Syndicat Mixte pour la Promotion du Tourisme de Mémoire en Artoi s

Repérage des sites de mémoire de la Première Guerre Mondiale

Document de contexte général Approches paysagère et historique

Repérage des Sites de Mémoire de la Première Guerre Mondiale Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement du Pas-de-Calais1

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Préambule

Comment aborder un travail sur la mémoire de la Première Guerre Mondiale ?

Sur le territoire syndical de nombreux sites monumentaux, empreints de solennité et de gravité, existent déjà et traduisent bien dans leur échelle la démesure de la Grande Guerre. Ils contribuent par leur poids à la fabrication d’un « paysage de mémoire » qui fixe les représentations de la guerre sur certains lieux (de combats, des grandes offensives stratégiques ou particulièrement meurtrières) en éclipsant les lieux du quotidien, sur lesquels les soldats et civils ont aussi vécu la guerre. Force est de constater que la guerre par les points hauts et les hauteurs géographiques, par les champs de bataille a été largement illustrée : la crête de en est certainement l’élément le plus symbolique. Notre-Dame de Lorette et le mémorial canadien de Vimy parlent d’eux-mêmes de chiffres, de vies humaines sacrifiées, de liberté...

Pour éviter d’être redondant, cette étude se concentrera sur l’aspect spatial de la Grande guerre, celui de la « guerre dans le paysage », et de sa relation avec le site : pour quelles raisons le conflit s’est-il installé à cet endroit ? Comment en a-t-il tiré profit ? Tels sont, entre autres, les points que ce travail tentera d’éclair- cir .

Pour y parvenir, il nous faut réaliser un certain nombre d’études à des échelles différentes, pour « planter le décor », dont l’approche générale est le premier maillon.

Dans un deuxième temps, un travail d’approfondissement par « site » pourra être réalisé.

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Sommaire

Approche paysagère générale Approche historique générale

Contexte général 5 Le contexte de la Première Guerre Mondiale 15

Les grandes caractéristiques géographiques 6 Les phases générales de la guerre sur le terri- 17 toire syndical Les éléments structurant le paysage d’aujourd- 8 1. 1914 et la stabilisation du front 17 Les ensembles de paysages 9 2. Les offensives françaises de 1915 19 1. Le plateau d’entre les boi s 10 3. L’arrivée des Britanniques 20 2.Le plateau cultiv é 11 4. La bataille d’ 20 3. La ligne des coteaux et crêtes 12 5 . Août 1917, les Canadiens échouent à Lens 21 4. L’ agglomération lensoise 13 6. Une fin de guerre plus calme 21

Les conditions générales de la guerre 22 Synthèse des approches paysagère et historique

La guerre et le paysage 24 1. Les grandes caractéristiques géographiques du champ de bataill e 24

2. De la stratégie à la tactique 24 3. le paysage, théâtre des opérations de guerre 25 4. Quelle relation entre stratégie et tactique sur le territoire syndi- 25 cal

Les différents secteurs de front sur le territoire 26 s y n d i c a l — caractéristiques

Evaluation de la pertinence des sites 29

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Document de contexte général Approche paysagère

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Contexte général

Le trait essentiel de la géographie du Nord-Pas de est caractérisé par la rencontre de deux grandes formations sédimentaires, celle de la grande plaine flamande, au nord, avec l’immense plateau du bassin parisien, au sud. À l’échelle de la région, on distingue communément ces deux secteurs par Haut Pays et Bas Pays. L’un est associé au plateau crayeux artésien, et l’au- tre à un ensemble de plaines et de basses collines, royaume des sables et de l’argile.

Bassin Minier Le territoire du Syndicat Mixte pour le Tourisme de Mémoire en Artois (SMPTMA) se trouve à la rencontre de ces deux formations, à cheval sur un « pays d’interface » à l’intérieur duquel se situe le Bassin Minier.

Entre plaine et plateau, le périmètre du Syndicat Mixte se superpose de ce fait à des paysages très différents, voire contrastés :  Au nord, le SMPTMA s’inscrit dans un faisceau est-ouest marqué par l’exploitation minière,  Au centre, le SMPTMA s’inscrit sur la ligne nord/ouest -sud/est des belvédères artésiens,  Au sud, , le SMPTMA se termine dans la vallée de la Scarpe.

Le périmètre du Syndicat Mixte pour le Tourisme de Mémoire en Artois re- groupe la Communauté d’Agglomération de Lens-Liévin (36 communes) la Communauté de Communes de l’Artois (7 communes), ainsi que la commu- ne de Thélus. Ces différentes structures se sont associées pour mettre en commun leurs compétences « Tourisme » sur les Première et Deuxième Guerres Mondiales.

Les principaux grands paysages régionaux en relation avec le Syndicat Mixte pour le Tourisme de Mémoire en Artois (Source : Atlas Régional des Paysage, DIREN, document provisoire )

Position du Syndicat Mixte pour le Tourisme de Mémoire en Artois dans un contexte national et européen. Communauté d’Agglomération de Lens-Liévin

Communauté de Communes de l’Artois

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Les grandes caractéristiques géographique s

Le contact entre Haut et Bas Pays s’effectue tantôt brutalement à l’aide de failles et escarpements, tantôt en douceur, sans dénivelé apparent, par de discrets vallonnements. Le périmètre du Syndicat Mixte se trouve sur cette zone de contact, à cheval entre Haut et Bas Pays. La couche de craie chahutée par les plissements y a donné naissance à de véritables escarpements (crête de Vimy) ainsi qu’à un paysage ondulant de colli- nes (plus connues sous le nom de « collines d’Artois »).

A ces mouvements de paysage est venu se superposer un phénomène beaucoup plus récent, celui de l’exploitation minière, qui a recouvert la plaine au pied du belvédère d’Artois.

On observe ainsi de grandes variations de niveau, sur des distances très courtes : le point culminant reste la colline de Lorette avec un point haut à 183 mètres, alors que le nord du territoire s’abaisse à une altitude de 25 mètres environ (vers ). Les terrils culminent à des altitudes rivalisant avec les crêtes : les 2 terrils coniques du 11/19 à Loos-en-Gohelle, les plus hauts d’Europe, atteignent 190 mètres de haut. Il faut néan- moins préciser qu’au début du vingtième siècle, la plupart des terrils aujourd’hui coniques, étaient alors « plats ». Ce n’est que plus tard, lorsque la place est venue à manquer en périphérie des sites d’extraction, qu’ils ont été élevés en hauteur.

Plaine Sur le périmètre du Syndicat Mixte, le relief est caractérisé par :  une partie basse inclinée vers la plaine au nord, ponctuée Wingles par les terrils de l’ancien bassin minier,  une partie haute constituant le rebord du plateau d’Artois Bénifontaine incurvée vers Arras, Pont à Vendin  une zone de chevauchement où s’alternent saillies du relief Vendin le Vieil et dépressions. Cet enchevêtrement de points hauts (crêtes, Annay sous collines, éperons, mamelons...) et de creux (boutonnière, Loos en Gohelle vallons…) au nord d’Arras a conditionné l’installation de la Grenay ligne de front sur ce secteur (les creux sont des passages Sains en Gohelle Bully les Mines Loison sous Lens vers les hauteurs). La vignette ci-dessous résume la confi- Courbe de 150 mètres Lens Noyelles sous Lens guration de cette ligne de chevauchement. Fouquières lès Lens Bouvigny Aix-Noulette Eleu dit Leuwette Boyeffles Liévin

Servins Billy Montigny 183 Gouy Servins Avion Méricourt Ablain St Nazaire Givenchy en Gohelle

147 Courbe de 50 mètres Villers au Bois Vimy

Mont Neuville St Vaast Courbe de 100 mètres Saint-Eloi Thélus Acq

Ecurie Maroeuil Plateau Etrun Arras Coteaux

Le relief Le

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Le régime des eaux est bien différent entre plaine et plateau. Sur le plateau les eaux s’in- filtrent dans la nappe crayeuse et ressurgissent sous forme de sources lorsque les cou- ches marneuses ou argileuses sont mises au jour par des incidents du relief ou en pied de pentes. Il s’agit par exemple des dépressions de la vallée de la Scarpe, de la patte d’oie de Souchez et du coteau d’Aix Noulette.

La plaine lensoise est une zone naturellement riche en eaux. La couche de craie y repo- se finement sur la couche d’argile et de nombreuses résurgences au pied des coteaux d’Artois donnent naissance à des petits cours d’eau s’écoulant en direction Nord-est. L’exploitation minière et surtout la nappe d’urbanisation ont amené la canalisation parfois en souterrain, parfois en grandes infrastructures (canaux) des cours d’eau. Au nord du Canal de La Bassée, l’eau devient omniprésente et marque profondément la plaine drai- née au moyen de watergangs.

La ligne de partage des eaux entre les bassins versants de la Scarpe et de la Lys s’ap- puie sur la ligne des collines et crêtes, en rebord du plateau d’Artois.

Les grands éléments hydrographiques structurants restent le passage de la Scarpe pour

L’hydrographie le plateau et les grandes infrastructures hydrographiques (canaux) pour la plaine.

Les principaux boisements sont concentrés sur les versants les plus escarpés et les moins exposés, correspondant aux rebords et aux pentes du plateau d’Artois. Ils peuvent contribuer à accentuer des effets de crêtes et depuis la plaine appuient l’impression de « ruban » créé par les coteaux. Les boisements sont également intéressants pour les effets de lisières qu’ils génèrent, sources d’ambiances paysagères variées notamment au niveau des vallons (Vallon de la Scarpe, Aix Noulette, Souchez, Carency...).

Un autre secteur concentrant des boisements importants est identifié à l’extérieur du ter- ritoire d’étude, à l’est de l’autoroute A1.

Les boisements

L’urbanisation obéit à des logiques bien différentes. Les implantations humaines peuvent être dictées par le relief ou par un élément naturel. C’est par exemple le cas pour les villages qui se sont développés sur les pentes des co- teaux parallèlement aux courbes de niveau, ou ceux installés près d’une source ou d’un point d’eau.

A contrario la plupart des Cités satellites de Lens, ont vu leur installation conditionnée par l’activité minière et la localisation des puits de mine. Cette logique d’implantation a géné- ré des secteurs à l’urbanisation confuse et discontinue s’égrenant entre les différentes agglomérations minières (comme mis en évidence sur la carte ci-contre). Le cœur des agglomérations est quant à lui devenu un paysage résolument urbain (Arras, Lens, Douai, Béthune…).

L’urbanisation

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Les grandes infrastructures routières sont venues se superposer après coup au développement urbain irriguant et reliant entre elles les agglomérations d’Arras, Lens, Douai, Béthune, Lille...

Sur le périmètre du Syndicat Mixte certaines lisières très nettes entre ville et campagne subsistent encore, par exemple lorsque le développement urbain est contenu par une barrière routière ( A21 au nord de Lens). Dans d’autres cas l’autoroute s’inscrit sur des limites d’entre paysages (comme l’A1 entre Liber- court et par exemple).

Les grandes infrastructures routières offrent enfin un lecture générale du paysa- ge, à l’image de celle que l’on tente d’établir à ce stade de l’étude, et permettent de saisir les grands ensembles ou les grands traits qui le composent. Ainsi la RN 17 entre Vimy et Lens offre une vue dégagée des coteaux d’Artois, l’autoroute A26 plonge vers le Vallon de Souchez avant de longer le coteau en balcon sur l’agglomération lensoise... Quant aux infrastructures locales (certaines routes départementales et communales), elles sont mieux appropriées pour restituer les ambiances et les subtilités propres à chaque ensemble de paysage.

Les routes

Les éléments structurant le paysage d’aujourd’hui d’après la superposition des éléments dégagés des cartes thématiques

Elément prééminent pour définir la forme du paysage, il constitue une limite très nette entre deux Meurchin Trait du relief Hulluch Wingles ensembles morphologiques bien distincts : la plaine et le plateau. L’épaisseur variable de cette limite peut générer des paysages à part entière. Bénifontaine Pont à Vendin Estevelles L’enchaînement des boisements recouvrant les collines constitue un ensemble relativement homogè- Vendin le Vieil Boisement Mazingarbe Loos en Gohelle ne, jusqu’à créer un paysage particulier superposé aux traits du relief. Annay sous Lens

Grenay Harnes Loison sous Lens Certaines infrastructures jouent un rôle de limites, voire de coupures franches, entre des paysages Sains en Gohelle Bully les Mines Infrastructure Lens routière bien distincts. Noyelles sous Lens Fouquières lès Lens Aix- Eleu dit Leuwette Bouvigny Boyeffles Liévin Billy Montigny Servins Sallaumines Dans le cas d’un cours d’eau naturel, comme la Scarpe, la rivière est indissociable du vallon qui l’ac- Angres Avion Cours d’eau Gouy Servins compagne. Cet ensemble (cours d’eau+vallon) compose un paysage caractéristique. Méricourt Souchez Ablain St Nazaire Givenchy en Gohelle Carency Acheville

Urbanisation très Villers au Bois La nappe d’urbanisation de l’agglomération lensoise, au tissu très serré, crée un paysage urbain. dense Vimy

Neuville St Vaast Acq Thélus Urbanisation De même la succession de cités minières en périphérie de l’agglomération lensoise produit un paysa- Mont égrenée ge en « alvéoles » où les parcelles agricoles s’insèrent entre l’habitat minier. Saint-Eloi

Maroeuil Ecurie Roclincourt Etrun Arras

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Les ensembles de paysages Canal de la Bassée

La carte de la page précédente résumant les grands éléments

structurant le paysage du SMPTMA permet de mettre en évidence les ensembles paysagers locaux suivants (unités paysagères), à Meurchin

RN 47 Hulluch Wingles Canal de la BDeûle l’intérieur de chacune desquelles on peut distinguer des nuances :  l’agglomération lensoise, cités minières Bénifontaine  la ligne des coteaux et crêtes, entre mine et campagne

 le plateau d’entre les bois, RN 43 Pont à Vendin Estevelles  le plateau cultivé. le bassin minier cultivé Vendin le Vieil Mazingarbe

cités minières Annay sous Lens Loos en Gohelle entre mine et campagne Grenay La Souchez RN 17 A 21 Harnes Loison sous Lens Bully les Mines la ligne des coteauxSains et en desGohelle crêtes la ligne des coteaux Lens Noyelles sous Lens A 21 l’ agglomération l’agglomération lensoise Aix- Fouquières lès Bouvigny Eleu dit Leuwette Lens lensoise Boyeffles Noulette Liévin

le plateau Billy Montigny et crêtes Servins Sallaumines d’entre les bois Angres Gouy Servins Avion Méricourt le plateau cultivé Ablain St Nazaire Souchez Givenchy en Lesunités paysagères Gohelle RN 17 le plateau d’entre les bois Le verrou Acheville

Villers au Bois de Souchez s Carency les marches de la Gohelle Vimy

la vallée de la Scarpe Mont Neuville St Vaast le bassin RD 919 Saint-Eloi Thélus cités minières minier cultivé la ligne des coteauxentre mine et La Scarpe A 1 campagne cités mini- Acq

ères RD 937 l’ agglomération entre mine et le plateau cultivé campagne RD 341 lensoise

Le verrou de Ecurie Souchez le plateau Maroeuil A 26 et crêtes d’entre les bois Roclincourt les marches de la Gohelle Etrun La vallée de la Scarpe le plateau cultivé Arras

Les nuances à l’intérieur des unité des l’intérieur à nuances Les

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Situation 1. Le plateau d’entre les boi s

Caractéristiques Boisements Points hauts Ferme isolée Eau +cultures = = = Obstacles/masques visuels = Points de repères Obstacles Ressources Lieux de pouvoir Protection/abri Protection/abri Ressources

Lens

Servins Bois de Verd-Mont

Gouy-Servins Chaussée Brunheaut

Bois de La Haie

Bois de Villers Servins Villers au Bois Au Nord-ouest d’Arras culmine le plateau d’entre les bois. Callé entre les coteaux et crêtes du plateau d’Artois au nord, et

Bois de Loterie Bois l’Abbé au sud par la vallée de la Scarpe, ce plateau agricole ondulé offre un paysage de grands espaces entrecoupés de lon- gues langues boisées se superposant aux affleurements, calcaires ou argileux. Ces boisements sont la plupart du Bois d’Ecoivres temps situés sur les terres les moins fertiles, où le limon, peu épais, laisse apparaître la roche. Acq Mont-St Eloi L’occupation du plateau agricole est essentiellement céréalière et betteravière. Bien qu’il subsiste quelques traces d’un an- La Scarpe Bois de Bray cien bocage, les parcelles sont résolument ouvertes. Les boisements sont un élément dominant du plateau : ils fer- Bois de la Ville ment toujours l’horizon. L’ondulation prononcée du terrain crée des effets rythmant le parcours : la vue s’ouvre en haut de

RN 39 vallon et se referme dans les creux. Des points hauts, accompagnés le plus souvent d’un point de repère, se détachent des Maroeuil douces ondulations. C’est le cas du Mont St Eloi, omniprésent, coiffé des vestiges de son abbaye. Ces points hauts ont Etrun toujours été des lieux stratégiques et de pouvoir : qu’il s’agisse d’Etrun, situé à la confluence de la Scarpe et du Gy où Le plateau la tribu belge des Atrébates aux coutumes germano-celtiques avait installé un oppidum (vers -50 avt JC), et où plus tard, au Le Gy Arras Moyen Age, s’installa une abbaye ; ou encore du Mont Saint-Eloi, lieu affirmé du pouvoir ecclésiastique avec l’abbaye et son rayonnement sur les villages alentour (Ecoivres, Acq).

L’urbanisation y est groupée, les fermes sont installées au cœur ou au contact des villages, excepté quelques fermes isolées. Les fermes isolées, bien que très ponctuelles sur le territoire reprennent le modèle de ferme artésienne « à cour carrée » , mais sont toutefois plus grandes, souvent entourées de végétation (peupliers, tilleuls…) qui les protège des vents (exemple : Ferme de Berthonval) ou bien à proximité directement d’un bois (exemple: Ferme de la Motte au Mont Saint Eloi, ferme du Bois de Mont à Gouy-Servins). Une petite drève mène souvent à l’entrée de la ferme, et un fossé entoure parfois l’ensemble. Vers l’ouest, les noyaux villageois présentent la particularité d’être cernés par des restes d’auréoles bo- cagères et se perçoivent depuis l’extérieur comme de petits îlot de végétation (, Villers au Bois…). La Chaussée Brunehaut, comme une épine dorsale, reste la desserte routière principale de cet ensemble paysager. Des petites routes sinueuses desservent ensuite soit la partie boisée du plateau, soit la partie encaissée de la vallée de la Scarpe.

Mont St-Eloi depuis la Chaussée Brunehaut Ferme isolée du Bois de Mont

La vallée de la Scarpe Nuance de la vallée de la Scarp e

Au pied du Mont St Eloi, débute la légère dépression de la vallée de la Scarpe qui s’adosse en partie aux versants boisés des collines (c’est pour cette raison que la Vallée de la Scarpe est ici présentée avec le Plateau d’entre les bois. Elle repré- sente néanmoins un paysage à part entière. Au bord de la rivière, parcelles pâturées et haies bocagères contras- tent avec l’ouverture et l’aridité du plateau. L’échelle des espaces change également : les mailles bocagères et la ripi- sylve créent une alternance d’intervalles confinés et entre-ouverts. La transition avec le plateau s’adoucit au fur et à mesure que l’on remonte le fond de vallée et offre quelques jolis panoramas dégagés sur la vallée en contrebas (à l’ouest vers Vil- lers-Châtel). L’urbanisation s’organise de façon plus linéaire que sur le plateau, le long de la route qui longe la rivière (pour les villages d’Acq et les hameaux de Bray et Ecoivres). On y trouve une concentration non négligeable de patrimoine bâti lié à la pré- La Scarpe à Acq Marais à Maroeuil Bocage sence de l’eau et de ses activités : moulins, brasseries., abreuvoirs..

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Situation 2. Le plateau cultiv é

Caractéristiques

Paysage ouvert = Villages Infrastructures Pentes douces Cultures Exposition = = = = Absence d’obstacle Obstacles Voies de communi- Passages Visibilité/profondeur Protection/abri cation Ressources

Lens

CD 40

Acheville Douai

Forêt Domaniale de Vimy

Vers Ecurie

Neuville St Vaast Thélus RD 919 En continuité du plateau d'entre les bois, le paysage qui s'étend depuis les franges de l’agglomération lensoise vers l’ouest- RD 937 arrageois, est véritablement ouvert. Aucune structure végétale ne vient limiter l’espace (les arbres et haies y sont ab-

RN17 sents), les ondulations sont plus lâches. Ce territoire peut laisser un sentiment de monotonie tant il est simple et uniforme. RD 941

A26 Cependant, il se nuance tout au long de l’année sous la variation des cultures en déclinant couleurs et textures : du vert Ecurie glauque des blés printaniers, il devient jaune et sec en été, laisse place aux ocres de l’automne puis aux verts tendres de Roclincourt RN 50 l’hiver.

À l’échelle de cette grande étendue cultivée, les lignes haute tension introduisent des éléments verticaux et tracent des Arras axes d’orientation Nord/Sud dans un ciel omniprésent. A proximité d’Arras, la multiplication des infrastructures routiè- res vient également perturber cette régulière uniformité. Les points de repère sont peu nombreux à l’intérieur même du plateau : les monuments arrageois sont peu perceptibles, étant concentrés au fond d’une dépression naturelle formée par les vallées de la Scarpe et du Crinchon. Il faut chercher des points de repères sur les limites ou vers l’extérieur de ce paysage comme les tours du Mémorial canadien de Vimy, surplombant les coteaux d’Artois, ou encore les terrils du bassin minier, lorsque l’on se situe au niveau des marches de la Gohelle.

Enfin, villages et petits cimetières éparses occupent le socle de culture. Les lisières de villages, souvent à nues dans le paysage, laissent apparaître un bâti agricole corpulent qui a tendance à s’implanter en périphérie de zones urbanisées. Ce paysage se compose d’une partie élevée du plateau et de pentes douces (« marches de la Gohelle ») re- joignant la plaine minière. Sur la limite nord de ce paysage, le CD 40 marque une frontière nette avec l’agglomération len- soise dont elle « contient » l’urbanisation.

Bâtiments agricoles vers Arleux Cimetière militaire à Neuville Ce type de paysage se poursuit plus au sud, en direction de , interrompu momentanément par l’intermède char- mant de la vallée de la Scarpe. L’urbanisation y est groupée, les boisements sont quasiment absents et le relief ne présente que de faibles ondulations. La quiétude et l’immobilité contrastent avec le plaine minière voisine : le trafic rou- tier est concentré sur quelques axes importants, l’ouverture des grandes parcelles agricoles n’est que rarement interrom- pue. Les marches de la Gohelle

Nuance des marches de la Gohelle

Le rebord du plateau, très marqué vers l’ouest, comme le montre la photo ci-dessus, masque les pentes douces cultivées descendant vers l'agglomération lensoise surnommées ici « Marches de la Gohelle ». Cette succession de paliers occupés par les villages d’Acheville, Bois-Bernard, et Arleux en Gohelle, s’atténue progressivement vers l’est jusqu’à rejoin- dre la plaine de la façon la plus naturelle possible (vers Esquerchin, Beaumont). Les terrils sont cependant visibles du re- bord du plateau et appellent le visiteur. En « descendant les marches », l'agglomération se découvre progressivement avec un formidable panorama sur toute la plaine minière et les coteaux de Vimy , et Givenchy à l’Ouest.

Le rebord du plateau à Arleux-en Gohelle Les pentes douces des « marches » vers « La Gueule d’Ours » (à l’est de Vimy) Repérage des Sites de Mémoire de la Première Guerre Mondiale 11

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Situation

3. La ligne des coteaux et crêtes

Caractéristiques Pentes abruptes Points hauts Boisements Eau = = = = Obstacles Visibilité/domination Obstacles/masques Ressources RD 301 Points de repères visuels

Lens

Bouvigny Aix-Noulette Boyeffles RD 341 Bois de A 26 Noulette Bois de Verd Bois de -Mont Bois Soil Givenchy Bois des Bruyères Ablain St Nazaire Souchez Givenchy en Gohelle

Bois du Carieul RN 17 Carency

Forêt domaniale Vimy de Vimy Le ruban des coteaux depuis la RN17 dans la plaine

Le passage du plateau, boisé ou cultivé, à la plaine minière se traduit par une ligne de coteaux aisément identifiable. Il suffit d’emprunter la RN 17 entre Arras et Lens pour sentir à quel point la descente vers la plaine est réelle ! L’épaisseur de cette ligne (qui comprend aussi bien les pentes que les crêtes et points hauts les surplombant) en fait un paysage à part entière sur un dénivelé d'un cinquantaine de mètres. Depuis la plaine, Ies coteaux apparaissent comme un ruban sombre accentué par la densité des boisements.

De nombreux replis, en creux ou en saillis, viennent ébrécher la « ligne », qui se poursuit bien au-delà du territoire Arras étudié, vers le nord-ouest, en constituent autant de passages de la plaine vers le plateau. Sur le territoire du Syndicat Mixte, on trouve ainsi la brèche de Souchez, où la ville implantée comme un verrou au pincement de deux coteaux, ouvre vers des vallons pénétrant à l’intérieur du plateau. A contrario, le promontoire de Givenchy crée une avancée Le verrou de Souchez vers la plaine.

Les coteaux, urbanisés à mi-pente (Aix-Noulette, Bouvigny-Boyeffles...) sont cultivés en pied sur les pentes douces. Quelques points de repère profitent d’une implantation sur les crêtes pour accentuer leur effet de monumentalité, comme le Mémorial canadien ou la chapelle de Notre Dame de Lorette.

Autrefois cultivées en terrasses ou pâturées par les ovins, les pentes les plus abruptes des coteaux sont aujourd- ’hui délaissées par l’agriculture, les machines agricoles ne pouvant y accéder. Ces parcelles, lorsqu’elles ne sont pas utili- sées comme pâtures, sont en cours d’enfrichement et se boisent progressivement.

Enfin, les pieds de coteaux sont le lieu de résurgence de nombreuses sources, qui s’écoulent en ruisseau vers la plaine minière. La colline de Lorette et la brèche de Souchez Les coteaux tranchent avec le reste du territoire du Syndicat Mixte par la densité de leur boisement. Le vert foncé des bois est une ligne d’horizon « repère » pour l’ensemble de la plaine minière.

Nuance du Verrou de Souchez

Ouvrant sur des vallons « en pattes d’oie », le Verrou de Souchez est l’unique percée dans le front des coteaux sur le terri- toire du Syndicat Mixte. Jouant un rôle « d’entonnoir », il est constitué de 2 vallons arrosés par des cours d’eau, et d’un vallon « sec » permettant de gagner rapidement le plateau. Passage entre le plateau et la plaine, il fut de tous temps un site stratégique (notamment lors de la Première Guerre Mondiale). Ce petit paysage, riche et varié, présente une multitude d’ambiances dissimulées dans les replis de ses vallons. Ablain St Nazaire, au fond de la cuvette de Souchez

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Situation BETHUNE Eau Hameaux agricoles 4. L’ agglomération lensoise = isolés et cités minières Ressource = Obstacles

Meurchin Caractéristiques Wingles Points hauts Urbanisation dense Infrastructures Mines Hulluch = = = = Visibilité/domination Obstacles Voies de communi- Ressources Bénifontaine cation Pont à Vendin Points de repères Masques visuels Appareil de production

N 47 N Estevelles Vendin le Vieil Canal de la Deûle A1 N 43

RD 937 Loos en Gohelle Annay N 17 Mazingarbe

A 21 Grenay Loison sous Harnes Sains en Gohelle Lens Bully les Mines Lens Noyelles sous Lens A 21

Eleu Fouquières Billy Montigny RD 937 dit Leauwette les Lens A 26 Liévin Sallaumines

N 43 Avion Méricourt

N 17

DOUAI Lens

L’agglomération lensoise où débute la plaine du bassin minier forme un tel contraste avec le plateau, qu’elle sem- ble appartenir à un autre monde. La proximité de ces deux paysages accentue les particularités de chacun. L’urba- nisation de la plaine, complexe et étalée, résulte des implantations urbaines au gré des gisements miniers. Les villes sont aujourd’hui imbriquées les unes dans les autres. Les notions repères de bourg et de centralité dis- paraissent, l’orientation y est confuse. Le bassin minier cultivé Les cités minières

L’activité minière marque toujours fortement le paysage par la présence des terrils visibles à longue distance (même en dehors de ce paysage). Les chevalets et châteaux d’eau, à moindre échelle, sont eux aussi des points de repère, clochers de l’agglomération. Les cités minières, bien souvent en cours de réhabilitation, témoignent d’un essor industriel fulgurant, à opposer au lent développement des villages de plateau.

L’importance et la densité des infrastructures routières font de ce paysage un lieu de vitesse, en mouvement permanent. L’activité auparavant centrée sur les infrastructures minières et industrielles (cavaliers, voies d’eau) s’ar- ticule aujourd’hui autour du système routier.

Le cœur d’agglomération, tissu urbain dense et étalé, est constitué essentiellement de patrimoine de la re- Façades Art Déco en centre ville de Lens Champs de culture à Loos en Gohelle Cités minières à Mazingarbe construction des 1ères et 2ème Guerres Mondiales. Ce patrimoine bâti original est composé de magnifiques fa- çades Art Déco en centre ville : commerces, ensemble des bâtiments de la gare, ou encore les Grands Bureaux des- sinés par Louis-Marie Cordonnier mêlant au style Art Déco le style régionaliste. Beaucoup de sites miniers ont au- jourd’hui disparu libérant des alvéoles dans l’espace urbain, aussitôt remplies par l’urbanisation pavillonnaire tou- jours en expansion.

Nuances des Cités minières et du Bassin minier cultivé

L'agglomération lensoise est ceinturée par un urbanisme plus lâche constitué de villages miniers séparés par des alvéoles agricoles. Au nord de Loos-en-Gohelle le paysage s'ouvre pour laisser place à l'openfield du « bassin minier cultivé », une vaste enclave au sein de l'agglomération. Ce petit paysage comporte encore quelques ha- meaux isolés constitués d’exploitations agricoles. La mine, reléguée en arrière-plan, s’éloigne l’espace d’un ins- tant pour laisser place à un paysage rural, proche de celui du plateau cultivé. Les hameaux agricoles entre Loos en Gohelle et

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