RÉSUMÉ EXÉCUTIF

Les changements climatiques sont désormais une réalité inéluctable et bien plus, un défi majeur pour le développement socio-économique du Cameroun. L’étude des paramètres climatiques (températures et précipitations) dans la région du Centre révèle que les changements climatiques se manifestent entre autres par l’augmentation des températures moyennes, la forte variabilité des conditions météorologiques ainsi que celle de la disponibilité de la ressource en eau, avec d’importantes conséquences sur les secteurs de développement socioéconomique, les écosystèmes, la biodiversité et la santé humaine. L’objectif de cette étude est d’analyser la dynamique spatiale et temporelle (mensuelle, saisonnière et annuelle) des paramètres climatiques pour mieux apprécier l’évolution du climat à l’échelle de la région et de pouvoir disposer à temps opportun des informations utiles afin d’optimiser la résilience socio-économique, humaine ainsi que celle des écosystèmes aux effets néfastes et risques liés aux changements climatiques. L'approche méthodologique utilisée pour atteindre l'objectif ci-dessus indiqué était essentiellement la revue documentaire et les descentes sur le terrain. La revue de littérature consistait en une analyse des documents pertinents et des entretiens avec des acteurs en charge de la collecte des données météorologiques dans la région. Les données historiques de 1950 en 2015 (températures et précipitations) ont été recueillies sur le terrain et soumises à une analyse statistique simple à partir de laquelle les graphiques et tableaux ont été générés. Les données analysées ont conduit à plusieurs résultats significatifs. Le réseau d’observation météorologique dans la région est moins dense, vétuste et non conforme aux normes de répartition spatiale définies par l’OMM. L’analyse de la couverture spatiale du réseau météorologique a permis d’identifier dans la région des zones à forte couverture, et d’autres très faiblement couvertes :

 Bafia-Yaoundé ; Eséka- ; Eséka-Bafia ; -Bafia ; -Bafia sont ainsi des zones à faible couverture à cause de la distance très forte qui sépare ces localités (plus de 100 km à vol d’oiseau).  Obala-Yaoundé ; Bafia-Obala ; Eséka-Yaoundé ; Mbalmayo-Yaoundé ; Mbalmayo- Obala ; Mbalmayo-Eséka ; Makak-Yaoundé, Makak-Obala ; Makak-Mbalmayo présentent une couverture acceptable (moins de 100 km de distance à vol d’oiseau entre les localités). Au terme de l’analyse des paramètres climatiques, il se révèle qu’à l’échelle annuelle, le nombre de jours de pluies et les quantités de précipitations évoluent simultanément à Yaoundé, et tendent vers un mode singulier caractérisé par un régime bimodal, avec une moyenne annuelle de 1558,5mm de pluies étalées sur une moyenne de 148 jours. La température moyenne annuelle se situe autour de 23,83°C, alors que la température maximale varie autour de 28,33°C, la température minimale quant à elle se situe autour de 19,32°C. A l’échelle annuelle, les tendances des quantités de précipitations et du nombre de jours de pluies enregistré indiquent une constante diminution desdits paramètres sur l’ensemble de la région. L’évolution des écarts à la moyenne de la pluviométrie annuelle révèle un déficit général des quantités de précipitations et du nombre de jours de pluies enregistré sur la période de

l’étude. Ainsi, entre 1950 et 2015, la région aurait perdu 141,56mm de pluies et 18 jours de pluies. Des six (06) stations étudiées, il ressort qu’Eseka est la localité la plus arrosée avec une moyenne annuelle de 1930.26mm de pluies par an, l’année la plus arrosée est 1997, avec un total de 2255.3mm de pluies tandis qu’ reste la localité la moins arrosée avec une moyenne annuelle 1431,83mm de pluies par an ; l’année 1990 est l’année la plus arrosée avec un total de 1893mm de pluies. Ce faisant, les quantités de précipitations avant la période de rupture (1987), se révèlent déficitaires soit une diminution de 0,009mm par an. Or les années après la rupture, on enregistre des quantités de précipitations déficitaires, soit une augmentation de l’ordre de 0,008mm par an. Toutefois après la période de rupture, on note une légère reprise des pluies avec une augmentation situé autour de 0,22mm de pluies par an. S’agissant du nombre de jours de pluies, il ressort que les années avant et après la période de rupture, on observe une augmentation du nombre de jours de pluies soit 0,004 jour et 0,001 jour respectivement. En outre le nombre de jours de pluies reste moins important les années après la rupture par rapport à la période avant 1987. Par ailleurs, la variabilité du nombre de jours de pluies sur la période de l’étude, révèle une augmentation de 0,12 jour de pluies par an tandis que la période après la rupture l’augmentation se situe autour de 0,04 jour par an. A l’échelle saisonnière, la tendance de la série chronologique étudiée révèle une diminution progressive des quantités de précipitations dans la région pour toutes les saisons, exception faite de la petite saison sèche qui indique une tendance à l’augmentation des quantités de pluies. A l’échelle mensuelle, les pluies se concentrent sur huit mois (08) soit quatre (04) mois pour la petite saison des pluies (mars - juin) et quatre (04) mois pour la grande saison des pluies (août – novembre). En petite saison de pluies, le mois de mai reste le plus arrosé avec en moyenne, 206mm de pluies ; tandis qu’en grande saison des pluies, le mois d’octobre enregistre le record de précipitations mensuelles annuelles le plus important soit un cumul de 286.86mm en moyenne. Quant aux périodes de sècheresses, elles s’étalent sur quatre (04) mois repartis en grande saison sèche (décembre, janvier et février) avec un cumul de 85.07mm de pluies et en une petite saison sèche au mois de juillet avec un cumul de 81.43mm de pluies. L’analyse comparée de l’évolution mensuelle annuelle des quantités de précipitations sur les cinq (05) stations étudiées, démontre à suffisance la forte variabilité de la distribution spatiale des quantités de précipitations dans la région. Car d’une localité à une autre, les quantités de précipitations sont très variables et diversifiées, ainsi que d’une échelle à l’autre (annuelle, saisonnière et mensuelle). S’agissant de l’évolution des températures annuelles, il ressort: - Une augmentation progressive des températures maximales par rapport à la moyenne (28,35°C) ; - Une augmentation progressive des températures minimales par rapport à la moyenne (19,35°C) ; - Une augmentation progressive des températures annuelles moyennes (23,58°C) ; - Une augmentation globale des températures moyennes annuelles de l’ordre de 0,53°C ;

- Une augmentation annuelle des températures de l’ordre de 0,008°C. A l’échelle saisonnière, on constate que toutes les températures (minimales, maximales et moyennes) restent à tendance croissante pour toute la période de l’étude. En grande saison sèche, la moyenne des températures est de 24,46°C, 28,98°C en petite saison de pluies ; tandis qu’en petite saison sèche et grande saison de pluies on observe respectivement 22,63°C et 23,17°C.

En ce qui concerne l’évolution des températures mensuelles moyennes, l’étude révèle que : - Les températures maximales moyennes des différents mois sont en diminution ; - Les températures minimales moyennes sont en augmentation ; - Les températures moyennes sont en diminution ; - La température maximale la plus basse à Yaoundé est enregistrée au mois de juillet 1943 avec 26,28°C ; - La température minimale la plus élevée à Yaoundé est enregistrée au mois de mars 1997 avec 19,85°C ; - La température minimale la plus basse à Yaoundé est enregistrée au mois d’octobre 1956 avec 18,89°C ; - La température moyenne la plus élevée à Yaoundé est enregistrée au mois de février 2003 avec 25,14°C ; - La température moyenne la plus basse à Yaoundé est enregistrée au mois d’août 1956 avec 22,61°C. A l’échelle annuelle, le pic négatif le plus significatif des écarts à la moyenne est identifié en 1976 avec -0,78°C, alors que le pic positif des écarts à la moyenne le plus significatif est identifié en 2003 avec 2,26°C. Par ailleurs, pour la période 1943-2005 la température a connu une augmentation de l’ordre de 0,44°C. L’évaluation des écarts thermiques à l’échelle mensuelle indique une réelle variation de ce paramètre le long de l’année. Les mois de janvier et février affichent des écarts thermiques importants avec respectivement, 10,07° et 10,59°C pour une moyenne située autour de 9°C. Le mois de février apparait comme celui ayant l’écart moyen positif le plus significatif avec 1,31°C, tandis que le mois d’août présente l’écart moyen négatif le plus important avec -1,21°C. La disponibilité de la ressource en eau dans la localité de Yaoundé s’avère déficitaire du mois de décembre à février, qui correspond à la grande saison sèche. Le mois de juillet qui correspond à la petite saison sèche indique également un bilan hydrique négatif. Plus spécifiquement, sur les 38 années étudiées, le volume moyen de la ressource en eau est de 267mm. Alors qu’en 2001 on a connu un bilan hydrique négatif soit -135,61mm, en 1984 par contre, on a enregistré un record positif et supérieur à la moyenne, soit 848,30mm avec une perte annuelle située autour de 219,36mm en moyenne entre 1971 et 2008. Les projections climatiques dans la région du Centre en 2030, 2060 et 2090 prévoient une tendance à l’augmentation des quantités de précipitations à hauteur de 0 à 13mm par an. S’agissant des températures, La zone 2 (qui comporte la région du Centre) connaitra une augmentation des températures annuelles comprise entre +0,9 et 1,2°C à l’horizon 2030 ; de +1,8°C à 2,8 à l’horizon 2060 et de 2,9 à 4,5°C à l’horizon 2090.

Outre les résultats poignants retenus, l’étude ressort la forte influence de la variabilité climatique sur les secteurs de développement socio-économique de la région du Centre. Celle- ci se traduit par la sècheresse, les inondations, la dégradation des écosystèmes à travers la destruction des biomes et des niches écologiques, ainsi que l’accentuation des maladies climato- sensibles. Bien plus perçu comme une réelle menace, le changement climatique affectera en premier ressort les secteurs productifs de base, notamment l’agriculture et l’élevage, puis la santé, les ressources en eau et les infrastructures diverses. Pour faire face aux défis liés aux changements climatiques actuels, diverses actions doivent être menées par les différents acteurs dans l’optique de rendre plus résilients, les différents secteurs de développement socioéconomique. Celles-ci s’articulent autour de sept (07) axes inspirés des cinq (05) piliers opérationnels définis lors de la COP13 à Bali en 2007.