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Roger Ouellette

Frank McKenna s’inscrit dans la tradition du Nouveau-Brunswick des 50 dernières années : élire des premiers ministres jeunes. Ses 10 ans au pouvoir ont été marqués par une volonté de positionner le Nouveau-Brunswick comme une province dynamique et ouverte aux investisseurs. Le premier ministre a dû composer aussi avec les méandres constitutionnels et une opposition officielle voulant revenir sur les gains politiques de la minorité francophone.

Frank McKenna was part of the tradition over the past 50 years in of electing young premiers. McKenna’s 10 years in power were marked by his desire to position New Brunswick as a dynamic province that was open to investment. He also had to deal with constitutional wrangling, and an official opposition that wanted to reverse the political gains of the francophone minority.

« onjour, ici Frank McKenna, premier ministre du ment dénoncé les « abus » concernant l’usage de l’appareil Nouveau-Brunswick. Comment puis-je vous aider à par le premier ministre Hatfield et son entourage. En se B investir dans ma province ? » Voilà en substance le débarrassant de l’avion gouvernemental, Frank McKenna a message du gouvernement libéral de Frank McKenna aux fait d’une pierre deux coups : non seulement le Nouveau- investisseurs potentiels utilisant la ligne téléphonique sans Brunswick devait entreprendre une cure minceur et vivre frais 1 800 McKenna ! Nous sommes en 1987 et Frank selon ses moyens, il fallait aussi que son gouvernement et McKenna vient de ramener les libéraux au pouvoir après lui-même prêchent par l’exemple. C’est ainsi que, lors d’un 17 années de règne du progressiste-conservateur Richard de ses premiers déplacements officiels à l’extérieur de la Hatfield. Miné par des scandales personnels et usé politique- province, McKenna a pris soin d’inviter la presse pour le ment, ce dernier a subi une défaite humiliante aux mains voir monter à bord d’un avion commercial. Toutefois, après des troupes de Frank McKenna, qui ont remporté tous les la vente de l’appareil, le gouvernement McKenna a dû 58 sièges de l’Assemblée législative le soir des élections. Une recourir occasionnellement à la location d’appareils privés seule autre fois dans l’histoire politique canadienne un parti pour les déplacements de ses membres. Un jour, un avion avait réussi à mettre la main sur l’ensemble des sièges d’une nolisé transportant le premier ministre a connu des ennuis assemblée législative : c’était en 1935 à l’Île-du-Prince- mécaniques avec le train d’atterrissage. Après avoir tourné Édouard, où le libéral Wallace Lea avait gagné tous les sièges. un long moment au-dessus de l’aéroport de , Le rouleau compresseur ne s’est pas arrêté là. Dès le len- l’appareil a pu se poser sur le ventre sans subir trop de dom- demain de l’assermentation du gouvernement McKenna, mages. Le premier ministre en a été quitte pour une bonne trois sous-ministres ont été congédiés sur le champ et ont dû frousse, et son gouvernement a fait l’acquisition d’un nou- quitter leur bureau subito presto. Une demi-douzaine ont vel avion peu après. perdu leur poste parce qu’ils étaient considérés comme trop près de l’ancien gouvernement Hatfield. Ces congédiements vocat de profession, énergique et excellent communi- sommaires ont coûté aux contribuables un peu plus d’un A cateur, Frank McKenna entend diriger le Nouveau- demi-million de dollars en compensations versées aux sous- Brunswick avec une approche qui s’apparente au monde des ministres concernés. Un proche collaborateur du premier affaires. Sa première priorité est la création d’emplois et la ministre McKenna a avoué candidement que plus de têtes mise en ordre des finances publiques de la province. Fini le auraient roulé n’eût été les coûts à assumer. temps des mandats spéciaux pour boucler les fins d’années budgétaires comme sous la gouverne de . n autre geste symbolique de Frank McKenna dans les Au nom de la rationalisation et d’une meilleure utilisation U tout premiers jours de son mandat a été la mise en des fonds publics, il fait adopter par l’Assemblée législative vente de l’avion utilisé par le gouvernement précédent. une des premières lois au pays obligeant le gouvernement à Lorsqu’il était chef de l’opposition officielle, il avait vive- déposer un budget équilibré. Il force ensuite certaines muni-

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cipalités à se fusionner. Plusieurs pre- en formant un partenariat avec le sec- les autorités du Québec et du Nouveau- miers ministres provinciaux au pays teur privé pour faire construire une Brunswick pour que l’Accord soit boni- suivront son exemple. C’est ainsi que autoroute à quatre voies, qui s’éten- fié. Frank McKenna est chef de l’Ontario de Mike Harris légiférera dra graduellement de la frontière de la l’opposition officielle lorsqu’il est pour regrouper les villes adjacentes de Nouvelle-Écosse à celle du Québec. Le approché par Michel Doucet, qui est Toronto dans une seule grande ville. Le financement de cette importante aussi professeur de droit constitution- nel à l’Université de Avocat de profession, énergique et excellent communicateur, Moncton. Le futur premier Frank McKenna entend diriger le Nouveau-Brunswick avec ministre est entouré de deux une approche qui s’apparente au monde des affaires. Sa Acadiens de confiance, qui occuperont par la suite des première priorité est la création d’emplois et la mise en ordre postes importants dans son des finances publiques de la province. administration. Il s’agit de Fernand Landry, qui devien- Québec optera aussi pour les fusions infrastructure devait provenir de l’in - dra sous-ministre du son cabinet, et de dans les agglomérations de Montréal et stallation de postes de péage. Mais le son épouse Aldéa Landry, qui sera vice- de Québec, mais le gouvernement chef libéral quittera la vie politique première ministre et ministre des Charest y mettra le holà en permettant avant que l’autoroute ne soit termi- Affaires intergouvernementales dans le plus tard les défusions municipales. née et que les péages ne soient en premier gouvernement McKenna. Le gouvernement McKenna inno- place. C’est son successeur Camille Convaincu par les arguments de la ve en matière de communication. Il Thériault qui devra affronter la tem- SANB et conforté dans son opinion par crée en 1989 une société de la Couron- pête politique déclenchée par les ces deux proches conseillers, Frank ne, Service Nouveau-Brunswick, qui opposants aux péages. La campagne McKenna s’engage à renégocier servira d’inspiration pour d’autres pro- électorale de 1999 fera une grande l’Accord du lac Meech s’il est élu ; mais vinces — dont le Québec — ainsi que place à cet enjeu, les progressistes- sans le savoir, le futur premier ministre pour le gouvernement fédéral, qui éta- conservateurs dirigés par le nouveau deviendra pour plusieurs le fossoyeur blira de son côté Service Canada. Ser- jeune chef promettant de Meech. À peine un mois et demi vice Nouveau-Brunswick est une d’abolir les péages s’ils sont portés au après son élection, Frank McKenna structure de guichet unique offrant pouvoir. En effet, le Parti progressiste- participe à une conférence des pre- une gamme de services gouvernemen- conservateur remportera la plus gran- miers ministres à Toronto où il déclare taux dans un même lieu. Puis, en 1994, de victoire de son histoire et fera à des journalistes que « les franco- c’est la mise sur pied d’un secrétariat démanteler les péages. phones du Nouveau-Brunswick sont de l’autoroute électronique. La compa- très hostiles envers l’entente du lac gnie téléphonique NBTel sera la pre- ien installé au pouvoir face à un Meech ». La réplique de Robert mière en Amérique du Nord à se doter B Parti progressiste-conservateur Bourassa est immédiate. S’étant rendu d’un réseau de fibre optique. Le gou- moribond, Frank McKenna est entraî- quelques semaines plus tôt à Moncton vernement McKenna sait capitaliser né dans les eaux troubles de l’Accord pour convaincre la SANB et la FFHQ de sur ces infrastructures à la fine pointe du lac Meech. Le premier ministre persuader Frank McKenna de ratifier de la technologie pour créer des Hatfield avait donné son consente- l’Accord, le premier ministre du emplois dans le secteur des centres ment à l’entente conclue en 1987. Tou- Québec affirme que les Acadiens lui téléphoniques. tefois, il ne l’a pas fait ratifier par auraient dit « qu’ils voulaient amé- Par ailleurs, Frank McKenna n’hé- l’Assemblée législative dans le délai liorer l’accord mais qu’ils ne feraient site pas à parcourir le Canada et les prévu de trois ans, soit avant le 23 juin rien pour le compromettre ». États-Unis afin de convaincre de 1990. Les représentants des commu- grandes entreprises multinationales de nautés minoritaires francophones à i la position de la SANB est ambi- s’installer dans sa province pour béné- l’extérieur du Québec demandent alors S guë quant à la ratification de l’en- ficier d’une main-d’œuvre bilingue et de rouvrir l’Accord afin d’y inclure des tente par le Nouveau-Brunswick, d’un environnement favorable aux dispositions assurant mieux la protec- celle de la FFHQ semble claire. Selon affaires. L’approche agressive du pre- tion de leurs droits. L’instance natio- un reportage de L’Acadie nouvelle, le mier ministre en vue d’attirer des nale, la Fédération des francophones président de la FFHQ Yvon Fontaine investisseurs dans sa province provo- hors Québec (FFHQ), présidée par est « d’avis que l’accord ne devrait quera l’ire de certains de ses collègues l’Acadien Yvon Fontaine, et la Société pas être signé sans qu’il y soit inclus des autres provinces. de l’Acadie du Nouveau-Brunswick des garanties formelles pour l’avenir Le premier ministre modernise (SANB), dirigée par Michel Doucet, font des francophones du Canada ». Les aussi le réseau routier de la province pression sur le gouvernement fédéral et deux organismes diront ensuite

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CP Photo Frank McKenna prononce une allocution au Forum de l’immobilier à Toronto, le 2 décembre 2004.

d’avoir précisé à Frank McKenna améliorer les droits des francophones Cap donc sur l’Accord de qu’ils ne voulaient pas de scénario et des Acadiens ». On peut donc Charlottetown : cette fois-ci, c’est extrémiste, c’est-à-dire un refus caté- conclure que Frank McKenna est Robert Bourassa, en voulant souffler gorique du Nouveau-Brunswick de amené à entrouvrir l’Accord à la le chaud et le froid sur le fédéral et les signer l’entente. Toutefois, dans un demande de ces deux organismes. autres provinces, qui a l’idée de communiqué de presse conjoint, la Clyde Wells à Terre-Neuve-et- demander à la population du Québec FFHQ et la SANB « encouragent vive- Labrador de même que Elijah Harper de donner son accord à l’entente par ment le premier ministre McKenna à au Manitoba s’engouffrent alors dans voie de référendum. est alors poursuivre l’engagement qu’il s’est la brèche pour torpiller Meech, obligé d’adopter sa loi sur les référen- donné d’entamer la discussion pour signant ainsi sa fin. dums pour que le reste de la popula-

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tion canadienne puisse être consul- d’obtenir un deuxième mandat de la communauté acadienne en vue d’une tée. La stratégie de Robert Bourassa population. Le Parti progressiste- meilleure reconnaissance et d’une sera un fiasco, le Québec et une majo- conservateur ne s’est pas encore remis meilleure protection de ses droits. Au rité de provinces anglophones reje- de sa cuisante défaite de 1987 et ne printemps de cette même année, le tant l’Accord de Charlottetown en peut empêcher une autre victoire gouvernement de , octobre 1992. décisive des libéraux. Toutefois, le soir affaibli par des scandales et deux des élections, la population anglo- échecs constitutionnels consécutifs, uelque 20 ans auparavant donc, phone de la province réserve une sur- est en pleine implosion. Son bras Q Robert Bourassa, après avoir dit prise désagréable au premier ministre droit pour le Québec, Lucien oui lors de la conférence constitution- en élisant huit membres du parti anti- Bouchard, a quitté le navire en perdi- nelle de Victoria, était retourné au bilinguisme Confederation of Regions tion quelques années plus tôt pour Québec pour céder aux différentes pres- Party (CoR), qui devient l’opposition fonder le Bloc québécois en 1990. sions, dont celles de cryptosouverai- officielle à l’Assemblée législative. C’est donc quelques mois avant la défaite historique des Fondée en 1989, l’aile provinciale du CoR s’oppose vivement conservateurs fédéraux aux au bilinguisme officiel institué en 1969 par le gouvernement élections de l’automne de , le premier Acadien à être élu premier 1993 que la communauté ministre du Nouveau-Brunswick. La population acadienne est acadienne aura réussi à convaincre le gouverne- sous le choc, et on peut comprendre qu’elle exige davantage ment de Frank McKenna et de protections constitutionnelles. celui de Brian Mulroney de consolider ses droits dans la nistes de son entourage immédiat, tel Fondée en 1989, l’aile provinciale de Constitution canadienne. Claude Morin, alors sous-ministre des ce parti fédéral s’oppose vivement au Aux élections de 1995, Frank Affaires intergouvernementales et par bilinguisme officiel institué en 1969 McKenna conduit ses troupes à une la suite ministre du même portefeuille par le gouvernement de Louis troisième victoire consécutive avec dans le premier gouvernement souve- Robichaud, le premier Acadien à être une confortable majorité. Le CoR, rainiste de René Lévesque. Claude élu premier ministre du Nouveau- miné par des conflits et des rivalités Ryan, à l’époque directeur du quoti- Brunswick. La population acadienne internes, ne réussit même pas à faire dien Le Devoir avant de prendre la tête est sous le choc, et on peut com- élire un seul de ses candidats, et il sera du Parti libéral du Québec, avait, dans prendre qu’elle exige davantage de officiellement dissout en 2002. la page éditoriale, vivement condamné protections constitutionnelles. Le Certains de ses membres retourneront l’entente de Victoria parce qu’elle allait CoR a l’intention, s’il est porté au au Parti progressiste-conservateur qui, à l’encontre du Québec en ce qui pouvoir, d’abolir la Loi sur les langues à ce moment-là, commence tout juste concernait la question de la politique officielles de 1969 et de redonner au à renaître de ses cendres. Ce seront les sociale. Dans son éditorial du 25 juin Nouveau-Brunswick son statut de pro- dernières élections de Frank McKenna. 1971 intitulé « Le non d’un gouverne- vince unilingue anglophone. C’est Lorsqu’il a été élu pour la première fois ment et d’un peuple », il avait félicité le dans ce contexte qu’il faut com- en 1987, il s’était dit prêt à servir sa premier ministre et s’était réjoui de sa prendre les efforts répétés des leaders province pour une période maximale volte-face. Robert Bourassa, après avoir acadiens et francophones auprès du de 10 ans. Il avait bel et bien l’inten- ainsi sabordé la Charte de Victoria en gouvernement McKenna pour qu’il tion de tenir sa promesse. C’est ainsi 1971 qui accordait au Québec une de négocie avec Ottawa, cette fois-ci sur qu’il annonce le 13 octobre 1997, ses demandes historiques, à savoir un une base bilatérale, des changements 10 ans exactement après la fulgurante droit de veto pour tout changement à à la Constitution touchant spécifique- victoire du Parti libéral, sa démission la Constitution, aura rendu quasi ment le Nouveau-Brunswick, et non comme premier ministre et député impossible toute réforme constitution- l’ensemble des provinces. pour retourner à la pratique du droit. nelle en ajoutant à la formule d’amen- En 1993, l’enchâssement dans la dement de 1982 l’obligation de faire Constitution canadienne des prin- bien des égards, le Parti libéral de ratifier l’Accord de Charlottetown par cipes de la Loi reconnaissant l’égalité des À Frank McKenna a été différent de un référendum. deux communautés linguistiques offi- celui dirigé par Louis Robichaud. cielles au Nouveau-Brunswick (la loi 88) C’était un secret de polichinelle qu’il près quatre ans au pouvoir sans permettra au gouvernement de Frank n’y avait pas d’atomes crochus entre A aucune opposition officielle à l’As- McKenna, après les échecs de Meech les deux hommes. Lorsqu’il était arri- semblée législative, Frank McKenna et de Charlottetown, de répondre vé au pouvoir en 1960, Louis déclenche des élections en 1991 afin favorablement aux demandes de la Robichaud avait procédé à une vaste

52 OPTIONS POLITIQUES JUIN-JUILLET 2012 1 800 McKenna et profonde réforme de l’appareil gou- humanitaires pour les plus démunis libéral du Canada, un certain Pierre vernemental. Le programme Chances de la planète. Son passage comme Elliott Trudeau, et avait été emporté par égales pour tous avait permis la premier ministre du Nouveau- la vague de la trudeaumanie déferlant modernisation du Nouveau- Brunswick aura permis à la province sur le Canada. Brunswick tout en assurant un de sortir de l’ombre et de donner une meilleur partage de la richesse. Mais le fierté à sa population. Grâce aux rank McKenna est le produit de la premier ministre a dû subir les efforts de Frank McKenna pour posi- F culture politique du Nouveau- attaques sans merci de l’empire tionner sa province dans le peloton Brunswick, une petite province qui, Irving, dont les intérêts n’étaient pas de tête des endroits à investir en au cours des cinq dernières décen- servis par les réformes libérales. Le Amérique du Nord, le Nouveau- nies, a porté au pouvoir de jeunes leaders. Louis Robichaud, En 1987, il s’était dit prêt à servir sa province pour une Richard Hatfield, Frank période maximale de 10 ans. Il avait bel et bien l’intention de McKenna, Bernard Lord, tenir sa promesse. C’est ainsi qu’il annonce le 13 octobre ont tous été élus lorsqu’ils étaient 1997, 10 ans exactement après la fulgurante victoire du Parti dans la trentaine ou au libéral, sa démission comme premier ministre et député pour début de la quarantaine. retourner à la pratique du droit. Le Nouveau-Brunswick, à l’origine une province gouvernement de Louis Robichaud Brunswick sera de plus en plus perçu unilingue anglophone fondée par les s’était situé davantage au centre comme une province dynamique et Loyalistes, est devenu l’unique pro- gauche de l’axe politique. innovante. vince officiellement bilingue au Pour sa part, Frank McKenna, très Canada. C’est une province qui a près du monde des affaires et de la a déroute des libéraux fédéraux, connu une véritable révolution tran- grande entreprise, a voulu diriger sa L depuis le départ de Jean Chrétien et quille sous la direction de Louis province comme un p.-d.g. Sous sa la succession de chefs malheureux à la Robichaud ; elle a consolidé sa paix direction, le Parti libéral est passé net- tête d’un parti en chute libre, relance le linguistique sous le leadership de tement à la droite de l’échiquier poli- moulin à rumeurs d’un retour de Frank Richard Hatfield puis de Bernard tique. Ses successeurs à la direction — McKenna à la vie politique pour Lord ; elle est entrée dans l’ère des Camille Thériault, brièvement pre- prendre les rênes de la formation qui a technologies de l’information sous la mier ministre avant de connaître une été le plus longtemps au pouvoir depuis gouverne de Frank McKenna ; et elle cuisante défaite aux mains des les débuts de la confédération cana- a vu deux de ses anciens premiers troupes de Bernard Lord en 1999, et dienne en 1867. Courtisé de toutes ministres, Frank McKenna et Bernard Shawn Graham, le seul premier parts, il a résisté jusqu’à présent aux Lord, courtisés par leurs partis res- ministre dans l’histoire de la province appels pressants de ceux qui voient en pectifs pour faire leur entrée sur la ayant obtenu un seul mandat — ont lui le prochain sauveur du Parti libéral. scène nationale. Les progressistes- tous deux maintenu le cap à droite. Il semble bien que Frank McKenna, conservateurs, après leur déroute de Aujourd’hui, le Parti libéral est à la aujourd’hui dans la soixantaine, ait 1993, voyaient en Bernard Lord le recherche d’un nouveau chef. Parmi définitivement renoncé à jouer un rôle jeune chef parfaitement bilingue qui les candidats en lice se trouve un sur la scène politique nationale. Il est pourrait les ramener au pouvoir. jeune avocat acadien de 29 ans, Brian intéressant de constater que depuis la Beaucoup de libéraux auraient aimé Gallant. S’il est élu, le parti continue- formation de la confédération cana- que Frank McKenna prenne les rênes ra sa tradition de faire confiance à de dienne — à l’exception de sir John de leur formation politique pour jeunes leaders pour le diriger. On Sparrow David Thompson, brièvement qu’ils puissent renouer avec la vic - verra alors si celui-ci ramènera le Parti premier ministre de la Nouvelle-Écosse toire et le pouvoir. Pour toutes ces libéral davantage vers le centre avant de devenir le cinquième premier raisons, le Nouveau-Brunswick méri- gauche. ministre du Canada —, aucun ancien te que l’un de ses anciens premiers Le « p’tit gars d’Apohaqui », premier ministre d’une province ne soit ministres soit classé parmi les cinq après un interlude comme ambassa- parvenu à prendre le pouvoir à Ottawa. premiers ministres provinciaux qui deur du Canada à Washington sous Le dernier à avoir tenté sa chance est ont marqué le plus le Canada au le gouvernement libéral de Paul l’ancien premier ministre progressiste- cours des 40 dernières années. Martin, est maintenant la coque- conservateur de la Nouvelle-Écosse, luche de Bay Street. Philanthrope, il Robert Stanfield. Élu chef de son parti Roger Ouellette est professeur titulaire de côtoie des personnalités comme Bill en 1967, il avait dû affronter aux élec- science politique à l’Université de Clinton, avec qui il mène des actions tions de 1968 le nouveau chef du Parti Moncton. [email protected]

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