16 mai 2012 Province du Sud-Kivu N° 20/12 Publication hebdomadaire de OCHA avec l’appui du Groupe d’Information Humanitaire (HIG).

Faits saillants

ƒ Territoire de Kalehe: Plus de 50 personnes tuées depuis le début de ce mois par des présumés FDLR. ƒ 5 500 personnes déplacées sont arrivées à depuis fin avril, les mouvements continuent. ƒ Plus de 1 000 ménages sinistrés de Sange assistés en abris et autres biens de première nécessité.

Contexte général La protection des civils dans le Territoire de Kalehe demeure une grande préoccupation. Dans la nuit du 13 au 14 mai, des présumés éléments des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) ont attaqué le village de Kamananga dans le Groupement de Kalima, tuant au moins 20 personnes. Les FDLR accusent la population de collaborer avec les éléments du groupe armé Raïya Mutomboki. Au cours de ces attaques, plusieurs maisons ont également été incendiées. Depuis le début de ce mois, au moins 50 personnes dont des personnes déplacées ont été tuées par des présumés FDLR dans les mêmes conditions. L’insécurité grandissante dans ce territoire, provoquée par l’activisme accru des Raïya Mutomboki et des FDLR, risque d’accentuer la pression sur les mouvements de population et d’entraver la réponse humanitaire à la crise. La Fondation AVSI et l’ONG International Medical Corps (IMC) ont évacué le personnel de leurs bases situées dans la région de . AVSI, à travers le programme de Réponse Rapide aux Mouvements de Population (RRMP), y évaluait la situation humanitaire des personnes qui s’étaient déplacées de Chambucha (Nord-Kivu, à la limite avec Kalehe) vers Hombo, Katatwa, Otobora, jusqu’à Itebero suite aux affrontements entre FDLR et Raïya Mutomboki à la fin du mois d’avril. Ce sont ces affrontements qui avaient déjà obligé IMC à évacuer son personnel de la région de Chambucha du 28 avril au 9 mai. Pour rappel, le Territoire de Kalehe est le plus touché par les déplacements internes. Au 1er trimestre de cette année, 308 991 personnes étaient déplacées dans ce territoire, ce qui représente près de 35% du total des personnes déplacées au Sud-Kivu.

Accès • Suite aux glissements de terrain causés par des pluies diluviennes dans la nuit du 9 au 10 mai, la route – Kamanyola a été coupée au niveau de Businga, localité située entre Nyangezi et les escarpements de Ngomo à 30 km au sud de Bukavu. Ainsi, l’acheminement à Sange () de l’assistance en biens essentiels de ménage et abris d’urgence (NFI) prévue par l’ONG International Rescue Committee (IRC) pour 1 110 ménages dont les maisons avaient été détruites par les pluies diluviennes du 11 au 13 avril n’a pu s’opérer que quatre jours après la date initialement prévue, suite à une réhabilitation partielle du tronçon par l’Office des routes.

Mouvements de population • Selon les premières estimations de l’évaluation multisectorielle conduite sur l’axe Kalehe-Minova par IRC du 23 avril au 7 mai dans le cadre du programme RRMP, environ 11 500 personnes seraient arrivées sur cet axe d’environ 100 km de long en provenance de la grande zone des Hauts Plateaux de Kalehe depuis le mois de février. Cette deuxième vague fait suite à celle d’octobre-novembre 2011 et s’explique par l’intensification de l’activité des groupes armés, de leurs affrontements avec les FARDC et les exactions qui s’en suivent sur les civils. Par ailleurs, la même série d’évaluations rapporte qu’environ 5 500 personnes sont arrivées à Minova en provenance du Nord-Kivu du fait des affrontements entre les FARDC et les factions opposantes notamment dans le Territoire de Masisi. 750 de ces personnes se sont abritées dans le bâtiment en construction de la zone de santé de Minova, dans des conditions très précaires, notamment l’absence des latrines, sans accès aux soins et avec peu de nourriture. Vu l’arrivée massive des déplacés à Minova et la nécessité d’une réponse adéquate, une réunion spéciale sera tenue à OCHA Bukavu ce 16 mai. • Au moins 2 000 personnes se sont déplacées de Nduma (nord-est de Shabunda) vers centre suite aux affrontements entre les FARDC et les Raïya Mutomboki du 3 au 7 mai. Selon l’ONG Pain pour les déshérités (PLD) en mission de monitoring protection dans la région, ces déplacements se poursuivent et le comité local des déplacés se charge des enregistrements. L’insécurité subséquente à ces affrontements n’a également pas

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permis à la campagne VPO (vaccin antipoliomyélitique orale) et d’administration de la vitamine A et du Mébendazole d’atteindre tous les enfants ciblés dans la Zone de santé de Lulingu.

Protection • Dans le Territoire de Fizi, six personnes ont été tuées par balles le 10 mai sur l’axe Katanga – Simbi, au sud- ouest de Baraka. Cette insécurité est une des conséquences de l’activisme des groupes armés dans la zone. Fizi demeure également un des territoires les plus affectés par les incidents sécuritaires contre les humanitaires. Au cours du mois d’avril dans ce territoire, quatre agents humanitaires qui travaillaient à la réfection d’ouvrages de franchissement sur l’axe Malinde – Kazimia ont été tués, et des hommes armés en tenue militaire avaient fait incursion dans la base d’une ONG. Cet incident avait poussé plus d’une dizaine d’organisations humanitaires basées à Baraka à évacuer leur personnel, notamment vers Uvira.

Besoins et réponses humanitaires

Nutrition • Selon l’ONG Médecins d’Afrique (MDA), la situation de nutrition dans la Zone de santé de Minova (Territoire de Kalehe) est inquiétante. La dernière enquête anthropométrique réalisée par le Programme national de nutrition (PRONANUT) en 2008 a relevé un taux de malnutrition aigüe de 8%. Malgré l’augmentation des cas de consultation pour malnutrition, y compris lors des pesées des enfants, aucune des 18 aires de santé n’a reçu d’appui dans la prise en charge de la malnutrition aigüe depuis plus de deux ans. Par ailleurs, sur les 240 enfants visités par MDA dans les 18 aires de santé, 60 enfants en malnutrition aigüe ont été identifiés à travers une évaluation initiale rapide non représentative. Plusieurs facteurs aggravants s’ajoutent à cette situation, notamment le fait que 60% de ces aires de santé notifient encore des cas de choléra et la présence des déplacés qui s’est amplifiée depuis la fin du mois d’avril. Cette ONG recommande notamment le renforcement des activités nutritionnelles en cours en approvisionnant le PRONANUT en intrants de prise en charge des cas.

Santé • Pendant la semaine du 7 au 13 mai, 12 cas de diarrhée cholériforme ont été reçus à l’Hôpital général de référence (HGR) de Shabunda. Dans l’aire de santé de Tchombi, deux personnes sont décédées à domicile de cette diarrhée durant la même période. En attendant une analyse de ces cas par le service provincial de surveillance épidémiologique, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) a préventivement mis en place un Centre de traitement de choléra (CTC) au sein de l’HGR de Shabunda.

Pour plus d’information, veuillez contacter :

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Florent Méhaule, Chef de Sous-Bureau a.i, OCHA Sud-Kivu, [email protected], tél. +243 97 000 37 66 Philippe Kropf, Chargé de l’Information publique, OCHA Sud-Kivu, [email protected], +243 97 000 37 64 Maxime Nama, Assistant à l’information publique, OCHA Sud-Kivu, [email protected], tél. +243 99 290 62 83 Yvon Edoumou, Chargé de l’information publique et du plaidoyer, OCHA-RDC, [email protected], tél. +243 97 000 3750

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