LECTURE & POESIE avec l’APEPS TAMPON

SOMMAIRE

1. A la Plaine des Palmistes 2. Il est une île fière 3. 4. Marche 5. La Rénion lé éné 6. Naissance de La Réunion 7. Kissa la-di jardin kréol lé farfouyé ? 8. Sou la varang... 9. La mare 10. Brûlé 11. 12. Lo tan va gid anou 13. Santié mon kèr 14. Si ou té in frui 15. A l'île natale 16. Le 17. Le bassin Cadet 18. Cilaos 19. La 20. Ti zwazo 21. Sou kèl zétoil nou lé né

APEPS TAMPON : 50 rue Victor HUGO 97430 - Tél : 0262 270849 A la plaine des palmistes

Le bonheur d'admirer la Plaine Qu'enlacent tendrement les monts et les forêts, Que couvrent de leurs ors les buissons de genêts, Sous un ciel caressant, de splendeur souveraine ;

Dans la brande dorée où rougit la goyave, L'ivresse de danser sous les bleus acacias Et de sourire aux hortensias Quand l'onde a des yeux pers, l'air un parfum suave ;

Le charme de rêver à l'ombre des platanes Où s'en viennent paissant le long des chemins creux Les bœufs haut encornés et nonchalants, les bœufs Dont l'odeur traine sur les fanes ;

La joie aussi d'aller du jade des bibasses A l'arôme des champignons, De savourer sur l'herbe, entre gais compagnons, Les fromages moelleux et les papayes grasses ;

La volupté de dérober aux précipices Des gaufres de miel vert et des palmistes-choux... O tous ces privilèges doux Qui me forcent d'aimer ce pays de délices !

Guy Agénor Il est une île fière

Il est une Ile fière aux rives de basalte, Aux sommets enivrés d'azur et de soleil, Une Ile dont le cœur enthousiasmé s'exalte Sous l'ardente "Fournaise" et les grands soirs vermeils. Elle verse à la fois vigueur et nonchalance Par ses hivers cléments et ses brûlants étés ; La nuit elle s'endort aux accents des romances Et porte dans son sein de chaudes voluptés. Au chant des flots indiens elle berce ses sables Et d'innombrables cœurs vers le rêve inclinés ; La brise y fait jouer les harpes inlassables De ses longs filaos… C'est là que je suis né, C'est là que tous mes jours se remplissent du faste Des cirques majestueux et des vives clartés, C'est là que l'horizon d'un Océan si vaste Emprisonne mon cœur enivré de beautés… Ta splendeur, ô joyau ravit mes yeux d'artiste, Et mon cœur te chérit autant que ma raison ; Mais quelquefois, le soir, mon âme est toute triste Quand un rêve l'emporte à d'autres horizons ! Un mirage à mes yeux met ses neiges lustrales Ses printemps lumineux en leurs gracieux décors, Ses étés plus cléments que nos chaleurs australes Et la riche beauté de ses automnes d'or. Pourquoi t'aimé-je tant, ô lointaine patrie, que mes regards ne peuvent contempler Que sur des clichés morts ! Quand une Ile chérie, De sublimes trésors est là pour me combler ?...

Alcide Baret Salazie

Laisse les jeux du Casino Et descends vers le Point-du-jour. Les jeux du Cirque sont plus beaux, Les jeux du soleil sur Hell-Bourg. Le grain que ce nuage apporte Du Cimandef et de Marla Fuit déjà vers vers la sombre porte Que les eaux ont ouverte là. Il court du Piton à la plaine Comme une ombre sur un miroir, Friselis d'ombre que promène Quelque fantastique arrosoir. Déjà c'est la fin de l'ondée Le soleil, sitôt découvert, Sèche la terre dénudée Et fait briller le maïs vert. Les roucoulements recommencent. Le chant des coqs monte dans l'air. Penche-toi sur l'abîme immense, Entre les feuillages plus clairs. Le fer de lance de la Mare Resplendit plus glauque et plus beau. Les radeaux larguent leurs amarres, Effarouchant les poules d'eau. Aux pentes vois ces flammes vertes : L'escalade des filaos. Les montagnes restent couvertes. Un arc-en-ciel bondit là-haut. Sur le ronron des tourelles S'aiguise un autre chant d'oiseaux, Car les ciseaux des hirondelles Coupent le ciel, rasent les eaux. Aux champs de maïs qu'elles rasent, Clairsemés dans les profondeurs. De rares paillotes s'écrasent Que gardent les chiens aboyeurs. Tache blanche : un colon qui gratte. Insecte gris qui va rampant, Auto, image disparate, Sur la route, ce long ruban. Un panier rond sur une tête : Des tomates et du manioc. Deux chants qui montent vers la crête : Braîment d'un âne, cri d'un coq. Dans ces îlettes et ces laves Ont vécu les grands noirs marrons. Est-il mort, le temps des esclaves ? La brume remonte. Rentrons.

Raphaël Barquisseau Marche

« Rouge orange safran La lumière tombe des nuages Ils ont attendu le couchant

Rouge orange safran Du brasier incandescent Il n'y a plus qu'une pièce étale De cendres argent Rouge orange safran Tunique rose et turban Le mage A jeté sur le feu Des pétales Rouges roses safran

Tournent le danseurs possédés Qui battent le tam-tam Et les femmes Aux longs cheveux En choeur prosternées Supplient les dieux

Les fleurs n'ont pas brûlé

Plus rien ne bouge Les hommes vont marcher Tuniques blanches et turbans La chaleur monte du rectangle d'argent Rouge orange safran

Sur les cendres laissant des traces rouges Mains jointes regards incandescents Ils vont sur le brasier ardent Jusqu'au ruisseau de lait apaisant

Près d'un pieu Attend le cabri du sacrifice Destiné aux dieux Pour éloigner le maléfice

Rouge et noir Tombe le soir »

Anne Cheynet La Rénion lé éné

Premié débu

Le tréfon d’ Losséan Indien.

Total fénoir Poisson san zié Minm laj Bondié I mor zot vie trankilman. Episa le félir Episa le pétir Le fon la mèr i krak Le fon la mèr i kasse : Gran dézorde Limièr zéklèr Fésho lanfèr ! La tèr i komanse vomi son tripe de-feu… Lav si lav Rosh si rosh De-feu dsi de-feu La min volkan i simante nout shato. Li grinpe Pa tro vitman Pa tro dousman Parèy péshèr soumarine I mank toufé Soman i vé pa Tonb invalide. In jour : Lèr ! Loksijène ! La briz de mèr ! Le féklèr ! Dé féklèr i bute inn sanm l’ot Féklèr la tèr, féklèr solèy. Epila nout péi i pousse I pousse minm I grandi po tash moyen Déssote le sièl… Axel GAUVIN Naissance de La Réunion Au tout début, Les abysses de la grande mer Indienne Obscurité totale Des poissons sans yeux Aussi vieux que le monde Meurent leur vie calmement. Tout d’un coup la fêlure Tout d’un coup la fissure Le fond de la mer craque Le fond de la mer casse Fracas épouvantable Eclairs Chaleur d’enfer La terre se met à vomir ses tripes incandescentes. Lave sur lave Pierre sur pierre Feu sur feu Cimenté par la main des volcans Notre château monte Pas trop vite Pas trop lentement Comme ces pêcheurs sous-marins Qui sont à la limite de l’asphyxie Mais qui ne veulent pas Rester infirmes. Et puis un jour : L’air ! L’oxygène ! La brise de mer ! La lumière ! Deux lumières se percutent La lumière de la terre, la lumière du soleil Et notre pays continue de pousser De pousser encore Pour dépasser le ciel… Axel GAUVIN KISSA LA-DI JARDIN KRÉOL LÉ FARFOUYÉ ?

Rant aou, pa bezoin la për ! Sa la pa jardin japoné, sa ; sa la pa jardin pandiyé konm dann tan Babylone ; sa la pa Jardin le Roy non plü. Sa jüss in jardin kréol sü la tér la Rényon ! Avanss aou ! Shak koté lalé, ti palmiss ek foujér i amène aou : aou linvité, aou l'onër. In tralé flër i akëy aou : bèk zoizo, kë d'mimit, lang defë, liane darjan, plui d'or...

Pou èt joli, sa lé joli ! Soman jardin kréol i rod pa rienk la boté ; Térla ou lé kab trouv in grap tomat rézin, dë fëy konbava, troi pti piman martin : in rougay, sa la toujour bezoin ! Na po soigné osi ! Ala in bransh layapana po la bone dijéssion, ala sitronèl po abat le nér, ala romarin ek matrékér an kak i gingn sézisman.

Epü kossak sré in jardin kréol si navé poin kisoi in pié gouyav, kisoi in pié mang ousinon in pié létshi ? Ah ! Sou pié d'letshi-la, band gramoun la-konü pass le tan laprémidi, kan la shalër té i lév. La, té i boir kafé, té i kass la blag, té i tri brèd pou l'diné.

Mé kél malfondé la-di jardin kréol lé an dézord, lé farfouyé ? Sa sürman in boug i koz la boush rouvér, sa...Parss dann jardin kréol na rienk pou woir, pou santir, pou manjé, pou soigné : na jüss sak i fo pou bien viv !

Robert GAUVIN SOU LA VARANG...

« Varang », kel koté le mo i sort ? Lespri i vavang, i majine Pondichéry, Goa, Chandernagor...Sépa kisa la fé mont en premié in varang sü la tér La Rényon ? Son nom la fine pérd dann fénoir, mé zordü enkor, sou la varaang, lümiér i rant a flo, la vérdür i débord : dizon ou lé dëor ? Non va, lé komsi ou té dëor !...Sou la varang i gingn anpar solèy, anpar la plui ; ou lé an dan alorss ? Non va, lé kom si ou té an dan ! An dan, an dëor, an minm tan : ou lé sou la varang.

Astër pren la pène ogardé koman varang i fé le fiér, i mét le fion, i fé dantèl. Soman, akoté dsa, in vré varang lé toujour paré po akëy aou dan son fotëy rotin, toujour dakor pou k'i sérv aou in tass kafé, osinon pou léss aou fé la sièst, kank ou l'apo toufé dann fésho moi d'janvié. La-minm granpér té i joué kart ; la minm lü té anvoy po marmay tout sort kalité kossa-in-shoz po déblok sort majinassion. La minm lü té rakont zistoir té fé për, té fé rir : zistoir ti-jan-grandiab- la-fèss-an-or...Na 30 an talër lü la parti, kinmsa son fotëy i atann alü, si jamé défoi lanvi artourné i pran alü !

Sü l'tar, zami i débark : bonbon piman i poik, pistash i akokine, rhum aranjé i démay la lang. Par déryér baro, loin laba, l'ot koté la mér, la mizér, la violanss, la guér : la tér i tourn torte !

Astër la brüne i rant...Sak i pass dann shemin, pass azot viteman ! Marmay, fé pa dézord, zafér lé sérië ! Ek dë-troi dalon, sou la varang, kit anou refér le Monn !

Robert GAUVIN LA MARE

Paisible, elle somnole au fond de son écrin ! Elle écoute, en rêvant, les chansons du matin ! Quand la brise chuchote à l'oreille des pins Quelque secret surpris aux buissons des ravins.

Elle aime les grands boeufs dont le rude pelage Parsème de tons clairs le gazon de sa plage, La libellule bleue et la canard sauvage Endormi, sur les bords, et qui s'éveille et nage.

Son eau verte s'éclaire au baiser des rayons, Profonde, elle reflète, avec l'ombre des monts, La silhouette souple et gracile des joncs, Et sur le ciel bleu frais, les saules nains et blonds.

Et, de l'aube à la nuit, elle poursuit son rêve, Rêve mystérieux qui jamais ne s'achève, Qu'elle conte peut-être aux rochers de sa grêve Quand, pâle au front des monts, la lune d'or se lève.

Iris HOARAU Brûlé

Dernié bout lao ranpar la komine Kaliptis, filao, kalimé, baramine I gingn pa kapkap dovan kap Pou tras santié par koté Maniquet Par koté Mamode Camp Pou mont la Roche Ecrite Kan lèr na pi lo tan

Brûlé Marmay léo blizé fé la rout Pou dsann kolèz dernié fon Sindni, dernié bout I sort lékol tar lo soir Manzé, bingné, fé devoir Dann vakans i trinn Rod in zafèr pou fé Pran in pé lèr déor Asiz la kaz, zoué balon Gard télé, tourn an ron

Brûlé In mond o ralanti, lèr fré péi déor Apré manzé midi, lo sièl i glas lo kor Katerpilar i manz lo rosh, batiman i konstrui Taxibis lé rar, kinm la rout plizanpli zoli

Brûlé Na domoun i prétan pa voir lavnir Zot prézan zot i pran pa, i atann voir venir La boutik an zourné, lo rom, léfé Agard la vi pasé Sa osi Brûlé

Travayèr zournalié i rod pou bèk in klé Na dot, baskèt, survèt, i antrinn minm dann santié L'ONF i travèrs, doboi n'ankor plin Alé manz dann la foré, sa osi zot i ème byin Solèy tout la zourné, zot lé pa abitié Siel gri, farine la pli Saminm Brûlé Teddy IAFARE-GANGAMA Brilé, Sindni, 21 oktob 2014 Cilaos

Kinm ton montagn lé an kabos Pou protèz shanzmandèr ton kèr Koman pa kontant mon lardèr Dann kré ton rin, té Cilaos

Moin la dépoundiak ton bann viraz Inn par inn Pou dékontourn dan mon vizaz In ot moin-mème

In ot amoin isi-an-o Pi sitadin, pa d’moun léo In ot domoun an koin Sof in ot amoin dan moin

Si té pa ton kodène karo lantiy La pa ton vin la soul amoin Si té pa lo kor inn ton zène fiy La pa ton kourb la antourn amoin

Lontan, trozour, lamour, lontan Cilaos, aou an-o, anba amoin Lontan, trozour, lamour, lontan Cilaos, kème nout dé ou lé loin

La pa koudvan in koup lo tan La pa ranpar i sépar an par Cilaos, aou an-o, anba amoin Mi sava tanto, mé tard pa mi rovyin

Teddy IAFARE-GANGAMA Cilaos, 5 avril 08

Lo tan va gid anou

A force de trop d’isolement Peut-être faut-il repenser la vie Prendre comme atout le temps Ne plus le voir comme un ennemi

Rien ne sert de courir vite Il faut savoir guérir à point Souffrir en silence Est souvent sourire en souffrance

Lo tan va gid anou

Redonner du sens à « bon jour » Répondre vraiment à « comment ça va ? » Se poser, entendre, passer son tour Réapprendre à écouter l’autre, être là !

S’arrêter, prendre le temps avant d’agir De parler pour dire n’importe quoi Tourner au moins sept fois son texto dans sa bouche Parfois avant d’appuyer sur « envoi »

Lo tan va gid anou

Quel merveilleux cadeau la vie Quand on redécouvre qu’elle nous sourit Aller de l’avant oui, mais sans oublier où ça Plutôt que l’urgence tout le temps, privilégier les bons choix

Avancer ensemble, voir le monde différemment Regarder ses enfants grandir, accompagner ses parents Le passé est fini, le futur se change tout le temps, Arrêtons d’attendre demain, nous sommes juste du temps présent.

Teddy IAFARE-GANGAMA Fleurimont, mé/out 2020 Santié mon kèr

Dann bor santié pou gard mon kèr Mi plant in lonz margoz amèr Sanm dé pti pongné zerbavèr Pangar sak i pran shomin-la I rèt anplas èk zot lodèr

Dann bor santié pou trap mon kèr M’a plant osi dé-troi pié flèr Kashièt dosou zoranz amèr Pangar anka ou i pas par là Nora ryink sa pou anmar out kèr

Dann bor santié pou rant dann kèr Néna ranpar gran profondèr Lapik an point an gran kalvèr Pangar si ou la tonm anndan-la Pou artourné ou na pi l’kèr

Dann fon santié otour mon kèr Néna in douiyé ni an bèr Bonpé lamour an moushavèr Pangar si ou la rant dan mon bra Yayay, malèr! Sra out bonèr !

Teddy IAFARE-GANGAMA 3 novanm 06

Si ou té in frui

Si ou té in frui, moin noré di in grenadine, nana i di osi « fruit de la passion » Si ou té in flèr, mi diré in bouton d’roz, pars ou lé inn fiy de roz

Out po lé dou parèy la koulèr mièl vèr lao Tampon Out lodèr i shant an kozman tikouti dann ranpar Out regar, sa lé ron ! Telman ron, noré di la shèr gouyavié la Plaine Out dé pti min lé tann, konm in lodèr kafé griyé granmèr É out voi ! Out voi ! Inn ti briz tièd kan m’i antan I kap kapkap an kap mon po anndan…

Shak ti mo d’out boush i fé tranm mon kèr Shak ti bouzé out kor i fé frisone mon bonèr Shak ti bout out kor i fé mon fièrté d’pèr…

Shak ti, Shak ti, Shakti

Ôm ma Shakti

Ti déès amoin pou la vi…

Teddy IAFARE-GANGAMA Zilié 04

A l'île natale

O terre des palmiers, pays d’Eléonore, Qu’emplissent de leurs chants la mer et les oiseaux ! Île des bengalis, des brises, de l’aurore ! Lotus immaculé sortant du bleu des eaux ! Svelte et suave enfant de la forte nature, Toi qui sur les contours de ta nudité pure, Libre, laisses rouler au vent ta chevelure, Vierge et belle aujourd’hui comme Ève à son réveil ; Muse natale, muse au radieux sourire, Toi qui dans tes beautés, jeune, m’appris à lire, A toi mes chants ! à toi mes hymnes et ma lyre, O terre où je naquis ! ô terre du soleil !

Auguste Lacaussade Le Piton des Neiges

La lumière s’éveille à l’orient du monde. Elle s’épanouit en gerbes, elle inonde, Dans la limpidité transparente de l’air, Le givre des hauts pics d’un pétillant éclair. Au loin, la mer immense et concave se mêle À l’espace infini d’un bleu léger comme elle, Où, s’enlaçant l’un l’autre en leurs cours diligents, Sinueux et pareils à des fleuves d’argent, Les longs courants du large, aux sources inconnues, Étincellent et vont se perdre dans les nues ; Tandis qu’à l’Occident où la brume s’enfuit, Comme un pleur échappé des yeux d’or de la Nuit, Une étoile, là-bas, tombe dans l’étendue Et palpite un moment sur les flots suspendue. Mais sur le vieux Piton, roi des monts ses vassaux Hôte du ciel, seigneur géant des grandes Eaux, Qui dresse, dédaigneux du fardeau des années, Hors du gouffre natal ses parois décharnées, Un silence sacré s’épand de l’aube en fleur. Jamais le Pic glacé n’entend l’oiseau siffleur, Ni le vent du matin empli d’odeurs divines Qui rit dans les palmiers et les fraîches ravines, Ni parmi le corail des antiques récifs, Le murmure rêveur et lent des flots pensifs, Ni les vagues échos de la rumeur des hommes. Il ignore la vie et le peu que nous sommes, Et calme spectateur de l’éternel réveil, Drapé de neige rose, il attend le Soleil.

Charles Leconte de Lisle. Le bassin Cadet

Là-bas, perdu dans un profond ravin, Encerclé de rochers de verdure, Se cache un large et tranquille bassin. Dans cette beauté sauvage, si pure, Sombre et muet, il dort dans le matin. … Les bois cendés s'y reflètent, penchés, Et des brandes il pleut de fines feuilles. Les merles, sur les bois-maigres perchés, Trillent, sautillent dans les chèvrefeuilles Enlaçant de rachitiques pêchers.

La canne-marrone pend à ses flancs ; Sur les affouches fleurit l'orchidée Aux étranges pétales enivrants, Et l'abeille, fuyant l'onde ridée, Puise le doux miel vert aux rouges tans. … Les goyaviers entrelacent leurs troncs Aux rameaux chargés de rouges goyaves ; Les oiseaux-verts, par mille petits bonds, Se suspendent à tous ces fruits suaves, Modulant d'interminables chansons.

Et, par-delà les rives, dans les cieux, Emergeant de grisonnantes bruyères, Les acacias ondulent, verts et bleus... -Les cloches appellent à la prière Au village... - Moment délicieux !

Marc Henry Pinot Cilaos

Tels des monstres géants foudroyés dans leur ronde Les monts, les pics altiers, le haut Piton Neigeux Gardent jalousement et séparent du monde Ton beau cirque enchanteur où l'on vit plus joyeux

Oh ! L'aspect tourmenté de tes gorges profondes ! Tes torrents pendus aux gouffres vertigineux... Et ton « Cap Noir » béant où la cascade gronde En jetant la clameur de son flot écumeux...

Fougères, bois de pins, tapis de fraîche mousse Taches claires des bœufs couchés dans l'herbe rousse Parfum de rouges fraises et chanson des ruisseaux

Eaux chaudes qui sourcez pour guérir la faiblesse Oui je vous aime tous de la même tendresse. Vous êtes mon pays, ô sites toujours beaux !

Marc Henry Pinot La Plaine des Cafres

Vaste plateau vêtu d'un manteau de bruyère ; Station estivale d'un merveilleux séjour, A l'air vivifiant ; région si prospère ; Lieu de gras pâturages et de riches labours.

Tu te souviens encor, belle Plaine des Cafres, Du temps déjà lointain où quelques Noirs-Marrons, De l'esclavage horrible alors fuyant les affres, Vinrent chercher asile à l'abri de tes monts. … Sous ton ciel marqueté trop souvent de nuages Tes rudes paysans - fils rêveurs du brouillard - Patients, ont bâti ton étrange village Tout le long des chemins, sans ordre, à tout hasard.

On découvre en ton sein des recoins de Bretagne Où tes fiers campagnards - descendants de Bretons - Ont érigé partout dans ta verte campagne Des murs de pierre sèche autour de leurs maisons.

Tes champs de géranium et de pommes de terre Se cachent, verdoyants, dans le creux des valons ; Sous tes bois d'acacias fleurit la primevère. Et la fougère tisse, en tes ravins profonds,

Des festons de dentelle. …

Marc Henry Pinot TI ZWAZO

Ti zwazo po vol lao port amwin si out do wayo

Mi dodo kont out koko mi rèv lwin karès dolo fane in zékli out boté mon véli aminn amwin somin paradi

Sové filao i soukouy dann karo son transpir larm dolo

Lanm la mèr dann galé out matla i zwé kaskasnikola

Konm lé gadyanm soukouyman kayanm mon kor i dor dann kontantman

Gilbert Pounia Sou kèl zétoil nou lé né

Nou nana vintan manmzélé Bonpé lèspoir nou lavé Mé toutsat nou la vi dann télé Danlèr pié-d boi la fine fané

Nou nana vintan manmzélé Sou kèl zétoil nou lé né

Fim-sinéma lapa di vré Té kom la fimé dan nout zié Fim-sinéma lapa di vré Té kom la fimé dan nout zié

Nou nana vintan manmzélé Sou kèl zétoil nou lé né

Zénzan-vintan kom nou lé Léspoir nout kèr té gonflé Shomaz èk son gran kouto La perse ali kom larozoir-d lo

Zénzan-vintan kom nou lé Sou kél zétoil nou lé né

Zordi nou lé trisse kissa lotèr Fim-télé la ramasse mantèr Zordi nou lé trisse kissa lotèr Fim-télé la ramasse mantèr

Zénzan-vintan kom nou lé Sou kél zétoil nou lé né

Patrice TREUTHARDT