LeMonde Job: WMQ1411--0001-0 WAS LMQ1411-1 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 11:10 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0455 Lcp: 196 CMYK

LE MONDE DES LIVRES a Freud dans le texte a Les peuples de Le Clézio

CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16422 – 7,50 F VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

a L’affrontement Les enfants nés en de parents étrangers Le sommet Irak-ONU francophone Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté, mercredi 12 novembre, une ré- pourront devenir français dès l’âge de 13 ans solution renforçant les sanctions impo- a 49 pays à Hanoï sées à l’Irak. p. 4 L’amendement des députés PS reste en retrait par rapport à la législation d’avant 1993 pour sortir LES DÉBATS sur l’immigration tomatiquement dès la naissance. a et sur la nationalité, qui vont oc- Un amendement de compromis la francophonie 1 950 décès dus cuper l’Assemblée nationale fin a été finalement adopté par le novembre et début décembre, groupe socialiste, mercredi de ses combats à l’amiante en 1996 ont commencé au sein du groupe 12 novembre : le bénéfice auto- Le rapport de l’Inserm sur les dangers socialiste. Le projet de loi d’Elisa- matique de la nationalité reste- d’arrière-garde de l’exposition à l’amiante a été rendu beth Guigou, ministre de la jus- rait fixé à dix-huit ans, comme public. p. 34 tice, répondant à l’engagement dans le projet initial du gouver- de « rétablir le droit du sol » pris nement, mais, dès treize ans, a par le PS durant la campagne avec l’accord de leurs parents, les M. Boutros-Ghali électorale, a donné lieu à des dé- garçons et les filles concernés devrait être élu a Claude Allègre saccords. pourraient demander à anticiper Pour une partie des députés PS, cette entrée en possession de la recule en effet, il ne suffit pas de rétablir nationalité. Le texte du gouver- secrétaire général le caractère automatique de la nement prévoit en outre qu’entre Le ministre de l’éducation a renoncé à nationalité française, à dix-huit seize et dix-huit ans, ils pourront de l’organisation décentraliser, dès 1998, le système de ans, pour tous les jeunes nés en le faire sans avoir besoin de l’ac- mutation des enseignants du second France de deux parents étran- cord de leurs parents. a degré. p. 11 gers ; il aurait fallu aussi revenir à Le vote des députés socialistes Jacques Chirac une autre disposition qu’avait présents à la réunion, par 74 voix supprimée la loi Méhaignerie de contre 54, traduit des concep- intervient 1993, celle qui permettait aux pa- tions différentes du droit de la a L’inquiétude rents étrangers de demander la nationalité, mais aussi des solida- pour le respect nationalité française dès la nais- rités de courants. Il est apparu des marchés sance pour leurs enfants nés en que les amis de Laurent Fabius, des droits de l’homme Les places boursières accusent depuis France. mais aussi la Gauche socialiste et Certains députés souhaitaient les partisans d’Henri Emmanuel- au Vietnam deux semaines des petites baisses qui même, avec Véronique Neiertz, li, s’opposaient au gouvernement reflètent leurs inquiétudes sur les instituer un droit du sol « inté- et à Lionel Jospin. conséquences de la crise monétaire gral », qui attribuerait à ces en- Lire pages 2, 3 et 32 asiatique. p. 19 fants la nationalité française au- Lire page 7 et notre éditorial page 18

a Des dopés parlent La nouvelle Afrique du Sud fait sa révolution des mœurs Le débat sur JOHANNESBURG sexe », comme on les appelle désormais – pour- Eglises s’indignent d’une initiative qui constitue de notre correspondant raient ainsi prétendre aux avantages de la nou- un « affront aux principes religieux » en pré- le communisme Faut-il légaliser la prostitution pour transfor- velle législation sur les conditions de travail. voyant de légaliser une pratique « contraire à la mer les péripatéticiennes sud-africaines en tra- La mesure est également défendue par le mi- dignité humaine ». LA PUBLICATION de l’ou- vailleuses et contribuables ordinaires, soumises nistère de la santé et par les travailleurs sociaux. Les autorités de la province de Johannesburg a vrage collectif Le Livre noir du au code du travail et à l’impôt sur les bénéfices ? La légalisation permettrait, en effet, de mieux ont précisé qu’elles n’avaient fait que donner un communisme (Robert Laffont) pro- La question agite l’opinion publique après l’ap- suivre les prostituées sur le plan médical et accord de principe et que la mesure était encore voque une ample polémique. Deux probation, par la province de Johannesburg, d’améliorer la prévention des maladies sexuelle- en discussion au niveau national. Son entrée en des coauteurs, Jean-Louis Margolin d’un rapport préconisant de décriminaliser la ment transmissibles comme le sida. Selon un vigueur suppose l’accord du gouvernement et le et Nicolas Werth, détaillent dans Plusieurs sportifs dopés ou accusés prostitution. Partisans et adversaires du projet porte-parole du ministère du commerce, légali- vote d’une loi par le Parlement. Quel qu’en soit nos pages « Débats » les raisons du s’affrontent à coups de communiqués incen- ser la prostitution aurait également des avan- l’aboutissement, le débat illustre les remous que différend qui les oppose à Stéphane d’avoir pris des substances interdites diaires et d’éditoriaux enflammés dans les jour- tages dans le domaine des finances publiques en provoquent les changements dans la nouvelle Courtois, rédacteur de l’introduc- brisent la loi du silence. p. 15 naux. réglementant une activité qui échappe pour Afrique du Sud de Nelson Mandela, y compris tion, très controversée. Ils insistent Les défenseurs de la légalisation font valoir l’instant à l’impôt. dans le domaine des mœurs. Il montre que le sur la nécessité d’une typologie fine que le projet consiste simplement à réguler une L’argument est loin de convaincre les partis pays n’a pas tout à fait rompu avec le purita- des crimes d’un communisme qui a activité afin d’en atténuer les aspects les plus d’opposition et les représentants des différentes nisme de façade des années d’apartheid. Pour- ne fut selon eux « ni partout ni Polémique sur sordides. Selon un des membres de la commis- Eglises, qui crient au scandale. La légalisation de tant, maisons closes et « clubs » en tout genre constamment massacreur ». Devant sion à l’origine de la proposition, la mesure a la prostitution représente, à leurs yeux, une inci- ont pignon sur rue depuis longtemps. A Johan- l’Assemblée nationale, Lionel Jos- un vaccin antisida pour but de « briser le cercle vicieux de l’exploita- tation à la débauche susceptible d’accroître le nesburg, environ dix mille prostituées négocient pin, interpellé par l’UDF, a affirmé : L’expérimentation, programmée pour tion engendré par la nature illégale de la prostitu- phénomène et de nuire au sens moral de la po- leurs charmes. Et ceux qui, dans l’opposition, « Je n’ai jamais mis un signe “égal” 1999, d’un vaccin à base d’un virus gé- tion ». La légalisation permettrait aux prosti- pulation. Le Parti national (NP), la formation au poussent des hauts cris n’ont jamais été entre nazisme et communisme. » Il nétiquement modifié, suscite la répro- tuées de bénéficier de « la protection de la loi et pouvoir sous l’apartheid, en profite pour se po- prompts à lutter contre le phénomène quand ils s’est déclaré « fier » de la présence du PCF dans son gouvernement. bation de Luc Montagnier. p. 34 des mêmes droits que les autres salariés », a affir- ser en défenseur des bonnes mœurs. Il dénonce étaient au pouvoir. mé un responsable de la province de Johannes- une étape supplémentaire dans le « déclin des burg. Les sex workers – les « travailleurs du valeurs » que connaît, selon lui, le pays. Les Frédéric Chambon Lire pages 8, 16 et 17 a Ariane et la NASA L’Olympia Dans un entretien au Monde, Daniel Le prix Goncourt Goldin, administrateur général de la rouge, noir, bleu NASA, explique qu’Ariane a obligé les Américains à se surpasser. p. 25 sous tutelle À QUELQUES ANNÉES de son mac. 1958 : celle des micros cachés centenaire, le prix Goncourt est-il dans la salle de délibération par a Les prisonniers en passe de vivre une nouvelle Alain Ayache. 1968 : la porte cla- crise qui le mènerait vers une né- quée par Louis Aragon, qui fustige moins mal soignés cessaire, une inexorable muta- le « cannibalisme » de ses col- Le bilan de la réforme de 1994 sur la tion ? En a-t-on connu, des coups lègues. 1975 : le canular Emile Ajar. de froid, des coups de gueule, des 1980 : le tapage de Geneviève Dor- santé en prison fait état d’« une amé- dérapages et des scandales depuis mann, qui dénonce dans la presse lioration indéniable de la qualité des 1903 ! Dès 1906, Octave Mirbeau les « prix truqués, jurés achetés ». soins », même si de nombreux « points affiche son désenchantement : Au fil des ans, il est notable que noirs » demeurent. p. 10 « Jusqu’à présent, nous n’avons pas l’académie Goncourt a brouillé ses GILBERT BÉCAUD donné les prix que nous aurions dû repères. En 1986, Hervé Bazin juge donner ! » Gilles Lapouge trop vieux pour re- DÉCOR ROUGE ET NOIR, pla- En 1932, après le couronnement cevoir le prix : il a soixante-trois fond bleu nuit comme avant : a La gestion de l’eau de Guy Mazeline, préféré à Voyage ans. Deux ans plus tôt, le Gon- l’Olympia, reconstruit à l’iden- au bout de la nuit, de Céline, Lu- court a été décerné à Marguerite tique quelques mètres sous la salle critiquée cien Descaves manifeste sa mau- Duras, soixante-neuf ans. Un pa- originelle, rouvre ses portes jeudi Dans deux rapports inédits, la Cour des vaise humeur en décidant de bou- radoxe que François Nourissier as- 13 novembre. La scène est plus vaste et les loges sont neuves. comptes et le Commissariat au Plan cri- der les repas de l’académie. Avant sume : « Edmond de Goncourt re- de poser sa serviette sur la table et commandait à ses successeurs de Comme en 1954, lors d’une pre- tiquent fortement la gestion des de quitter le salon Drouant sans tenir compte de “la jeunesse et de mière réhabilitation, c’est « Mon- agences de l’eau. p. 13 faire honneur au festin, cet l’originalité du talent”. On peut sieur 100 000 volts », Gilbert Bé- homme de bonne volonté, hostile sans pécher jouer un peu avec les caud, qui l’inaugure. Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, aux combines, lâche qu’il préfère mots. » Et d’ajouter que Duras est 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; « reprendre le maquis ! », et de à créditer d’« un talent d’une jeu- Lire page 29 Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, poursuivre : « Notre salle à manger nesse assez forte ». D’autres 450 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, n’est qu’une cuisine ! » jouèrent : les jeunes galopins qui, International ...... 2 Finances/marchés .... 22 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; En 1941, Henri Pourrat est primé en 1952, l’année de l’attribution du Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; France ...... 7 Aujourd’hui...... 24 Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. sur intervention de Vichy, qui prix à Béatrix Beck, pénétrèrent Société...... 10 Météorologie-Jeux... 27 prône le « retour à la terre », tan- dans le salon et lancèrent des Régions ...... 13 Culture...... 29 dis qu’un « Goncourt de zone tracts sur les convives. Carnet...... 14 Guide ...... 31 libre » est décerné à Guy des Cars. Horizons ...... 15 Abonnements...... 32 1951 : c’est l’année du refus de Ju- Jean-Luc Douin Entreprises ...... 19 Kiosque...... 32 lien Gracq de participer aux mas- Communication ...... 21 Radio-Télévision...... 33 carades d’une Littérature à l’esto- Lire la suite page 18 LeMonde Job: WMQ1411--0002-0 WAS LMQ1411-2 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 10:52 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0456 Lcp: 196 CMYK

2 INTERNATIONAL / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997

SOMMET Premier sommet de la çaise » veut marquer une modernisa- tique » à l’ensemble francophone. achevé, jeudi 13 novembre, une visite L’HOMME au Vietnam ont aussi été francophonie à se tenir en Asie, la tion de la francophonie et de ses ins- Mais le candidat favori de l’Elysée à officielle au Vietnam, au cours de la- évoqués par le président français, qui rencontre du 14 au 16 novembre à Ha- titutions. b UN SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ce poste, Boutros Boutros-Ghali, est quelle des contrats commerciaux a cependant dénoncé les « déclara- noï des dirigeants d’une cinquantaine doit être nommé pour donner une déjà vivement contesté par de nom- d’une valeur de 4 milliards de francs tions irresponsables » sur ce sujet. de pays « partageant la langue fran- « visibilité » et une « dimension poli- breux pays. b JACQUES CHIRAC a ont été signés. b LES DROITS DE (Lire aussi notre éditorial page 18.) La francophonie cherche à sortir de ses combats d’arrière-garde Une cinquantaine de pays se retrouvent au Vietnam pour tenter de moderniser un mouvement jusqu’à présent cantonné dans une attitude défensive. La création d’un poste de secrétaire général, attribué à Boutros Boutros-Ghali, doit illustrer cette volonté d’ouverture

NOUVEAU DÉPART pour la à Hanoï. Mais chacun sait que les d’organisations plus vastes, qu’il Etats, un besoin d’intégration à francophonie ? Le sommet qui ras- deux candidatures africaines s’agisse de l’ONU ou du FMI... l’heure de la mondialisation, auquel semble, du 14 au 16 novembre à Ha- concurrentes, même si elles se Sans même parler de l’état de la répondent également les ensembles noï, les dirigeants des 49 pays maintiennent jusqu’au bout, n’ont démocratie au Vietnam, on peut hispanophone ou lusophone en « ayant le français en partage » est aucune chance et que l’élu sera s’interroger, au vu des événements train de se structurer ; c’est un désir présenté comme tel. D’abord, c’est Boutros Boutros-Ghali. Tel est en survenus en Afrique centrale, sur la d’Europe pour les pays de l’Est, une la première fois que cette rencontre effet le choix de la France, principal capacité de l’ensemble francophone demande de coopération écono- bisannuelle, inaugurée par François bailleur de fonds. C’est plus exacte- à répondre à ces ambitions, eût-il mique et d’aide au développement Mitterrand en 1986, se tient en Asie ment le choix de l’Elysée, pour qui un secrétaire général – lequel n’a pour d’autres. C’est, pour les socié- (les précédents sommets ont eu lieu la francophonie fait partie du do- d’ailleurs guère démontré de don tés, un sentiment de proximité, ou à , Québec, Dakar, Paris, Mau- maine quasi réservé et qui avait de particulier dans ces domaines. un besoin de pluralisme, ou un désir rice, Cotonou). toute façon arrêté son projet avant Règlement des conflits et d’échanges, d’ouverture, d’une Pour la première fois donc, on le changement de gouvernement. conquête du pouvoir par les armes ; autre voie d’accès à la modernité sort d’un champ naturel où la Ce poste avait été presque ouverte- mépris des préceptes de La Baule qui s’accommodent mal de la poli- langue française reste d’usage ment promis à M. Boutros-Ghali il y – sur le pluralisme politique notam- tique des visas suivie depuis plu- fréquent pour faire acte de présence a quelques mois, quand les Améri- sur un continent que la francopho- cains, d’assez grossière manière, nie avait presque complètement dé- l’évincèrent du secrétariat général Moyens techniques de sécurité renforcés serté. On sort du pré carré, des fron- de l’ONU. M. Boutros-Ghali est en tières franco-québéco-africaines fait contesté par de nombreux pays La police vietnamienne dit aborder la question de la sécurité des d’un gaullisme aujourd’hui suranné. francophones, en particulier sur le nombreux chefs d’Etat et de gouvernement présents à Hanoï avec En se tournant vers une zone où le continent africain, où on lui re- sérénité. Le chef de la police de la ville, Pham Chuyen, ne s’attend français ne peut jamais prétendre ri- proche soit ses prises de position à pas à des manifestations spontanées lors du sommet. Il refuse de valiser avec l’anglais, mais qui est l’ONU, soit tout simplement de communiquer les effectifs déployés pour la circonstance et indique depuis une quinzaine d’années celle n’être pas africain. Il apparaîtra iné- simplement : « Nous avons simplement renforcé nos moyens tech- du plus grand dynamisme dans vitablement comme l’homme de la niques, avec 50 voitures et 50 motos supplémentaires, des équipements l’économie mondiale, on veut sur- Robert, qui appelle à un vaste ras- Hanoï, c’est la réforme des institu- revanche contre les Américains, à de détection des explosifs à l’aéroport et aussi de communication. » tout marquer que la francophonie semblement, le 14 novembre devant tions. Son aspect le plus marquant un moment où l’on essaie au Des instructeurs du groupe d’élite français Raid ont donné une sort de la nostalgie et des combats l’Académie française, pour protester est la création d’un poste de secré- contraire, à propos de la diffusion formation de six semaines à des policiers vietnamiens en avril pour d’arrière-garde. contre la phrase impie qui échappa taire général, qui est supposé don- de la langue et de la culture fran- faire face aux situations d’urgence comme les prises d’otages. Dans récemment au ministre de l’éduca- ner à la francophonie plus de « visi- çaises, de délivrer un message un la semaine qui a précédé le sommet, la police a fait de nombreuses UNE JUNGLE D’INSTITUTIONS tion nationale Claude Allègre : «Les bilité » sur la scène internationale, peu plus subtil. répétitions, des cortèges sont passés sirènes hurlantes et girophares Ce septième sommet a pour am- Français doivent cesser de considérer superviser les agences et contrôler allumés dans les points névralgiques du centre-ville, causant un cer- bition de moderniser l’image de la l’anglais comme une langue étran- les programmes, c’est-à-dire mettre BESOIN D’INTÉGRATION tain chaos dans cette ville de 2,5 millions d’habitants. – (AFP.) francophonie, de la faire apparaître gère »... Ceux-là existent encore, de l’ordre dans une jungle d’institu- Mais surtout, quelle peut être pour ce qu’elle est vraiment : un mais on ne les laisse plus tenir le tions dont certaines, de l’avis même cette « dimension politique » de la combat pour le pluralisme, au haut du pavé, comme ils l’ont fait d’un responsable français, n’ont ja- francophonie, que M. Boutros-Gha- ment –, rejetés comme des ar- sieurs années en France et dont on moyen notamment du plurilin- pendant des années, ridiculisant le mais été que des « fromages ». li est censé promouvoir ? Les ré- chaïsmes européo-centristes ; vient tout juste de mesurer les mé- guisme, et non une défense dos au projet francophone par leur absolu- L’homme sera chargé, enfin, de pro- ponses besogneuses de divers res- triomphe des critères du FMI, seules faits. C’est un besoin de laïcité, cru- mur pour sauver ce qui peut l’être tisme dérisoire et donnant envie à mouvoir la « dimension politique » ponsables français à cette question normes acceptées par les nouveaux cial dans certains pays musulmans. de l’abomination anglophone. plus d’un de jeter le bébé avec l’eau de la francophonie. C’est là que le incitent à penser que le projet n’a dirigeants africains : telles sont les La francophonie s’efforce de ré- Quelques ayatollahs survivent du bain. bât blesse. pas été très précisément élaboré. évolutions survenues dans la partie pondre, par ses réalisations certes encore, tel Philippe de Saint- L’autre innovation du sommet de Le secrétaire général sera « élu » Chacun fait référence, évidemment, centre-africaine de l’ensemble fran- concrètes, à ces demandes très di- aux « grandes heures » de 1993, cophone ces dernières années. La verses. A-t-elle les moyens pour au- quand la francophonie, mobilisée France en convient d’ailleurs tacite- tant de convertir tout cela en une comme jamais, faisait front pour ment, elle qui a fait de l’Ouganda, identité politique et diplomatique ? défendre « l’exception culturelle » parrain des révolutions en appa- Et n’est-ce pas faire preuve encore dans les négociations du GATT. rence « antifrançaises » de l’Afrique une fois de la vieille arrogance dont Mais maintenant, mais au-delà ? des Grands Lacs, mais bon élève du on prétend par ailleurs se libérer ? L’énoncé officiel de cette ambition FMI, le premier bénéficiaire de ses « Si au moins cela servait au déve- politique a quelque chose de pathé- aides garanties par la Coface. loppement de l’enseignement du tiquement hors du temps : il est Elle aura bien du mal à français qui, lui, est très important, question de renforcer les solidarités, convaincre à Hanoï que l’ensemble dit un haut responsable du minis- de promouvoir l’Etat de droit et la francophone peut exister politique- tère français des affaires étrangères. démocratie, de prévenir les conflits ment. Le désir d’appartenance à la Mais je n’en suis pas sûr... » et d’aider à leur solution, de structu- francophonie, lui, existe, et il est rer l’ensemble francophone au sein multiforme. C’est, de la part des Claire Tréan Les travaux préparatoires ont tourné à la foire d’empoigne HANOÏ Rwanda et la République démo- due directement à la France mais à de notre envoyée spéciale cratique du Congo seraient repré- une maladresse des Vietnamiens). Le septième Sommet de la fran- sentés. L’affaire était pourtant entendue, cophonie devrait entériner une ré- Lors des travaux préparatoires M. Zinsou ayant effectivement ac- forme des institutions de la fran- au sommet menés par les mi- cepté de déclarer forfait sous cophonie en créant notamment un nistres en charge de la francopho- l’amicale pression de la France. Les poste de secrétaire général qui se- nie, qui étaient réunis depuis lundi Africains auraient pourtant sou- ra attribué à M. Boutros-Ghali. à Hanoï, la délégation française a haité qu’on le laisse annoncer lui- Mais à vingt-quatre heures de dû faire face à une série de diffi- même sa décision, bref, qu’on y cette manifestation, on ne cultés, dont les unes s’apparentent mît les formes et que l’élection de connaissait toujours pas la liste à une espèce de fronde africaine. M. Boutros-Ghali eût des allures complète des participants, cer- Déjà peu enthousiastes dans leur un peu plus dignes pour l’Afrique. taines incertitudes demeurant, en majorité de voir M. Boutros-Ghali D’autre part, la création même particulier quant à la représenta- devenir le premier représentant de d’un poste de secrétaire général tion des pays d’Afrique centrale. Si l’ensemble francophone, les pays est mal vécue par certains pays qui le Burundi a fait savoir qu’il dépê- africains n’ont pas apprécié que craignent un affaiblissement rela- chera son premier ministre, Pas- l’on annonce, avant même le dé- tif de l’influence qu’ils exercent sur cal-Firmin Dirima, et si le nouvel but du sommet, que le candidat d’autres institutions de la franco- homme fort congolais, Denis Sas- concurrent, l’ancien président bé- phonie. C’est le cas du Canada et sou Nguesso est arrivé jeudi, on ninois Zinsou, avait jeté l’éponge. sans doute de la Belgique, bien ignorait en revanche comment le (L’annonce n’était d’ailleurs pas que cette dernière soit incitée à la réserve par l’assurance qu’elle a de voir l’un des siens, René Dehaybe, Les pays « ayant le français en partage » devenir l’administrateur de la puissante Agence de la francopho- b 49 pays participent au sommet pendant un temps plus ou moins nie qui gère les programmes d’ac- de Hanoï, soit un quart des pays long de leur histoire en Afrique, tions. En substance, ceux qui membres de l’ONU. Ils totalisent en Indochine, au Proche-Orient, contestent la personnalité de 500 millions d’habitants, mais qui dans l’océan Indien, dans les M. Boutros-Ghali, ou la fonction ne parlent pas tous français. Caraïbes, mais également de secrétaire général, ont tenté de b 160 millions de personnes d’anciennes colonies belges réduire les pouvoirs attribués à ce utilisent le français, comme (Zaïre, Burundi, Rwanda), poste, en particulier la durée de langue première ou seconde. Ce portugaises (Cap-Vert, son mandat (en principe de quatre qui place la langue française, en Guinée-Bissau), espagnole ans) et son autorité sur l’Agence nombre de locuteurs, en (Guinée équatoriale), anglaises de la francophonie. 9e position, derrière le chinois (Dominique, Sainte-Lucie, Une autre sombre querelle de (975 millions de locuteurs), Seychelles). prérogatives mettant aux prises les l’anglais (478 millions), l’hindi L’Algérie ne participe pas à cet ministres en charge de la franco- (437 millions), l’espagnol ensemble. En revanche, des pays phonie et les représentants per- (392 millions), le russe d’Europe de l’Est l’ont rejoint sonnels des chefs d’Etat (Denis Til- (284 millions), l’arabe (Bulgarie, Roumanie, Moldavie) linac pour la France) a par ailleurs (225 millions), le bengali ou sont en passe de le faire eu lieu, donnant l’impression que (200 millions) et le portugais (Albanie, Pologne, Macédoine). les travaux préparatoires du som- (184 millions). b Des entités non étatiques sont met tenaient plutôt de la foire b Font partie de l’ensemble des invitées aux sommets en tant d’empoigne... La réunion des chefs pays « qui ont le français en qu’observateurs (Louisiane, New d’Etat à partir de vendredi y met- partage » des Etats qui ont été Hampshire, Nouvelle-Angleterre, tra probablement bon ordre. colonies ou protectorats français Val d’Aoste). C. T. LeMonde Job: WMQ1411--0003-0 WAS LMQ1411-3 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 10:45 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0457 Lcp: 196 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 / 3 Le monde francophone « Trouvez-leur du travail

CANADA et ils apprendront le français » BELGIQUE LUX. QUÉBEC Au Vietnam, la francophonie renaît SUISSE MOLDAVIE St-Pierre- FRANCE et-Miquelon VAL-D'AOSTE ROUMANIE malgré l’envahissant anglo-américain NOUVELLE- ANDORRE MONACO ÉTATS-UNIS BULGARIE ANGLETERRE NOUVEAU- BRUNSWICK SYRIE HUÉ de parents dont les enfants sont ad- LOUISIANE TUNISIE LIBAN MAROC de notre envoyé spécial mis à suivre cet enseignement bi- St-Martin ISRAËL « Lâche-moi les baskets . » A Hoa- lingue : ils le jugent de meilleure St-Barthélemy SAH. ALGÉRIE ÉGYPTE LAOS Guadeloupe OCC. Lu, l’un des sites naturels les plus en- qualité et nourrissent l’espoir que HAÏTI INDE MAURITANIE LA DOMINIQUE chanteurs du Vietnam, des enfants leurs rejetons obtiendront plus tard CAP-VERT MALI NIGER Martinique TCHAD VIETNAM mi-guides mi-mendiants répètent ce des bourses, si difficiles d’accès, leur SÉNÉGAL DJIBOUTI STE-LUCIE PONDICHÉRY que leur disent des touristes français, permettant de poursuivre leurs GUINÉE- RÉP. RWANDA le contingent le plus nombreux par- études dans des universités occiden- BISSAU CENTRAFR. CAMBODGE GUYANE BURUNDI Archipel de GUINÉE mi les Tây (les Occidentaux). «Et tales. C.-D'IVOIRE TOGO la Société maintenant, je dois vous dire au re- Ainsi renaît la francophonie au BURKINA BÉNIN RÉP. DÉM. SEYCHELLES voir », conclut, sous les applaudisse- Vietnam, après un hiatus de deux DU CONGO SAO TOMÉ- COMORES Wallis ET-PRINCIPE ments, le minuscule pionnier au fou- décennies, puisque les derniers ly- Iles Mayotte et Futuna GUINÉE-ÉQ. lard rouge chargé de présenter ses cées français y ont été fermés, dans Marquises ANGOLA CAMEROUN vœux de réussite, à l’université de le Sud, en 1975. Telle une « année de Iles GABON VANUATU Hué, à quelque trois cents délégués la francophonie au Vietnam », à la- CONGO MAURICE Tuamotu Réunion venus d’une trentaine de pays pour quelle personne n’a curieusement URUGUAY MADAGASCAR Nouvelle-Calédonie participer aux « Assises de l’ensei- Iles Australes gnement du et en français ». Celui- MOZAMBIQUE Polynésie française ARGENTINE là, visiblement, apprend le français à La poignée de main Terres australes et antarctiques françaises : l’école et, pour lui avoir dicté un tel Iles Kerguelen, Archipel Crozet, Ile Amsterdam, Ile St-Paul formalisme, son maître ne peut être avec le vainqueur que vietnamien. LE FRANÇAIS, LANGUE OFFICIELLE ET MATERNELLE LE FRANÇAIS, LANGUE D'ENSEIGNEMENT PRIVILÉGIÉE MINORITÉS FRANCOPHONES La rive droite de la rivière des Par- de Dien Bien Phu FRANCE PAYS OU RÉGIONS fums, où se trouvent les universités LE FRANÇAIS, LANGUE OFFICIELLE OU ADMINISTRATIVE ILES OÙ LE FRANÇAIS EST LANGUE OFFICIELLE PARTICIPANT AU et certains établissements scolaires Le président français Jacques ET/OU MATERNELLE SOMMET FRANCOPHONE de l’ancienne capitale impériale, s’est Chirac a entamé, mercredi 12 no- Source : ministère des affaires étrangères donc fait l’écho, à la mi-octobre, vembre, sa visite au Vietnam par d’une langue que chaque délégué une courte promenade à pied pratiquait à sa façon. Vêtues de leur dans les rues de Hanoï. Puis, en tunique blanche si seyante, de sou- présence du général Giap, vain- Jacques Chirac a appelé de ses vœux riantes étudiantes francophones queur de la guerre d’Indochine, il avaient été réparties dans les hôtels a inauguré un musée d’ethnogra- de la nouvelle ville pour guider les phie, aboutissement d’une colla- défenseurs d’un français se sentant boration entre le Vietnam et le un « partenariat privilégié » avec Hanoï menacé par l’envahissant anglo- Musée de l’homme de Paris. Arti- américain de la globalisation mon- san de la défaite française à Dien diale. Bien Phu, en 1954, qui sonna le Quatre milliards de francs de contrats commerciaux entre les deux pays ont été signés Au Vietnam, une brêche a ainsi glas de la présence française au été rouverte. Amorcé simultanément Vietnam, le général Vo Nguyen HO CHI MINH-VILLE française comprend deux volets. cette liste ensemble, sont censés dix ans, s’est ouvert sur le monde dans le primaire et dans le se- Giap, 85 ans, est un fervent fran- de nos envoyés spéciaux Le premier est un protocole fi- la rappeler à chaque occasion aux extérieur. Intervenant, cepen- condaire en 1993, un enseignement cophone. M. Chirac lui a serré la La France politique, de droite nancier de 310 millions de francs dirigeants vietnamiens. Par le dant, dans une période où les ré- bilingue est diffusé, depuis la rentrée main. Le président français a fait comme de gauche, mise appa- qui affecte trois secteurs : trans- passé, Hanoï ne s’est pas montré formes économiques marquent de 1997, dans 524 classes qui re- un baisemain à la vice-prési- remment sans réserve sur le Viet- ports ferroviaires, traitement des insensible à ce type de démarche une pause et où beaucoup d’in- groupent quelque quinze mille dente vietnamienne, Nguyen Thi nam : tel a été le message, en tout eaux et télécommunications française. vestisseurs étrangers sont gagnés élèves. Les filières universitaires fran- Binh, signataire des accords de cas, de la visite de Jacques Chirac, (hors Ho Chi Minh-Ville). Le se- par la morosité, cette visite ne cophones rassemblent, de leur côté, Paris en 1975 qui mirent fin à la accompagné par quatre membres cond comprend deux conven- peut apparaître que comme une cinq mille étudiants. La première guerre américaine du Vietnam. du gouvernement, mercredi 12 et tions de la Caisse française de dé- Le Vietnam volonté de donner un second promotion de bacheliers franco-viet- Parfaitement francophone, jeudi 13 novembre, dans le pays. veloppement, l’une concernant souffle aux réformes écono- namiens sortira en 1999 et, si cet ef- Mme Binh est le chef de la déléga- François Mitterrand, a-t-il dit, l’extension d’une sucrerie dans la est destiné à être miques. fort se poursuit comme prévu, les ly- tion vietnamienne au Sommet était venu au Vietnam sceller la province de Quang-Ngai (110 mil- Les dirigeants vietnamiens ne cées et écoles du Vietnam de la francophonie. – (AFP.) « réconciliation » entre deux lions de francs) et le développe- la porte de la France peuvent que s’en réjouir, même compteront 1 330 classes bilingues pays. Chirac y a renforcé un ment de café du type arabica si, depuis l’établissement, en et, donc, quarante mille écoliers invi- « partenariat » qui s’annonce dans le nord (212 millions de au sein de l’Asean 1995, de relations diplomatiques tés à apprendre le calcul ou la chimie songé, le sommet francophone de pour le moins étroit, si l’on s’en francs). Ces nouveaux accords avec les Etats-Unis, ils ont moins en français aussi bien que dans leur Hanoï s’accompagne, de son côté, tient à l’aide offerte et aux n’incluent pas une enveloppe de tout comme la France besoin de la France. Le coup de langue maternelle. L’encadrement de multiples colloques, séminaires, contrats signés. coopération annuelle qui tourne main ainsi offert est substantiel. des enseignants est la responsabilité, expositions et représentations dans Avec pour plus de 4 milliards autour de 300 millions de francs. sera la porte du De leur côté, les Français choi- au moins au départ, de formateurs les grandes villes du pays. Une cin- de francs de contrats commer- En outre, plusieurs projets sont sissent comme tremplin asiatique francophones étrangers. quantaine de milliers de Vietna- ciaux signés, mercredi, la France en cours de négociation. En Vietnam au sein de un pays, certes charnière, mais Ce vaste programme doit s’ac- miens (sur une population de 76 mil- pleine expansion, la compagnie qui n’est qu’à l’aube de son déve- compagner, au tournant du siècle, lions) parlent couramment le nationale Vietnam Airlines, qui l’Union européenne loppement. La familiarité qui du développement coûteux de fi- français, avec deux silhouettes domi- Droits de l’homme : loue déjà dix Airbus et a acheté reste d’une histoire mouvemen- lières universitaires francophones nantes : le vieil homme, trop heu- plusieurs ATR, a besoin d’A-340 tée mais commune facilite sans pour accueillir les générations à ve- reux de reparler un français un tanti- « On ne gagne pas et d’ATR-72. GEC-Alsthom s’in- Le propos de Jacques Chirac, doute cette option. nir de bacheliers franco-vietnamiens. net désuet, et l’enfant qui commence téresse à la construction de deux qui a réitéré sa confiance dans le L’histoire dira, cependant, si la « Trouvez-leur du travail et ils appren- à l’ânonner. Entre ces deux classes par l’arrogance » centrales. Des assureurs français, dynamisme de l’Asie en dépit des France fait ainsi le bon choix et, dront le français », avait déclaré voilà d’âge, le français forme un courant, AXA et AGF, sont également can- « importantes turbulences écono- surtout, si elle a les moyens d’une trois ou quatre ans Dô Muoi, secré- réduit mais solide, parmi une élite Alors qu’on lui demandait, didats à des licences. En re- miques et financières » du mo- ambitieuse politique en Asie. taire général du PC vietnamien. Pour qui a renoué avec la forte commu- lors de sa conférence de presse, vanche, un projet vietnamien de ment, se situe, certes, dans la l’instant, la méthode serait plutôt in- nauté vietnamienne de France. jeudi à Saïgon, de commenter satellite n’a pas été abordé lors continuité de la politique fran- Jean-Claude Pomonti verse. En outre, elle s’appuie sur le sa démarche de la veille en fa- de l’entretien que le chef de l’Etat çaise depuis que le Vietnam, il y a et Claire Tréan calcul, le plus souvent terre-à-terre, J.-C. P. veur de quarante prisonniers a eu avec Trân Duc Luong, le d’opinion vietnamiens, Jacques nouveau président vietnamien, Chirac s’est refusé à la com- mercredi matin à Hanoï. menter vraiment. Tout en rap- Il s’agit néanmoins de bases ex- pelant que la France est atta- ceptionnelles, surtout dans l’ho- chée aux principes de rizon asiatique de la France, à ce l’universalité des droits de « partenariat privilégié » franco- l’homme, le président de la Ré- vietnamien que Jacques Chirac publique a déclaré : « Je ne fais appelle de ses vœux. Si l’on tient aucun commentaire, parce compte de l’aide redistribuée par qu’une longue expérience m’a dé- le biais, par exemple, d’agences montré qu’il y avait opposition francophones, le Vietnam est totale entre la médiatisation et bien devenu « le deuxième bénéfi- l’efficacité en ce domaine. Mon ciaire au monde » de l’aide finan- souci n’est pas de faire des com- cière de Paris. mentaires. » Le pari est donc clair : le Viet- « Mon souci est d’être efficace », nam est destiné à être la porte de a ajouté le chef de l’Etat, qui a la France au sein de l’Asean (As- condamné « les déclarations ir- sociation des nations de l’Asie du responsables et intempestives » Sud-Est) tout comme la France sur cette question. « En matière sera la porte du Vietnam au sein de droits de l’homme, a-t-il sou- de l’Union européenne. Jacques ligné, on ne gagne pas par l’arro- Chirac a ajouté que « c’est au gance, mais par la capacité d’ex- Vietnam que la France occupe la pliquer et de convaincre. Cette plus forte position en Asie : les faits capacité, moi je l’ai. » – (Corresp.) sont là ». Moyennant quoi, comme l’avait déjà fait François Mitter- devient le premier investisseur rand en 1993, le président de la occidental au Vietnam (plus République a demandé aux Viet- d’1,6 milliard de dollars) devant namiens de « simplifier les condi- les Etats-Unis (1,2 milliard de dol- tions de travail des entreprises qui lars). France Telecom fournira à veulent s’établir ici », une allusion Ho Chi Minh - Ville une première à des réglementations contradic- tranche de 180 000 lignes télé- toires, à l’inertie de la bureaucra- phoniques sur un ensemble de tie et à la corruption ambiante. 540 000 lignes, un contrat global Surtout, dans un geste qui a de 2,7 milliards de francs ; FCB, permis d’évacuer la question des filiale du groupe Five-Lille - Bab- droits de l’homme, Hubert Vé- cock, procédera à l’extension de drine a été chargé de remettre à la cimenterie de Hoàng-Mai Nguyen Manh Câm, son homo- (750 millions de francs) ; Suez- logue vietnamien, une liste de Lyonnaise des eaux a obtenu la quarante détenus politiques sur réalisation d’un système d’adduc- le sort desquels Paris souhaite at- tion d’eaux dans l’ex-Saïgon tirer l’attention des autorités (640 millions de francs). vietnamiennes et espère des me- D’un montant supérieur à sures de clémence. Les respon- 600 millions de francs, l’aide sables européens, qui ont établi LeMonde Job: WMQ1411--0004-0 WAS LMQ1411-4 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 10:49 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0458 Lcp: 196 CMYK

4 / LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 INTERNATIONAL Le Conseil de sécurité a décidé de renforcer les sanctions imposées à l’Irak Le consensus international demeure toutefois fragile, certains membres permanents du Conseil étant hostiles au recours à la force si Bagdad maintenait sa décision d’expulser les experts américains de l’Unscom, la commission chargée de le désarmer Le Conseil de sécurité des Nations unies a de la Commission spéciale de l’ONU char- termination à expulser les experts améri- risquent de se diviser à nouveau au cas où solution 1137 pose un garde-fou en préci- adopté, mercredi 12 novembre, à l’unani- gée du désarmement (Unscom) de ce pays cains de l’Unscom, sans toutefois préciser Bagdad mettrait sa menace à exécution. sant que ce sera au Conseil de sécurité de mité, une résolution (la 1137) renforçant les ne pourront plus désormais quitter le terri- de délai. Les risques d’un nouveau rebon- L’administration américaine, soumise à de décider des « mesures à prendre » si Bag- sanctions imposées à l’Irak dont les respon- toire irakien. La résolution a aussitôt été dissement de la crise ne sont ainsi pas dissi- fortes pressions intérieures, pourrait être dad ne se conforme pas aux exigences de sables militaires qui entravent les travaux rejetée par Bagdad, qui a réaffirmé sa dé- pés, et les membres du Conseil de sécurité tentée par une action militaire, mais la ré- l’Organisation des Nations unies.

NEW YORK (Nation unies) prendre d’autres mesures, selon qu’il n’avons rien contre les Américains, un diplomate américain. Si Bagdad et surtout de la situation humani- L’ambassadeur français, Alain de notre correspondante conviendra » pour garantir l’appli- mais nous ne voulons pas qu’ils do- décide d’expulser les inspecteurs taire désastreuse qu’engendrent les Dejammet, a vivement regretté La résolution 1137, adoptée mer- cation de la résolution. La nature minent la commission spéciale », a américains de son territoire, le sanctions de l’ONU. que l’Irak ne soit pas revenu sur sa credi 12 novembre par le Conseil de ces « mesures » dépendra du même affirmé M. Aziz, qui devait Conseil de sécurité « serait en diffi- « Il y a désormais une véritable décision « inacceptable » d’expul- de sécurité des Nations unies, qui comportement de Bagdad. rencontrer, jeudi, le secrétaire gé- culté », admet un membre de cette prise de conscience », disait mercre- ser les Américains. La France, a-t-il impose de nouvelles sanctions à « Cette résolution ne nous fait pas néral de l’ONU, Kofi Annan. instance, qui précise toutefois di soir un ambassadeur membre du ajouté, « se prononce fermement l’Irak contient en fait un double peur », a aussitôt déclaré le vice- qu’un tel acte « ne justifierait pas le conseil. Le ton des Etats-Unis a pour que toute action à l’égard de message, estiment des diplomates premier ministre irakien, Tarek « PRISE DE CONSCIENCE » recours à la force, mais les Améri- même changé. Washington « es- l’Irak soit examinée et menée stricte- à New York : le premier avertit Aziz. « Nous continuerons nos ef- Les Etats-Unis pour leur part cains voudront sûrement employer père voir levées les sanctions contre ment dans le cadre du Conseil de sé- Bagdad que le Conseil ne tolérera forts pour défendre nos droits légi- restent déterminés à réagir avec des mots qui font mal », c’est-à-dire l’Irak », a déclaré mercredi pour la curité ». Son collègue chinois est pas le défi lancé à son autorité et le times. Nous avons essayé d’expliquer prudence, afin de sauvegarder l’expression « violation flagrante » première fois, l’ambassadeur amé- allé plus loin, en disant clairement deuxième s’adresse implicitement notre cause devant le Conseil de sé- l’unanimité fragile au sein du du cessez-le-feu de la guerre du ricain, Bill Richardson. « Mais la le- que Pékin « s’oppose à l’utilisation aux Etats-Unis pour leur signifier curité, mais les pressions et les chan- Conseil de sécurité. Ils attendent Golfe, qui implique une action mi- vée des sanctions sera consécutive et ou à la menace [de l’utilisation] de qu’une action militaire est inaccep- tages américains nous en ont empê- patiemment que Bagdad litaire. L’exclusion des Américains non antérieure au respect par l’Irak la force » contre l’Irak. La Russie table. chés. » M. Aziz qui, selon la charte commette une faute, qui consiste- de l’Unscom pourrait, selon cer- des résolutions de l’ONU. » « Il y a interprète elle aussi la décision du Pour la plupart des membres du de l’ONU, avait le droit de partici- rait à abattre « ou même à tirer tains diplomates, pousser cette une lumière au bout du tunnel, a en- Conseil comme un refus d’une ac- Conseil, l’attitude de l’ONU est à la per à la réunion officielle du sur » les avions espions américains commission à retirer tous ses ins- core dit M. Richardson, et c’est aux tion militaire. Dans un discours re- mesure des faits : Bagdad fait obs- Conseil, a lui-même décidé d’y re- U 2 qui survolent l’Irak pour le pecteurs. Pour éviter une telle ex- dirigeants irakiens de l’allumer ». marqué, le représentant de tacle au travail de la Commission noncer. « L’Irak est un pays fier, a-t- compte de l’ONU. Le prochain vol trémité, les efforts diplomatiques Des diplomates notent aussi que l’Egypte, Nabil El Araby a plaidé spéciale chargée de le désarmer il expliqué. Il ne mérite pas ce genre de U 2 est prévu avant la fin de la continuent « frénétiquement ». M. Richardson s’est dit « prêt à pour que le Conseil de sécurité (Unscom), le Conseil répond par de de traitement. » semaine. « Une telle décision de la L’Irak, commente-t-on à l’ONU, examiner les moyens d’alléger la donne l’occasion à l’Irak d’exposer nouvelles sanctions interdisant à Le responsable irakien a réaffir- part de Bagdad serait considérée n’a pas su saisir l’occasion que lui souffrance de la population civile en ses griefs. Bagdad, a encore dit des Irakiens responsables de ces mé que son pays expulserait les ex- comme une agression militaire offrait la récente crise. S’il avait re- Irak ». Allié proche de Washington M. El Araby, « nous a obligés à voter entraves de sortir de leur pays. Il perts américains mais il n’a pas contre les Etats-Unis », explique un noncé à sa décision d’expulser les concernant l’Irak, le représentant en faveur de cette résolution », mais « exige » du gouvernement irakien précisé de date, ce qui, estiment les diplomate européen. « Je ne vois experts américains, il aurait pu se du Royaume-Uni a lui aussi déclaré « rien ne permet » dans le texte de revenir « immédiatement » sur nombreux diplomates qui veulent pas comment l’on pourrait alors em- faire entendre par un Conseil de que si « Saddam [Hussein] enten- adopté, « le recours à la force ar- sa décision d’expulser les membres rester optimistes, « est un bon pêcher Washington de riposter. » sécurité, dont les membres sont de dait la voix de la raison, le processus mée ». américains de l’Unscom et « ex- signe ». « Si la composition de l’Uns- « Un tel acte justifierait une réponse plus en plus conscients des frustra- de la levée des sanctions pourrait prime » sa « ferme intention de com devient plus équilibrée, nous militaire automatique », renchérit tions du gouvernement de Bagdad commencer ». Afsané Bassir Pour Les principales dispositions de la résolution 1137 Bill Clinton subit les pressions des partisans de la « manière forte » En vertu de la résolution 1137, le Conseil de sécurité « condamne » le refus de l’Irak de « coopérer pleinement et inconditionnellement avec la WASHINGTON parole, Michael McCurry. Le consensus poli- Dans le Washington Post, deux anciens res- commission spéciale » (Unscom), notamment « sa décision inacceptable (...) de notre correspondant tique dont M. Clinton bénéficie aujourd’hui ne ponsables militaires de l’administration Bush, de tenter d’imposer des conditions » à cette coopération. Tous les Etats Les Américains gardent deux fers au feu résistera pas longtemps si les reépublicains ac- Zalmay Khalilzad et Paul Wolfowitz, ont pré- « interdiront sans retard l’entrée ou le passage en transit de tous les fonc- dans la crise irakienne. Tout en jouant, aux quièrent la conviction que l’administration dé- conisé une action offensive. « Seule une straté- tionnaires irakiens et membres des forces armées responsables » des en- Nations unies, la carte de la diplomatie, ils en- mocrate cherche par tous les moyens à éviter gie d’ensemble combinée avec des mesures traves au travail de l’Unscom. Les sanctions seront levées « un jour visagent une éventuelle option militaire, et d’utiliser la force, quitte à s’humilier devant le concrètes pour se débarrasser de Saddam res- après » que le chef de l’Unscom aura assuré que ses équipes peuvent tra- tentent d’y préparer l’opinion internationale. régime irakien. Il est temps, soulignait récem- taurera notre crédibilité auprès du peuple ira- vailler librement. Les révisions des sanctions imposées depuis août 1990 Le ton des éditoriaux de la presse et des com- ment le très conservateur Washington Times, kien et avec nos amis dans la région », ont-ils « reprendront en avril 1998 ». « D’autres mesures » pourraient être prises mentaires des responsables républicains est que le président « arrête de se cacher derrière assuré. pour assurer l’application de « la présente résolution ». – (AFP.) allé crescendo durant la crise, accentuant ainsi la communauté internationale et les résolutions Est-ce un hasard ? Le Washington Times, la pression sur Bill Clinton. Les responsables des Nations unies ». journal proche du Pentagone et du lobby mili- de l’administration mesurent cependant à quel taro-industriel, a publié des informations ex- point l’échec ou les limites de la diplomatie QUESTION DE CRÉDIBILITÉ clusives (émanant de la CIA) à propos de né- risqueraient de placer l’Amérique dans une lo- Nombreux sont les commentateurs qui re- gociations militaires secrètes entre l’Irak et la gique stérile d’affrontement : dès lors que le connaissent que les frappes militaires de juin République tchèque : Bagdad serait sur le président irakien voit plus d’avantages que 1993 et septembre 1996 en Irak ont à peine af- point d’acheter – pour une somme de 375 mil- d’inconvénients à subir une « punition » amé- faibli le potentiel de Bagdad. Une action mili- lions de dollars (environ 2,2 milliards de ricaine, celle-ci, quelle que soit sa vigueur, taire ne doit pas être un « coup d’épingle », a francs) –, cinq systèmes radars « Tamara » perd largement de son efficacité. insisté Trent Lott, le chef de la majorité répu- permettant la détection (et donc la destruc- C’est pour éviter de s’engager dans une telle blicaine au Sénat, pour qui le tir de missiles tion), des bombardiers furtifs américains F 117 impasse, et aussi pour faire perdurer la coali- de septembre 1996 – après une intervention de et B 2. De telles affirmations – que le gouver- tion internationale mise sur pied lors de la l’armée irakienne au Kurdistan en soutien à nement de Prague cherche à vérifier – nour- guerre du Golfe, que l’administration Clinton une faction kurde contre une autre –, non seu- rissent le sentiment de plus en plus répandu s’est efforcée d’aboutir à un compromis à New lement n’était pas suffisamment décisif, mais a qu’il est temps d’« arrêter » Saddam Hussein, York, quitte à ce que la résolution adoptée par « rendu Saddam plus fort ». voire de lui infliger une nouvelle leçon. le Conseil de sécurité ne mentionne pas expli- Dans ce registre « va-t’en-guerre », les M. Clinton n’ignore cependant pas que des citement les « graves conséquences » menaçant conseils furent nombreux, de même que les frappes contre l’Irak, qui seraient sans l’Irak – c’est-à-dire une possible intervention éditoriaux, dénonçant la position diploma- commune mesure avec la gravité de la militaire –, si Bagdad persiste à défier l’ONU. tique de la France à l’égard de l’Irak, largement « faute » irakienne, pourraient avoir l’effet in- Mais un échec à l’ONU n’aurait laissé d’autre considérée comme obéissant à des considéra- verse de celui recherché : alors que la cote de option au président que celle d’une frappe mi- tions purement mercantiles, c’est-à-dire pé- popularité des Etats-Unis au Proche-Orient est litaire (laquelle serait quasi automatique si un trolières. Il n’y eut guère que le Wall Street fortement entamée par l’incapacité de Was- avion-espion américain U 2 était abattu). Journal pour rappeler, chiffres des Nations hington à provoquer une reprise du processus « Je me félicite de la prompte, claire et ferme unies à l’appui, que dans le cadre des exporta- de paix israélo-palestinien, une intervention résolution (...) condamnant l’Irak », a dit tions de brut irakien autorisées par la résolu- militaire se traduisant par un surcroît de souf- M. Clinton, mercredi, dans un communiqué. tion « pétrole contre nourriture », la France frances pour le peuple irakien pourrait fort « Il reste à savoir s’il est pleinement satisfait de arrive en quatrième position (11,5 millions de bien favoriser une solidarité arabe avec l’Irak. la réaction du gouvernement irakien », qui a re- barils), juste devant... les Etats-Unis (9,9 mil- jeté la résolution 1137, a renchéri son porte- lions de barils). Laurent Zecchini Le premier ministre israélien réaffirme son pouvoir sur le Likoud grâce à l’abrogation du système des primaires JÉRUSALEM semble guère préoccuper le comi- gement « lui permettra d’éliminer neuf ministres Likoud actuelle- de notre correspondant té central du parti. Dorénavant, et plus facilement les rivaux du type ment en place et qui étaient, tous Brillante exécution d’un véri- comme jadis, les élus du Likoud Dan Méridor », l’ancien ministre ou presque, opposés au change- table coup de maître ou pénible seront présélectionnés par un bu- des finances contraint à la démis- ment de système, M. Nétanyahou, manœuvre lourde de consé- reau politique dominé par les par- sion il y a quelques mois et qui de- qui avait habilement manœuvré quences ? Partagés sur la question, tisans du chef du gouvernement. mandait, mercredi, avec véhé- en coulisse pour obtenir rapide- les commentateurs politiques is- Le détail du nouveau système de mence celle de M. Nétanyahou. ment gain de cause sans appa- raéliens étaient en tout cas una- sélection sera présenté dans les raître comme le deus ex machina nimes, mercredi 12 novembre, trois mois à venir, et l’on ignore « RETOUR EN ARRIÈRE » de l’opération, a voulu donner, pour admettre que la petite révo- encore si le premier parti de la Impossible dorénavant pour les lundi, l’impression qu’il changeait lution interne – « de type péro- coalition nationale-religieuse au barons mécontents d’en appeler son fusil d’épaule. « Nous avons le niste », notait le Yedioth Aharo- pouvoir entend également abroger directement aux militants sans temps, donnons nous une période not –, réalisée dans la nuit de les primaires internes pour le passer par les apparatchiks du par- de réflexion », plaida-t-il lundi. Mal mardi à mercredi par Benyamin choix du prochain candidat à la di- ti. Le premier ministre, qui a déjà lui en prit. Nétanyahou à la convention na- rection du pays. C’est grâce à ce annoncé son intention de se repré- Excédés par cette volte-face tionale quadriennale du Likoud, va système, qui permet de passer par- senter aux élections nationales – « probablement feinte », écri- considérablement renforcer son dessus la tête des caciques du par- prévues pour l’an 2 000, en aura vaient mercredi les commenta- pouvoir sur le parti et sur le gou- ti, qu’un certain Benyamin Néta- les mains plus libres vis-à-vis de teurs locaux –, les 2 700 apparat- vernement. nyahou avait pu être désigné can- ses ministres les plus critiques. chiks qui, la veille encore, faisaient Fini les primaires qui permet- didat de la droite pour les « Ou bien vous obéissez, ou bien un triomphe à leur chef, se mirent taient aux 200 000 militants du élections nationales de juin 1996. vous n’avez aucune chance d’obte- à le huer, à siffler et à exiger premier parti de la droite israé- Chacun le sait en Israël, le pre- nir un mandat pour les prochaines l’abrogation immédiate des pri- lienne de choisir leurs candidats à mier ministre qui fut en son temps élections », tel est dorénavant le maires. Avec un bel ensemble, la la députation, et donc leurs mi- l’un des plus farouches partisans mot d’ordre sous-jacent du nou- presse jugea, mardi, que M. Néta- nistres potentiels : 65 % des de l’introduction des primaires a veau règlement. nyahou avait peut-être un instant 2 700 délégués de la convention changé d’avis. Et il est à l’origine Officiellement, affirme son en- « perdu le contrôle de son parti », ont choisi d’annuler ce système de l’abrogation du système inter- tourage, le chef du gouvernement, lequel s’était « mutiné ». Elle y vit mis en place il y a tout juste deux venue mercredi. C’est qu’entre- directement accusé par certains de le premier signe possible d’« une ans et de faire machine arrière. temps le candidat Nétanyahou est ses ministres comme Ariel Sharon scission en devenir ». Rien de tout Que le Likoud sorte financière- devenu chef du gouvernement, et et Joshua Matza d’avoir « joué un cela n’est démontré. La seule ment affaibli de la manœuvre il a parfois fort à faire pour contrô- double jeu » dans cette affaire, ne chose certaine est que l’opération – « pourquoi les militants paie- ler les ministres – Likoud, mais pas tenait pas spécialement à obtenir « retour en arrière » a été menée raient-ils leur adhésion s’ils n’ont seulement – de son équipe. l’annulation des primaires à une de main de maître. plus droit à la parole ? », deman- Comme l’écrivait dès mardi le date aussi éloignée des élections daient des opposants internes – ne journal de droite Maariv, le chan- nationales. Sous la pression des Patrice Claude LeMonde Job: WMQ1411--0005-0 WAS LMQ1411-5 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 11:09 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0459 Lcp: 196 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 / 5 Moscou va restituer les archives françaises saisies à Berlin La France va ouvrir en 1998 MOSCOU. Les autorités russes vont rendre à Paris toutes les archives françaises dont l’armée soviétique s’était emparée à Berlin à la fin de la quatre écoles militaires en Afrique seconde guerre mondiale. Une commission franco-russe doit étudier, à partir du 9 décembre à Paris, les modalités du retour en France de ces ar- chives, que les nazis avaient saisies en 1940. Lors de sa visite en Russie fin Ces centres de formation auront une vocation régionale septembre, Jacques Chirac avait souhaité que les archives soient resti- tuées au plus vite. La majorité des documents date de l’entre-deux- En 1998, la France ouvrira en Afrique quatre pays mais voués à recevoir des stagiaires venus l’Afrique la formation des cadres des armées na- guerres et concerne la sûreté nationale, avec plus de 900 000 dossiers. écoles militaires à vocation régionale, c’est-à- d’autres Etats de la région. Le projet en question tionales et non plus à les attirer dans des écoles Parmi les archives privées figurent celles de Léon Blum, de Jules Moch, dire des centres de formation implantés en un vise à transférer progressivement de France vers militaires françaises. d’André Maurois, de la famille Rothschild, de l’épiscopat de Strasbourg et d’associations juives. Selon Vladimir Semago, membre de la Douma L’OUVERTURE en Afrique, dès sécurité et de forces de maintien de d’état-major et de l’administration fertes aux stagiaires étrangers dans d’Etat (Chambre basse) et coordonnateur de la commission russe, Mos- 1998, de quatre écoles militaires à l’ordre qui soient davantage respec- militaire pour l’Afrique de l’Ouest. les écoles militaires françaises [un cou a déjà restitué 95 % des archives. – (AFP.) vocation régionale représente un tueuses de la loi. La MMC a prévu Cent dix stagiaires en provenance maximun de 20 %], et d’adapter investissement estimé à 100 millions d’ouvrir, l’an prochain, quatre de neuf pays différents y sont ins- l’enseignement à certaines réalités de francs, selon Bernard Caze- écoles nationales mais à vocation crits pour 1998. Pour l’instant, ces africaines. » Le financement de l’aide étrangère neuve, député PS de la Manche et régionale. quatre écoles à vocation régionale rapporteur, à l’Assemblée nationale coexisteront avec deux écoles inter- COMPAGNIES « TOURNANTES » française, de la commission de la MODÈLE AU MALI africaines anciennes : l’une, à Boua- Parallèlement à ces actions de oppose le Congrès et la Maison Blanche défense pour les activités de la Mis- Avec son aide, le pays où sera im- ké (Côte-d’Ivoire), pour les trans- formation de la MMC, la France a sion militaire de coopération plantée une école accueillera ses missions, et la seconde, située à prévu de réduire son dispositif mili- WASHINGTON. La secrétaire d’Etat, Madeleine Albright, a averti mer- (MMC). Cette décision vise à trans- propres stagiaires et ceux des pays Thiès, pour l’infanterie. taire déployé en Afrique, dont le credi 12 novembre qu’un conflit opposant l’exécutif et le Congrès, à ma- férer progressivement vers l’Afrique de la région, et, à l’inverse, il pourra M. Cazeneuve précise, dans son coût est évalué à l’heure actuelle à jorité républicaine, sur le déblocage de fonds finançant l’aide étrangère la formation de cadres qui étu- envoyer ses cadres en formation rapport parlementaire, que le but quelque 3 milliards de francs par an. américaine, risquait de paralyser la diplomatie américaine. Les respon- diaient dans les écoles militaires dans les écoles des Etats voisins. de la MMC est de faire en sorte que De 8 000 hommes en 1997, ce dis- sables républicains du Sénat ont en effet menacé de ne pas voter le res- françaises. Ainsi, une école d’application de 50 % de la formation assurée, au- positif, qui a commencé d’évoluer tant de la contribution américaine aux nouveaux accords d’emprunt Relevant du secrétariat d’Etat à la gendarmerie assurera, à Abidjan jourd’hui, en France puisse avoir avec, notamment, le retrait du Cen- (NAB) du Fonds monétaire international, ainsi que 926 millions de dol- coopération, la MMC disposera en (Côte-d’Ivoire), la formation initiale lieu sur place, en Afrique, en l’an trafrique achevé au printemps 1998, lars (environ 5,28 milliards de francs) en arriérés américains à l’Organisa- 1998 d’un budget de 703,3 millions des futurs officiers de gendarmerie. 2002 grâce à un enseignement dé- sera ramené à 5 600 durant les an- tion des nations unies (ONU), si la Maison Blanche n’accepte pas de sus- de francs (en diminution de 4,9 % Une école du service de santé, à Lo- veloppé de façon autonome par les nées prochaines. Le système de pré- pendre toute aide à des programmes étrangers autorisant l’avortement. par rapport à 1997) et elle mobilise- mé (Togo), instruira les médecins pays eux-mêmes. sence va être revu : il sera assuré « C’est un sujet important qui mérite un débat complet et équilibré, a affir- ra auprès d’une vingtaine de pays militaires. Une autre école, à Thiès Outre qu’il est dicté par une vi- par des compagnies « tournantes », mé Madeleine Albright lors d’un discours à Washington, mais l’impasse environ cinq cent soixante-dix coo- (Sénégal), sera chargée de l’instruc- sion qui se veut nouvelle des rap- affectées pour quatre mois et régu- qu’il a créée menace de sérieusement saper notre capacité à conduire une pérants et assistants techniques (en tion initiale des officiers d’active. Et ports entre Paris et l’Afrique, ce lièrement relevées, au lieu de garni- politique étrangère à un moment très critique. » L’administration souhaite baisse de plus de 10 %), qui sont, la quatrième école, à Rosso (Mauri- transfert a une double raison sons quasi permanentes avec les fa- dissocier les deux sujets, a indiqué Mme Albright, citant les tensions ac- pour la grande majorité, fournis par tanie), formera des spécialistes de la propre à la France. « Il s’agit, écrit le milles. Les armées escomptent tuelles avec l’Irak, la nécessité pour les Etats-Unis de continuer à soutenir le ministère de la défense. mécanique automobile. député PS de la Manche, à la fois, de réaliser 800 millions de francs l’ONU ou encore la capacité pour Washington à intervenir en cas de crise Un coopérant ou assistant fran- Ces quatre centres devraient pallier la réduction du format des ar- d’économies avec cette réorganisa- financière, notamment en Asie. – (AFP.) çais est un gendarme, la France s’at- fonctionner sur le modèle d’une mées françaises qui, à très court tion des forces. tachant désormais à la mise sur pied école qui existe déjà à Koulikouro terme, doit entraîner une diminution L’attentat anti-américain du Pakistan sur le continent africain d’unités de (Mali) et qui instruit des cadres corrélative du nombre de places of- Jacques Isnard revendiqué par un groupe inconnu KARACHI. Un groupe clandestin se réclamant du Pakistanais Mir Aimal Kasi, meurtrier présumé de deux agents de la CIA, a revendiqué l’attentat qui a coûté mercredi 12 novembre la vie à quatre Américains et leur chauffeur à Karachi, a rapporté jeudi la presse locale. Ce groupe, le Comité d’action secret Aimal, inconnu jusqu’alors, a adressé une lettre de revendication à des journaux. Les auteurs de la lettre menacent de dé- truire les missions diplomatiques américaines et les autres intérêts améri- cains si Aimal Kansi (Kasi, selon l’acte d’accusation de la justice améri- caine) était condamné à mort par le tribunal de Fairfax (Virginie), qui vient de le reconnaître coupable du meurtre de deux agents de la CIA en janvier 1993. Le département d’Etat a recommandé aux Américains de reporter les voyages « non essentiels » au Pakistan. – (AFP.)

AMÉRIQUES a ÉTATS-UNIS : le procès de Theodore Kaczynski, ancien universitaire accusé d’avoir envoyé des colis piégés à travers les Etats-Unis pendant dix-huit ans, s’est ouvert, mercredi 12 novembre, devant un tribunal fé- déral de Sacramento (capitale de la Californie). Âgé de cinquante-cinq ans, Theodore Kaczynski encourt la peine de mort. Il est accusé d’être le mystérieux « Unabomber » qui a posté, de mai 1978 à avril 1995, seize bombes, faisant trois morts et vingt-trois blessés. – (AFP.)

EUROPE a RÉPUBLIQUE TCHÈQUE : le président tchèque Vaclav Havel, hos- pitalisé depuis dix jours pour une pneumonie, a confirmé mercredi 12 novembre dans un entretien au quotidien Pravo qu’il maintenait, mal- gré ses problèmes de santé, sa candidature à une réélection pour un mandat de cinq ans. Le scrutin, parlementaire, doit avoir lieu en janvier prochain. – (AFP.) a BOSNIE : le diplomate allemand Hans Schumacher, 49 ans, a pris ses fonctions, mercredi 12 novembre, comme adjoint du haut représen- tant civil en Bosnie, l’Espagnol Carlos Westendorp, qui supervise la mise en œuvre du volet civil de l’accord de paix de Dayton. M. Schumacher était jusqu’à présent ambassadeur d’Allemagne en Namibie. Il remplace à ce poste un autre diplomate allemand, Gerd Wagner, décédé dans l’avarie d’un hélicoptère de l’ONU le 17 septembre en Bosnie centrale. – (AFP.) a VATICAN : le pape, légèrement souffrant, n’a pas pu lire le texte de son intervention au cours de l’audience hebdomadaire, mercredi 12 no- vembre, devant dix mille fidèles réunis salle Paul-VI. C’est la première fois, depuis son élection en 1978, qu’il accepte d’être suppléé par des prêtres de la secrétairerie d’Etat. – (Reuter.)

ÉCONOMIE a RUSSIE : les transactions ont été interrompues, mercredi 12 no- vembre, à la Bourse de Moscou, où les actions étaient en forte chute (plus de 7,5 % de baisse dans la journée), ont rapporté les agences russes. Le 28 octobre, la Bourse de Moscou avait clôturé en chute libre de 21,09 %, dans la foulée de la crise boursière mondiale, avant de regagner le terrain perdu (+ 20 %) dès le lendemain. – (AFP.) a UKRAINE : le produit intérieur brut (PIB) de l’Ukraine a chuté de 5 % durant les trois premiers trimestres de cette année, par rapport à la même période en 1996, a indiqué mercredi 12 novembre le ministre ukrainien des finances, Igor Mitioukov. La tendance du PIB est à la baisse depuis l’indépendance, en 1991, de cette ancienne république soviétique de cinquante et un millions d’habitants. En 1996, le PIB avait chuté de 10 %. – (AFP.) Négociations décisives à l’OMC sur la libéralisation des services financiers GENÈVE. A l’approche de la date butoir du 12 décembre, les négocia- tions sur la libéralisation des services financiers, menées sous les auspices de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), sont entrées dans une phase décisive. Deux jours après la reprise des pourparlers à Genève, un groupe de travail, réuni mercredi 12 novembre, a pris la mesure du che- min restant à parcourir pour aboutir à un accord dans les délais impartis. Jusqu’à présent, quarante-cinq pays, dont les quinze de l’Union euro- péenne, se sont engagés à ouvrir leur marché à la concurrence des banques et des compagnies d’assurances étrangères. Malgré la tourmente financière qui les a frappés, plusieurs pays d’Asie du Sud-Est ont présenté ou promis des offres, leurs intentions restant à concrétiser. D’autres, comme l’Inde, ne se sont pas encore prononcés. Une fois de plus, le succès des négociations dépendra de l’attitude des Etats-Unis qui avaient refusé, au dernier moment, de se joindre à un ac- cord en 1995, estimant insuffisantes les offres de certains pays asiatiques. – (Corresp. ) LeMonde Job: WMQ1411--0006-0 WAS LMQ1411-6 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0460 Lcp: 196 CMYK

6 / LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 INTERNATIONAL Le président kénian briguera Hassan II joue l’alternance politique pour légitimer la monarchie Les élections législatives anticipées pourraient être fatales à l’opposition marocaine incapable de présenter des listes un nouveau communes pour faire front au régime chérifien. Treize millions d’électeurs se rendront aux urnes le 14 novembre Après deux semaines de campagne électo- vingt-cinq députés, pour cinq ans. Seize par- qu’une « politique d’alternance », déjà pro- de censure sur le gouvernement, sera dési- mandat rale terne et peu politisée, treize millions tis (dont une formation islamiste) présentent posée en 1995 mais rejetée, à l’époque, par gnée le 5 décembre, au suffrage indirect par d’électeurs marocains se rendront aux urnes, 3 319 candidats. Le roi Hassan II, qui est dans l’opposition, émerge des urnes. Après l’élec- divers organes sociaux et professionnels. Ce vendredi 14 novembre, pour élire, au suf- sa trente-septième année de règne, a fait sa- tion de la chambre basse, vendredi, une système bicaméral a été approuvé en 1996 le 29 décembre frage universel direct à un tour, trois cent voir à plusieurs reprises qu’il souhaitait chambre des conseillers, disposant d’un droit par référendum. LES ÉLECTIONS pluralistes pré- RABAT pouvoir. Un peu à l’écart de cette (alors que le Wifaq présente des di- térieur, Driss Basri, l’homme de trop servi ». Les seuls à même de sidentielle et législatives au Kenya de notre envoyé spécial mouvance, le Rassemblement na- zaines de candidatures confiance du roi. Ce qui n’empêche mobiliser les foules sont les isla- ont été fixées au 29 décembre, a « Le roi doit prier ardemment tional des indépendants (RNI) communes). « Demain la Koutla se- pas les dirigeants politiques de dé- mistes du Mouvement populaire annoncé, mercredi 12 novembre, pour que l’opposition gagne les élec- d’Ahmed Osman, un ancien pre- ra incapable de former une coali- noncer l’achat des voix pratiqué à constitutionnel et démocrate au cours d’une conférence de tions. » Cette réflexion d’un intel- mier ministre, essaie de capitaliser tion. Qu’il s’agisse de l’Istiqlal ou de grande échelle, selon eux, par les (MPCD), tolérés par le pouvoir, presse à Nairobi, le président de la lectuel résume bien les calculs qui son éloignement des affaires ces l’USFP chacun des deux partis privi- partis proches du pouvoir. En fin de dont le chef de file, Abdelkrim Kha- Commission électorale Zacchaeus ont conduit le souverain marocain derniers temps et se présente légie ses intérêts propres au dépens compte, l’opposition a échoué sur tib, a annoncé qu’ils présenteraient Chesoni. Cette décision fait suite à bousculer le calendrier électoral comme un parti de centre droit qui de l’union », note un homme poli- un seul point : elle a renoncé à de- 148 candidats dans les grands au vote par les députés, la semaine et à organiser des législatives un an pourrait faire alliance avec une tique. Dans ces conditions, toutes mander le départ du ministre de centres urbains après avoir boycot- dernière, d’un projet de réforme de avant l’échéance officielle. Le sou- frange de l’opposition. les combinaisons restent possibles l’intérieur. « Soit ses dirigeants, tous té les scrutins pendant vingt ans. la Constitution devant favoriser verain chérifien, avant de passer la pour la constition de la future ma- très âgés, ont compris qu’ils ne l’ob- Dans un cinéma de la banlieue l’organisation d’un scrutin plus main au prince héritier, Sidi Moha- jorité. Un rapprochement entre l’Is- tiendraient pas et qu’il valait mieux de Rabat, il y a quelques jours, le juste. Elle intervient après plusieurs med, veut favoriser l’alternance et A l’inverse de tiqlal et une formation de la majo- passer outre s’ils veulent diriger le MPCD a fait salle comble pour sa vagues de violences politiques qui ainsi légitimiter le pouvoir. «Le rité actuelle n’est pas à exclure. gouvernement ; soit Basri leur a dit première réunion publique. Devant ont fait plus d’une centaine de rêve de Hassan II, confirme un di- la précédente Tout comme une alliance entre qu’il abandonnerait son poste après un public conquis d’avance morts depuis le mois de juillet. plomate, c’est de disposer de trois l’USFP et le RNI. Le caractère les élections. Ou alors le roi n’a pas – hommes et femmes étaient soi- Le président, Daniel arap Moï, a blocs – droite, gauche, centre – au chambre, celle qui vague – pour ne pas dire inconsis- encore décidé », observe un habitué gneusement séparés – l’orateur a dissous lundi le Parlement, ouvrant Parlement et d’avoir des coalitions tant – des différents programmes des jeux du Palais. plaidé pour « un Etat islamique » ainsi la voie à des élections, qui de centre-droite et de centre-gauche. sortira politiques ouvre paradoxalement Les Marocains, eux, ne donnent avant d’appeler les jeunes à devenir l’opposeront à huit candidats. Le Cela créera une stabilité, une dyna- beaucoup de perspectives. pas le sentiment de se passionner « les combattants de Dieu et de l’Is- vainqueur devra remporter un mi- mique et une légitimité de l’appareil des urnes sera élue Au-delà de ces tractations, l’es- pour les élections (la tentation lam ». La foule a applaudi le nom nimum de 25 % des voix dans au politique qui bénéficiera à la monar- sentiel, au yeux du Palais, est que d’améliorer le taux de participation d’Abassi Madani, le dirigeant algé- moins cinq des huits provinces du chie. » au suffrage universel l’opposition accepte de jouer le jeu. existe). Il est vrai que la campagne rien de l’ex-Front islamique du sa- pays. M. Moi, soixante-treize ans, Le projet est séduisant, mais ils Elle l’a fait après avoir obtenu gain électorale est terne. Rien, sinon la lut (FIS) avant de dénoncer pêle- qui dirige le pays depuis 1978, a se heurte à l’émiettement des direct de cause sur deux points essentiels. couleur ne distingue les affiches mêle la violence, la corruption, et le averti que le gouvernement n’auto- forces politiques. Vendredi 14 no- A l’inverse de la précédente électorales des différents candidats. tourisme accusé d’apporter avec lui riserait aucun « chaos » pendant la vembre, pas moins de seize partis Chambre, celle qui sortira des « On dirait des avis de recherche », quantité de maux. campagne. Les réformes constitu- politiques vont se disputer les suf- Mais cette dernière survivra-t- urnes le 14 novembre sera élue au ironise un habitant de la capitale. A Les islamistes, selon des diplo- tionnelles ont été ratifiées la se- frages de quelque 13 millions elle aux élections ? Rien n’est suffrage universel direct. Ce n’était la télévision, la campagne officielle mates, devraient rafler une ving- maine dernière. Elles autorisent la d’électeurs. En moyenne, une di- moins sûr. Attelage contre nature pas le cas de la précédente dont le est insipide. « Les deux chaînes de taine de sièges dans la future As- formation d’un gouvernement zaine de candidats (mais pratique- associant notamment une vieille tiers des membres était désigné par télévision nous livrent un spectacle semblée. En théorie car, si le d’union nationale ou de coalition si ment pas de femmes) s’affronte- formation de gauche, l’Union so- le pouvoir. Une deuxième assem- affligeant, qui provoque plus la ré- ministre de l’intérieur a promis de aucun parti ne remporte la majori- ront dans chacune des cialiste des forces de progrès blée de 275 membres, la Chambre pulsion qu’il ne donne envie de se ne pas manipuler le résultat du té absolue lors du scrutin législatif. 325 circonscriptions. Certes, une (USFP) d’Abderrahmane Youssoufi, des conseillers (une sorte de Sénat), mobiliser pour le rendez-vous du scrutin, nombre de Marocains sont Elles garantissent une égalité de poignée de grandes formations do- à l’Istiqlal de l’inamovible Moha- censée représenter « les forces vives 14 novembre », constate le journal convaincus qu’il saura faire une ex- temps d’antenne pour tous dans minent la compétition, mais sans med Boucetta, parti historique qui de la nation » (communes, syndi- Libération. Et le quotidien proche ception pour les islamistes. « Ils les médias et rendent l’organisa- qu’il soit possible de prédire la cou- cultive nationalisme et islamisme, cats, associations) sera désignée le des socialistes de l’USFP de stigma- leur donneront cinq sièges, pas un tion de rassemblements par l’op- leur de la future Chambre des dé- la Koutla – le « bloc » des quatres 5 décembre au scrutin indirect. tiser « la désolation des hommes- plus », affirme une source bien in- position plus facile. Elles prévoient putés. « Il y a un vrai suspense. On partis de l’opposition – n’a aucun Autre avancée, le scrutin de ven- troncs qui viennent [...] livrer des formée. enfin que des représentants de ne sait pas qui va avoir la majorité », ciment idéologique. Simple alliance dredi sera « transparent et hon- lieux communs, manier des concepts l’opposition figurent parmi les par- résume un jeune Marocain pas- de circonstance, leur union risque nête », a promis le ministre de l’in- et des mots galvaudés, usés d’avoir Jean-Pierre Tuquoi lementaires nommés. Les pro- sionné de politique (ils sont rares). de voler en éclats au lendemain des grammes des candidats à la prési- Ancrée à droite, la majorité ac- législatives. dence sont identiques : la lutte tuelle (« les partis de l’administra- Déjà, aux élections communales contre la corruption endémique, la tion », comme les Marocains les de juin, ils ont été incapables de A Laâyoune, les panneaux d’affichage sont souvent vierges restauration des infrastructures du surnomment), regroupée au sein présenter des listes communes. pays et une plus grande attention à du Wifak (l’entente), est usée par Cette fois encore, chacun est parti à LAÂYOUNE des pêcheurs. Laâyoune dispose d’un des hôpitaux les l’éducation et à la santé. – (AFP.) des dizaines d’années d’exercice du la bataille sous sa propre bannière de notre envoyé spécial plus modernes du Maroc. A Laâyoune – plus d’un millier de kilomètres au sud Les consultations, les soins, l’hospitalisation y sont de Rabat –, l’écho de la campagne électorale est à gratuits. La vie est moins chère qu’ailleurs à peine perceptible. Les panneaux d’affichage sont Laâyoune, où les produits de grande consommation sont subventionnés. Mais elle n’est pas très gaie. REPORTAGE Mieux vaut être attiré par le sport que par la culture. Reste les antennes paraboliques de télévision, in- Un paradis fiscal coincé entre le nombrables sur les toits des habitations, qui per- désert et l’océan Atlantique, où l’on mettent d’ouvrir une fenêtre sur le monde extérieur. séjourne « parce qu’ici, au moins, Mais qu’importe ! Beaucoup d’habitants de il y a du travail » Laâyoune ne sont que de passage. Natifs de Marra- kech, de Casablanca, quand ce n’est pas du nord du pays, ils ont échoué à Laâyoune « parce qu’ici, au souvent vierges et les tracts quasi inexistants dans moins, il y a du travail ». Divorcée, Khadija a laissé ses cette ville coincée entre le désert et l’océan Atlan- trois enfants dans sa famille à Marrakech, pour venir tique. Les habitants ont d’autres préoccupations : se travailler dans une conserverie de poissons, Iglo Fish. constituer un petit pécule avant de retourner vivre Elle travaille de huit à douze heures par jour, selon dans des régions plus hospitalières. A Laâyoune, on les arrivages. « Si je peux, je vais faire venir des gens de peut gagner de l’argent. Car il y a du travail. ma famille ici », dit-elle. Khadija ne veut pas indiquer Parce qu’il fallait que Laâyoune, modeste bourgade son salaire. Sa chef d’équipe, une jeune femme dont du temps de la colonisation espagnole, devienne le c’est le premier emploi, gagne l’équivalent de plus rapidement possible une cité marocaine pros- 1 400 francs. Mais l’entreprise loge son personnel. père et puissante, une sorte de nouvelle frontière Mohamed, quarante-quatre ans, est lui aussi un pour le royaume, Rabat n’a pas lésiné sur les moyens. émigré. Avant de se retrouver poissonnier à A Laâyoune, personne ne paie d’impôts directs : ni les Laâyoune, il a été agent de sécurité puis hôtelier à Ca- entreprises, ni les commerçants, ni les particuliers. sablanca. Il gagne bien sa vie mais, après six années de Sahara, il a le mal du pays, même si son épouse l’a GRATUITÉ ET SUBVENTIONS rejoint. Deux de ses quatre enfants sont restés dans le Les seuls à être taxés sont les fonctionnaires. Mais Nord. « Je vais repartir dans quelques mois là-haut », pour qu’ils ne soient pas défavorisés, ils perçoivent jure-t-il. un traitement double lorsqu’ils sont en poste dans ce Combien coûte aux finances publiques ces lar- territoire que le Maroc et le Front Polisario se dis- gesses pour Laâyoune ? « Le chiffre importe peu au putent depuis près de vingt ans. peuple marocain », se contente de répondre un haut La ville a de quoi rendre jalouse bien des cités du fonctionnaire local. « Je suis convaincue que l’Etat ne royaume. En une génération, des centaines de kilo- pourra pas continuer longtemps ainsi », confie de son mètres de routes ont été goudronnées dans le désert. côté une infirmière. En principe, un référendum déci- Un aéroport international, une usine de dessalement dera avant la fin de l’année 1998 du sort définitif de de l’eau de mer, des logements, des écoles ont été ces provinces contestées. construits. Deux ports existent là où il n’y avait, du temps des Espagnols, que des abris pour les barques J.-P. T. L’ambassade d’Algérie dénonce une « campagne médiatique » contre son pays L’ambassadeur d’Algérie, Mo- “ informations ” qui ne mérite- “fuites” impliquent Alger dans les hamed Ghoualmi, réfute les infor- raient pas plus que le qualificatif de attentats de Paris ”... ». mations impliquant Alger dans farfelues si elles ne portaient grave- M. Ghoualmi observe que Le certains des attentats perpétrés à ment atteinte à l’honneur de l’Etat Monde ne saurait « ignorer la gra- Paris en 1995 et dénonce « une algérien et à celui de ses institu- vité » de telles accusations. campagne médiatique » de « dé- tions », écrit M. Ghoualmi. L’ar- « Comment donc, dans ces condi- sinformation » menée contre son ticle du Monde a paru vingt- tions, ne pas se poser des questions, pays. quatre heures après que l’hebdo- écrit encore M. Ghoualmi, sur les Dans une lettre adressée au madaire britannique The Observer tenants et les aboutissants d’une Monde, l’ambassadeur critique eut publié des informations allant campagne médiatique qui inter- l’article publié dans notre édition dans le même sens. vient au moment où l’Algérie para- du 11 novembre. Celui-ci citait « A quels objectifs répondait chève son édifice politique et insti- une source algérienne, se présen- donc la publication de telles alléga- tutionnel ? » Il conclut en écrivant tant comme membre des services tions reconnues par vous-même encore : « Supposer que l’Algérie, de sécurité, qui mettait en cause comme lourdes d’invraisemblances ses services et sa représentation di- ceux-ci dans deux des attentats (...) ?, interroge l’ambassadeur, plomatique puissent être derrière commis à Paris et dans certaines qui poursuit : « Le plus grave ré- les attentats en France » ne peut des violences qui ensanglantent side dans la prise en charge [par Le avoir pour objectif que «de l’Algérie depuis près de six ans. Monde] d’une propagande aussi contribuer à l’alimentation d’une « Je suis étonné de la légèreté avec dangereuse qu’irresponsable avec campagne manifeste et grossière de laquelle votre journal a diffusé des ce titre sans ambiguïté : “ Des désinformation sur l’Algérie ». LeMonde Job: WMQ1411--0007-0 WAS LMQ1411-7 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 10:44 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0461 Lcp: 196 CMYK

7 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997

IMMIGRATION Le projet de loi tous les jeunes nés en France de députés PS ont approuvé un amen- listes souhaitaient rétablir une autre naissance. b LA PROPAGANDE de du ministre de la justice, Elisabeth deux parents étrangers a donné lieu dement qui permet cette accession disposition, supprimée en 1993 par la l’extrême droite sur le thème « Fran- Guigou, rétablissant le caractère au- à un débat au sein du groupe socia- dès treize ans, sur démarche volon- droite et qui permettait aux parents çais sans le savoir » a brouillé le dé- tomatique de l’accession à la natio- liste de l’Assemblée nationale. Par taire, avec l’accord des parents. étrangers de demander la nationali- bat sur le droit du sol, en vigueur en nalité française, à dix-huit ans, pour un vote, mercredi 12 novembre, les b UNE PARTIE DES DÉPUTÉS socia- té française pour leurs enfants dès la France depuis le XIXe siècle. Lionel Jospin impose un compromis sur le code de la nationalité Les députés socialistes ont accepté finalement une transaction sur le projet d’Elisabeth Guigou. Le vote intervenu, mercredi 12 novembre, au sein du groupe a mêlé considérations de principe et réflexes de courants, les fabiusiens s’opposant à la position du gouvernement

LA ZIZANIE chez les députés est née de la décision du gouverne- serait automatiquement français présentée M. Mermaz, dès le début en cas d’alternance politique. mes opinions personnelles, a-t-elle socialistes, à propos du projet de ment de ne pas rétablir la possibili- dès sa naissance à la seule condi- de la réunion, comme un « amen- « On a péché par timidité », re- souligné. Certains les ont peut-être loi Guigou sur la nationalité, n’au- té, pour ces parents, d’obtenir, tion que ses parents totalisent cinq dement de substitution ». Seuls cin- grette également Michel Françaix utilisées... » ra pas duré plus de huit jours. La sous condition de cinq années de années de séjour régulier. Quant au quante-quatre députés socialistes (Oise). Dans le huis clos de la salle La commission des lois, qui en- division, inédite dans son ampleur résidence, la nationalité française rapporteur du projet, Louis Mer- s’étant montrés désireux d’aller Colbert, le président de la commis- tendait Mme Guigou mercredi depuis le retour de la gauche au pour leurs enfants mineurs, option maz, il prônait le retour à la situa- plus loin, le groupe n’a pas eu à dé- sion des finances, Henri Emma- après-midi, avait un train de retard pouvoir, s’était manifestée, le 4 no- qui avait été supprimée par la loi tion d’avant 1993, c’est-à-dire à la partager les positions défendues nuelli, a plaidé, lui aussi, après son sur le vote intervenu le matin vembre, lors d’une réunion de Méhaignerie de 1993. Aux yeux de possibilité d’une déclaration des par Mme Neiertz et M. Mermaz, qui homologue des affaires étrangères, même au sein du groupe majori- groupe (Le Monde du 6 novembre). nombre d’élus socialistes, la pro- parents pour les enfants mineurs. ont fait l’objet d’un seul vote. Jack Lang, et avant Kofi Yamgnane taire. Non sans abnégation, le Elle a été confirmée, mercredi messe de Lionel Jospin de « rétablir L’amendement adopté ne fait (Finistère), en faveur d’une plus garde des sceaux a en effet plaidé 12 novembre, par le vote – le droit du sol » incluait ce rétablis- « ON A PÉCHÉ PAR TIMIDITÉ » que reprendre le texte initialement grande souplesse : « Tout le reste en faveur d’une acquisition de la soixante-quatorze voix contre cin- sement. Or le projet de loi présenté M. Jospin a fait savoir qu’il en- rédigé par Mme Guigou, mais qui participe de l’air du temps mais pas nationalité à compter de seize ans, quante-quatre – d’un amendement par le garde des sceaux fait l’im- tendait maintenir le texte du projet avait été corrigé sur ce point, le des grands principes », a-t-il affir- « seuil d’âge d’autant plus pertinent de compromis, discrètement négo- passe sur les jeunes enfants, pour de loi, moyennant une légère 3 septembre, par le premier mi- mé. qu’il correspond à celui d’une entrée cié avec le gouvernement, qui fixe s’articuler autour d’une autre me- concession : l’amendement adopté nistre lui-même. « Le gouvernement progressive dans la vie active ». Res- à treize ans au lieu de seize l’âge à sure de plus grande ampleur : le re- par le groupe socialiste, avec la bé- accepte la proposition que nous VOTE DE COURANTS tée pour l’instant en marge de ce partir duquel un enfant d’immigré tour à l’acquisition automatique de nédiction de Matignon, permet à avons faite. Je ne le crois pas parce « Air du temps » ou « grands débat, qui a agité le groupe socia- pourra demander la nationalité la nationalité à l’âge de la majorité, un adolescent de treize ans, né en que je l’espère mais (...) parce que je principes » ? Entre les deux, le liste, la droite a préparé ses argu- française. Discipline majoritaire ai- soit dix-huit ans, pour tous les France de parents étrangers, d’ac- le sais », a commenté, mercredi, cœur de certains députés socia- ments. dant, ce vote devrait cependant at- jeunes nés en France. Le texte céder à la nationalité sans attendre Jean-Marc Ayrault, président du listes semble avoir balancé. Et ce « Pourquoi légiférer à nouveau sur ténuer les discordances pendant la maintient cependant la possibilité sa majorité, treize ans étant consi- groupe PS, vendant ainsi la mèche n’est pas l’absence de Laurent Fa- cette question, sauf à répondre à des discussion en séance publique, à d’anticiper ce passage en en mani- déré comme «l’âge du discerne- de la complicité gouvernementale bius, qui avait décidé de présider engagements de campagne ? », s’est partir du 26 novembre. festant la volonté à l’âge de seize ment » en droit civil ; mais cette dé- sur un compromis qui laisse un de bout en bout dans l’hémicycle, interrogé Pierre Mazeaud (RPR), Le débat s’est focalisé sur les ans. marche requerra l’assentiment des goût d’insatisfaction à nombre de devant une quinzaine de députés, en défendant vigoureusement le modalités d’application du « droit Au sein du groupe PS, Véronique parents, comme l’exigent les règles députés socialistes. une séance consacrée à l’examen principe de la manifestation de vo- du sol » aux jeunes nés en France Neiertz défendait l’adoption d’un de ce même droit. Soixante-qua- « Revenir à la loi de 1973 était la des crédits de la culture, qui a suffi lonté. de deux parents étrangers. Plus droit du sol « intégral », en vertu torze voix se sont portées sur cette position la plus simple, la plus à dissiper le malaise ressenti par Soulignant que cette dernière n’a particulièrement, la controverse duquel tout enfant né en France proposition de compromis qu’avait compréhensible, la plus républi- certains élus PS. Ainsi Odette « rien d’infamant », Renaud Don- caine », estime Jean Le Garrec Grzegrzulka (Aisne) se dit-elle nedieu de Vabres (UDF-DL, Indre- (Nord), qui affirme que l’adoption « choquée » d’avoir constaté qu’il et-Loire) a plaidé en faveur d’une de l’amendement défendu par n’a « pas manqué à l’amendement « cérémonie solennelle » lors de Immigration, nationalité, intégration M. Mermaz aurait été le signe que Mermaz une seule voix des fabiu- l’acquisition de la nationalité. «Ac- « nous portions une très grande siens présents ». Pour un proche du cepterez-vous de dire qu’il s’agit COMME ON LE DIT des trains, doubles discours et la démagogie. la volonté de l’enfant, qui conduit confiance en l’avenir ». Regrettant premier ministre, il n’y a pas eu de d’un simple changement plus ou un projet de loi peut en cacher un Dans ce registre, l’extrême à réserver à ce dernier – et non à que le gouvernement se soit arrêté débat sur le fond, mais un « vote moins opportun des modalités d’ap- autre. Ainsi en est-il des textes droite a une longueur d’avance : ses parents – le choix de la natio- à « mi-chemin », M. Le Garrec ré- de courants », certains fabiusiens, plication du droit du sol ? », a lancé préparés par le gouvernement sur la dénonciation par Jean-Marie Le nalité. fute l’argument exprimé par le mi- représentants de la Gauche socia- Adrien Zeller (UDF-FD, Bas-Rhin), l’immigration et la nationalité. Le Pen des « Français sans le savoir » L’argument est aujourd’hui re- nistre des relations avec le Parle- liste ou emmanuellistes ayant cher- très agacé, à Mme Guigou. « Si je dis a amené la droite à ouvrir cette pris par le gouvernement pour ment, Daniel Vaillant, qui a dit aux ché, selon lui, à déstabiliser le gou- cela, lui a demandé la ministre en ANALYSE boîte de Pandore dès 1986. La loi justifier le maintien du statu quo députés socialistes sa préférence vernement. retour, voterez-vous mon texte ? » me Le « rétablissement Méhaignerie de 1993, qui a repris sur ce point, mais la véritable jus- pour une disposition plus consen- M Neiertz s’est demandé, elle l’essentiel des conclusions de la tification de cette position restric- suelle et donc, selon lui, moins sus- aussi, s’il y avait eu « une volonté de Philippe Bernard et du droit du sol », commission Marceau Long, tra- tive est à chercher ailleurs : tous ceptible d’être remise en question positionnement de certains ». « J’ai Jean-Baptiste de Montvalon formule aussi sibylline duit la mise en œuvre, de façon les gouvernements craignent que que bancale heureusement édulcorée, de cette des parents sans papiers n’uti- rhétorique du soupçon envers les lisent la nationalité de leurs en- étrangers. fants pour régulariser leur propre premier, défendu par Jean-Pierre Lionel Jospin, lui, ne s’est pas situation. Le pouvoir actuel Chevènement, contesté par des avancé dans ce domaine aussi n’échappe pas à ce soupçon, d’au- associations et des personnalités précisément que dans celui de tant que la loi Debré de 1997 a pétitionnaires, sera, comme il se l’immigration. Il n’a jamais promis prévu d’attribuer une carte de sé- doit, combattu par la droite, l’« abrogation » de la loi Méhai- jour à tous les parents d’enfants même s’il est loin de détruire gnerie (que tout le monde assi- français. Une large partie de l’opi- toutes les chausse-trapes de la loi mile d’ailleurs aux lois Pasqua), se nion, y compris à gauche, est sen- Pasqua de 1993. contentant d’annoncer le « réta- sible à cet argument. L’effervescence suscitée par ce blissement du droit du sol », for- texte avait jusqu’à présent laissé mule aussi sibylline que bancale CHOIX DE LA RIGUEUR dans l’ombre l’autre projet inscrit puisque, aussi bien, le droit du sol Le gouvernement, plutôt que de à l’ordre du jour du Parlement, ce- n’a pas été supprimé en 1993. La tenter de le réfuter en rappelant lui d’Elisabeth Guigou sur la na- réforme Méhaignerie en a seule- que la quasi-totalité de ces en- tionalité. L’affichage des états ment réduit la portée en introdui- fants deviendront tôt ou tard d’âme de députés socialistes sur sant, notamment, l’exigence d’une français, préfère ne pas courir le un texte censé ravir leurs élec- manifestation de volonté pour les risque d’être taxé de complai- teurs vient de révéler au grand jeunes nés en France de parents sance à l’égard des étrangers. Au jour ce que nombre d’observa- étrangers et en supprimant la pos- choix du cœur, il préfère le choix teurs entrevoient depuis des mois, sibilité pour les parents étrangers politique de la rigueur, qui mais que le gouvernement a sans d’obtenir la nationalité pour leurs conduit à rétablir tout de même doute sous-estimé : le caractère enfants mineurs nés en France. l’essentiel : l’acquisition de la na- potentiellement explosif du dos- L’ambiguïté de cette promesse tionalité de plein droit et automa- sier de la nationalité, probable- se traduit aujourd’hui par la divi- tique, à dix-huit ans, sans exclu- ment aussi détonant que celui de sion des députés socialistes, qui sion possible. la réforme des lois sur l’immigra- donnent au « retour » au droit du En optant ainsi, au nom de tion. sol un sens variable selon leur l’équilibre et du consensus répu- propre sensibilité, parfois elle- blicain, M. Jospin confirme la fer- EFFARANTE COMPLEXITÉ même trempée dans leur propre meté avec laquelle il entend trai- Les raisons en sont simples : histoire familiale. Faut-il, se de- ter les dossiers de la nationalité et moins techniques que les débats mandent-ils, permettre aux immi- de l’immigration. La modération sur les cartes de séjour ou les pro- grés de donner la nationalité fran- serait alors le prix à payer pour cédures d’expulsion, les dis- çaise à leurs enfants dès la que cessent à la fois la manipula- cussions sur la nationalité sou- naissance ? Le souci de favoriser tion du thème des étrangers à des lèvent la question sensible de l’intégration conduit à répondre fins politiciennes et l’incessant l’« identité française », touchant positivement. La mesure était mouvement de balancier des lois l’opinion au plus profond d’elle- d’ailleurs restée en vigueur entre qui les concernent. Si la prochaine même. Ressentie comme simple 1889 et 1993 sans dommage ap- alternance « oubliait » les immi- par le commun des mortels, cette parent pour l’identité nationale ! grés, M. Jospin aurait gagné, mais question atteint, dans sa traduc- La commission Long et le législa- il est peu probable que l’opposi- tion juridique, une effarante teur de 1993 ont répondu négati- tion l’aide à tenir ce pari. complexité, et ce double niveau vement en invoquant la concep- de compréhension favorise les tion moderne de l’autonomie de Philippe Bernard

Le droit du sol l’intégration « à la française », double droit du sol, les enfants tous les enfants d’immigrés sont d’Algériens nés en France après le en trois dates ainsi nécessairement français à la 1er janvier 1963 sont français de deuxième génération. La loi de naissance puisque leurs parents b 1945 : l’ordonnance du 1889 institue de plein droit sont eux-mêmes nés sur un sol 19 octobre annule les mesures l’acquisition de la nationalité à – l’Algérie – alors considéré restrictives prises dans l’immédiat l’âge de la majorité pour tous les comme français. avant-guerre et sous Vichy et enfants d’étrangers nés en b 1993 : la loi Méhaignerie consacre l’équilibre entre droit du France ; elle a aussi permis aux introduit l’exigence d’une sol et droit du sang, qui était en parents étrangers d’obtenir la manifestation de volonté entre vigueur depuis un siècle avant la nationalité pour leurs enfants seize et vingt et un ans pour défaite de 1940 et ses mineurs nés en France. l’acquisition de la nationalité par conséquences. La loi de 1851 avait b 1973 : la loi du 9 janvier fait de les enfants nés en France de introduit le double droit du sol, certaines condamnations pénales parents étrangers. Elle supprime toujours en vigueur aujourd’hui, un empêchement à l’acquisition la possibilité pour les parents qui rend français à la naissance de la nationalité par déclaration. d’obtenir la nationalité pour leurs tout enfant né en France de Surtout, elle adapte l’ordonnance enfants mineurs nés en France et parents étrangers qui y sont de 1945 au contexte de la restreint l’application du double eux-mêmes nés. Clé de décolonisation. Ainsi, en vertu du droit du sol. LeMonde Job: WMQ1411--0008-0 WAS LMQ1411-8 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 11:06 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0462 Lcp: 196 CMYK

8 / LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 FRANCE

M. Jospin se déclare « fier » que le PCF Les députés du PC soit représenté au sein de son gouvernement renoncent à s’opposer Le premier ministre répondait à une question sur les crimes du communisme Interrogé à l’Assemblée nationale, mercredi responsabilités de ceux qui ont soutenu ces abo- sein de son gouvernement. Lionel Jospin a en- au budget de la défense 12 novembre, par un député UDF sur les crimes minations », le premier ministre s’est déclaré foncé un coin dans l’opposition, le RPR se désoli- du communisme, « pour que soient établies les « fier » de compter des représentants du PCF au darisant de la confédération libérale. Alain Richard a ménagé les élus communistes

L’AFFAIRE Yann Piat le 7 octo- UDF et non par un député gaul- LES DÉPUTÉS ont adopté, jeudi plusieurs fois depuis juillet, des dé- bre, les controverses autour du liste », a-t-il insisté. 13 novembre, le budget de la dé- légations conduites par Jean- procès Papon le 21 octobre, Le Diviser pour mieux régner : la fense pour l’année 1998, en baisse Claude Sandrier (Cher), rapporteur Livre noir du communisme le stratégie s’est révélée payante. par rapport à 1997. Le RPR et l’UDF pour avis du budget des forces ter- 12 novembre... Pour le troisième Tandis que le groupe UDF quittait ont voté contre. Les députés restres, le ministre lui a personnel- fois en cinq semaines, Lionel Jos- l’hémicycle en deux vagues suc- communistes ont renoncé à s’op- lement téléphoné chez lui, lundi, pin a transformé la séance des cessives, afin de manifester sa ré- poser à ce budget, dont ils l’invitant à le rencontrer une der- questions au gouvernement, dont probation, la plupart des députés contestent « l’aspect global », se nière fois, mercredi, avant la dis- l’ordinaire est relativement peu RPR restaient sagement assis. contentant d’une abstention, après cussion en séance publique. Lui- alléchant, en temps fort du débat A la fin de la séance, si Jacques les engagements pris par Alain Ri- même ancien salarié de GIAT-In- politique. Assuré sur sa gauche, le Baumel (RPR, Hauts-de-Seine) chard. Le ministre de la défense a dustries, M. Sandrier a salué, dans premier ministre prend manifes- dénonçait cette « manœuvre du annoncé que les ouvriers de l’Etat, les couloirs, la décision du « main- tement plaisir à ferrailler avec premier ministre », d’autres élus travaillant dans les établissements tien des sites de GIAT et de la DCN ». l’opposition, dût-il, comme ce fut RPR prenaient leur distance avec de la direction des constructions Le député communiste s’est décla- le cas à propos de Vichy, susciter leurs collègues UDF. navales (DCN) et dans l’entreprise ré content d’avoir « obtenu en lui-même la question qui lui ouvre publique GIAT-Industries (arme- grande partie satisfaction, après plu- les portes de l’arène. HOMMAGE DE M. HUE ment terrestre), bénéficieront de sieurs jours de siège et d’attente » Mercredi 12 novembre, M. Jos- « Si on devait quitter l’hémicycle mesures leur permettant de partir à sur les trois points qu’il avait mis pin n’a pas eu à se donner ce mal. à chaque fois que le gouvernement la retraite à cinquante-deux ans, en avant au cours des négocia- « La » question est venue des fait une réponse qui ne nous tout en prévoyant de nouveaux re- tions : les aides à la diversification rangs de l’opposition, de Michel convient pas, on ne serait jamais crutements. des sites industriels, le maintien Voisin (UDF-FD, Ain), pas peu fier dans l’hémicycle », déclarait Jean- La délégation interministérielle des plans de charge et l’embauche d’être à l’origine d’un beau re- Louis Debré, président du groupe aux restructurations de défense de jeunes, parallèlement au départ mue-ménage. Tandis qu’au-des- néogaulliste, en regrettant que disposera de 500 millions de francs anticipé de salariés plus âgés. sus de lui dans l’hémicycle, M. Jospin n’ait pas parlé « des mil- pour mener à bien ses missions. M. Sandrier a affirmé que M. Ri- Charles de Courson (UDF-FD, lions de morts du communisme ». Son organisation sera « revue et son chard lui avait même assuré que le Marne) brandissait un exemplaire « l’URSS de Staline, quelque appré- j’en suis fier ! » Entre-temps, le Une observation reprise par rôle étendu ». M. Richard a égale- gouvernement avait décidé de ne du Livre noir du communisme, ciation que l’on porte sur elle, a été chef du gouvernerment, qui a aus- Pierre Mazeaud (RPR, Haute-Sa- ment assuré qu’un comité intermi- pas reporter en 1999 les M. Voisin interrogeait le premier notre alliée contre l’Allemagne na- si souligné qu’il n’avait « jamais voie). Refusant la comparaison nistériel de l’aménagement du ter- commandes de systèmes anti-char ministre, « 85 millions de morts » à zie », M. Jospin a conclu son inter- mis le signe “égal” » entre le na- entre le nazisme et le commu- ritoire se réunira dans les semaines Eryx, confirmant ainsi la réalisation l’appui, afin de savoir ce qu’il vention, saluée par une ovation zisme, « doctrine intrinsèquement nisme, l’ancien président de la qui viennent pour examiner no- d’un pôle missilier à Bourges, où le comptait faire « pour que soient débout de sa majorité, en se po- perverse », et le communisme, a commission des lois ajoutait sur- tamment la situation des bassins député communiste est élu. établies les responsabilités de ceux sant en juge de paix : « Si le goulag pris soin de planter quelques ban- tout : « Je suis de ceux qui, compte les plus immédiatement touchés Evoquant la baisse de 8,7 % des qui ont soutenu ces abomina- et le stalinisme doivent être derilles. Relevant la présence tenu peut-être de ma génération, par les restructurations de défense. crédits d’équipement (titre V), Paul tions ». condamnés et rejetés totalement, et concomitante du président de la sont en droit de considérer qu’on a Quilès (PS, Tarn), président de la si l’on peut penser que le Parti République « à Hanoï, après s’être eu tort de poser cette question. » M. BOCQUET SATISFAIT commission de la défense, a jugé JUGE DE PAIX communiste français (...) a trop tar- rendu en Chine, où il s’apprête Dès lors, Robert Hue, secrétaire Le ministre de la défense a pris que la poursuite de la baisse des Ecartant de lui-même l’hypo- dé à le faire, il n’empêche qu’il l’a d’ailleurs à retourner », M. Jospin national du PCF qui devait pré- soin d’annoncer ces informations, dépenses d’équipement serait thèse d’une « petite question politi- fait. Pour moi, le communisme n’a pas manqué de rappeler la senter un rapport devant le comi- en séance, juste avant la réunion « dangereuse ». Jacques Myard cienne », M. Jospin s’est lancé s’inscrit dans le Cartel des gauches, participation des communistes té national de son parti, jeudi, du groupe communiste prévue en (RPR, Yvelines) a déclaré que ce dans un rapide tour d’horizon de dans le Front populaire, dans les français, en 1945 – « alors que les pouvait rendre hommage au pre- fin d’après-midi. Alain Bocquet « mauvais budget » allait entraîner l’histoire du communisme au combats de la Résistance, dans les crimes de Staline étaient parfaite- mier ministre, dont la « réponse de s’est félicité de ce qu’il venait d’en- un « affaiblissement militaire et di- cours des quatre-vingts dernières gouvernements de la gauche en ment connus » –, à un gouverne- fond » sur les crimes du commu- tendre, y voyant « un chantier dans plomatique » de la France. Jean- années. 1945 et en 1981, il n’a jamais porté ment « issu de la Résistance et diri- nisme « honore la démocratie lequel, avec l’aide du mouvement so- Marie Le Chevallier (non-inscrit, Notant d’emblée que la révolu- la main sur les libertés. Il a tiré des gé par le général de Gaulle ». «Il française ». cial, (...) nous pouvons apporter des Var) a déclaré, « au nom des quatre tion de 1917 « a été l’un des grands leçons de son histoire. Il est repré- est significatif que la question soit réponses concrètes et des avan- millions de Français qui ont voté événements de notre siècle » et que senté dans mon gouvernement, et posée par un membre du groupe Jean-Baptiste de Montvalon cées ». Tirant le bilan d’une intense pour nous », que ce budget « met campagne auprès du ministère de gravement en danger notre pays ». la défense, le président du groupe Arthur Paecht (UDF, Var) a redouté communiste a indiqué que grâce à que ce projet « n’ouvre la voie à une Le premier secrétaire et la « tragédie historique du stalinisme » « la bataille menée » par ses dépu- gestion purement financière de notre tés, « il y a des questions sur les- politique d’équipement militaire ». POUR LA PREMIÈRE FOIS, Lionel Jospin a avenir », ajoute M. Jospin, qui s’interroge à voix cienne, c’est possible, dit-il dans le Figaro du 5 quelles on a pu faire avancer les M. Richard a répliqué qu’on ne donné acte au PCF, mercredi 12 novembre, d’avoir haute : « Est-ce qu’on redonne au Parti communiste mars, mais le PC ne peut agir comme si l’URSS choses, notre action a été utile. En pouvait pas plaider d’une manière dressé, même trop tardivement, un bilan négatif le label de parti de gouvernement ? C’est à eux de le continuait à exister. » nous abstenant, nous voulons mon- générale pour la réduction de la dé- du stalinisme. Mais sa condamnation du stali- reconquérir. C’est à lui de bouger, à lui d’évoluer. » Lorsque, le 29 avril, le PS et le PCF se ren- trer cette utilité ». pense publique et protester lorsque nisme et sa volonté de renvoyer le Parti commu- Quelques semaines plus tard, l’ensemble des for- contrent, à la Mutualité, pour conclure leurs né- Pour obtenir la neutralité des dé- le gouvernement appliquait ce niste à son propre bilan sont des constantes de mations de gauche – dont la Ligue communiste gociations afin d’aborder la campagne des élec- putés communistes, M. Richard n’a principe. son action des dernières années. Déjà, en mars révolutionnaire (LCR, trotskiste) –, se retrouvent, tions législatives avec une déclaration commune, pas ménagé ses efforts. Après avoir 1987, le premier secrétaire du Parti socialiste, que le 2 avril, au Palais omnisports de Bercy à Paris. la question des bilans est de nouveau abordée. reçu, ou fait recevoir au ministère, Fabien Roland-Lévy François Mitterrand avait chargé en 1974 des rela- « Le moment historique a changé pour nos partis, tions avec le PCF, avait évoqué, dans un entretien « CHACUN REVISITE SON HÉRITAGE » souligne d’emblée M. Jospin. L’Union soviétique au Point, « la tragédie historique du stalinisme ». Devant Robert Hue et une majorité de militants n’existe plus, la Révolution d’octobre est loin. J’ima- Redevenu premier secrétaire du PS, en octobre communistes, M. Jospin récuse « diatribes et le- gine que cela vous pose des questions. » Le Sénat lève l’immunité 1995, M. Jospin ne perd pas une occasion de rap- çons » sur le bilan des septennats mitterrandistes. Mercredi, devant le bureau national, Jean- peler le PCF à son devoir de mémoire. Le 10 fé- Pour l’inventeur du « droit d’inventaire », « nous Christophe Cambadélis, chargé des relations exé- vrier 1996, lors d’une réunion des premiers secré- avons tous nos bilans historiques ». Au risque de se térieurs au secrétariat national, a déclaré qu’il n’y de Xavier Dugoin (RPR) taires fédéraux, l’ancien candidat à l’élection faire siffler par une partie de la salle, il enchaîne : avait « pas de différence de nature, mais une dif- présidentielle engage le débat sur ce point avec « les communistes ne peuvent plus et ne veulent plus férence d’intention » entre le nazisme et le LE BUREAU du Sénat a accepté, mercredi 12 novembre, de lever l’im- Daniel Percheron, premier fédéral du Pas-de-Ca- nier la tragédie historique du stalinisme ». communisme, en évoquant « l’utopie des races » munité parlementaire de Xavier Dugoin, sénateur (RPR) et président lais. Dans un entretien au Monde, le 25 juin 1996, du premier et « l’utopie de l’égalité » du second. du conseil général de l’Essonne, en vue d’une possible mise en exa- Rappelant qu’il est favorable à une stratégie de M. Jospin écarte tout nouveau programme « On ne peut pas mettre ces deux utopies sur le men pour trafic d’influence. Les sénateurs ont suivi les recommanda- rassemblement de la gauche et qu’il était opposé commun de gouvernement avec le PCF et ajoute : même plan », a souligné M. Cambadélis, tandis tions du parquet d’Evry, qui avait conseillé de limiter cette levée au à l’ouverture au centre en 1988 – « il y avait une « Chacun revisite son héritage, son histoire, tire ses que François Hollande, premier secrétaire délé- seul contrôle judiciaire. Ils n’ont donc pas accédé aux demandes du majorité de gauche à l’Assemblée nationale, on l’a bilans. Le PC a les siens à tirer sur une histoire qui gué, se demandait si une partie de la droite ne juge d’instruction, qui entendait se réserver la possibilité de placer oublié » –, M. Jospin assure que « nos relations avait commencé en 1917 et qui s’est close, d’une cer- préparait pas le terrain, en interpellant le prmier M. Dugoin en détention. La démarche du magistrat était motivée par avec le PCF ont toujours été compliquées et contra- taine façon, en 1989. » ministre comme elle l’avait fait le même jour à la réunion, dans un même dossier, de l’affaire des salaires présumés dictoires ». « Quand ils comprennent que c’est nous Quelques semaines avant la dissolution de l’As- l’Assemblée nationale, à des alliances avec le fictifs versés par deux filiales du groupe de BTP Parachini à trois qui tirons parti de l’union, ils tournent et ils nous im- semblée nationale, le premier secrétaire du PS re- Front national. proches du président Dugoin, d’un « manuel de corruption » attribué posent une longue période de division », analyse-t- vient à la charge. « Qu’il puisse y avoir au Parti à M. Dugoin et aux déclarations du député (RPR) Franck Marlin, se- il. « Le PCF a une formidable interrogation sur son communiste des nostalgiques d’une époque an- Michel Noblecourt lon lesquelles une contrepartie aurait pu exister entre certaines rému- nérations et l’obtention de marchés publics.

DÉPÊCHES Les députés souhaitent relever la fiscalité sur les logements vacants a CUMUL DE MANDATS : Lionel Jospin a achevé, mercredi 12 no- vembre, ses consultations sur le cumul des mandats en recevant Her- LA COMMISSION des finances le traitement des concubins dans d’Edmond Hervé (PS, Ille-et-Vi- taxe foncière pourrait être appli- vé de Charette, président du Parti populaire pour la démocratie fran- de l’Assemblée nationale a adop- le cadre de l’impôt sur la fortune laine), qui a estimé cet article quée à certaines entreprises et aux çaise, et Jean-Pierre Chevènement, président du Mouvement des té, mercredi 12 novembre, une sé- et rend obligatoire l’imposition « dangereux ». particuliers propriétaires de plus citoyens et ministre de l’intérieur. M. Jospin fera connaître ses propo- rie d’amendements sur le projet commune. Charles de Courson MM. de Courson et Jegou ont de trois logements dans la même sitions au début du mois de décembre. de loi de finances 1998 dans le (UDF-FD, Marne) a précisé que proposé de permettre à l’Etat de commune qui n’ont pas été habi- a ASSEMBLÉE : Gerry Adams, président du Sinn Fein, a été invité, cadre des articles dits « non ratta- quatre concubins fortunés seule- récupérer les sommes versées – au tés pendant plus d’un an. Cette mercredi 12 novembre, par la commission des affaires étrangères de chés », qui seront examinés en ment seraient concernés. titre du RMI – aux enfants de pa- taxe additionnelle serait instaurée l’Assemblée nationale, à l’initiative de Jack Lang (PS), son président. séance publique lundi 17 et mardi Les commissaires aux finances rents aisés ne remplissant pas leur « dans les communes où existent « L’engagement du Sinn Fein est pour la paix. On ne nous détournera 18 novembre. A l’instigation du ont voté un amendement UDF qui obligation alimentaire. Cette pro- d’importants déséquilibres entre pas de ce but », a assuré M. Adams, qui a appelé le premier ministre groupe socialiste, elle a voté le re- permet aux conseils généraux et à position a provoqué un léger flot- l’offre et la demande de loge- britannique Tony Blair à « faire de l’Irlande sa priorité ». lèvement du plafond de dépenses l’Assemblée de Corse d’exonérer tement dans les rangs mêmes de ments ». Cette disposition avait a CNPF : Ernest-Antoine Seil- de rénovation de l’habitation de vignette les véhicules propres. la majorité pour être finalement déjà été votée par la commission, lière, candidat à la présidence du principale donnant droit à un cré- Cet amendement a suscité les ré- repoussée à la demande du rap- il y a un mois, mais n’avait pas été CNPF, souhaite, jeudi 13 no- dit d’impôt. Elle souhaite ainsi serves d’Henri Emmanuelli, le porteur général, Didier Migaud. appelée en séance publique à la vembre, dans un entretien au Fi- porter ce plafond de 4 000 à président PS de la commission des M. Migaud a, en revanche, fait suite d’un « oubli ». garo, que le gouvernement « re- 5 000 francs pour un célibataire, finances, qui l’a jugé « contestable adopter un amendement étendant Enfin, a été adopté un amende- nonce » à son « dangereux de 8 000 à 10 000 francs pour un dans son principe puisque certains de quinze à trente jours la durée ment des députés socialistes pro- projet » sur les 35 heures ou, au couple marié. Le rapporteur géné- départements pourront exonérer et durant laquelle un contribuable posant de majorer de 1,3 % les va- moins, qu’il « le tempère forte- ral du budget, Didier Migaud (PS, d’autres pas ». qui fait l’objet d’un procès-verbal leurs locatives cadastrales des ment ». Evoquant la gestion pari- Isère), a proposé que cette somme A l’initiative de Philippe Auber- de l’administration fiscale peut propriétés non bâties et des pro- taire des organismes sociaux, soit majorée pour les familles ger (RPR, Yonne), l’opposition faire valoir ses observations. priétés bâties non industrielles M. Seillière juge « inadaptées les avec enfants. UDF et RPR a vivement contesté servant de base au calcul des im- mesures de rétorsion » envisagées Les commissaires aux finances l’article 54 du projet de loi de fi- DISPOSITION « OUBLIÉE » pôts locaux. Les commissaires aux par certains membres du CNPF ont par ailleurs voté un amende- nances qui, pour les travaux à fa- La commission des finances a, finances ont conclu en votant qui avaient brandi la menace ment de Jean-Jacques Jegou çon, rend le donneur d’ordre soli- par ailleurs, de nouveau adopté l’ensemble du projet de budget d’un retrait. « Il faudra cepen- (UDF-FD, Val-de-Marne) insti- dairement responsable du l’amendement déposé par les dé- 1998, qui doit être adopté en dant réfléchir très vite à cette tuant une déclaration de revenus façonnier, en cas de fraude à la putés socialistes sur les logements séance publique mercredi 19 no- question et poser des conditions à commune pour les concubins, TVA. M. de Courson s’est ému de inoccupés. Cet amendement sti- vembre. son maintien, avant, le cas obligatoire. Un sous-amende- ce qu’on « risque de condamner pule qu’« à compter du 1er janvier échéant, de marquer des rup- ment, également adopté, précise des innocents ». Il a reçu le soutien 1999 » une taxe additionnelle à la C. M. tures », souligne-t-il. LeMonde Job: WMQ1411--0009-0 WAS LMQ1411-9 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 11:03 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0463 Lcp: 196 CMYK

FRANCE LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 / 9

Le FN tente de politiser Le ministre de la fonction publique est prêt les élections prud’homales à proroger le congé de fin d’activité en 1998 Martine Aubry annonce un projet de loi M. Zuccarelli a annoncé qu’il déposerait un projet de loi sans attendre Les syndicats dénoncent la présence, dans de nombreux Aubry, ministre de l’emploi, a annoncé, mercredi 12 no- la tenue d’une éventuelle négociation salariale qui, selon lui, départements, de listes suscitées par le Front national vembre, le dépôt d’un projet de loi début 1998 destiné à pour les élections prud’homales du 10 décembre. Martine « prévenir toute tentative de dévoyer » cette institution. ne pourrait avoir lieu avant la fin décembre ou le début janvier 1998

LE FRONT NATIONAL fait doit être impartial » et que « toute organisations ». A Paris, la CGT, la LE MINISTRE de la fonction pu- risait le départ à la retraite à partir à certains syndicalistes qu’il valait flèche de tout bois pour s’implanter prise de position politique dans ses CFDT, FO, la CFE-CGC, l’UNSA blique, Emile Zuccarelli, a poursuivi de cinquante-huit ans (au lieu de mieux laisser passer les élections dans l’ensemble des secteurs de la fonctions juridictionnelles constitue- (dont la FEN) et le Groupe des dix ses entretiens bilatéraux avec les soixante normalement) des salariés prud’homales du 10 décembre, car vie économique et sociale, et il est rait une violation des obligations de (dont SUD) ont demandé à la pré- sept fédérations de fonctionnaires, disposant de quarante annuités de ces dernières inciteraient à une cer- en train de donner une tournure sa charge ». fecture, dans une lettre commune, mercredi 12 novembre, en recevant cotisation et prévoyait qu’en taine surenchère. Pourtant, ces très politique aux élections A quelques jours du lancement le retrait d’une liste proche du FN l’UNSA (Union nationale des syndi- échange l’entreprise devait embau- élections ne concernent nullement prud’homales, prévues le 10 dé- par le gouvernement d’une cam- qui présente des candidats dans la cats autonomes, qui regroupe la cher des jeunes. Les fonctionnaires la fonction publique. cembre. Sous l’étiquette de la pagne nationale destinée à limiter section encadrement. Ayant « des FEN et la FGAF) et la FSU. Il leur a ont bénéficié de ce congé avec Les conseillers de M. Zuccarelli Coordination française nationale l’abstention (59,63 % en 1992), preuves intangibles » que le parti fait une bonne surprise, en leur an- trente-sept annuités et demie de ont aussi affirmé qu’il valait mieux des travailleurs (CFNT), le parti Mmes Aubry et Guigou ont appelé à d’extrême droite est derrière cette nonçant qu’il envisageait de dépo- cotisation seulement. Quelque dix laisser passer le congrès de la FSU, d’extrême droite a constitué des une « forte mobilisation » afin que liste, les six organisations ne ser au Parlement, avant la fin no- mille agents de l’Etat, quatre mille prévu du 8 au 12 décembre à Tou- listes dans de nombreux départe- cette institution unique en Europe peuvent « accepter que des repré- vembre, un projet de loi permettant agents territoriaux et mille agents louse. Mais les désaccords qui ments pour le collège des salariés, puisse exercer une justice de proxi- sentants d’un parti politique prônant de proroger le congé de fin d’activi- hospitaliers en ont profité, selon les existent entre la FSU et son Syndi- tandis que certains syndicats, no- mité sans être « dénaturée ». Ces le racisme, la xénophobie puissent se té en 1998. premières estimations du ministère cat national de l’enseignement tamment la CGT, estiment que déclarations « ne règlent pas le pro- présenter lors d’une élection so- Réclamée par toutes les fédéra- de la fonction publique. technique (Snetaa) n’incitent pas dans certaines régions, le FN a infil- blème » pour le prochain scrutin, a ciale ». tions de fonctionnaires, cette me- non plus à la surenchère, le Snetaa tré de manière plus discrète le col- noté Louis Viannet, secrétaire gé- La CFDT a elle aussi réagi, mer- sure était considérée comme l’un PREUVE DE BONNE VOLONTÉ ayant, sur les salaires, une position lège patronal. néral de la CGT, mercredi, devant credi, à « l’intrusion du FN dans des éléments de la négociation sala- Pour que la prorogation du congé plus modérée que la FSU. Il est plus Ce risque n’a pas échappé au l’Association des journalistes de cette élection ». Michel Caron, se- riale que le gouvernement souhaite de fin d’activité soit applicable au vraisemblable que le gouvernement gouvernement, même s’il a laissé l’information sociale (AJIS). «La crétaire national, estime qu’« il est engager. En 1996, le ministre de la 1er janvier 1998, il faut que le Parle- veuille laisser passer la discussion aux partenaires sociaux le soin de responsabilité des gouvernements grave qu’une force politique puisse fonction publique, Dominique Per- ment l’ait adoptée avant la fin de du projet de loi de finances pour déposer des recours devant les tri- précédent et actuel est engagée » ainsi afficher et utiliser les ben, en avait fait un accord à part l’année. Au risque de se priver d’un 1998 pour y voir plus clair. Malgré bunaux d’instance quand ils le dans la mesure où ils n’ont pas pris prud’hommes comme tremplin pour entière. Le protocole instituant le élément de négociation non négli- ces perspectives lointaines, l’an- jugent nécessaire. Martine Aubry, – faute de temps, selon Mme Aubry atteindre un objectif politique ». La congé d’activité pour 1997 avait été geable, le ministre de la fonction nonce du ministre a été perçue ministre de l’emploi et de la solida- et Mme Guigou – des mesures pour centrale cédétiste estime, comme la signé par toutes les fédérations sauf publique a donc décidé de devancer comme une seconde manifestation rité, a estimé, mercredi 12 sep- barrer la route à l’extrême droite. CGT, que « cette situation était évi- la CGT. Le dispositif transposait, de l’échéance encore incertaine d’une de bonne volonté, après les propo- tembre, que « les idéologies d’exclu- table » si les gouvernements, aler- façon avantageuse, aux trois fonc- négociation salariale. Il a en effet sitions faites sur les bas salaires (Le sion n’ont pas leur place dans les RECOURS EN JUSTICE tés depuis plus d’un an, avaient su tions publiques, l’accord patronat- indiqué que, si cette négociation a Monde du 8 novembre). conseils de prud’hommes », et elle a M. Viannet a précisé que, selon garantir l’impartialité des listes. syndicats sur la cessation anticipée lieu, elle ne se tiendra pas avant «la annoncé que « dès le début de un premier recensement effectué d’activité, dit « accord Unedic », du fin décembre ou le début janvier ». 1998, le gouvernement présentera au par son organisation, « la CFNT a Jean-Michel Bezat 6 septembre 1995. Ce dernier auto- L’entourage du ministre a expliqué Rafaële Rivais Parlement un projet de loi permet- constitué des listes dans le collège sa- tant de mieux garantir la légitimité et larié dans cent vingt et une sections, la crédibilité de l’institution prud’ho- sur les trois cent vingt-six possibles, male ». dont trente et une dans l’industrie, Inaugurant les nouveaux locaux trente-deux dans le commerce, six du conseil des prud’hommes d’Ar- dans l’agriculture, trente dans les ac- ras (Pas-de-Calais), le même jour, tivités diverses et treize dans l’enca- Elisabeth Guigou, ministre de la drement ». Il a précisé que la CGT justice, a souligné que « ceux qui allait déposer des recours devant entendraient dévoyer l’institution les tribunaux d’instance «en prud’homale, ou en faire une plate- contestant le caractère syndical de forme politicienne, ne peuvent pré- ces listes », ajoutant que cette dé- tendre servir la justice ». Sans citer marche se ferait « dans l’unité par le parti de Jean-Marie Le Pen, l’ensemble des organisations syndi- Mme Guigou a ajouté que « le juge cales, ou par au moins deux ou trois

Un témoignage sur l’« armée parallèle » du FN

« Dominique », ancien militaire recruté par le service d’ordre du Front national, le Département protection-sécurité (DPS), confirme, dans Libération du 13 novembre, l’existence d’une « armée parallèle » au sein de celui-ci. Cette « petite légion », appelée « G 11 », à laquelle il a été affecté, n’a aucune réalité légale mais regroupe, explique-t-il, «un peu plus de deux cents personnes », « tous des anciens “bérets rouges” ou “bérets verts” » (anciens parachutistes ou légionnaires). « Nous sommes mobilisables vingt-quatre heures sur vingt-quatre en cas de subversion in- térieure et nous devons être capables de renverser un gouvernement en quarante-huit heures si Le Pen se fait descendre », raconte « Dominique ». Ce « G 11 » opère en se mêlant aux manifestants, voire aux gen- darmes mobiles, et « travaille avec les commissaires ». « Dominique » af- firme enfin que le DPS rassemble des informations sur les organisa- tions « Ras l’Front et le Scalp [Sections carrément anti-Le Pen] », sur les journalistes et écoute les communications téléphoniques au siège du parti. M. Blondel dénonce la « trahison » de Mme Notat dans le conflit des routiers ENTRE la fin du conflit des rou- cette accusation, lundi, au congrès tiers, dimanche 10 novembre, et de la fédération FO du bâtiment. les élections prud’homales, le Jusqu’à présent, Mme Notat n’a 10 décembre, le secrétaire général pas réagi à ces attaques, tout en de FO, Marc Blondel, a trouvé une répondant à l’accusation de s’être « fenêtre de tir » idéale pour dé- montrée « raisonnable » pour ob- noncer la CFDT, et surtout Nicole tenir un meilleur score aux élec- Notat. Du gros calibre pour une tions prud’homales. « Nous attaque... « ad feminam » où le n’avons pas géré ce conflit différem- « général » Blondel, qui avait déjà ment du fait de la campagne. Jouer amusé la galerie sur ce thème, à cela aurait été très risqué », a-t- s’est, cette fois, surpassé dans le elle déclaré, mercredi 12 no- raffinement. vembre, à La Voix du Nord, ajou- N’a-t-il pas été le « cocu magni- tant que sa centrale éprouvait fique » dans le conflit des routiers, « une grande fierté » d’avoir signé lui demande L’Événement du jeudi l’accord. (13-19 novembre) ? « Je suis peut- Depuis le soutien appuyé de la être cocu, répond-il. Mais je suis en CFDT au « plan Juppé » sur la Sé- règle avec les mecs. Moi, mon bou- curité sociale, le patron de FO ne lot, ce n’est pas de faire l’amour perd pas une occasion de dénon- avec les premiers ministres, que ce cer la volonté de Mme Notat d’être soit Juppé ou Jospin. D’abord, parce « l’interlocuteur privilégié » des qu’ils sont mâles et que je ne suis gouvernements successifs, un rôle pas homo (...). Mme Notat a mainte- qu’a joué FO pendant l’ère Berge- nu la grève jusqu’à vendredi et ce- ron. pendant, elle savait qu’elle signe- Les critiques de l’attitude de rait. Ce syndicalisme là, je ne le Mme Notat dans le conflit des rou- pratique pas. Cela s’appelle de la tiers n’en sont pas moins vives à trahison en rase campagne. » l’intérieur de sa centrale comme à M. Blondel estime que « les mecs l’extérieur, tout en restant dé- savent qu’ils ont été bernés (...). Ils centes. Le secrétaire général de la risquent de foutre le camp au FN. CGT, Louis Viannet, qui se garde Voilà le boulot. L’apprenti sorcier, ce souvent de porter des jugements n’est pas moi, c’est Mme Notat ». sur ses homologues, n’en a pas Puis il s’exclame : « Ah, elle est cou- moins jugé, mercredi, que la vo- rageuse, la saint-simonienne ! », al- lonté affichée très tôt par la CFDT lusion à la Fondation Saint-Simon de signer avec le patronat des où, pour les détracteurs de cette transports a été « le coup le plus institution, se retrouve la fine fleur dur porté » à la grève des routiers. de la « pensée unique ». Mme Notat « finira par devenir le syndicat offi- ciel ». M. Blondel avait déjà lancé J.-M. B. LeMonde Job: WMQ1411--0010-0 WAS LMQ1411-10 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 11:10 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0464 Lcp: 196 CMYK

10 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997

SANTÉ PUBLIQUE Un premier « amélioration indéniable de la qua- de certains spécialistes, le non-res- logique régional de la maison d’arrêt nitentiaire » et réclame « une sépa- bilan de la réforme de la santé en lité des soins en prison » mais si- pect du secret médical ou des la- de Fleury-Mérogis, Christian Sueur ration des pouvoirs entre la justice prison, mise en œuvre en 1994, a été gnale cependant des points noirs. cunes dans la prise en charge et le raconte son métier. Il dénonce les et la santé qui mettrait fin aux nomi- établi par la direction des hôpitaux b CES DIFFICULTÉS concernent le dé- suivi des sortants de prison. b PSY- pressions visant à faire des médecins nations des chefs de service par le (DH). Ce document fait état d’une pistage de la tuberculose, le manque CHIATRE au service médico-psycho- « des agents de l’administration pé- ministère de la justice ». La réforme de 1994 a permis une « amélioration » des soins en prison Selon un bilan établi par le ministère de la santé, la meilleure qualité de la prise en charge médicale des détenus ne doit pas masquer la persistance de nombreuses difficultés et insuffisances

LA RÉFORME de la santé en pri- des soins pour les urgences », qui est (SMPR). Il s’agit de « faire face à la propos de la surveillance médicale son est loin d’être achevée. Un pre- « effective dans l’ensemble des éta- fréquence des pathologies mentales des détenus mis au quartier discipli- mier bilan national de la mise en blissements », la suppression géné- chez les détenus, qu’il s’agisse d’affec- naire ou à l’isolement. Sur certains œuvre de la loi du 18 janvier 1994 ralisée des « fioles » (médicaments tions préexistantes ou de troubles sites, « la visite bihebdomadaire n’est relative à la santé publique et à la dilués distribués en cellule par les réactionnels à l’incarcération », es- pas toujours assurée », et « il arrive protection sociale, qui a sonné le surveillants) et le recours croissant, time la DH, qui prône aussi « le dé- que le médecin soit sollicité (...) pour glas de la médecine pénitentaire en dans « la plupart » des maisons veloppement de la prise en charge, le fournir un certificat de compatibilité rattachant la gestion des problèmes d’arrêt et des centres de détention, plus précocement possible et de façon de l’état de santé du détenu avec la sanitaires en milieu carcéral à la mé- à la possibilité laissée aux détenus continue, des auteurs d’infractions mise au quartier disciplinaire ». Or decine de droit commun, a été éta- de gérer eux-mêmes leurs traite- sexuelles incarcérés, dont le nombre cette mission ne doit pas incomber bli par la direction des hôpitaux ments. est estimé à 10 000 personnes au au médecin, qui « ne peut délivrer (DH). Elaboré à partir d’un ques- La DH met cependant quelques 1er janvier 1997 ». que des certificats de contre-indica- tionnaire envoyé le 20 mars 1996 bémols à ce tableau globalement Des défauts dans la coordination tion médicale au maintien dans le aux directions départementales des satisfaisant, qui vient confirmer les des équipes soignantes sont aussi quartier disciplinaire », rappelle la affaires sanitaires et sociales premières observations des admi- déplorés, notamment « entre DH. Le bilan fait enfin apparaître de (Ddass), ce document, que Le nistrations (Le Monde du 18 octobre équipes somatiques et psychia- graves lacunes dans la prise en Monde a pu se procurer, fait état 1996). Ainsi, à propos des médica- triques » en Ile-de-France, dans la charge des sortants de prison. «Les d’« une amélioration indéniable de la ments, le rapport observe que « les région Provence-Alpes-Côte d’Azur, UCSA ne connaissent pas les dates de qualité des soins », mais rélève une petits établissements à faible effectif dans le Languedoc-Roussillon et en sortie, ce qui rend difficile la déli- série de difficultés très concrètes infirmier ont des difficultés pour assu- Auvergne. Le secret médical n’est vrance des ordonnances et la trans- dans l’application de la législation. rer la distribution (...) le week-end et pas toujours respecté, et dans cer- mission des informations utiles au La DH précise que sur un total de les jours fériés ». Il en allait notam- tains établissements, « en dehors des suivi des soins en milieu libre », 149 établissements pénitentiaires ment ainsi, au moment de l’en- heures d’ouverture de l’UCSA, les constate la DH, ajoutant que, concernés – ceux dits du « pro- quête, à Fleury-Mérogis (Essonne), clefs des armoires abritant [les] dos- « dans la plupart des régions, les dis- gramme 13 000 », où la santé relève aux Baumettes (Bouches-du- siers médicaux sont détenues par le positions n’ont pas été prises pour or- d’entreprises privées, sont exclus du Rhône), à Strasbourg et à Dun- disposent pas d’installations radio- ment sont notamment liées à la ré- personnel pénitentiaire ». La pré- ganiser efficacement le suivi sani- champ d’application de la loi – 139 kerque. Par ailleurs, « la gestion des logiques. Au niveau des soins den- munération à la vacation, très sence des surveillants en consulta- taire » des personnes élargies. La protocoles de soins ont été signés psychotropes par les détenus suscite taires, la prise en charge est encore inférieure au paiement à l’acte anté- tion est « souvent évoquée comme DH considère donc comme une avec 206 établissements publics de des réticences de la part de l’adminis- défaillante, avec des « délais d’at- rieurement pratiqué », commentent un obstacle » à la confidentialité, et priorité l’organisation d’un tel suivi, santé. Les unités de consultations et tration pénitentiaire », indique la tente importants », qui varient de les experts, qui préconisent «un la DH note que « le secret médical « en coopération avec le service so- de soins ambulatoires (UCSA) DH. Les autorités carcérales re- huit à quinze jours en moyenne et renforcement des équipes soi- n’est pas très bien compris ni bien ad- cioéducatif » de l’établissement sa- créées par la réforme assurent dé- doutent en effet « les risques de tra- qui peuvent atteindre un mois ou gnantes ». mis pour certaines pathologies (VIH, nitaire. sormais la prise en charge des pa- fic et de stockage » des molécules plus dans certaines régions (Bre- tuberculose) ».Un « accroissement tients. agissant sur le système nerveux cen- tagne, Pays de la Loire, Haute-Nor- DÉFAUTS DE COORDINATION sensible des consultations spéciali- Laurence Folléa Les motifs de satisfaction tral. mandie, Pas-de-Calais). Il en va de même pour les presta- sées, en milieu hospitalier comme en concernent la visite médicale d’en- De nombreux points noirs sont Le recrutement de certains méde- tions psychiatriques, les observa- milieu pénitentiaire », a été observé, ૽ La revue médicale Prescrire pu- trée, qui est réalisée « systématique- encore relevés par le rapport de la cins spécialistes pose également tions récurrentes des Ddass concer- mais les visites à l’hôpital se blie un dossier-documentaire ment » et permet de dresser «un DH. Le dépistage obligatoire de la problème. Les prisons manquent nant les « difficultés de heurtent parfois « au contingente- « Santé et prisons en France » avec réel bilan de santé » des entrants, le tuberculose n’est pas toujours ef- cruellement de chirurgiens-den- recrutement » et « l’insuffisance des ment des extractions [de détenus] en l’essentiel des articles et études « renforcement notable des presta- fectué dans les délais prescrits dans tistes et, dans une moindre mesure, temps de psychiatres et de psycho- raison de la limitation des escortes de déjà parus sur le sujet. Editions tions de médecine générale et de les établissements comptant moins d’ophtalmologistes et de dermato- logues » au sein des services médi- police ». Par ailleurs, une certaine Mieux prescrire, 83, bd Voltaire, soins infirmiers », « la permanence de cent cinquante détenus, qui ne logues. « Les difficultés de recrute- co-psychologiques régionaux confusion des rôles est évoquée à 75011 Paris. Tél. : 01-47-00-94-45. Des facteurs de risques cumulés Le rôle ambigu du médecin face à l’« entreprise de punition » Les détenus cumulent de d’autodestruction représentent nombreux facteurs de risques environ 6 % à 16 % des besoins LE DOCTEUR Christian Sueur, psychiatre, tra- dont le rapport de situation établi par l’adminis- pourtant des dispositifs de sécurité qui permet- sanitaires ; leur état tend à se d’hospitalisation. vaille à mi-temps au service médico-psycholo- tration signale immanquablement qu’« il sera traient une vraie confidentialité. » Le docteur dégrader plus vite que dehors. b Maladies infectieuses. Le gique régional de la maison d’arrêt de Fleury- présenté au médecin et au psychiatre ». « Si on re- Sueur n’en a pas la preuve, mais il soupçonne Selon l’inspection générale des nombre de prisonniers touchés Mérogis (Essonne) depuis 1991. Il coordonne fuse, on nous menace toujours avec la non-assis- une autre violation du secret médical : des affaires sociales, cela se traduit par le virus du sida, en constante aussi l’antenne toxicomanie de l’établissement tance à personne en danger, explique le médecin, écoutes téléphoniques auraient été posées sur la par « une avance d’environ dix ans diminution, était de 2,3 % en 1995 pénitentiaire et suit, hors les murs, les toxi- mais je souhaiterai qu’on aille au moins une fois ligne de son service. de la date d’apparition de (dix fois supérieur à celui de la comanes qui fréquentent l’Espace Parmentier, au procès, ne serait-ce que pour ouvrir le débat ! » Christian Sueur déplore « l’absence d’esprit cri- certaines maladies ». Trois population générale). Le taux de un centre de méthadone de Médecins du monde tique et de remise en question de la plupart des pathologies lourdes sont séropositivité reste trois à quatre à Paris. S’il estime que la réforme de 1994 a en- ORGANISER LES RELAIS NÉCESSAIRES soignants en prison. Nous sommes quand même concentrées en prison : les fois plus élevé que celui observé traîné « sur Fleury, une nette amélioration, avec Son métier, tout en nuances et en contradic- dans un lieu concentrationnaire – c’est un fait, pas troubles mentaux, les affections en population générale. 1 113 plus de moyens matériels et humains, des méde- tions, consiste à soigner, non à traiter. « Nous un jugement –, dit-il, où l’on peut se poser la ques- autodestructrices (suicides, prisonniers contaminés par le VIH cins plus ouverts, parfois plus compétents », son prenons soin des gens en état de souffrance, nous tion des traitements inhumains et dégradants, et automutilation, grève de la faim) ont été recensés en 1996, dont la travail quotidien n’en a pas été bouleversé. Sur- les aidons, mais nous ne traitons ni les origines ni pas seulement dans les quartiers disciplinaires. » et les maladies infectieuses liées à majorité (62 %) présentaient une tout, il n’a jamais cessé de s’interroger, de s’in- les causes », précise-t-il. « Les antidépresseurs, Le psychiatre refuse d’ailleurs de consulter dans la toxicomanie intraveineuse forme asymptomatique de digner. notre présence et la télévision servent à calmer les ces quartiers, les « QD » dans le jargon carcéral. (tuberculose, hépatites, sida). La l’infection. Le taux moyen Le docteur Sueur occupe, comme tous les soi- émeutes, mais cela ne figure pas dans nos mis- Particulièrement au fait des problèmes de population toxicomane d’incidence de la tuberculose a gnants en prison, une fonction difficile parce sions », ajoute-t-il, farouchement attaché à l’ar- drogues, le docteur Sueur prescrit des produits représente 15 % à 20 % de la par ailleurs été estimé à 232 pour qu’ambiguë. « Dans le colloque singulier avec le ticle 10 du code de déontologie médicale. Le psy- de substitution à l’héroïne à certains patients population pénale en France. 100 000 détenus (contre 15,6 pour patient, on est obligé de faire abstraction, confie-t- chiatre se soucie aussi de la sortie de ses toxicomanes. Il plaide pour que des seringues b Surmortalité. Les experts 100 000 habitants hors les murs). il, mais dès qu’on sort, on est dans la probléma- patients, essaye de « les préparer à faire une psy- stériles soient mises à disposition de ceux qui constatent une surmortalité b Déontologie. L’article 10 du tique de l’adaptation des sujets à l’entreprise de chothérapie dehors » et organise les relais néces- s’intoxiquent intra-muros et réclame « une sépa- importante des détenus avant code de déontologie médicale punition. » Il se souvient qu’à son arrivée « cer- saires. ration des pouvoirs entre la justice et la santé » qui l’âge de 40 ans, de 278 % dispose notamment : «Un tains médecins se comportaient comme des agents Il soigne une file active de quatre-vingts à cent mettrait fin aux « nominations des chefs de ser- supérieure à la population médecin amené à examiner une de l’administration pénitentiaire. Une chose a détenus – le bâtiment dont il a la charge en vice par le ministère de la justice » et impliquerait générale chez les jeunes de moins personne privée de liberté ou à lui changé avec la création des unités de consultations compte huit cents. Les patients demandent à le la signature unique des autorités sanitaires au de 20 ans et de 82 % supérieure donner des soins ne peut, et de soins ambulatoires : aujourd’hui, on fonc- voir chaque fois par écrit et par surveillant inter- bas des circulaires concernant la santé de déte- chez les 20-39 ans. directement ou indirectement, tionne tous sur le même modèle éthique et philo- posé. « Les patients n’ont jamais d’accès direct nus. « Si on m’objecte quoi que ce soit, conclut le b Santé mentale. Le taux de serait-ce que par sa seule présence, sophique. » aux soignants, dénonce-t-il. De plus, les surveil- médecin en colère, je m’appuie sur la loi de 1994 suicide des détenus est favoriser ou cautionner une Le docteur Sueur reste vigilant. « Il existe tou- lants sont toujours présents à l’intérieur de l’infir- pour répondre : ça, je peux le faire dehors, donc je pratiquement dix fois plus élevé atteinte à l’intégrité physique ou jours une pression pour qu’on devienne des agents merie, où ils continuent de « mater» » Ils sont dans peux aussi le faire dedans ! » que celui de la population mentale de cette personne ou à sa de l’administration pénitentaire », fait-il observer, les locaux, les salles de soins. J’ai déjà vu des gra- générale et les comportements dignité. » citant l’exemple du détenu en grève de la faim dés compulser des dossiers médicaux. Il existe L. F. Les incendies mortels d’un pyromane « sans émotion » LONS-LE-SAUNIER l’époque, ils se partageaient entre homme qui « n’éprouve pas vrai- nalité de Raffin a « altéré son juge- tranquille et après ça revenait » ; et, d’un homme qui fait tous ses ef- de notre envoyé spécial les scientifiques et les charlatans. ment de culpabilité ni même de re- ment », mais qu’il ne s’agit pas globalement, il estime : «Ça me forts pour répondre le mieux pos- Les amateurs de mystère se Les premiers parlaient de surten- mords ». L’expert n’en dira pas d’une circonstance atténuante. En travaillait. » C’est donc à cause de sible. D’ailleurs, «ça» ne le tra- consoleront peut-être avec le seul sions, de champs magnétiques et plus. Pressée de questions, Mme Sire résumé, Raffin, « qui n’a pas «ça»qu’il a mis le feu un peu par- vaille plus. Il ajoute prudemment : élément encore inexplicable de la de micro-ondes provoqués par une reste dans son rôle en rappelant à d’émotion », dispose « d’un degré tout, chez ses parents avec lesquels « Pas pour le moment. » quinzaine ligne électrique haute tension en- la cour : « La justice attend un peu de conscience morale limité » et ne il vivait, chez des voisins, chez des Saura-t-on jamais pourquoi An- d’incendies terrée. Les seconds parlaient de trop des experts psychiatres. Nous correspond pas au profil psychia- cultivateurs et chez sa tante, qui nie Raffin est morte le 20 janvier qui ont éclaté tout : d’extraterrestres, de diablerie pouvons quelquefois donner un sens, trique d’un pyromane. S’il a mis le mourra dans l’incendie à côté d’un 1996 ? A la barre, un jeune pompier à Moirans-en- et de phénomènes paranormaux. mais nous ne pouvons pas répondre feu, c’est « accidentel », et, sans sapeur-pompier venu la sauver. volontaire ne se pose pas cette Montagne Une seule chose les réunissait : ils à toutes les questions. » donner d’autres explications, l’ex- Pendant plus d’une heure, avec question. Il se souvient seulement (Jura) et dans en parlaient avec le même sérieux Son confrère, le docteur Jean pert estime qu’il aurait tout aussi une délicatesse et une patience re- que le sous-lieutenant Gérard Da- la région entre devant une presse complaisante. Riard, est bien plus catégorique. bien pu se diriger vers une autre marquables, la présidente, l’avocat vid a voulu monter à l’échelle pour le 29 no- Puis il fallut redescendre sur Volontiers opaque, il résume sa po- forme de crime. général, Marie-Christine Tarrare, et arracher cette femme aux flammes. vembre 1994 terre. Les feux ont tous été allumés sition brutalement, considérant même son avocat, le bâtonnier « Je tenais la corde : la “ligne de et le 4 février 1996, provoquant la par un simple briquet tenu par un que Serge Raffin est « un rien dans « ÇA ME TRAVAILLAIT » Buffard, tenteront d’obtenir une vie”. Il est entré dans la pièce. Vingt mort d’une femme et d’un sapeur- homme seul. « La solitude est le lequel il n’y a rien ». La phrase est « Je ne comprends pas tout, mais amorce d’explication. En vain. Avec secondes après j’ai tiré sur la ligne de pompier. Car si Serge Raffin, âgé maître mot de sa personnalité », d’autant plus maladroite que la je pense qu’il y a du vrai dans ce un naturel déconcertant, Serge vie. C’était coincé. » Le corps de de trente-six ans, reconnaît avoir note Danielle Sire, expert psy- présidente, Marie-Agnès Credoz, a qu’il dit », commente seulement Raffin dit qu’il mettait le feu et s’en l’officier a été retrouvé à côté de allumé tous ces incendies, il est in- chiatre, avant d’ajouter à propos la réputation de mener les débats Serge Raffin. Le coude sur le re- allait tout de suite, sans même s’in- celui de Mme Raffin. Mais le jeune capable d’en donner la moindre de Serge Raffin : « Nous avons cher- avec un profond respect de la di- bord du box, comme s’il s’agissait quiéter de savoir si les flammes sapeur-pompier, qui oublie de dire raison aux jurés de la cour d’assises ché tous les éléments qui pouvaient gnité de l’accusé. Sommés de s’ex- d’un comptoir, l’autre main sur la s’éteignaient ou se propageaient. qu’il a été lui-même brûlé aux deux du Jura réunis à Lons-le-Saunier donner un sens à ses actes, nous n’en pliquer, les experts s’en tirent par hanche, Raffin s’explique en pre- Encouragés par la présidente, qui bras, rappelle que le sous-lieute- depuis le mercredi 12 novembre. avons trouvé aucun. » La seule do- une série de phrases confuses que nant un air grave : « Ça me cher- les laisse s’exprimer directement, nant a voulu monter à l’échelle à sa Certes, ce mystère paraîtra sans minante de son caractère est « une le magistrat ponctue par un glacial chait déjà un peu avant les incen- les jurés posent de nombreuses place et soupire : « C’est grâce à lui doute bien sordide à ceux qui pauvreté intellectuelle et affective » « Ce n’est pas très compréhen- dies. Ça me prenait une envie : il questions et cherchent la faille. que je suis toujours en vie. » avaient voulu croire à une série qui a conduit à une sorte d’« abais- sible... ». Pour faire bonne mesure, fallait que j’allume un feu. » Plus Mais Raffin reste toujours aussi d’inflammations spontanées. A sement du sens moral » chez un le spécialiste conclut que la person- tard, il ajoute : « Ça me laissait hermétique, tout en donnant l’air Maurice Peyrot LeMonde Job: WMQ1411--0011-0 WAS LMQ1411-11 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0465 Lcp: 196 CMYK

SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 / 11 M. Allègre souhaite déconcentrer les mutations des enseignants en 1999 Face à l’hostilité des syndicats, le ministre diffère d’un an la réforme Le ministre de l’éducation nationale a annoncé, changements de postes des enseignants du se- la plupart des syndicats – neuf d’entre eux mercredi 12 novembre, que la déconcentration condaire, devrait intervenir en 1999, et non dès avaient écrit au ministre le 10 novembre – oblige du « mouvement national », qui organise les 1998 comme il avait été envisagé. L’hostilité de M. Allègre à calmer le jeu.

LE MINISTRE de l’éducation na- tion » du directeur des personnels pages pour la réduire à cinquante et FEN, très faiblement représenté tionale, Claude Allègre, ne dé- enseignants, Georges Septours. la rendre lisible pour le plus grand dans le second degré mais fervent concentrera pas, dès 1998, le Une autre raison avait conduit nombre. A partir de là, des interpré- partisan de la déconcentration, « mouvement national » qui orga- M. Allègre à bloquer le « mouve- tations diverses se sont fait jour ». avait fait cavalier seul, pour de- nise les mutations des enseignants ment », attendu chaque année par Les syndicats restent donc dans mander lui aussi au ministre de du second degré. Répondant mer- plusieurs dizaines de milliers d’en- l’expectative, sans savoir si la note prendre le temps de mener à bien credi 12 novembre, à l’Assemblée seignants. Cette année, la direction de service définitive sera identique cette réforme. nationale, à une question de Phi- des personnels enseignants avait à celle qu’ils avaient négociée. Le Seule FO, qui « exige le maintien lippe Houillon (UDF, Val-d’Oise), apporté à la note de service habi- SNES, premier syndicat du second du “mouvement national” (...) et M. Allègre a précisé : « Il va sans tuelle – cent sept pages en 1996 au degré et grand défenseur du s’oppose à toute forme de déconcen- dire que cette déconcentration, Bulletin officiel, comprenant les for- « mouvement national », sur le- tration », avait refusé de se joindre compte tenu de la lourdeur actuelle mulaires – des modifications négo- quel il assoit sa puissance, a publié, aux huit autres signataires, trou- de la structure, ne peut pas se faire ciées avec les syndicats. Elles por- mercredi 12 novembre, un commu- vant le texte trop « tiède ». Le avant 1999, hélas ! Mais les ré- SGEN-CFDT, défenseur de la dé- flexions sont en train. » concentration depuis quinze ans et Mardi 4 novembre, au cours Les « gaspillages » d’un « système opaque » néanmoins signataire de la lettre, d’une réunion avec les recteurs se dit aujourd’hui « vigilant sur la d’académie, M. Allègre avait pour- Dans sa réponse, à l’Assemblée nationale, au député Philippe parution de la circulaire sur laquelle tant fait état de sa volonté d’enga- Houillon (UDF, Val-d’Oise), Claude Allègre s’est félicité, mercredi il y avait accord ». Jean-Michel ger dès l’an prochain la déconcen- 12 novembre, de pouvoir « dissiper des rumeurs, qui, comme les ru- Boullier, son secrétaire général, af- tration du mouvement, autrement meurs, naissent on ne sait d’où » à propos de la déconcentration des firme être intervenu « pour que sa dit une des formes de « dégraissage mutations des enseignants. « La procédure centralisée conduit à des parution ne tarde pas ». du mammouth », promis dès son dysfonctionnements, à un gaspillage et surtout à maltraiter les ensei- Claude Allègre a donc réussi, sur arrivée au ministère. Pour ce faire, gnants qui ne comprennent pas un système trop opaque », a déclaré le une réforme à laquelle seuls le le ministre avait demandé aux rec- ministre de l’éducation nationale, de la recherche et de la technolo- SNES et les syndicats de la FSU ré- teurs de retarder le lancement de gie. Dans le cadre de la réforme de l’Etat et dans la continuité de sistent véritablement, à créer un la procédure de mutations, qui dé- l’action entreprise par Lionel Jospin, a-t-il poursuivi en substance, il front contre lui. « Le ministre veut bute en novembre pour se termi- souhaite donc déconcentrer pour « rendre le système plus souple, plus retomber sur ses pattes en nous fai- ner en juin avec l’affectation des juste, plus humain ». « Soyez sûr, Monsieur le député, (...) que cette dé- sant porter le chapeau comme d’ha- enseignants. Soumis à la pression concentration se fera dans le dialogue et la concertation. » Les syndi- bitude », commente le SNES, qui syndicale dans leurs académies, cats d’enseignants en attendent maintenant la démonstration. déplore que personne ne sache en- quelques recteurs, sous prétexte de core si le ministère ne cherchera n’avoir pas tout à fait compris la pas à glisser dans la circulaire des demande, avaient sollicité une taient notamment sur le nombre niqué pour noter que Claude Al- mutations « des mesures préfigu- confirmation écrite de cet ordre. de vœux que pouvaient formuler lègre avait « reculé » sur la dé- rant la déconcentration », ni sa date L’ordre partait par télécopie les enseignants – quinze au lieu de concentration du mouvement en de sortie. l’après-midi même : « Je vous six – ainsi que sur des simplifica- 1998 et maintient « la demande La haute administration, quant à confirme le message oral adressé tions de procédure. Cette mutation commune de publication de la cir- elle, est prête à ce changement aux recteurs ce matin, relatif aux nouvelle manière était destinée à culaire en l’état et d’ouverture d’une qu’elle estime nécessaire « mais opérations du mouvement 1998, à prouver, selon certains syndicats, véritable concertation sur les enjeux pas dans des conditions pareilles », savoir ne pas procéder dans l’immé- que l’on pouvait améliorer le mou- de la gestion des enseignants ». comme le souligne un recteur : diat à la diffusion des notices indivi- vement actuel sans le « casser », Neuf syndicats d’enseignants « S’il nous l’avait dit en juillet, c’était duelles pour aider à la saisie des de- c’est-à-dire le régionaliser. avaient en effet écrit, le 10 no- faisable. Mais, maintenant, c’est mandes de mutation sur Minitel. Le procédé a déplu au ministre, vembre, une lettre de protestation matériellement et politiquement im- Des consignes ultérieures vous par- qui a expliqué, dans sa réponse à au ministre pour s’insurger contre possible. » viendront. » La note est signée l’Assemblée, qu’il avait « différé une déconcentration trop hâtive « Pour le ministre et par déléga- une circulaire longue de soixante-dix (Le Monde du 12 novembre). Le SE- Béatrice Gurrey Le nombre d’enfants en danger est en constante augmentation

LE NOMBRE d’enfants en danger Les enfants toujours plus maltraités en France ne cesse d’augmenter. Depuis quatre ans, année après an- LES TYPES DE MALTRAITANCE en % LEUR ÉVOLUTION en nombre de cas née, l’Observatoire national de l’ac- + 18% + 7% – 6% tion sociale décentralisée (ODAS) FILLES GARÇONS avance des chiffres toujours plus importants. Dans son cinquième 7 500 7 500 7 000 7 000 7 000 rapport, rendu public mercredi VIOLENCES SEXUELLES 75 25 6 500 5 500

12 novembre, l’ODAS dénombre 5 000 74 000 enfants maltraités et en VIOLENCES PHYSIQUES 45 55 4 000 risque de maltraitance en 1996, soit VIOLENCES VIOLENCES VIOL. PSYCHOL. 14 % de plus que l’année précé- VIOLENCES PSYCHOL. 50 50 SEXUELLES PHYSIQUES NÉGLIG. GRAVES dente. En 1995, les départements 1994 1995 1996 NÉGLIGENCES GRAVES 45 55 (16 000 cas) (20 000 cas) (21 000 cas) responsables de la protection de l’enfance avaient recensé 65 000 Source : ODAS, 1997 cas, contre 58 000 en 1994. Le nombre d'enfants maltraités augmente régulièrement ; 45 % des mineurs concernés sont des garçons, contre 55 % Cette augmentation est certes liée de filles. Celles-ci sont notamment les principales victimes d'abus sexuels. à un meilleur repérage des enfants en danger. L’onde de choc de l’af- faire Dutroux en Belgique et celle Or, « l’augmentation du repérage et – ceux qui subissent des conditions nombre de saisines judiciaires les de Cosne-sur-Loire en France, les de l’observation n’explique que par- de vie susceptibles de mettre en concerne autant que les enfants campagnes de sensibilisation, la tiellement l’accroissement du nombre danger leur santé, leur sécurité, sans maltraités. forte médiatisation de ces phéno- de signalements, indique le rapport être pour autant maltraités. Par Ce renforcement de l’interven- mènes, la meilleure formation des de l’ODAS. Si l’augmentation avait exemple, un enfant livré à lui-même tion judiciaire est contraire à l’esprit travailleurs sociaux et le recours pour seule cause des raisons tech- est considéré comme en risque. de la loi du 10 juillet 1989, qui privi- plus aisé au Service national d’ac- niques, elle se serait produite de fa- « Les commentaires qualitatifs des légiait la protection administrative cueil téléphonique de l’enfance çon homogène. Or, le nombre de si- départements interrogés convergent sur la protection judiciaire. « Cette maltraitée (Snatem) ont contribué à gnalements d’enfants maltraités tous dans le sens d’une persistance de judiciarisation n’est pas propre à révéler davantage de situations de augmente de 5 %, alors que celui la crise sociale et de l’émergence l’enfance en danger, a indiqué Pierre maltraitance, notamment dans les d’enfants en risque augmente, lui, de d’une crise identitaire qui fragilise les Méhaignerie, président du conseil cas d’abus sexuels. 18%». familles », conclut le rapport. général d’Ille-et-Vilaine et président Mais, pour les responsables de La nuance est d’importance. Car, Parmi les enfants effectivement de l’ODAS. Il faut se méfier de ces ex- l’ODAS, cette explication ne suffit à la différence des années précé- maltraités, ceux victimes d’abus cès. On attend aujourd’hui du juge plus à expliquer la forte augmenta- dentes, l’augmentation enregistrée sexuels augmentent considérable- qu’il règle tous les problèmes. Or son tion des cas constatés. Jusque-là en en 1996 ne concerne pas les enfants ment, passant de 5 500 en 1995 à intervention est lourde de consé- effet, les professionnels de l’enfance maltraités – qui ne sont « que » 6 500 en 1996, soit une augmenta- quences pour les familles et peut être s’accordaient pour considérer que 1 000 de plus que l’année précé- tion de 18 %. A contrario, les enfants longue du fait de l’engorgement des le voile se levait sur un sujet tabou. dente –, mais les enfants en risque victimes de violences physiques, de tribunaux. » négligences graves ou de violences Ce recours à la justice est aussi psychologiques ne sont pas plus analysé par le rapport comme un DÉPÊCHES nombreux d’une année sur l’autre. certain « repli » du travail social en a JUSTICE : le juge d’instruction parisien Laurence Vichnievsky a dé- « On a tellement mis le projecteur sur raison de la trop lourde charge des noncé dans un entretien accordé au Parisien, jeudi 13 novembre, « la fai- les abus sexuels que chacun, assis- services ou de multiples incitations blesse des moyens humains mis à la disposition » des magistrats dans l’af- tante sociale, enseignant, voisin, fa- à la prudence. Ainsi, les travailleurs faire du Crédit lyonnais. Mme Vichnievsky est saisie d’un aspect marginal mille même, s’est focalisé sur cette sociaux ont comme consigne abso- du dossier de la banque publique. forme de maltraitance », a indiqué lue de transmettre à la justice toute a Le président du tribunal correctionnel de Versailles a rejeté, mer- Marceline Gabel, responsable de ce affaire d’abus sexuel avéré ou pré- credi 12 novembre, la demande en référé de mise en liberté du docteur rapport et par ailleurs secrétaire gé- sumé. C’est ce dernier terme de Xavier Dor, militant anti-IVG, et l’a renvoyée devant la chambre d’accusa- nérale de la grande cause nationale « présumé » qui pose problème tion de la cour d’appel de Versailles. M. Dor, soixante-huit ans, fondateur sur la maltraitance. dans la pratique. de l’association anti-avortement « SOS-Tout-petits », a été mis en exa- Le renforcement de l’intervention men, dimanche 9 novembre, pour « organisation de manifestation interdite « REPLI » DU TRAVAIL SOCIAL judiciaire se vérifie aussi dans la en récidive légale » et écroué à la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy (Yvelines). Autre évolution importante mise prise en charge des enfants. Ainsi, a CONTRACEPTION : Martine Aubry, ministre de l’emploi et de la soli- en exergue par l’ODAS, le recours l’augmentation du nombre global darité, a annoncé, mercredi 12 novembre à l’Assemblée nationale, la re- de plus en plus fréquent à la justice. de placements ces cinq dernières lance d’une campagne sur la contraception. Mme Aubry a déclaré qu’elle Le nombre de saisines judiciaires années n’est dû qu’aux décisions du veillerait à ce que « le droit à l’avortement soit un vrai droit dans notre concernant des enfants en danger a juge. Les placements administratifs pays ». augmenté de 20 %, passant de n’ont en effet cessé de diminuer. a SANTÉ : la mortalité est inférieure de 8 % en Ile-de-France par rap- 36 000 en 1995 à 42 000 en 1996. Au- « Le recours systématique au juge port à la moyenne nationale, indique une étude réalisée par l’Observa- jourd’hui, 57 % des signalements peut marquer un recul dans l’effica- toire régional de santé (ORS) d’Ile-de-France sur les années 1993-1994. font l’objet d’une saisine de la jus- cité du système de protection de l’en- « La situation est un peu moins favorable » en ce qui concerne les décès par tice. Cette tendance est particulière- fance », estiment les auteurs. cancer, précise le rapport. ment marquée pour les enfants en risque. Pour la première fois, le Michèle Aulagnon LeMonde Job: WMQ1411--0012-0 WAS LMQ1411-12 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0466 Lcp: 196 CMYK

12 LE PROCÈS PAPON LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 L’accusation produit des documents impliquant directement Maurice Papon L’ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde, ragaillardi par quatre journées de repos, a cherché à relativiser l’importance de sa signature en réduisant ses interventions à une dimension purement administrative

BORDEAUX de Drancy : « Le 24 mars 1943, reçu de notre envoyé spécial de Bordeaux deux juifs » ; 6) Le rap- Manifestement, le pont du 11- port du 1er avril de l’intendant de Novembre a profité à l’accusé. Sa police au cabinet du préfet délégué voix est claire, ses bras balaient Louis Boucoiran. avec aisance l’air de son box, sa mé- « A la vérité, je ne comprends pas moire est fraîche qui lui permet, les le mécanisme de cette affaire », dit yeux fermés, de reprendre immé- Maurice Papon, après un raclement diatement ses interlocuteurs sur de gorge. L’accusé soutient que la une date erronée. Ragaillardi par lettre du 22 mars, dont il est le si- quatre journées de repos, Maurice gnataire, n’est que « la régularisa- Papon ferraille tout d’abord en tête- tion administrative » de l’ordre à-tête, mercredi 12 novembre, avec adressé, selon lui, directement du l’avocat général Marc Robert, qui a ministère de l’intérieur à l’intendant repris sa besogne là où, vendredi de police. Il cite, à l’appui de sa dé- soir, il l’avait abandonnée. Inlassa- monstration, une lettre de Franz blement, le magistrat tente de se Luther, responsable du KDS (police frayer un chemin dans le labyrinthe de sûreté et de sécurité allemande), des responsabilités, entre bureaux faisant état d’arrestations ayant eu et divisions, au sein de la préfecture lieu le 21 mars, soit le jour même du de la Gironde. La question du jour : télégramme du ministère de l’inté- entre 1942 et 1944, Maurice Papon rieur. avait-il un pouvoir sur la police ? En l’absence de délégation spéci- « UN PORTE-PLUME INTELLIGENT » fique confiée sur ce point à l’accusé Mais le président Castagnède par le préfet régional Maurice Sa- semble demeurer sceptique sur le batier, l’avocat général s’appuie au processus de « régularisation » in- cas par cas sur des actes adminis- voqué. Et des parties civiles ne le tratifs, ordres d’internement, de croient pas, ajoutant, comme transfert du fort du Hâ au camp de Me Michel Toubiana, « ne pas Mérignac, de mise en œuvre de comprendre très bien l’organisation moyens policiers, invariablement matérielle des fonctions [de l’ac- signés : « Pour le préfet régional, le cusé] ». Porte-plume ou respon- secrétaire général ». Et puis, au dé- sable ? « J’essayais d’être un porte- tour de sa démonstration, il cite plume intelligent. Ce n’était pas tou- une visite dans une prison. « Le pré- jours commode ». fet avait vocation pour inspecter les Alors c’est une avalanche de locaux pénitentiaires, observe Mau- questions des avocats de la partie rice Papon. C’était en effet en mau- civile pour clore une journée sans vais état. Une expérience personnelle fin. Me Alain Lévy, que M. Papon récente m’a permis de constater que nomme désormais « l’interpella- ça n’a pas changé depuis. » teur », leste son intervention d’une tonne de documents que la cour « AU NOM DU PRÉFET » Depuis la mezzanine des journalistes. L’écran est utilisé pour présenter les documents. d’assises épluchera au moment des Et l’accusé, particulièrement faits. « Je vois que vous avez lu tout le alerte, courtois, voire ironique, de vous dire avec franchise, monsieur sommes actuellement comme des ar- question de la mise en œuvre de la Le président Jean-Louis Casta- dossier... », remarque le président s’essayer à une définition de la po- l’avocat général : cette méthode chéologues tentant de reconstruire la loi vichyste du 11 décembre 1942 gnède ramène le prétoire au dos- Castagnède. lice administrative – « bureaucra- risque de [faire croire] que je suis cité d’Alexandre à partir de quelques imposant la mention « Juif » sur la sier : le cheminement clair et précis Puis de nouveaux documents si- tique » –, sous ses ordres, et de la responsable de toute cette produc- éléments. Vous ne donnez que ce que carte d’alimentation et sur la carte d’un ordre d’arrestation et de trans- gnés Maurice Papon, étrangers aux police active – « opérationnelle » –, tion. Or (...) il faut tout de même vous avez sélectionné ! » Alors s’en- ou le titre d’identité des juifs fran- fert au camp de Drancy de quatre faits, sont versés aux débats : «On placée sous l’autorité du préfet et équilibrer les choses ! » Puis, plus suit une querelle avec l’accusation çais et étrangers. Selon l’accusé, la juifs hongrois, en mars 1943, pour saisit une lettre. Elle a la vertu d’avoir d’un intendant de police régional, le loin : « Je vois très bien la tactique, qu’emportent un gros brouhaha note examinée contiendrait la lequel Maurice Papon, cependant, ma signature, note Maurice Papon. colonel Duchon, avec lequel, ex- c’est votre droit – peut-être même puis le crissement de trois écrans preuve – implicite – que l’adminis- ne fait pas l’objet de poursuites. Et à partir de cela on généralise. C’est plique-t-il, il n’entretenait aucune votre devoir –, mais elle est de nature géants qui se déroulent pour per- tration souhaitait « garder la maî- Il détaille six étapes : 1) Le télé- l’histoire de l’Anglais rouquin qui dé- relation hiérarchique. « Si je lui don- telle quelle peut impressionner en mettre, grâce à un système de ré- trise de l’affaire ». gramme du ministère de l’intérieur barque dans le Pas-de-Calais et à nais des instructions, dit-il, c’était mauvaise part l’opinion des jurés. » troprojection, de visualiser des do- au préfet régional le 21 mars, partir duquel on dit que tous les An- toujours au nom du préfet régional. » Me Jean-Marc Varaut, conseil de cuments. LA PARTIE CIVILE S’EMPORTE 14h58: « Urgent. Prière faire arrêter glais sont rouquins. C’est du même Et ces ordres concernant l’éva- Maurice Papon, intervient. « Tous La « pelure » agrandie est celle Alors qu’on tente encore de dé- et conduire au camp de Drancy (...) tabac ! » cuation de personnes hospitalisées, les exemples que vous citez ne sont de la copie d’une note signée par le crypter les explications sibyllines de avant mercredi 24 prochain : juif Puis Me Klarsfeld s’apprête à po- renchérit le magistrat ? « Au nom pas dans les poursuites ! Je demande- secrétaire général, Maurice Papon, Maurice Papon, Me Alain Lévy, pour Bleuer, juif Katz, juif Gaspar, juif ser des questions. Mais déjà Mau- du préfet régional. » Et ces instruc- rai qu’on verse l’intégralité des archi- selon l’expression consacrée : la partie civile, s’emporte, rouge Braun » ; 2) La lettre du 22 mars, à rice Papon a rangé son stylo et plié tions à l’intendant de police pour ves de l’intendant de police (...). Nous « Pour le préfet régional ». Il est sang. « On ne peut pas laisser l’ac- en-tête « Secrétariat général, ser- ses lunettes, comme s’il voulait surveiller les établissements hospi- cusé mentir à tout bout de champ ! vice des questions juives », du pré- donner le signal de la fin de l’au- taliers ? « Avec le colonel Duchon, on On ne peut pas le laisser dire que la fet régional à l’intendant de police, dience. « Et alors ? », répond-il en- travaillait avec des clins d’œil qui ne Un examen médical hebdomadaire loi de décembre 1942 n’est pas une signée « Pour le préfet, le secrétaire core évasivement aux questions. Ou se lisent pas sur les archives. » Et ces loi française ou qu’elle n’a pas été général » Maurice Papon : « En exé- encore : « C’est votre interprétation, ordres d’arrestation d’étrangers en Maurice Papon « devra subir régulièrement, tous les mercredis soir, appliquée ! » « Serait-ce excessif ou cution des instructions télégraphiques gardez-la si elle vous arrange. » infraction avec la législation ? un examen médical complet » à l’hôpital Haut-Lévêque de Pessac, près incongru, monsieur le président, de du ministère de l’intérieur, j’ai l’hon- Me Klarsfeld fait état de l’opinion « Toujours au nom du préfet régio- de Bordeaux, a annoncé l’un de ses avocats, Me Francis Vuillemin, à demander à Me Lévy de retirer le mot neur de vous prier de vouloir bien des Allemands sur l’intendant de nal. Nous sommes en plein dans l’issue d’une visite de contrôle de son client à l’établissement hospi- de “menteur” qu’il a proféré », re- faire procéder à l’arrestation immé- police Duchon, jugé par eux pro-Al- l’exercice de la police ad-mi-nis-tra- talier. Selon Me Vuillemin, les médecins « n’ont pas estimé nécessaire » prend calmement l’accusé. « Certai- diate des juifs ci-après désignés » ; lemands. « Ça m’est égal. J’ai vu son tive ». Le ton, cette fois, est presque de garder son client à l’hôpital, où il a été soigné du 23 octobre au nement pas ! », coupe Me Lévy, qui 3) Les instructions du chef de ser- action contre les Allemands. Si c’est celui du grand-père, calé dans son 7 novembre pour une pneumopathie aiguë. Après cet examen, « avec renchérit en traitant Maurice Papon vice de la sécurité publique au tout ce que vous avez comme docu- fauteuil, sermonnant son petit-fils. prise de sang », M. Papon a rejoint, mercredi 12 novembre en soirée, d’« escroc », pour des motifs que la commissaire central du 22 mars ; ments à produire, vous pouvez les Puis il se lève : « Ce qui m’étonne, son nouveau domicile, une maison louée à une quinzaine de kilo- colère rend, sur le coup, difficile- 4) Le rapport de l’inspecteur Jean laisser dans votre serviette... » Imper- c’est qu’on ne montre que des pièces mètres de Bordeaux ment saisissables. « L’escroc, c’est Faure du 27 mars, qui rend compte turbable, l’accusé a maintenant ten- signées par mes soins. On ne montre Me Jean-Marc Varaut, un autre de ses défenseurs, a par ailleurs dé- vous. Je l’aurai dit et cela m’aura fait de l’internement de deux des du la main pour enfiler son man- pas [les centaines] de papiers signés claré, mercredi, que l’accusé, âgé de 87 ans, est « très fatigué » et a du bien. Me Lévy est indigne de figu- quatre « sujets hongrois » (« Il ne dit teau. Boucoiran [préfet délégué] ou Cha- ajouté craindre que le procès ne puisse aller à son terme. « Ma grande rer dans cette enceinte ! », s’insurge pas juifs, lui », remarque le pré- pel [directeur du cabinet de Mau- anxiété, ce n’est pas l’issue de ce procès, la vérité est en marche. Mon an- à son tour Maurice Papon, dont les sident) ; 5) Le « reçu » manuscrit la- Jean-Michel Dumay rice Sabatier] (...). Permettez-moi de xiété, la sienne, c’est d’aller jusqu’au bout du procès », a dit Me Varaut. propos se noient dans la rumeur. pidaire du commandant du camp Dessin : Noëlle Herrenschmidt Maurice Sabatier, le préfet prudent qui gardait plusieurs fers au feu S’IL EST un nom dont les assises jusqu’à un certain degré d’affectivité tionnaires qu’« en accord avec constance des difficultés avec Mar- circulaires de Vichy. Toutefois, il est technicien de haute valeur, renché- retentissent sans cesse, à l’heure peu commune dans la froide admi- M. le commissaire général aux ques- quet [le maire de Bordeaux] et les apparu comme un fonctionnaire ab- rit Cusin, n’ayant pas démérité sous où l’on examine quels furent les nistration ». En février 1941, voici tions juives, aucun israélite, s’il ne services allemands ». solument dévoué aux principes de l’Occupation », il « est susceptible pouvoirs réels de Maurice Papon à M. Sabatier secrétaire général pour bénéficie des exceptions expressé- Bordeaux libérée, le comité dé- Vichy. » Maurice Sabatier aura en de reprendre du service à bref dé- la préfecture régionale de Bor- l’administration. C’est là, à Vichy, ment prévues par la loi, ne peut être partemental de libération (CDL) outre été à la tête d’une préfecture lai ». A un poste « non politique », que le rejoint pour la deuxième employé à quelque titre que ce soit donne sur Sabatier l’avis suivant : régionale qui détient de douteux suggère tout de même la commis- PORTRAIT fois Maurice Papon. Du Sabatier dans une administration ou un ser- « Il semble que M. Sabatier ait ap- records en matière de déportation. sion d’épuration de décembre Sa stratégie : éviter de cette période, l’ancien sous-pré- vice public (...) ni même dans une pliqué avec moins de rigorisme les N’en a-t-on pas vu le préfet, le 1944. L’ancien préfet régional nom- fet résistant Valentin Abeille, dit entreprise subventionnée ». 20 août 1943, transmettre à son en- mé par Vichy, relevé par la Résis- en toute circonstance « Colleone », écrit qu’il est «un Mais Maurice Sabatier est aussi tourage les félicitations de Pierre tance à partir du 22 août 1944, finit les difficultés vieux fidèle de Laval, dépourvu de un personnage prudent, qui s’y en- Laval pour « les résultats déjà ac- donc par rejoindre le général Kœ- avec les Allemands tout sens patriotique et toujours dis- tend pour conserver plusieurs fers quis dans les opérations de la Re- nig dans la zone d’occupation fran- posé à offrir ses services ». Bien que au feu. Ainsi refuse-t-il que la très lève », l’envoi de travailleurs fran- çaise en Allemagne. A sa retraite, il la veuve de l’ancien directeur de sensible direction du personnel çais en Allemagne ? Opérations où a le titre de conseiller d’Etat hono- deaux, c’est bien de celui qui fut cabinet de M. Sabatier, Jean Cha- soit placée sous son autorité, ce « la région de Bordeaux s’est classée raire et la dignité de grand officier son supérieur et son mentor en po- pel, ait soutenu, lors de sa déposi- qui constituera, plus tard, un argu- parmi les trois meilleures ». de la Légion d’honneur. litique : Maurice Sabatier. Le rêve tion aux assises, que la femme de ment à décharge. Est-ce pour la Quand au matin du 20 octobre le plus cher de ce spécialiste de M. Sabatier, Suzane Forestier même raison qu’il s’empresse, une « TECHNICIEN DE HAUTE VALEUR » 1988, un an avant la mort de Mau- droit musulman, de sensibilité ra- « veuve Mayer », qu’il avait épousé fois nommé préfet régional de Gaston Cusin, le tout nouveau rice Sabatier, le conseiller à la dicale, né à Arzew en 1897, dans en 1940, était juive, rien n’est ja- Bordeaux, le 5 mai 1942, de délé- commissaire de la République, le chambre d’accusation de Bor- l’Algérie française, aurait été de de- mais venu confirmer cette asser- guer au tout nouveau secrétaire même qui « repêchera » Maurice deaux, François Braud, se rend à venir le résident général de sa terre tion. général de la préfecture de la Gi- Papon après le départ des Alle- son domicile pour l’informer de natale. Maurice Sabatier, en tout cas, ronde, l’inévitable Maurice Papon, mands, évacue ces timides ré- son inculpation pour complicité de En 1935, Maurice Sabatier a croi- avant de gagner Bordeaux, n’a pas dès le 20 juin, sa signature pour serves. Sous M. Sabatier, écrit-il, crime contre l’humanité, l’homme, sé Maurice Papon au ministère de manqué d’appliquer rigoureuse- toute les affaires où les Allemands « les instructions de Vichy n’ont été prudent, proteste « douloureuse- l’intérieur, au cabinet du directeur ment la législation antisémite dans sont au bout du chemin : l’occupa- appliquées qu’avec beaucoup de ment » sans comprendre. Il avait adjoint des affaires départemen- les secteurs qu’il contrôlait. Dans tion, les réquisitions, le ravitaille- prudence, d’une manière feutrée ; tellement été adopté par la popula- tales et communales. Les deux Servir l’Etat français, Marc-Olivier ment et les carburants et les ques- les entreprises de la Milice, en parti- tion girondine, dit-il, qu’il avait hommes s’apprécient. De ses rela- Baruch cite ainsi une circulaire du tions juives ? Un document de 24, rue Esprit-des-Lois, culier, ont été en partie neutrali- même acquis « une petite villa sur le tions avec Maurice Sabatier, M. Pa- 22 septembre 1941 signée par le l’occupant rapporte en tout cas l’hôtel de Saige, sées ». Conclusion, qui en dit long bassin d’Arcachon ». pon se souvient que « des senti- « patron » de Maurice Papon, qui que M. Sabatier cherche par-des- siège de la préfecture sur les priorités qui sont désormais ments de confiance les unissaient rappelle, entre autres, à ses fonc- sus tout « à éviter en toute cir- de la Gironde en 1942. celle du « gaullisme d’Etat » : «Ce Nicolas Weill LeMonde Job: WMQ1411--0013-0 WAS LMQ1411-13 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 10:39 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0467 Lcp: 196 CMYK

13 RÉGIONS LE MONDE / Les agences de l’eau sous le feu des critiques Deux rapports inédits de la Cour des comptes et du Commissariat au Plan affirment que la gestion de ces structures, publiques mais autonomes, n’est à la hauteur ni des enjeux écologiques ni des sommes investies. Les experts soulignent l’urgence d’une réforme

MANQUE de qualité, pollutions titre, elles prélèvent sur chaque fac- dus possibles par l’absence de guère de gérer l’eau de façon effi- persistantes, prix trop élevés : la ture d’eau une redevance, supposée Composantes du prix de l'eau en 1995 contrôles, accusent les deux rap- cace ni de remédier aux situations question de l’eau est devenue aiguë à la fois faire payer la rareté au ports. Contrairement à ce que pré- critiques. Selon le Plan, la qualité ne en France. Après la gestion des col- consommateur et lui faire supporter ASSAINISSEMENT EAU voit la Constitution, le législateur s’est améliorée, « sur les paramètres lectivités locales et l’abandon d’une le coût des dommages infligés. En 33% DISTRIBUTION n’est jamais appelé à se prononcer, classiques de pollution », que pour grande partie de leurs responsabili- contrepartie, prêts et subventions fi- 46% ni même à vérifier l’action des les grandes rivières et, dans une tés à des compagnies privées, c’est le nancent équipements d’assainisse- agences ou le montant des taxes moindre mesure, pour les eaux litto- rôle des agences de l’eau qui est re- ment ou moyens de dépollution. perçues. Tout se passe au sein de rales. En revanche, pour les petites mis en cause. « En 1991, un chiffrage comités de bassin, lieu de concerta- rivières et les eaux souterraines, avait estimé à plus de 2 millions le ABSENCE DE TRANSPARENCE FNDAE 1% tion entre les différents acteurs de la « [l’]état de méconnaissance est to- nombre de Français recevant une eau Faible au départ, leur poids n’a politique de l’eau. A l’exception des tal », souligne le Commissariat gé- TVA 5% potable non conforme aux normes sa- cessé de se renforcer avec la montée organisations de consommateurs néral du plan. Les pollutions nou- nitaires européennes ; une nouvelle velles – pesticides, nitrates – en puissance parallèle de la décen- 14% 1% curieusement absentes, chaque évaluation effectuée depuis a porté à tralisation et des réglementations. REDEVANCE POLLUTION* REDEVANCE PRÉLÈVEMENT* groupe – collectivités locales, indus- commencent à peine à être prises en 5 millions le nombre d’habitants Aujourd’hui, leur rôle dans la poli- triels, agriculteurs, personnalités compte. Les points noirs, qui re- concernés par une eau bactériologi- tique de l’eau est plus déterminant * Prélevée par les agences Source : Commissariat au Plan qualifiées et très peu de représen- censent les zones vulnérables, ne quement non conforme et pouvant que celui du ministère de l’environ- tants de l’Etat – est représenté et cessent, eux, de se multiplier. engendrer des effets immédiats sur la nement, ne serait-ce que parce que, les agriculteurs ne participent qu’à lution émise du fait des aléas dans les veille jalousement à ses intérêts. La « La conception (...) de l’efficacité santé », écrit un prérapport de la financièrement autonomes, elles hauteur de 2 % au financement de la modes de calcul, ce qui a permis d’ac- dimension locale est essentielle : [en termes économiques] n’est pas Cour des comptes, non rendu pu- échappent à toutes les coupes bud- politique de l’eau. Les industriels fi- croître la redevance pollution domes- « Les présidents des comités de bassin celle qui fait référence auprès des ac- blic, tandis que le Commissariat gé- gétaires. Les redevances, elles, « ont nancent à hauteur de 47 %. Mais tique bien au-delà de ce qu’aurait au- sont en règle générale des personnali- teurs de la politique de l’eau », ajoute néral du Plan souligne dans un autre été multipliées par 2,36 de 1988 à certaines pollutions industrielles torisé la seule évolution des différents tés politiques de premier plan, pré- le Plan. Marquées par les références rapport inédit que « le dispositif des 1994, soit une augmentation moyenne sont systématiquement exclues des paramètres », note la Cour des sident de région et ou ancien mi- du passé, les agences privilégient agences (...) n’est pas organisé pour de 22,7 % par an (...), alors que le prix bases de calcul de l’imposition. comptes. Le système est parfois nistre », relève la Cour des comptes. systématiquement les projets de atteindre au moindre coût les objectifs de l’eau s’est accru en moyenne de 10 L’agence Seine-Normandie, par d’une opacité totale. A quelques ki- Tous sont des élus de droite. La grosses stations d’épuration, d’équi- de qualité et de quantité définis par à 15%», souligne la Cour des exemple, qui compte la plus grande lomètres de distance en Seine-et- composition de ces comités, leurs pements lourds, qu’elles les pouvoirs publics ». comptes. base industrielle avec la région pari- Marne, Chambry et Villenoy paient, méthodes de travail « conduisent à connaissent bien, au détriment des Depuis plus de trente ans, la Toutes les catégories ne sont pas sienne, ne recense aucune pollution au titre de la redevance pollution, rechercher des équilibres entre caté- technologies propres ou des mé- France, pourtant, ne cesse de vanter égales devant ces taxes. Bien que par les phosphores. respectivement 2,45 francs et gories d’usagers » plutôt qu’à opti- thodes d’épuration individuelles son système de gestion de l’eau. Or- puisant abondamment dans les res- Au final, ce sont les consomma- 5,20 francs par mètre cube consom- miser la politique de l’eau, remarque avec, en parallèle, de nombreuses ganismes décentralisés ayant sources pour l’irrigation, et bien que teurs domestiques qui permettent mé, sans que rien ne vienne justifier le Commissariat général du Plan : entorses sur le plan financier. Des compétence sur des bassins hydro- source importante de pollution – les les ajustements des budgets des cette différence. chaque catégorie essaie de retrou- projets qui ne devraient pas recevoir graphiques, les six agences ont la seuls éleveurs émettent une pollu- agences. « Le mode de taxation de la Un tel déséquilibre entre les diffé- ver sous forme d’aides le montant d’aides sont subventionnés, responsabilité de la préservation des tion brute estimée équivalente à pollution domestique est de plus en rents consommateurs, une telle ab- des redevances qu’elle a versées. d’autres qui ne devraient avoir que ressources et de leur qualité. A ce celle de 254 millions d’habitants –, plus déconnecté de la réalité de la pol- sence de transparence ont été ren- Ces pratiques ne permettent des financements limités le sont au- delà des barèmes prévus. En 1984, l’agence Rhône-Méditerranée- Des organismes très riches Conférence des présidents à Douai le 18 novembre Corse avait aidé, pour 218 millions, au financement de la station d’épu- b ORGANISATION : créées en l’ensemble des ressources, en 1996, leur budget total s’est élevé à Le 18 novembre, à Douai (Nord), se tiendra la Conférence des ration de Marseille. Par la suite, elle 1964, les agences de l’eau couvrent surveiller l’utilisation, prévenir ou 10 milliards de francs. L’essentiel présidents des organismes de bassin qui, depuis 1975, réunit décida de verser, de façon totale- le territoire national, à partir de six guérir les pollutions. Dans ce provient des redevances perçues chaque année les responsables des six agences de l’eau fran- ment dérogatoire, 45 millions sup- grands bassins hydrographiques : cadre, elles aident les collectivités auprès de tous les usagers, à çaises. Présidée par Dominique Voynet, ministre de l’aménage- plémentaires correspondant « aux Adour-Garonne, Artois-Picardie, locales, les industriels et les l’exception des agriculteurs. En ment du territoire et de l’environnement, cette assemblée ac- travaux propres au site de Marseille ». Loire-Bretagne, Rhin-Meuse, usagers à financer les différents moyenne, celles-ci s’élèvent à cueillera pour la première fois les présidents des quatre comités Estimant que la gestion des Rhône-Méditerranée-Corse, équipements de dépollution ou de 3 francs par mètre cube d’eau de bassin « Outre-Mer » (Guyane, Réunion, Martinique et Guade- agences n’est à la hauteur ni des en- Seine-Normandie. Les comités de prévention. Leurs programmes consommé, pour les usagers loupe) dont la mise en place – prévue par la loi du 3 janvier 1992 jeux écologiques ni des montants fi- bassin, où siègent l’ensemble des d’investissements sont domestiques. Le remboursement sur l’eau – s’est achevée en 1996. nanciers investis, les deux rapports acteurs de l’eau, sont les instances pluriannuels. des prêts consentis (souvent à À cette occasion, Claude Gaillard, député (UDF-DL) de préconisent une réforme du sys- de décision des agences. L’Etat b FINANCES : théoriquement taux zéro) leur assure le Meurthe-et-Moselle présentera les résultats d’une mission tème. Quitte à bousculer des avan- n’est que très peu représenté. placées sous la tutelle du ministère complément. L’agence d’étude qui lui avait été confiée par Corinne Lepage en juillet tages acquis, comme ceux des agri- b MISSION : elles doivent veiller à de l’environnement, les agences Seine-Normandie, la plus 1996 –, alors qu’il était vice-président de l’Assemblée nationale –, culteurs ou des pouvoirs locaux. l’ensemble de la politique de l’eau, sont riches et en réalité dotées importante, a un actif circulant sur la manière de promouvoir à l’étranger le « modèle français recueillir les données sur d’une autonomie financière. En dépassant les 4 milliards. de l’eau ». M. O.

COMMENTAIRE Pris dans les rets des contingences En Adour-Garonne, une puissance discrète locales, elles ont préféré assurer FAILLITE leur survie, plutôt que d’exercer TOULOUSE pourtant savoir que l’agence peut réalisé pour moitié. Mais il ne sera ment pour les agriculteurs. A la di- pleinement leur mission. Résul- de notre correspondant les aider à financer ces travaux. vraisemblablement pas mené à rection de l’agence, on a quelque D’UNE POLITIQUE tat : des procédures inflation- A Toulouse, le siège de l’agence 1,8 milliard a ainsi été distribué terme : le VIIe programme ne pré- peine à dire précisément combien nistes et inefficaces au détriment de l’eau Adour-Garonne est en entre 1992 et 1996 dans les stations voit plus que 500 millions pour chaque usager verse à Adour-Ga- La gestion de l’eau en France des usagers domestiques, grands chantier depuis le début de l’année. d’épuration et les réseaux d’assai- stocker 110 millions de mètres ronne : 45, 90 francs par an ? Tout ne peut plus demeurer aussi oubliés du système. Les travaux d’extension prévoient nissement et le VIIe programme cubes supplémentaires. Dans les dépend des coefficients que opaque, inefficace, antidémocra- L’Etat est largement respon- notamment la construction d’une prévoit un effort similaire jusqu’en esprits, les priorités ont changé. Les l’agence applique, selon que l’usa- tique qu’elle est aujourd’hui. En sable de cette dérive. Se réfu- salle de réunion pour le conseil 2001. Tout cet argent a pour but sondages de l’agence montrent ger habite en ville ou à la cam- passant au crible les pratiques des giant derrière la décentralisation, d’administration. Pour l’heure, la d’améliorer la qualité des eaux des que, si les « variations climatiques » pagne. agences de l’eau, deux rapports, il s’est refusé à tout contrôle. Il ne nouvelle présidente, Marie-Fran- fleuves et des rivières du bassin. constituaient le problème principal « Dans un bassin aussi rural que le l’un de la Cour des comptes, peut plus aujourd’hui se désinté- çoise Mendez, reçoit dans le bureau L’agence intervient également au- aux yeux de la population en 1990 nôtre, il faut faire attention à ne pas l’autre du Commissariat au Plan, resser de ce qui est considéré du directeur. Nommée le 16 octo- près des industriels pour les aider à et 1992, la pollution est devenue de- donner le sentiment que les villes mettent en lumière les carences comme un patrimoine national. bre, par décret du président de la traiter leurs effluents, et plus ré- puis 1995 le souci majoritaire. paient pour la campagne », pondère de tout un système, Une réforme est urgente. Non République, elle est la première cemment dans le monde agricole Le manque d’eau ne semble le directeur. Si les urbains paient, de 5 millions de Français ne dis- pour mettre les agences sous la femme à présider le conseil d’admi- pour lutter contre les nitrates et la même plus inquiéter les 6,4 millions fait, davantage que les ruraux, c’est posent toujours pas d’une eau tutelle budgétaire de Bercy – ce nistration d’une agence de l’eau. présence de pesticides dans l’eau. d’habitants du bassin, qui citent dé- aussi parce que les efforts de correcte, alors que près de qui reviendrait à hypothéquer Autre originalité, elle est écolo- Les cartes, piquetées de points sormais au deuxième rang de leurs l’agence se concentrent en milieu 100 milliards de francs ont été in- l’avenir –, mais pour imposer un giste déclarée. Membre du bureau noirs, éditées régulièrement par préoccupations l’augmentation du urbain, où les effluents d’activités vestis de 1992 à 1996 : on mesure contrôle systématique du Parle- national des Verts, cette proche de l’agence montrent que les résultats prix de l’eau. La facture a augmenté artisanales peuvent se mélanger la faillite des agences de l’eau, ment. Transparence et démocra- Dominique Voynet se retrouve à la ne sont pas toujours à la hauteur de 50 % entre 1991 et 1996. L’obser- aux effluents domestiques. Le rap- supposées être le bras armé de tie sont les seuls outils dont dis- tête d’un établissement public qui des sommes investies. Si les objec- vatoire permanent du prix de l’eau port du Commissariat du Plan dé- cette politique sur tout le terri- pose le gouvernement pour gère des sommes considérables : le tifs ont été atteints sur 146 points potable de l’agence, créé en 1991, a nonce toutefois la « manipulation » toire. Leur responsabilité est restaurer la confiance des Fran- VIIe programme de l’agence prévoit de mesure, 112 autres pastilles res- calculé que le prix moyen de l’eau de ces coefficients par l’agence, qui d’autant plus écrasante qu’elles çais, sur une question devenue d’injecter 4,6 milliards d’aides pu- taient l’an dernier en deçà des pré- s’établissait désormais à apparaît « motivée uniquement par avaient tous les moyens d’être un hypersensible. bliques en cinq ans (1997-2001). visions, pourtant raisonnables, éta- 15,51 francs par mètre cube, très un objectif de collecte de recettes », instrument économique moderne Adour-Garonne est pourtant l’une blies en 1992. On dénombrait près de la moyenne nationale même s’il paraît légitime à l’agence au service de l’environnement. Martine Orange des agences plus « pauvres », mal- encore 13 points où les rivières sont (15,90 francs). « On passe d’une poli- de demander une plus grande gré un territoire qui s’étend de la classées de « mauvaise qualité», sur tique d’observation à une politique contribution aux plus grands pol- Charente aux Pyrénées. « Nous re- la Garonne en amont de Toulouse d’explication des prix », note le di- lueurs ou préleveurs. L’agence avait présentons un cinquième du terri- ou la Charente à l’aval d’Angou- recteur de l’agence, Jean-Pierre Po- également essayé de taxer les ex- Le délégué aux restructurations toire national et un dixième des lême, mais aussi sur l’Adour, la Vé- ly. L’agence elle-même doit expli- ploitants de gravières qui extraient budgets des agences », résume zère ou d’autres petits effluents mi- quer sa responsabilité dans cette des « granulats » des rivières. Jean-Pierre Poly, le directeur. neurs. inflation. Mais le Conseil d’Etat a estimé de la défense à Lyon est remercié Mme Mendez « pèse » donc finan- Si les redevances qu’elle perçoit que cette nouvelle redevance était LE MINISTRE DE LA DÉFENSE, Alain Richard, vient de demander à cièrement très lourd, sur une ques- « PARLEMENT DE L’EAU » ne représentent que 13 % du total, illégale. Elle a dû rembourser 4 mil- Dominique Henry – le premier délégué aux restructurations de la dé- tion très sensible, mais... presque Pendant longtemps en Adour- celles-ci ont néanmoins suivi l’aug- lions à ces professionnels, qu’une fense en région Rhône-Alpes à la préfecture de Lyon, nommé en personne ne la connaît. Garonne, ces problèmes qualitatifs mentation et discrètement doublé commission scientifique locale pré- mars 1996 – de quitter ses fonctions. Il devrait réintégrer le cabinet Les agences de l’eau sont des ont été masqués par une préoc- depuis 1992. Or les usagers contri- conisait pourtant de chasser défini- de conseil en administration publique aux Etats étrangers. Au minis- puissances discrètes. Le dernier cupation plus quantitative. «Le buent pour 75 % à alimenter les tivement du lit des rivières. tère de la défense, on explique cette décision par la volonté de M. Ri- sondage réalisé – au téléphone par Grand Sud-Ouest a soif », déclarait caisses de l’agence, contre 23 % chard d’organiser des mutations parmi les titulaires des douze délé- Publimétrie sur un échantillon de Jean-François-Poncet (UDF) en pour les industriels et 2 % seule- Stéphane Thépot gations régionales placées sous la responsabilité de Thierry Klinger. 626 personnes les 16 et 17 sep- 1988, lors de l’adoption du pro- tembre – pour l’agence révèle que gramme décennal de ressources en seulement 28 % des personnes in- eau par le comité de bassin. Le sé- terrogées connaissaient l’existence nateur de Lot-et-Garonne, qui pré- d’Adour-Garonne. C’est pourtant side ce « Parlement de l’eau » de- mieux qu’en 1990, quand seulement puis de nombreuses années, fait 12 % de l’échantillon avaient figure de véritable « patron » poli- connaissance de cet établissement tique du bassin. public créé voilà trente ans. « C’est Deux étés successifs de séche- vrai que l’agence est mal connue, re- resse finiront par convaincre que le connaît la nouvelle présidente, j’ai déficit en eau du bassin, estimé à pu le vérifier autour de moi depuis 600 milliards de mètres cubes, est ma nomination. Il y a même des élus bien la priorité numéro un. Un in- qui ignorent à quoi elle sert. » Tous vestissement de 3,3 milliards est les maires qui ont été contraints de programmé sur dix ans pour s’équiper d’une station d’épuration, construire de nouveaux barrages et ou de remettre leurs installations multiplier les lacs nécessaires à l’ir- aux normes européennes, doivent rigation des terres agricoles. Il est LeMonde Job: WMQ1411--0014-0 WAS LMQ1411-14 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 09:30 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0468 Lcp: 196 CMYK

14 / LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 CARNET

NOMINATION AU CARNET DU « MONDE » – M. et Mme Pierre Rozes Remerciements Colloques et leurs enfants, me M. et Mme Patrice Debrégeas – M Raymond Ferrando, – « La régionalisation de l’économie ANSE seurs ; puis elle obtient, en 1990, la médaille Naissances D et leurs enfants, Et sa famille, mondiale : Quels enjeux pour les agents Agnès Letestu a été nommée d’or du prestigieux concours international de Florence MOTTE, Mme Françoise Pauthe-Baylaucq très touchées par les marques de privés et les décideurs publics ? », danseuse étoile du ballet de l’Opé- Varna (Bulgarie) et reçoit, en 1991, le prix du Philippe CARNIEL, et ses enfants, sympathie, d’affection et d’amitié qui leur organisé par le Commissariat général du ra national de Paris, le 31 octobre, public de l’Association pour le rayonnement Quentin et Olivia M. et Mme Eric Igonet ont été témoignées lors du décès de Plan au ministère de l’éducation sont heureux de faire part de la naissance et leurs enfants, nationale, de la recherche et de la à l’issue d’une représentation du de l’Opéra de Paris (Arop) et le prix du Cercle de technologie, 25, rue de la Montagne- M. et Mme Georges Pauthe Lac des cygnes où elle interprétait Carpeaux. Agnès Letestu était première dan- M. Raymond FERRANDO, Sainte-Geneviève, Paris-5e. et leurs enfants, le rôle d’Odette-Odile. seuse depuis 1993. Dès 1992, Rudolf Noureev Charles, Raphaël, Victor, M. et Mme Antoine Pauthe adressent leurs très sincères [Agée de vingt-six ans, Agnès Letestu est lui avait confié le rôle de Gamzatti dans La remerciements. Lundi 17 novembre 1997, 9 h 30- à Paris, le 8 novembre 1997. et leurs enfants, 18 heures. entrée à l’Ecole de danse de l’Opéra en 1983, Bayadère ; elle a aussi été choisie notamment Mme Marie-Christine Bouilly est devenue membre du corps de ballet par Roland Petit (Le Jeune homme et la Mort), et ses enfants, Au programme : la régionalisation des Emmanuelle et Mathias WARGON me quatre ans plus tard, puis sujet en 1989. Cette Merce Cunningham (Points in Space), John M. et M Dominique Pauthe Anniversaires de décès pays émergents, les systèmes financiers même année, elle remporte le Grand Prix au Neumeier (Vaslaw), Jerome Robbins (Glass ont la joie d’annoncer la naissance de et leurs enfants, régionaux, les conséquences sur les concours de l’Eurovision des jeunes dan- Pieces).] Les familles Gadrat, Le Quiniou et – En ce neuvième anniversaire de la échanges internationaux, les organisations Hannah, Briquel, séparation, souvenons-nous de internationales face à la régionalisation. ont la douleur de faire part du décès de le 31 octobre 1997. Tél. : 01-45-56-50-84. JOURNAL OFFICIEL Christiane GALLENCA, 3, rue Jean-Menans, professeur des universités. 75019 Paris. Mme veuve Louis PAUTHE, née Elisabeth CARTIER, Au Journal officiel du vendredi pour l’administration de la police « Beauty’s ensign yet Communications diverses 7 novembre sont publiés : de Paris ; des arrêtés fixant le Is crimson in Thy lips Lionel et Cécile COTTU, b Routiers : un décret relatif au montant de ces indemnités. and in Thy cheeks. » JOURNÉES INTERDIOCÉSAINES née LEJEUNE survenu le 11 novembre 1997, à l’âge de W. Shakespeare. statut particulier du corps des dé- b « Vache folle » : un arrêté ont le bonheur d’annoncer la naissance de quatre-vingts ans. d’entraide et d’amitié légués au permis de conduire et à suspendant la mise sur le marché de Paris, Créteil, Nanterre, Saint-Denis à la Maison diocésaine la sécurité routière. Il est destiné à de certains tissus animaux issus de Maxime, Les obsèques religieuses seront célébrées le samedi 15 novembre, à Services religieux 8, rue de la Ville-l’Evêque, 75008 Paris. assurer un meilleur contrôle de ruminants et de produits les in- à Paris, le 11 novembre 1997. 14 h 30, en l’église de la Trinité l’accès à la profession de trans- corporant. d’Hossegor (Landes). – Mme Esther Mouyal, Les comptoirs sont ouverts les vendredi 14 et samedi 15 novembre 1997, porteur (Le Monde du 8 no- b Alimentation : un arrêté re- M. et Mme Bernard Jessier Noces d’or Cet avis tient lieu de faire-part. dès 10 h 30, le dimanche 16 novembre, de vembre) ; un décret modificatif re- latif aux additifs pouvant être em- et leurs enfants, 13 h 30 à 18 heures. latif aux transports routiers de ployés dans la fabrication des – Pour les cinquante ans de mariage de font part des prières du mois qui seront Vous y trouverez de nombreuses idées marchandises et à certaines in- denrées destinées à l’alimentation dites à la mémoire de leur regretté – Colette Peridont, pour vos cadeaux de Noël. fractions à la coordination des humaine . Emile et Christiane LÉON, Jacques et Bénédicte Peridont, transports ferroviaires et routiers ; b International : un décret ses enfants, M. Haïm Henri MOUYAL, Déjeuner samedi 15 et dimanche 16. Patrick et Christine, un avis du Conseil de la concur- portant nomination au conseil du Nicolas, Florent, Pascal Peridont, Tournoi de bridge dimanche 16, à leurs enfants, le dimanche 16 novembre 1997, à 19 h 30, 15 h 15. rence en date du 14 mars concer- Centre d’études prospectives et leur souhaitent un bon anniversaire. ses petits-enfants, en son domicile, 14, boulevard de ont la douleur de faire part du décès de nant un projet de décret relatif d’informations internationales. Courcelles, Paris-17e. Renseignements, inscriptions aux aux transports routiers de mar- b Trésor : la situation résumée 91210 Draveil. déjeuners et bridge, tél. : 01-45-24-25-63. chandises. des opérations du Trésor au M. André PERIDONT, b Enseignement privé : un ar- 30 septembre 1997. Décès survenu le 5 novembre 1997, dans sa Conférences rêté portant extension du régime b Enseignement privé : un ar- quatre-vingt-treizième année. Soutenances de thèse de la sécurité sociale des étudiants rêté fixant le montant de la contri- – Henriette, Ariane, Aurélie, Anaïs, – Conférence de Jacques Rigaud : aux élèves d’un établissement bution de l’Etat aux dépenses de Pierre, Gilles et Melchior Ascaride, Les obsèques religieuses seront « La culture à l’épreuve de la – Jean-Marie Fessier a soutenu, le célébrées le vendredi 14 novembre, à mondialisation ». Maison de l’Unesco, 9 octobre 1997, à l’université René- d’enseignement supérieur privé. fonctionnement des classes des Valentine, Madeleine et Robert Guediguian, 15 h 30, en l’église Saint-Urbain, 1, place (salle IV), 7, place de Fontenoy, à Descartes-Paris-V, faculté de b Travail illégal : un arrêté re- établissements du second degré Michelle Galea, de la Liberté, La Garenne-Colombes 17 heures, mardi 18 novembre. Entrée médecine de Necker, sa thèse de docto- latif au renforcement de la lutte privés placés sous contrat d’asso- ont le regret de faire part du décès de (Hauts-de-Seine). gratuite. Métro Ségur, Cambronne ou rat : « Problématique éthique de l’usage contre le travail illégal. ciation. Ecole-Militaire, bus 49. des informations de santé publique. » Le jury, présidé par le professeur Chris- b Dissolution : un décret por- Au Journal officiel du dimanche Michel ASCARIDE, 7, avenue des Vats, 92700 Colombes. tian Hervé et composé des professeurs Li- tant dissolution du conseil muni- 9 novembre sont publiés : alias Jean-Pierre GILLES, homme de Marseille, 21, square de la Brèche, liane Dusserre, François Grémy, Philippe cipal de la commune de Taputa- b ENS : un arrêté fixant les résistant FTPF, 92000 Nanterre. Débats Poitout, Dominique Bertrand, Marius puatea (Polynésie française). conditions d’admission à l’Ecole auteur dramatique, Fieschi et Patrice Degoulet, directeur de Cercle Bernard-Lazare b Surgelés : un décret modifi- normale supérieure de Fontenay- recherche, lui a décerné la mention « très survenu le 8 novembre 1997. 10, rue Saint-Claude, 75003 Paris, honorable » avec les félicitations. catif portant application de la loi Saint-Cloud. – Le 11 novembre 1997, le jeudi 13 novembre, du 1er août 1905 sur les fraudes et b Télécommunications : un « Tu fus bien pénible, à 20 h 30. falsifications en matière de pro- avis de l’autorité de régulation des mais on va beaucoup te regretter. » Georges POTHIER « Le judaïsme libéral ». Débat avec un de ses représentants. – Anne Rubinlicht-Proux a soutenu à duits ou de services en ce qui télécommunications sur le projet nous a laissés en ce monde soudainement, l’Ecole des hautes études en sciences so- concerne les aliments surgelés de convention fixant les objectifs – Michèle Bézegu, mais paisiblement, chez lui, entouré des ciales sa thèse de doctorat en sciences du destinés à l’alimentation humaine. tarifaires pluriannuels de France Et son fils, Samuel, siens. Vous pourrez lui témoigner votre langage (Centre de recherches sur les arts – L’Association des historiens pour la et littératures), sous le titre : « Le droit Au Journal officiel du samedi Télécom. ont le regret de faire part du décès de amitié en nous rejoignant en l’église Saint-Charles de Montreuil, 125, rue des promotion et la diffusion de la saisi par la littérature ». Le jury, compo- 8 novembre sont publiés : Au Journal officiel daté lundi 10- Jacques BÉZEGU, Ruffins, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), connaissance historique organise, lundi sé de MM. Philippe Hamon, professeur à b Service national : une loi mardi 11 novembre sont publiés : le vendredi 14 novembre, à 9 heures. 1er décembre à 19 heures, dans la salle Mé- l’université Paris-III, Jacques Leenhardt, portant réforme du service natio- b Inscriptions électorales : survenu le 31 octobre 1997. dicis du Sénat (15 ter, rue de directeur d’études à l’EHESS (directeur Vaugirard, Paris-6e), un débat animé par nal, la décision du Conseil consti- une loi relative à l’inscription d’of- L’inhumation aura lieu le même jour à de thèse), Yan Thomas, directeur d’études Michel Tatu ayant pour thème « Bilan de à l’EHESS, Michel Troper, professeur à tutionnel, la saisine des sénateurs fice des personnes âgées de dix- Saint-Germain-des-Fossés (Allier), dans – L’équipe du vingtième secteur de la sépulture de famille. la Révolution russe ». Inscriptions et l’université Paris-X (président du jury), en date du 29 octobre et les obser- huit ans sur les listes électorales. psychiatrie de Paris, renseignements auprès de l’association lui a décerné la mention vations du gouvernement en ré- b MUFF : une loi portant me- Ses anciens collaborateurs de la maison Ni fleurs ni couronnes. (Tél. : 01-48-75-13-16). « très honorable ». ponse à cette saisine. sures urgentes à caractère fiscal et de santé de Vieille-Eglise, b Et du centre hospitalier Sainte-Anne, Dons à adresser à l’ordre de Intérieur : un décret modifi- financier, la décision du Conseil font part de leur douloureuse émotion à la catif relatif à l’organisation de constitutionnel la jugeant non Médecins sans frontières (par chèque ou suite de la disparition du virement CCP 4060U Paris), l’administration centrale du mi- contraire à la Constitution, la sai- 60638 Chantilly Cedex. nistère de l’intérieur ; un arrêté sine du Conseil constitutionnel docteur Jean-François BUISSON. portant organisation et attribu- par plus de soixante députés, les Mme Thérèse Pothier-Sigman, Ayant eu la chance de travailler sous sa Ses enfants, tion de la direction de la défense observations du gouvernement en direction, ils ont bénéficié, tout au long de et de la sécurité civile ; un arrêté réponse à cette saisine. ces années, de sa compétence précise et Et petits-enfants. portant organisation interne de la b Télécommunications : un ar- étendue, de son indépendance d’esprit et de sa constante humanité. « Nous, oiseaux en ce monde, Collection Mémoire d’entreprises direction de la défense et de la sé- rêté portant autorisation d’éta- Volant de tous côtés, nous passons. curité civiles. blissement d’un réseau ouvert au Ils assurent sa famille et ses proches de Sur notre route il y a un piège, b Policiers : trois décrets rela- public en vue de l’exploitation de toute leur sympathie. Qu’on appelle la Mort. Le Monde, 1944-1995 tifs à l’attribution des indemnités services de télécommunications Aucune peur n’en avons. Ouvrant nos ailes, nous passons. » de sujétions spéciales de police, ALT 8. – Sa famille, Seyid Seyfullah. Histoire d’une entreprise pour exercice sur un poste diffi- b Education nationale : un dé- Et ses amis cile, et pour sujétions exception- cret portant nomination d’inspec- ont la douleur de faire part du décès de 135, rue des Ruffins, de presse nelles, allouées à certains fonc- teurs d’académie, directeurs des 93100 Montreuil. par Patrick Eveno tionnaires actifs de la police services départementaux de l’édu- Georges HOLTZER, Une histoire économique de la société éditrice du Monde, acces- nationale ; un décret portant attri- cation nationale. survenu le 6 novembre 1997. – Oran. Perpignan. Paris. sible à tous ceux qui désirent connaître les conditions de production bution de l’indemnité pour b Déchets : un avis du minis- de l’information dans la société contemporaine. 540 pages, 160 F. charges d’habitation allouée à cer- tère de l’aménagement du terri- Ses obsèques ont eu lieu dans Marc et Marie-Françoise, l’intimité, le 10 novembre. tains fonctionnaires affectés dans toire et de l’environnement, relatif ses enfants, Les industries agroalimentaires en France le ressort du secrétariat général à la nomenclature des déchets. Famille Holtzer-Marret, Ludovic et Cyril, Histoire et performances 19 bis, rue Surcouf, ses petits-enfants, sous la direction de Jacques Marseille 17450 Fouras. Sa famille, Les racines et les causes d’un formidable succès national. ont la tristesse d’annoncer le décès de 312 pages, 125 F. – Ses enfants, M. François SALVADOR, La révolution commerciale en France Et toute sa famille, Du « Bon Marché » à l’hypermarché ont la douleur de faire part du décès de qui fut instituteur à Delmonte. sous la direction de Jacques Marseille Historiens, économistes, sociologues et professionnels à la ren- Mme Céline KAMMOUN. Les obsèques ont eu lieu dans contre d’un monde qui aligne cinq entreprises parmi les dix pre- Les obsèques auront lieu le vendredi l’intimité. miers groupes européens. 224 pages, 125 F. 14 novembre 1997, à 12 heures, au cime- Citroën, Peugeot, Renault et les autres – Soixante ans de stratégies tière parisien de Bagneux. 71, avenue du Docteur-Netter, 75012 Paris. par Jean-Louis Loubet Cet avis tient lieu de faire-part. L’analyse, sur la longue période, des choix industriels et commer- ciaux des principaux constructeurs automobiles français. 4, square Auguste-Renoir, – Mormoiron. 75014 Paris. 638 pages, 190 F. Mme Christiane Tassy, née Gros, Christofle. Deux siècles d’aventures industrielles – 1793-1993 – Le délégué régional, son épouse, par Marc de Ferrière le Vayer. Le personnel de la délégation Ile-de- fait part du décès de Une saga familiale et industrielle, une entreprise pionnière sur le France Est du CNRS, plan technique, commercial et social. 458 pages, 150 F. M. Paul TASSY, Les personnels des laboratoires du Les performances des entreprises françaises au XXe siècle campus CNRS de Villejuif, ont la tristesse d’informer du décès de survenu dans sa quatre-vingt-douzième sous la direction de Jacques Marseille. année, à Mormoiron. Historiens, économistes et gestionnaires analysent les causes des Vincent MEISSONNIER, réussites d’entreprises des années 30 à nos jours. 334 pages, 135 F. ingénieur d’études, administrateur du réseau télématique – Louisette Andjelkovic, Jeanne Cha- du CNRS de Villejuif, ruet, Ces livres sont disponibles en librairie. A défaut, vous pouvez les ses filles, commander directement au Monde-Editions. survenu le 10 novembre 1997. François et Frédérique Hirsch, Olivier et Valérie Hirsch, Catherine Hirsch, Bulletin de commande Nicolas et Nathalie Charuet, Cléo Charuet, Règlement par chèque à l’ordre du Monde-Editions CARNET DU MONDE ses petits-enfants, 21 bis, rue Claude-Bernard – 75005 PARIS Thomas, Lola, Julie, Arthur, ses arrière-petits-enfants, M...... Téléphones : Gérard et Annette Bénichou, Adresse : ...... 01-42-17-39-80 ses neveu et nièce 01-42-17-29-96 et leurs enfants, ...... 01-42-17-38-42 ont la tristesse de faire part du décès de ...... Code postal : Tarif à la ligne H.T. Rubrique nécrologie ...... 105 F Edouard TCHORZEWSKI, Titre Prix unitaire médaillé de la Résistance, Abonnés et actionnaires ...... 95 F ...... Mariages/naissances ...... 70 F survenu le 10 novembre 1997, dans sa ...... Thèse étudiants ...... 65 F quatre-vingt-treizième année, à Paris. Les lignes en capitales grasses sont ...... facturées sur la base de deux lignes. Parents et amis se réuniront le jeudi Les lignes en blanc sont obligatoires 13 novembre, au cimetière de Bagneux, Somme totale à payer : ...... et facturées. Minimum 10 lignes. où il sera inhumé. LeMonde Job: WMQ1411--0015-0 WAS LMQ1411-15 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 09:03 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0469 Lcp: 196 CMYK

LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 / 15 HORIZONS ENQUÊTE

E coureur ne parlera d’autres substances censées limi- plus. Dérangé sous ter les effets secondaires. Au total, la douche au retour c’est une vingtaine de cachets plus de l’entraînement, les piqûres qu’il lui faut s’adminis- sa voix se rembrunit trer chaque jour. Les résultats sont à l’exposé du motif magiques. Laurent Bocher forcit à de l’appel. Le mot vue d’œil. « J’ai alors décidé de « dopage » a déclen- faire de la compétition. Je voulais ché la sèche ré- devenir comme dans les magazines. plique : « Je ne veux plus parler de Tout le monde me regardait dans la Lça. Je l’ai ouverte une fois et ça m’a salle. » Les cures se succèdent. Il trop coûté. » Avant que ne sur- envoie désormais l’argent en vienne son affaire, S... n’était poste restante et se fait remettre qu’un quidam du cyclisme, un les colis par le même procédé. La amateur classé 3 326e au palmarès note grimpe progressivement de français. La notoriété, il en rêvait. 2 000 à 4 500 francs le paquet. Il n’imaginait simplement pas Laurent pesait 55 kilos en 1988 qu’elle allait débouler ainsi, via la et en soulevait péniblement 40. En rubrique des faits divers. Alors, 1992, il faisait 73 kilos et pouvait aujourd’hui, il n’aspire qu’à rega- en hisser 150 à bout de bras. Le gner l’anonymat du peloton, qu’à boulimique décide alors de passer se fondre dans ce cocon coloré, si aux produits vétérinaires, plus ef- beau à l’œil. Un jour d’automne, il ficaces et moins onéreux. « Je pre- en a été exclu pour bavardage. nais chaque semaine 10 millilitres Le 19 octobre 1996, vers de Boldone, un stéroïde anaboli- 22 heures, S... et L..., un autre cou- sant. C’est ce qu’on donne à un che- reur, 8 033e au classement de la Fé- val en un mois et demi. J’avais des dération française de cyclisme boutons et je devais prendre trois à (FFC), ont été interpellés au péage quatre douches par jour pour me autoroutier de Fresnes-lès-Mon- débarrasser de l’odeur que je sécré- tauban (Pas-de-Calais). Les doua- tais. » niers volants ont découvert, dissi- mulés dans la 205, trois flacons et UIS il teste le Clenbuterol, plusieurs seringues. Les deux un bêtastimulant. « Je pre- hommes ont été placés vingt- P nais en complément un mé- quatre heures en garde à vue, le dicament à l’usage des parkinso- temps d’expertiser ce qui s’avéra niens afin d’éviter les tremblements être des amphétamines. Jugé le qu’il provoque. » En novembre 7 novembre 1996 par le tribunal de 1992, le culturiste remporte la pre- grande instance d’Arras pour ac- mière compétition à laquelle il quisition non autorisée de stupé- participe. Afin de « sécher » ses fiants, les prévenus, âgés alors de muscles, il a entrepris auparavant vingt-six et vingt-deux ans, ont été une cure de diurétique qui lui a condamnés à deux mois de prison fait perdre quinze kilos d’eau. avec sursis et 2 000 francs L’accident mortel de Mohammed d’amende. Benazizza, le champion du monde Empreints de la solennité du français, lors d’une compétition prétoire, les deux accusés ont ra- aux Pays-Bas, n’interrompt pas conté sans détour leur histoire. l’escalade. « Je l’avais croisé une Les minutes du procès, conservées fois. C’était mon dieu. Il faisait au greffe du tribunal, en gardent 1,57 mètre, comme moi, et pesait le compte rendu : « On se dopait 105 kilos. Dans la salle, on m’avait aux amphétamines car on n’était surnommé Momo, comme lui. pas en condition. C’est l’entraîneur Quand il est mort, j’ai dit : “Arrêtez [NDLR : en fait, le soigneur de de m’appeler ainsi.” Mais j’ai l’équipe, licencié et poursuivi lui- continué à me doper. » même en justice] qui nous les a fait Les silences du dopage Le 6 janvier 1993, Laurent Bo- connaître. On a fait cinq voyages cher s’écroule chez lui à son retour chez lui. Ça durait depuis février de l’entraînement. Il restera para- 1996. On se fait livrer par la Bel- triote de doper les sportifs à leur de mon plein gré, dit-il simple- lysé des membres inférieurs pen- gique. Avec un flacon, on fait trois Malgré la multiplication insu. Elle évoquait le cas d’Elodie à ment. J’étais un tricheur. J’ai fait dant quatre jours. Au médecin de mois. C’est pour l’hiver et le froid. l’appui de sa démonstration. Une une erreur phénoménale dont je garde intervenu en urgence, aux Pendant cinq heures d’entraîne- des contrôles positifs, nouvelle fois, l’affaire se termina prends la pleine responsabilité de A quatre autres praticiens qui l’exa- ment, ça aide. On concilie les sur un non-lieu. àZ.» Dans l’hypocrisie qui en- mineront successivement à l’hôpi- études et le sport, c’est dur. On en les sportifs conservent La championne en herbe s’en- toure le dopage, une telle confes- tal, il refusera de révéler les causes prenait pour l’entraînement, pas traînait deux fois par jour dans sion devient une provocation, un de sa défaillance physique. « Ils pour les courses. » une attitude ambiguë face son club de Fumel (Lot-et- acte d’accusation même pour ceux ont fait des tas d’analyses et n’ont S... et L... couraient dans deux Garonne). « L’aviron était une qui nient jusqu’à l’existence du jamais rien trouvé, si ce n’est un modestes clubs de la région quand grande partie de ma vie. C’était le dossier noir. taux anormal de protéines. » Une ils décidèrent que le cyclisme était au dopage. Pris en flagrant seul endroit où je réussissais semaine plus tard, à sa sortie de leur vie. Quelques résultats pro- quelque chose », dit-elle. Elodie l’hôpital, il se confiera enfin à son metteurs les avaient encouragés délit, ils nient souvent n’est plus remontée dans une « J’ai un autre rôle médecin traitant. « Bon, mainte- dans cette disposition d’esprit. Les embarcation depuis ce jour où lui nant, tu as compris. Il faut que tu deux hommes s’inscrivirent donc à l’évidence. S’ils parlent, est parvenue la lettre recom- à jouer. Mon but arrêtes », m’a-t-il dit. « Le manque la section sports-études de Was- mandée l’avisant de son contrôle. était terrible, se souvient Laurent quehal, qui groupait les espoirs ré- ils sont mis au ban de leur Ce n’était là que le moindre est de faire Bocher. En septembre 1993, j’ai gionaux. En sautant de catégorie, déboire. « Il y a eu les coups de fil passé quinze jours en service psy- ils touchèrent d’emblée leurs li- club ou de leur fédération anonymes, la rumeur qu’on a fait de la prévention. chiatrique afin de me sevrer. » mites. « Ils étaient trop justes, ra- courir dans mon dos, raconte-t- Puis l’homme s’est caparaçonné conte leur directeur technique. elle. Deux ou trois ans après, les Qui peut mieux dans son silence. « Si je l’avais vou- Avant même cette histoire, nous mauvaise publicité du procès a fait plusieurs vedettes du football et gendarmes ont même fait une des- lu, personne n’aurait jamais su ce avions décidé de les virer. » Les ho- capoter l’embauche. S... a un DUT, du judo). La jeune fille n’était cente à la maison. » parler aux jeunes qui m’était arrivé. Pourtant, je sen- norables scolarités ne suffisaient mais pas de boulot. Durant la sai- alors qu’un cas positif parmi les Elodie Teyssier a perdu sa tais le besoin de parler, de prévenir pas à distraire des piètres perfor- son cycliste, il est venu plusieurs quelque trois cents dépistés guerre. « Je sais que je ne me suis du sida que celui les jeunes des dangers. » En avril mances sportives. C’est dans ces fois au départ des courses ac- chaque année en France. Simple pas dopée, mais je n’ai plus envie de 1995, il répond à un appel à témoi- conditions que le soigneur belge compagner ses anciens coéqui- championne nationale juniors me battre pour le démontrer », qui l’a ? » gner de Canal Plus et lance le mois de l’équipe vint leur offrir une so- piers. A vingt-sept ans, un cycliste d’un sport plutôt confidentiel, elle affirme aujourd’hui l’intéressée. suivant l’ABCD (Association brio- lution. discret peut encore espérer de aurait dû subir sa suspension de Quant à l’aviron français, il ne chine contre le dopage). Pendant « Je ne me suis pas dopé, je n’ai beaux moments dans son sport. deux ans dans la plus complète in- s’est jamais aussi bien porté et a Laurent Bocher mesure 1,57 mè- un an et demi, les menaces vont jamais été contrôlé positif », conti- Elodie Teyssier, elle, n’attend différence. « Il ne faut le dire à per- accumulé les médailles lors des tre et en concevait naguère des pleuvoir, puis se tarir. « Je le ré- nue de soutenir S..., reprenant à plus rien de l’aviron. Cela l’auto- sonne », lui aurait d’ailleurs intimé derniers championnats du monde, complexes. Au début de l’hiver pète, je n’ai jamais dénoncé per- son compte cette triste jurispru- rise à s’exprimer, même si la jeune un responsable national. La rou- en septembre à Aiguebelette 1988, l’homme entre pour la pre- sonne. Le 11 avril dernier, j’ai passé dence du sport : n’est coupable fille de vingt-trois ans commence tine du dopage a généré bien des (Savoie). mière fois dans une salle de mus- quatre heures au commissariat. Les que celui qui a été pris. De fait, les à se lasser de rabâcher une his- artifices pour maquiller une sanc- culation et s’entiche aussitôt de policiers voulaient que je donne des deux protagonistes auraient pu toire d’adolescente. « J’en ai assez tion. Une blessure diplomatique ÉCEMMENT, l’équipe na- gonflette. Malgré deux heures noms. J’ai refusé et je crois qu’ils ont échapper à toute sanction sportive de vivre dans le passé », avoue-t- est si vite arrivée... tionale a effectué un stage d’exercices quotidiens, les progrès compris pourquoi. J’ai un autre rôle s’ils n’avaient dérapé dans leur elle. L’esprit de compétition, la La famille Teyssier ne l’a pas R à Fumel. Deux rameuses sont lents. « Je n’avais pris que 1 ki- à jouer. Mon but est de faire de la tentative de justification. « Tout le quête de la victoire, le goût du dé- voulu. Ne doutant pas de l’inno- sont entrées par hasard se faire lo. Je voyais des gars enfler deux fois prévention. Qui peut mieux parler monde prend des amphétamines passement de soi, qui l’animaient cence de leur fille, les parents en épiler dans l’institut de beauté où plus vite. Je me doutais bien de la aux jeunes du sida que celui qui chez les coureurs, même amateurs, naguère, lui semblent être au- ont appelé à la science des méde- Elodie est aujourd’hui esthéti- raison : j’ai fait une année d’études l’a?» ça aide à finir une course », ont-ils jourd’hui les lubies d’une gamine. cins spécialisés, puis à la clémence cienne. « On s’est mises à parler. Je en pharmacie. Je suis allé voir mon Laurent Bocher sillonne les déclaré aux juges. Incriminer le Sa combativité s’est émoussée au de la Fédération française des so- leur ai dit qui j’étais. Il y a eu un médecin pour qu’il me prescrive des écoles de Bretagne, et maintenant plus grand nombre : dans le jar- long d’une interminable croisade. ciétés d’aviron (FFSA), avant fina- grand froid. Les filles auraient bien produits. Il a refusé et m’a mis en de France, pour raconter inlassa- gon judiciaire, cela s’appelle une S’y est substitué un profond dé- lement d’en référer à la justice or- aimé partir, mais comme je n’avais garde. Alors, je me suis renseigné blement son histoire. A trente et défense de rupture. Dans le milieu goût de tout ça. dinaire. L’affaire est passée devant pas fini elles ont dû rester. Pour bri- dans la salle. Au bout de quatre ou un ans, il réfléchit au scénario d’un sportif, on dit : cracher dans la « C’était seulement le deuxième un juge une première fois, sans ser le silence, je leur ai dit : “OK, si cinq mois, j’avais gagné la court-métrage : ce serait le destin soupe. Répercutés par la presse contrôle que je subissais. J’étais tel- convaincre. La contre-attaque n’a on parlait d’autre chose ?” » confiance des autres. Un gars m’a parallèle de deux hommes qui se locale, ces propos ont valu à leurs lement nerveuse que j’ai mis deux pas tardé. En 1995, Elodie a été ci- Quand il croise des culturistes alors donné le numéro de téléphone dopent. « L’un meurt, l’autre s’en auteurs un an de suspension pour heures à remplir le flacon. En plus, tée comme témoin lors d’une dans les rues de Saint-Brieuc à Paris de quelqu’un qui vendait ce sort. Un peu Momo et moi. » Le « atteinte à l’image du cyclisme ». comme la porte des toilettes était plainte contre X... déposée par la (Côtes-d’Armor), Laurent Bocher qu’il fallait. J’ai appelé et passé chauffeur-livreur est devenu La sanction fédérale devrait être ouverte pour éviter les tricheries, ce- fédération à l’encontre de Brigitte ne va jamais plus loin que « Bon- commande. Il m’a donné rendez- adepte du kick-boxing. Il est papa bientôt levée. Le président du club la me bloquait encore plus. » Le Berendonk. Dans un livre publié jour, bonsoir ». Il vit avec ses an- vous dans un parking souterrain de d’un petit Simon depuis le 11 octo- est prêt à pardonner la « petite bê- 7 juillet 1991, à l’occasion d’une outre-Rhin, cette dernière criti- ciens compagnons de salle une la capitale, où il a sorti la marchan- bre. « J’espère en faire un sportif. tise » de son protégé et à réinté- compétition, Elodie a été contrô- quait les méthodes de l’ex-entraî- sorte de paix froide, faite de suspi- dise de son coffre. » Mais je le mettrai d’abord en garde grer S... Le banni a plus que payé lée positive à la nandrolone, sté- neur de la RDA, devenu patron de cion. Il n’a pourtant jamais cité un La première cure de six se- contre certaines choses. » sa faute. Il était tout près d’obte- roïde anabolisant popularisé par l’aviron français après la chute du nom, jamais lancé l’anathème maines comporte une trentaine de nir de sa commune un emploi-so- l’actualité (la substance vient mur. L’ancienne athlète est-alle- contre quiconque, si ce n’est boîtes qui constituent un cocktail Benoît Hopquin lidarité d’animateur sportif. La d’être détectée dans les urines de mande reprochait à son compa- contre lui-même. « Je me suis dopé d’anabolisants, de testostérone et Dessin : Nicolas Vial LeMonde Job: WMQ1411--0016-0 WAS LMQ1411-16 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 09:03 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0470 Lcp: 196 CMYK

16 / LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 HORIZONS-DÉBATS Communisme : retour à l’histoire par Jean-Louis Margolin et Nicolas Werth

ES lecteurs du Monde peut-être un peu mieux bon ment en ce qui concerne les mili- vèle une manière de « courbe en Or, justement, avec l’échec Elle peut déboucher sur un mas- n’ignorent pas la sévère nombre des pires drames de ce tants communistes. U » de la mortalité politique : un économique de la collectivisation sacre sans limites (Cambodge), sur controverse qui a oppo- siècle de fer, mais aussi, au-delà, ce De tout cela, il résulte que le premier pic dans les années d’ins- soviétique et des communes po- un accès de totalitarisme anar- L sé certains des auteurs que, des décennies durant, le tiers crime de masse, s’il scande l’his- tallation du régime ; une « trêve », pulaires chinoises, ce sont les chique (révolution culturelle), sur du Livre noir du communisme, dont de l’humanité vécut d’insuppor- toire du communisme, n’en rem- relative et assez courte (NEP en choses qui se sont mises à résister : une auto-dévoration du Parti nous sommes, au rédacteur de son table. plit pas l’horizon entier. Il ne fut URSS), qui précède un retour de la « ligne juste » ne peut suffire à (grande terreur stalinienne). chapitre introductif, Stéphane On y trouvera également des pas universel : on ne le distingue l’horreur, d’abord sous la forme de faire croître le blé et le riz. Cela, le Néanmoins, la fuite en avant, la Courtois. Rappelons seulement éléments de réponse à l’incontour- guère à Cuba, au Nicaragua ou famines, puis sous celle de Parti ne peut ni l’accepter, ni redoutable tendance à l’emballe- que les principaux points mis en nable interrogation : comment dans certains pays de l’Europe de « purges » massives. même le voir. D’où, dans un ment de cette terreur sans plus de cause par nous dans ce texte ont l’espoir vira-t-il au cauchemar ? Au l’Est. Et là où il eut lieu, ce fut par Le premier flot de victimes, ce premier temps, la contemplation vrai objet que de bornes finit par été : terme des années de réflexion, in- « bouffées », temporellement cir- sont ceux qui résistent, ou qui irritée de ceux qui meurent de vacciner l’appareil communiste – la centralité du crime de masse dividuelle aussi bien que collec- conscrites (sauf au Cambodge pourraient résister au projet d’ara- faim, et qui le méritent sans doute lui-même : globalement, il a bien dans les pratiques répressives des tive, qui sous-tendent ce livre, sous Pol Pot : est-ce un hasard si sement de la société : les adver- puisque normalement ils n’au- plus à en craindre qu’à y gagner. communismes au pouvoir ; nous pouvons avancer quelques son régime s’effondra en moins de saires du régime – en Chine, par raient pas dû avoir faim. Et, en- D’où l’abandon définitif de sem- – l’assimilation entre doctrine pistes. quatre ans ?) : une dizaine d’an- exemple, les élites traditionnelles suite, la recherche obstinée des blables méthodes, et leur non-im- communiste et mise en application nées au total en URSS (1918-22 ; des campagnes (propriétaires fon- hommes « coupables » de cette position en Europe de l’Est soviéti- de celle-ci, ce qui fait remonter le 1930-33 ; 1937-38), une quinzaine ciers, paysans riches) et des villes résistance du réel : au plan « théo- sée ; la répression devient sélective crime jusqu’au cœur même de Le « Livre noir en Chine (1946-55 ; 1959-61 ; (entrepreneurs, fonctionnaires, in- rique », cela donne l’« aggravation et limitée, cependant que, inévita- l’idéologie communiste ; 1966-68). tellectuels). de la lutte des classes en période blement, l’idéologie se délite, jus- – l’affirmation qui en découle de du communisme » Il convient, de plus, de distin- Le second flot paraît plus diffi- de construction du socialisme », qu’au cœur du régime. la grande similitude du nazisme et guer, parmi ces épisodes paroxys- cile à expliquer : on a souvent re- lancée par Staline, reprise par Nous aurions aimé que sem- du communisme, tous deux intrin- n’est pas une somme tiques, les cas où l’intention « ex- couru à son propos aux catégories Mao ; au plan concret, cela blables hypothèses aient pu être sèquement criminels dans leur terminationniste » est indiscutable de la psychologie collective (exal- débouche sur la chasse aux « sa- débattues dans le chapitre intro- fondement même ; définitive, encore (il s’agit bien sûr avant tout des tation, dérapage dans l’irrationnel) boteurs » et autres « révision- ductif. Mais le Livre noir n’est pas – un chiffrage des victimes du exécutions), et ceux où sont plutôt ou individuelle (paranoïa d’un Sta- nistes ». une somme définitive, encore communisme abusif, non clarifié moins une Bible. engagés l’utopisme dogmatique, le line, mégalomanie d’un Mao). Les victimes sont encore, par moins une Bible. Etape d’une in- (85 millions ? 95 ? 100 ?), non justi- prélèvement prédateur, l’incurie et Loin de nous l’idée de nier toute routine, les survivants de la pre- dispensable réflexion, il aura rem- fié, et contredisant formellement Etape d’une le mépris de l’élite politique pour pertinence à cette façon de voir : il mière grande vague répressive. pli son but s’il stimule de nouvelles les résultats des coauteurs sur ce qui n’est pas elle : grandes fa- est vrai que la disparition des deux Mais leur dépossession, leur mar- recherches, sans tabous, mais aus- l’URSS, l’Asie et l’Europe de l’Est indispensable mines de 1921-22 et de 1932-33 en autocrates met fin, définitivement, ginalisation sont désormais telles si sans préjugés. (de leurs études, on peut tirer une Russie, de 1959-61 en Chine – à aux répressions de masse. Mais le que, pour la vraisemblance, il « fourchette » globale allant de 65 réflexion, il aura elles seules responsables de la secret, y compris de ce triomphe convient de leur adjoindre des in- à 93 millions ; la moyenne moitié au moins de l’ensemble des de la déraison, gît dans l’incapacité tellectuels et cadres compagnons Jean-Louis Margolin est – 79 millions – n’a de valeur que rempli son but s’il victimes du communisme. constitutive des idéocraties mes- de route, puis finalement des mili- agrégé d’histoire, maître de confé- purement indicative). A quelle logique d’ensemble cor- sianiques en place à accepter l’idée tants et des dirigeants du Parti. rences à l’université de Provence. On chercherait cependant en stimule de nouvelles respondent ces moments abomi- que tout n’est pas politique, et que La terreur est donc beaucoup Nicolas Werth est agrégé vain, dans le chapitre introductif nables, par-delà leurs différences ? la volonté correctement dirigée moins ciblée, beaucoup plus géné- d’histoire, chercheur à l’Institut comme dans le reste de l’ouvrage, recherches, sans En URSS comme en Chine se ré- n’est pas toute-puissante. ralisée que dans la première phase. d’histoire du temps présent. la discussion serrée et approfondie que nécessiteraient des questions tabous, mais aussi aussi complexes et délicates que la comparaison entre fascisme et sans préjugés communisme, ou la présence de potentialités terroristes dans la théorie marxiste elle-même. Nous Le communisme au pouvoir fut n’entendons pas disqualifier ces partout antidémocratique et ré- indispensables questionnements. pressif ; il ne fut ni partout ni Mais, tout simplement, notre livre constamment massacreur. C’est ne porte pas là-dessus. que, à côté du projet initial Dans l’histoire des pratiques ré- commun, du « noyau dur » univer- pressives du communisme, nous sel élaboré à partir de 1917, deux avons tenté, en historiens, de repé- facteurs particuliers structurent les rer points communs et différences, divers régimes. La tradition natio- continuités et discontinuités, mo- nale est une première variable : la ments paroxystiques et périodes place de la violence, en particulier, de ressac, espaces de barbarie et n’est pas constante ; que l’idée aires de semi-liberté. Nous nous d’Etat de droit soit presque ab- sommes efforcés de contextualiser sente en Asie, et vacillante en Rus- aussi précisément que possible ces sie, facilite les dérives totalitaires ; expériences si diverses. les millénarismes religieux peuvent On n’y retrouvera pas à chaque être récupérés en redoutables pru- page cette sanglante essence du rits éliminationnistes et « purifica- communisme, une, indivisible et teurs ». éternelle que Stéphane Courtois L’insertion spatiale et tempo- entend dénoncer. On y discernera relle précise est tout aussi détermi- par contre, et on y comprendra nante : ainsi la puissance du communisme asiatique, son main- tien au pouvoir aujourd’hui sont AU COURRIER liés à sa captation réussie de la vo- DU « MONDE » lonté de sauvetage national de peuples soumis au défi de l’Oc- ALLEZ EN BIRMANIE cident – et du Japon. L’intensité Le Monde du 26 septembre a pu- même de ce défi servit à justifier blié une page consacrée au tou- l’atmosphère de camp retranché risme en Birmanie dont il ressort soumis à la loi martiale, si sensible que les touristes devraient s’abste- encore en Corée du Nord. nir de mettre ce pays à leur pro- Le « temps mondial » a aussi gramme : visiter la Birmanie, c’est son importance : que les Khmers soutenir une junte militaire qui fait rouges soient parvenus au pouvoir régner la terreur. en 1975, au déclin de leur modèle Tout le monde souhaite que la maoïste, et non loin de « dra- Birmanie connaisse le plus tôt gons » capitalistes en plein essor, possible un régime démocratique. rend sans doute compte de leur Mais on peut ne pas être d’accord tragique fuite vers un hyper-vo- avec le boycottage recommandé lontarisme ; il leur fallait notamment par Mme Habbard. Les construire le communisme tout de forces de changement en Asie du suite, ou périr. Sud-Est (comme dans la plupart des Mais le projet communiste n’a autres parties du monde) se situent pas non plus la belle unicité qu’on dans les classes moyennes. Ce sont lui prête souvent. La matrice en est elles qui ont mis fin aux dictatures certes le bolchévisme de pouvoir aux Philippines comme en Thaï- structuré en Russie pendant la lande. Ce sont elles qui étaient dans période du « communisme de les rues de Bangkok en mai 1992 guerre » (1918-21). Cependant, pour protester contre l’emprise des pour l’Asie, le maoïsme exerça un militaires et qui les ont fait reculer. profond remodelage : au pouvoir Les classes moyennes sont encore dès 1930-31 sur un fragment du d’importance modeste en Birmanie. territoire chinois, il y construisit Tout ce qui va dans le sens d’une aussitôt un appareil d’Etat accélération du développement complet, et inaugura des formes contribue à créer les conditions de répression aussi massives pour qu’une démocratie émerge. qu’originales (en particulier la Dans un pays qui a peut-être le plus « rééducation » généralisée, cor- fort potentiel touristique de toute respondant à un encadrement l’Asie du Sud-Est, les revenus du idéologique extrêmement contrai- tourisme peuvent contribuer de gnant) – avant donc la grande ter- façon importante à la croissance de reur stalinienne de 1937-38, se- l’économie. De plus, par leur seule conde expérience fondatrice du présence, les touristes diffusent totalitarisme soviétique. l’image d’hommes libres, ce qui est En Europe de l’Est, à l’inverse, la déjà subversif pour une dictature. fréquente importance de la tradi- (...) La marée de touristes euro- tion socialiste et marxiste pré-léni- péens envahissant l’Espagne n’a-t- niste continua d’irriguer directe- elle joué aucun rôle dans la chute ment, plus ou moins discrètement, du franquisme ? les sociétés et même les partis au La conclusion est simple : allez en pouvoir. Ces variations produisent Birmanie ! Peut-être à court terme des systèmes répressifs aux effets renforcerez-vous le pouvoir en différenciés, non seulement quan- place. Mais, à plus longue titativement, mais aussi qualitati- échéance, vous contribuerez à le vement : ainsi les persécutions saper. sont en Chine plus étendues qu’en Jacques Giri URSS, mais aussi relativement Malakoff (Hauts-de-Seine) moins sanglantes, particulière- LeMonde Job: WMQ1411--0017-0 WAS LMQ1411-17 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 09:03 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0471 Lcp: 196 CMYK

HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 / 17 Tardive querelle d’Allemands Le destin par Lilly Marcou ÉDUISANT le duction insensée, d’imaginer ce En fait, avec ce Livre noir du les camps de travail forcé... La du bolchevisme ? communisme à ses que serait devenu le monde – et communisme, à douze années de mortalité fut terrible. Trois cent seuls crimes, faisant la France, entre autres – si Hitler distance, ses protagonistes – et mille à quatre cent mille paysans R fi du projet bolchevik avait gagné la guerre à la place de surtout Stéphane Courtois – im- furent classés « contre-révolution- d’émancipation – fût-il uto- Staline. portent en France la querelle des naires » et une bonne partie pique – et niant les acquis d’un historiens allemands des années d’entre eux furent fusillés. » Relisons système dont l’actuel effondre- 80. Il fait siennes les thèses Pour la période de la terreur ment laisse à une bonne partie de Quand un historien, d’Ernst Nolte, qui tente de bana- stalinienne, Nicolas Werth avan- la société une certaine nostalgie, liser le IIIe Reich, niant ainsi l’uni- çait l’estimation, pour l’ensemble Stéphane Courtois et son équipe Nicolas Werth, cité du génocide perpétré par les de la période 1934-1953, de deux s’enfoncent dans une impasse. nazis, Auschwitz n’étant pas pire millions de morts, dont peut-être Karl Kautski... Leur démonstration se cantonne se contredit dans que le Goulag. Beau cadeau of- un demi-million d’exécutions à un Lénine terroriste et assassin fert, à l’heure du procès Papon, pour les deux années les plus ter- qui n’aurait eu comme seul but un laps de temps au Front national qui réclame à ribles de la répression : 1937 et par Henri Weber que le pouvoir, et ce dans travers la bouche de son chef un 1938. (« Goulag : les vrais l’unique intention de tuer le plus aussi court, Nuremberg du communisme. chiffres » dans L’Histoire, sep- A célébration du quatre- pas une agriculture socialiste, de monde possible. Au-delà de ces rapides considé- tembre 1993). Le même Nicolas vingtième anniversaire « mais la rechute dans la vieille ex- L’introduction et la conclusion cela pose rations historico-politiques, ce Werth nous livre aujourd’hui une de la révolution d’Octo- ploitation par corvée (...), le domaine de ce livre provocateur qui pose avant tout problème est estimation de vingt millions de L bre voit le retour du corvéable étant propriété, non contiennent plusieurs loufoque- un réel problème la crédibilité des données et des morts. Quand un historien se vieux procès fait au marxisme et, d’aristocrates de guerre, mais d’aris- ries dont la plus cocasse est celle chiffres avancés. C’est la contri- contredit dans un laps de temps au-delà, à l’idéologie des Lu- tocrates communistes de guerre ci- du « label antifasciste » qui aurait de crédibilité bution de Nicolas Werth qui de- aussi court, cela pose un réel pro- mières : c’est le marxisme qui au- vile ». pour unique fonction de masquer meure la plus troublante. Par ses blème de crédibilité. rait produit le Goulag, c’est lui qui Loin d’accoucher d’une société les crimes du communisme. Des travaux précédents, Nicolas Phénomène de mode ou choix aurait rendu sourd et aveugle à la sans classes comme le clament les milliers de gens se seraient lais- Par ailleurs, je refuse d’entrer Werth me semblait être un im- politique délibéré, ce Livre noir montée du totalitarisme stalinien. bolcheviques, poursuit Kautski, la sés mourir dans le seul but de ca- dans les considérations suivant mense chercheur, un grand histo- n’apporte rien sur le plan du sa- Antistalinien de toujours, je vou- révolution d’Octobre induit une cher les turpitudes communistes. lesquelles les « crimes de race » rien et surtout un honnête voir historique. Il prétend nous drais rappeler à ceux qui se laissent nouvelle division de la société so- Peut-on oublier les vingt millions et les « crimes de classe » se homme. Or, ici, Nicolas Werth apprendre que Staline était le abuser par cette accusation ba- viétique en classes antagonistes : de morts soviétiques sur le front valent. D’autres avant moi, dont contredit Nicolas Werth. Dans un scrupuleux disciple de Lénine et roque que les premières analyses maîtresse de l’Etat et, par sa média- de la seconde guerre mondiale, Primo Levi, le firent mieux que je livre publié avec Gaël Moullec, que le régime issu de la révolu- approfondies de la révolution bol- tion, propriétaire collectif des les martyrs de la Résistance et de ne le ferais. J’invite simplement Rapports secrets soviétiques, 1921- tion d’Octobre était répressif. Il y chevique, en même temps que la moyens de production, la bureau- la lutte des partisans en Europe, ceux qui pensent que tout se vaut 1991 (Gallimard, 1994, p. 90), il a toutefois une révélation de condamnation la plus radicale de cratie soviétique se comporte les sacrifices de toute une géné- à revoir le film de Claude Lanz- écrivait à propos des chiffres des taille dans cet ouvrage singulier : ses dérives probables, émanaient comme un exploiteur collectif du ration qui, par son combat, a mann, Shoah, et à relire un autre victimes de la collectivisation : il nous révèle que tous les chefs des théoriciens de la social-démo- prolétariat et de la paysannerie. A contribué à la victoire contre le Livre noir, consacré à l’extermi- « Plus de deux millions furent ex- ou sous-chefs communistes cratie et non des penseurs conser- la place du « dépérissement de fascisme ? Peut-être faudrait-il nation des juifs par les nazis dans pulsés de leur exploitation. Plus furent, ou restent, des criminels... vateurs ou libéraux, et étaient l’Etat » et de la « démocratie directe conseiller à Stéphane Courtois, les territoires occupés de l’URSS d’un million huit cent mille furent faites d’un point de vue marxiste. des conseils ouvriers », promis par qui a dirigé la rédaction de ce pendant la guerre (Acte Sud, déportés. Avec la grande majorité Ces analyses frappent au- Lénine, la révolution d’Octobre va Livre noir et qui écrit cette intro- 1995). de ces paysans déportés, on créa Lilly Marcou est historienne. jourd’hui par leur acuité et leur engendrer un pouvoir despotique précocité : pour ne nous en tenir de type oriental. qu’au principal dirigeant et théori- cien de la IIe Internationale, Karl Kautski, force est de constater que « Cette folle tout est dit à chaud, avant même la mort de Lénine, dans trois essais expérience ne peut percutants : La Dictature du prolé- tariat (1918), Terrorisme et Commu- s’achever que par nisme (1919), De la démocratie à l’esclavage d’Etat (1921). Il ne me une effroyable paraît pas inutile d’en rappeler brièvement la teneur. culbute (...), même La prétention des bolcheviques d’édifier le socialisme dans le cadre le plus grand génie de la Russie arriérée, écrit dès 1918 le « pape du marxisme », relève ne pourrait l’éviter » d’un volontarisme débridé et ne peut conduire qu’à la catastrophe. Elle représente une rupture radi- Ultraminoritaires dans le pays, cale avec la démarche de Marx, qui les bolcheviques ne peuvent en ef- enseigne qu’un peuple ne saurait fet imposer leur volonté que par la sauter impunément les étapes né- violence. En dispersant par la cessaires de son développement troupe, le 7 novembre 1917, l’As- historique. Elle constitue une re- semblée constituante démocrati- chute dans le socialisme prémar- quement élue, ils se sont engagés xiste des utopistes et des conspira- sur la voie de la contre-révolution teurs du XIXe siècle, pour qui la thermidorienne : « celle qu’em- volonté et la détermination du par- prunta Napoléon Ier le 18 brumaire ti révolutionnaire suffisent à tout. 1799, puis son neveu, le troisième Le léninisme incarne l’adaptation Napoléon, le 2 décembre 1852, et qui régressive du marxisme à l’arriéra- consiste à régner à l’aide de la supé- tion du prolétariat russe, affirme riorité d’une organisation centralisée Kautski, sa dégradation en « blan- sur la masse inorganisée du quisme ». Sils persistent dans leur peuple... ». folle aventure, écrit-il dès 1918, les La défaite du pouvoir soviétique bolcheviques sont condamnés au ne serait donc pas celle de la révo- sort de l’apprenti sorcier : les forces lution socialiste, mais celle de la qu’ils ont libérées les détruiront, contre-révolution thermidorienne, soit comme parti au pouvoir, soit conclut Kautski. Pour lui, la classe comme parti socialiste ; lancés vers ouvrière internationale n’a pas de un but inaccessible, ils se verront pire ennemi que le stalinisme. De acculés à l’alternative catastro- cette défaite, Kautski ne doute pas phique : ou bien rester fidèles à un instant. Le despotisme bureau- leur filiation marxiste et se voir cratique qui régit tous les rapports évincés du pouvoir, ou bien se sociaux en URSS constitue selon lui maintenir au pouvoir, mais pour une entrave absolue au développe- cela renier leur identité et se faire ment des forces productives et à la les agents d’un projet historique stabilisation de la société. radicalement étranger aux idéaux Ce despotisme est adéquat aux du socialisme et aux intérêts du sociétés stagnantes, vouées au mouvement ouvrier. culte de la tradition. Il est contra- Le processus historique objectif dictoire avec une société en crois- mis en branle par la révolution sance, mue par la religion du pro- d’Octobre, poursuit le leader de la grès. Pressé par ses échecs, le social-démocratie, c’est en effet pouvoir bolchevique est acculé à la l’avènement d’une nouvelle société fuite en avant jusqu’à la catastro- d’exploitation et d’oppression, ré- phe finale. « Cette folle expérience, gressive à tous les égards par rap- écrit-il en 1930, ne peut s’achever port au capitalisme démocratique que par une effroyable culbute (...), moderne : économiquement, il même le plus grand génie ne pour- s’agit d’un despotisme sans pré- rait l’éviter. » (Le Bolchevisme dans cédent ni égal. l’impasse, p. 21.) L’étatisation de l’économie de D’autres leaders socialistes, ceux l’empire des tsars, remarque en- notamment de l’internationale core Kautski, n’élimine pas le capi- d’Amsterdam, dite « Internationale talisme, mais sa forme supérieure : deux et demie », furent moins « celle qui déploie une grande pro- clairvoyants et plus complaisants à ductivité du travail et crée les condi- l’égard du bolchevisme. On sait que tions d’une existence supérieure du ce ne fut pas le cas de Léon Blum, peuple. Elle laisse subsister et déve- dont le discours de Tours, en 1920, loppe, au contraire, ses formes les souligne lui aussi la mécanique plus lourdes et les plus doulou- despotique mise en branle par Lé- reuses ». nine. La collectivisation sans la démo- Le combat lucide et opiniâtre de cratie peut en effet fournir la base la social-démocratie contre le stali- économique des pires despotismes nisme, comme, d’ailleurs, celui, sy- asiatiques étudiés par Marx. A côté métrique, de Léon Trotski et des du capitalisme d’Etat, mode de siens, attestent que le marxisme ne production dominant de la Russie rend pas aveugle et sourd aux tota- soviétique, Kautski constate dès litarismes de gauche, bien au 1921 que des formes économiques contraire. encore plus archaïques célèbrent leur résurrection : le féodalisme et l’esclavage d’Etat. L’agriculture Henri Weber est sénateur kolkhozienne, par exemple, n’est (PS) de la Seine-Maritime. LeMonde Job: WMQ1411--0018-0 WAS LMQ1411-18 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 11:03 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0472 Lcp: 196 CMYK

18 / LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 HORIZONS-ANALYSES 0 123 Les Tchèques désenchantés par leur transition 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F « JE N’AI PAS MANIFESTÉ en novembre 1989 l’étranger, au ski dans les Alpes ou sur des nourrit aussi une crise de confiance dans les Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 pour aboutir à ce genre de société, où la corrup- plages méditerranéennes, auxquelles avaient élites politiques, dont on regrette souvent dans Internet : http : //www.lemonde.fr tion est répandue, où seul un petit nombre pris goût de nombreux Tchèques avides de les foyers tchèques, désormais, « le manque de ÉDITORIAL d’avertis a vraiment profité des changements, où consommation et de voyages hors de l’ancien renouvellement » : « Depuis huit ans, ce sont les services sociaux sont en pleine débandade et bloc de l’Est, sont soudain devenues plus toujours les mêmes ! » où les professeurs d’université, toujours moins chères, parfois inabordables. A Prague, des On s’interroge : l’arrivée sur la scène poli- payés que des ouvriers qualifiés, sont obligés agences de voyage ont fait faillite en série cet tique de Michael Zantovsky, ancien porte-pa- Dissidents du Vietnam d’aligner les petits boulots pour s’en sortir. » La été. role de Vaclav Havel, apportera-t-elle la touche réflexion désabusée de ce jeune universitaire Les dramatiques inondations du mois de juil- de nouveauté espérée ? Ou bien, suggèrent E Vietnam s’ouvre, instant, les projecteurs des festi- praguois est peut-être exagérée, mais elle tra- let (une cinquantaine de morts), avec leur cor- certains avec inquiétude, verra-t-on l’ambi- lentement. Comme si vités francophones pour les duit aussi le malaise apparu cette année en Ré- tège de maisons détruites, ont ajouté à la sinis- tieux directeur de Nova, la plus grande chaîne un siècle de profonds pointer sur un petit groupe de publique tchèque, près de huit ans après la trose. La reconstruction des habitations, de télévision privée, racoleuse et sensationna- L traumatismes pesait courageux Vietnamiens large- « révolution de velours ». coûteuse pour tout propriétaire tchèque liste, prendre un jour les devants ? trop lourd encore et n’autorisait ment oubliés des médias : les C’est en partie la dévaluation, en mai der- moyen – dépourvu d’assurance contre les dé- La ville de Prague aurait presque un air de que des mouvements de conva- dissidents. Politiques ou reli- nier, de la couronne tchèque, attaquée par les gâts – pèse en outre sur les finances publiques. stagnation, du moins d’élan perdu. Le centre lescent. Depuis plusieurs années gieux, ils sont toujours la cible spéculateurs, qui a provoqué le douloureux ré- La dégradation des résultats économiques de la capitale tchèque, qui a connu dans les an- déjà, les investisseurs étrangers, d’un Etat qui n’a pas déboulonné veil. Après le « miracle tchèque », sans doute (ralentissement de la croissance, déficit bud- nées 1991-1993 une véritable « métamorphose » notamment occidentaux, af- la statue de Lénine dans sa capi- proclamé avec trop de hâte par les libéraux au gétaire, balance des paiements) est vivement liée au retour de la libre entreprise après cin- fluent. Le tourisme se développe. tale. M. Vo Van Ai, président du pouvoir, l’heure est venue d’envisager des me- ressentie. Elle se traduit par une crise sociale, quante ans de planification communiste, Le lancement de la politique du Comité Vietnam pour la défense sures d’austérité, de reconsidérer le bilan de la marquée par une récente manifestation impor- semble figé dans un commerce touristique « Do Moï », « le renouveau », en des droits de l’homme, estime à transition. Chose révélatrice, les vacances à tante à Prague, à l’appel des syndicats. Elle tous azimuts, dont on voit parfois mal les re- 1986, a donné un coup de fouet à quelques milliers, « 5 000 envi- tombées positives pour les services publics. Ici une économie jusqu’à présent ron », le nombre de ses conci- un nouveau fast-food s’installe, là une mater- épargnée par la tourmente qui toyens emprisonnés pour leurs nité ferme ses portes... souffle sur les voisins du Sud-Est idées. asiatique. Le Vietnam fête ce re- S’il n’y a pas, s’il n’y a plus, Les gens CRISE DE CONFIANCE dressement : il accueille cette se- l’équivalent au Vietnam du « lao- Sans doute la désillusion ambiante est-elle à maine le sommet de la franco- gai » chinois (la version péki- par Kerleroux la mesure des espoirs, longtemps entretenus, phonie, au cœur de Hanoï, dans noise du goulag), le pays par les autorités de voir une transformation ra- un opéra, modèle Palais Garnier, compterait 159 « camps de réédu- pide et indolore. Le faible taux de chômage ne remis à neuf pour l’occasion. cation » et prisons où mauvais s’explique-t-il pas, en partie, par le manque de C’est peu de dire que les véné- traitements et tortures sont restructuration d’une industrie lourde portée à rables caciques du Parti commu- monnaie courante. Premières bout de bras par des subventions gouverne- niste vietnamien, à commencer victimes, les bouddhistes restent mentales souvent passées sous silence ? Les par le président Trân Duc Luong, la cible privilégiée d’un régime privatisations de masse n’ont-elles pas masqué éprouvent quelque fierté à inau- qui, en dépit de quelques ouver- la prise de contrôle d’importants pans de gurer ainsi la première manifes- tures, reste crispé non sur des l’économie par des banques d’Etat ? tation internationale que le pays dogmes économiques mais sur La disparition « dans la nature » d’impor- ait jamais accueillie. Ils exultent. une pratique léniniste du pou- tantes sommes provenant de fonds d’investis- Sûrs d’eux-mêmes, des résultats voir. sement auquels des milliers de Tchèques qu’ils peuvent afficher – et qui Jacques Chirac a fait remettre, avaient confié leurs « coupons de privatisation » ne sont pas maigres –, enfin, plus mercredi, à ses interlocuteurs a renforcé l’impression de tromperie. Cette confortés que jamais par leurs d’Hanoï une liste de quarante morosité ne serait-elle, cependant, qu’un des voisins du Sud-Est dans le mo- prisonniers d’opinion que symptômes d’une « occidentalisation » réussie dèle de développement choisi : l’Union européenne veut voir du pays ? C’est ce qu’ont récemment soutenu l’autoritarisme politique au ser- élargis. Dans ses trois allocutions deux sociologues tchèques, Peter Mateju et Jiri vice de la libéralisation écono- publiques du jour, le président Vecernik, dans un article publié par l’hebdo- mique. Ce ne sont pas les an- n’a cependant pas jugé utile madaire praguois Respekt. « Les enquêtes ciens ennemis, ceux du camp d’aborder les droits de l’homme. [d’opinion] signalent une perte de confiance anticommuniste, Singapouriens, Il a dit à la presse qu’il préférait dans le gouvernement et les institutions. Mais il Malaisiens et autres qui vont dé- en la matière la discrétion, « effi- ne faut pas oublier que le niveau de confiance mentir les apparatchiks de Ha- cace », à « l’arrogance », qui ne le était exceptionnellement élevé dans toute la pre- noï : tout le monde se retrouve serait pas. Il faut prendre mière phase du postcommunisme », notent-ils. aujourd’hui sur la même M. Chirac au mot, juger cette tac- Depuis 1992, « la demande de sécurité et de « ligne », au nom de prétendues tique à ses résultats et, dans garanties sociales » a augmenté peu à peu. «En « valeurs asiatiques ». quelques semaines ou quelques témoigne l’évolution de l’opinion, qui est passée Il n’en est que plus important mois, revenir à la charge avec au cours des cinq dernières années d’une pré- de détourner, ne serait-ce qu’un cette liste des quarante. férence majoritaire pour “l’économie de marché sans adjectifs” chère à Vaclav Klaus (le premier ministre libéral) à un soutien massif à une 0123 est édité par la SA LE MONDE Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani “économie sociale de marché” ». Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; « De plus en plus de gens expriment au- Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint jourd’hui des opinions, y compris politiques, qui Directeur de la rédaction : Edwy Plenel correspondent à leur position sociale et profes- Directeurs adjoints de la rédaction : Jean-Yves Lhomeau, Robert Solé sionnelle », poursuivent ces sociologues, qui Rédacteurs en chef : Jean-Paul Besset, Pierre Georges, Laurent Greilsamer, Erik Izraelewicz, Michel Kajman, Bertrand Le Gendre veulent en conclure que « les caractéristiques Directeur artistique : Dominique Roynette typiques d’une société occidentale moderne sont Rédacteur en chef technique : Eric Azan en train de se stabiliser chez nous ». Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment

Médiateur : Thomas Ferenczi Natalie Nougayrède

Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet pour la première hypothèse. » Le ré » quelques jours avant le scru- RECTIFICATIFS Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Gérard Courtois, vice-président Le prix Goncourt même observateur, en lisant les tin, que des auteurs se voient of- Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), communiqués de nos ministres ou frir en automne des marchés MICHEL DELEBARRE André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) anciens ministres, pourrait penser cyniques ? Contrairement à ce qui était in- que tout est bien dans le meilleur Le Monde est édité par la SA Le Monde sous tutelle diqué dans l’article consacré au dé- Durée de la société : cent ans à compter du 10 décembre 1994. des mondes. Catherine Trautmann MANŒUVRES ÉDITORIALES bat, au sein du Parti socialiste, sur Capital social : 961 000 F. Actionnaires : Société civile « Les rédacteurs du Monde ». Suite de la première page estime que « la reconnaissance du Est-il convenable que les statuts la limitation du cumul des mandats Association Hubert Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Investisseurs, jury Goncourt vient couronner un de l’académie Goncourt n’aient (Le Monde du 23 octobre), Michel Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations. On pouvait y lire une parodie de auteur dont l’œuvre, déjà parti- pas évolué depuis le testament Delebarre n’est plus vice-président la chanson de Raymond Queneau culièrement aboutie, est un des élé- d’Edmond de Goncourt (modes de du conseil régional du Nord-Pas- Si tu t’imagines interprétée par Ju- ments forts de notre littérature », et fonctionnement interne, critères de-Calais. A la suite de son élection ILYA50 ANS, DANS 0123 liette Gréco : « Si vous croyez que ajoute que « les jurés du prix Re- de sélection) ? N’est-il pas illo- de député dans la 13e circonscrip- ça va durer, M’sieurs-dames, la naudot ont fait, cette année encore, gique que la voix « départa- tion du Nord, il a démissionné, farce des prix, ce que vous vous gou- un choix qui réjouira tous ceux qui, geante » du président s’exerce au- en juillet, de son mandat de Violences communistes à Marseille rez, M’sieurs-dames, c’que vous dès son premier livre, ont su re- tomatiquement lors des trois conseiller régional. vous gourez ! » Les malotrus, me- connaître en Pascal Bruckner l’un premiers tours de vote (à la majo- MARSEILLE a été de tout étapes successives, les commu- nés par le poète Jean-Pierre Ros- de nos meilleurs auteurs ». rité absolue) et qu’à partir du qua- CHANEL temps l’une des villes de France nistes avaient réussi à s’emparer nay, ajoutaient : « Nous dresserons trième tour, où intervient la majo- La production totale annuelle où les luttes politiques prenaient de la mairie de Marseille dont ils contre vous des bataillons d’enfants ASSAUTS DE POLITESSE rité relative, rien dans les statuts d’huile de bois de rose destinée le tour le plus violent ; on n’a pas avaient fait une sorte de place roses et purs qui viendront jeter Que signifient ces assauts de po- n’indique comment et dans aux parfums est estimée à oublié les rixes qui ont plus d’une forte. Cependant, aux dernières l’opprobre sur vos cendres à moins litesse, ces manifestations d’en- quelles conditions doit être utili- 50 tonnes par an et non à 500, fois avant-guerre opposé des élections, ils n’obtenaient que que vous ne démissionniez avant et tente courtoise entre la Répu- sée cette voix (une situation qui comme nous l’avons écrit bandes rivales. Jamais cependant vingt-quatre sièges de conseillers fassiez amende honorable. (...) Cha- blique avec un grand R et celle des peut conduire les jurés à donner le (Le Monde du 8 novembre) dans ne s’étaient produits des inci- municipaux contre vingt-cinq au cune de vos minutes sera consacrée lettres ? Que le rôle majeur des Goncourt sans s’en apercevoir) ? l’article consacré aux négociations dents aussi dramatiques que ceux RPF, neuf aux socialistes et cinq à la démolition systématique de grands prix d’automne – exercer Combien de temps encore les entre Chanel et l’association Robin qui l’ont ensanglantée hier. au MRP. Le candidat RPF, Me Car- votre citadelle de combines... » un véritable esprit critique et ho- prix littéraires seront-ils dictés par des Bois. Ils illustrent les méthodes que lini, fut élu maire à la majorité re- Pour en finir avec ce réjouissant norer la valeur littéraire – est oc- les manœuvres éditoriales (et des le Parti communiste semble dé- lative, les socialistes, à la grande rappel historique, on mentionnera culté, relégué au rang des acces- bénéfices y afférents), prisonniers PROCÈS PAPON sormais décidé à employer. En colère des communistes, ayant une ultime anecdote. L’année soires. d’un système clos dans lequel ju- Une coquille a déformé le sens face des agressions caractérisées refusé d’apporter leurs voix au – 1904 – où les jurés, réticents à En revanche, un esprit curieux rés, écrivains et lecteurs sont as- d’un paragraphe du compte rendu que ses troupes ont commises député maire sortant, M. Cristo- l’idée de rencontrer les journa- aurait noté que, lors de la procla- signés à des rôles subalternes défi- du procès de Maurice Papon dans hier et de l’exploitation qu’il en- fol. listes, leur firent dire, délicat eu- mation du prix Goncourt par Di- nis par les états-majors ? nos premières éditions du Monde tend en faire, il est indispensable L’irritation des communistes, phémisme, par un maître d’hôtel : dier Decoin, ce dernier a fait état Ce qui se passe depuis deux ans du 13 novembre. Après le rappel de que soient prises des mesures qui contraints à abandonner une po- « Le résultat est à la caisse. » du caractère « très tendu » des ju- au Goncourt (l’accueil, au sein de la déposition de l’historien Marc- témoignent de la volonté du gou- sition importante, s’est traduite A côté de ces spectaculaires ma- rés, en raison de leurs « responsa- l’académie, de membres étran- Olivier Baruch, il fallait lire : « Dans vernement de maintenir l’ordre par une agitation larvée, qui nifestations de révolte, un obser- bilités » : « On ne peut pas couron- gers, la décision de ne plus rien la foulée de cette déposition... » au et de ne pas céder à la menace. cherchait manifestement la pre- vateur distrait pourrait penser ner n’importe quoi », « il faut qu’on s’interdire même lorsqu’un auteur lieu de « Dans la folie... ». Que soit repris en main aussi un mière occasion d’exploser. L’aug- que, cette année, les choses se considère plus tard que c’était un a été déjà couronné par un autre service d’ordre qui s’est laissé mentation des tarifs des tram- sont passées au mieux. Alors que, choix digne ». prix, la volonté d’oser primer un ANTISÉMITISME D’ETAT bien facilement déborder. ways lui en a fourni l’occasion. à l’origine, l’académie Goncourt Sans faire dire à quiconque ce créateur encore inconnu, l’inten- Contrairement à ce que nous Depuis la Libération, et par (14 novembre 1947.) avait été créée contre l’Académie qu’il n’a pas dit, la tentation est tion ferme de moderniser les rè- avons indiqué dans un article française et ses « mascarades de grande d’en déduire que quelque glements) trahit-il la prise de consacré à la législation antisémite mamamouchis », les jurés ne chose est peut être en train de conscience de quelques jurés cou- de Vichy (Le Monde du 28 octobre), 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS semblent-ils pas avoir enterré la changer au sein du jury Goncourt. rageux, audacieux, qui auraient l’ordonnance allemande sur les Télématique : 3615 code LEMONDE hache de guerre contre les mes- Depuis quand ? Peut-être depuis décidé de mener un combat pour juifs en zone occupée ne date pas sieurs en habit vert en couronnant que l’académie a élu, ces dernières libérer le prix de la tutelle des édi- du 7, mais du 27 septembre 1940. Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC le même livre, La Bataille, de Pa- années, de nouveaux membres, teurs, d’un éditeur tout-puissant D’autre part, les lois de Nurem- ou 08-36-29-04-56 trick Rambaud ? C’est l’avis de Mi- esprits indépendants refusant de au demeurant, tirant ici et là des berg de 1935 définissaient comme Le Monde sur CD-ROM : renseignements par téléphone, 01-44-08-78-30 chel Tournier : « Selon que l’on servir d’alibis et décidés à se battre fils en coulisse ? « juif » intégral toute personne pense que notre vote est une façon avec quelques anciens contre une Cette année, Marc Lambron (le ayant trois grands-parents juifs. Index et microfilms du Monde : renseignements par téléphone, 01-42-17-29-33 de nous ranger au même avis que situation qui n’est pas saine. La- candidat maison) n’est pas passé, Etait « métis » au premier degré nos collègues, ou une manière de quelle ? Est-il normal que l’équi- et Patrick Rambaud fut un candi- quiconque avait deux grands-pa- Le Monde sur CompuServe : GO LEMONDE Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr l’ignorer, de le considérer comme libre des jurés penche aussi nette- dat de secours efficace pour Gras- rents juifs, et « métis » au second nul et non avenu, on peut prendre ment en faveur de la même set. Mais demain ? degré ceux qui avaient un grand- Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 ce vote pour un hommage, ou pour maison d’édition (Grasset), que parent juif, et non l’inverse comme un affront. Personnellement, j’opte l’un d’entre eux ait été « transfé- Jean-Luc Douin nous l’avions indiqué. LeMonde Job: WMQ1411--0019-0 WAS LMQ1411-19 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 11:00 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 18Fap:99 No:0473 Lcp: 196 CMYK

19 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997

BOURSE Préoccupées par la crise dans le monde. b LES REBONDS sont ainsi enregistré, mercredi 12 no- 1,92 % et 1,52 %. b LA FRAGILITÉ des les investisseurs. b JEUDI 13 NO- financière en Asie, qui ne donne pas rapidement effacés par des replis vembre, son recul le plus important systèmes bancaires, l’impact de la VEMBRE, dans la matinée, les mar- de signes d’apaisement, les places plus importants et les marchés (– 2,08 %) depuis le choc du 27 octo- crise en Asie sur la croissance dans le chés boursiers européens semblaient boursières continuent à perdre régu- semblent entrer dans une tendance bre (– 7,2 %). Toujours mercredi, monde et sa contagion à l’Amérique se stabiliser, et enregistraient des lièrement du terrain un peu partout durable de baisse. b WALL STREET a Francfort et Londres ont abandonné latine inquiètent les économistes et gains très limités de l’ordre de 0,1 %. Les marchés financiers ne se relèvent pas de la crise en Asie Les reprises sont rapidement suivies de nouvelles baisses. La fragilité des systèmes bancaires, l’impact des turbulences asiatiques sur la croissance dans le monde et leur contagion à l’Amérique latine inquiètent les investisseurs

LA MOROSITÉ semble s’instal- le président de la Fed Alan Greens- D’autres se montrent plus opti- pourrait avoir, pour l’économie des dégager des profits au Brésil. La dollar, qui pénaliserait la compétiti- ler durablement sur les marchés pan a parlé d’un « événement salu- mistes et prévoient que la Fed Etats-Unis et pour les bénéfices des contagion de la crise asiatique à vité des entreprises américaines. Le boursiers internationaux : les re- taire » en évoquant la récente cor- n’agira pas avant le printemps pro- entreprises du pays, la crise moné- l’Amérique latine, où les entre- billet vert est monté, mercredi, jus- prises sont vite effacées par des rection de Wall Street, il ne chain. C’est le cas de Ken Gold- taire et boursière en Asie du Sud- prises et les banques américaines qu’à 126 yens, son cours le plus éle- baisses plus importantes. Les souhaite pas pour autant endosser stein, économiste du Conference est. sont très fortement implantées, vé depuis six mois. Il se repliait lé- places américaines ont fortement la responsabilité d’un plongeon de Board, un institut de conjoncture Selon les experts de l’OCDE (Or- constitue une source d’inquiétude gèrement, toutefois, jeudi matin, à baissé, mercredi 13 novembre. A la Bourse de New York. privé de New York, qui note que la ganisation de coopération et de dé- supplémentaire pour les opéra- 125 yens, sur des rumeurs d’inter- Wall Street, l’indice Dow Jones a hausse des prix demeure toujours veloppement économiques), celle- teurs. Au Brésil, les marchés ont vention. L’économiste américain perdu 2,08 % (157,41 points), son INFLATION CONTENUE très contenue avec une progression ci pourrait coûter jusqu’à 0,2 % de mal accueilli la série de mesures Rudiger Dornbush avait estimé, il y plus important repli depuis le mini- De nombreux analystes conti- probable de l’indice des prix à la croissance en 1997 et en 1998 à économiques adoptées par le gou- a quelques semaines, que le dollar krach du lundi 27 octobre. Les nuent à penser que, afin d’empê- consommation d’un peu plus de l’économie américaine. Les diri- vernement afin de réduire le désé- allait monter jusqu’à 140 yens, le Bourses d’Amérique latine ont été cher l’apparition de tensions infla- 3 % en 1998, contre 2,4 % cette an- geants de General Motors ont affir- quilibre des comptes extérieurs du Japon étant selon lui « au fond à plus touchées encore : Sao Paulo a tionnistes, la banque centrale née. mé, mercredi, que la faiblesse des pays et de rétablir la confiance moitié mort ». « Le résultat, avait-il perdu 10,2 % et Mexico 4,25 %. Jeu- américaine relèvera ses taux dès sa Quelles que soient les perspec- marchés étrangers allait éroder les dans le real. prédit, « c’est que le yen va plon- di, à l’ouverture, les marchés euro- prochaine réunion, au mois de dé- tives monétaires, les opérateurs résultats du groupe. Ceux de Ford Enfin, les intervenants à Wall ger ». péens faisaient preuve d’une belle cembre, lorsque le calme sera reve- s’inquiètent surtout, aujourd’hui, Motor Co. ont précisé pour leur Street craignent une poursuite de résistance. Francfort gagnait 0,07 % nu sur les marchés boursiers. des conséquences négatives que part qu’ils n’étaient plus assurés de l’affaiblissement du yen face au P.-A. D. et Paris 0,12 %. Certains analystes attribuaient cette solidité au vif re- bond du dollar face aux devises eu- ropéennes (de 5,71 à 5,79 francs), De nombreuses banques sont très sérieusement menacées un mouvement qui pourrait trou- ver son origine dans des interven- LES GOUVERNEURS des banques cen- Poor’s, de nombreuses banques en Asie, ment affectées. Les établissements japonais ponaises, elles n’en seront pas moins aussi tions de banques centrales. trales des dix pays les plus développés (G 10), mais aussi en Amérique latine, se retrouvent sont considérés comme les plus vulnérables affectées par la crise en Asie. Après la publi- L’annonce, la veille, par la Ré- réunis le 10 novembre à Bâle, sont parvenus aujourd’hui dans une situation très délicate. du fait, à la fois, de l’importance des cation, par le Wall Street Journal du 3 no- serve fédérale américaine (Fed) à cette conclusion étonnante : la crise bour- Les pertes subies sur les marchés asiatiques créances douteuses (1 000 milliards de dol- vembre, d’une information faisant état d’une d’un statu quo sur ses taux direc- sière des dernières semaines « a été finale- devront être couvertes au plus vite. « Si elles lars) restant dans leur bilan après l’explosion perte, par la Chase Manhattan, de 150 à teurs n’avait pas réussi à redonner ment plus bénéfique que dangereuse ». Dans sont traitées rapidement et si les institutions les au début des années 90 de la bulle spécula- 200 millions de dollars sur des opérations de le moral aux investisseurs. Cette leur souci de rassurer, les grands argentiers plus touchées sont soit fermées, soit fusionnées tive immobilière et boursière et de l’impor- marché, les agences de notation financière décision n’a pas constitué une sur- ont peut-être tendance à prendre leurs dé- avec des banques en meilleure santé, il y a une tance de leurs engagements en Asie du Sud- ont réaffirmé la solidité de trois des plus im- prise. Les analystes étaient persua- sirs pour la réalité. Car les conséquences de chance pour que des banques plus fortes Est. L’indice boursier Topix, consacré aux va- portants établissements américains (Chase dés que la Fed s’abstiendrait, par la bourrasque financière commencent à se émergent de cette crise », explique Standard leurs bancaires japonaises, a touché, au Manhattan, Citicorp et BankAmerica). prudence, d’agir mercredi, de faire sentir sur les systèmes bancaires, no- and Poor’s. début de la semaine, son plus bas niveau de- S’il n’y a pas le moindre doute sur la santé crainte de transformer les récentes tamment sur les plus fragiles, ceux d’Asie, puis treize ans. Il a perdu 30 % en trois mois. des grandes banques de Etats-Unis, les ana- turbulences boursières en krach. Si mis à mal par la chute des monnaies locales, La baisse de la Bourse de Tokyo est une lystes estiment dans leur grande majorité la baisse des marchés boursiers, la hausse L’indice boursier Topix, catastrophe pour les établissements ban- que leurs bénéfices vont être entamés à la des taux, les difficultés croissantes de refi- caires nippons, qui comptabilisent dans leurs fois par les pertes sur les opérations de cour- COMMENTAIRE nancement à l’étranger et enfin des crises consacré aux valeurs fonds propres les plus-values latentes de tage dans les marchés émergents d’Asie et immobilières dont on ne mesure pas encore leurs portefeuilles d’actions. d’Amérique latine et par le risque croissant LA MENACE vraiment l’ampleur. bancaires japonaises, Avec un indice Nikkei à 16 000 points, au sur les crédits accordés dans certains pays en Illustration du danger : à la suite de ru- moins un tiers des vingt premières banques crise économique et financière. DE L’« OURS » meurs de faillite, les clients de l’International a touché son plus bas japonaises afficheraient des pertes. Ce serait Les banques européennes ne sont pas non Bank of Asia (IBA) de Hongkong ont cédé à le cas de plus de la moitié si le Nikkei des- plus épargnées. Selon une étude publiée à la Le chahut s’est installé, de- la panique, lundi 10 et mardi 11 novembre. niveau depuis treize ans cendait à 15 000 points. L’agence de notation fin du mois d’octobre par la banque Morgan puis plusieurs semaines, sur les Deux jours de suite, des déposants ont fait la IBCA souligne que, d’ores et déjà, six des Stanley, elles détenaient, à la fin de 1996, Bourses mondiales. Affaiblies queue dans la rue pour retirer leurs avoirs plus grandes banques japonaises (Long- plus de 150 milliards de dollars de créances par la crise monétaire en Asie aux guichets de l’IBA, dont le principal ac- Dans une étude rendue publique mercredi Term Credit Bank of Japan, Yasuda Trust, sur les pays et les entreprises d’Asie du Sud- du Sud-Est, déstabilisées par le tionnaire, avec 55 % du capital, est l’Arab 12 novembre, le groupe d’investissement Pe- Nippon Credit bank, Daiwa Bank, Hokkaido Est. Les établissements britanniques sont les resserrement monétaire sur- Banking Corporation, basée au Koweït. regrine, de Hongkong, évalue les créances Takushoku et surtout Fuki Bank) sont en si- plus engagés, à l’image de HSBC et Standard prise décidé par la Bundesbank, Il s’agit sans doute d’une simple péripétie. douteuses des banques des neuf pays asia- tuation de moins-values sur leurs porte- Chartered, qui réalisent respectivement 51 % les places occidentales ont IBA a pu faire face aux retraits, et les auto- tiques les plus impliqués dans la crise (Thaï- feuilles. et 67 % de leur résultat opérationnel en Asie. même frôlé, lundi 27 et mardi rités monétaires de Hongkong se sont em- lande, Taiwan, Singapour, Philippines, Ma- Les établissements nippons se trouvent Les banques néerlandaises, françaises, 28 octobre, le krach. Il a fallu pressées de lui apporter un soutien. Mais la laisie, Corée du Sud, Indonésie, Hongkong et dans un cercle vicieux. La baisse de la Bourse suisses et allemandes sont aussi concernées. l’intervention publique du pré- panique souligne que le principal risque, Chine) à plus de 500 milliards de dollars a pour effet d’augmenter la surprime payée La part de leurs engagements en Asie du sident des Etats-Unis, souli- après la dégringolade des marchés, se trouve (2 850 milliards de francs). Ce chiffre repré- lors de leurs opérations de refinancement à Sud-Est, par rapport au total de leurs crédits, gnant la force de l’économie aujourd’hui du côté du secteur bancaire. sente environ 20 % de la totalité des crédits l’étranger (le « Japan Premium »), ajoutant à s’échelonne entre 1 % pour l’UBS et 3 % pour américaine, pour stopper l’hé- D’autres rumeurs de faillites imminentes dans ces neuf pays. « Il va y avoir de mau- leurs difficultés. Selon Haruhiko Kuroda, la Deutsche Bank. Du côté des françaises et morragie. Dans les jours qui ont d’établissements de HongKong se répan- vaises surprises sur la profondeur de la crise chef du bureau des affaires financières inter- selon Morgan Stanley, la BNP et la Société suivi, le rebond des cours avait daient d’ailleurs, mercredi 12 novembre, économique en Asie », souligne Andrew Lee- nationales du ministère des finances, la sur- générale auraient accordé des prêts en Thaï- même été d’une telle violence dans les salles de marché. La forte hausse ming, responsable de la recherche bancaire prime atteint désormais 0,19 à 0,22 point, lande, Malaisie, Indonésie et Philippines qu’on avait pu croire que cet des taux dans le territoire a d’ores et déjà de Peregrine. alors qu’elle ne dépassait pas 0,07 point il y a pour un total de respectivement 2,8 et 4 mil- épisode n’était qu’un simple contraint plusieurs petites banques à cesser Si les établissement des pays émergents deux semaines. liards de francs. trou d’air, un accident sans de distribuer des crédits. sont les plus touchés et les plus fragiles, les Si la situation des banques américaines n’a conséquences. Selon l’agence de notation Standard and banques des pays développés seront égale- rien à voir avec celle de leurs homologues ja- Eric Leser Ce scénario optimiste ne se vérifie pas. Au cours des der- nières séances, les Bourses mon- diales se sont fortement re- Le Japon est devenu le pays faible de l’économie mondiale pliées. Sans panique, en bon ordre, mais de façon régulière. TOKYO Trois facteurs sont à l’origine de transparence des marchés est à liards de francs à 120 milliards de l’assurance-maladie, ont pesé sur S’il se poursuivait au cours des de notre correspondant la chute du Nikkei. Tout d’abord, l’œuvre depuis le début de l’an- francs). Les banques vendent pour la consommation. prochains mois, ce mouvement L’indice Nikkei n’en finit pas de le constat que la politique de res- née, à l’initiative du gouvernement se prémunir contre une aggrava- Des voix s’élèvent contre l’entê- de baisse serait, pour les écono- plonger. Les spécialistes s’at- serrement budgétaire au début de Hashimoto. tion de leurs pertes sur leurs por- tement du gouvernement à vou- mies occidentales, une très tendent à ce qu’il « teste » bientôt cette année, c’est-à-dire en Ce « cocktail empoisonné », se- tefeuilles. Seront-elles contraintes loir assainir les finances publiques mauvaise nouvelle, capable de le seuil psychologique de période de récession encore ram- lon l’expression de l’analyste Ken- aussi à vendre des bons du Trésor alors qu’il ne cherche pas à régler saper la reprise en Europe et de 14 000 points. Derrière cette baisse pante, a eu pour effet d’« étouffer neth Courtis, de la Deutsche Bank, américain, dont les Japonais sont avec la même vigueur le dossier mettre un terme au cycle d’ex- se profile une perte de confiance dans l’œuf » le redémarrage bal- est venu s’ajouter à un ingrédient les plus gros détenteurs ? L’effet des mauvaises dettes du secteur pansion aux Etats-Unis. dans la gestion politique du Japon butiant de la fin de 1996. La crise négatif déjà existant : la faiblesse en serait déstabilisant sur l’en- privé. Selon le Nihon Keizai, jour- Pour les investisseurs, mais et dans les capacités de l’économie financière asiatique a également de la demande du secteur privé semble des marchés mondiaux. nal des milieux d’affaires, le retard aussi pour les épargnants et à se dégager de la phase de sta- joué, car elle risque d’alourdir le comme du secteur public en raison L’aggravation de la situation des pris dans l’apurement des sé- pour les entreprises, il est un sy- gnation qu’elle traverse. Kabuto- fardeau de mauvaises créances des de l’absence d’initiative politique banques est la conséquence la plus quelles de la « bulle spéculative » nopsis pire qu’un krach : c’est cho, la Bourse de Tokyo, comme banques, qui sont loin d’avoir apu- stimulatrice. Le premier ministre, préoccupante de la chute bour- de la fin des années 80 serait à celui, comme disent les spécia- Wall Street ou d’autres places, ré leurs comptes. Selon l’OCDE, la M. Hashimoto, continue d’écarter sière. L’œil sur leur bilan, elles re- l’origine de la chute du Nikkei. En listes, d’un « bear market », « surréagit » sans doute aux pro- crise asiatique devrait faire perdre le recours aux dépenses publiques duisent leurs prêts aux petites et d’autres termes, le serpent de d’un marché sous l’emprise de phéties des analystes et d’une 0,4 points de PIB au Japon cette pour relancer l’activité, faisant va- moyennes entreprises, parfois déjà mauvaises créances se mordrait la l’ours, qui symbolise aux Etats- presse qui provoque le pire à force année et l’année prochaine. Mais loir que la réforme structurelle en fortement endettées, accentuant queue : il serait l’une des causes de Unis l’orientation à la baisse de le prédire. Sa chute ne corres- les banques nippones sont surtout cours doit être poursuivie, quitte à l’« atonie » économique. Depuis le la chute des cours et, en même des cours (le taureau, bull, re- pond pas à la puissance que exposées à Hongkong ou en Corée en subir temporairement les début de l’année, on enregistre un temps, sa première victime. présente la hausse). conserve la machine productive du Sud plus qu’en Asie du Sud-Est, contrecoups. nombre record de faillites de PME. Comme 1987 l’a démontré, nippone, mais elle va finir par ag- où leurs engagements repré- Mais, si aucune mesure n’est Au cours des récessions précé- CERCLE VICIEUX les économies peuvent rapide- graver ses difficultés et ses fai- sentent une faible part du total. prise pour enrayer la tendance ac- dentes, celles-ci avaient au L’un des paradoxes de la situa- ment se remettre d’un krach : blesses. Elle risque d’entraîner tuelle à la Bourse, la chute du Nik- contraire contribué à la reprise. tion économique nippone est que une fois le fond touché, le mar- l’ensemble de l’économie dans DÉRÉGULATION DOULOUREUSE kei est appelée à s’auto-entretenir. Chute de la Bourse, entretenue le pays ne manque pas de liquidi- ché purgé, les opérateurs, grâce une spirale négative. Un dernier facteur a accentué le Les grands acteurs financiers, par une vente des actifs des tés. Mais les particuliers ou les à la remontée des cours, re- Pour l’instant, l’agence de plani- pessimisme ambiant : la crainte banques et compagnies d’assu- banques, réduction du crédit en- grandes entreprises exportatrices prennent espoir et retrouvent fication se refuse à parler de « dé- que les réformes du système finan- rance-vie, sont très sensibles à traînant des faillites et une chute qui ont de bonnes trésoreries, confiance. Rien de tel avec un gradation » de la conjoncture, esti- cier ne pénalisent certains acteurs l’évolution des cours. Dans la si- de la consommation intérieure, n’investissent pas : les uns laissent bear market. Dans cette confi- mant simplement que celle-ci japonais. Le « lâchage », par les tuation présente, elles vendent, di- perte de confiance accrue : les dormir leurs capitaux ; les autres guration, les valeurs ne cessent « marque le pas ». Officiellement, autorités financières, de Sanyo Se- rectement ou par l’intermédiaire conditions d’un scénario réces- les placent à l’étranger. La seule de se déprécier, sans à-coups, la croissance japonaise tournera curities, une maison de titres de des marchés dérivés. Jusqu’à la sionniste classique paraissent réu- clef pour rompre le cercle vicieux mais avec constance : la morosi- autour de 1 % en 1997. Mais les ins- moyenne importance qui a récem- chute du Nikkei, elles comptaient nies. Comment se dégager de ce qui se met en place serait de favo- té et la déprime finissent par tituts privés révisent déjà leurs ment déposé son bilan, a, en sur les plus-values latentes de cercle vicieux ? Le gouvernement riser un recyclage de ces capitaux s’installer dans les milieux prévisions à la baisse. Une crise outre, été perçu comme l’indica- leurs actifs boursiers pour assainir n’a guère de marge de manœuvre. dans l’économie nationale par des économiques et financiers. Il encore hypothétique de la seconde tion que les autorités entendaient leurs comptes et faire face aux ra- Les taux d’intérêt sont déjà prati- incitations fiscales. n’est pas certain qu’en ayant puissance économique du monde, rompre avec la pratique de l’enca- tios de solvabilité exigés par la quement au plancher (0,5 %). La M. Hashimoto est-il prêt à re- échappé à un krach boursier les et principale exportatrice de capi- drement des plus faibles par les Banque des règlements internatio- seule possibilité serait de relâcher noncer à administrer au Japon, qui économies occidentales se taux, ne manquerait pas de se faire plus forts (« système du convoi »). naux : or ces plus-values sont en la politique de rigueur budgétaire visiblement le supporte mal, une soient mises à l’abri du pire. sentir sur les autres économies. En d’autres termes, la consolida- train de fondre (de 8 000 milliards mise en œuvre à contre-temps : le rigueur budgétaire quasiment « Le risque reste faible mais il tion du système financier, ou « Big de yens, elles seraient tombées à relèvement de la TVA, l’abolition « maastrichtienne » ? Pierre-Antoine Delhommais existe », estiment certains ana- Bang », se fera dans la douleur : ce 2 600 milliards pour les vingt pre- des réductions spéciales d’impôt, lystes économiques. processus de dérégulation et de miers établissements – de 370 mil- l’augmentation des cotisation de Philippe Pons LeMonde Job: WMQ1411--0020-0 WAS LMQ1411-20 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 10:52 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 18Fap:99 No:0474 Lcp: 196 CMYK

20 / LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 ENTREPRISES La baisse des actions Disneyland Paris a accueilli 900 000 visiteurs de plus cette année Gilles Pélisson, le nouveau PDG de la société d’exploitation du parc, affiche son optimisme WorldCom avec des résultats en hausse de 7,5 % pour l’exercice 1996-1997 En un an, 12,6 millions de visiteurs se sont ren- vembre, des résultats positifs pour la troisième francs, avec un chiffre d’affaires en hausse de nement annuel a été vendu à plus de 30 000 perturbe la fusion dus à Marne-la-Vallée, confortant la position de année consécutive, tirant ainsi un trait sur les 10,2 % à 5,5 milliards de francs. La clientèle habitants de la région parisienne. A proximité première destination touristique européenne années noires de 1992-1994. Pour l’exercice francilienne a évolué favorablement, faisant du du parc, de nouveaux développements sont en du parc Disneyland Paris. La société qui exploite achevé au 30 septembre, le groupe de loisirs a parc une destination de proximité, notamment préparation, dont l’ouverture, en 1998, de nou- avec MCI le site, Euro Disney, a présenté, jeudi 13 no- réalisé un bénéfice net de 217 millions de grâce au lancement du « passeport ». Cet abon- velles salles de cinéma Gaumont. LA FUSION entre WorldCom et « LES DIFFICULTÉS du départ bord du train, permettant au pas- nité et la qualité architecturale, et MCI ne sera peut être pas aussi fa- sont loin derrière nous et le rééquili- Les chiffres-clés du parc de loisirs sager de retrouver ses bagages le l’on veut tout faire pour que les gens cile que les deux exploitants télé- brage du bilan aura lieu à court RÉSULTAT NET FRÉQUENTATION DU PARC soir dans sa chambre, après une s’y sentent bien. Il reste 1 300 hec- phoniques américains ont bien vou- terme. Ce qui signifie qu’il sera en millions de francs en millions de visiteurs journée passée dans le parc. tares à développer pour arriver à la lu le dire. Tout dépendra de moins difficile pour les banquiers et Mais l’une des grandes nou- création de Val d’Europe, nouveau 217 l’évolution des actions de World- les actionnaires de se mettre autour 202 velles de l’année restera l’évolu- pôle urbain, et plus tard, pourquoi 114 Com, qui propose aux actionnaires d’une table pour voir quelles sont les tion très favorable de la clientèle pas ?, à la création d’un second

de MCI d’échanger chacun de leurs bonnes solutions d’évolution » : 12,6 francilienne, avec un taux de « re- parc », confie Gilles Pélisson. A 11,7

titres contre l’équivalent de 51 dol- Gilles Pélisson, quarante ans, PDG -188 visite » de 67 %. Ce qui fait passer terme s’y installeront un centre 10,7 -1 797 9,8 lars d’actions nouvelles WorldCom. d’Euro Disney, la société exploi- 10,5 le taux de revisite général de 30 à commercial, une deuxième gare A une condition : que ses propres tante du parc à thème Disneyland 8,8 34 %. Disneyland Paris devient une RER ainsi qu’une gare routière actions se situent entre 29 et 41 dol- Paris, affiche maintenant son opti- véritable destination de proximité avec des programmes immobiliers lars pendant les vingt jours précé- misme. Nommé en février pour et le passeport annuel, pour sa comportant à la fois des rési- dant l’acquisition. En deçà de remplacer Philippe Bourguignon, première année, a connu un vif dences individuelles et des loge- 29 dollars, l’offre sera moins inté- parti au Club Méditerranée, M. Pé- succès avec plus de 30 000 de ces ments collectifs. ressante. Or, la valeur du titre lisson avait pourtant préparé les -5 337 abonnements vendus. Pour l’année qui débute, il n’y WorldCom n’a cessé de baisser de- esprits, lors de l’assemblée géné- Gilles Pélisson croit beaucoup aura pas de nouvelle attraction du puis l’annonce de l’opération. Mer- rale des actionnaires du mois au développement de la destina- type Space Mountain. « L’obses- credi 12 novembre au soir, elle dé- de mars, à une année 1997 « diffi- 92/93 93/94 94/95 95/96 96/97 92/93 93/94 94/95 95/96 96/97 tion de proximité, qui est notam- sion dans le monde des parcs à 1991/92 1991/92 passait légèrement 28 dollars. Les cile ». Aujourd’hui il apparaît que Source : Euro Disney ment passée par le repositionne- thème, reconnaît Gilles Pélisson, analystes attribuent ce recul aux in- le présent d’Euro Disney – qui ment du Disney Village, la zone c’est de se dire : s’il n’y a pas de certitudes pesant sur cette opéra- vient d’annoncer un résultat posi- faite en dépit d’une remontée des améliorer la commercialisation. Le d’animation située en dehors du nouvelle attraction, qu’est-ce qui va tion : obtenir le feu vert des auto- tif pour la troisième année consé- charges financières qui ont repré- groupe a notamment passé des parc. Gaumont y croit également se passer ? Chez Disney, on le voit rités réglementaires et antitrusts cutive – lui réserve plutôt de senté, cette année, un peu moins accords avec Iberia, qui per- puisqu’en 1998 le nombre des bien avec l’expérience des parcs prendra notamment du temps. Si le bonnes nouvelles. Un trait est tiré de 200 millions de francs. Ces mettent par exemple de diminuer salles de cinéma qu’il y a installées américains, le spectacle est d’une cours du titre WorldCom devait sur les années noires, de 1992 à charges restent le principal boulet de 15 % le coût du séjour pour une passera de 8 à 15, auxquelles telle force avec un univers et un ca- continuer à plafonner, les action- 1994. d’Euro Disney, qui avait obtenu en famille espagnole. Des accords s’ajoutera une salle en trois di- pital de personnages à exploiter que naires de MCI pourraient être en- Pour l’exercice 1996-1997, qui 1994 une restructuration finan- mis en place à la fin de l’année mension de type Imax. l’on peut réinventer des parades, clins à donner de la voix. s’est achevé le 30 septembre, le cière portant sur une augmenta- dernière avec Eurostar, et vérita- « C’est important pour nous de créer de nouveaux spectacles qui groupe de loisirs a réalisé un béné- tion de capital, un abandon des in- blement entrés en service au mois bien réussir le développement pa- sont eux mêmes des attractions ». BT CHERCHE DES PARTENAIRES fice net de 217 millions de francs, térêts par les banques créancières d’avril, ont donné satisfaction : un rallèle de la destination touristique Pourtant, le groupe travaille sur de L’opérateur britannique BT, qui soit une progression de 7,5 % par ainsi que des redevedances dues à quai d’embarquement spécial, à court séjour la plus attrayante d’Eu- nouvelles attractions pour les an- doit revendre à WorldCom les 20 % rapport à son exercice précédent. la maison mère, The Walt Disney Waterloo, pour les voyageurs qui rope. On veut développer autour de nées 2000 à 2002. qu’il détient dans MCI, a confirmé, Le chiffre d’affaires a augmenté de Company. Ces dernières ne re- se rendent à Marne-la-Vallée, et nous un environnement agréable mercredi, sa volonté de prendre le 10,2 % à 5,477 milliards de francs prendront qu’en 1999, à la moitié un enregistrement pour l’hôtel à qui soit à mi-chemin ente la moder- François Bostnavaron contrôle total de Concert, la société et le nombre de visiteurs a conti- des taux d’origine. The Walt Dis- de services de télécommunications nué de progresser à 12,6 millions, ney Company percevra alors 5 % aux entreprises, qu’il a créée avec contre 11,7 millions un an aupara- sur les entrées et 2,5 % sur la res- MCI en juillet 1994. Le rachat des vant, confortant le parc dans sa tauration et les boutiques. La ré- Starwood rachète ITT Sheraton pour 13,4 milliards de dollars 24,9 % détenus par MCI ne se fera position de premier « monument » munération est fixée à 1 % sur les que lorsque la fusion MCI-World- visité en France, et première desti- produits d’exploitation. LE FEUILLETON ITT Sheraton et devrait se retrouver au sixième rang annuelle, en faveur du promoteur Com sera effective. BT affirme avoir nation touristique européenne. « Nous avons obtenu une forte l’interminable OPA qui, depuis le 29 mondial, derrière Marriot Interna- immobilier. Après dix-huit années des discussions avec d’autres opéra- augmentation de la fréquentation janvier, opposait le sixième groupe tional. passées à la tête du groupe, Rand teurs américains. Sans préciser les- LE BOULET DES CHARGES avec en même temps une croissance hôtelier mondial à Hilton Corp. ont La lutte pour le contrôle de She- Araskog gardera un siège au conseil quels. Certains analystes ont laissé Les résultats annoncés jeudi des dépenses par client sans casser enfin trouvé une conclusion. C’est raton est passée à la « vitesse supé- d’administration et touchera un entendre que BT pourrait être tenté 13 novembre traduisent non seule- les prix », se félicite Gilles Pélisson. finalement Starwood Lodging, spé- rieure » le 20 octobre avec l’entrée pactole de 55 millions de dollars. de se rapprocher de son homologue ment une meilleure fréquentation Les prix d’entrée sont même re- cialiste américain de la promotion en scène de Starwood. Hilton, pre- Quant à Hilton, son PDG, Ste- Cable & Wireless, avec qui une fu- du parc à thème, mais aussi une partis à la hausse – entre 5 et immobilière, qui rachètera ITT She- mier sur la ligne de départ, avait phen Bollenbach, a précisé quelque sion a été envisagée, sans succès, en progression sensible du taux d’oc- 10 francs de plus par billet suivant raton au prix de 85 dollars par titre proposé au mois de janvier 55 dol- peu dépité : « Nous allons continuer 1996. Richard Brown, le directeur cupation des hôtels (78 % contre les saisons – tout en restant sous soit 10,2 milliards de dollars (Le lars par action ITT avant d’augmen- à faire ce que nous avons toujours général de Cable & Wireless, a tou- 72 %), une hausse des dépenses de le seuil des 200 francs. Cette aug- Monde du 22 octobre). ter son prix à 70 dollars puis à fait, acheter des hôtels les uns après tefois déclaré, mercredi, ne pas être la clientèle sur le site et une poli- mentation ne sera perceptible que A ce prix s’ajoutera une reprise 80 dollars. Starwood a tout de suite les autres ». Des analystes n’ex- en négociation avec BT. Il n’a pas tique commmerciale plus agres- chez les Franciliens, qui « paient de dettes de 3,2 milliards de dollars proposé 80 dollars par titre et a cluaient pas mercredi la possibilité exclu en revanche une alliance avec sive. La recette moyenne par l’entrée seule, car, pour 70 % de nos pour finalement porter le montant amélioré son offre vendredi 7 no- de voir Starwood se séparer des ca- Global One, la société commune à chambre est passée de 1 018 francs clients, le prix intègre généralement total à 13,4 milliards de dollars vembre à 85 dollars. sinos d’ITT pour financer son ac- Deutsche Telekom, France Télécom à 1 042 francs, alors que chaque vi- le train ou l’avion, voire le car, ainsi (79 milliards de francs). Le nouveau Rand Araskog, PDG de ITT She- quisition, donnant à Hilton l’occa- et l’américain Sprint, avec qui « les siteur dépensait en moyenne que l’hôtel, la restauration et l’en- groupe gérera 650 hôtels dans 70 raton, a laissé monter les enchères sion de ne pas se retrouver discussions continuent ». 251 francs, contre 248 francs un an trée du parc ». pays avec un chiffre d’affaires an- jusqu’au dernier moment avant de complètement les mains vides. plus tôt. La vente directe et l’intégration nuel de l’ordre de 10 milliards de se décider, mercredi 12 novembre, Philippe Le Cœur Cette hausse du résultat s’est du transport vont contribuer à dollars. En nombre de chambres, il au cours de l’assemblée générale F. Bn

DÉPÊCHES La banque CSFB rachète BZW à Barclays pour renforcer son pôle européen a AIR FRANCE : le trafic devait être peu perturbé par la grève, jeudi 13 et vendredi 14 novembre, grâce aux affrètements et au recours à des LONDRES produits offerts » : à lire le dernier rapport an- péenne » : comme l’indique James Alexander, pilotes de réserve. Les vols annulés concerneront les destinations les de notre correspondant dans la City nuel de CSFB, rattraper le retard sur Morgan analyste bancaire auprès de Dresdner-Klein- plus desservies comme Bordeaux, Marseille, Montpellier, Nice, Madrid En rachetant pour 100 millions de livres ster- Stanley, Goldman Sachs ou SBC Warburg était wort Benson, le nouveau propriétaire d’une ou Londres mais tous les vols long-courriers devraient être assurés ling (983 millions de francs), au groupe Bar- la priorité de la troisième maison de titres au partie de BZW n’est pas au bout de ses peines. (renseignements au 0802-802-802). Plusieurs syndicats de pilotes de clays, les activités de courtage en actions et de monde. Produit de la fusion, en 1978, entre le Barclays, pour sa part, entend se recentrer l’ex-Air Inter ont appelé à une grève de 48 heures, pour protester contre conseil en fusions-acquisitions de la banque Crédit suisse et la First Boston, cette banque sur la banque commerciale et la gestion de pa- la prolongation jusqu’au 31 mars 1998, par arrêté du ministre des trans- d’affaires BZW, l’établissement américano- d’investissements est l’un des acteurs les plus trimoine. Le deuxième groupe de dépôts bri- ports, de nouvelles conditions de travail des pilotes, qui avaient été ins- suisse Crédit suisse-First Boston (CSFB) entend dynamiques sur le marché des euro-obliga- tannique n’exclut pas une fusion avec la Natio- taurées à titre expérimental jusqu’à fin octobre. se faire une place sur le marché européen. tions, le conseil en acquisitions transeuro- nal Westminster, le numéro trois, pour créer le a ALCATEL : le groupe français a annoncé, mercredi 12 novembre, Depuis l’annonce, il y a un mois, du déman- péennes et les produits dérivés. Les analystes leader du secteur devant Lloyds-TSB. Par ail- que le français Aerospatiale, les japonais Mitsubishi et Sharp, le cana- tèlement de BZW, la direction de la Barclays citent également son savoir-faire dans les pays leurs, sa direction entend développer la gestion dien SPAR Aerospace et la Société régionale d’investissements de Wal- était soucieuse de se séparer au plus vite de ces de l’Est, en particulier en Russie. Reste que la de fortunes, les assurances et les plans retraite lonie ont rejoint le tour de table de son projet de réseau de satellites activités non rentables, une nouvelle structure, banque des Docklands avait gardé un profil par sur une base européenne, et compte étoffer Skybridge, où figurent déjà Loral et Toshiba. Aerospatiale espère décro- Barclays Capital Group, reprenant le marché trop « américain » sur la première place bour- son réseau d’agents en France, en Espagne ou cher, avec sa plate-forme Proteus, une part significative de la construc- obligataire, le change, les matières premières et sière européenne. en Irlande. Les experts londoniens excluent en tion des soixante-quatre satellites de la constellation en orbite basse qui le financement des entreprises. Cette précipita- « CSFB peut se targuer désormais d’un troi- revanche le rachat par Barclays d’une banque fournira, à partir de 2001, des services multimédias aux professionnels. tion, conjuguée au désintérêt des acheteurs po- sième marché domestique, celui de Londres, commerciale sur le continent (le Crédit lyon- a HONDA : le constructeur japonais Honda Motor devait annoncer, tentiels, à l’exode des cadres et à la récente après ceux de New York et de Zurich, ce qui n’est nais avait été récemment mentionné) en raison jeudi 13 novembre, le rachat de la participation de 22 % de son crise boursière, explique le prix peu élevé payé pas négligeable. Mais BZW n’est pas suffisant de la faible rentabilité et du manque de flexibi- concurrent français PSA dans la société chinoise Guangzhou Peugeot à par CSFB. pour jouer à armes égales avec ses rivaux. La lité du marché du travail. Canton. Constituée en 1986, Guangzhou Peugeot a produit 100 000 mo- « Nous voulons appartenir au peloton de tête firme doit viser plus haut, par exemple en rache- dèles 504 et 505. L’usine ne fonctionne plus depuis plusieurs mois et dans chaque marché et dans chaque gamme de tant une deuxième banque d’affaires euro- Marc Roche PSA envisage de concentrer ses efforts en Chine sur sa nouvelle usine Citroën à Wuhan (centre). a BASF et BAYER : pour la troisième année consécutive, les résul- tats des chimistes et pharmaciens allemands BASF et Bayer atteindront Les salariés pourront acquérir jusqu’à 7,44 % du capital du CIC de nouveaux sommets. Manfred Schneider, président de Bayer, a pro- mis un bénéfice imposable record pour 1997, grâce à ses activités en LE GOUVERNEMENT a remis, qu’à 7,44 % du capital de la crage régional. Sa spécificité en mettre leurs observations. Publié Asie et sur le continent américain. BASF s’attend aussi à une « amélio- mercredi 12 novembre, à Philippe Compagnie financière de CIC, qui tant que groupe décentralisé de début décembre au Journal officiel, ration » de son bénéfice par rapport à 1996, année où il avait inscrit un Pontet, président du groupe CIC, détient 100 % des onze banques banques régionales sera ainsi pré- le cahier des charges pourra alors record à 2,790 milliards de marks. le texte du cahier des charges de la régionales. Le GAN, quant à lui servée ». être retiré par les candidats. Ce se- a TEXAS INSTRUMENTS : le groupe américain a indiqué, mercredi privatisation du groupe bancaire. conservera « au moins » 20 % de Pour le reste, le gouvernement a ra le premier test de l’intérêt réel 12 novembre, qu’il prévoit une croissance des achats mondiaux de se- En fin de matinée, ce document sa filiale, afin de consolider les ré- opté pour une démarche assez ou- que le CIC suscite. Compte tenu miconducteurs de 6 % en 1997 et entre 15 % et 20 % en 1998. était donné par la direction aux sultats. verte. Si les candidats à la reprise des délais de consultation des dos- a SNCF : les nouveaux tarifs jeunes (carte annuelle 12-25 et billet Dé- délégués syndicaux du groupe. devront respecter les accords de siers, les offres fermes devraient couverte) ont entraîné pour cette clientèle une hausse de trafic de 11 %, Dans la trentaine de pages re- PRIVATISATION FIN AVRIL bancassurance avec la filiale être connues vers la fin février. avec 10 millions de voyages à prix réduit, et des recettes en progression mises aux instances représenta- Le texte, très attendu, lance commune du GAN et du CIC, So- Ce n’est qu’à cette date que la de 4 % depuis le 1er juin. tives, l’Etat confirme la cession de quasi officiellement la procédure capi, ils seront jugés à l’aune des Commission de privatisation a ROLLS-ROYCE : la société britannique Mayflower renonce à lan- 67 % du capital du groupe – le pour la vente de gré à gré du réponses qu’ils apporteront à une agréera ou non les candidats. Le cer une offre publique d’achat (OPA) hostile sur le groupe Vickers qui même pourcentage que lors de la groupe bancaire. Il reprend les série de questions, notamment sur prix sera un élément déterminant. détient Rolls-Royce. L’un de ses clients importants, BMW, favori pour le précédente tentative de privatisa- grandes préoccupations des sala- l’ouverture ou non, dans l’avenir, Le CIC est inscrit dans les livres du rachat de Rolls-Royce, a menacé de ne pas livrer de moteurs à Rolls- tion il y a tout juste un an. L’actuel riés, des présidents de banques ré- du capital des banques régionales, GAN pour 14 milliards de francs. Royce pour équiper ses nouveaux modèles si le constructeur britan- propriétaire du CIC ne conservera gionales et de la direction du le maintien de leur propre réseau Les offres définitives seront dépo- nique était repris par Mayflower. pas pour autant les 26,09 % prévus GAN. Ainsi, comme l’avait plu- avec celui du CIC, leur politique sées fin mars. Le groupe quittera a MOBIL/BP : les deux compagnies ont annoncé le 13 novembre un lors du premier cahier des sieurs fois souligné le ministre de sociale et, surtout, leur projet in- le giron public fin avril. Les syndi- projet de restructuration de leurs activités communes de raffinage et charges. En effet, les salariés de- l’économie, Dominique Strauss- dustriel ? cats espèrent qu’ils seront asso- production de lubrifiants en Europe, qui menacerait directement vraient entrer en force dans le dis- Kahn, et qui a été confirmé par un Le texte du gouvernement va ciés, comme on leur a laissé en- 460 emplois. La raffinerie britannique de Llandarcy (Pays de Galles) se- positif, une première pour une communiqué de Bercy, mercredi désormais cheminer pendant plu- tendre, à toutes les étapes de la rait fermée et d’autres réductions de postes pourraient intervenir sur les vente de gré à gré. Selon le texte 12 novembre au soir, la privatisa- sieurs semaines. Bercy a donné procédure. sites français de Notre-Dame-de-Gravenchon et de Dunkerque ainsi communiqué mercredi 12 no- tion « devra se faire dans le respect jusqu’au 26 novembre aux ins- qu’à Hambourg-Neuhof, en Allemagne. vembre, ils pourront acquérir jus- de l’identité du CIC et de son an- tances représentatives pour re- Babette Stern LeMonde Job: WMQ1411--0021-0 WAS LMQ1411-21 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 10:23 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 18Fap:99 No:0475 Lcp: 196 CMYK

21 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 France 3, le bon élève de la télévision publique, a des bleus à l’âme Malgré les bons résultats d’audience de la chaîne, ses personnels sont victimes d’un malaise diffus et ont déposé un préavis de grève début décembre. Ils réclament une véritable vision stratégique et la résolution de problèmes catégoriels

DE MÉMOIRE de syndicaliste à lippe Lévrier, leur directeur général, mande « d’une déclaration de la po- formation qu’elle souhaite pour télévisions locales fait craindre à des plus mal loties. Mais surtout, France 3, il y avait plusieurs années avait retenue pour réunir à Paris litique générale pluriannuelle de la l’avenir », explique Xavier Haglund, certains une diminution de l’infor- les syndicats déplorent la baisse de que l’on n’avait pas vu cela : un quelque quatre cents cadres de chaîne » à des thèmes plus tradi- un des responsables du SNJ. mation régionale et ils notent une la part de la redevance qui est af- préavis de grève déposé par toutes l’entreprise auxquels il voulait jus- tionnels, comme le temps de tra- Les syndicats réclament plus de baisse de la production de maga- fectée à leur budget. Alors qu’en les organisations syndicales. La tement présenter son plan straté- vail, l’emploi et les salaires. Les syn- précisions sur les conséquences en zines, documentaires et autres échange, la chaîne doit augmenter CFDT, la CGT, FO, la CFTC, le Syn- gique. dicalistes soulignent le décalage matière d’emploi et de qualifica- émissions de production. Ils de près de 8 % les ressources qu’elle dicat national des journalistes (SNJ, « Il ne suffit pas de dire qu’on a avec leurs confrères de France 2, tions. « On veut que les améliora- craignent à terme de devenir une tire de la publicité. autonome) ont choisi la date du une bonne image. Encore faudrait-il mieux traités. Le président de tions de productivité servent à l’em- simple « agence d’images » et de Comme souvent, cet appel à la mardi 2 décembre pour appeler les la préciser et dire quelle stratégie la France Télévision, Xavier Gouyou ploi et pas au renforcement de la perdre leur identité de chaîne. Au grève est le résultat d’un malaise personnels à cesser le travail. sous-tend », explique Patrice Chris- Beauchamps a promis de résoudre trésorerie de l’entreprise », lance passage, les syndicats s’en prennent diffus des personnels de cette « La société France 3 est en crise tophe, responsable du SURT-CFDT, ce problème (Le Monde du 8 no- Charly Kmiotek, secrétaire général au gouvernement auquel cette chaîne, qui souhaitent sans doute alors que ses résultats d’audience et le syndicat majoritaire au sein de la vembre). du syndicat CGT de l’audiovisuel grève s’adresse aussi. Ils protestent être mieux récompensés de leur le succès auprès du public n’ont ja- chaîne des régions, pour justifier la public et privé. notamment contre les budgets qualité de « bons élèves » de la té- mais été aussi bons. L’ensemble des liste d’une dizaine de revendica- « ORPHELINS » Les responsables syndicaux s’in- 1998, qui « ne permettent pas d’assu- lévision de service public. Notam- personnels constate que ces résultats tions mises en avant par les syndi- Bizarrement, un des points qui terrogent sur la place respective des rer les missions de service public de ment, ils se sentent orphelins de sont gravement mis en danger par cats, en campagne pour les élec- préoccupe le plus les personnels de programmes et de l’information sur France 3 ». Avec 2,5 % d’augmenta- Xavier Gouyou Beauchamps, qui une direction qui refuse d’afficher sa tions prud’hommales et pour celles la chaîne – c’est-à-dire le passage leur chaîne. La multiplication des tion, la chaîne des régions est l’une fut leur patron pendant la prési- stratégie et ses choix éditoriaux pour à l’intérieur de l’entreprise, où la aux nouvelles technologies numé- dence de Jean-Pierre Elkabbach. l’avenir », estiment les syndicats CGT est en train de marquer des riques et ses conséquences sur l’or- Depuis qu’il préside aux desti- dans le préambule de leur préavis. points au détriment de la CFDT. ganisation du travail – n’y apparaît Le plus gros employeur de l’audiovisuel public nées de France-Télévision, Xavier Le 2 décembre est la date que Phi- Ces revendications vont de la de- pas en tant que tel. Il est vrai que, Gouyou Beauchamps s’occupe sur ce point, l’unité syndicale pré- Avec 3 600 permanents et, selon les syndicats, plus de 5 000 occa- moins d’eux. Le reproche « d’ab- sente quelques faiblesses : alors que sionnels (cachetiers pigistes, contrats à durée déterminée), France 3 sence de dialogue social » fait à la la CFDT et le SNJ avaient accepté est le plus gros employeur de l’audiovisuel public. Trois quarts des direction est sans doute lié à cela et Le bus, le train et le métro, nouvelle de participer à l’Observatoire des effectifs travaillent en région et la chaîne emploie mille journalistes. à la manière de faire un peu trop métiers, lancé il y a deux ans par la Les personnels sont répartis dans treize directions régionales, vingt- raide de Philippe Lévrier, un poly- direction sur ce thème, d’autres, la quatre bureaux régionaux d’information (BRI) et vingt éditions lo- technicien venu de Télédiffusion de génération de support publicitaire CGT notamment, avaient refusé. cales. Créées en 1990, ces unités emploient de huit à neuf personnes France (TDF), plus soucieux d’orga- Aujourd’hui, ce travail est inter- et sont destinées à permettre un meilleur traitement de l’informa- nisation d’entreprise et d’organi- PARCE QU’ELLE AIME faire les prises pour des expositions itiné- rompu : « Nous ne pouvons pas tion de proximité autour d’une ville ou d’un bassin de population. gramme que de « parlotes » syndi- choses en grand, la publicité inves- rantes. Les sociétés Agfa Gevaert poursuivre les discussions sur ce Lors de sa création en 1972, France 3, qui s’appelait alors FR3, diffu- cales. tit les transports en commun. et Les Câbles de Lyon ont été les thème tant que la direction n’aura sait trois heures de programmes par jour ; aujourd’hui, elle en dif- Après avoir « habillé » les autobus premières à ouvrir la voie, en 1972. pas précisé le type de chaîne et d’in- fuse dix-sept heures. Françoise Chirot et décoré les trains, vient pour elle Jusqu’ici relativement confiden- le temps des rames de métro bi- tielles ou réservées aux profession- garrées, c’est-à-dire dans quelques nels, ces opérations de communi- mois, selon Gérard Gros, directeur cation s’orientent aujourd’hui vers de la régie publicitaire de la RATP, le grand public. en même temps que la Coupe du La dernière opération de France monde de football du 10 juin au Rail témoigne de ce nouvel axe : 12 juillet 1998. quatre wagons aux couleurs d’Her- Certaines stations de métro ar- cule, le film de Walt Disney qui boreront alors les couleurs de sortira le 26 novembre en France, l’événement : « Elles seront entière- sillonnent depuis un mois le réseau ment repeintes et réaménagées, des ferroviaire. Afin de « faire sentir » guichets aux céramiques murales en aux enfants « l’univers du dessin passant par les plafonds et même les animé » avant son lancement. Parti poubelles », explique-t-il. Les de Calais (Pas-de-Calais), le train rames elles-mêmes porteront les Disney a transité par dix-sept villes emblèmes de certaines entreprises en France. Début ovembre, il quit- partenaires. tait la Suisse pour l’Allemagne. Pour les annonceurs qui C’est la deuxième fois que Gau- cherchent à se faire remarquer à mont Buena Vista International tout prix, Metrobus, la régie publi- (GBVI), filiale de Disney, fait citaire de la RATP, veut créer « une prendre le train à ses films. Le Bos- nouvelle génération de supports ». su de Notre-Dame avait déjà tra- Son PDG estime qu’il est désor- versé la France il y a un an. Mais il mais nécessaire de « troubler, au ne s’était arrêté que dans une di- bon sens du terme, l’environnement zaine d’agglomérations. Les habi- que les gens ont l’habitude de ren- tants, alertés par la presse et la ra- contrer ». D’où la promotion ré- dio locale, étaient invités à se cente de ses « bus habillés » dans rendre chaque jour dès 11 heures la presse professionnelle. sur le quai no 1 de la gare. Après avoir patienté, parfois plus d’une « FAIRE SENTIR UN UNIVERS » heure et demie, ils « traversaient Le premier à avoir testé ce nou- l’écran pour entrer dans l’univers veau véhicule publicitaire, en mai d’Hercule ». Le parcours d’une de- 1996, est le couturier Courrèges : mi-heure environ retraçait, à tra- cinq bus de lignes qui circulaient vers onze espaces, la chronologie sur les Champs-Elysées et dans la du film. rue du Faubourg Saint-Honoré Pour ne pas décevoir leurs visi- avaient été entièrement peints en teurs – une gare ayant peu de blanc et recouverts de pastilles de points commmuns avec le chateau couleurs. Pendant quatre se- de la Belle au bois dormant –, les maines, ils avaient arboré le slogan concepteurs ont multiplié les effets conçu par l’agence Euro RSCG spéciaux et les jeux de miroirs. Il Scher Lafarge : « Toute femme aura fallu un an de travail aux plongée dans du Courrèges subit équipes de Walt Disney pour une importante poussée d’opti- concevoir les décors. « L’idée est misme ». qu’une fois monté, le public n’ait Une autre opération avait, dans plus du tout l’impression d’être dans le même esprit, maquillé des auto- un train », explique l’un des res- bus sous des couches de margarine ponsables. Planta Fin. On avait même « distri- Plus de 110 000 Français auront bué des petits déjeuners aux passa- visité le train d’Hercule, contre gers », se souvient M. Gros. Si ces 85 000 en 1996 pour le train du Bos- opérations ne passent pas inaper- su. Mais en dépit du succès, il n’y çues, leur nombre reste restreint, aura pas de train publicitaire en l’autobus publicitaire en étant en- 1998 pour le prochain film de Walt core à ses débuts. Disney, car « l’idée n’est surtout pas Le train publicitaire est plus dé- de refaire chaque fois la même veloppé. France Rail, régie de la chose ». SNCF, loue depuis vingt-cinq ans des trains « spéciaux » à des entre- Florence Amalou

DÉPÊCHES a PRESSE : l’intersyndicale des journalistes (SNJ, CFDT, CGT, CFTC, CGC et SJ-FO) a appelé la profession à une journée d’action mardi 18 novembre. Des pétitions doivent être envoyées aux parlementaires, et des télécopies seront adressées au premier ministre « jusqu’à la grève ». Les représentants de la profession doivent rencontrer le premier mi- nistre, mardi 18 novembre, pour réclamer le maintien de l’abattement fiscal de 30 % dont bénéficie la profession. L’Assemblée nationale a ré- cemment voté la suppression progressive en quatre ans des abattements fiscaux professionnels réservés à soixante-douze professions, dont les journalistes. a Milan Presse lance un nouveau titre destiné aux enfant de trois ans, Petites mains. Ce bimestriel de trente-six pages est un magazine d’éveil créatif qui s’inscrit dans la lignée d’Oxébo, lancé en mai et destiné aux en- fants de six ans. La division presse de l’éditeur toulousain Milan envisage une diffusion de 40 000 exemplaires. a CÂBLE : Paul-Hervé Vintrou a été nommé PDG de la Compagnie générale de vidéocommunication (CGV), détenue majoritairement par Canal Plus. Paul-Hervé Vintrou, âgé de quarante-six ans, était depuis 1994 directeur délégué aux activités commerciales de la chaîne cryptée et directeur de la holding CGV depuis 1996. Il remplace Jean-Pascal Tranié. LeMonde Job: WMQ1411--0022-0 WAS LMQ1411-22 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 11:40 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 18Fap:99 No:0476 Lcp: 196 CMYK

22 / LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 ¼ FINANCES ET MARCHÉS

a WALL STREET a fini par décrocher, a LA BOURSE DE TOKYO a terminé en a LE MARCHÉ OBLIGATAIRE américain a LES PLACES D’AMÉRIQUE DU SUD a L’OR a ouvert à nouveau en baisse, mercredi, suivant la tendance amorcée très légère baisse, jeudi 13 novembre. a retrouvé son rôle de valeur refuge. ont fortement baissé mercredi. La jeudi, sur le marché international de sur toutes les places boursières. Le Après des pertes de début de séance, L’obligation du Trésor à 30 ans s’affi- Bourse de Sao Paulo a dégringolé de HongKong, à 307,40-307,80 dollars Dow Jones a clôturé en baisse de le Nikkei a abandonné 6,90 points chait mercredi à 6,11 %, contre 6,14 % 10,2 %, suivie par Buenos Aires l’once, contre 309,25-309,55 dollars la 157,41 points (– 2,08 %), à 7 401,32. (0,04 %), à 15 427,27 points. lundi, (– 4,89 %) et Mexico (– 4,25 %). veille, en clôture.

Pernod Ricard, valeur du jour

L’ACTION Pernod Ricard a enre- liées à l’annonce de la sortie de la gistré la plus forte hausse de la valeur du CAC 40. Depuis le début séance, mercredi 12 novembre, à la de l’année, l’action Pernod Ricard Bourse de Paris. Le titre, qui n’entre n’a gagné que 2 %. plus dans la composition de l’indice CAC 40, s’est adjugé 8,1 %, à 292,50 francs, dans un marché de 456 000 transactions. La disparition de Paul Ricard, le fondateur du « pastis de Marseille », a relancé la spéculation sur l’avenir du groupe et sur une éventuelle OPA. Il s’agit aus- si, aux yeux des analystes, d’un rat- trapage après des baisses injustifiées

Tokyo clôturé en baisse de 157,41 points (– 2,08 %), à 7 401,32, en raison des se stabilise inquiétudes sur l’impact de la crise financière asiatique sur la perfor- LA BOURSE de Tokyo a terminé mance des compagnies américaines, la journée du jeudi 13 novembre sur principalement les banques, la haute une perte très limitée de 0,04 % et a technologie et les multinationales. effacé l’essentiel de son recul de dé- En Europe, l’indice britannique Foot- but de séance à la suite d’une re- sie avait perdu 1,52 % et Francfort montée du yen face au dollar. L’in- avait abandonné 1,92 %. dice Nikkei a terminé en baisse de 6,90 points, à 15 427,27, après avoir plongé le matin à 15 083,22, ce qui constituait un plus bas depuis le 6 juillet 1995. Le billet vert a reculé en réaction à des rumeurs d’inter- vention de la Banque de Japon en faveur du yen. Wall Street avait fini par décro- cher, mercredi après-midi, suivant la tendance amorcée sur toutes les places boursières alors que les inves- tisseurs restent préoccupés par la crise financière en Asie, qui ne donne pas de signes d’apaisement et qui éclabousse le Japon. L’indice Dow Jones des 30 valeurs vedettes a

Recul du Matif Rebond du yen LE MARCHÉ OBLIGATAIRE français était orienté 6,11 % pour 6,155 % à la mi-journée et 6,14 % lundi, le LA SITUATION S’EST UN PEU INVERSÉE sur les du yen, mais aucune action de la banque centrale n’a été à la baisse, jeudi 13 novembre. Dès les premières marché obligataire étant resté fermé mardi aux Etats- marchés des changes par rapport aux derniers jours. Le décelée. La devise américaine progressait, en revanche, transactions, le contrat notionnel du Matif perdait Unis. Ce taux évolue à l’inverse du prix. dollar s’est ressaisi face aux monnaies européennes et face au franc, à 5,7878, et face au mark, à 1,7288, contre 32 centièmes, à 98,56. La veille, ce même contrat Le marché obligataire a repris son rôle de place re- perdait du terrain face au yen. La devise japonaise respectivement 5,7726 francs et 1,7236 mark dans les échéance décembre avait terminé sur un repli de fuge face à la crise asiatique, alors que le déclin de s’échangeait, jeudi 13 novembre dans la matinée, à derniers échanges interbancaires mercredi soir à Paris. 8 centièmes. Wall Street s’est accéléré après la décision attendue 125,33 pour un billet vert après une poussée au-delà de Enfin, le franc se maintenait sous la barre des 3,35 francs Sur le marché obligataire américain, l’obligation du de la Réserve fédérale (Fed) de laisser ses taux direc- 126 dans la nuit. Le dollar a reculé en réaction à des ru- face au deutschemark, à 3,3478, jeudi matin, à Paris, Trésor à 30 ans, principale référence, s’affichait à teurs inchangés. meurs d’intervention de la Banque de Japon en faveur contre 3,3490, mercredi. LeMonde Job: WMQ1411--0023-0 WAS LMQ1411-23 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 10:47 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 18Fap:99 No:0477 Lcp: 196 CMYK Page de bourse 1.e : Le monde Quotidien - Montage du jeudi 13 novembre 1997 - 10 h 27’ 08’’ Montage 3B2 Diamond 4

FINANCES?????????? ET MARCHE´S LE MONDELE MONDE / VENDREDI / VENDREDI 14 14 NOVEMBRE NOVEMBRE 1997 1997 / / 23

Cred.Fon.France ...... 63,20 63 – 0,31 65 Locindus...... 759 764 + 0,65 765 Usinor ...... 87,65 87,85 + 0,22 109 I.B.M # ...... 574 566 – 1,39 600 Credit Lyonnais CI ...... 296,50 290,10 – 2,15???????????? 320 L’Oreal...... 2070 2083 + 0,62 2100 Valeo ...... 364 363 – 0,27 395 I.C.I #...... 87,95 ...... 89 ` CAC 40 Cred.Nat.Natexis ...... 322 323 + 0,31 340 LVMH Moet Hen...... 921 934 + 1,41 1050 Vallourec...... 375,20 375 – 0,05 405 Ito Yokado # ...... 258,70 256,10 – 1 310 REGLEMENT CS Signaux(CSEE)...... 190,20 190 – 0,10 197 LEMarine MONDE Wendel ...... / VENDREDI 667 14675 NOVEMBRE+ 1,19 6601997Via Banque ...... 162 158 – 2,46 175 Kingfisher plc #...... 80 80,05 + 0,06 82 Damart ...... 3750 ...... 3790 Metaleurop...... 60 60 .... 69 Worms & Cie ...... 494,50 493,50 – 0,20 500 Matsushita #...... 88,90 89,80 + 1,01 105 MENSUEL Danone...... 904 907 + 0,33 890 Metrologie Inter...... 14,50 14,30 – 1,37 14,50 Zodiac ex.dt divid ...... 1230 1240 + 0,81 1240 Mc Donald’s # ...... 258 268 + 3,87 280 PARIS JEUDI 13 NOVEMBRE Dassault-Aviation...... 1262 1290 + 2,21 1270 Michelin ...... 295 301 + 2,03 340 Elf Gabon...... 1092 1083 – 0,82 1160 Merck and Co # ...... 508 505 – 0,59 565 Dassault Electro ...... 578 576 – 0,34 595 Moulinex #...... 125,50 126,80 + 1,03 139 ...... Mitsubishi Corp.#...... 42 42,10 + 0,23 54 Liquidation : 21 novembre + 0,20 % Dassault Systemes...... 169,70 165,20 – 2,65 183 Nord-Est...... 113,70 113,70 .... 125 ...... Mobil Corporat.#...... 420 ...... 430 Taux de report : 3,50 CAC 40 : De Dietrich ...... 263 260 – 1,14 270 Nordon (Ny)...... 386 385,50 – 0,12 415 ...... Morgan J.P. # ...... 650 ...... 700 Cours releve´s`10h15 a 2701,95 Deveaux(Ly)#...... 620 620 .... 635 NRJ # ...... 800 791 – 1,12 875 ...... Nestle SA Nom. # ...... 8060 8090 + 0,37 8340 Dev.R.N-P.Cal Li # ...... 45,85 45 – 1,85 49 Olipar ...... 67 ...... 66 ...... Nipp. MeatPacker #...... 76 72,20 – 573 Compen- Dexia France...... 581 588 + 1,20 575 Paribas...... 407,50 409,40 + 0,46 445 ...... Nokia A ...... 483,90 463 – 4,31 580 VALEURS Cours Derniers % sation DMC (Dollfus Mi) ...... 109,20 109 – 0,18 111 Pathe ...... 1025 1024 – 0,09 1050 ...... Norsk Hydro #...... 309,50 310 + 0,16 340 – – – FRANC¸AISES pre´ce´d. cours +– (1) Dynaction ...... 151,50 151 0,33 164 Pechiney...... 233 230 1,28 275 ...... Petrofina # ...... 2092 2012 3,82 2240 Eaux (Gle des) ...... 705 702 – 0,42 665 Pernod-Ricard ...... 292,50 290 – 0,85 275 ...... Philip Morris #...... 235,20 236 + 0,34 245 B.N.P. (T.P)...... 970 970 .... 990 Eiffage ...... 255,90 250,80 – 1,99 265 Peugeot ...... 636 645 + 1,41 750 ...... Philips N.V #...... 417 415 – 0,47 490 Cr.Lyonnais(T.P.) ...... 916 915 – 0,10 915 Elf Aquitaine ...... 698 701 + 0,42 755 Pinault-Print.Red...... 2742 2743 + 0,03 2600 ...... Placer Dome Inc # ...... 78,40 75 – 4,33 112 Renault (T.P.)...... 1765 1770 + 0,28 1766 Eramet...... 246,10 246 – 0,04 265 Plastic Omn.(Ly) ...... 655 654 – 0,15 610 ...... Procter Gamble # ...... 419 414 – 1,19 425 Rhone Poulenc(T.P) ...... 2200 2200 .... 2195 Eridania Beghin ...... 862 860 – 0,23 840 Primagaz ...... 440 441 + 0,22 420 ...... Quilvest...... 310 305 – 1,61 315 Saint Gobain(T.P.)...... 1280 ...... 1290 Essilor Intl ...... 1611 1600 – 0,68 1470 Promodes ...... 1840 1865 + 1,35 1930 ...... Randfontein #...... 9,30 9,30 .... 12,50 Thomson S.A (T.P) ...... 915 ...... 960 Essilor Intl.ADP...... 1540 1571 + 2,01 1510 Publicis # ...... 535 533 – 0,37 570 Rio Tinto PLC # ...... 73 72,10 – 1,23 89 Accor...... 1013 1020 + 0,69 1070 Esso ...... 489 487 – 0,40 510 Remy Cointreau...... 97,70 98,70 + 1,02 106 Compen- Royal Dutch #...... 298 296,30 – 0,57 320 AGF-Ass.Gen.France ..... 298,80 297,10 – 0,56 315 Eurafrance ...... 2380 2360 – 0,84 2440 Renault...... 150,40 148,60 – 1,19 166 VALEURS Cours Derniers % sation Sega Enterprises...... 139 138 – 0,71 147 Air Liquide ...... 886 885 – 0,11 925 Euro Disney ...... 7,40 7,35 – 0,67 8 Rexel...... 1510 1560 + 3,31 1550 E´TRANGE`RES pre´ce´d. cours +– (1) Saint-Helena #...... 19,50 19,45 – 0,25 22 Alcatel Alsthom ...... 688 686 – 0,29 770 Europe 1 ...... 1138 1138 .... 1250 Rhone Poulenc A...... 250,40 249,20 – 0,47 250 Schlumberger # ...... 520 508 – 2,30 550 Atos (ex.Axime) CA...... 728 740 + 1,64 665 Eurotunnel...... 5,75 5,75 .... 5,50 Rochette (La) ...... 24,80 25 + 0,80 28 ABN Amro Hol.#...... 109,60 109,20 – 0,36 115 SGS Thomson Micro. .... 399,90 403 + 0,77 465 Axa...... 399,20 398,20 – 0,25 400 Fimalac SA ...... 472,50 467 – 1,16 510 Rue Imperiale(Ly)...... 5520 5440 – 1,44 5620 Adecco S.A...... 1740 1720 – 1,14 2100 Shell Transport # ...... 39,90 39,90 .... 42 Bail Investis...... 765 764 – 0,13 770 Finextel...... 108,30 110,90 + 2,40 108 Sade (Ny)...... 188 189,10 + 0,58 185 Adidas AG # ...... 819 809 – 1,22 820 Siemens #...... 339,20 340,10 + 0,26 385 Bancaire (Cie) ...... 740 732 – 1,08 750 Fives-Lille...... 337 336 – 0,29 370 Sagem SA...... 2720 2666 – 1,98 2880 American Express ...... 442,10 448 + 1,33 485 Sony Corp. #...... 453,30 445,60 – 1,69 520 Bazar Hot. Ville ...... 530 530 .... 555 France Telecom ...... 209,80 209,70 – 0,04 210 Saint-Gobain ...... 794 799 + 0,62 875 Anglo American # ...... 230 ...... 305 Sumitomo Bank #...... 52,20 54,05 + 3,54 75 Bertrand Faure...... 368,90 365 – 1,05 360 Fromageries Bel...... 4180 4150 – 0,71 4080 Salomon (Ly) ...... 511 508 – 0,58 510 Amgold # ...... 255 260 + 1,96 320 T.D.K # ...... 451,40 435 – 3,63 495 BIC...... 397,50 402 + 1,13 400 Galeries Lafayette ...... 2750 2750 .... 2800 Salvepar (Ny)...... 445 441 – 0,89 465 Arjo Wiggins App...... 17,45 16,95 – 2,86 19 Telefonica #...... 152 150 – 1,31 169 BIS ...... 492,50 ...... 490 GAN ex.dt sous...... 127 129,50 + 1,96 134 Sanofi ...... 530 528 – 0,37 495 A.T.T. # ...... 276,40 270,20 – 2,24 290 Toshiba #...... 23,10 23,40 + 1,29 27 B.N.P...... 249 248 – 0,40 305 Gascogne (B) ...... 491 489 – 0,40 515 Sat ...... 1690 1656 – 2,01 1580 Banco Santander #...... 152,50 150,10 – 1,57 178 Unilever act.Div.#...... 326,80 327 + 0,06 325 Bollore Techno...... 729 725 – 0,54 800 Gaumont #...... 400 400 .... 380 Saupiquet (Ns)...... 520 520 .... 560 Barrick Gold #...... 109,50 103 – 5,93 140 United Technol. # ...... 403 402,50 – 0,12 460 Bongrain...... 2212 2220 + 0,36 2170 Gaz et Eaux...... 2490 2375 – 4,61 2460 Schneider SA...... 314,40 314,50 + 0,03 350 B.A.S.F. # ...... 188,70 191,30 + 1,37 205 Vaal Reefs # ...... 230 230,10 + 0,04 315 Bouygues ...... 557 565 + 1,43 560 Geophysique...... 813 810 – 0,36 870 SCOR...... 251,80 251,80 .... 260 Bayer # ...... 196,10 198,50 + 1,22 225 Volkswagen A.G # ...... 3085 2960 – 4,05 3880 Bouygues Offs...... 313 300,50 – 3,99 285 G.F.C...... 515 517 + 0,38 520 S.E.B...... 679 696 + 2,50 700 Cordiant PLC...... 11,65 11,65 .... 13 Volvo (act.B) # ...... 152,20 ...... 167 Bull#...... 66,60 65,80 – 1,20 69 Groupe Andre S.A...... 544 544 .... 570 Sefimeg CA...... 351,90 348,10 – 1,07 365 Crown Cork ord.# ...... 262 ...... 270 Western Deep #...... 114 116 + 1,75 145 Canal + ...... 998 990 – 0,80 1060 Groupe GTM ...... 342,50 343 + 0,14 370 SEITA...... 190 186 – 2,10 190 Crown Cork PF CV# ...... 240 ...... 275 Yamanouchi #...... 132,80 132,30 – 0,37 155 Cap Gemini...... 507 500 – 1,38 465 Gr.Zannier (Ly) # ...... 125,90 125 – 0,71 132 Selectibanque ...... 67,20 67,10 – 0,14 70 Daimler Benz #...... 369,40 367,70 – 0,46 430 Zambia Copper ...... 14,95 14,85 – 0,66 16 Carbone Lorraine...... 1540 1540 .... 1640 Guilbert ...... 780 785 + 0,64 790 SFIM...... 1030 1040 + 0,97 1050 De Beers # ...... 130 129 – 0,76 164 ...... Carrefour ...... 2974 2991 + 0,57 3320 Guyenne Gascogne...... 1805 1798 – 0,38 1880 SGE...... 138 138,50 + 0,36 150 Deutsche Bank #...... 366,80 363,10 – 1 400 ...... Casino Guichard...... 310,50 310,10 – 0,12 335 Hachette Fili.Med...... 1015 1015 .... 1040 Sidel...... 338 338 .... 345 Dresdner Bank ...... 227 ...... 265 ...... Casino Guich.ADP...... 241,50 239,60 – 0,78 265 Havas...... 372,70 375,80 + 0,83 400 Silic CA ...... 768 ...... 835 Driefontein # ...... 36,15 36 – 0,41 39 ...... Castorama Dub.(Li)...... 608 610 + 0,32 545 Havas Advertising ...... 700 690 – 1,42 710 Simco ...... 429 428 – 0,23 440 Du Pont Nemours #...... 341,50 ...... 360 ...... C.C.F...... 324,70 329,60 + 1,50 345 Imetal ...... 639 637 – 0,31 670 S.I.T.A...... 1070 1070 .... 1030 Eastman Kodak # ...... 358 356,30 – 0,47 365 ...... Cegid (Ly)...... 633 632 – 0,15 625 Immeubl.France...... 335 335 .... 340 Skis Rossignol...... 106 104 – 1,88 111 East Rand #...... 1,41 1,40 – 0,70 1,46 ...... Cerus Europ.Reun...... 32,75 32,30 – 1,37 33 Infogrames Enter...... 810 810 .... 820 Societe Generale...... 752 751 – 0,13 890 Echo Bay Mines # ...... 20 18,80 – 630 Cetelem...... 615 603 – 1,95 640 Ingenico...... 125 121 – 3,20 114 Sodexho Alliance...... 2774 2777 + 0,10 2830 Electrolux #...... 459,20 450 – 2 510 ABRE´VIATIONS CGIP ...... 1860 1823 – 1,98 1890 Interbail ...... 171,10 171 – 0,05 166 Sommer-Allibert ...... 185 182,20 – 1,51 205 Ericsson # ...... 244,80 241,30 – 1,42 285 B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Chargeurs ...... 386,50 389 + 0,64 395 Intertechnique ...... 1210 1195 – 1,23 1430 Sophia ...... 227,90 228,90 + 0,43 225 Ford Motor # ...... 251 ...... 280 Ny = Nancy; Ns = Nantes. Christian Dalloz...... 710 710 .... 700 ISIS ...... 675 667 – 1,18 700 Spir Communic. # ...... 339 336 – 0,88 400 Freegold # ...... 28,05 28 – 0,17 35 SYMBOLES Christian Dior ...... 595 605 + 1,68 660 Jean Lefebvre ...... 330 320 – 3,03 325 Strafor Facom...... 380 380 .... 400 Gencor act.regr...... 10,50 10,40 – 0,95 16 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; Ciments Francais...... 237 231 – 2,53 235 Klepierre ...... 778 777 – 0,12 800 Suez Lyon.des Eaux...... 593 587 – 1,01 600 General Elect. #...... 388,70 382 – 1,72 400 a coupon de´tache´; b droit de´tache´. Cipe France Ly #...... 157 155 – 1,27 174 Labinal...... 1570 1550 – 1,27 1600 Synthelabo...... 689 691 + 0,29 655 General Motors #...... 365,40 ...... 420 Clarins...... 449,50 450 + 0,11 480 Lafarge ...... 345 346,80 + 0,52 395 Technip ...... 672 670 – 0,29 700 Gle Belgique # ...... 499 ...... 525 DERNIE`RE COLONNE (1) : Club Mediterranee...... 433 424,30 – 2 420 Lagardere ...... 165,40 164,50 – 0,54 172 Thomson-CSF...... 154,90 155,80 + 0,58 172 Grd Metropolitan ...... 52,40 53,60 + 2,29 57 Lundi date´ mardi : % variation 31/12 Coflexip...... 671 670 – 0,14 685 Lapeyre...... 317,90 320 + 0,66 350 Total ...... 619 620 + 0,16 640 Guinness Plc # ...... 52,55 54 + 2,75 57 Mardi date´ mercredi : montant du coupon Colas ...... 830 822 – 0,96 890 Lebon...... 246,80 247 + 0,08 245 UIF ...... 395,50 397 + 0,37 405 Hanson PLC reg...... 28,20 28,25 + 0,17 30 Mercredi date´ jeudi : paiement dernier coupon Comptoir Entrep...... 11,30 11,35 + 0,44 11,50 Legrand ...... 1054 1067 + 1,23 1100 UIS ...... 206,50 205,20 – 0,62 210 Harmony Gold # ...... 18,70 19 + 1,60 25 Jeudi date´ vendredi : compensation Comptoirs Mod...... 2549 2540 – 0,35 2410 Legrand ADP ...... 747 732 – 2 765 Unibail...... 562 566 + 0,71 565 Hitachi #...... 41,75 41,20 – 1,31 51 Vendredi date´ samedi : nominal CPR...... 440 440,20 + 0,04 460 Legris indust...... 201,50 204 + 1,24 220 Union Assur.Fdal ...... 652 650 – 0,30 660 Hoechst # ...... 223 226,50 + 1,56 250

OAT 9/85-98 TRA...... 0,621 ACTIONS Cours Derniers Francarep...... d 277 277 Elyo...... d 322 322 ACTIONS Cours Derniers OAT 9,50%88-98 CA#...... 103,20 3,800 FRANC¸AISES pre´ce´d. cours France S.A...... d 1178 1178 Finaxa ...... d 336,40 336,40 E´TRANGE`RES pre´ce´d. cours COMPTANT OAT TMB 87/99 CA#...... 99,90 2,718 From. Paul-Renard...... d 2050 2050 Gaillard (M)...... d 1521 1521 OAT 8,125% 89-99 #...... 3,940 Arbel ...... 50,65 53,15 Gevelot...... d 1211 1211 Givaudan-Lavirotte...... d 1290 1290 Bayer.Vereins Bank ...... 343 343 Une se´lection Cours releve´s`10h15 a OAT 8,50%90/00 CA# ...... 108,44 5,473 o Baccarat (Ny) ...... d 540 540 G.T.I (Transport)...... d 190 190 Grd Bazar Lyon(Ly)...... d 150 150 Commerzbank AG...... 209,90 209,90 JEUDI 13 NOVEMBRE OAT 85/00 TRA CA#...... 1 Bains C.Monaco...... d 512 512 Immobail...... 143,10 143,10 Gd Moul.Strasbourg...... d 1725 1725 Fiat Ord...... 17,55 17,55 OAT 10%5/85-00 CA#...... 112,31 4,795 y Bque Transatlantl...... d 174,50 174,50 Immobanque...... 625 605 Hotel Lutetia...... d 347 347 Gold Fields South...... 100 100 %%OAT 89-01 TME CA# ...... 3,994 B.N.P.Intercont...... 800 790 Locamion (Ly) ...... d 401,20 442,20 d Hotels Deauville...... d 550 550 Kubota Corp...... 18,80 18,80 OBLIGATIONS du nom. du coupon OAT 10% 90-01 ecu...... 114,30 7,260 Bidermann Intl...... d 110 110 Lucia ...... d 50 50 Immeubl.Lyon (Ly)...... d 568 568 Montedison act.ep...... 9,60 9,60 OAT 7,5%7/86-01CA#...... 108,22 2,384 B T P (la cie)...... d 7,60 7,60 Monoprix ...... d 310 310 L.Bouillet (Ly)...... d 300 300 Olympus Optical...... 41 41 Nat.Bq. 9% 91-02...... 0,345 y OAT 8,5% 91-02 ecu...... 112,06 5,775 y Centenaire Blanzy...... d 376,30 376,30 Metal Deploye...... d 354 354 Lloyd Continental...... d 9000 9000 Robeco...... 513 517 CEPME 9% 89-99 CA#..... 107,32 2,244 OAT 8,5% 87-02 CA#...... 114,74 8,337 Champex (Ny)...... d 22,30 22,30 Mors ...... d 5,40 5,40 Lordex (Ny)...... d 0,01 0,04 d Rodamco N.V...... 165,30 165,30 CEPME 9% 92-06 TSR ...... 3,649 OAT 8,50% 89-19 #...... 128,28 0,559 CIC Un.Euro.CIP ...... 419,30 423 Navigation (Nle) ...... d 129 129 Matussiere Forest...... d 57 57 Rolinco...... 504 494 CFD 9,7% 90-03 CB ...... 119,75 7,601 OAT.8,50%92-23 CA#...... 129,30 4,821 C.I.T.R.A.M. (B)...... d 2265 2265 Optorg ...... d 340 340 Moncey Financiere...... d 2810 2810 Sema Group Plc #...... 131 131 CFD 8,6% 92-05 CB ...... 117,35 6,621 SNCF 8,8% 87-94CA ...... 104,77 6,968 Generali Fce Assur ...... d 1290 1290 Paluel-Marmont...... d 330 330 M.R.M. (Ly)...... d 400 400 Solvay SA...... 339 339 CFF 10% 88-98 CA# ...... 104,86 0,740 Suez Lyon.Eaux 90...... 960 .... Continental Ass.Ly...... d 526 526 Exa.Clairefont(Ny) ...... d 803 803 Part-Dieu(Fin)(Ly) ...... d 104 104 ...... CFF 10,25%90-01CB# ..... 114,65 6,964 ...... Darblay ...... d 506 506 Parfinance...... d 255 255 Pechiney Intl ...... d 115 115 ...... CLF 8,9% 88-00 CA#...... 109,42 4,243 o ...... Didot Bottin...... d 775 775 Paris Orleans...... d 269,90 269,90 Poliet ...... d 500 500 CLF 9%88-93/98 CA#...... 101,04 7,151 ...... Eaux Bassin Vichy...... d 2761 2761 Promodes (CI)...... d 1580 1580 Sabeton (Ly)...... 681 682 ´ CNA 9% 4/92-07...... 121,65 4,882 d ...... Ecia ...... 950 968 PSB Industries Ly ...... d 505 505 Samse (Ly) ...... d 877 877 ABREVIATIONS CRH 8,6% 92/94-03...... 114,70 3,346 x ...... Ent.Mag. Paris...... d 1205 1205 Rougier # ...... 343 337 Sechilienne (Ly)...... d 1125 1125 B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; CRH 8,5% 10/87-88# ...... 105,10 6,008 ...... Fichet Bauche ...... d 38 38 Saga ...... 120 120 Sucr.Pithiviers...... 3250 3250 Ny = Nancy; Ns = Nantes. EDF 8,6% 88-89 CA# ...... 108,09 6,503 o ...... Fidei...... 35,90 34,40 S.I.P.H...... d 350 350 Tanneries Fce (Ny)...... d 300 300 SYMBOLES EDF 8,6% 92-04 #...... 5,254 ...... Finalens ...... d 257 257 Sofragi ...... d 4820 4820 Teleflex L. Dupont...... d 109 109 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication Finansder 9%91-06# ...... 122,30 8,803 o ...... F.I.P.P...... d 340,30 340,30 Taittinger...... d 2820 2820 Union Gle Nord(Li) ...... d 234 234 cate´gorie 3 ; a coupon de´tache´; b droit de´tache´; Finansd.8,6%92-02#...... 112,61 6,951 ...... Fonciere (Cie) ...... d 610 610 Tour Eiffel ...... d 297 297 ...... o=offert;d=demande´; x offre re´duite ; Floral9,75% 90-99# ...... 108,15 3,125 y ...... Fonc. Lyonnaise #...... 709 710 Vicat...... 505 500 ...... y demande re´duite ; # contrat d’animation. OAT 88-98 TME CA# ...... 3,994 ...... Foncina # ...... d 495,10 495,10 Caves Roquefort...... d 1900 1900 ......

Cardif SA...... d 800 800 Gautier France # ...... 251 250,10 NSC Groupe Ny ...... d 804 804 C.E.E #...... d 69,40 69,40 Gel 2000 ...... 53 55 Onet # ...... 860 860 SECOND CFPI # ...... d 380 380 GEODIS #...... d 316,40 316,40 Paul Predault #...... 135 135 NOUVEAU MARCHE´ HORS-COTE Change Bourse (M) ...... 220 220,60 GFI Industries #...... 1050 1030 P.C.W...... 19 .... Une se´lection. Cours releve´s`10h15 a Une se´lection. Cours releve´s`10h15 a MARCHE´ CNIM CA#...... 187,50 190,80 Girodet (Ly) #...... d 30 33,05 Petit Boy #...... d 82,95 82,95 Codetour...... d 369 369 GLM S.A...... d 229,90 229,90 Phyto-Lierac #...... 213,90 210 JEUDI 13 NOVEMBRE JEUDI 13 NOVEMBRE Une se´lection Cours releve´s`10h15 a Comp.Euro.Tele-CET ..... 259,40 265 Grandoptic.Photo #...... 986 985 Pochet...... 571 565 JEUDI 13 NOVEMBRE Conflandey # ...... d 306 306 Gpe Guillin # Ly...... d 195,30 195,30 Poujoulat Ets (Ns) ...... d 218,90 218,90 Cours Derniers Cours Derniers C.A. Hte Normandie...... 319 319 Kindy #...... d 140 140 Radiall # ...... 635 635 VALEURS pre´ce´d. cours VALEURS pre´ce´d. cours Cours Derniers C.A. Paris IDF...... 730 720 Guerbet...... d 223 223 Robertet # ...... 992 1005 VALEURS pre´ce´d. cours C.A.Ille & Vilaine...... 300 301 Hermes internat.1# ...... 368,90 369,50 Rouleau-Guichard...... d 262 262 Appligene Oncor ...... d 28,80 28,80 Eridania-Be´ghin CI...... d 751 751 C.A.Loire Atl.Ns # ...... 276 276 Hurel Dubois...... d 700 700 Securidev #...... 103,50 104 Belvedere...... d 638 638 Cre´dit Ge´n.Ind...... d 9,50 9,50 Acial (Ns) #...... d 42,05 42,05 C.A.Pas de Calais...... d 545 545 ICBT Groupe # ...... d 190 190 Smoby (Ly)#...... 570 565 BVRP...... d 186 186 Ge´ne´rale Occidentale..... d 178 178 AFE #...... 468 468 C.A.du Nord (Li) ...... 520 520 I.C.C...... d 145 145 Sofco (Ly)...... d 12,95 11,75 Coil ...... d 170 170 Ste´ lecteurs du Monde.... d 150 150 Aigle # ...... 314 313 C.A. Oise CCI...... d 326 326 ICOM Informatique ...... d 490 490 Sofibus...... d 363,80 363,80 Electronique D2 ...... d 755 755 Via Cre´dit (Banque)...... d 25,30 25,30 Albert S.A (Ns)...... d 150 150 C.A. Somme CCI...... d 312 312 Idianova...... d 70 70 Sogeparc (Fin)...... 350 355 FDM Pharma n...... d 208 208 ...... Altran Techno. #...... 1599 1619 C.A.Toulouse (B) ...... d 424 424 Int. Computer #...... d 59 59 Sopra #...... 529 530 Genset...... d 359 359 d Arkopharma# ...... 300 300 Devanlay...... d 600 600 IPBM ...... d 68 68 Steph.Kelian # ...... d 64 64 Guyanor action B ...... 10 10 ´ Montaignes P.Gest...... d 1860 1860 Devernois (Ly)...... d 578 578 M6-Metropole TV ...... 580 565 Sylea ...... 516 515 High Co...... d 153 153 ABREVIATIONS Assystem # ...... 197 201 Ducros Serv.Rapide...... d 51 51 Manitou # ...... 719 730 Teisseire-France...... d 166,10 166,10 Infonie ...... d 82 82 B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; Bque Picardie (Li)...... d 820 741 Emin-Leydier (Ly)#...... 422 422 Manutan ...... d 369 369 TF1...... 515 515 Joliez-Regol...... d 75 75 Ny = Nancy; Ns = Nantes. Bque Tarneaud(B)#...... d 325,10 325,10 Europ.Extinc.(Ly)#...... 387 388 Marie Brizard # ...... d 599 599 Thermador Hol. #...... 291 291 Mille Amis ...... d 46,50 46,50 SYMBOLES Bque Vernes ...... d 170 170 Expand s.a...... d 566 566 Maxi-Livres/Profr# ...... 32,50 30,50 Trouvay Cauvin # ...... 90,10 90 Naturex...... d 71 71 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication Beneteau # ...... d 822 822 Factorem...... d 643 643 Mecelec (Ly)...... d 58 58 Unilog ...... 787 780 Olitec ...... d 666 666 cate´gorie 3 ; d cours pre´ce´dent ; a coupon B I M P...... d 92,50 92,50 Faiveley # ...... 186 186,50 MGI Coutier # ...... 259 258,90 Union Fin.France ...... 552 560 Picogiga...... d 200 200 de´tache´; b droit de´tache´;o=offert; Boiron (Ly)...... 305 305 Finacor...... 63,20 63,20 Monneret Jouet Ly# ...... d 166,90 166,90 Viel et Cie # ...... 155,20 153,50 Proxidis...... d 16,45 16,45 d=demande´; x offre re´duite ; y demande Boisset (Ly) #...... d 738 738 Fininfo ...... d 700 700 Naf-Naf #...... 71 70,80 Vilmorin et Cie #...... 480 480 R21 Sante´...... d 395 395 re´duite ; # contrat d’animation. But S.A...... 263 267,20 Fructivie...... 622 620 Norbert Dentres.#...... 628 620 Virbac...... d 445 445 Stelax ...... d 8,50 8,50

Pre´voyance Ecur. D ...... 105,19 105,19 Kaleı¨s Dynamisme...... 1077,22 1056,10 BRED BANQUE POPULAIRE Sensipremie`re C...... 13402,47 13369,05 CIC BANQUES Kaleı¨sE´quilibre ...... 1061,58 1040,76 Fonds communs de placements Avenir Alizes...... 2335,78 2289,98 Kaleı¨sSe´re´nite´ ...... 1034,91 1024,66 SICAV et FCP Francic...... 143,05 138,88 Latitude C ...... 149,86 149,86 Moneden ...... 93381,76 93381,76 E´cur. Capipremie`re C ..... 12135,62 12111,40 CM Option Dynamique.. 130,19 128,42 Une se´lection Oblig. ttes cate´...... 272,84 268,81 Francic Pierre...... 137,08 133,09 Latitude D...... 136,53 136,53 E´cur. Se´curipremie`re C .. 12107,63 12095,53 Europe Re´gions...... 230,87 224,15 CM Option Equilibre ...... 260,50 257,60 Cours de cloˆture le 12 novembre Cre´d.Mut.Mid.Act.Fr...... 157,24 153,03 Oblitys D ...... 623,74 614,52 ´ Ple´nitude D PEA...... 199,53 194,66 ´ Cred.Mut.Ep.Cour.T...... 925,09 925,09 VALEURS Emission Rachat Cre´d.Mut.Ep.Ind. C ...... 137 133,33 Poste Gestion C...... 15018,82 15018,82 Frais incl. net CNCA Cre´d.Mut.Ep.J ...... 23153,20 23153,20 Revenus Trimestr. D ...... 5245,39 5193,46 d CIC PARIS Livret Bourse Inv. D PEA 833,09 808,83 Cre´d.Mut.Ep.Monde ...... 1599,09 1556,29 Solstice D ...... 2351,98 2346,11 ´ d Nord Sud Develop. C...... 2591,50 2586,33 Amplia...... D 120893,82 120893,82 Associc ...... 1129,53 1129,53 Cre´d.Mut.Ep.Oblig...... 1885,05 1848,09 AGIPI Nord Sud De´velop. D ..... d 2448,69 2443,80 ´ Atout Amerique...... 190,38 185,74 Cicamonde...... 1511,38 1467,36 Cre´d.Mut.Ep.Quatre...... 1094,54 1073,08 SOCIE´TE´ GE´NE´RALE Agipi Ambition (Axa) ...... 137,85 131,29 MULTI-PROMOTEURS CCBP-CDC Atout Asie...... 87,54 85,40 Converticic...... 392,54 386,74 Fonds communs de placements ASSET MANAGEMENT Agipi Actions (Axa) ...... 112,37 107,02 Patrimoine Retraite C .... 314,71 308,54 Atout Futur C ...... 772,47 753,63 Ecocic...... 1666,33 1617,80 CM Option Mode´ration . 101,87 100,86 Patrimoine Retraite D.... 305,19 299,21 Atout Futur D...... 727,18 709,44 Mensuelcic...... 10086,91 9987,04 Actimone´taire C ...... 38355,76 38355,76 Sicav Associations C ...... d 2441,21 2441,21 Coexis ...... 1960,83 1928,05 Oblicic Mondial...... 3897,77 3840,17 LCF E. DE ROTHSCHILD BANQUE Actimone´taire D...... 30387,77 30387,77 Dieze...... 2156,56 2120,51 Oblicic Re´gions ...... 1182,52 1165,04 Asie 2000...... 558,16 534,12 Cadence 1 D...... 1057,66 1047,19 BANQUES POPULAIRES Elicash...... D 959962,20 959962,20 Rentacic...... 161,98 159,59 Saint-Honore´ Capital ..... 20034,12 19450,60 Cadence 2 D...... 1046,74 1036,38 Epargne-Unie...... 204,23 199,25 St-Honore´ March. Emer. 758,82 726,14 Cadence 3 D...... 1048,68 1038,30 Valorg...... 2453,84 2417,58 Eurodyn ...... 2525,11 2463,52 St-Honore´ Pacifique...... 645,98 618,16 Capimone´taire C ...... 414,55 414,14 Fonsicav C...... 19863,11 19863,11 Indicia...... d 1647,26 1606,79 Capimone´taire D...... 374,05 373,68 Mutual. de´poˆts Sicav C... 19434,16 19414,75 Mone´.JC...... D 12061,81 12061,81 Sogeoblig C/D ...... 9298,70 9206,63 LEGAL & GENERAL BANK Interoblig C...... 7461,47 7387,59 3615 BNP Mone´.JD ...... D 11678,37 11678,37 Eurco Solidarite´...... 1386,96 1373,23 Interse´lection France D.. 703,06 689,27 Oblifutur C ...... 552,71 543,47 Lion 20000 C...... d 17305,74 17305,74 Natio Court Terme...... 14346 14346 Se´curitaux...... d 1847,52 1847,52 S.G. France opport. C ..... 2000,53 1961,30 Oblifutur D...... 529,61 520,76 Lion 20000 D ...... d 16191,06 16191,06 Strate´gie Actions...... d 1101,06 1058,71 Natio Epargne...... 2227,63 2205,57 E´cur. Act. Futur D PEA ... 274,35 268,97 S.G. France opport. D..... 1909,76 1872,31 Oraction...... 1517,34 1480,33 Lion Associations C ...... 11115,48 11115,48 Strate´gie Rendement ..... d 1983,46 1921,03 Natio Oblig. M.T. C/D .... 858,25 849,75 E´cur. Capitalisation C ..... 253,78 253,78 Sogenfrance C...... 1836,59 1800,58 Revenu-Vert...... 1185,06 1165,25 Lion Associations D...... 11115,48 11115,48 Sogenfrance D ...... 1678,74 1645,82 Natio Ep. Croissance ...... 3071,73 3011,50 E´cur. Expansion C ...... 83822,54 83822,54 Se´ve´a ...... d 117,43 114,57 Lion Court Terme C ...... d 26672,83 26672,83 ´ E´cur. Ge´ovaleurs C ...... 3481,15 3412,89 Sogepargne D ...... 297,82 294,87 Natio Ep. Patrimoine ..... 133,74 131,12 Synthe´sis...... 18345,22 18020,84 Lion Court Terme D...... d 24185,25 24185,25 E´cur. Investis. D PEA ...... 218,71 214,42 Soginter C ...... 2341,80 2295,88 Natio Epargne Retraite .. 155,36 152,31 Uni Association ...... D 121,80 121,80 Lion Plus C ...... d 1576,36 1545,45 E´cur. Mone´premie`re ...... 11447,71 11447,71 Amplitude Ame´rique ...... 113,89 111,11 Fonds communs de placements Natio Epargne Tre´sor..... 11309,05 11286,48 Uni Foncier ...... 1385,97 1352,17 Lion Plus D...... d 1503,70 1474,22 E´cur. Mone´taire C ...... 13150,26 13150,26 Amplitude Europe C ...... 164,80 160,78 Favor D ...... d 1370,59 1343,72 Natio Euro Valeurs ...... 986,52 967,18 Uni France ...... 822,37 802,31 ´ d E´cur. Mone´taire D...... 12523,96 12523,96 Lion Tresor...... 2464,56 2440,16 Amplitude Europe D...... 162,04 158,09 Sogeliance D ...... d 1695,43 1678,64 Natio Euro Oblig...... 1022,38 1012,26 E´cur. Tre´sorerie C ...... 322,80 322,80 Uni Garantie C ...... 1903,15 1871,34 Oblilion ...... d 2158,71 2137,34 Amplitude Monde C ...... 989,27 965,14 Sogenfrance Tempo D ... d 222,97 218,60 Natio Euro Opport...... 1029,80 1009,61 E´cur. Tre´sorerie D...... 310,26 310,26 Uni Garantie D...... 1455,61 1431,28 Sicav 5000 ...... 694,06 680,45 Amplitude Monde D...... 943,77 920,75 ...... Natio Inter ...... 1083,61 1062,36 E´cur. Trimestriel D...... 2030,98 2030,98 Uni Re´gions ...... 1637,24 1597,31 Slivafrance ...... 1160,15 1137,40 Amplitude Pacifique...... 90,79 88,58 ...... Natio Opportunite´s...... 186,20 182,55 E´parcourt-Sicav D ...... 193,80 193,80 Univar C...... D 312,59 312,59 Slivam ...... d 577,97 566,64 Elanciel D PEA...... 175,71 171,42 Natio Revenus...... 1116,76 1105,70 Ge´optim C...... 12949,97 12758,59 Univar D ...... D 299,58 299,58 Slivarente...... d 246,12 241,29 E´mergence Poste D PEA 148,52 144,90 SYMBOLES Natio Se´curite´...... 11545,94 11545,94 Ge´optim D ...... 11895,07 11719,28 Univers Actions ...... 237,50 231,71 Slivinter...... d 786,05 770,64 Ge´obilys C...... 675,58 665,60 D cours du jour ; d cours pre´ce´dent. Natio Valeurs ...... 1309,55 1283,87 Horizon C...... 2207,99 2164,70 Univers-Obligations ...... 249,17 245 Trilion ...... d 5121,73 5056 Ge´obilys D ...... 639,20 629,75 LeMonde Job: WMQ1411--0024-0 WAS LMQ1411-24 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 10:36 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 18Fap:99 No:0478 Lcp: 196 CMYK

24 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997

SPORTS L’équipe de France de contre amicale pourtant destinée à çais, alors que l’Ecossais Gordon Durie ont sifflé la sortie des Bleus. b AIMÉ naux expliquaient le niveau décevant football s’est imposée (2-1), mercredi roder la sélection nationale avant la avait permis aux siens de revenir à la JACQUET a reconnu que le public était de la partie. b LE 28 JANVIER 1998, 12 novembre, à Saint-Etienne, sur la Coupe du monde 1998 (10 juin-12 juil- marque en fin de première mi-temps. « roi », mais a avancé que les condi- pour leur prochain match, les Bleus pelouse du stade Geoffroy-Guichard, let). b PIERRE LAIGLE et YOURI DJOR- b LE JEU de l’équipe de France a, une tions de jeu (pelouse grasse, pluie) et inaugureront le Stade de France de face à l’Ecosse, lors d’une terne ren- KAEFF ont marqué les deux buts fran- fois de plus, déçu les supporters, qui la saison très longue des internatio- Saint-Denis en affrontant l’Espagne. Face à l’Ecosse, l’équipe de France a raté son dernier match de l’année Le jeu pratiqué par l’équipe d’Aimé Jacquet et les deux buts signés Pierre Laigle et Youri Djorkaeff n’ont pas convaincu le public de Saint-Etienne, qui s’attendait à beaucoup mieux à sept mois de la Coupe du monde 1998. Les Bleus ont donc quitté le terrain sous les sifflets

SAINT-ÉTIENNE elles pu contribuer à troubler son par Youri Djorkaeff (77e min) varc’h, les deux attaquants testés que les discours entendus côté A Geoffroy-Guichard, les spec- de notre envoyé spécial sommeil. n’empêcheront pas les en pointe, se cantonnaient chacun français après la partie étaient à tateurs n’avaient pas tous un Mais à quoi diable peut bien Voilà une victoire supplémen- 19 500 amateurs de football pré- à sa portion des dix-huit mètres peine plus modestes. « Les Fran- diplôme d’entraîneur du troisième servir un match amical de l’équipe taire pour l’équipe de France (2-1). sents (prix des places de 50 à adverses. Même Zinedine Zidane çais ont fait de belles choses », degré. Mais les années d’excel- de France ? Médusé, le public de Un match de plus avant la Coupe 170 francs) de penser qu’ils étaient était incapable de mettre un brin trouvait ainsi Aimé Jacquet avant lence (Aimé Jacquet y contribua la partie qui du monde. Un match de moins, de trop. Un entraînement à huis d’imagination dans tout ça. Entré d’admettre : « On a eu des diffi- d’ailleurs, comme joueur) vécues opposait, mer- dirait-on plutôt d’ailleurs, tant le clos aurait été plus approprié pour dans les vingt dernière minutes, cultés à réaliser ce qu’on avait dans le chaudron des Verts ont credi 12 no- spectateur coche ces rencontres les exercices mécaniques répétés Youri Djorkaeff, l’indiscipliné, le décidé. » inculqué aux Stéphanois de vembre, à sans enjeu comme un prisonnier sur la pelouse du stade Geoffroy- vilain canard d’Aimé Jacquet, n’y solides bases footballistiques. Saint-Etienne, sur le mur de son cachot les jours Guichard. On n’ameute pas un est pas plus parvenu. DE PRÉCIEUX ENSEIGNEMENTS L’équipe de France a déçu, mer- les Tricolores qu’il a déjà tirés. Privé des pous- stade, la presse et la télévision La France n’avait pas rencontré France 2 diffusait à la même credi, 19 500 connaisseurs. Les Tri- à la sélection sées d’adrénaline de la compéti- pour leur imposer des figures l’Ecosse depuis le 11 octobre 1989, heure la série L’Instit. TF 1 pour- colores se plaignaient d’être mal d’Ecosse se tion, le public se transforme en imposées. au Parc des Princes, dans le cadre suivait, elle, la saga du Professeur. accueillis par les Parisiens du Parc pose encore assemblée d’esthètes qui s’inté- des éliminatoires de la Coupe du Le sélectionneur national distillait des Princes. Alors, ils ont fui en l’insondable question. Réveillé par ressent uniquement à la beauté ELLE A JOUÉ PERSO monde 1990. A l’époque, les Trico- une énième fois son football en province. Mais le 11 octobre, le dernier coup de sifflet de formelle du produit. Mercredi soir, Il y avait, ce soir-là, par trop lores l’avaient emporté 3-0. Mais, éprouvette. A la fin du match, contre l’Afrique du Sud, ils ont l’aimable arbitre, Antonio J. Lopez force est de constater qu’il y avait d’application à respecter les au bout du compte, ce sont les joueurs et entraîneurs affirmaient désespéré Lens et sa crème de Nieto, le spectateur se demandait à redire. Les spectateurs ne s’en consignes tactiques. Sur la pelouse représentants des Highlands qui avoir tiré de précieux enseigne- public. Mercredi, ils se sont attiré pourquoi il avait été convoqué là. sont pas privés, qui ont sifflé une traînaient trop de bons élèves avaient gagné le billet pour l’Italie. ments de cette heure et demie l’ire de Saint-Etienne, pourtant Sitôt écrasé le dernier bâillement, nouvelle fois l’équipe nationale.A pour qu’on s’amuse. Laurent Braves Ecossais qui ne s’embar- d’étude. En revanche, au fond de gorgée de passion pour le ballon avant que le marchand de sable ne Saint-Etienne, l’équipe de France Blanc, Marcel Desailly et Lilian rassent pas de falbalas technico- la classe et en haut des tribunes, rond. Pour sa prochaine ren- vienne achever un travail ample- n’a pensé qu’à elle. Pour Thuram ne quittaient pas leur tactiques, comme l’a démontré le on n’avait entravé que couic à la contre, le 28 janvier, contre ment mâché, il pouvait se plaindre reprendre le jargon du football, poste en défense. Pierre Laigle et but de Gordon Durie (36e min), à leçon. Et c’est là sans doute le plus l’Espagne, la sélection tricolore qu’on l’ait fait veiller si tard pour elle a joué perso. Ibrahim Ba ne déviaient jamais de la construction magnifiquement grave grief qui puisse être fait aux investira un stade flambant neuf des clopinettes. Au moins ces Le but de Pierre Laigle (35e min), leurs minces couloirs latéraux. dépouillée – ballon délivré sur acteurs de ce match : ils laissent à du côté de Saint-Denis (Seine- deux mi-temps ennuyeuses n’ont- le penalty généreux transformé Lilian Laslandes et Stéphane Gui- mesure, à une touche de balle, penser qu’il existerait une forme Saint-Denis). On attend devant des défenseurs français supérieure de football, quasi 80 000 personnes au baptême. Il interdits. scientifique, qui échapperait à la serait bon de ne pas le gâcher. Pour Aimé Jacquet, « le public est roi » préparation. » Ils sont près de 40 000 licenciés sagacité du vulgum pecus. Cette Encore un match à Marseille b Didier Deschamps : « L’Ecosse dans ce bout d’île, parmi lesquels version opaque du sport le plus (contre la Norvège), et puis... loin b Aimé Jacquet (sélectionneur sans doute qu’il n’était pas est qualifiée pour la Coupe du le sélectionneur, Craig Brown, a populaire serait, nous dit-on, la des yeux, loin du cœur, Aimé Jac- national) : « Nous sommes déçus de content. » monde, elle a donc de la qualité. Il y choisi ses bonshommes. A son plus aboutie. Bref, l’hiatus grandit quet devrait ensuite achever la ne pas avoir réalisé une bonne b Youri Djorkaeff : « C’est avait peu d’espaces, et il n’était pas équipe, mercredi, il a donné des entre le tacticien national et le préparation de l’équipe de France prestation. Mais cette équipe toujours désolant de sortir sous les évident de développer notre jeu. Je maillots numérotés de un à onze. public. à l’étranger (Russie, Suède, Fin- écossaise a joué très regroupée sifflets. Mais ce n’est pas la ne pense pas que les sifflets du Le football écossais, c’est bête lande et stage au Maroc). Il trou- défensivement et nous avions du mal motivation qui a manqué. Le public en fin de match soient une comme chou, mais ça se qualifie vera quelque réconfort au souve- à évoluer sur cette pelouse de problème n’est pas là, mais plutôt bonne solution. La Coupe du monde sans faillir depuis 1974 (à l’excep- Le match de trop nir de la sélection de 1958, qui Geoffroy-Guichard très grasse. Nous dans la communication avec le débute le 10 juin. Ce n’est pas la tion cependant d’un raté, en 1994) connut le même désaveu public avons manqué de spontanéité. Nous public. Il faut qu’il comprenne que peine de s’affoler avant. » pour le Mondial. « L’équipe de Aimé Jacquet avait demandé lors de ses matches de prépara- n’avons pas réussi à emballer ce nous sommes en phase de b Lilian Thuram : « Nous avions France est riche d’individualités et que l’équipe de France soit une tion, avant de briller lors de la match. J’aurais souhaité, par préparation, d’essais, nous ne décidé de faire un très bon match joue avec un excellent niveau tech- priorité en cette année de Coupe du monde en Suède. exemple, plus de frappes. C’était un sommes pas dans les conditions de mais on ne peut pas dire que nique et tactique. Elle reste pour préparation à la Coupe du France 97, long préambule à match très difficile. Il y a eu du bon matches de qualification. Ils l’équipe de France ait évolué à un moi une des favorites de la pro- monde de football. Force est de France 98, s’achève donc avec un et du moins bon. Statistiquement, la attendent de la tension, du suspense, très haut niveau. Le terrain était chaine Coupe du monde », estimait constater qu’il n’a pas encore goût aigre-doux. Pour avoir testé saison 1997 est plutôt bonne. Le du spectacle. On ne peut pas leur glissant et il y a eu pas mal de fautes Craig Brown, qui vient d’un pays convaincu. Sans parler ouverte- une quarantaine de joueurs, Aimé public nous a sifflé. Il est roi. C’est donner cela, nous sommes en techniques. » où les gens sont polis. L’ennui est ment d’une rencontre de trop, Jacquet se trouve désormais à la plusieurs joueurs ont évoqué le tête d’une escouade de football lourd calendrier pour expliquer américain. Malheureusement, le leur manque de motivation. jeu de la balle au pied prévoit La pelouse du Stade de France roussie par les tondeuses « Nous jouons un match tous les qu’on aligne seulement onze trois jours depuis deux mois, ce joueurs sur le terrain et vingt-deux PAS DE MALADIE cryptogamique, pas de leurs lames ont été vite émoussées par les moins de matériau pour que le passage des France-Ecosse ne tombait pas très sur la liste concoctée en vue d’un photosynthèse contrariée, pas de remontées grains durs. Du coup, elles ont broyé les tondeuses ne blesse pas trop les feuilles. » A bien. La Coupe du monde, c’est Mondial. Il devra donc choisir, d’hydrocarbures. Jean-Pierre Leboucher, feuilles du gazon plutôt que de les couper. l’annonce du phénomène, les soupçons encore loin », constatait Zine- sans se tromper. ingénieur-conseil consultant du Stade de Blessées, ces dernières ont roussi. » s’étaient portés sur le toît du Stade de dine Zidane. « Il ne faut pas France, est formel : le pelouse qu’il surveille France, accusé de priver la pelouse de soleil. oublier que chacun a son cham- Benoît Hopquin n’est victime d’aucune affection complexe. UN EFFET VISUEL MALHEUREUX Mais les architectes et les spécialistes de la pionnat », avançait Fabien Si elle présente depuis maintenant une Le mystère est dissipé et les inquiétudes société des Gazons de Fontainebleau, pres- Barthez. Tous les joueurs a L’Arabie saoudite s’est quali- dizaine de jours une couleur jaune du plus avec. « Les feuilles sont brûlées sur un centi- tataire de service, avaient refuté cet argu- voyaient dans le prochain fiée pour la Coupe du monde 1998 mauvais effet (Le Monde daté mètre, détaille Jean-Pierre Leboucher. ment. rendez-vous, fixé au mercredi grâce à sa victoire (1-0) sur le 9-10 novembre) qui avait attiré l’œil de Evidemment, sur 9 000 m2, cela provoque un La dernière inquiétude concernait le 28 janvier 1998, face à l’Espagne, Qatar, mercredi 12 novembre, lors Michel Platini et de Fernand Sastre, copré- effet visuel malheureux. Un simple brossage sous-sol du site. Dès 1994, Gaz de France, un tournant dans la prépara- d’un match du groupe A de la sidents du Comité français d’organisation suffit à l’atténuer, mais, après trois ou quatre qui y exploita une usine, se faisait confirmer tion. « Ça reste des matchs zone Asie. Vingt-quatre pays ont (CFO) du Mondial 98, lors de la visite du tontes, tout aura disparu. Dans trois semaines, par un audit que le terrain était victime amicaux, insistait Lilian Thuram. déjà leur billet pour la France. président de la Fédération internationale de il n’y paraîtra plus. Au printemps, en pleine d’une pollution importante par goudrons et Pour élever vraiment le niveau, il Huit places restent encore à pour- football (FIFA), Joao Havelange, il est en le végétation, cela aurait pris cinq ou six jours. hydrocarbures. A force de travaux coûteux faut un match à sanction. » voir. seul responsable. En automne, les cycles sont ralentis, et les (plus de 200 millions de francs), on prévient « Nous avons répandu un substrat baptisé feuilles se renouvellent moins vite. En tout état les risques : fragilisation du béton, infiltra- Lavaterr (NDLR : un mélange de roches de cause, le pelouse sera prête pour le match tion de produits polluants, propagation DÉPÊCHES volcaniques et de sable de quartz broyé) sur que le Variétés club de France jouera contre d’odeurs nauséabondes. Pour la pelouse, a TENNIS : le numéro un mondial, l’Américain Pete Sampras, a le terrain au cours d’une opération classique les ouvriers du chantier, le 19 novembre. » Jean-Pierre Leboucher précise qu’une nappe retrouvé son tennis pour battre le Britannique Greg Rusedski (6-4, de sablage après défeutrage et aération, Jean-Pierre Leboucher prévient : «La de PVC couvrant un système de drainage 7-5), mercredi 12 novembre, aux Masters de Hanovre (Allemagne) et explique-t-il. Ailleurs, on emploie du sable de prochaine opération de ce type – sablage au spécial a été installée à 80 cm sous le sol se relancer dans une compétition qu’il avait entamée de manière cala- rivière. Ici, à ma demande, nous avons utilisé Lavaterr suivi d’une tonte – aura lieu au mois afin de prévenir toute remontée nocive. Et, miteuse en s’inclinant la veille contre l’Espagnol Carlos Moya. Pour du Lavaterr afin de ne pas dénaturer le subs- de mars 1998. Elle aura les mêmes effets, mais lorsqu’on insiste, il assène, définitif : « Je sais assurer sa qualification, Pete Sampras doit maintenant venir à bout trat qui supporte la pelouse. Léger, ce maté- le printemps accélérera la pousse et l’aspect que ce n’est pas ça. » de l’Australien Patrick Rafter. riau reste plus longtemps à la surface. Aussi, de roussi disparaîtra presque aussitôt. Et puis, a la Française Nathalie Tauziat a été éliminée au premier tour du quand les tondeuses sont entrées en action, forts de cette leçon, nous répandrons moitié Michel Dalloni tournoi de Philadelphie (Etats-Unis), mercredi 12 novembre, par l’Américaine Lindsay Davenport, qui s’est imposée en deux sets (6-3, 6-3). a VOILE : Sébastien Magnen, trente et un ans, sur Karen Liquid, a remporté la Mini-Transat en solitaire, en terminant troisième de la deuxième et dernière étape de cette épreuve réservée aux voiliers de 6,50 mètres, mercredi 12 novembre, à Fort-de-France, en Martinique. Cet architecte naval a franchi la ligne d’arrivée en troisième position derrière le vainqueur de l’étape, Thomas Coville, sur Zurich, et Pierre- Face Marie Bourguinat, sur Loi et Vin. Les organisateurs sont sans à la gare nouvelles depuis six jours de Claudio Gardossi. Le dernier contact St-Lazare avec le navigateur italien avait été établi le 6 novembre par la balise qui signale automatiquement la position de l’embarcation. Son bateau, Jasmine, se trouvait alors à près de 1 000 milles de la ligne d’arrivée. Ses proches ont indiqué qu’ils étaient « assez tranquilles » Habille car aucun signal d’alarme n’a été lancé et que les conditions météoro- logiques sont bonnes. les hommes a LOTO : les tirages no 91 du Loto effectués mercredi 12 novembre ont donné les résultats suivants : b premier tirage : 5, 9, 18, 23, 27, 49, numéro complémentaire 36. Rapports pour six bons numéros : 6 909 210 F ; pour cinq bons numé- GRANDS ros et le complémentaire : 22 855 F ; pour cinq bons numéros : ou 2 930 F ; pour quatre bons numéros et le complémentaire : 154 F ; pour quatre bons numéros : 77 F ; pour trois bons numéros et le FORTS complémentaire : 20 F ; pour trois bons numéros : 10 F. 15, place du Havre b second tirage : 4, 14, 18, 24, 28, 30, numéro complémentaire 32. Paris 8e - Tél. : 01-43-87-34-64 Rapports pour six bons numéros : 5 002 535 F ; pour cinq bons numé- NICE 18, av. J.-Médecin ros et le complémentaire : 103 155 F ; pour cinq bons numéros : C.C. CAP 3000 4 270 F ; pour quatre bons numéros et le complémentaire : 250 F ; pour quatre bons numéros : 125 F ; pour trois bons numéros et le LYON ROURY EN VENTE CHEZ VOTRE LIBRAIRE 80, rue E.-Herriot complémentaire : 28 F ; pour trois bons numéros : 14 F. LeMonde Job: WMQ1411--0025-0 WAS LMQ1411-25 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 10:18 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 18Fap:99 No:0479 Lcp: 196 CMYK

AUJOURD’HUI-SCIENCES LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 / 25

Daniel Goldin, administrateur général de la NASA Des traces de radioactivité dans les champignons sauvages « La fusée européenne Ariane a obligé CONTRAIREMENT à des bilans officiels, certaines cueillettes de champignons dépassent la limite européenne de radioactivité fixée à 600 becquerels par kilogramme (Bq/kg). C’est ce qu’affirme une étude de la commission de recherche et d’information indépendante sur la les industriels américains de l’espace à se surpasser » radioactivité (CRII-RAD) effectuée pour le mensuel Ça m’intéresse. Selon le laboratoire, les analyses effectuées confirment la quasi-dispa- En visite en France pour quatre jours, le patron tion et coopération sont complémentaires, le forcément internationale, doit offrir des retom- rition du césium 134, caractéristique des dépôts du nuage de Tcherno- de l’Agence spatiale américaine définit sa partenariat peut être bilatéral et ne pas passer bées scientifiques et économiques et répondre à byl, mais révèlent une contamination persistante par du césium 137, conception des relations avec l’Europe : compéti- par l’Agence européenne. La conquête de Mars, des critères financiers et de sûreté stricts. provenant à la fois de Tchernobyl et des essais nucléaires aériens des années 50 et 60. La contamination est sensible, poursuit la CRII-RAD, « Quel est le but de votre européenne]. J’y ai rencontré Anto- risqueraient d’entrer en compé- dans l’est de la France et dans le Mercantour (Alpes-Maritimes), où voyage en France ? nio Rodotà, le directeur général, et tition avec les Etats-Unis... des échantillons de pieds de mouton – Hydnum repandum – et de pe- – Je pense que la France joue un son équipe. Il était très important – Laissez-moi vous dire que ce tits-gris – Tricholoma terreum – ont été mesurés à 1 275 et 3 000 Bq/kg. rôle important dans le domaine pour moi de comprendre la vision n’est pas la NASA, mais le gouver- La commission rappelle que si certaines espèces comme la coule- spatial. Il est donc important que qu’a l’Europe de son programme nement américain et ceux des melle, le coprin chevelu, le rosé des près et la morille, sont faiblement nos deux pays précisent leur posi- spatial. M. Rodotà m’a exposé ses autres pays qui décideront du lan- contaminés, d’autres comme le petit-gris, le bolet à chair jaune, la no- tion et leurs intentions, voient quels objectifs, et nous sommes tombés cement éventuel de ce genre de nette voilée, le laqué améthyste, le tricholome équestre et la chante- sont les domaines dans lesquels ils d’accord sur la nécessité de conti- mission. Nous avons dépensé 5 % relle en tube ont une forte capacité d’extraction et de concentration vont coopérer et ceux où ils entre- nuer à coopérer. Nous devons nous du budget fédéral américain pour du césium. ront en compétition. Les nations revoir en janvier. Notre partenariat envoyer des hommes sur la Lune. ont des intérêts différents. Chacune est solide, fondé sur le respect mu- Mais c’était durant la guerre froide. DÉPÊCHES d’entre elle doit mettre en avant ses tuel. Les temps ont changé. La conquête a PROPULSION : la Société européenne de propulsion (SEP), priorités. Il y aura donc toujours » Nous sommes également tom- martienne ne sera possible que sur constructeur des moteurs d’Ariane, vient de réussir une série de sept des domaines où prévaudra une bés d’accord sur la nécessité pour une base internationale, et si son essais visant au développement du moteur cryogénique Vulcain-2. compétition pacifique. C’est sain et les Etats-Unis de pouvoir travailler DANIEL GOLDIN coût est dix fois inférieur aux pre- Cette nouvelle version du moteur Vulcain, qui équipe actuellement cela profite aux deux partis : le fait aussi avec les nations européennes, mières estimations. Ariane-5, devrait permettre au lanceur lourd européen d’augmenter que les Européens et la France aient considérées comme des partenaires huit mois de délai pour aider à » Avant de la lancer, nous devons rapidement ses performances en orbite (5,9 à 6,8 tonnes) de 850 kilos développé la fusée européenne à parts égales. La coopération bila- construire un monde meilleur, c’est nous assurer, avec nos partenaires, supplémentaires. Huit autres essais sont prévus dans le cadre du pro- Ariane a, par exemple, obligé les in- térale est importante, elle aussi, à peu. que quatre critères sont remplis : gramme Ariane-Evolution qui doit donner lieu à une mise en service dustriels américains de l’espace à se condition qu’elle se fasse ouverte- – Vous proposez aux Euro- est-ce intéressant sur un plan scien- de ce nouveau moteur en 2003. péens une coopération pour tifique ? La sûreté des équipages se- a ESPACE : un problème mécanique à bord de la sonde américaine l’exploration de Mars. Les ser- ra-t-elle assurée ? Est-ce financière- Mars Global Surveyor va entraîner un retard d’un an de sa mission, La part de l’Europe vices de la NASA viennent de ment acceptable ? Est-ce rentable annonce la NASA. Une pièce fracturée sur une charnière de l’un des publier une étude préliminaire d’un point de vue technologique et panneaux solaires de la sonde contrarie les manœuvres de freinage La visite de Daniel Goldin à Paris a été l’occasion de passer en re- pour l’envoi d’hommes sur la économique ? Les recherches me- atmosphérique destinées à abaisser son orbite. Mars Global Surveyor, vue, avec son homologue européen, Antonio Rodotà, les pro- planète rouge vers 2010. Des ex- nées à bord de la station internatio- qui devait commencer la cartographie de la planète Rouge le 15 mars grammes que l’Agence spatiale américaine (NASA) et l’Agence spa- perts européens doutent que ce- nale Alpha pourront aider à ré- 1998, ne pourra le faire qu’à partir de la mi-mars 1999. Ces difficultés tiale européenne (ESA) réalisent en coopération. Partenaire la soit possible aussi rapide- pondre à ces questions. » risquent d’entraîner un surcoût de plusieurs millions de dollars. Elles important des Etats-Unis pour l’assemblage de la future station spa- ment, et certains évoquent une auront cependant un côté positif, affirment les scientifiques de la NA- tiale internationale Alpha (ISS), l’Europe fournit pour ce pro- « manœuvre » pour détourner Propos recueillis par SA, car la sonde pourra étudier la surface de Mars depuis des angles gramme de 17,4 milliards de francs un module de laboratoire scien- l’Europe de programmes où ils Jean-Paul Dufour imprévus... tifique et technologique polyvalent (COF) et un véhicule de transfert automatique (ATV) destiné au transport du fret que lancera Ariane-5. Entre 1998 et 2003, l’ESA devrait à ce titre participer à 16 des 47 vols qui permettront l’assemblage en orbite de la station. D’autre part, l’agence vient de fournir aux Russes le système de gestion de données (matériel et logiciel) qui doit assurer les fonc- tions de guidage, de navigation et de gestion de la station. Enfin, Da- niel Goldin et Antonio Rodotà ont débattu de Mars, en particulier d’une possible coopération sur Mars-Express, un projet de sonde martienne européenne qui devrait lancer en 2003 un « orbiteur » et quatre minimodules d’atterrissage.

surpasser. Mais il reste une large ment et sur des bases claires. Le place à la coopération. Les cher- programme Topex-Poséidon de sa- cheurs français nous ont ouvert la tellite d’observation océanogra- voie, il y a des siècles. J’attends phique franco-américain est un beaucoup de cette visite. Nous de- modèle du genre. Il a été à l’origine vons travailler ensemble, pour le de percées scientifiques de premier bénéfice de nos deux peuples. ordre. En ce qui concerne la station » C’est dans cet esprit qu’ont lieu spatiale internationale, il est essen- mes conversations. Je dois ren- tiel pour nous de travailler avec contrer le ministre de la recherche, l’ESA. Mais peut-être des coopéra- Claude Allègre, des membres du ca- tions bilatérales sont-elles possibles binet ou des conseillers du pré- avec des pays européens, en astro- sident Chirac et du premier mi- physique ou dans le domaine des nistre, des parlementaires, les sciences fondamentales. responsables du CNES [Centre na- – L’industrie américaine s’in- tional d’études spatiales], des in- téresse vivement au CRV, le vé- dustriels du domaine spatial et les hicule de secours de la future membres de l’Académie des station internationale Alpha. sciences. Mon séjour s’achèvera par Avez-vous toujours l’intention une visite des installations du de le développer en coopéra- centre technique du CNES à Tou- tion ? louse. – Nous avons commencé à l’étu- – Vous vous êtes rendu en Ita- dier seul, puis avec des techniciens lie début octobre et vous quitte- français et européens, qui nous ont rez Paris pour Bonn dimanche. apporté des idées intéressantes. Dans ces pays, vous rencontrez L’Europe possède une compétence les responsables et les indus- technique. Je pense que si nous tra- triels du domaine spatial. Cer- vaillons avec elle, le CRV sera meil- tains vous accusent de vouloir leur et moins cher. Les détails de diviser pour régner en Europe. cette coopération ne sont pas en- – Dès mon arrivée, mardi 11 no- core fixés, mais nous aimerions me- vembre, je me suis rendu au siège ner ce programme avec l’ESA, sur parisien de l’ESA [Agence spatiale un pied d’égalité. – Quelle est la situation de la station Alpha aujourd’hui ? Les budgets spatiaux – La construction en orbite va commencer en 1998, dans huit dans le monde mois. Les Etats-Unis, l’Europe, le Japon, le Canada et la Russie vont Le budget spatial américain est lancer près de 500 tonnes de maté- sans commune mesure avec ce que riel dans l’espace. Ils vont entre- le reste du monde investit dans ce prendre la construction du plus secteur. Voici, pour le cabinet grand projet technologique inter- d’expertise Euroconsult, les national de toute l’histoire paci- chiffres pour 1996 : fique de cette planète... b Etats-Unis : programmes civils – En raison des difficultés fi- de la NASA (National Aeronautics nancières des Russes, qui and Space Administration) : doivent lancer le premier élé- 12,9 milliards de dollars (environ ment, la date de mise en service 73,5 milliards de francs), alors que a été retardée de dix-huit mois 13,5 milliards de dollars ont été et le coût majoré de 600 millions demandés pour l’année fiscale de dollars (environ 3,42 milliards 1998. Programmes militaires de francs), sur un total de (Departement of Defense et 17,4 milliards de dollars... autres) : 14,1 milliards de dollars. – Les Russes ont des problèmes b Russie : programmes civils de de financement. Ils ont retardé leur la RKA (Agence spatiale russe) : part de programme et le coût a 465 millions de dollars. augmenté, mais d’un montant rela- Programmes militaires : tivement faible en pourcentage du 165 millions de dollars budget total. (estimation). » Nous avions le choix au dé- b Europe : programmes civils de part : devions-nous prendre le l’ESA (Agence spatiale risque de travailler avec les Russes ? européenne) et des pays Pendant près de cinq décennies, la européens : 5,1 milliards de dollars, planète a été au bord de la guerre dont 3,7 milliards de dollars pour nucléaire. Les Russes ont changé l’ESA. Programmes militaires : leur gouvernement, et il était né- 1,1 milliard de dollars. cessaire qu’ils rejoignent le projet b France : programmes civils : de station internationale. Nous sa- 1,8 milliard de dollars. Programmes vions que cela poserait des pro- militaires : 773 millions de dollars. blèmes, mais le jeu en valait la chandelle. Nous les soutenons. Dix- LeMonde Job: WMQ1411--0026-0 WAS LMQ1411-26 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 09:36 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 18Fap:99 No:0480 Lcp: 196 CMYK

26 / LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 (Publicité) LeMonde Job: WMQ1411--0027-0 WAS LMQ1411-27 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 10:50 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 18Fap:99 No:0481 Lcp: 196 CMYK

AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 / 27 14 NOVEMBRE 1997 Oslo Stockholm La grisaille s’installe Moscou LE CARNET Prévisions Ensoleillé UN TEMPS CALME, favorable ront fraîches, ne dépassant pas 5 à vers 12h00 DU VOYAGEUR aux nuages bas et aux brouillards 8 degrés. s’est installé pour quelques jours Poitou-Charentes, Aquitaine, Peu sur la France. Les régions méditer- Midi-Pyrénées. – Nuages bas ou- Belfast nuageux a ESPAGNE. Marriott Lodging an- ranéennes et les Alpes bénéfice- brouillards rendront la matinée Liverpool nonce l’ouverture, au printemps Dublin ront toutefois, vendredi, d’un so- grise. De belles éclaircies se déve- Varsovie Kiev 1999 sur l’île de Majorque, d’un hô- leil généreux. Les températures lopperont ensuite. Les tempéra- Amsterdam Berlin Brèves tel de loisirs de 150 chambres et seront juste dans les normes de tures remonterontl’après-midi de d’une résidence en « temps parta- Londres éclaircies saison. 11 à 14 degrés. 50 o Bruxelles gé » de 240 appartements. Déve- Bretagne, pays de Loire, Basse- Limousin, Auvergne, Rhône- Prague loppé en coopération avec un pro- Normandie. – Le temps sera sec, Alpes. – Sur ces régions, brouil- Couvert moteur espagnol, ce projet sera avec un ciel partagé entre nuages lards ou nuages bas domineront en Paris Strasbourg Vienne implanté sur le terrain d’un golf 18 et éclaircies. Quelques gouttes se- plaine, avec des espoirs d’éclaircies Budapest trous, à environ 18 kilomètres au Nantes Brume ront possibles sur les côtes. Il fera l’après-midi. Dans les Alpes,le so- Berne brouillard sud-est de l’aéroport de Palma. En au maximum 9 à 12 degrés. leil devrait s’imposer dès le matin. Bucarest Europe, Marriott exploite 76 hôtels Nord-Picardie, Ile-de-France, Les températures seront Lyon (dont celui de Paris) et ouvrira, d’ici Milan Belgrade Centre, Haute-Normandie, Ar- conformes aux normales, plafon- Sofia Averses à la fin 1998, des établissements à dennes. – Les brouillards et la gri- nant entre 8 et 11 degrés. Toulouse Istanbul Bucarest, Londres et Manchester. saille domineront la journée en Languedoc-Roussillon, Pro- a THAÏLANDE. La Thaï propose Pluie toutes régions. On peut espérer vence-Alpes-Côte d’Azur, Corse. Rome d’aller faire ses achats pour les quelques éclaircies, bien timides – En Corse, le ciel sera incertain, Barcelone Naples fêtes de fin d’année en Thaïlande o Madrid dans l’intérieur, un peu plus affir- avec des passages très nuageux ac- 40 grâce à un forfait Paris-Bangkok à mées près des côtes. compagnés d’un peu de pluie. Sur Lisbonne Athènes Orages partir de 3 390 F A/R, un prix va- Champagne, Lorraine, Alsace, toutes les autres régions, le soleil lable jusqu’au 15 décembre et qui Bourgogne, Franche-Comté. –Un brillera sans partage, mais avec un Séville inclut également un A/R domes- ciel gris, parfois accompagné de petit peu de tramontane et de mis- Tunis Neige tique au choix permettant de dé- brouillards, se maintiendra toute la tral (rafales jusqu’à 60 km/h). Les Alger couvrir, par exemple, les plages ou journée ; les chances de trouées se- températures seront de saison, le Triangle d’or. Renseignements au Rabat o o o ront faibles. Les températures se- avec 14 à 16 degrés. 0 10 20 Vent fort 01-44-20-70-80.

PRÉVISIONS POUR LE 14 NOVEMBRE 1997 PAPEETE 24/29 C KIEV 5/9 N VENISE 6/12 S LE CAIRE 18/26 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 24/31 P LISBONNE 15/18 N VIENNE 4/6 P MARRAKECH 13/22 S et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 22/27 N LIVERPOOL 7/13 C AMÉRIQUES NAIROBI 17/22 C EUROPE LONDRES 4/12 S BRASILIA 20/26 P PRETORIA 17/26 P C : couvert ; P : pluie ; * : neige. AMSTERDAM 5/9 C LUXEMBOURG 4/6 C BUENOS AIR. 13/24 S RABAT 16/21 N FRANCE métropole NANCY 1/6 C ATHENES 14/18 N MADRID 11/16 N CARACAS 25/28 P TUNIS 12/21 P AJACCIO 10/16 P NANTES 3/11 S BARCELONE 11/17 S MILAN 5/13 S CHICAGO 1/5 C ASIE-OCÉANIE BIARRITZ 7/13 S NICE 7/15 S BELFAST 5/11 C MOSCOU 3/8 C LIMA 18/24 C BANGKOK 26/33 N BORDEAUX 4/12 S PARIS 3/10 C BELGRADE 5/13 N MUNICH -2/6 C LOS ANGELES 13/16 S BOMBAY 25/32 C BOURGES 2/9 N PAU 4/12 S BERLIN 3/6 N NAPLES 10/15 S MEXICO 10/23 S DJAKARTA 27/32 N BREST 6/13 C PERPIGNAN 6/15 S BERNE 1/4 N OSLO 1/5 C MONTREAL -7/-2 S DUBAI 21/27 N CAEN 4/11 C RENNES 2/11 N BRUXELLES 4/8 C PALMA DE M. 12/20 N NEW YORK 3/8 P HANOI 24/29 N CHERBOURG 3/11 C ST-ETIENNE 2/8 N BUCAREST 6/15 P PRAGUE -2/5 C SAN FRANCIS. 12/16 P HONGKONG 21/27 S CLERMONT-F. 1/9 S STRASBOURG 1/8 C BUDAPEST 6/11 C ROME 10/15 S SANTIAGO/CHI 6/23 S JERUSALEM 15/25 N DIJON 2/9 C TOULOUSE 3/12 S COPENHAGUE 4/7 N SEVILLE 15/20 N TORONTO -2/2 P NEW DEHLI 12/25 S GRENOBLE 0/9 S TOURS 2/10 C DUBLIN 7/12 C SOFIA 7/15 S WASHINGTON 6/11 P PEKIN 2/12 S LILLE 1/8 C FRANCE outre-mer FRANCFORT 2/7 N ST-PETERSB. 5/8 P AFRIQUE SEOUL 7/16 N LIMOGES 4/11 S CAYENNE 24/31 P GENEVE 2/7 N STOCKHOLM 2/7 N ALGER 16/21 C SINGAPOUR 26/31 N LYON 3/9 N FORT-DE-FR. 25/31 S HELSINKI 3/8 C TENERIFE 15/20 S DAKAR 25/30 S SYDNEY 19/28 P MARSEILLE 6/14 S NOUMEA 22/27 N ISTANBUL 13/19 S VARSOVIE 4/9 P KINSHASA 23/27 P TOKYO 16/21 P Situation le 13 novembre à 0 heure TU Prévisions pour le 15 novembre à 0 heure TU

VENTES Les dessins d’Antonio, illustrateur de mode, aux enchères à Paris APRÈS AVOIR fait l’objet 1986, ils étaient destinés aux ma- une grande notoriété et travaille venir à Paris, relançant en France productions de l’industrie. qué d’une petite bouche (très d’une exposition au Musée des gazines de mode internationaux simultanément pour d’autres pu- l’illustration de mode, genre Proche d’Andy Warhol (qui pop art), d’autres traités d’une arts décoratifs de Paris, Antonio pour illustrer les créations des blications (Vogue, New York Times chassé par la photographie. avouait « si je pouvais dessiner manière plus approfondie Lopez, dit « Antonio » (1943- grands couturiers. Magazine, Playboy, etc.). Du mi- Ses premiers dessins pour Elle comme lui »...), Antonio puise donnent de l’importance au re- 1987), dessinateur de mode, aura Originaire de Porto Rico, Anto- lieu des années 60 à sa mort, son portent l’influence du pop art, le son inspiration dans ce qu’il voit, gard. les honneurs d’une vente aux en- nio fait des études à New York, travail et sa personnalité mouvement new-yorkais dont il ses amis, son milieu, et prend ses Toutes ces élégantes portent chères à Drouot Montaigne, où puis entre en 1960 dans un jour- marquent l’univers de la mode et est issu, qui cherche la source de distances par rapport à la tradi- les modèles de Dior, Givenchy, seront proposés deux cent dix nal de mode réputé, le Women’s de la publicité. En 1967, Hélène son expression dans la réalité, tion des illustrateurs de mode, Kenzo, Saint-Laurent, etc. La plu- dessins. Réalisés entre 1979 et Wear Daily. Il connaît très vite Lazareff, directrice de Elle, le fait l’environnement matériel, les qui préféraient composer une fic- part des œuvres proposées à la tion idéalisée. vente étaient destinées à Vogue Il maîtrise un style fluide, dyna- Etats-Unis, Italie ou Allemagne, Calendrier samedi 15 et dimanche dimanche 16 novembre, de 10 h 30 à b Croix (Nord), Salon des mique, et utilise des techniques les autres au New York Times, à 16 novembre, de 11 heures à 19 heures, 200 exposants, entrée coquillages et minéraux, salle très diverses : crayons, fusains, Vanity et aux parutions françaises ANTIQUITÉS 19 heures, 40 exposants, entrée 25 francs. Dedecher, samedi 15 et dimanche encres, gouaches, photos, col- Rive gauche et Marie-Claire. Une 20 francs. b Limoges (Haute-Vienne), parc des 16 novembre, 40 exposants. lages. Les mouvements qu’il im- série de vingt-cinq dessins, exé- b Paris, hippodrome d’Auteuil, b Châteauneuf-du-Pape expositions, samedi 15 et dimanche b Ilzach (Haut-Rhin), Salon de la prime à ses créations appa- cutés pour Marie-Claire en mars jusqu’au lundi 17 novembre, de (Vaucluse), place de la Renaissance, 16 novembre, 120 exposants. bande dessinée et du cinéma, raissent presque comme une 1983, est bien représentative des 11 heures à 20 heures, 100 exposants, samedi 15 et dimanche espace 110, samedi 15 et dimanche mise en scène, complétée par le créations d’Antonio, avec des entrée 50 francs. 16 novembre, de 10 heures à COLLECTIONS 16 novembre. contraste et l’harmonie des cou- femmes dessinées dans le détail, b Péronnas (Ain), salle polyvalente, 19 heures, 35 exposants, entrée b Le Havre (Seine-Maritime), Salon leurs. posant avec décontraction, par- samedi 15 et dimanche 16 francs. b Voujeaucourt (Doubs), bourse du livre ancien, palais de la bourse, Dans une vente à New York fois comme saisies au vol avec 16 novembre, de 9 heures à aux armes, Acropolis Parc, samedi 15 samedi 15 et dimanche l’année dernière, un dessin au une expression particulière, hors 19 heures, 35 exposants, entrée BROCANTES et dimanche 16 novembre, 16 novembre, 20 exposants, entrée pastel et à l’aquarelle d’Antonio a des normes du dessin de mode 15 francs. 50 exposants, entrée 20 francs. 20 francs. été adjugé à 10 000 francs. Les es- habituel. b Le Bouscat (Gironde), Salon de b Nuits-Saint-Georges (Côte-d’Or), b Redon (Ille-et-Vilaine), Salon du b Châtellerault (Vienne), Bourse timations annoncées ici varient l’hermitage, du samedi 15 au lundi rue de la Berchère, samedi 15 et livre ancien, maison des fêtes minéraux et fossiles, salle C. entre 6 000 et 10 000 francs selon Catherine Bedel 17 novembre, de 10 heures à 19 h 30, dimanche 16 novembre, Bellevue, samedi 15 et dimanche samedi 15 et dimanche la beauté du dessin et le soin ap- 40 exposants, entrée 25 francs. 37 exposants, entrée 15 francs. 16 novembre, 35 exposants, entrée 16 novembre, 18 exposants, entrée porté aux détails : les modèles au ૽ Drouot Montaigne, lundi 24 no- b La-Roche-sur-Yon (Vendée), parc b Beauvais (Oise), espace 20 francs. 5 francs. crayon noir bien finis valent plus vembre. Exposition samedi 22 no- des expositions, samedi 15 et Saint-Quentin, samedi 15 et b Saint-Martin-le-Vinoux (Isère), b Dourdan (Essonne), Festival de la que des croquis en couleurs aux vembre de 14 heures à 20 heures dimanche 16 novembre, de dimanche 16 novembre, bourse autos-motos, gymnase bande dessinée, centre culturel formes ébauchées. Dans cette ga- et dimanche 23 novembre de 10 heures à 19 heures, 100 exposants, 80 exposants. municipal, samedi 15 et dimanche René-Cassin, samedi 15 et dimanche lerie de portraits féminins, cer- 11 heures à 20 heures. Etude Tajan, entrée 20 francs. b Strasbourg (Bas-Rhin), parc des 16 novembre, 25 exposants, entrée 16 novembre, 40 exposants, entrée tains sont simplement esquissés, 37, rue des Mathurins, 75008 b Vichy (Allier), palais du lac, expositions de Wacken, samedi 15 et 15 francs. 10 francs. le visage réduit à un ovale mar- Paris, tél. : 01-53-30-30-30.

Ł SOS Jeux de mots : o MOTS CROISÉS PROBLÈME N 97252 3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min). L’ART EN QUESTION No 40 En collaboration avec

123456789101112 fondement. – 10. Mettrais en place. – 11. Fait la queue. Dans la Les princes Cavalier I gamme. Attaqua le système ner- d’El Salobral, veux. – 12. Une fois fixé, il ne fau- Ve -IVe siècles II dra pas le rater. ibères avant J.-C. Ex-voto en bronze III Philippe Dupuis AU COURS des années 1860- à la cire perdue, 1880, dans la province d’Alba- hauteur 5,5 cm IV cete (Espagne), des centaines Musée du Louvre, SOLUTION DU No 97251 de sculptures furent trouvées dépôt au Musée V sur le site du Cerro de los San- des antiquités HORIZONTALEMENT tos, la « colline des saints » : nationales VI elles sont les premiers témoi- de Saint-Germain- I. Acuponctrice. – II. Loterie. gnages de la civilisation antique en-Laye. VII Apex. – III. Pliantes. Ont. – IV. Ill. de l’Espagne, celle que l’on re- Actuellement Er. Comté. – V. Nées. Amateur. – connaît comme ibère. La dé- à Paris, VIII VI. Santon. Eri (ire). – VII. St. couverte de la Dame d’Elche, en au Grand Palais, Gueuse. Ie. – VIII. Téra. Milieu. – 1897, donnait une impulsion pour l’exposition IX IX. Eteint. ONU. – X. Suzeraine- nouvelle à toute l’archéologie « Les Ibères » tés. espagnole. jusqu’au X

Les sculptures les plus an- 5 janvier 1998. PHOTO RMN VERTICALEMENT ciennes connues datent de la HORIZONTALEMENT désagréables. En première posi- fin du VIe siècle, les plus ré- I. Pousse pour l’emporter. – II. tion. 1. Alpinistes. – 2. Colle. Têtu. – centes remontent au Ier siècle Il symbolise, entre autres, Quand fut-elle rendue à l’Es- Dedans quand tout va mal. On 3. Utiles. Rez. – 4. PEA. Sagaie. – avant J.-C. ceux qui détenaient le pouvoir, pagne ? peut se faire des briques en la cui- VERTICALEMENT 5. Orne. Nu. Nr. – 6. Nitrate. Ta. – En pierre ou en bronze, le de puissants personnages ap- b Après la première guerre sant. – III. Descendu. Un travail à 1. Mise en sac, elle complique la 7. CEE. Moum. – 8. Scansion. – guerrier à cheval est magnifié partenant à la classe des mondiale. prendre avec des pincettes. – IV. situation. – 2. Sottes, il n’y a pas 9. Ra. Ot. Elne. – 10. Ipomée. IUT. tout au long de l’histoire des princes. b Pendant la seconde guerre De justesse. – V. Enthousiasme de quoi en faire un plat. – 3. Le – 11. Centurie. – 12. Extérieurs. Ibères. La Dame d’Elche a été ache- mondiale. espagnol. Laisse entrer le greffier. cuivre. Démonstratif. A gauche tée par la France et exposée au b Lors de l’avènement du roi – VI. Pousse à l’extrême. Assurez pour un charretier. – 4. C’est déjà Musée du Louvre. Elle est au- Juan Carlos en 1975. la prise. – VII. Au bout de la prai- du passé. Le rubidium. Accord au jourd’hui au Musée archéolo- Réponse dans Le Monde du rie. Peignit de couleurs violentes. nord. – 5. Prenaient leurs dis- gique national de Madrid. 21 novembre. – VIII. Moyen de transport pro- tances. – 6. Le troisième tourna à hibé. Une voie prise à contresens. l’horreur. Un homme au hasard. – Quatre sur six. – IX. Particules 7. Habitant de l’Erythrée. – 8. Solution du jeu n0 39 publié dans Le Monde du 7 novembre chargées. Bien stable sur son fon- Assure les bons départs sur route C’est la cantatrice Pauline Viardot, femme de Louis Viardot, directeur du dement. – X. Poli comme un roi. et sur piste. Marque de dégoût. – Théâtre italien de Paris, qui offrit au Musée instrumental des instruments Ses coups ne sont pas forcément 9. Une partie dans la partie. Sans extra-européens. LeMonde Job: WMQ1411--0028-0 WAS LMQ1411-28 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 09:32 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 18Fap:99 No:0482 Lcp: 196 CMYK

28 / LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 (Publicité)

Benckiser bientôt en bourse. LeMonde Job: WMQ1411--0029-0 WAS LMQ1411-29 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 09:03 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 18Fap:99 No:0483 Lcp: 196 CMYK

29 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997

CHANSON Après cinq ans de mètres seulement de son ancienne trentième fois sur une scène qu’il rouge et noir, plafond bleu nuit, scène plus vaste, loges neuves. menaces et une forte mobilisation implantation, boulevard des Capu- connaît par cœur. b LA NOUVELLE 2 000 fauteuils plutôt rustiques, lou- b C’EST à l’extérieur que les change- des professionnels du spectacle, cines, à Paris. b GILBERT BÉCAUD SALLE ressemble à s’y méprendre à piotes au balcon. Les rares « trahi- ments sont les plus grands, dans ce l’Olympia renaît des gravats, entiè- inaugurera, jeudi 13 novembre, ce l’ancien lieu mythique, qui avait fêté sons » ne se remarquent pas au pre- quartier de l’îlot Edouard-VII, entiè- rement reconstruit à quelques millésime 1997, montant pour la son siècle le 12 avril 1993 : décor mier coup d’œil : régie modernisée, rement rénové. La communauté artistique fête avec Bécaud la renaissance de l’Olympia La salle mythique du boulevard des Capucines, à Paris, a été reconstituée à l’identique. Elle reçoit, pour sa réouverture, l’un des artistes la connaissant le mieux, Gilbert Bécaud, qui s’est transformé, en attendant l’inauguration, en guide d’exception du music-hall rénové

EN 1993, l’Olympia, le plus cé- culottes sur la scène. Et puis chacun lèbre des music-halls parisiens, avait emporté un souvenir de cet ex- salle vénérée par les artistes du cellent moment : un strapontin, une monde entier, a eu cent ans. photo Harcourt, un morceau de ta- Quatre ans plus tard, il renaît des pis... », raconte Jean-Michel Boris gravats, après une opération de ré- (dans 28, boulevard des Capucines, novation de grande envergure, de Jean-Michel Boris et Marie- celle de tout un quartier du cœur Ange Guillaume, Editions Acro- de Paris, l’îlot Edouard-VII, dans pole). Edith Piaf, elle, cassait des lequel il s’insère. Rouge et noir, verres ; au tomber du rideau, « une avec plafond bleu nuit, fauteuils ti- poursuite éclairait un instant sur ses rant vers le rustique et loupiotes pieds et les débris de verre, avant de bleu-blanc-rouge accrochées à la s’éteindre ». Les bords de scène éli- bordure du balcon : l’Olympia, en- més écornaient le bois noir du pla- tièrement détruit, entièrement re- teau ; aux murs, les peintures construit six mètres plus bas, n’a s’écaillaient ; dans la salle, le ve- pas changé. Il doit sa pérennité à lours des fauteuils était usé. une intense mobilisation des mi- lieux artistiques et à l’instance de LIEU VITRINE classement que Jack Lang, alors Un soir passe une mite en vol ministre de la culture, prit le 7 jan- plané dans les sunlights. Raymond vier 1993, au grand dam du pro- Devos est en scène : « Voilà une priétaire des murs, sinon de l’âme mite qui veut me bouffer mes ef- du théâtre, la Société générale. fets », lance-t-il. La réplique reste- Après cinq années de torture, six ra dans le sketch. La salle habite mois de fermeture et la menace l’artiste, l’artiste se nourrit des ac- d’une réfection ratée, à l’image de crocs, profite des imperfections et Bobino, salle mythique de la rue des hasards, des craquements de la Gaîté massacrée par la spé- d’escaliers et des fantômes de Loïe culation immobilière, l’Olympia Fuller ou de Paul Anka. Car rouvre ses portes. Intact. l’Olympia était une salle qui misait Maître des lieux du moment, gros. Bruno Coquatrix, symbole Gilbert Bécaud organise les visites d’une époque moderniste, celle du pour la presse et la télévision 33 tours, du jazz américain, du yé- avant le grand jour de la réouver- yé, au même titre qu’Eddy Barclay, ture, le jeudi 13 – un chiffre qui en avait fait la vitrine splendide porte chance – novembre. Veste des variétés. de tweed, pantalon gris, « Mon- Petit à petit, les salles de music- sieur 100 000 volts » est ici chez lui. hall parisiennes ont toutes, sans

La sensation de rentrer dans ses PASCAL VILA / VSD exception, renoncé à leurs préro- meubles – dans ses pantoufles, La nouvelle salle de l’Olympia. gatives de producteurs de spec- pourrait-on dire si Bécaud n’était tacle pour se réfugier dans la loca- pas Bécaud –, tel un père de fa- qu’une autre qui a été préservée fil électrique terminé par un domi- tallait ses coussins, ses châles, et gueule amène dont on se de- tion, comme le Palais Omnisports mille revenant de voyage. Il va au balcon, fut, à n’en point douter, no sans utilité, qui pendouillait de- que Marlene Dietrich faisait re- mande, au-delà de la première re- de Bercy ou le Zénith. Le fil d’or monter sur la scène de l’Olympia foulée par Bécaud, mais aussi par puis toujours dans le coin gauche peindre en beige, ont été placés en présentation, quelle part de men- d’affection qui reliait le public, la pour la trentième fois. Bécaud, qui Mistinguett, Edith Piaf, Ella Fitz- de la scène. « Anthony Béchu l’a re- gardiens du temple. Bécaud n’a songes et d’authenticité elle salle (et son directeur) aux artistes, inaugura la nouvelle formule de la gerald, Samson François, les mis à la même place. Il ne fallait pas pas l’impression d’essuyer les cachera... L’Olympia, millésime s’est effiloché. La sœur jumelle de salle en février 1954 en vedette Beatles, les Rolling Stones, Johnny que l’on change le goût, l’âme de plâtres, mais de cajoler une conva- 1997, est une fidèle reproduction l’Olympia va devoir prouver américaine de Lucienne Delyle, et Sylvie, Dalida et Sarah Vaughan. cette salle. Refaire l’Olympia, dit lescente prête pour une seconde de lui-même. qu’elle sonne bien, digne héritière aura suivi le chantier de près. Il Elle fut effleurée par Oum Kal- Bécaud, c’était comme trimballer jeunesse, après une opération déli- Bruno Coquatrix avait du flair et de son double. En retrouvant la avait des idées, nées de ses pho- soum, arpentée en long et en large une chapelle. J’ai demandé de la cate. L’Olympia a la vie dure, et la du culot. Juste après Bécaud, il in- santé physique, assurée qu’elle est bies d’artiste ; il les a transmises à par Henri Dès. « Bruno [Coqua- souplesse dans les nouveaux fau- souplesse chevillée à l’histoire. La vita, en 1954, Brassens débutant et que « plus aucun technicien, dit Bé- l’architecte Anthony Béchu. trix], Edith [Piaf] peuvent emprun- teuils, qu’on puisse encore en casser salle, dit-on chez les Coquatrix – Trénet déjà star. En février 1955, caud, ne tombera du ciel à cause Comme son « rayon d’or » : cette ter mon rayon d’or pour descendre quelques-uns. Quand on la casse, Paulette, l’épouse de Bruno ; Patri- Gilbert Bécaud, sex-symbole de d’une trappe usée », il faut espérer intrusion de la lumière du jour, de là-haut et venir boire un coup une salle peut se vexer. Tout cela est cia, la fille ; Jean-Michel Boris, le l’époque, se produisit en matinée, qu’elle aura le pouvoir de changer captée très haut par une lucarne, avec nous. Ils sont chez eux. Quand une question d’ondes. » neveu, directeur des lieux – allait un jeudi. Coquatrix eut l’idée d’of- les règles d’un jeu cruel : les salles diffusée par un système de miroir, ils arrivent en bas, je les étreins », Dans les couloirs, sur le chemin tomber d’elle-même, frappée de frir des entrées gratuites pour les mythiques, faute d’investisse- tombe en faisceau sur un petit car- dit Bécaud, les bras grand ouverts. des loges toutes neuves, des bancs vétusté. La voici toute neuve. Avec étudiants. Ils furent trois mille à se ments financiers, n’auront bientôt ré découpé dans les anciennes Une idée encore, presque supersti- usés, récupérés dans les boyaux une scène à la mesure des grandes presser aux portes. A la fin du plus plus leur mot à dire sur le planches de l’Olympia et incrusté tieuse, recette antitrac pour af- étroits qui servaient d’accès aux tournées mondiales et des sonos concert, « on a retrouvé des cen- choix de leurs hôtes. au bas de la nouvelle scène. fronter « une salle qui n’a jamais anciennes loges, où Lionel Hamp- princières, une entrée élargie et taines de fauteuils réduits en purée Cette relique, du même tonneau fait de cadeau » : un petit bout de ton lisait la Bible, où Barbara ins- presque hollywoodienne, une et une honorable quantité de petites Véronique Mortaigne

Un music-hall moto, Begessen casse des assiettes, Une salle en trompe-l’œil Fregoli invente le transformisme plus que centenaire moderne. TOUT A CHANGÉ pour que rien a gardé sa forme, son nom, son équi- connue. De marron, elle est deve- n’ayant pu être décollées, le décor b En 1905, les frères Isola achètent ne change. La nouvelle salle de page, indique l’architecte. Il retrou- nue bleue et la surface de son dé- des murs a été reproduit photogra- b En 1888, Joseph Oller, inventeur la Gaîté-Lyrique et les l’Olympia a gardé son entrée, 28, vera, je l’espère, les mêmes passa- cor de céramique a doublé. Au fil phiquement. L’effet est curieux. du Pari mutuel et du Moulin rouge, Folies-Bergère. Ils sous-louent boulevard des Capucines, à Paris, gers. » Ces derniers ne seront pas du temps, une partie des faïences Les abords mêmes du music-hall installe dans un terrain vague de la l’Olympia, où sont organisées en ses couleurs, rouge, bleu et noir, sa dépaysés. La célèbre entrée aux avait disparu, un escalier et une revendiquent leur modernité – rue Basse-des-Remparts (la rue 1910 les premières projections de jauge – 2 000 places – et son vo- étoiles scintille sur le boulevard. Ils mezzanine avaient été créés. «On mais on est là « hors champ ». Les Edouard-VII aujourd’hui) une sorte cinéma, en matinée. En 1911, lume. La disposition des sièges, à emprunteront le grand couloir avait une ancienne coupe de la salle camions semi-remorques peuvent de grand huit en bois, copié sur l’Olympia est confié à Jacques l’orchestre comme au balcon, est dont la longueur (35 mètres au lieu pour nous guider, souligne l’archi- désormais pénétrer au cœur de celui de Blackpool, une plage Charles, revuiste réputé. La salle est identique. Le bâtiment s’est pour- de 18) et la pente ont été gommées tecte. Sa teinte originale a été re- l’îlot et décharger leur cargaison au populaire de l’Angleterre minière. restaurée dans un genre très tant enfoncé dans le sol de par une habile perspective ralentie trouvée sous un épais badigeon cho- cul de la scène. Les régies télévisées Par crainte des incendies, la distingué, soies ivoire et mandarine, 6 mètres. Il s’est éloigné du boule- et un système de sas. Ils ne seront colat. » Il a quand même fallu faire pourront stationner ici au lieu préfecture de police interdit le fauteuils moelleux et ascenceur vard et s’est rapproché de la rue pas dépaysés, non plus, par le preuve d’imagination et réinventer d’encombrer la rue Caumartin. divertissement. pour les décors. Yvonne Printemps Caumartin. Sa charpente métal- foyer, beaucoup plus vaste, qui a certains tableaux en carreaux de C’est sur cette rue que l’administra- b En riposte, Oller charge et Mistinguett brûlent les planches. lique, montée sur ressorts pour conservé son ancien bar, auquel on céramique. Désormais, cette salle tion de l’Olympia a gagné une série l’architecte Léon Carle et le b Après la guerre 1914-18, Paul avaler les vibrations du métro, est a ajouté un double à la hauteur des d’essai, dotée d’une petite scène, de bureaux et une entrée des ar- décorateur Marcel Jambon de Franck, un comédien-mime, prend entièrement neuve. L’unique mor- balcons. L’architecte l’a pourvu est prête pour accueillir une cen- tistes digne de ce nom. Reste la construire un music-hall tout en fer. la direction de la salle. Jacques ceau authentique du vieil Olympia d’un décor néo-cinquante. taine de spectateurs. qualité acoustique de la salle. Sera- Le 12 avril 1893, la Goulue inaugure Charles a fait naufrage dans les – un bout de scène de 30 cm2 –, soi- L’ancienne salle de billard qui t-elle à la hauteur de l’ancienne ? le nouveau bâtiment avec Loïe tranchées. Pendant dix ans, tous les gneusement protégé par un Plexi- s’ouvre également sur le foyer est FAUTEUILS TOUJOURS DURS Les premiers récitals nous le diront. Fuller, danseuse serpentine. grands noms du music-hall français glas, est encastré au milieu du bal- un chef-d’œuvre de « faux-vrai ». Au premier coup d’œil, la grande Car si l’art du trompe-l’œil existe, b En 1898, Emile et Vincent Isola, viennent chanter à l’Olympia : con, comme une relique. Le reste Inscrite à l’Inventaire supplémen- salle n’a pas bougé : il faut avoir on n’a pas encore inventé celui du prestidigitateurs nés à Blida, en Giorgius, Marie Dubas, Damia, Félix est neuf. taire des Monuments historiques, une bonne mémoire pour remar- « trompe-oreille ». Algérie, reprennent l’Olympia. C’est Mayol, Lys Gauty. Deux ans de travaux, six mois de elle a été déplacée et remontée. Du quer que le pendillon noir a dispa- le temps des attractions-frisson : b Le 31 mai 1929, l’Olympia fait des fermeture et 90 millions de francs, coup, grâce à Anthony Béchu, mais ru, au-dessus du rideau rouge. Les Emmanuel de Roux l’acrobate américain Diavolo vole à adieux provisoires au music-hall, ont été nécessaires pour mener à sous le contrôle de Denis Froide- fauteuils de l’orchestre, également genre en déclin et qui cède le pas au bien l’opération pilotée par l’archi- vaux, architecte du patrimoine, elle rouges, ont été restaurés, ceux du septième art. Pour sa reconversion tecte Anthony Béchu et l’agence a retrouvé une « authenticité » balcon remplacés. Ils sont toujours en une salle de cinéma de mille neuf Valle-Urquijo-Marcola. « Le navire qu’elle n’avait peut-être jamais aussi durs. La régie, discrète, est, cents places, l’Olympia fait peau bien sûr, modernisée. Ce qui se re- neuve. La scène est épargnée – elle marque à peine, c’est la nouvelle restera la même jusqu’en avril 1997. De la Société générale à la Foncière lyonnaise ampleur de la scène (18 mètres de b En 1952, Bruno Coquatrix, ancien haut au lieu de 14), dotée d’un gril, technicien, compositeur , directeur La Société générale, propriétaire de l’îlot Edouard-VII où se trouve et son ouverture portée de de la Comédie-Caumartin, s’installe l’Olympia, a vendu pour 2,15 milliards de francs cet ensemble qui 8 mètres à 18 mètres. en nouveau locataire. Pendant deux couvre 1,5 hectare à la Société foncière lyonnaise (SFL), une filiale de Côté coulisses, les transforma- ans, il continue à mêler cinéma et l’assureur britannique Commercial Union (Le Monde du 16 sep- tions sont plus voyantes. Les loges attractions. tembre). La SFL est déjà propriétaire du Louvre des antiquaires. ont été refaites, plus grandes, plus b Le 5 février 1954, l’Olympia La vente ne sera effective qu’à l’achèvement des travaux de l’îlot, confortables ; les dégagements nouvelle formule ouvre ses portes prévu pour la fin 1998. Le réaménagement de cette portion de quar- sont plus fonctionnels. Le petit sa- avec Lucienne Delyle, Aimé Barelli, tier, avec ses rues, ses places et ses jardins, porte sur 55 000 m2 : des lon Coquatrix a pourtant réussi à les Craddocks, les Ballets bureaux, mais aussi des logements et des commerces, sans compter garder son canapé et ses fauteuils d’Andalousie et Gilbert Bécaud. l’Olympia, le Théâtre Edouard-VII et des parkings. En revanche, la cannés. Le bar Marylin a été pieu- Coquatrix inaugure bientôt l’ère Société générale entend rester propriétaire du fonds de commerce sement reconstitué. Les affiches des variétés. de l’Olympia, qui est loué aux héritiers Coquatrix. qui le tapissaient entièrement LeMonde Job: WMQ1411--0030-0 WAS LMQ1411-30 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 09:32 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 18Fap:99 No:0484 Lcp: 196 CMYK

30 / LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 CULTURE

DÉPÊCHES a VITROLLES : le président du Blois accueille un rassemblement Sous-Marin de Vitrolles (Bouches-du-Rhône), Pierre Jacques, a remis, mercredi 12 no- vembre, sur le parvis de la mairie, fantasque des arts modestes les clés du local municipal qu’il oc- cupait depuis trois ans à un huissier mandaté par la municipalité FN, Une tentative de mise en scène d’objets ordinaires qui a rompu la convention la liant au café-musique le 15 octobre. BLOIS Joseph Delteil, apôtre de « l’ob- bryon de musée. Un musée de ma- « Nous ne voulons pas d’une gué- de notre correspondant jectothérapie », découvre un jour deleines de Proust à 100 sous. Un guerre avec la mairie sur ces locaux Bons de fromage La Vache sé- de 1981 sa véritable mission : musée où Perec retrouverait ses qui sont municipaux et nous avons rieuse (1950) ; bobines de fil repré- « Puisque j’étais voué, comme tout Choses, ces petits riens qui disent donc décidé d’acquérir d’autres lo- sentant les coiffes des provinces un chacun, à crever, à défaut de le temps. Collections de marque- caux dans le centre-ville », a-t-il in- de France ; capsules utilisées par mon âme, c’est la mémoire de ma page à lectures multiples : la mé- diqué lors d’une conférence de les particuliers dans la réalisation génération que j’allais m’appliquer moire et la nostalgie, l’univers vi- presse. M. Jacques a toutefois pré- de rideaux ; mappemonde éditée à rendre immortelle. » Et d’emblée, suel de l’enfance, une esthétique cisé qu’il irait « au bout » des procé- par les huiles Dulcine Huilor dans son palais de Facteur Dada, il et une anthropologie du quotidien dures judiciaires en cours. (l’achat d’une bouteille donnait rêve à « un lieu idéal, plus qu’un et du populaire. a CINÉMA : la société Gaumont a droit à un petit voilier sérigraphié musée, la maison de monsieur Tout- Le projet « MIAM » naît de la réalisé un chiffre d’affaires sur une tablette de métal à dispo- le-monde. La culture au vivant pour rencontre des frères di Rosa avec consolidé hors taxes de 1,483 mil- ser le long de l’équateur) ; clown les vivants, pour la masse, le peuple Bernard Belluc et navigue en Lan- liard de francs sur les neuf premiers porte-pailles Pschitt (1960) ; et enfin concerné et honoré. Enfin re- guedoc, d’où sont originaires la mois de 1997, en hausse de 84,2 % quelques-uns des deux à trois connus et fêtés les constructeurs de plupart des artistes impliqués. par rapport à 1996 (804,89 millions mille cadeaux-surprises offerts tours Eiffel en allumettes, reconnus Mais nul ne sait encore où il pour- de francs). par la lessive Bonux. Les arts mo- et fêtés tous ces artistes obscurs qui ra jeter l’ancre. Et Blois peut aussi a PATRIMOINE : l’architecte de destes s’exposent à Blois. Un col- œuvrent pour l’industrie de la paco- y prétendre : entre le Musée de Chaillot, Jean-Jacques Meyfredi, lectionneur languedocien, Ber- tille et colorient ainsi notre vie de l’objet et le château d’Auguste lance un appel à témoins concer- nard Belluc, a prêté ses trésors. tous les jours ». Poulain, fondateur de la chocola- nant l’incendie qui a affecté le bâti- Charles Pasqua et Arthur Rim- A Blois, le peintre Hervé di Rosa terie aux images, on pourrait ima- ment le 22 juillet, endommageant baud ont donné leur bénédic- a décoré le sol d’une fresque de giner quelque chose. Forcément le Musée des monuments français tion... bonshommes et d’animaux my- modeste ? Richard di Rosa n’en et détruisant en grande partie la Ci- La préfiguration d’un « Musée thiques et adjoint quelques vi- est pas sûr : « Sublimer l’éphé- némathèque française. Toute per- international des arts modestes » trines de ses propres collections, mère... est-ce si modeste que cela, sonne susceptible d’avoir remarqué (MIAM), présentée au Musée de plus récentes : robots transfor- finalement ? » quelques détails inhabituels avant l’objet que dirige Pierre-Jean Gal- mables, figurines McDonald’s, le déclenchement de l’incendie est din à Blois, est placée à l’ombre de Musclors et Superman. En lisière J. B. priée de bien vouloir prendre ces deux figures tutélaires. Collec- du pavillon, les arts modestes contact avec M. Meyfredi. Tél. : 01- tionneur d’objets napoléoniens, poussent leurs tentacules en pays ૽ Musée de l’objet, 6, rue Fran- 45-04-77-70 ; télécopie : 01-45-03- Charles Pasqua possède une ar- voisins : des enseignes de coif- ciade, 41000 Blois. Tél. : 02-54-78- 12-96. mée de grognards de céramique feurs ghanéens. Un Picabia de son 87-26. Le samedi et le dimanche, a ASSEMBLÉE NATIONALE : peinte sortis de l’atelier de Belluc ; époque chromo, une odalisque en de 14 heures à 18 heures, ou sur Laurent Fabius, président de l’As-

et il travailla chez Ricard, grand canevas ; du brut, du naïf et de rendez-vous. 15 F. Jusqu’au FRANÇOIS DELEBECQUE semblée, a annoncé le 12 no- pourvoyeur d’articles publici- l’enfantin. Tout ça fait un em- 30 avril 1998. L’art modeste, un art qui joue avec les choses de l’éphémère. vembre, à la faveur de la discussion taires. Rimbaud ? Précurseur sur le budget de la culture, l’organi- quand il proclame : « J’aimais les sation de deux expositions ouvertes peintures idiotes, dessus de portes, TROIS QUESTIONS À... plier les jouissances de l’homme. » lions d’objets sans un projet artis- modeste : « L’absence de regard au public en 1998, sur le thème des décors, toiles de saltimbanque, en- L’abbé visionnaire aurait pu imagi- tique. Dans ce travail expérimental critique, d’esprit de dérision, d’ef- « Révolutions de 1848 » et de seignes, enluminures populaires » PIERRE-JEAN GALDIN ner que le XXe siècle inventerait le à Blois, Hervé Di Rosa ancre une vi- forts culturels », une attitude où « Sport et démocratie ». Le Prix de (Une saison en enfer). matériau de cette démocratisation, sion multiculturelle. Il déplace un « l’émotion et l’affectif priment l’Assemblée nationale sera relancé De quand date le projet le plastique, et sa production mas- art populaire hors du jugement es- dans l’immédiateté du quotidien et une Journée du livre politique JEU DE DÉFINITIONS 1 « MIAM » accueilli au Musée de sive, qui dotera les sociétés occi- thétique, il tente de ne pas le dé- et en marge de toute spéculation aura lieu le 4 avril. Ernest Pignon- Premier essai de définition des l’objet de Blois, dont vous êtes le dentales à l’aube des années 50 tourner, de ne pas l’instrumentali- intellectuelle ». Les arts modestes Ernest et Hervé Télémaque réalise- arts modestes : au croisement de directeur ? d’une infinité d’objets et d’images. ser. L’intervention de Di Rosa est forcent l’art à maintenir le destina- ront deux timbres pour l’Assem- la peinture idiote, de la figurine de Le projet remonte à l’an II ! L’abbé nécessaire comme sont nécessaires taire dans le processus de produc- blée. collection et de la casquette Ri- Grégoire, créateur du Muséum et A quoi bon l’intervention d’ar- la réflexion de Frédéric Roux au- tion, à ne pas oublier le sens de la a PHOTOGRAPHIE : Eric card. Définition scientifique : le évêque constitutionnel de Blois, 2 tistes au « MIAM » puisque tour des biches de céramique ou le circulation des objets. Le « MIAM » Larrayadieu a obtenu le prix mot serait né en 1988. Une fillette, écrivait : « Si le XVIe fut chez nous l’objet d’art modeste appartient travail de Raymond Hains sur la serait un musée où la connaissance SCAM 1997 pour Jours incertains. sortant du Musée d’art moderne, celui de l’érudition, le XVIIe celui au quotidien ? synchronicité et la mémoire. et le plaisir immédiat feraient bon Ce travail documentaire sur les in- demande si elle pourra « revenir du goût, le XVIIIe celui de la philo- Le « MIAM » veut avoir un regard ménage. Ça nous changerait de la térieurs et les habitants de grandes au Musée d’art modeste ». Le mot sophie et des sciences, le XIXe les qui questionne l’art et le monde. Qu’est-ce que le « regard art vie de tous les jours. cités, publié aux éditions Point du est adopté par la tribu. verra descendre des hautes théo- Pas le regard de l’institution, mais 3 modeste » ? jour, sera projeté, mardi 18 no- Le jeu des définitions ries à tous les détails qui peuvent celui de l’artiste. Parce qu’il n’y a Jean Seisser en donne une ap- Propos recueillis par vembre à 20 heures, à la Vidéo- commence : des choses qui au- perfectionner l’industrie et multi- pas d’articulation réelle de ces mil- proche dans les Cahiers de l’art Jacques Bugier thèque de Paris (Forum des Halles). raient à voir avec l’enfance, la gra- tuité, le commerce et l’industrie, le jeu, l’inachevé, l’incertain, la miè- vrerie, la pauvreté, le mauvais Les écrivains anti-Front national ont rendez-vous à Toulon goût, l’accumulation, le bon mar- ché, le bonheur... Les frères di Ro- TOULON sons d’édition s’étaient retirées, géographie dans le roman », laborateur du Canard enchaîné, phonie, Margie Sudre, devrait veil- sa, Frédéric Roux, Jean Seisser et de notre envoyée spéciale suivies peu à peu par les libraires. « l’aventure éditoriale en Chine » Yvan Audouard, avec Provence et ler à ne pas laisser le Front national quelques autres s’attachent à car- Deux fêtes du livre ont lieu en Hubert Falco s’était engagé à orga- ou encore « le besoin d’écriture ses nombreux ouvrages consacrés piétiner son ancien domaine. tographier les champs de l’art mo- parallèle à Toulon, les 14, 15 et 16 niser une vraie fête du livre cette des femmes de pêcheurs de Médi- à cette région ; Rachid Boudjedra, Jean-Marie Le Chevallier a cher- deste : baigné par l’océan de la novembre. La première, intitulée année. terranée ». pour ses Lettres algériennes ; Be- ché à inviter des écrivains création, au loin des postes de « Fête départementale du livre », La Fête départementale du livre Le reste de l’actualité littéraire, noîte Groult et son Histoire d’une d’Afrique et d’« Indochine ». Hors douane des arts contemporain et accueille, sur les stands d’une dou- a choisi le thème de l’aventure et pour les adultes et les enfants, sera évasion ; le scientifique Boris Cyrul- de la sphère des éditeurs et des au- classique, un pays frontalier et fé- zaine de libraires du Var, trois cents du voyage et demandé leur parrai- illustré par les quelque trois cents nik (L’Ensorcellement du monde), teurs de l’extrême droite, notam- dérateur des royaumes des arts auteurs et les grands éditeurs na- nage à deux explorateurs : Jean auteurs invités. Patrick Rambaud, etc. Parmi les Toulonnais hostiles ment les journalistes de la presse naïf, brut, publicitaire, forain, dé- tionaux et provençaux. La seconde, Malaurie, premier Français à lauréat du prix Goncourt pour son au Front national, citons Simon proche du Front national, il ne coratif, saint-sulpicien... celle organisée par la mairie Front conquérir le pôle Nord en 1951 et roman La Bataille, a accepté de ve- Nézard, écrivain qui préfère se dé- semble pas que la mairie ait réussi Les 20 000 et quelques objets national, baptisée « Fête de la li- directeur de la collection « Terre nir du début à la fin du Salon, sur le finir comme « juif sépharade » plu- à attirer grand monde. Elle ne vou- serrés dans d’anciennes vitrines berté du livre et de la francopho- humaine », chez Plon ; et Laurence stand de la librairie Gaïa, qui ac- tôt que comme pied-noir, éduca- lait, en tout cas, donner aucun nom du muséum sont une part infime nie », n’a pas, à ce jour, de liste de la Ferrière, auteur de La Femme cueille les auteurs de Grasset. Pas- teur en prévention, auteur avant l’ouverture du Salon. des collections amassées par Ber- d’auteurs invités à rendre publique. de l’Antarctique (1997), qui a atteint cal Bruckner, lauréat du prix Re- d’ouvrages sur la gastronomie Les relations entre les libraires nard Belluc, empereur du caphar- Annoncée pour une autre date cet le pôle Sud en janvier. naudot pour son roman Les Voleurs nord-africaine. toulonnais et la mairie sont des naüm qui règne au-dessus de automne, elle est venue se caler en de beauté, sera à ses côtés. Gaïa re- Alice Congrès, l’organisateur plus mauvaises : après leur boycot- Montpellier. Belluc, réincarnation même temps que la Fête départe- TROIS CENTS AUTEURS çoit un autre auteur de la même choisi par le conseil général à la tage de la fête de Jean-Marie du Petit caporal, ami et voisin de mentale. Une exposition est consacrée maison, un certain François Léo- suite d’un appel d’offres, a prévu Le Chevallier en 1996, ceux qui Entre le port de Toulon, où se aux grands auteurs de la collection tard. Le président de l’UDF signera, des animations inhabituelles dans fournissaient la mairie en papeterie tiendra le Salon grand public, et la « Terre humaine », une autre aux dimanche, son livre Pour l’honneur. un Salon du livre, comme des et en livres pour les écoles et les bi- place de la Liberté, où s’installera « voyageurs de l’impossible ». La Des écrivains connus sont atten- concours de pétanque ou de dic- bliothèques ont perdu le marché. la manifestation des livres d’ex- linguiste Henriette Walter tiendra dus sur le port de Toulon : la ro- tée. Quatre auteurs se verront dé- Ils se sont engagés à ne pas s’y trême droite, il y a moins de dix mi- une conférence sur le thème de son mancière Jeanine Boissard, auteur cerner un prix consistant... en leur rendre cette année. La nouvelle li- nutes à pied. Mais la rupture est to- dernier livre, L’Aventure des mots de Bébé couple ; Paula Jacques avec poids de vin. brairie d’extrême droite, Anthinea, tale entre le conseil général du Var, français venus d’ailleurs (Laffont). son tout dernier roman, Ce Salon départemental veut n’a pas été invitée par la mairie, qui présidé par Hubert Falco (UDF), et Des débats sont prévus, sur « la Les Femmes avec leur amour ; le col- être à la fois une fête populaire ré- espérait travailler avec des profes- la mairie de Jean-Marie Le Cheval- gionale, avec ses jeux et ses sionnels plus neutres. Un change- lier. concours, et une manifestation po- ment de dernière minute reste pos- En 1996, ce dernier avait croisé le Le rugbyman Daniel Herrero contre l’extrême droite litique contre le Front national. sible. fer avec les éditeurs et les libraires Parmi les invités plus politiques, qui avaient invité l’écrivain Marek Avec Petites histoires racontées à un jeune du Front national, Daniel l’ex-secrétaire d’Etat à la franco- Catherine Bédarida Halter au Salon du livre. Jean-Ma- Herrero, ancien « minot » (enfant) des HLM de Toulon, veut faire rie Le Chevallier n’avait pas jugé œuvre pédagogique. Invité vedette de la Fête départementale du cet hommage « opportun ». A la livre, le rugbyman présente cet ouvrage qui vient tout juste de pa- suite de cette déclaration, les mai- raître aux Editions du Rocher (150 p., 79 F.). C’est son premier livre politique, après une série de récits consacrés à La Passion ovale (1990). Une quinzaine de conversations imaginaires avec un « mi- not » adhérent du FN forment la trame de l’ouvrage. Sur un ton ami- cal, mais avec une argumentation ferme, le sportif démonte les cli- chés racistes et les fausses recettes miracle de l’extrême droite. LeMonde Job: WMQ1411--0031-0 WAS LMQ1411-31 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 09:03 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 18Fap:99 No:0485 Lcp: 196 CMYK

CULTURE LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 / 31

SORTIR

comme une eau vive, difficilement Les drôles d’aphorismes de Brigitte Fontaine, STRASBOURG domptable. Au TNP de Emmanuel Kant Comédie Villeurbanne, elle est mise en de Thomas Bernhard, mise en scène par Yves Beaunesne, un des chantre d’un monde désenchanté scène de Jean-Louis Martinelli. jeunes talents d’aujourd’hui. Comme son titre l’indique, Théâtre national Emmanuel Kant met en scène populaire-Villeurbanne, 8, place La chanteuse est à l’Auditorium des Halles avec Areski Belkacem, sous la direction de Jacques Higelin Emmanuel Kant sur un paquebot Lazare-Goujon 69. Le 13 novembre qui le mène en Amérique avec sa à 19 h 30, 142 F. Jusqu’au A Paris, Brigitte Fontaine partage la scène de l’Au- dernier album Les Palaces. Dans cette salle froide tracte, « l’artiste en devenir », comme dit d’elle femme et son perroquet Friedrich. 6 décembre à 20 h 30, les mercredi ditorium des Halles, avec Areski Belkacem, qui a et bétonnée, la chanteuse met une mi-temps pour Areski Belkacem, éclate vraiment, crachant des Qu’importe si le philosophe n’a et jeudi à 19 h 30, le dimanche à composé la quasi-totalité des musiques de son conquérir son public, et elle-même. Après l’en- mots doux et susurrant des violences sucrées. jamais quitté Königsberg et s’il n’a 17 heures. Relâche le lundi. 178 F. jamais été marié. La vérité, comme Tarif réduit les 15, 16, 19, 23, 27 et Mozart ». Elle se moque affectueu- adéquate. Elle n’est pas triste, juste son retour après des années de toujours chez Thomas Bernhard, 30 novembre, 4 et 6 décembre : BRIGITTE FONTAINE, à l’Audito- sement de lui dans le roman parfois attristée par la connerie, et bouderie. Ce sont les Japonais qui réside dans la mauvaise foi... Mise 142 F. Tél. : 04-78-03-30-30. rium des Halles, Forum des qu’elle vient de publier aux Edi- pourquoi pas la sienne, jugée à l’ont ramenée sur le devant des en scène par Jean-Louis Martinelli, PARIS Halles, porte Saint-Eustache, tions de l’Ecarlate, La Limonade l’aune de la normalité (Conne : scènes en s’enthousiasmant pour la pièce, jouée pour la première Paris-1er. Mo Les Halles. A 20 h 30, bleue : blessé d’amour, Toni, le hé- « Au niveau du concret, je suis ar- son tube hallucinatoire, Les Nou- fois en France, est interprétée par Trio Close Erase, sauf dimanche, jusqu’au 22 no- ros, ne dort pas depuis deux jours. chi-tache/Je ne sais même pas jouer/ gats – dès les premières mesures, la Jean-Marc Bory (rôle-titre). Sophia Domancich Trio vembre. Tél. : 01-42-36-13-90. Le médecin « recommande de lui De la guitare électrique »). Son salle est debout, comme à l’habi- Théâtre national de Strasbourg, Dans le cadre des concerts 125 F. passer sans arrêt du Moustaki ». Il spectacle commence pourtant par tude. Brigitte Fontaine résiste, ab- 1, avenue de la Marseillaise, 67. Du organisés par le bureau du jazz dort. C’est cela, Fontaine : une une chanson lumineuse, Que la vie sorbe. Elle n’a raté aucun des bou- 12 au 22 novembre, 20 heures. Le 16 de Radio-France sous la Pour Brigitte Fontaine, l’armis- femme capable de livrer un roman est belle, le premier titre du nouvel leversements modernes de la à 17 heures. Relâche le lundi. 100 F responsabilité de Xavier Prévost, tice signifie d’abord qu’il y a eu en forme de précis de l’ambiguïté album, brodée par Areski sur des musique populaire, le freejazz, le et 140 F. Tél. : 03-88-24-88-24. successeur d’André Francis, guerre. La repentance, le pardon sexuelle et de dire clairement ce motifs orientaux, éclatante d’une rock, la techno, la sono mondiale, deux visions du jazz avec les sont au goût du jour mais ne qu’elle pense du monde comme il joie conquérante. elle ne va pas manquer celui de la VILLEURBANNE Norvégiens de Close Erase l’aveuglent aucunement : ils ne va. Sous les carreaux de faïence, consolidation de sa propre car- L’Eveil du printemps et la formation de la pianiste sont pas de son bord. On prend les terrasses fleuries et les plus do- rière. Elle est pourtant intimidée. de Frank Wedekind, mise en scène Sophia Domancich. Brigitte Fontaine pour une femme dus des rocking-chairs se cachent « Si vous pensez Et puis la voilà, après l’entracte, d’Yves Beaunesne. Dans les deux cas, la liberté sombre et mystérieuse, alors l’ordure et les propriétaires. Valse. bras ouverts, dans l’attitude de C’est l’histoire d’une course contre des formes est mise à l’épreuve qu’elle est illuminée et lucide. «Il Fontaine s’amuse, elle danse : «La avoir enfin trouvé l’oiseau prenant son envol, jouant le temps : celle des adolescents et du renouvellement avec talent. fait froid dans le monde/Ça grande vie dans les palaces, talons la comédie, crachant des mots de leur désir de vivre, vite, ici et Maison de Radio-France, commence à se savoir/Et il y a des muets sur les tapis, jardins anglais la solution, doux, susurrant des violences su- maintenant. Cette pièce de 116, avenue du Président-Kennedy, incendies qui s’allument dans cer- après l’amour. » Pour la cir- crées (Ali, profession de foi en la jeunesse de Frank Wedekind, qui Paris 16e.Mo Passy. Le 13 novembre tains/Endroits », écrivait-elle dans constance, Jacques, Areski et Bri- eh bien, beauté métissée, la bâtardise et fit scandale à sa création, dans les à 20 heures. Tél. : 01-42-30-15-16. Comme à la radio, alors que la gitte se sont adjoint un quatuor à l’arsouille), arpentant la scène d’un années 1890, traverse le temps 30 F. France méditait les effets de cordes, un peu mode, pas trop une bonne nuit pas de laboureur et proférant quel- mai 68 – l’intégrale des textes de utile. Mais la chanteuse a bien mé- ques jolis aphorismes sur un ton Publicité ses chansons vient de paraître aux rité un peu d’éclat, elle a droit aux de sommeil, et amusé : « Si vous pensez avoir enfin Editions Christian Pirot. violons, à une salle plus grande trouvé la solution, eh bien, une Près de trente ans plus tard, on a que celle du Café de la danse, où il n’y paraîtra plus » bonne nuit de sommeil, et il n’y pa- retrouvé Brigitte Fontaine en elle avait pourtant battu des re- raîtra plus. » Areski est à la grosse scène, le soir du 11 novembre, aux cords d’effervescence en 1996. caisse. Ensemble, ils viennent de côtés de deux artistes qui l’ont tou- Les décors, colonnes grecques, Brigitte Fontaine n’est pas une tenir une conversation maritale jours accompagnée : Jacques Hige- meubles anciens, lanternes, res- spécialiste du premier set. Il lui aussi drôle que celle de la mar- lin, metteur en scène de son nou- semblent comme deux gouttes faut du temps pour vaincre son quise et de son valet à propos des veau spectacle ; Areski Belkacem, d’eau à ceux du précédent spec- public, et elle-même. La salle de écuries du château : un immeuble son compagnon de vie et de mu- tacle. Ils étonnent donc moins. La l’Auditorium des Halles est diffi- fragile vient d’exploser, « parce sique, une fois encore aux per- tonalité musicale, rock électrique cile, froide, bétonnée, son acous- que, de toute façon, il n’y a que des cussions. Ils abordent les plaisirs enrichi de hip-hop, de techno, s’est tique est détestable. Les artistes ici familles d’ouvriers, des étrangers et des Palaces, titre de son dernier al- adoucie. Les ballades se pro- convoqués font parfois des mi- quelques improductifs ». Tandis bum (paru chez Virgin), ouvrage mènent comme il se doit (Chat, racles (Jean-Claude Vannier, Jean qu’ils tombent du quinzième rêveur et aéré, sans, dit-elle, Hollywood, L’Ile, en hommage à Guidoni...). Les conditions sont ad- étage, ils s’expliquent sur la qu’elle n’ait jamais franchi les celle où elle vit). Il eût fallu davan- verses pour l’auteur du Train deux combustion : « Areski, excuse-moi. portes de ces établissements tage de moyens pour rendre l’at- mille cent dix, élue Grand Prix de la – Oui, quoi ? – Pardon, mais je luxueux. mosphère onirique, manière Blue chanson française en 1996, héri- pense à un truc ! On ne va pas mou- Elle habite l’île Saint-Louis, à Pa- Velvet, du dernier album. Brigitte tière pop de Catherine Sauvage, rir dans une minute ? – Brigitte, tu ris, comme Georges Moustaki, Fontaine est habillée en rouge qui devait trouver une salle de es fatigante ! – Pardon. » chanteur à la barbe blanche, «le sang, costume façon papier japo- cette jauge et s’y installer suffisam- père de Pamina, le grand-père de nais, robe moulante avec coiffe ment longtemps pour confirmer V. Mo. GUIDE TROIS QUESTIONS À... FILMS NOUVEAUX Théâtre Molière-Maison de la poésie, ARESKI BELKACEM 161, rue Saint-Martin, Paris 3e. Mo Stras- Actrices bourg-Saint-Denis. Le 13 à 21 heures. Tél. : 01-44-54-53-06. 80 F et 120 F. Pour vous qui êtes son compa- de Ventura Pons (Espagne, 1 h 40), avec Nuria Espert, Anna Lizaran, Merce Du sexe de la femme 1 gnon à la scène et en ville, qui Pons, Rosa Maria Sarda. comme champ de bataille est Brigitte Fontaine ? Alien, la résurrection (*) de Matéï Visniec, mise en scène de Mi- Alors, là... Une personne unique, de Jean-Pierre Jeunet (Etats-Unis, chel Fagadau avec Judith Ellison et Lia- une artiste en devenir. Je ne peux 1 h 44), avec Sigourney Weaver, Wino- na Fulga. la comparer à personne ni lui trou- na Ryder, Ron Perlman, Dan Hedaya, J. Studio des Champs-Elysées, 15, avenue e o ver une place définie. Ce n’est pas E. Freeman, Drad Dourif. Montaigne, Paris 8 . M Alma-Marceau. Les amateurs Le 13 à 20 h30. Tél. : 01-53-23-99-19. par hasard que nous avons mis au- d’Alan Taylor (Etats-Unis, 1 h 32), avec 60 F et 80 F. tant de temps à en arriver à l’al- William Forsythe, Vincent Gallo, Adam Andreas Haefliger (piano) bum Palaces. Elle disait : « Ne fai- Trese, Frances McDormand. Beethoven : Sonate pour piano op. 31 sons que ce que nous avons envie Drancy avenir no 2 « La Tempête ». Brahms : Sonate de faire. » Il fallait rencontrer les d’Arnaud des Pallières (France, 1 h 24), pour piano op. 5. formes adéquates, les inventer. avec Aude Amiot, Thierry Bosc, Anne- Musée d’Orsay, 1, rue de Bellechasse, Lisa Nathan. Paris 7e. Mo Solferino. Le 13 à 18 h 45. C’est elle qui a été l’instigatrice de Extasis Tél. : 01-40-49-47-17. 80 F. cette histoire. Elle a eu raison. Bri- de Mariano Barroso (Espagne, 1 h 33), Itzhak Perlman (violon), gitte n’a pas utilisé le free jazz, le avec Javier Bardem, Federico Luppi, Sil- Bruno Canino (piano) rock, et tout le reste pour faire des via Munt, Daniel Guzman, Leire Berro- Mozart : Sonate pour violon et piano. expériences, mais pour nous ouvrir cal. Schubert : Fantaisie pour violon et pia- des voies à nous-mêmes. Mange ta soupe no. Beethoven : Sonate pour violon et de Mathieu Almaric (France, 1 h 15), piano op. 47 « A Kreutzer». avec Jean-Yves Dubois, Jeanne Balibar, Salle Pleyel, 252, rue du Faubourg- Elle a dit : « On parle d’une Adriana Asti, Laszlo Szabo. Saint-Honoré, Paris 8e. Mo Ternes. Le 13 2 Française qui a épousé un Al- On connaît la chanson à 20 h 30. Tél. : 01-45-61-53-00. De 100 F gérien, et c’est une Bretonne qui a d’Alain Resnais (France, 2 h), avec à 380 F. épousé un Kabyle. » Qu’en pen- Pierre Arditi, Sabine Azéma, Jean- Tower of Power sez-vous ? Pierre Bacri, André Dussollier, Agnès Bataclan, 50, boulevard Voltaire, Paris Jaoui, Lambert Wilson. 11e. Mo Voltaire. Le 13 à 20 heures. Tél. : Elle est très bretonne, il ne faut ja- (*) Film interdit aux moins de douze 01-47-00-55-22. 157 F. mais insulter la Bretagne devant ans. Charles Lloyd Quartet elle. Moi, je suis né de parents ka- New Morning, 7-9, rue des Petites- byles, alors, oui, elle a raison. Les TROUVER SON FILM Ecuries, Paris 10e. Mo Château-d’Eau. Le 13 à 20 h 30. Tél. : 01-45-23-51-41. De musiques méditerranéennes ont, Tous les films Paris et régions sur le Mi- 110F à 130F. disons, une résonance en moi. nitel, 3615 LEMONDE ou tél. : 08-36-68- Mais c’est à la Vieille Grille à Paris 03-78 (2,23 F/mn). DERNIERS JOURS que tout a commencé. Nous repre- nons C’est normal, une chanson VERNISSAGES 16 novembre : Dans la compagnie des hommes écrite il y a vingt-cinq ans pour une Vincent Chhim d’Edward Bond, mise en scène d’Alain Galerie Samy Kinge, 54, rue de Ver- pièce de théâtre, Encore, encore. Françon, avec Jean-Luc Bideau, Jacques neuil, Paris 7e. Mo Rue-du-Bac. Tél. : 01- J’avais peur qu’elle ait vieilli, mais Bonnaffé, Carlo Brandt, Gilles David, 42-61-19-07. De 14 h 30 à 19 heures. Fer- en la chantant, nous nous marrons Jean-Yves Dubois et Michel Aumont. mé dimanche et lundi. Du 13 novembre Théâtre national de la Colline, 15, rue toujours autant. au 6 décembre. Malte-Brun, Paris 20e. Mo Gambetta. Emil Schumacher, Lee Ufan 19 h 30, mardi ; 20 h 30, du mercredi au L’album Les Palaces, dont vous Galerie nationale du Jeu de Paume, samedi ; 15 h 30, dimanche. Tél. : 01-44- 1, place de la Concorde, Paris 8e. 3 avez composé toutes les mu- 62-52-52. 110 F à 160 F. Mo Concorde. Tél. : 01-47-03-12-50. De siques sauf deux, signées Higelin 16 novembre : 12 heures à 19 heures ; samedi et di- et Bashung, vous plaît-il ? Measure for Measure (en anglais stf) manche de 10 heures à 19 heures ; mar- de William Shakespeare, mise en scène Il est l’aboutissement d’un par- di jusqu’à 21 h 30. Conférences sur la si- de Stéphane Braunschweig, avec Helen cours parfois très difficile, parce tuation de l’art en Allemagne les 15 et Blatch, Paul Brennen, Tony Cownie, que têtu. Le parti pris premier de 16 novembre. Fermé lundi. Du 13 no- Harry Gostelnow, Jim Hooper, Jayne vembre au 4 janvier. 28 F et 38 F ; gra- l’album était celui des harmonies, McKenna, Peter Moreton, Oscar tuit pour les moins de treize ans. des mélodies, bâties comme la Pearce, Danny Sapani, Lise Stevenson, chanson Les Palaces, une sorte de ENTRÉES IMMÉDIATES Stephen Ventura et Roger Watkins. standard boîteux et très amusant, Théâtre des Amandiers, 7, avenue Pa- avec des cordes, de l’air. Puis, un Le Kiosque Théâtre : les places du jour blo-Picasso, 92 Nanterre. Du mardi au jour, Brigitte nous a donné le texte vendues à moitié prix (+ 16 F de samedi, à 20 heures ; le dimanche, à commission par place). Place de la Ma- 16 heures. Tél. : 01-46-14-70-00. De de Que la vie est belle. Il y en avait deleine et Parvis de la gare Montpar- 80 F* à 140 F. pour près de vingt minutes. On l’a nasse. De 12 h 30 à 20 heures, du mardi 16 novembre : coupé. Un matin, à l’aube, en trois au samedi ; de 12 h 30 à 16 heures, le Eloge de l’ombre heures, j’ai composé une musique dimanche. de Junichiro Tanizaki, mise en scène de très modale, méditerranéenne. Je Vincent Van Gogh Jacques Rebotier, avec Dominique Rey- n’y croyais pas. Et puis si. Parce ou le suicidé de la société mond, Ivan Stochl et Karin Waehner. Théâtre des Amandiers, 7, avenue Pa- qu’on était allé là où on voulait. d’Antonin Artaud, mise en scène d’Anne Delbée, avec Emmanuel Bar- blo-Picasso, 92 Nanterre. Du mardi au rouyer, Anne Delbée, Michaël Denard, samedi, à 21 heures ; le dimanche, à Propos recueillis par Jean-François Guillet, Ophélie Orec- 16 h 30. Tél. : 01-46-14-70-00. Durée : Véronique Mortaigne chia. 1 h 20. De 80 F à 140 F. LeMonde Job: WMQ1411--0032-0 WAS LMQ1411-32 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 10:45 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 18Fap:99 No:0486 Lcp: 196 CMYK

32 KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 EN VUE

a L’Agence spatiale russe a Le Sommet de la francophonie vu d’Afrique donné son feu vert au cinéaste Iouri Kara pour tourner, en apesanteur, un film d’amour et Le quotidien ivoirien « Fraternité Matin » ironise sur la tenue de cette réunion à Hanoï et affirme d’espionnage. Selon le metteur en scène, à la recherche que le sort de la francophonie se jouera sur les autoroutes de l’information d’acteurs, Emma Thompson craindrait qu’un séjour dans EN AFRIQUE de l’Ouest, le Som- mode ironique, le morceau est lâ- phabétise des enfants dans une sités françaises à la réduction du l’espace l’empêche d’avoir un met de la francophonie, qui ché. Les trois quarts des franco- langue qu’il n’ont jamais entendue budget de la coopération. Le même enfant et Gérard Depardieu commence vendredi 14 novembre phones potentiels sont africains, ailleurs qu’à l’école. L’idée de dis- Fraternité Matin exprime cette rela- serait trop corpulent pour les à Hanoï, n’est évoqué que par la mais combien d’entre eux pra- penser l’éducation de base en tion ambiguë dans un autre édito- sièges du module. « Je sais que presse d’Etat. Au Burkina Faso, au tiquent effectivement le français ? langue nationale fait d’ailleurs des rial. Cette fois, l’auteur ironise sur John Travolta et Tom Hanks ont Sénégal ou en Côte d’Ivoire, les Dans des pays comme la Côte progrès, et connaît un début d’ap- la tenue de ce Sommet de la fran- toujours rêvé de devenir journaux gouvernementaux res- d’Ivoire et le Cameroun, où aucune plication au Mali. cophonie chez les vainqueurs de astronautes », espère encore pectent le cahier des charges tacite langue véhiculaire n’a émergé, le Les élites intellectuelles et Dien Bien Phu, et énumère les re- M. Kara, qui, en attendant, a fait qui veut qu’ils annoncent et re- français reste un outil de commu- économiques restent pourtant tournements linguistiques dont les subir des tests bio-médicaux à latent les déplacements de leurs di- nication indispensable d’une tournées vers la France, fût-ce mouvements anticoloniaux ont fait une vedette de variétés rigeants. La présence des prési- communauté à l’autre. Mais le ba- pour lui reprocher les mauvaises l’objet, rappelant entre autres quinquagénaire et au médium dents Compaoré, Diouf ou Bédié manan au Mali, le wolof au Séné- – un phénomène accentué par le manières qu’on leur a faites au qu’un « émeutier ivoirien » est de- Anatoli Kachpirovski. « Sur Mir, au Vietnam garantit ainsi un mini- gal et le moré au Burkina Faso do- recul de la scolarisation dans les cours de la décennie écoulée, de la venu « sage de l’Afrique». ils vomiront pendant quinze jours, mum d’écho à cette réunion. Mais minent, alors que le français est années 80. Dans bien des villages, baisse du nombre des étudiants et ne pourront jouer leurs scènes la cause elle-même ne suscite ignoré en dehors des grandes villes seul l’instituteur le pratique, et il al- africains accueillis dans les univer- Thomas Sotinel d’amour », prévient le guère de passions, les journaux in- cosmonaute Alexandre dépendants ou d’opposition préfé- Polechtchouk. rant traiter des problèmes de DANS LA PRESSE més » et les faibles alors que le que moment de leur vie, ont été d’un monde communiste disparu, chaque pays. nazisme fut l’utopie des « forts ». communistes. Certains conti- désormais confondu avec un tra- a Les infirmières de l’hôpital On peut quand même deviner un LA CROIX Cruel malentendu, car, aux ra- nuent d’ailleurs de nier que les gique passé, de renforcer la cohé- d’Orlando (Floride), où a été certain trouble quant à l’avenir du Bruno Frappat cines du communisme, ne fi- horreurs soviétiques aient été sion de sa majorité et de son gou- transporté le bébé découvert en français en Afrique. L’éditorialiste a Partout où le communisme a gurent ni la fraternité ni l’amour consubstantielles au commu- vernement, de conforter l’aile parfaite santé, samedi du quotidien gouvernemental ivoi- exercé le pouvoir, l’inhumanité a universel mais la revanche visant nisme et gardent leur foi en on ne rénovatrice de son allié commu- 8 novembre, dans des toilettes de rien Fraternité Matin fait remarquer régné. Et elle règne là où le à inverser l’oppression. Le na- sait au juste quoi, un genre de niste et de se concilier plus en- Disney World, l’ont donc appelé que le sort de la francophonie se communisme est encore au pou- zisme et le communisme ont vé- Canada Dry du breuvage d’ori- core Robert Hue. Princesse Jasmine, du nom d’un jouera sur les autoroutes de l’infor- voir : Chine, Cuba, Corée du rifié, au détriment de l’humanité, gine. Marx sans les Soviets. Comble de la sottise politique, des personnages d’Aladin, un mation. Après avoir constaté que Nord. (...) Comment se fait-il ce qu’enseigne toute l’Histoire : cette question a été posée à la dessin animé de Disney. les trois quarts des francophones qu’on doive user d’infinies pru- quand une utopie veut imposer LA CHAÎNE INFO veille d’un conseil national du vivent en Afrique, le journaliste de- dences rhétoriques pour rappro- sa radicalité sur terre, elle ne Pierre-Luc Séguillon PCF consacré à un premier bilan a La direction du Moulin Rouge, mande « comment brancher les plus cher, dans leurs effets sinon dans peut le faire (ou le tenter) qu’en a Chaque jour qui passe de la participation des commu- outrée par des machinistes et des démunis », et en appelle à l’aide leurs fondements, les deux totali- passant en force. Par la terreur et confirme l’habileté politique de nistes au gouvernement. Son se- éclairagistes en grève qui technologique et financière de la tarismes qui ont meurtri ce siècle la mort. Lionel Jospin et sa capacité à ex- crétaire national, Robert Hue, occupaient, samedi 8 novembre, France. Un refus, fait-il remarquer, et nié l’homme ? Le fait que ploiter au mieux les opportunités risquait d’y être malmené par une le plateau en arrière de la scène mettrait en péril la vie même du l’URSS ait contribué à la victoire LE NOUVEL OBSERVATEUR qui lui sont offertes. Et chaque partie de ses troupes promptes à où les danseurs en paillettes français, et il conclut : « si le fran- sur le nazisme a imposé l’idée, Françoise Giroud jour qui s’écoule démontre un souligner les reculades ou les tra- étaient en train d’évoluer, a fait çais meurt, nous serons des assas- chez de nombreux Européens, a S’il est un anniversaire que l’on peu plus la débilité politique hisons de Jospin, notamment sur soudain lever le rideau pour sins. Soit. Mais la langue de Molière que le soviétisme fut un mal rela- n’a pas envie de célébrer, c’est d’une certaine droite et son l’Europe. Eh bien, grâce à l’UDF, démasquer les manifestants n’est [pas] la langue maternelle des tif et le nazisme un mal absolu. bien celui de la révolution sovié- étrange aptitude à donner occa- Robert Hue est maintenant en devant le public. Le spectacle tirailleurs linguistiques que sont L’occultation et le tabou sur la tique. Mais comment, pourquoi sion au premier ministre de faire, meilleure position pour affronter froufroutant a continué, à la Kouadio, N’Diaye et Makaya [patro- comparaison des deux systèmes la plus belle des utopies, por- à son profit, la différence. (...) Les le parlement de son parti. La dé- manière de Jean Renoir, avec, en nymes répandus respectivement en proviennent d’un malentendu sur teuse de tant de rêves, a dérivé en élus UDF ont collectivement claration passionnée de Lionel toile de fond, les ouvriers assis en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au l’essence du communisme. Celui- un monstrueux massacre, cela fourni au premier ministre, sur Jospin a comblé d’aise les rond. Congo], ils ne sauraient être ci a été compris comme une uto- continue à fasciner les historiens, un plateau d’argent, l’occasion communistes. Elle a désarmé les convaincus de matricide ». Sur le pie positive pour les « oppri- singulièrement ceux qui, à quel- inespérée de distinguer le PCF plus sceptiques d’entre eux. a Cet été, à l’occasion d’un rassemblement de fanfares aux Pays-Bas, les carabiniers de Tor SUR LA TOILE di Quinto, en Italie, avaient serré trop fortement les queues de www.channels.nl PETITS PLATS leurs chevaux dans des bandages. a Le nouveau site gastronomique Depuis elles se sont nécrosées et, français Réception France va tra- à l’automne, il a fallu les couper. Un site interactif et multimédia permet de circuler dans Amsterdam en prenant les tramways ou le métro vailler en collaboration avec des Le Codacons, une association de chefs prestigieux comme Georges défense des consommateurs, AMSTERDAM, qui soigne son métro dans les mêmes conditions. Blanc, Bernard Loiseau ou Marc rappelle que « cet appendice est image d’avant-gardisme dé- On sait toujours où l’on se trouve, Meneau, qui proposeront des chro- vital pour ces animaux d’un point contracté et rêve de s’imposer grâce à un point rouge baladeur si- niques sonores enregistrées en fran- de vue éthologique et pour comme la capitale européenne de tué sur une petite carte, en coin çais et en anglais, et expliqueront protéger les orifices naturels des l’Internet, ne pouvait pas se d’écran. Pour ceux qui savent où ils leurs recettes grâce à des séquences mouches et des moustiques ». Il contenter de pages web ordinaires. vont, The Channels propose une vidéo. – (AFP.) poursuit en justice « les coupables Le site touristique bilingue (an- option Taxi, permettant de tricher www. receptionfrance.com de ces atrocités », bien que, de glais-néerlandais) The Channels en sautant vers n’importe quel son côté, Norberto Capozello, propose une visite à la fois pra- point d’Amsterdam, ainsi qu’un ré- NIUE VEND SES ADRESSES colonel, commandant le régiment tique et ludique, qui exploite les ca- pertoire thématique classique. a L’île polynésienne de Niue, qui des carabiniers à cheval, ait pacités interactives et multimédia La visite ne serait pas complète s’est vu attribuer sur Internet le exprimé « son grand déplaisir d’Internet sans exiger de logiciels sans une rencontre avec les auto- code national « .NU », a décidé de pour ce qui est arrivé aux chevaux spécifiques ni de manipulations chtones, ou à défaut avec d’autres créer une société, NU Domain, pour qui, dans sa caserne, sont pourtant complexes. touristes de passage. Une petite fe- vendre des adresses Internet à mieux traités que les hommes ». Pour choisir son point de départ, nêtre donne accès à un canal de l’étranger. Contrairement aux orga- le voyageur virtuel clique sur une dialogue en temps réel, qui est as- nismes équivalents de nombreux a « Soldats, il vous suffira de dire : carte interactive : la gare centrale, sez actif. En général, on y trouve pays, trop bureaucratiques ou en- j’étais à Austerlitz (les Moldaves le quartier chaud, le Rijksmuseum, un étonnant mélange d’anglais et gorgés de demandes, NU Domain bâtiront un hypermarché et un le zoo... Pour les indécis, l’ordina- de néerlandais, assez impénétrable offre un service rapide, bon marché parking sur le champ de bataille teur sélectionne un endroit au ha- pour le non-initié. et sans formalités, qui a déjà trouvé – 15 000 morts, noyés ou sard. Dès lors, la visite s’organise The Channels a déjà mis en des clients en Europe, en Asie et blessés –, qui, déjà, avait été comme si l’on était sur le terrain : chantier des sites similaires pour aux Etats-Unis. Personne ne craint « profané » par la construction « Vous êtes sur la rue van Baerle. tiques, restaurants, hotels, coffee- Pour changer de quartier, il suffit Utrecht et Nijmegen, ainsi que d’être pris par erreur pour un ré- d’une autoroute flanquée d’une Vous pouvez marcher en direction de shops, ou salons de tatouage. de monter dans un tramway. En pour l’aéroport de Schiphol, où sident de Niue, une île-Etat prati- station-service et d’un centre de la place du Musée, du parc Vondel Quelques hôtels prennent des ré- cliquant sur le numéro d’une ligne l’on entend en direct des extraits quement inconnue. Les néo- restauration rapide), pour que ou de la rue Ferdinand-Bol ». servations en ligne, tandis que les passant à proximité, on se retrouve de communication entre les pilotes Niuéens virtuels ont imaginé des l’on vous réponde : voilà un Chaque lieu est décrit par un texte pages des coffee-shops se (en photo) à l’intérieur du tram, où et la tour de contrôle... adresses de sites adaptées à cette brave. » court, illustré de photos. En outre, contentent de recréer l’ambiance l’on est attendu par une liste de terminaison, qui se prononce des informations sont disponibles avec des diaporamas et de la mu- destinations, toujours conforme à Xavier de Moulins comme new (nouveau) en anglais. Christian Colombani sur les rues voisines et leurs bou- sique. la réalité. On peut aussi prendre le et Yves Eudes www.nic.nu

Des images « insoutenables » par Alain Rollat C’EST QUOI, une image « in- chiots apeurés s’accroupissent au tournesol au soleil. Il voyait peut- soutenable » ? Selon la définition fond de certaines vitrines. On leur être un ange. qu’en a donnée, mercredi soir, servait la pâtée dans des bols en C’étaient des images « expur- Patrick Poivre d’Arvor en ouvrant fer-blanc. Les uns l’avalaient assis gées », précisa PPDA. Les images son journal, il s’agit d’une image par terre, d’autres se mettaient à « insoutenables » sont donc des sur laquelle il est « difficile d’en- table. Les plus grands volaient la images édulcorées pour les rendre chaîner ». Il voulait parler pitance des plus petits, qui ne pro- digérables pendant le dîner. Ces d’images que TF 1 venait à peine testaient pas. Ils se réservaient images, ajouta-t-il, résultaient de recevoir en provenance d’une aussi les miettes, qu’ils ramas- d’un voyage entrepris au Kirghi- contrée d’Asie centrale adossée à saient une à une à même le sol. zistan par l’épouse du président la Chine qu’on appelle le Kirghi- C’étaient des images sans son. des Etats-Unis. Elle avait promis zistan, à ne pas confondre avec Aucun mot articulé ne sortait de de livrer là-bas « deux millions de l’Ouzbékistan, le Kazakhstan et le ces visages déformés. Ils avaient dollars de médicaments ». Les Tadjikistan, les trois autres an- perdu l’usage de la parole. Une images « insoutenables » sont ciennes provinces de feu l’empire femme au visage flou, qui sem- donc des images qui s’édulcorent soviétique qui l’enserrent. blait les surveiller, communiquait encore mieux quand on les lave Ces images montraient de avec eux par gestes. Survolant ce avec de l’argent. jeunes êtres des deux sexes vivant nid de jeunes morts-vivants qu’on Des dollars de Hillary Clinton en meute, nus et affamés, dans un disait fous, la caméra cherchait en au trou du Crédit lyonnais, il n’y mouroir qui se disait orphelinat eux quelques parcelles d’huma- avait qu’un enchaînement « diffi- pour enfants handicapés. Ils res- nité. Il en restait des traces en ef- cile » à faire. « Difficile », mais semblaient encore à des enfants fet. Ficelé dans une camisole de somme toute logique. « Faisons-le bien que la cruauté ambiante les linge blanc, d’où n’émergeaient quand même », proposa PPDA. Ce ait réduits à l’animalité. La caméra que sa tête et ses deux jambes que nous fîmes. Ce que vous fîtes, effarée filmait leurs corps déchar- squelettiques, l’un de ces enfants n’est-ce pas ? Qu’est-ce qu’une nés qui s’accroupissaient aux aux yeux bridés offrait à la caméra image « insoutenable » pour nos coins de pièces vides comme les un sourire épanoui comme un consciences de plomb ? LeMonde Job: WMQ1411--0033-0 WAS LMQ1411-33 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 09:04 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 18Fap:99 No:0487 Lcp: 196 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 / 33 JEUDI 13 NOVEMBRE FILMS DE LA SOIRÉE NOTRE CHOIX PROGRAMMES

aa a 20.30 Le Seigneur 20.55 Sans toit ni loi 22.15 Avant l’orage b 20.55 Téva TÉLÉVISION ARTE de l’aventure a D’Agnès Varda (France, 1985, De Milcho Manchevski (Fr.- GB - 100 min). Téva Macé., 1994, v.o., 115 min). RTBF 1 Sans toit ni loi De Henry Koster (Etats-Unis, 19.00 The Monkees. [42/58]. 1954, 90 min). Ciné Cinémas a Une jeune vagabonde est retrouvée 21.00 La Guerre de Troie 22.25 Scènes de ménage TF 1 19.30 7 1/2. Les harkis à la recherche 20.30 Les Bricoleurs a De Giorgio Ferroni (France - Italie, dans un centre commercial aa morte de froid dans un fossé. De Pa- d’une identité. 1961, 120 min). Histoire 19.05 Walker, Texas Ranger. De Jean Girault (France, 1962, De Paul Mazursky (Etats-Unis, ris au Midi de la France, ceux 20.00 Contacts. N., 95 min). Festival 21.00 Le Roi du tabac aa 1991, 95 min). RTL 9 19.50 et 20.40 Météo. qui l’ont rencontrée le long des Don McCullin. Sophie Calle. 20.35 The Phantom Light a De Michael Curtiz (Etats-Unis, 1950, 22.30 Brooklyn Boogie aa 20.00 Journal. 20.30 8 1/2 Journal. N., v.o., 115 min). Paris Première De Michael Powell (Grande-Bretagne, De Wayne Wang et Paul Auster routes parlent d’elle. L’ont-ils 20.35 Le Résultat des courses. 20.45 Soirée thématique. Zappe ta haine : 1934, N., v.o., 75 min). Ciné Cinéfil 21.30 La Machine (Etats-Unis, 1995, 80 min). Canal + comprise ? Maîtrise de la composi- 20.45 Les Bœuf-carottes. les jeunes et la violence. 20.35 Josepha aa à explorer le temps aa 23.25 Le Rideau déchiré aa tion des plans, du jeu des couleurs, La Manière forte. 20.55 Les Jeunes et la Violence De Christopher Frank (France, 1981, De George Pal (Etats-Unis, 1960, D’Alfred Hitchcock (Etats-Unis, 22.25 Made in America. aux Etats-Unis. 115 min). TMC 100 min). Disney Channel 1966, 125 min). Ciné Cinémas de la mise en scène. Agnès Varda 4 L’Homme aux deux épouses, aa porte sur la marginalité un regard de Peter Werner. 21.25 et 22.00, 22.35, 23.15, 23.55 Débat. 20.40 Smoke 21.50 Ciel rouge a 0.00 L’Habit vert a 21.30 Quand la violence fait école. De Wayne Wang (Etats-Unis, 1994, De Robert Wise (Etats-Unis, 1948, N., De Roger Richebé (France, 1937, froid mais pas détaché lorsqu’il s’agit 0.10 Les Rendez-vous de l’entreprise. 105 min). Canal + v.o., 90 min). Ciné Cinéfil N., 110 min). RTL 9 0.40 TF 1 nuit, Météo. 22.05 Une ville à risques, Hambourg. de rallier les gens « normaux ». Su- 20.40 Les Amants aa 22.00 Rendez-vous aa 0.10 Casanova aaa 22.45 Guerre à la délinquance. De Louis Malle (France, 1958, D’André Téchiné (France, 1985, D’Alexandre Volkoff (France, 1927, N., perbe interprétation de Sandrine FRANCE 2 23.20 Scènes de chasse dans une petite N., 90 min). Canal Jimmy 85 min). Ciné Cinémas muet, 135 min). Arte Bonnaire. – J.S. ville de l’ex-RDA. 20.50 Cosa Nostra a 22.15 Point limite zéro a 0.40 Les Comédiens aa 19.25 C’est toujours l’heure. 0.10 Casanova aaa 5 De Terence Young (France - Italie, De Richard Sarafian (Etats-Unis, 1971, De Georg Wilhelm Pabst (Allemagne, 19.55 Au nom du sport. Film muet d’Alexandre Volkoff. 1972, 130 min). France 3 v.o., 95 min). Canal Jimmy 1941, N., v.o., 105 min). Ciné Cinéfil b 1.00 France 3 Tranches de ville : Hanoï 20.00 Journal, A cheval, Météo. M6 20.50 Point route. A l’occasion du 7e Sommet de la 20.55 Envoyé spécial. Une famille en or. francophonie, qui réunit les chefs 18.05 Sliders, GUIDE TÉLÉVISION Les cantines scolaires. Les oreilles d’or. les mondes parallèles. Les mères de Russie. d’Etat et de gouvernement des pays 19.00 FX, effets spéciaux : la série. utilisant le français à Hanoï du 14 au 23.05 Expression directe. RPR. Mauvaise influence. 21.00 Nitaskinan au pays 23.50 Programme 5, Montreux 88. 23.10 Un privé nommé Stryker. 19.54 Le Six Minutes, Météo. DÉBATS Muzzik 17 novembre, « Espace franco- des Atikamekws. Planète 0.45 En fin de compte. 20.05 Les Piégeurs. 0.00 Le Messie, de Haendel. phone », le magazine de Dominique 0.50 Journal, Météo. 21.25 et 22.00, 22.35, 23.15, 23.55 21.30 Quand la violence fait école. Arte 20.35 Décrochages info, Passé simple. France Supervision Gallet et Mona Makki, qui fête sa 1.05 Le Cercle du cinéma. 22.00 Carnets de prison. [2/2]. Planète 20.50 Les Armes de la séduction. Débat. Les Jeunes et la Violence. Arte 350e édition, invite à découvrir la ca- 4 22.05 Une ville à risques, Téléfilm de Rick King. THÉÂTRE pitale du Vietnam. FRANCE 3 22.40 Body Snatchers : MAGAZINES Hambourg. Arte L’invasion continue. D’Alfred de Musset. La promenade ne se limite pas à 22.45 Guerre à la délinquance. Arte 20.45 Lorenzaccio. 18.55 Le 19-20 de l’information. Film 5 d’Abel Ferrara. 18.30 et 19.10 Nulle part ailleurs. Mise en scène de Georges Lavaudant. suivre les innombrables vélos qui sil- 20.00 et 23.00 Météo. Canal + 23.10 Des hommes dans la tourmente. France Supervision De Gaulle versus Pétain. Planète lonnent la ville. La balade se pour- 20.05 Fa si la chanter. 20.05 Temps présent. Les jeunes et suit à travers parcs, lacs et jardins, et l’alcool : Le piège de l’ivresse. 23.10 Jordi Savall. A la recherche TÉLÉFILMS 20.35 Tout le sport. Les armes secrètes de Saddam. TSR de l’authenticité. France Supervision traverse des artères très anciennes – 20.50 Cosa Nostra a RADIO 5 20.55 Envoyé spécial. 23.20 Scènes de chasse dans une petite 20.50 Les Armes de la séduction. rues de la Soie, du Chanvre ou du Film de Terence Young. 4 Une famille en or. Les cantines ville de l’ex-RDA. Arte De Rick King. M6 23.10 Soir 3. FRANCE-CULTURE Pont-en-Bois. 23.35 Qu’est-ce qu’elle dit, Zazie ? scolaires. Les oreilles d’or. 0.00 Les Figures de la foi. 22.05 Pierre qui roule. ̈ Les mères de Russie. France 2 De Marion Vernoux. Festival Le reportage s’attarde sur quatre Yves Berger, portrait. Sacrés sauvages. 21.00 ̈ Lieux de mémoire. [1/3]. Brigitte de Suède. Histoire Victor Pelevine. Home Video. 22.20 Faxculture. Invités : Daniel Pennac ; personnages – un écrivain, un méde- 22.10 For intérieur. 22.25 L’Homme aux deux épouses. 0.30 Saga-Cités. L’Europe intégrée. Thierry Mingot ; Valérie Favre ; 4 De Peter Werner. TF 1 cin acupuncteur, un professeur de 23.00 Nuits magnétiques. [2/3]. Catherine Gfeller. TSR SPORTS EN DIRECT 1.00 Espace francophone. Tranches musique, une étudiante – qui parlent de ville : Hanoï - La 350e. 0.05 Du jour au lendemain. 23.00 Les Dossiers de l’Histoire. 14.00 et 19.45 Tennis. SÉRIES beaucoup de la France. Mais hormis Mourir à Verdun. Masters messieurs. Eurosport FRANCE-MUSIQUE Histoire d’une hécatombe. Histoire peut-être celui de la jeune étudiante, CANAL + 18.30 Basket-ball. Euroligue : Efes Pilsen 18.05 Sliders, 23.35 ̈ Qu’est-ce qu’elle dit, Zazie ? ces portraits n’apportent que peu de 20.00 Concert. Œuvres de Prokofiev, Yves Berger, portrait. Sacrés sauvages. Istanbul - Limoges. Eurosport les mondes parallèles. ̈ En clair jusqu’à 20.35 Un monde de trafic. M6 renseignements sur le mode de vie Schnittke, Chostakovitch. Victor Pelevine. Home Video. France 3 1.20 Hockey sur glace NHL. 18.30 et 19.10 Nulle part ailleurs. 22.30 Musique pluriel. Philadelphie - Colorado. Canal + 20.35 Les Envahisseurs. des francophones de Hanoï. Invités : MC Solaar, Addam Yash. 0.30 Saga-Cités. Les sangsues. Disney Channel 23.07 En musique dans le texte. L’Europe intégrée. France 3 Pendant la durée du sommet, « Es- 20.30 Le Journal du cinéma. Œuvres de Wolf, Hahn. France 2 MUSIQUE 20.35 Julie Lescaut. 20.35 Soirée Brooklyn. 1.05 Le Cercle du cinéma. Cellules mortelles. RTBF 1 pace francophone » propose en 20.40 Smoke aa RADIO-CLASSIQUE 20.00 Orquestra de plectro 20.45 Les Bœuf-carottes. outre cinq émissions spéciales de 13 Film 4 de Wayne Wang. DOCUMENTAIRES La Manière forte. TF 1 de Cordoba. Muzzik minutes chacune, coproduites avec 22.30 Brooklyn Boogie aa 20.40 Les Soirées de Radio-Classique. Film 4 de Wayne Wang Planète 23.00 Code Quantum. la télévision vietnamienne VTV. Dif- Festival Chostakovitch. 20.35 Caza. 21.00 Elijah : A Celebration. Muzzik Panique à bord. Série Club et Paul Auster. 20.55 Les Jeunes et la Violence fusion aux alentours de 1 heure du 22.25 Les Soirées... (suite). 22.55 Concert à la basilique 23.10 Un privé nommé Stryker. 23.55 Basket-ball. Euroligue. Œuvres de Schubert, Schumann, von aux Etats-Unis. Arte de Reims. Paris Première Un jour de retard. France 2 matin... – Pa.L. 1.20 Hockey sur glace NHL. Dohnanyi.

VENDREDI 14 NOVEMBRE FILMS DU JOUR NOTRE CHOIX PROGRAMMES

13.30 Les Pirates du rail a 20.30 La Fosse aux serpents aa 0.00 Vacances explosives a b 0.30 France Supervision TÉLÉVISION 20.30 Le Journal du cinéma. De Christian-Jaque (France, 1937, N., D’Anatole Litvak (Etats-Unis, 1948, N., De Christian Stengel (France, 1956, N., Les Esclaves de Michel-Ange 20.35 Quand sonnent les crotales. 85 min). Festival 110 min). Ciné Cinéfil 95 min). Ciné Cinéfil 21.30 L’Homme de nulle part. 14.10 Les Quatre Malfrats a 21.00 Made in America a 0.20 ̈ Le Visage TF 1 22.10 Flash infos. De Peter Yates (Etats-Unis, 1972, De Richard Benjamin (Etats-Unis, du plaisir aa 22.15 Manga, Manga. Mystères 13.50 Les Feux de l’amour. 100 min). Ciné Cinémas 1992, 110 min). Ciné Cinémas De José Quintero (Grande-Bretagne, 23.05 Hommes, femmes, 14.40 Arabesque. 15.25 Le Mariage de Chiffon a 22.20 Le Voyage fantastique 1961, v.o., 100 min). France 2 mode d’emploi a De Claude Autant-Lara (France, 1941, (No Highway in the Sky) a 0.25 Le Passage aa d’une œuvre 15.35 Côte Ouest. Film de Claude Lelouch. N., 105 min). Ciné Cinéfil De Henry Koster (Grande-Bretagne, De René Manzor (France, 1986, 16.30 TF 1 jeunesse. 1.05 Guantanamera aa 15.50 In the Soup aa 1951, N., v.o., 100 min). Ciné Cinéfil 85 min). Ciné Cinémas 17.10 Savannah. Film de Tomas Gutierrez Alea D’Alexandre Rockwell (Etats-Unis, contrariée et Juan Carlos Tabio (v.o.). 1992, v.o., 100 min). Ciné Cinémas 22.50 The Snapper aa 0.50 Les Abysses aa 18.00 Paradis d’enfer. a De Stephen Frears (Grande-Bretagne, De Nico Papatakis (France, 1962, 18.30 Mokshû Patamû. 17.00 Les Bricoleurs 1992, v.o., 95 min). Ciné Cinémas 100 min). RTL 9 ABORDER L’ŒUVRE de Michel- LA CINQUIÈME/ARTE De Jean Girault (France, 1962, N., 19.05 Walker, Texas Ranger. 23.05 Hommes, femmes, 1.05 Guantanamera aa Ange, c’est rencontrer un art brû- 19.50 et 20.40 Météo. 95 min). Festival 13.00 Une heure pour l’emploi. 17.10 La Tour de Londres a mode d’emploi a De Tomas Gutierrez Alea lant de complexité. Dans son docu- 20.00 Journal. et Juan Carlos Tabio 14.00 ̈ Gaïa. De Rowland V. Lee (Etats-Unis, 1939, De Claude Lelouch (France, 1996, mentaire, Les Esclaves de Michel- 20.45 Les Enfants de la télé. Le sommet francophone du Vietnam. N., v.o., 90 min). Ciné Cinéfil 118 min). Canal + (Cuba, 1995, v.o., 100 min). Canal + Ange, Martin Fraudeau se livre à un 23.00 Sans aucun doute. 14.30 Le Sens de l’Histoire. aa aa 1.35 Les Cousins aa 18.40 Les Comédiens 23.30 La Sentinelle 0.50 TF1 nuit, Météo. 15.30 SOS ozone. De Georg Wilhelm Pabst (Allemagne, D’Arnaud Desplechin (France, 1992, De Claude Chabrol (France, 1958, N., exercice subtil en levant un coin du 140 min). Arte 16.20 La France aux mille villages. 1941, N., v.o., 110 min). Ciné Cinéfil 110 min). Ciné Cinéfil voile sur une des créations légen- FRANCE 2 daires de l’artiste. Mieux, il fait par- 16.50 Cellulo. 17.20 Allô la terre. [3/3]. tager les conflits intérieurs de ce gé- 13.50 Derrick. 17.35 Qu’est-ce qu’on mange ? [9/26]. 15.00 Dans la chaleur de la nuit. nie tourmenté et sa passion pour le 17.50 Le Journal du temps. GUIDE TÉLÉVISION 15.50 La Chance aux chansons. nu masculin. 18.00 Les Grandes Aventures 17.00 Des chiffres et des lettres. Le film s’ouvre sur des images du XXe siècle. 18.00 Les Grandes Aventures 22.00 Maintenance Shop Jazz. 17.30 et 22.45 Un livre, des livres. o 18.30 Le Monde des animaux. MAGAZINES e Bill Evans Trio n 1. Muzzik des deux sculptures. La caméra ex- 17.40 Friends. du XX siècle. Les grandes cités 19.00 Tracks. de l’antiquité. La Cinquième 22.55 Sadko. Mise en scène plore les statues, s’approche puis 18.05 C’est l’heure. 19.30 7 1/2. La francophonie, à quoi ça sert ? 13.00 Une heure pour l’emploi. 18.30 Le Monde des animaux. de Alexei Stepaniuk. Paris Première recule. L’œil tourne autour du 18.50 Qui est qui ? La Cinquième 20.00 Brut. Bisons de Pologne. La Cinquième 23.00 Placido Domingo à Covent marbre. Et profite d’un langage ci- 19.20 1 000 enfants vers l’an 2000. 13.35 Parole d’Expert. 18.30 Michel Legrand. Planète 20.25 Contre l’oubli, pour l’espoir. Invitée : Brigitte Lahaie. France 3 Garden. France Supervision nématographique au service de 19.25 C’est toujours l’heure. Portrait de Guillaume Ngefa (Zaïre). 19.20 Histoires de la mer. [4/13]. 14.00 ̈ Gaïa : Spécial sommet 23.50 Leinsdorf dirige Wagner. Muzzik 19.55 Au nom du sport. 20.30 8 1/2 Journal. Le danger est mon métier. Planète l’acuité du regard. « L’esclave mou- 20.00 Journal, L’Image du jour, de la francophonie au Vietnam. 19.45 Retrouver Oulad Moumen. 0.40 Chostakovitch. rant est nu, alangui. Les yeux clos, un 20.45 La Peur de s’endormir. La Cinquième Le 3e Quatuor. Muzzik A cheval, Météo, Point route. Téléfilm de Mark Schlichter. Planète léger sourire au lèvres, il a l’air de 14.30 Le Sens de l’Histoire. 14-18 : 20.00 Les Figures de la foi. 20.55 Maigret. Maigret et la vieille dame. 22.05 ̈ Grand format. Planète CNN. la Grande Guerre. La Cinquième [1/3]. Brigitte de Suède. Histoire TÉLÉFILMS dormir. (...) L’esclave rebelle porte un 22.50 Bouillon de culture. 23.30 La Sentinelle aa 15.00 De l’actualité à l’histoire. 20.35 Quand sonnent les crotales. pagne pour tout vêtement. Les efforts Un plus un égal deux. Film d’Arnaud Desplechin. Un budget de gauche. Canal + 18.35 La Secte. 23.55 En fin de compte. 1.50 Le Dessous des cartes. La francophonie. Histoire qu’il fait pour se libérer des courroies 20.35 Mars, la planète rouge. Planète De Rod Hedden. Ciné Cinémas 0.00 Journal, Météo. 17.00 Le Magazine de l’Histoire. 18.35 Pierre qui roule. qui l’enserrrent font saillir sa mus- 0.15 Ciné-club. Best of. Histoire 21.00 Norodom Sihanouk, roi cinéaste. M6 TV 5 De Marion Vernoux. Festival culature. » L’oreille écoute avec dé- 0.20 ̈ Le Visage du plaisir aa 18.00 Stars en stock. William Holden. 20.30 Le Serre aux truffes. lectation un commentaire savant Film de José Quintero (v.o.). 13.30 La Revanche de Jennifer. Dustin Hoffmann. Paris Première 21.00 Jazz Memories. Téléfilm de Guy Green. [1/2]. Memphis Slim. Muzzik De Jacques Audoir. Festival 18.30 et 19.10 Nulle part ailleurs. truffé d’explications claires et per- 15.15 et 1.05 Boulevard des clips. Avec J.-M. Verne ; Laetitia Piat. Canal+ 21.25 Une saison au soleil. Planète 20.30 City Killer. FRANCE 3 De Robert Michael Lewis. RTL 9 tinentes. Texte délicieusement ac- 16.05 Hit machine. 19.00 Les Dossiers de l’Histoire. 21.55 Le Bambi africain. Disney Channel Mourir à Verdun. 20.45 La Peur de s’endormir. compagné d’une musique douce et 13.35 Parole d’Expert. 17.25 M6 Kid. Histoire d’une hécatombe. Histoire 22.00 Le Grand Jeu, URSS/USA : De Mark Schlichter. Arte enivrante qui met le téléspectateur 14.35 Au bout de l’angoisse. 18.05 Sliders, les mondes parallèles. Téléfilm de Chris Thomson. 20.00 Temps présent. Les enfants 1917-1991. [1/6]. 1917 - 1938 : 20.50 ̈ Harcelée. en état de contemplation. 19.00 FX, effets spéciaux : la série. de l’Oncle Hô font du business. TV 5 Les raisins de la colère. Histoire 4 De Nicolas Cuche. M6 16.10 Côté jardins. La relance mutuelle image-texte 19.54 6 minutes, Météo. 20.05 C’est la vie ! 22.05 ̈ Grand format. 22.05 Nanou ou Gaëlle. 16.40 Minikeums. 20.05 Mister Biz. Un prénom encombrant. TSR Planète CNN. Arte De Christine François. Festival aiguise les sens et invite à découvrir 17.45 Je passe à la télé. 20.35 Décrochage info, 20.50 Thalassa. 22.20 Femmes, une histoire inédite. [6/6]. 23.15 Jeux dangereux. le travail de création de Michel- 18.20 Questions pour un champion. Les Produits stars. L’Ombre du géant. France 3 Echos du futur. Planète De Lawrence Lanoff. TSR Ange. Le passage de la matière à la 18.50 Un livre, un jour. 20.50 ̈ Harcelée. 21.00 De l’actualité à l’Histoire. 22.55 Narcisse aux chiens. 23.25 Une mère en danger. 18.55 Le 19-20 de l’information. Téléfilm 4 de Nicolas Cuche. La presse d’investigation. Invités : forme. Pour l’artiste, l’art de la Eugène Savitzkaya. RTBF 1 4 De Sam Irvin. M6 20.00 et 22.55 Météo. 22.30 Two. Edwy Plenel, directeur de la rédaction sculpture commence avec le choix du Monde et Alain Gerber. 23.00 Les Origines de la musique. 23.45 Tendres mensonges. 20.05 Fa si la chanter. 23.25 Une mère en danger. ELF et le Congo. Invités : Antoine [3/3]. Mythes et réalités. Muzzik D’Anson Williams. Téva du marbre, d’une teinte ivoire ou 20.35 Tout le sport. Téléfilm 4 de Sam Irvin. Glaser et Patrice Yengo. Histoire 0.30 Esclaves de Michel Ange. ambrée, comme pour évoquer la 20.45 Consomag. [1/2]. France Supervision 21.55 Faut pas rêver. SÉRIES chair. Après un long travail d’es- 20.50 Thalassa. L’Ombre du géant. Suisse : Le jet de Genève. 21.55 Faut pas rêver. France : A la foire aux ânes. SPORTS EN DIRECT 18.05 Sliders, les mondes parallèles. quisses dessinées, limes, sillons, ci- RADIO Ile de Man : Le parlement. Un monde de déjà vu. M6 seaux, marteaux, viennent dégros- Suisse : Le jet de Genève. Invité : Alain Doutey. France 3 France : A la foire aux ânes. 13.00 Snowboard. Slalom géant messieurs 20.25 Star Trek. sir puis polir la pierre. Le résultat Ile de Man : Le Parlement. 22.50 Bouillon de culture. à Tignes. Eurosport Au bout de l’infini. Canal Jimmy FRANCE-CULTURE Un plus un égal deux. est édifiant : les formes des Esclaves 23.05 Soir 3. 14.00 et 19.30 Tennis. Masters messieurs 20.50 L’Instit. Le Chemin des étoiles. TSR 23.20 Les Dossiers de l’Histoire. Avec Robert Guédiguian et Arianne e ̈ 19.45 Les Enjeux internationaux. (4 jour). Eurosport La belle et le rocker. Téva combinent la sveltesse de l’homme Sigmund Freud, Ascaride ; Jean-Marie et Jemia Le 20.55 Susan ! 20.00 Les Chemins de la musique. [5/5]. Clézio ; Aline Schulman ; 21.30 Patinage artistique. à la sensualité corpulente de la l’invention de la psychanalyse. 20.55 Maigret et la vieille dame. [1/2] Les commencements. 20.30 Agora. Pierre Lepape. François Weyergans. France 2 Trophée Lalique. Eurosport France 2 femme. 0.20 Libre court. Morte Ultima Ratio. 21.00 Black and Blue. 23.00 Sans aucun doute. TF 1 21.20 Columbo. La batterie buissonnière. MUSIQUE Comme bon nombre de 0.30 Cap’tain Café. 23.20 ̈ Les Dossiers de l’Histoire. Le Chat de M. Seltzer. RTBF 1 sculptures de Michel-Ange, l’œuvre 22.10 Fiction. Sigmund Freud, l’invention 21.30 L’Homme de nulle part. 1.20 Espace francophone. Morphine, de Mikhaïl Boulgakov. de la psychanalyse. 18.00 Festival d’Antibes. Michel Jeunesse illusoire. Canal + est restée inachevée. Martin Frau- 1.35 New York District. 23.00 Nuits magnétiques. [1/2] : Les commencements. France 3 Petrucciani. France Supervision 21.55 Bottom. deau évoque les multiples raisons 0.05 Du jour au lendemain. 18.00 Les Huguenots. Mise en scène He’s Out (v.o.). Canal Jimmy invoquées. Cet état d’inachèvement CANAL + 0.48 Les Cinglés du music-hall. DOCUMENTAIRES de John Dew. Muzzik 22.15 Twin Peaks. tiendrait à des circonstances maté- 21.00 Gilbert Bécaud à l’Olympia. Episode no 6 (v.o.). Série Club ̈ En clair jusqu’à 13.35 FRANCE-MUSIQUE 17.30 La Peau dure. Planète France Supervision rielles, temporelles, ou à une obses- 22.30 Two. 13.30 Le Journal de l’emploi. A trop souffler sur les braises. M6 sion de la perfection, inaccessible. 13.35 Pondichéry, 19.30 Prélude. 20.00 Concert franco-allemand. Œuvres 22.30 Dream On. Quatre siècles plus tard, le mystère dernier comptoir des Indes. SIGNIFICATION DES SYMBOLES : LES CODES DU CSA : de Murail, Sibelius, Moussorgski. Le piano (v.o.). Canal Jimmy plane encore autour de ce « phé- Film de Bernard Favre. ̈ Signalé dans « Le Monde 4 Accord parental souhaitable 15.10 L’Aventure des roses. 22.30 Musique Pluriel. Télévision-Radio-Multimédia ». 5 Accord parental indispensable 0.35 Profit. nix » de la Renaissance et de l’Italie Narcissus et Eco, de Corregia. Forgiveness (v.o.). Canal Jimmy 16.00 Le Journal du cinéma. 23.07 Jazz-club. Le Caratini Jazz Ensemble. a On peut voir. ou interdit aux moins de 12 ans réunies. aa 6 1.20 Une fille à scandales. 16.10 Mort subite. Ne pas manquer. Public adulte Film de Peter Hyams. aaa Chef-d’œuvre ou classiques ou interdit aux moins de 16 ans Tel est pris qui croyait prendre (v.o.). RADIO-CLASSIQUE 17.55 Les Simpson. Le Monde publie chaque semaine, dans son supplément daté dimanche-lundi, les pro- Canal Jimmy Karine Nakache grammes complets de la radio et – accompagnés du code ShowView – ceux de la télévision 1.45 New York Police Blues. ̈ En clair jusqu’à 20.35 19.30 Classique affaires-soir. ainsi qu’une sélection des programmes du câble et du satellite. La nouvelle (v.o.). Canal Jimmy 18.20 Cyberflash. 20.40 ̈ Les Soirées. d Sous-titrage spécial pour les sourds et les malentendants. 4.05 Spin City. Un après-midi de chien ૽ Autres diffusions : samedi, 18.30 et 19.10 Nulle part ailleurs. Robert Casadesus, piano. (v.o.). Canal Jimmy 15.10 ; dimanche, 11.15. Invités : Alpha, Philippe Thorenton. 22.30 Les Soirées... (suite). LeMonde Job: WMQ1411--0034-0 WAS LMQ1411-34 Op.: XX Rev.: 13-11-97 T.: 10:57 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 18Fap:99 No:0488 Lcp: 196 CMYK

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VENDREDI 14 NOVEMBRE 1997 Les mecs Une association prévoit d’expérimenter sur l’homme par Pierre Georges un vaccin à virus vivant contre le sida en 1999 MARC BLONDEL pense épais trou de balle avec l’aide de et parle gras. C’est sa nature, pas Mme Notat. » une seconde, mais la première. Sans autre commentaire. Sim- Les professeurs Luc Montagnier et Peter Piot contestent cette initiative Quand il règle ses comptes, ou plement, un rappel. Il y a deux croit les régler, il insulte, il use ans, en décembre 1995, lors des LE DOCTEUR Charles Farhing, nué » aient déjà été réalisés sur une taines fractions du patrimoine ou de personnes en manque de d’un langage de charretier, de grèves de fonctionnaires, Nicole l’un des responsables de l’Associa- centaine de singes, le docteur Far- génétique. Les responsables de publicité. Elle est d’autant moins jus- métaphores sexistes ou Notat avait été, sur une manifes- tion internationale des médecins hing estime que la communauté l’Iapac, qui avaient révélé en sep- tifiée qu’il existe d’autres possibilités machistes. Il choisit d’être ce tation, violemment prise à parti spécialisés dans le traitement du scientifique « a besoin de données tembre la teneur de leur initiative vaccinales. Il faut ajouter que l’on qu’il paraît, profondément vul- par des syndicalistes anonymes sida (Iapac), a annoncé le sur l’homme ». Il a indiqué que son (Le Monde du 24 septembre), prend ici le risque de “vacciner” des gaire. en désaccord avec la ligne CFDT. 11 novembre, à Washington, que association souhaitait conduire annoncent aujourd’hui avoir reçu personnes séronégatives qui pour- Dans un entretien à L’Evéne- Ces braves gens l’avaient insul- les premières expérimentations cette expérimentation de manière les candidatures de centaines de ront ensuite transmettre le virus. » ment du jeudi, le secrétaire géné- tée, traitée de « collabo » et, humaines d’un nouveau vaccin officielle et demanderait, pour cela, volontaires séronégatifs, parmi les- « Peut-être faudra-t-il un jour ral de Force ouvrière s’en est déjà, de « Notat couche-toi-là », contre le sida, constitué d’un virus l’agrément de l’administration quelles celle d’un médecin père expérimenter un tel vaccin sur pris, une fois de plus, une fois promise à être « tondue » dans vivant génétiquement modifié, américaine. Pour autant, il a ajouté d’un enfant mort du sida. l’homme, mais pas avant d’avoir encore, à Nicole Notat, secré- les plus brefs délais. Les inci- sont programmées pour 1999. Le que, si cet agrément n’était pas épuisé toutes les autres possibilités, taire générale de la CFDT. Et en dents avaient fait quelque bruit. docteur Farhing a aussi précisé que accordé, les essais seraient « DESPERADOS » nous a déclaré, pour sa part, le pro- quels termes ! Un vrai numéro Ils furent, du bout des lèvres, la première phase de ces expéri- conduits ailleurs que sur le sol L’hypothèse d’une expérimenta- fesseur Peter Piot, directeur géné- de beauf syndical en bretelles. Il qualifiés de « regrettables », par mentations impliquerait dans un américain. L’Iapac réunit 5 500 per- tion vaccinale à partir d’un virus ral d’Onusida. Il faut aussi savoir s’agissait pour lui de répondre à Marc Blondel, qui s’empressa premier temps, durant un ou deux sonnes, pour la plupart des profes- vivant a toujours suscité les plus que des publications à venir éta- une question, un peu provoca- d’ajouter que ces incidents ans, cinq volontaires (dont il pour- sionnels de santé, dans 42 pays. vives oppositions chez les meilleurs blissent que ce type de virus, géné- trice, de notre consœur Béatrice « provenaient quand même, il ne rait faire partie), avant d’être rapi- Ce vaccin sera constitué d’un spécialistes de virologie. Outre le tiquement modifié, demeure infec- Jérôme sur le conflit des routiers. faut pas l’oublier, des prises de dement élargie à une cinquantaine virus mis au point et expérimenté risque d’infection, une telle vacci- tieux. Nous avons, sur ce thème, mis Et voici ce que cela a donné. position de la secrétaire générale de personnes. sur des primates de l’université nation pourrait provoquer diverses en place un groupe de réflexion Question : « Nicole Notat a de la CFDT depuis plusieurs « Si ce vaccin est efficace, nous Harvard, à Boston (Massachu- affections, notamment de nature chargé de définir les règles éthiques obtenu, sans vous, un accord avec mois ». aurons un vaccin protecteur contre setts), par le docteur Ronald Des- cancéreuse. « Il n’est pas possible de dans le domaine des essais vacci- les patrons des chauffeurs-rou- En somme, regrettables mais le sida dans dix ans. Sinon, nous rosiers. A la différence des autres tenter une telle expérimentation chez naux en sachant que la plupart des tiers. Et peut se targuer d’avoir parfaitement compréhensibles. n’en aurons peut-être jamais », a modèles vaccinaux, constitués de l’homme, car elle est beaucoup trop essais vaccinaux devront être fait lever le blocus. Ce n’est pas la Tout était déjà dit. Et l’entretien déclaré ce médecin, lors d’une fragments du virus, il s’agit ici d’un dangereuse, a déclaré au Monde le conduits dans le tiers-monde. » première fois que vous passez accordé à L’Evénement du jeudi conférence de presse. Bien que des virus dont le potentiel infectieux a professeur Luc Montagnier. Il s’agit pour le “cocu magnifique” ». ne fait que le confirmer : essais avec un virus vivant « atté- été réduit par soustraction de cer- là d’une initiative de “desperados” Jean-Yves Nau Réponse : « Je suis peut-être l’exemple venait bien d’en haut cocu, comme vous dites. Mais je de FO, de chez les « mecs », de suis en règle avec les mecs. Moi, chez les « pas homo ». Parler dur, mon boulot, ce n’est pas de faire parler « couillu ». Un autre syn- Le rapport sur l’amiante est rendu public M. Le Pen obtient l’amour avec les premiers dicaliste de FO, le patron de la ministres, que ce soit Juppé ou Jos- Fédération des transports, Roger pin. D’abord parce qu’ils sont Poletti s’y est employé récem- Cette étude de l’Inserm évalue à 1 950 le nombre des décès en 1996 gain de cause mâles et que je ne suis pas homo. ment. Roger Poletti qui fut, dans Ou alors, j’aurais envie d’être reçu l’imaginaire journalistique du QUALIFIÉ de « nul » par Claude diens, le risque de mésothéliome sentant ces conditions d’exposition dans les salons, ce dont je me fous conflit, ce que Lino Ventura resta Allègre, ministre de l’éducation (un cancer spécifiquement attribué pendant soixante ans ! » Un proto- contre un (...). » au Salaire de la peur, a, lui aussi, nationale, de la recherche et de la à l’exposition à l’amiante) « par cole difficile à mettre en place ! Les Amis du club des syndica- parlé bravement. Se prenant, technologie, le rapport de l’Institut exposition au chrysotile est probable- épidémiologistes doivent là affron- journaliste listes-poètes et mecs, bonjour ! face au ministre communiste, national de la santé et de la ment surestimé par l’Inserm ». Mar- ter un problème classique de Surtout quand une telle sortie pour le brave général Custer recherche médicale (Inserm) cel Goldberg, l’un des rédacteurs « puissance statistique ». LES ÉDITIONS PLON et un s’accompagne, à la réponse sui- confronté aux méchants Indiens, consacré aux effets sur la santé des du rapport français, reconnaît Les effets pourraient, certes, journaliste, Nicolas Domenach, vante, de hautes considérations il eut pour Canal Plus ce mot : principaux types d’exposition à qu’effectivement, pour cette affec- concerner un grand nombre de per- l’un des auteurs du livre Le Roman du type : « Du coup, les patrons « Un bon communiste est un l’amiante vient d’être finalement tion particulière, le chrysotile est sonnes si l’on se rapporte à des d’un président, ont été condamnés, ont pu dire : “On vous l’accorde”, communiste mort. » Là encore, publié. Une synthèse en avait été probablement moins toxique que populations importantes. Mais ils lundi 10 novembre, par le tribu- alors qu’ils nous l’ont mis dans le sans commentaires. diffusée en juillet 1996, à la veille de l’amosite et la crocidolite, d’autres sont statiquement trop faibles (en nal correctionnel de Paris à l’interdiction définitive de fibres amiantées, « Mais le risque deçà des marges d’erreur) pour être 40 000 francs d’amende chacun l’amiante en France, intervenue le pour le cancer du poumon est du observés avec certitude. Pour pour diffamation envers Jean- 1er janvier 1997. L’étude de l’Inserm même ordre », souligne-t-il. Etienne Fournier, toxicologue à Marie Le Pen. Maurice Szafran, le évaluait à 1 950 le nombre de décès Cette défense d’une production l’hôpital Fernand-Widal (Paris) et second auteur de cet ouvrage, a liés à l’amiante en France en 1996 nationale n’est cependant pas le auteur d’un rapport de l’Académie été mis hors de cause pour une (Le Monde du 3 juillet 1996). cœur du débat, qui réside dans la de médecine sur l’amiante, question de procédure. Il reste que la publication de question, toujours épineuse, des « l’extrapolation linéaire à zéro » M. Le Pen reprochait aux deux l’intégralité du document a beau- faibles doses, et qui se retrouve retenue par l’Inserm aboutit à un journalistes de lui avoir prêté des coup tardé. Au point que la revue nombre de cancers induits « imagi- propos antisémites. Le tribunal a scientifique britannique Nature a naires ». Comme Claude Allègre, il comparé l’enregistrement de cet affirmé récemment que Claude « Connaissant évoque la parabole de la silicose et entretien avec les notes prises par Allègre avait donné des « instruc- des enfants sur la plage. les auteurs et jugé que les paroles tions » au directeur de l’Inserm, la grave maladie Les victimes de l’amiante prêtées à M. Le Pen « ne sont pas Claude Griscelli, afin de bloquer ce refusent cet argument. Le Comité authentiques ». Le sujet d’un pré- texte. Le ministre de la recherche qu’est la silicose, anti-amiante de Jussieu et l’Asso- tendu « complot juif », écrit-il, s’en est défendu – « Pourquoi vou- ciation nationale de défense des n’avait pas été abordé par le chef driez-vous que je me sois opposé à la refuseriez-vous victimes de l’amiante ont déposé, de file du FN mais « par les journa- diffusion d’un texte de médiocre en octobre 1996, une plainte pour listes eux-mêmes, revenant à la qualité ? », a-t-il déclaré lors d’une d’emmener un « publication et diffusion de fausses charge à plusieurs reprises ». Le tri- conférence de presse –, avant de nouvelles » contre le rapport du bunal souligne que M. Le Pen n’a, s’attaquer violemment à l’étude de enfant sur une plage groupe de travail de l’Académie de à aucun moment, prononcé le mot l’Inserm, qui, selon lui, aurait été médecine. De son côté, l’Office par- « juif » et que ce « procédé « taillée en pièces par le Research parce qu’il pourrait lementaire d’évaluation des choix déloyal » est « contraire à toute Council canadien ». scientifiques et techniques notait déontologie du journalisme ». Renseignements pris, le rapport respirer le silice récemment que le travail de l’Aca- français a effectivement fait l’objet démie de médecine ne lui paraissait d’une étude critique demandée par du sable ? » pas « du même niveau d’exigence et aESPACE : la 102e fusée les autorités canadiennes à la de qualité » que l’expertise de Ariane-4 a été lancée avec succès, Société royale du Canada. Mais les Claude Allègre l’Inserm, qu’il qualifiait d’« exemple mercredi 12 novembre à 22 h 48 remarques adressées sont loin à suivre ». (heure de Paris), du centre guya- d’avoir la violence des épithètes En dépit des contestations dont il nais de Kourou. Elle a mis sur employées par le ministre français. aussi dans le nucléaire. M. Allègre fait l’objet, le modèle linéaire, sans orbite deux satellites de télévi- Les premières remarques cana- résume ainsi la querelle : le rapport seuil, reste le seul instrument sion : Sirius-2, pour la société sué- diennes portent sur la toxicité des de l’Inserm « confond hautes doses retenu par l’ensemble des orga- doise NSAB, et Cakrawarta-1, pour différentes fibres d’amiante. Elles et basses doses, ce qui est complète- nismes de réglementation chargés la société indonésienne Media visent particulièrement le chryso- ment différent. Connaissant la grave des évaluations quantitatives du Citra Indostar. Il s’agit du 30e vol tile, principale fibre d’amiante pro- maladie qu’est la silicose, refuseriez- risque. Les experts canadiens en consécutif réussi du lanceur euro- duite au Canada. Pour les Cana- vous d’emmener un enfant sur une donnent d’ailleurs acte à leurs col- péen (lire aussi page 25). plage parce qu’il pourrait respirer la lègues de l’Inserm. « Ce n’est peut- silice du sable ? » être pas le modèle le plus réaliste, Existe-t-il un seuil en deçà duquel mais c’est le plus prudent, celui qu’il des matières réputées toxiques à convient d’adopter en matière de haute dose n’ont plus de potentiel santé publique », admet Michel nocif pour l’individu ? « Jamais on Camus, épidémiologiste à l’institut ne pourra trancher, estime Marcel Armand-Frappier (Montréal), qui a Godberg. La méthodologie le plus « révisé » le rapport canadien. appropriée, pour mettre en évidence un éventuel accroissement du risque, Hervé Morin lorsqu’on atteint les valeurs régle- mentaires des expositions profession- ૽ L’expertise collective est publiée nelles, consisterait à suivre des aux éd. Inserm, 101, rue de Tolbiac, cohortes de 325 000 personnes pré- 75013 Paris, 434 p, 100 F.

BOURSE TOUTE LA BOURSE EN DIRECT 36 15 LEMONDE Cours releve´s le jeudi 13 novembre, a` 10 h 15 (Paris) FERMETURE OUVERTURE DES PLACES ASIATIQUES DES PLACES EUROPE´ENNES Tokyo Nikkei 15427,27 – 0,04 – 20,32 Cours au Var. en % Var. en % Honk Kong index 9720,78 + 1,17 – 27,73 13/11 12/11 fin 96 Tokyo. Nikkei sur 3 mois Paris CAC 40 2701,95 + 0,20 + 16,68 + + 15427,27 Amsterdam CBS 845,09 0,07 30,37 19252,23 Bruxelles 14741 + 0,43 + 39,45 18295,99 Francfort Dax 30 ...... + + 17339,75 Irlande ISEQ 3672,92 0,65 34,75 Londres FT 100 4730,40 + 0,21 + 14,86 16383,51 Madrid Ibex 35 ...... 15427,27 Milan MIB 30 21847 + 0,49 + 39,18 f14 aouˆt 26 sep. 13 nov.g Zurich SMI 5449,60 + 0,29 + 38,24

Tirage du Monde daté jeudi 13 novembre : 496 204 exemplaires. 13