Rapport de la mission exploratoire dans la localité de Mingala 25 novembre 2019

@ Lucia Casarin, PAM

Participants OCHA, INSO, Cluster Sécurité alimentaire (PAM, COHEB), Cluster Protection (NRC)

Objectifs

- Obtenir une vue d’ensemble des besoins humanitaires et de l’accès aux services de base ; - Comprendre les dynamiques et l’ampleur des mouvements de population à Mingala ville et les localités alentours ; - Analyser l’accès/sécurité à Mingala ville, dans les localités alentours et sur les axes.

Méthodologie

- Observation directe ; - Discussions de groupe ; - Entretiens avec des informateurs clés.

Limitations

- Temps limité sur place (3 heures) ; - Seuls les clusters Coordination, Sécurité alimentaire et Protection étaient représentés.

RECOMMANDATIONS PRINCIPALES (détails en fin de document)

 Les besoins prioritaires identifiés concernent la protection, la santé et les articles ménagers essentiels (NFI).

 La mission recommande d’organiser une mission plus longue par voie terrestre afin de conduire des évaluations sectorielles approfondies et d’apprécier la situation dans les localités accessibles en dehors de Mingala ville.

 Une assistance d’urgence peut déjà être livrée par voie aérienne pour répondre aux besoins les plus critiques (intrants en santé ; kits NFI, récréatifs et de dignité ; kits EHA).

 En parallèle, l’Intercluster, le cluster logistique et les ONG évoluant dans la zone (ACF, MSF, ASA) pourraient convenir d’une stratégie commune afin de défendre l’accès à Mingala et de pouvoir y fournir une assistance plus importante et régulière.

 Un système de communication et d’alerte devrait être mis en place pour parer à l’enclavement de la localité et au sentiment de délaissement et d’isolement de sa population.

Contexte et historique

La localité de Mingala est située à une centaine de kilomètre à l’est d’, dans la Basse-Kotto, à la frontière avec le et la Haute-Kotto. Elle est constituée de trois communes (Kotto, Séliba, Siriki) pour une population estimée entre 35 000 (projection de population 2020) et 60 000 personnes (sources médicales, micro planification de la riposte contre le poliovirus, juillet 2019). Cette large fourchette témoigne de notre faible visibilité sur les effectifs et les dynamiques de population dans la sous-préfecture, les habitants se déplaçant au gré des attaques, fréquentes, dans les villages.

Depuis 2017, la sous-préfecture a été le théâtre de nombreux affrontements entre groupes armés et d’exactions graves contre les populations civiles. Liées notamment aux contrôles des ressources minières dans le nord de la sous-préfecture, ces violences ont entrainé des déplacements de population et de graves violations des droits humains (assassinats, enlèvements, viols, enrôlements forcés, arrestations arbitraires, taxations illégales, etc.).

Quelques organisations humanitaires ont réussi à atteindre cette zone et y mener des activités au prix d’importants efforts de négociation et de réhabilitations d’ouvrages de franchissement (notamment en août- septembre 2018 puis mars-avril 2019). Cette sous-préfecture reste néanmoins dans une large mesure une zone grise pour les humanitaires. La nouvelle spirale de violence déclenchée en septembre 2019 à la suite d’affrontements dans les zones minières du nord de Kollo a de nouveau freiné le peu d’interventions humanitaires menées dans la ville (notamment par ACF, ASA et MSF). Faute de moyens de communication (en dehors d'un téléphone satellitaire) la ville reste en grande partie coupée du monde. En l’absence de forces de sécurité nationales ou de déploiement permanent de la MINUSCA, les civils se sentent abandonnés à leur sort ou à l’arbitraire d’éléments armés. Des éléments de la Force de la MINUSCA se sont rendus à Mingala en septembre 2019, mais ils ne sont restés que deux jours sur place.

Tirant parti de la disponibilité d’un hélicoptère UNHAS pour se rendre dans les zones difficiles d’accès, une mission conjointe composée d’agences humanitaires des Nations unies et d’ONG s’est rendue sur place le lundi 25 novembre afin de procéder à une évaluation générale du contexte humanitaire, sécuritaire et d’accès.

Accessibilité et sécurité

La mission est arrivée à Mingala par hélicoptère après un vol de 40 minutes depuis . L’hélicoptère a pu atterrir sur un grand terrain dégagé situé derrière l’école. La mission a été accueillie par une foule de plusieurs centaines d’enfants et par les notables de la ville et des villages alentours. Les ONG paraissent jouir d’une bonne image auprès de l’ensemble de la population. Certains regrettent néanmoins que l’aide alimente davantage le village a majorité musulmane de Mbo-Pouloubou, plus accessible, au détriment de Mingala.

La lutte pour le contrôle des ressources minières du nord de la sous-préfecture, dans la commune de Kotto (Kabou 3, Zounguinza, Drotchingba, Obolo-Bangassou, Nguendéré, Mourouba, etc.) reste la principale source d’insécurité. Des affrontements violents sont survenus en aout/septembre 2019 entre des éléments ex-Sélékas et des éléments de groupes d’auto-défense/anti-Balakas. Ces combats ont provoqué des mouvements de populations dont il est encore difficile d’estimer l’ampleur (entre 300 et 400 habitants de cette zone sont déplacés à Mingala ; d’autres sont en brousse ou déplacés dans d’autres directions). Des accrochages seraient encore fréquents dans ces villages et en brousse alentour (embuscades). Les humanitaires travaillant dans la zone risquent d’être des victimes collatérales de combats ou d’être accusées de connivence avec une partie au conflit (une équipe humanitaire a été retenue de force à Zouguinza par des éléments armés il y a quelques mois).

Malgré l’insécurité régnant dans la sous-préfecture ces dernières années, la ville de Mingala n’aurait pas subi d’attaque importante depuis au moins 2017. En l’absence de forces de sécurité nationales ou internationales, des « groupes d’auto-défense » se sont constitués depuis 2016 pour « assurer la défense des habitants ». Ces groupes sont toujours actifs dans la ville, mais aucun homme en arme ni aucune barrière n’ont été observés dans Mingala.

Les éléments des « groupes d’auto-défense » de Mingala n’ont pas fait preuve d’hostilité envers la mission. Un incident ONG attribué à un élément AB a été rapporté dans la ville (menace) ces derniers mois, mais l’élément en question ne serait plus dans la sous-préfecture et ne jouirait plus d’une grande influence.

Jusqu’ici, les tentatives menées par des individus isolés pour mobiliser des éléments AB et attaquer des positions d’éléments ex-Sélékas seraient restées vaines. En revanche, le sous-préfet aurait reçu un message de la part d’un responsable ex-Séléka ces dernières semaines pour annoncer son intention d’installer ses éléments armés dans Mingala. Si cette menace est jugée relativement peu probable par le sous-préfet, cette possibilité existe et engendrerait très certainement des affrontements avec les groupes d’auto-défense.

Les populations musulmanes de Mingala (entre 50 et 100 personnes) ont quitté la ville dès 2016. La mosquée a été détruite et les musulmans sont considérés par plusieurs personnes interrogées comme des « ennemis ».

Autour de Mingala, les habitants ont exprimé des difficultés pour accéder à leurs champs à cause de l’insécurité. A partir de 5 km au nord de la ville, des éléments ex-Sélékas effectueraient des patrouilles, limitant les activités de la population dans cette direction. Les habitants se plaignent également de cas fréquents de VBG et de vols, notamment de denrées alimentaires ou de semences. La libre-circulation est néanmoins assurée pour les civils entre Mingala et le marché de Mbo-Pouloubou (mais pas au-delà sur cet axe), ainsi qu’entre Mingala et Dimbi.

Aux contraintes d’accès sécuritaires s’ajoutent d’importantes barrières logistiques. Le mauvais état des ponts sur les axes menant à Mingala limite particulièrement la circulation des populations, le commerce et l’acheminement d’intrants humanitaires (lorsque le passage n’est possible qu’à moto).

Quatre axes routiers desservent Mingala. Seul l’axe reliant Mingala et Alindao via Tagbalé et Mbo- Pouloubou est à la fois praticable pour des véhicules 4x4 et suffisamment sûr pour être emprunté par les humanitaire.

- Axe Alindao-Tagbale-Legba-Mbo-Pouloubou-Mingala : la portion Mbo-Pouloubou-Mingala est empruntable par des véhicules 4x4. Il est en partie contrôlé par des groupes armés mais l’accès est possible pour les humanitaires. Les habitants de Mingala n’empruntent pas cet axe au-delà de Mbo-Pouloubou. Pour se rendre à Alindao, ils se rendent d’abord à Dimbi puis à Kongbo ;

- Axe Dimbi-Mingala : réputé relativement sûr, cet axe n’est praticable qu’en moto. La plupart des ponts ont été détruits ;

- Axe Alindao – Hodjo – Bingui – Mbo-Pouloubou- Mingala : long de 138 km, cet axe est praticable par des véhicules 4x4. Mais il est fortement déconseillé aux humanitaires compte tenu de l’insécurité dans cette zone, notamment à Bingui/ Ngouzingua / Kobo / . Des ouvrages de franchissement sont en mauvais état.

- Axe Mingala-Kollo : parallèle à la rivière Kotto, cet axe n’est pas empruntable par des véhicules (une rivière coupe l’axe à quelques kilomètres au nord de Mingala).

Mouvements de population

La population de Mingala ville est estimée à environ 3 500 habitants. A la suite des violences d’août/septembre 2019, 365 personnes sont venues se réfugier dans la ville selon les estimations fournies par les autorités locales. Elles sont toutes accueillies par des familles hôtes. De nombreuses personnes ne sont pas arrivées à Mingala et se sont réfugiées en brousse de l’autre côté de la rivière Kotto ou sur les axes menant à Bria ou Alindao.

En plus de ces déplacés récents recensés, Mingala accueille un nombre difficilement estimable de déplacés de plus long-terme arrivés aux grés des attaques contre les localités au nord de la sous- préfecture. La situation est certainement plus critique pour les personnes restées en brousse ou qui n’ont pas pu se déplacer.

Redevabilité envers les personnes affectées et besoins de communication

La population de Mingala a exprimé un profond sentiment d’abandon et d’oubli, notamment par les autorités centrales. Si ce n’est le sous-préfet présent depuis mars 2019, aucun fonctionnaire ou représentant de l’état n’est présent dans la sous-préfecture. Ni les forces armées nationales ni la MINUSCA ne sont déployées dans la zone, à l’exception de la courte patrouille entreprise par la MINUSCA en septembre 2019.

Les habitants de Mingala ont conscience des difficultés d’accès à la localité pour les humanitaires. Mais ils ont exprimé leur frustration à ce que les localités plus proches d’Alindao bénéficient plus fréquemment d’assistance (jusqu’à Mbo-Pouloubou). Les biens remis par les humanitaires aux populations Alindao, Kpanga et Mbo-Pouloubou notamment, leur seraient ensuite revendus sur les marchés.

En écho à leur sentiment d’abandon, les populations ont déploré leur coupure complète de l’extérieur en termes de moyens de communication et d’information. Mingala n’est desservie par aucune radio et n’est pas couverte par le réseau téléphonique. Seul le sous-préfet dispose d’un téléphone satellitaire et les populations sont contraintes de faire plus de 20 kilomètres au sud, vers Dimbi pour avoir accès au réseau téléphonique (Orange et Télécel).

Situation humanitaire

Protection

La protection et la sécurité sont les premiers besoins exprimés par la population, sans considération de genre ou de statut. Les habitants de Mingala souhaitent le retour à la paix, l’arrêt des violences et l’opportunité de se projeter et de s’investir dans l’avenir. Si la ville même de Mingala est épargnée des incursions des groupes armés, les localités alentours enregistrent fréquemment des incidents de protection graves, notamment des violations du droit à la vie (homicides, enlèvement), du droit à la propriété (pillage, vol, destruction et incendies des biens et semences lors des attaques des groupes armés) et des violences basées sur le genre, en particulier des viols et des agressions physiques. De nombreux cas de viols de femmes et de filles lors des travaux aux champs ont été rapportés à la mission. Aucune réponse ne leur est fournie.

Au-delà des atteintes directes à la vie et aux droits des personnes, l’insécurité limite la liberté de mouvement à quelques kilomètres à peine de la ville ; elle empêche les humanitaires de fournir une assistance ; elle crée des défauts d’approvisionnement, augmente le coût des biens et denrées essentiels ; et elle entretient un sentiment de désespoir et de peur parmi la population, augmentant les risques qu’elle s’adonne à des activités risquées ou illégales comme l’engagement avec les GA ou le travail dans les chantiers miniers.

Considérant le climat d’anxiété et de peur ambiant, de nombreux problèmes de santé mentale et de traumatisme ont été rapportés parmi la population. Les symptômes individuels les plus fréquents sont les accès de violence, l’hostilité envers « l’autre » et le repli sur soi. Au niveau communautaire, cela se manifeste par un faible investissement dans la communauté et dans l’avenir (peu de considération pour la salubrité de la ville ou de création de stocks de peur qu’ils soient pillés). Certaines réactions post- traumatiques des populations s’expliquent par leur séjour prolongé en brousse dans des conditions de vie précaires et non dignes.

La situation est particulièrement préoccupante pour les enfants, qui grandissent dans un climat de peur permanent et n’ont accès à aucune prise en charge psychosociale ou activité récréative capable de les divertir. Lors des discussions de groupe, plusieurs enfants ont exprimé leur phobie à la présence des personnes étrangères qu’ils assimilent aux membres des groupes armés. Ils ont évoqué leur sentiment de peur à l’idée que des hommes en armes ne tuent leurs parents, une manifestation expresse de stress post-traumatique. L’absence notoire d’espaces aménagés pour les enfants et d’opportunités de jeux dans la ville de Mingala est problématique.

Abris/NFI

L’ensemble des ménages déplacés vivent avec les familles hôtes. La majorité des maisons sont en terres cuite et seuls quelques abris d’urgence en paille ont été observés. Les ménages vivent pourtant dans des conditions de promiscuité importantes. Entre 8 à 12 personnes cohabitent par habitation en moyenne.

Les femmes ont considéré les articles ménagers essentiels comme leur principal besoin aux côtés de la protection et de l’accès aux soins et aux vivres, en particulier celles récemment arrivées et ayant tout perdu durant la fuite. Les articles les plus demandés sont les marmites, les nattes et les bâches. Des kits de dignité composés de sous-vêtements et de pagnes sont aussi nécessaires pour les femmes et les filles. La plupart des ménages hôtes disposent de moustiquaires (distribués par MSF récemment) mais ce n’est pas le cas de la majorité des personnes déplacées.

Eau Hygiène et Assainissement

La situation en termes d’Eau, Hygiène et Assainissement est inquiétante. L’ensemble de la population dépend de la source d’eau aménagée par ACF en juillet 2019 (un autre fût aménagée simultanément à Mbo-Pouloubou) et des 2 aires de lavement adjacentes.

Accessible en contre-bas et après une marche dans des sentiers escarpés, elle est difficilement atteignable pour les personnes âgées et à mobilité réduite. Il n’existe aucun forage dans les trois communes de la sous-préfecture et les puits traditionnels ne sont plus utilisés car l’eau y est contaminée, par des restes de corps humains pour la majorité d’entre eux. A l’exception de quelques familles autochtones, les ménages ne disposent pas de latrines et la défécation à l’air libre est la pratique commune.

Dans ce contexte d’insalubrité, les familles ont rapporté de nombreux cas de maladies hydriques, en particulier les diarrhées pour les filles et les garçons. L’enquête nutritionnelle et de mortalité réalisée par MSF en juillet 2019 le démontrait : la diarrhée constitue un cinquième des causes de décès infantile dans les sous-préfectures d’Alindao et Mingala (20,8%), soit la deuxième source de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans après le paludisme (28,3%)

Aire de lavement en contre-bas de la source L’unique source d’eau disponible pour 4 000 personnes

Education

Aucun professeur titulaire n’est déployé dans la sous-préfecture de Mingala et l’ensemble des cours sont dispensés par des maîtres-parents non qualifiés. Ces derniers n’ont jamais reçu d’appui financier ou de renforcement de leurs capacités pédagogiques ou de prise en charge psychosociale des enfants. La mission a constaté l’existence de plusieurs bâtiments, en dur ou en paille, pour l’enseignement à l’entrée de la ville, avec des bancs et des tableaux noirs. Cependant, les matériels didactiques et kits scolaires manquent cruellement faute d’assistance, de moyens financiers et d’approvisionnement.

La situation s’est quelque peu améliorée à Mingala ville cette année avec l’ouverture du premier collège de la sous-préfecture en octobre 2019. Environ 60 enfants seraient en 6ème, 15 en 5ème et 17 en 4ème.

L’accès à l’éducation fondamentale est particulièrement limité dans la commune de Kotto car nombre de structures ont été détruites à causes du conflit ou désertées par les enseignants maîtres-parents. Les chiffres suivants ont été partagés par le sous-préfet.

Nombre d’écoles primaires Nombre d’écoles primaires Commune avant la crise fonctionnelles à la rentrée 2019 Kotto 13 3 Sidiki 11 11 Séliba 5 5

Santé et Nutrition

La situation sanitaire dans la sous-préfecture est critique. Il existe uniquement deux centres de santé : à Zounguiza et Mingala ville. Le premier a récemment été pillé de tout son matériel lors d’une incursion des groupes armés. La mission a pu visiter celui de Mingala : aucun personnel de santé n’est présent (des « secouristes » non formés y opèrent si besoin), le lit de la maternité est délabré, le centre non équipé et il n’y a aucun intrant ou médicament disponible pour fournir les premiers soins aux populations. Les habitants dépendent donc de la vente de médicaments chers et peu sûrs de la part de marchands ambulants.

Les maladies les plus fréquemment rapportés par les habitants sont le paludisme, la diarrhée, la rougeole ainsi que les symptômes de malnutrition (gonflements du ventre et œdèmes). La situation est particulièrement critique pour les femmes, qui accouchent majoritairement à la maison dans des conditions inappropriées. Elles ont rapporté à la mission d’importants taux de mortalité car aucun médecin, sage- femme ou médicament ne sont disponibles si elles ne peuvent se rendre dans une formation sanitaire fonctionnelle, toute située près d’Alindao.

Selon les données de l’étude HERAMS 2019 (Health Resources Availability Monitoring System), seules 7 des 27 structures de santé que compte le district sanitaire d’Alindao-Mingala sont fonctionnelles, dont une seule dans la sous-préfecture de Mingala (le poste de santé de Datoko à 7 km au sud d’Alindao). Les 6 autres postes de santé de la sous-préfecture de Mingala ne fonctionnent pas.

Non accompagné de nutritionnistes, la mission n’a pas pu conduire une évaluation de la situation nutritionnelle des enfants. Quelques enfants visiblement malnutris ont été observés mais la grande majorité ne présentaient pas de symptômes de malnutrition visible. Cependant, le risque est élevé considérant le faible accès à l’eau potable, l’absence de programme nutritionnel comme d’accès au soin ainsi que l’alimentation pauvre de la population. Selon l’enquête réalisée par MSF en juin 2019, les taux étaient de 6,4% pour la MAG et 2,1% pour la MAS dans la sous-préfecture.

Centre de santé de Mingala Maladie cutanée non traitée faute de médicament disponible

Sécurité Alimentaire

En raison de l’insécurité, la population dispose d’un accès limité aux champs et à la culture. Elle ne peut pratiquer uniquement le petit maraichage dans des « jardins » à l’intérieur de Mingala ou dans sa périphérie immédiate ainsi que la cueillette et la chasse. A des fins de consommation et de vente, les populations de Mingala cultivent notamment le manioc, le riz, le maïs, la sésame, l’arachide, la patate et le gombo. Les personnes interrogées ont déploré que certaines denrées alimentaires, tels que le manioc, la courge, le sésame, l’arachide et les patates douces soient peu disponibles comparé au début du conflit. Compte tenu de l’enclavement de la ville, de l’absence totale d’assistance en sécurité alimentaire et du faible pouvoir d’achat des ménages, les habitants de Mingala ont peu d’intrants pour cultiver la terre de manière optimale. La communauté hôte et les personnes déplacées ont rapporté qu’il existe une bonne coopération pour tirer profit des quelques champs accessibles dans la ville et dans sa périphérie.

L’alimentation de la population est très limitée en termes de quantité et de diversité. Le manque de stocks ou réserves des vivres et des semences ne peut pas assurer une stabilité de l’accès à la nourriture lors de la période de récolte présente, ni pour les mois à venir. Les ménages se nourrissent principalement d’aliments à faible valeur nutritionnelle (manioc, feuilles de manioc et d’amarante, pate d’arachide). Ils manquent d’apports en protéine végétale et animale et la mission a vu très peu d’animaux dans la communauté sauf quelques caprins et poulets. Lors des groupes de discussion, les habitants ont majoritairement rapporté ne consommer qu’un repas par jour et une consommation de quantité réduite pendant le repas.

L’enclavement de la localité et l’insécurité ont occasionné une forte inflation des prix des aliments et articles de base sur le marché hebdomadaire de Mingala. A titre indicatif, une carpe se monnayait à 100 FCFA sur le marché en 2016 et coûte désormais 1 000 FCFA. Un marché se tient tous les samedis au centre de la ville. Les commerçants proviennent principalement de Dimbi, Alindao et Mbo-Pouloubou. Les ménages y vendent certaines denrées alimentaires à forte valeur nutritionnelles, qu’ils ne consomment pas eux même, afin d’obtenir l’argent nécessaire pour acheter des biens essentiels pour leur ménage.

Stands du marché hebdomadaire Quelques rares animaux encore présents

Recommandations préliminaires

Secteur Action Responsable Conduire une évaluation multisectorielle approfondie assortie d’une première assistance d’urgence, à Mingala et, si possible, OCHA Alindao et dans les localités de la sous-préfecture touchées par les partenaires Intersectoriel violences et les déplacements Mettre en place un système de communication pour la population (antenne radio, relais téléphonique ou autre selon la GT AAP faisabilité) Plaider auprès de la MINUSCA et les autorités locales pour le renforcement de la sécurité dans la zone OCHA

Convenir d’une stratégie d’accès permettant le redéploiement ONGs de la zone, rapide et sécurisé de davantage d’ONG et des Nations unies à OCHA Alindao & Mingala Cluster log. Créer un système d’alerte précoce et de partage d’informations OCHA & Clusters Protection & entre Alindao et Mingala Protection et accès Sante humanitaire Entreprendre le profilage des personnes déplacées et retournées dans la sous-préfecture Cluster Protection

Dans l’immédiat, fournir des kits récréatifs aux enfants

A moyen terme, envisager la création d’un espace ami d’enfants Cluster Protection ou tout autre activité pérenne pour le bien-être et la prise en de l’enfant charge psychosociale des enfants, en particulier les enfants séparés et orphelins Distribuer des kits NFI de base pour les personnes déplacées et Cluster Abris/NFI Abris/NFI les hôtes les plus vulnérables (marmites, nattes) Distribuer des kits EHA essentiels, en particulier du savon et des Eau Hygiène et PURS Cluster EHA Assainissement Construire des latrines et sensibiliser aux règles d’hygiène de base Plaider pour le déploiement d’un personnel de santé permanent et qualifié pour le CS de Mingala Santé - Doter le CS de médicaments et intrants essentiels Cluster Sante / Nutrition Identifier et prendre en charge les cas de MAG / MAS Nutrition Développer une stratégie de plaidoyer et d’opération pour une mise à l’échelles de l’assistance en santé dans la sous-préfecture Evaluer la faisabilité d’une assistance en vivres, et kits vivriers et semences Sécurité Cluster Sécurité alimentaire alimentaire Explorer la possibilité d’appuyer la population en activités génératrices de revenu, en particulier les femmes Fournir un appui financier aux maitres-parents et renforcer leurs capacités pédagogiques Education Cluster Education Distribuer des kits pédagogiques et matériels scolaires aux enfants après évaluation approfondie des besoins