APRC Bourgogne Franche Comté

Histoire du lieu de réunion :l’Abbaye d’Acey, Vitreux 39 350 . . Téléphone. 03-84-81-04-11.

Notre-Dame d'Acey, fondée en 1136, est une abbaye cistercienne située dans la vallée de l'Ognon, sur la commune de Vitreux, au nord du département du , en Franche-Comté, à la limite de la Haute-Saône et du Doubs, entre Dole et Besançon. Elle est actuellement habitée par des moines cisterciens-trappistes, c'est le seul monastère cistercien encore occupé par une communauté monastique en Franche-Comté. Abbaye importante au Moyen Âge, située en terre d'Empire, à la limite des duché et comté de Bourgogne, elle a eu une histoire marquée par les destructions des guerres mais aussi par la dégradation liée au régime de la commende. Vendue comme bien national en 1791, l'abbaye est redevenue un lieu monastique dans la deu- xième moitié du XIXe siècle et ses bâtiments du XVIIIe siècle ont été relevés comme l'église du XIIe siècle….///….. La persévérance de l'évêque de Saint-Claude (Mgr Nogret, 1862-1880) qui souhaite, semble-t-il, rechristianiser la partie la moins religieuse de son diocèse7 porte finalement ses fruits : un groupe venu de Notre-Dame des Dombes s’installe en avril 1872, rejoint en 1873 par d'autres moines venus de l’abbaye Notre-Dame d'Aigue- belle. La restauration commence avec une petite communauté de moins de 30 religieux qui, dans le contexte de la IIIe République, refonde l'abbaye dans un esprit de combat, voulant retrouver la sainteté monastique des origines contre la modernité qui a abaissé l’Église et conduit à la Révolution. Le monastère est remis en état sans chercher les racines médiévales trop dénaturées par l'histoire sauf pour l'église qui est refaite en 1909- 1910 dans sa sobriété cistercienne et ouverte au culte en 1910. Le monastère retrouve son titre d'abbaye en 1938 et les réaménagements poursuivent comme avec la création de l'hostellerie monastique ou le rempla- cement, en 1994, des verrières de l'église par des œuvres de créateurs régionaux, le Jean Ricardon et le maître verrier Pierre-Alain Parot. En 2010, l'abbaye Notre-Dame d'Acey compte 24 moines cisterciens-trappistes et reçoit des personnes dési- reuses d'accomplir une retraite religieuse. L'église est seule ouverte au public qui peut assister aux prières rituelles des moines. L'institution tire ses revenus de la location de ses terres agricoles (65 ha) dont l'exploita- tion directe a été abandonnée par les moines en 1990, et depuis 1962 (après des débuts tâtonnants en 1954) d'une usine de traitement des métaux par électrolyse qui emploie une quinzaine de salariés (en plus de cinq moines) et fait un chiffre d'affaires de 4 millions d'euros en 2011. En complète harmonie avec l'engagement monastique de ses dirigeants, qui valorise les qualités humaines de respect, d'écoute, de tolérance et de partage, cette entreprise contribue au développement local et veille avec un soin particulier au respect de l'environnement. Son champ d'action, c'est l'électrolyse en vrac sur pièces acier ou cuivre de taille réduite : cuivrage, nicke- lage, étamage, argenture et dorure pour contacts électriques, à destination du secteur automobile, de la construc- tion électrique, électronique, mécanique, de l'électroménager... 2 chaînes multitraitements automatisées permettent d'optimiser le traitement en simultané de petites, moyennes ou grandes séries.

La règle de Jean Ricardon, de la peinture aux vitraux de l’abbaye cistercienne d’Acey Publié le : 6 Février 2014 Pendant son travail à Acey, Michel Seuphor, peintre et écrivain, théoricien de l’art abstrait, aurait écrit à Jean Ri- cardon, « d’ailleurs, vous êtes un peu moine » car ce travail est solitaire, rigoureux et silencieux. Discernable, le chemin suivi par Ricardon montre son désir de découvrir l’essentiel ; c’est un chemin vers la pureté et le dépouille- ment. Cela ne veut pas dire qu’il s’agisse d’une peinture paisible ou simple, le travail de Ricardon est complexe, violent. Il révèle la lutte que le peintre mène dans ses recherches pour voir clair et connaître l’autre – et l’Autre. Devons-nous être surpris que ce peintre, dans sa maturité, conçoive des dessins pour les verrières d’une abbaye cistercienne ?

A une période où les maîtres coloristes fleurissaient à Paris, Ricardon (1924-), comme il le dit lui-même, veut échapper à l’innombrable des couleurs. En 1947, c’est le début d’une histoire d’amour avec le blanc. C’est sa première règle. Chez Ricardon le blanc possède des caractéristiques à la fois matérielles et spirituelles, mesures « du silence, de la contrainte, de la spiritualisation à l’énergie, à l’émotion agitée, à une forte tension interne ». Selon Lorenz Ditt- man, les affinités de Ricardon avec Mondrian et Malévitch sont reconnaissables dans l’organisation des tableaux et les attitudes spirituelles des peintres. Il conclut que si une synthèse des systèmes de Mondrian et Malévitch est possible, elle est réalisée dans le travail de Ricardon.

Ricardon fait une seconde « découverte », qui suit celle du besoin du blanc : il arrive à définir une structure formelle, construction de base pour ses toiles. C’est un schéma, ou comme dit le peintre, un « idéogramme » qui servira de point de départ. C’est sa deuxième règle. L’idéogramme de Ricardon est un visage : un rectangle verti- cal divisé en trois compartiments horizontaux de hauteur égale, dont le plus élevé est ensuite divisé en deux com- partiments par une ligne verticale au milieu. A travers ses deux règles, le blanc et l’idéogramme, Ricardon devient libre, comme les religieux qui organisent leur vie pour éliminer toutes distractions. « L’essentiel pour moi aura été le blanc-matériau, ensuite le visage, son ordre, ses dimensions possibles, son iden- tité », confie Ricardon. C’est l’identité de l’âme qu’il faut trouver, et ce sont ses recherches qu’il nous montre.

Réalisés entre 1991 et 1994, la série de 47 baies pour l’abbaye cistercienne d’Acey, dans le Jura, fait écho à son travail de peintre : pour Ricardon tout est une question d’équilibre, de règles. Il trouve une solution pour garder ses épaisseurs : sur de grandes baies, chacune composée d’une seule plaque de verre, l’effet est obtenu par des combinaisons de grisaille, d’émail, et de verre dépoli. La lumière laisse apparaître les couches connues du peintre. Fidèle aux souhaits des moines (pas de figure, pas de couleur, chaque vitrail unique, une visibilité de l’extérieur), sans compromettre quoi que ce soit de son travail, il présente la mise en scène d’une quête spirituelle. En entrant dans le narthex, les baies sont animées par des dessins agités et complexes puis en pas- sant dans le sanctuaire et en allant vers le chœur, les choses se simplifient pour arriver, au-dessus de l’autel, à ce que Ricardon nomme « rien ».

Dans la façade ouest de l’entrée, où Ricardon marque clairement, simplement , et soigneusement le bâtiment comme appartenant aux chrétiens avec le « khi », du « khi-rho » du christ en forme d’x. Dans le chœur se trouvent trois verrières. En bas à gauche, la pierre levée. A droite, la verrière entièrement remplie de blanc, avec une ligne verticale qui la traverse sur son côté droit, l’ouverture obligée vers l’extérieur, une autre lumière. Au-dessus et entre les deux se trouve un simple rectangle blanc, qui serait donc cette perfection et cette paix – cherchées et espérées- la quête spirituelle. Il est visible et invisible à la fois ; mais dont on sent la présence. Trinité rendue par des signes ? Considérée dans le contexte de l’œuvre entière de Ricardon, de ses visages-signes qu’il explore depuis des dé- cennies en solitaire, cette hypothèse est tout-à-fait plausible. »

Textes extraits de « La règle de Jean Ricardon » par Inge Linder-Gaillard, dans le dossier de presse de l’exposition « Jean Ricardon. Traits, portraits, visages et figures. 1950-2000 », du musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon, 19/05-03/09 2001 Alain Gauthier le 1er octobre 2018.