LE JOURNAL DU JURA SAMEDI 28 AVRIL 2012 26 RIFFS HIFI

BLACKCOUNTRYCOMMUNION Parfaitealchimie du rock anglo-américain UNISONIC Le metal germanique tient son super-groupe Cettefois,çayest:leheavymetal germanique tient son super-groupe. Mieux qu’unsupergroupe: Baptisée Unisonic,cette Mannschaftréunit la voix originelle d’ (), la section rythmique de Pink Cream 69 ( et KostaZafiriou), la guitaredeGamma Ray (Kai Hansen), et celle de notreMandy Meyer national qui s’estdistingué un vrai groupe,tout simplement avec Asia, GotthardetKrokus. Leur premièrelivraison éponyme (distribution Phonag Records) aimmédiatement trouvé un public friand de solos àdeux guitares et de refrains archimélodiques,sibien qu’elle se classe 24eenAllemagne, 19eauJapon et même 8e en Finlande. DAVID KESSI Une entrée en matièreremarquée pour un ensemble qui, s’il n’invente rien, manie les ficelles du heavymetal épique comme des routiniers. Formé début 2010,Black Normal pour des gars qui sont en même temps les pionniersdu CountryCommunion (BCC) genre. W PV est, pour beaucoup,unsuper- goupe.Soit un alliage de musi- ciens confirmés issus d’autres EUROPE groupes àforte notoriété. Bien mieux que «The final countdown» Surlefond, c’est vrai. Mais à Europe peut diremerci aux beaufsépais qui suivent le foot et le l’écoute de leurs deux premiers hockey.Ces esthètes ont en effetadoptépour les sièclesàvenir «The albums («Black Country» et final countdown», tube planétairedes minetshardeux suédois.Ces «2»), l’adepte de bon rock ne derniersvalent cependant mieux que ce hit.Lesoussigné se souvient pouvait êtrequ’interpellé,voire ainsi avec émotion des albums «Out of this world» et «Prisoners of carrément conquis.Latournée paradise» débordant de solos de gratte aussi jouissifsque racoleurs. qui asuivi (2011) adéfinitive- On n’esteffectivement et heureusement paschez RobertFripp,ici. ment scellé l’union du band. Mais on évoque là des temps immémoriaux.Europe, en effet, vient Que celles et ceux qui en dou- tout juste de commettre«Bagofbones» (distribution Phonag Records), tent regardent l’excellent DVD album fort honorable au demeurant.Même l’omniprésent Joe «Live over Europe» (désormais Bonamassayest venu jouer les special gueststars. Et on agardé le disponibleenCD). meilleur pour la fin. Europe seraenconcertle17mai àlapatinoirede Pour fairebref, BCC, c’est le Wetzikon. Lieu mythique que le soussigné avait rallié en Solexen1972 vétéran Glenn Hughes,chan- pour voir les Who. Là,onvous parle du plus grand groupe du monde, teur-bassiste ex-Deep Purple et passé, présent et àvenir.Mais vous commencez àlesavoir... W PABR Black Sabbath, le génial guita- riste blues rock JoeBonamassa, Glenn Hughes (à gauche) et Joe Bonamassa: une paireentous pointsredoutable. LDD l’ancien claviériste de Dream H.E.A.T Theater Derek Sherinian et Ja- fait tout juste et en plus,qui se Dans BCC, il aleprivilège ham et Sherinian. La suite,onla Quand l’élève dépasse un peu le maître son Bonham, batteur et fils du met au service de l’équipe.A d’êtrebien entouré. Ce qui était connaît. On n’oserait pas préten- Et puisqu’on était en Suède, restons-y!Figurez-vous que ce pays légendaireJohn, de Led Zeppe- seulement 35 ans,Bonamassa au départune alliance improba- dreque les deux derniers nom- pourtant puritain, protestant coincé, inventeur du socialisme pesant et lin. est sans discussion le meilleur ble est devenu un coup de maî- més sont de simples faire-valoir, peu jouissif,est paradoxalement le paradis des bûcherons et des guitariste de sa génération. Au- tre. Avec Glenn Hughes,c’est mais force est de constater que bellâtres.Là, on vous parle de rock.Etdans le casprésent de glam Le Barçadurock delà de sa technique hors pair, deux en un! Unedes plus belles le duo Hughes-Bonamassa est hardrock,histoired’aligner les terminologies qui ne veulent C’est en visionnant le DVDlive c’est certainement sa culture voix du rock anglais aété ressus- une classe au-dessus.SiBon- strictement rien dire. Le groupe se nomme H.e.a.t et sa galette que l’on comprend mieux pour- musicaleetses 30 ans de car- citée… Et quel bassiste! Il avait ham aime autant que son père «Address the nation» (distribution Phonag Records). Cettetroisième quoi ce dream team du rock as- rièrequi le propulsent là où il est déjà tenu ce double rôle dans martyriser ses fûts,ilenfait par- création estlefait de gentils garçons qui distillent un hardmafoi assez pireàunavenir moins éphé- aujourd’hui. Le prodige joue de- Deep Purple entre1974et1976. fois un peu trop.Quant àSheri- subtil. Elevés au biberon par Poison, Def Leppardetforcément Europe, mèreque d’autres supergroupes. puis qu’il a4ans,ilaappris avec L’époque de la gloire, mais aussi nian, il fait le boulot, sobrement. cesbébés ont toutefois commis un album plus jouissif que celui des Allons-yfranco! JoeBonamassa les plus grands (DannyGatton) celle des excès.Devenu accroà Reste que les quatreensemble, dernierscités et furtivement chroniqué ci-dessus.Bon, ils n’obtiendront dans un groupe,c’est comme et maîtrise parfaitement son ins- la cocaïne,illui afallu plus de 20 c’est une tuerie! pasleprix Nobel au Salon des inventions.Mais il en va finalement du Messi au Barça. Le génie créatif, trument. A11ans,ilfaisait la ans pour connaîtreune rémis- hard(glam) rock comme du bödele:qu’importe la subtilité, pourvu la technique parfaite,letype qui premièrepartie de BB King… sion complète.Après quelques Intergénérationnel qu’on ait l’ivresse... W PABR plans foireux avec Black Sab- Al’heureoùl’onressent un fort bath, Whitesnakeouencore engouement pour les seventies, GaryMoore, c’est en 2007 qu’il BCC est le groupe àdécouvrir. Aseulement 35 ans,Joe fit la connaissance de Bonamas- Savant mélange entreblues et sa. Le courant passe immédiate- hardrock, passerelle intempo- Bonamassa est sans discussion le ment et quelques jams s’organi- relle entres les générations, sent. Surles bons conseils de leurs albums se savourent sans meilleur gratteur de sa génération. leur désormais producteur Ke- ménagement.D’autant plus que vin Shirley,ils engagent Bon- le troisième est en route… W LA PLAYLISTDE...

David Kessi JIM MARSHALL Disparition de l’inventeur de l’ampli guitareultime [email protected]

BLACK COUNTRYCOMMUNION Live Over Europe (2012) Il va yavoir un sacré boucanauparadis Grâceàses deux premiersalbums enregistrés àlasuite, le gang à Bonamassaapuinvestir les scènes européennes avec 23 nouveaux JimMarshall, génial inventeur, s’était illustréenrecopiant le veau de la réponse sonore, ce qu’il pas encoreinventé,Cream, Hen- titres.Après une introduction instrumentale digne des clichés hardrock par hasard, de l’ampli guitareul- schéma d’un Fender Bassman ignorait. Du coup,leJim et son drix, Led Zep,Free, Deep Purple, 80’s, «Black Country» donne le ton. Fidèles aux enregistrementsstudios, time,nous aquittés il yaquelques alors très difficilement trouvable ingénieur attitrécréèrent un son Black Sabbath et consorts furent les premierstitres sont sans surprises.Mais plus on avance, plus ils jours,àl’âge respectable de 88 sur le marché.N’ayant pas les qui n’existait pas,lasuper-cré- les ambassadeurs,non rétribués, s’allongent et les impros se multiplient.Leson esténorme, un pur régal! ans.Ilarejoint ses compères Les composants électroniques améri- meuse distorsion qui allait fairele d’une marque pourtant mal dis- Paul et Leo Fender,autres pierres cains d’origine sous la main, pro- bonheur de Pete Townshend tribuée,Marshall ayant impru- LITFIBA Grande Nazione (2012) angulaires àqui l’on doit le vrai tectionnisme de l’époque oblige, (Who)lepremierclient.Suivront demment signé un contrat cala- Il aurafallu attendreplus de 10 ans et le retour d’«el grande PieroPelù» son du rock. Ça doit jammer sec, il les avait remplacés par des équi- le gratin de l’époque,lafameuse miteux dont il ne put se départir pour que Litfiba ressorte un album digne de son ancienne notoriété. là-haut! valents européens.Fameuse idée. trilogie Beck-Clapton-Page,et, qu’aumilieu des années septante. Avec «Grande Nazione», les Florentins signent un retour remarqué. On Au début des années 60,Jim Carsileurs caractéristiques forcément, tous les autres. Apartir de cette époque,Mar- retrouve dans cetalbum la formule gagnantedudébut des années 90, Marshall, propriétaired’unma- étaient identiques sur le papier,il Townshend, qui n’était pas en- shall entreradans une phase d’in- époque de «El Diablo» et «Terremoto», leursmeilleures réalisations.Gare gasin de musique londonien, en allait tout autrement au ni- coresourdetvoulait àtout prix dustrialisation et de développe- àtoi il Cavaliere, le plus grand groupe rock de la Péninsule estdans la dépasser le boucan produit par la ment qui en feront la première place! batterie de Keith Moon, suggéra marque mondiale d’amplis.Cin- au bon Jimdepousser l’ampli à quante ans plus tard, le binôme CHRIS CORNELL Songbook (2011) 100 wattsetdeconstruireunbaf- Gibson -Les Paul -Marshall reste Aprèsson dernier album solo («Scream») franchement catastrophique fle ne comprenant pas moins de la formule magique de tout har- (produit par Timbaland), le bon Chris estrevenu àdemeilleures huit haut-parleurs trente centi- deux qui se respecte,parole de intentions.«Songbook» estunalbum live sur lequel il estseul, avec sa mètres pour doubler le potentiel Slash. guitareacoustique. Il yrevisiteses meilleures compos,dont les plus du Bassman d’origine jugé un peu Pour marquer les 50 ans d’exis- réussies sont tirées de Soundgarden et Temple of the Dog,évidemment. juste... tence de l’ampli, cette année ver- Ceux qui n’aiment passavoix passeront leur chemin et les autres s’en Du coup,nepouvant pas dépla- ra la création d’une série limitée contenteront en attendant le retour imminent de Soundgarden. cer le monstreavec ses petits d’amplis,d’unwattseulement, bras,ilfit couper le baffle en deux retraçant l’histoiresonorede ALICE IN CHAINS Jar of Flies (1993) et créa, de facto,lestack Marshall Marshall. Le grand raout prévu Le joyau du groupe! Le regretté Layne Staley et ses potes avaient bluffé dans toute sa splendeur. Le son et de longue date pour cet automne la planètegrunge en sortant ce maxi de 30 minutes (!). Très loin de la le look étaient nés,lehardrock al- àLondres se transformera, par la frénésie des deux premiersdisques,l’atmosphèreacoustique et les lait suivre. Et Marshall d’entrer force de choses,enungigantes- ballades ensorcelantes sont sublimées par les harmonies vocales.En dans la légende.Aune époque où que hommage posthume. réécoutant aujourd’hui le magnifique «Nutshell», on acette glaciale Jim Marshall: sans lui, on en serait restéaumenuet... LDD le mot «endorsement» n’était W PIERRE-ALAIN KESSI impression d’entendreunfantôme…