André Larquié président Brigitte Marger directeur général L’initiative conjuguée de la cité de la musique, du Conservatoire de et du Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon (CNSM), d’une reprise D’un Espace déployé, œuvre des années 70, met en évidence les pré- occupations, toujours actuelles, relatives à l’espace sonore. Imaginer deux orchestres face à face, tantôt ensemble en symbiose rythmique, tantôt en conflit ou en complémentarité, est l’enjeu de cette pièce, précédée dans le temps par les œuvres de quelques aînés. La salle des concerts de la cité de la musique, permettant la mise en relief des deux orchestres bien séparés, est le cadre idéal pour une exécution fidèle de cette œuvre. Un enjeu lyrique aussi : une voix de soprano irradie vers l’arrière ou l’avant, suivant les cas, et « humanise », en quelque sorte, les forces orchestrales en présence. Les Trois scènes, écrites pour l’Orchestre de Paris et créées en 1996, renfer- ment une partie du matériau thématique et harmonique du Premier Cercle, l’opéra de Gilbert Amy qui vient d’être créé à l’Opéra de Lyon en octobre der- nier (d’après l’ouvrage d’Alexandre Soljenitsyne). La présence dans le programme des trois extraits de Wozzeck manifeste à l’évidence le rapprochement suggéré entre Trois scènes symphoniques et Trois scènes lyriques. D’un côté l’opéra en puissance, pas encore né, de l’autre, le chef d’œuvre de Berg, serré et comme compacté, en ses moments les plus poignants. vendredi Gilbert Amy 10 décembre - 20h Trois scènes salle des concerts durée : 20 minutes

Alban Berg Trois Extraits de Wozzeck, op 7 Acte I, scènes 2 et 3 Acte III, scène 1 Acte III, scènes 4 et 5 durée : 20 minutes

Gilbert Amy, direction Hedwig Fassbender, mezzo-soprano Anne-Sophie Duprels, soprano Orchestre du CNSM de Lyon

entracte

Gilbert Amy D'un Espace déployé Sonate, Lied, Antiphonie durée : 34 minutes

Pascal Rophé, direction Anne-Sophie Duprels, soprano Nikolaï Maslenko, piano Orchestre du

Peter Csaba, direction Wilhem Latchoumia, piano Orchestre du CNSM de Lyon

coproduction cité de la musique, Auditorium de Lyon, Conservatoire de Paris, Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon avec le soutien de Mécénat Musical Société Générale Gilbert Amy - Conservatoire de Lyon et de Paris

Gilbert Amy composition : 1994-1995 ; commande de l’État et de Trois scènes l’Orchestre de Paris ; création : le 24 janvier 1996 par l’Orchestre de Paris ; effectif : 4 flûtes, 3 hautbois, 4 clari- nettes, 4 bassons, 6 cors, 3 trompettes, 3 trombones, 1 tuba, 1 harpe, 1 célesta, timbales, percussion, cordes; dédi- cace : à la mémoire de Pierre Vozlinsky ; éditeur : Amphion.

A la fin des années 50, Gilbert Amy fut le premier com- positeur de la génération d’après Boulez à s’imposer dans l’héritage post-sérialiste de ce dernier ainsi que par sa maîtrise du grand orchestre contemporain. Celle-ci découle de sa fascination pour l’univers debus- syste, mais aussi de la découverte des Cinq Pièces op. 16 de Schönberg, en particulier Couleurs (n° 3) et Récitatif obligé (n° 5). A ces références portant sur la couleur sonore, cette fameuse Klangfarbenmelodie chère à l’école viennoise, que l’on peut partiellement traduire par mélodie de timbres, le compositeur n’a eu de cesse d’associer une recherche nouvelle portant sur l’occupation de l’espace sonore, dans l’optique des Gruppen (Cologne, 24 mars 1958) de Stockhausen. Cette partition mythique permettra de rendre perceptible la richesse polyphonique des pas- sages les plus denses et de susciter de véritables « champs temporels » dans lesquels le mouvement devient le paramètre de synthèse. Il ne faut donc pas s’étonner que, dans sa quête orchestrale, Gilbert Amy ait utilisé des ensembles ins- trumentaux d’abord limités à l’économie webernienne, puis les ait peu à peu élargis en s’obligeant à résoudre des problèmes spécifiques à l’acoustique (et élec- troacoustique). Ainsi sont nés Mouvements (1958), Diaphonies (corrélation de deux « groupes » symé- triques, 1962), Antiphonies (pour deux orchestres, 1963), Triade (1965), Trajectoires (avec un violon solo, (1966), enfin Chant (Donaueschingen, 1968), série d’œuvres orchestrales qui représente une vision poé- tique au moins aussi importante que la recherche for- melle qui les a énoncées, selon leur auteur, et qui associe les principes de l’antiphonie et du concerto baroque. Après 1973, époque de la création de D’un

4| cité de la musique Gilbert Amy - Conservatoire de Lyon et de Paris

Espace déployé, le compositeur n’a plus besoin d’« éclater » physiquement l’orchestre. Revenu à sa disposition traditionnelle, il vit de par l’in- dépendance de ses différents pupitres solistes consti- tutifs. Des partitions comme Adagio et stretto et surtout Orchestrahl (1985 ; rév. 1995) illustrent cet aboutissement. Gilbert Amy présente ainsi les Trois Scènes : « Scènes, et non mouvements. Il s’agit d’une représentation sym- phonique, mettant en scène la trame imaginée d’un opéra, resserré dans le temps et l’espace. Pas de voix dans cette partition, mais le seul orchestre, au grand complet. C’est lui le protagoniste : il ramasse dans une forme aux contrastes appuyés les éléments d’une action dramatique en cours d’élaboration. Il en développe le commentaire en l’« harmonisant », en cherchant à le magnifier. Les Trois Scènes sont enchaînées ». Ce scénario strictement orchestral possède sa propre progression dramatique. La première scène présente une situation conflictuelle entretenue avec une éner- gie parfois brutale. La seconde voit se continuer une force antagoniste capable de contrecarrer les élans agressifs découlant de la situation précédente. La masse orchestrale semble s’illuminer de l’intérieur alors que son terrain d’évolution ne s’appuie plus que sur trois, parfois même deux plans permanents. La dernière scène apparaît comme une forme ouverte. La musique va son chemin, malgré les brisures drama- tiques, ses différentes strates constitutives dessinant comme autant de lignes de fuite soutenues par un contrepoint aussi dense que non « autoritaire ». L’ensemble de l’œuvre peut être compris comme une symphonie exempte de développement, traitant les timbres au plan des macro et micro effets mais pos- sède ses points d’appui, et l’œuvre avance sans la moindre véritable césure, matière vive d’une action qui reste à expliciter par le verbe ou à l’imaginer.

Pierre E. Barbier

notes de programme | 5 Gilbert Amy - Conservatoire de Lyon et de Paris

Alban Berg composition de l’opéra : 1922-23 ; création de la suite : en Trois Extraits de Wozzeck, juin 1924 à Francfort par Hermann Scherchen ; titre origi- op 7 nal : Drei Bruchstücke aus der Oper « Wozzeck » für Gesang und Orchester ; effectif : 4 flûtes, 4 hautbois, 5 clarinettes, 3 bassons, 1 contrebasson, 4 cors, 4 trompettes, 4 trom- bones, 1 tuba, timbales, percussion, 1 harpe, 1 célesta, cordes ; éditeur : Universal Edition.

1923 est pour Berg l’année des premiers grands suc- cès publics, notamment avec la création à Salzbourg de son Quatuor à cordes op. 3. C’est à cette occasion que le chef d’orchestre Hermann Scherchen lui sug- gère de réunir, à partir de l’opéra Wozzeck terminé en 1922, une suite pour orchestre destinée à faire connaître l’œuvre auprès du public et des maisons d’opéra. La version de concert des Trois Fragments, ainsi que la réduction pour piano de l’opéra, disponible dès 1922, prépareront la création – retentissante – de Wozzeck à Berlin en 1925 par Eric Kleiber. De l’opéra, ces Trois Extraits, même s’ils se concen- trent sur les pages les plus expressives en relation avec le personnage de Marie, esquissent, de manière fulgurante, le ton et la densité du drame entier. Webern dira : « Oui toute la tragédie de cette femme y est contenue. Et bien que les deux hommes n’apparais- sent même pas, on sait tout. » Les passages instru- mentaux choisis, intimement liés aux ressorts dramatiques de l’opéra et à la révélation des forces psychiques et sociales en jeu, signent ici leur pré- sence, loin de toute description naïve. Le premier fragment commence dans l’atmosphère inquiétante des premières hallucinations de Wozzeck. Marie, mère de leur enfant illégitime, regarde passer la musique militaire, conduite par le tambour-major : celui qui deviendra son amant. Trahie par son admi- ration, elle ferme la fenêtre (brusque changement de texture orchestrale, la musique militaire disparaît) et chante une berceuse à son enfant. Second fragment : Marie seule dans sa chambre, assaillie par la culpabilité d’avoir trompé Wozzeck, cherche réconfort dans la lecture de la Bible.

6| cité de la musique Gilbert Amy - Conservatoire de Lyon et de Paris

L’expression déchirée de ses pensées est traduite par des contrastes de vocalité, dans une série de sept courtes variations suivie d’une fugue sur le même thème : parabole de la femme adultère, rejet de son enfant, récit d’un conte à son enfant, allusion à Wozzeck, imploration du pardon. Le troisième fragment s’ouvre sur la mort de Wozzeck. Revenu sur le lieu de son crime faire disparaître le couteau oublié là – il a assassiné Marie dans un accès de folie – , il s’avance dans l’eau de l’étang pour jeter l’arme au loin et se noie. La texture orchestrale et les montées successives en relais (cordes et vents) évo- quent le corps englouti par les eaux calmes de l’étang et l’étrangeté de l’endroit où la catastrophe s’est pré- cipitée. Après un interlude adagio (ré mineur) dans un style proche de Mahler, au cours duquel revien- nent à la surface les réminiscences musicales du drame, nous sommes à nouveau devant la maison de Marie pour ce qui est aussi la scène finale de l’opéra. Des enfants jouent avec le fils de Marie et lui apprennent la mort de sa mère. Une comptine évoque leurs jeux (hopp ! hopp !) mais l’enfant ne semble pas comprendre. Cette scène est construite sur un per- petuum mobile (balancement rythmique obstiné) indi- quant à la fois l’insouciance du monde enfantin (grâce à une orchestration lumineuse et transparente) et, par son insistance et sa suspension soudaine, la reprise de la tragédie humaine qui s’est jouée, indéfiniment.

Cyril Béros

notes de programme | 7 Gilbert Amy - Conservatoire de Lyon et de Paris

Acte I, scènes 2 et 3 Acte I, scènes 2 et 3 (Mariens Stube. Abends. Die Militärmusik (Elle est dans sa chambre, le soir, son nähert sich. Marie mit ihrem Kind im Arme). enfant dans les bras. On entend de la Tschin Bum, Tschin Bum, Bum, Bum, musique militaire qui s’approche.) Bum ! Hörst, Bub ? Tchin boum, tchin boum, boum, boum ! Da kommen sie! Soldaten, Soldaten sind Tu entends, gamin ? Les soldats, les sol- schöne Burschen ! dats, sont de beaux gaillards ! Eia popeia... Viens, mon gamin ! Qu’est-ce qu’il ne faut Mädel, was fängst du jetzt an ? pas entendre ! Tu n’es qu’un pauvre petit Hast ein klein Kind und kein Mann ! bâtard, mais tu apportes quand même tant Ei, was frag’Ich darnach, de joie à ta mère avec ta drôle de frimousse. Sing’Ich die ganze Nacht : Dodo... Et toi, que vas-tu faire maintenant ? Eia popeia... Mein süss Bu’, Tu as un petit enfant et pas de mari ! Gibt mir kein Mensch nix dazu ! Hé, de quoi est-ce-que je me soucie ! Hansel, spann’ Deine sechs Schimmel an, je chante toute la nuit. Gib sie zu fressen auf’s neu. Dodo... mon tout petit, Kein Haber fresse sie, Personne ne va m’aider ! Kein Wasser saufe sie, Jeannot, attelle tes six chevaux blancs. Lauter Kühle Wein muss es sein ! Donne-leur encore à manger, D’avoine point ne mangent, D’eau point ne boivent, Rien que du vin bien frais !

Acte III, scène 1 Acte III, scène 1 (Marie liest in der Bibel) (Elle lit la Bible) « Und ist kein Betrug in seinem Mund er- «Et sa bouche ignorait la tromperie »... funden worden »... Herr Gott, Herr Gott ! Seigneur Dieu, Seigneur Dieu ! Ne me re- Sieh mich nicht an ! (Blättert weiter) Aber regarde pas ! (Elle continue de feuilleter) die Pharisäer brachten ein Weib zu ihm, «Alors les Pharisiens lui amenèrent une so im Ehebruch lebte. Jesus aber femme surprise en adultère. Mais Jésus lui sprach : So verdamme Ich dich auch dit « Moi non plus je ne te condamne pas. nicht, geh’hin, und sündige hinfort nicht Va, et ne pèche plus. » mehr ». Herr Gott ! Der Bub gibt mir Seigneur Dieu ! Le petit me perce le einen Stich in’s Herz. Fort! cœur. Va-t’en ! (Elle le repousse). (Sie stösst das Kind von sich).

Acte III, scènes 4 et 5 Acte III, scènes 4 et 5 Kinderreigen Ronde enfantine Ringel, Ringel, Rosenkranz, Ringelrei’ Dansons une ronde... La ronde des roses... Hopp, Hopp! Hopp, hopp! Hopp! hopp ! Hop, Hop ! Hop, Hop ! Hop, Hop !

8| cité de la musique Gilbert Amy - Conservatoire de Lyon et de Paris

Gilbert Amy composition : 1972 ; commande de l’Orchestre de Paris ; D'un Espace déployé création : le 10 mars 1973 au Théâtre des Champs-Elysées par l’Orchestre de Paris (dir. Gilbert Amy et Sir Georg Solti) ; effectif : orchestre A : 4 flûtes, 3 hautbois, cor anglais, 1 petite clarinette en la bémol, 3 clarinettes, 1 clarinette basse, 4 bassons, 6 cors, 4 trompettes, 4 trombones, 2 tubas, percussion, 1 piano, 1 orgue électrique, cordes ; orchestre B : percussion, 2 harpes, 1 piano, 1 célesta, 1 gui- tare électrique, cordes ; dédicace : à Sir Georg Solti ; édi- teur : Universal Edition.

D’un Espace déployé utilise toutes les forces d’un grand orchestre symphonique, inégalement partagé, suivant une idée antiphonique, en deux groupes. Le premier – appelons-le A – regroupe la masse prin- cipale des cordes (une cinquantaine), les bois, les cuivres, les percussions, le piano I, l’orgue électrique : il constitue en somme le ripieno. A ce groupe sont confiés les grands blocs sonores, l’écriture large et massive. Le second – appelons-le B – comporte 18 cordes [ou 36 selon la version adoptée pour la cité de la musique] auxquelles s’adjoignent des claviers ; marimba, vibraphone, glockenspiel, les harpes (timbres clairs et scintillants), une guitare électrique et le piano II. A ce groupe de timbres clairs et scin- tillants est confiée une écriture plus individuelle, par- fois même virtuose : c’est en somme le concertino. Au-delà de cette grille assez systématique, un fac- teur « lyrique » vient quelque peu bouleverser l’atmo- sphère sonore : l’introduction d’une voix de soprano, géographiquement située en B mais qui doit pro- gressivement « s’étaler » sur toute la masse des deux groupes. Formellement, la voix ne s’intègre étroite- ment à l’orchestre B que dans le très bref deuxième mouvement (Lied), ou quelques bribes du vers de Stéphane Mallarmé « Calme bloc ici bas chû d’un désastre obscur » (extrait du Tombeau d’Edgar A. Poe) évoquent d’une pièce naguère écrite à la mémoire du compositeur Jean-Pierre Guézec (D’un désastre obscur, 1971) et qui est ici une ampliation orchestrale.

notes de programme | 9 Gilbert Amy - Conservatoire de Lyon et de Paris

Dans le premier mouvement (Sonate), la voix est absente. Dans le troisième mouvement (Antiphonie), elle se manifeste comme élément de vocalise expres- sive, faisant suite à celle virtuose, de la petite clari- nette et, superposée au chant terriblement tendu du cor solo. Après son apogée, sur un contre-ut dièse, la voix ne réapparaît plus, sinon, telle une ombre, à la toute fin. Indiquons que la substance harmonique et mélodique de toute l’œuvre est constituée par une succession de sept sons (sol, la, si, ré dièse, fa, fa dièse, la dièse) que l’on peut entendre nettement, en ordre ascen- dant, au début du premier mouvement, par un jeu d’hétérophonie entre les deux groupes. L’inégalité même dans la durée, la densité et la forme dynamique des trois parties enchaînées, rend toute assimilation à une forme « symphonie » absolument illusoire. Tout au plus peut-on déceler certaines réfé- rences à des formes du passé (« sonate » pour la pre- mière partie, « Lied » pour la seconde), alors que la troisième partie est résolument « évolutive » dans son langage et sa formulation instrumentale.

Gilbert Amy

10 | cité de la musique Gilbert Amy - Conservatoire de Lyon et de Paris biographies Parallèlement à la direc- semestre à l'Université tion du , américaine de Yale, la Gilbert Amy a poursuivi composition et l'analyse Gilbert Amy une carrière de chef d'or- musicale. Il est directeur Né en 1936 à Paris, chestre à l'étranger et en du Conservatoire national Gilbert Amy fait des , dirigeant un supérieur de Musique de études secondaires com- répertoire très étendu. Lyon depuis 1984. Parmi plètes qui se terminent Citons parmi les ses œuvres les plus mar- par un Premier Prix au orchestres qu'il a été quantes, citons D'un Concours général de amené à diriger Espace Déployé, Une Philosophie. Il décide de l'Orchestre de Paris, Saison en Enfer, Missa s'orienter définitivement l'Opéra de Paris, Cum Jubilo, Orchestrahl, vers la musique et entre l'Orchestre national de le Quatuor à cordes n° 1 au Conservatoire de Paris l'O.R.T.F., l'Orchestre et Obliques pour piano. où il sera l'élève de symphonique de la lui a consa- Simone Plé-Caussade, B.B.C., de la N.D.R. de cré un portrait (mars 96) H. Puig-Roget, Darius Hambourg, de la Radio au cours duquel son Milhaud et Olivier Bavaroise, l'Orchestre de Quatuor à cordes n° 2 Messiaen. Par la suite, il Chicago, l’Orchestre de la (Brèves) a été créé par le fera la connaissance de Suisse Romande, etc. En Quatuor Debussy. Son qui lui com- 1976, âgé de 40 ans, opéra Le Premier Cercle, mandera Mouvements Gilbert Amy crée le d’après Soljenitsyne a été joués au Domaine Musical Nouvel Orchestre philhar- créé en octobre 99 à en 1958. Dès lors, ses monique de Radio France l’Opéra national de Lyon. œuvres seront exécutées dont il sera le premier Gilbert Amy est par dans tous les hauts lieux chef d'orchestre et direc- ailleurs président de de la création musicale : teur artistique, jusqu'en l'Académie internationale Donaueschingen, 1981. Il assurera avec de Musique Maurice-Ravel. , Venise, cette formation près de Royan, Berlin, Varsovie, 100 concerts et enregis- Peter Csaba etc. C'est en 1967, à trements dont plusieurs est né en 1952 en l'âge de 31 ans, qu'il tournées en France et à Transylvanie (Roumanie) prendra la tête du l'étranger. Citons parmi d'une famille de musi- Domaine Musical, à la les activités pédago- ciens hongrois. Violoniste suite du départ de Pierre giques entreprises à et chef d'orchestre, il Boulez, tâche qu'il assu- l'époque, la session de obtient de nombreux prix mera jusqu'au début direction d'orchestre du aux concours nationaux 1974, date à laquelle ces- Centre Acanthes en 1979 et internationaux notam- seront les activités de (avec G. Ligeti). En 1982, ment au concours l'Ensemble. il enseigne pendant un Niccolo Paganini à Gênes

notes de programme | 11 Gilbert Amy - Conservatoire de Lyon et de Paris

(Italie). Soliste et chef des meilleurs disques Collegium Novum et d'orchestre, il a fait des classiques de l'année l’Itinéraire dont il fut le tournées dans une cin- 1995 aux Etats-Unis. chef principal de 1994 à quantaine de pays. Pour le développement et 1997. Il entretien un rap- Il s'installe en France en le travail artistique de l'or- port très privilégié avec 1983 et devient profes- chestre Musica Vitae, l’Orchestre national et seur au CNSM de Lyon Peter Csaba a été élu l’Orchestre Philharmonique en 1984. Il a été super- avec son orchestre de Radio France qu’il soliste à l'Opéra de Lyon meilleur artiste de l'année dirige, chaque saison, à et à l'Orchestre national 1995 recevant le plus plusieurs reprises et a été de Lyon, orchestres qu'il prestigieux prix en à la tête des plus grands dirigea souvent. Depuis Scandinavie, le orchestres symphoniques 1993, il est directeur artis- Spelmanen Price. français et étranger parmi tique du Festival Lappland Depuis septembre 1996, lesquels on peut noter Festspiel et de il a en charge la direction l’Orchestre de l’Opéra et l'Orchestre Musicae Vitae de la classe d'orchestre l’Orchestre national de en Suède, ainsi que direc- du CNSM de Lyon. Lyon , l’Orchestre national teur artistique et chef de de Lille, l’Orchestre phil- l'Orchestre de Besançon. Pascal Rophé harmonique de Il donne des classes de Au terme de ses études Montpellier, le BBC maître à l'Académie Franz au Conservatoire national Symphony Orchestra, Liszt de Budapest, à Toho supérieur de Musique de l’Orchestre de la Radio de University à Tokyo et à Paris, Pascal Rophé rem- Francfort… Parmi ses Yale University aux Etats- porte le Second Prix du engagements durant la Unis. Il a joué avec de Concours international saison 98/99, on peut nombreux artistes tels des jeunes chefs d’or- noter une invitation de que Pierre Fournier, chestre de Besançon. l’Orchestre symphonique Natalia Guthmann, Sa sensibilité extrême- d’ell’Emilia Romagna Kyung-Wa Chung, James ment développée à Arturo Toscanini à Parme, Galway, Maria Tipo, l’égard du répertoire du deux concerts à Taipei Kristian Zimermann, Oleg XXe siècle amène Pascal avec l’Orchestre sympho- Kagan et a réalisé de Rophé à diriger régulière- nique national de Taïwan, nombreux enregistre- ment les formations un programme à la ments. Il a créé les contemporaines telles Biennale de Zagreb et Virtuosi di Kuhmo, que l’Ensemble quatre représentations orchestre de chambre de Intercontemporain dont il avec l’Ensemble renommée internationale a été chef assistant en Intercontemporain et la dont l'enregistrement des 1993 et 1994, l’Ensemble Compagnie François œuvres de J. Sibelius a Klangforum, l’Ensemble Raffinot à la cité de la été choisi comme l'un Avanti, l’Ensemble musique à Paris. Depuis

12 | cité de la musique Gilbert Amy - Conservatoire de Lyon et de Paris la saison 1998, et parallè- l’Opéra de Hambourg Elle se produit régulière- lement à ses activités sous la direction de Gerd ment en concert et dans d’enseignant au Albrecht. Elle fait ses des oratorios ainsi que Conservatoire de Paris, débuts à l’Opéra Bastille dans la musique contem- Pascal Rophé est le pre- avec les rôles de La Muse poraine dont elle est une mier chef invité de et Nicklausse dans Les interprète renommée. l’Orchestre de Caen et de Contes d’Hoffmann en Depuis 1991, elle inter- l’Orchestre philharmonique 1993, rôles qu’elle prète en tournée un de Lorraine. reprendra la même année spectacle composé de à Lyon. Elle remporte lieder de Kurt Weill, fruit Hedwig Fassbender ensuite un énorme suc- d’une collaboration avec Mezzo-soprano alle- cès avec son le pianiste Harri Rodmann mande, Hedwig interprétation de Pierrot et le metteur en scène Fassbender a étudié le Lunaire au Grand Théâtre Mauro Guindani. chant avec Ernst de Genève. En 1994, elle Parmi les nombreux com- Haefliger, à Munich. Au chante sa première positeurs qu’elle cours de ses études, elle Carmen à Bâle dans la interprète, Hedwig remporte de nombreuses mise en scène de Herbert Fassbender a une prédi- récompenses, telles que Wernicke avec qui elle lection pour Bach, le Prix Hugo-Wolf à travaille régulièrement Mozart, Strauss, Wagner Vienne. En 1982, Adam depuis. Au Théâtre du et surtout Gustav Mahler Fischer engage la jeune Châtelet, à Paris, elle dont elle a enregistré les cantatrice au Théâtre de interprète le premier rôle Kindertotenlieder et, plus Fribourg et, trois ans plus féminin d’une importante récemment, Das Lied von tard, elle entre en troupe création de Philippe der Erde sous la direction à Bâle, où elle restera jus- Manoury, 60e Parallèle. A d’Amin Jordan. Parmi ses qu’en 1987. Depuis 1987, l’Opéra national du Rhin, projets, Marie de Wozzeck Hedwig Fassbender se elle a chanté le rôle de à l’Opéra National de produit en tant qu’artiste Judith dans Le Château Lyon et une création de invitée dans de nombreux de Barbe-Bleue. La sai- Philippe Manoury à théâtres européens : son dernière, elle fut La l’Opéra Bastille. Berlin, Düsseldorf, Mère dans Hansel et Barcelone, Prague, Milan, Gretel à Bâle, Fricka de Anne-Sophie Duprels Vienne. En 1989, elle l’Or du Rhin à Trieste, Née en 1973, la soprano chante notamment Mescalina du Grand Anne-Sophie Duprels Marguerite de La Macabre de Ligeti à remporte un Premier prix Damnation de Faust à Innsbruck et Marie de l’in- de chant au Amsterdam, dans la mise carnation dans Le Conservatoire de Paris en scène de Harry Kupfer, Dialogue des Carmélites à dans la classe de Michèle puis, en 1990, Idamante à l’Opéra du Rhin. Le Bris après avoir étudié

notes de programme | 13 Gilbert Amy - Conservatoire de Lyon et de Paris le solfège spécialisé, l’har- études au Conservatoire Loriod Messiaen… Parallè monie, le contrepoint et le national de région de lement, Wilhem piano. Dès 1996, elle se Toulouse dans la classe Latchoumia se produit en produit sur les scènes de perfectionnement de récital (Festival de internationales ; à l’Opéra Thérèse Dussaut. Il y Montpellier Radio France), de Palerme (1996), à la obtient un premier prix de en concerto avec orchestre Scala de Milan (1998), au piano ainsi qu’une (Grieg, Bach…) et en for- Kanagawa Concert Hall médaille d’or en classe mation de musique de de Yokoama, à Valence, d’accompagnement. En chambre (Festival de Madrid et au Festival 1999, il est admis au Gubbio en Italie, Estonie, International de Bath. Si Conservatoire de Paris, Allemagne, Lyon). Défen- elle s’est illustrée dans les dans les classes d’ac- seur de la musique de opéras de Mozart, compagnement de Jean notre temps, il collabore Donizetti, Bellini, Verdi et Koerner et de direction de avec de nombreux com- Gounod, elle se consacre chant de Serge Zapolsky. positeurs : Gilbert Amy, aussi largement au réper- Michael Jarrell, Peter toire contemporain. Elle a Wilhem Latchoumia Eötvös… notamment interprété des Né à Lyon, Wilhem œuvres de György Ligeti Latchoumia débute le Orchestre (Le Grand Macabre), piano sous la direction de du CNSM de Lyon Thierry Pécou (L’Homme Rose-Marie Cabestany. Il Dès sa création en 1980, armé), Emmanuel poursuit ses études le Conservatoire national Robotier (Requiem), auprès d’Anne-Marie supérieur de Musique de Farago de Pablo, E. Duni Lamy au Conservatoire Lyon a privilégié le travail (L’Isle des fous), Condaï national de Région de d'ensemble et les activi- (R.I.P.), P. Mefano Lyon d’où il sort récom- tés de diffusion afin de (Madrigal), Aldo Clémenti pensé d’une médaille d’or préparer au mieux les étu- (Carillon).... à l’unanimité. diants au métier de Après avoir suivi les cours musicien. Le travail d'or- Nikolaï Maslenko de Eric Heidsieck et de chestre, organisé sous Né en Ukraine en 1973, Géry Moutier au forme de séminaires Nikolaï Maslenko com- Conservatoire national périodiques, rassemble mence ses études de Supérieur de Musique de les étudiants des diffé- piano à l’école de Lyon, il obtient en 1999 rentes années d'études, musique d’Odessa et les son certificat à l’unanimité des plus aguerris qui peu- achève au Conservatoire avec les félicitations du vent tenir les rôles de de Kiev. Lauréat au jury. Il bénéficie, par chefs de pupitres aux concours international ailleurs, des conseils de plus novices qui s'intè- Lysenko à Kiev en 1992, il Claude Helffer, Pierre- grent ainsi progressivement est invité à poursuivre ses Laurent Aimard, Yvonne à des tâches de plus en

14 | cité de la musique Gilbert Amy - Conservatoire de Lyon et de Paris plus exposées. Chaque de Lyon, à Aix-les-Bains bassons séminaire fait l'objet d'une dans le cadre du Festival Henri Roman préparation à plusieurs des Nuits Romantiques et Elisabeth Kissel niveaux, individuelle, par en région Rhône-Alpes. Augustin Humeau pupitre puis en grand En novembre 98, Jean-Nicolas Hoebeke ensemble pour aboutir à l’Orchestre du CNSM de l'exécution de concerts Lyon a effectué une tour- cors publics dans le domaine née en Suède. Depuis Julien Meriglier symphonique ou lyrique. 1996, Peter Csaba est Pierre Rougerie Le cadre en est la saison chargé de la direction de Gaëlle Claudin publique du conservatoire la classe d'orchestre du Emmanuel Beneche (environ cinq concerts CNSM de Lyon. Certains Pierre Vericel annuels en grande forma- programmes ont fait l'ob- Pierre-Yves Lemasne tion) ou les tournées jet d'une édition lorsque le programme le discographique et trompettes permet. C'est à travers d'autres ont été retrans- Stéphane Coursault l'étude d'un répertoire mis par France Musiques Steves Marques aussi varié que possible et Radio Classique. Laurent Beltran sur le plan des genres, de Alexandre Dutruel la nature des formations et des œuvres, que peut trombones se construire la formation Antoine Ganaye de futurs solistes, chefs flûtes Sébastien Orzan de pupitres ou musiciens Clément Terlitzian Thomas Rocton d'orchestre, et c'est là un Gionata Sgambaro Laurent Queva des objectifs que s'est Aude Guillevin fixé le CNSM de Lyon. Florian Cousin tubas Parmi les chefs invités Sylvain Thillou lors des dernières sai- hautbois Sébastien Barre sons, citons : Rolf Reuter, Jérôme Peres Uri Segal, Peter Csaba, Valérie Liebenguth violons 1 Kent Nagano, Karl Maud Royer Aude Perin-Dureau Rickenbacher, Pascal Solveig Tranchant Céline Lagoutière Rophé, Reinhard Gœbel Matthieu Schmaltz et Gilbert Amy lui-même. clarinettes Matthieu Kasolter L'orchestre s'est déjà Joanne Dentressangle Hélène Bordeaux produit à la cité de la Eric Bourgogne Valentine Tourdias musique à Paris, à Nicolas Nageotte Eugénie Guibert l’Auditorium Maurice- Ayako Harada Catherine Ribes Ravel, à l’Opéra national Florent Puijila Camille Dautremer

notes de programme | 15 Gilbert Amy - Conservatoire de Lyon et de Paris

Morgan Bodinaud Nicolas St-Yves Orchestre du Anaïs Tamisier Marianne Muglioni Conservatoire de Paris Marie Lesage Laure Becard La participation des étu- Eléonore Denarie Miwa Rosso diants du Conservatoire à Pascal Monlong diverses manifestations contrebasses publiques fait partie inté- violons 2 Marin Bea grante de la scolarité. Il Tami Troman Elmina Perrin est en effet nécessaire Agnès Kaïtasov Côme Georgel qu'un instrumentiste Laurent Ducrot Yann Dubost puisse au cours de ses Faustine Tremblay Margot Cache années d'apprentissage Guillaume Robrieux Xavier Vinet pratiquer la musique Isabelle Durin Jean-René Daconceicao d'ensemble sous toutes Philippe Villafranca Christopher Honeyman ses formes – de la Mélanie Clapies musique de chambre à Véronique Gourmanel percussion l'Orchestre symphonique Blandine Chemin Alain Pelletier en grande formation – et Cécile Coppola Roméo Monteiro acquérir l'expérience de la Arnaud Susmann Vincent Mauduit scène. Les orchestres du Martin Moulin Conservatoire sont altos Minh-Tam N’Gyen constitués à partir d'un Delphine Grimbert Y. Ping Yang « pool » de plus de 500 Marie-Laure Anton instrumentistes, qui se Alain Baldocchi célesta réunissent en des forma- Soazic Le Cornec Vinca Bonnaud tions variables, par Magali Foubert session, selon le pro- Jean-Baptiste Magnon harpe gramme et la démarche Alexandre Cravero Laétitia Belmondo pédagogique retenus. Les Sarah D. Foulquier sessions se déroulent sur Marie-Anne Hovasse orgue des périodes de deux à Jérôme Arrignon Nicolas Bucher trois semaines, en fonc- Laurence Babiaud tion de la difficulté et de la piano longueur du programme. violoncelles Wilhem Latchoumia Les principes de pro- Juliette Menard grammation des Mathieu Chastagnol orchestres du François Girard Conservatoire sont Antoine Foucher simples : faire aborder Flora Camuzet aux étudiants des chefs- Fabrice Bihan d’œuvre de périodes et

16 | cité de la musique Gilbert Amy - Conservatoire de Lyon et de Paris de styles variés, avec les Yuta Takaso meilleurs spécialistes Pierre Bleuse percussion actuels : pour la saison Emilie Cuny Gabriel Benlolo 1999/2000, Jan Caeyers, Delphine Douillet Marc Dumazert Reinhard Goebel, Pauline Fritsch-Etevenon Thierry Le Cacheux Emmanuel Krivine, Gilbert Doriane Gable Amy, Johannes Harold Hirtz célesta Leertouwer, Peter Eötvös, Erina Kato Kanako Abe Leon Fleisher, David Ludovic Lantner Robertson, Pascal Leslie Levi harpes Rophé, János Fürst et Sayaka Ohira Matthieu Martin David Stern. Les étu- Elena Pease Valérie Kafelnikov diants auront ainsi abordé Cécile Peyrol des œuvres aussi Julien Sol guitare diverses du grand réper- Michel Petrossian toire que les Variations altos sur un thème de Haydn Hugues De Gilles piano de Brahms, la Symphonie Elodie Guillot Nicolaï Maslenko n° 3 de Mendelssohn, la Géraldine Jeanne Symphonie Héroïque de Frédéric Maindive Beethoven, Don Vanessa Menneret technique Quichotte de Richard Thomas Mercelot Strauss, la Symphonie Violaine Miller cité de la musique n° 1 de Mahler et Sinfonia Magali Prévot régie générale de Berio. Par ailleurs, ils Joël Simon se familiarisent avec la violoncelles régie plateau musique de leur temps en Noémie Boutin Jean-Marc Letang participant, notamment, Florent Carrière Eric Briault aux Journées de la Olivier Denhaut régie lumières Composition au Benoît Grenet Joël Boscher Conservatoire et à un Renaud Guieu régie son concert au Châtelet dirigé Jérôme Huille François Gouverneur par Peter Eötvös autour Thilo Lapisch de Kontra-Punkte de Jérôme Lefranc Conservatoire de Paris . régie générale contrebasses Bernard Surrans Guillaume Arrignon régie orchestre violons Esther Brayer Tony Scheveiler Sophie Antelmi Louis Derouin régie plateau Guillaume Barli Frédéric Jaffre Pedro Gaetano

notes de programme | 17