Sylvie da Ronch Sylvie da Ronch VILLAGE D’YVELINE SON HISTOIRE son histoire son

« D’argent à trois molettes à huit rais de gueules » VILLAGE D’YVELINE VILLAGE ADAINVILLE

(Armoiries des seigneurs d’Adainville)

------INFORMATION------Couverture : Classique [Roman (134x204)] NB Pages : 270 pages 2 - Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,055 mm) = 16.85 ------Histoire du village d’Adainville

Sylvie da Ronch 22.3 577268 2

Remerciements

Je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont aidée à réaliser ce livre, notamment, les recherches de Mme Charles, arrière arrière-petite-fille de la famille Brière, propriétaire du manoir du Breuil de 1868 à 1964, qui permit de reconstituer les seigneuries du Breuil, François Figuerau pour ses recherches dans l’église des passages telluriques, Evelyne Landau-Leroy photographe, pour avoir réalisé toutes les photos de ce livre, Mr Thérond 1er adjoint au maire pour sa contribution à la relecture du livre, Mme Quinault, maire de ce village et le secrétariat pour leur collaboration à la recherche d’archives et toutes les personnes qui m’ont accueillie pour me raconter ce passé endormi et leur gracieuse publication de leurs photos privées. Je remercie également les archives départementales des pour leur aide précieuse dans mes recherches et leur gracieuse participation à la publication des documents puis la SHARY (société historique et

2 3 archéologique des Yvelines) pour leur documentation et les conseils précieux. Merci aussi à Françoise Miel pour sa précieuse collaboration à la correction de ce livre.

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Vue aérienne du village (collection privée)

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Plan d’intendance de 1788 (archives départementales Yvelines. Cote : c 97/1)

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Avant-propos

Au détour d’un bosquet, sur une colline ou dans le creux d’une vallée, le village est toujours là pour enchanter et interroger l’homme. L’interrogation reste éternellement la même : des hommes, un jour, sont venus s’installer pour y vivre. Quelle est l’histoire de ce village ? Le passé d’un village est toujours intéressant. On peut y suivre les étapes de son évolution et découvrir un patrimoine inattendu. Passionnée par l’histoire, l’idée m’est venue d’écrire ce livre. Les greniers, restent en partie, les conservateurs un peu poussiéreux d’archives privées, oubliées au fond d’un vieux coffre et ceux qui les détiennent sont toujours surpris d’y découvrir des trésors. Je me mis à la recherche de ce passé en me rapprochant de la commune et des villageois. Je savais que toutes ces recherches allaient être longues et laborieuses, mais l’amour de ce passé me fit oublier tout cela.

2 7 Dans ce cheminement, il m’a semblé essentiel d’expliquer les donations de ces terres d’Yveline, la politique, les échanges, l’économie ainsi que les intentions religieuses, afin de mieux comprendre la vie de l’époque. J’ai voulu que le lecteur découvre que le village d’Adainville, ce n’est pas seulement une église, une mairie et une école, mais tout un mode de vie des générations qui se sont succédées, filant ainsi la trame de cette histoire.

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Petite histoire de l’Yveline

Blason de l’Yveline

d’azur semé de fleurs de lys d’or aux deux bandes ondées d’argent brochant sur le tout (créé en 1944 par la commission héraldique départementale)

L’origine du mot Yveline est celtique « Ioline » qui signifie (abondant en eau), puis plus tard, se transforme en, « aquilina Silva » (forêt gorgée d’eau). C’est le poète yvelinois, Jehan Despert né en 1921 à Versailles, qui proposa en 1968 d’appeler l’ancienne Seine-et-Oise, Yvelines avec un « S ». Car jusque là, on parlait de l’Yveline et non « des Yvelines ». Adainville se trouvant dans le massif de la forêt de l’Yveline, je vous invite à découvrir la petite histoire de ce territoire qui, à l’époque était beaucoup plus étendu qu’aujourd’hui. Voici des extraits du livre de Roger Badaire « Epernon dans le passé » (Edité par l’amicale des anciens élèves des Ecoles d’Epernon)

2 9 « Les forêts de et de Dourdan, situées sur un plateau doucement vallonné, perpétuent cette ancienne forêt. Elles ont résisté aux défrichements médiévaux (les essarts) et surtout à l’exploitation anarchique des bois à partir du XVIIe siècle, les petits seigneurs voyant dans cette exploitation une façon très lucrative d’arrondir leurs revenus. En effet, Paris absorbait une quantité considérable de bois de chauffage et de charbon. Il est certain que les chemins se sont multipliés pour répondre aux déplacements de l’homme et du cheval. La forêt d’Yveline, du fait de son relief, ne constituait pas un véritable obstacle. Les Romains la traversèrent par deux voies importantes : l’une de Chartres à Paris (traces aux Mesnuls, Saint- Léger en Yvelines, ), l’autre d’Orléans à Beauvais passant par Rambouillet et Montfort l’Amaury. Les voies qui nous intéressent contournent la forêt. L’une joignait Paris à Dreux par la Queue-lez- Yvelines, l’autre de Chartres à Paris est signalée à Saint-Arnoult et Longvilliers. Elle restera la grande voie des pèlerinages et des cortèges royaux allant à Chartres ainsi que la route des blés de Beauce vers la capitale. Il est évident que d’autres voies existaient, par exemple celle de la Boissière et au Perray. La présence à et à Vieille-Eglise de Celtes passés maîtres dans l’art du fer, présence déjà antérieure de plus de trois siècles à celle des Romains. A partir du Vème siècle, les Francs, insensiblement installés au nord de la Loire et mêlés intimement aux

10 2 populations celtes, sont les premiers à donner un sens à l’aventure chrétienne et à l’établissement de la puissance royale. “Les Villae rusticae”, grandes et moyennes exploitations agricoles gallo-romaines, si nombreuses en Beauce, voient leurs noms germanisés. Nous avons à la limite de l’Yveline les noms caractéristiques d’Adainville, , la Celle les Bordes, … Le calme relatif de la région n’est pas troublé par les Carolingiens qui, non seulement confirment les donations faites aux abbayes par Clovis, Childebert 1er et Chilperic II, mais cèdent à la puissante abbaye de Saint- Denis la presque totalité de L’Yveline. Le peuplement peu important au centre de la forêt (les habitants avec leur hutte résidant dans la forêt) mais plus sérieux sur le pourtour : métairies (deux manses à Auffargis), maisons, édifices religieux, vignes (vin de l’eucharistie et monnaie d’échange), champs, troupeaux… La région reste peu sûre au cours du Xème siècle, troublée par les incursions des pirates normands (Longvilliers, Bullion, le Perray), par le passage, vers l’an 936-937 des cavaliers mongols, demi-sauvages, qui, après avoir ravagé la Bourgogne vinrent jusqu’aux confins de l’Yveline (). Après l’an mil, ce qui n’est plus la Gaule et ce qui est à peine la , retrouve son élan créateur. Une nouvelle ferveur religieuse se traduira par l’édification, et particulièrement en Yveline, de nouvelles abbayes souvent protégées par le roi Robert le Pieux ou par de

2 11 grands seigneurs qui souhaitent y avoir leur sépulture (Les Montfort aux Hautes-Bruyères, près des Essarts-le- Roi). Mentionnons le nom de six abbayes au XIème siècle : Clairefontaine, Grandchamp, , Poigny la forêt, Montfort l’Amaury, les Hautes- Bruyères, dont il ne reste aucune trace (détruites lors des guerres de Religion et pendant la révolution). Si quelques abbayes abriteront des tombeaux illustres, les seigneurs féodaux auront à cœur de construire des chapelles où, eux et leur famille, dormiront en paix, plus près de Dieu, les manants se contentant de grouper leurs tombes au pied de l’église ou de la chapelle. Ces coutumes se perpétueront jusqu’au XVIe siècle. Si le XIe siècle fut le temps des églises, il fut également l’époque où la féodalité triomphante implanta ses donjons fortifiés. En ce qui concerne l’Yveline, le premier château fut celui de Saint-Léger-en- Yveline, devenu résidence royale de 987 à 1203 sous Philippe-Auguste. Robert le Pieux, fils de Hugues Capet y a sa résidence. La forêt d’Yveline devient domaine royal. La châtellenie de Saint-Léger-en-Yveline sera protégée, dès le XIe siècle, des attaques anglo-normandes et de celles des seigneurs féodaux alliés à ceux-ci. Cette défense sera assurée par les places fortes de Montfort l’Amaury, Epernon, et élevées en partie par l’initiative de Guillaume de Hainaut, à l’origine de la puissante maison de Montfort. Signalons également le château fort de dont l’ampleur des ruines prouve l’importance.

12 2 En ces temps médiévaux, une immense activité règne dans l’Yveline. Du Xe au XIIIè siècle, le défrichement de la forêt est intensifié pour nourrir cet afflux de population. L’autorisation est accordée par les seigneurs ou les moines, de créer de nouveaux villages sur le pourtour de la forêt. Une réglementation est appliquée et des contrôles sévères sur les espaces boisés qui offraient tant de ressources. Cette réglementation est appliquée par les officiers “gruyers” et “sergents de la forêt”. Le titre de “Gruyer” est une lourde charge, confiée à des personnages importants : En 987 Hugues de Beauvais (Comte palatin de Nogent et de Dreux), précepteur de Robert le Pieux, fils du roi Hugues Capet. Ainsi, les petits fiefs se multiplient, dépendant en général des seigneurs de Montfort et d’Epernon. On en compte jusqu’à 19 à Bourdonné. La guerre de Cent Ans n’atteignit pas tout de suite la région de l’Yveline. Celle-ci eut à souffrir de la grande peste noire de 1348-1350 qui ravagea toute la région d’Ile de France ; on compte 16000 morts, et dès 1358, ce sont des bandes de pillards (les routiers) qui se chargent de massacrer la population. Ce sont surtout les petits qui pâtirent, les villes derrière leurs remparts voyaient les campagnards et leurs troupeaux venir se réfugier au premier avertissement des cloches. Vers 1365, une période de tranquillité permet de panser ses blessures. Les murailles sont relevées, un château fort est construit à Rambouillet en 1383.

2 13 Une guerre civile va de nouveau déchirer le pays à partir de 1407 (lutte contre les Armagnacs et les Bourguignons). La lutte franco-anglaise reprend. A , on se souvient du “camp des Anglais”, à Longvilliers l’église est totalement détruite en 1429. Le texte ci-dessous donne une idée de l’étendue des dégâts dans les Yvelines. “Un écuyer, Jean Stanlawe, à la tête de 30 lances et de 90 archers à cheval, reçut l’ordre de démolir, abattre les places et forteresses de Saint- Celerin, Montfort, Houdenc (Houdan), , Rambouillet, Beyne et généralement toutes les autres places. Le 13 juin 1434, la démolition des forteresses de l’Yveline semble un fait accompli. La région est totalement dévastée. Les parties cultivables sont désertes et incultes, couvertes de broussailles, les chemins disparaissent sous la végétation, les terres favorables au développement des arbres sont devenues d’épaisses forêts”. Tel l’a vu Thomas Basin, évêque de Lisieux (1447) en parlant du pays chartrain. La Renaissance, dans toute la région, est marquée par une remise au travail. De nombreux textes parlent d’une consolidation, ou même d’une reconstruction des églises, souvent avec agrandissement. Les grandes fermes, faisant partie autrefois du domaine seigneurial, demeurent (Orphin, , Montfort) s’adonnent aux cultures céréalières, mais la majorité des paysans habitent de petites fermes ou des chaumières. »

14 2 A la fin du XIXè siècle, on retrouve ce type d’habitation : deux pièces à feu abritent une famille nombreuse, dont les ressources se limitent dans le meilleur des cas à une vache, un porc, quelques poules et lapins, un enclos ou quelques arpents de terre. La femme reste à la maison et l’homme travaille à l’extérieur, soit comme journalier soit comme charretier ou domestique dans les châteaux. Plus tard, sous Napoléon III, ils s’embauchent comme ouvriers dans de petites fabriques locales (fabrique d’étain à Poigny la forêt, féculerie à , tannerie à Emancé, poterie à Condé sur Vesgre), mais encore tonneliers, charrons, bûcherons pour les habitants de la forêt. Tous les villageois assistent aux chasses somptueuses organisées par les puissants du jour en tant que spectateurs ou rabatteurs. De grandes épidémies se propagent dans la région, le typhus en 1814, le choléra en 1820. Il faut signaler que pendant la Révolution, le château de Louis XV à Saint-Hubert fut entièrement détruit. Voilà dans les grandes lignes, ce qu’était notre région au fil des ans.

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Adainville

Ce charmant village est situé au sud-ouest du département de l’Yveline, sur le versant ouest de la vallée de la Vesgre. La partie dominante du territoire est en terres labourables pour 540 hectares, forestière pour 230 hectares et résidentielle pour 70 hectares. La surface totale est de 1016 h 19a. Sur ses flans, nous trouvons les sables de Fontainebleau, le fond de la vallée est occupé par de l’argile plastique qu’évoquent les lieux-dits : la Tuilerie et la Briqueterie. La Vesgre, petite rivière qui prend sa source dans la commune des Bréviaires, dans la forêt de Rambouillet, au sud des étangs de Hollande à 170m d’altitude, passe par Adainville au niveau des trois petits ponts du Gué Porcherel pour rejoindre Condé- sur-Vesgre. La grande culture s’étale sur les pentes douces du coteau. Des prairies naturelles, autrefois plantées de pommiers, occupent les vallées humides. La forêt de Rambouillet, pittoresque et giboyeuse, couvre les hautes pentes sur les deux tiers du

2 17 territoire. Au XIXè siècle, la forêt est encore marécageuse, impénétrable, peuplée de cerfs, de loups et de sangliers. La plaine est couverte de bruyères, les terres conquises sur la forêt sont pauvres. Autrefois, Adainville faisait partie de l’élection de Montfort-l’Amaury qui comptait 59 paroisses. Le chef-lieu d’arrondissement est Mantes-la-Jolie. Les habitants s’appellent les Adainvillois. Adainville est à 10 kilomètres de Houdan, 37 kilomètres de Mantes (préfecture) et à 22 kilomètres de Rambouillet (sous-préfecture).

Etymologie du nom L’origine du nom « Adainville », remonte à l’époque gallo-romaine. Adavilla, Ada nom de femme germanique signifiant : richesse, fortune, et villa, du latin : maison de campagne, ferme. Puis on trouve : Adtana-villa et Adaincourt, où l’on retrouve « Ada » et « court » du latin cortem accusatif singulier : cour fermée, domaine, avec le latin villa : maison de campagne, ferme. En déduction, Adainville était à l’époque gallo- romaine un grand domaine agricole, riche et bien organisé.

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Les Carnutes

Vers 1200-1400 av JC, la région était habitée par des peuplades carnutes.

Peuple de la Gaule celtique, les Carnutes ont exploité le riche plateau de Beauce. Le nom

2 19 « carnute » remonterait à une racine i-e ker /kor, dont dépendrait le nom celtique cornouiller et qui mettrait, par l’intermédiaire d’un « arbre totem », nos Carnutes en relation avec la Cornouaille armoricaine et insulaire. La Cornouaille est une ancienne division politique et religieuse de la Bretagne. Voici les frontières carnutes (Wikipedia) • Tout le département actuel d’Eure-et-Loir jusqu’à la Seine était habité par ce peuple. • La moitié du département de l’Yveline, touchant à l’est les cités des Sénons des Parisii, (peuple gaulois vivant dans l’actuelle région parisienne). Selon César 53 av. J.C, leur ville principale « oppidum » aurait été Lutécia, aujourd’hui Paris. • Presque tout le Loir-et-Cher et le Loiret Les Carnutes d’origine celtique, étaient l’un des peuples les plus puissants de la Gaule. Ils occupaient également une vaste province dans le sud-ouest du Bassin parisien. Leur plus importante cité était Cenabum (Orléans) mais leur principal oppidum (fortifications) était Atricum (Chartres). Nogent-le- Roi (Eure et loir) faisait partie des places fortes qu’ils occupaient. C’est chez eux que se tenait l’assemblée annuelle des Druides. On découvre leurs traces à Condé-sur-Vesgre où un tumulus (monument funéraire datant de 600 à 450 av JC) a été découvert au XIXe siècle ainsi qu’à Saint-Léger-en-Yvelines où de nombreux objets ont été retrouvés.

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