Les Evêques de Montauban sous la Restauration

Jean de Cheverus (1823-1826) ; Louis-Guillaume Dubourg (1826-1833) ; Jean de Trélissac (1833-1844)

Les 3 évêques de Montauban qui ont occupé le siège épiscopal de 1824 à 1844, sont nés et ont grandi avant la Révolution. Leurs destins personnels ont été bouleversés par le changement de légitimité du pouvoir qui intervient au moment où les Etats Généraux des 3 Ordres rassemblés se transforment en Assemblée Nationale le 27 juin 1789.

Remplaçant les anciennes Provinces, les Départements sont créés et Montauban perd sa place éminente, née de la volonté royale lors de la Contre-Réforme, devenant simple chef lieu de district du département du . Le diocèse de Montauban créé en 1317 par le pape Jean XXII, disparaît dès la fin de 1789.

Le dernier évêque de Montauban Mgr Le Tonnelier de Breteuil, parti aux Etats Généraux (comme élu du Clergé d’Armagnac) n’y reviendra jamais et mourra de mauvais traitements, dans une prison de au lendemain de Thermidor .

Avant son départ pour Versailles, il avait nommé un de ses jeunes grand-vicaire, curé de . Ce vicaire, c’est l’abbé Chaudru de Trélissac qui deviendra Evêque de Montauban 37ans plus tard.

C’est donc par lui, que je vais commencer cette galerie de portraits.

Jean-Armand Chaudru de Trélissac né et baptisé au château éponyme le 23 mars 1759 est issu d’une famille noble de Province « aux mœurs sévères et fort urbaine » comme l’écrit l’abbé Camille Daux dans son histoire de l’Eglise de Montauban.

Elève au couvent des Augustins de Mortemart en Limousin, puis au séminaire de Saint Magloire à , il poursuit ses études de théologie en Sorbonne, couronnées par un doctorat.

Sa famille, si modeste soit elle, possède suffisamment de relations pour que de puissantes recommandations le conduisent à Montauban auprès de Mgr le Tonnelier de Breteuil, issu lui de la haute noblesse. Nommé

1 grand vicaire, le jeune abbé devient un acteur de la vie mondaine montalbanaise tout en assistant l’évêque dans son rôle politique et religieux. Faute de pouvoir devenir Prévôt au cœur du chapitre cathédral, comme cela lui avait été promis, il reçoit la cure de Castelmayran.

Les évènements se précipitent. La mécanique de la Révolution fondée sur un homme nouveau, « le citoyen » se met en marche. Le citoyen électeur doit exprimer par son vote la « volonté générale » qui ne peut être entravée par quelque intermédiaire que ce soit, et en particulier les Ordres tels la Noblesse et le Clergé.

En parallèle, la crise financière qui est à l’origine de la convocation des Etats Généraux exige une solution rapide. Le montant de la dette de l’Etat correspond à celui des biens du clergé. Le dénouement est inscrit dans le décret du 2 Novembre 1789 qui suit : « Tous les biens ecclésiastiques sont à la disposition de la Nation, à charge, pour elle, de pourvoir, d’une manière convenable, aux frais du culte, à l’entretien de ses ministres et au soulagement des pauvres ».

La Constitution Civile du clergé qui s’ensuit, en juillet 1790 remplace le Concordat de 1516, sans qu’il y ait eu discussion avec la Papauté. Les évêchés sont désormais calqués sur la géographie des départements ; le personnel ecclésiastique élu est rémunéré par l’Etat. Cependant, deux dispositions sont inacceptables pour l’Eglise.

Celle tenant à l’élection du clergé : l’évêque est élu au suffrage censitaire par l’assemblée départementale des citoyens électeurs, les curés par les électeurs de l’arrondissement.

La seconde met en cause l’unité de l’Eglise puisque les évêques ne reçoivent pas l’investiture canonique du Pape mais d’autres évêques. Devant la condamnation de l’Eglise, le serment suivant est exigé des curés : « Je jure de veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse qui m’est confiée, d’être fidèle à la Nation, à la loi, au Roi et de maintenir de tout mon pouvoir la constitution décrétée par l’Assemblée Nationale et acceptée par le Roi ».

Ceux qui refuseront de le prêter solennellement, seront réputés avoir renoncé à leur office et devront être remplacés.

2 Après la disparition de l’Evêché, Jean de Trélissac habite donc le presbytère de Castelmayran, désormais paroisse du diocèse de . Sa sœur, prieure dans le couvent de Montmartre, l’a rejoint après l’interdiction de la vie conventuelle. Elle est accompagnée d’un tout jeune enfant qui lui a été confié, Stéphanie de Beauharnais, orpheline de mère et fille de Claude, émigré. Elle est donc, la nièce de Joséphine.

Le 6 mars 1791, la municipalité de Castelmayran souhaitant garder son curé, lui fait rédiger et signer le serment. Le curé de Castelmayran, ne fut donc pas inquiété et il demeura en fonction dans sa cure jusqu’au 21 décembre 1793 date à laquelle il renonça à sa charge en présence d’un commissaire civil de Toulouse et quitta le presbytère avec son entourage pour se rendre à .

Il reviendra à Montauban en 1800, afin de confier l’éducation de Stéphanie de Beauharnais à Madame Caprony ancienne sœur des Dames Noires (qui avait obtenu une patente de couturière pour continuer à animer une école de jeunes filles.)

Joséphine ayant révélé l’existence de sa nièce à Bonaparte, Stéphanie rentrera à Paris. Napoléon l’adoptera en 1806 pour la marier à l’héritier du grand duc de Bade. Si je raconte cet épisode qui peut paraître anecdotique, c’est qu’il explique la notoriété de l’abbé de Trélissac auprès du Premier Consul. Après la signature du Concordat de 1801, il veut en faire un évêque, ce que l’abbé de Trélissac refuse. Il en reçoit cependant une pension.

Il demeure à Montauban de 1802 à 1809, date de la création du nouveau diocèse. Le nouvel évêché de Montauban ne ressemble pas à celui qui a disparu en 1790 (de par les décrets de la constituante et canoniquement en 1801 par l'application du concordat). Il renaît dans les limites du nouveau département du et par le senatus consulte de novembre 1808 suivi de la bulle de Pie VII en février 1809. Napoléon lui propose à nouveau de devenir évêque mais devant son refus, nomme au nouvel Evêché, l’abbé Topia, vicaire général du diocèse d’Acqui, qu’il a connu en Italie, sans plus de succès. La querelle entre Pie VII et l’Empereur prolonge la vacance du siège épiscopal. Les Evêques d’, d’ et de Toulouse, diocèses où ont été prises les paroisses du nouveau diocèse de Tarn et Garonne, désignent tout naturellement l’abbé de Trélissac, grand vicaire de l’ancien diocèse, comme administrateur apostolique du nouveau diocèse.

3 L’abbé de Trélissac continue d’occuper sa charge après la chute de l’Empire. Le gouvernement de Louis XVIII ne lui propose pas le siège épiscopal et se tourne vers un célèbre prêcheur Toulousain l’abbé de Mac Carthy ; ce dernier décline l’offre, devenant Jésuite. Il se tourne ensuite vers l’abbé Brumaud de Beauregard, qui au dernier moment est affecté au siège d’Orléans devenu vacant.

Pendant ces quinze années, Jean de Trélissac s’efforce de régler l’intégration des prêtres « constitutionnels » et des prêtres « réfractaires » au sein de la nouvelle église concordataire et de faire appliquer les règles du pouvoir politique, tout en favorisant la renaissance des établissements d’enseignement et la création de nouveaux supports liturgiques. Il assume donc ses fonctions jusqu’à la venue du nouvel évêque Jean de Cheverus, nommé en 1823.

Jean de Cheverus est le plus connu en des 3 évêques de Montauban sous la Restauration. Sa biographie a été écrite par un de ses contemporains et apparenté l’abbé Hamon. Il est également abondamment cité dans les sources américaines relatives à l’histoire de l’Eglise aux Etats-Unis.

Jean, Lefebvre de Cheverus nait et est baptisé le 28 janvier 1768 à alors capitale du Bas-Maine. Il appartient à une famille de parlementaires provinciaux. (Son père tient la charge de juge général civil du duché de Mayenne.) Il fréquente le collège de la ville et rejoint Louis le Grand à Paris en 1781, boursier du diocèse du Mans. Louis le Grand est un collège célèbre où professeurs et élèves sont imprégnés des idées nouvelles, Robespierre y fut élève 14 ans avant lui. L'enseignement est presque exclusivement littéraire. Excellant dans toutes les matières, il concourt, en 1787 pour une place libre au séminaire Saint Magloire tenu par les Oratoriens, plus accessible que Saint-Sulpice, réservé à la noblesse et à la riche bourgeoisie.

En raison de la situation politique, l’évêque du Mans demande, une dispense d'âge pour son ordination le 18 décembre 1790. C'est la dernière ordination publique à Paris avant le début des troubles révolutionnaires. Il rentre à Mayenne où il est nommé vicaire de son oncle, puis curé de Notre-Dame. Au début de 1791, il refuse de prêter le serment à la constitution civile du clergé.

4 (Son oncle René, meurt le 17 janvier 1792 et Jean devient curé de Notre-Dame. Il n'a plus la disposition de l'église aux mains du curé jureur élu et installe une chapelle chez son père pendant deux mois.) Il quitte Mayenne pour Laval le 23 mars 1792 lieu de concentration des prêtres insermentés. Leur enfermement est voté le 20 juin. Son oncle , vice président du directoire du département de Mayenne à Laval, signataire du décret, le fait dès le lendemain bénéficier, fort à propos, d'une « exception de santé », ce qui lui permet de gagner Paris. Un nouveau serment de « liberté et égalité » est imposé aux ecclésiastiques le 14 août, alors que le Roi est suspendu de ses fonctions et enfermé au Temple. Le 26 août un décret de la Législative enjoint aux prêtres qui ont refusé le nouveau serment de quitter la France. Le 2 septembre, jour de la capitulation de Verdun devant les Prussiens, les massacres de Septembre ensanglantent Paris. Jean de Cheverus y échappe s'étant caché dans la chambre de son frère à Louis-le-Grand. A la première accalmie, il se fait établir un passeport pour émigrer.

Le 12 septembre il est à Londres.

Il est accueilli par l'organisation mise en place par l’évêque de Saint Pol de Léon et par Mrs Dorothée Silburn. Depuis le Relief Act, du 10 juin 1791, le culte catholique est de nouveau autorisé en Grande-Bretagne.

Recruté comme professeur de français dans un collège dirigé par un pasteur dans le comté d'Oxford, il apprend à parler couramment l'anglais en un an, en saisissant toutes les règles et toutes les nuances à l’aide de ses élèves. Il rencontre alors Monseigneur Douglas vicaire apostolique de Londres et lui demande une paroisse. Ce sera Tottenham Court Road où se pressent des Irlandais mais aussi des Anglais protestants impressionnés par son talent oratoire. Il est, alors, sollicité par l'abbé François Matignon, son professeur et confesseur à Saint Magloire qui est déjà arrivé en Amérique, pour tenir un poste d’enseignant au séminaire qui vient d’être créé à Georgetown. Il y répond en s’embarquant en Septembre 1795 à destination de Boston. Il y restera 28 ans. Jean écrit à son père à propos de la situation des religions dans la jeune république américaine : « les lois n'y donnent de préférence à aucune mais les protègent toutes également ».

Boston, ville protestante de 22 000 habitants, ne dispose que d'une chapelle catholique, un prêtre ,ancien pasteur converti, avait essayé de

5 s'y implanter mais devant l'hostilité de la population protestante, Monseigneur Caroll, Evêque de Baltimore, l'avait remplacé par l'abbé Matignon. Avec l'aide de Jean de Cheverus - l'église de Boston va commencer à exister. Matignon et Cheverus sont d'abord des pasteurs charitables rendant service à tous, quelque soit leur confession Jean écrit à son évêque « Partout, je chercherai la paix du pays où le Seigneur me fera vivre ». Ce sera sa ligne de conduite tout au long de sa vie ecclésiastique.

Monseigneur Caroll envoie l’abbé de Cheverus chez les Indiens Abenaki et Penobscots (environ 400 personnes) au du Maine, à la frontière de la Nouvelle-Angleterre pour tenir la promesse faite par les Insurgents de leur envoyer un prêtre catholique en contrepartie de leur aide lors de la guerre d'indépendance. Après deux étés, passés dans des conditions très dures, Jean de Cheverus revient à Boston alors touchée par le choléra. Il se dévoue sans compter au soin des malades.

Sollicité par les sociétés savantes locales il leur apporte sa contribution, tant et si bien qu'il est intégré aux toutes premières places de la vie sociale de la ville de Boston. Il se retrouve à côté du Président John Adams lors de cérémonies et sympathise avec lui. John Adams sera l’un des premiers à souscrire pour la construction d'une église à Boston.

Survient alors la première crise de conscience, qui le tourmente pendant deux ans. Le concordat de 1801, voulu par Bonaparte contre la plupart du personnel politique du Consulat, sauve l'église catholique en France en rebâtissant son unité.

Sa famille et ses anciens paroissiens réclame son retour, lui adressant lettres et pétitions. Il hésite longtemps à y répondre se méfiant de la situation politique française, encore instable avant de se décider à rester à Boston. (De nombreux témoignages attestent de son talent oratoire qui attire la foule et de son dévouement aux plus pauvres, catholiques et protestants)

Devant l'arrivée massive des Irlandais, Monseigneur Carrol propose au pape d’ériger quatre nouveaux diocèses en Nouvelle Angleterre : Boston, New York, Philadelphie et Frankfort (au Kentucky).

Pour Boston, son choix s'arrête sur François Matignon qui suggère à son évêque que Jean de Cheverus est le plus apte à porter cette nouvelle charge. Il écrit à Mgr Caroll « L’abbé de Cheverus a le don précieux de

6 gagner les coeurs sans manquer d’y gagner le respect » et « il parle très bien l’anglais ». Monseigneur Caroll se range à son avis et le sacre le 1 Novembre 1810 à Baltimore.

Monseigneur de Cheverus écrit à sa famille qu'être évêque aux USA ne donne aucun avantage, ni matériel, ni moral ; il se moque de cette situation où l'évêque ne dispose que de deux prêtres et dont l'évêché se limite à sa chambre, où il fait asseoir les visiteurs sur son lit. On est loin du plus « crotté » des évêchés français de l'Ancien Régime. Il voyage beaucoup dans son diocèse et dans celui de New-York en attente de son nouvel évêque. Il dédicacera la première Cathédrale Saint-Patrick en Mai 1815 qui existe toujours au bas de Manhattan.

L'église américaine traverse ensuite une première crise. Les Irlandais refusent de suivre les cours du séminaire dirigé par les Sulpiciens Français trop sensibles aux idées nouvelles. Les prêtres irlandais, eux, refusent d'obéir aux évêques et s'adressent directement à Rome. Monseigneur de Cheverus rédige alors un mémoire au Saint-Père qui se range à ses conclusions en renforçant la hiérarchie de l’Eglise Américaine. Mais, François Matignon, l’ami intime des bons et des mauvais jours, meurt le 19 septembre 1818. Jean en est fort affecté. Depuis longtemps asthmatique, sa santé se dégrade. Il commence à évoquer la possibilité de se retirer en France. Hyde de Neuville rencontré comme exilé 10 ans plus tôt, est devenu Ambassadeur de France en Amérique. Il le recommande aux gouvernants français pour tenir un diocèse dans le Royaume.

En 1823, le Prince de Croÿ, Grand Aumônier, lui fait part de la décision du Roi de le nommer évêque de Montauban. Mais, l’archevêque de Baltimore souhaite le garder dans son diocèse et la ville de Boston aussi.

Le 22 avril, ses édiles, tous protestants, écrivent au Roi de France « Nous le considérons comme une bénédiction et un trésor pour notre communauté. Il ne peut être remplacé ». Après plusieurs semaines de réflexion, Jean de Cheverus se soumet à la volonté du Roi, et s’embarque à New-York le 1er octobre 1823. Le voyage dure un mois et à l’arrivée au Havre, le bateau est pris dans une tempête et manque de couler, s’encastrant dans les rochers. Comme à son habitude, le prélat est aux avant-postes, aidant et réconfortant les uns et les autres. Les sauveteurs interviennent à temps et tous sont sains et saufs. Les

7 gazettes y voient un miracle ce qui contribue à accroitre l’intérêt suscité par Mgr de Cheverus auprès des Montalbanais.

(Il se rend à Paris pour prendre les ordres puis passe 38 jours en Mayenne, au milieu des membres de sa famille. L’institution canonique prévue par le concordat de 1801 est donnée à Jean le 3 mai 1824. Mais, il ne peut alors être évêque français car il n’est plus français. Il a demandé et reçu la nationalité américaine pour des raisons administratives tenant à la propriété de sa nouvelle Eglise à Boston. Le Conseil d’Etat lui rend la nationalité française et le nouvel évêque de Montauban se met en route.)

Accueilli par Jean de Trélissac, Monseigneur de Cheverus arrive dans son diocèse le 28 juillet 1824, précédé de sa réputation. L'opinion publique est fort bien disposée à son égard. Les catholiques sont impatients d'accueillir leur évêque (le siège est vacant depuis 30ans). Les protestants sont curieux de connaître l'évêque que toute l'élite protestante de Boston a souhaité voir demeurer auprès d’elle.

Le journal du Tarn-et-Garonne, rapporte son arrivée. Partant de l’esplanade - le cours Foucault actuel - il est escorté par « une foule immense composée des habitants de la ville, de la campagne et même des étrangers restés exprès depuis plusieurs jours ». Plus de 30 000 personnes couvrent les promenades, les murailles et les toits des maisons et remplissent les rues et les fenêtres. Il arrive à la cathédrale où il tient un discours rapporté par le même journal du 31 juillet dont ces extraits : « mes chers enfants en Jésus-Christ, votre empressement à me recevoir et à me donner des témoignages de votre amour filial me fait éprouver les plus douces sensations. Oui, mes enfants, mes amis, je suis votre Père. Pour alléger le fardeau de mon épiscopat aimez-moi comme je vous aimerai toujours. Je vous porte dans mon cœur. Il est assez vaste pour vous contenir tous. Il est une portion intéressante des habitants de ce diocèse qui, quoiqu'étrangers à notre communion, ne sont pas moins dignes d'occuper une place dans mes affections. Pour eux aussi, je veux être un Père. Heureux, s'il m’était donné un jour de les réunir tous dans notre foi, comme nous devons les confondre dans notre amour ! ».

À peine installé, Monseigneur se consacre à l’administration du diocèse à travers divers mandements. Il installe un chapitre de 9 chanoines et 2 vicaires généraux, dont l’abbé de Trélissac. Son principal souci est la formation des prêtres, il note qu'il ne peut en faire venir de l'extérieur pour fournir les 60 cures de campagne qui en manquent, car ils ne

8 parlent pas le « patois ». Il faut recruter sur place. Il cherche des locaux assez vastes pour abriter un séminaire et les trouve dans l'ancien couvent des Capucins transformé en tissage de laine. Les lazaristes sont appelés à y enseigner. Le séminaire compte bientôt 100 étudiants.

Quand il ne parcourt pas son diocèse, il assure lui-même le dimanche le sermon de la messe à la cathédrale et dit les vêpres. Il prêche même trois fois par semaine pendant les six mois de l'année sainte en 1825. Le journal du Tarn-et-Garonne, qui est dirigé par un protestant, note le 9 avril 1825 : « les paroles de ce nouvel apôtre ont quelque chose de si doux et de si persuasif, de si entraînant, qu’elles peignent avec tant de charme la charité et la foi. Elles sont l'expression d'un coeur tout à Dieu et à son troupeau, si bien que les protestants comme les catholiques ne cessent d'accourir en foule pour entendre ce digne interprète du tout- puissant ».

Arrive l'épisode qui le fera connaître de toute la France : les inondations de la fin d'année 1825 et du début de 1826. Voilà ce qu'en dit Monseigneur de Frayssinous, ministre des affaires ecclésiastiques : « on a vu dans cette circonstance le vénérable évêque de Montauban sur les points les plus menacés, la tête nue, dans l'eau jusqu'aux genoux, encourageant les travailleurs par ses conseils et son exemple, et aidant les malheureux submergés à sauver leur mobilier, recueillant les plus pauvres (catholiques et protestants indistinctement) dans son palais épiscopal où il les a logés, nourris, mangeant avec eux et adoucissant, autant qu'il était en son pouvoir leur misère ».

L'opinion publique s'empare de ce fait divers et fait de Cheverus une sorte de héros, ce qui le gêne beaucoup. Mais le vieil archevêque de meurt et très peu de temps après Jean est nommé archevêque de Bordeaux. Il demande à rester à Montauban. Aussitôt, des pétitions, sollicitant son maintien circulent, signées par tout ce que compte Montauban de dignitaires, de toutes confessions, ce qu’illustre la réflexion faite par un député protestant au ministre de l'intérieur. « À Montauban, nous sommes tous devenus épiscopaux ». Rien n'y fait . . Il part de nuit pour Paris. Jean de Trélissac, devenu un de ses proches l’accompagnera à Bordeaux. Comte en tant qu'Archevêque et membre de la chambre des Pairs de par la volonté du roi, il prend en charge des obligations plus politiques. Sa position est claire : il ne sera pas dans l'opposition quelle que soit la décision du Roi, même s'il la désapprouve, comme (celle de) l’exclusion

9 des jésuites de l'éducation ou celle de la réduction du nombre de séminaires par diocèse. Il refuse également de devenir ministre des affaires religieuses lorsqu'il s'agit de remplacer Monseigneur de Frayssinous. Il est cependant nommé conseiller d'État le 16 Novembre 1828 et commandeur dans l'ordre du Saint Esprit, l'ordre le plus prestigieux de l'ancien régime. Survient, alors, la révolution de 1830 qui est profondément anticléricale .Tocqueville l’explique ainsi : « le clergé devint sous la restauration un parti. En réaction, beaucoup deviennent irréligieux par principe politique ». Avec Louis-Philippe, le catholicisme n'est plus religion d'État, changement majeur de la nature du Concordat de 1801.

L’objectif de l’archevêque est de maintenir la paix dans le diocèse. Sa crainte de la Révolution est plus forte que son attachement aux Bourbons - il dit à ses proches : « Il est bien à souhaiter que le gouvernement acquière de la force car la République, c’est à dire l’anarchie, nous menace. Le pape Pie VIII qui a succédé à Léon XII en 1829 pense la même chose. Dès lors, Jean de Cheverus se montre soucieux d'éviter les incidents. Si bien qu'après quelques mois de méfiance réciproque, les relations avec le gouvernement de Louis- Philippe s’améliorent. Au grand dam d'une partie du clergé diocésain et d'une grande majorité des évêques français, demeurés Légitimistes.

Ce sont ses interventions discrètes mais efficaces qui évitent une nouvelle cassure dans l'église. Consulté sur l'idée d'un serment de fidélité au nouveau régime pour les prêtres, il donne un avis très négatif. Sa position l’emporte et de serment pour les prêtres, il n'en sera plus question.

Quelques temps plus tard le préfet de La Coste du Vivier écrit dans un rapport au ministre de la Justice : « Monseigneur l'archevêque de Bordeaux est au-dessus de tout éloge - c'est la charité, la simplicité, la tolérance en personne. Ayant passé des années de sa vie aux USA, il y a acquis qu'aucune forme de gouvernement n'était incompatible avec la liberté religieuse ».

Les circonstances font bientôt que Louis-Philippe souhaite un cardinal pour se rapprocher du Saint Siège et du nouveau Pape Grégoire XVI : Le candidat est tout trouvé. Ce sera l’archevêque de Bordeaux, nommé au consistoire du 1ér février 1836.

10 Il meurt 6 mois plus tard, le 19 Juillet 1836 à 68 ans quelques semaines après un séjour à Montauban qu’il avait tenu à visiter sitôt après avoir reçu la barrette. Il est enterré en la cathédrale Saint-André de Bordeaux.

Alexis de Tocqueville et son ami Beaumont avaient consulté l’archevêque de Bordeaux avant leur départ en Amérique en 1831. Leurs observations, rapportées dans « la démocratie en Amérique » étaient proches de celle de Jean de Cheverus : « En Amérique, la liberté voit dans la religion la compagne de ses luttes et de ses triomphes, le berceau de son enfance, la source divine de ses droits, elle considère la religion comme la sauvegarde de ses mœurs, les mœurs comme la garantie des lois et le gage de sa propre durée tandis qu’en France les idées démocratiques et l’esprit de liberté progressent contre l’Eglise ».

De son côté, Jean avait coutume de dire : « en France, on ne comprend pas seulement ce qu’est la liberté ; on veut la liberté pour soi et ceux de son opinion, mais entrave et oppression pour les autres ».

En 1826, Louis-Guillaume Dubourg lui succède à Montauban. Il est né le 13 février 1766 à Cap Français dans l’ile de St Domingue. Ses parents, planteurs de café, laissent le jeune enfant aux soins de ses grands-parents. Louis fait ses humanités au collège de Guyenne à Bordeaux où il se montre un élève très brillant. Sa vocation religieuse naît peu à peu. Malgré les réticences de son père, il part, en 1786 au séminaire de Saint-Sulpice qui accueille les enfants de l’aristocratie et de la bourgeoisie fortunée.

En mars 1790, il devient prêtre après avoir franchi le cursus normal des ordinations. Ses grands talents intellectuels le font remarquer du supérieur Jacques-André Emery qui lui confie la direction de l’école préparatoire de Saint-Sulpice, à Issy-les-Moulineaux. Emery est acquis aux lumières et prête les serments exigés par la constituante et par les assemblées successives. Mais, la mécanique révolutionnaire emporte les congrégations en août 1792. Absent fortuitement du petit séminaire, Louis Dubourg échappe à la visite des Septembriseurs et se réfugie dans le sud de l’Espagne pendant 18 mois. L’Espagne a accueilli plusieurs milliers de prêtres français mais dans des conditions beaucoup moins favorables que celles faites par les Anglais, qui en accueillent et pensionnent environ 10 000. Les prêtres français suscitent une grande méfiance de la part du clergé espagnol, qui les soupçonne d’avoir été trop sensibles aux idées nouvelles.

11 Sans doute a-t-il, comme il le sera toute sa vie, été pris en charge par la « famille » sulpicienne ; il embarque à Cadix. Sa destination, Baltimore, n’est pas le fruit du hasard.

Dès son élévation au siège de Baltimore, créé en 1789, Mgr Caroll cousin du seul signataire catholique de la déclaration d’indépendance américaine, francophone et francophile, s’est adressé à son ami Jacques Emery pour recruter des prêtres Sulpiciens afin d’ouvrir un séminaire catholique pour renforcer la vingtaine de prêtres qui résident dans la jeune république américaine, J. Emery a donc envoyé en 1790 quelques Sulpiciens à Baltimore. Louis Dubourg les rejoint en 1794, Mgr Caroll le nomme à Georgetown pour diriger le collège et l’école catholique.

Il l’envoie ensuite à La Havane avec le même projet de fondation d’une école. Sa famille, son père et son frère, y sont déjà, et c’est là qu’il rencontrera le duc d’Orléans, le futur Louis-Philippe, exilé. Le projet n’aboutit pas, la situation à Cuba étant plus que troublée.

Il revient à Baltimore pour y fonder en 1799 le collège Sainte Marie, devenue en 1805 l’université du Maryland. Sa famille s’installe à cette époque à la Nouvelle Orléans. La Louisiane, demeurée 35 ans sous souveraineté espagnole, avant de redevenir française pour quelques semaines, est achetée par la jeune république américaine. Immense territoire allant des grands lacs au golfe du Mexique, la Louisiane est peuplée de colons et d’amérindiens.

Dès 1810, L. Dubourg est nommé responsable des missions d’évangélisation des Indiens. Il assiste, la même année, à la consécration de Jean de Cheverus comme évêque de Boston. En 1812, il est nommé vicaire apostolique de la Louisiane et des deux Florides, évêché crée en 1793. La situation dans cette partie du continent nord américain est très différente de celle de la Nouvelle Angleterre. La religion catholique a longtemps été la seule autorisée. C’est le cas pour les esclaves venus d’Afrique comme en témoignent les dispositions du Code Noir. La hiérarchie catholique traditionnelle est peu présente et la situation du clergé est très chaotique. Plusieurs témoignages de cette époque font état à la Nouvelle Orléans d’un clergé limité à une dizaine de prêtres, vivant fort peu religieusement. C’est dire si le vicaire apostolique est mal accueilli. Il est agressé à plusieurs reprises, il échappe de peu à la mort. En 1815, L.G Dubourg est nommé évêque de la Nouvelle Orléans ce qui ne l’enchante guère. Il ne dispose ni de bâtiments ni de revenus pour faire vivre un évêché, ni de prêtres

12 compétents. Il n’est pas possible de développer et d’affermir la religion catholique dans ces conditions.

Il s’embarque donc pour l’Europe afin de recruter des missionnaires et entreprend un long voyage qui le conduira d’abord à Rome où il recevra l’épiscopat du cardinal Doria Pamphilij à Saint Louis des Français le 24 septembre 1815. Il se rend ensuite en France, à et à Paris où il essaie, avec succès de susciter des vocations et de convaincre des religieux de s’installer dans son nouveau diocèse.

A Lyon, à travers le Sulpicien Phileas Jaricot, il prend contact avec sa sœur Pauline Jaricot qui participe à l’Association pour la Propagation de la Foi, qui finance les missions étrangères. A Paris, il rencontre Philippine Duchesne, nièce du riche banquier Claude Perier, qui a rejoint les Dames du Sacré Cœur, congrégation enseignante, à qui il expose son projet d’éducation féminine dans son diocèse et qui le rejoindra en aout 1818.

Il réussit à convaincre 7 jeunes gens de l’accompagner dans le Nouveau Monde. C’est ainsi qu’il s’embarque en Juillet 1817 à Bordeaux pour Baltimore, il décide de ne pas s’installer à La Nouvelle Orléans. Remontant le grand fleuve Mississipi il s’établit à Saint Louis. Pendant plus de cinq ans, il va fournir un travail considérable dans des conditions très précaires pour installer congrégations religieuses et prêtres, ne survivant que grâce aux dons venus d’Europe.

En 1819, l’Evêque s’installe à Florissant de l’autre côté du Mississipi, en face de Saint-Louis, au côté des Dames du Sacré Cœur et de Philippine Duchesne. Ils sont ainsi plus proches des Indiens Algonquins et Osages. Il reçoit en 1820 la visite d’une délégation de sept chefs Osages qui sollicitent sa venue dans leurs villages du bassin du Missouri. C’est de là que partiront les Osages en 1827 pour visiter la France.

Il se préoccupe aussi d’installer de nouveaux prêtres en Basse Louisiane. Ainsi de Michel Portier, un des 7 jeunes gens, qui à peine ordonné, est nommé vicaire à la cathédrale de la Nouvelle Orléans où il fait face à une situation difficile, il écrit à ses proches « cette ville est une nouvelle Babylone, nous, prêtres missionnaires prêchons l’Evangile et notre doctrine semble si étrange que l’on nous accuse de prêcher une nouvelle religion ».

En 1823, il se rend à Washington auprès du Gouvernement pour évoquer le sujet de l'éducation des enfants indiens dans son diocèse.

13 Celui-ci suggère que les jésuites de Georgetown soient mis à contribution et le père Charles Neale, supérieur jésuite du Maryland acquiesce et envoie les premiers missionnaires sous la direction du père Van Quickenborne qui ouvrent école et petit séminaire à Saint-Louis, qui deviendra le centre de l’évangélisation des Indiens du Midwest pendant tout le XIXème siècle.

Pensant la situation apaisée à la Nouvelle Orléans, il s’y installe en 1823 profitant du don des sœurs Ursulines de leur ancien couvent qu’il transforme en évêché. Mais après quelques temps, la situation se dégrade à nouveau, sa famille est menacée, les affaires de son frère qui étaient prospères, périclitent du fait de sa proximité avec l ‘évêque. Et il souffre du mauvais exemple donné par ses neveux et nièces qui mènent une vie assez dissolue.

Il démissionne donc en 1825 et sa santé s’étant altérée, décide de rentrer en Europe, met en ordre ses affaires et vend, à son neveu, pour mille piastres ses deux esclaves Anthony et Rachel. Nous sommes dans les Etats du Sud. Il débarque à Bordeaux à l’été 1826 et écrit à Monseigneur de Frayssinous une lettre expliquant les raisons de son retour, dans laquelle il fait le bilan de son action en Louisiane : « Les Jésuites, les Lazaristes, quatre maisons des Soeurs du Sacré Cœur, deux des Servantes de Marie, pour l’éducation des pauvres filles et l’établissement de l’évêque sont autant de bases solides pour bâtir l’Eglise Catholique en Louisiane ».

Il est nommé évêque de Montauban le 13 août 1826. Après avoir prêté serment entre les mains du Roi le 14 novembre, il se met en route pour Montauban. Il y arrive fort discrètement le 25, quelques jours après l’installation du tableau d’Ingres le « Vœu de Louis XIII » dans la chapelle absidiale de la cathédrale. Conscient de la difficulté de succéder à Mgr de Cheverus, il écrit à un de ses amis à la Nouvelle Orléans à propos des attentes des Montalbanais : « Cette sagesse consommée, ce don de persuasion qui enchaîne les esprits, ce beau talent de la parole et ce savoir profond qui distinguent Mgr de Cheverus, laisseront toujours un vide qu’ils ( les Montalbanais ) ne doivent pas espérer voir rempli par son successeur. »

Mgr Dubourg n’a pas de sens politique, ni d’habileté et très vite son attitude déçoit. Il ne fait pas d’efforts pour conserver les liens établis par son prédécesseur avec la communauté protestante. Son second vicaire général l’abbé Pouget nommé le 15 août, après le départ de Trélissac, est un ultra.

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Montauban connaît de graves inondations au mois de mai 1827, il fait loger les sans abris à l’Evêché mais sans intervenir personnellement. Son souci majeur est l’organisation du Séminaire et le recrutement et l’entretien des séminaristes. Il fait venir des Sulpiciens du diocèse comme professeurs et lui même passe beaucoup de temps avec les élèves. Il soutient les efforts de Madame Genyer devenue sœur Marie de Jésus, fondatrice des sœurs de la Miséricorde dans le développement du séminaire établi à en 1809 et de son œuvre à Montauban au couvent de la rue du Fort.

Le Préfet du Tarn et Garonne dans un rapport du 21-10-1828 regrette « l’excellent archevêque de Bordeaux qui s’appliquait à réunir les esprits et les cœurs méritant la plus profonde vénération des protestants comme des catholiques. Son successeur, bien que rempli de vertus et de bonnes qualités, se laisse influencer par un prêtre fanatique et tout le bien opéré par Mgr de Cheverus a été perdu. » Il écrit cela après la Mission prêchée d’avril à juin 1828 par l’abbé Guyon, où ont été entendus des cris hostiles aux protestants, suivie de l’érection d’une imposante croix de Mission devant la cathédrale.

En matière de gouvernement du diocèse, il se place dans la continuité de Mgr de Cheverus, parachevant l’unité de la Liturgie et visitant les paroisses.

En 1829, intervient le fameux épisode de l’Odyssée des Indiens Osages qui ont décidé de venir en France pour rencontrer le roi Charles X, qui les reçoit à Saint Cloud. Malheureusement, leur petite troupe est conduite par un aventurier de la Nouvelle Orléans qui a vu l’intérêt pécuniaire à exhiber les Osages comme une attraction mais qui, reconnu par les victimes de ses louches affaires passées, abandonne la troupe à son sort. Après des mois d’errance, Les Osages qui séjournent en Italie, se séparent en deux groupes : l’un ira à Paris pour demander l’aide de La Fayette, l’autre, sous la direction du chef Kaikechinka prend la direction de Montauban, où réside leur ancien évêque, Louis Dubourg qui, les ayant reçus et hébergés, entreprend une levée de fonds à Montauban et à Toulouse pour les aider à rentrer dans leur pays. Après quelques semaines passées à l’évêché, les indiens embarquent à Bordeaux.

Au début de 1830, Mgr Dubourg se rend à Paris pour solliciter des fonds pour agrandir le séminaire et obtient gain de cause. La Révolution de 1830 révèle son absence de sens politique. En témoignent les graves

15 incidents de la Fête Dieu de l’été 1831. La procession, pourtant autorisée par le Préfet, est gravement perturbée par des anticléricaux. L’évêque se réfugie avec le Saint-Sacrement dans une maison particulière et est délivré par les gendarmes. Les catholiques les plus convaincus se mettent en chasse des membres de la Municipalité, la plupart protestants, aux cris de « Vive Jésus ! Mourrons pour notre Religion. » Le pire est évité grâce à son intervention. La mairie sollicite discrètement que la Croix de Mission soit transportée dans la cathédrale. L’évêque refuse. Dans les mêmes circonstances, Cheverus rentrera la Croix de Mission dans la cathédrale de Bordeaux et ne fera pas sortir les processions.

Protégé du Roi Louis-Philippe, Louis Dubourg est nommé Archevêque de Besançon le 15 Février 1833. Il meurt peu de temps après son arrivée à Besançon, ayant donné tous ses biens aux pauvres de son nouveau diocèse. Le 12 Décembre 1833, c’est Mgr Chaudru de Trélissac, âgé alors de 74 ans, qui lui succèdera. Le 14 Novembre 1833 il est sacré à Montauban par Monseigneur de Cheverus, venu de Bordeaux.

Je lis que cette nomination rapide du vieux prélat est due à une menace sur l’existence de l’évêché qui fait partie de ceux qui ont été restaurés canoniquement en 1822. C’est possible mais je pense que connaissant l’état d’esprit des Montalbanais, Mgr de Cheverus a suggéré au pouvoir qu’il serait bon d’envoyer à Montauban celui qui en connaissait le mieux les problématiques.

Sa première visite est pour la paroisse de Castelmayran, où devant l’Eglise, il fait amende honorable de son serment à la constitution civile du Clergé. Son action s’inspire de celle de l’Archevêque de Bordeaux : création d’une caisse de retraite pour les prêtres infirmes et âgés, établissement du Refuge pour les nécessiteux, des Dames de pour les soins des malades à domicile, des soeurs de la sainte Famille pour l’éducation des enfants pauvres et surtout, rétablissement de bonnes relations avec la communauté protestante.

Devenu Chanoine de Saint Denis, il est fait commandeur de la Légion d’Honneur par Louis-Philippe. Il démissionne à 85 ans après 11 ans de présence sur le siège épiscopal, laissant la place à Mgr Doney, le premier évêque à n’avoir pas connu la révolution. Il meurt quelques années plus tard le 20 Aout 1847 et est enterré dans la chapelle Saint Théodard des Evêques de la Cathédrale.

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Avec lui se clôt une période de bouleversements aux conséquences paradoxales d’une renaissance de l’Eglise Catholique en Angleterre et l’essor prodigieux de l’Eglise catholique aux U.S.A. marquée pour longtemps dans ses institutions d’éducation par la présence française et ici à Montauban, par la succession comme évêques, de deux prêtres qui avaient fui la France révolutionnaire et avaient assuré une fonction épiscopale aux Etats-Unis, suivie par celle d’un prêtre jureur, illustration de la réussite de l’objectif majeur de Pie VII à travers le concordat de 1801 : la reconstitution de l’unité de l’Eglise Catholique en France.

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