D. Guillaume

LETTRES : PROGRAMME 1 Corneille, La Place Royale

Dates Cours 1) mardi 2 septembre Explic. 1 : 1.1 v. 34-84. 3 sept. Intro.1

4 sept. Intro. 2

2) mardi 9 septembre Expl.2 :1.2v.151-186(« Ainsi… ») 10 sept.

11 sept. Expl. 3 : 1.3 v.186-220 Thème 1 L’inconstance 3) mardi 16 septembre Expl. 4 : 2.2 v.369-410 Thème 2. L’apparence 17 sept. Rendre résumé Thème 3Ex. dissert. 1 18 sept. Expl. 5 : 2.7 v.537-581 Thème 4 Espace et temps 4) mardi 23 septembre Expl.6 : 3.2 v.675-707 24 sept. Thème 5 Alidor

25 sept. Rendre ex. dissert. 1 ? Thème 6 L’intrigue 5) mardi 30 septembre Expl. 7 : 3.4 v.707-750 1e oct. Thème 7 Morales de l’amour 2 oct. Expl. 8 : 4.1 965-1001 Thème 8 Le langage 6) mardi 7 octobre Corrigé ex. dissert. 1 8 oct. Rendre citations Ex. dissert. 2 9 oct. Expl. 9 : 4.7 v.1197-1235 Thème 9 Les couples 7) mardi 14 octobre Expl. 10 : 5.1 v.1264-1310 15 oct. Thème 10 Comique et comédie

16 oct. Correction ex. dissert. 2 ? 8) mardi 21 octobre Expl. 11 : 5.8 v.1562-1601

2 D. Guillaume

LETTRES : PROGRAMME 1 Corneille, La Place Royale

BIBLIOGRAPHIE

— 1) Méthode, généralités : . Daniel BERGEZ : L’explication de texte littéraire, Dunod . Oswald DUCROT et Tzvetan TODOROV: Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, “Points” Seuil . Bernard DUPRIEZ : Gradus. Les procédés littéraires, 10x18 . Ferdinand de SAUSSURE : « Principes généraux » et « Linguistique synchronique » in Cours de linguistique générale, Payot . Émile BENVENISTE : « L’homme dans la langue » (chap. 18, 19, 20, 21) in Problèmes de linguistique générale 1, « Tel » Gallimard

— 2) Sur le théâtre et le 17e siècle . Anne ÜBERSFELD : Lire le théâtre I, II, Belin Lettres sup . Jean-Claude TOURNAND : Introduction à la vie littéraire du 17e siècle, Dunod . Dominique BERTRAND et alii : Le Théâtre, Bréal, « Grand amphi » (chap. 4) . Alain VIALA (dir.) : Le Théâtre en France des origines à nos jours, PUF, « Premier cycle » (cf. parties III et IV, notamment chap. 11 et 14)

— 3) Sur Corneille et La Place Royale . Pièces de Corneille indiquée en biblio de préparation + « Discours » de 1660 (GF) . Notes et dossiers de Marc ESCOLA dans l’édition GF . Biographie détaillée in Louis HERLAND : Corneille, Seuil « Écrivains de toujours ». .« Un statut », « Un échec, une œuvre » in Bernard DORT :Corneille dramaturge, L’Arche. . Jean ROUSSET :La Littérature et l’âge baroque en France. Circé et le paon,pp.206-14. . Serge DOUBROVSKI :Corneille et la dialectique du héros, « Tel » Gallimard, pp. 59-75. . Octave NADAL : Le Sentiment de l’amour dans l’œuvre de P. Corneille, Gallimard (II, et chap. 6) . Gabriel CONESA : Corneille et la naissance du genre comique, SEDES.

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BIBLIOGRAPHIE

— Généralités : . Oswald DUCROT et Tzvetan TODOROV: Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, “Points” Seuil . Bernard DUPRIEZ : Gradus. Les procédés littéraires, 10x18. . Ferdinand de SAUSSURE : « Principes généraux » et « Linguistique synchronique » in Cours de linguistique générale, Payot . Émile BENVENISTE : « L’homme dans la langue » (chap. 18, 19, 20, 21) in Problèmes de linguistique générale 1, « Tel » Gallimard — Sur le théâtre, sur le 17e siècle : . Anne Übersfeld : Lire le théâtre I, II, III, Belin . Dominique Bertrand et alii, Le Théâtre, “Grand amphi” Bréal (chap. 3 et 4, voire 5) . Alain VIALA (dir.), Le théâtre en France des origines à nos jours, PUF “Premier cycle” (4e partie) . Jean-Claude Tournand, Introduction à la vie littéraire du 17e siècle, Dunod — Sur Corneille et La Place Royale :

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INTRODUCTION

— I. Les débuts agités du grand siècle + 1) Contexte historique : de la Fronde à l’Absolutisme, La France et l’Europe. . a) Sur le plan intérieur, la France traverse une période d’instabilité, après la mort d’Henri IV (1610 < cath. Ravaillac) : régence de Marie de Médicis (1610-1617), ministère de Luyne (1617-1624) puis Richelieu chef du conseil du roi (1624-42) Louis XIII < soulèvement des Protestants et de la noblesse (Guise et Condé) : résistance à centralisation politique, absolutiste. — assassinat de Concini 1617 (proche de la Reine mère, gvne) — État généraux de 1614 — Conspirations nobiliaires, soulèvements et complots : 1626, 1627, 32, 36, 41 + soulèvement populaires ds les provinces (galt. < hausse d’impôts < politique de guerre) — Siège de La Rochelle 1627-28 : révolte protestante, sous menace anglaise > 1629 édit de grâce d’Alès (= confrme édit de Nantes 1598 ms suppression des privilèges politiques et militaires [destruction des forteresses]). — « Journée des Dupes » 1630 : Marie de Médicis veut obtenir éloignement de Richelieu > elle est mise à l’écart. . Pendant la Régence d’Anne d’Autriche et le gvt de Mazarin (1643-61), cette instabilité culmine avec la Fronde, parlementaire puis nobiliaire : 1649-52. Exigences de réformes + querelles d’intérêts et intrigues personnelles (jusqu’à alliance de Condé avec Philippe IV d’Espagne) > famine et désordres + la Cour doit quitter Paris (marque le futur Louis 14). . b) Sur le plan extérieur, période marquée par la Guerre de Trente ans (1635-59) contre l’Espagne et les Habsbourg (2 branches : aînée Philippe III 1598-1621, Ph. IV 1621-65 = Esp. + Holl. + Ital / cadette empereur Rodolphe II, Mathias, Ferdinand II et IIII > 1657= Autriche, Souabe et Bohême, Hongrie).

5 — Guerre « couverte » par alliés interposés, puis « ouverte » : justification de la centralisation absolutiste + pb. religieux (< parti catholique en France + lien Empire / Rome). — Empire défait par traité de Westphalie (1648), Espagne par paix des Pyrénées (1659 > mariage du futur Louis XIV / Marie-Thérèse, fille de Philippe IV) + 2) Contexte religieux : la Contre-Réforme; de Rome à Paris. . a) L’art et la litt. de l’époque ne se comprend pas sans son contexte spirituel = Contre-Réforme catholique, en réaction à la Réforme (thèses de Luther : 1517 = affirmation centrale de la foi et conscience du chrétien, retour aux textes, abus / pvr temporel et cérémonie). — Concile de Trente (1535-1563) = réforme disciplinaire, redéfinition des dogmes (transsubstanciation : présence réelle ds eucharistie) et des cultes (Marie) : importance des images, qui peuvent toucher le cœur autant que l’âme du croyant et soutenir sa foi > définition d’une véritable esthétique (≠ humanisme renaissant) : nott. réalisme (≠idéalisme), souci de stimuler la piété (par sensibilité ≠ art intellectuel, perception d’harmonies abstraites) > sensible àp 1580 environ. — Inquisition : cf. condamnation de Galilée par le St. Office (1633). — Compagnie de Jésus (1540, Ignace de Loyola) ) = instrument actif de la CR : ordre enseignant + méthode et doctrine subtiles (participation aux affaires du monde, séduire l’It° et faire travailler la raison au service de la foi, doctrine de la grâce — rôle du libre-arbitre — ; Exercices spirituels (+- 1535) = pratique méthodique liant méditation et It° pour imiter JC). . b) En France : Contre-Réforme trouve ses effets avec plusieurs décennie de retard / Concile, ms s’inscrit ds contexte religieux, métaphysique voire social mouvementé. — Effort de réflexion de l’église : cf. 1609 gd succès / Introduction à la vie dévote de St. François de Sales = prône possibilité d’une vie sainte ds les affaires du monde + possibilité de salut avec collaboration de la volonté humaine ≠ radicalisme janséniste posant impossibilité radicale pour l’homme, fondamentalement coupable, d’influer sur son salut, et incitant au retrait du monde (en conflit ouvert / Richelieu : arrestation de St. Cyran 1638 [Augustinus 1640, Provinciales de Pascal, 1656-7]).

6 — Activisme envers les laïques : organisation de la charité par St. Vincent de Paul (max. misère et famine < guerre + éco peu performante) ; associations dévotes y œuvrant aussi + à lutter / protestants, libertins, comédiens (cf. Compagnie du St. Sacrement 1625 > 1665-9 = affaire Tartuffe). — Intenses recherches et discussions philosophiques, en relation délicates avec l’Église : parti dit « libertin » (mœurs / intellect. : matérialistes Gassendi, Cyrano de Bergerac), cartésianisme (Discours de la méthode 1637 [comme Cid] = primauté de la raison humaine ds pratique du doute systématique, même si postulat de sa validité à juger du vrai). Inquiétude métaphysique.

— II. Un moment ds l’histoire de l’art et de la littérature : le baroque. + Catégorie esthétique ressortissant à une analyse issue du romantisme = histoire de l’art (et ds hommes en gal) vue comme successions de « visions du monde » (Dilthey) cohérentes dont art = la manifestation sensible. + 1) En France, catégorie empruntée à l’histoire de l’art (platique) et de la musique > appliquée à la littérature par Jean Rousset : La littérature baroque en France. Circé et le paon. (1954) Titre < importance métamorphose (magicienne Circé in Odyssée) + apparence, parade [≠ classicisme : permanence et sobriété]. . a) Décrit et analyse : ne se prononce pas ouvertement sur les causes qui auraient déterminé cet art et cette littérature : ms rappelle association avec Contre-Réforme et même Jésuites (Europe catholique, max. Italie, Espagne — ms : Angl. [Shakespeare], Holl. [Rembrandt]). — < (à Rome nott.) tout un art, officiel, qui joue délibérément sur l’apparence et exacerbe fragilité ou grandeur humaine pour toucher le cœur, au service de la foi. . Intérêt : donner image plus nuancée, stratifiée, du « Grand siècle », dominé en France par classicisme (plutôt àp règne Louis XIV 1661 + en partie comme résistance — nationaliste — aux influences italiennes et espagnoles). . Le moment baroque : en gros selon J. Rousset, de 1580 à 1665 (avec pré-baroque renaissant > 1625, et long classicisme de coloration baroque ap. 1665).

7 — 1580 : 1e édition des Essais de Montaigne (en 2 livres > 3 en 1588) = recherche d’une sagesse face à la variabilité du monde et à la certitude de la mort ; composition fragmentaire, esthétique de la variété ; « chantier » baroque selon Rousset. Poids des Guerres de religion (1562-1598) = retient encore déploiement (faste) du baroque. — 1665 : pour achever grand carré du Louvre appel à Paris, par Louis XIV, du Bernin (sculpteur et architecte romain : tombeau des Papes, place St. Pierre) = échec < opposition de Colbert et des architectes fr. au projet baroque. + 2) Art et littérature baroques : deux exemples. . a) Jean de Sponde : Sonnets d’amour (vers 1588) — Image d’une cosmologie (géologie) vertigineuse, où terre repose sur eau et vent >miracle de sa stabilité, compensé en toute fin par celle de l’amour (le sentimental, subjectif = plus solide que le cosmique > vertige) ; construction très rhétorique mais dynamique (questions : 4x2 vers > guise de réponse = 2+4 avec CR strophique) . b) Le Bernin : La Transverbération de Ste Thérèse, Rome, Santa Maria della Vittoria, chapelle Cornaro. — Importance des jeux de lumière (mise en scène théâtrale de la statue) qui détachent un centre (concentration ≠ circulation Renaiss.) ; tvl. dynamique (et paradoxal) de la matière (marbre chiffonnée) ; création d’un équilibre surprenant par assymétrie (oblique, gd Thérèse, ptt. Ange) ; scène basé sur suspens (vol + geste à venir) + 3) L’univers baroque. . a) Circé : monde perçu comme métamorphose incessante, fragilité et incertitude de la condition humaine, inconstance > représentation dynamique, dissymétrique (pluralité des points de vue), culte de la courbe, des volutes et spirales. . b) Le paon : ds ce monde incertain, l’h. n’accès qu’à des apparences, et sa propre vie est largement un jeu (travail) d’apparences, de masques > rôle des arts plastiques et du théâtre [> théâtre ds le th.], recours à la rhétorique et à des figures particulièrement élaborées. . c) Une éthique de l’apparence : ds réflexions sur « l’honnêteté » par les moralistes cherchant à définir la meilleure conduite du courtisan.

8 — Cf. Balthasar Gracian, Oraculo manual y arte de prudencia (1647[57 ?]) > trad. fr. L’homme de cour1684 : « Les choses ne passent point pour ce qu’elles sont, mais pour ce qu’elles paraissent être. […] Ce qui ne se voit point est comme s’il n’était point. » ; défense du paon ds El discreto (1646) : « À quoi servirait la réalité sans l’apparence ? Le plus grand savoir […] consiste […] ds l’art de paraître. » < justification théologique : Dieu lui-même a d’abord favorisé la paraître « puisqu’il a créé d’abord la lumière, et avec elle l’éclat, consacrant ainsi l’ostentation » = « le talent qui donne le lustre à ts les autres ». À la fois éloge du paraître et de la dissimulation, nécessité d’une permanente lecture des signes « combat de masque » (Rsst) qu’est la vie de cour. — Équivalent français : Faret (L’honnête homme 1630) puis chevalier Méré [1 des « libertins » fréquenté par Pascal] (Le commerce du monde date [posth., 1700]) = + réticents à disjoindre l’être du paraître. Idéal de « souplesse » et de « naturel » = tension entre théâtralité et authenticité. Faut être « bon acteur ds la vie », « tj. s’imaginer qu’on joue un personnage de théâtre ». Ms pour paraître tj. « honnête h. », « il faut l’être en effet ; car les apparences du dehors ne sont que les images des actions intérieures ». . Une esthétique de l’apparence, qui lie le baroque à la Préciosité et au Classicisme. — Style littéraire baroque valorise la métaphore < fait recourir à ingéniosité, qui fait découvrir des rapports cachés entre des choses éloignées (cf. Arist. / surR…) : métaphore baroque = mot d’esprit, concetto, qui doit faire effet de nouveauté et de surprise, miraviglia selon Marino (cavalier Marin = italien vivant à la cour de Louis XIII > marinisme ; cf. aussi Gongora esp. > gongorisme [cultisme, conceptisme]). Image comme déguisement rhétorique, jeu cérébral qui veut masquer plutôt que dire (> connivence ds compréhension…) = critiqué par les classiques (Bouhours in Entretiens d’Ariste et d’Eugène 1671 : « ceux qui n’appelle jamais les choses par leur nom, et ne parlent que par métaphores, ne parlent pas trop bien français »). — Proximité et ≠ce / Préciosité : ph. litt. européen (cf. Marino, Gongora), nommé ainsi et lié en France à publication de L’Astrée d’Honoré d’Urfé (1607-1633) + Hôtel de Rambouillet (et marquise id) 1620-1648 [> cf. Précieuses ridicules Mol. 1659] : cercle mondain où pratique jeu d’esprit et

9 littérature (amour courtois + pétrarquisme ds formes pastorales…) = style figuré (« tangentiel ») avec hyperbole, périphrase, antithèse… Selon Rsst : rencontre = surprise, ≠ce : préciosité = + mondaine (h. entièrement conçu en société close), immobile (imagerie minérale) et cérébrale. — Baroque et classicisme « s’opposent avec un air fraternel » (Rsst.) : primauté de la raison et de la nature (= essence, nature des choses) > simplicité et clarté / décor baroque (> formes tourmentées, obscurité). Mais : refus commun de la nature nue, sans l’homme, élection du théâtre < répugnance à livre secret de l’individu (sinon sous regard de Dieu, ds prière et effusion mystique), culte du grand et du noble.

— III. Le théâtre pré-classique + 1) L’héritage médiéval : un théâtre populaire. . Les grands genres médiévaux, pratiqués par des clercs et par lesquels l’Église œuvrait à l’enseignement du peuple, furent de plus en plus critiqués par les doctes, mais conservaient un succès populaire et furent joués (de moins en moins écrites), nott. en province, > db. 17e. — a) Les Mystères = pièces longues à nbx personnages mettant en scène vie de saint ou de JC (> histoire du monde depuis la création jusqu’ au Jugement dernier ; « mansions ») : interdit par le Parlement de Paris 1541 (< ignorance et incorrections des acteurs, désordre public < longueur et prétexte à licence au lieu d’édification) ; version plus brèves (Saint des villes) > 1620 qs. : public non cultivé accoutumé à décor et action multiples (mansions), mélange des genres. — b) Les Moralités = pièces plus brèves, graves puis de + en + comiques avec le temps, mettant en scène des allégories (Libre arbitre, Chair, Monde, Diable…) > satire (politique) jusqu’au db. 17e. — c) Farces = pièces comiques brèves, jeu de la force et de la ruse, violence, réalisme et trivialité > continuent de régner sur le théâtre de rue (Pont- Neuf, à Paris) et influence même certains divertissements de cour db. 17e. + 2) La renaissance des grands genres : un théâtre des doctes.

10 . Diffusion progressive d’Aristote et de sa Poétique 2e/2 16e (ms surtout Épitre aux Pisons d’) > réflexion, traduction puis réinvention des genres théâtraux antiques. Pièces assez rares et de faible diffusion < jouées ds collèges et châteaux. — a) Tragédie : considéré comme le grand genre (après l’épopée) > premier essai de Jodelle (Pléïade), Cléopâtre captive 1553 : très poétique et déclamatoire (lyrisme exacerbé), assez peu dramatique (longues tirades de déploration et commentaire ; chœur) >>> fin du siècle = tragédie de Robert Garnier : gde place au sentences didactiques (parfois signalées par des guillts), récits spectaculaires et expressionnistes (cf. Sénèque), ms affirmation progressive des caractères + de l’action sur la scène (La Troade 1579, Antigone 80, Les Juives 83). — b) Comédie : théorisée par l’italien Scaliger dès 1561 (< Arist.) : reproduire les mœurs de pers. de condit° inférieure, ds poème dramatique en 5 actes et en style commun, dont le dénouement est heureux (galt. père ou équivalent contrarie amour de jeunes amants aidés par un esclave, jusqu’aux mariages) > très nbreuses comédies en Italie pdant 16e (nott. Machiavel, G. Bruno), influençant la production française (alors même qu’elle dit se reporter directt à Térence et Plaute). . Premiers essais de La Pléïade (1552 L’Eugène de Jodelle) = malgré struct. classique, sujet encore proche de la farce (abbé Eugène marie sa maîtresse Alix au lourdaud Guillaume…) > fin de siècle plus vif et inventif (verbalement) quoique très proche de modèles italiens : Larivey 1579 (Comédies dont Les Esprits > Avare de Molière). + 3) La scène baroque européenne et les nveaux genres mondains : pastorales et tragi- comédies. . Comprendre le théâtre européen et français ds lequel s’inscrit Corn àp de 1630 avec sa 1e comédie Mélite = tvl. des dramaturges entre exigences des doctes (règles < Aristote et Horace) et attentes d’un public qui de plus en plus a intégré une certaine culture humaniste (ds les collèges), et se rapproche du raffinement des Cours. . a) La pastorale à l’italienne : poésie de cour à plusieurs voix < Bucoliques de Virgile (joutes dialoguées de bergers ; Rome d’Auguste), Idylles de Théocrite (Grèce alex.) ; > pastorale proprement dramatique, avec intrigue amoureuse : Aminta du Tasse (1573) et Pastor Fido de Guarini (1595). Cadre pastorale connaît vogue croissante aussi ds romans et ballets.

11 — = ds un décor champêtre de convention (Arcadie : pays de l’Âge d’or), fluctuations amoureuses de bergères et bergers avec dénouement heureux (malgré empêchement par parents ou jaloux) ; art de culture : sans croyance, goût de la fiction, du codage et des variations sur des thèmes et formes connues (scènes obligées : dialogue avec confident, analyse sentimentale, déploration, déguisement et reconnaissance, métamorphoses, intervention de magicien ou d’oracle, chaîne d’amours A>B>C…). — Influence européenne : cf. ds carrière de Shakespeare Songe d’une nuit d’été 1595, Conte d’hiver 1610 (contrepoint / dimension historique et tragique ; ms cohérent ds jeux des apparences, incertitude / R). — En France, faveur max. ds années 1620, avec plusieurs pièces marquantes, à grand succès : Les Bergeries de Racan (1620) [gd soin langue et versif., cf. Malherbe], Pyrame et Thisbé de Théophile de Viau (1621) [présenté devant la cour ; tragédie, ms ds univers pastoral], Sylvanire de Mairet (1626) [triomphe], Sylvie d’Honoré d’Urfé (1627) [tiré de son roman, L’Astrée]. . b) La tragi-comédie, marquée nott. par la comedia du Siècle d’Or espagnol (terme pour pièce de tout genre). — Espagne, en effet = fin 16e > fin 17e, dvlppt. d’une tradition spécifique (< th. antique latin et humaniste italien + représentations religieuses [auto sacramental : cf. mystères]) valorisant prolifération romanesque et langage poétique (à déclamer) plutôt que la condensation dramatique + répondant aux attentes d’un public composite auquel une noblesse courtisane et bureaucratique tend à dicter ses goûts. — Grande figure = Lope de Vega (1562-1635), auteur de 1500 pièces au moins. Pour répondre aux critiques des érudits, et défendre la comedia nueva = publie en 1609 son Art nouveau de faire des comédies : affirme nécessité de tenir le spectateur en haleine par l’action (unité d’action ms possibilité de deux intrigues, pluralité des temps et lieux comme ds la vie) + valeur du mélange des tons (gravité + rire) < la variété enchante, cf. la Nature (y participer + que l’imiter). . Stylistiquement, ds comedia = diversité métrique et art de la pointe (agudeza).

12 . Après Lope de Vega (et : Tirso de Molina, Guillen de Castro) = Pedro Calderon de la Barca (1600-1681) : La vie est un songe (1635) — En France, tâtonnement du genre depuis 16e et faveur nouvelle ds années 1620 < goût d’un public auquel ne convenait pas les seules exigences des doctes : cour (16e), bourgeoisie et public populaire (mêlés à l’Hôtel de Bourgogne db. 17e : seul th. fixe à Paris) : tragi-comédie (/ tragédie) mélange hauts personnages et + humbles, accorde plus de part à l’amour (inspiration romanesque) + fin heureuse ; pas d’unité tps et lieu, intrigues compliquées avec thèmes et péripéties répétitifs (déguisement, folie, sommeil + naufrage, attaque de pirates…), gd. rôle du hasard. . Achèvement max. 16e : Bradamante de Garnier (1685) < poème héroïque Roland furieux de l’Arioste (chevalier Roger doit conquérir par les armes sa futur femme Bradamante). . Renouveau db.17e : cf. Hardy (prolonge Garnier, en + spectaculaire : auteur attitré de l’Hôtel de Bourgogne), Rotrou = L’Hypocondriaque (1628), Les Occasions perdues (1633) + premier à adapter une comédie de Lope de Vega : La bague de l’oubli (1629 < Sortija del Olvido ) = lance mode dominante pour 30 ans, jusqu’à Molière, de la comédie romanesque à l’espagnol… : nobles et jeunes filles entreprenantes (atm. héroïque : balcons, duels, jalousie), dialogue élégant, jeux d’apparences et de mots + personnage du valet rustre type Sancho Pança (gracioso).

— IV Corneille du baroque au classicisme (1606-1684) : 44 ans de carrière, dont une trentaine de royauté écrasante sur le monde des lettres (1637 Cid > 1667 Andromaque de Racine) + 1) Carrière et désillusion d’un bourgeois de Rouen . a) La famille. — Appartient depuis deux générations au moins à la bourgeoisie enrichie par le négoce (et mariages) et ayant acheté des offices de robes (droit d’exercer fonctions juridiques), cf. les (prénom transmis de père en fils aux aînés) depuis le gd-père du dramaturge (conseiller référendaire à la

13 chancellerie du Parlement de Normandie), père (maître des Eaux et Forêts en le vicomté de Rouen) [oncles : curé, propriétaire terrien, avoué]. — Lui-même a toujours +/- vécut en famille : a quatre sœurs et un frère (cadet), puis sept enfants (de 1642 à 1656, 4 fils et 6 filles). Liens forts : cf. lettre au futur beau-père d’une de ses filles / dote ; surtout : proximité et collaboration littéraire avec son frère cadet Thomas = celui-ci épouse la belle-sœur de Pierre + lui sert de relais / mondanité parisienne, vers laquelle infléchit d’ailleurs son écriture (vers 1660). . b) Les offices et le mécénat — Après étude brillantes chez les Jésuites de Rouen : 1628, père de Corneille lui achète un double office : avocat du roi au siège des Eaux et Forêts (à la Table de Marbre de Rouen), et à l’amirauté de France ; fonctions de fait modestes (procès de batellerie, droits de chasse et pêche, droit à la coupe du bois…) accomplie scrupuleusement pendant 22 ans. — 1650 : duc de Longueville et sa femme, sœur de Condé, essaie de soulever la Normandie contre la couronne > arrestation des Princes (Condé, Conti, Longueville) + Régente Anne d’Autriche, jeune Louis XIV et Mazarin se rendent en Normandie pour la pacifier : en remplacement de Baudry, un frondeur, Corneille reçoit titre de procureur syndic des États de Normandie ; doit donc vendre son précédent office ; 1651 : renversement de conjoncture = libération des Princes + rétablissement de Baudry > Corneille ss emploi, et ayant vendu sa charge en pure perte + fin de sa pension par Mazarin (< ds Nicomède 1651 on reconnaît, valorisé, pers. de Condé) > — outre ses recettes de théâtres et d’édition, devra compter sur d’autres mécènes : . 1635-42 : Richelieu ; 1643-51 : Mazarin ; 1658-61 : Fouquet (minstre des finances de Maz. > arrestation et procès) ; 1661-64 : duc de Guise (qui le loge à Paris : moment où quitte Rouen) ; 1663-73 : Louis XIV (qui l’oublie àp de l’année suivante). — Lien fort à l’état (cf. poèmes officiels à la gloire des grands, et nott. du roi) > importance de l’épisode de 1650-51 selon B. Dort (Corneille dramaturge, 1959) : déception (bourgeoise) dans attente d’un ordre où le

14 roi règnerait par l’intermédiaire de ses officiers < réformes initiées par Richelieu + règne de LXIV : basculement vers monarchie absolue, où le roi règne seul : a réduit les nobles à une position de courtisan + envoie ds les provinces des commissaires à ses ordres, de simples exécutants (de même, retrait des Parlements et importance des Conseils royaux). . Tragédies les plus « classiques », des années 40 (Cid > Horace, , ) = montre soumission de tous à la raison d’État, de plus en plus incarnée par un monarque. . c) La littérature — Envisagée par Corneille comme une carrière = moyen de poursuivre ascension sociale de sa famille ; y parvient : 1637 après succès du Cid, Louis XIII anoblit son père. . 1664 : Louis XIV révoque toutes lettres de noblesse accordées depuis 1630 (touche presque seult des officiers) > Corneille obtient en 65 exception en sa faveur : ne redeviendra pas roturier. — Choquant à l’époque, C. imposant ds les Lettres usage bourgeois = entend faire commerce de ses œuvres. Jouit d’une certaine autonomie < office, et succès àp du Cid (≠ auteurs précédents voire de sa génération, dépendant d’une troupe — Hardy / Hôtel de Bourgogne —, de protecteurs — Th. de Viau —ou des deux — Rotrou). . disgrâce, sans office ni mécène 1651-58 : consolation pieuse + rentabilité = traduction de L’Imitation de Jésus-Christ de Thomas a Kempis > édition de luxe avec illustration. . Édition : 1642 fait maître à son nom (et non celui d’un libraire) édition de Cinna > procédera ainsi (fait imprimer à ss frais > réclame droit avec bénéfices aux éditeurs parisiens) ; multiples éditions de ses pièces, en particulier 1661 en 3 volumes avec 3 « Discours » sur l’art dramatique et « Examens » de toutes ses pièces, + 1661 Théâtre complet en 2 volumes in folio (seul auteur du 17e ; format réservé aux classiques : Virgile, Tacite…). . Participation active à la vie littéraire et nott. à diverses querelles académiques (formation et défense d’un véritable camp cornélien) ainsi qu’à la vie mondaine : querelle du Cid en 1637 (> 3 ans de silence), 1647 réception à l’Académie française, 1658 proche des milieux précieux (poésie

15 galante, échange d’épigrammes avec Mlle de Scudéry, complimente abbé de Pure pour roman La Précieuse = milieu ridiculisé en 59 par Précieuses ridicules…), guerre avec Racine, voire Molière… . < accorde grande attention aux goûts et jugements du public.

+ 2) Corneille baroque et l’invention de la comédie moyenne . a) Une première querelle des règles au moment où Corneille entame sa carrière dramatique avec Mélite (1630) [après avoir été, ds sa première jeunesse, amené à la poésie — galante — par l’amour] : — Opposition entre les Irréguliers et les Réguliers (baroque / classique) : autour de la querelle des 24h, opposition entre primauté du plaisir ou d’un enseignement moral donné au spectateur, et sur la conception de l’illusion (interprétation de la mimésis d’Arist. : imitation, représentation). . 1628 : préface de Fr. Ogier à Tyr et Sidon, tragi-comédie de Jean de Schélandre : poésie dramatique « n’est faite que pour le plaisir et le divertissement, et ce plaisir ne peut procéder que de la variété des événements qui s’y représentent, lesquels ne [peuvent] pas se rencontrer facilement ds le cours d’une journée ». . 1630 : Lettre sur les 24h de Chapelain : pour parvenir à l’épuration des passions prônée par Arist. (catharsis), nécessaire de parvenir à une illusion forte > importance du vraisemblable : rapprocher la représentation de la fiction, en particulier pour le temps (unité d’action et de lieux en découlent) + bienséances, qui ne doivent choquer ni les mœurs ni la raison du public (≠ violence et indécence, incohérences ou faiblesses logiques des tragi- comédies). . > première victoire des Réguliers : 1630 Silvanire de Mairet = 1e tragi- comédie pastorale régulière (tps. + bienséances), 1634-35 = tragédie relancée, avec Sophonisbe du même, et Médée de Corneille. — Allusion de Corneille à ces opposition ds son « Examen » de Mélite (1660), cf. GF doc.2, pp. 164-165 : dit avoir été ignorant des règles, ne se reconnaît ds aucun camp, et ne cite aucun des « Modernes » (Mairet, Rotrou, Scudéry, Du Ryer) = se place en marge du débat (obliquement). . Ds ce texte, définit spécificité et clé succès / Mélite =

16 . b) Position de la « comédie moyenne » (Gabriel Conesa, Corneille et la naissance du genre comique, 1989). — En 1630, comédie = genre moribond depuis Larivey (lui proche des latins et des italiens) ; outre pastorale et tragi-comédie, succès de la farce (< MA) et de la commedia dell’arte (depuis 1545 > en France surtout 16e, mais Gelosi jusqu’à 1604, Confidenti jusqu’en 1634 [< reine d’origine ital. : Cath. puis Marie de Médicis]) : spectacles pop., importance du jeu corporel et de la mimique, des obscénités, des types : cocu, prêtre libidineux / barbon, capitan, valets… Jouée en partic. à l’Hôtel de Bourgogne, avec acteurs vedettes : Turlupin, Gautier-Garguille et Gros-Guillaume. — Positionnement stratégique de Corneille (/ succès des genres mondains et querelle des règles) = arrache la comédie à la vulgarité, au peu de rigueur farcesque (> se coule ds genre de la comédie antique, à la Térence), et ne se démarque d’Aristote (pour qui comédie imite des personnes « basses » [inférieur au spectateur]) que pour se rapprocher d’un public mondain. . Originalité bien accueillie = « le style naïf (= naturel), qui faisait une peinture de la conversation des honnêtes gens » (GF 165) : élévation / farce, mais simplification / tragi-comédie (lge très rhétorique) et surtout pastorale, dont emprunte pourtant bien des traits : jeunesse oisive, méditations sur l’amour, feintes, chassés-croisés et chaîne amoureuses… [« pastorales urbaines » M. Fumaroli] . En termes aristotéliciens : se place sur le terrain de l’elocutio (style) pour rester à l’écart des disputes portant sur l’inventio (conception : foisonnement d’idées ds tragi-comédie) et la dispositio (construction : règle des 3 unités) [analyse de Georges Forestier] — Succès de l’entreprise : permet installation d’une nouvelle troupe à Paris (Le Noir et Mondory au Marais [installation mars 34]) > après tragi- comédie (1630-31), comédie La Veuve (1631-32), (1632-33), La Suivante et La Place Royale (1633-34). Marques de succès : . Se permet de jouer avec règle des trois unités : Clitandre fait tenir en 24h foultitudes d’actions invraisemblables + de déclare haut et fort qu’il

17 adapte les règles au besoin du théâtre : 5 actes = 5 jours, lieu = ville, action = à sa façon (1634 avis au lecteur de La Veuve, GF 167). . Veuve précédés d’hommages littéraires illustres (plutôt modernes : Scudéry, Mairet, Rotrou) + outre pension, recruté (pour peu de temps) en 1635 par Richelieu ds « Compagnie des Cinq Auteurs » dirigé par Chapelain (le Régulier) et qui doit réaliser idées dramatiques du Cardinal : sert donc littérairement le projet absolutiste, l’année même de création de l’Académie française. . c) La Place Royale : continuités et singularité — Au plan du sujet : troupe et auteur cherchent à renouveler succès remporté année d’avant avec La Galerie du Palais (galerie du Palais de Justice = boutiques de lingères, mercières et libraires : lieu de rencontre), en modulant registre de la pastorale ds des décors parisiens bien connus. . Claveret, adversaire de Corneille ds querelle du Cid, dénoncera même déloyauté de celui-ci (cf. GF. 25) : Claveret aurait proposé à Mondory et à sa troupe une pièce du même titre en juin 33 > possible que C. ait dérobé l’idée du lieu, et ajouté a posteriori seule rime où il est mentionné ds la pièce (v.186, p. 90). . Ce lieu = actuelle Place des Vosges, place dont chantier lancé par Henri IV en 1605, Paris n’ayant pas alors de place ni de carrefour important pouvant servir de lieu de fête et de promenade > inauguration 1612, avec ballets de cavaliers (carrousels) : mariage de Louis XIII avec Anne d’Autriche, et de sa sœur Elisabeth de France avec l’Infant d’Espagne, futur Philippe IV. > place entourée de beaux pavillons à arcades abritant des boutiques (cf. Palais de Justice) : devient centre d’un quartier à la mode, le Marais, place où se rencontre coquettes, jeunes galants, personnalités littéraires et mondaines (cf. doc. 4 GF pp. 195 sq.) > aussi lieux de duels, jeu ds tripot, vol, scènes scandaleuse (prostitution + Historiettes Tallemant des Réaux : un familier du duc de Candalle donna à un soldat « un escu d’or si tu veux baiser ta garce demain en plein midi place Royale » ; eut lieu : « Toutes les dames mirent la teste à la fenêtre et virent ce beau spectacle » > édits et ordonnances de police sous LXIV…).

18 — Intrigue : ds la suite des variations sur un schéma de pastorale, selon analyse même de Corneille en 1660 ds son « Discours de l’utilité et des parties du poème dramatique ». . « Ainsi ds les Comédies de ce premier Volume, j’ai presque tj. établi deux Amants en bonne intelligence, je les ai brouillés ensemble par quelque fourbe, et les ai réunis par l’éclaircissement de cette même fourbe qui les séparait. » (cf. GF, p. 172) = amour > fourberie > résolution. . Mélite : Éraste aime Mélite et la présente à son ami le volage Tircis, qui tombe amoureux d’elle > jalousie d’Éraste : il donne à Philandre, amant de Cloris, la sœur de Tircis, une fausse lettre de Mélite où elle lui déclare sa flamme. > Philandre quitte Cloris et montre la fausse lettre à Tircis. Celui-ci se pâme de désespoir et se retire chez son amie Lisis qui donne fausse nouvelle de sa mort à Mélite. Celle-ci détrompe Tircis, ils se marient. Mais Clinton, voisin de Mélite, l’ayant vu se pâmer, la croit morte et le dit à Éraste. Pris de remords, celui-ci devient fou. Détrompé par la nourrice de Mélite, il vient demander pardon et obtient la main de Cloris, qui ne voulait plus de Philandre. . Spécificité de PR : Alidor = à la fois l’amant comblé du début (aime Angélique et en est aimé) et l’auteur de « la fourbe » (donne Angélique à son ami Cléandre)… = centre l’intrigue sur un personnage central complexe qu’un combat contre sa propre passion, par souci de soi, pousse à des extrêmes : mouvement vers le « tragique » auquel Corneille passe bientôt [tout en faisant basculer le monde de la comédie ds l’irréel avec L’illusion comique 1636] > Médée 1635 (tue ses propres enfants par vengeance contre Jason, mari volage), 1637 (tue le père de son amante Chimène, qui a souffleté son propre père) = montre construction en devenir d’un système dramatique où les genres ne sont pas hermétiquement séparés.

+ 3) Lutte et royauté cornéliennes . a) La querelle du Cid. Corneille fait jouer en janvier 1637 cette tragi-comédie qui remporte un succès triomphal mais relance querelle des règles et de la bienséance. > victoire de Corneille (auprès du public : salle comble + traduction ds ttes les langues connues : royauté

19 littéraire jusqu’en 1666) mais aussi des Règles, avec lesquelles ne cessera plus de poursuivre une discussion serrée. — Des rivaux anonymes et déclarés (Observations sur le Cid de Scudéry, Mairet, Claveret) déclenchent une bataille de libelles à laquelle Corneille répond diversement (nott. « Excuse à Ariste », poème qui n’apaise rien : « Je sais ce que je vaux et crois ce qu’on m’en dit » « Je ne dois qu’à moi seul toute ma renommée » + « Lettre apologétique à Scud. »). . Reproche = plagiat / espagnol Guilhem de Castro (Mairet), invraisemblance (Scud.) + incorrections de langue. . > Scudéry en appelle à l’Académie, récemment créée. Elle se dérobe mais finit par prendre position > décembre, surtt rédigé par Chapelain : Sentiment de l’Académie sur le Cid = pièce pèche contre la vraisemblance, au plan dramaturgique et psychologique (trop d’évts. en 24h + fille épouse pas meurtrier de son père) > impose nvelle notion de vraisemblance (cohérence psy.) [à laquelle Corn. Préférera tj. le vrai]. . Conséquences à long terme, et qui pousseront Corneille à s’expliquer encore par ses textes théoriques de 1660 : Abbé d’Aubignac publie en 1657 sa Pratique du théâtre = bréviaire des classiques, où de grands éloges recouvrent des critiques de fond. — Silence de Corneille (désirait répondre, mais on lui fait comprendre que cela indisposerait le cardinal) = aussi au plan dramatique, pendant + de 2 ans > . b) Les grandes tragédies régulières, qui mettent en scène la « gloire » d’un héros : Horace (1640), Cinna (1641), Polyeucte (1642), (1644), Nicomède (1651). — Respect des règles, malgré infraction à la bienséance (Horace tue sa sœur Camille qui maudissait Rome), et inauguration de la tragédie à fin heureuse (Auguste épargne Cinna, qui conspirait contre lui ; après le martyre de Polyeucte, les romains se convertissent ou veulent protéger les chrétiens ; le prince Nicomède pardonne à ceux qui le privent du trône et se révèlent d’ailleurs de grandes âmes), mise en scène de la grandeur dans le mal (Cléopâtre, découverte ds son projet de tuer son propre fils et son amante Rodogune, boit la coupe nuptiale empoisonnée).

20 — Ces œuvres forgent l’image de Corneille aux yeux des contemporains et de la postérité, cf. : . Boileau, ds Art poétique 1674 : (termine par invitation à chanter la gloire de Louis XIV) « Que Corneille pour lui rallumant son audace / Soit encor le Corneille et du Cid et d’Horace » . La Bruyère, in Caractères 1688 : « Corneille ns assujettit à ses idées, Racine se conforme aux nôtres ; celui-là peint les hommes comme ils devraient être, celui-ci les peint tels qu’ils sont. » . Prise de position marquées par leur époque : état d’esprit de la fin de carrière de Corneille. . c) Tragédies galantes et difficultés d’un renouvellement tardif — Les Règles étant un acquis auquel tous se soumettent, variation ds le goût du public après la Fronde, et avec montée du jansénisme (« démolition du héros » féodal [P. Bénichou]) : frondeurs tâchant de faire oublier leur rébellion et bourgeois monarchistes récemment enrichis aspirent au divertissement, à l’exemple de la Cour du jeune roi (Louis XIV entame règne personnel e 1661) > . Doctes et auteurs doivent tenir compte d’un renouveau du goût pour la galanterie et le romanesque : cf. plus grand succès théâtral du siècle = 1656 Timocrate de Thomas Corneille, dont le héros se soumet avant tout aux exigence de l’amour. . Développement des pièces à grand spectacle : invention de la comédie-ballet par Molière avec Les Fâcheux en 1661, 1664 semaine de fête à Versailles avec Les Plaisirs de l’Île enchantée > apparition et développement de l’opéra (Académie royale de musique 1671 : « tragédie en musique » de Lully et Quinault > « opéra » 1675 [Thomas Corneille Bellérophon 1679]). — Corneille précède et accompagne ces évolutions : . Pièces à grand spectacle : Andromède = tragédie à machine annonçant l’opéra, commandée par Mazarin et jouée en 1650 avec succès ; gd succès et magnifiscence de La Toison d’or, autre tragédie à machine, en 1661. . Tragédie romanesque et galante < tendance du jour anime recherches et invention du dramaturge : avec (1662) introduit ds tragédie

21 type tradt. comique du vieillard amoureux (général), (1667) tyran amoureux dont mort (saignement de nez) permet aux jeunes amants qu’il entrave de s’épouser ; ds Surena (1674) [sa dernière pièce] général éponyme s’exile et son amante Eurydice meurt, par amour (tgdie du renoncement à la politique < sentiment). — Mais, malgré quelques succès et un regain de popularité sur le tard, il connaît une fin de carrière difficile marquée en particulier par l’ascension et le triomphe de son jeune rival Racine. . L’art de celui-ci, tout en intériorisation, répond mieux au goût du temps : recul du politique par enfermement des pers. ds leur passion > intensité particulière ds respect de l’esthétique classique + registre galant : Andromaque triomphe en nov.1667 (/ peu de succès d’Attila, db. même année) > 1670 guerre ouverte et duel des deux Bérénice, à l’avantage de Racine. . Suite d’échecs et situation humiliantes : 1651 préface à Pertharite « La mauvaise réception que le public a fait à cet ouvrage m’avertit qu’il est temps que je sonne la retraite […] et il est juste qu’après vingt années de travail je commence à m’apercevoir que je deviens trop vieux pour être à la mode. » > 1672 alors même que le Mercure galant de Donneau de Visé fondé cet année devient l’organe d’un parti cornélien, Corn. peine à trouver un théâtre qui accepte de jouer sa Pulchérie (refus de Bourgogne > Marais, alors déchu). — 1680 malade, se meurt (puis se remet) > meurt en 1684à 78 ans. . 1685 : Racine reçoit à l’Académie française Thomas Corneille au fauteuil de son frère > éloge du dramatuge : noblesse du talent vaut celle de la naissance et des armes, gloire d’un tel poète égale celle des plus grands héros de l’histoire.

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Explication 1 : LA PLACE ROYALE

Explication de texte 1 I.1, v. 34-84

— Nouveauté qui a fait succès des premières pièces de Corneille = alliance d’une typologie dramatique (pers., situation) et, pour 1 part, d’un niveau de lge issu de la pastorale (mise en sc. complexe et idéalisée d’intrigues amoureuse entre bergères et bergers < poésie antique + roman contemporains) / esquisse d’un réalisme des lieux et du lge : public galant fréquentant la Place Royale pouvait s’y reconnaître. + Va de pair avec gain d’efficacité dramatique : ici ds scène d’exposition où ns sont présentés, seules sur la sc., deux pers. féminins antithétiques ms amies = la fidèle Angélique, courtisé par Doraste, frère de Phylis, ms aimé d’Alidor et qui l’aime + la volage Phylis, amoureuse de personne et que courtise Cléandre ds le seul but d’approcher Angélique. . Ph demande à Ang d’être plus accomodante / Dor. > justification de son refus : lecture du passage > 2 parties inégales : . 1) Morale d’Ang. : dialogue 34-44 > 2) Morale de Phylis : tirade 45-84 + Inégalité de traitement suggère un rapport de force, déséquilibre entre pers. fort et faible > voire comment exposition d’une situation appart bloquée (juxtaposition antithétique) pê riche de ressources dramatiques.

— 1) Angélique ou la fragile tautologie : 34-44. . Position caractérisée par fragilité croissante ds affirmation répétée de l’amour unique. + a) Petite tirade 34-41 : une seule phrase, de part et d’autre d’un pt.-virgule. . 34 : « Vois-tu, j’aime Alidor » attaque phatique (fct° de contact : cf. 1e vers de la pièce = « Ton frère », nvté à l’époque), fortt. ancré ds situation de communication (pour la réassurer, se faire comprendre) + N propre (supposant connaissance commune : 1e apparition de ce N, pers. défini comme O d’amour). — fermeture immédiate de cette ouverture par 1e hm : dit qu’elle n’a plus rien à dire = tt disc. en un vers, comme tt amour en un couple.

23 . 35-6 progression ternaire confirme cette fermeture soi : « aveugle, sourde, insensible » (hémistiche sépare 2 adj / 1 = alliance caractéristique d’un registre courant > vocabulaire galant trad.) . 37-8 distique suggère une 1e fragilité (ap. opposition des possessifs : « leurs maux » / « mon âme » < second vers relativise assertion du 1e (dure) + rime « flamme » /« âme » dit caractère inflammable de celle-ci… . 39-41 instabilité des registres et des personnes, en tension / affirmation de permanence (« a » + « aura »40) : — nvelle intrusion d’un certain prosaïsme : « avoir des Amants par quartier » (renouveler trimestriellement les fctnaire royaux qui ont payé leur charge : mieux remplir les caisses de l’État) = registre financier + rappelle instabilité au plan politique (adm.) ; ms : lge précieux, éclatant < frappe l’esprit par rapprochement imprévu = baroquisme (concetto). — Va-et-vient entre parole pers. : « Alidor a mon cœur » et impers. : « On »39, infinitifs 41. + b) 42-44. Intervent° de Phylis résume en l’exacerbant argumentation d’Ang. , ms surtt. elle la relativise : . Relativisat° rythmique et sémantique (liaison étroite : dynamique verbale dramatique) : — dernier vers et vers suivant d’A. riment avec ceux de Ph. (infidèle > cruelle, endurci > ainsi). — « cruelle »42 mot trad. pour l’amante insensible > « cœur endurci »43 : ne l’est pas naturellement = dénaturé, ou effort artificiel de volonté. . 44 ds sa symétrie répétitive [chiasme / césure ; miroir : narcisse] (obstiné, boudeuse) confirme fragilité de l’argumentation Angq., qui d’ailleurs ne progresse plus (« ainsi » = anaphore / tirade d’av.) — répétition des mots s’analyse en tautologie du sens (« comme il faut » = « ainsi » > A = A). — Prop. principale conditionnée par CC de but (dont Rt° hypothétique) : transfo. de l’assertion initiale (personnelle et assurée : « j’aime Alidor ») en supposition tautologique… > L’amante idéale balayée par la galanterie mondaine.

24 — 2) Phylis ou l’inconstance pragmatique : 45-84. . Paradoxe piquant (ds l’esprit du temps) d’une éthique volage qui se formule conformément aux règles de la dispositio rhétorique, en 4 temps : exorde (intro.), narration (exposition des faits), confirmation (dvlppt. des arguments ou des preuves), péroraison (concl.). + a) 45-48. Exorde : en guise d’intr., Ph. synthétise son jugement / attitude d’Ang., à laquelle elle oppose la sienne. . Opposition « admire » / « ris »46 + aggravation des reproches : « obstination » (diérèse) > transfo. « ta fidélité » en « cette vanité » : — prise de distance par le démonstratif (P2>P3 : péj iste) — dénonciation d’un péché (orgueil : pt. de vue religieux qui point [piquant / suite]) / naïveté (raideur inutile / cours des choses : cf. « L’Ecclésiaste » in Bible : « tt n’est que vanité ») = apologie baroque de l’inconstance fondée par seult. par hédonisme, ms humilité chrétienne et sagesse philosophique. + b) 49-62. Narration = expose les faits : la fidélité, et ts ses inconvénients ; esclavage de la personne et souffrance de l’âme. Varie champ de la critique : morale, politique, physiologique, religieux. . 49-50. Argt° hédoniste (épicurienne) articulée sur considération fantasmatique / politique de l’amour : — « plaisir » > opposition (rime) pesanteur du « maître » / éclosion éphémère sée par « naître ». — alternative « serviteur » (amoureux) / « maître » : renvoie au code courtois de l’amour (MA > trad. galante : Dame = domina / amant = vassal) ms rappelle réalité persistante de la féodalité ss Louis L13 et Richelieu ; vision noble de l’amour et de la morale personnelle (/ Anglq. + bourgeoise : thésaurise l’amour… : « se pique » de fidélité, esprit de sérieux…). . 51-52 > valeur noble rappelée par idée selon laquelle avoir amant exclusif revient à commettre injustice / « honnête gens » (cf. argumentt° de Don Juan Mol. 1665) : — type d’individu qui cherche à définir une morale (entre apparence et fidélité à soi) ds société de cour, depuis L’h. de cour de Baltazar Gracian (1657) jusqu ‘aux Maximes de Larochefoucauld (1665). — Reproche fort : « ennui » = sens classique, douleur < inodiare : avoir en haine.

25 . 53-54 : figement du sentiment par engagement amoureux = relève de la pathologie psychique : — cf. « fantaisie » (= étym. It° : instable par excellence > détermine caprices de la volonté) — « humeur » (sécrétion déterminant trait de caractère : mélancolie, bile…) — « jalousie » (cf. fam. de « zèle » < secte des Zélote ds Évangile : violence ds défense de la relig. = excès ds désir de possession : « avarice » < avaritia…) . 55-6 condensent thématique de l’instabilité et confirme qu’en dernière instance amour tq. la fidélité le conçoit usurpe la place de Dieu. — vaine lutte contre usure du « temps » (malgré « soins éternels »51 > « chaque jour »56) — lexique du culte religieux (rime enrichie) : « ferveur » + « faveur » (don, sacrifice). . 57-61 = nouvelle personnalisation du disc. (« Notre) révèle que cette critique motive un véritable effort épicurien (registre de la « méthode » v.62 : mot de Desc. 1637 = se guider ds le monde), selon lequel le plaisir est ds absence de douleur, à trouver ds juste régulation des rapports au réel (≠ vain culte d’un idéal). — 57-8 = révèle qu’il s’agit avant tt d’éviter la douleur : accélération ds série de 1 > 2 argts par vers (cause de douleur = distance > mort, inconstance) : fort paradoxe dramatique < mot d’époque qui révèle dynq. de l’intrigue (« change ») = mis au compte de l’amante fidèle. — 59-61 = glissement vers considération morale sévère (pê douloureuse) ds considération de la réalité : amour possible (« nos feux » : une des rares fois — la seule — où Phyl le prend à son compte) ms vain < mariage selon autorité parentale (impersonnalité du « on »60) : le mondain vit ds le monde (réel) = sait s’adapter. + c) 63-78. Confirmation (renversement quasi symétrique) = avantage de sa propre position : règne sur ses amants, dont aucun ne peut la faire souffrir. . 63-64. Recentrement sur soi (« Pour moi » quant à moi) prise de distance / l’autre > condensation de sa propre position (avant développement de sa justification, par avantages). — rime dit délicatesse de la position, entre négligence et attachement (jeu).

26 — morale de l’échange prudent, mesure ds échange (cf. Arist. et antiquité en gal) : chacun prélève sur soi pour donner à l’autre (« m’en conte » : de cela = conter fleurette, ≠ aveu grave / « de quoi » engager = pas tout, pas d’adhésion totale). . Dvlppt. en 2 temps, scandé par anaphore de l’adv. « Ainsi » exprimant la conséquence en db. de vers. 65-72 = tentative de maîtrise de la « fortune » (= chance, bne ou mauvaise : tradt par excellence ce qui ne se contrôle pas, ≠ puissant même que les dieux ; cf. image roue de la fortune, ht. + bas). — 65-68 = ambition de cette morale (+ certaine véhémence rhétorique) : cf. réitération de « tout » comme pôle extrême d’oppositions : « tt » > « tt le monde » / « rien », « mille » / « l’un de l’autre » [cf. catalogue Leporello in DJ. Mozart : 1003…] > chiasme « pas un » / « ts ». — 69-73 = retour du registre politique confirme inversion aristocratique de la position d’Angélique + laisse entrevoir excès propre à Phyl.. . « tyrannie »69 / « maître »50, cf. « jaloux »67 / « jalousie »54, « « humeur égale »70 / changeante 54 : construction forte et variations (abc > cab) . tyran = ds démocratie athétienne a pouvoir étendu exceptionnel > crainte des Romains que roi(empereur) devienne tyran : mot pour excès du pouvoir > choisit arbitrairement ses favoris (« mignons »71 : cf. homosexualité d’Henri III) + roi excessif d’un pt. de vue arist. (gvnts des meilleurs : cf. « compagnons »72). . Mais 69-70 : « tyrannie » rime avec « manie » (manier ms rappelle mania : folie) = excès, hybris de Phyl ds ce désir de manipulation (tranquillité de la Dame / tension ds la compétition des amants : injustice…) : elle même peut tomber ds tyrannie > châtiment de la fortune… . 73-78. Impossibilité du déplaisir. — 73-74. Nveau condensé argumentatif avec retour du Pn indéfini « ts », pour une version modérée voire bourgeoise du plaisir : « plaire » (V. qui a succédé à « plaisir ») = satisfaire au (bon) goût (mesure de la galanterie) + rime avec « salaire » = dégradant selon optique noble (qui donne ss compter) : rabaissement des amants, ou marque bourgeoise ds éthique de l’échange (contamine aristocratie).

27 — 75-78. Inversion terme à terme et ds l’ordre cette fois 75 + 77 de la critique des v.57-8 (douleur < 1+2 : distance, et mort, change) + vers 76 et 78 montrant sur registre chrétien et féodal obsession de l’équilibre (tranquillité PCl. ≠ « inclination ») ds cette morale de l’inconstance : chrétien « console » (Malbe) + féodal « venge » (Rodrigue / Don Diègue souffleté par Don Gormas). — Démonstration close > + d) 79-84. Péroraison = en tire conséquence pratique : pourra épouser quiconque sans en souffrir. . 79-80. Nouvelle symétrie, avec basculement brusque ds la conséquence pragmatique : conversion positive de l’imposition parentale du mari. — Effort moral, quasi stoïcien derrière l’épicurisme (amor fati : aimer ce qui est…) = se lit pê par tension forte et soudaine entre impersonnalité des indéfinis (« tant », « quelqu’un ») et passage au possessif familial (« mes parents » fin répond / « ta conduite » db.) + rime « différents » (change) / « mes parents » (liens du sang : morale du lignage). . 81-84 : affleurement d’une ironie triste ds acceptation de l’usage (Phyl ≠ pantin libertin : dimension de discrète tendresse, faiblesse) < — 81-2 : hasard du choix parentale désigné par vocables qui font échos / ceux de l’amant exclusif : fantaisie (« fantasque ») + humeur (« mélancolie »). — 83 Source sélective du plaisir se dit avec un mot polysémique qui laisse entendre coup de foudre amoureux que l’on s’interdit (lieux commun courtois) : « traits » (= qualité) > cf. « trait » = « flèche » de l’amour, qui perce le cœur. — > pointe : conclusion terminale = ouverture potentielle à ts de Phyl. = inverse hypothétique fermeture sur soi d’Ang.

— Concl. + Dialogue met en péril fidélité proclamée d’Ang. (entre instabilité et tautologie) ms, si tirade articule fortt. (rhétoriquement) morale de l’inconstance chez Phyl., il la nuance : par domaines (facette : baroque, miroir brisé) de l’argumentation (morale voire physiologique, religieux et politique), par ses inflexions (épicurisme / stoïcisme + morale chrétienne / féodale

28 et mondaine : jésuitisme…) voire ses fragilités (risque d’hybris, pte de tristesse ds pragmatisme). . Mais force de la parole Phy tient à ce qu’elle inclut sa propre contradiction : hédonisme du change et acceptation du mariage (point commun :peur de l’amour > proche / Alidor). . Comédie se chargera (intrigue) de remettre Ang. à sa place : idolâtrie d’une idée de l’amour > don de sa vie au vrai Dieu.

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Explication 2 : LA PLACE ROYALE

Explication de texte 2 I.2 v. 151-186

—Stances = feront la gloire de Corneille ds Cid alors même que leur auteur, plus tard, les désavouera > forme recherchée artificielle voire inconvenante, « impardonnable ». + = Correspondent à des moments d’expansion lyriques (svent déploration), très prisés ds la pastorale, à des morceaux de bravoure verbaux caractérisant aussi la tragi-comédie : ds optique classique = détourne th. de son essence (« représentation d’actions »). Passage permet pê de nuancer cette critique. + Db. I = posent des conditions de base de l’intrigue : attacht d’Ang. à Alidor / Phylis à l’inconstance > refus d’A. / Doraste, frère de Phylis + consolation de celle-ci à celui-là , avec promesse de ruse : interrompue par Cléandre (150). . lecture > . Un des pers. « lyriques » de la pièce > a des stances : comme Ang., Al. (ms pas Phylis…). . Plan : 151-162Souffrance < amour pour Al et amitié pour Al + silence obligé, 163- 174Amour feint pour Phyl permet d’approcher An, 175-186Protestation d’amitié:/ Al > semble accorder par avance place du vainqueur à Al.. + Pbmatique : singularités romanesque de cet amour + tvl. dramaturgique d’intégration du morceau lyrique ds l’intrigue.

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— 1) Le moment de la déploration : douleurs de l’amour. + a) La douleur d’un dilemme. . Motivation de la forme lyrique : stance comme forme + élaborée (/ alex. pour représenter al prose) < véritable strophe (structure close sur le plan métrique et rimique : sizains abbacc + abaabb) — Rime : d’attaque dit une moitié du pb. (amitié / pitié), autres rimes le reste : Angélique / tyrannique + Belle / fidèle. . 151-2. Deux premier vers disent fct° du monologue : éveiller la pitié (adresse à soi = au public) + attente / suite < forme ouverte (mètre décalé + rime en attente). . 153-6. Opposition et hyperbole ; — Al. / Ang. > amour / Amitié (jeu des [a]) > Amant / ami (polyptote : succession des dérivés d’une même racine) = voc. restreint. — « jamais » + « si » : ht degré = hteur héroïque. + b) La douleur d’un silence. . Permanence du registre lyrique avec voc. trad. = parties du corps + abstractions sant sentiments et comportement (métonymie) : bouche, cœur, yeux + peur, imprudence, vœux, beauté, âme + confidence, soupirs + objet. — art de la variation sur des motifs connus. . v. 157-160. Division baroque de l’être (incarnant dilemme précédent) d’ap lettre des images (allégorise corps amoureux : théâtre intérieur…) : pose séparation (schizophrénie) bouche / désir, cœur / yx et soupirs. . v. 161-2. Rétention en soi > public = convié à la scène de l’âme. — dramatisation rythmique par Ri 161 « sont muets ». — 2) Le moment de l’intrigue : douleurs d’un amour feint. + a) Le mauvais rôle de Phylis . v. 163-6. Db. extrêmt périphrastique / êtres et sentiments : — « supplice » + « service » / amour /+ faire la cour — « d’autres lieux » + « celle… mieux » = Phylis (piquant < importance du lieu ds suite dvlppt ms aussi sur scène). . v. 167-8. Charge assez violente sur Phylis : ironie dramatique / db exposition + fin peu amène de 2.2 (v.150). — reprise expression de Phyl. : « à qui j’en conte » (cf. 64).

31 — Tvl rythmique-sémantique cruel : Phylis > fine > chute ds le prosaïque : appas / voisine = drame abat hybris de maîtrise, par la bouche même d’une victime de l’amour (morale trad. de la pastorale : amour + fort que tt = cf. Corusca in Pastor fido de Guarini). + b) Position douloureuse de Cléante. . 169-172. Nvlle métaphore filée, trad., de l’amour, qui en même tps. développe explication (méta-dramatique) d’un amour par proximité (métonymique) = amour feint est une figure… — esclavage > chaîne : préciosité ds dvlppt. + alliance (incohérente) avec autre topos = « œil » (charabia pour les classiques) — anacoluthe : « Esclave » pas apposé / S du V « me laisse » (= ma chaîne). . 173-4. Explicitation, par parallélisme (V + N de femme) puis chiasme (A+ « d’elle » > « d’elle » + A) qui nouent la fin de §. — Explicitation de la fct° du monologue : « s’explique » = distanciation (Brecht…) ou plutôt pas encore souci aussi poussé de vraisemblance et d’illusion (croyance, adhésion) [cf. th. médiéval, où pers. s’expliquent volontiers au public, au – autant qu’entre eux…]. — Une des caractéristiques nvelles des premières comédies de Corn = nbre important de ces petits dialogues ou monologues « fonctionnels » (signale importance de l’intrigue). — 3) Le moment du drame : la résolution d’un ami. + a) Une singulière fusion amicale . Importance max. = ap. fiction pure de la parole solitaire, apostrophe à un absent = un des pôles du dilemme, Al. : prépare son entrée à la sc suivante [signif. / autre pôle : jusqu’à V.7, Clé et Ang ne se verront pas ; s’adressent jamais la parole]. . 175-178. Expression/méditation de la douleur sur le mode du trait d’esprit + force singulière de cette amitié. — Renforcement par alitération en [m] — Suite des paradoxes métonymiques : union des amis > des amours : étrange = comme si amitié à la source de l’amour (cf. pb. du « mieux aimé » = que les femmes ; cf. « transfert » ds lecture de Doubrovski ; hypothèse : Cléandre amoureux d’Alidor ?) : fct° d’amorce / singularité de l’intrigue à venir.

32 . 179-180. Passage à l’impératif (fct° conative, et non plus simplt. expressive, ou de communication). — nvelle théâtralisation figurée du cœur, comme au db. > réaffirmation de la prééminence de l’amitié (> amorce th. de la culpabilité, dvlppé ds § suivante). + b) Un vœu sacrificiel . 181-4. Effacement de soi — ds jeu complexe des pronoms : « le tien » anaphorique / « cœur » > périphrase / Ang. > effacement du Cl. (infinitif « préférer » est ss sujet explicit) + Al. (« te » au sommet de la pyramide des préférences). — « murmurer » confirme liaison en miroir Cl. / Al. + clôt scène : murmure de Cl. mis en sc db. > ceux (imaginaires) d’Al. à la fin : pertinence de cette culpabilité, par inversion < Al ; l’en délivrera = prépare effet de surprise. . 185-6. Tentative de devenir un pers. cornélien = affirmation de son honneur, fidélité à ses valeurs, par sacrifice de soi (« je veux » + être loyal = en se punissant) — > tension forte vers suite = « je veux » (projet) + interruption du dernier vers par arrivée d’Al. : forme close et lyrique = pris ds mvt. de transitivité dramatique (liaison des scènes l’emporte sur morceau à effets). [ = axe de la concl.]

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ALIDOR Corneille, La Place Royale

Alidor

— Pers qui fournit son sous-titre à la pièce (comme si centre du lieu de rencontre qu’est la PR) > attente d’une comédie de caractère [qui trouvera son équilibre classique avec Mol.] : ms ds Examen de 1660 = distingue nett ses pers., honnêtes gens, des types en vogue ds comédie époque (farce + commedia dell’arte) [GF 165] + reproche à Al « une inégalité de mœurs qui est vicieuse » < « amour de son repos » ms « il semble ne commencer à l’aimer véritablement que qd il lui a donné sujet de le haïr » [GF 74]. + > Comment caractère inégale fonde-t-il cette comédie , qui n’est pas seulement d’intrigue ms à laquelle ce caractère semble échapper ? . Héros de comédie > essai de héros tragique > échec : éthique précaire.

— I. La comédie et son héros + 1) Singularités d’une présence scénique . a) Un protagoniste paradoxal — sous-titre > apparition tardive : seulement I.4 (soit dernière scène de l’acte) = prononce le seul vers (186 : « Te rencontrer ds la Place Royale ») de la pièce où apparaît son titre et lieu scénique : comme conformation de s fonction centrale — mais vers incomplet, comme signe qu’Al traverse la scène plus qu’il ne l’occupe. — pas le pers. le plus présent : [GF41 : erreur] 19 scènes sur 44 [ds décompte Escola](contre 20 à Phylis), dont 6 scènes de monologues (aussi à la fin des scènes de dialogue : 3.4, 3.6 ; 4.1 [tard], 4.5, 5.3, 5.8) = confirme forme de marginalité ds l’action, présence méditative et verbale (+ lien plus direct entre dramaturge et public). . b) Une valorisation paradoxale

34 — Autres pers qui l’annoncent ns apprennent pas gd chose : arrivée tardive pourrait être occasion de caractériser, valoriser le pers. (cf. Tartuffe Mol. 1664 > III / Cid : amour de Chimène et de l’Infante > fin I). Ici peu de chose, ms Al posé en O d’amour : « j’aime Alidor » (Ang 34) + « J’aime Alidor » (Cl. 153). Simple O ? Pôle de valorisation (valeur) indéterminé. — cf. Épitre dédicatoire de Corneille (1e édition, 1637) = confère statut particulier, voire étrange, au pers. = définit sa volonté de farouche indépendance ds l’amour en le rapprochant de son mystérieux « protecteur » (« Monsieur*** ») : ancrage éthique ds le réel au point d’impliquer le dramaturge (cf. GF 80 : « Mais je vais trop avant ds mon épître : il semblerait que j’entreprendrais la justification de mon Alidor ») ds les débats du temps (conception cartésienne de la liberté / passion) > recul : fiction et galanterie + suppression de l’épître en 1660. . Exigence dramaturgique (classique : arist. / « imitation d’action » > cf. 1660 Discours de l’utilité et des parties du poème dramatique) = comprendre le pers. / action, intrigue. + 2) Prestiges et vacillements d’un manipulateur . a) Rôle central ds nœud et péripéties de la pièce : conception et exécution — 1e fourbe : La lettre supposée d’Al à Clarine : = fin 1.4 Al laisse entrevoir projet à Cl ss préciser sur scène « moyens » (308) > db II serviteur d’Al., Polymas (aussi fourbe qu’Al : à son image…), transmet lettre à Ang > 2.2 Al. humilie Ang. qui lui montre lettre : « Deux mots de vérités vous mettent bien aux champs » (379) + miroir. — 2e fourbe : 3.4 Al. Laisse entrevoir s ruse à Cl (« Va-t’en donc et me laisse auprès de cette belle / Employer le pouvoir qui me reste sur elle. » 749-50). > 3.5 ment à Ang ds son cabinet (863 « Ma mort va me venger de votre peu d’amour ») : lui annonce enlèvt + lui promet lettre d’engagement > 4.2 vient nuit avec hommes de main et Cléandre + 4.5 lui remet lettre signée par celui-ci. . b) Dépassé par réalité de l’action — Lettre à Clarine jette Ang ds bras de Doraste (aussi < instigation de Phylis : Ang se plaint à Phyl > 2.5 Phyl envoie Dor chez elle) : dépit 3.5 (766 « Qu’un indiscret Hymen me venge à mes dépens ! »)

35 — Enlèvement jette Phyl ds ceux de Cléandre [quiproquo + conversion] > 4.6 Al doit d’abord se justifier face à Ang de ne pas l’avoir enlevé (voulait : « Divertir de vos pas leur plus chaude poursuite. »1125) > propose nvel enlèvement « Fuyons, hasardons tout. »1164 ms s’enfuit ; pense longtemps récupérer Ang en dérobant lettre signé Cl (« Dérobons à ses yeux le témoin de mon crime »5.3, 1394) [< ignore qu’elle a été informée par Dor 4.7] . Sagesse tragi-comique du hasard vient rabattre prétentions d’Al ? Comme si travail de l’intrigue limitait en comédie l’hybris d’un personnage qui tend au tragique (par élévation de la volonté + contradiction interne, qui met en péril unité de son caractère).

— II. La tragédie d’un extravagant + 1) Le projet héroïque . a) Dialectique bloquée de la maîtrise amoureuse — Nécessité d’une passion pour éprouver maîtrise absolue de la volonté. Amour permet que s’affirme volonté qui le dépasse : « Je veux que l’on soit libre au milieu de ses fers. […] / Je le hais, s’il me force, et quand j’aime je veux / Que de ma volonté dépendent ts mes vœux. » (1.4, 212-16) = > style tendant à la maxime et jouant au mieux des 2hm de l’alex + proche de l’épître dédicatoire : « l’Amour d’un honnête homme doit être toujours volontaire », = « effet de notre choix » (GF 79-80) : cf. Descartes in Traité des Passions (1649) : générosité = connaissance par l’h de ce « qu’il n’y a rien qui véritablement lui appartienne que cette libre disposition de ses volontés » (art. 153). — Différence / position du généreux cartésien = bonne opinion de soi pas fondée en raison, avec argt de valeur universelle, ms liée à affirmation d’une supériorité individuelle (liée à celle d’une classe) : cf. « Comptes-tu mon esprit entre les ordinaires ? / Penses-tu qu’il s’arrête aux sentiments vulgaires ? » (1.4, 209-10) > selon Doubrovsky : position de l’aristocrate comme féodal déchu > condamné à affirmer sa supériorité ds jeu de l’amour + aspirant (nott ds th. Corneille) à mettre effectivement en péril son existence (> mvt vers le tragique : mise à l’épreuve extrême de la pers. : ms ici Al déconseille le duel : 3.5, 748 « Je veux ss coup férir t’en rendre possesseur » + fuit Doraste 4.6…).

36 . b) L’aristocrate et la stoïcienne : Alidor et Phylis — S’oppose avec elle aux pers. tott aliénés par leur passion (Dor, Clé, Ang) : condamnation possible par dramaturge < cf. Épître : amour non maîtrisable = « une tyrannie dont il faut secouer le joug » // Phylis : « accepter un maître »50, « pas un d’eux ne me traite avecque tyrannie »69 ; 1.3 Cl. lui- même définit sa situation comme « tyrannique », cf. « esclave », « chaîne » > 1.4 Al / Cl : « douce prison » ; Doraste ds dépendance totale de sa sœur (parle à peine I et II…) ; Ang. jusqu’à IV.7 (comprend / lettre Cl) = parvient pas à se défaire de son amour pour Al. : Ang / Al 2.3, 423 : « [Je] lui donne les champs quand il rompt sa prison ». — Le féodal et l’indifférente : le maître et l’esclave ? Dimension stoïcienne et cartésienne ds attitude de Phyl et Al. = maîtrise de sa volonté (Phyl 84 « Et je puis avec joie accepter tt mari. ») + tenir compte de ce qui ne dépend pas de ns : mutabulité des sentiments et des êtres (Phyl > Al. 1.4 : « Est-ce une humeur égale et ferme que la nôtre ? / Un âge hait-il pas souvent ce qu’aimait l’autre ? » 241-2). Ms Phyl veut trouver son bien ds monde tq il est, en agissant sur elle-même (stoïcisme comme morale de l’esclave, selon Hgl : ici de la femme, à qui l’on impose mari) / Al qui s’affirme [sa supériorité] contre les autres.

+ 2) Maîtrise et déchirements . a) Réaffirmation et exacerbation du projet — Récurrence ds expression, nott ds moment de monologue : à Cl. 3.4 « Ce que je t’ai promis ne peut être à personne, / Il faut que je périsse ou que je te le donne », 3.6 [sort de chez Ang] « Que ne peut l’artifice, et le fard du langage ! », 4.1 993-4 « Amour, que ton pouvoir tâche en vain de paraître ! / Fuis, petit insolent, je veux être le maître », 4.5 1084-5 « Je sais trop maintenir ce que je me propose, / Et souverain sur moi rien que moi n’en dispose », 5.8 1581 « C’est de moi seulement que je prendrai l loi. » — Irréalisme croissant ds rapport aux autres actions : 3.6 surveillé par Phylis, qui ne laissera pas se dvlpper son intrigue > affirmation de puissance ds l’acte du quiproquo (4.4) + qd tt est déjà joué, ms surtt : . b) L’accroissement de la flamme

37 — Réaffirmée, seul et en dialogue, à chaque avancée de l’intrigue : après échec de la première fourbe = 3.4 724sq « Quel effort, cher ami, ne me suis-je point fait ? / me feindre tout de glace, et n’être que de flamme ! / La mépriser de bouche et l’adorer ds l’âme ! / J’ai souffert ce supplice et me suis feint léger / De honte et de dépit de ne pouvoir changer » > envisageant fourbe suivante 757sq « Que pour ton amitié je vais souffrir de peine ! […] / Il faut encore un coup m’exposer à ses yeux, / Reprendre de l’amour afin d’en donner mieux » > 4.1 965 « Alidor, tu consens qu’un autre la possède ! » > 4.5 1051 sq « On l’enlève, et mon cœur, surpris d’un vain regret / Fait à ma perfidie un reproche secret »… — Al. finit par abdiquer sa liberté : 5.3 1370sq « Aussi ma liberté n’a plus rien qui me flatte », « Je me sens trop heureux d’une si belle chaîne » > 5.7 1483 « Finissez vos mépris, ou m’arrachez la vie »

— III. L’échec et ses raisons + 1) La double aliénation . a) Angélique : de la victime à l’adversaire — Éloigne Ang au lieu de combattre l’amour en lui-même : position aristocratique ne lui permet pas de s’ériger en son propre adversaire (cf. 5.8 1507 « Je vis dorénavant, puisque je vis à moi ») + en fait vaincu par le seul à sa hauteur (Phylis) > acharnement / Ang : 1.4, 279-50 « Mais puisque son amour me donne tant de peine, / Je la veux offenser pour acquérir sa haine » > lettre + scène de l’insolence 2.2 394 : « Cassez, ceci vous dit encor pis que ma lettre. » > joue de son pouvoir / Ang pour enlèvt : cf. Ang 3.6 865 « Dessus ma volonté ta puissance absolue / Peut disposer de moi, peut tout me commander » ; ms joue uniquement sur sentiments d’Ang (et non sur les siens, qui demeurent aussi les mêmes) > dépend d’elle… — Ang finit par avoir l’initiative du choix : 5.7 il la supplie et elle le refuse 1513 « Aurais-je de l’amour pour qui n’a point de foi ? » . b) Cléandre : une trop humaine projection — Cl comme double, pour une possession par procuration. Manière dévoyée, détournée, de jouir de la possession d’Ang (et dc de soi-même, par maîtrise) : 1.4 294 « Si tu veux en ma place être aimé d’Angélique », 273-4

38 « À moi ne tiendra pas que la beauté que j’aime / Ne me quitte bientôt pour un autre moi-même » > explique seconde fourbe : 3.4 688 « Je ne puis être heureux si Cléandre ne l’est » = « transfert affectif » selon Doub. Ms : — Dépossédé par mutabilité de Cl. (conforme aux prémisses du stoïcisme) = Cl subit imprévisible loi de l’amour > aime Phylis, et non plus Ang : 5.1 1282sq « Je crois prendre une fille et suis pris par une autre », « Je gagne un nouveau mal qd je pense guérir »

+ 2) Liberté hors les murs . a) Perspectives d’un « esprit fort » (1376) ? — Lecture libertine du personnage. Étayé par aspect manipulateur du pers. + 1.4 soupçon de Cl / son désir de la vertu d’Ang [la souhaitait mariée, pour en jouir ss subir lui-même le joug du mariage] > Al envisage mariage mu par seule volonté (5.1 997-8 « Je ne me résoufrai jamais à l’Hyménée / Que d’un volonté franche et déterminée ») > projet de manipulation sentimentale au bénéfice de sa jouissance (et s’épargnant souffrance : Phyl ms avec initiative) : « Ns feindrons toutefois pour ns donner carrière [= prendre du bon temps], / Et pour mieux déguiser ns en prendrons un peu [de l’amour], / Ms ns saurons tj rebrousser en arrière, / Et quand il ns plaira ns retirer du jeu. » — Pb < position aristocratique en phase d’affirmation (même si < crise) et non décadence, comme ds DJ de Mol (1665) : solidarité de classe et reconnaissance des institutions = cf. protestation de respect / femmes mariés (1.4 293-4 « Les beautés d’une fille ont beau toucher mon âme, / Je ne la connais plus dès l’heure qu’elle est femme. ») + relation forte à Cl. (autre soi-même = aussi sens socio) . b) Respect du cloître — Ses murs protègent ceux qui restent dehors (trop humain) : humiliation ds affirmation de victoire < celle-ci tient pas à effort de volonté, ms à des contraintes factuelles : « Les murs qui garderont ces tyrans de paroître / serviront de rempart s à notre liberté » (5.8 1893-4) : Doub. « le cloître d’Ang est la prison qui enferme à jamais la liberté d’Al »

39 — Dieu pour seul digne adversaire (baroque et tgdie) : position paradoxale jusqu’au bout d’Al, dépité, défait car trop humain, ms dont défaite doit avoir garant surhumain : « Comme je la donnai ss regret à Cléandre / Je verrai ss regret qu’elle se donne à Dieu. » 5.8 1601-2 = hybris tragique (classique) d’un pers. qui se débat sous le regard de Dieu + vertige baroque d’un pers. qui doit en appeler à une autorité transcendante pour arrêter le jeu inconstant des apparences (cf. DJ).

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L’INTRIGUE dans La Place Royale

— Question centrale < critique de Corneille ds souci d’unité : « deux desseins d’Al » = « donnent deux âme au Poème » : soit aussi corps monstrueux / idéal Arist. = ne lui correspond pas ms très fortement (organiquement) tendu vers lui. + Ds tvl / parties du poème dramatique qui se définissent àp des années 30 (dispositio) . action = intrigue (« intrique ») = nœud de la pièce : pb. posé après exposition (galt acte I) ; tient à un obstacle / volonté des protagonistes. . épisode = action secondaire . péripétie = coup de théâtre, changement imprévu de fortune (passage du bonh au malh ou récipt) ; si unique = se confond avec le dénouement. . dénouement = obstacle levé (avec galt chgt de fortune)

— I. Intrigue et comédie + 1) La nature de la représentation dramatique . a) Personnages et actions — Insuffisance de la définition traditionnelle de la comédie par le statut social et le caractère des personnages : « Disc. de l’utilité et des parties du disc. dramatique » (1e de 1660) = pose qu’ « Arist. définit simplement [la Comédie] une imitation de personnes basses et fourbes » [GF 170] ; or, pose par ailleurs que « La Poésie dramatique […] est une imitation d’action » > comédie à spécifier par type d’action imitée — Tonalité de l’action. Tgdie : « sa dignité demande qq grand intérêt d’État, ou qq passion plus noble et plus mâle que l’amour » = « veut donner à craindre des malheurs plus grand, que la perte d’une maîtresse » > comédie = « action commune et enjouée » qui peut concerner pers. de toute condition soc., y compris des rois, si la dignité de leurs action ne dépasse pas celle de la comédie (> amour, et non État) : « comédie héroïque » [cf. Épître à M. de Zuylichen, 1650 / Don Sanche d’Aragon]

41 — Déroulement de l’action. Tradt comédie = finit bien / tragédie = finit mal (cf. Divine Comédie Dante). Selon Arist. comédie doit « rendre amis ceux qui étaient ennemis » > Corn. « réconciliation de tte sorte de mauvaise intelligence » (1e Disc. de 1660), > premières comédies : « j’ai presque tj. établi deux Amants en bonne intelligence, je les ai brouillés ensemble par quelque fourbe, et je les ai réunis par l’éclaircissement de cette même fourbe qui les séparait ». . b) L’unité d’intrigue (« d’intrique » « ou d’obstacle aux desseins des principaux Acteurs » = ce qui spécifie unité d’action pour comédie (/ unité de péril pour Tgdie, « soit que son Héros y succombe, soit qu’il en sorte » ; « Disc. des trois unités » 1660) — Tient ds comédie à l’obstacle / pleine réalisation des relations amoureuses — Ex. de Mélite (schéma) : . Mélite : Éraste aime Mélite et la présente à son ami le volage Tircis, qui tombe amoureux d’elle > jalousie d’Éraste : il donne à Philandre, amant de Cloris, la sœur de Tircis, une fausse lettre de Mélite où elle lui déclare sa flamme. > Philandre quitte Cloris et montre la fausse lettre à Tircis. Celui-ci se pâme de désespoir et se retire chez son amie Lisis qui donne fausse nouvelle de sa mort à Mélite. Celle-ci détrompe Tircis, ils se marient. Mais Clinton, voisin de Mélite, l’ayant vu se pâmer, la croit morte et le dit à Éraste. Pris de remords, celui-ci devient fou. Détrompé par la nourrice de Mélite, il vient demander pardon et obtient la main de Cloris, qui ne voulait plus de Philandre. . Obstacle = lettre / amour Mélite-Tircis > T. se pâme, est détrompé + L. se pâme, Ér devient fou et obtient Clo.. . Schéma — PR : quel obstacle ? . Volonté Al / réalisation de son propre amour : nœud dénoué en 5.3 (ne veut plus s’éloigner d’elle), ms Ang ne veut plus. . Phylis veut donner Ang à Doraste / Al veut donner Ang à Cléandre : unité d’intention (acte 1-4) ms pas de réalisation.

+ 2) La Place Royale ou l’exception . a) La duplicité d’action

42 — Intrigue 1 = la lettre à Ang. [> 3.2 : Al. Donne Ang à Cl] > intrigue 2 = l’enlèvement [> 4 : Doraste enlève Ang (avec péripétie du quiproquo 4.4 + conséquences inattendues 5] — Chgt de personnages principaux < mariage fin = Phylis (opposant / action1 = don d’Ang à Cl par Al, devient S / action 2 = enlèvement d’Ang par Dor) (et Al, S action 1 > opposant / action2) (v aussi Cl, Dor) — Pb. ≠ pluralité d’action : esthétique classique et plus encore pré-classique tolère mise en relation d’une action principale et d’un épisode (voire de plusieurs). . Av. 1650 : goût du public pour la richesse en action > cf. Mairet « Restreindre tant de matière en si peu de vers, sans confusion » > id. Corn in Clitandre ; imposition du goût classique = favorise intrigues simultanées (plutôt « fils ») / successives (« épisodes »). . Théorisation classique : épisode doit découler de l’action principale (d’Aubignac : critique / Infante in Cid : en fait = ses actions et sentiments découlent tj. de ceux du couple principal, ms n’agissent pas sur lui [J. Scherer, 1962]) — et même, en fait : action principale = doit résulter des actions secondaires ou épisodes (Marmontel, Élts de littérature, 1787 ; cf. Cinna 1641 : Cinna et Maxime aiment Émilie ; ils conspirent contre Auguste ms trahison de Maxime — épisode — > pardon d’Auguste) ; Corn. : épisode « doit avoir son fondement au 1e acte » + être « attaché à l’action principale ; cad y servir de qqch. » (Disc. de l’utilité) . Projet d’Al. (intrigue 1) / Projet de Phyl (intrigue 2) = liaison fortt posée dès le premier acte (Dor, frère de Phyl que courtise aussi Cl, aime Ang) ; pb. = ds passage de la 1e à la seconde action d’Al (initiative > opposition), . b) Le vraisemblable et le nécessaire : intrigue et caractères — Passage de la première à la seconde intrigue d’Al. = pê vraisemblable selon le caractère d’Al (passage au plan éthique), ms pas nécessaire dramatiquement : tour de Phylis et Doraste, conversion d’Ang, exauce vœux initial d’Al (se défaire d’Ang) : se comprend seult / désir de tte puissance d’Al.. — Mise à l’épreuve de la vraisemblance même par les péripéties et dénouements :

43 . Corn pose ds 1e Disc. 1660 que ce n’est pas un changement de volonté ms un évt qui doit fournir occasion des réconciliation (entre amants) : 1e revirement d’Ang. [« se résout trop tôt à se faire enlever par un homme qui lui doit être suspect » Exam.], et l’ultime de Cl. (5.1) = chgt de sentiment + résultat d’un quiproquo (rôle du hasard, même si aidé par surveillance de Phyl. + contorsions logiques pour qu’Ang dispose pas tt de suite de la lettre d’Al. [pas de quoi écrire ds son cabinet 3.6 + lit pas lettre 4.3).

— II. Duplicités de La Place Royale + 1) Échos d’intrigues entre elles . a) Répétitions — Enchaînement 1.3-1.4 > 3.3-3.4 : plaintes de Cl > amorce de l’action avec Al.. — Récurrence ds plaintes de Cl > d’Al, qui finissent par lui répondre : déchiré entre amour et amitié 3.4, 4.1, désire la chaîne amoureuse 5.3. . b) Oppositions — Couples unis > désunis (Al-Ang) et inversement (Cl-Phyl) (Dor-Ang = ds les deux cas), Al agent / patient,

+ 2) Des liaisons difficiles : rapports pbmatiques des intrigues met à l’épreuve unité de lieu, et même de composition globale de la pièce. . a) Espace — Nécess rompre unité de lieu 3.5-7 [Exam GF 74-5] : 3.4 rue entre Al et Cl, 3.5 Ang seule (> tps pour Al d’arriver chez elle), 3.6 cabinet, 3.7 Phylis rue < confidence possible Al et Ang : les isoler ds cabinet d’Ang < bienséance + que Phylis ne puisse pas entendre ce qu’ils se disent. — Division de la scène 4.1 sq. : tirade-monologue d’Al / Cl et ses troupes ds un coin de la scène. — Phyl congédie Lysis 2.7, 3.8 donne RDV au bal > probablement la retient assez 4.4 pour qu’elle ne puisse suivre Ang immédiatement : 1039-40 « Mais un maudit galant m’est venu brusquement / servir à la traverse un mauvais compliment »

44 . b) Scènes et actes : mise en place des exigences classiques > scène vide = signale tps entre deux actes [faut tj , ds un acte, qu’au moins 1 des pers. présent ds une scène soit présent ds la suivante](action continue de progresser hors scène : ≠ce entre les 24h et le temps de la représentation). — Rupture de liaison des scènes 3.4-5, 4.3-4 et 5.3-4 > lecture d’une seconde pièce, avec ses actes propres (VI… : cf. GF 49), qui commence ds acte III officiel. . Nœud 1 = Al veut donner Ang à Cl, Ép 1 = Phylis profite de la déconvenue d’Ang pour la donner à Dor, Pér. 1 = apprenant cela, Al veut l’enlever. . Nœud 2 = Al veut enlever Ang pour Cl ; Épisode 2 = Phyl surveille menées D’Al, Périp 2 = Phyl enlevée à la place d’Ang, Dénou 2 = Cl aime Phyl et l’épouse, Dénou 2’ = Ang, refusé par Dor, refuse Al . c) Des histoires concurrentes — Alidor de plus en plus ds pièce en décalage / celle que jouent Cléandre et Phylis : cf. 4.6 propose nvl enlèvement (après avoir semblé se résoudre à son échec) ms s’enfuit > 5.3 songe à récupérer lettre signée Cl (> sait pas que Doraste l’a vue et a informé Ang 4.7) = Al veut à tte force dénouer la pièce où il est protagoniste, alors que devenu simple opposant d’une autre…

— Recherche de la meilleure formule de comédie ( / goût du temps et compréhension d’Arist.) + définition d’un pers singulier (type comique / héros / honnête homme), à l’épreuve de la réflexion classique sur les unités = donne pièce complexe, où tension des esthétique baroques et classiques (/ temps : devenir en cours / poids du passé et du hors scène [simultanéité]) donne ce dédoublement décalé de l’intrigue.

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MORALES DE L’AMOUR Corneille, La Place Royale

— Morale = règle de comportement (éventuellement déduite d’une histoire) . + Pluriel > en débat, chantier : opposition (des attitudes et des discours) au nœud du drame, recherche de la meilleures morale possible [singulier] / simple exposition selon les méandres de l’intrigue > leçon pas claire [pluriel] (ds un but de divertissement, avant enseignement = position de Corneille) ? . Cf. 1645 « Épître » / Suite du Menteur = comédie n’a pour but « que le divertissement » ; à la rigueur enseignement moral « ds les sentences et réflexions que l’on peut adroitement semer presque partt. » > précision in Disc. de l’utilité 1660 : ds poésie dramatique « l’utile n’y entre que sous la forme du délectable » (cf. Arist. : plaisir tient à l’essence du th., qui est représentation). — volonté d’enseignement, d’utilité soc. pour le moins peu évidente ≠ position classique qui sera reprise par Mol : castigat ridendo mores (Horace) — délectation : posture au fond plus héroïque (profit perso) = recherche d’une éthique personnelle la plus satis possible : pour dramaturge (cf. Épître dédicatoire à M.***) + spect.. + En relation avec les mœurs (moral < lat. mores = « mœurs ») : coutumes, habitudes de vie d’une époque et d’un lieu. . Ds quelle mesure morales amoureuses de la pièce consonnent ou non / mœurs 1630 ? — cf. libertins (« esprit fort »), « honnêtes gens » + En relation avec caractère < sens du mot gc ethos (< V gc « avoir ») : comportement stabilisé en manière d’être (que l’on a…). . Caractères ds PR ? — Assez clairement définis en gal (avec conflit intérieur stable + revirements) — Pb. = cas Alidor — Amour : + Plusieurs approches possibles :

46 . Comportement (action : praxis) : « faire l’amour » = faire la cour > Cléandre à Phylis par stratégie / Doraste à Ang. par Phylis / Al à Ang par stratégie et/puis par sentiment [+ fait le contraire] . Sentiment (passion : pathos) : Clé, Dor, Al, (Lys) / Ang > pb. = apparition [coup de foudre Clé : cf. Tircis in Mél.], durée [Ang, Al ≠ Phyl], fin de l’amour [Clé, Doraste, Ang : lien / mérites et comportement de l’autre] . Exigence (caractère moral : ethos) : fidélité / tranquillité (Phyl), passion / autonomie (Al), bonh et accomplissement de soi ds fidélité (Ang > idéalisation = don de soi à Dieu).

— L’opposition et le mouvement dramaturgique des attitudes, ds La Place royale, permettent-ils de dégager un modèle cornélien de comportement amoureux ? [insistance / Angélique, peu vue] . Constance amoureuse > Morales vacillantes > Morales d’amours clivées

— I. Constance amoureuse + 1) Double constance initiale . a) Phylis ds recherche de la tranquillité : inconstance hédoniste comme apparence (masque) d’un effort stoïque pour la moindre souffrance + éthique de la mesure ds l’adaptation à une R qui ne dépend pas de ns. > consent à être aimée — cf. traitement de Lysis (+ tentative / Clé) — Position aristocratique (possession de soi + acceptation des règles de sa classe) + honnêteté galante : modération, détacht, culture du plaisir. . b) Angélique tente de définir morale supérieure de l’amour absolu : 1.1 90sq. « douceur » ds « l’union de deux âmes » + feux fidèles et nourris par relation (≠ épuisement fatal) = aimer et être aimée. — Don de soi (position chrétienne) + possession de l’autre (logique plus bourgeoise) [malgré composante aristocratique ds idéalisation de soi et de l’autre : trad. courtoise Tristan et Iseut (ms : couple illégitime)] : implique aussi retrait du couple / groupe [≠ arist.] — Position devient tragique une fois que trahie par Al. : douleur + difficulté de vouloir ne plus aimer (cf. 2.3 fin :conscience de devoir agir sur son propre imaginaire) . c) Cléandre à soi seul dblt constant : 1.3 = déchiré entre amitié / Al et amour / Ang

47 + 2) L’ennemi de l’amour . a) Projet d’autonomie de la volonté = inhérent à un caractère qui semble soutenu par pièce ds son ensemble (cf. Épître) : possession de soi, libre volonté (amour propre qui risque de tendre à l’amour de soi…) — refus de « tyrannie » 226 1.4 + de la possession comme aliénation (233-4 : « Crains-tu de posséder ce que ton cœur adore ? / Ah ! ne me parle point d’un lien que j’abhorre ». . b) Implique affrontement , en soi-même, d’un sentiment qui semble croître : morale héroïque de l’exposition au danger (regard d’Ang. = dégradation de féodalité).

— II. Morales vacillantes. + 1) Les victimes ou la dégradation de soi . a) Clé et Doraste ou la dépendance — Tte initiative ds l’intrigue (jusqu’à l’acte 4 inclus) = passe respectivement par Al et Phyl. — Clé victime de l’amour une seconde fois = pure illumination sensible, contagion pathétique àp des larmes de Phyl. 5.1 . b) Angélique ou l’humiliation — Scène 2.2 où est exposée aux railleries d’Al : pas foncièrement nécess. / construction de l’intrigue (doublet / lettre : comme seconde intrigue / 1e) = montre jusqu’où peut aller Al (accomplissement paradoxal) + réduit Ang à défense de sa dignité (ce qui dépend d’elle à présent : estime par elle-même et par les autres). — Position de victime réitérée : . Moments lyriques (résonance, amplification de la souffrance / défense de la dignité) : 2.3 plainte ap. sortie d’Al., 3.5 monologue de souffrance ap. avoir accepté d’épouser Doraste > 3.6 avoue souffrance et amour à Al. ; 4.7 dit à Dor amour pour Al, et qu’elle ne se donnera à lui que formellement [1196 « Lui seul aura mon cœur, tu n’auras que le corps. »] . Jeu dramatique, chacun profitant de sa faiblesse : se plaint à Phyl 2.4 > Phyl lance Doraste 2.5 ; 3.6 Al manipule Ang qui cède par amour > Al seul

48 se félicite ; 4.4 Phylis enlevée par erreur > 4.6 Ang découvre trahison d’Al (abandon) ; + 2) Héros pris au piège . a) Al de la virtuosité à l’abdication — Échecs le contraignent à nvelles inventions : morale de l’action au service d’une volonté (lettre > enlèvement [+ 2e lettre] ; surpris par Ang. 4.6 > disc. + propose nvl enlèvt.) — Finit par ne plus vouloir de sa liberté, ms reconquérir Ang : 5.3 (aliénation dramatique < ne sait pas que son projet est impossible < Ang sait tt) : piège posée d’emblée, héroïsme amoureux inaccompli < lutte contre Ang et non / soi-même. . b) Inconstante Angélique — Pers. jugé coupable par l’Épître (« Le caractère d’Ang sort de la bienséance en ce qu’elle est trop amoureuse ») : se donne trop vite à Dor, par dépit (donc par amour encore d’Al : cf. 4.7 1181 « Tu t’offris par hasard, je t’acceptai de rage ») + manque à sa parole en acceptant nvl enlèvement d’Al. 4.6 . Cf. Épître 74 = elle est le mauvais ex ; qu’il est plus sûr de châtier sur scène. — Aliénation à un projet qui présente des traits sublime conduit à manquer de tenu éthique / ce que ce projet mettait en péril par la place accordé à l’aimé = soi-même [souffrance, humiliation] + les autres (le gpe social : manque à sa parole / Doraste) . c) Phylis prise au jeu — Hyopothèse d’une Phyl qui, outre solidarité familiale (et soc) [/ Dor.], intrigue pê < piqué au vif d’avoir été courtisé pour Ang. : amour propre, à défaut d’amour, la fait sortir de son indifférence (forme de passion, ds attachement à l’intrigue). — Cf. triomphe cinglant / Cl. 3.1 > 4.4 se reproche négligence av. quiproquo (est enlevée < entêtement à suivre Ang. : colle à celle que l’on aime) > 5.1 pleure pendant enlèvt..

— III. Morales d’amours clivées

49 + 1) Le bonheur sans l’amour ? . a) Cléandre et Phylis ou l’essai d’un honnête partage — Cl. a Phylis ms ss doute pas son amour — Phyl. réalise son programme initial : du moindre mal. . b) Angélique ou l’amour sans personne — Permet à Doraste de reconquérir une dignité (devenu actif aussi ds poursuite — vaine — de Clé dp. 4.7) : 5.4 1403 « J’ai souffert sa rigueur mais je hais son parjure » — 5.7 1557-8 « Un cloître est désormais l’O de mes désirs, / L’âme ne goûte point ailleurs de vrais plaisirs. » Fais du cloître O de désir et possibilité de plaisir = y reporte mode d’aspiration amoureuse qui lui est propre (impliquant sacrifice de soi et retrait du monde) + 2) Alidor : l’amour sans le bonheur ? . a) Aime encore Ang < doit s’en protéger . b) Tentative finale (proche au fond d’Ang qd victime) = maintenir plaisir d’amour propre (ss triomphe objectif) : 1579 « Je vis dorénavant puisque je vis à moi »

— Travail moral = surtout préoccupé de cohésion personnelle (dignité) + réaction à la souffrance (évitement) : chassé-croisé de la grandeur et de l’harmonie. + Composante tragique ds impossibilité d’une tenue pacifique, d’un équilibre des passions. + Registre de comédie : possibilité d’un bonheur, ms médiocre. + > en creux = appel à la comédie héroïque (gds pers. ss péril), et même à une tragédie qui puisse avoir fin heureuse (Cid, Rodogune, Attila…)

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LE LANGAGE Corneille, La Place Royale

— Question centrale : PR < disc. de Corneille lui-même ds examen de Mélite / succès et originalité = « style naïf, qui faisait une peinture de la conversation des honnêtes gens » + Comprendre cette « naïveté », en contexte. — Langage [cf. Saussure] = faculté d’employer la langue (système de signe) pour former une parole (production singulière) > pbmatique : + Manières d’actualiser cette puissance de parole : peut aussi rester en suspens (< scène = aussi espace et temps, décors, gestuelle, actions), place et force +/- grandes. + Rapport aux usages collectifs (langue, styles d’époque : tgi-comédie, pastorale, farce)et aux actions singulières. — Pbmatique = actualisation dramatique de la puissance de parole : Tradition (non théâtrale à l’origine) / Travail pour plus d’efficacité dramatique.

— I. Les formes de la splendeur + 1) Tradition rhétorique . a) Galisation — article indéf. : Ang / Al 4.3 « Je n’ai que trop failli d’aimer un infidèle » ; Cl. 5.7, 1465 « Mais excusez, Monsieur, le transport d’un amant » — Parler de soi à la P3 > exemplarité : 2.2, 411-2 « encore qu’Alidor ne soit plus sous vos lois / Il va vous obéir pour la dernière fois. » . b) Neutralisation — épithète redondante : Al. 4.1, 966 « maux sans remède, 969 « lâches menées » = s’inscrit ds univers de discours où locuteurs partagent même valeur > repérage par qualification commune. . c) Argumentation : construction en 4 temps (exorde, narration, confirmation, péroraison)

51 — cf. Phylis 1.1 ; Al. 3.4, 715 sq.. — Angélique 4.8, 1238-1263 : 2/6/8/10 vers. . d) Figures = ds conception rationaliste du langage et des passions, émotions s’expriment et se créent par figures précises [répertoire > expression codée : cf. exclamation, interrogation, accumulation ; cf. Ang 2.3] — cf. exclam., ap explication neutre : Doraste à Ang 4.7, 1200-1201 : « J’aurai cédé ma place à ce premier vainqueur. / Mais suivre un inconnu ! Me quitter pour Cléandre ! »

+ 2) Tradition lyrique . a) Monologue de déploration > expressions stéréotypée de l’émotion = désignation plus qu’expression de l’émotion. — Clé. 1.3, 155-6 : « Et l’on n’a jamais vu sous les lois d’une Belle / D’amants si malheureux ni d’ami si fidèle. » — Ang. 2.1, 339 : « Que la foi des amants est un gage pipeur ! » . b) Figures de l’amour courtois — Soumission à la dame : Lysis 2.6, 529 sq. « Vous êtes ma maîtresse, et moi sous votre empire / Je dois suivre vos lois, et non y contredire » — Clé 1.3, 169 sq. « Esclave d’un œil si puissant / Jusque là seulement me laisse aller ma chaîne » . c) Préciosité : minéralité, oppositions. — Ang. 2.2, 397 : miroir / [défauts] « C’est dedans son cristal que je les étudie » — Al. 3.4, 725 « Me feindre tt de glace, et n’être que de flamme ! »

— II. Les formes de l’action + 1) Un langage du temps : les épices du discours . a) Tournures familières — Lysis 2.7, 582 : « Et moi durant ce temps je garderai les balles ? » [paume ; contraste comique / élévation dialogue Clé-Phyl.] — Doraste 2.5, 506 / Ang et Al : « qui les a mis en pique ? » [brouiller < escrime]

52 — Al. 2.2, 379 : « Deux mots de vérité vs mettent bien aux champs. » [contraste / registre élevé de la fureur Ang] — Locutions tendres liées à l’époque (> démodées : cf. dérision in Bourgeois gentilhomme 1670) : « Ma chère âme » (Al. 3.6, 611), « Mon souci » (Al. 5.7, 1528). — Simple hétérogénéité : lge commun, ds stance lyrique Clé, 1.3, 168 : « Son plus charm ant appât, c’est d’être sa voisine ; » . b) Grivoiseries — 3.4, 722 « Elle eût perdu mon cœur avec son pucelage. » [> 1660 « en devenant sa femme. » / modération gestes et surtt. parole, cf. d’Aubignac : « il n’y a rien de sensible que le discours » [≠ th. 1/2 siècel = plus sensible aux mots qu’aux gestes et situations : Rotrou, Céliane 1637= reçoit amant ds son lit et se laisse embrasser sein ; L’Hypocondriaque 1631 = pers. embrasse seins de sa maîtresse, qu’on maintient de force.

+ 2) Le tempo dramatique du langage . a) Discours fonctionnels : monologues utilitaires, donnant explication / pers. et situation (relation / intrigue) = bcp Plus nbx chez Corn / autres pièces époques (pastorales : simple juxtaposition de tirades lyriques et narratives) : attention plus grande au tout (/ fascination pour morceaux de bravoure). Non pas disc rétrospectif à distance de l’action, ms à chaud, ds relation immédiate / action : nott, juste ap. moments critiques. — 4.1, 634 sq. = Al. rappelle projet d’enlèvement (> seult ap = élévaiton lyrique). — 3.6, 893 sq. = Ang. exprime crainte et résolution / suite action (enlèvement par Al) — Rupture / Al > monologue d’Ang. (2.2 > 2.3) ; Doraste annonce bal et mariage > déploration Clé (3.2 > 3.3), enlèvement d’Ang, croit-il > interrogations d’Al (4.4 > 4.5) . b) Ancrages énonciatifs — Infléchit propos généraux : requête de Phylis à Ang 1.1 4sq. — Apostrophe directe : Ang / Al apr lettre = 2.2, 347 « Traître, ingrat, est-ce à toi de m’aborder ainsi ? »

53 — Termes expressifs d’appui : Al. 3.6, 850 = « Ah ! ce discours ne part que d’un cœur tout de glace. » + 3) Suprématie du drame . a)Pas de stichomythies [≠ tour de force Suivante (juste av. PR, 1633): 40 distiques par stichomythies < Sylvie de Mairet id…] . b) Progression par reprise et variation des termes (rebonds verbaux) : — Polyptote : Phyl et Lys 2.6 « Regarde maintenant si je sais t’obliger. / Cette obligation serait bien plus extrême » — Éclaircissement : Ang et Phyl 1.1, 108-9 : « Il aura qu’avec lui je vivrai franchement. / Franchement c’est-à-dire avec mille rudesses » ; cf. 146, 467, 546-7. . b)Fragmentation du vers : sans tj. alternance ou répétitions métriques régulières (fragmentation tend à être limitée en 1660). — Cf. double interruption de Clé par Al. 1.3 > 1.4, 3.3 > 3.4 ; entre Polymas et Ang 2.1, Al et Ang 2.2 (357 : « La cause ? / En demander la cause ! lis, parjure ») ; Phyl et Dor. 2.5, 504 : « On a fait qu’Angélique… / Eh bien ? / Hait Alidor. » — Sifflement d’Ang (infra-syllabique), 4.2 > 4.3, 1025 (Cl/Ang/Al) : « Adieu, fais promptement. / St. / Je l’entends, c’est elle. »

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Le langage dans La Place Royale de Corneille

— I. Les formes de la splendeur + 1) Tradition rhétorique . a) Généralisation — article indéf. : Ang / Al 4.3 « Je n’ai que trop failli d’aimer un infidèle » ; Cl. 5.7, 1465 « Mais excusez, Monsieur, le transport d’un amant » — P3 d’exemplarité : 2.2, 411-2 « encore qu’Alidor ne soit plus sous vos lois / Il va vous obéir pour la dernière fois. » . b) Neutralisation — épithète redondante : Al. 4.1, 966 « maux sans remède, 969 « lâches menées » . c) Argumentation : exorde, narration, confirmation, péroraison — cf. Phylis 1.1 ; Al. 3.4, 715 sq.. — Angélique 4.8, 1238-1263 : 2/6/8/10 vers. . d) Figures = répertoire > expression codée : exclamation, interrogation, accumulation — cf. Ang 2.3 ; Doraste à Ang 4.7, 1200-1201 : « J’aurai cédé ma place à ce premier vainqueur. / Mais suivre un inconnu ! Me quitter pour Cléandre ! » + 2) Tradition lyrique . a) Monologue de déploration = désignation plus qu’expression de l’émotion. — Clé. 1.3, 155-6 : « Et l’on n’a jamais vu sous les lois d’une Belle / D’amants si malheureux ni d’ami si fidèle. » — Ang. 2.1, 339 : « Que la foi des amants est un gage pipeur ! » . b) Figures de l’amour courtois — Lysis 2.6, 529 sq. « Vous êtes ma maîtresse, et moi sous votre empire / Je dois suivre vos lois, et non y contredire » — Clé 1.3, 169 sq.« Esclave d’un œil si puissant / Jusque là seulement me laisse aller ma chaîne » . c) Préciosité : minéralité, oppositions. — Ang. 2.2, 397 : « C’est dedans son cristal que je les étudie » — Al. 3.4, 725 « Me feindre tt de glace, et n’être que de flamme ! » — II. Les formes de l’action + 1) Un langage du temps : les épices du discours . a) Tournures familières — Lysis 2.7, 582 : « Et moi durant ce temps je garderai les balles ? » — Doraste 2.5, 506 / Ang et Al : « qui les a mis en pique ? » — Al. 2.2, 379 : « Deux mots de vérité vs mettent bien aux champs. » — Locutions tendres d’époque « Ma chère âme »(Al. 3.6, 611),« Mon souci »(Al. 5.7, 1528). — Simple hétérogénéité : langage commun, ds stance lyrique Clé, 1.3, 168 : « Son plus charmant appât, c’est d’être sa voisine ; » . b) Grivoiseries

55 — 3.4, 722 « Elle eût perdu mon cœur avec son pucelage. » [> 1660 « en devenant sa femme. » + 2) Le tempo dramatique du langage . a) Discours fonctionnels : monologues utilitaires, donnant explication / pers. et situation > lien des monologues expressifs / action. — 4.1, 634 sq. = Al. rappelle projet d’enlèvement (> seult ap = élévation lyrique). — 3.6, 893 sq. = Ang. exprime crainte et résolution / suite action (enlèvement par Al) — Rupture / Al > monologue d’Ang. (2.2 > 2.3) ; Doraste annonce bal et mariage > déploration Clé (3.2 > 3.3), enlèvement d’Ang, croit-il > interrogations d’Al (4.4 > 4.5) . b) Ancrages énonciatifs — Apostrophe directe : Ang 2.2, 347 « Traître, ingrat, est-ce à toi de m’aborder ainsi ? » — Al. 3.6, 850 = « Ah ! ce discours ne part que d’un cœur tout de glace. » + 3) Suprématie du drame . a)Peu de stichomythies : Phyl / Cl 2.7, 603-4. . b) Progression par reprise et variation des termes (rebonds verbaux) : — Dérivation : Phyl et Lys 2.6 « Regarde maintenant si je sais t’obliger. / Cette obligation serait bien plus extrême » — Éclaircissement : Ang et Phyl 1.1, 108-9 : « Il aura qu’avec lui je vivrai franchement. / Franchement c’est-à-dire avec mille rudesses » ; cf. 146, 467, 546-7. . b)Fragmentation du vers : — Cf. double interruption de Clé par Al. 1.3 > 1.4, 3.3 > 3.4 ; entre Polymas et Ang 2.1, Al et Ang 2.2 (357 : « La cause ? / En demander la cause ! lis, parjure ») ; Phyl et Dor. 2.5, 504 : « On a fait qu’Angélique… / Eh bien ? / Hait Alidor. » — Sifflement d’Ang 4.2 > 4.3, 1025 (Cl/Ang/Al) : « Adieu, fais promptement. / St. / Je l’entends, c’est elle. »

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ESPACE ET TEMPS Corneille, La Place Royale

— Pb. de leurs relations, à envisager avec troisième terme de la question des unités = action, celle-ci étant ce qui les articule [ils sont coordonnées de l’action] (même si espace ≠ lieu : le contient). . Deux actions > deux espace-temps : successifs [actions d’Alidor] / simultanés [action d’Alidor / de Phylis] . Coordonnées ms aussi O ou matière de l’action : désire de précipiter ou retarder les choses, déplacer/unir tels pers. + Question de la coïncidence : un espace pour un temps ? . Qu’est-ce qui les identifie ? Pb. temps obj / subj (Aristote / St. Augustin) = enchaînement des actions et galt vie des pers. . Rapport des deux = vitesse + > Pbmatique : singularité dramaturgique de la PR ds unification et agencement de l’E et du T (cf. sous titre = vaguer de ci, de là [peine à centrer un parcours] + multiplicité de pensées et actes) . Une pièce centrée ? . Distorsions de l’espace-temps . Des dimensions plastiques

— I. Une pièce centrée + 1) La Place Royale . a) Présent de la vraisemblance — Lieu à la mode sous Louis XIII — Place à pavillons et arcade > intègre le multiple : dehors + maison d’Ang où a lieu le bal + son cabinet + ss doute maison de Phylis (voisine d’Ang) où elle console ses parents et où Cl va leur demander consentement (cf. ap. 5.2) . b) Un lieu où converge les vies

57 — Existences et désirs des pers. les amène natt. sur scène < nott. hs cherchant femmes (Clé / Ang db. + > Lysis revient voir Phyl (2.6, 3.8) — Arcades et nuit > remise fausse lettre Polym + enlèvement 4. + 2) La Folle journée [cf. Mariage de Figaro] . a) Vingt-quatre heures bien remplies — Multiplicité d’actions, rebondissements — Insistance sur cette unité : Lysis renvoyé pour une heure 2.7 > 3.8 revient trop tôt > RDV bal ; Doraste donne bal ce soir + épousera Ang demain (3.2) > 4 ds la nuit. . b) Un espace habitée — Rupture de liaison des scènes contribue au brassage des pers sur la scène (déplacement des êtres et du regard du spect. : cf. 3.4 > 3.5 = Al et Cl ds rue > cabinet d’Ang seule. — Scènes à plusieurs (2.7 Clé+Phy+Lys = 1e fois que pas deux ; 4.1 Al+Clé+troupe d’armés) + remplissage progressif de la scène vers dénouement 5 (àp de 5.4 : 2, 3, 4, 7 > 1 pers.) : enjeu = aussi (co)présence des pers sur une scène figurant le monde (cf. Al seul, Ang ailleurs : se retire 5.7 [= autre espace, sacré / profane]).

— II. Distorsions de l’espace-temps . Coexistences de plusieurs temps un même espace (diverses intrigues), voire de divers temps en un même temps (même raison) + 1) Les feintes . a) Coexistence de deux temps sur scène — Complot d’Alidor et Ang ds son cabinet / surveillance discrète d’Ang — Hésitation d’Al. 4.1 / attente de Cl et des hommes armés. . b) Coexistence d’un temps sur scène et d’un temps hors scène — Contrairement à l’achèvement du classicisme ds tragédie = peu de jeu / action hors scène avant la pièce et entre les actes [cf. duel et guerre du Cid, combat Horace et Curiace in Horace…] > pression temporelle sur la scène. Cf. enchaînement actes 2>3 : même pers., juste le temps de passer chez Phylis voir le portrait [forgerie lettre 1 : acte 1>2 ; ms invention enlèvement = sur scène, en présence Ang. 3.6].

58 — Surtt : 2.7 = dialogue Phyl-Cl / action Doraste chez Ang.

+ 2) Les errements . a) Espace obscur et bifurcation temporelle : le quiproquo — Action de Phyl pour D [ignorance des menées exactes d’Al] > son propre enlèvement + mariage — Action d’Al et Clé > idem. . b) Plusieurs pièces en une ? — Espace et temps changent de sens selon que l’on considère qu’intrigue = celle de Phyl, ou celle d’Al. — Àp. 4.7, Al en retard sur l’intrigue devenue celle de la pièce (lui, croyant participer, àp 5.3, à la reconquête de Phylis) < sait pas que Doraste a informé Ang / fausse lettre signée Cl..

— III. Des dimensions plastiques + 1) Unités modulables : espace, temps et vraisemblance . a) Un choix cornélien — Préfère remettre en cause unité de lieu pour assurer vraisemblance de l’entrevue entre Al et Ang 3.6. . b) Aux limites de la rupture — 5.3 / 5.4 = Al sort ss croiser Doraste, qui pourrait le détromper tt de suite / ses espoirs de retrouver l’amour d’ Ang. — 4.4 : Phyl doit être retenue par un galant (Lys. < RDV 3.8) pour ne pas rattraper Ang (et pouvoir être enlevée à sa place)

+ 2) Rythmes : une configuration du temps scénique . a) Formes du temps : répétitions et inversions — cf. plaintes lyriques, recombinaisons des couples . b) Vitesse de l’action : saturation de la scène — Rebondissements, dont un enlèvement — Moment d’accélération : consultation Clé/Al > passe à l’action (ellipse 1>2, 3.6) . c) Ralentissement des âmes : tensions des isolements

59 — Monologues de plaintes et introspection (Clé, Al, Ang) [≠ Phyl : pers. glissant ds l’intrigue] — Pression de et tension vers l’action : cf. 3.3 = Clé réagit / nvelle donnée par Doraste > que faire ? ; 4.1 Al = poids de la décision + tension car possibilité de suspens (comparable : Ang et Al fin 3.6)

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Résumé : LA PLACE ROYALE

— Acte I + 1.1. Angélique prie Phylis de décourager son frère Doraste, qui la courtise ; profession de foi de fidélité à Alidor / libertinage de Phyl. Ang. Sort quand + 1.2. arrive Doraste. Phylis le console par sa gaîté, lui voudrait ruse. + 1.3. Stances de Cléandre, déchiré entre amitié pour Doraste et amour pour Angélique. Il ne fait la cour à Phylis que pour approcher Ang.. + 1.4. Alidor explique à Cléandre qu’il veut offenser Angq, qui l’aime et qu’il aime < se sent trop asservi par cet amour. Cl avoue ses sentiments > Al veut lui gagner faveur d’Ang « avant que le jour passe ».

— Acte II + 2.1. Polymas, confident d’Alidor, a montré à Angélique lettre d’Alidor à Clarine (cf. La Suivante) et la supplie de ne rien dire à son maître. + 2.2. Angélique montre la lettre à Alidor, qui la lit, elle la déchire et il redouble d’insolence, puis prend congé déftvt. + 2.3. Monologue d’Anglq. : désespoir, regrette de n’avoir pu châtier Alidor, ms sent les restes de sa flamme. + 2.4. Angélique fait part de son infortune à Phylis, qui voit son frère vengé, et conseille à son amie de reconquérir Alidor en l’attendrissant. + 2.5. Phyl frappe chez Doraste et lui annonce sa possible bne fortune, puis le chasse car survient un amant. Surtout, qu’il entre chez Anglq (pour parler d’abord au père, qui le souhaite). + 2.6. Lysis se plaint des autres amant de Phyl mais les accepte par amour d’elle. Survient Cléandre, qui veut entrer chez Angélique. + 2.7. Léandre dit ne faire que passer mais Phyl le retient : lui reproche son infidélité, de trahir Alidor. Renvoie Lysis pour 1h ou 2. Léandre insiste ms Phylis lui propose amitié, demande de juger un portrait d’elle.

— Acte III. + 3.1. Chez Phylis, Cléandre juge durt son portrait et s’apprête à sortir.

61 + 3.2. Survient Doraste triomphant : donne un bal ce soi chez Angélique et demain l’épouse. Phyl explique à Cléandre qu’elle ne le retenait que pour ne pas qu’il gêne son frère. + 3.3. Monologue de Cléandre qui dit sa douleur, et regret furieux de ne pas avoir tué Doraste (voire Phylis). Doit empêcher cette union, ne serait-ce que par amitié pour Alidor. La rompre, ou attendre Dorste à la sortie du bal. + 3.4. Cléandre informe Alidor, qui se réjouit d’être libéré mais regrette d’avoir souffert ss rendre Cl heureux. Lui désonseille le duel (cf. Théante de La Suivante). Seul, redoute de reprendre de l’amour pour servir son ami. + 3.5. Stance d’Angélique, ds son cabinet, souffrant plus de ces fiançailles que de la faute d’Alidor. + 3.6. Angélique voit entrer Alidor, l’accable et le somme de parler. Il lui explique sa fourbe, et s’apprêt à se tuer devant elle pour la libérer avant son mariage. Elle l’arrête : il lui propose de l’enlever ce soir après le bal. Elle y consent, lui demande qu’il lui fasse lettre où il s’explique sur ses intentions, puis l’empêche de l’écrire par crainte qu’ils soient surpris. Stances d’Angélique seule, entre crainte et espoir. Alidor seul se félicite de sa ruse, qui va profiter à Léandre. + 3.7 Phylis s’étonne de voir sortir Alidor content de chez Angélique. Sondera Angélique ce soir, ou épiera ses actions. + 3.8. Lysis revient (même si 1h à peine écoulée), Phylis lui demande de réserver pour le bal de ce soir ce qu’il a à lui dire.

— Acte IV. L’Acte est ds la nuit. + 4.1. Monologue d’Alidor (qui fait se retirer Cléandre ds un coin de la scène avec hommes de troupe). Se félicite de se libérer de ses fers puis doute et hésite. Caprice. Déchiré entre trahir un ami et sa maîtresse. Puis se reprend : sa liberté veut même chose qu’amour de Léandre. Il décidera de son propre amour pour se marier, et non les yeux de la belle. + 4.2. Minuit vient de sonner, Léandre s’impatiente. Alidor lui remettra Angélique dès qu’il lui aura donné promesse de Léandre (= lettre d’Alidor, signé par Léandre), ne peut faire plus. Att° car Angélique pourra reconnaître supercherie < ≠ce de taille ; L. lui mettra main sur bouche. + 4.3. Angélique arrive, siffle. Alidor lui donne promesse (celle d’un ami, ne la trompe qu’à demi) > Angélique, confiante, la prend ss la lire, surtt pour son père, et l’emporte ds sa chambre.

62 + 4.4. Phylis [a-t-elle vu ce qui vient de se passer ?] déplore qu’un galant l’ait empêché de suivre Angélique plus tôt. La sait livrée à Alidor, et son frère trahie par sa négligence. Alidor + Cléandre + troupe enlèvent Phylis désigné par Alidor comme Angélique. Main de Cléandre sur sa bouche. + 4.5. Alidor déplore, par regain d’amour, succès de son entreprise, puis se reproche ce moment de faiblesse. + 4.6. Angélique s’excuse d’avoir fait attendre Alidor (a entendu du bruit, et lumière ds l’escalier). Stupéfaction et reproche d’Al.. Une autre a donc été enlevée, mais Alidor a cru laisser partir Ang. : pas d’amour ? Al improvise excuse (voulait attendre pour créer une diversion ds poursuite). Ne peut plus l’enlever, qu’elle attende encore un jour : pê que Doratse l’épousera pas. Elle le presse. Soit, qu’ils partent ts deux. Mais arrivée de Doraste empêche Ang. de suivre Al.. + 4.7. Angélique explique à Doraste, qui le lui reproche (en présence d’une troupe d’amis et de son domestique Lycante), raison de son départ (dépit / Alidor et revirement de celui-ci). Doraste a trouvé sur table ds chambre d’Ang promesse signé Cléandre. Ang comprend stratagème d’Alidor. Doraste comprend qu’on a enlevé Phylis, qui a quitté salle de bal sur trace d’Ang.. Se lance à la poursuite d’Al.. + 4.8. Déploration d’Angélique / duplicité d’Al et sa propre culpabilité. Elle doit se rallier à plus de raison. Cache douleur et honte ds sa chambre.

— Acte V. + 5.1. Cléandre tombé amoureux de Phylis pendant (à la suite de) l’enlèvement (larmes). De plus, une nuit passée avec lui portera à médisance : doit donc l’épouser. elle persifle, mais suivra le choix de ses parents (il est riche, ils sont vieux). + 5.2. Phylis, que Cléandre décrit orgueilleuse, va rassurer ses parents. Il rend Angélique à Alidor plein d’espoir (même si elle s’est promise à Doraste). + 5.3. Monologue d’Alidor, qui se réjouit de son amour retrouvé, libéré. Mais Ang peut lui en vouloir : il doit dérober le billet de Cléandre, et sinon se fait fort de regagner cœur de la belle. + 5.4. Doraste n’aime plus Angélique, qui l’a trahi. Veut tuer Cléandre (qu’il n’a réussi à attraper), qui a enlevé sa sœur. Lycante lui conseille de la lui donner en mariage (< honneur de la sœur, fortune de l’autre) + 5.5. Phylis demande à Doraste (qu’elle a vu par la fenêtre) d’accepter Cl pour beau-frère : elle y consent (pas par amour de Cl), si son père le veut (< respect, devoir)

63 + 5.6. Arrive Cléandre. Réconciliation avec Doraste (à qui il a rendu le service de le dégoûter d’Ang). + 5.7. Alidor et Ang arrivent en se disputant. Phylis apprend à Ang son mariage avec Clé. Doraste, qu’il ne veut plus d’elle ; qu’elle prenne Alidor (déloyauté mauvaise excuse : comme elle). Ms elle désire cloître. Doraste et Cléandre veulent laisser les possibles amants seuls, mais Phylis veut convaincre son amie (qu’elle suive son exemple ; couvent bonne idée, mais pas si motivée par dépit amoureux). Ang persiste et dit adieu. + 5.8. Stances d’Alidor. Se réjouit, dit-il, de ce que refus d’Ang le rende à sa liberté. Pourra feindre amour, mais saura rebrousser à temps. Couvent d’Ang le protège de l’amour.

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DM1 Corneille, La Place Royale (1633) Dissertation : exercice n°1

Selon Jean Rousset, « Corisca, Hylas, Alidor […], [sont des] maîtres d’illusion, jouant de leurs cent masques, funambules multiformes et changeants, magiciens d’eux-mêmes, glissant de métamorphose en métamorphose parce qu’ils ne sont jamais eux-mêmes, mais tout occupés de paraître autres qu’ils ne sont […] » (La littérature de l’âge baroque en France. Circé et le paon, 1954). En quoi cette affirmation vous paraît-elle éclairer La Place Royale de Corneille ?

— Analyse de l’énoncé : + Att° : question porte sur la pièce, et non pas seult. sur ses personnages… > les aborder, ms aussi questions de leur relations sur la sc. = pt. de vue dramaturgiques, poétiques… + Termes : inconstance < (« parce que ») apparence + maître d’illusion : > « jouant, funambules, glissant, tt occupés » . tradition des magiciens et autres ds pastorales (mage Adamas in Astrée) : cf. magicien Alcandre in Illusion. . maître : cf. maîtrise = homme peut se rendre maître et possesseur de l’univers chez Desc. (< raison et liberté) + figure héroïque chez Corneille (en tension / exemples antiques de la mesure) — maîtrise des émotions (passion) / des autres : tension de la maîtrise et de la force, d’une morale chrétienne ou antique / féodale de l’affirmation éclatante de soi. — A lier / « jouant de » = facilité ds la maîtrise, joie du jeu / il y a du jeu . Degré de maîtrise, ou idée que maîtrise ne va pas sans risque (plus elle est affirmée, plus elle est dangereuse) : cf. chute : funambules > glissant

65 — id. / « magiciens » = détenteur d’un pouvoir / d’une technique : maîtrise, ou possession, liaison avec des forces obscures ; ici = savoir-faire mondain / puissance, vertige de l’amour (amour-propre). — Limite possible de ce pouvoir : « magiciens d’eux-mêmes » = engendrement de soi par maîtrise ou jeu sur des forces irrationnelles (qui ns occupent, envahissent) ; sculpture de sa propre identité = possible ? hybris ? . Pb. = aussi : but ou fondement de cette tentative de maîtrise sur des apparences trompeuses ? + Apparence : illusion > masques > jamais eux-mêmes > paraître autres qu’ils ne sont [ms que sont-ils ? Qui le sait ? Est-ce déterminé ?]. . Illusion = ce que l’on peut prendre pour la R ms qui ne l’est pas (croyance > déception ou pas) ; force de conviction, effet de R ; peut présenter un haut degré de ressemblance avec [l’apparence de] la R. — cf. terme majeur à la fois pour caractériser ce que l’on appellera baroque (enchantement des sens : Illusion comique = aussi qui concerne des comédiens… ; cf. aussi hypothèse du « malin génie » in Méditations de Desc. 1641) ms aussi de la pbmatique du classicisme = une des glose pour mimèsis chez Aristote (« représentation », « imitation ») : pb. de la vraisemblance (tps, lieu, unités…). . Mots suivants : outre que « cent masques » confirme registre théâtral (+ pluriel qui ne suppose pas cohérence, logique d’un masque à l’autre : discontinuité), oppose apparence à l’être, l’identité : qui serait donc cachée, intérieure (spirituelle ?). Questions : — Possible valeur essentielle des apparences. — Pertinence de la lecture psychologique, avec en plus sous-entendu d’un « caractère » unique (cf. comédies de caractères chez Mol., et Caractères de La Bruyère… = une des directions du classicismes) : s’agit ici de théâtre > pers. existent comme actes et paroles, ds un dispositif scénique (espace et temps, intrigue…) + Pôle de l’inconstance : « cent… multiformes et changeants, glissant de métamorphose en métamorphose, jamais eux-mêmes… » . Question du nombre : concerne seulement l’apparence ?

66 . Glissant = suppose processus continu (≠ masques : sauts, ruptures, intermèdes sans masques). . De métamorphose en métamorphose : même continuité ds la transfo, processus de fond (energeia…) + — connotation antique : Ovide et transfo. des dieux > dimension païenne, inhumaine, surhumaine… — mot signifie changement de forme apparente : soit ce qui semble affecter l’être par opposition à l’apparence, concerne aussi celle-ci comme manifestation d’une identité changeante (cf. métamorphose = ne jamais être soi…) — > pbmatique = Ds quelle mesure PR met-elle en scène une inconstance qui s’explique par la volonté délibérée de jouer sur des apparences trompeuses ?

— Croiser les pers. (discours, actes, mises en scène, relation) et les situations (définition, évolution) : relation inconstance / apparence. + Phylis . Affirme éthique de l’inconstance : manière de rester fidèle à tranquillité de soi et possibilité de jouissance mesurée, évitt de la souffrance = inconstance superficielle (d’apparence) comme moyen de constance supérieure, par souple adaptation aux aléas de la réalité (nature h, cond fém ds mariage). — subit changement max. = est vraiment aimée par Cl. (après l’avoir été par ruse métonymique) : drame la venge du peu de cynisme de Cl. + vérifie (durt : contre son désir) ses maximes pragmatiques (se soumettra à ses parents). — Constance aussi ds l’engagement auprès de son frère Doraste : profiter de la mauvaise fortune d’Al. > qu’il double Cl. : ms dépassée ds sa tentative de maîtrise sur les coups du sort = c’est elle qui sera enlevée, et aimée (S devient O). — Pers. au nœud des jeux d’apparences : O du quiproquo = on la prend (la nuit) pour Ang. la fidèle : il n’y a pas que la lumière, l’éclat / qui veut se montrer (à Cl. : pour l’empêcher d’aller chez Ang) et se cacher à loisir

67 (elle, ds projets avec Dor + surveillance Ang) sera dévoilé. : par le hasard, où [il apparaît que] la maîtrise du dramaturge l’emporte sur celle des pers. [action de Dieu ds le baroque : VOIR]. — Même temps : pers. le plus transparent aux autres (« honnêtes » : arist) < explique tj. ses intentions et motivations en dialogue : > opaque au spect ? car pas de monologue de dévoilement. + Angélique : pers. de la constance et du refus de la fausse apparence (jugé négativt par Corn ds examen de 1660 : cf. « trop amoureuse »). . Refuse de faire semblant / Doraste + clame amour fidèle / Alidor. . Pourtant : bcp de variation ds cette passion unique = rejet de Al 2.2 < lettre supposée à Clarine + impertinence ; accepte enlèvement de Doraste et se promet à lui 3.2 ; pardonne à Al et prête à le suivre [> reproche de trahison et inconstance de Doraste : 4.7, 5.4, 5.7] qd il survient 3.6 (ms demande tt de même lettre d’engagt, qu’elle ne lira pas4.3…), moins conciliante la fois d’après 4.6 > résiste à l’appel des autres au pardon, se retire ds couvent 5.7 [lui faut deux trahisons pour résister à Al] — constance ds la passion [convertie en religion : annoncée ds termes critique de Phylis dès 1.1] ms inconstance ds conséquences pratiques qui en sont tirées [cf. examen : accepte trop vite enlèvement = mariage par dépit, forme de résignation, comme Phyl, ms avec moins de détermination : de constance…] = métamorphoses ss maîtrise de comportement. — Ironie dramatique [esprit de comédie] ds ce paradoxe, de même que ds fait qu’elle soit un des pers. non marié de la fin [composante tragique : séparation du couple initiale, en chiasme / réunion du simili-couple Phyl-Cl = apparence devient réalité]. . Pers. qui expose son intimité, son âme, ms pris ds tropisme de l’enfermement protecteur : apparence et dissimulation sont vraies… — est celle chez qui veulent entrer Doraste et Cl. 2 ; stances et scène avec Al 3 ds son cabinet ; ds nuit = sort très vite, juste pour prendre lettre d’Al. 4 > rentre pour la donner à son père (ne lit pas signature de Cl : voit pas ce qui est évident, visible = lettre volée Poe > Lacan…) [> permettra enlèvt de Phyl avant de reparaître : pas assez là, apparente, pas de maîtrise de ses apparitions…] > 4.8 cache honte et douleur ds chambre > cloître final.

68 — Comme si : trop grande passion entrave jeu de la représentation (qui devient erratique, prise en charge par les autres : Doraste + Phyl et Al et père d’Ang) + Alidor : double constance paradoxale = ds amour pour Ang (à la fin, se sent libre car en est protégé par les murs d’un couvent, et n’a pas à être jaloux d’un mari [ de Dieu : impossible]) + volonté de se détacher d’elle afin de se sentir libre. . Ce qui varie = sa capacité à maintenir et réaliser cette volonté > comportement apparent. — Variations de comportt. : odieux avec Ang 2.2, avoue sa faute + dit vouloir enlever Ang 3.6 > se félicite de sa ruse, 4.2-3 complote avec Cl et donne billet à Ang, 4.6 reproche Ang qui a compris sa fourbe > s’excuse puis propose nvl enlèvement et fuit — Variation de détermination : décision de donner Ang à Cl 1.4, jouit de sa libération ms avoue souffrance amoureuse (ss servir Cl. , en plus : 3.4) + craint de reprendre de l’amour, déchirement avant résolution et action 4.1, 4.5 pleure réussite de l’enlèvt avant de se reprendre, 5.3 se réjouit de retrouver son amour libéré ms qui peut lui en vouloir (> doit dérober lettre signée par Cl), 5.7 supplie Ang. de l’accepter (ms pour quelle raison ?), 5.8 se réjouit de la situation finale… + Cléandre : moment d’inconstance le plus fort de la pièce = passe de l’amour pour Ang à celui pour Phyl (qu’il feignait auparavant). — étrangeté ds cette conversion soudaine = liée à apparence de Phyl, qui manifeste vrai sentiment (ms lequel : pas amour pour lui ; mortification ?) = pleure (dit-il 5.1) ; elle doit l’épouser pour sauver les apparences (enlèvt. fait jaser) = forme de maîtrise des apparences (ms entravé par la sienne : ressemble pas assez à Al pour enlèvt. 4.2 + victime du quiproquo 4.4). — Se contente d’emblée de la forme (apparence) sociale de l’amour < accepte don d’Al alors que sait qu’Ang l’aime pas.. Dit faire la cour à Phyl, ms on ne le voit jamais (au contraire : scène de froideur 2.7-3.1, nott. / portrait [en échos : miroir entre Ang et Al. 2.2). — Fluctuations et hésitations de son affection, entre Al et Ang : cf. stances 1.3, 3.3 qd apprend don d’Ang à Dor

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+ Doraste

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DM1 : corrigé (Introduction)

Selon Jean Rousset, « Corisca, Hylas, Alidor […], [sont des] maîtres d’illusion, jouant de leurs cent masques, funambules multiformes et changeants, magiciens d’eux-mêmes, glissant de métamorphose en métamorphose parce qu’ils ne sont jamais eux-mêmes, mais tout occupés de paraître autres qu’ils ne sont […] » (La littérature de l’âge baroque en France. Circé et le paon, 1954). En quoi cette affirmation vous paraît-elle éclairer La Place Royale de Corneille ?

Mise en scène architecturale de Saint-Pierre, à Rome, surgissant après les ombres et contrastes de sa colonnade ovale, spectaculaire jeu de couleur et de lumière sur le marbre de sa Sainte Thérèse, en pâmoison mystique : Le Bernin dramatise les volumes et les formes. Les architectes français ne voudront pas de ce « maître d’illusion », et de ses projets fastueux mais inquiétants, sans doute, pour le Louvre. Jean Rousset, pourtant, dans son étude de 1954 sur La littérature baroque en France, à travers leurs personnages envisage d’un même mouvement la pastorale italienne de Guarini, le précieux Astrée d’Honoré d’Urfé et La Place Royale de Pierre Corneille. Selon lui, c’est au même titre que « Corisca, Hylas, Alidor […], [sont des] maîtres d’illusion, jouant de leurs cent masques, funambules multiformes et changeants, magiciens d’eux-mêmes, glissant de métamorphose en métamorphose parce qu’ils ne sont jamais eux-mêmes, mais tout occupés de paraître autres qu’ils ne sont […] ». Circé et la paon : transformations incessantes et jouissance de la parade, caractérisant le baroque — le sous-titre de Rousset associe étroitement l’instabilité de l’être et du paraître. Il éclaire son analyse. Celle-ci, toutefois, permet-elle véritablement de cerner au plus près les singularités d’une pièce comme La Place Royale, jouée d’abord en 1633 mais dont le dramaturge, par ses Discours et Examens de 1660, reste aussi un important théoricien du classicisme ? Dans quelle mesure cette comédie de Corneille met-elle en scène une inconstance qui s’explique par la volonté délibérée de jouer sur des apparences trompeuses ? Les couples, assurément, y semblent emportés par le tourbillon des amours et des feintes : ils connaissent tous les vertiges de l’inconstance. Pour cela même, ils tentent de se faire maîtres des apparences et d’eux-mêmes, fixant l’âme comme le paraître : qui sont-ils, que veulent-ils être ? Le travail dramatique, précisément, accompagne et limite l’accomplissement de leur volonté : le spectacle cherche à établir les règles du change.

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Ds quelle mesure PR met-elle en scène une inconstance qui s’explique par la volonté délibérée de jouer sur des apparences trompeuses ? . Pers. semblent emportés par tourbillon des amours et des feintes > I. Vertiges de l’inconstance . Ils tentent de se faire maîtres des apparences et d’eux-mêmes > II Pour une maîtrise du paraître et de l’être . La comédie limite l’accomplissement de telles volontés > elle fixe III Les règles du change.

— I. Vertiges de l’inconstance [inconstance - apparence - ] + 1) Le carrousel des couples . a) Décalages et permutation : funambulisme et glissade. — Ds tradition de la pastorale : amours non réciproques au départ (Clé et Dor / Ang.) ; + amour feint : Clé / Phyl. = un seul couple véritables : Ang et Al. — Chgts paradoxaux des couples : un seul pers. à l’inconstance déclarée = Phyl (posture aristocratique de l’exposition à la joute amoureuse ; régner par l’éclat) : ≠ variation unique des autres pers. ; séparation Ang / Al qui restent seuls tous deux ms Ang un moment lié à Doraste ; surtt. Clé aime Ang > aime Phyl.. . b) Un vacillement constitutif : différences et doutes — Instabilité première des couples : Al. et Ang se parlent la 1e fois sur scène pour rompre ; Ang ne se donne à Dor que par dépit, la repoussera par honneur ; même couple stable de la fin repose sur décalage (amour / raison : Clé / Phyl). — Vacillements et déchirements des pers. en eux-mêmes : Clé au départ déchiré entre Al et Ang > ce dernier entre amour et volonté = maîtrise pbmatique. Magie subie.

+ 2) Le jeu des masques : change passe par volonté de feinte

72 . a) Intrigue amoureuse et feinte : les maîtres d’illusion — Les intrigants de la comédie veulent jouer des apparences : Al. ds fausse lettre et scène d’insolence / Ang + Phyl ds dialogue feint / Clé pour permettre à Dor de conquérir Ang. [tentative de feinte de Clé aussi / ce qui le mène chez Ang] + seconde fausse lettre d’Al. (signé Clé) + espoir ultime de la dérober. — Jeu de la dissimulation : Ang même dissimule son projet de départ avec Al, lequel se cache ds nuit (puis : fuit / Dor) . b) Le dépassement des apparences — Pers. victime des apparences trompeuses : Ang avant tt = croit fausse lettre 1 + ne lit pas fausse lettre 2 (doit être dessillée par Doraste 4.7) — Chute des funambules, illusionnistes dépassés par le jeu des apparences = cf. fausse lettre 1 > conséquences imprévus pour Al + surtout : acte 4, de l’enlèvement = ds la nuit, qui noie les apparences > quiproquo (erreur d’apparences) = joue les manipulateurs, Al. comme Phylis. + Plus qu’une libre variation, consentie, ds un libre jeu des apparences et de l’inconstance = enjeu d’une maîtrise des passions et des formes qui la manifestent.

— II. Pour une maîtrise des apparences et de soi-même [constance de soi, contrôle des apparences : ++] + 1) De la passion comme métamorphose, altération de l’être : difficulté de paraître autre que soi lorsque l’on peine à être soi. . a) Conversion — Ang se donne par dépit à Dor + finit par quitter amour humain pour don de soi à Dieu. — Volte amoureuse de Clé = choc sensible / spectacle des larmes (dit comme défaite et maladie). . b) Aliénation — Al. trouve qu’il se manque à soi-même ds chaîne amoureuses > finit par céder — Zèle de Phylis, piquée au vif par intrigue amoureuse qui la contourne

73 + 2) L’affirmation d’une discipline : volonté de maîtrise affirmée = vise à formation idéal de soi plus essentiellement que jeu d’apparences [cf. tension des morales baroques : Gracian = dissimulation sous jeu réglé des apparences > Méré : apparences comme manifestations de l’être]. . a) L’idéalisation religieuse : Angélique — Refus explicite du jeu des apparences : cf. faire semblant / Doraste (le dit à Phylis 1.1 > corps seult à Dor. 4.7) — Culte fidèle de l’autre : feu courtois opposé à l’inconstance du monde > trouvera son essence ds vie religieuse (autre > Autre : divinisation amoureuse prise à la lettre). . b) L’héroïsme anarchique : Alidor — Éprouver autonomie de la volonté en surmontant passion : héroïsme aristocratique ds domaine amoureux, ms tourné contre l’aimée, et pur une part contre la société du temps (enlèvement + incapacité à la conciliation > solitude finale, pê libertine). — Phrase du texte = applicable, ms aussi comme tromperie / soi chez Al. [mise en scène de la mauvaise foi, nott. à travers voltes des monologues : cf. analyses jansénistes de la duplicité — Racine, Larochefoucault] . c) Le stoïcisme hédoniste : Phylis — Choix délibéré de l’inconstance comme discipline de la moindre souffrance et préparation d’un mariage imposé. — Magicienne de son apparence et dissimulation de la douleur : dualité de l’être. + Recherche de règles de conduite par les pers. limite, tente de donner forme heureuse à l’énergie des métamorphose et se heurte à elle : recherche d’un équilibre éthique par tvl dramaturgique.

— III. Les règles du change [limitation de la maîtrise : de soi (part de l’amour), des apparences (hasard : intrigue + intervention des autres) : +-] + 1) Illusion de la maîtrise : des personnages de comédie. Sagesse de comédie et virtuosité de l’intrigue viennent limiter ambition des personnages : mesure / hybris. . a) Rigueur et prudence des paratextes.

74 — Condamnation d’Ang. ds Examen — Dénonciation plus mesurée (inégalité de mœurs : Exam) + défense louvoyante d’Al (Épître : amour de volonté / ms pas choquer les dames > « Un Poète n’est jamais garant des fantaisies qu’il donne à ses acteurs ») . b) Les jugements de l’intrigue ? — Ang. mise à l’écart, ms accomplit ses aspirations (condamnation soc + jugement sur la soc.) — Al. et Phyl = dépassés par leurs propres intrigues > destin qui à la fois les exauce et les humilie (Phyl. se marie / celui qui l’a jouée et qu’elle a voulu jouer + Al. libéré d’Ang — ms semble tj. amoureux d’elle) : jugt. nuancé / ambition héroïque de contrôler l’être et le paraître (aspiration tragique ?) [pers. relais du dramaturge : cf. Scapin / magicien Alcandre]

+ 2) Maîtrise de l’illusion ? La recherche d’une formule dramatique. Séduire public (baroque) et convaincre les doctes (cf. Chapelain / unités) = entre goût du change et recherche de l’unité. . a) Séductions de la scène : un spectacle — Fascination verbale par morceaux de bravoure (stances, monologues) — Répliques cocasses (contraste de registres) : Al, Lys — Jeu sur les Os (captation visuelle) : lettres, miroirs, épée — Action : enlèvement (Cl. met main sur bouche de Phyl.) . b) Construction d’une comédie nouvelle : recherche d’une rigueur [cf. versions successives : + tardives = - pbmatiques] / élaboration avant tt verbale de la pastorale et opulence dramatique et verbale des tragi-comédie. Magie austère (≠ tréteaux des foires). — Fascination par imitation vraisemblable, où le public se reconnaît : « conversation des honnêtes gens » — Unité de temps + limitation de la pluralité des lieux (interne) : Place Royale comme lieu de rencontre (cf. rue des comédies Mol ou palais à volonté racinien…) — Intrigue : encore monstrueuse (cf. Illusion comique) par sa dualité, ms celle-ci < caractère pbmatique d’Al (= intériorisation de la dramaturgie) : pièce repose pas seulement sur jeu d’apparences, ms construction d’un héroïsme.

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— Pièce comme pers. = tente de trouver juste emprise sur change et spectacle, relation mesurée / forces de métamorphose (passion) et fascination de l’apparence. + PR = montrent pers. aux prises avec l’inconstance plus que jouant d’elle, en une dramaturgie qui joue des apparences pour en dégager une grandeur. . Registre de la comédie = maîtrise dramatique du jeu + inachèvement de la grandeur.

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DS1 Corneille, La Place Royale (1633)

« Au sens où le Dieu de Descartes aurait pu faire, s’il l’avait voulu, que deux et deux fissent cinq et non pas quatre1, le moi cornélien ne veut reconnaître aucune force qui détermine sa volonté, y compris le vrai et le bien. »

Dans quelle mesure cette analyse de Pierre-Alain Cahné (« La Place Royale ou la véritable indifférence » in Pierre Corneille, Acte du Colloque de Rouen, PUF, 1985) vous paraît-elle éclairer La Place Royale de Pierre Corneille ?

Pbmatique

— Notions : + Dieu = envisagé de plusieurs points de vue : . Créateur = origine de tte chose et vie (+ création continuée, chez Desc. : D fait aussi exister sa création à chq instant). . > Puissance absolue : cf. « pouvoir faire », « avait voulu » > « force » / « volonté » [instance personnelle] — aurait pu faire que vérité = 2 et 2 font 5… > labilité de la vérité — hypothèse du Dieu trompeur ou du Malin Génie = qui abuse systématiquement les sens > pbmatique baroque : vertige ds remise en cause de source de vérité, valeur, certitude… . Source de valeur = « le vrai et le bien » : ce qui limite puissance de création. + Moi cornélien = personnage typique, élaborée par œuvre de C (Cid, Horace, Polyeucte [Pauline], Auguste, Nicomède…) : assertion pbmatique < bcp de personnages moraux (ordre

1. Cf. René Descarte, Méditations métaphysiques (1647), Première médiation, §9.

77 du sang, de l’État…), même si tentation de la grandeur ds le mal (Médée, Cléopâtre in Rodogune, Attila…). . Pb pour notre pièce < date : en cours de constitution, àp d’une héroïsation — > diffracter la question, en tvllant question de la volonté, ds ses rapports aux valeurs, à travers divers pers. . Ce pers. = aspire à une volonté que ne contrecarre / détermine aucune force (nott. valeur) : volonté qui s’exerce ss frein, ms pê aussi ss détermination (pas seult cause, ms contour : limite comme choix — précis, déterminé — qui permet l’acte) . Exercice absolu de la volonté vaut-il pour d’autres pers. qu’Alidor ? Lui-même, dépassé par ses projets… — Pers. délimitant volonté par valeurs ? Sans volonté ? . Invraisemblance, incohérence, « dessein… renversé » > emprise d’un « moi cornélien » dramaturge — qui d’ailleurs s ‘expose comme tel ds « Épître », pour défendre franchise de la volonté ds l’amour + pense « moi » des personnages / conception gale des œuvres (position sociale — et morale — / spectateur, en partic…). — Dramaturgie cornélienne se limite ou non par vrai et bien (cf. vraisemblance et bienséance > unité : des cinq actes…) — Cf. réserve / valeur d’enseignement du th. : « l’utile n’y entre que sous la forme du délectable » (1e Disc. 1660)

— > Ds quelle mesure La PR met-elle en scène une volonté aspirant à s’affirmer au-delà de toute limite, indépendt de toute valeur

— I. La volonté au-delà de la comédie ? + 1) Un héroïsme de l’excès . a) Al. et la volonté absolue (jusqu’à solitude finale) . b) Jugement nuancé de l’Épître . c) Contamination volontariste (autres pers.) + 2) Les puissances du mal et du faux . a) Attitudes volontaires portent à faire le mal : souffrance et transgression . b) La feinte comme moyen du mal

78 . c) Failles de la volonté : se tromper, se faire souffrir + Tropisme tragique limité par condition moyenne des personnages.

— II. Moralisations de la volonté + 1) Une communauté de valeurs . a) Le respect des institutions . b) Détermination finale à la formation d’une famille . c) Condamnation de l’isolement (transparence : contre Ang) + 2) La détermination de la volonté . a) Faiblesse de la passion pure : Ang. . b) Phylis ou la libre contrainte volontaire : opacité des valeurs . c) Volonté morale et amorale : les dernières volontés d’Alidor + Ambivalences morales tiennent à l’écriture générale de la pièce autant qu’aux caractères mis en scène.

— III. Morale du projet comique + 1) Volonté poétique et valeurs de l’œuvre . a) Intrigue contre hybris : la sagesse comique . b) Relecture et réécriture de 1660 : le classicisme comme moralisation ? . c) Plaisir et unités + 2) Limites de la délectation volontaire . a) Débordements des unités (deux et trois font six…) : feux baroques . b) Éclats plus ou moins maîtrisés de la grandeur

79 DS1. Plan détaillé « Au sens où le Dieu de Descartes aurait pu faire, s’il l’avait voulu, que deux et deux fissent cinq et non pas quatre, le moi cornélien ne veut reconnaître aucune force qui détermine sa volonté, y compris le vrai et le bien. » Dans quelle mesure cette analyse de Pierre-Alain Cahné (« La Place Royale ou la véritable indifférence » in Pierre Corneille, Actes du Colloque de Rouen, PUF, 1985) vous paraît-elle éclairer La Place Royale de Pierre Corneille ?

— I. La volonté au-delà de la comédie ? + 1) Un héroïsme de l’excès . a) Alidor et la volonté absolue (jusqu’à solitude finale) . b) Jugement nuancé de l’Épître . c) Contamination volontariste (autres pers.) + 2) Les puissances du mal et du faux . a) Attitudes volontaires portent à faire le mal : souffrance et transgression . b) La feinte comme moyen du mal . c) Failles de la volonté : se tromper, se faire souffrir + Tropisme tragique limité par condition moyenne des personnages.

— II. Moralisations de la volonté + 1) Une communauté de valeurs . a) Le respect des institutions . b) Détermination finale à la formation d’une famille . c) Condamnation de l’isolement (contre Ang) + 2) La détermination de la volonté . a) Faiblesse de la passion pure : Ang. . b) Phylis ou la libre contrainte volontaire : opacité des valeurs . c) Volonté morale et amorale : les dernières volontés d’Alidor + Ambivalences morales tiennent à l’écriture générale de la pièce autant qu’aux caractères mis en scène.

— III. Morale du projet comique + 1) Volonté poétique et valeurs de l’œuvre . a) Intrigue contre hybris : la sagesse comique . b) Relecture et réécriture de 1660 : le classicisme comme moralisation ? . c) Plaisir et unités + 2) Limites de la délectation volontaire . a) Débordements des unités (deux et trois font six…) : feux baroques . b) Éclats plus ou moins maîtrisés de la grandeur

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COMIQUE ET COMÉDIE Corneille, La Place Royale(1633)

Introduction

Croisement d’un genre littéraire, en un moment de son histoire, et d’un ph. très gal et délicat à définir (soc, anthropo, psy) : le rire (comique étant ce qui le déclenche).

1. Jugements adverses de la tradition

— A. Corn. spécifie d’abord le genre de pièce dont relève PR par positionnement subtil de la comédie / question du rire (du comique, au sens moderne) : + a) Positionnement aboutit à définir comédie héroïque ds Épître à Monsieur de Zuylichem : site Heinsius : « Susciter le rire ne constitue pas la comédie : c’est une manière de prendre le public et un usage perverti. » (GF 170). Comédie = se caractérise par « action commune et enjouée » > pers de toute condition, y compris élevé (> « héroïque »). + b) Plus délicat / premières comédie, cf. « Examen » de Mélite, 1660 : « On n’avait jamais vu jusque là que la Comédie fît rire sans Personnages ridicules, tq les Valets bouffons, les Parasites, les Capitans, les Docteurs, etc. Celle-ci faisait son effet par l’humeur enjouée de gens d’une condition au-dessus de ceux qu’on voit ds les Comédies de Plaute et de Térence, qui n’étaient que des Marchands. » + nuances : — PR fait rire, ms sans ridicule — Son effet (lequel, exactement : rire ss doute, ms pas redit) < « humeur enjouée » + pers de bne condition :plutôt esprit que comique à proprement parler ? [personne n’est rabaissé, uniment victime de l’œuvre]. — B. = élts pour situer tvl de Corneille ds pbmatique ds histoire du rire et de la comédie [réflexion à placer entre historicisme et vision synchronique, purt pbmatique = incluant pt de vue contemporain sur la question]. Jugt sur, valeurs du comique : + a) Tradition docte qui, globalement, condamne plutôt le rire < déforme l’humain, lui enlève dignité, le rabaisse en le tirant vers le corporel et l’instinctif (Platon > Pères de l’Église — JC ne rit jamais — > Descartes : perte de contrôle de soi) /// brillante exceptions

81 humanistes : Rabelais et Montaigne > rire = « propre de l’homme », caractérisant joie de vivre proprement humaine (à comprendre ds recherche d’une sagesse : jouissance ds contact, appartenance à la vie, mais aussi capacité à s’en dégager pour tenter de la comprendre). — cf. Corn (comme auteur de comédies depuis Renaiss.) = vise avant tout à distinguer comique de ses comédies / celui des farces de traditions médiévales (fécondé par commedi dell’arte) : se distinguer / grossièreté et place centrale du corps (geste, obscénité) > déplacement vers lge et bne société = « peinture naïve de la conversation des honnêtes gens ». — Tradition humaniste et classique = valorise composante mimétique de la comédie / comique > appel à l’intelligence par représentation du réel : cf. surtout comédie d’intrigue (ital > esp) jusqu’à Mol, et « rire ds l’âme » selon Boileau / « grande comédie » de Mol.. [≠ Scapin, trop bas et farcesque : « Ds ce sac ridicule où Scapin s’enveloppe, / Je ne reconnais plus l’auteur du Misanthrope. » AP III,1674] + b) Récupération possible du rire ds tradition docte dominante = vertu critique (normative) : cf. Arist. catharsis propre, rire de la comédie = sanction d’un défaut, d’une laideur sans douleur ni dommage > tradition humaniste du castigat ridendo mores. — Cf. lecture trad. des comédies de Molière : nott. par Bergson (Le Rire, 1900) > rire = « du mécanique plaqué sur du vivant » : montrer mœurs et comportement en les schématisant par figement = oubli / souplesse, capacité d’adaptation que suppose vie sociale > sanction par le rire. — Cf. ce que Baudelaire appelle, pour y voir limite de l’esprit français : « critique significatif » (= satire) [« De l’essence du rire, et galt du rire ds les arts plastiques », Curiosités esthétiques, 1868] — Pb. / Corneille = difficile de déterminer un O de satire, in PR (cf. Alidor pê châtié, ms « Épître » le défend…) + volonté d’enseignement pas évidente chez lui. + c) Tradition populaire ms institutionnalisée = rire carnavalesque [cf. étude de Mikhaïl Bakhtine], où permission, à date fixe (Saturnales romaines > Carnaval MA), de rire de tout en inversant valeurs et hiérarchie sociale : rire libérateur où ts communient ds dérision de toute norme établie. — Prolongé par conception romantique du rire comme manifestation d’une force créatrice infinie : cf. VH ds préface de Cromwell 1827 (poète fait

82 comme nature : mêle tt ; « tt ce qui est ds la nature est ds l’art ») > « comique absolu » selon Baud. > « gai savoir » Nz, manif de « souveraineté » abs chez Bataille. — Cf. pê analyse de Fd (Le Mot d’esprit et ses rapports avec l’ics 1905, « L’humour » 1927): permet satisfaction acceptable de pulsions, agressives et sexuelles, que la société en son ordinaire réprime (Lt° d’énergie / effort d’inhibition, représentation, empathie). . Satisfaction narcissique ds victoire du Surmoi sur le moi : traiter souffrance d’adulte comme frayeur d’enfant (risque = mortification du Moi par le Surmoi > mélancolie…). — Risquer un rapprochement avec l’esprit baroque < composante carnavalesque : importance des jeux de masque, et de l’incertitude de toute représentation, même si plutôt ludique ou tragique. Recherche de la « délectation » avant tout par Corn. (« Disc. de l’utilité »1660).

2. Formes et procédés

— A Difficulté à sérier procédés spécifiquement comiques indépendamment du contexte de leur mise en œuvre. + a) Celui-ci, globalement = création d’une rupture, d’un écart (> pb. de la norme) > rétablissement d’un accord ds jugement sur (compréhension de) cet écart [appel à la réflexion du récepteur, àp de ses compétences supposées]. . Incongruité comportementale > satire (Cf. Précieuses ridicules) . Incongruité textuelle > burlesque (abaissement disc.), héroï-comique (abaissement propos), parodie (id). + b) Procédés formels repérables : . Adjonction : répétition, exagération = hyperbole > burlesque . Suppression : ellipse, condensation (Fd.) = litote > humour . Remplacement : euphémisme, antiphrase > ironie . Permutation : paradoxe, paralogisme > absurde — B Surtout : particularités énonciatives + a) Trois pour rire

83 . Constante = auteur du comique (A) / victime (B) / destinataire (C) — victime = exclu momentanément de la communauté — destinataire = complice indispensable (permet mise en place, figuration d’une communauté) — Mise en place de cette relation implique suspens momentané de l’affect / évt. représenté (insensibilité / douleur, frayeur…) . Variantes possibles ds nature et intensité des relations entre les pôles — A-B : +/- d’agressivité > satire / esprit — Équivalences possibles > chgt de sens : A=B (auto-ironie), B=C (provocation) + b) Une mise en scène du langage . Comique met sans cesse à l’épreuve sa propre énonciation > id / usages énonciatifs en gal. (cf. promesse, lettres, cérémonies…) . Cf. : dire le vrai, en dire assez, être clair, ménager autrui et se ménager soi-même. — Pbmatique : Quelle place une comédie comme la PR réserve-t-elle au comique, entendu comme ce qui prête à rire ds la tradition théâtrale ? I. Résurgence et évitements II. L’esprit de la PR

— I. Résurgences et évitements + 1) Un monde d’honnête gens . a) Un contrat de vraisemblance — Ds effort / respect des unités — Difficulté de la distance et insensibilité propre au comique < grande proximité des pers. / public (cf. PR / Th. du Marais…) : surprise tenait à cette écart / usage irréaliste du th., et non, d’abord, à inconvenance de comportement. — Ms : création de complicité propre à l’esprit comique. . b) Un fort souci de dignité — Comédie en 5 actes et en alexandrins — Aucun pers. ne devient de façon très manifeste (et univoque) ridicule aux yeux des autres ni du public : plaintes et hésitations de Cl. mais caractère

84 d’amoureux + mari entreprenant à la fin / D. passif et aliéné par son amour db. ms a distance pour accepter d’en (sou)rire avec Phyl [1.2, 142] > rôle de frère à la fin / défenses de sa dignité par Ang qu’Al veut offenser (2.2) . satire d’aucun caractère à proprement parler : le plus isolé des autres, ms ss condamnation = Angélique in 5.7 (poussée à la modération — pardon d’Al — par Dor, Clé, Phyl [famille…]) — Et même, tendance héroïque de plusieurs personnages : pureté d’Ang, volonté d’Al, stoïcisme singulier de Phylis.

+ 2) Excès et dérapages (/ juste mesure de la comédie moyenne) . a) La spirale hyperbolique — Sans se figer en type, tendance des personnages masculins à tourner au bravache (cf. Matamore in IC 1635-6) : Cléandre 3.3 après révélation de Doraste, Al menace Ang de se tuer par peine d’amour alors que spect sait qu’il n’en a nulle intention 3.6, Doraste veut tuer Cléandre 5.4 (> réconciliation 5.6) — Tte idéalisation se trouve soumise à une relativisation, voire un abaissement : 4.6 Al propose nvel enlèvement à Ang mais fuit seul qd arrive Doraste, volonté d’Al finit par céder à sa passion 5.3, Lys tient propos de l’amant idéal ms assez maltraité par Phyl 2.6 (529 sq.), Phyl rusée ms victime du quiproquo 4.4. . b) Des contrepoints burlesques ? — Logique parodique de l’intertextualité héroï-comique, ms aussi pastorale = abaissement, ms avec sobriété : réduction des coups d’éclat héroïques à de simple menace de combat voire à une exacerbation de la volonté, des scènes passionnelles à de simples disputes, des héros merveilleux à d’élégants parisiens > humour (réduction : litote) voire ironie ds le maniement des modèles (Al = antiphrase de Céladon). . Cf. acmé romanesque : enlèvement d’Ang = erreur, et une femme par troupe armée… — Élts de burlesque pourtant, en eux-mêmes et relativement : . Gestuels : lettre déchirée (+ pê trépignement) de la digne Angélique 2.2, impatience de Cl. avant enlèvement 4.2, empressement de Phyl à

85 suivre Ang 4.4, fuite d’Al devant Dor 4.6, dispute d’Al et Ang ds scène de réconciliation gale db. 5.7. . Linguistique : infraction à toute politesse d’Al / Ang 2.2 > contraste violent de registre « vs mettent bien aux champs » [+ s’en prend frontalement à son apparence physique > rappel crudité du rapport au corps : « pucelage » 722 3.4] = id. Lysis / dialogue galant de Phyl et Cl2.7 (« je garderai les balles »).

+ Équilibre subtil entre tenue des honnêtes gens, excès héroïque et glissements burlesques ou simplement humoristique : comique propre à PR tient pê ds une disposition particulière au rire plutôt qu’en son déchaînement (explosion) = distance (puissance) comique plus qu’actualisation > plaisir et gravité du jeu, d’une pièce « enjouée » car elle en cesse d’entrer en jeu (se mettre en jeu…).

— II. L’esprit de La PR. + 1) Brio linguistique . a) La comédie des discours — Relativisation de tout discours par son étroite interaction avec les exigences dramaturgiques [nott. ≠≠ pastorale = morceaux narratifs et élégiaques] : stances lyriques de Cl. ont fonction d’exposition, et interrompues par irruption d’Al. (1.2) [> cf. 3.3-4 : retentissement lyrique > nvlle interruption par Al, qui relance intrigue] ; id. stances Ang. 3.5 < Alidor en train d’arriver chez elle ; dialogue anti-courtois, à fleurets mouchetés, entre Phyl et Cl 2.7 = n’a de sens que / situation de Dor entré chez Ang et de Cl tentant d’y accéder [situation fait la dimension comique de disc que les spect (et Phylis) savent décalés / R]. — Esprit ds les disc. eux-mêmes : sens de la répartie, en partic. Phylis [s’attribue à elle-même « esprit » 136 : brillante ingéniosité (baroque : cf. concetto) ds manière de comprendre et d’exprimer les choses] = sans animosité, inverse argt° d’Ang 1.1 (tourne au sérieux de sa propre argt°), et surtout sagesse pragmatique relativise esprit de sérieux des autres : s’attribue fonction de consolation par le rire (quasi thérapeutique à la Arist.

86 > Rab.…) 1.2 / Doraste > id. / Ang 2.4 [fais bon mot 469 sq. / Ang qui la dit sa sœur > « Eh quoi, tu ris encor ! »] = sa vision de l’inconstance universelle [même / Cl qui lui déclare sa flamme > 1264 : « Vs voulez donc enfin d’un bien commun à tous ? »] lui fait voir vie comme comédie des apparences > sagesse comique. . b) Le rythme du jeu — Décollage du sérieux, entrée ds le jeu, enjouement = tient aussi (cf. rapport discours / action) au rythme ds enchaînement des répliques > de la vivacité à l’allégresse : . Ancrage énonciatif : cf. Ang. 1.1 « Ton frère… », Al / Clé 1.4 « Te rencontrer en la Place Royale », Ang. / Al « Traître, ingrat… » 2.2, . Reprise et variation de termes : Cl et Al 1.4 « Étrange humeur d’Amant ! / Étrange, mais utile » ; Phyl et Lys 2.6 « Regarde maintenant si je sais t’obliger. / Cette obligation serait bien plus extrême » 2.6-7 : « Cléandre, vous passez ? / Il me faut bien passer puisque la place est prise. » ; Al et Cl 3.4 : « Après ? / Après cela, veux-tu que je m’explique ! » . Découpages du vers : ≠ unités métriques, cf. 4.1-2 Al et Cl: « Et ma flamme… / Alidor. / Qui m’appelle ? / Cléandre. »

+ 2) Imbroglios sentimentaux . a) Jouer avec une tradition — Reprise d’un schéma de pastorale — Élt aussi de comdie d’intrigue à l’antique et à l’italienne : 2.1 Polymas valet fourbe au service de son maître Alidor (mais le maître est fourbe lui aussi) > 5.4 Lycante modère les ardeurs de son maître Doraste (pas tuer Cl) + lui donne conseil de sagesse pratique (qu’il épouse Phyl pour garantir son honneur et sa situation) [sagesse proche de celle de Phy] — Voire composante espagnole ds sens de l’honneur exacerbée d’Al, Ang, voire Clé et Dor (tentation des matamores) + ingéniosité de Phyl. . b) Ironies dramatiques — Distance permettant jouissance comique (satisfaction narcissique ds domination d’affect vécus par identification à travers des personnages vraisemblables [insistance de Corneille : identification aide à l’effet

87 tragique > tragédie moyenne, in Épître à M. de Zuylichem]) = tient beaucoup à l’allure « enjouée » de l’intrigue : qui joue avec le sort des personnages, en fait des figures (au détriment, éventuellt, de la vraisemblance : cf. seconde intrigue d’Al + quiproquo) [ms cette invraisemblance pê élt de complicité ds jeu qui se joue entre dramaturge et spectateurs, sur le dos de la pièce et des pers. : cf. distanciation Brecht] > possible contemplation esthétique, et rire. — Effet comique de répétition = apparition et congé de Lysis (2.6-7, 3.8) — Ms plutôt ironie < inversion des positions (or, ds ironie verbale, un énoncé tend à signifier son inverse) [ironie comique, burlesque < mvt. = de dégradation] : Al brave Angélique pour s’en défaire > la supplie de la reprendre [protagoniste 1 > opposant 2], Ang fait apologie de la fidélité > se retrouve seule (ds monde des hommes), Dor aime Ang > la méprise, Phyl inconstante >mariée [opposante 1 > protagoniste 2 > résultat de 2 ≠ but protagoniste et opposant : puissance propre de l’intrigue, que manifeste le quiproquo], Clé se sert de Phyl pour approcher Ang > enlèvement d’Ang lui fait épouser Phyl… — Vertiges de la fortune dramatique > que reste-t-il ? Sens de ce plaisir (comique / enjoué) de la représentation ? . Dénouement comporte une composante de comédie d’intrigue : mariage, et formation d’une famille (couple Clé-Phyl, avec accord de Dor [et des parents]). . Composante aussi tragique (finit mal) en ce qui concerne les pers. les plus héroïques, les plus châtiés de la pièce (Al + Ang) — dont le destin pê aussi, à ce titre, le plus comique. . Arasement galisé, avec sagesse d’une humanité moyenne d’un côté, et de l’autre hybris des êtres d’exception = leçon de vanité, que ne compense pê pas tt à fait enjouement de l’intrigue et du verbe > tentation de la grandeur l’emporte : aspiration tragique + esprit qui est aussi un essai de souveraineté face à l’âpreté de notre condition (mots de Phylis + brillante incohérences de l’intrigue).

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DS2 Corneille, La Place Royale (1633) Dissertation

Selon Jean Rousset, « Le héros cornélien est un personnage d’ostentation, qui se construit à la manière d’une façade baroque, disjoignant l’être et l’apparence comme l’architecte baroque disjoint la structure et la décoration et donne à celle-ci la primauté. » (La littérature de l’âge baroque en France. Circé et le paon, 1954). En quoi cette affirmation vous paraît-elle éclairer La Place Royale de Corneille ?

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