ArcheoSciences Revue d'archéométrie

29 | 2005 Varia

Distinction de céramiques glaçurées aghlabides ou fatimides (IXe- XIe siècles, ) par la mise en évidence de différences de texture au niveau de l'interface glaçure - terre cuite

Ayed Ben Amara, Max Schvoerer, Gisela Thierrin-Michael et Mourad Rammah

Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/archeosciences/458 DOI : 10.4000/archeosciences.458 ISBN : 978-2-7535-1594-9 ISSN : 2104-3728

Éditeur Presses universitaires de Rennes

Édition imprimée Date de publication : 31 décembre 2005 Pagination : 35-42 ISSN : 1960-1360

Référence électronique Ayed Ben Amara, Max Schvoerer, Gisela Thierrin-Michael et Mourad Rammah, « Distinction de céramiques glaçurées aghlabides ou fatimides (IXe- XIe siècles, Ifriqiya) par la mise en évidence de différences de texture au niveau de l'interface glaçure - terre cuite », ArcheoSciences [En ligne], 29 | 2005, mis en ligne le 31 décembre 2007, consulté le 01 mai 2019. URL : http:// journals.openedition.org/archeosciences/458 ; DOI : 10.4000/archeosciences.458

Article L.111-1 du Code de la propriété intellectuelle. Distinction de céramiques glaçurées aghlabides ou fatimides (IXe- Xle siècles, Ifriqiya) par la mise en évidence de différences de texture au niveau de l'interface glaçure - terre cuite

Ayed BEN AMARA*, Max SCHVOERER*, Gisela THIERRIN-MICHAEL** et Mourad RAMMAH***

Résumé : L'insuffisance des critères typologiques ou iconographiques permettant de distinguer les productions ifriqiyennes de cérami- que glaçurée à décor vert-et-brun de Raqqada (IXe-Xe, période aghlabide) et Sabra Mansouriya (Xe-XIe, période fatimide), très pro- ches dans le temps et dans l'espace, nécessite l'obtention de données physiques. L'étude des supports céramiques a montré une grande similitude des caractéristiques pétrographiques (pour 45 échantillons) et des compositions élémentaires et cristallographiques. Il en est de même des compositions élémentaires des glaçures plombifères. Les colorants «classiques» ont été utilisés : fer (Fe3+) pour la glaçure jaune, cuivre (Cu2+) pour le décor vert ou manganèse (Mn3+) pour le décor brun. L'examen de la texture de l'interface glaçure/terre cuite, en microscopie électronique à balayage, a permis de déceler un indice reproductible et distinctif des deux productions : pour les échan- tillons de Sabra Mansouriya, son épaisseur est systématiquement plus importante que celle de Raqqada (> 100 µm contre < 20 µm). Cette différence observée sur les 9 échantillons étudiés, pris au hasard parmi des centaines disponibles, semble traduire l'application du mélange glaçurant sur un support «cru» (cuisson unique) pour les échantillons de Sabra Mansouriya et sur un support préalablement cuit pour Raqqada (double cuisson). Dans ces conditions et sous réserves d'analyses supplémentaires, c'est le nombre de cuissons et ses conséquences sur la texture de l'interface glaçure-terre cuite, qui semble permettre de distinguer ces deux productions.

Abstract : Because typological and iconographic data are insufficient to distinguish Aghlabid and Fatimid production centres of green- and-brown-decorated glazed ceramics from Raqqada (IXth-Xth c.) and Sabra Mansouriya (Xth-XIth c.) in Ifriqiya (), we tried to differentiate these productions by physical properties. Both centres arc geographically close: Raqqada is located 9 km south-west and Sabra Mansouriya 1.5 km south-east from . The comparative study of samples from Raqqada (n=25) and from Sabra Mansou- riya (n=20) revealed great similarities concerning the petrographical characteristics, the chemical and mineralogical compositions of the calcareous ceramic bodies as well as the chemical compositions of the lead glazes. The same traditional colouring agents were used: iron (Fe3+), copper (Cu2*) and manganese (Mn3+) respectively for the yellow glaze and the green and brown decorations. The study, by scanning electron microscopy, of the interface glaze/body texture of a random sample of 9 specimens allowed to distinguish the two productions: the interface zones of the samples from Sabra Mansouriya (more than 100 µm) is definitely thicker than those from Raqqada (less than 20 µm). These variations are thought to reflect the application of the glazing mixture on the unfired body (single firing) for the Sabra Mansouriya samples and on the already-fired body for those from Raqqada (double firing). As a conclusion, the techniques and materials used for the manufacture of green-and-brown-decorated glazed ceramics from Raqqada and Sabra Mansouriya appear to be quite similar and the only outstanding difference would be the number of firings.

Mots-clés : Céramique glaçurée, interface glaçure-terre cuite, Ifriqiya, Raqqada, Sabra Mansouriya, IXe - XIe siècles.

Key-words : Glazed ceramic, glaze-body interface, Ifriqiya, Raqqada, Sabra Mansouriya, IXth-XIth c.

1. Problématique - objectif de donnée s physiques . O n s'intéress e à un e éventuell e filiation technologiqu e de la production «ver t et brun» de En Tunisie , le s fouille s archéologique s de s site s d e Raqqada (capital e d e la dynasti e aghlabide) , antérieur e Raqqada (IXe­X e siècles ) e t d e Sabr a Mansouriy a (Xe ­ dans l e temps , à cell e d'échantillon s d e Sabr a Mansou ­ XIe siècles ) (fig . 1) ont livr é d u matérie l céramiqu e qu i riya (capital e de la dynastie fatimide à Ifriqiya) . comporte un e productio n à déco r vert­et­brun. Le s don ­ Pour atteindre cet objectif, une comparaison de s carac­ nées typologiques e t iconographique s n e permetten t pa s téristiques d e textur e e t d e compositio n a ét é réalisé e pour l'instan t d'effectue r l a distinction entr e le s produc­ entre le s céramique s glaçurée s à déco r ver t e t bru n d e tions de ces deux site s voisins consécutif s dan s l e temps Sabra Mansouriya et celles de Raqqada. Précisons qu'une et on s'interroge alor s sur l'éventualité d e le faire à l'aid e partie de s donnée s physique s relative s à l a céramiqu e

* Centre de Recherche en Physique Appliquée à l'Archéologie, Université Bordeaux 3/CNRS (IRAMAT-UMR5060) - Maison de l'Archéologie, 33607 PESSAC Cedex, France, [email protected] et [email protected] ** Université de Fribourg, Département des Géosciences, Minéralogie et Pétrographie, Pérolles, CH-1700 - FRIBOURG, Suisse, gisela.lhierrin- [email protected] *** Direction du Patrimoine de la ville de Kairvuan, Institut National du Patrimoine, 4, Place du Château, TUNIS, Tunisie. MedMehdi. [email protected]

Rec. Ma. 2005; acc. Nov. 2005 ARCHEOSCIENCES, Revue d'Archéométrie, 29, 2005, 35-42 36 A. Ben Amara, M. Schvoerer, G. Thierrin-Michael et M. Rammah

centaines d'objet s e n céramiqu e e t de s millier s d e tes ­ sons d'une céramique commune désignée par sa couleur mm «jaune d e Raqqada» , trè s typiqu e d e l'époqu e aghla ­ bide su r laquell e le s motif s brun s e t vert s s e détachen t Tunisie KAIROUAN (Daoulatli, 1994 , 1995b) . Le s fouilles n'on t pa s permi s de repére r l e quartie r de s potier s d e Raqqad a mai s le s \f archéologues son t unanime s su r l e fai t qu'ell e fu t u n Sabra Mansouriya centre de production (Daoulatli, 198 0 ; Louhichi, 199 3 ; • Rammah, 1994) . Raqqada En c e qu i concern e l e sit e d e Sabr a Mansouriya , de s fouilles archéologique s entreprise s à partir de 1921 , puis en 195 1 et pendant le s années 197 0 (Mrabet, 1997 ) n'ont livré que peu de structures architecturales mais beaucoup N 10 Km de matériel : céramique, verre, stuc, qui témoignent d'u n grand raffinemen t artistiqu e (Zbiss , 195 6 ; Daoulatli , 1995a). Sabr a es t considéré e égalemen t pa r le s archéo ­

Figure 1 : Situation des sites de Raqqada (capitale de la dynastie des logues comm e u n centr e d e productio n d e céramiqu e Aghlabides) et de Sabra Mansouriya (capitale de la dynastie des Fati- (Daoulatli, 1980) . O n not e l a mis e a u jour d e vestige s mides) aux environs de la ville de Kairouan (Tunisie). d'un fou r e n 197 3 à Sabr a Mansouriya , malheureuse ­ Figure I : Position of Raqqada (capital of the Aghlabid dynasty) and of ment san s aucune précision n i données bibliographique s Sabra Mansouriya (capital of the Fatimid dynasty) around the town of (Soustiel, 1985) . Kairouan (Tunisia). glaçurée à décor vert­et­bru n d e Raqqad a a donné lie u à 2.3. Le matériel céramique une note (Ben Amara et al, 2001) . Ce qu i caractéris e l a céramiqu e «jaun e d e Raqqada» , 2. Raqqada et Sabra Mansouriya : données générales en plu s d e s a couleu r jaun e trè s spécifique , c'es t l'or ­ donnance général e d u déco r e t l'utilisatio n d e motifs d e 2.1. Historique remplissage qu i rappellent l'héritag e berbèr e ; les décors rayonnants remplis de hachures ou de lignes brisées, ainsi La cité princière de Raqqada fu t fondé e pa r le s Aghla­ que le s motif s ciliés , le s damiers , le s losange s e t mêm e bides e n 87 6 d e notr e èr e à 9 k m a u sud­oues t d e Kai ­ quelques figures anthropomorphe s stylisée s rappellen t rouan (Tunisie). Cette opulente cité fu t édifié e pa r l'émi r les décors berbères (Daoulatli, 1994 , 1995b) . Cette céra ­ Ibrahim ib n Ahma d qu i y élev a u n somptueu x palai s mique s e distingu e égalemen t pa r l'utilisatio n d u moti f appelé Qasr al­Fath (l e palais de la Victoire). Dès lors la de l'autruch e o u d e l'oisea u stylis é don t l'apparitio n ville ne cessa de se développer et de nombreux palai s tel au IX e siècl e serai t du e à un e influenc e local e berbèr e que le Qasr al­Sahn (le palais de la cour) furent construits , (Daoulatli, 1995c) . O n not e auss i l'utilisatio n d e l'épi ­ ainsi qu'un e grand e mosquée , de s bains, des caravansé ­ graphie, essentiellemen t à traver s l'emplo i répétiti f de s rails et des souks (Rammah, 1994) . Après la fondation d u formules al­mulk u lilla h (l e règn e d e Dieu ) o u al­mul k Mahdia e n 921 (fig . 1) , la ville tomba dans une profond e tout cour t (Daoulatli , 1995a) . Selo n Daoulatl i (1994) , léthargie. Raqqada se serait alors transformée en banlieue cette production s'est éteint e a u début d u Xe siècle pou r résidentielle ayant perdu toute importance économique et laisser place , ave c l'arriv é de s Fatimide s (90 9 ­ 973) , à politique. La ville fut complètement dévastée et pillée par une vaissell e d'espri t plu s oriental , plus luxueus e aussi , les invasions hilaliennes e n 106 0 (Rammah, 1994) . à reflet s métallique s o u à fon d blan c stannifèr e e t déco r vert, jaune e t brun. Par ailleurs , l a vill e d e Sabr a Mansouriy a fu t créé e en 94 7 pa r l e calif e fatimid e Al­Mansour . Ell e s e situ e La céramiqu e glaçuré e à déco r ver t e t bru n d e Sabr a à 1, 5 k m au sud­est d u centre de Kairouan. Ell e fu t cons ­ Mansouriya présent e un e certain e continuit é ave c la truite selo n u n pla n d e form e circulaire , à l'imag e d e céramique aghlabid e d e Raqqad a (Mouliérac , 199 5 ; Bagdad, l a capital e de s Abbasside s e t défendu e pa r u n Rammah, 1995) . Les même s couleur s e t forme s florales mur e n pisé épais de cinq mètres. Plusieurs palai s furen t sont reconduites bien que l e décor paraisse moins fourn i édifiés, don t l e plu s grandios e étai t l e Qas r al­Bah r (l e qu'à l'époqu e antérieure . L a céramiqu e d e Sabr a Man ­ château d e la mer) (Daoulatli , 1995a) . Après s a destruc ­ souriya présent e cependan t certaine s transformation s e n tion, causée pa r le s invasions hilaliennes e n 1060 , Sabr a rapport ave c le s développement s technique s e t l'évolu ­ a servi de «carrière de briques» pour la reconstruction d e tion artistique . Un e nouvell e couleu r es t introduite , l e la ville de Kairouan (Zbiss , 1956) . bleu turquoise , ains i qu'u n ver t plu s clai r (Mouliérac , 1995 ; Rammah, 1995) . 2.2. Les fouilles archéologiques 3. Présentation du matériel Ce n'es t qu'e n 196 2 qu'on t ét é menée s le s premiè ­ res campagnes d e fouille s d e l a vill e de Raqqada qu i s e Les échantillons examinés proviennent respectivemen t sont prolongées , d e faço n intermittente , jusqu'en 198 8 des dépôts archéologique s d e Raqqada e t de Sabr a Man ­ (Chabbi, 1968) . Ces fouille s on t livré , entre autres, de s souriya situés sur chaque site. Dans le cadre de ce travail,

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25 tessons de céramique glaçurée de Raqqada (référencé s zones distincte s d'enviro n 1,0 8 m m x 0.8 8 m m pou r l a BDX 5054 , 5055, 5057, 5058, 5502, 5512. 6438 à 6447, terre cuite et 36 µm x 28 µm pour l a glaçure et les décors. 6627 à 6631 e t 6636 à 6639) e t 20 échantillons d e Sabr a L'analyse quantitative a été réalisée à partir des standard s Mansouriya (BD X 5521 , 5524, 5063 , 5064 , 5066 , 506 7 de l a société Oxford Instrument s (Fremont, USA) consti­ et 664 0 à 6652 ) on t ét é considérés . Ce s tesson s on t ét é tués de métaux, de composés de synthèse e t de minérau x confiés a u laboratoir e d e Bordeau x pa r l e D r Abdelazi z naturels. Conformément à l'usage, le s teneurs son t expri­ Daoulatli, alor s Directeu r d e l'institu t Nationa l d u Patri ­ mées e n pourcentage s pondérau x d'oxydes . Elle s repré ­ moine, et D r Moura d Rammah . Directeu r de s Musée s d e sentent l a moyenne d e cinq mesures . Kairouan. Il s sont recouvert s d'un e glaçur e jaune su r le s Les phases minéralogiques présentes dans l a terre cuite deux faces . Il s porten t de s décor s ver t e t bru n d e styl e ont ét é identifiée s pa r diffractio n d e rayon s X à l'aid e variable (géométrique , végétal , zoomorph e e t calligra ­ d'un diffractomètr e d e poudr e (Siemens , Krystallofle x phique) sur la face intern e ou sur le s deux faces . Globale ­ D500 à anticathod e d e cuivre ) ; l e domain e angulair e ment, l a couleur des terres cuites es t jaune clair . exploré es t compris entr e 5 ° et 60° (pou r 20 ) e t le s raie s Des analyse s pétrographique s d e la terr e cuit e on t ét é des diffractogrammes obtenu s sont attribuées par compa­ effectuées su r ce s 4 5 échantillon s à l'Universit é d e Fri ­ raison ave c le s données des fiches d e référence A.S.T.M . bourg. Sur neuf d'entre eux , cinq d e Raqqad a e t quatre d e (American Societ y fo r Testing and Materials) . Sabra Mansouriya (fig. 2), nous avons procédé, à l'Univer ­ sité d e Bordeau x 3 , à un e analys e exhaustiv e : texture e t 5. Résultats expérimentaux et discussion compositions d e l a glaçure, des décors et de l a terre cuite. 5. 1. Comparaison des terres cuites 4. Méthodologie et caractéristiques physiques recherchées 5.1.1. Etude pétrographique La descriptio n d e l a textur e e t de s état s d e surfac e a été effectué e a u moye n d'un e loup e binoculair e e t e n Pour le s 2 5 échantillon s d e Raqqada , o n constat e qu e microscopie d e polarisatio n e t microscopi e électroniqu e 23 échantillons contiennen t : à balayage . L'analys e pétrographiqu e de s support s céra ­ ­ de s inclusion s aplastique s constituée s majoritaire ­ miques pa r microscopi e d e polarisatio n perme t l a des ­ ment d e grain s d e quart z monocristallin s e t e n moindr e cription d e la textur e e t l'identificatio n de s inclusions . partie d e grains d e carbonates décomposé s e t d e plagio ­ Les observations e n microscopie électronique à balayage clases (fig . 3), (JEOL JS M 820 ) on t ét é réalisée s su r lam e épaiss e pré ­ ­ de s grain s grossier s (diamètr e proch e d u maximal ) levée pa r sciage , perpendiculairemen t à la surfac e de s généralement arrondis . L e diamètre de s plu s gros grain s échantillons. par lam e es t compri s entr e 0, 4 m m e t 2, 3 m m autou r Les compositions élémentaires de la glaçure, des décors d'une moyenn e d e 0,78 mm . et d e l a terr e cuit e on t ét é déterminée s pa r spectromé ­ ­ une matrice e n général isotrop e (polariseur s croisés) , trie d e rayon s X en dispersio n d'énergi e su r u n systèm e de couleu r jaune­brune (polariseur s parallèles ) ; parfoi s Link A N 10000 , coupl é à u n microscop e électroniqu e des grain s d e minérau x carbonaté s submicroscopique s à balayag e (JEOL , JS M 820) . L'analys e port e su r cin q sont dispersés o u concentrés autou r des pores.

ligure 2 : Planche montrant les tessons de céramique glaçurée, cinq de Raqqada (face interne) et quatre de Sabra Mansouriya (face externe) qui ont été analyses de manière exhaustive. On distingue un oiseau stylisé sur la face interne de l'échantillon BDX 5054. Figure 2: Board of the glazed ceramics shards, five of Raqqada (internal face) and four of Sabra Mansouriya (external face). One distinguishes a bird on the internal face of the sample BDX 5054.

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­ l'échantillo n BD X 665 0 s'apparent e à l'échantillo n de Raqqad a BD X 662 8 ; i l es t rich e e n grain s d e carbo ­ nates (fig . 6) . ­ le s deu x échantillon s BD X 552 4 e t BD X 664 8 s e distinguent d'un e par t pa r l a pauvret é e n inclusion s e t d'autre par t pa r une matrice brun­rouge opaque. Il s s'ap ­ parentent à l'échantillon BD X 6636 de Raqqada. mais ne contiennent pa s de calcite recristallisée . Tous le s échantillon s possèden t de s inclusion s d e même natur e : c'es t l a proportio n de s composant s qu i varie. Ces inclusions minérales sont très courantes e t leu r présence n'es t pa s spécifiqu e d'un e région . E n l'absenc e de caractéristiques régionale s distinctives . i l est difficil e ligure 3 : Raqqada (Tunisie). Image en lumière polarisée analysée du de s e prononcer su r l'hypothès e d'un e importatio n pou r support céramique de l'échantillon BDX 5054. les inclusions sont constituées majoritairemen t de grains de quartz monocristallins et les échantillons qu i se séparent des groupes majoritaires ; dans une moindre mesure de grains de carbonates décomposés et de en effet , ce s échantillons contiennen t qualitativemen t le s plagioclases. Cette composition est représentative de la céramique de mêmes inclusions que ceux des groupes majoritaires. Ce s Raqqada (23 sur 25 échantillons), Zone observée : 3.75 x 2.44 mm. Figure 3: Raqqada (Tunisia) Cross-polarized light image of the body of données n e permetten t pa s d'exclur e l'hypothès e d'un e the sample BDX 5054 Inclusions are mainly made up of single-crystal productioquartz n local e nandi d'appuye some carbonater d e manièrgrains ande décisiv plagioclases.e l'hy This­ composition is representative of Raqqada samples (in 23 cases out of 25). Observed pothèse d'une importation . area: 3.75 x 2.44 mm.

Les deux autres échantillons (BDX 6628 et BDX 6636 ) se distinguent d e cet ensemble : ­ dans l'échantillon BD X 6636, les inclusions silicatée s fines son t pe u nombreuse s e t l'on remarqu e d'innombra ­ bles pore s trè s fins bordé s d e calcit e témoignan t d e l a présence d'inclusion s d e carbonat e partiellemen t recris ­ tallisé (fig. 4). ­ dan s l'échantillo n BD X 6628 , l a proportio n de s grains d e carbonates est supérieure à celle contenue dan s les autres échantillons . En c e qu i concern e le s 2 0 tesson s d e Sabr a Mansou ­ riya, l'étude pétrographique a montré que 1 7 échantillons Figure 5: Sabra Mansouriya (Tunisie) Image en lumière polarisée possèdent de s caractéristique s semblable s à l'ensembl e analysée du support céramique de l'échantillon BDX 5064. Elle est majoritaire d e Raqqad a (fig . 5) . L a granulométri e pré ­ représentative des céramiques de Sabra Mansouriya et très semblable à la majorité des tessons de Raqqada. Dimensions de la zone observée : sente de s variation s similaire s : l e diamètr e d u grai n l e 3.75 x 2.44 mm plus gros, par lame , varie entre 0.55 m m e t 2,6 mm. ave c Figure 5: Sabra Mansouriya (Tunisia), Analyzed polarized light image une moyenn e d e 0.8 8 mm . Pou r le s troi s autre s tesson s of BDX 5064 body This sample is representative of Sabra Mansouriya (BDX 5524 , BDX 664 8 e t BDX6650) o n constate que : bodies and it's very similar to the majority of the Raqqada shards Observed area: 3. 75 x 2.44 mm

Figure 4 : Raqqada (Tunisie). Image en lumière polarisée analysée de la terre cuite de l'échantillon BDX 6636. tesson différent de la majorité Figure 6 : Sabra Mansouriya (Tunisie). Image en lumière polarisée des échantillons de Raqqada par la dimension et le nombre plus faibles analysée du support céramique de l'échantillon BDX 6650. riche des inclusions silicatées. Zone observée : 3.75 x 2,44 mm. en carbonates comme l'échantillon de Raqqada BDX 6628 Zone figure 4: Raqqada (Tunisia). Cross-polarized light image of BDX 6636 observée : 3.75 x 2.51 mm body: This sample is different of the others Raqqada shards by the lower figure 6: Sabra Mansouriya (Tunisia). Analyzed polarized light image dimension and number of silicates inclusions. Observed area: 3 ~5 x of BDX 6650 body This sample is rich in carbonate like the sample 2.44 mm. BDX 6628 (Raqqada). Observed area: 3.75 x 2.51 mm.

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Dans le s ensemble s majoritaires , le s variations granu ­ (CaSi2Al208), c e qu i suppos e un e températur e d e cuisso n lométriques sont assez grandes, tant au niveau des dimen­ aux alentours de 900 à 950°C (Peters et Iberg, 1978) . sions de s grain s qu'a u nivea u d e leu r fréquence . Le s La coloratio n globalemen t jaun e de s terre s cuite s es t variations de fréquence son t aussi grandes à l'intérieur d e corrélée à leur teneur en calcium. E n effet, l e fer, présen t l'échantillonnage d e chaque site qu'entre le s deux échan ­ dans le s supports à des teneurs moyennes de 4,8 et 5,3 % tillonnages. Les variations granulométriques contrôlées à en Fe 203, respectivemen t dan s le s tesson s provenan t d e l'aide d'un paramètre , l e diamètre d u grain l e plus gran d Sabra Mansouriy a e t d e Raqqada , a ét é piég é dan s le s dans chaqu e lame , couvrent de s intervalle s comparable s phases de cuisson, la diopside en particulier (Maniati s et pour le s deux site s ; la différenc e es t insignifiant e entr e al. 1983) . les échantillon s de s deu x sites . Ainsi , l'uniformit é de s ensembles s'étend auss i à la granulométrie . 5.2. Comparaison des compositions des glaçures et des L'homogénéité d e la nature de s inclusions d e l'ensem ­ décors ble des échantillons d e Raqqada e t de Sabra Mansouriy a pourrait traduir e l'utilisation , dan s ce s deu x centre s d e Dans le s glaçures, le s teneurs e n plomb, exprimées e n production d u mêm e typ e d'argil e e t d u mêm e mod e PbO, varien t entr e 43,0 e t 53,0 % pou r Raqqad a e t 47, 5 préparatoire. Le s ensemble s majoritaire s peuven t êtr e et 54,8 % pour Sabr a Mansouriya (tablea u 2) . La teneu r considérés comme des références d e ces productions. O n en alcalin s n e dépass e pa s 4 % dan s le s deux ca s (e n % note que la matrice de l a majorité de s tessons est isotrop e massique d e Na 2O e t K 2O). E n conclusion , le s analyse s montrant d e c e fai t qu e le s température s d e cuisso n on t élémentaires montrent que les glaçures transparentes de s sans doute dépassé 900°C . En résumé, cett e premièr e caractérisatio n a permis d e mettre e n évidenc e l'identit é pétrographiqu e de s céra ­ T O Sabra Mansouriya miques glaçurée s à décor ver t e t bru n d e Raqqad a e t d e 1 • Raqqada Sabra Mansouriya . Le s critères pétrographiques seul s n e permettent don c pa s de distinguer le s productions d e ce s centres. Compte tenu de ces résultats et de l'homogénéit é géologique probable des argiles de la région de Kairoua n (Louhichi, 1993) , o n peu t suppose r l'utilisatio n de s mêmes matières premières pour l a fabrication d u suppor t céramique.

5.1.2. Compositions chimiques et minéralogiques

Les compositions chimiques de s pâtes des échantillon s de Raqqad a e t d e Sabr a Mansouriy a son t trè s sembla ­ 1 II lufÉ bles (fig . 7 , tableau 1) . Il s'agit de pâtes calcaires don t l a teneur e n calcium , exprimé e e n CaO, est comprise entr e 18.5 e t 23, 7 % pou r Sabr a Mansouriy a e t entr e 15, 9 e t Figure 7 : Histogramme des compositions chimiques des terres cuites 20,6 % pour Raqqada . des échantillons de Raqqada et de Sabra Mansouriya (pour les données Pour le s deu x centres , la diffractio n d e rayon s X a numériques des analyses élémentaires des échantillons de Raqqada voir Ben Amara et al., 2001). permis d e déceler , outr e l e quart z (SiO 2), l a présenc e Figure 7: Histogram of the chemical compositions of the ceramic bodies variable de s phase s dite s d e cuisso n (Maggetti , 1980) , of the Raqqada and Sabra Mansouriya samples (for the numerical data of the Raqqada samples analysis see Ben Amara and a!., 2001). gehlénite (Ca2Al2SiO7), diopside (CaMgSi2O6) et anorthite

Oxydes BDX 5063 BDX 5067 BDX 5521 BDX 5522

Si02 59,79 x 0,65 59,15 ± 1,55 57,02 I 1,41 57,26 + 2,67

AI2O3 11,51 I 0,29 11,81 ± 0,72 12,58 ± 0,8 10,45+ 0,38 CaO 18,46 i 0,51 19,28 i 0,74 19,36 ± 0,79 23,74 ± 1,18 MgO 2,08 i 0,11 1,98 + 0,1 2,13 ± 0,13 1,76+ 0,08

Na2Q 1,9 i 0,25 1,52+ 0,21 1,49 ± 0,25 1,37 1 0,27

K2O 0,55 i 0,1 0,65 1 0,06 nd nd

Fe203 4,54 i 0.29 4,31 i 0,18 6,01 I 0,15 4,43 + 0,2 I l nd Ti02 0,52 ± 0,15 0,56 0,05 0,77 0,01 PA nd nd nd nd CI 0,32 I 0,06 0,34.1. 0,07 0,28 1 0,01 0,69 4 0,13 s 0,32 t 0,1 0,39 i 0,09 0,35 I 0,05 0,31 + 0,12 Total 100,00 100,00 100.00 100,00

Tableau 1 : Composition chimique des supports céramiques des échantillons de Sabra Mansouriya (nd : non détecté). Table 1: Chemical composition of the ceramic bodies of Sabra Mansouriya samples (nd: not detected).

ARCHEOSCIENCES, Revue d'Archéométrie, 29, 2005, 35-42 40 A. Ben Amara, M. Schvoerer, G. Thierrin-Michael et M. Rammah

Oxydes BDX 5063 BDX 5067 BDX 5521 BDX 5522

Si02 4(i. V) • 1,89 40,51 i. 1,13 38,53 i 1,55 35,82 1 1,58 A1,0, 2,43 * 0,21 1,45 i 0,14 3,22 i 0,36 2,12 i 0,26 CaO 2.48 i 0,24 0,45 ±0,14 1,83 1 0,17 2,38 1 0,55 MgO 0,42 ) 0,08 0.341 0,13 0,43 i 0,04 0,48 1 0,13

Na20 1,47 + 0,12 1,27 1 0,17 1,63 i 0,20 0,51 i 0,06

K20 2,39 ± 0,20 2,26 1 0,13 2,041 0,2.3 0,89i 0,10 PbO 47,48 i 2,08 49,71 i 1,61 49,34 ± 1,39 54,84 1 1,15

Sn02 nd nd nd nd

Fe20, 2,24 ± 0,41 2,69 t 0,30 1,87 1 0,24 1,67* 0,23 TiOj nd nd nd nd

P205 nd nd nd nd CI 0,70 ( 0,12 0,92 1 0,14 0,62 i 0,09 1,28 i 0,05 s nd 0,391 0,09 0,50 i 0,08 nd Total 100,00 100,00 100,00 100,00

Tableau 2 : Composition chimique de la glaçure jaune (face externe) des échantillons de Sabra Mansouriya (nd : non détecté). Table 2: Chemical composition of the yellow glaze (external face) of Sabra Mansouriya samples (nd: not detected).

échantillons d e Sabr a Mansouriy a son t plombifère s e t distinguer ce s productions e n raison d'un e par t d u mod e similaires à celles de Raqqada (fig . 8) . d'application de s décors , probablemen t a u pinceau , qu i La coloratio n jaun e de s glaçure s es t lié e essentiel ­ ne perme t pa s d e dépose r la mêm e quantit é d e matièr e lement à l a présence d e fe r (Fe 3+) dan s la glaçure à de s colorante et d'autre part, par la diffusion de s décors dan s la glaçure piombifère. E n dehors du silicium et du plomb, teneurs moyenne s d e 2, 1 e t 2, 3 % e n Fe 2O3 respective ­ ment dan s le s 9 échantillon s provenan t d e Sabr a Man ­ les teneurs de s autres élément s n e son t pa s trè s élevées , souriya et de Raqqada (Ben Amara et al., 2001) . Comme notamment d e l'aluminium. Cec i suggère que le mélange dans le s céramiques d e Raqqada , le s décors ver t e t bru n glaçurant est globalement à base de silice et d'un minera i des échantillon s d e Sabr a Mansouriy a son t corrélés , de plomb, probablement d e la galène (PbS) , étant donn é de manièr e classique , respectivemen t à la présenc e d e son abondance dans la nature (Dud's, Rejl, 1989) . Notons cuivre (Cu 2+) e t de manganèse (Mn 3+). On remarque qu e que les compositions de l a glaçure sur les deux face s de s les teneurs moyennes e n cuivre, exprimées e n CuO, sont tessons sont très proches ce qui permet d'envisager l'im ­ sensiblement plu s élevées dans le s échantillons d e Sabr a mersion dan s le même mélange glaçurant . Mansouriya : 3,56 ± 0,06 % par rapport à 2,10 ± 0,86 % dans ceu x d e Raqqada . Cett e différenc e expliquerai t l e 5.3. Examen de la texture en microscopie électronique fait qu e le s décor s vert s d e Sabr a Mansouriy a soien t à balayage plus foncés . C e résulta t es t e n accor d ave c le s considé ­ rations déduite s d'observation s visuelle s de l'u n d'entr e L'observation e n microscopi e électroniqu e à balayag e nous (R.M.) . Cett e différenc e n'es t pa s suffisant e pou r de section s perpendiculaire s à l a surfac e de s tesson s montre que les glaçures de 4 échantillons de Sabra (fig. 9 ) sont moin s épaisse s qu e celle s 5 d e Raqqad a (fig . 10 ) ; • Sabra Mansouriya T l'épaisseur moyenn e de s glaçure s es t d e 7 0 µm à Sabr a • Raqqada àx Mansouriya e t de 16 0 µm à Raqqada. Quelque s cristau x non fondus , identifié s comm e de s quartz on t ét é décelé s i! " dans le s glaçures. i A l'interfac e glaçure/terr e cuite, on constate pour tou s les échantillons la présence de cristaux d e néoformation . Leurs dimension s n e dépassen t pa s 5 µm, c e qu i peu t être li é à deu x paramètres , l e temp s d e refroidissemen t (rapide) o u l a composition local e e n élément s qu i parti ­ cipent à l a cristallisatio n (germes ) (Raffaillac­Desfosse , 1994). On constat e une différence notabl e de l'épaisseu r des zones d'interface : ­ supérieur e à 10 0 µm pou r le s échantillon s d e Sabr a Mansouriya (fig . 9), Na20 MgO AI203 Si02 K20 CaO Fe203 PbO ­ et inférieure à 20 µm pour ceux de Raqqada (fig . 10) .

Figure 8 : Histogramme des compositions élémentaires des glaçures La formatio n d e la zon e d'interfac e résult e d e l'inte ­ (face externe) des échantillons de Raqqada et de Sabra Mansouriya (pour raction entr e la glaçure e t la terr e cuite . Plusieur s para ­ les données numériques des analyses élémentaires des échantillons de mètres interviennen t dan s cett e interactio n notamment , Raqqada voir Ben Amara et al, 2001). la composition d u mélang e glaçurant , l a natur e d u sup ­ Figure 8: Histogram of the chemical compositions of the glazes of the port (compositio n e t aspec t cr u o u cuit ) e t l e protocol e Raqqada and Sabra Mansouriya samples (for the numerical data of the Raqqada samples analysis see Ben Amara and at., 2001). de cuisso n (Tit e et al., 199 8 ; Molera et al., 200 1 ; Be n

ARCHEOSCIENCES, Revue d'Archéométrie, 29, 2005, 35-42 Distinction Je céramiques glaçurées aghlabides...

Figure 9 : Sabra Mansouriya (Tunisie). Images en microscopie électronique à balayage, en mode électrons rétrodiffusés, de l'ensemble glaçure/terre cuite de l'échantillon BDX 5522. Nous constatons que l'épaisseur moyenne de la zone d'interface, de contraste plus clair que la terre cuite, est voisine de 100 µm (b). Nous remarquons que la glaçure a diffusé à l'intérieur de la terre cuite (a, flèche blanche). Figure 9: Sabra Mansouriya (Tunisia). SEM-BSE images of the glaze-body interface of the sample BDX 5522. We note that the average thickness of the interface is about 100 µm (b). We notice that the glaze diffused in the body (a, white arrow).

de Sabr a Mansouriy a (interfac e épaisse ) e t plutôt su r u n support préalablement cui t pour ceux d e Raqqada (inter ­ face peu épaisse) .

6. Bilan

L'étude physique comparative menée entre les cérami­ ques glaçurée s à déco r ver t e t bru n d e deu x centre s d e productions voisin s dan s l'espac e e t l e temps , Raqqad a et Sabr a Mansouriya , avai t pou r objecti f d e recherche r d'éventuels élément s susceptible s de distinguer ces céra ­ miques. Globalement, le s analyse s effectuée s on t permi s d e souligner la ressemblance des productions de Raqqada e t de celle s d e Sabr a Mansouriya . L'étud e e n microscopi e électronique à balayage d e l a texture de l'ensemble gla ­ çure/support céramiqu e d e 9 échantillons pri s a u hasar d Figure 10 : Raqqada (Tunisie). Observation en microscopie électronique parmi le s centaine s disponibles , a cependan t permi s d e à balayage, en mode électrons rétrodiffusés, de l'ensemble glaçure/terre constater un e différenc e notabl e dan s l'épaisseu r de s cuite de l'échantillon BDX 5512. On constate la présence de quelques zones d'interface entr e les échantillons de Sabra Mansou­ cristaux non fondus de quartz dans la glaçure (gris). L'épaisseur de la zone d'interface est très faible par rapport à l'échantillon précédent (ne riya (supérieure à 100 µm) et ceux de Raqqada (inférieur e dépasse pas 20 µm). à 20 µm). Ces écarts pourraient traduir e l'application d u Fig. 10: Raqqada (Tunisia). SEM-BSE image of the glaze-body inter- mélange glaçuran t su r support cru (cuisson unique ) pou r face of the sample BDX 5512. One notes the presence of some quartz les échantillons de Sabra Mansouriya, et sur support préa­ crystals in the glaze (grey). The thickness of the interface is very low lablement cui t pou r ceu x d e Raqqad a (doubl e cuisson) . compared to the preceding sample (does not exceed 20 µm). L'utilisation d'un e doubl e cuisso n pou r le s échantillon s de Raqqada, don c d'une meilleur e maîtrise de la cuisso n de l a glaçur e e t de s décor s pourrai t explique r l a finesse Amara, 2002) . Toutefois, pou r le s échantillons d e Sabr a des décor s qu i diffusen t moin s qu e dan s l a plupar t de s Mansouriya e t de Raqqada, i l a été établi que leur s com ­ céramiques glaçurées d e Sabra Mansouriya . positions chimique s (glaçure s e t support s céramiques ) En résumé , i l s'avèr e qu e le s technique s e t le s maté ­ sont très proches, de même que les températures d e cuis­ riaux utilisé s pou r la fabricatio n de s céramique s glaçu ­ son. I l semble alor s que l a différence constaté e entr e le s rées à déco r ver t e t bru n dan s le s centre s son t similai ­ épaisseurs de s zones d'interface soi t due a u mod e d'ap ­ res e t qu e l a seul e différenc e notabl e serai t l e nombr e plication du mélange glaçurant (Ben Amara, 2002). Nous de cuisson, qu i serai t li é à des raison s économiques . O n estimons qu'i l es t vraisemblabl e qu e l e mélang e glaçu ­ peut parle r alor s d'une continuit é technologiqu e entr e l a rant a été appliqué su r suppor t cr u pou r le s échantillon s période aghlabide et la période fatimide .

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