Villes et Pays d’art et d’histoire Le pays de la Verte

Laissez-vous conter le patrimoine bâti de la Provence Verte « Entre bourgs et villages » Maîtrise d’ouvrage Suivi technique Pays d’art et d’histoire de la Provence Verte Service Pays d’art et d’histoire de la Provence Verte

Rédaction Photographies Ada Acovitsioti-Hameau, Docteur en archéologie et Robert Callier, photographe anthropologie, Vice-Présidente de l’ASER du Centre-, Pays de la Provence Verte association loi 1901 fondée en 1977. L'Association s'implique dans l'étude interdisciplinaire et Réalisation la valorisation des patrimoines matériel et immatériel des communes du centre du Var : chantiers de jeunes, restaurations de monuments, enquêtes orales, mise en place de lieux d'expositions, conférences et publications, etc .

Depuis 1999, le Syndicat Mixte du Pays de la Provence Verte a crée un partenariat avec le Centre d’études PARTIR qui regroupe des étudiants en architecture issus des écoles de Paris-La Villette et de Marseille-Lumigny. Ce partenariat permet de proposer aux communes la réalisation d’un recensement de leur patrimoine bâti. Ces études proposent en outre aux municipalités des pistes de réflexion concernant l’organisation et l’aménagement de leur commune. Cet ouvrage est basé en partie sur ces travaux.

La Provence Verte appartient au réseau Renseignements national des Villes et Pays d’art et d’histoire. Maison du tourisme de la Provence Verte La Provence Verte appartient au réseau national des Villes et Carrefour de l’Europe – 83170 Pays d’art et d’histoire. Tél. 04 94 72 04 21 Le ministère de la culture et de la Communication, direction Site internet : www.provenceverte.fr de l’Architecture et du Patrimoine, attribue l’appellation Villes et Pays d’art et d’histoire aux collectivités territoriales Service Pays d’art et d’histoire qui valorisent leur patrimoine. Il garantit la compétence de Quartier du Plan – BP 14 – 83171 Brignoles Cedex l’animateur de l’architecture et du patrimoine et des guides- Tél. 04 98 05 12 22 conférenciers, et la qualité de leurs actions. Des vestiges antiques à ‘l’architecture du XXI e siècle, les ASER du Centre-Var villes et pays mettent en scène le patrimoine dans sa diversité. Maison de l’archéologie Aujourd’hui, un réseau de 147 villes et pays vous offre son 21 rue de la République – 83143 Le Val savoir-faire sur toute la . Tél. 04 94 86 39 24 [email protected] Le service animation du patrimoine Site internet : http://asercentrevar.free.fr Il propose toute l’année des animations pour les habitants, visiteurs et scolaires.

A proximité Fréjus, Grasse, Menton, Briançon, Arles, le Pays du Comtat ASER Venaissin, le Pays de la Roya-Bevera et le Pays S.U.D. bénéficient de l’appellation Villes ou Pays d’art et d’histoire. Ce livret invite à découvrir le patrimoine bâti de la Provence Verte. Les pages qui suivent Village de Bras traitent de l’architecture « entre bourgs et villages », c’est-à-dire Dans ce cadre général, la connaître et de faire apprécier celle des noyaux d’habitat serré Provence Verte présente les leur milieu physique et leur aspect qui regroupent les hommes et avantages d’un territoire neuf, bâti et les modes de vie qui en qui centralisent les services au qui a été récemment constitué découlent. Il est donc nécessaire sein du territoire communal. d’un point de vue administratif, de présenter les particularités Placées dans un contexte et d’un territoire aguerri, qui des façons d’organiser l’espace et rural, ces agglomérations se est l’héritier de groupements la pluralité des constructions qui présentent aussi comme des successifs, variables et plus ou les expriment. Plus que d’exposer groupements à caractère urbain. moins formels d’une partie des les faits de façon exhaustive, Ce genre d’organisation est une communes du Var dit moyen, l’enjeu ici est de les analyser, constante des modes d’habiter !"1 )!%$)' -$' &%"1)0*/' 0$' Y*' 3%' 0Y"'3P0!8$!(%)'*%')%80)3'90&%''$"' en Méditerranée et la Provence l’histoire. Autres avantages de ce environnement qui est fréquenté ne s’en démarque pas. Bien sûr, territoire, celui-ci n’a pas encore au quotidien sans qu’on ne lui la mise en place de ce modèle basculé, ni dans une urbanisation prête beaucoup d’attention ; face s’est fait progressivement et irréversible, ni dans un déclin à un environnement que l’on celui-ci connaît aujourd’hui rural irrémédiable. Cependant, peut facilement mésestimer et des réajustements importants : la maîtrise des évolutions endommager, si l’on ne possède abandon des centres-villes, urbanistiques reste impérative pas des clés de lecture pour mitage des campagnes, etc. Ces et elle implique la pleine découvrir sa richesse technique, transformations mettent en compréhension des situations et esthétique et culturelle. cause tout à la fois la ruralité et 3%(' %"4%$5' 0"1 )!%$)(6' '7Y"' 3%' l’urbanité parce qu’elles ont une faire évoluer au mieux les bourgs !"Z$%"&%' ($)' *P &-"-.!%/' ($)' *0' et les villages de la Provence vie sociale et sur l’identité locale. Verte, il est nécessaire de faire Sommaire L’affirmation de l’habitat groupé Les lieux et les hommes ...... page 3 Des « proto-villages » aux « villages-villes » ...... page 4

Groupement et dispersion : lieux, formes et dynamiques Le choix de l’implantation ...... page 6 Questions d’eau ...... page 7 Persistance ou abandon des premiers sites d’implantation . . . .page 9 Les bourgs ecclésiaux ...... page 12 Lieux « inhabités » ...... page 14

Trames et tissus urbains Ilots, quartiers, rues et passages ...... page 15 Transformation et évidement des centres historiques ...... page 16 Formes urbaines plurielles ...... page 17 2 Les « villages-rues » ...... page 19 Qualification des espaces villageois ...... page 21

Espaces et bâtiments : publics/privés Espaces publics comme lieux de sociabilité ...... page 23 Les espaces publics ...... page 24 Utilisation collective des ressources en eau ...... page 26 Les coopératives agricoles ...... page 27

Composition, construction et esthétique des locaux Les maisons de village : formes et organisation ...... page 29 Caractéristiques du bâti ...... page 32

Conclusion Penser un avenir ...... page 35 L’affirmation de l’habitat groupé

Depuis l’époque préhistorique, les sites d'habitat couvrent l'intégralité du territoire en densités variables, qu’ils aient été groupés ou dispersés selon les périodes et le contexte.

Contexte géographique pour les écarts. Cependant, l’agencement des territoires et les systèmes agraires font La Provence Verte occupe la partie apparaître certaines permanences qui occidentale du Var intérieur. Du sud au traversent les millénaires. En témoigne nord, elle s’étend de la ligne des massifs la superposition - imparfaite certes mais de la Sainte-Baume, de Saint-Clément suffisamment large pour nous interpeller et des Thèmes qui marquent les limites - des domaines des peuples préromains, de l’arrière-pays toulonnais jusqu’aux des juridictions des cités antiques et des contreforts des grands Plans, des plateaux diocèses médiévaux. Pour la Provence qui annoncent les Préalpes et le canyon Verte, cette superposition impliquerait les du Verdon. D’ouest en est, ses confins se peuplades des Tritollii, les cités d’Aquae diluent dans les marges forestières du Pays Sextiae (Aix-en-Provence) et sans doute d’Aix et dans les ondulations boisées du des 12 e–13 e siècles et, souvent, seulement à d’Arelatum (Arles), les diocèses d’Aix et centre du département. Ce vallonnement partir du 15 e siècle. dans une moindre mesure de Marseille. s’estompe au contact de la dépression qui Nous percevons aussi ces permanences sépare le Var calcaire du Var cristallin Le groupement au fil du temps dans la continuité des emplacements (massifs côtiers des Maures et de l’Esterel). des limites, des passages et des voies de Drainé par le fleuve et ses affluents, Ainsi, une dizaine de territoires de la circulation, dont l’axe N7/A8 actuel qui le Pays montre un relief compartimenté Provence Verte sont mentionnés avant suit à peu près le tracé de la voie romaine et diversifié mais sans exagérations l’an mil dans différentes chartes (celles de homologue dite Via per Alpes Maritimas, 3 altimétriques ou paysagères. Un dénivelé de Childebert, de Saint-Victor, de Lérins, de connue comme « voie aurélienne ». Enfin, 200 à 300m sépare ordinairement les cimes Montmajour, des évêques de Marseille) elles transparaissent sous la persistance des collines des fonds des cuvettes, tandis et bulles de la papauté. Ces mentions de la vocation des espaces : usage exclusif que basses et hautes terres, cultures, friches datent de la fin des années 900 à quelques de la haute vallée du Carami pour des et bois, affaissements et escarpements exceptions près (Brignoles ou Camps activités de prédation et pour des rituels se succèdent en un rythme mesuré, sans sont mentionnés dès les années 550, et réclusions, sacralité du cœur du massif transitions brusques. l’établissement religieux de Saint-Maximin de la Sainte-Baume, prégnance de l’activité Au fil des siècles, les hommes ont investi cet dès le 4 e siècle, Nans à la fin des années pastorale sur la montagne d’Agnis, etc. espace dans son intégralité, mais ils l’ont 700). Une vingtaine de territoires et leurs fait avec des divergences qui reflètent les habitats sont signalés dans la première variations du milieu et de l’organisation des moitié des années 1000, mais pour sociétés. D’une époque à l’autre, l’habitat plusieurs d’entre eux une réorganisation s’est déplacé tant dans le sens vertical des fiefs et des communautés intervient aux qu’horizontal. Il s’est aussi étalé, rétracté, 12 e-13 e siècles. D’autres sont refondés après fractionné, et a parfois fusionné. Les 1470, suite aux dépeuplements occasionnés agglomérations actuelles sont le relais ou par des guerres et par des épidémies de la réunion de sites perchés et de domaines peste. et hameaux de plaine plus anciens. Leur L’aspect visible de ces agglomérations, existence en tant que communautés considéré comme vernaculaire, date plus ancêtres des communes contemporaines largement des 16 e-19 e siècles. C’est aussi n’est documentée, généralement, qu’à partir le cas pour les constructions dispersées et Les lieux et les hommes Plaine de Les groupements protohistoriques plaine progresse. L’entité emblématique de la dispersion gallo-romaine est la villa : Tout au long de ces évolutions, un domaine rural, résidentiel et agropastoral. mouvement pendulaire ne cesse de Elle représente, selon l’époque, 20 à 40% remettre au goût du jour un penchant des habitats connus. Ces pourcentages vers le groupement. Parmi les habitats reflètent les données pour l’ensemble du les plus anciens que l’on connaisse (fin territoire varois et sont à relativiser en du Néolithique, vers 2500-1800 av.J.C.), tenant compte des conditions générales de nous comptons quelques établissements Colline et prieuré de Saint-Quinis chaque époque et de l’état de la recherche. de plaine. Celui du Plan Saint-Jean à de rassemblement. La multiplication Ainsi, le décompte des villae témoigne Brignoles, sur la rive gauche du Carami, se de ces places sur un même territoire (5 du déclin du nombre d’unités d’habitat présente comme la réunion plus ou moins e e connus pour Saint-Maximin, 4 pour la pendant le Haut Moyen Age (6 - 9 lâche de quelques habitations rurales et de Roquebrussanne, par exemple) est un fait siècles après J.C.) et de la forte déprise leurs dépendances. L’emplacement de ce habituel. Une ou plusieurs de ces enceintes démographique qui marque le milieu de proto-village fluctue avec les crues de la fonctionnent en même temps que d’autres cette époque. Nous comptons dans le rivière. D’autres habitats similaires, situés e e installations situées en plaine : hameaux Var 173 villae pour le Haut Empire (1 -2 à Pourrières, à Saint-Maximin, à ruraux ou lieux de culte. Plusieurs de ces siècles après J.C.) sur un total de 947 sites ou au Val, sont plus diffus et leur structure places fortes (et non les moindres comme d’habitat connus et nous ne comptons plus reste difficile à imaginer. A la même Saint-Probace à Tourves ou Saint-Quinis que 77 pour le Haut Moyen Âge mais sur période, les hauteurs et les cavités abritent 4 entre Sainte-Anastasie et Camps-la-Source) un total de 206 sites d’habitat connus. Pour des activités saisonnières ou occasionnelles e sont désaffectées à la fin de l’Antiquité le seul 5 siècle après J.C. 151 habitats de (grottes-bergeries, bivouacs divers) et (4 e-5 e siècles après J.C.). Certaines sont plaine sont encore occupés dans le Var. remplissent des fonctions funéraires et réoccupées aux époques historiques de Du Haut Empire romain à l’an mille, ces spirituelles (dolmens, grottes sépulcrales façon plus ou moins épisodique. Elles habitats s’insèrent dans des découpages et/ou ornées, abris peints). Les Ages des sont aussi, fréquemment, investies par des administratifs appelés terminus dans le métaux sont caractérisés par une tendance établissements religieux qui perpétuent langage de tradition antique ou pagus dans au perchement et voient la mise en place de encore de nos jours le culte de saints le langage du début du Moyen Age. tout un réseau de places fortes, les oppida, patrons, de protecteurs de villages. qui sont aussi des lieux de vie et des lieux L’habitat dispersé de l’Antiquité

La conquête romaine (fin 2 e siècle avant J.C.) n’a pas occasionné de rupture brutale dans les modes d’occupation des sols et dans les modes de vie malgré la réalisation d’importants travaux structurants (drainage, voierie) et l’introduction de nouvelles cultures et filières économiques (production d’huile d’olive et de vin). La fréquentation des sites de hauteur se Restitution de la villa gallo-romaine du poursuit, quelques nouvelles enceintes Loou, Gaétan CONGES, Jacques BIGOD

Des « proto-villages » aux « villages-villes Des « proto-villages L’oppidum de Saint-Probace sont fondées et l’habitat dispersé de Persistance des lieux d’habitat au Moyen-âge

Ces modules territoriaux constituent plaine, croît sur le lieu d’un sanctuaire de des réseaux que nous retrouvons dans le l’Antiquité tardive et d’un habitat gallo- maillage des habitats groupés (villages et romain identifié comme le site de Villa hameaux) et dispersés (fermes et bastides) Lata. Le nom de Rodanae, transmis pour le jusqu’à nos jours. Ainsi, des domaines même site, trahit un culte local nettement viticoles se développent en lieu et place plus ancien. Pour résumer, nous pouvons Développement de Carcès ou à proximité des domaines antiques (la dire que les clivages « ville haute/ville des lices, agrandissement des faubourgs, Lieue à Brignoles ou le Grand Lóou à la basse » et « ville vieille/ville neuve » sont installation de lieux de marché et de foire, Roquebrussanne). Des relais routiers des équivalents. Dans l’un et l’autre cas, les comme à Brignoles, ou de halles, comme premiers siècles de notre ère (Tourves, deux formations se trouvent tant dissociées au Val) et les aménagements d’inspiration ) évoluent en habitats compacts. que continues dans l’espace et leur haussmannienne du 19 e siècle (alignements Les oppida peuvent se trouver à l’origine évolution se fait autant de concert qu’au de façades, ouverture de voies selon un des châteaux féodaux (, détriment de celle plus ancienne. plan orthogonal, ajout de nouveaux Nans), mais la dissociation entre place quartiers) n’ont pas altéré l’aspect dense du forte préromaine et château médiéval existe e e bâti. En 1929, la Monographie agricole du aussi (, ). Aux 12 -13 Var compare ce bâti rural à celui des villes. siècles, des regroupements sont opérés Le caractère urbain transparaît également 5 autour de châteaux (fait observé dans plus dans la composition de la population que la moitié des communes de la Provence (mélange d’agriculteurs, de commerçants, Verte) ou autour d’établissements religieux d’artisans, de financiers, de professionnels (on compte une dizaine de fondations libéraux et de bourgeois) et dans la ecclésiales). Ces sites représentent l’assiette satellisation des services et des loisirs. En primitive des habitats actuels. Ils sont 1981, en s’appuyant sur des critères comme formés de multiples façons. Certains l’agencement du bâti, le profil des habitants châteaux sont délaissés et relayés par un et les fonctions sociales et économiques, habitat installé sur leur piémont immédiat les historiens Jean Ferrier et Yves Rinaudo (La Roquebrussanne, par exemple) ou affirment qu’au-dessus de 200 habitants, légèrement plus loin mais à distance chaque commune varoise est un « village- Le domaine de Saint-Julien-le-Grand, La Celle visuelle du site initial (Forcalqueiret, ville ». De toute évidence, formes et Rougiers, Nans). D’autres entités fonctions vont de pair. Ce fait rappelle communales évoluent sur place. Les bourgs Les « villages-villes » qu’ « à une morphologie de groupement de Brignoles ou de Carcès, par exemple, correspond, la plupart du temps, une s’enroulent et s’étalent autour du bâtiment Débarrassées ou outrepassant leurs sociologie de collectivité » (Roger Livet seigneurial juché sur une butte. Montfort murailles, les agglomérations modernes 1962) : se regroupent, généralement, dévale la pente aux abords immédiats du conservent une structure serrée, avec des en habitats serrés les sociétés qui ont château templier. A Fox (village de hauteur) îlots contigus et des bâtisses mitoyennes et conscience de leurs intérêts communs et qui les fondations civiques et religieuses se même intriquées les unes dans les autres. e administrent leur territoire et leurs affaires succèdent sur le même emplacement depuis Les remaniements opérés dès le 16 siècle de façon collective. l’Âge du Fer. Saint-Maximin, bourg de (élargissement des enceintes, aménagement Groupement et dispersion : lieux, formes et dynamiques

Fondation monastique, adaptation au milieu naturel, abandon d’un site primitif : les raisons de l’implantation des groupes d’habitat ont été multiples et expliquent la diversité des villages actuels. Emplacements stratégiques des villages

Les communautés d’habitants

Nous avons vu que les communautés du Var intérieur sont constituées et relative- ment stables depuis la fin du Moyen Age. La « communauté » de l’Ancien Régime dont nous parlons ici correspond, peu ou prou, à la collectivité communale post- Situation du village de Méounes révolutionnaire mais pas tout à fait à ce que nous entendons par le terme « muni- La tendance consistant à se tenir à l’écart 380 mètres. Les massifs de collines disposés cipalité ». La « communauté » comprend des conditions naturelles extrêmes est est-ouest, qui se succèdent du sud au nord le « corps des habitants » qui agit comme une tendance générale pour la Basse et du Pays, forment une multitude de bassins une entité (d’où l’existence de terres com- Moyenne Provence. Les habitats ne fré- plus ou moins vastes qui accueillent un munes et de droits d’usage inaliénables). quentent ni les sommets (exposés au soleil maximum d’agglomérations allant de La « municipalité » est une entité externe, et battus par les vents), ni les bas-fonds Méounes dans la vallée du Gapeau à différente du « corps des habitants », qui (imprégnés d’humidité et soumis au gel). Ils Tavernes sur le piémont des Bessillons et de agit comme une personne (morale) en soi. s’écartent aussi, plus ou moins fermement, Vins dans la moyenne vallée du Carami à 6 Cette dissociation permet parfois de passer des cours d’eau (craints pour leurs crues Pourrières et situés entre le Mont outre des prescriptions du droit coutumier subites) sans que cela n’empêche l’usage Aurélien et la Montagne Sainte-Victoire. (par exemple : l’autorité municipale ignore et le captage de ces derniers au même titre Cette disposition se révèle convenable parfois l’interdit de vendre à un particulier que toute eau vive : source, résurgence ou pour des expositions tant septentrionales un bien foncier à usage collectif). D’une suintement. En revanche, les substrats et que méridionales, comme le montrent les époque à l’autre, les groupes humains environnements rocheux ne sont nullement situations des villages de Néoules et de cherchent à s’installer à l’abri de toute répulsifs. Ils sont diversement exploités Sainte-Anastasie sur les rives opposées de influence naturelle extrême, que celle-ci soit et incorporés dans les fondations et les l’Issole : le premier se développe sur une

Le choix de l’implantation le relief, l’eau ou le climat. élévations du bâti. La déclivité des versants butte basse et allongée, formée en avant est aussi mise à profit pour étager les îlots du versant nord de Saint-Clément, tandis en régulant luminosité, aération et ruis- que le deuxième occupe un petit plateau sellements ainsi que pour établir des accès détaché du piémont sud-est de la Barre de séparés pour les locaux résidentiels et les Saint-Quinis. Parmi les 11 autres com- locaux techniques (granges, fenils, étables). munes, les habitats de Pontevès, de Mazau- Ces prescriptions valent pour tous les gues et de Nans sont bâtis à une altitude de emplacements des villages même si chaque 400 à 450m. configuration de lieu a ses spécificités. Ainsi, parmi les 39 communes qui com- posent la Provence Verte, 28 possèdent un habitat principal placé sur une élévation modeste, dominée par des volumes mon- tagneux plus puissants et sur un intervalle altimétrique qui varie entre 230 et Silhouette de Saint-Martin-de-Pallières L’eau surplombée

A l’examen, il devient évident que l’altitude La descente jusqu’au bord de l’eau se fait à elle seule ne rend compte ni des potenti- par paliers. Placé sur un coteau sud, qui alités des terrains, ni des préoccupations et fait suite au promontoire sur lequel se des astuces des aménageurs. Ainsi, dresse la bâtisse seigneuriale, le village (165m alt.) est placé sur les deux rives de glisse vers le sud-ouest et se développe un l’Argens mais surplombe le fleuve de tous peu au-dessous du bourg médiéval, sur les côtés. Il s’agit d’un petit plateau étroit, bords d’un ancien étang. Généralement, Graphique des altitudes largement ouvert au nord, d’où le nom en toutes circonstances, bourgs et villages de Fort Gibron (fort « givré ») donné à trouvent les moyens de s’installer au dur et Pour le premier, ce fait peut être imputé l’ancienne résidence des abbés de Montma- au sec, malgré des aléas géologiques comme au voisinage du massif des deux Bessil- jour, seigneurs du lieu. Ce Fort occupe la la présence de sédiments friables (zones lons quoique d’autres villages du même partie élevée et ventée du site protégeant de de travertins, par exemple) ou de terrains secteur (, Tavernes) se situent fait le bâti rassemblé sur ses flancs. Plus en instables (substrats caillouteux ou sablon- dans l’intervalle de 300-350m d’altitude. aval, Carcès (130m alt.) occupe une butte neux) et malgré le côtoiement, inévitable, Pour Mazaugues et Nans, nous pouvons dans la boucle dessinée par la confluence des cours d’eau. évoquer à ce sujet, la proximité immédiate Argens-Carami. Initialement cantonné de la chaîne de la Sainte-Baume. La même sur le sommet, autour de son château, le proximité explique l’altitude élevée (700m bourg s’étale graduellement vers le fleuve 7 en moyenne) du Plan d’, dispersé et remplit la confluence sans franchir l’eau. sur les retombées nord-ouest du même massif. Le perchement relatif de Fox-Am- phoux (540m) et de (500m) traduisent quant à eux, des caractéristiques particulières au haut pays varois. Les vil- lages situés à des altitudes moindres (entre 130 et 190m) se trouvent à proximité des fonds de vallées. Malgré le voisinage des cours d’eau, ces habitats groupés occupent aussi une position surélevée par rapport aux terres environnantes. Dessin du village de Correns Dessin du village de Carcès

Du côté opposé, la butte est ceinturée par un canal qui longe et irrigue des parcelles jardinées. Seul l’habitat pavillonnaire actuel ne tient pas compte de ces marquages opérés par l’eau et les dépasse. Entrecas- teaux (156m alt.) occupe une boucle de la Bresque. Château et village dominent

Questions d'eau le talweg de plusieurs dizaines de mètres. L’eau apprivoisée (revêtements en tuiles-écailles ou murs à parements doublés). Le village-rue de Quand ils sont proches du bâti, les cours Forcalqueiret illustre bien ces dispositions d’eau viennent tout au plus frôler ses malgré des percées récentes opérées dans la limites externes ou intègrent des canaux compacité de la face nord du bâti ancien. qui desservent fontaines, lavoirs et moulins. Dans la totalité des bassins de l’Argens et A Méounes, la Lône épouse le passage qui de ses affluents (le Cauron, le Carami, l’Is- sépare la « ville vieille » des extensions sole, la Ribeirotte en rive droite, la Bresque, modernes bordant les routes de Signes et de la Cassole, l’Eau Salée en rive gauche, . Ce petit torrent qui peut devenir les trois premiers prenant leur source sur fougueux sort ensuite du village et traverse l’ubac de la Sainte-Baume), l’attirance et les prairies des Naïs en direction du fleuve l’évitement entre habitats et cours d’eau est Gapeau. Chemin faisant, il fournit la force un jeu usuel. Ainsi, le bourg de Brignoles se hydraulique pour les moulins placés en développe au contact du château construit e lisière du bâti. A la Roquebrussanne, la Descente des moulins à au 12 siècle sur l’extrémité d’un promon- Latte (appellation de l’Issole tant que cette toire dominant de 30 à 50 mètres le pié- rivière longe le village) coule entre la face vallée. Côté aval, l’Issole coule en restant mont, côté sud et le cours du Carami avec externe du bâti serré et les jardins (les éloignée de toutes les agglomérations dont la plaine attenante, côté nord. Ces terres horts) qui occupent ses marges. Quelques elle traverse le territoire. Sur ses rives, les basses se situent à une altitude moyenne de terrasses sont occupées, traditionnellement, 8 passages à gué et des pontons (initiale- 200m. La ville s’enroule en anneaux dissy- ment en planches, d’où le toponyme de « par des prairies humides ou par des terres métriques autour de la butte du château, La Planque », puis, moins nombreux, en semées en fourrage. Mazaugues représente s’étalant vers la rivière, l’enjambant même, pierre) relient les deux berges. La route un des rares cas où la rivière, en l’occur- mais laissant une zone libre sur ses berges. départementale initiale passe dans le rence le Carami, qui sourd quelques cen- Le Carami départage toujours l’espace village, en suivant le piémont qui porte ce taines de mètres en amont, traverse l’espace aggloméré et l’espace d’habitat diffus, col- dernier. Elle est doublée d’une déviation (la aggloméré. Les préoccupations au sujet de lectif ou individuel. Au fil des siècles, c’est route actuelle) qui contourne l’ensemble nuisances causées par cette situation (insa- lui qui définit le tracé des déviations qui et laisse l’Issole de côté tout en suivant sa lubrité plus que débordements) reviennent éloignent de plus en plus les grands axes de régulièrement dans les comptes-rendus du e circulation du noyau urbain. Des bourgs Conseil dès le 17 siècle. Le recouvrement comme Barjols ou Varages dominent aussi du parcours de la rivière en ville est planifié les vallons où gronde l’eau qui fait leur à plusieurs reprises mais n’aboutit que dans richesse (moulins, tanneries, faïenceries). les années 1880. Ordinairement, face aux Le premier village s’étage sur plusieurs cours d’eau, les agglomérations présentent terrasses de travertin qui surplombent un bâti aveugle (avec un minimum d’ouver- tures) composé par une majorité de locaux techniques (granges, bergeries, moulins, fabriques). Ordinairement aussi, un bâti aveugle affronte le côté d’où souffle le mistral (nord, nord-ouest) et parfois, le côté d’où arrive la pluie (est) en complément avec d’autres aménagements spécifiques Coupe géologique du village de Varages Vue de Barjols (Jean Nicod) la dépression où plonge le ruisseau de Sites de continuité Fauvéry. Le second se déploie sur le Báou, le balcon créé par le débordement des La formation de rend particu- eaux des sources jaillissant du plateau du lièrement compte de la complexité des Deffens qui s’étend en arrière du village. processus d’occupation du territoire et

Les deux agglomérations incorporent ation d’urbanisation. Ici, les réminiscences des dans leur bâti les eaux qui viennent de installations antique et médiévale se situent l’amont. Une multitude de canaux longent en amont du Rocher avec, repères ultimes la moindre ruelle, alimentent toutes sortes du temps et de l’espace, les deux tours de de vasques et de fontaines et rafraîchissent guet des 13 e-14 e siècles, érigées en bordure places et jardins publics : la longue place du plateau. L’habitat post-médiéval et Vue générale de Cotignac moderne s’établit en aval du Rocher. Le du Capitaine Vincent à Barjols, le vaste L’aspect global de Cotignac, placé en am- château bâti sur versant ouest, qui a proba- jardin de l’Enclos à Varages. Le balcon qui phithéâtre devant sa muraille de travertin, blement initié ce regroupement de maisons, porte Varages domine le lit de l’Eau Salée. se retrouve à Barjols, étiré à mi-pente au- n’existe plus et la villa gallo-romaine à L’articulation de ces deux éléments forme la tour de son église et de son campanile, et, l’origine du nom du lieu n’a pas laissé de descente des moulins, ceux à huile, à farine dans une mesure moindre, à Montfort, où traces (villa quo dicitur Cotign(nn)aco et à papier qui fonctionnaient en batterie l’agglomération installée sur la pente de la [anthroponyme Cottinius / Cottius / Cittius pendant l’Ancien Régime. Cette chaîne colline de Villevieille à l’aplomb du château et suffixe acum] mentionnée au début des d’applications hydrauliques se retrouve à apparaît moins étendue. Ce château, dit des années 1000 dans différents cartulaires). Le Cotignac où la Cassole, dérivée, contourne Commandeurs, a été fondé au 15 e siècle et 9 village actuel comporte une partie haute et le Rocher créé par ses débordements, qui a connu des modifications aux 16 e et 17 e une partie basse, placées en deçà et au-delà ont souvent rudement éprouvé le village. siècles. Il a lui-même remplacé un château des remparts, dont seuls quelques noms Cotignac niche toujours au pied de cette des 12 e-13 e siècles détruit au 14 e siècle. Il a de rues ont gardé le souvenir. Dans la ville haute barre de roche tendre. Celle-ci n’est été possédé par les Templiers, puis par les neuve, le Cours (aménagé en 1810) et les plus dévastée par les eaux de la rivière Hospitaliers de St Jean de Jérusalem, puis constructions adjacentes couvrent le canal après les travaux de déviation entrepris en par l’ordre de Malte. L’ensemble inclut une venant de la Cassole et les terres à fourrage 1701-1702. Jusque là, plusieurs tentatives chapelle Saint-Blaise. Les agglomérations qui s’étalaient aux portes de la ville vieille. d’entraver la fureur des eaux n’avaient d’Ollières ou d’Esparron ont une allure Celle-ci est frappée de quelques alignements donné que des résultats provisoires. Des analogue à celle de Montfort, avec leurs mais elle n’est pas désertée. La mairie travaux analogues sont entrepris à Varages châteaux respectifs se détachant en font elle-même se trouve sur l’ancienne Place du à partir de 1745, à l’initiative de la famille d’horizon, tandis qu’à Pourcieux, cette dis- Marché et dans les locaux d’un des moulins de Gassendi. Les dégats des eaux sont un position, bien réelle, reste moins perceptible désaffectés. Cotignac continue à valori- fléau réccurrent pendant l’Ancien Régime à cause de la déclivité moindre du lieu. et affectent de nombreuses localités. Ils sont ser ses vieux quartiers (les constructions souvent le fait de cours d’eau modestes en troglodytes du Rocher y compris), tout en apparence qui prennent, sans prévenir, des développant des lotissements aux abords allures de torrent, tel le Valgarnier ou la de la ville et un nouvel habitat dispersé aux Foux à Tourves, qui ont causé des inonda- abords d’anciennes fermes. Persistance ou abandon des premiers sites d’implant sites premiers des abandon ou Persistance tions aussi mémorables qu’inattendues. Vue générale d’Esparron-de-Pallières Dans tous ces cas, l’étalement vers les Abandon des sites primitifs basses terres, à travers des lotissements contigus au bâti groupé ancien ou dissé- Si, entre réunions, extensions et éclate- minés dans sa campagne proche, tend à ments, les formes et les tendances évolutives Restitution du castrum médiéval de Nans brouiller l’image de l’habitat massé au pied des habitats montrent une forte variabilité, les Pins ou autour de la bâtisse noble. En Pro- plusieurs schémas présentent des structures son site castral et s’étire vers le Carami en vence Verte, Saint Martin est un de rares similaires. Ainsi, et toute proportion gar- aval du manoir post-médiéval, qui relaie le villages à s’être resserré au lieu de s’étaler, dée, la formation de Vins peut se comparer château sans devenir pour autant un centre 10 en se développant au contact du Bois du à celle de Montfort. Dans les deux cas, un e administratif. Dès l’investissement du site, Château, parc créé à partir de 1734. Pour centre de pouvoir tardif (châteaux du 15 les maisons de Mazaugues s’étagent hors de plusieurs de ces habitats, l’existence en siècle) remplace le centre de pouvoir plus l’enceinte du Moyen Age dont les vestiges pied-de-pente ou sur un carrefour routier ancien (castrum de Sainte-Suzanne pour répondent encore au nom de « clastre » de quartiers appelés faubourgs (Esparron) Vins, Castel Rignáou pour Montfort) et (soit terrain clos, du latin claustra qui ou logis (Saint Martin mais aussi Nans ou satellise un habitat groupé, tandis qu’un donne le provençal claustrado). L’habitat Fox-Amphoux) témoigne aussi d’occupa- cours d’eau conséquent (le Carami pour se concentre au contact d’une chapelle hors tions plus ou moins synchrones des hautes Vins, l’Argens pour Montfort) semble murs qui finit par devenir paroisse. Une et basses terres. contenir l’expansion du bâti serré et définir maison particulière, pas obligatoirement les axes de développement du bâti lâche. la même, fonctionne comme maison de Mazaugues aussi délaisse précocement ville. Le domaine de la villa Mat(d)alic(g)as (éponyme du lieu) devrait se situer un peu plus bas dans la vallée, à quelques centaines de mètres du village actuel. La chapelle dédiée à Saint-Christophe (patron du lieu) et ses terres (possessions de l’abbaye de Saint-Victor depuis la fin du 10 e siècle) en sont relativement éloignées et marquent les confins d’un premier périmètre de campagne régulièrement fréquentée par les habitants.

Forcalqueiret : le village et le Castellas A Forcalqueiret, le village primitif est com- pris dans l’enceinte du château médiéval et délaissé progressivement en même temps que le logis seigneurial. Ici, le regroupement se fait également autour d’une chapelle des champs, le long d’une voie déjà fréquentée et carrossable, dont le tracé suit de loin le cours de l’Issole. La maison de ville ne s’abrite apparemment pas dans le manoir des Pontevès, derniers seigneurs du lieu. Ce manoir est édifié entre le premier îlot Le castrum Saint-Jean de Rougiers vu depuis le village actuel de maisons et l’église dans la deuxième moitié du 17 e siècle, soit quelque temps qui couvrent et dépassent la butte portant Le nouveau Nans est composé d’un habitat après l’amorce de la descente de l’habitat. l’habitat. compact en forme de triangle traversé dans La désertion du site perché et le regroupe- Parmi les autres fondations castrales, le sa largeur par un Cours spacieux et d’un ment au bas de la pente n’entraînent pas village de Rougiers s’est formé au terme de habitat pavillonnaire développé à partir l’abandon des hameaux qui font partie du plusieurs réunions, dislocations et aban- des axes de circulation qui encadrent ce même finage (les Déoux, les Marins). De dons des points habités. Dans ce territoire, triangle. Pontevès présente un cas contraire. nos jours, ceux-ci fournissent encore des l’oppidum de Piégu et des établissements de Jamais désolidarisé du site d’origine, l’habi- ancrages pour l’habitat dispersé. Le premier plaine sont diversement occupés entre l’Age tat a simplement débordé de l’enceinte pour e 11 (les Déoux) se trouve à l’emplacement du Fer et le 5 siècle après J.C. Le castrum se placer en contrebas du château médiéval. d’une installation rurale gallo-romaine. Les de Saint-Jean (château et village contenus Celui-ci abritait logis noble, maisons et e deux autres membres de la seigneurie de dans la même enceinte) prospère pendant habitants jusqu’au 17 siècle. Vidé de sa e e Forcalqueiret, le bourg de Sainte-Anastasie les 12 -14 siècles sur une butte voisine de population après les épidémies de peste du e (connu sous cette appellation dès les années Piégu. Un nouveau village post-médiéval, milieu du 14 siècle, Pontevés est refondé 1200) et l’habitat de plaine de un bourg (dit Pays Haut et plus récemment dans les années 1470 (acte d’habitation (son château n’a pas survécu à l’édification Vieux Rougiers) s’installe au pied de la de 1477) avec un apport de population de celui de Forcalqueiret) évoluent sur butte du château déserté et s’agrandit vers italienne. Le village actuel s’étend contre et place. Néoules, autre village de la vallée la plaine pour donner le village actuel. sous le rempart et laisse voir parfois dans de l’Issole, occupe une butte allongée à Nans se forme aussi au terme de déplace- son bâti des détails des fortifications (appa- mi-chemin entre la barre qui abrite le ments successifs entre l’oppidum préromain reil en pierre de taille, meurtrières …). e château de Sant-Thomé (connu dès le 11 e de Sainte-Croix, le château du 12 siècle siècle et désaffecté, probablement, au 15 e) édifié sur un éperon contigu et incluant et la motte (tertre artificiel) de Château dans son enceinte le vieux village habité e e Loin, dit aussi « Bastide de Néoules ». Ce jusqu’aux 15 -16 siècles et l’établissement gros domaine agricole est connu dès 1250 de pied de pente, le nouveau Nans : un et encore habité autour de 1700. Le village village agencé autour d’une Grand’Rue e actuel s’est formé près d’une chapelle deve- relativement rectiligne. Déperché dès le 17 nue paroisse en 1584 et du manoir du 17 e siècle, Nans prend son aspect définitif au e siècle appartenant au roturier qui acheta milieu du 19 siècle grâce à la volonté du le fief. Autour de ce noyau, l’aggloméra- baron Saint-Georges qui préside alors aux tion s’est agrandie en bandes successives destinées de la commune. Indices toponymiques

Dans certains cas (à la Roquebrussanne, par exemple), la dissociation du site ancien perché et du site nouveau en piémont génère des dénominations partielles, qui rappellent l’utilisation simultanée de tous ces lieux pendant plusieurs siècles. Connue Vue générale de Camps-la-Source dès 1070, la Roco de Brussan (le château et le bourg sur la colline actuellement Possessions et prieurés monachiques Nous pouvons comparer ce processus de appelée Notre-Dame d’Inspiration) est formation avec ce qui se passe au Val, aussi notée comme Châteauvieux, tandis Parmi les habitats développés en plaine ou possession du monastère de Montma- que le bourg en plaine (le village actuel) est en piémont et évoluant sur place, les fonda- jour. Le Val devient prieuré, à la place de également appelé Villedieu. Le territoire tions ecclésiales commencent fréquemment Correns, dans le courant du 13 e siècle : ce de la Roquebrussanne regroupe d’autres en tant que petits bourgs fortifiés. Ainsi, transfert de prieuré équivaut à un transfert habitats perchés et fortifiés (plusieurs Garéoult, dans la vallée de l’Issole, se forme de pouvoir, spirituel mais aussi et surtout oppida préromains, l’habitat médiéval de à l’intérieur de remparts appuyés sur une paroissial et administratif (état civil, Fiossac et, en limite nord, celui des Pennes, église flanquée par une tour. Possession des centralisation des impôts). En tant que etc.) et d’importantes installations gallo-ro- bénédictines de la Celle, le village est placé représentant du seigneur, le prieur exerce 12 maines, dont la villa du Lóou. Le territoire entre le massif Saint-Clément et les collines aussi la justice au niveau local. L’église du limitrophe de Tourves est quant à lui, le de Bonnegarde qui est le lieu probable d’un Val et le quartier contemporain qui lui fait fruit de la réunion de trois fiefs différents poste de guet de l’Antiquité tardive, la Gar- face, celui de la Dîme, sont reliés par une (Seyssolles ou Seisson, Saint-Julien, Gaylet), dia Alta, dont le nom pourrait avoir évolué muraille qui se poursuit et délimite sur dont les places fortes sont abandonnées dès en Garéoult. Des indices d’installations de quatre côtés un premier village aux rues la fin du Moyen Âge, à celui de Torreves, haute et basse époque romaine (habitats grossièrement parallèles. Cette enceinte qui se développe à proximité du relais et sépultures) proviennent des lisières du englobe aussi la maison du prieur avec son gallo-romain Ad Turrem situé le long de la piémont de Bonnegarde (jaillissement de jardin clos (une « clastre » donc, comme le voie Fréjus-Aix. Le village actuel jouxte le sources) et de la frange nord du village rappelle le nom de la fontaine attenante).

site préromain de Saint-Maurice et fait face ecclésiaux bourgs Les actuel. au site perché de Seisson, mais laisse de côté l’oppidum de Saint-Probace, coiffé de la chapelle homonyme, qui remplit l’hori- zon vers la vallée du Carami. Le territoire rassemble aussi les terres de villas gallo- romaines et d’un habitat fortifié de la fin de l’Antiquité : celui de Saint-Estève.

Relevé architectural du prieuré du Val Le village du Val succède au castrum de le périmètre défini par celui du 12 e sans A Brignoles (développé à partir du château Paracol, déperché peu avant l’an mille, arriver à contenir l’expansion de l’habitat et du palais des comtes de Provence) mais regroupe également des établisse- vers des faubourgs) n’éclate qu’en 1837. comme à Saint-Maximin (développé à par- ments épars de plaine. Un autre bourg lié tir de la basilique et du couvent contigu), à l’Abbaye de la Celle, celui de Camps, le bâti du Moyen Age reste toujours au n’est pas fortifié. Implanté sur un ressaut cœur du tissu urbain. Cependant, ce tissu de terrain entre la Barre Saint-Sébastien et se distend de plus en plus en s’éloignant le ruisseau du Val de Camps, cet habitat du centre et se divise en une multitude se concentre progressivement autour de d’habitats diffus et de bâtiments utilitaires l’église Sainte-Marie édifiée en 1017 près de qui s’étalent dans les deux directions de la Source, la résurgence qui arrose la frange l’autoroute actuelle, grossièrement alignée sud du village. Campiers (gens des champs) sur la voie antique. Ces dynamiques du terminus de Brignoles, les Campsois ne centrifuges, en œuvre dès les années 1950 se sont constitués en communauté (ville et surtout après 1970, ont un impact fort avec un Conseil indépendant) qu’à partir sur l’aménagement territorial. Les abords de 1470. Saint-Maximin se présente aussi Evolutions successives du bourg de Saint de deux villes présentent des campagnes comme une fondation religieuse chré- Maximin. mitées par une urbanisation peu réfléchie tienne (les Cassianites de la Sainte-Baume 1. Porte d’Aix et dégradées par de multiples réseaux de s’y trouvent dès le 5 e siècle avant J.C.), 2. Porte Neuve voies superposées. L’approche du côté est, à 3. Porte de Barboulin après un passé antique et protohistorique 4. Porte de Marseille travers une campagne montueuse et boisée, 13 riche (plusieurs établissements de hauteur, dévoile cet afflux constructif par bribes. hameaux de plaine et divers points de culte L’approche depuis l’ouest et le nord-ouest, parsèment ce territoire). par des fonds de vallée et des piémonts dégagés, fait apparaître ce paysage dés- Les cas de Saint Maximin tructuré dans toute son ampleur. Seules et de Brignoles la masse solide de la basilique Sainte- Madeleine, qui se détache du bourg de Le périmètre fortifié de Saint-Maximin Saint-Maximin, et les pointes des clochers change plusieurs fois jusqu’à ce qu’il trouve de l’église Saint-Sauveur et des chapelles sa forme finale au tout début du 14 e siècle Saint-Jean et Sant-Sumian, qui surmontent sous la domination angevine. Le bourg est le bâti compact et diffus de Brignoles, successivement possession des évêques de rétablissent un minimum d’équilibre en Marseille, des comtes de Barcelone et de retenant le regard. Provence, de Charles II d’Anjou qui initie la construction de la basilique, et de la famille Fresque restituant une vue de Brignoles angevine. En 1481, les terres provençales seront cédées aux rois de France. Le rem- part de Saint-Maximin n’est dépassé par le bâti urbain qu’à la fin du 18 e siècle et n’est abattu qu’après 1830. C’est également le cas pour le bourg de Brignoles où la double enceinte (muraille du 16 e siècle élargissant bitées » en 1471, ces terres vivotent avant d’être achetées en 1746 par un homme d’affaires, Georges Roux, qui crée un nouveau village sur plan orthogonal (îlots réguliers, places spacieuses, rues rectilignes) et qui fait prospérer l’agriculture (céréales, légumineuses, oliviers), l’élevage (laitages Vue de Brue-Auriac et laines) et l’industrie (moulins, peaux, faïences, tuiles, tissus, chapeaux, etc.). Cet Cas particuliers et dans les clairières des gorges formées « âge d’or » dure une trentaine d’années. par le fleuve. Cet habitat est composé Après la Révolution, les deux communes Il reste à commenter la présence de de fermes et de petits hameaux. Le bloc se séparent. Elles se réunissent de nouveau communes issues de ce que les archives mairie/école et l’église de la Transfiguration en 1841 (ordonnance du 24 juin 1840). Le d’Ancien Régime appellent les « lieux inha- prennent place autour du pont, une bâtisse village créé au 18 e siècle reste un paradigme bités », des lieux non pas désertés par les sur chaque rive. Seul point de traversée d’architecture domestique et utilitaire hommes mais dépourvus de toute centralité dans la haute vallée, ce pont est emprunté ordinaire et montre, dans sa campagne administrative et constructive. Ces « lieux par la route qui relie Brignoles à Barjols proche, quelques curiosités attractives inhabités » sont d’ailleurs recensés de la et au haut Var. Au croisement du fleuve et dont un pigeonnier de 23m de haut. Fox- même façon que les autres en fonction du de la voie se trouvait un ancien relais de Amphoux procède aussi de la réunion de 14 nombre des feux (familles) et le recenseur diligences, à l’origine de l’auberge proche deux localités distinctes : le castrum de Fos calcule l’imposition par chef de maison (la de la mairie. Peu peuplé (les habitants ou Forz, développé sur un habitat perché capitation) et les différentes taxes dues par dépassent à peine la centaine), Châteauvert daté de l’Age du Fer et celui d’Anfos, la localité à l’État et aux seigneurs. Le Plan reste un passage connu et obligé. Dès l’Age développé aux abords d’un habitat et d’Aups, par exemple, avec un peu plus de du Bronze, ce passage a été commandé par d’un four de potier d’époque romaine. Le 1200 habitants actuellement, reste toujours de petits établissements routiers placés au hameau Saint-Jean-de-Bresc leur fut ajouté éparpillé sur le plateau de la Lare contre niveau ou en surplomb du pont. juste après 1789. En 1839/1840 quelques le flanc nord-ouest de la Sainte-Baume. Le cas de Brue-Auriac est assez singulier. Il autres anciens habitats désertés sont réunis La commune est un maillage très lâche s’agit de deux communes distinctes, toutes à une commune limitrophe : le château de fermes, de résidences isolées, d’anciens deux dépourvues de centre urbain compact de la Roquette à Montmeyan, le hameau relais et auberges, et de bâtiments religieux. et composées de fermes-bastides dissémi- de Bézaudun à Varages, la commune de Sur une barre rocheuse surélevée, l’espace nées sur leur territoire. Déclarées « inha- Meynarguettes à Mazaugues. Un siècle plus entre l’église romane Saint-Jacques le tard (en 1954), le hameau de Saint-Antonin Majeur et le couvent des sœurs de Béthanie amorce un mouvement inverse en devenant fait encore office de « corps de ville ». Le commune et en se détachant d’Entrecas- castrum Almis, à l’origine de la localité, n’a teaux. laissé que des traces infimes sur le versant nord du massif. Le castrum de Châteauvert, autre « lieu inhabité », est bien localisé et suffisamment visible sur un éperon barré qui domine de loin le pont de l’Argens. Ce château est abandonné depuis le 13 e siècle. L’habitat se trouve dispersé sur les piémonts Lieux « inhabités » inhabités « Lieux Plan cadastral de Brue Auriac (XIX e siècle) Trames et tissus urbains

L’habitat groupé caractéristique de la grande majorité des villages de la Provence Verte va se développer au fil des siècles : les premiers centres agglomérés vont s’étendre dès la fin du XVII e siècle et prendre diverses formes. Généralités Le cas de Correns

Dans la plupart des localités, la Parmi les villages dont la forme morphologie du bâti groupé actuellement circulaire s’étale, Correns reste fidèle visible se met en place entre la fin du à sa configuration initiale centripète, 17 e et le début du 20 e siècle. Notons que commandée par la boucle de l’Argens et toutes les localités de la Provence Verte, le rempart. Celui-ci est évoqué par le tracé à l’exception de Brue-Auriac tardivement courbe des rues du centre-ville et par les fondé, sont repertoriées sur la carte de rétrécissements au niveau des poternes. Le Cassini mise en place autour de 1780. passage de la porte Saint-Germain en garde Dans ce document, deux d’entre elles sont le souvenir. Au cours de son évolution, Estros Rue des Naïs à Cotignac qualifiées de « villes » (Brignoles et Saint- Correns a vu son centre s’alléger des îlots Maximin) et deux autres de « bourgs » qui encombraient les alentours immédiats exigus et/ou couverts : les « estrés » (estro), (Cotignac et Tourves). Le tissu urbain du Fort, sans que la trame générale du que l’on appelle ailleurs (à , originel est ordinairement un groupement bâti n’ait été bouleversée. Les îlots du au Val, à Varages). « endronnes » en ordre serré. Il est composé de quartiers noyau existant ont des formes légèrement (androuno), « couverts » (coubierto) ou denses et continus, que le réseau des voies trapézoïdales même si les parcelles sont « cantons » (cantoun). Les axes routiers qui s’ordonne en cercles, en bandes ou en plutôt orthogonales. La Grand’Rue mise à partent de ce noyau sont rayonnants. Le modules compacts juxtaposés. Toutefois, part, les autres voies sont étroites et plutôt bâti serré suit leurs tracés et se concentre le plus souvent, évolutions concentrique courtes, se croisant avec des passages dans le prolongement nord-ouest de 15 et linéaire se combinent. Des villages l’agglomération, au-delà de la rive droite. assemblés autour d’un centre s’étirent vers Même le bâti en ordre lâche (constructions une ou deux directions privilégiées ou groupées mais détachées les unes des bien se déploient en étoile tandis que des autres) ou dispersé (constructions isolées) villages-rues s’épaississent progressivement se présente plus étoffé de ce côté. Le pour acquérir une forme plus ramassée faubourg formé au 17 e siècle en rive gauche qu’effilée. de l’Argens, s’aligne sur les deux voies qui partent du pont construit en 1606. Ce quartier se différencie du noyau habité principal tant par son nom que par son agencement. Il est prolongé par d’autres groupements disposés le long des routes.

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Ilots, quartiers, rues et passages et rues quartiers, Ilots, Plan cadastral de Correns (XIX siècle)

Couvert de la Dîme au Val canalisations d’eau. Celles-ci alimentent les chutes actionnant les moulins et irriguent les terrasses bordant la Cassole. A Carcès, la rue Sous-ville jouxte celle des Jardins. Toutes deux se trouvent hors du périmètre médiéval et en lisière de l’agglomération des 16 e-18 e siècles. Le cas est récurrent. A Seillons, la rue Sous-ville est parallèle et sous-jacente à la Grand’Rue. Elle constitue la limite inférieure de l’étagement du bâti. Vue de Pourrières A Fox-Amphoux, la rue Sous-ville marque la base de la butte qui porte le village et « Sous-ville » et « sur-ville » mène aux axes routiers qui permettent d’en partir. Apparemment, l’odonyme désigne Les archives et le cadastre napoléonien soit une voie en contrebas ou à l’extérieur Le bourg médiéval de Carcès notent le long des îlots du centre de du rempart ou du quartier central (par l’habitat principal de Correns une voie sa position et/ou par sa fonction), soit laissent deviner ces limitations circulaires, appelée Enville, tout en précisant qu’existe la lisière du périmètre habité, mais situé qui se forment depuis un point d’attache plus loin le quartier appelé Sou(s)ville. Ce hors de la ville enclose, celle conçue, d’une représenté par le château et définissent 16 toponyme désigne, de nos jours encore, certaine façon, comme la ville « vraie ». les extensions sud et est. Dès 1600, ces une partie du vallon qui borde l’habitat extensions dessinent une voie périphérique côté nord-ouest, ainsi que la cavité qui Les cas de Carcès et de Pourrières orientale qui deviendra la Grand’Rue s’ouvre en haut du flanc nord de cette actuelle. L’habitat développé après 1900 dépression et qui a été fréquentée par les Le remodelage d’un centre-ville par trop (y compris l’habitat pavillonnaire) s’étend hommes dès le Néolithique. Une opposition enchevêtré au moyen de démolitions de aussi sur la partie orientale du site. Les analogue existe pour Cotignac, où Enville, certaines maisons est une transformation versants de la moitié occidentale conservent quartier placé au pied du Rocher, s’oppose habituelle. Carcès présente l’exception une physionomie champêtre, rappelée à Surville, quartier placé sur le plateau à la règle. Son centre ancien n’a pas été par la longue rue des Jardins qui borde au-dessus, près des lieux occupés entre re-structuré en supprimant sciemment des l’agglomération de ce côté. Jusqu’au 19 e l’Antiquité tardive et le Moyen Âge et parties du bâti. Les différents états de celui- siècle, les parcelles cultivées venaient y au niveau de plusieurs adductions et ci se sont imbriqués en se transformant frôler le bâti. Un grand nombre de puits réciproquement. Le logis du 16 e siècle, qui parsème ces parcelles qui descendent vers a succédé au castrum médiéval, et un pan le piémont de la Sainte-Victoire. Plusieurs de l’enceinte du 14 e siècle qui reste visible, percées dans le tissu urbain laissent ont été réhabilités au début des années contempler cette montagne et apercevoir 2000. En revanche, Pourrières, juché sur le Mont Aurélien qui remplit l’horizon un éperon qui domine la vallée de l’, ne au sud. C’est depuis la place du Château garde que peu de vestiges de son château (l’esplanade aménagée à l’emplacement primitif et des traces fugaces des trois des corps de bâtiment démolis) que la vue périmètres successifs enserrant la ville. La embrasse la totalité du paysage : vallée trame des axes de circulation et quelques verdoyante, masses montagneuses, saignée

Transformation et évidement des centres historiques centres des évidement et Transformation détails sur les élévations des bâtisses de l’axe autoroutier. Le village voisin de Rue Sous-ville à Fox-Amphoux qui se dressait, autrefois, à part. L’existence le bas des versants des collines au nord initiale d’un pâti (d’un patecq, c’est-à-dire du village. Ils s’en trouvent distanciés par un espace ouvert à usage collectif) entre l’axe routier Brignoles-Toulon et par une les deux constructions est rappelée par le zone de parcelles cultivées et de terrains lavoir public adossé au bâtiment religieux. boisés. L’emprise au sol des quartiers Cependant, si le tissu urbain aggloméré de résidentiels « hors ville » reste néanmoins Pourcieux offre également, depuis certaines Garéoult s’est distendu et si sa trame s’est impressionnante. de ses rues, des points de vue vers les régularisée au fil du temps, la morphologie massifs environnants, mais pas de vue générale du bâti reste grossièrement Formes concentriques périphérique sur la campagne. Ces percées circulaire. Les contours de la vieille ville vers des points remarquables du paysage, sont adoptés par les nouveaux axes de Tavernes est une autre localité de plaine souvent ressentis comme identitaires, circulation le long desquels les îlots se formée en cercles successifs autour s’observent assez couramment : le rocher rangent en ligne simple ou double (adossés d’un noyau bâti emblématique. Elle du Candelon, les indentations de la Loube, par deux). Les façades des maisons donnent occupe, probablement, les abords d’un la pointe de Saint Quinis, les hautes barres directement sur la rue, tandis que cours établissement routier gallo-romain. Le de la Sainte Baume et des Thèmes, les et jardins prennent place en arrière. Les piémont qui porte cette bourgade finit au contours caractéristiques des Bessillons nouveaux quartiers, composés de maisons nord en plateaux qui montent en paliers sont donnés à voir depuis plusieurs centres- plus ou moins isolées, et développés vers le Verdon. Côté sud, la vue s’attarde villes et belvédères. après 1960-1970, colonisent les sorties sur un moutonnement de cuvettes et de l’agglomération et surtout, le pied et d’élévations avec point culminant, les 17 Le cas de Garéoult Bessillons. Le tissu urbain se compose d’un unique îlot compact au centre, constitué de Fondé dans un élargissement de la vallée parcelles irrégulières contenant l’église et de l’Issole, Garéoult a également vu son donnant sur la place du même nom et de centre ancien s’évider après les années deux anneaux périphériques, au parcellaire 1950. Seule a été conservée la périphérie plus régulier et constitué de parcelles de ce bâti et l’îlot de la maison claustrale longues adossées deux par deux. L’anneau qui abrita pendant un temps la maison de intérieur finit sur une voie circulaire où ville et finit par s’appeler « château ». La donne la mairie avec sa tour de l’horloge ville garde quelques marques éparses de (le campanile) et sa place ombragée ornée l’habitat et du rempart, un rempart bâti ou d’une fontaine. Les traces de l’ancien Comparaison entre le cadastre de 1510 et e rebâti au 14 siècle et qui enserrait encore le cadastre actuel rempart se remarquent aux extrémités et le village en 1510. La place spacieuse, qui à l’intérieur de ce bâti qui empiète sur les succède aux îlots démolis, empiète sur anciennes lices. Deux puits se trouvent le tracé de la rue transversale, celle du aussi sur la voie entre les deux anneaux Puits. Ce dernier occupe toujours un point bâtis, l’un au sud de l’enceinte, au fond de excentré de l’espace public. La place de la la traverse homonyme placée en bordure Mairie se trouve hors remparts. Elle est de la Grand’Rue, et l’autre au nord, dans accessible, comme il se doit, par la rue de la rue circulaire du Puits Neuf. L’anneau la République. Elle couvre l’espace entre extérieur opère la jonction avec un système l’ancienne courtine et l’église. Ce sanctuaire orthogonal de voies qui se raccorde au

se trouve actuellement accolé à une tour plurielles urbaines Formes réseau rayonnant des chemins vicinaux et routes départementales. Autour du village et situées en pleine campagne, pas moins de sept chapelles marquent, avec plus ou moins de précision, ces directions. Côté nord, un habitat lâche se concentre le long de ces axes, bordant la campagne cultivée. Cet habitat est moins important et plus diffus côté sud, où se situent, Croquis de l’implantation du bâti de Tavernes traditionnellement, les Jardins, comme Formes trapézoïdales l’en indique la place homonyme et comme le montre la densité de la distribution des Ainsi, l’affranchissement des limites du puits. Dans la localité voisine de Pontevès, Moyen Age fait que, dès le 16ème siècle, deux puits se trouvent aussi sur des points plusieurs localités se présentent partagées Plan cadastral du centre du village du Val symétriques, à l’extérieur du rempart entre un centre aux rues tortueuses et de fortification. La ville croît autour de ce contenant le premier village et le château. sombres et aux maisons tassées, et des noyau, en quadrilatères successifs, contenus Développé en contrebas du site castral, qui extensions composées de quartiers plus par une deuxième enceinte plus large, occupe une légère éminence, Pontevès se aérés, réceptifs à la lumière et garnis rappelée aujourd’hui par la rue du Barri compose du bourg (ainsi appelé dans les de maisons plus spacieuses. Selon les (barri : rempart en provençal), puis par les archives locales), qui est englobé dans une topographies, le clivage haut-bas ou ville axes routiers périphériques et la rivière de enceinte semi-circulaire accrochée à celle 18 vieille-ville neuve exprime cette dualité, la Ribeirotte. Le Cours Gambetta actuel, du château et d’une ceinture de quartiers même si celle-ci n’a pas régulièrement servi au nord, se trouve sur l’emplacement du hors murs, qui sont implantés en fonction pour nommer l’espace. Dans les faits, le marché médiéval et des halles du 16 e siècle de la déclivité du terrain. Une voie courbe point de départ représenté par un château et la place Fournier, au sud, succède à la sépare ces deux unités, se ramifie au travers ou par un établissement religieux n’a pas place du Vallat (du ruisseau ou torrent), des quartiers périphériques et se raccorde toujours donné lieu au développement qui rappelle l’existence proche des voies au réseau de voies extérieures. On trouve d’un noyau urbain concentrique. C’est le de l’eau. En effet, cette place fait face aux aussi dans les archives le terme Fortalicio cas pour le Val, ordonné sur une trame moulins, lavoirs et foulons qui étaient qui indique, semble-t-il, les habitations rectiligne dans une enceinte en forme de actionnés par l’adduction, encore visible et occupées par les familles italiennes venues trapèze, qui englobe dans sa partie nord active, de la source des Très Raïs. repeupler le lieu au 15 e siècle. Ces maisons l’église avec ses dépendances et l’îlot du pouvaient se trouver au bourg mais aussi Couvert de la Dîme (du nom de l’impôt Formes triangulaires dans la partie haute du site, à savoir dans sur les produits du territoire payé par l’enceinte même du castrum. tous les producteurs, propriétaires ou Accroché au château templier par les rues non du fonds exploité), où se trouve la du Barri, du Château et du Four, le village maison du même nom. Ce premier bourg de Montfort montre quant à lui, une est accessible par deux portes placées à structure triangulaire, organisée autour de l’extrémité des barbacanes nord et ouest et la rue de la Rouguière et de la Grand’Rue, surmontées de tours. Les côtés sud et est qui rayonnent depuis la place où se dresse du rempart primitif se confondent avec les la mairie et la Tour de l’Horloge avec son faces arrière des îlots d’habitation. Autant campanile. Rappelons qu’abritée dans des que pour Garéoult, le terme de limitation bâtisses traditionnelles (hôtel particulier, Plan de Tavernes de l’espace convient ici mieux que celui œuvre de bienfaisance), la mairie de complexe au centre de l’ensemble, entre l’ancienne chapelle devenue paroisse et les prés en bord de rivière. Une rue parallèle à l’axe principal définit ici trois corps d’îlots, qui voisinent avec des bâtiments utilitaires (bergeries ou étables, remises) La Grand Rue de Forcalqueiret (carte postale) Evolution parcellaire du village de Vins-sur- reconvertis en commerces ou en habitations Carami après 1900. Le manoir qui a relayé la l’eau. Il s’agit là de situations habituelles demeure castrale se trouve à l’extrémité Montfort a changé de place au moins deux et représentatives. La morphologie et de l’îlot central et à l’extrémité de la place fois, en 1875 et en 1997, sans quitter la l’évolution de Sainte- Anastasie par précédant l’église. Le chemin qui descend partie haute du village, la plus proche du exemple, mettent en avant les mêmes du château passe le long de cet espace château. L’horloge civile date de 1679. principes : îlots disposés sur une série de public et vient croiser l’axe principal. Une Vins est aussi un village à structure balcons mi-naturels / mi-aménagés sur place avec fontaine marque ce croisement triangulaire dont une pointe est représentée l’éperon modeste qui porte le village ; côté oriental et opère la jonction entre par son château Renaissance. La petite réseau de voies qui, de l’intérieur vers les îlots composites, plus anciens, et les éminence qui porte l’habitat se compose l’extérieur, passe du concentrique au îlots à trame orthogonale, plus récents. d’une partie orientale au sol égal, où la linéaire (orthogonal puis rayonnant) ; Côté ouest, la partie ancienne finit avec le trame urbaine reste orthogonale, et d’une quartier des Aires et rue des Jas placés premier bâtiment de la poste (aujourd’hui, partie occidentale en pente douce, où les côté amont ; jardins et moulins placés vers celle-ci s’est déplacée près de l’église) 19 rues décrivent des arcs suivant les courbes l’Issole, laquelle sert aussi pour contenir que surmonte la tour de l’horloge civile. de niveau. La Grand’Rue traverse Vins l’expansion du bâti. Une régulation Jusque dans les années 1980, seuls des d’ouest en est et se conforme au terrain : constante entre l’abandon des parties chemins ruraux contournaient l’ensemble elle dessine une boucle en centre-ville hautes et l’affluence vers les parties basses du bâti. Côté amont, un seul passage afin de réunir le plateau surhaussé et ses de la bourgade semble, par ailleurs, couvert permettait de pénétrer vers l’arrière retombées vers la vallée. Les noms des maintenir sa physionomie générale des îlots. Côté aval, les faces arrière des rues témoignent de l’ordonnancement vernaculaire malgré le foisonnement d’un maisons de l’axe principal donnaient judicieux des activités de production bâti diffus périphérique. directement sur les prairies de l’Issole et sur le périmètre du bâti : la rue des Jas le canal qui en dérive. Depuis les années (bergeries) et la place des Aires (battage Forcalqueiret 1990, une déviation en sépare la partie du grain) se trouvent vers les amonts, centrale. Le développement de zones de côté nord et côté est ; les Jardins occupent Pour les villages-rues, les cas de figure sont commerces et de lotissements dans la une frange vers l’aval, côté sud, sur les tout aussi variables. Forcalqueiret est un campagne immédiate et près d’anciens terrasses descendant vers le Carami. C’est cas exemplaire. Depuis son déperchement hameaux n’a pas affecté la physionomie aux sorties de l’agglomération vers la à la fin du 17 e siècle, le village se développe du village, qui conserve sa trame linéaire rivière que se placent aussi les moulins. Le sur une terrasse de la rive droite de l’Issole sans ajout de bâti le défigurant. L’explosion cours d’eau est aménagé (barrages) pour et le long d’un axe unique : l’ancienne actuelle d’un habitat dispersé diffus (sans faciliter le fonctionnement de ceux-ci. Le Grand’Rue scindée par la suite en deux planification précise et limites d’expansion même élément naturel entrave l’extension tronçons aux noms différents. Cet axe est précises) pourrait amener des résultats du bâti et opère la liaison entre la partie bordé sur deux tiers de son parcours par contraires dans un avenir proche. urbaine/agraire du territoire et sa colline, deux rangées d’îlots qui se font face. La

qui se déploie au-delà du pont enjambant » villages-rues « Les trame urbaine se présente légèrement plus quelques hôtels particuliers qui conservent départementales. Axe permettant de rallier des détails architecturaux anciens (16 e-18 e la plaine, la rue de la République agit aussi siècles) et remarquables. comme buttoir pour l’expansion urbaine : lotissements et équipements territoriaux se Nans et Néoules densifient côté amont mais se raréfient du côté opposé, en direction de la route et de Le déperchement de Nans se produit à peu la rivière. près à la même époque que Rougiers. La Grand’Rue qui traverse l’agglomération Barjols de pied-de-pente emprunte le tracé du chemin descendant du château. Ce chemin L’agencement de l’agglomération et un tronçon de la Grand’Rue elle-même en fonction d’une rue axiale est une font partie du réseau des sentiers qui disposition si habituelle qu’elle peut passer sillonnent la Sainte-Baume. Le noyau inaperçue ou ne pas paraître crédible. Qui à trame triangulaire du premier village parlerait de village-rue pour Barjols ? La de Nans se dilue de plus en plus dans ville s’ordonne pourtant de part et d’autre Fenêtres Renaissance à Rougiers l’habitat pavillonnaire qui s’étale vers la d’une voie formée par les rues Payan/ route de Marseille mais sa morphologie République/Curie, dirigée est-ouest et Rougiers primitive reste lisible et se détache de la verticale aux îlots et à la plupart des rues masse du bâti diffus environnant. Néoules et ruelles qui irriguent le tissu urbain. 20 Déperché un siècle avant Forcalqueiret, le est aussi déconnecté de son site médiéval C’est sur cet axe que s’ouvrent les places village de Rougiers apparaît aussi rangé sur mais sa formation procède de la réunion de l’église (place Zola), de la mairie (place les deux côtés d’une Grand’Rue. En réalité, d’un habitat dispersé de plaine. Le village Vincens) et l’esplanade du « Cours » (place Rougiers s’étire d’est en ouest le long de s’ordonne selon deux longs axes qui de la Rouguière). Entouré d’allées, le Cours cet axe, mais possède aussi une profondeur se croisent à angle droit. La régularité est bordé d’îlots à parcelles allongées, avec nord-sud représentée par les îlots resserrés de cette trame est atténuée par un tissu remises et magasins en rez-de-chaussée et irréguliers du Pays Haut qui sont bâti composé d’îlots agglutinés. Dirigée sur leur face avant et jardins sur leur réunis autour de deux axes grossièrement nord-sud, l’avenue de la Libération face arrière. Ce parcellaire des 18 e–19 e parallèles raccordés au chemin qui mène traverse le centre-ville passant devant siècles contraste avec le parcellaire des au château. Graduellement déserté au la poste, le manoir qui a succédé au quartiers massés autour de l’église et de profit de la partie basse, ce Pays Haut est château, l’église, la mairie et la fontaine sa collégiale, plus ancien et composé de actuellement réinvesti par les habitants qui lui fait face. Elle recoupe la rue de la modules plus trapus et avec le parcellaire (anciens ou nouveaux) et sert d’ancrage République, qui parcourt la ville d’est en des quartiers artisanaux développés à la pour un habitat pavillonnaire. Ses ouest et la raccorde au réseau des voies sortie sud-ouest de la ville, apparemment anciennes maisons, hautes et aux façades contemporain de celui du Cours mais étroites, sont connues pour avoir abrité, composé de modules amples, compacts et au 19 e siècle et jusqu’au milieu du 20 e, irréguliers. Côté nord, le réseau des voies des travailleurs forestiers et des mineurs, resserré du centre-ville s’accorde avec les en majorité émigrés. Ce phénomène est voies dégagées qui mènent à Marseille et d’ailleurs réitéré dans d’autres communes : à . Des équipements tardifs Mazaugues, Tourves, Pourrières, etc. La comme les abattoirs (Tuerie) ou le « Pré de ville basse et linéaire de Rougiers présente Foire » et les plus anciennes des fabriques une morphologie plus aérée et cossue avec Plan cadastral de Nans (XIX e siècle) (moulins et papeteries) se placent aussi de ce côté, au-delà du rempart démoli et à proximité des chutes d’eau et des canaux qui fournissent la force hydraulique. La concentration de tanneries du côté opposé (sud) est conditionnée par les passages vers la plaine et vers la route de Brignoles mais ces établissements profitent aussi d’espaces Croquis du village de Barjols vides de bâti pour installer les vastes ateliers nécessaires à leur fonctionnement Identification toponymiques et agencement des quartiers Tourves et Bras Ainsi, dès l’Ancien Régime et tout au long e L’organisation du bâti de Tourves peut différenciés et le développement de du 19 siècle, une morphologie générale se se rapprocher aussi de ce modèle, si nouveaux quartiers vers le fond de vallée met graduellement en place dans la quasi l’on considère l’axe nord-est/sud-ouest et les axes de communication. Côté est, totalité des bourgs et des villages. Partout, défini par les rues Rouguière et Ambroise la campagne aux portes de la ville est le tissu urbain ancien s’allège. Toutefois, Croisat comme l’axe distributeur du parsemée de domaines agropastoraux et des passages couverts et surmontés de bâti. Cependant, partant de la Place de la de cabanons. Côté ouest, nous trouvons pièces habitées, d’autres reliés par des Mairie, ce bâti dessine une forme étoilée, les jardins, les moulins et les prés de escaliers, des rues caladées (empierrées) 21 avec une série de rues étroites zigzaguant à rassemblement des troupeaux devenus souvent abruptes et dites, pour cette raison, travers la vieille ville, qui se groupe autour aujourd’hui des allées de promenade et des des rompi-cuóu (des brise-cou) rappellent de l’église, entre l’oppidum Saint Maurice terrains de manifestations collectives. Le l’urbanisation médiévale. Dans ce et le château de Valbelle et un axe rectiligne pigeonnier conservé en bordure de ces prés contexte, une rue rectiligne est remarquée. menant vers la direction opposée. Cet axe est réputé dater de 1645 et d’appartenir Cependant, l’odonyme « rue Droite » longe le Cours de la République avant au domaine templier. La présence des désigne aussi la rue « directe » (qui permet de joindre le chemin de Bras. Ce dernier Templiers est documentée à Bras dès le 13 e de joindre deux points sans changer d’axe village s’enroule autour de la butte de siècle, avec une première installation sur la de déplacement). La division fonctionnelle l’église, tout en s’ordonnant des deux côtés colline Saint-Pierre où se trouvait déjà le (par métiers ou par types de commerces) d’une Grand’Rue en forme de U, qui suit castrum avec son bourg. Ce dernier s’est et sociale (par clases d’habitants : le pied de la même butte. La Grand’Rue déperché au 15 e siècle, pour se concenter travailleurs, notables, minorités) de l’espace de Bras s’échappe, côté est, le long de la autour de la nouvelle église paroissiale. - habituelle au Moyen Âge - n’est par colline Saint Pierre, qui porte les restes du contre remémorée qu’au travers les noms site médiéval, pour gagner la route du Val. des rues ou des quartiers (plusieurs rues Côté ouest, la Grand’Rue glisse le long Boucherie, Poissonnerie, des Meuniers, des des descentes des moulins et les terrasses Tanneurs, etc ; quelques quartiers Juiverie, des berges du Cauron, où se situait la comme à Saint-Maximin et à Tavernes où Commanderie des Templiers (Hospitaliers) se situe aussi une rue des Huguenots, rue des 15 e-17 e siècles, pour gagner la route des Italiens à Néoules, etc). Aux portes de St Maximin. Cet agencement permet le des agglomérations, sur les lices ou les déploiement de quartiers à flanc de coteau, prés de pâture et de foire, s’établissent avec maisons à plusieurs niveaux aux accès ;$0*!Y&01!-"'3%('%(<0&%('=!**08%-!( à la même époque de nouvelles voies de pénétration, des espaces de rassemblement et de promenade, de nouveaux quartiers résidentiels. S’y dressent aussi, parfois, des bâtiments publics (hôtel de ville) et des équipements collectifs (écoles, moulins, abattoirs, unions coopératives).

La nature et la campagne dans le village La stèle de Saint Louis d’Anjou à Brignoles Tant dans les anciens que dans les commémorant les combattants et les victimes de différentes guerres mais aussi nouveaux quartiers, le bâti groupé s’agence Les jardins en terrasses de Vins-sur-Carami de façon à procurer fraîcheur ou chaleur le sept-centenaire de Saint-Louis célébré selon les époques de l’année et les heures l’étroitesse et les changements subtils en 1997. Le passage à l’an 2000 laisse de la journée. La disposition des rues, de largeur et de direction des voies, les aussi trace en lisière des agglomérations, des places (souvent avec fontaine), des décrochements du bâti sont les moyens sous la forme de stèle (Camps-la-Source), courettes communes à plusieurs maisons utilisés pour arriver à ce résultat. La d’odonyme (Pourrières) ou d’arbre planté à (instituant, parfois, des copropriétés : les périphérie immédiate des agglomérations ce but (Mazaugues). patecqs), la végétation choisie pour parer accueille des jardins potagers (hort ou ces lieux (arbres à feuillage caduc qui jhardin), des bergeries (jas), des parcs Enjeux pour la circulation 22 procurent ombre l’été et lumière l’hiver), de stationnement pour les troupeaux (clos, enclos ou pré, comme à Varages, Malgré cette tendance à l’expansion et à la à St Maximin ou à Brignoles), des aires géométrisation de l’espace, la circulation de battage (ièro) qui se transforment, à à l’intérieur de plusieurs villages pose l’occasion, en pistes de bal. problème. Les centres anciens sont mal adaptés pour le croisement des voitures Limites symboliques ou le passage des cars et des camions. Par Arcades de l’ancien quartier juif de Saint ailleurs, la présence de greniers à foin et de Maximin Enfin, la place des morts glisse, entre le fontaines rappelle que cheval, âne ou mulet 18 e et le 19 e siècle, du voisinage de l’église sont des auxiliaires indispensables pour paroissiale vers un espace délimité hors du les travaux des champs et que charrettes, périmètre de l’habitat groupé. Souvent, ce coches et diligences assurent ravitaillement périmètre est ponctué par des chapelles ou et transports jusqu’à la deuxième guerre oratoires placés au départ des chemins qui mondiale. L’avènement du train ne les mènent à la campagne et aux écarts. Les supplante pas d’emblée. Le transfert croix de mission, érigées majoritairement des marchandises et, fréquemment, des au 19 e siècle, renforcent l’ensemble de voyageurs de la gare à la ville continue à se ces points de limite et de protection. faire pendant un certain temps en voiture À Brignoles, ce cercle de fondations à cheval. L’évitement de ces centres au protectrices est plusieurs fois amplifié et moyen de déviations et leur transformation élargi jusqu’aux nœuds routiers entourant partielle en zones piétonnes sont souvent la ville actuelle, avec l’érection de stèles les solutions adéquates pour mettre les (blocs en pierre grossièrement épannelés) lieux en valeur. Espaces et bâtiments : publics/privés

Le village provençal est conçu comme un espace à « vivre ensemble », comme un support de la vie communautaire : organisation de la rue, places, édifices publics, lavoirs, fontaines, coopératives en sont les représentations. Expression de la vie communautaire entre le dedans de la maison et le dehors de la rue. Ces locaux sont destinés aux charrettes puis au tracteur ou à d’autres machines agri- coles. Leur entrée, large et haute, se place à côté de l’entrée moins ample donnant accès à la maison. Granges et remises indépendantes sont aussi situées le long des voies d’entrée/ sortie des agglomérations. C’est le cas à Bri- gnoles où écuries et remises bordent l’avenue Dréo (route du Luc et de l’Italie) jusqu’à la fin Le Cercle de Saint Roch à Rougiers du 19 e siècle et occupent une grande partie de l’espace autour de l’actuelle place du Palais de La vie communale et la sociabilité au Justice donnant accès à la route d’Aix. Lieu quotidien sont habituellement déployées en de réception, de tri et d’échange de toutes des lieux publics ouverts, proches de locaux sortes de récoltes et de marchandises, endroit incitant et facilitant les rencontres : cafés, où l’on s’installe pour bricoler, affûter faux et boutiques, points d’eau, édifices municipaux faucilles, laver et sécher comportes, paniers, et collectifs. Dans ces lieux, il faut aussi Portes de remises à Tavernes claies et fûts, préparer légumes et fruits pour compter les cercles (salles de réunion d’un pas localisée. Elle se poursuit dans les rues et les confitures et les conserves, la remise est groupe constitué exprimant une tendance des va-et-vient récurrents entre lieux publics souvent aussi le local où se réunit la battue 23 politique, une catégorie sociale, un corps et lieux privés témoignent d’une vie extraver- à son retour pour apprêter, découper et par- de métier), qui se multiplient entre la fin du tie intense. La veillée se fait autant dans des tager le sanglier. Faire « goûter » un apéritif 19 e et le premier quart du 20 e siècle. Placés recoins de terrains et des rues qu’à l’entrée ou un digestif dans la remise reste par ailleurs (toute proportion gardée) dans la tradition des locaux de service privés : granges/étables, une pratique vivace. des confréries de l’Ancien Régime, puis des remises, appentis et jardinets abrités. À la chambrettes cristallisant le paysage social et belle saison, les mêmes locaux servent pour politique de la commune, quelques cercles se réunir, mais on se tient alors à l’extérieur. existent encore (à Correns, à Esparron, à Seul l’intérieur de la maison reste consacré à Saint-Martin, à Rougiers, à Saint-Maximin, l’intimité familiale. etc.). Certains d’entre eux sont reconvertis en salle de jeux, en bistrot de pays, en cyber- Les espaces de transition café. Celui de Tourves a fermé ses portes au Croquis façades de l’avenue Clémenceau à début des années 2000. Ainsi, les places et Carcès De nos jours, certaines de ces habitudes les espaces vides entre le bâti, les parvis de sont loin d’être obsolètes. La fréquentation l’église, de la mairie et de l’école, les entrées des cours et des terrains de boules, des des commerces, les abords des lavoirs et des abords des gares ferroviaires et routières, fontaines, les promenades (les cours avec des locaux d’accueil des Caves reste forte. leurs bancs, leurs allées, leurs fontaines), les Les squares, les trottoirs élargis et les pas des terrains de jeu (en premier, celui des boules), portes drainent les riverains. Un local privé, mais aussi les ateliers, les locaux associatifs, la remise, nous semble réaliser au mieux la les moulins et les coopératives sont autant de liaison entre l’espace privé et l’espace public, lieux sociaux. Toutefois, l’animation ne reste Espaces publics comme lieux de sociabilité en 1903 et l’adduction d’eau courante à la ville. À Camps, Écoles et Cave coopérative se font face en lisière d’agglomération. C’est Place de la Grande fontaine à Vins-sur-Caramy Placette de la mairie à Saint-Martin-de-Pallières aussi le cas à Carcès où les deux ensembles se dressent le long de l’avenue Ferrandin (axe Places, placettes et bâtiments publics voie perpendiculaire au Cours et en bordure loti et bâti à partir des années 1830) mais se de la place homonyme. Au Val également, trouvent légèrement décalés l’un par rapport Les réseaux de places et placettes constituent l’horloge civile et le campanile investissent à l’autre. Parfaitement symétriques, les les points névralgiques des échanges et de une tour du rempart, qui est percée par une écoles (filles et garçons) de Carcès occupent la circulation. La mairie et l’église sont les des portes donnant accès au bourg médiéval. un bloc compact, que couronne un fronton bâtiments qui donnent le plus souvent leur Le clocher de l’église, comprise dans le même central orné d’une allégorie de l’Education nom à ces espaces, qu’elles l’occupent soit îlot, se dresse une vingtaine de mètres plus en ronde-bosse. Le bloc architectural mairie séparément, soit en un jeu subtil d’affronte- loin. Quant à la mairie, elle s’écarte vers l’une + écoles placé en léger écart du corps de ment/subordination. À Tavernes par exemple, des extrémités du bourg et forme un même l’agglomération, situation que nous avons place de l’Église et place de la Mairie (ou de îlot avec les premières écoles. remarquée pour le Val, se retrouve ailleurs l’Horloge) sont invisibles l’une de l’autre, Ailleurs, les divers lieux de pouvoir et de (Méounes, Forcalqueiret). Les évolutions quoique situées autour d’un même îlot sociabilité sont réunis autour du même démographiques après les années 1970 ont développé à partir de l’emplacement du espace. À Vins, la place de l’Église et la place rendu nécessaire le déplacement des centres premier rempart médiéval. Une fontaine à de la Fontaine (point d’eau surmonté d’une d’enseignement vers des lieux plus spacieux, grand bassin circulaire agrémente la place de statue de Marianne érigée à l’occasion du souvent hors ville. En revanche, l’autorité 24 la Mairie qu’entourent deux des principaux centenaire de la Révolution) se situent sur municipale retourne parfois vers d’anciens cafés du lieu. La tour de l’horloge civile un même grand axe et sont visibles l’une bâtiments emblématiques : hôtel particulier avec son campanile (cage en fer forgé étant de l’autre. La mairie occupe un immeuble avec ses jardins à Méounes, manoir seigneu- souvent censée représenter le système des à mi-chemin entre les deux. Un beau lavoir rial à Forcalqueiret. astres et des planètes et contenant une cloche couvert se place en arrière de la fontaine. reliée à l’horloge) se dresse à côté de l’entrée Le monument aux morts se dresse à côté du Le cas de Brignoles de l’Hôtel de ville. Le clocher se lève une bâtiment religieux. Le clocher est conjugué vingtaine de mètres en arrière. À Correns, avec le campanile. À Néoules, la mairie Ce va-et-vient ou bien la refonte entre la Grand’Rue relie le pont de l’Argens à la et l’église, coiffée d’un clocher/campanile, l’ancien et le nouveau et entre le centre et la Place. Cette esplanade sert de parvis à l’église s’élèvent sur un côté de l’avenue de la Libé- périphérie sont assez bien observables à Bri- située hors murs mais donne également accès ration et font face à la fontaine, au café et gnoles. Ici, le bâti et la voierie évoluent entre à la rue transversale où la mairie occupe un à l’arrière du manoir seigneurial qui donne, la butte du palais des comtes de Provence et bel hôtel particulier de la fin du 18 e siècle. À quant à lui, sur une place parallèle, dite place les rives du Carami. La vieille ville, perchée, Carcès, mairie et église se situent au-delà de du Château. Le monument aux morts occupe s’enveloppe dans les nouveaux quartiers sans l’enceinte castrale et du Cours qui frôle et la sortie de l’agglomération vers la colline. se vider. Dès 1790 et jusqu’à nos jours, le contient la partie médiévale du bâti. Installée La sortie opposée est marquée par le lavoir Conseil loge dans un hôtel particulier situé au près du Cours, la mairie donne sur une et la Cave coopérative. À Camps, la mairie, bourg de Carami, donc hors murs. La place place agrémentée au centre par une fontaine l’église avec son clocher/campanile et la homonyme s’orne d’un ormeau actuellement monumentale, dite « des Quatre Saisons » fontaine principale surmontée par le buste de disparu mais resté légendaire, puis de la et bordée du côté opposé par la tour du Marianne se concentrent autour de la place fontaine « moussue » alimentée par la source campanile, qui se conjugue avec une ancienne de l’Hôtel de ville. Une inscription détaillée tutélaire de Sant Sumian. La double ligne des porte de la ville. L’église se dresse une cen- commémore la construction de la fontaine remparts (Moyen Âge et 16 e siècle) n’éclate

Les espaces publics taine de mètres plus bas, le long de la même qu’en 1837. La fin du 19 e siècle et les années Carami et ses alentours, où se concentrent d’entre-deux guerres sont marquées par le boutiques, restaurants et cafés et les abords développement du boulevard Saint-Louis à de la gare des cars, d’où partent les rues l’est, qui longe la gare des cars et aboutit au menant aux nouvelles espaces de marchés Cours Liberté, où, hormis les promenades, et d’expositions et aux premiers quartiers ont lieu des bals et des foires aux bestiaux d’habitat lâche collectif et individuel. Pour jusque dans les années 1930. Le monument certaines festivités rénovées (Médiévales aux morts occupe l’amorce du Cours. Les greffées sur la Saint-Louis, Fête de la Prune), écoles laïques des garçons et des filles (futur les centres anciens (parvis de l’église et place collège Liberté et bâtiment dit des Ursu- du palais comtal) sont récemment remis à lines) s’alignent sur sa longueur. Un terrain l’honneur. de boules occupe l’extrémité opposée au monument aux morts. Côté ouest de la ville, Le cas de Saint Maximin Relevé de façades de la Place Martin à la même époque, se développe le quartier Bidouré à Saint Maximin du Palais de Justice, un nouveau centre de À Saint-Maximin aussi, passé et présent pouvoir (le triptyque gendarmerie/tribunal/ restent liés. Le centre-ville a peu changé de- route d’Aix. Du côté opposé, vers Brignoles, prison faisant face à la sous-préfecture) amé- puis l’époque napoléonienne (démolition des les bâtiments de la cave coopérative inves- nagé à partir des années 1840. L’installation remparts dans les années 1830). Au milieu tissent aussi l’extrémité du bâti aggloméré. de notables et la construction de maisons du 20 e siècle, quelques alignements dans des La gare ferroviaire se place un peu plus loin bourgeoises changent peu à peu la physiono- quartiers considérés comme malsains ont dans la même direction. Autour de la ville, 25 mie de ce quartier (centre de trafic pour les permis la création d’espaces vides laissant de nouveaux habitats collectifs, dans l’espace voitures à chevaux), mais celle-ci resurgit un respirer un bâti très dense. Cependant, le par- collinaire, et un nouveau bourg éclaté, déve- peu plus loin sur le même axe avec l’installa- vis de la basilique (où donne aussi l’Hôtel de loppé au voisinage de l’autoroute, ne revêtent tion de la gare ferroviaire. Depuis les années ville abrité dans l’ancienne hostellerie du 18 e pas, pour l’instant, des valeurs représentatives 1950, d’autres nouveaux quartiers allongent siècle) et celui du couvent royal restent tou- pour l’identité locale. En revanche, les rues l’axe est-ouest et un habitat pavillonnaire jours au centre des manifestations publiques autour du centre ancien et les lotissements en mite la campagne vers le nord, au-delà du et du réseau des lieux fréquentés et montrés arrière de la basilique participent au maintien Carami. Des centres commerciaux, d’affaires aux visiteurs. Bien sûr, l’animation au quo- d’une cohésion urbaine et territoriale. Les et administratifs encombrent les mêmes voies tidien se concentre sur le Cours, placé hors premières incorporent la mairie annexe et le d’accès après les années 1970. Cependant, murs et autour de la gare routière. Celle-ci est campanile civil réputé daté de l’époque du aujourd’hui encore, les espaces publics qui placée du même côté en lisière du bâti et fait roi René. Les deuxièmes incorporent dans véhiculent l’image de la ville sont la place la jonction avec les centres commerciaux et la leur trame les croix et les chapelles de limites, ainsi que l’ancien terrain de rassemblement des transhumants (l’Enclos), qui, transformé en jardin public, trouve sa place dans les trajets et les pratiques du quotidien.

Place Carami à Brignoles au début du XX e siècle Place des Comtes de Provence à Brignoles casteaux, à Varages) que la devise « liberté, ou de sculptures de sommet (vases, corbeilles, égalité, fraternité » marque le fronton des bustes, statuettes, boules ou autres élé- bâtiments religieux. Il est difficile de se ments géométriques), un grand nombre des prononcer, dans ces cas, pour la domination fontaines actuellement visibles existent dès d’un pouvoir sur l’autre ou pour un syncré- l’Ancien Régime. Mairie-école de Seillons-Source-d’Argens tisme d’idées : une acceptation volontaire de Placées au cœur ou à la croisée des quartiers, Des édifices publics à caractère civique principes généraux. La même interrogation toutes témoignent de la sociabilité de voisi- se pose pour les campaniles qui doublent ou nage, en premier celle des femmes, puis celle Pour récapituler ces observations, nous intègrent les clochers. À la Roquebrussanne, des enfants, celle des charretiers, celle des constatons que les bâtiments communaux à Mazaugues, à Montfort, à Saint-Martin, la paysans allant et venant aux champs. De nos (mairie, écoles mais aussi monument/s aux tour/campanile bâtie à part revêt un caractère jours encore, les fontaines sont fréquentées morts) peuvent occuper tant une position plutôt ostensible. À Seillons, à Rocbaron, à pour puiser l’eau d’arrosage, pour rincer centrale qu’une position excentrée par rap- Montmeyan, le campanile coiffe directement de gros récipients ou des pièces de linge port au périmètre urbain. Les équipements la mairie, tandis qu’à Forcalqueiret, il orne la volumineuses. L’eau de certaines d’entre collectifs (coopératives et moulins) montrent tour de l’horloge de l’ancienne Poste. À Bar- elles est recherchée pour la consommation une nette préférence pour la périphérie immé- jols ou à Pourrières, il s’ajoute sur le clocher. des familles et des auberges. Plusieurs sont diate du bâti. Tous ces édifices resserrent Ailleurs, il investit un angle d’îlot ou un pas- décorées pour des fêtes civiles et religieuses les liens constitutifs de la communauté. Ils sage couvert qui s’oppose ou qui fait face au avec des compositions végétales, fanions, dra- 26 affichent une certaine solennité à travers leur bloc contenant l’église. Partout, la construc- peaux. À Néoules, la fontaine face à la mairie mise en exergue, soit par l’isolement (socle tion d’un campanile démarque l’autorité rafraîchissait jusqu’à très récemment les surhaussé, clôture, jardinet, etc.), soit par civile de l’autorité religieuse sans toutefois tonneaux de vin destinés à la liesse populaire leurs décors de façade, soit par les inscrip- réprimer l’une ou l’autre. La construction de du 14 juillet. tions et symboles apposés dessus. Il n’est pas ces édifices s’étale entre le deuxième quart du Associées aux places et aux cours, les fon- rare que l’église s’intègre dans ces îlots ou 17 e siècle et le milieu du 19 e siècle et va de taines participent à l’agencement pratique et groupements à caractère communautaire. Il pair avec l’affirmation du caractère civique symbolique de l’espace. Ainsi, à Cotignac, à arrive même (à la Roquebrussanne, à Entre- des communautés. Tourves, au Val, les cours sont agrémentés de deux fontaines monumentales à vasques Les fontaines amples, placées à leurs extrémités. Au Val, les deux fontaines du cours répondent aux L’édification ou l’embellissement des fon- fontaines du péri- taines accompagne aussi cette évolution. En mètre médiéval, qui effet, fournir l’eau à la ville et aux habitants sont placées près de est une affaire qui regarde la collectivité. Sur l’église et du rempart. le territoire, résurgences et écoulements sont Une troisième s’aligne surveillés et aménagés ; dans les aggloméra- avec le monument tions, les municipalités successives entendent aux morts sur le côté marquer leurs mandats par les soins donnés opposé du village, au réseau hydrique. À versoirs multiples, face aux moulins simples ou sculptées, équipées de vasques, de à grain et à huile : Croquis du campanile Campanile barres pour poser les cruches, d’abreuvoirs, Fontaine d’angle à l’espace public ainsi

de Tavernes de Pontevès en eau des ressources Utilisation collective de bacs pour laver, ornées de moulures de fût Méounes-les-Montrieux aménagé devient un couvert avec terrasse pour l’étendage, lavoir à ciel ouvert attenant à une fontaine et dalles Lavoir de la petite fontaine à Saint-Martin-de-Pallières - Femmes au lavoir à Pourcieux - Lavoir de Bras déclives près de l’exurgence de la Tompine, condensé de mémoire civique et un exemple l’eau) et lavoirs « debout » (surhaussés et hors ville, sont utilisés à tour de rôle selon d’organisation collective. Après 1792, des comprenant des bacs séparés pour le trem- la saison et le genre du travail à accomplir. insignes républicains sont souvent apposés page, le savonnage, le rinçage) continuent À Entrecasteaux, le lavoir couvert se trouve sur les vasques ou coiffent les fontaines : à se construire jusqu’au milieu du 20ème hors agglomération : il profite de la proximité inscriptions (RF) et petite statuaire en pierre siècle. À Mazaugues, le lavoir surhaussé et de la rivière de la Bresque, des canaux dérivés ou en bronze qui ne laisse aucun doute quant couvert, longuement discuté dans les projets et des prairies sur ses berges. Plusieurs aux intentions des bâtisseurs (Mariannes, municipaux, est mis en fonction en 1911. À de ces équipements fonctionnent encore, allégories de la Liberté, de la Force, de la Néoules, la construction d’un château d’eau surtout pour l’étendage. D’autres comme à Justice, mais aussi aigle impérial ou coq en 1866 à partir de la canalisation de la Font Carcès deviennent des éléments de décor, au gaulois). Sur 33 représentations de Mariannes Marcellin donne lieu à la mise en place d’un moyen de restaurations et d’ajouts picturaux recensées dans le Var entre 1848 et la Grande ensemble de canaux et d’abreuvoirs. Un long (fresques évoquant les activités d’autrefois) Guerre, 28 ornent des fontaines. Parmi celles- lavoir au sol y est ajouté en 1907. Ce n’est qui muséalisent les lieux. L’arrêt du passage ci, nous comptons des créations en série mais qu’en 1936 qu’un lavoir « debout », placé de l’eau à travers le lavoir est généralement aussi quelques œuvres artistiques uniques : près de la route, double cet équipement. Au néfaste, tant pour l’édifice (qui se fendille) Val, le lavoir ancien (au ras du sol) et le lavoir que pour la population (qui perd un point de celle de Méounes par exemple, est l’œuvre du 27 sculpteur Émile Aldebert. Enfin, le nombre nouveau (surhaussé, mis en fonction en 1935) rassemblement du fait de la déchéance de la et le débit de leurs fontaines contribuent à s’alignent le long du canal qui actionne, en structure). la réputation de certains villages (Barjols, amont, les moulins et borde, en aval, les Varages, etc.). tanneries avant de se ramifier pour irriguer Affirmation de la solidarité jardins et labours. communautaire Les lavoirs Souvent aussi, ville et campagne marchent de pair. Tourves exploite diversement la Parmi les locaux collectifs qui focalisent la Les lavoirs peuvent s’associer ou non aux source de la Foux et les ruisseaux qui en sociabilité, moulins, magnaneries (locaux points où l’on va puiser l’eau. Le besoin résultent : des lavoirs de quartier dans la pour l’élevage des vers à soie) et coopératives d’espace pour laver et étaler le linge fait que, campagne proche semblent être associés aux agricoles tiennent une place de choix. Par souvent, ces équipements se trouvent en cabanons des propriétaires des terres, tandis leur aspect et leurs fonctions, ces bâtiments lisière du bâti ou dans la campagne proche. que des lavoirs au sol collectifs (tel celui du constituent des repères visuels et mémo- Ils occupent généralement les abords d’une Princé) longent les bas-côtés des rues dans riels. Développées au tout début des années résurgence, d’un ruisseau, d’un canal ou le village. À la Roquebrussanne, le ruisseau 1900 pour réagir face à des crises viticoles d’une canalisation. En pleine ville, il peut y en des Neuf Fonts alimente un lavoir à 200m récurrentes, les coopératives sont situées dans avoir plusieurs. Rien qu’à Brignoles, une dou- du village, équipé d’un appentis où l’on peut les nouveaux quartiers, généralement aux zaine de petits lavoirs de quartier relayaient faire du feu pour la lessiveuse. Des parcelles extrémités ou à l’écart du bâti aggloméré. les équipements de la source de Sant-Sumian proches, laissées en prairie ou couvertes de C’est le cas à la Roquebrussanne, à Garéoult, et de la rivière Carami (bordures sud et nord sable dolomitique aux effets blanchissants, à Néoules, etc. À Esparron, la coopérative de la ville), destinés tant aux ménagères permettent d’étendre et de sécher le linge. se situe en bas de la butte portant le village, qu’aux professionnelles de la bugado. Lavoirs Un lavoir couvert se trouve à l’orée de près du « faubourg » développé le long de la « à genoux » (dalles inclinées au niveau de l’agglomération. À Méounes aussi, lavoir route. Au début de leur existence, ces caves

Les coopératives agricoles Les coopératives sont également associées à l’oléiculture. besoins accrus (les Cordeliers en 1912 et la Brignolaise en 1929 à Brignoles, l’Amicale en 1912 et la Saint-Maximinoise/les Coteaux en 1921/1922 à Saint-Maximin, etc.), mais aussi des sensibilités différentes dans une même Cave coopérative d’Esparron-de-Pallière Cave coopérative de Camps-la-Source au début du XX e siècle société. Ainsi, à Bras, la cave des Travailleurs (1909) se dit de gauche, tandis que la Labo- Dès 1905/1906, les oléiculteurs de Coti- sèdent encore un petit édicule annexe abritant rieuse (1923) est considérée comme étant de gnac fondent deux coopératives, possédant le mécanisme de pesage de la « bascule » ou droite. Placées l’une face à l’autre, les deux chacune son propre moulin et issues de deux poids public. Ailleurs, la « bascule » investit coopératives se concurrencent jusqu’en 1987, cercles différents et politiquement opposés un espace près de la mairie (Pourrières), près année où elles fusionnent sous le nom de (celui du Progrès et celui des Travailleurs). de la gare (Pourcieux ou Sainte-Anastasie) ou « Le cellier des Templiers » inspiré du passé Les deux associations ont fusionné en sur le Cours (c’était le cas à Tourves). Dans du village. À Montfort, deux coopératives 1967 pour donner la cave des Vignerons tous ces lieux, le passage des charrettes et sont fondées en 1908 : la Montfortaise, qui de Cotignac. Actuellement, peu de moulins des tracteurs a toujours attiré les curieux et se dit socialiste et la Vigneronne, qui se dit de communaux fonctionnent selon un mode l’endroit a servi de point de rencontre. droite. Actuellement, Montfort affiche une coopératif (Le Val) ou triturent séparément, seule cave communale sous la dénomination à la demande, les olives de chaque particulier Des noms particuliers « Vignerons de Montfort » avec un caveau de (Mazaugues). Avec plus de 100 fondations vente appelé « Les caves du Commandeur » 28 dans le Var dans la première moitié du 20 e Les noms donnés aux caves coopératives faisant allusion là aussi à l’histoire locale. Ce siècle, les Coopératives vinicoles sont encore proclament les enjeux et les espoirs qui leur retour vers les sources historiques, vers des légion. Depuis la plus ancienne (celle de sont attachés et revèlent les physionomies figures qui émanent de la mémoire collective Camps, installée en 1906 dans une ancienne des villages. Celle de Néoules (1908) est dite et ont pouvoir de consensus et d’emblème, est chapellerie) jusqu’à la plus récente (les l’Indispensable, celle de Forcalqueiret (1924) une tendance actuelle récurrente. Elle donne Coteaux, deuxième cave de Carcès fondée l’Économe, celle de Rocbaron (même année) les « Caves de l’Amiral » pour Entrecas- en 1961), leur rôle dans l’histoire socio- la Prévoyante. Fox-Amphoux (1912) fonde teaux ou pousse à la création d’organismes économique des villages et leur contribution l’Union et Mazaugues (1923) la Clair- réunissant plusieurs productions, tel le Cellier à l’amélioration et à la promotion de la voyante. À Pourrières et à Rougiers (1912) Saint-Louis pour les côteaux varois. production des vins reste indéniable. Pendant on fonde des Fraternelles tandis que Saint- longtemps, la coopérative constitue un pilier Maximin (1912) et Correns (1935) fondent de l’entraide et de la solidarité paysanne et un des Amicales. Une trentaine de caves dans le vecteur de progrès technique. Elles véhiculent Var (dont celle de Camps) n’ont pas de nom ces mêmes valeurs à travers l’emphase de spécial et une quarantaine prennent le nom leur signalétique (dénomination, date de de la localité : la Carçoise (1910), la Roquière fondation, devises sur les façades) et une cer- (1925), la Montmeyannaise (1922). Pres de taine monumentalité architecturale (volumes la moitié de ces fondations sont actuellement simples mais importants, plusieurs bâtiments désaffectées ou détournées de leur fonction accolés, présence de frontons, de pilastres, initiale mais plusieurs d’entre elles continuent d’auvents en décrochement, d’éléments à servir les collectivités (reconversion en salle décoratifs autour des baies et des chaînages de réunion, salle culturelle, hangar commu- d’angle, de frises et d’appliques de façade, nal, école, etc.). Les fondations doubles sont etc.). Quelques unes (Forcalqueiret) pos- assez courantes. Elles expriment souvent des Le poids public de Pourcieux Composition, construction et esthétique des locaux

La morphologie des villages est intimement liée à celle des maisons qui les constituent, qu’elles soient paysannes ou bourgeoises. Leur organisation, leur construction et leur décor en font un des éléments identitaires forts des bourgs de la Provence Verte. Les maisons paysannes en débord sur la façade se remarquent dans plusieurs villages et notamment à Pourrières. Dans toutes les agglomérations et selon Une partie des combles peut abriter un la plus ou moins grande proximité d’un pigeonnier, reconnaissable de l’extérieur noyau ancien, les maisons forment des îlots par son ouverture entourée de carreaux agglutinés au hasard de la construction lisses. Les terrasses couvertes et exposées au ou ordonnés de façon régulière. Elles sont soleil (les soleiadou), servant pour sécher ou composées de plusieurs niveaux et possèdent conserver certains fruits (figues, raisins) sont fréquemment une cour ou un jardinet en plus rares. On en voit à Barjols, à Brignoles, arrière, beaucoup plus rarement sur les à la Roquebrussanne ou à Tourves. Jusque côtés. Suivant les topographies, le nombre de dans les années 1930-1940, les latrines dans niveaux sur l’avant et l’arrière d’un immeuble les maisons sont inexistantes. Le contenu peut varier et des sous-sols ou des soupentes Maison avec lucarnes de greniers et systèmes des seaux hygiéniques va enrichir les tas de de poulies toujours visibles à Bras peuvent devenir accessibles de plain-pied. fumiers qui fermentent dans les cours et les Haute et étroite, la maison villageoise se Fabié à Néoules recèle un pressoir privé terrains vagues. Dans les gros bourgs, ce sont compose de locaux de service (étable, remise) et un puits, probablement de quartier. À des charrettes spéciales qui passent collecter et de métier (boutique, atelier) situés en Tourves, le niveau au sol de l’immeuble au ces déchets. La construction de toilettes et de rez-de-chaussée et de pièces à vivre (cuisine/ 48 rue Ambroise Croisat abrite un moulin douches publiques (comme l’amélioration salle de séjour, chambres) situées aux étages. à plusieurs presses et cuves. Les greniers à de fontaines et lavoirs) compte parmi les D’autres locaux de service (celliers, réserves foin se placent sous les combles. Signalés par objectifs des administrations locales de 29 d’eau) se trouvent en soubassement et des leurs fenêtres hautes et larges que surmonte le l’entre-deux-guerres. rangements divers sont aménagés sous les crochet ou la poulie servant à lever les bottes, escaliers. À Pontevès, plusieurs caves et ces fenièro sont souvent reliées à une étable cuves sont accessibles depuis la rue par des au niveau de la rue via un conduit pentu escaliers étroits. À Ste Anastasie, certaines (trapo ou troumbo) qui alimente des râteliers. caves (dont celle de l’ancienne mairie) Des traces de ces conduits sont visibles sur préservent des puits pour un usage public certaines façades à Sainte-Anastasie. De belles en cas de besoin. Un rez-de-chaussée rue lucarnes de grenier, certaines avec un fronton

Détail d’une fenêtre de grenier à Varages

Les maisons de village : formes et organisation formes Les maisons de village : Schéma et coupe d’une maison paysanne à Pontevès Les maisons bourgeoises

Selon les quartiers, des maisons bourgeoises prennent le relais de celles paysannes. Elles montrent des façades larges, avec plusieurs fenêtres alignées par étage. Cette disposition trahit une distribution interne différente : des pièces à vivre aux fonctions spécialisées Hôtel particulier à Cotignac Maison du XIX e siècle sur la place Croquis d’une maison bourgeoise (séjour, salle à manger, cuisine, resserres). du Palais de Justice à Brignoles à Méounes-les-Montrieux Leurs cours et jardins privatifs sont entourés par de hauts murs. À partir du 18 e siècle, perrons surélevés, boiseries et ferronneries mairies sont installées dans de telles demeures e l’imposition des bâtisses suivant le nombre élaborées). À Nans, le village déperché se cossues, qui se multiplient entre le 18 et le e de leurs ouvertures donne lieu à l’obstruction compose d’un quartier d’habitations pay- 19 siècle. d’une partie de ces baies et à l’exécution sannes (dites vernaculaires), situé autour de de quelques beaux trompe-l’œil qui les la Grand’Rue et la partie haute de l’espace rappellent. Ces maisons appartiennent à des urbain, et d’un quartier situé plus bas, notables et professionnels libéraux, mais autour du Cours et constitué de maisons de aussi à des agriculteurs ou à des éleveurs rela- même style mais plus décorées, plus aérées et tivement aisés, à des artisans, des mouliniers, agencées avec un souci de symétrie. Ailleurs, 30 des manufacturiers, des négociants, etc. Tout maisons paysannes sobres et étriquées et village et bourg, indépendamment de son maisons bourgeoises complexes et amples se importance, possède quelques demeures de succèdent les unes aux autres : la Grand’rue ce type, genre d’hôtels familiaux édifiés entre à la Roquebrussanne ou à Méounes, les rues le 16 e et le 19 e siècle. Les plus anciens d’entre Notre-Dame et de Provence à Sainte-Anas- eux peuvent se trouver au cœur des agglomé- tasie en offrent des exemples intéressants. Rue de la Rouguière à Montfort-sur-Argens rations (maison des Pontevès avec appliques Dans ces trois villages, mais aussi à Tourves, sculptées à Barjols, maisons de notables avec à Correns, à Montfort, à Barjols, etc., les Organisation de façades baies richement décorées à Rougiers, hôtel des Cassendi à Varages abritant actuelle- Paysannes ou bourgeoises, les maisons ment le musée des faïences). Les plus récents présentent à la rue des façades sur murs forment de nouveaux quartiers autour des gouttereaux, moins hautes que les façades sur Cours, le long de nouveaux axes de circu- pignons et moins exposées, par conséquent, lation et aux abords de places. À Brignoles, aux intempéries et à la canicule. Ainsi, dans les places Saint-Pierre et du Palais de Justice le Midi, rares sont ceux qui ont « pignon sur montrent de beaux exemples de ces demeures rue ». Les pignons visibles se situent en angle à l’allure mixte, provençale (couvertures en ou en extrémité d’îlot, sont souvent aveugles tuiles-canal et génoises - corniches à un ou et, parfois, sans crépi. Quand ils sont orientés plusieurs rangs de tuiles) et néo-classique vers l’est (direction d’où vient la pluie), ils (couronnements de murs imitant des entable- peuvent avoir un revêtement contre l’humi- ments de colonnade, encadrements de baies dité (tuiles-écailles vernissées ou carreaux diversement soulignés, bandeaux d’angle et émaillés dits malons). Quelques exemples de séparation de niveaux, balcons en façade, Porte sculptée de l’Hôtel particulier des sont visibles à Brignoles, dans la vieille ville et Pontevès à Barjols Alignement de façades du XIX e siècle à Carcès près de la place du Palais de Justice. Ailleurs, sont transformées en fenêtres de façon plus des murs gouttereaux sont aussi protégés de ou moins élégante. Ces nouvelles baies sont la sorte avec, parfois, un effet décoratif saisis- surmontées de larmiers (moulure en pierre, sant (Carcès). La face orientale laissée à l’air débord en tuiles) et protégées par des grilles libre peut aussi être constituée de deux pare- en métal ouvragé. En sortie d’agglomération, ments parallèles, le vide entre eux agissant les locaux auxiliaires prennent le dessus comme isolant. À partir de la fin de l’Ancien sur les locaux d’habitation : les bâtisses Régime, des locaux auxiliaires destinés aux présentent moins de niveaux et sont souvent charrettes et aux engins agricoles, mais aussi laissées sans enduit. Généralement converties au stockage et à la manipulation de produits en garages ou resserres, quelques granges et divers, se développent de plus en plus en rez- remises donnent aussi lieu à l’installation de de-chaussée. En résultent des bâtisses à entrée boutiques de prestige, tant par leur objet de Millésimes double : une porte à un battant donnant commerce (produits locaux comestibles ou centre ancien de Saint-Maximin (avec ses accès à l’habitation et une porte cochère manufacturés, brocantes, librairies) que par arcades place Juiverie, l’ancien palais de 31 donnant accès à la remise. Cette dernière une décoration agréable (devantures peintes justice et sa prison et des dizaines de bâtisses ouverture est souvent flanquée de bornes ou ou assorties de fresques). avec baies et porches de style médiéval), ainsi de pierres saillantes pour éviter le frotte- que plusieurs rues ou bâtiments isolés dans ment des roues et des sabots des bêtes sur Tentatives de datations bon nombre de localités (à Rougiers, au Val, les jambages. Les perspectives créées par la à la Celle, à Cotignac, à Entrecasteaux, à Es- succession d’ouvertures étroites et larges aux Dans ce contexte général, le bâti médiéval parron, etc.) montrent un bâti attribuable au contours contrastés (rectilignes ou courbes) reste assez difficile à mettre en évidence car Moyen Âge. Les détails qui les caractérisent comptent parmi les composantes caracté- il se trouve mêlé aux reconstructions des sont des passages couverts, des portes de ristiques des bourgades rurales. Ces suites époques postérieures. Les millésimes recueillis palier en plein cintre, des seuils à emmarche- d’habitations-remises se remarquent tant au dans les bourgs et villages de la Provence ments, des fenêtres à meneaux et à moulures centre qu’aux sorties des agglomérations. En Verte ne permettent pas de remonter les périphériques, des niches d’angle et de façade, centre-ville, quelques hautes portes cochères datations du bâti au-delà du 16 e siècle. Ainsi, des murs appareillés en petits moellons régu- sur 21 mentions recensées à Carcès, une liers, etc. Au Val, plusieurs rues conservent seule (1580) se réfère au 16 e, deux au 17 e, 7 des maisons où les formes et les encadrements au 18 e, 10 au 19 e et une au 20 e siècle. À Saint- des portes, les seuils, les linteaux et quelques Martin, deux millésimes se réfèrent au 17 e blasons rappellent ce passé. Style médiéval et (1655, 1690), mais la majorité se réfèrent au style moderne se côtoient à Montmeyan, à 18 e siècle. Généralement, la masse de ces ins- Fox, à Correns, à Tourves, à Rougiers, tandis criptions couvre la période de la fin du 17 e au que plusieurs Grand’Rues (à Méounes, par milieu du 19 e siècle. Toutefois, la haute ville exemple, ou la Roquebrussanne) montrent de Brignoles (avec ses rues en escaliers et l’en- des suites ou combinaisons harmonieuses Chasse-roues semble du palais des Comtes de Provence), le de constructions du Moyen Âge, de la Tuiles « canal » travaillés forment les soubassements, les bandeaux marquant les niveaux, les couron- nements et les corniches, les encadrements des ouvertures, les chaînages d’angle. Ces angles peuvent être émoussés afin de faciliter Encadrements de portes le passage de voitures et des attelages et protégés par des pierres arrondies saillantes Canal des moulins à Camps Le gros-œuvre qui obligent les roues à se déporter (pierres de Renaissance, de l’Ancien Régime et des temps déroutage). Les toitures sont habituellement modernes. Hormis les clochers et campaniles, Traditionnellement et pour la quasi-totalité à un ou deux pans et ont une pente faible qui se remarquent dans les centres anciens des bâtisses, le gros œuvre est en pierres (de l’ordre de 30%). Des toitures à quatre 32 ou au carrefour de plusieurs quartiers, brutes ou dégrossies, liées avec un mortier pans sont utilisées de plus en plus depuis quelques « châteaux » rénovés après le 15 e de chaux de qualité variable selon le dosage le 19 e siècle pour des maisons isolées ou siècle (à Vins, Entrecasteaux, Saint-Martin, chaux/sable utilisé. Peu d’édifices (générale- placées en extrémité d’îlot. Les couvrements Esparron, etc.) et des manoirs « nobles » des ment, ceux « de commande » : manoir, église, sont constitués d’une armature de poutres, 17 e – 18 e siècles (à Forcalqueiret, Mazaugues, parfois mairie) sont construits en moellons de pannes et de chevrons (en bois, parfois Pourcieux, etc.) se détachent de la trame du réguliers. Partout, l’utilisation de la pierre – après les années 1920 – en métal). Pour bâti et constituent des repères visuels/histo- de taille se fait avec parcimonie : les blocs la jonction mur/toiture et pour les génoises, riques pour les habitats qui les possèdent. qui se généralisent à partir du 17 e siècle, on Des bâtiments collectifs et industriels jouent compte un débord d’environ 20cm. Les tuiles aussi ce rôle : le « grainage » (production et creuses ou canal, fabriquées localement dès le stockage des vers à soie) à Cotignac, quelques 14 e siècle, sont simplement posées sur le lit de hauts murs avec leurs conduits de cheminées chevrons et maintenues par quelques pierres qui subsistent des fabriques de faïences à plates ou, parfois, collées au mortier sur un Varages, les façades monotones et les très lit de lattes. Une pose plus solide (mais aussi hautes cheminées des tanneries à Barjols. Les plus lourde) consiste à placer sur les chevrons chapelleries de Camps sont moins visibles, un lit de malons sur lesquels les tuiles sont mais leur souvenir est maintenu à travers le collées au mortier. Les tuiles fabriquées en réseau de canalisations et de bacs à laver la laine, qui quadrillent le village. L’ensemble de l’ancien moulin et de la cave coopérative en extrémité sud du village joue un rôle de repère à Sainte-Anastasie.

Caractéristiques du bâti Détail de génoises Croquis de génoises presse mécanique, dites « marseillaises », se diffusent à partir de la deuxième moitié du 19 e siècle, mais perdent du terrain en faveur de la tuile canal après la deuxième guerre. Les tuiles canal sont aussi adoptées par le style néo-provençal, style déroutant et plutôt terne (volumes souvent complexes, couleurs Façade à tuiles vernissées à Carcès pâles, façades sans relief) répandu depuis les années 1960. La cartographie des toitures de de l’église de Camps. Les teintes utilisées Croquis d’une façade à tuiles vernissées à Carcès pour ces décors sont les ocres mais aussi le quelques villages (Tavernes, Cotignac, Vins) en tomettes (carreaux hexagonaux) sur une noir et toute la gamme des verts et des bleus montre que, jusqu’à nos jours, l’utilisation de chape terre+mortier, pour les rez-de-chaussée obtenus à partir d’oxydes métalliques. Les ces deux types de tuiles est largement majori- et sur plancher, pour les étages. Autrefois, suites de façades avec différents tons de crépi taire face à d’autres modes de couverture (en la terre battue constituait parfois le sol en rouge, ocre ou bleu, combinées aux couleurs terrasse, en dalles de pierre). rez-de-chaussée où se trouvaient étables, sombres des portes et, souvent, lumineuses écuries et ateliers. Plus tard, une mince chape des fenêtres (bleu ciel, vert pomme, lilas, Enduits et décors de mortier ou de ciment améliore ces sols jaune paille ou œuf, rouge carmin) confèrent Pour les locaux habités, l’usage de crépi est une esthétique et une ambiance particulière généralisé : enduits à la chaux à l’exté- dans les rues des agglomérations. À partir e rieur, enduits à la chaux et/ou au plâtre à du 19 siècle, les revêtements muraux (mêlés 33 l’intérieur. Ces revêtements renforcent un de ciment) imitent, parfois, les assises de appareil ajusté de façon irrégulière (appareil la construction, sous forme de bandeaux non assisé) et garantissent la construction horizontaux couvrant une partie ou la totalité contre l’humidité. Ils sont pigmentés dans des façades, sous forme aussi de placages qui la masse par les sables locaux aux teintes imitent les chaînages d’angle, des pilastres ocrées (rouges bauxite, orangées, jaunes en angle ou en façade ou un couronnement pâles), rehaussés, parfois, par de la peinture élaboré du bâti (bandeaux à triglyphes). Les autour des ouvertures et sous les génoises, sols, enfin, sont dallés en pierre ou carrelés peints en d’autres couleurs (blanc, ciel, bleu/ en malons (carreaux quadrangulaires) ou Détails frises peintes vert, rouge/rose) à l’intérieur. La présence rustiques. de frises peintes, florales ou géométriques, Hormis leur rehaussement par de la peinture, à ces mêmes endroits est plus diffuse. Elle les encadrements des ouvertures peuvent pourrait résulter d’une influence venant de se composer de pierres de taille, de pièces la Riviera italienne et être liée à l’émigration de bois ou de briquettes pleines. Seuils et d’artisans connaisseurs de cette pratique. linteaux en une seule pierre – monolithiques Ces frises se répandent probablement dans le - ou en une ou deux poutres jointives, ainsi Var rural dans la première moitié du 20ème que des linteaux en arcs clavés se remarquent siècle. À Brignoles, à Pourrières, à Nans, à dans plusieurs localités. Les linteaux plats Tourves, à La Celle, à Correns, à Montfort, (caractéristiques plutôt du 19 e siècle) peuvent elles décorent tant des maisons citadines avoir ou non des moulures, des chanfreins bourgeoises que des maisons de style paysan. périphériques, un bloc saillant au centre ou Une frise peinte enserre aussi le haut des murs une décoration sculptée qui les surmonte. Les Détails ferronneries sans spécialisés, des maçons, des particuliers. Détails décors sculptés Les carrières de gypse (gypièro) sont à ciel ouvert ou en galerie. Les pièces de bois néces- e impostes (de plus en plus fréquentes au 19 et ou rocher aplani) ou en bois, qui flanquent saires à la construction (charpentes, planchers e au 20 siècle) sont souvent agrémentées, tout parfois les portes d’entrée et de remise, les et huisseries) sont aussi largement prélevées comme les balcons, de ferronneries ouvra- anneaux scellés sur les façades pour attacher dans le bois communal dans le cadre de gées. Les jambages des fenêtres ne sont pas les bêtes de somme, les conduits pentus au ras droits d’usage ou de contrats de coupe. Les toujours soulignés d’un appareil spécifique. des trottoirs pour décharger le charbon dans matières premières qui servent pour les liants La baie est parfois entourée d’un bandeau de les caves. Des portions de mur revêtus de car- et les enduits sont également récoltées sur couleur qui se détache sur le crépi du mur. reaux émaillés, pleins ou décorés, rappellent le territoire communal : sables, graviers et Les appuis peuvent être en pierre ou en car- l’existence, à ces endroits, d’étals de boucher argiles des espaces incultes sont, en principe, reaux céramiques, les linteaux en pierre ou en (Camps, Ste Anastasie, Fox-Amphoux). Des laissés à la disposition de la population sauf bois et l’on remarque également des encadre- détails de voierie (sols caladés - pavés par pa- si la communauté en a décidé autrement ments en briquettes pour ces fenêtres comme liers -, caniveaux en centre de voie, caniveaux (concessions, taxes ou mises en fermage). Les pour les portes. Dans tous les cas, ces derniers d’accotements, etc.) font aussi référence à bons quartiers pour ces fournitures, connus sont dissimulés par du crépi. Les portes sont l’organisation ancienne de la ville. de tous, deviennent des lieux d'approvision- fermées par des vantaux en bois plein ou en nement habituels. Les carrières d’argile sont planches join- Des matériaux traditionnels à privilégier le plus souvent à flanc de colline. Elles sont tives ou croisées. parfois documentées par des contrats passés Quelques beaux Nous voyons, suite à cette analyse, que 34 entre communautés et artisans (tuiliers/ ouvrages de menui- la pierre, le bois, la terre cuite et quelques potiers), qui fournissent à la population serie (avec pan- éléments ferronniers sont les matériaux pré- les matériaux transformés (tuiles : téoule, neaux chanfreinés, dominants de la construction. L’usage actuel carreaux pour les sols : malons, tuyaux pour moulurés, cloutés) de briques ou de parpaings et de mortier les canalisations : bourno, bournéou, et, selon existent dans tous de ciment altère l’esthétique mais aussi la les contrats et les compétences des artisans, les villages. Ils sont qualité de ce bâti. En effet, pierre, sable et diverses pièces de vaisselle). Bien entendu, ces Ancien étal de boucher complétés d’acces- chaux sont des matériaux qui s’adaptent à Vins sur Carami circuits d’approvisionnement en matériaux soires soignés : ser- aux changements de température et aux deviennent caducs avec la plus en plus grande rures ouvragées, heurtoirs décoratifs en forme écarts d’humidité habituels à la région. Ils professionnalisation des métiers du bâtiment d’anneau, de boule, de main, de fruits divers, supportent ces fluctuations sans occasionner et le recul de l’auto-construction dans un de dauphin, etc. Pour les fenêtres, les volets de déformations aux structures bâties. Plus cadre d’entraide familiale ou de quartier. habituels sont en bois et à persiennes. Ils sont rigides, les matériaux modernes (ciment, Cependant, la connaissance de ces circuits externes et/ou internes, rarement réglables béton armé, charpentes métalliques) sont et des matériaux qu’ils proposent permet de (jalousies) comme en Italie. Les volets en souvent à l’origine de défauts d’adhérence et maintenir et d’amplifier des pratiques qui planches jointives existent aussi, tandis que de fissures. Traditionnellement, la pierre est restent dans la lignée de la construction et ceux renforcés de planches en Z sont une extraite sur place (fondations, épierrements) de l’esthétique locales. L’architecture savante évolution assez récente. Les ouvertures de ou vient de carrières situées à proximité des publique et privée et l’architecture instinc- moindre importance sont généralement chantiers ou dans les terres à usage commun. tive des petits artisans et des particuliers fermées d’un seul barreau vertical en forme Dans le Var, les roches exploitées sont le bricoleurs ne peuvent que tirer profit de d’épis et appelé claustrado. Parmi les détails calcaire, le grès et le tuf calcaire ou travertin. l’observation et de l’intégration dans leurs évoquant la vie quotidienne, nous devons Bancs et affleurements calcaires donnent aussi réalisations de produits et de façons de faire à mentionner les bancs en pierre (éléments bâtis la pierre pour la chaux fabriquée par des arti- l’efficacité éprouvée. Conclusion

Penser un avenir

Au terme de ce périple à travers l’occupation de l’espace en ordre détail, qui semblent, toutes, restituer les bourgs et les villages de la dispersé qui se dilue dans un un caractère territorial singulier, Provence Verte, l’image qui se environnement naturel fragmenté, composé d’une multitude de choses dégage est celle d’un habitat groupé pour la dissociation entre espaces ordinaires dont la combinaison et en ordre serré. Celui-ci reste résidentiels, espaces de services produit du sens. C’est à partir de ce dominant malgré les dynamiques et espaces de convivialité, toutes sens que nous pouvons construire de resserrement et d’étalement, ces tendances vont à l’encontre les bourgs et villages de demain. centrifuges et centripètes, qui marquent l’histoire de tous ces établissements tout au long de leur existence. Ces mouvements pendulaires de groupements et de 3!(<%)(!-"('Y"!((%"1'<0)'90=-)!(%)' l’agglomération rurale à caractère urbain. Ce caractère se révèle par la sociologie, la sociabilité, les activités Vue panoramique 35 économiques et les services des dynamiques qui forment de Saint-Martin-de-Pallières pratiqués dans ces localités. Entre et maintiennent les sociétés formes circulaires, rayonnantes ou méridionales. Il en est de même linéaires, entre fondations castrales, pour les maints détails constructifs fondations ecclésiales et quelques et de style qui font la cohérence fondations de visionnaires, la dualité d’un mode de vivre et d’habiter. ville haute/ville basse ou ville Sans nier le processus, inévitable, vieille/ville neuve se perpétue sous d’évolution des sociétés et des différentes combinaisons. Toutefois, habitats, nous avons essayé de au cours du temps, le tissu urbain présenter un substrat qui est le s’aère au fur et à mesure que ciment de ce mode de vivre et l’habitat s’étale, mais se distend d’habiter, qui l’individualise et aussi donnant lieu à des formes qui l’insère dans le domaine de « molles », à un habitat diffus la Provence, de la Méditerranée, C'Z-110"1'D'%"1)%'=!**%'%1'&0.<08"%6' du Sud. Pour ce faire, nous nous Plus que d’aller à l’encontre d’une sommes appuyée tantôt sur des tradition architecturale, l’option perceptions et réalités globales, pour cet étalement du bâti, pour tantôt sur des particularités de Index Pour en savoir plus

Barjols 7-9, 14, 20, 26, 27, 28, 30, 32 ฀฀฀฀฀฀฀ ฀ 2004 Bras 21, 28, 29 du Var Cynthia Durand-Lasserve et Catherine Brignoles 3-5, 8, 13-15, 17, 21-25, 27-29, Maguin, COTIGNAC 30, 31, 33 ฀฀฀฀฀฀฀฀฀ Brue Auriac 14, 15 agraires en Basse Provence, Annales de la ฀ 2005 Carces 5, 7, 16, 24, 27, 28, 31, 33 Faculté des Lettres d’Aix-en-Provence, éd. Céline Lefetz et Yâsimin Vautor, Camps-la-Source 3, 4, 13, 22, 24, 28, 32, Ophrys, 465p. CAMPS-LA-SOURCE, 33, 34 Marion Fournier et Yâsimîn Vautor, Châteauvert 14 ฀฀฀฀฀฀฀฀฀฀ MEOUNES-LES-MONTRIEUX, Correns 7, 12, 15, 16, 23, 24, 28, 30, 31, 35 Permanences et modernité, Cahiers de la Rudy Coulon et Cynthia Durand-Lasserve, Cotignac 9, 15, 16, 26, 28, 31-33 Méditerranée, Nice. SAINTE-ANASTASIE-SUR-ISSOLE, Entrecasteaux 7, 14, 15, 26-28, 31, 32 Stéphanie Bénès et Marie Rémillac, Esparron-des-Pallieres 9, 10, 23, 27, 31, 32 ฀฀฀฀฀฀ TAVERNES Forcalqueiret 5, 8, 10, 11, 19, 20, 24, 26, Henri Raulin, L’architecture rurale 28, 32 française : Provence, Ed. A. Die, 1999. ฀ 2006 Fox Amphoux 5, 7, 10, 14, 16, 28, 31, 34 Elodie Bormida et Christelle Desombre, Gareoult 12, 17, 18, 27 PONTEVES, La Celle 12, 13, 31, 33 Études PARTIR Thibaut Bresson et Rudy Coulon, La Roquebrussanne 4, 5, 8, 12, 26, 27, 29, VARAGES 30, 31 ฀ 1999 Le Val 12, 18, 24, 28 Xavier Georges et Claire Wageman, ฀ 2007 Mazaugues 5-8, 10, 14, 20, 22, 26-28, 32 BARJOLS, CORRENS, LE VAL Christine et Délimard et Laetitia Roch, Méounes 6, 8, 24, 26, 27, 30, 31 Cristiana Floris et Gilles Poirée, BRUE AURIAC, Montfort-sur-Argens 5, 9, 10, 18, 19, 26, GAREOULT, Cynthia Durand-Lasserve et Véronique 28, 30, 33 Cyrille Thibault et Rachel Vernet, Lang, ROCBARON, Montmeyan 7, 14, 26, 28, 30, 33 SAINT-MAXIMIN LA SAINTE-BAUME, Rudy Coulon et Nicolas Blimo, 36 Nans-les-Pins 3, 5-7, 10, 11, 20, 30, 33 Emmanuelle Catrin et Lys Ferran, SAINT-MARTIN-DE-PALLIERES Neoules 6, 11, 20, 21, 24, 26, 27-29 TOURVES Ollieres 9 ฀ 2010 Plan-d’Aups-Sainte-Baume 7, 14 ฀ 2001 Gaëlle Isambart - Vivien Melcion, BRAS, Ponteves 6, 11, 16, 29, 30 Alexeï Inclàn et Gang Ye, Dora Ben Yedder, Paul Perot, Pourcieux 6, 9, 17, 28, 32 CHATEAUVERT, ESPARRON-DE-PALLIÈRES Pourrieres 4, 6, 16, 20, 22, 26, 28, 29, 33 Dora Ouaniche et Jean-Marc Prodhomme, Rocbaron 11, 26, 28 NEOULES, Rougiers 5, 11, 20, 23, 28, 30, 31 Caroline Garrido, Pierre Gilton, Saint-Antonin 14 BRIGNOLES Sainte-Anastasie 4, 6, 11, 19, 20, 29, 30, 32 Saint-Martin-de-Pallieres 10, 23, 26, 27, ฀ 2002 31, 32 Caroline Diraison, BRIGNOLES Saint-Maximin-la-Ste-Baume 3-5, 13, 15, Caroline Diraisin et Sarah Vautherin, 21, 23, 25, PLAN D’AUPS-LA-SAINTE-BAUME, 28, 31 POURRIERES, Seillons-Sources-d’Argens 16, 26 Laurine Courtois et Karine Durand, VINS- Tavernes 5-7, 17, 18, 21, 23, 24, 26, 33 SUR-CARAMY Tourves 4, 5, 9, 12, 15, 20, 21, 23, 26-31, 33 ฀ 2003 Varages 8, 9, 14, 15, 22, 26, 27, 29, 30, 32 Emilie Barlet et Laurence Berthon, NANS- Vins-sur-Carami 6, 10, 19, 24, 28, 32, 33 LES-PINS