Diagnostic Enfance Jeunesse pour le renouvellement du CEJ de la CAGV

&

Consultation de la Jeunesse à Villeneuve-sur-Lot

Territoire de la Communauté d’Agglomération du

Grand Villeneuvois Janvier-juillet 2015

Rapport final

SARL B.S.A : Bureau de Sociologie Appliquée 16 rue Broquedis / 64 200 Biarritz Mobile : 06 32 44 01 26 Email : [email protected] www.bsa-sociologie.fr SIREN : 509 879 979 00045

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SOMMAIRE

Rappel des enjeux et de la méthode ...... 3

ENJEUX DE LA MISSION ...... 4

METHODOLOGIE ...... 5

Préambule ...... 6

INTRODUCTION ...... 7

DES PROFILS QUI VARIENT SENSIBLEMENT EN FONCTION ...... 8

Le territoire ...... 9

LA COMMUNAUTE D’AGGLOMERATION DU GRAND VILLENEUVOIS ...... 10

CONSTATS SOCIODEMOGRAPHIQUES ...... 12

CONSTATS SOCIOECONOMIQUES ...... 28

CONSTATS SUR LA SCOLARISATION ...... 35

CONCLUSION : LES LIMITES D’UNE APPROCHE PAR LES DISPOSITIFS DANS LA PRISE EN CHARGE DES JEUNES ADULTES ...... 48

Les communes et leurs jeunesses, analyse des perceptions politiques ...... 54

FOCUS SUR LES COMMUNES RURALES ...... 58

CASSENEUIL, VILLENEUVE ET SAINTE-LIVRADE FACE AUX FRONTIERES DE L’ENTRE-SOI ...... 81

BIAS, LARROQUE TIMBAULT, ET PUJOLS, AU CŒUR DES LOGIQUES DE RESIDENTIALISATION ...... 86

L’ENCLAVEMENT ET L’EXCLUSION AU BOUT DE L’ENTRE-SOI ...... 87

STIGMATES ET CONTRE-MONDE ...... 88

SYNTHESE ET COMPLEMENTS ...... 92

Les jeunesses ...... 93 DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 UNE MAJORITE DE JEUNES DESIREUX DE PARTICIPER A LA VIE LOCALE ET DONT LES INITIATIVES NE SONT PAS RELAYEES ...... 94

LA DIFFICULTE A « CAPTER » LES JEUNES ...... 94

REPRESENTATION DU TERRITOIRE ...... 95

REPRESENTATION ET PRATIQUES DE LA VILLE DE VILLENEUVE-SUR-LOT ...... 96

LES PRATIQUES SPORTIVES, DE LOISIRS, CULTURELLES ...... 100

L’OFFRE PRESENTIELLE ...... 105

ENGAGEMENT ET REJET DU POLITIQUE : ANALYSE DU RAPPORT AU ET A LA POLITIQUE ...... 116

RAPPORT AU TEMPS : UNE GENERATION DE L’HYPER-PRESENT ...... 119

DEVELOPPER UNE APPROCHE INDUCTIVE ET COLLECTIVE ...... 123

SYNTHESE DES PROBLEMATIQUES REPEREES ...... 124

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Conclusion : Une réponse insuffisante, une politique en question ...... 125

DES ACTEURS DEMUNIS ...... 127

UNE OFFRE LOCALE A CONSTRUIRE ...... 127

AU MANQUE D’IMPACT, S’AJOUTE LE MANQUE DE COHERENCE...... 128

L’ABSENCE DE CADRE COLLECTIF PARTAGE, UNE PROBLEMATIQUE DE GOUVERNANCE ...... 128

LES AXES DE LA POLITIQUE JEUNESSE ...... 132

QUELLE POLITIQUE JEUNESSE AUJOURD’HUI ? ...... 132 PRECONISATIONS ...... 135

Synthèse : penser et agir autrement ...... 137

LES PRINCIPAUX RESULTATS CONCERNANT LES PRATIQUES ET LES REPRESENTATIONS DES JEUNES ...... 138

LES BESOINS DES JEUNES ...... 139

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Rappel des enjeux et de la méthode

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Enjeux de la mission

A partir de ce diagnostic, il s’agit de définir un schéma de développement qui débouche sur des préconisations opérantes afin de préparer le renouvellement du CEJ.  Analyser les spécificités (sociodémographiques, économiques) et les problématiques singulières du territoire de la CAGV ;  Réaliser une analyse prospective de l’offre existante ;  Analyser les besoins sociaux et les demandes en matière de jeunesse et la pertinence des réponses apportées.

Un complément qualitatif à Villeneuve-sur-Lot A partir du diagnostic, il s’agit de définir et de mieux comprendre les pratiques et les représentations des jeunes et d’agir auprès des 18-25 ans.  Analyser les spécificités (sociodémographiques, économiques) et les problématiques singulières de la commune de Villeneuve-sur-Lot concernant les 18-25 ans ;  Comprendre les pratiques ;  Analyser les besoins et les demandes des jeunes et la pertinence des réponses apportées.

Le diagnostic partagé vise à mettre en évidence :  l’impact des actions menées sur la population, le territoire et le partenariat local ;  l’analyse de la nature des moyens mis en œuvre et leur rationalité au regard de l’efficacité des actions menées ;  l’identification de besoins non ou insuffisamment couverts en rapprochant les attentes de la population de l’offre existante, dans le respect des orientations politiques définies. DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

L’étude s’appuie sur :

 Une étude quantitative par questionnaires (411) auprès des publics de 11 à 25 ans, de 25 entretiens semi-directifs menés avec des jeunes.  Une méthode qualitative basée sur : o 25 entretiens semi-directifs avec des 11-17 ans résidant sur le territoire de la CAGV o Un travail d’immersion de 1 mois à Villeneuve-sur-Lot auprès des publics de 11 à 25 ans (250 jeunes). o Une démarche de sociologie directe auprès des jeunes de 11 à 17 ans sur les espaces publics et aux abords des collèges de , Sainte-Livrade-sur-lot (80 jeunes).

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Méthodologie

3 phases opérationnelles

Phase 1 – Analyse du territoire et de ses évolutions

Portrait social du territoire Cadrage socio-économique

mois

6 Phase 2 – Analyse de l’offre et étude des besoins des familles

Méthodes qualitatives Questionnaires jeunes Mise en perspective

Phase 3 – Définition concertée d’un schéma de développement

Durée du projet : : projet du Durée Elaboration d’un schéma de développement Partage des grands constats pour le renouvellement du CEJ, réflexion opérationnelle

Restitution et présentation du rapport final

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Préambule

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Introduction

Ce cadrage introductif nécessite d’aborder quelques éléments de sociologie de la jeunesse qui, s’ils sont déjà maitrisés par un grand nombre, permettent d’objectiver et de mettre en perspective les contours d’une catégorie multiple mais peu intégrée. Pour cela, l’entreprise de définition de la jeunesse s’avère particulièrement ardue. Cette période de la vie correspond au temps plus ou moins long de l’acquisition des statuts sociaux, époque précédent l’entrée dans la vie d’adulte. Si les formes de la jeunesse se recomposent, c’est que les temps et le processus de la formation de la personnalité ne sont plus les mêmes. Cette tendance à vouloir ériger un statut1 Jeune comme une entité homogène empêche d’appréhender la complexité de la catégorie tant les profils sont variables et les frontières générationnelles difficiles, voire impossibles à positionner nettement. Face à ce constat, la tentation de développer une démarche compréhensive2 pour aborder l’hétérogénéité de l’objet présente des limites. La première est de s’interdire toute entreprise de catégorisation et donc de rendre impossible la lecture du tout. La confusion du « sentiment d’être jeune » s’ajoute une difficulté majeure à dire comment les âges de la vie sont des variables explicatives du monde social. Ce brouillage de la frontière des âges met en évidence un paradoxe classique que la sociologie de la jeunesse n’a pas manqué de relever : alors qu’elle est une valeur centrale de la société, la jeunesse est rejetée en tant que catégorie. Ainsi, une société sera valorisée parce que jeune, dynamique, innovante, inventive, réactive quand bien même elle mettra au ban la jeunesse en tant que catégorie. Une première définition de la jeunesse pourrait alors considérer les jeunes comme l’ensemble des personnes maintenues dans une position d’indétermination. Cette définition en creux définit les jeunes comme ceux qui « ne sont pas », à l’aune de leurs insuffisances. Être jeune, c’est ne pas être encore adulte. Il existe donc une référence commune de jeunesse portée par notre société individualiste et dans le même temps, une société qui repousse à un horizon toujours plus lointain la possibilité de devenir adulte, définie en fonction d’une DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 double variable : l’autonomie sociale3 et l’indépendance matérielle et financière. L’analyse de Bourdieu consiste à dire que « la jeunesse n’est qu’un mot »4. Cette citation propose de penser le développement à un âge particulier de la vie qui se comprend à travers les différentes dimensions des processus de socialisation. À chaque groupe social correspond donc une expérience particulière de la jeunesse qui contribue à l’ajustement des sociétés.

1 Le statut étant l’aspect positionnel du rôle selon T. Parsons. 2 Considérant que chaque parcours est personnel et qu’il faut en comprendre la singularité. 3 L’autonomie sociale désigne la capacité à évoluer dans un environnement social donné du fait de l’acquisition progressive de ses règles et codes sociaux et institutionnels. Elle est l’aptitude nécessaire à la construction de son parcours personnel, professionnel et familial. 4 Entretien avec Anne-Marie Métailié, paru dans Les jeunes et le premier emploi, Paris, Association des Ages, 1978, pp. 520-530. Repris in Questions de sociologie, Éditions de Minuit, 1984. Ed. 1992 pp.143-154.

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Une dernière interprétation consiste à définir le jeune comme un étranger au sens de Georg Simmel5. À travers Internet, le jeune devient l’étranger en portant la maîtrise intrinsèque d’un outil qui modifie le rapport intergénérationnel, bouscule les représentations et interroge la posture. Nous verrons que, si ce n’est pas une généralité, le lien avec les professionnels passe le plus souvent par un rapport distancié et froid qui fait dire aux jeunes que ces derniers « ne les connaissent pas ». La perception normative des professionnels - dont l’action vise légitimement à prendre en compte la nécessité de « faire société » en encadrant l’individu par des statuts et des rôles institutionnels - est à la source d’une relation d’incompréhension renforcée par les nouvelles configurations sociales de la révolution numérique. Derrière ces aspects, c’est toute la dimension de l’action publique qui doit être questionnée et remise en cause. De la nature de ses professionnalités à l’efficience des actions développées en passant par la pertinence de l’organisation du système professionnel d’acteurs.

Des profils qui varient sensiblement en fonction

1. De l’âge

10-12 : scolarité, faible besoin de mobilité, sociabilité de proximité. 13-15 : scolarité/orientation, plus grand besoin de mobilité, espace de sociabilité élargi. 16-17 ans : scolarité/orientation/insertion professionnelle, fort besoin de mobilité, espace de sociabilité très large, logiques d’insertion scolaires et sociales 18-25 : centralité des problématiques d’insertion

2. Du sexe

Les espaces publics sont investis quasi-exclusivement par les garçons, les filles sont plus en situation DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 d’observation. Les filles fonctionnent plus par projet et avec objectivation des déplacements et des actions : « si je sors, c’est pour faire quelque chose »

3. De l’origine sociale

Et par là-même, du quartier de résidence au sein des communes et des communes entre elles.

5 L’étranger est celui qui introduit des rapports abstraits et médiatisés dans la communauté traditionnelle. Il incarne l’unité de la distance et la proximité : « la distance à l’intérieur de la relation signifie que le proche est lointain, mais le fait même de l’altérité signifie que le lointain est proche ». L’étranger n’a pas de racine dans le groupe ou la communauté, mais il lui est nécessaire.

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Le territoire

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La Communauté d’Agglomération du Grand Villeneuvois

Figure 1: La CAGV

La Communauté d’agglomération du Grand Villeneuvois (CAGV) est située dans le département du Lot-et- Garonne. Elle compte 19 communes, ce qui représente un bassin de population total de 48 066 habitants (en 2011). Avec 23 232 habitants, Villeneuve-sur-Lot accueille à elle seule plus de 48 % de la population de la Communauté de communes. La ville s’inscrit donc au cœur d’une logique d’agglomération dont elle est le centre névralgique, le moteur qui, par voie de conséquence, lui confère un rôle de leader dans les évolutions économiques, urbaines, sociales et démographiques. Pour autant, nous verrons que les logiques de convergences de la jeunesse sont multiples et que Villeneuve- DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 sur-Lot n’est pas le seul point de polarité. Ainsi, le bassin de vie Sainte-Livrade/Casseneuil est également un point stratégique avec la présence de 3 collèges, tout comme le Roquentin dont les jeunes sont beaucoup plus tournés vers l’Agenais. S’ajoute une double logique sur le territoire. La première est rurale et concerne les jeunes présents dans les villages. Ces derniers, selon leur lieu de résidence, privilégient, en dehors des activités encadrées, des espaces d’entre-soi qui ne sont pas forcément des centres villes plus urbains. Si certaines catégories de jeunes, nous y reviendrons, s’approprient l’espace public, beaucoup se regroupent « chez l’un ou chez l’autre ». Les déplacements sont déterminés par le lieu de scolarisation, bien sûr, mais également par les activités encadrées, qu’elles soient sportives ou culturelles.

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Ajoutons une spécificité territoriale négative dans le discours des jeunes, pour ceux qui n’y habitent pas en tout cas, des deux communes les plus importantes. Ces dernières ont été fréquemment critiquées pour leur manque de dynamisme, voire leur insécurité.

« On n’a pas grand-chose à aller faire à Sainte-Livrade ou à Villeneuve, c’est mort et ça craint. »

En revanche, ceux qui résident au sein de ces deux plus grandes villes rejettent la manière dont est perçue leur commune tout en s’inscrivant dans un discours paradoxal :

« Y’en a un peu marre d’entendre que c’est la zone parce que ça ne correspond pas à la réalité. Dès que quelque chose se passe chez nous, forcément c’est parce que c’est à Villeneuve, mais ça se passe aussi ailleurs et personne n’en parle »

« Saint-Livrade est dévalorisé parce qu’on dit que c’est une commune où il n’y a que des immigrés. Et ici, ça ne passe pas trop dès qu’on n’a pas la peau blanche et les cheveux blancs. Mais moi j’aime ma ville, c’est là que j’ai grandi. »

De nombreux jeunes, y compris parmi ceux qui sont issus du bassin de vie livradais-villeneuvois, déclarent néanmoins se rendre régulièrement à , Bordeaux ou Toulouse pour bénéficier des offres de territoire qu’ils jugent plus dynamiques en matière de jeunesse, notamment concernant les loisirs et la vie festive. Dans les faits, ces déplacements semblent demeurer ponctuels et concerner les 16-25 ans.

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Constats sociodémographiques

1. Deux réalités de territoires différentes

Figure 2 : Densité moyenne de la population et nombre d’habitants en 2011

Villeneuve-sur-Lot est de très loin la ville de la Communauté de communes qui compte la plus grosse densité6 d’habitants qui, rappelons-le, exprime le nombre d'habitants au kilomètre carré. A Villeneuve-sur-Lot, la densité est de 286 hab/km2. Notons qu’avec une population de 3 203 et 6 182, Bias et Sainte-Livrade-sur-Lot, ont une densité qui s’élève tout de même à, respectivement, 261 et 200 hab/km2.

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6 La densité permet de mesurer les inégalités de répartition de la population à des échelles variées. On la calcule en divisant le nombre d’habitants d’un territoire par sa superficie.

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Tableau 1 : Effectif et densité de population par commune Population Population Densité de population Commune en 2006 en 2011 en 2010 (en hab/km2) Allez-et-Cazeneuve 658 670 63 Bias 3 169 3 203 261 Casseneuil 2 377 2 315 128 147 118 15 Castella 330 339 27 La Croix-Blanche 803 855 66 540 667 34 586 618 65 Hautefage-la-Tour 752 820 40 Laroque-Timbaut 1 447 1 546 71 Lédat 1 034 1 288 104 449 411 32 Pujols 3 657 3 607 144 Saint-Antoine-de-Ficalba 622 689 63 Sainte-Colombe-de-Villeneuve 403 464 25 Sainte-Livrade-sur-Lot 6 118 6 182 200 Saint-Étienne-de-Fougères 785 851 86 Saint-Robert 166 191 28 Villeneuve-sur-Lot 23 466 23 232 286 CAGV 47 508 48 066 135 Données INSEE 2011

Avec une densité moyenne de population de 286 habitants par km2, la ville de Villeneuve-sur-Lot se situe très au-dessus des moyennes de l’EPCI (135 hab/km2). Toutefois, cette moyenne de 135 habitants par km2 dissimule en fait deux réalités de territoire bien différentes. En effet, si les communes de Villeneuve-sur-Lot, Sainte-Livrade-sur-Lot, Pujols, Bias et Casseneuil connaissent une densité supérieure à cette moyenne, certaines communes comme Saint-Robert, Sainte-Colombe-de-Villeneuve, Monbalen, Castella ou Dolmayrac se situent très en-deçà ; en deçà même de la densité nationale qui est de 102 hab/km2. DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

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2. L’agglo plus attractive que la commune

Figure 3 : Evolution de la population entre 1968 et 2011 (en %)

Données INSEE

Les populations de la CAGV et de Villeneuve-sur-Lot n’évoluent pas au même rythme, alors même que cette dernière compte quand même 48 % de la population de la Communauté d’agglomération comme nous l’avons vu précédemment. Si ces deux courbes ont augmenté depuis 1968, chacune irrégulièrement d’ailleurs, l’évolution de la population de l’EPCI a été assez dynamique, dépassant même, au début des années 80 la croissance démographique française, celle de la ville de Villeneuve-sur-Lot a été beaucoup plus lente et laborieuse. Tellement que la population villeneuvoise est de nouveau en baisse depuis le milieu des années 2000. DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

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Figure 4 : Taux de variation moyen annuel de la population entre 2006 et 2011 (en %)

Entre 2006 et 2011, le taux de variation moyen annuel de la population est à peine positif sur l’ensemble de la Communauté d’agglomération (0,2%). Certaines communes comme Lédat, Dolmayrac, Allez-et-Cazeneuve ou Sainte-Combe-de-Villeneuve connaissent des taux de variation positifs. Les communes de Cassignas (- 4,3), Montbalen (-1,7), Casseneuil (-0,5), Pujols (-03) ou même Villeneuve-sur-Lot (-0,2) présentent un taux de variation moyen annuel de la population négatif. Au-delà de la capacité à « faire venir » de nouvelles populations, il est important de questionner la typologie des familles arrivantes. L’accès à la propriété ne concernant guère la population des moins de 25 ans7, c’est par l’attractivité locative que des jeunes populations peuvent venir s’installer sur le territoire. Pour l’heure, le phénomène inverse est plutôt observé. Les jeunes partent faire leurs études à l’extérieur du territoire et ne reviennent pas dès lors qu’ils DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 s’inscrivent dans un parcours de réussite. Cette situation génère un territoire à deux vitesses en matière de jeunesse et fait de la mobilité un enjeu d’insertion et d’émancipation.

7 L’âge moyen d’accès à la propriété en 2015 est de 34 ans

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Figure 5 : Taux de variation moyen annuel du au solde migratoire de la population entre 2006 et 2011 (en %)

En comparant les chiffres ci-dessus avec ceux de la Figure 4, on note que le taux de variation moyen annuel de la population présenté dans le précédent tableau est essentiellement dû au taux de variation annuel, lui- même dû au solde migratoire de la population entre 2006 et 2011. Le restant venant du solde naturel, qui correspond à la différence entre les naissances et les décès. Si la présente un taux de variation moyen annuel de la population de 0,7 %, 0,5 % sont dus au solde naturel et seulement 0,2 % au solde migratoire. En revanche, la CAGV a un taux de variation moyen annuel de la population de 0,2 % tandis que son solde migratoire est de… 0,2 %. Autrement dit, le solde naturel de la Communauté d’agglomération est nul. DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

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Figure 6 : Répartition des 11-14 ans sur le territoire en 2012 (en %)

43% des jeunes du territoire de 11 à 14 ans résident à Villeneuve-sur-Lot. Ils sont 77% à résider au sein de 5 communes : Villeneuve sur-Lot, Sainte-Livrade sur-Lot, Pujols, Bias et Casseneuil.

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Figure 7 : Répartition des 15-25 ans sur le territoire en 2012 (en %)

52% des jeunes du territoire de 15 à 25 ans résident à Villeneuve-sur-Lot. Ils sont 78% à résider au sein de 4 communes : Villeneuve sur-Lot, Sainte-Livrade sur-Lot, Pujols et Bias.

Lorsque l’on se penche sur la répartition des jeunes sur le territoire, on constate deux tendances :

 Tout d’abord, les communes de Villeneuve-sur-Lot, Sainte-Livrade-sur-Lot et dans une moindre mesure, Bias, Pujols et Casseneuil concentrent le plus grand nombre de jeunes. Ceci est vrai pour les jeunes âgés de 11 à 14 ans, mais aussi ceux âgés de 15 à 25 ans.  D’autre part, le nombre de jeunes dans chaque commune diminue à proportion que l’on s’éloigne du DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 cœur de la CAGV. De fait, à Villeneuve-sur-Lot, la proportion de jeunes est de très loin supérieure ce qu’elle est même de la seconde commune qui compte le plus de jeunes, Sainte-Livrade-sur-Lot (+31 pour les 11-14 ans et +39 chez les 15-25 ans). Et cette proportion de jeunes est marginale au sud de la Communtauté de communes.

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3. Une population qui va vieillir

Tableau 2 : Répartition de la population par classes d’âges en 2011 (en %) 0-14 15-29 30-44 45-59 60-74 75 ans Ensemble ans ans ans ans ans et plus Allez-et-Cazeneuve 21% 12% 21% 24% 14% 8% 100% Bias 18% 13% 17% 21% 18% 13% 100% Casseneuil 17% 14% 16% 19% 18% 16% 100% Cassignas 14% 11% 17% 26% 22% 11% 100% Castella 22% 11% 21% 22% 16% 8% 100% La Croix-Blanche 20% 11% 21% 23% 17% 7% 100% Dolmayrac 17% 11% 21% 23% 17% 10% 100% Fongrave 20% 13% 19% 21% 17% 10% 100% Hautefage-la-Tour 20% 14% 24% 23% 12% 7% 100% Laroque-Timbaut 19% 14% 20% 22% 15% 10% 100% Lédat 22% 12% 23% 21% 17% 6% 100% Monbalen 20% 14% 20% 24% 14% 8% 100% Pujols 17% 12% 16% 22% 22% 12% 100% Saint-Antoine-de-Ficalba 19% 16% 21% 19% 16% 9% 100% Sainte-Colombe-de-Villeneuve 17% 15% 17% 25% 17% 9% 100% Sainte-Livrade-sur-Lot 18% 15% 16% 18% 19% 15% 100% Saint-Étienne-de-Fougères 21% 15% 22% 22% 13% 8% 100% Saint-Robert 18% 13% 20% 23% 13% 12% 100% Villeneuve-sur-Lot 16% 16% 16% 19% 18% 15% 100% CAGV 17% 15% 17% 20% 18% 13% 100% Lot-et-Garonne 17% 15% 18% 21% 18% 13% 100% France 19% 19% 20% 20% 14% 9% 100% Données INSEE 2011

Plus de la moitié de la population de la CAGV (51 %) a plus de 45 ans. Ce chiffre monte même à 52 % à l’échelle du département. Par comparaison, 43 % de la population française a plus de 45 ans. De même, sur les catégories plus jeunes, les chiffres de l’EPCI sont tous inférieurs aux données nationales : -2 points sur les 0- DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 14 ans, - 4 points sur les 15-29 ans et -3 points sur les 30-44 ans. Autrement dit, la population de la Communauté d’agglomération du Grand Villeneuvois va vieillir dans les années et les décennies qui viennent. De ce point de vue, la population de Villeneuve-sur-Lot suit cette évolution et la dynamise même légèrement puisque 52 % de la population communale a plus de 44 ans. La proportion des plus de 75 ans est de 6 points supérieure aux chiffres enregistrés sur l’ensemble de la France et même de 2 points au-dessus des données départementales. La population 11-25 ans du territoire est estimée à 3500.

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Figure 5 : Pyramide des âges en 2011 (proportion pour 1000)

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Données INSEE 2011

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Tableau 3 : Taux de natalité et de mortalité (en ‰) Entre 2006 et 2011 Taux de natalité (‰) Taux de mortalité (‰) Allez-et-Cazeneuve 9,7 7,5 Bias 10,9 10,7 Casseneuil 11,7 19,6 Cassignas 7,4 14,8 Castella 15,0 9,0 La Croix-Blanche 14,8 6,6 Dolmayrac 13,9 10,9 Fongrave 12,0 14,0 Hautefage-la-Tour 15,2 6,7 Laroque-Timbaut 16,1 10,0 Lédat 12,2 6,2 Monbalen 11,5 7,8 Pujols 10,2 9,2 Saint-Antoine-de-Ficalba 17,3 7,4 Sainte-Colombe-de-Villeneuve 8,4 6,6 Sainte-Livrade-sur-Lot 14,4 13,5 Saint-Étienne-de-Fougères 12,3 7,6 Saint-Robert 14,8 8,0 Villeneuve-sur-Lot 13,7 14,5 CAGV 13,2 12,8 Lot-et-Garonne 12,5 12,8 France 15,5 10,1 Données INSEE 2011

L’analyse de l’évolution de la population et de la pyramide des âges8 de la Communauté d’Agglomération du Grand Villeneuvois met en évidence plusieurs caractéristiques :  Un taux de natalité supérieur à celui du département (+0,7 point), mais inférieur à celui du pays (-2,3 points).  Un taux de mortalité égal à celui du département (+12,8 %), mais nettement supérieur à celui de la DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 France et du pays (+2,7 points). Ces deux caractéristiques confirment un vieillissement très prochain de la population de la CAGV. Encore une fois, les chiffres montrent que la seule population de Villeneuve-sur-Lot n’arrange rien à cette tendance, au contraire, puisque le taux de mortalité est quand même de 4,4 % supérieur à celui enregistré sur l’ensemble du pays.

8 La pyramide des âges est une représentation graphique de la répartition par âge et par sexe de la population une année donnée. Elle est composée de deux histogrammes, l’un pour les hommes (à gauche), l’autre pour les femmes (à droite). Les effectifs de chaque âge sont représentés par une barre, des plus jeunes aux plus vieux, de bas en haut. La forme de la pyramide est influencée par la fécondité, la mortalité et les migrations

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L’indice de jeunesse9 de l’EPCI est très faible, en dessous de la barre fatidique du 1, qui représente l’équilibre entre la population des moins de 20 ans et les plus de 60 ans. En chute constante depuis le début des années 1990, il est aujourd’hui de 0,7 ce qui signifie que la population des plus de 60 ans est un beaucoup plus nombreuse que la population des moins de 20 ans. Nous verrons que ce déséquilibre générationnel n’est pas sans enjeu sur le développement des politiques jeunesses du territoire.

4. Situations familiales

Tableau 5 : Structure des familles (en %) CAGV Lot-et-Garonne France Couples avec enfant(s) 38% 37% 43% Familles monoparentales : 13% 13% 15% Hommes seuls avec enfant(s) 2% 2% 2% Femmes seules avec enfant(s) 11% 11% 12% Couples sans enfant 49% 50% 42% Données INSEE 2011

En 2011, comparée à l’ensemble du pays, la structure des familles de la CAGV se distingue par un taux moyen de couples avec enfants moins fort (-5 points) et un taux moyen de couples sans enfant plus fort au contraire (+7 points). En revanche, le taux de familles monoparentales est sensiblement plus faible qu’à l’échelle nationale (-2 points) et équivalent au taux départemental.

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9 L’indice de jeunesse est le rapport entre la population des moins de 20 ans et la population des plus de 60 ans qui permet de mesurer le vieillissement de la population.

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Figure 6 : Part des familles monoparentales en 2011 (en %)

Villeneuve-sur-Lot et Casseneuil ont une part de familles monoparentales nettement supérieure à celle enregistrée sur l’EPCI et le département (+5 points) et même sur le pays (+3 points). Ces résultats interrogent au premier chef la politique Petite enfance qui, au regard des taux en présence, doit impulser une action volontariste afin de prévenir les mécanismes de précarisation par le biais d’une politique d’accueil dynamique.

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5. Logements

Tableau 6 : Catégories de logement en 2011 (en %) Résidences Résidences Logements Communes Ensemble principales secondaires vacants Allez-et-Cazeneuve 86 6 8 100% Bias 92 1 7 100% Casseneuil 84 6 10 100% Cassignas 75 10 14 100% Castella 82 12 6 100% La Croix-Blanche 88 4 8 100% Dolmayrac 86 10 5 100% Fongrave 86 8 7 100% Hautefage-la-Tour 85 8 6 100% Laroque-Timbaut 84 6 10 100% Lédat 90 4 6 100% Monbalen 81 10 9 100% Pujols 89 3 8 100% Saint-Antoine-de-Ficalba 92 4 4 100% Sainte-Colombe-de-Villeneuve 80 11 9 100% Sainte-Livrade-sur-Lot 83 3 14 100% Saint-Étienne-de-Fougères 90 5 6 100% Saint-Robert 89 5 6 100% Villeneuve-sur-Lot 86 2 12 100% CAGV 86 3 11 100% Lot-et-Garonne 84 6 10 100% France 83 9 7 100% Données INSEE 2011

La Communauté d’agglomération du Grand Villeneuvois compte un nombre important de résidences principales (86 %), légèrement supérieur aux taux départemental (+2 points) et national (+3 points). En revanche, la part de résidences secondaires est un peu moins importante qu’à l’échelle départementale DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 (-3 points), et beaucoup moins importante qu’au niveau du pays (-6 points).

A l’intérieur de la CAGV, les disparités sont réelles puisque Cassignas ne compte « que » 75 % de résidences principales quand Lédat et Saint-Etienne-de-Fougères enregistrent un taux de 90 %. Ce taux grimpe même à 92 % à Bias et Saint-Antoine-de-Ficalba qui ne compte en revanche que 4 % de résidences secondaires et de logements vacants quand Cassignas compte 10 % de résidences secondaires et 14 % de logements vacants. Ce dernier record est partagé avec Sainte-Livrade-sur-Lot.

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Figure 7 : Part des logements sociaux (HLM) parmi l’ensemble des logements en 2011 (en %)

La part de logements sociaux (HLM) est naturellement plus élevée à Villeneuve-sur-Lot que sur le reste de la Communauté d’Agglomération (+3 points). En revanche, si l’on compare la part de logements sociaux de la CAGV à celle du pays, on note un déficit de 10 points, le taux national état de 15 %.

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Tableau 8 : Niveau de vie et revenus des ménages en 2011 Médiane des revenus Moyenne des revenus Part des foyers fiscaux des ménages fiscaux des ménages fiscaux imposables par UC* (en €) par UC* (en €) (en %) Allez-et-Cazeneuve 19 164 - 59,3 Bias 17 389 19 131 50,9 Casseneuil 15 460 17 845 43,2 Cassignas 20 631 - 56,1 Castella 18 097 - 53,2 La Croix-Blanche 20 367 - 61,5 Dolmayrac 18 210 - 54,6 Fongrave 15 982 - 41,7 Hautefage-la-Tour 18 735 - 55,3 Laroque-Timbaut 19 432 - 53,7 Lédat 19 002 - 59,9 Monbalen 18 741 - 49,8 Pujols 19 929 26 248 58,0 Saint-Antoine-de-Ficalba 17 941 - 53,5 Sainte-Colombe-de-Villeneuve 19 771 - 57,1 Sainte-Livrade-sur-Lot 14 805 16 365 39,2 Saint-Étienne-de-Fougères 16 584 - 50,0 Saint-Robert 18 568 - 48,2 Villeneuve-sur-Lot 16 097 18 362 44,8 CAGV 16 800 19 160 47,1 Lot-et-Garonne 17 155 19 504 48,3 France 19 218 22 739 56,2 *UC = Unité de Consommation Données INSEE 2011

La médiane des revenus fiscaux des ménages est sensiblement inférieure sur la CAGV qu’elle ne l’est à l’échelle nationale (-2 418 €). Il est à noter que les chiffres les plus importants sont enregistrés sur les communes de La-Croix-Blanche (20 367 €) et Cassignas (20 631 €). Or, si ces chiffres sont supérieurs aux données nationales, DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 ils ne sont pas spécialement importants. Ceci qui conduit à dire qu’il n’y a pas, à l’intérieur de l’EPCI, de commune dont on pourrait considérer sa population particulièrement aisée. Surtout les écarts sont importants entre les communes à faible revenu médian et celles qui dépassent légèrement la référence nationale.

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Figure 8 : Part des foyers fiscaux imposables en 2011 (en %)

Les chiffres concernant la médiane des revenus fiscaux des ménages étudiés dans le tableau précédent sont naturellement confirmés par la part de foyers fiscaux imposables. A l’échelle de la CAGV, elle est encore très inférieure à la moyenne nationale (9,1 points). Avec, cette fois, de vraies disparités à l’intérieur de l’agglomération : 39,2 % à Sainte-Livrade-sur-Lot et 61,5 à la Croix-Blanche, soit un différentiel de 22,3 points tout de même.

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Constats socioéconomiques

1. Situations d’emploi

Tableau 4 : Population de 15 ans ou plus, selon la catégorie socioprofessionnelle en 2011 CSP CAGV Lot-et-Garonne France Agriculteurs exploitants 1% 2% 1% Artisans, commerçants, chefs d'entreprise 4% 4% 3% Cadres et professions intellectuelles supérieures 4% 5% 9% Professions intermédiaires 11% 11% 14% Employés 15% 16% 17% Ouvriers 13% 14% 13% Retraités 36% 34% 26% Autres personnes sans activité professionnelle 15% 14% 17% Ensemble 100% 100% 100% Données INSEE 2011

Les retraités sont surreprésentés sur la Communauté d’Agglomération du Grand Villeneuvois avec une proportion de 10 points supérieure au taux enregistré sur l’ensemble de la France. A l’inverse, la proportion des cadres et professions intellectuelles supérieures est de 5 points inférieure à la Française. Ces écarts par rapport aux taux nationaux se vérifient également à l’échelle départementale.

Figure 8 : Evolution de la population de 15 ans ou plus selon la CSP, entre 1999 et 2011 (en %)

DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

Données INSEE 2011

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Deux catégories ont augmenté plus au niveau de la CAGV qu’à toutes les autres échelles territoriales étudiées : les retraités et les professions intermédiaires. A l’inverse, le nombre d’ouvriers et d’employés a régressé sur l’EPCI dans les années 1999-2011. La Communauté d’agglomération se caractérise donc par une baisse des CSP les plus basses et un renouvellement sociologique par l’arrivée de populations retraitées, donc plus âgés, mais de familles souvent actives, de classes moyennes et supérieures faites de professions intermédiaire, de cadres, professions intellectuelles supérieures et dans une moindre mesure d’artisans, commerçants et chefs d’entreprise.

Figure 9 : Part des salariés précaires de plus de 15 ans parmi les actifs occupés en 2011 (en %)

DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 La part des salariés précaires, c’est-à-dire occupant un emploi en Contrat à Durée Déterminée (intérim, emploi aidé, apprentissage ou stage) était de 15 % sur la CAGV en 2011. Un chiffre inférieur au taux départemental (- 2 points), mais équivalent au taux national.

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Tableau 5 : Salariés de 15 ans ou plus à temps partiel selon le sexe en 2011 (en %) Part des salariés hommes Part des salariées femmes

à temps partiel à temps partiel Allez-et-Cazeneuve 3% 34% Bias 6% 33% Casseneuil 10% 28% Cassignas 0% 22% Castella 11% 33% La Croix-Blanche 6% 22% Dolmayrac 4% 23% Fongrave 14% 43% Hautefage-la-Tour 7% 26% Laroque-Timbaut 10% 35% Lédat 8% 31% Monbalen 3% 38% Pujols 6% 32% Saint-Antoine-de-Ficalba 8% 30% Sainte-Colombe-de-Villeneuve 10% 25% Sainte-Livrade-sur-Lot 10% 29% Saint-Étienne-de-Fougères 16% 31% Saint-Robert 7% 39% Villeneuve-sur-Lot 10% 29% CAGV 9% 30% Lot-et-Garonne 8% 30% France 7% 29% Données INSEE 2011

La part de salariés de 15 ans ou plus à temps partiel en 2011 sur la CAGV est comparable à celle enregistrée sur les autres échelles de mesure. Pour autant, à l’intérieur même de l’EPCI, de fortes disparités existent. En effet, la part d’hommes à temps partiel est de 3 % à Allez-et-Cazeneuve ou Monbalen pour monter à 16 % à Saint-Etienne-de-Fougères. De même, la part de femmes salariées à temps partiel est de 22 % à Cassignas ou DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 La-Croix-Blanche, soit 7 points de moins qu’à l’échelle nationale, mais atteint 43 % à Fongrave.

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Tableau 6 : Part des actifs de 15 ans ou plus ayant un emploi qui travaillent dans la commune de résidence en 2011 (en %) 2011 2011 Allez-et-Cazeneuve 23% Saint-Antoine-de-Ficalba 20% Bias 24% Sainte-Colombe-de-Villeneuve 16% Casseneuil 41% Monbalen 20% Cassignas 33% Pujols 19% Castella 25% Saint-Antoine-de-Ficalba 20% La Croix-Blanche 14% Sainte-Colombe-de-Villeneuve 16% Dolmayrac 19% Sainte-Livrade-sur-Lot 42% Fongrave 24% Saint-Étienne-de-Fougères 17% Hautefage-la-Tour 16% Saint-Robert 22% Laroque-Timbaut 32% Villeneuve-sur-Lot 65% Lédat 17% CAGV 45% Monbalen 20% Lot-et-Garonne 40% Pujols 19% Données INSEE 2011

La part des actifs de 15 ans et plus ayant un emploi qui travaille dans la commune de résidence en 2011 est nettement supérieure sur la Communauté de communes par rapport au département (+5 points). Au regard de ces données, c’est logiquement sur la commune de Villeneuve-sur-Lot que le volume de migrations pendulaires (relations domicile/travail) est le plus faible dans la CAGV.

Tableau 7 : Répartition des actifs occupés de 15 à 64 ans selon leur CSP en 2011 (en %) CSP CAGV Lot-et-Garonne France Agriculteurs exploitants 2% 5% 2% Artisans, commerçants, chefs d'entreprise 8% 8% 6% Cadres et professions intellectuelles supérieures 8% 10% 17% Professions intermédiaires 22% 23% 25% Employés 31% 30% 28% Ouvriers 27% 25% 22% Ensemble 100% 100% 100% Données INSEE 2011 DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

Si l’on compare les chiffres sur la CAGV et ceux observés à l’échelle nationale, on se rend compte que les ouvriers sont surreprésentés (+5 points) tandis que les cadres et professions intellectuelles supérieures sont sous-représentés. Pourtant, la Figure 6 nous a montré que la proportion d’ouvriers est en cours de correction puisqu’elle a très fortement régressé ces dernières années par rapport aux évolutions départementale et surtout nationale.

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Tableau 8 : Emploi et activité Nombre d’emplois Nombre d’emplois Indicateur de concentration

dans la zone en 2011 dans la zone en 2006 d’emplois* en 2011 CAGV 18 218 - 107,9 Lot-et-Garonne 125 025 124 799 99,9 France 26 318 572 25 796 634 98,8 * Indicateur de concentration d’emploi = nombre d’emploi dans la zone pour 100 actifs ayant un emploi résidant dans la zone. Données INSEE 2011

L’indicateur de concentration d’emplois est fort sur la CAGV, particulièrement si on le compare à celui enregistré sur le pays (+8,1 points).

2. Situation de chômage

Figure 10 : Taux de chômage des 15-64 ans en 2011 (en %)

DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

Avec un taux de chômage des 15-64 ans de 15 %, la Communauté de communes du Grand Villeneuvois se situe sensiblement au-dessus des moyennes départementales et nationales (13 % chacune). Malgré cela, Villeneuve-sur-Lot et Saint-Livrade-sur-Lot enregistrent le plus fort taux de chômage des communes composant la CAGV (+3 points par rapport à la moyenne de l’EPCI, + 5 points par rapport aux moyennes départementale et nationale).

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Tableau 9 : Taux de chômage des 15-24 ans en 2011 (en %)

Sur le seul chômage des jeunes (15-24 ans), le taux enregistré sur la CAGV est encore une fois supérieur à la moyenne nationale (+4 points) et à la moyenne départementale (+3 points). Ce taux peut atteindre des niveaux taux élevés dans certaines communes de l’EPCI telles que Sainte-Colombe-de-Villeneuve (58 %), Fongrave (45 %) qui doivent être relativisés par le faible nombre de jeunes en présence. Ce taux de chômage élevé ne signifie pas que le territoire ne produit pas de réussite sociale et scolaire. Néanmoins, les jeunes ayant quitté le territoire ne sont plus comptabilisés dans un taux qui ne concerne que les 15-24 ans toujours présents et donc plus nombreux à connaître des difficultés.

3. L’emploi au cœur des préoccupations des jeunes DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

Pour une partie des jeunes adultes rencontrés (18-25 ans) à Villeneuve-sur-Lot (mais aussi à Sainte-Livrade- sur-Lot et Casseneuil), la thématique de l’emploi est récurrente : difficultés à trouver des emplois stables qui font que les situations de précarité se pérennisent. Ceci entraine des difficultés à gagner en indépendance par rapport à la famille et des difficultés à mener sa « vie d’adulte ».  Ces situations créent des effets pervers :

« Du coup, le but pour nous, c’est de travailler 6 mois pour avoir le chômage ! » ; « moi j’en ai marre de galérer alors je préfère aller « au charbon »… (cambriolage).

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 Ces situations de précarité ont également un impact important sur les plus jeunes (encore scolarisés) qui intériorisent très tôt leur destin social.  L’intériorisation du discours de l’adulte est importante et génère un scepticisme quant à l’avenir professionnel.

Les inquiétudes et les préoccupations les plus centrales des jeunes sont les suivantes :  Le chômage et la précarité : les jeunes sont soucieux de leur avenir et le sont de plus en plus tôt. C’est une préoccupation centrale quand ils appartiennent à des milieux modestes, ayant vécu des situations de précarité à travers le parcours de leurs parents ; mais également pour les jeunes plus favorisés soumis à une forte pression de réussite.  La réussite scolaire qui peut être reliée à la préoccupation principale concernant la précarité et la marginalisation.  L’échec scolaire est perçu comme un facteur extrêmement invalidant par les jeunes ;  Viennent ensuite des préoccupations en termes de réussite affective (avoir des amis, une relation amoureuse…).

La grande majorité des profils rencontrés a donc permis de mesurer à quel point les ressources en termes de réseaux personnels des jeunes sont mobilisées au cours de leur parcours, en fonction de principes d’interconnaissance.

La famille reste néanmoins omniprésente quelles que soient les catégories sociales. Les résultats s’inscrivent donc en faux avec les discours nostalgiques évoquant « la fin des familles », le délitement social et la perte des repères. Dans une société complexifiée et incertaine, la famille demeure un repère stable et encadrant du parcours bien qu’il soit in fine le premier relais d’inégalités sociales. De manière classique en sociologie, ce parcours reste socialement marqué dans l’implication des familles et dans la confiance faite à l’institution. Il est également intéressant de noter que la place des parents dans la relation d’accompagnement est variable DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 en fonction des catégories sociales. Les familles plus favorisées ont tendance à accompagner physiquement leurs « ados » auprès de structures, à relayer leurs démarches et à encadrer les démarches effectuées (logement, petits boulots, orientations, permis de conduire, etc.). En outre, l’appartenance à une catégorie sociale plus favorisée permet au jeune d’évoluer dans un cadre contextuel plus favorable grâce, notamment, aux ressources de leur parentèle. L’autonomie de ces jeunes n’est pourtant pas forcément plus grande, mais leur possibilité de développer des zones d’indépendance est supérieure. Les jeunes plus défavorisés ont plutôt accès à l’offre physique des structures et sont moins accompagnés par des familles qui perçoivent chez les professionnels une compétence supérieure à la leur pour accompagner leurs enfants dans des démarches complexes. Les difficultés d’accompagnement des familles les plus démunies doivent ainsi être interprétées

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dans une relation ambivalente de confiance et de dépendance à l’institution qui ne permet pas de disposer de marge de manœuvre suffisante pour s’émanciper des circuits traditionnels. Au regard de l’importance de la relation aux pairs, on comprend aussi aisément comment l’homogamie sociale doublée de processus de mise à distance entre catégories sociales de jeunes sont un frein majeur au développement des liens forts vers des liens faibles. La relation à l’institution est donc intrinsèquement sociale car dépendante de la capacité symbolique des familles à pouvoir accompagner leurs enfants.

Constats sur la scolarisation

1. Les non-scolarisés

Un tiers des jeunes ayant arrêté leurs études l’ont fait au niveau de la terminale. Pour 17 %, d’entre eux, c’est avec le CAP que leur formation a pris fin, et pour 11 % avec le bac pro. Mais 11 % tout de même se sont arrêtés dès la 4e, 6 % en 3e.

Tableau 10 : Précise quel est ton niveau de diplôme obtenu ?

5% 5% 21% 5% Sans diplôme CAP/BEP Bac Bac+1 Bac+2

37% 26% Supérieur à Bac+5

DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

Si 52 % des jeunes interrogés ont décroché le bac, ils ne sont que 15 % à avoir obtenu des diplômes au-delà. Par ailleurs, 21 % n’ont aucun diplôme.

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Tableau 11 : Si tu n’es pas scolarisé, précise ce que tu fais dans la vie ou comment tu occupes tes journées (débrouille, recherche d’emploi, projets d’avenir, voyages, bénévolat, activité professionnelle...) % obs. Errance 6% Recherche d’emploi 69% Travail 25% Total 100%

69 % des jeunes non scolarisés sont à la recherche d’emploi.

Figure 11 : As-tu en ce moment une ou plusieurs activités rémunérées ?

30%

Oui Non

70%

30 % des jeunes interrogés ont un emploi rémunéré, parmi les lycéens ils sont 19 % à compléter leur temps scolaire par des « petits boulots».

DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

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Figure 12 : Est-ce que ton activité principale est déclarée ?

17%

Oui Non

83%

Toujours parmi les jeunes non scolarisés, 70 % des jeunes interrogés n’ont pas d’activité rémunérée. Néanmoins, 83 % des 30 % restants ont une activité déclarée.

Tableau 12 : Précise la nature de ton contrat de travail % obs. CDI 0% CDD 11% Intérim 40% Contrat d’apprentissage 11% Contrat de professionnalisation 4% CUI, CAE ou CIE (Contrat Unique d’insertion, Contrat d'Accompagnement dans 12% l’emploi ou Contrat Initiative Emploi) Contrat d'Avenir 18% Contrat Garantie Jeunes 4% Total 100% DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

Un chiffre tout à fait remarquable, aucun des jeunes non scolarisés interrogés n’est salarié en CDI. Tous ont des contrats précaires ou subventionnés, dont forcément limités dans le temps.

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Figure 13 : Travailles-tu à temps partiel ?

33%

Oui Non

67%

Figure 14 : Ton travail est-il en lien avec ta formation ?

33%

Oui Non

67%

DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 Si plus des deux tiers des jeunes qui travaillent le font à temps complet (67 %), la même proportion déclarent exercer un emploi sans lien avec leur formation.

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Tableau 13 : Tu as trouvé ce travail grâce à ... % obs. Pôle Emploi 17% Ta recherche sur les sites internet des entreprises 1% La mission locale 15% Ta candidature spontanée 35% De la presse spécialisée 0% Ton réseau et/ou tes connaissances 32% Autrement 0% Total 100%

Près de 67 % des jeunes déclarent avoir trouvé leur travail soit par candidature spontanée, soit par leur réseau ou leurs connaissances. Les autres sont passés par l’intermédiaire de Pôle Emploi ou de la mission locale.

Questionnaire jeunes 1 : Es-tu à la recherche d’un emploi ?

16%

Oui Non

84%

DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

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Questionnaire jeunes 2 : Depuis combien de temps es-tu à la recherche d’un emploi ?

plus de 2 ans de 0 à 6 mois 20% 20%

entre 1 et 2 ans 14%

entre 6 mois et 1 an 46%

Parmi les jeunes non scolarisés, 84 % déclarent être en recherche d’emploi. Parmi ceux-là, 34 % le sont depuis plus d’un an dont 20 % depuis plus de 2 ans. En fait, seuls 20 % des jeunes non scolarisés recherchent du travail depuis moins de 6 mois.

Questionnaire jeunes 3 : As-tu entrepris des démarches dans la recherche d’un emploi ?

22%

Oui Non

DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 78%

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Questionnaire jeunes 4 : As-tu rencontré ou rencontres-tu actuellement des difficultés pour trouver un emploi ?

26%

Oui Non

74%

Sur presque 80 % des jeunes non scolarisés qui disent avoir entrepris des démarches dans la recherche d’emploi, ils sont à peine moins nombreux (74 %) à reconnaître avoir rencontré ou rencontrent actuellement des difficultés pour couronner de succès leurs recherches.

Questionnaire jeunes 5 : Est-ce que les problématiques suivantes correspondent aux difficultés que tu as rencontrées ou que tu rencontres actuellement pour trouver un emploi ?

Des problèmes de discrimination 100% Des problèmes de santé 100% Le fait de ne pas savoir où chercher les offres d'emploi 7% 93% Le type de formation réalisé 23% 77% Le manque de mobilité 36% 64% Le niveau de formation obtenu 36% 64% La capacité à obtenir des entretiens 57% 43% Le fait de ne pas savoir se "vendre" lors des entretiens 71% 29% DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 Le manque de réseau de relations 79% 21% Le manque d'expérience professionnelle 79% 21% Le peu d'offres d'emploi sur le territoire 100%

0% 50% 100%

Oui Non

Parmi la nature des difficultés rencontrées dans la recherche d’emploi, les jeunes mettent en avant à l’unanimité le peu d’offres d’emploi sur le territoire. Le manque d’expérience professionnelle et le manque de réseau de relations sont également soulignés par 79 % des jeunes. Ils sont à peine moins nombreux (74 %) à reconnaitre leur manque d’expérience pour se « vendre » lors des entretiens et 57 % une incapacité à obtenir

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des entretiens. Enfin, ils sont un gros tiers (36 %) à constater dans leur recherche d’emploi un déficit de formation et un manque de mobilité dont les causes peuvent être multiples.

Questionnaire jeunes 6 : Si tu rencontres des problèmes de mobilité, à quoi sont-ils dus ? % obs. Pas de permis de conduire 56% Transports en commun trop chers 0% Pas de véhicule personnel 33% Lieu d'habitation mal desservi 22% Je n’ai pas de problème de mobilité 11% Autre 22% Total

Pour 56 % des jeunes qui avouent rencontrer des problèmes de mobilité, le fait de ne pas avoir de permis de conduire en est la cause première. Un tiers sont handicapés parce qu’ils ne possèdent pas de véhicule personnel et 22 % parce que leur lieu d’habitation est mal desservi. Néanmoins, ces pourcentages doivent être nuancés par le faible nombre d’occurrence (32) correspondant à cet item.

2. Les scolarisés

Questionnaire jeunes 7 : Que comptes-tu faire à la fin de cette année scolaire ? % obs. Continuer mes études/ma formation 89% Mettre un terme à mes études/ma formation 0,4% Changer de spécialité 1% Changer d’établissement 11% Je ne sais pas 7% Autre chose 1%

Questionnaire jeunes 8 : Si tu souhaites changer de filière, d’établissement ou arrêter tes études, quelles en sont les raisons ? DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 % obs. La filière ne te correspond pas 39% L’ambiance ne te plaît pas 30% Tu as des difficultés scolaires 30% Tu trouves les stages décevants 0% Tu n’as pas trouvé de stage 0% En raison de problèmes financiers 4% Autres raisons 35%

Pas moins de 89 % souhaitent continuer le parcours entamé. Seuls 11 % des jeunes scolarisés veulent changer d’établissement, 1 % ont l’intention de changer de spécialité et 0,4 % des jeunes seulement avouent vouloir

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mettre un terme à leurs études ou formation à la fin de cette année scolaire. Parmi ceux-là, 39 % ont pris leur décision parce que la filière ne leur correspond pas, 30 % parce que l’ambiance ne leur plaît pas et 30 % également parce qu’ils ont des difficultés scolaires. Enfin, 35 % évoquent d’autres raisons les ayant conduit à ce choix parmi lesquelles un déménagement, une inadaptation à suivre un cursus « normal », un sentiment de mal-être scolaire.

Questionnaire jeunes 9 : Dans tes projets d’orientation (études/changement de filière/entrée dans la vie active) tu demandes conseil...

Autre 7%

...sur internet 28%

...à tes amis 31%

...à ta famille 86%

...à des professionnels des BIJ ou du CIO 11%

...à des professeurs 53%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Dans le domaine des projets d’orientation, les jeunes demandent conseil prioritairement et classiquement à leur famille (86 %). Mais 53 % d’entre eux s’adressent aussi à des professeurs tandis qu’Internet se développe comme source d’information puisque 28 % avouent s’en servir dans cette optique d’orientation.

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Tableau 14: Scolarisation et diplômes en 2011 (en %) Part des 15 ans ou Part des 15-17 ans Part des 18-24 ans plus non scolarisés non scolarisés non scolarisés parmi sans diplôme parmi les 15-17 ans les 18-24 ans Allez-et-Cazeneuve 20% 11% 69% Bias 18% 2% 48% Casseneuil 28% 2% 59% Cassignas 18% 0% 75% Castella 14% 7% 58% La Croix-Blanche 11% 0% 43% Dolmayrac 14% 0% 62% Fongrave 21% 0% 75% Hautefage-la-Tour 12% 3% 73% Laroque-Timbaut 19% 2% 57% Lédat 15% 0% 52% Monbalen 14% 0% 61% Pujols 14% 2% 49% Saint-Antoine-de-Ficalba 12% 0% 64% Sainte-Colombe-de-Villeneuve 12% 9% 63% Sainte-Livrade-sur-Lot 27% 5% 57% Saint-Étienne-de-Fougères 19% 0% 67% Saint-Robert 13% 0% 50% Villeneuve-sur-Lot 23% 7% 62% CAGV 21% 5% 60% Lot-et-Garonne 21% 5% 60% France 18% 4% 48%

Sur le territoire étudié, la part des 15 ans ou plus non scolarisés sans diplôme est supérieure à ce qu’elle est sur le plan national (+3 points), mais équivalente à l’échelle départementale (18 %). De même, la part des 18- 24 ans non scolarisés est très sensiblement supérieure sur l’EPCI qu’elle ne l’est sur l’ensemble du pays (+12 points). DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 Mais au-delà, le plus frappant reste les disparités au sein même de la CAGV. En effet, si la part des 15-17 ans non scolarisés est nulle à Cassignas, Lédat ou Monbalen, elle monte à 11 % à Allez-et-Cazeneuve. De même, la part des 18-24 ans non scolarisés est inférieure à la moyenne nationale sur La-Croix-Blanche, elle atteint un niveau record à Cassignas ou Fongrave (75 %).

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3. Focus : Ces lycéens qui travaillent

19% des lycéens interrogés ont une activité rémunérée parallèlement à leur cursus scolaire. Bien entendu, les types d’activités ne sont pas les mêmes. Surtout, les degrés d’acceptation sociale (relative au contenu, à la fréquence et à l’intensité) et jeunes et de leurs familles sont influencés une fois encore par des déterminismes sociaux.

Pour autant, la centralité du travail reste prégnante quelle que soit la position sociale objective des lycéens et la typologie du travail effectué. Si les lycéens ne s’entendent pas tous sur le statut accordé à l’activité rémunérée, le travail reste majoritairement perçu comme une expérience positive et valorisée socialement, comme « quelque chose de bien » qui permet « d’être plus responsable », « plus mature » ou encore « d’apprendre ce qu’est la vraie vie » et ce, quel que soit le niveau de difficultés éprouvé et les conséquences perçues. Le travail n’est que rarement réduit à son intérêt pécuniaire. Même lorsqu’il répond à une véritable nécessité financière, il est décrit comme un « rite de passage » (sortie de l’adolescence, responsabilisation) ou comme une forme de socialisation.

Les lycéens interrogés ne revendiquent donc pas spécifiquement d’améliorations de leur condition, pas plus qu’ils ne remettent en cause un système inégalitaire qui les obligerait à travailler. Pour le dire autrement, le discours n’est pas politisé dans le sens où la revendication sociale et l’identité collective autour du phénomène sont absentes des discours qui suggèrent très majoritairement l’acceptation des situations et l’adaptation à un système « qui est ce qu’il est » et au sein duquel « il faut faire sa place ». La centralité du travail est mise en avant au profit de divers discours de valorisation selon qu’il permette d’acquérir des compétences sociales, professionnelles et/ou qu’il réponde à une nécessité, à un besoin d’indépendance, de reconnaissance. Là encore, l’origine sociale n’influence pas une perception plus ou moins positive de l’activité rémunérée en tant que telle, mais plutôt la typologie argumentaire de valorisation du travail selon que soit mis en avant la nécessité ou l’expérimentation bien que les deux arguments soient le plus souvent concomitants. DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

Les acceptions recueillies témoignent donc, dans leur ensemble, de l’utilisation récurrente d’un discours « dépolitisé » à connotation libérale dans la mesure où la réussite, qui passe nécessairement par le travail (le diplôme étant d’abord perçu comme un vecteur potentiel d’augmentation des chances d’accéder à un aspect valorisant) est d’abord perçue comme une prérogative individuelle quand la typologie et les conséquences des rapports à l’activité rémunérée (qui sont analysées dans la partie suivante) doivent d’abord s’analyser par le prisme des déterminismes sociaux et scolaires. La sociologie contemporaine a montré dans de multiples travaux comment la société moderne était par essence individualiste dans le sens où elle permet à l’individu de mener l’existence qu’il a choisie sur la base de principe d’anonymat et d’objectivation des relations. Les logiques de l’individualisme, d’abord synonyme

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de liberté ont été démultiplié et font que la vie de chaque jeune n’a jamais été autant perçue comme portée par lui-même. C’est aussi pour cela que le l’accès précoce au travail permet de répondre à une forme d’angoisse individuelle de ne pas parvenir à s’insérer au cœur d’une société incertaine, d’autant plus lorsque la croyance en la capacité du système scolaire à jouer son rôle d’ascenseur social est mise en doute comme en témoigne ce discours récurrent chez les jeunes travailleurs issus d’origines plus modestes :

« Plein de mecs sortent avec des tas de diplômes et n’arrivent pas pour autant à trouver l’emploi qu’ils méritent ou font des petits boulots ».

Les jeunes rencontrés sont dominés par le sentiment de la fragilité de leur vie sociale et restent tiraillés, dans leurs logiques de construction, entre l’appât des bénéfices matériels et symboliques offerts par l’activité salariée, et l’obtention d’un minimum de « bagages » (diplômes) pour s’insérer sur le marché du travail. Parfois, certains se sentent écrasés par la responsabilité qui leur incombe de construire leur vie et perçoivent l’accès à l’activité rémunérée comme un support positif. Mais l’accomplissement personnel qu’il est possible de trouver dans une activité rémunérée a pour contrepartie un « risque » variable selon la capacité des lycéens à intégrer leur expérience de travail au cœur d’une dynamique globale d’insertion sociale et scolaire qui permette de construire du sens. Le paradoxe réside dans le fait que l’activité rémunérée est à la fois libre et contrainte, au gré d’un mécanisme déjà montré par L. Chauvel10. Les lycéens se désignent de plus en plus responsables de leur propre destin quand la structuration de ce dernier conserve des origines intrinsèquement sociales. Le souhait de se « débrouiller » et de « s’en sortir par soi-même » est le plus souvent soutenu par les familles comme un choix plutôt positif à condition qu’il corresponde au seuil d’équilibre fixé par la sphère familiale. Le travail est valorisé dès lors qu’il ne remet pas en cause la réussite scolaire : « Mes parents m'avaient prévenu que si les résultats changeaient je devrais arrêter. », plus encore chez les familles moyennes et favorisées où la place de la réussite scolaire demeure centrale et ne répond pas à des logiques d’insertion à court terme.

Pour les jeunes en difficulté scolaire, l’accès au travail est le plus souvent perçu comme un rebond favorable DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 à la perception de l’échec. Curieusement, nombre de jeunes déclarent également avoir été à l’initiative de travailler contre l’avis de leurs parents :

« Au début, ma mère n’appréciait pas du tout parce que je rentrais tard le soir on ne se voyait presque plus. Elle voulait appeler ma patronne. Après elle a vu que je faisais ça pour gagner de l’argent, que ça me faisait voir le monde du travail et puis comme ça je ne demandais plus d’argent ».

10 Louis Chauvel (2010). Le Destin des générations : structure sociale et cohortes en France du XXe siècle aux années 2010, Presses universitaires de France. Le paradoxe expliqué par L. Chauvel est celui d’un renforcement des barrières entre classes au fur et à mesure que diminuent les sentiments d’appartenance aux classes.

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Au final, le travail qualitatif a permis de mesurer la façon dont l’expérience scolaire, la position sociale et la relation à l’activité elle-même permettent d’appréhender les écarts de représentation. Pour illustrer le rôle de l’expérience scolaire, les élèves de lycées professionnels accèdent au monde du travail par l’intermédiaire des stages, qui demeurent une véritable étape de leur socialisation professionnelle. La valeur travail semble alors plus prégnante et plus incontournable chez ces lycéens. Le second exemple, relatif à la position sociale, concerne les jeunes issus des milieux les plus populaires. Ces derniers sont plus à même de quitter l’école, ce qui est perçu comme un moyen d’accéder rapidement au monde du travail et par conséquent au statut d’adulte, ainsi qu’au capital économique et symbolique auquel il renvoie. Les lycéens construisent alors une vision valorisante de l’expérience professionnelle qui permet l’acquisition d’un certain nombre de savoir-être :

« On est plus responsables que les autres », « mes parents ont changé leur regard sur moi », « ça m’a permis d’être plus autonome », « j’ai compris la valeur de l’argent », « c’est la fierté surtout par rapport à mon père »,

Malgré la fatigue ou la pénibilité de certains travaux, l’expérience de la relation au travail elle-même s’avère déterminante. Pour certains, elle renvoie à une prise de conscience sur la réalité des métiers et une volonté plus poussée de continuer et de réussir les études pour « ne pas faire ce genre de travail ». Pour d’autres, le travail est une source quasi-immédiate de bénéfices où les efforts sont concrétisés par l’argent et le pouvoir d’achat (« On fait ce qu’on nous dit, on taffe et à la fin du mois on a notre paye »), contrairement aux études où le bénéfice à plus long terme est plus incertain bien que le baccalauréat reste pour beaucoup le niveau scolaire minimum à atteindre avant de travailler :

« J’aimerais commencer à travailler de suite, mais c’est vrai que sans le Bac, ça va être difficile plus tard. Le Bac, il faut l’avoir, au moins pour sa fierté et parce que sans ça, t’as rien ».

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Conclusion : Les limites d’une approche par les dispositifs dans la prise en charge des jeunes adultes

Au travers des entretiens réalisés au cours de cette étude, apparait la reconnaissance partagée que le territoire, sans proposer de plateformes territoriales (qui pourraient être rurales et urbaines) permettant de centraliser la réponse faite aux jeunes, regroupe un ensemble de dispositifs, d’équipements et de projets existants permettant de faire face à de nombreuses situations. Autour des différents acteurs de l’enseignement, de l’éducation, de l’animation socioculturelle et de l’insertion, se greffent une multitude de structures, de dispositifs et de strates qui permettent de couvrir plusieurs champs d’action : de l’aide sociale à l’insertion professionnelle, de la dépendance (l’accompagnement des personnes âgées) aux champs de l’action sociale et sanitaire, de l’animation à la prévention spécialisée auquel on pourrait ajouter la médiation si l’on voulait encore élargir le cercle sans cohérence. Si l’on considère la jeunesse au sens global, la CAGV bénéficie de ressources associatives et partenariales permettant d’agir en transversalité selon les thématiques et les typologies de publics jeunes. Toutefois, les liens de ce maillage demeurent plus ou moins empiriques, objectivés par endroits, mais questionnent dans leur ensemble la cohérence de la gouvernance locale. Car il subsiste une méconnaissance relative du fonctionnement et des limites de chaque dispositif, des projets en cours et des réflexions dans chaque structure. Les acteurs se rencontrent certes parfois, mais au final, il n’existe pas d’instance de réflexion évaluative permettant de mesurer la bonne adéquation avec des axes d’orientations d’une politique jeunesse qui auraient été préalablement partagés. Le partenariat quotidien s’effectue donc au coup par coup, souvent localement, au besoin de la situation d’accompagnement individuel. Les faiblesses concernent plus le repérage du besoin, la structuration de la réponse et la cohérence territoriale entre les strates d’interventions.

DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 1. Une évaluation par objectifs des pratiques des professionnels

La question de la production de données et de la construction de dispositifs de quantification locaux apparaît saillante dans les discours des professionnels de l’insertion interviewés. Plus précisément, lorsque les professionnels abordent la thématique de l’usage des chiffres, c’est pour signaler une logique évaluative intra- dispositif. Par exemple, il n’existe pas une connaissance fine et complexe de la sociologie des jeunes de moins de 25 ans qui habitent le territoire. Et lorsque des indicateurs sont disponibles, ils se forgent sur la proportion des individus affiliés aux divers dispositifs et donc leurs parcours dans les actions menées. Les agents en retirent un sentiment d’impuissance généré par un désajustement entre la réalité des offres et des solutions

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structurelles à apporter d’une part et les demandes d’autre part. Mais en l’absence de données précises, ce désajustement n’est pas clairement démontré par l’interviewé. En effet, on ne dispose pas de données longitudinales qui s’attacheraient à mettre en œuvre un suivi de trajectoire d’une classe d’âge qui, à un moment donné, soit quitte ou pas le système scolaire, soit a affaire ou pas à un dispositif d’insertion, soit encore parvient ou pas à s’insérer professionnellement par rapport à tel ou tel type de contrat, soit souhaite tout simplement être acteur de la vie sociale locale à travers une démarche citoyenne. Cet état de fait est probablement à la base d’une forme de découragement que traduit, par ces mots, une professionnelle de la jeunesse lorsqu’elle déclare : « Y’a des moments, on se trouve démuni ». De manière générale, cette question des instruments d’observation et de quantification est indissociable de celle de l’élaboration des connaissances et renforce la confusion entre ce qui est de l’ordre d’une politique de participation citoyenne de la jeunesse, de l’ordre d’une politique de médiation, d’insertion, de prévention de la délinquance, de prévention spécialisée… Par exemple, l’insuffisance, voire l’absence d’informations sur les trajectoires et les parcours des jeunes a été repérée comme un frein à l’élaboration de politiques Jeunesse véritablement adaptées aux différentes catégories de la population selon les quartiers. Cet angle-mort de la quantification à l’échelle locale dans la connaissance chiffrée des micro-territoires donne souvent lieu, chez les professionnels, à ce que nous appellerons « un raisonnement par cas ». A partir de ce « raisonnement par cas », un dispositif se trouve idéalisé par l’évocation d’une situation d’insertion décrite comme réussie et qui serait censée être représentative de nombreuses autres (sans avoir à disposition une ou des données précises). Nous reviendrons, au moment de la conclusion, sur ce type de raisonnement et sur les conditions qui le rendent possible. Pour l’heure, nous nous contentons de souligner l’écart qui existe entre une connaissance pour l’action et celle qui vise plus à un usage administratif pour des structures différentes et dans des fichiers de gestion différents.

Le schéma organisationnel actuel crée ainsi des écarts entre le besoin réel du territoire et l’offre présente. Les DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 dispositifs, calqués sur des modèles préexistants, représentent des réponses potentielles face à des situations potentielles mais ne collent pas à la réalité des besoins. Ainsi, l’offre doit s’adapter aux publics présents et non l’inverse afin de prévenir les limites d’une approche catalogue qui consiste à compiler toutes les ressources institutionnelles disponibles sans toutefois adapter les réponses aux besoins singuliers du territoire. L’offre actuelle, sur la base de propositions diversifiées, n’apporte le plus souvent que des réponses d’urgence, voire palliatives face aux besoins réels, sans discernement des problématiques et des actions à développer.

L’enjeu consiste donc à reconsidérer les enjeux spatiaux et sociaux actuels et futurs à l’échelle d’un territoire délimité, ayant des influences sur un secteur géographique élargi. Pour cela, il s’agit moins d’établir une

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hiérarchisation des besoins liée à l’efficacité des services dans l’optique d’une « démonstration de l’intérêt des pratiques » que d’entreprendre une démarche d’identification des besoins pour créer des réponses adaptées. Pour travailler sur la question du lien social, il faut se pencher sur les aspects de la circulation des publics ou du déplacement des dispositifs vers les publics.

2. Un décalage de perception

A partir du travail d’analyse des entretiens, on peut affirmer l’existence d’un écart entre la perception de ce public par les professionnels. L’architecture générale des dispositifs jeunesse - fondée sur un discours technique et institutionnel qui vise à la fois à donner un contenu et à matérialiser la réponse - génère un discours qui met en avant la richesse locale et contraste avec la façon dont les jeunes se perçoivent eux-mêmes et perçoivent la réponse offerte :

« En fait, il y a des choses, mais on sait bien que quand on y va, au bout il n’y a rien parce que faut pas se leurrer, y’a pas de boulot ou du très précaire sur le territoire. »

« En fait, il n’y a rien pour la jeunesse, ou des choses à côté de la plaque. Quand on veut faire quelque chose de simple, on n’a pas d’interlocuteur qui correspond. »

La difficulté de certains jeunes entraîne néanmoins des formes multiples de repli sur soi - « j’ai eu tendance à vouloir tout résoudre par moi-même… » - pour des jeunes qui ont du mal à qualifier leur situation, d’où une complication pour les acteurs à définir des typologies et critères à risques sur des populations fragilisées et à agir sur eux autrement que par la perception partielle des problématiques qu’ils observent.

3. Un territoire perçu comme sans avenir DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 Les jeunes entretiennent un rapport ambivalent à la ville et au territoire entre l’attachement et le sentiment d’être « dans un trou paumé », « loin de tout », « dans une commune de vieux », « où ça ne bouge pas. » Se sentant sentent peu pris en compte par l’action publique, la réussite est conditionnée par un départ du territoire du fait de la perception de faibles opportunités offertes par le territoire et « les villes centres ».

4. Réussir, c’est partir

Chez une majorité de jeunes rencontrés, le territoire fait écho à un lieu où l’on grandit mais que l’on sera amené à quitter. Pour un grand nombre (lycéens scolarisés notamment), le territoire est un passage, la ville de leur famille ou des études secondaires, mais le futur est ailleurs comme en témoigne le discours de villeneuvois :

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« Réussir c’est partir » ; « On a vite fait le tour » ; « C’est pas ici qu’on trouvera du travail»…

Cette spécificité n’est pas uniquement villeneuvoise et se retrouve sur l’ensemble du territoire bien qu’un peu moins à l’échelle du roquentin. Les jeunes ont néanmoins intégré l’idée que l’avenir professionnel et social n’est pas sur leur commune ; c’est surtout valable pour ceux qui souhaitent poursuivre leurs études à Agen et surtout à Bordeaux ou Toulouse. Pour d’autres, malgré un discours similaire ;

« C’est pas facile de trouver du taf ici » ; « y’a pas grand-chose à faire, c’est petit. »),

On constate plus de difficultés à se projeter en dehors de la Ville :

« Partir, pour aller où ? » ; « ça peut m’arriver de trouver une mission intérim ailleurs, mais après j’ai besoin de revenir ici » ; « ailleurs c’est peut-être pire… ».

Si concrètement, la mobilité ne sera que partielle, la norme intériorisée par tous est celle du départ choisi ou de l’immobilité contrainte (même si elle n’est pas complètement vécue comme telle). Dès le collège, est intégré l’impératif de réussite sociale d’une part, la corrélation entre réussite sociale (et donc scolaire) et mobilité géographique de l’autre. Beaucoup envisagent ainsi un après « ailleurs ».

Le rapport à la mobilité est conditionné par la réussite scolaire d’un territoire qui, « pour ceux qui restent » peut revêtir un aspect enfermant. Pour autant, ce caractère enfermant est rarement total dans la mesure où il est dans le même temps rassurant. La question de la mobilité dépasse de loin les seuls aspects pratiques. Elle s’observe clairement dans la difficulté à s’émanciper des frontières symboliques de la ville, du quartier, du centre-ville-quartier, de la rue, du bout de trottoir. Ainsi, le déplacement ne signifie pas forcément la mobilité si l’on tient compte d’un aspect « symbolique » qui consiste à déplacer les frontières de « l’entre- soi » sans engager une modification fondamentale de la relation avec l’environnement extérieur. Ainsi, des jeunes « en difficultés » vont pouvoir se déplacer régulièrement sans pour autant s’émanciper des trajectoires collectives définies par le groupe, et donc sans modifier leur relation fondamentale avec l’environnement DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 extérieur. Globalement les filles rencontrées ont plus d’ambition de mobilité que les garçons (idée de voyages, d’habiter d’autres villes, même éloignées).

5. Psychologisation des problématiques des jeunes

Du côté des professionnels, la tonalité des propos est plutôt axée sur la compréhension et l’empathie des publics jeunes du territoire bien que des formes de misérabilisme émergent encore de certains propos. De ce point de vue-là, la récurrence du discours de « La confiance en soi » est paradigmatique d’une tendance lourde à « psychologiser » les problèmes sociaux des jeunes. Plutôt que de parler d’obstacles et de contraintes

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externes pour travailler à l’insertion professionnelle de ces individus, le régime dominant discursif parlera de « freins » et de contraintes internes déclinés sur le mode du handicap socio-culturel. Le concept d’estime de soi constitue d’ailleurs ce nouveau prêt-à-penser qui permet de mettre en place des ateliers de formation pour occuper le temps des plus démunis. Mais derrière le cynisme absolu de ces traitements des jeunes plus défavorisés se cache, malgré les bonnes intentions et les convictions qui animent ces professionnels, une situation d’impuissance (indépendante des compétences locales) à proposer une, deux, voire plusieurs possibilités d’agir à un même individu. Car c’est de cette façon qu’il pourra choisir et s’engager au maximum vers une forme stabilisation durable, ce qui constitue au fond la seule demande exprimée. A partir de cette situation, on peut penser que l’individu aura une « estime de soi » qu’il pourra évaluer et cocher à « très bonne » et qu’il pourra désormais se projeter plus facilement dans l’avenir en formulant un ou plusieurs projets. Ne pouvant agir eux-mêmes à leur tour sur les conditions structurelles à l’origine de ces mises au ban des jeunes, on observe des pratiques qui consistent donc à accompagner les bénéficiaires pour qu’ils deviennent acteurs de leur situation. Cette prescription normative a irradié en profondeur les pratiques, les discours et les représentations des professionnels chargés de la jeunesse.

6. L’emploi valeur centrale : les limites d’un système

Effet non-voulu des relais entre les différentes structures chargées de l’insertion des jeunes, on remarque le parcours de jeunes du territoire qui peuvent se trouver dans la situation de faire du « tourisme institutionnel » faute d’être mis face à des solutions d’emploi, ce qui reste leur préoccupation centrale. Plus exactement, les bénéficiaires qui ont affaire aux différents dispositifs d’action peuvent se trouver, à moment donné et pour une partie d’entre eux, dans une forme « d’instabilité stable ». Elle est au fond la résultante d’un réseau institutionnel qui consiste à faire circuler les individus d’une structure à l’autre, ne sachant précisément pas quoi en faire. Affiliés simultanément ou successivement à des dispositifs institutionnels, ils circulent d’une formation à l’autre, d’un endroit à l’autre, où l’on pense à leur place que leurs « carences » – préalablement DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 définies pour eux depuis l’extérieur – les empêchent de répondre aux exigences du marché du travail. Ces facteurs structurels affectent lourdement le sens des pratiques que les agents chargés de l’insertion ont à mettre en œuvre pour légitimer leur « raison d’être » professionnelle. Et dans un contexte de rareté de l’emploi, les usagers effectuent une sorte de « voyage circulaire » entre plusieurs dispositifs.

Cette situation montre bien comment les jeunes précarisés peuvent être longuement maintenus dans une zone intermédiaire entre travail et assistance. Stages, formations, emplois aidés, ateliers, aides ponctuelles et autres activités provisoires constituent cette zone où ces personnes tournent sans pouvoir se fixer.11

11 André Lecigne, « D. Castra et F. Valls. L’insertion malgré tout. L’intervention sur l’offre et la demande. 25 ans d’expérience », L’orientation scolaire et professionnelle, 37/1 2008, pp.140-144.

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7. Une perception par territoires

Dans les entretiens, les professionnels parlent de « ségrégation géographique », « de frein à la mobilité liés aux moyens de transport », de « paupérisation ». On peut penser que l’expérience prolongée et indéfiniment répétée de cette distance spatiale dans laquelle s’affirment des distances sociales – « On ne répond pas à ces jeunes-là, du moins pas complètement » – génère une forme de violence symbolique pour les jeunes adultes. Elle justifie l’idée d’un discours porté sur des pratiques qui soutiennent les personnes. Cependant, l’écueil possible de la critique de l’isolement géographique est de nier ou de ne pas voir les rapports étroits qui existent entre les structures de l’espace social et les structures de l’espace physique. Par exemple, la norme de la mobilité est fortement valorisée dans les circuits institutionnels comme une évidence admise. Cela donne le sentiment que ces populations sont regardées « d’en haut » pour des façons de vivre l’espace qui ne correspondent pas aux normes valorisées. Vue d’en bas, la question de la mobilité ne fait pas toujours sens lorsque l’on interroge les jeunes, plus centrés sur une revendication de reconnaissance.

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Les communes et leurs jeunesses, analyse des perceptions politiques

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Cette partie vise à analyser le matériau issu des entretiens avec les élus locaux autour des questions de jeunesses. Nous avons veillé à mettre en perspective les enjeux de chacune des communes car c’est de cette manière qu’est appréhendée la jeunesse actuellement. Si les jeunes vivent le territoire bien au-delà des frontières de leurs communes, la gestion politique en matière de jeunesse, demeure - quand elle trouve matière à action - une question d’ordre local. Un certain nombre d’aspects ont été récurrents dans les entretiens avec les élus :

 La prime au lieu : les élus pensent quasi exclusivement la politique jeunesse par le prisme du lieu dès lors qu’une offre dédiée est pensée. Cette dimension s’exprime dans une double logique : l’ALSH pour les préadolescents, l’espace jeunes pour les plus de 14 ans. - L’idée d’une offre associative qui se suffit à elle-même : pour certains élus, une politique jeunesse en tant que telle n’a pas lieu d’être, le tissu associatif local offrant de nombreuses opportunités. - Une politique d’équipement sportif de proximité : pour d’autres élus, la création d’équipements sportifs de proximité répond aux besoins des jeunes. C’est partiellement vrai dès lors que l’on considère ces espaces comme des outils et non comme une fin en soi. Plus fréquenté par des jeunes garçons (city stades, skate park), ces lieux ne suffisent pas à définir une politique jeunesse.

 Des jeunes qui s’approprient l’espace public : sur certaines communes (peu nombreuses) de petits groupes de jeunes se sont appropriés des espaces singuliers (derrière le cimetière, à côté de la mairie, au lavoir, places ou rues de centre-ville…), ce qui cristallise un certain nombre de tensions.

 La non-expression des besoins : aucune sollicitation n’est faite de la part des familles ou de la part des jeunes eux-mêmes pour développer des projets, des équipements,… La question de la demande est DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 donc au centre, la « non expression » d’une demande et traduite par une absence de besoin alors que la population 12-17 ans en regroupe de nombreux. En perspective, les municipalités cherchent donc souvent à apporter une offre multisports pour les jeunes sans besoin préalablement énoncé par les habitants.

 Un sentiment de « délaissement » des petites communes : certains élus des « petits villages » expriment un sentiment d’exclusion de la part des villages excentrés par rapport à la diversité de l’offre présente sur la ville centre.

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 L’identification de l’adolescent : dans les discours des élus, la jeunesse est « un tout unique ». La jeunesse n’est pas perçue, pas connue et peu reconnue. Pour autant, aucune stigmatisation n’apparaît d’emblée bien que les questions de la jeunesse soient appréhendées à l’aune des problèmes qu’elles posent.

 Manque de communication : - De la part des équipements de l’agglomération pour restituer et communiquer leur taux de fréquentation. - De la part de l’agglomération pour informer les habitants en lien avec les municipalités de la programmation des événements sportifs ou culturels et des possibilités d’accès aux activités de loisirs.

Concernant les perspectives, certains élus pointent l’intérêt d’une programmation à l’échelle de l’agglomération, d’une offre adaptée pour les 11-17 ans, du développement d’actions de proximité : mobiles, antennes, de mutualisation des moyens techniques et humains, de mobilité des publics : adapter les coûts, créer des liaisons… Mais au final, la confusion demeure sur ce que doit être une politique jeunesse. Elle débouche sur la recherche de l’outil « clé en main » ou de « l’action qui fonctionne ». Ce premier état des lieux est contrasté avec des organisations et des particularités. Les perspectives à envisager ne sont pas identiques. Elles ne sont pas projetées de la même manière sur l’ensemble du territoire. Pour construire des objectifs adaptés au paysage territorial, il faut tenir compte de l’existant autant sur les interactions et les cheminements quotidiens en fonctionnement que sur les difficultés liées à la morphologie spatiale et sociale des communes de l’agglomération. Deux démarches reviennent : soit organiser l’accès des jeunes aux équipements situés sur la ville-centre, soit développer une offre de proximité par des actions mobiles liés aux champs de l’animation socioculturelle, de l’accompagnement social, de l’insertion socioprofessionnelle. DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 Des thématiques à travailler sont repérables : inter-générationalité, inter-culturalité, problématiques interfamiliales mais ne sont pas pensées dans un lien de complémentarité mais plutôt dans un fourre-tout des champs d’intervention.

Ainsi, il apparaît que pour favoriser le développement d’objectifs en lien avec la politique jeunesse du Grand Villeneuvois, il faille envisager une stratégie commune et différentiée à la fois. Certains objectifs pourront être étendus de façon transversale pour d’autres ils ne toucheront pas l’ensemble du Villeneuvois de la même manière.

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Des circonférences de situations apparaissent autour de la ville-centre : zone dortoir, fragilités et difficultés sociales, désert de politique jeunesse.

Les entretiens révèlent néanmoins des attentes de la part des élus qui s’articulent autour de 3 axes principaux :  Articulation par la prise en compte des villages excentrés dans la politique jeunesse pour développer une équité territoriale ;  Mutualisation des moyens pour permettre de développer une offre adaptée aux jeunes de 11 à 17 ans ;  Coordination sur les programmes à l’échelle de l’agglomération.

Au final nous avons établi une typologie d’attitudes vis-à-vis de la politique jeunesse :

 Les « non-concernés » La politique jeunesse n’est pas une priorité. L’idée est que les jeunes, de par leur âge n’ont pas envie d’être sollicités, ni de participer à des activités encadrées. L’action publique n’a pas à agir sur ce domaine.

 Les « démunis-désœuvrés » La réflexion autour de la politique jeunesse est au cœur des priorités, mais on se questionne sur comment l’orienter et sur les difficultés de captation du public. L’offre proposée n’est pas toujours pertinente, mais il n’existe pas de moyens de l’évaluer.

 Les « volontaristes » Les actions jeunesses sont une priorité et on propose des infrastructures en ce sens (espaces multisports, city- stade, skate-park, local jeune, etc.) sans forcément bien connaître ce public difficile à capter.

Pour aller plus loin, nous avons distingué l’approche des « petite communes » des plus grosses. L’approche DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 qui va suivre sépare donc deux temps d’analyse : un focus des réflexions par commune en territoire rural et une analyse des perceptions et des offres proposées par les plus grosses communes.

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Focus sur les communes rurales

1. Commune de Cassignas

Commune de CASSIGNAS Contexte local 7 km2 Point géographique Deux bourgs Hameaux parcellaires sur le territoire communal 146 habitants dont 124 habitants en résidence principale Nombre d’habitants une quinzaine d’enfants de 3 à 9 ans et quatre jeunes de 10 à 17 ans La part de retraités est plus importante que la population active. Une dizaine d’exploitants agricoles, peu d’artisans (un maçon, un Situation familiale et électricien, une entreprise de petits travaux) professionnelle Les professions intermédiaires partent sur Agen. Peu de familles en difficulté sociale. RPI avec l’école de Laroque et . Scolarité : équipement Ecole, Il n’y a pas de ramassage scolaire. Collège Pour le collège, un ramassage scolaire est organisé à partir de Laroque. Actions jeunesse Equipement : Association sportive, Aucune sur la commune artistique, culturelle, … Les jeunes suivent des activités sur : -Laroque : Associations sportives et culturelles (foot, rugby, basket, Activité suivie par les jeunes judo) (bibliothèque, école de musique, danse) - Monbalen : le centre de loisirs -Après-midi seniors avec invitation des jeunes et des familles Actions menées sur la commune -Journée de formation à la conduite Perspectives -Créer une salle des fêtes Sur la commune -Participer activement au diagnostic pour concevoir des projets en commun - Développer la mobilité Sur l’agglomération - Adapter les coût des services et structures DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 La commune de Cassignas a fait partie de la Communauté de communes du Roquentin avant de rejoindre l’Agglomération du Grand Villeneuvois en 2012.

L’accompagnement de la jeunesse semble être une volonté communale.

« Les jeunes d’aujourd’hui seront les adultes de demain. Il faut donc encore plus avec l’actualité d’aujourd’hui se mettre à réfléchir sur l’accompagnement proposé et à proposer. »

Les élus rencontrés participent à la vie d’une ou plusieurs associations sportives de Laroque (membre de CA, président). Ainsi, ils sont en lien avec une partie de cette jeunesse locale :

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« Sur la commune, on ne voit pas les jeunes. Si on ne fait pas partie d’associations nous- même, on ne les reconnaît pas tout le temps. ».

La commune de Cassignas a mis en place une après-midi récréative pour les séniors avec une invitation pour les jeunes en fin de journée. Plusieurs enfants et jeunes y ont participé les années précédentes. Lorsque la commune porte un projet, les habitants s’en saisissent, même si la vie de village a évolué :

« Lorsqu’il y a une proposition, les gens viennent jeunes comme vieux. On est une petite commune on se connaît tous. »

« Il y a trente ans, la communication était plus évidente car davantage de personnes vivaient de la terre et de l’entraide. Aujourd’hui, la vie du village en journée est silencieuse. »

Les élus s’interrogent sur l’insertion socioprofessionnelle des jeunes, l’un des exploitants agricoles de Cassignas propose des emplois saisonniers pour une trentaine de jeunes en été. C’est un travail matinal, les après-midi sont libres. Un autre producteur propose quelques jours au printemps pour la période des semences. Les propositions d’emploi de proximité restent de courte durée et se déroulent uniquement durant la période saisonnière.

Pour les plus de 18 ans, le conseil municipal offre une journée de formation et de sensibilisation pour la conduite. Cela fait plusieurs années que cette journée est proposée et une dizaine de jeunes a pu en bénéficier.

En perspective, les élus se positionnent sur les questions de mobilité, de coût :

 Faciliter l’accès aux lieux pour les habitants des communes excentrées. Le trajet jusqu’au lieu : idée d’étendre le système Elios pour les jeunes.

 Maintenir l’existant et développer les équipements communautaires de proximité : tout ne doit pas être centralisé sur la ville-centre (garder la bibliothèque, le complexe sportif, le musée de Laroque). DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 Concernant ces équipements, ils doivent être entretenus.

 Permettre l’entrée aux équipements par l’ensemble des habitants de l’agglomération. Les tarifs doivent être mesurés avec la distance kilométrique de ces usagers.

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2. Commune de Hautefage la Tour

Commune de HAUTEFAGE la TOUR Contexte local 20 km2 Point géographique Territoire très étendu. Découpé en deux par un axe routier : deux bourgs. Nombre d’habitants Environ 824 habitants Beaucoup de mouvements : arrivées en couples et départs liés à des séparations Situation familiale et Une part d’actifs importants (emplois sur Villeneuve sur Lot ou professionnelle Agen), quelques artisans sur la commune. Quelques familles en situation de difficultés sociales. RPI avec . Hautefage a gardé la compétence du ramassage scolaire. Scolarité : équipement Ecole, Il y a une école maternelle et primaire de 4 classes = 140 enfants Collège scolarisés. L’école est située sur le bourg principal. Le collège est sur Penne. Il y a un ramassage scolaire. Actions jeunesse Equipement : Association sportive, Aucune sur la commune artistique, culturelle, … Les jeunes suivent des activités sur Laroque et Villeneuve sur lot Activité suivie par les jeunes Centres de loisirs sur Penne et sur Monbalen Perspectives Sur l’agglomération - Souhait d’animations mobiles (services itinérants)

La commune faisait partie de la Communauté de communes de Penne, avant de rejoindre l’agglomération du Grand Villeneuvois. Le regroupement scolaire avec les communes voisines a permis le maintien d’une population de familles sur le territoire communal. Ainsi, en 2006, la commune de Hautefage la Tour est classée comme la commune la plus jeune. Les transformations des structures familiales font évoluer les flux de population et besoins de logements sur la commune (arrivée en couple, séparations, etc.). Les associations présentes sur la commune sont : le comité des fêtes et le chemin de randonnée. Le comité des DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 fêtes organise des séances de cinéma. La séance est payante pour les adultes et gratuite pour les enfants de moins de 12 ans. L’agglomération dans le cadre de la politique « jeunes publics » avait organisé deux semaines de représentation sur Hautefage la Tour (les noctambules).

La participation des familles à la vie communale est peu prégnante. La mobilisation dans le bénévolat est réduite à son minimum. Les acteurs locaux constatent, comme sur d’autres communes, une faible implication des personnes, notamment au niveau associatif ; et la question de la jeunesse n’apparaît pas comme une préoccupation prioritaire.

« C’est difficile d’organiser des animations. Les bénévoles sont fatigués.»

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Aucune demande des habitants n’est faite à la mairie concernant les 11-17 ans. Sur la commune, des petits groupes de jeunes (préadolescents) se regroupent près du lavoir. Ceci interroge les acteurs locaux du fait du jeune âge de ces jeunes et face aux plaintes de certains habitants suite à des nuisances sonores. Les plus grands vont à Laroque ou Villeneuve-sur-Lot pour pratiquer des activités en clubs ou entre amis. La mobilité est là aussi un enjeu fort, et les services proposés pas toujours utilisés :

« Le service Elios est en place, un espace a été aménagé mais comme pour le covoiturage, personne ne l’utilise. ».

Les acteurs locaux évoquent les difficultés sociales de certaines familles et la nécessité de développer les approches et actions liées à la parentalité sur le territoire.

Si les équipements à destination des jeunes sur l’agglomération sont jugés suffisamment nombreux, les élus locaux souhaitent des animations de proximité, le développement d’animations plurielles qui s’exportent sur le territoire.

3. Commune de Monbalen

Commune de MONBALEN Contexte local Point géographique 13 km2 460 Habitants (recensement 2015) Une majorité de résidence principale et de propriétaires Nombre d’habitants 33 habitations en maison secondaire 50 jeunes de 11 à 17 ans 36 jeunes en dessous de 10 ans Une population composée d’actifs et de retraités. Population vieillissante. Situation familiale et professionnelle 28 personnes au chômage 6 exploitants agricoles Quelques artisans DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 RPI avec la Croix Blanche et Castella Scolarité : équipement Ecole, Collège 1 classe de maternelle avec des navettes matin et soir Actions jeunesse Equipement : Association sportive, Centre de Loisirs sur Monbalen pour les 3-10 ans artistique, culturelle, … Actions menées sur la commune Soirée pétanque Perspectives Sur la commune Terrain multisports Souhait de voir se développer la capacité d’accueil du centre de Sur l’agglomération loisirs de Monbalen

Le bourg a été réaménagé en 2014-2015.

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Le centre de Loisirs est géré par l’agglomération. Son accueil a augmenté en capacité avec le temps. Un bâtiment est dédié au 3-6 ans, un autre est dédié au 7-10 ans. Quelques « rares » jeunes de 12-13 fréquentent encore le centre de loisirs et sont assimilés au 7-10 ans pour les activités. Le centre de loisirs dispose de deux hectares de terrain pour des activités de loisirs. Pour la plupart des jeunes de la commune et surtout les plus grands, les activités sportives sont sur Laroque ou Villeneuve.

En 6 ans, une seule demande a été faite par un jeune : un skate parc.

« On est trop petit et trop proche pour susciter des demandes. Ils ont tout ce qu’il faut sur Laroque ».

Les jeunes sont peu visibles sur la commune. Quelques-uns se rejoignent derrière le cimetière sur des bancs, l’endroit étant à l’abri des regards.

En perspective sur la commune : un espace ouvert multisports, une offre adaptée pour les 11-17 ans

 Souhait d’aménager le terrain de tennis en lieu multisports.

 Développer le centre de loisirs de Monbalen pour les 11-17 ans (agrandissement, offre spécifique,…).

Pour les acteurs locaux, il y a suffisamment d’équipements au niveau de l’agglomération. La perspective serait avant tout de structurer l’offre sur Monbalen pour les 11-17 ans.

DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

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4. Commune de Fongrave

Commune de FONGRAVE Contexte local Nombre d’habitants 640 habitants Population vieillissante. Arrivée d’une nouvelle population : Situation familiale et professionnelle jeunes couples 1 situation d’enfant déscolarisé 3 classes : maternelle, primaire CP-CE/CM Scolarité : équipement Ecole, Collège L’accueil périscolaire est organisé de 7h00 à 9h30 et de 17h30 à 18h30. Les TAP sont organisés depuis 2 ans de 16h00 à 17h00. Actions jeunesse Equipement : Association sportive, Accueil de loisirs les mercredis et vacances scolaire jusqu’à 12 artistique, culturelle, … ans. Activité suivie par les jeunes Sur Villeneuve sur Lot Perspectives Sur la commune -Espace vert (superficie d’un terrain de sport) -Mutualiser les moyens -Faire des circuits en bus pour déposer les enfants/jeunes sur les équipements Sur l’agglomération -Diminuer les tarifs -Développer les chantiers d’insertion -Créer un réseau de professionnels

La commune connaît des arrivées de jeunes couples, pour la plupart en situation de précarité (chômage, emploi précaire, saisonnier). Les enfants et jeunes sont visibles sur la commune :

« On les voit, ce sont des ados et préados, ils entrainent les plus petits. ».

L’ALSH est un lieu utilisé par les parents comme un service occupationnel. Ceci dit, une baisse des fréquentations a été observée. Le centre de loisirs a développé des sorties canoës pour l’été ce qui a généré un engouement au début par les plus de 15 ans mais cet élan n’a pas perduré :

« Avec le canoë, on a essayé de proposer une animation pour les ados, mais au final DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 l’animateur s’est trouvé seul. Le premier jour, ils étaient là, mais plus le deuxième jour».

Aucune famille ni jeunes n’a sollicité la mairie pour développer des actions. Dans l’histoire communale, dans les années 67-68 une association aurait vu le jour à l’initiative de jeunes. Ils auraient réaménagé une grange. L’association aurait perduré jusque dans les années 2000.

« Les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas grandi ici. Difficile de savoir et de connaître leurs motivations ».

Les jeunes sont visibles et se regroupent souvent sur les mêmes lieux : un groupe de 17 à 20 ans se retrouve souvent à proximité de la mairie. Ils seraient présents en week-end et pendant les vacances. Ils jouent au

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basket sur la place de la mairie et écoutent la musique, certaines dégradations ont aussi été constatées. Les acteurs locaux se trouvent démunis face à ces regroupements de jeunes dont certains s’approprient l’espace public. Aucun dialogue n’a été entrepris avec ce groupe de jeunes.

Les dissonances culturelles sont également abordées par les acteurs locaux puisque certaines familles ne parlent pratiquement pas français. Ce sont notamment des personnes qui venaient auparavant uniquement pour les saisons, et qui se sont installés.

Les perspectives des élus sont de divers ordres : mutualisation, mobilité, coût, espace vert, cluster (insertion socioprofessionnelle) :

 Mutualiser les moyens (humain notamment) sur l’agglomération serait intéressant. Par exemple : un animateur avec un brevet d’état pour animer des activités canoë.

 Amener les jeunes sur les équipements de communes voisines (des circuits en bus).

 Diminuer les tarifs pour les activités de loisirs sur l’agglomération.

 Aménager un espace en libre-service pour les habitants à proximité du Lot (terrain de sport, skate- park)

 Développer les chantiers d’insertion, pendant les vacances : activité le matin et après-midi accès aux loisirs gratuits sur Villeneuve.

 Créer un réseau de professionnels pour permettre l’accessibilité des jeunes à des emplois. (Exemple de la bourse de l’emploi)

 Valoriser le projet « apprendre et entreprendre » porté par le SMAVLOT. Il s’agit de permettre aux jeunes de découvrir des métiers et d’être en lien avec des professionnels. DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

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5. Commune de Castella

Commune de CASTELLA Contexte local 12,5 km2 Point géographique Territoire très agricole Nombreux hameaux très disséminés 344 habitants Nombre d’habitants entre 30 à 40 enfants Population active sur Agen et Villeneuve Situation familiale et professionnelle 7 agriculteurs une petite part sans emploi Classe préparatoire maternelle En RPI avec Monbalen (maternelle) et Croix Blanche (CP-CM) Scolarité : équipement Ecole, Collège Collège sur Agen Ramassage organisé Covoiturage par les familles Actions jeunesse Activité suivie par les jeunes Villeneuve, Agen Perspectives Sur la commune - Site internet Sur l’agglomération - Diminuer les coûts d’accès

La commune est perçue comme une zone dortoir. Elle est divisée en deux bassins de vie. L’un tourné sur Villeneuve sur Lot, tandis que l’autre est tourné sur Agen.

La commune possède un petit terrain de basket goudronné, qui sert également de lieu de stationnement. Aucune demande de jeunes et/ou des familles pour une offre à destination des jeunes n’a été recensée. La Mairie prête la salle des fêtes et des jeunes de l’extérieur la sollicitent de temps en temps pour organiser des soirées. Le dimanche quand il fait beau les familles viennent utiliser l’espace à côté de l’école car les jeux sont accessibles. Au-delà de 15 ans, quelques-uns fréquentent également cet espace, surtout en été. La plupart des DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 jeunes partent faire des activités (en association ou de manière spontanée) sur d’autres communes (Agen notamment). Les jeunes se retrouvent la plupart du temps « chez les uns et les autres ». Le système Elios est en place mais ne fonctionne pas.

En perspective : communication, coût des services

 Création d’un site internet municipal, « pour mieux orienter vers l’extérieur », et travailler sur la communication et l’orientation. Le développement du site se veut favoriser un travail partenarial avec les commissions économiques et sociales de l’agglomération, pour notamment mettre en ligne les offres de formation, d’emploi, de loisirs.

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 Diminuer les tarifs des équipements pour faciliter l’accès des habitants les plus éloignés. Observer les lieux de résidence des habitants pour définir les tarifs. L’exemple cité est la nouvelle piscine de Villeneuve sur Lot.

« A 5€30 par personne, y aller en famille est compliqué. » « Il n’est pas sûr que les jeunes puissent y aller avec le coût du trajet de Castella. »

6. Commune d’Allez-et-Cazeneuve

Commune de ALLEZ ET CAZENEUVE Contexte local Point géographique La commune est scindée en deux par une petite colline 750 habitants Nombre d’habitants une soixantaine de jeunes Une population de retraités holandais et anglais qui se sont installés Situation familiale et Population professionnelle Moins d’agriculteurs, proches de la retraite Scolarité : équipement Ecole, 2 classes : école primaire Collège Ramassage scolaire pour collège Actions jeunesse Equipement : Association sportive, Sur Villeneuve artistique, culturelle, … Activité suivie par les jeunes Sur Villeneuve Perspectives - Structurer une offre territoriale - Mutualiser les moyens Sur l’agglomération - Organiser des permanences - Communiquer les évènements -Développer « les étés jeunes »

L’école fonctionne avec la scolarisation de certains enfants de la commune de Sainte-Livrade.

Le périscolaire est organisé par des personnes du troisième âge pour les jeux de société. Un animateur VTT DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 est engagé sur la période estivale. Il y a quelques associations locales dont une compagnie de théâtre. La compagnie propose des représentations de pièces de théâtre accessibles gratuitement. Le comité des fêtes organise des vides greniers. Le cinéma sous la lune fait une représentation sur la commune mais le coût est onéreux à porter. Les bilans des évènements passés semblent mitigés. Les publics viennent des alentours mais peu de la commune. L’aire de co-voiturage est en place, fonctionne et se développe. Il n’y a pas de transport organisé par la commune pour accéder aux activités de loisir. Les jeunes doivent être accompagnés par les parents.

« …sinon les jeunes sont devant la TV. ».

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A ce jour, aucune sollicitation n’a été faite de la part des jeunes et/ou des familles par rapport à d’éventuelles actions jeunesse. Au niveau de la mairie, rien n’est mis en place pour répondre à d’éventuelles sollicitations et ou demande d’information concernant l’offre de loisirs, de formation, d’emplois pour les jeunes. Sur la question de l’orientation socio professionnelle des jeunes, les acteurs locaux pensent qu’il faudrait développer des journées de sensibilisation dès le collège.

Les animations à destination des jeunes sont sur Villeneuve et Sainte-Livrade. Aucun lieu de rencontre de jeunes n’a été repéré sur la commune.

En perspective : animation de proximité, plateforme des métiers, mutualisation, communication, antennes, mobilité, insertion

 Structurer une offre d’animation à l’échelle de l’agglomération, décentraliser les animations pour permettre une offre de proximité.

 Poursuivre et créer une voie verte qui relie Villeneuve à Allez-et-Cazeneuve et la poursuivre sur Sainte- Livrade.

 Développer une plateforme des métiers pour sensibiliser, informer les jeunes sur leur orientation.

 Créer un emploi mutualisé sur les communes voisines pour développer une offre d’animation pour les adolescents.

 Organiser des permanences, des antennes pour les associations et services à destination des jeunes : Mission locale, CIO, etc. DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

 Mutualiser le coût et la programmation du Cinéma en plein air.

 Communiquer davantage sur les évènements qui se déroulent sur l’agglomération.

 Développer « les étés jeunes » mis en place sur la ville de Villeneuve (matin job et après-midi accès à des animations).

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7. Commune de Le Ledat

Commune de LE LEDAT Contexte local Nombre d’habitants 1320 habitants Population retraitée en augmentation Situation familiale et professionnelle 21% d’arrivée Progression perçue des familles en difficulté sociale Ecole primaire sur la commune : 2 classes (45 enfants) Scolarité : équipement Ecole, Collège Ramassage scolaire Collège sur Casseneuil Actions jeunesse Equipement : Association sportive, - Terrain de foot (accès libre) artistique, culturelle - Cours de tennis (fermé) - Fête de la musique Activité suivie par les jeunes - Cinéma Clair de lune Perspectives -équipement multisport Sur la commune -inclusion sociale et politique Sur l’agglomération -communication des programmes et retours sur les fréquentations

L’école primaire n’accueille pas l’ensemble des enfants de la commune. Un ramassage scolaire est organisé en direction des établissements scolaires de Bias, Casseneuil, Villeneuve. Les familles nouvellement arrivées sont identifiées comme des personnes recherchant un cadre de vie individuel et tranquille. Ils participent peu à la vie locale. Les acteurs locaux recensent de plus en plus de familles en difficulté sociale. Par ailleurs, il y a de plus en plus de jeunes en difficulté scolaire au collège. Depuis deux ans, il y aurait plus de comportements à risque, et des comportements de petite délinquance. Des difficultés sont présentes sur l’école primaire entre parents et équipe éducative. L’école et la municipalité travaillent sur un règlement intérieur. La municipalité souhaite développer des actions sur la parentalité (groupe de parole jeunes et/ou parents).

DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 Les activités sportives, culturelles et de loisirs sont sur Casseneuil, Bias. Une vingtaine de jeunes fréquentent le club de foot. Dans les années 2000, Bias a mis en place un projet à destination des adolescents mais cela n’a pas été fréquenté très longtemps. Sur la commune, quelques associations sont présentes: troisième âge, chasse et pêche, peinture, parents d’élève, les amis de campagnac. Cette dernière est composée de jeunes trentenaires. Au niveau des initiatives locales, Le cinéma clair de lune fonctionne depuis une dizaine d’années et des adolescents le fréquentent. En 2014, un groupe de jeunes s’est organisé une contre fête musicale et festive sur le terrain de foot.

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Les acteurs locaux ont évoqué une animation passée sur le territoire à destination des jeunes qui rencontraient un certain succès :

« Avant, il y a avait une association UTOPIA, il s’agissait d’une roulotte. Ils s’installaient sur une commune et proposaient des animations pour les jeunes. Ils faisaient une représentation et partaient sur un autre village. ».

Un petit groupe de jeunes se réunit régulièrement derrière la salle des fêtes. La municipalité souhaite développer un espace multisports. Cet espace serait intéressant pour l’école et les associations locales. Il s’agit d’une initiative municipale sans sollicitation préalable. D’autres projets sont en cours : la rénovation du Bourg, la création d’un jardin d’enfants, la création de sanitaires au terrain de foot.

Au niveau de l’insertion socioprofessionnelle, auparavant, il y avait des échanges avec la Mission Locale. Les élus estiment que l’offre existante sur l’agglomération est satisfaisante et diversifiée mais estiment qu’il serait intéressant de développer l’action des « étés jeunes ».

En perspective : aménagement, communication, parentalité, inclusion sociale et politique, insertion

 Aménager un espace multisports adapté sur la commune, aux normes et de qualité.

 Renforcer la communication avec les équipements socioculturels et les services d’insertion de l’agglomération pour connaître le niveau de fréquentation.

 Proposer des actions en lien avec la parentalité (envisageable de façon intercommunale.).

DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06  Permettre la présence des jeunes dans la vie locale et politique : créer des « représentants jeunes ».

 Développer l’action « étés jeunes ».

 Proposer un conseil communal des jeunes.

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8. Commune de Dolmayrac

Commune de DOLMAYRAC Contexte local 19,4 km2 Point géographique La commune est une multiplicité de lieux dits. Il y a quatre églises Sur le Bourg : mairie, foyer rural, école 704 habitants Nombre d’habitants 30 à 35 jeunes de 11 à 18 ans 2 classes : école maternelle et primaire (40 enfants), 3 niveaux par Scolarité : équipement Ecole, Collège classe ramassage scolaire pour collège de Sainte Livrade et de Casseneuil Actions jeunesse - Un terrain de basket sur la commune qui sert à l’école. Equipement : Association sportive, - Les activités associatives, sportives et culturelles se font artistique, culturelle, … essentiellement sur Sainte Livrade et Fongrave Activité suivie par les jeunes Sur Sainte-Livrade et Villeneuve Perspectives -un recensement jeune Sur la commune -une journée jeune Sur l’agglomération -développer une offre de proximité

Le Bourg se trouve au centre de la commune. Celle–ci s’étend dans un rayon de 4 km. De jeunes couples viennent s’installer :

« Dolmayrac est à 15 minutes de Villeneuve, à 20 minutes d’Agen. Les paysages sont entretenus. ».

La particularité géographique de Dolmayrac empêche les habitants de s’inscrire sur le centre de loisirs intercommunal de Fongrave. Les familles se dirigent quotidiennement vers Sainte-Livrade. L’école reçoit l’ensemble des enfants de trois à dix ans vivant sur la commune. Les acteurs locaux n’ont pas d’estimation sur le nombre de jeunes présents sur la commune. Ils souhaitent développer un projet de recensement pour compter la jeunesse. DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 Certains ménages connaissent des situations financières difficiles (un seul emploi, petites retraites pour les personnes âgées, etc.).

« Il y a des emplois précaires... La qualité de vie est bonne et le coût de la vie est faible. Les jeunes partent sur Bordeaux et Agen et ne reviennent pas. Pourtant, des offres qualifiées sont là. »

Les acteurs locaux témoignent d’une vie communale moins développée :

« La gestion est plus personnelle, plus individualiste. Les gens sont utilisateurs, exigeants. On a beaucoup de mal à mobiliser les personnes.»

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Au-delà du recensement, les élus souhaitent développer une offre vers les adolescents en créant du lien et des échanges. Ils souhaitent organiser une journée pour les jeunes, sur la deuxième quinzaine de juin :

« Une période plus facile pour l’implication ».

En projet, ils souhaitent développer un temps d’animation : compétition de foot, tenue par des jeunes trentenaires. Ils pensent chercher des jeunes qui se sont démarqués en sport et les faire venir lors de cette journée.

Les jeunes sont peu visibles sur la commune :

« On voit les jeunes, quand ils circulent en mobylette, mais ils sont souvent seuls. » ; « Certains jeunes fréquentent le centre équestre pendant les vacances ».

Sur la fréquentation des équipements et des associations socioculturelles :

« La majeure partie des jeunes est amenées par leurs parents, ils sont organisés entre eux. »

Il n’y a pas de retour sur les fréquentations des jeunes sur les établissements et les associations de proximité. Le théâtre organise des actions pour les enfants scolarisés au primaire. Pour continuer cette activité, il faut se déplacer sur Villeneuve. Il y a un spectacle organisé et ouvert au public. Il a lieu cette année sur Dolmayrac. Les habitants et les associations peuvent utiliser le foyer rural. Des jeunes l’ont récemment demandé mais la municipalité a refusé par crainte d’ennuis de voisinage. Les élus locaux se rappellent :

« Il y a trente ans, il y avait des clubs de jeunes. Ils continuent à penser les choses publiques mais de manière individuelle (les jeunes). ».

Le rapport aux familles aurait également évolué : DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

« Maintenant les gens veulent gérer leur départ, leur horaire… Les parents étaient moins soucieux, plus confiants. Ca ne coûtait pas cher mais s’était spartiate. Alors qu’aujourd’hui ça ne doit rien coûter et ça ne doit pas être spartiate ».

La commune est éloignée des principaux services à destination des jeunes de l’intercommunalité :

« On est exclu de la mobilité. Les parents l’acceptent comme tel parce que les impôts sur la commune sont faibles, donc ils comprennent que la commune ne peut pas répondre comme une grande ville. » ;

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« Par contre, il faudrait que ce problème soit pris en compte dans l’agglomération. Il suffirait de créer des équipements de proximité sur Sainte-Livrade qui a 6000 habitants voir 10000 avec la proximité. ».

En perspective, équipement de proximité

 Développer une offre de proximité (sur Ste-Livrade notamment) en lien avec les pratiques quotidiennes des habitants.

9. Commune de Saint Etienne de Fougères

Commune de SAINT ETIENNE DE FOUGERES Contexte local 800 habitants Nombre d’habitants 3 à 16 ans : 176 enfants et jeunes 11 à 16 ans : environ 110 jeunes Situation familiale et professionnelle Population mixte (vieillissants/actifs) 3 classes de primaire sur St Etienne Scolarité : équipement Ecole, Collège RPI avec Monbalen Ramassage scolaire vers Casseneuil, Sainte-Livrade Actions jeunesse Activité suivie par les jeunes Sur les communes de Fongrave, Casseneuil Perspectives -aménagement du bourg (skate parc, espace vert de la taille d’un Sur la commune terrain de foot) -espace numérique -mutualisation Sur l’agglomération -communication des programmes et retours sur les fréquentations

Depuis la dernière rentrée scolaire, il n’y a plus de classe de maternelle à Saint Etienne de Fougères. Il y avait une classe, la cour de récréation était partagée avec le primaire, ce qui posait quelques soucis. DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 « A la demande générale des enseignants et des parents, la classe a été arrêté.».

Au niveau des équipements, la commune possède un terrain municipal : grande étendue verte ; une salle de fêtes : polyvalente ; un terrain de tennis ; une bibliothèque.

« Le terrain de tennis n’est pas utilisé pour l’instant. Il y avait un club, aujourd’hui il a beaucoup de mal à survivre.» « La bibliothèque est une ancienne maison individuelle. Elle n’est pas très loin de l’école ».

Un projet de rénovation de la commune englobe des aménagements urbains avec la vocation du mieux vivre ensemble : espace ouvert, espace fermé, circulation douce et routière, etc.

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Sur la question de la visibilité, un groupe de jeunes fréquente la place de l’église, le muret du giratoire, à côté de la mairie, le boulodrome. Le muret et le boulodrome sont situés autour de la mairie. Ce groupe serait présent en weekend sur ces lieux et plutôt l’été. Les enfants et familles semblent répondre présents dès que la commune propose une manifestation. Mais les plus âgés (adolescents) vont plutôt sur l’extérieur de la commune : Fongrave, Castelmoron, Casseneuil. La municipalité capte des jeunes (avec leurs familles) sur certains évènements : Journée forum des associations, la course du pruneau, fête de la musique. Une seule demande a été rapportée : un skate parc. Cette idée pourrait être suivie par la municipalité :

« Les jeunes sont dans des temps institutionnels toute la journée, il faut penser les propositions de façon spontanée, en libre accès.».

Une première phase de projet de rénovation de la commune est terminée. La seconde tranche va débuter :  réalisation d’un parking et d’un accès pour le bus scolaire  des espaces couverts et ouverts (jardin pédagogique, un skate parc, un boulodrome, une halle, un local associatif, des sanitaires publics,…)  une micro crèche

Le projet s’est appuyé sur les pratiques ordinaires de ses habitants pour penser et organiser l’espace à aménager :

« La ville est en train de repenser la vie avec les pratiques quotidiennes. » ; « Le projet d’aménagement vient de la commune. Un cadre pour mettre à disposition des habitants et notamment des jeunes à vue des plus âgés ».

La commune est partenaire du REAP 47 et les acteurs locaux souhaitent développer des actions en lien avec la question de la mixité intergénérationnelle et la parentalité, le lien entre les anciens habitants et les jeunes. DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 Sur la commune, il y a une association développée autour de la transmission de savoir : échange de savoirs.

En perspective, il serait possible de développer un espace numérique au-dessus de la bibliothèque. Il faudrait alors engager un animateur. Saint Etienne de Fougères est perçu comme une zone dortoir de Sainte-Livrade. Des familles plus jeunes viennent progressivement s’y installer. Il y aurait des :

« Fragilités chez certaines familles » (familles monoparentales, difficultés de budget) ; « La moitié des Stéphanois ne payent pas d’impôts. ».

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En perspectives, espace numérique, antennes de proximité, mutualisation, communication

 Mutualiser les moyens pourrait permettre de concevoir des projets innovants : la création d’un cyber- espace pourrait être pensé avec l’agglomération. La commune pourrait mettre à disposition un lieu (au-dessus de la bibliothèque).

 Développer des échanges avec les équipements socioculturels et les services d’insertion de l’agglomération pour connaître le niveau de fréquentation.

 Proposer des actions en lien avec la parentalité. (Envisageable de façon intercommunale).

10. Commune de Saint Antoine de Filcalba

Commune de SAINT ANTOINE DE FILCALBA Contexte local Nombre d’habitants 706 habitants Population active Situation familiale et professionnelle Entreprise des bennes dalby Pas de RPI Scolarité : équipement Ecole, Collège Maternelle et primaire : 105 enfants dont 35 hors commune Collège Villeneuve (ramassage scolaire) Actions jeunesse Equipement : Association sportive, Terrain de sport artistique, culturelle, … Activité suivie par les jeunes Les activités sont sur Laroque, Villeneuve Perspectives -Transport adapté Sur l’agglomération -Centre de loisirs pour les 11-17 ans -communication des programmes et retours sur les fréquentations

Au niveau scolaire, les hors-communes ne sont pas facturées pour l’instant. En septembre, les communes DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 seront mises à contribution. Les TAP et le périscolaire concernent 90 enfants.

Au niveau des équipements il existe une bibliothèque (gérée par des bénévoles). Il y avait un skate parc, mais il a été démonté. Il reste un terrain communal avec un terrain de foot mais sans installation. Dans la cour d’école, il y a un terrain multisports, accessible hors temps scolaire « aux extérieurs ».

Des jeunes se retrouvent à l’arrêt de bus devant l’école, derrière la salle des fêtes, l’espace vert entre l’école, un lieu à proximité du bois, la salle des fêtes et la bibliothèque (plutôt des moins de 13 ans).

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Il y a eu une demande de jeunes concernant l’accès au terrain de sport de l’école :

« Nous n’avons pas de demande spécifique de la part des jeunes et de leurs parents. ».

La municipalité y a répondu favorablement. Des jeunes l’auraient également sollicité pour une salle en accès libre, mais sans professionnel accompagnant, ce n’est pas envisageable pour la municipalité. Les associations locales et les manifestations ne sont que faiblement fréquentées par les jeunes.

Sur la question de l’insertion socioprofessionnelle, les élus locaux n’ont pas de réelles connaissances sur ce qui peut être proposé. Toutefois, ils supposent que certaines entreprises locales pourraient prendre des stagiaires (l’entreprise bennes dalby, la boulangerie, le restaurant,…). La mairie prend des stagiaires : atsem, animateur.

En perspective, mobilité, rythme, centre de loisirs pour les 11-17 ans, communication

 Aménager des modes de transport pour faciliter l’accès aux activités.

 Prévoir des activités pendant le temps périscolaire, péri-éducatif et temps des vacances.

 Créer un centre de loisirs pour les 11-17 ans ou à rattacher à celui de Monbalen, mais organiser un ramassage.

 Développer des échanges avec les équipements socioculturels et les services d’insertion de l’agglomération pour connaître le niveau de fréquentation.

DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

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11. Commune de Saint Robert

Commune de SAINT ROBERT Contexte local Commune de 675 hectares, en forme de Corse Point géographique Nombreux petits Bourgs, hameaux Habitations principales (maison) pour la plupart. Très peu de locatif Nombre d’habitants 195 habitants Zone dortoir, équilibre entre actif et retraité Situation familiale et 2 artisans professionnelle 6 agriculteurs Scolarité : équipement Ecole, RPI avec des communes hors agglomération Collège Ramassage scolaire organisé Actions jeunesse Activité suivie par les jeunes Les activités de loisirs sont sur Laroque, Agen ou Villeneuve Actions menées sur la commune - location salle des fêtes

La population est échelonnée sur la commune : nombreux petits bourgs, hameaux. Les familles ne se connaissent pas forcément, sauf dans les hameaux.

« Les plus jeunes sont absents en journée, les anciens se voient pour jardiner. ».

Six enfants de Saint Robert sont scolarisés sur la commune. Les enfants viennent de Sauvetat de Savères, Saint Martin de Beauville, Cauzac, .

« On est au bout du territoire de l’agglomération. » « L’école reste ouvert grâce aux enfants des autres communes. » ; « Les parents n’expliquent pas forcément pourquoi, ils scolarisent leurs enfants autre part. ».

Il y aurait environ 16 jeunes de 11 à 17 ans sur la commune. Les activités de loisirs sont sur Laroque, Agen ou Villeneuve.

« On est tournée sur Laroque, chef-lieu de canton. » DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

Concernant les associations locales, peu de jeunes y sont inscrits sauf peut-être sur l’association tenue par « d’anciens jeunes » qui organise des concerts le jour de la Saint Robert. Le repas pour la Saint Jean, certains jeunes y seraient présents.

Un groupe de jeunes se retrouve sur la pelouse entre l’église et la mairie, sur l’espace à côté de l’école « qui sert de cour d’école ». Aucune demande n’est enregistrée de la part des jeunes et de leur famille. Le conseil municipal souhaite créer une aire de jeu ouverte à toutes les générations. Il s’agit d’une initiative municipale.

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La commune possède une salle des fêtes. Il s’agit, pour le maire, d’une salle d’animation, accessible aux habitants. Des jeunes la louent régulièrement.

« Il y a quelques débordements, des baffles un peu fortes. » « On a vu des coupeurs de baffles, le prix nous a arrêté. » « Ceci étant, malgré les désagréments, il vaut mieux être éducatif, on essaie. ».

Sur la question de l’insertion socioprofessionnelle, le centre équestre et les exploitations agricoles sont les principaux employeurs. La municipalité n’a pas connaissance d’offres de stages et/ou d’emplois. La mairie souhaite développer un site internet, et peut-être y inclure les offres locales. La mairie prend des personnes en stage jeunes ou moins jeunes.

Les acteurs locaux ont le sentiment d’être laissés pour compte, du fait d’être éloigné et d’être une petite commune :

« Tant que tout le monde s’ignore, ça ne peut pas fonctionner. Il faut un travail en Réseau ».

Les habitants restent tournés vers Agen alors que les pratiques quotidiennes montrent que Saint Robert pourrait se tourner vers Villeneuve « plus rapide d’accès » toutefois peu de projets ne permet de développer la commune vers l’agglomération selon les acteurs locaux.

En perspective, relais, mutualisation, circulation, communication

 Développer un relais d’information afin que la commune puisse informer, orienter les habitants sur l’agglomération.

 Penser les projets à l’échelle de l’agglomération, mutualiser les moyens pour faire du tissage local. Les DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 communes pourraient mettre à disposition : les espaces, prendre en charge les frais de fonctionnement. La CAGV pourrait prendre à sa charge l’équipe, la technique. Des interventions seraient intéressantes à développer.

 Aménager des modes de transport pour faciliter l’accès aux activités.

 Développer des échanges avec les équipements socioculturels et les services d’insertion de l’agglomération pour connaître le niveau de fréquentation.

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12. Commune de La Croix Blanche

Commune de LA CROIX BLANCHE Contexte local Nombre d’habitants 900 habitants Vagues d’arrivées de nouveaux habitants (dont familles) Situation familiale et professionnelle Beaucoup d’actifs RPI avec Castella et Monbalen : Scolarité : équipement Ecole, Collège Sur la Croix Blanche : CP-CM Actions jeunesse Equipement : Association sportive, Terrain de sport artistique, culturelle, … Salle des fêtes Activité suivie par les jeunes Activité sur Villeneuve ou Agen Actions menées sur la commune -espace jeune/accueil jeune Perspectives Sur la commune -aménagement espace jeune

La commune a connu et connaît des vagues d’arrivées dans les années 75-80, puis 2000. Il y a une forte croissance sur ces trois dernières années, afflux de personnes. Il y a l’aménagement d’un quartier de primo- arrivants, avec de nombreuses constructions nouvelles. Les couples sont jeunes, actifs. Ils travaillent sur Agen ou Villeneuve. Une partie des enfants scolarisables vont en dehors du RPI. A priori ces choix sont liés à l’itinéraire de travail des parents. Les compétences de l’enfance et de la jeunesse ont été reprises par l’agglomération mais ce n’est pas étendu à l’ensemble des communes. Concernant la jeunesse, les acteurs locaux expliquent :

« La plupart des jeunes arrivent à 17h00 et donc trainent sur la commune jusqu’à l’arrivé des parents. »

Certains jeunes se retrouvent aux abords de la salle des fêtes, non loin du terrain de sports. DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

Depuis 2011, la municipalité a mis en place un accueil des collégiens avec la présence d’un animateur. Il y a un encadrement jusqu’au retour des parents. Ce dispositif touche une dizaine de jeunes. Ce projet a été une initiative de la municipalité. Les parents s’en sont saisis. Concernant les activités proposées, il existe le centre de loisirs de Monbalen. Toutefois, il s’agit d’un lieu pour les moins de 11 ans :

« Les jeunes n’ont pas envie d’être avec les plus petits. »

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Les élus souhaitent développer « un chantier commun sur une semaine ». « Les jeunes manquent d’activité.» « On a de la délinquance juvénile, quelques bêtises : des cendriers cassés. » qui s’accompagnent de phénomènes de bandes.

« Il faut réinventer la colonie de vacances, ils s’ennuient. Il faut de l’encadrement. » ; « Les jeunes s’initient à la cigarette : tabac, cannabis dès 12 ans. Ça serait bien de penser à des alternatives pendant les vacances d’été et les autres vacances. ».

Des chantiers-école sont organisés sur une commune voisine: un groupe de 17-18 adolescents, réalisation de nettoyage sur la commune, puis une sortie ludique dans un parc de loisirs. Le projet avait été porté par le conseil municipal et une équipe technique composée de deux professionnels. Les acteurs locaux souhaitent proposer de tels projets pour les jeunes tout en les inscrivant dans des parcours d’insertion sociale et socioprofessionnelle.

« Il y a une carence sur ce que l’on propose actuellement sur l’agglomération en direction des jeunes de 11 à 17 ans. ».

La commune ne semble pas connaître de difficultés sur la question de l’accessibilité aux activités de loisirs proposés sur l’agglomération, puisqu’elle est traversée par une ligne de bus Villeneuve/Agen.

La municipalité a développé un projet visant les jeunes collégiens par principe sécuritaires, à cause de la RN traversant la ville. Les jeunes étaient laissés pour compte entre 17h00 et 19h00. Ce projet a aujourd’hui trois ans de pratiques. Ce projet concerne les jeunes de 11 à 18 ans. Le lieu a été aménagé en deux espaces : l’un « accueil de jeunes », l’autre « espace jeunes ». « L’accueil jeune » propose une aide aux devoirs (lundi, mardi, jeudi). Le vendredi, il s’agit d’un atelier culinaire. L’animateur récupère les jeunes à l’arrêt du bus scolaire puis les accompagne dans le lieu. Dans « l’espace jeunes », il y a un canapé, un babyfoot, un ping-pong. Aujourd’hui le lieu est plutôt fréquenté par les 10-15 ans. DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

« On est plus dans le public cible. »

Au début, plusieurs jeunes de 15-18 ans s’y retrouvaient, mais les horaires limités ne les ont pas séduits. Ils aimeraient des ouvertures en soirée et en weekend. En moyenne, « l’accueil jeune » reçoit 11 jeunes, « l’espace jeunes » un peu moins d’une dizaine de jeunes.

Les acteurs évoquent également le projet « chantier jeunes » : il s’agit de faire participer les jeunes à la rénovation de l’espace jeunes et ainsi les responsabiliser.

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« L’objectif c’est que les jeunes s’approprient l’espace en participant à la rénovation. »

Il y a également le projet de créer une salle informatique (projet pensé et élaboré par les plus jeunes). La réalisation revient aux plus grands accompagnés de professionnels de l’équipe technique municipale. Un courrier va être réalisé à l’intention des 15-18 ans de la commune pour les solliciter. Ceux qui sont intéressés devront répondre par lettre de motivation et CV. Pour l’élue, il y a des enjeux d’insertion. Si le projet prend alors, il sera renouvelé sur plusieurs années. Par ailleurs, le centre de Loisirs de Monbalen va être prochainement habilité pour recevoir les jeunes jusqu’à 17 ans.

En perspective, mutualisation, projet communal espace jeunes

 Penser les projets à l’échelle de l’agglomération, mutualiser les moyens pour faire du tissage local. Les communes pourraient mettre à disposition : les espaces, prendre en charge les frais de fonctionnement. La CAGV pourrait prendre à sa charge l’équipe (d’animateurs), la technique. Des interventions seraient intéressantes à développer.

 Faire participer les jeunes pour un aménagement approprié et une meilleure utilité locale

13. Commune de Sainte Colombe de Villeneuve

Commune de SAINTE COLOMBE DE VILLENEUVE Contexte local Etalement géographique Point géographique Commune dortoir 487 habitants Nombre d’habitants entre 11 et 17 ans : 15 jeunes entre 3 à 10 ans : 30 enfants DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 Population active en progression Situation familiale et professionnelle Quelques familles anglaises, américaines, hollandaises et allemandes Scolarité : équipement Ecole, Collège Villeneuve Actions jeunesse Activité suivie par les jeunes Centre de loisirs de Bias

La commune a une population active et connait une progression avec l’arrivée de nouvelles familles (environ 10 par an). Les résidences sont plutôt des habitations principales. La commune est considérée comme une zone dortoir de Pujols et Villeneuve.

« En journée, on ne voit ni adultes ni jeunes.»

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La commune est très étalée. Les jeunes sont peu visibles sur la commune et ne participent pratiquement pas aux manifestations locales (vide grenier, soirée théâtre). Certains adolescents fréquentent le centre de loisirs de Bias car la municipalité finance ce centre. Il n’y a pas de demande particulière de la part des familles. Il y a eu deux demandes pour le prêt de la salle des fêtes « pour répétition ».

Casseneuil, Villeneuve et Sainte-Livrade face aux frontières de l’entre-soi

Le cas de la commune de Casseneuil est particulièrement intéressant car il s’avère typique des problématiques qui peuvent être connues par les acteurs volontaires pour développer une politique jeunesse. D’une part, la présence de 2 collèges sur la commune met en relief les mécanismes d’homogamie et d’entre-soi sélectif très présents sur le territoire12.

CSP des élèves en 2011

FRANCE 37 26 33 ACADEMIE 37 31 29 DEPARTEMENT 29 32 35 Collège privé Sainte Catherine 43 39 16 Collège André Crochepierre 29 35 35 Collège Anatole France 31 26 43 Collège Paul Froment 19 32 49 Collège privé Saint Pierre 34 40 18 Collège Gaston Carrere 20 31 47

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Favorisée Moyenne Défavorisée DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

Le choix de l’offre scolaire est donc déterminé socialement, les écarts entre population étant très important puisque le collège public Gaston Carrère accueille 47,3% de familles défavorisées quand le collège privé Saint- Pierre n’en accueille que 18,2% (écart de près de 29,1 points). A l’inverse, le premier accueille 20,3% de familles favorisées, le second 33,5% (écart de 13,2 points), soit un écart significatif chaque fois. Le graphique

12 L’homogamie sociale est le fait de choisir d’entretenir des relations sociales avec des individus dont les caractéristiques sociales et culturelles sont proches des siennes. L’homogamie sociale des groupes de pairs peut donner lieu à des phénomènes « d’entre-soi sélectifs » qui équivalent aux renforcements de logiques de distinction et de mise à l’écart des individus considérés comme étant extérieurs au groupe sur la base de critères sociaux et parfois (souvent) ethniques

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permet d’observer que c’est également le cas à Villeneuve-sur-Lot concernant la fréquentation plus élitiste du collège privé Saint-Catherine.

CSP des élèves en 2011

FRANCE 37 26 33

ACADEMIE 37 31 29

DEPARTEMENT 29 32 35

Lycée polyvalent Georges Leygues 30 34 35

Lycée général privé Sainte Catherine 45 38 17

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Favorisée Moyenne Défavorisée

Les logiques d’homogamies se poursuivent aux lycées sans qu’elles ne correspondent, dans le choix des structures, au choix des jeunes eux-mêmes. Le propre des jeunes et notamment de l’adolescence est de se retrouver au sein de groupes de pairs. La psychologie a montré que pour les adolescents, devenir soi passe par l’autre, par le groupe, qui lui permet de s’affirmer collectivement par rapport au monde adulte. Les regroupements « entre soi » sont aussi le moyen de mettre de la distance par rapport à la famille mais également de rompre avec la solitude. Ces mécanismes sont donc structurants de l’affirmation identitaire et ne posent pas en soi de problèmes dans la mesure où ces regroupements générationnels ne sont pas structurés en fonction de prérogatives d’appartenance sociale. C’est le renforcement des principes inégalitaires qui pose problème, lorsque les phénomènes de regroupement se transforment en phénomènes de mise à distance sélective propre à l’évolution sociale du mode de vie des adultes. La difficulté intervient lorsque l’homogamie débouche sur de l’entre-soi sélectif et DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 s’exprime en fonction de critères sociaux, ethniques ou de genre qui pénètrent les univers jeunes, en premier lieu à travers le choix des parents. Les structures jeunesse et plus largement les institutions, peuvent renforcer malgré elles l’homogamie des groupes de pairs. L’étude des parcours a également rapidement confirmé l’existence de cumul des difficultés chez certains groupes de jeunes, qu’ils soient liés à l’emploi, à la formation, au logement, à la santé, à l’insertion dans des réseaux sociaux…

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Or la manière dont les choses ont été pensées et mise en œuvre à Casseneuil a pour conséquence des effets pervers13 importants. La commune très investie pour développer une offre à destination des jeunes se trouvent paradoxalement démuni dans les possibilités de mise en œuvre. L’offre de Casseneuil se répartie de la manière suivante :

 Une offre à destination des préadolescents dans le prolongement de l’ALSH de Casseneuil : une salle est dédiée pour l’accueil des préadolescents mais ces derniers sont peu nombreux à fréquenter. Les publics sont plutôt jeunes (12-13 ans) et mixtes.  Le comité des jeunes, de l’autre côté des bergers qui est un « local jeune » classique. Le public est exclusivement masculin et issu de l’immigration.

Cette configuration illustre la manière dont une offre peut renforcer la stigmatisation. Outre le fait de capter peu de jeunes, l’offre actuelle avalise des principes d’entre-soi et renforce les distances entre les catégories de publics. D’autant qu’aucune offre globale n’est pensé en incluant les collèges, les initiatives partenariales demeurant relativement empiriques.

Le mécanisme est le même à Sainte-Livrade-sur-Lot où la politique jeunesse se confond avec une politique sociale de la jeunesse sans générer de mixité sociale à partir des possibilités présentielles d’accueil des adolescents et des jeunes adultes. Le BIJ de Sainte-Livrade, répond principalement aujourd’hui aux préoccupations liées à la recherche d’emploi et accueille à la fois des jeunes en situation d’insertion et un public adulte relevant de l’action sociale.

Le processus d’entre-soi est renforcé à Villeneuve-sur-Lot par l’hétérogénéité des populations et la multiplication des logiques de mises à distance sélectives dont il est essentiel de saisir la multiplicité des segmentations. Villeneuve n’est pas simplement organisée en espaces distincts, mais doit plutôt être envisagée comme l’agrégation de strates dont il est nécessaire d’atténuer les frontières. Or les maisons des DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 jeunes jouent le même effet contre-productif.

Quelle que soient les situations, les structures jeunesse ont un rôle décisif à jouer à ce niveau. Or, ces dernières se superposent sans aucune logique de cohérence et de complémentarité à l’échelle du territoire, comme si l’existence de lieu suffisait à faire politique. Pire, la configuration actuelle participe d’une forme de délitement social.

13 Expression sociologique empruntée à R. Boudon qui désigne les conséquences non-désirables des actions mis en œuvre sur la base d’un postulat de départ pourtant rationnel et raisonnable.

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CSP des élèves en 2011

FRANCE 37 26 33

ACADEMIE 37 31 29

DEPARTEMENT 29 32 35

Lycée polyvalent Georges Leygues 30 34 35

Lycée général privé Sainte Catherine 45 38 17

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Favorisée Moyenne Défavorisée

Le lycée privé Sainte Catherine accueille 2 fois moins d’élèves issus de catégories défavorisées que le lycée Georges Leygues.

En synthèse :  Les jeunes sont issus de milieux sociaux différents. Leurs parcours scolaires renforcent les mécanismes d’entre-soi. Les structures, sans projet défini et partagé, agissent à la périphérie et ne permettent pas de faire société ;  La rupture entre le monde des filles et des garçons est particulièrement nette au sein de certains groupes de jeunes ;  Des phénomènes de réputation importants (effets de groupe) ont été repérés ;  Les groupes de jeunes ne sont majoritairement pas en conflit. Ils ne vivent tout simplement pas dans le même monde ;  Les jeunes en difficulté cristallisent toute l’attention et donnent l’impression d’être représentatifs d’un DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 tout.

1. Positionnement de Villeneuve-sur-Lot et de Sainte-Livrade-sur-Lot

La question de la jeunesse est très présente au sein des deux communes. D’une part, parce que la structuration de la population par âge fait que ces deux communes accueillent la majorité des jeunes du territoire14. D’autres part, parce que la configuration urbaine du territoire fait de ces deux communes, dans différentes mesures, des lieux de convergence potentiels du territoire bien que Villeneuve joue plus particulièrement ce rôle.

14 Voir p 19 et 20

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Surtout, ces deux entités urbaines ont en commun de cristalliser les problématiques jeunesses et de nourrir une perception erronée des situations de jeunesse. L’exemple de la rue de « La rue des Cieutats » à Villeneuve sur Lot, agit comme un miroir déformant. C’est également le cas en centre-ville à Sainte-Livrade, ville segmentée en deux entre les populations selon l’origine sociale et culturelle.

2. La jeunesse, vecteur de stigmatisation de la ville de Villeneuve-sur-Lot

Les initiatives des jeunes ne sont pas valorisées. Lorsque l’on parle de la jeunesse aux habitants de Villeneuve- sur-Lot, vient quasi-immédiatement dans la conversation la rue des Cieutats, le centre-ville et ses « jeunes délinquants, les difficultés, en deux mots : les problèmes. Cette perception, qui s’avère partielle et erronée dès lors qu’elle est généralisée, cristallise la perception d’une ville dont les segmentations sont plus complexes et doivent être appréhendées finement. C’est la même mécanique qui œuvre à Sainte-Livrade sur Lot bien que la commune soit moins médiatique et moins « pointée du doigt » comme caractéristique des problématiques jeunesses du territoire. Il n’en reste pas moins que les phénomènes de rejets et d’enclavement des populations jeunes sont tout aussi fort. Très rapidement, la consultation jeunesse a montré que l’enjeu revêtait une dimension profondément politique à l’échelle locale et dépassait largement les conditions des jeunes pour interroger des clivages sociétaux d’ampleur. La politique jeunesse revêt donc un fort enjeu de lien social local pour « faire ville » demain. Elle ne consiste pas seulement à « capter » des jeunes, moins encore à les « occuper ». Elle répond à un souci fondamental de renforcement du lien social local afin de prévenir l’homogamie sociale et l’entre-soi sélectif, mécanismes à l’œuvre structurellement sur le territoire. Or l’offre actuelle se focalise sur les publics en difficultés – sans pouvoir par ailleurs répondre aux difficultés des jeunes- tout en se trouvant en difficulté pour relayer les nombreuses initiatives des jeunesses en matière de culture, de sport, de vie associative, de citoyenneté locale. Parallèlement, l’offre présentielle est plus importante sur chacune des deux communes (Villeneuve et Sainte- DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 Livrade) sans qu’elles ne soient reliées par des logiques fonctionnelles ni par une réelle complémentarité. Ainsi, les logiques de développement de l’offre jeunesse, hormis les acteurs à dimension intercommunale (mission locale notamment) sont induites par des principes locaux. Ainsi les BIJ des deux communes ont des manières sensiblement différentes d’aborder leurs missions auprès des jeunes, et ne sont d’ailleurs pas en lien, faute de temps et de projet commun. Malgré un intérêt exprimé pour la jeunesse, les acteurs locaux de Sainte-Livrade ont le sentiment de méconnaître les projets et évènements à destination de la jeunesse initiés par l’agglomération et regrettent le peu de partenariats effectifs et de collaborations entre les communes, notamment sur des temps forts d’animations locales à destination des jeunes.

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En outre, l’accueil des préadolescents en accueil de loisirs n’est pas travaillé par le biais d’une collaboration structurée. Les structures éducatives, culturelles et de loisirs renforcent de manière fortuite ces processus d’homogénéisation sociale des groupes de pairs, ou en tout cas ne pas les remettre en cause. Il s’agit donc d’anticiper le danger que représentent la séparation et l’accroissement des distances entre les catégories sociales de jeunes par la mise en place d’une politique jeunesse forte et collaborative.

Bias, Larroque Timbault, et Pujols, au cœur des logiques de résidentialisation

Les trois communes, plus résidentielles et familiales s’inscrivent dans des dynamiques locales encore fortes. A Bias et Laroque-Timbault les jeunes sont peu visibles et décrits comme peu enclin à épouser la dynamique locale. L’ALSH de Bias n’accueille que peu de jeunes adolescents. Les trois communes ont en commun de s’appuyer sur une riche activité associative. Les jeunes sont pour la plupart tournés vers des villes plus importantes (Villeneuve pour Bias et Pujols, Agen ou Villeneuve pour Larroque). La proximité de Villeneuve-sur-Lot est un atout pour Pujols ou pour Bias notamment (puisque les jeunes de ces communes ont un plus large panel de possibilités en termes de services et d’activités) mais comporte également l’inconvénient majeur de la difficile adhésion des familles et des jeunes sur les associations ou manifestations locales. Cette proximité, n’est pas sans limites : les jeunes du bas Pujol (CSP plus défavorisées) sont particulièrement attirés par Villeneuve sans pour autant être usagers de l’offre proposée, tandis que ceux du haut rencontrent plus de difficultés de mobilités et sont plus dépendants de leurs familles pour leurs déplacements. A l’échelle de ces trois communes, la jeunesse est perçue comme moins problématique que sur d’autres communes du territoire car elle est quasi invisible, du fait de la structure résidentielle de ces villes. En effet, il n’y a pas de réelle visibilité des jeunes collégiens et lycéens qui habitent sur ces communes : DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 « On ne sait pas où ils sont, ni ce qu'ils font pour la plupart ».

Chaque fois le même constat est fait cependant : les jeunes de CSP plus défavorisés fréquentent moins les associations locales (sportives ou culturelles) que les autres. Les acteurs locaux reconnaissent que si de nombreuses actions et avancées ont été faites dans le champ de la petite-enfance ou de l’enfance, la jeunesse est souvent un point un peu plus délaissé et « ce qui a été fait pour la jeunesse aujourd'hui a été fait pour la jeunesse bien insérée dans la cité ! » ; or « les inégalités entre les jeunesses se renforcent dès l’entrée au collège ».

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Si certains acteurs locaux, comme à Pujols, affirment leurs souhaits d'aider les jeunes à accéder aux associations locales (aides pour l'inscription ou pour les licences) et à réaliser leurs projets (aide à la conduite ou au permis), ils se sentent pour autant démunis et ne savent pas comment informer et capter ce public. Plus globalement, les acteurs locaux de ces communes témoignent à regret du regard souvent négatif posé sur la jeunesse : « Les gens ont peur de la jeunesse, le mauvais exemple fait office de généralité." » et estiment que le travail à mener à destination des jeunes doit aussi passer par une rencontre entre les générations afin de faire tomber les clichés et les logiques d’entre-soi.

L’enclavement et l’exclusion au bout de l’entre-soi

A l’extrême de ce processus, certaines communes voient se développer quelques « poches de ghettoïsation » dont les populations jeunes sont les premières victimes. Ces jeunes, qui ne sont pas la majorité, restent attachés à des logiques dont il est devenu quasi-impossible de s’extraire et au sein desquelles ils structurent une organisation sociale particulière pour se protéger de l’environnement extérieur. Entendons-nous bien, il ne s’agit pas d’identifier certaines zones comme des « ghettos » à part entière, mais bien d’admettre que le mécanisme de « ghettoïsation » est à l’œuvre. Dans ce sens, il faut comprendre que ce processus est construit autant de l’extérieur que de l’intérieur. De l’extérieur comme un produit de la relégation sociale, de la pauvreté et de la ségrégation raciale, par de simples stratégies de renforcements catégoriels. Ces stratégies de mobilités individuelles et de repli des jeunes sur eux-mêmes ont pour effet de creuser les différences. C’est en ce sens que l’on peut parler d’un « ghetto » construit de l’extérieur qui entraîne des mécanismes intérieurs dans le regroupement d’une partie de la population ayant un mode de vie particulier, une organisation sociale en rupture avec la société extérieure, un « contre-monde » plus ou moins affirmé qui n’est pas exclusif au milieu urbain, au quartier, à la rue.

Cette évolution explique la difficulté de certains jeunes que nous avons rencontrés à envisager une activité à DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 l’extérieur d’un périmètre restreint défini par les pairs. Le processus de ghettoïsation et la fabrication du « contre-monde » qu’il induit augmente la distance avec l’institution, qui devient un adversaire à sa propre construction. En résulte un déficit profond en termes d’image chez ces jeunes renforcé par le sentiment d’être définis par le handicap, qu’il soit social ou culturel. Ces derniers sont donc traversés par un rapport ambivalent entre l’injonction républicaine d’intégration et l’impossibilité de la construire. On voit ici la nécessité de réinvestir l’espace public et de s’extraire d’une logique de guichet. L’abandon de l’espace public à des catégories reléguées de jeunes ne fait que renforcer leur stigmatisation. La mixité, réalité variable d’autrefois, est devenue un concept parfois utopique. D’autant que le mélange des populations ne

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garantit pas la mixité. Ainsi, les catégories de population ont la capacité de superposer leur existence sans pour autant développer de connexions. L’analyse de l’offre pointera notamment le rôle de l’offre et des structures dans ces mécanismes d’homogénéisation sociale des groupes de pairs. Il s’agira de montrer en quoi l’absence de politique jeunesse accentue le marquage social des structures ainsi que l’agencement inégal d’un partenariat se répartissant en différents pôles ne se rejoignant pas nécessairement, participent partiellement aux phénomènes de relégations sociales.

Stigmates et contre-monde

Les jeunes stigmatisés organisent un contre-monde qui permet de développer des processus de reconstruction identitaire et de reconstruire une image positive de soi. Ces derniers développent en effet un discours, parfois ambivalent, mais révélateur du stigmate :

« Si je ne trouve pas de stage parce que je suis arabe, comment je vais faire pour trouver un travail après ?!" ; "Les dames retirement leur sac à main quand elles passent à côté de nous" ; "les gens verrouillent leurs portes de voitures quand on passe proche dans la rue !".

Chez les jeunes maghrébins, l’idée suivante est très répandue :

« Ma vie ne vaut rien pour un policier ».

L'exemple de la mort de Kamel (2011) en est pour eux la plus importante illustration:

« Les policiers sont arrivés sur les lieux de la bagarre et sont restés dans leurs voitures ! Ils sont sortis une fois que tout était terminé… ».

Un jeune est mort innocemment victime d’une « erreur » de vengeance entre bandes rivales. DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 Sans entrer dans de la victimisation, plusieurs jeunes ont confié avoir subi des violences de la part de la BAC notamment (pistolet sur la tempe, croche-pied, coups)... Sans que ces derniers propos ne soient vérifiables, le rapport à l’autorité institutionnelle se construit dans une relation au stigmate.

L’organisation du contre-monde est très stratifiée, organisée autour de valeurs, de règles, de codes et de principes hiérarchiques. Trois ou quatre familles ont une influence très forte sur la ville et le rapport à l’âge permet de structurer les principes hiérarchiques. Des groupes par tranches d’âge, les « grands » (26 à 28 ans), décident et ont le pouvoir (« une influence monstrueuse »), les moyens (25-20 ans) et les minos (15-19 ans) exécutent et « vont au charbon ». Le poids du modèle des grands frères (petite puis grande délinquance,

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retour au calme, situations de précarités) est à la fois sécurisant et régulateur mais conditionne aussi une reproduction symbolique inconsciente. Pour autant l’ensemble n’est pas homogène tant le contre-monde peut-être morcelé en sous-ensemble parfois en tension l’un contre l’autre. En ce sens, bien que les mécanismes soient similaires, il n’existe pas de sentiment d’appartenance collective ni de conscience de classe au sens de Marx. La valorisation dans le groupe passe par certains rites initiatiques dont l’aspect déviant est plus caractéristique de mécanismes internes bien qu’il réponde à une relation de défiance globale vis-à-vis de l’extérieur. Les phénomènes de réputation (bouche à oreille) et les effets de groupe revêtent une dimension importante. Chaque groupe est porté par des valeurs fortes : le respect de la famille, l’honneur, le groupe…mais aussi l’argent. Paradoxalement, la valorisation de la débrouille (« être capable de se débrouiller, de s’en sortir seul » ; « c’est à toi de te faire ton argent ») est prégnante tout comme l’opposition à l’institution (en général) et attitudes provocantes, parfois ambivalentes (ex : se réunissent sous les caméras de vidéo-surveillance, jeu du chat à la souris avec la police…). Les jeunes majeurs craignent pour autant la prison et les difficultés sociales qu’elle entraine et souhaitent se démarquer « en apprenant des erreurs des grands ». Paradoxalement, le passage en prison est un rite de reconnaissance. L’ambivalence est au cœur de la compréhension du contre- monde. Le rapport aux parents l’est également. Certains jeunes qui racontent leur cambriolage ou leur deal ont peur que leurs parents apprennent qu’ils fument des cigarettes ! Le trafic génère de l’argent « sale » qu’il faut dépenser rapidement (pas de possibilité d’épargner et de réinvestir l’argent pour diverses ambitions pourtant existantes : reprendre les études, partir, monter son entreprise, etc). Le gain n’a pas ici de vertus émancipatoires et génère plutôt une reproduction contrainte des parcours de vie. La rapide circulation de l’argent « sale » stimule le renouvellement des actes de délinquance. Certains jeunes se définissent comme de petits « robins des bois » qui volent aux riches (blancs) et redistribuent à eux-mêmes et leur entourage en « kébab, fringue, bijoux, sacs ». Les jeux d’argent sont très présents dans la vie des jeunes (poker, fréquentation assidue des PMU). La présence d’armes est également une conséquence du trafic et de la logique de reconnaissance. Pour autant DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 les règles internes font que ceux qui plongent vraiment et sur la longueur (drogue, deal, alcool, économie souterraine soutenue) sont une minorité que les autres jugent « fous » bien qu’ils demeurent plutôt valorisés parce que notamment craints.

Les jeunes sont au cœur du rejet des centres villes. Il existe chez les catégories moyennes paupérisées, une tension douloureuse engendrée par l’écart entre leur intégration culturelle et leur exclusion économique : elles aspirent à un niveau de vie et de consommation auxquels elles ne peuvent accéder en raison de la faiblesse de leurs ressources. Cette tension est vécue comme une frustration mais également comme une

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dévalorisation personnelle. Il n’existe pas de contre-modèle culturel local permettant de relativiser la distance à la société de consommation et de loisirs. Le sentiment de dépendance est alors prépondérant, dans les domaines matériels mais également dans la trajectoire personnelle et dans la production d’une image de soi acceptable. Cette dépréciation de soi conduit au repli sur la sphère privée, permettant la revalorisation de l’expérience personnelle et de retrouver une certaine autonomie, mais peut conduire à l’isolement social et à une forme d’auto-ségrégation. Ce repli sur soi et sur le foyer peut également engendrer des jalousies par rapport à toutes les autres formes de sociabilité dans la cité. Par exemple : pour les Français (d’origine française) qui désertent l’espace public, les relations denses entretenues par les immigrés entre eux peut devenir pour provocante de leur point de vue. Le racisme aigu peut alors s’expliquer en partie par la nostalgie communautaire actualisé par la sociabilité des Maghrébins, français ou non, entre eux : l’isolement apparaît d’autant moins tolérable que des regroupements s’affichent au cœur de la cité. Ce retrait de la sphère publique est aussi un retrait de ces catégories paupérisées du débat politique et social.

1. Les jeunes perçus comme responsable du mal-être local et sociétal

La pression de l’intérieur et le manque de présence d’une police de proximité font que chacun préfère abandonner l’espace public aux jeunes. Ces derniers sont désignés responsables d’un mal-être, d’un climat de peur qui est l’envers de l’absence de vie sociale plus durement ressenti par ceux qui associent désorganisation sociale, dangerosité de l’environnement et sentiment d’abandon par les institutions. Pour ces personnes l’abandon de l’institution et du politique s’explique par la non-reconnaissance de leur existence.

2. Logiques d’appropriation de l’espace

Chaque espace public est soumis à des logiques d’appropriation qui peuvent varier en fonction des périodes de la journée. DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 Ainsi, plus la journée avance, plus l’espace public est approprié par les jeunes. Le matin (et particulièrement le début de matinée) est le temps des personnes âgées qui sortent faire leurs courses puis retournent à leur rôle d’invisibles, le plus souvent chez elles. De nombreux quartiers ne sont pas en soi un espace de vie, ceux que réclament ces habitants (repli sur la sphère privée dans un quartier résidentiel). Les jeunes se partagent également l’espace. Les groupes peuvent se connaître, notamment par le biais du collège, mais ne se fréquentent pas au quotidien, tout simplement parce-que leur quotidien est différent. Plus encore, leur réalité sociale est différente. Les relations ne sont pas conflictuelles mais chacun reste chez soi et s’accroche à des activités de classes.

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Plus encore chez les jeunes, la problématique du lien social est posée. Au sein même de groupes communautaires, ils connaissent une véritable difficulté à se relier, à se fédérer autour d’une existence commune. Qu’est-ce-qui fait société aujourd’hui pour ces jeunes ? La question a le mérite d’être posée. La réponse n’est certainement pas l’école, qui nous l’avons vu est la première à institutionnaliser leur mise à l’écart et à valider in fine leur échec. La politique non plus, trop éloignée et perçue comme « sans effets ». Ce qui fait société c’est un coin de rue, un trottoir, un hall : un des rares endroits restant où l’on peut encore raccrocher une forme d’identité.

Ainsi, à A Villeneuve, le centre-ville n’est plus tout à fait un centre, victime comme de nombreuses villes de la « société du lotissement », celle de la mise à distance et de l’entre-soi sélectif. En découle un recroquevillement social et des dynamiques d’appropriation du territoire. L’abandon de l’espace public nourrit une perception problématique de la jeunesse « visible » qui renvoie des signaux sociaux perçus comme problématiques. Face à cela, la capacité collective d’action semble aujourd’hui relativement faible pour différentes raisons :  La politique jeunesse n’a pas été « portée » et n’offre pas un socle de cohérence suffisant, en lien avec les accueils de loisirs notamment.  Des dissonances politiques se répercutent sur des blocages opérationnels  Les logiques communales conservent symboliquement la primauté sur la logique intercommunale

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Synthèse et compléments

Il n’existe pas de politique jeunesse clairement identifiable, ce qui nuit à l’impact des différentes initiatives; L’organisation de la réponse est parasitée par de multiples conflits de légitimité qui se jouent aux échelles locales et intercommunales sur le plan technique et politique.

L’offre à destination des jeunes :  Une offre associative plus ou moins bien repérée selon les jeunes  Une offre publique plutôt bien repérée (MDJ, BIJ, Mission Locale) même si elle est inégalement fréquentée et peu repérée à l’échelle de l’agglo.  Un « ras le bol » de certains jeunes face aux institutions/organismes d’insertion sociale et professionnelle (Mission Locale, Pôle Emploi…) qui ne répondent pas à leurs attentes. Impression d’être ballotés d’un bord à l’autre, d’être pris au piège des longueurs administratives, manque de confiance voire méfiance vis-à-vis des professionnels.  Un manque de cohérence entre les strates d’intervention municipales (jeunesse, culture, insertion etc.) et territoriales (CAGV)

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Les jeunesses

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Une majorité de jeunes désireux de participer à la vie locale et dont les initiatives ne sont pas relayées

Cette partie voudra mettre en perspective le caractère multiple des jeunesses du territoire au-delà des critères de séparation servant habituellement la démarche d’objectivation des publics. C’est bien dans les pratiques, les représentations et la capacité à se saisir des opportunités offertes que les différences s’observent. Si une majorité de jeunes, paradoxalement moins visible, se distingue par son attachement au territoire et sa volonté d’y agir, une autre plus visible, se caractérise par des difficultés plus marquées et des mécanismes d’enclavement qui conduisent à la relégation sociale. La plupart des « jeunes » interrogés disent aller bien. Le plus souvent, ces derniers refusent d’être « rangés » dans une catégorie et supportent mal les étiquettes « englobantes » que l’on souhaite leur attribuer. Les discours recueillis ont été spontanément positifs. Les entretiens ont néanmoins permis de mettre en relief des situations et des parcours très divers, résultat attendu au regard de la sociologie de la ville. De manière très générale, les résultats sont intéressants lorsque l’on analyse les écarts de discours entre les jeunes. Certes, un certain nombre de propos sont redondants, mais la différence est significative entre des jeunes inscrits dans une dynamique de parcours (majoritaires) et des jeunes « décrochés » des processus classiques15, particulièrement chez les 18-25 ans. Chez les collégiens, cette différence se mesure moins en fonction de leur situation16, mais plutôt dans l’écart des discours concernant l’avenir dont certains montrent une intériorisation précoce de formes diverses de fatalismes. L’observation des lieux publics a également permis par endroits de mesurer la segmentation importante des « mondes » des jeunes dès le plus jeune âge.

La difficulté à « capter » les jeunes

DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 De manière générale, les structures dédiées n’attirent pas les jeunes. Ces derniers ne sont pas capter par une offre « guichet » qui ne leur correspond pas. En outre les structures doivent faire face à la concurrence des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) et présentent le plus souvent un retard considérable en la matière. Nous verrons lors de la dernière partie de ce travail, que l’offre éducative et sociale doit se réorienter afin de mieux correspondre aux pratiques des jeunes. La difficulté à capter le public Jeune crée une centration sur la capacité à « faire nombre » et génère un problème de repérage des publics et de définition de l’action. Pour le dire autrement, il apparaît tellement

15 En situation de décrochage ou de rupture (scolaire, familiale, sociale, etc.). 16 La plupart sont scolarisés. Il a cependant été noté que le décrochage scolaire est une problématique réelle du territoire.

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difficile de capter les jeunes qu’on ne sait plus bien pourquoi il faut capter ce public et pour quelle raisons. En découle une forme de méconnaissance des jeunesses et de leurs besoins qui débouchent sur une institutionnalisation forte du discours comme pour compenser l’incapacité d’agir.

Représentation du territoire

Le questionnaire suggérait aux jeunes de « citer 3 mots pour décrire la commune dans laquelle ils habitent ». Après un travail de regroupement sémantique, 3 catégories de représentation émergent :  Les termes descriptifs permettant un état de fait de ce qu’est la commune aux yeux des jeunes : « rural », « campagne », « village », mais encore « petite », « ancien », ou « vieux » ;  Les termes visant à qualifier la qualité de vie : « calme », « jolie », « beau », « cool », « paisible », « tranquille », « agréable », « fleurie » ;  Les termes mettant en avant l’aspect social inhérent à une vie dans un milieu rural. Si certains parlent de « convivialité », nombreux sont ceux qui mettent en avant les inconvénients avec des termes tels que « paumé », « vide » ou soulignent le « manque », même pour la commune de Villeneuve :

« Je souhaiterais qu’il y ait plus de choses à faire parce qu’à part le cinéma, la ville est un peu morte. »

« On s’ennuie sur Villeneuve, il n’y a pas assez de choses pour les jeunes ; après les études, tout le monde part sur Bordeaux ou Toulouse. »

« Je crois que là où j’habite, on ne peut pas faire quelque chose pour que j’ai plus de loisirs. Je crois que je suis loin de la ville et qu’on n’y peut rien. »

Questionnaire jeunes 10 : Tu vis le plus souvent… % obs. DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 Chez tes parents 90% Dans ton logement personnel 2% Dans un foyer 3% Chez ton ou ta conjointe 1% Chez des amis 1% Autre situation 3% Total 100%

Logiquement, compte tenu de l’âge des jeunes en question, ils sont très nombreux à être scolarisés (93 %) et à vivre chez leurs parents (92 %).

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Une accroche communale : Les jeunes se sentent d’abord appartenir à leur commune, pour certains à leur quartier. La perception du territoire dépend fortement de processus de reproduction sociale. Ils manifestent d’ailleurs un attrait pour les événements ponctuels et les fêtes locales organisées sur les communes (fête foraine, fête de la Musique, concerts d’été…), l’inter-connaissance.

Représentation et pratiques de la ville de Villeneuve-sur-Lot

La ville de Villeneuve-sur-Lot est la fois à la fois aimée (attachement au territoire) et rejetée car elle n’est pas à la mesure des ambitions ou attentes des jeunes :

« Pas assez de choses à faire », « c’est trop petit », « ici, c’est mort », « si on veut étudier, ce n’est pas ici c’est clair », « le boulot faut pas vraiment s’attendre à en trouver à Villeneuve »…

Villeneuve-sur-Lot est décrite comme une « petite ville » où « il n’y a pas grand-chose à faire », où « tout se sait et où tout le monde se connaît » ;

« C’est un trou perdu ici ! » ; « c’est une ville pas du tout adaptée aux jeunes, il y a beaucoup de personnes âgées, de policiers et de caméras ».

Le centre-ville est peu fréquenté en tant que tel par les jeunes de manière générale. Il a été approprié par des catégories au détriment d’autres :

« Les week-ends, on ne vient plus à Villeneuve en centre, on reste chez nous, on se rejoint. C’est mort, il n’y a rien à faire. »

« Je n’aime pas trop trainer en ville, ça craint des fois. »

Les équipements favorisant les pratiques spontanées (city-stade, skate-park, etc.) sont plutôt fréquentés, mais DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 sont eux aussi soumis à des logiques d’appropriation.

Questionnaire jeunes 11 : Quelle est la ville où tu te rends le plus souvent pendant ton temps libre ? Scolarisés Non-scolarisés Villeneuve-sur-Lot ou sa proche banlieue (Bias, Pujols) 73% 58% Agen 12% 16% Bordeaux 3% 0% Toulouse 2% 0% Une autre ville 10% 26% Total 100% 100%

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Questionnaire jeunes 12 : Précise à quelle fréquence tu te rends dans cette ville Scolarisés Non-scolarisés Tout le temps, tu y vas plusieurs fois par semaine 49% 42% Régulièrement, tu y vas au moins 1 fois par semaine 28% 26% Ponctuellement, tu y vas au moins 1 fois par mois 17% 26% Rarement, tu y vas quelques jours par an 7% 5% Total 100% 100%

Villeneuve-sur-Lot reste la ville la plus prisée parmi les jeunes, particulièrement ceux qui sont scolarisés. Près de 80 % d’entre eux s’y rendent au moins une fois par semaine.

Questionnaire jeunes 13 : En dehors des activités sportives et culturelles que tu nous as citées précédemment, que fais-tu pendant ton temps libre ? Occurrences les plus citées % obs. jouer 22% amis 21% devoirs 12% lecture 12% vidéo 6% télé 10% ordinateur 9% famille 5% sport 5% musique 4%

En dehors des activités sportives et culturelles citées précédemment, le jeu et le temps passé entre amis restent les « activités » les plus pratiquées quand les jeunes ont du temps libre. Cependant, beaucoup de jeunes ne manquent pas d’idées pour pratiquer de nouvelles activités pour lesquelles ils pensent avoir un penchant :

« Pourquoi le projet du zoo d’il y a un certain temps a-t-il été abandonné ? Cela aurait pu DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 donner des emplois, augmenter le tourisme à Villeneuve et ses environs. Il n'y avait quasiment que des avantages à la conception de ce zoo, alors pourquoi ne pas proposer de nouveau le projet ? »

« Je m’ennuie beaucoup trop et veux m’investir dans un « emploi ou une prépa pour jeunes » pour que je puisse apprendre de nouvelle choses et que je puisse ne pas m’ennuyer infiniment tout en ayant des excellentes notes (meilleur de ma classe sauf en français). »

« J’aimerais qu’il y ait un parc accrobranche (pas forcément dans les arbres) à VSL. Et aussi un parc couvert pour les jours de pluie. Un circuit de karting à pédales serait super. »

« Il faudrait mettre en place des multi activités à Pujols même. »

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Questionnaire jeunes 14 : Pars-tu en vacances ? Scolarisés Non-scolarisés Jamais, tu restes chez toi pendant les vacances 9% 39% Oui, entre 1 à 2 semaines par an 38% 44% Oui, entre 3 et 5 semaines par an 28% 0% Oui, plus de 5 semaines par an 25% 17% Total 100% 100%

Au total, 11,20 % des jeunes villeneuvois ne partent pas en vacances, 49,2 % moins de 2 semaines (50 % à l’échelle de la CAGV).

Questionnaire jeunes 15 : Dans quel cadre pars-tu principalement ? Scolarisés Non-scolarisés En famille 90% 46% En colonie ou séjours de vacances 2% 0% Avec des amis 4% 27% Autre 4% 27% Total 100% 100%

C’est en famille que les vacances se prennent le plus souvent. Avec, encore une fois de gros écarts entre les jeunes scolarisés et ceux qui ne le sont pas tant sur la fréquence des vacances que sur leur nature (en famille, en colonie, séjours de vacances ou avec des amis).

La mobilité a été appréhendée comme un concept dynamique intervenant à la fois dans la sphère scolaire, économique et sociale. Pour un lycéen, la mobilité interroge à la fois son parcours scolaire, son parcours d’insertion (stage, stratégie de parcours), son rapport à l’environnement social et sociétal. Nous allons voir comment ce facteur, s’il n’est pas perçu comme un enjeu en tant que tel par les lycéens eux-mêmes, participe d’un cercle vertueux au sein duquel il est un maillon de la réussite. Il peut à l’inverse participer du cercle vicieux DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 de l’immobilité et de l’enfermement dès lors qu’il vient percuter la difficulté à construire du sens. Trois dimensions ont été considérées dans l’analyse de la mobilité et des distances sociales et spatiales séparant les domiciles familiaux des établissements, empruntés à Kaufmann et Jemelin17 :

 L’accessibilité. Elle renvoie à la notion de service ; il s’agit de l’ensemble des conditions de la mobilité en termes de moyens de transports, de tracés, de prix, d'horaires, etc.

17 Voir Vincent Kaufmann et Christophe Jemelin, espaces en transaction, PUR, 2008

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 Les dispositions ou compétences. Elles se réfèrent aux savoirs acquis par les acteurs et les capacités organisationnelles, comme la manière de programmer ses activités (recherche d'informations, réactivité, etc.).

 L’appropriation. Elle comprend le sens donné par les acteurs aux accès et aux compétences. Elle relève donc des stratégies, perceptions et habitudes, construites notamment par l’intériorisation de normes et de valeurs.

Questionnaire jeunes 16 : As-tu le permis de conduire ? Scolarisés Non-scolarisés Oui 2% 53% Non 98% 47% Total 100% 100%

Questionnaire jeunes 17 : Dans le cadre de tes loisirs/sorties, comment te déplaces-tu le plus souvent ? Scolarisés Non-scolarisés En transport en commun (Bus, Train...) 13% 11% A vélo 10% 17% En scooter ou moto 3% 6% A pied 10% 0% En voiture (c'est toi le conducteur) 4% 50% Des adultes te transportent (parents, amis...) 60% 17% Total 100% 100%

La majorité des jeunes scolarisés se déplacent grâce à des adultes qui les accompagnent (60 %) et dans une moindre mesure en transport en commun (13 %). Mais, certains restent insatisfaits :

« Il faudrait relier Sainte-Livrade à Villeneuve en piste cyclable. »

« Il n’y a pas assez de loisirs Sainte-Livrade-sur-Lot. » DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

« Les horaires des bus ne correspondent pas toujours aux horaires des cours. »

« Il faudrait créer des lignes de bus à la sortie des collèges et lycées afin de les relier aux lieux accueillant les activités sportives (stade et piscine) et culturelles. »

 Les modes de déplacement. La mobilité a été appréhendée comme un concept dynamique intervenant à la fois dans la sphère scolaire, économique et sociale. Pour un lycéen, la mobilité interroge à la fois son parcours scolaire, son parcours d’insertion (stage, stratégie de parcours), son rapport à l’environnement social et sociétal. Nous allons voir comment ce facteur, s’il n’est pas

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perçu comme un enjeu en tant que tel par les lycéens eux-mêmes, participe d’un cercle vertueux au sein duquel il est un maillon de la réussite. Il peut à l’inverse participer du cercle vicieux de l’immobilité et de l’enfermement dès lors qu’il vient percuter la difficulté à construire du sens. La mobilité sur le territoire est une difficulté symbolique plus qu’une réalité pratique. En effet, 57,4 % des déplacements se font par le biais de transport adultes, 12,8 % par le biais des transports en commun, 29,8 % de manière autonome

Les pratiques sportives, de loisirs, culturelles

Questionnaire jeunes 18: Pratiques-tu une activité sportive ? 12-17 ans 18-25 ans Ensemble Oui, au sein d'une association (club) 53,2% 14,2% 52,4% Oui, dans le cadre d'activités familiales (natation, course...) 19,6% 6,2% 21,6% Oui, avec des amis (skate, basket, vélo....) 31,7% 32,5% 30,5% Non 21,7% 52,4% 25,8%

Questionnaire jeunes 19 : Où pratiques-tu le sport ? Ensemble Dans la ville où tu habites 70,8% Dans une ou plusieurs autres communes 44,3%

Ainsi, 86 % des pratiques spontanées se font à l’échelle de la commune. Notons que près de 8 jeunes sur 10 font du sport entre 12 et 17 ans. Ils sont encore plus d’un sur deux à pratiquer entre 18 et 25 ans, mais de manière moins encadrée.

Questionnaire jeunes 20: Pratiques-tu une activité culturelle ? 12-17 ans 18-25 ans Ensemble Oui, de manière encadrée 21,0% 4,2% 14% DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 Oui, seul 19,2% 16,2% 21% Oui, avec des amis 6,7% 2,5% 16% Non 66,1% 82,4% 65%

Nous constations que 51 % des jeunes villeneuvois ne connaissent pas la carte VIC. Ils sont 82,3 % à l’échelle de l’agglo. Par ailleurs, 86,3 % des activités culturelles se déroulent sur la commune de résidence et 23,2 % ailleurs. Plus d’un jeune sur trois pratique une activité culturelle ce qui rompt avec la perception d’une jeunesse éloignée de la sphère culturelle.

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Questionnaire jeunes 21 : Pratiques-tu une activité sportive ? Scolarisés Non-scolarisés Oui, au sein d’une association (club) 56% 10% Oui, dans le cadre d’activités familiales (natation, course...) 21% 5% Oui, avec des amis (skate, basket, vélo....) 32% 20% Non 23% 65%

Dans le domaine des activités sportives, la différence de comportement entre les jeunes scolarisés et ceux qui ne le sont pas est également notable. En effet, si 65 % des jeunes non scolarisés ne pratiquent aucune activité sportive, ils ne sont que 23 % parmi les jeunes scolarisés. Mais qu’ils soient scolarisés ou pas, ils justifient le plus souvent leur non-participation à une activité sportive par le manque de motivation. Et ils évoquent aussi le manque de temps (consécutif notamment à d’autres engagements par ailleurs, comme la musique par exemple), le coût par trop élevé ou encore un empêchement d’ordre médical à pratiquer un sport.

Le schéma suivant montre que la pratique est nettement plus assidue chez les jeunes scolarisés que chez ceux qui ne le sont pas. Pour la pratique en club par exemple, 67 % des jeunes scolarisés le font « tout le temps » alors qu’ils ne sont que 50 % chez les jeunes non scolarisés. De même, ils sont 71 % à pratiquer « tout le temps » ou « régulièrement (au moins une fois par semaine) » des activités sportives en famille ; une proportion qui chute à 33 % chez les jeunes non scolarisés. Et certains en redemandent :

« Je trouve très dommage qu’il n’y ait pas d’activité plein air au collège comme de l’équitation, du canoë ou du baseball ; c’est très dommage. Au collège, on aimerait avoir au moins deux heures où on pourrait se détendre dans un autre lieu à faire du sport ou des activités pour se changer les idées. »

Questionnaire jeunes 22 : Précise la fréquence à laquelle tu pratiques tes activités sportives

Non-Scolarisés 33% 67% DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

Scolarisés 24% 47% 22% 8% Avec des amis des Avec

Non-Scolarisés 0%

En famille En Scolarisés 23% 42% 25% 10%

Non-Scolarisés 50% 50%

En club En Scolarisés 67% 29% 3%1%

0% 50% 100%

Tout le temps (plusieurs fois par semaine) Régulièrement (au moins 1 fois par semaine) Ponctuellement (au moins 1 fois par mois) Rarement (quelques jours par an)

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Questionnaire jeunes 23 : Où pratiques-tu tes activités sportives ? Scolarisés Non-scolarisés Dans la ville où tu habites 71% 50% Dans une ou plusieurs autres villes que celle où tu habites 44% 67%

Questionnaire jeunes 24 : Pratiques-tu une activité culturelle ? Scolarisés Non-scolarisés Oui, de manière encadrée (professeur particulier, école de musique, 20% 0% association de théâtre...) Oui, seul (instrument de musique, écriture, photo...) 20% 15% Oui, avec des amis hors activité encadrée (groupe de musique, photo...) 9% 0% Non 64% 85%

Une fois de plus, parmi ceux qui pratiquent une activité culturelle, la différence est très palpable entre les jeunes non scolarisés et ceux qui le sont. Encore une fois au profit de ces derniers. Presque la moitié d’entre eux (49 %) pratiquent une activité culturelle contre à peine 15 % chez les jeunes non scolarisés.

Là aussi, c’est le manque de temps (27 %) ou le manque d’intérêt (24 %) et de goût (12 %) qui sont mis en avant pour expliquer pourquoi certains ne pratiquent aucune activité culturelle.

Questionnaire jeunes 25 : Précise quels types d’activités culturelles tu pratiques... (Occurrences les plus citées) De façon encadrée En solo Avec des amis musique 65% musique 52% photo 30% théâtre 25% écriture 15% musique 22% école d'art 6% photo 13% chant 9% danse 12% dessin 10% théâtre 9%

De façon très nette, la musique est l’activité culturelle la plus prisée. Elle arrive largement en tête pour les activités pratiquées de façon encadrée (65 %) ou en solo (52 %), et en seconde position avec un faible écart (- 8 points) avec la première pour les activités culturelles pratiquées avec des amis. DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

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Questionnaire jeunes 26 : Précise la fréquence à laquelle tu pratiques tes activités culturelles

Avec des amis 39% 17% 35% 9%

En solo 50% 33% 12% 6%

De façon encadrée 45% 53% 2%

0% 50% 100%

Tout le temps (plusieurs fois par semaine) Régulièrement (au moins 1 fois par semaine) Ponctuellement (au moins 1 fois par mois) Rarement (quelques jours par an)

Questionnaire jeunes 27 : Où pratiques-tu tes activités culturelles ? Scolarisés Non-scolarisés Dans la ville où tu habites 87% 100% Dans une ou plusieurs autres villes que celle où tu habites 24% 0%

Questionnaire jeunes 28 : Précise la fréquence à laquelle tu te rends au/à ....

Non-scolarisés 5% 5% 21% 68% 1% 1%

Musée Scolarisés 5% 30% 63%

Non-scolarisés 5% 16% 79% 2%

Théâtre Scolarisés 4% 12% 29% 53%

Non-scolarisés 5% 32% 47% 16% DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

Cinéma Scolarisés 5% 10% 46% 36% 4%

Non-scolarisés 11% 37% 53% ou

Scolarisés 7% 14% 14% 30% 36%

Bibliothèque médiathèque

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Tout le temps (plusieurs fois par semaine) Régulièrement (au moins 1 fois par semaine) Ponctuellement (au moins 1 fois par moins) Rarement (quelques fois par an) Jamais

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Naturellement, le cinéma est l’activité culturelle la plus pratiquée, notamment chez les jeunes scolarisés. Vient ensuite la fréquentation de bibliothèques ou de médiathèques. Et loin derrière, le théâtre :

« Je trouve que le théâtre Georges-Leygues ne présente pas assez de programmes pouvant intéresser les jeunes. Pour ma part, je vais au moins trois fois par an au théâtre, tout particulièrement lorsqu’il propose des concerts (jazz ou autre) et aussi lorsque je juge qu’une pièce peut m’être utile pour mon bac L. Mais je peux vous dire qu’à chaque fois, je me sens bien seule entourée d’adultes... Il y a surement un désintérêt profond des jeunes pour le théâtre ou pour ses programmes. »

« Il faudrait des spectacles qui donnent envies aux jeunes d’y aller car c’est une génération qui ne s'intéresse à rien. »

En complément :  Les pratiques sont différenciées selon l’âge et le milieu social : les jeunes collégiens et lycéens de milieu sociaux plus favorisés auraient tendance à fréquenter plus largement des associations culturelles (théâtre, musique, danse) ;  Certaines filles souhaiteraient faire des activités (entre filles) mais ne connaissent pas ce qui existe ;  Les lieux publics fréquentés : le Stadium par certains jeunes (BIJ et salle d’enregistrement surtout), le city-stade, la Cale (l’été surtout), le complexe sportif, le skate-park du parc des expos, etc. ;  Les boîtes de nuits sont souvent jugées « nulles », « rétros » ou « pas fréquentables » et un certain nombre de jeunes souhaiteraient avoir plus de bar/bodega (ou bar à ambiance) ;  Les jeunes ont le sentiment de pouvoir « faire plus de choses », plus d’activités à Agen (cinéma, shopping, concerts, sorties,…).

Il serait intéressant de mener une réflexion en termes d’accès spontanés aux équipements sportifs et culturels tout en développant une politique d’animation des lieux. Les Jeunes formulent peu de demandes spontanées en matière de culture. S’ils développent nombre de DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 pratiques pouvant être associées à une activité culturelle (musique, danse, etc.), ils ne les formalisent pas comme telles. Beaucoup de jeunes ont manifesté qualitativement leur intérêt pour des activités liées au « son », à « l’image » ou encore à « la danse ».

En synthèse :  Il existe sur le territoire une dynamique sportive importante qui passe notamment par les clubs, mais qui ne débouche pas sur le développement d’une offre globale sportive, culturelle et citoyenne à destination des adolescents.  Les pratiques culturelles demeurent relativement nombreuses chez les publics jeunes.

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 Concernant la thématique sportive, les jeunes fréquentent aussi les espaces publics et sont plutôt attirés par des lieux de pratiques spontanées (terrain de sport, city-stade, jeux extérieurs, etc.), notamment les garçons. Les filles sont plus en recherche d’activités encadrées et à la recherche de contenu.  Concernant l’engagement, la question de la vie associative se pose. Comme partout, les jeunes ne voient que rarement l’intérêt de l’engagement associatif et préfèrent s’investir sur un temps plus court quitte à multiplier des expériences différentes.

L’offre présentielle

1. Les jeunes loin des structures

Un désintérêt pour l’offre « ALSH » à partir du collège L’entrée au collège marque un passage important dans les parcours des jeunes : ceux qui fréquentaient jusque-là les accueils de loisirs n’ont plus envie d’être assimilé aux « petits ». Au total, 6,4 % des jeunes fréquentent un ALSH dont 34 % « rarement » et 25 % « parce qu’ils sont obligés d’y aller ». On constate une faible identification de lieux repères et adaptés (lien espaces public).

Une distance aux structures dédiées On compte 21,8 % des jeunes de l’agglomération qui connaissent les maisons des jeunes ; 61 % des Villeneuvois, dont 3 % déclarent les fréquenter régulièrement. Par ailleurs, 70,4 % déclarent ne pas être intéressés, 50,4 % ne pas avoir le temps et 34 % ne pas connaître les activités proposées.

La fréquentation des jeunes est restée faible :  L’offre ALSH touche moins de 7 % de la population DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06  L’offre de type accueil de de jeunes, touche moins de 2%

2. Les accueils de loisirs (ALSH)

Le choix de ce focus sur les centres de loisirs ne remet pas en cause la nécessité de penser la politique Jeunesse de manière plus élargie et de ne pas la réduire aux seules structures d’accueil dédiées. Néanmoins, il est utile de s’attarder sur le fonctionnement des structures pour deux raisons principales. La première est que ces dernières jouent un rôle charnière dans la dynamisation d’une politique Jeunesse. Plus qu’en être la vitrine, elles représentent des lieux repérables à partir desquels doivent pouvoir se greffer des dynamiques

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transversales entre des univers de vie des jeunes (scolaire, familial, pairs), des pratiques associatives multiples et des volontés d’engagement et d’action.

Questionnaire jeunes 29 : Fréquentes-tu un centre de loisirs (appelé aussi un ALSH) ?

7%

Oui Non

94%

Lorsque 94 % des jeunes déclarent ne pas fréquenter les ALSH, c’est peut dire que les adolescents ne se sentent que peu concernés par l’offre actuelle. Pour beaucoup, les propositions ne sont guère lisibles et ne font pas sens lorsqu’elles le sont. A leurs yeux, il n’existe pas aujourd’hui de proposition structurante et attractive. Si ceux qui fréquentent les structures se satisfont de ces lieux de sociabilité et portent un regard plutôt positif sur les équipes d’animation à qui ils attribuent une proximité bienveillante, ils sont une grande majorité à se tenir à distance des propositions actuelles.

Questionnaire jeunes 30 : Explique pourquoi tu ne fréquentes pas de centre de loisirs (ou ALSH) % obs. Je suis trop âgé pour les centres de loisirs (ou ALSH) 26% DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 Je ne sais pas ce que c’est qu’un centre de loisirs (ou ALSH) 6% Je n’ai pas le temps parce que j’ai d'autres activités 33% C’est trop éloigné de chez moi 5% C’est trop cher 10% Je ne suis pas intéressé 64% Autres raisons 10% Total

Au total, 94 % des jeunes ne fréquentent pas d’ALSH. Si l’item « pas intéressé » et le « manque de temps », souvent la conséquence d’engagements par ailleurs, notamment dans des clubs de sport, demeurent les plus

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importants (64 % et 33 %), 5 % trouvent la structure trop éloignée et 26 % déclarent être trop âgés pour fréquenter les centres de loisirs. Les demandes d’amélioration sont le plus souvent relatives aux sorties que les jeunes voudraient plus nombreuses, mais également au manque d’accès et au manque d’informations sur ce qui s’y passe ou à un coût par trop important :

« Ce serait génial que la durée du camping soit plus longue. »

« Le prix de la journée est trop cher pour moi comme pour d’autres. Ce serait bien qu’ils reçoivent une aide financière afin de permettre aux familles d’y accéder plus facilement. »

Par ailleurs, un certain nombre de jeunes déclarent seulement que ce type de structure ne leur convient pas sans plus d’explication. De fait, les jeunes ne sont pas toujours une force de propositions dans le sens où peu formulent des requêtes spontanément.

Questionnaire jeunes 31 : Participes-tu aux sorties et activités sportives ou culturelles organisées par le centre de loisirs (ou ALSH) que tu fréquentes ?

18%

Oui Non

82%

DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

Par ailleurs, 82 % des jeunes disent participer aux sorties et activités sportives ou culturelles organisées par le centre de loisirs qu’ils fréquentent Ceux qui décident de ne pas y participer le font parce que, de leur propre aveu, elles ne les intéressent pas.

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Questionnaire jeunes 32 : Participes-tu aux séjours organisés à l’extérieur du centre de loisirs (ou ALSH) que tu fréquentes ?

29%

Oui Non

71%

De même 71 % des jeunes qui fréquentent un ALSH participent aux séjours organisés à l’extérieur du centre de loisirs. D’ailleurs, 92 % qui ont participé à un séjour ont été très satisfaits, tandis que 8 % se déclarent mécontents.

3. La Maison des Jeunes (MDJ)

Questionnaire jeunes 33 : Connais-tu les Maisons des Jeunes (MDJ) suivantes ?

La MDJ René-Rieus 12% 88%

La MDJ Marot-Marès 15% 85%

DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

La MDj Les Fontanelles 27% 73%

0% 50% 100%

Oui Non

Globalement, les maisons des jeunes (MDJ) sont peu repérées : presque les trois quart déclarent ne pas connaitre Les Fontanelles (73 %), une proportion qui augmente pour la MDJ Marot-Marès (85 %), jusqu’à atteindre les 88 % pour la MDJ René-Rieus.

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Questionnaire jeunes 34 : Si tu ne fréquentes pas une des trois MDJ ou aucune des trois, explique pourquoi % obs. Je suis trop âgé pour les MDJ 4% Je ne suis pas intéressé 69% Je n’ai pas le temps 53% C'est trop éloigné de chez moi 11% Je ne connais pas la programmation 38% Autres raisons 7% Total

Une écrasante majorité des jeunes ne fréquente pas de MDJ, avant tout parce qu’ils ne sont pas intéressés (69 %), parce qu’ils n’ont pas le temps (53 %) ou parce qu’ils ne connaissent pas la programmation (38 %). Et lorsque l’on demande aux jeunes de formuler des propositions d’amélioration des MJD, ils demandent plus de sorties, davantage d’informations (notamment sur les inscriptions), de meilleures installations informatiques (comme le wifi par exemple), la création d’une MDJ à Pujols et d’une discothèque pour enfants.

Questionnaire jeunes 35 : Précise quand est-ce que tu fréquentes une MDJ % obs. En dehors des vacances scolaires 37% Pendant les vacances scolaires 87% Total

Questionnaire jeunes 36 : Quelles sont les deux principales raisons pour lesquelles tu fréquentes une MDJ ? % obs. Parce que tu es obligé d’y aller 6% Pour te divertir et pratiquer des activités 38% Pour être accompagné dans tes projets 6% Pour apprendre des choses 0% Pour retrouver des amis 69% DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 Pour passer le temps 31% Pour te sentir en vacances 0% Autres raisons 25% Total

Comme pour les ALSH, la motivation première conduisant les jeunes à fréquenter une MDJ demeure dans l’envie d’y retrouver des amis (69 %), tandis que 38 % disent y participer pour se divertir et pratiquer des activités. Toutefois, presqu’un tiers (31 %) avouent ne s’y rendre pour passer le temps alors qu’ils ne sont que 6 % à s’y rendre parce qu’ils sont obligés.

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4. Connaissance et fréquentation des structures

Questionnaire jeunes 37 : Précise si tu connais les structures suivantes (strate scolarisés) 100% 7% 14% 15% 10% 31%

60% 65% 64% 69% 65% 75% 74% 84% 90% 91% 90% 50% 95% 95% 93% 86% 85% 90% 69%

40% 35% 36% 32% 35% 25% 26% 16% 10% 9% 10%

0% 5% 5%

Soclarisés Soclarisés Soclarisés Soclarisés Soclarisés Soclarisés Soclarisés Soclarisés Soclarisés

Non-scolarisés Non-scolarisés Non-scolarisés Non-scolarisés Non-scolarisés Non-scolarisés Non-scolarisés Non-scolarisés Non-scolarisés Piscine Centre BIJ de VSL BIJ de Ste- Pôle Emploi Centre Mission CCAS de ta CCAS d'une Malbentre Culturel à Livrade Médico- locale à VSL commune autre VSL Social à VSL commune

Je connais Je ne connais pas

Questionnaire jeunes 38 : Précise si tu es déjà allé dans les structures suivantes, même si ce n’est qu’une seule fois : (parmi ceux qui connaissent la structure citée)

100% 6% 29% 45% 50% 59% 79% 78% 77% 83% 50% 100% 55% 100% 94% 100% 100% 71% DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 55% 50% 41% 21% 22% 23% 17%

0%

Soclarisés Soclarisés Soclarisés Soclarisés Soclarisés Soclarisés Soclarisés

Non-scolarisés Non-scolarisés Non-scolarisés Non-scolarisés Non-scolarisés Non-scolarisés Non-scolarisés BIJ de VSL BIJ de Ste- Mission locale à Centre Médico- Pôle Emploi CCAS de ta CCAS d'une Livrade VSL Social à VSL commune autre commune

J'y suis déjà allé Je n'y suis jamais allé

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Questionnaire jeunes 39 : Aujourd’hui fréquentes-tu les structures suivantes ? 100% 24% 29% 51% 60% 68% 70% 80% 79% 85% 80% 50% 100% 100% 100% 100% 77% 71% 49% 40% 32% 30% 20% 21% 15% 20%

0%

Soclarisés Soclarisés Soclarisés Soclarisés Soclarisés Soclarisés Soclarisés

Non-scolarisés Non-scolarisés Non-scolarisés Non-scolarisés Non-scolarisés Non-scolarisés Non-scolarisés BIJ de VSL BIJ de Ste- Mission locale à Centre Médico- Pôle Emploi CCAS de ta CCAS d'une Livrade VSL Social à VSL commune autre commune

Oui Non

Questionnaire jeunes 40 : Pourquoi ne fréquentes-tu pas les structures suivantes ?

Non-scolarisés 50% 50%

CCAS Soclarisés 4% 25% 8% 21% 17% 29%

Non-scolarisés 40% 20% 40%

Social Centre

Médico- Soclarisés 3% 13% 3% 34% 3% 48%

Non-scolarisés 100% locale

Mission Soclarisés 29% 5% 27% 6% 35%

Non-scolarisés 20% 100%

Soclarisés 3% 14% 3% 34% 3% 49% Pôle Emploi Pôle

Non-scolarisés 33% 50% 17% DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 BIJ Soclarisés 4% 30% 11% 28% 6% 38%

0% 50% 100%

Non-réponse Je ne connais pas les services qui y sont proposés Les horaires d'accueil ne correspondent pas à mon emploi du temps Les services proposés ne répondent pas à mes besoins Je n'ai pas de moyen de locomotion pour m'y rendre Pour d'autres raisons

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112112

Lorsque l’on interroge les jeunes, scolarisés ou non, sur leur connaissance des structures existantes et sur le fait qu’ils les fréquentent ou pas, on constate plusieurs choses.  Le niveau d’information est très insuffisant tant les structures très largement méconnues par les jeunes sont importantes. C’est particulièrement vrai des CCAS et des BIJ, a fortiori lorsqu’ils sont situés sur une commune autre que le lieu de résidence.  Il y a une véritable corrélation entre la connaissance que chaque jeune a d’une structure et l’usage qu’il est susceptible d’en faire. En effet, on constate que les jeunes scolarisés connaissent plus largement la piscine Malbentre que les jeunes non-scolarisés. En revanche, le degré de connaissance est inversé lorsqu’il s’agit de Pôle Emploi. Et encore, si 69 % des jeunes scolarisés déclarent connaître Pôle Emploi, on peut supposer sans grand risque qu’ils en ont une connaissance purement théorique ; ils le connaissent parce qu’ils en entendent parler à la télévision ou dans le cercle familial, mais 78 % d’entre eux disent ne l’avoir naturellement jamais fréquenté. De même, les jeunes scolarisés connaissent beaucoup mieux les CCAS (particulièrement celui de VSL) (90 % contre 26 %) parce qu’ils le fréquentent aussi beaucoup plus (77 % contre 21 %).

Et pour confirmer ceci, quand on demande aux jeunes pour quelles raisons ils ne fréquentent pas tel ou tel établissement, ils répondent assez largement que « ça ne correspond pas à leurs besoins ». Dans une moindre mesure, ils justifient également leur « absence » par le manque d’information. Et plus largement par l’item plus vague « pour d’autres raisons ». Lorsqu’ils précisent ces raisons, ils parlent pour les BIJ soit d’un manque de motivation, soit d’une possibilité d’obtenir les informations directement de chez eux, notamment par Internet. Pour les missions locales, les jeunes mettent en avant essentiellement le fait qu’ils sont encore scolarisés ; la mission étant dans leur esprit une structure clairement identifiée pour les jeunes sortis du cursus scolaire.

DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

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Questionnaire jeunes 41 : Concernant les structures suivantes, précise la fréquence à laquelle tu y vas

Non-scolarisés 38% 63% Piscine

Malbentre Soclarisés 5% 11% 23% 51% 10%

Non-scolarisés 14% 14% 71%

Soclarisés 8% 12% 18% 38% 25% Centre Culturel Centre

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Tout le temps (plusieurs fois par semaine) Régulièrement (au moins 1 fois par semaine) Ponctuellement (au moins 1 fois par moins) Rarement (quelques fois par an) Jamais

Questionnaire jeunes 42 : Explique pourquoi tu ne fréquentes pas la piscine de Malbentre % Rep. Je n’ai pas de moyen de locomotion pour m’y rendre ou pour en repartir 16% (parents, transport en commun...) Les horaires d’ouverture ne correspondent pas à mon emploi du temps 12% Les tarifs sont trop élevés 24% Aller à la piscine ne m’intéresse pas 56% Autres raisons 24%

Tant la piscine de Malbentre que le Centre culturel sont des lieux relativement peu fréquentés par les jeunes. Cette désaffection est particulièrement forte chez les jeunes non scolarisés puisque 85 % d’entre eux disent n’aller au Centre culturel que rarement, voire jamais. Pour ce qui est de la piscine de Malbentre, c’est la totalité d’entre eux qui dit n’y aller que rarement, voire jamais. Et quand on demande aux jeunes les raisons pour lesquelles ils ne vont pas à la piscine, 56 % mettent en avant DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 le manque d’intérêt, soit parce que les règles à respecter comme le port du bonnet sont trop nombreuses, soit qu’ils disposent d’une piscine chez eux. Ils sont 24 % à justifier leur désaffection par les tarifs qu’ils jugent trop élevés quand 12 % déclarent que les horaires d’ouverture ne sont pas adaptés à leur emploi du temps.

Questionnaire jeunes 43 : Précise pour quelles raisons tu fréquentes le Centre culturel de Villeneuve-sur-Lot Ecart Pour la Bib’ (bibliothèque) 67% Pour le BIJ 14% Pour le pointcyb du BIJ 4% Pour participer aux activités/ateliers proposés 24% Pour voir des spectacles ou des expositions 46% Autres raisons 20%

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Quant aux raisons qui les poussent à fréquenter le Centre culturel de Villeneuve-sur-Lot, 67 % mettent en avant en premier lieu l’attrait de la bibliothèque. Ils sont ensuite 46 % à souligner l’intérêt de voir des spectacles ou des expositions et 24 % le souhait de participer aux activités et ateliers proposés. Par ailleurs, de nombreux jeunes se rendent au Centre culturel pour pratiquer des activités sportives, notamment le volley- ball, le basket, le hip-hop, mais aussi pour faire de la musique (auditions, orchestre symphonique), du théâtre (Institution Sainte-Catherine) et des spectacles. Par ailleurs, beaucoup y viennent dans le cadre d’activités organisées par le collège, souvent parce qu’ils y font les cours d’EPS.

Questionnaire jeunes 44 : Connais-tu la carte VIC (Villeneuve Information Culture) ? Scolarisés Non-scolarisés

6% 18%

Oui Oui Non Non

82% 94%

Pas moins de 82 % des jeunes scolarisés ignorent l’existence de la carte VIC (Villeneuve Information Culture). Cette proportion est portée à 94 % lorsque l’on pose à la même question aux jeunes non scolarisés. Et quand on demande à ceux qui connaissent son existence s’ils en possèdent une, 43 % répondent par l’affirmative étant entendu qu’il n’y a aucun jeune non scolarisés parmi ceux-là.

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Questionnaire jeunes 45 : Possèdes-tu une carte VIC ? (parmi ceux qui connaissent la carte VIC) Scolarisés

43% Oui Non 57%

Questionnaire jeunes 46 : Pourquoi ne possèdes-tu pas de carte VIC ? % Obs. Je trouve cette carte trop chère 8% Je ne sais pas comment faire pour en avoir une 31% Les avantages que cette carte propose ne sont pas intéressants pour moi 31% Autres raisons 35%

Pour 31 % des jeunes qui ne possèdent pas la carte VIC, le manque d’information en est la raison. Ils sont également 31 % à considérer que les avantages qu’offre cette carte ne sont pas suffisamment intéressants dans la mesure où ils ne se rendent pas souvent au Centre culturel. Ou parce qu’ils ne pratiquent plus de sport à Villeneuve-sur-Lot.

Questionnaire jeunes 47 : Quelles sont les deux principales raisons pour lesquelles tu fréquentes une MDJ ? % obs. Parce que tu es obligé d’y aller 6,3% DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 Pour te divertir et pratiquer des activités 37,5% Pour être accompagné dans tes projets 6,3% Pour apprendre des choses 0% Pour retrouver des amis 68,8% Pour passer le temps 31,3% Pour te sentir en vacances 0%

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Engagement et rejet du politique : analyse du rapport au et à la politique

Les propos recueillis ont montré, si cela était encore nécessaire, que la problématique du manque d’engagement devait plutôt être formulée comme une problématique de la possibilité de l’engagement et être rattachée à des phénomènes sociaux plus larges. Il n’en reste pas moins que les jeunes se mobilisent pour des causes différentes, variées et ponctuelles. Ils désirent s’impliquer de manière concrète par de petites actions pour « améliorer les choses ». L’association est un mode de regroupement libre et autonome qui peut être privilégié par certains jeunes non sans difficultés. Il n’est pas interdit d’en inventer d’autres.

Les jeunes ont exprimé un rejet du politique en tant que support d’expression. Surtout ils n’en attendent rien et développent le sentiment d’être les « oubliés » de l’action publique.

« C’est une ville pour les vieux ou les familles » ; « c’est pas fait pour les jeunes ici »

Le politique est perçu en premier lieu à l’aune de ses pratiques déviantes, « l’affaire Cahuzac » renforçant définitivement cette représentation :

« Comment voulez-vous qu’on fasse confiance à des personnes qui n’ont pas de scrupules ? » ; « C’est tous des voleurs, on ne peut pas se fier à eux ! » ; « moi, la politique j’y crois pas. C’est pas ça qui fera changer les choses ici. ».

En découle une perception très libérale qui, si elle ne s’exprime pas toujours dans un refus frontal des institutions, consiste à ne plus rien attendre de l’institution au sens large. L’injonction à être entrepreneur de sa vie se retrouve dans les discours et les pratiques des jeunes « en galère » :

« Je préfère aller au charbon -même si je n’aime pas faire ça plutôt que de demander à quelqu’un. » ; « C’est la honte si tu n’y vas pas (au charbon), ça veut dire que t’es pas DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 capable de te débrouiller seul ! » ; « Je ne peux compter que sur moi-même ! » ; « Si tu veux t’en sortir, faut savoir te démerder. » ; « C’est à toi de faire ton argent. ».

C’est une violence symbolique, importante pour certains jeunes, puisque leur échec dans la vie sociale (scolaire, familiale, professionnelle, etc.) dépend d’eux-mêmes, ce qui encourage « la débrouille » par des passages à l’acte sur des chemins de traverses (cambriolages, deals, commerce illégal de voitures, jeux d’argent, etc.). Néanmoins, le rejet de l’institution se manifeste chez tous les jeunes sans forcément générer des comportements déviants mais en mobilisant des strates personnelles, des réseaux de « liens faibles », en structurant des ressources propres d’émancipation sociale.

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De manière générale, et comme l’a montré maintes fois l’abondante littérature sociologique sur le sujet, les jeunes témoignent le plus souvent du sentiment de ne pas avoir de place réelle dans la société. Les statistiques permettent aisément de mesurer la surreprésentation des 18-25/30 ans parmi les chômeurs, les travailleurs pauvres et les personnes en difficulté d’insertion. Le matériau qualitatif permet au-delà de saisir les conséquences de la « montée des incertitudes »18 et de l’accès chaotique au marché du travail propre à une catégorie qui se définit plus par sa position d’indétermination (être jeune, c’est ne pas être adulte) que par une réelle homogénéité des situations. Il est donc inepte de vouloir définir « le vote des jeunes » comme unique vecteur de la participation. Leur attitude à l’égard de la politique exprime un sentiment, souvent profond, d’être étranger à la sphère politique traditionnelle. La dépolitisation est donc plus un état que la résultante d’un processus progressif de rejet. S’ils ont globalement une opinion négative des responsables politiques, ils estiment que leur opinion n’est pas intéressante. La politique est une dynamique lointaine qui les concerne peu. Pour autant, de nombreux jeunes sont politisés autrement : les jeunes votent peu mais ne sont pas pour autant dénués de valeurs, d’envie d’engagement, de capacité de mobilisation. Plus nombreux, les politisés autrement développent un rapport plus autonome et individualisé à la politique, à distance des organisations traditionnelles. Ils participent à des évènements, des manifestations de manière conjoncturelle et parfois éphémère. Ils épousent des causes ponctuelles qui cristallisent leurs opinions et donnent sens à leur principe de valeurs. La plupart n’attendent rien des partis politiques qu’ils jugent « éloignés et désintéressés de leurs problèmes quotidiens », composés de « politiciens » « plus préoccupés par leur réélection et le maintien de leurs privilèges », et le plus souvent « menteurs » et « malhonnêtes ». La politique est ailleurs, là où prédomine le sentiment que leur parole « sera réellement prise en compte ». Cette « repolitisation » peut suivre plusieurs chemins :

 Les intermittents de l’engagement mettent souvent en avant des valeurs multiculturalistes, DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 revendiquent une société plus ouverte sur le monde et sont favorables à des mesures comme le vote des étrangers, les droits des homosexuels et globalement aux mesures sociétales dites progressistes. Ces derniers sont généralement plus insérés dans le monde professionnel ou dans le monde étudiant, plus proche du milieu associatif. Ils peuvent voter ponctuellement et se définissent comme « plutôt de gauche » malgré leur rapport distancié à la politique et leur revendication d’ « apolitisme ». Ils peuvent participer à certaines élections, rarement, selon les enjeux qu’ils perçoivent. Certains intermittents, plus à droite, ont également un fort engagement associatif qui sous-tend des valeurs conservatrices. Ils peuvent se mobiliser ponctuellement (Manif pour tous), mais sont plus

18 Expression empruntée à R. Castel.

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réfractaires au mouvement social de manière générale. Ces derniers marquent néanmoins une distance moins établie avec la sphère traditionnelle. Le multiculturalisme trouve donc ses limites auprès d’une population jeune plus encline à défendre des valeurs structurantes de la droite française : le mérite, la famille, l’identité nationale.

 Les déclassés critiques se définissent par un fort discours anti-système. La sévérité envers la sphère politique est croissante en fonction de la situation (emploi, diplôme), etc. Cette dimension est accentuée lorsqu’est décrit (cas très fréquent) un parcours qui n’est pas en phase avec les attentes de la parentèle et/ou du jeune lui-même. Pour les jeunes issus de milieux sociaux modestes, les parents ont pu acquérir un statut de cadre, pour le moins de classe moyenne, en accédant le plus souvent à la propriété et en bénéficiant dans le temps d’une ascension professionnelle satisfaisante. Ces jeunes ont joué le jeu de la réussite scolaire sous l’impulsion des parents, mais restent pris en étau entre leur volonté d’autonomie et l’impossibilité de s’émanciper de la dépendance financière qui les lie à leurs parents (à moins de vivre des situations de précarités intolérables pour eux). L’investissement scolaire initial génère un sentiment de frustration, plus encore lorsque leurs aspirations restent élevées, conséquence directe de la hausse irrégulière, mais progressive du niveau d’éducation. Ils ont fait globalement plus d’études que leur parents et ont une situation objective beaucoup plus précaire. Ces jeunes estiment avoir été trompés et développent des critiques acerbes sur un système qu’ils jugent dysfonctionnel. Par voie de conséquences, la gauche et la droite sont souvent renvoyées dos à dos par le prisme d’une critique acerbe envers une société qui ne donne qu’à ceux qui ne le méritent pas (les très riches et les assistés). Ces derniers se détournent de la politique et peuvent être séduits par le vote FN, s’inscrivant alors moins dans une logique militante que dans une dimension exutoire. L’inclinaison à rejoindre l’extrême droite raisonne telle une expression réactionnelle anti-système et reste peu liée à l’affirmation partisane et idéologique ; elle exprime plus alors un rejet du système qu’une adhésion partisane et idéologique. DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 Le sentiment de déclassement existe aussi chez les plus aisés qui ne parviennent pas à assumer un renouvellement de la place sociale de la famille. Quelque part, ils sont les responsables du déclin, « le maillon qui vient briser le cycle de la sphère familiale ». Quelle que soit la configuration, ils éprouvent alors la difficulté de trouver leur place au sein de leur famille et donc de la société tout en éprouvant un sentiment d’échec personnel. Les déclassés critiques peuvent in fine épouser des logiques plus idéologiques qui participent d’une affirmation exacerbée de la revendication anti-système.

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 Les déclassés en retrait. Le sentiment de déclassement peut également participer d’une attitude de retrait général de l’ensemble des sphères de participation citoyenne. Ces jeunes ne croient plus à aucune des possibilités offertes par le système de « changer la donne ». Beaucoup de jeunes considèrent ainsi que l’action publique ne peut plus rien pour eux. Ils sont très critiques, à tout niveau, à l’égard des différentes instituions censées « accompagner » les jeunes (missions locales, CIO, etc.) et n’en attendent rien.

Les politisés autrement se caractérisent donc par la construction d’une citoyenneté alternative construite sur la base d’une défiance au politique et au modèle social en général.

Rapport au temps : une génération de l’hyper-présent

Il est toujours surprenant d’observer le rapport au temps et la rapidité avec laquelle un certain nombre de jeunes générations prennent des décisions d’apparence soudaines dont ils testent in situ la réelle pertinence dans une logique de rapport à l’hyper-présence. Le plus souvent, cette observation débouche du point de vue de l’adulte sur le constat suivant : « les jeunes sont dans l’immédiateté », non sans que ce point de vue ne revêtent une forte dimension de moralisation de la relation au temps. Prendre son temps et construire renvoie alors à des signaux symboliques plus valorisés quand « aller vite » renvoie à la précipitation, au manque de réflexion suffisante, à l’urgence19. Dans la réalité sociale, les jeunes (et plus encore les 12-15 ans) s’inscrivent dans une forme d’hyper-présent, caractéristique de l’évolution d’une société dont l’accélération modifie le rapport au passé et confère dans le même temps un rapport angoissant à l’avenir. L’hyper-présent devient le dernier cadre possible de l’affirmation de soi face à un passé qui peine à fixer des repères normatifs communs et un avenir bordé d’incertitudes. Les outils numériques et surtout Internet se développent également pour cette raison : parce qu’ils permettent le développement immédiat de relations transversales. En ce sens, le rapport aux jeunes DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 doit être pensé à l’aune d’une relation simultanée d’accélération et de démultiplication des rapports sociaux, comme le prolongement naturel de modes sociétaux qui engagent les individus dans une logique de l’hyper- présence. Le temps des jeunes et le temps des adultes n’est pas le même ou plutôt, est moins encore le même. Les notions de « faire lentement mais sûrement », « les choses dans l’ordre » se voient concurrencées par le « tout faire vite en même temps ». L’inductif succède au déductif. De ce fait, les adultes et les jeunes peinent à ajuster leur conception en termes de temporalité, opposant l’immédiateté à la déclinaison d’un projet dans le temps.

19 Paradoxalement, les principes de vitesse et d’accélération sont les principaux vecteurs de l’évolution sociale. La réactivité, l’adaptation et la rapidité sont valorisés dans de nombreuses sphères sociales.

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« Il y a des moments où l’on voudrait agir, rapidement, parce que ça arrive vite et qu’il faut vite enclencher. Quand on demande quelque chose, ce n’est pas pour avoir une réponse 3 mois plus tard. Et puis ce qui est pénible, c’est qu’on nous demande ce que l’on souhaite pour après nous dire que ce que l’on souhaite n’est pas possible. Il faudrait juste savoir…En fait il faut qu’on demande des trucs gentils qui font bien plaisir aux adultes. Et dès qu’on veut faire quelque chose rapidement, il faut toujours attendre. »

Ce constat est intéressant dès lors que l’on interroge la temporalité des actions. Si l’on s’intéresse aux demandes des jeunes, elles concernent le plus souvent des actions qui permettent un réinvestissement immédiat, une forte proximité entre la conception et l’action, entre l’émergence spontanée du besoin et la formulation de la réponse.

1. Une génération numérique

Questionnaire jeunes 48 : As-tu accès à Internet ... 100%

37% 30% 32%

50% 100%

63% 70% 68%

0% Scolarisés Non-scolarisés Scolarisés Non-scolarisés ... à la maison ? ... en dehors de la maison avec un appareil personnel (téléphone ou ordinateur portable, tablette...) ?

Oui Non

L’accès à Internet à la maison est davantage massif (et même général) chez les jeunes scolarisés. La proportion DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 est substantiellement différence chez les jeunes non scolarisés (-37 %). Pour ce qui est de l’accès à Internet en dehors de la maison, la différence est moins notable.

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Questionnaire jeunes 49 : En moyenne combien d’heures par jour passes-tu sur internet ?

2%

11% 18% Je ne sais pas 5% moins d'1h 5% entre 1 et 2h entre 3 et 5h entre 6 et 7h entre 8 et 10h 27% 32% H24

La moitié des jeunes passe moins de deux heures par jours sur Internet. Certains, toutefois, y passent entre 8 et 10 heures par jours (5 %) et se déclarent connectés H24 (11 %).

Internet est l’outil de l’hyper-présence dans le sens où il offre la possibilité d’une relation au monde et à l’autre beaucoup plus transversale et dynamique. Ce rapport à l’action est d’autant plus complexe que les jeunes sont pleinement intégrés à un processus global en postant des commentaires, des témoignages ou des avis sur des forums ou des réseaux sociaux. Internet n’est pas perçu chez les jeunes comme antinomique avec le besoin d’un maintien de relations physiques, bien au contraire. « L’immédiateté » et la proximité offertes par Internet n’empêchent ni l’affirmation d’un besoin d’échange direct, ni la matérialisation d’une activité. Le numérique est d’autant plus assimilé qu’il se rattache à une expérience pratique intégrée au parcours des jeunes et finit par faire sens. C’est donc aussi l’expérience physique qui va donner de l’importance à la pratique numérique parce que le physique trouve à s’exprimer dans le numérique. DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 Une offre à destination des jeunes ne peut se développer sans s’appuyer sur un projet numérique ambitieux. Le rapport au numérique joue évidemment un rôle important et structurant dans la vie des jeunes. Internet n’est pas « pensé », mais vécu comme un outil qui permet de faire de plus en plus de choses par soi-même et qui répond bien à un objectif d’autonomie et/ou d’indépendance de l’adolescent et du jeune adulte.

2. Prendre en compte la révolution numérique

Une offre à destination des jeunes ne peut se développer sans s’appuyer sur un projet numérique ambitieux. Toucher des jeunes est un défi qui s’avère d’autant plus grand que la révolution numérique a profondément modifié le rapport des jeunes aux lieux d’accueil qui leur sont destinés, tout en n’occasionnant qu’un

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changement de pratiques professionnelles à la périphérie :: ajout d’espaces multimédia, recrutement d’un animateur multimédia, etc., sans repenser en profondeur la manière de s’adresser aux jeunes. Au final, une modification centrale des modes de vie n’entraine que des agencements périphériques des pratiques professionnelles.

Au coeur de la politique Jeunesse, la relation au numérique et à Internet devra revêtir une dimension beaucoup plus centrale, ce qui modifie encore les frontières des professionalités. La révolution numérique participe au contraire d’un resserrement des professionnels dans une logique de préservation des identités professionnelles qui passe par un renforcement de discours institutionnalisés. La représentation de mondes physiques et virtuels séparés conduit le plus souvent à considérer l’aspect physique comme positif et l’aspect virtuel comme la remise en cause néfaste de l’équilibre des « vraies relations ». Ce resserrement est lié au fait qu’Internet modifie fondamentalement la relation pédagogique, la relation au savoir, les modes de relations, et bouscule de ce fait les identités et les pratiques professionnelles. Pour conclure cette partie, rappelons que les jeunes fréquentent de nombreux espaces publics. Ainsi, le développement de lieux de pratiques spontanées (terrain de sport, city-stade, jeux extérieurs, etc.) pourrait être un lieu intéressant pour développer ce type de projet (radio, photo, film, happening, concerts spontanés).

3. La demande des jeunes, limites d’une rhétorique

 Quand on les questionne, les jeunes souhaitent plus « d’événements » (concerts, cinéma plein air, animation dans les rues, festival de rue, etc.), pas uniquement l’été, plus de vie de quartier, être pris en compte, etc.  Plusieurs demandes ont été clairement formulées plusieurs fois : un studio d’enregistrement, aider l’installation de la fête foraine et avoir des places en échange.  Un espace fermé pour que les internes puissent déjeuner le midi. DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06  Filet sur le city-stade (pour éviter les ballons qui partent sur les voitures notamment) et éclairage nocturne.  Plus de chantiers jeunes

Les adolescents se sentent peu concernés par l’offre actuelle. Pour beaucoup, les propositions ne sont guère lisibles et ne conviennent pas lorsqu’elles le sont. A leurs yeux, il n’existe pas aujourd’hui de proposition structurante à destination des jeunes. Parallèlement, les jeunes ne sont pas une force de propositions directes dans le sens où peu formulent des requêtes spontanément et que la capacité à repérer ses propres besoins et à les transformer en demande explicite et adaptée s’avère complexe. Retenons que les jeunes préfèrent volontiers rebondir sur des évènements ou s’emparer de propositions plutôt que de partir d’une « page blanche » dont les premières

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lignes renvoient à une forme d’abstraction complexe, y compris pour des adultes. Pour autant, on ne note pas de désintérêt des jeunes pour la vie publique. Le caractère perçu comme contraignant de la rhétorique du projet revêt le plus souvent une dimension repoussoir et renvoie les pratiques des jeunes dans deux cadres de perception : les activités valorisées par l’institution et évitées par les jeunes (à dominante projet) et les activités plus privilégiées par les jeunes et moins valorisées par l’institution (à dominante action). Cette perception reste bien entendu à nuancer et à objectiver, elle n’en reste pas moins bien ancrée dans le discours des jeunes. Pour autant, les jeunes ne sont pas forcément plus « dans la consommation » que les adultes et souhaitent aussi s’engager autour d’actions qui ont du sens. Mais ils souhaitent construire du sens à partir de l’action et s’inscrire dans des démarches plus inductives.

Développer une approche inductive et collective

La démarche, voire l’idéologie du projet, fait partie d’une culture de la reconnaissance d’une « bonne pratique » au sein du monde professionnel. L’injonction du discours professionnel à « placer le jeune au centre » va de soi et prend des allures de lapalissade dès lors qu’on la resitue dans le cadre d’interactions institutionnalisées.

Mais que signifie « être acteur » de son projet ?

D’une part, la rhétorique du projet, de l’autonomie et donc de l’acteur, renvoie les jeunes à leur propre insuffisance et à une certaine fatigue d’être soi. La difficulté à capter un certain nombre de jeunes correspond également à la fuite d’une offre « institutionnalisée » dont la prédominance du projet a un effet repoussoir. La culture du projet requiert des aptitudes dont les jeunes qui la maîtrisent n’ont, paradoxalement, pas besoin d’accompagnement et ceux qui ne la maîtrisent pas sont soumis à des rapports verticaux de maintien dans DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 des systèmes inefficaces. D’autant plus que ces difficultés sont lissées par des problématiques d’objectivation de l’évaluation des actions. À une réelle entreprise d’évaluation se substitue un mouvement rhétorique de justification dont il apparait nécessaire d’appréhender les limites. Le système d’interaction des professionnels maintient un système de représentations qui place « le jeune au centre », « acteur de son projet », « autonome » dans une perception « libérale » qui met en perspective un paradoxe supplémentaire quand la population jeune est stigmatisée pour son « individualisme ». Pourtant, nous l’avons vu, les jeunes ne peuvent pas être placés au centre du dispositif pour la simple et bonne raison que ce dispositif n’existe pas aujourd’hui. Le partenariat est un discours, parfois une volonté, rarement une réalité.

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Plutôt que de placer prétendument le jeune au centre de la constitution d’un projet qui n’en est pas forcément un pour lui, la mise en place d’actions sur un mode inductif semble plus appropriée. Plutôt que de rester enfermé dans les étapes habituelles de la constitution du projet, la spontanéité permise par la démarche inductive (proposer rapidement une action et rebondir sur ses retombées) sied mieux à un public en quête de mouvement. Il s’agit de permettre le développement d’une forme d’interactions dont on ne sait pas forcément quelles seront les conséquences tout en laissant au jeune la possibilité d’être force de proposition en dehors du cadre institutionnel et de proposer ses propres modalités d’interactions.

Synthèse des problématiques repérées

1. Une problématique transversale : la segmentation sociale

Elle est particulièrement marquée chez les publics qui, plus que de se regrouper par principe de ressemblances, revendiquent la mise à distance d’autres groupes de jeunes.

2. Le manque de visibilité

Le public interrogé regrette souvent le peu d’activités qui leur sont dévolues ; ceci témoigne à la fois d’une mauvaise visibilité de l’offre (au sens large à l’échelle de l’agglomération), mais également d’une non- adéquation à leurs attentes. Une grande partie des jeunes ne se reconnait pas dans l’offre et l’exclut inconsciemment des pratiques envisageables.

3. Un besoin d’information

Les jeunes ayant des difficultés sont moins accompagnés par leurs familles qui perçoivent chez les DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 professionnels une compétence d’accompagnement supérieure à la leur. Pour les lycéens, développer l’offre d’information en lien avec les lycées et les possibilités de lieux de stage. Les jeunes issus de catégories sociales plus favorisées sont souvent accompagnés par leurs parents qui relaient et encadrent leurs démarches, stimulent la fréquentation d’équipements culturels, la pratique associative, la diversité des expériences sociales. Les jeunes souhaitent participer à plus d’événements. Susciter et valoriser les initiatives portées par les jeunes eux-mêmes.

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Conclusion : Une réponse insuffisante, une politique en question

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Face aux problématiques Jeunesse, l’identification des besoins et des éléments de réponses pouvant être apportés est insuffisante. L’évaluation spontanée faite par les acteurs s’appuie le plus souvent sur une perception catégorielle qui tisse un lien entre la partie perçue (faible et peu représentative) et le tout comme réalité objective de la jeunesse. Alors que les plus de 12 ans sont moins captés par des propositions « encadrées », la politique Jeunesse se construit le plus souvent « à vue », plus en fonction de logiques de structures (et de personnes) qu’en réponse à l’identification des pratiques, à la compréhension des logiques de représentations et d’action, à la structuration du besoin. Nous verrons que l’offre actuelle n’impacte guère les jeunes du territoire, d’autant qu’il n’existe que peu de concertation entre les structures, pas plus qu’une cohérence entre les acteurs ne puisse être repérable tant au sein des grandes communes qu’à l’échelle du territoire dans son entier. D’un point de vue qui se veut modeste et extérieur, il apparait indispensable de mettre en œuvre une politique globale à l’échelle de la ville et donc de voir évoluer la situation actuelle. La politique Jeunesse pourrait être construite sur des bases nouvelles, si toutefois l’ambition d’agir collectivement vers des publics peu captifs est partagée par les acteurs.

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Des acteurs démunis

Les différents acteurs rencontrés expriment la nécessité de développer l’offre à destination des jeunes tout en mesurant la difficulté à agir vers des publics volatiles.

Parallèlement, ce manque d’impact débouche sur des logiques « justificatoires » qui privilégient des stratégies inconscientes de maintien de l’existant quand il est nécessaire de le réinventer. Ces dernières s’appuient sur une rhétorique idéologique dont la conceptualisation permet de ne pas affronter la réalité objective de l’échec. Dès lors, elle tend à généraliser un point de vue particulier pour en faire une clé de lecture représentative de la jeunesse. La représentation du « nos jeunes sont les jeunes » est pourtant fausse, ce qui s’avère problématique car les jeunes qui fréquentent les structures ne sont ni majoritaires ni représentatifs des publics jeunes. L’action à destination des jeunes s’inscrit donc dans une forme d’ambivalence en pensant son intervention publique sur la base d’un diagnostic faussé dans la mesure où il correspond à la superposition de logiques de justifications plutôt que d’évaluation. Les débats autour de la jeunesse se perdent le plus souvent dans la superposition d’acceptions et de représentations qui rendent impossible la lecture commune, la caractérisation des publics, la typologisation des besoins et des champs d’action à destination de la jeunesse. Mener une politique Jeunesse, c’est d’abord être en capacité de définir :  les jeunes (de qui parle-t-on ?)  les champs d’intervention (pourquoi agit-on ?)  les partenaires (avec qui agit-on ?)  les compétences (comment agit-on ?)

Une offre locale à construire DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 Les effectifs de fréquentation très faibles questionnent quant à la capacité à développer des objectifs ambitieux. Si le nombre n’est pas un objectif en soi, une politique Jeunesse doit toucher des jeunes pour exister. Or, les jeunes du territoire ne sont que très peu impactés par l’offre actuelle. De manière générale, l’offre développée n’investit pas le terrain et s’inscrit dans « une logique de guichet » qui consiste à attendre le public. Ce principe avalise de fait des principes d’entre soi en fonction d’un âge particulier, de groupes sexués, plus grave, de catégories sociales. Il conviendrait sûrement de reconsidérer les périmètres d’intervention de l’animation Jeunesse en intégrant la proximité et le déplacement comme nécessaire innovation. D’autant que les problématiques de mobilité chez certains jeunes, la demande de proximité chez d’autres, renforcent le besoin de faire évoluer les pratiques afin de faire vivre des animations

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en mouvement dont les jeunes peuvent s’emparer, de rendre l’offre plus lisible et attractive. De manière générale, il est nécessaire de réinvestir l’espace public. La relation aux structures est faible, périphérique et intervient dans la recherche d’interactions. La correspondance au projet de la structure n’est pas l’objectif en tant que tel. S’ajoutent à ces problématiques 2 aspects :  Le numérique n’est pas un outil central.  Les objectifs de chacun ne sont pas définis précisément et moins encore partagés.

Au manque d’impact, s’ajoute le manque de cohérence.

A l’écoute des propos des différents acteurs, la situation actuelle semble avoir pris le dessus et être ancrée dans une histoire locale ayant figée peu à peu les possibilités d’agir collectivement. Il est ainsi difficile de savoir qui fixe le cadre, qui prend les décisions, qui est légitime à diriger une politique Jeunesse au sens large. Cette configuration de l’action collective débouche sur la superposition d’initiatives individuelles (par structures) et maintient les principes d’un système dissonant. L’organisation actuelle concernant la jeunesse, pour le moins sectorisée, partielle et inefficace, s’avère donc être le premier des obstacles à une lecture simplifiée des objectifs fixés à chaque structure car il n’existe pas de réflexion stratégique partagée. Cet agencement débouche sur une forme d’inertie et renforce les logiques d’entre soi professionnels. Il doit évoluer en s’appuyant sur une réflexion stratégique globale, une organisation hiérarchique claire, une procédure d’évaluation partagée. Il parait nécessaire dans un premier temps de réfléchir à une définition claire des objectifs de façon à définir le positionnement du territoire autour d’une ambition Jeunesse.

L’absence de cadre collectif partagé, une problématique de gouvernance DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06

 Les jeunes n’ont pas de lisibilité sur ce qu’on leur propose,  Les publics cibles et les missions structurantes ne sont ni définis ni partagés,  L’analyse du non-recours et/ou de la non fréquentation ne peut être effectuée,  Il n’existe souvent pas de cadre collectif structurant qui permette de « faire cohérence », ce qui entraîne :  Un faible impact, des logiques de guichets,  Des fonctionnements en vase clos,  Une forte personnalisation des pratiques,  Une complémentarité de façade,  Un hiatus territorial.

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Il est donc nécessaire de construire en cohérence la politique Jeunesse de demain. Cela passe par la définition collective et concertée d’un projet permettant l’articulation de l’action par la prise en compte des zones rurales et urbaines dans la politique Jeunesse pour développer une réelle équité territoriale. Il faut pour cela s’extraire d’un discours institutionnalisé sans déclinaison opérante.

1. Sortir de l’idéalisation des effets des prises en charge par des raisonnements par cas

En l’absence, par exemple, d’indicateurs descriptifs de l’impact globale de l’action Jeunesse qui pourraient être déclinés par typologie, on a pu remarquer dans les discours des acteurs une « idéalisation » de certains effets des prises en charge et des suivis qui, faute de pouvoir s’armer de données précises, repose sur des raisonnements par cas. C’est par exemple le fait d’indiquer que tel jeune a pu retrouver un emploi et sera comptabilisé, par la structure, dans les « sorties positives». Or, lorsqu’on s’intéresse de plus près au type d’emploi évoqué, on s’aperçoit qu’il s’agit d’un emploi précaire qui repose sur un contrat de temps partiel et pour une durée déterminée et courte. Comme nous l’avons discuté, lorsque des tableaux de bord existent, ces derniers servent à créer les conditions d’une évaluation intra-dispositif sur des flux d’individus pour faire une sorte de compte-rendu quantitatif qui gouverne par la suite les pratiques des acteurs dans une logique gestionnaire déconnectée des contraintes structurales locales. Une interviewée fait notamment remarquer que les besoins des jeunes ne sont pas mis en valeur et, in fine, qu’il n’existe pas « une politique sociale claire avec des objectifs ». Les données fournies dans ce diagnostic peuvent servir de base commune pour discuter et articuler des objectifs précis entre acteurs de la jeunesse. L’usage de ces indicateurs ne doit pas servir à orchestrer une quelconque évaluation individuelle des pratiques des professionnels, mais doit servir à un usage collectif et être utilisés en fonction d’objectifs précis déclinés au sein de chaque structure en fonction de leur singularité locale. En tous les cas, ce rapport donne de multiples pistes et nécessités à partir desquelles DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 il faut construire plutôt que de se jeter à nouveau sur un catalogue d’actions « magiques » qu’il faudrait mettre en œuvre.

2. « Aller vers les jeunes »

Des bénéficiaires sont décrits par des professionnels comme ne se sentant pas légitimes, à se déplacer seuls par exemple. Des entretiens avec des bénéficiaires confirment ce sentiment d’illégitimité où les données recueillies font percevoir, par contraste, le poids et la complexité de l’appartenance au lieu pour ces personnes. Ainsi, une professionnelle partenaire du territoire « rêve d’un projet jeunesse qui ait une mobilité et qui aille vers eux». L’idée-force de cette suggestion tient dans la posture qu’elle préconise et qui s’inscrit à

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front renversé des discours contenus dans les politiques d’insertion. En effet, « aller vers les gens », c’est mobiliser une logique d’action qui responsabilise les pouvoirs publics dans leur capacité à s’adapter aux singularités sociologiques de leurs publics. Ce qui n’est pas la même chose que d’attendre ou d’essayer de les normaliser aux façons d’être de ceux qui agissent sur eux. De plus, cela invite collectivement à réfléchir à la façon (re)valoriser la notion d’assistance entendue ici comme la capacité des professionnels et des structures à créer des conditions de possibilités d’actions pour ces personnes. Dans ce prolongement, l’appel à projet PIA ANRU porté par le SMAVLOT peut être une opportunité salutaire de repenser l’action autrement et de manière plus élargie.

3. Une posture et un objectif : les limites de l’emploi à tout prix

De nombreux travaux, notamment en psychologie sociale, ont établi que les conduites et performances des individus sont largement liées aux contextes dans lesquels elles évoluent, et cette influence est systématiquement sous-estimée, ce que nous retrouvons dans l’enquête de terrain. Concrètement, nous affirmons, avec Denis Castra,20 que l’essentiel du travail d’insertion doit se faire en rapport direct avec les entreprises et sur le poste même de travail. Le bilan de la méthode IOD21 montre que les publics les plus démunis ont largement autant de chances d’accéder à des emplois durables et non aidés que ceux qui disposent d’un diplôme et qui sont moins enkystés dans des dispositifs d’insertion qui ne fonctionnent pas. Cette posture qui fait le choix d’un travail sur l’emploi questionne le métier d’agent d’insertion sur son savoir- faire et sur son rapport au territoire. Or, la « foultitude de dispositifs » pour reprendre l’expression d’une directrice de structure et les pratiques d’accompagnement psycho-centrées qui les animent, ne conduisent pas les jeunes les plus démunis vers de l’emploi stable. Plutôt que de maintenir l’illusion d’un système qui fonctionne, il semble nécessaire de se décentrer de la question de l’emploi au profit d’initiatives citoyennes stimulant le lien social local et la participation citoyenne.

DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 4. De la veille à la pratique

Les constats posés dans ce diagnostic touchent à la fois un registre d’organisation du travail et de connaissance de publics en présence. Si l’organisation actuelle permet partiellement de faire face à la demande lorsqu’elle émerge, elle ne permet ni de faire progresser les actions proposées aujourd’hui, ni de renforcer de façon coordonnée les projets à une échelle communautaire. Au manque de transversalité, se substitue une opérationnalité de terrain, permettant de maintenir un principe de réponse localisée. Néanmoins, ce type de fonctionnement ne peut tenir sur du long terme. L’organisation des services et des pôles doit évoluer pour

20 Denis Castra, op.cit. 21 Denis Castra, Francis Valls, L’insertion malgré tout. L’intervention sur l’offre et la demande. 25 ans d’expérience, Toulouse, Edition Octares, 2007.

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répondre aux nouveaux besoins induits par un territoire de compétences élargies au sein duquel les jeunes se déplacent. Pour se faire, la répartition des services sous la direction de la commune et de l’intercommunalité doit évoluer. Au-delà de ses modifications structurelles, un projet commun doit porter les actions à l’échelle du territoire. Un travail de lisibilité des axes prioritaires et de la répartition du travail devra être effectué pour les acteurs agissant (élus, institutionnels, professionnels et techniciens, associations). De manière plus générale, apparaît le manque d’une instance partageant la question d’une démarche de repérage des besoins du territoire et d’instance pour adapter les réponses proposées aux publics présents. L’ingénierie comprend notamment la réflexion et la construction d’orientations, d’objectifs et d’axes prioritaires. Il est essentiel de la faire évoluer en lien avec son environnement (géographique, historique, culturel, économique) qu’il s’agit de penser et de la structurer comme une veille sociale locale qui va au-delà du partenariat existant. Si les acteurs se repèrent et pour certains se connaissent, ils n’abordent pas de manière collective la réponse aux problématiques actuelles. La recherche de cohésion dans un territoire où se juxtaposent un ensemble de structures et de professionnels d’un même champ n’est pas une évidence. La problématique porte souvent sur des démarches territoriales où les pluridisciplinarités des professionnels se croisent pour s’identifier et construire des méthodes de travail en commun.

Ainsi, développer une ingénierie du territoire, c’est veiller aux besoins du territoire et adapter les réponses proposées aux publics. Il s’agit donc de :  Favoriser une dynamique partenariale comme levier de développement ; la mise en réseau du partenariat territorial reste à construire.  Structurer une démarche de travail en commun ; la coordination des actions territoriales peut rendre les actions lisibles et visibles. Par ailleurs, elle peut mettre en exergue des thématiques de travail spécifiques à développer auprès des publics jeunes. DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 Suite au diagnostic, des PROBLEMATIQUES ont émergé :  Comment accompagner le public face à la complexité des temps et secteurs d’intervention des différents acteurs ?  Comment garantir l’équité territoriale en matière de politique Jeunesse ?  Quelle localisation des actions sur un territoire composé de bassins de vie, en tenant compte de données spécifiques au milieu urbain et au milieu rural ?  Comment répondre aux défis posés par l’accès à l’emploi, la mobilité, la segmentation sociale, la participation citoyenne ?

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Les axes de la politique Jeunesse

 Sortir d’un blocage structurel fondamental par la constitution d’une politique partagée ;  Passer d’une logique de guichet à faible impact à une logique de projet ;  Permettre aux jeunes d’être à l’initiative et/ou de participer à des événements dans les communes ;  Créer les conditions d’une représentativité des jeunes dans les instances officielles (par exemple, comité municipal des jeunes) ;  Prendre en compte la révolution numérique ;  Développer une approche inductive et collective ;  Distinguer une politique sociale de la jeunesse d’une politique tout public de participation à la vie locale.

Quelle politique Jeunesse aujourd’hui ?

Une politique Jeunesse doit :

 Développer des expérimentations ce qui implique de :  Créer des espaces d’expérimentation sur la base de l’existant (MDJ, centre culturel etc…) ;  Sortir d’une logique de pur fonctionnement, mais s’appuyer sur plusieurs initiatives d’animation structurantes ;  Sortir d’une rhétorique de la « justification » pour engager une démarche d’évaluation en continue des actions menées ;  Clarifier les contours de la politique Jeunesse (politique sociale/politique tout public). DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06  Développer une démarche inductive ce qui implique :  D’impulser des actions et de laisser la place « au rebond » ;  De sortir des « murs » ;  D’animer le territoire à l’échelle de la commune : « la structure, c’est la ville » ;  De s’appuyer sur un lieu unique et fédérateur.

Chaque expérimentation doit être évaluée afin de générer une dynamique territoriale de partage des pratiques, d’échange et d’enrichissement. L’objectif central de chaque structure expérimentale doit tendre vers un meilleur maillage territorial et engager une dynamique de « bassin de vie ».

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Cette réorganisation implique de repenser complètement l’organisation collective, de réorganiser l’existant et d’engager un véritable changement. Il faut donc que les acteurs locaux soient convaincus de la nécessité de transformer un lieu d’accueil en « laboratoire » d’actions. Les offres d’accueil régulier deviennent complémentaires, c’est bien la dynamisation des projets locaux qui devient structurante et centrale.

1. Construire un projet territorial de la Jeunesse à l’échelle de l’agglomération

Repenser la pertinence de l’action à l’échelle de la ville induit plusieurs défis. Le dynamisme local doit être à présent porté par une méthodologie rigoureuse de suivi des actions, de mise en place d’un protocole clair et de critères d’évaluation communs. Il s’agit de mobiliser l’ensemble des acteurs et les fidéliser à la démarche.

Suite à la consultation, l’écriture du projet territorial devra permettre :

 De construire une démarche collective et de créer les bonnes conditions du faire ensemble dans le domaine de la jeunesse ;  De mettre en cohérence les actions existantes, de les structurer autour d’axes de développement ;  De dynamiser la réponse globale faite aux jeunes.

Les objectifs :

 Repenser structurellement l’action en direction des jeunes ;  Opérationnaliser les orientations en les déclinant en actions ;  Rédiger un schéma de développement, ainsi qu’un référentiel d’évaluation partagée ;  Communiquer autour du nouveau projet.

DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 2. Structurer et organiser un service Jeunesse à partir d’une porte d’entrée unique (offre intégrée)

 Revoir l’ensemble de l’organisation collective à partir d’une seule entrée  Construire un référentiel d’évaluation partagée

3. Les atouts

 Des expériences multiples qui peuvent être source de complémentarité ;  Des relais présents (associations, équipements importants et de qualité) ;  Des espaces existants de pratiques spontanées.

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Au regard de l’évolution des besoins, des représentations et des pratiques des jeunes, les professionnalités doivent être réinterrogées dans le cadre d’une approche globale. Mais le territoire possède les moyens suffisants pour agir.

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PRECONISATIONS

Préconisation n°1 : Partager le constat de la nécessité d’un changement en profondeur

 Organiser des réunions de partage de l’étude. L’application de préconisations opérationnelles sans partage du constat serait biaisée par une focalisation sur l’outil alors qu’il est nécessaire de repenser et de redéfinir le fondement de l’action collective à destination des jeunes.

L’objectif de cette préconisation est donc double : o Favoriser l’appropriation d’un constat partagé en impulsant une dynamique collective d’échanges et d’enrichissement du diagnostic initial ; o Travailler sur des préconisations afin de les approfondir, de les ajuster et de penser les conditions de leur opérationnalisation.

Leviers opérationnels : o Ateliers de définition d’une politique Jeunesse ; o Ecriture d’un référentiel d’évaluation partagée ; o Construire une politique de formation et de professionnalisation.

Le partage du constat doit être fait avec l’ensemble des acteurs éducatifs dans le cadre de la rénovation d’un cadre d’action commun qui doit favoriser une prise de conscience. L’enjeu est également de s’autoriser à questionner les nouveaux contours de l’éducation populaire. A-t-elle encore du sens ? Sur le plan symbolique, c’est incontestable au regard des processus inégalitaires croissants. Sur le plan pratique, un grand DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06 bouleversement doit trouver sa source dans la remise en cause des professionnalités afin de ne pas verser dans l’idéologie nostalgique d’un discours qui ne trouve plus de déclinaisons opérationnelles.

L’objectif est de : o Repenser structurellement l’action en direction des jeunes ; o Questionner la relation de proximité et la prise en compte des publics en difficulté ; o Sortir d’une approche thématique du numérique (animateurs multimédia, espace multimédia).

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Préconisation n°2 : Réorganiser l’ensemble de l’organisation collective

Pour cela, il s’agit de scinder l’offre en proposant une offre adaptée à chacun des publics.

 Créer une offre territorialisée de type ALSH ados 12-17 ans : Cette offre existe déjà (pas seulement à Libourne) dans le sens ou les activités encadrées auprès des collégiens fonctionnent déjà bien dans de nombreux lieux d’accueil. Il s’agit donc de créer une offre harmonisée, équitablement répartie sur l’ensemble du territoire et qui correspond aux attentes des plus jeunes et de leurs familles.

 Créer des espaces d’expérimentation pour les 15 ans et plus Cette démarche doit se faire : o En positionnant des structures test en fonction de zones délimitées dans une logique de bassins de vie ; o En faisant évoluer l’existant par le biais d’expérimentation. o En développant un lieu intégré dont les actions « explosent » sur l’ensemble du territoire.

 Construire un référentiel d’évaluation Il doit permettre de mesurer plus précisément la fréquentation (noyau dur, fréquentation ponctuelle, taux de participation, etc.), la typologie des publics, l’importance relative des différents usages (pratiques encadrées, internet libre, accompagnement de projet, accueil informel, etc.) et surtout l’impact des structures Jeunesses (influence de la structure sur le parcours, réinvestissement de l’information, etc.

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Chaque expérimentation doit être évaluée afin de générer une dynamique territoriale de partage des pratiques, d’échange et d’enrichissement. L’objectif central de chaque structure expérimentale doit tendre vers un meilleur maillage territorial et engager une dynamique de « bassins de vie ». Cette réorganisation implique de repenser complètement l’organisation collective, de réorganiser l’existant et d’engager un véritable changement. Il faut donc que les acteurs locaux soient convaincus de la nécessité d’agir ; ceci au regard de l’ampleur des besoins et des problématiques à couvrir.

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Synthèse : penser et agir autrement

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Les principaux résultats concernant les pratiques et les représentations des jeunes

Les besoins des jeunes Les pratiques des jeunes

Des besoins rarement Internet, premier vecteur et outil formalisés en demandes explicites d’information des jeunes

Des besoins qui émergent dans l’urgence et appellent des Des pratiques combinées (numérique, physique, recours aux pairs, à réponses immédiates, rapides et l’entourage) desquelles découle un rapport précises horizontal à l'action

Des demandes exprimées qui Un accompagnement par cachent des besoins sous- l’entourage dans les parcours jacents socialement marqués

Un besoin de prise en compte de sa Une forte distance et un rapport singularité personnelle contraint aux institutions

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Les besoins des jeunes

Des besoins rarement formalisés en demandes explicites  La rhétorique du besoin est institutionnelle, elle n’est pas présente dans le discours des jeunes et n’offre pas un cadre adapté à l’expression de leurs attentes.  La relation au projet intervient en réaction à un objet qui surgit ; le projet n’est pas l’objectif en tant que tel.

Des demandes exprimées qui cachent des besoins sous-jacents  Des besoins souvent multidimensionnels s’expriment à travers des demandes partielles, ponctuelles ou isolées ;  Une difficulté à opérer une analyse et une prise en charge globale de la problématique éventuelle rencontrée par le jeune.

Des besoins qui émergent dans l’urgence et appellent des réponses immédiates, rapides et précises  Les jeunes identifient et ont conscience très tôt des besoins qui seront les leurs à court, moyen et long terme ;  Néanmoins, cette prise de conscience n’induit pas pour autant l’anticipation de la recherche de réponses à ces besoins car plus l’enjeu est élevé, plus le sentiment d’angoisse est important.

Un besoin de prise en compte de sa singularité personnelle qui rencontre peu d’écho dans les faits  Une offre de type « maison de quartier » organisée de manière cloisonnée, segmentée et segmentante qui peut difficilement « coller » à la situation personnelle de chaque jeune ;  Un regard posé sur les jeunes souvent « moralisateur » ou jugeant ; DonneesA venantl Cagnes2015_ 01_ 06  Des relations interpersonnelles se développent avec certains animateurs mais ne s’émancipent pas de la relation en tant que telle.

Internet, premier vecteur de transmission sociale et d’interactions entre jeunes  La place des pratiques numériques est centrale dans la vie des jeunes (taux d’équipement et d’accès élevés + adéquation entre la nature du numérique – sérendipité, asynchronicité, rapidité, simplicité – et les modes de vie juvéniles)

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Des pratiques complémentaires combinées inscrites dans des logiques de renforcement (physique/numérique)  Complémentarité des supports numériques pour s’informer, échanger et agir (informations textuelles, témoignages, expériences, image, vidéo, réseaux sociaux) ;  L’avis des pairs et de l’entourage stimule l’appropriation de pratiques et l’émergence d’action collective.

Un manque d’accès à l’information chez certains jeunes  Les jeunes n’ont que peu de connaissances de l’offre d’information développée à l’échelle de l’agglomération ;  Ils s’informent le plus souvent via les réseaux sociaux ou par l’intermédiaire de la parentèle.

Un accompagnement par l’entourage dans les parcours socialement marqués  Les jeunes ayant des difficultés sont moins accompagnés par leurs familles qui perçoivent chez les professionnels une compétence d’accompagnement supérieure à la leur ;  Les jeunes issus de catégories sociales plus favorisées sont souvent accompagnés par leurs parents qui relaient et encadrent leurs démarches, stimulent la fréquentation d’équipements culturels, la pratique associative, la diversité des expériences sociales.

Pour prendre en considération ces spécificités du public Jeune, des pratiques professionnelles et des modalités de structuration de l’offre sont à éviter ou à renforcer.

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