Extraits Les journalistes du PETIT GASTON ont rencontré Petit Gaston n°21 LES MIS DU ATRIMOINE DE LA ALLÉE DE LA ANNE Année A P V V scolaire à la mairie de VILLENEUVE L'ARCHEVÊQUE

2015-2016 Amélie, Lou, Kamille, Manon, Tom, Axel, Amandine, Kylian, Claire, Maëva, Adeline, Charline, Elric

À la mairie de Villeneuve l'Archevêque nous avons rencontré des personnes membres de l'APVV qui viennent de publier une revue consacrée à l'Histoire de Villeneuve l'Archevêque, Nous avons d'abord été accueilli par M. Karcher le maire de Villeneuve l'Archevêque. Ils nous a souhaité la bienvenue et nous l'avons remercié pour son accueil dans la salle du conseil municipal. Il a dû ensuite repartir travailler mais nous a proposé de revenir, si nous étions intéressé par un autre reportage sur la mairie, le travail du maire et les élus de la commune. Nous avons ensuite passé une bonne heure dans la salle du conseil municipal avec monsieur Talvat, monsieur Rébéquet, monsieur Monfleur et il y avait aussi un journaliste de l' Républicaine.

Tom: Qui êtes-vous monsieur Rébéquet ?

M. Rébéquet: Je suis l'ancien maire de Villeneuve l'Archevêque «honoraire» parce que j'ai fait cinq mandats, J'ai été élus cinq fois. Comme j'ai été maire pendant 30 ans et que je m'entend bien avec M. Karcher. Je reviens souvent ici pour voir les archives de VLA. Je m'intéresse beaucoup à l'Histoire, et j'ai écrit des articles sur l'histoire de Villeneuve l'Archevêque.

Tom: Qui êtes-vous monsieur Talvat ?

M. Talvat: J'ai vécu dans l'Yonne pendant 12 ans puis je suis parti, J'ai fait beaucoup de voyages et c'est comme ça que je me suis intéressé à l'Histoire et au patrimoine. Lorsque je suis partis en retraite, j'ai pu récupérer la maison de mes parents à Foissy-sur-Vanne. Elle appartient à la famille depuis 1885,

Tom: Qui êtes-vous monsieur Monfleur ?

M. Monfleur: Cela fait 10 ans que j'habite à Bagnaux à côté de Villeneuve l’Archevêque. J'étais ingénieur et j'ai aussi fait beaucoup de voyages et beaucoup d'études. Je me suis intéressé d'abord à la généalogie, c'est à dire à la recherche de ses ancêtres. On en parle toujours dans nos bulletins de l'association. J'ai produit un arbre généalogique, à disposition sur Internet, avec environ 6000 noms et qui remonte jusqu'en 1500. Enfin je me suis toujours intéressé à l'Histoire. J'ai rejoint l'APVV pour participer à des recherches, à des animations concernant le patrimoine comme les abbayes, les églises, les lavoirs.. Toutes ces choses, tous ces monuments qu'ont construit nos ancêtres, et qu'on essaye de faire revivre au travers de notre bulletin. p. 18

Amélie: Qu'est-ce que l'APVV et à quoi ça sert? M. Monfleur: L'APVV désigne l'association des Amis du Patrimoine de la Vallée de la Vanne. La Vanne c'est une rivière qui se jette dans l'Yonne à et qui prend sa source près de à Fontvanne. L'ensemble du bassin de la Vanne qui comprend ses affluents, concerne 85 communes. L'APVV est une association à l'initiative de quelques historiens, dont Monsieur Rébéquet, Cette association a fêté ses vingt ans cette année. On y fait par exemples des animations, on organise des visites pour nos adhérents. Et en dehors de ces visites, on fait notre bulletin annuel, on crée aussi des dossiers pour obtenir des subventions afin de réhabiliter le patrimoine local, c'est à dire des monuments, des tableaux, des sculptures.. Grâce à l'APVV « la monstrance dans l'église de la Charmée » a été refaite à neuf dans le village de . La « monstrance » est une espèce de sculpture pour présenter l'ostensoir pendant la messe. À Foissy on a refait aussi « la Piéta », qui est une statue en pierre de la vierge Marie. Elle a donc été réhabilitée et protégée derrière une vitre. Bientôt on va faire refaire par des spécialistes de la restauration, un tableau de Saint Vincent qui se trouve dans l'église de Bagnaux. C'est un tableau qui mesure 2 mètres 50 par 3 mètres 50 de haut et qui est très abîmé. Donc on va le déposer et les deux dames spécialistes de la restauration vont le réparer et tout le monde pourra venir les voir travailler. Ce sera intéressant de venir voir comment on réhabilite un tableau. Et puis l'APVV c'est un groupe d'amis dont certains sont spécialisés dans l'organisation des visites et animations, d'autres travaillent plus sur la création de notre bulletin et enfin d'autres sont plus des historiens qui font des recherches, des compilations sur les villages. Tous les ans l'APVV publie une revue sur un village. Cette année, nous publions une revue sur Villeneuve l'Archevêque. Et la prochaine publication sera sur Neuville sur Vanne. Comme le bassin de la Vanne est à cheval sur 2 départements, l' et L'Yonne, une année on fait notre bulletin dans l'Yonne et une année dans l'Aube.

M. Talvat: Notre association sert à ce que les gens ouvrent un livre d'Histoire. Nous voulons inciter les gens à lire l'histoire de leur village. Rien que pour notre dernière publication consacrée à l'Histoire de VLA, nous avons publié 400 exemplaires. Inciter les gens à lire des livres d’Histoire, pour nous c’est très important. Dans notre secteur, dans la ville de Sens par exemple, il y avait l'historien Étienne Dodet, qui a écrit 6 livre sur l’histoire de Sens. Il a apporté un patrimoine pour les générations futures

M. Rébéquet: Autrement dit, on est tous des curieux et on voudrait bien savoir d’où on vient. Parce que pour savoir où on va, il faut savoir d'où on vient. Donc qui sont les gens qui vivaient ici où nous sommes actuellement ? Qui sont les gens qui vivaient ici il y a 100 ans, 200 ans, 1000 ans ? C'est une question de curiosité. On a envie de savoir qui vivaient à Villeneuve l'Archevêque. Villeneuve l’Archevêque qui ne s'appelait pas comme ça au début de son histoire, Je crois que lorsqu’on vous dit que vous êtes curieux, il ne faut pas le prendre mal, c'est un compliment ! Il faut toujours être curieux ! Claire: Combien de temps pour écrire ce livre sur Villeneuve L’ Archevêque? M. Monfleur: Il y a plusieurs phases… On l’a en projet depuis de nombreuses années avant de l’écrire. On peut dire que ce livre a été écris en 20 ans. Parce que cela fait 20 ans que des gens comme Michel Rébéquet font des recherches, des compilations… p. 19

Et puis le jour où l’on décide de l’éditer et bien cela met un an. La mise en page se fait en général les deux derniers mois.. En gros, des années et des années de recherches, travaux, et compilations, puis 10 mois pour tout rassembler, relire, écrire de nouveaux articles et finaliser l’ensemble, et enfin 2 mois pour le mettre en page et l’imprimer.

M. Rébéquet: On est un certain nombre à avoir fait des recherches, donc on a écrit des articles qui ont déjà été publiés dans la Presse. J’ai écrit des articles dans l’Yonne Républicaine, parfois il y a 40 ans. Petit à petit on cumule des documents.

M. Talvat: Rien que sur Villeneuve l’Archevêque, chaque année la mairie édite son bulletin, et sur les 25 dernières années, on retrouve dans ces bulletins les prémices de l’Histoire de Villeneuve l’Archevêque que l’on publie aujourd’hui. Il y aussi le bulletin de la Communauté de communes de la Vanne qui publie des articles sur les villages.de la communauté. Dans notre livre sur Villeneuve l’Archevêque, 23 personnes ont collaboré. Pour avoir un maximum d’informations, il faut avoir beaucoup d’informateurs.

Amélie: Ce livre est-il dédié à quelqu’un en particulier ? M. Rébéquet: Non, non, il est dédié à tous les amateurs d’Histoire et donc à vous.

Amélie: Quand est née Villeneuve L’archevêque ? M. Rébéquet: C’est une bonne question ! C’est même la question numéro 1 que je me suis posée pendant des années et que je continue à me poser. Un historien se base sur des faits et des documents. En plus un seul document ne suffit pas, il faut le croiser avec d’autres documents, pour vérifier si le premier document est vrai et si ce qui est dedans est exact. En fait les premiers documents qu’on a sur Villeneuve l’Archevêque, ce sont des chartes écrits au Moyen-âge, souvent pour des histoires de biens et d’héritages. La première charte que l’on possède date de 1172, c’est à dire le 12ème siècle et elle nous apprend l’existence d’un village qui s’appelait Villeneuve-sur-Vanne. Sur la Vanne on comprend, mais pourquoi Villeneuve ? Hé bien dites-vous bien qu’aujourd’hui toutes les communes qui s’appellent « Villeneuve » sont des villes anciennes contrairement à leur nom. Parce que c’est à partir du 10ème et 11ème siècle que l’on a commencé à créer des villes. Les seigneurs qui possédaient les terres voulaient les faire valoir, pour gagner de l’argent. Il fallait donc qu’il y ait des gens qui travaillent, et comme à cette époque il n’y avait pas d’industrie, mais uniquement de l’agriculture, il fallait des paysans qui cultivent la terre. Et les seigneurs pouvaient alors prendre une partie des récoltes. Les « Villeneuves » sont des anciennes villes. Donc, nous sommes une ancienne ville. À quelle époque a-t-elle été créée ? On ne sait pas. On sait qu’en 1172 elle existait déjà, mais s’appelait Villeneuve sur Vanne. On le sait parce que l’on a une charte signée de l’archevêque de Sens qui prenait la seigneurie de Villeneuve l’Archevêque. Auparavant, on Charte de Guillaume 1172 pense que c’était les abbés de St- Jean-les-Sens qui étaient les propriétaires. L’abbaye de St-Jean- les-Sens, comme son nom l’indique était à Sens. p. 20

Sens dépendait d’un archevêque, l’archevêque était un conseiller et ami des rois de . Or ici, à Villeneuve-sur Vanne, on était en Champagne. Et à cette époque la Champagne était un comté qui était en guerre avec le roi de France. Et donc comme le comte de Champagne et le roi de France étaient en guerre, certains seigneurs des environs, n’étaient pas très contents de voir des moines de Sens, donc français, venir sur leur territoire fonder une ville. En 1172 tout le monde a réussi à se mettre d’accord. L’archevêque de Sens « Guillaume aux blanches mains » était le frère du comte de Champagne, Henri. Ils se sont donc bien entendus sur l’existence de cette ville à la limite de la France et de la Champagne, à proximité des routes des foires. Il y avait 2 foires importantes, une à Provins et l’autre à Troyes. Des foires qui duraient plusieurs semaines et les marchands venaient de Provins à Troyes par une rou te qui passait juste à la sortie de Villeneuve l’Archevêque, vers le passage à niveau actuel. Là il y avait un petit château qui gardait la route des foires. Villeneuve permettait aux marchands de se reposer et de faire aussi un peu de commerce. Ce qui explique l’existence de magnifiques caves dans certaines rue de Villeneuve, où les marchands entreposaient leurs fournitures et matériels. Villeneuve l’Archevêque avait donc de bonnes raisons d’exister à cette époque. Auparavant ? On sait qu’en 1127, l’abbaye de Vauluisant a été créée à 7 km de Villeneuve. Dans certaines chartes on retrouve des noms de gens qui étaient de Villeneuve-sur-Vanne, d’ailleurs à l’époque on disait plutôt « Neuve-ville-sur-Vanne». Et quand on étudie l’église de Villeneuve, on se rend compte que certaines parties Portail de l’église de Villeneuve datent d’avant 1172. Donc on pense qu’il y avait un habitat l’Archevêque, vers 1250 auparavant, mais aucun document ne nous permet de répondre à cette question: De quand date Villeneuve l’Archevêque ? Il y avait certainement un habitat préexistant, qui s’est transformé en « Ville neuve ». Cette Villeneuve grâce à l’Archevêque de Sens a pris un essor plus important. Elle a même probablement été reconstruite parce que le plan de la ville est caractéristique de ce qu’on appelle dans le sud de la France, une « bastide ». C'est-à-dire que c’est un plan à la romaine, avec des rues parallèles et des rues perpendiculaires. Certaines caves des maisons de Villeneuve datent du Moyen-âge, mais bien sûr la plupart des maisons ont été rebâti depuis par-dessus les anciennes. Ce plan romain qui doit dater du début du 13ème siècle a été conservé avec ses rues toutes parallèles. Cela est extrêmement rare, on ne retrouve ce genre de plan qu’au sud de la Loire. On a gardé en plus l’emplacement des fossés, qui ensuite ont été renforcés par des remparts à certaines époques. Ces remparts ont ensuite été détruits et aujourd’hui on appelle cela des promenades. C’est là où on fait le tour de Villeneuve sous les arbres. C’est bien agréable. Sur le plan de Villeneuve l’Archevêque, on voit aussi qu’au sud de Villeneuve, l’emplacement des anciennes fortifications forme un angle, pour englober l’église. Ce qui prouve que l’église existait avant la ville, sinon on aurait un plan carré. D’habitude dans les « Villeneuves » l’église est au centre. On n’a pas beaucoup construit de l’autre côté parce que tout était marécageux autour de la Vanne. Assez fréquemment dans l’histoire de Villeneuve l’Archevêque on rencontre des épidémies graves, de choléra entre autres, dues aux microbes que les gens avalaient en buvant l’eau. À l’époque pour avoir de l’eau, c’était soit le puits, soit aller à la rivière. Les habitants pour avoir de l’eau ont d’abord dévié un bras de la Vanne en le faisant passer devant l’église. Aujourd’hui le bras passe derrière l’église, on l’appelle « la petite rivière ». La rivière servait aussi pour abreuver les bêtes, à certains endroits on y lavait les moutons. Les rues en pente se nettoyaient avec la pluie, et toutes les eaux boueuses finissaient dans la rivière. p. 21

M. Daquin: Est-ce que l’on connait une période où l’on serait sûr qu’il n’y avait personne ?

M. Rébéquet: Et bien il n’y a pas de période où l’on est sûr qu’il n’y avait personne. Parce que lorsqu’on remonte dans le temps, on trouve toujours des traces humaines. On a retrouvé beaucoup d’outils de toutes les périodes préhistoriques, puis de l’antiquité, grâce en particulier aux travaux de l’autoroute et aux travaux d’historiens anciens comme Nazaire Lajon qui était un clerc de Notaire de Villeneuve l’Archevêque, et qui a fait de nombreuses recherches archéologiques. Si on retrouve toujours des traces humaines depuis la préhistoire, c’est parce qu’on est sur la vallée de la Vanne, qui était un chemin naturel pour les déplacements humains, c’était facile et il y avait de l’eau. En plus dans cette vallée de la Vanne il y a énormément de silex, aujourd'hui encore chaque fois que l’on creuse un champs on remue beaucoup de pierres en silex. Ces pierres devaient être bien utiles aux hommes préhistoriques pour la fabrication d’outils. On a même retrouvé des emplacements où les hommes préhistoriques faisaient des exercices de taille de silex. On a retrouvé l’emplacement des foyers avec des traces de pierre brûlées et des multitudes d’éclats de silex, plus quelques éclats plus importants. Cela prouve qu’ils faisaient de la taille de silex à cet endroit-là, et vu la quantité d’éclats qu’on a trouvé, ce n’étaient pas des gens très adroits, donc on peut penser que c’était déjà une première «école» de taille de silex» d’il y a environ 15 000 ou 20 000 ans, on ne sait pas exactement. Donc au Paléolithique, il y avait des hommes préhistoriques. Au néolithique, il y en avait aussi et on en est sûr car on a retrouvé beaucoup de pierres polies et de polissoirs, le long de la Vanne et sur les coteaux qui entourent la rivière. Il y a un magnifique polissoir exposé juste derrière l’église de St Marc-en-Othe. Ce polissoir s’appelle «la pierre aux dix doigts» parce que l’on y voit dix traces. Et puis aux Clérimois, on a retrouvé des fours qui datent de l’âge des métaux. Les hommes y faisaient chauffer les métaux ferreux pour fabriquer de nouveaux outils. Il y en avait tout le long de la vallée de la Vanne. On pouvait ramasser les métaux ferreux à fleur de sol. Il y en avait partout. D’ailleurs jusqu’au Moyen-âge, la métallurgie a été exploitée dans la région. Après la préhistoire, il y a eu aussi des habitats celtes, donc gaulois. On a retrouvé à Lavau la tombe d’une princesse gauloise, à Estissac on a retrouvé aussi une tombe. De tout temps il y a eu des habitats, les femmes et hommes ont toujours vécus dans cette vallée de la Vanne.

Kamille: Pourquoi Villeneuve «l ’Archevêque» ?

M. Rébéquet: C’est vrai que le nom originel était Villeneuve sur Vanne, mais en 1172, la ville a été en quelques sortes offerte par les moines de St Jean les Sens à l’archevêque de Sens «Guillaume aux blanches mains». Évidemment ce n’était pas vraiment gratuit, en compensation les moines ont reçu des bénéfices d’église, c'est-à-dire que les impôts payés aux prêtres par la population revenaient désormais à l’abbaye de St Jean les Sens. Les moines l’on fait aussi parce qu’ils n’arrivaient pas à s’entendre avec les seigneurs champenois des environs. Lorsque l’archevêque de Sens est devenu le seigneur de Villeneuve, c’était un très grand seigneur qui était conseiller du roi de France, premier ecclésiastique du royaume de France et aussi frère du comte de Champagne. Du coup plus personne n’osait l’embêter. Quelques temps plus tard, les gens ont commencé à dire «Villeneuve l’Archevêque», plutôt que «Villeneuve sur Vanne». Ils voulaient montrer ainsi que leur seigneur était le puissant archevêque de Sens, c’était une sorte de protection pour la ville.

Amandine: Comment avez-vous trouvé toutes ces vieilles photos ?

M. Talvat: Là aussi c’est une accumulation de documents de Michel Rébéquet et des anciens de Villeneuve qui ont conservé des cartes postales, des photos. À travers les brocantes aussi on a récupéré des documents et des photos. On a retrouvé aussi des chansons, dont une sur Villeneuve l’Archevêque qui date de 1930. Je vous invite d’ailleurs à vous rendre sur le site Internet de l’APVV: http://www.patrimone-vanne.info/ Sur ce site vous pourrez entendre la chanson de Villeneuve l’Archevêque, illustrée avec de vieilles cartes postales et des photos actuelles. p.22

LA CHANSON DE VILLENEUVE L’ARCHEVÊQUE - 1930

M. Rébéquet: Dans ce livre, beaucoup d’illustrations sont des cartes postales. Ces cartes postales

ont été inventées à la fin du 19ème siècle. Avant ce n’était pas possible car la photo n’existait pas. L’une des plus ancienne photo de Villeneuve l’Archevêque figure dans le livre et date de 1869. C’est Madame Mare, une habitante de Villeneuve, qui m’a donné cette photo. Autrement les cartes postales qui illustrent ce livre datent de la fin du 19ème et du début du 20ème siècles, on les retrouve souvent grâce aux collectionneurs, personnellement j’en ai une centaine.

M. Talvat: Il y a par exemple Monsieur Loulou Carré qui nous a prêté son album de 500 photos que l’on a toutes scannés. On peut en voir beaucoup sur notre site Internet. Dans ce livre on a mis aussi en valeur 7 artistes locaux actuels, sculpteurs, photographes, poètes et peintres qui bien sûr ne font pas encore partie de l’Histoire mais qui sont importants dans la vie culturelle de Villeneuve l’Archevêque.

Kamille: Qu’est-ce qu’un «terrier» ?

M. Rébéquet: Un terrier est un document écrit. En voici un authentique qui date de 1776. C’est le terrier de la paroisse de Villeneuve l’Archevêque. Le terrier en fait c’est l’ancêtre du cadastre. C’est la liste de tous les propriétaires qui habitent dans le village, avec la désignation et la valeur de leurs biens. Cela sert à payer des impôts. Le cadastre a été inventé par Napoléon. Avant il y avait le terrier. On demandait à des arpenteurs de dessiner des plans plus ou moins exacts. Ce plan terrier, c’était un dessin avec la liste de tous les propriétaires et ce qu’ils possèdent. Alors au hasard, à la cote 208, j’ai un nommé Dajou Nicolas dit «Bonjour». Souvent à l’époque il y avait des gens qui s’appelaient de la même façon, on ajoutait alors un surnom. Ce Nicolas Dajou était ainsi connu par tout le monde comme Nicolas Bonjour. D’après ce terrier donc, il possédait une maison estimée à 40 livres, 31.5 arpents de chènevières, 37.10 arpents de vignes qu’il fait valoir, c'est-à-dire que c’est lui- même qui travaille dessus. Et donc cela représente 74 livres de valeur et il doit payer 7,10 livres d’impôt. Ce terrier nous apprend beaucoup de choses: Qu’il y avait par exemple 90 propriétaires de terres labourables à Villeneuve. Que la moitié de ces terres étaient possédées par 4 bourgeois qui eux bien sûr ne les travaillaient pas, mais les louaient. On apprend qu’il y avait des terres, des près, des vignes et des chènevières. Dans les chènevières on cultivait le chanvre. Le chanvre, mélangé à de la laine, servait à fabriquer un drap du pays. On était donc un pays de textile, les gens avaient presque tous chez eux un métier à tisser. p. 23

Toutes les familles avaient des vignes, c’est surprenant car aujourd’hui il n’y a plus un cep de vigne à Villeneuve l’Archevêque. Mais à l’époque, en 1776, c’était un des village du sénonais qui avait le plus de vignes. La vigne a disparu au 19ème siècle frappée par la maladie du phylloxéra. On a essayé de replanter des cépages américains, mais cela n’a pas marché et la vigne a été abandonnée.

Maëva: Qu’est-ce qu’un registre paroissial ?

M. Rébéquet: En voilà un qui date de 1669, c’est le 16ème registre de la paroisse. Le premier date de 1563, avant il n’y en avait pas. À partir du règne de François 1er, une ordonnance royale oblige les curés à inscrire sur un registre les baptêmes, les mariages et les enterrements. «Registre des baptêmes, mariages et mortuaires de la paroisse de Villeneuve l’Archevêque, pour l’année 1669, commencée le 1er janvier de la dite année», et c’est Signé, Blénon Prieur. Le prieur était le curé du lieu. Je lis un extrait: «Ce jour d’hui, douzième jour de janvier 1669, Claude Catherine fille d’Aubin Paris et d’Edmonde Marqué, les pères et mères demeurant en ces lieux de Villeneuve l’Archevêque, née le premier jour du présent mois et an, a été baptisée par moi, prieur du lieu soussigné, et nommé par Claude-Catherine Martaud, marraine, assisté d’Etienne Poncy le parrain qui ont signé sous la minute des présentes avec moi, prieur soussigné».

Monsieur Monfleur: Les plus anciens BMS (baptêmes, mariages et mortuaires) sont très difficiles à lire. Des gens se spécialisent dans cette matière qu’on appelle la paléographie. C'est-à-dire l’étude des écritures anciennes pour arriver à les déchiffrer. Il y avait des curés qui écrivaient proprement mais d’autres BMS ont des taches partout, d’autres ont des ratures…

M. Rébéquet: On a la chance d’avoir conservé presque tous les registres paroissiaux de Villeneuve l’Archevêque depuis 1563, il en manque juste 2 ou 3. J’ai eu la chance de pouvoir tous les lire. Sur certains registres, il n’y a pas toutes les sépultures, en particulier celles des enfants, dont beaucoup à l’époque mouraient très tôt. Les curés avaient parfois à peine le temps de baptiser un bébé, qu’il était déjà mort.. Ce registre paroissial que je vous montre est un vrai registre, il est en parchemin pour la couverture, et à l’intérieur c’est du papier.

Amélie: Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans le village de Villeneuve l’Archevêque ?

M. Rébéquet: Bonne question. Chacun a sûrement une idée différente sur cette question. Moi ce qui me plaît le plus dans le village, c’est l’église. Parce c’est le monument le plus ancien du village. C’est donc un monument témoin de notre passé. Quand tu vas dans l’église, sans penser à des motifs religieux, pour moi c’est un symbole historique. C’est l’Histoire de Villeneuve, je pourrai te montrer des pierres de l’église qui datent des années 1100 et d’autres qui datent du 13ème siècle, d’autres qui datent du 16ème siècle, des statues.. Etc. Des tombes avec des personnages enterrés là, qui s’appellent Pierre Moreau, Jacob Moreau, ou autrement. Ces gens-là ont apporté quelque chose à l’Histoire de Villeneuve l’Archevêque même s’ils vivaient il y a 300, 400, 500, 600 ans. C’est pour cela que j’aime beaucoup l’église et que je suis très attaché à ce monument. Bien sûr, à Villeneuve l’Archevêque j’aime aussi beaucoup les gens d’aujourd’hui. p. 24

Maëva: L’auberge des Moulins Banaux date d’il y a longtemps ?

M. Rébéquet: À cet emplacement-là, il y avait au Moyen-âge un moulin dit « banal », parce que les gens étaient obligés d’aller y faire moudre leurs grains. Et en plus ils devaient payer un impôt pour avoir le droit de moudre. Ils n’avaient pas le droit d’aller ailleurs. C’est pour cela que c’était un moulin « banal », c'est-à-dire un moulin qui appartenait au seigneur. Il y avait également un four « banal » pour cuire son pain. Ce moulin était dans la cour du château que les archevêques ont acheté au 13ème siècle. Le château avait été construit dans les années 1100, on ne sait pas trop s’il existaient avant 1172, mais il existai t en 1197. J’en suis sûr, car il y a un document qui parle de ce château et du seigneur de ce château, et puis d’autres documents que j’ai pu croiser avec. Il y avait bien un château fort à Villeneuve l’Archevêque, à peu près à l’emplacement de l’auberge des Moulins Banaux actuels. Il y avait d’autres moulins dans la vallée de la Vanne mais qui n’étaient pas «banaux» et qui servaient à autre chose que moudre le grain.

Maëva: Je crois que le Moulin a été coupé en deux ensuite?

M. Rébéquet: Le château a été détruit, et le moulin plusieurs fois aussi. Aujourd’hui quand on voit les moulins d’autrefois, c’est toujours impressionnant car on voit de vieilles roues. On se dit «qu’est-ce que c’est vieux», en fait ce sont des roues du 19ème siècle, ce n’est pas si vieux que ça, par contre certains murs datent des années 1600. Époque où un dénommé Jacob Moreau a reconstruit les moulins qui avaient été détruit pendant les guerres de religion par les troupes de la Ligue. Mais bon si je m’engage sur l’Histoire des Moulins de Villeneuve l’Archevêque, cela va me prendre encore une petite heure.

Kylian: Est-ce que vous allez faire d’autres livres sur les autres villages, comme par exemple La Postole ?

M. Rébéquet: La Postole n’est pas sur les bords de la Vanne mais se situe dans le bassin de la Vanne. Alors peut-être un jour. Il y a des historiens à La Postole. Va voir le maire de ma part, il te raconteras des tas d’Histoire sur La Postole.

M. Talvat: J’ai fait beaucoup de recherches, et j’ai même écrit un livre sur un peintre de Napoléon, André Despoix, qui était de Foissy-sur Vanne. Et bien le père de ce peintre s’est marié à La Postole.

Axel: Quand est apparu le collège Gaston Ramon ?

M. Rébéquet: Avant 1965, il n’y avait pas de collège à Villeneuve l’Archevêque. Depuis il y a eu beaucoup de choses qui se sont passées. J’ai raconté l’histoire du collège de Villeneuve l’Archevêque dans un bulletin de l’APVV, que je transmet à Monsieur Daquin. Vous pourrez le consulter. Tout est là-dedans.

Kamille: Quand est apparue l’école primaire ?

M. Rébéquet: Je n’en sais rien, comme beaucoup d’historiens, il y a beaucoup de choses que l’on ne sait pas, c’est pour cela qu’on continue à chercher. Par contre, ce qui est sûr, c’est qu’il existait des écoles dès le Moyen-âge, mais est-ce qu’il y en avait à Villeneuve, je ne sais pas. Au Moyen-âge, les écoles étaient étroitement liées à un curé qui enseignait le catéchisme et aussi la lecture et l’écriture, mais seulement à certains enfants. Ces enfants étaient destinées à devenir ensuite des clercs. On a aussi des preuves que dès le 16ème siècle, il y eu des écoles à Villeneuve l’Archevêque. On a par exemple le testament d’une dame qui a décidé de créer une école de filles à Villeneuve l’Archevêque en 1669. Une école de filles à cette époque-là, c’était très rare, car en principe, seuls des garçons pouvaient aller à l’école. p. 25

Cette dame trouvait que ce n’était pas normal, elle a donc fait le nécessaire, avant de mourir sur son testament, pour créer une école de filles à Villeneuve. Cette femme était la femme d’un conseiller secrétaire du roi qui s’appelait Pierre Moreau. Ensuite j’ai retrouvé des documents sur une école à Villeneuve à partir de la fin du 18ème et au 19ème siècles. Une seule école avec un maître et un sous-maître. Mais des documents montrent aussi que ces maîtres étaient souvent absents où que l’on n’arrivait pas en recruter.

Tom: La famille Moreau était-elle une grande famille à Villeneuve l’Archevêque ?

M. Rébéquet: «Moreau» est un nom très courant dans la région. Cela vient de «maure» et de «brun». Il s’agissait donc à l’époque de gens à la peau brune aux cheveux très bruns. Cela a donné un nom de famille. Et des «Moreau», il y en avait énormément à Villeneuve l’Archevêque. Mais c’est vrai qu’il y a eu une famille Moreau très importante qui a succédé à Isaac Moreau, dont le frère était seigneur d’un château de la Motte à côté de Villeneuve. Ensuite dans cette famille, il y a eu des officiers du roi, dont Pierre Moreau, conseiller-secrétaire, du roi Louis 14. Pierre Moreau n’a pas eu d’enfant et on a retrouvé son testament donc on connait exactement tous les biens qu’il a légué à ses parents et amis.

Livre barème, la calculette des marchands Kamille: C’est quoi ces petits livres sur votre table ? Ils ont l’air très au 19ème siècle anciens.

M. Rébéquet: J’ai par exemple le manuel des écoliers de 1838. C’est un petit livre avec de tout dedans. À la fois de l’Histoire, de la grammaire, du français, de la géographie, des tables de multiplications...Tout en un seul livre. Quand je vous dis qu’il faut toujours vérifier ses sources plusieurs fois, je vais vous le prouver maintenant. Dans ce livre d’école de 1838, je lis: «La création du monde a eu lieu en l’an 4004 avant JC». C’était ce que les enfants de 1838 devaient apprendre à l’ école, au temps du roi Louis-Philippe. Donc évidemment il faut se méfier, les vieux livres nous renseignent sur les croyances d’avant, mais ne disent pas forcément la vérité. On sait aujourd’hui que le monde a environ 4 milliards d’années. L’autre petit livre, c’était pour calculer. À l’époque il n’y avait pas de machine à calculer, donc ils utilisaient un barème qui était très utile pour les marchands.

Monsieur Monfleur : Si vous avez besoin de documents, de renseignements, vous pouvez consulter le site Internet de l’APVV: http://patrimoine-vanne.info/

Toute l’équipe du Petit Gaston remercie Monsieur Talvat, Monsieur Rébéquet, Monsieur Monfleur et Monsieur Karcher, pour leur accueil chaleureux et le temps qu’ils nous ont consacré

Plan de Villeneuve

l’Archevêque dessiné en 1746

Le livre de l’APVV sur Villeneuve l’Archevêque (à consulter au CDI)

Article paru dans l’Yonne Républicaine :

Lors de notre rencontre à la mairie avec l’APVV, Monsieur Rébéquet nous a donné beaucoup de documents, dont ces 2 poèmes et un historique du collège.

La Vanne Mon village Nos anciens ont créé, en des temps médiévaux

Il est dans le vallon, une rivière sage Sur les bords de la Vanne un village nouveau,

Qui serpente entre champs pour se faire passage. Niché au creux d'un val où coule la rivière, Elle vient de l'orient, du Comté de Champagne Devenue trait d'union et lien communautaire, Et creuse sa vallée parmi monts et campagnes, Aux Marches de Champagne et du Pays de France, Bordant la forêt d'Othe, ses bois et ses aulnaies, C'était lieu de passage, alors en déshérence. Pour rencontrer l 'Yonne en pays sénonais. Il fallut des années pour que la Neuve Ville Elle fut lieu de vie au temps de nos anciens, Connaisse le succès et devienne fertile. Le silex taillé, les moines cisterciens, Elle vécut de la vigne, du drap et du commerce. Saint Louis et ses reliques, le ciseau des sculpteurs, L'Histoire lui apporta des fortunes diverses: Offrent leurs souvenirs à tous nos visiteurs. Elle accueillit Saint Louis et les Saintes Reliques, La Vanne vit passer les Celtes, les Hongrois,

Les Huns et les Vikings y semèrent l'effroi. Mais elle connut la peste et les jours faméliques, L'Anglais et le Prussien, sans y être invités, Elle vit passer Saint Edme et son cortège pieux; Forcèrent nos ancêtres à l'hospitalité. Des Ministres, des Rois ont fréquenté ces lieux,

Aujourd'hui, ils reviennent dans nos contrées de Mais aussi le malheur, la ruine et la misère, Vanne, Apportés par les guerres, les troupes mercenaires. Tranquilles et pacifiques, tirant leurs caravanes . Heureuse le matin, désespérée le soir,

Les temps ont bien changé; les eaux de la rivière Elle passa du bonheur au chagrin le plus noir.

Ne portent plus le bois parmi les chènevières. Son Histoire a laissé beaucoup de cicatrices, Mais du passé elles gardent, empreinte et souvenir, De son plan médiéval, elle garde la matrice. La mémoire d'antan mêlée à l'avenir. Les murs et les fossés qui servaient sa défense

il est dans le vallon, une rivière sage Ont été remplacés par des lieux de plaisance:

Qui serpente entre champs pour se faire passage. Promenades ombragées formant comme un cordon Dans ses eaux, elle porte les terres de Champagne Enserrant son église et ses vieilles maisons. Et jusqu'à la Bourgogne, elle les accompagne. Son clocher est mémoire, garant du souvenir, Son cours entre les hommes, trace le trait d'union Mais nous voulons aussi regarder l'avenir, Pour apporter l'espoir de plus de communion. Avec au cœur l'espoir du développement Qui chasse l'exclusion et l'appauvrissement.

Michel Rébéquet (Historien et ancien maire de Villeneuve l’Archevêque)

Petit historique du collège Gaston Ramon de Villeneuve l’Archevêque Jusqu'en 1965, les enfants du secteur de Villeneuve-L'archevêque qui voulaient poursuivre des études devaient aller à Sens. Il n’existait que deux écoles, une pour les filles et l’autre pour les garçons. Ces 2 écoles permettaient aux élèves de passer le, certificat d'études. En 1965 le Maire de Villeneuve, M. Paul GRELOT, réussit à ce que soit créé un Collège d'enseignement général. Un collège modeste puisqu'il ne comptait que quatre classes. Ce collège fût installé dans un bâtiment situé à l’emplacement actuel de l'école élémentaire Saint- Exupéry. En 1970, le Collège comptait onze classes, dont la plupart était installée dans des préfabriqués. Le maire de Villeneuve l’Archevêque, M. Henri Kielen, créa un syndicat intercommunal de 22 communes pour construire un collège digne de ce nom. Le collège Gaston Ramon fût inauguré en 1979 (le bâtiment A). Le club des jeunes à côté fut construit à la même époque. En 1980, le syndicat intercommunal entreprit la construction du gymnase. Par la suite, la propriété du Collège fut cédée gratuitement au Conseil Général par les lois de décentralisation. Par contre le Gymnase, le « Club des jeunes» et une partie des terrains de sports sont restés propriétés du Syndicat intercommunal. Aujourd’hui, c’est donc le Conseil Départemental de L’Yonne qui est propriétaire et responsable du collège. Une partie des terrains de sport appartient à la commune de Villeneuve-L'archevêque. En 2004, une extension (Bâtiment B) fut construite par le Conseil Général (que l’on appelle aujourd’hui, Conseil Départemental). En 2006, M. Henri Kielen est revenu dans le collège qu’il avait fait construire, pour offrir un portrait du professeur Gaston Ramon qui a donné son nom au collège. Le fils du savant était présent. Le Collège est situé à Molinons (une partie de l'extension est cependant à Villeneuve-L'archevêque), la rue qui le dessert se nomme Avenue de Kirchberg, du nom de la ville allemande (en Rhénanie-Palatinat, dans le Hunsrück) avec laquelle Villeneuve est jumelée.

D’après un article de Michel Rébéquet publié dans la revue de la Communauté de Communes de la Vanne