanitaires 4 083,5 4,94 Adidy(Fiangonana/Fokontany) 2 671,5 3,23 Autres 8 550,83 10,36 Total 82 495,65 100 Source : Enquêtes de l’auteur, 2009

92

D’après le tableau n°32, les dépenses moyennes mensuelles de chaque ménage enquêté s’élève à 82 495,65Ar. L’aliment est la première destination de ces dépenses mensuelles des ménages. En moyenne, un ménage dépense 42275,33Ar pour ce poste, soit 51,24% du total. Le gonflement de ce poste de dépenses est lié d’abord à l’achat de riz en tant que base alimentaire puisque, la production étant déjà faible, le riz sert aussi de principale source de revenu monétaire des paysans pendant la période de récolte. La production rizicole de la majorité des paysans dans cette Commune n’arrive pas à subvenir à leurs besoins annuels. Ensuite, une partie du revenu est aussi destinée à l’achat de la viande ou d’autres mets devant accompagner le riz.

Les dépenses scolaires, largement inférieures à celle de la nourriture viennent au deuxième rang avec 10,46% du total. Néanmoins, ce fait nous montre que les ruraux commencent déjà à prendre conscience de l’importance de l’éducation. En plus, la création du lycée Fihaonana en 2006 renforce l’éducation dans la Commune.

Cette situation des dépenses nous montre que les autres besoins (santé, loyer, frais et déplacement…) restent marginaux. L’argent destiné à ces autres types de dépenses n’occupe qu’une faible part dans le portefeuille des paysans. Notons que le niveau de consommation annuel des ménages de la Commune se chiffre seulement à 156 637,2 Ariary par personne. (*)

Cette étude des dépenses nous montre la situation de pauvreté dans laquelle se trouvent les ménages de la Commune rurale de Fihaonana. La dépense annuelle par personne, qui se chiffre à 164 991 Ariary, est largement en dessous du seuil de pauvreté (*) qui était de 305 300Ariary par personne par an selon le dernier chiffre de l’INSTAT (Institut National de la Statistique) datant de l’année 2005 (77) . En plus, l’inflation actuelle a dû certainement augmenter ce seuil.

(*) Obtenu en faisant le rapport entre les dépenses moyennes annuelles (82495,65 Ar × 12) et la taille moyenne des ménages (6.32 personnes) (*) C’est une limite en dessous de la quelle un individu est considéré comme pauvre (77) Ministère de l’économie, des finances et du budget : « enquête périodique auprès des ménages 2005 » Rapport principal, Juin 2006, p. 175

93

c- Un bilan monétaire parfois déficitaire : L’écart entre le revenu annuel et la dépense annuelle nous renseigne sur la possibilité d’investissement ou d’épargne des ménages.

Tableau 33 : Epargne de chaque Fokontany enquêté FOKONTANY REVENUS DEPENSES DEFICITS EPARGNE Masindray-Est 55 606 58 680 -3 074 0 Antsampanimahazo 60 130 63 123 -2 993 0 Andranovelona 118 879 117 141 0 1 738 Andriatsibibiarivony 81 345 63 898 0 17 447 Tsimiamboholahy 105 161 87 150 0 18 011 Fihaonana 127 260 104 982 0 22 278 Moyenne 91 396,8 82 495,6 0 8 901,2 Source : Enquêtes de l’auteur, 2009 D’après ce tableau, nous constatons qu’il y a une épargne moyenne de 8 901,2 Ariary par mois pour l’ensemble des Fokontany. Ce chiffre cache cependant la réalité. En effet, ce tableau nous montre que les habitants de certains Fokontany enquêtés ont un budget manifestement déficitaire tandis que pour d’autres, il est plutôt très réduit. Ainsi, les épargnes les plus élevées sont enregistrées dans les Fokontany de Fihaonana, Tsimiamboholahy et d’Andriatsibibiarivony. Pour Fihaonana, c’est sans doute en raison de son statut de chef lieu de Commune qui lui confère logiquement un niveau de vie plus élevé par rapport à celui des autres Fokontany car les différentes infrastructures économiques, sociales et même culturelles de la Commune s’y trouvent. C’est dans ce Fokontany qu’on peut rencontrer plus de personnes travaillant dans le secteur non agricole notamment des fonctionnaires. Le salaire occupe ainsi une place très importante dans le revenu de la population de ce Fokontany avec 47.18% du total (cf. Annexe II). Tsimiamboholahy et Andriatsibibiarivony sont peuplés par des paysans laborieux. Nous avons constaté par exemple pendant nos enquêtes le développement de l’élevage intensif de poules pondeuses à Tsimiamboholahy si la pratique de la culture de contre saison de tomate est déjà répandue dans le Fokontany d’Andriatsibibiarivony. C’est ainsi que le revenu obtenu par la vente de produits agricoles occupe la première place

94 dans les sources de revenu de ces deux Fokontany avec, respectivement, 41,37% et 47,12% du total (cf. AnnexeII). Par contre, Les Fokontany de Masindray-Est et d’Antsampanimahazo ont un budget déficitaire. Ces deux Fokontany ont une population vivant généralement du salariat agricole qui est, comme nous l’avons déjà vu précédemment, signe de pauvreté. Dans leurs sources de revenu, le salaire agricole tient une place importante : 40,45% pour Antsampanimahazo et 57,30% pour Masindray-Est(cf. AnnexeII). Il faut aussi remarquer le cas d’Andranovelona qui a enregistré le plus de dépense par rapport aux autres Fokontany. Cela est sûrement dû au fait que c’est le seul Fokontany ayant de l’électricité dans la Commune (puisque l’électricité est plus chère que la lampe à pétrole). En plus, sa situation de village de passage pour les utilisateurs de la RN4 lui donne déjà un statut de petite ville. Le commerce, les petits restaurants y sont déjà développés. En outre, c’est dans ce village que l’usine Eau vive et le centre de loisir « Milasoa » sont implantés. Tout cela a un impact sur la cherté de la vie notamment le loyer (que ce soit maison ou terrain de culture) et le prix des produits agricoles.

En bref, cette analyse nous a permis de constater que, d’une manière générale, les ménages de la Commune rurale de Fihaonana vivent encore dans une situation de pauvreté.

Ainsi, cette Commune se trouve encore dans une situation économique qui n’est plus adaptée à l’évolution de sa population. Le manque d’infrastructures économiques et la persistance du système de production traditionnel restent encore à surmonter dans cette Commune.

Nous avons vu avec ce chapitre que notre zone d’étude rencontre divers problèmes tels que les problèmes socio culturels, les problèmes d’infrastructures, les problèmes de techniques et de moyens de production, les problèmes environnementaux, ainsi que les problèmes de revenu monétaire qui constituent un blocage sur son développement économique. La question qui ne manque pas de se poser ici est : quelles sont les solutions qui doivent être prises pour surmonter ces différents problèmes de la Commune ?

95

CHAPITRE II : LES SOLUTIONS POUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DE LA COMMUNE DE FIHAONANA

L’agriculture est le secteur-clé pour faire sortir la Commune de Fihaonana de sa situation actuelle. Prendre en compte le développement de ce secteur revient à lutter contre la pauvreté. Les problèmes soulevés précédemment nous conduisent à envisager de mettre en œuvre pour le futur les stratégies basées sur les objectifs fondamentaux suivants : améliorations des conditions économiques, valorisation des ressources humaines et conservation de l’environnement.

I- AMELIORATION DES CONDITIONS ECONOMIQUES Comme l’agriculture est un secteur porteur dans l’économie malgache, prendre en compte le développement de la production agricole est ainsi un moyen pour faire sortir le monde rural de sa situation actuelle. Pour la Commune de Fihaonana, plusieurs mesures sont à prendre pour arriver à cette fin.

A- Intervention au niveau des infrastructures économiques et des techniques de production : Les infrastructures économiques et les techniques de production figurent parmi les éléments très importants pour promouvoir le développement l’économie de la Commune de Fihaonana.

1- Amélioration des infrastructures économiques : Le monde rural souffre beaucoup de l’insuffisance des infrastructures. Pourtant, le domaine de l’infrastructure a un rôle de générateur de croissance pour un développement soutenu et durable mais il constitue aussi un meilleur distributeur de biens et de revenu envers les producteurs pour l’amélioration de leur capacité de production et de leur niveau de vie. Ainsi, les infrastructures rurales méritent d’être améliorées.

96 a- Réhabilitation et ouverture des pistes : Il vise à résoudre la question d’enclavement de la zone. Le goudronnage de l’axe qui relie le chef lieu de la Commune et la RN4 doit être rapidement pris en compte par les autorités locales parce que cela constitue pour la Commune de Fihaonana un grand pas vers le développement. Effectivement, cette route assure les liens qu’entretient la Commune avec son district ainsi qu’avec les principaux pôles de consommation comme Mahitsy, Antananarivo et même Majunga.

La réhabilitation des pistes permet également le développement et l’intensification des échanges à l’intérieur de la Commune car l’état de délabrement des routes qui relient les différents Fokontany de la Commune empêche l’écoulement régulier des produits. L’intérêt de ce programme est aussi de permettre de dynamiser le marché communal. Le rétablissement des conditions de circulation est aussi une condition fondamentale à l’arrivée des intrants et des encadreurs techniques dans les zones les plus productrices. Enfin, cela est une des conditions nécessaires pour réduire au minimum l’ampleur du phénomène « dahalo ». b- Construction de barrages : Le système d’irrigation nécessite un entretien et une amélioration puisque l’insuffisance des barrages d’irrigation limite l’exploitation de terrains agricoles. L’amélioration des barrages existants et la construction de nouveaux barrages vont résoudre le problème d’eau qui est l’une des grandes préoccupations des paysans de la Commune de Fihaonana. Pour ce qui est de l’entretien et de l’amélioration, les paysans locaux devraient y participer par exemple avec l’application du système HIMO (Système utilisé pour diminuer le taux de chômage. Travail d’une journée=1500Ar) pour qu’ils puissent à la fois gagner de l’argent et obtenir de l’eau pour leurs champs de culture. Mais pour la construction de nouveaux barrages, plus compliquée, cela nécessite la contribution massive des techniciens spécialisés.

Malheureusement, dans les projets de la Commune, les constructions de barrages ne figurent pas encore dans le tableau des premières priorités, exception faite pour la

97

construction du barrage d’ « Ankelibe », Fokontany Ambohimpiainana. (78) En effet, elles ne se trouvent que dans les tableaux des deuxième, troisième, quatrième et cinquième priorités de la Commune. Néanmoins, la liste des barrages à construire (78) mérite d’être signalée dans cette étude pour que nous puissions voir les travaux à faire pour la Commune.

• Deuxième priorité : -Construction du barrage d’Andranolava, Fokontany Manantenasoa -Construction du barrage Andriampotsy, Fokontany Tsitakondaza -Construction du barrage Ambohinirina, Fokontany Tsimialona •Troisième priorité : -Construction du barrage Ambodirina, Fokontany Andriatsibibiarivony -Construction du barrage Avaratr’Ambohinirina, Fokontany Tsitakondaza -Construction du barrage Andrefan’i Mananintsoa, Fokontany Tsitakondaza •Quatrième priorité : -Construction du barrage d’Antsampandrano, Fokontany Sambatra -Construction du barrage Andrianambony, Fokontany Fokontsambo -Construction du barrage Andriana, Fokontany Tsimialona -Construction du barrage Ambatomiandoloha, Fokontany Tsimiamboholahy -Construction du barrage Ambaribe, Fokontany Andranofotsifandrosoana •••Cinquième priorité : -Construction du barrage d’Ambatonandondona, Fokontany Ambohipiainana -Construction du barrage Ambodirina, Fokontany Manankasina -Construction du barrage Amparibe, Fokontany Tsimialona -Construction du barrage Ambalamanga, Fokontany Madiokororoka -Construction du barrage Antsapandrano, Fokontany Sambatra

La Commune devrait alors assurer la construction de ces barrages en cherchant des investissements ou en adoptant d’autres solutions car l’eau est à la base de tout développement agricole.

(78) Plan communal de développement, 2008

98

La résolution de ce problème d’eau va être à la fois un facteur d’augmentation de la production rizicole et un facteur d’extension de la pratique des cultures de contre saison. c- Facilitation de l’accès à la terre et amélioration de la sécurité foncière : La facilitation de l’accès à la terre et l’amélioration de la sécurisation foncière sont des conditions indispensables pour la réalisation de tout programme d’aménagement du territoire.

Pour y parvenir, des réformes sur la politique foncière doivent être adoptées :

-L’actualisation totale des textes législatifs et réglementaires sur le foncier est primordiale en les adaptant à la réalité de la situation socio- économique de la population locale. En d’autres termes, il est important de les rendre plus compréhensibles, en utilisant des termes simples ou usuels.

-L’allègement des procédures juridiques à l’accès à la terre et à la réglementation de la situation juridique foncière. Il s’agit d’une simplification de l’accès au titre foncier en raccourcissant les délais de sa réalisation et en réduisant le plus bas possible le coût surtout pour les paysans pauvres.

-Tout propriétaire absentéiste à long terme, laissant inculte le sol devrait être sanctionné sévèrement, au profit des paysans sans terre.

-La promotion d’une mise en place d’un « guichet foncier » spécial : il s’agit d’une décentralisation des services fonciers au niveau local à savoir la Commune. Les guichets fonciers délivrent le certificat foncier qui est un acte nécessaire puisque « permettant à son détenteur d’exercer tous les actes juridiques portant sur des droits réels et leurs démembrements reconnus par les lois en vigueur, notamment la cession à

99

titre onéreux ou gratuit, la transmission successorale, le bail, l’emphytéose, la constitution d’hypothèque » (Article 37 de la loi 2005- 019) (80)

-L’informatisation des données foncières est enfin nécessaire afin de faciliter l’accès aux données concernant un quelconque terrain.

Cette amélioration des infrastructures économiques doit être accompagnée d’une intervention au niveau des techniques de production.

2- Amélioration des techniques de production : a- Mise en place d’une structure d’appui aux paysans : Dans la Commune de Fihaonana, l’absence d’encadrement est fortement ressentie par les paysans. Or, ces paysans ont besoin d’un appui pour les aider à valoriser au mieux les potentialités de la région et rationaliser les ressources dont ils disposent actuellement. Ils doivent être formés pour l’utilisation de nouveaux systèmes d’agriculture permettant d’obtenir un rendement plus élevé et qui est à la fois capable de satisfaire les besoins de subsistance et les besoins de vente.

En bref, la mise en place d’une structure d’encadrement, d’animation et de formation va contribuer à développer le professionnalisme chez les paysans de la Commune de Fihaonana. b- Application du système de riziculture intensive : Pendant nos enquêtes, nous n’avons pas rencontré de paysan qui entre déjà dans cette nouvelle technique de riziculture. Il s’agit ici d’une riziculture dont les techniques culturales sont assez différentes de celle de la riziculture traditionnelle. Elle est connue sous l’appellation « S.R.I. » (Système de Riziculture Intensive ». (80) HELITIANA Ravo Seheno : « Les rapports de cause effet entre la situation foncière et la décentralisation de l’aménagement du territoire : cas de la Commune rurale d’ », Mémoire de maîtrise en géographie, 2008, p. 85

100

La rizière et la pépinière sont préparées d’une manière semblable. Dans cette préparation, on procède au labour, au fumage, à l’irrigation, au piétinage, à la mise en boue et au planage. Des canaux sont installés autour de la pépinière et de la rizière pour pouvoir régler la quantité d’eau nécessaire. Le semis se fait sur une pépinière bien drainée avec des graines pré germinées. Les plants de riz y restent à peu près quinze jours avant d’être repiqués. Le repiquage s’effectue sur une rizière humide et non inondée comme d’habitude. L’intervalle de plantation est de 25 à 30 cm afin de faciliter le sarclage à la machine. En fait, il nécessite au moins trois sarclage jusqu’à la montaison. A partir de cette phase, les plantes ont besoin d’eau au tiers de la hauteur. Le rendement moyen est de 6 à 7 tonnes (81) par hectare mais cela est surtout déterminé par une bonne maîtrise de l’eau. Ainsi, la pratique de cette culture n’est possible qu’en présence d’un bas-fond où les conditions d’irrigation et de drainage ne posent pas de problèmes. A part cela, une quantité suffisante de fumures est nécessaire. c- Renforcement de la pratique des cultures de contre-saison et introduction de l’élevage intensif: - Renforcement de la pratique des cultures de contre saison : En période sèche et fraîche, certains paysans ou la plupart des paysans ne veulent pas pratiquer la double culture du riz. Nous leur conseillons de pratiquer la culture de contre saison sur rizière.

Nous appelons culture de contre saison sur rizière ou « voly avotra », toutes cultures dérobées qui l’occupent entre la récolte du riz précédente et le prochain repiquage. La sensibilisation de la population pour la pratique des cultures de contre-saison est nécessaire pour combler le manque d’aliments surtout au moment de la période de soudure.

En réalité, la plupart des paysans de la Commune de Fihaonana ont l’habitude de laisser leurs rizières au repos pendant 5 mois environ (juin, juillet, août, septembre,

(81) Selon le responsable du CSA Ankazobe 101 octobre). Ce qui signifie l’existence d’un repos aussi au niveau des paysans puisque pendant ce temps, les travaux agricoles sont rares. Les paysans devraient profiter donc de cette période pour faire des cultures de contre saison sur les rizières. Par exemple, la plantation de tomates, de haricots, de pommes de terre comme cultures de contre saison va beaucoup pallier aux problèmes alimentaires et monétaires des paysans car ces cultures peuvent constituer à la fois un complément d’alimentation et une nouvelle source de revenu pour les ménages. En plus, les suppléments de recette provenant de ces cultures de contre saison pourraient couvrir largement l’investissement des moyens de production : bœufs de trait, charrue, herse, charrette,…

- Introduction de l’élevage intensif : Comme nous le savons déjà, l’élevage bovin dans la Commune est de type traditionnel jusqu’à nos jours. Il s’agit surtout de l’élevage de bœuf de trait. Pour l’amélioration de ce type d’élevage, du revenu des ménages et de l’alimentation de la population, la vulgarisation des vaches laitières est un des projets à ne pas négliger.

En effet, si la majorité des ménages le pratiquent, il en résulterait l’implantation d’une usine agroalimentaire (traitement et transformation du lait) dans la région. En plus, la production laitière constitue une source journalière d’argent liquide permettant à l’éleveur de faire face assez aisément aux besoins journaliers de la famille. En outre, l’élevage porcin pourrait être développé dans la région. Actuellement dans la Commune, quelques paysans pratiquent déjà la naisse et l’engraissement des porcins et nous avons constaté qu’ils s’en sortent bien.

De même pour l’élevage de volaille, quelques familles pratiquent l’élevage de poules pondeuses dans la Commune. C’est une activité très rentable puisque le prix d’un œuf s’élève actuellement à 350 Ariary (82) . A Andranovelona, pendant nos enquêtes, nous avons aussi rencontré un ménage qui pratiquait l’élevage intensif de canards pour l’obtention du foie gras. D’après le chef de ménage, ils ont 20 canards. Ils obtiennent le foie gras après 18 jours d’engraissement

(82) Enquête auprès des épiceries locales

102 des canards avec du maïs. Le kilo de foie gras varie entre 70 000fmg et 90 000fmg. (83) en plus, le reste du canard peut encore se vendre avec 26 000fmg le kilo.

Cette étude nous montre qu’avec un peu d’aide venant de l’Etat, beaucoup de possibilités s’offrent encore aux paysans de la Commune rurale Fihaonana en matière d’élevage.

Nous avons vu que des améliorations au niveau des infrastructures économiques et des techniques de production des paysans sont indispensables pour développer l’économie de la Commune. Tout cela n’est cependant rien si la situation financière et les moyens de production des paysans ne changent pas.

B- Intervention au niveau de la situation financiere et des moyens de production des paysans : 1- Amélioration de la situation financière des paysans : Le problème d’argent constitue un blocage très important de l’évolution du système de production, donc du niveau de vie des paysans de la Commune rurale de Fihaonana.

L’amélioration des débouchés et des prix des productions agricoles ainsi que l’augmentation de la chance des paysans aux différents crédits agricoles sont deux solutions envisageables pour surmonter ce problème. a- Amélioration des débouchés, des prix : Parallèlement aux différents efforts pour accroître la productivité, il faut entamer la recherche de débouchés. En réalité, les revendeurs ou collecteurs qui viennent chaque année dans cette Commune sont en nombre insuffisant. Leur arrivée dépend de leurs propres moyens et de leur volonté. Leurs achats ne sont pas donc réguliers et continus. De plus, cela se base sur leurs possibilités. Ce qui veut dire qu’ils ne sont pas obligés de prendre tous les produits exposés. Avec cette situation, les paysans sont victimes des prix imposés par ces collecteurs pendant la période des récoltes. Cela est dû alors au déséquilibre entre l’offre et la demande.

(83) Selon l’éleveur enquêté

103

Pour pallier à ce problème, la création d’usines agroalimentaires dans la Commune semble être une solution à long terme mais efficace. Cela va inciter les paysans à produire plus, cela va également créer de nouveaux emplois. b- Augmentation de la chance des paysans aux crédits agricoles : Le financement du monde rural, depuis quelques années, commence à se concrétiser à travers une institution de micro finance dans la Commune de Fihaonana qu’est la CECAM (Caisse d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuel). Notons que ce financement a pour objectif d’améliorer les revenus et le niveau de vie des populations à faible revenu dans les milieux ruraux en leur offrant un accès accru à long terme à des services financiers de proximité vu que le mode de financement habituel dans les milieux ruraux, notamment le « bonga maina » et le « vary maintso » ne font que ruiner les paysans.

Cependant, dans la Commune de Fihaonana, une minorité de paysans seulement, plus précisément 720 ménages (77) , sont membres de la CECAM et parmi eux, nombreux sont ceux qui s’en sortent déficitaires. Certains perdent même leurs biens comme les rizières parce qu’ils n’arrivent pas à rembourser les prêts. Les principaux obstacles aux remboursements sont :

-les différentes conditions d’adhésion et les forts intérêts prélevés qui ne conviennent pas aux productions retenues : le frais d’adhésion est de 2 000 Ariary, un part social fixe de 20 000 Ariary est à libérer par chaque membre qui peut le tirer 2 ans après la démission. Le taux d’intérêt appliqué va jusqu’à 4%. La garantie matérielle est de 150% de la valeur demandée (84) .

-les dépenses futiles qui ne correspondent pas à la raison de prêt : achat de nouveaux vêtements, de produits alimentaires et même de produits alcooliques pour les hommes.

Ainsi, il faut mener une stratégie visant à intensifier la participation des paysans producteurs dans le cadre du financement du monde rural en développant les moyens

(84) Selon le responsable de la CECAM de la Commune

104 pour la mise en place d’un système de financement adapté et accessible aux plus démunis.

Un de ces moyens est donc la diminution du taux d’intérêt prélevé aux paysans membres. Pour éviter le gaspillage d’argent, il faut contrôler l’utilisation des prêts en exigeant par exemple aux paysans des rapports de dépenses et même en effectuant des descentes sur le terrain pour vérifier les travaux faits. Avec ce système, le risque d’endettement des paysans sera réduit et la possibilité d’accroître leurs productions sera offerte aux paysans.

Après l’amélioration de la situation financière des paysans, nous allons voir maintenant à quoi consiste l’amélioration de leurs moyens de production.

2- Amélioration des moyens de production des paysans : L’amélioration des moyens de production des paysans est réellement exigé dans ce sens qu’ils ont une influence directe sur leur productivité. Nous savons très bien qu’à nos jours, avec l’accroissement démographique, nos besoins alimentaires ne peuvent plus être satisfaits par la terre et la force de l’homme. D’autres apports, notamment l’utilisation d’engrais et l’emploi des machines à haute productivité, sont devenus indispensables.

a- Utilisation d’engrais : Puisque le prix des engrais chimiques n’est pas à la portée des paysans locaux, nous proposons ici la prise en compte d’autres techniques. Pour la fertilisation organique, plusieurs techniques seront suggérées. L’une consiste à amener au parc à bœuf des litières tous les deux ou trois jours. Ces litières pourront être constituées de pailles de riz disponibles ou des herbes fauchées sur les « tanety » d’autant plus que les « tanety » de Fihaonana disposent de ces herbes que les bœufs ne peuvent plus brouter. Elles sont bonnes à faucher pour les litières. Les débris végétaux pourriront au parc à bœuf et donneront de fumier en grande quantité.

La deuxième solution amènera les paysans à fabriquer des composts avec les pailles du riz, les résidus de récoltes et les herbes naturelles des champs et des « tanety » mais cela

105 nécessite beaucoup d’expériences. En réalité, une simple décomposition d’un tas d’herbes produit de l’humus mais son effet fertilisant est limité. La troisième technique c’est l’utilisation de paillage aux champs. En effet, les paysans déposeront sur le sol une grande quantité de pailles ou de feuilles qu’ils y laissent sécher et pourrir. Ces déchets pourris constitueront de l’humus pour le sol après le labour. Enfin, les paysans peuvent aussi utiliser les engrais verts. La culture des engrais verts devrait être incluse dans la rotation culturale. Ce sont des légumineuses à cycle court, mais à végétations suffisantes que l’on enfouit dans le sol lors du labour. Voici quelques légumineuses que l’on pourrait utiliser comme engrais verts : pueraria, centrosema, crotalaria, macuna, calopogonium. Les déchets végétaux enfouis dans le sol lui fourniront des matières organiques en quantité considérable qui constitueront de l’humus.

La reconstitution continuelle de l’humus du sol garantit sa bonne structure, augmente sa capacité de rétention en eau et sa capacité d’échange, réduit l’érosion et le lessivage. Il faut cependant souligner que l’utilisation massive des engrais chimiques demeure la solution principale pour améliorer la faible productivité agricole dans la Commune de Fihaonana. L’utilisation de compost et de fumier ne doit pas être prise comme un parfait substitut aux engrais chimiques mais comme complément si nous voulons une productivité élevée et un maintien de la fertilité en nutriments majeurs du sol. Ainsi, l’amélioration de l’accès et de l’utilisation des engrais chimiques constitue un point important dans la politique de production agricole. Ce qui veut dire que le prix des engrais chimiques, qui n’est pas à la portée de la majorité des paysans, mérite d’être subventionné par l’Etat. b- Utilisation des matériels à haute productivité : Le manque de matériels est un des facteurs limitant la production. Il est nécessaire de les multiplier et de faciliter leur acquisition. Une mesure importante que le gouvernement devrait encore reprendre est la détaxation des matériels agricoles ou même la subvention du prix de ces matériels. L’Etat pourrait aussi donner des matériels agricoles à chaque Commune pour en faire des biens communautaires accessibles à tous les paysans.

106

En réalité, la relance de la mécanisation agricole est une des principales issues pour sortir de l’économie de subsistance dans laquelle vit encore la Commune de Fihaonana et même notre pays.

En bref, le développement agricole de la Commune de Fihaonana ne peut pas se passer de l’amélioration des infrastructures économiques, des techniques de production ainsi que des moyens de production. Cela va améliorer d’une part le rendement agricole qu’est la quantité produite par superficie et d’autre part, la productivité qu’est le travail fourni par unité de temps. A part ces différentes améliorations au niveau économique, il faut aussi tenir compte des conditions socioculturelles de la population ainsi que de la conservation de l’environnement.

II - VALORISATION DES RESSOURCES HUMAINES ET CONSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT Jusqu’ici, la majorité des paysans de la Commune rurale de Fihaonana ne pensent qu’à leur survie. Connaître une évolution dans la vie économique ne passe même pas dans leur pensée. L’objectif de cette étude consiste à trouver les mesures nécessaires pour que les ruraux puissent devenir de véritables acteurs du développement. Elles visent trois domaines bien distincts : psychologique, économique et environnemental.

A- Valorisation des ressources humaines : 1- Stimulation de la volonté de tous pour un développement rural intégré: Tout développement requiert une certaine volonté de la part de tout un chacun, c’est à dire des dirigeants et de la masse rurale. L’engagement politique vient au premier rang des conditions nécessaires pour mener à bien un projet de développement rural. Effectivement, bon nombre de programme ont été mise en oeuvre sans pour autant apporter grand chose. Ce qui veut dire que l’attitude de l’élite dirigeante doit être en accord avec toute stratégie de développement. Sans quoi, tous les efforts déployés risquent d’aboutir à l’échec.

De l’autre côté, le développement rural implique une grande participation des masses rurales, c’est à dire de tous les paysans de la Commune de Fihaonana. Mais pour arriver

107

à cette fin, les paysans doivent être libérés du manque de motivation et éliminent toute hésitation vers le progrès. Pour cela, nous pourrons emprunter deux voies successives :

♣La première voie consiste à sensibiliser les paysans, à les conscientiser, à les stimuler à produire,

♣La deuxième voie se préoccupera de la formation générale, technique et économique pour élever leur niveau d’instruction et leur niveau technique dans la production.

La conscientisation c’est la prise de conscience par laquelle les paysans se rendront compte eux même de leur situation économique et sociale, de laquelle découle leur état actuel. (85) Après cette reconnaissance de leur situation socio-économique, les paysans vont ressentir le besoin de s’en relever et de s’en sortir. Ils essayeront de rechercher les solutions les plus adaptées aux conditions particulières de chaque individu ou de chaque groupe. Ce qui veut dire que les paysans vont instaurer une approche endogène pour leur propre développement.

Cette stimulation de la volonté des paysans doit être suivie d’une amélioration des infrastructures socioculturelles.

2- Amélioration des infrastructures socioculturelles : a- Amélioration et extension des infrastructures scolaires : L’éducation représente un investissement à long terme dans la productivité des individus. Ainsi, l’accès à l’éducation tient une grande importance dans le développement du monde rural. Consciente de cette importance, nous proposons :

•La construction et l’équipement de nouvelles salles de classe dans tous les Fokontany de la Commune, spécialement, une EPP à Masindray-est qui n’en dispose

(85)RALAIKOA : « Pour le développement économique des villages des Hauts Plateaux », 1985, p. 211

108

pas encore et de nouveaux CEG dans les autres Fokontany, mis à part Fihaonana (le seul Fokontany qui en dispose), pour éviter la fatigue des élèves qui habitent loin de ce chef lieu de la Commune.

•Le recrutement et la formation de nouveaux enseignants et instituteurs qui seront répartis rationnellement, c’est à dire dans tous les Fokontany. Soulignons que cette mesure doit être accompagnée d’une amélioration de la motivation des enseignants y compris leurs rémunérations et leurs infrastructures d’accueil notamment dans les milieux enclavés.

• La multiplication des matériels didactiques (cartes, manuels, ordinateurs…).

Tout cela va contribuer à la réduction de l’effectif des élèves pour chaque salle de classe, à l’augmentation de leur motivation et à l’amélioration de la qualité de l’enseignement.

Bref, l’objectif consistera en l’amélioration du rendement scolaire et du niveau intellectuel des élèves.

Il faut noter aussi l’importance de la formation professionnelle dans une Commune rurale comme celle de Fihaonana car cela développe la capacité de production des ruraux. Cela aide aussi les paysans à passer d’un modèle d’organisation scolaire visant tout simplement l’obtention d’un diplôme à un modèle d’organisation qui correspond à un environnement professionnel menant directement à l’insertion sur le marché du travail et de l’emploi. En outre, la formation technique permettrait aux paysans de Fihaonana de connaître le milieu où ils vivent, d’en tirer une conclusion pour améliorer leurs conditions de vie. Il est donc nécessaire de la renforcer par l’amélioration du centre déjà existant (le CFP ou Centre de Formation Professionnelle de Fihaonana) et même par la création de nouveaux centres dans les autres Fokontany. Enfin, le cours des adultes devrait être introduit pour améliorer le niveau d’instruction des paysans de Fihaonana et pour réduire le nombre des analphabètes.

109

Notons que dans le projet de la Commune de Fihaonana, la construction et l’extension de quelques établissements figure parmi les premières priorités (86) :

-Extension du Lycée Fihaonana -Extension du CEG Fihaonana -Extension de l’EPP Miadamanjaka, Fokontany Andranofotsifandrosoana -Extension de l’EPP du Fokontany Manantenasoa -Extension de l’EPP Ambohimpiainana -Extension de l’EPP Ambazaha, Fokontany Antsampanimahazo -Construction d’un EPP dans le Fokontany Masindray Est -Extension de l’EPP Ambatondrangahy -Construction du CEG Andranovelona -Extension et réhabilitation de l’EPP Tsitakondaza -Extension de l’EPP Tsimatahodaza, Fokontany Lovasoa -Extension de l’EPP Analabe, Fokontany Madiokororoka -Extension de l’EPP Tsaramivondrona -Extension de l’EPP Tsarasaotra, Fokontany Fokontsambo b- Amélioration et extension des infrastructures sanitaires :

Du point de vue sanitaire, la population de la Commune de Fihaonana connaît une situation assez précaire du fait des conditions de vie et de la santé familiale fragile. Cette situation bloque le progrès et le développement de cette Commune car, plus une personne est en bonne santé, plus elle est productive.

Des programmes doivent être adoptés pour sortir de cette situation notamment : -La vaccination de tous les enfants, -l’amélioration de l’accès des femmes aux soins prénataux et à l’accouchement assisté, -la lutte contre les grands fléaux sanitaires et les problèmes de santé publique, -la sécurisation de l’accès aux soins médicaux et aux médicaments.

(86) Plan communal de développement, 2008

110

-l’intensification de l’animation en planning familial pour réduire le taux de natalité.

Ces programmes doivent être accompagnés de la construction de nouveaux hôpitaux dans les zones loin du chef lieu de la Commune, comme dans sa partie sud (par exemple, construire un CSB dans le Fokontany d’Ambohipiainana ou de Madiokororoka) et dans sa partie est (construire par exemple un CSB dans le Fokontany de Manakasina, d’Andranovelona ou d’Ambohitraina) pour faciliter l’accès de toute la population, sans distinction d’origine, aux centres de santé.

Evidemment, le recrutement de nouveaux personnels sanitaires proportionnels au nombre de la population locale est aussi indispensable ainsi que la mise en place des dépôts de médicaments au niveau des Fokontany pour éviter l’automédication par l’achat des médicaments non autorisés auprès des épiceries.

La généralisation de la politique menée par le gouvernement actuel qui consiste à former une partie de la population locale sur les notions de base de la santé est aussi nécessaire dans ce sens que ces gens vont devenir une véritable aide au service de santé existant.

Dans le projet de la Commune, l’extension du CSB I d’ Antsopary figure parmi les premières priorités. (87)

Il est aussi indispensable d’accroître la proportion de la population ayant accès à des services efficaces et durables pour l’eau potable et l’assainissement. Il s’agirait d’augmenter le taux d’accès aux infrastructures d’évacuation des excrétas, en sensibilisant la population à construire une latrines par ménage. En ce qui concerne l’eau potable, il faut augmenter le nombre de population bénéficiaire. L’adduction d’eau potable dans les Fokontany d’Andriatsibibiarivony, Sambatra, Tsitakondaza, Tsimialona, est déjà une priorité pour la Commune actuellement. (77)

(87) Plan communal de développement, 2008

111

En outre, des programmes de lutte contre la malnutrition sont aussi indispensables. Effectivement, une formation paysanne en art culinaire est nécessaire en utilisant des techniques simples et faciles à suivre pour la population, et ce, par l’utilisation des produits locaux. Les centres de santé de base de la Commune doivent être alors pourvus de centre d’éducation nutritionnelle. De plus, des campagnes de sensibilisation doivent être organisées pour lutter contre les carences en micro- nutriments.

3- application des différentes mesures de sécurité : La sécurité des biens et des personnes est une des conditions sine qua non du développement économique et social car sans elle, le risque de tout perdre bloque toute initiative de production. Or, cette exigence n’est pas satisfaite dans la Commune. L’insécurité a toujours provoqué des troubles psychologiques et un manque de motivation au sein de la collectivité paysanne. La hantise de perdre leurs biens d’un moment à l’autre a poussé les paysans à délaisser et même à abandonner certaines activités comme l’élevage bovin ou l’agriculture sur les terroirs éloignés du village.

Ainsi, dans le cadre de la lutte contre l’insécurité, l’élaboration et la vulgarisation d’un « Dina » ainsi que les réglementations y afférentes s’avèrent nécessaires. Le renforcement de la capacité des « Andrimasompokonolona », l’explication des textes juridiques sur la sécurité et le mécanisme de fonctionnement du système de gouvernance à la base sont indispensables.

Notons aussi que le phénomène de maraudage ou « halabotry » est l’un des facteurs qui entraînent le déficit budgétaire des ménages. En conséquence, chaque Fokontany doit faire des efforts pour éradiquer ce phénomène. Ainsi par exemple, au moment de la moisson, chaque village organisera une descente dans les rizières chaque nuit (tour de rôle) pour veiller sur le riz. Même procédure durant la période des pluies où les vols de cultures sur pied (manioc, maïs, pomme de terre…) se manifestent.

Par ailleurs, l’Etat doit mettre en œuvre tous les moyens pour éliminer les voleurs de bœufs, soit par des opérations militaires de ratissage soit en promulguant une

112 loi punissant sévèrement ces voleurs, en vue d’instaurer une atmosphère de sécurité dans la campagne.

Le renforcement de la gendarmerie locale en personnel et en armement s’avère aussi très indispensable vu que les « dahalo » sont actuellement armés et n’ont pas peur de mourir, la population locale n’ose rien faire tant que les « dahalo » sont encore sur le champ.

Actuellement, le projet de la Commune ne repose que sur l’extension et la réhabilitation de l’appartement des gendarmes (88) . A côté de ces différentes mesures, il faut signaler que ce sont les insuffisances qui incitent le vol, donc pour y remédier, il faut aller à la recherche d’une solution qui peut améliorer le niveau de vie des paysans et qui lui est accessible. Le rétablissement de la sécurité doit être considéré comme prioritaire pour préserver l’effort et la motivation des paysans.

En bref, la valorisation des ressources humaines doivent être prise en compte par les autorités compétentes en stimulant la volonté des paysans et en améliorant leur éducation, leur encadrement technique, leur santé ainsi que leur sécurité. Mais cela doit être aussi accompagné d’une conservation de l’environnement.

B- Conservation de l’environnement Toute politique de développement rural doit avoir deux principaux objectifs, d’une part l’amélioration du secteur agricole et d’autre part, la protection de l’environnement pour un développement durable. Ce second objectif est souvent oublié alors qu’il est aussi important que le premier surtout dans une Commune où la dégradation environnementale est déjà intense comme celle de Fihaonana.

Diverses mesures doivent alors être prises par les autorités compétentes pour conserver et même pour améliorer l’environnement de notre zone d’étude.

(88) Plan communal de développement, 2008

113

1- Sensibilisation environnementale : Pour la Commune de Fihaonana où les feux de brousse détruisent chaque année plusieurs hectares de sol et de végétation, l’introduction d’une sensibilisation environnementale de la population est vraiment une nécessité. Cela devrait aboutir à un changement de comportement. Cela sous entend une amélioration de l’attitude de la population vis à vis de l’environnement. Le but de cette sensibilisation est donc la prise de conscience des paysans du fait qu’il faut vraiment gérer les ressources pour en profiter à long terme.

A titre indicatif, les thèmes suivants peuvent faire l’objet du contenu de message à transmettre au niveau de la population à travers les différents établissements et institutions de la Commune:

•Les différentes fonctions des ressources naturelles (fonction de protection,…) •La relation entre les ressources naturelles et les besoins quotidiens de la population de la Commune (eau, air, température,…) •Les valeurs intrinsèques et inhérentes aux ressources naturelles (valeurs économiques, d’usage thérapeutiques…) •Interprétation de l’interdépendance des phénomènes biologiques, sociaux, économiques avec l’état du milieu ambiant. •Techniques de valorisation de certaines ressources telles que terre abandonnée, plantes, recyclage de déchets,… •Techniques d’exploitation rationnelle des ressources naturelles à capacité de régénération lente.

Cependant, la mise en place de cette sensibilisation environnementale au niveau de la Commune nécessite l’initiative de l’Etat car cela sous entend une mobilisation de beaucoup d’argent tant pour le recrutement du personnel que pour les différents matériels nécessaires à la réalisation des activités.

Il faut aussi signaler qu’à part cette sensibilisation, des mesures répressives doivent être aussi prises par les autorités locales pour punir sévèrement les personnes

114 qui sont à l’origine des feux de brousse. Cela nécessite la participation de tous pour les dénoncer. A part les sensibilisations, la protection de l’environnement nécessite aussi un changement au niveau de l’exploitation des terres agricoles.

2- Exploitation rationnelle des « tanety » : Les surfaces des « tanety » se subdivisent en plusieurs parties selon les pentes qui déterminent leurs vocations : -les « tanety » à pente faible, entre 10 et 25%, et régulière sont à vocation agricole, -les « tanety » à pente forte, supérieure à 50%, ou rocailleuse sont à vocation pastorale ou forêstière. a- L’exploitation rationnelle des « tanety » à vocation agricole : Cette exploitation implique la rentabilisation des divers investissements apportés par les paysans : -investissement humain -investissement financier -investissement matériel

Elle exige, d’autre part, de garder en permanence la fertilité du sol pour donner des grandes productions. Elle exige aussi la protection totale de la qualité du sol et l’occupation équilibrée de toutes les surfaces exploitées. Pour cette conservation du sol, elle consiste à protéger la terre arable et fertile contre l’érosion et à maintenir sa fertilité. C’est la mise en place des dispositifs anti-érosifs sur toutes les pentes des champs exploités. La première est de maîtriser totalement les eaux de ruissellement. Deux méthodes pourraient être envisagées :

●le traçage des courbes de niveau avec des canaux et des banquettes tous les 10 à 15 mètres de distance en moyenne. C’est une simple opération topographique.

115

●le second système consiste à créer des lignes de végétation, larges de 2 à 3 mètres, sur les courbes de niveau. C’est le système de culture en couloir. Ces lignes de végétation sont constituées soit par :

-des haies arbustives comme le flemingia, le téhrosia, le leucaena, le cassia didymobotria, (89) que l’on taille régulièrement pour donner de la lumière aux plantes cultivées et pour fournir paillis, source d’humus au sol.

-des haies de plantation de caféiers accompagnés de bananiers ou d’arbres d’ombrage.

La deuxième préoccupation des paysans est la fabrication du fumier de compost sur le champ, en quantité et en qualité suffisante. Des fumures organiques augmentent la quantité d’humus dans le sol pour former les complexes argilo-humiques, maintient sa fertilité, la protège contre le lessivage et garde sa bonne structure. b- Exploitation des « tanety » à vocation pastorale : Outre les terres à faible pente, cultivables, les familles pourraient avoir des terres à forte pente, des ravinements, dont la mise en culture accélérerait l’érosion et endommagerait l’exploitation. Il serait bon d’aménager ces terres en courbe de niveau et d’y semer des herbes fourragères. Ces végétaux couvrent bien le sol et fournissent aux bœufs de trait des aliments appréciables pour satisfaire leurs besoins quotidiens, leurs rations en période de travail. Alors, les bœufs fourniront de fumier aux champs et du travail. C’est l’intégration de l’élevage et de l’agriculture et cela constituera la meilleure spéculation rentable et adaptée à la situation économique actuelle de la Commune de Fihaonana. En plus, sur le plan environnemental, cela va limiter les feux de pâturage. c- Exploitation des terres à vocation forestière : Ce sont les terres à forte pente, les sommets des collines et montagnes, les ravins (89) RANOROARISOA Robine : « Préalable à l’application de l’agroforesterie à Madagascar, dans une région de feux de brousse : Cas d’Akazobe », Antananarivo 1984, p. 56

116

dénudés, qui sont difficiles à cultiver. Nous y conseillons le reboisement en eucalyptus robusta, en pins, ou d’autres essences pour la protection des sols contre l’érosion, pour l’équilibre écologique et biologique, pour améliorer les conditions économiques du milieu par les bois de chauffage, le charbon ainsi que pour les bois de construction. Nous pourrons même conseiller de planter des caféiers, avec les arbres d’ombrages habituels tels que allbizzia, à une distance de 2 mètres à 2.5 mètres l’un de l’autre, ou des arbres fruitiers. Ainsi, les paysans y trouverons plus d’intérêt et n’oseront plus brûler les « tanety ». En plus, ces arbres donneront des revenus non négligeables à chaque famille qui les cultivent. Ainsi, la sensibilisation des paysans, l’introduction de nouvelles techniques de culture et d’élevage sont parmi les solutions à prendre pour un développement durable de la Commune de Fihaonana car l’agriculture dépend du sol et du climat qui sont parmi les principales composantes de l’environnement.

En bref, la valorisation des ressources humaines, avec l’amélioration de la volonté, de l’éducation, de la santé et de la sécurité accompagnée par la conservation de l’environnement figurent parmi les mesures à entreprendre pour trouver un développement durable pour la Commune rurale de Fihaonana.

Nous avons vu avec ce chapitre que pour contribuer à la résolution des problèmes économiques de la Commune rurale de Fihaonana, il faut tenir compte de l’amélioration des conditions économiques, de la valorisation des ressources humaines ainsi que de la conservation de l’environnement.

117

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE :

La Commune rurale de Fihaonana rencontre divers problèmes qui constituent un blocage pour son développement économique. Parmi ces problèmes, nous avons déjà vu les contraintes socioculturelles. Concernant l’éducation, la Commune ne compte qu’une vingtaine d’établissements scolaires et plus de 53% de la population n’ont même pas le diplôme CEPE. En matière de santé, les deux CSB de la Commune n’arrivent pas à assurer la couverture sanitaire de toute sa population. Pour ce qui est de l’insécurité, l’action des « dahalo » et le maraudage sévit dans la Commune. Ces contraintes socioculturelles sont aggravées par l’existence d’un environnement économique défavorable. Tout d’abord, l’insuffisance d’infrastructures, notamment les routes et les barrages, se fait sentir dans la Commune. A cela s’ajoute le problème du capital productif qu’est la terre qui reste en grande partie non immatriculée. Toutes ces contraintes économiques sont renforcées par la persistance du système de production traditionnel qui n’affecte pas seulement le rendement mais aussi et surtout l’environnement. Toute cette situation économique est liée à de graves problèmes financiers. Nous avons pu découvrir qu’avec 164 991 Ariary par personne par année, les habitants vivent très en dessous du seuil de pauvreté. Evidemment, ce problème bloque toute tentative d’investissement sur le plan agricole. Or, le prix des produits agricoles demeure faible dans la Commune surtout pendant la période de récolte. Pour contribuer à la résolution des problèmes économiques de la Commune rurale de Fihaonana, nous avons proposé les solutions suivantes: l’amélioration des conditions économiques, la valorisation des ressources humaines et la conservation de l’environnement. Concernant l’amélioration des conditions économiques, la consolidation et même la construction de diverses infrastructures telles que les routes, les ponts et les barrages viennent au premier plan. Ensuite, l’amélioration des techniques de production ainsi que des moyens de production est aussi obligatoire pour passer de l’agriculture de subsistance à l’agriculture commerciale. Mais tout cela dépend de la possibilité financière des paysans qui doit être aussi améliorée par l'élévation du prix des produits agricoles et le renforcement de l’accès des paysans aux crédits agricoles.

118

Quant à la valorisation des ressources humaines, la stimulation de la volonté des paysans vient au premier plan car ce sont eux qui se trouvent à la base de tout développement rural dans la Commune. Il s’agit de mener des sensibilisations ou des formations pour le développement. Mais cela doit être accompagné d’une amélioration des conditions éducatives et sanitaires de la population en construisant de nouvelles infrastructures ainsi qu’en recrutant de nouveaux personnels. Prendre en compte des mesures de sécurité est aussi indispensable pour éviter le fait que certains produisent pour les autres. Cela doit venir à la fois de la population locale et des autorités compétentes. La valorisation des ressources humaines devant accompagnée par la conservation de l’environnement, la sensibilisation et même la répression de ceux qui continuent encore à marginaliser l’environnement sont vraiment nécessaires. En plus, une exploitation rationnelle des « tanety » pour éviter les feux de brousse et pour conserver le sol, le climat et la végétation doit être adoptée d’une façon immédiate.

119

CONCLUSION GENERALE

La Commune rurale de Fihaonana, située à 60 km au nord-ouest de la capitale, fait partie des Communes des Hautes Terres Centrales. Elle s’étend sur 382 km2 et est composée de 18 Fokontany où vivent 17 059 habitants en 2008. Dans la première partie du travail, nous avons vu que cette Commune possède beaucoup de potentialités économiques. Sa topographie, marquée par la prédominance des collines ne constitue pas un obstacle aux aménagements agricoles. Elle offre la possibilité de faire des cultures sèches sur « tanety » et surtout de la riziculture dans les bas fonds. Le climat tropical d’altitude à deux saisons satisfait à la fois les besoins de l’agriculture et ceux de l’élevage. Sur le plan hydrographique, le réseau est assez dense pour la région, ce qui procure encore un avantage à l’agriculture. Les sols, malgré la prédominance des sols ferrallitiques, conviennent bien aux différentes activités agricoles. C’est dans ce cadre physique somme toute favorable que s’était installée bien avant le XVème siècle une population dénommée les pré-sakalava, multipliée par la suite par diverses invasions merina. Fihaonana est actuellement formée par une population jeune (38,35 % de moins de 15 ans), majoritairement féminine qui constitue une future main d’œuvre. Cette structure démographique de la Commune est le résultat d’un taux de natalité élevé (32,66 ‰) et d’un taux de mortalité faible (9,48 ‰). Cette population travaille surtout dans le secteur primaire (85,87%), plus précisément dans l’agriculture. Les secteurs secondaire et tertiaire, malgré l’existence de l’usine Eau vive et le développement du commerce de détail, n’occupent qu’une faible place dans l’économie de la Commune. Cette étude des activités économiques dans la commune nous montre que les potentialités de la Commune demeurent très mal exploitées. Dans la deuxième partie de notre travail, nous avons constaté que le sous développement prédomine encore da ns cette Commune. Les conditions socioculturelles dans lesquelles vit la population sont encore loin d’être satisfaisantes. Les infrastructures ainsi que les personnels scolaire et sanitaire n’arrivent pas encore à couvrir les besoins de la population. L’insécurité règne avec la prédominance des maraudeurs et des voleurs de bœufs généralement armés. Sur le plan économique, les infrastructures de communication sont pour la plupart dans un état encore lamentables. Les infrastructures hydro agricoles sont tellement insuffisantes qu’elles provoquent des

120 problèmes d’eau chez les paysans. Le problème foncier constitue aussi un grand obstacle au développement agricole. La plupart des terrains ne sont pas encore immatriculés et les terres sont inégalement réparties entre les paysans. Cette situation est renforcée par la persistance du système de production traditionnel qui constitue un problème de longue date pour la Commune. Elle renforce la dégradation de l’environnement, représentée surtout par la perte progressive de la forêt. Ce problème environnemental ne concerne pas seulement la Commune mais le monde entier qui est actuellement menacé par la fonte des glaciers situés au niveau des pôles. Enfin, le problème monétaire des paysans, dû en partie à la faiblesse du prix des produits agricoles pendant la période des récoltes, ne leur permet pas de sortir de ce système économique. Pour résoudre ces problèmes, nous avons proposé quelques solutions. La première consiste en la valorisation des ressources humaines en renforçant leur volonté, leur éducation, leur santé et surtout leur sécurité. Cette amélioration des ressources humaines va être accompagnée d’une amélioration des conditions économiques de la production. Il s’agit d’une réhabilitation des infrastructures économiques notamment les routes et les barrages ainsi que la mise en place d’une sécurité foncière. Cela consiste aussi en une amélioration des techniques de production telle que la mise en place d’une structure d’appui aux paysans, la vulgarisation de la riziculture à deux saisons et des cultures de contre saison, la mise en place de l’élevage intensif. Mais nous avons vu aussi que l’amélioration des moyens de production des paysans est indispensable pour augmenter la productivité. Cela touche non seulement les engrais et les matériels utilisés mais aussi le revenu financier des paysans. L’amélioration du prix des produits agricoles ainsi que la facilitation des conditions d’accès des paysans aux crédits agricoles figurent parmi les solutions qui peuvent entrer en jeu dans cette amélioration de la situation financière des paysans. Enfin, toute tentative de développement rural doit toujours tenir compte de la conservation de l’environnement. La sensibilisation des paysans à la protection de l’environnement, en leur montrant les liens entre survie et environnement, doit venir en premier lieu. Mais cela doit être suivi d’un changement au niveau de l’exploitation des ressources naturelles. Une exploitation rationnelle des « tanety » conduira à la baisse progressive des feux de brousse, donc de l’érosion. Ce sont des projets à long terme, nécessitant la mobilisation d’un capital financier assez important. Avec la généralisation de l’économie de subsistance dans la Commune de Fihaonana, renforcée par la crise politique que traverse le pays actuellement, il est

121 encore illusoire d’espérer un développement économique rapide pour cette Commune malgré ses potentialités économiques. Cependant, une situation politique stable accompagnée d’une grande volonté de développement de la part de tous amènera petit à petit les Communes rurales comme Fihaonana à devenir de véritables acteurs du développement économiques de Madagascar. Ce mémoire n’a guère la prétention d’être une référence complète des faits sociaux et économiques dans la Commune de Fihaonana. Elle est donc ouverte à des études encore plus précises, spécifiques et approfondies sur cette Commune.

122

BIBLIOGRAPHIE OUVRAGES GENERAUX : -BATTISTINI (R.), HOERNER (J.M) : « Géographie de Madagascar », Paris, Edicef 1986, 187p -BOURGEAT (F) : « Sols sur socle ancien à Madagascar : types de différenciation et interprétation chronologique au cours du quaternaire», Paris O.R.S.T.O.M. 1972, XII, 335p -DACIER. (G), ALLIX (GP) : « Géographie générale », Collection Max Derruau, Paris 1960, 289p -DIRECTION DE L’ENVIRONNEMENT ET DES FORETS ANALAMANGA : « Rapport d’activités annuel 2009 », 14 Janvier 2010 -DONQUE (G): « Contribution géographique à l’étude du climat de Madagascar », Tananarive, 1975, 478p -HELITIANA (R.S) : « Les rapports de cause effet entre la situation foncière et la décentralisation de l’aménagement du territoire : cas de la Commune rurale d’Ambohimanga Rova », Mémoire de maîtrise en géographie, 2008, 115p - IMATEP : « Etude des conditions socio-économiques du développement régional », Antananarivo, 1973, 301p -INSTAT : « Recensement général de la population et de l’habitat : Madagascar », 1993, 314p -INSTAT-FOFIFA : « Agriculture, pauvreté et politiques économiques à Madagascar », Novembre 2003, 107p -IRAM (Institut de recherche agronomique à Madagascar) : « Régimes thermiques et pluviométriques des différents domaines climatiques de Madagascar », Tananarive, Juin 1972, 89p -KAROKA : Revue de la recherche agricole à Madagascar, Exclusif 25 ème anniversaire, Juillet 2000, 20p -MILLE (A): « Contribution à l’étude des villages fortifiés de l’Imerina ancien », Tananarive, 1970, 270p -MINISTERE DE L’AGRICULTURE, DE L’ELEVAGE ET DE LA PECHE : « Monographie de la région d’Antananarivo », Juin 2003, 138p -MINISTERE DE L’ECONOMIE, DES FINANCES ET DU BUDGET : « Enquête démographique et de santé à Madagascar : 2003-2004 », Février 2005, 442p

123

- MINISTERE DE L’ECONOMIE, DES FINANCES ET DU BUDGET : « Enquête périodique auprès des ménages 2004 », Rapport principal Janvier 2006, 187p -PELERIN (E.), RAMBOARISON (R) : « Expérience récente de Madagascar et du Programme National Foncier », 2006, 59p -RABETSITONTA (T) : « Démographie : concepts et analyse avec illustration numérique », 1987, 159 p. -RAFREZY (A) : « Population de Madagascar, situation actuelle et perspectives d’avenir », Mai 1984, 154 p -RALAIKOA : « Pour le développement économique des villages des Hauts Plateaux », Mémoire de fin d’étude, Département agriculture, Etablissement d’enseignement supérieur des sciences agronomiques, 1985, 215p -RAMAHATRA (R) : « Evaluation participative de la pauvreté », Décembre 1993, 51p -RASOLOARISON (O), RAKOTOVAO (J.M), BOCKEL (L) : «Accès au capital, crédit, accès au foncier et pauvreté rurale à Madagascar ». Juillet 2001,10p -RAVELOJAONA : «Firaketana ny fiteny sy ny zavatra malagasy », Boky II, Tananarive Janvier 1940, 512p -RAZAFINDRABE (M) : « Le développement du monde rural et la problématique environnementale », Akon’ny Ala, Bulletin du département des eaux et forêts de l’ESSA, Juin 1994, pp3-5 -ROLAND (P) : « L’analyse démographique : Méthodes, résultats, applications ». Presses universitaires de France, Paris 1961, -SAUVY (A) : « Eléments de démographie », Paris1987, 68p

OUVRAGES SPECIFIQUES A LA REGION D’ETUDE : -BOURGEAT (F): « Les sols des régions d’Ankazobe et d’Arivonimamo », Tananarive, ORSTOM, 1966, 28p -CENTRE DE SERVICE AGRICOLE D’ANKAZOBE : « Etat des lieux du district d’Ankazobe », Janvier 2009, 61 p. -DISTRICT D’ANKAZOBE : « Monographie du district d’Ankazobe », 2008 -Encyclopédie Universalis 1996, Tome II -Monographie de la Commune rurale de Fihaonana, 2008 -Plan communal de développement de la Commune rurale de Fihaonana, 2008 -RAFOLO (A) : « Premières recherches sur le peuplement du Vonizongo ancien », Nouvelles du centre d’art et d’archéologie, 1984, pp 29-33

124

-RAFOLO (A) : « Travaux archéologiques préliminaires sur le site de Lohavohitra (Vonizongo, centre-ouest de Madagascar). Résultats, questions et perspectives ». Mémoire de DEA, Juin 1985, 80p -RAHANTARINORO (V) : « Pratiques agricoles et économie paysanne sur les Hautes Terres malgaches. L’exemple de la Commune rurale de Fihaonana », Mémoire de maîtrise en géographie, Février 2001, 105p -RAJAOBELINA : « Andrianentoarivo sy Vonizongo », Ny Mpanolo-tsaina IV, Tananarive 1909, pp 173-178. -RANOROARISOA (R.) : « Préalable à l’application de l’agroforesterie à Madagascar, dans une région de feux de brousse : Cas d’Akazobe », 1984, 95p -RANTOANINA : « Etude géologique et prospection au 1/100.000 de la feuille Fihaonana », Rapport annuel du service géologique, Tananarive 1964, pp93-98 -RANTOANINA : « Prospection et géologie au 1/100.000 de la feuille Fihaonana » (0.46), Service géologique, 1965, 16p -ROBERT (L) : « Etude géologique des feuilles Ankazobe et Anjozorobe », campagne 1951, Tananarive1952, Bureau géologique, 1952, 75p

125

ANNEXES

126

ANNEXE I :

QUESTIONNAIRE :

♦Pour les ménages :

Fokontany :

I- ASPECT HUMAIN ET DEMOGRAPHIQUE : A- Etat civil : •Chef de ménage : -Homme ou femme : -Date et lieu de naissance : -Lieu d’origine/ Date d’installation : -Profession : -Lieu de travail : -Diplôme obtenu/Dernière classe suivie : •Conjoint(e) : -Homme ou femme : -Date et lieu de naissance : -Profession : -Lieu de travail : -Diplôme obtenu/Dernière classe suivie :

127

•Enfants : Enfants Date et lieu de Profession/occupation Lieu de Diplôme obtenu/ naissance travail/école dernière classe suivie 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14

B- Démographie : •Année de référence : Octobre 2008-Octobre 2009 -Existe-t-il une naissance pendant cette période ? OUI / NON -Sexe : -Décès : OUI / NON Age :

128

II- ASPECT ECONOMIQUE : A-Budget du ménage : 1- Source de revenu : Sources de revenu Montant en Ariary Taux en % Salaire Loyer(maison) Loyer(terrain) Vente de produits° Pension Aide Autres* Total

°Elevage : E Agriculture : A *Commerçants : C ou Transporteur : T

2- Poste de dépense : Postes de dépense Montant en Ariary Taux en % Aliment Habillement Transport et déplacement Scolarisation des enfants Médicament Loyer(maison, terrain) Eclairage Combustible Agriculture Autres(Adidy :FKT, Fiangonana) Total

129

B- Les biens du ménage : 1- Agriculture : Type de terrain Nombre de parcelle Superficie Mode d’appropriation Rizière Tanety

2- Elevage : Type Nombre Bovin Porcin Volaille

3-Matériels : Type Nombre Radio Télévision Moto Bicyclette Autres

♦♦♦Problèmes et suggestions : ------

C- Les activités agricoles du ménage : 1- Riziculture : -Travaux : Travaux Période Matériels

-Engrais : Type : Quantité : -Semences utilisées : Type : Mode d’acquisition : -Production : Quantité : Destination : Durée : 130

2- Autres cultures : -Travaux : Type de culture Travaux Période Matériels

-Engrais : Type : Quantité : -Semences utilisées : Type : Mode d’acquisition : -Production : Quantité : Destination : Durée :

3-Elevage : Type Mode d’acquisition Alimentation Durée de l’élevage Bovin Porcin Volaille

Problèmes et suggestions : ------♦Pour les artisans :

Type Matières Outils utilisés Type de Destination premières produits utilisées/ Lieu

Problèmes et suggestions :------

131

♦♦♦Pour l’usine Eau Vive: 1-Chiffre d’affaire de l’entreprise : 2-Personnels : -Origine : -Nombre : -Salaire : 3-Production : -Quantité : -Destination : 4-Taxe pour la Commune(Montant) : Problèmes et suggestions :------

♦♦♦Pour le centre « Milasoa » : -Origine et nombre des visiteurs : -Origine et nombre des personnels : -Les différents types de produits touristiques : Problèmes et suggestions :------

132

ANNEXE II :

SOURCE DE REVENU MENSUEL DES MENAGES ENQUETES :

Fokontany : FIHAONANA

Source de revenu Montant (en Ar) Pourcentage Salaire 60051 47.18 Agriculture 27980 21.98 Elevage 14127 11.10 Commerce 11334 8.90 Artisanat 6732 5.28 Loyer 4683 3.67 Aide familiale 953 0.74 Autres 1400 1.10 Total 127260 100

Fokontany : ANTSAMPANIMAHAZO

Source de revenu Montant (en Ar) Pourcentage Salaire 24327 40.45 Agriculture 17565 29.21 Elevage 9853 16.38 Commerce 1200 1.99 Artisanat 4129 6.86 Loyer 1825 3.03 Aide familiale 653 1.08 Autres 578 0.96 Total 60130 100

Fokontany : ANDRIATSIBIBIARIVONY

Source de revenu Montant (en Ar) Pourcentage Salaire 10347 12.71 Agriculture 38337 47.12 Elevage 14527 17.85 Commerce 2666 3.27 Artisanat 14100 17.33 Loyer 1034 1.27 Aide familiale 0 0 Autres 334 0.41 Total 81345 100

133

Fokontany : MASINDRAY-EST

Source de revenu Montant (en Ar) Pourcentage Salaire 31867 57.30 Agriculture 16522 29.71 Elevage 4950 8.90 Commerce 1000 1.79 Artisanat 600 1.07 Loyer 667 1.19 Aide familiale 0 0 Autres 0 0 Total 55606 100

Fokontany : TSIMIAMBOHOLAHY

Source de revenu Montant (en Ar) Pourcentage Salaire 39881 37.92 Agriculture 43509 41.37 Elevage 16000 15.21 Commerce 1667 1.58 Artisanat 3054 2.90 Loyer 550 0.52 Aide familiale 500 0.47 Autres 0 0 Total 105161 100

Fokontany : ANDRANOVELONA

Source de revenu Montant (en Ar) Pourcentage Salaire 52761 44.38 Agriculture 34051 28.64 Elevage 5060 4.25 Commerce 21427 18.02 Artisanat 0 0 Loyer 5000 4.20 Aide familiale 580 0.48 Autres 0 0 Total 118879 100

134

ANNEXE III :

CONSTITUTION DES DEPENSES MENSUELLES DES MENAGES ENQUETES :

Fokontany : FIHAONANA Poste de dépense Montant en Ar Pourcentage Aliment 50750 48.34 Vêtement 6970 6.63 Dépenses scolaires 11717 11.16 Dépenses sanitaires 3408 3.24 Frais et déplacement 7764 7.39 Adidy(Fiangonana/Fokontany) 4447 4.23 Loyer 8728 8.31 Autres 11198 10.66 Total 104982 100

Fokontany : ANTSAPANIMAHAZO Poste de dépense Montant en Ar Pourcentage Aliment 36655 58.06 Vêtement 4805 7.61 Dépenses scolaires 4855 7.69 Dépenses sanitaires 2456 3.89 Frais et déplacement 2595 4.11 Adidy(Fiangonana/Fokontany) 1890 2.99 Loyer 3993 6.32 Autres 5874 9.30 Total 63123 100

Fokontany : ANDRIATSIBIBIARIVONY Poste de dépense Montant en Ar Pourcentage Aliment 33644 52.65 Vêtement 3800 5.94 Dépenses scolaires 9209 14.41 Dépenses sanitaires 2954 4.62 Frais et déplacement 4556 7.13 Adidy(Fiangonana/Fokontany) 2190 3.42 Loyer 2460 3.84 Autres 5085 7.95 Total 63898 100

Fokontany : MASINDRAY-EST Poste de dépense Montant en Ar Pourcentage Aliment 33514 57.11 Vêtement 3880 6.61 Dépenses scolaires 4048 6.89 Dépenses sanitaires 2897 4.93 Frais et déplacement 3367 5.73 Adidy(Fiangonana/Fokontany) 2323 3.95 Loyer 1939 3.30 Autres 6712 11.43 Total 58680 100 135

Fokontany : TSIMIAMBOHOLAHY Poste de dépense Montant en Ar Pourcentage Aliment 51956 59.61 Vêtement 4036 4.63 Dépenses scolaires 6974 8.00 Dépenses sanitaires 3489 4.00 Frais et déplacement 6290 7.21 Adidy(Fiangonana/Fokontany) 1279 1.46 Loyer 6097 6.99 Autres 7029 8.06 Total 87150 100

Fokontany : ANDRANOVELONA Poste de dépense Montant en Ar Pourcentage Aliment 47133 40.23 Vêtement 7164 6.11 Dépenses scolaires 15000 12.80 Dépenses sanitaires 9297 7.93 Frais et déplacement 10000 8.53 Adidy(Fiangonana/Fokontany) 3900 3.32 Loyer 9240 7.88 Autres 15407 13.15 Total 117141 100

136

««« Potentialités économiques et perspectivperspectiveses de développement de la Commune rurale de Fihaonana , district d’Ankazobed’Ankazobe»»»»

Auteur : RAJAONARIMANANA Aina Finaritra Nombre de pages : 122 Nombre de cartes : 6 Nombre de figures : 2 Nombre de photos : 12 Nombre de tableaux :35

Résumé : Fihaonana, une Commune rurale située dans le district d’Ankazobe, est encore peu connue par les chercheurs. Elle abrite des potentialités physiques et humaines qui sont généralement mal exploitées. L’économie de la Commune est actuellement basée sur l’agriculture traditionnelle qui n’arrive plus à satisfaire les besoins croissants de la population locale. Ainsi, cette Commune vit encore dans la pauvreté qui engendre tout type de difficultés. Mais ces difficultés ne sont pas pour autant incontrôlables. Une volonté de développement accompagnée de l’amélioration des conditions sociales et économiques contribueront à un développement durable pour la Commune rurale de Fihaonana.

Mots clés : Potentialités, Agriculture, Traditionnelle, Pauvreté, Volonté, Amélioration, Sociale, Economique, Développement.

Directeur de mémoire : -Monsieur ANDRIANARISON Arsène, Maître de Conférences à l’Ecole Normale Supérieure -Monsieur RATOVONDRAHONA Dominique, Assistant d’Enseignement et de Recherche à l’Ecole Normale Supérieure

Adresse de l’auteur : FKT Fihaonana/ District d’Ankazobe

137