LA DIPLOMATIE DU JAPON ET SA SÉCURITÉ NATIONALE DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES EN ASIE DE L’EST De 1989 à 2012 Analyse des décisions gouvernementales japonaises dans le cadre de ses politiques étrangères avec ses pays voisins et les États-Unis

Mémoire

Kazunori Kondo

Maîtrise en Études internationales Maître ès arts (M.A.)

Québec, Canada

© Kazunori Kondo, 2013

RÉSUMÉ

Tandis que le Japon conserve sa force d’autodéfense et qu’il a une alliance militaire avec une super puissance (les États-Unis), il maintient une réserve constitutionnelle à se défendre contre toutes velléités extérieures. Malgré la présence de limitation juridique regardant l’utilisation de la force militaire, le Japon n’a jamais essayé de modifier la constitution depuis sa promulgation. Cette situation évoque le libéralisme. Ce dernier explique que l’opinion publique négative empêche le gouvernement de prendre l’initiative politique dans les conflits interétatiques parce que la population sera victime des coûts économiques et humains dans ce cas. Notre recherche avait pour objectif d’analyser de quelles façons l’opinion populaire japonaise influence les décisions diplomatiques de . Pour ce faire, nous avions analysé le cas des relations avec la Corée du Sud et la Chine.

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ABSTRACT

Although maintains its Self-Defense Forces and has an alliance with a super power (the United States), its constitutional law prevents it from defending itself against any external threat to its national sovereignty. Despite this legal restriction against using military force, the country has never tried to amend its constitution since it was adopted. Japan’s situation is suggestive of Liberalism, which holds that it is negative public opinion that influences government decisions when it is faced with interstate conflicts with neighbouring countries—largely because in a interstate conflict, the public would bear the brunt of the economic cost and loss of human life. The objective of this study is to analyse the various ways in which Japanese public opinion influences Tokyo’s diplomatic policy. In order to do so, we will examine case studies on international relations with and .

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Table des matières RÉSUMÉ ...... iii ABSTRACT ...... v Liste des illustrations...... ix Liste des sigles et acronymes ...... xi REMERCIEMENT ...... xiii Introduction ...... 1 Chapitre 1 : Justification du projet de recherche — Portrait de la situation — ...... 3 Introduction ...... 3 Problématique ...... 5 Contextes historiographiques ...... 12 Souveraineté ...... 12 Alliance militaire et l’équilibre des puissances ...... 14 Les normes dans les relations internationales en Asie de l’Est ...... 17 La corrélation entre la puissance militaire et la puissance économique ...... 20 L’aspect des théories – le réalisme, le néoréalisme et le libéralisme ...... 21 Hypothèse et cadre opératoire ...... 23 La manifestation de souveraineté ...... 24 L’indicateur...... 25 Cas d’étude et méthodologie ...... 27 Stratégie de vérification de l’hypothèse ...... 29 Conclusion ...... 31 Chapitre 2 : Les conflits territoriaux entre le Japon et la République de la Corée ...... 33 Introduction ...... 33 L’arrière-plan des problématiques ...... 34 Les relations économiques entre le Japon et la RDC ...... 38 Le rôle de l’alliance militaire américano-japonaise ...... 40 Les cas d’étude ...... 41 Le cas de 1997 ...... 42 Le cas de 2008 ...... 43 Le cas de 2010 ...... 45 Le cas de 2011 ...... 47 Le cas de 2012 ...... 49 Conclusion ...... 52 Chapitre 3 : Les conflits territoriaux entre le Japon et la République populaire de Chine55

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Introduction ...... 55 L’arrière-plan des problématiques...... 57 Les relations économiques entre le Japon et la RPC ...... 61 Le rôle de l’alliance militaire américano-japonaise ...... 64 Les cas d’étude ...... 67 Le cas de 1996 ...... 68 Le cas de 2004 ...... 69 Le cas de 2010 ...... 70 Le cas de 2012 ...... 75 Conclusion ...... 77 Conclusion ...... 80 Bibliographie ...... 84 Les sources d’internet ...... 90

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Liste des illustrations

Figure 1: Le total des exportations de la RDC ...... 39 Figure 2: L'excédent commercial du Japon avec la RDC ...... 39 Figure 3: Les résultats des opinions des éditoriaux pour les relations avec la RDC ...... 53 Figure 4: Les résultats des sondages d'opinion publique pour les relations avec la RDC ...... 54 Figure 5: L'exportation à la RPC et à Hong Kong, et l'importation de la RPC et de Hong Kong ...... 62 Figure 6: Le pourcentage du PIB du Japon provenant des exportations et des importations avec la RPC et Hong Kong ...... 63 Figure 7: Les résultats des opinions des éditoriaux pour les relations avec la RPC ...... 78 Figure 8: Les résultats des sondages d'opinion publique pour les relations avec la RPC...... 79

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Liste des sigles et acronymes

ADSMJ : Agence de la Sûreté maritime du Japon APD : Aide publique au développement AS : Asahi Shinbun BGM : United States Board on Geographic Names EPA : Economic Partnership agreement FJDA : Forces japonaises d’autodéfense JETRO : Japan External Trade Organisation Keidanren : Fédération des organisations économiques japonaises MDAÉ : Ministère des Affaires étrangères MECPST : Ministère de l’Éducation, de la Culture, des Sports, des Sciences et de la Technologie MS : Mainichi Shinbun NHK : Nippon Housou Kyokai (Radiodiffusion-Télévision Japonaise) NS : Nihonkeizai (Nikkei) Shinbun ONU : Organisation des Nations Unies PDJ : Parti Démocrate du Japon PIB : Produit intérieur brut PLD : Parti Libéral Démocrate RDC : République de Corée RPC : République Populaire de Chine SS : Sankei Shinbun YS : Yomiuri Shinbu

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REMERCIEMENT

Ce mémoire est le fruit de quatre ans de travail assidu au sein du programme de maîtrise en Relations Internationales de l’Université Laval. En premier lieu, mes sincères remerciements vont au professeur Gérard Hervouet du département de science politique, pour la supervision de ce travail. En second lieu, je tiens à remercier mon codirecteur, le professeur Frédéric Lasserre du département de foresterie, de géographie et de géomatique, pour son aide dans mes démarches. J’aimerais également remercier ceux qui se sont montrés généreux en m’épaulant durant ces années d’études : les professeurs François Gélineau, Bernard Beaudreau, Érick Duchesne, Zhan Su, Olivier Dulas, Véronique Guèvremont, et Richard Ouellet.

Je tiens ensuite à souligner l’aide de mes amis qui m’ont encouragé, supporté et aidé à la relecture de ce travail au fil de l’écriture. Je remercie du fond du cœur, François Dèry, Myriam Alarie, Anne-Sophie Bourlaud, Olivier Girard, Daniel-Alexandre Gagnon et Mathieu Ouellet. Je tiens à remercier profondément le gouvernement du Québec pour son appui financier sans lequel ce travail n’aurait pas été possible.

Enfin, je souhaite dédier ce mémoire à mes parents et à mon frère. Aucun mot ne sera jamais assez fort pour leur exprimer ma gratitude pour tout l’appui qu’ils m’ont offert.

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Introduction

Dans les relations internationales d’Asie de l’Est, le Japon, puissance économique mondiale, a largement démontré sa valeur en tant qu’acteur de premier ordre sur le plan économique, militaire et politique, surtout depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Lorsque le Japon accepta les accords de Potsdam en 1945, il perdit sa souveraineté, et ce, jusqu’à ce que le traité de San Francisco entre en vigueur le 28 avril 1952; pendant sept ans, l’État n’était plus souverain. Pendant cette période, fortement influencée par les États-Unis, la constitution japonaise fut révisée. Le Japon a d’ailleurs conservé cette constitution jusqu’à aujourd’hui, sans y apporter de changement, et ce, même soixante ans après avoir rétabli sa souveraineté. En effet, après la Deuxième Guerre mondiale, le Japon concentra ses efforts sur le développement économique et parvint d’ailleurs à renforcer cette nouvelle orientation en économisant le budget d’habitude consacré à la sécurité nationale, qui était désormais assurée par les États-Unis via l’alliance militaire américano-japonaise (Sasaki 2010 : 182)1. En outre, la constitution japonaise comprend un article spécial, l’article 9, interdisant au Japon d’utiliser la force militaire même en cas de conflits internationaux. Si le Japon n’a pas le droit d’utiliser la force militaire pour se défendre, il est par conséquent inévitable qu’il réalise une alliance militaire avec un autre pays pour garantir sa souveraineté et sa sécurité nationale. On remarque que le Japon a plusieurs problèmes diplomatiques et sécuritaires nationaux en ce qui concerne ses disputes territoriales avec ses pays voisins : la Corée du Sud, la Chine et la Russie. Mis à part le cas de la Russie, le Japon ne peut pas mettre en place des négociations, car les deux pays nient la présence des problèmes territoriaux. Dans le cas de la Corée du Sud, le Japon doit réagir pour prétendre que les îles Takeshima/Dokuto appartiennent au Japon, car ces îles sont sous le contrôle de la Corée du Sud depuis 1952. Par contre, dans le cas de la Chine, le Japon doit réagir pour défendre les îles Senkaku/Diaoyutai, car ces îles sont sous le contrôle du Japon depuis 1895. Malgré le fait que les deux cas n’ont pas le même genre de situation, il est évident que le Japon doit réagir pour récupérer ou protéger ses territoires dans les négociations avec ses pays voisins.

1 Le Premier ministre Yoshida dit à ce propos : « Dans ce monde divisé en deux, j’espère que les États-Unis incluent le Japon dans leur côté dans le sens général »

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Nous pouvons donc poser une hypothèse importante sous ce contexte-ci. Malgré le fait que le Japon ait des problématiques territoriales avec ses États voisins depuis plusieurs années, il n’a jamais changé sa constitution. Cela veut dire que la majorité de la population semble ne pas souhaiter que le gouvernement japonais se comporte de façon proactive dans les négociations interétatiques. Cette analyse sera la problématique primordiale dans notre recherche. Ce mémoire propose de vérifier si l’opinion publique japonaise influence les décisions politiques dans les cas de conflits interétatiques territoriaux avec ses pays voisins. D’ailleurs, il sera tenté de démontrer de quelle manière l’opinion publique et celle des entreprises japonaises influencent les décisions politiques. Lorsque nous regardons les événements survenus après la Deuxième Guerre mondiale, on peut dire que 1989 est l’année qui marqua un tournant décisif à l’époque. Parmi ces changements, soulignons le décès de l’empereur du Japon, Hirohito, la chute du mur de Berlin qui marqua la fin de la Guerre froide, ainsi que le massacre d’étudiants et de civils chinois par le régime communiste chinois à Pékin sur la place Tian’anmen. Ces évènements marquèrent un tournant à partir de 1989 dans les relations internationales. Par conséquent, afin de mieux comprendre la situation actuelle, nous traiterons des incidents survenus après 1989.

Ce mémoire sera divisé en trois parties. La première partie traite des problématiques, des contextes historiographiques, des théories des relations internationales, de l’hypothèse et du cadre opératoire, des cas d’étude, de la méthodologie et de la stratégie de vérification de l’hypothèse. La deuxième partie inclut les problématiques territoriales rencontrées avec la Corée du Sud. Enfin, la troisième partie visera à analyser les relations avec la Chine, en analysant le rôle de l’alliance militaire américano-japonaise.

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Chapitre 1 : Justification du projet de recherche — Portrait de la situation —

Introduction

Depuis 1947, les modifications apportées à la Constitution japonaise obligent le pays à renoncer à entrer en guerre, de même qu’à limiter les méthodes et les moyens qu’il peut utiliser pour régler les conflits interétatiques. Malgré ces compromis2, le Japon est devenu, au fil des années, l'une des plus puissantes forces militaires dans le monde (Seigel 2007 : 75). De plus, à ces éléments contextuels s’ajoute la signature d’un traité d’alliance militaire avec les États-Unis qui assurent depuis 1952 la sécurité nationale du pays. C’est pourquoi le premier ministre Yoshida choisit également d’appliquer une stratégie afin de mettre l’accent sur le développement de l’économie plutôt que sur le renforcement de la sécurité nationale (Shibayama et Kusunoki 2010 : 173). Même si le Japon n’a pas accueilli avec enthousiasme cette constitution de prime abord, il importe de souligner qu’il ne l’a jamais modifiée, ne serait-ce qu’une seule fois, depuis 1947. À la lumière de ces faits, une question se dessine : est-ce que la majorité des Japonais soutiennent cette constitution?3 Ces événements constituent et marquent le commencement des multiples problématiques concernant la sécurité nationale du Japon en ce qui à trait à nos recherches. Au cours de ces recherches, nous nous attarderons à l’étude de certains volets particulièrement démonstratifs des problématiques des relations internationales d’Asie de l’Est concernant le Japon. Les deux disciplines utilisées ici et soutenant la recherche par rapport à la sécurité nationale du Japon sont les relations

2 Le Japon a accepté la déclaration de Potsdam le 15 août 1945 ; il a accepté une capitulation conditionnelle à ce moment- là. Malgré le fait que le changement des lois de l’état occupé est interdit pendant l’occupation selon le droit international public ; l’article 43 de Première conférence de La Haye interdit strictement aux armées de l’occupation de modifier les lois des États occupés sauf dans une situation majeure. Le Japon a été forcé de la modifier, et sous l’occupation de l’ONU, il n’avait que le choix de l’accepter, en abandonnant son droit d’autodéfense de manière définitive (Shibayama et Kusunoki 2010 : 165-7). Toutefois, il y a un autre point de vue dans ce contexte-ci ; « A second view holds that the concept (and perhaps the text) was suggested to the general by Prime Minister Shidehara Kijuro during a meeting in January 1946 » (Boyd et Samuels 2005 : 5). Il y a donc toujours des débats sur ce sujet actuellement. 3 L’article 96 de la constitution japonaise dit qu’il est nécessaire d’obtenir l’approbation de deux députés sur trois afin de modifier les articles. Il est également demandé d’avoir l’approbation de la population à au moins cinquante pour cent.

3 internationales et la science politique, l’un adressant la question de « la souveraineté », l’autre, de « l’alliance militaire interétatique ». Il est pertinent de souligner à ce stade que ces deux concepts sont les noyaux qui dirigent les États vers un comportement autonome. Il est donc important d’analyser la stratégie choisie par le Japon pour assurer sa sécurité nationale à partir de ces deux points de vue. Cependant, en appliquant ces concepts à la situation japonaise, un constat s’impose : le Japon en devient affaibli sur la scène internationale. Par conséquent, nous pouvons deviner que moins un pays est puissant, plus il est facile de le manipuler dans les stratégies des relations internationales (Mearsheimer 2003 : 163). Nous devrons donc considérer les stratégies de la sécurité nationale du point de vue des superpuissances et des puissances mineures dans le cadre des relations américano-japonaises. Afin de démontrer à quel point le Japon peut agir librement et de sa propre initiative sur son territoire, il est capital de comprendre ses stratégies d’un point de vue théorique. Nous nous pencherons donc sur les notions d’alliance militaire. Ensuite, nous traiterons de la diplomatie, clef qui aide à mieux comprendre les comportements du gouvernement japonais. La question de l’initiative diplomatique est primordiale. Enfin, nous chercherons à savoir comment le Japon se comporte dans le cadre des problématiques territoriales conflictuelles avec deux de ses pays voisins, la Chine et la Corée du Sud, en fonction des limitations causées par sa Constitution. Ce faisant, nous allons également porter attention au contexte de l’alliance militaire américano-japonaise, et analyser comment les relations générales entre les deux États influent les problématiques territoriales, et la façon dont le Japon réagit par rapport à ses relations avec les États-Unis. Finalement, nous tenterons de vérifier les éléments qui influencent les décisions diplomatiques du Japon. Nous pouvons constater la spécificité de la situation japonaise à travers la manifestation de sa souveraineté, compte tenu de sa situation politique selon laquelle le pays s’abandonne, du point de vue militaire, aux États-Unis. En effet, en conservant la constitution qui lui interdit d’employer la force conventionnelle pour pouvoir protéger sa souveraineté et ses territoires dans le cadre de relations internationales conflictuelles, ses possibilités d’actions se voient réduites. Ainsi, cette recherche a pour but de vérifier si l’opinion publique influence négativement les décisions diplomatiques du Japon en analysant des gestes posés par Tokyo.

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Problématique

Le Japon est-il un pays souverain? Cette question, qui semble très simple, est néanmoins une question capitale. Dès lors, il convient d’analyser attentivement les situations politiques qui entourent le Japon. Avant tout, regardons l’origine des problématiques, incarnée par l’article 9 de la constitution du Japon :

Aspirant sincèrement à une paix internationale fondée sur la justice et l’ordre, le peuple japonais renonce pour toujours à la guerre comme droit souverain de la nation et à la menace ou à l’utilisation de la force comme moyens de régler les conflits internationaux. Afin de réaliser cet objectif, aucune armée de terre, de mer et de l’air, de même qu’aucun potentiel de guerre ne seront jamais maintenus. Le droit de mettre l’État en état de guerre ne sera pas reconnu4.

Il convient de souligner que toutes les problématiques liées à la diplomatie ainsi qu’à la sécurité nationale du Japon découlent de cette constitution. Péron-Doise (2004 : 60) indique que : « le Japon interdit de recourir à la guerre comme mode de règlement des conflits internationaux, mais également comme moyen d’assurer la sécurité de la nation ». Malgré le fait que le Japon possède des forces militaires unifiées, telle la FJDA (Forces japonaises d’autodéfense), il n’a en aucun cas le droit d’employer la force en premier afin de défendre son territoire. Selon l’article 9 et la loi de Jieitai (FJDA), si un État décide d’envahir le Japon en utilisant la force militaire, même si cette agressivité est unilatérale, si le Japon décide de se défendre par l’utilisation d’armes conventionnelles, il ne peut justifier cette décision juridiquement sauf en cas de riposte5 ; les membres de FJDA doivent subir une attaque pour justifier une riposte. Alors, si l’un des soldats de la FJDA ouvrait le feu contre des soldats d’un État agressif envers le Japon en légitime défense, cet acte ne serait pas justifié en fonction des lois japonaises et ce soldat serait probablement condamné pour meurtre par les lois nationales japonaises. Il importe de noter que le Japon n’a pas de justice militaire dans ce contexte-ci. La loi de Jieitai (FJDA) n’est pas la justice militaire. Certes, beaucoup de discussions se sont déroulées au parlement japonais à ce sujet et maintenant, le gouvernement ne nie pas le droit d’autodéfense dans son interprétation de la constitution.

4 Voir Péron-Doise (2004 : 60), la traduction de Jacques Gravereau. 5 Selon l’article 95 et 95-2 de la loi de Jieitai (FJDA), il est interdit d’utiliser des armes exceptées en cas de légitime défense. Dans ces articles, si l’utilisation des armes ne s’applique pas en vertu de l’article 36 ou 37 du droit pénal du Japon, cette utilisation ne sera pas justifiée juridiquement. Cette situation a montré la spécificité du cas de la FJDA lorsque le Japon a envoyé la FJDA. Cette situation diffère des autres pays, qui peuvent se défendre lorsqu’ils sont menacés selon le droit international public. Le Japon a demandé à l’armée hollandaise et celle australienne de les défendre à cause de la limitation juridique nationale lorsque le Japon a envoyé les membres des FJDA en Iraq. C’est le cas lorsque le Japon est en mission militaire à l’étranger. Mais même à l’intérieur de pays, il est impossible de se défendre avant l’apparence d’une attaque armée. Le critère d’utilisation des armes est directement lié au critère de droit pénal national qui fonctionne pour les citoyens normaux. Cette situation est causée par l’absence de justice militaire, et cela comporte des risques pour la vie des membres des FJDA en cas conflit interétatique.

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D’un autre point de vue, selon l’article 76 de la loi de la Jieitai (FJDA), s'il juge que c’est nécessaire, le premier ministre du Japon peut ordonner aux membres de la FJDA d’intervenir pour défendre le pays s'il est effectivement attaqué ou lorsque l’attaque est clairement imminente. Dans ce cas-ci, le premier ministre doit avoir principalement l’approbation du Parlement japonais selon l’article 9 de « Buryoku kougeki jitaitouni okeru wagakunino heiwato dokuritsu narabini kuni oyobi kokuminnno annzennno kakuhoni kansuru houritsu (la loi de l’assurance de la paix, l’indépendance, le pays et les peuples de notre pays lors de l’attaque militaire par les étrangers) ». Si le premier ministre pense que la nécessité est imminente, il peut ordonner l'intervention sans avoir d’approbation. Toutefois, si le Parlement ne donne pas l’approbation par la suite, le premier ministre doit ordonner l'arrêt des opérations de la FJDA. Il est donc sûr que le Japon n'est pas prêt pour un cas imminent d'attaque au niveau des lois intérieures à cause de la présence de l’article 9, car en de telles conditions, il est à noter que les membres de la FJDA n’ont pas le droit de juger la situation d'eux-mêmes pour ouvrir le feu en premier. En fait, ce sujet est toujours un débat actuel dans le monde de la politique japonaise. Il est vrai qu’aucun tribunal ne s’est prononcé sur la présence de la FJDA et si elle ne va pas à l’encontre de la constitution; la Cour suprême évite d’interpréter la question à savoir si la présence de FJDA viole la constitution ou non6. À cause de cette ambiguïté, il devient difficile de reconnaître la présence de FJDA à l’égard de l’article 9 de la constitution. De surcroît, malgré le risque de discordance avec la notion de cette constitution pacifique, le premier ministre Shinzo Abe a essayé de réviser les interprétations à l’égard du droit de légitime défense afin de coopérer avec les États-Unis en avril 2007 (Martin 2007). Il va donc sans dire qu’il est très délicat de poser une question : si l’article 9 de sa constitution empêche de se défendre ou non. Il faudrait noter qu’il y a toujours un gros débat sur cette question. Il est finalement important de souligner que le Japon pourra se défendre lorsqu’il est attaqué selon les interprétations du gouvernement et de la Cour suprême japonaise, et les lois japonaises même si la constitution dit clairement que cela est interdit. Par contre, les membres des FJDA doivent risquer leur vie en situation de guerre parce que les lois japonaises interdisent strictement aux membres des FJDA d’ouvrir le feu en premier. La contradiction entre les interprétations du gouvernement ou la Cour suprême du Japon et l’écriture de la constitution japonaise émerge dans les lois de Jieitai (FJDA). Les membres des FJDA doivent donc risquer leur vie beaucoup plus que les soldats des autres États souverains en cas de conflit de guerre imminente. Si les membres des FJDA sont chanceux, ils pourraient riposter avec la force militaire après avoir subi des premières attaques des ennemis, sinon, ils n’auraient même pas une chance de riposter parce qu’ils doivent mourir en premier. Du coup, nous remarquons que même si l'interprétation du gouvernement et de la

6 Depuis des années, les cours du Japon se sont fait demander de juger si l’existence de FJDA viole l’article 9 de la constitution japonaise. Par contre, la Cour suprême ne conclut pas à un viol de la constitution avant 2012. Les cours du Japon disent qu’une question de la présence de FJDA appartient aux affaires politiques, et non à la sphère juridique. Nous trouvons ces points de vue dans le jugement lié avec l’interprétation du traité de l’alliance militaire américano-japonaise de la Cour suprême le 16 décembre 1959 (Masuda 2010 : 52-3).

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Cour suprême du Japon permettent le droit à l’autodéfense, à cause de l'article 9 de la Constitution, les lois japonaises ne supposent pas une situation de guerre imminente. Alors qu’en cas d’envoi de membres des FJDA à l’étranger, il est clair que cette situation risque les vies de ces membres, ce qui devrait être la même chose en ce qui a trait à la question de la sécurité nationale. En fait, tandis que l’interprétation du gouvernement et de la Cour suprême assure à peine la présence de la FJDA et le droit à l’autodéfense, le Japon n’a pas aménagé les lois afin de se préparer à une attaque imminente par des États étrangers7. D’un côté, Tokyo est préparée à se défendre contre le missile de la Corée du Nord lorsque cette dernière a annoncé de le lancer 8 , et ces actes ont été reconnus juridiquement à cause de l’interprétation du gouvernement et la Cour internationale parce que ce sont des actes d’autodéfense. Il est donc important de souligner que la FJDA n’est jamais reconnue en tant qu’armée selon les lois japonaises. Même dans un cas d’autodéfense, ce sera quand même un état de guerre. Il est donc à noter que les lois japonaises ne sont pas faites pour préparer l’éclatement d’une guerre imminente à cause de l’article 9 de sa constitution. Selon la perspective réaliste : « les relations internationales se déroulent à l’ombre de la guerre, et l’État ne peut (et ne doit) compter que sur lui-même pour assurer sa sécurité : c’est le principe de l’autopréservation, le self-help cher à Kenneth Waltz » (Battistella 2009 : 511-2). Dans les faits, la situation de la sécurité nationale du Japon est complètement opposée à cette notion réaliste. D’un certain point de vue, « Pour certains conservateurs japonais, l’article 9 est une relique honteuse de la guerre, l’insigne de la disgrâce que le Japon est obligé de porter. Il n’est donc pas difficile de comprendre pourquoi les nationalistes traditionnels japonais soutiennent l’idée que la Constitution d’après-guerre est une source d’humiliation nationale imposée par les vainqueurs de la guerre » (Tadokoro 2011 : 38). Cependant, si l’alliance américano-japonaise était un corollaire institutionnel de désarmement de l’article 9, les deux se sont avérés être fortement liés dans le cadre de *Kyujo anpo taisei* (*structure de l’article 9 et l’alliance militaire américano-japonaises*); c’est la raison pour laquelle l’alliance militaire américano-japonaise est nécessaire pour le Japon (Johnson 1992 : 4).

Le Système de San Francisco est également un élément qui ne permet pas au Japon de réagir autant que les autres États souverains. Nous pouvons voir que le Japon dépend fortement des États-Unis par rapport aux relations économiques et à la sécurité nationale dans ce contexte-ci. Considérant certains aspects de ce système, nous vérifierons à quel point le Japon dépend des États-Unis, tel qu’expliqué par Welch :« (1) a dense network of bilateral alliances; (2) an absence of multilateral security structures; (3) strong asymmetry in alliance relations, in both the security and economic domains; (4) precedence for Japan; and (5) liberal

7 C’est sûr que les membres des FJDA s’entraînent tous les jours afin de préparer en cas d’une attaque physique par les États étrangers. 8 Pyongyang a essayé de lancer le missile envers le Japon en 1993-94 et en 2003-06 (Samuels 2008 :149).

7 access to the U.S. market, coupled with limited development assistance (Welch 2011 : 19) ». D’après ces informations, il semble que le Japon soit intégré dans un système de relations de dépendance avec les États- Unis, notamment dans les domaines économiques et de la sécurité nationale. Il est important de souligner que le fait d’être intégré dans ce système économique est plutôt favorable pour le Japon. Par contre, le Japon a dû payer beaucoup de frais pour maintenir les bases militaires américaines situées sur le territoire japonais par «compassion», puisque les soldats américains le protègent de l’agression militaire des pays étrangers9 (Yoda 2006 : 939-40). À cause de cela, nous pouvons constater que la relation militaire américano-japonaise n’est pas égale du point de vue de l’interdépendance. Il importe de souligner que cette situation est parfois perçue comme si le Japon profitait du fait qu’il ne soit pas obligé de défendre les États-Unis. En revanche, du point de vue de la stratégie américaine actuelle en Asie, l’alliance militaire avec le Japon sert de clé dans la tentative de Washington de dissuader la nucléarisation de la Corée du Nord, et d’entraver l’émergence de la Chine (Taylor 2011 : 872). Il est donc normal que la question de la « normalité » du Japon en tant que pays ait été soulevée de façon redondante. Du point de vue de la sécurité nationale, la FJDA est équipée d’armes à la fine pointe de la technologie, et ce, grâce à son alliance avec les États-Unis. Il existe cependant un revers de la médaille : le système de défense japonais est pratiquement un sous-système justifiant la présence militaire américaine supérieure et sa position stratégique dans la zone Asie-Pacifique10 (Soeya 2011 : 87). La FJDA ne représente pas une force de défense indépendante, précisément à cause de l’alliance militaire avec les États- Unis, malgré le fait que la FJDA soit à la fine pointe de la technologie par rapport à plusieurs autres armées dans le monde (Ben-Ari et Frühstück 2003 : 541). Ce point de vue peut être confirmé si l’on compare cette alliance avec l’OTAN; tandis que les membres de l’OTAN sont obligés de défendre les uns les autres lorsqu’un des membres est attaqué, le Japon est obligé de défendre les bases militaires américaines au Japon, mais pas les territoires principaux des États-Unis11. Soulignons qu’un gros changement d’attitude gouvernementale s’effectua, après l’élection japonaise de septembre 2009, envers l’alliance militaire américano-japonaise, et donc aussi envers la notion de sécurité nationale du Japon. En effet, le parti démocrate du Japon (PDJ) remporta les élections de 2009. Immédiatement après son élection, le premier ministre Hatoyama annonça que le déplacement de la base

9 Le Japon paie les salaires pour les travailleurs japonais qui travaillent sur les bases militaires américaines au Japon, malgré le fait que ce n’est pas obligatoire selon les conditions du Status of Forces Agreement (SOFA) (Yoda 2006 : 940). 10 Selon Joint Satement U.S.-Japan Security Consultative Committee Completion of the Review of the Guideline for U.S.- Japan Defense Cooperation (le 23 septembre 1997), les États-Unis attendent au Japon principalement l’assistance par l’arrière : ils n’attendent donc pas que le Japon donne les forces non plus (Tsuchiyama 2010 : 35). 11 Comment nous avons vu, Tokyo donne beaucoup d’aides financières afin de maintenir les bases militaires américaines au Japon. Tokyo a commencé à donner ces aides à partir de 1978. Selon l’accord entre les deux États, Tokyo doit seulement compenser les propriétaires de terre où les bases militaires américaines se situent. À part ces parties, Tokyo n’est jamais responsable des frais reliés aux bases militaires américaines. Par contre, la demande de Washington a de plus en plus augmenté, ces frais sont plus élevés d’année en année et cela représente une grosse charge pour Tokyo (Nishihara 2010 : 124).

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militaire américaine de Futenma12 serait annulé, même si ce déplacement avait été officiellement promis aux États-Unis. Ce changement montra que le nouveau gouvernement japonais du PDJ commençait à modifier sa politique de sécurité nationale et, par conséquent, l’alliance militaire américano-japonaise. La relation entre les deux pays est aussi en évolution13. Malgré le fait que la situation de la sécurité nationale au Japon n’a pas officiellement été retouchée, le parti démocrate a déjà commencé à essayer de changer sa relation militaire avec les États-Unis. Étant donné que l’alliance militaire américano-japonaise est le noyau de la sécurité nationale du Japon, nos recherches abordent davantage la relation avec la Chine et la Corée du Sud en analysant l’attitude des États-Unis dans le cadre de la diplomatie et la sécurité nationale du Japon. On peut également remarquer qu’il persiste toujours chez certains politiciens japonais l’idée selon laquelle il serait constitutionnellement possible d’obtenir l’arme nucléaire pour préserver la sécurité nationale (Arase 2007 : 561). Ce genre de propos montre à quel point les représentations relatives à la sécurité nationale du Japon sont en changement.

Le Japon est une puissance économique depuis longtemps, il est donc important de souligner à ce stade que : « le rapport de 2004 du Conseil national sur la sécurité et les capacités de défense du Japon, groupe consultatif placé auprès du premier ministre , nous remémore le rôle du soft power14 dans la politique de sécurité japonaise, qui appelle de façon spécifique à faire le meilleur usage du soft power et du hard power au Japon afin de préserver la paix et la sécurité » (Akaha 2011 : 117). Par conséquent, dans les problématiques territoriales existantes avec les deux pays voisins, il n’est pas évident de démontrer que le Japon utilise adéquatement le soft power afin de prendre l’initiative dans les négociations diplomatiques. Toutefois, nous pourrons deviner si le Japon pourrait profiter d’une supériorité, ou devrait subir des dommages par une infériorité. Il est également important de souligner que la différence quant à l’interprétation de l’Histoire, en particulier des événements de la Seconde Guerre mondiale, représente un obstacle entre le Japon et la Chine, ainsi qu’entre le Japon et la Corée du Sud. Même si la différence de l’interprétation historique n’est pas notre sujet principal ici, il convient néanmoins de se pencher sur cette différence qui influence beaucoup les

12 Futenma est une des bases militaires américaines situées dans la préfecture Okinawa. Depuis des années, les deux États ont reconnu le risque de cette base, car elle est vraiment collée sur les maisons des civiles. On risque donc la vie des habitants en cas d’accident. Les deux États ont déjà décidé de déplacer cette base à l’autre place, Henoko. Toutefois, après les élections, le premier ministre Hatoyama a annoncé que le gouvernement change ce plan, et il veut déplacer cette base au moins en dehors d’Okinawa. 13 Nous pouvons observer quelques évolutions par rapport au passé. « In May 1981 Prime Minister Zenko Suzuki declared that Japan would take responsibility for defending sealanes up to 1,000 nautical miles from Japan. Prime Minister Yashuhiro Nakasone, while on a visit to the United States in 1983, articulated the notion of these sealanes as lying "between Guam and Tokyo and between the Strait of Taiwan and Osaka."Defense of Japan 1992 does not mention this commitment, which frequently is interpreted differently by U.S. and Japanese officials. » Voir http://www.globalsecurity.org/military/world/japan/jmsdf-ops.htm 14 Selon Akaha (2011 : 115), « Le concept de soft power est défini comme le pouvoir d’attraction, le pouvoir de faire aux autres ce que l’on désire sans recourir à la coercition ou aux incitations matérielles».

9 décisions diplomatiques, surtout du côté de la Chine et de la Corée du Sud15. Malgré cette différence, seuls les Japonais et leur gouvernement peuvent décider de l’interprétation historique avec laquelle ils considèrent et révisent les événements relatifs à la Seconde Guerre mondiale (Wang 2011 : 126). La Chine ainsi que la Corée du Sud ont aussi le droit d’avoir leurs propres perceptions de ce chapitre de l’histoire. Ces problèmes semblent donc complexes et difficiles à résoudre. Il est important de mentionner que le contenu des manuels historiques pour les écoles japonaises devient un sujet de controverse sur le plan des politiques internationales parmi les pays d’Asie de l’Est, tandis que ceux de la Chine et la Corée du Sud ne le sont jamais. Les interprétations historiques des Japonais concernant l’époque de la Deuxième Guerre mondiale causent quelques réactions négatives et positives surtout en Chine et en Corée du Sud (Bukh 2007 : 704). Il est intéressant que ce genre de problématiques soient toujours unilatérales; la Chine et la Corée du Sud accusent le Japon sur ce sujet et demandent des modifications, mais le Japon ne le fait jamais. Cette structure n’a jamais changé depuis l’émergence de ces problèmes. Nous allons montrer les problématiques de chaque cas étudié dans deux chapitres. Il est pertinent de souligner qu’il est préférable d’approfondir les problématiques et leurs assises conceptuelles et historiques, afin de mieux comprendre les détails des situations de chaque cas. Chaque cas étudié se distingue des autres. Il est donc nécessaire de relever leurs différences en détaillant leurs problématiques propres.

Précédent l’élection de la chambre des députés en 2009, selon un sondage du Yomiuri Shinbun rendu public en avril 2008, 43,1 % des Japonais sont en faveur du maintien de l’article 9, contre 42,5 % qui sont pour sa modification (Courmont 2010 : 185). Nous pouvons donc constater qu’une bonne proportion de la population japonaise semble toujours en accord avec le maintien de l’article 9 en 2008. Il est important de souligner à ce stade que le populisme joue un rôle capital dans le cadre des élections. Comme nous avons déjà regardé, le PDJ a remporté une grande victoire aux élections de la chambre des députés en septembre 2009. Martin (2011) indique que les attitudes de la majorité de la population concernant la démocratie et ses pratiques ont changé. De plus, les électeurs japonais ont des ressources pour mettre leurs idées en pratique (Martin 2011 : 3); les sources médiatiques influencent fortement sur les décisions politiques de la majorité des Japonais. Lors des campagnes d’élections en septembre 2009, le manifeste du PDJ a été mis au centre de la controverse. Il est donc pertinent de vérifier de quel type de manifeste le PDJ a montré à cette élection. Il y a cinq politiques principales dans leur manifeste. Il faut souligner que la politique diplomatique et la sécurité nationale ne sont pas incluses dans les cinq

15 Wang (2011 : 127) dit que « While only a small number of Japanese really want to whitewash war crimes, it is up to the Japanese people eventually to put an end to this issue…It is not up to foreign government or peoples but to the Japanese people themselves to get the job done ». Nous pouvons voir qu’il n’y a pas, selon cette citation, d’effort fait pour considérer la différence de perspective parmi les pays. En ce qui concerne la perspective historique, le climat en Chine et dans la Corée du Sud est plus tendu et peu favorable à la réconciliation.

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politiques principales, et sont reléguées à la fin de leur manifeste. Ce manifeste montre que le PDJ vise à (1) avoir une relation de proximité et égale avec les États-Unis, (2) établir une communauté d’Asie de l’Est avec ses pays voisins, (3) empêcher que la Corée du Nord ait des armes nucléaires, (4) réaliser la paix et la prospérité du monde, ainsi que (5) éradiquer les armes nucléaires du monde et d’enlever la menace des terrorismes en prenant l’initiative politique du monde (le manifeste du PDJ en 2009) comme leurs politiques diplomatiques et sécuritaires nationales générales. Nous soulevons que la politique du PDJ met l’accent sur la coopération avec ses pays voisins, mais ne cherche pas à avancer les situations pour résoudre les problématiques territoriales avec ses pays voisins. Ce manifeste est supposé influencer les décisions politiques du PDJ après la victoire aux élections. De plus, cette politique est également soutenue par la majorité de la population qui a voté pour ce parti à cause du résultat des élections. Il est également à noter que les situations autour des problématiques diplomatiques par rapport aux territoires du Japon ont beaucoup bougé suite à la prise du pouvoir politique par le PDJ au Japon en septembre 2009. Nous allons analyser chaque cas d’étude dans le deuxième chapitre et le troisième chapitre en détail. Étant donné que le changement du gouvernement japonais est le résultat de la décision majoritaire de la population japonaise, il est plus probable de trouver quelques corrélations entre les comportements du gouvernement japonais en ce qui concerne les problématiques territoriales avec ses voisins et l’opinion publique japonaise en utilisant certains moyens de vérification16 de notre recherche surtout après la prise du pouvoir du PDJ.

Finalement, nous regardons les problématiques principales. Malgré le fait que la condition spéciale du Japon diffère de celle des autres États, le gouvernement japonais maintient tout de même cette condition. De surcroît, même si cette constitution a été faite pendant que le Japon était occupé militairement par l’ONU, les États-Unis ont déjà demandé à Tokyo de changer la situation pour que Tokyo puisse également contribuer aux activités internationales conduites par Washington17 (Samuels 2008 : 95). Nous pouvons donc dire que la pression de Washington n’est pas un obstacle principal pour modifier la constitution. Le Japon est un pays démocratique. Cette décision est donc supposée corroborer l’opinion publique. Lorsque le premier ministre Koizumi a largement emporté les élections de la chambre des députés en 2005, les médias de masse ont focalisé sur ce dont Koizumi parlait et ce qu’il visait (Martin 2011 : 63). Ce fait semblait contribuer à la victoire du Parti Libéral Démocrate (PLD). Nous pouvons donc supposer que les médias de masse ont beaucoup de puissance et qu’ils ont de l’influence sur les décisions de la population lors de l’élection. Il est donc possible de supposer que la population japonaise ne soit pas en faveur de changer la constitution japonaise, même si cette situation limite les possibilités des choix gouvernementaux. Cette spéculation induit la question suivante :

16 Voir la partie de « Stratégie de vérification d’hypothèse » dans ce chapitre. 17 La demande de Washington a atteint une pointe lors de la Guerre d’Iraq.

11 de quelles façons l’opinion populaire du Japon influence les décisions diplomatiques de Tokyo quant à la prise d’initiatives diplomatiques envers les autres pays? C’est la question principale dans notre recherche.

Contextes historiographiques

Souveraineté

La question de souveraineté est capitale dans cette recherche, surtout lorsqu’on constate l’importance de la signification de la notion de « souveraineté » du Japon en lien avec la diplomatie et la sécurité nationale. La définition de souveraineté a été déclinée de multiples façons. La définition qui suit a été retenue, puisqu’elle nous semble la plus appropriée dans le cadre de notre travail. Tel qu’expliqué par Morgenthau:

Independence signifies the particular aspect of the supreme authority of the individual nation that consists in the exclusion of the authority of any other nation. The statement that the nation is the supreme authority-that is, sovereign within a certain territory – logically implies that it is independent and that there is no authority above it. Consequently, each nation is free to manage its internal land external affaires according to its discretion, insofar as it is not limited by treaty or what we have earlier called common or necessary international law. The individual nation has the right to give itself any constitution it pleases, to enact whatever laws it wishes regardless of their effects upon its own citizens, and to choose any system of administration. It is free to have whatever kind of military establishment it deems necessary for the purposes of its foreign policy – which, in turn, it is free to determine as it sees fit (Morgenthau 2006 : 319-312).

Selon cette définition, le Japon ne serait donc pas suffisamment souverain. Premièrement, la constitution japonaise n’a pas été adoptée de façon volontaire. Deuxièmement, le Japon dépend des États- Unis pour la sécurité nationale, puisqu’en conservant l’article 9 de sa constitution, le Japon ne peut pas

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théoriquement se défendre sans avoir recours à la force militaire américaine18. Par conséquent, les États-Unis contraignent occasionnellement la politique diplomatique du Japon lorsque le Japon agit à contresens des projets politiques des États-Unis19 (Kim 2009 : 342). Par contre, après la Seconde Guerre mondiale, tous les pays furent scindés en deux catégories à cause du « système de San Francisco » structurant la guerre froide (Buszynski 2011 : 317)20. Le Japon n’est donc pas le seul pays dont la sécurité nationale dépend des États- Unis. Hormis les États-Unis et l’URSS, tous les autres pays vivaient presque la même situation que le Japon. Afin de considérer un autre point de vue sur la notion de souveraineté, citons la définition de Waltz :

To say that a state is sovereign means that it decides for itself how it will cope with its internal and external problem, including whether or not to seek assistance from others and in doing so to limit its freedom by making commitments to them. States develop their own strategies, chart their own courses, make their own decisions about how to meet whatever needs they experience and whatever desires they develop (Waltz 1979: 96).

La définition de Waltz possède des points communs avec celle de Morgenthau citée précédemment, et elle soulève quelques questions. Le Japon peut-il décider librement de sa politique intérieure et extérieure? Les choix du gouvernement japonais sont-ils limités par l’influence étrangère? Il est évident que le Japon est un pays souverain, par contre, il renonce à son droit de se battre militairement par sa constitution21, malgré plusieurs interprétations qui permettent au Japon de se défendre militairement, en gardant intacte son alliance militaire avec un pays qui est une puissance militaire. Puisque c’est l’essence de notre recherche, nous devons garder ce point en tête. Le concept de souveraineté est primordial. Notre recherche aidera à vérifier si les comportements gouvernementaux japonais peuvent être en accord avec la définition de souveraineté.

18 En fait, comme on a déjà pu le vérifier, le Japon est supposé pouvoir se défendre selon les interprétations du gouvernement japonais et la Cour Suprême japonaise. 19 Un des exemples de ces cas est lorsque le Japon a essayé de résoudre les problématiques territoriales avec l’URSS en 1956. Washington a montré clairement son dégoût envers le mouvement de Tokyo à ce moment-là. Washington a dit que si Tokyo cède à mettre pavillon bas devant Moscou, Tokyo risquerait de perdre Okinawa pour toujours (Elleman, Nichols et Ouimet 1998/1999 : 496-7). De plus, Sekioka (2006) indique plusieurs cas reliés avec ces aspects dans son œuvre. On va également voir ces aspects dans le troisième chapitre. Dans l’autre côté, lorsque Tokyo a essayé de prendre une politique étrangère envers le Vietnam, Washington a exercé une pression sur Tokyo pour que ce dernier ne prenne pas cette politique. Voir Miyashita (1999 : 696). 20 Buszynski indique que ce système a pour but que le Japon ait une relation de dépendance envers les États-Unis, afin d’assurer la sécurité nationale et d’accélérer la prospérité économique. Voir Buszynski (2011 : 316). 21 Nous pouvons nous pencher sur la constitution italienne dans ce contexte-ci. L’article 11 de la constitution italienne renonce le droit de faire la guerre. Par contre, l’article 52 dit que la défense de la patrie est le devoir sacré de tous les citoyens. C’est donc une grosse différence entre la constitution japonaise et italienne. La constitution japonaise ne mentionne pas du tout le devoir de défendre la patrie. De surcroît, l’Italie a envoyé son armée à la Guerre en Iraq qui est parfois reconnue comme une guerre d’invasion. Toutefois, Tokyo a aussi envoyé les membres des FJDA en Iraq pour l’aide humanitaire. La loi spéciale du Japon a donc strictement interdit aux membres d’utiliser une force militaire en Iraq, c’est pour cela Tokyo a demandé aux autres États de « défendre » les membres des FJDA.

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Alliance militaire et l’équilibre des puissances

Sauf quelques exemples, l’alliance militaire a prouvé à travers l’histoire qu’elle est toujours un des choix les plus importants pour un gouvernement, afin d’assurer la sécurité nationale. Lorsque l’on cherche à comprendre les raisons pour lesquelles les États tendent souvent à s’allier militairement, on trouve souvent de pair avec la notion d’alliance militaire la notion de l’équilibre des puissances. Liska (1962 : 26) indique que ces alignements sont associés depuis longtemps avec l’équilibre des puissances, à travers les deux aspects suivants: la théorie et la pratique. Lake et Powel (1999 : 103) indiquent également que les alliances traduisent l’idée selon laquelle le chemin vers l’équilibre implique l’addition des forces contre une menace commune. Osgood (1968 : 19-20), quant à lui, explique que l’alliance est l’obligation la plus résistante qui existe pour contrer les « configurations de puissance » qui affectent les intérêts vitaux des organismes alliés. Bien que d’habitude les États cherchent à s’allier militairement, afin d’assurer la stabilité et la paix territoriale, ce n’est pas le cas de l’alliance militaire américano-japonaise. Lorsque le Japon fut forcé d’accepter sa nouvelle constitution sous l’insistance de l’ONU (ou plus exactement des États-Unis), il fut par ce biais contraint et forcé de dépendre d’un ou de plusieurs autres pays pour pouvoir se défendre. Cela allait d’ailleurs de pair avec le souhait du premier ministre Yoshida, qui voulait mettre l’accent sur le développement de l’économie avant les autres problèmes (Shibayama 2010 : 173). Ce choix gouvernemental japonais est, en quelque sorte, représentatif des décisions politiques, tel qu’expliqué par Stein :

In explaining a nation’s choice, domestic politics becomes critically important when ambiguity remains after structural factors have been considered. When structure provides no clear behavioral imperative, internal debates arise, and their resolution determines the state strategies adopted. In other words, domestic political processes and the nature of political systems play a determinative role in such cases (Stein 1990: 202).

Il convient de souligner que le Japon a été intégré au monde du capitalisme libéral américain suite aux pressions des États-Unis, mais aussi par un désir du Japon de vouloir intégrer ce camp, et ce, en dépit du fait que le Japon n’ait pas eu le choix (Hook 2011 : 88-9). Nous pouvons donc observer deux aspects qui se contredissent. Cette alliance n’aurait pas pu se réaliser sans considérer le rôle qu’a joué le cadre du système international (Snyder 1997 : 16). La sécurité nationale fait partie intégrante des éléments de la souveraineté. Du point de vue de la souveraineté, les États considèrent que ces intérêts stratégiques sont des éléments capitaux qui déterminent les choix nationaux dans le cadre des relations interétatiques. En d’autres mots, la stratégie de l’alliance sera fortement affectée par la situation politique du monde, tel qu’expliqué par Snyder :

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Strategic interests are strongly affected by the polarity of the system. Thus, in a bipolar system, the strategic interests of the superpowers, at least, are largely determined by the power structure itself, whereas in a multipolar system, strategic interests vary with the pattern of alignment. As a consequence, strategic interests are much clearer and more stable in a bipolar than in a multipolar system (Snyder 1997: 26).

Dans ce contexte-ci, on voit que la structure du monde extérieur impose au Japon de prendre une décision par rapport à l’échiquier politique mondial, en plus de ses décisions concernant les politiques nationales. La notion de « Bandwagoning » est une notion clé pour mieux comprendre la situation japonaise en ce qui a trait à la sécurité nationale. Regardons l’explication de Macleod (2007 : 70) : « le Bandwagoning est la tendance à s’allier avec l’État ou le groupe d’États le plus fort et le plus menaçant ». Il est évident que les États-Unis représentent certainement un pays parmi les plus forts et les plus menaçants depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, surtout dans l’Extrême-Orient. Malgré le fait que le Japon se soit allié avec les États-Unis en abandonnant la possibilité de se défendre par lui-même, il conserve tout de même sa propre force militaire (FJDA). Nous devrons mettre l’accent sur le fait que le Japon n’est, en théorie, en aucun cas autorisé à employer la force militaire comme indiqué dans la Constitution, même si les autres États eux, peuvent l’attaquer malgré la présence des interprétations du gouvernement et de la Cour suprême. Par conséquent, si l’armée américaine décide de ne pas défendre le Japon d’une attaque d’un tiers État, le Japon sera donc à la merci de l’État antagoniste et de la difficulté de se défendre selon les lois japonaises. Toutefois, le concept du Bandwagoning peut être perçu de manière différente. De ce point de vue, l’alliance militaire américano-japonaise est une alliance inégale. Par contre, après que le parti démocrate ait gagné l’élection en septembre 2009, le premier ministre Hatoyama statua que le Japon devait établir une relation « égale » avec les États-Unis (Asahi : le 15 octobre 2009). Puisque le Japon n’a pas l’obligation de protéger les États-Unis en cas d’attaque d’un autre pays ennemi, la relation américano-japonaise n’est pas une relation réciproque. Les médias américains ont tout de suite commencé à considérer l’attitude anti-États-Unis22 du PDJ comme un gros problème diplomatique (Yamazaki 2010 : 10). Nous pouvons constater qu’après le changement de parti du gouvernement japonais en 2009, la relation entre le Japon et les États-Unis s’est détériorée à cause du changement de perspective du gouvernement japonais envers la diplomatie et la sécurité nationale. Il est

22 Hatoyama a essayé de diminuer le nombre des bases militaires américaines du Japon. Après avoir annoncé cette intention, les relations entre les deux États s’est détériorée. Lorsque Hatoyama a envoyé un messager spécial à Washington afin d’enlever des malentendus entre les deux États, Obama a refusé de le voir pour montrer son dégoût envers Hatoyama. Voir Sankei Shinbun le 12 décembre 2009.

15 important de souligner à quel point l’alliance militaire américano-japonaise est importante dans le cadre de l’aspect « decision making » en politique interétatique23.

L’arme nucléaire est un élément capital dans le cadre de l’alliance militaire américano-japonaise, et également pour la stratégie de la sécurité nationale du Japon. Waltz (1979 : 185) indique que « les armes nucléaires stratégiques dissuadent d’autres armes nucléaires stratégiques là où chaque État doit tendre à assurer sa propre sécurité du mieux qu’il le peut, les moyens adoptés par chacun d’eux doivent être orientés vers les efforts des uns et des autres ». En effet, si un État voulait ne plus être préoccupé par la menace de l’attaque nucléaire, la seule voie possible serait de se procurer sa propre arme nucléaire. Le Japon ratifia d’ailleurs le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 1976. De plus, le premier ministre Sato déclara la politique de non-armement nucléaire en 1967, c’est-à-dire que dans les faits, le Japon n’est pas autorisé à produire, ni autorisé à importer ni exporter des armes nucléaires (Ishikawa et Yamaguchi 2010 : 111). Il convient de souligner qu’en instaurant cette politique, le Japon abandonne officiellement la dissuasion nucléaire, et dépend donc tacitement de la force nucléaire des États-Unis. Il est également important de souligner que le Japon est encerclé par les États qui possèdent les armes nucléaires : la Russie, la Chine, la Corée du Sud et les États-Unis. De plus, une question subsiste toujours : «le Japon sera-t-il protégé par le parapluie nucléaire américain en cas d’attaque nucléaire par des États antagonistes?»

Le pouvoir est un concept fondamental des sciences politiques, ainsi qu’un pilier central des relations internationales (Hill 2003 : 129). Il convient également de souligner que la puissance conceptualisée comme une hiérarchie est un mouvement vu dans les relations internationales. Quand nous regardons la situation de l’Asie, il est possible de constater que plusieurs pays accroissent progressivement leur puissance militaire et économique. Du point de vue de la puissance économique, les quatre pays les plus influents actuellement en Asie sont les États-Unis, la Chine, l’Inde et le Japon 24 . Bull (2002 : 97-8) souligne que les deux superpuissances (les États-Unis et l’URSS) ont été rattrapées par la Chine, devenue une superpuissance, et sont en voie d’être rattrapés par le Japon comme potentielle quatrième superpuissance, ainsi que par une combinaison de puissance des États européens comme une puissance potentielle. Si les États-Unis demeurent toujours plus puissants que n’importe quel pays asiatique au niveau militaire et économique, il n’y a

23 L’alliance militaire américano-japonaise est très importante, car de cette alliance découlent des éléments reliées à l’existence du Japon. Du coup, il y a plusieurs ministères qui traitent des choses reliées à cette alliance comme le Ministère des Affaires étrangères, le Ministère de la défense, FJDA, la Préfecture de police, l’Agence de la sûreté, le ministère des Finances, le Ministère de l’Aménagement du territoire, de l’Equipment et des Transports, le Ministère de l’Administration générale, les organes de l’administration régionale, le Ministère de l’Environnement et le bureau du cabinet (Nishihara 2010 : 120). 24 Les États-Unis ne représentent pas une « présence régionale », mais ils sont en Asie depuis la fin de la fin de la Seconde Guerre mondiale en gardant l’alliance militaire avec le Japon et la Corée du Sud. Il est donc impossible de les ignorer en tant que puissance de la région de l’Asie de l’Est.

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donc qu’eux qui peuvent être un partenaire important du Japon à cause de leur puissance militaire et de leur régime politique : la démocratie.

L’équilibre des puissances est une métaphore (Little 2007 : 40). Pourtant, malgré le fait que l’équilibre des puissances puisse être une métaphore, cet équilibre entre les États « puissants » a un ancrage solide dans la réalité, et est plus qu’une « illusion » (Waltz 2001 : 207). Il est pertinent de souligner à ce stade que l’existence de l’équilibre des puissances locales sert à protéger l’indépendance des États en les protégeant d’une possible absorption ou domination par une puissance prépondérante locale (Bull 2002 : 102). Après avoir abandonné le droit à s’autodéfendre selon sa constitution25, le Japon semble ne pas avoir eu d’autre choix que d’opter pour une stratégie d’équilibre des puissances parce que même si le Japon souhaitait la paix du monde dans sa constitution26, la situation politique internationale à cette époque ne lui a pas permis de faire autrement, c’est-à-dire selon ses principes, à cause de la Guerre froide. Après la chute de l’URSS, et avec l’émergence flamboyante de la Chine, la situation politique mondiale s’avère toujours instable. Par conséquent, il semble également pertinent de concentrer notre attention sur la notion d’équilibre des puissances en ce qui a trait à la sécurité nationale du Japon.

Les normes dans les relations internationales en Asie de l’Est

Afin de pousser la réflexion concernant les relations internationales, penchons-nous sur les normes qui jouent un rôle très important dans la genèse de la situation diplomatique. Dans les relations interétatiques entre le Japon et les trois pays évoqués dans notre recherche; on peut y distinguer plusieurs aspects différents. De plus, à cause des différences de normes entre les pays, nous pouvons relever plusieurs aspects qui engendrent différents types de situations possiblement conflictuelles. Huntington (2011) souligne clairement qu’il existe une importante différence culturelle entre le Japon et la Chine en Asie de l’Est. Par contre, il est également sûr qu’il y ait certains points culturels communs entre les deux États comme le confucianisme. Ce qui est le plus important dans ce contexte-ci est l’observation de l’aspect du confucianisme

25 Lorsque le Japon a accepté la nouvelle constitution, le Japon n’avait pas la souveraineté. Lors de la conclusion du traité de San Francisco, Tokyo a conclu le traité de l’alliance militaire américano-japonaise pour sa sécurité nationale. Il était plus claire que le Japon n’avait pas de droit à s’autodéfendre à ce moment-là. Tokyo a essayé de changer l’interprétation après, et la Cour suprême n’a pas empêché l’effort du gouvernement non plus. 26 Dans le préambule de la constitution japonaise, elle dit que « […]We, the Japanese people, desire peace for all time and are deeply conscious of the high ideals controlling human relationship, and we have determined to preserve our security and existence, trusting in the justice and faith of the peace-loving peoples of the world… ».

17 dans chaque pays. Mizoguchi (1991 : 14-5) indique que nous pouvons observer certaines différences spécifiques entre les pays influencés par le confucianisme. Il est donc important de constater la spécificité du confucianisme dans le fond27. Par conséquent, il serait possible de concevoir que cette différence culturelle provoque quelques malentendus et problématiques politiques dans les relations interétatiques. En revanche, le Japon, les États-Unis ou la Corée du Sud partagent certaines normes, à savoir les valeurs et les principes de la démocratie. Ceci est un élément important permettant d’analyser les raisons pour lesquelles le Japon et les États-Unis peuvent maintenir une alliance militaire en Asie de l’Est. Le rôle des normes en relations internationales est ancré dans une théorie de relations internationales : le constructivisme. Il convient de jeter un coup d’œil sur le volet du constructivisme dans cette partie. Tel qu’expliqué par McSweeney :

To claim that the cultural properties of individuals, such as religious belief, language, collective identity, can be a direct object of security, and not merely its instrument, raises a problem, however. Material entities, such as territory, weapons, buildings, have no value in themselves; cultural entities, such as language, or identity, only exist as objective properties by virtue of the social practices and social relationship which constitute them. (McSweeney 1999 : 88)

Nous constatons que la sécurité nationale est également influencée par les normes, à savoir la culture, la religion et la langue28. De plus, les normes ont une valeur intrinsèque, tandis que les éléments qui constituent un état souverain, à savoir les territoires et les armes, peuvent avoir la valeur que les normes leur octroient. Cette interprétation pourrait nous aider à réfléchir sur la notion de « nationalisme », puisque les conflits territoriaux et ceux qui sont en lien avec la souveraineté s’intensifient souvent à cause du nationalisme. Le nationalisme populaire peut menacer la légitimité du parti communiste, ce qui est une contrainte considérable sur la politique de la Chine concernant le Japon (Wiegand 2009 : 177). Le nationalisme influence grandement les décisions des politiciens lorsque l’on se penche sur les problématiques interétatiques du Japon. Les décisions ne seraient donc pas seulement le résultat d’idées rationnelles, mais aussi celui d’idées irrationnelles. Par ailleurs, Zehifuss (2002 : 17) indique que même si les règles et les normes influencent fondamentalement les comportements des êtres humains, ils ne peuvent pas en être un élément déterminant. En conséquence, les processus de délibération et d’interprétation devraient être analysés. Tandis qu’il est difficile de savoir à quel point les normes et les règles peuvent influencer les décisions gouvernementales dans le cadre des relations internationales, il est également impossible d’ignorer

27 Mizoguchi indique qu’il y a les différences spécifiques reliées au confucianisme et ces spécificités peuvent se structurer en trois niveaux. Voir (Mizoguchi 1991). 28 La langue peut être une raison pour laquelle des conflits existent du point de vue de nationalisme. Le cas de Québec du Canada peut être un exemple pour ce sujet.

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les éléments de normes si l’on veut analyser les situations politiques interétatiques. Toutes ces relations interétatiques entre le Japon et les cinq pays sont fortement liées historiquement, et, à cause des différences historiques entre le Japon et les deux autres pays mentionnés, la Corée du Sud, la Chine, un abîme s’est ainsi creusé (Bong 2010 : 473). La façon de penser et de se comporter d’un peuple est fortement liée avec sa culture et ses traditions, et ce, depuis le début de son histoire. Nous pouvons constater que lorsqu’un État essaie d’imposer ses valeurs et sa culture aux autres pays, aux autres peuples et aux autres civilisations, un conflit a inévitablement lieu (Huntington 2011 : 208). En conséquence, les conflits qui proviennent des différences de l’interprétation de l’Histoire pourraient se transposer dans les problématiques diplomatiques selon un certain point de vue. Cela est vrai particulièrement dans le cas qui nous intéresse ici depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et même après la chute du mur de Berlin (1989)29. Le constructivisme nous donne plus de pistes pour mieux comprendre les problématiques diplomatiques qui entourent le Japon. En ce qui concerne la sécurité nationale du Japon, le constructivisme suggère la notion de défense contre l’arme nucléaire. Malgré le risque des armes nucléaires, le Japon est toujours supposé être protégé par le parapluie des armes nucléaires américaines. Il est presque certain que les armes nucléaires de la Chine, la Russie et la Corée du Nord n’ont pas la même valeur que celle des États- Unis dans ce contexte-ci. Ce point peut être expliqué par le constructivisme, tel qu’expliqué par O’Meara :

[….L]es 500 et quelques têtes nucléaires britanniques n’ont jamais été considérées comme une menace par les acteurs de l’État américain. Cependant, la possibilité que la Corée du Nord ou l’Iran ou l’Irak de Saddam Hussein puissent posséder ou construire ne serait-ce qu’une seule arme nucléaire est dépeinte comme une menace mortelle pour les États-Unis (Cité par O’Meara 2007: 190 : Wendt 1995 : 73)

Nous pouvons presque observer la même situation dans le cadre des relations entre le Japon et ses pays voisins. Il semble que le Japon ait plusieurs possibilités d’actions afin de pourvoir à une éventualité de menace nucléaire de la Chine, de la Russie et de la Corée du Nord. Une des possibilités serait de se doter lui-même d’armes nucléaires. Une autre possibilité serait de se placer sous le « parapluie nucléaire » d’un autre État. Or, le Japon n’a pas d’arme nucléaire pour le moment, et, de plus, le traité sur la non-prolifération

29 Prenons ici l’exemple de « Yasukuni shrine », ce temple qui honore les combattants japonais, dont ceux de la Seconde Guerre mondiale et des autres guerres. De plus, on y trouve ceux qui étaient gestionnaires au gouvernement avant et pendant la Guerre et ceux qui furent exécutés par les juges du tribunal de Tokyo le 23 décembre 1948. Les tensions diplomatiques entre le Japon et la Chine ou la Corée du Sud représentent ce que certains considèrent comme une distorsion dans l’interprétation de la Seconde Guerre mondiale, et ce, depuis 1985 lorsque le Premier ministre Nakasone visita Yasukuni. Même si tous les Premiers ministres du Japon avaient visité Yasukuni à plusieurs reprises avant 1985, ce n’était jamais devenu un problème politique. Après 1985, la discorde entre le Japon, la Chine et la Corée du Sud s’aggrava. Elle continue de s’aggraver encore aujourd’hui.

19 des armes nucléaires lui interdit d’en posséder une. De ce fait, la force de dissuasion du Japon par rapport à l’arme nucléaire dépend des États-Unis (Ishiba 2005 : 15). Ainsi, il est évident que cette politique envers l’arme nucléaire provient des décisions politiques interétatiques entre le Japon et les États-Unis30. Cela nous amène à constater que les armes nucléaires de la Chine, de la Russie et de la Corée du Nord sont plus dangereuses pour le Japon, comparativement à celles des États-Unis, mais que l’approche constructiviste ne propose pas de pistes de solutions quant à la sécurité nationale du Japon par rapport à ce cas précis. Il est également intéressant de se concentrer sur l’impact qu’a le nationalisme sur l’économie. Nakano (2011 : 142) indique qu’une puissance qui vise à garder une nation et à développer une nation travaille dans une communauté nationale. L’union et la solidarité des peuples représentent une puissance, tout comme les activités collectives et coopératives des peuples, animées par la force du nationalisme; c’est finalement cela l’essence de la « puissance d’une nation ». Nakano ajoute également que la puissance de la nation change le système économique, le courant de population et ses produits. De plus, si la politique économique signifie également le changement du système économique, c’est la puissance de la nation qui le réalise (2011 : 142). On remarque également que les caractéristiques de la nation ne peuvent pas être ignorées dans notre analyse, puisqu’elles influent sur la puissance de la nation31 (Morgenthau 2006 : 145). Tel qu’expliqué par Morgenthau : For those who act for the nation in peace and war; formulate, execute, and support its policies; elect and are elected; mold public opinion; produce and consume-all bear to a greater or lesser degree the imprint of those intellectual and moral qualities that make up the national character (Morgenthau 2006 : 145). Il est donc important de souligner que les particularités politiques d’une nation sont des éléments importants dans la construction d’une puissance nationale forte et solide.

La corrélation entre la puissance militaire et la puissance économique

La puissance économique s’avère être l’un des aspects qui peuvent aider un État à acquérir une puissance militaire dans les relations interétatiques. Nous pouvons observer cette tendance plus particulièrement à travers le processus d’émergence d’une puissance : la Chine qui d’ailleurs avec une

30 Plusieurs points de vue relatifs à ce problème cohabitent. Plusieurs chercheurs américains, comme Huntington, McGeorge et Bundy indiquent qu’il est irréel de penser que les États-Unis pourraient déclarer une guerre nucléaire contre la Chine ou la Russie afin de protéger le Japon, car si les États-Unis utilisent l’arme nucléaire, ils doivent accepter le risque d’être attaqués par elle en retour. Il n’y a donc aucune certitude que les États-Unis ripostent avec l’arme nucléaire pour protéger le Japon. Voir Ito (2012 : 135-137) 31 En fait, les caractéristiques nationales semblent déterminer les comportements et la façon de penser des peuples sous prétexte que la puissance nationale sera influencée par ceux-ci.

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croissance rapide économique, a pu augmenter son budget militaire grandement depuis 1989 (Dreyer 2006 : 539). Il devient évident avec cet exemple que la richesse peut aisément se transformer en puissance militaire (Mearsheimer 2003 : 144). Par contre, le Japon ne peut pas augmenter son budget militaire en fonction des fluctuations de son économie, car il est limité par la balise de « 1 % de PNB pour le budget militaire » par sa décision politique (Soeya et Eldrige 2010 : 249). D’ailleurs, le Japon n’a pas augmenté son PIB depuis la fin des années 1990, par conséquent, son budget militaire non plus. Malgré le fait que le cas du Japon ne peut pas être appliqué au concept général, il convient de souligner que traditionnellement, il existe une relation fonctionnelle entre le pouvoir politique, militaire et économique32 (Morgenthau 2006 : 128). Il est donc pertinent d’analyser les relations interétatiques de ce point de vue afin d’arriver à une conclusion pertinente dans le cadre de notre étude.

L’aspect des théories – le réalisme, le néoréalisme et le libéralisme

Dans notre recherche, nous devrons nous attarder à deux aspects théoriques : l’un est pour expliquer le choix national du Japon pour la sécurité nationale, et l’autre est pour expliquer de quelle façon l’opinion publique influence les décisions diplomatiques de notre recherche. Le réalisme et le néoréalisme pourront bien expliquer les raisons pour lesquelles le Japon a choisi leurs stratégies de la sécurité nationale actuelle. Le libéralisme est supposé d’expliquer l’essence de notre recherche : les problématiques. Étant donné que notre cadre chronologique traite des relations internationales concernant le Japon de 1989 jusqu'à 2012, il ne semble pas utile de considérer les incidents avant 1989 pour analyser les situations diplomatiques et sécuritaires nationales dans le cadre des relations avec ses pays voisins convoqués. La situation politique a énormément changé à cause de la chute de l’URSS. Nous avons déjà traité des explications de l’origine de l’alliance militaire américano-japonaise, qui remonte à une période antérieure à 1989. Comme cette alliance constitue le noyau de la sécurité nationale du Japon, un recul au cadre temporel s’avère nécessaire afin d’analyser les problématiques politiques et diplomatiques après 1989. Toutefois, il est pertinent de souligner que cette alliance n’a pas changé de rôle ni de forme depuis de sa naissance33, malgré l’émergence de la Chine, et malgré le fait que la situation du monde ait drastiquement

32 C’est sûr que cette théorie n’est pas appliquée en réalité, car cela dépend de la décision politique. 33 En fait, le Premier ministre Kishi a changé le contenu du traité en 1960. Ce changement visait à permettre au Japon d'atteindre un statut plus semblable avec les États-Unis afin de s'adresser davantage d'égal à égal. Autrement dit, le Japon

21 changé après la chute de l’URSS. Cependant, il importe de tenir compte des variations quant à la signification de cette alliance militaire, qui a connu des transformations depuis sa création. Nous allons regarder l’aspect théorique du point de vue du réalisme et du néoréalisme. Lorsque cette alliance fut conclue en 1952, le système de monde « bipolaire » était accentué par le conflit entre les États- Unis et l’URSS (Morgenthau 2006 : 349). Il était donc naturel que le Japon s’engage du côté des États-Unis, puisqu’il était occupé par lui (Shibayama et Kusunoki 2010 : 165). Dans le système bipolaire, les États subordonnés à une des deux grandes puissances devaient se soumettre à eux, afin que ces dernières puissent se servir d’eux pour leurs propres intérêts (Waltz 1979 : 170). Le Japon se retrouvait alors soumis à la volonté des États-Unis concernant les décisions à prendre qui le concernaient pourtant directement. Ce contexte amène un éclairage pertinent quant aux problématiques territoriales du Japon envers l’URSS. De plus, revenons au concept de « Bandwagoning », tel que décrit, qui est l’une des clefs qui aident à comprendre l’aspect théorique précédemment cité. Il est évident que le « Bandwagoning » est une stratégie pour les États faibles. Tel qu’indiqué par Mearsheimer (2003 : 163) : « L’hypothèse sous-jacente est que si un état est vaincu par un adversaire, il n’est pas logique de résister à ses demandes, puisque l’adversaire ne prendra que ce qu’il voudra par la force, dans tous les cas, et infligera une punition considérable à travers le processus. Le « Bandwagonner » devrait juste espérer que le fauteur de troubles sera clément ». Par contre, ce concept devient un comportement caractéristique des États non puissants sur le plan militaire (Waltz 1979 : 126). Le Japon, en ayant abandonné le droit d’assurer sa propre défense en acceptant la nouvelle constitution imposée par les victorieux, a ainsi connu une alliance militaire américano-japonaise fondée selon le modèle de la théorie néoréaliste. Nous ne pouvons pas ignorer un autre aspect important du néoréalisme : Nuclear capability. Si le Japon ne possède pas d’arme nucléaire, en revanche, il est entouré par quatre États (la Russie, la Chine, la Corée du Nord et les États-Unis) qui la possèdent. La menace de l’arme nucléaire est un grand souci en ce qui concerne la sécurité nationale du Japon, car elle peut être utilisée par les autres États pour faire du chantage34 auprès du Japon. Le chantage ne fonctionnerait plus advenant que tous les partis possèderaient l’arme nucléaire; une guerre deviendrait moins possible à cause de la force de dissuasion du nucléaire (Sakuwa 2009 : 502-3). Notons toutefois que l’alliance américano-japonaise a également pour objectif de dissuader les procédures de chantage dans les conflits interétatiques.

Il est pertinent de souligner à ce stade que le libéralisme aide à expliquer l’hypothèse de notre sujet. Le but principal de notre recherche est de découvrir de quelle manière l’opinion publique influence les est dorénavant obligé de défendre les bases militaires américaines au Japon. Voir l’article 5 du traité de l’alliance militaire américano-japonaise. 34 Le chantage est une menace coercitive et une intimidation, pas une force réelle, qui sert à produire un résultat désiré (Mearsheimer 2003 : 152).

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décisions politiques dans le cadre de conflits interétatiques pour le cas du Japon. Le libéralisme est une école importante pour analyser une situation politique du point de vue des individus et des entrepreneurs. Nous pourrons expliquer l’orientation des civils en considérant un aspect : « …vue que les individus, qui dans une démocratie décident de la politique à adopter à l’extérieur, n’ont aucun intérêt à être favorables à des actions armées dont ils sont susceptibles de payer les conséquences néfastes » (Battistella 2009 : 200). Or, la population peut avoir une tendance à ne pas approuver que les États aient des conflits militaires avec les pays étrangers, car elle trouve que les conséquences des conflits risquent d’affecter négativement la vie des peuples. Selon les libéraux, il existe une pluralité d’acteurs qui participent aux relations internationales comparativement aux réalistes et aux néoréalistes (Roussel et O’Meara 2007 : 93). Dans notre recherche, les décisions politiques japonaises sont supposées être influencées par l’opinion publique. L’interdépendance économique constitue un facteur de paix (Roussel et O’Meara 2007 : 98), et « l’interdépendance est conçue comme l’influence mutuelle entre deux États découlant du grand nombre de transactions qui s’établissent entre eux » (Roussel et O’Meara 2007 : 99). Les directions des entrepreneurs semblent influencer les décisions politiques dans le cadre de conflits avec ses pays voisins de ce point de vue.

En bref, nous venons de traiter des trois points de vue, soit du néoréalisme et du réalisme, pour ensuite terminer avec le libéralisme. Alors que les deux aspects des théories sont différents, il est pertinent de souligner à ce stade que l’aspect du réalisme et du néoréalisme sont influents, parce que les comportements des États peuvent toujours être interprétés de façon rationnelle. D’autre part, l’aspect du libéralisme donne une grande clé pour trouver les raisons pour lesquelles le gouvernement japonais choisit certaines manières de réagir lors de conflits interétatiques. Ainsi, les trois aspects de ces théories opposées nous permettront d’élever le débat afin de vérifier si nos hypothèses répondent à nos questions de recherche.

Hypothèse et cadre opératoire

Nous avons constaté que l’alliance militaire américano-japonaise, dans le contexte où le Japon a abandonné son droit de se défendre lui-même tel qu’indiqué dans la loi suprême (la constitution), est supposée servir les intérêts nationaux politiques et diplomatiques du Japon dans les relations interétatiques lorsqu’il y a des conflits diplomatiques. De plus, notre étude tente d’analyser si la puissance économique a une quelconque influence sur les prises de décision politique lorsque la souveraineté de l’État qui ne peut pas réagir militairement est menacée dans le cadre de conflits interétatiques.

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Nos démarches visent à vérifier si l’opinion publique influence négativement les décisions diplomatiques du Japon. Cela signifie en partie qu’en raison de l’opinion négative de la population japonaise, le gouvernement a de la difficulté à manifester sa souveraineté dans les conflits territoriaux avec ses pays voisins, la Corée du Sud et la Chine. Puisque le Japon est un pays développé économiquement et technologiquement, nous désirons également constater à quel point les relations économiques interétatiques influencent les décisions politiques dans le cadre de la sécurité nationale et de la diplomatie.

La manifestation de souveraineté

Voici mon hypothèse de recherche :

Le Japon, face au conflit de Takeshima et Senkaku, est dans l’impossibilité d’affirmer sa souveraineté et ses revendications sur ces territoires maritimes à cause de l’opinion publique négative sur le sujet et du risque de détérioration de ses relations avec les pays voisins.

Dans cette hypothèse, la variable dépendante est « la difficulté de la prise de l‟initiative politique et diplomatique dans les relations internationales ». La variable dépendante émerge et s’inscrit dans les négociations gouvernementales du Japon avec les deux autres pays voisins convoqués. La variable indépendante est « l‟opinion publique négative sur le sujet et du risque de détérioration de ses relations ». Tel qu’énoncé dans la section des problématiques, les problématiques territoriales entre le Japon et la Chine, ou entre le Japon et la Corée du Sud, sont notre cas d’étude. Le territoire est un élément central dans la construction de la souveraineté. Par conséquent, nous pourrons identifier plus efficacement quel est le comportement du Japon face à la manifestation de la souveraineté à travers ces problématiques. Il sera particulièrement intéressant d’explorer les comportements du gouvernement japonais en relation avec la Chine. Bien que les îles Senkaku/Diaoyutai soient toujours sous le contrôle du gouvernement japonais, et ce, une force militaire puissante, la FJDA, on sait qu’il n’est jamais en mesure de l’utiliser en menaçant les autres pays pour défendre ou récupérer ses territoires de la même manière que les autres États souverains prennent en raison des limites de sa constitution35. Dans ces conditions, le Japon dépend grandement des États-Unis

35 Comme nous avons vu, d’ouvrir le feu en premier est strictement interdit par la loi de FJDA.

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sur le plan de la sécurité nationale. De cette constatation naît une question : de quelle manière l’alliance militaire américano-japonaise influence les relations dans le cadre des conflits politiques et diplomatiques avec les deux pays voisins? C’est une question aussi importante dans le cadre de notre recherche parce que ce point de vue pourrait aider à vérifier notre hypothèse. Les intérêts des États-Unis sont servis grâce à cette alliance en Asie, et donc nous pourrons observer à quel point ce traité est important pour les deux pays du point de vue des intérêts nationaux36. La situation de la sécurité nationale du Japon est donc unique. Par contre, le Japon n’a pas changé sa constitution depuis sa naissance. Il convient de souligner que le Japon est un pays démocratique. Le gouvernement japonais est formé à partir du résultat des élections démocratiques. Étant donné que les politiciens ne changent pas l’article 9 de la constitution japonaise depuis sa naissance, nous pourrons poser une question : la majorité de la population japonaise souhaite-t-elle voir l’article 9 de la constitution changé? Cette spéculation pourrait également induire une question précise afin d’analyser les situations du Japon autour des problématiques territoriales avec ses pays voisins; l’opinion publique négative influence-t-elle les décisions politiques dans le cadre des conflits interétatiques avec ses pays voisins? En ce qui a trait à cette question de notre recherche, la proximité de la relation économique pourrait également être un élément important comme l’opinion publique qui influence les initiatives politiques qui servirait à la préservation des intérêts nationaux diplomatiques lors de conflits diplomatiques. Plusieurs grandes entreprises japonaises ont installé leurs usines en Chine et en Corée du Sud, et elles ont beaucoup investi dans ces pays. Les opinions des entrepreneurs japonais peuvent influencer les décisions politiques du Japon. Il est donc important de se pencher sur les relations économiques que le Japon entretient avec deux pays voisins convoqués, et qui peuvent être conflictuelles. Nous allons donc essayer de décortiquer les relations qu’entretient le Japon avec ces pays étrangers précédemment cités. En analysant attentivement ces relations, nous pourrons comprendre plus aisément la qualité et les enjeux de celles-ci. En effet, les États tirent parfois avantage, sur le plan économique, de leurs relations interétatiques afin de profiter des autres pays. Il est donc important de mentionner que le point de vue économique.

L’indicateur

L’initiative politique et diplomatique est une variable essentielle de notre hypothèse. Il est capital de comprendre le sens et la définition de la notion d’« initiative politique et diplomatique ». Nous traiterons des

36 Le Japon a l’obligation de défendre les bases militaires des États-Unis situées au Japon, mais pas les territoires des États-Unis si ces derniers sont attaqués conventionnellement.

25 initiatives politiques au travers des cadres de négociations interétatiques. Ainsi, l’indicateur de cette recherche porte sur les décisions diplomatiques. Nous nous concentrons sur les comportements diplomatiques gouvernementaux dans les relations internationales. Nous traiterons donc de la diplomatie en tant qu’indicateur dans cette recherche. Tout d’abord, voyons la définition du concept de diplomatie. La diplomatie peut se définir comme « la conduite pacifique des relations entre entités politiques » ou « l’art de faire avancer les intérêts nationaux par l’échange continu d’information entre les peuples et les nations » (Marchesin 2008 : 173). Parmi les fonctions de la diplomatie, Hedley Bull relève que la diplomatie : (1) facilite la communication entre les dirigeants politiques des États et des autres entités dans le monde; (2) facilite les négociations en vue d’un accord; (3) centralise les « cerveaux » ainsi que les informations sur les états étrangers; (4) minimise les effets de friction dans les relations internationales (Bull 2002 : 163-5). D’autre part, Morgenthau (2006 : 539) souligne que le rôle de la diplomatie consiste à : (1) déterminer ses objectifs à la lumière de la puissance et du potentiel disponible pour poursuivre ses objectifs; (2) évaluer les objectifs des autres nations et leur puissance, ainsi que le potentiel disponible qu’ils possèdent pour poursuivre leurs objectifs; (3) déterminer dans quelle mesure ces différents objectifs sont compatibles les uns avec les autres; et enfin (4) employer les moyens adaptés à la poursuite de ces objectifs. Bien que la définition de Bull et celle de Morgenthau diffèrent, plusieurs notions se recoupent. Nous allons donc utiliser les concepts présentés à travers ces définitions comme indicateurs dans notre recherche. Dans le cadre des problématiques entre les deux cas à l’étude, il convient de faire attention à la manière dont on traite de leurs différences. En effet, la Corée du Sud et la Chine n’entretiennent pas le même genre de relations avec le Japon, et ces pays n’entretiennent pas non plus le même genre de relations avec les États-Unis. La Corée du Sud est un pays allié avec les États-Unis, tout comme le Japon, et est toujours un partenaire stratégique important pour les États-Unis. Par contre, bien que la Chine soit, dans le cadre des relations économiques, le pays le plus important pour les États-Unis, elle semble être également une grande menace militaire pour eux37. De plus, la position de la Chine relative aux droits de l’Homme a toujours posé problème aux États-Unis. La sécurité nationale du Japon dépend des États-Unis; il est pertinent d’analyser les orientations et les mouvements des États-Unis lors de la prise d’une décision diplomatique dans ces situations complexes. Par « prise de décision diplomatique », on ne considèrera pas seulement le processus de négociation, mais aussi les acteurs y participant; à savoir la nation, l’État et leurs représentants, qui seront des points cruciaux dans l’étude de la diplomatie (Pigman 2010 : 4). Puisque la sécurité nationale du Japon dépend des États-Unis, il semble qu’il devienne plus complexe de prendre une décision diplomatique allant à l’encontre des intérêts des États-Unis lorsque les

37 Le problème de Taïwan est toujours présent entre les États-Unis et la Chine. Il est clair qu’il y a toujours beaucoup de débats concernant ce problème, mais il est irréaliste de ne pas considérer une possibilité de guerre entre les deux États Voir (Ochiai 2010 : 202)

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deux pays doivent négocier puisque l’issue de toute décision pourrait mettre en danger la sécurité nationale du Japon. Dans cette situation, il semble que le Japon soit dans une position fragile et peut difficilement prendre des initiatives politiques38. Par contre, il est presque impossible de cerner la causalité entre l’attitude peu ferme de Tokyo et la dépendance des États-Unis pour la sécurité nationale, parce que le gouvernement japonais ne montre pas la raison pour laquelle il cède à mettre pavillon bas devant Washington. Il est également pertinent de mettre l’accent sur le fait que les intérêts du Japon ne s’accordent pas toujours avec ceux des États-Unis malgré le fait que les deux États doivent s’aider l’un l’autre, et que certaines tensions politiques économiques existent toujours entre ces deux États. Puisque les deux États sont souverains et ont des intérêts différents et parfois contraires, les deux pays se comportent souvent de façon hostile l’un envers l’autre dans le cadre de relations économiques. De plus, si le Japon entretient de bonnes relations avec un autre pays, il est probable que les États-Unis ne verront pas cette relation d’un bon œil puisqu’ils ne désirent pas perdre leur hégémonie39. Enfin, en ce qui concerne la diminution de la manifestation de souveraineté, vérifier la capacité du Japon à prendre des initiatives politiques est important dans l’élaboration d’une conclusion. Nous considèrerons les orientations gouvernementales une à une par rapport à l’opinion publique et l’orientation des entrepreneurs.

Cas d’étude et méthodologie

Nous soumettrons à l’étude deux cas différents qui nous permettront de vérifier notre hypothèse de recherche pour mieux comprendre la manifestation de souveraineté dans les relations interétatiques et dans la sécurité nationale d’un pays. Rappelons que deux pays, en raison de leur position géographique, sauf dans le cas des États-Unis, sont fortement liés avec le Japon et sont donc concernés par des problèmes diplomatiques, ainsi que par des problèmes de sécurité nationale : la Chine et la Corée du Sud. Le Japon a des problèmes d’ordre diplomatique avec les cinq pays : la Chine, la Russie, les deux Corées et les États-

38 Dans les négociations commerciales entre le Japon et les États-Unis, nous pouvons observer que Tokyo a changé ses lois à la demande de Washington. La loi de critère de construction a été modifiée en juin 1998. National Trade Estimate Report des États-Unis de 2000 montre officiellement que cette modification de Tokyo est faite selon la demande de Washington. Un représentant américain au commerce a dit que cette modification contribuera à élargir le marché pour les entreprises des bois des États-Unis (Sekioka 2006 : 49). Nous allons regarder cet aspect dans le troisième chapitre. 39 Lorsque Tokyo a essayé de résoudre les problématiques territoriales avec la Russie en 1956, Washington a montré clairement son dégoût envers le mouvement de Tokyo. Washington a dit que si Tokyo cède à mettre pavillon bas devant Moscou, Tokyo risquerait de perdre Okinawa pour toujours (Elleman, Nichols et Ouimet 1998/1999 : 496-7). Nous allons également regarder cet aspect dans le troisième chapitre.

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Unis, avec des enjeux qui diffèrent beaucoup entre eux et il ne serait pas judicieux de les traiter tous en même temps. Même si chaque problématique territoriale possède une nature et une spécificité propre, les problématiques territoriales entretenues avec la Chine et la Corée du Sud ont certaines similitudes; le Japon ne reconnaît pas officiellement l’existence du problème territorial, et la Corée du Sud ne reconnaît pas l’existence du problème territorial non plus. Nous allons donc considérer les deux cas d’étude en tant que « problématiques territoriales ». Les problématiques territoriales avec la Russie ont fait surface tout de suite après la fin de la Deuxième Guerre mondiale 40 . Ce cas a un caractère différent des deux autres cas territoriaux précédents, car les deux côtés, le Japon et la Russie, reconnaissent l’existence d’un problème. De plus, les deux ont déjà négocié plusieurs fois pour tenter d’arriver à une entente. Par conséquent, nous ne traiterons pas ce cas dans notre recherche. Bien que les deux cas étudiés soient différents, nous devrons les traiter attentivement pour en faire ressortir les points pertinents. La méthodologie de Typological Theory 41 nous mènera à élaborer une conclusion générale en regardant les deux différents cas d’étude. Il est important de souligner le fait que notre étude vise à vérifier la manifestation de souveraineté dans les différents cas. Les cas d’étude de notre recherche ont été choisis précisément parce qu’ils sont très différents afin de mieux mettre en exergue les particularités du comportement du Japon. Cette méthode nous permettra donc d’obtenir une conclusion par l’utilisation de cas variés, tous possédant cependant la même nature, c’est-à-dire une nature diplomatique. Chaque cas devient pratique s’il permet au chercheur d’identifier un motif causal différent (George et Bennett 2005 : 241). Pour savoir si un pays peut se comporter de façon souveraine dans des relations internationales conflictuelles en abandonnant le droit de se défendre lui-même et en dépendant d’une superpuissance pour sa sécurité nationale, il est impératif d’employer des cas d’étude de natures différentes du point de vue diplomatique. Après l’analyse de ces cas d’étude, nous souhaitons pouvoir parvenir à une conclusion globale, puisqu’« un même résultat peut résulter de chemins différents. » (George et Bennett 2005 : 235) Il est impératif de se poser quelques questions communes par rapport aux différents cas pour s’assurer que la conclusion puisse convenir à tous. Nous poserons donc, pour les différents cas à l’étude, ces trois mêmes questions :

1. Le Japon prend-il des initiatives afin de mettre en place des dispositifs ou de préserver ses intérêts nationaux?

40 L’URSS a rompu le traité de neutralité entre le Japon et l’URSS unilatéralement après la fin de Deuxième Guerre mondiale, et elle a envahi les territoriales du Japon en 1945. 41 La méthodologie de Typological Theory dépeint de façon riche et différenciée des phénomènes, et peut, de plus, produire des explications discriminées et contingentes ainsi que des recommandations politiques. De même, elle démontre comment certains types de cas particuliers peuvent être mis en relation avec des résultats spécifiques. (George et Bennett 2005 : 235)

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2. Le Japon conserve-t-il le statu quo dans les deux situations à l’étude? 3. Le Japon concède-t-il ou perd-il certains avantages acquis ?

Stratégie de vérification de l’hypothèse

Nous essaierons de vérifier si l’on constate effectivement, dans les conflits de Takeshima et Senkaku, une impossibilité de la part du Japon d’affirmer sa souveraineté et ses revendications concernant ses propres territoires maritimes. Le Japon conserve sa souveraineté et sa sécurité nationale dans les deux conditions principales suivantes : la première étant l’abandon de son droit d’autodéfense par sa constitution, l’autre étant de s’allier avec une superpuissance pour assurer la sécurité nationale. Nous pouvons donc nous pencher sur deux éléments qui sont liés avec notre hypothèse. Les lois nationales du Japon s’accordent avec la notion de la constitution japonaise. Par conséquent, les lois de Jieitai (FJDA) ne permettent pas à ses membres de réagir de la même façon que les soldats des autres États; ils sont liés par le droit pénal du Japon dans le cas de conflit militaire interétatique. Il doit aussi être noté que la justice militaire n’existe pas au Japon, car selon la constitution, le Japon n’a pas d’« armée nationale ». Le Japon diffère par cet aspect comparativement aux autres États souverains. Ensuite, étant donné que le Japon dépend des États-Unis pour la sécurité nationale, l’attitude ainsi que l’orientation politique des États-Unis semblent influencer quelque peu les décisions politiques étrangères du Japon. Nous pourrons vérifier comment ces deux éléments seraient discutés notamment dans les procès-verbaux du Parlement japonais et des commissions des chambres des députés et des sénateurs du Japon (diplomatie, sécurité nationale et budget, etc.). Nous pourrons donc vérifier s’il est impossible d’affirmer sa souveraineté et ses revendications concernant ses propres territoires maritimes se constate dans ces contextes. De surcroît, nous pourrons également observer les influences générales qui ne sont pas nécessairement liées avec les deux éléments évoqués dans les propos des députés japonais de cette manière. Les députés sont supposés représenter les opinions de la population. C’est la première stratégie qui vérifie notre hypothèse. Les grands journaux peuvent également influencer les décisions politiques dans les pays démocratiques. Le Japon n’est pas une exception pour ce cas non plus. Il y a certains grands journaux au Japon : Asahi (AS), Mainichi (MS), Yomiuri (YS), Sankei (SS) et Nikkei (Nihonkeizai : NS). Les éditoriaux de ces journaux expriment souvent leurs opinions politiques et analyses politiques qui influencent l’opinion publique. Par conséquent, ces opinions et ces analyses semblent influencer les décisions politiques du gouvernement japonais. Asahi, Mainichi et Nikkei semblent plutôt au centre gauche, et Sankei et Yomiuri

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semblent plutôt au centre droit. Le nombre de journaux sortis au Japon est 60,655,000, et 478 journaux par rapport à 1,000 personnes en 2012 (L’association journaux japonaises). Nous analysons donc plutôt Asahi pour connaître les opinions de centre gauche, et Sankei pour connaître les opinions de centre droit. Nikkei, Mainichi et Yomiuri seront également observés. Nous allons donc utiliser ce moyen afin de vérifier notre hypothèse. C’est la deuxième stratégie qui vérifie notre hypothèse. L’autre volet de cette recherche cherchera à vérifier si la proximité des relations économiques entre le Japon et ses pays voisins influence également le gouvernement japonais. De surcroît, nous nous demanderons de quelle façon la relation économique interétatique influence les décisions politiques et diplomatiques. Bref, il y a plusieurs entreprises japonaises qui font affaire en Chine et en Corée du Sud. Lors de conflit interétatique, nous pouvons observer que ceux-ci affectent les transactions internationales. C’est pour cela que les entreprises semblent ne pas désirer que le gouvernement japonais accélère les conflits avec la Chine et la Corée du Sud. Il semble donc que nous puissions observer les attitudes des entreprises japonaises dans ce contexte-ci. Keidanren (Fédération des organisations économiques japonaises) montre leur désir, où il demande au gouvernement directement ou indirectement de concilier la relation diplomatique avec les pays voisins lors de conflit interétatique. Nous pourrons observer ces choses notamment dans NS (journal de l’économie japonaise). Donc, les demandes et les paroles des entrepreneurs japonais qui seront vérifiées surtout dans Nihonkeizaishinbun pourront influencer les décisions politiques. C’est la troisième stratégie qui vérifie notre hypothèse. Les sondages publics sont également des sources objectives qui nous permettent de connaître les orientations de la population. Tandis que nous pouvons démontrer que les orientations des politiciens japonais suivent l’opinion publique, il est également utile de regarder le résultat des sondages publics dans cette optique. Nous allons donc utiliser les sondages publics faits par le gouvernement japonais et les sondages de NHK (Nippon Hosou Kyokai) principalement, car c’est une station de télévision publique au Japon; il est possible de regarder ses émissions presque partout au Japon dans la même condition. Il serait donc possible d’observer l’opinion des Japonais à travers les sondages de NHK. C’est la quatrième stratégie qui vérifie notre hypothèse. Il est donc à noter que nous utiliserons quatre stratégies pour vérifier notre hypothèse. Il est difficile de connaître avec précision les orientations du gouvernement, car ces politiques touchent à des intérêts nationaux capitaux. Même si toutes ces informations ne font pas l’objet de publications officielles, il est néanmoins possible d’en connaître un peu plus sur les comportements respectifs du gouvernement japonais et des gouvernements étrangers grâce aux quatre moyens évoqués. Par conséquent, nous nous servirons notamment des sources suivantes : journaux, procès-verbaux du Parlement japonais et des commissions des chambres des députés et des sénateurs du Japon (diplomatie et sécurité nationale). Ces sources d’information seront utilisées afin de vérifier notre hypothèse en vérifiant

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comment les décisions gouvernementales peuvent être expliquées. En effet, il est utile d’employer les procès-verbaux pour mieux comprendre la manière dont sont perçues les situations récentes dans le discours officiel des politiciens japonais. Aussi, il est primordial de vérifier le genre de décisions pratiques relatives à chaque cas où le gouvernement japonais prend en ce qui a trait aux problématiques territoriales. En revanche, pour vérifier nos hypothèses en observant l’attitude des États-Unis, nous utiliserons plutôt des livres et des articles. Nous nous réfèrerons aux livres suivant : Securing Japan (Samuels 2008), Nichibeidoumeisaikou : Réconsidération de l‟alliance militaire américano-japonaise (Nishihara, Tuchiyama 2010). En effet, ces livres traitent essentiellement des problématiques concernant les relations américano- japonaises sous divers angles. D’autres livres et articles seront également consultés. Afin de qualifier la proximité des relations économiques interétatiques, nous utiliserons les données de la Banque mondiale ainsi que quelques rapports des ministères des Affaires étrangères du Japon et de la JETRO (Japan External Trade Organisation). Nous analyserons également quelques déclarations du cabinet japonais.

Conclusion

Le but de cette recherche est d’établir l’état de la situation politique très spécifique du Japon dans le cadre des conflits territoriaux avec ses pays voisins : la Chine et la Corée du Sud. Nous cherchons à vérifier si le Japon, face au conflit de Takeshima et Senkaku, est dans l’impossibilité d’affirmer sa souveraineté et ses revendications sur ces territoires maritimes à cause de l’opinion publique négative sur le sujet et du risque de détérioration de ses relations avec les pays voisins. Avant tout, nous nous posons aussi la question suivante : est-il possible pour le Japon, un pays souverain, de prendre une initiative politique dans le cadre d’une politique interétatique conflictuelle? Pour ce faire, il faut analyser certaines conditions : il est allié avec une superpuissance, les États-Unis, à laquelle il abandonne son droit à utiliser la force militaire en vertu de la loi suprême, la constitution. Malgré le fait que le Japon possède une force militaire (FJDA), il ne peut, en réalité, pas l’employer pour résoudre des conflits internationaux. Ce type de politique de sécurité nationale est unique au Japon, parmi les pays souverains et les membres du G842, en raison de l’obligation pour le Japon d’accepter la constitution spéciale élaborée pour lui suite à la Seconde Guerre mondiale, et de la difficulté de la modifier, malgré la volonté de certains

42 Les membres du G8 sont : les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, la France, la Royaume-Uni, l’Italie, le Canada et la Russie. G8 signifie « Groupe de huit » ; ces huit pays sont des puissances économiques mondiales.

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citoyens japonais de le faire. Sous ces conditions, le Japon conserve la constitution depuis sa naissance en 1947. Nous pouvons donc poser l’hypothèse de notre recherche. Même si le Japon limite son droit d’autodéfense par la constitution, les pays voisins orientent leurs actions selon leurs propres intérêts nationaux. À travers les cas d’étude territoriaux, nous allons vérifier si la politique spéciale du Japon est influencée par l’opinion publique et par conséquent, si le gouvernement du Japon a de la difficulté à prendre l’initiative dans le cadre de conflits internationaux à cause de ces influences négatives. Plus précisément, nous allons vérifier si la majorité de la population du Japon préfère conserver cette situation en risquant les intérêts nationaux face à l’agressivité des pays voisins par rapport aux situations problématiques en lien avec sa souveraineté. Dans ces situations, le Japon rencontre également beaucoup de difficultés avec les États-Unis, qui assurent sa sécurité nationale par l’alliance militaire américano-japonaise. Les États-Unis profitent de leurs bases militaires sur le territoire japonais afin de promouvoir leurs intérêts en Asie. De plus, les relations politiques générales entre ces deux pays sont plus ou moins influencées par l’alliance militaire. Si l’alliance militaire est capitale pour la sécurité nationale du Japon, il est probable que le Japon soit davantage porté à concéder lors des négociations, afin de garder une relation amicale avec les États-Unis. Donc, la présence des États-Unis est également importante dans les cas du conflit avec la Chine et la Corée du Sud. Étant donné que les conflits avec la Chine sont plus physiques par rapport aux contacts dans les régions du conflit que ceux de la Corée du Sud, le rôle des États-Unis semble plus important pour la sécurité nationale du Japon. Somme toute, ce travail souhaite vérifier si la majorité de la population du Japon influence négativement les décisions politiques diplomatiques du Japon par rapport à la manifestation de souveraineté dans le cadre des conflits interétatiques. De plus, il faudrait considérer que le Japon est un État spécial dans l’aspect de la sécurité nationale. Il est donc supposé ne pas réagir de la même manière que les autres États souverains dans les conflits interétatiques, car il dépend d’un autre pays pour sa sécurité nationale en limitant son droit d’autodéfense. Le cas du Japon soulève beaucoup de questions dans le domaine des relations internationales, car il est un pays d’exception. La plupart des chercheurs admettent qu’il n’existe aucune théorie pour expliquer cette particularité. Néanmoins, il est très intéressant d’envisager l’hypothèse de cette recherche afin d’élaborer une théorie des relations internationales dans le cas du Japon. Les chapitres suivants traitent des cas d’étude spécifiques. Le deuxième chapitre traite des problématiques territoriales dans les relations avec la Corée du Sud. Le troisième chapitre nous montre les problématiques territoriales dans les relations avec la Chine.

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Chapitre 2 : Les conflits territoriaux entre le Japon et la République de la Corée

Introduction

La République de la Corée (RDC) est un pays le plus proche du Japon géographiquement. Pour cette raison, l’archipel nippon et la péninsule coréenne ont plusieurs liens dans leurs histoires du point de vue culturel. Il est important de souligner à ce stade que le Japon a annexé la Corée en 1910, pour ensuite la dominer durant 35 ans, jusqu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale (1945). Cette réalité complexifie les relations entre le Japon et la RDC pour plusieurs aspects. Plusieurs interprétations différentes concernant les faits historiques existent entre les deux États 43 . Il est difficile d’arriver à un consensus sur le contexte historique entre les deux pays, étant donné leur différence fondamentale sur cette interprétation. Séoul semble essayer de lier les problématiques territoriales avec les problématiques de l’Histoire reliées avec l’annexion japonaise44. Tandis que nous n’allons pas traiter les problématiques historiques en tant que problématiques principales, il faut mentionner ces aspects pour mieux comprendre les situations des conflits territoriaux. Malgré le fait que la relation entre le Japon et la Corée ait une longue histoire, la relation officielle entre le Japon et la RDC a commencé seulement après la conclusion du traité nippo-sud-coréen le 22 juin 1965.

43 Il convient de mentionner que nous pouvons trouver une grande différence en ce qui concerne les interprétations historiques concernant l’annexion japonaise entre Taïwan et la Corée du Sud. Étant donnée que Taïwan a été annexé par le Japon pendant 50 ans, la période pendant laquelle ce dernier a dominé était plus longue que dans le cas de la Corée. Toutefois, les relations entre les deux États sont plus amicales comparativement à celles entre le Japon et la Corée du Sud. Il est quand même intéressant de comparer cette différence pour analyser la situation entre le Japon et la Corée du Sud en observant les relations entre le Japon et Taïwan (Stockwin 2012: 158-9). 44 Nous pouvons regarder un aspect spécifique dans les comportements de Séoul. Selon le professeur Huruta de l’Université Tsukuba, la façon d’approcher les interprétations de l’Histoire des Coréens est fortement influencée par la façon de penser liée avec le confucianisme traditionnel de la RDC. Tandis qu’il est vraiment mal vu de critiquer leurs ancêtres selon le critère du confucianisme, ils doivent toujours critiquer les autres (dans ce contexte-ci, ce sont des Japonais). Huruta indique que cet aspect spécifique est observé souvent dans la société coréenne. Par exemple, dans un des textes de l’Histoire des lycées en Corée du Sud, on peut trouver une phrase intéressante : « C’est très important de regarder notre histoire correctement. Le problème est le fait que de quelle manière on puisse regarder notre histoire correctement ». Ils cherchent donc des manières par lesquelles ils peuvent justifier l’Histoire. Voir (Sankei Shinbun, le 20 août 2008).

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Pourtant, les problématiques concernant les îles Takeshima/Dokuto ont commencé en 1952. Ce qui est le plus important dans ce contexte-ci est que les deux États ont signé le traité de normalisation sans avoir la résolution de problématiques territoriales. C’est la raison principale pour laquelle les deux États doivent toujours faire face à ces problématiques. Nous traitons cinq incidents comme étude de cas dans ce chapitre. Depuis le commencement de la prise de contrôle sur ces îles par la RDC, cette dernière a toujours mise en place des surveillants policiers, en plus de construire plusieurs établissements sur les îles Takeshima/Dokuto. Ces attitudes gouvernementales coréennes se différencient clairement de celles du Japon concernant les îles Senkaku/Diaoyutai45.

En septembre 2009, le PDJ a pris le pouvoir suite à la campagne électorale. Nous pourrons constater l’importance de comparer les attitudes du PDJ avec le PLD qui occupait le gouvernement depuis 195546 dans ce contexte-ci. Tandis que le PDJ est notamment reconnu plutôt comme le parti conservateur, le PDJ est alors reconnu comme le parti libéral depuis des années. Il est donc pertinent de souligner que nous allons vérifier si quelques différences d’attitudes entre les deux partis existent ou non dans ce contexte-ci. D’ailleurs, il serait possible de vérifier quelques différences de comportements dans le cadre de la politique diplomatie entre les deux grands partis du Japon à cause de la différence de façon de penser. Grâce au résultat des élections, il est aussi possible de prédire l’orientation de la population japonaise envers la politique diplomatique. Nous allons également explorer les aspects historiques de ce problème et les relations économiques entre les deux États pour bien comprendre la proximité entre les deux pays lors de ce chapitre.

L’arrière-plan des problématiques

Séoul montre de plus en plus d’intérêt, par leurs politiques intérieures, envers les îles Takeshima/Dokuto par le biais de la force policière (un groupe similaire à l’armée) afin que le monde reconnaisse que ces îles appartiennent à la RDC. La raison pour la RDC de mettre en place une force policière au lieu de l’armée sur les îles est de démontrer qu’elle domine ces îles au nom de la sécurité intérieure (Yamada 2010 : 162). Il est donc évident que les pêcheurs japonais ne peuvent pas s’approcher de

45 En fait, le Japon n’a pas encore installé quelques établissements sur les îles de Senkaku/Diaoyutai. Il y a deux phares qu’un groupe privé a établis, et le gouvernement garde ces phares de depuis 2005. À part ces établissements, il n’y a pas d’autre établissement sur ces îles en 2012. 46 Depuis 1955, sauf pendant onze mois entre du août 1993 au juin 1994, le PLD avait toujours le pouvoir. (Voir Krauss et Pekkanen 2008 : 15)

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ces îles pour y pêcher. Les bateaux de l’Agence de la Sûreté maritime du Japon (ADSMJ) essaient quelques fois tous les ans de s’approcher des îles Takeshima/Dokuto pour la patrouille territoriale. Lorsque ces bateaux entrent dans 12 milles marins de ces îles, les bateaux policiers marins coréens s’approchent rapidement de ces bateaux pour les avertir. Si cet avertissement ne suffit pas, ils tirent deux fois dans les airs pour les intimider. Si ces bateaux reviennent à nouveau, la police coréenne tire 50 mètres face aux navires comme dernier avertissement. À ce stade, les ADSMJ doivent renoncer de s’approcher de ces îles (Yamada 2010 : 159). Il convient de souligner la grande différence de comportements entre le Japon et la RDC. Même si le Japon contrôle les îles Senkaku/Diaoyutai, il n’a jamais tiré même afin d’avertir les bateaux chinois. Par contre, la RDC n’hésite jamais de tirer pour avertissements avec la force militaire. Séoul n’est jamais en accord avec la demande japonaise que les deux États règlent ce problème à la Cour de justice internationale. Le gouvernement japonais a suggéré de résoudre ce problème à la Cour internationale à deux reprises. Toutefois, la RDC a refusé. Nous constatons l’opinion officielle gouvernementale du Japon. Il convient de vérifier comment le gouvernement japonais explique officiellement la situation du conflit. On peut constater sur le site d’Internet du MDAÉ;

Depuis la mise en place de la « ligne Lee », le Japon a régulièrement protesté contre les initiatives prises par la RDC concernant ses revendications de souveraineté sur Takeshima, la pêche illégale aux abords des îlots, les attaques contre les patrouilleurs japonais ou la construction de bâtiments. Afin de résoudre le conflit de manière pacifique, le Japon adressa en septembre 1954 une note verbale à la RDC proposant que la question de la souveraineté de Takeshima soit soumise à la Cour internationale de justice. La RDC rejeta cette proposition en octobre de la même année. De même, lorsque le ministre des Affaires étrangères japonais, Zentaro KOSAKA, rencontra son homologue sud – coréen, Choi Duk-shin, en mars 1962, il renouvela sa proposition de soumettre la question à la Cour internationale. Mais cette proposition ne fut pas non plus acceptée par la RDC et la situation est jusqu’à présent restée inchangée.

Il est donc également important de souligner à ce stade que Tokyo a proposé seulement à deux reprises, et après la conclusion du traité de normalisation, le Japon n’a jamais proposé de nouveau officiellement jusqu’en 2012 pendant 50 ans. Nous pouvons deviner que même si Séoul ne répond pas, Tokyo pourrait quand même continuer à proposer cette demande régulièrement. Si le Japon voulait montrer sa prétention au monde, il serait supposé demander ce procès régulièrement afin d’officialiser sa position sur cette problématique territoriale au sein de la société internationale, et ce, même si la Corée du Sud refuse chaque fois.

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Dans ce contexte-ci, il faudrait aussi souligner la manière dont la Cour internationale de justice réagit dans le cas de conflit territorial. Le site du gouvernement japonais explique encore cet aspect :

La Cour internationale de justice ne peut se prononcer sur un conflit que si les parties en cause se sont mises d’accord pour porter l’affaire devant elle. Par conséquent, même si le Japon soumet unilatéralement la question de Takeshima devant la Cour internationale, la RDC n’a aucune obligation de répondre à une convocation. De même, la Cour internationale n’a aucune compétence tant que la RDC n’acceptera pas de lui soumettre le problème de son plein gré.

C’est donc également à noter que le gouvernement japonais comprend bien qu’il ne peut pratiquement pas résoudre ce problème à la Cour internationale, car les probabilités sont faibles pour la RDC d’avoir l’accord de cette proposition. Si bien qu’il semble que le gouvernement japonais ne puisse pas résoudre ce problème de la manière pacifique selon le système de droit international public. Donc, dans ce contexte-ci, il est capital de souligner la manière dont le Japon a essayé de résoudre ce problème surtout dans les cas conflictuels.

Ces problématiques sont assez différentes des deux autres cas de problématiques territoriales (avec la Russie et la Chine), à savoir que le Japon et la Corée du Sud ont signé le traité de relation basse en 1965 sans résoudre ce problème territorial. Lorsque le Japon a signé le traité de paix avec la Chine en 1978, la Chine persistait à dire qu’elle était souveraine sur les îles Senkaku, ces îles étant déjà sous le contrôle du Japon à ce moment-là. Comme ces îles appartenaient déjà au Japon, ce dernier n’a pas considéré bon de tenir compte de cette problématique. En ce qui concerne la Russie, le Japon n’a jamais signé de traité de paix à cause du problème des territoires du Nord. Il faut souligner que les îles Takeshima/Dokuto avaient déjà été prises par la RDC lorsque le traité bilatéral de normalisation entre les deux pays a été signé, et qu’à ce moment, le Japon a signé ce traité sans les récupérer. Le 18 janvier 1952, le président coréen Syngman Rhee a tiré arbitrairement une ligne autour de la République de Corée. À cause de cette ligne, la loi de la Corée interdit aux pêcheurs étrangers de dépasser cette ligne. Entre 1952 et 1964, 232 chalutiers japonais ont été arrêtés par la RDC, et 2,784 Japonais ont été punis, et ont été mis dans des camps de détention pendant une période allant de quelques mois à un an, malgré que le gouvernement japonais ait continuellement insisté que cette ligne ne peut jamais être justifiée selon le droit international public. Lorsque le gouvernement japonais a signé sur le traité de normalisation entre deux États, Séoul a insisté pour que les deux États arrivent à l’accord que la note échangée ne sera pas appliquée sur les problèmes des îles Takeshima/Dokuto. Le Président de la RDC a également déclaré que le gouvernement japonais a signé sur le traité de normalisation après que les représentants japonais ont retiré leur réclamation sur les îles Takeshima/Dokuto. Par contre, le gouvernement

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japonais prenait la position complètement opposée à ce que la RDC a dit. Le premier ministre du Japon a dit qu’il n’est jamais d’accord avec la prétention de la RDC. De plus, il a dit que le problème des îles Takeshima devra se régler selon le traité de normalisation (Oda 1967 : 51-56). Le problème territorial entre le gouvernement japonais et le gouvernement coréen restait donc en suspens. C’est un point important, car même si le Japon n’est pas en accord avec la RDC en ce qui concerne le problème des îles Takeshima/Dokuto, il reste que le gouvernement japonais, en posant sa signature, les concède quand même. En d’autres termes, ce que le Japon a signé sur le traité de normalisation signifie qu’il diminue la possibilité d’avancement dans la négociation sur la souveraineté de ces îles pour l’avenir. Séoul peut donc dire que le Japon a retiré son droit de souveraineté sur ces îles en les laissant à la RDC. Il est également important de souligner à ce stade que le nationalisme de deux États a définitivement une influence sur les décisions politiques. Même si nous ne traitons pas du nationalisme comme un outil d’analyse des problématiques territoriales entre le Japon et ses voisins, nous devrons retenir que cet aspect reste néanmoins présent et influent. En RDC, les élèves étudient sérieusement sur les îles Takeshima/Dokuto. À l’école en RDC, au niveau de l’école primaire, de l’école secondaire et du lycée, ils apprennent avec insistance que ces îles appartiennent à la RDC historiquement (Sankei : le 23 juillet 2008). Cette situation fait une grande différence entre les deux États, car le Japon a beaucoup de difficultés à écrire que ces îles appartiennent au Japon dans les livres d’Histoire des écoles. Ce point sera observé lors des cas d’étude suivants.

Par conséquent, il est impossible de regarder les relations entre le Japon et la RDC sans porter attention à l’interprétation de l’Histoire. Le sentiment des Coréens envers le Japon n’a pas toujours été positif à cause de la différence d’interprétations de l’Histoire. Ainsi, même si nous pouvons constater quelques intérêts communs sur la question de la sécurité nationale entre les deux États, du point de vue de la perspective historique, trop d’optimisme ne servirait pas à analyser la vraie situation dans ce contexte-ci. Bien que ce projet de recherche ne vise pas à se concentrer sur le contexte historique, il reste que ce dernier modifie et structure le contexte actuel de ces pays. C’est pourquoi quelques évènements historiques majeurs seront abordés pour mieux comprendre l’état actuel des décisions politiques prises, surtout en Corée du Sud47.

47 Bong (2010 : 481) indique que « The Japanese-South Korean reconciliation process is in contrast to the Franco- German reconciliation process. The Franco-German reconciliation is a case in which early actions have generated positive increasing returns to propel the reconciliation forward. Germany’s past sins were pinned on Hitler and the Nazis, not the whole country it self, and politicians pre-emptively offered notable gestures of deep remorse and contrition » Nous pouvons également regarder la différence des perspectives de l’Histoire entre les deux États. Tout d’abord, la relation entre le Japon et la Corée n’est semblable à l’Allemagne et la France (le Japon n’a pas fait la guerre contre la Corée non plus). Donc, il est difficile de comparer les deux situations d’une manière commune. Il est donc important de souligner que chaque cas est regardé séparément de manière objective. Il reste toutefois important de rappeler ce point de vue afin d’analyser la relation entre le Japon et la Corée du Sud.

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Ces îles sont déjà des sites touristiques, et beaucoup d’élèves coréens visitent ces îles au cours de leurs études. Le gouvernement coréen renforce de plus en plus leur domination sur ces îles parce que pour la RDC, ces îles sont très importantes pour la fierté de leur pays, et ce problème touche directement l’émotion de peuple; en 1965, le président coréen a visité le secrétaire général des États-Unis, qui a conseillé que le Japon et la RDC partagent ces îles ensemble, le président coréen a répondu que « cela ne marchera pas, ce problème est un petit problème, mais énervant. Si c’est possible, pour régler ce problème, je veux faire sauter ces îles, pour les effacer » (Yamada 2010 : 164). Il convient de souligner qu’il y a toujours des problématiques émotionnelles liées à la différence des perspectives historiques entre les deux pays48. C’est pour cela que la réaction coréenne contre le Japon est toujours très émotionnelle. Bien que les problématiques culturelles et historiques soient indissociables des problématiques territoriales, nous ne mettrons pas l’accent sur elles afin de nous concentrer sur l’analyse de la politique japonaise sur la question de sa souveraineté. Ces problématiques devraient être analysées du point de vue de l’histoire, de la sociologie ou de la politique.

Les relations économiques entre le Japon et la RDC

Regarderons maintenant la relation économique entre le Japon et la RDC pour savoir jusqu’à quel point les deux États sont liés économiquement. Le pourcentage du PIB de la RDC qui vient de l’exportation était de 43.64 % en 2009. Ce pourcentage est élevé, car celui de Japon se situait à 10.71 % en 2009, ce qui signifie que la dépendance de l’exportation de la RDC est plus de quatre fois supérieure à celle du Japon (Mitsuhashi 2011 : 23). Nous constatons que la RDC est un pays qui dépend en grande partie de l’exportation. Sa structure économique en est totalement tributaire. D’ailleurs, pour connaître le niveau de corrélation économique entre le Japon est la RDC, nous comparerons l'excédent commercial du Japon avec la RDC, et le total des exportations coréennes. Les deux valeurs varient exactement de la même manière, à savoir que lorsque le Japon augmente le pourcentage de l’excédent commercial envers la RDC, cette dernière augmente également leur pourcentage de total de l’exportation, c’est-à-dire qu’elle importe beaucoup de biens d’équipement pour produire des produits exportés au Japon (Mitsuhashi 2011 : 157-158). Les graphiques ci- dessous démontrent l’état des relations économiques entre le Japon et la RDC :

48 Les problématiques de l’Histoire entre le Japon et la RDC sont toujours d’actualité. Lorsque le Premier ministre japonais Koizumi a visité le temple shïntoisme Yasukuni, un des textes historiques d’école a été révisé, les relations entre les deux États étaient au plus bas point. Voir Rozman et Lee (2006).

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Figure 1: Le total des exportations de la RDC

(Jetro) (La valeur : 1 billion yens)

Figure 2: L'excédent commercial du Japon avec la RDC

(La Banque mondiale) (La valeur : 10 millions US$)

Nous pouvons constater par ce tableau que l’économie de la Corée du Sud dépend de l’importation du Japon. Nous pouvons également voir une autre donnée qui montre à quel point la relation économique de la Corée du Sud avec le Japon dépend de l’exportation par rapport à son PIB. Lorsque nous comparons les relations commerciales de la Corée du Sud avec les autres pays principaux, selon la donnée de 2008, l’excédent commercial avec l’UE est US18,4 milliards $, celui avec les États-Unis est US8 milliard $, celui avec la Chine est US14,5 milliards $, et le déficit commercial avec le Japon et US32,7 milliards $. Il est évident que la Corée de Sud a toujours eu un déficit commercial uniquement avec le Japon dans le commerce interétatique. Les industries de la Corée du Sud ne peuvent pas arriver à produire sans importer les biens d’équipements du Japon. Autrement dit, la Corée du Sud ne peut pas facilement remplacer structurellement le Japon par les autres pays (Mitsuhashi 2011 : 160-1). Il est également clair que l’importation par le Japon soutient l’exportation de la Corée du Sud (Jetro 2009 : 3). De cette manière, il est possible de regarder la proximité économique entre les deux pays. Tandis que le Japon profite bien du commerce avec la Corée du Sud, la Corée du Sud dépend grandement du Japon afin de produire les biens exportés aux États-Unis, aux États européens et en Chine; les entreprises de la Corée du Sud se retrouveraient face à un grand problème si les

39 transactions de pièces détachées devaient cesser. Il est donc probable que si le gouvernement japonais décidait de réduire ses exportations vers la Corée du Sud, il prendrait un net avantage dans le conflit territorial entre les deux pays en exerçant une pression économique sur la Corée du Sud.

Le rôle de l’alliance militaire américano-japonaise

La RPC est également un pays allié avec les États-Unis sur la sphère militaire. Washington conserve le traité de l’alliance militaire avec la RDC depuis 1953. À cause de cette alliance, nous pouvons supposer qu’il y ait une alliance tacite entre le Japon et la RDC par l’intermédiaire des États-Unis (Nishihara 2010 : 106). De ce fait, ce problème territorial est un peu différent des deux autres cas. Nous allons regarder la position des États-Unis en ce qui concerne ce problème dans le troisième chapitre. Pour observer la relation entre les deux pays, il y a quand même quelques points de vue à considérer. Monosevitz (2003) met l’accent sur le fait qu’il y ait des coopérations militaires entre le Japon et la Corée du Sud pour contrer les menaces répétées de la Corée du Nord ou de la Chine; il met l’accent sur l’importance d’une sécurité nationale commune entre les deux états. Il y a déjà quelques communications en ce qui a trait aux perspectives d’amélioration de la sécurité nationale entre la Corée du Sud et le Japon. De plus, les deux pays ont déjà participé à quelques traités internationaux comme le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (Monosevitz 2003 : 807-8). Du point de vue de l’Histoire, Washington soutient la prétention du Japon envers les îles de Takeshima malgré que la RDC ne puisse pas accepter cette attitude de Washington. Lorsque le traité de San Francisco a été fait, les îles Takeshima ont été officiellement considérées par l’ONU que ce sont les territoires du Japon. Cela veut dire que Washington admet que la prétention du Japon est justifiable. Par contre, à cause de l’article V de l’alliance militaire49, l’alliance militaire américano-japonaise n’est pas appliquée dans ce cas-ci à cause de l’article V. Par contre, il y a un point très intéressant concernant les attitudes des États-Unis envers ces problématiques. United States Board on Geographic Names (BGM) traite des politiques concernant les noms géographiques du monde aux États-Unis. Lorsque nous cherchons les îles Takeshima/Dokuto50 sur le site de

49 Nous allons regarder le rôle de l’alliance militaire américano-japonaise dans le troisième chapitre. Les États-Unis n’ont pas le droit de réagir militairement afin de protéger les territoires du Japon dans le cas où ces territoires ne sont pas sans controverse sous le contrôle du Japon. En ce sens, les États-Unis préservent le statu quo face à ce sujet, malgré qu’ils soient obligés de défendre le Japon selon l’alliance militaire. 50 On s’appelle les îles Takeshima/Dokuto Liancourt rocks aux États-Unis.

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BGM, nous constatons que ces îles appartiennent à la RDC. En juillet 2008, BGM a modifié la description de ces îles de « ces îles appartiennent à la RDC » à « ces îles n’appartiennent à personne (territory belonging to no country) ». La RDC a dit devoir parler de ce sujet lorsque le Président Bush visiterait à Séoul (Korean times : le 28 juillet 2008). Finalement, le Président Bush a parlé de ce problème avec l’ambassadeur sud- coréen, et il a ordonné de remodifier la description au ministre d’État Rice (Korean times : le 31 juillet 2008). Ensuite, le secrétaire général de cabinet du Japon Machimura (PLD) a dit que « le Japon n’a pas besoin de réagir sensiblement à ce qu’une partie d’organisation gouvernementale des États-Unis fasse» (Asahi : le 31 juillet). Il semble que Tokyo abandonne la politique diplomatique concernant ces problématiques comparativement à la réaction de la RDC. La RDC continue toujours à gagner l’appui de la société internationale. Tokyo semble beaucoup moins enthousiaste que Séoul (Magosaki 2011 : 146-8). Les États-Unis changent parfois leur attitude concernant ces îles. De plus, ces derniers ne semblent pas favorables face à l’opinion officielle du Japon envers ces îles.

Les cas d’étude

Nous analyserons cinq études de cas dans le cadre de problématiques avec la RDC. Le premier cas parle du problème concernant l’établissement d’accostage sur les îles Takeshima/Dokuto en 1997. Le deuxième cas parle du problème concernant l’écriture du texte scolaire du Japon en 2008. Le troisième cas parle de la réparation d’un héliport orchestré par la Corée du Sud sur les îles Takeshima, elle organise également la construction de « la base de science maritime » autour des îles Takeshima depuis le 3 avril 2010. Le quatrième cas est lorsque trois députés japonais et un chercheur japonais de l’Université Takushoku ont visité la Corée du Sud pour faire de la recherche sur le musée de Dokuto qui est sur l’île d’Ulleungdo situé à côté de Takeshima/Dokuto, les trois députés se sont vus refuser l’entrée au pays à l’aéroport le 1er août 2011. Le cinquième cas concerne le président de Corée du Sud lors de sa visite sur les îles Takeshima le 10 août 2012, de plus, le président de la Corée du Sud a insulté l’empereur japonais relié à l’Histoire. Après ces incidents, le premier ministre Noda a envoyé le message du premier ministre au Président de la Corée du Sud, mais ce dernier a refusé de recevoir ce message, et le renvoyé par la poste51. Après 1989, nous constatons quelques changements de situations autour de ces problématiques. Alors que plusieurs incidents se sont passés notamment après la prise du pouvoir du PDJ, il est également

51 Il est à noter que cet acte n’est pas reconnu comme un acte normal selon le sens commun de la société internationale.

41 important de comparer les gestions prises du PDJ et celles du PLD. Par conséquent, nous regardons deux cas de l’époque sous le PLD et trois cas de celle sous le PDJ.

Le cas de 1997

Débutons par le problème concernant l’établissement d’accostage sur les îles Takeshima/Dokuto sous le PLD. Le 6 novembre 1997, une manifestation solennelle gouvernementale a lieu au musée de Dokuto de l’île Ulleungdo par le gouvernement de la RDC pour célébrer l’achèvement des travaux de l’établissement d’accostage sur les îles Takeshima/Dokuto. À peu près 150 personnes incluant plusieurs fonctionnaires gouvernementaux ont participé à cette manifestation. Cet établissement peut permettre aux navires de 5.000 tonneaux d’accoster. Le gouvernement japonais a protesté officiellement (Sankei : le 7 novembre 1997). À ce moment-là, il y avait des négociations gouvernementales en ce qui concerne le droit de pêcher dans les régions autour de ces îles entre les deux pays. Par conséquent, nous pouvons observer plusieurs articles qui traitent ce problème. En fait, dans ce cas d’étude, Tokyo n’a pas réussi à écrire que ces îles sont occupées par la RDC illégalement non plus, et ils ont cédé à mettre pavillon bas devant Séoul. Dans ce cas-ci, si nous posons les trois questions de la section de « cas d’étude et méthodologie » du premier chapitre, nous devrons répondre oui à la troisième question, car nous ne constatons aucun élément pour répondre oui à deux autres questions. La RDC a réussi à établir l’accostage sur les îles, et Tokyo n’a rien fait pour que la RDC renonce à sa décision politique. Le 7 novembre 1997, le député Saito du PLD a demandé comment le gouvernement japonais va réagir contre ce problème (la séance principale du Parlement japonais). Le MDAÉ a assuré seulement de protester comme d’habitude par annonce verbale. Ensuite, le 12 novembre 1997, tandis que le député Hodumi du PLD a mentionné une possibilité de l’emploi de la force militaire en cas d’invasion territoriale par les autres États en citant le cas Takeshima/Dokuto, le ministre des Affaires étrangères n’a rien répondu à cette question (la commission du budget). Finalement, après cet incident, alors que les négociations concernant le droit de pêche sont sujets principaux aux commissions du Parlement en ce qui concerne la RDC, nous constatons qu’il n’y a pas de mentions spéciales concernant ce problème. L’éditorial de SS (le 8 novembre 1997) a écrit que ce fait n’est jamais acceptable pour le Japon du point de vue de souveraineté, donc il faut que le gouvernement japonais manifeste son insatisfaction de manière soutenue envers la RDC. Par contre, il conserve la nuance que ce n’est pas une bonne idée de détériorer la relation amicale entre les deux États à cause de ce problème. Il a donc insisté de clarifier l’opinion officielle du Japon en continuant cette protestation. En fait, ce n’est que le SS qui a traité ce problème à

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l’éditorial, les quatre autres journaux n’en font pas mention dans leurs éditoriaux. AS a juste écrit sur le problème de droit de pêcher dans ces zones, et il a mis accent sur le point que les deux États devraient s’entendre pour arriver à l’accord de problème de pêche en négligeant les problématiques territoriales (le 13 novembre 1997). MS a seulement écrit sur les élections présidentielles de la RDC qui avaient lieu à ce moment-là en insistant à quel point la relation amicale entre les deux États est importante pour le Japon (le 30 novembre 1997). Il est donc intéressant de souligner que les éditoriaux des quatre grands journaux n’ont pas écrit sur ce problème, et deux journaux des quatre ont concentré leurs propos sur le maintien de la relation amicale avec la RDC sans avoir mentionné ce problème. Nous ne constatons pas quelques mouvements des entreprises japonaises en ce qui concerne ce problème non plus à ce moment-là. Selon le sondage d’opinion du gouvernement japonais, 37.9 % ont de l’amitié de la sympathie pour la RDC, et 57.5 % ne l’ont pas. 40.3 % pensent que la relation coréen-japonaise est bonne, et 48.3 % pensent qu’elle ne l’est pas (le gouvernement japonais : octobre 1996).

Le cas de 2008

Nous nous pencherons sur le problème concernant l’écriture de textes sur les sciences humaines pour les écoles secondaires du Japon qui s’est produit le 14 juillet 2008 en tant que deuxième cas d’étude de problématiques de territoires des îles de Takeshima/Dokuto. Le ministère de l’Éducation, de la Culture, des Sports, des Sciences et de la Technologie (MECPST) du Japon a annoncé que le gouvernement japonais a décidé d’écrire sur les problématiques des îles Takeshima dans les textes de la science humaine pour les écoles secondaires au Japon comme la première fois dans l’Histoire, de plus, ce dernier a essayé d’écrire que « les îles Takeshima sont territoires originaux du Japon » dans les textes. Toutefois, l’ambassadeur sud- coréen à Tokyo a protesté sévèrement contre le gouvernement japonais le lendemain, et le Président coréen Lee Myung-bak a montré « le souci très grave » au premier ministre du Japon Hukuda. Le 11 juillet, le Parlement coréen avait déjà pris une décision écrite que l’action du MECPST du Japon d’écrire ce problème dans le texte est clairement provocante, et viole la souveraineté et le droit territorial de la Corée du Sud. Finalement le MECPST n’a pas écrit « les territoires naturels », et décidé d’écrire qu’« il y a une grande différence d’opinions concernant les îles Takeshima entre le Japon et la RDC ». Le gouvernement japonais a encore cédé à mettre pavillon bas devant la RDC (Sankei le 15 juillet 2008).

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En fait, dans ce cas d’étude, Tokyo n’a pas réussi à écrire que ces îles sont occupées par la RDC illégalement non plus. Dans ce cas-ci, si nous posons les trois questions, nous devrons répondre oui à la troisième question, car nous ne constatons aucun élément pour répondre oui à deux autres questions. Tokyo n’a été en mesure d’écrire son opinion officielle dans les livres des écoles du Japon. Si l’on porte attention aux procès-verbaux du Parlement, il est à noter que nous ne pouvons trouver quelque mot mentionné en ce qui concerne ce problème dans les commissions de la chambre des députés et des Conseillers jusqu’au 8 octobre 2008. C’était le PLD qui occupait le gouvernement (le premier ministre Aso). Cela a pris trois mois pour mentionner les problématiques de Takeshima au Parlement. Alors que le député Suzuki a demandé si le gouvernement japonais est en train de prendre action afin de résoudre ce problème, le ministre des Affaires étrangères Nakasone a seulement confirmé l’avis officiel gouvernemental, et n’a pas agi envers ce problème, en mentionnant que le gouvernement japonais montre l’opinion officielle au gouvernement de la RDC de temps en temps. Le député Suzuki (Parti de Shintodaichi) a confirmé que ce problème n’est pas un sujet de négociation entre les deux États, alors que les problématiques territoriales avec la Russie le sont depuis des années (la commission de diplomatie : le 8 octobre 2008). Le 28 octobre 2008, une députée Makiyama (PDJ) a demandé au premier ministre s’il a mentionné ce problème lors de rencontre avec le Président de la RDC. Le premier ministre Aso a dit ne pas avoir mentionné les problématiques de Takeshima lors de rencontre avec le Président de la Corée du Sud non plus. Nous pouvons donc constater que même si quelques députés ont soulevé les problématiques générales de Takeshima, le problème du livre d’Histoire reste un incident effacé au Parlement. L’éditorial d’AS (le 15 juillet 2008) écrit que la décision du gouvernement japonais d’écrire ce problème sur les textes est raisonnable. Toutefois, il dit que ce qui est le plus important reste la paix mutuelle entre les deux États. Finalement il dit que les deux gouvernements devraient chercher une idée qui fait consensus. MS (le 15 juillet 2008) a dit que même s’il est raisonnable que le gouvernement écrive clairement la position du Japon, l’harmonie entre les deux États est plus importante que ce problème. Il a donc juste nuancé ces faits. YS (le 15 juillet 2008) évalue très positivement la décision du gouvernement et ne s’inquiète pas du tout de réaction de la RDC. SS (le 15 juillet 2008) évalue la décision gouvernementale le plus positivement. La tendance d’écriture est semblable à celui d’YS, mais plus positive. NS (le 15 juillet 2008) écrit que cela est mieux de ne pas avoir trop de conflits à cause de ce problème, car les deux États doivent faire face au même problème comme le problème de la Corée du Nord. Alors que trois journaux sur cinq estiment la relation amicale plus importante que de persister dans l’opinion officielle, deux journaux soutiennent positivement la décision gouvernementale. Après à peine trois mois, le groupe d’économie du Japon et celui de la RDC ont fait une conférence à Séoul. Les deux groupes sont arrivés à avoir l’accord d’établir l’EPA (Economic Partnerchip agreement). Le président Lee Myung-bak (RDC) a rencontré le chef de Keidanren Mitarai, et Président a confirmé que les

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deux États ont bien coopéré ensemble. Le Président de la RDC Lee a dit donner plus d’importance à la relation économique entre les deux États, et vouloir renforcer cette relation en connectant la Corée du Sud directement avec les groupes économiques du Japon. Keidanren montre également une attitude amicale et coopérative avec la RDC. Selon le sondage d’opinion du gouvernement japonais, 57.1 % ont de l’amitié de la sympathie, et 40.9 % ne l’ont pas. 49.5 % pensent que la relation coréen-japonaise est bonne, et 45.9 % pensent qu’elle ne l’est pas (le gouvernement japonais : octobre 2008).

Le cas de 2010

Pour le troisième cas, nous allons regarder le cas de l’établissement de l’héliport sur les îles Takeshima/Dokuto, et un plan de construction de base de science maritime autour des îles de Takeshima/Dokuto en 2010. La RDC a déjà établi quelques bâtiments sur les îles Takeshima depuis des années comme l’héliport (1981), et ce, dès leur prise de possession. Cette dernière a réparé l’héliport dans ce cas-ci, et elle a inscrit officiellement la construction de la base de science maritime près des îles Takeshima/Dokuto au budget. De surcroît, selon les fonctionnaires de la RDC, cette réparation de l’héliport a été fait afin de préparer une situation de guerre imminente (Sankei : le 4 avril 2010). Cet incident avait lieu sous le gouvernement du PDJ. Après que les médias du Japon eurent informé les Japonais sur les projets de réparation de l’héliport et la construction de la base de science marine, des disputes ont éclaté entre les députés et les membres de cabinet du Japon à la commission du Parlement. Regarderons quelques discours de ces députés et du ministre des Affaires étrangères du Japon. Lorsque le député Sato du Parti Komei a demandé ce que le gouvernement pensait de cet incident, le secrétaire parlementaire a dit que le gouvernement insiste parfois sur l’opinion officielle gouvernementale à la RDC, et n’a pas répondu davantage à cette question (la commission de la sécurité nationale : le 9 avril 2010). Le député Shindo du PLD a également demandé si le gouvernement pensait devoir protester à la RDC, et s’il pensait devoir arrêter cette réparation et cette construction, le ministre Okada et le vice-ministre Takemasa ont dit avoir protesté, mais ont dit ne pas vouloir parler de ce problème en détail (la commission de la diplomatie : le 14 avril 2010). Le premier ministre Hatoyama a dit que le gouvernement japonais proteste parfois à la RDC, et dit ne plus parler de ce problème en détail (la séance principale de la chambre des députés : le 22 avril 2010). Alors que Shindo a encore demandé une autre fois au ministre Okada de parler de ce problème avec la RDC pour la prochaine rencontre officielle, Okada a dit ne pas avoir besoin de mentionner de quel sujet il va parler avec le ministre des Affaires étrangères de la RDC maintenant (la commission de la sécurité nationale : le 14 mai 2010). Finalement, nous pouvons observer que

45 le gouvernement japonais dit avoir parfois manifesté son mécontentement face à cette situation, mais il n’a pas clarifié quand et comment. Nous ne pouvons pas donc savoir si le gouvernement japonais proteste parfois réellement à la RDC52. En fait, dans ce cas d’étude, Tokyo n’a pas réussi l’arrêt de la réparation de l’héliport, ni à changer le plan d’établir la base de la science maritime. La RDC a bien réussi à exercer sa souveraineté. Dans ce cas-ci, si nous posons les trois questions, nous devrons répondre oui à la troisième question, car nous ne constatons aucun élément pour répondre oui aux deux autres questions. Malgré le fait que Tokyo a protesté, la RDC n’a rien changé son plan. De surcroît, nous constatons que Tokyo n’a pas pris de contre-mesures pour que la RDC renonce sa décision. Par la suite, nous nous penchons sur l’aspect des éditoriaux. L’éditorial d’AS n’a rien écrit sur la RDC avant le 2 août 2010. Il a parlé de problème de la Corée du Nord, et son opinion est que le Japon et la RDC doivent coopérer pour les problématiques de la Corée du Nord. Donc, il ne fait pas mention des problématiques concernant l’héliport et la base de la science maritime. L’éditorial de MS n’a rien mentionné non plus sur ce problème. L’éditorial d’YS (le 13 avril 2010) n’a rien écrit sur ce problème non plus, et il a également parlé de coopération avec la RDC afin de prendre des mesures pour le problème de la Corée du Sud. Il a donc mis l’accent sur le point de coopération avec la RDC. L’éditorial de SS (le 20 avril 2010) a traité de ce problème de manière plus précise que les autres éditoriaux. Il a dit que le gouvernement japonais doit protester plus fortement à la RDC en critiquant que le gouvernement japonais considère trop la situation politique domestique de la RDC. De plus, il a dit que Tokyo devrait considérer quelques contre-mesures à la RDC. Le 29 juillet 2010, l’éditorial de SS a encore une fois mentionné ce problème en critiquant que ce soit un problème grave que Tokyo n’a pas accepté le livre blanc de la sécurité nationale de cette année pour mettre sous ses soins à la RDC53. Il a indiqué que si Tokyo se comporte trop au gré de Séoul, ces attitudes amèneraient plusieurs problèmes diplomatiques plus tard. L’éditorial de MS et NS n’ont rien mentionné sur ce problème. Par conséquent, nous pouvons constater qu’il n’y a qu’un éditorial qui a mentionné ce problème pour critiquer Séoul et l’attitude gouvernementale du Japon du point de vue critique. Quatre éditoriaux sur cinq n’ont même pas mentionné ce problème. Tandis que Keidanren n’a rien mentionné en ce qui concerne ce problème, les trois gouvernements (le Japon, la Chine et la RDC) se sont négociés pour viser à avoir un accord de l’accord de libre-échange parmi les trois pays le 30 mai 2010 (Nikkei : le 31 mai 2010). De surcroît, Keidanren a déclaré « Joint

52 Le 4 avril 2010, lorsque Shindo a posé des questions, le chef de la commission de la diplomatie Suzuki a demandé au gouvernement de clarifier quand et comment le gouvernement a protesté à la RDC en ce qui concerne les îles Takeshima/Dokuto. Le ministre Okada n’a pas promis de transmettre ces informations non plus. 53 2010 est l’année anniversaire de 100 ans de « l’annexion japonaise de la Corée ». C’est pour cela qu’il y avait plusieurs événements en RDC pour accuser le Japon du point de vue historique.

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Statement of the 2nd Business Summit of Korea-Japan-China »54 avec les groupes de la Chine et la RDC. Dans cette déclaration, ils ont mis l’accent sur le point de coopération économique et de renforcement des relations économiques. Même si c’est tout de suite après l’incident de ce problème, les groupes économiques du Japon n’hésitent pas à montrer leurs intentions de renforcer les relations économiques avec la RDC. Selon le sondage d’opinion du gouvernement japonais, 61.8 % ont l’amitié de la sympathie pour la RDC, et 36 % ne l’ont pas. 59.9 % pensent que la relation coréen-japonaise est bonne, et 36.7 % pense qu’elle ne l’est pas (le gouvernement japonais : octobre 2010).

Le cas de 2011

Nous allons observer le quatrième cas d’étude pour la Corée du Sud. Lorsque trois députés japonais (Shindo, Inada et Sato) et un chercheur japonais de l’Université Takushoku ont visité la RDC afin de faire des recherches sur les prétentions de la Corée du Sud par rapport aux îles Takeshima à l’île d’Ulleungdo, où le musée de Dokuto existe, dans le but de justifier l’occupation coréenne, ils se sont vus refuser l’entrée en RDC, à l’aéroport, le premier octobre 2010 en raison du fait que les trois députés venaient menacer les intérêts et la sécurité nationale de la Corée du Sud55. Pour cet incident, le ministre des Affaires étrangères Matsumoto a appelé l’ambassadeur coréen au ministère des Affaires étrangères du Japon, et il a qualifié cet incident de « désolant », en ajoutant que cet incident empêcherait l’harmonie entre les deux pays (Jijitsuushin : le 1er août 2010). Nous ne pouvons plus regarder les quelques réactions du gouvernement japonais liées contre-mesures effectives. Il convient de souligner que le professeur de l’Université Takushoku s’est également vu refuser l’entrée en Corée du Sud. Cela nous donne une idée de la vision du concept de liberté d’expression de la RDC56. En fait, dans ce cas d’étude, Tokyo n’a pas réussi à faire entrer les trois députés en RDC, de plus, il a incité les trois députés à revenir au Japon. La RDC a bien réussi à mettre les trois députés hors de la RDC. Dans ce cas-ci, si nous posons les trois questions, nous devrons répondre oui à la troisième question, car nous ne constatons aucun élément pour répondre oui aux deux autres questions. Malgré le fait que Tokyo ait protesté, la RDC n’a rien changé de son plan. De surcroît, nous constatons que Tokyo n’a pas pris de contre- mesures pour que la RDC renonce à sa décision.

54 Voir le site web officiel de Keidanren http://www.keidanren.or.jp/en/policy/2010/048.html. 55 Sankei (le 1 août 2011) dit que la Corée du Sud n’a pas clairement expliqué la raison pour laquelle les trois députés vont menacer les intérêts et sécurité nationaux de la Corée du Sud à ce moment-là, et à travers l’ambassadeur japonais Muto, Séoul a répété que le gouvernement coréen allait éventuellement leur donner les raisons de cette interdiction, mais que pour l’instant c’était impossible. 56 En fait, il est à noter que les trois députés ont seulement visé à faire de la recherche en observant les expositions du musée de Dokuto. Leur venue en RDC n’avait pas comme objectif la manifestation ou encore de déranger l’ordre du pays.

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Premièrement, nous allons analyser les paroles des ministres du cabinet. Lorsqu’une députée Inada du PLD a demandé si le gouvernement japonais était également prêt à refuser l’entrée au Japon aux députés coréens à titre de réciprocité en tant qu’une contre-mesure, parce que le principe de réciprocité existe dans les lois de l’administration d’émigration et immigration, le ministre des Affaires étrangères Matsumoto a dit que le gouvernement japonais n’avait pas l’intention de le faire (la commission de la diplomatie : le 10 août 2011). De plus, il n’a jamais appelé l’occupation de ces îles comme « occupation illégale » non plus, disant simplement que c’est la RDC qui domine ces îles en pratique (la commission de la diplomatie : le 10 août 2011), comme les autres ministres de cabinet ont dit. La députée Inada du PLD a demandé au ministre des Affaires étrangères Matsumoto s’il a directement dit au ministre des Affaires étrangères de la RDC qu’ils étaient en train d’occuper ces îles « illégalement » lorsque les deux ministres se sont rencontrés, la réponse de Matsumoto fut que « j’ai répété ce que le Japon soutenait, à savoir que ces îles appartiennent au Japon depuis toujours ». Inada a demandé plusieurs fois si le ministre a utilisé « l’occupation illégale par la RDC », Matsumoto n’a jamais répondu à cette question, et il a juste répété ce qu’il avait dit57. En fait, comme nous avons déjà constaté, sur le site officiel du ministère des Affaires étrangères du Japon, la RDC est en train d’occuper ces îles « illégalement », à savoir que le Japon nomme officiellement l’occupation des îles par la RDC une « occupation illégale ». Les ministres du PDJ ne montrent jamais la prétention officielle du Japon sur ces îles dans le cadre de la diplomatie interétatique avec la RDC. Il est également remarquable que Matsumoto n’ait pas mentionné que ces îles appartiennent entièrement aux territoires du Japon, d’un point de vue historique, dans la négociation avec le ministre des Affaires étrangères de la RDC. Nous pouvons observer quelques changements du ministre des Affaires étrangères du Japon après que le parti démocrate eut été élu en 2009, même ce ministre n’a pas utilisé les mots « l’occupation illégale par la RDC» dans une situation politique officielle. Nous nous penchons sur les éditoriaux. L’éditorial d’AS (le 2 août 2011) a tout d’abord critiqué l’attitude de la RDC. Ensuite, il a critiqué également les trois députés japonais parce qu’ils ont visité, malgré le fait que Séoul ait déjà annoncé que si les trois députés visitent, elle va refuser l’entrée en RDC. AS a dit que cette attitude est provocante. Par conséquent, AS suggère que les deux États doivent chercher un terrain d’entente. L’éditorial de MS n’a rien mentionné de ce problème. L’éditorial d’YS (le 3 août 2011) a critiqué sévèrement l’attitude de la RDC. Il a dit que même s’il y a des grandes manifestations des Coréens autour de l’aéroport, le gouvernement sud-coréen devait bien protéger les trois députés japonais, c’est ce que Séoul

57 Ces questions ont été posées dans la commission de diplomatie de la chambre des députés le 10 août 2011. Dans le comité de diplomatie de la chambre des députés le 7 juin 2007, lorsque le parti libéral démocrate était au pouvoir, le ministre des affaires étrangères Aso a clairement dit que c’est l’occupation illégale par la Corée du Sud, donc nous pouvons également regarder ici qu’un grand changement d’attitude gouvernementale est arrivé après que le parti Démocrate ait gagné en 2009.

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devait faire58. L’éditorial de SS (le 3 août 2011) a sévèrement critiqué l’attitude de Séoul. Il a entièrement supporté la visite de trois députés en disant que l’attitude de Séoul est hors contexte du point de vue de sens commun de la société internationale. Il a également insisté que Tokyo devrait prendre une décision de contre- mesures à la RDC. L’éditorial de NS a d’abord critiqué l’attitude de Séoul. Par contre, il a mis l’accent sur le point de l’importance de la coopération entre les deux États en insistant que les deux États sont fortement liés dans l’aspect d’économique. Il est noté que NS (le 2 août 2011) a également critiqué les trois députés japonais en disant que cette visite était incompréhensible. Finalement, dans ce problème, deux journaux ont complètement critiqué l’attitude de Séoul, et deux journaux ont critiqué la RDC en se penchant sur l’importance de l’amitié entre des deux États, ce qui ne fut manifestement pas le cas en ce qui concerne la situation des trois députés japonais. Un journal ne fait aucune mention de cette situation. Nous pouvons constater que seulement deux journaux sur cinq ont critiqué ouvertement l’attitude de Séoul. Nous ne pouvons pas vérifier quelques réactions des groupes des entreprises japonaises en ce qui concerne ce problème. Ils n’ont pas annoncé leurs opinions dans ce contexte-ci. Selon le sondage d’opinion du gouvernement japonais, 62.2 % ont de l’amitié et de la sympathie pour la RDC, et 35.3 % ne l’ont pas. 58.5 % pensent que la relation coréen-japonaise est bonne, et 36 % pensent qu’elle ne l’est pas.

Le cas de 2012

Le cinquième cas est que le président Lee Myung-bak ait débarqué sur les îles de Takeshima/Dokuto pour la première fois en tant que président de la RDC le 10 août 2012, et ce, malgré le fallait que le gouvernement japonais ait fortement demandé à Séoul d’annuler cette visite par la voie diplomatique. En plus, le 14 août 2012, le président Lee a dit que si l’empereur japonais voulait59 visiter la RDC, il faut qu’il s’excuse sincèrement devant les gens qui sont morts pour les mouvements de l’indépendance contre le régime politique du Japon pendant l’époque de l’annexion japonaise (1910 – 1945) (Sakei : le 15 août 2012)60. Tokyo a montré une grande déception envers les comportements du Président Lee. Le premier ministre Noda a donné le message du premier ministre au président Lee afin de protester contre l’embarquement sur les îles ainsi que

58 En fait, avant cet incident, trois députés de RDC ont visité les territoires du Nord en obtenant les visas de la Russie. L’éditorial de YS a critiqué cet incident, et il a supposé que ce genre d’attitude ait causé la visite des députés japonais. 59 Il devrait être souligné que Tokyo n’a jamais demandé de faire visiter l’empereur du Japon en RDC, mais le Président Lee a invité l’empereur en la RDC. Depuis 1984, tous les Présidents de la RDC ont invité l’empereur du Japon en la RDC (Asahi : le 16 août 2012). 60 Le Président Lee a dit que ses paroles ont été mal comprises. Il ne voulait que dire que si l’empereur du Japon pourrait se prononcer sur ce sujet, les problématiques de l’Histoire seront plus facilement résolues, donc il n’a pas demandé de s’excuser à l’empereur du Japon (Sankei : le 10 septembre 2012, Nikkei : le 11 septembre 2012). Le Président Lee voulait calmer la situation, car la réaction populaire du Japon a été énormément négative envers les paroles du Président Lee.

49 la demande de s’excuser à l’empereur japonais. Toutefois, le président a refusé de recevoir ce message, ainsi qu’il l’a renvoyé par la poste cette demande. Après ces incidents, Tokyo a donc finalement décidé d’intenter un procès en justice devant le tribunal international de justice unilatéralement (Asahi : le 10 août 2012). La dernière fois que le gouvernement japonais a intenté un procès en justice concernant ce problème fut en 1962, le Japon n’a donc pas encore intenté un procès en justice depuis 50 ans. Par contre, Tokyo n’a finalement pas intenté un procès en justice devant le tribunal international de justice. Ce qui est vraiment remarquable, parce que même si la RDC refuse encore une fois, si Tokyo intente, Séoul devrait faire une autre chose; ainsi que la RDC est un membre de l’ONU61 maintenant, Séoul devra expliquer la raison pour laquelle elle refuse à la Cour internationale de justice, c’est obligatoire, et ce, la société internationale pourrait savoir avec plus de détail les raisons de ce problème (Sankei : le 2 novembre 2012). Nous constatons que Tokyo a pris une décision politique dans le cadre des relations avec la RDC. Alors que Tokyo a décidé de ne pas prolonger l’accord de « Central bank liquidity swap », il a dit que ce n’est pas une décision de contre-mesure contre les comportements de la RDC, mais seulement une décision politique normale. Le gouvernement de la RDC n’a rien mentionné sur ce changement de l’accord non plus (Sankei : le 10 octobre 2012). Il doit être noté que le premier ministre Noda (PDJ) n’a finalement pas intenté de procès contre la RDC avant les élections des députés de la fin de 2012. En fait, dans ce cas d’étude, Tokyo n’a pas réussi à arrêter la venue du président de la RDC, de plus, la requête d’excuse publique pour une insulte envers l’empereur japonais par le président Lee n’a pas été acceptée. Le président Lee a bien réussi à rappeler au monde que ces îles appartiennent à la RDC, en plus de bien éviter de s’excuser envers le gouvernement japonais et l’empereur japonais. Il a même refusé d’accepter et il a retourné le message officiel du premier ministre du Japon. Enfin, Tokyo a finalement délaissé le procès intenté envers le Président Lee. Dans ce cas-ci, si nous posons les trois questions, nous devrons répondre oui à la troisième question, car nous ne constatons aucun élément pour répondre oui aux deux autres questions. Malgré le fait que Tokyo ait protesté, la RDC n’a rien changé de son plan. De surcroît, nous constatons que Tokyo n’a pas pris de contre-mesures pour que la RDC renonce à sa décision. Toutefois, nous constatons également que le ministre des Affaires étrangères Genba a finalement dit que « les îles Takeshima sont occupées illégalement par la RDC » (la commission du règlement : le 22 août 2012). C’est la première fois que les membres du cabinet du PDJ ont utilisé le mot « occupation illégale » dans le cadre des problématiques de ces îles (Sankei : le 23 août 2012). Par contre, c’est une opinion officielle gouvernementale depuis des années, selon le site officiel du MDAÉ. Il s’agit seulement d’un changement reconnu dans les

61 Lorsque le Japon a demandé d’intenter ensemble deux fois, la RDC n’était pas encore un membre de l’ONU, donc elle n’était pas obligée de l’expliquer, même si elle refusait. La RDC est devenu un membre de l’ONU en 1991.

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comportements du gouvernement du PDJ. Tokyo a aussi accepté le refus du message du premier ministre qui a été renvoyé par la poste62. Nous nous penchons sur les procès-verbaux du Parlement japonais et des commissions des chambres des députés du Japon pour ce cas. Évidemment, nous pouvons constater plus de procès-verbaux en ce qui concerne ce cas à cause de la première visite de président Lee sur ces îles, sans compter l’insulte envers l’empereur japonais. Les députés du PDJ et du PLD ont également accusé les comportements du président Lee. Nous pouvons donc constater un grand changement à la commission de l’administration du parlement. Les députés japonais ont décidé de prendre une décision écrite officielle pour protester contre la RDC, et cette décision écrite demandait au Président Lee de s’excuser a été approuvée au Parlement des députés (le 24 août 2012). Par contre, cette décision écrite ne donne aucun impact réel envers la RDC. Dans la commission du règlement (le 24 août 2012), lorsqu’un député Yamamoto (PLD) a posé une question à savoir pourquoi tous les ministres du PDL ont toujours dit que « l’occupation des îles Takeshima n’est pas assurée par les lois », Genba a répondu que le PDJ a bien considéré la position de la RDC. Nous remarquons qu’il y a un grand changement parmi les éditoriaux des journaux japonais dans cette étude de cas. L’éditorial d’AS (le 11 et le 24 août 2012) a dit que les comportements du Président Lee ont dépassé la limite. Il a également montré une compréhension pour les efforts du gouvernement japonais de résoudre les problématiques de l’Histoire. Il a soutenu une décision de Tokyo d’intenter un procès à la RDC. Il a indiqué aussi que le problème de la différence des interprétations de l’Histoire est une excuse de la décision du Président Lee de visiter les îles Takeshima/Dokuto. De plus, AS (le 31 août 2010) a dit que la raison pour laquelle le Président Lee se montre agressif était que Tokyo n’avait pas assez de remords pour l’Histoire. Comme cela, alors qu’il accuse le Président Lee, il donne la responsabilité principale du conflit à Tokyo. L’éditorial de MS a montré un grand changement comparativement aux autres cas d’étude, parce qu’il a continuellement écrit concernant ces problématiques quatre fois : le 12, 16, 21 et 25 août 2012. Il a dit que les comportements du président Lee ont clairement dépassé les limites. Pour cela, ce que Tokyo a intenté est tout à fait compréhensible et justifié. Par contre, il a dit qu’il demeure important que les deux États s’entendent bien, donc il faut que les deux États cherchent une solution pour atteindre le consentement entre les deux États. Dans les autres cas d’étude, MS ne soulève pas toujours les problématiques entre le Japon et la RDC. Il est donc intéressant de souligner que ce cas d’étude est vraiment différent des autres à cause de ce changement. MS a été plus positif pour mentionner les problématiques avec la RDC qu’avant ce cas. Alors qu’il critique les comportements du Président Lee, il a fortement mis l’accent sur le point de l’harmonie entre Tokyo et Séoul pour collaborer en cas d’autres problématiques politiques communes comme celles de la Corée du Nord. Tandis que l’éditorial d’YS (le 25 août 2012) a également soutenu la protestation de Tokyo

62 Ce que le Président Lee a renvoyé le message du premier ministre par la poste n’est pas normal selon le sens commun de la diplomatie. C’est pour cela, le premier ministre du Japon Noda a montré une surprise et sa colère officiellement (la commission du budget : le 24 août 2012).

51 contre les comportements du Président Lee, il a aussi insisté que cela était plus important de garder une relation amicale avec la RDC. De surcroît, il a compris que Tokyo a finalement accepté le refus du message du premier ministre. L’éditorial de SS (le 11, le 14 le 19, le 23, le 25 août 2012) a dit que les comportements du Président Lee sont inacceptables pour le Japon, il est donc nécessaire d’intenter un procès devant la Cour internationale de justice. Il est clair que SS est le plus passionné dans le support concernant la réaction de Tokyo contre Séoul, et il ne considère pas la position de la RDC comme AS et MS non plus. SS (le 2 novembre 2012) a critiqué Tokyo de ne pas intenter de poursuite même après deux mois de la visite du Président Lee. L’éditorial de NS (le 12, le 17 et le 22 août 2012) a critiqué également les comportements du Président Lee, et supporté le procès intenté par Tokyo. Par contre, il a dit que cela n’était pas une bonne idée de faire quelques contre-mesures dans ce contexte-ci. Nous pouvons donc constater que même si tous les journaux ont critiqué le Président Lee, quatre journaux sur cinq ne sont pas favorables à ce que Tokyo prenne quelques contre-mesures ou prenne une décision résolue contre Séoul. Nous ne pouvons pas constater quelques actions et paroles des entreprises japonaises ou Keidanren dans ce contexte-ci. Selon le sondage d’opinion du gouvernement japonais, 39.2 % ont de l’amitié et de la sympathie pour la RDC, et 59 % ne l’ont pas. 18.4 % pensent que la relation coréen-japonaise est bonne, et 78.8 % pensent qu’elle ne l’est pas (Le gouvernement japonais : octobre 2012).

Conclusion

Nous avons observé les cinq cas d’étude dans le cadre des relations entre le Japon et la RDC autour des problématiques des îles Takeshima/Dokuto. Il semble que Tokyo n’ait pas beaucoup de choix pour résoudre ce problème en gardant les intérêts nationaux parce que, premièrement, il a conclu le traité de normalisation avec Séoul sans avoir résolu les problématiques territoriales. Deuxièmement, il ne peut pas intenter un procès à la Cour internationale justice contre Séoul sans avoir son accord. Dans un autre côté, le Japon semble avoir un avantage dans les relations économiques puisque le niveau de la dépendance au Japon de la RDC est non négligeable. Malgré que le Japon perde certains intérêts économiques à court terme, il semble certain que la RDC devrait avoir plus de dommage économique comparativement au Japon. Par contre, Tokyo n’a jamais pris une décision pour sanctionner la RDC économiquement. Les États-Unis sont complètement externes à ces problématiques, car l’alliance militaire ne fonctionne pas pour le Japon dans ces problématiques. De surcroît, ils ont changé leur position pour être plus favorables à la RDC avec le temps. À

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travers les cinq cas d’étude, nous constatons que Tokyo n’a pas pris de décisions politiques résolues comme des contre-mesures à la RDC. La RDC profite de cette situation, par le maintien de leur décision politique, sans avoir quelques dommages politiques et économiques non plus. Tokyo n’a que protesté verbalement dans les tous les cas. Quant aux procès-verbaux, en cas de 1997, 2008, 2010 et 2011, nous constatons que les députés ont énoncé la possibilité de protester contre la RDC, mais la plupart des députés n’ont pas mentionné de contre-mesures tangibles. Il semble donc que les députés ne soient pas si enthousiastes pour prendre une décision politique plus drastique. Même dans le cas de 2012, ils ont seulement décidé d’accuser la RDC par la décision écrite qui ne cause aucun effet pour la RDC de manière concrète. Alors que les décisions politiques des députés sont influencées par la volonté des votants, nous pouvons supposer que la volonté du peuple n’est pas si favorable à une décision politique résolue non plus.

Quant aux tendances des journaux, il est également intéressant d’analyser les résultats. Nous regardons ces résultats dans le tableau suivant. Nous catégoriserons les opinions des éditoriaux en trois catégories : 1) Positif pour la décision résolue (P), 2) négatif pour la décision résolue (N), 3) aucune mention spécifique (n/a). En fait, si les éditoriaux mettent l’accent sur le point de l’harmonie plutôt que la sanction imposée, même s’ils accusent la RDC, nous traiterons ces opinions comme négatives.

1997 2008 2010 2011 2012 Asahi n/a N n/a N N Mainichi n/a N n/a n/a N Yomiuri n/a P n/a P N Sankei P P P P P Nikkei n/a N n/a N N Figure 3: Les résultats des opinions des éditoriaux pour les relations avec la RDC

C’est donc clair que les éditoriaux sont défavorables aux décisions politiques résolues dans les tous les cas d’étude. AS, MS et NS ne sont jamais favorables à une décision résolue contre la RDC. YS est parfois favorable à une décision résolue, mais il ne l’est pas toujours. Seulement SS est toujours favorable.

Quant aux tendances des entreprises japonaises, alors qu’ils n’ont pas montré leurs opinions, ils ont quelques fois souhaité une relation amicale pour l’économie. Selon le sondage du gouvernement, les résultats sont suivants.

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1997 2008 2010 2011 2012 Sentiment 37.9 57.1 61.8 62.2 39.2 positif Sentiment 57.5 40.9 36.0 35.5 59.0 négatif Impression positive pour 40.3 49.5 59.9 58.5 18.4 la relation Impression négative pour 48.3 45.9 36.7 36.0 78.8 la relation Figure 4: Les résultats des sondages d'opinion publique pour les relations avec la RDC

Nous constatons que malgré que les problématiques territoriales aient lieu, l’opinion publique est plutôt favorable pour la RDC. Toutefois, lorsque les peuples trouvent que les comportements de la RDC ont dépassé les bornes, cela change l’opinion de manière drastique (en cas de 2012). Nous constatons donc une relation corrélative entre les comportements du gouvernement et l’opinion publique dans ce contexte-ci. Malgré le comportement agressif de la RDC concernant les problématiques de ces îles, l’opinion publique semble être défavorable pour une décision politique résolue sauf lorsque les comportements de la RDC deviennent extrêmes. Il est donc très probable que la raison pour laquelle Tokyo ne prend pas une décision politique résolue contre la RDC en cas du conflit territorial est la tendance défavorable de l’opinion publique dans ce cas d’étude.

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Chapitre 3 : Les conflits territoriaux entre le Japon et la République populaire de Chine

Introduction

Après la restauration de Meiji, le Japon avait plusieurs relations avec le continent de Chine. Il y avait des guerres entre le Japon et la dynastie Qing (1894-5), et après, entre le Japon et le parti national de Chine (Kuomintang)63. Ces conflits expliquent les relations sino-japonaises après la Deuxième Guerre mondiale de plusieurs manières. Plusieurs aspects politiques et économiques reliés aux relations entre le Japon et la République populaire de Chine (RPC ou la Chine) se révèlent après que les deux États ont signé sur le traité de paix et d’amitié entre le Japon et la RPC en 197864. Après la conclusion du traité, la Chine augmentait sa puissance économique de plus en plus. Tokyo aidait fortement la Chine économiquement, financièrement et technologiquement. Les deux États sont les plus grandes puissances de la région d’Asie depuis des années par rapport au PIB en 2012. Il est donc à noter que les problématiques territoriales entre les deux États touchent plusieurs aspects des relations sino-japonaises. Il devrait être souligné que les relations sino- japonaises sont assez différentes que celles entre les Occidentaux et la RPC. Il y a une raison pour laquelle nous pouvons penser que les relations sino-japonaises se distinguent de celles entre la Chine et les pays développés. Le 4 juin 1989, Pékin a causé un incident catastrophique à l’égard du droit de l’homme au Place Tian'anmen. Dans ce cas-ci, presque tous les États occidentaux ont accusé la RPC, et ils l’ont sanctionné afin de punir. Toutefois, la réaction de Tokyo a été complètement différente. Le ministre des Affaires étrangères du Japon Mitsuduka (PLD) a d’ailleurs commenté que « j’espère que la situation actuelle de la Chine se calmera très bientôt » (Nikkei : le 5 juin 1989). De plus, le 23 juin 1989, Tokyo a montré l’opinion officielle du

63 Pendant la Guerre, le Japon s’est battu principalement contre le parti national de Chine (Kuomintang), plutôt que contre le parti communiste de Chine. La tension entre les deux États s’était aggravée depuis l’incident du pont Marco Polo (1937). 64 Le 29 septembre 1972, les deux États ont déclaré ensemble « Le communiqué conjoint du gouvernement japonais et le gouvernement de PRC ». Dans cette déclaration, les deux États ont visé à établir une relation amicale entre les deux États. Par conséquent, les deux États ont déjà commencé à communiquer officieusement à partir de cette déclaration.

55 gouvernement du Japon. Il a dit que « les relations sino-japonaises sont beaucoup plus fondées historiquement comparativement avec les autres pays occidentaux, c’est pour cela que Tokyo n’a pas l’intention de changer la politique étrangère et économique envers la Chine ». Dans ce contexte-ci, Tokyo n’a jamais mentionné la sanction contre la Chine non plus (Yomiuri : le 24 juin 1989). Lorsque G7 a accusé la Chine et décidé de la sanctionner, le Japon avait essayé que la Chine ne soit pas isolée. Le Japon avait commencé en premier à aider financièrement la Chine. En plus, l’empereur japonais a visité la Chine en 1992 en acceptant l’invitation de la Chine (Mori 2009 : 118-120). Il est donc très intéressant de noter que Tokyo a été énormément favorable à la RPC depuis des années. L’aide financière du Japon pour la Chine est également énorme. Alors que les attitudes du Japon envers la Chine semblent vraiment sympathiques après la normalisation des relations (1978), l’attitude de la Chine concernant les problématiques autour des îles Senkaku/Diaoyutai semble devenir plus dure avec le temps. Il est donc important d’observer ces problématiques de plusieurs points de vue dans ce contexte-ci. Étant donné que Tokyo a suggéré deux fois à la RDC de résoudre les problématiques à la Cour internationale justice pacifiquement, Pékin n’a jamais mentionné la même manière de résolution à Tokyo. Il est clair que cela ne sera pas Tokyo qui le demandera, car c’est le Japon qui contrôle ces îles en réalité. La différence des interprétations de l’Histoire d’avant la fin de la Deuxième Guerre mondiale explique aussi pourquoi le sentiment négatif des peuples chinois existant contre le Japon est toujours actif65. La spécificité de l’éducation en Chine contre l’histoire entre le Japon et la Chine semble accélérer cette tendance66.

Nous allons observer les problématiques des îles Senkaku/Diaoyutai en considérant ces aspects. Dans ce contexte-ci, nous essayons de vérifier si l’opinion publique influence négativement les décisions diplomatiques du Japon, en analysant des gestes posés par Tokyo dans le cadre des problématiques des îles Senkaku/Diaoyutai. Les cas d’étude seront au nombre de quatre. Nous pourrons également observer la différence de comportements entre le cas du gouvernement du PLD et le cas du gouvernement du PDJ, s’il en existe.

65 Quelques chercheurs indiquent que le nationalisme dans les deux États a augmenté depuis des années (Mori 2009 : 154). En 2012, plusieurs émeutes avaient lieu dans les villes en Chine. Dans ce cas-ci, beaucoup d’entreprises japonaises et produits japonais sont attaqués par les gens, de plus, quelques japonais civils ont été attaqués dans la rue. Toutefois, nous avons constaté peu de manifestations à Tokyo à ce moment-là, et personne n’a attaqué les entreprises chinoises ou les civils chinois. Nous pouvons donc observer une grande différence d’émotivité reliée au nationalisme entre les deux États. 66 « L’éducation de patriotisme » en chine est observée surtout après l’incident de Place Tian'anmen. Le manuel de l’éducation patriote est publié par le parti communiste en septembre 1994 pour renforcer cette éducation. Le gouvernement chinois met l’accent sur la Guerre contre le Japon (1937 – 1945) dans ce manuel (Mori 2009 : 155).

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L’arrière-plan des problématiques

Tout d’abord, nous devons constater que le régime politique de la Chine est appuyé par le système de « centralisme démocratique », à savoir qu’en Chine, il n’y a qu’un seul parti qui peut arriver au pouvoir et ce dernier contrôle le pays. Le Japon est un pays démocratique, donc la différence de régime politique entre les deux pays semble exercer une influence sur les relations entre les deux pays de plusieurs manières : les politiciens japonais devraient faire plus attention aux opinions publiques dans le cadre des décisions politiques que les politiciens chinois67. Sinon, ils risquent de perdre à la prochaine élection. De surcroît, alors que le gouvernement japonais ne peut jamais arrêter les groupes antigouvernementaux en négligeant les lois, Pékin est libre d’agir de la sorte s’il le désire. Il convient de souligner l’importance de ce point pour analyser les relations des deux États de manière objective. En Asie de l’Est, il est clair que le Japon et la Chine sont les deux plus grandes puissances économiques. Parmi les chercheurs, certains, comme Dreyer (2006) et Calder (2006), indiquent qu’il y a des rivalités entre les deux pays, surtout du point de vue économique. Il est évident que la Chine a choisi stratégiquement de se concentrer sur le développement économique, et de manière concomitante, sur le développement de ses capacités militaires depuis le milieu des années 1980 (Niquet 2005 : 47). En réalité, à cause de sa localisation géographique, la Chine devient progressivement un pays rival du Japon sur certains aspects. Toutefois, avant l’ouverture du Japon en 185468, la Chine n’était pas encore un pays important sur le plan diplomatique, car cela faisait longtemps que les deux pays ne s’étaient pas côtoyés. Nous regarderons que le premier problème qui survient lorsque nous regardons les relations entre le Japon et la Chine touche la sphère historique. Surtout que la différence des interprétations de l’Histoire devient la

67 En fait, il est clair que nous pouvons toujours observer des querelles factionnelles au sein du parti communiste de Chine. En 2012, nous avons constaté la chute de Bo Xilai qui était le chef de la ville de Chongquing. La chute de Bo Xilai pourrait être analysée du point de vue du résultat de la querelle fonctionnelle dans le parti communiste de Chine (Sankei: le 14 avril 2012). 68 Le Japon a fermé la porte à l’étranger de 1639 jusqu’à 1854, pendant l’époque d’Édo, pour exclure l’influence de la religion catholique. Toutefois, la Hollande est un pays protestant, c’est pour cela que le Japon a simplement entretenu des relations économiques avec ce pays. Son but étant de faire des transactions avec les pays européens. Il y avait des transactions entre le Japon et la Chine, mais pas de relations diplomatiques officielles entre les deux pays. Historiquement, depuis l’an 894, il n’y avait pas du tout de relations diplomatiques entre le Japon et la Chine. En 1504, le général Yoshimitsu Ashikaga a commencé la relation officielle avec la dynastie Ming afin de faire du commerce avec cette dernière. Toutefois, ce n’était pas autorisé par l’empereur japonais, et pour cela, on ne peut pas dire qu’il s’agissait des relations diplomatiques officielles. Par contre, il y avait deux guerres entre les deux dans l’histoire. Premièrement, la dynastie Yuan (le région de Chine avait été conquis par les Mongols à cette époque-là) avait essayé d’envahir le Japon en collaborant avec les Coréens en 1274 et 1281. Hideyoshi Toyotomi (comme le roi du Japon à cette époque-là) avait essayé d’envahir les territoires de la dynastie Ming (la Chine) de 1592 à 1598. La dynastie Ming s’est battue contre l’armée de Toyotomi en collaborant la dynastie Joseon (la Corée). Ces deux événements étaient les guerres entre le Japon et les deux dynasties de la région de Chine et les dynasties de la Corée, mais pas les relations diplomatiques non plus. Donc, le Japon a officiellement commencé à entretenir des relations diplomatiques avec la dynastie Qing (la région de Chine avait été conquis par les Mandchous à ce moment-là) en 1873. Il est très important de souligner que malgré que les deux pays soient voisins, il n’y a pas eu de relations diplomatiques pendant presque 1000 ans.

57 première raison pour laquelle les deux États ne s’entendent pas bien69. Donc, il est à souligner que les facteurs historiques sont influents quand nous analysons les relations entre le Japon et la Chine. Tandis que la différence des interprétations de l’Histoire et le nationalisme des deux pays sont les facteurs qui influencent les problèmes de Senkaku/Diaoyutai, mais nous ne focaliserons pas sur ce point de vue tel que nous l’avons déjà indiqué. Nous concentrerons donc sur les problématiques des îles Senkaku/Diaoyutai dans cette recherche.

Par ailleurs, avant d’aborder les problématiques principales, jetons un coup d’œil sur l’aspect politique de la Chine. Nous ne pouvons pas ignorer le fait que la Chine n’ait jamais réellement adoptée des relations équilibrées avec ses voisins (Niquet-Cabestan 2005 : 52). L’expérience spécifique de la Chine l’éloignerait des autres nations du point de vue diplomatique70. Il est également intéressant de souligner, selon Niquet-Cabestan (2005 : 51), que la vision des dirigeants chinois à propos de la place de la Chine dans le monde continue d’être marquée par une conception impériale classique, dont l’objectif idéal serait d’obtenir l’acceptation d’un lien de vassalité symbolique de la part de ses voisins, amenant alors une garantie de stabilité dans la périphérie afin de poursuivre les objectifs principaux que les dirigeants se sont fixés, ainsi que la reconnaissance par les États-Unis, seule véritable puissance partenaire, de la prééminence des intérêts chinois dans sa zone.

Nous pourrons également observer un autre aspect des stratégies diplomatiques de la Chine en analysant la position de la Chine envers les politiques diplomatiques. Wiegang (2009 : 171) interprète celles-ci de la façon suivante: la Chine utilise deux stratégies en menaçant le Japon dans la négociation concernant les problématiques territoriales, à savoir que l’une est « Issue linkage », et l’autre est « Coercive diplomacy »71. Il est vrai que la Chine lie les problématiques historiques avec les problématiques territoriales dans ce contexte-

69 Le temple shintoïsme Yasukuni est toujours un sujet diplomatique épineux en ce qui concerne les interprétations historiques sur la Deuxième Guerre mondiale de la Chine, de la Corée du Sud et du Japon, et ce, depuis que le Premier ministre Nakasone a été accusé par la Chine en 1987 pour avoir fait une visite officielle le 15 août. Néanmoins, avant Nakasone, tous les premiers ministres ont visité Yasukuni pendant leurs mandats. Lorsque Koizumi était le premier ministre, les relations entre les deux pays s’étaient énormément détériorées, car il avait visité Yasukuni toutes les années pendant ses mandats. 70 Niquet-Cabestan dit que « Soit elle occupait une position dominante face à des royaumes considérés comme moins ‘civilisés’ ou barbares, soit au contraire elle a été envahie et dominée par des dynasties étrangères, mongoles ou mandchoues, et surtout par un monde occidental dont elle n’a pas su assimiler les principes pour mieux les retourner ». La Chine refuse donc d’assimiler « l’esprit » occidental depuis toujours. Par contre, le Japon a accepté l’esprit occidental en gardant sa propre culture et ses traditions. Cette discussion serait un peu complexe, mais cela serait également important d’analyser la société japonaise de ce point de vue, à savoir comment le Japon a introduit l’esprit occidental dans l’Histoire en tenant compte de leur propre culture. 71 Wiegand dit que « Issue linkage occurs when a state deliberately links two or more distinct foreign policy issues together, claiming that resolution of one issue cannot occur without resolution of the other. Coercive diplomacy is an attempt by one state to compel another state through some type of coercion, threat, or use of force to reconsider or shift its foreign policy on a certain issue. Voir p.171.

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ci. Originalement, leurs prétentions étaient plus fortement liées par leur perspective historique que par les interprétations de droit international public72. Selon Wiegang (2009), l’utilisation primaire des deux stratégies ne vise pas à contraindre le Japon à changer ses attitudes à l’égard des problèmes territoriaux, mais plutôt de contraindre le Japon à changer son attitude par rapport aux autres problèmes qui ont peu de liens avec les problèmes territoriaux. En conséquence, nous pouvons constater que:

To prevent risking the loss of territory, Japan will comply with Chinese demands on issues that are less salient to Japan, but more salient to China. Therefore, Japan concedes on issues that are not nearly as costly as losing sovereign territory to China. Since the threat is about something as salient as sovereign territory, Japan is much more likely to change a policy on another less salient issue as a concession, in order to prevent China from talking the threatening action in a much more important territorial dispute (Wiegang 2009 : 176).

Comme le ministre de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie Shoichi Nakagawa a dit, ces problématiques des îles ne sont pas seulement des problèmes de ressources naturelles, ce sont des problèmes d’intérêts nationaux et de souveraineté (Liao 2008 : 65). Par contre, il est également vrai que les ressources en hydrocarbures situées dans la zone des îles Senkaku/Diaoyutai sont toujours un des sujets importants par rapport au conflit territorial de ces îles, car la Chine est le second plus grand consommateur d’énergie primaire de la planète (Kellner 2006 : 426). Les ressources naturelles dans cette zone sont primordiales en tant qu’éléments de ce conflit : la déclaration de souveraineté de la Chine sur ces îles l’est aussi. Zhou Enlai, ex-premier ministre de RPC, a dit « Je ne veux pas parler de problématiques des îles Diaoyutai, ce n’est pas un bon moment d’en parler. Ces îles deviennent un problème politique à cause du pétrole, si l’on n’avait pas trouvé du pétrole, ni Taïwan ni les États-Unis n’auraient parlé de ce problème » dans la conversation avec le premier ministre du Japon en 1972 (Magosaki 2011 : 74). Il faut donc souligner qu’un grand personnage de la Chine a clairement dit que ces îles sont devenues des problématiques interétatiques à cause de l’existence de pétrole. Nous pouvons constater que l’Histoire et le droit international public ne sont pas aussi importants que la découverte du pétrole en tant que sujet principal dans ce conflit pour la Chine depuis le début. La Chine a commencé à se préparer pour l’exploitation des puits de pétrole depuis 1998 dans la mer de chine orientale. La Chine a commencé à l’exploiter à 70 km ou 5 km plus loin de la ligne entre le Japon et la Chine. La tension entre les deux pays était tangible en mai 2004

72 Lorsque le Japon a intégré ces îles dans son territoire en 1895, la Chine a perdu la guerre sino-japonaise. En fait, l’intégration de ces îles par le Japon se fit trois mois avant la signature du traité de Shimonoseki. Cela est pour cela que la Chine dit qu’elle n’avait pas le choix de l’admettre la souveraineté du Japon sur ces îles. Pour savoir les prétentions de la Chine en ce qui concerne l’histoire et le droit international publique, Pan (2007) montre plusieurs points de vue.

59 lorsque la Chine a sérieusement commencé à exploiter le pétrole dans cette zone (Calder 2006 : 130). Le ministre des Affaires étrangères du Japon a protesté contre la Chine et a demandé de transmettre les données, car il est probable que la Chine aspire le pétrole de la zone économique exclusive (ZÉE) du Japon. La Chine n’a pas répondu en insistant que c’était la zone de la Chine. Par contre, le Japon n’a pas commencé à s’organiser afin de faire de la recherche sur le pétrole de cette zone avant 2005. (Yamada 2010 : 47- 48). Nous constatons que le Japon n’a pas pris l’initiative dans cet enjeu, de plus, il ne semble pas avoir l’intention d’exploiter le pétrole dans cette zone pour le moment.

Ensuite, nous regardons les incidents qui se sont passés en ce qui concerne les îles Senkaku/Diaoyutai. En 1969, lorsque la commission de l’ONU a proclamé qu’il y avait potentiellement une grande quantité de pétrole sous la mer de Chine oriental, les îles Senkaku/Diaoyutai sont devenues la cible de tous les regards. Deux ans après cette proclamation de l’ONU, Taïwan et la Chine ont proclamé leur souveraineté sur ces îles. Pendant la négociation, afin de faire le traité de paix entre le Japon et la Chine, presque 100 bateaux chinois sont venus près des îles Senkaku/Diaoyutai, pour brimer la souveraineté territoriale du Japon en y faisant de la pêche sans avoir le permis du Japon. Il y a avait quelques conflits entre Tokyo et Pékin avant 2010. En 1996, lorsque la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer a commencé à être en vigueur au Japon suite à la signature par le Japon de ce traité, l’activité des conservateurs de Taïwan et Hong Kong a été animée et un homme de Hong Kong s’est lancé dans la mer et il est mort. Après cet incident, les activistes de Chine, Hong Kong et Taïwan sont venus dans ces zones et ont embarqué sur les îles afin de protester. En 2004, les activistes chinois ont embarqué sur les îles et ont été arrêtés par les policiers japonais, et ensuite, ils ont été renvoyés en Chine tout de suite après sans jugement juridique. L’incident de septembre 2010 était vraiment différent que ceux d’avant. Le 24 septembre 2010, un bateau de pêche des Chinois a heurté un bateau de l’agence de la sûreté japonaise près des îles Senkaku/Diaoyutai. Cette nouvelle a bouleversé le Japon, car cet incident a été reconnu comme une attitude agressive de la part des Chinois à l’encontre du Japon. Le 15 août 2012, les activistes de Hong-Kong ont embarqué sur les îles Senkaku/Diaoyutai. Ils ont été arrêtés par les policiers japonais et ils ont été renvoyés à Hong-Kong tout de suite après sans être punis par les lois japonaises.

D’ailleurs, nous regardons également Taïwan en tant qu’un acteur dans ce conflit territorial; parce que ce dernier insiste aussi sur son droit à la souveraineté sur ces îles depuis 1971. En réalité, beaucoup d’activistes taiwanais sont engagés dans ce conflit. Par contre, Li Teng-hui, ex-président de Taïwan dit que ces îles appartiennent au Japon selon l’Histoire et le droit international public. Donc, si la Chine veut insister sur son droit de possession de ces îles, elle doit montrer les preuves et les raisons valables qui assurent leur

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prétention à la souveraineté sur les îles Senkoku (Sankei : le 6 juin 2012). De plus, Li dit que le gouvernement japonais doit admettre le droit de pêche dans cette zone aux pêcheurs taïwanais, car anciennement ils avaient accès à cette zone, alors que cela est maintenant interdit aux pêcheurs taïwanais, selon les autorités japonaises. Li critique l’attitude du gouvernement japonais par rapport à la politique, mais pas sur la question de la souveraineté des îles de Senkaku (Yamada 2010 : 130). De ce point de vue, Taïwan joue un rôle différent que celui de la Chine, malgré le fait que les deux prétendent officiellement qu’ils sont souverains sur ces îles. Nous pouvons constater que plusieurs types d’opinions publiques peuvent exister à Taïwan, car la liberté d’expression est beaucoup plus présente à Taïwan qu’en Chine. C’est la raison pour laquelle il convient de faire la différence entre Taïwan et la Chine en ce qui concerne les problématiques de ces îles.

Les relations économiques entre le Japon et la RPC

Les relations économiques entre ces deux pays sont vraiment actives depuis que les deux ont signé le traité de paix en 1978. Lorsque nous vérifions les relations économiques entre les deux pays, il est important de regarder l’Aide publique au développement (APD) du Japon envers la Chine. De 1978 à 2007, le total de somme d’APD à la Chine est US$ 20,548.14 millions73. Ce chiffre montre à quel point le Japon a aidé la Chine financièrement après la normalisation des relations entre les deux États. Par contre, nous constatons un problème lié avec l’APD : le Japon est furieux que Pékin ait dépensé $ 120 millions de dons de l’APD afin qu’ils l’utilisent dans le but d’exploiter les puits de pétrole dans la zone disputée. Cet événement a augmenté le sentiment que le Japon n’a plus besoin d’aider la Chine financièrement, car la Chine est déjà bien développée économiquement (Dreyer 2006 : 547). Comme Sakuwa (2009 : 514) le remarque, la légitimité du parti communiste de la Chine dépend du nationalisme et du succès économique. Afin de garder la stabilité dans la politique intérieure, il est primordial de continuer à se développer économiquement. Il semble que ce soit la raison pour laquelle les ressources naturelles qui sont dans la zone des îles Senkaku/Diaoyutai soient si importantes pour la Chine. Le Japon reconnaît également l’importance de la coopération économique avec la Chine. Par exemple, la Fédération affaires japonaise (FAJ : Keidanren), qui a généralement une grande influence sur la décision politique japonaise, insiste toujours pour la stabilité et des relations proches avec la Chine (Sakuwa 2009 : 515).

73 En fait, quand nous regardons le détail, l’APD est scindé en deux catégories ; des dons et des prêts. Les coopérations techniques sont inclues dans la catégorie de dons. Le total de dons est US$ 6,383.29 millions ; le montant total des coopérations techniques est US$ 5,238.46 millions, et le montant total des dons d’argent est d’US $ 1,144.79 millions. Voir le site du ministre des affaires étrangères du Japon.

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Sakuwa (2009) indique que le commerce entre les deux pays a toujours continuellement augmenté au fil des années, par exemple de 1998 à 2007 (Sakuwa 2009 : 516). Il semble que la stabilité politique entre la Chine et le Japon est une priorité pour l’économie japonaise. Notre but dans cette partie est de vérifier l’état de la situation économique entre les deux pays en plus de chercher le niveau d’importance de la Chine pour l’économie japonaise. Il s’agit d’une fausse conception que de croire que l’économie japonaise est fondamentalement dépendante de la Chine. Comme nous avons déjà vu, la Chine utilise deux stratégies afin d’avoir des avantages dans les relations avec le Japon (Wiegand : 2009). Donc, nous devons porter un regard sur la relation économique entre les deux pays. Mitsuhashi (2011) indique que la Chine n’est pas aussi importante que nous le pensions généralement en montrant des données d’économie. Nous regarderons le graphique ci-dessous.

164 024 180 000 141 498 143 882 160 000 123 644 140 000 120 000 l'exportation à la Chine et à 100 000 Hong Kong l'Importation de la Chine est de 80 000 Hong Kong 60 000 40 000 20 000 0 2008 2009

Figure 5: L'exportation à la RPC et à Hong Kong, et l'importation de la RPC et de Hong Kong

(Mitsuhashi 2011 : 31) (La valeur : 1 million US$)

Nous pouvons constater que les volumes d’importation et d’exportation entre le Japon et la Chine diminuent significativement, car comparativement à l’année 2008, l’exportation vers la Chine et Hong Kong a diminué de US20,142 millions $ (13.7 %), l’importation de la Chine et de Hong Kong a diminué de US17,854 millions$ (14.1 %). L’économie du monde a été bouleversée par la faillite de Lehman Brothers, donc cet événement a également des conséquences sur la relation économique entre le Japon et la Chine. Il est notable de mentionner l’augmentation des relations économiques sino-japonaises pendant la période qui a suivi cet événement. Les données ci-dessous témoignent plus précisément de relations économiques récentes entre les deux pays. Le graphique ci-dessous montre à quel point l’exportation et l’importation de la Chine ont une importance minime relativement PIB du Japon.

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5 068 060 6 000 000

5 000 000

4 000 000

3 000 000

2 000 000

141 498 123 644 1 000 000

0 L'exportation à la Chine et à L'importation de la Chine et PIB du Japon Hong Kong de Hong Kong

Figure 6: Le pourcentage du PIB du Japon provenant des exportations et des importations avec la RPC et Hong Kong

(Mitsuhahi 2011 : 29) (La valeur : 1 million US$) Nous pouvons constater que le pourcentage du PIB du Japon provenant des exportations à la Chine et à Hong Kong (2009) est de US141,498 millions $ (2.79 %), et celui qui vient des importations de la Chine et d’Hong Kong est de US123, 644 millions $ (2.44 %). Il semble que ce soit difficile d’avancer que « l’économie du Japon dépend de la Chine » par ces chiffres. Mitsuhashi (2011) indique également que les choses principales importées au Japon sont des ressources naturelles, à savoir que les ressources naturelles ne sont pas importées par la Chine. Les ressources naturelles qui sont importées par le Japon proviennent de pays du Moyen-Orient. Tandis que le Japon exporte quand même beaucoup de produits à la Chine (Dourille-Feer 2011 : 63), il semble également que les produits que le Japon importe de la Chine ne soient pas essentiels pour le Japon parce qu’il semble que ce soient des choses remplaçables par des offres des autres États parce que ce ne sont pas les ressources naturelles. Il est aussi remarquable que le Japon soit un pays qui investisse auprès de la Chine depuis des années. Alors que le taux moyen de croissance d’investissement envers la Chine dans le monde a diminué de 17.4 % (2010) à 9.7 % (2011), seul le Japon a augmenté son taux d’investissement de 49.6 % comparativement à 2011 (Jetro 2011 : 6). De surcroît, le Japon enseigne à la Chine comment utiliser la technologie et ses connaissances agricoles et industrielles à travers les activités de l’APD depuis des années. Par ailleurs, tandis que la relation économique entre les deux pays est parfois bonne, il semble que l’économie japonaise ne dépende pas exclusivement de la Chine. Pourtant, il est aussi vrai que plusieurs entreprises japonaises fonctionnent bien à cause de la relation économique avec la Chine. En fin de compte, si le Japon diminuait l’importance de ses relations économiques avec la Chine, il semble que ce soit le Japon qui serait en désavantage économiquement par rapport à la Chine. Cependant, à long terme, l’économie japonaise ne subirait pas de dommage en délocalisant ses usines implantées en Chine.

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Le rôle de l’alliance militaire américano-japonaise

L’alliance américano-japonaise est un élément important pour la sécurité nationale du Japon depuis 1952. En effet, c’est durant cette année que le traité de San Francisco fut entériné et que l’alliance militaire américano-japonaise fut forgée. Même si les relations américano-japonaises ne sont pas bonnes du point de vue économique74, la nature de l’alliance militaire américano-japonaise n’a jamais changé. De surcroît, même si des changements ont été apportés au contenu du traité en 196075, la plupart des articles de ce traité sont demeurés inchangés. Après 1970, ce traité fut prolongé automatiquement chaque année, en accord avec ses articles. Il est important de souligner que l’analyse des articles du Traité de l’alliance militaire est capitale afin de comprendre comment cette alliance fonctionnera lors de l’émergence d’une crise qui porterait atteinte à la sécurité nationale du Japon, cela est notamment le cas du cas d’étude de la Chine dans notre recherche. Les décisions portant sur les différentes coopérations du Japon aux activités humanitaires internationales sont fortement influencées par les Américains. De plus, ce phénomène nous dévoile un élément clé de notre analyse des conflits territoriaux japonais : ce sont les intérêts des Américains qui dictent les décisions gouvernementales japonaises en ce qui a trait au conflit territorial. Alors que Tokyo ne peut pas, à proprement parler, employer la force militaire à l’étranger à cause de la limite constitutionnelle, une modification de l’interprétation de la constitution et l’élaboration de nouvelles lois ont permis au Japon d’envoyer des militaires à l’étranger; le but de ces missions demeurant pacifique. Enfin, l’aspect économique est également un facteur d’une grande importance dans l’analyse des relations interétatiques entre le Japon et les États-Unis d’Amérique. Plusieurs conflits entachaient les relations économiques entre Tokyo et Washington depuis la fin de la Guerre, ainsi les répercussions des pressions politiques américaines sur le Japon, en ce qui concerne les relations économiques, sont aisément perceptibles. De surcroît, lorsque Tokyo tente de prendre une décision diplomatique économique avec l’Iran et le Viêt-nam, Washington a clairement montré son mécontentement envers Tokyo (Miyashita 1999 : 698). Il semble donc qu’il y ait quelques spécificités entre les deux États à cause de l’alliance militaire.

74 Après la Deuxième Guerre mondiale, le Japon s’est concentré sur le développement de son économie. Ainsi, le niveau de technologie et la puissance économique se sont énormément accrus. Ces développements ont causé beaucoup de conflits politiques entre les deux États, car le Japon a énormément augmenté ses exportations vers les États-Unis. Ces développements ont été perçus en tant qu’obstacles au développement économique des États-Unis. Il est donc à noter que le sentiment anti-Japonais des Américains était très exacerbé dans les années 70 et 80. Voir Hook, Gilson, Hughes et Dobson (2011 : 108). 75 En fait, comme nous avons déjà vu dans le premier chapitre, il y a eu un changement de contenu en 1960. Le premier ministre Kishi tenta, par la voie légale, de modifier le traité; le Japon aurait désormais l’obligation de défendre les bases militaires américaines au Japon.

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Il faudrait regarder tout d’abord l’article V du traité de 1960, Treaty of Mutual Cooperation and Security between the United States and Japan76, notamment qui est de la défense nationale du Japon. Il est très important de souligner que l’article V montre la spécificité de cette alliance. « Article V. Each Party recognizes that an armed attack agains either Party in the territories under the administration of Japan would be dangerous to its own peace and safety and declares that it would act to meet the common danger in accordance with its constitutional provisions and processes….. » (Hook, Gilson, Hughes et Dobson 2011 : 531).

Il devrait être noté que les États-Unis ont réellement influencé les décisions diplomatiques japonaises lorsque le gouvernement japonais a essayé de résoudre ses problématiques avec la Russie. Quand on se penche sur l’histoire d’après-guerre, il est clair que Washington ne voulait pas que Tokyo se réconcilie avec l’URSS77 à cause de la Guerre froide. La pression politique était donc mise sur les décisions de Tokyo, afin qu’elles favorisent les Américains au détriment des Soviétiques, voire même des Japonais.

Nous allons regarder les attitudes que Washington adopta après 1989. Comme nous l’avons constaté dans la partie précédente, à la suite de la lecture de l’article V du traité de l’alliance, les problématiques des territoires du Nord ne sont pas touchées par l’alliance, car les territoires du Nord sont contrôlés par la Russie, et beaucoup de Russes demeurent sur ces îles depuis des années. Lorsque le président de Russie, Medvedev, visita les îles en 2010, Washington annonça officiellement que les États-Unis ne feraient jamais rien pour le Japon en ce qui a trait à ces problématiques, et ce, en vertu de l’article V du traité (Magosaki 2011 : 144). Par contre, nous pouvons analyser les nombreux malentendus concernant ce problème à travers l’opinion populaire japonaise, à savoir que même parmi les médias, la visite de Président de la Russie a été causée par une mauvaise relation américano-japonaise, donc que l’alliance militaire américano-japonaise devait être renforcée afin d’améliorer la sécurité nationale japonaise en y incluant la sécurité des Territoires du Nord (Yomiuri : le 1er janvier 2011). Il est également évident que les problématiques territoriales entre le Japon et la RDC n’ont rien à voir avec l’alliance militaire américano-japonaise. L’attitude de Washington face à la problématique Takeshima/Dokuto est donc vraiment simple et claire comme nous avons constaté dans le 2e chapitre.

76 Voir Hook, Gilson, Hughes et Dobson (2011 : 530-1). 77 Le secrétaire d’État John Foster Dulles a clairement dit que si le Japon concède quoi que ce soit sur les problématiques des Territoires du Nord, cela causerait des problèmes en ce qui concerne Okinawa et la législation d’aide en 1956 (Elleman, Nichols et Ouimet 1998/1999 : 496-7).

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Il convient de mentionner que les États-Unis ne réagissent pas tout de suite à une attaque étrangère sur les territoires contrôlés par le gouvernement japonais, car ils doivent suivre les procédures de la constitution américaine. En fin de compte, si le parlement des États-Unis ne soutient pas immédiatement le Japon en cas d’attaque imminente afin de protéger les territoires du Japon, l’armée américaine ne fera rien contre une attaque étrangère envers le Japon. Il est évident que nous ne pouvons pas prédire ce qui va arriver lors d’un éventuel conflit international, mais une lecture approfondie des articles nous permet d’analyser la nature de l’alliance militaire américano-japonaise ainsi que les réactions militaires américaines qu’elle engendrerait. Nous constatons donc que l’article V n’assure pas encore une protection automatique des territoires japonais par l’armée américaine lors de situation imminente. Une attaque sur les territoires contrôlés par le Japon est mentionnée dans le traité d’alliance militaire américano-japonaise, néanmoins les actions de l’armée américaine seront dictées par le parlement des États-Unis. En conséquence, si la décision du congrès et du Président est négative, l’armée américaine ne fera rien pour protéger le Japon. Ce point est essentiel à la compréhension de la nature de l’alliance militaire américano-japonaise, notamment dans le cas du conflit avec la Chine. D’après l’article 51 de la charte des Nations Unies, tous les États membres de l’ONU ont le droit de légitime défense78. Le Japon est supposé avoir ce droit, parce qu’il est également un membre de l’ONU. Par contre, à cause de la limite constitutionnelle, il ne le peut. La question à été débattue à plusieurs reprises, et une solution qui plairait à tous les partis en cause n’a toujours pas été trouvée.

Ensuite, nous regarderons l’attitude des États-Unis concernant les problématiques de Senkaku/Diaoyutai. L’ambassadeur des États-Unis au Japon, Mondiale, a dit que l’alliance militaire ne s’applique pas forcément aux problématiques de Senakaku/Diaoyutai, et ce, parce que les États-Unis veulent garder une position neutre dans le cadre des conflits entre le Japon et ses États voisins (New York Times : le 15 septembre 1995). Ces propos furent démentis tant par le gouvernement japonais que par le gouvernement américain; l’article V du Traité de l’alliance militaire américano-japonaise sera appliqué dans le cadre de la problématique des îles Senkaku. Cependant, les États-Unis sont extérieurs au conflit concernant la souveraineté de ces îles (Magosaki 2022 : 154). Par ailleurs, Hillary Rodham Clinton a clairement parlé en ce sens en mentionnant que l’alliance militaire serait honorée en cas d’attaque des îles Senkaku lors de sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères Maehara (Sankei : le 8 janvier 2011). Toutefois, il devrait être noté que selon le Security Consultative Committee Document U.S.-Japan Alliance: Transformation and Realignment for the Future (le 25 octobre 2005), il est dit que « Japan will defend itself and respond to

78 Le droit de légitime d’auto-défense assure que lorsqu’un État est attaqué par d’autres, ce même État a le droit de demander à un État allié n’étant pas impliqué dans l’attaque de l’aider aussi bien économiquement, mais surtout militairement afin de se défendre contre son agresseur.

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situations in areas surrounding Japan, including addressing new threats and diverse contingencies such as ballistic missile attacks, attacks by guerilla and special forces, and invasion of remote islands. For these purposes, Japan's defense posture will be strengthened in accordance with the 2004 National Defense Program Guidelines ». À noter que si le Japon ne peut pas se défendre, l’armée américaine ne peut le défendre non plus (Magosaki 2012 : 134). Armitage, ex-secrétaire d’État adjoint des États-Unis, a dit que si le Japon ne se défend pas, les États-Unis ne pourront plus défendre (Armitage 2011 : 42). Finalement, il semble que l’alliance militaire fonctionne en cas de crise, mais nous constatons que plusieurs points ambigus subsistent.

Les cas d’étude

Nous analysons quatre cas d’étude dans le cadre de problématiques avec la RPC. Le premier cas aborde le problème ayant eu lieu en octobre 1996. Quatre activistes de Hong Kong et Taïwan ont embarqué sur les îles Takeshima/Diaoyutai. Le deuxième cas relate le problème du 25 mars 2004, sept activistes chinois ont embarqué sur ces îles. Le troisième cas traite du problème de cas de 2010, un bateau de pêche des Chinois a heurté un bateau de l’agence de la sûreté japonaise près des îles de Senkaku/Diaoyutai. Le quatrième cas mentionne le problème de cas de 2012, neuf activistes de Hong Kong ont embarqué sur les îles de Senkaku/Diaoyutai.

Dans ce chapitre, nous traiterons également des cas survenus à l’époque du gouvernement du PLD et ceux du gouvernement du PJD. Nous pourrons vérifier quelques différences de comportements entre les deux grands partis politiques du Japon. Ce cas semble être adéquat pour analyser si Tokyo prend l’initiative politique et diplomatique afin de conserver sa souveraineté parce que le Japon devrait prendre des décisions diplomatiques de manière positive dans ce cas-ci, de sorte que Tokyo maintient le contrôle pratique sur ces îles. Toutefois, Tokyo n’a mis aucune mesure en place afin de protéger ces îles79.

79 Lorsque sept activistes chinois ont embarqué sur les îles, le ministre de défense Ishiba a dit que Tokyo n’a pas de l’intention de disposer des membres de FJDA (la commission de la sécurité nationale : le 25 mars 2004). Tokyo n’a encore rien mis comme mesure de protection sur ces îles jusqu’à la fin de 2012.

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Le cas de 1996

Le 7 octobre 1996, quatre activistes de Hong Kong et de Taïwan ont embarqué sur les îles Senkaku/Diaoyutai. Toutefois, le gouvernement japonais n’a pas arrêté ces activistes malgré qu’ils aient montré la possibilité de les mettre sous arrestation80 (Sankei : le 8 octobre 1996). Finalement, les activistes ont établi le drapeau de Taïwan et sont restés pendant près d’une heure sur ces îles, pour ensuite repartir. À ce moment-là, c’était le PLD qui prenait le pouvoir. En fait, dans ce cas d’étude, nous constatons que le gouvernement japonais n’a pas pris une décision politique résolue. Les autorités n’ont pas arrêté les activistes qui ont fait la violation de domicile. Dans ce cas-ci, si nous posons les trois questions de la section de « cas d’étude et méthodologie » du premier chapitre (les trois questions), nous devrons répondre oui à la troisième question, car nous ne constatons aucun élément pour répondre oui aux deux autres questions. Nous constatons la première question concernant ce problème dans la commission du droit le 20 février 1997. Dans cette commission, le député Nishimura (Parti de Shinshin81) a demandé si l’ADSMJ avait l’intention de les arrêter ou non. Un fonctionnaire de l’ADSMJ a répondu que « les problématiques des îles Senkaku sont très sensibles au niveau politique, c’est pour cela, nous avons suivi la direction du gouvernement qui veut traiter ce problème attentivement, nous avons fait vraiment attention pour que personne ne meure, essayé d’arrêter que les activistes embarquent, nous avons fait notre mieux », donc ils n’ont pas montré s’ils avaient l’intention de les arrêter ou non. De surcroît, lorsque Nishimura a demandé si le gouvernement japonais avait l’intention d’arrêter des activistes qui embarqueraient dans le futur, le ministre des Affaires étrangères Matsuura a évité de répondre à cette question (la commission du droit : le 20 février 1997). Nishimura a aussi indiqué que cela n’avait pas de sens si le gouvernement arrêtait des gens d’entrée illégale dans d’autres cas, mais sauf pour le cas de Senkaku. Maintenant, penchons-nous sur les différents éditoriaux. L’éditorial d’AS (le 13 octobre 1996) a critiqué le nationalisme de Hong Kong en disant que les journaux de Hong Kong mélangent les problématiques de l’Histoire avec celles de nature territoriale. Il n’a pas critiqué que Tokyo n’ait pas pris une décision résolue. SS (le 9 octobre 1996) a critiqué les comportements du gouvernement japonais en disant que ce n’est pas raisonnable de ne pas arrêter les activistes, et qu’une décision résolue devait être prise pour les problématiques territoriales, sinon la défense territoriale devient impossible. Les trois autres journaux n’ont

80 Il doit être noté que Hong Kong n’était pas une partie de la Chine à ce moment-là. Le transfert de la souveraineté d’Hong Kong a été fait en juillet 1997. Donc, ce problème devrait être différencié d’autres cas d’étude. Par contre, le but de notre recherche est de vérifier les comportements du Japon. C’est pour cette raison que ce problème sera aussi pris en compte. 81 Ce parti politique n’existe plus après décembre 1997.

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pas mentionné ce problème dans leurs éditoriaux. Finalement, un journal sur cinq a critiqué que Tokyo n’ait pas pris une attitude résolue contre les activistes. Le 28 août 1996, l’ex-président de Keidanren et vice-président de Keidanren ont visité Pékin pour accélérer la communication entre les entreprises japonaises et chinoises. Nagano a dit qu’« il faut qu’on s’entende bien maintenant, notamment lorsque les deux États ont des conflits sérieux politiquement » (Nikkei : le 29 août 1996). Nous constatons donc que la volonté des entreprises japonaises est favorable pour renforcer l’amitié avec la Chine malgré la présence du conflit territorial. Selon le sondage d’opinion du gouvernement japonais, 48.4 % ont de l’amitié et de la sympathie pour la RPC, et 48.4 % ne l’ont pas. 45.2 % pensent que la relation sino-japonaise est bonne, et 45.7 % pensent qu’elle ne l’est pas (Le gouvernement japonais : octobre 1996).

Le cas de 2004

Les sept activistes chinois sont embarqués sur une île qui s’appelle Uozuri (en japonais) le 24 mars 2004. Les sept personnes ont été arrêtées immédiatement par les policiers japonais d’Okinawa, pour ensuite être envoyées au bureau de l’immigration. Au début, alors que les sept Chinois devaient être inculpés au parquet, les sept furent plutôt retournés en Chine. Ceci est survenu suite à une décision de nature diplomatique (Yamada 2010 : 125). Nous pouvons vérifier qu’il y a plusieurs actions entamées par la Chine afin de montrer leur prétention envers ces îles de sorte que le monde reconnaisse qu’il y a des conflits territoriaux dans cette zone82. C’était également le gouvernement du PLD qui était au pouvoir dans ce cas. Dans ce cas-ci, si nous posons les trois questions, nous devrons répondre oui à la troisième question, car nous ne constatons aucun élément pour répondre oui aux deux autres questions. Malgré que Tokyo a arrêté les activistes, ils ne les ont pas punis, c’est-à-dire qu’il n’a pas appliqué les lois japonaises pour ce cas. Ils ont simplement renvoyé les activistes pour éviter un conflit avec la Chine. Nous constatons donc un changement des comportements de Tokyo, mais pas une initiative politique83. Quant aux procès-verbaux des politiciens japonais, nous constatons que le ministre d’État pour Okinawa et les affaires des territoires du Nord Motegi a confirmé que le gouvernement punira sept activistes suivant les lois intérieures japonaises (la commission spéciale d’Okinawa et des affaires des territoires du Nord). D’un autre côté, un fonctionnaire de la préfecture de police Segawa84 a aussi dit qu’ils vont juger les

82 Le gouvernement japonais dit toujours qu’il n’y a pas de problème territorial sur les îles Senkaku depuis que ce conflit a commencé en 1971 par la déclaration de souveraineté de la Chine et Taïwan. 83 En fait, par les lois mises en place, il est normal d’arrêter ceux qui sont entrés illégalement. 84 Les bureaucrates japonais sont souvent aux commissions du Parlement pour mieux expliquer les choses en détail lorsqu’ils pensent qu’il est nécessaire que les ministres s’expliquent.

69 activistes en suivant les lois intérieures japonaises (la commission de la diplomatie et de la sécurité nationale : le 25 mars 2004). Par contre, après le renvoi des activistes en Chine, le ministre de la Justice Nozawa a dit qu’ils ont pris cette décision en suivant les lois d’émigration et d’immigration et reconnaissance des réfugiés. Par contre, le sénateur Hukushima (PLD) a indiqué que cette décision n’a pas réellement suivi la loi précédente, car cette application de loi pourrait être perçue autrement selon son interprétation 85 (la commission de l’observation d’administration : le 29 mars 2004). Le ministre des Affaires étrangères Kawaguchi a nié que le gouvernement japonais a considéré ce problème du point de vue politique dans cette commission, malgré le fait que quelques journaux ont reporté que cela était une décision politique, et non juridique86. Par ailleurs, quand nous nous penchons sur les éditoriaux, l’éditorial d’AS (le 26 mars 2004) a dit que l’arrestation par le gouvernement est compréhensible, mais que c’était la faute du gouvernement japonais d’avoir laissé ces activistes arriver à ces îles. À la fin, il a dit que les deux États devraient chercher un chemin pacifique. MS (le 25 mars 2004) a également critiqué que Tokyo ait laissé embarquer les activistes sur les îles, pour ensuite exiger une meilleure vigilance face à ce problème. YS (le 25 mars 2004) a critiqué l’opinion de la Chine, et insisté que ce conflit a été causé par la Chine en supportant l’arrestation par Tokyo. SS (le 25 et le 27 mars 2004) a dit que la protestation de Tokyo contre Pékin n’est pas suffisante, et que Tokyo devrait prendre des actions plus fortes pour la prévention des rechutes. De plus, SS (le 1er avril 2004) est le seul journal qui a critiqué que Tokyo ait décidé de les renvoyer sans punition. NS n’a pas rien écrit sur ce problème. Nous ne constatons pas quelques réactions de Keidanren dans ce cas-ci. Selon le sondage d’opinion du gouvernement japonais, 37.6 % ont de l’amitié de et la sympathie pour la RPC, et 58.2 % ne l’ont pas. 28.1 % pensent que la relation sino-japonaise est bonne, et 61.0 % pensent qu’elle ne l’est pas (le gouvernement japonais : octobre 2004).

Le cas de 2010

La collision de bateaux à Senkaku87 s’est survenue le 7 septembre 2010. Lorsque le bateau chinois a été arrêté par l’Agence de la sûreté japonaise, il s’est jeté contre le bateau de l’Agence japonaise. Une vidéo a

85 Un des sept activistes a été arrêté avant au Japon, parce qu’il a en brisé la propriété du temple shintoïsme Yasukuni. Il était encore sous probation à ce moment-là. Dans ce contexte-ci, l’article 65 de la loi d’émigration et immigration et reconnaissance de réfugié qui permet de renvoyer les immigrations illégales ne pourrait pas être appliquée. Cette décision dépendra quand même de l’interprétation de la loi. C’est ce qu’un député Hukushima a indiqué dans ce contexte-ci. 86 Le premier ministre Koizumi a dit devoir penser à ce problème du point de vue politique (Sankei : le 27 mars 2004). 87 Nous regarderons ici ce qui s’est passé après l’incident des Îles Senkaku, et ce, en ordre chronologique des évènements. Après avoir arrêté les pêcheurs chinois par l’Agence de la sûreté japonaise, les fonctionnaires chinois rencontrent le patron le lendemain. Ensuite, l’Agence de la sûreté japonaise l’a déféré au parquet. Le parquet a demandé de le détenir à la

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été faite par l’Agence japonaise à ce moment-là. Nous allons vérifier les problématiques comportementales du gouvernement japonais. Premièrement, lorsque le bateau chinois a été arrêté, le gouvernement japonais n’a pas montré la vidéo tout de suite au public, il a gardé le contenu de cette vidéo sous prétexte que celui-ci pouvait servir de preuve au tribunal. Le gouvernement n’a pas montré cette vidéo jusqu’à ce qu’un agent de la sûreté maritime le mette en ligne sur le site Internet YouTube le 4 novembre; soit pratiquement deux mois après l'incident. De par cette vidéo, il apparait évident que le fautif de l’accident était les Chinois. Il est à noter que ce cas est différencié à cause d’un point important : le patron du bateau est arrêté à cause d’une entrave à l’exercice de la fonction publique. Il est probable que si le gouvernement japonais avait montré cette vidéo tout de suite après l’incident, cela aurait été plus facile de justifier la prétention du Japon au monde dans ce conflit. Par contre, le gouvernement japonais a continué à le dissimuler jusqu’à ce que la vidéo ait été publiée par un moyen non officiel. Le premier ministre Kan a dit que cette vidéo avait été traitée comme une pièce à conviction dans le procès, et que cette vidéo serait diffusée lors du procès du Japon contre le patron des bateaux chinois et non dans les médias publics (la séance principale de la chambre des députés : le 6 octobre 2010). Nous ne pouvons pas voir une raison valable pour laquelle le Japon n’aurait pas montré la vidéo publiquement dans sa réaction, car après son visionnement, il était clair que c’était le bateau chinois qui avait heurté le bateau japonais. Donc, il est difficile de croire que cette vidéo aurait pu amener un désavantage pour les relations diplomatiques du Japon. Ce constat démontre visiblement l’hésitation du pays à publier cette vidéo (Asahi : le 13 octobre). Deuxièmement, lorsque le gouvernement du Japon a décidé de libérer le patron du bateau à cause de la décision de Parquet, tandis que Kan a dit que cette décision n’a rien à voir avec la décision gouvernementale, les fonctionnaires ont témoigné que Kan a indiqué de libérer le patron du bateau le plus tôt possible avant qu’il aille à l’assemblée générale des Nations du 22 octobre (Asahi : Le 29 novembre). Malgré le fait que Kan et le secrétaire général du gouvernement Sengoku ont dit que cette décision ait été faite par le Parquet, le parquet n’a aucunement le droit de juger les choses politiquement, à savoir qu’il est clair que le gouvernement japonais a ordonné au parquet de le libérer. Selon le chef du PLD Tanigaki, il semble que cette décision se soit faite afin de céder à la demande du gouvernement chinois dans le but d’éviter d’envenimer le conflit davantage (la séance principale de la chambre des députés : le 6 octobre 2010), malgré le fait que cette décision ait eu un mauvais impact sur la souveraineté japonaise dans ces problématiques territoriales. Nous constatons ensuite comment le gouvernement japonais a réagi aux réactions chinoises qui ont visé à exercer des représailles contre l’arrestation du patron de bateau chinois par le Japon. Tandis que le justice le 10 septembre 2010. Le parquet a décidé de libérer les autres pêcheurs sauf le patron, et le bateau est aussi libéré le 13. Le ministre des Terres, de l'Infrastructure et des Transports est allé voir la zone le 16. Le palais de justice d’Ishigaki a prolongé la détention 10 jours plus. Du 19 au 20, le gouvernement chinois a commencé à prendre des mesures de rétorsion contre le Japon. Le Premier ministre de la Chine a officiellement demandé de libérer le patron le 22. Un fonctionnaire des affaires étrangères du Japon est allé parler avec le parquet de Naha avec l’entente du secrétaire général de cabinet le 23. Le parquet de Naha a décidé de libérer le patron chinois en réservant la punition le 24. L’avion chinois nolisé est venu à Ishigaki pour le chercher, et il a été envoyé en Chine.

71 gouvernement chinois a demandé de le libérer tout de suite, il a notamment mis en place des contre-mesures afin de bouleverser le gouvernement japonais : une de celles-ci est que le gouvernement chinois a arrêté d’offrir les terres rares; et une autre est que le gouvernement chinois ait arrêté quatre hommes d’affaires japonais en les accusant d’être des espions. Les terres rares sont presque entièrement contrôlées par la Chine, car celle-ci occupe environ 95 % de la production mondiale de terre rare. Lorsque le conflit du bateau s’est produit, l’approvisionnement au Japon en terres rares en provenance de Chine a été bloqué pendant deux mois à partir de la fin septembre 2010, bien que le gouvernement chinois ait nié la mise en place d’un embargo (Dourille-Feer 2011 : 61). Le ministre des Affaires étrangères Maehara a dit que le gouvernement voulait traiter de ces problèmes attentivement en regardant la relation avec la Chine de plusieurs points de vue (la commission de la diplomatie et la sécurité de la chambre des députés : le 8 octobre 2010). Nous n’observerons pas de réactions positives afin de mettre en place des contre-mesures pour les problématiques de terres rares face aux Chinois. En ce qui concerne le problème de l’arrestation des quatre hommes d’affaires, le gouvernement chinois les a arrêtés le 23 septembre 2010 en raison de suspicion d’espionnage (Yomiuri : le 23 septembre 2010). Par contre, le gouvernement japonais avait peu d’options pour inciter la Chine à libérer les quatre Japonais, hormis d’en faire la demande au gouvernement chinois par la voie diplomatique. Ce fut après la libération du patron de pêcheur que la Chine a libéré le dernier Japonais. Nous constatons aussi que le gouvernement japonais n’a pas pris les mesures nécessaires pour régler ce problème. En fait, il ne semble pas être très difficile de répondre aux trois questions dans ce cas d’étude. Après qu’un bateau chinois ait heurté un bateau du Japon, Pékin a immédiatement montré son mécontentement de sorte que Tokyo a concédé du terrain dans les négociations. Pékin n’a pas hésité à prendre des actions concrètes afin de prendre des contre-mesures contre la décision de Tokyo. Premièrement, Pékin a réussi à forcer le Japon à libérer le patron du bateau chinois avant que le Japon ne le juge juridiquement pour ses actes. Afin que Tokyo suive les prétentions chinoises, Pékin a arrêté d’exporter les terres rares, et ce, malgré le fait que ce soit une violation de l’OMC. Pékin a également arrêté quatre hommes d’affaires japonais, les soupçonnant d’être des espions sans raison valable en réaction à l’arrestation du patron de bateau chinois. De plus, Tokyo a décidé de libérer le patron sans accusation en disant que cela était une décision judiciaire, et non gouvernementale. Encore une fois, Tokyo n’a mise en place aucune mesure afin de prendre des contre- mesures aux réactions gouvernementales chinoises. Nous devrons donc répondre oui à la troisième question, car nous ne constatons aucun élément pour répondre oui aux deux autres questions dans ce cas d’étude. Si l’on porte attention aux procès-verbaux du Parlement japonais, le ministre des Affaires étrangères Maehara a dit que ce que le patron du bateau chinois a fait était vraiment crapuleux, en risquant les vies des membres de l’ADSMJ. Pour cette raison, il était donc justifié de les arrêter à ce moment-là (la commission de la diplomatie et de la sécurité nationale : le 28 septembre 2010). Toutefois, le premier ministre Kan a dit que les actes du patron chinois n’étaient pas suffisants pour être déférés comme un inculpé au parquet. Ce serait

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pour cette raison qu’il a été renvoyé en Chine. De plus, il a dit que c’est une décision du parquet, et non du gouvernement (la séance principale au Parlement des députés : le 6 octobre 2010). Un député Inada (PLD) a critiqué ce point à la même séance principale le 6 octobre 2010. Nous constatons une conversation intéressante entre un sénateur Maruyama (PLD) et le secrétaire général de cabinet Sengoku (PDJ) à la commission du règlement le 18 octobre 2010 : Maruyama88 a dit avoir téléphoné à Sengoku pour dire qu’il faut poursuivre ce patron chinois en suivant les lois intérieures japonaises, et selon Maruyama, Sengoku a dit au téléphone que si l’on fait comme Maruyama dit, la conférence de la Coopération économique pour l’Asie- Pacifique89 (APEC en anglais) sera disparue. Sengoku a tout de suite répondu ne pas du tout se souvenir de ce genre de conférence avec lui en ajoutant que ce n’était pas une décision politique, mais juridique organisée par le parquet de Naha. En ce qui concerne les quatre hommes d’affaires japonais, le premier ministre Kan a juste dit avoir demandé de les libérer au premier ministre de la RPC (la séance principale au Parlement des députés : le 6 octobre 2010), nous ne constatons donc pas quelques actions de contre-mesures en ce cas parmi les procès-verbaux. Les journaux, quant à eux, sont remplis d’éditoriaux abordant ce cas. Alors que l’éditorial d’AS (le 9, le 22, le 29 septembre, et le 31 octobre 2010) a critiqué les attitudes de la Chine, il a mis l’accent sur le point que les deux États doivent chercher un terrain d’entente pour soutenir la paix mutuelle. Pour ce qui est de la vidéo, AS (le 6, le 11, le 17 novembre 2010) a insisté de le traiter attentivement pour éviter l’intensification du conflit. MS écrit plusieurs éditoriaux (le 9, le 25, le 26 septembre, le 1, le 6, le 19, le 23, le 24, le 31 octobre 2010). MS a critiqué les comportements du gouvernement chinois au début, mais il a montré une compréhension pour que Tokyo ait décidé de libérer le patron du bateau pour calmer la situation conflictuelle en disant que la décision juridique devait être respectée. En ce qui concerne la vidéo, MS (le 6 novembre 2010) a seulement critiqué le système d’administration d’avoir gardé des secrets officiaux. YS (le 9, le 16, le 25, le 29, le 30 septembre, et le 2, le 6, le 10 octobre 2010) a critiqué sévèrement les comportements de la RPC. Il a critiqué Tokyo, mais n’a pas énoncé son opinion concernant si c’était correct que Tokyo ait tout de suite renvoyé les activistes sans jugement juridique. En ce qui concerne le problème de la vidéo, il (le 2, le 6, le 7, le 9, le 18 novembre 2010) a dit que la vidéo a été diffusé officieusement sur Internet parce que le gouvernement n’a pas officiellement montré tout de suite. Il a donc critiqué le système d’administration du gouvernement, et en même temps, critiqué les comportements de Tokyo. SS (le 9, le 25, le 27, le 29 septembre, et le 1, le 18, le 22 octobre 2010) a critiqué très sévèrement les comportements de la Chine, et a fortement insisté de punir le patron chinois en suivant les lois intérieures japonaises. De plus, il a insisté pour prendre des contre-mesures contre Pékin. Il a aussi dit que Tokyo devrait prendre des mesures officielles pour que Pékin libère les hommes d’affaires japonais immédiatement. La critique fut si acerbe que Tokyo a décidé

88 Il est un avocat également au Japon. 89 La conférence de la coopération économique pour l’Asie-Pacifique a été prévue le mois prochain à Yokohama à ce moment-là.

73 de libérer le patron. Il a également insisté de placer les membres de FJDA tout de suite sur les îles Senkaku/Diaoyutai. En ce qui concerne le problème de la vidéo, il (le 6 novembre 2010) a dit que cela a été diffusé parce que le gouvernement japonais a été trop faible contre la Chine. Il a également critiqué le système d’administration, mais il a mis l’accent sur le point de comportements du gouvernement japonais comme étant la base de ce problème. NS (le 9, le 14, le 21, le 22, le 25, le 28 septembre, et le 1er octobre 2010) a également critiqué les comportements de la RPC comme les autres éditoriaux, et il a dit que Tokyo devait traiter ce problème juridiquement en suivant les lois intérieures japonaises. Ensuite, il a dit comme MS que Tokyo devait respecter les lois intérieures japonaises en cas de libération du patron chinois. En ce qui concerne le problème de la vidéo, il (le 6, le 11, le 19 novembre 2010) a dit que Tokyo devait le montrer officiellement avant que cela ait été diffusé officieusement, car cette diffusion officieuse ne peut être justifiée de toute manière. Finalement, AS et MS ne sont pas favorables à ce que Tokyo prenne une décision résolue, et ils ont montré une forme de compréhension pour la libération du patron chinois, ces derniers ont mis l’accent plutôt sur le point de conserver la paix mutuelle. YS et SS a insisté pour que Tokyo prenne une décision politique résolue, mais YS n’a pas pris une opinion forte concernant la possibilité de prendre des contre-mesures comparativement à SS. NS a insisté que Tokyo devait suivre les lois nationales pour punir le patron juridiquement dans ce cas, mais il n’a pas mentionné la possibilité de prendre des contre-mesures. Nous constatons qu’AS, MS et NS sont un peu plus favorables à ce que Tokyo réagisse plus résolument dans ce cas que dans les autres cas parce que les actes du patron chinois semblent être extrêmes criminellement. Il est pertinent de souligner à ce stade que le chef de Keidanren Yonekura a officiellement émis son opinion en ce qui concerne les problématiques territoriales dans ce cas d’étude. Il a dit que les deux États doivent à tout prix chercher un terrain d’entente. Ensuite, il a énoncé que les députés critiquent les comportements du gouvernement japonais en disant qu’il faut estimer les intérêts nationaux plus que les conflits politiques. Ce constat explique sa compréhension favorable envers la libération du patron chinois. Il a aussi dit que les entreprises japonaises vont continuer à communiquer avec la RDC de la même manière qu’avant (Nikkei : le 28 septembre 2010). Un groupe de Keidanren a visité Pékin le 6 septembre 2010 (la veille de la collision de bateaux). Yonekura a confirmé la coopération économique avec la RPC (Nikkei : le 7 septembre 2010). Selon le sondage d’opinion du gouvernement japonais, 20.0 % ont de l’amitié et de la sympathie pour RPC, et 77.8 % ne l’ont pas. 8.3 % pensent que la relation sino-japonaise est bonne, et 88.6 % pensent qu’elle ne l’est pas ( le gouvernement japonais : octobre 2010)

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Le cas de 2012

Le gouverneur de Tokyo Ishihara a annoncé que le ville de Tokyo a décidé d’acheter les îles de Senkaku90 afin de les protéger d’invasion de la Chine, lorsqu’il a visité Washington (Asahi : le 17 avril 2012). Par la suite, le gouvernement japonais a annoncé qu’il voulait les acheter à la place du préfet de Tokyo. Le préfet de Tokyo à interpeller le peuple japonais afin de faire des dons pour les acheter, et au premier juin 2010, le montant des dons dépassait un milliard de yens (Asahi : le 1er juin 2012). Pourtant, l’ambassadeur japonais à Pékin, Niwa a répondu à l’entrevue de financial times, et a dit que « si le préfet de Tokyo achète les îles de Senkaku, cela va causer un grave problème » (Financial Times : le 6 juin 2012). Le ministre des Affaires étrangères a appelé cet ambassadeur pour revenir sur ses observations. Néanmoins, la décision n’a pas changé, malgré le fait que le discours de l’ambassadeur ne reflétait que les intérêts nationaux de la Chine. Nous pouvons constater que l’attitude du gouvernement japonais envers ce problème dénote une certaine confusion envers les paroles de l’ambassadeur. Le 15 août 2012, neuf activistes de Hong Kong ont embarqué sur les îles Senkaku/Diaoyutai. Ils ont dressé des drapeaux de RPC et de Taïwan sur ces îles. Deux des sept personnes sont tout de suite retournées au bateau. Les trente policiers japonais ont tout de suite arrêté ces sept activistes (Sankei : le 6 août 2012). Le gouvernement chinois a appelé l’ambassadeur du Japon en Chine tout de suite, et demandé de libérer tous les activistes sans aucune condition le 15 août 2012 (Sankei : le 16 août 2012). La police départementale d’Okinawa et l’ADSMJ ont décidé qu’ils allaient renvoyer neuf activistes arrêtés le 17 août (Sankei : le 17 août 2012). Il est évident que les activistes de Hong Kong ont lancé des briques sur les membres de l’ADSMJ et leurs bateaux selon la vidéo montré officiellement par l’ADSMJ.Toutefois, l’ADSMJ a dit que ces actes ne peuvent être considérés comme des entraves à l’exercice de la fonction publique, car l’ADSMJ n’était pas dérangé par ces actes. Un député du PLD Kouno a indiqué que « Suite au visionnement de cette vidéo, ces actes entravent clairement l’exercice de la fonction publique» (Sankei : le 28 août 2012). De surcroît, la voiture de l’ambassadeur du Japon en Chine a été vandalisée, et le drapeau japonais a été volé à Pékin le 27 août 2012, et le gouvernement chinois s’est excusé à ce sujet (Mainichi : le 28 août 2012). Après cet incident, le gouvernement japonais est arrivé à avoir l’accord avec le propriétaire des îles Senkaku afin de les acheter. En échange, le gouvernement a confirmé ne pas établir quelques institutions sur ces îles91 (le 6 septembre 2012). Après cette annonce, les manifestations contre le Japon en Chine ont éclaté

90 Les îles de Senkaku appartenaient à un particulier, et le gouvernement japonais lui payait un loyer tous les mois. 91 Le prix de ces îles est 2,050,000,000 Yen japonais ($20,500,000).

75 partout en Chine. Ces manifestations ont vite tourné en émeutes 92 . Les manifestants ont agressé les entreprises japonaises, et ils ont pillé les magasins de capital japonais, et agressé des civils japonais dans la rue à Shanghai (Sakei : le 4 novembre 2012). En fait, dans ce cas-ci, si nous posons les trois questions, nous devrons répondre oui à la troisième question, car nous ne constatons aucun élément pour répondre oui aux deux autres questions. Ils ont laissé embarquer les activistes de Hong Kong93 sur les îles encore une fois, malgré que Tokyo sût que les activistes s’en venaient. De plus, il a décidé de les renvoyer à Hong Kong tout de suite après sans faire une enquête sur les activistes. Ils ont encore évité de les poursuivre devant les tribunaux. Si l’on porte attention aux procès-verbaux du parlement, le ministre des Affaires étrangères Genba a dit que le plus important est de prévenir que cette situation ne se reproduise (la commission du budget : le 23 août 2012). Par contre, il n’a pas démontré de mesures concrètes pour prévenir cette situation. Le député Shimomura (PLD) a indiqué que le gouvernement japonais s’est appliqué à ne pas diffuser les informations au reste du monde comme un problème important (la commission de l’éducation, la culture, le sport, la science et technologie : 24 août 2012). La chambre des députés a décidé de prendre une décision écrite pour accuser les actes des activistes de Hong Kong officiellement (la séance principale du parlement des députés : 24 août 2012), toutefois, cette décision écrite est envers les activistes civiles, et elle ne donne aucun impact réel envers la RPC. Quant aux éditoriaux des journaux, alors que l’éditorial d’AS (le 17, le 21, le 22, le 29 août, et le 6, le 13, le 16, le 25, le 29 septembre, et le 7 octobre 2012) a critiqué les actes des activistes de Hong Kong et les comportements de la RDC, il a mis accent sur le point de coopération avec la Chine. Ensuite, il a insisté de chercher une entente pour conserver la paix mutuelle. Il s’est notamment concentré sur le point économique en disant que les deux États sont fortement liés économiquement, c’est pour cela qu’il est important de chercher un terrain d’entente. MS (le 18, le 21 août, et le 18 septembre 2012) a dit que les comportements de la Chine ne sont pas acceptables et que l’opinion du gouvernement japonais est correcte. Toutefois, ce qui est le plus important est de maintenir la paix mutuelle, donc deux États doivent faire des efforts pour chercher un terrain d’entente comme AS a dit. YS (le 17, le 18, le 21, le 28 août, et le 6, le 14, le 17, le 19, le 23, le 26, le 28 septembre, et le 3 octobre 2012) a sévèrement critiqué les activistes de Hong Kong et les comportements de la RPC. De plus, il a critiqué que Pékin ne mette pas en place des moyens suffisants pour contenir les émeutes des Chinois en Chine. Par contre, il a montré une compréhension de la libération des activistes. Il a aussi mis l’accent sur le point de l’importance de coopération entre les deux pays. SS (le 16, le 18, le 20, le

92 Le ministre de commerce de la RPC a annoncé que la somme de l’investissement direct envers la Chine a diminuée de 32% comparativement à l’année passée. On considère que c’est en grande partie à cause de manifestations contre le Japon (Sankei : le 20 novembre 2012). 93 Lorsque les activistes sont partis, un conseiller municipal d’Ishigaki Nakama a témoigné que les activistes ont crié en disant qu’ils allaient revenir sur les îles Senkaku/Diaoyutai (Sankei: le 28 août 2012).

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21, le 28 août 2012) a très sévèrement critiqué les activistes d’Hong Kong et les comportements de la Chine, et il a insisté qu’il faut punir correctement les activistes en suivant les lois intérieures japonaises. De surcroît, il a critiqué que le gouvernement japonais ne permette pas aux fonctionnaires de la ville de Tokyo d’embarquer sur les îles pour faire de la recherche. NS (le 16, le 18, le 21 août, et le 12, le 19, le 23, le 25, le 28, le 29 septembre 2012) a dit qu’il est compréhensible de libérer les activistes dans ce cas-ci, mais que les comportements de Pékin et des activistes de Hong Kong ne sont pas acceptables. Il rappelle qu’il est primordial de prendre cette situation avec du recul, et de chercher un chemin d’entente. Par contre, il a aussi indiqué l’importance de chercher des transactions économiques avec d’autres régions asiatiques afin d’éviter de risques de répliques de la Chine. Finalement, quatre journaux sur cinq ont quand même montré une compréhension de la libération des activistes, et ils ont mis l’accent sur l’importance de maintenir la paix. Quant aux tendances de groupes économiques du Japon, Keidanren a montré positivement leur volonté de conserver la paix mutuelle dans les relations économiques. Keidanren avait planifié une visite pour parler avec les groupes économiques de la Chine et les politiciens de la RPC à Pékin le 22 septembre 2012. Le chef de Keidanren Yonekura a dit vouloir maintenir une relation amicale avec la Chine même si les deux pays ont des problèmes, et ce, même si les relations économiques sino-japonaises sont complètement différentes des relations politiques entre les deux (Nikkei : le 14 septembre 2012). Yonekura et des politiciens du Japon ont rencontré quelques politiciens de la RPC le 27 septembre 2012. Yonekura a dit avoir parlé avec les politiciens chinois afin d’améliorer les relations sino-japonaises (Nikkei : le 28 septembre 2012). Yonekura a dit que « s’il y a des problèmes, c’est un rôle du chef de les résoudre »94 (Sankei : le 29 septembre 2012). Selon le sondage d’opinion du gouvernement japonais, 18.0 % ont de l’amitié de la sympathie pour RPC, et 80.6 % ne l’ont pas. 4.8 % pensent que la relation sino-japonaise est bonne, et 92.8 % pensent qu’elle ne l’est pas (le gouvernement japonais : octobre 2010).

Conclusion

L’étude de cas de la Chine nous démontre plus clairement que Tokyo avait beaucoup de difficultés afin de prendre l’initiative politique dans les relations sino-japonaises dans le cadre des problématiques territoriales. Il semble que Tokyo était plutôt favorable à la RPC pour plusieurs aspects, notamment après la

94 Le vice-premier ministre Okada a officiellement critiqué Yonekura d’avoir critiqué le premier ministre Noda concernant les problématiques de Takeshima en disant que « ces sont les problématiques sensibles entre les États, donc il doit être plus impliqué pour parler (Nikkei : le 20 septembre 2012).

77 normalisation officielle (1978). Il semble également que les relations économiques sino-japonaises soient actives depuis des années. Par contre, il y a toujours des tensions politiques de nature émotionnelle entre les deux États, notamment en ce qui concernant les différences d’interprétations de l’Histoire. Nous constatons une émotion négative réciproque au niveau civil. L’alliance militaire américano-japonaise semble fonctionner en cas de crise autour de ces îles selon les paroles des politiciens américains malgré le fait que l’article ne dit pas clairement si cela fonctionne ou non en cas de situation de crise. Dans ce contexte, les problématiques territoriales deviennent de plus en plus complexes avec le temps. Selon les quatre cas d’étude, il semble que Tokyo puisse seulement arrêter les activistes qui ont débarqué sur les îles, pour ensuite les retourner à leur pays sans jugement juridique. Il n’a jamais pris de contres-mesures contre Pékin, alors que Pékin n’hésite pas d’en prendre. Quant aux procès-verbaux du Parlement, tandis que la plupart des députés et sénateurs ont mis l’accent sur le point de défendre les territoires, ils n’ont pas insisté sur l’importance d’une décision politique résolue pour manifester leur désaccord face aux comportements chinois. Dans le cas de 2012, la tension était élevée entre les deux États. Toutefois, ils n’ont pris une décision écrite qui ne donne aucun impact réel envers la RPC. Quant aux tendances des journaux, les résultats sont dans le tableau suivant. Nous catégoriserons les opinions des éditoriaux en trois catégories : 1) Positif pour la décision résolue (P), 2) négatif pour la décision résolue (N), 3) aucune mention spécifique (n/a). En fait, si les éditoriaux mettent l’accent sur le point de l’harmonie que la sanction, même s’ils accusent la RPC, nous traiterons ces opinions comme négatives. 1996 2004 2010 2012 Asahi N N N N Mainichi n/a N N N Yomiuri n/a P N N Sankei P P P P Nikkei n/a n/a N N Figure 7: Les résultats des opinions des éditoriaux pour les relations avec la RPC

Il est évident que tous les éditoriaux ont généralement critiqué en premier les comportements du gouvernement chinois. Par contre, AS, MS et NS ne sont pas unanimes que Tokyo doit prendre une décision résolue pour être contre Pékin concernant les problématiques territoriales. Ils ont toujours insisté que la priorité soit le maintien d’un terrain d’entente. YS est critique envers les comportements de la Chine, et considère que Tokyo présente une attitude faible face à la situation. Toutefois, il n’a pas toujours insisté pour que Tokyo prenne une décision résolue à ce sujet. Seulement SS a insisté que Tokyo doit prendre une décision résolue contre Pékin. Il devrait être noté quand même que dans le cas de 2010, AS, MS et NS ont également montré certaines compréhensions pour que Tokyo punisse juridiquement le patron chinois, car ses actes étaient clairement agressifs criminellement. Par contre, ces trois journaux n’ont pas mentionné la

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possibilité de prendre des contre-mesures non plus. Nous constatons donc que les éditoriaux ne sont pas majoritairement favorables face à la position que devrait prendre Tokyo. Le chef de Keidanren Yonekura n’hésite pas à montrer son dégoût envers le gouvernement japonais qui ne contribue pas suffisamment à l’amélioration des relations sino-japonaises, ce qui affecte les relations économiques entre les deux pays. Il est certain que les entreprises japonaises sont défavorables à ce que Tokyo prenne une décision résolue contre la RPC dans ce contexte-ci. Par contre, selon les sondages d’opinion publique, il est évident que les peuples japonais n’ont pas toujours des sentiments positifs envers la Chine. Après le cas de 2010 et 2012, la population japonaise montre clairement des sentiments négatifs envers la RPC. Les résultats se trouvent dans le tableau suivant : 1996 2004 2010 2012 Sentiment positif 45.1 37.6 20.2 18.0 Sentiment négatif 51.3 58.2 77.8 80.6 Impression positive pour la 39.4 28.1 8.3 4.8 relation Impression négative pour la 51.0 61.0 88.6 92.8 relation Figure 8: Les résultats des sondages d'opinion publique pour les relations avec la RPC

Nous constatons donc qu’une relation corrélative existe entre les comportements du gouvernement et l’opinion publique. Malgré le comportement agressif de la PRC concernant les problématiques de ces îles, et hormis l’opinion publique des sondages, il semble que les politiciens, les éditoriaux et les entreprises japonaises soient défavorables pour une décision politique résolue, sauf lorsque les comportements de la RDC deviennent extrêmes. Malgré que l’opinion publique des sondages montre un sentiment négatif envers la Chine, il est très probable que la raison pour laquelle Tokyo ne prenne pas une décision politique résolue contre la RPC en cas du conflit territorial est la tendance défavorable de l’opinion publique dans ce cas d’étude.

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Conclusion

La présente recherche est une tentative de vérifier s’il y a une corrélation objective entre les opinions publiques négatives envers la politique diplomatique japonaise et les décisions politiques diplomatiques pratiques, même si ces décisions politiques négatives causent certains dommages du point de vue des intérêts nationaux. Plus précisément, afin de vérifier cette hypothèse qui traite des problématiques territoriales avec deux pays voisins : la RDC et la RPC. Tel qu’expliqué dans le premier chapitre, selon la théorie réaliste, « les relations internationales se déroulent à l’ombre de la guerre, et l’État ne peut (et ne doit) compter que sur lui-même pour assurer sa sécurité : c’est le principe de l’autopréservation, le self-help cher à Kenneth Waltz » (Battistella 2009 : 511-2). Par contre, après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le gouvernement japonais semble avoir conservé une politique sécuritaire nationale unique comparativement aux autres États en maintenant la constitution pacifique. D’un autre côté, le Japon conserve une force militaire (FJDA) qui augmente son niveau de puissance de temps en temps, alors que parallèlement sa présence est assurée par les interprétations du gouvernement et de la Cour suprême du Japon malgré beaucoup de questions pour sa légitimité selon l’article 9 de la constitution. Les lois intérieures japonaises ne traitent pas de situation imminente comme la guerre. C’est pour cela que le Japon n’a pas de justice militaire et que la loi de Jieitai (FJDA) est liée totalement par le droit pénal dans n’importe quel cas. Cette situation peut porter atteinte à la vie des membres de la FJDA et également des civils japonais en cas de conflit imminent. En de telles circonstances, nous pouvons deviner que la majorité de la population japonaise semble être négative envers la modification de sa constitution, car elle n’a jamais été modifiée depuis sa naissance (1947). Malgré la présence de l’incommodité reliée à la politique de sécurité nationale japonaise, le fait que la majorité de la population ne soit pas favorable à la modification de sa constitution, nous permet de nous poser une hypothèse: si Tokyo ne prend pas une décision politique diplomatique résolue pour montrer sa souveraineté en cas de conflit interétatique avec ses pays voisins, est-ce que c’est parce que la volontaire négative de la majorité de la population japonaise peut avoir une influence sur ses décisions? Le libéralisme explique cet aspect; l’opinion publique et l’opinion des entreprises sont négatives pour que le gouvernement japonais prenne une décision politique agressive parce

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qu’ils sont susceptibles d’en payer les conséquences néfastes. Il est pertinent de souligner que le Japon a beaucoup de relations économiques entre ses deux pays voisins.

Dans les cinq cas d’étude pour la RDC, et les quatre cas d’étude pour la RPC, nous n’avons pas constaté quelques comportements résolus du gouvernement japonais pour prendre l’initiative politique en maintenant sa souveraineté. Tokyo proteste superficiellement contre la RDC et à la RPC, mais par contre ils n’ont pas pris quelques contre-mesures concrètes non plus. Il est également certain qu’une différence de comportements entre le gouvernement du PLD et du PDJ n’est pas perçue. Les deux partis ont réagi presque de la même manière. En de telles conditions, nous avons constaté l’opinion publique par les quatre stratégies de vérification de l’hypothèse. Lors d’analyse de deux cas d’étude, nous avons constaté quelques tendances spécifiques grâce à certaines stratégies de vérifications.

Premièrement, selon les paroles des députés et sénateurs aux commissions du Parlement japonais, il est possible de trouver des tendances spécifiques parmi leurs paroles. Dans les cas de Takeshima/Dokuto et Senkaku/Diaoyutai, les politiciens disent toujours que « ces îles appartiennent au Japon historiquement et juridiquement depuis l’obtention de celles-ci ». Alors que quelques députés ont critiqué le gouvernement, car ils trouvent que le gouvernement japonais ne prend presque pas de comportements résolus, à part quelques députés et sénateurs, la plupart des députés et sénateurs n’ont pas mentionné la possibilité de prendre des contre-mesures. Les ministres ne l’ont presque pas mentionné non plus. Ce qui était le plus agressif était en fait les paroles de Inada du PLD d’interdire l’entrée des députés et sénateurs de la RDC. Il n’y avait aucun député et sénateur qui ont insisté pour sanctionner ces pays voisins. Le parlement a pris des décisions écrites pour accuser les deux États en 2012, mais cette décision ne donne aucun impact réel envers les deux États. Deuxièmement, quant aux tendances des éditoriaux des cinq grands journaux japonais, nous constatons qu’Asahi, Maichini, et Nikkei ont tendance à ne pas parler des incidents conflictuels avec les deux États voisins mentionnés lorsque ces incidents ne semblent pas être très graves. Lorsque ces trois éditoriaux mentionnent les problématiques liées aux territoires et qu’ils accusent les comportements agressifs des deux États, ils désirent dans la plupart des cas que le gouvernement japonais ne soit pas aussi agressif contre les deux États. Yomiuri semble être plutôt favorable à ce que Tokyo prenne une décision résolue pour montrer sa volonté de maintenir la souveraineté sur les îles controversées, mais ne montre presque pas d’appui pour prendre des contre-mesures. Seulement Sankei montre presque toujours une opinion favorable à la décision politique résolue contre les deux pays voisins dans les tous les cas, et il a insisté parfois pour que Tokyo prenne des contre-mesures. Il va donc sans dire que la tendance des opinions des éditoriaux n’est pas du tout favorable à ce que Tokyo adopte une politique agressive contre ses voisins en ce qui concerne les problématiques territoriales.

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Il est intéressant de souligner à ce stade que les entreprises japonaises ont montré leur attitude négative contre des décisions politiques résolues envers les deux pays voisins dans les cas conflictuels, notamment dans les relations avec la RPC. Nous constatons que Keidanren montre toujours une attitude très amicale envers les deux États malgré que des problématiques territoriales soient survenues entre le Japon et les deux États voisins. Le chef de Keidanren Yonekura et les autres dirigeants de Keidanren ont dit sans hésitation que Tokyo devrait résoudre les problèmes conflictuels pour les intérêts nationaux. Dans ce contexte-ci, les intérêts nationaux que Yonekura mentionne sont d’ordre économiques. Ils n’hésitent pas donc à montrer leur désire que le gouvernement japonais vise à maintenir la paix mutuelle comme un premier but afin de ne pas recevoir des dommages économiques. Avant d’aborder l’aspect du sondage d’opinion publique, nous nous penchons sur les sondages publics concernant les intérêts de la population japonaise lors des élections. Lors des élections de chambre des sénateurs en 2010, il n’y avait que 3 % de gens qui disaient que la politique de la diplomatie et de la sécurité nationale est le plus important afin de voter (NHK : le 1 juillet 2010). Avant des élections de chambre des députés en 2012, seulement 7 % estiment la politique diplomatique et sécuritaire nationale (NHK : le 7 décembre 2012). Bien que le pourcentage de gens qui s’intéressent à la diplomatie et la sécurité nationale ait augmenté entre les deux années, nous pouvons observer que la majorité de la population japonaise ne s’intéresse vraiment pas à la politique diplomatique et sécuritaire nationale selon ces sondages. En de telles conditions, il semble être certain que les politiciens ne consacreront pas beaucoup d’énergie aux politiques diplomatiques. Malgré des escalades des comportements de la RDC et la RPC après 2010, les intérêts populaires ne regardent pas dans cette direction. Même si la majorité de la population japonaise montre un sentiment négatif envers la RDC et la RPC, ils ne s’intéressent pas trop à la politique de la diplomatie et de la sécurité nationale ; il semble que cette tendance négative puisse influencer les décisions politiques de Tokyo envers ses pays voisins. Enfin, le Japon face au conflit de Takeshima et Senkaku semble être à notre avis dans l’impossibilité d’affirmer sa souveraineté et ses revendications sur ces territoires maritimes à cause de l’opinion publique négative sur le sujet et du risque de détérioration de ses relations avec les pays voisins depuis 1989.

Toutefois, à la fin de 2012, le Japon a eu une grande élection de la chambre des députés. Le PLD a gagné et repris le pouvoir après trois ans et trois mois d’absence. Le chef du PLD Abe a montré le manifeste lors des élections, et il a mis la diplomatie et la sécurité nationale dans les quatre politiques principales, et c’est la troisième position dans ce manifeste. Il a clairement écrit que le gouvernement japonais prend résolument des décisions politiques diplomatiques dans les cas des conflits territoriaux avec ses pays voisins dans le manifeste du PLD. De surcroît, selon le sondage de Kyodo Tsushin, 75 % des députés élus sont pour

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la modification de l’article 9 de sa constitution, et ce pourcentage est suffisant afin de la modifier (Kyodo Tsushin : le 17 décembre 2012). Selon le sondage public, l’opinion négative de la majorité de la population japonaise augmente le sentiment négatif envers les deux États voisins notamment après que les comportements de deux États se sont avérés plus agressifs depuis 2010. Il est donc également probable que la tendance de comportement du gouvernement japonais concernant l’initiative politique serait influencée dans un avenir proche si l’opinion publique changeait à cause de changement de comportements des pays voisins, et de plus, si les entreprises commencent à réfléchir à la possibilité de sortir de la Chine pour éviter certains risques.

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