2019 20:00 1 7. 01. Salle de Musique de Chambre Jeudi / Donnerstag / Thursday Autour du monde

Naseer Shamma «Life is a Rhythm»

Naseer Shamma Lasaad Ladhari riq Mounir Koubaa tabla Lofti Soua daf, bongos

40’

40’

Production Philharmonie Luxembourg en coopération avec l’AACE – Arabic Association for Cultural Exchange D’Bazilleschleider

Le célèbre caricaturiste allemand Der renommierte deutsche Karika- Martin Fengel (connu notamment turist Martin Fengel (bekannt u. a. pour ses contributions dans le aus dem Zeit-Magazin) begleitet Zeit-Magazin) ponctue les pro- die Abendprogramme der Saison grammes du soir de la saison 2018/19 mit Momentaufnahmen 2018/19 d’instantanés sur le thème zum Thema geräuschvollen Stö- des nuisances sonores dans les rens im Konzertsaal. Lassen Sie salles de concert. Laissez-vous sich durch die vergnügliche Dar- inspirer par cette présentation stellung zu rücksichtsvollem Musik- ludique, pour savourer la musique genuss inspirieren. en toute tranquillité. Le oud à travers les âges Marc Loopuyt

Le simple nom d’un instrument de musique ancien peut receler tout un programme d’information sur une période de l’histoire des hommes et des civilisations, et heureusement l’étymologie nous permet souvent de le décrypter. Dans la langue arabe savante, ce mot ‘oud désigne « le bois par excellence » soit « ce qu’on peut réaliser de plus noble avec du bois choisi », c’est-à-dire : le plus précieux et le plus inspirant des instruments à cordes pincées d’Orient. Mais revenons au oud lui-même. Les phonèmes en ont été perçus et simplifiés ainsi :el laud (phonétiquement el laoud) ; étape suivante, les troubadours catalans et occitans qui se pro- duisaient des deux côtés des Pyrénées en ont fait lo laüt, et les français leüs puis le loucth puis le luth.

Il nous faut à présent retourner en Mésopotamie, il y a 4500 ans, pour décrire la genèse de celui qui deviendra plus tard dans ­l’histoire, l’emblème de la musique arabe savante. Grâce aux archéologues, nous avons au Musée du Louvre, entre autres, une terra cotta qui représente un fier musicien mésopotamien aux airs de roi-mage. Il tient sur la poitrine la représentation en ronde-bosse de la forme explicite la plus ancienne de l’instrument. Voici ce que nous en décryptons : sa caisse est constituée de la moitié supérieure bombée d’une carapace de tortue sur laquelle a été fixé un manche de section circulaire muni de trois chevilles de tension puis une peau de chèvre y a été collée ; le dernier élé- ment est un petit pont de bois (chevalet) sous les cordes qui permet de transmettre leurs vibrations à la table d’harmonie en cuir. Cela correspond au même principe de fonctionnement que le

3 Buste de joueur de luth à tiare ovoïde photo: RMN Franck Raux

banjo et révèle une clarté de son étonnante comme on peut encore le constater sur son équivalent marocain d’il y a une cinquantaine d’années, appelé guitare-tortue­ ou snitra et que se confectionnaient ainsi les jeunes bergers de la montagne pour accompagner leur chant et rasséréner les troupeaux inquiétés par la présence des chacals et autres hyènes…

Avec ce simple exemplaire archaïque, on peut déjà définir com- ment fonctionne un luth : ici chaque corde produit plusieurs sons par raccourcissement de la longueur vibrante opéré par la pression des doigts de la main gauche tout comme sur une guitare d’aujourd’hui. Quant à l’ébranlement des cordes, c’est un plectre, tenu à la main droite qui le provoque avec des frappes choisies vers le haut ou vers le bas.

4 Dans l’Antiquité orientale, ce modèle d’instrument se diversifie avec deux, trois ou quatre cordes et aussi une caisse qui peut être monoxyle, dont la forme est soit oblongue à tendance arrondie, soit celle d’une poire plus ou moins allongée. Plus tard, apparaît un instrument dont la table d’harmonie en peau est remplacée par une planchette de bois collée à la caisse et alors le fonction- nement du chevalet se transforme radicalement ; quand il est simplement maintenu par la pression des cordes sous l’effet des vibrations, il travaille (sur le luth-tortue) par cisaillements perpen- diculaires à la table ; quand il est collé, il travaille par oscillations. Expérimentés tous les deux sur une même table de bois, ces petits ponts, ces chevalets produisent une couleur sonore très différente car alors le faisceau d’harmoniques n’est pas le même ; cela aura une importance non négligeable sur l’évolution du oud dans le monde arabe autour des années 1960 car il va y avoir une trans- formation radicale du chevalet à l’initiative de Munir Bachir l’Irakien. En tous cas, ce dernier type de luth à table en bois appelé barbât se signale dans les miniatures arabes, persanes et turques jusqu’aux environs du 13e siècle. L’archéologie, les miniatures et les littératures classiques d’Orient démontrent que le luth né en Mésopotamie s’est répandu vers l’Orient (jusqu’à la Chine) et vers l’Occident (jusqu’à l’Andalousie) en suivant le cheminement des caravanes sur la route de la soie, donc grâce aux vaisseaux des sables et autres nefs des mers ! En tous cas, il faut attendre le 10e siècle en Andalousie musulmane pour voir apparaître le luth-oud à caisse constituée de fines lattes de bois précieux (les côtes). Cela implique un développement sophistiqué de la scie et l’art de plier à chaud, d’ajuster et de coller ces lattes sur un moule de bois savamment défini grâce à une maîtrise quasi-initiatique de la science géométrique. En effet, l’Art du Trait qui régissait les maîtrises artisanales pour l’architecture des mosquées, églises et autres synagogues historiques s’appliquait aussi à l’artisanat et en particulier à la lutherie ; il découlait de la science des nombres qualitatifs déjà exposée par l’école grecque d’Alexandrie.

7 Luth-oud par Abdoh George Nahhât (Damas, 1931) photo: Claude Germain

Revenons à notre nouvelle caisse de luth si légère et constituée de côtes dont le procédé de fabrication finira par supplanter l’antique formule monoxyle. Les côtes sont souvent en bois de couleurs alternées du plus bel effet : noyer et peuplier, noyer et if etc… Leur nombre est impair et leur collage est renforcé par des bandelettes de papier à cheval sur la ligne de jonction à ­l’intérieur de la caisse. Dans le haut, un tasseau de bois solidement collé sert de zone d’insertion pour le manche en haut duquel est accolé le chevillier avec ses onze clés d’accord ; il forme avec celui-ci un angle d’environ 120 degrés. Cet angle qui existe plus discrètement sur le violon est nécessaire pour ­plaquer les cordes sur la pièce d’ivoire appelée sillet de tête.

8 L’autre nouvel élément déterminant qui va définir leoud est l’apparition des cordes doubles appelées chœurs. L’intérêt en est que selon le sens du coup de plectre, le chœur produit des nuances de notes très différenciées : tour à tour très rondes, trèsacides ou tout à fait neutres, ce qui est le fondement d’une articulation musicale très riche ; le modèle en est l’imitation des consonnes du langage et c’est là une discipline très efficace pour contribuer à « faire parler » l’instrument.

Ainsi donc en quelques paragraphes, nous avons tenté de parcourir plus de quarante siècles de transformation de cet instrument mythique pour arriver à une structure fondamentale à partir de laquelle est apparue celle qui fait référence : cinq chœurs et un bourdon. Les cordes étaient faites de boyau de mouton, et constituaient le chapitre financier le plus lourd dansl’entretien d’un instrument. Jusqu’après la Seconde Guerre ­mondiale, les aigus étaient de boyau et les graves étaient constituées de soie naturelle filées de cuivre argenté. Ensuite, en même temps que changeait la matière pour filer les bas des femmes et pour tisser leurs sous-vêtements, les cordes graves du oud devenaient soie synthétique filée et les aigus nylon plein tout comme le fil de pêche. Il va sans dire qu’il y eut alors progressivement une trans- formation conséquente de l’oreille et de la perception du son du oud. Pour avoir une idée précise de l’évolution sonore et dynamique que le luth oriental a suivi ces quatre-vingts dernières années, il est possible d’établir une analogie avec celle de l’art de l’interprétation en musique classique occidentale contemporaine. Il suffit de comparer une bonne version académique d’une pièce de Telemann, à savoir la Suite « La Bizarde » par Paul Tortelier avec celle d’un autre violoncelliste qui prône le retour aux sources, à savoir Mathieu Rouquier de l’Ensemble Fratres. Il y a là passage de l’académisme néo-romantique qui a pignon sur rue dans les grands conservatoires occidentaux, à la tradition du « suonare parlante » italien auquel appartenait Paganini. Pour le oud, l’analogie est inverse puisqu’on passe du jeu traditionnel et ancien qui ne rechigne pas à certaines rudesses pour assurer l’articulation, à un modernisme virtuose qui prône le côté lisse

9 photo: Habib H. Touma du son et qui vise à une universalité, une « globalisation » que revendique Naseer Shamma. Comment cette transformation s’est-elle opérée ? Au 19e siècle, l’Empire ottoman dominait le Proche et le Moyen- Orient et des musiciens de cour avaient une influence souvent moderniste importante sur les musiques arabes comme celle du fameux Tatious, compositeur du dernier sultan d’Istanbul, que les musiciens arabes se sont réapproprié. Il était arménien et très à l’écoute des compositeurs occidentaux de l’époque ; consé- quemment, ses œuvres ont innové dans le sens de la tonalité et de la propension aux chromatismes et autres arpèges jusqu’alors quasi inconnus en musique arabe. Au tempsd’Ataturk,­ le oudiste et compositeur istanbouliote Shérif Muhhieddin passa une assez longue période d’échanges musicaux avec un violoncelliste alle- mand … à Washington. Dans cette perspective d’occidentalisme esthétique, il travailla à adapter sur le oud tous les exercices techniques du violoncelle et surtout il développa pour lui la méthode occidentale moderne qui consiste à perfectionner jour- nellement sa technique dans un temps de travail spécifique et distinct de la pratique du répertoire ou de l’improvisation, ce qui n’était pas du tout la coutume des Orientaux. Il fut ensuite envoyé à Bagdad par le gouvernement turc comme expert musical. Il y initia cette nouvelle perspective surtout auprès des frères Bashir. Plus tard dans le même cadre, c’est le maître turc Cinuçen Tanrekorur qui continua cette mission. C’est ainsi qu’apparut à partir des années 1960, la nouvelle école des virtuoses de Bagdad.

Sur les instructions de Munir Bachir, le modèle du oud utilisé se caractérisait par le chevalet flottant, jamais utilisé auparavant comme nous l’expliquions plus haut et par la suppression de tous les décors esthétiques spécifiquement orientaux (surtout les rosaces découpées et ajourées) au profit d’une esthétique dans le style des guitares de jazz de la même époque. C’est dans ce cadre de l’Académie fondée à Bagdad par Mounir Bachir, que le jeune Naseer Shamma acquit les bases de son art. Confiné comme trop d’autres dans les caves au moment de la guerre d’Irak, il poussa le développement de la précision technique­ à l’extrême comme le montre sa pièce de musique

11 explicitement descriptive qui est le film sonore d’un bombarde- ment sur la capitale. Elle commence par l’évocation frappante des sirènes d’alerte pour finir avec celles des ambulances. Dans ­l’intervalle toutes les terribles perceptions sonores de l’évènement guerrier sont clairement reconnaissables.

Le virtuose est donc aussi un compositeur marqué par les épreuves de son pays et qui exerce son art très souvent dans la perspective de la rencontre pacifique des artistes du monde entier et du dialogue des civilisations. Ainsi, il donne souvent à son instrument un rôle de soliste devant un orchestre composite Orient-Occident (section de cuivres, guitare basse, claviers, violons, bongos, derbokas, cithare arabe ou turque etc…) qui relève souvent de l’art tonal d’Occident avec une propension à la polyphonie à laquelle il a souhaité ouvrir davantage la pratique de l’instrument ; d’où de longues suites d’accords qu’il traite au plectre dans une sorte de rasgueados, dans l’idée de ceux que l’on pratique en Espagne.

Notons que sa notoriété en Orient et en Occident auprès des grandes institutions musicales et culturelles (fondations, Unesco, festivals, etc…) lui ont permis d’ouvrir cinq écoles dans le monde oriental où il enseigne systématiquement les développements modernes de son style virtuose. Il ainsi contribué à une expansion immense de la nouvelle École des virtuoses de Bagdad. Parallèle- ment, il assume même la replantation de vingt et un squares de sa ville blessée par la guerre en drainant des fonds par le biais des fondations avec lesquelles il collabore régulièrement. Comme pour Ziryab de Cordoue, la notoriété de Naseer Shamma et son action dépassent largement le cadre de la scène pour exercer une influence notable dans le domaine de l’évolution de l’univers artistique de sa patrie et dans celui de l’aide humanitaire. Aussi est-il un ambassadeur artistique qui sait faire apprécier au monde entier son option très moderne de la culture musicale millénaire de la Mésopotamie.

12 14 Marc Loopuyt commence sasagamusicaleparl’Andalousie où tout cinq continents en approfondissant sontravail surles à Paris. Ilpoursuitsesconcerts et sesconférences surles giques douzaine dedisques musicolo pagesd’articles mille et publie instrumentale,lement àsapratique ilapprendleslan maître Cinuçen Tanrekorur avec quiil étudie àIstanbul. séjourne neufanspour étudier le oud. Ilrencontre ensuite le ilatteint il apprendlaguitareflamenco.DeCadix, Fès oùil la viedesmusiciens Il d’Orient. et desluthiers enregistre une ses professeurs de nombreuxdétailsdeterrainet recueille sur premiers. ainsi qu’un livre surle ainsiqu’unlivre oud pourleMuséedelaMusique gues de Parallè - RAIFF0007_annonce_philarmonie_115x175.indd 1 RAIFF0007_annonce_philarmonie_115x175.indd - en vouloirplus c’est nature Plus vousnousfaitesconfiance, plus vousygagnez. Avec OPERAPLUS,vousbénéficieznaturellement infos en agence ousurwww.raiffeisen.lu de toutunéventail d’avantagestarifaires. l

05/06/2018 15:44 Banque Raiffeisen, société coopérative Botschafter und Brückenbauer Der irakische ­Oud-Virtuose Naseer Shamma Stefan Franzen

Als der syrische Musiker Bahur Ghazi eines Tages im Radio eine Laute hört, ist er von ihrem kristallklaren Klang sofort gefangen genommen. Bisher hatte der in der Provinz Dar’a aufgewachsene Jugendliche die Oud autodidaktisch erlernt, ohne Kontakt zur arabischen Musikwelt jenseits der Landesgrenze oder zu einem Lehrer. Der Oudspieler aus dem Radio heißt Naseer Shamma und stammt aus dem Irak. Fortan versucht der junge Ghazi, diesem besonderen Spiel auf der Laute nachzueifern, die Stücke und den Stil Shammas zu adaptieren. Schließlich geht ein lang gehegter Wunsch in Erfüllung: Bei einem Konzert in Damaskus kann er ihn persönlich treffen, und nach einem Vorspiel ist Shamma so beeindruckt, dass er dem Nachwuchskünstler aus Syrien ein Stipendium für das Studium an der von ihm gegründeten Aka- demie in Kairo ermöglicht. Heute ist Ghazi in seiner neuen Heimat Schweiz selbst ein Grenzen sprengender Oud-­Virtuose.

Das ist nur eine kleine von vielen Geschichten, die von der großen integrativen Kraft erzählen, mit der der 1962 geborene irakische Oudmeister Naseer Shamma im ganzen arabischen Kulturraum und darüber hinaus wirkt. Es gibt heute vielleicht keinen Musiker auf der arabischen Laute, der einerseits seine Kunst so virtuos ausübt, zum anderen aber auch Kollaborationen zwischen allen musikalischen Stilen von Klassik bis Jazz, zwi- schen verschiedensten Kulturkreisen anregt – und zudem auch als kulturpolitischer Botschafter unterwegs ist. Naseer Shamma ist davon überzeugt, dass die Musik heilende Kraft hat, den menschlichen Geist wiederaufrichten kann. Diese Überzeugung

16 lebt er in seinem künstlerischen Alltag, und wer seine Biographie anschaut, erkennt schnell, warum Kunst für diese erstaunliche Persönlichkeit therapeutische Funktion besitzt.

Die irakische Oud-Tradition hat in der arabischen Welt schon immer eine Sonderstellung eingenommen. Das Spiel auf der Kurzhalslaute, diesem wichtigsten aller arabischen Instrumente, das sich vom persischen und mesopotamischen Kulturraum ausgehend verbreitete und heute vom Iran bis in den Maghreb, vom Bosporus bis nach Sansibar als Ensemblemitglied und Solo-Akteur präsent ist, konnte im Zweistromland in den letzten 100 Jahren in vielerlei Hinsicht einen besonderen Reichtum ent- wickeln. Seit den 1920er Jahren wurde dort viel investiert in die technische Perfektion des Instruments. Man ging zu einer Saiten- bespannung über, die einen Klang näher an jenem des europäi- schen Klaviers ermöglicht. Dem weicheren, tieferen Sound ­anderer Länder stand nun ein durchsetzungsfähigeres Volumen gegenüber. Es erlaubte die Integration der Oud in ein großes Orchester. Einfluss übte das bis nach Ägypten aus, zugleich schlug man so eine Brücke zur europäischen Musikkultur. Sherif Muhiddin Haydar war der erste führende Musiker dieses Aufbruchs, er gründete in Bagdad auch die Musikakademie. Aus dieser Schule sind viele berühmte Musiker hervorgegangen, unter ihnen die Referenzgröße Munir Bashir, ein weltweit bekannter Meister. Bashir, der 1997 verstarb, war der wichtigste Lehrer Naseer Shammas, der dessen Tradition nun weiterführt, sie noch erheblich verfeinert und entgrenzt.

Schon als Kind entdeckt der 1962 geborene Shamma die Oud für sich, doch die Eltern erlauben dem Sohn nicht, Unterricht zu nehmen. Erst mit zwölf findet er einen ersten Lehrer.«Es war, als hätte ich tagelang nichts gegessen und könnte nun endlich meinen Hunger stillen», wird er sich später einmal erinnern. Die Musik- hochschule in Bagdad schließt er 1987 mit einem Diplom bei Munir Bashir ab, verfolgt fortan neue Pfade in Spieltechnik und Ausdruck, öffnet sich für Klassik und Jazz, was bei Puristen naturgemäß auf Widerstand stößt. Doch bevor Shamma seine

17 Kunst zu höchster Blüte entfalten kann, folgt zunächst eine ­bittere Lebensphase für ihn: Der junge Musiker wird während des ersten Golfkriegs zum Wehrdienst eingezogen, muss sogar einige Monate aus politischen Gründen im Gefängnis verbrin- gen. Nach dem Krieg ist die Infrastruktur des Iraks geschwächt, auch auf die Kulturszene sind die Auswirkungen erheblich. Shamma wohnt ab 1993 für einige Jahre in Tunesien, wo er an der Musikhochschule doziert. Anschließend siedelt er nach Ägypten über, gründet in Kairo 1998 in Kooperation mit der Ägyptischen Oper das erste von mehreren Oud-Häusern. Hier unterrichtet er eine neue Generation von Lautenspielern. Ver- gleichbare Institutionen eröffnet er bis 2011 in Abu Dhabi und Alexandria. Unter den neuen Spieltechniken, die er entwickelt, ist die Lehrmethode für Einhändige sicher die revolutionärste: Inspiriert wurde er durch Soldaten, die nach den Kämpfen im Iran-Irak-Krieg der 1980er Jahre amputiert werden mussten. Und er baut eine eigene Version der Oud: Ideen hierfür greift er nicht aus der Luft, sondern findet sie in einem Manuskript aus dem 9. Jahrhundert, in dem der Bagdader Musiktheoretiker Al Farabi ein Instrument mit acht statt der üblichen sechs Saiten erörtert. Und so erlaubt Naseer Shammas Laute dem Spieler, einen ­größeren Tonraum auszukosten.

Seit Beginn des neuen Jahrtausends ist Naseer Shamma uner- müdlich als Botschafter und Brückenbauer unterwegs – für ein zeitgenössisches Verständnis der Oud, ja, der Musik allgemein und für den Frieden. Beides geht für den UNESCO Goodwill Ambassador Hand in Hand. Denn unter seinen vielzähligen musikalischen Projekten weisen etliche über die arabische Welt hinaus: Eine der aufregendsten Partnerschaften ist Naseer Shamma mit dem US-Trompeter Wynton Marsalis eingegangen. Es ist ein ganz erstaunliches Beispiel dafür, wie organisch sich die Oud in ein jazziges Septettspiel einfügt, zugleich auch ein beeindruckender Endpunkt all der Dialoge, die in der Jazzliteratur seit den 1950er Jahren zwischen arabischer und amerikanischer Musikkultur versucht worden sind – zuvor nicht immer mit schlüssigem Ergebnis. Genauso verblüffend ist Naseer

19 Loewe bild 5 - OLED. State-of-the Art.

Une télévision de qualité mérite une image de qualité. ­Shammas Zwiesprache mit dem pakistanischen Sitarspieler Ahraf Sharif Khan, die er im Projekt «Viaje De Las Almas» verwirklicht hat – ein in seiner Intensität selten erreichtes, seelenvolles Gipfel- treffen zweier Lautenvirtuosen, die beide im orientalischen Raum seit Jahrtausenden zu den wichtigsten Vertretern ihrer Zunft zählen. Weltumspannend ist Shammas Global Music Ensemble, in dem er Musiker von Indien bis Brasilien versam- melt hat. Zentral in Naseer Shammas Arbeit sind von jeher die Brückenschläge zur klassischen abendländischen Musik. Er sieht sich damit in einer langen Tradition: Als 1932 auf dem soge- nannten «Cairo Congress» zum ersten Mal Musiker und Gelehrte aus der gesamten arabischen Welt zusammenkamen, widmeten sie sich nicht nur der Erforschung und Aufführung von Werken aus der Vergangenheit und Gegenwart. Das Sympo- sium wurde auch von europäischen Komponisten wie Béla Bartók und Paul Hindemith besucht, um den Dialog mit dem Okzident anzuregen. In dieser Tradition sieht sich Naseer Shamma: Als Mitglied des achtköpfigen Kammerensembles Oyoun kombiniert er seit nahezu 20 Jahren die Schulen der klassischen arabischen Musik mit der des Westens, lässt Instru- mente aus beiden Welten aufeinandertreffen. Und den Dialog zwischen Ost und West regt er durch eine ganz aktuelle Arbeit an: Im vergangenen Jahr hat Shamma auch in Berlin ein Oud- Haus gegründet, das sich auf die musikalische Erziehung von Auswanderern und Geflüchteten konzentrieren will.«Ich glaube, dass Musik das Gute im Menschen hervorbringt», sagte Shamma bei der Eröffnung.«Oft habe ich erlebt, wie gestresste, überreizte Menschen durch Musizieren und das Hören von Musik ihren inneren Frieden und Lebensmut wiederfanden.» Shammas Engagement in Berlin zielt auf diese Wirkung der Musik, die gerade heute auch dazu dienen kann, politische Verwerfungen zu überwinden, den «Culture Clash» zwischen Migranten und Europäern durch musikalische Bildung und Kennenlernen fremder Klänge zu mindern. Dies auch immer auf dem Hintergrund seines eigenen gespaltenen Verhältnisses zur Heimat: Nach dem zweiten Golf- krieg beobachtete er eine Erosion kultureller Werte, den Nieder- gang durch das unversöhnliche Gegenüberstehen ethnischer

21 und religiöser Fraktionen. Ganz zurückzukehren kommt für ihn nicht in Frage, trotzdem setzt er sich weiterhin für den Frieden in Bagdad ein, entscheidet sich schließlich nach langen Jahren der Abwesenheit, für einige Konzerte ins Land zu reisen.

In die Philharmonie Luxemburg kommt Naseer Shamma mit dem Programm «Life Is A Rhythm», das er mit einem unge- wöhnlichen Quartett auf die Bühne bringt: Um sein Oudspiel rankt sich Schlagwerk aus drei Kulturräumen: Die arabische Rahmentrommel Riq, die Tablas Indiens sowie die persische Trommel Daf und die in der Música Latina beheimateten Bongos treten in rhythmische Wechselwirkung mit der Laute. Ohne Zweifel eine spannende Herausforderung für den Vermitt- ler Naseer Shamma: ein raffinierter Dialog zwischen Perkussion und Saitenspiel.

Stefan Franzen wurde 1968 in Offenburg/Deutschland geboren. Nach einem Studium der Musikwissenschaft und Germanistik ist er seit Mitte der 1990er Jahre als freier Journalist mit einem Schwerpunkt bei Weltmusik und «Artverwandtem» für Tageszei- tungen und Fachzeitschriften sowie öffentlich-rechtliche Rund- funkanstalten tätig.

22 Interprète Biographie

Naseer Shamma oud Naseer Shamma is an Iraqi artist and a distinguished Oud player born in 1963 in Kut, . Graduating from the Institute of Music Studies in in 1987 was the beginning of a long list of achievements in his musical career with over 60 awards kicked off in his graduation year with Best Emotional Melody in Iraq working his way up to obtain the honours of the Iraqi artist ­syndicate for three consecutive years from 1988–1990, Best Artist in Iraq in 1994, 1998 Royal British Academy Award, the Rotterdam Arab festival Award and many more. From the mid to late 80’s Shamma began exporting his musical culture to Europe with memorable performances such as that of the Armani theatre of Paris, as well as in Germany, Switzerland, London characterised Shamma as a leading maestro in the international music scene and eventually the Oud master. Releasing his first albums in Italy, UK, Egypt and Algeria Shamma has presented over sixty compositions that translate his musical vision. Shamma went on to launch The Arab Oud House with its first establishment in Cairo in 1999, where he would orchestrate and manage the advancement of Oud students to an expert level, sharing his techniques and additions to the instrument, the Arab Oud House would include other instruments such as the Saz, Nay, Qanun and oriental percussion. The Arab Oud House has since been established in Abu Dhabi in 2008, Alexandria in 2011 and Baghdad in 2018, and all continue to be overseen by Shamma himself. Graduates of the Arab Oud House gain the opportunity of performing with Shamma in concerts

23 Naseer Shamma Naseer Shamma across the world as part of the Arab Oud House Orchestra which has not only set a new standard for the Arab Orchestra as a whole but has also managed to bridge to western audiences the Arab musical culture on an academic level. Shamma has taken great interest in combining the group in orchestral music with many performances alongside prominent ensembles such as the Metropolitan Orchestra of Montreal, and with leading Jazz artists such as Wynton Marsalis, The Lebanese Oriental Orchestra. Shamma also established the Global Ensemble which grouped leading artists from across the western world with over 75 artists mainly from Asia and the middle east, the Mediterranean and Europe. Such settings have since been pre- sented by Shamma on all continents. Throughout Shamma’s career a priority has always been his humanitarian contribution in promoting peace across the world, projects such as T.A.Z.C. which treats vulnerable children in India, the Ahluna Foundation which has supported over three million refugees since it was established, Alaq Baghdad is another of the bigger projects that is currently ongoing and aims to rebuild 21 main squares in the capital Baghdad in addition to rehabilitation of main high streets in the city, all part of an effort to bring life and investment back to Iraq. All the while using music to raise funds for a long list of vetted projects that serve his humanitarian vision. He has been credited for his humanitarian work with awards such as that of the 2012 International Gusi Peace Prize, assigned the Ambassador of the of the Iraqi Red Crescent, Ambassador of the International non Violence Association and he continues to serve as the UNESCO Artist for Peace and as of late the goodwill ambassador to the International Red Crescent and Red Cross Societies (IFRC).

26 Autour du monde

Prochain concert du cycle «Autour du monde» Nächstes Konzert in der Reihe «Autour du monde» Next concert in the series «Autour du monde»

2019 20:00 06.03.Salle de Musique de Chambre Mercredi / Mittwoch / Wednesday

A Filetta

27 La plupart des programmes du soir de la Philharmonie sont disponibles avant chaque concert en version PDF sur le site www.philharmonie.lu

Die meisten Abendprogramme der Philharmonie finden Sie schon vor dem jeweiligen Konzert als Web-PDF unter www.philharmonie.lu

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Impressum

© Établissement public Salle de Concerts Grande-Duchesse Joséphine-Charlotte 2019 Pierre Ahlborn, Président Stephan Gehmacher, Directeur Général Responsable de la publication: Stephan Gehmacher Rédaction: Lydia Rilling, Charlotte Brouard-Tartarin, Dr. Christoph Gaiser, Dr. Tatjana Mehner, Anne Payot-Le Nabour Design: Pentagram Design Limited Imprimé au Luxembourg par: WEPRINT Tous droits réservés.

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