SAINT-SAVIN Démographie d'un village bigourdan 1618-1975 Dans la même collection

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MIDI-PYRÉNÉES

Yves i GUY

SAINT-SAVIN Démographie d'un village bigourdan 1618-1975

Préface de Jean-Noël BIRABEN 1

EDITIONS DU CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE 15, quai Anatole- 75700 PARIS 1988 C.N.R.S. CIRCONSCRIPTION MIDI-PYRENEES

Cet ouvrage a été réalisé par le Centre Régional des Publications de l'Administration de la 141 Circonscription Midi � Pyrénées.

@ C N R S 1988 1 S B N 2-222-04012-4 Je remercie bien sincèrement, profondément pour leurs conseils pertinents, leur appui total et leur patience, Madame Agnès Fine-Souriac, Le Docteur Jean-Noël Biraben, Le Professeur Jacques Dupâquier, Monsieur Jacques Houdaille, Le Professeur Georges Larrouy, Monsieur Jean-François Soulet et Madame Marie-Vincente Guy que n'a céssé de m 'apporter une aide appréciable dans la reconstitution des familles.

PREFACE

SAINT-SAVIN 1618-1975

Lorsque mon confrère, Yves Guy, vint me voir pour la première fois en 1980, il me déclara qu'il avait entrepris une étude de démographie historique sur un village pyrénéen et qu'il venait se renseigner sur les méthodes de cette jeune science. Il était loin, et moi aussi, de se douter des difficultés qui allaient s'accumuler sur son chemin. Jusque-là préparé et rompu à des disciplines très différentes, il dut « vingt fois sur le métier remettre son ouvrage » et je salue ici la tenacité avec laquelle il a poursuivi ses efforts pour surmonter tous les obstacles, assimiler les techniques, écarter tous les pièges, et finalement aboutir. L'entreprise n'était pas simple, les registres d'état civil ancien ne sont pas, dans le sud-ouest de la France, tenus avec toute la régularité et le soin qu'on aurait désiré ; les actes sommairement rédigés, les lacunes, la conservation aléatoire, en rendent l'étude particulièrement délicate et celle-ci réclame toute l'attention d'un expert averti. Yves Guy a commencé avec pour tout bagage la foi du néophyte et la première version de son mémoire se présentait comme l'aimable dissertation d'un amateur sans expérience. Le redressement opéré n'en est que plus méritoire, car le travail qu'il présente aujourd'hui a toute la rigueur technique requise pour figurer en bonne place dans les monographies de village et je suis certain que les démographes historiens le rangeront dans les bons travaux de référence qu'on consulte avec d'autant plus de plaisir qu'il se situe dans une région où les recherches sont rares. Saint-Savin-en-, en effet, se situe dans une région austère des Hautes Pyrénées où les registres d'état civil anciens, mal tenus, rares et lacunaires n'attirent pas les chercheurs. C'est le premier mérite d'Yves Guy d'avoir su dénicher les séries les plus anciennes et les plus continues de la région ; son second mérite est d'avoir décidé d'en faire l'analyse démographique par la méthode fine de la reconstitution des familles, le troisième est d'avoir abouti quelles que soient les difficultés rencontrées. Grâce à lui nous disposons d'un travail solide et étendu dans une région peu étudiée. Les registres de Saint-Savin débutent en 1618 et, de cette date à nos jours, quatre années seulement ont été perdues. Profitant de cette exceptionnelle continuité, Yves Guy a poussé son travail jusqu'à 1975, nous offrant ainsi des séries d'indices sur plus de trois siècles et demi que bien peu de monographies nous ont offert jusqu'ici et qui permettent d'aborder des problèmes encore mal connus. Ainsi en est-il d'abord de l'évolution de la population globale à long terme. De dimension moyenne, environ 500 habitants, Saint-Savin, après la peste dramatique de 1653, voit ses naissances diminuer de façon durable. Un dépeuplement semblable est noté en Espagne à la suite des mêmes circonstances, et a été interprété comme un recul économique consécutif à la grande peste de 1647- 1652. Cependant, en Provence, à la même époque, nous voyons la montagne des Alpes du sud, jusque-là très peuplée, parce que zone refuge pour les populations soumises à l'insécurité, se vider au profit de la plaine, plus riche et devenue aussi sûre. Saint-Savin relève-t-il du modèle espagnol, son économie s'est-elle effondrée après la peste ? ou du modèle provençal, et a-t-il perdu des émigrants au profit des plaines qui, au nord des Pyrénées ont commencé à multiplier et diversifier leurs activités dès la seconde moitié du XVIIe siècle ? L'autre problème est à la fois plus proche de nous et plus fondamental, il consiste à étudier, analyser et comprendre comment s'est faite la transition sociale du monde ancien au monde moderne, par quels mécanismes et quels changements un monde aussi retiré et abrité des grands courants économiques, sociaux et culturels qu'une haute vallée pyrénéenne a-t-il pu passer de la vie traditionnelle à la vie actuelle ? La monographie de Saint-Savin nous donne déjà beaucoup de réponses sur le plan démographique à ces deux problèmes ; il y manque les migrations géographiques qui accompagnent en général les mutations professionnelles, mais nous savons qu'Yves Guy a entrepris un étude semblable pour six villages du Lavedan, et qu'il pourra bientôt répondre à nos interrogations. Déjà quelques comparaisons figurent dans ce travail ; en le remerciant de ce qu'il nous offre ici, nous espérons encore beaucoup de lui sur les populations des Hautes Pyrénées et le félicitons pour son entreprise.

Dr J. N. BIRABEN Chapitre Premier

SAINT-SAVIN

Le village de Saint-Savin se situe dans cette partie de la (Hautes- Pyrénées) que l'on nomme le Lavedan (voir la carte 1). D'altitude moyenne (582 m.), à l'écart de la vallée du Gave de Pau et de l'actuelle route nationale 21, accessible seulement par une petite route départementale, la 13, sans aucune source thermale ni attrait touristique particulier, si ce n'est une ancienne abbaye bénédictine, il ne fait pas de doute que Saint-Savin a toujours été enclavé. Il fallait avoir un but précis pour s'y rendre. Ce n'était pas le cas pour d'autres villages du voisinage étudiés par la suite : par exemple attirait des curistes depuis au moins le XVe siècle et d'autres lieux comme , et Esquièze-Sère étaient situés à proximité immédiate d'une route à grande circulation. La présente monographie sur Saint-Savin a vu le jour dans les circonstances suivantes. Nous avions étudié un très ancien groupe marginalisé depuis des siècles dans le sud-ouest de la France et particulièrement dans les actuels départements des Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées, les Cagots, dont il ne reste plus de nos jours que quelques survivants. Parmi les multiples humiliations et exclusions qu'ils devaient supporter, un interdit semblait particulièrement intéressant pour la génétique : comme tant d'autres groupes marginalisés, les Cagots n'avaient le droit de se marier qu'entre eux. La consanguinité devait donc être importante au sein de leur communauté méprisée. Pour pouvoir juger de cette consanguinité, il fallait découvrir un village où l'on pourrait suivre l'évolution de descendants de Cagots. Cela semblait une véritable gageure. Si l'on ne voulait pas se contenter de légendes, de contes (que les actuels Pyrénéens sont d'ailleurs peu disposés à répéter), la seule possibilité était de reconstituer les généalogies des Cagots, en admettant que cela fut faisable. Dans une première étape, pour étudier la consanguinité supposée des Cagots et aboutir à des résultats quantitatifs, il fallait se procurer ce que l'on nomme en biologie un « témoin ». Pour de multiples raisons, il devint rapidement évident que ce témoin ne pouvait pas être un échantillon de population arbitrairement choisi mais l'ensemble d'un village ayant abrité des Cagots. De là l'obligation du choix aussi judicieux que possible d'un village puis la reconstitution des familles suivant la méthode mise au point par M. Fleury et L. Henry. La toute première raison de notre choix de Saint-Savin est qu'un médecin (un « metge ») cagot, Joan de Mailhoc, en était originaire et dirigeait en 1472 un établissement thermal (en fait trois ou quatre baignoires en bois dans une barraque) dans un village pas très éloigné et déjà réputé pour les bienfaits de ses sources, Cauterets. La Reine Margot avait nommé la source en cause « la fontaine d'amour » parce que ses eaux, aidées, disaient les mauvaises langues, par de vigoureux « fretayrès » (les ancêtres de nos kinésithérapeutes) rendaient enceintes les femmes stériles. Notre premier objectif était donc de découvrir ce que pouvaient révéler les registres paroissiaux au sujet des Cagots. Celui-ci a été atteint, car nous avons retrouvé et suivi la trace non seulement du médecin du XVe siècle, mais aussi celle de quatre autres familles cagotes. Et ceci de façon assurée, car leur condition de Cagots était mentionnée aussi bien sur les actes de baptême que de mariage et de sépulture. Un autre village a été choisi, Esquièze-Sère, parce que nous avions effectué un prélèvement pour analyse hémotypologique en 1975 (ne révélant d'ailleurs aucune particularité par rapport aux résultats d'autres Pyrénéens) sur un homme né dans le village. Lui et sa famille avaient toujours été considérés comme Cagots (ils étaient nains, sourds-muets de naissance mais point sots). Nous nous référerons parfois à ce village car, à de nombreux égards, Saint-Savin et Esquièze-Sère présentent des contrastes marqués. Une première constatation est facile à faire : la courbe reconstituée suivant la méthode d'étude très imparfaite de l'équilibre naissances/décès indique (fig. 1) que vivaient à Saint-Savin environ 650 personnes avant 1654 et 500 au XVIIIe siècle. Il n'y en avait plus que 327 en 1975. A l'opposé, la courbe de la population d'Esquièze-Sère montre un gain de presque le double : environ 250 habitants vers 1740 et 503 en 1975. C'est la première différence bien nette entre les deux villages. Aucune courbe de la population ne peut être tracée de façon vérifiable avant le premier recensement nominatif. Ce que l'on possède en revanche ce sont les actes enregistrés de baptême puis de naissance, de mariage et de sépulture (tableau I où les pourcentages se contentent d'indiquer la proportion des différents actes et leur part dans le total et les fig. 2, 3 et 4 où certains creux indiqués par « années sans archives » sont dus à l'absence de données pendant 3 ou 4 années sur la décennie examinée). Les courbes confirment le déclin de Saint-Savin et l'essor d'Esquièze- Fig. 1 — Courbes des populations estimées et recensées à partir de 1796 Fig. 2 — Mariages Tableau I. —Nombres d'actes enregistré Fig. 3 — Naissances Fig. 4 — Décès Sère jusque vers la fin du XIXe siècle puis la chute parallèle. Les nombres de naissance, de mariages et de décès enregistrés sont connue de façon précise. Il a été ainsi possible d'établir jusqu'en 1975 compris 13 900 fiches individuelles qui se répartissent de la façon suivante :

La fig. 9 indique le nombre d'habitants à Saint-Savin et à Esquièze-Sère depuis que l'on dispose de recensement. Le nombre d'habitants du premier village a diminué au cours des temps depuis le premier recensement. A l'inverse, la population d'Esquièze-Sère a augmenté pour dépasser celle de Saint-Savin vers 1930. Saint-Savin est ainsi conforme à ce que l'on sait de nombreux villages montagnards ou campagnards étudiés en France, mais Esquièze-Sère pose un problème. On peut supposer que le gros village voisin à vocation thermale, Luz- Saint-Sauveur, qui ne cessait de s'accroître, a fini par ne plus pouvoir héberger ceux qui arrivaient sans cesse. Nombre de ceux-ci se logèrent alors à Esquièze-Sère qui aurait ainsi constitué avant la lettre un « village-dortoir », ses habitants n'ayant à parcourir qu'un petit kilomètre pour aller travailler à Luz. Si l'on réfutait cette suggestion, on serait dans l'impossibilité d'expliquer comment pouvaient gagner leur vie dans un si petit village par exemple trois bouchers et quatre boulangers.

La place de Saint-Savin dans le canton

Le document numérique le plus ancien que l'on possède remonte à l'An IV (1796). Ce recensement distinguait :

1/Les hommes mariés ou veufs, 2/ les femmes mariées ou veuves, 3/ les garçons de tous âges, 4/ les filles de tous âges, 5/ les défenseurs de la patrie vivants ou morts.

A cette époque la région où se situe Saint-Savin se divisait en 3 cantons : celui d'Argelès, celui de Préchac et celui de Saint-Savin, actuellement groupés pour Fig. 5 — Nombre d'habitants d'après les recensements former le canton d'Argelès-. Saint-Savin était donc chef-lieu de canton avec 247 hommes et 244 femmes (soit 491 habitants) et 8 communes en dépendaient : - « Cautarès » : 587 habitants, - Arcizans : 383, - Lau : 175, Lau sera réuni par la suite à Balagnas, - Balagnas : 64, - Adast : 140, - Nestalas : 514 (presque à égalité donc avec Saint-Savin à cette époque alors que par la suite, réuni à Pierrefitte, le village deviendra une petite ville), - Soulom : 318, et - « Us » : 98. Le tableau II rend compte de l'évolution démographique de l'actuel canton d'Argelès-Gazost La fig. 6 montre la place de Saint-Savin parmi les principaux villages satellites ayant servi aux échanges matrimoniaux. On constate que : - Cauterets a connu un essor extraordinaire puisque le village est passé d'environ 600 habitants en 1796 à presque 2 000 à la fin du XIXe siècle (1989 en 1881 et 1941 en 1886). La mode des « bains », la poussée du romantisme, l'attrait de la « montagne sauvage » en sont certainement les causes principales. — La courbe décroissante de Saint-Savin sera expliquée par la suite mais une des causes évidentes en est qu'il fallait avoir un but précis pour s'y rendre (probablement par des chemins devenus malaisés par comparaison avec la voie d'accès à d'autres villages voisins) en raison de son enclavement C'est pourquoi la vallée d'Azun dont l'un des chemins aboutit à Saint-Savin (avec en particulier Arras-en-Lavedan et Bun) a fonctionné très tôt comme source d'échanges matrimoniaux. - Arcizans-Avant se trouvait dans la même situation. Enclavé comme il l'était, ce village ne pouvait que péricliter. - Adast pose un problème différent. Ce petit village était (et est) situé sur la grand'route qui va bifurquer peu après vers Cauterets ou Luz-Saint-Sauveur, ce qui explique probablement sa pérennité démographique. — Lau-Balagnas, en aval dans la vallée, a connu un destin similaire : relative stablilité puis poussée en raison de sa situation sur la route principale des cols (plus tard devenue la route de la Mongie et du ski).

Le recensement de l'An IV dont il était question plus haut apporte des précisions qui permettent de juger de certaines des ressources principales de Saint- Savin. On y comptait 14 bœufs, 201 vaches, 11 veaux et génisses, un seul cheval Fig. 6 — Nombres d'habitants dans 5 villages du Lavedan Tableau II. — Evolution démographique dans le canton d'Argelès-Gazost mais 18 « jumens », 7 mulets et 25 ânes, mais surtout 2 038 moutons et brebis, 46 chèvres et 85 cochons. Saint-Savin venait largement en tête des 8 villages qui composaient à l'époque le canton de Saint-Savin puisqu'il abritait 23,5 % du troupeau bovin du canton (la deuxième place revenant à Cauterets : 19 %). De même, Saint-Savin comptait 20,5 % des chevaux, mulets et ânes (la deuxième place étant encore pour Cauterets : 17,3 %), 21,4 % des ovins (deuxième place : Nestalas avec 20,2 %) et enfin ses 85 porcs représentaient 27,3 % du total (deuxième place : Nestalas avec 12,2 %). Le village conserva cette première place économique jusque vers la fin du troisième quart du XIXe siècle. Puis des industries s'implantèrent à Argelès-Gazost, Pierrefitte-Nestalas et Soulom. Elles attirèrent des paysans des environs dont nombre devinrent « manouvriers » ou « ouvriers mineurs ». En outre, s'ouvrait la voie du chemin de fer du PCL (Pierrefitte-Cauterets-Luz) en 1898 et plusieurs habitants se transformèrent en « aides-électriciens » ou « électriciens ». La Compagnie des Chemins de fer du Midi faisait arriver ses trains jusqu'à Pierrefitte en 1870 qui absorba le petit village de Nestalas. Le relevé des actes de l'état civil de Soulom montre que cette main d'œuvre locale nouvellement reconvertie n'était pas suffisante : de très nombreux Espagnols sont venus travailler en usine ou dans la mine. L'état civil ne s'adresse presque plus qu'à eux pendant la guerre de 1914-1918.

Pour la première fois le recensement nominatif de 1872 permet de juger de l'état sanitaire du village car diverses infirmités y sont signalées. Pour l'ensemble de l'arrondissement d'Argelès, ce recensement indiquait : 13 aliénés, 67 idiots et crétins ou goitreux, 43 aveugles dont 4 de naissance et 60 sourds et muets dont 35 de naissance. Pour Saint-Savin même, les chiffres ne correspondent pas exactement suivant que l'on se fie à la pièce annexée au recensement (« tableau 6 : Aliénés, idiots et crétins, aveugles et sourds-muets ») ou au corps même du recensement où la maladie est indiquée sur la ligne correspondant à chaque personne. D'après cette dernière source, il y avait dans le village : - 63 goitreux (soit 12,7 % de la population ou 35,5 % des goitreux de l'arrondissement. 54 sont indiqués goitreux, 7 sont des goitreux presque idiots, 1 est goitreux et bossu et un est étiqueté : « goitreux, presque muet, idiot-crétin ». Ce dernier malade est en fait une femme qui aura huit enfants dont trois se marieront. - 8 boiteux dont un est borgne de surcroît, - 3 idiots et sourds-muets de naissance, - 3 nains dont un sourd de naissance et un autre marié, - 1 muet de naissance, - 4 infirmes et 1 hydropique, - 1 « difforme », - 2 sourds et bègues, - 1 bègue, et enfin - 2 asthmatiques, 2 poitrinaires et 1 myope. En 1872, on estimait donc nécessaire d'indiquer que 93 personnes étaient malades ou infirmes, soit 18,8 % des habitants de village, presque un sur cinq et encore à l'époque la sous-déclaration était assez courante. Saint-Savin était le village présentant de loin le moins bon état sanitaire de l'arrondissement On n'en avait évidemment pressentiment en le choisissant. Quelles peuvent être les raisons de cet état sanitaire pitoyable ? De nos jours, si l'on se promène dans Saint-Savin un jour de la semaine, on rencontre au maximum une dizaine de personnes et pas un seul mouton, pas une seule vache. Trois hôtels et un café-tabac ne voient un peu de monde qu'en été, surtout de passage. Le dimanche, il y a un peu plus d'animation, mais bien modeste : quelques Tarbais ont un domicile secondaire à Saint-Savin. Aujourd'hui donc, rien ne permet d'expliquer le mauvais état sanitaire du XIXe siècle. Les goitreux étaient nombreux comme dans toutes les Pyrénées centrales. La maladie entraînait souvent une forme de crétinisme. Ramond de Carbonnières, le grand pyrénéiste avait été saisi par leur importance. Notons en passant le fait suivant. Vers le milieu du XIXe siècle, personne ne s'intéressait plus beaucoup à l'origine des Cagots dont il était question au début de cette étude. Les grandes querelles sur leur origine (Wisigoths ariens, Sarrasins, lépreux, etc.) étaient oubliées. Mais le mot « Cagot » existait encore et l'on se mit ainsi tout naturellement à nommer les goitreux idiots. Victor Hugo lui-même conseillait aux « touristes » de faire un détour pour aller admirer à Barèges « les plus beaux goitres des Pyrénées ». Il y avait enore un certain nombre de goitreux vers le milieu de ce siècle mais les nouveaux cas disparurent lorsqu'on ajouta systématiquement de l'iode dans le sel de cuisine, ce sel qui explique l'origine de certains toponymes comme Salies-de-Béarn (où les « Cagots » avaient d'ailleurs été étudiés par différentes autorités médicales). De par sa situation géographique rien n'explique l'état sanitaire particulier de Saint-Savin. D'altitude moyenne, bien éventé (donc à l'abri des « miasmes »), avec un ensoleillement convenable, bien alimenté en eau, Saint-Savin se trouve comme nombre de villages pyrénéens. L'évacuation des déchets ne devait pas poser de grands problèmes avec le Gave de Pau situé à proximité et à un niveau inférieur au Village. Les insectes devaient, être comme ailleurs, ceux inféodés aux troupeaux de vaches et de moutons et aux cochons. Mais bien avant le recensement de 1872, on a la preuve très directe et très évidente de l'abondance des puces. En effet, une épidémie de peste, dont il sera plus longuement question par la suite a ravagé Saint-Savin en 1653-1654. On verra dans le dernier chapitre qu'en moyenne on mourait surtout en hiver, donc probablement de maladies pulmonaires, mais le « grand Hyver » de 1710 ne s'est pas beaucoup marqué à Saint-Savin. Au XVIIe siècle, la mortalité était surtout estivale (toxicoses ? ). La lecture des registres matricules n'apporte rien sur les caractères physiques des conscrits de la région sinon qu'ils étaient de taille plutôt petite. En conclusion, Saint-Savin ne présente qu'une légère exagération des particularités d'autres villages de la montagne pyrénéenne : nombreux goitreux, assez nombreux simples d'esprit au XIXe siècle. Mais il faut retenir d'ores et déjà qu'en raison de son enclavement la consanguinité a dû jouer un rôle important. Comme on le verra dans le chapitre sur la nuptialité, cette consanguinité avouée (sanctionné par une dispense de consanguinité) ou non (retrouvée dans les généalogies après reconstitution des familles) a été très importante. Que le curé l'inscrive ou non, on se mariait très souvent entre cousins.

Une première étape avait donc été franchie : les familles avaient été reconstituées sur fiches de Henry, puis sur cartes perforées et enfin disques magnétiques. L'ordinateur confirmait alors l'impression ressentie lors du relevé des fiches individuelles puis de la reconstitution des familles de Saint-Savin : 4 villages et 2 petites villes (Argelès-Gazost et Pierrefitte-Nestalas, trop importantes pourtant pour permettre le relevé par une seule personne) avaient fourni au cours des temps le plus grand nombre de conjoints aux habitants de Saint-Savin (carte 1). Il s'agit de : — Cauterets, qui est le dernier village avant la barrière montagneuse (le Marcadau) et constitue une frontière avec l'Espagne difficile à franchir (à l'exception cependant de bon nombre de résistants à l'occupation nazie au cours de la dernière guerre mondiale) ; la consanguinité devait donc y être marquée. C'était également le pâturage d'été de Saint-Savin et les échanges matrimoniaux devaient s'en trouver influencés (ce qui s'est révélé le cas lors de l'établissement des fiches individuelles). C'est enfin au moins depuis François Ier une station thermale et il pouvait être intéressant de rechercher si cette particularité avait interféré sur le plan démographique ou génétique. Les registres paroissiaux y sont conservés depuis 1608 et se sont probablement les plus anciens des Hautes-Pyrénées. — Le petit village d'Adast, situé à proximité et en amont de Saint-Savin, a été la source au cours des temps de nombreux échanges matrimoniaux aussi bien avec Saint-Savin qu'avec Cauterets, Soulom et Arcizans-Avant. — Le village plus peuplé d'Arcizans-Avant à proximité et en amont de Saint- Savin a été choisi pour la même raison. — Après avoir reconstitué les familles de ces villages, un sondage effectué sur les fiches de Henry faisait ressortir l'importance d'une autre localité : Soulom. Ce village a servi et sert encore de plaque tournante pour les échanges matrimoniaux. Situé tout près de l'ancien Nestalas (qui n'était pas encore Pierrefitte-Nestalas), c'était le premier village que rencontraient les Cauterésiens lorsqu'ils descendaient vers la vallée. La reconstitution des familles de Soulom dévoile qu'autant d'habitants de Cauterets sont venus s'installer à Soulom que l'inverse. C'était également un village situé à mi-route des habitants de Saint- Savin, d'Adast et d'Arcizans-Avant qui se rendaient soit vers Cauterets, soit vers Luz. Enfin, les habitants de la vallée de Gavarnie le rencontraient en allant vers la plaine, vers .

NOTES

(1) Y. Guy - Répartition géographique des Cagots. Actes du 100e Congrès National des Sociétés Savantes, 1979, 2, pp. 187-197. Y. Guy - « Tous les Cagots étaient charpentiers ». Lavedan et Pays Toy, 1978- 1979, 5, pp. 73-76. Y. Guy - Les Cagots des Pyrénées. Possibilités actuelles de recherche. Rev. Pau et Béarn, 1980, 8, pp. 125-128. Y. Guy - Sur les origines possibles de la ségrégation des Cagots. Hist. Sci. Médic., 1983, 1, pp. 85-93. Y. Guy La démographie et les Cagots. Actes Colloque Internat. sur les marginaux et les minorités, Pau, 1984, ed. CNRS, pp. 33-53. Y. Guy et A. Guerreau - Les Cagots des Pyrénées (ou étude d'un racisme dans le sud- ouest de la France). Monographie sous presse.

(2) M. Fleury et L. Henry - Nouveau manuel de dépouillement et d'exploitation de l'état civil ancien. Ed. de l'INED, Paris, 1978.

(3) Y. Guy - Les gésitains de Saint-Savin (ou la mention des Cagots dans une paroisse pyrénéenne). Pyrénées, 1982, 130, 1° partie pp. 109-119 ; 2° partie, 131, pp. 197-209.

(4) Nous n'avons pas songé à décompter le temps de travail nécessaire à ce dépouillement mais H. Charbonneau (Tourouvre-au-Perche aux XVIIe et XVIIIe siècles ; étude de démographie historique, INED, Travaux et Documents, 1970, Cahier 55, Paris, p. 22) l'a fait : il a passé environ 500 heures pour établie 11 817 fiches.

(5) Ces 13 900 fiches ont permis d'établir 2662 fiches de Henry (1852 pour Saint- Savin et 736 pour Esquièze-Sère). Depuis la rédaction de la présente monographie, les familles de cinq autres villages du Lavedan ont été reconstituées. Le résultat en est pour les sept villages la constitution de 8 814 fiches de Henry, soit au préalable 46 000 fiches individuelles approximativement.

(6) Le Préfet en soulignait d'ailleurs l'état forcément imparfait par une Note : « ce dénombrement spécial terminé, les maires feront sagement d'en communiquer le résultat aux médecins de la commune, en les invitant à en signaler les lacunes qu'ils auraient constatées ». (7) Au sujet des goitreux, le maire de n'en porte pas la mention sur le recensement pour la raison suivante : « Les goitres sont timides : peu affrontent le grand jour. Impossible d'en faire le recensement même approximatif ».

(8) Ramond de Carbonnières - Observations faites dans les Pyrénées. (Paris, 1789). Carte 1. — Le Lavedan Légende de la carte 1

++++++++ Limites sud-ouest de l'actuel département des Hautes Pyrénées Limites du Lavedan A droite et en bas de la carte: limites du Pays Toy » « ~ ~ Lignes de crêtes dépassant 1500 m d'altitude Villages étudiés 1 = Esquièze-Sère 2 = Saint-Savin 7 = Cauterets 8 = Adast 10 = Arcizans-Avant 19 = Soulom Principaux villages ou villes satellites 3: Balagnas 29: Luz-Saint-Sauveur 49: Gavsrnie 4: Argelès-Gazost 30: 51 : 5: 31: Vie lia 52: 6: Lau 32: Barrèges 9: Arrens 33: 12: 34: 13: 36: Beaucens 14: 37: flyzac-Ost 15: Arras-en-Lavedan 38: 16: Lourdes 39: Salles 17: Ayros-Arbouix 40: Aucun 18: Pierrefitte-Nestalas 41: Prêchac 20: 42: 21: Viger 43: Sers 22: Sère 44: Gèdre 23: Uz 45: 24: Estaing 46: Visos 25: Agos-Vidalos 47: Chèze 26: Artalens 48:

Chapitre II

LES SOURCES

Les registres paroissiaux ont été remarquablement bien tenus à Saint-Savin. Ils débutent en 1618 pour les naissances (en 1608 à Cauterets et en 1614 à Soulom), en 1626 pour les décès et en 1630 pour les mariages. Bien que souvent difficiles à déchiffrer, ils permettent au prix d'un peu de patience de dresser les fiches individuelles et de commencer la reconstitution des familles dès ces années-là. Les seules lacunes sont représentées par les années 1680, 1697, 1700 et 1702. La série est donc presque ininterrompue jusqu'en 1975. Il n'y a pas d'interruption au moment de la Révolution comme c'est souvent le cas. La raison en est la suivante : il semblerait que la Révolution soit passée très au-dessus de la tête des Lavedanais. Le curé est resté. Il est simplement devenu « officier du culte » pendant quelque temps. Il a eu quelque mal à s'accommoder du calendrier républicain et on trouve souvent des annotations comme celle-ci : 18 mars An III. Un recensement a eu lieu en 1825, il est signé par le « curé desservant ». Le Lavedan n'a jamais connu un seul Huguenot, Saint-Savin était le siège d'une abbaye bénédictine. Les Saint-Saviniens sont demeurés profondément catholiques après la Révolution et cela se reflète même dans l'étude de la fécondité légitime(l) qui n'a pas baissé au XIXe siècle. Une autre indication du peu d'influence de la Révolution sur les us et coutumes du Lavedan. Parmi les sept villages de cette région à présent étudiés, un seul, Adast, abritait une famille noble, les Despourrins. « Messire » Joseph, Cyprien, Madeleine (du nom de sa marraine) Despourrins épouse « Demoiselle » Logar « dans le chapelle domestique de Logar » devant quatre témoins qui sont « nobles » le 24 août 1789. Son père est un ancien Conseiller du Parlement de Navarre. Joseph Despourrins est mentionné comme « seigneur de Viger, Miramon et autres lieux ». On sait par ailleurs qu'il était également « abbé-lay d'Accous- en-Béarn ». Le château de Miramon (sans t) existe toujours en contrebas de Saint- Savin, son actuel propriétaire est une vedette de la télévision. On pouvait craindre de voir décapité. Non, il est tout simplement devenu le premier maire d'Adast et signe le 6 Prairial An H le premier acte de naissance de sa carrière. Il s'est maintenu pendant 3 ou 4 ans. Sa femme lui donne un premier enfant le 20 août 1790 ; il est alors « messire », sa femme est « dame » et l'enfant, Joseph-Marie, est « noble ». Le parrain est le père de son épouse et « messire » mais il ne signe pas (« non le parrain pour ne pouvoir »). Un deuxième enfant nait le 5 mai 1793, le parrain est le frère du père, c'est le « sieur Despourrins Jean-Louis ». Un troisième enfant nait le 11 mars 1795. Plus de titres alors, les deux témoins sont un cultivateur et un tisserand et Henri Laborde, le curé, est devenu « officier public », il est membre du Conseil Général de la commune d'Adast Remplacé à son poste de maire, Joseph Despourrins continue de signer comme témoin de nombreux actes mais il est alors désigné comme « cultivateur » ou « agriculteur ». Quand il meurt à Adast le 19 septembre 1837, l'acte mentionne qu'il était « ex-juge au Tribunal de Tarbes ». Une rue de Tarbes porte son nom. Et l'Empire ? Les Lavedanais semblent l'avoir craint davantage si l'on en juge par l'abaissement brutal de l'âge des hommes au mariage et par des mariages apparemment mal assortis (le nouveau marié a 20 ans, la nouvelle mariée 40 ou 50). Comme ailleurs, les hommes ont préféré se marier plutôt que d'aller grossir l'armée des grognards. En outre, les Saint-Saviniens ont eu sous les yeux la preuve directe du résultat des guerres napoléoniennes : un hôpital militaire provisoire a été installé à Saint-Savin où vinrent mourir plusieurs soldats natifs pour la plupart du Bec d'Ambez. Une autre preuve du respect de la religion catholique : le nouveau-né est déclaré au curé au plus tard deux jours après sa naissance, le plus généralement le lendemain ou le jour même. Rien ne change après la Révolution. Nous n'avons noté qu'une seule fois le fait suivant mais la responsabilité semble être celle du curé et non des parents : un enfant est enregistré trois semaines après sa naissance et le prêtre inscrit : « dont l'acte de naissance a été oublié ». Comme on le verra par la suite cependant, un certain nombre de naissances ne sont découvertes qu'au moment du mariage ou du décès du sujet en cause. La qualité de l'enregistrement a varié suivant les curés mais elle est généralement bonne. Bien sûr, on trouve parfois un blanc là où devait figurer le prénom d'un nouveau-né, les actes de décès d'étrangers à la paroisse sont vivement expédiés ne portant bien souvent que le nom du mort, pas son prénom, et son domicile mais avec parfois des détails inattendus : « Lecop de Nestalas dont le corps a été emporté par le gave qui l'a entraîné » ; ailleurs : « mort d'une arquebusade en se rendant au marché d'Argelès ». Celle-ci concernant un vicaire de Saint-Savin : « se rendant à pour chanter vespres, est tombé de sa mule et sa tête a porté sur un caillou qu'elle a cassé » ! Enfin, celle-ci particulièrement originale, presque en vers, à Soulom : « est mort d'un éclat de tonnerre en gardant sous un arbre chêne son troupeau à laines ». Le registre est tenu pendant l'épidémie de peste en 1653-1654(2) mais on n'a plus le temps de s'embarasser de détails : un homme, une femme, une petite fille, une servante, tous morts de la peste et les pestiférés sont si nombreux que lorsque quelqu'un décède mais pas de la peste, on inscrit : « mort de mort ordinaire ». En revanche, les ratures sont peu fréquentes. Une fois le mot « cultivateur » pour un jeune marié est raturé et remplacé par « laboureur ». Existait-il une sorte de hiérarchie entre les deux ? On estime généralement que le laboureur possédait un lopin de terre et ses propres outils agricoles. Au XVIIe siècle, tout le monde se divisait également en deux catégories : « les brassiés » et les « païsans ». Le terme « propriétaire » n'apparaît que vers la moitié du XIXe siècle et s'oppose apparemment à « cultivateur ». « Agriculteur » n'existe pas à Saint-Savin. Par ailleurs, au XVIIe siècle, le nom du père d'un enfant illégitime est souvent inscrit. Pour les autres enfants nés d'un couple dûment marié, on note : « enfant naturel et légitime ». On pourrait penser que le registre d'état civil a été moins bien tenu à Saint- Savin que le registre paroissial, sans même parler des « mentions marginales » — lorsqu'elles apparaissent —, souvent absentes alors qu'elles auraient pu être de toute évidence rédigées ou fantaisistes s'adressant à un autre membre de la même famille. Une autre source de confusion : après la deuxième guerre mondiale, les Saint-Saviniennes n'ont plus accouché au village mais à la maternité nouvellement ouverte à Lourdes. En fin d'année, le maire inscrit ces naissances hors du village à la suite des actes enregistrés à Saint-Savin même, mais la filiation du nouveau-né n'est pas indiquée. Fort heureusement la mise dans une famille ou une autre est relativement aisée pour un petit village. Plus grave est le fait que certaines naissances à Lourdes ne sont pas indiquées du tout à Saint-Savin. On en a la preuve quand on lit l'acte de décès sur le registre de Saint-Savin d'un enfant de 12 ans par exemple dont on n'apprend l'existence qu'à cette occasion. Nous avons trouvé une cause curieuse de ce que l'on nomme « les décès perdus ». Ayant comparé le registre paroissial et celui de l'état civil après la Révolution, nous avons constaté que de 1837 à 1867,23 décès ont été enregistrés à la mairie mais non à la paroisse. Il ne s'agit d'enfants que dans 3 cas (un décédé à l'âge de 3 jours en 1847, un autre âgé d'un an en 1850 et un dernier à 2 ans en 1852). Il est impossible qu'il s'agisse dans les 23 cas d'incroyants qui se seraient contenté d'obsèques civiles dans ce village si uniformément catholique. Plus curieux encore est le fait que de 1833 à 1868, 24 autres personnes que celles qui viennent être indiquées ont été le sujet d'actes de décès à l'église et non à la mairie. Il s'agit de 2 morts-nés en 1868. Mais les autres défunts étaient des adultes dont 9 avaient dépassé 60 ans. Il est peu probable que ces dernières constatations correspondent à une curieuse attitudè locale consistant à négliger dans le premier cas l'autorité religieuse et dans le second l'autorité civile. La conclusion que l'on est obligé d'admettre est