Le régime des monuments historiques

Le régime des monuments historiques

Février 2016

INTRODUCTION

Le régime des monuments historiques est un outil de défiscalisation à l'attention des personnes qui souhaitent investir dans l'immobilier ancien. Il s'adresse plus particulièrement aux personnes qui acquièrent un immeuble classé (ou assimilé) nécessitant des travaux de rénovation importants. Ce régime fiscal de faveur permet aux propriétaires d'imputer sur leur revenu global tout ou partie du déficit foncier résultant des charges foncières, en particulier celui résultant des travaux. Il est subordonné à l'engagement du propriétaire de conserver son immeuble pendant au moins quinze ans.

Cet avantage fiscal n'est pas pris en compte pour l'application du plafonnement global de certains avantages fiscaux. Il n’est cependant pas cumulable avec la réduction d'impôt « Malraux » ni avec les régimes de faveur prévus en matière de revenus fonciers.

Attention : Pour les acquisitions à compter de 2009, le régime des monuments historiques est réservé aux immeubles détenus directement par les contribuables ; les immeubles détenus par l'intermédiaire de sociétés civiles non soumises à l'IS sont en principe exclus du dispositif, sauf agrément ou SCI dites « familiales ».

2. PARTIE FISCAL

1. AVANTAGES FISCAUX

Les modalités de déduction des charges diffèrent selon que l'immeuble procure ou non des recettes imposables.

Lorsque l'immeuble procure des recettes imposables et n'est pas occupé par son propriétaire, la totalité des charges foncières afférentes à cet immeuble peut être imputée sur les revenus fonciers dans les conditions de droit commun. Il en est ainsi lorsque l'immeuble est loué en totalité ou donne lieu à la perception de recettes accessoires (droit d'entrée notamment) sans que le propriétaire l'occupe.

- En cas de déficit éventuel généré par ces immeubles (y compris la fraction provenant des intérêts d'emprunt), celui-ci est imputable sans limitation de montant sur le revenu global de l'intéressé. Si le revenu global est insuffisant, l'excédent du déficit est reporté successivement sur le revenu global des années suivantes jusqu'à la sixième année inclusivement.

Les charges foncières déductibles des revenus fonciers s'entendent, comme pour la généralité des immeubles donnés en location, des dépenses effectuées en vue de l'acquisition ou la conservation d'un revenu. Cependant, il existe certaines particularités liées aux monuments historiques.

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Ainsi, les travaux de restauration, de réparation et d'entretien exécutés par le propriétaire, sont admis intégralement en déduction des revenus de l'année de leur paiement (les subventions éventuellement perçues doivent être ajoutés au montant des recettes).

De même, s’agissant des immeubles ouverts au public, les propriétaires peuvent déduire pour leur montant réel les rémunérations du personnel chargé de percevoir les droits d'entrée et de guider les visiteurs. L'administration les autorise toutefois à déduire sans justification une somme de :

 1 525 € lorsque l'immeuble ne comprend ni parc, ni jardin ouvert au public ;

 2 290 € dans le cas contraire.

Remarque : Cet abattement est pratiqué sur le montant brut des recettes, et c'est dans la mesure seulement où il subsiste un excédent, que le propriétaire peut retrancher de celui-ci les autres charges foncières. Il ne peut, en aucun cas, conduire à un déficit foncier. Si les propriétaires estiment que les charges spéciales résultant de l'ouverture de leur immeuble excèdent l'abattement de 1 525 € ou 2 290 €, il leur appartient d'y renoncer et de se placer sous le régime de droit commun.

D’autres dépenses engendrées par l’ouverture de l’immeuble au public sont également déductibles telle que les dépenses publicitaires, les frais relatifs aux prospections promotionnelles, les dépenses de matériel informatique utilisé pour la gestion, etc.

Lorsque l'immeuble historique ne procure aucune recette imposable, le propriétaire peut déduire de son revenu global, sous certaines conditions et limites, les charges foncières qui s'y rapportent. Lorsque le montant des charges déductibles du revenu global excède le montant de ce revenu, cet excédent ne peut pas dégager un déficit reportable sur le revenu global des années suivantes, contrairement à ce qui est prévu lorsque l'immeuble est productif de revenus.

Ce régime n'est susceptible de s'appliquer qu'aux immeubles dont le propriétaire se réserve la jouissance qui ne donnent lieu à la perception d'aucune recette (immeuble fermé à la visite ou ouvert gratuitement au public).

Les charges foncières ne peuvent être déduites du revenu global que si le propriétaire ne demande pas leur prise en compte pour le calcul d'un crédit d'impôt au titre des dépenses afférentes à l'habitation principale.

Le propriétaire ne peut pas non plus cumuler la déduction avec la réduction d'impôt au titre des versements effectués au profit de la Fondation du patrimoine. Les modalités de prise en compte des charges diffèrent selon la nature de l'immeuble. Lorsque l’immeuble est productif de revenus et occupé par son propriétaire Les charges foncières se rapportant à la partie ouverte au public (ou louée) sont

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prises en compte selon les règles des revenus fonciers, avec imputation du déficit sur le revenu global sans limitation de montant, dans les conditions exposées. Celles se rapportant à la partie occupée par le propriétaire sont déductibles du revenu global (sous conditions et limites).

Certaines particularités existent cependant.

2. CONDITIONS A RESPECTER

Conditions tenant à l’immeuble

Le régime spécial s'applique :

 Aux immeubles classés monuments historiques ou inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques (ISMH) ;

 Aux immeubles faisant partie du patrimoine national en raison de leur caractère historique ou artistique particulier et qui ont fait l'objet d'un agrément spécial ;

 Aux immeubles faisant partie du patrimoine national en raison du label délivré par la Fondation du patrimoine.

1.1 Condition tenant à l’engagement de conservation

Le bénéfice du régime fiscal de faveur est subordonné à l'engagement du propriétaire de conserver son immeuble pendant au moins quinze ans.

Remarque : Cette condition est prévue uniquement depuis 2009 (imposition des revenus de 2009) mais concerne tous les immeubles, y compris ceux acquis avant le 1er janvier 2009.

Cet engagement de conservation s'applique aux propriétaires de monuments détenus directement ou par personne interposée, que ce soit ou non en pleine propriété.

Il s’applique au nu-propriétaire comme à l’usufruitier. Il s'applique également lorsque l'immeuble est détenu par l'intermédiaire d'une société civile soumise à l’IR. Le bien doit être conservé pendant au moins quinze années à compter de son acquisition.

L'acquisition s'entend soit de la date de la signature de l'acte authentique d'achat de l'immeuble ou des parts, soit de celle de la succession, de la donation ou du legs portant sur ces biens.

L'engagement de conservation résulte de la mention de charges déductibles selon le régime dérogatoire, selon le cas, sur la déclaration d'ensemble des revenus n° 2042 (ligne déductions diverses)

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ou sur la déclaration des revenus fonciers n° 2044 spéciale. Aucun document supplémentaire n'est exigé.

Le respect effectif de l'engagement de conservation est apprécié lors de la cession de l'immeuble ou des parts. En cas de non-respect, le revenu global ou le revenu net foncier de l'année et des deux années suivantes est majoré du tiers du montant des charges indûment imputées.

1.2 Obligations des propriétaires

Les propriétaires de monuments historiques sont astreints à des obligations déclaratives particulières lorsqu'ils bénéficient du régime spécial de déduction des charges.

 Souscription d'une déclaration

Les propriétaires doivent, bien entendu, souscrire une déclaration d'ensemble de leurs revenus n° 2042. Pour les immeubles productifs de revenus fonciers, ils doivent en outre produire une déclaration spéciale n° 2044.

Si l'immeuble procure des recettes imposables, les charges foncières déductibles sont indiquées sur la déclaration n° 2044. S’il n’est pas productif de revenus, les charges déductibles sont portées directement sur la déclaration n° 2042 (ligne réservée aux déductions diverses). S’il est en partie productif de revenus et occupé pour le surplus, les charges déductibles doivent être ventilées entre les deux déclarations.

1.3 Documents à joindre à la déclaration

Ces documents sont énumérés à l'article 41 J de l'annexe III au CGI. Les propriétaires d'immeubles ouverts au public doivent en outre produire les documents visés aux articles 17 quater et 17 quinquies de l'annexe IV au CGI.

En outre, afin de permettre à l'administration de vérifier que l'immeuble entre bien dans l'une des catégories prévues par la réglementation et de fixer la proportion de charges foncières admises en déduction, le propriétaire doit selon le cas joindre soit une note indiquant la date de la décision de classement, d'inscription ou d'agrément, soit une copie de la décision d'octroi du label de la Fondation du patrimoine. S’agissant des sommes dont la déduction est demandée, les propriétaires doivent joindre à leur déclaration une note précisant notamment le détail des sommes dont la déduction est demandée.

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Lorsque l'immeuble est occupé en partie par le propriétaire et donne lieu à la perception de recettes, la note doit faire apparaître le montant total de chacune des catégories de dépenses dont la déduction est demandée et la répartition de ces dépenses entre le revenu global et le revenu foncier.

D'une manière générale, cette ventilation ne soulève aucune difficulté particulière lorsque le propriétaire fait application de la règle pratique des trois quarts (à titre de règle pratique l'administration admet que la fraction des autres charges correspondant aux locaux ouverts au public peut être évaluée forfaitairement à 75 % de leur montant).

Les propriétaires d'immeubles classés qui demandent la déduction de travaux exécutés ou subventionnés par l'administration des affaires culturelles doivent fournir à l'appui de leur déclaration une attestation de l'administration des affaires culturelles précisant la nature des travaux, leur montant et, le cas échéant, le taux de la subvention accordée.

Enfin, les propriétaires d'immeubles ouverts au public doivent déclarer chaque année, avant le 1er février, les conditions d'ouverture de leur immeuble, au délégué régional du tourisme. Un récépissé de cette déclaration doit être joint à leur déclaration de revenus.

1.4 Sanctions des obligations

Concerne les obligations incombant aux propriétaires d'immeubles ouverts au public (déclaration d'ouverture et récépissé lors de la déclaration des revenus), il a été jugé que l'inaccomplissement de ces formalités n'entraîne pas la perte du droit à déduction des charges foncières lorsque l'immeuble a été effectivement ouvert au public. Mais une autre décision a toutefois limité à 50 % la déduction des charges.

S'agissant des autres obligations incombant à l'ensemble des propriétaires bénéficiant du régime spécial, la jurisprudence considère que l'absence de production des renseignements demandés n'entraîne pas, à elle seule, la perte du droit à déduction de ces charges. Le propriétaire peut en justifier au cours de l'instance contentieuse mais il est passible des amendes fiscales prévues à l'article 1729 B du CGI.

1.5 Autres avantages fiscaux

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Indépendamment du régime de faveur prévu en matière de charges foncières, les propriétaires de monuments historiques ouverts au public bénéficient d'une exonération de TVA sur les droits d'entrée (à laquelle ils peuvent renoncer).

Leurs héritiers, donataires ou légataires sont, quant à eux, susceptibles d'être exonérés de droits de mutation à titre gratuit à condition de souscrire une convention avec les ministres chargés de la culture et des finances prévoyant notamment les modalités d'accès du public.

Aucun avantage particulier n'est en revanche prévu pour les monuments historiques en matière d'ISF mais leur évaluation doit cependant tenir compte des contraintes particulières dont ils sont grevés (ouverture au public, lourdes charges d'entretien).

1.6 Déductions afférentes à la taxe à la valeur ajoutée

Les sommes encaissées à titre de droit d'entrée dans les monuments historiques classés ou inscrits, ainsi que les produits commerciaux annexes (cartes postales, brochures) bénéficient d'une exonération totale de la taxe à la valeur ajoutée.

Cette exonération a été étendue à tous les immeubles présentant un caractère historique ou artistique, dont l'aménagement n'a pas été effectué dans un but commercial, et reste dans les limites d'une simple mise en valeur artistique du domaine. Cela étant, l'exonération ne permet pas de récupérer la TVA sur les travaux d'entretien et de restauration.

Les propriétaires peuvent donc, s'ils y ont intérêt, renoncer à cette exonération. L'option est cependant irrévocable. La déduction de la TVA ne peut pas concerner les dépenses afférentes aux parties privatives de l'immeuble. La clé de répartition utilisée pour calculer le montant de la déduction résulte d'un rapport entre surfaces accessibles et non-accessibles au public.

Depuis l'entrée en vigueur de la loi n° 95-858 du 28 juillet 1995 qui a modifié l'article 278 du code général des impôts, le taux de TVA sur le droit d'entrée est de 5,5 % mais le taux applicable aux produits annexes et aux travaux est à 19,60 %. Enfin, une instruction du 28 août 2000 du ministère des finances

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parue au Bulletin officiel des impôts prévoit l'application du taux réduit de TVA (5,5 %) aux travaux sur les monuments historiques dans les cas suivants :

 lorsque la maîtrise d'ouvrage est assurée par l'Etat ;

 lorsque les travaux sont effectués sur des locaux à usage d'habitation dès lors que ceux-ci représentent plus de 50 % de la superficie totale, déduction faite des éventuelles dépendances, soumises normalement au taux normal. Toutefois, les travaux sur les dépendances usuelles des locaux d'habitation ainsi que les dépendances particulières de bâtiments hors normes ou exceptionnels (chapelles de châteaux) bénéficient du taux réduit ;

 lorsque les travaux concernent les murs de clôture ou d'enceinte ainsi que les douves ;

 les prestations de maîtrise d'œuvre, même lorsqu'elles sont réalisées par une entreprise ou un architecte indépendants lorsqu'elles se rattachent à des travaux éligibles eux-mêmes au taux réduit.

1.7 Avantage fiscal en matière d'impôt sur le revenu

L'article 156 du code général des impôts permet aux propriétaires de monuments historiques d'imputer leurs déficits fonciers sur leurs revenus globaux.

Cet avantage est ouvert pour les immeubles classés monuments historiques, ou inscrits à l'inventaire supplémentaire, ainsi qu'aux immeubles « faisant partie du patrimoine national en raison de leur caractère historique ou artistique particulier et qui auront été agréés à cet effet par le ministère chargé du budget, ou en raison du label délivré par la Fondation du patrimoine, [...] si ce label a été accordé sur avis favorable du service départemental de l'architecture et du patrimoine ».

Dans le cas d'un bien qui ne génère aucune recette, les charges foncières qui s'y rapportent sont déductibles du revenu global, en totalité si l'immeuble classé ou inscrit est ouvert à la visite au moins 50 jours par an, et à hauteur de la moitié seulement si l'immeuble classé ou inscrit est ouvert à la visite, ou encore s'il s'agit d'un immeuble simplement agréé mais ouvert à la visite.

Quant aux biens qui ne peuvent se réclamer que du label de la Fondation du patrimoine, ils ne permettent la déduction que des charges afférentes à leur réparation et à leur entretien, à concurrence de la moitié de leur montant, et à condition d'être visibles de la voie publique.

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Dans le cas d'un immeuble non occupé mais qui génère des recettes (loyers, visites), la totalité des charges foncières peut s'imputer sur les revenus fonciers, et au-delà, sans limitation, sur le revenu global si le bien est loué.

Si l'immeuble n'est pas loué, mais génère des recettes accessoires, telles que les visites payantes, ces dernières sont soumises au régime de droit commun après déduction des charges, telles que la rémunération du personnel lié à la visite.

A cela s'ajoute un abattement forfaitaire qui est de 1 525 € s'il n'y a ni parc ni jardin, et de 2 290 € dans le cas contraire.

Dans le cas d'un bien occupé et qui génère des recettes, les charges foncières qui se rapportent à la partie de l'immeuble dont le propriétaire se réserve la jouissance sont imputables en totalité sur le revenu global.

Les autres charges, et notamment celles qui sont liées au droit de visite, ou dues à l'occupation partielle, sont prises en compte pour la détermination du revenu net foncier.

Si le bien est ouvert à la visite, la fraction correspondant à l'ouverture est réputée représenter 75 % du total des charges, les 25 % restant revenant au propriétaire qui les déduit de son revenu global.

Enfin, dans tous les cas de figure, les primes d'assurances afférentes aux monuments ouverts au public (et aux objets qui leur sont attachés), sont déductibles pour leur montant réel, que l'immeuble soit ou non productif de revenus.

1. PARTIE JURIDIQUE

Toute procédure de protection au titre des Monuments historiques peut donner lieu à contentieux, notamment en matière d'inscription à l'inventaire supplémentaire puisque l'accord des propriétaires n'est alors pas requis. Le plus grand nombre des actions contentieuses porte sur la validité de la mesure prise. Il importe donc de veiller à instruire le dossier de protection dans la forme et sur le fond de façon à écarter autant que possible de tels risques de contentieux ou, lorsque ce contentieux paraît inévitable, à pouvoir justifier la régularité de la procédure et le fondement de la mesure.

Le contentieux sur la protection relève pour l'essentiel du juge administratif. Néanmoins, certains contentieux sur la qualification juridique des biens sont traités par le juge judiciaire. Le juge judiciaire a également reçu par la loi compétence d'attribution pour juger de l'indemnisation demandée en raison du préjudice causé par les servitudes résultant du classement.

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Le contentieux administratif sur les mesures de classement est traité au niveau central et le contentieux administratif sur les arrêtés d'inscription, en première instance, est déconcentré. Dans ce dernier cas, le préfet de région doit produire devant le tribunal administratif un mémoire en réponse au recours présenté et, dans la pratique, il demande souvent à la conservation régionale des monuments historiques de lui fournir les principaux éléments pour établir ce mémoire.

Le mémoire doit s'appliquer à réfuter point par point les arguments du requérant. Il doit être accompagné en annexe de toutes les pièces pouvant contribuer à la défense du dossier. Parmi celles-ci, le procès- verbal de la commission consultative compétente (CO.R.E.P.H.A.E antérieurement, C.R.P.S. désormais, pour les arrêtés d'inscription d'immeubles) est essentiel puisqu'il constitue la référence à partir de laquelle la décision a été prise. Comme indiqué antérieurement, un soin particulier doit donc être apporté à sa rédaction. Il est également très recommandé de joindre à mémoire tout document écrit ou graphique (notice synthétique, extrait de publication, plans, photos) de nature à éclairer le tribunal chargé du dossier.

L'appel éventuel sur les jugements des tribunaux administratifs relève du niveau central.

La connaissance des principales décisions de jurisprudence est utile à la fois pour éviter des erreurs dans l'instruction d'un dossier de protection et pour appuyer l'argumentaire en cas de contentieux.

2.1 Les principaux arrêts ou jugements en matière de protection au titre des monuments historiques

2.1.1 La validité et l'opposabilité des décisions de protection

Contentieux nombreux. L'annulation définitive des décisions est heureusement peu fréquente et alors le plus souvent prononcée pour des vices de forme ou irrégularités de procédure qui auraient été évitables.

Les annulations sur le fond (erreur manifeste d'appréciation ou détournement de pouvoir) sont très rares.

2.1.2 Jurisprudence sur la forme : régularité de la procédure

 C E arrêt SCI du Vieux Château - 7 février 1992 (inscription d'immeuble)

 C E arrêt commune de Mirecourt - 5 mai 1993 (classement d'immeuble)

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 C E arrêt Amon - 24 janvier 1990 (classement d'objet mobilier)

Les décisions de protection d'immeubles au titre des Monuments historiques ne présentent pas le caractère de décisions individuelles et n'ont pas à être motivées au sens de la loi du 11 juillet 1979. Pour les décisions d'inscription d'immeuble, l'article 8 du décret d'application du 28 novembre 1983 concernant les relations entre l'administration et les usagers n'est donc pas applicable et l'administration n'est pas tenue de mettre les propriétaires intéressés à même de présenter leurs observations préalablement à l'intervention de la décision. En revanche, le classement d'un objet mobilier est une décision individuelle restreignant l'exercice de la liberté du commerce et de l'industrie, à laquelle la loi de 1979 et le décret de 1983 sont applicables.

 C E arrêt Neyron - 14 janvier 1994

L'arrêté d'inscription d'un immeuble peut intervenir à toute époque, même pendant le délai du régime provisoire d'une instance de classement.

 C E arrêt Caron - 24 novembre 1982

L'erreur sur le propriétaire est sans influence sur la légalité de la décision d'inscription d'un immeuble.

 C E arrêt commune de Mirecourt - 5 mai 1993

 C E arrêt Compagnie Rembrandt Investissement - 28 juillet 1993

Un défaut de notification au propriétaire d'un décret de classement d'un immeuble ou d'éventuelles irrégularités sur cette notification est sans influence sur la légalité du décret.

 C E arrêt Walter - 31 juillet 1992

Une décision plaçant sous le régime de l'instance de classement un objet mobilier doit être notifiée au propriétaire. Cependant, si les pièces du dossier démontrent que plusieurs tentatives infructueuses de notification ont été faites par l'administration, le propriétaire est considéré comme s'étant volontairement soustrait à la notification qui est jugée comme effective.

 C E arrêt Dolle de Gratet du Bouchage - 13 décembre 1974

 C E arrêt Ramis - 28 septembre 1984

Une décision d'inscription n'est opposable aux tiers (cas des propriétaires aux abords d'un édifice inscrit) que si cette décision a été publiée. Jurisprudence importante pour la validité de la procédure d'instruction des permis de construire ou de démolir aux abords des édifices inscrits : la délivrance d'un permis aux abords d'un édifice inscrit n'est pas subordonnée à l'avis conforme préalable de l' architecte

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des bâtiments de si la décision de protection n'a pas été publiée au journal officiel, ou au moins au bulletin officiel de la préfecture.

 C E arrêt époux Moreau - 22 novembre 1978

L’obligation faite à l’administration, dans l’intérêt de l’information des usagers, de publier au bureau des hypothèques de la situation de l’immeuble classé les décisions prononçant un classement n’est pas une condition de l’opposabilité de ces mesures.

 T A de jugement commune de Badefolssur- Dordogne - 15 décembre 1994

 T A de Paris jugement Société Générale - 11 juin 1992

 T A de Clermont-Ferrand jugement Société des basaltes du Centre - 30 novembre 1989

Le défaut d'information du maire sur l'ordre du jour de la CO.RE.P.H.A.E., et en conséquence l'impossibilité pour lui d'être entendu par la commission s'il avait envisagé d'en faire la demande, est un motif d'annulation d'un arrêté d'inscription d'immeuble (premier jugement cité).

Dans le second cas, les pièces du dossier prouvent que le maire a été informé de la présentation à la CO.R.E.P.H.A.E d'une proposition de protection éventuelle de l'immeuble au titre des monuments historiques, le moyen de défaut d'information du maire pour annuler l'arrêté d'inscription a donc été écarté.

Arrêté validé.

Dans le troisième cas, les pièces du dossier prouvent que le maire a été informé de l'ordre du jour de la CO.R.E.P.H.A.E mais pas de la proposition d'inscription de l'immeuble sur l'inventaire supplémentaire, l'arrêté d'inscription a donc été annulé.

Il est donc souhaitable que les maires soient avisés non seulement de l'ordre du jour de la commission régionale, la C.R.P.S. ayant remplacé la CO.R.E.P.H.A.E., mais aussi des propositions de protection présentées ou bien des possibilités de protection éventuelle.

 T A de Nice jugement Mme Perrier - 13 juin 1996

Une décision de rejet par le préfet d'une demande de protection d'immeuble ne peut être prise sans consultation préalable de la CO.R.E.P.H.A.E. par ses soins. Décision annulée. Pour pallier à cette difficulté,

la nouvelle C.R.P.S. a été instituée avec une délégation permanente et, désormais, le préfet de région peut rejeter une demande de protection au vu de l'avis négatif donné par cette délégation permanente.

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 T G I de Paris jugement Peyrière-Axel - 29 mai 1996

Une assemblée générale de copropriété ne peut donner un accord au classement sur la totalité d'un immeuble mais seulement sur les parties communes de celui-ci. Résolution annulée. En conséquence, l'arrêté de classement de l' immeuble, pris sur la base de cette résolution, étant devenu illégal, le ministre a procédé à son retrait et demandé au préfet de région de recueillir séparément de la part de la copropriété une nouvelle résolution d'accord au classement portant sur les seules parties communes et de la part de chacun des copropriétaires un accord individuel au classement des parties privatives lui appartenant.

 T A de jugement société Lorfonte - 16 juin 2000

Le classement et l’inscription relèvent de régimes distincts. Le préfet de région ne pouvait donc prendre un arrêté d’inscription alors que la CO.RE.P.H.A.E n’avait préalablement délibéré que sur une proposition de classement et n’avait pas été saisie d’une proposition d’inscription. En conséquence l’arrêté préfectoral d’inscription a été annulé.

Jurisprudence sur le fond: l'erreur manifeste d'appréciation ou le détournement de pouvoir

 C E arrêt Bresso - 7 février 1992

Les décisions de protection doivent être justifiées au regard des critères de la loi du 31 décembre 1913.

Le Conseil d’Etat. a estimé dans cette affaire que l'intérêt d'histoire ou d'art n'était pas établi et a confirmé en appel le jugement du tribunal administratif annulant l'arrêté d'inscription d'un immeuble.

Il s'agit de l’une des deux annulations de mesure de protection prononcées par le Conseil d'Etat au cours des dernières années.

 C E arrêt commune de Saint-Marceau 17 novembre 1995

L'homogénéité architecturale d'un bâtiment étant conservée en dépit des transformations consécutives aux vicissitudes de l'histoire, elle peut être retenue pour justifier une décision d'inscription même si les origines et l'architecture de ce bâtiment ne peuvent être datées.

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 C E arrêt Ville du Puy - 26 janvier 1972

L'importance des travaux nécessaires pour conserver et restaurer un immeuble est sans influence sur la légalité de la décision d'inscription. Le juge administratif, pour apprécier en application de la loi de 1913, l'intérêt que présente la conservation de l'ensemble immobilier ne peut tenir compte de l'incidence que pourraient avoir les mesures d'inscription prises à ce titre sur des opérations projetées de rénovation urbaine. L'arrêté d'inscription peut intervenir à toute époque et ne saurait être entaché d'illégalité du fait qu'il est intervenu postérieurement à l'arrêté préfectoral déclarant d'utilité publique le projet de rénovation du quartier.

 C E arrêt consorts Habrekorn - 30 juillet 1997

 T A de Paris jugement Société restaurants du café de Paris - 29 juin 1990.

Si l'immeuble protégé abrite une exploitation commerciale, il doit être établi que la protection vise l'immeuble lui-même en raison de son intérêt, comme l'a reconnu le Conseil d’Etat dans le premier cas (théâtre du Bataclan) et non l'exploitation. Dans le deuxième cas, le tribunal administratif de Paris a, au contraire, estimé que l'arrêté inscrivant le restaurant « Le Fouquet's » avait seulement pour but d'empêcher la disparition de l'établissement par éviction du titulaire du fonds de commerce et l'a, pour cette raison, annulé pour détournement de pouvoir. A la suite de cette annulation, un deuxième arrêté a été pris par le préfet inscrivant non plus le restaurant mais « la salle du rez-de-chaussée, la salle et les salons de l'entresol avec leur décor de la partie de l'immeuble abritant le restaurant ». Ce deuxième arrêté n'a pas été porté en contentieux.

 C E arrêt Caisse d’allocations familiales de Paris 29 juillet 2002

Pour décider l’inscription d’un immeuble à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques, il appartient à l’autorité administrative d’en apprécier l’intérêt d’histoire et d’art compte-tenu non seulement de son état à la date où elle statue, mais aussi, le cas échéant, de l’impact des réhabilitations qui s’avèrent indispensables pour assurer la conservation même de cet immeuble.

L’immeuble qui a fait l’objet de la mesure d’inscription est original dans sa conception mais l’ensemble des modifications qui ont été ou devront nécessairement lui être apportées est tel que celui-ci ne peut être regardé comme présentant un intérêt d’art et d’histoire suffisant pour justifier son inscription à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. En conséquence, le Conseil d’Etat, estimant qu’il ya lieu de régler l’affaire au fond, annule l’arrêt de la cour administrative d’appel de Paris et rétablit le jugement du tribunal administratif qui avait annulé l’inscription. Il s’agit du deuxième cas, et le plus récent, d’annulation d’une mesure de protection prononcée par le Conseil d’Etat au cours des dernières années.

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2.1.3 Les effets directs des décisions de protection

Contentieux sur la qualification juridique des biens

Selon la qualification juridique du bien protégé, les conséquences directes de la protection sont différentes: les dispositions du chapitre I de la loi de 1913 s'appliquent aux immeubles par nature, celles du chapitre II aux meubles et aux immeubles par destination. Il est important, dès le début de l'instruction d'une proposition de protection, de définir pour le bien considéré la bonne qualification juridique pour suivre ensuite la procédure correspondante et prendre enfin la mesure de protection qui convient. Les arrêts ou jugements ci-après ne portent pas tous sur des biens protégés au titre des monuments historiques mais la qualification donnée par le juge fait jurisprudence pour tous les cas du même type.

 C C arrêt Mutin - 4 mai 1926

L'orgue d'une église est immeuble par destination en raison de son incorporation à l'édifice et de son affectation à l'exercice du culte. Il ne peut être séparé de l'église aux fins de vente, demandée par un créancier de la fabrique.

 C E arrêt Société coopérative diocésaine de reconstruction immobilière des églises et édifices religieux sinistrés du Calvados et Société coopérative diocésaine de reconstruction du mobilier des églises et édifices religieux sinistrés du Calvados - 22 juin 1956.

Les meubles nécessaires à l'exercice du culte constituent, en raison du lien étroit qui existe entre eux et l'édifice qu'ils garnissent, des immeubles par destination.

Dans l'évaluation du coût de reconstitution d'un édifice religieux sinistré, l'élément mobilier et l'élément immobilier peuvent donc être confondus.

 C C arrêt de Villehermosa - 18 octobre 1950

Des tapisseries spécialement adaptées aux places qu'elles occupent dans leurs encadrements scellés aux murs, présentant des faits matériels d'adhérence apparente et durable révèlent l'intention des propriétaires de les attacher au fonds à perpétuelle demeure et ne peuvent sans détérioration être enlevées de la décoration murale. Elles sont immeubles par destination car sont constatées d'une part la volonté non équivoque des propriétaires du château de les immobiliser, d'autre part l'existence d'éléments matériels de scellement et d'intégration.

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 C C arrêt Société Carlhian : criminel - 13 janvier 1938, et civil - 19 mars 1963

Jurisprudence dite de Bauffremont du nom de l'hôtel parisien considéré, inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. Des boiseries qui ont été dès l'origine intimement et spécialement incorporées à un bâtiment forment avec lui un tout indivisible et ne sauraient en être séparées sans porter atteinte à l'intégrité de celui-ci. Elles ont le caractère d'immeubles par nature et la cour d'appel a justement condamné le propriétaire vendeur ainsi que l'acheteur à une amende correctionnelle et à la remise en place de ces boiseries indûment détachées par défaut de déclaration préalable. Seule affaire de ce type ayant fait l'objet de deux arrêts, criminel et civil, de la Cour de Cassation.

 C C arrêt Fondation Abegg - 15 avril 1988

Les fresques d'une chapelle sont dès l'origine des immeubles par nature. Si elles sont détachées de leur support (alors que la chapelle n'étant pas encore protégée au titre des Monuments historiques, aucune autorisation administrative n'était nécessaire), elles deviennent des meubles et non des immeubles par destination comme l'avait jugé par erreur la cour d'appel de Montpellier. Seuls des meubles peuvent devenir immeubles par destination. En conséquence, une action en revendication de deux des copropriétaires n'ayant pas donné leur accord à la vente et au détachement de ces éléments ne peut être présentée au tribunal dans le ressort duquel se trouve l'immeuble (dans ce cas Perpignan), qui est incompétent, mais au tribunal dans le ressort duquel se trouve le domicile du possesseur de ces éléments devenus meubles (dans ce cas Genève).

 C C arrêt consorts Fayet - 30 juin 1992

 T A jugement Fayet - 26 octobre 1989

La Cour de Cassation a jugé qu'un ensemble décoratif composé de grands panneaux de toile d'Odilon Redon, faits sur mesure pour être affectés à l'ornementation de la bibliothèque d'une ancienne abbaye en partie classée et en partie inscrite, alors que la propriétaire décédée a formellement par testament manifesté le désir que demeurent dans la bibliothèque les œuvres d'art qui s'y trouvaient, est immeuble par destination. Comme tel, il fait partie du patrimoine immobilier de la succession et les toiles ne peuvent être vendues par licitation comme meubles par les héritiers.

La qualification d'immeuble par destination pour ce même ensemble de peintures a précédemment été aussi retenue par le tribunal administratif, qui a en conséquence annulé de façon partielle l'arrêté préfectoral d'inscription de certaines parties de l'abbaye, en tant qu'il porte inscription de ces peintures, alors qu'il n'est ni établi ni allégué qu'elles puissent être immeubles par nature. Il s'agit d'un cas rare dans lequel le juge administratif et le juge judiciaire ont eu à se prononcer successivement sur la qualification juridique d'un même bien. Leur appréciation va ici dans le même sens. Il faut souligner que

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la conjonction de ces deux décisions montre que, dans ce cas, la qualification erronée d'immeuble par nature n'aurait en définitive pas été plus protectrice que celle légitime d'immeuble par destination.

 T A de Versailles jugement Société Transurba - 28 février 1995

Dans un château classé Monument historique, le classement s'étend aux boiseries de la grande bibliothèque de ce château, qui ont été réalisées au XVIIIe siècle lors des travaux de construction de l'aile ouest de celui-ci et forment avec lui un tout indivisible. Par suite, les dispositions immobilières de la loi de 1913 peuvent être appliquées à ces boiseries. Celles-ci ayant été enlevées avec une autorisation administrative donnée dans des conditions irrégulières et qui n'avait pas un caractère définitif, le ministre de la culture a légalement pu ordonner leur remise en place. Jugement d'un tribunal administratif dans la ligne de la jurisprudence de Bauffremont de la Cour de Cassation.

 C E arrêt Société Transurba - 24 février 1999

Deux bas-reliefs, qui forment un tout indivisible avec l'ensemble du grand salon d'un château, auquel ils ont été, dès l'origine, intimement et spécialement incorporés, ont dès lors le caractère d'immeubles par nature et bénéficient en conséquence du classement du château parmi les monuments historiques. Le ministre de la culture a donc pu légalement ordonner la remise en place de ces bas-reliefs enlevés sans autorisation. Le Conseil d'Etat rejoint ainsi la jurisprudence de Bauffremont de la Cour de Cassation.

 C A de : arrêt correctionnel Dubie - 30 septembre 1999

Cet arrêt ne porte pas sur la qualification juridique du bien protégé, en l'occurrence un château inscrit, mais sur celle des biens situés aux abords : le propriétaire du château, marchand de biens, a enlevé et vendu des statues se trouvant sur des socles ainsi qu'un puits, situés dans le parc du château et à proximité immédiate des façades, considérant qu'il s'agit de meubles. La cour d'appel a estimé que ces biens ne sont pas des meubles : les statues sont immeubles par destination et le puits immeuble par nature, étant une construction qui ne peut être enlevée que par démolition. Dès lors, l'enlèvement de ces biens sans avis préalable de l'architecte des bâtiments de France est une infraction. Celle-ci est sanctionnée par une amende et par l'injonction de remise en état des lieux dans le délai d'un mois avec astreinte par jour de retard.

Arrêt important pour la protection des abords de Monuments historiques: l'avis préalable conforme de l'architecte des bâtiments de France est requis pour tout projet d'intervention sur un immeuble aux abords, même s'il s'agit d'un immeuble par destination. Contentieux sur l'indemnisation de la servitude résultant du classement d’office En cas de classement d'un immeuble ou d'un objet mobilier par décret en Conseil d'Etat, le propriétaire peut demander à l'Etat une indemnité représentative du préjudice subi en raison de la servitude instituée. En matière immobilière, le législateur a, en 1966, modifié la loi de 1913 sur ce point en fixant des conditions très restrictives pour l'obtention d'une indemnisation : il faut

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à la fois que le classement d’office impose au propriétaire une modification à l'état ou à l'utilisation des lieux et que cette modification détermine un préjudice direct, matériel et certain.

Ces conditions ne sont dans la pratique jamais réunies puisque, dans la quasi-totalité des cas, l'Etat classe pour conserver le bien et non pour le modifier. Le contentieux de l'indemnisation de classements immobiliers est donc très rare: seuls trois cas ont été jugés et un seul a donné lieu à une indemnisation mais il s’agissait d’une affaire très spécifique dans laquelle le classement d’office, au titre de l’intérêt archéologique, des vestiges d’une carrière souterraine médiévale a empêché la conclusion d’une vente des terrains de surface aux fins d’exploitation de carrière alors que la promesse de vente était réalisée :

 C A d' arrêt Société grands garages Paintre - 9 mars 1984

Le classement d'un immeuble interdit au propriétaire la démolition envisagée par celui-ci, mais la loi ne prévoit pas l'indemnisation de la perte du droit du propriétaire de détruire sa chose. Le classement ne lui impose en l'espèce aucune servitude ou obligation particulière, n'entraîne aucune modification à l'état des lieux et ne fait pas obstacle à leur utilisation dans les mêmes conditions que précédemment.

Confirmation du rejet de la demande d'indemnisation prononcée par le juge de l'expropriation.

 C C arrêt SCEA de la ferme de Fresnoy - 8 mars 2000

A la suite du classement de la salle capitulaire et de la chapelle d'une ancienne commanderie, aujourd'hui comprises dans les bâtiments d'une exploitation agricole, le propriétaire demande l'indemnisation des contraintes qu'il subit dans cette exploitation pour ses projets de démolition, de construction de hangar ou d'aménagement. La cour d'appel de juge le 24 juin 1998 que ces contraintes, constituées par l'avis préalable de l'architecte des bâtiments de France dans le champ de visibilité des édifices classés, ne sont pas la conséquence d'une modification à l'état ou à l'utilisation des lieux, la salle capitulaire et la chapelle n'ayant pas fait l'objet de telles modifications, et que la servitude de protection des abords d'un édifice classé n'est assortie d'aucune indemnisation prévue par les textes en vigueur. Elle confirme le rejet de la demande d'indemnisation prononcée par le juge de l'expropriation. Cet arrêt de la cour d’appel est lu même confirmé par la Cour de Cassation.

 C A arrêt de Planchon - 22 janvier 2001

Le classement, au titre de l’intérêt archéologique, des vestiges d’une carrière souterraine médiévale a empêché la conclusion par les propriétaires d’une vente à la commune des terrains de surface alors que la promesse de vente était réalisée. Cette promesse contenait en effet la condition suspensive que la société exploitant comme carrière des terrains avoisinants obtienne les autorisations nécessaires pour étendre son exploitation à ciel ouvert sur les terrains concernés. Le refus

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d’autorisation du fait du classement a entraîné la non réalisation de la condition suspensive et donc de la vente.

3. TVA

Quelle que soit la qualité du bénéficiaire, les cadeaux ouvrent droit à déduction si leur valeur par personne et par an n’excède pas 60 € TTC.

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