Association amicale des anciens élèves du lycée Montesquieu

LETTRE D’INFORMATION N° 63 – 1er JANVIER 2019

Saint-Charlemagne, patron des lycéens ! par Didier BÉOUTIS, président de l’Association amicale

Saint-Charlemagne, patron des écoliers, fêté le 28 janvier (jour anniversaire de la mort de l’empereur des Francs, en 814) est bien connu, du moins par nos générations d’anciens élèves, car on ne le célèbre plus de nos jours. La Saint-Charlemagne fut fêtée dans notre lycée, au moins à sept reprises, de 1949 à 1955, dans le cadre de la politique de l’époque visant à associer les élèves à des manifestations conviviales. C’est le proviseur Albert Praud qui organisa la première « Saint-Charlemagne », en 1949, sous la forme d’un « déjeuner amélioré » pour les internes et les demi-pensionnaires ! L’année suivante, le 26 janvier 1950, le « déjeuner amélioré » fut suivi d’une représentation théâtrale, au Théâtre municipal, organisée par les élèves de Philosophie François Le Goaziou et Michel Rouzière -futur directeur de théâtres parisiens-, sous la direction des professeurs Audouy et Pontoise, tandis que l’orchestre était dirigé par M. Arluison, professeur de musique, en présence d’un corps de ballet du lycée de jeunes filles !

À partir de 1951, la « Saint-Charlemagne » prit la forme d’une invitation des élèves du lycée, félicités ou encouragés au premier trimestre (environ quatre-vingts), à une « bonne collation » servie au réfectoire. Le 25 janvier 1951, y participaient M. Marcel Renard, qui projeta des séquences du film qu’il était en train de réaliser pour les fêtes du centenaire du lycée, prévues en novembre, et M. Pichard, président de l’Amicale. En 1955, les membres du bureau de l’Amicale furent conviés à la « bonne collation » servie aux élèves félicités ou encouragés, et notre président de l’époque, Robert Gaulupeau, y prononça une allocution.

Mais, à propos, l’empereur des Francs a-t-il été réellement canonisé ? Il l’a été, en date du 29 décembre 1165, par l’anti-pape Pascal III, sur la sollicitation de l’empereur Frédéric Barberousse qui l’avait mis en place !

En 1479, Louis XI institua la « Saint-Charlemagne », jour de congé des écoliers, le 28 janvier, en l’honneur de celui qui aurait fondé l’Université de Paris. Or, si Charlemagne, qui savait à peine écrire, a œuvré en faveur de l’école (créant une « école palatine »), il n’a fondé aucune université. Pourtant, chaque année, l’Université de Paris célébrait la mémoire de son supposé fondateur. Lors de la Révolution française, la « Saint-Charlemagne » fut menacée, mais elle persista. Si les décisions des « anti-papes » ont été reconnues comme nulles par l’Église, « Saint-Charlemagne » a été toléré. En 1714, le futur pape Benoît XIV indiquait que Charlemagne pouvait être considéré comme « bienheureux », état précédant celui de saint. Le pape Pie IX, en 1850, limita toutefois la célébration à l’archevêché de Cologne. Au vrai, la Saint-Charlemagne fut davantage une fête laïque qu’une fête religieuse ! En 1964, la chanson de Gall « Sacré Charlemagne » a remis en lumière celui-ci, selon le parolier, Robert Gall, le père de la chanteuse, « qui a eu cette idée folle, un jour d’inventer l’école », et « aurait dû caresser longtemps sa barbe fleurie, au lieu de nous ennuyer avec la géographie » (mais, selon les historiens, l’empereur n’arborait qu’une moustache !) Vraiment, sacré Charlemagne !

Charlemagne – Albert Praud, en 1953 - Michel Rouzière, en 1952 - Marcel Renard, en 1953 – France Gall, en 1964 1

LA VIE DE L’ASSOCIATION

La cérémonie interconfessionnelle et spirituelle pour la paix, samedi 10 novembre

Jusqu’alors organisée par la préfecture, et, de ce fait, intégrée dans le cortège officiel des cérémonies du 11 novembre, la cérémonie interconfessionnelle et spirituelle pour la paix le fut, cette année, par la Ville du Mans. Fixée au samedi 10 novembre, à 16h 15, elle a marqué le début des cérémonies organisées par la mairie à l’occasion du centenaire de l’armistice de la Grande Guerre. Les premiers intervenants ont été le proviseur Stéphane Blardat et notre président Didier Béoutis, qui a évoqué notre lycée, il y a cent ans, à l’époque de l’armistice. Le maire du Mans Stéphane Le Foll a pris ensuite la parole, avant les interventions de chaque représentant des cultes.

Galette des rois, samedi 12 janvier, à 10h 30, dans la salle du fonds ancien

Notre traditionnelle cérémonie de vœux, aura lieu, avec le partage de la « galette des rois », le samedi 12 janvier, à 10h 30, dans la salle du fond ancien du lycée, dans la cour des sports. Tous les adhérents et leurs familles y sont bien cordialement conviés.

LA VIE DU LYCÉE

Nécrologies : Philippe BOISBOUVIER (1952-2018)

Né, le 22 avril 1952, à Sainte-Suzanne (Mayenne), fils d’un employé de la Régie Renault, Philippe Boisbouvier avait fait ses études secondaires au lycée annexe du Ronceray, puis, de 1968 à 1971, au lycée de la rue Montesquieu, où il était sorti, pourvu du baccalauréat littéraire. Il avait fait ensuite ses études supérieures à la faculté des lettres du Mans, avant de devenir professeur de français. Il est décédé, le 8 novembre. A son épouse Ute, à ses deux filles Frédérique et Julia, et à toute sa famille, nous transmettons nos bien sincères condoléances. Photo : en 1968 (2de)

Pierre JÉHAN (1934-2014)

C’est avec retard que nous avons été informés du décès, survenu il y a quatre ans, de Pierre Jéhan. Né, à Flers-de- l’Orne, le 28 janvier 1934, fils d’un représentant de commerce, Pierre Jéhan avait été élève du lycée de 1944 à 1950 (classes de 6ème à 2de). Installé en région parisienne, il est décédé, âgé de 80 ans, le 25 novembre 2014, à Rueil-Malmaison.

Publication: « Quand la Gauche se réinventait – Le P.S.U., histoire d’un parti visionnaire 1960- 1989 », par Bernard Ravenel (éd. La Découverte) - 6,50 €

Élève du lycée de 1947 à 1955, où il fut marqué par les enseignements de Marcel Cardera et de Jacques Ozouf, puis agrégé d’histoire, Bernard Ravenel a participé à la création, en 1960, du Parti socialiste unifié (P.S.U), où il se situa dans le courant marxiste-révolutionnaire. Militant pacifiste, il fut un des fondateurs du Comité pour le désarmement nucléaire en Europe (CODENE). Il présida aussi, de 2001 à 2009, l’Association France-Palestine Solidarité. Auteur de plusieurs ouvrages notamment sur le Maghreb, il a publié, en 2016, une histoire du P.S.U.

Fondé en 1960, le P.S.U. a rapidement regroupé des intellectuels opposés à la Guerre d’Algérie, voulant aussi se démarquer de la politique de la S.F.I.O. alors dirigée par Guy Mollet. Ayant soutenu pleinement le mouvement de mai 1968 (Michel Rocard sera l’un des organisateurs du grand rassemblement au stade Charléty, le lundi 27 mai, à Paris, auquel assistera Pierre Mendès-France), le P.S.U. tentera d’en tirer les leçons pour bâtir un projet alliant socialisme et liberté (réduction du temps de travail ; décentralisation ; émancipation des femmes ; alternatives au nucléaire…) Affaibli par le départ, en 1974, des « Rocardiens » vers le Parti socialiste, le P.S.U , qui participa aux Gouvernements de gauche à partir de 1981 (avec notamment Huguette Bouchardeau), prononcera sa dissolution, en novembre 1989. Bernard Ravenel évoque, avec son esprit d’historien objectif, l’histoire de ce mouvement politique, qui a marqué les trente premières années de la Vème République. 2

GUY SOUDJIAN, ANCIEN PROVISEUR, REÇU À L’ACADÉMIE DU MAINE

Lors de sa séance solennelle du 15 décembre de l’Académie du Maine, tenue dans l’ancien dortoir des moines de l’abbaye de l’Épau, son président, Didier Béoutis, a reçu, en qualité de membre titulaire, en même temps que Raphaël Delpard, romancier et cinéaste, Guy Soudjian, ancien proviseur du lycée Montesquieu, de 2002 à 2011, docteur en histoire. Fondée en 1957, par deux Sarthois membres de l’Académie française, le cardinal-archevêque du Mans et le duc de Caumont-La Force, l’Académie du Maine s’efforce de faire rayonner les belles-lettres et les arts dans l’ancienne province du Maine. L’élection de Guy Soudjian porte à deux le nombre des membres actuels de l’Académie étant passés par notre lycée (sans compter les disparus : Jean Françaix, Gabriel Lepointe, Pierre-Aimé Touchard, Roger Blais, Robert Latouche, Jean Lepart, Robert Plaisant, Michèle Ménard). On trouvera, ci-après, l’essentiel des discours de réception de Didier Béoutis et de remerciements de Guy Soudjian.

Discours de réception de Guy Soudjian, par Didier Béoutis

Cher Guy Soudjian,

L‘Académie du Maine est honorée d’accueillir, en son sein, un membre de l’Université française, qui a eu l’immense mérite de passer par toutes les étapes du cursus honorum, en la matière. En effet, vos titres, vous ne les devez qu’à vous-même, car vous êtes allé les chercher, un par un, avec une volonté qui force parfois l’admiration.

Fils d’un couple arménien établi à Paris, vous avez fréquenté le lycée Jacques Decour, dans le populaire XIème arrondissement de l’époque, puis l’École normale d’instituteurs de Paris. Tout en enseignant, vous avez suivi les cours de la Sorbonne (Paris 1), jusqu’à la soutenance, en 1978, sous la direction de Maurice Agulhon, d’une thèse d’histoire, intitulée La population parisienne à la fin du Second Empire d’après les archives du recrutement militaire. Vous avez ainsi, grâce à une étude minutieuse des fiches des conscrits, relevé un certain nombre de conclusions sur l’état physique, sanitaire et intellectuel des jeunes Parisiens des années 1867 et 1868. Un bel exercice d’histoire quantitative !

Vous auriez pu alors, vous atteler à la grande thèse d’État qui vous aurait permis l’accès à l’enseignement supérieur. Mais, devant les aléas d’une telle perspective ; sans fortune et sans relations, vous avez eu la sagesse de rester dans l’enseignement, tout en souhaitant y progresser. En 1983, alors âgé de 31 ans, ayant été admis au concours des personnels de direction de l’enseignement secondaire, vous passez dans l’administration des collèges et lycées qui vous occupera durant 35 ans, jusqu’à votre départ en retraite, cette année, au mois d’août. Vous dirigez successivement plusieurs établissements dans l’Académie de Rouen (le collège Aimé Charpentier à Damville ; le collège Georges Politzer à Évreux ; le lycée Marc Bloch à Val-de-Reuil; la cité scolaire Georges Dumézil à Vernon). Vous ne vous contentez pas d’administrer vos établissements ; vous vous impliquez dans la vie associative locale. C’est ainsi que vous êtes élu, en 1989, conseiller municipal d’Évreux, et que, fidèle à vos origines, vous êtes appelé à la présidence de l’Association des Français d’origine arménienne de Haute- Normandie, ce qui vous conduit à devenir le secrétaire national-adjoint du Forum des Arméniens de France. Quant au lycée de Val-de-Reuil, c’est sur votre initiative qu’il a reçu l’appellation de Marc Bloch, l’historien des Annales, le résistant fusillé par les nazis.

Après avoir géré ces établissements dans des quartiers difficiles, et donc donné beaucoup de vous-même -je pense aux évènements violents qui ont affecté le lycée de Vernon-, vous accédez, en septembre 2002, à la fonction de proviseur du lycée Montesquieu du Mans. C’est là que nous nous sommes connus, puisque, ancien élève de cet établissement, j’en animais, avant de la présider, l’Amicale des anciens élèves.

Vous avez eu à cœur, pendant les neuf années de votre provisorat au Mans, d’administrer au mieux le lycée, en motivant les enseignants, en responsabilisant les élèves, en faisant en sorte que ce lycée de centre-ville ne soit pas élitiste, mais, selon votre expression, élitaire, c’est-à-dire permette de dégager une élite républicaine sur des bases démocratiques, afin que chaque élève, quel que soit le niveau social de sa famille, ait sa chance. Vous avez ainsi utilisé, à cet effet, des procédures comme Les cordées de la réussite. Vous avez aussi ouvert, en 2006, la classe de Première supérieure qui était attendue depuis cinquante ans ! Vous êtes, de même, à l’origine, avec le préfet Stéphane Bouillon, de la cérémonie interconfessionnelle et spirituelle pour la paix, organisée, chaque année, dans la chapelle, le 11 novembre, par la préfecture, et, depuis cette année, par la Ville du Mans. Vous êtes parti avec un seul regret : celui de n’avoir pu recréer l’internat, qui pouvait assurer une ambiance de travail sereine aux élèves issus de milieu modeste ayant des difficultés, pour de multiples raisons, à travailler dans leurs foyers. Une revendication encore actuelle… 3

Je peux l’affirmer, ayant vu plusieurs de vos homologues à l’œuvre et connaissant aussi l’histoire du lycée : vous avez été un grand proviseur du lycée Montesquieu, faisant rayonner, bien au-delà de notre département, les classes préparatoires, et obtenant, chaque année, d’excellents résultats tant au baccalauréat qu’aux concours d’entrée aux grandes écoles, scientifiques comme littéraires. L’histoire vous en rendra justice !

L’Amicale des anciens élèves vous exprime, par ma voix, sa gratitude. Vous avez parfaitement compris l’importance que pouvait revêtir la présence, dans le lycée, d’une amicale gardienne de sa mémoire. Vous nous avez affecté une salle, et, grâce à vous, l’Amicale a ses entrées dans le lycée. Elle peut développer ses actions, comme les visites lors des Journées du patrimoine, et y réunir ses adhérents dans de bonnes conditions.

Bien installé au Mans, vous seriez, très volontiers, resté en fonctions au lycée, mais neuf années de provisorat constituent maintenant le temps maximum de présence dans un même établissement. Vous avez donc, tout en laissant des regrets et un gâteau au Mans, été promu proviseur de l’important lycée René Descartes à Tours. Vous y avez effectué un travail de fourmi, tout en regagnant, en fin de semaine, votre domicile manceau de la rue de la cigale.

Tout en administrant notre lycée, vous vous êtes replongé dans vos recherches de jeunesse, publiant, en 2008, chez Lavauzelle, une nouvelle version de votre thèse, sous le titre Anthologie du conscrit parisien sous le Second Empire, honoré d’une préface d’Emmanuel Le Roy Ladurie, l’historien des Annales, l’actuel président de l’Académie des sciences morales et politiques. Vous avez aussi produit de nombreux articles dans les domaines pédagogiques et des sciences politiques et historiques, car, esprit curieux de tout, vous vous intéressez à de nombreux sujets, passant de l’un à l’autre avec une grande souplesse d’esprit. Vous êtes bien, selon votre belle expression, un « intellectuel d’action ».

Atteint par la limite d’âge, vous avez dû résigner, fin août, vos fonctions de proviseur du lycée Descartes. Nous nous en réjouissons, car vous voici revenu au Mans, toujours actif et rempli de projets, dont une étude, à travers notamment les fiches des conscrits sarthois, sur l’économie et la santé dans la Sarthe au XIXème siècle, votre période de prédilection. Cher Guy Soudjian, je ne sais si à l’époque, comme votre compatriote le grand chanteur récemment disparu, vous vous êtes dit « Je m’voyais déjà en haut de l’affiche ». En tout cas, parti comme, Aznavour, « le cœur léger et le bagage mince », vous avez accompli un parcours qui vous fait honneur.

Vous trouverez, au sein de notre compagnie, l’ambiance qui vous sera propice pour travailler avec profit sur l’histoire de notre province, et pour partager vos recherches. Et, puisqu’il est de tradition de terminer sur une citation, en voici une de Montesquieu : « C’est un malheur qu’il y a trop peu d’intervalles entre le temps où l’on est trop jeune et le temps où l’on est trop vieux ». L’ancien proviseur du lycée Montesquieu constitue un contre- exemple de cette citation. Plus trop jeune certes, mais loin encore d’être trop vieux, vous avez encore de longues années devant vous pour de belles actions intellectuelles au service de notre province.

Discours de remerciement de Guy Soudjian

Monsieur le Président, cher Didier Béoutis, Mesdames et Messieurs, chers amis,

Je me réjouis de me trouver en votre compagnie dans ce moment si particulier. Cette réception est à l’image d’un rituel où l’impétrant quitte un monde pour recevoir la lumière, la vôtre, celle des gens des intellectuels et des artistes. Lettres, sciences, arts, cette lumière nous fait respirer l’oxygène des sommets en surmontant la fadeur du quotidien. Par sommets, je ne veux entendre jamais supériorité ; mais cette faculté si bien résumée en 1692 par Fénelon, selon laquelle : « chacun doit infiniment plus au genre humain qui est la grande patrie, qu’à la patrie particulière dans laquelle il est né ». La patrie, ce peut être bien évidemment, dans une forme de lecture au second degré, nous-mêmes et la conscience que nous avons de nous. Alors la grande patrie, c’est le dépassement de nous- mêmes, lorsque notre éducation nous permet de nous retourner contre notre logiciel de départ pour nous permettre d’entrer dans une humanité élargie : celle de l’érudition, de la spiritualité, de la foi en Dieu ou en l’Homme, et de la création sous toutes ses formes. Tel est notre destin, tel est notre génie !

Je vous remercie Monsieur le Président, cher Didier Béoutis, pour votre compliment. En quelques phrases ciselées, vous avez retracé une carrière passée au service de l’État républicain dans le giron de l’Éducation nationale. Quarante-huit ans dont trente-cinq à la tête de six établissements scolaires successifs ! Un véritable marathon rempli de milliers de réunions de concertation et d’arbitrage, de centaines de rendez-vous, de présidence des conseils de classe innombrables, de milliers d’heures à établir les emplois du temps en période estivale et d’évènements imprévus à gérer.

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À dire vrai, les fonctions de chef d’établissement sont des missions préfectorales à part entière. Paraphrasant pour la circonstance, je dirais qu’elles sont marquées par les servitudes et la grandeur de celui qui les incarne, le plus souvent dans la solitude de la responsabilité. Un don de soi qui n’appelle aucune reconnaissance particulière puisque nous ne faisons que passer dans la grande chaîne du temps et de la transmission.

Chacun de mes postes m’a appris quelque chose en particulier. Partout, je me suis impliqué personnellement, la face toujours exposée, en agissant dans l’intérêt public en faveur des élèves tout en prenant du recul pour écrire dans les différents domaines touchant à l’histoire - ma spécialité originelle à laquelle je vais bientôt céder une part de mon temps libre - mais aussi en même temps, à la gouvernance des établissements scolaires qui a connu une révolution copernicienne depuis le début de ma carrière.

Partout où il m’a été donné de servir, j’ai agi en proconsul, rendant compte, a posteriori, de mon action comme le font souvent les militaires après le fracas de la bataille. Dans cette autonomie décisionnelle qui laisse de grandes latitudes au chef, il y a quelque chose d’exaltant, quelque chose qui demande un engagement océanique, loin de la fonction bureaucratique décrite par l’écrivain Louis Guilloux dans Le Sang noir, loin des clichés et des images résultant d’une approche normative, desséchée et appauvrissante d’une fonction méconnue par le grand public.

À Damville, bourg de 2000 habitants situé au sud du département de l’Eure, j’ai découvert le milieu rural. J’avais été un étudiant, un professeur puis un élu urbain. J’avais lu Georges Duby et Marc Bloch. Mais j’étais enfermé dans une vision livresque - surtout historique - du monde rural. Je me suis enrichi au contact des paysans et de leurs enfants si attachants. J’ai bien vu que la République les avait parfois oubliés parce que la dignité du monde rural s’apparente souvent au fier silence sur les aléas de la vie. Gaston Roupnel nous l’a enseigné naguère, à travers sa description des paysans de France. En dépit de la transformation du monde agricole, les mentalités n’avaient pas beaucoup changé à la fin du siècle passé. Photo : Guy Soudjian, lors de son allocution

À Évreux, j’ai découvert à quel point la société française pouvait être traversée de fractures minant sa cohésion. Pilote de la Zone d’Éducation Prioritaire de la Madeleine pendant huit ans, j’ai participé à la mise en œuvre de la politique des quartiers très en vogue au début des années quatre-vingt- dix. Puis, il y a eu le lycée de Val-de-Reuil, situé à l’orée de la forêt de Bord, aux confins des départements de l’Eure et de la Seine-Maritime. L’établissement venait de sortir de terre. Il fallait lui donner un nom – ce fut Marc Bloch, du nom de l’historien résistant, membre du réseau du Musée de l’Homme, fusillé par les nazis en 1943 - et surtout bâtir un projet susceptible de conférer une identité, une carte de visite en somme, à un lycée qui n’en avait pas encore puisqu’il sortait des limbes. À Vernon, à la tête de la cité scolaire Georges Dumézil, il a fallu lutter contre les prémices d’une guerre civile larvée et silencieuse opposant deux France, la guerre sociale ou socii, si bien décrite, par l’historien allemand Mommsen, pour la Rome de l’Antiquité. J’ai été à la fois proviseur et préfet de police, surnom que les agents du commissariat de Vernon m’avaient donné, avec un clin d’œil mouillé de malice.

À « Montesquieu » au Mans comme à « Descartes » à Tours, j’ai découvert la problématique de l’égalité des chances sous un versant différent : aiguiser l’ambition scolaire, mélanger les publics dans un grand élan républicain en faveur du « lycée élitaire pour tous », - vous l’avez rappelé Monsieur le Président - faire en sorte que les lycéens et les étudiants deviennent ou redeviennent des citoyens à part entière, à travers le développement de l'autonomie encadrée, les aider à réussir le plus loin et le plus haut possible dans leurs études comme un challenge qu’on se fixe à soi-même, éviter l’entropie en multipliant les liens avec l’Université, et en signant des conventions de rapprochement avec les grands instituts et les établissements d’enseignement supérieur et de recherche. Telles ont été quelques-unes des pierres qui ont jalonné mon parcours plus récent.

Durant ma longue carrière commencée au moment où Nixon et Brejnev dirigeaient la planète, où le Shah présidait d’une main de fer aux destinées de l’Iran, j’ai été animé par plusieurs valeurs cardinales que je vais rappeler. Il s’agit de la passion de l’érudition pour moi-même et pour mes élèves, de la stricte observance de la liberté de conscience dont la laïcité forme la clé de voute institutionnelle et du sentiment diffus – sans doute hérité de mon histoire familiale - selon lequel la construction politique héritée de l’universalisme des Lumières, incarnée par notre République, est fragile. À l’instar de notre Marianne dans La République au village, très beau livre de recherche de l’un de mes maîtres en Sorbonne, Maurice Agulhon, la République mérite d’être protégée contre les

5 menaces multiformes qui l’assaillent. Les évènements survenus depuis 2012, et surtout depuis 2015, en sont l’illustration la plus flagrante dans leur tragique continuité.

À présent, nombre de projets me nourrissent. Puisque le moment est venu, je vais vous parler brièvement du chantier que je compte ouvrir ou plutôt « ré-ouvrir » dans les semaines à venir. J’en donnerai une première communication devant vous, au printemps prochain. Ce chantier historique porte sur l’ancienne province du Maine. Pour l’atteindre, je vais commencer, avec votre permission, par une petite promenade historiographique.

Dans le cursus honorum des études d’histoire qui nous conduisait, au siècle passé, jusqu’au diplôme d’études supérieures en Sorbonne, il fallait opter pour une ou plusieurs « sciences auxiliaires de l’histoire ». Ainsi, la sociologie, l’économie, la démographie étaient-elles considérées comme venant au service ou à l’appui de la démarche globalisante initiée par le courant des Annales, fondé dans les années trente. En d’autres termes et pour faire court - vous me pardonnerez par avance - Lucien Febvre et Marc Bloch, très influencés par les travaux de l’École anglaise, considéraient que tout objet constitue dans ses interrelations ou dans ses interactions avec d’autres, un sujet d’histoire à part entière. Avec leurs élèves et leurs disciples, ils ont contribué à enrichir l’analyse historique d’un éclairage nouveau en la dégageant du genre biographique, de la généalogie et d’une histoire « historisante » qui s’intéressait davantage au dimanche qu’aux jours de la semaine, à l’histoire des idées plutôt qu’aux phénomènes structurels sous-jacents.

Mis en contact avec le regretté Pierre Goubert, auteur d’une très belle thèse sur « Beauvais et le Beauvaisis au XVIIème siècle », et surtout avec son assistant, Marcel Lachiver, dont le cursus initial était comparable au mien, je me suis donc tourné vers la démographie historique en me consacrant à l’étude des crises frumentaires de 1693- 1694 et de 1709-1710, dans la banlieue parisienne. Depuis l’ordonnance royale de Villers-Cotterêts de 1539, les curés étaient tenus d’enregistrer les baptêmes, mariages et sépultures dans chaque paroisse du royaume de France. Le dépouillement exhaustif des Registres paroissiaux permet d’observer l’évolution de la fécondité, de la nuptialité et de la mortalité dans cette France de misère où l’on pouvait mourir de froid, de faim et de maladie sur le bord d’un chemin ou le long d’un fossé. À intervalles réguliers, la disette endémique dans les campagnes se transformait en famine, avec son cortège de maladies appelées « pestes » ou « fièvres » dans la néologie médicale de l’époque. La crise démographique se traduisait par la montée en cloche de la courbe des décès et par l’effondrement des naissances, dû au phénomène d’aménorrhée. Une vigoureuse reprise des mariages et des naissances succédait généralement à ce cycle dépressionnaire. Ce scénario a duré jusqu’au XVIIIème siècle. La crise consécutive au grand hiver de 1709 où le vin gelait dans les verres du roi à Versailles (sic… !) est sans doute la dernière ou l’une des dernières grandes crises frumentaires d’Ancien Régime. Voici, tout du moins, ce que j’avais observé dans la banlieue parisienne, avec la modestie d’un béjaune.

Cédant à la mode de l’époque, beaucoup d’étudiants exploraient les Registres paroissiaux, sans doute séduits par la qualité des professeurs qui nous entouraient et par le caractère original de leurs travaux situés à la frontière de l’histoire et de la biologie humaine. Fallait-il pour autant poursuivre dans la même voie pour la préparation de la thèse que j’appelais de mes vœux ? Je m’interrogeais. Certes, j’étais passionné par l’histoire des idées car engagé, comme beaucoup de mes condisciples, dans les batailles politiques du quartier latin. Mai 68 ne s’est pas éteint avec les élections introuvables du mois de juin. La France des années soixante-dix a connu des luttes ouvrières et estudiantines d’une grande intensité.

Mais cette façon de faire et d’écrire l’histoire en s’appuyant sur de longues séries statistiques m’intéressait. Je me plaisais à penser qu’un travail exclusivement fondé sur les idées politiques ou l’histoire des mentalités risquerait de me replonger dans l’histoire « historisante. » J’aimais la littérature et la philosophie, mais j’avais été formé autrement. En outre, c’eût été pour moi un recul. La singularité de l’analyse historique repose à mes yeux sur des objets concrets interrogés par des questionnements et des hypothèses de recherche éclairés par des analyses scientifiques indiscutables portant sur la durée ; c’est ce qu’on appelle des trends pour faire un emprunt commode au vocabulaire anglo-saxon. Notez qu’il est tout aussi pertinent de parler de cycles courts ou de cycles longs… Mon parti était pris ; je m’inscrivais pleinement dans le courant des Annales auquel je suis resté fidèle.

C’est alors - je ne sais plus exactement comment - que je suis tombé sur un article d’Emmanuel Le Roy Ladurie concernant l’histoire du climat depuis l’An Mil. Non content d’étudier les crises frumentaires, de recenser la date des vendanges depuis le temps où elles étaient connues, d’examiner les mercuriales indiquant le prix des céréales, il avait poussé sa curiosité intellectuelle à la croissance des arbres à travers la dendrologie et à l’avancée ou au recul des glaciers grâce aux enseignements de la géologie. Dans le même intervalle, tout en publiant une merveilleuse histoire des paysans du Languedoc - son Montaillou Village occitan- grand succès de librairie - voici qu’il s’intéressait avec le laboratoire de l’École pratique des sciences sociales (EPHE) au corps humain comme objet d’histoire. Cette fois, les pulsations biologiques de la population n’étaient plus exhumées par les Registres paroissiaux mais par les documents inhérents à la conscription. 6

Pour être plus précis, l’EPHE s’était lancée, à l’orée des années soixante-dix, dans une vaste enquête sur l’anthropologie de la France. Cette étude se voulait anthropologique dans la tradition de Paul Broca, fondateur de la Société d’anthropologie de Paris qui poursuivait, dans le dernier tiers du XIXème siècle, l’étude statistique et typologique des caractères physiques des populations. Mais alors que la démarche racialiste de Broca voulait souligner le poids des facteurs biologiques dans les comportements des individus et l’organisation des sociétés, le chantier ouvert par Le Roy Ladurie s’inspirait, quant-à- lui, du structuralisme popularisé, en 1952, par les théories de Claude Lévi-Strauss. En associant ces deux acceptions, Emmanuel Le Roy Ladurie n’a pas souhaité marier la tradition française et la tradition anglo-saxonne comme on unit l’ancien et le nouveau, mais à faire dialoguer une problématique biologique et une problématique sociale, grâce au concours de l’ordinateur.

Venons à présent à nos sources pour préciser cette démarche scientifique interdisciplinaire. Depuis la levée en masse de 1792, l’instauration de la conscription s’est substituée à la milice royale et aux armées de mercenaires mises en mouvement sous l’Ancien Régime. Elle nous lègue d’innombrables séries statistiques qui dorment dans les « listes du tirage au sort » établies par les Conseils de révision et par les « Registres matricules » ou registres d’incorporation renseignés en règle générale six mois plus tard. Le croisement de millions de données anthropologiques consignées sur la taille, la couleur des yeux et des cheveux, les malformations et les maladies avec des indications sociales telles que la profession, le degré d’instruction, les déménagements successifs et les condamnations - la liste n’est pas exhaustive - éclairent sur l’état de la population masculine observée dans chaque arrondissement et dans chaque département, sur son évolution au cours du 19ème siècle et sur l’état des différences spatiales. Charles Dupin et Adolphe d’Angeville les avaient déjà observées en étudiant la Statistique Générale de la France. Rappelons ici qu’Ils avaient mis en évidence une ligne de partage entre deux France situées de part et d’autre de la ligne Saint-Malo-Genève aussi appelée Calva-Calvin…

Un mot sur le remplacement militaire en vigueur sous diverses formes jusqu’à la proclamation de la Troisième République. Il constitue une aubaine pour mesurer l’impact du niveau de vie sur les différents phénomènes observés et corrélés. En effet, les remplacés qui avaient eu l’infortune de tirer le mauvais numéro au moment du tirage au sort, appartenaient aux groupes supérieurs de la société. Ils pouvaient malgré tout échapper au service militaire actif d’une durée de sept ans en versant la somme de 1 600 francs Germinal pour l’achat d’un remplaçant, soit le salaire moyen annuel d’un ouvrier d’art, doreur, imprimeur ou ébéniste appartenant à l’élite mieux instruite de la classe ouvrière. Le prix de l’homme pouvait grimper jusqu’à 5 000 francs en cas de menace ou de guerre étrangère. C’est ce qu’on observe sous le Second Empire, pendant les guerres d’Italie et du Mexique. Quant aux remplaçants, c’était généralement des déclassés chassés de leur campagne natale ou des prolétaires dont les nouveaux métiers de l’industrie avaient grossi les rangs. L’on perçoit aisément tout l’intérêt sociologique de la mention du statut des conscrits dès lors qu’il se trouve corrélé avec les autres informations disponibles dans les dossiers des jeunes appelés.

C’est ainsi, tout en enseignant l’histoire dans un collège puis un lycée de la banlieue Nord de Paris, que je me suis lancé dans le dépouillement exhaustif des listes du tirage au sort et des registres matricules du contingent parisien. L’incendie de l’Hôtel de Ville survenu pendant la semaine sanglante de mai 1871, avait provoqué des pertes irréparables. Et puis je ne pouvais, à moi seul, dépouiller ni exploiter la somme de données qui subsistait. Mon choix a porté sur les archives militaires disponibles de la fin du Second Empire pour de jeunes conscrits nés dans les années 1848-1850. C’était le temps où la population parisienne, banlieue comprise, a dépassé le cap du million d’habitants pour atteindre 1 600 000 habitants lors du recensement de 1866. Il y avait là matière à une problématique intéressante croisant l’histoire sociale à la biologie. Comment tous ces provinciaux « montés » à Paris ont-ils pu s’insérer dans le tissu économique parisien et dans la société ? Quels ont été les effets sur les corps, sur les modes de vie, sur le niveau de fortune, sur les comportements des jeunes parisiens d’une telle crue démographique facilitée par la révolution ferroviaire et l’exode rural ? Les bouleversements observés ont-ils contribué à l’éclosion de la révolution communaliste de mars à mai 1871, auxquels les historiens marxistes ont attribué un label de paternité ?

À ces questions croisées, j’ai pu répondre à travers ma soutenance de thèse et la publication d’un livre revu et augmenté en 2008, lors même que je me trouvais à la tête du lycée Montesquieu. Contrairement à l’idée qui s’est imposée sous la troisième République, le Second Empire s’est bien soldé par une élévation générale du niveau de vie et l’amélioration du bien-être. La paupérisation absolue des couches populaires s’apparente à un mythe révolutionnaire entretenu par Marx et Engels. En revanche, le progrès n’a pas concerné tout le monde. Ainsi, les nouveaux travailleurs de l’industrie peuplant les quartiers périphériques de la capitale ou, si vous aimez mieux, les

7 arrondissements nouveaux de la réforme territoriale de 1860 (La Chapelle, Belleville, la Butte-aux-Cailles, Vaugirard, les Batignolles) ont vu leur condition de vie se précariser et leur état de santé se dégrader.

L’Anthropologie de jeunesse parisienne du Second Empire parvient à la conclusion selon laquelle la Commune pourrait être pour partie - sans exclure d’autres explications plus politiques - le cri de misère des populations plébéiennes et infra-plébéiennes moins bien intégrées dans un Paris en plein bouleversement démographique et économique. À cet égard, la fracture territoriale est nettement perceptible à travers l’étude comparée de la stature des habitants de Belleville et du quartier de l’Opéra, étude corrélée avec la mention du degré d’instruction et le niveau de fortune dont le remplacement militaire constitue, nous venons de le dire, un indicateur très fiable.

Et l’ancienne province historique du Maine dans tout cela ? Mon provisorat se poursuivant au lycée Descartes de Tours, je me suis lancé dans le dépouillement des archives de la conscription de la Sarthe au XIXème siècle. Je dois ici une fière chandelle à l’Université du Temps Libre du Maine qui a lancé ses auditeurs dans l’exploitation de cette mine d’informations de dix ans en dix ans, de 1818 à 1918. Il en résulte la constitution d’un fichier de plusieurs dizaines de milliers de conscrits sarthois avec une douzaine d’occurrences par dossier. Un travail colossal ! Reste à s’inscrire dans le sillage de l’œuvre éminente d’André Bouton qui sous-titre son volume consacré à l’histoire économique et sociale du Maine au XIXème siècle : « L’aube des Temps Nouveaux dans le Maine ». Sous réserve du dépouillement des archives de la Mayenne qui viendra compléter celui déjà entrepris en Sarthe, plusieurs impressions se dégagent d’ores et déjà de ce travail préliminaire. Elles confirment la pertinence du sous-titre donné par André Bouton à son livre magistral. Elles vont également dans le sens des conclusions du livre de Paul Bois sur les Paysans de l’Ouest.

Sans déflorer ma prochaine communication, ni vouloir anticiper sur le patient travail de recherche qui m’attend, voici quelques-unes de mes impressions premières avant la définition du corpus des hypothèses. « 1818-1918 », le dépouillement balaye un siècle qui court de la Restauration à l’armistice qui mit fin à la Première Guerre mondiale. Un siècle au cours duquel la population masculine sort brisée de la catastrophe écologique européenne de 1782 et des guerres de la Révolution et du Premier Empire. Les tailles s’amenuisent tandis que se multiplient réformes et exemptions pour « faiblesse de complexion ». C’est l’apanage des classes 1828 et 1838. Les biologistes considèrent en effet que la gestation et les toutes premières années de la vie témoignent des conditions sanitaires, épidémiologiques, bactériologiques et économiques du moment, en l’occurrence vingt avant, c’est-à- dire en 1808 et 1818. Et puis, progressivement, les choses s’améliorent à la fin de la Restauration, sous la monarchie de Juillet et surtout sous le Second Empire. Les corps se redressent et s’élèvent ; les exemptions et les réformes pour « petitesse » ou « défaut de taille » refluent. Les malformations congénitales (doigts palmés, becs de lièvre) provenant de relations consanguines s’estompent. Tout indique que la révolution des corps donne la main aux progrès de l’économie et plus particulièrement à la révolution ferroviaire qui permet le brassage des populations et l’ouverture du marché économique local au grand marché national.

La dernière partie du dépouillement souligne les progrès significatifs de l’observation médicale. Les expressions telles que « faible de complexion » ou « poitrinaire » disparaissent au profit d’un diagnostic plus précis auquel s’ajoute la mention du poids à partir des années 1880-1890. Indication très utile pour repérer le phénomène d’émaciation. La mesure du degré d’instruction se précise avec la mention des langues vivantes parlées par les conscrits. J’ai pu relever quelques bacheliers, diplôme rarissime à l’époque.

Bref…, lorsque je vous disais il y a un instant qu’un vaste chantier m’attend le voici ! Votre bienveillant accueil constitue pour moi un précieux aiguillon. C’est pourquoi, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, votre accueil m’honore et m’oblige à la fois. Je vous en sais gré et vous promets de communiquer régulièrement sur le degré d’avancement de cette étude.

De g. à dr : Stéphane Tison ; Didier Béoutis ; Raphaël Delpard ; Lucienne Renaudin-Vary ; Thierry Lemonnier ; Guy Soudjian ; Françoise Chaserant

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FRANÇOIS MARZORATI ET LES ENGAGEMENTS D’ARCELOR-MITTAL

François Marzorati, qui fut élève du petit puis du grand lycée de 1952 à 1966, et qui appartient à une famille qui fréquente notre établissement depuis cinq générations, a fait une carrière de sous-préfet. Il a prolongé son dernier poste de sous-préfet de Thionville (Moselle), par une mission de six années comme président du comité de suivi des engagements d’Arcelor-Attal à Florange. Alors qu’il arrive à la fin de sa mission, notre camarade (membre de notre conseil d’administration) a évoqué ses engagements récents et passés, lors d’un entretien avec Pascale Braun, paru dans Les Échos, du 30 novembre. Nous avons jugé intéressant de transcrire cet entretien.

François Marzorati n’aurait jamais pensé que sa mission durerait aussi longtemps, ni qu’elle lui apporterait autant de satisfactions. Le président du comité de suivi des engagements d’Arcelor-Mittal à Florange a été nommé, en 2012, par Jean-Marc Ayrault, alors Premier Ministre, au plus fort du conflit qui secoua la vallée de la Fensch, lors de l’extinction et de la « mise sous cocon » de ses deux derniers hauts fourneaux.

Six ans plus tard, Édouard Philippe a reconduit et prolongé sa mission qui s’achèvera en décembre. Dans l’intervalle, Arcelor-Mittal a investi 270 millions -contre 180 millions € d’engagements contractuels- sur son site mosellan, où il a ancré la production du prestigieux acier pour automobile, Usibor.

« Rien ne laissait présager que Florange deviendrait le plus grand conflit social français du début du XXIème siècle. Mais, on oublie souvent la suite de l’histoire : Mittal a tenu ses engagements et l’usine, que l’on croit parfois fermée, emploie 2.000 salariés », rappelle François Marzorati. L’ancien sous-préfet de Thionville, qui avait vu avec appréhension arriver l’heure de la retraite, s’est impliqué sans compter dans sa mission, qu’il qualifie de « notariale ».

Le septuagénaire fluet au regard vif a sillonné, durant six ans, la quasi-totalité des sites français d’Arcelor-Mittal, où il a dénombré des investissements proches du milliard €. Il a pris acte des programmes de R&D qui se poursuivent à Maizières-les-Metz, où le sidérurgiste indien détient, avec Arcelor-Mittal Research, l’un des plus grands centres de recherches sidérurgiques du monde.

François Marzorati à son bureau, et à la tribune

« Tout est ouvert » - Dans la vallée de la Fensch, le haut-fonctionnaire accompagne les élus, les organisations syndicales, les services de l’État et l’industriel, dans la définition d’un nouveau projet territorial. « François Marzorati a bien mené sa barque. Sérieux et à l’écoute, il a su mettre de l’huile dans les rouages et faire fonctionner le comité de suivi, une institution encore jeune qui met les élus, les syndicats et l’industriel sur un pied d’égalité. Mais l’heure de vérité approche : quid de l’avenir des hauts fourneaux ? », interroge Édouard Martin, ancien syndicaliste CFDT de Florange, aujourd’hui député européen. À la fin décembre, Arcelor-Mittal annoncera son choix de les rallumer, de les reconstruire ou de les démolir. « Pour l’industriel, tout est ouvert. Du côté des élus, je n’ai entendu aucun maire réclamer le rallumage. Les questions environnementales, qui ne pesaient guère lorsque les habitants travaillaient tous dans la sidérurgie, ont pris de l’importance », note François Marzorati.

Né dans la Sarthe en 1946, ce fils d’avocat, lui-même diplômé de droit, connaît le monde industriel depuis l’adolescence, et se souvient de l’époque où les usines Renault employaient 12.500 salariés au Mans.

Dans les années 1960, il a été porte-parole du comité étudiant de cette ville, espérant alléger la chape de plomb qui pesait alors sur la jeunesse. Entré dans le corps préfectoral à 22 ans, il y a effectué l’essentiel de sa carrière, 9 hormis dix années passées aux ministères de la défense et de l’intérieur. Sous-préfet en Mayenne, en Essonne et en Moselle, ce père de cinq enfants âgés de 17 à 47 ans, goûte, bien sûr la joie d’être neuf fois grand-père, mais il entend bien continuer à servir l’intérêt général.

Principes d’ouverture - François Marzorati arbore sa Légion d’honneur sur sa veste bleu roi, mais il porte des chaussures de marche et relègue volontiers la cravate qui l’a accompagné pendant tant d’années. Depuis trois ans, il intervient en tant que volontaire de l’éducation citoyenne au lycée professionnel parisien René Cassin, qui accueille principalement des élèves de la banlieue nord de Paris. Il y met en pratique ses principes d’ouverture. En mars dernier, le sous-préfet honoraire a ainsi invité les lycéens à l’Assemblée nationale, où le rappeur Joey Starr interprétait de grands textes de Victor Hugo, d’Olympe de Gouges ou d’Aimé Césaire. Il espère, à présent, les emmener au Parlement européen. « Ces jeunes ont besoin d’échanges. Il faut leur montrer ce que sont les institutions », affirme-t-il.

Celui que Charles Pasqua, alors ministre de l’intérieur, qualifiait de « communard », est fier de l’engagement d’une de ses filles, militante humanitaire investie dans la défense des migrants. Devenu Lorrain de cœur, il savoure le patrimoine, la culture et la gastronomie de sa région d’adoption. En prise directe avec « ce siècle de l’immédiateté », il n’est toujours pas pressé de voir sonner l’heure de la retraite.

Publication: «La Vie mancelle & sarthoise» n° 458 (décembre 2018) - 6,50 €

Animée par Daniel Levoyer et Philippe Landais, La Vie mancelle & sarthoise, présente régulièrement des articles rédigés par des anciens élèves du lycée, ou portant sur notre établissement. C’est le cas du n° 458, paru en décembre. Didier Béoutis y présente Popeye, Oscar, Lariflette : les bandes dessinées des quotidiens sarthois d'après-guerre. Jean-Pierre Delaperrelle et Jean-Pierre Guyard ont réalisé un dossier sur le quartier Libération-Saint-Lazare, tandis que Jean-Pierre Epinal évoque L’année 1904, au Mans, dans l’objectif d’un photographe, et Roger Crétois, Les Morlettes à Savigné-l’évêque.

Des nouvelles des archives et du site http://montesquieu.lemans.free.fr par André Vivet

Le monument aux Morts nettoyé et ses nouvelles plantations : http://montesquieu.lemans.free.fr/ceremonied/bmalbum.htm# La photo des personnels de l'année 2018-19 : http://montesquieu.lemans.free.fr/professeu8/bmalbum.htm# Quelques (mauvaises) photos de la cérémonie du 10 novembre dans la chapelle de l'Oratoire : http://montesquieu.lemans.free.fr/ceremonied/bmalbum.htm Une magnifique photo de la Math'Sup 1961-62 : http://montesquieu.lemans.free.fr/elevesde61/bmalbum.htm#

Nous espérons que vous aurez pris intérêt à la lecture de ce numéro. Vous pourrez consulter le site d’archives géré par André VIVET http://montesquieu.lemans.free.fr et contribuer à l’enrichir. Merci de nous faire parvenir informations, contributions qui pourront être publiées, observations et suggestions. Tout courrier doit être adressé, pour la lettre, à Didier BÉOUTIS, 11, rue Pierre Belon, 72000 LE MANS, [email protected] et, pour les archives et adhésions, à André VIVET, 7, rue de Sicile, 72000 LE MANS, [email protected]. Prochaine lettre le 1er mars.

BULLETIN D’ADHÉSION À L’ASSOCIATION DES ANCIENS ÉLÈVES DU LYCÉE « MONTESQUIEU » Nom : Prénom : Dates de présence au lycée : Adresse : Téléphone : Courriel : J’adhère à l’association des anciens élèves et règle ma cotisation : . étudiant et moins de 25 ans : 8 € ; membre actif : 15 € bienfaiteur : 75 €, associé : montant au choix Je fais un don de…… Signature : ………………….À adresser à M. VIVET, 7, rue de Sicile, 72000 LE MANS

Association amicale des anciens élèves du lycée Montesquieu, 1, rue Montesquieu, 72008 LE MANS Cedex 1 Président : Didier BÉOUTIS; Vice-Présidents : Claude JEAN et Jean LAMARE ; secrétaire-archiviste : André VIVET; secrétaire-adjoint : Jean-Pierre ROUZÉ ; trésorier : François BARTHOMEUF Directeur de la publication : Didier BÉOUTIS

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LE LYCEE MONTESQUIEU… ET L’INSTITUT DE FRANCE par Didier BÉOUTIS

Nous avons, dans notre livraison du mois de novembre, présenté quatre anciens professeurs ou élèves de notre établissement ayant appartenu à l’une des Académies composant l’Institut de France : André Bellessort (Académie française), Marcel Bouteron et Jean Baechler (Académie des sciences morales et politiques) ; Maurice Roseau (Académie des sciences). Dans le présent numéro sont présentés François Poupart (Académie des sciences) et Julien Pouchard (Académie des inscriptions et belles-lettres). Dans notre prochaine lettre, nous évoquerons Marcel-Paul Schützenberger, Bernard Raveau (Académie des sciences), ainsi que Jean-Yves Empereur, élu, en juin dernier, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres.

François POUPART (1661-1709), élève du collège de l’Oratoire du Mans, médecin, chirurgien, entomologiste, membre de l’Académie royale des sciences

Médecin, chirurgien, entomologiste, François Poupart fut le premier ancien élève du collège de l’Oratoire du Mans a être reçu dans une Académie nationale, en l’occurrence l’Académie royale des sciences, fondée par Colbert en 1666. Bien qu’un peu moins âgé que son contemporain Julien Pouchard, qui était né en 1656, François Poupart a l’antériorité de la réception dans une Académie (1699). C’est en effet en 1701 que Pouchard fut admis au sein de l’Académie des inscriptions et belles lettres.

Un jeune Manceau passionné d’entomologie

Né, en 1661, au Mans, dans une famille nombreuse de la bourgeoisie de la ville, François Poupart commença par être instruit par son père, avant d’être élève du collège de l’Oratoire, où il s’intéressa à la philosophie scolastique, et il fut notamment un grand lecteur des ouvrages de René Descartes (1596-1650), notamment de ceux consacrés aux mathématiques et aux sciences physiques. Il se détermina pour la médecine, et, pour ce faire, s’établit à Paris pour étudier cette science. Pour subsister, il se chargea de l’éducation d’un enfant, mais cet emploi lui prenant trop de temps et l’empêchant d’étudier, il le résigna, se contentant alors d’un mode de vie très modeste.

Souhaitant approfondir l’anatomie, il a étudié la chirurgie à l’Hôtel-Dieu de Paris, avant de fréquenter les cours de l’université de Reims où il fut diplômé comme docteur en médecine. Poupart se prit aussi de passion pour les insectes, les observant avec une infinie patience, communiquant ses découvertes au médecin et anatomiste l’abbé Pierre Bourdelot (1610-1685), qui avait créé une académie regroupant des hommes de science, et les faisant publier dans le Journal des sçavans. Poupart acquit la notoriété pour son étude sur la sangsue, ver sur lequel il apporta des informations nouvelles. Très éclectique, Poupart a aussi étudié la botanique, la chimie, la géométrie et l’architecture, suivant, pour cette dernière matière, les cours de Philippe de La Hire (1640-1718). Comme les savants de son temps, Poupart était polyvalent dans le domaine des sciences.

Membre de l’Académie des sciences

Les connaissances de Poupart dans ces diverses branches de la médecine et des sciences devaient intéresser l’Académie royale des sciences, qui le reçut, en sa qualité d’anatomiste et d’élève du chirurgien Jean Méry (1645- 1722), membre, le 21 février 1699. Il était alors âgé de 38 ans. Lors du renouvellement de l’Académie, en cette année 1699, il se trouvait un grand nombre d’Académiciens nouveaux, qui n’avaient pas d’ouvrages à présenter, ou qui ne se sentaient pas capables de le faire au sein de cette institution si prestigieuse. Poupart fut le premier d’entre eux à présenter, avec succès-, une étude, portant sur les insectes hermaphrodites.

Poupart présenta plusieurs autres études, devant ses collègues de l’Académie royale des sciences, qui furent publiées dans les volumes annuels, intitulés Histoire de l’Académie des sciences : Sur les plumes des oiseaux (1699) ; Diverses observations anatomiques : mélanges singuliers de marques de vieillesse et de jeunesse dans un homme âgé d’environ cent ans (1699) ; Étranges effets du scorbut arrivé à Paris, en 1699 (1699) ; Histoire du Formica-Léo (1704) ; Diverses observations anatomiques (1705) ; Des écumes printanières (1705).

On remarquera la diversité des sujets traités par Poupart : l’anatomie humaine ; la médecine ; l’ornithologie ; la flore. Suite à ses études sur cette partie de l’anatomie humaine, le nom de « ligament de Poupart » a été donné au ligament linguinal, qui relie l’épine iliaque antéro-supérieure à l’épine pubienne.

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Tombé malade en octobre 1709, François Poupart est décédé, à Paris, au bout de quelques jours, le 31 octobre, à l’âge de 48 ans. Son éloge funèbre fut prononcé par Fontenelle (1657-1757), le célèbre écrivain et scientifique français, membre de l’Académie française et de l’Académie des sciences.

Julien POUCHARD (1656-1705), helléniste, directeur du « Journal des sçavans », membre de l’Académie des inscriptions et belles lettres

Exemple d’enfant pauvre pris en charge par les pères de l’Oratoire, Julien Pouchard représente aussi l’homme de lettres cultivé du XVIIème siècle, pratiquant aisément la langue latine comme la langue grecque. Il fut un des premiers directeurs de presse, avec l’hebdomadaire « Journal des Sçavans ».

Un jeune Bellêmois passionné de belles lettres

Julien Pouchard est né, en 1656, dans une famille pauvre, à Passais-la-Conception. Actuellement située dans le département de l’Orne (au sud-ouest du département), Passais appartenait alors à la seigneurie de Bellême, originellement dans le Maine, mais rattachée, depuis le XIème siècle à la province de Normandie.

Pouchard constitue un des exemples du rôle d’« ascenseur social » que pouvaient exercer les collèges religieux de l’époque, lorsqu’ils constataient qu’un élève présentait d’importants potentiels. Élève du collège de l’Oratoire du Mans, puis du collège de Lisieux à Paris (sur l’emplacement actuel du Panthéon), il fut, la plupart du temps, dispensé de frais d’écolage. Il fut d’ailleurs, par la suite, chargé, en ce même collège de Lisieux, de l’enseignement des élèves recevant une éducation gratuite. Julien Pouchard travailla, par la suite sur les traductions grecques dans le projet d’ouvrage de Melchisédech Thévenot (1620-1692) sur les mathématiciens grecs, qui, publié en 1693, s’intitulera Veterum mathematicorum Athenaei, Apollodori, Philonis, Bitonis, Heronis et allorum opera.

Toujours en quête d’argent pour subsister, Pouchard accepta des postes de précepteur dans des familles nobles : le fils du marquis de La Marselière, puis Antoine-Louis Caumartin de Saint-Ange (1696-1748), qui occupera les fonctions de premier président au Grand conseil du roi.

En 1701, Pouchard est élu membre associé (avant d’être promu membre titulaire) de l’Académie royale des inscriptions et belles lettres, une institution créée par Colbert en 1663, avec pour mission initiale d’établir les inscriptions et devises des monuments et médailles en l’honneur du roi, mais dont le rôle s’était rapidement élargi à l’archéologie et à l’histoire au sens large. Pouchard y donna des communications, notamment sur l’Antiquité des Égyptiens, les Libéralités du peuple romain, et sur les obélisques de Sésostris Ier, pharaon du Moyen- Empire.

Directeur du Journal des Sçavans, et professeur au Collège royal

Julien Pouchard se fit confier la direction du Journal des sçavans, une publication hebdomadaire scientifique et littéraire, créée en 1665, dont la rédaction était assurée par l’Académie des inscriptions et belles lettres. Pouchard semble avoir exercé la direction du Journal des sçavans de façon objective et consciencieuse, il n’en reste pas moins qu’il fut l’objet de contestations émanant d’auteurs estimant ne pas avoir été traités à la mesure de leurs talents. Ce fut le cas de Balthazar Gibert (1662-1741), professeur de rhétorique au collège Mazarin, qui estimait que le Journal des sçavans avait été partial dans la polémique qui l’avait opposée au père Bernard Lamy (1640- 1715), ancien élève de l’Oratoire du Mans à propos de l’art des rhéteurs. Ce fut aussi le cas de Louis de Sacy (1654-1727), mécontent de la recension de son Traité de l’Amitié, paru en 1701.

En 1704, la chaire de professeur en langue grecque au Collège royal étant vacante, Pouchard fut appelé à l’occuper, mais pour peu de temps, car il mourut, le 12 décembre 1705, âgé de quarante-neuf ans. Pouchard a laissé, sous forme de manuscrit, une Histoire universelle, dont l’auteur de son Éloge, dans le Journal des Sçavans, parle en ces termes : « Les faits y sont rapportés avec beaucoup de netteté; le en est pur, simple et précis. Les mœurs, la discipline et les lois des différents peuples y sont décrites d’une manière aussi utile qu’agréable, et, quoique d’autres aient déjà travaillé avec succès sur le même dessein, nous sommes persuadés que, quand cette histoire sera mise au jour, la réputation des premiers n’effacera point le

12 mérite de ce dernier ouvrage. » Elle n’a jamais été imprimée et, circonstance plus grave, le manuscrit demeure introuvable.

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