Acoustic Holographic Language

Rosa Aiello Moyra Davey David Grubbs Susan Howe Ghislaine Leung Sara Magenheimer

curated by Lilou Vidal

VERNISSAGE MERC 9 MAI 18h - 21h

* Lecture par Rosa Aiello à 20h “Calypso’s Way” *

10 MAI - 30 JUIN 2018

327 Chaussée de Neerstalle Open Friday 2 - 6 pm 1190 Brussels - Belgium And by appointment www.bureaudesrealites.org T +32 497 23 48 21 [email protected] Acoustic Holographic Language A proprement parler, l’holographie acoustique, relève du domaine de la science – chose que “A work of art is a world of signs, at least to the j’ignorais quand je conçu le titre pour ce projet poet’s nursery bookshelf sheltered behind the - mais le sens de la définition scientifique ne artist’s ear.” 1 Susan Howe coïnciderait-il pas avec l’intention poétique : « L’enregistrement d’ondes sonores dans La question du langage est au cœur de la un modèle bidimensionnel (l’hologramme) et pensée moderne dans les arts, entre autres, l’utilisation de l’hologramme pour reconstruire en littérature, en philosophie et linguistique, l’entièreté du champ sonore dans une région ce projet est dédié à un des aspects ambigus tridimensionnelle de l’espace. L’holographie de son émancipation; le langage comme forme acoustique implique la reconstruction du tangible et acoustique. champ sonore qui résulte de la radiation du son Cette exposition réunit des artistes pratiquant à une frontière, comme le corps vibrant d’un l’écriture, explorant et manipulant les violon, le fuselage d’un avion ou la surface d’un potentialités perceptives du langage dans sous-marin.»5 l’espace. Une zone liminale entre les arts Le langage est intrinsèquement liée à visuels et littéraires où l’écriture relève d’une l’adoption, à l’emprunt, au détournement, voir expérience physique immersive génératrice de au vol. nouveaux signifiants, de son et d’image (la plus désincarnée soit-elle). Susan Howe, poète et essayiste de Les codes linguistiques et la narration court- renom de littérature américaine (née à Boston circuités définissent une nouvelle zone de en 1937) travaille les mots et le langage comme passage entre les signes visuels et verbaux. une matière physique et visuelle qu’elle récolte depuis le début des années 1970: « Je n’ai Point de syntaxe linéaire, ou structurée, mais jamais vraiment perdu à l’esprit l’idée que une frappe constellaire de mots fragmentés, les mots, même les simples lettres, sont des découpés, ciselés. Le langage se fait images. L’observation d’un mot fait partie de sa kaléidoscopique, la lecture, intertextuelle, mais signification, une signification échappant à la dans sa conception la plus vaste, où les voix définition du dictionnaire, ou plutôt qui reste s’entrecroisent, tel un écho. Si narration il y a, lié à lui, tout comme un voilier a besoin de vent elle relève, de l’imprévisible, de la collection, et d’eau. ” 6 de l’assemblage, du fragment, de la citation, Susan Howe compose ses poèmes collage de la notation et ne sera qu’ellipsoïdale. « (…) a à partir de fragments de textes, découpés, work of art is nourished and multiplied through barrés, tronqués, superposés. Les phrases, subliminal abecedarian recollection » 2 les mots sont hachurés, cisaillés puis vient le moment de panser ces mots éclatés avec un Le titre de cette exposition «Acoustique délicat collage au scotch à peine visible. La Holographique Language » découle de dernière phase consiste à photocopier le tout différentes lectures des études et des écrits pour donner au texte sa nouvelle unité. La page de Susan Howe sur l’œuvre poétique d’Emily relève autant d’une expérience visuelle que de Dickinson. On ne saurait aborder pleinement la lecture (si tant est qu’on peut encore lire les les écrits d’Emily Dickinson sans une approche mots). transversale que les facsimilés des manuscrits « En effet la langue poétique est iconique »7, peuvent rendre possible. 3 Au delà du langage l’icône à l’inverse du signe s’interprète mais ne d’autres facteurs interviennent, l’objet, le se lit pas. support - une enveloppe en papier avec ses contraintes formelles, ses accidents et ses L’attitude déconstructionniste de Susan Howe ratures – concorde avec l’ordonnancement par rapport aux conventions littéraires remonte des mots, la structure textuelle et le contenu à sa formation de peintre et à son expérience poétique. Le poème devient visuel, une d’artiste auprès du milieu interdisciplinaire projection holographique a lieu où la forme de la scène avant gardiste new yorkaise des linguistique et sonore se manifeste dans années 60. Inspirée par les Minimalistes l’espace. et Marcel Duchamp, Susan Howe quittera « Every mark on a page is an acoustic mark» 4. ensuite l’atelier pour se consacrer pleinement à l’écriture au début des années 70. Les mots Le mot « holographie » provient du grec qu’elle organisait sur les murs de son atelier holos (« en entier ») et graphein (« écrire »). ont rejoint les pages d’un livre. 8 Les 67 poèmes collages de Susan Howe « de notes procède de la collection du détail TOM TIT TOT » ont été conçus à partir de et du manque, puisqu’elle ne saurait rendre sources hétéroclites issues de la littérature l’entièreté de la source. Elle est de l’ordre de américaine et britannique, puisant autant l’extrait par essence. dans les récits du folklore, que dans l’histoire, la poésie, la philosophie la critique d’art. Ces En réaction à la passion de Roland Barthes pour textes comprennent par exemple le poème de les prises de notes, Moyra Davey écrit dans « Robert Browning “Childe Roland to the Dark Notes on Photography and Accident » 2007 : Tower Came », ou les « Collected Letters » de Lire et penser au sujet de la prise de notes me Samuel Taylor Coleridge, « Les Métamorphoses procure une forme de sécurité, une excitation » d’Ovide mais aussi « L’Ethique » de Spinoza, « même. [...] Je suis attirée par les formes The Collected Poems » de William Butler Yeats, fragmentaires, les listes, les journaux intimes, ou encore les textes d’ Elizabeth Sussman et les cahiers et les lettres. Même la simple lecture Lynn Zelevansky du catalogue d’exposition du mot «journal» suscite un frisson, un goût de de Paul Thek Diver: A Retrospective. Le titre promesse. C’est le caractère concret de ces du volume renvoie à la formule magique « formes, la clarté de leur adresse, qui fait appel Nimmy nimmy not / Votre nom est Tom Tit à Virginia Woolf et qui rappelle l’affirmation de Tot » une variante anglaise du conte allemand Virginia Woolf selon laquelle «savoir pour qui « Rumpelstilzchen » par Joseph Jacobs (« écrire, c’est savoir écrire.” English, Fairy Tales » 1890). Susan Howe et le compositeur David Grubbs ont Notes on Blue (2015) est une œuvre méditative collaboré pour la première fois en 2003, la pièce et poétique sur l’aveuglement, la couleur, la sonore, « WOODSLIPPERCOUNTERCLATTER vie et l’œuvre du cinéaste britannique Derek » provenant de « TOM TIT TOT » correspond Jarman (1942-1994 ) et son dernier film Blue à leur quatrième collaboration. David Grubbs (1994) conçu suite à sa cécité engendrée par intervient musicalement sur la voix de Susan la maladie du Sida. La vidéo de 28 minutes de Howe dont il est un ardent et assidu lecteur Moyra Davey commence avec un mononolgue en accompagnant au piano et à l‘ordinateur les d’introduction “Je commençais par une articulations et les silences du poète. Cette première note à moi-même. Je fis une liste. performance fut enregistrée en live à l’ ISSUE Mais je vais commencer au milieu avec « Blue Project Room le 25 octobre 2013. La longue Ruin », un film d’une minute tourné à partir d’un structure tonale musicale de Grubbs de 42’35’’ stock de bobines obsolètes, sur une femme à la provient des 2’36’’ du morceau « Standing in the fin de la journée, dégrafant son soutien-gorge Shadow of Love ». La rencontre performative sous son t-shirt, tout en se versant des shots de Susan Howe et David Grubbs relève de de gin pris au congélateur.” Un film analogue l’expérience poétique sonore complète. que Moyra Davey réalisa une dizaine d’année auparavant avant qu’elle ne devint aveugle Moyra Davey (née à Toronto en d’un œil. Les méthodes analogiques et digitales 1958) est artiste vidéaste, écrivaine et coïncident ainsi que le contenu. Les mots de photographe, elle conçoit ses pratiques de Derek Jarman, ceux d’Anne Sexton, J.L Borges, manière complémentaire et indissociable Fassbinder & PJ Harvey s’enchevêtrent à les unes des autres, toutes liées à une autre ceux de Moyra Davey d’après un système activité fondamentale, la lecture. Pour Moyra d’équivalence intersubjective. Davey, l’acte de lire relève de l’écriture, « lire c’est écrire ». Son travail se construit dans une Tandis que Moyra Davey fait des allers- relation de réciprocité à partir d’un système de retours devant la camera, en continuant correspondance entre ses notes personnelles son monologue préenregistré dicté par ses et ses références littéraires et philosophiques. écouteurs lui servant d’aide mémoire, on repère La relation à l’écriture et à la lecture renvoie les éléments structurels des films de Moyra aux rapports complexes entre production et Davey, où l’intimisme du temps intérieur de consommation et à la question de l’auteur. l’appartement est rendu visible (photographie sur le frigo, horloge, la poussière, le chien sur le La pratique d’écriture de Moyra Davey est sofa, la peinture s’écaillant sur les murs ect..). structurée par la prise de notes d’observations Les photographies de Moyra Davey procèdent personnelles, de citations, elle est fragmentée, également du fragment et de la temporalité anachronique mais tisse des liens entre sa domestique auxquels se greffent des accidents voix personnelle et celles des autres. La prise du présent sur un mode de relation affective et imprévisible. La photographie est pliée, lodie. L’incarnation physique de l’énonciation scotchée, timbrée est envoyée par la poste à linguistique telle qu’elle est performée dans la son destinataire. matière est en jeu. »10

Sara Magenheimer (née en 1981 à L’œuvre de Rosa Aiello (née en 1987 Philadelphie) pratique la performance, le au Canada) prélève dans le cinéma, la littéra- collage, la vidéo, le son, la sculpture et opère une ture, le slapstick et les bases de données en défamiliarisation du langage dans son rapport ligne l’essentiel de son répertoire visuel, so- à l’image. Elle créé des narrations abstraites nore et imaginaire. Diplômée en littérature et à travers des juxtapositions audacieuses de membre du collectif Pure Fyction, elle réalise mots et d’éléments graphiques nous renvoyant dernièrement une série de film et d’installation à la nature vernaculaire et pictographique de faisant écho à sa nouvelle en cours “Calypso’s l’écriture. Way”. Rosa Aiello construit ses narrations en Dans la série des impressions typographiques explorant l’ambigüité conflictuelle des struc- de Sara Magenheimer la lecture a perdu sa tures sociales et familiales, à la fois rassuran- linéarité, signes et lettres cohabitent. Sur l’un tes et oppressantes. Les rituels s’appliquent d’entre eux, quelques mots et formes flottent au niveau des cycles et des habitudes do- dans une composition éclatée mais centrifuge. mestiques et affectives, des contraintes de La hiérarchie du sens a disparu, la syntaxe travail, mais aussi au rythme de la nature, de devient labyrinthique, on décode des pistes de la répétition des saisons, la succession des lecture possible « Your name around the same jours. Alphabet, chronologie, syntaxe, refrains, objects stays around » « Your name stays the sont autant d’éléments qui se superposent same objects around you change ». Les éléments dans l’élaboration de ses narrations révélant graphiques paraissent reconnaissables voir l’absurdité des mécanismes de ces mêmes objectaux mais leur appartenance reste structures. incertaine (signes géométriques, ponctuations, symbole décoratif). Les combinaisons aléatoires d’après les Sur une autre page des guillemets, un espace et règles de jeux de lettres et leurs exigences des points d’exclamation probablement le titre interviennent dans l’œuvre de Rosa Aiello. de ce poème abstrait en noir et blanc agencé Ainsi en est il des oeuvres en céramique en lignes combinant des points, des Zero, la Born et Fate, découlant autant de la tradition lettre O, des ronds, des ovales, le son OOO, domestique que du rituel magique. toute une constellation lexicale imaginaire de Inspirés des céramiques de style méditerranéen signes semblant appartenir à la même famille. « Liberty » typiques des inscriptions des façades Sorte de maximalisme du « degré zéro » ou du des maisons dans le sud de la méditerranée et point. symbolisant un code d’appartenance sociale, . ces carrés de lettres se composent d’un I have made my point puzzle de mots pouvant être lu de haut en bas, I make it again verticalement et horizontalement. On peut y lire It les acrostiches Fate, Aged, Tend, Eddy, dans Now you get the point.9 un second, Born, Oboe, Rose, Need. L’origine des premiers acrostiches remonte au carré Dans l’œuvre de Sara Magenheimer les ré- SATOR, un palindrome, enfoui dans les ruines sonnances littéraires s’immiscent dans ses de Pompéi. Les différentes interprétations de narrations obliques faites d’entrelacements la fonction du carré SATOR invoquent tantôt de texte, de son et d’image. Depuis les mon- un outil occulte de reconnaissance contre la tages d’impressions photographiques que les répression pour les premiers chrétiens, ou textes de Blaise Cendrars évoquent, à la poésie un objet magique dont la répétition des mots de Michael McClure récitée devant une cage aurait un pouvoir incantatoire envers les forces aux lions, la question de l’incarnation du lan- diaboliques et maléfiques. gage et l’expérience de sa physicalité est dé- terminante: « Dans mon travail, les mots cor- Cette œuvre cristallise un des aspects de respondent toujours à la forme des lettres qui la littérature de Rosa Aiello où l’opacité les compose, le son de leur articulation, ainsi poétique du langage, sa construction et son que ce qu’ils signifient. Le son est toujours une imprévisibilité concordent avec une attitude vibration de molécules, ainsi qu’un catalyseur intelligente et amusée pour le jeu et la d’émotion lorsqu’il est organisé dans une mé- manipulation des affects. propre structure et se propage dans le lieu, un L’artiste et écrivaine Ghislaine Leung refrain ressasse de ne pas nous inquiéter, la (née en 1980 en Suède) utilise l’espace et pluie et l’orage continue en boucle, une rumeur. l’écriture dans un rapport non hiérarchisé L’auteur est en train de poursuivre son récit entre la forme et le contenu. L’espace devient autre part, In Extrinsics. un matériau pour manipuler le langage en tant qu’objet. La narration échappe à toute forme de signification définitive et questionne l’entité Lilou Vidal, Mai 2018 conceptuelle du langage et sa relation au monde tangible. L’esthétique épurée et clinique de Ghislaine Leung contraste avec les environnements 1 Susan Howe, extrait de « Titian Air Vent », familiers et vernaculaires dans lesquels elle Debths, ed. A New Directions, p.25 intervient. Les objets paraissent suspendus 2 Susan Howe, 2014, « Titian Air Vent », Debths, dans un état latent et somnolent tandis que ed. A New Directions, p.38 le langage dans sa forme textuelle et sonore 3 Voir à ce sujet l’ouvrage incontournable circule et agit en tant que registres incarnant. de Susan Howe “My Emily Dickinson”, (New L’installation In Extrinsics que Ghislaine Leung Directions, 1985) , les ouvrages dédiés a choisi de présenter dans un des espaces les aux manuscripts d’Emily Dickinson : “Emily plus domestiques du lieu, la cuisine, provient Dickinson, The Gorgeous Nothings”, (Marta d’un des textes du recueil écrit par l’artiste Werner, Jen Bervin, Susan Howe, 2013 ), Emily Partners (2018). Dickinson, “Envelope Poems”, (Christine Burgin and New Directions, 2016). La description taxinomique des installations 4 Susan Howe, “Woodslippercounterclatter”, de Ghislaine Leung d’après une liste matéri- 2013 elle des ses différents composants participe 5 Article par Williams, Earl G. Access Science, étroitement au processus d’élaboration de Structural Acoustics Group, Naval Research l’œuvre et confirme l’interdépendance entre la Laboratory, Washington, DC , 2014 forme et son énoncé. Pour ce projet, l’artiste 6 Susan Howe, interview avec Lynn Keller, écrit : « Trois affiches grand format blanches 2013, Yale Union sur papier de 80g avec un texte noir intitulé 7 Émile Benveniste, “Baudelaire”, Limoges : « In Extrinsics » dans une police serif sous plexi- Lambert-Lucas, 2011 glas. Texte densément écrit déplaçant les reg- 8 Son premier recueil de poésie istres théoriques, émotionnels et descriptifs “Hinge Picture “allait paraître en 1974. depuis les contextes d’exposition à des possi- 9 “Poèmes” de Vito Acconci, 1967, Vito Hannibal bilités de présentation d’assortiments de vian- Acconci Studio, Catalogue Musée des Beaux des. Des filtres légers Medium Bastard Amber, Arts de Nantes, MACBA, Barcelone, p 47. utilisés de manière standard dans l’industrie 10 Sara Magenheimer, “Soap Opera Pop Musi” et l’éclairage de théâtre pour réchauffer et Document, Chicago, 2014 améliorer les tons chair sont placés sur les 11 Liste descriptive envoyée par Ghislaine fenêtres de la face extérieure. Quatre petites Leung. enceintes blanches de cuisine ou de salle de bain produisent un son de pluie, une voix dou- blée lisant le texte ci-dessus et le refrain vocal isolé de « Don’t Worry Baby ». Sur le plexiglas « Apartment Life » deux ensembles de verres vides de Riedel, distincts au format incom- patible, comprenant chacun un verre à alcool Aquavit et un verre de bière.»11

L’écriture et le langage visuel de Ghislaine Leung relèvent d’une attitude à la fois précise et détachée et génère des atmosphères Thanks to all the artists, Rob Alverson, Simon Asencio, ordinaires, mélancoliques et inquiétantes. Galerie Buchholz, Essex Street, NY, Grenfell Press, NY and Les voix se superposant dans l’installation Leslile Miller, G U I M A R Ã E S, Vienna, Issue Project Room, sonore rendent la lecture du texte parcellaire NY, Federico, Vavassori Gallery, Milan, Micheline Szwajcer, voir caduque, la narration se dissout dans sa Woodberry Poetry Room - Harvard Library, Cambridge Rosa Aiello was born in 1987 in Hamilton, Can- known for his cross-disciplinary collaborations ada. She currently studies at Städelschule and with poet Susan Howe, visual artists Anthony lives in Franfurt. Always related to language, McCall and Angela Bulloch, and choreogra- her practice takes many forms, most often fic- pher Jonah Bokaer, and his work has been pre- tion writing, word games, CG animation, live sented at, among other venues, the Solomon action films, and sculpture. Recent solo exhibi- R. Guggenheim Museum, MoMA, the Tate Mod- tions include Builder and Demon, Eclair, Ber- ern, and the Centre Pompidou. Grubbs was a lin; Fate Presto, Casa Masaccio, San Giovanni member of the groups , , Valdarno; 27 seasons, Galleria Frederico Vavas- and , and has performed with the sori, Milano; The Demagog, Bureau des Réali- , , , Pauline tés, Brussels. Her writing has been published in Oliveros, and Loren Connors, and many others. various publications including Triple Canopy, He is a grant recipient from the Foundation Art Papers, CanadianArt, and Utne Reader. Her for Contemporary Arts, a contributing editor video works are part of the public collection in music for BOMB Magazine, a member of the of the Whitney Museum of American Art (New Blank Forms board of directors, and director of York), and of the Centre George Pompidou the Blue Chopsticks record label. (Paris). Susan Howe was born in 1937, in Boston, Mas- Moyra Davey was born in 1958 in Toronto, sachusetts, she lives and works in Guilford, Canada. She is an artist based in New York, Connecticut. She is the author of several po- and whose work comprises the fields of pho- etry collections, including Debths (New Direc- tography, film, and writing. She has produced tions, 2017), That This (New Directions, 2010), several works of film, most recently Wedding The Midnight (2003), Kidnapped (2002), The Loop (2017) as part of her contribution to doc- Europe of Trusts (2002), Pierce-Arrow (1999), umenta 14 in Athens. She is the author of nu- Frame Structures: Early Poems 1974-1979 merous publications including Burn the Diaries (1996), The Nonconformist’s Memorial (1993), and The Problem of Reading, and is the editor The Europe of Trusts: Selected Poems (1990), of Mother Reader: Essential Writings on Moth- and Singularities (1990). erhood. Davey has been the subject of major She is also the author of two books of criticism: solo exhibitions at institutions including Porti- The Birth-Mark: Unsettling the Wilderness in kus, Frankfurt/Main (2017); Bergen Kunsthall, American Literary History (1993), which was Norway (2016); Camden Arts Centre, London named an “International Book of the Year” by (2014); Kunsthalle Basel (2010); and Fogg Art the Times Literary Supplement, and My Emily Museum at Harvard University, Cambridge, MA Dickinson (New Directions, 1985). (2008). Her work is found in major public col- Her work also has appeared in Anthology of lections, including the Museum of Modern Art American Poetry, edited by Cary Nelson (Oxford and the Metropolitan Museum of Art in New University Press, 1999); The Norton Anthology York, and Tate Modern in London. She was of Contemporary American Poetry (2003); and awarded the Anonymous was a Woman Award Poems for the Millennium, Volume 2, edited by in 2004. Pierre Joris and Jerome Rotherberg (1998). She has received two American Book Awards David Grubbs was born in 1967 in Louisville from the Before Columbus Foundation and was (KY). David Grubbs is Professor of Music at elected to the American Academy of Arts and and The Graduate Center, Sciences in 1999. In 1996 she was awarded a CUNY. At Brooklyn College he also teaches in Guggenheim Fellowship and in the winter of the MFA programs in Performance and Interac- 1998 she was a distinguished fellow at the tive Media Arts (PIMA) and Creative Writing. Stanford Institute of the Humanities. In 2011, He is the author of Now that the audience is Howe received Yale University’s Bollingen assembled and Records Ruin the Landscape: Prize in American Poetry. In 2017 she received John Cage, the Sixties, and Sound Recording the Robert Frost award for distinguished life- (both published by Duke University Press). time achievement in American poetry from The Grubbs has released fourteen solo albums American Poetry Society. and appeared on more than 190 releases, the most recent of which is Creep Mission (Blue Ghislaine Leung was born in 1980 in Stock- Chopsticks, 2017). In 2000, his The Spectrum holm, Sweden. Artist and writer, Ghislaine Between (Drag City) was named “Album of Leung lives and works in London and Brussels. the Year” in the London Sunday Times. He is Her recent solo projects include Local Stud- ies at Reading International, The Moves at Cell Project Space, London, 078746844 at WIELS, Brussels and group projects YOUR WORDS IN MY MOUTH | MY VOICE ON YOUR TONGUE at Künstlerhaus Stuttgart, Hollis & Money at ICA, London. From 2017-2019 she will be in long term collaboration with Netwerk, Aalst on her project VIOLETS. Leung’s collection of writings Partners launched with Cell Project Space in 2018 and she will be in residence at Triangle Marseille in Au- gust 2018. Her solo commission for Chisenhale Gallery, London is forthcoming in 2019.

Sara Magenheimer was born in 1981 in Philadel- phia, PA, and lives and works in New York. Re- cent solo exhibitions include New Museum New York (2018), Portland Institute for Contempo- rary Art, Portland, OR (2017); the Kitchen, New York (2017); Art in General in partnership with kim?, Riga, Latvia (2016); the Center for Ongo- ing Research & Projects (COR&P), Columbus, OH (2016); JOAN, Los Angeles (2015); and Recess, New York (2015). Her works have also been in- cluded in the group exhibitions “Body Language,” the High Line, New York (2017); “CCCC (Ce- ramics Club Cash and Carry),” White Columns, New York (2015); and “Amy Sillman: One Lump or Two,” Institute of Contemporary Art, Boston, and Aspen Art Museum (2013–14). Her videos have been screened at the Brooklyn Academy of Music (2017); the New York Film Festival (2017, Ill: Susan Howe, Tom Tit Tot Rosa Aiello, Born square (1) 2017, painted ceramic tiles Ill: Ghislaine Leung, Service Point Moyra Davey, Notes on Blue, 2015, film, 28’ Ill: Sara Magenheimer, Your name stays the same objects around you change, 2018-2014, letter press print Susan Howe and David Grubbs, WOODSLIPPERCOUNTERCLATTER, Performance at the Issue Project Room, 2013