Quarante ans de dialogue : évolution des relations politico-diplomatiques entre la France et la Chine (1964-2007) Qibin Hou

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Qibin Hou. Quarante ans de dialogue : évolution des relations politico-diplomatiques entre la France et la Chine (1964-2007). Histoire. Université Paul Valéry - Montpellier III, 2014. Français. ￿NNT : 2014MON30009￿. ￿tel-01077902￿

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REMERCIEMENTS

Je tiens à exprimer ma gratitude à Monsieur le Professeur Antoine COPPOLANI pour avoir assuré la direction de ma thèse durant ces dernières années. Merci pour ses enseignements précieux, ses conseils constructifs et ses encouragements appréciés. Je n’aurais jamais eu la motivation, le courage et la capacité de réaliser un tel tr avail sans l’appui de mon directeur de recherche.

Je voudrais aussi remercier Professeur Maurice VAÏSSE, le Professeur François DAVID et le Professeur Patrick DOAN, membres du jury, pour accepter de lire et d’évaluer mon travail.

J’adresse également mes remerciements aux professeurs de CRISES et de l’école doctorale de l’UPV qui nous donnent des séminaires et conférences excellents.

J’exprime enfin un grand merci à mes parents qui me soutiennent depuis toujours. Sans leur encouragement, ce travail n’aura it jamais pu aboutir.

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« The French, - well the French are the people, it seems to me, who can understand and have understood the real Chinaman and the Chinese civilization best. »

(Je crois que ce sont les Français qui ont le mieux compris les Chinois, qui sont le plus aptes à apprécier la civilisation chinoise.)

Ku Hung-ming

The spirit of the chinese people

1914

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REMARQUES PRELIMINAIRES

Les caractères chinois sont sous leur écriture simplifiée, leur transcription est en pinyin .

Les patronymes chinois sont cités selon l’usage, le nom de famille se plaçant avant le prénom.

Le terme « République populaire de Chine », régulièrement utilisé dans ce travail, a souvent été abrégé en « Chine » ou « RPC » pour éviter les répétitions.

Le terme « Parti communiste chinois », régulièrement utilisé dans ce travail, a souvent été abrégé en « PCC » pour éviter les répétitions.

Le terme «République de Chine (Taïwan)», régulièrement utilisé dans ce travail, a souvent été abrégé en « Taïwan » pour éviter les répétitions.

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RÉSUMÉ

Title: A dialogue over forty years: The Evolution of Sino-French relations from 1964 to 2007

The purpose of this thesis is to investigate which factors, internal and external, influence the evolution of Sino-French relations since 1964. France being the first occidental country that recognized the new China in 1964, the Sino-French relationship is considered a priority of French government’s Asian policies. And it’s the same situation for the Chinese government. As the international situation is always changing, this relationship is not the same as forty odd years ago. The main purpose of this research is to understand such questions as: How did these two governments decide to establish this relationship in 1964? What are the changes of this bilateral relationship during the last four decades? Which factors are the reasons of those changes? How the international society influences this relationship, and in contrast? Etc.

The data used for this study have been collected through published official documents, interviews, and academic works. I chose the period from 1964 to 2007 in order to limit the field of my work. And I divide the thesis into five parts in chronological sequence.

The conclusion will be drawn that the development of the relationship between China and France depends not only on the national interests of the two countries but also on the historical context of the international society. Internal factors like government alternation, political reform, external factors like the cold war, the regional interests of the United-States and the European integration, all of them influence the Sino-French relations, both positively and negatively.

Keywords: Sino-French relations, diplomatic history, 1964 to 2007, international relations.

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RÉSUMÉ

Titre : Quarante ans de dialogue : Evolution des Relations politico-diplomatiques entre la France et la Chine (1964-2007)

Le but de cette thèse est de trouver les éléments, internes ou externes, qui influencent les relations politico-diplomatiques entre la France et la Chine depuis 1964. Comme premier grand pays occidental qui reconnaît la Chine en 1964, les rapports privilégiés avec Beijng (Pékin) sont devenus l’un des trois grands axes de la politique asiatique de la France. Et du côté chinois, les dirigeants chinois sont aussi attentifs à cette relation bilatérale. Puisque le contexte international ne cesse pas d'évoluer durant les quatre dernières décennies, les relations sino-françaises se développent aussi. Face à cette période, plusieurs questions concernées sont posées : Pourquoi les deux gouvernements décident d’établir les relations officielles en 1964 ? Quels sont les changements de cette relation bilatérale durant la dernière quarantaine d’années ? Quelles sont les raisons de ces changements ? Comment le contexte international et les politiques extérieures des deux pays ont influencé cette relation ? Etc.

Les sources que l'on étudie sont des documents officiels publiés (du côté chinois ainsi que du côté franç ais), des notes d’interviews avec les personnes du milieu diplomatique chinois, des mémoires des diplomates et des ouvrages académiques. J’ai choisi la période de 1964 à 2007 comme le fond général de cette recherche et j’ai divisé le texte en cinq parties principales dans l’ordre chronologique.

Dans la conclusion est effectuée une synthèse afin d’illustrer comment les relations sino - françaises se développent depuis 1964, sous les influences internes et externes: l’alternance du gouvernement, réformes politiques et économiques, géopolitique régionale et le contexte international.

Mots-clés : relations sino-françaises, histoire diplomatique, 1964-2007, relations internationales.

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" SOMMAIRE

INTRODUCTION ...... 9

CHAPITRE I RELATIONS EXTERIEURES DE LA NOUVELLE REPUBLIQUE CHINOISE DE 1949 A 1964 ...... 17

I-1 LA NOUVELLE REPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE ET SA POSITION

INTERNATIONALE DE 1949-1964 ...... 19

I-2 LA POLITIQUE EXTERIEURE DE LA RPC DE 1949 A 1964 ...... 29

CHAPITRE II DE L’OPP OSITION AU RAPPROCHEMENT : RAPPORTS ENTRE LA CHINE POPULAIRE ET LA FRANCE AVANT 1964 ...... 37

II-1 OPPOSITION ENTRE BEIJING ET PARIS DANS LES CONFLITS D ’I NDOCHINE ,

DE COREE ET DE LA DECOLONISATION ...... 38

II-2 RAPPROCHEMENT DE LA RPC ET LA FRANCE ...... 56

CHAPITRE III LA RECONNAISSANCE DE LA REPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE PAR LA FRANCE...... 88

III-1 LA SOUVERAINETE ET LE PROBLEME DE TAÏWAN ...... 90

III-2 UNE POLITIQUE SOUPLE A PROPOS DE TAÏWAN ...... 98

III-3 LES REACTIONS INTERNATIONALES APRES L ’ANNONCE CONJOINT DU

COMMUNIQUE FRANCO -CHINOIS ...... 111

CHAPITRE IV POINT DE DEPART DES RELATIONS SINO- FRANÇAISES ...... 121

IV-1 LES RELATIONS SINO -FRANÇAISES 1964-1973 ...... 123

IV-2 RENFORCEMENT DES RELATIONS POLITIQUES BILATERALES (1969-1974) ...... 150

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" IV-3 LA POLITIQUE D ’OUVERTURE CHINOISE ET LA DIPLOMATIE ECONOMIQUE

FRANÇAISE (1974-1981) ...... 166

CHAPITRE V LES RELATIONS FRANCO-CHINOISES SOUS LA PRESIDENCE DE FRANÇOIS MITTERAND (1981-1994)... 210

V-1 LES RELATIONS BILATERALES ENTRE 1981 ET 1989...... 212

V-2 DIVERGENCES ENTRE BEIJING (P EKIN ) ET PARIS ...... 223

V-3 RECONCILIATION DES DEUX GOUVERNEMENTS (1993-1994). 239

CONCLUSION...... 291

ANNEXE ...... 311

BIBLIOGRPHIE ...... 359

PARTIE FRANÇAISE...... 360

PARTIE CHINOISE ...... 373

PARTIE AMERICAINE ...... 382

TABLE DES MATIERES...... 384

I"

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INTRODUCTION

9

Le sujet de cette thèse couvre un champ d’étude extrêmement étendu. Comme deux vieilles civilisations de cette planète, si la première communication entre la France et l’Empire du milieu avait commencé il y a plus de sept siècles, quand le premier Chinois arriva en France durant la Guerre de Cent ans 1 en 1287, l’histoire des relations diplomatiques entre ces deux pays peut remonter en 1848. A cette époque-là, Charles de Montigny, le premier diplomate français qui ait exercé les fonctions de consul en Chine, arriva à Shanghai en janvier 1848. Et en avril 1849, il obtint, du gouvernement de Qing, qu’un terrain de 66 hectares serait cédé au gouvernement français comme concession pour l’usage des commerçants de la France qui viendraient s’établir et fonder des comptoirs en Chine. Ensuite, la France possédait successivement des concessions à Tianjin, Hankou et Guangzhou (Canton) à la fin du XIX ème siècle. Malgré cette longue histoire des rapports sino-français , peu d’ouvrages académiques sur les relations entre les deux pays sont publiés en Chine, surtout dans le domaine de l’histoire diplomatique. En espérant combler cette lacune, je choisis cette relation bilatérale comme sujet de ma recherche doctorale e t j’essaie d’élaborer une thèse qui expliquera d’une manière systématique et synthétique cette relation dans le cadre de l’histoire contemporaine.

Je me suis affronté à des problèmes tels que la délimitation du sujet. En effet, je me suis demandé quelle époque à choisir pour ma recherche. Le choix est porté sur l’étude des relations contemporaines entre la France et la Chine, en mettant en valeur les dates importantes de l’histoire diplomatique des deux pays. Puisque la « Chine » sur laquelle on travaille dans cette thèse indique la République populaire de Chine, j ’ai décidé naturellement de partir de l’année 19 64, la date de l’établissement des relations diplomatiques entre la France et la RPC. Comme le Professeur Maurice Vaïsse l’ a mentionné dans son ouvr age, c’est juste à partir de cette époque -là que « la Chine s’enferme dans la dénonciation de la double hégémonie soviéto -américaine, et tente de nouer des relations avec des pays qui refusent l’alignement, comme la France »2, et « les rapports privilégiés avec Pékin sont devenus l’un des trois grands axes de la politique

1 La présence chinoise en France , conférence de Donatien Schramm, président de l’association Chinois en France, 2009. 2 Maurice Vaïsse : Les relations internationales depuis 1945 , Armand Colin, Paris, 2004, page. 111. 10 asiatique de la France »1. Et puis, je choisissais l’année 1995, soit la fin de la présidence de François Mitterrand comme le point final de mon travail, mais durant les deux mandats présidentiels de Jacques Chirac, les relations bilatérales franco-chinoises ont connu leur apogée depuis 1964, il est donc vraiment difficile d’ignorer cette période. C’est pourquoi j’ai finalement décidé d’ajouter un e partie supplémentaire dans la conclusion en synthétisant les 12 ans, soit de 1995 à 2007, bien qu’il y ait moins de dossiers officiels publiés par rapport à cette époque.

Mon hésitation porte également sur le choix des domaines de la coopération franco-chinoise, ne retenant que ce que j’estime in téressant pour une étude historique.

Problématiques :

Le commencement de la thèse a été de décrire le contexte général après la Seconde Guerre mondiale avec deux superpuissances, les Etats-Unis et l’URSS qui s’affrontent par des pays interposés, passant de la guerre froide à la coexistence pacifique. D’autre part, l’émergence du Tiers monde, réuni au sein du mouvement « non alignés » a été une donnée nouvelle au niveau de l’étude des relations internationales.

Il convient de demander pourquoi la France n’a pas pu reconnaitre la Chine populaire, un g rand pays e 650 millions d’habitants, dès sa fondation en 1949 ? Pourquoi le général de Gaulle a-t-il attendu quelques années avant d’officialiser en 1964 les rapports de la France avec le gouvernement de la Chine communiste ? Quelles étaient les vraies raisons de cette reconnaissance tardive ? Quelles étaient des réactions de la communauté internationale ?

Dès 1957, le général de Gaulle, influencé par un ouvrage d’Edgar Faure à son retour en Chine : « Le Serpent et la Tortue », accorde un grand intérêt à la question chinoise. Ce livre dont le titre était inspiré d’un poème de Mao Zedong, préconisait

1 Maurice Vaïsse : LA PUISSANCE OU L’INFLUENCE , Fayard, 2009, page.461. 11 l’établissement de liens diplomatiques entre la France et la RPC. Déjà en 1954, au cours de la conférence de Genève, Pierre Mendès France Premier ministre français rencontre son homologue chinois Zhou Enlai et entame des négociations en vue de pacifier l’Indochine. Néanmoins, il faut attendre la seconde conférence de Genève de 1962 pour que soient signés les premiers accords avec la Chine et limiter la grave crise qui sévissait dans la péninsule indochinoise. Pendant cette période, Zhou Enlai rencontre Nehru en Inde, et ils proclament les Cinq principes de la coexistence . De plus, cette conférence fait aussi prendre conscience à Beijing (Pékin) que « les conflits internationaux sont possibles d’être résolus par une manière diplomatique », car la guerre de Corée et la première guerre d’Indochine accrurent la tension entre la RPC et les pays occidentaux.

La reconnaissance de la RPC par la France est considérée comme un véritable séisme au sein du domaine diplomatique. Effectivement, aux yeux des Chinois, cet événement dépasse le simple cadre des relations bilatérales. L’initiative du général de Gaulle illustrait la volonté de la France de poursuivre une politique d’ indépendance à l’égard des blocs. Cette reconnaissance a renforcé la position de Beijing (Pékin) dans la communauté internationale. La France devient ainsi le premier grand pays occidental qui a établi des re lations diplomatiques au niveau d’ambassade avec la RPC et à lui apporter un soutien diplomatique à l’ONU. Le gouvernement chinois est toujours reconnaissant de cette décision du général de Gaulle.

Il faut noter que la France occupe une place importante dans la vie de Zhou Enlai. Homme politique, diplomate brillant, il a été influencé d’abord par la philosophie française : « Le Contrat social » de Rousseau et « De l’esprit des lois » de Montesquieu. Cette pensée philosophique du siècle des Lumières l’a con duit à contribuer aux activités du patrimoine et au « mouvement de la nouvelle culture »1. Puis, au cours de ses séjours en Europe de 1920 à 1924, c’est en France qu’il décide de faires ses études tout en

1 Mouvement de la nouvelle culture (ᮄ᭛࣪䖤ࡼ ) : le mouvement qui a eu lieu des années 1910 jusqu’à des années 1920 en Chine, visant à créer une nouvelle culture chinoise basée sur certains standards occidentaux modernes, surtout la démocratie et la science. Il est souvent associé au Mouvement du 4-Mai et représenté par les personnages comme : Chen Duxiu, Cai Yuanpei, Lu Xun, Li Dazhao, Zhou Zuoren et Hu Shih. 12 travaillant aux usines Renault. Il envoyait régulièrement en Chine des articles sur la vie occidentale. C’est en France qu’il a acquit une foi et une conviction communiste. Il crée en mars 1921, le groupe communiste qui deviendra ensuite une cellule générale en Europe du Parti communiste chinois. Car plus nous avancions dans notre travail de recherche, plus de nouvelles questions nous apparaissaient : Comment se développaient-elles ces relations bilatérales après 1964 ? Etaient-elles influencées par la Grande Révolution culturelle qui arriverait deux ans plus tard en 1966 ? Pourquoi durant la présidence de François Mitterrand connaissaient-elles une crise importante ? alors que durant celle de Jacques Chirac les relations franco-chinoises sont à leur apogée ?

Nous essayerons de les expliquer dans les chapitres correspondants.

Développement :

Pour cette thèse en histoire contemporaine , le plan chronologique s’est imposé de toute évidence, car il s’agit de disserter sur l’évolution des re lations entre la RPC et la France. Néanmoins , l’approche thématique n’ a pas été négligée car nous avons tenu à traiter certains aspects de ces relations séparément. Egalement, des sujets comme celui de la coopération franco-chinoise, les relations entre la RPC et la France et le Tiers monde ont été étudiées.

Nous livrons donc, dans notre premier chapitre « Relations extérieures de la nouvelle République chinoise de 1949 à 1964 », une exploration des grands axes de la politique chinoise : l’anti -impérialisme et l’anti -colonialisme, deux origines de la politique étrangère de la RPC entre 1949 et 1955, en utilisant des sources et documentations officielles.

Dans le chapitre II « De l’opposition au rapprochement : rapports entre la Chine populaire et la France avant 1964 », induit par les conflits franco-chinois par rapport aux

13 guerres d’Indochine, de Corée et au mouvement de décolonisation, nous analysons le développement des relations bilatérales qui évolue graduellement de l’ opposition à la détente et aboutit à la reconnaissance de la RPC par la France que l’on traite ra dans le chapitre suivant. Je tente aussi d’expliquer pourquoi la France dans un premier temps hésitait à reconnaître la RPC. En réalité, Paris choisit d’ignorer l’existence de la RPC car celle -ci a vu le jour en pleine guerre froide, dans une époque d’affronteme nt Ouest et Est, héritée de la Seconde Guerre mondiale. De plus, la nature du régime communiste chinois et son idéologie ont ralenti aussi la reconnaissance, voire favorisé l’opposition entre Paris et Beijing (Pékin).

Dans le chapitre III, on étudie les p roblèmes que l’on rencontra durant les négociations sino-françaises par rapport à la restauration des liens diplomatiques, notamment celui de Taïwan, divergence majeure et sensible entre Beijing (Pékin) et Paris. Plusieurs négociations ont été organisées entre Zhou Enlai et Edgar Faure, et se sont achevé par un accord tacite et l’annonce du communiqué conjoint sino-français du 27 janvier 1964.

Dans le quatrième chapitre « Point de départ des relations sino-française », les relations bilatérales de 1964 à 1981 seront analysées . En raison de l’étendue du sujet , nous n’avons développé que les éléments que nous avons jugés nécessaires à la compréhension de l’évolution des relations entre la RPC et la France, par exemple, l’influence de la Grande Révolution cu lturelle sur les relations bilatérales (1966-1976), l’admission de la RPC à l’ONU (1971) et la politique d’ouverture économique chinoise (depuis 1978).

Dans le chapitre V, comme on l’a constaté, entrée dans les années 80, avec l’élection du Président Fran çois Mitterrand, la politique héritée du général de Gaulle est modifiée. Et malgré les petits progrès dans les échanges commerciaux, les relations franco-chinoises sont tombées à leurs plus bas niveau depuis 1964, à cause du mouvement de Tian’anmen et des ventes d’armes française s à Taïwan. Notamment

14 celles-ci, qui comportent une vente de 60 Mirages 2000-5, provoquent un incident diplomatique majeur. Ce sont les deux sujets principaux que l’on analysera.

Dans la conclusion, on révise non seulement les parties précédentes, mais il a fait la synthèse en même temps des relations franco-chinoises sous la présidence de Jacques Chirac, puisque c’est une période (1995-2007) durant laquelle les communications et coopérations entre la France et la Chine se sont développées très rapidement et très largement.

Enfin, dans le texte annexe suivant, j’ai construit une chronologie commentée de cette histoire des relations bilatérales, en appuyant sur les documentations officielles de 1964 à 2007.

Les difficultés ne manquent toujours pas, celle du langage (en tant qu’étranger dont la langue maternelle est le chinois, la maîtrise de la langue française me cause un vrai problème...) , de la méthode et de la philosophie françaises qui s’opposent de temps en temps à l’idéologie chinoise, de l’organisation des sources et de la construction de la bibliographie à base de l’immense volume de dossiers archivistiques officiels. Et par rapport à la grande quantité des archives officielles, les ouvrages académiques sur l’histoire des re lations entre la France et la RPC sont rares, particulièrement en chinois. Bien que ce manque soit l’un des motifs qui me poussent à choisir ce sujet, il amène dans le même temps une difficulté de références.

Les documentations officielles publiées par les ministères des Affaires étrangères des deux gouvernements ainsi que des mémoires ou des ouvrages de leurs dirigeants constituent une majeure partie de ma bibliographie.

Les ouvrages de Zhang Xichang 1, ancien diplomate et célèbre historien chinois sur les relations diplomatiques chinoises, m’ont offert de très précieux témoignages ainsi

1 Zhang Xichang ᓴ䫵ᯠ , premier interprète de français du Président Mao Zedong et du Premier ministre Zhou Enlai de 1954 à 1964, puis il travaillait à l'ambassade de Chine en France de 1964 à 1967. 15 que des références , parce qu’il est la fois historien-expert et participant en personne de cette histoire sur laquelle nous étudions.

Et souvenons-nous qu’Alain Peyrefit te 1 a joué un rôle important dans le développement des relations franco-chinoises. Ses quatre ouvrages : Quand la Chine s’éveillera... , L’Empire immobile , La Tragédie chinoise et La Chine s’est éveillée 2, sont le fruit d’un quart de siècle d’observations a ttentives e t d’une aventure intellectuelle . Lors de sa première publication La Chine s’éveillera , reprenant une citation de Napoléon Bonaparte, rapport d’enquête sur l’état de la Chine pendant l’été 1971, la Chine se trouvait milieu de la Grande Révolution culturelle. Deuxième ouvrage L’ Empire immobile , source plus sinisée, montre les mentalités et les comportements collectifs face à l’occidentalisation. Troisième ouvrage La Tragédie chinoise analyse les causes, le déroulement, la répression brutale et les conséquences du mouvement de Tian’anmen de 1989. La dernière publication La Chine s’est éveillée étudie et prolonge les perspectives esquissées par le premier ouvrage. Ces ouvrages constituent aussi une partie importante de ma bibliographie.

De plus, lors de mes rencontres en Chine, à Beijing (Pékin) et à Chengdu, grâce à mon père qui travaille dans le domaine diplomatique, j’ai l’honneur de parler avec de nombreuses personnalités du milieu diplomatique chinois qui ont partagé avec moi leurs expériences et connaissances du sujet.

Quand à la rédaction de cette thèse, je demande votre indulgence pour mes erreurs linguistiques, malgré tous mes efforts, je dois et je vais continuer de perfectionner mon français.

1 Alain Peyrefitte, diplomate français de carrière. 2 Alain Peyrefitte, Quand la Chine s'éveillera , Paris, Fayard, 1973 ; L'empire immobile ou le choc des mondes , Paris, Fayard, 1989, La tragédie chinoise , Paris, Fayard, 1990 ; La Chine s’est éveillée, carnets de route de l'ère Deng Xiaoping , Paris, Fayard, 1997. 16

CHAPITRE I

RELATIONS EXTERIEURES DE LA NOUVELLE REPUBLIQUE CHINOISE DE 1949 A 1964

17

L’établissement des relations diplomatiques, le 27 janvier 1964 , entre la République populaire de Chine (RPC) et la République française a bouleversé la communauté internationale. Certains ont même comparé cet événement à une véritable « explosion nucléaire » au sein du monde diplomatique.

Pourquoi cette affaire politique a-t-elle causé une réaction tellement importante à ce moment-là ?

En fait, le problème de la reconnaissance de la RPC s’est posé au gouvernement français dès la fondation du nouveau régime chinois le 1 er octobre 1949, alors que le gouvernement de Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek) 1 de la République de Chine se réfugie sur l’ île de Taïwan. Le nouveau gouvernement du Parti communiste chinois, qui prend le nom de République populaire de Chine, abolit le système législatif du gouvernement du Guomindang (Parti nationaliste chinois) 2 et met en place une législation socialiste.

En revanche, Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek), soutenu par les Etats-Unis est censé représenter l’ensemble de la Chine, en occupant un siège permanent au Conseil de sécurité à l’ONU, bien que la Chine continentale est sous le contrôle du PCC. Ce fait « particulier » rend la question du statut de la RPC plus compliquée.

Ainsi, entre 1949 et 1962, la RPC et la France restent sur des postions antagonistes sur plusieurs sujets de politique extérieure : - La poursuite des relations diplomatiques françaises avec Taiwan. - Le soutien de la Chine au Viêt-Nam pendant la première guerre d’Indochine. - L’opposition entre la Chine et la France lors de la guerre de Corée, où la France est présentée au sein des forces de l’ONU alors que la Chine est au côté de la Corée du Nord.

1 Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek) 㩟ҟ⷇ , Président de la République nationaliste de Chine (Taïwan) de 1948 à 1975. 2 Guomindang ೑⇥ܮ , le Parti nationaliste chinois, parti au pouvoir en Chine avant 1949. 18

- Le soutien de la Chine au gouvernement Nasser de l’Egypte au cours de la crise du canal de Suez. - Enfin, l’aide chinoise apportée à l’Algérie durant sa lutte pour l’indépendance amène la France à considérer que la Chine s’immisce dans ses affaires intérieures.

Ces principaux problèmes rappelés ci-dessus expliquent en partie la difficulté de l’établissement des relations diplomatiques entre la RPC et la France. Pendant longtemps les tentatives de rapprochements étaient bloquées par ces épineux dossiers.

Comment la RPC agit-elle face à cette situation difficile après sa fondation ? Pourquoi la France a décidé de reconnaître la nouvelle Chine, en devenant ainsi le premier grand pays occidental qui a établi des relations diplomatiques au niveau d’ambassade avec la RPC ?1 Dans ce chapitre, on analysera l’ histoire avant la reconnaissance de la RPC par la France.

I-1 La nouvelle République Populaire de Chine et sa position internationale de 1949-1964

Depuis sa fondation du 1er octobre 1949, la jeune République chinoise (RPC) rencontre plusieurs problèmes : - Les frontières chinoises ne sont pas définies. - Taiwan, Matsu restent en dehors de la RPC.

1 La Suède est le premier pays occidental qui a établi des relations diplomatiques au nivea u d’ambassade avec la RPC le 9 mai 1950 ; La Grande-Bretagne est le premier grand pays occidental qui a établi des relations diplomatiques au niveau de chargé d’affaires ad intérim avec la RPC le 17 juin 1954. 19

- Les colonies occidentales en Chine : Hongkong (occupée par le Royaume-Uni), Macao (occupée par le Portugal) et la Mandchourie ( occupée par l’Union soviétique. - D’ ailleurs , à l’intérieur du pays, les trois régions autonomes : Xinjiang, Tibet, Mongolie intérieure sont mal contrôlées.

Par conséquent, l’indépendance et la souveraineté de l’Etat sont devenues la préoccupation majeure des autorités chinoises dans un premier temps.

Les traités d’alliance sino -soviétique du 14 février 1950 solidarisent Beijing (Pékin) et Moscou ainsi qu’avec l’ensemble des pays du camp socialiste. Quant à Washington, elle considère dès cette période, que la Chine est un enjeu entre Moscou et Washington, et craint que Beijing (Pékin) ne devienne un outil d’expansion soviétique en Asie du Sud-est. Les événements qui ont suivi semblent donner raison à cette hypothèse et la confrontation se traduit rapidement dans les faits à l’occasion de la guerre de Corée et de la première guerre d’Indochine.

En revanche, la conférence de Genève en 1954 était l’opportunité pour les dirigeants chinois de prendre conscience que les conflits internationaux pourront être résolus par la voie diplomatique et non exclusivement par la guerre. Ainsi la RPC participe à la deuxième conférence de Genève en 1962 qui a succédé la première conférence de Bandung de 1955.

Mais en pleine guerre froide, la tension entre Beijing(Pékin) et Washington demeure extrême en raison de la signature du pacte de défense de l’Asie du Sud-est le 8 septembre 1954 (OTASE).

20

A) La reconnaissance de la RPC : Question délicate pour la communauté internationale

Dès la création de la RPC, le problème de sa reconnaissance divise la communauté internationale. Certains pays soutiennent la RPC alors que d’autres choisissent le régime de Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek) de l’île de Taiwan.

Mao Zedong 1, président du PCC qui fonde la RPC le 1 er octobre 1949, après avoir battu et chassé du continent le Guomindang, est devenu le premier président de la nouvelle République chinoise. L’ancien régime est renversé et celui qui remplace sa place établit une « dictature démocratique populaire dirigée par la classe ouvrière, basée sur l’alliance des ouvriers et des paysans »2.

Dès alors, la RPC se met à reconstruire une diplomatie en cohérence avec ses convictions politiques et idéologiques ainsi que ses intérêts économiques. Le « Programme commun »3 adopté par la Conférence consultative politique du peuple chinois à Beijing (Pékin) le 30 septembre 1949. Dans un message envoyé aux gouvernements étrangers, Zhou Enlai, ministre des affaires étrangères de la RPC, expose les changements récents de la Chine et affirme que « Le nouveau gouvernement devra examiner tous les traités et accords conclus entre le gouvernement du Guomindang et les gouvernements étrangers ».

C’est ainsi que Beijing (Pékin) s’engage dans un réexamen complet de l’ensemble des traités et des accords conclus par l’ancien régime.

1Mao Zedong (Mao Tsé-toung) ↯⋑ϰ , dirigeant suprême de la RPC de 1949 à 1976. 2 Le Programme commun de la Conférence politique consultative du peuple chinois (Ё೑Ҏ⇥ᬓ⊏णଚӮ 䆂݅ৠ㒆乚 zhongguo renmin zhengzhi xieshang huiyi gongtong gangling ), Article 1. 3 Le Programme commun de la Conférence politique consultative du peuple chinois (Ё೑Ҏ⇥ᬓ⊏णଚ Ӯ䆂݅ৠ㒆乚 zhongguo renmin zhengzhi xieshang huiyi gongtong gangling ), constitution provisoire de la République populaire de Chine et origine de la Constitution chinoise votée à l'unanimité le 20 septembre 1954 par l'Assemblée chinoise des représentants du peuple à Pékin. 21

Et quant à l’établissement des relations avec d’autres pays, la nouvelle République est reconnue à peine trois jours après sa naissance par l’URSS, suivie par les pays du pacte de Varsovie, et certains pays nouvellement indépendants. Mais elle reste ignorée par la plupart des pays occidentaux dont la France, qui préfèrent la « République nationaliste chinoise » de Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek).

Si l’on cherche les raisons de cet « ostracisme » de la RPC au sein du monde occidental, elles sont multiples et vont de la simple ignorance des fondements du nouveau régime difficilement compris par de nombreuses chancelleries, à l’opposition farouche à un nouveau venu dans le bloc socialiste, Entre ces deux attitudes naviguent plusieurs pays qui, comme la France, « ont eu peur d’entrer en conflit avec Washington ». 1

Si la question chinoise était un problème délicat pour les Occidentaux après l’échec de la politique américaine en Chine en 1949, « l’arrivée des troupes communistes à la frontière sino-vietnamienne en décembre 1949, avait radicalement transformé la question d’Indochine »2, tout en faisant évoluer la position française dans un sens hostile 3. C’est ainsi que la France n’a pas voté, le 13 janvier 1950, l’admission de la RPC à l’ONU. En effet, suite à la proposition de l’URSS au conseil de sécurité de l’ONU en faveur de l’admission de la RPC, le résultat du vote se décompte est comme suit : 3 voix Pour (soit l’URSS, la Yougoslave et l’Inde), 6 voix Contre (soit les Etats -Unis, la France, l’Egypte, l’Equateur , Cuba, la Chine nationaliste du Guomindang) et deux absentions (le Royaume-Uni et la Norvège). L’URSS se retire le même jour du Conseil de sécurité en guise de protestation.

Lorsque la Chine a reconnu la République démocratique du Viêt-Nam le 15 janvier 1950, la France n’hésite plus à poursuivre les relations diplomatiques avec Taiwan reconnu par le Quai d’Orsay comme le seul représentant officiel de la Chine à

1 Alain Peyrefitte, C’était De Gaulle , Fayard, Paris, 1997, page.485. 2 François Joyaux, La nouvelle d’Extrême -Orient I , Payot, Paris, 1985, page.242. 3 La déclaration et la note verbale du ministre des affaires étrangères Zhou Enlai en janvier 1950, Le Journal mensuel de Nouvelle Chine (ᮄढ᳜᡹ Xinhua yuebao ), I, n° 3, page.597 et n° 4, page.848. 22 l’ONU. Ainsi l’ensemble des gouvernements occidentaux adopte une positio n commune qui consiste à refuser la reconnaissance de la RPC.

Puisque la RPC est née en pleine guerre froide, dans un contexte d’affrontement Est et Ouest, hérité de la Seconde Guerre mondiale, qui met face à face deux grandes puissances, leurs alliés et des pays satellites, et à cause du PCC qui prend le pouvoir en Chine, la nouvelle République chinoise choisit dès sa naissance d’intégrer le camp socialiste, se solidarisant avec l’URSS, comme le souligne le Programme commun 1. Cette position s’expliquait p ar nature du régime communiste et par son idéologie. Cette adhésion s’illustre par la signature de plusieurs traités de coopérations et d’assistance sino-soviétiques et surtout le traité d’amitié, d’alliance et d’assistance du 14 février 1950, pour une durée de trente ans qui « garantit la protection de la RPC par l’URSS en cas d’agression ». 2 Ces traités et accords sino-soviétiques ont deux fonctions principales : - Prémunir la RPC contre le danger d’une invasion japonaise : « Les parties contractantes consentent à entreprendre toutes les mesures indispensables et dispositions propres à prévenir la répétition de l’agression et de la violation de la paix de la part du Japon ou de tout autre Etat qui, directement ou indirectement, se joindrait au Japon dans des actes d’agression »3. Car Beijing (Pékin) craignait que les Etats-Unis se servent du Japon pour envahir la Chine. - Restituer à l’URSS Port Arthur, le port de Dalian et le chemin de fer de Mandchourie. En contrepartie, la RPC obtiendra un prêt de 300 millions de dollars au taux de 1%, valable cinq ans 4.

1 Le Programme commun , article 11, le 30 septembre 1949. 2 Le Quotidien du peuple (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao ), le 13 avril 1950, Œuvres choisies de la diplomatie de Mao Zedong (↯⋑ϰ໪Ѹ᭛䗝 Mao Zedong waijiao wenxuan) , Editions de Presse centrale des documentations ( Ё༂᭛⤂ߎ⠜⼒ Zhongyangwenxian chubanshe), Beijing, 1994, page.132. 3 Le Quotidien du peuple (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao ), février 1950 ; cite : Notes et Etudes Documentaires , Paris, n° 1306, le 4 avril 1950. 4 Œuvres choisies de la diplomatie de Mao Zedong(↯⋑ϰ໪Ѹ᭛䗝 Mao Zedong waijiao wenxuan) , Editions de Presse centrale des documentations ( Ё༂᭛⤂ߎ⠜⼒ Zhongyangwenxian chubanshe), Beijing, 1994, page.122. 23

Ces traités renforcent non seulement les relations sino-soviétiques, mais aussi celles avec l’ensemble des pays du camp socialiste, confirmant ainsi les prévisions de Washington qui, dès cette époque, a trouvé que la Chine serait un enjeu majeur entre Moscou et Washington et craignait que Beijing (Pékin) ne devienne un pont servant à l’expansion soviétique au Sud-est asiatique 1. Les faits qui ont suivi semblent donner raison à cette hypothèse des Américains e t la confrontation s’est traduite rapidement dans la guerre de Corée.

Dans l’année qui suit la fondation de la RPC, alors que la première guerre d’Indochine qui sévit au Sud, la guerre de Corée éclate le 25 juin 1950 2. Le déclenchement de celle-ci a conduit les Américains, ainsi que leurs alliés occidentaux, à durcir leur position à l’égard de la RPC. Le Président américain Truman devance la résolution de l’ONU et décide d’intervenir dans le conflit en envoyant la 7 ème flotte américaine en mer de Chine. Beijing (Pékin) considère cette instruction particulièrement dans le détroit de Taiwan comme une agression caractérisée et une violation de ses eaux territoriales 3. Ce conflit se propage ainsi jusqu’à ses po rtes et la RPC craignant pour sa propre sécurité envoie les premiers « Volontaires »4 chinois le 19 octobr ! 1950 franchir le fleuve Yalu 5.

Le Président Truman considère que l’ offensive chinoise en Corée du Nord s’est faite à l’instigation de Moscou dans le cadre d’une stratégie communiste internationale visant à menacer les intérêts américain dans cette région.

Aussi pour faire face à la menace chinoise, les Etats-Unis essaient de l’isoler en Asie et d’y étendre l’influence américaine en signant plusieurs traités et accords d’assistance militaire avec certains pays voisins de la RPC :

1 Foreign Relations of the United States of 1950 (Les documentaires des Affaires étrangères des Etats- Unis de 1950), vol.1, page.243. 2 La guerre de Corée se déroule du 25 juin 1950 au 27 juillet 1953. 3 La déclaration de Zhou Enlai, Premier ministre de la RPC, le 28 juin 1950. Armée des volontaires du peuple chinois (Ё೑Ҏ⇥ᖫᜓݯ zhongguo renmin zhiyuanjun), s'agissant de 4 la IV ème armée populaire, commandée par le général Peng Dehuai. 5 Le fleuve Yalu est la frontière entre la RPC et la Corée du Nord. 24

- L’accord d’assistance militaire américo -thaïlandais le 17 octobre 1950. - Le traité de défense mutuelle américano-philippin le 30 août 1951. - Le traité de sécurité américano-japonais le 8 septembre 1951.

Tout en désignant la RPC comme « agresseur »1, l’ONU envoie des troupes (dont un contingent français), avec pour mission de s’inter poser entre les forces en présence. C’est de cette façon que la RPC s’est trouvée entraînée dans un conflit qui l’oppose indirectement aux forces fr ançaises de l’ONU. A cause de ce conflit, toute amorce de dialogue entre Beijing (Pékin) et Paris était contrariée. Dans ce contexte de tension dans les relations internationales, le mouvement de décolonisation s’est accéléré et de nombreux pays colonisés ont entamé la lutte pour leur indépendance. C’est ainsi qu’en Asie, l’armée française s’enlise en Indochine. La RPC, jugeant indésirable la présence de la France aux abords de ses frontières qu’elle prétend menacées, soutient le Viêt-Nam du Nord. L’inter vention américaine aggrave la situation et donne une autre dimension à ce conflit et le fait entrer dans la logique du bloc Est- Ouest. Ce qui rend les relations franco-chinoises encore plus difficiles.

Alors que la guerre de Corée continue, le gouvernement américain soutient son allié français dans son engagement indochinois et lui octroie à cet effet, le 31 janvier 1951, une aide de 3,6 milliards de dollars. Huit mois plus tard, le 23 septembre 1951, ces deux pays publient un communiqué commun relatif à l ’accroissement de l’aide américaine. Cette tension extrême interdit toute entente éventuelle entre Beijing (Pékin) et Paris.

Plus généralement, son statut d’acteur dans l’affrontement entre l’Est et l’Ouest fait que la RPC se heurte aux intérêts occidentaux ce qui rend impossible tout lien diplomatique avec les pays du bloc occidental. Et la reconnaissance de la nouvelle République chinoise est par conséquent mise de côté par ces pays.

1 L’ONU déclare la RPC agresseur en Corée le 1 er février 1951 en absence de l’ URSS. 25

B) Dans une atmosphère tendue avec Moscou et Washington, Beijing se rapproche de l’Europe occidentale

A partir de 1954, un signe de détente est apparu entre Beijing (Pékin) et Paris, lors de la conférence de Genève sur la guerre d’Indochine. Zhou Enlai et Pierre Mendès France se sont rencontrés et ont abouti à un règlement pacifique du conflit vietnamien après des négociations . Les deux parties sont en faveur d’un retour de la paix en Indochine 1, et un premier pas a été franchi dans les relations sino-françaises. Après cette rencontre, cette relation bilatérale connait un développement important dans un contexte de détente internationale.

Pourtant, cette détente ne peut pas se concrétiser immédiatement, parce que les autorités chinoises sont encore sensibles aux pays occidentaux, à cause d’un siècle d’ occupation occidentale en Chine. Et du côté français, « s’ils avaient eu le souhait de reconnaître Pékin, les gouvernements de la IV ème République auraient subi les pressions des Etats-Unis ».2 Le gouvernement de Pierre Mendès France ne dure que huit mois. De plus, « à cette réc iproque reconnaissance s’opposent l’existence de rapports confiants entre la France et la République de Chine (Formose), le rôle de la Chine populaire dans le bloc de l’Est et le fort engagement chinois en faveur de l’indépendance des colonies françaises »3.

D’ailleurs, la conférence de Bandung en 1955 ouvre la voie aux relations entre l’Asie et l’Afrique. De son côté, la RPC participe activement à des réunions internationales et soutient les actions de décolonisation visant à limiter l’influence des puissances « impérialistes » tant en Asie ainsi qu’en Afrique.

Dans ce contexte, la Chine, ex-colonie, et la France, puissance coloniale, ne peuvent que s’opposer sur la question de la décolonisation, comme ce sera le cas à

1 Discours de Zhou Enlai à propos de l'Indochine à la conférence de Genève le 9 juin 1954, Le Journal mensuel de Nouvelle Chine (ᮄढ᳜᡹ Xinhua yuebao ), n° 7, 1954, page.87. 2 Maurice Vaïsse : LA PUISSANCE OU L’INFLUENCE , Fayard, 2009, page.464. 3 Maurice Vaïsse : LA PUISSANCE OU L’INFLUENCE , Fayard, 2009, page.465. 26 plusieurs reprises : la première gue rre d’Indochine, la crise du canal de Suez en 1956 et la guerre d’Algérie.

Si les relations sino-françaises avancent petit à petit, la tension entre Beijing (Pékin) et Washington ne s’est pas atténuée en raison de l’intense activité diplomatique américaine dans la région asiatique . Les signatures des traités d’assistance militaire entre les Etats-Unis et certains pays asiatiques ci-dessous exaspèrent l’ hostilité entre les Chinois communistes et les Américains : - le traité de Manille le 8 septembre 1954 : le pacte de défense de l’Asie du Sud-est (OTASE) ; - l’accord économique et militaire américano sud -coréen le 17 novembre 1954 ; - le traité d’assistance militaire entre Taiwan et les Etats-Unis le 2 décembre 1954 1 ; - l’accord franco -américain sur l’assistance mi litaire au Viêt-Nam du Sud le 13 décembre 1954.

En effet, c’est surtout depuis la signature du pacte de défense de l’Asie du Sud-est le 8 septembre 1954 que la RPC se sent particulièrement menacée, et qu’une ombre plane sur le rétablissement de la paix en Indochine. Car la RPC n’a toujours pas « libéré » les îles côtières et Taiwan dont le régime pro-occidental du Guomindang est hostile à la Chine communiste. Tandis que Tchang Kaï-chek envisage de se lancer à la reconquête du Continent chinois.

Tout cela explique pourquoi la politique extérieure de la RPC s’oriente dans une diplomatie farouchement « anti-impérialisme américain » que l’on analysera dans la prochaine partie.

En plus de la tension avec les Américains, les autorités chinoises commencent à affirmer des divergences avec leurs « camarades soviétiques » sur la stratégie à suivre face à l’Occident, et sur la théorie des mouvements communistes internationaux. La RPC

1 Jusqu’en janvier 1980, ce traité est annulé selon le communiqué commun sino -américain le 16 décembre 1978. 27 s’oppose d’abord à la « déstalinisation » et à la nouvelle définition de la « coexistence pacifique » de Nikita Khrouchtchev, esquissée lors du XX ème congrès du Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS) de février 1956.

Les premières controverses entre le Parti communiste chinois (PCC) et le PCUS se manifestent en 1957, indirectement, lors de la conférence des soixante-quatre partis communistes internationaux à Moscou. Les désaccords portent sur les trois innovations idéologiques introduites par Nikita Khrouchtchev : la coexistence pacifique, le passage pacifique au socialisme et la condamnation du culte de Staline. Ces divergences sont rendues publiques après le voyage de Khrouchtchev à Beijing (Pékin) en septembre 1959. Les relations sino-soviétiques sont par la suite considérablement détériorées 1.

En face des « hégémonies soviétiques et américaines », Mao Zedong modifie la théorie d’ « une zone intermédiaire » : « Il y a deux zones intermédiaires »2, susceptible d’aider au développement des relations diplomatiques avec l’Europe occidentale. La rupture sino-soviétique accélère la marche de la reconnaissance de Beijing (Pékin) par Paris, comme le constate le général de Gaulle le 21 septembre 1963 : « Il est vrai que la situation s’est bien modifiée aujourd’hui, en raison des divergence s entre la Russie et la Chine. C’est un fait nouve au qui change les données du problème »3.

Un autre pas décisif dans ce rapprochement est réalisé, le 5 août 1963, avec le double refus de Beijing (Pékin) et de Paris, de signer le traité de Moscou, qui avait été ratifié le 25 juillet 1963 par trois pays (les Etats-Unis, le Royale Uni et l’URSS). Ce traité, relatif à l’interdiction partielle des essais nucléaires dans les mers et les airs, abouti à la rupture finale des relations diplomatiques entre Beijing (Pékin) et Moscou 4. Cette démarche de Moscou met fin aux relations sino-soviétiques et permet la RPC de se

1 Han Nianlong 䶽ᗉ啭 , La diplomatie contemporaine de la Chine(ᔧҷЁ೑໪Ѹ Dangdai zhongguo waijiao) , Editions des Sciences sociales ( Ё೑⼒Ӯ⾥ᄺߎ⠜⼒ zhongguo kexue chubanshe), Beijing, 1987. 2 Œuvres choisies de la diplomatie de Mao Zedong(↯⋑ϰ໪Ѹ᭛䗝 Mao Zedong waijiao wenxuan) , Editions de Presse centrale des documentations ( Ё༂᭛⤂ߎ⠜⼒ Zhongyangwenxian chubanshe), Beijing, 1994, page.506 et 508. 3 Cahiers de la Fondation Charles de Gaulle , Paris, n° 1, 1995, page.28. 4 « La déclaration du gouvernement de la République populaire de Chine », Le Quotidien du peuple (Ҏ⇥ ᮹᡹ Renmin ribao ) du 31 juillet 1963. 28 démarquer définitivement du camp soviétique ? Beijing (Pékin) se retrouve donc en face des deux adversaires de taille / Washington et Moscou.

La politique extérieure de la RPC « anti-impérialiste et anti-colonisatrice », s’oriente vers l’anti -hégémonisme américain et soviétique, et vers l’établissement de liens avec les pays d’Europe occidentale.

I-2 La politique extérieure de la RPC de 1949 à 1964

Dans les parties précédentes, on a analysé le contexte international et la position de la RPC au sein de la communauté internationale après sa fondation. Ensuite, on étudiera la politique extérieure de la Chine communiste de cette période-là, qui fait face à une situation difficile.

En raison de la nature communiste du PCC, la diplomatie de Beijing (Pékin) est inséparable de la pensée marxiste et de l’idéologie socialiste. Selon l’avis des dirigeants chinois, la RPC vit une période de transition du capitalisme vers le socialisme, telle qu’elle est décrite dans la théorie née de l’expérience de la « Révolution d’octobre », en vertu de laquelle il existe dans le monde deux grands systèmes : le capitalisme et le socialisme. Or dans le concert des nations, trois forces coexistent : le bloc des pays socialiste s ayant à sa tête l’URSS, le bloc des pays capitalistes ayant à sa tête les Etats - Unis et la troisième : le reste du monde, c’est -à-dire les pays colonisés et les nouveaux pays indépendants. Avec cette pensée, Mao Zedong théorise les relations internationales et élabore la doctrine de la « zone intermédiaire » en 1946 à laquelle il reconnaît un rôle de premier plan dans l’élaboration de sa politique extérieure.

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Fondée sur le succès de la nouvelle révolution démocratique chinoise contre « l’impérialisme », « le féodalisme » et « le capitalisme bureaucratique »1, cette doctrine dont s’inspire la diplomatie chinoise a pour but essentiel de favoriser l’indépendance des nations opprimées, leur apportant assistance aux niveaux politique, économique et militaire. Cette doctrine joue un rôle principal dans la diplomatie chinoise depuis 1949.

A) La politique extérieure chinoise de 1949 à 1955

La période allant de 1949 à 1955 constitue la première phase dans l’histoire des relations extérieures de la RPC dont le principal objectif diplomatique est de renverser les « trois montagnes de l’impérialisme »2, de conquérir la souveraineté et l’indépendance de l’Etat, afin d’ouvrir une nouvelle diplomatie da la Chine dans le monde.

La politique extérieure chinoise se caractérise par une position « anti- impérialiste » et « anti-coloniale ». Elle vise à rétablir des relations d’Eta ts souverains et d’assurer à la Chine sa propre sécurité. Les grands traits de cette politique sont mentionnés dans le « Programme commun » et aussi dans les discours des dirigeants chinois.

Les deux principes de cette politique sont : - S’allier à l’URSS et se joindre au camp socialiste. En face de la situation internationale après la deuxième guerre mondiale, Mao Zedong s’exprime dans son article « De la dictature démocratique populaire » que « si le peuple chinois souhaite continuer cers la victoire, il n’y aura qu’un seul choix,

1 Mao Zedong ↯⋑ϰ , Le discours à la conférence des fonctionnaires de la région Jinsui(೼ᰟ㒹ᑆ䚼Ӯ䆂 Ϟⱘ䆆䆱 Zai jinsuigqnbu huiyi shqngde jingua), Œuvres choisies (↯⋑ϰ䗝䲚 Mao Zedong xuanji) , tome 4, Editions de Presse du Peuple( Ҏ⇥ߎ⠜⼒ Renmin chubanshe), 1991, page.1313. 2 « Trois mo ntagnes de l’impérialis me » : « l’impérialis me », « le féodalisme » et « le capitalisme bureaucratique ». Mao Zedong ↯⋑ϰ , Le discours à la conférence des fonctionnaires de la région Jinsui(೼ᰟ㒹ᑆ䚼Ӯ䆂Ϟⱘ䆆䆱 Zai jinsuigqnbu huiyi shqngde jianghua), Œuvres choisies(↯⋑ϰ䗝䲚 Mao Zedong xuanji) , tome 4, Editions de Presse du Peuple( Ҏ⇥ߎ⠜⼒ Renmin chubanshe), 1991, page.1313. 30

soit du côté impérialiste, soit du côté communiste. »1 Sans aucun doute, le gouvernement chinois a choisi l’URSS comme allié qui porte la même idéologie et effectue le même régime que la RPC. Cette décision est ensuite ajoutée au « Programme commun » de 1949 : « La RPC sollicitera tous les pays et leurs peuples qui aiment la paix et la liberté, en s’unissant à l’URSS d’abo rd, aux pays indépendants et aux nations opprimées, contre les agressions des impérialistes. »2

Puis, Beijing (Pékin) se solidarise avec le camp socialiste et établit d’abord des relations diplomatiques avec dix pays du bloc communiste en 1949, hormis la Yougoslavie 3. Parmi eux, les pays qui avaient des relations avec Taïwan, se sont empressés de les rompre.

De plus, la RPC lie également les relations diplomatiques avec les pays voisins et d’autres pays indépendants d’Asie comme : l’Inde, la Birmanie, le Pakistan, l’Indonésie ainsi que l’ Afghanistan. Ces pays ont progressivement pris des distances avec le gouvernement du Guomindang, avant de proclamer une rupture totale des relations diplomatiques. 4

- Faire table rase de la diplomatie du gouvernement antérieur : « le nouveau gouvernement devra examiner tous les traités et accords passés entre le gouvernement du Guomindang et les gouvernements étrangers. »5

En considérant que les relations diplomatiques entre l’ancien régime chinois et les pays occidentaux étaient inégalitaires, le nouveau gouvernement commence à abolir les privilèges des Occidentaux définis soit par le « Protocole

1 Documentations des relations extérieures de la RPC , Ministère des Affaires étrangères de la RPC, Beijing, n° 1, page.87. 2 Le Programme commun de la Conférence politique consultative du peuple chinois (Ё೑Ҏ⇥ᬓ⊏णଚӮ 䆂݅ৠ㒆乚 zhongguo renmin zhengzhi xieshang huiyi gongtong gangling ), Article 11. 3 La RPC n’a pas établi une relation diplomatique avec la Yougoslavie avant le 2 janvier 1955, à cause de la divergence entre le PCUS et le Parti communiste yougoslave (PCY). 4 Documentations des relations extérieures de la RPC , Ministère des Affaires étrangères de la RPC, Beijing, n° 1, page.17. 5 Le Programme commun de la Conférence politique consultative du peuple chinois (Ё೑Ҏ⇥ᬓ⊏णଚӮ 䆂݅ৠ㒆乚 zhongguo renmin zhengzhi xieshang huiyi gongtong gangling ), Article 55. 31

de Beijing (Pékin) » de 1901, soit confirmés par les traités avec le gouvernement du Guomindang depuis 1943. Dans ce contexte, les autorités réquisitionnent le 6 janvier 1950 la caserne française à Beijing (Pékin) et procèdent à son occupation le 14 janvier.

Pour sa part, la France considère que le traité du 28 février 1946 accorde au gouvernement de la République française le dro it de continuer d’utiliser à des fins officielles les parcelles de terrain qui lui sont allouées dans le quartier diplomatique à Beijing (Pékin ). C’est pourquoi elle se refuse de signer le procès - verbal demandé par les autorités chinoises. Ce désaccord conduit à une situation tendue entre Beijing (Pékin) et Paris au début, jouant également un rôle de premier plan dans la position française de ne pas reconnaître dans un premier temps le nouveau régime chinois.

B) La politique extérieure de la RPC de 1955 à 1964

La deuxième phase des relations extérieures de la RPC débute de 1955 à la fin de l’alliance sino -soviétique.

Après les conférences de Genève en 1954, la politique extérieure chinoise s’appuie sur la base des « Cinq principes de coexistence pacifique »1, proclamés par Zhou Enlai, premier ministre et ministre des Affaires étrangères chinois, et Jawaharla Nehru, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères indien, le 28 avril 1954 lors de la conférence à la Nouvelle Delhi. Dans le préambule de l’ « Accord sur le commerce et les relations entre le Tibet chinois et l'Inde » (Accord de Panchsheel) qui a été signé le 29 avril 1954, sont expliqués ces cinq principes : - respect mutuel de la souveraineté et de l'intégrité territoriale, - non-agression mutuelle, - non-ingérence mutuelle dans les affaires intérieures,

1 Cinq principes de coexistence pacifique : ੠䇤݅໘Ѩ乍ॳ߭ hexie gongchu zuxiangyuanze. 32

- égalité et avantages réciproques, - coexistence pacifique.

Et pendant la conférence de Bandung en 1955, la RPC adhère au principe fondateur du mouvement des pays non-alignés, conformément à son attachement au principe universel des « droits des peuples à disposer d’eux -mêmes ». A l’occasion de cette conférence, la Chine développe largement ses relations diplomatiques avec l’Asie et l’Afr ique. Comme Professeur Maurice Vaïsse a mentionné dans son ouvrage : « A vrai dire, la diplomatie chinoise avait fait des progrès décisifs en Asie du Sud-est, en Afrique du Nord et au Proche-Orient, à la suite de la conférence de Genève (1956) et celle de Bandoeng (1955). » 1

Lors de l’ouverture de la seconde session de la 1 ère Assemblée nationale chinoise, le 30 juillet 1955, Zhou Enlai propose une fois de plus que les pays d’Asie et du Pacifique, y compris les Etats-Unis d’Amérique, signent un pacte de « coexistence pacifique » pour réduire l’extrême tension créée par les traités d’assistance militaire dans ces zones. 2

Malgré les dialogues des ambassades sino-américaines qui débutent le 1 er août 1955, les deux pays ne s’accordent jamais sauf la déclarati on commune le 10 septembre 1955 qui permet aux citoyens ressortissants de rentrer chez eux. 3

A partir de septembre 1963, Mao Zedong modifie sa théorie des « deux zones intermédiaires » : « La première regroupe les pays indépendants et les pays en lutte pour l’indépendance en Asie, en Afrique et en Amérique latine : ils constituent la première zone intermédiaire . La seconde s’étend à l’ensemble de l’Europe occidentale, de l’Océanie au Canada et aux pays capitalistes qui forment la seconde zone

1 Maurice Vaïsse : Les relations internationales depuis 1945 , Armand Colin, Paris, 2004, pages110-111. 2 Discours de Zhou Enlai le 30 juillet 1955 , Les Documentations diplomatiques de la RPC , Ministère des Affaires étrangères de la RPC, Beijing, n° 3, page.331. 3 Le Quotidien du peuple (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao ) du 10 septembre 1955. 33 intermédiaire. »1 Ce concept qui écarte les Etats-Unis et l’URSS de la seconde zone intermédiaire manifeste l’envie de Mao de développer des relations l’Europe occidentale.

Lorsque Beijing (Pékin) cherche à se rapprocher vers l’Europe, c’est Paris qui malgré les discordes précédentes, semble le partenaire privilégié. En effet, les dirigeants chinois admirent la politique de décolonisation du général de Gaulle après son retour au pouvoir en 1958. Mao Zedong considère que « le général de Gaulle a le courage de s’affranc hir des Etats-Unis, il ne les suit pas toujours. »2

Du côté français, le général de Gaulle souhaite lui aussi se détacher de l’influence des Etats-Unis par trois idées : - La défense et l’indépendance nationale française à l’égard des deux blocs. - Le renforcement des liens avec les Européens, et notamment la création de la C.E.E. - Le rapprochement de la Chine populaire et eu Tiers monde.

C’est dans ce contexte que la RPC et la France avancent à leur établissement des relations diplomatiques.

Entre 1949 et 1964, la RPC établit des relations diplomatiques avec 42 pays. Le Royaume-Uni et les Pays-Bas ont en Chine des bureaux pour les chargés d’affaires par intérim sans statut diplomatique.

1 Œuvres choisies de la diplomatie de Mao Zedong(↯⋑ϰ໪Ѹ᭛䗝 Mao Zedong waijiao wenxuan) , Editions de Presse centrale des documentations ( Ё༂᭛⤂ߎ⠜⼒ Zhongyangwenxian chubanshe), Beijing, 1994, pages.506 et 508. 2 Œuvres choisies de la diplomatie de Mao Zedong(↯⋑ϰ໪Ѹ᭛䗝 Mao Zedong waijiao wenxuan) , Editions de Presse centrale des documentations ( Ё༂᭛⤂ߎ⠜⼒ Zhongyangwenxian chubanshe), Beijing, 1994, page.432. 34

Les pays qui construisent les relations diplomatiques avec la RPC d’octobre 1949 à janvier 1964 1 :

Bloc communiste :

Union des Rép. Socialistes soviétiques le 3 octobre 1949 République populaire de Bulgarie le 5 octobre 1949 République socialiste de Roumanie le 5 octobre 1949 République populaire de Hongrie le 6 octobre 1949 Rép. Populaire démocratique de Corée le 6 octobre 1949 Rép. Socialiste de Tchécoslovaquie le 6 octobre 1949 République populaire de Pologne le 7 octobre 1949 République populaire de Mongolie le 16 octobre 1949 République démocratique Allemande le 27 octobre 1949 Rép. Populaire socialiste d’Albanie le 23 novembre 1949 Rép. Fédérale de Yougoslavie le 2 janvier 1955 République de Cuba le 28 septembre 1960

Autres Etats indépendants :

République indienne le 1 er 1950 Royaume de Suède le 9 mai 1950 Royaume du Danemark le 11 mai 1950 Confédération helvétique le 14 septembre 1950 République de Finlande le 28 octobre 1950 République islamique du ¨Pakistan le 21 mai 1951 Royaume de Norvège le 5 octobre 1954

1 Politique de la Chine( Ё೑ᬓ⊏ Zhongguo zhengzhi) , Editions de presse des Langues étrangères( ໪᭛ߎ ⠜⼒ Waiwen chubanshe), Beijing, 1986, page.121. 35

Etas devenus indépendants :

République socialiste du Viêt-Nam le 18 janvier 1950 République socialiste de l’Union de Birmanie le 8 juin 1950 Rép. Démocratique d’ Afghanistan le 20 janvier 1955 Royaume du Népal le 1 er janvier 1955 République arabe d’Egypte le 30 mai 1956 République arabe syrienne le 1 er août 1956 République arabe du Yémen le 24 septembre 1956 Rép. Soc. Démocratique du Sri Lanka le 7 février 1957 Kampuchéa démocratique le 19 juillet 1958 République d’Irak le 20 août 1958 Royaume du Maroc le 1 er novembre 1958 Rép. Algérienne démocratique et populaire le 20 décembre 1958 République démocratique du Soudan le 4 février 1959 République de Guinée le 4 octobre 1959 République du Ghana le 5 juillet 1960 République du Mali le 25 octobre 1960 République démocratique somalienne le 14 décembre 1960 République du Zaïre le 20 février 1960 République démocratique populaire du Laos le 25 avril 1961 République de l’Ouganda le 18 octobre 1962 République du Kenya le 14 décembre 1963 République du Burundi le 21 décembre 1963 République tunisienne le 10 janvier 1964

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CHAPITRE II

DE L’OPPOSITION AU RAP PROCHEMENT : RAPPORTS ENTRE LA CHINE POPULAIRE ET LA FRANCE AVANT 1964

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De 1949 à 1954, les tensions aux frontières chinoises créent une situation conflictuelle entre la nouvelle République chinoise et la France. Lors du conflit de la péninsule indochinoise, la Chine soutient le Viêt-Nam du Nord de Hô Chi Minh1, contre la présence coloniale de la France. En outre pendant la guerre de Corée, la France fournit plus de mille soldats aux casques bleus de l’ONU. Sur ces questions, on assiste à un affrontement politique et idéologique entre la RPC et la France. Et la conférence de Genève de 1954 a été une occasion de rapprochement entres ces deux gouvernements sur ces questions-là.

II-1 Opposition entre Beijing (Pékin) et Paris dans les conflits d’Indochine , de Corée et de la décolonisation

A) La première guerre d’Indochine (1946 -1954)

La reconnaissance de la République démocratique du Viêt-Nam par la Chine populaire incite le gouvernement français à ne pas reconnaitre celle-ci. Du côté chinois, les relations entre la France et Taïwan qui justifient l’hostilité de Beijing (Pékin) à l’encontre de Paris au cours de la guerre d’Indochine.

Origines de la première guerre d’Indochine : La conférence de Potsdam, à la fin de juillet 1945, a convenu qu’après la capitulation du Japon, les Britanniques et les Chinois désarmeraient les forces japonaises en Indochine et y assureraient l’ordre. La Chine s’était confié cette tâche au Nord du 16 ème parallèle. Le 28 février 1946, la Chine et la France signent deux traités pour régler le problème de l’abolition des privilèges dont disposait la France en Chine ainsi que l’évacuation des troupes chinoises stationnées en Indochine.

1 Hô Chi Minh, fondateur de la République démocratique du Viêt-Nam. 38

Dans le premier traité : la France renonce à tout privilège d’extraterritorialité en Chine, ainsi qu’aux droits de toutes sortes qu’ elle avait pu obtenir en Chine depuis la fin du XIX ème siècle, particulièrement ceux qui concerne l’accès privilège de ses bâtiments aux ports et aux voies d’eau chin oise, le contrôle des services postaux en Chine, du maintien des tribunaux français, etc.

Le deuxième traité concerne les liens entre la Chine et l’Indochine. Il prévoit que la relève des troupes chinoises par les troupes françaises devra être achevée avant le 31 mars 1946. Cette concession constitue un revirement sensible du gouvernement chinois par rapport à ses positions antérieures. Ce traité portait exclusivement sur les relations franco-chinoises en Indochine. « Les droits exceptionnels des nationaux résidant en Chine (établissement, propriétés, commerce, impôts, justice, école, etc.) étaient confirmés. Au port de Haiphong, une zone spéciale était réservée à la Chine ; celle-ci en assurait elle-même le contrôle douanier. Les marchandises importées, destinées à être expédiées vers la Chine par le chemin de fer du Yunnan, était exemptées de tout droit de transit. En fait, cela revenait à instaurer en Indochine au profit de la Chine une situation comparable à celle à laquelle renonçait la France en Chine »1. L’accord franco -chinois du 28 février 1946 permettait à la France de réoccuper le nord du Viêt-Nam . Puis, le 13 mars 1946, la Chine et la France signaient l’accord sur la relève des troupes chinoise d’Indochine par les troupes françaises . L’armée chino ise devait évacuer la zone d’occupation avant juin 1946.

En 1949, l’arrivée du PCC au pouvoir en Chine continentale apporte un élément nouveau dans les relations franco-chinoises. La France met fin aux hésitations et décide de ne pas reconnaître la RPC à cause du soutien du PCC à Hô Chi Minh.

1 François Joyaux, La nouvelle question d’Extrême -Orient 1 , Paris, Payot, 1985, page.126. 39

D’une part, cars un des premiers actes du nouveau gouvernement chinois fut de déclarer son soutien au Viêt-Minh 1 et à tous les mouvements de libération nationale. Le ministre des Affaires étrangères chinois Zhou Enlai déclare le 15 janvier 1950 2 que les troupes de Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek) s’enfuient au Viêt-Nam et adresse une note de protestation au gouvernement français pour condamner l’armée française sur sa façon de se comporter avec les Chinois habitant au Viêt-Nam le 18 janvier 1950. Le même jour, la RPC reconnaît la République démocratique du Viêt-Nam et le lendemain 19, le Quotidien du peuple annonce sous le titre « Fêter l’établissement des relations diplomatiques entre la République populaire de Chine et le Viêt-Nam »3 que cette reconnaissance est un nouveau succès dans la lutte anti-colonialiste. De plus, Hô Chin Minh se rend secrètement, plusieurs fois en Chine et en URSS de janvier à mars 1950 pour demander l’aide de Joseph Staline 4. Celui-ci lui dit que la Chine et le Viêt-Nam sont voisins, et qu’il est préférable que la Chine l’aide. C’est la raison pour laquelle il n’y a aucune aide du côté soviétique. Hô Chi Minh demande alors une aide de Beijing (Pékin). Quant à ce sujet, Gilles Férier explique : « L’intervention de l’Union soviétique vis-à-vis de l’Indochine fut plus discrète que celle de son voisin chinois. » Il ajoute : « Le rôle des Soviétiques fut surtout idéologique, soutenant les mouvements anti-colonialiste et notamment de nombreux cadres du Viêt-Nam. Il est nécessaire de signaler que, dans les années cinquante, l’Union soviétique avait des questions européennes à traiter (la Hongrie en 1949, la Tchécoslovaquie en 1948, le Blocus de Berlin ou le différend avec Tito), ce qui l’ empêchait de concentrer ses forces en Extrême-Orient. »5

Hô Chi Minh obtint une grande aide de la part chinoise (un soutien diplomatique et militaire ainsi qu’une coopération frontalière) après son voyage en Chine. Beijing (Pékin) commence alors à utiliser son influence dans les mouvements communistes

1 Viêt-Minh (Ligue pour l’indépendance du Viêt -Nam) est créée en 1941 par le Parti communiste vietnamien. 2Journal mensuel de Chine nouvelle (ᮄढ᳜᡹ Xinhua yuebao ), n°4, 1950, page.848. 3 Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao ), le 19 janvier 1950. 4 Huang Zheng 咘䫂 , Hô Chi Minh et la Chine (㚵ᖫᯢϢЁ೑ Huzhiming yu zhongguo ), Beijing, Editions de l'Armée populaire de libération, 1987, page.124. 5 Gilles Férier, Les trois guerres d’Indochine , Presses Universitaires de Lyon, 1993, page.20. 40 internationaux pour protéger ce nouveau régime communiste. Le PCC considère le Viêt- Nam du Nord comme un pays frère de la Chine et son soutien contre la présence coloniale française comme une contribution à sa propre défense. Les dirigeants chinois fournissent une aide au niveau politique et logistique, conformément aux principes qui régissent les initiatives communistes internationales 1. Les relations entre Beijing (Pékin) et Paris, de délicates, sont devenues hostiles : l’u n du camp communiste et l’autre du camp capitaliste.

D’autre part, le déclenchement de la guerre de Corée, le 25 juin 1950, met fin aux hésitations antérieures des Etats-Unis. Désormais pour ce pays, la lutte contre l’expansion communiste l’emporte sur les principes anti-colonialistes. Le 27 juin 1950, le Président Truman annonce sa décision d’intervenir en Corée et de neutraliser le détroit de Taïwan, ainsi que d’accroître en les livraisons militaires aux forces françaises en Indochine. L’influence américaine sur la politique française en Indochine apparaît clairement dans la déclaration ci-dessous du Président Truman : « Dans ces circonstances, l’occupation de Formose par les forces communistes serait menace directe à la sécurité de la région du Pacifique et aux forces des Etats-Unis qui accomplissent leur œuvre nécessaire et légale dans cette région. » « En conséquence, j’ai donné l’ordre à la 7 ème flotte américaine du Pacifique d’ empêcher toute attaque contre Formose, en corollaire de cette action, je demande au gouvernement chinois à Formose de cesser toute opération aérienne et navale contre le continent chinois. Toute décision quant au statut futur de Formose devra attendre la restauration de la sécurité dans le Pacifique, un traité de paix avec le Japon ou une décision des Nations Unies. » « J’ai aussi donné l’ordre que les forces américaines aux Philippines soient renforcées et que l’assistance militaire aux Philippines soit accélérée. »

1 Le Communiqué sino-soviétique de 1954 , Journal mensuel de Chine nouvelle (ᮄढ᳜᡹ Xinhua yuebao ), n°8, 1954, page.75 41

« J’ai également donné l’ordre que la fourniture d’aide militaire aux forces françaises et aux Etats associés en Indochine soit accélérée et qu’une mission militaire soit envoyée dans cette région afin de travailler étroitement avec ces forces. »1

L’aide militaire américaine à la guerre d’Indochine aggrave la tension sino- française. Beijing (Pékin) considère que les Américains cherchent à créer une menace contre la RPC par la Corée, l’Indochine et Taïwan. Le lendemain de la déclaration de Truman, Mao Zedong lance un appel « Unissons-nous, notre peuple et les peuples du monde entier, contre toutes les provocations de l’impérialisme américain ». 2 En juin 1950, les troupes chinoises du général Chen Geng 3 entrent au Viêt-Nam à la demande de Hô Chi Minh et le mois suivant, le général Wei Guoqin y conduit une délégation de conseillers militaires chinois. Les forces du général Chen Geng commencent par détruire une base militaire française située dans la zone frontalière sino- vietnamienne et aménage un axe logistique entre la Chine et le Viêt-Nam du Nord, facilitant ainsi l’acheminement de l’armement vers le Viêt-Nam du Nord. D’après les autorités chinoises, le soutien au Viêt-Nam est un devoir internationaliste contre la présence coloniale française 4. A partir du mois d’octobre 1950, les Etats -Unis décident d’augmenter leur aid e militaire en faveur de la France. Les deux pays publient le 23 septembre 1951, un communiqué annonçant un accroissement de l’aide américaine à la France pour les opérations en Indochine. Entre 1950 et 1954, les Américains payent 80% des frais de guerre, la France seulement 20%. La participation des Américains à cette guerre indochinoise est considérée par Beijing (Pékin) comme une extension du conflit qui se généralise et oppose désormais communisme et capitalisme. Beijing (Pékin) et Paris ont choisi des camps opposés et trouvent aucune possibilité d’établir leurs relations diplomatiques

1 François Joyaux, La nouvelle question d’Extrême -Orient 1 , Paris, Payot, 1985, page.351. 2 Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ Renlin ribao ), le 29 juin 1950. La RPC regroupe déjà 200,000 soldats à côté de la frontière coréenne en septembre 1950. 3 Chen Geng 䰜䌧 , représentant du PCC au Viêt-Nam du Nord en septembre 1950. 4 Xie Yixian 䇶Ⲟᰒ , Qu Xing ᳆᯳ , Xiong Zhiyong ❞ᖫ࢛ , Histoire contemporaine de la diplomatie chinoise 1949-2001 (Ё೑ᔧҷ໪Ѹ৆ 1949-2001 Zhongguo dangdai waijiaoshi 1949-2001 ), Beijing, Editions de Jeunesse de Chine ( Ё೑䴦ᑈߎ⠜⼒ Zhongguo Qingnian chubanshe), 1997, page.30. 42

B) La guerre de Corée (1950-1953)

La guerre de Corée n’est pas un confit direct entre Beijing (Pékin) et Paris, mais cela « renforce l’antagonisme franco -chinois, puisqu’ un contingent français participe aux forces des Nations unies pour lutter contre la Corée du Nord, soutenue par la Chine ».1 L’intervention des Etats -Unis, à la fois dans les guerres d’Indochine et de Corée, change radicalement le projet de développement de la Chine nouvelle dont la priorité devient la participation aux guerres afin d’assurer sa sécurité. Les Etats -Unis, avec leurs alliés, bénéficient de l’ appui de l’ONU, sanctionnent d’abord la RPC : - L’ONU confie aux Etats -Unis le commandement de ses troupes en Corée le 7 juillet 1950. La France fournit plus de mille soldats aux casques bleus. - L’ONU déclare la République populaire chinoise, agresseur, le 1 er février 1951 2. - L’ONU décide, avec 44 autres pays, y compris la France, un embargo stratégique à l’ég ard de la RPC et de la Corée du Nord le 18 mai 1951 3. Toutes ces mesures amènent Beijing (Pékin) et Paris à se trouver dans les deux camps antagonistes. Voilà pourquoi il est nécessaire de rappeler ici cette guerre coréenne.

Deux opinions s’ affrontent par rapport à la participation de la RPC à la guerre de Corée : La première, gardée généralement par les autorités et les chercheurs chinois, prétend que c’est pour défendre sa propre sécurité que la RPC envoie, dès le 19 octobre 1950, quatre mois après le début de conflit, 260,000 soldats volontaires en Corée. Les Etats-Unis auraient tenté de déstabiliser le pays en l’encerclant au Nord par la Corée, à l’Est par Taïwan et au Sud par l’Indochine, entraînant une tension entre ces pays et la Chine. L’ envoi de la 7ème flotte américaine en mer de Chine coïncide avec le moment où les Chinois s’apprêtent à reprendre Taïwan par la force ; ce qui suscite la colère des

1 Maurice Vaïsse : LA PUISSANCE OU L’INFLUENCE , Fayard, 2009, page.464. 2 Le 1 février 1951, l’ONU déclare la Chine populaire d’agression sur proposition américaine le 12 janvier 1951, en rejetant la proposition en douze pays et la proposition soviétique. L’Inde, la Birmanie, l’Egypte, l’Indonésie, la Suède, ainsi que les pays socialistes s’opposent à la proposition a méricaine. 3 Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la RPC condamne la décision de l’ONU le lendemain le 19 mai 1951. 43 dirigeants chinois. Le 23 septembre 1951, un communiqué franco-américain, publié à Washington, annonce l’accroissement de l’aide américaine à la France pour les opérations militaires en Indochine. Mais certains chercheurs d’autres pays maintiennent une opinion différente. Ils considèrent que l’URSS désirant contrôler l’Asie du Sud-est oblige la RPC à soutenir Kim Il-sung 1 dans conquête du Sud. La Chine ne peut refuser de s’engager en vertu du traité d’amitié, d’alliance et d’assistance mutuelle sino -soviétique du 14 février 1950, ce qui rend les Américains inquiets. Cette guerre modifiera pour longtemps les relations sino-américaines. Les deux pays s’opposent à tous niveaux : idéologique, politique, économique et stratégique. Leur affrontement continue jusqu’au voyage du Président américain Nixon à Beijing (Pékin) en 1972.

Le 7 octobre, les forces de l’ONU franchissent le 38 ème parallèle en direction de Pyongyang. Le 11, Zhou Enlai, en tant que Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de la RPC, déclare publiquement : « Les événements de Corée menacent la sécurité de la Chine ». Le 18 octobre, Pyongyang est occupé, le 26 les troupes avancées atteignent le fleuve Yalu, celui qui détermine une portion de la frontière sino-coréenne. 2 Le 19 octobre les premiers « volontaires du peuple » chinois sont envoyés en Corée du Nord sous le commandement du général Peng Dehuai 3 pour s’engager à ce conflit pour assurer la sécurité de la nouvelle République chinoise. Ils affrontent les forces de l’ONU, puis décrochent, dans l’espoir que ceux -ci arrêtent leur agression envers la Corée du Noud. La Chine constate que le général Douglas MacArthur n’a pas bien compris ce message puisqu’il continue d’avancer, décide l’offensive et réussi à repousser les forces onusiennes à l’extrême sud -est de la Corée. MacArthur réclame le renfort des

1Kim Il-sung fut le fondateur et le premier dirigeant de la Corée du Nord de 1948 jusqu'à sa mort en 1994. 2 En référence des ouvrages suivant : Œuvres choisies de Mao Zedong, tome V (↯⋑ϰ䗝䲚㄀Ѩो Mao Zedong xuanji diwujuan ), Beijing, Editions du Peuple ( Ҏ⇥ߎ⠜⼒ Renmin chubanshe), 1977 ; Matthew Bunker Ridgway, Les Mémoires de la guerre de Corée (The Korean War ᳱ剰៬ѝಲᖚᔩ Chaoxian ,(zhanzheng huiyilu ), Beijing, Editions de Science militaire ( ݯџ⾥ᄺߎ⠜⼒ Junshi kexue chubanshe 1987 ; Li Weike ᴢӳ⾥ , Le caractère et l'évolution de la guerre de Corée (ᳱ剰៬ѝⱘᗻ䋼ঞ݊ব࣪ Chaoxian zhanzheng de xingahi jiqi bianhua ), Revue Enseignement de l'histoire (ग़৆ᬭᄺ Lishijiaoxue ), Tianjin, Editions de l'Université de Nankai ( फᓔ໻ᄺߎ⠜⼒ Nankai daxue chubanshe), 1997. 3 Peng Dehuai ᕁᖋᗔ est commandant en chef de l'armée des volontaires du peuple chinois de la guerre de Corée. 44 forces aériennes supplémentaires pour porter directement les conflits en territoire chinois. Si Truman ne lui donne pas une suite favorable, il déclare publiquement que les Etats- Unis peuvent recourir à l’ utilisation de la force nucléaire. Le Royaume-Uni intervient alors pour résoudre le conflit par la négociation. En mars 1951, les deux belligérants s’épient de part et d’autre du 38 ème parallèle. L’ONU décide le 18 mai 1951 un embargo stratégique à l’égard de la RPC et de la Corée du Nord, Paris vote cette résolution. Plus tard, le pourrissement progressif du conflit et les contradictions idéologiques, transforment le conflit en guerre sino- américaine. Cette guerre se prolonge jusqu’au cessez -le-feu du 27 novembre 1952. L’armistice est signé le 27 juillet 1953 à Panmunjom, par l’amiral Harrison et le général Nam. Les négociations portent sur quatre points essentiels : la ligne de démarcation militaire, le contrôle de l’armistice, les garanties militaires et les prisonniers. L’accord se fait sur le 38 ème parallèle, les troupes américaines recu lent d’avant guerre. Ce traité d’armistice signifie pour Beijing (Pékin) l’échec des Américains dans leur lutte contre le communisme en Asie du Nord-est 1.

Pendant cette guerre, les deux côtés ont payé un lourd tribut, avec 2, 415,600 tués, disparus et blessés. Les Etats-Unis ont pour leur part dépensé plus de 20 milliards de dollars. Détails des victimes de la guerre de Corée 2 : Pays Morts Blessés Corée du Sud : militaire 147,038 209,975 Corée du Sud : civil 373,599 229,625 Etats-Unis d’Amérique 33,629 103,284 Autre alliés de l’ONU 3,143 11,833 Corée du Nord* 300,000 220,000 Chine Populaire* 200,000 700,000

1 Documentations internationales du ministère des Affaires étrangères de la RPC , n°6, Beijing, 1951. 2 Sources : François Joyaux, La nouvelle question d’Extrême -Orient, I , Paris, Payot, 1985, page.166. * : estimations. 45

Le contingent français a eu 288 morts et un millier de blessés. Selon l’analyse des historiens chinois 1, la guerre de Corée était une guerre civile coréenne. La RPC ne voulait pas s’engager dans cette affaire, car elle a besoin d’un redressement économique après la longue guerre à l’intérieure de la Chine. Par conséquent, la tâche de l’armée chinoise était détournée vers d’autres priorités : l’édi fication socialiste, la réunification 2 et la souveraineté nationale. Le rapport de Mao Zedong du 6 juin 1950, lors de la troisième session du VII ème Congrès du PCC, indique clairement sur ce point : « La tâche centrale du PCC s’orientera vers l’ amélioration essentielle du secteur financier durant trois ans. »3 Les cinq tâches de l’armée chinoise confirment cette politique : avancer ver Taïwan et le Tibet de réunifier toute la Chine ; stabiliser les ordres locaux ; participer au travail civil ; renforcer l’é ducation nationale ; réformer l’armée (dont 1,4 millions de militaires sont mutés aux travaux civils). 4 Mais lorsque les troupes américaines franchissent le 38ème parallèle et atteignent la frontière chinoise, Beijing (Pékin) pense que cette guerre menace directement la RPC et se décide d’y participer. « La résistance contre les Etats-Unis, l’aide à la Corée et la défense de la patrie » expliquent les buts de l’intervention chinoise.

C) Premier pas franchi entre Paris et Beijing (Pékin) à la conférence de Genève

La conférence de Genève offre l’occasion d’une rencontre dans un climat propice entre le Premier ministre chinois Zhou Enlai et le Président du Conseil français Pierre

1 Li Weike ᴢӳ⾥ , Le caractère et l'évolution de la guerre de Corée (ᳱ剰៬ѝⱘᗻ䋼ঞ݊ব࣪ Chaoxian zhanzheng de xingahi jiqi bianhua ), Revue Enseignement de l'histoire (ग़৆ᬭᄺ Lishijiaoxue ), Tianjin, Editions de l'Université de Nankai ( फᓔ໻ᄺߎ⠜⼒ Nankai daxue chubanshe), 1997. 2 A l ’époque, certaines côtes du sud -est, la région de Taïwan et le Tibet sont encore hors du régime communiste chinois. 3 Le rapport de Mao Zedong le 6 juin 1950, Œuvres choisies de Mao Zedong, tome V (↯⋑ϰ䗝䲚㄀Ѩो Mao Zedong xuanji diwujuan ), Beijing, Editions du Peuple ( Ҏ⇥ߎ⠜⼒ Renmin chubanshe), 1977, page.18. 4 Nie Rongzhen 㘖㤷㟏 , Le rapport de la deuxième session du 1 er Congrès de la Conférence consultative politique du people chinois , Beijing, le 3 juillet 1950. 46

Mendès France pour promouvoir des relations bilatérales entre la Chine populaire et la France.

La conférence s’ouvre le 26 avril 1954 sur la Corée d’abord, elle finit par l’échec des négociations le 15 juin.

A partir du 8 mai, sont représentés à la conférence sur l’Indochine : les Etats-Unis d’Amérique, le Royaume -Uni, la France, l ’URSS, la RPC, le Cambodge, le Laos, le Viêt- Nam du Nord et le Viêt-Nam du Sud. C’est la première fois qu’une délégation de la RPC, dirigée par le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères Zhou Enlai, participe à une réunion internationale au cours de laquelle il rencontre Pierre Mendès France. Ils projettent ensemble de mettre fin au risque d’internationalisation et de confrontation entre Beijing (Pékin) et Washington, malgré le désaccord des Etats-Unis.

Sur le problème de l’Indochine, deux su jets essentiels sont traités :

- Le cessez-le-feu Les négociations avancent lentement au début. Après la chute du camp retranché de Diên Biên Phu le 7 mai 1954 et l’arrivée au pouvoir le 17 juin de Pierre Mendès France, les négociations progressent. Lorsque Zhou Enlai prend la parole, il déclare sa volonté d’œuvrer en faveur de la paix en Indochine par la voie diplomatique 1. Il adopte une position souple, parfois très proche de celle de la Grande-Bretagne ou de la France 2. Cette position trouve un écho favorable chez Pierre Mendès France qui

1 Selon le témoignage de Zhang Xichang ᓴ䫵ᯠ (il travaillait au Bureau des affaires françaises du ministère des Affaires étrangères de Chine depuis 1952, interprète du français de Mao Zedong et de Zhou Enlai), Zhou Enlai demande simplement la paix d'Indochine. Voir l'ouvrage de Zhang : Troisième essor pour établir les relations diplomatiques de la RPC (݅੠೑㄀ϝ⃵ᓎѸ催╂ gongheguo disanci jianjiao gaochao ), Beijing, Editions de Presses Connaissances universelles ( Ϫ⬠ⶹ䆚ߎ⠜⼒ shijie zhishi chubanshe) , 1998. 2 François Joyaux, La politique extérieure de la Chine populaire , Paris, Presses Universitaires, 1983, page.23. 47

déclare « qu’il démissionnerait si l’armistice n’était pas conclu avant le 20 juillet 1954 ». 1 - La délimitation entre le Sud et le Nord : Une divergence franco-vietnamienne se produit concernant la délimitation de la frontière entre le Nord et le Sud. Zhou Enlai conduit les négociations sur une ligne proche de celle de Pierre Mendès France. Le Viêt-Nam préconise de reculer jusqu’au 16 ème parallèle, mais Pierre Mendès France préfère le 18 ème parallèle sur la base des données historiques et géographiques.

A ce propos, Pierre Mendès France s’entretient le 23 juin avec Zhou Enlai à l’ambassade de France à Berne. C’est la première fois que les dirigeants des deux pays se rencontrent bilatéralement. Zhou Enlai, un habile négociateur, consulte ensuite Hô Chi Minh à Liuzhou 2 du 3 au 7 juillet et les dirigeants soviétiques à Moscou, avant de rencontrer à nouveau Pierre Mendès France les 13 et 17 juillet pour discuter du problème de la nouvelle frontière. Le 20 juillet, la France et le Viêt-Nam sont d’accord pour que le 17 ème parallèle délimite la frontière entre les deux zones ; la France obtient des armistices séparés pour le Cambodge et le Laos. Les accords qui seront conclus à Genève le 21 juillet 1954, terminent un conflit qui durait depuis huit ans et mettent un terme à la décolonisation de l’Indochine.

Les intérêts chinois à l’arrêt de la guerre d’Indochine : - La paix en péninsule indochinoise permet de réduire le budget de la guerre du gouvernement chinois. La réalisation de son premier plan quinquennat a pris du retard à cause de la participation à la guerre de Corée. Si les Américains poursuivent la guerre d’Indochine comme la guerre de Corée, la RPC se trouvera dans une situation économique difficile 3.

1 Pierre France Mendès, nommé Président du Conseil le 18 juin 1954, s’engage à mettre fin de la guerre d’Indochine qui est une lourde charge pour la France à l’époque. 2 Liuzhou ᷇Ꮂ , ville chinoise de la Province du Guangxi ᑓ㽓 qui est une province chinoise limitrophe avec le Viêt-Nam. 3 Documentations du ministère des Affaires étrangères de la RPC , n°2, page.154. 48

- Les dirigeants chinois espèrent la détente en Asie et souhaitent ainsi réduire l’influence des Américains en Asie du Sud-est. « L’anti -impérialisme américain » monopolise la diplomatie de Beijing (Pékin).

Les trois points positifs pour la nouvelle République chinoise par rapport à cette série de négociation de la paix en Indochine : - La rencontre entre Zhou Enlai et Pierre Mendès France à Genève en 1954 permet un échange de point de vue entre les deux gouvernements dans un climat amical. - La conférence de Genève de 1954 fait prendre conscience aux dirigeants chinois que « les conflits internationaux pourront être résolus par la voie diplomatique »1 et offre une expérience précieuse pour la diplomatie de la nouvelle République. - La politique extérieure chinoise sur la coexistence pacifique est élaborée grâce à la réalisation de la paix en Indochine.

De plus, pendant la conférence de Genève en 1954, Zhou Enlai fait le 28 juin, avec Néhru, Premier ministre indien une déclaration conjointe dans laquelle les Cinq principes de la coexistence pacifique sont exposés officiellement 2. Ces cinq principes sont soutenus rapidement par le Cambodge, le Laos, le Viêt-Nam , le Népal et d’autres 16 pays asiatiques à la conférence de New Delhi en avril 1955 3.

Pour la RPC, le rétablissement de la paix en Indochine marque non seulement l’échec américain dans sa politique asiatique suite à la guerre de Corée, mais aussi une victoire du communisme de Hô Chi Minh en Asie du Sud-est. La paix dans cette région favorise la détente internationale. Le rôle de Pierre Mendès France qui interrompait ce conflit dès son accession au pouvoir est admiré par les dirigeants chinois. Quant à Zhou Enlai, il a réussi à imposer la position chinoise à la fin de la conférence, « il fut décisif pour faire accepter au Viêt-Nam la coupure du Viêt-Nam à la hauteur du 17 ème parallèle et l’organisation des élections générales dans un délai de deux

1 Le discours de Zhou Enlai, Documentations du ministère des Affaires étrangères de la RPC , n°3, page.137. 2 Les Cinq principes sont d’abord mentionn és dans l’Accord sur le commerce et les relations entre le Tibet chinois et l'Inde qui a été signé le 29 avril 1954 3 Journal mensuel de Chine nouvelle (ᮄढ᳜᡹ Xinhua yuebao ), Beijing, n°5, 1954, pp.23,24 et 25. 49 ans. Cette modération devait même se traduire par diverses pressions de la Chine sur le Viêt-Minh que le gouvernement de Hanoï reprochera ouverture à celui de Beijing (Pékin) en 1979 »1.

L’évolution positive des relations sino -françaises est ainsi relatée dans les Mémoires du général Jacques Guillermaz : « La conférence de Genève de 1954 a fait l’objet de plusieurs études, ...en faisant une p lace particulière de la délégation chinoise avec laquelle j’avais par destination de fréquents contacts ». « La participation chinoise à la conférence de Genève en 1954 pour le règlement du premier conflit d’Indochine donne un tour plus pacifique et plus affirmé à la politique étrangère chinoise ; la conférence afro-asiatique de Bandung marque un incontestable tournant dans l’histoire du monde ; l’influence de la Chine sur la conférence elle -même allait s’en rouvert renforcées. » « L’entretien du 23 juin entre Pierre Mendès France et Zhou Enlai, n’apporte pas d’ éléments très nouveaux dans la négociation et ne touche aucun problème de fond. Mais un bon climat était crée deux hommes Etat curieux l’un de l’autre et également désireux d’ aboutir dans des délais rapides », « il était clair que les Chinois s’étaient servis avec empressement de mon intervention pour faire pression sur la délégation du Viêt-Nam, jouant ainsi notre jeu et le leur »2.

Etienne Manac’h analyse la position de la RPC à la conférence de Genève ainsi que la possibilité de liens officiels franco-chinois, en ces termes : « Ni la bonne volonté, ni la volonté personnelle d’un Pierre Mendès France, ne semblent pouvoir être mises en doute, et il y eut un moment, en 1954, où des espoirs pouvaient naître. La jeune République Populaire de Chine, elle n’a que cinq ans à peine, participe en effet pour la première fois à une importante conférence internationale, celle de Genève. Rencontre spectaculaire entre la Chine et l’Occident. Hélas ! Cette conférence ne parvient pas à ouvrir la route à une meilleure compréhension entre les régions du monde, elle parvient seulement à mettre fin, et encore n’est -ce que provisoirement, au drame de la guerre

1 François Joyaux, La politique extérieure de la Chine populaire , Paris, Presses Universitaires, 1983, page.23. 2 Guillermaz Jacques, Une vie pour la Chine, Mémoires 1937-1989 , Paris, Robert Laffont, 1994, pp.246, 252 et 253. 50 d’Indochine. ...En revanche, les mêmes Zhou Enlai et Mendès Fra nce auront de cordiales conversations. Pourtant, l’heure n’est pas encore venue d’une discussion de fond sur les rapports entre les deux pays. C’est le passé qu’on tente difficilement de régler, non l’avenir. »1 Cette première rencontre ouvre une voie amicale, mais juste de courte durée.

D) Le retour des tensions entre Paris et Beijing (Pékin) après la conférence de Bandung de 1955

La conférence de Bandung ouvre une voie à la diplomatie de la RPC en Asie et surtout en Afrique. Elle a cependant crée à nouveau un point de discorde entre Paris et Beijing (Pékin) autour du sujet de la décolonisation. La Chine qui avait été victime d’une série de guerres et d’agression impérialistes entre 1840 et 1949 est toujours sensible face aux sujets de colonisations, en gardant une mémoire traumatique.

Lorsque Zhou Enlai participe à la conférence de Bandung, du 18 au 24 avril 1955, sur l’invitation du Premier indien Nehru, la RPC n’entretient des relations diplomatiques qu’avec sept pays parmi les 24 participants. Ils sont : Viêt-Nam du Nord, Inde, Pakistan, Indonésie, Birmanie, Népal et Ceylan. Les sujets principalement abordés sont : neutralité, coexistence pacifique, sécurité collective.

Cette conférence donne à Zhou Enlai une opportunité de réaffirmer sa politique extérieure basée sur cinq principes de la coexistence pacifique qui permettent d’étayer de base des relations réciproques entre les pays à systèmes sociaux différents 2. Zhou Enlai réussit à convaincre ces pays du bien fondé de la politique de coexistence pacifique, bien que certains pays, alliés des Etats-Unis, redoutent les expansions communistes en Asie, à la suite de la participation chinoise dans les guerres de Corée et d’Indochine, ainsi que de la tension dans le détroit de Taïwan.

1 Historiens & Géographes , Paris, Buisson, n°309, avril, 1986, page.1073. 2 La politique de Chine (ᬓ⊏ zhengzhi ), Beijing, Editions des Langues étrangères(໪᭛ߎ⠜⼒ Waiwen chubanshe), 1986, page.118. 51

La conférence de Bandung signifie également un tournant dans la diplomatie chinoise : la RPC prendra contact avec les pays asiatiques et africains avec qui elle n’a pas de relations diplomatiques. A partir de 1955, la RPC renforce, dans un premier temps, ses relations avec les pays voisins, à l’occasion des visites de Zhou Enlai au Pakistan, au Viêt-Nam, au Laos, au Cambodge, en Birmanie, en Inde, au Népal, en Afghanistan, en Mongolie et au Sri Lanka. Ensuite, à partir de 1963, Zhou Enlai visite dix pays africains, dont cinq anciennes colonies françaises : la République arabe unie (Egypte), le Ghana, le Soudan, l’Ethiopie, la Somalie, l’Algérie, le Maroc, la Tunisie , la Guinée et le Mali.

Puisque la RPC soutient quasiment tous les mouvements qui luttent pour l’indépendance de le urs pays, Beijing (Pékin) et Paris se trouvent une fois de plus en opposant comme c’était le cas : lors de la crise du canal de Suez en 1956, et notamment lors de la guerre d’Algérie de 1958 à 1962.

L’opposition entre Beijing (Pékin) et Paris par rapport à la crise de Suez : Bien qu’ils aient réussi à résoudre ensemble le problème de la guerre d’Indochine lors de la conférence de Genève deux ans avant, Beijing (Pékin) et Paris n’ont pas pu éviter la confrontation sur la question de l’attitude des mouvement s vis-à-vis de décolonisation en Afrique. La conférence de Bandung a donné une première occasion de dialogue entre le Premier ministre chinois Zhou Enlai et le Président égyptien Nasser. Les sujets évoqués, lors de cette rencontre, sont la question de Taïwan et le problème entre les pays arabes et Israël. La RPC et l’Egypte décident de commencer par développer des échanges commerciaux avant d’établir des relations diplomatiques, ce qui amène l’Egypte à rompre avec Taïwan dans l’avenir. Un an plus tard, le 3 0 mai 1956, le Caire et Beijing (Pékin) se sont échangés d’ambassadeur et la RPC est présente au Caire, la plus grande ville africaine. Beijing (Pékin) soutient fermement Nasser dans la crise de Suez qui l’oppose à la France et au Royaume-Uni. Dans son discours du 26 juillet 1956, Nasser a affirmé sa volonté de nationaliser le Canal de Suez, Beijing (Pékin) considère que cette revendication est légitime. La position occidentale à Suez lui rappelle le problème des

52 concessions étrangères en Chine. Beijing (Pékin) condamne la France et le Royaume-Uni, les désigne comme « agresseurs » dans le conflit qui les oppose à l’Egypte à propos du canal.

Et selon François Joyaux, en échange de la suspension des relations diplomatiques de l’Egypte avec Formose et de l’établissement de relations diplomatiques entre l’Egypte et la nouvelle République populaire chinoise, celle-ci s’engage à soutenir l’Egypte contre les puissances européennes 1.

Après le retrait franco-anglais d’Egypte, les Etats-Unis occupent leur place. Le Président américain Eisenhower 2 déclare le 5 janvier 1957 offrir une aide économique et militaire aux Etats du Proche-Orient qui en feront la demande. La RPC continue à combattre la présence du « néo-colonialisme » américain au Proche-Orient. Comme l’aff irme Zhou Enlai dans son rapport politique, « doctrine Eisenhower », sous un prétexte « anti-communiste et anti-soviétique », n’est qu’une expansion et une agression du gouvernement américain qui vise à empêcher l’émancipation des mouvements de l’indépendance , et de remplacer les intérêts coloniaux franco-anglais par ceux des Etats- Unis 3. La RPC appuie alors les propositions soviétiques sur la paix et la sécurité au Moyen-Orient et au Proche-Orient 4 , en s’opposant à la « doctrine Eisenhower ». L’hostilité sino -américaine se poursuit alors en Syrie en 1957 et au Liban en 1958.

La guerre d’Algérie (1958 -1962) : Au fur et à mesure de la progression de la décolonisation, la politique chinoise s’engage dans la guerre d’indépendance algérienne. La RPC avait apporté déjà son soutien à l’indépendance d’Algérie pendant la conférence de Bandung en 1955.

1 François Joyaux, La politique extérieure de la Chine populaire , Paris, Presses Universitaires, 1983, page.38. 2 Dwight Eisenhower est le 34 ème président des États-Unis, durant deux mandats de 1953 à 1961. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, il est général cinq étoiles de l'armée américaine et commandant en chef des forces alliées en Europe. 3 Le rapport d’un voyage en 11 pays en Asie et en Europe de Zhou Enlai le 5 mars 1957 et la déclaration du gouvernement chinois le 17 février 1957. 4 Documentations de la politique extérieure de la RPC, 1957, n°4, page.299. 53

Le soutien chinois se manifeste d’abord dans les différents discours : « Le peuple chinois sera au côté du peuple algérien contre la présence française »1, souligne Zhou Enlai le 28 juin 1956. Deux ans plus tard, à l’occasion de la réception de la délégation du Front pour la Libération Nationale d’Algérie, en avril 1958, une fois de plus, Zhou Enlai s’exprime : « Le peuple chinois apportera son soutien matériel à l’Algérie pour son indépendance ».

Lorsque le gouvernement provisoire algérien est créé le 19 septembre 1958, la RPC le reconnaît deux jours après, leurs relations diplomatiques s’établissent le 20 décembre, alors que l’Algérie est toujours territoire français. Il est clair que, pour la France, la reconnaissance de l’Algérie est un acte d’hostilité et de provocation. Quant à la RPC, elle dénonce le fait que la France poursuit des relations officielles avec Taïwan 2. L’URSS ne réagit pas en raison du début de la détente franco-soviétique. Le soutien politique de la Chine populaire se transforme en une fourniture de matériel militaire en décembre 1958, l’aide transitant par un pays tiers.

En 1959, le Quai d’Orsay informait l’ambassadeur chinois en Suisse que la France était prête à rompre avec Taïwan en échange de l’arrêt du soutien chinois en Algérie. Malgré cela, la RPC continue à fournir son aide au moment de libération nationale algérienne. « Un jour, si la France souhaite connaître la RPC, Beijing (Pékin) lui demanderait deux conditions : la rupture avec Taïwan et le soutien chinois en Algérie », cette idée fut énoncée par le Président Mao Zedong lors de ses entrevues avec le Premier ministre du gouvernement provisoire algérien à l’occasion du voyage de celui -ci en Chine 3. La sympathie des dirigeants chinois pour l’Algérie brouille les rapports entre Pairs et Beijing (Pékin).

1 La déclaration de Zhou Enlai au Congrès de l’Assemblée nationale chinoise le 28 juin 1956. 2 La conversation de Mao Zedong avec la délégation du gouvernement provisoire algérien le 17 mai 1960, voir : Œuvres choisies de la diplomatie de Mao Zedong (↯⋑ϰ໪Ѹ᭛䗝 maozedong waijiao wenxuan ), Beijing, Éditions documentaires du Comité central (Ё༂᭛⤂ߎ⠜⼒ zhongyan wenxian chubanshe), 1994. 3 Le discours de Mao Zedong avec le Premier ministre du gouvernement provisoire algérien en septembre 1959. 54

La détente entre la RPC et la France revient après la signature des accords d’Evian en 1962 1. Durant cette période, le général de Gaulle abandonne les colonies françaises en Afrique et affranchit l’Algérie.

La volonté du général de Gaulle d’établir les relations officielles avec la RPC, dépend de la situation internationale et, fait partie de sa stratégie globale. Il favorise partout la décol onisation et reconnaît l’impor tance de la RPC dans le monde, malgré l’influence des Etats -Unis sur la politique française à cette époque-là. Le général est très attentif à l’éveil de la Chine populaire, il voit surtout dans la Chine « une réalité géostratégique et une puissance future »2. En visionnaire qu’il est, de Gaulle entend en effet établir des « relations régulières » avec la « Chine de toujours ». Il considère qu’ « avant d’être communiste, la Chine est la Chine », c’est -à-dire l’héritière d’une civilisation quatre ou cinq fois millénaire, peuplée de plusieurs centaines de millions d’habitants, installés sur un immense territoire et disposant d’un potentiel de développement considérable. « Pour le chef de l’Etat français, il s’agit d’être réaliste, de se montrer pragmatique ».3 Même avant de retourner au pouvoir en 1958, le général de Gaulle s’est montré favorable à l’établissement de relations avec la Chine populaire. Dans une longue lettre manuscrite, il remercie l’ancien président du Conseil, Edga r Faure, de lui avoir envoyé son livre, Le Serpent et la Tortue (paru en 1957). Le général se dit intéressé par cette lecture et par l’idée d’une reprise des relations diplomatiques avec la Chine. Après un voyage privé en Chine en 1957, où il a rencontré Mao Zedong et Zhou Enlai, Edgar Faure préconise en effet une reprise des relations diplomatiques avec la Chine. « Je pensais qu’il était absolument grotesque que la plupart des grands pays ignorent purement et simplement ce continent », déclare-t-il alors. 4

De plus, comme la Chine, De Gaulle ne voit d’un bon œil les visées hégémoniques des Etats-Unis. Il déploie tous ses efforts en vue d’assurer une indépendance à la politique extérieure de son pays. La France ménage ses intérêts

1 Les accords d’Evian sont signés entre la France et le gouvernement provisoire de la République algérienne le 18 mars 1962, qui aboutissement à un cessez-le-feu en Algérie. 2 Maurice Vaïsse : LA PUISSANCE OU L’INFLUENCE , Fayard, 2009, page.466. 3 BRIZAY Bernard, La France en Chine : Du XVII ème siècle à nos jours , Editions Perrin, 2013, page.489. 4 BRIZAY Bernard, La France en Chine : Du XVII ème siècle à nos jours , Editions Perrin, 2013, page.490. 55

économiques et désire rev enir dans la région d’Extrême -Orient en étant assuré d’un soutien et d’une bienveillance chinoise 1.

II-2 Rapprochement de la RPC et la France

A) Stratégie diplomatique du général de Gaulle

La reconnaissance de la RPC est un élément de la stratégie du général de Gaulle qui cherche une indépendance vis-à-vis des blocs, pour but de faciliter le retour de la France en Indochine. Par sa situation, la République chinoise est susceptible de diminuer l’influence des Américains en Asie et « de nouveau considérée comme un interlocuteur possible »2. Si la France entretient des relations diplomatiques avec Beijing (Pékin), elle pourra être plus présente dans la région d’Extrême -Orient, en profitant des relations triangulaires « Beijing (Pékin), Washington, Moscou », pour réduire l’influence des deux superpuissances dans les affaires internationales . C’est ce qui a incité le général de Gaulle à préconiser la reconnaissance de la RPC. On expliquera la stratégie diplomatique du général de Gaulle en trois points.

1. Motivation de la reconnaissance de la RPC du général de Gaulle L’instauration de la paix au Viêt-Nam est un souhait commun entre Beijing (Pékin) et Paris. Par conséquent, l’intervention américaine au Viêt-Nam en 1963 soulève non seulement l’indignation de Beijing (Pékin), mais aussi l’attention et l’émotion de Paris. Depuis 1950, la RPC et le Viêt-Nam du Nord entretiennent des liens d’amitié tissés comme fraternelle lors de la guerre anti-coloniale française. Du côté français dont le Viêt-Nam a été une colonie durant un siècle, le général de Gaulle y est attaché. Ainsi,

1 Zhang Xichang ᓴ䫵ᯠ , Troisième essor pour établir les relations diplomatiques de la RPC (݅੠೑ ㄀ϝ ⃵ᓎѸ催╂ gongheguo disanci jianjiao gaochao ), Beijing, Editions Connaissances universelles ( Ϫ⬠ⶹ 䆚ߎ⠜⼒ shijie zhishi chubanshe) , 1998, page.15. 2 Maurice Vaïsse : LA PUISSANCE OU L’INFLUENCE , Fayard, 2009, page.465. 56

Beijing (Pékin) et Paris souhaitent tous rétablir la paix en Indochine, mais chacun selon les intentions précises. La RPC aide le Viêt-Nam pour but de combattre la néo- colonisation américaine, alors que la France désire « tourner la page coloniale, celle de nos concessions en Chine, celle de l’Indochine française »1, comme découvre Alain Peyrefitte dans son dialogue avec le général de Gaulle. Ainsi, l’ aggravation de la crise vietnamienne permettra à la France, une fois de plus, de pouvoir dialoguer avec Beijing (Pékin). La RPC pourra agir sur les deux fronts : elle pourra à la fois convaincre les dirigeants vietnamiens de prendre des positions plus conciliantes et combattre les Américains, comme e lle l’avait fait dans la guerre de Corée . Cette hostilité de la Chine envers les Etats-Unis réduit l’influence des Américains en Indochine et y favorise le retour français.

Beijing (Pékin) consacre toutes ses forces à aider le Viêt-Nam du Nord contre l’agression de l’ « impérialisme américaine ». Il accuse d’abord les Américains d’être néo-colonialistes au Viêt-Nam, en remplaçant les Français depuis leur retrait à la fin de l’année 1955. Le Quotidien du peuple souligne que, depuis les accords de Genève, de 1954 à 1959, il y a du côté sud-vietnamien 5,000 tués, 10,000 blessées et 18,000 hommes emprisonnés par les troupes Ngô Dinh Diên appuyées par les Américains 2. Dans un premier temps, Beijing (Pékin) soutient le gouvernement d’Hô Chi Minh par la voie diplomatique, comme le souligne un important éditorial le Quotidien du peuple du 17 juillet 1959. Plus tard, le ministre chinois des Affaires étrangères affirme que la Chi ne soutient le gouvernement d’Hô Chi Minh , depuis le débarquement des forces américaines au Viêt-Nam du Sud en mai 1961 3.

Lorsque le commandement militaire américain s’installe à Saïgon, avec 3,000 conseillers le 8 février 1962, Beijing (Pékin) considère que cela constitue « une agression militaire contre Viêt-Nam », que les Américains interviennent dans les affaires intérieures

1 Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle II , Paris, Fayard, 1997, page.493. 2 Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ Renlin ribao ), le 20 juillet 1959. 3 Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ Renlin ribao ), le 22 mai 1961. 57 du Viêt-Nam »1. C’ est pourquoi suite de la demande de Ho Chi Minh au cours de sa visite en Chine en été 1962, Beijing (Pékin) commence à apporter au Viêt-Nam du Nord une aide militaire sans condition. Enfin, le 29 août 1963, Mao Zedong déclare lutter contre les Etats-Unis et les troupes de Ngô Dinh Diên sud-vietnamien, et lance un appel pour soutenir l’appel d’Hô Chi Minh contre l’agression américaine et des troupes de Ngô.

La crise du Viêt-Nam provoque également une tension franco-américaine : le général de Gaulle modifie sa politique à l’égard des Etats -Unis. Déjà, le Président John Kennedy a demandé le soutien du général de Gaulle à l’occasion de son voyage en France en mai 1961, mais il n’a pas eu de réponse de la pa rt française. Pour la première fois, le général de Gaulle s’exprime clairement après le déclenchement de la crise vietnamienne. Il déclare à cet effet à l’issue du Conseil de s ministres du 29 août 1963 : « Les graves événements qui se déroulent au Viêt-Nam sont suivis à Paris avec attention et avec émotion. L’œuvre que la France a naguère accompli en Cochinchine, en Annam et au Tonkin, les attaches qu’elle a gardées dans l’ensemble du pays, l’intérêt qu’elle porte à son développement, l’amène à comprendre particulièrement bien et à partager sincèrement les épreuves du peuple vietnamien. D’autre part, la connaissance qu’elle a de la valeur de ce peuple, lui fait discerner quel rôle il serait capable de jouer dans la situation actuelle de l’Asie, pour son prop re progrès et au bénéfice de la compréhension internationale, dès lors qu’il pourrait déployer son activité dans l’indépendance, la concorde avec ses voisins. Aujourd’hui plus que jamais, c’est ce que la France souhaite au Viêt-Nam tout entier. Il appartient naturellement à son peuple, et à lui seul, de choisir les moyens d’y parvenir, mais tout effort national qui serait entr epris au Viêt-Nam à cette fin trouverait la France prête, dans la mesure de ses propres possibilités, à organiser avec ce pays une cordiale coopération »2. Beijing (Pékin) constate ainsi que la France condamne, avec retenue certes, l’intervention des Américains.

1 En référence à l'ouvrage : Les Relations extérieures de la France après la seconde guerre mondiale (៬ ৢ⊩೑໪Ѹ৆ zhanhou faguo waijiaoshi ), Zhou Jianqing ਼ࠥ॓ , Zhang Xichang ᓴ䫵ᯠ , Beijing, Editions Connaissances universelles ( Ϫ⬠ⶹ䆚ߎ⠜⼒ shijie zhishi chubanshe), 1993. 2Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle II , Paris, Fayard, 1997, pp.475-476. 58

Alain Peyrefitte rapporte cette formule d’une conversation qu’il a eue avec le général de Gaulle : « Si je comprends bien, l’avantage pour nous c’est de nous donner l’initiative, de changer l’équilibre mondial et de contrarier les Américains ? ». Et de Gaulle répond : « Naturellement ! Mais ça peut aider les Américains et pas seulement les contrarier. Nous pourrions obtenir des arrangements pour le Sud-est asiatique ». Le général me déclare, après le Conseil « Le rétablissement des relations avec la Chine, ça veut dire que nous allons tourner la page coloniale, celle de nos concessions en Chine, celle de l’Indochine française. Cela veut dire que la France revient en tant qu’amie, respectueuse de l’indépendance des Nations »1. Ce dialogue entre le général de Gaulle et Alain Peyrefitte a été repris en 1998, dans l’ouverture de Zhang Xichang et ses collaborateurs : « Troisième essor des établissements des relations diplomatiques de la République populaire de Chine »2. C’est la première fois que l’on les reproduisait en chinois.

Le président de la République confie encore à Alain Peyrefitte le 13 mars 1963 : « Il y a quelque chose d’anormal dans le fait que nous n’avons pas de relations avec le pays le plus peuplé du monde, sous prétexte que son régime ne plaît pas aux Américains et que ça les dérangerait si nous y faisions notre entrée. » Pour de Gaulle, la France se doit donc de reconnaître « le monde tel qu’il est », et tant pis si le régime politique de la République populaire véhicule une idéologie politique critiquable en de nombreux aspects. Il ne s’agit pas de reconnaître son régime ni le communisme, mais un Etat qui gouverne depuis quatorze ans. 3

Durant cette période, le général de Gaulle n’a cessé d’affirmer son désir d’une neutralisation du Sud-est asiatique tout entier, c’est -à-dire les deux Viêt-Nam, le Cambodge et le Laos. Pour cela, évidemment, il faut être en mesure de négocier avec la RPC.

1 Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle II , Paris, Fayard, 1997, page.493. 2 Zhang Xichang ᓴ䫵ᯠ , Troisième essor pour établir les relations diplomatiques de la RPC (݅੠೑ ㄀ϝ ⃵ᓎѸ催╂ gongheguo disanci jianjiao gaochao ), Beijing, Editions Connaissances universelles ( Ϫ⬠ⶹ 䆚ߎ⠜⼒ shijie zhishi chubanshe) , 1998 3 BRIZAY Bernard, La France en Chine : Du XVII ème siècle à nos jours , Editions Perrin, 2013, page.489. 59

Dans ce contexte, le 21 octobre 1963, Edgar Faure, envoyé spécial du général de Gaulle, fait un voyage en Chine chargé d’une mission secrète : l’établissement des relations diplomatiques avec Beijing (Pékin). D’après le témoignage de Zh ang Xichang, les dirigeants chinois n’étaient pas informés des motifs de cette mission, lorsqu’Edgar Faure est arrivé à Shenzhen. Après avoir expliqué qu’il était porteur d’une lettre du général de Gaulle, le chargeant personnellement d’initier ce rapproch ement, faute de ne pourvoir s’adresser directement aux autorités chinoises, Edgar Faure a été reçu particulièrement par le maire de Guangzhou (Canton) 1. C’est le deuxième voyage d’Edgar Faure en Chine après le premier de 1957.

Si le général de Gaulle ava it choisi Edgard Faure, c’est parce que non seulement celui-ci préconisait la reconnaissance de la RPC depuis son premier voyage, mais surtout qu’il possédait des capacités appropriées : député du Jura en 1946, il était secrétaire d’Etat puis ministre dans de nombreux Gouvernements de la IV ème République, exerçant ses compétences dans des domaines aussi variés que les Finances, les Affaires économiques, la Justice et les Affaires étrangères. Couronnement de cette carrière, Edgar Faure était Président du Conseil en 1952 et 1955, il connaissait les affaires de l’Indochine, avant et après Dien Bien Phu, avant et après Genève, et ne pouvait manquer de percevoir le rôle de la Chine dans les affaires internationales, particulièrement en Asie. Et puis Edgar Faure e st un original de grand talent. Diplômé de l’Ecole des Langues Orientales, il y a appris le russe et le chinois. Son épouse Lucie Faure est également la nièce de Julien Cain, membre de l’Institut, qui fit le voyage en Chine en 1956 (en tant que membre d’un e délégation et directeur de la Bibliothèque Nationale de France). Il y fut même reçu par Zhou Enlai. C’est dire que Lucie Faure avait les moyens de suivre ce qui se passait dans l’Empire du Milieu. 2 Après son premier voyage en Chine, Edgar Faure a publié un livre « Le Serpent et la Tortue »3. Cet ouvrage provoque non seulement un débat sur la politique française et

1 Zhang Xichang ᓴ䫵ᯠ , Troisième essor pour établir les relations diplomatiques de la RPC (݅੠೑ ㄀ϝ ⃵ᓎѸ催╂ gongheguo disanci jianjiao gaochao ), Beijing, Editions Connaissances universelles ( Ϫ⬠ⶹ 䆚ߎ⠜⼒ shijie zhishi chubanshe) , 1998, page.34. 2 KROUCK Bernard, De Gaulle et la Chine , Editions les Indes Savantes, 2012, page.178. 3 Edgard Faure, Le Serpent et la Tortue. Les problèmes de la Chine Populaire , Paris, Julliard, 1957. 60 occidentale à l’égard de la Chine populaire, incit e d’autres hommes politiques à faire le voyage en Chine, mais aussi impressionne favorablement les dirigeants chinois : « Il faut résoudre de toute urgence le problème-clef de Formose ». Edgar Faure croit à une solution raisonnable afin d’ « ouvrir la négociation ». Il pense que la Chine populaire est la seule Chine et qu’il faut la reconnaître et l’admettre à l’ONU. Il veut assurer l’aide occidentale à la Chine : « Il faut développer des relations de tous ordres, économiques et culturelles, avec la Chine.» T oujours visionnaire, Edgar Faure fait cette analyse qu’on croirait tirée d’un discours de Deng Xiaoping vingt ans plus tard : « Il faut aider la Chine dans l’immense effort que tente ce peuple pour sortir de l’ornière d’un retard de plusieurs siècles. Il faut l’aider à accomplir cette modernisation, car seule cette modernisation peut la rapprocher de nous, économiquement et politiquement. » En rappelant la construction d’un pont sur le fleuve Yang-Tsé entre deux promontoires appelés le Serpent et la Tortue, Edgar Faure conclut son propos : « Entre l’Est et l’Ouest, comme entre le Serpent et la Tortue, jetterons nous un pont ? Afin qu’un jour, les hommes ne se souviennent plus qu’il y avait là, autrefois, un abîme infranchissable ? »1 Sa présence à Beijing (Pékin) sera argument favorable à la réussite des négociations avec les autorités chinoises.

D’après Martin Garret, la décision du général de Gaulle de reconnaître la Chine populaire peut être expliquée par quatre raisons possibles 2 : -Le Général veut montrer que la France est capable de jouer un rôle éminent sur la scène internationale et de négocier avec touts les pays sans considérer leurs régimes ; -La tentative du général de Gaulle est de renforcer la position de la France vis-à-vis des superpuissances à travers le « pivot chinois »; -Le général de Gaulle s’intéresse seulement à s’opposer au x Etats-Unis. Par la normalisation des relations diplomatique avec la Chine populaire, il donne un signe à Moscou que la France compte et qu’il a envie d'améliorer les relations avec l’URSS: -La finale explication est que la motivation du général de Gaulle est beaucoup plus complexe : il croit que le conflit aigu entre Moscou et Washington peut garantir

1 KROUCK Bernard, De Gaulle et la Chine , Editions les Indes Savantes, 2012, page.213. 2 Garret Martin, Playing the China Card ? Revisiting France’s Recognition of Communist China, 1963 – 1964 , Journal of Cold War Studies Vol. 10, No.1, Hiver 2008, pages.52-53. 61 l’indépendance de la politique extérieure chinoise et que l’influence de la Chine en Asie du Sud-est permettra à la France de jouer un rôle de médiateur en Indochine si les relations sino-françaises sont améliorées. Et pourquoi de Gaulle attendait-il jusqu’à l’été de 1963 pour prendre cette décision ? Martin Garret explique : « Les développements régionaux en Asie du Sud-est, particulièrement la possibilité d'aboutir à une solution politique au Viêt-Nam et de permettre à la France de jouer de nouveau un rôle dans cette région, ont convaincu le président français d'agir, et d’agir vite. »

2. Le retrait des forces françaises de l’OTAN A partir des années soixante, la situation mondiale est caractérisée par des désaccords Est-Ouest : divergences à l’intérieur des pays occidentaux et des pays communistes, surtout entre Beijing (Pékin) et Moscou du camp communiste, et entre Paris et Washington du camp occidental. Le retrait français de l’OTAN ( Organisation du Traité Atlantique Nord) est un signe de l’indépendance diplomatique française à l’égard des Etats -Unis. Cette attitude aura une incidence favorable dans le rapprochement entre Beijing (Pékin) et Paris. Les dirigeants chinois réjouissent que le général de Gaulle ait adopté une politique extérieure d’indépendance à l’égard de Washington. Dans le droit fil des accords de Yalta, un état occidental ne pouvait décider seul de reconnaître la RPC, et se devait de s’alig ner sur la position de Washington. Cependant, le général de Gaulle a le courage de s’affranchir de cette subordination, marquant ainsi un premier pas dans la politique atlantique de la France. La France souhaitant se libérer de la tutelle américaine, quitt era l’OTAN, comme indique le général de Gaulle : « ... Il s’agit de l’organisation imposée à Etat atlantique et qui n’est que la subordination militaire et politique de l’Europe Occidentale aux Etats -Unis d’Amérique »1. Dans un premier temps, la France prend ses distances avec l’OTAN à partir de mars 1959, en annonçant son retrait du commandement de l’OTAN de la flotte de la Méditerranée. Les Etats-Unis retirent 200 avions de combat de la France en juin 1959 et les installent en Angleterre et en Allemagne de l’Ouest. Notamment, lorsque la France

1 Charles de Gaulle, Mémoires d’espoir I , Paris, Plon, page.177. 62 déclare le 21 juin 1963 retirer du commandement de l’OTAN la flotte française de l’Atlantique Nord, cette décision provoque une vive réaction au sein des membres de l’OTAN et embarrasse Washington. Cette défection int ervient en plein affrontement entre l’OTAN et le CAEM 1 (Conseil d’assistance économique mutuelle). La France retire progressivement ses forces militaires. Le retrait ne signifie pas toutefois un éloignement de Washington, il donne un signal du début de tensions croissantes dans les relations politiques, économiques et militaires entre la France et les Etats-Unis.

Les autorités chinoises considèrent du reste que si la France souhaite seulement ne plus être sous le commandement de Washington et qu’elle n’est malgré tout pas hostile aux Américains. En revanche, pour la France, ce retrait de l’OTAN signifie de quitter non seulement les rapports militaires et politiques de dépendance vis-à-vis des Etats-Unis, mais aussi de sortir de la logique des blocs politiques pour se remettre dans une situation d’indépendance dans les rapports Est -Ouest 2.

En effet, le général de Gaulle a agi de façon pragmatique, suivant l’évolution du monde. Il a attendu que la France possède l’arme nucléaire pour se retirer de l’OTAN en 1966 (la France avait commencé ses essais nucléaires en 1954). Comme le souligne le général de Gaulle : « Il est bien clair, en effet, qu’en raison de l’évolution intérieure et extérieure des pays de l’Est, le monde occidental n’est plus aujourd’hui menacé comm e il l’était à l’époque o ù le protectorat américain fut organisé en Europe sous le couvert de l’OTAN. Mais, en même temps que s’estompent les alarmes, se réduisait aussi la garantie de sécurité, autant vaut dire absolu, que donnait à l’ancien Continent la possession par la seule Amérique de l’armement atomique et la certitude qu’elle l’ emploierait sans restriction dans le cas d’une agression »3.

1 CAEM : Conseil d’assistance économique mutuelle, était une organisation d’entraide économique entre différents pays du bloc communiste, créée par Staline en 1949 et dissous après la chute de l’URSS en 1991. 2En référence à l'ouvrage : Les Relations extérieures de la France après la seconde guerre mondiale (៬ৢ ⊩೑໪Ѹ৆ zhanhou faguo waijiaoshi ), Zhou Jianqing ਼ࠥ॓ , Zhang Xichang ᓴ䫵ᯠ , Beijing, Editions Connaissances universelles ( Ϫ⬠ⶹ䆚ߎ⠜⼒ shijie zhishi chubanshe), 1993. 3 Charles de Gaulle, Discours et messages, tome V , Paris, Plon, 1970, page.18. 63

Pourquoi le général de Gaulle souhaite-t-il une politique indépendante de Washington ? L’histoire évolue aprè s la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’hégémonie européenne des siècles précédents disparait au profit des deux nouvelles grandes puissances : Américains et Soviétiques. L’Europe de l’Ouest dépend pour sa sécurité de la couverture atomique américaine. E n outre, l’alliance entre l’Europe et les Etats -Unis se renforce avec le « plan Marshall »1 pour reconstruire le vieux continent sur la base de l’aide économique et de la protection militaire américaine . Seize pays d’Europe ont reçu 12,4 milliards de dollars. Cette dépendance politique, économique et stratégique explique qu’aucun pays ne peut agir sans le consentement des Etats-Unis. Quant à la France, elle a besoin de l’aide financière américaine pour entreprendre sa reconstruction, c’est la raison pour laquelle elle dépendra politiquement des Etats-Unis.

Malgré la fin du plan Marshall, la France n’a pas pu échapper à la dépendance politique américaine et à sa finance. Elle ne pouvait pas faire face seule aux dépenses occasionnées par la guerre d’Indochine . En effet, les Etats-Unis apportaient 3,6 milliards de dollars à la France pour financer les dépenses militaires entre 1950 et 1954. Les Français faisaient la guerre et les Américains la payaient. A partir de 1958, l’ économie française s’améliore au conte xte économique général grâce à la politique intérieure et extérieure du général de Gaulle. L’objectif central de sa politique extérieure était : « Défendre la souveraineté de l’Etat et résister aux Etats-Unis ». Dans cette nouvelle situation, l’équilibre d es influences –son principe diplomatique essentiel- ne se réalisait qu’avec l’indépendance.

Comment la France s’y est -elle prise ? En prenant l’initiative de reconnaître la Chine comme une puissance du monde, et en se positionnant comme l’intermédiaire politique entre les Etats-Unis, l’URSS et la Chine. Selon les chercheurs chinois, le souhait du général de Gaulle d’engager un dialogue direct entre la France et la RPC par son désir d’arrêter la guerre d’Indochine et

1 Plan Marshall, soit le Programme de rétablissement européen , est lancé par le Secrétaire d’Etat des Etats - Unis, le général Georges Marshall le 5 juin 1947 lors d’un discours à l’Université Harvard. 64 peut-être même pour entraver l’action d es Etats-Unis en Indochine. La France entend retourner pacifiquement en Indochine, confortant ainsi sa politique asiatique grâce à la compréhension de la Chine 1. Dans ces conditions, la France proposa que le Viêt-Nam et la zone indonésienne deviennent neutres. Le général de Gaulle avait suggéré, pour résoudre ce problème, que les Etats-Unis, le Royaume –Uni, la France et la Chine se concertent ensemble sur la réalisation de la paix en Indochine.

3. La reconnaissance de la RPC et le rapprochement de l’URSS Il y a paradoxalement un rapport entre la reconnaissance de la RPC par la France et le rapprochement franco-soviétique. Profitant de la rupture des relations sino-soviétiques et du commencement des relations triangulaires entre Washington, Moscou et Beijing (Pékin), Paris étend largement ses activités diplomatiques avec Moscou et Beijing (Pékin). Ces rapprochements constituent une partie de la stratégie diplomatique du général de Gaulle. Avec l’appui politique chinois, le général de Gaulle espère que la Fra nce regagnera la place qui lui est due, celle d’un grand pays capable de dialoguer avec les superpuissances et de défendre ses intérêts nationaux en Europe.

Paris peut, à l’aide de ses relations privilégiées avec Beiji ng (Pékin), peser sur Moscou, et étendre ainsi son influence diplomatique aux trois grands pays. Une fois que la France aura établi ses relations diplomatiques avec Beijing (Pékin), elle deviendra le premier pays de l’Europe de l’Ouest disposé d’une représentation diplomatique au niveau d’ ambassadeurs avec la RPC 2. Elle sera aussi le seul pays occidental à établir des ambassades tant à Moscou qu’a Beijing (Pékin), ce qui est une marque d’indépendance vis-à-vis les Etats-Unis. Cette attitude explique qu’ « elle pourra ainsi dialoguer

1 Liu Ziqing ߬ᄤ⏙ , Analyse de la politique du général de Gaulle envers les Etats-Unis (䆘᠈催Фⱘᇍ㕢 ᬓㄪ Pingdaigaolede duimeizhengce ), dans la revue Recherches de l'Europe de l'Ouest (㽓⃻ⷨお xiouyanjiu ), Centre des recherches sur l'Europe de l'Ouest de l'Académie des Sciences sociales de Chine, n°5, 1990. 2 Bien que le Royaume-Uni et le Royaume des Pays-Bas reconnaissent la RPC dès 1950, leurs relations diplomatiques s’établissent le 13 mars et le 18 mai 1972. 65 directement avec les trois grands pays du monde : les Etats-Unis, l’URSS et la RPC »1. Cela peut accroître l’influence diplomatique française sur l’échiquier international. Alain Peyrefitte demandait au général de Gaulle le 6 novembre 1963 : « Si nous reconnaissons la Chine communiste, est-ce que nous allons recevoir quelque chose en échange ? ». De Gaulle répondit : « Bien sûr, pourquoi faire des cadeaux si on n’en reçoit pas ? ...Il faut toujours un allié de revers. Cela a toujours été politique de la France (...) et aujourd’hui, je fais alliance avec la Chine pour nous renforcer face à la Russie »2.

Les mouvements de lutte pour l’indépendance se m ultiplient et deviennent de plus en plus forts en Asie et en Amérique latine après la conférence de Bandung de 1955. La RPC participe activement aux mouvements « anti-néo-colonialistes américains ». Elle dénonce les actions des Etats-Unis aussi bien en Indochine après le retrait français en 1955, qu’en Moyen -Orient après le retrait franco-anglais de l’Egypte en 1956, et lo rs de la menace militaire américaine envers la Syrie en 1957, ainsi que l’intervention américaine au Liban et en Jordanie en juillet 1958.

Un mois après le 27 août 1958, le Président Eisenhower déclare de nouveau que les Etats-Unis n’abandonnent pas leurs efforts pour défendre Taïwan : ils envoient trois mille hommes pour renforcer la défense dans la mer de Taïwan après les bombardements des îles de Quemoy et de Manzu le 23 août 1958. Le gouvernement de la RPC déclare le 4 septembre 1958 : « La distance des eaux territoriales est de 12 milles marins. Tous les avions et bateaux militaires étrangers ne peuvent pas entrer dans les eaux ou les airs territoriaux chinois sans la permission du gouvernement chinois ». Deux jours plus tard, le Premier ministre Zhou Enlai souligne que si les Etats-Unis continuent à intervenir dans les affaires chinoises, ils devront prendre leurs responsabilités. En effet, le gouvernement chinois espère reprendre les dialogues sino-américains de Varsovie interrompus depuis 1955 afin d ’éviter d’aggraver la situation de la mer de Taïwan.

1 En référence de l'ouvrage : Les Relations extérieures de la France après la seconde guerre mondiale (៬ ৢ⊩೑໪Ѹ৆ zhanhou faguo waijiaoshi ), Zhou Jianqing ਼ࠥ॓ , Zhang Xichang ᓴ䫵ᯠ , Beijing, Editions Connaissances universelles ( Ϫ⬠ⶹ䆚ߎ⠜⼒ shijie zhishi chubanshe), 1993. 2 Cahiers de la Fondation de Charles de Gaulle , Paris, n°1, 1995, page.28. 66

Du côté soviétique, le Premier secrétaire du PCUS Khrouchtchev craignant que le bombardement chinois du 23 août 1958 puisse contrarier la détente, et même provoquer un conflit entre Moscou et Washington, envoie en secret son ministre des Affaires étrangères Gromyko à Beijing (Pékin) le 5 septembre. Ce bombardement n’étant qu’une manifestation du mécontentement chinois contre l’occupation des îles par le Guomindang et contre l’intention de Washington de créer « deux Chine »1, comme l’explique Zhou Enlai. Khrouchtchev adresse immédiatement deux lettres ouvertes à Eisenhower les 7 et 19 septembre dans lesquelles il affirme son soutien à Beijing (Pékin) et son désir de voir les Etats-Unis quitter la mer de Taïwan et arrêter son ingérence dans les affaires chinoises. Il rappelle à cette occasion que les deux pays sont liés par le traité d’amitié de 1954.

Depuis la défection chinoise du camp soviétique en juillet 1960, le camp communiste est fragilisé. Les divergences se multiplient et pourrissent jusqu’aux relations gouvernementales. Beijing (Pékin) accuse Moscou de mener une action révisionniste, et pense que Moscou s’allie avec Washington pour étouffer la Chine. Moscou, pour sa part, accuse Mao Zedong de s’élo igner du marxisme-léninisme. Beijing (Pékin) devient alors la deuxième capitale communiste, la rupture sino-soviétique est consommée. Après la séparation de la Chine du camp communiste, Richard Nixon modifie alors sa politique extérieure et a l’intention d e réexaminer de nouveau ses relations avec la Chine populaire, qui ne lui semblent ni normale ni raisonnables. Hao Yufan, professeur de la science politique de l’Université Colgate et spécialiste des relations sino- américaines approuve cette analyse 2. Quant aux pays capitalistes, les contradictions franco-américaines paraissent de plus en plus importantes.

Evidemment, face à une situation complexe, les relations triangulaires entre Washington, Moscou et Beijing (Pékin) se nouent. Le général de Gaulle, profitant de la

1 Œuvres choisies diplomatiques de Zhou Enlai (਼ᘽᴹ໪Ѹ᭛䗝 Zhouenlai waijiao wenxuan ), Beijing, Editions du Centre des documentations chinois, 1990, page.265. Hao Yufan 䚱䲼޵ , La politique chinoise des Etats-Unis 1949-1998 (㕢೑ᇍढᬓㄪݙᐩ 1949-1998 2 Meiguo duihua zhengce neimu ), Beijing, Editions Taihai ( ৄ⍋ߎ⠜⼒ Taihai chubanshe), 1998. 67 rupture des relations sino-soviétiques et du début des relations triangulaires, intensifie ses activités diplomatiques avec Moscou et Beijing (Pékin), dans le sens de la détente, de l’entente et de la coopération. Les occasions pour Paris de renforcer le lien avec Moscou se multiplient, surtout de la visite de Khrouchtchev à Paris du 23 mars au 3 avril 1960. Cette rencontre marque le départ de nouvelles relations franco-soviétique depuis le retour au pouvoir du général de Gaulle. Cette entente se fait malgré leurs divergences sur l’Allemagne. Au cours de cette visite du dirigeant russe, le général de Gaulle déclare : « Mais il semble qu’on en soit au point où, de part et d’autre, on veuille chercher les moyens d’empêcher que les rivalités ne mènent à la destruction, d’établir des rapports pratiques qui ne soient pas méfiants, ni malveillants et, même, peut-être, de mettre en œuvre un début de coopération pour porter une aide commune à tant de peuples qui eux aussi, aspirent à un développement moderne ». 1 Ce discours signifie que le général de Gaulle modifie la politique française envers l’URSS, et que les deux pays renforcent leurs relations.

De même, la visite du général de Gaulle à Moscou en 1966 entre dans le cadre du triptyque « détente, entente et coopération ». Elle se solde par « la création d’une Commission mixte permanente chargée de recherche les moyens de développer les échanges commerciaux entre la France et l’URSS, la coopération industrielle franco - soviétique dans le domaine de la télévision en couleur. Un accord de coopération scientifique et culturelle est signé. Au niveau politique, la déclaration mentionne l’accord des deux gouvernements sur la nécessité de considérer les problèmes de l’Europe dans un cadre européen, et de passer d e la détente à l’entente »2.

Ces rapports particuliers entre Paris et Moscou jouent un rôle important sur la scène internationale.

1 Charles de Gaulle, Discours et messages, tome III , Paris, Plon, 1970, page.174. 2 Charles de Gaulle, Discours et messages, tome V , Paris, Plon, 1970, page.56. 68

Cette entente va permettre aux deux pays de consolider leur position sur l’échelle internationale et de disposer davantage d ’atouts pour faire face aux ambitions hégémoniques des Etats-Unis. La politique orientale du général de Gaulle va lui permettre de se maintenir dans la région et d’exercer une certaine influence sur la politique des Etats -Unis.

B) Double refus des hégémonies par Paris et Beijing (Pékin)

A partir de la fin des années cinquante, avec l’apparition de ces données nouvelles, le partage du monde entre deux camps, respectivement menés par Washington et par Moscou, correspond de moins en moins à la situation rée lle. L’indépendance et le respect de la souveraineté nationale deviennent la base de la politique extérieure tant pour Paris que pour Beijing (Pékin). Les opinions qu’ont le général de Gaulle et le Président Mao Zedong, sur certains thèmes internationaux, convergent de plus en plus, et en premier lieu sur la situation en Indochine. Ensuite Paris et Beijing (Pékin) ont la même analyse du traité de Moscou de 1963 et de la menace que représentent le duo nucléaire américain- soviétique. Les deux pays s’engagent dans le même sens, sans consultation préalable. Ce qui a rapproché la France et la RPC, c’est le rejet de l’hégémonie des superpuissances soviétique et américaine. Si la France a cherché à se démarquer par rapport aux deux blocs, la Chine a du s’affronter aux Etats-Unis depuis la guerre de Corée, et puis s’éloigne de l’URSS, pour les raisons politique et idéologique. Le général de Gaulle « pressent l’importance du schisme sino -soviétique, ferme d’une configuration moins figée d'un monde bipolaire. Le refus de Pékin de signer le traité de Moscou de 1963 sur l’interdiction des essais nucléaires dans l’atmosphère, qui rapproche objectivement la Chine et la France, en est une confirmation ».1 Le rapprochement entre Paris et Beijing (Pékin) crée-t-il ainsi une sorte de troisième force dans le monde ? Deux affaires importantes le révèlent et l’expliquent : - Le double refus du traité de Moscou de 1963 - Les divergences entre Beijing (Pékin) et Moscou

1 Maurice Vaïsse : LA PUISSANCE OU L’INFLUENCE , Fayard, 2009, pages.465-466. 69

1. Le double refus du traité de Moscou de 1963 Le Traité d’interdicti on partielle des essais nucléaires (Traité de Moscou) signé par trois pays, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’URSS, le 5 août 1963 à Moscou, provoque à la fois la rupture complète des relations entre Moscou et Beijing (Pékin) et le mécontentement de Paris. Beijing (Pékin) considère à juste titre que cet accord n’a pour seul but que de priver certains pays, comme la Chine et la France , de l’accès à l’ar me nucléaire. En fait, cet accord n’interdit que les essais nucléaires, mais ne prévoit pas de désarmement. En d’autres termes, les deux superpuissances tentent à cette occasion de figer leur monopole nucléaire, qui plus est Moscou change sa position sur la question du désarmement depuis 1962, et affirme sa volonté d’une détente avec Washington, alors qu’elle rompt les relations avec Beijing (Pékin).

En juillet 1963, deux conférences se tiennent à Moscou. Elles ont abouti à deux résultats opposés. D’une part, il y a la conférence sino -soviétique du 6 au 20 juillet 1963, avec pour but de réduire les divergences entre le PCUS et le PCC. Cette conférence débouche sur la rupture entre Beijing (Pékin) et Moscou. En effet, en plein déroulement de la conférence sino-soviétique, le PCUS publie le 14 juillet « Une lettre adressée aux établissements et aux membres du PCUS » pour répondre à une lettre du PCC « Vingt-cinq points ». 1 Aussitôt le Quotidien du peuple et la presse chinoise reproduisent cette lettre car Beijing (Pékin) considère que le PCUS critique le PCC d’une manière violente, et lance une attaque afin d’int errompre les relations entre les deux Etats 2. La conférence finit par la rupture du dialogue.

De l’autre part, la conférence améric ano-anglo-soviétique sur les armements atomiques aboutit le 25 juillet à un accord visant à mettre fin aux expériences nucléaires atmosphériques. Beijing (Pékin) qui considère que cette alliance permettra aux deux superpuissances de dominer le monde, fait immédiatement une déclaration où il souligne

1 La lettre du PCC adressée au PCUS le 14 juin 1963, intitulée « Propositions concernant la ligne générale du mouvement communiste international ». 2 Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ Renlin ribao ), le 20 juillet 1963. 70 qu’il faut interdire et détruire totalement les armements nucléaires et ouvrir une nouvelle conférence des chefs d’Etat 1.

Du côté français, l’arme nucléaire joue un rôle indispensable pour de Gaulle en quête de la grandeur . Le traité de Moscou est ainsi considéré comme une attaque contre l’ambition d’«être une grande puissance » de la France. Comme Couve de Murville souligne lors du Conseil des ministres le 21 août 1963 : « La France poursuit une politique indépendante dont le noyau est la construction d'un arsenal nucléaire indépendant. »2 Le général de Gaulle, dans une conférence de presse en 1963, affirme : « Nous répétons, également, qu’un simple accord sur les essais entre Soviétiques et Anglo- saxons, déjà investis d’une puissance incommensurable, qui ne cessent de la renforcer et qui par-là confirment de jour en jour leurs hégémonies respectives, ne détournera pas la France de se doter, elle aussi, des moyens de la même sorte, faute de quoi, puisque d’autres en ont, sa propre sécurité et sa propre indépendance ne lui appartiendraient jamais plus »3. Constatant les concordances de vue, le général de Gaulle souligne que la Chine se manifeste comme une puissance souveraine et indépendante, et adopte la même position que lui. Ainsi, face à l’hégémonisme mondial de Washington et de Moscou, Paris et Beijing (Pékin) désirent développer leurs propres forces nucléaires.

Comme Etienne Manac’h le constate dans une conférence faite au Palais du Luxembourg le 25 janvier 1984 : « En dépit des objurgations ni la France ni la Chine ne signeront ce traité, elles seront presque seules à s’abstenir ». Evidemment, les deux pays n’acceptent pas la domination nucléaire du couple soviéto-américain. Ils souhaitent être indépendant à l’égard des deux blocs. Il continue, en ajoutant que, « la Chine et la France se retrouvent d’accord pour réaffirmer leur at tachement à la souveraineté de leur propre défense nationale, que celle-ci est avant tout l’affaire de chaque peuple et que la

1 La déclaration du gouvernement chinois le 31 juillet 1963. 2 Garret Martin, Playing the China Card ? Revisiting France’s Recognition of Communist China, 1963 – 1964 , Journal of Cold War Studies Vol. 10, No.1, Hiver 2008, pages.63-64. 3 Charles de Gaulle, Discours et messages, IV , Paris, Plon, 1970, page.127. 71 sécurité ne saurait être garantie, de manière absolue, par une tierce puissance ou un groupe de puissances. »1

L’ historien chinois Chen Lemin insiste sur le caractère nationaliste de cette volonté, il affirme : « De la part du général de Gaulle, il est primordial pour la France d’avoir sa place parmi les puissances atomiques indépendantes »2. Dans son article : « Gaullisme et nationalisme », Chen Lemin lie le nom du général de Gaulle avec celui de la nation française. L’ouvrage du professeur Zhou Rongyao : « De Gaulle et les relations internationales »3, indique que la vision du général de Gaulle sur les relations internationales est essentielle et influence particulièrement les opinions mondiales. Le professeur Liu Ziqing dans son article : « De la politique du général de Gaulle envers les Etats-Unis » analyse les conséquences de la méfiance exprimée par la politique française à l’é gard des Etats-Unis, et considère que de Gaulle défend la souveraineté et l’indépendance de la France et qu’il élève la position de la France dans les affaires internationales. 4 Les autorités chinoises expriment aussi leur admiration pour le général de Gaulle et ses politiques. Selon le consul général français à Hong Kong, André Saint-Mleux, le premier ministre chinois Zhou Enlai a loué le général de Gaulle qui s’oppose aux Etats - Unis, au cours d’une rencontre avec le ministre belge Louis Scheyven et a rema rqué les similarités entre les points de vue français et chinois.

1 Historiens & Géographes , Paris, Buisson, n°309, page.1075. 2 Chen Lemin 䰜Ф⇥ (ancien directeur du Centre de recherches de l'Europe de l'Ouest de l'Académie des Sciences sociales de Chine) , Gaullisme et nationalisme (᠈催ФЏНϢ⇥ᮣЏН Daigaolezhuyi yu minzuzhuyi ), dans la revue Recherches de l'Europe de l'Ouest (㽓⃻ⷨお Xiou yanjiu ), Beijing, Centre de recherches de l'Europe de l'Ouest de l'Académie des Sciences sociales de Chine, n°5, 1990. 3 Zhou Rongyao ਼㤷㗔 (vice-directeur du Centre de recherches de l'Europe de l'Ouest de l'Académie des Sciences sociales de Chine), De Gaulle et les relations internationale (᠈催ФϢ೑䰙݇㋏ Daigaole yu guojiguanxi ),dans la revue Recherches de l'Europe de l'Ouest (㽓⃻ⷨお Xiou yanjiu ), Beijing, Centre de recherches de l'Europe de l'Ouest de l'Académie des Sciences sociales de Chine, n°5, 1990. 4 Liu Ziqing ߬ᄤ⏙ , Analyse de la politique du général de Gaulle envers les Etats-Unis (䆘᠈催Фⱘᇍ㕢 ᬓㄪ Pingdaigaolede duimeizhengce ), dans la revue Recherches de l'Europe de l'Ouest (㽓⃻ⷨお xiouyanjiu ), Centre des recherches sur l'Europe de l'Ouest de l'Académie des Sciences sociales de Chine, n°5, 1990. 72

Le traité de Moscou qui crée un fossé entre les pays nucléaires et les pays quasi- nucléaire favorise le rapprochement entre Paris et Beijing (Pékin) par leur refus du traité et leur opposition commune contre la « double hégémonie » des superpuissances. Robert Morel-Francoz, ambassadeur français à Rangoun, confirme ce point dans une lettre à de Gaulle le 5 août 1963: les Chinois souhaitent la bienvenue d’une initiative immédiate de la reconnaissance. 1

2. Les divergences entre Beijing (Pékin) et Moscou Le problème essentiel de la rupture sino-soviétique concerne aussi l’indépendance nationale. Ces contradictions ont été soulevées après la mort de Joseph Staline en 1956 et l’affrontement idéolo gique entre ces deux pays frères devient public en 1960. Cette différence de pensée croissante, entraîne une séparation inévitable.

Chronologie des divergences entre Beijing (Pékin) et Moscou : 1956 : Beijing (Pékin) s’oppose à la désta linisation opérée par Khrouchtchev au XX ème Congrès du PCUS en février de cette année. D’après le PCC, Staline a plus de mérite que de faute. Le Quotidien du peuple publie alors deux articles : « Les expériences historiques sur la dictature de la classe prolétarienne » et « Les expériences historiques sur la dictature de la classe prolétarienne encore une fois ». 2

1957 : Beijing (Pékin) s’oppose à la définition soviétique de « coexistence pacifique » dans la conférence des 64 partis communistes à Moscou en novembre. Mao Zedong adresse au PCUS un avis différent : « Les propositions sur la question de la transition pacifique »3 (du capitalisme au socialisme).

1 Garret Martin, Playing the China Card ? Revisiting France’s Recognition of Communist China, 1963 – 1964 , Journal of Cold War Studies Vol. 10, No.1, Hiver 2008, pages.63-64. 2Les expériences historiques sur la dictature de la classe prolétarienne (݇Ѣ᮴ѻ䰊㑻ϧᬓⱘग़৆㒣偠 ! "#$%&#!'#()$%*+,*+-)#$%$),%"!.,!/+0)+*+%"&$% ), Les expériences historiques sur la dictature de la ! #&%$#" classe prolétarienne encore une fois (ݡ䆎᮴ѻ䰊㑻ϧᬓⱘग़৆㒣偠 zailun '#()$%*+,*+-)#$%$),%"!.,!/+0)+*+%"&$% ), Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ Renlin ribao ), le 4 avril et le 29 décembre 1956. 3 Comité central du PCC, Le débat concernant la ligne générale des mouvements communistes internationaux (݇Ѣ೑䰙݅ѻЏН䖤ࡼᘏ䏃㒓ⱘ䆎៬ Guanyu guoji gongchanzhuyi zongluxian de lunzhan ), Beijing, Editions du people ( Ҏ⇥ߎ⠜⼒ Renmin chuabanshe), 1965, page.96. 73

1958 : un projet de commandement naval mixte en Extrême-Orient qui débutait en 1958 et mettait la marine chinoise sous la tutelle soviétique. Ce projet est refusé par Mao Zedong en 1959 qui le trouve comme une intervention de la politique de sécurité et de souveraineté d’Etat. 1

1959 : Moscou décide de suspendre l’aide accordée à la RPC le 15 octobre 1957, dans les domaines relatifs aux technologies modernes de défense nationale, en refusant la fourniture de dossiers techniques.

1959 : Le Quotidien du peuple publie, le 9 décembre, un éditorial intitulé : « La vérité sur le problème frontalier sino-indien » pour répondre à la déclaration soviétique sur le conflit sino-indien du 9 septembre 1959. C’est un cadeau de la part de Khrouchtchev à Eisenhower pour son voyage aux Etats-Unis et confirmer sa volonté de rapprocher sa position de celles des Etats-Unis.

1960 : Moscou s’opp ose au PCC durant le Congrès des Partis communistes en juin. Le 12 juillet, Moscou résilie tous les contrats économiques et retire de la Chine ses 1,390 experts techniques. Tout cela cause tor t à l’économie chinoise avec le « Grand bond en avant » de 1958.

1960 : Avant le voyage de Khrouchtchev aux Etats-Unis, Moscou qui s’est opposé à Beijing (Pékin), livre du matériel militaire dont des Migs-21 en Inde, au moment où éclatent les conflits sino-indiens. Depuis cette date, les affrontements se multiplient aux frontières sino-soviétiques. Beijing (Pékin) et Moscou s’accusent réciproquement de malveillance. Dès lors, sur les journaux officiels chinois, le gouvernement chinois soupçonne les dirigeants soviétiques de ne plus être marxistes, de pratiquer une politique révisionniste dans le camp communiste et vouloir imposer leur hégémonie dans les affaires internationales.

1 Œuvres choisies de la diplomatie de Mao Zedong (↯⋑ϰ໪Ѹ᭛䗝 Mao Zedong waijiao wenxuan) , Editions de Presse centrale des documentations ( Ё༂᭛⤂ߎ⠜⼒ Zhongyangwenxian chubanshe), Beijing, 1994, pp.328-330. 74

1964 : Pour la première fois en avril, le Pravda 1 accuse le PCC d’avoir trahi le camp communiste. La rupture sino-soviétique change les rapports de force entre les grandes puissances mondiales. Elle change aussi les motifs d’affrontement entre les Etats-Unis et l’URSS, basés essentiellement sur les principes du capitalisme et du communisme.

Du 6 septembre 1963 au 14 juillet 1964 : En guise de riposte, le Quotidien du peuple et le Drapeau Rouge 2, deux publications officielles chinoises, publient successivement neuf articles importants intitulés : - « Les conséquences et les évolutions sur les divergences entre le PCUS et le nôtre » - « Sur la question de Staline » - « La Yougoslavie est-elle un pays socialiste ? » - « Défenseur du néo-colonialisme » - « Deux voies concernant la guerre et de la paix » - « Les deux politiques différentes sur la question de la coexistence pacifique » - « Les dirigeants du PCUS sont les grands scissionnistes actuels » - « La révolution prolétarienne et le révisionnisme de Khrouchtchev » - « A propos du faux communisme et d’une leçon historique mondiale »

Beijing (Pékin) riposte fortement à Moscou dan ces neuf articles. Les divergences sino-soviétiques sont exacerbées au sein des Partis communistes et prennent une ampleur particulière. La rupture sino-soviétique est inévitable. Dès alors, Beijing (Pékin) fera face à deux adversaires : Washington et Moscou. La RPC réoriente ainsi sa stratégie diplomatique vers l’ « anti-impérialisme américain » et l’«anti -révisionnisme soviétique ».

1 Le Pravda , qui signifie Vérité en français, est un journal soviétique écrit en russe. À l'époque de l'Union soviétique, il s'agissait d'une publication officielle du PCUS. 2 Le Drapeau Rouge (㑶᮫ Hongqi ) est un magazine officiel du PCC qui était publié de 1958 à 1988. 75

3. Conclusion Etienne Manac’h indique que la Chine et la France se trouvent d’accord pour réaffirmer leur attachement à leur souveraineté nationale. Ils considèrent que leur propre défense nationale est avant tout l’affaire de chaque peuple et que la sécurité ne saurait être garantie, de manière absolue, par une puissance ou un groupe de puissances. 1 Cette approche donne à la RPC la possibilité d’établir et d e développer des relations opportunes avec les pays occidentaux, après sa désolidarisation avec le camp communiste. La RPC brave les deux superpuissances, américaine et soviétique, et montre ainsi son aspiration à l’indépendance. Le général de Gaulle décid e de nouer les relations diplomatiques avec la Chine populaire en 1963, malgré leurs différences aux niveaux de système social et d’idéologie fondamentale, et malgré l’amitié de la France pour Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek). La Chine manifeste sa volonté d e défendre l’indépendance d’Etat contre le monopole des superpuissances dans les affaires internationales, « la question dépasse évidemment le plan bilatéral pour constituer un élément important de la politique d’ensemble du général de Gaulle, en particuli er ses rapports avec les Etats-Unis, politique dont on sait l’ ambigüité et l’arrière -plan historique et affectif »2.

C) Beijing (Pékin), vers les liens avec Paris

A partir de 1963, le Président Mao Zedong développe le concept stratégique dit des « deux zones intermédiaires »3 : hormis les Etats-Unis et l’URSS, le reste du monde forme deux zones intermédiaires. Selon cette théorie, le monde divisant en « un camp socialiste » et « un camp impérialiste (l’URSS et les Etats -Unis) ». La Chine pouvait alors se lier avec l’Europe occidentale afin de poser les jalons d’une nouvelle stratégie, en sortant de son isolement diplomatique.

1 Historiens & Géographes , Paris, Buisson, n°309, page.1075. 2 Guillermaz Jacques, Une vie pour la Chine, Mémoires 1937-1989 , Paris, Robert Laffont, 1994, page.296. 3 Mao Zedong indique deux fois ce concept en septembre 1963 et janvier 1964. Œuvres choisies de la diplomatie de Mao Zedong (↯⋑ϰ໪Ѹ᭛䗝 Mao Zedong waijiao wenxuan) , Editions de Presse centrale des documentations ( Ё༂᭛⤂ߎ⠜⼒ Zhongyangwenxian chubanshe), Beijing, 1994, pp.506-508. 76

Dans son analyse des relations internationales, Mao Zedong constate que : « La menace actuelle ne provient ni du Royaume-Uni, ni de la France, nous voulons au contraire q u’elles soient puissantes ». Par conséquent, accentuer ses efforts diplomatiques vis-à-vis des Occidentaux, renforcer des liens existants avec certains pays occidentaux et chercher à établir des relations diplomatiques avec le Royaume-Uni et la France constituent une nouvelle stratégie diplomatique de la RPC. On voit surtout « dans la France une puissance occidentale à la politique indépendante » et on « cultive cette possible ouverture ainsi que les contacts en Afrique francophone »1.

Le général de Gaulle cherche à assurer l’indépendance de la France vis -à-vis de l’OTAN en matière de défense. Il prône une politique extérieure qu i se démarque du bloc occidental. Cette recherche d’affirmation de la souveraineté nation ale, a séduit la Chine qui s’est empressée de lier des relations officielles privilégiées avec la France. On peut expliquer cette initiative en trois points : - La volonté de reconnaître la RPC par la France ; - L’échec de la reconnaissance de la RPC avant 195 4 ; - Une conjoncture favorable aux niveaux politique, économique et stratégique.

1. La volonté de reconnaître la RPC par le gouvernement français Deux hommes politiques français jouent un rôle historique très important dans le développement des relations officielles entre Paris et Beijing (Pékin). Ils sont Pierre Mendès France et Edgar Faure. Les tentatives d’établissement des relations diplomatiques entre la France et la RPC ont commencé pendant la conférence de Genève en juillet 1954, lorsque Pierre Mendès France rencontre le Premier ministre chinois Zhou Enlai. Les deux hommes expriment leur désir réciproque de normaliser les relations diplomatiques. Zhou Enlai est très favorable au rapprochement de Beijing (Pékin) et Paris. Bien qu’elle n’aboutisse pas à un traité bilatéral officiel, cette rencontre permet à la France de reconnaître l’existence de la RPC au moment de régler le problème colonial français en Indochine, comme on l’a analysé dans les parties précédentes.

1 Maurice Vaïsse : LA PUISSANCE OU L’INFLUENCE , Fayard, 2009, page.466. 77

Cette ouverture correspond bien à la politique de coexistence pacifique suivie par la RPC. Dans un certain sens, cela symbolise le point de départ des relations sino- françaises.

Depuis 1954, le gouvernement français commence à avoir un envie de reconnaître la nouvelle République chinoise C’est ainsi qu’après son voyage en Chine, le sénateur français Léo Hamon demande au gouvernement de Pierre Mendès France dans les débats parlementaires du 27 juillet 1955 : « Comment le gouvernement français entend-t-il contribuer à rendre les relations diplomatiques avec cette partie du monde plus conformes aux réalités et ceci dans l’intérêt même de la paix ? » Le ministre des Affaires étrangères répond : « Le gouvernement étudie depuis des années la question, et il est désormais convaincu qu’il est difficile de régler les problèmes d’Extrême -Orient sans la participation de la Chine ».

C’est clair, Edgar Faure avait l’intention d’établir des rapports diplomatiques avec la RPC depuis 1954, mais pourquoi ne l’a -t-il pas fait, peut-être parce qu’il a quitté son pouvoir quelques mois plus tard : « Je n’ai pas le temps d’aller plus loin, parce que mon gouvernement n’existe que depuis quelques mois », dit plus tard Edgar Faure, lorsqu’il rencontre Zhou Enlai à Paris le 17 octobre 1980. 1

En fait, Paris souhaiterait avoir une période transitoire pour son arrangement, pourtant, Beijing (Pékin) pense que celle-ci reviendrait à reconnaître qu’il existe « deux Chine », étant donné que la France continuera à entretenir les relations diplomatiques avec Taïwan et à coopérer avec les Etats-Unis à l’ONU sur la question chinoise. C’est pourquoi toutes les propositions françaises, au sujet des relations de transition, ont été rejetées par Beijing (Pékin).

Lorsque Zhou Enlai rencontre, le 1 er novembre 1955 la délégation parlementaire française à Beijing (Pékin), il annonce : « Le gouvernement chinois espère que la France

1 Zhou Jianqing ਼ࠥ॓ , Zhang Xichang ᓴ䫵 , Les Relations extérieures de la France après la seconde guerre mondiale (៬ৢ⊩೑໪Ѹ৆ zhanhou faguo waijiaoshi ), Beijing, Editions Connaissances universelles ( Ϫ⬠ⶹ䆚ߎ⠜⼒ shijie zhishi chubanshe), 1993, page.220. 78 prend l’exemple sur les pays du Nord européen. Si le gouvernement français a actuellement des ennuis à propos de la reconnaissance de la RPC, nous pouvons d’abor d commencer par des relations officieuses. Quand la France décide de rompre avec Taïwan, nous pourrons établir nos relations officielles. »1 Il est clair que Zhou Enlai souhaitait que Paris rompe d’abord avec Taïwan avant qu’un accord officiel soit signé.

Lors de son voyage en Chine en juin 1957, Edgar Faure, ex-président du Conseil, est reçu par le Président Mao Zedong et le Premier ministre Zhou Enlai. Dans ses mémoires, il explique que lors de ses entretiens, certains sujets demeuraient délicats du point de vue française (Algérie) ou chinoise (Formose) 2. Toutefois, les deux parties ont évoqué la question de l’Algérie et de Taïwan, problèmes majeurs qui font obstacle à l’établissement des relations entre Beijing (Pékin) et Paris. Pour faire comprendre à E dgar Faure l’importance des relations sino-françaises, Mao Zedong cite un proverbe chinois durant son entretien avec le couple Faure le 30 mai : « Quand une bécasse et une huître sont aux prises, c’est le pêcheur qui en tire profit. »

Le fond de la pensée d’Edgar Faure s’exprime dans son ouvrage publié en 1957 après le voyage en Chine, et dont le titre est inspiré d’un poème de Mao Zedong : « Peu après mon ouvrage en Chine, je fis hommage au général de Gaulle d’un exemplaire de mon ouvrage ‘Le Serpent et la Tortue’, que René Julliard m’avait poussé à publier et où je préconisais le rétablissement d’un lien diplomatique entre la France et la Chine populaire ». 3 Dans cet ouvrage Edgard Faure exprime son espoir de voir se construire un pont, entre le Serpent et la Tortue 4. Concrètement que les relations franco-chinoises fassent l’objet d’une nouvelle politique extérieure française.

1 Œuvres choisies diplomatiques de Zhou Enl ai (਼ᘽᴹ໪Ѹ᭛䗝 Zhouenlai waijiao wenxuan ), Beijing, Editions du Centre des documentations chinois, 1990, page.157. 2 Edgar Faure, Mémoires, tome II , Paris, Plon, 1984, page.665. 3 Edgar Faure, Mémoires, tome I , Paris, Plon, 1984, page.674. 4 Le Serpent et la Tortue sont les noms de deux montagnes qui se trouvent à la ville de Wuhan, séparées par le fleuve Yang-Tsé. 79

En 1958, le général de Gaulle est élu pour un deuxième mandat présidentiel. Zhou Enlai et Pierre Mendès France se retrouvent à nouveau dans une seconde rencontre, quatre ans après leur première entrevue. En 1960, la France entre dans le cercle des puissances nucléaires. Le général de Gaulle évoque à nouveau la question de la reconnaissance de la RPC avec Edgar Faure. Mais elle n’était pas encore réalisable à cause de la guerre d’Algérie. 1

Malgré tout, on peut voir les efforts manifestés des deux côtés : - Les visites françaises en Chine deviennent dès 1955 de plus en plus fréquentes. - Les échanges économiques se développent depuis 1962. - Echange des missions d’études françaises et notamment, une délégation dirigée par Guillaume Georges-Picot, président de la section Extrême-Orient du CNPF, qui est reçue par le vice-ministre des Affaires étrangères chinois Chen Yi à Beijing (Pékin).

Cepend ant, il convient de noter qu’avan t 1963, aucun gouvernement français ni aucun homme politique français n’a pris de contact officiel ou officieux avec la RPC. 2

2. L’échec de la reconnaissance de la RPC par la France avant 1964 Malgré cette recherche de rap prochement et l’existence des relations politique et économique, la France n’a pas reconnu la RPC. Pourquoi ne l’a -t-elle pas fait avant 1964 ? Plusieurs opportunités furent perdues, notamment lors de la naissance de la RPC en 1949 et celle de la conférence de Genève en 1954. Deux motifs principaux peuvent expliquer ce retard : - L’hostilité sino -américaine a influencé la politique française envers la RPC : En raison de l’opposition entre les Etats-Unis et la RPC dans la guerre de Corée, les pays occidentaux ne souhaitent pas contrarier les Américains, en reconnaissant la RPC. La France, comme les autres alliés occidentaux de Washington, ainsi que la majorité des pays indépendant, poursuivent leurs relations diplomatiques avec Jiang

1 Edgar Faure, La reconnaissance de la Chine , dans la revue L’espoir , Paris, n°1, 1972. 2 Cahiers de la Fondation Charles de Gaulle , Paris, n°1, 1995n page.36. 80

Jieshi (Tchang Kaï-chek), e t continuent à s’opposer à l’ admission de la RPC à l’ONU. Comme le marque Alain Peyrefitte : « Les gouvernements successifs ont eu peur d’entre r en conflit avec Washington. En outre, les Chinois, en symbiose avec l’URSS, n’ont pas d’autonomie pour leur pol itique étrangère »1. - L’affrontement de deux politiques extérieures antagonistes entre Paris et Beijing (Pékin) : la politique de la défense coloniale française et celle de l’«anti - colonisation ». L’affrontement entre les deux pays est inévitable, car la France entend conserver ses colonies, et la Chine, quant à elle, ayant subi différentes occupations par les pays occidentaux et le Japon pendant plus d’un siècle de 1840 à 1949, prend position en faveur de la décolonisation. De ce fait, « l’ anti-impérialisme et l’anti - colonisation » sont la base de la politique extérieure chinoise entre 1949 et 1955. 2 Effectivement, les Chinois sont très sensibles au problème de la décolonisation. Dès sa fondation, la RPC aide activement les mouvements de libération : la guer re d’Indochine contre la présence coloniale française ; la guerre de Corée contre « l’impérialisme américain » ; le soutien à Nasser pendant la crise de Suez en 1956 contre les forces franco-anglaises ; ainsi que l’aide chinoise en Algérie durant la guerre algérienne.

La plupart des chercheurs chinois et français trouvent que les divergences à propos de la guerre d’ indépendance algérienne, entre Paris et Beijing (Pékin) constituent l’ obstacle principal à la restauration des relations diplomatiques entre les deux pays. La position chinoise favorable à l’autodétermination du peuple algérien assombrit les rapports franco-chinois. En effet, le problème de l’Algérie devient rapidement un obstacle majeur qui empêche l’ établissement des liens diplomatiques entre la France et la RPC du début de la V ème République jusqu’à 1962. Ce constat est mentionné dans les Mémoires de

1 Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle II , Paris, Fayard, 1997, page.485. 2 Le principe de la politique extérieure de cette époque est mentionnée dans le Programme commun en 1949 et l'article de Zhou Enlai « Notre politique et notre tâche diplomatique » issu de Œuvres choisies de Zhou Enlai, tome 2 (਼ᘽᴹ䗝䲚ϟो Zhouenlaixuanji xiajuan ), Beijing, Editions du peuple ( Ҏ⇥ߎ⠜⼒ Renmin chubanshe), 1984, page.87. 81

Mme. Zhu Lin 1, femme du premier ambassadeur de la RPC en France. Il faudra attendre la signature de l’Accord d’Evian du 18 mars 1962, qui met fin à la guerre d’Algérie, pour que s’ouvrent de nouvelles perspectives quant à la restauration des relations diplomatiques entre la France et la Chine populaire.

D’après l’analyse de Zhang Xichang, le général de Gaulle avait consulté Edgar Faure sur ce probl ème dès 1960, lui affirmant qu’à cause de problème algérien, le moment n’était pas encore venu de soulever la question d’établir des relations diplomatiques avec la Chine. Selon son point de vue : « pour la France, les intérêts coloniaux sont prioritaires à la connaissance de la RPC ». 2

En outre, à l’occasion de son voyage en Chine en 1961, François Mitterrand, en tant que sénateur socialiste à ce moment-là, rencontre le Président Mao Zedong et le ministre des Affaires étrangères chinois Chen Yi 3. L’une de s questions abordées, lors de cet entretien, est le problème de la restauration des relations diplomatiques entre les deux pays. François Mitterrand préconise qu’il faudra attendre la résolution du problème en Algérie. « Et pour l’établissement des relatio ns diplomatiques entre nous, nous pourrons attendre jusqu’à la rés olution du problème algérien. » Quant à Chen Yi, il lui confirme que la Chine continuera à soutenir l’Algérie dans sa lutte pour l’indépendance de ce pays. Les historiens chinois pensent à j uste titre que le soutien de la RPC à l’Algéri e a été un élément déterminant. L’exemple algérien a incité d’autres colonies en Asie et en Afrique noire à lutter pour leur indépendance. 4

1 Zhu Lin ᴅ䳪 (femme de Huang Zhen), Les Mémoires de la femme de l'ambassadeur chinois, en Hongrie, Indonésie, France et les Etats-Unis (໻Փ໿Ҏಲᖚᔩ Dashi furen huiyilu ), Beijing Editions Connaissances universelles ( Ϫ⬠ⶹ䆚ߎ⠜⼒ Shijie zhishi chubanshe), 1993, page.107. 2 Zhang Xichang ᓴ䫵ᯠ , Troisième essor pour établir les relations diplomatiques de la RPC (݅੠೑㄀ϝ ⃵ᓎѸ催╂ gongheguo disanci jianjiao gaochao ), Beijing, Editions de Presses Connaissances universelles (Ϫ⬠ⶹ䆚ߎ⠜⼒ shijie zhishi chubanshe) , 1998. 3 Chen Yi 䰜↙ était ministre des Affaires étrangères de la RPC de 1958 à 1972. 4 Xie Yixian 䇶Ⲟᰒ , Histoire de la diplomatie contemporaine de la Chine (Ё೑ᔧҷ໪Ѹ৆ zhongguo dandai waijiaoshi ), Beijing, Editions de la jeunesse de Chine( Ё೑䴦ᑈߎ⠜⼒ zhongguo qingnian chubanshe), 1997, page.222. 82

Edmond Jouve conclut ses recherches à propos de la reconnaissance de la RPC par la France, en se référant à une note du Quai d’Orsay qui précise 1 : - La reconnaissance de la RPC par le gouvernement français fut examinée dès 1949 et le projet n’a pas eu de suite du fait de la guerre d’Indochine et de la reconnaissance du Viêt-Nam du Nord qui était alors notre adversaire, par la RPC. - Après l’accord de Genève en 1954, la question se pose à nouveau. L’issue fut retardée du fait de la guerre d’Algérie et de l’attitude hostile de Beijing (Pékin) au cours de ces années. Cet obstacle étant tombé en 1962, rien ne s’opposait plus à la reconnaissance de la République populaire de Chine par la France.

3. Le climat positif dans les secteurs politique, économique et militaire. La reconnaissance de la RPC par la France est un acte par lequel le général de Gaulle entend exprimer l’indépendance de son pays vis -à-vis des blocs et de Washington en particulier. Théoriquement, la France, allié des Etats-Unis, aurait dû informer ce pays d’une telle décision nécessitant l’accord du camp occidental. P ourtant, non seulement le général de Gaulle ne les a pas consulté, mais il les a ignorés. Cela signifie un défi vis-à-vis des Américains. Le principe fondamental de la politique étrangère du général de Gaulle était d’assurer l’indépendance nationale de la France et d’obtenir par ce coup d’éclat une place de tout premier ordre sur la scène internationale. In espérait que le monde serait multipolaire, pas uniquement sous le contrôle des deux superpuissances. Dans cette perspective, la reconnaissance de la RPC faisait partie des objectifs de politique extérieure du général de Gaulle. Le climat s’améliora après le retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958. On assista ainsi à un tournant important dans l’histoire diplomatique de la France. Ce climat se manifesta probablement dans trois secteurs : la politique, l’économie et la défense. Certains chercheurs chinois considèrent que la France jouit alors d’une remarquable situation économique pour appliquer sa politique étrangère. La politique étrangère du généra l de Gaulle ne rompt pas avec celle qu’il poursuivait déjà pendant la Seconde Guerre mondiale et son premier mandat. On peut

1 Cahiers de la Fondation Charles de Gaulle , Paris, n°1, 1995, page.12. 83 retrouver les événements de l’époque rapportés dans ses « Mémoires de guerre » où il analysait soigneusement l’évolution du monde a près la guerre, afin de définir la politique extérieure de la France. Cette nouvelle politique est plus efficace, il l’élabore sur trois niveaux :

1. Sur le plan politique, le général de Gaulle construit déjà le projet de constitution de la cinquième Républi que. En vertu de l’ article 16 de la constitution de 1958, il prend les pleins pouvoirs le 23 avril 1961, établit un nouveau système politique, et met fin au désordre de la quatrième République, assurant ainsi une exécution efficace de sa politique.

2. Sur le plan économique, la crise est manifeste depuis le début des guerres coloniales en 1945. Le déficit financier atteint 1200 milliards de francs en 1958. Après le retour au pouvoir du général de Gaulle, une réforme financière renforce le franc, en transformant le système monétaire : cent anciens francs deviennent un nouveau franc, cette réforme obtient de bons résultats dès 1962. Non seulement on assiste à une reconnaissance et à une indépendance vis-à-vis des Etats-Unis, mais encore sous l’égide de la loi d u développement du capitalisme , l’économie française va connaître une croissance supérieure à celle des Etats-Unis depuis 1958. Selon un chiffre publié par le Centre des hautes études françaises de l’Université de Wuhan , de 1953 à 1961, la croissance de la production industrielle française augmente de 75%, contre 20% aux Etats-Unis. En 1958, à son arrivée au pouvoir, la France est accablée d’une dette de 30,9 milliards de dollars, avec une réserve de devises d’or de 6,5 milliards de dollars. A la fin de l’a nnée 1963, les réserves en or ont atteint 7 milliards de dollars en France et parallèlement 1, l’Etat a remboursé sa dette extérieure avec plusieurs mois d’avance. Les Etats -Unis, pour leur part, connaissent une crise dans la balance des paiements internationaux depuis 1958. Entre 1959 et 1962, les progrès annuels français sont, pour l’industrie : 5,4% quand l’agriculture dépasse 5%. Tout cela donnera au général

1 Le chiffre cité par Etudes françaises , Wuhan, Centre des hautes études françaises de l’Université de Wuhan, n°3, 1984, page.100. 84

de Gaulle des moyens financiers nécessaires pour appliquer sa politique extérieure indépendante.

3. Sur le plan de la défense, le général de Gaulle insiste sur une défense autonome de la France, sinon, son indépendance n’est qu’une illusion. La France choisit alors la voie du développement indépendant, en accumulant de nombreux succès. Le 13 février 1960, elle fait exploser sa première bombe atomique. La possession des armes nucléaires est prioritaire dans le projet du général de Gaulle 1. En décembre 1960, la France élabore le premier plan quinquennal d’équipement nucléaire. Selon Beijing (Pékin), la fin de la guerre d’Algérie accélère le processus d’indépendance français dans le domaine de l’arme nucléaire. Et en fin d’année 1963, la France fonde la première génération de force nucléaire avec la bombe atomique et le Mirage-IV, brisant ainsi le duopole nucléaire américo-soviétique.

Paris, comme Beijing (Pékin), refuse le Traité de Moscou du 27 juillet 1963 sur l’arrêt partiel des essais nucléaires. Ce traité a en effet pour but de limiter le développement des armes nucléaires qui n’en disposent pas, et risque de restreindre les capacités nucléaires de la France qui commence seulement ses essais et de la Chine qui est sur le point de posséder la bombe atomique. D’après le général de Gaulle, l’arme nucléaire est le moyen d’atteindre le but de sa politique étrangère et demeure le symbole de la souveraineté nationale. De fait, le projet nucléaire français vise surtout Washington. Le renforcement de la défense française renforce sa position dans le domaine des relations internationales, le climat est donc favorable à la reconnaissance de la RPC par la France. Celle-ci pourra agir indépendamment sans l’accord de Washington.

A cette période-là, le général de Gaulle écrit : « ...la situation de la France a profondément changé. Ses institutions nouvelles la mettent en mesure de vouloir et d’agir. Son développement intérieur lui procure la prospérité et la fait accéder aux moyens de la puissance. Elle a rétabli sa monnaie, ses finances, l’équilibre de ses

1 Voir le discours du général de Gaulle du 9 octobre 1960, publié par Le Monde du 11 octobre 1960. 85

échanges. Si bien, qu’elle se voit, au contraire, sollicitée de beaucoup de côtés. Aussi, loin d’emprunter à d’autres notamment aux Américains, elle leur rembourse ses dettes et, même, leur assurer à l’occasion quelques facilités. Elle a transformé en coopération entre Etats le régime de colonisation qu’elle appliquait naguère à ses territoires d’Afrique, et, pour la première fois depuis un quart de siècle, elle vit dans une paix complète. Elle modernise son armée, l’équipe elle -même en matériel et entreprend de se doter d’une force atomique propre... »1. Le général de Gaulle est un visionnaire, la France devient un pays indépendant et de plus en plus fort.

Du côté chinois, Mao Zedong admire la volonté d’indépendance nationale et de souveraineté d’Etat du général de Gaulle, remarquant qu’il est non seulement un « combattant du fascisme, mais aussi un héros de la souveraineté française »2.

Certainement, la situation au Viêt-Nam accél érera l’envie du général de Gaulle de lier des relations diplomatiques franco-chinoises. En effet, l’extension du conflit militaire au Viêt-Nam l’amène à s’appuyer sur l’influence chinoise en Asie pour empêcher l’action des Etats-Unis au Viêt-Nam, pour que la France puisse retourner en Indochine. Il avait ainsi proposé que cinq pays : la France, la Chine populaire, le Royaume-Unis, l’URSS e t les Etats-Unis, participent à la négociation sur le problème de la paix de l’Asie du Sud-est afin d’aboutir des tangibles résultats.

Ses discours en témoignent : « Notre initiative est un événement très important sur le plan mondial. Elle manifeste les changements profonds intervenus : la participation de la Chine à la vie politique mondiale, avec la Russie, l’élimination des deux blocs idéologiques qui paraissaient s’être partagé le monde. Mais l’événement le plus important, c’est le retour éclatant de la France, d’une grande importance dans le Sud-est asiatique ». 3 Le général de Gaulle critique modérément

1 Charles de Gaulle, Discours et messages IV , Paris, Plon, pp.121-122. 2 Le message du Président Mao Zedong à Mme. De Gaulle pour les condoléances du décès du général de Gaulle le 31 novembre 1970. 3 Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle II , Paris, Fayard, 1997, page.491. 86 l’agression américaine le 29 août 1963. La restauration des relations avec la Chine populaire progresse.

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CHAPITRE III

LA RECONNAISSANCE DE LA REPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE PAR LA FRANCE

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De nouvelles tendances se font jour qui permettent d’envisager sérieusement la reconnaissance de la RPC par la France. Face à cette réalité, la question de Taïwan resurgit ; constituant un des thèmes majeurs des négociations entre Beijing (Pékin) et Paris.

En effet, en se réfugiant à Taïwan, Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek) se pose en représentant de l’ancien système législatif dominé jusqu’alors par l e Guomingdang et désormais aboli, alors que la Chine continentale est désormais communiste, et a proclamé Mao Zedong comme président. Or au plan international, Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek) bien que mi noritaire est censé représenter l’ensemble de la Chine et occupe un siège permanent au Conseil de Sécurité à l’ONU. Taïwan est donc une question délicat e pour Paris et Beijing (Pékin) qui amène plusieurs problèmes concrets 1 : 1. la thèse de deux Chine, Beijing (Pékin) et Taipei revendiquent l’un et l’autre la souveraineté sur le territoire de la Chine continentale ; 2. la question du statut de Taïwan : Beijing (Pékin) revendique l’île comme appartenant à l’ensemble national chinois ; 3. le siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, détenu par Taïwan ; 4. enfin l’existence et le devenir des représentations de T aipei à Paris et de Paris à Taipei et la propriété des immeubles.

En conséquence , Beijing (Pékin) s’attache au principe d’une seule Chine : « Taïwan fait partie de la Chine ». Pour sa part, Paris préfère avoir un consulat des affaires commerciales à Taïwan, mais Beijing (Pékin) rejette toute possibilité d’envisager « deux Chine » au cours des négociations. Il semble alors difficile de sortir de l’impasse.

Pourtant, la réussite des négociations, entre Zhou Enlai et Edgar Faure, est basée sur un accord en trois points proposés par la partie chinoise. Il stipule que Paris n’est pas tenu de déclarer sa rupture avec Taïwan, tout en assurant Beijing (Pékin) de ne pas

1 Maurice Vaïsse : LA PUISSANCE OU L’INFLUENCE , Fayard, 2009, page.466. 89 soutenir la thèse des « deux Chine ». Les Chinois considèrent que « cette initiative de Zhou Enlai est la combinaison du principe et de la stratégie diplomatique »1. Dans l’histoire diplomatique de la RPC, seule la France a bénéficié d’un e telle concession.

Si certains chercheurs français, comme Christine Chaine , tentent de l’expliquer par le « droit international »2 ou « devant l’opinion »3, les Chinois l’analysent plutôt à travers de cet accord tacite. Ce chapitre comporte trois parties : - La souveraineté de la RPC et le problème de Taïwan. - Une politique souple à propos de Taïwan. - Les réactions face au communiqué conjoint 1964.

III-1 La souveraineté et le problème de Taïwan

Beijing (Pékin) comme Taïwan, malgré leurs hostilités considèrent Taïwan comme le symbole de la dignité de la nation chinoise. La déclaration du Caire de 1943 confirme cette opinion « Taïwan fait partie de la Chine, de sa géographie, de son histoire... ». Par conséquent, la politique extérieure de la Chine est liée à cette question, au nom de la nécessaire ex istence d’une seule Chine, dont il s’agit de défendre fermement la souveraineté.

Pour Beijing (Pékin), Taïwan est une province chinoise occupée par des Chinois du Guomindang et devrait en être libérée. Ce conflit est la poursuite de la guerre civile chino ise causée par l’intervention d’une puissance étrangère : les Etats-Unis d’Amérique. Pour sa part, Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek) considère également que Taïwan est une

1 Wang Taiping ⥟⋄ᑇ , Zhang Guangyou ᓴܝԥ , Les relations diplomatiques de la Chine nouvelle pendant 50 ans Tome II (ᮄЁ೑໪ѸѨकᑈ xinzhonguo waijiao wushinian ), Beijing, Editions de Presse de Pékin, 1999, page. 1041. 2 Christine Chaine, La reconnaissance des gouvernements chinois par la France : Contribution à l’étude du principe d’eff ectivité en droit international public , Presses Universitaires d’Aix Marseille, 1996. 3 Michel Bouissou, La reconnaissance de la RPC devant l’opinion , Presses Universitaires de Paris VI, 1967. 90 partie de la Chine, et qu’il s’y est réfugié avant de retourner en Chine continentale à l’avenir.

Pour leur part, les Etats-Unis , en raison de l’importance stratégique de Taïwan, mettent fin, dès le début de la guerre de Corée, et choisissent de protéger cette île. Dès lors, ils affirment que « le sort de Taïwan n’est pas décidé ».

Cette «doctrine » influence ainsi l’attitude française et si Paris ne fait dans un premier temps aucune allusion à Taïwan, il souhaite ensuite pour des raisons économiques , conserver un consulat de rang inférieur sur l’île. Ce sera l’objet de longues négociations . Le texte suivant l’analyse en trois points.

A) Les divergences entre Beijing et Paris à propos de Taïwan

Deux divergences à ce propos éclatent dès le début des négociations à Beijing (Pékin), la position française paraissant peu claire au sujet de Taïwan.

Première divergence : Edgar Faure 1 propose trois formules au nom du général de Gaulle qui ne font aucune allusion aux relations entre Paris et Taïwan. Il s’agit :

1. D’une reconnaissance sans condition. A savoir que le gouvernement français reconnait le gouvernement de la RPC sans contrepartie, et le gouvernement chinois donne son consentement. 2. D’une reconnaissance avec conditions. Où le gouvernement français propose de reconnaître la RPC, si les conditions sont acceptables.

1 Edgar Faure fait une visite avec une mission du général de Gaulle en Chine le 21 octobre 1963 à l’invitation du Comité diplomatique du peuple de Chine. Avant son départ pour la Chine, il a passé à l'ambassade de Chine en Suisse pour expliquer à l'ambassadeur chinois Li Qingquan ( ᴢ⏙⊝ ) qu'il a une mission du général de Gaulle et lui présente sa lettre. 91

3. D’une reconnaissance différée. Le gouvernement français reconnait momentanément la Chine hors du domaine politique, et des relations particulières sont entretenues entre les deux pays 1 Puisque pendant les négociations, la question de Taïwan a été occultée par Edgar Faure, qui tout en réitérant la volonté du général de Gaulle de reconnaître une seule Chine, semble espérer que le préalable de la rupture avec l’île taïwanaise ne sera pas mis sur le tapis. Il espère que le côté chinois s’abstiendra de demander à la France de rompre au préalable avec Taïwan. Zhou Enlai qui n’est pas dupe , en manifeste une certaine inquiétude.

Celui-ci, répondant à la proposition d’Edgar Faure, transige, et propose que dans l’éventualité où le gouvernement français ne soit pas encore prêt à la rupture avec Ta ïwan, il pourrait entretenir des relations officieuses, comme l’existence de représentants commerciaux. Cela évitera la création de fait de « deux Chine ». Son avis s’exprime par ses trois formules suivantes 2 :

1. Etablissement des relations diplomatiques entre la France et la Chine, semblables à celles entretenues entre la Chine et la Suisse ou les autres pays occidentaux du Nord de l’Europe, c’est -à-dire, la rupture des relations avec Taïwan d’abord et la reconnaissance de Beijing (Pékin) par Paris ensuite. 2. Etablissement des relations officieuses, semblables aux relations de la Chine avec l’Angleterre ou le Pays -Bas, conduisant à des relations instables, ce serait désagréable pour les deux parties. 3. Formule intermédiaire : les deux pays peuvent tout d’abord o rganiser un réseau commercial pour développer leurs relations jusqu’à l’aboutissement des négociations diplomatiques.

1 En référence aux Cahiers de la Fondation Charles de Gaulle , Paris, n°1, 1995, page.37 et à l'ouvrage : Les Relations extérieures de la France après la deuxième guerre mondiale (៬ৢ⊩೑໪Ѹ৆ zhanhou faguo waijiaoshi ), Zhou Jianqing ਼ࠥ॓ , Zhang Xichang ᓴ䫵ᯠ , Beijing, Editions Connaissances universelles ( Ϫ⬠ⶹ䆚ߎ⠜⼒ shijie zhishi chubanshe), 1993, page.223. 2 Zhang Xichang ᓴ䫵ᯠ , Troisième essor pour établir les relations diplomatiques de la RPC (݅੠೑㄀ϝ ⃵ᓎѸ催╂ gongheguo disanci jianjiao gaochao ), Beijing, Editions de Presses Connaissances universelles (Ϫ⬠ⶹ䆚ߎ⠜⼒ shijie zhishi chubanshe) , 1998, page.41. 92

Beijing (Pékin) montre qu’il préfère la première parmi ces trois formules : la rupture avec Taïwan d’abord, l’établissement des relations diplomatiques ensuite. Face aux trois formules de Zhou Enlai, Edgar Faure répète le vœu de la France d’établir les relations diplomatiques avec la Chine sans conditions et sans que le gouvernement chinois s’abstienne de demander à la France de rompre au pr éalable avec Taïwan.

Deuxième divergence : Edgar Faure interroge Zhou Enlai : Y a-t-il une possibilité de conserver un consul de rang inférieur à Taïwan pour s’occuper des intérêts français après la normalisation avec la Chine populaire ?

Zhou Enlai per çoit que l’idée d’Edgar Faure tend à la doctrine d’une Chine et d’un Taïwan. Il rejette cette possibilité, en raison du fait que la Chine ne veut pas imiter le modèle sino-anglais 1 pour les raisons suivantes :

- Le gouve rnement anglais s’abstient le 13 janv ier 1950, au vote de la proposition soviétique sur l’ admission de la RPC au conseil de sécurité de l’ONU, après la reconnaissance du 6 janvier 1950. - Le gouvernement anglais s’aligne sur la doctrine américaine selon laquelle « le sort de Taïwan n’est pas dé cidé », après un mois d’engagement de la 7 ème flotte américain en mer de Chine le 27 juin 1950. - Londres conserve ainsi un consul à la fois à Beijing (Pékin) et Taïwan, qui soutient les deux côtés. - Au seizième Congrès de l’Assemblée générale de l’ONU en 1961, l’Angleterre vote pour la proposition de l’URSS sur l’admission de la RPC, en votant aussi pour la proposition des Etats-Unis : la question chinoise comme « les votes

1 L’Angleterre reconnait la RPC en 1950, interrompu également avec Taïwan , et conserve toujours un consulat à Taïwan jusqu’en 1972. 93

valables, sur les questions importantes, doivent dépasser la majorité », l’admission de la RPC n’est pas possible.

Tout cela nuit à des relations normales.

Le côté chinois considère que si la France reconnaît une seule Chine, étant partie intégrale de la Chine, elle ne pourra pas conserver un consul de rang inférieur sur l’île. Sinon, cela conduira aux relations instables telles que celles avec l’Angleterre. Cette situation n’est pas envisageable ni pour Beijing (Pékin) ni pour Paris. Une question se pose : le général de Gaulle entretient-il les relations amicales avec Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek) depuis la Seconde Guerre mondiale ? Ce serait la raison pour laquelle il ne voudrait pas rompre leurs relations. En outre la reconnaissance de Beijing (Pékin) parait une action commune aux Occidentaux. En effet, comment rompre avec Taïwan, ce sera une question délicate pour le général de Gaulle. Edgar Faure n’étant pas en mesure de faire des propositions acceptables par Beijing (Pékin), les négociations sont suspendues momentanément, il part pour visiter la Mongolie extérieure chinoise et Datong.

B) L’inquiétude chinoise quant à la souveraineté

Pourquoi l’attitude d’Edgar Faure suscite -t-elle l’inquiétude de Zhou Enlai ? Dans l’hypothèse, où la France ne prendrait pas l’initiative de la rupture avec Taïwan avant l’établissement des relations av ec Beijing (Pékin), et si Taïwan ne rompt pas non plus les siennes avec la France, on risque de se diriger vers la création de « deux Chine » pour ces raisons suivantes : - Taïwan occupe un siège à l’ONU. - Les Etats-Unis soutiennent la doctrine de « deux Chine ». Ils suggèrent à Taïwan de ne pas prendre l’initiative de la rupture avec les autres pays. Si Taïwan agit ainsi, la Chine continentale se trouve dans une position passive au plan international.

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- Edgar Faure ne s’est pas exprimé sur les raisons qui le po ussent à garder un consul à Taïwan.

Le plus important que Taïwan, occupant encore un siège à l’ONU, protégé par les Américains qui tentent l’existence de « deux Chine », le problème de Taïwan pourrait-il obliger à la division de l’Etat ? En conséquence, le gouvernement chinois reste très ferme ainsi que prudent sur ce problème, et ne cède pas. Beijing (Pékin) n’accepte pas d’autres solutions que la rupture avec les autorités taïwanaises et maintient la déclaration de 1949 : « Le présent gouvernement est l’ unique gouvernement légal, il représente le peuple de la République populaire de Chine ». 1 Conformément à ce principe, tous les pays qui voudront établir des relations diplomatiques avec la Chine populaire devront abandonner leurs liens diplomatiques avec le gouvernement de Taïwan.

Les divergences se produisent à cause des réserves exprimées entre eux vis-à-vis de Taïwan, la France désirant reconnaître une seule Chine, mais sans déclaration. Pour la Chine populaire, la question de Taïwan est essentielle. La négociation est donc suspendue, tant que cette question n’est pas levée.

C) Edgar Faure n’engage pas la rupture avec Taïwan

Pourquoi Edgar Faure, qui prend l’initiative de la reconnaissance de la RPC, ne veut-il pas s’engager dans la rupture avec Ta ïwan ?

Zhou Enlai propose deux hypothèses 2 pour expliquer l’attitude française : - La France pense que le sort de Taïwan n’est pas encore décidé.

1 La politique de Chine (ᬓ⊏ Zhengzhi) , Beijing, Editions de Presses des langues étrangères( ໪᭛ߎ⠜⼒ waiwen chubanshe), 1986, page.119. 2 Zhang Xichang ᓴ䫵ᯠ , Troisième essor pour établir les relations diplomatiques de la RPC (݅੠೑㄀ϝ ⃵ᓎѸ催╂ gongheguo disanci jianjiao gaochao ), Beijing, Editions de Presses Connaissances universelles (Ϫ⬠ⶹ䆚ߎ⠜⼒ shijie zhishi chubanshe) , 1998, page.41. 95

- Paris a besoin de temps pour régler définitivement ses affaires avec Taïwan. - En outre, le Quai d’Orsay espère q ue la reconnaissance de la RPC par la France ne menacera ni les intérêts occidentaux, ni l’amitié entre les Etats-Unis et Taïwan 1.

La position française relative à Taïwan n’est pas encore prise, et loin d’être résolue.

Dans les Lettre, Notes, et Carnets du général de Gaulle , en date du 26 septembre 1963, on peut lire : « Nous considérons le maintien de ces relations (avec Formose) comme convenable, même s’il devenait nécessaire d’en atténuer quelques peu la manifestation officielle »2.

Alain Peyrefitte dans « C’était de Gaulle II », rapporte la réponse faite par Maurice Couve de Murville, à la question de Sainteny : « La contrepartie, c’est la rupture avec Formose. Faut-il prendre ce risque ? » Lors du Conseil des ministres le 8 janvier 1964 : « Formose, c’est le vrai problème. Il n’est pas concevable que nous prenions l’initiative d’une rupture avec Formose. Il est probable que Taipei 3 décidera de rompre, mais ce n’est pas tout à fait certain. Pour les Améric ains, l ’affaire est sentimentale. Tchang Kaï-ch ek est l’allié et le vassal des Etats-Unis . En outre, c’est une position stratégique. Pour les Etats-Unis plus que nous, le problème est de ne pas rompre avec Formose »4.

Dans les Notes et Etudes documentaires françaises , on peut lire : « M. Edgar Faure laisse entendre que la France s’en tiendra à une simple concordance entre le droit et le fait, c’est -à-dire qu’on laissera le soin à Taipei de rompre les relations diplomatiques s’il le désire, qu’elle ne prendra pas parti sur la revendication de la Chine populaire quant

1 Zhou Jianqing ਼ࠥ॓ , Zhang Xichang ᓴ䫵ᯠ , Les Relations extérieures de la France après la deuxième guerre mondiale » ( ៬ৢ⊩೑໪Ѹ৆ zhanhou faguo waijiaoshi ), Beijing, Editions Connaissances universelles ( Ϫ⬠ⶹ䆚ߎ⠜⼒ shijie zhishi chubanshe) ; 1993, page.231. 2 Charles de Gaulle, Les Lettres, Notes, et Carnets , 26 septembre 1963. 3 Taipei : capitale de la région de Taïwan 4 Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle , tome II, Paris, Fayard, 1997, page.486. 96

à la souveraineté sur l’île et qu’enfin elle ne reprendra pas à son compte la théorie des ‘deux Chine’, la souveraineté étant indivisible »1.

Dans sa communication au colloque sur le 30 ème anniversaire de l’ établissement des relations franco-chinoise en 1994, Michel Bouissou 2 note : « M. Edgar Faure révélait presque tout et annonçant quasiment tout ce qui allait se passer dans le Figaro du 9 janvier 1964. » Il y a deux débats parlementaires à l’époque, l’un sur la Constitution, l’autre su r la politique étrangère.

Jacques Duhamel, porte-parole de l’opposition, intervient dans le débat sur la politique étrangère : « Serait-ce indélicat de la part de la France de reconnaître la Chine populaire ? L’Amérique est en deuil, l’Union soviétique pa rticulièrement susceptible à toute immixtion dans sa zone réservée. Si on accorde Formose à la Chine, il faut raccrocher l’Allemagne de l’Est à l’Allemagne de l’Ouest ; Prudence ! » Michel Bouisson continue : « Une interview du Figaro parait le 9 janvier, au tout début de l’intersession parlementaire. L’affaire est ensuite rondement menée jusqu’à la conférence de presse du 31 janvier, dont les deux thèmes majeurs seront la nouvelle « lecture de la Constitution et la reconnaissance de la Chine, symbole de la nouvelle diplomatie française »3.

« Paris refusait de se prononcer sur l’unité de la Chine, pour dire les choses clairement et crûment. D’ailleurs, il est dit textuellement dans les textes de mission d’ Edgar Faure, qu’il ne peut pas faire sienne la thèse de l’apparte nance de cette île à l’ensemble national chinois : on ne peut pas être plus net, même si on admet que sur une assiette territoriale donnée, il ne peut y avoir qu’une seule souveraineté »4, comme l’écrit François Joyaux dans sa communication pour le 30 ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques sino-françaises.

1 Notes et Etudes documentaires françaises , le 3 septembre 1973, n°4014 et 4015, page.28. 2 Michel Bouisson, professeur émérite des Universités, fait une recherché portent sur La reconnaissance de la République populaire de Chine devant l’opinion en 1965, et publiée en 1967 par les Presses universitaires de France. 3 Cahiers de la Fondation Charles de Gaulle , Pris, Plon, n°1, 1995, page.59. 4 Cahiers de la Fondation Charles de Gaulle , Pris, Plon, n°1, 1995, page.49. 97

Les gouvernements français et chinois diffèrent sur la façon de résoudre la question de Taïwan. La France n’a pas l’intention d’engager la rupture avec Taïwan, elle laissera ce soin aux autorités taïwanaises si elles le désirent. Mais Beijing (Pékin) espère que Paris annulera ses relations officielles avec Taïwan confirmant ainsi la connaissance de la RPC.

III-2 Une politique souple à propos de Taïwan

Dans cette part ie, j’apporte des éléments importants qui ne sont pas signalés dans les sources françaises, tel que l’accord tacite en trois points, du 2 novembre 1963, signé par Zhou Enlai et Edgar Faure, pendant les négociations pour l’établissement des relations diplom atiques. Il est clair que cet accord a pour but d’éviter une déclaration publique de la France sur la question de Taïwan. Grâce à cet Accord tacite, Beijing (Pékin) n’exige plus la déclaration de la rupture française avec le gouvernement taïwanais. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la RPC fait ainsi une déclaration le lendemain pour confirmer le principe d’une seule Chine.

A) L’accord tacite entre Zhou Enlai et Edgar Faure

Pour faire preuve de souplesse quant aux modalités de la normalisation, et tout en persistant dans son opposition au concept des « deux Chine », le 31 octobre 1963, Zhou Enlai propose une nouvelle formule afin de sortir de la tension des négociations à cause de la divergence sur Taïwan.

« La nouvelle formule consi sta à annoncer d’abord l’établissement de relations diplomatiques entre la Chine et la France pour conduire ensuite, sous l’effet du droit international, à une rupture entre la France et Taïwan, à condition que les deux parties parviennent à un accord tacite aux termes duquel la France reconnaissait le gouvernement de la RPC comme seul gouvernement légal représentant tout le peuple chinois et tienne

98 les engagements correspondants »1, l’écrit Zhang Xichang (interprète du français de Mao Zedong et de Zhou Enlai), comme le témoin 2. Pour Edgar Faure, cette formule est positive, car elle laisse la France régler, elle-même, son problème avec Taïwan, elle est aussi conforme à la loi internationale.

Cependant, bien que cette nouvelle formule soit beaucoup plus souple, il existe toujours un désaccord sur Taïwan. Dans celle-ci un détail de procédure revêt une importance considérable : Si Taïwan ne retirait pas ses représentants diplomatiques de la France après les échanges des ambassadeurs entre Beijing (Pékin) et Paris, et que Paris les considère encore comme des représentants diplomatiques, Beijing (Pékin) serait à son grand regret contraint de rompre la procédure, en rapatriant ses diplomates.

Edgar Faure, hésitant sur ce point, explique que si Beijing (Pékin) et Paris échangent leurs ambassadeurs, et que si quelques jours plus tard, celui-ci repart, du fait que Taïwan ne retire pas son ambassadeur de Paris, ce devrait ridiculiser la politique du général de Gaulle. Donc où est l’issue ?

Les négociations continuent à Shanghai. Zhou Enlai adopte une politique plus souple, c’est -à-dire : déclaration de l’établissement d’abord, rupture ensuite. A condition que la France réitère sa position de ne pas soutenir des activités visant à créer « deux Chine », la Chine n’exiger a plus de la France une déclaration formelle à ce sujet et se contentera de faire une déclaration unilatérale que la partie française approuvera par son silence.

1 Cahiers de la Fondation Charles de Gaulle , Pris, Plon, numéro.1, 1995, page.39. 2 Zhang Xichang ᓴ䫵ᯠ , travaillait au Bureau des affaires françaises du ministère des Affaires étrangères de Chine depuis 1952, interprète du français de Mao Zedong et de Zhou Enlai. Il participa aux toutes les négociations par rapport de la reconnaissance de la RPC par la France depuis 1963. Attaché politique de l'ambassade chinoise à Paris de 1964-1967 et de 1981-1988. En référence au dossier : Les relations diplomatiques de la Chine nouvellle pendant 50 ans Tome II (ᮄЁ೑໪ѸѨकᑈ xinzhonguo waijiao wushinian ), Wang Taiping ⥟⋄ᑇ , Zhang Guangyou ᓴܝԥ , Beijing, Editions de Presse de Pékin, 1999. 99

Cette politique s’explique par une nouvelle proposition qui consiste en trois points principaux, extraite du discours de Zhou Enlai, et que Zhang Xichang dicte et traduit en français et qu’il donne à Edgar Faure. Les deux côtés s’accordent définitivement sur l’arrangement tacite ci -dessous 1 : 1. Le gouvernement français ne reconnait que le gouvernement chinois comme le seul gouvernement légitime de la République populaire de Chine : il ne reconnait plus le gouvernement de la République nationaliste de Chine à Taïwan. 2. Le gouvernement français soutient le droit légal de la République populaire de Chine à siéger à l’ONU, et il ne soutient plus les représentants de la République nationaliste de Chine à l’ONU. 3. Dès l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine populaire et la France, Taïwan rappellera ses représentants hors de France. Le gouvernement français en fera autant à Taïwan.

Ce plan est, pour Edgar Foure, raisonnable et plus acceptable pour mettre fin au problème des relations entre Paris et Taïwan. Zhou Enlai et lui tombent finalement d’accord sur la base de ces trois conditions tacites.

Après plusieurs concertations, Zhou Enlai et Edgar Faure signent le 2 novembre 1963, un accord provisoire qui ne sera validé qu’après l’accord du général de Gaulle. Celui-ci accepte le rapport d’Edgar Faure et l’accord provisoire du 22 novembre 1963 pour la normalisation avec la RPC. L’accord provisoire 2 : Edgar Faure, au nom du Président de la République française, Charles de Gaulle, exprime la volonté de normaliser les relations diplomatiques avec la Chine, le gouvernement chinois souhaite cordialement aller dans le même sens.

1 Wang Taiping ⥟⋄ᑇ , Zhang Guangyou ᓴܝԥ , Les relations diplomatiques de la Chine nouvellle pendant 50 ans Tome II (ᮄЁ೑໪ѸѨकᑈ xinzhonguo waijiao wushinian ), Beijing, Editions de Presse de Pékin, 1999, page. 1038. 2 Wang Taiping ⥟⋄ᑇ , Zhang Guangyou ᓴܝԥ , Les relations diplomatiques de la Chine nouvellle pendant 50 ans Tome II (ᮄЁ೑໪ѸѨकᑈ xinzhonguo waijiao wushinian ), Beijing, Editions de Presse de Pékin, 1999, page. 1039. 100

Le gouvernement chinois, par une volonté réciproque, propose le plan d’établir directement les relations franco-chinoises. Ce plan comprend trois articles. Le gouvernement chinois propose le plan suivant, que le Premier ministre Zhou Enlai et Edgar Faure ; sur la base de ne pas soutenir la création de « deux Chine », approuvent de manière identique : 1. Le gouvernement français reconnaît le gouvernement chinois comme seul gouvernement légitime ; cela veut dire que « le gouvernement nationaliste de Chine » n’existe plus pour la France. 2. La France reconnaît le droit de siéger à l’ONU à la RPC et non plus à la République nationaliste de Chine. 3. Après l’établissement des relations diplomatiques entre la RPC et la France, le gouvernement de la République nationaliste de Chine devra retirer son ambassade de la France et réciproquement.

Le règlement de l’accord sur Taïwan est rendu public par une déclaration d’un porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinoise le lendemain du Communiqué conjoint 1, qui la commente ainsi : « La coutume internationale, la reconnaissance d’un nouveau gouvernement d’un pays, impliquent de cesser la reconnaissance du groupe dirigeant renversé par le peuple d’un tel pays »2.

Cette déclaration a été faite selon un accord convenu préalablement entre les deux parties. Edmond Jouve écrit à ce sujet : « La publication de ce document – c’est une originalité – est suivie à Beijing (Pékin) d’une déclaration spécifique du porte-parole du ministère des Affaires étrangères »3.

Les Chinois considèrent que « c’est la combinaison du principe avec la stratégie » qui a permis aux deux pays de réussir à établir leurs relations diplomatiques sans que la

1 Cahiers de la Fondation Charles de Gaulle , Pairs, numéro.1, 1995, page.69. Notes et Etudes documentaires françaises , Paris, 1973, numéro.4014-4015, page.53. 2 Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ renmin ribao )du 28 janvier 1964 et Le Monde du 29 janvier 1964. 3 Cahiers de la Fondation Charles de Gaulle , Pairs, numéro.1, 1995, page.17. 101

France ait eu à se prononcer sur la rupture avec Taïwan . Le Monde note après l’annonce du communiqué : « C’est M. Edgar Faure selon toute apparence, qui a trouvé la sortie et qui a su persuader les Chinois de passer par-là »1.

Hormis cet accord tacite, on a marqué le point modifié par Edgar Faure : il a supprimé dans le 1 er point « ... ne reconnaît plus soit disant ‘le gouvernement nationaliste de Chine ’ à Taïwan », cette phrase est remplacée par « Cela veut dire que cette qualification n’appartient plus au gouvernement nationaliste chinois à Taïwan ». Cette motivation est claire : si la France ne le reconnaît plus, la France devrait prévenir le gouvernement nationaliste chinois d’après Edgar Faure. Sinon, cette qualification n’appartient plus au gouvernement nationaliste de Chine à Taïwan.

A ce sujet, Zhang Xichang le souligne dans le colloque du 30 ème anniversaire de l’ établissement, en rapportant une conversation privée avec le professeur Vaïsse qui lui confie : « il existe ces trois sujets tacites dans les archives françaises », mais on évite de parler de ce sujet en public. Pourquoi ? Zhang Xichang répond à cette question : car les Français ne veulent pas rabattre leur orgueil 2.

B) La rupture française avec Taïwan

Bien qu’il y ait un accord tacite, Beijing (Pékin) est toujours soucieux des relations entre Paris et Taïwan en raison de la non-déclaration de la rupture française avec Taïwan. En fait, le général de Gaulle tient sa promesse, et entreprend de rompre avec Taïwan sans écouter ni Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek) ni les Américains.

Trois choses le confirment :

1 Le Monde du 25 janvier 1964, page.1. 2 Zhang Xichang ᓴ䫵ᯠ , Troisième essor pour établir les relations diplomatiques de la RPC (݅੠೑㄀ϝ ⃵ᓎѸ催╂ gongheguo disanci jianjiao gaochao ), Beijing, Editions Connaissances universelles ( Ϫ⬠ⶹ 䆚ߎ⠜⼒ shijie zhishi chubanshe) , 1998, page.44-45 et 51. 102

1) Le 24 décembre 1963, lorsque Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek) reçoit cette information, il écrit une lettre au général de Gaulle dans laquelle il expire son inquiétude sur la reconnaissance de la Chine populaire. Pour sa part, le général de Gaulle considère la rupture avec Taïwan, comme irrévocable et dépêche le général Pechkoff 1 du 19 et 20 janvier 1964 à Taïwan. Cet envoyé spécial, chargé d’une lettre du général de Gaulle, apporte le dernier salut à Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek). Dans laquelle le souligne le général de Gaulle : « La situation qui s’est créée et confirmée en Chine continentale n’a pas répondu aux prévisions que l’on avait pu envisager dans le passé. La France ne saurait ignorer plus longtemps un fait qui s’est établi. D’autres puissances appart enant à l’Ouest l’ont, d’ailleurs, précédée dans cette voie depuis des années. Au surplus, l’évolution qui s’est récemment manifestée au sein du monde communiste la conduit maintenant à prendre une décision, dont nous pensons qu’elle sera, en définitive, conforme à son intérêt véritable et à celui de ses amis...... Depuis dix ans déjà, la force des choses nous a conduits à entrer en relation avec les dirigeants de Beijing (Pékin) »2.

A travers cette lettre, on peut trouver le réalisme du général de Gaulle : « La France ne saurait ignorer plus longtemps un fait qui s’est établi ». Pour de Gaulle, « Tchang Kaï-chek appartient au passé ; artificiellement prolongé, grâce à la protection américaine, à présent sans avenir. Mao Zedong, c’est une force formidable, fascinante, un étrange mélange d’orgueil extrême et d’extrême simplicité, un homme qui, de son pays endormi dans un sommeil séculaire, est en passe de faire l’une des grandes puissances mondiales »3, comme l’écrit André Fontaine.

2) Ce voyage est un préambule à la rupture avec Taïwan. Malgré Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek) essaie de le convaincre que « son retour sur le

1 Le général Pechkoff, ancien ambassadeur de France à Chongqing. 2 Charles de Gaulle, Les lettres, Notes et Carnets , janvier 1964 – juin 1966, Paris, Plon, 1986, page.22. 3 André Fontaine, Histoire de la « détente », Un seul lit pour deux rêves, 1962-1981, Fayard, 1984. 103

continent est possible ». Il ne peut plus changer la décision du général de Gaulle. Le général Guillermaz écrit dans ses Mémoires : « Au cours de ce premier entretien de plusieurs heures, le maréchal souhaite que le général de Gaulle ne se laisse pas tromper par la cause du continent et l’adjure d’avoir confiance dans la victoire la sienne et celle du monde libre sur le communisme. ...Notre retour sur le continent est possible ; le général de Gaulle était à Londres dans la même situation ». « A ces longs développements, qui ne sont pas sans intérêts pour les biographes de Tchang Kaï-chek, dont ils éclairent la personnalité et les vues du moment, le général Pechkoff ne répondra que des expressions de courtoisie, vides de tout contenu politique. Il ne lui appartenait pas en effet d’entrer en discussion pour justifier une décision qu’il savait irrévocable. Il était venu apporter au maréchal Tchang Kaï-chek le dernier salut d’un autre soldat dont l’intérêt d’Etat allait le séparer »1.

3) Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek) lui demande de retarder la reconnaissance de la Chine populaire. L’ambassadeur des Etats -Unis à Paris transmet aussi l’avis de Washington : il espère retarder la décision française jusqu’en 1965, si la France souhaite toujours reconnaître la Chine communiste parce que l’année 1964 est une année d’élections présidentielles et la décision française serait sensible en période d’élection. Cepend ant le général de Gaulle continue son plan de la normalisation des relations diplomatiques avec la RPC, sans considérer ni l’ avis du côté taïwanais ni celui du côté américain. L’initiative prise par le Président Mao Zedong et le général de Gaulle a été ana lysée par les témoins et les historiens quelques années plus tard, à l’occasion du 20 ème anniversaire de cet événement. Etienne Manac'h souligne dans la conférence du Palais du Luxembourg en 1984 : « Le voyage en lui-même, et l’objet qui le motive, sont en effet une éclatante manifestation de l’indépendance de la politique française. La Chine n’a tout de suite évalué l’importance. Chacun connaît l’habitude dialectique d’ Edgar Faure, et

1 Jacques Guillermaz, Les Mémoires : une vie pour la Chine , Paris, Robert Laffont, 1994, page.292 et page.295. 104 certains d’entre nous ont pu voir à l’épreuve la lucidité intellectuelle de Zhou Enlai. En fait, l’accord de principe sera établi assez rapidement »1.

C) L’annonce du communiqué conjoint du 27 janvier 1964

« A l’issue de son voyage en Chine , Edgar Faure est reçu le 22 novembre 1963 par le général de Gaulle, qui lui confirme qu'il compte donner une suite positive au mois de janvier suivant. »2

Le 8 janvier 1964, lors d’un conseil des ministres, le général de Gaulle demande aux membres du gouvernement, surpris de l’initiative, leur sentiment sur la reconnaissance par la France de la Chine populaire. « La Chine est une énorme chose, explique le Général, elle est là, elle existe. Vivre comme si elle n’existait pas, c’est irréaliste… Le fait chinois est là. C’est un pays énorme. Son avenir est à la dimension de ses moyens. Le tem ps qu’il mettra à les développer, nous ne connaissons pas. Ce qui est sûr, c’est qu’un jour ou l’autre, peut -être plus proche qu’on ne croit, la Chine sera une grande réalité politique, économique et même militaire. C’est un fait et la France doit en tenir compte… » Quelques jours plus tard, de Gaulle confie à Alain Peyrefitte : « Nous allons tourner la page coloniale, celle des concessions en Chine, comme celle de l’Indochine française. Cela veut dire que la France revient en tant qu’amie, et que nous pour rons aider la Chine dans la mesure de nos moyens… Il n’est pas exclu qu’elle redevienne au siècle prochain ce qu’elle fut pendant tant de siècles, la plus grande puissance de l’univers ». 3

En raison de l’absence des relations diplomatiques, les contacts officiels entre les deux pays sont établis à l’ambassade de la RPC à Berne par Jacques de Beaumarchais, directeur d’Europe au Quai d’Orsay et par Li Qingquan, ambassadeur de Chine en Suisse à la suite des négociations menées par Edgar Faure. Après le 12 décembre 1963, plusieurs

1 Historiens & Géographes , Paris, Buisson, n°309, page.1075. 2 Maurice Vaïsse : LA PUISSANCE OU L’INFLUENCE , Fayard, 2009, page.466. 3 BRIZAY Bernard, La France en Chine : Du XVII ème siècle à nos jours , Editions Perrin, 2013, page.488. 105 discussions ont lieu en Suisse, les 2, 9 et 18 janvier 1964. C’est le 23 janvier 1964 que les deux côtés mettent un point final.

Le communiqué conjoint sera annoncé le 27 janvier 1964 dans les deux capitales. Des deux côtés on a convenu que le communiqué conjoint serait, suivant un procédé inhabituel dans l’histoire diplomatique, rédigé de façon pure et simple, sans question ni condition, dans le cadre des règles du droit international publié :

« Le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République populaire de la Chine ont décidé d’un commun accord d’établir des relations diplomatiques. Ils ont convenu à cet effet de désigner des ambassadeurs dans un délai de trois mois »1.

Pourquoi le 27 janvier ? Martin G arret l’explique en trois points 2 : -Premièrement, de Gaulle a largement le temps pour préparer sa conférence de presse semi-annuelle prévue le 31 janvier 1964 qui est une occasion parfaite pour justifier la reconnaissance de la RPC par la France devant les presses françaises et internationales; -Deuxièmement, cette date est également déterminée à l’égard de la politique intérieure américaine : de Gaulle envisage d’accomplir la normalisation des relations avec la Chine avant l’élection présidentielle améric aine qui aura lieu en novembre 1964 ; -Finalement, cette date est aussi signifiante par rapport à la stratégie de l'année à venir du général de Gaulle. Il explique à Alain Peyrefitte le 22 janvier 1964 : établir des relations avec la Chine populaire signifie que la France a tourné la page de colonies, de concessions en Chine et que la France retourne en tant qu’amie qui respecte l’indépendance nationale. Reconnaître la RPC manifeste la capacité de la France d'agir indépendamment dans le tiers monde. Dans la conférence de presse du 31 janvier, de Gaulle annonce aussi la politique de l’aide française vers ses anciennes colonies et son projet de visite au Mexique et en Amérique latine dans l'année à venir.

1 Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ renmin ribao )du 28 janvier 1964 et Le Monde du 27 janvier 1964. 2 Garret Martin, Playing the China Card ? Revisiting France’s Recognition of Communist China, 1963 – 1964 , Journal of Cold War Studies Vol. 10, No.1, Hiver 2008, pages.73-74. 106

Copie scannée de l’original du Communiqué

107

Les devoirs ne se présentent pas directement dans le communiqué conjoint, mais s’expriment par une déclaration du 28 janvier 1964 d’un porte -parole du gouvernement chinois, le gouvernement français reconnaissant tacitement par son silence. Cette déclaration annonce :

« C’est en qualité d’unique gouvernement légal représentant tout le peuple chinois que le gouvernement de la République populaire de Chine a mené ses négociations avec la France. Selon la pratique internationale, la recon naissance d’un nouveau gouvernement d’un pays implique de cesser la reconnaissance du groupe dirigeant renversé par le peuple d’un tel pays. En conséquence les représentants de l‘ancien groupe dirigeant ne peuvent plus être considérés comme les représentants dudit pays et être présents côte à côte avec les représentants du nouveau gouvernement dans un même pays ou dans une organisation internationale. C’est dans cet esprit que le gouvernement de la République populaire de Chine est parvenu à un accord avec le gouvernement de la République française sur l’établissement de relations diplomatiques et l’échange d’ambassadeurs entre la Chine et la France. Le gouvernement chinois estime nécessaire de réaffirmer que Formose fait partie du territoire chinois et que toute tentative de séparer Formose de la Chine ou de créer ‘deux Chine’ est absolument inacceptable pour le gouvernement et le peuple chinois »1.

Cette déclaration explique et prouve la position de principe dans l’esprit de l’accord tacite, sur laquelle l a partie française observait un silence approbateur. Dans sa conférence de presse du 31 janvier 1964, de Gaulle évoque « la Chine, un grand peuple, le plus nombreux de la terre » et justifie « la reconnaissance »de Beijing (Pékin) par « l’évidence et la ra ison », et insiste sur le fait qu’ « aucune réalité politique ne saurait être considérée, en Asie, ni guerre, ni paix », sans que la Chine « y soit impliquée ». 2

1 Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ renmin ribao )du 28 janvier 1964 et Le Monde du 29 janvier 1964, Notes et Etudes documentaires françaises , 1973, numéro.4014-4015, page.53 et Cahiers de la Fondation Charles de Gaulle , Paris, n°1,1995, page.69. 2 Maurice Vaïsse : LA PUISSAN CE OU L’INFLUENCE , Fayard, 2009, page.467. 108

Les dirigeants chinois suivent de près l’évolution des relations entre Paris et Taïwan. Après le Communiqué conjoint le 27 janvier 1964, Taïwan proteste, sans retirer ses représentants diplomatiques tout de suite. Mao Zedong est plutôt inquiet sur le thème « les deux Chine », cela s’explique dans son discours lorsqu’il rencontre la délégation de la mission parlementaire française le 30 janvier 1964 :

« Mais on nous demande ‘deux Chine’ ou un territoire autonome et, cela, nous ne pouvons pas ‘l’accepter . La France ne doit tomber dans le piège des Etats-Unis. Elle doit nous envoyer un ambassadeur. E lle ne doit pas se contenter d’un chargé d’affaires. Si ce n’est pas clair, il n’est pas possible d’accepter un ambassadeur et d’en envoyer. Je l’ai dit clairement à M. Edgar Faure. Notre ministre des affaires étrangères a fait une déclaration à ce sujet et cela a été discuté en Suisse... »1.

Le général de Gaulle analyse avec son réalisme habituel, la place de la RPC : « J’ai parlé du poids de l’évidence de la raison. Il n’y a effectivement, en Asie, aucune réalité politique concernant notamment, le Cambodge, le Laos, le Viêt-Nam ou bien l’Inde, le Pakistan, l’ Afghanistan, la Birmanie, la Corée ou bien la Russie soviétique ou encore le Japon, etc. , qui n’intéresse ou ne touche la Chine. Il n’y a, en particulier, ni guerre, ni paix imaginables sur ce contine nt sans qu’elle y soit impliquée »2.

Et quelle est la réaction du côté taïwanais ? Le 1 er février 1964, dès que le Quai d’Orsay annonce aux représentants de Taïwan qu’un groupe de diplomates chinois étant arrivé à Paris, les représentants de la République nationaliste de Chine ne sont plus reconnus, Taïwan annonce sa rupture avec la France par un communiqué virulent :

« Ce acte du gouvernement français porte un préjudice irrémédiable aux relations entre la République de Chine et la France. Le gouvernement de la République de Chine

1 Œuvres choisies de la diplomatie de Mao Zedong (↯⋑ϰ໪Ѹ᭛䗝 maozedong waijiao wenxuan ), Beijing, Éditions documentaires du Comité central (Ё༂᭛⤂ߎ⠜⼒ zhongyan wenxian chubanshe), 1994, page.522 ; Cahiers de la Fondation Charles de Gaulle , Paris, 1995, n°1, page.161. 2 Charles de Gaulle, Discours et messages IV , Paris, Plon, 1970, page.180. 109 considère que de tels actes ne sont plus tolérables et a, par conséquence, décidé de rompre les relations diplomatiques avec la France à partir du 10 février 1964 »1. La rupture était consommée.

La rupture entre Paris et Taïwan se déroule comme le général de Gaulle l’avait prévu : « Il n’est pas concevable que nous prenions l’initiative d’une rupture avec Formose. Il est possible que Taipei décide de rompre. »2.

Le problème que tentaient de régler depuis des années les diplomates et les hommes d’Etat, en le tournant et le retournant dans tous les sens, était désormais résolu. Cet événement marque une date fondamentale dans l’histoire des relations internationales.

Après l’annonce du Communiqué conjoint, un chargé d’affaires, Cla ude Chayet, qui a grandi dans la capitale chinoise, est immédiatement désigné pour préparer l’ouverture de l’ambassade de Beijing (Pékin).3 Les représentants français et chinois arrivent à Paris et à Beijing (Pékin) le 23 février 1964. Conformément au communiqué conjoint « désigner des ambassadeurs dans un délai de trois mois », Lucien Paye, vieil ami de Georges Pompidou, ancien ministre de l’Education nationale, alors ambassadeur de France au Sénégal, est nommé ambassadeur de France à Beijing (Pékin) le 27 mai alors que Huang Zhen 4, ambassadeur de Chine à Paris le 2 juin.

Désormais, la France et la Chine populaire ouvrent une nouvelle page de leurs relations, la France est devenue le premier des grands pays occidentaux à établir des rapports réguliers avec la nouvelle République chinoise en vue de favoriser leur compréhension mutuelle, le développement de leurs échanges dans tous les domaines, et le dialogue sur les grandes affaires internationales.

1 Notes et Etudes documentaires françaises , 1973, n°4014-4015, page.54. 2 Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle , Paris, Fayard, 1997, page.486. 3 BRIZAY Bernard, La France en Chine : Du XVII ème siècle à nos jours , Editions Perrin, 2013, page.493. 4Huang Zhen 咘䬛 , ambassadeur chinois en France de 1964 à 1973. 110

III-3 Les réactions internationales après l’annonce conjoint du communiqué franco-chinois

La reconnaissance de la République populaire de Chine par la France suscite de nombreuses réactions au niveau international. En principe, deux opinions s’opposent juste après l’annonce du communiqué franco -chinois. L’une montre de la volonté de détente internationale alors que l’autre témoigne de l’intensité de la tension sino - américaine qui reste dans cette période de guerre froide.

Plus favorables sont les réactions des Chinois et des Français eux-mêmes ainsi que des p ays du camp socialiste, comme Moscou. Les jugements négatifs sur l’initiative française proviennent principalement des Etats-Unis, de Taïwan, bien entendu, du Japon, de Saigon et de certains pays de l’Alliance Atlantique.

Pourquoi cette décision bilatérale entre la France et la Chine suscite-t-elle la colère des Etats-Unis ? Parce que « c’est une gifle aux Américains qui voient en Mao le grand méchant loup en personne, et, pour un peu, le principal responsable de la guerre du Viêt-Nam . C’est aussi pour le général de Gaulle un moyen de plus de faire comprendre aux Soviétiques que la France agit sans prendre l’avis de personne, et notamment des Etats-Unis. C’est enfin une tentative pour se prémunir contre ce péril jaune qui l’obsède »1.

A) Les opinions favorables

Les opinions les plus favorables viennent des médias chinois et français. Sous le titre « Saluer l’établissement des relations officiellement entre la France et la Chine »2, le Quotidien du peuple proclame que les complots de l’impérialisme américa in pour

1 André Fontaine, Histoire de la « détente », Un seul lit pour deux rêves, 1962-1981, Fayard, 1984.page.74. 2 Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ renmin ribao )du 28 janvier 1964. 111 isoler la nouvelle Chine sont voués à l’échec. Cette pensée explique l’esprit des Chinois à ce moment-là et pour cette affaire.

En première page du Monde du 28 janvier 1964, on peut lire : « La Chine populaire est un fait, un très grand fait... n ’est -il pas étrange qu’un si important pays souverain n’ait pas encore été reconnu ? Si fait n’est -il pas opportun de le reconnaître à présent ? ».

Ces opinions se manifestent dans deux sondages en France à cette période-là. Un sondage d’opinion révèle qu e 39% des Français contre 26% étaient favorables à une reconnaissance de la Chine populaire en décembre 1963 1. Michel Bouisson révèle dans sa communication l’existence d’un autre sondage : « la campagne médiatique autour de la reconnaissance de la RPC peut se décrypter comme une ‘simulation’ de campagne référendaire, les résultats (recueillis par sondage en février 1964) s’énonçant ainsi : Oui, 54%, Non, 14% ; Abstentions, 32%. Ce qui, dans les urnes, aurait donné ce résultat ‘introuvable’ de 81%de ‘Oui’ su r 68% de votants »2.

D’autre part, les Amitiés franco -chinoises expriment leur satisfaction, en adoptant la résolution suivante : « Depuis plus de dix ans, des Français de toutes appartenances politiques, de tous milieux sociaux des amitiés franco-chinoises, se sont efforcés de faire connaître la Chine aux Français et la France aux Chinois. Depuis plus de dix ans l’Association a œuvré pour la reconnaissance par la République française de la République populaire de Chine. Aussi accueillit-elle avec joie la décision du gouvernement français de nouer des relations diplomatiques, économiques et culturelles avec Beijing (Pékin). Elle pourra, dans des conditions meilleures, contribuer à développer des liens d’amitié entre les deux peuples, dans celui de la détent e internationale »3.

De plus : une réaction s’exprime à travers la presse du monde entier après l’annonce du communiqué franco -chinois.

1 Le Monde du 28 janvier 1964. 2 Cahiers de la Fondation Charles de Gaulle , Paris n°1,1995, page.62. 3 Le Monde , le 25 janvier 1964, page.2. 112

La réaction de Moscou : il paraît favorable, malgré la rupture sino-soviétique. Le ministre soviétique des Affaires étr angères répondant à la question d’un journaliste occidental, une heure après l’annonce officielle de l’ établissement : « Le gouvernement soviétique considère l’établissement comme un pas en direction de la paix dans le monde. La politique de l’Union soviét ique a toujours tenu au maintien de l’entente entre les nations, y compris entre Etats appartenant à des systèmes sociaux différents. ...Nous estimons que l’acte effectué par le gouvernement français sert ce but »1.

Le gouvernement soviétique n’a rien com menté sur la Chine à la suite de l’annonce. Pourtant, « l’absence d’une réaction officielle directe ne signifiait pas que les dirigeants soviétiques négligent l’importance de cet événement ». Selon Tatiana Soulitskaïa 2, « la normalisation des relations entre les deux pays, a été analysée en 1964, en fonction de ses conséquences éventuelles sur les relations sino-soviétiques, et sur le développement des relations entre l’URSS et la France qui constituaient une part importante de la politique extérieure sovié tique de l’époque ». D’après Moscou : « La normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays a mis un terme à la politique chinoise de l’ auto isolement du monde occidental et par conséquent, a diminué la possibilité de l’influence soviétique en manière politique et économique sur les autorités chinoise, elle a donné à Beijing (Pékin) « une opportunité supplémentaire pour activer sa politique en Afrique francophone »3.

Dans une étude de Tatiana Soulitskaïa, elle souligne ainsi : « Il y a vingt ans, quand j’a commencé à étudier le problème des relations entre la Chine et la France, j’ai profondément été impressionné par le courage du général de Gaulle qui a eu de la volonté et du courage politique, pour réaliser une percée diplomatique tellement spectaculaire au point de la guerre froide. Il a pu repousser les raisons idéologiques, c’est -à-dire

1 Le Monde , le 28 janvier 1964. 2 Tatiana Soulitskaïa, ancienne chercheur à l’Institut d’études extrême -orientales de Moscou. 3 En référence aux Cahiers de la Fondation Charles de Gaulle , Paris n°1,1995, page.107-109. 113 superficielles, et a commencé à construire un édifice des relations internationales plus normales et plus raisonnables »1.

A Hambourg , on écrit : « La décision du général de Gaulle crée une nouvelle réalité que nul ne peut encore apprécier, mais qui nous oblige tous à reconvertir nos idées et à révise nos anciennes perspectives ». 2

Le Peuple de Bruxelles publie en gros titre la Belgique ne devrait pas rester à la traîne : « Affirmons à nous tour que, s’il important en politique étrangère de n’être le suiveur de personne, pas plus de la France que des Etats-Unis et s’il convient de tenir compte des contingences du moment, on doit constater que notre parti, qui est au gouvernement, se doit de transformer rapidement ses intentions en actes positifs ». 3

B) Les opinions critiques

Taïwan, sans aucun doute, désapprouve vigoureusement par voie de presse la position française et annonce la rupture des relations diplomatiques avec le gouvernement français à partir du 10 janvier 1964. Pourtant le 27 janvier, Formose revient en partie sur sa décision : « Nous nous en tiendrons fermement..., à notre politique essentielle qui est de ne pas admettre la reconnaissance de deux Chines en dépit des conséquences sérieuses que cela peut avoir » « Etant donné que le mémorandum ne nous demande pas de quitter Paris, nous pensons que la France veut nous laisser choisir, nous lui en laissons la responsabilité. »4

1 Cahiers de la Fondation Charles de Gaulle , Paris, n°1,1995, page.107. 2 YANG Yuanhua ᴼܗढ , L'histoire des relations sino-françaises (Ё⊩݇㋏৆ Zhongfa guanxishi ), Shanghai, Editions du peuple de Shanghai ( Ϟ⍋Ҏ⇥ߎ⠜⼒ Shanghai renmin chubanshe), 2006, page.255. 3 YANG Yuanhua ᴼܗढ , L'histoire des relations sino-françaises (Ё⊩݇㋏৆ Zhongfa guanxishi ), Shanghai, Editions du peuple de Shanghai ( Ϟ⍋Ҏ⇥ߎ⠜⼒ Shanghai renmin chubanshe), 2006, page.255. 4Luc Rosenzweig, Hugues Tertrais, La guerre froide (1944-1994) , Paris, Editions Le Monde, 1994, page.78. 114

Malgré les explications données par de Gaulle à Dean Rusk : si, depuis dix-sept ans, « nous avions laissé les Soviétiques cuire dans leur jus avec les satellites, le danger serait bien plus sérieux. Si l’Occident était en rapport direct avec la Chine, cela serait différent, et aurait peut-être quelque effet sur Pékin »1, à Washington, de fortes oppositions à la reconnaissance de la RPC se font jour, probablement pour les motifs suivant : 1) La France gêne les intérêts des pays libres, qui contestent la décision unilatérale française. Parce que, même après la rupture sino-soviétique, Beijing (Pékin) se trouve mêlé à l’affrontement des deux superpui ssances : Moscou et Washington. La reconnaissance de Beijing (Pékin) parvient alors à ouvrir une voie nouvelle pour la RPC vers l’Eu rope occidentale et la sort de son isolement diplomatique. Ce serait la stratégie diplomatique de Mao Zedong après la rupture des relations avec Moscou.

2) La politique du général de Gaulle envers la RPC dérange la politique américaine en Asie du Sud-est, la situation au Viêt-Nam étant devenue un sujet essentiel de préoccupation de Washington depuis 1963.

Puis, la mauvaise humeur des Américains se manifeste par la déclaration du porte-parole du département d’Etat, M. Philippe qui déclare les 9 et 17 janv ier 1964 : « Si la France reconnaît la Chine populaire, ce ne sera pas favorable aux Etats-Unis et aux pays libres » ; le 26 janvier 1964, une fois encore, il fait savoir que « les Etats-Unis désapprouvent la décision de la France ».

Les Etats-Unis, dès que les gouvernements français et chinois annoncent par un communiqué conjoint l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays peu après 6 heures du matin le 27 janvier 1964(heure de Washington), les Etats-Unis déclarent : « Les Etats-Unis regrettent la décision de la France. Nous avons à plusieurs reprises, exprimé au gouvernement français nos propres raisons pour lesquelles nous considérons cette décision comme une mesure malencontreuse particulièrement à un

1 Maurice Vaïsse : LA PUISSANCE OU L’INFLUENCE , Fayard, 2009, page.467. 115 moment où la Chine communiste en courage activement l’agression et la subversion dans le Sud-est de l’Asie et ailleurs »1. Dès lors, Washington tend à refroidir en profondeur les relations franco-américaines.

Une recherche de Charles Cogan 2 apporte les précisions suivantes : « Les appréciations contrastées, à Washington et à Paris, suscitées par les actions du Général de Gaulle portaient sur deux axes : la politique de neutralité au Sud Viêt-Nam et la nature et les visées du régime communiste en Chine »3. De son opinion, les prises de position du Général de Gaulle envers la Chine et le Viêt-Nam sont devenues un sujet de préoccupation de Washington à la fin de l’été 1963.

Un mémorandum du Bureau des estimations nationales (Office of National Estimates ) de la CIA, le 23 octobre, note que l’ ex-président du Conseil Edgar Faure vient d’arriver à Beijing (Pékin) pour une visite privée, organisée cependant à la demande du général de Gaulle. « Toutes choses considérées, indiquait le mémorandum, nous croyons que de Gaulle a l’intention de mener une politique chinoise plus active. ...Finalement, et c’est ce qui est le plus important, la politique française envers la Chine est aussi influencée par ses visées concernant l’Indochine »4. Les Etats-Unis montrent donc leur mécontentement face à la reconnaissance de la Chine par la France.

Saigon protégé par les Américains, ainsi que le Japon agissent comme les Etats- Unis : Saigon, capitale du Viêt-Nam du Sud, met immédiatement en place un embargo de rétorsion contre la France . Son ministre de l’économie déclare suite à l’annonce du communiqué franco-chinois que « sauf cas exceptionnel, il ne serait plus délivré de licences pour l’importation des produits français »5.

1 Le Monde , le 28 janvier 1964, page.4. 2 Charles Cogan, professeur de l’Université de Harvard, prend contact avec les anciens hauts fonctionnaires américains qui étaient aux commandes à l’époque tel que George Hundy, George Ball, Dean Busk et Paul Nitze au sujet de la reconnaissance de la Chine, ensuite il enquêtait auprès d’universitaires. 3 Cahiers de la Fondation Charles de Gaulle , n°1, 1995, page.77. 4 Cahiers de la Fondation Charles de Gaulle , n°1, 1995, page.84. 5 Le Monde , le 28 janvier 1964, page.1. 116

A Tokyo, le Premier ministre japonais Hayato Ikeda déclare au cours d’une séance commune d es deux Chambres, que le Japon ne peut suivre l’exemple de la France, en considérant les relations qu’il entretient avec Formose. En réponse aux questions de l’opposition, il affirme que ce serait ‘grave erreur’ pour son gouvernement de suivre l’exemple fr ançais 1.

C) Les conséquences historiques

Cet événement constitue une étape décisive dans la stratégie mondiale du général de Gaulle. Celui-ci observe, d’une vision large et indépendante, les affaires mondiales, ce qui lui permet de fixer de manière autonome la politique extérieure de la France. Une vision réaliste dans la conférence du 31 janvier 1964, le général de Gaulle déclare que « Depuis quinze ans, la Chine presque toute entière est rassemblée sous un gouvernement qui lui applique sa loi. Qu’au -dehors, elle se manifeste comme une puissance souveraine et indépendante et que la France se trouve disposée à nouer avec Beijing (Pékin) des relations régulières »2. Paris reconnaissant la Chine telle qu’elle est, le développement des relations avec la Chine populaire devient une priorité française. Martin Garret constate que : « Le rapprochement avec la Chine communiste renforcerait l’indépendance de la France vis -à-vis des superpuissances et promouvrait son prestige comme une puissance globale. » De Gaulle croyait que « la reconnaissance diplomatique de la RPC favoriserait le changement de l’équilibre international et rappellerait à tous les pays l’influence française dans les affaires internationales. »3

Pour la Chine populaire, le geste de la France met fin à son isolement diplomatique. S’il constitue une manifestation d’indépendance de la part de la France vis -à-vis de

1 Le Monde , les 26, 27 janvier 1964. 2 Charles de Gaulle, Discours et messages IV , Paris, Plon, 1970, page.180. 3 Garret Martin, Playing the China Card ? Revisiting France’s Recognition of Communist China, 1963 – 1964 , Journal of Cold War Studies Vol. 10, No.1, Hiver 2008, page.61. 117 l’Amérique, ce rapprochement marque aussi une volonté de la part de la Chine de se souscrire à l’influence soviétique. Le général de Ga ulle s’exprime sans ambages sur la satisfaction des Chinois : « La Chine meurt d’envie d’être reconnue par nous. Elle ne le cache pas. Elle voit le monde comme il est. Les Soviets sont devenus ses adversaires et les Etats-Unis le sont restés… La Chine ne voit aucun autre interlocuteur que la France. » Les Chinois en tout cas gardent un souvenir ému et reconnaissant de cet épisode diplomatique, qui a changé la face des relations entre l’Est et l’Ouest. Un ancien ambassadeur de Chine en France, Cai Fangbo, éc rit qu’en 1964, « l’établissement officiel des relations diplomatiques a ouvert une nouvelle page dans les rapports d’amitié sino -français. Ainsi la France est devenue le premier grand pays occidental à avoir établi des relations diplomatiques avec la Chine ». 1

L’événement de 1964 qu’est la reconnaissance de la RPC par la France contribue à apporter la détente entre Beijing (Pékin) et Washington, et a modifié la politique américaine en Asie. Edgar Faure explique combien le Général a été un « précurseur » : « Il a fallu attendre huit ans pour que le président des Etats-Unis (Richard Nixon) fasse le même raisonnement que lui. Mais je crois que, bien que le délai a été assez long, notre initiative de 1964 a été un début, un précédent déterminant ». 2 Le Président américain Ricard Nixon reconnaît quand il rencontre le général de Gaulle que celui-ci a joué un rôle très important sur le rapprochement sino-américain 3.

Dès 1969, du fait de la décision de Washington de se désengager d’Indochine, la position chinoise allait très vite et tout naturellement retrouver un rôle de première importance. Le Canada et l’Italie, deux membres du Pacte Atlantique annoncent quant à eux, l’établissement des relations diplomatiques avec la Chine populaire le 13 octobre et le 6 novembre 1970.

En été 1971, Henry Kissinger, envoyé spécial du Président Richard Nixon, vient en Chine (suivant très probablement l’exemple couronné de succès d’Edgar Faure) ; en

1 BRIZAY Bernard, La France en Chine : Du XVII ème siècle à nos jours , Editions Perrin, 2013, page.492. 2 BRIZAY Bernard, La France en Chine : Du XVII ème siècle à nos jours , Editions Perrin, 2013, page.493. 3 En référence au Colloque pour le centenaire du général de Gaulle I , Paris, Plon, 1991. 118 automne, la Chine entre aux Nations Unies et reprend son siège de membre permanent du Conseil de sécurité. Le Président américain Richard Nixon se rend en février 1972 à Beijing (Pékin) ; et dans la même année le 31 septembre, le Japon reconnaît la Chine populaire. En 1978, la Chine et les Etats-Unis annoncent par un communiqué commun, le 16 décembre de leurs relations à partir du 1 er janvier 1979. « Les Etats-Unis reconnaissent le gouvernement légal de la Chine. ...Le gouvernement des Etats-Unis reconnaît la position de la Chine, à savoir qu’il n’y a qu’une Chine et que Taïwan fait partie intégrante de la Chine »1, déclare ce communiqué.

Cela prouve combien les rapports internationaux ont changé. On est en train de sortir de la tension et on se dirige vers un nouvel équilibre mondial. La situation internationale contrôlée par les deux superpuissances est terminée. La RPC, comme force d’équilibre du monde, a un rôle de plus en plus important. C’est tout l’équilibre de l’Extrême -Orient qui est transformé.

Maurice Couve de Murville précise au Conseil des ministres le 22 janvier 1964 : « Notre initiative est un événement très important sur le plan mondial. Elle manifeste les changements profonds intervenus, la réapparition de la Chine, sa rupture avec la Russie, l’ élimination des deux blocs idéologiques qui paraissaient s’être partagé le mo nde. Mais l’événement le plus important, c’est le retour éclatant de la France, d’une grande importance dans le Sud-est asiatique. »2

Dans son ouvrage, Etienne Manac’h écrit : « Comme un signal impératif de la raison, commande l’avenir, en s’opposant même aux plus grandes puissances, et un plus juste équilibre est établi dans le monde. »3

François Joyaux remarque : « Dès 1969, la situation était profondément transformée en Asie orientale du fait des doctrines Nixon et Brejnev et, du point de vue

1 Reportage de l'Agence Chine nouvelle ( ᮄढ⼒ xinhuashe)du 16 décembre 1978. 2 Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, II , Paris, Fayard, page.491. 3 Historiens & Géographes , Paris, 1984, n°309. 119 plus spécifiquement chinois, du fait des menaces soviétiques que la RPC sentait peser sur elle. » « Ce contexte nouveau avait finalement amené le gouvernement de Beijing (Pékin) comme celui de Washington à reconsidérer leurs rapports mutuels. »1 Le 27 janvier 1964 est alors devenu une date historique aux conséquences profondes.

Conclusion : L’événement de 1964 engendre un affaiblissement des deux blocs ; il entraine la détente entre les Etats-Unis et la Chine, le changement de la politique américaine sur l’Asie ; les rapports entre la RPC et le monde occidental se transforment en profondeur.

La Chine, un grand pays asiatique avec une population de 650 millions d’habitants est une force d’équilibre du monde qui entre dans les affaires diplomatiques occidentales pour sortir de son isolement international 2. Pour la France, c’est un tournant dans sa politique dans l’Asie du Sud-est : elle peut s’appuyer sur la Chine pour infléchir la politique extérieure américaine sur cette région.

Bien qu’ils effectuent deux système s politiques différents, Mao Zedong et le général de Gaulle sont dotés d’une clairvoyance assez forte pour percevoir les intérêts communs entre les deux pays et le désir de défendre l’équilibre mondial.

Comme Couve de Murville explique : l’établissement d es relations diplomatiques avec la Chine est probablement une action qui définit le mieux la philosophie de politique extérieure du général de Gaulle pendant son époque au pouvoir. Cette philosophie met les nations et les Etats au-dessus de l’idéologie et donne la préférence aux réalités politiques plutôt que les actions créées par la division bipolaire du monde.3

1 François Joyaux, La nouvelle question d’Extrême -Orient 2 , Paris, Payot, 1988, page.199. 2 La Chine se trouve non seulement sous les pressions des Etats -Unis, mais aussi dans la division du bloc communiste à l’époque. 3 Garret Martin, Playing the China Card ? Revisiting France ’s Recognition of Communist China, 1963 – 1964 , Journal of Cold War Studies Vol. 10, No.1, hiver 2008, page.80. 120

CHAPITRE IV

POINT DE DEPART DES RELATIONS SINO-FRANÇAISES

121

Depuis la séparation entre Beijing (Pékin) et Moscou, et la détente avec Washington, la théorie des deux « zones intermédiaires » de Mao Zedong a succédé à celle d’ « une zone intermédiaire unique ». Ce concept va devenir la base de la politique extérieure chinoise.

Selon cette théorie qui met la Chine entre les Etats-Unis et l’URSS, il importe pour éviter un isolement diplomatique de Beijing (Pékin) de développer des relations avec l’Europe occidentale, afin de l’intégrer au sein de la seconde zone intermédiaire.

Théorie des zones intermédiaires 1 1963 Etats-Unis Zone intermédiaire URSS Une zone

intermédiaire

1964 Etats-Unis Zones intermédiaires URSS Deux zones Première Seconde intermédiaires Europe Asie, occidentale, Afrique, Amérique du Nord, Amérique du Sud Océanie, Japon

Hormis les Etats-Unis et l’URSS, le reste du monde est partagé en deux zones intermédiaires constituées par les pays développés d’une part, par les pays sous- développés d’autre part. Les pays d’Europe occidentale , d’Amérique du Nord et d’Océanie ainsi que le Japon font partie de la première zone ; les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud forment la seconde. 2

1 En référence à La tentation impériale: Politique extérieure de la Chine depuis 1949 de François Joyaux, Imprimerie nationale, 1994, page.356. 2 Œuvres choisies de la diplomatie de Mao Zedong (↯⋑ϰ໪Ѹ᭛䗝 maozedong waijiao wenxuan ), Beijing, Éditions documentaires du Comité central (Ё༂᭛⤂ߎ⠜⼒ zhongyan wenxian chubanshe), 1994, pages.506 et 508. 122

Face à cette situation nouvelle, Mao Zedong bâtit sa pensée stratégique des « trois mondes » afin de renforcer la solidarité avec le Tiers-monde, de lier le deuxième monde et de s’opposer à l’hégémonie des superpuissances : Etats-Unis et URSS forment le « premier monde », celui des impérialismes ; l’Europe, le Canada et le Japon constituent un monde intermédiaire, susceptible de s’opposer aux deux hégémonies ; enfin le « troisième monde » comprend les pays en voie de développement, dont la Chine se prétend le leader 1. Il réoriente la politique extérieure de la Chine, en constituant le Front uni international pour se rapprocher des Etats-Unis et se protéger de l’URSS.

Cette nouvelle politique extérieure, surtout orientée contre l’URSS a pour nom : « Le Front uni international ». Il s’agit de former « une ligne » composée de divers pays du Nord (Etats-Unis, Japon, Chine, pays du Moyen-Orient et Europe) et du Sud (Australie et Nouvelle-Zélande). Ces pays représentent « une grande partie » du monde.

Depuis la détente entre Beijing (Pékin) et Washington, la conception des « Trois mondes » de Mao Zedong est mûre. Le 22 février 1974, il explique pour la première fois en public son concept 2. Et le 10 avril 1974, Deng Xiaoping présente cette théorie stratégique à l’ONU. Elle est désorma is la nouvelle politique extérieure du gouvernement chinois, et conduit ses dirigeants jusqu’à la disparition de l’URSS.

Les relations sino-françaises se développent amicalement.

IV-1 Les relations sino-françaises 1964-1973

Une nouvelle page des relati ons bilatérales entre la France et la RPC s’ouvre en 1964. Au début, il s’agit principalement de développer dans les domaines de la culture et de l’enseignement. Toutefois les échanges commerciaux entre ces deux pays dépassent

1 Maurice Vaïsse : Les relations internationales depuis 1945 , Armand Colin, Paris, 2004, pages149-150. 2 Œuvres choisies de la diplomatie de Mao Zedong (↯⋑ϰ໪Ѹ᭛䗝 maozedong waijiao wenxuan ), Beijing, Éditions documentaires du Comité central (Ё༂᭛⤂ߎ⠜⼒ zhongyan wenxian chubanshe), 1994, page.600. 123 un milliard de dollars en 1964, la France devenant alors le deuxième partenaire occidental de la Chine, juste derrière l’Angleterre.

L’année suivante, le chiffre des échanges commerciaux atteint un milliard cents millions de dollars. Ainsi les relations franco-chinoises s’avèrent tou t à fait remarquables et les contacts sont nombreux, même s’ils sont superficiels 1 au début.

Entre 1964 et 1965, la France organise deux Expositions à Beijing (Pékin). La première exposition technique française porte sur les productions des industries électroniques. La deuxième, en novembre 1965, réunit sur 25,000 m 2, 250 sociétés françaises de biens d’équipements et de gros matériel. Par rapport au domaine d’enseignement, 30 professeurs de français travaillent en Chine et une centaine d’étudiants chinois sont envoyés en France par le gouvernement chinois. Une école (appelée aujourd’hui Lycée français international de Pékin) destinée à scolariser les enfants des diplomates est alors créée à Beijing (Pékin) sous couvert de l'Ambassade de France. Depuis les enfants des pays francophones et de la communauté d'affaires s'y inscrivent.

Le 1 er juin 1966, les deux gouvernements signent le premier accord relatif aux communications aériennes entre les territoires français et chinois. En septembre de la même année, cet accord est modifié sur proposition du gouvernement français.

Cet accord est à l’époque extrême important pour Beijing (Pékin). En effet, le conflit sino-soviétique a entrainé la suspension du trafic aérien via l’URSS, la ligne ouverte avec Paris devien t la seule route aérienne vers l’Europe, l’Afrique, l’Amérique du nord et latine : « Route française : De France via Tirana ou Athènes, Le Caire, Téhéran, Karachi Phnom-Penh, Shanghai et vice versa. »2

1 Maurice Vaïsse, dans les Cahiers de la Fondation Charles de Gaulle , Paris, 1995, n°1, page.145. 2 Wang Taiping ⥟⋄ᑇ , Zhang Guangyou ᓴܝԥ , Les relations diplomatiques de la Chine nouvelle pendant 50 ans Tome II (ᮄЁ೑໪ѸѨकᑈ xinzhonguo waijiao wushinian ), Beijing, Editions de Presse de Pékin, 1999, page. 1044. Journal officiel de la République française (J.O.R ) du 26 juin 1966. 124

Après la rupture sino-soviétique, la double menace de l’impérialisme et du révisionnisme est devenu la préoccupation majeure des dirigeants chinois. La Révolution culturelle chinoise à partir de 1966 en est probablement la conséquence, et a influencé la politique extérieure.

A) La diplomatie chinoise influencée par le gauchisme chinois

Dès l’éclosion de la « Grande Révolution culturelle chinoise »1, la diplomatie chinoise est aussi gravement influencée par le gauchisme comme tous les autres domaines de l’Etat, à tel point que le pays se querelle avec une tr entaine de pays sur la quarantaine avec lesquels il entretenait jusqu’alors des relations diplomatiques. La plupart des ambassadeurs chinois rentrant à Beijing (Pékin) pour participer à la Révolution culturelle, la progression des relations diplomatiques chinoises est interrompue non seulement avec ces pays, mais aussi avec la France.

Dans une première étape de la Révolution culturelle, et au fur et à mesure des mouvements de décolonisation, Beijing (Pékin) a insisté sur le principe selon lequel « la diplomatie sert à la révolution mondiale », allant jusqu’a avancer que « la Chine est un centre révolutionnaire du monde ». Les slogans « A bas l’ impérialisme », « A bas l’évolutionnisme » et « A bas tous les réactionnaires » ont alors été repris par les dirigeants chinois en public. Une telle démarche a isolé la diplomatie chinoise qui perdant ses repères classiques s’est trouvée désorientée.

Bien que Mao Zedong critique cette conception, la Chine entra progressivement en affrontement diplomatique avec une trentaine de pays dès 1965 2. C’est le cas de

1 La grande révolution culturelle prolétarienne (᮴ѻ䰊㑻᭛࣪໻䴽ੑ wuchan jieji wenhua dageming), plus couramment la grande révolution culturelle, lancée par Mao Zedong le 18 avril 1966, représente l'un des événements marquants de l'histoire chinoise contemporaine, dont le retentissement international est considérable. 2 Xie Yixian 䇶Ⲟᰒ , Histoire de la diplomatie contemporaine de la Chine (Ё೑ᔧҷ໪Ѹ৆ zhongguo dandai waijiaoshi ), Beijing, Editions de la jeunesse de Chine( Ё೑䴦ᑈߎ⠜⼒ zhongguo qingnian chubanshe), 1997, pages 266 et 267. 125 l’Indonésie, du Kenya, de la Tunisie, de la République Centrafrique, du Népal, de la Birmanie, de l’Inde, de l’Angleterre , etc.

Dans ce contexte, Beijing (Pékin) et Paris n’ont pas pu éviter les conflits diplomatiques. Quatre points suivants expliquent le gel des relations sino-françaises durant cette période-là : L’absence de l’ambassadeur chinois en France : Huang Zhen, ambassadeur chinois en France rentre en Chine pour participer à la Révolution culturelle selon la décision du Comité centrale du PCC pendant la période de 1967-1969. A cette date, le consulat prend provisoirement le relais.

Les étudiants chinois en France s’affrontent avec la police française, lorsqu’ils manifestent devant l’ambassade de l’URSS à Paris le 27 janvier 1967 pour protester contre la violence soviétique à l’égard des étudiants chinois sur la Place rouge à Moscou. Par mesure de rétorsion, les habitants de Beijing (Pékin) manifestent devant l’ambassade française durant cinq jours. Les relations sino-françaises deviennent tendues temporairement.

Les événements de mai 1968 en France entravent également cette progression. Un des motifs est l’influence du gauchisme mao ïste, qui accuse le gouvernement français de réprimer les masses populaires. Le 21 mai 1968, une grande manifestation a lieu à Beijing (Pékin) pour soutenir les manifestations de Paris. L’ Agence Chine nouvelle a des propos d’une telle violence dans ses reportages qu’elle provoque la colère du Quai d’Orsay.

La Chine est mécontent e de l’entente entre Paris et Moscou 1. En fait, l’URSS est devenue son premier adversaire à cause du conflit de plus en plus grave entre Beijing (Pékin) et Moscou. Or, la visite du général de Gaulle à Moscou en 1966, qui entre entièrement dans le cadre du triptyque de « détente, entente et coopération » pour paraît

1 Après la visite de Nikita Khrouchtchev à Paris et la visite du général de Gaulle à Moscou, les relations se rapprochent. 126 une atteinte aux relations avec Beijing (Pékin). Cette visite se solde par la création d’une Commission mixte permanente chargée de recherche les moyens de développer les échanges commerciaux ent re la France et l’URSS, la coopération industrielle franco- soviétique dans le domaine de la télévision en couleur ; un accord de coopération scientifique et culturelle est signé. Dans le domaine politique, la déclaration mentionne l’accord des deux gouvern ements sur la nécessité de considérer les problèmes de l’Europe dans un cadre européen, et de passer de la détende à l’entente 1. « Le rapprochement franco-soviétique donne le signal de critique de plus en plus virulentes de la part des Chinois », comme le remarque Maurice Vaïsse 2.

Le général de Gaulle poursuit sa politique européenne : « détente, entente et coopération ». La France se rapproche d’abord de l’URSS, et les deux pays s’ efforcent de concerter leurs efforts dans l’intérêt de la paix, c’est le se ns de la visite du général de Gaulle du 20 juin au 1 er juillet 1966. Plus tard, la France mène la même politique pour le rapprochement avec les pays de l’Est : voyage du général de Gaulle en Pologne du 6 au 12 septembre 1967, en Roumanie du 14 au 18 mai 1968.

Malgré le tiédissement des rapports sino-français, Beijing (Pékin) et Paris n’ont pas l’intention d’aggraver cette situation. Zhang Xichang le prouve, assurant que le gouvernement français fait une enquête, en 1967, sur la Révolution culturelle chinoise 3, d’où on tire une triple conclusion :

- La presse étrangère ne relatant pas la réalité sur la Révolution culturelle chinoise, il est impossible de porter un jugement sur celle-ci. - L’armée populaire de Chine est capable de calmer la situation actuelle da ns toute la Chine. - Les officiels français ne doivent pas faire de déclaration défavorable à la Chine.

1 Charles de Gaulle, Discours et messages V , Paris, Plon, 1970, page.56. 2 Cahiers de la Fondation Charles de Gaulle , Paris, 1995, n°1, page.145. 3 Zhang Xichang ᓴ䫵ᯠ , Troisième essor pour établir les relations diplomatiques de la RPC (݅੠೑㄀ϝ ⃵ᓎѸ催╂ gongheguo disanci jianjiao gaochao) , Beijing, Editions de Presses Connaissances universelles (Ϫ⬠ⶹ䆚ߎ⠜⼒ shijie zhishi chubanshe) , 1998, page.86. 127

En vertu de cette conclusion, les relations demeurent entre les deux gouvernements et ne tiennent pas compte du contexte. Le général de Gaulle exprime ainsi son désir de maintenir la politique de collaboration entre la France et la Chine.

B) La tension sino-soviétique, la détente entre Beijing (Pékin) – Washington et Paris – Moscou

Pourquoi le rapprochement franco-soviétique suscite-t-il le mécontentement chinois dans ces années de la Révolution culturelle ? Cette question est inséparable de l’affrontement sino -soviétique. On peut l’analyser en deux éléments essentiels : - L’extrême tension aux frontières sino-soviétique 1. - Les conflits sino-mongols.

Tout ce la constitue une menace au Nord et à l’Ouest de la Chine ; qui devient un sujet majeur de la préoccupation pour les autorités chinoises.

1) L’extrême tension aux frontières sino -soviétique : A la suite du premier conflit frontalier sino-soviétique de 1960 dans la région du Xinjiang, Beijing (Pékin) proposa par deux fois (23 août et 21 septembre 1960) l’ouverture de négociations frontalières avec l’URSS. Le regain de tension fait le 13 août 1963, l’objet d’une proposition en six points de la part de Beijing (Pékin), et les négociations débutèrent en février 1964, pour finir sans résultat en août de la même année.

Désormais la Chine se défie de l’URSS, ainsi refuse -t-elle simultanément les plans d’actions proposées par Moscou pour venir en aide au Viêt-Nam entre 1964 et 1965. Beijing (Pékin) va même jusqu’à considérer que « la ligne générale de coexistence pacifique du PCUS est la collaboration russo-américaine pour la domination du Monde. »

1 La Chine et l’URSS partagent plus de 7300 kilomètres de frontières, le premier conflit éclate en 1960 à côté du Xinjiang. 128

En 1966, la rupture entre le PCC et le PCUS est rendue publique, lors du refus du PCC de participer au 23 ème Congrès du PCUS. Après l’invasion de la Tchécoslovaquie par certains pays membres du Pacte de Varsovie : les armées d’URSS, de Pologne, d’Hongrie et de RDA en août 1968, l’URSS, affirme que Beijing (Pékin) « devient hégémonique ». A partir de 1969, la tension sino-soviétique est de plus en plus tangible et les conflits frontaliers se multiplient : les 2 et 15 mars 1969, les premiers incidents éclatent sur l’île Zhen Bao (Daman Ski) dans le fleuve Oussouri. En 1969, l’URSS concentre ses troupes sur les frontières sino-soviétiques (au nord de la Chine) : 21 divisions (soit 400,000 hommes militaires), 4,000 avions, 12 batteries de missiles à moyenne portée braquées sur la frontière chinoise. Du côté chinois, 1 million d’hommes mal équipés (50 divisions) et 600 avions très vieux sont déployés. Le déséquilibre des forces inquiètent les autorités chinoises, et du mois de mars au mois d’août 1969, 284 incidents sino - soviétiques se produisent. En avril 1971, la nouvelle politique extérieure chinoise a comme axes le refus de l’hégémonie soviétique et le rapprochement avec les Etats -Unis. Devant le congrès du parti communiste chinois, le 24 août 1973, Zhou Enlai met au défi Moscou de prouver sa volonté de détente : « Retirez vos troupes de Tchécoslovaquie, de la République populaire de Mongolie ou des quatre îles japonaises des Kouriles septentrionales ! »1

2) La tension aux frontières sino-mongoles 2 : La Mongolie prend part elle aussi à la querelle sino-soviétique. Du 15 octobre 1964 au 1 er mars 1969, 4,189 accrochages sont contestés aux frontières sino-mongoles, D’après la Chine, il s’agit d’un accroissement de 50% par rapport à la période 1960 -1964. La cause semble que la signature d’un traité d’amitié de coopération et d’ass urance mutuelle soviéto-mongol le 15 janvier 1966.

1 Maurice Vaïsse : Les relations internationales depuis 1945 , Armand Colin, Paris, 2004, page. 111. 2 La Chine et la Mongolie partagent 4320 kilomètres de frontières, fixées par le traité sino-mongol du 26 décembre 1962. 129

Les dirigeants chinois considèrent ainsi que la menace venant de Moscou est plus grave que celle de Washington : l’URSS pourrait très vite devenir l’adversaire principal de la Chine.

Le rapport du IX ème Congrès du PCC, souligne qu’on ne doit pas négliger la menace des guerres d’agression potentielles de « l’impérialisme soviétique » ou du « révisionnisme soviétique »1, en s’opposant aux deux superpuissances à la fois. Lin Biao 2 est alors nommé adjoint principal et successeur de Mao Zedong en avril 1969.

Après le IX ème Congrès, Mao Zedong rappelle quatre de ses maréchaux : Chen Yi, Ye Jianying, Xu Xiangqian et Nie Rongzhen, pour faire le point sur la stratégie internationale, et conclue : « les contradictions sino-soviétiques seront plus importantes que les sino-américaines, les contradictions américano-soviétiques sont plus graves que les américano-chinoises. »3 Cela deviendra la base de la réorientation de la politique extérieure chinoise.

C) Bilan des relations sino-françaises pendant la Révolution culturelle chinoise

Deux visions s’opposent lors du colloque consacré au 30 ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques sino -françaises : - La vision d’«une période d’or ». - La vision des « dix ans noirs ».

D’après Jean Luc Domenach 4, la période de 1968-1973 constitue « la période d’or », marquée par l’excellent ambassadeur Etienne Manac’h et deux missions

1 En référence du Rapport politique du PCC en avril 1969. 2 Lin Biao ᵫᔾ , ministre de la Défense de l a RPC. Il meurt le 13 septembre 1971 dans un accident d’avion en territoire mongol en fuyant Beijing (Pékin), accusé de complot contre Mao Zedong. 3Xiong Xianghui ❞৥ᰪ , Prélude de la détente des relations sino-américaines (ᠧᓔЁ㕢݇㋏ⱘࠡ༣ dakai zhongmei guanxi de qianzou ), Revue Liao Wang (ⶁᳯ ), n°35, 1992. 4 Jean Luc Domenach, directeur du Centre d’études et de recherches internationales de CERI-CNRS de 1985 à 1994. 130 ministérielles efficaces (mission Bettencourt en 1970 et mission de Peyrefitte en 1971). Au niveau économique, la France était le troisième partenaire commercial de la Chine alors que dans les années quatre-vingts elle régressera entre le 9ème et le 12 ème rang.

Les Notes et Etudes françaises indiquent : « l’année 1969 constitue dans l’évol ution des relations franco-chi noises un nouveau départ. ...C’est en France l’amorce d’une nouvelle étape politique avec la présidence de la République de M. Pompidou.»1

Une autre opinion est toutefois défendue par Claude Chayet et le général Eyraud : « la Révolution culturelle qui couvre la période 1966-1976, correspond à ‘dix an nées noires’ », « une période de troubles, parfois violente et d’anarchie », « la Chine était vraiment trop désorganisée pour avoir une politique extérieure.» 2 Dans son allocution de clôture, Alain Peyrefitte explique cette cause désorganisée : « Cet échec de la politique franco-chinoise est évident pendant la politique violente de la Révolution culturelle, entre 1966-1969 ». On peut aussi voir dans l’ouvrage de Professeur Maurice V aïsse : « A partir de l’été 1966, la Révolution culturelle distend les liens établis en 1964. Plus de conversations, plus d’échanges culturels. Etudiants et enseignants sont rapatriés. Les échanges commerciaux sont très limités : 100 millions de dollars par an avec des crédits à cinq ans à 6% ou 6,5% d’intérêt, ce qui n’est guère avantageux. 3 » En effet, les troubles suscités par la Révolution culturelle isolent de nouveau la Chine du reste du monde et la France ne peut maintenir qu’un personnel diplomatiqu e réduit à Pékin. Mais dans le contexte français des années 1960, « le modèle soviétique ne fait plus rêver et l'agitation sociale est grande, la jeunesse contestataire projette sur la Chine maoïste son idéal d’une société égalitaire établie par le moyen d’une ‘révolution permanente ’ ». 4 Au début des années 1970, la revue littéraire Tel Quel est devenue l’organe des idéologues du mouvement maoïste français. En 1974, un groupe de « telquellistes », parmi lesquels Philippe Sollers, Julia Kristeva et Roland Barthes, visite

1 Notes et Etudes documentaires françaises , 1973, n°.4014-4015, page.38. 2 Cahiers de la Fondation Charles de Gaulle , n°.1, Paris, 1995. Claude Chayet, ambassadeur de France en Chine entre 1964-1966 et 1979-1982 ; le général Henri Eyraud, attaché militaire en Chine entre 1968-1972. 3 Maurice Vaïsse : LA PUISSANCE OU L’INFLUENCE , Fayard, 2009, page.469. 4 Détrie Muriel, France-Chine : Quand deux mondes se rencontrent , Editions Gallimard, 2004, page.82. 131 la Chine et croit y reconnaître l’incarnation de son projet politique et esthétique avant - gardiste. 1

En 1994, un colloque consacré aux relations diplomatiques de la Chine a lieu à Beijing (Pékin), organisé par l’Institut diplomatique de Chine 2. Liu Shan, directeur de l’Institut et Zhou Xinxin , chef du bureau des politiques des Affaires étrangères, ont analysé les relations extérieures de la Chine depuis 1949 dans leur allocution de clôture 3. Elle peut nous aider à mieux comprendre l’applicat ion de la politique extérieure chinoise, y compris les relations sino-françaises pendant les périodes différentes.

Zhou divise la politique étrangère ainsi que les recherches et l’enseignement en cinq périodes depuis 1949, au regard de l’évolution de la situation mondiale :4

Première période, depuis 1949 à la fin des années cinquante : la politique principale, est de renverser « les trois montagnes de l’impérialisme », de conquérir la souveraineté et l’indépendance afin d’ouvrir une nouvelle diplomatie d e la jeune République chinoise dans le monde.

Deuxième période, à partir de la fin des années cinquante au début des années soixante-dix : la Chine s’oppose aux deux superpuissances en même temps, principalement aux Etats-Unis, dans une situation mondiale où s’exerce le contrôle des deux Blocs (la doctrine de Khrouchtchev). Troisième période, du début des années soixante-dix aux années quatre-vingts : dans le contexte des divergences entre les Etats-Unis et l’URSS, la Chine s’oppose encore aux deux superpuissances, mais le principal adversaire est alors l’URSS.

1 Détrie Muriel, France-Chine : Quand deux mondes se rencontrent , Editions Gallimard, 2004, page.83. 2Institut diplomatique de Chine ( ໪Ѹᄺ䰶 waijiao xueyuan), se trouve à Beijing (Pékin), est une école supérieure fondée sur l'idée de Zhou Enlai en 1955 dont le directeur était Liu Shan ߬ቅ de 1992 à 1998. On forme des futurs diplomates chinois. 3 Cahiers de l'Institut diplomatique de Chine (໪Ѹᄺ䰶ᄺ᡹ waijiao xueyuan xuebao ), Beijing, 1994, n°.7- 8. 4 Cahiers de l'Institut diplomatique de Chine (໪Ѹᄺ䰶ᄺ᡹ waijiao xueyuan xuebao ), Beijing, 1994, n°.7- 8. 132

Quatrième période, pendant les années quatre-vingt : la Chine garde le principe de l’indépendance et de la coexistence pacifique sur le plan diplomatique, ne s’alliant pas aux grandes puissances, et ne nouant aucune alliance stratégique ou militaire. Elle traite des affaires internationales en fonction des intérêts du peuple chinois et des peuples du monde, quelle que soit l’idéologie des pays.

Cinquième période commence par l’effondrement de l’URSS et jusqu’à 1994 : la position chinoise a beaucoup évolué sur le plan des affaires internationales. Son principe diplomatique, comme sa politique géographique, a pour but de développer les rapports de bon voisinage et d’équilibrer ses relations diplomatiqu es.

Selon cette théorie, la première tâche extérieure chinoise est l’opposition aux Etats-Unis et à l’URSS, ses deux principaux adversaires , afin d’assurer la sécurité du pays, en sortant de l’isolement diplomatique. Tandis que les relations bilatérales sino- françaises sont ralenties à l’époque, en raison de la Révolution culturelle en Chine, l’affrontement entre le PCC et le PCUS transforme donc la politique de Beijing (Pékin) envers l’Occident.

Malgré la Révolution culturelle, « cela n’empêche pas un c ertain nombre d’événements importants ». 1 La politique extérieure chinoise à l’égard de l’Europe occidentale s’est modifiée profondément. Ce furent précisément ces derniers qui amenèrent le gouvernement de Beijing (Pékin) à réorienter sa politique extérieure à partir de la période de 1969-1971.

Les historiens chinois considèrent que le Président George Pompidou hésite à appliquer la politique extérieure du général de Gaulle en Asie pendant ses premières années à l’Elysée, et qu’il n’était pas très proche d e la Chine.

En outre, au début des années soixante-dix, lorsque Moscou est devenu le premier adversaire de Beijing (Pékin), Paris et Moscou vivent une période de détente qui a

1 Cahiers de la Fondation Charles de Gaulle , n°1, Paris, 1995.page.141. 133 commencé en 1966. C’est aussi une des raisons pour lesquelles le Président Pompidou hésite à prolonger la politique du général de Gaulle envers la Chine.

La détente entre Beijing (Pékin) et Washington : Les rapports triangulaires « Beijing Washington Moscou » ont évolué. Les Etats- Unis, par contre, à cause de l’échec de la guerre au Viêt-Nam, voient leur suprématie contestée et sont contraints de réviser leur stratégie mondiale. Le Tiers monde est présent sur la scène politique internationale. En conséquence, Beijing (Pékin) cherche à améliorer les relations sino-américaines pour diminuer la menace soviétique. Entre Beijing (Pékin) et Washington, la situation s’améliore 1.

La détente entre Beijing (Pékin) et Washington s’amorce donc dès 1969, des négociations bilatérales sino-américaines à Varsovie reprennent le 20 janvier 1970 (entamée en 1955). Beijing (Pékin) reçoit une équipe américaine de ping-pong (les 10 et 17 avril 1971) : c’est ce que l’on appelle « la diplomatie du ping-pong ». La petite balle de tennis de table fait tourner la grande Terre.

Henry Kissinger visite en secret Beijing (Pékin) (les 9 et 13 juillet 1971) pour préparer la venue du Président américain Richard Nixon qui voyage en Chine (les 21 et 28 février 1972) et reçu par le Président Mao. Le 1 er communiqué sino-américain est publié le 28 février 1972 à Shanghai, dans lequel la partie américaine déclare :

« The U.S. side declared: The United States acknowledges that all Chinese on either side of the Taiwan Strait maintain there is but one China and that Taiwan is a part of China. The United States Government does not challenge that position. It reaffirms its interest in a peaceful settlement of the Taiwan question by the Chinese themselves. With this prospect in mind, it affirms the ultimate objective of the withdrawal of all U.S. forces and

1 En référence à l'ouvrage : Les dessous de la politique des Etats-Unis envers la Chine 1949-1998 (㕢೑ᇍ ⼒⠜ढᬓㄪݙᐩ meiguo duihua zhengce neimu ), Hao Yufan 䚱䲼޵ , Beijing, Editions Taihai (ৄ⍋ߎ taihai chubanshe), 1998. 134 military installations from Taiwan. In the meantime, it will progressively reduce its forces and military installations on Taiwan as the tension in the area diminishes. »1.

Traduction en français : « La partie américaine déclare ceci: Les Etats-Unis réalisent que les Chinois des deux côtés du détroit de Taïwan soutiennent tous qu'il n'y a qu'une Chine et que Taïwan fait partie de la Chine. Le gouvernement américain n'élève pas de contestations à propos de cette position. Il réaffirme l'intérêt qu'il porte au règlement pacifique de la question de Taïwan par les Chinois eux-mêmes. Ayant cette perspective en vue, il affirme l'objectif final qui est de retirer toutes les forces et installations militaires américaines de Taïwan. En attendant, il réduira progressivement ses forces et ses installations militaires à Taïwan au fur et à mesure de la diminution de la tension dans cette région .»

La question de Taïwan étant une clé pour les relations sino-américaine, ce communiqué de Shanghai ouvre désormais la porte à la reconnaissance diplomatique par les Etats-Unis. Aussi, les rapports entre Beijing (Pékin) et le monde occidental se transforment-ils en profondeur dès le début des années soixante-dix.

La Chine élargit ses relations diplomatiques à soixante-dix nouveaux pays durant les années soixante-dix : avec le Canada le 13 octobre 1970, la République italienne le 6 novembre 1970, le Royaume de Belgique le 25 octobre 1971, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne le 13 mars 1972, le Royaume des Pays-Bas le 18 mai 1972, la République fédérale d ’Allemagne le 11 octobre 1972, l’Espagne le 9 mars 1973, Commonwealth d’Australie le 21 décembre 1972 et le Japon le 29 septembre 1972 etc. Jusqu’à ce que, le 1 er janvier 1979, la Chine et les Etats-Unis d’Amérique nouent des relations diplomatiques.

1 Site de l’A mbassade de la République populaire de Chine aux Etats-Unis : http://www.china- embassy.org/eng/zmgx/doc/ctc/t36255.htm 135

D) Le premier accord relatif aux communications aériennes franco-chinoises du 1 er juin 1966.

Décret n°66-435 du 18 juin 1966 portant publication de l’accord relatif aux communications entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République populaire de Chine, signé le 1 er juin 1966. 1

1 Site du Ministère des Affaires étrangères de France : http://basedoc.diplomatie.gouv.fr/exl- php/cadcgp.php? 136

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L’accord relatif aux communications aériennes franco-chinoises du 1 er juin 1.

1 Journal officielle de la République française , le 26 juin 1966, pages.5324-5327. 138

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E) Tous les traités bilatéraux sino-français signés pendant la Révolution culturelle (1966-1976) 1

Titre : Accord relatif aux communications aériennes entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République populaire de Chine Date de signature : 01/06/1966 Validité : En vigueur

Titre : Accord par échange de notes entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République populaire de Chine modifiant l'article 12 de l'accord du Date de signature : 15/09/1966 Validité : En vigueur

Titre : Mémorandum relatif à certains échanges commerciaux entre la France et la Chine Date de signature : 24/03/1969 Validité : En vigueur

Titre : Accord entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République populaire de Chine sur l'"exposition des découvertes archéologiques de la République populaire de Chine" Date de signature : 23/03/1973 Validité : En vigueur

Titre : Accord par échange de notes amendant l'accord du 1er juin 1966 entre la France et la Chine relatif aux communications aériennes Date de signature : 27/07/1973 Validité : En vigueur

1 Site du Ministère des Affaires étrangères de France : http://basedoc.diplomatie.gouv.fr/exl- php/cadcgp.php? 148

Titre : Accord par échange de notes amendant l'accord du 1er juin 1966 entre la France et la Chine relatif aux communications aériennes, modifié par échanges de notes des 15 et 22 septembre 1966 et des 27 juillet et 7 septembre 1973 Date de signature : 03/09/1974 Validité : En vigueur

Titre : Accord par échange de lettres entre la France et la Chine concernant le dépôt de marques de fabrique et de commerce Date de signature : 15/07/1975 Validité : En vigueur

Titre : Accord de navigation maritime entre la France et la Chine (ensemble un échange de lettres) Date de signature : 28/09/1975 Validité : Fin de vigueur

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IV-2 Renforcement des relations politiques bilatérales (1969-1974)

La situation mondiale change, un monde multipolaire s’amorce dès 1969. Les relations diplomatiques franco-chinoises prennent même de l’ampleur dans le nouveau contexte international.

En France, la perte de confiance dans la politique du général de Gaulle se confirme par les événements de mai 1968. Cependant, son successeur Georges Pompidou, conserve les principes fondamentaux de la politique extérieure gaullienne : défendre la souveraineté française face aux Etats-Unis au sein du camp occidental, et modifier la politique extérieure dans un nouveau contexte. Que ce soit le général de Gaulle ou le Président Pompidou, malgré leurs styles différents, la politique gaullienne se prolonge.

Etienne Manac’h, expert des relations avec l’Extrême -Orient, et nommé ambassadeur de France, arrive le 20 mai 1969 à Beijing (Pékin). Huang Zhen 1, ambassadeur chinois, reprend son poste à Paris le lendemain après une interruption de deux ans due à la Révolution culturelle.

Ce renforcement politique conduit la Chine et la France à entrer dans une nouvelle phase de leur rapprochement qui de politique s’oriente vers l’économie.

A) Le renforcement des politiques bilatérales

Les relations sino-françaises reprennent 2 : 1) Réorientation de la politique extérieure de la Chine

1 Huang Zhen, ambassadeur de Chine à Paris, était retourné en Chine en juillet 1967, sous l’ordre du PCC, pour assister à la Révolution culturelle, comme l’on a mentionné dans la partie précédente. 2 Wang Taiping ⥟⋄ᑇ , Zhang Guangyou ᓴܝԥ , Les relations diplomatiques de la Chine nouvelle pendant 50 ans, Tome II (ᮄЁ೑໪ѸѨकᑈ xinzhonguo waijiao wushinian ), Beijing, Editions de Presse de Pékin, 1999, page. 1050. 150

A partir des premiers incidents sino-soviétiques en 1969, la situation à la frontière est de plus en plus tendue. Afin de sortir de cette crise sécuritaire, Mao Zedong réoriente la politique extérieure chinoise pour se protéger du « révisionnisme soviétique ».

2) Réinstallation des ambassadeurs dans leurs locaux après l’apogée de la Révolution culturelle en 1969 : un nouvel ambassadeur français , Etienne Manac’h arrive à Beijing (Pékin) et Huang Zhen regagne son poste à Paris. Le rapprochement avec l’Europe Occidentale, surtout avec la France est devenu la priorité. Car la France, grand pays politique, se développe rapidement et est en passe de devenir une grande puissance économique. Pour renforcer les relations diplomatiques, Mao Zedong reçoit les diplomates sur les fortifications de la place Tiananmen à l’occasion de la Fête nationale chinoise du 1er octobre 1969, et envoie seize nouveaux ambassadeurs en Occident.

3) En raison de l’amorce de détente depuis 1969 entre Beijing (Pékin) et Washington, ainsi que du développement des relations diplomatiques entre la RPC et les pays occidentaux, « ces conséquences ont des répercussions sur les relations franco- chinoises »1. Car le nouveau Président Georges Pompidou hésite à suivre la même politique chinoise au début, lorsque le nouveau ambassadeur Etienne Manac’h souhaite, conformément à la volonté du général de Gaulle, développer des rapports économiques et culturels entre les deux pays. Cela s’explique dans le dialogue du 20 novembre 1969 entre Georges Pompidou et Etienne Manac’h.

Mais la détente sino-américaine pousse celui-là à continuer la politique envers la Chine. Georges Pompidou considère la RPC comme partenaire essentiel pour un nouvel équilibre du monde, et commence à s’intéresser à la Chine : « un pays extrême loin » de la France.

1 En référence à l'ouvrage : Les relations extérieures de la France après la deuxième guerre mondiale (៬ ৢ⊩೑໪Ѹ৆ zhanhou faguo waijiaoshi) , Zhou Jianqing ਼ࠥ॓ , Zhang Xichang ᓴ䫵ᯠ , Beijing, Editions Connaissances universelles ( Ϫ⬠ⶹ䆚ߎ⠜⼒ shijie zhishi chubanshe), 1993. 151

Les renforcements des relations bilatérales se manifestent d’abord par la multiplication des rencontres d’hommes politiques entre les deux pays au début des années soixante-dix. Ces rencontres entre les membres des deux gouvernements fortifient leur connaissance et leur solidarité et permettent de développer les relations politiques, économiques et culturelles.

Il y a deux événements exceptionnels durant cette période : Premièrement, le Premier ministre chinois Zhou Enlai assiste le 14 juillet 1970, pour la première fois depuis 1964, à une réception donnée par l’Ambassad eur de France à l’occasion de la fête nationale française. En métropole le Président Georges Pompidou reçoit à l’Elysée B ai Xiangguo 1, ministre chinois du Commerce extérieur, en octobre 1971.

Deuxièmement, deux missions importantes de la France en Chine sont accomplies : D’abord, la visite du ministre français des Affaires culturelles (chargé du plan et de l’Aménagement du territoire) André Bettencourt en Chine du 7 au 21 juillet 1970. C’est la première visite officielle d’un membre du gouvernement frança is depuis l’établissement des relations officielles en 1964. Il s’entretient avec les dirigeants chinois, surtout le Président Mao Zedong et à plusieurs reprise avec le Premier ministre Zhou Enlai. Ils échangent leurs avis sur les principaux problèmes internationaux et sur les échanges économiques pour réaliser de nouveaux progrès entre la France et la Chine. Les deux parties espèrent que ces contacts contribueront à atténuer les oppositions qui divisent la communauté internationale et retardent le rétablissement de la paix. D’après les commentaires français sur cette visite : « Il est bon de signaler qu’il s’agissait de la première visite officielle en Chine d’un membre du gouvernement français depuis 1964 »2.

1 Bai Xiangguo ⱑⳌ೑ , ministre du Commerce extérieur de la RPC de 1970 à 1973. 2 La politique étrangère de la France , Paris, le 29 juillet 1970, page.249. 152

Ensuite, une autre importante délégation parlementaire française séjourne en Chine du 13 au 31 juillet 1971, conduite par Alain Peyrefitte, président de la Commission des Affaires culturelles, familiales et sociales de l’Assemblée nationale française. Celui - ci est reçu également par le Premier ministre Zhou Enlai et le vice-président de l’Assemblée chinoise Guo Moro. A cette occasion, il visite différentes installations industrielles et culturelles à Shanghai, Hangzhou, Nanjing (Nankin) et Guangzhou (Canton) afin de connaître la Chine populaire. Après sa mission d’étude en Chine, Alain Peyrefitte publie un ouvrage aux répercussions importantes « Quand la Chine s’éveillera... »1. En conséquence que la Chine se trouve dans la Révolution culturelle, ainsi ce titre inspiré de Napoléon 1 er , présente la Chine en mouvement aux Français.

Après 20 ans, en 1996, son dernier ouvrage « La Chine s’est éveillée »2 est publié, présentant une fois de plus la Chine aux Français. Ces deux ouvrages publiés dans les époques tout à fait différentes font preuve d’ « une vi sion lointaine d’Alain Peyrefitte qui apporte une grande contribution à la Chine »3.

Le ministre français des Affaires étrangères Maurice Schumann rencontre en juillet 1972 le Président Mao Zedong en Chine. Lorsqu’il lui exprime la volonté de rencontrer entre Pompidou et Mao, Mao répond tout de suite que si Pompidou arrive en Chine, il sera accueilli plus chaleureusement que Nixon 4. C’est dire l’importance de la France aux yeux des dirigeants chinois.

Du côté chinois, Bai Xiangguo, ministre du Commerce extérieur fait une visite d’informations du 29 septembre au 11 octobre 1971. C’est la première fois qu’une délégation du gouvernement fait un voyage officiel en France. Elle est

1 Alain Peyrefitte, Quand la Chine s’éveillera… , Paris, Fayard, 1973. 2 Alain Peyrefitte, La Chine s’est éveillée , Paris, Fayard, 1996. 3 Zhou Jue ਼㾝 , Souvenir de M. Alain Peyrefitte (⏅ߛᗔᗉ⊩೑টҎ䰓݄gԽ䳋㧆⡍ܜ⫳ shenqie huainian faguoyouren alan peileifeite xiansheng ), Le Quotidien du peuple (Ҏ⇥᮹᡹ renmin ribao), le 19 juillet 2000. Zhou Jue était ambassadeur de la RPC en France de 1986 à 1990. 4 Wang Taiping ⥟⋄ᑇ , Zhang Guangyou ᓴܝԥ , Les relations diplomatiques de la Chine nouvellle pendant 50 ans, Tome II (ᮄЁ೑໪ѸѨकᑈ xinzhonguo waijiao wushinian ), Beijing, Editions de Presse de Pékin, 1999, page. 1052. 153 exceptionnellement reçue par le Président de la République Georges Pompidou le 1 er octobre, jour la fête nationale chinoise à l’occasion d’un déjeuner offert à l’Elysée.

Les sujets évoqués : les propositions de consultation politiques et les développements des échanges culturels et commerciaux. Les entretiens avec Valéry Giscard d’Estaing, alors ministre de l’Economie et des Finances , ont porté sur la recherche des moyens nécessaires au développement des échanges et la décision de multiplier des missions techniques bilatérales. Pendant ce temps, Bai Xiangguo, à cette occasion, s’entre tient avec des responsables du Commerce extérieur. Accompagné de MM. Bailly, secrétaire d’Etat au Commerce et Chamant, ministre des Transports, il visite les usines de ‘l’Aérospatiale’, un laboratoire d’optique électrique du CNRS à Toulouse, et le complexe portuaire et pétrolier de Marseille. La délégation est reçue par la direction des usines Berliet, à Lyon et par l’Institut français du pétrole et par la direction du complexe pétrochimique ELF-ERAP de Feyzin.

En juin 1973, le ministre chinois des Affaires étrangères Ji Pengfei 1 visite la France dans le but de développer les relations franco-chinoises dans les domaines industrielles et scientifiques. Il rencontre son homologue Michel Jobert 2, et lui déclare que la Chine est favorable à l’unification de l’Europe de l’Ouest : « Nous soutenons les efforts des pays ouest-européens visant à s’unir sur la base de l’égalité et des av antages réciproques pour se rendre puissants »3. Ainsi que « l’intérêt et même le soutien que Beijing entend accrocher à la construction européenne »4.

Un certains nombre d’hommes politiques français font également des voyages en Chine à titre privé pendant cette période : Maurice Couve de Murville 5, ancien Premier ministre rencontre le Président Mao Zedong en octobre 1970 ; Pierre Mendès France 6,

1Ji Pengfei ࿀吣亲 , ministre des Affaires étrangères de la RPC de 1971 à 1974. 2 Michel Jobert, ministre des Affaires étrangères de la France de 1973 à 1974. 3 Le Monde , le 15 juin 1973. 4 Notes et Etudes documentaires françaises , 1973, n°.4014-4015, page.39. 5 Maurice Couve de Murville, Premier ministre français de 1968 à 1969. 6 Pierre Mendès France, ministre des Affaires étrangères de la France de 1954 à 1955. 154 ancien ministre des Affaires étrangères et président du conseil, rencontre Li Xiannian 1, Président de la République, et Zhou Enlai, Premier ministre, entre décembre 1971 et janvier 1972 ; Jacques Chaban-Delmas 2 ancien Premier ministre, rencontre un certain nombre de hautes personnalités chinoises à l’exception de Mao Zedong en juin 1973. Il s’entretient avec Qiao Guanhua 3, vice-ministre des Affaires étrangères et Zhou Enlai, Premier ministre, sur les relations entre l’Europe et les Etats -Unis, l’unification européenne, la situation Extrême-Orient et les relations de la Chine avec l’URSS et le Japon. Toutes ces visites renforcent les amitiés franco-chinoises. Mais les entretiens officiels n’ont qu’une importance limitée.

Les visites amorcées par les politiciens de premier plan se poursuivent par celles des présidents de la République et les premiers ministres.

Le premier chef d’Etat français à se rendre en Chine est le Président de la République Georges Pompidou en septembre 1973. Sa présence en Chine constitue un événement politique d’une grande importance, elle ouvre « une nouvelle ère dans la coopération économique franco-chinoise ». Les plus hautes autorités des deux pays dialogueront directement entre elles. La France profite du fait d’être le premier pays occidental à entretenir des relations diplomatiques officielles avec la Chine populaire. Les deux gouvernements développent leur économie grâce à leurs bonnes relations politiques.

Le Président Georges Pompidou est également le premier ch ef d’Etat de la CEE qui visite la Chine. A l’issue de son voyage en Chine, la plupart des responsables politiques ouest - européens se rendent en Chine. En construisant des « zones intermédiaires », la Chine noue aussi des relations avec les Etats d’Europe o ccidentales et la Communauté européenne. Le discours de bienvenue de Zhou Enlai lors du voyage du président Pompidou en septembre 1973 est clair : « Nous appuyons les peuples européens qui s’unissent pour préserver leur souveraineté et leur indépendance na tionale. »4

1 Li Xiannian ᴢܜᗉ , Président de la RPC de 1983 à 1988. 2 Jacques Chaban-Delmas, Premier ministre français de 1969 à 1972. .Qiao Guanhua Шݴढ , vice-ministre des Affaires étrangères de la RPC de 1964 à 1974 3 4 Maurice Vaïsse : Les relations internationales depuis 1945 , Armand Colin, Paris, 2004, page.112 155

B) L’objectif prioritaire de la politique extérieure de la France : le développement économique

Les objectifs principaux de la Chine sont d’abord de développer l’économie intérieure et de faire avancer le progrès social. 1 La politique extérieure devient donc un moyen d’ atteindre ce but. Les Occidentaux subissent une grave crise économique et financière - dévaluation du franc de 12,8%, le 8 août 1969 – à l’époque de sa prise de fonction de Président de la République, Georges Pompidou profite de ses bonnes relations politiques avec la Chine pour développer des échanges. Par conséquent, le développement économique bilatéral devient l’objectif prioritaire dans sa politique extérieure, le fait est prouvé par visite en Chine en 1973.

Lors de la visite du Président Georges Pompidou à Beijing (Pékin) du 13 au 17 septembre 1973, la Chine signe un contrat d’exportation pour des équipements chimiques français complets, soit 2 milliards de francs. Pourquoi la Chine signe-t-elle ce contrat le plus grand depuis 1964 ? Parce que les autorités chinoises prennent en considération des relations amicales entre les deux pays. En plus, « Chaque fois que la France sera en concurrence avec un autre pays à des conditions égales de prix et de qualité, elle aura notre préférence pour les contrats. »2 dit Zhou Enlai à Alain Peyrefitte en 1971.

A cette occasion, les deux gouvernements sont animés d’un désir commun de renforcer l’amitié entre les deux peuples et de développer les relations entre les deux pays. Sur le plan économique, les deux gouvernements décident de signer un accord maritime et de renforcer leur coopération dans le domaine des transports aériens. Ils se déclarent également favorables à l’ouverture de nouvelles perspectives de développement dans de multiples domaines allant de la culture, l’enseignement des langues, la science, à la santé publique et au sport.

1 En 1971, la Chine lance le quatrième plan quinquennal 1971-1975. En 1972-1973, elle s'efforce d'éliminer ( les conséquences néfaste causées par ce qui est appelé les « erreurs de gauche » ( Ꮊؒ䫭䇃 zuoqing cuowu et plusieurs mesures importantes sont prises. 2 Alain Peyrefitte, La Chine s’est éveillée , Paris, Fayard, 1996, page. 241. 156

Le Président Georges Pompidou souligne à cette occasion : « pour actives qu’elles soient déjà, nos relations commerciales sont encore loin d’ atteindre un niveau satisfaisant. Il appartient aux gouvernements et aux administrations responsables de les stimuler, je me réjouis à cet égard qu’une exposition industrielle française vienne l’an prochain apporter aux acheteurs chinois de nombreux exemples de nos dernières techniques. Il faut aussi que nous développions les liaisons aériennes entre nos capitales et les liaisons maritimes entre nos ports afin de faire face au trafic croissant des hommes et des marchandises »1.

Le Premier ministre Zhou Enlai apprécie hautement dans son allocution cette visite et il considère que les révolutions chinoises puisent beaucoup d’enseignements dans les expériences et les leçons qui se dégagent de l’histoire de France ; le général de Gaulle est un combattant inflexible contr e l’agression fasciste et pour la sauvegarde de l’indépendance nationale de la France. Le Président Georges Pompidou, dit-il, est aujourd’hui, devenu un autre illustre homme politique de France 2.

Cette visite est comme un nouveau départ dans les relations diplomatiques bilatérales après la Grande Révolution culturelle chinoise 3.

Etienne Manac’h a ainsi noté dans un rapport sur la visite en Chine du Président français du 24 septembre 1973 : « Pour la première fois depuis toujours, c’est dans une ambassade qu’un chef d’Etat étranger a pu donner un dîner aux dirigeants de ce pays. Pour la première fois la poursuite de la visite en province n’a pas donné lieu à la moindre éclipse de l’intérêt. Notre président est resté auprès du Président Mao Zedong deux fois plus longuement que le Président Nixon ou M. Tanaka. M. Zhou Enlai ne l’a pas quitté pendant sept jours et a eu avec lui, ce qui est exceptionnel dans ce pays, des entretiens en tête-à-tête. »... « Est-il besoin de faire mention de la chaleur exceptionnelle de la

1 La politique étrangère de la France , le 14 septembre 1973, page.94. 2 Allocution du Premier ministre Zhou Enlai du 11 septembre 1973 , Le Quotidien du peuple (Ҏ⇥᮹᡹ renmin ribao ), le 12 septembre 1973, page.2. 3 Etienne Manac’h, Mémoires d’extrême Asie 2 , Paris, Fayard, 1980, pages.588-608. 157 rencontre et des multiples attentions prodiguées à M. Pompidou ? »1 Il est vrai que la visite exercera une influence politique et portera des fruits économiques. Les coopérations économiques progressent les années suivantes. Tableau de l’évolution des échanges commerciaux franco-chinois entre 1965 et 1975 2 :

Unité : millions de francs Année Exportation Importation Volume total Balance France-Chine Chine-France Des échanges commerciale 1965 297 216 513 +81 1966 455 266 721 +182 1967 460 236 698 +222 1968 430 263 696 +170 1969 233 395 628 -162 1970 448 388 836 +60 1971 618 393 1011 +225 1972 301 529 830 -220 1973 398 653 1051 -255 1974 772 886 1658 -114 1975 1610 742 2352 +868

Dès le milieu des années soixante-dix, la diplomatie chinoise se tourne vers de nouveaux objectifs : « Priorité au dé veloppement économique, recherche d’un environnement régional pacifique, volonté d’apparaître à la fois modérée et indépendante ». La Chine commence l’ouverture économique à l’étrange r, mais, « cependant forces est de constater que nous n’avons pas tiré parti e de cette conjonction de facteurs. Notre part de marché a reculé, notre déficit commercial s’est creusé, notre

1 Etienne Manac’h, Mémoires d’extrême Asie 2 , Paris, Fayard, 1980, page.603. 2 Journal officiel de la République française , Paris, 1995, n°.7, page. 159. 158 présence économique et culturelle apparaît insuffisante »1, constatent les spécialistes français.

En fait, le développement chinois correspond à la demande de l’économie française, un vaste marché » demandeur de technologie et de produits dans les secteurs qui sont les points forts de la France.

C) Faire admettre la RPC à l’ONU

Au sujet de l’admission de la RPC à l’ONU, la France soutient régulièrement le principe de son admission depuis 1964, en restant fidèle à la politique définie par le général de Gaulle pour accomplir son devoir moral envers la RPC ; « Sans contester que l’établissement de rapports diplomatiques entre Beijing (Pékin) et Paris doivent comporter par lui-même un élément essentiel et nouveau, le gouvernement définira, le moment venu, sa position, compte tenu des circonstance et des changements intervenus »2, comme le souligne le général de Gaulle.

Le débat au sein de l’ONU commence en 1950. A cause de l’opposition américaine, l’admission de la RPC est bloquée entre 1950 et 1960. Le gouvernement du Guomindang de Taïwan, sous le soutien des Etats-Unis, rep résente l’ensemble de la Chine et occupe un siège permanent au conseil de sécurité à l’ONU de 1946 à 1971.

Selon le nouveau principe du seizième Congrès de l’ONU en 1961, les votes valables, sur les questions importantes, y compris la question chinoise, doivent se faire à la majorité, L’admission de la RPC à l’ONU est donc impossible parce que le vote de 1961 se décompose en 36 Pour, 48 Contre et 20 abstentions.

1 Avis et rapports du conseil économique et social , Journal officiel de la République française , Paris, 1995, n°.7, page.55. 2 Charles de Gaulle, Lettres, Notes et Carnets , janvier 1964, page.29. 159

Avec l’application de ce nouveau principe, la RPC attendra encore dix ans . En 1965, quoique le vote sur la question chinoise à l’ONU se présente ainsi : 47 voix Pour, 47 voix Contre et 20 abstentions, la RPC est toujours hors de l’ONU.

Jusqu’en 1970, le vote sur la même question chinoise est : 51 voix Pour, 49 voix Contre et 25 abstentions. Plus tard les Etats-Unis proposent une nouvelle thèse « d’un double représentation de la Chine » à l’assemblée générale par les deux gouvernements de Beijing (Pékin) et de Taipei et la République populaire de Chine siégeant seule au Conseil de sécurité.

Le 2 a oût 1971, William Rogers, secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, déclare que les Etats-Unis demandent à la prochaine session de l’Assemblée générale, à la fois l’admission de la République populaire de Chine et le maintien de Taïwan à l’ONU.

Cette demande était condamnée par Beijing (Pékin) comme par Taipei ; le ministère des Affaires étrangères de Beijing (Pékin) la rejette officiellement le 20 août, en s’opposant à la thèse d’une représentation de la Chine à l’Assemblée générale des Nations unies.

Depuis de l’établissement des relations diplomatiques sino -françaises en 1964, Paris s’efforce de convaincre l’Assemblée générale de l’ONU d’assurer la prépondérance des représentants de la RPC et s’oppose ainsi aux efforts déployés par les Etats -Unis pour faire accepter, à titre de compromis, l’idée de la double représentation Beijing (Pékin) Taipei 1. La position française est très différente de celle de l’Angleterre, même si elle reconnaît le gouvernement de Beijing (Pékin) avant la France. Cela donne une confiance à la Chine populaire. Ainsi, il est nécessaire de se souvenir de ce soutien précieux et solide apporté dans les relations sino-françaises.

Les efforts français dans des différentes déclarations (1964-1971) :

1 Charles de Gaulle, Discours et messages IV, Paris, Plon, 1970, page.337. 160

1) Pour la première fois, en mars 1964, la France vote contre la participation de Taïwan à l’organisation mondiale sanitaire de l’ONU, en déclarant clairement que la place de la Chine à l’ONU revient de droit à la RPC. Désormais la France est favorable à l’admission de la RPC à l’ONU.

2) Le 4 février 1965, le général de Gaulle se prononce sans ambages sur l’admission de la Chine populaire à l’ONU : « Je dirai franchement, qu’à mon sens, c’est en revenant à la prudence et à la clarté, que l’Organisation des Nations Unies peut retrouver son équilibre. Au point où en sont les choses, il faudrait, évidemment, que Washington, Moscou, Londres, Beijing (Pékin) et Paris s’entendent pour revenir au point de départ, tout comme ils s'entendirent naguère pour fonder les Nations Unies. La France pour sa part, est prête à contribuer à un tel accord des Cinq et il lui semble que Genève serait le lieu tout indiqué pour cette négociation, comme d’ailleurs pour telle ou telle autre auxquelles vous penser »1.

3) La France soutient régulièrement ce principe, et les faits confirmant la politique française au travers des propos du ministre des Affaires étrangères Maurice Schumann sur la question de la Chine. Pendant le débat général de l’ONU sur cette question en septembre 1970, il tient ce discours : « Notre secrétaire général auquel je veux à ce propos, rendre un juste hommage, n’a jamais été plus digne de sa haute charge que le jour récent où il nous a dit en substance, allons-nous, sous prétexte que le débat sur la question chinois dure depuis vingt ans, nous comporter comme s’il pouvait durer vingt ans encore ? »2

1 Wang Taiping ⥟⋄ᑇ , Zhang Guangyou ᓴܝԥ , Les relations diplomatiques de la Chine nouvelle pendant 50 ans, Tome II (ᮄЁ೑໪ѸѨकᑈ xinzhonguo waijiao wushinian ), Beijing, Editions de Presse de Pékin, 1999, page. 1407. 2 La politique étrangère de la France du 18 septembre 1970, page.65. 161

4) Le 17 novembre 1970, deux mois après, Maurice Schumann réaffirme avec force au cours du débat général à l’ONU : « La première faiblesse de notre Organisation était le vide que lassant parmi nous l’absence d’une grande partie de l’humanité »1.

5) En septembre 1971, à l’occasion de session de l’ONU, le représentant de la France déclare : « La République populaire de la Chine est de toute évidence la seule habilitée à exercer les responsabilités qui lui reviennent, tant à l’Assemblée qu’au Conseil de sécurité », « Il n’est qu’un seul projet de résolution, celui des 23 pays qui proposent : le rétablissement des droits légitimes de la Chine populaire dans tous ses droits et la reconnaissance des représentants de son gouvernement comme les seuls représentants légitimes de la Chine à l’ONU, ainsi que l’expulsion immédiate de Tchang Kaï -chek qui tienne des droits de la réalité de la République populaire de Chine ».

6) Lors du toast du Président Georges Pompidou le 1 er octobre 1971, adressé en l ‘honneur de la délégation gouvernementale de la Chine, celui-ci exprime son soutien à la cause de la Chine à l’ONU. Il déclare : « Notre attitude quant à la représentation de la Chine aux Nations Unies a été et reste sans ambigüité »2.

Ce que les Chinois analysent ainsi : grâce aux énormes et constant efforts déployés par les pays amis, la vingtième session de l’Assemblée générale des Nations Unies adopte le 25 octobre 1971, par 76 voix Pour, 32 contre et 17 abstentions 3, la motion des vingt-trois pays 4 demandant le rétablissement des droits légitimes de la RPC au sein de cette institution ainsi que l’expulsion des autorités représentants de Taïwan, dès lors la Chine recouvrait son statut de membre permanent du Conseil de Sécurité de

1 La politique étrangère de la France du 17 novembre 1970, page.189. 2 La politique étrangère de la France du 1 er octobre 1971. 3 Comité d'édition de l' Aperçu général de la Chine , La politique (ᬓ⊏ zhengzhi ), Beijing, Editions des Langues étrangères (໪᭛ߎ⠜⼒ waiwen chubanshe), 1986, page.136. 4 Il y avait 18 pays qui le demandent au début. 162 l’ ONU. Cet événement a une portée mondiale : « l’un des porte -parole du Tiers-Monde accède au premier plan de la scène internationale ».1

Le 15 novembre 1971, à l’occasion de la première participation des représentants de la Chine populaire et pour accueillir ceux-ci, cinquante-sept représentants à l’ONU prononcent un discours de bienvenue parmi lesquels le représentant français déclare : « Voici donc que l’injustice et l’absurde ont pris fin et que la Chine est là, parmi nous, au siège qui lui appartenait. Nous saluons, comme il se doit, ce très grand pays et ce très grand peuple. Nous le saluons dans sa civilisation, dans son histoire, dans son courage, sa dignité et dans l’immense effort qu’il accomplit ».... « Cette présence de la République populaire de Chine ne comble pas seulement un très grand vide. Elle ouvre la voie à un nouvel élan de notre Organisation. Elle doit être bénéfique pour les Nations Unies, comme pour la Chine elle-même »2.

« Après vingt années d’isolement, dû à la fois à l'ostracisme des puissances occidentales et à la révolution permanente interne, la Chine entre dans le concert mondial ». 3 Cette responsabilité élève la Chine populaire au rang des nations responsable, et ses rapports avec la France en sont renforcés. Ces changements importants rétablissent la Chine populaire dans la diplomatie mondiale, et particulièrement dans son rôle de médiateur du problème indochinois.

1 Maurice Vaïsse : Les relations internationales depuis 1945 , Armand Colin, Paris, 2004, page. 111. 2 La politique étrangère de la France du 15 novembre 1970, page.214. 3 Maurice Vaïsse : Les relations internationales depuis 1945 , Armand Colin, Paris, 2004, pages110-111. 163

Tableau des votes sur la question chinoise à l’ONU entre 1951 -1971 1 :

Année Pour Contre Abstention 1951 11 37 4 1952 7 42 11 1953 10 44 2 1954 11 43 6 1955 12 42 6 1956 24 47 8 1957 27 47 9 1958 28 44 9 1959 29 44 9 1960 34 42 22 1961 36 48 20 1962 42 56 12 1963 41 57 12 1965 47 47 20 1966 46 57 17 1967 45 58 17 1968 44 58 17 1969 48 56 21 1970 51 49 21 1971 76 35 17

1 François Joyaux, La nouvelle question d’Extrême -Orient 2 , Paris, Payot, 1988, page.200. 164

Dans les affaires internationales, les deux pays contribuent à la cause de la paix et à l’amélioration des rapports internationaux.

Bien que la France et la Chine aient des systèmes politiques différents, ils constatent néanmoins un large accord de vues entre eux sur de nombreux problèmes internationaux. Sur les questions asiatiques, les deux pays ont des points de vue proches, et restent fidèles à toutes les affirmations du discours de Phnom-Penh, sur le retrait des troupes américaines.

En Indochine, les deux pays sont particulièrement satisfaisants de ces convergences. Un accord sur la cessation de la guerre et le rétablissement de la paix au Viêt-Nam conclu à Paris le 27 janvier 1973, un accord sur le rétablissement de la paix et la réalisation de la concorde nationale au Laos du 21 février 1973 et un accord du protocole de cet accord signé le 14 septembre 1973.

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IV-3 La politique d’ouverture chinoise et la diplomatie économique française (1974-1981)

L’admission de la RPC à l’ONU, favori se la détente sino-américaine. Le gouvernement chinois voit s ’éloigner l’ombre d’une guerre mondiale. Sécurité assurée, la politique extérieure chinoise se tourne vers le développement économique.

La politique exté rieure de Giscard d’Est aing est en rapport étroit avec la Crise économique mondiale au milieu des années soixante-dix. Celle-ci, entre 1974 et 1975, marque la fin des « trente glorieuses » pour la France et d’une époque faste pour le monde occidental. Cett e crise économique mondiale sévit d’abord en Angleterre en novembre 1973, puis aux Etats-Unis, au Japon, au Canada , en Allemagne de l’Ouest et en France. Comment sortir de la crise ? La réponse à cette question constitue un véritable défi pour les pays industriels occidentaux. La politique extérieure française est liée étroitement à la situation économique intérieure.

Est-ce que le vaste marché chinois intéresse la France ? Nous pouvons noter que « la politique d’ouverture » de la Chine continentale correspond à la « diplomatie économique » de Giscard d’ Estaing. Les deux pays ont des intérêts convergents les incitant à entrevoir une coopération active qui devrait être bénéfique à leurs économies. Si le général de Gaulle traite les Affaires étrangères en fonction de sa stratégie politique et de son souhait de voir la France jouer un rôle de premier plan sur la scène internationale , le Président Giscard d’Est aing, lui, considère ses relations diplomatiques d’un point de vue principalement économique.

A) Le contexte international du début des années 70 Les puissances économiques de l’Europe de l’Ouest sont favorables au développement des relations franco-chinoises, car la Chine a besoin d’un appui financier pour son développement économique. Puisque son économie était fermée pendant longtemps et il y a donc un manque de moyen et absence de technologies de pointe. En effet, la Chine, pendant les années soixante, n’entretient presque aucune coopération

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économique avec les grands pays à cause du blocus américain depuis la Guerre de Corée de 1950 1, de la suppression de l’aide économique soviétique en 1960, ainsi que de l’influence de la doctrine politique intérieure de la Chine elle -même : le mouvement de « Grand Bond en avant »2 entre 1958 et 1960 a connu un échec absolu ; Puis, la Révolution culturelle a mis l’économie chinoise dans un état de stagnation pendant une dizaine d’années.

L’Europe de l’Ouest et le Japon, après la deuxième guerre mondiale, s’efforcent de développer leur économie. Quant à la croissance économique soviétique, elle ralentit à partir de la fin des années soixante. Les Etats-Unis, le Japon et l’Europe de l’Ouest forment ainsi l’économie triangulaire. Les relations économiques au niveau internationales sont plus limpides : Les Etats-Unis, l’URSS, le Japon, l’Europe de l’Ouest et la Chine constituent cinq pôles du monde. Les deux superpuissances américaines et soviétiques disposent chacune d’une force militaire importante. Beijing (Pékin), Washington et Moscou forment la « politique triangulaire ».

Par rapport aux deux superpuissances : les différences entre les Américains et les Russes se réduisent : le revenu national soviétique est seulement 1/3 de celui des Etats- Unis durant les années 50, mais 2/3 au début des années 70. Et en ce qui concerne leurs forces nucléaires, qui étaient dans un rapport de 5 (Etats-Unis) à 1 (URSS) au début des années 60, elles sont équivalentes dans les dix années suivantes 3. A partir de 1971, les Etats-Unis, à cause des dépenses de guerre (principalement la guerre au Viêt-Nam), entrent dans une période de déficit. Leur premier bilan négatif, en 1971, est de -22,6 milliards de dollars ; Ce chiffre s’accroît d’année en année. Cette situation s’ est davantage dégradé à cause du déclenchement de la quatrième guerre du

1 L’ONU d écide le blocus de la Chine pour le commerce des matières stratégiques le 18 mai 1951. 2 « Le Grand Bond en avant (໻䎗䖯 dayuejin) », est le nom donné à une politique économique lancée par Mao Zedong et mise en œuvre de 1958 au début 1960. Mais irréaliste, ce programme se révèle être un fiasco, la Chine échappant de peu à l’effondrement complet de son économie. 3 Gerards Segal, The Simon & Schuster Guide to the World Today , Simon & Schuster, 1987, page. 82. 167

Moyen-Orient en octobre 1973 qui a entraîné une crise du pétrole : les dépenses pour l’achat de pétrole pour les Américains en 1974 augmentent de 87% par rapport à l’année précédente.

Et entre Beijing (Pékin) et Moscou : Après le déblocage des relations sino- américaines, l’URSS devient la première menace de la Chine. La tension aux frontières des deux pays est croissante depuis les premiers incidents sino-soviétiques sur le fleuve Oussouri en 1969. Face à cet ennemi puissant, la « théorie des trois mondes » de Mao Zedong est rendue publique 1. La Chine se considère comme un pays du Tiers monde. Toute l’Asie, à l’exception du Japon, fait partie du Tiers monde ainsi que l’ensemble des pays d’Afrique et d’Amérique latine. Une nouvelle stratégie diplomatique chinoise est basée sur cette théorie, et suivie par la Chine jusqu’à la disparition de l’URSS.

Des négociations, au niveau des vice-ministres des Affaires étrangères chinois et soviétiques, débutent en octobre 1979 au sujet du problème du tracé frontalier et de la non-agression entre les deux Etats. Il y a eu quinze « rounds » dans les négociations d’octobre 1969 à juin 1978 à Beijing (Pékin) et à Moscou. Ils n’aboutissent à aucun résultat. Le 3 avril 1979, l’ Assemblée nationale chinoise décide que la Chine ne prolonge plus le traité d’alliance, d’amitié et d’assistance mutuelle sino -soviétique du 14 février 1950 à son expiration, le 11 avril 1980. Certes, entre le 17 octobre et le 30 novembre 1979, la Chine et l’URSS rouvrent des négociations au niveau d’Eta t à Moscou, mais sans résultat. Dans cette situation, la Chine continue le rapprochement avec l’Ouest : elle conclut en août 1978 un traité de paix et d’amitié avec le Japon, comportant une clause « antihégémonique », qui vise en fait l’URSS. 2 Le 16 décembre 1978, la Chine établit des relations diplomatiques avec les Etats- Unis qui reconnaissent la République populaire comme l’unique gouvernement légal de

1 Wang Jin ⥟䖯 , Encyclopédie de Mao Zedong ( ↯⋑ϰ໻䕲݌ Mao Zedong dacidian ), Guangxi, Editions du people de Guangxi (ᑓ㽓Ҏ⇥ߎ⠜⼒ Guangxi renmin chubanshe) et Editions de Lijiang (ⓧ∳ߎ⠜⼒ Lijiang chubanshe), 1992, page.726. 2 Maurice Vaïsse : Les relations internationales depuis 1945 , Armand Colin, Paris, 2004, page.150. 168 la Chine. Le voyage de Deng Xiaoping aux Etats-Unis en février 1979 et la crise afghane confirment le rapprochement spectaculaire entre Pékin et Washington. 1

La politique d’ouverture de la Chine : Depuis le IX ème Congrès du PCC en 1969, la Chine essaye d’appliquer « une politique de réforme et d’ouverture économique ». A partir des années soixante-dix, elle modifie sa politique extérieure et intérieure, accélérant le pays vers « le développement économique intérieur ».

La IV ème assemblée nationale, convoquée en janvier 1975, adopte une nouvelle Constitution et approuve le programme des « quatre modernisations »2 présenté par Zhou Enlai au cours de cette réunion, il s’agit de : - Jeter une solide base pour l’agriculture, porter à 85% le taux de mécanisation des principales activités agricoles, assurer par tête une surface de terre à rendement élevé et stable, faire accéder l’agriculture, la sylviculture et l’élevage à un niveau plus élevé ; - Edifier une industrie légère fournissant un riche éventail de produits avec un rapport raisonnable entre qualité et prix ; - Edifier une industrie lourde classique développée sur des bases de technologiques nouvelles, et construire de nouvelles branches (telles que pétrochimie, électrique...) ; - Etablir un réseau de transport et de communication adapté aux besoins du développement industriel et agricole.

Mais après la mort de Zhou Enlai le 8 janvier 1976 et celle de Mao Zedong le 9 septembre 1976, la question est de leur trouver des successeurs. Au cours des deux années suivantes, la bataille au sommet fait rage pour établir la nouvelle direction du PCC et définir l’orientation du pays : elle se termine par la chute de « la Bande des

1 Maurice Vaïsse : Les relations internationales depuis 1945 , Armand Colin, Paris, 2004, page.150. 2 Le programme des quatre modernisations de la Chine, Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao ), le 21 janvier 1975, page.1. 169 quatre »1 et la réhabilitation de Deng Xiaoping. Au XI ème Congrès du PCC en août 1977, Hua Guofeng garde sa première place alors que Deng Xiaoping occupe à nouveau officiellement la troisième place 2.

Grâce à l'appui des autres chefs du parti qui ont déjà récupéré leurs positions officielles, Deng Xiaoping prend le pouvoir suprême lors de la troisième session plénière du XI ème Congrès du PCC en décembre 1978, et il donne la priorité à la « construction économique moderne socialiste » et au développement actif des collaborations économiques et des échanges techniques avec les étrangers, en ouvrant les marchés intérieur et extérieur de la Chine. L’idéologie n’est plus au premier plan de Deng et laisse sa place à l’économie.

Quant aux relations avec l’Europe, la Chine établit ses relations diplomatiques avec la CEE en mai 1975. Elle est le premier pays socialiste à prendre une telle initiative. Le 3 avril 1978, la Chine a obtenu, de Bruxelles, la clause de la nation la plus favorisée. Dans le même mois, a été prise la décision de créer quatre zones économiques spéciales (ZES) – Shenzhen près de Guangzhou (Canton), Zhuhai à proximité de Macao, Xiamen, dans la province du Fujian, face à Taïwan – afin d’attir er les investissements étrangers.

Du côté français, le Président Giscard d’Est aing maintient dans sa politique extérieure les grandes orientations de la diplomatie gaullienne par un style différent, par rapport à « l’indépendance nationale »3. Il maintient la « diplomatie multipolaire » et

1Bande des quatre (ಯҎᐂ sirenbang) est le nom d'un groupe de dirigeants chinois, soit : Jiang Qing ∳䴦 (la femme de Mao), Zhang Chunqiao ᓴ᯹ḹ , Yao Wenyuan ྮ᭛ܗ et Wang Hongzen ⥟⋾᭛ , qui furent arrêtés et démis de leurs fonctions en 1976, peu de temps après la mort de Mao Zedong. On les accusait d'être les instigateurs de la Révolution culturelle, qui fit de nombreuses victimes et plongea la Chine dans le chaos de 1966 à 1969. La défaite politique de ce groupe et sa mise à l'écart brutale du pouvoir marqua la fin définitive de la Révolution culturelle . 2Hua Guofeng ढ೑䫟 a été élu Président du PCC lors du XI ème Congrès et Deng Xiaoping 䙧ᇣᑇ , vice- président du PCC. Cependant, Hua perd progressivement son pouvoir après la troisième session plénière du XI ème Congrès. 3 En référence aux Articles sur l'histoire française (⊩೑৆䆎᭛䲚 Faguoshi lunwenji ), rédigés par le Centre de recherches de l'histoire française de Chine ( Ё೑⊩೑৆ⷨおӮ Zhongguo faguoshi yanjiuhui), Beijing, Editions Sanlian ( ϝ㘨кᑫ Sanlian shudian), 1984. 170 s’efforce de construire l’Union européenne, de développer la détente avec l’URSS, la coopération avec l’Allemagne et les liaisons avec le Tiers monde 1. Pour lui, un monde multipolaire succédera aux deux superpuissances américaine et soviétique. Concernant la politique triangulaire Beijing (Pékin) Washington Moscou, Giscard d’ Estaing est extrêmement prudent à propos de la vente des armes françaises aux Chinois. Il développe à la fois les relations avec la Chine, en gardant les relations particulières avec Moscou, sans toucher au principe de la détente avec Moscou. Les dirigeants chinois sont favorables à cette prudence. Les relations diplomatiques franco-chinoises se développent dans une telle situation.

B) Le renforcement des dialogues politiques sino-français Beijing (Pékin) et Paris renforcent d’abord leurs relations politiques pendant des années soixante-dix.

1) Instauration du système de consultations politiques : Lors du voyage de Deng Xiaoping en France en 1975, les deux gouvernements sino- français conviennent : - D’instaurer un système de consultations politiques en fonction d e la conjoncture internationale, au niveau des ministres des Affaires étrangères. - D’instituer une commission mixte en vue d’amplifier les échanges économiques et commerciaux entre les deux Etats. Le système des consultations politiques périodiques consolide les relations franco-chinoises, en développant leur économie.

L’importance du voyage officiel de Deng Xiaoping s’exprime dans le discours protoc olaire du Président Giscard d’ Estaing : « C’est la première fois que la France a l’insigne honneur de recevoir un dirigeant chinois de votre rang ; et c’est en France que vous avez choisi d’effectuer votre premier déplacement officiel à l’étranger. C’est donner d’emblée à votre visite

1 Giscard d’ Estaing Valéry, Le pouvoir et la vie , Paris, Compagni, 1988 et 1991. 171

toute sa signification. Elle souligne l’exceptionnelle qualité des rapports franco - chinois. ...Cette visite et celle des hautes personnalités qui nous entourent, marquent à cet égard une nouvelle étape et va nous permettre de nouveau chemins à l’amitié franco-chinoise »1. Ce discours indique aussi l’importance des relations sino - françaises et des perspectives qu’elle ouvre. On espère consolider les liens amicaux entre ces deux pays comme « le ciel et la mer ».

Les deux hommes politiques s’entretiennent de l’importance de l’Europe dans l’échelle mondiale face à l’URSS et aux Etats -Unis et de l’entente entre l’Europe et la Chine. Les discussions portent sur les matières premières et l’énergie (appui chinois à la position français e) et sur l’aide au développement. Deng Xiaoping affirme que la Chine soutient résolument l’unification de l’Europe occidentale qui est indispensable pour l’équilibre du nouvel ordre international. Se déclare à cet effet : « Le peuple français et les autres peuples européens peuvent être assurés que dans leur lutte pour la sauvegarde de l’indépendance et du renforcement de leur union, ils bénéficieront toujours du soutien chinois »2. A cette occasion Giscard d’ Estaing accepte l’invitation de se rendre en Chine.

2) Les rencontres au niveau des ministres des Affaires étrangères : Dès l’institution du système des consultations politiques périodiques, les ministres des Affaires étrangères des deux pays se rendent réciproquement visite. Jean Sauvagnargues 3 est reçu du 19 au 25 novembre 1975 en Chine, par le Premier ministre Li Xiannian, et le vice-premier ministre Deng Xiaoping. Il s’entretient surtout avec son homologue, Qiao Guanhua 4, sur la coopération bilatérale afin de multiplier les échanges ; sur la situation en Asie, au Proche-Orient, en Angola, sur le dialogue Nord-Sud, sur la détente Est-Ouest et sur la question de la Corée. La conférence de presse de Jean Sauvagnargues a lieu le 20 novembre 1975. Ce voyage prépare la visite du Président de la République G iscard d’ Estaing l’année suivante.

1 La politique étrangère de la France , Paris, le 1 er septembre 1975, pp.160-161. 2 L’a llocution de Deng Xiaoping, La politique étrangère de la France du 16 mai 1975, page.163. 3 Jean Sauvagnargues était ministre des Affaires étrangères français de 1974 à 1976. .4Qiao Guanhua Шݴढ , diplomate chinois, était ministre des Affaires étrangères de la RPC de 1974 à1976 172

De retour à Paris, il affirme sur FR3 1 que la Chine approuve la politique d’indépendance de la France. Le voyage est ainsi commenté par le Président Giscard d’ Estaing : « Nous avons été très sensibles à la qualité de l’ac cueil que les dirigeants de la République populaire de Chine ont réservé à M.Sauvagnargues et de la convergence des analyses et des points de vue que ces entretiens ont souligné »2.

Ses homologues chinois se déplacent en France. Qiao Guanhua s’y rend en octobre 1976. Huang Hua 3 du 7 au 9 octobre 1977 rencontre son homologue français afin d’approfondir les échanges de vues sur l’activité internationale et les questions bilatérales entamés au cours de son séjour à New York. Pour les relations sino-françaises, les deux ministres s’attachent à développer et à approfondir l’amitié sino -française. La politique étrangère de la France souligne : « le développement doit naturellement aller de pair avec l’élargissement du dialogue »4.

3) Le Premier ministre français Raymond Barre du 19 au 24 janvier 1978, qui est reçu par son homologue Hua Guofeng, et rencontre Deng Xiaoping, Huang Hua. Des discussions approfondies qui so nt consacrées à l’examen de la situation internationale ont permis de constater une large similitude dans l’analyse des grands problèmes, et de tomber d’accord sur la nécessité d’éviter une bipolarisation du monde. Sur les relations bilatérales, « une coopération approfondie et diversifiée s’impose ». Les deux gouvernements signent un accord scientifique et technique le 21 janvier 1978, « il s’agit là d’un objectif à long terme »5.

Quatre mois après le voyage de Raymond Barre et la signature de cet accord- là, le vice-premier ministre chinois Gu Mu 6, chargé de la Commission au Plan d’Etat,

1 France 3 (FR3) est une chaîne de télévision généraliste française de service public. 2 La politique étrangère de la France du 26 novembre 1975. 3 Huang Hua 咘ढ , succédant à Qiao Guanhua, était ministre des Affaires étrangères de RPC de 1976 à 1982. 4 La politique étrangère de la France du 8 octobre 1977, page.18. 5 La politique étrangère de la France du 1 er trimestre 1978, page.86. 6 Gu Mu 䈋⠻ , vice-premier ministre de la RPC de 1975 à 1980. 173

effectue une visite en Europe de l’Ouest (France, Suisse, Belgique, Danemark et Allemagne) du 2 mai au 6 juin 1978 dont le but est de s’informer plus sur la technologie de pointe. Il séjourne à Paris du 2 au 17 mai 1978. Ce voyage a pour but de développer les relations économiques franco-chinoises qui ne reflétaient pas encore l’importance respective des deux pays dans l’ économie mondiale. Ensuite, du 14 au 21 octobre 1978, un autre vice-premier ministre chinois 1, se rend en France. Les deux gouvernements signent deux accords de coopération scientifique et technique : le premier de ces documents est un protocole sur des projets complémentaires d’échanges scientifiques et techniques ; le second document est un accord particulier entre le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et l’Académie ch inoise des Sciences, signé le 21 janvier 1978 à Beijing (Pékin). Du côté français, deux délégations sont envoyées en Chine, l’une menée par le ministre de Culture et de l’Environnement Michel d’Ornano 2, l’autre par le Secrétaire d’Etat à l’Agriculture Jacques Fauchier 3 du 29 octobre au 4 novembre 1978. Quant au voyage de Jean-François Deniau 4, ministre français du Commerce extérieur, il aboutit aboutit à la signature de « l’accord sino -français à long terme sur le développement des relations économiques et la coopération 5 ». Cet accord prévoit, notamment, un volume d’échanges de 60 milliards de francs en sept ans.

1 Fang Yi ᮍ↙ , vice-premier ministre de la RPC de 1978 à 1983. 2 Michel d’Ornano était ministre de Culture et de l’Environnement de la France de 1977 à 1981. 3 Jacques Fauchier était Secrétaire d’État auprès du ministre de l'Ag riculture de la France de 1978 à 1981. 4 Jean-François Deniau était ministre du Commerce extérieur de la France de 1978 à 1980. 5 Accord à long terme sur le développement des relations économiques et de la coopération entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République populaire de Chine. 174

Jean-François Deniau et Huang Hua signent l’ Accord à long terme sur le développement des relations économiques et de la coopération entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République populaire de Chine , le 21 janvier 1978 à Beijing (Pékin) 1.

4) Hua Guofeng en France en octobre 1979 : C’est la première visite officielle d’un Premier m inistre chinois depuis 1964, se rend en France et en Europe. Cette visite entraîne la signature d’un projet de développement des relations des deux pays et d'échanges culturels pour l’année 1980- 1981 ainsi qu’un projet d’ ouverture de postes consulaires 2. Giscard d’Est aing considère que « la présence en France du Président du Parti communiste chinois et Premier ministre successeur, dans ces très hautes fonctions, d’hommes qui ont profondément marqué leur pays et notre temps, le Président Mao Zedong et le Premier ministre Zhou Enlai, est pour la France, un motif de satisfaction et un gage d’espoir ». Malgré « ... les systèmes politiques et sociaux différents qu’ils ont choisis, leur éloignement géographique, nos deux pays se comprennent. Ils dialoguent et ils coopèrent »3. Le Président français et le Premier ministre chinois sont satisfaits du développement économique rapide de leurs pays. Giscard d’Est aing conclut au sujet des relations bilatérales : « Les échanges commerciaux se sont améliorés depuis deux

1 Site du Ministère de Sciences et de Technologies de la RPC : http://kaifangzhansb.mofcom.gov.cn/huigu/exhibition/show_2.jsp?place=&fenqu=&zbt=%E7%A7%91%E 6%8A%80%E9%83%A8%E2%80%94%E2%80%94%E5%9B%BD%E9%99%85%E7%A7%91%E6%8A %80%E5%90%88%E4%BD%9C%E7%9A%84%E5%85%89%E8%BE%89%E5%8E%86%E7%A8%8B 2 Les deux Etats décident d’établir l’un à l’autre des consulats généraux à Marseille et à Shanghai, et sa signature faite le 17 octobre 1980. 3 L’allocution du Président G. d’Est aing, La politique étrangère de la France le 15 octobre 1979, page.46. 175

ans. La coopération, dans le domaine culturel et artistique, se développe rapidement, elle porte sur les domaines scientifiques et techniques, les plus divers : les télécommunications, la médecine »1. Il ajoute « Nous sommes prêts à contribuer à la réussite de votre vaste programme de modernisation »2.

5) Mme. Deng Yingchao en France du 9 au 16 juin 1980 : Une autre visite très importante est celle de la vice-présidente de l’Assemblée nationale chinoise, Mme. Deng Yingchao 3. C’est la première délégation de l’Assemblée populaire qui se rend en France. Sa présence dans l’hexagone réalise les vœux de l’ancien Premier ministre Zhou Enlai qui joue un rôle crucial pour nouer et développer des relations sino-françaises. Le ministre des Affaires étrangères Jean François-Poncet 4 souligne à cet égard : elle « témoigne aussi de la continuité exemplaire de notre dialogue entamé par le général de Gaulle, développé par le Président Pompidou. »5

6) Valéry Giscard d’Estaing en Chine du 15 au 22 octobre 1980 : Le Président Giscard D ’Estaing reçoit un accueil chaleureux en Chine et rencontre les principaux dirigeants chinois. Les deux Etats conviennent d’instaurer le « système de consultations périodiques au niveau ministériel des Affaires étrangères pour échanger les points de vue » et l’ « accord sur l’établissement des postes consulaires généraux à Shanghai et à Marseille le 17 octobre 1980 » a pour but de poursuivre le développement des relations amicales à cette occasion. Un accord de principe sur la livraison par la France des « équipements complets de la centrale nucléaire Daya-Bay et le renforcement de la coopération technique en ce domaine est également conclu ». La France prend note que la Chine s’engagera sur la voi e qui en fera bientôt une grande puissance moderne et qu’elle exercera inéluctablement une influence considérable dans le monde dans les années à venir.

1 La politique étrangère de la France du 15 octobre 1979, pp.46-48. 2 La politique étrangère de la France du 15 octobre 1979, page.48. 3 Deng Yingchao 䙧乪䍙 , femme de l'ancien Premier ministre Zhou Enlai, était vice-présidente de l'Assemblée nationale chinoise de 1976 à 1978. 4 Jean François-Poncet était ministre des Affaires étrangères de la France de 1978 à 1981. 5 La politique étrangère de la France du 16 juin 1980, pp.181-182. 176

C) Les succès dans les coopérations économiques sino-françaises

Les relations économiques sino-françaises font apparaître que la politique extérieure chinoise est orientée vers des intérêts nationaux à partir des années soixante-dix.

La stratégie économique de la diplomatie de Giscard d’Estaing entraine de bonnes relations, en permettant de grands succès dans les coopérations mutuelles. Les entretiens entre les hautes personnalités, améliorent la compréhension et valorisent le développement des relations diplomatiques et économiques. Cette coopération s’étend rapidement aux domaines scientifiques et techniques, à l’agriculture, à l’espace, à l’informatique, aux télécommunications et à la médecine. L’institution de la Commission mixte franco -chinoise accélère le bon développement économique entre les deux pays. Le développement de l’économie chinoise correspond au besoin de l’économie française ; celle-là crée un vaste marché de technologie et de produits dans les secteurs qui représentent les points forts de la France. C’est grâce à leurs bonnes relations politiques que le nombre des accords économiques conclus augmentent rapidement par rapport aux années précédentes. Une série d’accord s économiques furent signés entre 1975 et 1981 1.

L’échange de lettres du 15 juillet 1975 : Un échange de lettres concerne le dépôt de marque de fabrique et de commerce en République populaire de Chine et dans la République française sur le fondement de la réciprocité. Le gouvernement chinois est disposé à accorder aux personnes physiques et morales de la République française le droit de présenter, en conformité des lois en vigueur en République de Chine, des demandes de dépôts de marque de fabrique et de commerce et de bénéficier d’un droit exclusif sur les dites marques en Chine, à la condition que le gouvernement français réserve, en France, le

1 En référence au Journal official de la République française du 21 octobre 1975, page.10882, du 24 août 1977, page.4330, du 6 juillet 1979, page.1631, du 6 janvier 1981, page.174, du 2 février 1982, page.439 et du 12 septembre 1981, page.2448. 177

même traitement aux sociétés et entreprises de la République populaire de Chine. Les propositions contenues dans la lettre du gouvernement français et sa réponse constituent un accord entre les deux gouvernements qui entrera en vigueur soixante jours après le 15 juillet 1975.

L’ac cord de navigation maritime du 28 septembre 1975 : Cet accord a pour but de développer et de renforcer la coopération dans le domaine des transports maritimes. L’accord comporte 14 articles. Les deux parties contractantes conviennent que les navires marchands exploités par les entreprises peuvent effectuer dans des ports commerciaux ouverts au trafic international, des transports de marchandises et de passagers entre leurs deux pays ou entre ces pays et des pays tiers. L’accord scientifique et technique du 21 janviers 1978 : L’accord scientifique et technique entre les deu x pays portant sur les différents secteurs des échanges scientifiques et techniques 1 est signé pendant la visite en Chine de Raymond Barre, Premier ministre français. Les deux parties contractantes définissent d’un commun accord les différents secteurs de leurs échanges scientifiques en tenant compte de l’expérience acquise par leurs savants et techniciens, des possibilités offertes dans chaque domaine et de leurs priorités respectives en matière de recherches et de développement. L’accord comprend quatre articles. Pour Beijing (Pékin ), c’est un premier accord scientifique et technique entre la Chine et l’Europe Occidentale ; il s’agit d’un objectif à long terme. Cet accord souligne que la coopération franco-chinoise s’engage déjà dans les domaines scientifique et technique afin de réaliser les quatre modernisations. La Chine, engagée dans un puissant effort de modernisation, est aidée par la France et la coopération économique se trouve ainsi approfondie. C’est le fruit de la volonté commune des deux pays.

1 Journal official de la République française du 6 juillet 1979, page.1631. 178

Cependant les Français considèreront 18 ans plus tard que si : « la France a largement développé ses échanges avec la Chine, cette progression s’est faite au bénéfice de la partie chinoise et s’est accompagnée d’un déficit croissant »1.

L’accord du 23 janv ier 1978 : C’est un accord sur l’exonération réciproque des impôts et taxes dus par les entreprises de navigation aérienne est signé le 23 janvier 1979. Les idées principales sont les suivantes : les entreprises françaises et chinoises de transport aérien désignées par les gouvernements français et chinois sont exonérées en Chine et en France. Les personnes physiques ayant la nationalité de l’une des Parties contractantes et se trouvant sur le territoire de l’autre Partie contractante en vue d’y exercer une activité pour le compte des entreprises de la première Partie contractante mentionnées à l’article 1 er sont exonérées d’impôt par l’autre Partie contractante sur le revenu qu’elles retirent de cette activité. L’accord comprend trois articles.

L’accord sur l’établissement des postes consulaires du 17 octobre 1980 : Pour poursuivre le développement des relations amicales, les deux gouvernements ont signé un accord sur l’établissement des postes consulaires le 17 octobre 1980 à Beijing (Pékin). Les deux pays consentent à l’ouverture d’un Consulat général de Chine à Marseille et d’un Consulat général de France à Shanghai à partir du 17 octobre 1980.

L’échange de lettres du 24 avril 1981 : Un échange de lettres relatif au statut des sociétés chinoises de commerce extérieur en France et des sociétés françaises en Chine afin d’améliorer leurs liens économiques. Les deux gouvernements sont disposé à accorder aux représentations susdites les facilités nécessaires à l’institution de leur bureau à Paris et à Beijing (Pékin) et à l’exercice de leurs activités dans le cadre des législations françaises et chinoises.

1 Journal official de la République française du 17 octobre 1995, n°.7, page.56. 179

Ces accords et ces échanges de lettres ci-dessus signifient que les relations économiques bilatérales entre la France et la Chine entrent dans une nouvelle ère. Une telle rapidité du développement économique n’était pas manifestée pendant la présence du général de Gaulle et de celle du Président Georges Pompidou. Dans le nouveau, Deng Xiaoping a succédé à Mao Zedong et a développé la pensée diplomatique chino ise pour accélérer l’édification des « quatre modernisation de la Chine »1.

Du point de vue français, la diplomatie chinoise n’a plus les ambitions de l’époque de la guerre révolutionnaire ou des Trois Mondes. Elle est tournée vers les objectifs fixé dès le milieu des années soixante-dix : priorité au développement économique, recherche d’un environnement régional pacifique, volonté d’apparaître d’une manière modérée et indépendante dans la communauté internationale. Elle considère à présent que le poids d’un Etat est évalué à l’aune de sa puissance économique et de sa capacité industrielle et technologique 2.

1 Discours du ministre des Affaires étrangères Qian Qichen 䪅݊⧯ dans le colloque sur la pensée diplomatique de Mao Zedong en octobre 1993, Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao ), le 8 novembre 1993. 2 Journal official de la République française du 17 octobre 1995, n°.7, page.55. 180

Le tableau ci-dessous résume l’évolution des échanges commerciaux franco - chinois entre 1974-1981 1 : Unité : millions de franc Année Exportation Importation Volume Balance France-Chine Chine-France échangés 1974 772 886 1658 -114 1975 1610 742 2352 +868 1976 1603 928 2352 +765 1977 468 953 1421 -485 1978 831 1015 1846 -124 1979 1442 1387 2829 +55 1980 1284 1976 3260 -692 1981 1486 2752 4238 -1266

Le volume des échanges économiques a augmenté très rapidement des années 60 aux années 80 2 : Années 60 : 101 millions de dollars ; Années 70 : 307 millions de dollars ; Années 80 : 1,4 milliards de dollars ; Années 90 : 2 milliards de dollars.

En plus de la bonne entente dans le domaine économique, la Chine et la France partagent en même temps une vision identique des problèmes internationaux : La Chine soutient for tement l’unification de l’Europe, le mouvement qui pousse le s peuples à s’unir pour créer ensemble les conditions de leur liberté et de leur avenir et qui répond aux exigences de l’équilibre du monde et de la paix. Deng Xiaoping a exprimé lors de sa visite en France le 13 mai 1975 : « Que les nations ouest-européennes marquent sans cesse des progrès dans la voie de

1 Journal official de la République française du 17 octobre 1995, n°.7, page.159. 2 Cai Fangbo 㫵ᮍᶣ (ambassadeur de Chine en France de 1990 à 1998), « Revue et expectative des coopérations économiques et commerciaux sino-françaises » ( Ё⊩㒣䌌ড়԰ⱘಲ乒Ϣሩᳯ Zhongfa jingmaohezuo de huigu yu zhanwang ), Commerces internationaux (೑䰙䌌ᯧ Guoji maoyi ), n°.6, 1994. 181

l’union afin de sauvegarder leur indépendance et d’assurer leur sécurité, cela contribue, à notre avis, à l’évolution de la situation internationale dans un sens favorable. Quiconque ne nourrit pas l’inte ntion inavouable à l’égard de l’Europe occidentale n’a pas à craindre son union. Nous nous réjouissons de constater le gouvernement français, sous la direction du Président Giscard D’Estaing, poursuit ses efforts pour promouvoir l’union de l’Europe occiden tale. Le peuple français et les autres peuples européens peuvent être assurés que dans leur cause de la sauvegarde de l’indépendance et du renforcement de leur union, ils bénéficieront du soutien du peuple chinois »1. Selon le Président Giscard d’Estaing : « Nos situations géographiques, nos traditions intellectuelles, nos philosophies de la société ne sont pas interchangeables. Ce que la Chine et la France ont en commun est assez fondamental cependant pour qu’en maintes occasions elles partagent les même r éflexions, recherchent la solution des mêmes problèmes et aboutissent, fût-ce par des chemins différent, à des conclusions identiques »2.

1 L’a llocution de Deng Xiaoping, La politique étrangère de la France du 16 mai 1975, page.163. 2 La politique étrangère de la France du 13 mai 1975, page.161. 182

Source : Rapport du développement des ZES chinois 2010 , Zhong Jian 䩳മ , Editions de Presse des documents des sciences sociales ( ⼒Ӯ⾥ᄺ᭛⤂ߎ⠜⼒ ), 2010.

183

D) Les échanges de lettres et les accords signés entre 1975 et 1981 1 :

Titre : Accord par échange de lettres entre la France et la Chine concernant le dépôt de marques de fabrique et de commerce Date et lieu de signature : 15/07/1975 à Pékin. En vigueur.

1 Sources du Ministère des Affaires étrangères de la France. 184

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Titre : Accord de navigation maritime entre la France et la Chine (ensemble un échange de lettres) Date et lieu de signature : 28/09/1975 à Pékin. Fin de vigueur

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Titre : Accord scientifique et technique entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République populaire de Chine Date et lieu de signature : 21/01/1978 à Pékin. En vigueur

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Titre : Accord entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République populaire de Chine relatif à l'exonération réciproque des impôts et taxes dus par les entreprises de navigation aérienne Date et lieu de signature : 23/01/1979 à Paris. En vigueur

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Titre : Accord entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République populaire de Chine sur l'établissement de postes consulaires Date et lieu de signature : 17/10/1980 à Pékin. En vigueur

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Titre : Accord par échange de lettres entre la France et la Chine relatif au statut des sociétés chinoises de commerce extérieur en France et des sociétés françaises en Chine Date et lieu de signature : 24/04/1981 à Paris. Fin de vigueur

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CHAPITRE V

LES RELATIONS FRANCO-CHINOISES SOUS LA PRESIDENCE DE FRANÇOIS MITTERAND (1981-1994)

210

Le président François Mitterrand, qui a jugé très tôt que la France devait reconnaître la République populaire de Chine est considéré comme ami de la Chine par les autorités chinoises. Il a effectué trois voyages en Chine. La première fois, en 1961, il était invité à titre personnel par l’Institut des Affaires étrangères chinoise. La deuxième fois, du 9 au 14 février 1981, il représente le groupe politique qu’il dirige à l’époque , le Parti Socialiste français, à l’invitation de Hu Yaobang 1, secrétaire général du PCC. La troisième fois en 1983, il vient en tant que Président de la République (après être élu en mai 1981). Comme il le dit lui-même : « Si la première fois je ne représentais que moi- même, si la deuxième fois je représente mon Parti, cette fois-ci je représente mon pays, mais si j’ai changé d’état, je n’ai pas changé de sentiment, je suis venu chaque fois en ami de la Chine »2. Par contre, par rapport à son émotion personnelle, la France et la Chine ont traversé une période difficile, pourquoi ? Et les relations officielles entre ces deux pays les plus tièdes coïncident-elles avec cette époque ? Tout d’abord, un des problèmes internationaux abordé, est celui du Cambodge. Ensuite, à partir de 1989, Paris évolua quant à sa politique chinoise à la suite des manifestations de Tian’anmen. Enfin, le gouvernement français donna à deux reprises son autorisation de vendre des armes fran çaises à Taïwan. D’après le gouvernement chinois, ceci touche le principe de la souveraineté chinoise. Ce refroidissement entre Beijing (Pékin) et Paris à l’époque coïncide sans doute avec un changement du contexte international, probablement, relatif à l’ évolution des pays communistes : la chute du mur de Berlin, l’ effondrement de l’URSS, le problème intérieur de la Chine à la suite de sa politique d’ouverture dix ans auparavant, ainsi que l’intervention américaine dans les affaires chinoises. Les relation s diplomatiques sino- françaises se déroulent avec le premier président socialiste de la V ème République française. Dans ce chapitre, on les analyse en trois points.

1 Hu Yaobang 㚵㗔䙺 , secrétaire général du PCC de 1980 à 1982. 2 La politique étrangère de la France du 3 mai 1983, page.6. 211

V-1 Les relations bilatérales entre 1981 et 1989

A partir des années 80, les nouvelles orientations diplomatiques chinoises ont pour but d’accé lér er l’édification d’un pays socialiste moderne, de réaliser l’unification de la patrie et de lutter contre l’hégémonisme. Ainsi, elle traite des affaires internationales en fonctions des intérêts na tionaux, quelle que soit l’idéologie de ses partenaires. Accélér er l’édification des quatre modernisations socialistes : Pour garantir et protéger les investissements, les autorités chinoises considèrent la politique d’ouverture comme « une politique d’E tat » et une action à long terme. La Constitution chinoise en 1982 affirme que « le gouvernement chinois permet aux investisseurs étrangers, soit des entreprises, des organisations économiques et individuelles, d’investir et de collaborer avec les entreprises chinoises en Chine conformément aux règles convenues. ...Leurs droits légaux et leurs intérêts seront protégés par le gouvernement chinois. »1. Cette politique constitue une partie importante de la diplomatie chinoise. Elle figure dans le rapport du gouvernement chinois sur le 7 ème plan quinquennal du 25 mars 1986 2. L’unification de la patrie : la Chine maintient le principe « un Etat avec deux systèmes » pour récupérer Hong Kong colonisé par les Anglais depuis 1898. Le traité sino-britannique sur Hong Kong du 19 décembre 1984 prévoit que l’Angl eterre restitue Hong Kong à la Chine le 1 er juillet 1997. D’autre tractation s sont entamées avec des pays occidentaux pour récupérer Macao qui est colonisé par le Portugal, restitué le 13 avril 1987 et rendu à la Chine le 20 décembre 1999. Ce principe est valable aussi pour l’unification de Taïwan. La politique extérieure chinoise est relative à cette politique intérieure.

1 La Constitution de la RPC en 1982, article 18. 2« Le rapport sur le 7 ème plan quinquennal », sur le Rapport du gouvernement chinois du 25 mars 1986. 212

A) Les relations distantes entre Beijing (Pékin) et Paris (1981-1983)

Pourquoi les rapports diplomatiques entre les deux pays se distendent-ils de 1981 à 1983 ? On peut l’expliquer par quatre motifs essentiels : 1. Le Président François Mitterrand au début, ne s’aperçoit pas de l’importance des liens avec la Chine, bien qu’elle soit grande aux niveaux géographique et démographique. 2. La politique extérieure du nouveau Président français est résolument tournée vers « le Tiers monde » ; sa priorité en Asie est le Japon (du « Deuxième monde ») et l’Inde, pas la Chine. 3. Les divergences idéologiques entre la France et la Chine ont des conséquences sur leurs relations diplomatiques. Ce dont témoigne l’incident qui éclate l or squ’une Chinoise, Li Shuang, et un diplomate français entretiennent des relations. 4. Une divergence porte sur le problème du Cambodge. La Chine considère que c’est le Viêt-Nam qui envahit le Cambodge alors que du côté français, on pense qu’il s’agit d’une confrontation sino -soviétique au Cambodge.

Et parmi ces quatre points, c’est essentiellem ent le problème du Cambodge qui ralentit le bon développement des relations entre la France et la Chine. Le problème du Cambodge et les relations sino-soviétiques : En fait, la position chinoise à propos du Cambodge est inséparable des relations entre Beijing (Pékin) et Moscou. A partir des années quatre vingt, Moscou est déjà le principal adversaire de Beijing (Pékin). La divergence sur le Cambodge constitue l’un des « trois obstacles » qui nuisent à la normalisation des relations sino-soviétiques, qui datent des années soixante : 1. Durant les années soixante , l’installation des troupes soviétiques sur les frontières sino-mongoles.

213

2. Durant les années soixante-dix, le soutien soviétique au Viêt-Nam en conflit contre la Chine 1, ainsi que son soutien à l’intervention du Cambodge par les Vietnamiens 2. 3. L’invas ion des troupes soviétiques en Afghanistan le 27 décembre 1979 3. Ces trois actions soviétiques menacent sérieusement la sécurité chinoise (du Nord, du Sud et de l’Ouest de la Chine, en devenant trois barrages à la normalisation entre Beijing (Pékin) et Moscou.

La divergence sino-française sur le problème du Cambodge : Pourtant, dans une telle situation délicate, une divergence entre Beijing (Pékin) et Paris s’amorce : - A la suite au retrait des Américains du Viêt-Nam, la France signe en 1981 un protocole gouvernemental sur un prêt de 2 milliards de francs en faveur du Viêt-Nam . Elle tente d’influencer les Vietnamiens - A propos de la divergence sur la guerre du Cambodge, Claude Cheysson 4, ministre français des Relations extérieures, irrite la Chine par ses propos tenus à Bangkok et à Hanoï les 23 et 24 mars 1983. Le Quotidien du peuple chinois critique le 30 mars 1983 de manière détournée ces discours sous le titre « Une thèse surprenante »5. Dès lors, les relations bilatérales sont devenues tendues, le développement des relations sino-françaises est ainsi ralenti.

Le problème entre Beijing (Pékin) et Hanoï :

1 La guerre sino-vietnamienne du 17 février au 16 mars 1979. 2 Le 25 décembre 1978, 10,000 soldats vietnamiens entrent au Cambodge et occupent la capitale. D’après Beijing (Pékin), cette invasion était soutenue par l’URSS, suivi d’un traité d’amitié et de coopération soviéto-vietnamienne le 3 novembre 1978. 3 Le gouvernement chinois accuse l’URSS, en r éférence au Quotidien du people, les 30 et 31 décembre 979 et la déclaration chinoise à l’ONU le 5 janvier 1980. 4 Claude Cheysson, ministre des Relations extérieures (ministre des Affaires étrangères) de la France de 1981 à 1984. 5 Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao ), le 30 mars 1983. 214

Pendant la guerre d’Indochine, la paix régnait tout au long des frontières sino- vietnamiennes. Après le retrait des Américains du Viêt-Nam du Sud en 1973, le problème frontalier se commence à apparaître : il y a 121 conflits concernés en 1974, 439 en 1975, jusqu’à 986 en 1976. Ces provocations étaient relatives aux relations sino-soviétiques. De ce fait, à partir de 1978, l’URSS commence les démonstrations de force vis-à- vis de la Chine. Hanoï s’éloigne aussi de la Chine après la réunification du Viêt-Nam, et se rapproche de Moscou, parce que seul Moscou est susceptible lui donner l’aide financière nécessaire à la poursuite de la guerre. Hanoï commence à défier Beijing (Pékin) pour plaire à Moscou. Les Vietnamiens se montrent d’abord hostiles à l’égard de la Chine : une centaine de milliers de Vietnamiens d’origine chinoise voient leurs biens saisis et sont expulsés du Viêt-Nam 1. Les divergences sur l’île Pa racel sont de plus en plus visibles 2 ; les conflits aux frontières s’ intensifient. Le 16 juin 1978, la Chine exige la fermeture des trois consulats vietnamiens de Guangzhou (Canton), Nanning et Kunming 3. Elle met totalement fin le 3 juillet à son aide économique et technique au Viêt-Nam 4.

Le Viêt-Nam est entré dans le CAEM le 29 juin 1978. Cette adhésion entraîne que le développement économique de Hanoï est soutenu par les pays du CAEM, mais le point crucial était, bien évidemment, que cette décision arrimait plus étroitement que jamais le Viêt-Nam , pays asiatique, à l’URSS et entamais d’autant le prestige régional de la Chine , tout en complétant son encerclement. Pour Moscou, le gain était tout à la fois économique, politique et stratégique.

La Chine et le Japon signent alors le traité de pais et d’amitié le 12 août 1978. D’après Deng Xiaoping, l’anti -hégémonisme constitue le noyau du traité de paix et d’amitié sino -japonais. Le 3 novembre 1978, l’URSS et le Viêt-Nam signent à Moscou

1 La déclaration du ministère des Affaires étrangères de la Chine à propos des Vietnamiens d’origine chinoise le 9 juin 1978. 2 La déclaration du ministère des Affaires étrangères de la Chine à propos des Vietnamiens d’ origine chinoise le 9 juin 1978. 3 L’annonce du gouvernement chinois à propos de la fermeture trios consulats généraux vietnamiens en Chine du 16 juin 1978. 4 La déclaration du gouvernement chinois au gouvernement vietnamien du 3 juillet 1978. 215 un traité d’amitié et de coopération. Dès lors, le Viêt-Nam s’appuie totalement sur Moscou. Beijing (Pékin) considère que ce traité apporte la preuve de l’alliance militaire soviéto-vietnamienne 1. A la suite de ce traité, le Viêt-Nam envahit le Cambodge, « Il lance ses troupes contre le Kampuchéa démocratique soutenu par Beijing (Pékin), renverse le régime de Pol Pot et patronne l’établissement d’une République populaire du Kampuchéa »2.

Le 17 février 1979, la Chine déclare : « Nous n’attaquons pas à moins d’être attaqués. Si on nous attaque, nous répondrons à toute agression. »3 Les troupes chinoises entrent au Viêt-Nam le même jour pour donner une leçon. Elles retirent ses troupes le 5 mars 1979.

A l’époque de Brejnev : La « doctrine Brejnev », d’après les dirigeants chinois , use du Pacte de Varsovie et du Conseil d’assistance économique mutuelle (CAEM), pour organiser des alliances anti-chinoises et aussi pour étendre leur influence dans le Tiers monde. La détente de Brejnev accompagne l’agression, surtout dans le Tiers monde. La preuve : les signatures des traités à caractère militaire avec 12 Etats, y compris l’Inde, l’Angola et Cuba ; et l’existence d’une quarantaine de bases militaires soviétiques dans le monde.

A l’ époque de Mikhaïl Gorbatchev : Après la mort de Brejnev, les relations entre Beijing (Pékin) et Moscou s’améliorent de façon superficielle, n e règlent pas le problème essentiel. Deng Xiaoping trouve que l’invasion vietnamienne au Cambodge constitue le principal obstacle entre Beijing (Pékin) et Moscou. Il déclare aux journalistes de la télévision américaine le 2 septembre 1986 : « Si l’URSS n’aide pas le Viêt-Nam, il arrêtera la guerre avec le

1 Zhou Jianqing ਼ࠥ॓ , Zhang Xichang ᓴ䫵ᯠ , Les Relations extérieures de la France après la deuxième guerre mondiale » ( ៬ৢ⊩೑໪Ѹ৆ zhanhou faguo waijiaoshi ), Beijing, Editions Connaissances universelles ( Ϫ⬠ⶹ䆚ߎ⠜⼒ shijie zhishi chubanshe) ; 1993, page.532. 2 Marie-Claire Bergère, La République populaire de Chine de 1949 à nos jours , Paris, Armand Colin, 1989, page.243. 3 La déclaration de l’Agence Chine nouvelle du 17 février 1979. 216

Cambodge. Si le Viêt-Nam retire ses troupes du Cambodge, le problème se résoudra par lui-même. ». Et Deng Xiaoping ajoute : « Si on peut lever cet obstacle, je veux bien rencontrer exceptionnellement Mikhaïl Gorbatchev n’importe où en URSS. Je suis sûr que notre rencontre sera favorable à la normalisation sino-soviétique »1. Pourtant, Gorbatchev ne réagit pas à cette question.

Trois problèmes résolus : Après 12 sessions de négociations sino-soviétiques entre 1982 et 1989, la nouvelle politique extérieure de Mikhaïl Gorbatchev aboutit à la normalisation de leurs relations, en résolvant trois difficultés : le retrait des troupes soviétiques de la Mongolie 2, de l’ Afghanistan et du Viêt-Nam.

Les chercheurs français constatent que : « L’alliance soviéto -vietnamienne sortait ainsi considérablement renforcées de la crise sino-vietnamienne... », « Le traité soviéto- vietnamien du 3 novembre 1978 scellait l’échec quasi total de la politique chinoise en Indochine depuis un quart de siècle... ». « De toute évidence, le traité soviéto-vietnamien du 3 novembre 1978 permettait au Viêt-Nam d’envisager une intervention du même type contre c e Kampuchéa démocratique qui faisait obstruction à l’Indochine socialiste tan t souhaitée à Hanoï. »3

Jean-Luc Domenach et Philippe Richer constatent dans L’évolution des rapports franco-chinois de 1964 à 1988 que : Concernant l’époque de Gaulle « Il n’a p as suffi de la reconnaissance du régime communiste par le général de Gaulle ni, quelques mois plus tard, d’une convergence de points de vue sur le conflit vietnamien pour que la voie s’ouvrit à une large coopération. La révolution culturelle n’épargne pas les Français, avant que Beijing (Pékin) et Paris se retrouvent pour condamner en 1968 l’invasion de la Tchécoslovaquie. »

1 Œuvres choisies de Deng Xiaoping III (䙧ᇣᑇ᭛䗝 ㄀ϝो Deng Xiaoping wenxuan disanjuan ), Beijing, Editions du people (Ҏ⇥ߎ⠜⼒ Renmin chubanshe), 1993, pp.167-169. 2 L’URSS d éclare qu’il est prêt du retrait de ses troupes de l’ Afghanistan en avril 1988 à Genève, ensuite Gorbatchev déclare, le 7 décembre 1988 à l’ONU, son retrait de la Mongolie et la déclaration du retrait vietnamien du Cambodge le 6 janvier 1989. 3 François Joyaux, La nouvelle question d’Extrême -Orient 2 , Paris, 1988, pp.381-383. 217

Ils ajoutent : « Tout en approuvant certaines initiatives françaises en Afrique (Zaïre), au Moyen-Orient et en Amérique latine (au début du septennat de François Mitterrand ), Beijing (Pékin) s’irrite franchement des réserves françaises lors de se concilier l’Union soviétique, que semblent traduire certaines démarches françaises après l’invasion de l’ Afghanistan , et s’interroge enfin sur la sollicitude portée par Paris à la question polonaise. Et, pour tout aggraver, la France paraît accorder progressivement en Asie une priorité à ses rapports avec l’Inde et le Japon ! Le malaise éclate avec la reprise de l’aide économique française au Viêt-Nam (avril 1982). Pour Beijing (Pékin), une telle décision fait le jeu de ses adversaires vietnamien et soviétique. »1

B) Un renouveau à la suite du voyage du Président Mitterrand en Chine en 1983

Les relations franco-chinoises s’améliorent à la suite de la visite du Président François Mitterrand en Chine en 1983. L’amitié retrouvée accélère les relations bilatérales et débloque la situation du problème au Cambodge.

Pour aplanir le désaccord à propos du Cambodge, le Président François Mitterrand conda mne l’agression du Viêt-Nam au Cambodge, en soulignant : « Il faut que ce soit clair, nous ne changeons pas de langage avec les circonstances. La France a condamné l’agression dont a été victime le Cambodge et condamne l’occupation de ce pays. Elle ne reco nnaîtra ni aujourd’hui, ni demain, le pouvoir installé à Phnom Penh. »2 Cela explique que la divergence à propos du problème du Cambodge ne porte que sur des points de détail mais pas sur l’essentiel entre Paris et Beijing (Pékin).

Cette rencontre est le point de départ d’une nouvelle collaboration entre les deux pays. La France considère la Chine comme une force d’équilibre dans le monde et d’autre part, elle désire développer ses relations économiques. Le Président Mitterrand affirme : « La Chine occupe une place parmi les toutes premières au sein de la communauté

1 Jean-Luc Domenach, Philippe Richer, La Chine, II , Paris, Editions du Seuil, 1995, pp.504 -505. 2 La politique étrangère de la France du 3 mai 1983, page.7. 218 internationale, elle s’est engagée dans une immense entreprise de modernisation et de développement, elle poursuit une réforme économique très courageuse qui lui permettra de mieux mobiliser les ressources extrêmes de travail, de courage et d’intelligence de son peuple. »1 Les relations entre la Chine et la France se sont resserrées.

Ces bonnes relations sont marquées d’abord par les rencontres des dirigeants et les signatures d’accord économiqu es. La visite du Premier ministre chinois Zhao Ziyang en France en juin 1984 donne une nouvelle impulsion à la coopération dans les domaines de l’énergie, des télécommunications, de l’informatique, des transports, du sport, etc. Deux accords sont signés : accords sur l’encouragement et sur la protection réciproques des investissements. Ces deux accords accélèrent et protègent le développement des relations économiques entre les deux pays.

Deux ans après, un événement spectaculaire illustre cette accélération : pour la première fois dans l’histoire des relations franco -chinoises, le secrétaire général du PCC Hu Yaobang se rend visite en France du 16 au 19 juin 1986. Il est reçu particulièrement par le Président François Mitterrand, le Premier ministre Jacques Chirac, ainsi que par le Président de l’Assemblée nationale Jacques Chaban -Delmas, pour un large échange de vues sur la situation internationale et sur la coopération économique bilatérale.

L’année suivante, le Président de la République chinoise Li Xia nnian fait un voyage officiel en France du 9 au 13 novembre 1987. C’est aussi la première fois qu’un chef d’Etat chinois séjourne en France depuis l’établissement des relations diplomatiques en 1964. Bien entendu, il rencontre le Président François Mitterrand. Les deux Présidents s’accordent sur la nécessité de renforcer les relations économiques et commerciales, entre les deux pays. Un important protocole est signé, il s’agit du « protocole financier franco- chinois pour 1987 », qui se monte à 747 millions de francs, dont 6,4 millions qui devraient être en grande partie affectés aux constructions d’une centrale thermique et du métro de Shanghai.

1 La politique étrangère de la France du 3 mai 1983, page.7. 219

Deux mois après, Pierre Méhaignerie, ministre de l’Equipement, du Logement, de l’Aménagement du territoire et des Transports, se rend en Chine accompagné d’une importante délégation d’industriels français, à l’invitation du ministre de l’Urbanisme chinois pour le projet de la construction du métro . Si la politique d’ouverture chinoise s’engage profondément vers les q uatre modernisations, le ministre français souhaite que « les relations économiques soient un peu plus à la hauteur des relations politiques »1.

C) Le développement économique bilatéral (1983-1989)

Les deux pays accordent un grand intérêt à l’économie, c e qui se traduit par les accords signés successivement entre les deux gouvernements :

1) L’accord du 27 septembre 1983 : Le premier est l’accord de coopération dans le domaine ferroviaire signé le 27 septembre 1983. Cet accord se réfère à l’accord intergouvernemental scientifique et technique du 21 janvier 1978 et à l’accord intergouvernemental à long terme sur le développement des relations économiques et sur la coopération du 4 décembre 1978. Cet accord entre en vigueur le jour de signature pour une période de cinq ans et pourra être modifié ou renouvelé d’un commun accord.

2) Les seconds accords du 30 mai 1984 : L’année suivante, le 30 mai 1984, les deux pays signent « un accord vue d’éviter les doubles impositions et de prévenir l’évasion fiscale en matière d’impôts sur le revenu ». Sont convenus en 29 dispositions et son rectificatif au Journal officiel de la République française du 28 février 1985, ajoutant les articles 26. Diplomates et 27. Champ d’application territorial.

3) Le même jour, le 30 mai 1984, est signé « un accord sur l’encouragement et la protection réciproque désinvestissements » pour développer la coopération économique entre les deux pays et à cette fin créer des conditions

1 Le Monde , le 8 mars 1988. 220 favorables. Sont convenus en 12 articles et une annexe. Les deux accords encourageront et protègeront les investissements des Chinois en France et des Français en Chine, accélérant les échanges économiques entre les deux pays.

4) L’accord du 16 avril 1985 : Le 16 avril 1985, « un accord à long terme sur le développement des relations économiques et la coopération entre la France et la Chine » est signé, en vue de renforcer les liens traditionnel d’amitié unissant leurs peuples et de l’avantage réciproque dans leurs relations économiques ; compte tenu des possibilités que recèle une coopération économique à long terme entre les deux pays. Cette coopération est très étendue, elle concerne surtout la production d’électricité de diverses origines. Cet accord comprend des dispositions en 12 articles.

5) Les accords du 4 mai 1985 : Premièrement, un « accord de coopération pour les voies navigables » et un « accord de coopération dans le domaine des routes » sont signés. Ces deux accords font référence à l’accord intergouvernemental scientifique et technique du 21 janvier 1978 et à celui à long terme sur le développement des relations économiques et de la coopération du 16 avril 1985. La coopération bilatérale pourra s’étendre dans les domaines suivants : l’aménagement de la voie navigable et les ouvrages du franchissement de seuils fluviaux ; la construction de ports fluviaux ainsi que la navigation ; les télécommunications et les systèmes d’aide à la navigation ; l’étude, la conception et la construction des bateaux de navigation intérieure, la gestion et l’entretien de la flotte ; l’org anisation du contrôle de la sécurité de la navigation fluviale. Deuxièmement, un accord de coopération dans le domaine des routes est signé. Il se réfère également à l’accord intergouvernemental scientifique et technique du 21 janvier 1978 et à celui à long terme sur le développement des relations économiques et de la coopération du 16 avril 1985.

221

Troisièmement, un « accord sur l’entraide judiciaire en matière civile et commerciale » est signé dans le but de promouvoir, sur le fondement du respect mutuel d e la souveraineté nationale ainsi que de l’égalité et des intérêts réciproques, une coopération dans le domaine judiciaire entre les deux pays. Sont convenus six chapitres et 31 articles par rapport : aux dispositions générales, à la transmission et remise des actes judiciaires et extrajudiciaires, à des commissions rogatoires, à la reconnaissance et l’exécution des décisions judicaires et des sentences arbitrales : aux dispositions diverses ; et aux dispositions finales.

6) Les accords et la coopération signés montrent que les collaborations économiques entre les deux pays portent sur tous les secteurs et que « les échanges économiques sont doublé depuis cinq ans » grâce à leurs bonnes relations politiques.

Les échanges commerciaux entre la France et la Chine de 1984 à 1989 1 : Unité : millions de francs Année Exportation Importation Volume Balance France-Chine Chine-France Des échanges commerciale 1984 2692 3849 6541 -1157 1985 6984 4453 11437 +2531 1986 4597 4890 9487 -293 1987 4597 4890 9487 -293 1988 5500 8500 14000 -3000 1989 9887 11017 20904 -1130

1 Journal officiel de la République française du 17 octobre 1995, n°7, page.159. 222

V-2 Divergences entre Beijing (Pékin) et Paris

Les divergences sont nées de deux incidents marquant les relations diplomatiques franco-chinoise : les manifestations de la place Tian’anmen en 1989 et les ventes d’armes françaises à Taïwan entre 1991 et 1992. Ces deux affaires sont considérées par les autorités chinoises comme une ingérence dans les affaires intérieures pour la première, et une atteinte à leur souveraineté d’Etat pour la deuxi ème. Une partie de l’opinion internationale n’est pas favorable au gouvernement chinois, en particulier les Etats-Unis, Le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Japon, l’Italie et le Canada, qui trouvent que ces événements constituent une atteinte aux droits de l’h omme. Les Etats-Unis « sanctionnent » la Chine en premier : c’est ensuite au tour des pays de la CEE, puis du Japon. Il s’agit dans un premier temps de déclarations hostiles, puis la prise de sanctions économiques. Les relations sino-françaises, comme celles entre la RPC et les autres pays occidentaux, entrent dans une époque froide.

A) Premier refroidissement : affaire de Tian’anmen de 1989

En décembre 1978, la troisième session plénière du Comité central issu du XI ème Congrès du PCC marque un tournant important pour Deng Xiaoping, ainsi pour la Chine. Deng Xiaoping réoriente rapidement l’axe politique du PCC vers les « Quatre Modernisations socialistes »1. C’est un grand changement de la situation dans l’histoire du PCC depuis la fondation de la République populaire de Chine. Un nouveau mot d’ordre est lancé à la suite de la lutte de classes : « les quatre modernisations ». En septembre 1982, le XII ème Congrès du PCC définit l’objectif stratégique et les mesures nécessaires. Il s’agit de quadrupler la va leur de la production annuelle de l’industrie et de l’agriculture d’ici à la fin du vingtième siècle. La politique d’ouverture

1 « Quatre modernisations socialistes ( ಯϾ⦄ҷ࣪ Sige xiandaihua) » sont l'objectif des réformes de Deng Xiaoping, couvrant quatre domaines principaux : agriculture ; industrie ; science et technologie ; défense nationale. Œuvres choisies de Deng Xiaoping III (䙧ᇣᑇ᭛䗝 ㄀ϝो Deng Xiaoping wenxuan disanjuan ), Beijing, Editions du people (Ҏ⇥ߎ⠜⼒ Renmin chubanshe), 1993, page.386. 223 connaît un grand succès, mais dans le même temps quelques déceptions, comme la corruption des fonctionnaires. La tragédie de 1989 provoque le premier refroidissement dans les relations sino- françaises. Au printemps 1989, la Chine éprouve des difficultés dans la pratique de la politique d’ouverture : 1) Des manifestations étudiantes se déroulent sur la place Tian’anmen , elles sont défavorables au gouvernement et posent la question : où ira la Chine après son ouverture ? 2) A cause du soutien apporté aux étudiants par les Hongkongais et les étrangers, la situation devient extrêmement tendue pour le gouvernement chinois. Ces manifestations sont ressenties comme une menace pour la stabilité du pouvoir et le projet des quatre modernisations du gouvernement. Quant à Deng Xiaoping, il affirme que les événements appartiennent aux affaires intérieures chinoises et décide de les réprimer. Suite à la répression de l’armée chinoise, la communauté internationale est choquée. Les condamnations fusent de Paris et des autres pays occidentaux : Tout d’abord, le gouvernement français gèle les relations gouvernementales à tous les niveaux comme l’affirme le Pr emier ministre Michel Rocard dans la déclaration du 6 juin 1989 : « Il est clair que nous entendons geler dès maintenant les relations à tous les niveaux avec la République populaire de Chine »1. L’Hôtel Matignon fait savoir dans la soirée du même jour que le gel ne touche que les relations politiques et diplomatiques : « Il n’y a plus aucun contact entre le Président de la République, le Premier ministre et les membres du gouvernement avec les dirigeants chinois. Si les membres de la CEE adoptent une posit ion commune, la France pourrait l’adopter. »

1 Le Monde , le 8 juin 1989, page.3. 224

Le lendemain, le 7 juin, le ministre des Relations extérieures Roland Dumas précise que la décision française est de geler ses relations avec Beijing (Pékin) à « tous les niveaux » et « d’abord à tout ce qui co ncerne la coopération militaire ».

Le même jour, les Douze 1 font une déclaration commune : « Les Douze condamne fermement la violence répression exercée contre des manifestants pacifiques, qui a causé des pertes importantes en vies humaine »2. Ils appellent les dirigeants chinois à rechercher une solution pacifique. La CEE a déjà pris certaines mesures, y compris la suspension des contrats de haut niveau technologique et continueront à suivre l’évolution en Chine.

Le 21 juin 1989, le Président Mitterrand fait une déclaration au nom du peuple français , sur la situation en Chine. Il condamne l’exécution des manifestants par le gouvernement chinois à qui il demande d’être compréhensif envers les étudiants. Le 6 juillet 1989, l’ambassadeur de France auprès de l’ONU réaffirme la position française : « la consternation dans laquelle nous a plongé la répression brutale qui s’exerce en Chine ». 3

Les sanctions économiques suivent la déclaration du Premier ministre français. Le ministre de l’Economie et des Finances annonce le « gel d’un prêt public de 830 millions francs à la Chine le 16 juillet 1989 ». 4 Il précise que l’octroi de ce prêt ne relève que la mise en œuvre technique d’un accord compris dans le traditionnel protocole de printemps, signé fin mai, donc avant les événements. En fait, la France ne gèle que les nouveaux projets. Les crédits pour les opérations en cours ne sont pas concernés.

1 Les douze pays de la Communauté Economique Européenne (CEE). 2 La politique étrangère de la France du 7 juin 1989. 3 Le Monde , le 7 juillet 1989, page.7. 4 Le Monde le 18 juillet 1989, page.28. 225

Dès que le gel est déclaré, les rapports diplomatiques sino-français deviennent exécrables et atteignent leur point le plus bas depuis l’établissement des relations en 1964. Le gouvernement chinois considère que ces événements concernent seulement ses affaires intérieures, et les déclarations de la France et des Douze manifestent un acte d’ingérence flagrante dans les affa ires intérieures chinoises. Le ministre des Affaires étrangères chinois Qian Qichen exprime son regret à son homologue français Roland Dumas à l’occasion d’une conférence internationale sur le Cambodge le 30 juillet 1989 à Paris. Il tentera de rompre le blocus diplomatique, espérant que les relations amicales créées par le Président Mao Zedong et le général de Gaulle ne seront jamais gâchées 1. Cependant, Roland Dumas lui exprime que ce refroidissement n’a d’autre cause que les récentes actions de Beijing (P ékin).

L’interprétation du gouvernement chinois à l’égard des affaires de Tian’anmen : « C’est une minorité qui profite des manifestations des étudiants à Beijing (Pékin) et dans d’autres villes sous prétexte d’honorer la mémoire de Hu Yaobang. Prendre des mesures répressives contre les activités de la place Tian’anmen est donc totalement logique. 2» La quatrième session du 13 ème Congrès du PCC du 23 au 24 juin 1989 affirme ainsi que les événements de Tian’anmen en juillet 1989 sont des activités contre-révolutionnaires déclenchées pour renverser le pouvoir du PCC.

Il y a quatre raisons qui définissent des activités réactionnaires selon l’idée de Deng Xiaoping : 1. Les manifestations aggravent et menacent la stabilité de la Chine, en raison du soutien apporté aux étudiants par des étrangers, surtout par les Etats-Unis, après la politique d’ouverture chinoise 3. Deng Xiaoping

1 Le Monde , le 1er août 1989, page.3. 2 Œuvres choisies de Deng Xiaoping III (䙧ᇣᑇ᭛䗝 ㄀ϝो Deng Xiaoping wenxuan disanjuan ), Beijing, Editions du people (Ҏ⇥ߎ⠜⼒ Renmin chubanshe), 1993, la note n°120, page.413. 3 Œuvres choisies de Deng Xiaoping III (䙧ᇣᑇ᭛䗝 ㄀ϝो Deng Xiaoping wenxuan disanjuan ), Beijing, Editions du people (Ҏ⇥ߎ⠜⼒ Renmin chubanshe), 1993, la note n°120, page.348. 226

considère que la souveraineté et la sécurité d’Etat sont prioritaires et qu’elles assurent la concrétisation des quatre modernisations chinoises. 2. Une minorité a l’intention de renverser le régime politique actuel, la « construction du socialisme en système capitaliste. Le mot d’ordre qu’elle a lancé est « A bas le socialisme ! ». 3. L’évolution de l’URSS et des pays de l’Est influence la Chine. Celle-ci va-t-elle se diriger depuis l’ouverture économique vers le capitalisme total ou vers le socialisme aux caractéristiques chinoises ? 4. Lorsque Deng Xiaoping reçoit les cadres des armées chinoises le 9 juin 1989, il les interpelle : « Pour qui coule le sang ? Pourquoi nos soldats sont-ils blessés ou morts ? C’est parce que notre armée ne prend pas les mesures nécessaires pour l’ empêcher , qu’une minorité prenne les armes de nos soldats pour les tuer. Nos soldats n’ont pas tiré, nous avons gagné la conf iance du peuple. C’est notre armée populaire qui défend la stabilité de notre pays »1.

Et d’autre part, la France et le « Groupe des Sept »2 prennent les mesures de rétorsion contre le gouvernement chinois 3, la Chine ne supporte pas ces condamnations et proteste le 17 juillet 1989, considérant ceci comme une ingérence dans les affaires internes chinoises qui touche la stabilité du pouvoir de l’Etat. Dans la conception des autorités chinoise, la sécurité d’Etat est prioritaire lorsque le pays est en danger .

Le soutien apporté aux dissidents des événements de la place Tian’anmen, le maintien de la presse en évoquant le problème des droits de l’homme, les dispositions prises en faveur des étudiants chinois réfugiés et l’accueil du congrès fondateur de la Féd ération démocratique chinoise en France. Toute cette série d’actions du côté français

1 Œuvres choisies de Deng Xiaoping III (䙧ᇣᑇ᭛䗝 ㄀ϝो Deng Xiaoping wenxuan disanjuan ), Beijing, Editions du people (Ҏ⇥ߎ⠜⼒ Renmin chubanshe), 1993, la note n°120, page.303. 2 Le Groupe des Sept (G7) était un groupe de discussion et de partenariat économique de sept pays parmi les plus puissants économiquement du monde : États-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie et Canada. Il est devenu G8 en 1994 après la participation de la Russie. 3 Le Sommet du G7 le 15 juillet 1989 fait une déclaration commune pour accuser le gouvernement chinois dan s l’affaire de Tian’anmen. 227 suscite la colère de Beijing (Pékin) et provoque le début du refroidissement dans les relations entre la Chine et la France.

Le gouvernement chinois manifeste continuellement son mécontentement auprès du gouvernement et de la presse français. Des protestations chinoises : - Le 7 juillet 1989, Beijing (Pékin) proteste contre l’intervention sur Antenne 2 1 et la diffusion dans la presse française d’une déclaration de deux « criminels » Yan Jiaqi et Wuer Kaixi qui font l’objet d’un avis de recherche de la police chinoise ; - Le 31 juillet 1989, elle s’insurge contre des déclarations du G7 lors du sommet de Paris à propos des événements de la place Tian’anmen ; - Le 19 septembre 1989, le gouvernement chinois dénonce l’intervention policière française sur les passagers chinois à la douane de l’aéroport international de Paris ; - Les 22 et 25 septembre 1989, Beijing (Pékin) déplore la tenue dans la capitale française du Congrès constitutif de la Fédération démocratique chinoise (FDC) et le soutien du gouvernement français aux activités hostiles au gouvernement chinois qui signifient pour le celui-ci un acte d’ingérence dans les affaires intérieures chinoises 2; - Le 31 octobre 1989, Beijing (Pékin) proteste contre l’opération « Faxez la liberté », qui demande à la France de mettre un terme aux activités sur son territoire de la FDC au travers de cette opération, lancée le 26 octobre par la FDC en collaboration avec l’hebdomadaire Actuel ; - Le 11 avril 1990 le gouvernement chinois voit d’un mauvais œil l’accueil d’une dissidente chinoise Chai Ling et contre le futur lancement d’un bateau radio, etc.

Deng Xiaoping exprime sa colère au Président du Parti révolutionnaire Tanzanien le 23 novembre 1989 : « Qui leur donne le droit de réprimer la Chine ? » Il ajoute : « La

1 Antenne 2 (France 2) est une chaine de télévision généraliste de service public. 2 Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao ), le 26 septembre 1989, page.1. 228 souveraineté et la sécurité d’Etat sont prioritaires »1. Ces circonstances rappellent à Deng Xiaoping l’époque impérialiste du début du XX ème siècle, quand les occidentaux s’allièren t pour soumettre la Chine.

A partir de janvier 1990, la détente sino-française s’amorce, les deux pays signent un protocole de prêt d’un milliard trois cents millions de francs pour acquérir la technologie et les équipements français. Mais cette embellie n’est pas durable. Plus tard, le 23 janvier 1991, les protestations chinoises portent sur la visite à Taïwan du ministre français de l’Industrie Roger Fauroux du 5 au 10 janvier 1991 2. Une protestation chinoise est remise à l’ambassade de France en Chine, suite à la visite du ministre français. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères condamne de façon mesurée cette visite. L’Agence Chine nouvelle annonce « une protestation officielle de Beijing (Pékin) du 23 janvier contre le caractère ‘absolument inacceptable ’ de la visite à Taïwan du ministre français Roger Fauroux au début de cette année. »3 Le gouvernement chinois quant à lui, condamne une « erreur » de la part du gouvernement français, qui va à l’encontre des principes de l’amitié f ranco-chinoise de 1964 et des engagements de la France à ne reconnaître qu’une seule Chine.

En guise de réconciliation, le ministre français Jean-Marie Rausch se rend à Beijing (Pékin), à l’invitation du ministère du Commerce économique chinois, avec un groupe commercial du 28 janvier au 1 er février 1991. Cette visite scelle la reprise pleine et entière de la coopération économique sino-française, vingt mois après le refroidissement des relations bilatérales à cause de l’affaire de Tian’anmen de 1989. Les deux ministres Jean-Marie Rausch 4 et 5 discutent à Beijing (Pékin) de collaboration dans les différents domaines.

1 Œuvres choisies de Deng Xiaoping III (䙧ᇣᑇ᭛䗝 ㄀ϝो Deng Xiaoping wenxuan disanjuan ), Beijing, Editions du people (Ҏ⇥ߎ⠜⼒ Renmin chubanshe), 1993, la note n°120, pp.344-348. 2 Rogers Fauroux, minister de l’Ind ustrie, du commer ce extérieur et de l’aménagement du territoire de la France de 1988 à 1991. Sa visite à Taïwan du 5 au 10 janvier 1991 est la première visite officielle française à Taïwan depuis 1964. 3 Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao ), le 24 janvier 1991, page.1. 4 Jean-Marie Rausch était ministre du Commerce extérieur de la France de 1988 à 1991. 5 Li Lanqing ᴢቮ⏙ était ministre du Commerce extérieur de la RPC de 1990 à 1993. 229

Le 29 avril 1991, les deux ministres chinois et français des Affaires étrangères signent un accord consulaire sur forme d’échange de lettre. Le gouvernement français établit un consulat général à Guangzhou (Canton), dont la circonscription consulaire comprendra les provinces du Guangdong, de Hainan et de Fujian. Quant à la Chine, elle établit un nouveau consulat général dont le siège et circonscription consulaire seront déterminés par voie diplomatique. Et puis, un protocole financier franco-chinois de l’année 1991 est signé le 24 juin à Beijing (Pékin). Selon cet accord, le gouvernement français fournira le crédit mixte d’un montant de 2,141 milliards francs pour cinq projets.

Bien que les relations franco-chinoises entrent dans une nouvelle époque après le refroidissement causé par l’affaire de Tian’anmen, les ventes d’armes françaises à Taïwan provoquent encore une fois de plus la colère chinoises.

B) Deuxième refroidissement : les ventes d’armes françaises à Taïwan

Les relations franco-chinoises se refroidissent une fois de plus à la suite de deux contrats de vente d’armes françaises à Taïwan : Le premier contrat concerne la vente de 6 frégates à Taïwan en 1990, pour une valeur de 2 milliards de dollars. L’annonce de la vente est faite le 9 janvier 1990, son abandon date de janvier 1991, la reprise de ce contrat en août 1991 avec la Société Thomson. La deuxième porte sur la vente de 60 Mirages 2000-5 à Taïwan en 1992, pour une valeur de 3,8 milliards de dollars. Il est signé le 18 novembre 1992 avec Dassault.

Ces deux ventes sont définies par les autorités chinoises comme une trahison peu de temps après la réconciliation des événem ents de Tan’anmen. Beijing (Pékin) est très attentif à tout ce qui touche à sa sécurité. Surtout ces ventes à l’île taïwanaise signifient pour Beijing (Pékin) une intervention directe de sa politique intérieure, notamment la signature du deuxième contrat par rapport à la vente des Mirages 2000-5.

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Premier contrat, la vente de 6 frégates à Taïwan : Selon le Quotidien du peuple , la Chine s’entretient avec la France de la vente de frégates à Taïwan depuis 1989. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois déclare alors que si la France obéit aux principes de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays, elle devra abandonner ce projet, cela permettra d’améliorer et de développer les relations franco -chinoises 1. Mais, Paris et Taïwan reprennent les négociations sur la vente d’armes françaises en signant le contrat en août 1991. Du côté français, il ne s’agit que d’une affaire purement commerciale. C’est ce que déclare Roland Dumas, ministre des Relations extérieures français, à travers le communiqué du 27 septembre 1991 sur la vente de frégates sans armements : « C’est une affaire purement commerciale qui n’implique aucune relation officielle avec les autorités de Taïwan »2. Pour tenir compte des préoccupations de la Chine quant à sa sécurité et l’intégr ité du territoire, Paris réaffirme son attachement aux termes de la déclaration conjointe franco-chinoise du 27 janvier 1964 : « Le Gouvernement de la République populaire de Chine est le seul gouvernement légal de la Chine ».

Malg ré la déclaration française, dès le lendemain, le 28 septembre, l’ambassadeur de Chine en France proteste contre la vente de frégates par le gouvernement français. Beijing (Pékin) demande à celui-ci de respecter les principes noués, les relations diplomatiques, les règlements internationaux, ainsi que la promesse de ne vendre aucune arme à Taïwan, Les relations entre Paris et Taïwan doivent rester dans le cadre des échanges commerciaux, non militaire 3. Pourtant, cette vente française n’est qu’un début. Un an plus tard, le deuxième contrat de la vente de 60 Mirages 2000-5 au nez des Chinois. Tout cela suscite un regain de colère de Beijing (Pékin) pour les raisons suivantes :

1 Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao), le 24 janvier 1990, page.1. 2 La politique étrangère de la France du 27 septembre 1991, page.74. 3 Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao), le 29 septembre 1991. 231

Le gouvernement français ne tient pas sa promesse de s’abstenir de vendre des armes à Taïwan. Un deuxième contrat de la vente de 60 Mirages 2000-5 est signé le 18 novembre 1992, comme la première fois, sans écouter la protestation chinoise. Le montant du deuxième contrat est plus important que le premier : une valeur de 3,8 milliards de dollars ; le premier contrat d’une valeur de 2 milliards de dollars. Pour Beijing (Pékin), c’est une incursion grave dans ses affaires intérieures et une atteinte à la souveraineté de l’Etat, car ces chasseurs français qui renforcent d’une manière considérable les forces aériennes taïwanaises entravent la marche du « projet de l’unification de la Chine ». Ce différend provoque une vive réaction du gouvernement chinois à l’encont re du gouvernement français.

Le gouvernement chinois convoque le 26 novembre 1992 l’ambassadeur français en Chine, Charles Malo 1, pour protester contre la signature de ces contrats et exige son annulation. Le gouvernement français sera entièrement tenu pour responsable des mauvais rapports sino-français 2. Le lendemain, le porte-parole du ministère des Finances chinois déclare que ce geste interrompt le développement des projets en discussions. Il espère que la France annulera le plus vite possible le contrat avec Taïwan, en mettant en avant les intérêts communs et à long terme de ses relations avec la Chine 3. Les deux Comités des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale et de la Conférence consultative politique chinoise publient le 29 novembre les communiqués pour protester contre l’autorisation de vente de Mirages à Taïwan. Ces c ommuniqués réaffirment que celle-ci touche gravement la politique intérieure chinoise et compromet son projet d’unification avec l’île taïwanaise, en menaçant la sécurité de la Chine continentale. Ils regrettent la décision du gouvernement français qui aba ndonne l’esprit des relations diplomatiques qui étaient les siens depuis 1964, en demandant aussi au gouvernement français d’annuler ce contrat 4.

1 Charles Malo était ambassadeur de France en Chine de 1982 à 1986 et de 1989 à 1990. 2 Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao), le 27 novembre 1992, page.1. 3 Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao), le 27 novembre 1992, page.1. 4 Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao), le 27 novembre 1992, page.4. 232

Malgré les protestations du côté chinois, ce contrat n’a pas été annulé. Beijing (Pékin) trouve que la France ne respecte pas non plus sa promesse de l’année 1994 de « ne pas autoriser la vente à Taïwan des frégates, selon les principes de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays ».

Le Monde écrit le 9 janvier 1993 que le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a semblé durcir le ton, déclarant que le geste de la France avait gravement érodé la base des rapports d’amitié entre les deux pays et qu’elle ne était entièrement responsable. Le Quotidien du peuple fait état des regrets du président de la Commission mixte France-Chine, David Levitte à propos de la vente des Mirages à Taïwan : « Il a écrit au secrétaire du président de la Commission mixte France-Chine pour faire savoir que le geste français allait interrompre les échanges entre les deux pays ». Il souligne aussi que « de nombreuses entreprises françaises, sans relations avec ce contrat militaire, ont fait des efforts pour l’empêcher, en espérant garder et développer de bonnes collaborations avec la Chine »1. Le Cahier de l’I nstitut diplomatique de Chine critique le gouvernement « Mitterrand » qui ne tient compte que des intérêts immédiats, mettant à mal aux relations sino-françaises nouées depuis longtemps, et dédaignant en outre la Chine populaire 2.

Le ministre français des Relations extérieures Roland Dumas reconnaît le 19 janvier 1990 au Grand Jury RTL – Le Monde 3 que la fourniture d’avions de chasse à Taipei puisse ne pas être « une décision de caractère strictement commercial », puisqu’elle « va nécessairement affecte l’équilibre des forces dans le détroit de Taïwan ». Cependant, d’après lui, « cette décision ne devrait pas compromettre les bonnes relations avec la Chine de Beijing (Pékin). La France n’a qu’une seule politique à l’égard de la Chine, et de la seule Chine, celle de Beijing (Pékin) ». Il a toutefois rappelé que la France

1 David Levitte parle devant les journalistes chinois, vu le Quotidien du people du 13 janvier 1993, page.6. 2 Cahiers de l'Institut diplomatique de Chine(໪Ѹᄺ䰶ᄺ᡹ Waijiaoxueyuan xuebao ), Beijing, 1994, n°7-8. 3 Le Grand Jury RTL-Le Monde est une émission audiovisuelle consacrée à la politique française créée en octobre 1980 par une coopération entre la station de radio RTL et le journal Le Monde . 233

« n’admettait pas d’être » différenciée « par rapport à d’autres pays qui fournissent de l’armement à Taïwan, je pense aux Etats -Unis », que Beijing (Pékin) ménage 1.

C) La souveraineté nat ionale et la vente d’armes à Taïwan

Pourquoi les ventes d’armes françaises à Taïwan touchent -elles la politique intérieure chinoise ? Il y a quatre raisons invoquées par le gouvernement chinois : La France est un Etat souverain, elle peut vendre ses armes à un autre Etat souverain selon les règlements internationaux. Mais Taïwan est une partie intégrante de la Chine et non un Etat souverain. En outre, les relations diplomatiques franco-chinoises sont établies sur le principe d’une seule Chine, c’est la rai son pour laquelle la France ne peut pas vendre des armes à Taïwan.

Si ce geste ne menace pas directement les forces militaires chinoises, il entrave toutefois l’unification avec l’île taïwanaise. Fournir à Taïwan des armes, cela donne un signe favorable à « son indépendance » et « sa diplomatie souple». Ces deux points entravent l’ unification de la Chine.

Pourquoi les Etats-Unis n’ont -ils pas subi de telles représailles alors qu’ils vendent eux aussi des armes à Taïwan ? Pourquoi cette différence dans le traitement ? La réponse chinoise est : il y a trois communiqués conjoints sino-américains parmi lesquels celui du « 17 août 1982 » marque : « les Etats-Unis promettant la vente des armes à Taïwan, en quantité limitée et sa qualité ne peut pas dépasser le niveau précédent jusqu’ à l’arrêt total ». Devant le fait que les Etats-Unis ont décidé de vendre 150 F-16 à Taïwan, Beijing (Pékin) proteste aussi et continue à parlementer avec Washington 2. Pourtant, le Président Jiang Zemin a répondu aux questions du journaliste du Figaro le 10 septembre 1994 pendant sa visite en France. Cette clause n’existe pas dans les relations franco - chinoises, la France n’a donc aucune raison de vendre ses armes à Taïwan.

1 Le Monde , le 12 janvier 1993, page.3. 2 Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹⍋໪⠜ Renmin ribao haiwaiban ), Edition d'autres mers, le 12 septembre 1992, page. 3. 234

L’action du côté français remet en cause l’amitié franco -chinoise et rend la situation très tendue ; la Chine déclare que la France doit prendre ses responsabilités.

A cause des ventes d’armes françaises à Taïwan, le vice -ministre des Affaires étrangères chinois Jiang Enzhu 1 convoque l’ambassadeur français Charles M alo le 23 décembre 1992, pour lui annoncer la fermeture du consulat général de France à Guangzhou (Canton) d’ici un mois. Jiang Enzhu donne les raison de la fermeture du Consulat français: « le gouvernement français a permis la vente des Mirages 2000-5 à Taïwan sans prendre en compte les protestations chinoises. Cela constitue une menace sur la souveraineté et une intervention dans les affaires de la Chine. La France nuit à l’unification chinoise, détériore ainsi les relations bilatérales. Dans ces conditions, la partie chinoise fait fermer le Consulat général de France à Guangzhou (Canton). » Car « la partie chinoise considère qu’ il ne convient pas que la France continue de maintenir le Consul général à Guangzhou dans ce cas-là.»2

L’établissement du cons ulat général à Guangzhou (Canton) est né de l’accord signé à Beijing (Pékin) le 29 avril 1991 par les deux ministres des Affaires étrangères, Roland Dumas et Qian Qichen 3. La Chine possède un seul consulat général en France à Marseille, et la France possède deux consulats généraux en Chine : l’un à Shanghai et l’autre à Guangzhou (Canton). Le consulat général français à Guangzhou est fermé le 22 janvier 1993, le Monde confirme que le consul général Paul Jean Ortiz quitte le jour même Guangzhou après une mission de quatorze mois 4. Le 23 mars 1993, Qian Qichen, ministre des Affaires étrangères chinois, déclare au cours d’une conférence de presse à Beijing (Pékin) à propos de l’autorisation du gouvernement français de vente des armements à Taïwan : « La Chine e spère qu’un gouvernement de droite rectifiera les décisions erronées du cabinet Bérégovoy », faisant

1 Jiang Enzhu ྰᘽ᷅ , vice-ministre des Affaires étrangères de la RPC de 1991 à 1995. 2 Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao ), le 24 décembre 1992, page. 1. 3 Cet accord est publié dans le Journal official de la République française du 9 octobre 1991, page.13196. 4 Le Monde , le 22 janvier 1993, page.1. 235 implicitement référence à la vente d’avions de combat français à Taïwan, et il souhaite que « ce gouvernement travaille pour le renforcement des relations sino-françaises »1.

De plus, les coopérations économiques avec la France seront arrêtées, c’est le cas du projet de l’Airbus, de l’achat du blé de France, des métros de Shanghai et de Guangzhou (Canton), de la deuxième tranche de la centrale nucléaire Daya Bay, etc... Soit une valeur équivalente de 60 Mirages 2000-5 (3,8 milliards de dollars) 2. D’après Beijing (Pékin), ce sont des mesures nécessaires, mais pour Paris, il s’agit des représailles. La France, deuxième partenaire européen de la Chine est devenu quatrième à cause de ce conflit.

En février 1998, la France découvrira que l’ancien ministre des Relations extérieures Roland Dumas est impliqué dans une affaire de pots de vin ainsi que des officiers Taïwanais de haut rang et un membre du bureau du parti communiste chinois. Ce scandale politico-financier donne à réfléchir.

Pourquoi le gouvernement français continue à autoriser la vente d’armes à Taïwan malgré les protestations du gouvernement chinois ? Les points suivants tenteront d’expliquer les cons équences de ces actes : La vente d’armes de la Société Marcel Dassault est au point mort car aucun Mirage 2000 n’est vendu ces dernières années. Le gouvernement français apprécie mal la position de la RPC, à cause de la disparition de l’URSS et la défaite du communisme de l’Europe de l’Est. Il n’est pas conscient de l’importance des relations franco -chinoises dans le nouvel ordre international. En revanche, le général de Gaulle a reconnu en 1964 la RPC avec une vision prévoyante , même dans l’extrême tension entre Beijing (Pékin) et les deux superpuissances. D’après lui, les relations franco -chinoises sont importantes non seulement dans les affaires asiatiques, mais aussi dans les affaires mondiales. Mais cette idée n’ est pas suivie par ses successeurs.

1 Le Monde , le 26 mars 1993, page.26. 2 Cahiers de l'Institut diplomatique de Chine(໪Ѹᄺ䰶ᄺ᡹ Waijiaoxueyuan xuebao ), Beijing, 1994, n° 7- 8. 236

Le go uvernement français, profitant de l’évolution des pays communistes en Europe, développe les relations avec Taïwan par la vente d’armes, permettant d’influencer Beijing (Pékin) dans un certain sens. C’est aussi la tendance des pays occidentaux face à Beijing (Pékin). Après l’affaire de Tian’ anmen en 1989, la question des « droits de l’Homme » en Chine est soulevée pour la première fois à l’ONU. Dès lors, cette question sera répétée pendant six ans, dont trois fois par la France. Ensuite cette question sera reprise par le Tibet.

Une autre divergence surgit à propos du dalaï-lama : Le gouvernement chinois considère que le problème du dalaï-lama est également un problème de politique intérieure chinoise. Pour Beijing (Pékin), le Tibet est une région autonome de la RPC depuis 1951, et le dalaï-lama n’est que chef religieux du Tibet, non son gouverneur 1. Mais selon la Chine, il s’est engagé dans des activités visant à diviser le pays et à saboter l’unité nationale de la Chine depuis son refuge à l’étranger. Le dalaï- lama porte ainsi la question du Tibet au niveau international. Des hautes personnalités françaises sont allées jusqu’à recevoir le dalaï -lama en France à plusieurs reprises : Mme Danielle Mitterrand en avril 1991 ; Roland Dumas, ministre des Relations extérieures et le Président François Mitterrand le 16 novembre 1993. Ces actes touchent « les affaires intérieures chinoises », sous les yeux des dirigeants chinois, et constituent une ingérence. Le gouvernement chinois proteste donc chaque fois contre la réception du dalaï-lama en France par les hautes personnalités françaises. Le ministre des Affaires étrangères chinois exprime ses regrets par voie diplomatique et dans la presse : « Le Tibet est une partie de la Chine et que l’on ne s’ingère pas dans les a ffaires chinoises. »2 Le lendemain, Zhou Jue, ambassadeur de Chine en France, tient une conférence de presse à Paris, pour s’élever contre la demande du dalaï-lama relative à une mission d’enquête internationale au Tibet, et regrette l’attitude française.

1 Le développement de la culture tibétaine, Office d’information du Conseil des Affaires d’Etat de la ROC, Beijing, Editions Etoiles, 2000, page.34. 2 Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao), le 26 avril 1989. 237

Lors de la visite du dalaï-lama à Paris, l’ambassadeur chinois intervient fermement plusieurs fois auprès de la France pour marquer le désaccord de son gouvernement. La rencontre avec Mme. Danielle Mitterrand et la demande d’une mission d’enquête internationale au Tibet irritent profondément le gouvernement chinois : « Nous espérons que dorénavant la France fera preuve de plus de prudence dans ce qu’elle fait et que ses gestes et les actes inamicaux ne se renouvelleront plus. »1

En 1993, le changement de gouvernement français donne une occasion de réorienter la politique française vers la Chine. Jacques Chirac, gaulliste, maire de Paris et ex-Premier ministre , et Giscard d’ Estaing ex-Président de la République, manifestent une forte volonté de réconcilier Paris et Beijing (Pékin), le Président François Mitterrand reste sur ses positions.

1 Le discours de l’ambassadeur chinois à la conf érence de presse le 25 avril 1989. 238

V-3 Réconciliation des deux gouvernements (1993-1994)

L’entente nouvelle est obtenue grâce aux efforts du nouveau gouvernement français, celui d’Edouard Balladur 1.

Après la nomination d’un nouvel ambassadeur, François Plaisant, et les missions de Jacques Friedmann, Alain Peyrefitte et Claude Chayet pour une normalisation des relations franco-chinoises par un échange de lettres en janvier 1994, à l’occasi on du 30 e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques , en avril 1994, quand le Premier ministre Edouard Balladur se rend en visite officielle en Chine, tout cela permet la reprise des relations économiques et politiques, avec la visite en France de Jiang Zemin en septembre et celle de Li Peng en avril 1996. 2

Deux problèmes essentiels entre Beijing (Pékin) et Paris seront examinés : -La vente d’armes françaises à Taïwan : Edouard Balladur tient compte du délicat problème de Taïwan cher à l’E tat chinois. Les deux gouvernements publient un communiqué commun le 12 janvier 1994. Il confirme que le gouvernement français reconnaît le gouvernement chinois comme l’unique gouvernement légal de la Chine et, Taïwan comme une parte intégrale du territoire chinois. -Le regard français des droits de l’homme en Chine : Edouard Balladur considère que bien que la France soit la patrie des droits de l’homme, elle doit tenir compte des traditions et du rythme d’évolution vers la démocratie propre à chacun.

Dans ce contexte, les deux pays tournent la page et reprennent les coopérations économiques. C’est aussi a u cours de l ’année 1994 qu’est lancée « l’Initiative française pour l’Asie » par le ministre du Commerce extérieur, Gérard Longuet. Avec l’ouverture de pl usieurs postes d’expansion économique (Fidji, Cambodge, Taïwan), la présence de

1 Edouard Balladur était Premier ministre de la France de 1993 à 1995. 2 Maurice Vaïsse : LA PUISSANCE OU L’INFLUENCE , Fayard, 2009, page.479. 239 la France dans l’Asie -Pacifique s’améliore donc au début des années 1990, et la balance commerciale de la France avec ces pays est de plus en plus équilibrée. 1

A) Deux missions de Jacques Friedmann 2 en Chine

La réconciliation entre les gouvernements français et chinois avait commencé en mai 1993 avec le voyage de Valéry Giscard d’Estaing, président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale et ex -Président de la République qui avait réchauffé les relations avec la Chine. Il y eut ensuite deux missions gouvernementales françaises en Chine en juillet 1993 et en décembre 1994.

La mission de Jacques Friedmann du 9 au 14 juillet 1993 : Une délégation gouvernementale, conduite par Jacques Friedmann, conseiller du Premier ministre et ancien patron d’Air France, Jean-David Levitte 3, directeur du département d’Asie au Quai d’Orsay et un responsable du ministère de la Défense, arrive le 9 juillet à Beijing (Pékin) pour but de renouer des relations bilatérales détériorées à la suite de la vente d’armements français à Taïwan. Jacques Friedmann rencontre le 10 juillet le vice-Premier ministre Zhu Rongji 4, auquel il remet une lettre du Premier ministre français Edouard Balladur adressée à son homologue chinois Li Peng. Il justifie les ventes d’armements à Taïwan, examine ce qu’il est possible de faire afin d’améliorer relations bilatérales et promet que « Paris respectera la doctrine établie par le général de Gaulle dans les rapports avec la Chine ». Du côté chinois, Zhu Rongji souligne l’espoir que le présent gouvernement français adopte des mesures concrètes en vue de ramener les relations dans le droit chemin des principes ayant présidé à l’établissement des relations diplomatiques entre Paris et Beijing (Pékin) en 1964.

1 Maurice Vaïsse : LA PUISSANCE OU L’INFLUENCE , Fayard, 2009, page.479. 2 Jacques Friedmann était conseiller d’économie et des finances du Premier ministre français de 1993 à 1995. 3 Jean-David Levitte était directeur du département d’Asie au Quai d’Orsay de 1991 à 1994. 4 Zhu Rongji ᴅ䬩෎ était vice-ministre chargé de l'économie de la RPC de 1991 à 1997. 240

Et la deuxième mission en Chine de Jacques Friedmann du 23 au 28 décembre 1993 a deux résultats : Les deux gouvernements conviennent qu’ils doivent restaurer leurs relations d’amitié et de coopérati on traditionnelle sur la base des principes qui ont présidé à l’établissement des relations initiales. Cette visite aboutit au Communiqué conjoint du 12 janvier 1994. Dans ce communiqué, la France, pour la première fois, déclare par écrit « Taïwan comme une partie intégrale du territoire chinois », bien qu’elle reconnaisse la RPC comme seul représentant du peuple chinois depuis 1964 : « La France confirme que le gouvernement français reconnaît le gouvernement de Chine comme l’unique gouvernement légal de la Chine et Taïwan comme une partie intégrale du territoire chinois. La Chine réaffirme que la vente de quoi que ce soit à Taïwan porte atteinte à la souveraineté, à la sécurité et à la réunification de la Chine, et que le gouvernement chinois s’y oppose fer mement. Pour tenir compte de ces préoccupations, le gouvernement français s’engage à ne pas autoriser à l’avenir les entreprises françaises à participer à l’armement de Taïwan. »1 François Joyaux remarque dans sa communication sur le 30 ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques à Paris : « En définitive, c’est seulement le communiqué du 12 janvier 1994, signé par le gouvernement français et la Chine populaire qui réglé les choses en reconnaissant effectivement la légalité et la légitimité de la République populaire de Chine, l’unité de la Chine. La seule chose d’un simple point de vue historique et juridique qui soit assez difficile à admettre dans ce communiqué, est la phrase suivante : ‘sur la base des principes qui ont présidé à l’ét ablissement des relations diplomatiques en 1964, on a décidé...’ Non, les principes de 1964 étaient très loin d’aller jusqu’à cette position, qui est celle de janvier 1994, et non celle de 1964 ». 2

Un autre point ce communiqué a son importance. Il est convenu que le Premier ministre Edouard Balladur effectuera une visite officielle en Chine dans un avenir proche afin de marquer le renouveau des relations sino-françaises. Pour la Chine, cette démarche

1 La politique étrangère de la France du 12 janvier 1994, page.49. Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao), le 13 avril 1994, page.1. 2 Cahiers de la Fondation Charles de Gaulle , Paris, n°1, 1995, page.54. 241 française signifie à l’époque que le gel des relations f rançaises avec Beijing (Pékin) est terminé 1. La France fait un premier pas, l’Europe suivra. Les deux gouvernements entendent renforcer les consultations politiques, tenir des rencontres régulières et développer la coopération économique et commerciale entre les deux pays. La Chine assure que les entreprises françaises seront les bienvenues sur le marché chinois. Les deux pays tournent une nouvelle page. Pour sceller la réconciliation bilatérale, pour faire le bilan des relations détériorées à la suite de l ’affaire de Tian’anmen en 1989 et de la vente de Mirages en 1992, le ministre chinois Qian Qichen s’entretient du 22 au 24 janvier 1994 à Paris avec le Président François Mitterrand, le Premier ministre Edouard Balladur et son homologue Alain Juppé. Les deux gouvernements retrouvent leur objectif économique commun qui sera bénéfique : Qian Qichen assure que les entreprises françaises doivent occuper leur place en Chine. Edouard Balladur déclare : « Dans les mois qui viennent, nous aurons l’occasion de const ater que la France et la Chine se sont engagées dans la voie d’une coopération notamment économique, plus étroite, et nous sommes convenus qu’il y avait le plus grand intérêt que, sur le plan politique, nous nous tenions étroitement informés de nos points de vue respectifs »2. Cette rencontre marque un nouveau départ et la réconciliation franco-chinoise est un des objectifs prioritaires du gouvernement français. Elle aura été « la cerise sur le gâteau » de la normalisation entre les deux pays.

B) Après la pluie, vient le beau temps

Le ministère chinois des Affaires étrangères donne le 27 janvier à Beijing (Pékin) un banquet en l’honneur d’Alain Peyrefitte, envoyé spécial du Premier ministre français,

1 Après l’affaire de la place Tian’anmen, l e ministre français des Relations extérieures Roland Dumas déclare le 7 juin 1989 la décision française du gel de ses relations avec Beijing (Pékin) à tous les niveaux. 2 Le Monde , le 25 avril 1994, page.5. 242 pour célébrer leur 30 ème année de relations diplomatiques franco-chinoises. Les deux pays fêtent d’abord leurs retrouvailles dans une atmosphère amicale. L’ambassadeur de France en Chine, François Plaisant, et l’amiral Philippe de Gaulle y participent. Ce dernier déclare que la décision de son père, concernant l’établissement de relations diplomatiques avec la Chine, est le symbole de la politique diplomatique indépendante appliquée par la France, pays souverain. Philipe de Gaulle exprime : « Cette conviction de l’indépendance nationale est un de nos points com muns parmi les plus importants. Aujourd’hui nous devons protéger et développer les relations d’amitié que nous avons tissées en 1964. »

Concernant les relations bilatérales, la Chine espère que les entreprises françaises investiront des capitaux en Chine, et que la coopération économique s’amplifiera. Qian Qichen le souligne : « nous avons non seulement des intérêts aujourd’hui, mais enco re dans le 21 ème siècle ». Alain Peyrefitte souhaite aussi que les amitiés franco-chinoises soit éternelle. Après les brouilles, « la France et la Chine sont amies et vieilles amies »1. Ce voyage est aussi la préparation du voyage prochain du Premier ministre Edouard Balladur en Chine.

En avril 1994, à l’occasion du voyage en Chine du Premier ministre Edouard Balladur, les deux gouvernements s’accordent sur les résolutions suivantes : - Rétablir le dialogue des ministres des Affaires étrangères. - Développer l’économie dans tous les domaines. Elles sont rompues fin 1991 du fait de la vente d’armes françaises à Taïwan. Sur la qu estion des droits de l’homme, Balladur donne son opinion devant les journalistes : « la France n’a pas l’intention d’intervenir dans les affaires intérieures des autres pays. La France, patrie des droits de l’homme, attache à ce point une grande importance dans ses relations avec les autres pays. Cependant, elle tient compte des traditions, de chacun et de son stade dans l’évolution du monde 2. » Sur ce point, Edouard Balladur choisit un ton modéré et acceptable pour Beijing (Pékin). Et pas comme le gouvernement précédent, agressif face à cette question.

1 Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao), le 8 avril 1994, page.1. 2 Le Monde , le 11 avril 1994, page.1. 243

La Chine considère que cette visite est un événement majeur dans les relations franco-chinoises , car elle contribue à l’amélioration des rapports, notamment dans le domaine de l’économie. Le Président chinois Jiang Zemin 1 indique : « Si nous entretenons de bonnes relations diplomatiques, nous devrions améliorer notre collaboration économique ». Le Monde l’a commenté en ces termes : « C’est le couronnement d’une réconciliation voulue de part et d’autre, en dépi t des divergences qui demeurent. 2» A cette occasion Edouard Balladur a remis au Président Jiang Zemin une invitation du Président François Mitterrand , lui demandant d’effectuer une visite d’Etat en France.

Le développement économique fait de grands pas en avant durant cette période. A la suite de l’entretien à Paris entre le ministre français de l’Industrie Gérard Longuet 3 et le ministre chinois de l’énergie électrique Shi Dazhen 4 le 14 avril 1994, Gérard Longuet s’est rendu en Chine avec une délégation de 120 chefs d’entreprises pour la réouverture du marché chinois aux entreprises françaises du 2 au 9 juillet 1994. Une série de contrats et de projets de contrats a été signé entre les deux pays. Ceux-ci portent sur un centrale électrique de Lonhuang par GEC-Alstom5, sur la construction de cinq usines de traitement des eaux par Degrémont 6, en passant par la livraison de matériel téléphonique par la SAT ou l’importation de sérum par la PMI France-Comité Sérum et d’autres protocoles d’intention comme la construction d’un métro à Qingdao. Tout cela représente 5 milliards de francs sur plusieurs années 7.

A l’invitation du Président Mitterrand, le Président chinois Jiang Zemin effectue une visite d’Etat en France du 8 au 12 septembre. Il s’entretient avec son h omologue au

1 Jiang Zemin ∳⋑⇥ était Président de la RPC de 1993 à 2003. 2 Le Monde , le 9 avril 1994, page.1. 3 Gérard Longuet était ministre de l’Industrie de la France de 1993 à 1994. 4 Shi Dazhen ৆໻Ḷ était ministre de l'énergie électrique de la RPC de 1993 à 1998. 5 GEC-Alstom est une société basée en France, spécialisée dans les secteurs des transports, principalement ferroviaires et de la production d'énergie. 6 Degrémont est une entreprise française spécialisée dans les installations de production d’eau potable et dans le traitement des eaux usées et des boues. 7 Le Monde , le 6 juillet 1994, page.18. 244

Palais de L’Elysée dans l’espoir de renforcer la coopération. Les deux chefs d’Etat sont favorables à un développement des relations bilatérales et des questions internationales. En outre, tous deux remarquent que les deux pays se sont réconciliés après la brouille de la vente d’armes françaises à Taïwan.

La visite s’est soldée par la signature d’accords, pour un montant total de 15,8 milliards de francs, dont 2,5 milliards signés le mercredi 7 septembre répartis en 800 millions de francs de co ntrats fermes et 1,7 millions de lettres d’intentions et mémorandums. Ces 13,3 milliards de francs se décomposent en 900 millions de francs de contrats fermes, le reste, soit 12,4 promesses d’investissements français en Chine 1.

1 Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao ), le 12 septembre, 1994, page.6. Le Monde , le 13 septembre 1994. 245

C) Les lettres de notes et les accords entre 1983 et 1992

Titre : Protocole de coopération dans le domaine de la radio et de la télévision entre le Ministère des Relation extérieures de la République française et le Ministère de la Radio et de la Télévision de la République populaire de Chine (ensemble deux annexes). Date et lieu de signature : 05/05/1983 à Beijing. En vigueur

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Titre : Accord de coopération dans le domaine ferroviaire entre le Ministre des Transports de la République française et le Ministre des Chemins de Fer de la République populaire de Chine Date et lieu de signature : 27/09/1983 à Paris. En vigueur

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Titre : Accord par échange de notes entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République populaire de Chine portant confirmation de l'accord de coopération dans le domaine ferroviaire signé le 27 septembre 1983 Date et lieu de signature : 0/09/1983 à Paris. En vigueur

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Titre : Accord en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion fiscale en matière d'impôts sur le revenu entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République populaire de Chine Date et lieu de signature : 30/05/1984 à Paris. En vigueur

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Titre : Accord à long terme sur le développement des relations économiques et de la coopération entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République populaire de Chine. Date et lieu de signature : 16/04/1985 à Beijing. En vigueur

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Titre : Accord de coopération dans le domaine des voies navigables entre le ministère de l'Urbanisme, du Logement et des Transports de la République française et le ministère des Communications de la république populaire de Chine Date et lieu de signature : 04/05/1985 à Pékin. En vigueur

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Titre : Accord de coopération dans le domaine des routes entre le Ministère de l'Urbanisme, du Logement et des Transports de la République française et le Ministère des Communications de la République populaire de Chine Date et lieu de signature : 04/05/1985 à Pékin. Fin de vigueur

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Titre : Accord sous forme d'échange de lettres entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République populaire de Chine relatif à l'ouverture par chacun des deux États d'un nouveau consulat général sur le territoire de l'autre État Date et lieu de signature : 29/04/1991 à Pékin. En vigueur

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CONCLUSION

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La reconnaissance de la RPC par la France le 27 janvier 1964 est le point départ des relations diplomatiques sino-françaises contemporaines. Si la décision du général de Gaulle et du président Mao a dépassé le cadre de relations bilatérales, elle a eu des répercussions historiques sur le long terme et sur l’ensemble des relations internationales de l’époque, aussi bien dans le bloc occidental que dans celui des pays communistes. Cette initiative ouvre à la France la possibilité d’une politique chinoise et, à la RPC, une ouverture diplomatique vers les pays occidentaux. La conséquence directe de cette initiative est que le président américain Richard Nixon a dû modifier sa politique étrangère envers Beijing (Pékin). Ce qui est plus important, c’est que de Gaulle et Mao Zedong ont semé pour l’avenir, pour des récoltes futures, engrangées par leurs successeurs.

Durant plus de quarante ans, la Chine et la France ont remporté de grands succès dans la collaboration bilatérale. Les échanges commerciaux ont dépassé le milliard de dollars (1964-1965) suite à l’établissement de leurs relations diplomatiques, plaçant la France au rang de deuxième partenaire occidental de la Chine, derrière l’Angleterre ; La visite du président Georges Pompidou en Chine en

1973 enclencha une nouvelle ère dans la coopération économique bilatérale après l’impact de la Révolution culturelle. Depuis la fin des a nnées 70, la diplomatie chinoise a changé d’orientation sous l’influence de la réforme économique de Deng Xiaoping. Elle n’a plus d’ambition d’exporter la révolution, et s’est principalement tournée vers le développement

économique pour réaliser les « quatre modernisations ». Dans ce contexte, une série d’accords sino -français a été signée, en particulier l’accord scientifique et technique du 21 janvier 1978 portant sur les différents secteurs d’échanges scientifiques et techniques. Cet accord était le premier visant à effectuer des transferts de technologies à long terme vers la Chine.

Cette collaboration a été particulièrement fructueuse grâce à la mise en place d’un système de consultation politique périodique au niveau diplomatique et d’une 292 commission mi xte en vue d’amplifier les échanges économiques et commerciaux de 1975. Ce système, favorable aux échanges d’idées, dépasse le cadre idéologique des deux régimes politiques différents.

La politique extérieure française, héritée du gaullisme resta inchangée jusqu’à l’arrivée de François Mitterrand à l’Elysée en 1981.

Bien que les relations sino-françaises aient traversé une crise de près de cinq ans à la suite du mouvement de Tian’anmen (1989 -1993), la signature d’un communiqué conjoint le 12 janvier 1994 a permis de rétablir la confiance entre Beijing (Pékin) et Paris.

Certains problèmes qui entravaient une meilleure coopération entre les deux pays ont été résolus :

- Premièrement, la visite du Président François Mitterrand à Beijing (Pékin) en 1983 a réduit l’ancien désaccord portant sur le problème du Cambodge. - Puis, la signature du 16 mai 1997, de la déclaration conjointe relative à un partenariat global, ouvre un nouveau chapitre aux relations

bilatérales. - Troisièmement, après l’affrontement violent entr e la RPC et la France, causé par les ventes d’armes françaises à Taïwan, le communiqué sino-français de 1994 confirme le gouvernement chinois comme unique gouvernement légal de la Chine et Taïwan comme partie intégrale du territoire

chinois. C’était la première fois que la France l’a affirmé explicitement d’une manière écrite depuis 1964.

Ainsi, on passe d’une phase de conflits politique et idéologique à une phase de compréhension. Evidemment, les intérêts économiques des deux pays ont poussé à cette réflexion.

293

1995-2007 : Une période durant laquelle les coopérations sino-françaises se multiplient en plein essor et tous azimuts

Si la quantité et la qualité des sources et des documents publiés nous ne permettent pas de travailler sur les relations bilatérales durant cette période dans un chapitre particulier , j’essaierai encore de faire une synthèse ou un bilan de ces douze années à la fin de la conclusion, car c’est bien sous la présidence de Jacques Chirac que les relations franco-chinoises connaissent leur apogée depuis 1964, une véritable

« lune de miel » entre la France et la Chine.

Pourquoi les relations entre les deu x pays, après trente ans d’évolution pendant lesquelles on voit des coopérations ainsi que les conflits, ont-elles pris une avance considérable ? Quelles sont les politiques extérieures des deux gouvernements de cette époque ? Est-ce que c’est elles qui f avorisent les relations bilatérales ? Suivant ces questions, on essaiera de trouver la clé qui serait importante pour un bon maintien des liens entre la France et la Chine à l’avenir .

Si on réexamine cette histoire des relations franco-chinoises sous la présidence de Jaques Chirac, on sera inévitablement étonné par la fréquence et la quantité des visites officielles entre les deux pays de cette période. Selon les sources du ministère des Affaires étrangères de la France, le nombre des visites officielles effectuées par les officiers supérieurs (du côté français ainsi que du côté chinois), c’est -à-dire au moins du niveau ministériel (y compris celui de vice-ministre), est 222, y compris 4 visites d’Etat, 2 visites présidentielles supplémentaires et 6 visites des Premier ministres. Les coopérations et communications sino-françaises s’étendent dans presque tous les domaines possibles : économie, diplomatie, énergie, justice, transport, environnement, santé, enseignement supérieur, tourisme, culture, etc.

Nous revoyons ces douze ans par une simple chronologie des visites et communications entre les dirigeants des deux pays : 294

Premier mandat de Jacques Chirac (1995-2002) :

Le 7 mai 1995 : Jacques Chirac est élu président de la République française.

Le 4 juin 1996 : Visite officielle en France du Premier ministre chinois Li Peng, à l’invitation du Premier ministre français Alain Juppé. Durant cette visite, Li Peng lance pour la première fois une possibilité de construire « une relation amicale et coopérative à long terme » entre les deux pays. Les deux gouvernements ont signé 13 projets de coopérations, soit un montant de 2,4 milliards de dollars. 1

Du 25 au 31 mars 1997 : Visite en France du président de l’Assemblée nationale populaire chinoise Qiao Shi qui rencontre le président Chirac et les dirigeants du Parlement français. Cette visite renforce une communication entre l’Assemblée nationale chinoise et le Parlement français.

Du 15 au 18 mai 1997 : Première visite d’Etat en Chine du président Chirac. « C’e st la première visite en Chine du

Président français depuis 14 ans, qui signifie non seulement pour les deux Etats, mais aussi pour la communauté internationale une affaire importante. »2 Le 16 mai, les deux chefs d’Etat signent la « Déclaration conjointe franco-chinoise pour un partenariat global » qui indique : « A l'aube du XXIème siècle, le moment est venu pour la France et la Chine de prolonger cette démarche par un partenariat global à long terme visant à faire entrer les relations sino-françaises dans une nouvelle phase de développement. »3 De plus, deux autres accords sur la protection de l’environnement et sur les utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire sont signés. Les deux gouvernements promettent aussi de se coopérer dans les domaines d e l’agriculture et de l’utilisation pacifique de l’espace extra -atmosphérique.

Du 6 au 7 1998 : Visite en France du nouveau Premier ministre chinois Zhu Rongji. Il rencontre le Président de la

République, le Premier ministre français et le président de l’ Assemblée nationale . Les deux pays déclarent qu’ils sont contents des coopérations suite à l’établissement de leur relation du partenariat global. Le président Chirac

1 Le Quotidien du peule (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao ), le 15 avril, 1996. 2 Le Quotidien du peule (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao ), le 16 mai, 1997. 3 La Déclaration conjointe franco-chinoise pour un partenariat global, le 16 mai 1997 à Beijing (Pékin). 295 souligne le soutien français par rapport à l’accession chinoise à l’OMC et admire le cour age du gouvernement chinois manifesté pendant la crise économique asiatique.

Du 24 au 26 septembre 1998 : Visite en Chine du Premier ministre français Lionel Jospin.

Les deux gouvernements signent un accord par rapport à la propriété intellectuelle. Le ministère de sciences et de technologies chinois signe un accord de coopération avec Electricité De France (EDF). Et d’autres 14 accords sont signés qui représentent un montant de 345 millions de dollars. 1

Du 13 au 18 septembre 1999 : Visite en Chine du président du Sénat français Christian Poncelet. Il présente la volonté d’approfondir la communication entre les parlements des deux Etats.

Du 26 au 31 octobre 1999 : Visite d’Etat en France du président chinois Jiang Zemin. Il rencontre le président

Chirac et ils souhaitent tous les deux un développement approfondi de la relation du partenariat global entre les deux pays. L’établissement d’une ligne téléphonique entre les deux chefs d’Etat est aussi fixé, ainsi que celui d’un système de rencontres régulières des chefs d’Etat.

Du 21 au 23 janvier 2000 : Visite informelle en Chine du président Chirac à l’occasion du sommet sino -européen organisé à Beijing (Pékin). Les deux chefs d’Etat se rencontrent et conviennent d’organiser les « Années croisées culturelles Chine-France » afin de renforcer les communications culturelles et économiques entre les deux peuples.

Les deux ministres des Affaires étrangères signent un accord sur l’inauguration de la ligne téléphonique entre les deux chefs d’Etat.

Du 1 er au 5 novembre 2001 : Visite en France du vice-président chinois Hu Jintao. Lors de la rencontre avec le président Chirac, ils échangent leurs points de vue sur la situation internationale, les actions anti-terroristes et les questions en Afghanistan et en Moyen-Orien t. Ils s’accordent pour renforcer les négociations et coopérations bilatérales au niveau international, et pour intensifier les échanges dans les domaines de l’économie, de la technologie, de la culture et de l’éducation.

1 Le Quotidien du peule (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao ), le 27 septembre, 1999. 296

Deuxième mandat de Jacques Chirac (2002-2007)

Le 7 mai 2002 : Jacques Chirac est réélu président de la République française. Son homologue chinois Jiang

Zemin lui envoie une lettre de félicitation, tout en souhaitant développer les relations d’amitié entre la Chine et la

France.

Du 26 au 28 septembre 2002 : Deuxième visite en France du Premier ministre chinois Zhu Rongji. On discute sur les questions internationales et régionales d’intérêts communs. Les deux Premier ministres signent l’ « Accord de coopération culturelle entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République populaire de Chine ».

Le 29 novembre 2002 : Inauguration du Centre culturel de Chine à Paris. C’est le premier centre culturel chinois

établi dans un pays occidental.

Du 25 au 26 avril 2003 : Visite en Chine du Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin, pendant toute crise de la contagion de la pneumonie atypique. Lors de la rencontre avec son homologue chinois Wen Jiaobao, le Premier ministre chinois apprécie cette visite du Premier ministre Raffarin en exprimant : « Cette visite du Premier ministre

Raffarin au cours de la lutte du peuple chinois contre la pneumonie atypique marque une signification importante.

Elle souligne clairement une grande importance attachée aux relations franco-chinoises par la France, et représente l’amitié du peuple français pour le peuple chinois. »1 Les deux parties signent trois accords y compris un contrat de l’achat de 30 Airbus par les compagnies aériennes chinoises.

Du 1 er au 2 juin 2003 : Visite en France du nouveau président chinois Hu Jintao à l’occasion du sommet entre G8 et 7 pays en développement organisé à Evian. Il rencontre le président Chirac séparé ment. Les deux chefs d’Etat

échangent leurs points de vue sur les crises en Irak et en Corée, la confrontation israélo-palestinienne.

Le 6 octobre 2003 : Inauguration de l’année de Chine en France. Les deux chefs d’Etat expriment leurs félicitations par cet événement.

1 Le Quotidien du peule (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao ), le 26 avril 2003. 297

Du 26 au 29 janvier 2004 : Visite d’Etat en France du président Hu Jintao à l’invitation du président Chirac. Les deux chefs d’Etat signent le 27 janvier, une nouvelle « Déclaration conjointe franco-chinoise pour un partenariat global », élevant leur « partenariat global » établi en 1997 au rang de « partenariat global stratégique ». Ils s’accordent pour renforcer le multilatéralisme, accélérer la résolution des problèmes globaux et approfondir les relations bilatérales. Le président Chirac affirme la politique d’une seule Chine et son opposition à l'"indépendance de Taïwan" sous quelque forme que ce soit, ainsi que le soutien français à la réunification pacifique de la Chine.

Du 8 au 12 octobre 2004 : Deuxième visite d’Etat en Chine du président Chirac, à l’invitation du président Hu

Jintao. Les deux chefs d’Etat se discutent sur d e nombreux sujets. Ils soulignent que « l’organisation des ‘ Années croisées culturelles Chine-France’ est une innovation importante dans l’histoire des communications culturelles bilatérales, et influencera le développement des relations bilatérales à long terme. » Les deux pays conviennent de promouvoir leur partenariat à un niveau plus haut. 1

Le 9 octobre 2004 : Inauguration de l’année de France en Chine. Le président Hu Jintao et le président Chirac expriment leurs félicitations. Pendant cet événement, plus de 200 activités au sujet de culture française sont organisées dans plusieurs villes chinoises.

Du 21 au 23 avril 2005 : Visite en Chine du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Les deux gouvernements signent une vingtaine d’accords couvr ant les domaines agricole, aéronautique et énergétique.

Du 16 au 18 septembre 2005 : Visite en Chine de la délégation du Sénat français, dirigé par le président Christian

Poncelet. Cette affaire renforce d’avantage la communication et la coopération entre la

Conférence consultative politique chinoise et le Sénat français.

Du 4 au 7 décembre 2005 : Visite en France du Premier ministre Wen Jiaobao. Les deux gouvernements signent

15 accords coopératifs, concernant la finance, l’assurance sociale, la coopérat ion des petites et moyennes entreprises, le transport, la recherche scientifique, la télécommunication, l’agriculture et l’aéronautique.

1 Le Quotidien du peule (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao ), le 10 octobre 2004. 298

Du 20 au 24 avril 2006 : Visite en France du vice-premier ministre Hui Liangyu

Du 7 au 11 juin 2006 : Visite en France du vice-président de l’Assemblée nationale chinoise Wang Zhaoguo.

Du 17 au 21 juillet 2006 : Visite en France du ministre de sécurité publique Zhou Yongkang.

Du 25 au 28 octobre 2006 : Dernière visite d’Etat en Chine du président Chirac. Les deux chefs d’Etat expriment :

« leur souhait d’approfondir continuellement les coopérations dans divers domaines et de promouvoir leur partenariat stratégique global». 1 Ils signent une « Déclaration conjointe franco-chinoise » en se promettant de mettre en pla ce une série d’actions communes couvrant la politique, les relations sino -européennes, la justice, la sécurité, l’économie et la science humaine. De plus, 14 accords sur l’exploitation de l’énergie nucléaire, l’achat des Airbus et la coopération spatiale sont signés par les deux gouvernements.

De la chronologie ci-dessus, on peut trouver deux points généraux qui caractérisent les relations entre la Chine et la France de cette période :

1. Visites mutuelles très fréquentes des dirigeants de hauts niveaux. Cette fréquentation signifie non seulement l’intensification des échanges de points de vue entre eux, mais surtout le renforcement d’une confiance mutuelle politique. Dans la « Déclaration conjointe franco-chinoise pour un partenariat global » signée en 1997, on marque : « les deux parties soulignent l'importance particulière qui s'attache aux contacts étroits et réguliers entre leurs plus hautes autorités, car ceux-ci approfondissent la confiance et la connaissance mutuelles, et favorisent l'élan soutenu des relations bilatérales. Elles sont convenues d'organiser chaque année au moins une rencontre bilatérale de haut niveau, et au moins deux rencontres par an entre les ministres des Affaires étrangères. »2

1 Le Quotidien du peule (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao ), le 27 octobre 2006. 2 La Déclaration conjointe franco-chinoise pour un partenariat global, le 16 mai 1997 à Beijing (Pékin). 299

Cette convergence favorise la compréhension entre la France et la Chine sur divers questions sensibles, comme celle des droits de l’homme en Chine : « Les deux parties soulignent que les efforts tendant à promouvoir et à protéger les Droits de l'Homme doivent s'exercer dans le respect des buts et des principes de la Charte des Nations unies, ainsi que de l'universalité des Droits de l'Homme, tout en tenant pleinement compte des particularités de chacun. », la France et la Chine souhaitent que « le dialogue entre la Chine et l'Union européenne sur les Droits de l'Homme se développe de manière constructive sur la base de l'égalité et du respect mutuel, et permette le développement des échanges et de la coopération pour le renforcement de l'Etat de droit. C'est en approfondissant la compréhension mutuelle et la confiance réciproque que se réduiront les divergences. »1 Et celle de Taïwan : « Le Gouvernement français confirme sa position constante sur l’unicité de la

Chine. Il s’oppose à quelque initiative unilatérale que ce soit, y compris un référendum qui viserait à modifier le statu quo, accroîtrait les tensions dans le détroit et conduirait à l’indépendance de Taiwan. Il considère que les relations entre les deux rives du détroit doivent reposer sur un dialogue constructif afin de trouver un règlement pacifiq ue à la question de Taiwan et d’assurer la stabilité et la prospérité dans la région. »2

2. Elargissement des domaines de coopérations franco-chinoises. Grâce à l’établissement de leur relation de partenariat global en 1997, la France et la Chine déploient graduellement leurs collaborations sur la scène internationale : - Renforcement de la multipolarité - Réforme de l’ONU

1 La Déclaration conjointe franco-chinoise pour un partenariat global, le 16 mai 1997 à Beijing (Pékin). 2 La Déclaration conjointe franco-chinoise pour un partenariat global stratégique , le 27 janvier 2004 à Paris. 300

- Promotion du désarmement nucléaire - Protection de l’environnement - Lutte contre la drogue, la criminalité et le terrorisme

- Respect de la diversité culturelle.

Au niveau bilatéral, l’approfondissement des échanges commerciaux entre les deux pays entraîne également un grand développement des communications et coopérations en matière de culture, d’éducation et de technologie.

En tant que grande civilisation mondiale toutes les deux, la Chine et la France s’attirent l’une l’autre depuis très longtemps au niveau culturel. Comme ce que Gu Hongming a noté en 1914 : « The French, - well the French are the people, it seems to me, who can understand and has understood the real Chinaman and the Chinese civilization best. »1 (Je crois que ce sont les Français qui ont le mieux compris les Chinois, qui sont le plus aptes à apprécier la civilisation chinoise.)

Les échanges culturels franco-chinois ont fait un grand pas en avant sous la présidence de Jacques Chirac, et ont connu leur apogée lors des « Années croisées culturelles Chine-France » entre 2003 et 2004. Et à partir de 2006, l’ambassade de France en Chine et le Centre culturel de France à Beijing (Pékin) organisent chaque année le « Festival Croisement » en Chine.

En ce qui concerne l’éducation, le ministre français de l'Enseignement supérieur et de la Recherche et le ministre chinois de l'Education ont signé le 26 novembre 2003 un « Arrangement administratif sur les modalités de reconnaissance

1 Gu Hongming 䕰吓䫁 ( Ku Hung-ming ), L'esprit du peuple chinois (The spirit of the chinese people ), Le Quotidien de Pékin (The Peking Daily News ), 1915 ; Haikou, Editions de Hainan ( ⍋फߎ ⠜⼒ Hainan chubanshe), 1996, page.5. 301 réciproque des études et des diplômes en vue d'une poursuite d'études supérieures dans les deux Etats », qui serait prolongé en 2007. Pour favoriser les études linguistiques, l’Alliance française a co nstitué depuis l’inauguration de sa première école à Guangzhou (Canton) en 1989, 13 établissements d’enseignement du français en Chine continentale (deux autres à Hong Kong et à Macao). Et 14 Instituts Confucius sont créés en France à partir de 2005 (après l’établissement de celui à Montpellier le 19 septembre 2013, aujourd’hui il y en a 15 en totalité).

Puisque la France se maintient avancée dans les secteurs des transports, de l’aéronautique, de l’énergie et de la biotechnologie, elle est toujours l’un d es principaux pays d’origine de l’importation de technologie chinoise. Jusqu’en 2004, les deux parties ont signé 2,313 accords relatifs à l’exportation et à l’importation de technologie couvrant l’énergie nucléaire, l’intelligence artificielle, l’énergie p ropre, l’aéronautique et le transport ferroviaire, qui représentent un montant total de 12,2 milliards de dollars. 1

Même dans le domaine militaire, les collaborations franco-chinoises, qui

étaient très rares auparavant, deviennent de plus en plus fréquentes pendant les deux mandats présidentiels de Jacques Chirac. Ici on peut voir les visites mutuelles entre l’Armée Populaire de Libération (APL) et l’Armée française : Du côté chinois :

1995 : visite en France du ministre de la défense chinois Chi Haotian ;

1996 : visite en France du vice-président de la Commission militaire centrale de la RPC Liu Huaqing ;

1997 : visite en France du chef d’état -major chinois Fu Quanyou ;

1999 : visite en France du commandant en chef de l’armée de l’air chinoise Liu Shunyao ;

2001 : visite en France du commandant en chef de la marine chinoise Shi Yunsheng ;

2002 : visite en France du chef du département d’équipement de l’APL Cao Gangchuan ;

1 Source du ministère des Affaires étrangères chinois : http://www.fmprc.gov.cn/chn/wjb/zzjg/gjlb/1842/defaut/htm. 302

2004 : visites en du nouveau ministre de la défense chinois Cao Gangchuan et du nouveau chef d’état -major chinois Liang Guanglie ;

2006 : visite en France du président de la Commission militaire centrale de la RPC Guo Boxiong.

Du côté français:

1995 : visite en Chine du chef d’état -major français Jacques Lanxade ;

1997 : visites en Ch ine du ministre de la Défense français Carles Millon et du chef d’état -major français Jean-Philippe Douin ;

1999 : visite en Chine du chef d’état -major de l’armée de l’air française Jean Rannou.

2000 : visites en Chine du chef d’état -major français Jean-Pi erre Kelche et du chef d’état -major de la marine française Jean-Luc Delaunay ;

2002 : visites en Chine du chef d’état -major de l’armée de l’air française Jean -Pierre Job et du chef d’état -major de la marine française Jean-Louis Battet ;

2003 : visites en Chine du ministre de la Défense français Michèle Alliot-Marie et du chef d’état -major français Henri Bentégeat ;

2004 : visite en Chine du chef d’état -major de l’armée de l’air française Richard Wolsztynski ;

2007 : deuxième visite en Chine du ministre de la Défense français Michèle Alliot-Marie.

Le 16 mars 2004 : Première manœuvre militaire conjointe sino -française organisée en mer jaune, visant à affronter ensemble des défis de sécurité non-traditionnelle.

Finalement, il faut également noter qu’entre 19 95 et 2007, trois nouveaux consulats généraux de France sont établis en Chine, soit : - Le Consulat général de France à Wuhan le 10 octobre 1998 ;

- Le Consulat général de France à Chengdu le 18 juillet 2005 ; - Le Consulat général de France à Shenyang le 22 août 2007. Alors qu’un nouveau consulat général de Chine et établi en France : - Le Consulat général de Chine à Strasbourg le 21 mars 1997.

303

Si on cherche des raisons essentielles qui amènent cette période de « lune de miel » à la France et la RPC, trois éléments principaux émergent :

A) La multipolarité et le multilatéralisme : une stratégie commune Pendant cette époque d’après -guerre froide, si les Américains, en tant que seule superpuissance, poursuivent un monde unilatéral dominé par Washington, la RPC et la France, comme puissance émergente et puissance moyenne, cherchent à établir un monde multipolaire.

En novembre 2001, lors de son discours à l’IFRI 1, Hu Jintao, vice-président de la RPC à l’époque, exprime que « la multipolarisation est la base de la paix mondiale durable. Elle favorise la mise en place du nouvel ordre politique et économique juste et raisonnable, la réalisation de la paix et de la tranquillité mondiales, est propice à la formation d’un cadre politique international relativement stable, s timule les échanges et la coopération de divers pays basés sur le respect mutuel de l’indépendance et de la souveraineté ainsi que sur l’égalité et les avantages réciproques. »2 Le gouvernement chinois envisage de « promouvoir la multipolarisation du monde avec toute la communauté internationale, ainsi que la coexistence pacifique de diverses puissances, afin de garantir la stabilité du monde. »3

Cette attitude chinoise coïncide bien avec celle de la France du président Chirac, qui envisage d’organiser un monde multipolaire dont l’Union européenne constitue un « pôle ».

Ils s’accordent à reconnaître que « le monde d'aujourd'hui connaît une mutation profonde et évolue vers une multipolarité qui se substitue à la structure bipolaire héritée du passé. », et décident de « s'engager dans une coopération

1 IFRI : Institut Français des Relations Internationales. 2 Hu Jintao 㚵䫺⍯ , discours à l'IFRI : « La Chine et le monde au XXI ème siècle », le 5 novembre 2001. 3 Jiang Zemin ∳⋑⇥ , Rapport du XVI ème Congrès du PCC, le 17 novembre 2002 . Source de l’Agence de Chine nouvelle : http://news.xinhuanet.com/ziliao/2002-11/17/content_693542.htm 304 renforcée, de favoriser la marche vers la multipolarité, de soutenir les efforts de création de richesse et de bien-être, dans le respect de la pluralité et de l'indépendance, de contribuer à l'instauration d'un nouvel ordre international politique et économique qui soit juste et rationnel et de s'opposer à toute tentative de domination dans les affaires internationales, de telle sorte qu'advienne un monde plus prospère, plus stable, plus sûr et plus équilibré. »1 S’opposant contre l’unilatéralisme américain au plan international, surtout après la guerre irakienne en 2003, la France et la Chine rappellent plusieurs fois « leur attachement au multilatéralisme comme le moyen adapté de prévention et de règlement eff icaces des crises, en réponse aux menaces et défis d’ordre mondial et régional. »2

Le 26 octobre 2006, dans son discours à l’Université de Pékin, le président

Chirac indique : « Face au comportement de la Corée du Nord ou de l’Iran, le multilatéralisme doit être efficace. Ne rien faire nous, priverait de toute influence, de toute crédibilité et de toute légitimité. Ne rien faire, ce serait nous résigner face aux menaces à la paix et à la sécurité internationale. Ce serait encourager la tentation de l’unila téralisme dont chacun a pu mesurer les conséquences fâcheuses et les impasses. »3

B) Le maintien de l’autorité de l’ONU et le renforcement de son rôle Comme membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU toutes les deux, la France et la Chine sont attachées au rôle primordial des Nations unies en matière de préservation de la sécurité et de la paix internationale. Face aux nouveaux défis mondiaux et ré gionaux de l’époque d’après -guerre froide, les deux pays préconisent de trouver des solutions dans le cadre de l’ONU, par un moyen multilatéral.

1 La Déclaration conjointe franco-chinoise pour un partenariat global, le 16 mai 1997 à Beijing (Pékin). 2 La Déclaration conjointe franco-chinoise pour un partenariat global stratégique , le 27 janvier 2004 à Paris. 3 Jacques Chirac, Discours à l’Université de Pékin, le 26 octobre 2006. 305

Dans la même conférence de l’IFRI en 2001, Hu Jintao exprime que « dans l’histoire humaine, on n’a jamais vu a ucun établissement posséder une si large représentation, ni aucune organisation exercer une influence aussi profonde et durable sur le monde. Au nouveau siècle, l’autorité et la fonction de l’ONU doivent être sauvegardées et consolidées. »1

Comme la France, la Chine soutient aussi la réforme de l’ONU. Elles sont favorables à une réforme nécessaire et rationnelle du Conseil de sécurité, de nature à mieux l’adapter à l’évolution du monde et à renforcer sa capacité à répondre efficacement aux multiples menaces et défis actuels pour la paix et la sécurité internationales.

S’appuyant sur ces points de vue communs, elles convergent lors de diverses questions internationales, telle que la prolifération des armes de destruction massive et le terrorisme.

En 2003, face à la détermination belliqueuse de Washington, Paris et Beijing (Pékin) insistent tout les deux sur une solution politique et diplomatique pour la crise irakienne et sont soutenus par Berlin et Moscou. Dans ses Mémoires , le président Chirac justifie son « globalisme » par la nécessité de restaurer l’unité de la communauté internationale après les tensions sur l’Irak en 2003. 2

En ce qui concerne le problème climatique global, la France et la Chine rappellent leur adhésion à la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (C.C.N.U.C.C.) et leur ratification du Protocole de Kyoto. !

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!

1 Hu Jintao 㚵䫺⍯ , discours à l'IFRI : « La Chine et le monde au XXI ème siècle », le 5 novembre 2001. 2 Jacques Chirac, Mémoires, Le temps présidentiel , tome 2, Nil, 2011, page.435. 306

C) Respect de la diversité culturelle La diversité culturelle constitue un autre point commun important entre Paris et Beijing (Pékin). En janvier 2004, la France et la Chine expriment, dans la déclaration conjointe, leur attachement à la diversité culturelle du monde, tout en soutenant l’élaboration d’une convention internationale sur la diversité culturelle sous l’égide de l’UNESCO. Avec leurs efforts, cette convention est adaptée par la Conférence générale de l’UNESCO en octobre 2005 et entre en vigueur en 2007. Mais selon les télégrammes publiés par le site Wikileaks, les Américains considèrent la Convention sur la diversité culturelle de l’UNESCO comm e une machine de guerre anti-américaine et anti-libérale. 1

Enfin, l a volonté du président Chirac de maintenir l’influence française (comme pilier de l’UE) sur la scène internationale coïncide bien avec l’ambition de Beijing (Pékin) de prendre une nouvelle place mondiale qui corresponde à son économie. Et les moyens qu’ils choisissent convergent vers la même : organiser un monde multipolaire dont l’Europe et la RPC constituent deux « pôles ».

1 Pierre Grosser, « Le multilatéralisme et les questions globales », La politique étrangère de Jacques Chirac , Paris, Editions Riveneuve, 2013, page.216. 307

Représentations diplomatiques et consulaires de la France en Chine 1

1 Source de l’ambassade de France en Chine : http://www.consulfrance-pekin.org/Circonscriptions-consulaires.html 308

Représentations diplomatiques et consulaires de la RPC en France métropolitaine

309

Finalement

A la fin de cette thèse (et de mes études en France), je me pose même beaucoup plus de questions qu’au début : sur les relations sino-françaises, les problématiques, mais aussi sur la diplomatie chinoise, la société chinoise et le futur du pays. Heureusement, ces questions-là, complexe et quelquefois inquiétantes, ne m’arrêtent pas, en revanche, elles me poussent de continuer ma recherche à l’avenir.

J’espère que cette thèse qui met le point final de ma vie étudiante en France, signifie en même temps un point de départ de ma carrière professionnelle dans le domaine diplomatique en Chine.

310

ANNEXE

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CHRONOLOGIE DES RELATIONS DIPLOMATIQUES

FRANCO-CHINOISES

(1964-2007)

!"#$ $ 1964

27 janvier : Annonce d’un Communiqué conjoint franco -chinois à Paris et à Beijing (Pékin) à onze heures de Greenwich.

28 janvier : Déclaration du porte-parole du ministre chinois des Affaires étrangères : « C’est en tant que seul gouvernement légal représentant tout le peuple chinois que le gouvernement de la République populaire de Chine a entrepris des négociations et est parvenu à un accord avec le gouvernement français sur l’établissement de relations diplomatiques entre les deux pays ».

30 janvier : Le Président du Parti communiste chinois Mao Zedong reçoit une délégation parlementaire française à Beijing (Pékin).

23 février : Les représentants des gouvernements chinois et français, conduits par M M. Song Zhiguang et Claude Chayet, arrivent à Paris et à Beijing (Pékin).

27 mai : Lucien Paye, ambassadeur de la République française, arrive à Beijing (Pékin).

31 mai : L’ambassadeur français Lucien Paye présente ses lettres de créance auprès du Président de la République populaire de Chine Liu Shaoqi à Beijing (Pékin).

2 juin : Huang Zhen, ambassadeur de la République populaire de Chine en France arrive à Paris.

6 juin : L’ambassadeur Huang Zhen présente ses lettres de créance au Président de la

République française Charles de Gaulle à Paris.

19 juin : Le Président de la République française Charles de Gaulle reçoit

!"!# # l’ambassadeur chinois Huang Zhen au sujet du problème d’Indochine.

Septembre : La première Exposition technique et électronique française ouverte à

Beijing (Pékin).

Octobre : Echanges de lettres entre le Premier ministre chinois Zhou Enlai et le général de Gaulle sur le problème nucléaire.

1965

20 juillet – 5 août : Voyage en Chine de M. André Malraux , ministre d’Etat, chargé des Affaires culturelles. Il entre en conversation avec Chen Yi, ministre des Affaires

étrangères, Zhou Enlai, Premier ministre et Liu Shaoqi, Président de la République chinoise. Les dialogues abordent l’avenir du développement, les deux civilisations, le projet d’Exposition d’art chinois à Paris ainsi que la question d’Indochine.

Novembre : La grande Exposition française a lieu à Beijing (Pékin), avec 250 sociétés françaises de biens d’équipements et de gros matériel. Le premier ministre chinois Zhou Enlai fait une visite personnelle et engage la conversation avec les Français.

1966

Premier juin : Signature d’un accord relatif aux communications aériennes sino-françaises à Paris.

15 et 22 septembre : Accord par échange de notes modifiant l’article 12 de l’ accord du

1er juin 1966 relatif aux communications aériennes.

1967

Juillet : M. Huang Zhen, ambassadeur chinois en France retourne à Beijing (Pékin) pour participer à la Révolution culturelle selon la décision du Parti communiste !"#$ $ chinois.

1968

Mai : Grandes manifestations à Beijing (Pékin) pour soutenir la lutte des étudiants et des travailleurs français.

1969

26 février : La publication du Journal officiel français nommant Etienne Manac’h, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République française en Chine.

14 mars : Lucien Paye, ambassadeur français en Chine quitte Beijing (Pékin) à la fin de sa mission.

20-21 mai : Le nouvel ambassadeur de France Etienne Manac’h arrive le 20 mai à Beijing (Pékin) et M. Huang Zhen, ambassadeur de Chine rengage son poste à Paris le 21.

22 mai : Etienne Manac’h présente ses lettres de créance au Président de la République par intérim Dong Biwu à Beijing (Pékin).

13 septembre : Déclaration de l’Agence Chine nouvelle sur la dévaluation française « causée par le faible taux de croissance de l’industrie française » et par la « tempête révolutionnaire » de mai 1968, qui va entraîner la diminution du pouvoir d’achat des salariés.

25 septembre : Etienne Manac’h, ambassadeur français, est reçu par Ahou Enlai, Premier ministre chinois à Beijing (Pékin).

!"#$ $ 1970

1er mai : Entretien entre MM. Maurice Schumann, ministre français des Affaires étrangères et Huang Zhen, ambassadeur chinois en France. François-Xavier Ortoli, ministre du Développement industriel et scientifique, adresse au gouvernement chinois un message de félicitation pour le lancement du satellite chinois du 24 avril 1970.

7-21 juillet : Le ministre français du Plan et de l’Aménagement du territoire, André Bettencourt, visite la Chine à l’invitation du gouvernement chinois. C’est la première visite officielle à Beijing (Pékin) d’un membre du Gouvernement français depuis l’établissement des relations diplomatiques en 1964. Bettencourt invite, au nom de son gouvernement, Zhou Enlai, à visiter la France.

15 juillet : Le Premier ministre chinois Zhou Enlai assiste à une réception de l’Ambassade de France à l’occasion de la Fête nationale française à Beijing (Pékin). C’est un événement exceptionnel depuis l’ établissement des relations diplomatiques entre les deux pays en 1964.

5-30 octobre : Visite en Chine de M. Maurice Couve de urville, ancien Premier ministre français. Il s’entretient avec le Président Mao Zedong et le Premier ministre Zhou Enlai le 14 et le 15 pendant son séjour.

9 novembre : Mort du Général de Gaulle.

11 novembre : Message de condoléance du Président du Parti communiste chinois Mao Zedong à Mme. De Gaulle pour le décès du général, et message du Président de la Répubilque Dong Biwu et du Premier ministre Zhou Enlai au Président Georges Pompidou. Le drapeau chinois est mis en berne. Dong Biwu, Zhou Enlai, Hua Yongsheng visitent l’Ambassade de France à Beijing (Pékin) pour présenter leurs

!"#$ $ condoléances.

1971

13-31 juillet : Une mission importante d’une délégation parlementaire française en Chine conduite par Alain Peyrefitte, Président de la Commission des Affaires culturelles familiales et sociales de l’Assemblée nationale française. Cette délégation est reçue par Zhou Enlai, Premier ministre chinois et Guo Moro, vice-président de l’Asse mblée nationale chinoise.

29 septembre – 11 octobre : Visite de M. Bai Xiangguo, ministre chinois du Commerce extérieur en France. C’est une première délégation gouvernementale chinoise qui visite la France depuis 1964. Cette visite est relative aux sujets culturels et techniques. La délégation est reçue par M. André Bettencourt, ministre français du Plan et de l’Aménagement du Territoire le 30 septembre à Versailles. Et exceptionnellement reçue par le Président de la République Georges Pompidou le 1 er oct obre de la fête nationale chinoise. On s’entretient avec M. Valéry Giscard d’Estaing, ministre de l’Economie et des Finances afin de rechercher des moyens nécessaires au développement des échanges et de décider de multiplier les missions techniques bilatérales.

15 novembre : Allocution de bienvenue à la Chine populaire prononcée par le représentant de la France à l’ONU.

19-31 novembre : Voyage en Chine de M. Froment-Meurice, directeur de la section Asie du ministère des Affaires étrangères françaises.

23 décembre – 4 janvier 1972 : Pierre Mendès France, ancien ministre des Affaires étrangères français visite la Chine, et s’entretient avec les dirigeants chinois, notamment Li Xiannian le 24 et 30 décembre, Zhou Enlai, le 25 et le prince

!"#$ $ cambodgien Sihanouk le 27.

1972

18-31 janvier : Visite en Chine d’une délégation de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française conduite par son président M. de Brogile. Il rencontre M. Guo Moro, vice-président de l’Assemblée nationale populai re, Qian Guanhua, vice-ministre des Affaires étrangères et Bai Xiangguo, ministre du Commerce extérieur. La délégation est reçue par le Premier ministre Zhou Enlai.

24-31 mai : Visite en France d’une délégation technique et administrative de la République populaire de Chine.

Juillet : Visite en Chine du ministre français des Affaires étrangères, M. Maurice Schumann. Il est reçu par le Président Mao Zedong, qui apprécie hautement le développement de la Communauté européenne.

1973

15 janvier : Ouverture de l’Exposition scientifique et technique française à Shanghai, présentant un aperçu des secteurs de pointe de la recherche en France.

31 janvier : Paris et Beijing (Pékin) annoncent que Georges Pompidou, Président de la République française se rendra en visite officielle en Chine le 11 septembre 1973.

25 février : Entretien entre M. Maurice Schumann, ministre français des Affaires

étrangères, et Ji Pengfei, son homologue chinois, à la veille de l’ouverture de la conférence internationale sur le Viêt-Nam pour régler les question de procédure à Paris.

24 avril : Arrivée à Beijing (Pékin) d'une délégation française de spécialités de la !"#$ $ recherche médicale à l’invitation de l’Association des sciences médicales chinoises.

7 mai : Entretien entre Hubert Germain, ministre des Postes et Télécommunications et

Tien Chih Tung, chargé d’affaires de la République populaire de Chine à Paris.

1er -15 juin : Visite en Chine de Chaban-Delmas, ancien Premier ministre de la France. Il s'entretient avec Zhou Enlai sur les échanges des relations internationales : l’unification européenne, l’Extrême -Orient, le Japon, relations euro-américaines et relations sino-soviétiques.

6 juin : Présentation à Paris des lettres de créance du nouvel ambassadeur chinois en France, Zeng Tao.

10-13 juin : Visite en France du ministre chinois des Affaires étrangères, Ji Pengfei, dans le but de développer les relations économiques sino-françaises. Il a des entretiens successifs avec Jean Charbonnel, ministre du Développement industriel et scientifique et avec Michel Jobert sur les relations bilatérales dans les domaines industriels et scientifiques ; avec Pierre Messmer, Premier ministre, sur les différents aspects de la détente en Europe et les rapports sino-soviétiques. Il est reçu par le Président Georges Pompidou ainsi que Giscard d’Estaing, ministre de l’Economie et des Finances.

11-17 septembre : Visite d’Etat en Chine du Président de la République, Dong Biwu. Comme c’est le premier chef d’Etat occidental qui visite la Chine populaire , c’ est un

événement d’importance majeure dans les relations sino -françaises. Georges Pompidou et Mao Zedong s’entretiennent à cette occasion. Les deux pays décident de conclure « un accord maritime » et de renforcer leur coopération dans le domaine des transports aériens. Le Président Pompidou donne une conférence de presse, il offre un dîner en l’honneur de M. Zhou Enlai, et les deux pays annoncent du Communiqué commun le 14 septembre 1973.

!"#$ $ 21-30 novembre : Une délégation d’experts chinois, conduite par Yu Man, vice-ministre des Communications, visite les Chantiers de construction navale de Nantes et de Saint-Nazaire, et le complexe industriel de Fos sur mer à Marseille.

1974

22 mai-6 juin : Exposition française « Industries-Sciences-Techniques » de Beijing (Pékin) est inaugurée par M. Sudreau, Président du Comité permanent des foires et des manifestations françaises à l’étranger. 4-8 juin : Voyage à Beijing (Pékin) de M. André Bettencourt, Président du groupe d’amitié franco -chinoise de l’Assemblée national e avec une délégation parlementaire. Durant son séjour à Beijing (Pékin), il est reçu par M. Deng Xiaoping, vice-Premier ministre chinois, et il visite l’Exposition française de Beijing (Pékin).

1er octobre : Valéry Giscard d’Estaing, Président de la Répu blique française, assiste à la réception offerte par l’ambassade de Chine à Paris à l'occasion du 25 ème anniversaire de la République populaire de Chine.

11 octobre : M. Qiao Guanhua, vice-ministre chinois des Affaires étrangères, chef de la délégation chinoise à l’Assemblée générale des Nations Unies, reçu par M. Jean Sauvagnargues, ministre français des Affaires étrangères.

29 octobre : Inauguration de la liaison Paris-Beijing (Pékin) par la Compagnie chinoise de l’aviation civile (CAAC).

7-14 novembre : Visite en Chine de M. Robert Galley, ministre français de la Défense, à l’occasion de l’inauguration de la liaison aérienne Paris -Karachi-Beijing (Pékin). Il est reçu par M. Deng Xiaoping, vice-Premier ministre chinois, qui appuie la proposition de co nférence sur l’énergie de M. Giscard d’Estaing.

!"#$ $ 1975

30 janvier : M. Etienne Manac’h, ambassadeur de France en Chine, est reçu à Beijing (Pékin) par le vice-Premier ministre chinois Deng Xiaoping.

12-17 mai : Visite en France du vice-Premier ministre chinois Deng Xiaoping, accompagné de Qiao Guanhua, ministre des Affaires étrangères. C’est la première fois qu’un dirigeant chinois fait une visite d’Etat en Occident, c’est donner d’emblée à cette visite toute sa signification. Le Président Giscard d’Estaing accepte l’invitation à se rendre en Chine le 16.

24 juin-4 juillet : Visite en Chine de M. Achille-Fould, secrétaire d’Etat aux Postes,

Télégraphes et Téléphones (PTT). Entretien ave son homologue chinois, M. Zhong Fuxiang, et avec Qiao Guanhua, ministre des Affaires étrangères, Hua Guofeng, vice-Premier ministre et ministre chinois de la sécurité publique.

7-22 septembre : Visite en Chine d’une délégation de scientifiques français dirigée par

M. Bernard Grégory, directeur général du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS).

27 septembre : Entretien des ministres des Affaires étrangères français et chinois, MM. Jean Sauvagnargues et Qiao Guanhua sur les perspectives de la réunion préparatoire à la conférence sur l’énergie aux Etats -Unis à l ’occasion de la session de l’ONU.

7 novembre : Entretien à Paris de M. Soisson, secrétaire d’Etat aux Universités, avec une délégation universitaire chinoise.

19-25 novembre : Visite en Chine de M. Jean Sauvagnargues, ministre français des Affaires nationale par le Premier ministre Li Xiannian, en présence de Qiao Guanhua le 21. Il s’entretient avec Deng Xiaoping le 24, et surtout avec son homologue, Qiao

!"#$ $ Guanhua, sur la coopération bilatérale. Ce voyage sert à préparer la visite du Président de l’année p rochaine.

19-29 novembre : Visite en France du ministre chinois de la Santé, Mme. Liu Xiangping, reçue par M. Jacques Chirac, maire de Paris le 17.

20 novembre : M. Jacques Chirac reçoit un groupe de journalistes chinois à Paris. Il souligne : « La convergence des intérêts économiques et politiques de la Chine et de la France dans la mesure où les deux pays rejettent la domination des superpuissances».

1976

17-22 mars : Voyage en Chine de M. François Missoffe, ancien ministre, envoyé spécial du gouvernement français qui a des entretiens avec L Qiang, ministre du Commerce extérieur et Qiao Guanhua, ministre des Affaires étrangères chinoises.

6-13 mai : Mme. Simone Veil, ministre de la Santé, effectue une visite en Chine. Elle est reçue par le Premier ministre chinois Hua Guofeng du 6 au 8 à Beijing (Pékin) et rencontre son homologue chinois, Mme. Liu Xiangping.

5-14 juin : Visite officielle en Chine du général Méry, chef d’Etat major des Armées françaises.

9 et 13 septembre : Annonce de la mort du Président chinois Mao Zedong le 9, et message de condoléance de M. Louis de Guiringaud, ministre des Affaires étrangères français à son homologue chinois et du Président Giscard d’Estaing à Mme. Mao le

13.

Octobre : Voyage en France du ministre chinois des Affaires étrangères Qiao

!""# # Guanhua.

4-11 novembre : Voyage en Chine d’une mission de chefs d’entreprises français conduites par M. François Ceyrac, président du Conseil national du patronat français (CNPF).

15-17 décembre : Première réunion de la Commission mixte franco-chinoise à Beijing (Pékin).

1977

7-9 octobre : Le ministre chinois des Affaires étrangères Huang Hua fait une visite afin de reprendre et approfondir les échanges de vues sur l’actualité internationale et les questions bilatérales entamés au cours de leur séjour à New-York. Il est reçu par le Président de la République Giscard d’Estaing le 7, par son homologue français Louis de Guiringaud le 8.

5-12 décembre : , ministre chinois du Commerce extérieur voyage en France, dresse le bilan des échange bilatéraux, analyse les moyens de porter remède à leur déséquilibre afin de relancer la coopération économique franco-chinoise.

1978

19-24 janvier : Visite en Chine de Raymond Barre, Premier ministre français. Les deux gouvernements signent un Accord scientifique et technique le 21 janvier, portant sur les différents secteurs de leurs échanges scientifiques et techniques. C’est le premier accord scientifique et technique que la Chien signe avec l'Europe occidental, il s’agit d’un obj ectif à long terme. Raymond Barre est reçu par le Premier ministre chinois et Président du PCC Hua Guofeng. Il s’entretient également avec Deng Xiaoping.

!"!# # 2-12 mai : Voyage en France du vice-Premier ministre chinois Gu Mu, dans le but de s’informer tout particulièrement sur les techniques de pointe.

28 septembre : Entretien à New-York des ministres des Affaires étrangères français et chinois, Louis de Guiringaud et Huang Hua.

14-21 octobre : Visite en France de Fang Yi, vice-Premier ministre chinois chargé de la Commission d’Etat pour le développement des échanges dans les domaines scientifiques et techniques. Les deux gouvernements signent deux accords de coopération scientifique et technique franco-chinois : le premier est un protocole sur des projets complémentaires d’échanges scientifiques et techniques ; le second document est un accord particulier entre le CNRS et l’Académie chinoise des Sciences.

29 octobre-4 novembre : Voyage en Chine de deux délégations françaises conduites, l’une par le ministre de Culture et d’Environnement Michel d’Ornano, l’autre par le secrétaire d’Etat à l’Agriculture, M. Jacques Fauchier.

25 novembre-5 décembre : Visite en Chine de M. Jean-François Deniau, ministre français du Commerce extérieur pour la signature d’un accord franco-chinois « à long terme sur le développement des relations économiques et la coopération ». Cet accord prévoit, notamment, un volume d’échanges de 60 milliards de francs en sept ans .

1979

15-22 juillet : Visite en Chine de M. André Giraud, mi nistre français de l’Industrie.

15-22 octobre : Voyage en France de M. Hua Guofeng, c’est le premier voyage officiel d’un Premier ministre chinois en Occident depuis 1964. Les deux pays signent « un projet de développement des relations sino-françaises et d’échanges culturels »,

!"#$ $ ainsi qu’un accord d’établissement de postes consulaires. A cette occasion, M. Hua Guofeng participe à l’inauguration du Monument dédié au Premier ministre Zhou Enlai apposé sur l’Hôtel qu’il avait habité entre 1922 et 1924 à Paris.

1980

21 juin : Visite en France de Huang Hua, ministre des Affaires étrangères chinoise, qui rencontre son homologue français M. Jean-François Poncet.

9-1- juin : Visite de la vice-présidente de l’Assemblée nationale chinoise, Mme. Deng Yingchao, femme de l’ancien Premier ministre Zhou Enlai en France. C’est la première délégation de l’Assemblée nationale chinoise que se rend en France. Elle répond aux visites de parlementaires français en Chine.

15-22 octobre : Visite en Chine du Président de la République française Valért Giscard d'Estaing. Les deux gouvernements conviennent d’instaurer « un système de consultations périodiques au niveau ministériel des Affaires étrangères pour échanger les points de vue ». L’accord sur l’établissement des postes cons ulaires est signé le 17 octobre (le Consulat général de France à Shanghai et le Consulat général de Chine à Marseille seront ouverts à partir de cette date ). Un accord de principe sur la livraison par la France des équipements complets de la centrale nucléaire Daya-Bay et le renforcement de la coopération technique en ce domaine est conclu.

1981

9-14 janvier : Voyage en Chine de François Mitterrand, candidat à la présidence de la

République et Lionel Jospin, secrétaire général du Parti social français. Ils conduisent une délégation du Parti Socialiste, à l’invitation de Hu Yaobang, secrétaire général du PCC. Ils rencontrent également Li Xiannian et Deng Xiaoping, vice-président du PCC. Les deux Partis souhaitent garder leurs bonnes relations.

!"#$ $ 7-11 juillet : Visite en France du général Yang Deshi, chef d’Etat major des forces armées chinoises.

6-10 novembre : Visite de M. Michel Jobert, ministre français du Commerce extérieur en Chine.

1982

30 juillet-5 août : Visite en Chine de M. Claude Cheysson, ministre français des Relations extérieures. C’est la première rencontre politique de haut niveau des deux pays depuis le changement de majorité l’année dernière. Les questions sont abordées sur les principaux problèmes du monde et les relations bilatérales dans ce contact politique.

25 août-7 septembre : Visite en Chine du président de l’Assemblée nationale française, M. Louis Mermaz, qui signifie la première visite officielle d’un président de l’Assemblée nationale française.

14-16 octobre : Visite en Chine du secrétaire général du Parti communiste français (PCF), M. Georges Marchais. Rétablissement des rapports entre le PCF et le PCC.

1983

15 mars : Visite en France de Mme. , conseiller d’Etat et ministre du Commerce extérieur.

3-5 mai : Visite officielle en Chine du Président François Mitterrand ; signature d'un mémorandum sur la coopération bilatérale dans la centrale nucléaire et d'un protocole sur la coopération dans le secteur de la Radio-Télévision. A Shanghai, le Président français remit la Légion d'honneur à l'écrivain chinois Ba Jin.

!"#$ $ 8-16 juillet : Voyage en Chine de M. Michel Rocard, ministre français de l’Agriculture.

21-28 septembre : Chen Puru, ministre chinois du Transport des chemins de fer, effectue une visite en France. Les ministres chinois et français des Transports MM. Chen Puru et Charles Fiterman signent l’accord dans le domaine ferroviaire le 27 septembre, comme référence à l’accord intergouvernemental scientifique et technique du 21 janvier 1978 et l’accord intergo uvernemental à long terme sur le développement des relations économiques et sur la coopération du 4 décembre 1978.

1984

26 janvier : La Chine et la France publient une déclaration commune à l’occasion de 20 ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques franco-chinoises. Vingt ans après la reprise des relations officielles, ces relations sont confiantes.

5-6 avril : Visite en France du ministre chinois des Affaires étrangères Wu Xueqian.

Cette visite se décompose en deux parties : la première traite des relations bilatérales franco-chinoises, y sont ainsi confirmés la qualité et l’intensité des relations entre les deux pays, déjà démontrées par les nombreuses visites ministérielles réciproques au cours des derniers mois, et qui le seront de nouveau à l’occasion de la prochaine venue à Paris du Premier ministre chinois Zhao Ziyang. La deuxième est consacrée à la Communauté économique européenne.

30 mai-3 juin : Visite en France du Premier ministre chinois, Zhao Ziyang, et reçu par le Président François Mitterrand et le Premier ministre Pierre Mauroy. Les deux gouvernements signent un accord en vue d’éviter les doubles impositions et de prévenir l’évasion fiscale en matière d’impôts sur le revenu, et un accord sur l’encouragement et la protect in réciproques des investissements le 30 mai. Ces deux accords accélèrent et protègent le développement économique entre les deux pays.

!"#$ $ Des accords de coopération dans le domaine nucléaire signé en 1983 et dans celui des transports et des télécommunications sont conclus à cette occasion.

1985

19-16 avril : Visite à Beijing (Pékin) de Mme. Edith Cresson, ministre français du Redéploiement industriel et du Commerce extérieur pour la signature d’un accord à long terme sur le développement des relations économiques et de la coopération entre la France et la Chine. Cet accord de coopération économique signé le 16 avril à Beijing (Pékin) avec le ministre des Relations économiques et commerciales étrangères Zheng Tuobin, se fera dans les domaines de l’énergie (en particulier la production d’électricité de toutes origines, le pétrole et le charbon), ainsi que l’information, le transport ferroviaire, automobile et aéronautique.

3-12 mai : Visite en Chine de Paul Quilès, ministre de l’Urbanisme, des Transports et du Logement. Deux accords sont signés avec le ministre chinois des Communications Qian Yongchang le 4 mai à Beijing (Pékin) : coopération dans le domaine des routes et coopération dans les voies navigables, ils se réfèrent à l’accord intergouvernemental scien tifique et technique du 21 janvier 1978 et à l’accord intergouvernemental à long terme sur le développement des relations économiques et de la coopération du 16 avril 1985.

29 août-3 septembre : Visite en Chine du ministre français des Relations extérieures Roland Dumas à l’invitation de son homologue chinois, Wu Xueqian et reçu par Deng Xiaoping. Il s’entretient avec le Premier ministre sur les problèmes plus généraux tels que l’évolution de la Chine et les perspectives économiques au cours du second seme stre 1985 et l’année 1986 ; avec le ministre du Commerce extérieur Zheng

Tuobin au sujet des relations bilatérales et les échanges commerciaux, en compagnie de l’ensemble de la délégation et des représentants des secteurs de pointe de l’économie française. Il donne une conférence de presse le 30.

!"#$ $

11-13 décembre : Visite en France du vice-Premier ministre chinois Li Peng.

1986

16-19 juin : Visite en France du secrétaire général du PCC, Hu Yaobang. Pour la première fois dans l’histoire des relations franco -chinoises, le secrétaire général du PCC effectue un voyage en France, illustrant l’ excellence des rapports franco-chinois. M. Hu est reçu par François Mitterrand, Président de la République, et Jacques Chirac, Premier ministre français. La conférence de presse conjoint du Président Mitterrand et de Hu Yaobang a lieu à Paris le 19. Hu Yaobang a transmis à Jacques Chirac une invitation que ce dernier devrait honorer dans le courant de l’année.

20-23 décembre : Visite en Chine du ministre français du Commerce extérieur, Michel Noir.

1987

10-13 janvier : Visite en Chine de Didier Guiringaud, secrétaire d’Etat français aux affaires étrangères.

10-14 mars : Visite en Chine de René Monory, ministre français de l’Education nationale.

3-5 mai : Voyage à Beijing (Pékin) de Jean-Bernard Raimond, ministre français des Affaires étrangères pour la relance des échanges entre la France et la Chine. C’est la première visite politique d’un ministre français en Chine depuis la constitution du nouveau gouvernement français en mars 1986. Les deux ministres des Affaires étrangères signent « un accord d’entraide judiciaire en matière civile et commerciale » le 4 mai. Il est reçu par Zhao Ziyang, Premier ministre, et Deng Xiaoping, président de la Commission consultative du PCC. !"#$ $ 8-14 juillet : Visite en Chine de Michel Noir, ministre délégué chargé du commerce extérieur.

28-31 juillet : Visite en Chine de Didier Guiringaud, secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères.

20-22 août : Visite en Chine du secrétaire d’Etat à la Défense Jacques Boyon pour la discussion d’un projet de texte portant sur la coopération entre les deux pays en matière d’armement et de défense. Le premier accord doit permettre le développement des échanges entre responsables militaires ainsi qu’une coopération dans le domaine de l’armement ; un second accord, plus technique, consacré au secteur de l’armement, doit être rapidement conclu.

9-13 novembre : Visite en France de Li Xiannian, Président de la République populaire de Chine. Pour la première fois dans l ’histoire, la France reçoit sur son sol le chef d’Etat chinois. Ce voyage fait suite à l’invitation du Président François Mitterrand qui lui-même s’était rendu en visite en Chine du 3 au 7 mai 1983. Li Xiannian assiste, en compagnie de Jacques Chirac, Premier ministre, et Edouard

Balladur, ministre de l’Economie, des Finances et de la Privatisation, à la signature du protocole financier franco-chinois pour 1987, qui se monte à 747 millions de francs.

1988

23-30 janvier : Voyage en Chine de Pierre Méhaignerie, ministre de l’Equipement, du Logement, de l’Aménagement du territoire et des Transports, accompagné d’une importante délégation d’industriels français, à l’invitation du ministre chinois de l’Urbanisme et de la Construction, Ye Rutang. Ses rencontres avec les autorités municipales de ces deux villes, Shanghai et Canton, portent notamment sur des projets de construction de métros.

!!"# # 3 mars : Un nouveau protocole financier signé à Beijing (Pékin), 1,3 milliard de francs de crédits à long terme et à faible taux d’intérêts par Jean -Pascal Breaufret, sous-directeur du Trésor au ministère des Finances français, et Liu Zhicheng, vice-ministre du Commerce extérieur de Chine. Il porte à 5,34 milliards de francs le montant des crédits d’aide au développeme nt accordés par la France à la Chine depuis la signature, en 1985, d’un accord -cadre, en référence à l’accord à long terme sur le développement des relations économiques et de la coopération. Les projets concernés sont : une centrale thermique construite au Sichuan par Alsthom, une usine chimique de Technip, des usines de transformation des déchets de brasserie en aliments pour bétail, une conservatrice de fruits et légumes et des équipements de traitements des eaux à Nanjing (Nankin).

15-16 mars : Entretien des ministres des Affaires étrangères chinois et français, Wu

Xueqian et Jean-Bernard Raimond, au cours d’un dîner offert en l’honneur du premier pendant son bref séjour à Paris.

21 septembre : Michel Pelege, directeur d’un groupe immobilier français, annonce, le 21 septembre, à Beijing (Pékin) la signature d’un accord avec les autorités chinoises pour la construction du centre français international de Beijing (Pékin). Ce contrat des crédits d’un montant de 630 millions de francs environ. Ce vaste ense mble immobilier, conçu par l’architecte Michel Herbert, situé en plein cœur de la ville, comportera 80,000 mètres carrés de bureaux, de commerces, d’appartements de haut standing pour les banques et organismes financiers internationaux.

24-26 octobre : Visite en France du ministre chinois du Commerce extérieur M. Zheng Tuobin, signature de plusieurs contrats avec des firmes français et octroi par Paris d’une nouvelle tranche de crédit de 682 millions de francs. Ces nouveaux crédits serviront à financer des projets moyens d’équipements dans les secteurs prioritaires pour les Chinois que sont les industries de base, l’énergie, la chimie, les transports, les télécommunications, ainsi que l’agroalimentaire et le traitement des eaux urbaines. !!"# # 10 octobre : Accord sino-français sur la transmission d’émissions radiophoniques.

1989

12-14 janvier : Visite à Paris du ministre chinois des Affaires étrangères Qian Qichen à l’invitation de son homologue français M. Roland Dumas, et la signature d’un accord créant un second consulat général français à Guangzhou (Canton) par les deux minist res. Le lieu où sera installée la mission chinoise n’a pas été déterminé. Les entretiens de Qian Qichen portent aussi sur la question du Cambodge : « si Paris et Beijing (Pékin) s’accordent pour soutenir le prince Sihanouk, ils diffèrent sur le rôle à accorder aux Khmers rouge. »

26 janvier : François Mitterrand et Yang Shangkun, Présidents des deux pays, Roland Dumas et Qian Qichen, ministres des Affaires étrangères se sont envoyés mutuellement les messages à l’occasion du vingt -cinquième anniversaire de l’établissement des relations officielles franco -chinoises.

28 janvier : Charles Malo est nommé ambassadeur de France en Chine.

24 avril : Le ministre chinois des Affaires étrangères exprime ses regrets, par voie diplomatique et de presse à propos de la visite du Dalaï-lama à Paris et de la rencontre de celui-ci avec Mme. Danielle Mitterrand, cette visite irrite profondément Beijing

(Pékin).

25 avril : Zhou Jue, ambassadeur de Chine en France, tient une conférence de presse à Paris pour s’élever la dema nde du Dalaï-lama d’une mission d’enquête internationale au Tibet. Il regrette que des personnalités françaises de haut rang soient allées jusqu’à recevoir le Dalaï-lama et aient fait des remarques qui constituent une ingérence dans les affaires intérieures chinoises.

!!"# # 25-27 avril : Visite en Chine de Mme. Edwige Avice, ministre délégué français aux Affaires étrangères.

6 juin : Michel Rocard, Premier ministre français, annonce le gel des relations avec la Chine au cours du débat de censure à l’Assemblée n ationale : « Il est clair que nous entendons geler dès maintenant les relations à tous les niveaux avec la République populaire de Chine », en conséquence des événements de la Place Tiananmen en Chine. L’Hôtel Matignon fait savoir dans la soirée du même jo ur que le gel ne touche que les relations politiques et diplomatiques, « il n’y aura plus aucun contact entre le Président de la République, le Premier ministre et les membres du gouvernement avec les dirigeants chinois. Si les membres de la CEE préfèrent une position commune, la France pourrait l’adopter».

7 juin : Annonce de Roland Dumas, ministre français des Affaires étrangères, sur le gel des relations avec Beijing (Pékin) devant l’Assemblée nationale.

7 juin à Bruxelles-Madrid : Déclaration des Douze sur la Chine. Les douze pays membre de la CEE condamnent fermement la violente répression exercée contre des manifestants et les pertes en vie humaines.

21 juin : Déclaration du Président de la République française François Mitterrand sur la situation chinoise.

23 juin : Communiqué du ministère français des Affaires étrangères sur la situation des étudiants chinois en France, et démenti selon laquelle la France aurait refusé l’asile politique à des étudiants chinois.

26-27 juin : Déclaration du conseil européen sur la Chine (à Madrid).

6 juillet : Condamnation française de la Chine devant les Nations Unies. !!!" " 7 juillet : Protestation de Beijing (Pékin) contre la diffusion en France de l’interview d’opposants chinois.

7 juillet : L’ambassadeur de France à Beijing (Pékin), Charles Malo, est convoqué au ministère chinois des Affaires étrangères à la suite de l’interview sur Antenne 2 et de la diffusion dans la presse française d’une déclaration en fuite de l’opposition Yan jiaqi et Wuer Kaixi, « criminels » faisant l’objet d’un avis de recherche de la police de Beijing (Pékin).

14-16 juillet : Déclaration du Sommet de l’Arche sur la Chine.

16 juillet : Annonce du ministère français de l’Economie et des Finances du gel d’un prêt public de 830 millions de francs.

30 juillet : Rencontre des deux ministres des Affaires étrangères français et chinois à Paris en marge de la conférence de Paris sur le Cambodge imbroglio franco-chinois.

31 juillet : Protestation du gouvernement chinois sur les déclarations des « Sept ». Le ministère chinois des Affaires étrangères convoque l’ambassadeur de France à Beijing (Pékin), Charles Malo, pour lui faire-part d’une protestation officielle de la Chine contre des déclarations des « Sept » lors du sommet de Paris à propos des événements de Beijing (Pékin) du mois de juin.

19 septembre : Le ministère chinois des Affaires étrangères convoque, l’ambassadeur français à Beijing (Pékin), Charles Malo pour protester fermement contre l’intervention policière dans l’Aéroport de Paris : « Le gouvernement chinois demande au gouvernement français d’empêcher immédiatement tout interrogatoire des passagers chinois, en conséquence des événements de Tiananmen, par la police des frontières de l’Aéroport de Paris. »

!!"# # 22 septembre : Zhou Jue, ambassadeur de Chine en France, proteste au gouvernement français contre la tenue dans la Capitale française du Congrès constitutif de la Fédération démocratique chinoise (FDC).

25 septembre : Le ministère chinois des Affaires étrangères convoque l’ambassa deur de France en Chine, Charles Malo, à propos du soutien du gouvernement français aux activités hostile au gouvernement chinois.

26 septembre : Le Quotidien du peuple chinois proteste contre le gouvernement français. Le gouvernement chinois demande au gouvernement français de cesser immédiatement ses ingérence dans les affaires intérieures chinoises et d’empêcher séance tenante toutes autres activités du Front Démocratique Chinois (FDC) à partir du territoire français.

19 octobre ; Le ministre français des Affaires étrangères, Roland Dumas, rappelle aux exilés chinois leur obligations de réserve. Il a indiqué que « la France ne peut admettre sur son territoire des activités politiques contre un gouvernement avec lequel elle entretient des relations diplomatiques », « cela a également été confirmé » au ministre chinois des Affaires étrangères, Qian Qichen, qu’il rencontre le 29 septembre en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New -York.

31 octobre : Selon Le Monde , le gouvernement chinois proteste, pour la quinzième fois, « demandant à la France de mettre au terme aux activités sur son territoire du

FDC, en particulier l’opération « Faxez la liberté », lancée le 26 octobre par la FDC en collaboration avec l’hebdomadaire Actuel .

18-22 décembre : Visite en Chine du secrétaire national adjoint du Parti socialiste français, Gérard le Gall. Il rencontre Qiao Shi, membre du Bureau politique du PCC, mercredi 20 en abordant le thème des relations entre les deux Partis. Il souhaite que les efforts des deux pays mènent ç une amélioration des relations diplomatiques. !!"# # 1990

11 janvier : Déclaration du ministère des Affaires étrangères chinois à propos de la vente des frégates à Taïwan. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré par rapport à la décision française de ne pas autoriser la vente des frégates à Taïwan, obéir aux principes de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Cela sera favorable et permettra d’améliorer et de développer les relations bilatérales.

27 février : Charles Malo, ambassadeur de France à Beijing (Pékin), est convoqué. Le motif des accusations dans le domaine des droits de l’homme, ainsi que l’expulsion d’une journaliste française, Danielle Loustallot et son interprète Fabienne Goldberg.

Selon la presse officielle chinoise, ils ont « violé les règlements, régissant le travail des journalistes en Chine ».

3 mars : Confirmation de la reprise des échanges français avec la Chine. Le Premier ministre français, Michel Rocard, confirme au quotidien japonais Nihon Keizai , la reprise des échanges avec Beijing (Pékin) : « les sanctions économiques face à un pays qui a de tels moyens d’autarcie ne semblent pas très efficaces, de sorte que nous reprendrons progressivement un commerce que nous n’avions pas vraiment interrompu ».

11 avril : Protestation de l’ambassadeur de Chine à Paris contre l’accueil d’une dissidente chinoise, Chai Ling et contre le futur lancement d’un bateau radio.

25 avril : Report de la visite à Beijing (Pékin) de l ’envoyé spécial du Premier ministre français, Jean de Lipkowski.

5-6 septembre : Visite en France du vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Tian Cengpei, à l'invitation du Ministère français des Affaires étrangères.

!!"# # 27 septembre : Rencontre des deux ministres des Affaires étrangères, Qian Qichen et Roland Dumas, au cours d’une réunion de l’ONU à Paris. Roland Dumas déclare à cette occasion que « la France veut garder et développer ses relations avec la Chine ».

19 décembre : Signature d’un contrat pour la création d’une société mixte franco-chinoise. Le Président du groupe PSA et d’automobiles Citroën, Jacques Calvet, et Chen Qingtai, Président de la société chinoise SAW signent un contrat pour la création d’une société mixte, après trois ans de n égociation. Le projet de Citroën porte sur la construction annuelle de 150,000 voitures de type ZX, la dernière-née du constructeur français dans deux usines installées à Wuhan et à Xiangfan. La production devrait démarrer en 1995. L’investissement de Citr oën, estimé à 4 millions de francs, est le plus gros contrat des entreprises françaises depuis 1964.

1991

10 janvier : Protestation mesurée de Beijing (Pékin) à la suite de la visite du ministre français de l’Industrie, Roger Fauroux, à Taïwan. Le porte -parole du ministère chinois des Affaires étrangères condamne la visite de façon mesurée. Il s’agit d’une « erreur inacceptable qui va à l’encontre des principes ayant présidé à l’établissement des relations diplomatiques franco-chinoises » en 1964 et « des engagements de la France à ne pas reconnaître qu’une seule Chine ».

14-19 janvier : Visite du vice-Premier ministre chargé de la Planification de l’Etat, Zou Jiahua, à l’invitation du ministre français du Commerce extérieur Jean -Marie Rausch. Il est le premier membre du gouvernement chinois reçu officiellement par la France depuis le refroidissement en 1989. Les entretiens portent sur l’ensemble de la coopération économique franco-chinoise, après la reprise des protocoles financiers permettant aux industri es françaises d’exporter en Chine.

28 janvier-1er février : Le ministre français du Commerce extérieur Jean-Marie

!!"# # Rausch, à l’invitation du ministère chinois du Commerce extérieur, se rend en visite officielle en Chine avec un groupe commercial. Cette visite scelle, à la satisfaction de Beijing (Pékin), la reprise pleine et entière de la coopération franco-chinoise, vingt mois après le refroidissement des relations franco-chinoise. Les deux ministres du Commerce extérieur discutent pour les collaborations dans les différents domaines.

2-8 février : La délégation, accompagnée du président du Comité de Stimulation commerciale internationale de Chine, Zhen Hongye, à l’invitation du Comité des

Stimulations économiques française, effectuent une visite en France. Les deux comités ont signé le 6 février un accord portant sur la collaboration économique entre les deux pays. Ils organisent ensemble à Paris le 6 février une conférence au sujet de l’avenir de l’économie chinoise, faisant savoir ses succès après l’ouverture de la politique de la Chine. Le Président du Comité de France rend compte de ce développement et il souligne son optimisme à porpos du développement économique chinois.

4-10 mars : Visite du secrétaire général du Rassemblement pour la République française (RPR), Alain Juppé en Chine à l'invitation du PCC et reçu par le Président de la République de Chine Jiang Zemin.

5 mars : Le ministre chinois de l’Industrie de la Mécanique et de l’Electricité, He Guanyan, à l’invitation du directeur général de la Compagnie Citroën, participe à la cérémonie du lancement de la première Citroën ZX en France.

20-22 mars : Visite en Chine de Thierry de Guiringaud, secrétaire d’Etat français chargé des relations culturelles internationales à l'invitation du ministère chinois des Affaires étrangères. Il s’entretient notamment avec Wu Wueqian, vice-Premier ministre chinois, et Qian Qichen, ministre chinois des Affaires étrangères. Thierry

Guiringaud annonce le jeudi 21 que le chef de la diplomatie française M. Roland Dumas se rendra à son tour en Chine dans les mois qui viennent. La visite de Roland !!"# # Dumas consacrera la normalisation des relations franco-chinoise dans tous les domaines.

13-18 avril : Voyage en France de Zhu Rongji, vice-Premier ministre chinois et maire de Shanghai, accompagné d’une délégation de la mun icipalité de Shanghai, à l’invitation du ministre français du Travail Jean -Pierre Soisson. Il est reçu par Michel Rocard, Premier ministre français, Roland Dumas, ministre français des Affaires étrangères, Jean-Pierre Soisson, Jean-Marie Rausch, ministre français du Commerce extérieur et Maurice Faure, ministre de l’Industrie.

29 avril-1er mai : Visite en Chine du ministre français des Affaires étrangères, Roland Dumas, à l'invitation de son homologue chinois. On signe un accord consulaire sur forme d’échange de lettre du 29 avril. Le gouvernement français établit un consulat général à Guangzhou (Canton), dont la circonscription consulaire comprendra les provinces du Guangdong, de Hainan et du Fujian; le gouvernement chinois établit un nouveau consulat général dont le siège et la circonscription consulaire seront déterminés par voie diplomatique.

28 mai-4 juin : Voyage en France du vice-ministre chinois de l’Industrie du textile, Wang Cenjing, accompagné d’une délégation de l'industrie du textile, à l’invitation du Comité des fabricants de machines textiles français.

17-24 juin : Visite en France du ministre chinois des ressources humaines, Zhao

Dongwan, à l’invitation du ministre français du Travail Jean -Pierre Soisson.

24 juin : La banque BNP signe un accord d’une aide de 2 milliards de francs à la Chine pour la période 1991-1995.

25 juin : Signature du protocole financier franco-chinois de l’année à Beijing (Pékin). D’après cet accord, le gouvernement français fournira le crédit mixte d’un montant de !!"# # 2,141 milliards francs pour cinq projets.

28 juin : La Compagnie Air France a ouvert la nouvelle ligne d’avion de Paris à

Beijing (Pékin) en passant par Ribéria.

20-25 juillet : Visite du président du Comité financier du Sénat français, Christian Poncelet en Chine à l’invitation du Comité national de la Conférence consultative politique du Peuple chinois.

7-17 septembre : Visite du président du Comité des Chambres de l’Assemblée nationale française, Paul Girond, accompagné d’un groupe en Chine.

23 septembre : Les deux ministres des Affaires étrangères, MM. Qian Qichen et

Roland Dumas, se r encontrent à l’occasion de la participation à la session de l’ONU.

27 septembre : Communiqué du ministère des Affaires étrangères françaises sur la vente de frégates sans armement à Taïwan. Le gouvernement français décide d’autoriser les industriels franç ais à entreprendre des négociations avec Taïwan sur la vente de frégates sans armement. Il publie un communiqué, en déclarant que c’est une affaire purement commerciale qui n’implique aucune relation officielle avec les autorités de Taïwan. Pour tenir compte des préoccupations de la Chine concernant sa sécurité et l’intégrité du territoire, la France réaffirme les termes de la déclaration conjointe franco-chinoise de janvier 1964 que « le gouvernement de la République populaire de Chine est le seule gouvernement légal de la Chine ».

22 octobre : Rencontre des deux ministres des Affaires étrangères chinois et français, Qian Qichen et Roland Dumas à l’occasion de la session internationale sur le problème du Cambodge à Paris. Ils abordent la situation internationale et les relations franco-chinoises. 30 octobre-8 novembre : Visite en France du vice-ministre chinois de l’Industrie !"#$ $ chimique Lin Yincai, accompagné d’une délégation du domaine chimique.

1er -7 novembre : Voyage en Chine de Jacques Chirac, maire de P aris, à l’invitation du

Comité diplomatique du peuple chinois. Il est reçu par le Président de la République chinoise Jiang Zemin.

18-24 novembre : Visite en Chine du secrétaire d’Etat français aux Affaires étrangères Alain Vivien, à l’invitation du vice-ministre chinois des Affaires étrangères Tian

Zengbei. Il évoque la question des droits de l’homme et conteste la conception chinoise des droits de l’homme « selon lequel ces droits seraient liés au degré de développement de chaque pays et aux spécifiés nationales ». Il a qualifié d’ « insuffisant » le Livre blanc présent récemment par Beijing (Pékin).

9-15 décembre : Voyage de Li Shuzhen, vice-ministre chinois des Relations extérieures du Comité central du PCC en France et entretiens avec des responsables français des Partis communiste et socialiste à Paris.

9-15 décembre : Voyage en France du ministre chinois du Chemin de fer et des voies ferrées, Li Senmao. Signature d’un accord auxiliaire de collaboration dans le domaine ferroviaire.

11-17 décembre : Visite en France de la délégation de la Région autonome mongole intérieure de Chine et signature du protocole de la collaboration technique avec la

Société française Astraux.

17-20 décembre : Dominique Strauss-Kahn, ministre de l’Industrie française, participe à la 9 ème réunion de la Société mixte France-Chine à Beijing (Pékin), à l’invitation du ministre chionis du Commerce extérieur Li Lanqing. Il est aussi reçu par le Premier ministre chinois Li Peng.

!"#$ $ 1992

31 janvier : Rencontre du Président de la République française François Mitterrand et du Premier ministre chinois Li Peng à l’occasion du banquet au Sommet du Conseil de sécurité de l’ONU.

11 avril : Citroën conclu les derniers accords qui lui permettent de produire et de commercialiser en Chine à travers une société mixte.

31 juillet-1er août : Visite à Beijing (Pékin) du ministre de l’Industrie et du Commerce extérieur Dominique Strauss-Kahn.

2 septembre : Protestation de la France contre l’arrestation d’un dissident et l’expulsion de deux journalistes français des autorités chinoises. Le Quai d’Orsay regrette la mesure prise contre les journalistes français.

11-18 septembre : Visite en France du vice-ministre chinois du Commerce extérieur

Gu Yongjiang.

26 novembre : Tian Zengbei, vice-ministre chinois des Affaires étrangères convoque Charles Malo, ambassadeur français à Beijing (Pékin), pour protester contre la signature du contrat de vente des Mirages 2000-5 à Taïwan. Il demande au gouvernement français d’annuler ce contrat, la vente des Mir ages 2000-5 étant considérée comme une intervention grave dans les affaires intérieures chinoises et dans la souveraineté de l’Etat. Elle s’oppose à la cause de l’unification de la Chine.

27 novembre : Déclaration du porte-parole du ministre des Finances et des échanges chinois à propos de la signature du contrat de la vente des Mirages français à Taïwan. Il indique que la vente des Mirages à Taïwan est intervenue dans les relations des échanges entre la Chine et la France ; et qu'elle interrompt le développement des

!"#$ $ projets en discussions. Il espère que la France annulera le plus rapidement possible le contrat avec Taïwan, en mettant en avant les intérêts communs et à long terme avec la Chine.

29 novembre : Communiqués des deux Comités des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale du peuple et de la Conférence consultative politique chionis contre l’autorisation de vente de Mirages à Taïwan. Ils soulignent que la livraison des Mirages 2000 à Taïwan nuit gravement à la politique intérieure de la Chine et à la réunification avec Taïwan, en menaçant la sécurité de la Chine continentale.

23 décembre : Jiang Enzhu, vice-ministre des Affaires étrangères chinois, évoque l’ambassadeur français Charles Malo, pour lui signifier la fermeture du consulat général à Guangzhou (Canton) d’ici un mois, en déclarant : « la partie chinoise considère que la France possède le Consulat général seul à Guangzhou dans ce cas-là, il ne convient pas de continuer cette situation. »

1993

7 janvier : Le Quai d’Orsay confirme les déclarations diplomatiques chinoises selon lesquelles la France aurait récemment informé Beijing (Pékin) de l’autorisation donnée à l’exportation de soixante Mirage 2000 -5 à Taïwan. Beijing (Pékin) considère cette vente comme un acte grave d’ingérence dans les affaires intérieures chinoise. Le même jour, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois semble durcir le ton, déclarant que le geste de la France détériore gravement les rapports d’amitié entre les deux pays.

10 janvier : Le ministre français des Affaires étrangères Roland Dumas, déclare au

Grand Jury RTL-Le Monde que « la fourniture d’avions de chasse à Taipei devrait être considérée comme une décision à caractère commercial, puisqu’elle ne va pas nécessairement affecter l’équilibre des forces dans le détroit de Taïwan », « cette

!"!# # décision ne devrait pas compromettre les bonnes relations entre la Chine. La France n’a qu’une seule politique à l’égard de la Chine, et de la seule Chine, celle de Beijing (Pékin) ».

22 janvier : Fermeture par le gouvernement chinois du Consulat général français de Guangzhou (Canton) conformément à sa décision du 23 décembre 1992.

23 mars : Qian Qichen, ministre chinois des Affaires étrangères, déclare au cours d’une conférence de presse à Beijing (Pékin) : La Chine espère qu'un gouvernement de droite en France rectifiera les décisions erronées du cabinet Bérégovoy, faisant implicitement référence à la vente d’avions de combat français à Taïwan. Il souhaite que ce gouvernement travaille pour le renforcement des relations sino-françaises.

12-16 mai : Voyage en Chine de Valéry Giscard d’Estaing, Président de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française pour réchauffer des relations avec la Chine. Il rencontre les plus hauts dirigeants chinois tels que Jiang Zemin, Président chinois, Zhu Rongji, vice-Premier ministre. Il estime que le gouvernement français devait se donner les moyens politiques de rétablir avec la Chine populaire, un climat de confiance permettant d’imprimer une nouv elle impulsion aux relations très dégradées.

2 juin : Déclaration des Douze sur le Tibet en vue de soutenir la protestation des minorités.

9-14 juillet : La délégation conduite par trois émissaires, Jacques Fridemann, conseiller du Premier ministre et ancien patron d’Air France, Jean -David Levitte, directeur du département d’Asie au Quai d’Orsay et un responsable du ministère de la Défense, est arrivé le 9 juillet à Beijing (Pékin) pour expliquer les ventes d’amrements

à Taïwan et examiner ce qu’il est possible de faire afin d’améliorer les relations bilatérales. Jacuqes Fridmann rencontre le samedi 10, Zhu Rongji, vice-Premier !""# # ministre chinois, auquel il remet une lettre du Premier ministre français Edouard Balladur au Premier ministre chinois Li Peng. Zhu souligne l’espoir que le présent gouvernement français adopte des mesures concrètes en vue de ramener les relations dans le droit chemin sur la base des principes ayant présidé à l’établissement des relations diplomatiques sino-françaises en 1964.

16 novembre : Entretien à Paris entre le Président français François Mitterrand et le Dalaï-lama.

25 novembre : Protestation de la Chine contre l’entretien privée accordée le 16 novembre par le Président Mitterrand au Dalaï-lama, s’agissant d’une ingérence. La Chine considère que le Dalaï-lama s’engager depuis longtemps dans des activités visant à diviser la patrie et à saboter l’unité nationale.

23-28 décembre : Visite en Chine de Jacques Friedmann, envoyé spécial du Premier ministre français Edouard Ballad ur pour la normalisation des relations d’amitié et de coopération. La Chine réaffirme sa position de principe concernant le problème de Taïwan, c'est-à-dire que « le gouvernement français reconnaît le gouvernement de la

République populaire de Chine comme l’unique gouvernement légal de la Chine et Taïwan comme une partie intégrante du territoire chinois ».

1994

12 janvier : Communiqué conjoint de Paris et de Beijing (Pékin) à propos de la normalisation des relations entre les deux pays. Les deux gouvernements arrivent aux conclusions suivantes : « La partie française confirme qu’elle reconnaît le gouvernement de la République populaire de Chine comme l’unique gouvernement légal de la Chine, et Taïwan comme une partie intégrante du territoire chinois. La partie chinoise réaffirme de son côté que la vente d’armes de quelque type que ce soit à Taïwan porte atteinte à sa souveraineté, à la sécurité et à la réunification de la Chine.

!"#$ $ Le gouvernement chinois s’y oppose fermement. Pour tenir compte de ces préoccupa tions, le gouvernement français s’engage à ne pas autoriser à l’avenir les entreprises françaises à participer à l’armement de Taïwan. Edouard Balladur effectuera une visite officielle en Chine dans un avenir proche pour un nouveau départ des relations franco-chinoises.

22-24 janvier : Qian Qichen s’entretient à Paris avec le Président François Mitterrand, le Premier ministre Edouard Balladur et le ministre des Affaires Alain Juppé pour scelle la réconciliation bilatérale et, faire le bilan des relations détériorées. Le Président Mitterrand souhaite donner un tour nouveau aux relations bilatérales. Il souhaite également que les deux pays s’engagent dans la voie d’une coopération notamment économique, plus étroite.

27 janvier : Célébration du trentième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Le ministère chinois des Affaires étrangères a donné à Beijing (Pékin) un banquet en l’honneur d’Alain Peyrefitte, envoyé spécial du Premier ministre français. Le chef de la diplomatie chinoise Qian Qichen confirme au banquet que le Président Mao Zedong et le général de Gaulle ont eu la clairvoyance politique d’établir des relations diplomatiques il y a trente ans : « C’est parce que nous avons des points communs dans certaines affaires internationales. Nous avons non seulement des intérêts aujourd’hui, mais encore dans le 21 ème siècle. Nous gardons de bonnes relations amicales, et ce sera favorable à la paix et à la stabilité dans le monde ». De son côté Alain Peyrefitte souhaite des amitiés franco-chinoises « éternelles ». Et le fils du général de Gaulle, Philippe de Gaulle, gé néral d’armée de la marine déclare que la décision de son père est le symbole d’une politique diplomatique indépendante appliquée par la France, pays souverain. Cette indépendance nationale est un de nos points communs parmi les plus importants. Aujourd’hui nous devons protéger et développer les relations d’amitié que nous avons tissées depuis 1964. »

!"#$ $ 7-10 avril : Le Premier ministre français Edouard Balladur fait un voyage en Chine afin de rétablir le dialogue interrompu depuis 1991. Il est reçu par le Président chinois Jiang Zemin, son homologue chinois Li Peng et le ministre des Affaires étrangères

Qian Qichen. Li Peng souligne que « nous admirons les efforts fait par le Premier ministre Edouard Balladur ». D’ici sept ans, la Chine importe pour une valeu r de mille milliards de Dollars. Cela donnera l’occasion à chacun des pays de développer des relations économiques, notamment dans les domaines des communications, de l’industrie, de l’énergie et des télécommunications où les entreprises françaises sont pr ioritaires. A propos de la question des droits de l’homme, Edouard Balladur indique que « la France n’a pas l’intention d’intervenir dans les affaires intérieures des autres pays. Cependant, il est possible de discuter des droits de l’homme sur une base d’ égalité ». Le Premier ministre français souligne devant les journalistes : « L’importance que la France, patrie des droits de l’homme, attache au respect des droits de l’homme dans ses relations avec les différents pays au monde. Mais, il faut pour cela tenir compte des traditions de chacun et du rythme de m’évolution propre à chacun ». Le Président chinois Jiang Zemin déclare que « nous avons des points communs dans les affaires internationales et non des conflits d’intérêts et que si nous entretenons de b onnes relations diplomatiques, nous devrions améliorer notre collaboration économique ». A cette occasion, Edouard Balladur remet au Président chinois une invitation du Président Mitterrand proposant une visite d’Etat en France.

14 avril : Entretien à Par is entre Gérard Longuet, ministre français de l’Industrie des

Postes et Télécommunications et du Commerce extérieur et Shi Dazhen, ministre chinois de l’énergie électrique.

2-9 juillet : Gérard Longuet se rend en Chine avec une délégation de 120 chefs d’e ntreprises français avec pour enjeu la réouverture du marché chinois aux entreprises françaises. Ils sont reçus par le Président Jiang Zemin. Le 4 juillet une série de contrats et de projets sur plusieurs années est signée entre les deux pays pour !"#$ $ un montant global de 6,8 milliards de francs.

8-12 septembre : Le Président Jiang Zemin effectue une visite d’Etat en France à l’invitation du Président Mitterrand afin d’entretenir la réconciliation des deux pays. Le lendemain, le Président Mitterrand accueille son homologue chinois à l’Aéroport d’Orly où il déclare souhaiter que nos deux pays retrouvent un climat de sérénité et de travail. Le Président Jiang Zemin déclare : « Les rapports entre les deux pays se sont rétablis et rengagés dans la bonne voie d’un d éveloppement favorable après avoir traversé une période de vicissitude », « profondément conscient de l’importance qu’il y a une préserve les bonnes relations de coopération et de la nécessité de renforcer la coopération et les échanges ». La visite du Pré sident chinois s’est soldée par la signature d’accords pour une montant total de 15,8 milliards de francs, dont 2,5 milliards signé mercredi 7 septembre répartis en 800 millions de contrats fermes et 1,7 millions de lettres d’intention et mémorandum. Ces 1 3,3 milliards de francs se décomposent en 900 millions de contrats fermes, le reste, soit 12,4 milliards de francs n’étant que des lettres d’intentions et des promesses d’in vestissements français en Chine.

!"#$ $

INDEX DES NOMS DE PERSONNES

!"#$ $ Achille-Fould Aymar : 321 Alliot-Marie Michèle : 303 Avice Edwige : 333

Ba Jin : 326 Bai Xiangguo : 153, 154, 317, 318 Bailly Jean : 154 Balladur Edouard : 239, 240, 241, 242, 243, 244, 330, 345, 346, 347

Barre Raymond : 173, 178, 323 Barthes Roland : 131 Battet Jean-Louis : 303 Beaufret Jean-Pascal : 331 Beaumarchais Jacques de : 105

Bentégeat Henri : 303 Bérégovoy Pierre : 235, 344 Bettencourt André : 152, 316, 317, 320 Bonaparte Napoléon : 15 Bouissou Michel : 97

Boyon Jacques : 330 Brejnev Léonid : 216

Cain Julien : 60 Calvet Jacques : 337

Cao Gangchuan : 302, 303 Ceyrac François : 323 Chaban-Delmas Jacques : 155, 219, 319 Chai Ling : 336 Chaine Christine : 90

Chamant Jean : 154 Charbonnel Jean : 319 !"#$ $ Chayet Claude : 110, 131, 239, 313 Chen Geng : 43 Chen Lemin : 72

Chen Muhua : 326 Chen Puru : 327 Chen Qingtai : 337 Chen Yi : 80, 82, 130, 314 Cheysson Claude : 214, 326

Chi Haotian : 302 Chirac Jacques : 13,15, 219, 237, 294, 295, 296, 302, 305, 306, 307, 322, 329, 330, 341 Cogan Charles : 116 Couve de Murville Maurice : 96, 119, 120, 154, 316

Cresson Edith : 328

Delaunay Jean-Luc : 303 Deng Xiaoping : 61, 123, 169, 170, 171, 172, 173, 180, 181, 215, 217, 223, 224, 226, 227, 228, 292, 320, 321, 323, 325, 328, 329

Deng Yingchao : 176, 325 Deniau Jean-François : 174, 175, 324 Domenach Jean Luc : 130, 217 Dong Biwu : 315, 316 Douin Jean-Philippe : 303

Duhamel Jacques : 97 Dumas Roland : 225, 226, 231, 233, 235, 237, 328, 332, 333, 335, 337, 338, 339, 340, 343

Eisenhower Dwight David : 53, 66, 67, 74

Eyraud Henri : 131

!"#$ $ Fang Yi : 174, 324 Fauchier Jacques : 174, 324 Faure Edgar : 11, 14, 55, 61, 77, 78, 79, 80, 82, 89, 91, 92, 93, 94, 95, 96, 97, 98, 99,

100, 101, 102, 104, 105, 109, 116, 118 Faure Lucie : 60 Faure Maurice : 339 Fauroux Roger : 228, 337 Férier Gilles : 40

Fiterman Charles : 327 François-Poncet Jean : 176 Friedmann Jacques : 239, 240, 241, 344, 345 Froment-Meurice Henri : 317 Fu Quanyou : 302

Gall Gérard le : 225 Galley Robert : 320 Garret Martin : 61, 62, 106, 117 Gaulle Charles de : 11, 12, 14,28, 34, 55, 56, 57, 58, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 65, 66, 67,

68, 69, 71, 72, 73, 76, 77, 79, 80, 82, 83, 84, 85, 86, 91, 92, 94, 96, 99, 100, 102, 103, 104, 105, 106, 108, 109. 110, 111, 114, 115, 116, 117, 118, 120, 127, 128, 133, 134, 150, 151, 159, 161, 166, 176, 180, 217, 236, 240, 292, 313, 314, 316, 325, 346 Gaulle Philippe de : 243, 346 Georges-Picot Guillaume : 80

Germain Hubert : 319 Giraud André : 324 Girond Paul : 340 Giscard d’Estaing Valéry : 154, 166, 170, 171, 172, 173, 175, 176, 177, 182, 237, 240, 317, 320, 321, 322, 344

Goldberg Fabienne : 336 Gorbatchev Mikhaïl : 216, 217 !"#$ $ Grégory Bernard : 321 Gu Hongming : 301 Gu Mu : 173, 324

Gu Yongjiang : 342 Guillermaz Jacques : 50, 104 Guiringaud Didier : 329, 330 Guiringaud Louis de : 322, 323, 324 Guiringaud Thierry de : 338

Guo Boxiong : 303 Guo Moro : 153, 317, 318

Hamon Léo : 78 Hao Yufan : 67

Harrison William Kelly : 45 He Guanyan : 338 Herbert Michel : 331 Hô Chi Minh : 38, 39, 40, 42, 48, 49, 57, 58 Hu Jintao : 296, 304, 306

Hu Yaobang : 211, 219, 325, 329 Hua Guofeng : 170, 173, 175, 321, 322, 323, 324, 325 Hua Yongsheng : 316 Huang Hua : 173, 175, 323, 324, 325 Huang Zhen : 110, 126, 150, 151, 313, 314, 315, 316

Ikeda Hayato : 117

Jean-Ortiz Paul : 235 Ji Pengfei : 154, 318, 319

Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek) : 18, 21, 22, 40, 76. 80, 89, 90, 94, 96,102, 103, 104, 162 !"!# # Jiang Enzhu : 235, 343 Jiang Zemin : 234, 239, 244, 296, 338, 341, 344, 347, 348 Job Jean-Pierre : 303

Jobert Michel : 154, 319, 326 Jospin Lionel : 296, 325 Jouve Edmond : 83, 101 Joyaux François : 53, 97, 119, 241 Juppé Alain : 242, 295, 338, 346

Kelche Jean-Pierre : 303 Kennedy John : 58 Khrouchtchev Nikita : 28, 67, 68, 73, 74, 75, 132 Kissinger Henry : 118, 134

Kristeva Julia : 131

Lanxade Jacques : 303 Levitte Jean-David : 233, 240, 344 Li Lanqing : 228, 341

Li Peng : 239, 240, 295, 329, 341, 342, 345, 347 Li Qiang : 322, 323 Li Qingquan : 105 Li Shuzhen : 341 Li Senmao : 341

Li Xiannian : 155, 172, 219, 317, 321, 325, 330 Liang Guanglie : 303 Lin Yincai : 341 Lipkowski Jean de : 336 Liu Huaqing : 302

Liu Shan : 132 Liu Shaoqi : 313, 314 !"#$ $ Liu Shunyao : 302 Liu Xiangping : 322 Liu Ziqing : 72

Liu Zhicheng : 331 Longuet Gérard : 239, 244 Loustallot Danielle : 336, 347

MacArthur Douglas : 44

Malo Charles : 232, 332, 334, 335, 336, 342, 343 Manac’h Etienne : 50, 71, 76, 104, 119, 150, 151, 315, 321 Mao Zedong (Mao Tse-tung) : 11, 21, 28, 29, 30, 33, 34, 42, 46, 54, 55, 58, 67, 69, 73, 74, 76, 77, 79, 82, 86, 89, 99, 103, 104, 111, 115, 120, 122, 123, 125, 130, 134, 151, 152, 153, 154, 155, 157, 169, 175, 180, 292, 313, 316, 318, 319, 322, 346

Malraux André : 314 Marchais Georges : 326 Marshall Georges : 64 Mauroy Pierre : 327 Méhaignerie Pierre : 220, 330

Mendès France Pierre : 12,26, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 77, 78, 80, 154, 317 Mermaz Louis : 326 Méry Guy : 322 Messmer Pierre : 319 Millon Carles : 303

Missoffe François : 322 Mitterrand Danielle : 237, 238, 332 Mitterrand François : 10, 13,14, 82, 211, 213, 218, 219, 225, 237, 238, 242, 244, 293, 325, 326, 327, 329, 330, 332, 333, 342, 345, 346, 348 Monory René : 329

Montigny Charles de : 10 Morel-Francoz Robert : 73 !""# #

Nam Il : 45 Nasser Gamal Abdel : 19, 52

Nehru Jawaharlal : 12, 32, 49, 51 Nie Rongzhen : 130 Nixon Richard : 67, 118, 119, 134, 153, 157, 292 Noir Michel : 329, 330

d’Ornano Michel : 174, 32 Ortoli François-Xavier : 316

Paye Lucien : 313, 315 Pechkoff Zinovi : 103

Pelege Michel : 331 Peng Dehuai : 44 Peyrefitte Alain : 15, 57, 59, 60, 66, 81, 96, 105, 106, 131, 153, 156, 239, 242, 243, 317, 346 Plaisant François : 239, 243

Pompidou George : 133, 134, 150, 151, 152, 153, 154, 155, 156, 157, 158, 162, 176, 180, 292, 317, 318, 319 Poncelet Christian : 296, 325, 340

Qian Yongchang : 328

Qian Qichen : 226, 235, 242, 243, 331, 335, 337, 338, 340, 344, 346, 347 Qiao Guanhua : 155, 172, 173, 318, 320, 321, 322 Qiao Shi : 295, 335 Quilès Paul : 328

Raimond Jean-Bernard : 329, 331 Rannou Jean : 303 !"#$ $ Rausch Jean-Marie : 228, 337, 339 Richer Philippe : 217 Rocard Michel : 224, 327, 333, 336, 339

Rogers William : 160

Saint-Mleux André : 72 Sauvagnargues Jean : 172, 173, 320, 321 Scheyven Louis : 72

Schumann Maurice : 153, 162, 316, 318 Shi Dazhen : 244, 347 Shi Yunsheng : 302 Soisson Jean-Pierre : 321, 339 Sollers Philippe : 131

Song Zhiguang : 313 Soulitskaïa Tatiana : 113 Staline Joseph : 28, 73 Strauss-Kahn Dominique : 341 Sudreau Pierre : 320

Tanaka Kakuei : 157 Tian Zengbei : 336, 341, 342 Truman Harry : 24, 41, 42

Vaïsse Maurice : 33, 102, 131 Veil Simone : 322

Vivien Alain : 341

Wang Cenjing : 339 Wei Guoqin : 42 !"#$ $ Wolsztynski Richard : 303 Wu Xueqian : 327, 328, 331, 338 Wuer Kaixi : 228, 334

Xu Xiangqian : 130

Yan Jiaqi : 228 Yang Deshi : 326

Yang Shangkun : 332 Ye Jianying : 130, 334 Ye Rutang : 330 Yu Man : 320

Zeng Tao : 319 Zhang Xichang : 15, 59, 60, 82, 99, 100, 127 Zhao Dongwan : 339 Zhao Ziyang : 219, 327, 329 Zhen Hongye : 338

Zheng Tuobin : 328, 331 Zhong Fuxiang : 321 Zhou Enlai : 12, 14, 21,26, 32, 40, 44, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55, 60, 66, 67, 72, 77, 78, 79, 80, 89, 90, 92, 93, 94, 95, 98, 99, 100, 101, 105, 129, 152, 153, 155, 156, 157, 169, 175, 176, 314, 315, 316, 318, 319, 325

Zhou Jue : 237, 332, 335 Zhou Rongyao : 72 Zhou Xinxin : 132 Zhu Lin : 82 Zhu Rongji : 240, 295, 339, 343, 344, 345

Zou Jiahua : 337

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PARTIE FRANÇAISE

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PARTIE CHINOISE

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Mao Zedong ↯⋑ϰ , Œuvres choisies de Mao Zedong, tome V (↯⋑ϰ䗝䲚 ㄀Ѩो Maozedong xuanji diwujuan ), Beijing, Editions du peuple ( Ҏ⇥ߎ⠜⼒ Renmin chubanshe),1977, 500 p. Œuvres diplomatiques choisies de Mao Zedong (↯⋑ϰ໪Ѹ᭛䗝 Maozedong waijiaowenxuan ), Beijing, Editions du Centre documentaire ( Ё༂᭛⤂ߎ⠜⼒ Zhongyang wenxian chubanshe), 1994, 658 p.

Zhou Enlai ਼ᘽᴹ , Œuvres choisies de Zhou Enlai vol.2 (਼ᘽᴹ䗝䲚ϟो Zhouenlai xuanji xiajuan ), Editions du peuple ( Ҏ⇥ߎ⠜⼒ Renmin chubanshe), 1984, 535 p. Œuvres diplomatiques choisies de Zhou Enlai (਼ᘽᴹ໪Ѹ᭛䗝 Zhouenlai waijiao xuanji ), Beijing, Editions du Centre documentaire ( Ё༂᭛⤂ߎ⠜⼒ Zhongyang wenxian chubanshe), 1990, 556 p.

Peng Dehuai ᕁᖋᗔ , Mémoires de Peng Dehuai (ᕁᖋᗔ㞾䗄 Pengdehuai zishu ), Beijing, Editions du peuple ( Ҏ⇥ߎ⠜⼒ Renmin chubanshe), 1981, 300 p.

Zhang Xichang ᓴ䫵ᯠ , Troisième essor pour établir les relations diplomatiques de la RPC (݅੠೑㄀ϝ⃵ᓎѸ催╂ gongheguo disanci jianjiao gaochao ), Beijing, Editions de Presses Connaissances universelles (Ϫ⬠ⶹ䆚ߎ⠜⼒ shijie zhishi chubanshe) , 1998, page.41.

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C) Ouvrages et articles

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GU Weijun 乒㓈䩻 , Mémoires de Gu Weijun (乒㓈䩻ಲᖚᔩ Guweijun huiyilu ), Beijing, Librairie de Chine ( Ёढкሔ Zhonghua shuju), 1983, 442 p.

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D) Périodiques chinois

Le Quotidien du people (Ҏ⇥᮹᡹ Renmin ribao ), Beijing, Agence Chine nouvelle ( ᮄढ 䗮䆃⼒ Xinhua tongxunshe) : du 19 janvier 1950, du 13 avril 1950, du 29 juin 1950, du 10 septembre 1955, du 4 avril 1956, du 29 décembre 1956, du 20 juillet 1959, du 22 mai 1961, du 20 juillet 1963, du 31 juillet 1963, du 28 janvier 1964, du 12 septembre 1973, du 21 janvier 1975, du 30 mars 1983, du 26 avril 1989, du 26 septembre 1989, du 24 janvier 1990, du 24 janvier 1991, du 29 septembre 1991, du 27 novembre 1992, du 24 décembre 1992, du 8 novembre 1993, du 13 avril 1994, du 12 septembre, 1994, du 15

379 avril, 1996, du 16 mai, 1997, du 27 septembre, 1999, du 26 avril 2003, du 8 octobre, 2003, du 30 août, 2004, du 10 octobre 2004, du 27 octobre 2006.

Le Quotidien du peule Edition d'autres mer (Ҏ⇥᮹᡹⍋໪⠜ Renmin ribao haiwaiban ), du 12 septembre 1992 et du 12 décembre, 2003.

Revue Liao Wang (ⶁᳯ Liao Wang ), Beijing, Agence Chine nouvelle ( ᮄढ䗮䆃⼒ Xinhua tongxunshe), n°35, 1992.

Revue Recherches de l'Europe de l’Ouest (㽓⃻ⷨお Xiou yanjiu ), Beijing, Centre de recherches de l’Europe de l’Ouest de l’Académie des Sciences sociales de Chine, n°5, 1990. Revue Enseignement de l'histoire (ग़৆ᬭᄺ Lishijiaoxue ), Tianjin, Editions de l’Université de Nankai ( फᓔ໻ᄺߎ⠜⼒ Nankai daxue chubanshe), 1997.

Articles sur l'histoire française (⊩೑৆䆎᭛䲚 Faguoshi lunwenji ), rédigés par le Centre de recherches de l’histoire française de Chine ( Ё೑⊩೑৆ⷨおӮ Zhongguo faguoshi yanjiuhui), Beijing, Editions Sanlian ( ϝ㘨кᑫ Sanlian shudian), 1984.

Cahiers de l'Institut diplomatique de Chine( ໪Ѹᄺ䰶ᄺ᡹ Waijiaoxueyuan xuebao ), Beijing, 1994, n°7-8.

Journal mensuel de Chine nouvelle (ᮄढ᳜᡹ Xinhua yuebao ), Beijing, n°4, 1950, Journal mensuel de Chine nouvelle (ᮄढ᳜᡹ Xinhua yuebao ), Beijing, n°5, 1954, Journal mensuel de Chine nouvelle (ᮄढ᳜᡹ Xinhua yuebao ), Beijing, n°8, 1954,

Etudes françaises (⊩೑ⷨお Faguo yanjiu ), Wuhan, Centre des hautes études françaises de l'Université de Wuhan ( ℺∝໻ᄺ⊩೑ⷨお᠔ Zuhan daxue faguo yanjiusuo), n°3, 1984.

380

E) Allocutions et discours

HU Jintao 㚵䫺⍯ , discours à l'IFRI : « La Chine et le monde au XXI ème siècle », le 5 novembre 2001. Le discours devant la dixième conférence des représentants diplomatiques chinois à l'étranger ( ㄀क⃵偏໪Փ㡖Ӯ䆂 Dishicizhuwai shijiehuiyi), le 25 août 2004.

Qian Qichen 䪅݊⧯ , Discours du ministre des Affaires étrangères dans le colloque sur la pensée diplomatique de Mao Zedong en octobre 1993.

WEN Jiabao ⏽ᆊᅱ , Discours à l'Université de Harvard le 12 décembre, 2003.

ZHOU Enlai ਼ᘽᴹ , La déclaration et la note verbale du ministre des Affaires étrangères chinois en janvier 1950, La déclaration du Premier ministre de la RPC, le 28 juin 1950. Discours à propos de l’Indochine à la conférence de Genève le 9 juin 1954 . Allocution du Premier ministre Zhou Enlai du 11 septembre 1973

381

PARTIE AMERICAINE

382

A) Ouvrages et articles

BUZAN Barry, LITTLE Richard, INTERNATIONAL SYSTEMS IN WORLD HISTORY , Presses de Formation Supérieure, 2006. 472 pages.

HUNTINGTON Samuel, The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order, Simon & Schuster, 1996, 368 p.

GARRET Martin, Playing the China Card ? Revisiting France’s Recognition of Communist China, 1963 –1964 , Journal of Cold War Studies Vol. 10, No.1, Hiver 2008.

NYE Joseph, UNDERSTANDING INTERNATIONAL CONFLICTS , Beijing, Presses de l'Université de Pékin, 2005, 276 p.

SHAMBAUGH David, SANDSCHNEIDER Eberhard, ZHOU Hong, China-Europe Relations : Perceptions, Polices and Prospects , Routledge, 2007, 368 p.

B) Sources officielles

Foreign Relations of the United States of 1950 , vol.1 , Office of the Historian in the United States Department of State.

383

TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS ...... 2

REMARQUES PRELIMINAIRES ...... 4

RESUME...... 5

SOMMAIRE ...... 7

INTRODUCTION ...... 9

PREMIER CHAPITRE RELATIONS EXTERIEURES DE LA NOUVELLE REPUBLIQUE CHINOISE DE 1949 A 1964 ...... 17

I-1 LA NOUVELLE REPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE ET SA POSITION INTERNATIONALE DE 1949-1964 ...... 19 A) La reconnaissance de la RPC : Question délicate pour la communauté internationale ...... 21 B) Dans une atmosphère tendue avec Moscou et Washington, B eijing se rapproche vers l’Europe occidentale ...... 26 I-2 LA POLITIQUE EXTERIEURE DE LA RPC DE 1949 A 1964 ...... 29 A) La politique extérieure chinoise de 1949 à 1955 ...... 30 B) La politique extérieure de la RPC de 1955 à 1964 ...... 32

CHAPITRE II DE L’OPP OS ITION AU RAPPROCHEMENT : RAPPORTS ENTRE LA CHINE POPULAIRE ET LA FRANCE AVANT 1964...... 37

II-1 OPPOSITION ENTRE BEIJING ET PARIS DANS LES CONFLITS D ’I NDOCHINE , DE COREE ET DE LA DECOLONISATION ...... 38 A) La première guerre d’Indochine (1946 -1954)...... 38 B) La guerre de Corée (1950-1953) ...... 43 C) Premier pas franchi entre Paris et Beijing (Pékin) à la conférence de Genève...... 46 D) Le retour des tensions entre Paris et Beijing (Pékin) après la conférence de Bandung de 1955 ...... 51 II-2 RAPPROCHEMENT DE LA RPC ET LA FRANCE ...... 56 A) Stratégie diplomatique du général de Gaulle...... 56 B) Double refus des hégémonies par Paris et Beijing (Pékin) ...... 69 C) Beijing (Pékin), vers les liens avec Paris...... 76

CHAPITRE III LA RECONNAISSANCE DE LA REPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE PAR LA FRANCE ...... 88

III-1 LA SOUVERAINETE ET LE PROBLEME DE TAÏWAN ...... 90 A) Les divergences entre Beijing et Paris à propos de Taïwan...... 91 B) L’inquiétude chinoise quant à la souveraineté ...... 94 C) Edgar Faure n’engage pas la rupture avec Taïwan ...... 95 III-2 UNE POLITIQUE SOUPLE A PROPOS DE TAÏWAN ...... 98 A) L’accord tacite entre Zhou Enlai et Edgar Faure ...... 98 B) La rupture française avec Taïwan ...... 102

!"#$ $ C) L’annonce du communiqué conjoint du 27 janvier 1964 ...... 105 III-3 LES REACTIONS INTERNATIONALES APRES L ’ANNONCE CONJOINT DU COMMUNIQUE FRANCO -CHINOIS ...... 111 A) Les opinions favorables...... 111 B) Les opinions critiques...... 114 C) Les conséquences historiques ...... 117

CHAPITRE IV POINT DE DEPART DES RELATIONS SINO-FRANÇAISES ...... 121

IV-1 LES RELATIONS SINO -FRANÇAISES 1964-1973 ...... 123 A) La diplomatie chinoise influencée par le gauchisme chinois ...... 125 B) La tension sino-soviétique, la détente en Beijing (Pékin) – Washington et Paris – Moscou ... 128 C) Bilan des relations sino-françaises pendant la Révolution culturelle chinoise...... 130 D) Le premier accord relatif aux communications aériennes franco-chinoises du 1er juin 1966...... 136 E) Tous les traités bilatéraux sino-français signés pendant la Révolution culturelle (1966-1976) ...... 148 IV-2 RENFORCEMENT DES RELATIONS POLITIQUES BILATERALES (1969-1974) ...... 150 A) Le renforcement des politiques bilatérales ...... 150 B) L’objectif prioritaire de la politique extérieure de la France : le développement économique ...... 156 C) Faire admettre la RPC à l’ONU ...... 159 IV-3 LA POLITIQUE D ’OUVERTURE CHINOISE ET LA DIPLOMATIE ECONOMIQUE FRANÇAISE (1974-1981) ...... 166 A) Le contexte international du début des années 70...... 166 B) Le renforcement des dialogues politiques sino-français ...... 171 C) Les succès dans les coopérations économiques sino-françaises ...... 177 D) Les échanges de lettres et les accords signés entre 1975 et 1981 ...... 184

CHAPITRE V LES RELATIONS FRANCO-CHINOISES SOUS LA PRESIDENCE DE FRANÇOIS MITTERAND (1981-1994) ...... 210

V-1 LES RELATIONS BILATERALES ENTRE 1981 ET 1989 ...... 212 A) Les relations distantes entre Beijing (Pékin) et Paris (1981-1983)...... 213 B) Un renouveau à la suite du voyage du Président Mitterrand en Chine en 1983...... 218 C) Le développement économique bilatéral (1983-1989) ...... 220 V-2 DIVERGENCES ENTRE BEIJING (P EKIN ) ET PARIS ...... 223 A) Premier refroidissement : affaire de Tian’anmen de 1989 ...... 223 B) Deuxième refroidissement : les ventes d’ armes françaises à Taïwan ...... 230 C) La souveraineté nationale et la vente d’armes à Taïwan ...... 234 V-3 RECONCILIATION DES DEUX GOUVERNEMENTS (1993-1994) ...... 239 A) Deux missions de Jacques Friedmann en Chine...... 240 B) Après la pluie, vient le beau temps...... 242 C) Les lettres de notes et les accords entre 1983 et 1992 ...... 246

CONCLUSION...... 291

ANNEXE ...... 311 !"#$ $ CHRONOLOGIE DES RELATIONS FRANCO-CHINOISES ...... 312 INDEX DES NOMS DE PERSONNES ...... 349

BIBLIOGRAPHIE ...... 359

PARTIE FRANÇAISE...... 360 PARTIE CHINOISE ...... 373 PARTIE AMERICAINE...... 382

TABLE DES MATIERES...... 384 $

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